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Discutons UX Pensé et rédigé par Baptiste Longval et Florence Lacour Un recueil de pensées et d’échanges sur l’UX design et les grands débats du métier d’UX designer. Préface rédigée par Grégory Pouy

Discutons UX · Et puis, nous avons eu peur en regardant le film « her », en se demandant si voix et ... établir cette réflexion (webographie, bibliographie et interviews complètes

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Discutons UX

Pensé et rédigé par Baptiste Longval et Florence Lacour

Un recueil de pensées et d’échanges sur l’UX design et les grands débats du métier d’UX designer.

Préface rédigée par Grégory Pouy

Page 2: Discutons UX · Et puis, nous avons eu peur en regardant le film « her », en se demandant si voix et ... établir cette réflexion (webographie, bibliographie et interviews complètes

À chaque période son « buzz word ».Ainsi, sur les dernières années, nous avons vu plusieurs tendances chercher à expliciter ce mouvement du monde, cette digitalisation.De sciences de l’information à la blockchain en passant par le web 2.0, le web social, l’intelligence artificielle ou plus simplement l’e-commerce, tous ces termes peuvent donner le vertige tant l'enchaînement est rapide.Toutefois, ils ne font qu’exprimer une réalité, celle d’une 3ème révolution industrielle.Nous en sommes certains désormais !Ce que nous sommes en train de vivre ne relève pas d’un gadget ou d’une simple amélioration, c’est une transformation profonde de l’appareil de production à laquelle nous assistons et avec lui nos styles de vie voire nos chemins neuronaux et donc ce que nous sommes fondamentalement.Malgré cela, pour reprendre le célèbre adage, « rien ne sert de courir... »En e!et, devant les mutations, la panique n’aide pas et devant cette avalanche technologique, vouloir absolument intégrer l’intégralité de ces innovations pour se rassurer sur sa modernité est ine"cace voire dangereux.Cela exprime surtout une incompréhension du monde dans lequel on évolue.D’ailleurs, écoutez une personne baignée dans ce monde et vous comprendrez que la technologie n’est pas toujours nécessaire et n’est souhaitable que quand elle apporte une plus value.Pour être très simple, une technologie n’a de sens que quand elle est utilisée par les consommateurs ou les personnes pour qui elle a été créée.Ainsi, l’UX prend un rôle central car il détermine l’usage.Prenons l’exemple du smartphone et de l’interface écran. Ce n’est certainement pas Apple qui l’a inventé. Avant lui, le Blackberry et les PDA (assistants personnels) utilisaient ces technologies.

« Artisan marketing à l’ère digitale », c’est ainsi que Grégory Pouy a choisi de résumer succinctement sa vaste expertise.Tout d’abord blogger pendant 12 ans, expert en conseil marketing, auteur, entrepreneur, enseignant, conférencier, et aujourd’hui créateur et animateur du podcast Vlan… La liste est longue.Son expérience et son talent ne sont plus à prouver. Qui de mieux alors qu’un spécialiste de notre société en mouvement pour introduire un ouvrage sur une expertise en plein essor ?

La révolution amenée par l’iPhone a été avant toute chose une révolution de l’UX.Enfin un téléphone livré sans manuel dans lequel la technologie est mise en retrait au profit de l’usage du consommateur final.D’ailleurs, cela a marqué le début d’une révolution marquante en terme d’UX car il faut désormais être « centré mobile », alors que de trop nombreuses PME valident encore leur site web sur un joli écran d’ordinateur.Mais l’UX va encore être chahutée avec l’arrivée de la voix.On a tous en tête cette voix numérique, drôle car tellement caricaturale.Et puis, nous avons eu peur en regardant le film « her », en se demandant si voix et intelligence artificielle pourraient nous mener sur cet amour virtuel.Nous n’en sommes pas encore là en ce qui concerne l’IA, mais une chose est certaine, c’est que la voix sera l’UX de demain.La reconnaissance vocale est désormais une technologie mature.Que ce soit à travers les écouteurs sans fils qui foisonnent depuis 2018, les assistants vocaux (Google, Apple et Amazon) qui s’installent dans les foyers.Il va falloir réfléchir à la voix de votre marque...est-elle plutôt féminine ou masculine, douce ou assertive….Mais plus que cela, à quoi doit ressembler un site web dirigé par la voix ?

Autant de questions passionnantes auxquelles il faut déjà réfléchir car ce n’est pas le futur dont nous parlons mais bien le présent.En espérant que l’ouvrage que vous avez dans les mains vous permettra de comprendre l’évolution de l’UX et le chemin qu’il vous est nécessaire de parcourir afin de, calmement, y voir plus clair.

Grégory Pouy

PréfacePréface de Grégory Pouy - La Mercatique

Discutons UX • I

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Discutons UX • II

Remerciements

Écrire un livre. Probablement l’exercice le plus compliqué de nos études. Beau point d’orgue

pour de tels passionnés, mais quel challenge.

Merci aux professionnels qui nous ont accordé une partie de leur temps : Benjamin Surkus,

Caroline Bedaux, Matthieu Grosselin, Tristan Charvillat, Camille Balaresque, Rémi Favretto

et Mathieu Baudonnat. Nous espérons avoir pu retranscrire tout l’amour que vous portez à

votre métier dans ces pages.

Merci à l’ECV de nous avoir poussés à relever le défi, à Carole pour son suivi sans faille et

ses idées sans limites.

Merci à Grégory Pouy pour sa pertinente introduction à notre projet.

Merci à toute l’équipe de Mieuxplacer.com de nous avoir facilité l’interaction avec des

professionnels, acteurs majeurs dans l’industrie digitale.

Merci à nos fabuleuses relectrices, Geneviève et Élodie pour votre temps et vos judicieux

retours.

Enfin, merci à vous, chers lecteurs, de faire vivre notre concept et d’apporter sans cesse de

nouvelles idées et perspectives à ce vaste domaine qu’est l’UX design.

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« Discutons UX », vous l’aurez compris, ce livre va vous parler d’UX Design, ou de conception

d’expérience utilisateur dans son appellation française. Mais tout aussi important que le

terme « UX » présent dans le titre, le mot « Discutons » est à ses côtés, car oui, ce livre a

vocation à faire naître échanges et débats entre professionnels du domaine sur de

nombreux sujets.

Les auteurs de cet ouvrage sont, à l’heure de sa rédaction, en fin d’étude d’un cursus

supérieur dans l’UX Design. Nous avons, depuis le début de notre vie professionnelle,

rencontré de nombreux acteurs du numérique aux convictions aussi variées

qu’enrichissantes, que ce soit dans le secteur ou professionnel. C’est de cette prise de

conscience qu'a émergé le désir de rédiger ce livre, catalyseur d’opinions sur une expertise

en plein essor. Vous allez donc pouvoir plonger dans un recueil de réflexions, regroupant et

liant les visions de professionnels étant depuis plus ou moins longtemps dans le milieu, et

bien sûr, la nôtre.

Nous avons choisi de vous guider de façon ludique et captivante dans cette masse de

données récoltées. Pour ce faire, nous vous présentons Ulrik, notre personnage fictif créé en

l’honneur de ce projet. Vous pourrez suivre ses aventures tout au long de ce récit. Il

incarnera le fil conducteur du livre : le parcours professionnel d’un passionné d’UX Design

et son appropriation du métier.

A qui s’adresse ce livre ?Avant-propos

Quel contenu vais-je trouver ici pour forger mon opinion ?

Comment rejoindre ce cercle d’échange ?

Envie d’en savoir plus ?

En résumé

Chaque questionnement soulevé dans le

livre sera accompagné de di!érents

hashtags, de manière à échanger sur les

réseaux sociaux. Vous trouverez

également un lien vers notre plateforme

d’échange dédiée :

Ce site vous permettra de suivre

l’ensemble des débats provenant des

di!érents réseaux sociaux, et vous

permettra également d’exposer votre

opinion sur une seule interface.

www.discutons-UX.com

Discutons UX • IIIDiscutons UX • III

Ce livre s’adresse autant aux

professionnels et étudiants du milieu

qu’aux intéressés soucieux de s’informer

sur l’UX et sur ses questionnements. Plus

grand sera le nombre de lecteurs

concernés par notre état des lieux du

domaine, plus intéressants seront les

futurs échanges assurés par la

communauté.

Un contenu issu de ce qu’il faut pour

former la base de toute discussion : des

points de vue ! Le notre, corrélé à celui de

professionnels du milieu, accompagné

d’une analyse globale.

Ce livre ne vous donnera pas une seule et

unique réponse car il n’a pas vocation à

“imposer” une façon de penser. Ce livre a

pour objectif de faire entendre l'avis des

professionnels du milieu afin que vous

puissiez enrichir votre opinion. Ce livre

est destiné à faire émerger les questions

qui définiront ce qu'est le futur de l'UX

Design(er) et à créer des échanges

autour du sujet. Alors, discutons

ensemble !

Vous trouverez en annexe de ce livre

toutes les sources qui nous ont aidées à

établir cette réflexion (webographie,

bibliographie et interviews complètes de

certains participants).

Cliquez pour accéder au site !Salut !

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Discutons UX • IV

Sommaire

Introduction

Conclusion

Annexes

Le marché de l’UX

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Page 23

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Page 18

Le périmètre d’un UX designer

La nécessité des utilisateurs

L’UX design

Comprendre1

Les méthodes, outils et compétences

Les disciplines et expertises

Le débat de la spécialisation

Mesurer2

L’équipe optimale

L’apprentissage au quotidien

La vision partagée

Construire3

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Depuis plus de 2 ans désormais, nous échangeons avec des acteurs du digital. Depuis plus de 2 ans, nous n’avons jamais entendu 2 fois la même définition de l’UX. Pourtant, c’est en 1986 que Donald Norman introduit la notion de conception centrée utilisateur, qui déboucha sur celle de l’UX. Nous constatons donc que plus de 30 ans après, le périmètre de l’expérience utilisateur reste encore flou. Parallèlement à ça, les entreprises n’ont jamais recruté autant d’UX designers qu’aujourd’hui et le nombre d’o!res d’emploi est en perpétuelle augmentation. Pour autant, les principaux intéressés ne se retrouvent pas dans la lecture des o!res d’emploi. Les entreprises françaises savent-elle vraiment ce qu’elles recherchent ?

Les méthodes et processus se multiplient, les articles sur le domaine envahissent les sections web des médias. Les entreprises sensibilisées à la transformation digitale semblent admettre la nécessité de la conception centrée utilisateur... Cette prise de conscience, les consommateurs l’ont eux-mêmes provoquée. C’est au début des années 2000 que nous voyons fleurir blogs, forums, réseaux sociaux, etc. L’internaute devient alors acteur du web, il ne vient plus seulement retirer de l’information, il vient désormais en apporter. Le consommateur peut

Les méthodes se diversifient, les outils se multiplient, le contenu autour du sujet s’éto!e de jour en jour, les événements qui s’y consacrent sont de plus en plus fréquents. Malgré une tentative de structuration du métier, il reste très complexe de faire le tour de tout ce qui existe.

Ne serait-il donc pas judicieux d’essayer de faire collectivement un état des lieux de notre métier, de ses grands débats ainsi que de ses perspectives d’évolution ? Nous sommes persuadés que nous en avons tous besoin. Plusieurs sujets nous ont parus essentiels, tels que le périmètre du métier d’UX designer, le débat spécialiste / généraliste, la transition des métiers avant et après l’apparition du terme UX design, etc.

Nous vous proposons alors cet ouvrage. Considérez-le non seulement comme un recueil de questionnements de professionnels, mais également comme une analyse, où vous pourrez trouver di!érentes pistes de réflexion, et ainsi enrichir vos opinions sur ces sujets.

Nous espérons que vous participerez à éto!er ces échanges, et vous souhaitons une bonne lecture.

Introduction

s’exprimer librement, et être lu par le monde entier. Et ça, les marques ne s’y attendaient pas. Habituées à publier leur propre contenu afin d’entretenir leur image de marque, les entreprises ont fait face à un nouvel enjeu stratégique : la gestion de leur e-réputation. En quelques clics, un consommateur peut inverser la tendance quant à la renommée d’une société, alors autant être proactif, et commencer par le rendre heureux ! Les marques l’ont bien compris et font désormais preuve d’écoute dans leur processus de conception, en considérant l’expérience vécue par le client dans son ensemble. La multiplication des produits et services a fait prendre d’autant plus d’ampleur à cette discipline. En e!et, l’UX est finalement devenu un véritable avantage concurrentiel sur des marchés saturés, tel que le e-commerce, lorsque l’aspect commercial ne su"t plus à se di!érencier.

Aussi, on ne parle plus de consommateur mais d’utilisateur. Ce sont désormais les usages et besoins, et non plus les habitudes de consommation, qui sont décryptés par les entreprises. Ils sont les piliers d’un produit ou d’un service voué au succès. Face à ce constat, se tourner vers les (futurs) utilisateurs semblait l’approche logique afin de comprendre leurs besoins et attentes, et ainsi s’y accommoder. De discipline tendance, l’UX devient alors pratiquement indispensable.

Discutons UX • Page 01

@Discutons-UX

@BaptisteLongval

@FlorenceLacour

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comprendre

1

« Mieux vaut comprendre qu'apprendre. » • Gustave Le Bon

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Ulrick : « Très beau discours Monsieur le Directeur ! »

Directeur : « Merci Ulrick ! Mais dis moi, tu en es où de tes recherches d’emploi ? »

Ulrick : « J’avais un peu peur au vu de mon manque d’expérience. Mais j’ai finalement trouvé une

petite start-up super sympa, qui a bien voulu me faire confiance pour la partie UX/UI. Je

commence lundi ! »

Directeur : « Ah, l’UX… Tu vas enfin pouvoir appliquer toutes les méthodes que tu as vu en cours ! »

Ulrick : « Oui, enfin… ça dépend ! Il faut surtout savoir les adapter… »

Directeur : « En tout cas, aies confiance en toi, tout ne peut que bien se passer. Tu as la chance

d’avoir eu une formation de qualité dédiée à ton domaine, chose qui n’existait pas pour tes

prédécesseurs ! Alors impose-toi comme expert de ton domaine, et donne-nous de tes nouvelles. »

Ulrick : « Merci et bonne continuation à vous. »

Vendredi 12 janvier 2018 - 19h30 - Cocktail de la remise de diplômes de la promotion 2018.

Discutons UX • Comprendre • Page 03

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Alice : « Alors Ulrick, ca se passe bien de ton côté ? On est pas trop méchant ? »

Ulrick : « Ahah non c’est très bien. J’ai pas à me plaindre ! »

Alice : « Ça fait quoi, une semaine que t’es là ? Ca passe vite ! Tu as eu le temps de

t'acclimater à l’entreprise, ton poste, tes missions... ? »

Ulrick : « Je commence à m’y faire. J’avais surtout des appréhensions sur la gestion des

ateliers utilisateurs, mais comme c’est pas encore au programme, je ne m’inquiète pas !

Même si je m’attendais pas trop à ça en venant ici, ca me va bien pour l’instant de faire

majoritairement de la création d’interface avec quelques touches d’ergo. »

Alice : « Toi tout ce qui est graphique c’est ton domaine ? »

Ulrick : « Pas vraiment. A la base je fais de l’UX design, et pour moi le design c’est plutôt

de la conception, pas du graphisme… »

Le marché de l’UX

Mardi 23 janvier 2018 - 10h40 - Pause café chez Plemoy.

Le marché de l’expérience utilisateur, en terme de formations, d’o!res et de demandes est en perpétuelle évolution. L’o!re de formations supérieures spécialisées “UX” croît continuellement depuis quelques années, mais surtout, se structure. On trouve deux grands types de formations : les formations “courtes” de quelques semaines à quelques mois et les formations “longues”, accessibles avec un premier diplôme, qui durent en général deux ans, tels que les mastères. On trouve une grande variété de compétences à acquérir, telles que la psychologie cognitive, la gestion de projet, le maquettage, tout en passant par l’intégration HTML/CSS et le design thinking. D’un programme à l’autre, il ne semble pas y avoir d’unité sur le “tronc commun” à adopter afin de former les futurs designers.

Il en est de même pour le nombre de postes intégrant la notion d’UX : la

quantité d’o!res est en perpétuelle croissance depuis plusieurs années, mais les recruteurs ne semblent pas s’entendre sur les compétences que les candidats doivent posséder au moment du recrutement. Une centaine d’o!res d’emploi intégrant de l’UX est publiée par semaine en France¹ mais il est encore très di#cile de faire correspondre ces demandes aux UX designers disponibles. En e!et, le recrutement d’un UX senior (ou avec quelques années d’expérience à minima) est devenu pratiquement impossible. Les entreprises peuvent alors recruter des UX juniors, mais encore faut-il qu’ils soient correctement formés. Cela nous fait revenir au point précédent : les formations doivent se mettre d’accord et adapter leurs troncs communs aux besoins quotidiens des entreprises.

« Je suis parti dans l’idée de me former moi-même, car il n’y avait pas d’école orientée UX »

Benjamin Surkus, UX designer - Cdiscount

Discutons UX • Comprendre • Page 04

Sources et définitions

1. Un guide pour devenir UX designer - Benoît Drouillat, Medium

Cliquez pour voir le tweet et retweeter !

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La pertinence de ces o!res semble cependant di!érer en fonction de la taille des entreprises, en e!et, une très grande entreprise aura la possibilité de recruter un UX designer dédié à une partie de son produit (exemple avec Facebook, Google, etc.). En revanche, les plus petites entreprises, telles que les start-up, cherchent souvent à recruter des UX designers avec de multiples casquettes, étant donné qu’elles disposent de moins de ressources, elles chercheront plus facilement quelqu’un qui “sait tout faire”. Pour finir, les agences peuvent se situer dans les deux cas de figure, en fonction des besoins de leurs clients, et de ce

La pertinence de ces o!res semble cependant di!érer en fonction de la taille des entreprises, en e!et, une très grande entreprise aura la possibilité de recruter un UX designer dédié à une partie de son produit (exemple avec Facebook, Google, etc.). En revanche, les plus petites entreprises, telles que les start-up, cherchent souvent à recruter des UX designers avec de multiples casquettes, étant donné qu’elles disposent de moins de ressources, elles chercheront plus facilement quelqu’un qui “sait tout faire”. Pour finir, les agences peuvent se situer dans les deux cas de figure, en fonction des besoins de leurs clients, et de ce

qu’elles arrivent à leur vendre. Il pourra y avoir des périodes “creuses”, où un maximum de compétences visuelles seront requises, comme d’autres périodes, où les clients auront besoin de valider leurs idées auprès d’utilisateurs, et où la recherche UX sera nécessaire.

Une bonne partie des recruteurs semble donc légèrement perdue concernant le périmètre des tâches d’un UX Designer. Le candidat arrivant en poste peut potentiellement se retrouver submergé à cause de la charge de travail à e!ectuer. Ce que nous remarquons, notamment dans le secteur du digital, c’est

qu’elles arrivent à leur vendre. Il pourra y avoir des périodes “creuses”, où un maximum de compétences visuelles seront requises, comme d’autres périodes, où les clients auront besoin de valider leurs idées auprès d’utilisateurs, et où la recherche UX sera nécessaire.

Une bonne partie des recruteurs semble donc légèrement perdue concernant le périmètre des tâches d’un UX Designer. Le candidat arrivant en poste peut potentiellement se retrouver submergé à cause de la charge de travail à e!ectuer. Ce que nous remarquons, notamment dans le secteur du digital, c’est

Attention cependant à ne pas respecter toutes les exigences des entreprises, il faut également que l’UX designer arrive à s’imposer et établir ses méthodes de travail dans le cadre de ses missions récurrentes.

Mais alors pourquoi les entreprises s’intéressent-elles à l’UX design ? Dans l’esprit collectif, l’UX devient petit à petit “l’outil” à utiliser pour se di!érencier positivement dans l’esprit des consommateurs; la qualité de la conception du produit ou du service s’est placée au centre de l’attention des décideurs. Les marques recherchent alors des UX designers, mais les recruteurs ne sont pas toujours cohérents entre l’intitulé de poste et le contenu des missions proposées. En e!et, on remarque souvent très vite que les missions d’un poste “d’UX/UI designer” seront à e!ectuer sans contact avec les utilisateurs. Mais alors, de quoi les entreprises ont-elles réellement besoin ?

Au vu de certaines o!res, il est tout à fait légitime de se poser la question : va-t-on être recruté pour notre expertise dans la gestion de recherche utilisateur et l’architecture de l’information par exemple, ou seulement pour l’esthétique de notre portfolio ? En e!et, il est possible de trouver tout genre de compétences dans les o!res d’emploi, tels que des compétences de graphisme (maîtrise de Photoshop, Illustrator), en passant par de la gestion de projet, du management, de

la communication, jusqu’aux compétences techniques (HMTL5, PHP, Javascript, jQuery)... On se demande alors si certaines entreprises ne recherchent pas plutôt un “mouton à 5 pattes”. Le candidat idéal devra non seulement être UX, mais également UI, chef de projet et développeur front-end, plutôt qu’être un véritable UX designer qui, soyons honnête, ne pourra pas maîtriser l’ensemble de ces compétences et être en plus de cela, qualifié pour faire son travail d’UX designer.

« On dit UX design pour parler à ceux qui

cherchent un UX designer, mais ils

cherchent un UX designer parce qu’ils

disent ‘bon c’est à peu près le terme qui

doit être adapté’. Mais finalement

personne ne sait vraiment comment

définir ce terme là. »Consultant en applications métier dans une ESN

Discutons UX • Comprendre • Page 05

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visuelle est très importante et joue énormément sur la première impression des utilisateurs. Mais ce n’est qu’une partie de l’objectif à réaliser. Si un utilisateur utilise le produit/service régulièrement, il faudra se concentrer sur son parcours et la façon dont il l’utilise afin que son expérience soit optimale.

Pour finir, un UX designer a besoin d’un réel budget, souvent non anticipé par les entreprises, représenté par beaucoup de temps. La recherche utilisateurs, la co-conception quand il y en a, les tests utilisateurs, les interviews et les ateliers pour ne citer qu’eux, demandent un temps considérable et seront essentiels dans la création et l’amélioration d’un produit ou d’un service. Recruter un UX designer est un premier pas pour “créer une meilleure expérience”, mais lui

donner du temps et des ressources sera essentiel pour atteindre les objectifs fixés lors du recrutement. Le marché de l’UX en France semble encore instable, que ce soit du côté des recruteurs ou des candidats. On ressent bien la di!culté de faire correspondre les attentes des candidats aux besoins des recruteurs. Que faire ?

Selon nous, les candidats doivent bien analyser les o"res, comprendre les besoins de l’entreprise avant de se lancer, pour ne pas se retrouver dans la position désagréable de faire de l’UX sans utilisateurs par exemple. Comme nous le disait Tristan Charvillat, Head of UX Design chez BlaBlaCar : “quand on fait une formation où on cherche à bien comprendre les problématiques des utilisateurs, je crois que c’est intéressant

l’association des tâches d’expérience utilisateur avec celles touchant l’aspect visuel du produit ou service à créer et/ou améliorer. Ce mélange est régulièrement retrouvé dans les entreprises et peut mener les UX/UI designers à se remettre en question et à se demander “mais finalement, quels sont les tenants et les aboutissants de mon métier ?”. De plus, si une entreprise se désintéresse de la partie recherche utilisateur et se concentre seulement sur les étapes de conception, d’idéation et de prototypage, comment un UX designer peut-il se considérer en tant que tel ?

En e"et, ce savoir-faire repose essentiellement sur la compréhension des utilisateurs, la collecte et l’analyse de données. Les entreprises ne sont pas encore assez conscientes du fait qu’un

bon UX designer ne se démarquera pas forcément avec son site internet ou son CV. Dans ce métier, les “soft skills” sont généralement plus importantes que les années d’études, les diplômes décrochés ou encore le look and feel ² du portfolio du candidat. Di!cile alors pour un recruteur d’estimer avoir trouvé la personne idéale, complexe également du côté du candidat de se vendre sur ses compétences comportementales.

Ces entreprises se privent alors d’experts qui peuvent leur apporter des connaissances capitales en psychologie cognitive par exemple. Certes, la partie

« Ici quand tu es UX designer, en fait tu es ergonome, tu fais de la com, du marketing, des logos… Ce sont des métiers qui sont trop récents pour d’aussi grosses structures que celle-là. Et je pense qu’ils n’ont pas encore fait cette transition là. »

UX designer dans une ESN

Discutons UX • Comprendre • Page 06

Sources et définitions

2. « Ensemble de règles qui régissent la présentation visuelle ainsi que le comportement des interfaces graphiques. » - Wikipédia

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Et vous ? Que pensez-vous du marché de l’UX ? Comment les candidats peuvent-

ils mieux cerner les besoins des entreprises ? Comment les recruteurs peuvent-ils

recruter plus facilement la personne dont ils ont besoin ?

Discutons UX • Comprendre • Page 07

d’appliquer ces méthodes là aussi

lorsque l’on rencontre une entreprise.”

Les écoles quant à elles devraient tenter

de s’aligner mais aussi de mieux

communiquer sur les compétences des

futurs UX designers. Quant aux

recruteurs, ils doivent se renseigner plus

précisément sur ce que représente le

métier d’UX designer au quotidien et ce

qu’il implique, afin de trouver plus

facilement et rapidement le candidat

idéal et lui donner les armes nécessaires

à sa future tâche.

« Je me rappelle avoir plus ou moins raté une offre d’emploi, car on m’avait dit ‘vous êtes trop ergonome et pas assez UX designer’. Et une personne qui a exactement le même parcours que moi, […] a mis ‘UX designer’ sur son CV, au final les compétences demandées sont exactement les mêmes, et désormais elle est salariée de cette entreprise. »

Consultant en applications métier dans une ESN

Réagissez avec les hashtags suivants sur les réseaux sociaux !

#DiscutonsUX #MonRecrutementUX

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David : « Déjà 4 mois parmis nous ! Quel est ton retour d’expérience Ulrick ? Sache en tout cas qu’on estime que tu fais du bon travail, on est très satisfait »

Ulrick : « Merci ! Honnêtement je suis plutôt content de ces premiers mois. Je m’accroche au maximum pour comprendre les détails du projet. J’adore l’ambiance et j’y crois vraiment, à cette nouvelle application ! J’ai une large palette de tâches à effectuer, alors par moment, j’ai du mal à prioriser car tout est urgent. Je vais dans les agences faire des tests utilisateurs, j’essaye de concevoir de nouvelles fonctionnalités, je fais la conception d’interface, l’architecture de l’information, les wireframes, le maquettage et parfois même l’intégration. J’avoue avoir un peu de mal à m’y retrouver par moment. Certaines tâches semblent demander plus de temps, pour être bien faites, que ce que je peux leur accorder… »

David : « En effet, on voit tous ici que tu es pas mal investi. Mais tu peux être rassuré, le recrutement d’un nouveau profil UX/UI est dans nos plans à court terme. On a rencontré plusieurs profils intéressants pour venir compléter notre équipe, notamment une freelance : Emma, qui a l’air plutôt douée. »

Ulrick : « Ah, super ça ! C’est une très bonne nouvelle. »

David : « Ca devrait te permettre de réduire ta charge de travail et d’avoir plus de temps pour faire les choses comme tu le sens. Tu vas pouvoir retrouver un périmètre un peu moins large. »

Le périmètre d’un UX designer

Lundi 14 mai 2018 - 15h00 - Réunion fin de période d’essai.

Discutons UX • Comprendre • Page 08

Une fois le poste obtenu, comment cela se passe-t-il concrètement au quotidien ? Quelles sont les di!érentes missions d’un UX designer ? Essayons de comprendre où commence et s’arrête ce vaste métier et plus globalement, son périmètre.

Pour tenter de répondre à ces questions, nous avons demandé aux professionnels que nous avons interviewés de lister leurs tâches quotidiennes. Tous sont

d’accord pour dire que le spectre est très étendu, et comme nous le disait Matthieu Grosselin, Chief Product O"cer chez Giroptic : “Le métier d’UX designer a de multiples facettes”; il est possible de toucher à un “large éventail de tâches” selon Benjamin Surkus, UX designer chez Cdiscount. En regroupant leurs di!érentes réponses, nous pouvons alors dire que le métier débute par de la recherche utilisateurs, en passant par de la veille technologique, concurrentielle et sociétale, de l’animation d’ateliers

« Le périmètre c’est de la recherche, de l’audit et de la conception, c’est vraiment cette partie là. À partir du moment où on va passer en phase de maquette, pour moi on est plus sur l’UX. »

Benjamin Surkus, UX designer - CdiscountCliquez pour voir le tweet et retweeter !

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d’idéation, de live design, de guerilla testing, ou encore par de la création de persona, de journey map, de parcours utilisateurs, mais également de la conception, du zoning, du wireframing papier ou haute fidélité, du maquettage, du prototypage, de l’édito, de l’intégration, des tests utilisateurs quantitatifs et qualitatifs jusqu’à la rédaction des règles de gestion, de la recette... Mais il ne se termine jamais vraiment. “Et à partir de là, on itère.” nous faisait remarquer Caroline Bedaux, freelance Product & UX/UI Designer Senior. En e!et, tous nous ont évoqué les bienfaits des cycles itératifs, mais aussi le fait que l’on peut toujours trouver quelque chose à améliorer. Cette liste, non exhaustive, semble indiquer que chercher à devenir UX Designer requiert une transformation en célèbre “mouton à 5 pattes” ¹ - unicorn chez les anglos-saxons - mythe du profil sachant tout faire.

Plusieurs de ces domaines sont pourtant les coeurs de métiers d’autres personnes, tels qu’intégrateur, visual designer ou encore chef de projet web. On comprend alors que le rôle d’un UX designer par rapport à l’ensemble de ces sujets est celui de gardien de l’expérience utilisateur globale et non pas exécutif

(contributeur individuel) sur chacune de ces tâches. Il doit apporter sa vision et sa compréhension mais pas forcément entrer dans une dynamique de production sur chacun de ces domaines.

Alors, comment doit-il se placer face à ses collaborateurs ? Revenons au titre du poste : “UX Designer”, où on trouve le mot “design”. Selon nous, une des confusions faites par de nombreux recruteurs repose sur la définition du mot “design”. En e!et, en France, nous avons adopté ce mot anglais, mais en avons réécrit sa définition. Lorsque l’on parle de design, on associe ce mot à quelque chose de “joli”, en plus de fonctionnel. Voici respectivement en anglais et en français les définitions qui reviennent le plus souvent :• design, noun : A drawing or set of drawings showing how a building or product is to be made and how it will work and look.²• design, nom : Discipline visant à une harmonisation de l'environnement humain, depuis la conception des objets usuels jusqu'à l'urbanisme.³

On voit alors que la définition anglaise est plus centrée sur la conception que la définition française. Elles intègrent néanmoins toutes les deux un aspect visuel (avec les mots “look” et

Discutons UX • Comprendre • Page 09

Sources et définitions

1. « Quelqu'un ou quelque chose de très rare, présentant des qualités idéales. » - Dictionnaire Larousse

Sources et définitions

2. Définition du mot “design” - Cambridge Dictionary

3. Définition du mot “design” - Dictionnaire Larousse

UX

Périmêtre et sous-domaines de l’UX Designinspiré de «The Disciplines of User Experience » de Dan Saffer (2008)

Design d’interaction

Facteur humain

Ergonomie

Sciences cognitives

Psychologie

Sociologie

Anthropologie

Philosophie

Design industriel

Ingénieriemécanique

Ingénierie électrique

Controles utilisateurs

Interactionshommemachine

Architecture

Vision & expérience spatiale

Marketing

Architecture de

l’informationNavigation

Science informatique

Science rédactionnelle

Communication

Motion design

Sound design

Informatique ubiquitaire

Information & Data

visualisation

Design d’interface utilisateur

Scénographie utilisateur

Designapplicatif

Développement logiciel

Développement web

Socialmedia

Image de marque

& produit

Story-telling

Charte éditoriale

Design d’expérience utilisateur

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“harmonisation”). En réalité, on peut dire que le design n’a pas de définition fixe, elle se renouvelle à travers le temps, car le design est en constante évolution. Quelle est donc la position d’un UX designer par rapport à un UI designer par exemple, ou encore à un visual designer, avec qui on l’associe si souvent ?

Idéalement, la recherche du beau présentée ci-dessus serait à associer aux profils de visual designers ou directeurs artistiques. Les aspects de conception et d’ergonomie de l’interface devraient être attribués aux profils d’UI designers.

Enfin, tout ce qui touche au fonctionnement global et au contact utilisateurs serait dédié aux UX designers. C’est là que la di!érenciation est complexe tant les utilisateurs seront touchés par tous ces aspects, que ce soit l’esthétique d’un produit, de son interface ou encore de son fonctionnement. L’UX designer devrait-il alors gérer tous ces aspects, étant donné qu’il est garant de l’expérience de l’utilisateur ?

En réalité, l’UX designer devrait être consulté pour les choix visuels (les

couleurs, les typographies, les formes et autres composants de l’esthétique) car ils impactent tous l’expérience dans sa globalité. Mais il ne doit pas pour autant être en charge de les produire. L’UX designer n’est ni directeur artistique, ni UI designer. Il est en revanche le principal acteur de la recherche utilisateur, en début de projet, qui rassemble toutes les actions liées à l’étude des attentes et besoins des utilisateurs, afin de les comprendre et d’y répondre tout au long du projet. Idéalement, les chefs de projet et la partie marketing travaillent en collaboration avec les UX designers, afin de gérer la

partie expérience client, mais aussi la définition des KPI ⁴ à suivre pour mesurer la réussite du projet. Dans le même temps vient la partie design visuel, qui représente la partie visible de l’iceberg : l’interface. Cette étape est prise en charge, en fonction de la taille de l’entreprise, par un ou plusieurs profils spécialisés en ergonomie ou en conception d’interface utilisateur, mais ayant des connaissances en UX design. Enfin, une fois l’interface terminée (et même avant, avec un prototype), on arrive à la partie tests utilisateurs, ou l’UX designer reprend un rôle capital qui est de vérifier si la conception a été correctement réalisée. Le but est de renouveler ces di!érentes étapes (recherche, analyse, conception, production, tests) et d’itérer, afin de faire de l’amélioration continue.

