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Diversité des pollinisateurs et de la ressource florale dans les vergers de Martinique Clara SINGH Master 2 Ecologie et Biosciences de l’Environnement Stage encadré par Eddy Dumbardon-Martial (FREDON) En partenariat avec François Meurgey (SHNLH) (Mars – Août 2015) Tuteur de stage : Annie OUIN Correcteur : Aude VIALATTE

Diversité des pollinisateurs et de la ressource florale ... · Tuteur de stage : Annie OUIN ... j’ai pu entrer en contact avec de nombreux agriculteurs. Merci à ma famille, toujours

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Diversité des pollinisateurs et de la ressource florale dans les vergers de Martinique

Clara SINGH

Master 2 Ecologie et Biosciences de l’Environnement

Stage encadré par Eddy Dumbardon-Martial (FREDON)

En partenariat avec François Meurgey (SHNLH )

(Mars – Août 2015)

Tuteur de stage : Annie OUIN

Correcteur : Aude VIALATTE

Remerciements

Mes premiers remerciements s’adressent à Eddy Dumbardon-Martial pour m’avoir encadrée et guidée tout au long de ce stage. La confiance qu’il m’a accordée m’a permis de réaliser cette mission en toute autonomie. Sa gentillesse et son calme m’ont aidée à gérer les imprévus et à surmonter les difficultés du stage. Je le remercie aussi d’avoir facilité mon acclimatation à la Martinique.

Je remercie Annie Ouin, qui depuis la métropole m’a confortée dans le bon déroulement de ma mission. Cela a permis de maintenir un contact rassurant avec la France et ce, malgré la distance.

Je remercie Denise Duféal pour m’avoir accueillie à la FREDON, me permettant de réaliser ce stage qui a parfaitement répondu à mes attentes.

Merci à Chloé Pierre, les échanges que nous avons eus dans le cadre de ce travail ont été enrichissants. Elle m’a apporté son aide et son soutien jusqu’à la fin de cette mission. .

Un grand merci à Alain Pauly pour son travail d’identification et pour m’avoir formée à distance à identifier certains spécimens. Merci a François Meurgey pour l’identification des abeilles sauvages de référence ainsi que pour ses conseils.

Je remercie les stagiaires, Lucie Abolivier et Eddy Barthélémy qui ont rendu ce stage convivial. Un grand merci également à l’ensemble du personnel. Merci à Pierre-Damien, Hilaire, Sébastien et Jean-Claude pour m’avoir véhiculée de mon domicile à la FREDON. Merci à Alain, Armand, Caroline, Synthia, Denis, Jessica, Rémi, Teddy, Valérie et Jacqueline pour leur accueil et leur disponibilité.

Un grand merci à tous les agriculteurs que j’ai rencontrés dans le cadre de cette mission. Ils m’ont tous merveilleusement bien accueillie, me faisant découvrir les spécialités de leur terroir. La campagne de terrain a ainsi pu se réaliser dans de bonnes conditions.

Merci à l’association AVJT (Association des Vergers et Jardins Tropicaux) grâce à laquelle j’ai pu entrer en contact avec de nombreux agriculteurs.

Merci à ma famille, toujours présente pour me soutenir dans mes études. Merci à Pedro de ne jamais être très loin et de m’épauler en toutes circonstances. Merci à Alison et Tricia mes camarades de l’ENSAT avec qui j’ai partagé mes aventures à distance. Cette année à été top grâce à vous.

Merci encore à Annie Ouin et Romain Carrié de l’UMR Dynafor (INRA) de m’avoir poussée vers cette expérience originale et formatrice.

Merci à l’équipe d’internes en ophtalmologie du CHU La Meynarde d’avoir assuré mon suivi pendant plusieurs mois et sans qui mon stage n’aurait pas pu se poursuivre.

Un grand merci à toutes les personnes que j’ai rencontrées en Martinique, grâce auxquelles, ce séjour restera inoubliable.

Table des matières Remerciements Table des matières Tables des figures

Résumé .................................................................................................................................................... 6

Introduction ............................................................................................................................................. 1

1. Contexte scientifique de l’étude .......................................................................................................... 2

2.1 Importance de la biodiversité dans l’établissement des services écosystémiques ........................ 2 2.2 La pollinisation entomophile : un service écosystémique indispensable à la production agricole 2

2.3Les Associations ruches-vergers dans le monde ............................................................................ 3 2.3 Etat des lieux sur l’association ruches-vergers dans les Antilles .................................................. 4 2.4 Prise en considération des pollinisateurs sauvages dans ces systèmes agricole............................ 4 2.5 Les pollinisateurs sauvages sont étroitement liés aux conditions du milieu ................................. 5 2.6 La FREDON un syndicat professionnel qui promotionne les principes agro-écologiques. .......... 6

2.6 Les missions du stage .................................................................................................................... 7

2. Matériels et Méthodes ......................................................................................................................... 9

2.1 Le site d’étude .............................................................................................................................. 9

2.1.1. Eléments de géographie ........................................................................................................ 9

2.1.2. Particularités climatiques ...................................................................................................... 9

2.1.3. Choix et localisation des parcelles étudiées .......................................................................... 9 2.2 Les cultures fruitières étudiées ................................................................................................... 11

2.3 Les insectes pollinisateurs : modèle biologique .......................................................................... 12 2.3.1. Choix des pollinisateurs étudiés ......................................................................................... 12 2.3.2. Les Apoïdes ........................................................................................................................ 12

2.3.3. Les syrphes ......................................................................................................................... 13

2.4 Le protocole de terrain ............................................................................................................... 14

2.4.2. Capture des pollinisateurs ................................................................................................... 14

2.4.3 Les relevés floristiques ........................................................................................................ 17

2.4.4Estimation des éléments constitutifs de l’environnement proche ......................................... 17 2.5 Le protocole de laboratoire ........................................................................................................ 18

2.6 Enquête auprès des arboriculteurs au sujet de leurs techniques et pratiques de désherbage ...... 18

2.7 Analyses statistiques ................................................................................................................... 18

2.7.1. Estimation de l’effort d’échantillonnage avec des courbes d’accumulation....................... 19

2.7.2. Etude de l’abondance et de la diversité des pollinisateurs selon les sites ........................... 19 2.7.3. Analyse de l’effet de l’heure de capture sur l’abondance et la diversité des pollinisateurs 20

2.7.4 Effet des adventices sur l’abondance et la diversité des pollinisateurs ............................... 20 2.7.5. Etudes des interactions plantes pollinisateurs ..................................................................... 20 2.7.6. Effet de l’hétérogénéité à l’échelle de la parcelle et effet de l’environnement proche sur les communautés de pollinisateurs. .................................................................................................... 21

2.7.7. Effet des pratiques .............................................................................................................. 21

3. Résultats........................................................................................................................................ 22

3.1 Le matériel collecté ..................................................................................................................... 22

3.1.1 Représentativité des groupes collectés .......................................................................... 22 3.1.2 Evaluation de l’effort d’échantillonnage ............................................................................. 23

3.2 Diversité et abondance des pollinisateurs .................................................................................. 24 3.2.1 Les pollinisateurs recensés .................................................................................................. 24

3.2.2 Abondance et diversité des pollinisateurs selon les sites ..................................................... 26 3.2.3 Effet de l’heure de capture sur l’abondance et la diversité des pollinisateurs ..................... 27

3.3 Effet des adventices sur les communautés de pollinisateurs ....................................................... 28 3.3.1 Bilan sur les relevés floristiques .......................................................................................... 28

3.3.2 Effet de la diversité des adventices sur l’abondance et la diversité des pollinisateurs ........ 28

3.3.3 Effet du nombre d’inflorescences et du recouvrement floral sur l’abondance et la diversité des pollinisateurs .......................................................................................................................... 29

3.3.4 Effet de la diversité des plantes en fleurs sur l’abondance et la diversité des pollinisateurs 31

3.3.5 Description de l’interaction plantes-pollinisateurs .............................................................. 33 3.4 Effet de l’hétérogénéité à l’échelle intra-parcellaire et effet de l’environnement proche sur l’abondance et la diversité des pollinisateurs .................................................................................... 34

3.4.1 Effet de la bordure de parcelle sur l’abondance et la diversité des pollinisateurs. .............. 34

3.4.2 Effet des éléments constitutifs du périmètre de la parcelle sur l’abondance et la diversité des pollinisateurs .......................................................................................................................... 35

3.5 Effet des techniques et pratiques de gestion des adventices sur les communautés d’adventices et sur les communautés de pollinisateurs. ............................................................................................. 36

4. Discussion ......................................................................................................................................... 37

4.1Méthodologie et effort de prospection ......................................................................................... 37

4.1.1 Les trois techniques de captures sont complémentaires ...................................................... 37 4.1.2 Un effort d’échantillonnage suffisant mais des localités sur l’île restent à étudier ............ 37

4.1.3 Les pollinisateurs ont une activité de butinage plus importante le matin ............................ 38 4.2 Les Apoïdes et les syrphes capturés dans les couverts des vergers ............................................ 38

4.2.1. Une faible diversité des pollinisateurs recensés en raison des particularités du milieu insulaire ........................................................................................................................................ 38

4.2.2. Des communautés de pollinisateurs non équitables .......................................................... 39 4.2.3. La diversité et l’abondance des pollinisateurs diffère selon les parcelles mais les espèces sont représentées de manières homogènes à l’échelle globale ..................................................... 39

4.3 La ressource florale explique en partie la présence des pollinisateurs dans les vergers ............. 40 4.3.1 La ressource florale a un effet positif sur l’abondance des pollinisateurs mais aucun effet sur la diversité n’a été démontré. Il y a un effet de l’échelle et/ou de la technique de capture sur ce résultat. ..................................................................................................................................... 40

4.3.2 Le caractère plus ou moins attractif des espèces de fleurs atténue les effets de l’abondance et de la diversité de la ressource florale sur les communautés de pollinisateurs .......................... 41 4.3.3 Une étude sur une échelle de temps plus longue permettrait peut-être de voir l’effet de la richesse spécifique des adventices (en fleurs et non en fleurs) sur les communautés de pollinisateurs. ................................................................................................................................ 41

4.3.4 Il existe des préférences, certaines fleurs des couverts sont plus butinées que d’autres ...... 42

4.3.5 Ingénierie et contribution à la mise en place du système agro-écologique ......................... 43 Conclusion ............................................................................................................................................. 46

Bibliographie ......................................................................................................................................... 47

Annexes

Annexe 1 : Abondance des différentes familles d’insectes capturés au fauchage

Annexe 2 : Abondance des différentes familles d’insectes capturés à l’aide des bols colorés

Annexe 3 : Extrait de la collection entomologique regroupant les pollinisateurs recensé

Annexe 4 : Planning d’une journée de terrain pour la mise en place du dispositif 1

Annexe 5 : Etude de la diversité des pollinisateurs à l’aide des bols colorés

Table des figures

Figure 1 : Schéma récapitulatif des différentes hypothèses posées……………………. 8

Figure 2 : Carte de localisation des parcelles échantillonnées pour l’étude………….. 10

Figure 3 : Représentation du dispositif de terrain n°1………………………………… 15

Figure 4 : Représentation du dispositif de terrain n°2………………………………… 16

Figure 5 : Abondance de chaque groupe de pollinisateurs (abeilles sauvages, abeilles domestiques et syrphes) selon la technique de capture (piégeage par bols colorés, fauchage et chasse à vue)……………………………………………………………….

22

Figure 6 : Courbe d’accumulation de la richesse spécifique cumulée des pollinisateurs capturés au fauchage. 60 sites ont été échantillonés (1site=1 transect)....

23

Figure 7 : Courbe d’accumulation de la richesse spécifique cumulée des pollinisateurs capturés à vue. 20 sites ont été échantillonnés (1 site =1 parcelle)……...

23

Figure 8 : Boîtes à moustaches des abondances de pollinisateurs selon la parcelle échantillonnées…………………………………………………………………….........

26

Figure 9 : Boîtes à moustaches des abondances de pollinisateurs selon l’heure de capture par fauchage……………………………………………………………………

27

Figure 10 : Abondance des pollinisateurs capturés à vue en fonction du nombre d’inflorescences à l’échelle de la parcelle……………………………………………....

30

Figure 11 : Abondances des pollinisateurs en fonction de la diversité des plantes en fleurs……………………………………………………………………………………..

31

Figure 12 : Courbe d’accumulation de la richesse spécifique cumulée des pollinisateurs capturés à vue sur 35 espèces végétales en fleurs

32

Figure 13 : Indice Trophic Niche Breadth selon l’espèce de pollinisateur capturé en chasse à vue……………………………………………………………………………...

33

Figure 14 : Nombre de visites (toutes espèces de pollinisateurs confondues) selon les familles des fleurs butinées Les données sont issues des captures à vue………………..

33

Figure 15 : Nombre de visites (toutes espèces de pollinisateurs confondues) pour chaque espèce en fleurs à partir des captures de la chasse à vue………………………..

34

Figure 16: Boîtes à moustache de la richesse spécifique des adventices selon la position du transect……………………………………………………………………...

35

Résumé L’étude porte sur la diversité des pollinisateurs dans les vergers de Martinique et se concentre

surtout sur l’effet de la flore adventice sur les communautés de pollinisateurs. En effet, l’un

des objectifs du projet Agriculture Apiculture Environnement est de faire un recensement des

pollinisateurs dans les vergers, puis, de détecter les leviers d’action favorisant ces

pollinisateurs dans les exploitations. L’étude se concentre surtout sur l’effet de la flore

adventice des couverts herbacés sur les pollinisateurs. Les groupes étudiés ici sont les

Apoïdes et les Syrphes. 20 parcelles de goyaves et d’agrumes ont été sélectionnées sur l’île et

des relevés au filet entomologiques (fauchage et chasse à vue) ont été réalisés. Un premier

essai de piégeage à l’aide de « bols colorés » est aussi intégré à l’étude. Des relevés

floristiques dans les couverts sont effectués et sont mis en relation avec les communautés de

pollinisateurs. Les effets des éléments semi-naturels et de la gestion de l’enherbement sur les

pollinisateurs sont abordés. L’étude montre que l’abondance et la diversité de la flore

adventice explique en partie les abondances et diversités de pollinisateurs observées.

Certaines espèces de fleurs sont plus attractives pour les pollinisateurs et ont un intérêt

agronomique plus prononcé. Le couvert, selon les cortèges floristiques qui le composent peut

être utilisé pour attirer les pollinisateurs et favoriser la pollinisation de la plante cultivée.

Aucun effet des éléments semi-naturels n’a été démontré et une étude plus précise à plus

grande échelle est nécessaire. L’effet des techniques de désherbage n’a pas été analysé car

tous les agriculteurs procèdent à un désherbage mécanique. Cette étude a permis de faire un

état des lieux des pollinisateurs dans les vergers et la méthodologie devra par la suite être

affinée pour répondre aux nouveaux questionnements que ce stage aura permis de soulever.

Mots clefs : agroécologie, pollinisateurs, flore adventice, vergers

Abstract The study focuses on pollinator diversity in the orchards of Martinique and concentrates

primarily on the effect of the weeds on pollinator communities. Indeed, one of the objectives

of Agriculture Apiculture and Environnement project is to make a census of pollinators in

orchards, then detect levers supporting these pollinators on farms. The groups studied here are

the Apoidea and Hoverflies. Twenty fields of guavas and citrus were selected on the island

and entomological catch with a net (mowing and hunting view) have been achieved. A first

trapping test using "colored bowl" is also integrated into the study. Floristic sample are

carried in vegetation covers and are linked with the pollinator communities. The effects of

semi-natural elements and the management of weeds on pollinators are addressed. The study

shows that the abundance and diversity of weeds flora partly explains the abundance and

diversity of pollinators observed. Some species of flowers are most attractive to pollinators

and have a more pronounced agronomic interest. The vegetation cover, according to the

processions that make up the flora can be used to attract pollinators and promote pollination

of the crop. No effect of semi-natural elements has been demonstrated and a more precise

study at a larger scale is required. The effect of weeding techniques was not analyzed because

all the farmers carry out mechanical weeding. This study enabled to do an inventory of

pollinators in orchards and methodology will then be refined to answer new questions that this

internship raised.

