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Diagnostic de sécurité Octobre 2007 du parc de la Promenade Bellerive

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Diagnostic de sécurité

Octobre 2007

du parc de la Promenade Bellerive

II

Cette étude s’inscrit dans le cadre du Programme régional de soutien au développement d’environnements sécuritaires dans les collectivités locales. Elle a bénéficié du soutien financier de l’Agence de la santé et des services sociaux de Montréal de la Direction de santé publique du Québec. Réalisation et contenu Évelyne Vouligny Architecte paysagiste stagiaire, M. Sc. A. Aménagement Agente de recherche Collaborateurs Le comité de sécurité urbaine : Rémi Arsenault, Comité Promenade Bellerive inc.; Rémy Berthelot, CSSS de la Pointe-de-l’Île; Carole Castonguay, Société d’animation de la Promenade Bellerive (SAPB); Sophie Gagnon, Tandem MHM; Carolyne Lapierre, division des sports, des loisirs et du développement social de l’arrondissement de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve; Patrick Malboeuf, Solidarité Mercier-Est; Nathalie Meunier, PDQ 48; Marc-Antoine Pouliot, Démarche de revitalisation urbaine intégrée (RUI); Gilbert Trahan, Tandem MHM; Stéphane Turbide, Tandem MHM; Patricia Turcotte, Société d’animation de la Promenade Bellerive (SAPB). Les citoyens du quartier Mercier-Est, notamment les bénévoles et les membres de la SAPB de même que les riverains du parc de la Promenade Bellerive. Photographies Évelyne Vouligny

III

TABLE DES MATIÈRES LISTE DES TABLEAUX....................................................................................................... V

LISTE DES FIGURES ....................................................................................................... VII

INTRODUCTION ............................................................................................................... 1

L’INSÉCURITÉ ET LE SENTIMENT D’INSÉCURITÉ ...................................................................... 3 L’AMÉNAGEMENT SÉCURITAIRE ......................................................................................... 4

1. APPROCHE MÉTHODOLOGIQUE............................................................................. 7

1.1 LES ÉVÉNEMENTS RECENSÉS PAR LA POLICE ................................................................. 7 1.2 L’OBSERVATION DIRECTE ............................................................................................ 7 1.3 LES MARCHES EXPLORATOIRES .................................................................................... 8 1.4 LES GROUPES DE DISCUSSION ..................................................................................... 9 1.5 LES QUESTIONNAIRES ................................................................................................ 10

2. LES RÉSULTATS............................................................................................................ 13

2.1 LES INFRACTIONS RECENSÉES .................................................................................... 13 2.2 LES PRATIQUES INCIVILES OBSERVÉES ......................................................................... 14 2.3 L’INSÉCURITÉ ET LE SENTIMENT D’INSÉCURITÉ : LES LIEUX, LES ATTRIBUTS PHYSIQUES ET LES PRATIQUES EN CAUSE ...................................................................................................... 15

2.3.1 Le point de vue des citoyens................................................................................. 15 2.3.2 Le relevé des experts ........................................................................................... 20

2.3.2.1 Savoir où je suis et où je vais : les indications et la signalisation........................ 20 2.3.2.2 Voir et être vu / Entendre et être entendu ........................................................ 23

2.4 LE DEGRÉ D’INSÉCURITÉ ET L’INFLUENCE DE CERTAINES VARIABLES............................. 25 2.4.1 La sécurité : un enjeu chez les non-usagers? ......................................................... 26 2.4.2 Le niveau d’insécurité des usagers........................................................................ 26

2.5 LA SÉCURITÉ À LA PROMENADE BELLERIVE : LE POINT DE VUE DES RIVERAINS ............. 28 2.5.1 Des constats représentatifs de la réalité? ............................................................... 28 2.5.2 Les raisons au sentiment d’insécurité .................................................................... 30 2.5.3 L’aménagement du parc ....................................................................................... 33 2.5.4 Les endroits problématiques ................................................................................. 34 2.5.5 Les priorités pour améliorer la sécurité................................................................... 37

3. LE DIAGNOSTIC......................................................................................................... 39

3.1 LE SENTIMENT D’INSÉCURITÉ ...................................................................................... 39 3.2 LES FACTEURS DE RISQUE .......................................................................................... 41

3.2.1 Le « laisser-aller » de la végétation ....................................................................... 42 3.2.2 Les désordres et les incivilités............................................................................... 45

3.2.2.1 Le non-respect des règles implicites et explicites ............................................. 45 3.2.2.2 La vente et la consommation de drogues ........................................................ 46 3.2.2.3 Les situations de grossière indécence............................................................. 46

3.2.3 Une surveillance formelle inadéquate .................................................................... 47 3.2.3.1 Le manque de surveillance policière et l’attitude passive des policiers ............... 47

IV

3.2.3.2 L’attitude intimidante des cols bleus................................................................ 47 3.2.4 La signalisation insuffisante et l’orientation problématique ....................................... 48 3.2.5 L’appropriation intimidante du parc par des groupes d’usagers ................................ 49 3.2.6 L’aménagement déficient de la partie Est et de l’extrême Ouest du parc ................... 50

3.3 RECOMMANDATIONS............................................................................................... 50 3.3.1 Propositions de projets ......................................................................................... 54

CONCLUSION ................................................................................................................ 55

BIBLIOGRAPHIE.............................................................................................................. 57

ANNEXES......................................................................................................................... 61

ANNEXE 1 : GRILLE D’OBSERVATION .............................................................................. 61 ANNEXE 2 : GRILLE D’ÉVALUATION UTILISÉE DANS LE CADRE DE LA MARCHE EXPLORATOIRE « EXPERT » ...................................................................................................................... 64 ANNEXE 3 : GRILLE D’ENTRETIEN UTILISÉE DANS LE CADRE DES GROUPES DE DISCUSSION . 67 ANNEXE 4 : QUESTIONNAIRE DISTRIBUÉ AUX USAGERS ..................................................... 70 ANNEXE 5 : LES VUES SUR LE FLEUVE................................................................................ 74 ANNEXE 6 : CARTE DU PARC UTILISÉE LORS DE LA MARCHE EXPLORATOIRE « EXPERT »..... 82 ANNEXE 7 : LES RÉSULTATS DU SONDAGE MENÉ AUPRÈS DES USAGERS ET DES NON-USAGERS....................................................................................................................................... 85

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LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1 : Les événements survenus à la Promenade Bellerive en 2005, 2006 et 2007 et recensés par les policiers. _______________________________________________________ 14 Tableau 2 : Les problèmes de sécurité du parc de la Promenade Bellerive relevés par les participants aux marches exploratoires._____________________________________________ 21 Tableau 3 : Opinion des participants des deux groupes de discussion sur l’identification de la Promenade Bellerive comme un endroit procurant un sentiment d’insécurité. _______________ 29 Tableau 4 : Niveau de sécurité attribué au parc de la Promenade en comparaison à d'autres parcs de la ville ou du quartier en général. _______________________________________________ 30 Tableau 5 : Les raisons données par les participants des deux groupes de discussion pour expliquer le sentiment d’insécurité ressenti ou qu’ils pourraient ressentir. __________________ 32 Tableau 6 : Les problèmes d’aménagement relevés par les participants aux groupes de discussion posant problème au parc de la Promenade Bellerive au plan de la sécurité. ________________ 34 Tableau 7 : Les secteurs problématiques du parc au plan de la sécurité ciblés par les participants aux deux groupes de discussion. __________________________________________________ 36 Tableau 8 : Les actions identifiées par les participants aux deux groupes de discussion comme étant prioritaires pour améliorer la sécurité au parc de la Promenade Bellerive. _____________ 38 Tableau 9 : Les raisons évoquées par les non-usagers pour ne pas fréquenter la Promenade Bellerive._____________________________________________________________________ 85 Tableau 10 : La répartition des participants au sondage selon leur sexe et leur fréquentation du parc_________________________________________________________________________ 85 Tableau 11 : La répartition des participants au sondage selon leur âge.____________________ 85 Tableau 12 : Les moments où les usagers du parc de la Promenade Bellerive fréquentent le parc.____________________________________________________________________________ 86

Tableau 13 : La fréquence, cet été, des visites au parc des usagers. ______________________ 86 Tableau 14 : Les composantes du parc de la Promenade Bellerive les plus appréciées par les usagers. _____________________________________________________________________ 86 Tableau 15 : Les composantes du parc de la Promenade Bellerive les moins appréciées par les usagers. _____________________________________________________________________ 87 Tableau 16 : Le nombre d’usagers du parc de la Promenade Bellerive s’étant déjà ou non senti insécure dans le parc. __________________________________________________________ 87 Tableau 17 : Le niveau de sécurité ressenti (ou qui pourrait être ressenti) par les usagers de la Promenade Bellerive à marcher seul, après 22h, dans le parc.___________________________ 87 Tableau 18 : Les facteurs qui font en sorte que les usagers se sentent ou se sentiraient en sécurité au parc de la Promenade Bellerive. ________________________________________________ 88 Tableau 19 : Le « niveau » de sécurité du parc à la tombée de la nuit selon les usagers. ______ 88 Tableau 20 : Le « niveau » de sécurité du parc, perçu par les usagers, en comparaison au niveau de sécurité du quartier en général._________________________________________________ 88 Tableau 21 : Le nombre d’usagers du parc de la Promenade Bellerive ayant entendu parler ou non de cas d’agression ou de comportements troublant la paix dans le parc. ___________________ 88 Tableau 22 : Le nombre d’usagers du parc de la Promenade Bellerive ayant observé ou non des actes incivils, agressants ou hors-normes. __________________________________________ 89 Tableau 23 : Le nombre d’usagers de la Promenade Bellerive ayant été victime ou non d’actes incivils, agressants ou hors-normes. _______________________________________________ 89

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Tableau 24 : Le nombre d’usagers de la Promenade Bellerive craignant ou non d’être victime d’actes incivils, agressants ou hors-normes. _________________________________________ 90

VII

LISTE DES FIGURES

Figure 1 : Exemple de ce que les citoyens appellent des "herbes hautes". Elles sont perçues négativement._________________________________________________________________ 16 Figure 2 : Les sentiers informels inquiètent des citoyens. _______________________________ 17 Figure 3 : Le fait d'avoir un bon dégagement entre les arbustes et le marcheur procure un sentiment de sécurité. __________________________________________________________ 18 Figure 4 : Le soir, les usagers du parc empruntent rarement le sentier pour retourner à la rue. Ils préfèrent utiliser l’aire gazonnée qui leur apparaît moins sombre._________________________ 19 Figure 5 : Le dessous du quai: l'endroit où les jeunes se rassemblent le soir venu. Cet été, il y avait des graffitis sur la paroi rocheuse, mais ils ont rapidement été effacés. ____________________ 19 Figure 6 : Ce genre d’indication sème la confusion : pour accéder au parc, les piétons peuvent-ils emprunter la piste cyclable?______________________________________________________ 22 Figure 7 : Un des rares panneaux rappelant la vocation exclusive de la piste cyclable se situe près de la limite Ouest du parc, là où, malheureusement, la piste se termine en cul-de-sac. ________ 22 Figure 8 : Ce panneau affichant la règlementation du parc n'est pas disposé de manière stratégie. De fait, il se retrouve sur un des côtés du chalet où pratiquement personne ne circule.________ 22 Figure 9 : La rue Bellerive entre Gonthier et Georges V n'est pas pourvue de lampadaires, tout comme le sentier menant à la Promenade. La nuit venue, ce secteur est donc plongé dans le noir.____________________________________________________________________________ 23

Figure 10 : Les buttons et la végétation contribuent à refermer cet espace et du coup, à isoler l’extrême Ouest du reste du parc. _________________________________________________ 24 Figure 11 : Les conifères contribuent fortement à réduire la visibilité. De ce point, impossible de voir le chalet ou la rue Notre-Dame.________________________________________________ 24 Figure 12 : À certains endroits, les arbustes atteignent une hauteur d'au moins 6 pieds. Il est donc impossible de voir la rive ou le fleuve. ______________________________________________ 24 Figure 13 : Dans l'Est du parc, des espaces résiduels demeurent toujours non aménagés. Bien qu’il soit peu fréquenté, les sentiers informels témoignent de l’appropriation de ces lieux par certains usagers. En terme de sécurité objective, l’endroit pose problème. _________________ 25 Figure 14 : Cette rangée de peuplier crée une barrière psychologique isolant le secteur qui se trouve derrière. ________________________________________________________________ 25 Figure 15 : À partir des bancs, il arrive souvent que soit offerte une vue fermée. _____________ 43 Figure 16 : Les rosiers sont envahis par les espèces indigènes qui s'implantent sur la berge.___ 44 Figure 17 : La tonte du gazon au parc Honoré-Mercier (parc contigu à la Promenade Bellerive) est faite toutes les semaines.________________________________________________________ 44 Figure 18 : La tonte du gazon à la Promenade Bellerive ne se fait pas aussi régulièrement. Pourtant, il n’y a qu’un sentier qui sépare ces deux parcs. ______________________________ 44

VIII

INTRODUCTION

Le 20 juin dernier, M. Stéphane Laporte (2007) écrivait sur son blogue de la Cyberpresse que Montréal est une ville dangereuse. En fait, « […] les rues ne sont plus ce qu’elles étaient. Il y a pire que les nids-de-poule, il y a les nids de coqs, les nids de voyous. Ça se sent que Montréal n’est plus la ville paisible d’antan ». Si certains ont trouvé ces propos injustifiés, d’autres comprenaient et partageaient ce sentiment d’insécurité. Quoi qu’il en soit, les nombreuses réactions qu’a provoquées cet article démontrent bien la pertinence de s’attarder aux problématiques de sécurité. Bien que la criminalité ait atteint son niveau le plus bas en 25 ans au Canada (Myles, 2007), 45 % des femmes en milieu urbain éprouvent, à différents degrés, un sentiment d’insécurité lorsqu’elles marchent seules, une fois la nuit tombée, dans leur quartier et leur voisinage (Laroche, 2001). Devant de telles statistiques, la Direction de la santé publique a mis sur pied le Programme

régional de soutien au développement d’environnements sécuritaires dans les collectivités locales, programme ayant pour objectif la promotion « des environnements sécuritaires afin de diminuer les risques de violence et d’agression envers les groupes vulnérables et d’augmenter leur sentiment de sécurité » (Agence de la santé et des services sociaux de Montréal, 2006 : 10). Les actions soutenues visent, contrairement à d’autres programmes qui s’attaquent aux causes de la violence, à « réduire les occasions de violence en rendant l’environnement physique et social moins propice aux agressions » (Agence de la santé et des services sociaux de Montréal, 2006 : 10). Le programme s’appuie, entre autres, sur la prémisse que des interventions sur l’environnement physique peuvent contribuer à diminuer les occasions de crime et à procurer un sentiment de sécurité chez les individus. Dans le cadre de ce programme, la Démarche de revitalisation urbaine intégrée (RUI) du quartier Mercier-Est a reçu une subvention pour entreprendre un projet de sécurité urbaine. Le parc de la

Promenade Bellerive a été le lieu choisi par un comité de sécurité urbaine1. Ce parc linéaire de

1 Le Comité de sécurité urbaine regroupe les organismes suivants : la Société d’animation de la Promenade Bellerive, Tandem MHM, la division des sports, des loisirs et du développement social de l’arrondissement de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, le PDQ 48, la direction des Grands Parcs et de la nature en ville de la Ville de Montréal, le CSSS de la Pointe de l’Île, le Comité Promenade Bellerive inc., Solidarité Mercier-Est, Info Femmes, l’Antre Jeunes de Mercier-Est et le Chez-Nous de Mercier-Est.

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2.2 km, affilié au réseau des Grands Parcs, constitue une des rares fenêtres sur le fleuve à Montréal. Le Plan de revitalisation urbaine intégrée de Mercier-Est souligne d’ailleurs l’aspect structurant de la Promenade Bellerive et son potentiel remarquable sur le plan récréotouristique. Toutefois, un diagnostic de sécurité local réalisé en 2006 par le programme Tandem MHM ciblait la Promenade Bellerive en tant que secteur procurant un sentiment d’insécurité chez les citoyens. Les petits méfaits et la consommation de drogue seraient à la base du sentiment évoqué par les citoyens (Tandem Mercier-Hochelaga-Maisonneuve du CCSE, 2006). Étant donnée l’importance du parc de la Promenade Bellerive pour les suites de la démarche de revitalisation du quartier, il devenait essentiel de bien comprendre les différentes dimensions de la question de la sécurité à cet endroit. L’analyse de sécurité urbaine entreprise voulait donc répondre à deux questions :

i) Est-ce que le parc de la Promenade Bellerive possède des attributs physiques ou est-il le théâtre de pratiques sociales ayant pour conséquences d’augmenter l’insécurité et le sentiment d’insécurité?

ii) Quels sont les perceptions, les attentes et les besoins des citoyens relativement à la sécurité à la Promenade Bellerive?