On comprend alors que l’UX designer va être dans l’exécutif principalement au début et à la fin de chaque itération; en e!et, il va aller à la rencontre des utilisateurs afin d’écouter leurs attentes, comprendre leurs besoins et essayer de les traduire, via des wireframes, à une équipe qui va, visuellement, essayer d’y répondre. Son rôle est non seulement capital lors de ces étapes, mais le reste du temps, il adopte une posture de chef d’orchestre, et doit communiquer avec tous les acteurs du projet afin de garder

Discutons UX • Comprendre • Page 10Discutons UX • Comprendre • Page 10

« L’UX Designer commence avec la recherche utilisateur quelle qu’elle soit, questionnaire, atelier utilisateur ou en mode guerilla, observation… Le métier se termine pour moi aux wireframes que l’on prototype pour faire des tests utilisateurs. Et à partir de là, on itère. »

Caroline Bedaux, freelance Product & UX/UI Designer SeniorSources et définitions

4. Indicateur clé de performance

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un bon rapport qualité/prix. L’expérience commence alors au moment où se forme ce besoin dans l’esprit d’un utilisateur, elle passe ensuite par la communication des marques, qui font ressentir des émotions et envies à l’utilisateur, puis par la recherche via un navigateur web, les comparatifs, la sélection du produit, la finalisation d’un panier, l’acte d’achat (en ligne ou physiquement) du produit. Mais l’expérience ne s’arrête pas là, après l’expérience d’achat vient l’expérience de l’utilisation, qui ne s’arrête finalement jamais tant que le produit fonctionne toujours. Mais si un jour ce produit arrête de fonctionner, alors l’utilisateur

appellera probablement le service client, afin d’avoir des conseils ou pour se faire rembourser. Les interactions sont infinies… Si on inclut toutes ces étapes dans l’UX design, on remarque alors qu’il est di!cile de trouver la frontière entre expérience utilisateur, relation client et image de marque.

Les processus de conception actuels s’attardent majoritairement sur l'expérience dite momentanée 5, c’est-à dire l’expérience vécue pendant l’utilisation et le ressenti de l’utilisateur sur le moment. Si on s’attarde sur cette partie de l’expérience, c’est parce que

une cohérence. Il joue un véritable rôle de catalyseur d’équipe et doit instaurer des méthodes de conception centrée utilisateur, afin que tous les collaborateurs soient impliqués. Un UX designer n’est jamais le seul garant de l’expérience utilisateur.

Avant l’apparition de l’UX design, les ergonomes IHM (Interface Homme/Machine) étaient déjà formés à la notion U.S.E : une interface se doit d’être Utile - Simple - E!cace. L’utilité, la simplicité et l’e!cacité d’une interface contribuent à la rendre utilisable, belle et agréable. Cette notion s’est désormais démocratisée et on la retrouve non seulement pour les interfaces mais également pour l’expérience globale d’un produit ou service. En appliquant cette notion en amont du projet, on va prendre en compte le besoin de l’utilisateur, mais on va également apprendre à le connaître pour rendre le produit non seulement utile : il répondra à un besoin, simple : l’utilisateur e"ectuera son parcours sans di!culté, mais également e!cace : l’utilisateur ne devra pas passer par dix chemins pour atteindre son objectif. Par conséquent, cette “méthode” doit rester en tête de l’UX designer à tout niveau, chaque fonctionnalité d’une interface doit sans

cesse être remise en question en se demandant : pourquoi ? En utilisant cela sur toutes les itérations du projet, on peut réussir à anticiper les parcours des utilisateurs en fonction de leurs besoins et ainsi les satisfaire en améliorant leur expérience.

L’UX designer doit donc être présent sur la globalité d’un projet, soit en exécutif, soit en chef d’orchestre. Mais concernant l’expérience utilisateur en elle même, où commence-t-elle et s’arrête-t-elle réellement ? Si on prend l’exemple du e-commerce, un besoin récurrent des utilisateurs est de trouver un produit avec

« Aujourd’hui il y a des gens qui font de l’UX et du visual design et qui savent très bien le faire, mais dans le métier d’UX designer, il y a aussi toute cette dimension recherche, et compréhension des besoins des utilisateurs que n’a pas un visual designer. »

Matthieu Grosselin, Chief Product Officer chez Giroptic

Discutons UX • Comprendre • Page 11

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pensera et par conséquent ce qu’il partagera plus tard, que ce soit sur les réseaux sociaux, ou lors d’une discussion entre collègues. Cela rejoint également l’image de marque, dans le sens où le partage et le bouche-à-oreille impacteront la réputation (online et o!ine) de la marque, d’où l’importance de l’expérience “d’après”, que l’on appelle expérience épisodique 5.

Le périmètre de l’UX designer commence donc à la définition d’un besoin (et pas seulement des attentes : un utilisateur peut avoir de nombreuses attentes sans savoir les associer à un réel besoin), par exemple lors de la première réunion de cadrage d’un projet avec le client et les di"érents collaborateurs impliqués (chef de projet, responsable technique, directeur artistique, responsable marketing, etc.). En découle un cycle itératif - recherche, analyse, conception, production et tests - dans l’optique de créer la meilleure expérience possible.

cela correspond au coeur de l’expérience. On va observer et analyser la façon dont l’interface est utilisée, si elle répond bien au besoin, quelles émotions elle procure à l’utilisateur, etc. Cette phase est évidemment très importante afin de ne pas perdre ou contrarier l’utilisateur. Il ne faut pas pour autant négliger la partie qui se trouve avant l’utilisation, et encore moins celle qui se trouve après. E"ectivement, l’expérience commence dès le premier contact avec une marque, avant même l’usage d’un produit ou d’un service. C’est le moment où l’image de marque est primordiale, où le potentiel

client va trouver une réponse à un de ses besoins, ou se former des attentes sur l’utilisation d’un produit ou d’un service… Il va donc imaginer l’expérience qu’il pourrait vivre, c’est ce qu’on appelle l’expérience anticipée 5. Par conséquent, il faut garder une cohérence, dans la manière où la marque communique et s’imprègne dans l’imaginaire de potentiels clients, et ce qu’il va finalement vivre pendant l’expérience momentanée. L’expérience anticipée disparaît néanmoins très rapidement de l’esprit d’un utilisateur. Ce qui compte réellement, c’est ce dont il va se souvenir lorsqu’il y

Discutons UX • Comprendre • Page 12

Sources et définitions

5. Dynamique temporelle de l’UX - UX White Paper

Diverses phases d’expérience utilisateur qui composent la « dynamique temporelle de l’UX » basé sur le modèle de temporalité exposé dans le document « UX White paper, 2010 »

Notion de temporalité d’expérience utilisateur

UX Anticipée

Avant l’usage • L’utilisateurest dans l’imaginaire

UX momentanée

Pendant l’usage L’utilisateur vit l’expérience

UX épisodique

Après l’usage • L’utilisateurrepense l’expérience

UX Cumulative

Après l’usage • L’utilisateurrevit différentes

expériences et usages

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Discutons UX • Comprendre • Page 13

Dans un premier temps, l’UX designer

devra, selon nous, imaginer une

expérience idéale sans penser aux

di!érentes contraintes. Par la suite, son

travail consistera à trouver des

compromis, car il y a toujours des

contraintes, qu’elles soient techniques,

financières, métiers ou autres, afin de

réussir à réaliser une expérience

optimale avec les ressources disponibles.

La meilleure expérience restera celle qui

trouvera un bon compromis entre les

objectifs métiers et les objectifs des

utilisateurs, harmonieusement (pour

revenir à la définition française du

design).

« On doit faire au mieux

avec les contraintes

techniques, et essayer de

les surpasser. »UX/UI designer dans une ESN Réagissez avec les hashtags suivants sur les réseaux sociaux !

#DiscutonsUX #MonjobUX

Et selon vous ? Quel est le périmètre d’un UX designer ?

Où commence et où s’arrête ce métier ? Qu’englobe l’UX design ?

Même s’il est possible que l’expérience

d’un utilisateur ne se termine jamais, le

travail d’un UX designer, notamment en

agence, se terminera à la fin du projet, au

moment de la mise en production d’un

service en ligne par exemple. Il faut alors

travailler en pensant au long-terme, et à

l’impression que peut laisser l’expérience

que l’on a créée à tout utilisateur, afin

qu’il s’en souvienne et en parle comme la

meilleure expérience jamais vécue.

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Ulrick : « Alors, alors ? Bien acclimatée à l’entreprise ? »

Emma : « Et bien c’est encore tout récent mais je peux dire que je me sens bien pour

l’instant. »

Ulrick : « Cool ! Les missions te conviennent ? »

Emma : « Oui c’est vraiment sympa. Je sors de 5 années de freelance, j’avais besoin de

voir autre chose et me confronter à d’autres visions, … et surtout être aussi facilement en

contact avec des utilisateurs, quel pied ! »

Ulrick : « Ah, tu dis ça comme si c’était quelque chose d’extraordinaire ? »

Emma : « Plutôt oui. J’ai cru comprendre que c’était ta première année d’expérience pro ?

Donc ta première entreprise j’imagine. Tu ne réalises peut-être pas la chance que tu as

d’avoir un contact si fréquent avec tes utilisateurs… »

La nécessité des utilisateurs

Lundi 25 juin 2018 - 12h30 - Pause déjeuner.

Discutons UX • Comprendre • Page 14

Faire de la conception d’expérience utilisateur sans avoir de contact avec les utilisateurs, est-ce possible ? Comme nous le disions dans la première partie, certaines entreprises n’allouent pas les ressources nécessaires au travail d’un UX designer. En e!et, ce métier nécessite non seulement des ressources budgétaires mais également temporelles afin d’exercer une partie primordiale du travail : le contact utilisateur. Longtemps négligé, l’utilisateur est aujourd’hui considéré et représente la personne la plus à-même de juger un produit ou un service. Mais pour se servir de cette ressource inexploitée, l’UX designer a besoin de temps. Que ce soit en amont ou tout au long d’un projet, analyser les attentes des utilisateurs, comprendre leurs besoins, mais aussi écouter leurs retours, sont des choses fondamentales pour assurer le bon déroulement du projet. Cela permettra en e!et de déterminer ses enjeux et de favoriser l’amélioration continue en s’assurant fréquemment de la conformité des décisions prises durant les phases de conception. Les entreprises qui ne souhaitent pas débloquer ce budget sont celles pour qui le contact avec l’utilisateur représente une perte de temps, et donc d’argent, car elles pensent connaître su"samment leurs utilisateurs. Mais nous partons du principe qu’il est nécessaire d’apprendre un maximum de choses en amont et pendant le projet, afin de le terminer avec le minimum d’erreur,

c’est le but du cycle itératif.

Les interviews que nous avons réalisées ainsi que notre analyse du marché semblent indiquer que les grandes structures sont les plus sujettes à cette problématique. En e!et, cette démarche de recherche et de tests utilisateurs n’étant pas inscrite dans la culture d’entreprise à sa naissance, il paraît di"cile de basculer sur une gestion de projet centrée utilisateur du jour au lendemain. On voit pourtant que ces grandes entreprises tendent de plus en plus à utiliser la méthode agile pour la gestion de leurs projets, ne serait-ce pas alors l’occasion pour s’orienter vers les utilisateurs ? Ces entreprises ont pourtant l’avantage de jouir d’une certaine sécurité dans leurs a!aires, elles peuvent se permettre d’essayer de nouvelles méthodes et de changer leurs structures (à l’intérieur d’un projet) sans prendre le risque d’a!ecter dangereusement leur chi!re d’a!aires. “Nous connaissons bien nos utilisateurs depuis le temps, nous n’avons pas besoin de faire de recherche, d’analyse, ou de tests” : cette phrase, bien connue des freelances, est la preuve que ces entreprises ne veulent plus prendre le risque d’entendre des critiques et se reposent sur leurs acquis. Bien sûr, la connaissance qu’elles ont accumulé depuis tant d’années sur leurs utilisateurs est incontestable et a beaucoup de valeur, mais elle doit servir de base pour commencer un projet. Seule la recherche

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plus du manque de ressources abordé

précédemment, l’autre problème réside

dans la complexité à constituer un panel

utilisateur de qualité, disponible pour les

di!érents ateliers de recherche, de

conception et de tests. Une des causes

de ce problème, notamment pour les

projets grand public, réside dans le fait

que l’utilisateur potentiel peut être

partout, et donc être très disparate,

utilisateur viendra trouver les nouveaux

insights qui seront essentiels à une

nouvelle conception d’expérience.

Seuls les avis et retours des utilisateurs

actuels d’un produit ou d’un service

restent légitimes pour approuver une

idée. Si l’on se contente des données que

l’on a déjà récoltées auparavant, alors la

présence d’un UX designer est-elle

réellement nécessaire ? En supprimant la

partie recherche et tests utilisateurs,

alors une équipe d’UI et de visual

designers serait probablement plus

adaptée aux tâches à réaliser.

Une partie des professionnels que nous

avons interviewés nous a fait part des

di"cultés qu’ils rencontrent au quotidien

quant à leur activité d’UX designers. En

depuis la démocratisation des interfaces

numériques. Se constituer un panel

devient alors primordial afin de récolter et

d’analyser des données qualitatives, tant

les typologies d’utilisateurs se multiplient

et par conséquent les contextes

d’utilisation.

« Malheureusement le seul contact qu’on a avec les utilisateurs ce sont les chiffres / la data. [...] Mais je pense que ça fait partie des bonnes pratiques. Même si ça prend plus de temps dans la phase de conception, je pense qu’au final on est gagnant sur la longueur. C’est des problèmes qu’on va peut-être identifier en prod une fois qu’on sera en train de faire les tests A/B. Alors qu’on aurait pu les identifier plus tôt en phase de conception. »

Benjamin Surkus, UX designer - Cdiscount

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L’empathie est une qualité qui revient

souvent, lorsque l’on parle des UX

designers. Mais l’erreur serait de penser

qu’il n’y a qu’un type d’utilisateur qui

utilisera cette interface. Même avec toute

la bonne volonté du monde, sans accès

aux utilisateurs, le meilleur UX designer

ne pourra pas se mettre à la place de

tous ces di!érents utilisateurs, sans être

biaisé par sa connaissance du projet.

Le guérilla est une solution très

régulièrement évoquée pour contrer les

problèmes de ressources et de panel de

par sa rapidité de mise en place et sa

facilité à mettre en relation UX designers

et utilisateurs. Sortir se balader dans la

rue pour rencontrer ses utilisateurs fait

rêver… Mais encore faut-il rencontrer les

bonnes personnes : les utilisateurs cibles.

Cette méthode sera probablement très

e"cace pour un site e-commerce de prêt-

à-porter, mais en revanche beaucoup

plus compliquée pour une marketplace

financière, qui aura plus de mal à trouver

ses utilisateurs au coin de la rue. Le

guérilla n’est pas une solution miracle,

elle doit garder sa rapidité d’exécution

pour ne pas perdre de son intérêt; mais

doit pour autant être bien préparée au

préalable afin de ne pas manquer de

sens. Il faut commencer par réfléchir au

type d’informations que l’on veut récolter,

mais également de la part de qui. S’il

s’avère qu’on se trompe de population

cible, les retours seront alors

inexploitables pour la conception, qui est

censée être basée sur les besoins et

attentes d’un autre panel. En e!et, si le

but de l’UX est d’adapter un produit ou un

service aux besoins d’un utilisateur cible,

alors le guerilla testing non préparé peut

nous faire aller dans la direction opposée

à celle qu’on aurait pu prendre en

préparant un minimum sa recherche ou

ses tests utilisateurs.

Cette méthode nécessite donc une

préparation afin de ne pas perdre son

temps à récolter des données

inexploitables. Anticiper le lieu et la plage

horaire à favoriser, définir les personas

que l’on cherche à toucher, quelles sont

les informations que l’on cherche à

récolter, etc. Que ce soit via un simple

formulaire en ligne, une demande de

retour plus précise, un échange

téléphonique ou encore une rencontre, un

minimum de préparation en amont reste

nécessaire à la bonne utilisation de la

méthode guérilla.

Après la récolte et l’analyse des données,

vient l’observation des tendances, des

avis communs aux di!érents utilisateurs.

C’est cette démonstration qui possède un

véritable poids pour justifier aux

di!érentes parties prenantes d’un projet

les décisions de l’UX designer. En e!et les

seules personnes capables de légitimer

une décision de conception restent les

utilisateurs finaux, qui impacteront les

a!aires de l’entreprise, ceux sans qui

toute conception serait inutile.

« C’est encore pas simple pour les entreprises, et c’est pour ca qu’on parle beaucoup de méthodes guerilla, parce que ca permet de faire de la recherche utilisateurs sans constituer des panels, ce qui n’est jamais simple car ça a un coût et c’est compliqué à organiser, même pour des grosses boîtes. »

Caroline Bedaux, freelance Product & UX/UI Designer Senior

Discutons UX • Comprendre • Page 16

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Attention tout de même, tous les retours

utilisateurs ne sont pas bons à prendre,

même s’ils font partie du panel cible.

Premièrement, les utilisateurs ont souvent

tendance à exprimer leurs attentes et

leurs envies, c’est alors à l’UX designer de

détecter le besoin qui se cache derrière

tout ça, et potentiellement le relier avec

celui d’autres utilisateurs. L’exploitation

des données représente alors une étape

aussi importante que le recueil de celles-

ci. Aussi, il faut garder en tête qu’un

utilisateur donnera la majorité du temps

son retour sur l’état actuel du marché, et

sur son utilisation présente du produit ou

service. Il faut toujours remettre les

données collectées dans le contexte du

projet, en gardant en tête la vision et les

intentions de l’entreprise à moyen et

long-terme, dont l’utilisateur ne peut pas

se douter.

Pour finir, un UX designer ne peut pas se

définir comme tel s’il n'essaie pas d’entrer

en contact avec les utilisateurs, c’est la

base de ce métier, l’empathie ne su!t

pas. Même si la démarche peut être très

compliquée au début dans certaines

entreprises, il y a toujours un moyen.

Certes, on ne peut pas commencer par

demander 1 mois de recherche, mais

débuter une démarche de guerilla qui

coûtera une journée de travail sera

toujours un bon début si, comme dit

précédemment, la méthode est bien

préparée. Comme nous le précisait

Tristan Charvillat de BlaBlaCar,

l’important n’est pas seulement d’être en

contact régulier avec les utilisateurs,

mais d’amener les di"érentes équipes à

les rencontrer et les écouter eux aussi,

car “sinon, on sera les seuls convaincus

par une chose qu’on a entendu tout seul,

et là ça deviendra vraiment di!cile”.

« Le projet où on cherchait le plus possible à être en contact avec l’utilisateur et à faire le plus souvent des tests, observations etc.. C’est pour moi le projet qui a eu le rendu le plus cohérent »

UX/UI designer dans une ESN

Discutons UX • Comprendre • Page 17

Et vous ? Que pensez-vous du contact utilisateur ? Peut-on faire de l’UX

design sans jamais rencontrer les utilisateurs ?

Réagissez avec les hashtags suivants sur les réseaux sociaux !

#DiscutonsUX #UXsansU

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Ulrick : « Au fait Emma, la dernière fois tu me disais que certaines boites n’avaient pas

accès facilement aux utilisateurs, il y a quand même des UX là bas ? »

Emma : « Oui évidemment ! »

Ulrick : « Mais… Comment ils peuvent faire leur métier ? Pour moi, si on ne voit pas les

utilisateurs, on ne fait pas d’UX… »

Emma : « La voilà la bonne question ! Finalement, qu’est-ce qui définit le métier d’UX

designer ? »

L’UX design

Vendredi 25 janvier 2019 - Pot de départ d’Ulrick chez Plemoy

Discutons UX • Comprendre • Page 18

Dans la vie d’un UX Designer, y a-t-il un

moment qui fait o!ce de “déclic” pour se

revendiquer professionnel en UX

Design ? La question semble complexe,

les avis divergent. Nous parlions

précédemment de l'apparition du terme

“UX design”, il y a déjà 30 ans aux États-

Unis, et de l’arrivée du métier d’UX

designer en France il y a une dizaine

d’années. Depuis, ce métier est en pleine

évolution, on trouve de plus en plus de

ressources, de formations, mais

également de débats… Chacune des

personnes que nous avons interviewées

avait sa propre définition de l’expérience

utilisateur, c’est ce qui rend ce métier si

riche mais aussi débattable. Ces

di"érentes interviews, mais également

nos recherches nous laissent entendre

que le terme UX design en France reste

encore un terme un peu “fourre-tout”,

comme le remarquait une UX/UI designer

dans une ESN : “J’ai l’impression que l’UX

design, c’est une énorme famille dans

laquelle on met plein de choses”. Tentons

alors de comprendre ce qui se cache

réellement derrière le terme “UX design”

et par conséquent derrière le métier d’UX

designer.

Les objectifs cités restent quasiment

unanimes : faire de son mieux pour

parvenir à rendre un produit ou un

service simple, agréable et intuitif à

utiliser pour ses utilisateurs. Aussi, nous

avons déjà abordé le sens premier du

terme “design”, le métier d’UX designer

est aussi intimement lié à la conception,

qu’à l’utilisateur en lui-même.

« Pour moi, l’UX c’est une démarche d’amour car il faut profondément aimer l’humain pour faire ce métier. »

Caroline Bedaux, freelance Product & UX/UI Designer Senior

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Discutons UX • Comprendre • Page 19

En e!et, afin d’adapter la conception à

l’utilisateur, la démarche doit partir de

l’identification d’un besoin. Pour y

répondre au mieux, il faut commencer par

une phase de collecte et d’analyse de

données. Malgré l’augmentation

exponentielle des produits et services

numériques, il ne faut pas oublier que

l’expérience utilisateur n’est pas que

digitale. Nous ne le remarquons pas

assez souvent, mais nous sommes tous

quotidiennement des utilisateurs, nous

vivons des expériences à longueur de

journées. Si nous n’y faisons pas

attention, c’est plutôt une bonne nouvelle :

l’expérience est probablement réussie.

Mais lorsque quelque chose tourne mal…

C’est là que doit intervenir l’UX designer, il

doit venir gommer point par point tous les

points de contact entre produit ou service

et utilisateur, qui peuvent interférer avec

la fluidité de l’expérience. L’UX design

s’applique alors dans n’importe quel

domaine, pour la conception et

l’amélioration d’une entité, quelle qu’elle

soit.

Cette première phase est relativement

complexe et demande de nombreuses

ressources (humaines, temporelles et

financières), afin de recueillir les retours

nécessaires des personnes concernées,

puis de concevoir les retouches

nécessaires à l’amélioration du produit

ou service. L’expérience utilisateur

pourrait alors sembler à première vue

opposée à la vision “business” ou

“marketing” de l’entreprise, en étant

constamment orientée utilisateur. Mais

sans utilisateurs, di"cile de faire du

commerce…

Les professionnels du domaine

s’accordent à dire que l’aspect “business”

reste une composante non négligeable

lors de la phase de conception. Même si

les besoins, envies et capacités des

utilisateurs sont à prioriser avant tout

dans l’idéation, il serait contre productif

de ne pas se soucier de l’aspect financier

lors de la réalisation, qui est primordial à

la longévité du produit. Il en va de même

pour les contraintes techniques. Inutile

d’essayer de concevoir un produit idéal,

mais techniquement irréalisable. Il n’est

malgré tout pas interdit de l’imaginer, de

le garder en tête pour connaître son

objectif utopique. La notion de faisabilité

et de complexité de réalisation d’une

solution est à étudier rapidement lors de

la conception. Les contraintes financières

et techniques font partie du quotidien

d’un UX designer. Il est justement là pour

trouver des compromis, et faire cohabiter

avec harmonie les objectifs des

utilisateurs avec ces di!érentes

contraintes, afin de trouver une solution

acceptable pour chaque partie.

Nous avons parlé d’enjeux financiers et

techniques, des compromis qu’un UX

designer doit faire dans sa conception,

mais il ne doit pas s’arrêter là. En e!et,

l’expérience est basée sur un ressenti, et

de nombreux domaines vont l’impacter.

Ce sont toutes les interactions entre

l’utilisateur et les éléments qui composent

son parcours qui vont amener diverses

émotions et par conséquent avoir une

portée sur l’expérience ressentie. Chaque

composante du projet est capitale, qu’elle

soit marketing, artistique, métier,

technique, etc. Tout cela mène l’UX

« L’UX design, c’est simplifier l’utilisation par le design. »Matthieu Grosselin, Chief Product Officer chez Giroptic

Cliquez pour voir le

tweet et retweeter !

TechniqueMarketing Métier

UI & Visual design

UX design

Visible

un produit / service un produit / service un produit / service un produit / service un produit / service

Premier contact Utilisation Expérience & réflexion Après utilisation

Clair Fonctionnel Utile Efficace

Objectifs de l’UX design pour un produit ou service

dans un parcours utilisateur, liés aux expertises impliquées

inspiré du modèle VPTCS proposé par

Élie SLOÏMet Éric GATEAU (2001)

Enjeux et expertises liés à l’UX design

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Discutons UX • Comprendre • Page 20Discutons UX • Comprendre • Page 20

« On est là pour le bien de

l’utilisateur tout en intégrant

les contraintes commerciales. »Benjamin Surkus, UX designer - Cdiscount

designer à avoir une vision transversale

sur le projet.

Cette vision doit toutefois rester centrée

utilisateur, et il doit essayer de la

transmettre à chaque collaborateur. En

e!et, tout l’équipe est garante de

l’expérience du produit ou service, et les

membres du projet se sentiront d’autant

plus impliqués dans cette vision centrée

utilisateur s’ils connaissent l’impact de

leur travail sur les clients. Un projet peut

comprendre un large panel d’expertises à

mettre en place et à adapter, l’UX

designer doit alors, sans être dans

l’exercice de chacunes d’elles, devenir le

catalyseur d’une équipe. En s’assurant de

la vision commune des collaborateurs,

l’utilisateur restera le point central des

conversations et prises de décisions, tout

au long du projet.

Cet aspect d’omniprésence amène le

poste d’UX designer à être assimilé à un

poste de manager, alors qu’il n’en est pas

forcément un. La définition de ce poste

n’est pas encore très homogène

aujourd’hui en France. Tout dépend

également de la structure de l’entreprise,

et du niveau hiérarchique où se situent

les di!érents UX designers. Nous parlons

ici beaucoup de l’UX designer, c’est le

terme courant pour parler de quelqu’un

qui va relier le métier de la marque pour

laquelle il travaille, avec les besoins des

ses utilisateurs, tout cela en concevant

une expérience agréable, e"cace et

satisfaisante.

Plus spécialisé, l’UX researcher (très

présent dans les pays anglo-saxons,

mais qui se fait encore rare en France) va

se charger de toute la phase en amont de

la conception, où il doit comprendre les

attentes des utilisateurs ainsi que leurs

comportements, grâce à des méthodes

comme l’observation ou encore les

entretiens. Il va par la suite analyser ces

données et les traduire au reste de

l’équipe pour commencer la conception. Il

sera présent également pour les tests

utilisateurs, afin d’évaluer leurs

comportements sur ce qui a été créé.

Nous parlions de poste de manager, en

voilà un : le lead UX. Il va piloter toute une

équipe d’UX designers, researchers, etc.

Il définit la vision UX, la méthodologie à

suivre et c’est lui qui sera le responsable

des objectifs à atteindre.

Enfin, le poste le plus répandu aujourd’hui

dans les petites structures : l’UX/UI

designer. C’est le profil le plus

généraliste, aux multiples casquettes, qui

sera en charge non seulement de la

partie UX (recherche, conception, tests)

mais également de la partie UI, soit

ergonomique et visuelle, de l’interface. Ce

poste demande donc de nombreuses

compétences, mais surtout une véritable

rigueur lorsque qu’il doit justifier de ses

décisions de conception, puisque c’est la

partie visible (maquettes visuelles) qui est

souvent critiquée.

N’oublions pas les di!érents métiers qui,

dans certaines structures, font partie

intégrante de l’UX comme les product

designers, les copywriters, les architectes

de l’information ou encore les graphistes.

Pour finir, peu importe la spécialisation

de son métier, l’UX designer se doit d’être

omniprésent dans le sens où il va

évangéliser et surtout se battre pour que

l’utilisateur soit entendu dans tous les

domaines, même si cela mène parfois à

des conflits avec d’éventuels clients,

collaborateurs ou dirigeants.

Cliquez pour voir le tweet et retweeter !

Finalement, l’UX design, c’est avant tout

une rencontre avec l’utilisateur, un travail

sur la compréhension de l’humain, de ses

besoins, de ses envies et surtout une

bataille pour défendre ses choix en

mettant en place tout ce qui est possible

afin d’aboutir à la solution qui lui sera la

plus adaptée. Au fur et à mesure de son

expérience, l’UX designer viendra

challenger et donner son avis sur les

décisions prises à un niveau de plus en

plus haut. Un junior commencera peut-

être par travailler sur l’utilisabilité d’une

interface, mais un senior pourra

challenger l’utilité du produit en lui-même.

Et vous ? Quelle

est votre définition

de l’UX design ?

Réagissez avec les

hashtags suivants sur les

réseaux sociaux !

#DiscutonsUX #MaDefUX

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mesurer

2

« Toute vertu est fondée sur la mesure. » • Sénèque

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Recruteur : « Vous avez l’air de correspondre parfaitement à ce qu’on recherche. »

Ulrick : « Super ! En tous cas c'est le premier entretien où je sens qu'on partage vraiment ma vision des choses sur l'UX, je m'en réjouis d'avance. »

Recruteur : « En nous rejoignant vous auriez la chance d’échanger avec notre équipe UX, des professionnels expérimentés avec qui vous pourrez débattre sur de nombreux sujets. Ce sera surement très enrichissant de confronter votre vision d’UX nouvelle génération à leur expérience métier. »

Lundi 28 Janvier 2019 - Fin d’entretien d’embauche dans une SSII

Discutons UX • Mesurer • Page 22

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Lucie : « Bienvenue Ulrick ! On va faire de notre mieux pour que ton intégration dans

l’équipe soit la plus agréable possible. Je crois savoir que Tom le directeur t’a déjà fait un

point global sur le fonctionnement, mais n’hésite pas si tu as des questions. »

Ulrick : « Merci, c’est gentil ! Tout est assez clair pour l’instant. Je me demandais juste si

vous aviez des préférences dans les méthodes et outils que vous utilisez ? »

Lucie : « La plupart du temps, on met l’accent sur les tests utilisateurs, les interviews et

les observations terrain. Ça fonctionne bien pour avoir l’ensemble des insights

utilisateurs nécessaires. »

Ulrick : « Je vois. Vous n’adaptez pas vos méthodes en fonction du projet ? Certaines

sont quand même plus propices à certains contextes que d’autres. »

Lucie : « Et bien on va dire qu’on s’adapte surtout au contexte du projet, si l’accès aux

utilisateurs est complexe on va se tourner vers des méthodes guérillas. Sinon on préfère

utiliser des méthodes classiques que l’on maîtrise bien. Mais n’hésite pas à nous

proposer de nouvelles idées, on essayera ensemble ! »

Les méthodes, outils et compétences

Mercredi 13 février 2019 - matin - Arrivée d’Ulrick dans sa nouvelle entreprise

Discutons UX • Mesurer • Page 23

Le domaine de l’UX design est si vaste

qu’on y trouve plusieurs métiers n’ayant

pas tous les mêmes besoins, attardons

nous alors sur les acquis nécessaires à la

pratique de cette discipline. Ces

dernières années, une multitude

d’articles ont été publiés, présentant des

méthodes, des outils ou encore des

conseils pour faire de l’UX design. Mais

a-t-on besoin d’autant d'éléments ? Y a-t-

il vraiment une méthode ou un outil à

recommander et à utiliser en toutes

circonstances ? Quelles sont les

compétences requises pour exercer le

métier d’UX designer ?

Le processus de l’UX designer di!ère en

fonction du projet. L’approche ne sera

pas la même s’il travaille sur la

conception d’un site web financier ou

d’une application de recettes par

exemple. Même s’il y a de bonnes

pratiques à respecter pour chaque projet,

chacune des parties du processus doit

être personnalisée et sans cesse

réinventée pour être spécifique au projet

en cours. Selon nous, une des bonnes

pratiques est de travailler dans un cycle

itératif, c’est-à-dire en plusieurs étapes,

qui recommence sans cesse.

Premièrement, l’UX designer va recueillir

et analyser les besoins des utilisateurs. Il

va ensuite pouvoir générer des idées

pour répondre à ces besoins, puis

commencer la conception, tout en

gardant en tête les contraintes dont nous

parlions plus tôt. Enfin, vient la phase de

tests où il va retourner au contact des

utilisateurs afin de valider ou invalider les

idées précédemment conçues. Cela

amènera à recommencer le cycle pour les

idées invalidées, ou à mettre en place les

idées validées.

Proposition de processus itératifen 6 phases liées à l’UX design

Modèle de processus itératif

1. Penser 2. Concevoir 3. Vérifier

Stratégie LancementRecherche

Evaluer

Conception(Design ou production)

Utilisateur

Analyse

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De nombreuses méthodes et outils voient

le jour régulièrement, même si ce ne sont

parfois que des “re-packaging de

quelque chose qui existe depuis bien

longtemps” selon Tristan Charvillat de

BlaBlaCar. Les partages de ressources se

multiplient, il devient alors très abordable

de se renseigner sur les dernières

nouveautés du métier. L’objectif est de

prendre connaissance de l’ensemble des

méthodes et outils, même s’il s’agit

uniquement de les aborder

superficiellement en premier lieu. Cela

permettra d’avoir une vue d’ensemble sur

l’existant, afin de mieux comprendre les

forces, faiblesses et conditions

d’utilisation de chacune d’entre elles,

pour être capable par la suite de choisir

celles qui nous conviendront le mieux.

Puis, il est bienvenu de se renseigner

plus amplement sur la sélection pour en

comprendre toutes les subtilités. Ainsi, les

méthodes utilisées seront adaptées non

seulement à la problématique du projet,

mais également aux contraintes du client,

des utilisateurs, ainsi qu’aux a!nités et

compétences de l’équipe projet.

Une connaissance avancée du vaste

choix de méthodes et outils existants

permet de s’imprégner de leurs structures

pour, ensuite, faire preuve d’ingéniosité

et de créativité en inventant des

méthodes adaptées à son projet et à ses

utilisateurs. Carine Lallemand présente

dans sa conférence « Guerilla UX - Quick

mais pas dirty » plusieurs exemples de

méthodes rapides et faciles pour faire de

la recherche utilisateur. Nous avons

retenu celle des sondes de passage, une

approche originale et très abordable

financièrement. La quantité de personnes

à capter étant une des contraintes du

guérilla, les sondes de passage viennent

ici interpeller les passants à di#érents

endroits au même moment, fréquentés

par les utilisateurs cible, ce qui serait

impossible pour une seule et unique

personne. Ici, un flyer avec comme seul

texte “Raconte-moi… une conversation

que tu as eue avec un inconnu”, déposé

dans un lieu public, avec quelques stylos.

Résultat : les passants peuvent répondre

lorsqu’ils le souhaitent, sans contrainte

de temps ou d’endroit, les informations

recueillies seront donc qualitatives, et ne

nécessitent pas de ressources humaines

tout au long de l’action. Il en faudra

évidemment lors de l’analyse de ces

données. Carine Lallemand donne ici

plusieurs façons de faire, qui prouvent

que les méthodes que l’on trouve dans les

livres sont de bonnes sources

d’inspiration, mais qu’il ne faut pas

forcément les prendre au pied de la lettre,

il faut piocher dans chacune d’elles pour

s’adapter au contexte de notre projet.