Key Words : Agroecology, polliniators, weeds flora, orchards.

1

Introduction

Après la seconde guerre mondiale, la modernisation de l’agriculture est une priorité, et

entraîne le passage d’une agriculture traditionnelle à une culture moderne lors de la

« Révolution verte » basée sur de nouveaux principes agronomiques. L’Europe, à travers la

Politique Agricole Commune soutient financièrement la production agricole et encourage les

innovations techniques et technologiques contribuant à augmenter les productions. Cette

période se traduit par un bouleversement des pratiques agricoles parmi lesquelles la

mécanisation, l’usage d’intrants (engrais et produits phytosanitaires), la sélection de variétés

plus productives occupent une place importante (FAO, 1996).

Si ce mode de production a permis de garantir la sécurité alimentaire à de nombreux pays et à

rétablir une bonne croissance démographique, nombreuses ont été les répercussions négatives

d’ordre socio-économique (augmentation des crédits agricoles, fragilisation financière des

petites exploitations, pertes des savoirs traditionnels…) et environnementales (pollution des

milieux, diminution de la biodiversité…), qui à ce jour, sont toujours d’actualité. Il existe un

consensus scientifique montrant d’une part que l’agriculture est l’une des premières cause du

déclin de la faune et de la flore sauvage, mais aussi, dans d’autres contextes, qu’elle est le

garant du maintien d’une certaines biodiversité. L’agriculture d’aujourd’hui se veut donc

conservatrice tout en valorisant et tirant profit des services écosystémiques qu’offre la

biodiversité (Le Roux, 2008).

A partir de 2003, la Politique Agricole Commune diminue sa part d’aide à la production

conditionnant ses aides à plusieurs mesures permettant la mise en place de pratiques agricoles

respectueuses de l’environnement : verdissement de la PAC (Heidseck & Allier, 2013). Inscrit

au cœur du Grenelle de l’environnement, le Plan Ecophyto a pour objectif de réduire de façon

significative l’usage des produits phytosanitaires tout en développant des pratiques

alternatives (www.agriculture.gouv.fr/ecophyto). Au cours d’une conférence nationale en

janvier 2015, leMinistère de l’agriculture, encourage l’agriculture française vers une transition

agroécologique (www.Agriculture.gouv.fr). Le projet Agroécologie proposé par le Ministère

qui se décline en plusieurs programmes nationaux (Plan Ecophyto, Plan Apiculture, Plan

Agriculture biologique…), a pour ambition d’inscrire l’agriculture française dans la

performance économique et environnementale(www.actu-environnement.com).

La Martinique qui subit, au même titre que les autres territoires européens, la crise alimentaire

et environnementale (pollution à la chlordécone(www.daaf972.agriculture.gouv.fr), tente

d’adapter ses systèmes de production tropicaux aux grandes orientations gouvernementales.

2

Fernandes (2009) met cependant en évidence que l’absence de référentiels et le faible niveau

d’appuis techniques adaptés aux conditions locales constituent quelques-uns des freins à

l’innovation technique de l’agroécologie en Martinique.La FREDON (Fédération Régionale

de défense contre les organismes nuisibles), un syndicat mixte professionnel participe à

l’établissement de ces référentiels techniques et scientifiques et met en place différentes

actions qui s’inscrivent toutes dans une démarche agro-écologique.Plusieurs actions portent

sur les auxiliaires des cultures et sur les services écosystémiques associées. Depuis 2014, le

projet Agriculture Apiculture Environnement aspire à mettre en place un système agro-

écologique associant les productions végétales et l’activité apicoles tout en favorisant les

pollinisateurs sauvages dans les milieux cultivés. C’est dans ce contexte que s’inscrit ce stage

de fin d’étude qui a pour objectif , dans un premier temps de faire un recensement des

pollinisateurs domestiques et sauvages dans les vergers. Dans un second temps, cette mission

consistera à détecter les potentiels leviers d’actions pouvant être utilisés afin de favoriser ces

pollinisateurs dans les exploitations des arboriculteurs et à terme d’améliorer la pollinisation

des productions fruitières.

1. Contexte scientifique de l’étude

2.1 Importance de la biodiversité dans l’établissement des services écosystémiques

Au sein d’un agroécosystème la biodiversité assure l’approvisionnement continu en biens et

services (Altieri, 1999). Dans ce contexte, l’agroécologie intègre aussi la notion de service

écosystémique, c’est à dire un service fourni parla nature qui améliore le bien-être humain

(Daily, 1997)et dans lequel la diversité et l’abondance des organismes assurent le bon

fonctionnement de l’agroécosystème(FAO, 2008 ; Naeem et al, 1995).Plus le système

agricole abrite une grande diversité d’organismes, plus il sera à même de résister aux

agressions et de se remettre après une perturbation (Tilman et al, 1997 ; Walker et al, 1992).

Cette théorie peut s’appliquer à différents services écosystémiques tels que la décomposition

de la matière organique, le contrôle biologique des ravageurs ou la pollinisation (Winfree &

Kremen, 2009).

2.2La pollinisation entomophile : un service écosystémique indispensable à la production agricole

Actuellement, la pollinisation retient l’attention du fait du déclin massif de pollinisateurs

observé à l’échelle mondiale qui inquiète en raison de leur intervention cruciale dans la

production agricole (Rasmont, 1988 ; Williams, 1994).La pollinisation, étape incontournable

3

de la reproduction des plantes à fleurs sauvages et cultivées (Pesson & Louveau,

1995 ;Albrecht, 2007), se définit par le transport de grains de pollen, depuis les étamines

d’une fleur, jusqu’au pistil d’une autre fleur de la même espèce pour conduire à la

fécondation(Pesson & Louveau, 1995 ; O’Tool& Raw, 1999). Le transport du pollen peut se

faire par des agents abiotiques (anémophilie, hygrophylie) ou par des agents biotiques

(insectes, mammifères, oiseaux).Dans ce dernier cas, le mode de pollinisation le plus répandu

est la pollinisation entomophile basée sur une relation mutualiste entre l’insecte et l’espèce

végétale. L’insecte floricole se nourrit du nectar ou du pollen de la fleur et assure en échange

la reproduction et la pérennité de l’espèce végétale (Pesson & Louveau, 1995 ; O’Tool& Raw,

1999). De nombreux groupes taxonomiques tels que les diptères, coléoptères, lépidoptères

sont connus pour leur action de pollinisation. Cependant, l’abeille domestique présente une

activité pollinisatrice globalement plus élevée que celle des autresinsectes floricoles du fait de

la taille de ses colonies autant que ses caractères morphologiques, de son régime alimentaire

et de son comportement de butinage (Bourgeois, 2006 ; Le Féon, 2010 ; Winston, 1993).Du

fait de l’importance de la pollinisation dans la production agricole et la reproduction des fleur

sauvage, se service prend une valeur économique. La valeur de l’activité pollinisatrice des

insectes s’éleverait à153 milliards d’euros (Gallais et al, 2009). En effet, les insectes

pollinisateurs participeraient à 35% de la production mondiale de nourriture (Gallais, 2009) et

ont un effet direct sur les rendements (Corbet, 1992 ; Fohouo, 2002) en assurant la

reproduction de 70% des plantes cultivées (Klein, 2007).

2.3Les Associations ruches-vergers dans le monde Les performances de l’abeille domestique sont utilisées par certains agriculteurs dans le but

d’améliorer de manière qualitative et quantitative les rendements de diverses cultures. On

parle alors de « pollinisation dirigée » (Louveaux & Pesson, 1995).En Californie,

l’association entre les producteurs d’amandiers et les apiculteurs en est un parfait exemple et

constitue le système d’association le plus grand à l’échelle mondiale. En effet, la culture

d’amande nécessite aujourd’hui60 % des abeilles domestiques des Etats-Unis ce qui équivaut

à 2.5 ruches/ha lorsque les pollinisateurs sauvages sont en diapause (Summer & Boriss,

2006). En France, plusieurs études sont menées sur la pollinisation et les pollinisateurs en vue

d’une amélioration des productions. Le projet POLAPIS par exemple, vise à obtenir des

références pour une meilleure maîtrise de la pollinisation des cultures de colza en passant par

une gestion raisonnée des colonies d’abeilles domestiques et la favorisation de l’activité des

pollinisateurs sauvages (http://www.itsap.asso.fr).

4

2.3 Etat des lieux sur l’association ruches-vergers dans les Antilles Dans le souci d’une amélioration quantitative et qualitative de leur production, les

arboriculteurs de Martinique tententaussi de valoriser l’activité pollinisatrice des abeilles dans

leurs vergers en y installant des colonies d’abeilles domestiques sur la base d’une

collaboration avec les apiculteurs, eux-mêmes souvent en recherche de sites de pollinisation

durant une partie de l’année. Cependant, dans les Antilles, les références scientifiques,

techniques et économiques sur ce type d’association sont inexistantes localement et seules des

expériences empiriques au sein de certaines exploitations font état de ces systèmes sans

vraiment qu’il y ait un retour objectif des modalités de leur mise en place ni de leur impact

pour chacun des partenaires (Comm. E.Dumbardon-Martial). Afin d’accompagner les

agriculteurs dans cette démarche et de mettre en place une collaboration efficace et durable

entre les apiculteurs et les arboriculteurs,il est nécessaire d’acquérir des données sur les

pollinisateurs des vergers en Martinique. C’est dans ce contexte qu’intervient la FREDON par

son projet « Agriculture Apiculture et Environnement »qui vise à acquérir localement des

références afin de mettre en place un système agro-écologique associant arboriculture et

apiculture tout en favorisant les pollinisateurs sauvages.

2.4 Prise en considération des pollinisateurs sauvages dans ces systèmes agricoles en région tropicales

Toutes les productions végétales ne dépendent pas exclusivement de l’abeille mellifère.Bien

que l’efficacité de l’abeille domestique ait été démontrée à plusieurs reprises, des études plus

récentes ont mise en évidence l’importante contribution des pollinisateurs sauvages à la

production agricole (Bosh & Blas, 1993 ; Brittain et al, 2014 ; Corbet et al, 1992 ; Fohouo et

al, 2002 ;Klein et al, 2003;Kremen et al, 2002 ; Pérez-Balam et al, 2012 ; Winfree, 2007). Ces

derniers peuvent assurer un véritable soutient aux abeilles domestiques voire atteindre une

efficacité équivalente, si une diversité et une abondance suffisante sont maintenues (Brittain et

al, 2014 ; Klein, 2003 ; Winfree, 2007). Les pollinisateurs sauvages sont très diversifiés et

présentent des traits fonctionnels variés. Cette diversité fonctionnelle agit positivement sur

l’efficacité de la pollinisation et peut être utilisée (Fontaine et al, 2006 ; Hoehn et al, 2008).

La diversité et l’abondance des pollinisateurs ont un effet positif sur les rendements et

deviennent alors des facteurs de production (Kremen, 2002 ;Vaissière, 2005). Les abeilles

sauvages et les syrphes par exemple participent de façon significative à la fructification des

cultures indépendamment de l’abondance de l’abeille mellifère. Winfree (2007) a montré que

la pollinisation des fleurs de pastèques par les abeilles sauvages est suffisante pour assurer

une bonne production. En milieu tropical, la dépendance de certaines cultures à la

pollinisation par des insectes sauvages est forte. Roubick (1995) estime que 70 % des 1330

5

cultures tropicales sont dépendantes de la pollinisation par les insectes sauvages. En effet,

avant que l’abeille domestique ne soit importée lors de la colonisation, de nombreuses

cultures tropicales dépendaient des pollinisateurs sauvages qui jouaient donc un rôle central

dans la production agricole.La culture de café, par exemple, dépend de la diversité des

abeilles sauvages(Klein et al, 2003 ; Ricketts, 2004). Les fleurs de manguiers sont butinée par

l’abeille domestique, cependant, ce sont les syrphes et les abeilles sauvages qui en assurent la

pollinisation. Les fleurs d’agrumes sontaussi pollinisées par une importante diversité de

pollinisateurs sauvages (Louveaux & Pesson, 1995).

Dans les Antilles, aucune référence en milieu agricole ne témoigne de la participation des

pollinisateurs domestiques et sauvages à la pollinisation des plantes cultivées. Une étude

portant sur la diversité des abeilles sauvages et sur les fleurs butinées en Guadeloupe,permet

d’estimer la diversité des abeilles sauvages pouvant être observée dans les îles des Petites

Antilles (Meurgey, 2014). Cette étude a aussi mis en évidence des interactions entre les

espèces de fleurs et les pollinisateurs eta aussi été menée en Martinique (Meurgey &

Dumbardon, sous presse).

2.5 Les pollinisateurs sauvages sont étroitement liés aux conditions du milieu

Si les pollinisateurs sauvages et domestiques doivent être pris en considération dans la mise

en place du système agroécologique, les facteurs qui conditionnent leur présence doivent être

inclus dans l’étude. Pour se maintenir, les abeilles ont besoins de trois ressources différentes :

du pollen pour l’apport de protéines, du nectar pour les sucres et les acides aminés, et des sites

de nidification pour la reproduction et l’hivernage (Rollin, 2013). Des études ont montré la

relation étroite existante entrel’abondance et la diversité de la ressource florale présente dans

ou / à proximité des exploitations et l’abondance et la diversité des pollinisateurs sauvages en

milieu agricole (Ghazoul, 2006 ;Haenke, 2009 ; Hine & Hendrix, 2005 ; Holzchuh, 2007 ;

Kwaiser & Hendrix, 2007) Les prairies permanentes et la flore dans les parcelles cultivées

favorisent la présence des pollinisateursen milieu agricole.La proximité des zones naturelles

ou des éléments-semi naturels tels que les haies, les bosquets,les bordures de parcelles, a un

effet positif sur les communautés de pollinisateurs de part les sites de nidification et les

ressources florales qu’elles peuvent offrir aux pollinisateurs (Heidseck & Allier, 2013). La

distance aux éléments-semi naturels a un effet positif sur la diversité des pollinisateurs mais

aussi sur les rendements (Klein, 2008 ; Rickett, 2008) L’hétérogénéité et la complexité des

paysages favorisent la présence de pollinisateurs sauvages dans le milieu en comparaison aux

milieux simples et homogènes (Holzchuh, 2007, Tscharntke, 2005, Steffan-Deweneter, 2002).

Les pratiques culturales ont aussi un effet. Par exemple, certaines pratiques culturales telles

6

l’utilisation de produits phytosanitaires ont un effet négatif sur la ressource florale au sein de

la mosaïque agricole etagissent par conséquent négativement sur les communautés de

pollinisateurs (Holzschuh, 2010).

2.6 La FREDON un syndicat professionnel qui promotionne les principes agro-écologiques.

La FREDON (Fédération Régionale de Défense contre les Organismes Nuisibles), syndicat

professionnel agricole créé en 1958 dont les principales actions sont inscrites dans le code

rural aspire à développer et à mettre en application, dans le cadre de la protection des cultures,

des méthodes qui s’inscrivent dans une démarche agroécologique. En plus de ses actions

relatives à la lutte collective contre les rongeurs, au diagnostic sanitaire des végétaux, à la

surveillance du territoire (http://www.fredon972.fr), elle a plusieurs projets s’inscrivant

pleinement dans l’agroécologie. Tel est le cas de l’action PBI (Protection Biologique

Intégrée) qui a pour but de mettre en place des moyens de lutte intégrée en arboriculture

fruitière et en culture maraîchère. La FREDON assure un accompagnement technique des

agriculteurs afin de maintenir et valoriser la biodiversité des milieux agricoles martiniquais..

L’action PBI consiste alors aussi à décrire et inventorier la biodiversité dans les exploitations

agricoles et à identifier les potentielles espèces d’intérêt agronomique pour leur valorisation

dans la lutte biologique inondative et de conservation.

Depuis 2014 la FREDON développe une nouvelle action Agriculture Apiculture

Environnement dont la finalité est l’acquisition de références pour le développement d’un

système de culture agroécologique, associant productions végétales et activité apicole.

