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Dossier LIGETI, Opéra de Lille | 1 GYÖRGY LIGETI Biographie Analyse d’œuvres Préparation au concert scolaire Dix pièces pour quintette à vent avec l’ensemble Ictus / 12 mai 09 Service des relations avec les publics > [email protected] 0328384050 Dossier réalisé avec la collaboration de Sébastien Bouvier, enseignant missionné à l’Opéra de Lille Février 2009

DIx pièces pour quintette à vent de Ligeti 1968

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Commentaire des DIx pièces pour quintette à vent de Ligeti 1968

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GYÖRGY LIGETI

� Biographie � Analyse d’œuvres � Préparation au concert scolaire Dix pièces pour quintette à vent avec l’ensemble Ictus / 12 mai 09

Service des relations avec les publics > [email protected] 0328384050 Dossier réalisé avec la collaboration de Sébastien Bouvier, enseignant missionné à l’Opéra de Lille Février 2009

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SOMMAIRE

• György Ligeti, Biographie 3 • Les œuvres de Ligeti 4 • Analyse des Dix pièces pour quintette à vent 6 • Présentation d’autres œuvres de Ligeti 13 • Quelques références 17 • Vocabulaire 18 • L’ensemble Ictus 19

PRÉPARER VOTRE VENUE Ce concert scolaire est proposé par l’ensemble Ictus, en résidence à l’Opéra de Lille, à l’occasion d’une programmation inédite consacrée à ce grand compositeur du XXe siècle. La passionnante formule des concerts commentés imaginée par Ictus, permet d’ouvrir grand ses oreilles sur la musique contemporaine. Le concert est organisé en 3 temps : l’œuvre est interprétée une première fois, puis analysée avant d’être rejouée pour en révéler toutes les saveurs. Autres événements autour de Ligeti à l’Opéra de Lille : . Grande soirée « Labyrinthe Ligeti, Parcours truqué » / 20 mai 09 . Stage de formation proposé avec le Rectorat et le Sceren CRDP (PREAC Musique et Voix) / 23 mars 09 Durée totale du concert : 1h

Recommandations Le concert débute à l’heure précise, à 14h30. Il est donc impératif d’arriver au moins 20 minutes à l’avance, les portes sont fermées dès le début du spectacle. Il est demandé aux enseignants de veiller à ce que les élèves ne sortent pas de la salle en cours de spectacle et demeurent silencieux afin de ne pas gêner les chanteurs ni les spectateurs. Il est interdit de manger et de boire dans la salle, de prendre des photos ou d’enregistrer. Les téléphones portables doivent être éteints. Nous rappelons aux enseignants et accompagnateurs que les élèves demeurent sous

leur entière responsabilité pendant toute leur présence à l’Opéra et nous vous remercions de bien vouloir faire preuve d’autorité si nécessaire.