Parcours utilisateurs, personas, tri de

carte, A/B testing, design thinking,

entretiens, observations terrain, focus

group, guerilla test, co-conception,

prototypage, user stories… Il existe une

abondance de méthodes, d’outils et

d’ateliers plus ou moins populaires et

reconnus, utiles lors de certaines phases

du projet ou pour sa globalité. Chaque

méthode possède ses propres

composantes pour l’adapter

spécifiquement à certaines situations,

cependant plusieurs méthodes sont

dépendantes les unes des autres. Par

exemple, on ne pourra pas réaliser de

tests utilisateurs sans une démarche de

prototypage au préalable, de même pour

une journey map qui nécessite la création

de personas en amont.

Il est de bon ton lors de l’assimilation du

projet par un UX Designer de se projeter

sur la globalité du travail à réaliser afin

de sélectionner les méthodes adaptées

au contexte et de vérifier leur bonne

synergie.

« La meilleure méthode c’est vraiment la méthode de vos projets, c’est à vous de faire les bons choix et de considérer les différents facteurs pour faire ces choix. »

Carine Lallemand, conférence Guérilla UX - Quick mais pas dirty

Discutons UX • Mesurer • Page 24

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Discutons UX • Mesurer • Page 25

« Pour ce qui est de la recherche UX, j’utilise surtout les interviews, les observations terrain, et les tests utilisateurs. Pour moi, ce sont les trois méthodes dont on ne peut pas se passer. »

UX designer dans une ESN

On remarque que les méthodes appliquées ne sont pas les mêmes en fonction de la structure où l’UX designer exerce son métier. Qu’il soit freelance, en agence ou chez l’annonceur, les contraintes liées aux méthodes, budgétaires, humaines ou temporelles sont di!érentes. Comme le souligne Caroline Bedaux, un freelance peut-être amené à travailler sur des projets déjà plus ou moins terminés : “On t'appelle toujours en disant “On est bloqué. Les utilisateurs sont pas contents.” Et comme on est toujours appelé en mode pompier, on va utiliser des outils qui vont restructurer l‘expérience et permettre de récupérer des informations afin d’apporter de la cohérence à l’ensemble.” Il faudra à ce moment là apporter des modifications, en gommant les erreurs plutôt qu’en concevant une nouvelle expérience, avec de la recherche en amont. Malheureusement, adopter une démarche centrée utilisateur en cours de

projet rend certaines méthodes impraticables. Par exemple, les tests utilisateurs devront se baser sur des interfaces déjà conçues sans avoir fait de recherche utilisateur, impossible de recommencer le projet de A à Z. En revanche, les UX designers présents dans les agences ou chez l’annonceur ont régulièrement la chance d’initier des projets “from scratch”. Ils ont alors la possibilité d’intervenir dès le lancement de celui-ci en mettant en place une démarche itérative, composée de diverses méthodes adaptées au projet sur le long terme.

Bien plus qu’un vaste ensemble de méthodes, l’UX Design comprend également un lot non négligeable d’outils plus ou moins populaires. Même si le processus commence relativement souvent par des croquis sur un bout de papier, le métier comporte une partie de réalisation de livrables, notamment en

phase de conception (wireframes HD, maquettes, journey map, etc.) Pour un rendu plus agréable, professionnel et surtout partageable facilement, les UX designers se tournent vers des logiciels de PAO. Cela, les éditeurs de software l’ont bien compris, et semaine après semaine, fleurissent de nouveaux logiciels de conception ou de prototypage. Quel logiciel favoriser par rapport à un autre ? L’incontournable suite Adobe, avec Photoshop, Illustrator ou encore son plus récent XD ? Les plus spécialisés tels que Axure, Figma, Sketch, Framer ou Invision Studio ? Si la question se pose encore aujourd’hui, c’est qu’il n’y toujours pas d’outil à préconiser, d’outil “à tout faire”. Chacun opte pour celui qui lui correspond le mieux, en fonction de l’avancée du projet et de ses a"nités. Ces outils ne possèdent pas tous les mêmes fonctionnalités et objectifs finaux. En e!et, certains sont dédiés à la conception tels que Sketch et Figma, d’autres au

prototypage comme Axure et Framer… Mais il est encore di"cile de tout faire, du wireframe au prototypage, sur un seul et unique logiciel (même si cela tend à arriver avec Studio, a!aire à suivre…). L’objectif commun à ces logiciels est finalement de produire un rendu visuel compréhensible par tous les acteurs du projet, par conséquent, la connaissance d’un logiciel en particulier ne relève pas d’une compétence technique à acquérir obligatoirement pour devenir UX designer. Il faut néanmoins savoir en maîtriser un, afin de ne pas être perdu en découvrant les autres, mais également savoir s’adapter à l’outil utilisé lorsque l’on rejoint un projet en cours.

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Discutons UX • Mesurer • Page 26

« On n’oublie pas les

principes théoriques non

plus, Gestalt, Bastien &

Scapin… Ce sont des

principes à connaître pour

bien les appliquer. »UX/UI designer dans une ESN

S’il n’y a qu’un minimum de

connaissances techniques obligatoires,

qu’en est-il de la partie théorique ? Par

théorique, nous entendons la psychologie

cognitive ou l’ergonomie par exemple, le

principe de Gestalt, les critères

heuristiques de Nielsen ou encore de

Bastien et Scapin… L’ensemble de ces

enseignements scientifiques forme une

base solide de réflexion pour tout design

d’interface ou d’expérience utilisateur en

général. Selon nous, il sera toujours

avantageux d’avoir cette base, qui

restera disponible à chaque instant de la

conception d’un projet.

Certains professionnels évoquent le fait

que ces principes sont avant tout quelque

chose de logique, une formalisation du

bon sens commun. Il existe des

compétences bien plus essentielles à

leurs yeux que les diverses outils

techniques ou théoriques : les softs skills,

ou compétences comportementales.

Nous avons abordé précédemment

l’importance de ces compétences dans le

métier d’UX designer, parfois plus

importantes qu’une formation ou un

diplôme. Dans ces softs skills, on peut

distinguer deux grandes familles, une

première que l’on qualifiera de

‘transversale’ et une seconde plus

‘comportementale’.

Concernant les compétences

transversales, on retrouve le

management (savoir comment se gère

une entreprise, comprendre les enjeux

ainsi que le contexte du projet), l’analyse

et la synthèse (afin de bien comprendre

les besoins des utilisateurs et les

reformuler pour ses collaborateurs),

l’adaptation technique (se mettre à jour

sur les technologies afin d’en saisir les

opportunités), et évidemment la

conception (afin de traduire l’analyse des

besoins utilisateurs en solutions précises

et facilement compréhensibles par tous).

Sans ces compétences, le travail de l’UX

designer pourra être mal interprété, donc

mal réalisé.

Concernant l’aspect plus comportemental,

la compétence la plus évoquée est

l’empathie. En e!et, le fait de pouvoir se

mettre à la place d’un utilisateur, pouvoir

comprendre ses attentes et ses besoins

est essentiel dans le métier d’UX

designer. Selon Caroline Bedaux, “C’est la

qualité absolue à avoir pour être capable

de se mettre à la place de di!érents types

d’utilisateurs, tout en switchant de l’un à

l’autre“, étant donné que nous travaillons

régulièrement pour plusieurs typologies

de clients.

Ensuite, vient la curiosité, étant donné

l’augmentation perpétuelle du nombre

d’interfaces, il faut savoir regarder ce qui

nous entoure, être à l’écoute, faire

beaucoup de veille et s’intéresser à

énormément de sujets pour être à jour sur

tout ce qui se passe. De plus, les humains

ainsi que leurs usages évoluent sans

cesse, seule une curiosité naturelle

permet une veille constante.

Puis nous avons régulièrement entendu

parler de rigueur, mais également de la

capacité à se remettre en question.

Comme nous le disait Matthieu Grosselin,

“il faut savoir prendre du recul et

accepter les critiques constructives.” En

e!et, un UX designer va être challengé

quotidiennement sur ses idées, ses

créations. Il faut être en capacité de

repenser et de refaire, peut-être des

centaines de fois, la solution à un

problème, en le retournant dans tous les

sens. Cela implique donc d’être patient et

très rigoureux.

Un UX designer doit aussi savoir

communiquer, pour deux raisons

principales. D’une part avec les

utilisateurs, que ce soit pendant les

périodes de recherche, où il doit savoir

poser les bonnes questions mais

également les formuler correctement,

mais également dans ses visuels, où il

doit savoir choisir les bons mots pour

s’adresser aux personnes qu’il a

auparavant rencontrées. D’autre part

avec ses collègues : ce métier est

principalement constitué d’échanges

avec la technique, le marketing ou encore

la partie métier. Il faut savoir traduire les

discours des uns et des autres afin de

communiquer les bons messages et

comprendre les enjeux de chacun.

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Discutons UX • Mesurer • Page 27

« Je dirais aussi qu’il faut être curieux mais il faut être sensible aussi. Il faut avoir une certaine sensibilité dans le sens où il faut comprendre les gens, leur ressenti, leurs émotions. Il faut aussi avoir envie de donner ou de créer des émotions aux gens, de leur simplifier la vie, pour moi il faut aimer les gens »

Nous n’avons pas abordé la question du

développement web dans les

compétences techniques; il est vrai que

c’est toujours un plus de savoir intégrer

ses propres maquettes, mais il n’est pas

indispensable de savoir développer un

site internet pour devenir UX designer.

Avoir une vision globale du métier de

développeur web, essayer de

comprendre leurs problématiques, savoir

globalement ce qui est réalisable ou non

permettra de rester dans la réalité, sans

avoir les compétences techniques pour

produire.

UX/UI designer dans une ESN

Nous terminerons avec la créativité, qui

est une compétence essentielle pour

exercer ce métier, l’UX designer doit

savoir innover pour s’adapter aux

changements d’usages des utilisateurs,

être audacieux et parfois sortir du cadre

des bonnes pratiques pour améliorer le

confort de l’utilisateur.

Hard-skills

Formation

Soft-skills ExpérienceUX

Méthodologies UX

Ergonomie

Science cognitive

Compréhension technique

Processus itératif

Visual design

Notions

marketing

Architecture de l’information

Communication

équipe

Management

Communication

client & utilisateur

Evangelisation

Empathie

Rigueur Écoute

Neutralité

Curiosité

Créativité

Remise en question

Esprit d’analyse

Esprit de synthèse

Recul

Logiciels PAO

Sketching

PrototypageRetranscription du profil d’UX

designer « idéal » perçu par

les professionnels

interviewés

Importance de chaque composantes d’unprofil UX

Profil d’UX designer

Hard-skills

Expérience

Formation

Soft-skills

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Discutons UX • Mesurer • Page 28

« Ça n’arrive quasiment jamais que l’on trouve la solution du premier coup, il faut toujours refaire, et refaire, et refaire… » 

Tristan Charvillat, Head of UX Design - BlaBlaCar

Notre point de vue en corrélation avec

l’analyse des di!érentes visions des

professionnels interviewés nous porte à

croire qu’il n’existe pas, parmi la

multitude de méthodes et d’outils

disponibles à ce jour, la combinaison

parfaite qui sied à tous les projets. La clé

réside dans le choix et l’adaptation des

divers procédés en fonction du contexte,

et il en va de même pour les

compétences. La liste des compétences

évoquées comme nécessaires pour un

profil d’UX designer n’est pas non plus

obligatoire dans tous les cas pour

exercer, nous pensons seulement que ce

sont les qualités optimales pour ce

métier. De la même manière que pour les

méthodes et outils, les compétences sont

elles aussi à adapter en fonction du

projet, quand certains demanderont une

bonne maîtrise en communication

d’autres s'attarderont plus sur un besoin

de créativité de la part des UX Designers

chargés de la conception.

Réagissez avec les hashtags suivants sur les

réseaux sociaux !

#DiscutonsUX #MaMethodeUX

Et vous ? Quels outils et méthodes utilisez-vous ?

Avez-vous déjà créé votre propre méthode ?

Quelles compétences vous paraissent nécessaires à

l’exercice de ce métier ? Cliquez pour voir le tweet et retweeter !

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Bastien : « Salut ! On a pas encore eu la chance de se rencontrer je crois ? Moi c’est Bastien. Je suis ergo en chef de l’équipe de CCU. »

Ulrick : « Hello Bastien, moi c’est Ulrick. Je suis arrivé hier en renfort UX de manière générale. Et super, je vais travailler avec un pro de l’UI alors ! »

Bastien : « Oui, enfin UX, UI, ergonomie… Finalement c’est un peu la même chose. »

Ulrick : « Mhhh… Excuse moi mais je ne comprends pas vraiment… »

Bastien : « Aujourd’hui on me décrit comme “UX spécialisé Ergonomie”, hier c’était “Ergonome Interaction Homme / Machine”. Tout ça ce n’est qu’une étiquette pour faire joli. L’UX design c’est qu’un nouveau mot pour dire ergo mon petit bonhomme ! »

Ulrick : « Je crois voir ce que tu veux dire oui… »

Bastien : « Tu as pu rencontrer le reste des équipes ? Autant les UX que les DA et l’équipe de développement ? »

Ulrick : « Pas pour le moment mais j’imagine les croiser rapidement étant donné que l’on va rapidement collaborer ensemble sur un projet. »

Bastien : « Pas forcément tu sais… Du moins les développeurs sont à l’autre bout du bâtiment, on fait quasiment tout par mail et on ne s’en porte pas moins bien ! »

Les disciplines et expertises

Mercredi 13 février 2019 - midi - Réunion interne lancement projet

Discutons UX • Mesurer • Page 29

Qui ou qu’y avait-il avant l’apparition du terme “UX design” ? Est-ce un métier qui a toujours existé ? Peut-on parler d’évolution de l’ergonomie au vu de la variété des domaines mis en jeu par l’UX ? Finalement, et compte tenu de toutes les compétences à savoir maîtriser, est-il possible pour une seule personne de gérer l'expérience utilisateur d’une marque ?

La naissance du terme “user experience”, suite à la publication de Donald Norman sur le sujet de la conception, amène à un questionnement sur son apparition. « L’expérience utilisateur englobe tous les aspects de l’interaction de l’utilisateur final avec l’entreprise, ses services et ses produits » - Donald Norman. L’auteur met ici un mot sur le design et l’amélioration des interactions entre utilisateurs et produit, qui ont pourtant toujours existé. Il vient étendre le champ de l’utilisabilité, et couvre alors l’ensemble de l’expérience d’un utilisateur avec un produit ou un service. Les interactions étant la base de toute expérience, il est évident que certaines personnes étaient déjà en charge d’imaginer le produit dans son ensemble avant l’apparition de ce terme; et par conséquent de penser chacune des interactions avec les utilisateurs. Une tâche longtemps associée à des profils de chefs de projets dans des structures modestes et à des profils plus spécifiques à la conception tels que ergonomes ou spécialistes des interactions Homme/Machine dans des structures aux moyens

plus conséquents. On parlait alors de conception, d’ergonomie, d’interaction homme machine, il s’agit en réalité des prémices du design d’expérience utilisateur. Mais alors, qu’est-ce qui a changé depuis l’apparition de ce fameux terme ?

La première di!érence notable réside dans la démocratisation du recrutement de profils dédiés à la conception de produit ou de service, qui viendront penser l'expérience globale de celui-ci et pas seulement son interface. On trouve une autre di!érence dans l’accentuation de la démarche de réflexion et de conception centrée utilisateur tout au long d’un projet, quelque chose de très rare voire inexistant auparavant dans le monde de l’entreprise. Donald Norman a alors élargi une notion qu’on appelait utilisabilité, qui nous sert encore aujourd’hui, à une vision globale et surtout émotionnelle des interactions tout au long d’un parcours entre l’utilisateur et un produit ou service.

Un long chemin a été parcouru depuis, dans la culture anglo-saxonne d’où le terme tire son origine mais aussi en France où, malgré son côté plus récent, le design d’expérience utilisateur est désormais reconnu et recherché par la majorité des entreprises. L’absence de formation spécialisée en UX design il y a encore quelques années, corrélée au nombre croissant de professionnels seniors en UX nous indique qu’une

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profils d’UX designers ont tendance à réfléchir di!éremment, même s’ils ont connaissance de ces bonnes pratiques, ils vont parfois être amenés à transgresser quelques règles pour concevoir des expériences plus intéressantes.

Dans une de ses conférences, Carine Lallemand nous présente PhotoBox, une slow technologie qui a pour but de redonner du sens aux photos numériques. Cette boîte imprime de temps en temps un polaroïd, l’utilisateur n’a aucun contrôle sur le temps d’attente avant d’en trouver un, c’est complètement

profils d’UX designers ont tendance à réfléchir di!éremment, même s’ils ont connaissance de ces bonnes pratiques, ils vont parfois être amenés à transgresser quelques règles pour concevoir des expériences plus intéressantes.

Dans une de ses conférences, Carine Lallemand nous présente PhotoBox, une slow technologie qui a pour but de redonner du sens aux photos numériques. Cette boîte imprime de temps en temps un polaroïd, l’utilisateur n’a aucun contrôle sur le temps d’attente avant d’en trouver un, c’est complètement

aléatoire. Les premiers jours, l’attente est très frustrante car l’utilisateur va être très impatient d’y trouver une photo, et va ouvrir cette boîte toutes les 5 minutes. Mais plus le temps passe et moins l’utilisateur va y penser, sauf un jour par hasard, il va rouvrir cette boîte pour voir si elle fonctionne vraiment et il y trouvera une photo. Cela va redonner du sens à cette photo et au moment qu’elle représentera : elle rappelera un souvenir aléatoire que l’utilisateur n’aura pas contrôlé. Cette boîte va donc venir créer une expérience mémorable, mais en transgressant un des principaux critères de l’ergonomie : le contrôle utilisateur.

aléatoire. Les premiers jours, l’attente est très frustrante car l’utilisateur va être très impatient d’y trouver une photo, et va ouvrir cette boîte toutes les 5 minutes. Mais plus le temps passe et moins l’utilisateur va y penser, sauf un jour par hasard, il va rouvrir cette boîte pour voir si elle fonctionne vraiment et il y trouvera une photo. Cela va redonner du sens à cette photo et au moment qu’elle représentera : elle rappelera un souvenir aléatoire que l’utilisateur n’aura pas contrôlé. Cette boîte va donc venir créer une expérience mémorable, mais en transgressant un des principaux critères de l’ergonomie : le contrôle utilisateur.

grande partie des UX designers français en activité sont issus d’une formation distincte (en ergonomie, graphisme, info-com, webdesign,etc.) suivi d’une reconversion ou d’une spécialisation professionnelle. Il s’agirait donc d’ergonomes, d’ingénieurs IHM ou encore de webdesigners, professionnels alors déjà bien ancrés dans la conception d’interface ou du moins dans la production d’éléments visuels visant à formaliser une réflexion métier. Ces di!érents profils se sont donc reconvertis ou spécialisés suite à la démocratisation du design d’expérience afin d’adapter leurs profils à la popularisation du terme d’UX design.

Depuis l’arrivée des nombreuses formations à l’UX design dont nous parlions plus tôt, ces di!érents professionnels se retrouvent face à une nouvelle vague de designers formés à l’UX design de manière générale, et non spécifiquement à une branche du domaine comme la psychologie cognitive, l’ergonomie ou le web design. Cela représente non seulement une concurrence pour le recrutement, mais également un écart considérable dans les façons de penser, dans les états d’esprit. En e!et, un nouveau profil formé à l’UX en général sera sensibilisé à plusieurs sous-domaines, mais sans les avoir étudiés en profondeur, tandis qu’un profil senior spécialisé dans un de ces sous-domaines gardera toujours un point de vue d’expert, et regardera l’UX d’un

angle spécifique. Sa réflexion pourrait potentiellement être biaisée par sa connaissance profonde d’un domaine tel que l’ergonomie.

Le domaine de l’ergonomie en particulier est très important car il regroupe énormément de bonnes pratiques auxquelles les ergonomes sont attachés et sur lesquelles ils se basent pour e!ectuer leur travail. Leurs connaissances sont fondées sur un ensemble de lois et de théories di"cilement réfutables. Or les nouveaux

« Pour moi le métier d’UX designer a

toujours existé. On raccroche ça à

internet, au digital, mais ça a toujours

existé dans tous les domaines. [...] Il n’y

avait pas le nom, mais il y avait la logique

et le besoin de comprendre et d’analyser

tout ça. »Benjamin Surkus, UX designer - Cdiscount

Discutons UX • Mesurer • Page 30

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Discutons UX • Mesurer • Page 31

“Dans cette boîte, il n’y a aucun contrôle utilisateur, et c’est même ça qui fait l’expérience” souligne Carine Lallemand, c’est un exemple parmi tant d’autres qui prouve que l’UX di!ère de l’ergonomie, par sa spécificité de sortir des principes pour aller chercher l’expérience di!érenciante. Les UX designers troquent alors la rigueur appliquée aux grands concepts au profit davantage de créativité dans la conception, mais au risque de s’éloigner des usages maîtrisés par le plus grand nombre d’utilisateurs. Lorsque l’ergonome tend à capitaliser sur l’existant, acquis par l’utilisateur lambda au fil des ans, alors l’UX sera plus créatif et s’interrogera sur de nouveaux usages et concepts pour faire évoluer les usages des utilisateurs. Ces deux idéologies distinctes peuvent être l’une comme l’autre approuvées, à partir du moment où elles sont guidées par les instructions recueillies sur le terrain en écoutant et en analysant les utilisateurs pour adapter au mieux la réalisation finale.

Nous avons abordé le fait que les tâches associées à de la conception étaient initialement assignées à des profils de chefs de projet, d’ergonomes, de spécialistes Interaction Homme/Machine, etc. Un seul profil se rapproche réellement de ce que deviendra l’UX Design par la suite : l’ergonome.

Pour commencer, l’enseignement à l’ergonomie comprenait déjà depuis longtemps des notions de conception par cycle itératif, principe extrêmement répandu dans la pratique de l’UX pour analyser un besoin, produire en fonction de ce dernier, tester la production et être capable de rapidement ajuster le tout en réitérant le processus. Comme nous le précisait un consultant dans une ESN, “quand je ressors mes cours d’il y a 15 ans, on était déjà dans des cycles itératifs, c’est-à-dire qu’on produit quelque chose, on fait des tests utilisateurs, on prend du retour utilisateur et on est sur un cycle itératif.” Aussi,

l’autre point similaire notable se trouve dans l’enseignement de la conception centrée utilisateur, le crédo revendiqué par ces experts est “créer quelque chose d’utile et d’utilisable”. Ici, le mot “utilisable” renvoie à l’expertise relative aux interactions, grâce aux bonnes pratiques ou grands principes, qui rendront une interface intuitive pour tous. Le mot “utile” quant à lui, nous renvoie sur le principe de conception centrée utilisateur car il induit l’importance de répondre à un besoin : utile pour qui ? pour quoi ? pour répondre à un besoin utilisateur.

C’est sur ces principes de base d’ergonomie qu’est venu se forger le métier d’UX designer, en y ajoutant ses propres frameworks, méthodes et outils qui l’ont alors mis en lumière, et fait de ce terme une tendance. Les ergonomes curieux de cette déclinaison de leur métier l’ont alors fait évoluer en la confrontant à leur expertise, qui semble maintenant relayée au second plan, faisant partie du vaste domaine qu’est l’UX design. Ce domaine s’est alors structuré petit à petit, suite à la convergence des di!érentes visions de professionnels (chefs de projet, ergonomes, ingénieurs IHM, webdesigners, etc.) ce qui le rend à la fois très étendu, mais surtout multidisciplinaire. Cela engendre alors une multitude de possibilités dans le métier d’UX designer, d’où la disparité de définitions ou de périmètres envisageables dans l’UX design.

À la distinction entre ergonomes “historiques” et UX Designers, vient s’ajouter une dimension générationnelle. Une sorte de décalage générationnel divise les deux parties dans leurs usages professionnels ainsi que dans leur façon de penser. Nous parlons ici de la génération née pendant ou après l’explosion de la bulle internet, ayant toujours vécu au coeur du numérique, une communauté habilement décrite et nommée “Petite poucette” par Michel Serres, philosophe et historien des sciences, dans son livre éponyme.

Comparatif entre les profils d’ancien expert de conceptionreconvertis en UX designer et les nouveaux profils.

Profils « historiques » vs « récents »

newUXoldUX vs

Grand respect des bonnes

pratiques et principes

théoriques

Forte expertise dans un

domaine, profil type

spécialiste

Vision orientée,

potentiellement biaisée

Objectif : poste à atteindre

Laisse plus de place à la

créativité, crée de nouveaux

usages

Profil type généraliste,

expertise correcte dans

l’ensemble des domaines

Vision générale, peut

manquer de profondeur

Objectif : compétences à

acquérir

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Discutons UX • Mesurer • Page 32

Lorsque les professionnels “historiques”

ont un domaine de prédilection et

estiment en majorité que l’UX n’est qu’une

adaptation de leurs précédents métiers,

alors la génération de Petite Poucette

décrite par Michel Serres voit l’UX comme

une expertise nouvelle et dissociable des

autres domaines desquels elle tire son

origine. C’est cette même génération qui

cumule les formations et expertises,

s’intéresse à tout plus qu’elle ne cherche

à se spécialiser vraiment; ce qui est

notamment dû à l’évolution de la

« Pour un UX Designer la créativité c’est important, après l’ergonome lui aime bien capitaliser sur des connaissances existantes. Il peut paraître old-school à se dire : ça ça marche, l’utilisateur a l’habitude de faire ça comme ça donc je capitalise sur les acquis et il y a moins d’apprentissage donc ça va optimiser l’appréhension du service. Mais la contrepartie c’est qu’il ne propose pas d’expérience innovante ou nouvelle, c’est donc une vraie qualité en tant qu’UX de pouvoir créer ce plus, se distinguer. »

Consultant en applications métier dans une ESN

consommation de l’information à l’ère

numérique. Il est anormal aujourd’hui,

aux yeux de Petite Poucette, de ne pas

être cognitivement actif sur quelque

chose, son esprit volatile passe d’un sujet

à l’autre avec, comme seul fil conducteur :

la curiosité. Il est désormais di!cile

d'intéresser un étudiant sur un sujet ou

un domaine précis sur une longue durée

de la même façon qu’on pouvait le faire

quelques années plus tôt. Cet état de fait

appliqué aux étudiants en formation pour

devenir designers de l’expérience

utilisateur, mène à voir l’UX tel un

ensemble de domaines liés à l’utilisateur,

où il faut posséder un maximum de

compétences di"érentes afin d’avoir la

vision la plus périphérique possible. Il

faut désormais se concentrer

principalement sur l’acquisition de

compétences, qui rendra un designer

plus employable, et non pas sur un

diplôme à obtenir ou un poste à viser.

Petite Poucette accumule alors les

formations, diplômes et expériences afin

de capitaliser sur un ensemble de

compétences qui augmentera

continuellement ses qualifications. A

l’image de l’UX, même si ce chemin peut

sembler brouillon et indirect pour arriver

à son objectif, c’est aujourd’hui de cette

manière que l’on peut aborder di"érents

sujets au sein d’un projet. Avec une

expérience pluri-disciplinaire, le nuage

de compétences sera d’autant plus

intéressant afin d’améliorer l’expérience

utilisateur d’un produit ou d’un service.

Nous avons donc d’un côté des

professionnels expérimentés ayant une

expertise forte dans un domaine, qui

cherchent désormais à étendre leur

expertise à l’ensemble des domaines que

peut comprendre l’UX Design. De l’autre,

des jeunes professionnels en devenir

sont formés à cette ensemble de

disciplines de façon égale. L’un peut

manquer de multi-disciplinarité, l’autre de

profondeur sur certains sujets où une

connaissance superficielle ne su!rait

pas. Face à la diversité de connaissances

utilisées dans l’UX design, il est légitime

de se demander si l’ensemble de ces

compétences est maîtrisable par une

seule personne. Si non, à partir de quel

moment peut-on se considérer comme UX

designer ?

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Discutons UX • Mesurer • Page 33

« Tout n’intéresse pas tout le monde non plus, c’est bien de savoir ce qu’on veut faire. Ca ne sert à rien de chercher à savoir tout faire. »

UX designer dans une ESN

La principale recommandation des

professionnels que nous avons

interviewés est de se sensibiliser et de

s’informer sur l’ensemble de ces

domaines, sans pour autant vouloir tout

réussir soi-même. Il faut réussir à

appréhender chaque sujet, sans

forcément le creuser pour en devenir un

expert, afin d’avoir une vision globale du

projet et de ses enjeux.

L’UX design est constitué de trop de

disciplines pour pouvoir devenir expert

de chacune d’entre elles. Le métier d’UX

designer reste un travail de collaboration,

où plusieurs points de vue sont

nécessaires pour faire avancer un projet.

Les profils “T-shape” reviennent

régulièrement dans les discussions que

nous avons eues, ceux qui ont une palette

de connaissances cross-fonctionnelles

(barre horizontale du T), tout en étant

spécialisés dans un domaine en

particulier (barre verticale du T). L’idée

d’avoir un tronc solide avec de

nombreuses compétences gravitant

autour semble le profil idéal à intégrer

dans une équipe, disposant déjà de

plusieurs spécialisations. Ce concept

vient lier les deux profils dressés

précédemment, l’ergonome possède déjà

son expertise avancée dans un domaine,

qui lui servira de tronc commun pour

venir y ajouter autour les compétences

manquantes. Le profil formé en UX doit

choisir un ou plusieurs sous-domaines à

approfondir pour structurer ses

connaissances et ne pas se perdre dans

la vaste base de connaissances acquises

jusque là. Un choix souvent naturel par

a!nité sur un domaine pour épouser le

concept de “T-shape” ou sur plusieurs

domaines pour se rapprocher du concept

de “M-shape” du profil multi-disciplinaire.

Et vous ? D’où pensez-vous que vient réellement le

métier d’UX designer ? Quelle est votre spécialité ?

Réagissez avec les hashtags suivants sur les réseaux sociaux !

#DiscutonsUX #MonExperienceUX

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Bastien : « Petite annonce ! J’ai eu le go du directeur : il est prêt à recruter quelqu’un

dans le pôle UX, il n’attend plus que nos recommandations pour le type de profil. »

Lucie : « Un spécialiste ! Un spécialiste en UX research par exemple, ce serait top. »

Ulrick : « Mmmmh je sais pas, moi j’aurais plus vu un généraliste. Il pourrait nous aider

globalement à toutes les étapes du projet. »

Bastien : « Mais de toute façon ça n’existe pas ça, les spécialistes, les généralistes. Tout

le monde a des affinités. On est tous des spécialistes et des généralistes… »

Le débat de la spécialisationVendredi 24 mai 2019 - Afterwork

Discutons UX • Mesurer • Page 34

L’aspect multidisciplinaire de l’UX design

nous amène à nous demander si ce

domaine ne pourrait pas être divisé en

sous-catégories. Les anglo-saxons

commencent à se spécialiser dans la

recherche utilisateur, la conception de

service ou encore les tests utilisateurs. Ce

métier évolue donc rapidement et ouvre

un débat : faut-il se former pour devenir

généraliste ou spécialiste ? Pour

commencer, tentons de définir ce qu’est

communément appelé un généraliste et

un spécialiste.

Un profil généraliste de l’UX représente

un professionnel cherchant à avoir une

expertise égale dans tous les sous-

domaines que comprend l’UX Design (en

recherche utilisateur, design

d’interaction, stratégie de contenu,

architecture de l’information, ergonomie,

design visuel ou encore développement

front-end). Ce professionnel cherche alors

à avoir des compétences cross-

fonctionnelles, à toucher à tout sans avoir

de domaine d’expertise, mais peut tout

de même avoir des a!nités avec certains

domaines.

A son opposé, le spécialiste UX dispose

d’une expertise avancée dans un de ces

sous-domaines et se concentre dans son

travail quotidien sur un secteur en

particulier et développe ainsi de

nombreuses compétences qui lui sont

associées. Un spécialiste peut alors

facilement devenir un expert de son sujet.

« Je me sens généraliste, du fait que je fais plein de choses différentes, de faire de l’UI, de faire de l’UX, […] Et puis je fais des réseaux sociaux, de la communication. Je fais un petit peu de tout, mais je ne suis pas experte en quelque chose. »

UX/UI designer dans une ESN

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une discipline avec laquelle il a des

a!nités, que pour un spécialiste de

devenir généraliste, qui devra se plonger

dans tout un tas de disciplines en

parallèle, quand il manque souvent

d’expérience dans plusieurs de ces

domaines. Ces démarches de

généralisation ou de spécialisation ne

sont pas toujours évidentes, mais elles

doivent surtout être réfléchies en amont

car chaque profil comporte son lot

d’avantages et d’inconvénients.

Le spécialiste excelle dans un domaine,

le recruter signifie qu’il apportera de

meilleurs résultats dans son expertise

qu’un généraliste. La pratique récurrente

d’une partie de l’UX amène,

mécaniquement, à une amélioration et

Aux premiers abords il est plus simple, en

France, de rencontrer des profils

généralistes, pratiquant diverses

disciplines de l’UX sans avoir de domaine

d’expertise en particulier. Cette réalité

vient du fait que les entreprises sont

généralement plus aptes à recruter ce

type de profil, les professionnels

s’adaptent donc aux o"res d’emploi. Les

petites structures n’ayant pas les moyens

pour recruter plusieurs profils spécialisés

recherchent alors des profils pouvant

prendre en main plusieurs sujets. Comme

nous l’avons évoqué plus tôt, il s’agit

souvent du très répandu UX/UI designer,

qui devra en plus de se charger de la

partie UX, s’occuper de la partie visuelle

et parfois même du développement front-

end de ses maquettes.

Les spécialistes semblent donc à

première vue incompatibles avec les

petites structures, mais pourtant la

majorité des UX designers en activité

sont issus de la précédente génération

de professionnels de la conception, donc

spécialisés dans un domaine en

particulier, que ce soit dans la

psychologie, l’ergonomie ou l’ingénierie.

Afin de s’adapter aux divers besoins des

entreprises, ces professionnels ont dû

élargir leur palette de connaissances

pour tendre vers des profils plus

généralistes. Cela paraît un peu injuste,

vis à vis des profils d’UX designers juniors

qui sont eux, déjà formés pour être

généralistes. Il paraît bien plus simple

pour un généraliste de se spécialiser

dans le futur, en choisissant de creuser

donc à de meilleures performances. Mais

ce n’est pas valable que pour l’UX, comme

nous le démontre Jakob Nielsen dans sa

courte vidéo métaphorique The UX

Unicorn Myth, cela fonctionne également

avec les performances sportives.

