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LES GREFFES de CHEVEUX La chevelure a pour rôle essentiel de protéger le cuir chevelu des rayons ultraviolets du soleil. L’homme lui a donné une connotation esthétique (parures tribales, multiples formes de perruques, de coiffures…) et psychologique, (une belle chevelure étant le synonyme de jeunesse, de puissance, de virilité…) Ce qui explique les troubles rencontrés chez les personnes atteintes par la diminution ou la perte de ce bel attribut et le réel besoin de le retrouver. C’est pourquoi, la chute des cheveux est une cause de consultation fréquente pour l’homme et la femme. Anatomie et physiologie du cheveu Les cheveux font partie des phanères du corps humain au même titre que les poils et les ongles. Ce sont des substances inertes formées essentiellement de kératine. Structure du cheveu Le cheveu est une tige de kératine, protéine fibreuse riche en acides aminés soufrés, la cystine et la méthionine. Il est constitué de trois parties : - Le follicule pileux est situé à la profondeur du derme. A chaque follicule pileux est annexée une glande sébacée. Ce follicule produit le cheveu en continu. Il est la seule partie vivante du cheveu et sa destruction supprime définitivement l’existence du cheveu. Le follicule est innervé et vascularisé par sa papille dermique : cette innervation est responsable de la douleur lorsque l’on tire sur le cheveu. Il est composé de cellules qui fabriquent la kératine porteuses de récepteurs hormonaux sensibles aux androgènes et de mélanocytes qui produisent le pigment : la mélanine, qui donne la couleur au cheveu. En l’absence de mélanine, le cheveu est blanc. 1 Par le Docteur Gérard COUREAU Chirurgien plasticien à Nice

Docteur Gérard COUREAU Chirurgien plasticien à Nice · o le cortex : cellules ... - Alopécie de traction liée à certains types de coiffage : ... - Alopécie cicatricielle d’origine

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LES GREFFES de CHEVEUX

La chevelure a pour rôle essentiel de protéger le cuir chevelu des rayons ultraviolets du soleil.

L’homme lui a donné une connotation esthétique (parures tribales, multiples formes de perruques, de coiffures…) et psychologique, (une belle chevelure étant le synonyme de jeunesse, de puissance, de virilité…)

Ce qui explique les troubles rencontrés chez les personnes atteintes par la diminution ou la perte de ce bel attribut et le réel besoin de le retrouver. C’est pourquoi, la chute des cheveux est une cause de consultation fréquente pour l’homme et la femme.

Anatomie et physiologie du cheveu

Les cheveux font partie des phanères du corps humain au même titre que les poils et les ongles. Ce sont des substances inertes formées essentiellement de kératine.

Structure du cheveuLe cheveu est une tige de kératine, protéine fibreuse riche en acides aminés soufrés, la cystine et la méthionine.Il est constitué de trois parties :

- Le follicule pileux est situé à la profondeur du derme. A chaque follicule pileux est annexée une glande sébacée. Ce follicule produit le cheveu en continu. Il est la seule partie vivante du cheveu et sa destruction supprime définitivement l’existence du cheveu. Le follicule est innervé et vascularisé par sa papille dermique : cette innervation est responsable de la douleur lorsque l’on tire sur le cheveu. Il est composé de cellules qui fabriquent la kératine porteuses de récepteurs hormonaux sensibles aux androgènes et de mélanocytes qui produisent le pigment : la mélanine, qui donne la couleur au cheveu. En l’absence de mélanine, le cheveu est blanc.

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Par le

Docteur Gérard COUREAU

Chirurgien plasticien à Nice

- La racine, ou bulbe, du cheveu contenu dans le follicule pileux et formée également de cellules vivantes constituant la matrice du cheveu.

- La tige pilaire située à la surface du cuir chevelu, seule partie visible du cheveu Elle est composée de l’intérieur vers l’extérieur de :

o la moelle : cellules anucléées faiblement pigmentées.o le cortex : cellules kératinisées riches en pigments mélaniques.o la cuticule : cellules cornées non pigmentées, s’imbriquant les unes dans les

autres à la manière d’écailles. C’est l’agencement de ces écailles, sensibles aux agressions externes et mécaniques telles que le soleil, la mer, les coiffages et chimiques telles que les colorations, les permanentes, les shampooings, les lotions…, qui donne au cheveu son aspect brillant ou terne. (Il n’y a ni innervation ni vascularisation, ce qui explique l’absence douleurs lorsque les cheveux sont coupés, rendant illusoire l’idée de les « renforcer » après une coupe !)