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GYÖRGY LIGETI

György Ligeti, compositeur autrichien d’origine hongroise, a commencé sa carrière en 1941 et l’a terminée en 2006. Des machines folles du Kammerkonzert (1969-70) en passant par la plongée extatique au coeur de la vibration sonore du Continuum pour clavecin (1968) et les spirales entrelacées du Concerto pour piano (1985-1988), l’art de Ligeti ne cesse d’inventer des numéros de prestidigitation acoustique et des mécanismes sonores qui se dérèglent. Il entendait la musique comme «quelque chose de très loin dans l’espace, qui existe depuis toujours, existera toujours, et dont nous n’entendons qu’un petit fragment ». Stanley Kubrick s’en est souvenu pour 2001 : L’odyssée de l’espace, mais aussi Shining et Eyes Wide Shut. Esprit libre et éclectique, Ligeti a marqué de son empreinte le sort de la musique du XXe siècle en s’émancipant d’une avant-garde devenue trop académique à son goût. Né le 28 mai 1923 à Dicsöszenmárton (Transylvanie), György Ligeti effectue ses études secondaires à Cluj où il étudie ensuite la composition au Conservatoire auprès de Ferenc Farkas (1941-1943). De 1945 à 1949, il poursuit ses études de composition avec Sándor Veress et Ferenc Farkas à l'Académie Franz Liszt de Budapest où il enseigne lui-même l'harmonie et le contrepoint entre 1950 et 1956. Il fuit alors la Hongrie suite à la révolution de 1956 et se rend d'abord à Vienne, puis à Cologne où il est accueilli notamment par Karlheinz Stockhausen. Là, il travaille au Studio électronique de la Westdeuscher Rundfunk (1957-1959) et rencontre Pierre Boulez, Luciano Berio, Mauricio Kagel... En 1959, il s'installe à Vienne et obtient la nationalité autrichienne en 1967. Dans les années soixante, György Ligeti participe chaque année aux cours d'été de Darmstadt (1959-1972) et enseigne à Stockholm en tant que professeur invité (1961-1971). Lauréat de la bourse du Deutscher Akademischer Austausch Dienst de Berlin en 1969-1970, il est compositeur en résidence à l'Université de Stanford en 1972. De 1973 à 1989, il enseigne la composition à la Hochschule für Musik de Hambourg. Depuis, il partage son existence entre Vienne et Hambourg. György Ligeti a été honoré de multiples distinctions, dont le Berliner Kunstpreis, le Prix Bach de la ville de Hambourg, ou le Prix de composition musicale de la Fondation Pierre de Monaco. Durant la période hongroise, sa musique témoigne essentiellement de l'influence de Bartók et Kodály. Ses pièces pour orchestre Apparitions (1958-1959) et Atmosphères (1961) attestent d'un nouveau style caractérisé par une polyphonie très dense (ou micro-polyphonie) et un développement formel statique. Parmi ses œuvres les plus importantes de cette période, on peut citer le Requiem (1963-1965), Lux aeterna (1966), Continuum (1968), le Quatuor à cordes n°2 (1968) et le Kammerkonzert (1969-1970). Au cours des années soixante-dix, son écriture polyphonique se fait plus mélodique et plus transparente, comme on peut le remarquer dans Melodien (1971) ou dans son opéra Le Grand Macabre (1974-1977/1996). Nombre de ses œuvres témoignent également de son souci d'échapper au tempérament égal, à commencer par Ramifications (1968-1969). Dans les années 80, il développe une technique de composition à la polyrythmie complexe influencée à la fois par la polyphonie du XIVe siècle et différentes musiques ethniques : Trio pour violon, cor et piano (1982), Etudes pour piano (1985-1995), Concerto pour piano (1985-1988), Concerto pour violon (1990-1992), Nonsense Madrigals (1988-1993) et la Sonate pour alto solo (1991-1994). En 1997, György Ligeti compose une seconde version du Grand Macabre, créée à Salzbourg en juillet 1997. Après un concerto pour cor et ensemble Hamburg Concerto et un dernier cycle de chansons, Síppal, dobbal, nádihegedüvel, pour mezzo soprano et ensemble de percussions (2000), l'achèvement du troisième livre d'Études pour piano, en 2001 clôt son catalogue. Il meurt à Vienne le 12 juin 2006. Ircam - Centre Pompidou, 2008

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LES ŒUVRES DE LIGETI

1951-1953 : Musica Ricercata, onze pièces pour piano

1953 : Six Bagatelles pour quintette à vent (Arrangement de six pièces de Musica Ricercata)

1951-1954 : 1er Quatuor à cordes, « Métamorphoses nocturnes »

1957 : Glissandi, composition électronique

1958 : Artikulation, composition électronique

1961 : Atmosphères, pour grand orchestre

1962 : Volumina, pour orgue

1962 : Aventures

1963-1965 : Requiem

1966 : Concerto pour violoncelle

1966 : Nouvelles Aventures

1966 : Lux Æterna

1967 : Lontano, pour orchestre de cordes et de vents,

1968 : Continuum, pour clavecin

1968 : 2e Quatuor à cordes

1968 : Continuum, pour clavecin

1968-1969 : Ramifications, pour double orchestre à cordes

1969 : Étude n°2 « Coulée », pour orgue

1969 : Concerto de chambre

1971 : Melodien, pour orchestre de chambre

1972 : Clocks and Clouds, pour 12 voix de femmes et orchestre

1976 : Trois pièces pour deux pianos (Monument, Selbstportrait, Bewegung)