L’objectif de ce projet est de favoriser l’action pollinisatrice des abeilles domestiques tout en

conservant la diversité des pollinisateurs sauvages. Les arboriculteurs sont à cette occasion

sensibilisés à l’action pollinisatrice des pollinisateurs sauvages et domestiques et des relevés

sont réalisés dans leurs exploitations. Cette action est divisée en deux axes. Le premier

consiste à étudier les pollinisateurs des fleurs de goyaviers et de mesurer leur contribution à la

production de goyaves. Le deuxième axe consiste à identifier les pollinisateurs présents dans

les vergers et de d’identifier les facteurs qui expliquent leur présence ou non dans ces milieux

cultivés. C’est sur ce deuxième axe que se concentre ce stage.

7

2.6 Les missions du stage Ce stage consiste à répondre à la problématique suivante :

Dans le contexte insulaire tropical, quels sont les leviers d’action à prendre en compte pour l’établissement d’un système agroécologique associant verger et apiculture qui ne soit pas défavorable aux pollinisateurs?

Pour répondre à cette problématique, j’ai eu pour mission de réaliser un inventaire des

pollinisateurs présents dans les couverts des vergers et de caractériser leur communauté

(abondance, diversité des espèces, période d’activité). Dans un second temps, j’ai procédé à

des relevés floristiques des adventices afin de mettre en relation les communautés de

pollinisateurs et la ressource florale des couverts. L’étude des pollinisateurs des fleurs des

plantes cultivées (notamment les fleurs de goyaviers) fait partie d’une étude menée en

parallèle par la FREDON et ne fait pas parti des missions du stage. Cependant, du fait de la

complémentarité des deux études, certaines observations peuvent aider à l’interprétation des

résultats. Une description précise des interactions entre les fleurs adventices et les

pollinisateurs devra me permettre de mettre en évidence desfleurs du couvert d’intérêt qui

pourront être utilisées dans des aménagements agro-écologique pour favoriser les abeilles et

les syrphes dans les vergers. Une première approche des effets des infrastructures agro-

écologique au sein des exploitations sera réalisée pour apporter des premières informations

sur l’effet des éléments semi-naturels sur les communautés de pollinisateurs. Cette partie du

stage ne sera pas très approfondie et devra faire l’objet d’une étude à part entière

ultérieurement. L’étude est réalisée en milieu non contrôlé chez des arboriculteurs volontaires.

Le stage comprend alors un travail de démarchage auprès des agriculteurs et l’organisation

d’entretiens au cours duquel ils sont interrogés sur leurs techniques de gestion de

l’enherbement et sur les traitements utilisés sur les parcelles visitées. Un rendu des résultats

aux agriculteurs est ensuite effectué.

8

Hypothèses :

� H1 : Il y a un effet positif de la ressource floral (recouvrement, nombre

d’inflorescences, diversité des adventices, diversité des plantes en fleur) dans les

vergers sur l’abondance et la diversité de pollinisateurs.

� H2 : Les différents pollinisateurs utilisent une diversité variable de ressources florale

dans les couverts et il existe des préférences.

� H3 : Il y a un effet positif de l’environnement proche (éléments semi-naturels à

proximité des parcelles étudiées tels que les haies et les bordures de parcelle)sur les

communautés de pollinisateurs. La bordure de parcelle est attractive pour les

pollinisateurs et a un effet positif sur l’abondance et la diversité des pollinisateurs

� H4 : Il y a un effet positif ou négatif des techniquesde désherbage sur les adventices

des vergers et un effet indirect sur les communautés de pollinisateurs.

Figure 1 : Schéma récapitulatif des différentes hypothèses posées

9

2. Matériels et Méthodes 2.1 Le site d’étude

2.1.1. Eléments de géographie

L’étude est réalisée en Martinique. Elle est un des départements français d’Outre-Mer situé

dans l’archipel des Petites Antilles. Ces dernières séparent la mer des Antilles (communément

appelée mer des Caraïbes) de l’océan Atlantique. La Martinique est une île volcanique unique

de 1100 km2 avec seulement quelques dépendances. Le relief dans la moitié nord y est très

accidenté en raison de la montagne Pelée (1397m) toujours en activité, isolée à l’extrémité

nord et du Piton du Carbet (1196m). L’unique plaine du Lamentin recouvre le centre de l’île

et une alternance de vallées et de collines (Mornes) caractérise la moitié sud de la Martinique

(Sastre & Breuil, 2007).

2.1.2. Particularités climatiques

La Martinique bénéficie d’un climat tropical maritime et d’un fort ensoleillement. Les

températures montrent de faibles amplitudes saisonnières et peu de variations à l’échelle de

l’île (DIREN, 2008). Il est cependant possible de distinguer deux saisons sur une année. La

saison sèche ou carême débute en février et se termine en avril. C’est une période de

sècheresse durant laquelle peuvent se succéder plusieurs semaines sans aucun épisode

pluvieux. La saison humide ou hivernage s’étend de mai-juin à novembre et des perturbations

climatiques importantes peuvent avoir lieu avec des risques cycloniques en début de saison

(DIREN, 2008 ; Sastre & Breuil, 2007). Les températures minimales (17 à 25 °C) sont

ressenties pendant l’hivernage dans les reliefs du nord de l’île tandis que les températures

maximales (28 à 32 °C) sont ressenties pendant le carême le long des côtes. C’est à la fin du

carême et au début de l’hivernage qu’il est possible d’observer le maximum d’espèces

végétales en floraison (DIREN, 2008 ; Sastre & Breuil, 2007)et qu’il est alors stratégique

d’étudier les pollinisateurs.

2.1.3. Choix et localisation des parcelles étudiées

L’étude est réalisée sur l’ensemble du territoire dans les localités propices à l’arboriculture

fruitière. Tous les agriculteurs sélectionnés ont déjà eu recours aux services de la FREDON et

ont participé à diverses études. Certains arboriculteurs ont été sélectionnés dans la base de

données de l’Association des Vergers et Jardins Tropicaux Organisation de producteurs de

Martiniquequi travaille en collaboration avec la FREDON.

Les relevés ont lieu dans des parcelles de goyaviers et d’agrumes. En effet, ce sont les

cultures fruitières les plus importantes sur l’île et représentent 90 % de la surface fruitière

10

cultivée en Martinique (hors culture de bananes) (Dumbardon-Martial, 2005). Le protocole

mis en place pour cette étude implique des relevés sur 10 parcelles pour chacune des deux

cultures soit 20 parcelles au total (Figure 2).

1.M Rotsen 5.M.Poulin 9.M.Haure 13.M.Cartesse 17.M.Glombart

2.M.Rosalie 6.M.Djiré 10.M.Haure 14.M.Cartesse 18.M.Rotsen

3.M.Hayot 7.M.Baqulet 11.M.Cartesse 15.M.Cestor 19.M.Rosalie

4.M.Rotsen 8.M.Troudart 12.M.Ormes 16.M.Glombart 20.M.Crèmas

Figure 2 : Carte de localisation des parcelles échantillonnées pour l’étude

11

2.2 Les cultures fruitières étudiées

2.2.1. Le Goyavier

La culture de goyave s’inscrit actuellement dans une stratégie de diversification fruitière

comme alternative aux productions actuellement en crise sur l’île. Appartenant à la famille

des Myrtacea, le goyavier est reconnaissable par sa taille (entre 2 et 8 mètres de hauteur), et

son tronc aux motifs atypiques du fait de la desquamation de fines plaques d’écorces (Le

Bellec & Lavigne, 2006). La fleur de goyavier se caractérise par des étamines externes à filets

très longs. Les pétales de la corolle blanche, bien écartés rendent les étamines bien visibles et

accessibles aux pollinisateurs. La fleur fécondée produit un fruit, une baie globuleuse dont la

taille varie selon les variétés (Le Bellec & Lavigne, 2006).

Crédit photo : Clara SINGHCrédit photo Emilie LAFONT

L’espèce Psidium guayava, est originaire d’Amérique tropicale. On la retrouve à la fois en

tant que plante cultivée dans les vergers et arbre sauvage très répandu sur l’île. La poussée

végétative du goyavier est régulière et l’arbre présente deux périodes de fructification (Le

Bellec & Lavigne, 2006). La première a lieu début février (30% de la production annuelle) et

la seconde en juillet (70% de la production annuelle). Psidium guayava présente une

importante diversité variétale (150 variétés dans le monde). La Martinique a procédé à une

sélection afin de ne conserver que celle d’une qualité supérieure propice à la transformation.

La production de goyave est étroitement liée aux possibilités de transformation sur place

(sorbets, nectars, jus, confitures…). Les variétés se distinguent en 3 groupes : fruit de bouche,

fruit d’usine, fruit mixte. Les variétés les plus représentées à la Martinique sont : Beaumont,

Centeno Profilic, Red hybride, et Red suprême Ruby.

12

2.2.2. Les agrumes

Les agrumes sont les principales cultures fruitières de Martinique et forment une production

tournée essentiellement vers le marché local. Les cultures d’agrumes occupent à elles seules

75% des surfaces fruitières cultivées. Le terme « agrume » désigne à la fois les espèces du

genre Citrus, Fortunella et Poncirus. Ces arbres fruitiers, originaires du Sud-est-Asiatique

appartiennent à la famille des Rutaceae et comptent de nombreuses espèces. Les espèces du

genre Citrus sont : l’Oranger : C.sinensis, le Mandarinier :C.reticulata, leLimetier :

C.aurantifolia et le Pomelos : C.paradisi. Au cours des années 80, quelques tentatives de

développement de la filière arboricole vers l’exportation ont été initiées. Cependant, les

problèmes de commercialisation et de compétitivité on freiné ces démarches.

2.3 Les insectes pollinisateurs : modèle biologique

2.3.1. Choix des pollinisateurs étudiés

Beaucoup d’insectes (diptères, les lépidoptères hétérocères, les coléoptères, les hyménoptères

ou encore les lépidoptères) présentent une activité floricole (Fenster, 2004). Cependant,

l’activité floricole ne justifie pas l’action de pollinisation (Couplan et al, 2014, Vaissière,

2005). Seulement une portion restreinte des insectes floricoles contribue activement à la

reproduction sexuée des fleurs de plantes sauvages et cultivées. En Europe, plusieurs études

ont démontré que les pollinisateurs les plus efficaces sont des hyménoptères appartenant à la

super-famille des Apoïdes Anthophiles (nom scientifique : Apoidae) c'est-à-dire les abeilles

domestiques et sauvageset cela a été confirmé à l’échelle mondiale(Klein et al, 2007 ; Le

Feon, 2010, Roubick et al, 1995). Les syrphes (nom scientifique : Syrphidae) peuvent être

considérés comme importants pour la pollinisation des cultures bien que leur efficacité soit

moindre que celle des abeilles (Le Féon, 2010). A partir de ces informations et dans le cadre

de cette étude, le choix des pollinisateurs étudiés se restreint donc aux Apoïdes (abeilles

sauvages et domestiques) et aux syrphes.

2.3.2. Les Apoïdes

� Généralités

Les Apoïdes Anthophiles comprennent neuf familles dont celle des Apidae qui regroupe les

pollinisateurs les plus connus, notamment l’abeille domestique. Les 8 autres familles sont : les

Andrenidae, les Halictidae, les Colletidae, les Mellitidae, les Megachilidae et les

Anthophoridae (Terron, 1980). A l’échelle mondiale, environ 25 000 espèces seraient

recensées (Millenium Ecosystem Assesment). Toutes les familles ne sont pas toujours toutes

représentées sur un territoire donné ; par exemple, 7 familles et 865 espèces sont recensées en

France (Rasmont et al, 1995). En Martinique et plus largement dans les petites Antilles, peu

13

d’études ont été réalisées sur les insectes pollinisateurs et la diversité des Apoïdes sur l’île est

encore très peu connue. Un recensement récent permet de dire qu’il y aurait 14 espèces

d’abeilles (Meugrey & Dumbardon-Martial, 2015 sous presse).

� Abeilles domestiques

L’abeille domestique Apis melliferaconstitue le pollinisateur le plus performant du fait de sa

morphologie et de la taille de ses colonies. Elle possède des traits morphologiques

fonctionnels spécifiques à la récolte du pollen (O’Tool& Raw,1999). Sa pilosité lui permet de

retenir le pollen lorsqu’elle butine les fleurs etle transfère à l’aide du « peigne » sur des

organes spécifiques localisés au niveau de ses pattes postérieures. Elle fabrique ensuitedes

pelotes de pollen qu’elle stocke dans les « corbeilles à pollen » (Couplan et al, 2014, O’Tool&

Raw, 1999).De plus, L’abeille domestique se caractérise par une activité très élevée en

comparaison à d’autres insectes floricoles (Bourgeois, 2006). Elle se distingue des autres

insectes pollinisateurs parson comportement plutôt généraliste (polylectiques)qui lui permet

d’assurer la pérennité d’une importante diversité d’espèces végétales (Fontaine, 2006).

� Abeilles sauvages

Les abeilles sauvages sont le plus souvent des abeilles solitaires. Les femelles édifient toutes

leur propre nid et le type de nidification varie d’une famille à l’autre (Villemant, 2005). La

majorité des abeilles sauvages creusent leurs nids dans le sol et sont dites terricoles. D’autres

édifient leur nid dans du bois creux ou réutilisent des galeries dans du bois mort et sont

qualifiées d’abeilles xylicoles. Les autres, dites à nid libre fabriquent leur nids avec de la

résine ou de la boue mélangée à des cailloux (Villemant, 2005). Les abeilles sauvages doivent

pouvoir trouver la ressource floricole (pollen et/ou nectar), nécessaire à leurs besoins nutritifs

et à ceux des larves, et ce, à proximité de leur nid. Le régime alimentaire des abeilles

sauvages est variable et plus ou moins spécifique selon les familles ou les espèces.

2.3.3. Les syrphes

Les syrphes correspondent à une famille de diptères. Plus de 6000espèces sont recensées en

dans le monde (Sommagio, 1999) et 500 ont été identifiées en France (Sarthou & Speight,

2005). Les adultes mesurent entre 4 et 25 mm et sont reconnaissables à leur vol stationnaire et

leurs mouvements latéraux très rapides (Sommagio, 1999). Les syrphes constituent un

auxiliaire des cultures de double intérêt pour les agriculteurs. En effet, les larves à action de

prédation peuvent assurer la régulation de certains ravageurs notamment les puceronsLa

majorité des larves sont entomophages, d’autres sont macrophages ou phytophage. De plus,

sauf exception, tous les syrphes adultes sont floricoles et récoltent le nectar ou le pollen

14

nécessaire à leurs besoins et peuvent participer à la pollinisation. Les syrphes sont capables

d’occuper une importante diversité d’habitats. En effet, il est possible d’en retrouver en milieu

ouvert comme en milieu fermé (Sarthou & Speight, 2005).

2.4 Le protocole de terrain

2.4.1. Description du dispositif

Afin de pouvoir estimer la relation entre les communautés de pollinisateurs et les cortèges

floristiques, le dispositif est mis en place sur la base de plusieurs transects (Le Feon,

2010 ;Mandelik et Roll, 2009). Sur chacune des parcelles sont définies 3 transects de 30mde

longueur (Bartomeus et al, 2010) (Figure 3& 4). Un premier transect est positionné en

bordure de champ, un deuxième est localisé entre le 2ème et le 3ème rang et le troisième est mis

en place entre le 4ème et le 5ème rang.

2.4.2. Capture des pollinisateurs

Au filet entomologique

1. Le fauchage

Les captures sont réalisées au filet entomologique le long des trois transects mis en place dans

le champ (Figure 3). Sur chaque transect, des relevés non sélectifs de type fauchage sont

effectués au filet (« chasse à l’aveugle ») afin de prélever divers arthropodes dont les

pollinisateurs et d’apporter des données d’abondance et de diversité. Le récolteur avance d’un

pas lent le long du transect et effectue des mouvements rapides latéraux de va-et-vient avec le

filet à hauteur de la strate herbacée. Ces relevés sont réalisés à 8h puis sont répétés à 11h puis

à 15h afin que les relevés soient représentatifs de la diversité de l’entomofaune car tous les

pollinisateurs n’ont pas une activité synchrone au cours d’une journée afin d’éviter la

concurrence pour l’accès à la ressource (Fouhouo, 2002). De plus, de savoir s’il existe une

heure préférentielle d’activité floricole et d’ajuster le protocole pour les futures études sur les

pollinisateurs à la FREDON.