Un médaillé olympique dans une

discipline, le lancer de javelot par

exemple, sera toujours meilleur dans son

sport qu’un médaillé olympique en

décathlon. En revanche, l’expert en lancer

de javelot sera nettement moins bon que

le médaillé en décathlon dans toutes les

« Je fais la distinction entre UX research et UX design, parce que je suis venu de la recherche, et c’est surtout cette partie là qui m’intéresse le plus [...] au niveau des compétences je suis assez spécialisé, si on peut appeler ça comme ça, je ne suis pas encore un expert, mais j’ai un spectre de compétences assez faible »

UX designer dans une ESN

Discutons UX • Mesurer • Page 35

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Discutons UX • Mesurer • Page 36

autres disciplines. La connaissance transversale d’un généraliste lui permet de communiquer avec n’importe quel autre membre d’une équipe, sur n’importe quel sujet. Mais le domaine de l’UX est tellement large qu’il est légitime de s’interroger sur la potentielle obligation de se spécialiser à un moment ou à un autre, étant donné la complexité de maîtriser l’ensemble des domaines. De ce fait, l’UX designer se concentrera naturellement sur quelques unes de ces disciplines, et créera ainsi ses propres forces, sans pour autant négliger les autres.

Afin d’atteindre un niveau d’expertise dans plusieurs domaines, il faudra alors opter pour plusieurs profils de spécialistes, qui se complèteront en travaillant en collaboration. On parlera alors d'interdisciplinarité plutôt que de multidisciplinarité.

Même si cette solution paraît idéale, elle n’est pas parfaite pour autant. Un UX designer a besoin d’être à minima sensibilisé sur chacune des disciplines afin d’avoir des compétences transversales. Chaque profil se doit d’avoir une base de connaissances minimales afin de bien collaborer avec

ses collègues et de ne pas avoir une vision potentiellement biaisée, favorisant son domaine de spécialisation plus qu’un autre. Enfin, la promesse de meilleures performances grâce à un spécialiste sera attendue, mais elle n’en reste pas moins théorique. Prenons l’exemple des tests utilisateurs : y-a-t’il des niveaux d’expertises pour analyser la façon dont un utilisateur utilise une interface ? Certes, cela demande des notions et de la pratique afin d’être correctement exécuté, mais cela ne demande pas d’expertise particulière pour autant. En revanche, la spécialisation peut s’appliquer à certains domaines, telle que la recherche

utilisateur, où l’art de savoir poser des questions et d’instaurer une conversation relève d’une spécialisation, mais la question se pose en fonction des domaines.

En ce qui concerne la collaboration au sein d’une équipe dédiée à l’UX design, les profils généralistes semblent optimaux car ils permettent de multiplier les points de vue de professionnels cross-fonctionnels. En e!et, contrairement à une collaboration entre spécialistes, où chaque sujet sera dirigé par l’avis d’une seule et unique personne, les généralistes pourront challenger leurs hypothèses et ainsi rendre plus solides leurs idées de conception. Adopter un système de pôle UX constitué uniquement de spécialistes peut aussi provoquer la création de barrières entre chaque collaborateur. En e!et, si chaque collaborateur possède sa tâche précise et n’a plus besoin de consulter une tierce personne pour avoir son avis, alors le groupe tend vers des isolements de chaque expertise à l’intérieur d’un pôle UX initialement censé être axé sur la collaboration entre experts. C’est lorsque la communication disparaît entre chaque étape ou méthode que l’on perd la continuité logique du processus de conception. Il faudra alors à minima recruter un profil généraliste, qui viendra manager l’équipe afin de faire converger les di!érentes visions et qui aidera à garder une cohérence entre les di!érentes étapes du projet.

Variétés de profils possibles pour un UX designer,définis par leurs expertises dans les divers sous-domaines du métier

Modèles de profils d’UX designer

Profil« I-Shape »

Expertise avancéedans un domaine

précis

Profil« T-Shape »

Expertise avancéedans un domaine et

connaissance dans d’autre domaines transverses

Profil« M-Shape »

Expertise avancéedans différents domaines

Recherche Interaction

Product designer

Interaction designer

UX designer

Userresearcher

Usabilityexpert

Productanalyst

Copywriter

Editor

Content manager

Brandstrategist

UI designer

Communication designer

Visualdesigner

Art director / identity

designer

Software developer

Front-end developer

Back-end developer

Mobile developer

Contenu Visuel Dév

Recherche Interaction Contenu Visuel Dév

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Discutons UX • Mesurer • Page 37

« Je peux me retrouver en disant que ma spécialité c’est la research mais par contre mon rôle c’est UX, donc c’est d’encadrer toutes les autres spécialités. Dans mon équipe il y a des gens qui sont bien meilleurs que moi sur toutes les spécialités. Mon rôle c’est juste d’aider tout le monde à aller dans la même direction, de les challenger, mais pas de produire ce qu’ils font et que je ne suis pas capable de faire. »

Tristan Charvillat, Head of UX Design - BlaBlaCar

Cliquez pour voir le tweet et retweeter !

Le débat est fastidieux et peut être sans

fin tant les deux positions se défendent.

La réalité du marché laisse entendre qu’il

existe un besoin et une demande tant

pour les profils généralistes que

spécialistes, en fonction des structures

de chaque entreprise. S’il y a un véritable

besoin ainsi que des ressources à allouer

à l’UX, il semble intéressant d’imaginer

une collaboration entre profils

généralistes et spécialistes. Une

association de profils généralistes

chacun orienté vers un sous-domaine

di!érent peut être tout à fait cohérente

afin d’élever le niveau des discussions et

des débats, mais l’idée qu’un profil

généraliste vienne encadrer un groupe

de spécialistes et ainsi harmoniser

l’ensemble des productions avec un

regard externe et global, n’est pas à

exclure non plus. Beaucoup de choses

sont possibles, mais on tend à

recommander aux futurs UX designers de

se créer un profil en T, comme nous

l’avons évoqué précédemment. Il faut

essayer d’avoir une large palette de

compétences, et de creuser un à un, les

sous domaines de l’UX afin de trouver

celui avec lequel on aura le plus

d’a"nités. Autrement dit, il faut être non

seulement expert mais également

curieux. En aucun cas il ne faut se forcer

à tout apprendre en même temps, il faut

se créer ses propres forces, pour ensuite

améliorer ses faiblesses.

Et vous ? Vous sentez-vous

plutôt généraliste ou

spécialiste ? Pensez-vous que

ce débat a lieu d’être ?

Réagissez avec les hashtags

suivants sur les

réseaux sociaux !

#DiscutonsUX #MonChoixUX

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construire

3

« Rien ne va de soi. Rien n'est donné. Tout est construit. » • Gaston Bachelard

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Recruteur : « Il me semble qu’on a abordé tous les sujets importants désormais, vous rencontrerez l’équipe complète du pôle UX à votre entrée en poste lundi matin. Si vous avez une question n’hésitez pas. »

Ulrick : « Tout a été clair de mon coté. J’ai hâte de découvrir l’équipe. »

Recruteur : « C’est vous le chef maintenant, guidez-nous au sommet. »

Ulrick : « Ahah, je ferai de mon mieux pour ça. »

Recruteur : « Et bien ce fut un plaisir, à lundi Ulrick ! »

Ulrick : « Encore merci et à lundi oui. »

Jeudi 12 décembre 2022 - Nouvelle entreprise pour Ulrick, poste de Lead UX

Discutons UX • Construire • Page 39

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Discutons UX • Construire • Page 40

Ulrick : “Bonjour à tous.”

*Toute l’équipe* : « Bonjour ! »

Ulrick : « On s’est déjà croisé auparavant pour certains lors de mes entretiens, c’est un

plaisir d’intégrer votre équipe de spécialistes. J’ai été informé de la structure actuelle du

pôle, j’essaierai de m’adapter au mieux, au vu de vos différentes expertises. »

Julia : « On a confiance ! Tu as de l’expérience. »

Ulrick : « De l’expérience oui, mais chaque structure est différente, il faut savoir

s’adapter. Toutes les structures ne sont pas optimales pour les mêmes équipes, je

tâcherai de trouver le meilleur fonctionnement pour nous tous ! »

L’équipe optimale

Lundi 16 décembre 2022 - Première réunion du pôle UX

Avant l’arrivée de l’UX Design, les acteurs

de la réflexion et de la conception

d’interfaces étaient regroupés dans un

pôle à part entière, souvent appelé

“webdesign”, dans le cas des grandes

structures. Cela peut encore être le cas

aujourd’hui dans certaines entreprises.

Dans les plus petites structures les

acteurs dédiés à cette tâche étaient

identifiés, mais sans faire partie d’un pôle

à part entière, ils collaboraient avec

l’ensemble de l’équipe projet. La

démocratisation de l’UX est venue

bousculer ce genre de structures. Avec

l’arrivée de la conception centrée

utilisateur, l’UX designer a besoin d’être

continuellement en contact avec tous les

membres de l’équipe projet, qu’ils soient

des profils techniques, commerciaux,

marketing, métiers ou encore artistiques.

En e!et, un des objectifs dont nous

parlions plus tôt est de sensibiliser

l’ensemble de ces acteurs à la conception

centrée utilisateur, afin de les impliquer

davantage. Il peut être di"cile pour une

entreprise de s’adapter à ces

changements, notamment lorsqu’il s’agit

de décloisonner chaque entité afin de

créer des équipes projets cross-

fonctionnelles. Aussi, pour appliquer un

processus de conception centrée

utilisateur, l’UX designer doit réussir à

« Il y a ici une quinzaine

de personnes, des UX des

UI et des développeurs

front-end. […] On

retrouve plus souvent

des UX/UI ou des UI/

Front-end. »UX/UI designer dans une ESN

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Discutons UX • Comprendre • Page 41

« J’essaie de porter la voix des sujets UX à un niveau supérieur. Pour faire simple, chacun est dans son projet donc il faut quelqu’un qui soit au dessus des projets pour voir les points communs, pour discuter des priorisations, pour porter une voix de l’UX mais surtout pour aider l’équipe à s’aligner »

Tristan Charvillat, Head of UX Design - BlaBlaCar

faire passer les besoins et avis des

utilisateurs avant les contraintes et même

avant les volontés de ses collaborateurs.

D’où l’intérêt d’impliquer l’ensemble de

l’équipe dans ce processus, afin qu’ils en

comprennent les enjeux et objectifs.

N’oublions pas que sans l’utilisateur, il est

impossible de faire vivre l’entreprise.

Mais qu’en est-il de la composition d’une

équipe de conception en elle-même ?

Concernant les équipes d’UX, notre

analyse précédente nous laisse penser

qu’une équipe optimale serait composée

de plusieurs spécialistes et managée par

un généraliste, afin de challenger les

experts et de faire converger tout le

monde dans la même direction. Cette

possibilité permet d’assurer une qualité

sur chaque point du projet tout en gardant

une vision globale de toutes les

composantes de l’UX et, par conséquent,

une bonne communication interne.

Une alternative envisageable reste, comme

dit précédemment, une équipe composée

de profils plus généralistes qui peuvent

être orientés vers un ou plusieurs sous-

domaine(s) (des profils T ou M-shape

viennent remplacer les I-shape de la

proposition précédente). Cette polyvalence

mêlée à une expertise plus avancée sur

certains sous-domaines permet quant à

elle une meilleure coordination entre les

divers profils. Cela favorisera la

collaboration, le challenge d’idées et par

conséquent l’enrichissement de chacun

ainsi que du projet.

Les plus petites structures ne disposant

pas des ressources nécessaires pour

recruter tous ces profils peuvent opter

pour un profil généraliste, afin de

s’assurer que le candidat sera capable

de réaliser chaque étape du design

d’expérience correctement.

Une chose est sûre, peu importe la taille

de l’entreprise, opter pour un profil garant

de l’expérience utilisateur globale est

essentiel. Qu’il participe ou non à la

production, il assurera la cohérence

globale dans les prises de décisions en

conception.

Nous avons abordé le cas des pôles

composés de divers professionnels de la

conception, mais qu’en est-il des équipes

projets ? Cette nouvelle structure permet

de créer des équipes transverses

pendant une durée limitée et avec un

objectif précis. Une équipe pourra alors

comporter di!érents profils nécessaires

pour atteindre l’objectif fixé, par exemple :

un product manager, un UX designer, un

visual designer et deux développeurs.

Ce fonctionnement, les professionnels

interviewés l’approuvent. La majorité

d’entre eux travaillent déjà sous ce

format, par exemple dans une ESN, le

creative studio est composé de profils

allant d’UX designers à développeurs en

passant par community managers.

Comme nous l’explique un UX designer

de l’ESN : “Ce qui est pas mal sur le pôle

c’est qu’on ne manque pas

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de double compétence donc le transfert

d’informations / la communication se fait

très très bien entre les 3 - 4 personnes

qui vont travailler ensemble sur un projet.

Il y a toujours un moment où tu vas

pouvoir échanger à plusieurs sur un

domaine”. Grâce à la

multidisciplinaritéde cette équipe,

chaque profil est en capacité d’échanger

avec les autres, les enjeux sont alors bien

compris de tous et la communication

interne reste fluide à chaque étape du

projet.

De plus, le nombre réduit de

collaborateurs dans chaque projet

permet un transfert rapide d’informations

et donc une mise en place plus e!cace

par rapport à un fonctionnement en pôle,

où des réunions doivent régulièrement

être organisées afin de mettre tout le

monde dans la boucle. Enfin, une équipe

de taille réduite induit plus de

responsabilités pour chacun, et implique

davantage les collaborateurs dans le

projet, qui seront donc amenés à

échanger leurs di"érents points de vue

sur un même point; cela amènera une

richesse dans la créativité au vu de

l’interdisciplinarité de l’équipe.

Comme pour les outils, méthodes et

compétences, la structure d’une équipe

doit s’adapter aux besoins du projet. En

e"et, une équipe projet de taille réduite

obtiendra des résultats plus rapides,

étant donné qu’il y aura besoin de moins

d’allers-retours entre les collaborateurs,

ainsi qu’une production plus dynamique

grâce à un enchaînement régulier des

cycles itératifs. Une plus grande équipe,

axée principalement sur de la

conception, sera potentiellement plus

lente dans la mise en place et dans le

déroulement du projet, mais sera en

revanche plus pointilleuse et assurera

une qualité plus élevée ainsi qu’une

meilleure créativité dans les échanges et

par conséquent, dans la solution finale. Il

n’y a donc pas un choix plus intelligent

qu’un autre, tout dépend du résultat que

l’on cherche à atteindre. Mais n’oublions

pas qu’une communication interne fluide

est essentielle à la bonne réussite d’un

projet.

« Dans une structure qui le nécessite, je pense que c’est bien d’avoir des gens qui peuvent se focuser sur les interactions, sur la recherche utilisateur d’un côté, et d’autres sur la partie plus visuelle, et garantir la cohérence graphique sur l’ensemble des services etc. »

Matthieu Grosselin, Chief Product Officer chez Giroptic

Discutons UX • Comprendre • Page 42

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Et vous ? Comment votre équipe est-elle structurée ? Pensez-vous qu’il

y ait une équipe optimale ?

Réagissez avec les hashtags suivants sur les réseaux sociaux !

#DiscutonsUX #MaTeamUX

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Discutons UX • Construire • Page 43

Julia : « T’étais à la conférence hier soir sur le circular design ? »

Christophe : « Oui, et franchement c’était top ! Je pense essayer de mettre ça en pratique

dans les semaines qui viennent. »

Ulrick : « Woh woh woh… Le circular design ? C’est quoi encore cette nouvelle

tendance ? »

Christophe : « Je t’enverrai le lien de la conf’ si tu veux ! C’est pas encore la tendance,

mais on va dire qu’on commence à en entendre parler. »

Ulrick : « Il faut vraiment que je trouve le temps d’améliorer ma veille moi, je suis en

retard sur toutes vos spécialisations ! »

L’apprentissage au quotidien

Mardi 7 janvier 2022 - Afterwork

L’UX design est une discipline

nécessitant un apprentissage constant

étant donné la perpétuelle évolution des

usages mais aussi des technologies. L’UX

Designer doit donc adopter une

démarche d’auto-formation et de veille

technologique et sociale afin d’être, lui

aussi, en constante évolution et toujours

informé des nouveautés de chacune des

composantes du métier.

Le domaine de l’UX design ne cesse de

s’élargir depuis sa création; de plus en

plus de méthodes, d’outils, d’études de

cas et autres ressources gravitent autour

de cette discipline. Cela représente une

véritable mine d’or pour tout UX designer

qui sait s’y retrouver, mais il est aussi très

facile de s’y perdre. Rester à jour sur tous

les sujets nécessite un temps

considérable, pour cela on trouve

plusieurs moyens de se mettre à jour :

meet up, conférences, articles, livres,

podcasts, groupes de discussion,

sondages, associations, salons, etc. Mais

la première chose à faire lorsque notre

métier est basé sur les usages des

utilisateurs est de regarder le monde qui

nous entoure.

En e!et, nous sommes quotidiennement

entouré d’utilisateurs, pourquoi ne pas

« Je continue au maximum de faire de la veille, de me tenir informé de façon un peu “passive”, c’est-à-dire fouiller un peu, aller voir les différentes sources, parce que c’est super important et on peut vite être dépassé »

Consultant en applications métier dans une ESN

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Discutons UX • Comprendre • Page 44

« Les études ne sont pas quelque chose de primordial en UX [...] C’est plus un état d’esprit et un savoir être, plutôt qu’un savoir tout court »

UX designer dans une ESN

commencer par observer leurs usages ? L’utilisateur lambda, que l’on peut croiser au coin d’une rue, peut se révéler être une source d’information sur un nouvel usage ou une nouvelle tendance. Regarder les comportements humains autour de soi peut devenir un réflexe simple, non chronophage et être un premier pas vers une veille instructive. Il existe de nombreuses possibilités d’enrichissement à tirer de l’analyse des utilisateurs, mais le web l’est tout autant.

La quantité d’informations disponibles et la démocratisation des échanges numériques rendent une grande partie du contenu accessible quasi-instantanément et surtout gratuitement. Les connaissances, analyses et expériences de centaines, voire de milliers de professionnels du milieu sont partagées en ligne très fréquemment. N’importe qui peut venir enrichir son opinion mais également donner son point de vue sur les di!érents questionnements. Il faut savoir faire la part des choses dans ce que l’on trouve, mais il faut dire que l’on retrouve cette problématique pour n’importe quel sujet discutable en ligne. Cette simplicité d’accès facilite grandement la récolte d’informations nécessaires à évoluer dans le métier d’UX designer. Les outils de conception ont eux aussi été pensés pour les besoins de leurs utilisateurs : les UX designers. Les plus récents ont été créés avec une réelle optique de rapidité de prise en main. Une rapide auto-

formation grâce à diverses ressources en ligne (tels que des tutoriels) peut su"r à les appréhender.

Désormais, il en est de même pour les éléments plus théoriques, telles que les méthodes, théories et autres bonnes pratiques dont nous parlions plus tôt. En e!et, beaucoup d’entre elles sont avant tout des formulations théoriques de principes logiques, et de bon sens. Il est très facile de les trouver en ligne, pour quelqu’un qui voudrait se lancer dans l’UX design. Il faut alors s’informer sur un maximum de ces éléments pour y être sensibilisé, et garder dans un coin de sa tête les principes majeurs à appliquer si besoin.

L’UX design est une discipline encore récente, les professionnels qui la structurent ne sont pas issus de formations dédiées. Ce sont leurs di!érentes expériences qui viennent poser les bases, et chaque UX designer, par la suite, peut apporter sa pierre à l’édifice en partageant son expérience. C’est pourquoi ce domaine est très accessible : n’importe qui, disposant des qualités comportementales évoquées précédemment, peut s’auto-former et acquérir un maximum de connaissances sans avoir recours à une formation o"cielle. Certains professionnels que nous avons interviewés a"rment qu’un profil motivé peut être apte à exercer le métier d’UX designer suite à une auto-formation. Ces propos restent tout de même à nuancer afin de ne pas

minimiser l’importance de la théorie et des bonnes pratiques, comme le souligne une UX designer en ESN : “il faut faire un peu d’études pour apprendre la théorie, car il y a des méthodes qui ne viennent pas toutes seules. On peut s’auto-former, être autodidacte, mais c’est bien aussi de les apprendre, de connaître la diversité des méthodes et après, faire de l’alternance pour les appliquer et pour être vraiment dans le monde du travail rapidement.”

L’aspect multidisciplinaire de l’UX demande une veille très généraliste, c’est à dire très étendue car elle recouvre de multiples domaines. L’auto-formation devient alors indispensable dans un domaine en perpétuelle évolution, d’autant plus lorsqu’un profil est amené à se spécialiser, et ainsi à favoriser la pratique d’un sous-domaine plutôt qu’un autre. S’il ne fait pas de veille, un spécialiste peut rapidement s’enfermer dans sa zone de confort et ses tâches quotidiennes. Il devient alors primordial de se tenir au courant, à minima superficiellement, des évolutions des autres sous-domaines.

De plus, un retard de veille s’accumule très vite, on peut facilement passer à côté d’évolutions essentielles du domaine. Par exemple en mettant de côté un article sur un nouveau plug-in pour Sketch. Cela peut passer inaperçu, mais être en réalité une véritable aide pour la réalisation de tâches fastidieuses réalisées jour après jour.

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Discutons UX • Comprendre • Page 45

« Je crois que quand on aime ça (le design), alors naturellement on va télécharger des applications pour voir ce qui se passe dedans, on va s’intéresser à des sujets avec lesquels on est capable de faire des connexions. » 

Tristan Charvillat, Head of UX Design - BlaBlaCar

Plusieurs entreprises semblent avoir

adopté une dynamique de gestion

interne de la veille pour pallier au

problème de temps disponible à l’auto-

formation des professionnels. Les

professionnels d’une ESN nous

évoquaient leur méthode interne nommée

“midis UX” où, une fois par semaine, ils

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réseaux sociaux !

#DiscutonsUX #MaVeilleUX

Et vous ? Pratiquez-vous l’auto-formation ?

Quelles sont vos habitudes de veille ?

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peuvent utiliser leur temps du midi pour

échanger sur un sujet de veille, découvert

par un collaborateur, concernant son

domaine ou un autre qu’il souhaite

partager avec le groupe.

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Christophe : J’en ai ma claque de ce client ! Il pense vraiment tout savoir. Il n’est jamais allé voir ses utilisateurs mais bien sûr il connaît leur fonctionnement par coeur…

Ulrick : Ah, la dure vie d’UX… Faire comprendre à ses clients qu’on travaille non seulement pour eux, mais surtout pour leurs utilisateurs.

Julia : Puis c’est sûr que ce sont pas les utilisateurs qui vont se manifester pour nous défendre ! Quel travail ingrat… (rires)

La vision partagéeVendredi 14 février 2022 - Pause café

Discutons UX • Mesurer • Page 46

L’UX design fait partie de ces métiers

“ingrats” car il nécessite un travail et un

engagement conséquent de la part des

professionnels qui l’exercent, tout en

restant parfaitement invisible aux yeux

de la majorité des utilisateurs finaux. Un

utilisateur prend généralement

conscience de la conception d’une

interface lorsqu’il rencontre un problème

durant son expérience. Dans son ouvrage

Don’t make me think, destiné aux

concepteurs web, Steve Krug exprime

l’idée qu’une expérience optimale est

invisible car elle lisse toute potentielle

zone de conflit pour l’utilisateur, ce qui

ramène au concept de l’utilisabilité. Ainsi,

l’utilisateur ne perçoit pas la conception

de l’interface en elle-même, mais

apprécie seulement le produit ou le

service final. Ce sont alors les potentiels

défauts de conception qui vont venir

briser l’expérience fluide et ainsi réveiller

le mécontentement chez un utilisateur,

qui pourra par la suite l’exprimer de

quelque façon qu’il soit. Cela amène l’UX

designer a être confronté majoritairement

aux critiques négatives des utilisateurs

mécontents, et non aux avis de

l’ensemble des utilisateurs. Il est

important de réussir à quantifier les

proportions de ces deux parties, en

faisant, par exemple, des taux de retours

négatifs sur l’ensemble des utilisations,

afin de mesurer la réussite d’une

conception de produit ou service.

Ce phénomène a été accentué ces

dernières années par la prise de

conscience des consommateurs du

pouvoir qu’ils ont de se faire entendre en

s’exprimant publiquement sur un produit,

un service ou une marque, notamment à

travers les réseaux sociaux. Aujourd’hui,

un utilisateur mécontent n’hésite plus à

« Depuis qu’il y a eu plus de moyens de s’exprimer de la part de la masse, des utilisateurs, ça leur a donné du poids, depuis on les écoute et on les prend en compte. »

Consultant en applications métier dans une ESN

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Discutons UX • Comprendre • Page 47

donner son avis ostensiblement car il

connaît la puissance et l’importance de

l’e-réputation pour une marque.

Il faut néanmoins réussir à voir l’aspect

positif d’un retour négatif dans certains

cas : l’utilisateur suscite un réel intérêt

pour le produit ou le service, il veut

continuer à l’utiliser et par conséquent,

participer à son amélioration. En e!et, un

utilisateur qui ne serait pas attaché à ce

produit ou service ne prendrait même

pas la peine de faire un retour sur

expérience, il passerait simplement son

chemin (pour la majorité).

Ce phénomène est d’autant plus

intéressant car il laisse entendre que les

utilisateurs sont désormais sensibles à

l’importance d’une conception visant à les

satisfaire. Cela est fortement engendré

de par la concurrence sur les marchés

saturés, où les produits et services ne

peuvent plus se di!érencier que par

l’expérience qu’ils procurent. Nous

constatons encore très régulièrement un

flou sur la vision de l’UX design de la part

des entreprises, qui pensent que

l’intégration de cette discipline relève

d’un projet spectaculaire. Afin de corriger

ce problème est apparue la démarche

d’évangélisation de l’UX - UX evangelism

- qui a pour objectif de venir sensibiliser

l’ensemble des collaborateurs et

décideurs d’une entreprise aux bienfaits

d’une conception centrée utilisateur.

L’objectif de ce procédé est d’impliquer

l’ensemble des équipes projets afin qu’ils

comprennent la plus-value qu’apporte

l’UX design, mais aussi de débloquer les

ressources nécessaires à la mise en

place d’un process UX.

Ce procédé est essentiel notamment pour

les entreprises matures, déjà bien

positionnées sur leur marché, qui

pensent ainsi connaître par coeur leurs

utilisateurs et leurs usages. Précisons

tout de même que la connaissance des

entreprises sur leurs utilisateurs

accumulée au fil des années reste très

importante. Comme nous le disions au

début de ce livre, cela doit servir comme

une base à un projet d’UX mais ne doit

pas remplacer la phase de recherche.

Di"cile alors de convaincre les

entreprises de passer du temps, et donc

de dépenser de l’argent, en allant à la

rencontre de leurs clients afin de mieux

les connaître et par conséquent les

comprendre.

Aujourd’hui, certains profils d’UX

designers se spécialisent dans cette

discipline qu’est l’évangelisation de l’UX,

tant la tâche peut s’avérer longue et

complexe dans di!érents contextes. Ces

professionnels s’arment alors d’une

multitude d’exemples et de cas concrets

d’amélioration suite à un passage à une

conception centrée utilisateur, et

viennent aider les entreprises à e!ectuer

cette transition. Les avis sont encore

partagés à ce sujet, selon Tristan

Charvillat de BlaBlaCar, l’UX “c’est un

nouveau point de vue, maintenant c’est

bien entré dans la tête de tout le monde

que ça a de la valeur, donc si tu en

apportes, tu vas te mettre à influencer

très loin”. A contrario, un consultant en

ESN souligne qu’il faut “réussir à

expliquer la plus-value de tout ce travail

qui n’est pas uniquement matériel mais

qui peut avoir beaucoup d’importance”.

Le besoin de sensibilisation dépend de la

maturité de l’entreprise mais également

de sa structure de base.

« Je considère néanmoins que c’est un bon point de départ de recherche que de demander au client car toute information est bonne à prendre. Et il est important que le client ait une place et une voix dans le projet. »

Caroline Bedaux, freelance Product & UX/UI Designer Senior

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Discutons UX • Comprendre • Page 48

Aujourd’hui, la décision d’adopter un

processus de conception centrée

utilisateur représente un choix

stratégique pour une entreprise face à la

concurrence omniprésente dans

beaucoup de marchés. Dans la majorité

des cas, l’expérience se trouve être la

seule arme de valeur dont dispose

l’entreprise afin de se démarquer,

lorsqu’elle ne peut plus jouer sur le prix ou

sur le marketing. Une réalité bien illustrée

par un de nos interviewés, Matthieu

Grosselin de Giroptic : “Le fait qu’on soit

retenu par Facebook en avril dernier pour

être le cadeau qu’ils ont o!ert à tous les

participants lors de leur grande

conférence annuelle (Facebook F8). Ils

avaient le choix entre avoir des caméras

Samsung o!ertes, mais ils ont préféré

nous acheter 5000 caméras, parce que

l’expérience utilisateur qu’on proposait

était meilleure. C’est là qu’on voit que

c’est non seulement important pour

l’utilisateur final, mais aussi très

important pour le business”.

Ce besoin d'évangélisation est ressenti

non seulement au niveaux des décideurs

d’une entreprise, mais également à

l’intérieur d’équipes projet, en interne. Il

est identifié comme le principal défi

quotidien d’un UX designer, selon

Designers Interactifs dans leur enquête

La place de l’UX dans la stratégie des

entreprises 2018. Le manque de

sensibilisation à l’UX dans une équipe de

conception est contre-productif et

représente par conséquent un véritable

frein aux échanges nécessaires à la

bonne avancée du projet.

Évangéliser la conception centrée

utilisateur auprès de l’ensemble de ses

collaborateurs reste un enjeu capital pour

garantir un esprit collectif engagé UX.

E!ectivement, tout le monde doit se porter

garant de la bonne expérience utilisateur

du produit ou du service final et pas

uniquement l’UX designer. À partir du

moment où les collaborateurs connaîtront

leur impact sur les clients, ils seront

d’autant plus impliqués dans leur travail

quotidien. Si les retours concernant

l’expérience utilisateur sont

régulièrement partagés, incluant des

utilisateurs qui soulèvent de véritables

questionnements, cela peut engager tout

une équipe à prendre conscience de

l’impact véritable de leur travail et surtout

du fait que tout le monde a sa part de

responsabilité et est en capacité d’agir.

Finalement, l’UX design c’est aussi un

combat. Un combat à mener sur deux

fronts. D’un côté, face aux clients

(directions d’entreprise), pour qui la

recherche utilisateur n’a pas lieu d’être.

De l’autre, face aux équipes projets, qui

n’ont pas forcément conscience de

l’impact qu’elles ont sur l’expérience de

leurs utilisateurs. Être UX designer, c’est

avant tout être convaincu que laisser la

parole aux utilisateurs est la meilleure

des décisions, et que leurs avis ont bien

plus de valeur que celui de n’importe qui.

Un combat pour apprendre à ne rien

céder pour une expérience optimale :

intuitive, créative, éthique, etc. même si

ces décisions peuvent parfois, aux

premiers abords, être en désaccord avec

des contraintes métiers, budgétaires ou

techniques. C’est en impliquant la totalité

des protagonistes que l’on peut s’assurer

d’une bonne amorce vers une transition

positive d’UX design; ainsi, tout ne repose

pas sur une seule personne mais sur

l’entreprise elle-même.

Et vous ? Que pensez-vous de l'évangélisation

de l’UX ? Est-ce quelque chose que vous faites

quotidiennement ?

Réagissez avec les hashtags suivants sur les réseaux sociaux !

#DiscutonsUX #MaVisionUX

Ensemble de difficultés rencontrées par les professionnels

de l’UX design par ordre de popularité / récurrence.

Difficultés d’un UX designer

Données tirées du rapport d’analyse de marché de l’UX design à l’international «Enterprise UX industry report» publié en 2017 par UXPin.

Améliorer l’expérience

utilisateur au quotidien

Accèder aux

utilisateurs

Définir le contexte,

spécifications etc..

Collaborer avec

son équipe

Hériter de l’existant

du projet

Débloquer du budget

et ressources pour l’UX

Sensibilisation

des décissionnaires

Passation aux

développeurs

10% 20% 30% 40% 50% 60%

59,08%

53,22%

46,34%

44,19%

40,86%

39,66%

37,57%

34,40%

70% 80% 90% 100%0%

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“Oui mais…”, “Tout dépend...”, voici deux expressions qui résument parfaitement le quotidien d’un UX designer. Que ce soit dans son choix de formation, de spécialisation, d’outils ou encore dans ses décisions de tous les jours, un nombre indéfini de variables est toujours présent pour nous rappeler qu’il y a toujours plusieurs façons de faire. Afin d’établir un état des lieux de l’UX design, nous avons construit ce livre sur trois grandes étapes :

Tout d’abord, comprendre. Choisir l’UX design pour sa carrière nécessite de bien comprendre les tenants et aboutissants de ce domaine. La diversité des o!res engendre une multitude de combinaisons quant au périmètre du candidat idéal. Les entreprises n’ont pas toutes la même approche quant aux ressources qu’elles souhaitent attribuer au contact avec leurs utilisateurs. S’intéresser à l’UX design, c’est aussi comprendre que cela ne représente pas qu’un métier, c’est un ensemble de personnes qui, en réfléchissant ensemble, vont tenter d’améliorer les expériences de leurs utilisateurs.

Ensuite, mesurer. Devenir UX designer, c’est aussi faire des choix sur le court terme, comme sur le long terme. Le grand nombre de méthodes, outils et bonnes pratiques nous oblige à prendre des décisions lors de chaque projet, en

Les métiers du digital évoluent de manière exponentielle, on ne saurait pas vous dire de quoi sera fait l’UX design de demain.

Certains sont convaincus par la voix, et pensent qu’elle va prendre une place importante dans les expériences à venir. Assistants vocaux, domotique avancée, la voix est déjà à notre portée, mais la notion de vie privée ne va-t-elle pas limiter son évolution ?

D’autres misent sur l’automatisation des processus d’UX design. Wireframes automatisés, code auto-généré, certaines entreprises sont déjà bien avancées sur le sujet, mais le métier d’UX designer va-t-il se restreindre à la partie recherche utilisateur ? Ces deux hypothèses viendraient remettre en question une grande partie du domaine : les profils à recruter, les structures à adopter ou encore les compétences à acquérir…

Finalement, l’UX design est et restera un domaine en perpétuelle construction tant il est amené à être impacté par les domaines qui gravitent autour de lui. Notre tâche, en tant qu’UX designer, est de rester au fait du domaine, et d’un jour amener de nouvelles idées qui seront, peut-être, un premier pas vers le futur de l’UX design. Notre principal conseil pour y parvenir sera d’appliquer la méthode utilisée pour cet ouvrage : s’intéresser aux avis des personnes qui nous entourent et se nourrir de chacun des échanges et questions soulevées afin de se forger sa propre vision.