1974-1977 : Le Grand Macabre, opéra

1982 : Trio pour violon, cor et piano

1983 : Trois Fantaisies pour chœur a cappella d’après Hölderlin

1985 : Études pour piano, Premier livre

1985-1988 : Concerto pour piano

1988-1994 : Études pour piano, Deuxième livre

1994 : Sonate pour alto seul

1995-2001 : Études pour piano, Troisième livre

1998-2003 : Concerto pour cor et orchestre avec 4 cors obligés (Hamburger Konzert)

2000 : Sippal, dobbal, nádihegedüvel, cycle de mélodies sur des poèmes de Sándor Weöres, pour

mezzo-soprano et quatuor de percussions

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ANALYSE DE DIX PIÈCES POUR QUINTETTE À VENT ZEHN STÜCKE FÜR BLÄSERQUINTETT, 1968

Les Dix pièces pour quintette à vent de Ligeti furent composées d’août à décembre 1968 et créées le 20 janvier 1969 à Malmö par le quintette à vent de la Philharmonie de Stockholm.

Présentation de l’œuvre par Ligeti Dès 1955, alors que j'étais encore établi à Budapest, j’avais commencé à m’intéresser au «système dodécaphonique». C’était à la mode, jusque dans notre Hongrie coupée du monde, et certains compositeurs tenaient à être « au goût du jour ». Assez vite, après avoir fait le tour de l’école viennoise et du sérialisme, j’allais abandonner cette foi dans un chromatisme total ; à partir de 1958, tandis que je cultivais encore la pensée chromatique, j’avais déjà élaboré l'idée d'une «polyphonie en réseau», une musique à la texture finement entrelacée. Vers 1957-1958, au cours de mes années d’apprentissage, les expériences que j’avais tentées auprès de Gottfried Michael Koenig, au Studio de musique électronique de Cologne, m'avaient apporté une source d’inspiration majeure. J’appliquai alors les notions de synthèse sonore à un orchestre divisé à l’extrême. À partir de 1965, j’ai commencé à étudier des entrelacs polyphoniques d’un moindre niveau de complexité. En 1968, parallèlement à mon Quatuor à cordes n°2, j’ai travaillé à la composition des Dix Pièces pour quintette à vent. Ce nombre de mouvements repose sur une idée précise : je voulais écrire pour chacun des cinq instruments du quintette une courte pièce concertante très virtuose, et compléter la structure générale par cinq pièces d’ensemble. Les mouvements concertants sont le n°2 pour clarinette en si bémol, le n°4 pour flûte, le n°6 pour hautbois, le n°8 pour cor en fa et le n°10 pour basson. Le n°9 est une pièce d’ensemble confiée au piccolo, au hautbois et à la clarinette en si bémol. Dans le registre aigu, ces trois instruments sont capables de produire une sonorité très incisive. J’ai travaillé délibérément la production des sons "différentiels" ; ces sons ne sont pas joués par les instrumentistes, mais naissent par illusion acoustique de la combinaison de certaines notes. J’avais découvert ce phénomène acoustique quand j’étais petit, en entendant plusieurs jeunes filles chanter des airs populaires hongrois d’une voix aiguë et dans un unisson très légèrement imparfait. Cela génère un son tiers, beaucoup plus grave que ce qui est réellement chanté ou joué, et dont il est impossible de déterminer la provenance. Quand j’étais enfant, c’était une véritable énigme. Ce n’est qu’au Studio de musique électronique de Cologne que j’ai appris à produire délibérément ce genre de sons. Les sons différentiels ne sont pas un phénomène purement physique, mais plutôt psycho-acoustique – aussi l’auditeur d’un disque ne pourra-t-il les percevoir que de façon limitée. Seul un concert live permet de les éprouver dans toute leur plénitude, avec les déformations du son souhaitées et prévues (dans ce cas, du reste, il n’est pas rare que certains auditeurs se bouchent les oreilles ou prennent la fuite, car cet effet est assez bouleversant). Dans les cinq petits « Konzerstücke », j’ai mis en œuvre toutes mes connaissances des cinq instruments à vent concernés, sans omettre de vérifier en répétition s’il était possible d’exécuter les passages les plus audacieux. Jouant avec le feu, j’ai écrit des pièces à la limite des possibilités instrumentales. Mon objectif n’était pas cependant de faire assaut de virtuosité, mais de développer des concepts formels de tension et d’expression extrême. Si je cherche à faire quelque chose de nouveau, ce n’est jamais dans le domaine des pratiques d’exécution (par exemple en plaçant ou en costumant le musicien de façon insolite), mais toujours au sein même de la musique. György Ligeti