15

Figure 3 : Dispositif de terrain n°1. Le long des transects rouges sont réalisés les relevés de type fauchages ( à 8h00, 11h00 et 15h00). Le long des transects bleus est effectuée la chasse à vue de 8h30 à 10h (30 min/transect). Les relevés floristiques sont faits sur la zone d’échantillonnage en rouge sur une largeur d’un mètre).

Les insectes collectés sont transférés dans des bocaux contenant du papier absorbant imbibé

d’alcool à 90°. Une fois les insectes collectés immobiles, le contenu des bocaux est transvasé

dans un petit pilulier. Les bocaux peuvent alors être réutilisés à 11h et à 15h. Les échantillons

sont ensuite transportés dans ces piluliers jusqu’au laboratoire, sont vidés de leur alcool pour

être placés au congélateur.

2. La chasse à vue

Le long des trois transects (figure 3), les pollinisateurs sont capturés de façon sélective en

activité de butinage (Payette, 2013) pendant 30 minutes sur chaque transect (Bartomeus,

2010). Pour chaque capture, le pollinisateur et la plante butinée sont identifiés. La chasse à

vue a pour objectif de décrire les interactions entre les pollinisateurs et les fleurs butinées et

de regarder s’il existe des préférences selon les espèces.Afin de caractériser la diversité des

fleurs butinées par chaque espèce de pollinisateurs, l’indice Trophic Niche Breadth est calculé

(Wolfgang, 1996).

Par piégeage « bols colorés »

Le long de ces mêmes transects sont installés linéairement des pièges colorés (bols) (Figure

4). L’utilisation de cette technique constitue un premier essai de piégeage des pollinisateurs

en Martinique.Si les pièges colorés sont souvent utilisés pour évaluer la diversité des

16

pollinisateurs dans de nombreuses études, ils n’ont jamais été utilisé à notre connaissance en

Martinique, ni sur une île océanique dans les tropiques (Le Féon, 2010 ; Kwaiser & Hendrix,

2007 ; Mandelik & Roll, 2009). A cette occasion, il s’agira de vérifier que le fauchage

n’entraîne pas une sous-estimation de la biodiversité auquel cas la capture par pièges

apporterait des données complémentaires à l’étude (Payette, 2013). L’utilisation de pièges

permet également de compléter les relevés par une technique passive dont la qualité ne

dépend pas du récolteur. Pour se faire sur chaque transects, 3 bols colorés sont alignés et

séparés les uns des autres par une distance de 15m. Il ya a alors en tout 9 pièges par parcelle.

Les bols utilisés sont jaunes, bleus et blancs afin d’attirer une diversité maximale de

pollinisateurs. En effet, tous les pollinisateurs ne sont pas attirés par les mêmes couleurs et il

existe des préférences (Leong & Thorp, 1999). Il y a un bol de chaque couleur par transect

alignés dans un ordre précis, et, cet ordre est conservé sur tous les transects des parcelles

étudiées.

Figure 4 : Dispositif de terrain sur lequel seront effectués les relevés entomologiques par piégeage à l’aide des

bols colorés. Les ronds représentent chacun des pièges.

Ces bols contiennent de l’eau savonneuse dans laquelle les pollinisateurs glissent et se noient.

Chaque piège est placé à hauteur de la strate herbacée. Les bols posés sur les parcelles au jour

J sont retirés au jour J+3. Lors de la récupération des échantillons à J+3, les pièges sont vidés

17

et les insectes sont récupérés dans une passoire puis transférés dans des piluliers remplis

d’alcool à 90°. Les échantillons sont ensuite transportés ainsi jusqu’au laboratoire où ils

seront traités.

2.4.3 Les relevés floristiques

Les transects utilisés pour les relevés floristiques sont ceux sur lesquels sont réalisés les

relevés entomologiques par fauchage (figure 1). Sur une largeur de 0,5m de chaque côté du

transect, des relevés qualitatifs des plantes en fleurs et non en fleurs sont effectués afin

d’obtenir la richesse spécifique des adventices. Une liste d’espèces est alors attribuée à

chaque transect et informe sur la composition floristique. Les espèces adventices sont

identifiées à l’aide des planches photographiques du guide Adventille Guadeloupe et

Martinique et des clefs de la flore de phanérogames de Guadeloupe et de Martinique (Fournet,

2012). Pour chaque espèce en fleurs recensée à l’exception des Poacées (Bartomeus, 2010), le

nombre d’inflorescences ou d’unités florales est compté. L’unité florale est définie dans

l’étude comme une inflorescence accessible aux pollinisateurs par le vol. On compte deux

unités florales si le pollinisateur doit voler pour passer de l’une à l’autre (Bartomeus, 2010 ;

Dick, Corbet & Pywell, 2002). Une somme de toutes les inflorescences (toutes espèces

confondues) est aussi calculée. A chaque espèce en fleurs est aussi attribuée une valeur de

recouvrement qui repose sur une estimation visuelle (Steffan-Dewenter, 2001). En effet, la

taille de la corolle pouvant être très variable selon les espèces, la relation pollinisateurs-

recouvrement floral peut différer de la relation pollinisateurs-nombre d’inflorescences. Une

somme des recouvrements, toutes espèces confondue, est également calculée pour chaque

transect.

La sélection des parcelles est faite de sorte que les relevés soient réalisés sur des parcelles

variées du point de vue du couvert végétal. Le dispositif est alors mis en place sur un nombre

équivalent de parcelles fleuries, moyennement fleuries et peu ou pas fleuries.

2.4.4Estimation des éléments constitutifs de l’environnement proche

Sur chaque parcelle est réalisée une description de l’environnement proche. En effet, une

étude paysagère et une estimation des surfaces des éléments semi-naturels sur le terrain est

difficilement réalisable compte-tenudes moyens dont dispose la FREDON, du temps

nécessaire à cartographier chaque élément du paysage en raison de la complexité et de

l’hétérogénéité de la mosaïque des vergers caractéristiques des exploitations en milieu

tropical. Le périmètre de chaque parcelle est alors mesuré. Tous les éléments constitutifs de ce

périmètre sont mesurés. Les rapports entre la longueur de chacun des éléments sur la longueur

totale du périmètre de la parcelle sont calculés. Ces rapports expriment la proportion de

18

chaque élément de l’environnement proche de la parcelle étudiée. Les éléments de

l’environnement proche observés sur le terrain sont : les haies (regroupant les haies et les

haies vives), les bordures et les parcelles adjacentes. D’autres éléments tels que les cours

d’eau et les lisières de bosquets ont été mesurés mais sont trop peu représentés pour les

inclure dans les analyses de données. Du fait de la disponibilité des parcelles, la sélection des

différentes parcelles de l’étude n’ont pas pu être choisies en fonction de la proportion des

éléments constitutifs du périmètre. Il s’agit donc d’une première approche avec les données

disponibles obtenues sur les parcelles échantillonnées.

2.5 Le protocole de laboratoire Les pollinisateurs servant de modèle pour l’étude (abeilles domestiques, syrphes et abeilles

sauvages) sont identifiés au rang de l’espèce et mis en collection. Les Anthophiles sont

identifiés à l’aide d’une boîte de référence dont les spécimens ont été identifiés par François

Meurgey de la société de l’Herminier. Alain Pauly de l’Institut royal des Sciences Naturelles

de Belgique, a permis l’identification des abeilles sauvages appartenant à la famille des

Halictidae, et nous a transmis les critères d’identification pour que nous puissions les

identifier directement au laboratoire. Il a cependant continué de vérifier les identifications au

cours de l’étude. Le reste des insectes collectés sont identifiés au rang de la famille par Eddy

Dumbardon-Martial et Chloé Pierre (FREDON).

2.6 Enquête sur les pratiques de désherbage Un court questionnaire est établi et complété lors d’un entretien avec l’agriculteur. Ce dernier

est ainsi interrogé sur ses techniques et les pratiques qu’il emploie sur la-parcelle étudiée :

- Quelles technique de désherbage utilise-t-il (mécanique, chimique, manuelle,

autres…) sur une année ?

- S’il utilise plusieurs techniques, les utilise-t-il de façon équivalente ou utilise-t-il

préférentiellement une technique par rapport aux autres ?

- A quelle fréquence désherbe-t-il ?

- Quels traitements ont été effectués sur la parcelle étudiée pendant les six mois

précédents les relevés ?

- La parcelle étudiée est-elle irriguée ?

- Intervient-il dans la gestion des éléments de l’environnement proche (haies, lisières…)

- Sait-il s’il y a des ruches à proximité de l’exploitation ?

2.7 Analyses statistiques L’échelle à laquelle sont réalisées les analyses de données est variable selon les hypothèses

testées. Ce sont exclusivement les données de fauchage et de chasse à vue qui servent au

19

traitement de données. En effet, tous les individus capturés à l’aide des « bols colorés » ne

sont pas tous identifiésen raison de la grande quantité d’individus piégés et des temps

d’identification.

Les valeurs de diversité des pollinisateurs utilisées pour toutes les analyses statistiques de

cette étude résultent d’un calcul d’indice de Shanon:

H’= -∑ pilnpi

(i=une espèce de pollinisateur, pi = proportion du pollinisateurs i parmi tous les pollinisateurs

capturés). Cet indice inclue tous les pollinisateurs capturés (abeilles domestiques, sauvages et

syrphes).

2.7.1. Estimation de l’effort d’échantillonnage avec des courbes d’accumulation

Pour le fauchage et la chasse à vue, des courbes d’accumulation représentant la richesse

spécifique cumulée des pollinisateurs capturés en fonction du nombre de sites échantillonnées

ont été tracées. Les courbes d’accumulation témoignent de la qualité de l’effort

d’échantillonnage et permettent de savoir si l’ensemble de la diversité des pollinisateurs des

milieux échantillonnés a été capturée. Pour le fauchage, la courbe est réalisée à l’échelle du

transect (1 site = 1 transect et il y a 60 sites au total). Pour la chasse à vue, l’échelle est celle

de la parcelle (1 site =1 parcelle =20 parcelles et il y a 20 sites au total).

2.7.2. Etude de l’abondance et de la diversité des pollinisateurs selon les sites

Pour cette analyse,le transect est utilisé comme unité d’étude et ce sont les pollinisateurs

capturés au fauchage sur les trois transects (toutes heures et tous transects confondus) des 20

parcelles qui sont utilisés comme données. Les abondances de pollinisateurs ne suivent pas

une distribution normale. Une comparaison des moyennes de plusieurs échantillons via une

ANOVA n’est pas possible car les conditions d’application nécessaires ne sont pas réunies.

Un test alternatif non paramétrique de Kruskal-Wallis est utilisé. Il s’agit d’un test de

comparaison des médianes de plusieurs échantillons. Il y a donc 20 échantillons avec 3

répétitions par échantillon (1 transect = 1 répétition). Le même test est utilisé pour comparer

la diversité des pollinisateurs selon les parcelles échantillonnées. En effet, les indices de

diversité de pollinisateurs ne suivent pas une loi normale. Une ANOVA ne peut pas être

utilisée.

20

2.7.3. Analyse de l’effet de l’heure de capture sur l’abondance et la diversité des pollinisateurs

Les pollinisateurs capturés au fauchage à 8h00, 11h00 et 15h00 sur chacun des 3 transects

(tous transects confondus) sont utilisés pourcette analyse. L’unité d’étude pour ce test est

donc le transect. Les données d’abondance et de diversité des pollinisateurs ne permettent pas

la réalisation d’une ANOVA. Un test de Kruskal-Wallis de comparaison des abondancesde

trois échantillons (8h00, 11h00 et 15h00) est utilisé. Ce même test est utilisé afin de comparer

la diversité des pollinisateurs entre les différentes heures de capture.

2.7.4Effet des adventices sur l’abondance et la diversité des pollinisateurs

Plusieurs variables sont utilisées pour tester l’effet des adventices sur les communautés de pollinisateurs :

- Richesse spécifique des adventices totale (en fleurs et non en fleurs)

- Recouvrement des plantes en fleurs : « recouvrement florale »

-Nombre d’inflorescences

- Diversité des plantes en fleurs calculée à partir d’un indice de Shanon : H’= -∑ pilnpi (i=espèce végétale en fleurs, pi=nombre d’inflorescence de l’espèce 1 par rapport aux autres espèces en fleurs)

Dans un premier temps, les données utilisées pour cette analyse sont les pollinisateurs

capturés au fauchage. L’analyse se fait donc à l’échelle du transect. Afin d’étudier une

potentielle relation entre les variables explicatives ci-dessus et les communautés de

pollinisateurs, un Modèle linéaire Généralisé est utilisé pour chacune des variables pour

expliquer l’abondance des pollinisateurs. Ces modèles suivent une loi de Poisson. Ces mêmes

modèles sont réutilisés pour regarder l’effet sur la diversité des pollinisateurs. Dans ce dernier

cas, ces Modèles Linéaires Généralisés suivent une loi de Gauss.

Dans un second temps, ces modèles linéaires généralisés sont reproduis à l’échelle de la

parcelle avec les données de capture à vue. Les données floristiques utilisées sont alors issue

de calculs de moyennes des relevés floristiques des 3 transects de chaque parcelle.

2.7.5. Etudes des interactions plantes pollinisateurs

Calcul de la diversité des fleurs du couvert butinées par chaque espèce de pollinisateur

L’indice Trophic Niche Breadth NB (Wolfgang, 1996) est calculé à partir des données

obtenues lors de la chasse à vue. Il s’agit d’un calcul d’indice de Shanon : H’= -∑ pilnpi

(i=une espèce de pollinisateurs, pi = proportion de fleurs butinées par le pollinisateur i par

rapport à toutes les autres fleurs).

21

Plus l’indice NB est élevé, plus le pollinisateur utilise une ressource florale diversifiée. Un

indice par espèce de pollinisateurs (toutes parcelles confondues) est calculé.

Estimation du nombre d’espèce en fleurs nécessaire pour capturer l’ensemble des espèces

du milieu à vue.

Une courbe d’accumulation représentant la richesse spécifique cumulée des pollinisateurs

capturés à vue, en fonction de la richesse spécifique des plantes en fleurs sur lesquelles ont été

capturés les pollinisateurs, a été tracée. Cette courbe rassemble alors les données de chasse à

vue des 20 parcelles. Elle a pour objectif de regarder à partir de combien d’espèces en fleurs il

est possible de recenser l’ensemble des pollinisateurs capturés à vue dans cette étude.

2.7.6. Effet de l’hétérogénéité à l’échelle de la parcelle et effet de l’environnement proche sur les communautés de pollinisateurs.

Effet de l’hétérogénéité intra-parcellaire : effet transect

Afin de tester l’effet de la position du transect sur les communautés d’adventices, un test de

comparaison de 3 échantillons (1 échantillon par transect) est utilisé. Les conditions

d’application de l’ANOVA ne sont pas réunies et le test de Kruskal-Wallis est utilisé pour

comparer la richesse spécifique des adventices, le recouvrement floral et le nombre

d’inflorescences entre les 3 transects.

Un test de comparaison de trois échantillons de Kruskal-Wallis est choisi pour comparer

l’abondance des pollinisateurs entre les trois transects. Ce même test est réutilisé pour tester

l’effet de la position du transect sur la diversité des pollinisateurs.

Effet des éléments constitutifs du périmètre sur l’abondance et la diversité despollinisateurs

Afin d’étudier les effets des éléments constitutifs du périmètre des parcelles sur les

communautés de pollinisateurs, un Modèle Linéaire Généralisé additif incluant les

proportions de bordure, de haies et de parcelle adjacente a été utilisés. Ce modèle suivant une

loi de poisson a été réalisé pour regarder l’effet sur l’abondance des pollinisateurs. Ce même

modèle suivant une loi de Gauss a été utilisé pour étudier l’effet des différentes variables sur

la diversité.