Conclusion

comparant les avantages et inconvénients de chacun d’entre eux. Le contraste entre les compétences qu’il est possible de développer amène à en sélectionner certaines pour se spécialiser. Chaque jour, le design d’expérience représente un dilemme : celui de respecter les bonnes pratiques à la lettre ou tenter d’être plus créatif.

Enfin, construire. Être UX designer c’est aussi accepter de faire de sa vie son outil de travail. Cela signifie de se construire des réflexes d’observation et de veille au quotidien, même au-delà de son travail. Même si les utilisateurs ne se rendent pas toujours compte du travail fourni dans le but de les satisfaire, l’UX designer doit sans cesse les écouter; mais aussi montrer l’exemple en partageant sa vision autour de lui, que ce soit dans son équipe, ou à des décideurs d’une entreprise.

Pour conclure et en revenir à ce que nous disions en introduction : ce livre n’a pas vocation à imposer notre avis, mais à faire réfléchir les UX designers sur leur métier. Nous avons appliqué ce que nous faisons au quotidien pour le rédiger : interroger les principaux intéressés. Qu’il s’agisse de notre avis ou de celui des professionnels que vous avez pu découvrir tout au long de ces lignes, ils seront à réinterroger d’ici quelques années.

Discutons UX • Page 49

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annexes

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Bibliographie

Discutons UX • Annexes • Page 51

SERRES Michel • Petite Poucette • Mars 2012 • Le Pommier • 68 pages

BOUCHER Amélie • Expérience utilisateur mobile • Mars 2016 • Eyrolles • 286 pages

LALLEMAND Carine • Méthodes de design UX • Octobre 2015 • Eyrolles • 488 pages

Enquête sur la place de l'UX dans la stratégie des entreprises • designers interactifs • 2018

Carine Lallemand, Guillaume Gronier, Vincent Koenig • Computers in Human Behavior • User experience: A concept without consensus? Exploring practitioners’ perspectives through an international survey

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Webographie

Discutons UX • Annexes • Page 52

Nicola Rushton • Stop doing user interviews. Start having conversations. • Medium • 2017 • https://uxdesign.cc/stop-doing-user-interviews-start-having-conversations-187dc3328bf

Janet Taylor • “As a user” needs to stop. • Prototypr • 2017 • https://blog.prototypr.io/stop-it-with-as-a-user-5feb9b38d920

Hoa Loranger • UX - U = X • Nielsen • 2014 • https://www.nngroup.com/videos/ux-without-users-isnt-ux/

Fabricio Teixeira • You don’t need to know everything about UX • Uxdesign.cc • 2017 • https://uxdesign.cc/you-dont-need-to-know-everything-about-ux-9b7abd686ef0

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Interview : Benjamin Surkus

UX designer - Cdiscount

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Peux-tu te présenter ainsi que ton poste ?

Benjamin Surkus. Quand j’ai été embauché c’était pour “Lead UI/UX Designer” même si au final ça ne l’était pas, c’était pour toute la gestion du pôle webdesign. Y’a pas vraiment d’intitulé, c’est à moi de le définir. En fait, tu as l’intitulé de ton poste et les grilles en interne qui sont plus restreintes. C’est comme la di!érence entre ce que tu mets sur Linkedin et ce que tu mets sur ta signature de mail ! En fonction des pays ça évolue pas mal aussi, maintenant c’est “Product Designer”, la casquette qui regroupe vraiment UX / Marketing / Dev / Gestion de projet… Je pense que c’est aussi lié au fait que, maintenant on se spécialise et se sur-spécialise, donc il y a des grosses entités / grandes équipes et donc il y a besoin de hiérarchiser et de dire que la personne tout en haut elle est pas juste “Lead UX designer” car ça ne veut plus rien dire.

Quel est ton parcours ? (Formations/parcours pro)

Alors je n’ai pas vraiment un parcours orienté UX on va dire. J’ai fait un IUT Service Réseaux et Communication (maintenant : Métiers du Multimédia et de l’Internet). J’ai un parcours plutôt multidisciplinaire avec du marketing, du développement, du webdesign (création graphique), du juridique… enfin un peu de tout. Après il fallait se spécialiser dans son cursus. J’ai fait ça pendant 2 ans et ensuite j’ai fait une licence GEA (Gestion des Entreprises et des Administrations). L’intérêt de cette licence c’est d’arriver avec un projet de monter une boite. Ils t’accompagnent dans ce projet. J’y suis allé avec un ancien collègue de l’IUT, on avait pour projet de monter une agence de communication orientée sur la musique, où on pourrait à la fois créer tout ce qui ressortait d’internet et de la communication (le site web / la pochette d’album / le merchandising). On s’est lancés dans ce projet là, moi j’avais la casquette développement, surtout intégration (magento, wordpress), un peu la casquette UX et surtout e-commerce. Mon pote c’était plus la partie purement créa, pochette d’album, outil de com, flyers, etc. Moi j’étais plus sur la partie site, structure, vraiment technique. On a fait ça pendant 3 ans. Mais finalement, ça m’avait fait pas mal d’expérience. Après ça, j’ai rejoins une boite du coté de Toulouse, qui vend des faire parts sur internet, en qualité de webdesigner intégrateur. Ils étaient notamment sous magento, et j’avais pas mal de connaissance là-dessus, et c’était tout jeune à l’époque ça venait juste de sortir. Là bas j’étais webdesigner, mais aussi UX sans le dire en fait, je

travaillais avec le chef de projet, le responsable marketing, le SEO, pour finalement faire de la conception.

Quel était ton intitulé de poste à ce moment là ?

C’était webdesigner / intégrateur, j’avais vraiment la casquette un peu technique d’intégration. Mais au bout d’un an, la partie intégration a vraiment été dédiée à quelqu’un, car la charge de travail était trop importante, alors j’étais vraiment 100% webdesigner. Et progressivement, on va dire UX sans que mon intitulé change mais le besoin était là, et donc on a fait énormément de tests utilisateurs, on est passés par des agences, on a fait des audits pour améliorer tout le parcours…

C’est vrai qu’à l’époque, je suis parti dans l’idée de me former moi-même, car il n’y

avait pas d’école orientée UX, c’était soit de la 3D, soit de la création pure, style Les Gobelins, le terme UX n’existait même pas ! C’était souvent des cursus soit un peu technique, soit très orientés marketing.

Quand tu dis “on en parlait pas de l’UX…” c’était en quelle année ?

Alors j’ai démarré mes études avec un IUT en 2004, et on était pas du tout là-dessus, en tout cas pas à ma connaissance ! Il y avait peut être des courants… Même si j’ai toujours été autodidacte, à lire pas mal de bouquins, d’articles sur internet, je n’avais pas encore la vision de ce courant de formalisation des choses, de conception. C’est dans la boite où j’étais à Toulouse, où justement j’ai découvert à la fois le monde de l’e-commerce et de l’UX, qui m’a intéressé et qui m’a conforté dans l’idée de continuer dans cette branche là, notamment la partie commerce. J’ai décidé de partir après 3 ans, parce qu’on avait pas mal évolué, on était devenu un peu” le leader qui ne prend plus trop de risque”, ça ne m’intéressait plus trop. Même si, quand je suis parti, ils voulaient vraiment créer un poste de responsable UX. J’avais besoin de changement, de voir autre chose. Je me suis mis en freelance, tout en cherchant en parallèle une entreprise et un projet qui m’intéressaient. Je vivais de ma partie freelance, ça me permettait d’être tranquille pour chercher et c’est là que j’ai trouvé le poste à Cdiscount. Ca fait deux ans que je suis là-bas.

Donne-moi ta définition de l'UX design.

C’est quelque chose je pense d’assez généraliste, pour moi c’est la phase de conception et de recherche, c’est-à-dire avoir une problématique à résoudre, et comment réussir à améliorer l’existant, à faire évoluer les choses. C’est à la fois de la recherche et on va dire de

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la conception peu importe sa forme : wireframe, maquette haute fidélité, ou autre. C’est vraiment la partie en amont d’un projet sur de la conception.

Pour résumer, tu cherches comment concevoir le meilleur outil ?

C’est ça. Mais tu as même maintenant des métiers de purs UX où tu ne fais plus que de la recherche, pour te dire à quel point c’est devenu spécialisé. Tu peux avoir en amont quelqu’un qui va faire juste de la recherche et basculer sur quelqu’un qui est toujours UX, mais qui va seulement faire de la conception. Tu as aussi les data analysts, qu’on peut encore mettre sous la casquette UX, qui vont récolter de la data pour consolider les projets et pour émettre des hypothèses et savoir comment améliorer le tout.

Ton poste s'est-il toujours appelé UX designer ? Comment s'appelait-il ? Y'avait-il une di!érence concrète ?

Il s’appelle UX Designer depuis que je suis chez Cdiscount.Honnêtement oui, il y a une di!érence. C’est à dire que sans forcément avoir un périmètre plus établi, on t‘écoute plus facilement. Donc mécaniquement tu prends plus de responsabilités, tu participes à plus de réunions, on vient plus te voir en amont des projets pour résoudre des problèmes, concevoir, analyser le besoin… C’est plus “tu as un brief, il faut juste faire la partie UI”, là il y a vraiment en amont un besoin de faire évoluer les choses. Le changement s’est fait naturellement, à force d'interagir avec tous les services.

Selon toi, le métier d'UX designer est-il apparu en même temps que le terme UX design, ou existait-il déjà sous un autre nom ?

Pour moi le métier d’UX designer a toujours existé. On raccroche ça à internet, au

digital, mais ça a toujour existé dans tous les domaines. Beaucoup de choses sont de

l’UX. Quand tu vois la conception classique de produits du quotidien, un four à micro-

ondes par exemple, la façon dont tu agences les boutons, comment les choses

fonctionnent, c’est de l’UX. L’interaction Hommes-Machines (IHM), historiquement

c’était plutôt ça, c’était le terme purement technique et pour moi ça a toujour existé là-

dessus. Y’a toujours des gens qui ont réfléchi, tu remontes à l’époque de Xerox, là où

tout est né, enfin toute la conception est née de là bas. De la création de la souris aux

interfaces graphiques. Il n’y avait pas le nom, mais il y avait la logique et le besoin de

comprendre et d’analyser tout ça.

Même s’il n’y avait pas le nom, il y a quelqu’un qui s’en occupait, comment il s’appelait ?

Ca pouvait être des directeurs du marketing, comme ça pouvait être plein d’autre métiers, mais il y a jamais eu un poste dédié à ça.

Depuis combien de temps te définis-tu "UX Designer" ? Qu'est ce qui a provoqué ce changement ? (s'il y a eu un changement)

Depuis mon poste à Toulouse où j’étais un peu en contact avec des gens qui étaient déjà UX. Je voyais les tests utilisateurs, j’avais un accompagnement, des UX designers qui bossaient avec moi pour me dire ce qui allait, ce qui n’allait pas, et qui me conseillaient. Donc j’ai pris conscience à ce moment là, des postes qui existaient. Je les ai rattaché à ce que moi je faisais et je me suis rendu compte que je faisais de l’UX. Donc j’avais pas forcément mis de nom dessus mais c’est ce que je faisais.

Vous considérez-vous comme un généraliste ou un spécialiste de l'UX ?

Je dirais généraliste parce qu’on a pas encore l’équipe. On pourrait spécialiser et avoir di!érentes casquettes de l’UX, mais on ne l’a pas encore. Je pense que les mentalités doivent encore changer pour qu’on ait un pôle clairement identifié comme UX. On est encore identifié comme le pôle webdesign, mais potentiellement on pourrait faire évoluer les choses pour intégrer vraiment des UX, on va dire à 100%.

“Donc toi tu es plutôt généraliste, mais tu n’as pas vraiment le choix. Si tu pouvais te spécialiser, tu le ferais ?”

Le truc c’est que moi j’ai toujours la partie UI à gérer, donc si le poste évolue il y aurait une partie UX qui viendrait se gre!er. Donc je serai généraliste dans le domaine, je serai pas purement UX. C’est ce qui m’intéresse aussi, donc il n’y a pas forcément une volonté de ma part de me spécialiser vraiment, en tout cas pas de suite. Potentiellement, je pense que mon évolution sur le long-terme ce sera 100% sur de l’UX, que ce soit sur du consulting, chez l’annonceur ou en agence. Dans ma vision des choses, tu peux arriver en tant que spécialiste ou alors en tant que manager et à ce moment là tu chapotes des multi-spécialistes. Personnellement, ça va déprendre d’où je vais et de ce que je peux trouver comme poste.

Que fais-tu au quotidien ?

Et bien un large éventail de tâches. Si on regarde un peu dans l’ordre, on peut avoir de la

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conception, quand il y a besoin de poser les choses à plat, de tester, d’itérer, de se dire “comment on peut améliorer les choses”. On s’occupe alors de faire des wireframes papier ou des maquettes haute fidélité. Après il y a la partie vraiment UI, en phase de maquettes, qui représente quand même une part assez importante de notre travail, puisqu’on a quand même pas mal de demandes clairement établies au niveau du concept. Après il y a la partie de rédaction des specs fonctionnelles pour les développeurs et plus tard, la phase de recette où on va tester en production ou en recette ce qui a été développé. En plus de ça tu as la partie managériale, gestion d’équipe, de projet, donc du backlog.

Peux-tu me définir où commence et s'arrête le métier d'UX designer ? (périmètre)

Ça dépend, si tu parles vraiment du métier d’UX Designer ou si tu parles juste de faire de l’UX. Pour moi, tout le monde est garant de l’UX, tout le monde peut faire de l’UX, mais tout le monde ne peut pas faire de l’UI, il y a une sensibilité artistique / créative à avoir. Après ça peut se retrouver réparti dans tous les services de la boîte. Après si tu définis vraiment le métier d’UX, le périmètre c’est de la recherche, de l’audit et de la conception, c’est

vraiment cette partie la. A partir du moment où on va passer en phase de

maquette, pour moi on est plus sur l’UX.

Tu peux nous détailler la phase de recherche ?

La phase de recherche ça va être soit sur du benchmarking, voir ce qui se fait un peu dans le domaine et par rapport à la concurrence. Ensuite ça va être de la recherche par rapport à ton site, par rapport à l’existant, pour voir ce qui va et ce qui ne va pas, ce qui pourrait être amélioré, c’est de l’audit continuel pour anticiper le besoin, voir où est ce qu’il y a des problèmes, parce qu’il y a toujours des choses à améliorer.

Tu n’as pas parlé d’utilisateurs. Pourquoi ?

C’est vrai que chez nous, à Cdiscount, les mentalités doivent encore changer. On fait pas énormément de tests utilisateurs, on en a fait avec UX Republic, mais c’est pas encore entré dans l’ADN de l’entreprise, malheureusement de pouvoir tester en conditions réelles toutes nos hypothèses avec nos utilisateurs. Si on pouvait on le ferait. On ferait de la conception et on irait tester directement en guerilla test. C’est quelque chose qu’on essaye de pousser, je pense que ça fait partie des bonnes pratiques. Même si ça prend plus de temps dans

la phase de conception, je pense qu’au final on est gagnants sur la longueur.

C’est des problèmes qu’on va peut-être identifier en prod une fois qu’on sera en

train de faire les tests A/B. Alors qu’on aurait pu les identifier plus tôt en phase

de conception.

Es-tu souvent au contact des utilisateurs ?

Malheureusement non. Le seul contact qu’on a avec les utilisateurs ce sont les

chiffres / la data. Mais encore une fois, ce n’est qu’une question de temps, on pourrait aller faire des guerilla tests au Starbucks du coin et récupérer de la donnée. Parce que finalement,, le seul moment où “on teste”, c’est quand on vient le présenter à quelqu’un qui est en dehors du projet, pour lui montrer un prototype pour recueillir son avis.. Mais c’est toujours un peu biaisé parce que ce sont des personnes qui sont familières avec Cdiscount, avec le e-commerce en général.

Quels outils / méthodes utilises-tu au quotidien ? Penses-tu qu'il y ait vraiment des outils/méthodes à respecter ?

Pour le workflow, c’est un bon vieux papier / crayon pour faire du prototype assez simple. Et après on a Photoshop pour vraiment la partie maquette. On utilise Marvel pour tout ce qui est prototype animé, pour pouvoir re-créer un parcours assez proche de ce qu’on pourrait avoir en production. Enfin, Zeplin pour la partie intégration. Mais on est en train de voir pour faire évoluer les choses et améliorer tout ça. Et après en terme de méthodes, on a la méthode agile, mais elle est pas forcément appliquée au design, c’est plus la logique de développement, la logique de sprint qui vient s’insérer dans notre logique au niveau des deadlines. Dire qu’on est agile, c’est seulement par le fait qu’on réponde au besoin assez rapidement et de manière itérative, on est pas sur du lean design, on est vraiment pas dans des méthodes établies. On aimerait mettre en place d’une manière un peu généraliste du design thinking à l’échelle de l’entreprise mais il y a un besoin d'évangéliser les choses.

Même si vous n’en avez pas, est ce que tu penses qu’il y en a qu’il faudrait respecter en règle générale ?

Je pense qu’il y en a énormément, c’est pas ça qui manque. On peut lire énormément d’articles tous les jours. Après c’est comme tout, est ce que ça se prête à tes conditions, à la boîte, à la façon dont elle est structurellement constituée… Mais je pense qu’il y a des bonnes pratiques qu’on peut appliquer, enfin c’est plus évangéliser les choses, faire comprendre aux gens qu’il y a des concepts d’expérience utilisateurs que tu peux appliquer au jour le jour. Pour les outils, on veut faire en sorte qu’ils soient accessibles à n’importe qui. Il y a des outils comme Sketch qui sont simples et faciles à appréhender, et qui pourraient être utilisables par beaucoup plus de monde dans l’entreprise. On essaye de s’orienter là-

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dessus pour que tout le monde soit acteur de l’expérience utilisateur et puisse concevoir directement, puisse avoir cette logique de design thinking et de dire ‘voilà je fais du wireframe, je fais du zoning, je mets des choses en place’ avec des outils beaucoup plus simple et adapté au besoin. C’est ce qu’on essaye de mettre en place.

Et un outil comme Zeplin ?

Ce n’est pas un outil d’UX, pour moi c’est plus un accélérateur, un outil qui fait gagner énormément de temps. Tu as moins de specs graphiques / fonctionnelles à rédiger. Ca te permet de centraliser toutes tes maquettes, de faire le lien beaucoup plus simplement entre les développeurs et les UX designers. C’est plus un gain de temps, de praticité. Je pense que c’est plus en amont qu’il y a un besoin d’avoir des outils accessibles à tout le monde. Zeplin ça reste technique, enfin c’est très orienté développeurs, le métier y a accès, mais c’est plus pour faire des vérifications à chaque fois qu’ils vont travailler avec le développement. On s’en sert pas pour présenter les maquettes, on ne s’en sert pas pour communiquer.

Quand tu parles d’un outil pour que tout le monde puisse faire des wireframes par exemple, est ce qu’un papier / un crayon ça ne su!t pas ?

Oui c’est sûr, bien sûr. Il y a des outils très simples comme Balsamiq ou d’autres outils web. Certains le font même déjà un peu avec PowerPoint où il ya tout ce qu’il faut pour faire du zoning. Le but c’est plus de créer une émulsion au travers des gens, de se dire qu’ils sont plus impliqués en amont des projets. Plus pour évangéliser la chose. Parce que oui comme tu dis, un papier, un crayon ça marche. On le fait déjà de temps en temps. En tout cas c’est un bon début.

Penses-tu qu'il y ait des compétences indispensables à avoir pour exercer le métier d'UX Designer ? Lesquelles ? (humaines/professionnelles)

Je pense qu’il y a pas mal de facteurs, premièrement l’ouverture d’esprit parce que t’as toujours ce besoin de te mettre à la place des utilisateurs. Je pense que pour être un bon UX, il faut jamais te mettre toi dans la condition de te dire “je fais ça pour moi” en fait. Parce que je pense que tu ferais du très mauvais travail. Si tu fais quelque chose pour toi c’est sur que tu vas aller droit dans le mur. Donc je pense que c’est un besoin, l’ouverture d’esprit, de se mettre à la place des gens. C’est de l’empathie aussi de savoir comment les gens comprennent les choses, assimilent les choses et la on rejoint les neurosciences, la psychologie, les sciences cognitives, qui sont un peu toujours rattachées à l’UX. C’est à dire,

comment les gens appréhendent la chose, comment ils comprennent l’information, comment ils la lisent, comment ils la voient. Pour moi il y a un besoin d’ouverture d’esprit, et un besoin de rigueur, mais ça c’est peut être un peu dans tous les domaines. Tu as toujours besoin de formaliser, d’être assez carré dans ce que tu vas faire. Je pense aussi à la remise en question, parce que les choses évoluent constamment, et potentiellement, quelque chose qui était acquis il y a un an, ne l’est plus maintenant. Je pense que c’est déjà des bonnes compétences pour être un bon UX Designer.

Penses-tu qu'il faut maîtriser pleinement chaque point de cette liste ? Est-ce réalisable pour une seule personne ?

Ca s’apprend en fait. Il y a énormément de concept qu’il faut apprendre. Il y a des lois, dans di"érents domaines, que ça soit dans les sciences cognitives, la psychologie, même dans le marketing, en fait tu viens pêcher dans beaucoup de choses, mais ce ne sont pas des règles établies. Il ne faut pas se contenter des phrases par exemple “les gens ne scrollent pas, les gens ne lisent pas”, enfin il ne faut jamais s’enfermer dans ces concepts là, pour moi c’est toujours “oui, mais” . Les bases fondamentales peuvent être apprises dans pas mal de bouquins, avec des théories déjà établies, mais tu as besoin d’être sur le terrain, d’apprendre au jour le jour et surtout en fonction du domaine dans lequel tu te situes. Par exemple dans le e-commerce, t'appréhendes pas les mêmes choses que si t'étais dans un site institutionnel. Tu as un besoin de constamment te nourrir de ce que tu vois tous les jours en fait, les choses changent, les gens évoluent, une bonne remise en question et pour moi c’est beaucoup d’expérience, UX Designer.

Réalisable par une seule personne ?

Ça dépend, dans quelle branche de l’UX tu te situes. Il y a vraiment des UX orientés neurosciences, et d’autres orientés psychologie. Si tu prends des structures comme Facebook, c’est autant de domaines de compétences di"érents, qui sont toujours rattachés à l’UX. Donc t’as des choses à apprendre dans chacun de ses domaines, après c’est à toi de savoir comment tu t’orientes et où tu te situes dans la hiérarchie.

Pour toi, est ce qu’il faut vraiment séparer : des spécialistes chacun sur leur sujets ou plusieurs généralistes qui travaillent tous ensemble ?

Je pense que ça va dépendre des boîtes. Si t’as la capacité de le faire c’est toujours bien d’avoir des personnes spécialisées. Après t’as toujours un besoin de centraliser, c’est-à-dire qu’il faut un garant de cette expérience utilisateur globale. C’est pas chacun dans son

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coin qui fait son UX. Il y a un besoin de centraliser, t’as un besoin de communication entre chaque personne. Parce qu’il y a des lignes conductrices, des fils directeurs qu’il faut mettre en place, mais toujours un besoin de contrôle. C’est pas chacun indépendamment qui vient ajouter la brique. Il faut travailler ensemble. Il y a toujours un besoin d’échange, de suivi et d’avoir une connaissance un peu globale, même si on est spécialisé.

Quelle est la structure de votre pôle UX ? Qu'en pensez-vous ? Quelle est la structure optimale selon vous ?

C’est un tout petit pôle, il n’y a pas vraiment de spécialisation. Je suis avec 3 UI et on va dire que c’est moi qui ait la casquette UX/UI, mais si les choses devaient évoluer, on pourrait embaucher des UX dédiés. Après ce sont les métiers, les Product Owner, les Chefs de Projet qui sont, eux aussi, garants de l’expérience utilisateur. Mais comme il n’y a pas encore de présence au comité de direction, personne ne peut dire “non, ça pour une bonne UX, on ne peut pas le faire…”. C’est dilué au sein des di!érents services, des di!érentes équipes de respecter cette expérience utilisateur. On a pas de ligne directrice globale vraiment ancrée.

L’équipe optimale pour toi ?

Idéalement, ce serait d’avoir des UX un peu double casquette conception/recherche et avoir aussi des personnes orientées data, tests utilisateurs. Si ça se fait, ça va se faire par itérations. On va commencer par embaucher des généralistes qui auront de multiples casquettes, puis plus on va grossir plus on va pouvoir spécialiser, ça ne va pas se faire d’un coup. Si je devais choisir j’aurais quand même des spécialisations, à la fois sur de la recherche / conception, mais aussi sur de la data et du test utilisateur. Même potentiellement de l'évangéliste pour faire des sessions / des ateliers pour présenter les bonnes pratiques, évangéliser les choses aux di!érentes équipes en fait, idéalement ce serait ça.

Ici on parle surtout d’UX digitale (site/appli)? Pas de l’expérience utilisateur globale sur site Cdiscount ?

Alors c’est pas à notre niveau, je n’y touche pas dans mon métier. Ça nous arrive de toucher à des éléments qui sont du back-o"ce ou de la relation client, mais c’est plus de temps en temps, nous on est pas orientés là-dessus. Après d’un point de vue global, il ya des gens qui pensent le tout. Quand tu appelles le service client, quand tu reçois ton colis, tout ces trucs là. Mais tous ses aspects là sont de l’expérience utilisateur, mais après c’est la où la question se pose à savoir si c’est de l’image de marque, de l’expérience utilisateur… C’est

toujours un peu le flou entre ces di!érents périmètres, moi je dirais ’tout est de l’expérience utilisateur’, d’autres vont te dire ‘tout est de l’image de marque aussi’.

Quand on parlait du périmètre de l’UX, est ce qu’au final ça commence pas au premier contact avec la marque ?

Oui, clairement. Mais en tout cas chez nous c’est pas clairement établi, je sais pas si dans d’autres boites ça l’est. Mais l’idée c’est de toujours bosser ensemble et d’aller tous dans la même direction en mettant l’utilisateur au centre des attentions. L’idée c’est ça, on va tous dans la même direction, pour que le client ait une expérience utilisateur optimale et que ce soit avant qu’il arrive sur le site, jusqu’à ce qu’il termine sa commande et qu’il ait son colis. Nous à l’heure actuelle, sur la partie UX, on va dire que c’est cantonné à ce qu’il se passe sur le site, mais potentiellement si on avait une logique beaucoup plus globale, on pourrait l’imaginer sur tout le parcours. De quelqu’un qui voit une pub dans la rue, ou une pub à la radio, ou que ce soit après quand il recontacte le service client, ou quand il va laisser son avis sur TrustPilot parce que sa livraison s’est bien passée… Tout ça, ça pourrait s’inclure dans l’expérience utilisateur globale.

Quelle est ta place dans l'équipe projet ? Quelle est selon toi la place optimale d'un UX dans une équipe projet ?

Notre équipe est complètement transverse, ça dépend des projets et ça dépend de qui les initie. Des fois on est juste “faiseurs”. On nous dit “on a un besoin”, ils ont déjà analysé, fait des benchmark, etc. Donc on sait exactement ce qu’on doit faire. Et il y a d’autres projets où on est plus dans la conception, on met à plat, on teste des choses. Ca dépend des équipes et des sujets.

L’UX c’est un peu le contre pouvoir du marketing. On est là pour le bien de l’utilisateur

tout en intégrant bien évidemment les contraintes commerciales. Mais on est là pour trouver où se situe la réglette sur l'échelle pour dire “on a un besoin d'optimiser le taux de transformation ou autre KPI”, tout en pensant à la fluidité, la simplicité du parcours. Il y a un besoin à un moment donné de se mettre en porte à faux pour dire “on va pas dans la bonne direction, c’est pas comme ça qu’on devrait faire les choses”. Il faut être séparé, même si l’UX c’est l’a!aire de tout le monde.

Avec qui échanges-tu en règle générale ?

Un peu de tout. Généralement plus les product owners, et après les responsables et

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directeurs du site. Au quotidien aussi les chefs de projet. Enfin le Codir quand on arrive à une certaine phase de maturité du projet, on a besoin de défendre nos idées, nos concepts.

Fais-tu de l'auto-formation ? Assistez-vous (participez-vous) à des conférences / meet up ? Pourquoi ?

Je lis beaucoup, français, anglais. Beaucoup d’articles en ligne, de conférences, de talks sur ce domaine là. Aussi des spécialistes des neurosciences, des psychologues, tout ce qui est rattaché à ce domaine là. Un peu d’UI sur le côté bench (applis, site, etc…) mais c’est ce que je consulte le moins. Je ne suis pas trop sur Dribbble, Behance. C’est plus sur le côté purement UX.

Je ne “réseaute” pas trop, je ne vais pas tellement aux conférences. Je les regarde sur internet. L'intérêt c’est que c’est beaucoup de cas concret. Par exemple des UX designers de grosses boîtes qui vont te parler d’un projet et qui vont te parler de comment ils l’ont mené, des problèmes qu’ils ont rencontré, quelles solutions ils ont trouvé, c’est plus le côté en situation réelles. Quand tu lis des livres c’est plus des concepts généraux où on va te dire les règles de l’UX, règles comportementales, de neurosciences… Comment les gens pensent, comment les gens assimilent les choses. C’est intéressant d’avoir un peu les deux. Surtout les cas concrets, car je pense que les choses évoluent très vite et si tu ne suis pas tu es vite dépassé. Tu as toujours besoin de remettre en question les choses. Si tu t’enfermes dans ton quotidien, tu crées une routine et c’est pas comme ça que tu remets les choses en question.

Une de tes connaissances souhaite devenir UX Designer, quels sont tes conseils / recommandations ?

Comme j’ai pas eu un cursus vraiment orienté là dessus je ne saurais pas dire quelles sont les écoles à faire, quels cursus il peut y avoir. Mais après je dirais de lire beaucoup, je pense que c’est la base, j’ai aussi appris comme ça. Il doit y avoir beaucoup de formation en France comme à l’étranger. On va dire que le socle de connaissances un peu basique, je pense qu’il y a un besoin de connaissances là-dessus. Après c’est de se confronter au monde du réel, acquérir de l’expérience, et c’est échouer finalement, l’UX c’est ça aussi : échouer pour mieux réussir. C’est pas comme un développeur, c’est pas comme un webdesigner, où t’as un besoin de connaître un outil. Pour moi c’est plus de la connaissance, de l’apprentissage et de l’expérience, et commencer le plus tôt possible pour emmagasiner le plus possible. Être curieux et apprendre à voir les petits détails et les choses du quotidien.

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Interview : Caroline Bedaux

Product & UX/UI Designer Senior

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Peux-tu te présenter ainsi que ton poste ?

Caroline Bedaux - Freelance à son compte - Product & UX/UI Designer Senior

Quel est ton parcours ? (Formations/parcours pro)

Je fais partie de l’ancienne génération, celle qui n’a pas fait d’étude d’UX Design pour devenir UX Designer. Je me suis formée à L’Institut Supérieur des Arts Appliqués (L.I.S.A.A.) à Paris en graphisme et multimédia dans les années 2000. J’en suis sortie avec un Bac+4 de graphiste multimédia, c’est à dire de WebDesigner. Avant même la fin de mes études, je m’étais orientée vers le web car le numérique et ses possibilités me passionnait. J’aime les ordinateurs depuis que je suis toute petite.

Quand je suis sortie de l’école, le métier de webdesigner n’était pas ou peu connu en France et il n’y avait donc pas tellement de postes salariés. On trouvait bien des postes de WebMaster, mais ça demandait des compétences assez avancées en code et même si je suis intégratrice depuis 15 ans, je n’ai jamais maitrisé le PHP. Je me suis donc installée en freelance, ce qui me convenait bien car j’ai toujours souhaité être mon propre patron. J’avais 21 ans quand j’ai monté edesign. 13 ans plus tard, de Paris à Bordeaux, je travaille toujours avec cette structure.

Monter ma boîte a été une excellente décision car cela m’a permit de travailler alors que je ne trouvais pas de poste en entreprise. Même si les débuts ont été un peu particulier… Être une femme de 21 ans dans le numérique, secteur qui était encore très associé à l’informatique,, n’a pas été facile. C’est pour ça que j’ai choisi de travailler sous le nom d’edesign, afin de me “cacher” derrière une marque et ainsi pouvoir travailler. Et ça a marché ! Avec quelques stratagèmes, certes. Comme me faire passer parfois pour ma propre secrétaire au téléphone. (rires) Passé le premier contact, le fait d’être une femme devenait plutôt un avantage car cela surprenait, amusait, intriguait... Et la relation s’établissait positivement. C’était l’e!et “waouh” d’être une femme y’a 15 ans dans le numérique.

Par la suite, j’ai aussi travaillé à certains moments en tant que salarié mais plutôt sous

forme de mission. C’est comme ça qu’en 2006, j’ai intégré le département web d’Orange quelques mois en tant que webdesigner-ergonome. Je n’étais pas ergonome mais passionnée de psychologie et prête à apprendre sur le tas. Mon profil a plu et j’ai été retenu pour intégrer l’équipe, en grande partie québécoise, car on avait pas grand monde qui travaillait sur ces sujets en France à ce moment là. C’est avec eux que j’ai découvert ce qui deviendrait mon métier. J’ai fait mon premier audit ergonomique sur la version 1 du site d’Orange. Plutôt cool ! Puis peu de temps après, dans une start-up dans la décoration, j’ai commencé à ne plus comprendre ce que je faisais en tant que pur webdesigner. Je dessinais des écrans toute la journée avec une charte graphique pré-établie et je m’ennuyais ferme. Je me souviens m’être dit : je ne comprend pas pourquoi on ne réfléchit pas plus aux gens qui vont aller sur ce site ? C’est pour eux que je devrais travailler.”

Mon métier de webdesigner n’avait plus de sens pour moi et ça m’est apparu complètement évident de travailler pour les gens qui étaient derrière leurs ordinateurs, c’est à dire les utilisateurs. Alors j’ai demandé à évoluer pour devenir chef de projet web parce que c’était eux qui s’occupaient de ces problématiques. Ce que je suis devenue chez flipin’, une petite agence web parisienne qui n’existe plus aujourd’hui. Il faut savoir que le poste de chef de projet web correspondait à des profils qui sortaient d’école de commerce ou de marketing etc.. et moi c’était pas du tout mon cursus car je venais du design donc ce n’était pas évident d’évoluer vers ce métier. Mais par chance, mon expérience en tant qu’indépendant, ça faisait 5 ou 6 ans déjà, a compté aux yeux de mon futur employeur. Il s’est dit que je gérais déjà des clients, des projets, de la com’ pour mon compte donc je savais faire. Le fondateur de l’agence, c’était Marc-David Choukroun qui est aujourd’hui le co-fondateur de La Ruche Qui Dit Oui. Et il y avait aussi Mounir Mahjoubi dans l’équipe, aujourd’hui Secrétaire d’État au numérique. Ça a juste été une chance extraordinaire de travailler eux... Flipin’ reste ma plus belle expérience en entreprise jusqu’à aujourd’hui, intellectuellement comme humainement.