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Le Quintette à vent

Le quintette à vent est une formation instrumentale de musique de chambre composée traditionnellement d’une flûte, d’un hautbois, d’une clarinette, d’un cor, d’un basson. Les instruments qui composent ce quintette sont : - La flûte traversière (également piccolo et flûte en sol) - Le hautbois (également cor anglais et hautbois d’amour) - La clarinette en si bémol - Le basson - Le cor La formation habituelle varie parfois : un instrument peut-être remplacé par un autre de sa famille, par exemple, le piccolo peut se substituer à la flûte traversière dans certaines œuvres. De plus d’autres compositeurs font appel à des formations élargies, c’est le cas de Florentine Mulsant dont le quintette op.30 (2005) dans lequel le cor anglais, la flûte en sol, le piccolo et la petite clarinette s’ajoutent aux cinq instruments habituels. Chez Ligeti, c’est à l’intérieur même de l’œuvre que les changements sont réalisés : ainsi les quatrième, huitième et neuvième pièces ne comprendront que trois instruments. Les instruments d’un quintette à vent habituel (flûte traversière, hautbois, cor, basson, clarinette sib)

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Les instruments présents dans le quintette de Ligeti :

Flûtiste (flûte traversière, piccolo, flûte grave en sol) :

Hautboïste (hautbois, hautbois d'amour, cor anglais) :

Corniste (cor) :

Bassoniste (basson) :

Clarinettiste (clarinette) :

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Guide d’écoute Pour ce guide d’écoute, la version choisie est celle du Bläserquintett des Südwestfunks de Baden-Baden qui date de 1969, Mainz, B. Schott’s Söhne. La durée totale de cette œuvre, indiquée sur la partition par le compositeur est d’environ 15 minutes. 1ère pièce : Durée approximative : 2’40’’

• Instruments : flûte contralto en sol, cor anglais, clarinette en sib, cor en fa, basson. Tempo : Molto sostenuto e calmo. Remarques générales sur la pièce : Le compositeur fait ressortir alternativement les timbres des instruments grâce à des crescendos et decrescendos successifs dans les différentes parties instrumentales :

L’ambitus des mélodies est réduit. Les événements sonores ne donnent pas la sensation d’une pulsation régulière, mais plutôt d’un temps lisse. La deuxième partie débute par un unisson dans la nuance fff sur do dièse (les instruments doivent jouer le plus fort possible), qui fait penser à une sorte d’appel. Le contraste est très important avec la première partie. 2ème pièce : Durée approximative : 48’’ Cette pièce est dédiée à Thore Janson, clarinettiste du quintette à vent de la Philharmonie de Stockholm.

• Instruments : flûte contralto en sol, cor anglais, clarinette en sib, cor en fa, basson. Tempo : Prestissimo minaccioso e burlesco. Remarques générales sur la pièce : Caractère burlesque de la pièce créé par des accords très brefs joués le plus sforzando possible. Importance du silence. La clarinette semble tisser un lien entre ces accords en jouant des courts motifs de transition.