Ce faisant, il s’agissait 1) d’évaluer l’environnement physique du parc et de révéler, s’il y a lieu, une situation de dégradation urbaine; 2) de révéler dans le parc l’existence ou l’absence de pratiques sociales inciviles ou non conformes aux règles implicites et explicites, 3) de faire ressortir l’existence ou non d’un sentiment d’insécurité chez les citoyens; 4) d’identifier les facteurs de risque en matière de sécurité des usagers et 5) de formuler des recommandations pour améliorer la sécurité à la Promenade Bellerive et le sentiment de sécurité des citoyens à l’égard de celui-ci. Ainsi dans un premier temps, ce document relate la manière dont les données relatives à l’environnement physique et social du parc de la Promenade Bellerive ont été recueillies. Dans un deuxième temps, les résultats obtenus via les différentes méthodes utilisées sont exposés en insistant sur i) les infractions recensées; ii) les pratiques inciviles observées; iii) les lieux; les attributs physiques et les pratiques causant l’insécurité et le sentiment d’insécurité; iv) le degré d’insécurité et les variables influençant le sentiment d’insécurité et v) le point de vue des riverains du parc. Enfin, ce document s’attarde aux facteurs de risque et propose, en fonction de ceux-ci,

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des recommandations. Mais avant tout chose, la prochaine section s’attarde à résumer brièvement deux notions fondamentales à la compréhension de cette étude soit le concept d’insécurité et l’aménagement sécuritaire.

L’INSÉCURITÉ ET LE SENTIMENT D’INSÉCURITÉ

Le concept d’insécurité urbaine comporte deux dimensions, une que l’on dit objective ou réelle et une autre que l’on dit subjective ou perçue. Dans le cadre de cette étude, ces deux dimensions sont essentielles à considérer. L’insécurité objective représente le risque réel d’être mêlé à un acte d’agression ou d’en être victime (Moser et Lidvan, 1991). Elle réfère, bien entendu au taux de criminalité, mais aussi aux éléments de l’environnement physique. En effet, la dégradation de l’environnement physique est un facteur profondément criminogène; la présence de graffitis, de détritus au sol, de traces de vandalisme, un éclairage insuffisant, des coins isolés et une forte densité de végétation ouvrent la porte à des actes délinquants de toutes sortes (Wilson et Kelling, 1994; Léonard, 2001 : 20). L’insécurité dite subjective, communément appelée sentiment d’insécurité, est une peur du crime déterminé par la combinaison du danger réel ou imaginé et de la perception de sa gravité (Moser et Lidvan, 1991). Quatre facteurs, notamment, peuvent engendrer un sentiment d’insécurité :

i. Les médias et le bouche à oreille (Brodeur, 1991); ii. Les petits désordres de même que les incivilités physiques et sociales (Wekerle et

Whitzman, 1995; Chalom et Léonard, 2001; Léonard, 2001); iii. Les dégradations urbaines (Bousquet, 2002); iv. Certains types d’usagers (ex. : les jeunes) (Léonard, 2001).

Associé à la perception de l’environnement social et physique, le sentiment d’insécurité ne peut se justifier par le taux de criminalité (Brodeur, 1991; Moser et Lidvan, 1991; Chalom et Léonard, 2001). Au contraire, c’est plutôt « la peur du crime qui, à long terme, est la cause d’une montée dans les taux de criminalité » (Brodeur, 1991 : 316). Ainsi, comme mentionné plus haut, le sentiment

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d’insécurité naît souvent des petits désordres et des incivilités. À force de répétition de ces petits délits, les habitants d’un quartier ressentent un sentiment d’insécurité toujours de plus en plus fort pouvant aller jusqu’à les paralyser et les amener à déserter l’espace public. On assiste alors à l’effondrement des contrôles informels. Débordée, la police n’arrive plus à réprimer seule le désordre et la petite délinquance. Dès lors, le champ est libre pour la grande criminalité et les formes les plus extrêmes de délinquance (Brodeur, 1991; Wilson et Kelling, 1994; Chalom et Léonard, 2001). Ainsi, force est d’admettre qu’une lutte contre le sentiment d’insécurité peut s’avérer une façon pertinente de prévenir le crime.

L’AMÉNAGEMENT SÉCURITAIRE

L’aménagement sécuritaire des lieux publics est « une façon reconnue d’intervenir sur le milieu bâti afin de réduire les occasions d’agression et d’augmenter le sentiment de sécurité » (Paquin, 2003b : 1). En fait, comme mentionné précédemment et comme l’ont démontré plusieurs auteurs (ex : Jacobs, 1961; Newman, 1972; Fisher et Nasar, 1992; Côté, 1993; Orsini, 1993; Kuo et Sullivan, 2001; Léonard, 2001), l’aménagement physique d’un lieu peut avoir une influence sur la sécurité de même que sur le sentiment de sécurité des individus. À titre d’exemple, une végétation dense (ex. : boisés, larges arbustes) réduisant considérablement la visibilité d’un usager est propice au déploiement d’activités criminelles et augmente de manière significative le sentiment d’insécurité (possibilité de cachettes) (Kuo et Sullivan, 2001). Ainsi, « l’environnement urbain peut fournir un cadre qui rend propices des agressions et des crimes contre la personne. L’aménagement des espaces publics peut donc jouer un rôle dans la perpétration ou la prévention d’actes criminels » (Paquin, 2003a : 22) L’expression Prévention du crime par l’aménagement du milieu (PCAM) a été employée pour la première fois par le criminologue C. Ray Jeffery au début des années 1970 (Draper et Cadzow, 2004). Sa thèse se résumait ainsi : « l’environnement tant physique que social est susceptible d’augmenter les risques de crime, on peut donc en conclure que ces risques peuvent être limités par la modification de certains éléments de cet environnement » (Draper et Cadzow, 2004 : 1). À la

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même époque, l’architecte Oscar Newman proposait sa théorie de l’espace dissuasif qui associée à celle de Jeffery, constitue les fondements de l’approche PCAM. Bien que grandement critiquée, la théorie de la PCAM a grandement influencé le domaine de l’aménagement sécuritaire. Cette approche prétend « réduire la criminalité ou la peur du crime par des aménagements qui modifient les évaluations perceptuelles et les comportements des habitants » (Paquin, 2003a : 14). Toutefois, bien qu’efficace, la prévention du crime par l’aménagement du milieu ne doit en aucun temps être considérée comme la seule solution à la réduction des agressions et du sentiment d’insécurité. Elle s’avère une voie essentielle et efficace, mais aucunement exclusive (Paquin, 2003a). La Ville de Montréal s’est dotée, il y a quelques années, d’un guide d’aménagement sécuritaire (Paquin, 2003a). Pour mettre de l’avant certains principes d’aménagement, les auteurs de ce guide se sont inspirés à différents degrés de l’approche PCAM. Un aménagement sécuritaire devrait donc permettre à un usager de :

1. Savoir où il est et où il va; 2. Voir et d’être vu; 3. Entendre et d’être entendu; 4. Pouvoir s’échapper et d’obtenir du secours; 5. Vivre dans un milieu propre et accueillant; 6. Agir ensemble.

C’est ainsi que pour juger de la sécurité à la Promenade Bellerive, des facteurs tels la signalisation, la visibilité, l’affluence, la surveillance formelle et l’entretien sont essentiels à considérer.

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1. APPROCHE MÉTHODOLOGIQUE

Afin de dresser le portrait le plus complet possible de la situation de la sécurité au parc de la Promenade Bellerive tout en considérant les spécificités du concept d’insécurité et les objectifs cités en introduction, cinq méthodes de collecte de données ont été appliquées en parallèle : i) les événements de nature criminelle recensés par la police ont été compilés; ii) des séances d’observation directe ont été menées; iii) des marches exploratoires mettant à contribution des citoyens du quartier et des experts ont été organisées; iv) un sondage a été distribué auprès des usagers et des non-usagers du parc et finalement; v) des groupes de discussion impliquant les riverains de la Promenade ont eu lieu.

1.1 LES ÉVÉNEMENTS RECENSÉS PAR LA POLICE

Dans le but de documenter l’insécurité objective, les données recensées par la police, pour les années 2005, 2006 et 2007, concernant les événements survenus dans le parc de la Promenade Bellerive, ont été obtenues. Ces données correspondent aux événements ayant eu lieu dans le parc et ayant fait l’objet d’un rapport d’un policier. Dès lors, elles ne reflètent qu’une certaine réalité puisque ce ne sont pas toutes les plaintes qui font l’objet d’un rapport et encore moins tous les événements qui font l’objet de plaintes. Les données relativement aux appels logés à la police concernant la Promenade auraient certainement pu compléter le portrait de la situation, mais elles n’ont malheureusement pas été obtenues. Cette réalité doit donc être pris en considération dans le cadre de l’analyse.

1.2 L’OBSERVATION DIRECTE

Quelques séances d’observation ont été menées dans le cadre de l’étude. L’observation avait comme objectif, d’une part, de vérifier la présence de facteurs susceptibles de contribuer à l’insécurité urbaine et au sentiment d’insécurité tels les comportements sociaux incivils et délinquants, et d’autre part, de dresser un portrait de la réalité quotidienne de la Promenade Bellerive. Cinq

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séances, dont le but était strictement descriptif, ont été conduites,2 et ce, tant durant le jour qu’en

soirée. En fait, deux séances se sont déroulées en après-midi et trois autres en soirée. Une séance impliquait l’observation de trois secteurs. La Promenade Bellerive a été divisée en trois secteurs (est-centre-ouest) et chacun de ces secteurs a fait l’objet d’une observation d’une durée de 45 à 60 minutes à chaque séance. Les observations se sont faites principalement à partir d’un point fixe et elles ont été recensées à l’aide d’une grille d’observation (voir annexe 1). La grille utilisée a été grandement inspirée de celle élaborée dans le cadre de l’étude de Léonard (2001). Les données recueillies nous ont permis d’acquérir une meilleure compréhension de la dynamique du parc et d’obtenir des données pouvant être comparées à celles recueillies par l’entremise des autres méthodes (marches exploratoires et groupes de discussion).

1.3 LES MARCHES EXPLORATOIRES

Les 25 et 26 juillet en soirée, deux marches exploratoires ont eu lieu au parc de la Promenade Bellerive. Animée par des gens du programme Tandem, cette activité a été l’occasion pour 13 usagers (6 pour le premier soir et 7 lors du deuxième) du parc de partager leur vision de la Promenade Bellerive sur le plan de la sécurité. L’intérêt des marches exploratoires réside dans le fait qu’elles permettent d’étudier directement l’environnement physique du parc tout en incitant les participants à demeurer sensibles à leur sentiment de sécurité. De plus, cette méthode est orientée sur l’identification des problèmes et la recherche de solutions. Au départ, quatre groupes homogènes d’usagers de la Promenade Bellerive, les femmes, les jeunes, les personnes âgées et les intervenants, devaient être formés. Faute de participants, c’est finalement deux groupes mixtes qui ont été constitués. À cet égard, les hommes ont été plus nombreux à participer (5 femmes pour 9 hommes). Bien que les études portant sur la sécurité visent habituellement les groupes vulnérables tels les femmes, les jeunes et les personnes âgées, il fut impossible dans le cadre de cette étude de faire cette discrimination. Ayant lieu en juillet en pleine

2 Les séances ont eu lieu les 5 et 6 juillet de 20 h à 23 h, les 12 et 14 juillet de 13 h à 16 h et le 13 juillet de 21 h à 24 h.

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période de vacances, le recrutement fut difficile au point où toutes les personnes intéressées furent admises. Malgré tout, les femmes, les jeunes et les personnes âgées ont été représentés chaque soir. Toutefois, l’analyse devra tenir compte de la forte présence masculine. Les participants se sont rencontrés au chalet à 20 h. Après une brève mise en contexte des animateurs, les participants ont emprunté le sentier piétonnier pour se rendre jusqu’au quai dans l’Est. Pendant tout le trajet, ils étaient encouragés à exprimer leur point de vue. L’agente de recherche notait les commentaires des participants. Chacune des marches a duré en moyenne 2 h 30. Bien qu’elle ait permis de recueillir des données tant sur l’insécurité objective que sur le sentiment d’insécurité, les participants ont été amenés à se concentrer davantage sur leur sentiment d’insécurité. Les marches exploratoires sont souvent l’occasion pour les citoyens de remplir une grille où ils évaluent les attributs physiques du parc. Cependant, ce ne fut pas le cas de celles organisées dans le cadre de cette étude. C’est pourquoi une marche « expert » a aussi été organisée.

Le 30 août, des membres du comité de sécurité urbaine, ainsi que des intervenants du quartier3, ont

fait une marche exploratoire dans le but d’évaluer, sur le plan de la sécurité, l’environnement physique du parc. Animée une fois de plus par des conseillers en sécurité de chez Tandem, cette rencontre visait à évaluer le parc selon les critères découlant de la théorie de l’aménagement sécuritaire (voir annexe 2). Grâce à cette troisième marche, les données concernant l’insécurité objective ont pu être complétées.

1.4 LES GROUPES DE DISCUSSION

Afin de mieux comprendre les raisons associées au sentiment d’insécurité et d’approfondir les questions reliées à la dynamique du parc, des groupes de discussion mettant à contribution les riverains du parc ont été organisés. Les riverains du parc sont des témoins privilégiés de la vie quotidienne du parc. Leur participation était essentielle. Les « focus groupe » représentaient une

3 Le groupe d’experts était constitué de Sophie Gagnon et Gilbert Trahan de Tandem MHM, de Carole Castonguay de la SAPB, de Carolyne Lapierre de la division des sports, des loisirs et du développement social de l’arrondissement de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, de Jean-François Plouffe de la CDEST et de Évelyne Vouligny, agente de recherche pour le comité de sécurité urbaine.

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façon rapide et efficace de les rejoindre. Un résidant de la rue Bellerive sur deux a donc reçu une lettre l’invitant à se joindre à un groupe de discussion. 22 résidants (10 le premier soir et 12 le deuxième) ont répondu à l’appel pour des rencontres qui ont eu lieu les 14 et 15 août en soirée. Trois rencontres devaient se tenir, mais encore une fois, faute de participants, seulement 2 ont eu lieu. D’une durée d’environ deux heures chacune, les deux rencontres ont été filmées sur bande vidéo. Afin de stimuler et orienter la discussion, une grille d’entretien avait été préparée (voir annexe 3). Elle avait été structurée selon six thèmes : l’existence de problèmes de sécurité à la Promenade, les raisons expliquant le sentiment d’insécurité, la vie nocturne du parc, son aménagement, les zones les plus problématiques et les priorités d’intervention. Par ailleurs, pour les initier au sujet de l’étude, les participants devaient remplir, avant même que la discussion ne débute, un questionnaire. Encore une fois, plus d’hommes que de femmes (13 hommes pour 9 femmes) ont participé à ces soirées. Cette situation était particulièrement observable le premier soir où seulement deux femmes étaient présentes. Il s’agit d’une donnée dont il a fallu tenir compte à l’analyse. Dans le cadre de l’analyse, les données (chaque discussion transcrite (verbatim)) ont été décontextualisées, décomposées en ses éléments essentiels, à partir d’une grille de codage constitué principalement des thèmes de la grille d’entretien. Cette étape a été menée à partir du logiciel d’analyse de données qualitatives QSR N’Vivo. Par la suite, l’examen des données a permis de générer des tableaux de fréquence. Les données ont subi un traitement qualitatif.

1.5 LES QUESTIONNAIRES

Enfin, afin de recueillir des données quantitatives sur l’insécurité et le sentiment d’insécurité, un questionnaire a été développé et distribué (voir annexe 4). Inspiré en partie de celui de Léonard (2001), il était constitué de 21 questions allant de l’appréciation générale du parc aux questions touchant la sécurité proprement dite. Il visait autant les usagers que les non-usagers du parc. Les gens qui disaient avoir fréquentés le parc dans la dernière année étaient considérés usagers. Environ 130 questionnaires ont été distribués. Ils avaient préalablement été testés auprès de cinq

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usagers. 88 nous sont revenus et ont été comptabilisés. Les usagers et les non-usagers du parc ont été rejoints de trois manières. D’abord, des riverains choisis au hasard (les riverains qui n’avaient pas reçu d’invitation pour les groupes de discussion) et les membres de la SAPB ont reçu par la poste un exemplaire du questionnaire. Ensuite, des entretiens face à face ont été réalisés avec des usagers du parc Pierre-Bernard et Liébert. Finalement, les participants des marches exploratoires et des groupes de discussion ont aussi été invités à remplir le questionnaire.