Ensuite je suis arrivée à Bordeaux où j’ai commencé à enseigner tout en faisant des aller-retour à Paris pour me former en Analyse Transactionnelle pendant 3 ans. C’est “ma brique” en psychologie. J’ai donc commencé à enseigner dans un cursus de webdesigner-intégrateur à l’IDAE que j’ai co-créé avec le directeur et dont j’étais la coordinatrice pédagogique. Très rapidement, j’ai enseigné de l’ergonomie web dans mes cours de webdesign et c’est un de mes étudiants qui m’a permis de réaliser que j’étais bel et bien devenu Ergonome Web. J’ai commencé alors à enseigner concrètement cette matière dans plusieurs écoles à Bordeaux. Le terme d’UX/UI Designer lui est venu vers 2015, peu avant ma participation en tant que mentor UX au Google Launchpad organisé par Aquinum à Bordeaux.

J’ai donc en parallèle plusieurs parcours professionnels puisque je suis aujourd’hui consultante en UX/UI Design, formatrice numérique dans des écoles post-bac et fut responsable pédagogique de l’ECV Digital à Bordeaux pendant 2 ans.Tous ces métiers me passionnent donc je mène tout de front même si ça rend parfois mon agenda compliqué. Je suis ce qu’on appelle une slasheuse.

Donnez-moi votre définition de l'UX design / d’UX Designer.

Pour moi, l’UX c’est une démarche d’amour car il faut profondément aimer l’humain pour faire ce métier. L’expérience utilisateur, déjà elle est multiple, on la connait beaucoup sous son biais numérique mais elle existe aussi en physique même si on en parle assez peu. J’aime énormément les projets où je peux faire le lien entre une expérience numérique et une expérience physique. Le design d’expérience utilisateur c’est une démarche qui part des gens et de l’envie profonde d’améliorer ce qu’ils vivent face à une interface numérique ou non. En sachant que c’est un métier ingrat d’une certaine façon parce qu’on a très rarement des retours directs des utilisateurs et quand on en a ils sont rarement positifs... C’est donc un métier tourné vers les autres. Moi c’est mon moteur, dans tout ce que je fais. C’est à dire que le fait d’aimer l’humain, d’être passionnée par son fonctionnement et de vouloir son épanouissement, c’est ça qui me pousse à faire mes métiers. Quand je suis formatrice ou quand je suis consultante en UX / UI, je fais la même chose : j’accompagne l’humain de telle manière à ce qu’il puisse atteindre ses objectifs.

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J’ai donc en parallèle plusieurs parcours professionnels puisque je suis aujourd’hui consultante en UX/UI Design, formatrice numérique dans des écoles post-bac et fut responsable pédagogique de l’ECV Digital à Bordeaux pendant 2 ans.Tous ces métiers me passionnent donc je mène tout de front même si ça rend parfois mon agenda compliqué. Je suis ce qu’on appelle une slasheuse.

Quelle est ta définition de l'UX design / d’UX Designer.

Pour moi, l’UX c’est une démarche d’amour car il faut profondément aimer

l’humain pour faire ce métier. L’expérience utilisateur, déjà elle est multiple, on la connait beaucoup sous son biais numérique mais elle existe aussi en physique même si on en parle assez peu. J’aime énormément les projets où je peux faire le lien entre une expérience numérique et une expérience physique. Le design d’expérience utilisateur c’est une démarche qui part des gens et de l’envie profonde d’améliorer ce qu’ils vivent face à une interface numérique ou non. En sachant que c’est un métier ingrat d’une certaine façon parce qu’on a très rarement des retours directs des utilisateurs et quand on en a ils sont rarement positifs... C’est donc un métier tourné vers les autres. Moi c’est mon moteur, dans tout ce que je fais. C’est à dire que le fait d’aimer l’humain, d’être passionnée par son fonctionnement et de vouloir son épanouissement, c’est ça qui me pousse à faire mes métiers. Quand je suis formatrice ou quand je suis consultante en UX / UI, je fais la même chose : j’accompagne l’humain de telle manière à ce qu’il puisse atteindre ses objectifs.

Ton poste s'est-il toujours appelé UX designer ? Comment s'appelaient-ils ? Y'avait-il une di!érence concrète ?

Non. Dans l’ordre je fus Webdesigner, Chef de projet web, Ergonome web et UX/UI Designer. Ces noms et métiers correspondent à l’évolution du métier d’UX Designer. Et aujourd’hui, j’évolue vers quelque chose d’encore un peu plus large puisque je suis Product designer. C’est à dire que je travaille sur la globalité de la conception d’un produit car mes 15 ans d’expérience me permettent d’avoir une vision au niveau design, technique, marketing et communication.

Entre mon métier de webdesigner d’origine et ce que je fais aujourd’hui, ça n’a rien à voir. J’ai quitté mon métier de webdesigner par frustration et car je n’étais pas complètement à ma place. J’ai toujours été plus intéressée par ce qui tient du concept plutôt que de l’esthétique. J’ai toujours été meilleure dans les idées que dans l’application graphique. C’est d’ailleurs pour ça que je dis toujours à mes clients que je suis UI designer mais pas directrice artistique même si j’ai deux diplômes de DA. (rires) Créer des interfaces ça fait

bien 15 ans que je fait ça, mais c’est bien le biais ergonomique qui m’intéresse, je suis UI Designer pas webdesigners ou DA. Je pense qu’il y a des gens qui sont hyper doués pour faire de jolies choses mais ce n’est pas ma priorité. Ma priorité, c’est l’humain ! Mon truc c’est de réfléchir à rendre les choses accessibles aux gens en cherchant à comprendre leurs besoins et leurs usages. J’observe mes contemporains depuis que je suis toute petite.

Selon toi, l'apparition de ce terme correspond-elle à l'apparition d'UX designer ?

Pas du tout. Je pense que le métier est vraiment né quand on a commencé à parler d’Ergonomie web. L’UX designer est juste une évolution de ce métier là. Les gens qui font de l’UX se sont petit à petit spécialisés. Ils ont appris par eux mêmes et c’est eux qui ont transformé le métier. Pour le grand public, la naissance est lié au terme UX design mais pour moi, c’est près de 10 ans avant que ce métier est né. Disons qu’en France, le livre “Ergonomie Web” d’Amélie Boucher publié en 2007 marque le commencement de cette discipline. Puis en 2012 il y a “Design d’expérience utilisateur” de Sylvie Daumal. Et aux Etats Unis, je citerais “Don’t make me think”, le cri de l’utilisateur selon Steve Krug sorti en 2003. Ces références donnent une bonne idée, de quand est-ce qu’on a commencé à parler d’expérience utilisateur en France et plus loin.

Depuis combien de temps te définis-tu "UX Designer" ? Qu'est ce qui a provoqué ce changement ?

2/3 ans je dirais mais en réalité, je fais ce métier depuis 2006, année de ma mission chez Orange. Donc ça fait plus de 10 ans...

Te considères-tu comme une généraliste ou une spécialiste de l'UX ?

Je dirais généraliste puisque je suis UX/UI designer. Comme j’interviens sur un champ plus large, je suis sans doute moins pointue que certains qui ne font que de l’UX design. Mais ma spécialité reste le wireframe HD. J’ai toujours travaillé mes interfaces au pixel près pour que les développeurs et les webdesigners puissent travailler par la suite simultanément. Ce qui est un gain de temps et une garantie du respect de l’expérience proposée par l’interface.

Que fais-tu au quotidien ?

Je wireframe depuis 3 mois un gros projet d’interface logiciel pour une collectivité et la semaine dernière, j’ai aussi travaillé sur des interfaces mobile et de l’UI. J’ai aussi animé

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des ateliers avec des utilisateurs, fait de la création de personae et construit des parcours utilisateurs ces derniers mois. C’est très varié et c’est ce que j’aime, pouvoir expérimenter des choses, récolter des infos auprès des utilisateurs et pouvoir l’analyser derrière. C’est une partie qui se finit souvent en tableur excel géant mais ca ne me dérange pas. (rires) Puis je me remets à mon logiciel favori, Illustrator pour créer des interfaces.

Peux-tu me définir où commence et s'arrête le métier d'UX designer ?

L’UX Designer commence avec la recherche utilisateur quelle qu’elle soit,

questionnaire, atelier utilisateur ou en mode guerilla, observation… Le métier se

termine pour moi aux wireframes que l’on prototype pour faire des tests utilisateurs. Et

à partir de là, on itère.

Es-tu souvent au contact des utilisateurs ?

Ca dépend complètement des projets. C’est encore pas simple pour les entreprises,

et c’est pour ca qu’on parle beaucoup de méthodes guerilla, parce que ca

permet de faire de la recherche utilisateurs sans constituer des panels, ce qui

n’est jamais simple car ça a un coût et c’est compliqué à organiser, même pour

des grosses boîtes. Et puis il faut définir de quelle typologie d’utilisateurs on a besoin donc souvent je me retrouve à faire des questionnaires au préalable, et à partir des réponses du questionnaire, on constitue un panel d’utilisateurs.

Lorsqu’on est pas en contact des utilisateurs, est-ce qu’ils reste des méthodes pour faire de la recherche utilisateur ?

Questionnaire en ligne déjà, ca marche bien. Ensuite la recherche utilisateur il y a aussi tout une partie où on se base sur nos connaissances humaines, en psychologie et en neurosciences. Et sur tout un tas de recherches qui se font à travers des articles, des livres, des études et sur lequel on s’appuie aussi. Et puis sur ce que va me dire mon client car il a déjà une connaissance de ses utilisateurs ce qui peut être une bonne base. Mais il faut aussi avoir du recul, car sa vision peut être partielle ou déformée. Je considère néanmoins

que c’est un bon point de départ de recherche que de demander au client car toute

information est bonne à prendre. Et il est important que le client ait une place et une

voix dans le projet.

Quels outils / méthodes utilises-tu au quotidien ? Penses-tu qu'il y ait vraiment des outils/méthodes à respecter ?

J’utilise énormément d’outils et de méthodes. Il y a toujours une certaine suite logique dans leur utilisations/créations. On crée d’abord des personae puis ensuite des parcours utilisateurs. Créer des parcours sans avoir créé des personae n’a pas de sens. Les outils sont liés entre eux même si on n’utilise pas toujours les mêmes car ça dépend du projet et de son budget. Et où on a besoin de mettre l’accent parce qu’on est aussi un peu les pompiers du web quand on est UX designer. J’adorerais qu’on m'appelle au commencement d’un projet, “bonjour on a décidé de monter un site et on aurait besoin de votre expertise d’UX Designer dès le début”, ça serait génial ! Mais aujourd’hui ça n’est pas le cas. On t'appelle toujours en disant “On est bloqué. Les utilisateurs sont pas contents.” Et comme on est toujours appelé en mode pompier, on va utiliser des outils qui vont restructurer l‘expérience et permettre de récupérer des informations afin d’apporter de la cohérence à l’ensemble. Parfois on a besoin de travailler plutôt sur l’ergonomie de l’interface parce qu’il y a des problèmes de lisibilité ou sur l’architecture car le parcours intra-page a besoin d’être repensé.

Il faut aussi bien se dire que ce sont des outils et méthodes et qu’ils en existe plein. On parle aujourd’hui beaucoup des méthodes guerilla parce qu’on a besoin d’aller chercher des réponses facilement auprès des utilisateurs et qu’elles nous permettent de faire notre métier sans budget astronomique. Des outils évoluent, d’autres émergent et permettent d’explorer de nouvelles choses et d’adapter en fonction du projet. Voir aller jusqu’à imaginer ces propres outils ou méthodes pour coller parfaitement aux besoins du projet. J’imagine souvent mes propres ateliers, voir directement sur place parce qu’il arrive que les attentes de l’équipe projet change en cours de route et qu’il y a un besoin complètement autre que celui que j’avais imaginé au départ. Donc j’adapte en live.

Penses-tu qu'il y ait des compétences indispensables à avoir pour exercer le métier d'UX Designer ? Lesquelles ?

Il faut une vraie curiosité parce que c’est un métier qui évolue sans cesse, et qui nécessite donc de faire de la veille. Si on aime pas regarder ce qui se passe toujours sur son métier, en vidéo, en article, en conférence, ce n’est pas possible. Je mets compulsivement des ressources dans mon application Pocket en me disant “celui là, il faut que je prenne le temps de le lire !”. On peut pas faire ce métier en se disant “c’est fantastique, je vais apprendre des choses pendant 2 ans en Master et je vais appliquer ces connaissances/compétences pendant toute ma carrière. C’est impossible. Il faut être curieux car le métier évolue tout le temps, et bien sur, il faut profondément aimer l’humain. C’est à dire que vouloir faire le métier d’UX designer sans être touché par ce qu’est l’humain dans tout ce

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qu’il est, ses bons côtés mais aussi ses faiblesses et travers. Si on aime pas les gens, on risque d'être trop à distance et de remplir des espèces de grilles pré-formatées qui seront fausses. Il faut constamment être en contact avec les utilisateurs, et tout le temps car l’information est partout. Ca m’arrive d’être dans un café, d’entendre une discussion et de dire “excusez moi, je suis UX designer et je travaille pour améliorer les expériences des gens. Et je vous ai entendu dire ça. Ca veut dire que vous utilisez ça de telle manière ?” Je pose des questions et j’analyse. Si on se dit qu’on peut faire ce métier en étant caché derrière son écran, ça ne sera pas su!sant. L’utilisateur change tout le temps, les moeurs changent, les usages changent. Bien sur qu’on peut lire des articles mais ca ne remplacera jamais l’expérience, la première fois qu’on constate un nouvel usage par soi-même. Je me souviens de l’arrivée de la vidéo verticale car j’ai observé l’usage sur des étudiants. Il faut savoir poser des questions, savoir aller à la rencontre des autres et rester en veille constante. C’est naturel pour moi de vouloir savoir pourquoi une personne réagi comme ça. Je ne me demande pas si cela va m’être utile en tant qu’UX de faire cette démarche. Je ne le conscientise pas, ce métier je le vis.

Penses-tu qu'il faut maîtriser pleinement chaque point de cette liste ? Est-ce réalisable pour une seule personne ?

C’est ma vision du métier et des choses qui m’ont amené à le faire. Je pense qu’au delà d’une liste, il a une qualité dont il est impossible de se passer quand on est UX Designer, c’est l’empathie. Si on est pas en capacité de se mettre à la place des autres, ca ne sert à rien de faire ce métier. C’est la qualité absolue à avoir pour être capable de se mettre à la place de di"érent type d’utilisateurs tout en switchant de l’un à l’autre.

Quelle est la structure de ton pôle UX ? (1 ou plusieurs UX ? 1 UX/UI ?) Qu'en pensez-vous ? Quelle est la structure optimale selon vous ?

Je ne crois pas aux pôles. Je souhaiterai vraiment que les entreprises sortent de la structuration par pôle : marketing, technique, design… Je crois aux petites équipes projets avec plusieurs casquettes. Quelques personnes venant d’univers di"érents qui travaillent ensemble au jour le jour sur un même projet. C’est important d’avoir sur un projet une personne en marketing, une personne en design, un référent technique, en communication, tout dépend du projet ! Moi je crois à ce genre de chose et je crois qu’il faut faire voler en éclat les pôles complètement dissociés les uns des autres où on prend un ascenseur pour aller de l’un à l’autre, alors que tu es censé bosser tous les jours avec ces personnes là. Je ne pense pas que ce soit l’avenir de l’entreprise, et c’est d’autant plus ridicule dans le numérique qui facilite la mobilité. Encore plus pour un UX designer qui doit en permanence

prendre en compte la réalisation artistique qui va arriver derrière, les attentes du marketing, comment on va pouvoir communiquer sur le produit, les contraintes techniques pour le développement. Je travaille avec tout ça, et je ne peux pas le faire sans être en contact avec tous les gens qui s’occupent de ça. Même en tant que consultante, j'intègre des équipes.

On peut donc dire que pour toi la communication entre tous les aspects du projet c’est obligatoire ?

Complètement oui, c’est obligatoire. On travaille à tous les états du projets, même si le must est toujours d’arriver au début mais, on travaille à tous les niveaux et ils sont tous importants. On ne peut pas conceptualiser quelque chose en oubliant quelqu’un et son expertise. Particulièrement l’expertise technique, et c’est peut être un peu la faiblesse des UX designers. Être solide techniquement permet de conceptualiser des choses qui sont réalisables sur le plan technique par la suite. A minima, il faut comprendre ce que dit un développeur et si on peut soit même avoir un bon niveau d’intégrateur/intégratrice, c’est une vraie force.

Quelle est ta place dans l'équipe projet ? Quelle est selon toi la place optimale d'un UX dans une équipe projet ?

Partout. Du début à la fin, tout le long, l’UX designer accompagne chacun des intervenants sur le projet. L’UX Designer est un profil volant, je le vois comme ça et comme un traducteur. On parle avec le développeur dans son langage puis avec le webdesigner dans le sien etc. C’est sans doute parce que l’UX Designer est empathique qu’il est un profil volant, connecté à toute l’équipe et en lien avec les utilisateurs.

Avec qui échanges-tu en règle générale ?

Je suis très hiérarchie plate donc j’échange avec tout le monde, sans préférences. Je considère qu’on a tous des compétences et des connaissances, et qu’à partir de là je peux apprendre des choses de tous. Quand j’intègre une équipe, je cherche d’ailleurs à savoir très vite quelles sont les compétences des uns et des autres pour savoir vers qui me tourner quand j’ai un besoin.

Fais-tu de l'auto-formation ? Assistes-tu à des conférences / meet up ? Pourquoi ?

Oui. Je lis beaucoup pour m’auto-former en permanence. Après, je rêverais d’avoir le temps

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d’aller à des tas de meet-up, de conférences mais aujourd’hui je manque de temps, donc

j’explore les possibles en lisant dès que je peux, en regardant le monde qui m’entoure et

questionnant les gens. Mes étudiants ont l’habitude que je leur dise : “Petit sondage rapide,

est ce que…” Et puis j’en profite aussi pour proposer à mes clients des ateliers que n’ai pas

encore eu l’occasion de faire ou à mes étudiants des logiciels que je n’ai pas encore pu

tester afin de les expérimenter avec eux.

Une de tes connaissances souhaite devenir UX Designer, quels sont tes conseils /

recommandations ?

Il se trouve que je suis régulièrement contactée par LinkedIn ou via d’autres réseaux par

des personnes qui sont intéressées par ce métier. Et je suis heureuse de pouvoir aider car

je suis aussi passionnée par l’orientation professionnelle. Mes conseils vont dépendre

complètement du profil de la personne qui m’appelle bien sur. Mais dans le cas d’une

volonté de reconversion, je donne généralement d’abord 3/4 livres à lire, pour vérifier que le

présupposé “j’aimerais bien devenir UX Designer” est fondé et ancré dans le réel. Ensuite,

quand on me rappelle en me disant “c’est complètement moi, j’ai adoré, etc.”, j’oriente en

fonction des formations qui existent, que ce soit à Bordeaux ou à Paris, en fonction du profil

de la personne, de ce qu’elle a fait avant et de ses revenus. C’est beau de voir arriver la

nouvelle génération !

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Interview : Entreprise du numérique

UX/UI designer

Consultant en applications métier

UX designer

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Pouvez-vous vous présenter ? Quel est votre parcours ? (Formations/parcours pro)

Rémi : Je travaille comme ergonome des interactions homme/machine (IHM) depuis plus de 12 ans, principalement pour des ESN, donc des sociétés de service en tant que consultant. Plus récemment, je me suis auto-collé l’étiquette “UX designer” pour être plus en phase avec les discours et attentes des clients. Ca fait 2 ans et demi que je suis ici. Au niveau de ma formation, j’ai fait 5 ans de psychologie, à la fac, psychologie sociale à la base (rapports humains), puis je me suis spécialisé dans tout ce qui est psychologie cognitive (processus mentaux, fonctionnement du cerveau, de la mémoire, le raisonnement, etc.). Je me suis plus particulièrement tourné vers les interactions homme/machine. Je n’ai pas forcément de compétences graphiques ou très techniques au niveau informatique, mais plus dans le raisonnement, le traitement de l’information par le cerveau.

Camille : J’ai fait un master option publicité à l’ECV, après ça j’ai travaillé pendant pratiquement 2 ans en freelance à Paris dans des agences de publicité, puis je suis revenue à Bordeaux. J’ai travaillé pendant 5 ans chez Cdiscount, où je me suis vraiment formée au web, j’ai fait plusieurs formations, j’étais baigné dedans quotidiennement. C’est là où j’ai d’ailleurs rencontré Rémi, on a été collègue pendant quelques mois. Ca fait 2 ans que je suis ici, je suis UX/UI designer et j’ai aussi une casquette communication digitale.

Mathieu : Je suis UX designer et ergonome ici depuis 1 an et demi. Je suis le seul qui ne vient pas du tout de la formation “classique”. Je suis biologiste à la base, je travaillais en neurosciences du comportement et en psychologie expérimentale. J’ai commencé ma carrière il y a 3 ans, en étant freelance pendant 1 an et demi.

Donnez-moi votre définition de l'UX design.Donnez-moi votre définition du métier d'UX designer.

Mathieu : Pour moi, ce serait de faire en sorte que l’utilisateur soit heureux et satisfait d’utiliser un produit ou un service. A ce niveau là, l’UX designer doit mettre tout en oeuvre pour arriver à cette fin là. Un UX designer n’est ni un ergonome, ni un UI designer, il se concentre sur tout ce qui est collecte de données pour connaître au mieux son utilisateur en fonction des contraintes produit afin de coordonner le tout. C’est lui qui va savoir quelles sont les frictions, quels sont les besoins de l’utilisateur d’un point de vue expérience, pas d’un point de vue fonctionnalités (comment j’aime utiliser mon appli de banque par exemple), pour ensuite pouvoir sélectionner les meilleures comportements à utiliser dans le produit futur. Je vois l’UX designer comme un chercheur, il produit peu, mais il collecte et analyse.

Camille : A l’inverse de Mathieu, pour moi l’UX design ça englobe tout ce qui est UI design, ergonomie, recherche utilisateur, observations. J’ai l’impression que l’UX design, c’est une énorme famille dans laquelle on met plein de choses, en tout cas en France, on met un peu tout et n’importe quoi. On va même mettre un peu de fonctionnel. Mais j’estime que le travail d’un UX designer, ça va être de vraiment s’occuper de l’observation et des interactions des parcours. J’ai l’impression qu’aujourd’hui, beaucoup de personnes ont le sentiment qu’être UX designer, c’est faire des écrans. Je ne pense pas que ce soit ça. C’est avant tout observer, étudier, ce sont les premières étapes avant même de faire de la conception. Un UX designer c’est pas quelqu’un qui fait que de la conception c’est quelqu’un qui observe aussi, qui va regarder les interactions, les parcours avant même de penser à concevoir un produit.

Rémi : Alors moi, je vais avoir encore une 3ème vision encore un peu di!érente, qui rejoint un petit peu les deux mais qui a quand même des di!érences. Je vais comparer à l’ergonomie : l’ergonomie c’est essayer d’optimiser les interactions pour réduire la fatigue, pour rendre les choses très explicites, s’adapter à la cible donc c’est déjà, dans ce parcours là, beaucoup d’étude de l’humain et la compréhension de qui interagit avec le système. C’est di!érent entre une personne âgée ou un jeune, on va pas adapter le même langage, les mêmes process, etc. Pour moi tout ça, ca entre dans l’ergonomie, c’est le côté un peu “rugueux” et un peu optimum des interactions. L’UX design, ca comporte déjà “design” qui veut dire concevoir, donc il y a quelque chose qui est plutôt dans la production plutôt que dans l’observation. Ca va apporter une composante un peu plus globale. Tout le monde peut s’auto-proclamer UX Designer, c’est une bulle très macro, que je trouve trop flou et un peu dangereuse dans la communication. Donc un UX designer, c’est quelqu’un qui va

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penser globalement le service, il ne va pas juste se concentrer sur les interactions de l’utilisateur avec le système, mais qui va penser, pour être un peu provocateur, le côté “marketing” du service. Comment créer une expérience positive, et apporter du fun, du sympa, du sexy, etc. Donc c’est pour ça que je pense qu’il y a des gens qui doivent avoir des compétences créatives et puis graphiques, qui vont rendre le service globalement positif du début à la fin, même avant et après l’utilisation. Là où l’ergonomie va se concentrer sur tout ce qui est interactions homme/machine, l’UX Design va être plus global et va essayer de comprendre pourquoi on pourrait utiliser ces services, comment on pourrait rendre les choses sympa, quitte à potentiellement lever le pied sur le côté ergonomie, un peu rugueux, pouvoir lisser un petit peu les guidelines, les bonnes pratiques, parfois trop rigides (“il faut pas plus de 3 clics” par exemple). Pour résumer, l’UX design c’est très global, très macro, mais c’est pour moi, quand même très lié à la production de quelque chose. pas forcément des écrans, mais à la création d’un service qui o!re quelque chose à l’utilisateur.

Mathieu : En fait l’UX, ça commence au premier contact et ça finit à l’abandon, ou la récurrence d’utilisation. Comme tu dis (Rémi), l’UX ne commence pas au moment où tu ouvres ton appli et que tu fermes ton appli, ça concerne aussi tout ce qui est marketing, image de marque, etc. Quand tu vas chez Amazon, l’UX commence au moment où tu fais ta recherche dans google et se termine au moment où tu reçois le colis chez toi, même le service après-vente. Souvent dans les ESN, ils ont tendance à réduire ça à l’application au sens stricte du terme, mais par exemple un guide utilisateur, ou un tuto sur une appli, tout ça fait partie de l’UX.

Votre poste s'est-il toujours appelé UX designer ? Comment ils s'appelaient ? Y'avait-il une di!érence concrète ?Selon vous, l'apparition de ce terme correspond-elle à l'apparition d'UX designer ?

Camille : Moi je trouve que c’est super flou. J’ai été graphiste, directrice artistique, UI designer, webdesigner, consultante web… On entre dans des cases dans les ESN, là je suis senior business analyst. J’ai l’impression que les (très grosses) structures ne savent pas nous nommer. Comme celle dans laquelle on est, ou comme j’ai pu être chez Cdiscount ou en freelance, je peux être graphiste, je peux être DA…

Rémi : Le piège c’est de dire je suis UX designer parce que je corresponds à un peu toutes ces casquettes là donc je vais dans le pot commun “UX Design”. Après, e!ectivement il y a des grilles selon les sociétés, des titres… On va nous mettre dans une case. Et globalement, moi que je fut ergonome, ou que je sois UX designer, les compétences demandées derrière sont à peu près les mêmes. Je me rappelle avoir plus ou moins raté une offre d’emploi,

car on m’avait dit “vous êtes trop ergonome et pas assez UX designer”. Et une personne

qui a exactement le même parcours que moi, avec des études en psychologie /

ergonomie, elle a mis “UX designer” sur son CV, au final les compétences demandées

sont exactement les mêmes, et désormais elle est salariée de cette entreprise. Des fois c’est à double tranchant. On dit “UX design” pour parler à ceux qui cherchent un UX

designer, mais ils cherchent un UX designer parce qu’ils disent “bon c’est à peu près le

terme qui doit être adapté”. Mais finalement personne ne sait vraiment comment définir

ce terme là.

Mathieu : Alors moi quand j’étais freelance, j’étais vraiment UX Designer. Je ne faisais que de la recherche en UX, quasiment. Ça m’arrivait de faire du wireframe, ou de l’UI (il faut manger quand même). Ici c’est beaucoup plus compliqué, car ce n’est pas une notion qui existe. Ici quand tu es UX designer, en fait tu es ergonome, tu fais de la com/marketing,

tu fais des logos… Ce sont des métiers qui sont trop récents pour des aussi grosses

structures que celle-là. Et je pense qu’ils n’ont pas encore fait cette transition là.

Rémi : Je suis un peu le vieux de l’équipe, et e!ectivement, j’avais lu dans un article que les ergonomes faisaient déjà de l’UX avant que ça s’appelle “UX”. C’est-à-dire qu’ils faisaient la même chose mais il y avait pas l’étiquette “c’est de l’UX design”. Mais certains faisaient déjà la même chose. Et c’est vrai que c’est assez récent comme appellation.

Mathieu : Même le métier en lui-même, UX designer ou UX researcher, c’est quelque chose qui existe depuis 6/7 ans, avec des méthodes claires. Le métier en lui même on peut pas dire qu’il a 50 ans. Je suis d’accord qu’il y a toujours eu de la psycho en marketing, mais maintenant il y a vraiment un framework d’UX research et d’UX design qui est posé, défini et qui est di!érent de celui qui était fait avant. Moi aussi je faisais de l’UX design quand je manipulais mes souris avant. Et les publicitaires faisaient de l’UX design quand ils concevaient des produits. Mais il n’y avait pas ce framework défini et c’est là que je mets la di!érence entre le “avant” et le “après”. Après, il y a toujours eu des mécanos, même à la pré-histoire, mais c’était pas des mécanos.

Rémi : Je ne suis pas trop d’accord, car quand je ressors mes cours d’il y a 15 ans, on était déjà dans des cycles itératifs, c’est-à-dire qu’on produit quelque chose, on fait des tests utilisateurs, on prend du retour utilisateur et on est sur un cycle itératif. Maintenant c’est mis en lumière avec tout ce qui est agilité et ce côté où il faut inclure les utilisateurs le plus tôt dans la conception. Mais c’est quelque chose qui n’est pas forcément nouveau. Maintenant c’est vraiment identifié, o"cialisé. Camille : Il y en avait pas beaucoup avant, c’était rare je pense.

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Mathieu : Ce n’était pas vraiment pratiqué non plus… Avant c’était quand même surtout des cycles en V classiques, où tu prenais tes fonctionnalités et, au mieux, tu testais.

Rémi : Moi je vous fait mon retour de ce que j’ai appris il y a 15 ans et qu’on appliquait quand on nous faisait des commandes de sociétés de service. On nous disait “on veut faire des tests utilisateurs”, et en maîtrise j’ai fait un mémoire de recherche sur certains sujets, donc j’ai mis en place des tests utilisateurs sur 60 personnes et puis j’ai eu des retours, etc. Ce côté itératif qu’on retrouve beaucoup dans l’agilité, les sprints, pour moi ce n’est pas si nouveau que ça, le process de mettre l’utilisateur au coeur de la conception, on appelait déjà ça la conception centrée utilisateur, c’est une bonne pratique qui est plus ou moins vieille.

Camille : Mais ce qui est nouveau c’est qu’avant c’était une bonne pratique, maintenant c’est indispensable. Donc aujourd’hui toutes les entreprises créent des équipes avec des UX Designers, avec des profils variés UI / ergo, etc. Mais aujourd’hui toutes les ESN commencent à avoir des créative studio comme nous. Il y a 10 ans, aucune entreprise informatique avait des designers. Pour moi c’est ça qui est nouveau, c’est que l’UX design a vraiment démocratisé nos métiers créatifs. Ils ont vraiment vu la plus-value sur ce que ça apportait au projet, jusque ce soit aujourd’hui indispensable.

Du coup pour toi le métier il existait avant l’apparition du terme UX designer ? (Rémi et Mathieu ayant déjà donné une réponse).

Camille : J’en ai pas vraiment la connaissance, parce que je viens de l’UI, du graphisme. Donc c’était ni quelque chose que j’ai appris à l’école, ni quelque chose que j’ai eu dans les agences de pub quand j’ai fait mes stages. J’étais loin de tout ça. Mais je pense qu’e!ectivement ce qui existait c’était des recherches un peu sur tout ce qui est cognitif, psychologie. La preuve : Rémi l’a vu pendant ses études. Par contre, je pense que le métier vraiment d’UX designer avec les frameworks, les process, les méthodes, avec le design thinking, et tout ce qu’on a pu sortir, je pense que ça c’est quand même assez récent, pour moi on a outillé ce métier, on lui a donné un nom et du coup on l’a mis en lumière.

Rémi : C’est une question de culture du client aussi, comme disait Mathieu le cycle en V c’était : le client demande ça, on fait ça, et après on le propose aux utilisateurs. On se pose pas la question de qu’est ce que veut l’utilisateur ou comment il fonctionne, etc. C’est là où il y a de la nouveauté, on dit au client, et il accepte de dire aujourd'hui que c’est important d’avoir l’avis, le retour de l’utilisateur final. C’est pas seulement ce que le client veut mais ce qu’il pense être bien pour ses utilisateurs. Il faut faire attention, parce que s’il ne prend pas

en compte les utilisateurs et que finalement ils rejettent le produit, et bien finalement ça va à la poubelle. Pour la petite parenthèse “historique”, moi je l’ai ressenti comme ça, c’est à l’époque (alors vous étiez jeunes), quand il y a eu l’émergence du web 2.0, ça a été révolutionnaire. Il y a eu beaucoup de blogs, et je trouve qu’avec les blogs, les utilisateurs s’exprimaient et ils étaient très exigeants et très critiques. Depuis qu’il y a eu plus de

moyens de s’exprimer de la part de la masse, des utilisateurs, ça leur a donné du poids,

depuis on les écoute et on les prend en compte. Alors qu’avant il y avait peu de moyens.

C’est vrai, c’est une communication qui n’est pas contrôlable, finalement par la marque. Toute la e-réputation doit être surveillée.

Rémi : On le voit de plus en plus. Les sociétés écoutent les réseaux sociaux, elles doivent être présentes un peu partout, ça a beaucoup de poids, dans tout type d’entreprise. Finalement l’utilisateur final pour nous c’est aussi un bouclier. C’est confortable pour nous parce qu’on dit “c’est l’utilisateur qui l’a dit”, du coup ça a du poids, comparé à avant.

Camille : Par rapport à l’ancienneté de l’ergonomie, est-ce qu’il y avait des ergonomes pour le Minitel ou ce genre de choses ? Est-ce que tu crois qu’il y a des gens qui ont pensé aux écrans ?

Rémi : Oui bien sûr, après c’est sur que l’ergonomie c’est toujours la casquette old-school, un peu vieille. C’était beaucoup de bonnes pratiques “il faut moins de X clics”, etc. L’apport récent avec l’UX design met quand même les formes, et ça vend bien le truc. Nous on s’est souvent dit, à l’époque : ce métier va exploser, on était toujours les incompris, et maintenant on est contents que ce soit plus populaire, car ça nous donne de la crédibilité. Mais à l’inverse je m’y reconnais un peu moins dans ce métier, qui est, je trouve très lié à l’image, à l’émotion et puis à l’expérience. Et finalement des fois on peut oublier certaines pratiques qui peuvent être importants.