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Mélodies descendantes pour la clarinette, la flûte en sol, le basson. Le timbre de la clarinette est strident. Note tenue pour la clarinette mesure 24 (note fa entendue), puis conclusion en ffff. On constate le rôle important de la clarinette dans cette pièce. A propos de cet instrument, Ligeti a écrit : «C’est vraiment facile avec la clarinette ! Elle fait des sauts de douzième qui correspondent à l’une des caractéristiques de l’instrument, au fait que la troisième harmonique du spectre sonore de l’instrument est très puissante, alors que la deuxième harmonique est très faible. J’utilise donc toutes les données de l’instrument ». 3ème pièce : Durée approximative : 1’40’’

• Instruments : flûte contralto en sol, hautbois d’amour, clarinette en sib, cor en fa, basson. Tempo : Lento. Remarques générales sur la pièce : Tempo lent, le même que la première pièce, les instruments ont changé : le hautbois d’amour remplace le hautbois. La nuance de l’ensemble est pianissimo et les instruments doivent jouer leur première note le plus doucement possible. Accords mobiles comme dans la première pièce. Après ces accords Ligeti écrit des rythmes de plus en plus resserrés : doubles croches, puis quintolet, sextolet, septolet, etc., créant une accélération :

L’ensemble aboutit à un trille de la clarinette qui souligne un unisson du basson, du hautbois d’amour et de la flûte en sol.

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4ème pièce : à 4’29 Durée approximative : 1’ Cette pièce est dédiée à Bengt Överström, flûtiste du quintette à vent de la Philharmonie de Stockholm.

• Instruments : flûte, clarinette en sib, basson. Tempo : Prestissimo leggiero e virtuoso Remarques générales sur la pièce : Seuls trois instruments jouent dans cette pièce dont la formation est alors un trio à vent composé d’une flûte, d’une clarinette et d’un basson. Des mélodies aux intervalles distendus sont énoncées rapidement avec un rôle principal tenu par la flûte traversière. Du point de vue du temps, le compositeur exploite la contraction du temps et son étirement final avec des figures rythmiques de plus en plus longues :

5ème pièce : à 5’23 Durée approximative : 30’’

• Instruments : flûte, clarinette en sib, cor en fa, basson. Tempo : Presto staccatissimo e leggiero. Remarques générales sur la pièce : Cette cinquième pièce est tout à fait particulière par sa brièveté : quatorze mesures, d’une durée de trente secondes. Ligeti semble explorer une caractéristique du son à travers l’émission de notes en sforzando piano et en staccato. Quatre instruments sont employés : flûte, clarinette, cor avec sourdine, et basson. L’œuvre débute par un unisson (ré) et l’importance laissée au silence permet de distinguer une succession plus ou moins resserrée des notes détachées.

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6ème pièce : 5’57 Durée approximative : 1’ Cette pièce est dédiée à Per Olof Gillblad, hautboïste du quintette à vent de la Philharmonie de Stockholm.

• Instruments : flûte, hautbois, clarinette en sib, cor en fa, basson. Tempo : Presto staccatissimo e leggiero. Remarques générales sur la pièce : Quelques éléments remarquables dans cette pièce : l’importance du hautbois et de sa ligne mélodique jouée en staccato le plus rapidement possible, les unissons fréquents dans la deuxième partie qui dans cet univers prennent une couleur tout à fait originale, et les sons qui s’appuient sur le souffle (l’interprète souffle dans l’instrument mais évite de faire vibrer l’anche). 7ème pièce : 7’09 Durée approximative : 1’

• Instruments : flûte, hautbois, clarinette en sib, cor en fa, basson. Tempo : Vivo, energico. Remarques générales sur la pièce : Comme dans la deuxième pièce, des sons brefs sons émis puis cèdent la place au silence. Le travail sur le timbre donne une sonorité métallique aux accords émis par le quintette. La deuxième partie met en place une polyphonie amenée par un unisson des instruments (flûte, hautbois, clarinette) qui se poursuit vers des lignes mélodiques individuelles :

8ème pièce : 8’10 Durée approximative : 2’30’’ Cette pièce est dédiée à Rolf Bengtsson, corniste du quintette à vent de la Philharmonie de Stockholm.