L’utilisation du questionnaire visait plusieurs objectifs. Dans un premier temps, le questionnaire permet de vérifier si la sécurité est une raison pour laquelle les non-usagers ne fréquentent pas le parc de la Promenade Bellerive. Dans un deuxième temps, il permettait de vérifier l’influence de certaines variables, comme l’aménagement ou le fait d’être témoin ou non d’actes incivils, sur le sentiment d’insécurité des usagers. Finalement, il permettait de « mesurer », en quelque sorte, le sentiment d’insécurité. Les données recueillies ont été comptabilisées à l’aide du logiciel Excel. Leur examen a permis de générer des tableaux de fréquence qui ont par la suite subi un traitement qualitatif.

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2. LES RÉSULTATS

L’analyse des données obtenues par le biais des cinq méthodes est présentée en cinq temps, à savoir : i) les infractions recensées; ii) les pratiques inciviles observées; iii) le point de vue des citoyens et des experts concernant les lieux, les attributs physiques et les pratiques causant l’insécurité ou un sentiment d’insécurité; iv) le degré d’insécurité et les variables l’influençant et enfin, v) le point de vue des riverains du parc relativement à la problématique de la sécurité à la Promenade Bellerive.

2.1 LES INFRACTIONS RECENSÉES

Malgré qu’elles ne fournissent pas un portrait complet en matière de criminalité, les données obtenues de la police laissent tout de même croire que le parc de la Promenade Bellerive constitue un endroit plutôt tranquille. Peu d’événements de nature criminelle s’y sont produits (tableau 1), surtout si l’on considère que plusieurs événements peuvent être survenus dans le cadre d’une même

intervention policière4 et que certaines catégories d’événements recensés ne sont pas des infractions.

Par contre, nous observons une hausse du nombre d’événements. En 2005, 1 seul événement avait fait l’objet d’un rapport policier tandis qu’en 2006 ce sont 18 événements. Si la tendance se maintient,

les données de 20075 dépasseront fort probablement celle de l’an dernier. Cette situation nous

amène à nous questionner sur la représentativité des données de 2005. Y a t-il eu une trop grande tolérance ou un laisser-faire de la part des policiers cette année là? Les données de 2005 viennent t-elles fausser la réalité? Quoi qu’il en soit, il faut demeurer attentif à cette hausse observée, car elle peut être l’indice d’une plus grande insécurité.

4 À titre d’exemple, une même personne, dans le cadre d’une intervention policière, s’est fait arrêter pour avoir proféré des menaces, pour intimidation, pour vol et pour méfait. 5 Les données de 2007 comptabilisent les événements recensés entre le 1er janvier et le 1er août 2007

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2.2 LES PRATIQUES INCIVILES OBSERVÉES

Les séances d’observation ont permis d’observer peu de pratiques inciviles. Nous avons été témoins de quelques incivilités que nous pouvons qualifier de gestes isolés. Tout d’abord, nous avons surtout observé, de jour comme de soir, des gens consommant ou s’apprêtant à consommer de l’alcool ou de la drogue. Sinon, nous avons aussi été témoins d’actes mineurs troublant la paix et de vandalisme : cris, trottinette électrique sur le gazon, bris de bouteille de bière. En ce qui concerne plus particulièrement le vandalisme, des graffitis ont été aperçus sous le quai dans l’Est, mais ils ont rapidement été effacés.

Tableau 1 : Les événements survenus à la Promenade Bellerive en 2005, 2006 et 2007 et recensés par les policiers.

ÉVÉNEMENTS 2005 2006 20076 Objet perdu 0 2 0 Objet retrouvé 0 4 1 Assistance à urgence santé 0 0 1 Accident matériel 0 0 1 Véhicule retrouvé 0 2 0 Dérogation aux règlements municipaux 0 3 3 Conduite avec faculté affaiblie 0 0 1 Comportement douteux 0 1 0 Suicide 0 0 1 Mandat 0 1 0 Intimidation 0 0 1 Vol 0 1 2 Proférer des menaces 0 0 3 Voie de fait 0 2 1 Méfait 0 0 1 Agression armée 1 1 0 Tentative de meurtre 0 0 1 Autre incident 0 1 0

Total des événements 1 18 17

6 Les données de 2007 comptabilisent les événements recensés entre le 1er janvier et le 1er août 2007

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Peu de gens ont été rencontrés dans le parc, surtout après 22 h. Des jeunes ont été aperçus sur des tables à pique-nique près de la scène et sur la berge dans l’Est. Leur présence n’avait absolument rien de dérangeante. Par contre, mentionnons tout de même que les jeunes semblent s’être fortement approprié la partie Est du parc. En effet, on les retrouve à cet endroit à toutes heures du jour. En revanche, certaines observations ont laissé planer quelques doutes. D’une part, la berge près du belvédère semble être, la nuit, un lieu de rencontre pour certaines personnes. Un soir, à partir de 22 h 30, des hommes seuls ont été surpris à descendre, tour à tour, sur la berge. Bien que leur attitude n’avait rien de menaçante, elle engendrait un questionnement. D’autre part, à la tombée de la nuit, beaucoup d’autos circulent sur la rue Bellerive. Certaines s’arrêtent à différents endroits, attendent et repartent. D’une soirée à l’autre, nous avons pu reconnaître certaines voitures qui refont toujours le même trajet. Attendent-elles quelqu’un? Nous n’en savons rien. Bien que nous n’ayons aperçu aucune transaction ou aucun échange, ce comportement nous est apparu suspect, d’autant plus qu’une de ces voitures a rapidement quitté lorsque la police a patrouillé le secteur.

2.3 L’INSÉCURITÉ ET LE SENTIMENT D’INSÉCURITÉ : LES LIEUX, LES ATTRIBUTS

PHYSIQUES ET LES PRATIQUES EN CAUSE

2.3.1 Le point de vue des citoyens

À l’occasion des deux marches exploratoires, les participants ont été invités à se concentrer sur leur émotion et à partager ce qu’ils ressentaient ou ce qu’ils ressentiraient à marcher seul, le soir, dans le parc. De ces deux rencontres, il ressort que les citoyens apprécient grandement le parc, mais que pour la plupart, ils ne le fréquenteraient pas seuls, à la tombée de la nuit. De toute évidence, des améliorations pourraient être apportées. Toutefois, il est essentiel de mentionner que les préoccupations partagées par les participants vont bien au-delà des questions de sécurité au sens où l’entend le projet. L’aménagement et l’entretien général du parc ont fait l’objet de nombreuses

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critiques : les poubelles manquent, des trous parsèment les sentiers7 et les vues vers le fleuve sont

de plus en plus bloquées par une végétation non contrôlée. En matière de sécurité, de façon plus spécifique, une des grandes préoccupations des participants est la présence d’herbes hautes le long du sentier piétonnier (figure 1). Lorsqu’il est question d’herbes hautes, les citoyens visent plus particulièrement la strate herbacée que l’on retrouve à proximité des berges. Ces herbes constituent des endroits potentiels où un individu malintentionné pourrait se cacher. Pour appuyer ses dires, un participant a même identifié une zone où les herbes avaient été écrasées, laissant croire que quelqu’un y était passé, voire qu’il s’y était peut-être caché. De plus, selon les participants, les herbes hautes empêchent l’usager de voir ce qui se passe sur les berges, plus bas. Comme un participant le mentionnait : « du débroussaillage, ça ferait du bien et ça règlerait ben des affaires ». Et un autre d’ajouter : « quand c’est coupé, c’est sécuritaire : tu vois tout ». La présence d’herbes hautes laisse, également, apparaître, de manière plus évidente, les sentiers informels créés par les usagers qui descendent à la berge (figure 2). Ces sentiers ont semblé inquiéter plusieurs participants. Ils laissent croire aux participants que quelqu’un pourrait se cacher plus bas sur la berge.

Figure 1 : Exemple de ce que les citoyens appellent des "herbes hautes". Elles sont perçues négativement.

7 Il est à noter qu’au mois d’août 2007, les sentiers ont été refaits.

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Les arbustes que l’on retrouve sur la berge sont quant à eux perçus différemment. En effet, les arbustes sont davantage vus comme des barrières, d’une part, créant une distance « imaginaire » rassurante entre eux et la berge et d’autre part, empêchant les gens de descendre à la berge. Selon certains participants, les arbustes ne constituent pas des endroits pour se cacher, d’autant plus qu’il s’agit souvent de rosiers. Toutefois, il fut aussi mentionné qu’un bon dégagement (une réelle distance) entre le marcheur et la végétation rassure davantage et procure un sentiment de sécurité, surtout dans les situations où la visibilité est réduite (figure 3).

Figure 2 : Les sentiers informels inquiètent des citoyens.

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Par ailleurs, le secteur du quai, dans l’Est, a été ciblé comme la zone procurant le plus grand sentiment d’insécurité auprès des participants : « l’Ouest aussi il y a de l’action, mais on dirait que c’est moins pire que l’Est... ». Les femmes s’entendent pour dire qu’elles n’attendraient jamais seules dans cette partie du parc. Quant aux hommes, ils sont plus partagés, mais plusieurs n’aimeraient pas, non plus, attendre à cet endroit. D’une part, pour expliquer ce malaise, certains ont parlé de l’éclairage. De fait, le sentier remontant à la rue Bellerive n’est pas éclairé tout comme la rue Bellerive entre Gonthier et Georges V. D’ailleurs, certains participants ont avoué ne jamais emprunter le sentier pour retourner à la rue. Ils préfèrent passer au travers l’aire gazonnée qui leur apparaît relativement mieux éclairée (figure 4). De l’avis d’un participant, l’extrême est du parc, près du quai non aménagé, constitue l’endroit idéal pour agresser quelqu’un puisqu’il est isolé et sombre. D’autre part, les participants ont mentionné que les attroupements de jeunes étaient une autre raison de craindre cette partie du parc. Tout autour du quai, plus particulièrement en dessous, des jeunes se rassembleraient pour boire, fumer, casser des bouteilles et faire du vandalisme (figure 5).

Figure 3 : Le fait d'avoir un bon dégagement entre les arbustes et le marcheur procure un sentiment de sécurité.

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Les jeunes ont fait l’objet de quelques discussions à l’occasion des marches exploratoires. Si certains ont mentionné s’être sentis intimidés par des gangs de jeunes (au quai dans l’Est et au belvédère Est), d’autres ont exprimé s’être sentis à l’aise en leur présence : « Ils font seulement de l’attitude! ». Des participants ont même ajouté que des gens d’âge mûr qui se croient tout permis causeraient tout autant de problèmes à la Promenade Bellerive.

Figure 4 : Le soir, les usagers du parc empruntent rarement le sentier pour retourner à la rue. Ils préfèrent utiliser l’aire gazonnée qui leur apparaît moins sombre.

Figure 5 : Le dessous du quai: l'endroit où les jeunes se rassemblent le soir venu. Cet été, il y avait des graffitis sur la paroi rocheuse, mais ils ont rapidement été effacés.

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En cas d’urgence, les participants se sont entendus pour dire qu’il serait difficile d’obtenir du secours. Des cris ne seraient certainement pas entendus, d’autant plus que la rue Bellerive n’est pas bordée de résidences sur toute sa longueur. Les participants ont souligné qu’un téléphone d’urgence devrait être installé à des endroits stratégiques. L’orientation est également déficiente dans le parc. Il a été mentionné qu’un projet de signalisation était un véritable besoin. Où est le chalet? Où est la piscine? Où est le téléphone? Où suis-je? Quelle est la rue la plus proche? Difficile pour l’instant d’y répondre. Finalement, les participants ont longuement critiqué le travail des policiers. Les policiers seraient, d’une part, très peu actifs sur le terrain et d’autre part, très lents à intervenir lorsqu’un citoyen dépose une plainte. Toutefois, une dame croit qu’il y a plus de surveillance cette année, du moins le jour. Il y aurait beaucoup de cadets qui se promèneraient dans le parc. Donc, toujours selon cette dame, en lien avec cette surveillance, il y aurait moins de petits groupes de jeunes. D’autres problèmes ont aussi été abordés à l’occasion de ces deux marches exploratoires. À cet égard, l’ensemble des problèmes soulevés durant ces deux soirées est résumé au tableau 2.

2.3.2 Le relevé des experts8

Contrairement aux marches de citoyens qui visaient à mettre à jour un certain sentiment d’insécurité, la marche « expert », s’adressant à des intervenants du quartier, a permis de cibler davantage les attributs physiques du parc qui posaient problème au chapitre de la sécurité « objective ». Le parc a été évalué selon les principes de l’aménagement sécuritaire énumérés précédemment. 2.3.2.1 Savoir où je suis et où je vais : les indications et la signalisation

Les intervenants ont relevé un grand problème de signalisation. La signalisation est pratiquement absente. L’orientation est très difficile. En fait, il n’existe aucune carte de localisation et aucun

panneau indiquant le nom des rues à proximité9. Aucun panneau n’indique où se trouvent les

services tels les arrêts d’autobus, le poste de taxis, le téléphone public. Même si les sentiers près du

8 Une carte en annexe 6 cible et résume toutes les observations faites par les participants 9 Au moment d’écrire ces lignes, un panneau de rue avait été installé. Les autres devraient suivre bientôt.

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fleuve s’entrecroisent en quelques endroits, aucun panneau n’est installé près de ceux-ci pour indiquer leur vocation (piétons, cyclistes ou les deux?). La signalisation au sol, quant à elle, s’avère parfois incohérente comme en témoigne la figure 6. La réglementation est affichée, mais elle n’est pas disposée de manière stratégique (figure 7). La situation est la même pour l’affichage sur la piste cyclable (figure 8).

Tableau 2 : Les problèmes de sécurité du parc de la Promenade Bellerive relevés par les participants aux marches exploratoires.

PROBLÈMES SOULEVÉS La gestion de la végétation, surtout celle des berges (herbes hautes, arbustes non taillés) Les sentiers informels menant à la berge Le secteur Est du parc (Quai) La présence de gens incommodants (tapage) entre minuit et 2 h Les situations de grossière indécence Les attroupements, particulièrement de jeunes et de personnes âgées Le laxisme des policiers La signalisation manquante Le manque de poubelles Les descentes dangereuses pour se rendre à la rive (entre autres, celle du belvédère Est) Les sentiers mal entretenus et qui s’entrecroisent à plusieurs endroits, dont au chalet Les chiens sans laisse Le manque de bancs Des activités non autorisées ont lieu dans le parc (ex : golf) Les vendeurs de drogue (culs-de-sac sur la rue Bellerive) Les motorisés sur la piste cyclable Manque d’éclairage sur la piste cyclable

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Figure 6 : Ce genre d’indication sème la confusion : pour accéder au parc, les piétons peuvent-ils emprunter la piste cyclable?

Figure 7 : Un des rares panneaux rappelant la vocation exclusive de la piste cyclable se situe près de la limite Ouest du parc, là où, malheureusement, la piste se termine en cul-de-sac.

Figure 8 : Ce panneau affichant la règlementation du parc n'est pas disposé de manière stratégie. De fait, il se retrouve sur un des côtés du chalet où pratiquement personne ne circule.

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2.3.2.2 Voir et être vu / Entendre et être entendu

a) l’éclairage La piste piétonne est en général très bien éclairée. Toutefois, des secteurs demeurent plus sombres. D’un côté, les sentiers reliant le sentier piétonnier à la rue Bellerive ne sont pas éclairés. Cela s’avère particulièrement problématique dans l’Est pour les usagers arrivant en bout de parcours. De l’autre, la rue Bellerive, entre Gonthier et Georges V, n’est pas pourvue de lampadaires (figure 9). Conséquemment, l’extrême Est du parc est plongée dans le noir la nuit venue. Finalement, l’espace autour de la scène est très peu éclairé et cela peut poser problème les soirs de spectacles.

b) Les obstacles visuels, les cachettes et l’affluence Tout le long du parc, des obstacles visuels restreignent le champ de vision d’un usager. Ainsi, dans l’extrême Ouest du parc, la présence de buttons et d’une végétation plutôt dense contribue à créer un espace confiné où la visibilité constitue un réel problème (figures 10 et 11). De plus, cet espace est un endroit très peu fréquenté où quelqu’un pourrait isoler ou surprendre une autre personne. Le sentier ne se rend pas jusqu’au bout du parc et cela ne favorise pas l’appropriation de ce secteur. Des sentiers informels indiquent que des gens s’y aventurent tout de même. De plus, c’est à ce bout du parc (secteur Honoré-Mercier) que l’on retrouve une aire de jeux pour enfants très peu utilisée.

Figure 9 : La rue Bellerive entre Gonthier et Georges V n'est pas pourvue de lampadaires, tout comme le sentier menant à la Promenade. La nuit venue, ce secteur est donc plongé dans le noir.

Par ailleurs, la végétation sur la berge réduit aussi passablement le champ de vision, et ce, particulièrement à partir de la rue Pierre-Bernard jusqu’à la limite Est du parc. Les arbustes sont très

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hauts, la strate herbacée laissée à elle-même et les vues vers le rivage relativement peu nombreuses (figure 12). D’ailleurs, des photos de la berge prises à intervalle régulier nous informent qu’à partir du belvédère est (en direction du le quai dans l’Est) les vues fermées sont presque trois fois plus nombreuses que les vues ouvertes (voir annexe 5).