2.7.7. Effet des pratiques

Aucune analyse statistique n’a pu être réalisée. En effet, les techniques de désherbages

utilisées ne sont pas assez variées pour effectuer des comparaisons. Il s’agit donc simplement

d’une analyse descriptive.

22

3. Résultats

Les analyses ont essentiellement été réalisées avec les données obtenues à l’aide du fauchage

et de la chasse à vue. Les pollinisateurs capturés à l’aide des bols colorés ne sont pas encore

tous identifiés au rang de l’espèce et seules les données d’abondances sont disponibles

3.1 Le matériel collecté

3.1.1 Représentativité des groupes collectés

Au total 3785 spécimens ont été collectés et sont répartis dans 96 Familles (Annexe x).

Certains ordres tels que les diptères (autres) sont bien représentés et présentent une abondance

notable (toutes familles confondues). Les taxons appartenant aux groupes étudiés (abeilles

domestiques, abeilles sauvages et syrphes) représentent 34% de l’ensemble des spécimens

collectés.

La figure 5 met en évidence une forte variabilité des pollinisateurs selon les techniques de

captures. Une très forte abondance d’abeilles sauvages a été relevée à l’aide des bols colorés

tandis que les deux autres techniques ont permis des captures avec des abondances variables

selon les trois groupes.

Figure 5 : Abondance de chaque groupe de pollinisateurs (abeilles sauvages, abeilles domestiques et syrphes) selon la technique de capture (piégeage par bols colorés, fauchage et chasse à vue).

23

0 10 20 30 40 50

05

1015

2025

Sites

Ric

hess

e sp

écifi

que

cum

ulée

5 10 15

05

1015

2025

Sites

Ric

hess

e sp

écifi

que

cum

ulée

3.1.2 Evaluation de l’effort d’échantillonnage

Les courbes d’accumulation représentant la richesse spécifique cumulée des pollinisateurs

selon le nombre de sites échantillonnés,atteignent chacune un plateau de saturation

rapidement, aussi bien à l’échelle des transects fauchés qu’à l’échelle des parcelles ayant fait

l’objet de la chasse à vue (Figure 6 et 7). Le plateau, dans les deux cas, est atteint pour une

richesse spécifique de 12 espèces de pollinisateurs (apoïdes et syrphes confondus). C’est

environ à partir de 30 transects échantillonnés que la diversité maximale des pollinisateurs

peut être capturée au fauchage. De la même manière, 10 parcelles minimum doivent être

visitées pour capturer la totalité des espèces de pollinisateurs à vue. Les deux techniques ont

été utilisées avec un effort d’échantillonnage suffisant pour estimer la diversité spécifique des

pollinisateurs dans la strate herbacée des vergers.

Figure 6 : Courbe d’accumulation de la richesse spécifique cumulée des pollinisateurs capturés au fauchage. 60 sites ont été échantillonés (1site=1 transect).

Figure 7 :Courbe d’accumulation de la richesse spécifique cumulée des pollinisateurs capturés à vue. 20 sites ont été échantillonnés (1 site =1 parcelle).

24

Tous les individus capturés par les pièges « bols colorés » n’ont pas tous pu être identifiés

dans les temps. La courbe d’accumulation des espèces capturées sera donc réalisée

ultérieurement à la FREDON.

3.2 Diversité et abondance des pollinisateurs

3.2.1 Les pollinisateurs recensés

Au total, 8 espèces d’abeilles (Apoidae) et 4 espèces de syrphes (Syrphidae) constituent les

pollinisateurs des vergers (Tableau). Parmi les abeilles, si les Apidae sont les plus diversifiées

(4 espèces), la famille des Halictidae est représentée par 2 espèces du genre Lasioglossum et

une espèce du genre Microsphecodes, est la plus abondante (tableau 1). Les deux espèces du

genre Lasioglossum ne correspondent pour l’instant à aucune des espèces connues, on les

considère alors dans cette étude comme des morphoespèces. Les syrphes sont représentés par

4 genres. Le genre Toxomerus est le plus abondant et le plus diversifié, représenté par 3

espèces. Les autres genresPalpada, Dioprosopa et Ornida sont moins abondants et sont tous

représentés par une seule espèce. Les abondances de chacun des groupes diffèrent selon la

technique de capture utilisée. Les techniques sont plus ou moins sélectives selon l’espèce

capturée.

Tableau 1 : Abondances des différentes espèces de pollinisateurs capturés selon la technique de capture. Lorsque les individus n’ont pas encore été identifiés, l’abondance est symbolisée par ND

Espèces Abondance

Taxons supérieurs Espèces Fauchage Chasse à vue

Bols colorés

total

HYMENOPTERA (APOIDAE)

Apidae

Apis mellifera (Linnaeus, 1758)

34 103 17 154

Melissodes martinicensis (Cockerell, 1917)

5 7 ND x

Exomalopsis similis (Cresson, 1865)

8 16 ND x

Xylocopa fimbriata (Fabricius, 1804)

0 1 0 1

Halictidae

Lasioglossum sp1 87 22 ND x

Lasioglossum sp2 83 56 ND

Microsphecodes sp 1 0 ND

Megachilidae Megachile concinna (Smith, 1879)

1 0 0 1

25

Quelques pollinisateurs recensés

a) b

c) d)

e) f)

g) h)

26

Photographies des polinisateurs recensés : Apis mellifera (a), Xylocopa fimbriata (b), Exomalopsis simlis (c), Lasioglossum spp (d), Ornida obesa €, Palpada vinetorum (f), Melissodes martinicensis (g), Toxomerus spp (h).

Crédit Photo : Chloé PIERRE

DIPTERA

Syrphidae

Toxomerus floralis Fabricius (1798)

87 7 0 94

Toxomerus dispar (Fabricius, 1794)

18 7 0 25

Toxomerus pulchellus (Macquart, 1846)

1 0 0 1

Dioprosopa clavata (Fabricius, 1974)

15 13 0 28

Palpada vinetorum (Fabricius, 1798)

3 24 0 27

Ornida obesa e) (Fabricius, 1775)

0 2 0 2

3.2.2 Abondance et diversité des pollinisateurs selon les sites

1 3 5 7 9 11 13 15 17 19

05

1015

2025

parcelles

Abo

ndan

ce d

es p

ollin

isat

eurs

Figure 8 : Boîtes à moustaches des abondances de pollinisateurs selon la parcelle échantillonnées. La médiane est représentée par le trait noir épais, le rectangle orange correspond à l’écart entre le 1er et le 3ème quartile, les segments fins représentent les valeurs extrêmes.

27

L’abondance des pollinisateurs capturés au fauchage semble variable selon les parcelles

échantillonnées (Figure 8). Par exemple, les médianes des abondances des parcelles 2, 3 et 4

semblent plus importantes que celles d’autres parcelles. Certaines, notamment les parcelles

10, 12 et 15 présentent des abondances de pollinisateurs quasi nulles. Il peut y avoir une plus

ou moins grande variabilité des abondances capturées selon les transects car les espaces

interquartiles sont larges pour certaines et étroits pour d’autres. Il y a une différence

significative de l’abondance des pollinisateurs selon les sites (Kruskal-Wallis=45.49, p-value

= 5.8e-3, df=19).

Il y a une différence significative de la diversité des pollinisateurs selon les parcelles

échantillonnées Kruskal-Wallis = 36.88, p-value = 8.2 e-2, df=19).

3.2.3 Effet de l’heure de capture sur l’abondance et la diversité des pollinisateurs

L’abondance des pollinisateurs semble plus faible à 15h00 que celles observées à 8h00 et à

11h00 (Figure 9). C’est à 11h00 que l’espace interquartile est le plus grand et que la plus

grande variabilité d’abondance est observée (Figure 9).

Il y a uneffet significatif de l’heure de capture sur l’abondance des pollinisateurs (test de

Kruskal-Wallis = 8.92, p-value = 0.011, df= 2). Les abondances des pollinisateurs capturés à

15h00 sont significativement moins importantes que celles des pollinisateurs capturés à 8h00

et à 11 h00. En effet, le test Kruskalmc montre une différence significative des abondances

entre 8h00 et 15h00 (différence observée = 14.35) et ne montre pas de différence entre 8h00

et à 11h00 (différence observée = 0.250). Par déduction, il y a également une différence

d’abondance entre 11h00 et 15h00.

8 11 15

05

1015

20

heure de capture

Abo

ndan

ce d

es p

ollin

isat

eurs

28

Figure 9 : Boîtes à moustaches des abondances de pollinisateurs selon l’heure de capture par fauchage

Même si l’abondance des pollinisateurs diminue l’après-midi, les abeilles et les syrphes

recensés à 15h00 ne sont pas moins diversifiés. En effet, l’heure de capture n’agit pas

significativement sur la diversité des pollinisateurs (Test de Kruskal-Wallis = 0.44, p-value =

0.80, df = 2).

3.3 Effet des adventices sur les communautés de pollinisateurs

3.3.1 Bilan sur les relevés floristiques

Au total, 118espèces d’adventices réparties dans 28 familles ont été recensées. Parmi toutes

les espèces d’adventices inventoriées, 71 ont été observées en fleurset ont contribué aux

estimations de recouvrement floral et de nombre d’inflorescences. Les pollinisateurs ont été

observés en activité de butinage sur 35 espèces en fleurs soit 50% des fleurs que l’on peut

rencontrer dans les couverts.

3.3.2 Effet de la diversité des adventices sur l’abondance et la diversité des pollinisateurs

Il n’y a pas d’effet significatif de la richesse spécifique totale des adventices (en fleurs et non

en fleurs) sur l’abondance et sur la diversité des pollinisateurs (Tableau 2). De plus, les

Pseudos R2 sont très faibles et les deux modèles ne permettent pas d’expliquer l’abondance ni

la diversité des pollinisateurs

Tableau 2 : Effet de la richesse spécifique des adventices : S adventives (en fleur et non en fleurs) sur les communautés de pollinisateurs sur les 3 transects des 20 parcelles étudiées. Deux modèles linéaires ont été réalisés. Le modèle qui porte sur l’abondance des pollinisateurs suit une loi de Poisson (1) tandis que celui qui porte sur la diversité des pollinisateurs (indice de Shanon) suit une loi de Gauss (2).

Modèles Variable explicative Coefficient z-value

p-value Pseudo R2

Abondance pollinisateurs GLM (1)

Intercept 1.76+/-0.18 9.48 *** 0.05 S adventices

(en fleurs et non en fleurs)

-0.002+/-0.001 -0.205 NS

Diversité pollinisateurs GLM (2)

Intercept -1.5+/-0.59 -2.53 * 0.06 S adventices

(en fleurs et non en fleurs)

0.05+/-0.03 1.660 NS

*p<0.05 ; **p<0.01 ; ***p<0.001 NS=non significatif

29

3.3.3 Effet du nombre d’inflorescences et du recouvrement floral sur l’abondance et la diversité des pollinisateurs

Les deux variables : nombre d’inflorescences et recouvrement floral sont très fortement

corrélées (Corrélation de Pearson=0.93). Les figures représentées ci-dessous incluent

uniquement le nombre d’inflorescences. En effet, les figures considérant le recouvrement

floral sont relativement similaires.

A l’échelle du transect, avec les données obtenues par fauchage, il n’y a pas d’effet

significatif du nombre d’inflorescences et du recouvrement floral toutes espèces végétales

confondues sur l’abondance et la diversité des pollinisateurs (Tableau 3). Les Pseudos R2 sont

très faibles pour les modèles portant les abondances et les sorties de ces modèles ne sont pas

exploitables. Les Pseudo R2 des modèles portant sur les diversités sont également faibles et

permettent d’expliquer seulement 10% de la diversité des pollinisateurs (Tableau 3). Ces

modèles sont alors difficilement interprétables.

Tableau 3 : Effet du recouvrement floral (Floral cover) et du nombre d’inflorescences (nb_inflo) toutes espèces confondues sur l’abondance et la diversité (Indice de Shanon) des pollinisateurscapturés au fauchage à l’échelle du transect. Quatre Modèles Linéaires Généralisés ont été réalisés. Ceux portant sur l’abondance des pollinisateurs (1) (3) suivent une loi de Poisson, tandis que ceux portant sur la diversité des pollinisateurs (2) (4) suivent une loi de Gauss.

Modèles Variables

explicatives

Coefficient z-value p-value Pseudo R2

Abondance pollinisateurs GLM (1)

Intercept 1.59 ± 0.07 20.93 ***

0.02 Floral_cover 0.007 ± 0.0002 2.66 **

Diversité pollinisateurs GLM (2)

intercept 0.38 ± 0.09 4.16 ***

0.10 Floral cover 0.009 ± 0.003 2.620 *

Abondance pollinisateurs GLM (3)

intercept 1.60 ± 0.07 20.52 ***

0.01 Nb_inflo 0.0002 ± 0.0001 2.20 *

Diversité pollinisateurs GLM (4)

intercept 0.36 ± 0.09 3.91 ***

0.11 Nb_inflo 0.0004 ± 0.0001 2.69 **

*p<0.05 ; **p<0.01 ; ***p<0.001 NS=non significatif A l’échelle de la parcelle, plus le nombre d’inflorescences est élevé, plus l’abondance des pollinisateurs capturés est importante (Figure 10).

30

0 500 1000 1500

05

1015

2025

nombre d'inflorescences

abon

danc

e de

s po

llini

sate

urs

(cha

sse

à vu

e)

Figure 10 : Abondance des pollinisateurs capturés à vue en fonction du nombre d’inflorescences à l’échelle de la parcelle (moyenne du nombre d’inflorescences des 3 transects du dispositif 1)

A l’échelle de la parcelle, il y a un effet significatif du recouvrement floral et du nombre

d’inflorescences toutes espèces végétales en fleurs confondues sur l’abondance des

pollinisateurs capturés à vue (Tableau x, figure x). La ressource florale toutes espèces en

fleurs confonduesexplique 37% ou 34% de l’abondance des pollinisateurs capturés selon la

variable (réciproquement : recouvrement floral ou nombre d’inflorescence utilisé). D’autres

facteurs interviennent donc sur l’abondance des pollinisateurs en plus de l’abondance de la

ressource florale. Aucun effet sur la diversité des pollinisateurs n’est démontré (Tableau 4)

Tableau 4 : Effet du nombre du recouvrement floral (Floral cover) et du nombre d’inflorescences (nb_inflo) toutes espèces confondues sur l’abondance et la diversité (Indice de shanon) des pollinisateurs capturés à vue à l’échelle de la parcelle. Quatre Modèles Linéaires Généralisés ont été réalisés. Ceux portant sur l’abondance des pollinisateurs (1) (3) suivent une loi de Poisson, tandis que ceux portant sur la diversité des pollinisateurs (2) (4) suivent une loi de Gauss. Modèles Variables

explicatives Coefficient z-value p-value Pseudo R2

Abondance pollinisateurs GLM (1)

Intercept 1.86 ± 0.11 16.42 ***

0.37 Floral_cover 0.02 ± 0.003 ***

Diversité pollinisateurs GLM (2)

intercept 0.69 ± 0.20 3.4 **

0.06 Floral cover 0.008 ± 0.009 0.93 NS

Abondance pollinisateurs GLM (3)

intercept 1.87 ± 0.11 16.42 ***

0.34 Nb_inflo 0.0008 ± 0.0001 6.58 ***

Diversité pollinisateurs GLM (4)

intercept 0.66 ± 0.20 3.24 **

0.08 Nb_inflo 0.0003 ± 0.0003 1.145 NS

*p<0.05 ; **p<0.01 ; ***p<0.001 NS=non significatif

31

3.3.4 Effet de la diversité des plantes en fleurs sur l’abondance et la diversité des pollinisateurs

A l’échelle du transect, les abondances les plus fortes sont observées lorsque les transects

présentent un indice de diversité des plantes en fleurs important (Figure 11). De la même

manière, les abondances les plus faibles sont obtenues pour de faibles diversités de plantes en

fleurs. Cependant, des parcelles dont les transects présentent une importante diversité de

plantes en fleurs ont également montré de faibles abondances de pollinisateurs. Il ne semble

donc pas y avoir une forte relation entre l’abondance des pollinisateurs et la diversité des

plantes en fleurs (Figure 11).