• Instruments : flûte, clarinette, basson. Tempo : Allegro con delicatezza. Remarques générales sur la pièce : Cette pièce est écrite pour un trio (flûte, clarinette, basson). La nuance piano générale souligne une polyrythmie (superposition de quintolets, de double-croches, de triolets) qui fait penser au continuum pour le clavecin. La recherche d’une sorte de flux musical ou chaque instrument doit se confondre avec les autres (la sonorité du basson est modifiée par une sourdine) semble être l’un des principes de la pièce.

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9ème pièce : à 10’43’’ Durée approximative : 1’08’’

• Instruments : piccolo, hautbois, clarinette en sib. Tempo : Sostenuto, stridente. Remarques générales sur la pièce : Cette pièce est un trio pour le piccolo, la clarinette en sib et le hautbois. L’œuvre débute par un son strident créé par un unisson dans le suraigu des instruments dans une nuance qui doit être la plus fortissimo possible.

Les attaques des notes tenues créent une coupure qui marque le temps de manière irrégulière. Progressivement cet unisson se transforme en un cluster par la modification des notes de chaque instrument créant une sonorité de plus en plus dissonante. 10ème pièce : Durée approximative : 1’10’’ Cette pièce est dédiée à Bruno Lavér, bassoniste du quintette à vent de la Philharmonie de Stockholm.

• Instruments : hautbois, clarinette en sib, cor en fa, basson. Tempo : Presto bizzaro e rubato, so schnell wie möglich. Remarques générales sur la pièce : La part belle est donnée au basson dans cette dernière pièce. A certains moments, le tempo – qui doit être le plus rapide possible – s’appuie sur la limite des possibilités techniques de l’instrument. Par ailleurs, le compositeur insiste sur la précision des intonations de chaque instrument. La dernière partie est un duo pour piccolo et basson dans lequel la note tenue du piccolo (avec une sonorité contenant le bruit de l’air) souligne un solo du basson. La dernière revient à cet instrument qui doit interpréter sa dernière note en s’inspirant d’une citation de l’œuvre de Lewis Carroll (chapitre 6) : Alice au pays des merveilles !

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PRÉSENTATION D’AUTRES ŒUVRES DE LIGETI

Musica ricercata (1951-1953)

Les onze pièces pour le piano de Musica ricercata sont écrites en utilisant seulement deux notes pour la première pièce (la deuxième note n’apparaissant d’ailleurs qu’à la dernière mesure), puis trois, et ainsi de suite jusqu’à la dernière pièce qui est dodécaphonique.

On notera également la présence de la deuxième pièce dans le dernier film de S. Kubrick : Eyes Wide Shut (1999) :

Poème symphonique pour 100 métronomes (1962) : Dans le Poème symphonique pour 100 métronomes de 1962, le cliquetis de ces derniers est organisé pendant près de vingt minutes par un interprète qui règle précisément les tempi et les départs. Ligeti songeait à de nombreuses grilles superposées, des figures moirées, qui donneraient ensuite naissance à des structures rythmiques mouvantes... Une grille rythmique si dense d'abord qu'elle en paraîtrait presque continue : ce qui implique brouillage et désordre. Pour ce faire, il lui fallait un nombre suffisant de métronomes, le chiffre de cent ne représentant qu'une estimation... Le désordre régulier du début s'appelle en jargon de théoriciens de la communication (et en thermodynamique) une "entropie maximale". Les structures de grille irrégulières qui se mettent progressivement en place réduisent l'entropie, car l'uniformité initiale donne naissance à des organisations imprévues... Le compositeur met en évidence les différences de tempo et l'épuisement du remontoir qui ne laisse entendre qu'un seul métronome à la fin de l'œuvre.

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Aventures (1962) :

Aventures (1962) pour 3 voix (soprano, alto, baryton) et sept instrumentistes (flûte, cor, percussion, clavecin, piano (célesta), violoncelle, contrebasse) constitue une forme de théâtre musical utilisant des techniques vocales inhabituelles comme le rire, les chuchotements, les grognements, les sifflements. L’inspiration semble remonter à sa pièce de musique électronique de 1958 : Artikulation.