Depuis combien de temps vous définissez-vous "UX Designer" ? Qu'est ce qui a provoqué ce changement ? (s'il y a eu un changement)

Mathieu : Je suis entré dans le milieu il y a 3 ans en apprenant l’UX design, le métier existait déjà. Je me suis formé à l’UX design et contrairement à Rémi, j’ai appris le wireframing et l’ergonomie sur le tas. C’est pour ça que je fais la distinction entre UX research et UX

design, parce que je suis venu de la recherche, et c’est surtout cette partie là qui

m’intéresse le plus. Après le design, tout ce qui est itératif, les tests utilisateurs, c’est intéressant. L’UX design c’est ce qui se rapprochait le plus de ce que je faisais avant. C’est

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pour ça que je suis allé là-dedans, c’est ce qui m’intéressait le plus.

Camille : Moi je ne me suis jamais vraiment dit “je suis UX designer” dans le sens où j’ai tout un panel de compétences qui va rentrer dans plusieurs cases, on va dire. Et l’UX design englobe un peu ce que je sais faire. Mais je me suis jamais dit “ah ça y est, à partir d’aujourd’hui je suis UX designer”. Je n’ai pas le diplôme, ni la formation qui me permet de dire ça, j’ai fait mon expérience, j’ai fait des formations, j’ai appris au sein du creative studio en allant chez les clients, c’est comme ça que j’ai appris. Je fais de l’UX design dans le sens où je fais plein de choses, je connais plein de méthodes, etc. Mais je me sens pas UX researcher comme Mathieu, ce sont encore des compétences que je dois développer.

Rémi : Pour ma part, c’est un peu comme Camille, c’est-à-dire que j’ai des compétences, que l’on retrouve aussi dans le poste d’UX designer. Je suis assez protecteur de ma casquette ergonome car je trouve que ce n’est pas vraiment pareil comme métiers. Parfois je me dis UX designer, je m’auto-proclame peut-être à tort pour fluidifier la communication et expliquer la globalité du métier. Mais ce qui me tient vraiment à coeur, outre le fait de faire correctement mes maquettes, ça je sais le faire, mais ce qui m’intéresse c’est vraiment la relation, le besoin des utilisateurs, qu’est ce qui peut leur apporter quelque chose, qu’est ce qu’il les intéresse, qu’est ce qu’on peut faire, pas forcément sur la forme mais plus sur le fond. Et là depuis quelques mois je suis plutôt Product Owner, donc je travaille principalement sur ce qui est fonctionnel, sur ce qu’on peut proposer comme service, comme fonctionnalités. En fait, en ergonomie on disait : il faut que ce soit utile et utilisable, donc utilisable notamment avec les bonnes pratiques, les interactions, etc. Et utile : il faut que ça serve à quelque chose. Sinon un truc super sexy qui sert à rien… ce n’est donc pas utile. C’est plutôt par là que je m’oriente, le côté utile. Mais en terme de compétences, c’est plus méthodologique, vraiment mettre l’utilisateur au coeur de la conception, et les compétences ça va être de proposer des wireframes, proposer des bonnes pratiques, plus que vraiment construire un service en tant que tel. Je pense être mauvais UX designer en soit, parce que j’ai pas cette culture très globale qui a un apport quand même assez créatif, assez important.

Vous considérez-vous comme un généraliste ou un spécialiste de l'UX ? (si vous y voyez une di!érence) - spécialiste : quelle spécialité ? pourquoi vous considérez vous comme tel ?- généraliste : pourquoi vous considérez vous comme tel ?

Camille : Moi je me sens grossiste ! Je me sens généraliste, du fait que je fais plein de

choses différentes, de faire de l’UI, de faire de l’UX, de faire des ateliers, de faire des

observations, d’aller sur le terrain, de faire des interviews, de faire des personas, de

faire du design thinking… Et puis je fais des réseaux sociaux, de la communication. Je

fais un petit peu de tout, mais je ne suis pas experte en quelque chose. Je ne suis pas experte des observations terrain par exemple, je sais pas si on peut avoir une expertise vraiment là-dedans, mais comme je fais plein de choses, pour moi je suis vraiment généraliste.

Rémi : Moi ça serait plutôt le contraire, je serai plutôt expert de certaines choses, tandis que sur certains sujets c’est très mineur pour moi. Par exemple tout ce qui est html/css ou créa graphique toutes ces choses là… Ce sont des choses que je ne maîtrise pas.

Et tu te spécialiserais dans quoi ?

Rémi : En l’état je suis plutôt expert de tout ce qui est ergonomie, et maquettage d’interface. Aussi, d’autres pans comme les tests utilisateurs, l’observation, tout ce qui est de la récupération des échanges avec les utilisateurs. Mais je le vois avec tous les autres collègues, je suis quand même très voir trop spécialisé, c’est à double tranchant.

Mathieu : Moi, au niveau des compétences je suis assez spécialisé, si on peut appeler ça

comme ça, je ne suis pas encore un expert, mais j’ai un spectre de compétences assez

faible, parce que je viens pas du tout du design. Par exemple tu me demandes de faire une interface en couleur, c’est la catastrophe, je ne sais pas le faire. Par contre au niveau des soft skills, si tu veux être un bon UX à mon avis il faut avoir une bonne compréhension d’un peu tous les sujets. C’est-à-dire qu’il faut savoir parler et à tes utilisateurs, et à tes développeurs, et à tes fonctionnels, et adapter ton discours en fonction, et prendre en compte les contraintes de tout le monde. Parce que dans la réalité, oui on travaille pour les utilisateurs, mais non on ne fait pas tout ce qu’ils veulent. Parce qu’il y a des choses qui sont impossibles, où financièrement c’est impossible. Par exemple, ça serait super qu’on ait des glaces qui changent de couleur quand il y a quelqu’un dans cette salle de réunion, je pense que si tu demandes à beaucoup d’utilisateurs il y en a plein qui vont te dire oui. Mais financièrement ce n’est pas possible. Donc tu es obligé de tout prendre en compte et la solution que tu vas peut-être pouvoir apporter c’est d’avoir des stores. Donc finalement tu réponds à ta contrainte utilisateur, tu réponds à la contrainte budgétaire de ton manager, et tu arrives à trouver un compromis. Car finalement notre travail c’est de trouver des compromis entre la meilleur expérience utilisateur, les coûts minimum, car il y a quand même une notion de coût, et la di"culté de mise en place. Tu es obligé d’avoir une bonne connaissance, de réussir à adapter ton discours à tout le monde et de prendre les contraintes de chacun pour arriver à sortir un truc qui puisse plaire à tout le monde.

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Au début de l’interview, tu as beaucoup parlé de la recherche, te sens-tu spécialiste de la recherche ou plutôt généraliste dans l’UX aujourd’hui ?

Mathieu : Je suis trop junior pour me déclarer expert. J’aimerais me spécialiser dans cette partie de l’UX, après je ne sais pas si c’est possible, c’est une autre question. Mais j’ai aucune a!nité pour l’UI, j’ai tendance à me spécialiser, si c’était mon parcours professionnel, ce serait me spécialiser dans tout ce qui est wireframing, même si c’est pas mon ki", mais oui j’aimerais me spécialiser en UX research.

Rémi : Il y a l’aspect un peu pervers des sociétés de service : c’est qu’on répond à une commande client, et le client lui souvent il nous demande des écrans où on travaille en appuis des équipes qui font du développement. On doit leur fournir des écrans. J’avais fait un stage de master chez France Télécom, en recherche et développement, donc là on pouvait faire un peu d’innovation, c’est vrai que c’était un luxe pour ce type de métier de pouvoir faire « du jetable », c’était vraiment exploratoire. Dans notre réalité professionnelle c’est moins le cas. Ou alors il faut réussir à expliquer la plus-value de tout ce travail qui n’est pas matériel mais qui peut avoir beaucoup d’importance.

Que faites-vous au quotidien ?

Mathieu : Maquettage (wireframing), recherche utilisateur, un peu de tests utilisateurs quand le budget le permet. Je suis sur un projet un peu particulier, ça fait un an que je suis dessus, donc je wireframe beaucoup, je fais des tests utilisateurs quand je peux, mais on est pas vraiment dans un cycle itératif, on est plus dans un cycle en V, donc c’est plus compliqué.

Rémi : Par contre je complèterai, car mes activités se rapprochent beaucoup de celles de Mathieu, mais j’ajouterai le prototyping : on fait des maquettes qui ne sont pas sexy, volontairement en noir et blanc, pour laisser la place à la charte graphique. Par contre on va assez loin dans tout ce qui est interactions. C’est-à-dire qu’on écrit carrément les règles de gestion : « Quand on clique là, il se passe ça. Mais s’il s’est passé ça, alors on fait ça, etc. » On peut aller assez loin dans nos interactions et j’attache beaucoup d’importance à l’interaction homme/machine. C’est pas juste faire du zoning. Alors autant on est pas bons sur tout ce qui est graphique, mais on le laisse volontairement à d’autres personnes, autant on va quand même assez loin dans tout ce qui est interactions homme/machine, qui peuvent vraiment conditionner l’expérience. Aussi au niveau du wording, tout ce qui est terminologie c’est très important pour la communication avec l’utilisateur. Quand on fait les applications métier très techniques pour des experts ou pour l’armée, on ne va pas utiliser

le même langage que quand on fait du grand public sur un site marchand par exemple. Je trouve que dans notre quotidien c’est super important d’attacher cette importance là, même si après on fait valider par des acteurs métiers, maîtrise d’ouvrage, etc. On est capable grâce aux maquette de proposer des prototypes pas cher, grâce au logiciel Axure, qui sont fonctionnels.

Mathieu : Oui, ça va du Journey map jusqu’au prototype fonctionnel à tester en tests utilisateurs. Les tests utilisateurs dont je parle, c’est sur Axure, pas sur une application développée. On peut aller très très loin sur Axure.

Rémi : Et pour pas cher, par rapport au développement. Tout est dans la logique itérative en fait, on fait quelque chose de fonctionnel où on peut se projeter, on montre et si ça ne va pas on ajuste. Je le considère comme une plus-value dans nos compétences, pouvoir donner de la projection à pas cher, quelque chose d’assez concret et réaliste.

Camille : Moi mon quotidien c’est plutôt beaucoup d’ateliers d’idéation, ateliers de live design (co-conception avec le client et les utilisateurs), pour le coup moi je suis très Sketch et je fais du live sur Sketch avec le client et les utilisateurs pour tester des hypothèses directement et les valider ou pas. Le but c’est qu’en sortie d’atelier j’ai très peu de wireframes à produire, dans le sens où on l’a fait en direct et à la sortie de mon atelier le client a validé la proposition, plus ou moins. Je n’ai que quelques petites corrections à apporter, ou quand je n’avais pas d’idée pour un composant, alors je réfléchis de mon côté pour leur soumettre une idée. Mes grosses parties de journées, ce sont des ateliers clients. Et là on va entrer dans le débat UX design VS ergonomie…

Mathieu : On en discute souvent mais je trouve que le live design quand tu sais le faire c’est super, mais c’est trop dur pour moi.

Rémi : Moi c’est plus la composante temporelle… C’est-à-dire que je trouve qu’il faut du recul et ça m’embête de s’ancrer dans quelque chose qui a été produit en une journée, à chaud, sans le recul. Après peut-être que ça inclut aussi le fait de dire 3 jours après « on avait oublié ça » et donc on met à jour.

Camille : Et bien ça comme on est dans un cycle itératif, on revient toujours sur les maquettes. Moi je trouve que c’est un énorme gain de temps parce que du coup, tu mets tous les acteurs dans la même salle et tout le monde se met d’accord et tout le monde valide le produit.

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Rémi : Mais par principe je trouve que c’est dur de valider quelque chose à l’instant T. Mais après tout je pense que les deux méthodes sont bonnes !

Pouvez vous me définir où commence et s'arrête le métier d'UX designer ? (périmètre)

Mathieu : Il commence et il ne s’arrête pas en fait. Il commence dès le début et il s’arrête à la fin, il est tout le temps là. Il commence au premier contact avec la marque. Si on reprend l’exemple d’Amazon, c’est de la recherche sur Google, jusqu’au moment où tu n’as plus de contact avec eux. Tu as utilisé ton produit, tu n’as pas eu de problème ou tu en as eu, mais tu n’as plus besoin d’eux. Donc pour moi l’UX elle commence et elle s’arrête là. Comme dans un contexte projet, l’UX commence dès le cadrage, donc dès les tous premiers jours du projet, et il terminera à la mise en prod dans le pire des cas. Dans le meilleur des cas il continuera jusqu’à temps que le projet vive quoi.

Rémi : L’expérience utilisateur est indissociable d’un besoin utilisateur, donc quel est le besoin de l’utilisateur ? Et à partir de ce besoin là, comment on y répond et quand est ce qu’on a fini d’y répondre. Donc par exemple l’expérience utilisateur d’une personne qui veut acheter un produit, par exemple une télé, avec un bon rapport qualité/prix, ça c’est un besoin utilisateur. Alors comment on répond à ce besoin ? Comment on optimise son expérience ? Il va falloir qu’on prenne en compte qu’il va peut-être essayer de comparer les produits. Si je suis Amazon, je ne dois pas me dire « il va venir chez moi », il faut que je me dise que l’utilisateur va faire di!érents sites marchands qui vont vendre des télés. Il faut accepter qu’il va me mettre en concurrence avec d’autres possibilités. C’est vraiment par rapport à un parcours, à un besoin particulier. A partir de là, on peut périmétrer le truc.

Camille : Moi je pense exactement la même chose que Mathieu, c’est-à-dire que dans le cadre d’un projet informatique ça va être dès le tout début du projet en commençant par observer les utilisateurs, jusqu’à, même après la livraison du produit, et de tout l'écosystème qui l’entoure. Je dirais aussi plus globalement (et plutôt pour le terme expérience utilisateur), c’est toutes les interactions autour de la marque. Et pour moi même aller dans un magasin, ou voir des publicités, pour moi c’est de l’interaction avec la marque et c’est de l’expérience utilisateur. C’est donner une image, un sentiment, un ressenti à une personne. Le champ est donc énorme.

Mathieu : Ici on est principalement sur du BtoB, sur des applications métiers sur lesquelles on travaille (ça ne veut pas dire que c’est moins important), mais le contact et l’expérience omnicanale est moins valorisée.

Rémi : C’est très important ce que tu dis, car on travaille beaucoup pour des professionnels, et je trouve que l’UX design s’applique plus particulièrement au grand public, il y a plus de potentiel. Nous c’est vrai qu’on nous demande de faire des applis de gestion de stock par exemple, c’est pas très sexy et c’est dur de s’exprimer pleinement.

Camille : Alors moi je ne suis pas tout à fait d’accord parce que notre métier justement c’est de le rendre sexy. C’est de la gestion des stocks mais justement, il faut trouver les interactions qui vont faire que la personne qui va utiliser ça toute la journée va aimer ce qu’elle fait.

Rémi : Alors pour reformuler, on a souvent un périmètre d’utilisateurs assez limité. Dans le grand public, tu peux avoir Madame Michu qui a 50 ans, qui ne connaît rien à l’informatique, tu peux avoir des jeunes qui vont utiliser plutôt leur téléphone mobile, et c’est là où tu peux aussi faire quelque chose de sympa parce que tu multiplies les profils utilisateurs, les personnas, etc.

Mathieu : C’est vrai, c’est intéressant de rendre des applis chiantes, sympa. Mais ça ne rend pas le boulot moins intéressant, mais clairement tous les frameworks UX qu’on voit, il y en a beaucoup qui ne sont pas utilisables à notre niveau. Le guerilla testing par exemple, c’est hyper compliqué. Il y a beaucoup d’ateliers UX qui ne fonctionnent pas parce que le besoin répond à 300 utilisateurs en France ou dans le monde, donc ne serait-ce que pour en avoir 5 ou 6 c’est déjà très compliqué. Alors il y a plein d’autres ateliers qu’on peut mettre en place, du test utilisateur à distance, des petits focus group, ce qui se fait en petit groupe ça marche très bien. Et rendre sexy une application de documents, c’est plus compliqué que de rendre sympa un Tinder par exemple.

Camille : On a travaillé par exemple sur une application interne qui n’est pas fun du tout, qui est de la saisie de temps / de données, afin que chaque collaborateur renseigne ce sur quoi il travaille toutes les semaines. C’est vrai qu’on a eu des débats entre UX design et ergonomie à l’époque, mais à la base c’était un tableau assez chiant à remplir, et on a proposé une solution qui était beaucoup plus moderne, beaucoup plus sympa, et qu’on estime être moins embêtant à remplir par les collaborateurs.

Rémi : Pour faire un peu le rabat-joie, c’est vrai que, comme on travaille plutôt pour des grandes entreprises, on est souvent bridés par la technique. C’est-à-dire que l’infrastructure technique ne nous permet pas de faire tout ce qu’on voudrait - de moins en moins j’espère.

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Camille : Mais justement, c’est notre métier, on doit faire au mieux avec les

contraintes techniques, et essayer de les surpasser.

Mathieu : C’est sur que ça reste frustrant mais c’est aussi notre métier d’intégrer ces contraintes.

Camille : Pour moi c’est le challenge aussi, le challenge qu’on doit relever. Qu’est-ce qu’on peut faire au mieux dans les contraintes qu’on a, que ce soit les contraintes projet, produit, coût, etc.

Êtes-vous souvent au contact des utilisateurs ?

Camille: Ça dépend, ca peut être oui sur certains projet et non sur d’autres. Je l’ai vécue sur un projet à 1 fois par semaine.

Donc ça ce serait le maximum en terme de récurrence ?

Camille: Oui, après il faut avancer en terme de production. Si on ne produit pas quelque chose à soumettre aux utilisateurs entre temps ça n’avance pas. Le projet où on

cherchait le plus possible à être en contact avec l’utilisateur et à faire le plus

souvent des tests, observations etc.. C’est pour moi le projet qui a eu le rendu le

plus cohérent, au plus près des besoins des utilisateurs.

Mathieu: Moi je le fais au besoin, plus globalement c’est au moins une fois par semaine. Tout dépend du projet, et de ce que je dois produire. Sur mon projet du moment j’ai surtout la casquette ergonome et design d’interaction donc c’est mes fonctionnels qui récupèrent le besoin et je dois le traduire en maquette, que je vais présenter de manière détaillé à mes utilisateurs, au moins une fois par semaine. Il me font leurs retours, et on itère. Après il y a des séances d’observation à la demande, quand un sujet est bien complexe je demande à mon client d’organiser des séances d’observation sinon je ne pourrai pas bien avancer.

Rémi: Mathieu à relevé le point qu’on est pas toujours tout seul, il y a aussi des gens qui font du fonctionnel, qui nous épaulent sur les échanges avec les utilisateurs finaux. Sur un projet assez conséquent, on avait accès aux utilisateurs très souvent, de nombreux retours et c’était un peu un luxe. Actuellement sur un autre projet avec ma casquette plus fonctionnel, j’ai accès à des verbatims et des retours utilisateurs mais par contre le piège là-dedans je trouve c’est que le client va prendre tout ce que peuvent dire les utilisateurs et il va falloir

tout traiter. Alors que des fois les utilisateurs ne disent pas toujours ce qu’ils veulent, c’est des données à a!ner. J’ai souvent accès à ce dont j’ai besoin, mais attention donc à comment on l’exploite.

Mathieu: Ils n’ont pas que des bonnes idées en e"et.

Rémi: Pour moi les utilisateurs doivent nous formuler leurs besoins, faire des retours sur ce qui est produit, mais ne doivent pas formuler de solutions. C’est souvent ça le piège, ils apportent des solutions et il m’est donc arrivé d’entendre : «le bouton je le veux plutôt ici et de telle couleur». Selon moi c’est pas à eux de le dire.

Camille: De mon coté j’ai déjà été confronté chez un client à des utilisateurs qui n’avaient pas la vision de la stratégie d’entreprise à 5 ans. Et donc le métier côté client souhaite voir quelque chose que les utilisateurs d’aujourd’hui ne souhaite pas voir, parce qu’il ne savent pas encore que demain leurs métiers vont changer.

Mathieu: C’est le problème, tu as un client qui est la direction du service informatique et qui va décider quelque chose, les utilisateurs n’ont pas leur mot à dire et doivent le faire. Nos projets arrivent rarement d’un besoin utilisateurs plutôt que d’un besoin DSI.

Rémi: Plus globalement on parle des partis prenantes et c’est vrai que ce n’est pas que l’utilisateur qui est impliqué la dedans, il peut y avoir le DG, la DSI, les stratégies d’entreprises, tout ça… Donc l’intérêt pour nous c’est d’avoir toute ces populations et de comprendre ce qu’ils formulent et leurs enjeux.

Quels outils / méthodes utilisez-vous au quotidien ? Pensez-vous qu'il y ait vraiment des outils/méthodes à respecter ?

Rémi: Pour la production Axure niveau outil.

Camille: Chacun travaille avec les outils avec lesquels il est à l’aise.

Rémi: Tout ce qui est proche du design thinking, des méthodes pour récupérer le besoin utilisateur, de faire parler, le principe d’idéation, c’est un peu la base à avoir.

Camille: Chez un client j’ai fait du Lean UX et j’ai trouvé ça super intéressant, c’est une méthode que j’ai envie d’appliquer au quotidien sur plein d’autres projets. Hier on discutait

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d’un sujet de veille qui est le circular design, l’idée c’est de voir un peu ce que c’est, étant donné que c’est un dérivé du design thinking que j’utilise beaucoup donc ça m’intéresse. Ce n’est pas une méthode que je maîtrise aujourd’hui et que je ne saurais pas appliquer sur un projet. Toutes les méthodes un peu agile, idéation, et ce qu’elles regroupent c’est quelque chose que j’applique au quotidien.

Rémi: Pour tout ce qui est tests utilisateurs il y a aussi un ensemble de bonnes pratiques : être le plus neutre possible, ne pas orienter les questions ou influencer les réponses, cette ensemble de bonnes pratiques forme une méthode de test utilisateur. On fait aussi des interviews, des questionnaires… tout ce qui sert à récupérer le besoin.

Camille: On oublie pas les principes théorique non plus, Gestalt, Bastien & Scapin… C’est

des principes à connaître pour bien les appliquer.

Rémi: Les théories de la forme oui, c’est plus sur la conception. Comment structurer l’information.

Mathieu: Moi c’est Axure pour tous ce qui est design, création et prototypage. Ensuite pour

ce qui est de la recherche UX j’utilise surtout les interviews, observations terrain, et test

utilisateurs. Pour moi c’est les trois méthodes dont on ne peut pas se passer. Les personnaes je trouve l’intérêt assez limité, focus group il faut être hyper expérimenté sinon c’est compliqué à gérer.

Camille: Product box ! C’est une bonne méthode aussi.

Mathieu: Product box c’est pas mal mais je reste pas ultra emballé par ça parce que je trouve qu’on en fait pas grand chose, c’est comme les personnaes, l’idée est là et l’intérêt aussi mais je trouve qu’on en fait pas grand chose au final. Je dirais donc un triptyque indispensable : observation terrain - interviews utilisateurs - tests utilisateurs. Avec ça tu peux pratiquement tout faire.

Rémi: Je vais un peu revenir sur la question de l’accès aux utilisateurs parce que comme on l’a dit ça peut se faire assez facilement mais ce qui reste encore compliqué à avoir c’est les observations terrains. Pouvoir aller sur place observer c’est compliqué mais c’est un vrai plus de pouvoir voir ce qui se passe au quotidien en étant neutre, transparent. Ca m’est arrivé sur un projet d’arriver sur place et de me rendre compte que les personnes concernées utilisaient des doubles écrans, des micro-casques, ce qui conditionne énormément les interactions. C’était un centre d’appel, et tous les jours par ordre d’arrivée

les utilisateurs s'installent sur un poste défini. Donc tous les jours ils n’étaient pas au même endroit et ça conditionne forcément leur expérience utilisateur, sur des éléments de détails par exemple des reflets sur écran dû à la position de l’écran ce qui amènent à des remarques de manque de contraste d’interface. Mais en même temps, si c’est trop contrasté pour tout le monde ça peut poser problème, et ce genre de chose, c’est sur le terrain qu’on peut vraiment s’en rendre compte.

Mathieu: Niveau outil je rajouterais aussi Google Form pour tout ce qui est analyse quantitative, c’est très bien en interview. Et analyse qualitative j’utilise Reframer de optimal Workshop, pour quantifier ces analyses qualitative.

Pensez-vous qu'il y ait des compétences indispensables à avoir pour exercer le métier d'UX Designer ? Lesquelles ? (humaines/professionnelles)

Rémi: Je vais rejoindre l’avis de Mathieu, les softs skills c’est super important. Notamment l’empathie, l’écoute, la neutralité, et prendre beaucoup de recul, toujours se dire je ne fais pas l’application / le service pour moi mais pour l’utilisateur qui à tel profil. C’est sortir de ce que nous on veut ou on sait et se dire de quoi cette personne là, avec son profil va avoir besoin et comment va-t-elle interagir.

Camille: Je rajouterais la créativité. C’est hyper important dans l’UX design d’être aussi un créatif. Quelqu’un qui fait du fonctionnel dans un projet informatique est souvent intéressé par le coté UX, ergonomie, les ateliers etc. mais si il n’y a pas le côté créatif, pour moi, ca ne fonctionnera pas.

Rémi: En e!et pour UX Designer la créativité c’est important, après l’ergonome lui aime

bien capitaliser sur des connaissances existantes. Il peut paraître old-school à se dire :

ça ça marche, l’utilisateur a l’habitude de faire ça comme ça donc je capitalise sur les

acquis et il y a moins d’apprentissage donc ça va optimiser l’appréhension du service.

Mais la contrepartie c’est qu’il ne propose pas d’expérience innovante ou nouvelle,

c’est donc une vrai qualité en tant qu’UX de pouvoir créer ce plus, se distinguer.

Mathieu: Je ne pense pas qu’il y ait de compétences particulières pour être UX Designer c’est surtout des postures à adopter. De l’empathie, de la créativité même si changer les usages c’est pas tout le temps pertinent, savoir écouter, et avoir un bon esprit de synthèse.

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Quelle est la structure de votre pôle UX ? (1 ou plusieurs UX ? 1 UX/UI ?) Qu'en pensez-vous ? Quelle est la structure optimale selon vous ?

Camille: Il y a ici une quinzaine de personnes, des UX des UI et des développeurs front-

end. Avec des gens qui maîtrisent plusieurs domaines, mais les trois c’est assez rare. On

retrouve plus souvent des UX/UI ou des UI/Front-end.

Mathieu: Ou UX / Ergonome et UX Fonctionnel.

Rémi: Après malheureusement, mais c’est normal, on va souvent être amené à faire ce qu’on nous demande de faire et donc avoir une casquette bien définie pour chaque projet, il est rare de s’attaquer seul à deux domaines. Mathieu par exemple avec sa casquette UX / Ergonome il va faire de l’UX et de l’ergonomie sans déborder sur de l’UI ou de l’intégration même si il comprend.

Mathieu: Il y a aussi le fait que quand tu fais du développement front-end tu es souvent sta!é en totalité sur ce domaine car on manque de développeur front.

Rémi: De mon coté, quand je fais mes maquettes je fais attention de pas déborder sur tout ce qui est UI parce que je veux pas influencer et laisser au maximum de la place à l’UI.

Que pensez vous de cette structure et que feriez vous pour atteindre une structure optimale à vos yeux ?

Camille: Je trouve que ça marche bien ici. On se complète bien.

Rémi: C’est toujours intéressant d’avoir des profils et compétences di!érentes dans un même pôle.

Camille: Qui plus est, on vient tous de parcours et secteurs bien di!érents, avec nos opinions et visions des choses sur l’UX et je trouve que c’est quelque chose qui nous enrichit.

Rémi: A noter que avant, on n’avait pas d’intégrateur ou développeur front-end avec nous, c’est assez récent et je trouve que ça apporte vraiment quelque chose aussi bien pour notre vision globale que pour notre culture dans le domaine.

Camille: Et ça permet aussi un bon suivi de la chaîne conception - design - développement,

avec une bonne communication qui permet d’être rigoureux sur le rendu final visuel en production.

Mathieu: Ce qui est pas mal sur le pôle c’est qu’on ne manque pas de double compétence donc le transfert d’informations / la communication se fait très très bien entre les 3 - 4 personnes qui vont travailler ensemble sur un projet. Il y a toujours un moment où tu vas pouvoir échanger à plusieurs sur un domaine. Si par exemple je fais la recherche et le design d’interaction, derrière j’ai un profil UX / UI, il va prendre le relais et donc faire cette passerelle entre design UI et design d’interaction qui font que derrière il comprend bien tous les enjeux que j’ai eu pour produire quelque chose de très adapté. Encore derrière ça il y a un profil UI/Dev front-end, et pareil il va pouvoir voir en amont et co-construire l’interface avec les autres pour un travail optimal. Ne pas être “compartimentés” c’est quelque chose de très bien.

Camille: Tout le monde gagne à laisser chaque profil avoir sa vision sur l’ensemble du projet et en discuter ensemble.

Rémi: En complément je dirais que c’est très rare voir impossible qu’une seule personne se retrouve responsable de toute la chaîne. Pas dans notre modèle de travail. On découpe en plusieurs acteurs pour que chacun fasse ce qu’il fait de mieux et on ne met pas quelqu’un qui va faire tout tout seul même si il est en capacité de le faire. Et c’est pour ça aussi qu’on vend à nos clients des profils d’experts.

Mathieu: Tout n’intéresse pas tout le monde non plus, c’est bien de savoir ce qu’on veut

faire. Ca ne sert à rien de chercher à savoir tout faire.

Faites-vous de l'auto-formation ? Assistez-vous (participez-vous) à des conférences / meet up ? Pourquoi ?

Mathieu : Alors moi je fais de la veille, mais sur mon temps de travail car je n’ai pas le temps hors du travail. Au studio j’ai mis en place “Les midi UX”, une fois par semaine (c’est facultatif), toutes les personnes du studio se rejoignent, il y en a un qui partage un article de veille qu’il estime intéressant, qui peut intéresser tout le monde, ou pas. Il présente son article et on en discute tous ensemble, on le fait régulièrement pour, justement, garder cette curiosité. Après, sur les temps de travail, parfois tu peux te caler des temps de veille mais tu peux pas tout le temps. Perso je ne fais pas de conférences, de meet-up, j’ai ma vie familiale à côté.

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Camille : C’est vrai que ça dépend des contraintes, moi j’en ai pas trop et donc je fais partie d’une asso, Aquinum, le numérique en Aquitaine, donc je vais souvent aux conférences, je peux être intervenante là-bas, pitcher par exemple. Je vais aux UX camps, je vais sur les salons (BDX I/O, Web2Day), certains hackathon, je regarde un peu les projets qui sortent. Je suis plutôt très impliquée en dehors du travail, sur mon temps perso.

Rémi : Moi je l’ai pas mal fait au début de ma carrière, j’étais très curieux, très friand. je continue au maximum de faire de la veille, de me tenir informé de façon un peu “passive”, c’est-à-dire fouiller un peu, aller voir les di!érentes sources, parce que c’est super important et on peut vite être dépassé. Mais par contre, tout ce qui est événement, j’en fais très peu, mais j’avoue que je mets moins l’accent sur ces choses là, même si je suis très admiratif et j’aimerais bien faire un jour un hackathon, car je trouve que ça a l’air super impliquant et enrichissant.

Camille : A contrario, moi je ne fais quasiment pas de veille sur internet, ma veille c’est les liens qu’ils envoient. La veille que je vais faire ça va être surtout ça, avec les midis UX, mais pendant ma journée je ne vais pas trouver de temps pour faire de la veille. Je n’arrive pas à me dégager d’un projet pour ça.

Rémi : Moi ça peut m’arriver aussi le soir, de tomber sur une source, creuser un peu par-ci par-là, de rebond.

Camille : Parce que t’es le soir à la maison, moi je suis le soir aux événements ;-)

Rémi : Ah voilà, c’est vrai ! Mais sinon par exemple l’année dernière j’ai fait un petit sujet de projet CIR (Crédit d’Impôt Recherche), et ça m’a sorti un peu de ma bulle pro, mais ça m’a demandé de faire beaucoup de veille, de creuser des sujets, etc. Et c’est vrai que c’était assez intéressant.

Une de vos connaissances souhaite devenir UX Designer, quels sont vos conseils / recommandations ?

Mathieu : “Bon courage!”. Sois curieux, il n’y a que ça en fait. Si t’es pas curieux tu ne peux pas devenir UX designer à mon avis. Ça implique de faire de la veille, de s’intéresser à trop de choses : au fonctionnel, aux dev, aux utilisateurs… Si tu veux faire qu’une seule chose et être tranquille, ne le fais pas. Tu ne feras pas qu’une seule chose et tu ne seras probablement pas tranquille. T’es jamais tranquille quand t’as des utilisateurs. Si tu veux être tranquille tu fais dev ! Pour moi les études ne sont pas quelque chose de primordial

en UX, de toute façon quand je vois les programmes, souvent c’est un petit peu disparate. Si t’es curieux à mon avis t’as pas besoin d’étude pour devenir UX. C’est plus un état d’esprit

et un savoir être, plutôt qu’un savoir tout court. Moi par exemple j’ai appris les notions de Bastien et Scapin, il y a environ 1 an, c’est une collègue qui m’en avait parlé sur un projet, et pour moi ce qu’il y a dedans c’est juste du bon sens, d’accord ça donne un framework c’est très bien. Après je ne suis pas arrivé en sortie d’étude UX designer, c’est peut-être pour ça. Mon ancien métier était vraiment très imprégné de toutes ces méthodes (recherche, design expérimental, analyse de données, etc.) donc les valeurs de curiosité et d’ouverture je les avais déjà là-bas, la transition ne m’a pas parue trop complexe. Un étudiant aujourd’hui qui veut faire des études d’UX designer, moi je lui dirais franchement “vas-y”, parce que c’est rigolo ! Mais je ne sais pas si à l’école tu apprends ce qu’il faut.