0.5 1.0 1.5

05

1015

2025

diversité des plantes en fleur (Indice Shanon)

Abo

ndan

ce d

es p

ollin

isat

eurs

(fau

chag

e)

Figure 11 : Abondances des pollinisateurs en fonction de la diversité des plantes en fleurs (indice de Shanon calculé à partir du nombre d’inflorescences par espèce)

Tableau 5 : Effet de la diversité des plantes en fleur (Indice de Shanon calculé avec les données de nombres d’inflorescences) sur l’abondance et la diversité (Indice de shanon) des pollinisateurs capturés au fauchage à l’échelle du transect. Deux Modèles Linéaires Généralisés ont été réalisés. Ceux portant sur l’abondance des pollinisateurs (1) suit une loi de Poisson, tandis que ceux portant sur la diversité des pollinisateurs (2) suit une loi de Gauss.

Modèles Variables

explicatives

Coefficient z-value p-value Pseudo R2

Abondance pollinisateurs GLM (1)

Intercept 0.07 ± 0.15 6.87 ***

0.12 Div flore 0.66 ± 0.11 5.71 ***

Diversité pollinisateurs GLM (2)

Intercept 0.29 ± 0.17 1.63 NS 0.05

Div flore 0.25 ± 0.14 1.74 NS

*p<0.05 ; **p<0.01 ; ***p<0.001 NS=non significatif

32

Le Modèle Linéaire Généralisé révèle un effet significatif de la diversité de la ressource

florale sur l’abondance des pollinisateurs (Tableau 5). Cependant, le Pseudo-R2 calculé est

relativement faible et le modèle ne permet d’expliquer que 12% de la variabilité de

l’abondance observée. Le modèle n’est pas très fiable et ne permet pas vraiment de conclure

quant à l’effet de la diversité des plantes en fleurs. Cependant tout comme le nuage de point

(Figure 11), le modèle montre une tendance à l’augmentation du nombre de pollinisateurs

avec la diversité des plantes en fleurs.

L’effet de la diversité des plantes en fleurs sur la diversité des pollinisateurs sauvage n’est en

revanche pas démontré (Tableau 5). Cependant, lors de la chasse à vue, un nombre d’espèces

minimal en fleurs était nécessaire pour capturer la diversité représentative des pollinisateurs

dans les vergers (Figure 12).En effet, la courbe d’accumulation de la richesse spécifique

cumulée des pollinisateurs augmente avec le nombre d’espèces en fleurs jusqu’à atteindre un

plateau pour environ 17 espèces en fleur. Pour 20 parcelles hétérogènes du point du vue du

couvert, 17 espèces en fleurs sont nécessaire pour observer la diversité maximale des

pollinisateurs pouvant être capturé à vue.

0 5 10 15 20 25 30 35

05

1015

20

Richesse spécifique des plantes en fleurs

Ric

hess

e sp

écifi

que

cum

ulée

des

pol

linis

ateu

rs

Figure 12 : Courbe d’accumulation de la richesse spécifique cumulée des pollinisateurs capturé à vue sur 35

espèces végétales en fleur (1 échantillon = 1 espèce en fleur)

33

3.3.5 Description de l’interaction plantes-pollinisateurs

Dans les vergers, l’exploitation de la ressource florale varie selon l’espèce de pollinisateur

(Figure, 13). Si l’abeille domestique, les Halictidae (Lasioglossum sp1 et 2) ainsi que les

syrphes Dioprosopa clavata et le genre Toxomerus sont ceux qui butinent une plus grande

diversité de fleurs, il est remarquable que les autres espèces telles que Palpada vinetorum,

Ornida obesa, Melissodes martinicensis et Exomalopsis similis entretiennent des relations

moins diversifiées avec la ressource florale. La valeur nulle de l’indice associée à Xylocopa

fimbriatamontre bien que cette espèce utilise très peu la ressource florale dans les couverts

herbacés des vergers.

Figure 13 : Indice Trophic Niche Breadth selon l’espèce de pollinisateur capturé en chasse à vue.

Les Asteraceae et les Euphorbiacée constituent les familles de fleurs les plus attractives

(Figure 14). Elles sont suivies des Fabaceae, Oxalidaceae, Convolvulaceae, Curcubitaceae qui

attirent dans une moindre mesure les pollinisateurs.

Figure 14 : Nombre de visites (toutes espèces de pollinisateurs confondues) selon les famillesdes fleurs butinées Les données sont issues des captures à vue.

34

Le nombre de visites des pollinisateurs sur les fleurs du couvert dans les parcelles étudiées

varie selon les espèces végétales visitées (Figure 15). La chasse à vue permet alors de mettre

en évidence des préférences. Les fleurs les plus butinées sont Tridax procumbens et

Euphorbia heterophylla. Cleome rutidosperma et Oxalis barrelieri sont des fleurs

régulièrement butinées par les pollinisateurs dans les vergers.

Figure 15 : Nombre de visites (toutes espèces de pollinisateurs confondues) pour chaque espèce en fleurs à partir des captures de la chasse à vue.

3.4Effet de l’hétérogénéité à l’échelle intra-parcellaire et effet de l’environnement proche sur l’abondance et la diversité des pollinisateurs

3.4.1Effet de la bordure de parcelle sur l’abondance et la diversité des pollinisateurs.

Il n’y a pas de différence significative du recouvrement floral des adventices selon la position

du transect décrite dans le dispositif 1(Kruskal-Wallis = 0.58, p-value= 0.74, df =2). Il n’y a

pas non plus d’effet significatif de la position du transect sur le nombre d’inflorescences

(Kruskal-Wallis = 0.90, p-value = 0.63, df=2). L’abondance de la ressource florale est donc

relativement homogène à l’échelle de la parcelle et les bordures ne présentent pas plus de

ressources que les inter-rangs à l’intérieur des parcelles.

Les bordures de parcelles semblent présenter une richesse spécifique totale des adventices (en

fleurs et non en fleurs) plus élevée que celles recensées sur les transects 2 et 3 (Figure 16). Il y

a un effet significatif de la position du transect sur la richesse spécifique des adventices

(Kruskal-Wallis= 13.29, p-value = 0.001, df=2). Les transects en bordure de parcelle

35

1 2 3

510

1520

2530

35

transects

riche

sse

spéc

ifiqu

e ad

vent

ices

présentent des richesses spécifiques significativement plus élevées que celles transect 2

(Kruskalmc : différence observée = 14.72) et du transect 3 (Kruskalmc : différence observée

= 19.17)situés entre les rangs cultivés. Plus la distance à la bordure est importante, plus la

richesse spécifique des adventices diminue. En revanche, la richesse spécifique des adventices

ne diffère pas entre les transect 2 et 3 (Kruskalmc : différence observée = 4.45).

Figure 16: Boîtes à moustache de la richesse spécifique des adventices selon la position du transect.

Il n’y a pas de différence significative de l’abondance des pollinisateurs selon la position du

transect (Kruskal-Wallis = 0.34, p-value = 0.82, df=2). La position du transect n’a pas non

plus d’effet significatif sur la diversité des pollinisateurs (Kruskal-Wallis = 2.31, p-value =

0.31, df =2). Les captures de pollinisateurs réalisées au fauchage apportent donc des

échantillons relativement homogènes à l’échelle de la parcelle.

3.4.2 Effet des éléments constitutifs du périmètre de la parcelle sur l’abondance et la diversité des pollinisateurs

A l’échelle de la parcelle, il n’y a pas d’effet de chacun des éléments constitutifs de

l’environnement proche sur l’abondance et la diversité des pollinisateurs (Tableau 6). En

effet, le Modèle Linéaire Généralisé additif utilisé pour expliquer l’abondance présente un R2

faible et est difficilement exploitable. Il en est de même pour celui utilisé pour expliquer la

diversité des pollinisateurs.

36

Tableau 6 : Effet des éléments constitutifs du périmètre de la parcelle considérée (Longeur de chaque élément /périmètre de la parcelle) sur l’abondance des pollinisateurs. Un modèle Linéaire généralisé additif considérant 3 variables (% bordure, % haie, % parcelle adjacente) suivant une loi de poisson a été utilisé.

Glm Variables explicatives

coefficient z-value p-value Pseudo R2

Abondance

des

pollinisateurs

Intercept 2.12 ± 0.40 5.22 ***

0.12

Bordure% /périmètre

-9e-5 ± 0.005 -0.01 NS

% haie /périmètre

0.01 ± 0.003 3.81 **

% parcelle adjacente/ périmètre

0.002 ± 0.004 0.44 NS

*p<0.05 ; **p<0.01 ; ***p<0.001 NS=non significatif

Tableau x : Effet des éléments constitutifs du périmètre de la parcelle considérée (Longeur de chaque élément /périmètre de la parcelle) sur l’abondance des pollinisateurs. Un modèle Linéaire généralisé additif considérant 3 variables (% bordure, % haie, % parcelle adjacente) suivant une loi de poisson a été utilisé.

Glm Variables explicatives

coefficient z-value p-value Pseudo R2

Diversité des

pollinisateurs

Intercept -0.22 ± 0.92 -0.24 NS

0.16

Bordure% /périmètre

0.009 ± 0.01 0.79 NS

% haie /périmètre

0.009 ± 0.008 1.21 NS

% parcelle adjacente/ périmètre

0.01 ± 0.01 1.54 NS

*p<0.05 ; **p<0.01 ; ***p<0.001 NS=non significatif

-

3.5 Effet des techniques et pratiques de gestion des adventices sur les communautés d’adventices et sur les communautés de pollinisateurs.

L’effet des techniques de désherbage n’a pas pu être testé statistiquement. En effet, les

enquêtes réalisées auprès des agriculteurs ont mise en évidence une homogénéité dans la

gestion de l’enherbement. Tous les agriculteurs utilisent le désherbage mécanique à

l’exception d’une parcelle dans laquelle du désherbant est encore appliqué régulièrement. La

fréquence de débroussaillage varie entre 1 et 2 fois tous les deux mois selon la saison. En

période de carême, les interventions sont moins fréquentes que durant la saison des pluies.

Selon la localité les agriculteurs ne débroussaillent pas à la même fréquence. Par exemple,

dans les localités au climat sec comme la côte Nord Caraïbe, les interventions sont moins

fréquentes que dans les zones plus humides comme le Gros Morne.

37

4. Discussion 4.1Méthodologie et effort de prospection

4.1.1 Les trois techniques de captures sont complémentaires

Cette étude fournit pour la première fois des données sur la diversité et l’abondance des

insectes pollinisateurs associés aux cultures fruitières en Martinique. Les différentes

techniques de capture ont permis de recenser une diversité des pollinisateurs représentative de

celle du milieu étudié et se sont montrées complémentaires. En effet, selon la technique de

captures et l’échelle utilisée comme unité de référence, les effets des différentes variables

environnementales étaient plus ou moins visibles et démontrés. La méthodologie, de part la

diversité techniques de capture, des échelles utilisées et des différentes variables testées peut

servir de support pour les études ultérieures et pourra alors être améliorée et affinée.

Les pièges « bols colorés » constituent une méthode de capture plus sélective que le fauchage

et conformément à d’autres études, dans d’autres régions, cela permet d’attraper une très

grande quantité d’abeilles sauvages, notamment des Halictidae (Le Feon, 2010 ; Mandelick et

Roll, 2009 ; Roultson et al, 2007). Il a été noté que les bols colorées sous-estiment les abeilles

de grandes tailles (Le Feon, 2010 ; Westphal, 2008). Les abeilles domestiques et autres

Apidae (Exomalopsis similis et Melissodes martinicensis) sont alors peut- être sous estimées

par rapport aux Halictidae (Annexe).En Martinique cette méthode exclue catégoriquement la

capture des syrphes tandis que dans ces autres études, certains syrphes, certes moins

abondants que les Apoïdes, avaient tout de même été piégés dans les bols colorés (Le Féon,

2010). L’utilisation des bols colorés est complémentaire des captures au filet (Westphal,

2008) et serait adaptée pour une étude des abeilles sauvages à une échelle plus globales ainsi

que pour effectuer des comparaisons entre les parcelles étudiées.

4.1.2 Un effort d’échantillonnage suffisant mais des localités sur l’île restent à étudier

Malgré l’effort d’échantillonnage suffisant et même si les principales zones de production

fruitières ont été visitées et apportent l’essentiel des informations, d’autres localités sur l’île

pourraient être échantillonnées. Cela assurerait que la diversité recensée est représentative de

la diversité réelle des couverts des vergers à l’échelle du territoire. Certaines localités comme

la côte Atlantique (Sainte-Marie, le François, le Vauclin), le nord de l’île (le Prêcheur) ou

encore l’extrémité sud n’ont pas été échantillonnées en raison de l’état du couvert des

parcelles au moment de la campagne de terrain et de la disponibilité des agriculteurs.

38

4.1.3 Les pollinisateurs ont une activité de butinage plus importante le matin

Les plus faibles abondances de pollinisateurs observées l’après-midi suggèrent une activité

pollinisatrice plus importante le matin. Cela a déjà été constaté dans des études portant sur

l’activité journalière des pollinisateurs en milieu tropical (Fohouo, 2002 ;Roubick, 1989).

Certains agriculteurs ont témoigné d’une activité très matinale des abeilles domestiques dans

leurs vergers à partir de 6h00 (Commentaire : Poulin, Glombart, Troudart). En milieu

tempéré, l’activité de butinage a lieu préférentiellement le matin et en milieu de journée. La

méthodologie de certaines études implique d’ailleurs des relevés entre 10h00 et14h00.En

Martinique, le soleil se lève et se couche plus tôt et les pollinisateurs seraient actifs dès le

lever du jour. Les abeilles sauvages iraient jusqu’à butiner des Graminées avant même le lever

du jour. En effet, la rosée facilite la déhiscence des grains de pollen qui sèchent ensuite

rapidement au cours de la matinée (Jaeger, 1954 ; Roubick, 1989).Sur le terrain, pendant la

période de carême, il a été constaté un flétrissement rapide de certaines fleurs butinées en fin

de matin du fait de la chaleur. Les pollinisateurs seraient alors actifs le matin pour optimiser

leur récolte en pollen et en nectar. Les abeilles sauvages récoltent la ressource pour ensuite la

transporter jusqu’à leur nid pour approvisionner leurs larves. Les abeilles conditionneraient

leur énergie le matin à la recherche de ressources, et l’après midi serait davantage consacré a

nourrir les larves au nid. Effectuer des relevés plus tôt avant 8h00 enrichirait peut-être les

données concernant la présence des pollinisateurs domestiques et sauvages ainsi que les fleurs

butinées dans les couverts. Bien que la diversité des pollinisateurs ne soit pas différente selon

l’heure de capture, la période d’activité floricole peut varier sensiblement dans la matinée

entre les différentes espèces (Njoroge et al, 2010). Les syrphes et les abeilles n’ont pas le

même comportement alimentaire et ne sont pas dissociés dans cette étude.

4.2 Les Apoïdes et les syrphes capturés dans les couverts des vergers

4.2.1. Une faible diversité des pollinisateurs recensés en raison des particularités du milieu

insulaire

Au total, 14 espèces de pollinisateurs (abeilles et syrphes confondus) on été recensées. Cela

peut paraître étonnant lorsque des études en Europe collectent plus de 50espèces (Kwaiser &

Hendrix, 2007 ; Le Féon, 2010). L’isolement au continent américain a un effet sur la diversité

des espèces et conduit à de l’endémisme. Dans les Antilles Française, l’entomofaune

représenterait moins de 20% de ce qui est observé sur le continent en Guyane (Touroult,

2011). La richesse spécifique d’une île est directement liée à la diversité des milieux, à la

superficie de l’île et à la distance au continent (Mac Arthur & Wilson, 1967 ; Touroult, 2011).