Extrait de la partition où les voix créent une sorte de chuchotement par une énonciation rapide d’une suite de consonnes. Lux Aeterna (1966) Lux aeterna est une œuvre pour chœur mixte à 16 voix a cappella. C’est l’une des œuvres les plus célèbres de Ligeti. Le compositeur s’inspire des procédés isorythmiques de l’Ars Nova (les taleas) et s’appuie sur un canon afin d’assurer l’unité d’écriture de l’ensemble. Une recherche particulière a été menée sur la couleur de l’ensemble par l’utilisation des harmoniques supérieurs et inférieurs.

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Continuum pour clavecin (1968) : Cette pièce créée à Bâle en 1968 par Antoinette Vischer, la dédicataire de la partition est l’une des pièces les plus connues du répertoire du clavecin contemporain. Par la rapidité extrême d’exécution (prestissimo), elle recrée une sensation harmonique tout à fait particulière. La répétition d’une même cellule, modifiée progressivement, donne à entendre un son continue qui met en évidence la relation étroite entre le rythme et le timbre :

Kammerkonzert (1969-1970) : Le concerto de chambre pour treize instrumentistes fut écrit pour l’ensemble « Die Reihe » qui créa l’œuvre à Berlin, le 1er octobre 1970. L’effectif est tout à fait particulier puisqu’il comprend les instruments suivants (flûte, également piccolo), hautbois (également hautbois d’amour et cor anglais), clarinette en sib, clarinette basse (et seconde clarinette), cor, trombone ténor, clavecin et orgue Hammond (ou harmonium), piano (également célesta), deux violons, alto, violoncelle et contrebasse. Les treize instrumentistes sont solistes et l’écriture n’est ni tonale, ni atonale : « une combinaison d’intervalles clairement audible s’efface peu à peu, et à partir de ce brouillage, une nouvelle combinaison d’intervalles se cristallise » (Ligeti). Le Grand Macabre (1978) : Composé entre 1974 et 1977 (révision en 1996), et créé à Stockholm le 12 avril 1978, l’opéra Le Grand Macabre, inspiré de La Balade du Grand Macabre (1934) de l’auteur belge Michel de Ghelderode, apparaît comme un collage faisant appel à de nombreuses citations du domaine musical autant que de celui des arts visuels. Prenant pour thème principal le « Jugement dernier », l’œuvre s’apparente à une farce noire aux allures de danse macabre, à la fois tragique et totalement humoristique : Nekrotzar « Le Grand Macabre » (peut-être la mort, ou un imposteur) arrive dans le beau pays de Breugelland et annonce qu’il réduira l’univers en poussière le soir même à minuit. Piet de Bock devient son bouffon. Mescalina et son mari l’astrologue Astradamors guettent une comète porteuse de mauvais présages. Le peuple, insouciant, boit, mange et fait l’amour. Après de nombreuses péripéties le Grand Macabre arrive chez Go-Go, une sorte de père Ubu, manipulé de toutes parts. On le fait boire. Minuit passe mais rien ne se produit…

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C’est la seule incursion de Ligeti dans le domaine de l’opéra et l’écriture du compositeur fait référence à des modèles du genre lyrique traditionnel, à travers des citations de Monteverdi, Mozart ou encore Verdi. A ce propos le compositeur écrira : « Vous prenez un morceau de foie gras, vous le laissez tomber sur un tapis et vous le piétinez jusqu’à ce qu’il disparaisse, voilà comment j’utilise l’histoire de la musique et, surtout, celle de l’opéra. »

Œuvres complémentaires à écouter : G. Ligeti : Sechs Bagatellen für Bläserquintett (1953) Fl. Mulsant : Quintette à vent op.30 (2005)

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QUELQUES RÉFÉRENCES Bibliographie : MICHEL, Pierre, György Ligeti : compositeur d’aujourd’hui, Paris, Ed. Minerve, 1995, 267 p. Ouvrage qui aborde le style de Ligeti, l’étude de quelques œuvres et propose des entretiens avec le compositeur. MICHEL, Pierre, Les rapports texte-musique chez György Ligeti de lux Æterna au Grand Macabre, dans Contrechamps, 4, avril 1985, éd. L'Âge d'Homme, Lausanne, Paris Contrechamps 12/13 (Ligeti-Kurtag), éd. L'Âge d'Homme, Paris, Lausanne, 1990. L'AVANT-SCENE OPERA, Le Grand Macabre de György Ligeti, N°180, ouvrage collectif, Ed. Premières loges, 1997, 128 pages