Figure 10 : Les buttons et la végétation contribuent à refermer cet espace et du coup, à isoler l’extrême Ouest du reste du parc.

Figure 11 : Les conifères contribuent fortement à réduire la visibilité. De ce point, impossible de voir le chalet ou la rue Notre-Dame.

Figure 12 : À certains endroits, les arbustes atteignent une hauteur d'au moins 6 pieds. Il est donc impossible de voir la rive ou le fleuve.

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Finalement, l’extrême Est (à la hauteur de Gonthier) du parc est un espace résiduel non aménagé où quelqu’un pourrait facilement isoler une autre personne, d’autant plus que cette zone s’avère très peu fréquentée (figure 13). De plus, une rangée de peupliers crée une barrière visuelle faisant en sorte d’isoler davantage ce secteur (figure 14).

Figure 13 : Dans l'Est du parc, des espaces résiduels demeurent toujours non aménagés. Bien qu’il soit peu fréquenté, les sentiers informels témoignent de l’appropriation de ces lieux par certains usagers. En terme de sécurité objective, l’endroit pose problème.

Figure 14 : Cette rangée de peuplier crée une barrière psychologique isolant le secteur qui se trouve derrière.

2.4 LE DEGRÉ D’INSÉCURITÉ ET L’INFLUENCE DE CERTAINES VARIABLES10

Quatre-vingt-huit questionnaires ont fait l’objet d’une analyse. Parmi les répondants, 70 sont des utilisateurs du parc tandis que 18 ne fréquentent pas le parc. Les femmes représentent 55 % de l’échantillon et les gens de plus de 50 ans en représentent 58 %. Seulement 11 % ont 30 ans et moins. Les participants habitent le quartier dans une proportion de 89 %. 10 Les résultats du sondage sont résumés dans les tableaux inclus en annexe 7 du présent document.

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2.4.1 La sécurité : un enjeu chez les non-usagers?

La tâche de recruter des non-usagers a été passablement difficile. La plupart des résidents du quartier que nous avons rencontrés fréquentent effectivement la Promenade. C’est ainsi qu’il fut possible de rejoindre seulement 18 non-usagers. Bien que leur nombre soit insuffisant pour être statistiquement représentatifs, il est tout même possible de faire quelques constats intéressants à partir des données récoltées. À la question concernant les raisons poussant des citoyens à ne pas fréquenter la Promenade Bellerive, la majorité des non-usagers ont répondu qu’ils ne fréquentent pas le parc de la Promenade Bellerive soit parce qu’elle est trop loin de leur domicile (n=9) ou parce qu’ils ne connaissent tout simplement pas ce parc (n=5). En contrepartie, il semble qu’à première vue, la sécurité ne constitue pas un critère pour fréquenter ou non la promenade Bellerive : aucun des répondants n’a indiqué ne pas s’y sentir en sécurité. Les améliorations suggérées pour inciter ces non-usagers à fréquenter la Promenade sont les suivantes : i) un meilleur entretien; ii) un parc à chien; iii) la présentation de plus de spectacles; et surtout iv) la tenue d’activités ou l’installation d’infrastructures pour les enfants et les jeunes (barboteuse, jeux, centre récréotouristique, terrain de soccer).

2.4.2 Le niveau d’insécurité des usagers

La Promenade Bellerive compte beaucoup « d’habitués de la place ». En effet, la majorité des usagers (65 %) fréquente la Promenade presque tous les jours en saison estivale. Ils la fréquentent autant la semaine que la fin de semaine, et ce, plus particulièrement l’après-midi (70 %) et en début de soirée (67 %). À cet effet, les résultats sont sensiblement les mêmes chez les femmes que chez les hommes, exception faite de la fréquentation du parc en fin de soirée où les hommes semblent plus enclins que les femmes à fréquenter le parc après 22 h (24 % des hommes pour 8 % des femmes). À savoir ce que les usagers apprécient le plus à la Promenade Bellerive (tableau 3), les participants ont répondu majoritairement (56 %) la proximité du fleuve et la vue sur celui-ci. Dans une moindre mesure, la verdure et la nature (15 %) de même que les sentiers (11 %) sont d’autres raisons choisies par les répondants. En revanche, les chiens sans laisse (21 %), le manque d’entretien (15 %)

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tout comme la délinquance et les pratiques sociales indésirables (15 %) constituent les raisons les plus évoquées pour expliquer ce qui est le moins apprécié. En ce qui concerne les questions ciblant directement les problématiques reliées à la sécurité ou au sentiment de sécurité, 38 % des répondants affirment s’être déjà, à un moment ou à un autre, senti inquiet dans le parc. Ce taux grimpe à 50 % si l’on tient compte exclusivement des réponses des femmes. Les endroits ciblés : la berge et l’Est du parc à partir de la rue Pierre-Bernard. Par ailleurs, 48 % des femmes craignent parfois d’être victimes d’actes incivils, agressants ou hors-normes dans le parc. Parallèlement, les femmes, à 83 %, ne se sentiraient pas très ou pas du tout en sécurité de marcher seule dans le parc après 22 h. Chez les hommes, cette proportion est moins élevée : elle se situe à 34 %. Le fait d’avoir entendu parler ou non de cas d’agression dans le parc semble avoir une influence sur ce sentiment d’insécurité. En effet, des gens qui ont répondu se sentir tout à fait en sécurité de marcher seul le soir dans le parc, 25% ont entendu parler de cas d’agression ou de comportement troublant la paix dans le parc. En contrepartie, les gens qui ont dit ne pas du tout se sentir en sécurité ont entendu parler de cas d’agression ou de comportements troublant la paix à 80 %. L’observation d’actes incivils, agressants ou hors norme, tout comme le fait d’avoir été victime ou non d’actes incivils, agressants ou hors norme, ne semble pas avoir le même effet sur le sentiment d’insécurité. Parmi les gens qui se sentent assez en sécurité de marcher seul le soir dans le parc, 79 % ont observé des actes incivils, agressants ou hors normes et 17 % ont été victime de ces actes. Tandis que chez les gens ne se sentant pas du tout en sécurité, c’est 63 % qui ont été témoins d’actes incivils, agressants ou hors-normes et c’est 13 % qui en ont été victimes. 79 % des répondants (86 % chez les femmes) estiment qu’après la tombée de la nuit, la Promenade est moins sécuritaire que le jour. Cette proportion s’avère toutefois moins élevée chez les répondants

qui fréquentent la Promenade en fin de soirée. De fait, 58 % de ces utilisateurs nocturnes11 jugent

que le parc est moins sécuritaire la nuit que le jour. Par contre, cette tendance semble davantage être associée aux hommes qu’aux femmes puisque 84 % des femmes fréquentant le parc à la tombée de la nuit pensent qu’il est moins sécuritaire que le jour. Malgré tout, les utilisateurs et les utilisatrices de la Promenade la nuit s’y sentent pour la majorité (6 hommes sur 8 et 2 femmes sur 3) tout à fait en sécurité ou assez en sécurité.

11 Toutefois, les utilisateurs nocturnes représentent seulement 12 participants

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Bien qu’une forte proportion de gens avoue ne pas tellement ou ne pas du tout se sentir en sécurité, 78 % des répondants, autant des femmes que des hommes, jugent que le parc est aussi sécuritaire que le quartier en général. En fait, 96 % estiment que les actes incivils, agressants ou hors-normes qui se sont produits à la Promenade Bellerive sont des gestes isolés et/ou le fait d’une minorité d’individus. Parmi ces actes, les répondants relèvent qu’il s’agit principalement de vente ou de consommation de drogues et/ou d’alcool, d’actes troublant la paix (tapage, cris, gestes manquant de savoir-vivre, etc.) et de gestes de vandalisme. Concernant l’aménagement du parc de la Promenade Bellerive, 35 % des participants (24 % des femmes et 50 % des hommes) pensent que l’éclairage est insuffisant ou très insuffisant. Par ailleurs, 54 % des répondants (59 % des femmes et 48 % des hommes) estiment que la présence de coins isolés telle la berge constitue une situation préoccupante ou très préoccupante. Finalement, 62 % des gens (61 % des femmes et 64 % des hommes) jugent que la densité de la végétation s’avère peu ou pas du tout sécuritaire. Pour améliorer la sécurité à la Promenade Bellerive, les répondants suggèrent i) d’augmenter la surveillance formelle (policier, cadets, surveillant de parc); ii) de gérer plus adéquatement la végétation en rive afin d’améliorer la visibilité et de faire disparaître les cachettes; iii) d’améliorer l’éclairage à certains endroits; iv) d’organiser plus d’activités; v) d’améliorer la signalisation; vi) de mettre sur pied une escouade canine; vii) d’installer un téléphone d’urgence et viii) de séparer les vélos des piétons sur les sentiers.

2.5 LA SÉCURITÉ À LA PROMENADE BELLERIVE : LE POINT DE VUE DES RIVERAINS

2.5.1 Des constats représentatifs de la réalité?

Dans le cadre des « focus groupes », les riverains ont été invités, pour entamer la discussion, à commenter le diagnostic local de sécurité réalisé par le programme Tandem qui identifiait la Promenade Bellerive comme un endroit procurant un sentiment d’insécurité aux gens du quartier. Plusieurs participants s’entendent pour dire (n=9), surtout les femmes (5 femmes sur 7), que le sentiment d’insécurité rapporté par les participants à cette étude est justifié, car eux-mêmes ne se

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sentiraient pas très en sécurité à marcher seul le soir dans le parc ou ont déjà ressenti de l’insécurité (tableau 3). De même, plusieurs ont remarqué une vie nocturne plutôt intense dans le parc. « Les deals de drogue, on les voit se faire devant la porte! Écoute là, les deux chars qui arrivent, qui se parlent… Comme disait M. X, c’est vrai qu’il y a deux Promenades Bellerive. Y’a des choses le soir, mais moi je dirais qu’il y a des endroits plus que d’autres qui sont moins sécures. » (Participant 1) « Bien moi, je trouve que, comme j’ai pas observé beaucoup de choses, c’est beaucoup notre sentiment intérieur. […] Moi toute seule, aller me promener sur la berge à 11h, je ne le fais pas. Je l’évite. Me semble que c’est là que ça pourrait se produire. On voit pu rien. À un moment donné, c’est juste des broussailles. Moi je préviens, c’est tout. » (Participant I) En contrepartie, trois participants (2 hommes et 1 femme) croient que les conclusions du diagnostic de Tandem ne sont pas justifiées. De fait, ils ne se sont jamais sentis inquiets dans le parc et ils n’ont jamais observé d’acte incivil au point de se sentir en danger, et ce, même la nuit. « Je suis totalement en désaccord avec ça parce qu’il m’arrive de me promener le soir dans le parc de la Promenade Bellerive. Si tu rencontres 10 personnes sur la Promenade… […] Je trouve ça étonnant que les gens aient cette opinion là. Ça fait des années que je me promène et j’ai jamais été agressé. Je me suis jamais senti insécure. » (Participant 7) « Personnellement, je marche du centre-ville jusqu’à chez-nous sur Bellerive et j’ai pas senti vraiment… […] j’ai pas réellement senti de problèmes. […] C’est peut-être plus une question de certaines personnes qui font des blagues plates et qui n’ont pas à être là. » (Participant C)

Tableau 3 : Opinion des participants des deux groupes de discussion sur l’identification de la Promenade Bellerive comme un endroit procurant un sentiment d’insécurité.

Nombre de participants

FEMMES (n=9)

HOMMES (n=13)

TOTAL (n=22)

Oui, cette identification est justifiée 5 4 9 Non, cette identification n’est pas justifiée 1 2 3

Oui et non 1 4 5

30

Par ailleurs, d’autres participants (n=5), surtout des hommes, se sont avérés plus nuancés dans leur propos. À certains égards, ils croient justifié d’exprimer une certaine inquiétude relativement à la sécurité à la Promenade. Cependant d’un autre côté, le mot « insécurité » leur apparaît, dans la situation actuelle, inadéquat. De plus, la promenade leur apparaît aussi ou sinon plus sécuritaire que d’autres parcs de la ville ou que le quartier en général (tableau 4). « C’est pas insécure de se promener dans le parc, mais excepté que oui, y’a de la drogue. C’est dérangeant pis c’est sûr qu’on est dans une situation où il pourrait se passer quelque chose. Mais pour l’instant, on dirait pas que c’est très insécure comme on entend parler. » (Participant 5)

« Moi je dis qu’après 22h je n’y vais pas. […] Mais y’a d’autres endroits… je pense que c’est quand même plus sécuritaire qu’à bien d’autres endroit […] Au nord de la rue Sherbrooke, à peu près vis-à-vis ici, c’est Thomas Chapais où là, ça devient un peu plus risqué de se promener […] ici, on est pas mal plus en sécurité. » (Participant 6) À la lumière de ces résultats, les femmes appuient plus fortement que les hommes les conclusions du rapport de Tandem. Les hommes ne les rejettent pas, mais sont un peu plus nuancés. Même s’ils ne le qualifient pas tous comme tel, un certain sentiment d’insécurité est donc ressenti par la majorité de riverains de la Promenade Bellerive

Tableau 4 : Niveau de sécurité attribué au parc de la Promenade en comparaison à d'autres parcs de la ville ou du quartier en général.

NOMBRE de participants Plus sécuritaire 6

Aussi sécuritaire 1 Moins sécuritaire 2

2.5.2 Les raisons au sentiment d’insécurité

À savoir pourquoi les usagers ou les riverains du parc ressentent ou pourraient ressentir un certain sentiment d’insécurité, plusieurs raisons ont été évoquées par les participants des deux groupes de discussion (tableau 5). Par contre, trois principales raisons ressortent davantage : les désordres et incivilités, la végétation et la surveillance formelle. Tout d’abord, presque tous les participants (n=20)

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ont associé les désordres et les incivilités au sentiment d’insécurité. Ceux-ci réfèrent à de relativement petits méfaits, mais aussi à d’autres plus graves : du simple non-respect des règlements jusqu’à la prostitution. « C’est curieux, mais ça prendrait un règlement pour chaque thème qui a été discuté ce soir. […] Y’a du monde qui prennent le parc, des fois, pour une aire de service ou leur champ…surtout si tu laisses aller des bosquets pis d’autres infractions. Ça devient comme une invitation… » (Participant 1) « […] au coin de rue Mousseau, pas très loin d’ici (chalet), juste à côté du petit cul-de-sac. C’est gênant d’aller là parce que tu as toujours peur de tomber sur une transaction. […] Tomber sur une transaction de dope ou sur les transactions de prostitution, tu te dis, je pourrais me mettre dans le trouble… je vais éviter ce secteur là. » (Participant F) En ce qui a trait à la prostitution, bien que cela ait été observé par seulement quelques-uns d’entre eux (n=3), des participants allèguent que des enfants seraient impliqués. Toutefois, la prudence est de mise, car les discussions plutôt évasives à ce sujet n’ont pas permis de révéler la fréquence de ces activités à caractère sexuel ni le rôle de la Promenade Bellerive. Autrement dit, personne ne peut dire si la Promenade est le lieu où des enfants sont sollicités, un point de rencontre ou le lieu où se déroulent les activités en question. Par ailleurs, la végétation du parc, ou plutôt sa mauvaise gestion, a été identifiée par 16 participants comme influençant le sentiment d’insécurité. De fait, elle est une entrave à une bonne visibilité et par conséquent empêche les usagers d’anticiper les dangers. De plus, elle laisse une impression de laisser-aller ou d’abandon de l’espace et elle est perçue comme une cachette potentielle. « Je trouve que ce sont les arbustes qui sont trop hauts. On se croirait dans un champ… surtout à partir de…euh… je dirais la piscine Taillon à aller jusqu’au bout là-bas. Je trouve que c’est trop haut. […] c’est toute de la mauvaise herbe. Je trouve pas que c’est un parc de la ville, je me croirais dans un champ. (Participant 10) « Quand tu marches sur le bord du fleuve à des heures où il y a un petit peu moins de monde […] t’entends des gens en bas. Tu vois pas, fait que tu sais pas qui est là. Tu sais pas qui va te sortir dans le visage […] On parle pas de couper des arbres mais on parle d’enlever les broussailles, la mauvaise herbe, toutes les saletés qui s’accumulent là. Oui tu vas voir sur le bord du fleuve et tu ne t’inquiètes pas […] Mais quand tu ne vois pas, tu peux t’imaginer n’importe quoi. La sécurité, c’est beaucoup dans la tête. » (Participant D)

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Finalement, la surveillance formelle serait une autre variable influençant le sentiment de sécurité des riverains du parc. Dix riverains, surtout des hommes, l’ont identifiée comme telle. L’absence des policiers dans le parc et leur attitude, qualifiée de laxiste lorsqu’ils s’y présentent, procurent un sentiment d’insécurité. « Vers 11h, minuit, 1 heure du matin, il en passe jamais de police. Y’en passe jamais le matin […] Ça fait que c’est sûr que moi, si je veux faire des mauvais coups, pourquoi j’irais pas là (Promenade Bellerive)? […] Y’a pas un citoyen qui peut me sortir de là parce que j’y fais peur pis y’a pas de policiers qui va me sortir non plus. […] Si je voulais faire un mauvais coup, c’est là que j’irais. » (Participante D)

Tableau 5 : Les raisons données par les participants des deux groupes de discussion pour expliquer le sentiment d’insécurité ressenti ou qu’ils pourraient ressentir.