39

La Martinique est une île dont la superficie est réduite (1128) (Sastre & Breuil, 2007) et

répond à cette théorie de l’équilibre insulaire.

4.2.2. Des communautés de pollinisateurs non équitables

Parmi les pollinisateurs recensés, des Apidae, une Megachilidae, desHalictidae et des

Syrphidae ont été identifiés. La Martinique compte 14 espèces d’abeilles (Apoidae :

Anthophila) ;(Meurgey & Dumbardon-Martial, sous presse). Ainsi, 46% de la faune

apidologique de l’île sont présents dans les vergers. La majorité des espèces ont une

répartition géographique large (répartition insulaire et continentale) et seule Melissodes

martinicensis est endémique stricte à l’île. Nos résultats d’abondance montrentaussi la

présence de cette espèce dans les parcelles agricoles. En effet, nous la croyions peu présente

en milieu cultivé et les abondances de cette espèce révélées par les bols colorés corrigent cette

sous-estimation. Chez les Halictidae, les deux espèces du genre Lasioglossum (Dialictus)

sont de loin les plus abondantes et dominent constamment les communautés de pollinisateurs.

Les premières analyses taxonomiques de ces deux espèces prétendent qu’il s’agit d’espèces

nouvelles pour la science. Les Halictidae et les Apidés du genre Melissodes sont des nicheurs

du sol et nidifient dans les chemins terreux, les sols nus et parfois même au sein des parcelles

cultivées (Normandin et al, 2014 ; Villemant, 2005). Les exploitations agricoles et leurs

environs peuvent offrir des terrains propices a la nidification de certains pollinisateurs qui

sont alors plus abondants. La présence d’Exomalopsis similis dans les parcelles est très

variables, nous avons constaté sur le terrain qu’elle peut être aussi bien absente qu’abondante

très localement à proximité d’un patch de fleur attractive pour elle. L’abeille domestique a été

retrouvée dans presque toutes les parcelles en abondance variable. Les agriculteurs

témoignaient de la présence ou non de ruches ou d’essaims à proximité ou dans les

exploitations qui peuvent fortement influencer les observations. Les syrphes sont

principalement représentés par les espèces Toxomerus floralis et Toxomerus dispar. Ces

dernières, cosmopolites font parties des espèces les plus abondantes dans toutes les Antilles et

l’Amérique(Thompson, 1981).Ces syrphes sont particulièrement associés à la strate herbacée

des couverts et sont des prédateurs de cicadelles elles aussi abondantes dans ce milieu.

4.2.3. La diversité et l’abondance des pollinisateurs diffère selon les parcelles mais les espèces sont représentées de manière homogène à l’échelle globale

Les analyses ont montré que la diversité et l’abondance des pollinisateurs varient selon les

parcelles échantillonnées. Cependant, en général, l’ensemble des espèces recensées ont toutes

été observées dans les différentes localités à l’exception du Morne Rouge pour laquelle une

seule parcelle a été étudiée et peu de données ont pu être obtenues en raison des conditions

40

météorologiques et de la disponibilité des agriculteurs. On suppose donc que l’effet de la

localité sur l’île (Nord, Sud, plaine du centre côte Atlantique et côte Caraïbe) qui n’a pas pu

être incluse dans l’étude n’a pas eu d’impact sur l’estimation de larichesse spécifique des

communautés de pollinisateurs dans les vergers. La variabilité observée entre les parcelles est

donc due à des facteurs liés à l’environnement, aux paysages, aux ressources ainsi qu’aux

pratiques culturales. Parmi ces facteurs la ressource florale comme facteur structurant les

communautés de pollinisateurs a pu être étudiée.

4.3 La ressource florale explique en partie la présence des pollinisateurs dans les vergers

4.3.1 La ressource florale a un effet positif sur l’abondance des pollinisateurs mais aucun effet sur la diversité n’a été démontré. Il y a un effet de l’échelle et/ou de la technique de capture sur ce résultat.

Le nombre d’inflorescences et le recouvrement floral toutes espèces végétales confondues

expliquent en partie l’abondance et n’expliquent pas la diversité des pollinisateurs.Cependant,

cela n’est visible qu’à l’échelle de la parcelle avec les données de chasse à vue. La diversité

de la ressource florale a peu d’effet sur l’abondance et aucun effet sur la diversité des

pollinisateurs. Le fauchage est sans doute un peu aléatoire et la chasse à vue plus précise pour

mettre en évidence de telles corrélations. De plus, l’échelle des transects n’est peut être pas

adaptée du fait de la petite taille des parcelles car les pollinisateurs peuvent aisément se

disperser dans les parcelles qui doivent alors être prises comme unité d’étude. Les résultats

obtenus sont plus ou moins cohérents avec d’autres études réalisées qui ont montré des effets

significatifs positifs de l’abondance et de la diversité de la ressource florale sur l’abondance

et la diversité des abeilles sauvages (Hine & Hendrix, 2005, Holzchuh, 2007, Potts et al,

2003). Kaiser & Hendrix (2007) ont ainsi montré un effet positif de la diversité des espèces

en fleurs (à abondance constante) sur l’abondance des pollinisateurs dans l’Iowa. Les

pollinisateurs recensés dans cette étude sont aussi essentiellement des Halictidae et des

Anthophoridae du genre Melissodes. En Allemagne, il a été démontré que la diversité des

syrphes est étroitement corrélée positivement à la densité et à la diversité de la ressource

florale (Haenke, 2009). En revanche, parmi d’autres études Steffan-Dewenter & Tscharntke

(2001)montré que le recouvrement floral agit positivement plus sur l’abondance que sur la

diversité des pollinisateurs.Cependant, ils ont aussi démontré que la diversité des plantes en

fleur agit surtout sur la diversité des pollinisateurs, relation que nous n’avons pas exactement

observée.D’autres facteurs interviennent sans doute dans la structuration des communautés de

pollinisateurs notamment les éléments du paysage ou la conduite des cultures notamment les

pratiques portant atteinte au couvert et à la ressource florale. En effet, une étude a montré que

41

l’effet de la ressource florale varie selon le système de culture (conventionnel ou biologique)

(Holzchuh, 2007).

4.3.2 Le caractère plus ou moins attractif des espèces de fleurs atténue les effets de l’abondance et de la diversité de la ressource florale sur les communautés de pollinisateurs

L’analyse faite sur les effets de l’abondance et de la diversité de la ressource florale

(recouvrement et nombre d’inflorescences) sur l’abondance et la diversité des pollinisateurs

montre qu’il existe une différence d’attractivité des plantes, les pollinisateurs butinant une

fraction restreinte des espèces disponibles. L’attractivité des fleursn’a pas été prise en

considération dans l’étude et une parcelle peut avoir un taux de recouvrement important et ne

pas attirer de pollinisateurs. Cela a été observé au Gros Morne dans une parcelle dans

laquelle a été mise en place une plante de couverture. L’espèce plantée Arachis pintoi

présentait alors un fort recouvrement floral mais l’abondance et la diversité des pollinisateurs

étaient quasi-nulle. Ce phénomène atténue alors peut être l’effet de la ressource florale sur les

pollinisateurs. A L’inverse, sur des parcelles à fort recouvrement à raison d’une seule espèce

en fleur ou presque, de fortes abondances et diversités de pollinisateurs qui se partagent la

ressource ont été observées du fait de la très forte attractivité de l’espèce de fleur présente

(parcelle de M. Poulin à Saint esprit : Tridax procumbens, parcelle de M. Rotsen au

Lamentin : Cleome rutidosperma parcelle de M. Glombart au Robert : Momordica charantia,

Parcelle de M. Baqluet à Saint-Pierre : Euphorbia heterophylla). Ce phénomène peut en partie

expliquer pourquoi, dans certaines situations, malgré de forts indices de diversité des plantes

en fleurs, de faibles abondances de pollinisateurs ont été relevées. Toutes les espèces en fleurs

ne se valent pas. Une relation étroite entre la richesse spécifique des abeilles et la qualité du

nectar des fleurs a d’ailleurs été démontré (Potts et al, 2003) et, selon la composition du

cortège les effets sont donc plus ou moins marqués. Afin de mieux évaluer l’importance de la

ressource florale sur la présence des pollinisateurs dans les vergers, une mesure de

l’attractivité individuelle de l’espèce et de l’attractivité à l’échelle de la communauté

(attractivité d’une espèce par rapport aux autres espèces présentes) fournirait des indications

plus précises quant aux potentielles mesures à mettre en place pour favoriser les pollinisateurs

dans ces milieux.

4.3.3 Une étude sur une échelle de temps plus longue permettrait peut-être de voir l’effet de la richesse spécifique des adventices (en fleurs et non en fleurs) sur les communautés de pollinisateurs.

La richesse spécifique totale des adventices n’a pas d’effet visible sur l’abondance et la

diversité des pollinisateurs au moment où sont effectués les relevés. Parmi les plantes

recensées, peu sont en fleurs et toutes ne sont pas attractives. L’effet des plantes en

42

fleursaurait un effet plus visible dans l’immédiat que la richesse spécifique totale qui elle,

agirait sur un temps plus long. L’effet porterait alors plutôt sur la stabilité de l’activité de

butinage des pollinisateurs dans le temps cartoutes les adventices n’ont pas une floraison

synchrone. La succession des floraisons des différentes espèces dans le temps assurerait

alors le maintien et la redondance de la ressource florale disponible pour les pollinisateurs.

Ceci est d’autant plus vérifié en milieu tropical car les saisons ne sont pas aussi marquées

qu’en milieu tempéré et il y a un étalement de la floraison sur toute l’année.

4.3.4 Toutes les espèces en fleurs n’ont pas la même attractivité pour les pollinisateurs

Certaines espèces de fleurs sont plus butinées que d’autres dans les couverts Les captures à vue démontrent que toutes les espèces végétales n’ont pas une attractivité

équivalente pour les pollinisateurs. Sur toutes les fleurs butinées, cinq espèces se distinguent

et sont plus butinées que les autres : Tridax procumbens, Euphorbia heterophylla, Cleome

rutidosperma, Oxalis barrelieri et Momordica charantia. Parmi elles, certaines ont parfois

peut-être causé le biais dans l’étude de l’effet de la ressource florale sur les pollinisateurs

(§4.3.2). Les espèces les plus attractives appartiennent toutes à des familles différentes et

offrent peut être des ressources complémentaires. Conformément à des observations réalisées

dans d’autres études, les Asteraceae sont les plus attractivesmais sont aussi les plus

diversifiées en espèces butinées que ce soit par les abeilles ou par les syrphes. Certaines

familles de plantes regroupent différentes espèces attractives. C’est le cas des Fabaceae, et

Convolvulaceae dont différentes espèces ont attiré les pollinisateurs. En revanche, bien que

les Capparidaceae et les Oxalidaces ont aussi attiré les pollinisateurs, elles le doivent chacune

qu’à une seule espèce. Les différentes familles de fleurs les plus butinées regroupent des

morphologies, des tailles et des couleurs de fleurs variées et permettent alors de satisfaire

divers pollinisateurs. Les ressources nutritives des différentes familles sont peut-être

complémentaires et assurent la santé des pollinisateurs (ITSAP). Le nombre de visites par

espèce et par famille de fleur confond les syrphes et les abeilles sauvages, or leur régime et

comportement alimentaire sont différentsEn effet, les syrphes butinent par exemple des

plantes anémogames telles que les Poaceae et les Cyperaceaequi ne sont pas toujours butinées

par les Apoïdes par exemple (Le Feon ; 2010).

Il est difficile de dissocier l’effet attractif d’une fleur de l’effet de l’abondance de cette

même fleur

Les espèces les plus butinées étaient aussi souvent les plus abondantes. Il est donc difficile de

dissocier l’attractivité de l’espèce en fleur de l’abondance de cette ressource. En effet, une

espèce de fleurs peu butinée dans des couverts diversifiées, peut devenir très attractive si c’est

l’espèce en fleur prépondérante dans une parcelle. Cela a été observé par exemple pour

43

l’Asteraceae Vernonia cinerea et pour la Curcubitaceae Momrordica charantia, très

communes dans les vergers. Les syrphes par exemple, butinent les fleurs les plus abondantes,

celles qu’il pourra le plus probablement rencontrer (Branquart & Hemptinne, 2000 ) afin de

réduire le temps et l’énergie consacré à la recherche des ressources florales (Branquart

&Hemptinne, 2000 ; Cowgill et al, 1993a).Il existe donc des préférences selon la disponibilité

des ressources et, des fleurs présentes en grande quantité sont peut-être butinées à défaut de

rien ou de meilleures ressources.

Les différents pollinisateurs utilisent des ressources du couvert plus ou moins diversifiées

Les pollinisateurs, selon l’espèce à laquelle ils appartiennent utilisent une ressource plus ou

moins diversifiée dans la strate herbacée des couverts. L’abeille domestique déjà décrite

comme un pollinisateur généraliste (O’Toole & Raw, 1999) a été observée en activité sur la

plus grande diversité des plantes en fleurs par rapport aux autres espèces d’abeilles et de

syrphes conformément à d’autres études (Reader et al, 2005). Les abeilles sauvages

considérées dans la littérature comme des espèces plus spécialistes montrent des

comportements différents selon les espèces.Le régime alimentaire des Halictidae a peu été

étudié et il est difficile de juger de sa spécificité. Cependant, ce sont des abeilles ayant des

distances de vol réduites du fait de leur petite taille. Si les Halictidaes nichent au sein de

l’exploitation, elles iront préférentiellement chercher la ressource florale à proximité de leur

nid dans la strate herbacée des couverts et butinerait alors une plus importante diversité de

fleurs en comparaison à d’autres (Melissodes martinicensis, Xylocopa fimbriata) pouvant

rechercher leur ressource favorite sur de plus grande distance. L’espèce Xylocopa fimbriata

est connue pour butiner une plus faible diversité de fleurs comme certaines passiflores et

légumineuses parmi quelques autres fleurs. Les syrphes du genre Toxomerus sont associés

aux couverts herbacés des milieux ouverts et butinent donc une importante diversité de fleurs.

4.3.5 Ingénierie et contribution à la mise en place du systèmeagro-écologique

Les fleurs adventices peuvent constituer un levier d’action pour favoriser les pollinisateurs

qui butinent à la fois les fleurs du couvert et celles de la plante cultivée.

Les pollinisateurs dont le régime alimentaire est le moins diversifié dans les couverts (Ornida

obesa, Palpada vinetorum et Exomalopsis similis) ont été observés sur les fleurs de goyavier

lors de l’étude menée en parallèle par la FREDON sur les pollinisateurs du goyavier. Il est

possible que ces espèces butinent préférentiellement les fleurs de goyavier et utilisent les

ressources du couvert en complémentation. L’abeille domestique et les Halictidaes sont

autant retrouvées dans les couverts que sur les fleurs de goyaviers. Il est alors envisageable de

favoriser tous ces pollinisateurs en utilisant les fleurs butinées dans les couvert. En effet, le

44

couvert dans les vergers n’entre pas en concurrence avec la culture fruitière et peut être

valorisé. De plus, en arboriculture fruitière, la flore adventice et donc les fleurs butinées sont

naturellement favorisées par rapport à d’autres systèmes de cultures qui nécessitent un

retournement du sol régulier et dans lesquels le couvert ne peut pas s’installer durablement.

En milieu tropical, les plantes adventices sont abondantes toute l’année et constituent une

forte contrainte pour les agriculteurs qui doivent constamment gérer l’enherbement. La

valorisation du couvert aurait donc un double avantage par une nouvelle gestion des

adventices et par l’attraction des pollinisateurs qui peuvent à terme avoir une incidence sur la

pollinisation de leur culture.

Le Xylocope et l’abeille Centris Versicolor(Commentaire, Dumardon-Martial) sont des

pollinisateurs du goyavier et des agrumes, mais, étant quasi absents dans les couverts, la flore

adventice ne constitue pas un outil utilisable pour les attirer dans les vergers. D’autres leviers

d’action tels que les éléments semi-naturels sont envisageables.