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Cycle de pousse du cheveu2

Le cuir chevelu compte 100 000 à 150 000 cheveux avec une densité de 100 à 300 cheveux par cm2. Au cours d’une vie, chaque follicule est programmé pour produire du cheveu suivant un cycle répétitif qui lui est propre et évolue indépendamment du follicule voisin. Chaque cycle comprend trois phases : - phase anagène : ou phase de croissance pendant laquelle le bulbe produit le cheveu en continu à la vitesse de 1 cm par mois (85 % des cheveux).et qui a une durée de 2 à 6 ans.

- phase catagène : ou phase d’involution, qui dure en moyenne 15 jours ; le cheveu se sépare du bulbe (1 % des cheveux). Il est donc normal de perdre 100 à 150 cheveux par jour.

- phase télogène : ou phase de repos du bulbe qui dure 3 à 4 mois. (14 % des cheveux)

Le nombre de cycles, 20 à 50, est génétiquement programmé au niveau de chaque follicule. Ce nombre est en moyenne de 20 cycles de 4 ans, soit une durée de vie de 80 ans mais avec des valeurs extrêmes allant de 12 à plus de 150 ans !Les derniers cycles produisent en général des cheveux plus fins et moins colorés voire blancs.Cette programmation explique qu’au cours des années, une chevelure normale perde de façon physiologique sa densité et sa couleur et devienne clairsemée et blanche.

Différentes formes d’alopécie

Alopécie normale ou courante

La calvitie la plus courante est la calvitie androgénique. Il s’agit d’une perte progressive des cheveux avec miniaturisation des follicules génétiquement programmée.

Cette prédisposition touchant près de 40% des hommes, est héréditaire. Elle est transmise par les gènes paternels mais aussi maternels. Ainsi, les follicules de certaines zones du cuir chevelu comme le front, les tempes, le vertex, présentent une programmation des cycles plus courte par diminution du nombre et de la durée des cycles et par une forte augmentation des récepteurs hormonaux androgènes rendant le follicule plus sensible à l’action de la testostérone transformée en déhydrotestostérne ou DHT sous l’effet d’une enzyme : la 5-alpha-réductase. Cette DHT ainsi formée se fixe sur le follicule, l’active en raccourcissant le cycle et finit par l’épuiser prématurément. Cependant, les cheveux de la zone formant une couronne allant de la nuque aux oreilles, restent très denses et ne tombent jamais et persistent sans problème jusqu’à la fin de la vie.

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C’est donc dans cette zone que seront prélevés les greffons lors d’une implantation capillaire puisque ces cheveux, même prélevés, vont conserver leur bagage génétique. (Schéma classification d’Hamilton)

La calvitie peut aussi toucher la femme. A la ménopause, avec la diminution du taux des oestrogènes qui la protégeaient de la DHT (provenant de la testostérone physiologiquement sécrétée chez les femmes), une femme génétiquement programmée, sera d’avantage exposée à cette DHT responsable de l’accélération des cycles capillaires.L’alopécie sera alors diffuse touchant le sommet du crâne alors que la bordure frontale est souvent conservée. (schéma classification de Ludwig)

Autres alopécies : - alopécie circonscrite d’origine immunitaire.- Alopécie de traction liée à certains types de coiffage : tresses, chignons très

serrés...- Alopécie cicatricielle d’origine bactérienne, virale ou mycosiques

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- Alopécie auto infligée ou trichotilomanie.- Et surtout alopécie par effluve télogène avec emballement de la succession des

cycles avec diminution de leur durée entraînant une forte augmentation de la chute des cheveux. L’origine peut être pathologique comme une maladie thyroïdienne, médicamenteuse comme une chimiothérapie, mais dans plus de 90% des cas chez la femme, liée au stress, aux états anxieux et dépressifs.

Traitements proposés

Les Traitements médicauxSeuls deux traitements sont efficaces sur la repousse du cheveu :

- Minoxidil : le minoxidil est un médicament hypotenseur délivré sur prescription médicale. Il s’agit d’une solution alcoolo glycolique qui s’applique 1 à 2 fois par jour. Son efficacité, à 60 % chez l’homme comme chez la femme, est réelle pendant toute la durée du traitement mais cesse à l’arrêt des applications. Un essai pendant 3 mois est mis en place ; si aucun résultat probant n’apparaît, on peut arrêter ce traitement. Toutefois, c’est un excellent traitement immédiatement après réimplantation.