Nombre de participants

RAISONS expliquant un sentiment d’insécurité

FEMME (n=9)

HOMME (n=13)

TOTAL (n=22)

Désordre et incivilités 7 13 20 Non-respect des règles (gens aux heures interdites, chiens sans laisse, infractions de tous genres) 7 11 18

Drogue 4 8 12 Prostitution 3 3 6 Tapage 1 3 4 Agression / intimidation 1 3 4 Vélos électriques dans les sentiers 1 2 3 Conflits entre usagers 0 1 1 Végétation 7 9 16 Visibilité - anticipation 5 7 12 Laisser-aller – Invitation à… 4 4 8 cachette 4 3 7 Surveillance formelle 3 7 10 Laxisme 2 5 7 Non-présence 3 4 7 Attroupement - Appropriation 3 3 6 Éclairage 2 4 6 Invitation à… 0 2 2 Cachette 1 1 2 Autre 1 1 2 Espaces résiduels 2 0 2

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« Vers 1 heure du matin, on a vu un char de police arriver. Ils se dépêchaient, avec les grosses lumières dessus. Les jeunes étaient tous en bas. Eux autres, y’ont continué, y’ont jamais remarqué, y’ont jamais rien vu. Les jeunes ont mis leur musique à plein après. Si y’auraient arrêté pis y’auraient débarqué avec leurs lumières en bas… » (Participant 9) Les attroupements, l’éclairage et les extrémités du parc qui ne semblent pas en faire partie complètent la série de raisons évoquées par les participants pour expliquer le sentiment d’insécurité qui peut ou pourrait être ressenti à la Promenade. Les raisons évoquées par les hommes et les femmes sont sensiblement les mêmes. Notons seulement que les femmes sont davantage préoccupées par les désordres et les incivilités de même que par la végétation que tous autres facteurs. Les hommes semblent plus interpellés par les questions de surveillance formelle que les femmes.

2.5.3 L’aménagement du parc

Les participants considèrent que l’aménagement du parc peut avoir une grande influence sur la sécurité. À preuve, les questions d’aménagement furent celles qui ont dominé les discussions. À cet égard, plusieurs problèmes ont été soulevés (tableau 6). Tout d’abord, 17 participants ont parlé de l’entretien du parc. Selon eux, l’entretien de la berge est négligé, car il y aurait trop de mauvaises herbes et de broussailles. De plus, les arbustes sont laissés à eux-mêmes et du coup sont maintenant trop hauts. Les espèces horticoles sont envahies par les espèces indigènes. Les vues offertes à partir des bancs et des tables à pique-nique se referment graduellement. « Mais les plantations au bord de l’eau sont nécessaires. Ils retiennent les berges […] c’est essentiel que ça soit là. Le problème c’est… si les bosquets… si tout ça ils coupaient ça à une hauteur raisonnable. Les gens vont mieux se sentir. » (Participant 6) Ensuite, 13 participants ont abordé l’aménagement du parc en soulevant les problèmes de visibilité. En fait, le champ de vision serait réduit aux abords de la berge. Il est souvent impossible de voir ce qui se passe sur le rivage plus bas. « Les broussailles sont tellement hautes, tu ne vois pas de très loin […] Avant, même si y’avait des jeunes, même si y’avait des adultes avec des enfants qui faisaient des choses pas correctes, tu les voyais de très loin, tu les voyais. Et ils ne restaient pas. Ils ne sont pas intéressés du moment qu’ils

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voient des gens arriver. Ils partaient. Mais maintenant, ils ne partent pas et c’est toi qui n’es plus en sécurité, c’est toi qui te mets en situation de danger. » (Participant D) Par ailleurs, 9 participants ont évoqué les problèmes de signalisation dans le parc. Que ce soit pour s’orienter, savoir lequel sentier emprunter ou tout simplement quoi faire en cas d’urgence, la signalisation est déficiente. « C’est 2 km de long. C’est difficile de se situer pour quelqu’un qui ne connaît pas les rues. Même moi, ça fait 14 ans et demande moi pas le nom par cœur de toutes les rues. » (Participant 2) Finalement, l’éclairage (n=8) dans certaines zones bien précises, la configuration des sentiers créant une situation plutôt difficile entre piétons et cycliste (n=4) de même que les limites floues tant à l’Est qu’à l’Ouest du parc (n=2) ont aussi été identifiés comme des composantes de l’aménagement influençant la sécurité au parc de la Promenade Bellerive.

2.5.4 Les endroits problématiques

Pour plusieurs participants, la dynamique du parc diffère dépendamment de l’endroit où on se situe. C’est ainsi que 3 secteurs ressortent comme particulièrement problématiques : la berge de même que les extrêmes Est et Ouest du parc (tableau 7).

Tableau 6 : Les problèmes d’aménagement relevés par les participants aux groupes de discussion posant problème au parc de la Promenade Bellerive au plan de la sécurité.

FEMME (n=9)

HOMME (n=13)

TOTAL (n=22)

Entretien 7 10 17 Visibilité 6 7 13 Signalisation 3 6 9 Éclairage 2 6 8 Sentiers 6 2 4

Autres (secteurs sous-aménagés, incohérence dans le choix l’emplacement des bancs) 1 3 4

Limites floues 1 1 2

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14 riverains ont ciblé la berge comme un endroit problématique par rapport à la sécurité. Toute la berge semble être ciblée bien que deux secteurs se démarquent plus particulièrement : la partie comprise entre la rue Pierre-Bernard et l’extrême Est et le secteur du quai. L’aménagement y serait particulièrement déficient et des rassemblements de jeunes y auraient lieu. « Ce qui me rebute davantage, c’est depuis… depuis là, on a beaucoup de groupes d’individus qui se ramassent près du quai. Là, un groupe pour moi c’est 5-8 individus. Là on est rendu à 20 individus […] Je trouve que c’est vraiment une masse. J’avoue que là, je me sens pas insécure, mais je garde mes distances. » (Participant 1) « À Desmarteau, y’a un rond point avec des bancs. […] les arbres sont hauts de même! Y’a beaucoup de monde de caché là… » (Participant K) Outre les berges, c’est tout le secteur Est qui a également été visé par 10 participants et six ciblent plus spécifiquement la partie du parc entre Gonthier et Georges V. « Dans l’Est […] on appelle ça le « No man’s land » entre Gonthier et Georges V. Y’a aucune lumière dans cette portion de rue Bellerive. Et dans le parc, la portion du parc où l’on descend près du fleuve, c’est pas éclairé […] » (Participant 1)

« (Participant K) : Sur le carré Georges V, Bellerive… surtout Bellerive et Gonthier, y’a toujours des voitures de stationnés là. Participant D : Oui, tout le temps. Participant K : Il fait noir…(en parlant d’éclairage) Sur Bellerive, y’en a pas. Sur Georges V, y’en a… Participant J : Je fais toujours le tour de la rue et c’est noir noir noir. Participant D : Mais tu vois, ça, ça appartient pas au parc, mais ça rentre dans le parc et ça rend le parc plus insécuritaire. Participant E : Ils peuvent se cacher là. Participant K : Ils peuvent se cacher là. Tu passes là, c’est très sombre. Y’a pas d’éclairage. C’est toujours les mêmes autos qui sont là… » De même, l’extrême Ouest, de par son aménagement réduisant la visibilité, procure un sentiment d’insécurité à 6 participants.

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« À partir du « stand » à aller jusqu’au fond, moi je trouve ça dangereux là […] C’est à cause encore des arbustes pis des… c’est trop haut pis c’est pas découvert comme ici là (autour du chalet). » (Participant 10)

« Ben à l’autre bout ici (ouest du parc), choisi tes heures. […] Ben premièrement, si tu y vas le matin du vois l’éclairage de la CAST, mais le parc en lui-même n’a pas beaucoup d’éclairage… y’a beaucoup d’arbres. - C’est parce que la piste cyclable ne se rend pas là non plus. C’est pour ça qu’ils n’ont pas mis de

lampadaires… la piste ne se rend pas là. - C’est pour ça que je me suis demandé si ça faisait parti du parc. Moi j’y vais de jour, mais y’a des heures où je n’y vais pas. » (Participant D et J)

Tableau 7 : Les secteurs problématiques du parc au plan de la sécurité ciblés par les participants aux deux groupes de discussion.

FEMME (n=9) HOMME (n=13)

TOTAL (n=22)

La berge 5 9 14 En général 3 3 6 Quai dans l’Est et autour 1 5 6 À partir de la rue Pierre Bernard 3 3 6 L’Est 2 8 10 En général 0 6 6 Secteur Gonthier / Georges V 2 4 6 Ouest (extrême Ouest) 3 3 6 Taillon 2 2 4 Taillon vers l’Est 1 1 2 Piscine 2 1 3 Centre 2 0 2 Belvédère 1 0 1 Cul-de-sac / Mousseau 1 0 1 Sentiers du fleuve à la rue Bellerive 0 1 1 Piste cyclable 0 1 1 Partout et nulle part 0 1 1

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Le secteur de la rue Taillon, le centre du parc, les sentiers reliant le fleuve et la rue Bellerive et la piste cyclable sont les autres endroits considérés problématiques. Bien qu’ils aient été choisis par moins de participants, ils sont tout de même à prendre en considération. Un participant a tenu à spécifier que pour lui les dangers dans le parc se situaient partout et nulle part à la fois. Selon lui, il pourrait autant se faire agresser dans le centre du parc, dans l’Est que sur la rue Hochelaga.

2.5.5 Les priorités pour améliorer la sécurité

À savoir quelles étaient les priorités pour améliorer la sécurité à la Promenade Bellerive, certains participants ont tenu en tout premier lieu à mettre les choses en perspective en mentionnant qu’au chapitre de la sécurité, la situation n’est pas dramatique, mais il ne fallait pas non plus se fermer les yeux. « La sécurité, c’est pas un problème qui est grand aujourd’hui. Excepté que si on fait pas les choses de base aujourd’hui, dans 5 ans, je ne sais pas de quoi on va parler. On pourra faire une tombola, n’importe quoi, mais ça ne sera plus un parc qu’on va aimer. » (Participant 4) Les « choses de base » qui se doivent d’être fait prioritairement sont, selon les riverains, i) un meilleur entretien (n=13); ii) l’installation d’un système de signalisation (n=6); iii) la résolution des problèmes d’éclairage de certains secteurs (n=5); iv) l’application des règlements (n=3) et v) l’intensification de la surveillance formelle (n=2). « Ajoutons de l’éclairage, entretenons mieux et signalisons et pis ça va automatiquement améliorer la sécurité. » (Participant 5) « Pour continuer à aller dans le parc, faut l’entretenir. C’est pas des sommes astronomiques qu’on parle. L’entretien, signalisation, ramener les gens, les chiens pas en laisse… les choses ordinaires qu’on retrouve beaucoup, qu’on va retrouver dans l’Ouest (de la ville). […] on réinvente pas la roue là. » (Participant 4) D’autres (n=3), on aussi suggéré d’augmenter le nombre d’activités qui ont lieu à la Promenade. Par contre, cette idée ne fait pas du tout consensus puisque 4 autres s’y sont opposés. Plus de gens pourraient créer plus de problèmes de sécurité.

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« Moi je pense que de un, faut que les gens se sentent bien pour qu’ils fréquentent davantage la Promenade Bellerive. Pis y’a des endroits, un entretien, ça c’est une chose primordiale. Y’a une autre chose aussi, c’est que y se passe pas grand-chose. Dans le parc de la Promenade Bellerive, les activités, y’en a pas! » (Participant 6) « Si on attire plus de monde, on risque d’attirer plus de problèmes…la petite proportion hors norme. » (Participant 2) Ainsi, bien que les participants ne s’entendent pas sur la pertinence d’augmenter l’affluence du parc, un certain consensus existe quant à la nécessité d’agir sur des éléments simples, dont entre autres, l’apparence du parc.

Tableau 8 : Les actions identifiées par les participants aux deux groupes de discussion comme étant prioritaires pour améliorer la sécurité au parc de la Promenade Bellerive.

FEMME (n=9)

HOMME (n=13)

TOTAL (n=22)

Entretien 6 7 13 Signalisation 2 4 6 Éclairage 1 4 5 Activités 1 2 3 Respect des règles 1 2 3 Surveillance 1 1 2 Agir maintenant 0 1 1

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3. LE DIAGNOSTIC

La présente étude posait, en introduction, deux questions : 1. Est-ce que le parc de la Promenade Bellerive possède des attributs physiques ou est-il le

théâtre de pratiques sociales ayant pour conséquences d’augmenter l’insécurité ou le sentiment d’insécurité;

2. Dans ce parc, quels sont les perceptions, les attentes et les besoins des citoyens en matière de sécurité?

C’est dans le but de répondre à ces deux questions que cette section s’articule en trois points. D’une part, sur la base des résultats obtenus, la discussion porte sur l’existence d’un certain sentiment d’insécurité au sein de la population et des besoins qui s’imposent relativement à ce sentiment. D’autre part, en lien avec la perception des citoyens, des facteurs de risque ayant une influence tant sur l’insécurité que sur le sentiment d’insécurité sont exposés. Enfin, des recommandations reflétant les attentes et les besoins des citoyens sont formulées.

3.1 LE SENTIMENT D’INSÉCURITÉ

Les résultats obtenus par l’entremise des questionnaires indiquent que les usagers et les riverains de la Promenade Bellerive éprouvent, à différents degrés, un sentiment d’insécurité. Le fait que 86 % des femmes ne se sentent pas ou ne se sentiraient pas très ou pas du tout en sécurité de marcher seule dans le parc après 22 h est préoccupant. Toutefois, cette donnée se doit d’être remise dans un certain contexte. D’abord, lorsqu’il est question de sécurité, les parcs représentent des cas particuliers. En effet, quels qu’ils soient, les parcs traînent une mauvaise réputation. Ils sont, après les rues mal éclairées, les lieux jugés les plus dangereux (Durand, 1983). De plus, dans les parcs, les composantes paysagères les plus valorisées sont celles aussi qui expliquent en partie le sentiment d’insécurité qu’éprouvent les usagers (Schroeder et Anderson, 1984; Orsini, 1993). Donc, paradoxalement, ces composantes paysagères qui font en sorte d’attirer les gens peuvent aussi les faire fuir. Un certain équilibre se doit d’être recherché pour ainsi faire en sorte que des

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aménagements sécuritaires ne se fassent au détriment des qualités paysagères d’un parc. En effet, peu importe le parc, il y aura toujours un certain sentiment d’insécurité associé à ce type d’espace public. Ensuite, le sentiment d’insécurité éprouvé ne serait pas plus élevé à la Promenade Bellerive qu’ailleurs. 79 % des participantes au sondage considèrent le parc aussi sécuritaire que le quartier en général. Il est également ressorti des groupes de discussion que la situation était mieux à la Promenade Bellerive qu’à bien d’autres endroits à Montréal ou dans le quartier (ex. : parc Lafontaine, Place Émilie Gamelin, parc Thomas Chapais). De plus, les questions de sécurité ne semblent pas influencer les non-usagers dans leur choix de fréquenter ou non la Promenade. Le parc ne se démarque donc pas par des problèmes de sécurité. Ainsi, le sentiment éprouvé pourrait être transposé à l’ensemble du quartier, voire même de la ville. Par ailleurs, il serait possible de croire que le sentiment d’insécurité évoqué est lié à une méconnaissance du parc la nuit. Si peu de participants ont affirmé fréquenter le parc après 22 h, ceux le fréquentant ont répondu pour la majorité s’y sentir assez ou tout à fait en sécurité. De plus, selon les résultats du sondage, « ce que l’on entend dire » semble être le facteur ayant le plus d’influence sur le sentiment d’insécurité, bien plus que le fait d’être témoin d’actes agressants ou incivils. Le sentiment d’insécurité ne s’appuie donc pas sur de réelles expériences. Cela dit, cette donnée concernant le sentiment d’insécurité demeure tout de même à prendre au sérieux. D’abord, la donnée concernant le sentiment d’insécurité s’avère très élevée en comparaison aux données de Statistiques Canada qui révèlent que 45 % des femmes éprouvent un sentiment d’insécurité relatif à marcher seule, une fois la nuit tombée, dans leur quartier et leur voisinage. De plus, dans le cadre des groupes de discussion, les femmes ont estimé qu’il était justifié de cibler la promenade Bellerive comme endroit procurant un sentiment d’insécurité et elles ont expliqué leur point en évoquant de nombreuses raisons notamment, le désordre, les incivilités et le laisser-aller de la végétation. Ces raisons correspondent exactement à celles énumérées dans la littérature (Brodeur, 1991; Wekerle et Whitzman, 1995; Chalom et Léonard, 2001; Léonard, 2001; Bousquet, 2002; Paquin, 2002). Quant aux hommes, tant lors des groupes de discussion que des marches exploratoires, bien qu’ils n’attribuent pas leur malaise à l’insécurité, leur discours

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laisse transparaître un certain sentiment d’insécurité. Les hommes parlent plus d’évitement et de vigilance que d’insécurité. Dès lors, il est possible de conclure que le sentiment d’insécurité éprouvé, bien que pas nécessairement exclusif à la Promenade Bellerive, semble bien réel. De par les besoins et les attentes des citoyens en matière de sécurité, des interventions dans le parc dans le but de diminuer le sentiment d’insécurité paraissent justifiées et ne pourraient qu’être bénéfiques. Bien entendu, de dire que l’élément déplaisant le plus aux usagers s’avère être les chiens sans laisse témoigne du caractère peu dramatique de la situation actuelle. Toutefois, les résultats donnent l’impression que le parc en est à un point charnière de son histoire, d’autant plus que les résidants exaspérés n’en peuvent plus de répéter les mêmes choses. « Je trouve ça drôle de ce qu’on parle là. […] je me souviens d’exactement les mêmes discussions là, ici […] avec l’arrondissement pis un comité de la Ville de Montréal et pis c’était la même chose…. - Au conseil d’administration, ça fait 13 ans qu’on parle de la même chose. - C’est du taponnage! Excusez mon expression, mais à quoi ça sert ce qu’on fait là? » Il est nécessaire d’agir avant que ce sentiment d’insécurité, pour l’instant plus ou moins grand, ne soit plus que de l’indifférence ou du repli sur soi.