Sites internet : http://brahms.ircam.fr/composers/composer/2062/ Biographie du compositeur, catalogue des œuvres. http://www.cirm-manca.org/fiche-artiste.php?ar=141 Biographie, catalogue des œuvres et quelques notices de concerts. http://www.schott-musik.de/shop/persons/featured/11540/vitae/ Frise chronologique. http://mediatheque.cite-musique.fr/masc/?INSTANCE=CITEMUSIQUE&URL=/mediacomposite/CMDE/CMDE000000900/02_1.htm Dossier du site internet de la Cité de la musique à propos du Grand Macabre de Ligeti. http://www.ubu.com/film/ligeti.html Vidéo du Poème symphonique pour 100 métronomes. Portrait filmé de Ligeti. Documentaire de Michel Follin réalisé en 1993.

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VOCABULAIRE Agrégat : superposition de sons ne formant pas un accord issu de l’échelle harmonique (do-ré#-mi-la-la# par exemple). Ambitus : étendue comprise entre le son le plus grave et le son le plus aigu d’une mélodie. Atonal : se dit d’un système musical dans lequel il n’y a plus de centre tonal (donc de tonique). Dans ce système, chacun des douze demi-tons chromatiques est équivalent. Cluster : agrégat de plus de trois sons composé généralement de tons et de demi-tons. Hétérophonie : terme qui provient de l’ethnomusicologie et qui consiste à pratiquer la musique à plusieurs parties en exécutant la même mélodie tout en effectuant de légères variantes ou ornementations que ne font pas les autres. Homorythmie : terme qui décrit une composition dans laquelle toutes les voix ont le même rythme. Imitation : répétition partielle ou intégrale d’une mélodie d’une voix à une autre. Intervalle : distance qui sépare deux sons émis successivement ou simultanément. Micro-intervalles : intervalles inférieurs au demi-ton. Ostinato : répétition continuelle d’un rythme. Paramètres musicaux : chacune des composantes d’un son : la hauteur, la durée, le timbre (ou la couleur), l’intensité, l’enveloppe (attaque, soutien, extinction), la densité (nombre de sons qui composent un accord). Polyrythmie : superposition de deux ou plusieurs rythmes différents ; les structures rythmiques qui la constituent se déroulent simultanément et indépendamment l'une et l'autre, chacune d'elles présentant soit une mesure différente de celle des parties voisines, soit des décalages d'accents, soit des tempi différents. Taléa : terme qui désigne une cellule rythmique qui permettait la construction du motet des XIVe et XVe siècles. Unisson : deux instruments jouent à l’unisson lorsqu’ils produisent la même note à la même hauteur.

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L’ENSEMBLE ICTUS

Ictus est un ensemble de musique contemporaine installé depuis 1994 à Bruxelles, dans les locaux de la compagnie de danse Rosas. Composé d’une vingtaine de musiciens solistes de haut niveau, sa programmation se promène sur un très large spectre stylistique (d'Aperghis à Reich, de Murail à Tom Waits) mais chacun de ses concerts propose une aventure d'écoute cohérente et attractive : concerts thématiques (la transcription, le temps feuilleté, le nocturne, l'ironie, musique et cinéma, Loops...), concerts portraits (Jonathan Harvey, Fausto Romitelli, Toshio Hosokawa...), productions scéniques (opéras, ballets, tours de chant).

Ictus organise trois séminaires pour jeunes compositeurs, et développe une collection de disques, riche déjà d’une dizaine de titres. La plupart des grandes salles et les meilleurs festivals l’ont déjà accueilli (Musica Strasbourg, Witten, Brooklyn Academy of Music, le Festival d'Automne à Paris, Royaumont, Villeneuve-lez-Avignon, Wien-Modern, ...)

Depuis 2003, l'ensemble Ictus est en résidence à l'Opéra de Lille.

www.ictus.be