Même si certaines espèces n’ont pas été observées sur les fleurs de goyaviers (notamment les

syrphes du genre Toxomerusou l’espèce Melissodes martinicensis), ilsne sont pas à exclure du

fait des autres services qu’ils peuvent rendre à l’agriculture. Les pollinisateurs des fleurs

sauvages peuvent entretenir le couvert dans les vergers et certains syrphes peuvent assurer le

contrôle biologique des ravageurs au sein de l’exploitation(White et al, 1995).

La diversité et l’abondance des fleurs dans les couvert doit être conservées pour favoriser

les pollinisateurs dans les parcelles cultivées

La construction de la courbe d’accumulation a montré que malgré la sélection des ressources

florales dans les couverts par les pollinisateurs, une richesse spécifique minimale de plantes

en fleursest nécessaire pour que les parcelles présentent la diversité maximale des

pollinisateurs ayant pu être observéeà vue dans cette étude. Cetteanalyse justifie que malgré

les effets moyennement démontrés de la diversité de la ressource florale sur les pollinisateurs,

la diversité des plantes en fleurs structure en partie les communautés de pollinisateurs. Plus le

couvert est diversifié, plus il y aura une redondance et une stabilité de la ressource florale et

plus la diversité des pollinisateurs sera favorisée. De plus, du fait du peu d’espèces de

pollinisateurs recensées, une utilisation fine des espèces butinées par chaque pollinisateur est

possible par la constitution d’assemblages floristiques avec les fleurs les plus attractives au

sein des parcelles ou sur leur pourtour. Il serait aussi judicieux de choisir des espèces dont les

floraisons se succèdent dans le temps pour assurer durablement la disponibilité des ressources

pour les pollinisateurs.

45

A l’échelle du paysage, le maintien des éléments semi-naturels est un levier d’action

Une étude à l’échelle du paysage apporterait sans doute plus d’informations en cohérence

avec d’autres études qui ont montré l’effet positif de la complexité et de l’hétérogénéité du

paysage sur la qualité des services écosystémiques dont la pollinisation. De plus, la ressource

florale et relativement homogène à l’échelle de la parcelle et c’est à une échelle plus large

qu’il faut agir. L’étude préliminaire des éléments constitutifs du périmètre n’a pas apporté de

résultats permettant de qualifier les haies, bordures et parcelles adjacentesde leviers d’action

pour la mise en place du système agro-écologique. Cependant, une étude à montré que la

distance aux éléments semi-naturels n’affecte pas les communautés de pollinisateurs si le

paysage contient une proportion importante de praire semi-naturelle importante(Jaucker et

al,2009). Les différents paramètres tels que les éléments semi-naturels et la ressource florale

doivent alors peut-être être considérés ensemble dans le système. De plus, les éléments semi-

naturels n’ont pas toujours le même effet selon les groupes considérés : syrphes ou apoïdes

(Jauker et al, 2009). Bien que l’étude ne permette pas de mettre en évidence l’effet positif des

éléments semi-naturels, il est acquis qu’ils offrent les ressources nécessaire au maintien des

pollinisateurs telles que la ressource florale et les sites de nidifications. Ils doivent alors être

tout comme les fleurs butinées être conservé au sein et à proximité des exploitations.

Réflexion sur une application des MAE en Martinique

En 2013, lors du verdissement de la PAC, des Mesures Agri-environnementales (MAE) ont

été développées pour notamment favoriser la biodiversité dans les milieux agricoles. Diverses

mesures ont été instaurées pour les pollinisateurs sauvages et domestiques. Ce n’est pas

encore le cas en France mais certaine mesure sont favorables aux pollinisateurs dans le cadre

des MAE, qui favorisent notamment la restauration des habitats favorables,

l’approvisionnement en abondance de ressources le plus souvent florales et limitent des effets

des intrants chimiques (Heidseck & Allier, 2013).

Les mosaïques agricoles en milieu tropical se caractérisent par de petites parcelles du fait de

la superficie disponible et par des milieux très hétérogènes propices à la présence des

pollinisateurs. L’entomofaune dans les îles tropicales est fortement liée à la forêt primaire qui

recouvrait l’île autrefois car, elle n’a pas eu le temps de s’adapter aux milieux ouverts

résultants du changement rapide d’utilisation des terres, pour la mise en place d’une

agriculture plus productive (Touroult, 2011). Cette complexité des milieux et la topographie

se sont imposés aux agriculteurs qui ont adapté leurs exploitations aux contraintes naturelles

du milieu. L’aménagement d’ « éléments fixes du paysages à enjeux de biodiversité » (haies,

bandes fleuries) n’est peut-être pas approprié dans les vergers visités car les ressources

nécessaires aux pollinisateurs associées aux éléments semi-naturels et naturels sont

46

finalementnaturellement présentes et nécessitent d’avantage un entretien plutôt qu’une

restauration comme c’est le cas en Europe par exemple.Cependant, cette observation n’est

pas une généralité et ne s’applique pas à toutes les cultures ni à tous les agriculteurs en

Martinique, mais uniquement aux exploitations visitées pour l’étude. La réflexion au sujet

d’autres cultures, par exemple amènerait à des perspectives différentes.

Les arboriculteurs ayant contribué à l’étude soutiennent tous ou presque une agriculture

durable et la grande majorité n’appliquent pas ou peu d’intrants chimiques (produits

phytosanitaires) dans leur verger. Le désherbage mécanique est le mode de gestion de

l’enherbement le plus fréquemment observé dans les parcelles étudiées. Rencontrer une plus

grande diversité d’arboriculteurs aux modes de gestion et conduites de cultures différents

permettrait d’élargirla réflexion quant aux mesures à mettre en place en Martinique selon les

différents contextes pour favoriser les pollinisateurs dans les vergers.

Conclusion L’objectif de cette mission était dans un premier temps, de caractériser les communautés de

pollinisateurs présentes dans les vergers d’agrumes et de goyaviers en Martinique. Dans un

second temps, il s’agissait d’identifier les leviers d’action utilisables pour la mise en place

d’un système agroécologique associant la production fruitière et l’activité apicole, tout en

favorisant les pollinisateurs sauvages. La ressource florale des couverts des vergers est le

principal levier d’action qui a pu être mis en évidence. En effet, ce stage a permis de

démontrer l’effet positif de l’abondance et de la diversité de la ressource florale sur les

communautés de pollinisateurs. Des espèces de fleurs adventices attractives ont été

identifiées et sont à conserver dans les couverts des parcelles pour favoriser les pollinisateurs

dans les exploitations et les amener à polliniser les fleurs de la plante cultivée. Au vu de ces

résultats, il est possible d’orienter des propositions de gestion vers la conservation de la flore

adventice d’intérêt pour les pollinisateurs dans les couverts plutôt que la mise en place

d’aménagements tels que les bandes fleuries. Il serait en effet plus stratégique d’utiliser le

capital floristique que les parcelles offrent naturellement.

Une étude plus précise à l’échelle de l’exploitation ou du paysage conduirait à identifier les

éléments semi-naturels propices à la présence des pollinisateurs en milieu agricole. Un travail

de cartographie estimant les surfaces de haies, de bosquets et de bordures pourrait ainsi être

intégré à l’étude. Une estimation des surfaces favorables à la nidification des abeilles

sauvages dans le sol complèterait ce travail. De plus, un suivi à l’échelle de l’exploitation sur

un temps plus long permettrait d’étudier l’effet de la gestion de l’enherbement sur les

communautés de pollinisateurs. La gestion des pollinisateurs est une gestion intégrée et doit

47

se faire à plusieurs échelles tout en faisant intervenir divers facteurs qu’ils soient

environnementaux ou liés à la conduite de culture des agriculteurs.

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52

ANNEXES

Annexe 1 Abondance des différents groupes d’insectes capturés au fauchage

Groupes Abondance Groupes Abondance Achilidae 1 Heteroptera 1 Agromyzidae 30 Icheumonidae 2 Agronidae 1 Issidae 2 Airaignée 1 Lampyridae 5 Anthocoridae 1 lauxaniidae 3 Aphididae 13 Lepidoptera 55 Araignée 74 Lonchaeidae 2 Berytidae 18 Lygaelidae 54 Braconidae 26 Michichiidae 1 Bupestidae 5 Micropezidae 4 Caelifera 20 Milichiidae 6 Calliphoridae 3 Miridae 78 Calyptratae 1 Muscoidae 9 Chalcididae 17 Myrmycinae 1 Chalcidoidae 39 Nematocera 21 Chloropidae 74 Odonata 1 Chrisopidae 1 Orthoptera 3 Chrysomelidae 20 Otitidae 43 Chrysopidae 4 Pentatomidae 12 Cicadellidae 93 Phoridae 8 Cixiidae 8 Pipunculidae 4 Coccinellidae 30 Rhopalidae 5 Coreidae 11 Sarcophagidae 3 Curculionidae 8 Scelionidae 1 Delphacidae 26 Scoliidae 2 Diptera (ND) 32 Sespidae 11 Dolichopodidae 40 Sphecidae 1 Drosophilidae 5 Stratomydae 1 Dryinidae 3 Tachinoidae 55 Ensifera 6 Tenebrionidae 5 Ephydridae 33 Tephritidae 19 Figitidae 3 Tettigoniidae 28 Formicidae 72 Thysanoptera 1 Hemiptera 2 Tiphiidae 5 Hemiptera (ND) 14 Vespidae 2

Abondance totale : 1206 individus

53

Annexe 2 Abondance des différents groupes d’insects capturés à l’aide des « bols colorés »

Abondance Groupe Abondance

Agromyzidae 41 Issidae 9

Anthocoridae 4 Lampyridae 7

Aphidiidae 21 Lauxaniidae 4

Araignée 20 Lepidoptera 44

Asteiidae 1 Lygaelidae 15

Blattoptera 2 Membracidae 1

Bostrichidae 1 Micropezidae 19

Braconidae 7 Milichiidae 16

Caelifera 1 Miridae 16

Calliphoridae 1 Muscoidae 13

Carabidae 2 Nematocera 52

Carnidiae 6 Nitidulidae 2

Chalcididae 10 Oedenidae 1

Chalcidoidae 44 Otitidae 24

Chloropidae 65 Pentatomidae 4

Chrysomelidae 9 Phoridae 34

Chrysopidae 1 Pipunculidae 1

Cicadellidae 51 Pompilidae 1

Cixiidae 27 Psocoptera 8

Coccinellidae 11 Rhopalidae 1

ColeopteraND 3 Scarabeidae 3

Curculionidae 20 Sespidae 3

Cynipidae 5 Sphaeroceridae 3

Delphacidae 17 Sphecidae 7

Diptera ND 38 Staphyliridae 4

Dolichopodidae 70 Stratyomidae 6

Drosophilidae 86 Tachinoidae 77

Elateridae 1 Tenebrionidae 23

Empididae 5 Tephritidae 4

Ephydridae 34 Termitidae 2

Formicidae 109 Tettigoniidae 9

Grallipeza 1 Thysanoptera 16

Hemiptera ND 4 Tingidae 6

Heteroptera ND 6 Tiphiidae 1

Hymenoptera ND 5 Tropiduchidae 1 Abondance totale: 1178

54

Annexe 3 : Extrait de ka collection entomologique de la FREDON.

55

Annexe 4 : Planning d’une journée de terrain pour la mise en place du dispositif 1

Planning d’une journée de terrain : Dispositif 1

Le dispositif 1 peut être mis en place le lundi, mardi et jeudi (journées complètes). Le dispositif 1 est mis en place sur 20 parcelles et nécessite donc 20 journées complètes de terrain (à partir de mi-avril jusqu’à fin juin). Le mercredi et le vendredi sont consacrés au tri et à l’identification des échantillons ainsi qu’à la saisie et la mise en forme des données.

Horloge Taches

7h00 Arrivée sur la parcelle + analyse de la parelle et mise en place des 3

transects

8h00 Premier fauchage sur les 3 transects

8h30 à 9h00 Chasse à vue sur le transect 1

9h00 à 9h30 Chasse à vue sur le transect 2

9h30 à 10h00 Chasse à vue sur le transect 3

10h à 10h30 Moment de battement (photos + dessins de la parcelle)

10h30 à 11h00 Mesure du périmètre de la parcelle et des éléments constitutifs de

l’environnement proche

11h00 Deuxième fauchage sur les 3 transects

11h30 à 12h00 Petite pause

12h00 à 15h00 Relevés floristiques qualitatifs, recouvrement par espèce des plantes en

fleurs, abondance fleurs ouvertes

15h00 Troisième fauchage sur les 3 transects

15h30 Départ de la parcelle

56

Annexe 5 : Etude de la diversité des pollinisateurs à l’aide des bols colorés Les pièges « bols colorés » ont déjà été utilisés à de nombreuses reprises pour étudier la

diversité des pollinisateurs. Cependant, en Martinique, les seules études empiriques menées

sur les pollinisateurs n’utilisaient qu’un filet entomologique pour prélever des spécimens. La

Fredon a ainsi souhaité développer une autre méthode de récolte pour estimer l’abondance et

la diversité des pollinisateurs en milieu agricole.

Les bols colorés ont été fabriqués à partir de bols en plastiques alimentaire du commerce. Ils

ont été poncés et peints à l’aide de peintures fluorescentes jaune et bleue. Les bols blanc n’on

pas besoin d’être colorés. Des trous sont percés sur les cotés du bol fin de fixer une ficelle de

type raphia. Cette attache permet de fixer le bol à un tuteur métallique que l’on plante dans le

sol. Un bracelet en caoutchouc permet de resserrer le bol coloré contre le tuteur et d’assurer

son maintien. Les bols sont ensuite remplis d’eau savonneuse sur le terrain.

Les bols colorés ont pu être installés sur quinze des vingt parcelles qui ont servi à l’étude. Au

total, 827 abeilles sauvages et 17 abeilles domestiques ont été capturés. Cette technique de

récolte s’est donc avérée efficace et sélective vis-à-vis des abeilles sauvages.

Même si les bols bleus et les bols jaunes ont attiré des abeilles sauvages et domestiques (28 %

et 20 % respectivement), ce sont les bols blancs qui ont attiré le plus de pollinisateurs en

piégeant plus de la moitié des spécimens récoltés.

Abondance des abeilles sauvages et des abeilles domestiques selon la couleur des bols colorés qui ont servis à les piéger.

57

Les abeilles domestiques ont comme les abeilles sauvages été largement attirées

préférentiellement par les bols blancs. En revanche, les abeilles sauvages seraient ensuite plus

attirée par les bols bleus tandis que les abeilles domestiques ont ensuite été capturées

d’avantage dans des bols jaunes. Peu d’abeilles domestiques ont été capturées mais il

semblerait qu’il y ait desdifférences dans les attirances vis-à-vis des couleurs entre les abeilles

domestiques et sauvages.

Abondance des abeilles sauvages (à gauche) et des abeilles domestiques (à droite) selon la couleur des vols colorés qui ont servis à leur capture

Ces sont globalement les bols blancs qui ont permis la capture du plus grand nombre de

pollinisateurs. Ce résultat est intéressant car les fleurs adventices des couverts les plus

butinées par les pollinisateurs présentent une corolle blanche. En plus de la qualité des

ressources offertes par les fleurs, la couleur de la corolle joue aussi peut-être un rôle et devra

peut-être être considéré dans le choix des fleurs a conserver dans les parcelles pour attirer les

pollinisateurs.

Il faudra regarder par la suite les attirances de chacune des espèces d’abeilles sauvages pour

chacune des couleurs. Les abeilles sauvages capturées par les pièges sont pour la plus grande

majorité des Halictidae du genre Lasioglossum. L’abeille endémique Melissodes

martinicensis a également été capturée en quantité non négligeable. Peu de spécimens de

l’espèce Exomalopsis similis ont été retrouvés dans les bols. Aucunes abeilles du genre

Xylocopa ou du genre Megachile n’ont été capturés pour l’instant à l’aide de ses pièges à

l’inverse des captures au filet.