- Finastéride ou PROPECIA* : le finastéride est un médicament initialement utilisé dans le traitement de l’adénome prostatique. C’est un inhibiteur de la 5-alpha-réductase : en conséquence, il est capable de diminuer la sécrétion sébacée qui aggrave les alopécies androgénogénétiques.Ce médicament présenté sous forme de comprimés, est réservé à l’homme. Efficace à 80 %, son utilisation présente également des effets secondaires au niveau de la prostate et de la tension artérielle.

Les prothèses capillaires Aujourd’hui, les prothèses capillaires, collées, clipsées, fixées sur les cheveux restant, sont de bien meilleure qualité quant à leur aspect naturel qui les fait passer souvent inaperçues.Les extensions permettent aussi de corriger une perte de densité de la chevelure.

La chirurgie

La technique des lambeaux : technique assez ancienne et plus ou moins abandonnée en raison des séquelles cicatricielles et des risques de nécrose.

La réduction de tonsure : technique chirurgicale indiquée pour réduire la surface à greffer dans les grandes calvities lorsque le cuir chevelu est souple. Les cicatrices ne sont pas toujours de bonne qualité et donc difficiles à cacher.

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Les implants capillaires :

Les essais d’implants de cheveux artificiels se sont soldés par des échecs (rejet systématique).

La greffe de cheveux d’une autre personne où greffe hétérologue serait possible à condition de trouver un donneur compatible et de prendre un traitement immunodépresseur, comme pour une greffe rénale ou cardiaque. Ce qui parait bien lourd et démesuré pour une calvitie, compte tenu des effets secondaires non négligeables encourus.

L’autogreffe capillaire reste de loin la meilleure technique chirurgicale. Inventée en 1959 par le Docteur ORENTREICH, cette technique était basée sur le transfert de 60 à 100 greffons de 4 à 5 mm de diamètre, prélevés par punch, donnant un aspect très dense mais nécessitant 4 séances pour masquer l’aspect de « cheveux de poupée ».La technique s’affinant, on est passé à des greffons constitués d’un seul cheveu, avec des séances de plus de 5 000 greffons, donnant aux zones implantées un aspect certes très naturel mais cependant très clairsemé.Aujourd’hui, la technique est basée sur des unités folliculaires allant de 1 à 4 cheveux. Ces unités sont réimplantées dans leur état initial, privilégiant les mini greffes de 1 cheveu pour la ligne antérieure donnant un aspect très naturel et de 2 à 4 cheveux pour les zones postérieures afin d’augmenter la densité.

Description de la technique : l’intervention se pratique strictement sous anesthésie locale, ne nécessitant pas d’hospitalisation. Cela permet au patient qui ne souffre absolument pas, de regarder son film préféré à la télévision.

C’est une intervention de chirurgie qui nécessite comme toute intervention de chirurgie, pour des raisons de stérilité et de sécurité, un bloc opératoire en clinique et non pas un coin de cabinet médical en ville comme on le voit trop souvent !L’intervention est réalisée par un chirurgien aidé d’une équipe d’assistants formés à cette technique particulièrement minutieus Le prélèvement est effectué sur la partie postérieure du crâne sous forme d’une bandelette de peau, avec ses follicules pileux, de 7 à 8 cm de long sur 2 cm de large, soit 10 cm².

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La zone de prélèvement est fermée par une double suture. Le plus souvent la suture en surface est faite avec un fil non résorbable présentant l’avantage de ne pas s’infecter ni se rompre malgré les shampooings pratiqués dès le lendemain, mais qu’il faut enlever au 15° jour. Cela laisse une très fine cicatrice cachée par les cheveux de la nuque, même courts.Cette bandelette de 1500 à 2000 cheveux, est ensuite découpée en unités folliculaires, réalisant environ 500 à 600 micro greffons de 1 à 4 cheveux classés séparément.

Certaines équipes utilisent ou se vantent d’utiliser des microscopes pour découper les greffons, ce qui n’est pas toujours utile sauf pour les cheveux blancs, d’autant que ces microscopes ne sont pas stérilisables et contaminent donc plus ou moins les greffons !