3.2 LES FACTEURS DE RISQUE

Suite aux résultats obtenus, nous avons été en mesure de relever, au parc de la Promenade Bellerive, six facteurs de risque touchant autant la sécurité objective que le sentiment de sécurité, soit i) le « laisser-aller » de la végétation; ii) les désordres et les incivilités; iii) la surveillance formelle inadéquate; iv) la signalisation insuffisante et l’orientation problématique; v) l’appropriation intimidante du parc par des groupes d’usagers et vi) l’aménagement déficient de la partie Est et de l’extrême Ouest du parc.

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3.2.1 Le « laisser-aller » de la végétation

Au sein de la population, comme en témoignent les résultats des marches exploratoires, des groupes de discussion et des sondages, il existe une profonde insatisfaction relativement à la façon dont la végétation est gérée et entretenue au parc de la Promenade Bellerive. Un meilleur entretien du parc a été identifié comme prioritaire dans le cadre des groupes de discussion. Les résultats démontrent que les citoyens sont particulièrement mécontents du gazon qui serait souvent trop long, des arbustes qui seraient trop hauts et de la strate herbacée, qualifiée de saletés, de broussailles et de mauvaises herbes, qu’on laisse pousser près des berges. « Ça aurait dû être fait y’a longtemps. On en parle souvent nous autres. La base est pas là. Si ce serait fait de façon systématique… Si on regarde la coupe du gazon, c’est absolument désastreux, c’est désastreux! Y’a un laisser-aller là. » (Participant 7) La façon dont la végétation est entretenue laisse chez les usagers une impression de laisser-aller. Pour se convaincre, les citoyens n’ont qu’à constater les vues se refermer (surtout celles en face de bancs justement orientés vers le fleuve), les espèces horticoles du parc se faire envahir par les espèces indigènes et comparer l’entretien des parcs d’arrondissement contigus (Honoré Mercier, Clément Jetté et Pierre Tétrault) à celui de la Promenade Bellerive (figures 15-16-17-18). Le parc apparaît négligé et désordonné. Comme le souligne Lidvan et Moser (1991), cette situation est interprétée « comme un déclin de l’ordre social, et génèrent de ce fait un sentiment d’insécurité » (p. 54). Comme si la table était mise pour que se produisent des incidents fâcheux, cette apparence de laisser-aller constitue aussi une invitation à traîner, à jeter des bouteilles de bière, à faire du vandalisme, etc. Par ailleurs, le mode actuel de gestion de la végétation engendre des problèmes de visibilité. En aménagement sécuritaire, voir et être vu est un principe très important : « l’environnement physique doit pouvoir être capté rapidement » (Paquin, 2002 : 36). Selon Fisher et Naser (1992), les endroits offrant, d’une part, une bonne visibilité et limitant, d’autre part, les possibilités de cachette procurent chez l’usager un sentiment de sécurité. Or, la situation actuelle se trouve loin de cet idéal. De fait, la végétation des berges crée des opportunités de cachettes et plusieurs secteurs de la berge ne sont pas accessibles visuellement à partir du sentier. Il est impossible pour

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les usagers d’anticiper et d’éviter le danger, ce qui leur procure, un sentiment d’insécurité (Fisher et Nasar, 1992; Kuo et Sullivan, 2001). À cet égard, la section de la berge entre la rue Pierre-Bernard et l’extrême Est du parc, semble particulièrement problématique. Dans cette partie du parc,

les vues sont davantage fermées12et la végétation riveraine isole complètement la berge.

Figure 15 : À partir des bancs, il arrive souvent que soit offerte une vue fermée.

12 Entre Pierre-Bernard et le quai dans l’est, sur les 42 photos prises en direction du fleuve, seulement 11 permettaient une vue ouverte sur le fleuve.

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Figure 16 : Les rosiers sont envahis par les espèces indigènes qui s'implantent sur la berge.

Figure 17 : La tonte du gazon au parc Honoré-Mercier (parc contigu à la Promenade Bellerive) est faite toutes les semaines.

Figure 18 : La tonte du gazon à la Promenade Bellerive ne se fait pas aussi régulièrement. Pourtant, il n’y a qu’un sentier qui sépare ces deux parcs.

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Bien que 62 % des participants jugent que la densité de la végétation est peu ou pas du tout sécuritaire, les citoyens sont tout de même conscients de son utilité. S’ils aimeraient voir disparaître les herbes hautes, ils tiennent à conserver les arbres et les arbustes. Toutefois, ils souhaitent que la Ville exerce un certain contrôle (émondage) sur la croissance de la strate arbustive et arborescente pour accroître la visibilité sur la berge et les vues sur le fleuve. Ils acceptent une certaine densité de végétation sur la berge pourvu que cela permette des vues ouvertes à d’autres endroits. À cet égard, force est d’admettre que les vues ouvertes sont relativement rares dans l’est du parc. Les citoyens sont d’avis qu’il existe sûrement un moyen de favoriser la rétention des berges tout en permettant aux usagers de se sentir plus en sécurité.

3.2.2 Les désordres et les incivilités

À l’instar de Lidvan et Moser, les résultats de la présente étude démontrent qu’« il existe une forte relation entre le degré d’incivilité perçu par les habitants d’un quartier donné et le sentiment d’insécurité » (Moser et Lidvan, 1991 : 54). De fait, les désordres et les incivilités ont été identifiés comme le principal facteur procurant un sentiment d’insécurité 3.2.2.1 Le non-respect des règles implicites et explicites

Le non-respect des règlements représente la raison la plus mentionnée par les riverains de la Promenade pour expliquer leur sentiment d’insécurité. Les chiens sans laisse de même que la délinquance et les pratiques sociales indésirables constituent également ce qui déplait le plus à 36 % des répondants du sondage. Que ce soit la dérogation aux règlements explicites (gens dans le parc après minuit, chien sans laisse) ou aux règlements implicites (manque de savoir-vivre), le non-respect des règles a un impact considérable sur la perception que se font les usagers du parc. C’est donc dire que ces actes plus ou moins illégaux sont à prendre au sérieux dans un objectif de prévention du crime. Ils créent l’impression que chacun peut faire ce qu’il veut et qu’il peut disposer de l’espace comme il l’entend. Ajoutés à la problématique de l’entretien, ils donnent lieu à une situation de désordre et une impression de perte de contrôle. Il existe un manque flagrant de civisme au parc de la Promenade Bellerive et l’amélioration de la sécurité passe sans doute par une conscientisation à l’importance de respecter les règles.

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3.2.2.2 La vente et la consommation de drogues

38 % des répondants disent avoir été témoins dans le parc de vente ou de consommation d’alcool ou de drogue. Plus de la moitié des participants aux groupes de discussion croient que la drogue engendre chez eux un sentiment d’insécurité. Toutefois, bien que des secteurs plus propices aux échanges et à la consommation aient été ciblés à même le parc (berge, cul-de-sac près de Mousseau, la piscine Taillon, le quai dans l’Est) et que nous ayons été témoins, dans le cadre d’une séance d’observation, de ce qui semblait être une situation de transaction, cette problématique déborde le cadre de cette étude. La Promenade serait davantage le reflet d’une situation qui se vit à l’échelle de la ville que d’un cas particulier. Les données obtenues de la police témoignent en ce sens. C’est donc dire que l’enrayement de ce que plusieurs participants ont qualifié de fléau impliquerait d’une part, une plus grande investigation et d’autre part, une stratégie régionale qui en terme d’actions outrepasse les limites du parc. 3.2.2.3 Les situations de grossière indécence

Les situations de grossière indécence n’ont pas été un sujet qui a monopolisé grandement les discussions. De fait, seulement 12 % des répondants disent en avoir été témoins. Toutefois, que le sujet ait été abordé, que ce soit que quelques fois, démontre tout de même qu’il se doit être considéré. Les citoyens ont surtout parlé d’impudence (nudité, rencontre illicite et relation sexuelle) mais aussi de prostitution. Si la première forme de grossière indécence revient encore à des questions de civisme et que des actions peuvent facilement être entreprises pour diminuer la récurrence de ce genre de situation, la deuxième forme pose un sérieux problème. Bien que les données obtenues de la police ne puissent valider ces allégations, des participants aux groupes de discussion ont laissé entendre que des enfants se livraient à la prostitution. Ces allégations sont graves. Toutefois, dans le cadre de la présente étude, nous ne pouvons que signaler ce fait. D’abord, ce genre d’affirmations doit faire l’objet d’une enquête plus approfondie. Ensuite, la problématique doit être abordée à une échelle autre que celle du parc, soit celle du quartier et de l’arrondissement.

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3.2.3 Une surveillance formelle inadéquate

3.2.3.1 Le manque de surveillance policière et l’attitude passive des policiers

Que ce soit lors des marches exploratoires, des groupes de discussion ou au travers les suggestions proposées par les répondants au questionnaire pour améliorer la sécurité, les usagers du parc ont critiqué le travail des policiers. Dans un premier temps, on leur reproche de ne plus patrouiller dans le parc autant qu’avant. Cette observation serait tout à fait juste puisque les effectifs policiers ont été réduits ces dernières années. Or, ce genre de décision semble avoir un impact considérable sur le sentiment de sécurité des usagers et des riverains : 69 % des femmes estiment que la surveillance policière est un facteur qui leur permet de se sentir en sécurité. Deuxièmement, on reproche également aux policiers leur attitude laxiste lorsqu’ils se présentent au parc. En plus de rester dans leur véhicule pour patrouiller le parc, ils n’interviendraient que très rarement lorsque des citoyens déposent des plaintes. « Y’a des fois où ils viennent pis ils ne veulent vraiment pas faire de rapport. Par exemple, j’ai failli me faire rentrer dedans par un deltaplane avec un moteur. J’appelle la police, je prends mon courage, comme on dit. Je téléphone pis là je me fais répondre que c’est correct qu’il fasse ça… Pardon? Mon copain téléphone parce qu’ils font des feux en bas : « Mais c’est la Saint-Jean! » […] Quand t’es appelles, ils revirent de bord. Je les appellerai plus, ça fini là. » (Participant 1) Les citoyens, surtout les riverains, ont perdu confiance aux policiers et se sentent seuls avec les problèmes. Cette perception accroît l’impression de désordre évoquée plus tôt. Dans cet ordre d’idée, si les résidants cessent de porter plainte, le contrôle social s’en trouve affaibli : « l’idée que personne ne s’occupe du problème rend toute mobilisation collective extrêmement difficile. Il ne reste alors que les solutions individuelles, tels le repli sur soi, l’évitement et le déménagement » (Chalom et Léonard, 2001 : 37). C’est ainsi que ce genre de situation, qui demeure pour l’instant plutôt banal, pourrait dégénérer jusqu’à l’apparition de formes plus extrêmes de délinquance. Dans l’optique d’accroître la sécurité à la Promenade Bellerive, les questions de surveillance formelle sont à considérer. 3.2.3.2 L’attitude intimidante des cols bleus

Les cols bleus sont très présents dans le parc. Que ce soit ceux qui travaillent dans le parc ou les autres qui y prennent leur pause, les usagers du parc les rencontrent souvent. Bien que l’on

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pourrait croire que leur présence est bénéfique, puisqu’il représente une certaine forme de surveillance formelle, il semblerait que leur attitude intimidante engendrerait plus un sentiment d’insécurité qu’elle ne rassurerait. « Les employés municipaux m’agressent du regard pis de l’attitude. » (Participant K) « […] je leur ai demandé pourquoi ils bloquaient la voie piétonne et ils m’ont dit que j’avais pas d’affaire là […] que j’avais pas d’affaire dans le parc. Parce que j’ai dit, je ne sais pas ce que vous faîtes avec votre camion […] Pis c’est là, les mots qu’ils peuvent te dire. En plus, je me suis pas sentie bien, je me suis sentie mal. […] J’ai moins peur des gangs de jeunes que j’ai peur de ces gars là. » (Participant D)

Si des intervenants du comité de sécurité urbaine ont mentionné que la situation s’est améliorée cette année, il semble qu’il reste du chemin à parcourir afin que la présence de ces travailleurs soit vue comme un avantage en matière de sécurité. Par ailleurs, ces travailleurs municipaux dédiés à l’entretien n’auraient-ils pas un rôle à jouer au chapitre de la surveillance des installations?

3.2.4 La signalisation insuffisante et l’orientation problématique

« Savoir où l’on va et où l’on est » de même que « pouvoir s’échapper et obtenir du secours » sont deux de six principes mis de l’avant selon le Guide sur l’aménagement d’environnement urbain

sécuritaire (Paquin, 2002). Au parc de la Promenade Bellerive, ces deux principes ne sont pas respectés créant une situation problématique tant sur le plan de l’insécurité objective que le sentiment d’insécurité. Les résultats ont démontré que la signalisation n’était pas stratégiquement disposée et qu’autrement, elle est quasiment absente. Les endroits où trouver de l’aide ne sont pas signalés. Il n’y a pas de cartes d’orientation aux entrées et à l’intérieur du parc. Il est difficile pour un usager de répondre aux questions suivantes : Où je suis ? Où je vais ? Par ailleurs, en cas d’urgence, il pourrait être difficile d’obtenir de l’aide. Les téléphones et les services sont plutôt mal répartis : ils sont situés dans la partie Ouest et rien ne dessert le reste du parc. Par ailleurs, la signalisation sur les sentiers est également déficiente, voire inexistante. Des sentiers sans vocation claire s’entrecroisent à quelques endroits et cultivent une fois de plus

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l’impression de laisser-aller, de désordre et d’un manque d’organisation. Rien pour rassurer les usagers.

3.2.5 L’appropriation intimidante du parc par des groupes d’usagers

Si certains auteurs (Léonard, 2001) mentionnent que certains types d’usagers, comme les jeunes, engendrent un plus grand sentiment d’insécurité, nos résultats démontrent que les jeunes ont effectivement très mauvaise réputation. Cependant ce serait davantage l’effet de gang qui intimiderait les usagers du parc plus que le type de clientèle en lui-même. Une participante d’une des marches exploratoires a d’ailleurs dit tout haut ce dont plusieurs pensent tout bas : « Une gang, c’est toujours suspect ». À titre de preuve, le groupe de personnes âgées qui se rencontre quotidiennement au chalet de la Promenade serait, selon certains participants, tout aussi intimidant que les groupes de jeunes. De même, des usagers ont mentionné que le quai dans l’est procure un sentiment de vulnérabilité parce qu’il représente l’endroit idéal pour les attroupements. Par ailleurs, à la Promenade Bellerive, des groupes se sont appropriés des lieux bien précis dans le parc à un point tel que les autres s’y sentent comme des intrus. Deux groupes retiennent l’attention : les jeunes et les personnes âgées. Les jeunes se sont appropriés le secteur du tandis que les personnes âgées se sont appropriées le secteur du chalet. Selon Léonard (2001), « l’appropriation des lieux physiques peut s’exercer à différents niveaux d’intensité allant de l’appropriation minimale […] (c’est-à-dire) une présence non abusive ou une utilisation temporaire sans grand contrôle de l’espace public, à une appropriation indésirable pouvant mener à des conflits entre usagers » (p.13). Bien que les groupes en question ne se soient pas appropriés l’espace de manière indésirable, ils ont tout de même dépassé le seuil de l’appropriation minimale. Afin de changer cette dynamique, une augmentation de l’achalandage pourrait être bénéfique. À preuve, la fin de semaine, le service de navette qui mène aux Îles-de-Boucherville attire cyclistes et jeunes familles. Cette augmentation du nombre d’usagers et de surcroît cette diversification de la clientèle fait en sorte de diminuer le certain contrôle qu’exerce un groupe de personnes âgées sur l’espace public. On pourrait donc croire que la fréquentation de plus d’usagers dans l’Est pourrait avoir le même effet sur les groupes de jeunes. De plus, selon certains auteurs (Jacobs, 1961; Léonard, 2001; Paquin, 2002), l’animation d’un lieu le rend plus sécuritaire.