Camille : Moi je dirai “Vas-y, fonce!” car j’adore ce métier, j’adore ce que je fais donc je dirais “fonce, c’est génial”. Je dirais aussi qu’il faut être curieux mais il faut être sensible

aussi. Il faut avoir une certaine sensibilité dans le sens où il faut comprendre les gens,

leur ressenti, leurs émotions. Il faut aussi avoir envie de donner ou de créer des

émotions aux gens, de leur simplifier la vie, pour moi il faut aimer les gens, quelque

part. Venant de l’ECV, je dirais “fais l’ECV Digital”, comme j’ai fait des études et que ça m’a beaucoup apporté, je dirais de faire des études, mais par contre et surtout “fais de l’alternance”. Au final c’est le monde du travail, le monde de l’entreprise qui t’apprend beaucoup de choses. A l’école tu vois la théorie, mais si tu ne la mets pas en pratique ça ne sert à rien. Moi je faisais 2 mois de stage l’été mais ce n’est rien. Et je me suis rendu compte qu’en fait, c’est pas que je ne savais rien faire, mais j’étais pleine de théorie, de tout ce qu’on m’avait dit pendant 4 ans et quand j’ai commencé à travailler, ce n’était pas pareil. La vraie vie, ce n’était pas la même chose ! Donc je dirais qu’il faut avoir une certaine personnalité, il faut faire un peu d’études pour apprendre la théorie, car il y a des méthodes qui ne viennent pas toutes seules. On peut s’auto-former, être autodidacte, mais c’est bien aussi de les apprendre, de connaître la diversité des méthodes et après, faire de l’alternance pour les appliquer et pour être vraiment dans le monde du travail rapidement.

Rémi : Je suis tout à fait d’accord avec ce que mes collègues ont dit. D’une part e!ectivement, les études, avoir les bases de certains trucs c’est important. Sinon, beaucoup de soft skills, comme ils l’ont dit, être curieux, être toujours à l’écoute. Après ce qui est super important aussi, c’est d’être empathique et de prendre du recul, de ne pas faire les choses pour soi mais pour l’utilisateur, car on est quand même dans une conception centrée utilisateur. On est pas tous les utilisateurs du monde nous-mêmes donc c’est comprendre les autres, comprendre leurs besoins, leurs modes de fonctionnement, ce qu’ils savent faire ou non, ce qu’ils peuvent faire ou non (avec les problématiques d’accessibilité, handicap,

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etc). Donc vraiment être à l’écoute des autres et pas se dire “je pense qu’il va faire comme ça”, c’est plutôt essayer de voir un maximum comment il fait, les interviewer… Donc ça c’est du soft skills en fait, il y a un peu de méthodo mais c’est beaucoup du savoir-être. Moi j’avais fait une option, à la fac c’était Anthropologie, tout ce qui est étude des cultures, des civilisations, et notre prof nous avait dit “étonnez-vous de tout, parce que dans une culture, ce qui vous paraît évident ne l’est pas forcément ailleurs”. Et ça m’a marqué et je me suis dit qu’il faut toujours que ce que moi je pense, et bien ce n’est pas aussi évident pour une autre personne. Alors être curieux prendre du recul, être empathique, sensible, se dire qu’on est tous di!érents et qu’on ne fait pas les choses pour une personne aussi, on la fait pour une population, et dans cette population les gens peuvent être assez di!érents entre eux. Savoir ça c’est déjà beaucoup, je dis souvent aussi que savoir se poser les bonnes questions déjà c’est bien, c’est très important. Donc voilà, ça passe par le recul, la curiosité, et ensuite comme disait Camille, avoir des compétences, des techniques de base. Pour moi les critères de Bastien et Scapin c’est incontournable, c’est vrai que c’est une évidence, mais les avoir en tête c’est important pour ne pas dévier trop vite, ne pas oublier la base. Beaucoup de savoir être, des compétences de base qui sont assez génériques quand même, et puis après je pense que pour la bulle UX/UI design, avoir de la créativité, avoir un peu d’audace et savoir aussi sortir du cadre et ça marche aussi par de la veille, de l’écoute et puis des bonnes idées, de la créativité, tout ces trucs là. Et je pense que tout le monde peut être UX designer dans l’absolu, avec beaucoup d’humilité.

Camille : Pas pour moi.

Rémi : Après ça dépend des personnalités, je vais tirer de gros traits, mais un développeur par exemple, l’utilisateur final ça ne lui parle pas. Quand il fait des bases de données, du java, l’interface, les interactions, la sensibilité, ce n’est pas primordial. Du moment qu’ils appellent quelque chose et qu’ils ont la bonne réponse en retour, alors ça su"t. Et ça marche, donc c’est bien. Et que ça marche vite, aussi en terme de performance. Donc pas tout le monde, mais qui veut se donne les moyens peut l’être je pense.

Camille : Oui voilà c’est ça, c’est toujours la même question de motivation, d’intérêt, de curiosité, d’envie… Mais en e!et il n’y a pas qu’une catégorie de la population qui peut être UX designer, ça c’est sur.

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Interview : Tristan Charvillat

Head of UX Design - BlaBlaCar

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Peux-tu te présenter ? Ainsi que ton poste et ton entreprise.

Moi c’est Tristan, je travaille chez BlaBlaCar aujourd’hui, je m’occupe de toute l’équipe design, donc qui inclut les sujets UX, les sujets de research, les sujets de contenu et les sujets de localisation. Je suis basé à Paris au siège de BlaBlaCar. Avant cela, j’étais chez Paypal, pendant 6 ans et je m’occupais du studio à Paris et à Londres, donc d’une équipe qui couvrait les sujets “consumer Paypal” pour l’Europe. Encore avant, j’étais dans une start-up, j’ai commencé à travailler en 2005. L’ambition à l’époque était de développer les prestations autour de l’ergonomie, principalement en France et à Paris en particulier. A ce moment là ce n’était pas un sujet extrêmement connu. Donc on voulait lancer des sujets tels que “qu’est-ce que l’ergonomie ?”, “l’expérience utilisateur”, même s’il n’y avait pas encore trop le sujet “UX” à l’époque, mais en tout cas c’était sensiblement la même chose. C’était donc l’objet de l’agence de conseil en ergonomie Yuseo qui fait aujourd'hui partie du groupe Nextedia. On faisait autant de la recherche, des tests utilisateurs, que du design, de la production de maquettes, etc.

Quel est ton parcours en terme de formation ?

J’ai fait un parcours de psychologie. Je suis allé à Paris 5, j’ai donc fait de la psycho, avec un pan psychologie clinique, le plus habituel quand on pense à psycho, les maladies mentales en générales, le pan de la pathologie. Mais aussi beaucoup de psychologie cognitive, qui s’intéresse au traitement de l’information, la mémoire, le langage, la perception, etc. Donc j’ai fait un parcours la dedans, principalement en psychologie cognitive et en psychologie sociale, qui m’intéressait beaucoup. Et en master il y avait vraiment une spécialisation ergonomie/IHM, c’était encore très large à l’époque, j’imagine que les formations sont plus spécialisées aujourd’hui. A l’époque l’ergonomie ça englobait aussi bien les aménagements des postes de travail, que les troubles musculo-squelettiques sur les activités professionnelles, que les écrans. Il fallait quand même à l’époque pas mal de foi pour se faire un parcours complet de psychologie pour finir par faire du design d’interface, car c’est ce que je voulais faire depuis le début, mais il a fallu passer par la psychologie du développement de l’enfant, les pathologies du schizophrène, pour finalement arriver dans un master où on commence à parler de l’interface. Ce que j’ai retenu de vraiment intéressant là-dedans c’est qu’il y avait peut-être pas beaucoup de choses sur

les écrans eux-mêmes, par contre il y a une vraie formation sur la méthode expérimentale, sur ce que c’est de mettre en place une méthodologie. Ça pour le coup c’est très fort côté psycho, et ça aide beaucoup, en particulier pour la partie research, encore aujourd’hui, ce que c’est de mettre en place un test utilisateur, ce que c’est de parler à des gens, de poser des bonnes questions et des mauvaises questions, etc… Le cursus théorique de la psychologie est très utile.

Donc ce que tu as appris lors de ta formation te sert encore aujourd’hui ?

Oui, ce sont les fondamentaux qui me servent. On se rend compte aujourd’hui qu’il y a beaucoup de choses où on a l’impression que ce sont des “waouh moments”, où on se dit qu’on a découvert quelque chose d’absolument incroyable, mais en fait c’est souvent juste un re-packaging de quelque chose qui existe depuis bien longtemps. Il y a des usages qui se développent, mais par contre nos cerveaux ils n’évoluent pas à la même vitesse que nos usages, mais les principes de fonctionnement d’un être humain et d’un cerveau humain ne change pas beaucoup finalement. C’est juste qu’on a des usages et des types de comportements qui évoluent, mais les bases sont les mêmes, et ça aide beaucoup à connecter des choses qui changent très vite avec des fondamentaux qui sont très stables.

Donnez-moi votre définition de l'UX design / d’UX Designer.

Ça pour le coup, ça a bien évolué. Je pense qu’il y a une époque où on parlait beaucoup d’ergonomie, c’était beaucoup dans l’utilisabilité des choses, et donc aujourd’hui dans l’UX il y a toujours un pan d’utilisabilité, par contre le sujet s’est bien élargi et là on a un spectre qui va de l’identification de besoins utilisateurs en général, pour ne pas dire clients, vraiment comprendre les problèmes qu’on cherche à résoudre dans le quotidien, dans l’usage des gens, jusqu’à la performance d’une interface, la recherche de petits mécanismes pour créer de l’adhésion, de l’engagement supplémentaire. Donc ça a doucement di!usé, au départ en étant quelque chose de très orienté utilisation, capacité à résoudre une tâche, et maintenant ça a un pan dans l’innovation, dans le marketing et un peu dans la technologie. Et la synthèse de tout ça c’est de créer des produits qui ont du succès !

Votre poste s'est-il toujours appelé UX designer ? Comment s'appelaient ? Y'avait-il une di!érence concrète ?

Pas du tout, au départ j’étais ergonome, ensuite on disait ergonome IHM et puis il y a eu le sujet UI, interactions, et puis il y a eu le sujet UX, qui cherche à être encore plus englobant.

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Maintenant il y a le sujet du product design, et puis il y a le sujet de design en général, tu peux être Head of Design, ça marche aussi. Parce qu’il y a aussi une partie esthétique, il y a les UI, les graphistes, les UX… Tout ça se mélange un petit peu mais ceci dit quand on est dans le détail, si on est sur des définitions un peu précises, un UI devrait vraiment s’occuper des sujets d’interactions donc d’écrans, l’UX a vocation à être englobant sur l’ensemble de l’expérience, le graphiste a des sujets de pixels et d’esthétique, de messages que tu fais passer par la couleur ou par la partie plus esthétique de l’expérience. On met même les researchers dans l’UX, on met le contenu aussi. Ici chez BlaBlaCar, l’équipe UX c’est aussi le contenu, et c’est même la localisation (on conçoit dans une langue, ici c’est l’anglais, la localisation c’est tout le process d’adaptation du contenu, soit de la traduction pure et dure, mais ça peut être aussi de l’adaptation, il y a des concepts qui ne vont pas passer de la même manière en Russie qu’au Brésil et donc ça demande une vraie réflexion autour du message. On a une intention au départ, et on veut que l’intention reste pour tous les pays.)

Ergonome, ergonome IHM, UI, UX… Est-ce que tu sens une di!érence concrète dans tes tâches quotidiennes aujourd’hui ?

Oui, enfin c’est ce que je disais avec le côté “spread”. Au départ on était très orientés sur l’utilisabilité, qui se mesurait par des tests d’utilisabilité. Notre objectif c’était de se dire “une personne à qui on demande de réaliser une tâche avec une interface, elle est capable de la réaliser de manière intuitive, globalement elle est capable d’y arriver”. C’était vraiment le début sur les sujets d’IHM, les utilisateurs arrivent à faire ce qu’on leur demande de faire, c’était déjà un challenge et aujourd’hui encore c’est un sujet. Mais ça doucement, ça s’est étendu en amont, à se dire que si on travaille l’expérience utilisateur, quand le sujet c’est l'utilisateur, alors il faut développer une forme d’empathie pour qui il est, pour le problème qu’on cherche à résoudre et finalement de demander à quelqu’un de faire une tâche quelconque sur une interface, tu peux lui demander de faire une tâche qui ne sert strictement à rien, de faire en sorte que ce soit utilisable, donc d’avoir de bonnes performances d’utilisabilité, mais en fait ça ne sert à rien. Donc je crois qu’on a commencé avec l’utilisabilité et ça s’est élargi sur l’utilité. Plus ça va, plus le sujet UX il inclut l’utilité, plus il monte dans les stratégies de l’organisation, et aujourd’hui on se retrouve à pouvoir challenger le produit comme le marketing, comme les autres. On est traités à égalité. On amène ce point de vue utilisateur dans des réflexions plus en amont qu’uniquement l’utilisabilité du produit. D’utilisabilité, on s’est étendu vers utilité.

Quand tu as vécu cette transition, est-ce à ce moment là où tu t’es dit qu’on entrait dans l’UX design ? Est-ce ce moment où tu t’es décrit comme UX designer ?

Je crois qu’il faudrait demander à quelqu’un qui était aux États-Unis, qui a vécu ça d’un point de vue américain, car je crois qu’on a fait qu'hériter des courants qui arrivent de là-bas, pour une bonne partie. Ca n’enlève rien au talent des gens d’ici, c’est juste que je ne vois pas une école de pensée particulière en France (peut-être qu’elle m’échappe). Je crois que doucement, l’UX s’est étendue, et une fois qu’on a commencé à le constater, alors le label qu’on a mis dessus a dû changer. Ce qui est sûr c’est qu’à l’époque où on était ergonome, nous on poussait déjà pour aller vers l’utilité, on était déjà convaincu de ça mais il n’y avait pas encore de place pour ça, et doucement c’est venu et en même temps que c’est venu, il y a le mot UX qui est apparu. Mais je n’ai pas souvenir du jour au lendemain où tout d’un coup le mot est apparu. Je crois que tout ça c’est quand même progressif. Mon expérience est sur 10 ans et sur 10 ans c’est un mouvement progressif et encore aujourd’hui ça continue, il y a des boites qui sont matures là-dessus mais j’entends encore des UX qui se plaignent de faire que de l’utilisabilité. Tu peux aujourd’hui t’appeler UX et ne faire que de l’utilisabilité, il y en a plein. Ce qui est sûr c’est que le niveau de maturité en Californie, en particulier, a toujours été bien en avance et donc on hérite de cela au fur et à mesure.

Selon toi pourquoi sont-ils si en avance ?

Ils sont avance sur le digital en général, pas que sur l’UX. Parce qu’ils investissent énormément dedans, parce que c’est un environnement extrêmement favorable pour ces rôles là, parce qu’ils ont concentré beaucoup de ces profils là au même endroit. Il y a une inter-connexion entre ces gens là qui est extrêmement forte et ils attirent les meilleurs talents. Chez Paypal on se retrouve avec des niveaux n+3 ou n+4 dans le design, avec des personnes extrêmement brillantes qui sont de réelles sources d’inspiration pour tout le monde, donc si tu rassembles beaucoup de gros talents au même endroit avec une grosse densité en plus de gens dans le même métier, alors mécaniquement tout s’enrichit.

Te considères-tu comme un généraliste ou un spécialiste de l'UX ?

Je crois que l’UX c’est général. En gros, les spécialistes ils sont “en dessous”, c’est-à-dire que l’UX ça rassemble des spécialités. Chez nous dans l’UX il y a la research, le contenu, etc. Donc des spécialistes UI j’entends, des spécialistes du contenu et de la recherche aussi, mais des spécialistes de l’UX ça me semble plus compliqué. Sinon un spécialiste UX est-ce qu’il fait de l’interaction, de la recherche, du contenu ? Je crois que c’est ça la question. S’il fait tout ça et qu’il est spécialiste de tout ça il est très fort.

Toi tu te sens plus généraliste du coup ?

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Il y a des profils qu’on appelle T-shape, ça veut simplement dire que tu as une verticale qui est ta spécialité et la barre horizontale ce sont les sujets sur lesquels tu as un avis, une influence, tu n’es pas un spécialiste mais tu connais. Je crois que je suis dans ce genre de profil, je pense avoir “2 petites barres”, j’ai fait beaucoup de research et d’interaction, le contenu ce n’est pas du tout ma spécialité, la localisation non plus et aujourd’hui, à la vitesse où l’UI évolue, comme je n’en fait pas au quotidien, ce n’est pas ma spécialité non plus. Donc moi je peux me retrouver en disant que ma spécialité c’est la research mais

par contre mon rôle c’est UX, donc c’est d’encadrer toutes les autres spécialités, donc

dans mon équipe il y a des gens qui sont bien meilleurs que moi sur toutes les

spécialités. Mon rôle c’est juste d’aider tout le monde à aller dans la même direction,

de les challenger, mais pas de produire ce qu’ils font et que je ne suis pas capable de

faire. Je m’occupe de l’équipe UX, mais heureusement qu’il y a des graphistes par exemple !

Que fais-tu au quotidien ?

J’ai une partie de management qui se retrouve à peu près dans n’importe quelle discipline, qui n’est pas spécifique à l’UX. Quand tu as une équipe de plusieurs personnes, il faut que tu gères ce que c’est qu’une équipe, avec les sujets quotidiens : la motivation, l’administratif, les budgets… Donc ça c’est une partie qui est la même pour n’importe quel manager. Ensuite mon rôle c’est de challenger le design en lui-même, c’est-à-dire que le design c’est quand même un métier de dynamique entre plusieurs personnes, c’est très di!cile d’être un designer tout seul dans son coin, tu as besoin de faire du ping-pong, de partager des idées, qu’on te les détruise jusqu’à ce qu’elles soient assez solides pour ne plus pouvoir être détruites. Donc cette dynamique d’échange avec les designers je le fais beaucoup, avec des sessions de challenges de design. Après une autre partie c’est aussi de réfléchir à la manière dont on approche le design, donc les grandes directions et les frameworks, un peu comment on travaille, comment on approche le design. Il n’y a pas une seule réponse à ça, donc dans chaque boîte on définit des valeurs, des façons de penser. Ici chez Blablacar on a créé un playbook qui est inspiré de Paris, et l’architecture et l’histoire de la construction de Paris c’est très intéressant et inspirant quand on pense à ce que c’est de concevoir des expériences et de concevoir un environnement. On passe du temps à réfléchir à ce playbook, aux valeurs que ça signifie et comment aligner l’équipe autour de ces choses là. C’est un travail d’alignement, tu as plein de designers qui travaillent chacun dans leur coin, il y a 1000 solutions au même problème et donc comment faire pour que toutes ces personnes là tirent à peu près dans la même direction.

Pouvez vous me définir où commence et s'arrête le métier d'UX designer ? (son périmètre)

C’est une bonne question parce que dans un sens, ça ne s’arrête jamais, ça va partout, ça veut tout faire, c’est infini. Donc tu es obligé de limiter à un moment donné, c’est sûr. Je crois qu’il y a une partie qui est la partie où seuls les designers peuvent le faire, donc c’est de dessiner des écrans. Il y a une partie incompressible. S’il n’y a plus de designers, il n’y a plus d’écrans. Donc évidemment, ça c’est le coeur du travail, et la recherche aussi, de faire du test. Mais après les parties extensibles, c’est toute l’influence que tu vas apporter en tant que designer dans le groupe de travail. Donc ça dépend aussi de ta capacité à influencer et donc il n’y a pas de limite. On influence principalement le produit et le marketing, sur la partie technique on a pas une influence énorme, en dehors du fait qu’on fait des spécifications qu’il faut pouvoir exécuter, mais on ne va pas aller challenger les technologies qui sont utilisées par les développeurs, on ne fait pas ça ici. Par contre on va challenger la stratégie produit, la stratégie marketing, ça peut aller jusqu’à la marque. Ça peut aller loin à partir du moment où toi tu dis que tu as une façon de regarder les problèmes particulière, c’est-à-dire que je la regarde à travers une forme de pragmatisme utilisateur, c’est ce que tu apportes dans la boucle. Donc si ce que tu apportes ça a de la valeur, c’est aspiré vers le haut et tu te retrouves à discuter avec le top level management de l’entreprise pour apporter ce point de vue. C’est un nouveau point de vue, maintenant c’est bien entré dans la tête de tout le monde que ça a de la valeur, donc si tu en apportes, tu vas te mettre à influencer très loin. C’est juste que tu apportes un point de vue complémentaire à ce qui existait avant, un siège de plus autour de la table.

Quand tu dis sans designers on a pas d’écrans, tu peux me définir écrans ?

Si tu veux aujourd’hui s’il n’y a pas de designers, il y a des gens qui vont dire à quoi ça ressemble, ce qu’on met dedans, comment ça marche, et donc ce sont les specs qu’on donne à une équipe technique, c’est vraiment du dessin en disant “ici ça se passe comme ça, là il y a un titre qui est de cette taille, de cette font, à cette endroit là, il y a un bouton radio…” toutes ces choses là. On produit des spécifications extrêmement précises y compris la couleur qu’on va utiliser. Aujourd’hui on a tellement pris l’habitude que ce soit les designers qui le fassent que si demain on arrête de le faire, on se saura plus qui décide de ça. C’est vraiment une compétence essentielle et c’est ce qu’on demande à des juniors en fait. On ne demande pas d’entrer d’aller challenger l’utilité du produit sur lequel on travail. L’UX, si tu veux appréhender l’ensemble, c’est dans une courbe de séniorisation. Dire que tu fais de l’UX d’entrée, il y a un petit risque, et si tu reprends le principe du T-shape, si tu n’as pas de verticale, le risque c’est que tu glisses un peu dans tous les sens. La verticale représente l’ancre, qui te stabilise, qui fait que tu as quand même une spécialité essentielle, qui te donne une raison d’être et le reste c’est avec ton expérience que tu l’élargis.

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Êtes-vous souvent au contact des utilisateurs ?

Oui ! Absolument. C’est la partie research principalement, mais la research c’est une approche cross-fonctionnelle la plupart du temps, c’est-à-dire qu’on est pas les seuls à être en relation avec des utilisateurs. Notre mission c’est aussi de mettre tout le monde en relation avec les utilisateurs, pas que nous. Sinon on est les seuls convaincus par une chose qu’on a entendu tout seul, et ça c’est vachement di!cile. Donc il y a une partie de notre mission qui est de ramener le marketing, le produit, la tech, vers les utilisateurs, qu’ils leur parlent eux-mêmes, qu’ils entendent, etc… Donc c’est une partie de la mission, après il y a une autre partie, que nous on fait pour l’utilisabilité, on a besoin de feedback utilisateur, on est en contact avec eux avec du guerilla test, c’est le minimum, et après on fait des vrais tests utilisateurs. Ce qu’on encourage beaucoup, je vous disais le contact avec les équipes cross-fonctionnelles, on fait des home visits (car visits pour BlaBlaCar) mais on incite tout le monde à faire des trajets, et on va ensemble rencontrer des gens, leur parler. Parfois on va rencontrer les gens chez eux, et on amène avec nous un product manager, quelqu’un du marketing ou de la technique, pour discuter des sujets qui nous intéresse directement chez les gens. On a la chance d’avoir une communauté qui est extrêmement positive, extrêmement ouverte, qui a toujours envie d’aider, de donner des retours, c’est assez magique pour ça la communauté BlaBlaCar, ils sont toujours partants pour parler avec nous. Donc c’est très simple d’aller parler à nos utilisateurs, on a pas d’excuses.

Quels outils / méthodes utilises-tu au quotidien ?

Pour l’équipe research, c’est beaucoup des home visits, c’est super mais assez lourd à mettre en place, surtout à l’étranger, mais vraiment chouette sur des parties qu’on appelle “discovery”, des recherches vraiment initiales, comprendre des problématiques, des besoins… On utilise les guerilla tests, d'utilisabilité, un petit peu de quanti mais une fois qu’on a bien compris les problèmes (des questionnaires), après avoir fait beaucoup de quali avant. Sinon, on fait des choses comme des journey map, on fait des personas. On fait également des choses qui dérivent des home visits, par exemple on va faire ce qu’on appelle des empathy cards. Si on fait un voyage avec des utilisateurs, on comprend des choses autour d’eux, il y a une histoire qui se créée, alors on peut faire une carte de cette personne là, avec ses propres problématiques. On ramène de l’empathie chez BlaBlaCar. Pour la partie research c’est principalement ça. Après, en ce qui concerne les designers, ils ont des processus de design classique de brainstorm, d’essayer des tonnes de solutions, de travailler ensemble pour converger vers les meilleures hypothèses, de les tester, puis d’itérer dessus. On fait beaucoup d’A/B tests, on a une grosse communauté avec beaucoup de trafic donc c’est très utile pour faire des tests. On prend 5% du trafic d’un pays qu’on root

dans une proposition et on voit comment ça se passe. Ça c’est beaucoup plus quanti. On a fait quelques google sprints, on fait comme tout le monde finalement, il y a des méthodes fondamentales qui reviennent tout le temps et d’autres qu’on essaye en permanence pour voir ce qui fonctionne ou non, pour refaire notre sauce à nous.

Tu parles de méthodes fondamentales, penses-tu qu'il y ait des méthodes à respecter absolument ?

Les tests d’utilisabilité ont une approche un peu particulière et je crois que c’est important. En gros, il faut se poser la question de ce que tu as envie de mesurer et à partir du moment où c’est clair pour toi, tu réfléchis à comment tu vas le mesurer. On fait surtout la méthode une fois qu’on sait ce qu’on veut, on ne fait pas une méthode juste pour faire la méthode. Donc si on se dit qu’on veut voir si les utilisateurs sont capables de réaliser une tâche d’un point A à un point B, on ne se pose pas de questions sur l’utilité, on veut juste savoir s’ils y arrivent, là tu as besoin d’une méthodologie très claire qui va faire en sorte de te donner une réponse à cette question là. Donc oui un test d’utilisabilité proprement fait, avec des scénari, avec des personnes qui n’interrompent pas en permanence et qui sont vraiment là pour savoir s’ils vont réussir à faire la tâche et pas pour les aider toutes les 2min ou les interrompre… Sur les home visits, pour aller identifier des problématiques, on travaille sur ce qu’on appelle les “leading questions”, si je demande à quel point c’est bien BlaBlaCar, on ne va pas me donner la même réponse que si je demande comment tu utilises BlaBlaCar. Les leading questions, c’est très important, on dit “au mieux c’est du temps perdu, au pire ça te fait prendre des mauvaises décisions”. Donc, dans les approches d’exploration, la partie méthodologique sur laquelle on essaye d’être assez rigoureux c’est sur la façon dont on pose les questions et sur le recrutement également. Car poser la bonne question à la mauvaise personne ce n’est pas bon non plus. Pour synthétiser ça, par méthode il y a des fondamentaux qu’on doit respecter, et surtout il faut se demander si on utilise la bonne méthode pour répondre à la bonne question.

Penses-tu qu’il y ait des compétences indispensables pour être UX designer aujourd’hui ?

Alors pas en terme de background, je pense que l’UX encore une fois c’est tellement large qu’il y a de la place pour tout le monde dedans. Quelqu’un qui va être un expert de l’interaction, qui va être passionné par tout ce qui se fait de nouveau sur les modalités de touch ou même les sujets de voix, etc. Il y a de la place pour les geek du design comme il y a de la place pour les researchers fondamentaux, ou encore pour le contenu, on en parle pas beaucoup mais c’est aussi hyper important, les personnes qui sont passionnées par le mot, pas seulement par la bonne formule marketing mais qui peuvent passer une semaine à se

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prendre la tête en se disant “quel est le mot qu’il faut que j’utilise sur ce bouton ?”, parce qu’il dit la bonne chose… Donc il y a vraiment de la place pour tout le monde. Après les choses les plus évidentes c’est d’être ouvert au challenge. Je crois que c’est un métier où il faut être honnête intellectuellement, mais globalement il faut aimer être challengé, il faut aimer changer d’avis, être prêt à se remettre en question tout le temps. C’est quelque chose qui marche au début et à la fin, c’est-à-dire que si tu n’es pas quelqu’un qui aime te remettre en question alors il ne faut pas faire du design, et puis si tu es trop vieux et que tu n’arrives plus à te remettre en question alors il faut arrêter de faire du design. Sinon ça te rend malheureux et ça te fait faire du mauvais travail. Le designer doit être prêt à refaire autant de fois qu’il le faut et à tourner le problème dans autant de sens qu’il le faut pour que ça devienne solide. C’est pas forcément quelque chose de simple, et encore moins quelque chose qui plaît à tout le monde.

Surtout un état d’esprit donc ?

Oui, vraiment d’aimer reparler du même problème un nombre de fois infini. Parce que ça

n’arrive quasiment jamais que l’on trouve la solution du premier coup, il faut toujours

refaire, et refaire, et refaire…

On aimerait également parler de la structure de ton pôle (si on peut l’appeler comme ça), comment est organisé la structure du design chez BlaBlaCar ?

Il y a ceux qu’on appelle des product designers, ils s’occupent principalement de l’interaction, mais comme ce sont eux qui s’occupent de construire les écrans, ils sont un peu le point de convergence de tout. Finalement, ils vont produire la spécification. Donc la partie research est en support pour eux, le contenu on va l’insérer dans leur spec, donc ils se retrouvent un peu au centre du jeu. Après il y a plusieurs sujets autour : le sujet de la content strategy, le sujet de research et le sujet de la localisation. Ca représente les 4 pôles de l’équipe UX et donc 9 personnes au total.

Est-ce que ça te paraît être un bon chi!re pour une équipe ?

Ce n’est pas vraiment une question de chi!re mais plutôt de ratio avec le reste de l’organisation. On a un ratio d’un product designer pour un product manager, donc on a autant de product designer que de product manager. Après on a investi sur la construction d’un design system chez BlaBlaCar, donc ça monopolise une équipe, qui s’occupe du design system exclusivement (qui s’appelle Pixar) donc il y a un product designer qui est très spécialisé sur les interactions, il y a un content strategist, ainsi que de développeurs et

un product manager. On créé ce design system pour permettre aux autres équipes de produire plus vite des écrans plus alignés, plus cohérents. Le content strategist lui s’occupe de créer la stratégie de contenu pour faire en sorte que les équipes soient capable de produire du contenu de façon un peu plus indépendantes. Ca permet d’avoir besoin d’un ratio moins important de contenu vis à vis du produit. C’est comme une factorisation. Et pour finir l’équipe research : ils sont deux researchers. On fait travailler des équipes cross-fonctionnelles ensemble, on crée des équipes projets (comme Pixar), à l’intérieur il y a un product manager, un designer, des développeurs.. et donc ça c’est une sorte d’équipe indépendante et donc la voix de l’UX dans cette équipe là, c’est le designer, ce n’est pas moi. Je viens de temps en temps, j’aide mais c’est lui qui fait avancer ce projet là.

Ta place dans cette structure c’est lead de cette équipe ?

C’est ça, j’essaye de porter la voix des sujets UX à un niveau supérieur. Pour faire simple,

chacun est dans son projet, et donc il faut quelqu’un qui soit au dessus des projets pour

voir les points communs, pour discuter des priorisations, pour porter une voix de l’UX

mais surtout pour aider l’équipe à s’aligner, car forcément quand chacun est dans son projet il faut quelqu’un pour faire converger tout le monde, pour réfléchir aux méthodes, à tous ces sujets là. Donc finalement dans mon quotidien je ne produis pas d’écrans, enfin plus maintenant en tout cas.

Fais-tu de l'auto-formation, de la veille, des conférences ?

Oui, c’est très important. Des conférences j’en fais un peu soit en tant que conférencier, soit en tant qu’auditeur. Et la formation continue elle est essentielle. C’est peut-être une lacune qu’on a en France, en tout cas pour avoir travaillé dans une entreprise internationale américaine, il y a beaucoup plus d’activité, du partage d’informations, et d’échanges entre les gens. Il y a énormément de gens qui passent d’une entreprise à une autre, tous les deux ans, et ça crée un partage de savoir et c’est un accélérateur de culture design assez fantastique. On a pas encore cette dynamique là ici, pour avoir vécu les deux, je me rends compte que c’est beaucoup plus di"cile ici de développer sa culture design au quotidien que dans des boîtes où il y a plein de gens qui viennent de partout, qui s’inspirent tout le temps, etc. Le contraste est évidemment important en terme d'écosystème, je ne parle même pas d’entreprise en elle-même mais d’écosystème autour d’elle. Sinon, je pense que le design c’est un métier de passion, si on est pas passionné par ça on peut y arriver quand même mais c’est moins agréable et on va moins vite et moins loin. Je crois que quand on

aime ça, alors naturellement on va télécharger des applications pour voir ce qu’il se

passe dedans, on va s’intéresser à des sujets avec lesquels on est capables de faire des

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connexions. Je crois qu’on ne peut pas forcer les gens à être passionnés mais si on l’est,

alors c’est un métier hyper agréable. Moi comme je vous disais tout à l’heure je ne dessine

plus d’écrans, et en fait j’ai eu une carrière qui bascule de manager à ce qu’on appelle

individuel contributeur, qui est en charge de faire des choses. Quand j’ai rejoint BlaBlaCar

je ne les ai pas rejoint pour être head of UX mais pour monter un produit spécifique avec le

fondateur et deux autres personnes : on a lancé BlaBlaLines, c’est le produit BlaBlaCar pour

les courtes distances. Donc je suis venu pour faire un travail de production d’écrans, et une

fois que le produit était lancé, alors j’ai basculé sur BlaBlaCar où là il y a une équipe, et peut

être que dans quelques années je re-basculerai sur de la production d’écrans à nouveau.

Tout ça pour dire que remettre les mains dedans à un moment donné, ça titille. Parce que

quand on aime ça on a envie de faire, pas seulement de donner les directions. Je crois qu’il

y a un peu de ça dans la partie tech, quand on passe manager on peut se demander “mais

quand est-ce que je vais coder ?” Pareil pour les designers : “quand est-ce que je vais faire

des écrans ?” car je n’ai pas envie de plus en faire en tout cas.

Une de tes connaissances souhaite devenir UX Designer, quels sont tes conseils ?

Premièrement je voudrais être sur qu’il ait compris ce que ça veut dire, parce qu’encore une

fois l’UX ça englobe tellement de choses que quelqu’un qui n’en fait pas et qui se dit tout à

coup “je voudrais faire un métier qui couvre des tas de disciplines”, je crois que la bascule

est vraiment compliquée. Je voudrais comprendre ce que tu veux faire exactement là-

dedans, pourquoi tu dis que tu veux être UX, ça serait mon premier réflexe. Si tu es un

développeur et que tu es très intéressé par l’interface, et que tu te dis que tu as envie d’en

dessiner de plus en plus, je crois que c’est un bon point d’entrée. Si tu es plutôt dans

l’empathie et que tu comprends bien les besoins des gens, c’est un autre point d’entrée.

L’UX c’est un univers, c’est très grand, il y a plein de choses à faire, donc il faut savoir en

premier par où tu as envie d’entrer et une fois que tu entres à l’intérieur, tu vas pouvoir faire

plein de choses. Quand on dit qu’on veut faire de l’UX, c’est plus une finalité qu’un point

d’entrée.

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Baptiste Longval

UX designer @ CleverAge, Bordeaux

www.baptistelongval.com

[email protected]

Florence Lacour

UX designer @ Mieuxplacer.com, Bordeaux

www.florencelacour.fr

[email protected]

Baptiste Longval & Florence Lacour • Mai 2018