Il faut éviter impérativement les prélèvements des micro greffons (technique FUE) par punchs ou micro forets car s’ils permettent de prélever directement des greffons de 2 à 3 cheveux, technique plus rapide et donc plus rentable, ils abîment un nombre incalculable de bulbes. De plus la cicatrisation des zones de prélèvement donne un aspect mité des plus disgracieux avec un cuir chevelu cicatriciel et fibreux rendu inutilisable pour un deuxième prélèvement. Il s’agit d’une technique qui privilégie le confort et le rendement de l’équipe chirurgicale aux dépends du résultat cicatriciel et du précieux capital cheveux du patient.

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Au niveau de la zone chauve, une chevelure naturelle est dessinée tenant compte de l’étendue de la zone donneuse et des desiderata du patient.

Après anesthésie locale de la zone chauve, des mico-incisions du cuir chevelu sont réalisées soit par une micro-lame de bistouri de 2 mm soit par une aiguille.

Chaque micro-incision est effectuée selon une distribution et un angle reproduisant une implantation naturelle. Ces micro-incisions donnent un saignement qui cesse spontanément après 1 à 2 mn. C’est pourquoi, un bilan de coagulation est impératif avant l’intervention. La prise d’anti-coagulants, même la simple aspirine, est une contre-indication à cette opération, le saignement rendant sa réalisation impossible.

Chaque greffon est ensuite implanté dans chacune des incisions, les greffons unitaires étant placés sur la zone de la ligne antérieure. La rétraction cutanée et la coagulation du sang fixent le greffon à sa place. Il n’y a pas de pansement. Le taux de prise de ces greffons est de 95 %.

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Le nombre de greffons peut bien sûr être augmenté à 1000, 2000, mais l’intervention reste limitée par la durée d’action de l’anesthésie locale, qui est de 2 à 3 heures, la place sur la tête, pas plus de 2 opérateurs, et le confort du patient. Une séance de greffes de cheveux dure au moins 3 heures, c’est déjà long.

Après l’opération, le patient peut sans risque, repartir chez lui au volant de sa propre voiture. La reprise des activités socio-professionnelles peut se faire dès le lendemain. Des antalgique lui sont prescrits pour calmer l’éventuelle douleur pouvant survenir non pas sur le dessus de la tête, mais sur la zone du prélèvement. Il est recommandé au patient d’éviter les efforts physiques importants pendant 3 à 4 jours pour éviter de déclancher un hématome du cuir chevelu. Lorsque une implantation est faite au niveau de la ligne antérieure, il est possible que survienne, malgré le traitement instauré en clinique, un œdème du front quelquefois important, descendant sur les paupières, mais qui disparaît totalement en quelques jours sans nuire au pronostic de l’intervention. Les shampooings sont autorisés sur la région de la nuque dès le lendemain, seulement à partir du 4° jour pour la zone greffée. Cette intervention reste visible quelques jours, tant que persistent de petites croûtes sur la zone greffée. Ces croûtes vont s’éliminer avec les lavages vers le 10-12° jours emportant avec elles le petit cheveu greffé. Pas d’inquiétude, c’est normal. Cela ne préjuge en rien du résultat de la greffe qui est lié à la vitalité du bulbe qui va refabriquer du cheveu dans les jours suivants. Vous verrez les cheveux repousser dans les semaines suivantes à la vitesse d’environ un cm par mois.

Par ailleurs, la seule limite de cette opération étant le capital cheveux de la zone donneuse, il est particulièrement judicieux de voir le résultat d’une séance avant de décider de pratiquer la suivante. Un aspect naturel correspond à 30 à 50 greffons au cm2. Le nombre de séances va dépendre de l’épaisseur du cheveu, de la surface et de la densité de la zone donneuse, de la surface de la zone à greffer et du désir de densité du patient. Pour avoir une idée, une calvitie avec éclaircissement des golfes et de la tonsure, prévoir une séance. Pour une calvitie où ces deux zones se rejoignent, deux séances. Pour une calvitie totale du sommet du crâne mais avec une couronne haute, trois séances. Et pour une grande calvitie quatre à cinq séances, si la zone de la couronne le permet. Seule la consultation avec le chirurgien pourra vous renseigner précisément sur votre cas.

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La calvitie est un processus évolutif. Même après une chirurgie capillaire, la perte de cheveux continue d’évoluer et le traitement par Minoxidil permet de limiter cette évolution.

CORRECTION LIGNE ANTERIEURE

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CORRECTION du DESSUS

CORRECTION de TONSURE

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CORRECTION CHEZ LA FEMME

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