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3.2.6 L’aménagement déficient de la partie Est et de l’extrême Ouest du parc

Les résultats ont démontré que les parties Est et Ouest du parc sont des secteurs problématiques tant sur le plan de l’insécurité objective que sur le plan du sentiment d’insécurité. La partie Est est définitivement très sombre et « sous-aménagée ». Des espaces demeurent non intégrés au parc et leur vocation demeure ambiguë. Une rangée d’arbres isole ces espaces et amène l’usager à se questionner sur la limite du parc. L’éclairage y est déficient contribuant à l’aspect « incertain » du lieu. À cela, s’ajoute la présence de gangs de jeunes et des sentiers informels. La partie Ouest isole complètement l’usager avec sa végétation abondante, ses monticules qui bloquent la vue et son cadre bruyant. Peu de gens fréquentent ce secteur, mais les sentiers informels laissent croire que certains s’y aventurent tout de même. Les cachettes potentielles sont nombreuses. Ainsi, l’Est et l’Ouest du parc présentent des lacunes évidentes en terme d’aménagement sécuritaire. De plus, les dégradations à l’environnement physique, les incivilités sociales et la présence de gangs procurent chez l’usager un sentiment d’insécurité. C’est d’ailleurs ces deux secteurs qui ont été identifiés par les citoyens comme les plus problématiques.

3.3 RECOMMANDATIONS

Afin de répondre aux problèmes soulevés dans le cadre de cette étude sur la sécurité au parc de la Promenade Bellerive, nous sommes à même de faire des recommandations. Ces recommandations reposent sur 5 principes qui se doivent d’être mis de l’avant afin d’améliorer la sécurité et le sentiment de sécurité.

• Changer la perception négative des citoyens et des usagers du parc en faisant en sorte que celui-ci projette une impression de cohérence, d’ordre et de soin;

• Favoriser un meilleur respect des règlements; • Améliorer la visibilité (éclairage et champ de vision); • Favoriser l’orientation;

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• Favoriser l’achalandage. À cette suite, voici les recommandations qui en découlent :

1. Favoriser une gestion de la végétation cohérente favorisant notamment une meilleure visibilité sur la berge et le fleuve

Actuellement, il est difficile de comprendre ce qui oriente l’entretien des berges. Y-a-t’il volonté de renaturaliser les berges? Il semblerait que oui, mais cette vision n’est pas exprimée clairement. De cette ambiguïté s’ensuit l’incompréhension des citoyens. C’est donc dire que si le parti pris est effectivement la renaturalisation, il est impératif de sensibiliser la population sur cette façon de faire. Sinon, si une gestion plus intensive est la voie privilégiée, élaguer et débroussailler deviennent des priorités afin de limiter la présence d’herbes hautes et de dégager le bas des arbustes. Par contre, peu importe le type de gestion choisi, une attention particulière doit être portée aux vues sur la berge et sur le fleuve. La séquence visuelle doit être dynamisée afin de permettre davantage de vues. Loin de nous l’idée de tout couper. Par contre, les vues ouvertes devraient être marquées plus fortement et plus fréquentes, surtout dans l’Est et devant les bancs justement orientés vers le fleuve.

2. Effectuer un entretien plus régulier

a. Tondre le gazon plus régulièrement et atténuer le contraste dans la fréquence de tonte entre les parcs d’arrondissement contigus à la Promenade Bellerive et celle-ci;

b. Formaliser certains sentiers naturels (entre autres, ceux qui descendent à la rive); c. Réparer les trous qui parsèment certaines descentes au fleuve (ruissellement de l’eau); d. Ajouter des poubelles et en assurer l’enlèvement plus fréquent lors d’affluence; e. Assurer, en saison hivernale, un entretien plus fréquent des sentiers et une bonne visibilité

(voir et être vu) à partir de ceux-ci en maintenant l’ordonnance d’enlèvement de la neige le long de la rue Bellerive.

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3. Réaménager l’Est de façon à ce que ce secteur respecte les principes de l’aménagement sécuritaire

a. Intégrer les espaces résiduels au parc en les aménageant comme le reste du parc. Notamment, prolonger le sentier pourrait favoriser leur intégration;

b. Réduire l’effet de clôture que crée la rangée de peupliers; c. Installer des lampadaires sur Bellerive entre Gonthier et Georges V; d. Éclairer le sentier qui relie la Promenade à la rue Bellerive; e. Aménager un point d’eau; f. Aménager une aire de détente ombragée; g. Installer un téléphone d’urgence.

4. Réaménager l’extrême Ouest de façon à ce que ce secteur respecte les principes de

l’aménagement sécuritaire

a. Rendre accessibles visuellement la rue Notre-Dame et le chalet à partir du sentier en éliminant certains végétaux (prioritairement les conifères) ou/et en remodelant les buttons;

b. Reconfigurer le sentier pour que celui-ci passe plus près de la limite Ouest du parc et intègre les sentiers informels;

c. Éliminer le tronçon de la piste cyclable qui se termine en cul-de-sac; d. Ajouter de l’éclairage à proximité de la scène, notamment entre celle-ci et le chalet

et entre celle-ci et la rue.

5. Implanter un système de signalisation efficace

a. Afficher de manière plus stratégique les règlements du parc; b. Installer des panneaux de rue favorisant l’orientation dans le parc; c. Installer à quelques endroits dans le parc une carte des lieux. De plus, offrir aux

usagers une version papier de cette carte; d. Indiquer si les sentiers sont réservés exclusivement aux piétons ou s’ils sont

multiusages.

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6. Favoriser la tenue d’une diversité d’activités

a. Assurer le financement et la pérennité de la navette fluviale laquelle procure au parc un rayonnement à l’échelle de la ville lui permettant de diversifier sa clientèle;

b. Organiser plus d’activités éducatives, à caractère historique ou de récréation douce. Favoriser la tenue de certaines de ces activités dans la partie Est du parc afin d’y augmenter l’achalandage. Cibler une clientèle plus diversifiée (ex : jeunes, familles). Profiter du potentiel qu’offre la Promenade pour proposer des infrastructures pour la tenue d’activités en saison hivernale.

7. Accroître la surveillance formelle dans le but d’assurer un meilleur respect des règlements

a. Accroître la fréquence des patrouilles policières dans le parc; b. Implanter un projet de surveillant de parc, comme ce fut le cas pour d’autres parcs

de l’arrondissement cet été, ou de « patrouille éducative » comme cela existe dans d’autres Grands Parcs;

c. Implanter un projet d’escouade canine.

8. Repenser la configuration des sentiers et de la piste cyclable

a. Reconfigurer la piste cyclable et les sentiers piétonniers pour éviter les confusions et les accidents, surtout autour du chalet et aux carrefours de deux sentiers;

b. Aménager un sentier pour faire en sorte qu’un piéton puisse se rendre à la scène à partir du chalet sans emprunter la piste cyclable;

9. Amener la problématique de la drogue et de la prostitution à la Promenade Bellerive aux

deux tables de concertation qui traitent de ces sujets dans l’arrondissement afin de favoriser la prévention.

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3.3.1 Propositions de projets

Afin de pousser un peu plus loin la réflexion, nous suggérons des idées de projets qui pourraient être entrepris par le comité de sécurité urbaine en fonction des recommandations soumises précédemment.

- Production d’une carte de localisation intégrant, notamment, des informations concernant la réglementation et les services offerts qui pourrait être installée à quelques endroits stratégiques dans le parc et offerte en version papier aux usagers;

- Mise sur pied d’un projet de « patrouille éducative »; - Dépôt de projet, par la SAPB, dans le cadre financement du contrat ville-RUI, pour obtenir

un « animateur / surveillant » dans le parc de la Promenade Bellerive pour la saison estivale 2008;

- Poursuite des projets d’aménagement des berges par des experts (ex. architecte paysagiste du Réseau des Grands Parc) avec la participation des citoyens afin de créer une séquence dynamique de fenêtres sur le fleuve;

- Animation d’activités de loisirs par des organismes du quartier particulièrement auprès des jeunes actuellement délaissés par la programmation;

- Faire pression auprès de la Ville pour l’installation de lampadaires sur Bellerive entre Gonthier et Georges V.

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CONCLUSION

Afin de mieux connaître l’ampleur des problèmes de sécurité au parc de Promenade Bellerive, la présente étude s’était fixée 5 objectifs : 1) évaluer l’environnement physique du parc et révéler, s’il y a lieu, une situation de dégradation urbaine, 2) révéler dans le parc l’existence ou l’absence de pratiques sociales inciviles ou non conformes aux règles implicites et explicites, 3) faire ressortir l’existence ou non d’un sentiment d’insécurité chez les citoyens, 4) identifier les facteurs de risque en matière de sécurité des usagers et 5) formuler des recommandations pour améliorer la sécurité à la Promenade Bellerive et le sentiment de sécurité des citoyens à l’égard de celui-ci. L’étude démontre une certaine dégradation urbaine. Un laisser-aller de la végétation a été relevé par la population. Bien que cette façon de faire soit un type de gestion en soi, la gestion de la végétation en rive ne semble pas s’appuyer sur une vision claire et définie, ce qui laisse croire aux usagers que le parc est négligé. Par ailleurs, l’étude démontre également que le parc est le théâtre de pratiques sociales inciviles ou non conformes aux règles implicites et explicites. Plusieurs règles ne sont pas respectées par les usagers, et ce, sans conséquence. Des chiens sont sans laisse, des autos se retrouvent parfois dans le parc et des usagers circulent aux heures de fermeture. Si certains disent que ces événements sont banals, ils contribuent tout de même à forger chez des usagers une perception de désordre et de perte de contrôle. C’est ainsi que cette dégradation de l’environnement physique relevée et ces pratiques inciviles observées engendrent un réel sentiment d’insécurité chez les usagers et les riverains du parc. Dans le cadre de cette étude, six facteurs de risque touchant autant la sécurité objective que le sentiment de sécurité ont été identifiés, soit i) le « laisser-aller » de la végétation; ii) les désordres et les incivilités; iii) la surveillance formelle inadéquate; iv) la signalisation insuffisante et l’orientation problématique; v) l’appropriation intimidante du parc par des groupes d’usagers et vi) l’aménagement déficient de la partie Est et de l’extrême Ouest du parc. En fonction de ces facteurs, des recommandations ont aussi été formulées.

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Par des actions concrètes, il serait donc possible d’améliorer la sécurité au parc de la Promenade Bellerive. Du coup, il serait également possible d’accroître le sentiment de sécurité des usagers. Toutefois, éliminer complètement le sentiment d’insécurité demeure illusoire. La Promenade Bellerive est un parc et les parcs, quels qu’ils soient, constituent des zones névralgiques en ce qui a trait à l’insécurité et au sentiment d’insécurité. De plus, la situation en rive du parc crée inévitablement des secteurs isolés. C’est pourquoi des aménagements à la Promenade Bellerive doivent avant tout rechercher un certain équilibre, c’est-à-dire favoriser la sécurité sans toutefois mettre en péril les qualités paysagères exceptionnelles du lieu.

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61

ANNEXES

ANNEXE 1 : GRILLE D’OBSERVATION

Nom du secteur du parc (est-centre-ouest)____________________________________ □ À partir d’un point fixe □ En mouvement Date de la séance d’observation : ______/ ______/ ______ Durée de la séance : ______ (minutes) □ Lundi □ Mardi □ Mercredi □ Jeudi □ Vendredi □ Samedi □ Dimanche Moment de l’observation : □ le matin □ l’après-midi □ le soir Dénombrement Fréquence Imp. Sexe H F H/F H/H F/F GF GH Gmixte Famille Âge Enfants Jeunes Adulte Personne âgée Particularité Origine Apparence marginale Activité Assis / détente Manger Marche Vélo Roller Roller+vélo Poussette Se faire bronzer Promener le chien Pêche

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Lecture But Détente Halte / pause Lieu de passage Social Crèmerie SI déambulation : direction

Est-Ouest

Nord-sud Descendu à la berge Description des pratiques sociales inciviles, délinquantes ou hors normes

Des rassemblements de jeunes ou d’adultes qui flânent

Des gens qui intimident, insultent les passants

Des gens ont des comportements qui troublent la paix (tapage, cris, gestes manquant de savoir vivre)

Des gens vendent de la drogue ou consomment de l’alcool ou de la drogue

Des gens qui font du « racolage » ou de la prostitution

Des gens vandalisent les biens publics

Il y a des conflits entre usagers (guerre de gangs, appropriation, expulsion)

Des gens en agressent d’autres

Notes concernant les types de contact entre usagers

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Amical / hostile / relation de travail ou famille / indifférence / conflictuel / pacifique / échange visuel / échange verbal / sourire / rires / pleurs / intensité (chuchotement, cris, échange bruyant / langue utilisée

Utilisation des équipement et appropriation de l’espace Équipements utilisés ou sous-utilisés : Dénombrement des usagers dans le secteur Parties du secteur où l’on retrouve le plus d’achalandage Parties évitées par les usagers ou peu achalandées

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ANNEXE 2 : GRILLE D’ÉVALUATION UTILISÉE DANS LE CADRE DE LA MARCHE

EXPLORATOIRE « EXPERT »

1. Savoir où je suis et où je vais

a. L’indication et la signalisation

Est-ce que les endroits suivants sont bien indiqués?

i. Piste cyclable

ii. Piste piétonne

iii. Chalet

iv. Nom des rues

v. Téléphone public

vi. Carte de localisation

vii. Arrêts de bus

viii. Poste de taxis

ix. Navette (où, heure d’ouverture)

x. Autres

Commentaires :

2. Voir et être vu

a. Éclairage est-il adéquat?

i. Nombre de lampadaire

ii. Visibilité

iii. Coin sombre

iv. Champ de vision

v. Autres

Commentaires :

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b. Obstacles visuels

i. Buissons, arbres, herbes hautes

ii. Butte

iii. Clôture

iv. Muret

v. Enclave

vi. Autres

Commentaires :

c. Cachettes

i. Endroit où quelqu’un pourrait surprendre une autre personne

ii. Endroit où quelqu’un pourrait isoler une autre personne

iii. Des lieux qui devrait être barricadés ou mis sous-clé pour plus

de sécurité

iv. Y a t il des terrains vacants?

v. Est-ce qu’il y a des cours arrières?

vi. Autres

Commentaires :

3. Entendre et être entendu

i. Où se trouvent les endroits plus fréquentés?

ii. Où se trouvent les endroits les moins fréquentés?

iii. Y a-t-il des attroupements? À quel endroit? De quels types?

iv. Autres

Commentaires :

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4. Obtenir du secours

i. Où peut-on obtenir de l’aide dans le parc?

• Cabine téléphonique

• Endroits achalandés

• Résidences riveraines

• Chalet

• Autres

Commentaires :

5. Entretien du secteur

i. Où sont les endroits les moins bien entretenus?

ii. Où sont les endroits les mieux entretenus?

iii. Y a-t-il des endroits vandalisés?

iv. Autres

Commentaires :

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ANNEXE 3 : GRILLE D’ENTRETIEN UTILISÉE DANS LE CADRE DES GROUPES DE

DISCUSSION

Questions pour briser la glace : Pour vous, quel est le principal avantage à demeurer à proximité du parc de la Promenade Bellerive? En 2006, l’organisme TANDEM a produit un diagnostic de sécurité pour l’ensemble de l’arrondissement de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve. Dans son rapport, TANDEM (MHM), mentionnais que le parc de la Promenade Bellerive avait été identifié par de nombreux résidants du secteur comme étant un endroit non sécuritaire. 1. Que pensez-vous des constats soulevés par ce diagnostic?

Croyez-vous qu’il est justifié de cibler la promenade Bellerive comme endroit procurant un sentiment d’insécurité?

Vous êtes surpris d’un tel constat Vous vous dîtes enfin quelqu’un a dit tout haut ce que plusieurs pensent tout bas… OU…

Pensez-vous qu’il y a un problème de sécurité à la Promenade Bellerive? Par rapport au quartier, comment jugez-vous la sécurité à la Promenade Bellerive?

Dans le quartier, le parc se démarche par l’insécurité qui y règne Il se passe rien de plus à la Promenade qu’il se passe de chose dans le quartier… OU….

2. Qu’est-ce que vous pensez qui pourrait être la source du sentiment d’insécurité invoqué?

Que pensez-vous quelles étaient les raisons des gens pour dire qu’ils se sentaient insécures à la Promenade? Qu’est ce qui ferait que quelqu’un ou vous-même pourrait ressentir de l’insécurité ou se sentir vulnérable dans le parc? Ou imaginez-vous à marcher seul, qu’est-ce qui pourrait vous faire sentir craintif ou mal à l’aise?

Y’a des gens ou des regroupement de gens qui pourraient vous rendre mal à l’aise Des dégradations urbaines qui pourraient vous inspirer des craintes OU….

Êtes-vous ou seriez-vous à l’aise de marcher dans le parc à la tombée de la nuit?

68

Pas du tout Dans certains secteurs Qu’est ce qui vous rendrait mal à l’aise de vous promener seul la nuit?

3. Selon « vos yeux de riverains », que se passe-t-il à la tombée de la nuit dans le parc? Qui avez-vous pu observer et qu’est-ce que vous croyez qu’ils font? Comment réagissez-vous face à cette présence? Elle vous inquiète Elle vous rend indifférent OU… Qu’est-ce qui caractérise la Promenade Bellerive la nuit? 4. Croyez-vous que la situation est la même à la grandeur du parc?

Pensez-vous qu’il y a des secteurs dans le parc ou les problèmes sont plus importants que d’autres?

Il y a des secteurs plus problématiques que d’autres La dynamique est la même à d’un bout à l’autre du parc… OU…

De par votre expérience du parc, quels seraient les secteurs que vous considérez les plus problématiques en termes de sécurité? Quels seraient les endroits du parc où vous vous sentiriez le plus vulnérables?

5. En terme de sécurité, comment trouvez-vous l’aménagement du parc?

Croyez-vous que l’aménagement du parc peut être un facteur contribuant à la sécurité et à l’insécurité?

Que pensez-vous de la visibilité dans le parc? Voit-on partout ou sommes-nous isolés à certains endroits?

En situation d’urgence est-il facile d’appeler des secours?

6. Quelles actions croyez-vous que nous devrions prioriser pour améliorer la sécurité dans le parc?

69

Sur quoi pensez-vous qu’il faut agir ? Il faut surveiller Il faut agir sur l’aménagement… OU… Qu’est-ce que vous souhaiteriez qui change dans le parc dans le but

d’améliorer la sécurité

70

ANNEXE 4 : QUESTIONNAIRE DISTRIBUÉ AUX USAGERS

Le présent questionnaire renferme une série de questions simples et courtes à répondre. Répondez sincèrement afin de rendre le sondage le plus véridique possible. Tous les renseignements obtenus seront gardés confidentiels. Merci de nous retourner ce questionnaire avant le 20 août 2007. 1. Avez-vous visité le parc de la Promenade Bellerive dans la dernière année?

Oui Passez à la question 4 Non Passez à la question 2

2. Pour quelle(s) raison(s) ne fréquentez-vous pas le parc de la Promenade Bellerive?

Ne connais pas Programmation pas intéressante Ne fréquente aucun espace vert Aménagements inadéquats

N’est pas un parc pour la famille Mauvais entretien Trop loin Ne me sens pas en sécurité

Autre ___________________________________________________________

3. Quelle(s) amélioration(s) au parc de la Promenade Bellerive vous inciterai(en)t à le fréquenter?

___________________________________________________ Passez à la question 19

4. À quel(s) moment(s) fréquentez-vous le parc de la Promenade Bellerive? En matinée Le midi En après-midi En début de soirée (19h à 21h)

En fin de soirée (22h à 24h) La semaine La fin de semaine

5. Cet été, combien de fois avez-vous fréquenté le parc de la Promenade Bellerive?

Une ou deux fois Environ une fois par semaine

Presque tous les jours

6. Qu’est ce que vous appréciez le plus du parc? (ne choisissez qu’une seule réponse)

La verdure / la nature La tranquillité La proximité et la vue sur le fleuve Les sentiers piétonniers et cyclistes

Sa localisation Le bon entretien L’air frais et le soleil Les aires de pique-niques

71

La navette entre le parc et les Îles-de-Boucherville

La crémerie

Les activités (danses en ligne, spectacles, St-Jean, Fête de la Pêche, etc.) Le fait que le parc soit un endroit pour la famille Le fait que le parc soit un endroit pour se rencontrer et voir des gens Autre _____________________________________________________

7. Qu’est ce que vous appréciez le moins du parc (ne choisissez qu’une seule réponse)?

Certains usagers du parc Le manque de bancs ou de places

assises Le manque ou la mauvaise

qualité de l’éclairage Le manque de poubelles Les endroits isolés (ex. la berge) Le manque d’activités

Le manque d’entretien Le manque de signalisation La délinquance et les pratiques

sociales indésirables Le vandalisme Les chiens sans laisse Le manque de protection sur le

quai Autre ____________________________________________________

8. Vous êtes-vous déjà senti insécure dans le parc?

Oui a) Où? ________________________________________________ b) Quand? _____________________________________________ c) Qu’est-ce qui a provoqué ce sentiment? ____________________

_______________________________________________________ Non

9. Si vous vous promenez seul (ou si vous aviez à vous promenez seul) dans le parc de la

Promenade Bellerive le soir (après 22h), diriez-vous que vous vous sentez : Tout à fait en sécurité Assez en sécurité

Pas très en sécurité Pas du tout en sécurité

10. Qu’est-ce qui vous fait ou ferait sentir en sécurité dans le parc?

Le fait que le parc soit achalandé Le bon éclairage La bonne visibilité (voir loin)

La surveillance policière Le bon entretien du parc

Autre __________________________________________

72

11. Considérez-vous qu’après la tombée de la nuit, le parc est : moins sécuritaire que le jour aussi sécuritaire que le jour

plus sécuritaire que le jour

12. Considérez-vous que le parc est :

moins sécuritaire que le quartier en général aussi sécuritaire que le quartier en général plus sécuritaire que le quartier en général

13. Avez-vous déjà entendu parler de cas d’agression ou de comportements troublant la paix

dans le parc? Oui

a) Par qui? Médias Voisins, connaissances Autre______________________________________________

Non

14. Dans le parc, avez-vous déjà observé des actes incivils, agressants ou hors-normes? : Oui

a) Lesquel(s)? (encerclez votre ou vos réponse(s)) i. De vandalisme (graffiti, destruction de biens publics…)

ii. Troublant la paix (tapage, cris, gestes manquant de savoir-vivre…) iii. D’intimidation verbale ou de harcèlement verbal iv. De conflits entre usagers (guerre de gangs, appropriation, expulsion…) v. De vente ou consommation de drogues ou d’alcool (seringue, bière)

vi. De grossière indécence (prostitution, nudité, impudence…) vii. D’agression (vol, voie de fait, agression sexuelle, tentative de meurtre)

viii. Autres :__________________________________________________ Non

15. Dans le parc, avez-vous déjà été victime d’actes incivils, agressants ou hors-normes?

Oui b) Lesquel(s)? (encerclez votre ou vos réponse(s))

i. D’intimidation visuelle (regard menaçant ou provocant) ii. D’intimidation verbale ou de harcèlement verbal

iii. D’agression (vol, voie de fait, agression sexuelle, tentative de meurtre) iv. Autres :____________________________________________

73

Non 16. Dans le parc, vous arrive-t-il de craindre d’être victime d’actes incivils, agressants ou

hors-normes? Oui Non

17. Si vous avez entendu parler, observé ou été victime d’acte(s) incivil(s), agressant(s) ou

hors-norme(s), jugez-vous que ce(s) comportement(s) est (sont) : Généralisé(s) Le fait d’une minorité d’individus

Un(des) geste(s) isolé(s)

18. Comment jugez-vous l’aménagement du parc en ce qui a trait à :

a. L’éclairage : Très suffisant Suffisant

Insuffisant Très insuffisant

b. La présence de coins isolés Pas du tout préoccupante Peu préoccupante

Préoccupante Très préoccupante

c. La densité de la végétation (bosquet, herbes hautes…) Très sécuritaire Sécuritaire

Peu sécuritaire Pas du tout sécuritaire

19. Quelle(s) suggestion(s) proposeriez-vous pour améliorer la sécurité dans le

parc?____________________________________________________________________________________________________________________________________________

20. Sexe :

Masculin Féminin 21. Âge :

Moins de 20 ans 21-30 ans

31-40 ans 41-50 ans

51-60 ans Plus de 60 ans

22. Habitez-vous le quartier? Oui Non

74

ANNEXE 5 : LES VUES SUR LE FLEUVE

En se dirigeant vers l’Est du parc à partir de l’extrême Ouest, des photos ont été prises en direction du fleuve. Elles ont été prises à intervalles réguliers à partir du sentier piétonnier. Elles ont servis à faire l’inventaire des vues ouvertes et fermées.

75

76

77

78

79

80

81

82

ANNEXE 6 : CARTE DU PARC UTILISÉE LORS DE LA MARCHE EXPLORATOIRE

« EXPERT »

1. A

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8.

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83

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84

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85

ANNEXE 7 : LES RÉSULTATS DU SONDAGE MENÉ AUPRÈS DES USAGERS ET DES

NON-USAGERS

Tableau 9 : Les raisons évoquées par les non-usagers pour ne pas fréquenter la Promenade Bellerive.

Nombre de participants

TOTAL

(n=18) FEMME

(n=12) HOMME

(n=8)

Ne connais pas 28% 33% 17%

Programmation inintéressante 0% 0% 0%

Ne fréquente aucun espace vert 0% 0% 0%

Aménagements inadéquats 0% 0% 0%

N’est pas un parc pour la famille 6% 8% 0%

Mauvais entretien 6% 0% 17%

Trop loin 50% 42% 67%

Ne me sens pas en sécurité 0% 0% 0%

Autre 11% 17% 11%

Tableau 10 : La répartition des participants au sondage selon leur sexe et leur fréquentation du parc

Nombre de participants

TOTAL

(n=88) FEMME

(n=48) HOMME

(n=39)

Usagers 70 36 33

Non-usagers 18 12 6

Tableau 11 : La répartition des participants au sondage selon leur âge.

Nombre de participants

TOTAL

(n=88) FEMME

(n=48) HOMME

(n=39)

Moins de 20 ans 0% 0% 0%

21-30 ans 11% 15% 8%

31-40 ans 15% 21% 8%

41-50 ans 16% 19% 13%

51-60 ans 25% 25% 23%

Plus de 60 ans 33% 21% 49%

86

Tableau 12 : Les moments où les usagers du parc de la Promenade Bellerive fréquentent le parc.

Nombre de participants

TOTAL

(n=70) FEMME

(n=36) HOMME

(n=33)

En matinée 49% 47% 52%

Le midi 30% 33% 27%

L’après-midi 70% 72% 73%

En début de soirée (19h-21h) 67% 72% 67%

En fin de soirée (22h-24h) 17% 8% 24%

La semaine 59% 56% 64%

La fin de semaine 60% 67% 55%

Tableau 13 : La fréquence, cet été, des visites au parc des usagers.

Nombre de participants

TOTAL

(n=69) FEMME

(n=36) HOMME

(n=32)

Une à quelques fois 15% 16% 12%

Environ 1 à 2 fois par semaine 20% 28% 13%

Presque tous les jours 65% 56% 75%

Tableau 14 : Les composantes du parc de la Promenade Bellerive les plus appréciées par les usagers.

Nombre de participants

TOTAL

(n=54) FEMME

(n=27) HOMME

(n=26)

La proximité du fleuve et la vue sur celui-ci 56% 52% 62%

La verdure et la nature 15% 19% 12%

Les sentiers piétonniers et cyclistes 11% 11% 12% Le fait que le parc soit en endroit pour se rencontrer et voir des gens 4% 0% 8%

Sa localisation 4% 7% 0%

Les activités 4% 4% 4%

La navette entre le parc et les Îles-de-Boucherville 4% 4% 4%

La tranquillité 4% 4% 0%

87

Tableau 15 : Les composantes du parc de la Promenade Bellerive les moins appréciées par les usagers.

Nombre de participants

TOTAL

(n=62) FEMME

(n=30) HOMME

(n=30)

Les chiens sans laisse 21% 17% 26%

Le manque d'entretien 15% 13% 16%

La délinquance et les pratiques sociales indésirables 15% 10% 19%

Autre 10% 13% 6%

Le manque de poubelles 10% 7% 10%

Le manque de signalisation 8% 10% 6%

Les endroits isolés 6% 7% 6%

Le manque d'activités 5% 10% 0%

Certains usagers du parc 5% 7% 3%

Le vandalisme 3% 0% 6%

Le manque de bancs ou de place assises 2% 3% 0%

Le manque de protection sur le quai 2% 3% 0%

Tableau 16 : Le nombre d’usagers du parc de la Promenade Bellerive s’étant déjà ou non senti insécure dans le parc.

Nombre de participants

TOTAL

(n=68) FEMME

(n=36) HOMME

(n=31)

Oui, s’est déjà senti insécure 38% 50% 23%

Non, ne s’est jamais senti insécure 62% 50% 77%

Tableau 17 : Le niveau de sécurité ressenti (ou qui pourrait être ressenti) par les usagers de la Promenade Bellerive à marcher seul, après 22h, dans le parc.

Nombre de participants

TOTAL

(n=68) FEMME

(n=35) HOMME

(n=32)

Tout à fait en sécurité 12% 6% 16%

Assez en sécurité 29% 11% 50%

Pas très en sécurité 37% 49% 25%

Pas du tout en sécurité 22% 34% 9%

88

Tableau 18 : Les facteurs qui font en sorte que les usagers se sentent ou se sentiraient en sécurité au parc de la Promenade Bellerive.

Nombre de participants

TOTAL

(n=70) FEMME

(n=36) HOMME

(n=33)

La surveillance policière 53% 69% 39%

Le bon éclairage 32% 33% 30%

Le fait que le parc soit achalandé 28% 42% 15%

La bonne visibilité 22% 31% 12%

Le bon entretien du parc 21% 22% 18%

Autre 10% 11% 9%

Tableau 19 : Le « niveau » de sécurité du parc à la tombée de la nuit selon les usagers.

Nombre de participants

TOTAL

(n=67) FEMME

(n=35) HOMME

(n=31)

Moins sécuritaire que le jour 79% 86% 74%

Aussi sécuritaire que le jour 19% 11% 26%

Plus sécuritaire que le jour 1% 3% 0%

Tableau 20 : Le « niveau » de sécurité du parc, perçu par les usagers, en comparaison au niveau de sécurité du quartier en général.

Nombre de participants

TOTAL

(n=63) FEMME

(n=33) HOMME

(n=29)

Moins sécuritaire que le quartier en général 19% 18% 17%

Aussi sécuritaire que le quartier en général 78% 79% 79%

Plus sécuritaire que le quartier en général 3% 3% 3%

Tableau 21 : Le nombre d’usagers du parc de la Promenade Bellerive ayant entendu parler ou non de cas d’agression ou de comportements troublant la paix dans le parc.

Nombre de participants

TOTAL

(n=69) FEMME

(n=35) HOMME

(n=33)

Oui, j’en ai déjà entendu parler 45% 49% 39%

Non, j’en ai jamais entendu parler 55% 51% 61%

89

Tableau 22 : Le nombre d’usagers du parc de la Promenade Bellerive ayant observé ou non des actes incivils, agressants ou hors-normes.

Nombre de participants

TOTAL

(n=68) FEMME

(n=35) HOMME

(n=33)

Oui, j’en ai observé 66% 66% 69%

Actes de vandalisme 31%

Actes troublant la paix 41%

Actes d'intimidation verbale ou de harcèlement verbal 16%

Des conflits entre usagers 7%

Actes de vente ou consommation de drogues ou d'alcool 38%

Actes de grossière indécence 12%

Actes d'agression 3%

Autre 0%

Non, je n’en ai pas observé 34% 34% 31%

Tableau 23 : Le nombre d’usagers de la Promenade Bellerive ayant été victime ou non d’actes incivils, agressants ou hors-normes.

Nombre de participants

TOTAL

(n=67) FEMME

(n=35) HOMME

(n=31)

Oui, j’ai été victime 16% 17% 16%

D'intimidation visuelle 10%

D'intimidation verbale ou de harcèlement verbale 7%

D'agression 0%

Autre 0%

Non, je n’ai jamais été victime 84% 83% 84%

90

Tableau 24 : Le nombre d’usagers de la Promenade Bellerive craignant ou non d’être victime d’actes incivils, agressants ou hors-normes.

Nombre de participants

TOTAL

(n=49) FEMME

(n=27) HOMME

(n=22)

Oui 41% 48% 32%

Non 59% 52% 68%