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En vue de l'obtention du DOCTORAT DE L'UNIVERSITÉ DE TOULOUSE Délivré par : Institut National Polytechnique de Toulouse (INP Toulouse) Discipline ou spécialité : Génie Électrique Présentée et soutenue par : M. HOUDHAYFA OUNIS le mardi 8 novembre 2016 Titre : Unité de recherche : Ecole doctorale : CONCEPTION INTEGREE PAR OPTIMISATION MULTICRITERE MULTI- NIVEAU D'UN SYSTEME D'ACTIONNEMENT HAUTE VITESSE POUR L'AVION PLUS ELECTRIQUE Génie Electrique, Electronique, Télécommunications (GEET) Laboratoire Plasma et Conversion d'Energie (LAPLACE) Directeur(s) de Thèse : M. XAVIER ROBOAM M. BRUNO SARENI Rapporteurs : M. JEAN-CLAUDE VANNIER, SUPELEC M. STEPHANE BRISSET, ECOLE CENTRALE DE LILLE Membre(s) du jury : 1 M. GUY FRIEDRICH, UNIVERSITE DE COMPIEGNE, Président 2 M. BRUNO SARENI, INP TOULOUSE, Membre 2 M. RAPHAEL VILAMOT, LIEBHERR AEROSPACE TOULOUSE SAS, Membre 2 M. XAVIER ROBOAM, INP TOULOUSE, Membre

DOCTORAT DE L'UNIVERSITÉ DE TOULOUSEoatao.univ-toulouse.fr/18400/1/OUNIS_Houdhayfa.pdf · aussi : Amine Djaafar, Nicolas Roux, Stéphane Astier, ... Abdelghani , Amel Damdoum, Phoc

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  • En vue de l'obtention du

    DOCTORAT DE L'UNIVERSIT DE TOULOUSEDlivr par :

    Institut National Polytechnique de Toulouse (INP Toulouse)Discipline ou spcialit :

    Gnie lectrique

    Prsente et soutenue par :M. HOUDHAYFA OUNISle mardi 8 novembre 2016

    Titre :

    Unit de recherche :

    Ecole doctorale :

    CONCEPTION INTEGREE PAR OPTIMISATION MULTICRITERE MULTI-NIVEAU D'UN SYSTEME D'ACTIONNEMENT HAUTE VITESSE POUR

    L'AVION PLUS ELECTRIQUE

    Gnie Electrique, Electronique, Tlcommunications (GEET)

    Laboratoire Plasma et Conversion d'Energie (LAPLACE)Directeur(s) de Thse :

    M. XAVIER ROBOAMM. BRUNO SARENI

    Rapporteurs :M. JEAN-CLAUDE VANNIER, SUPELEC

    M. STEPHANE BRISSET, ECOLE CENTRALE DE LILLE

    Membre(s) du jury :1 M. GUY FRIEDRICH, UNIVERSITE DE COMPIEGNE, Prsident2 M. BRUNO SARENI, INP TOULOUSE, Membre2 M. RAPHAEL VILAMOT, LIEBHERR AEROSPACE TOULOUSE SAS, Membre2 M. XAVIER ROBOAM, INP TOULOUSE, Membre

  • II

  • III

    Conception intgre par optimisation multicritre multi-niveaux dun systme dactionnement haute

    vitesse pour lavion plus lectrique

    Rsum :

    Les avantages que prsentent les systmes lectriques par rapport aux autres systmes (mcaniques, hydrauliques et pneumatiques) ont permis dintensifier llectrification des systmes embarqus bord des aronefs : cest le concept davion plus lectrique. Dans ce contexte, lapproche de conception intgre par optimisation (CIO) de ces systmes savre aujourdhui une ncessit pour pouvoir rpondre aux exigences en termes defficacit nergique, de fiabilit et de masse... Dans cette thse, nous avons appliqu la CIO une chaine de conversion lectromcanique utilise dans le systme de conditionnement dair dun avion. Deux objectifs sont cibls : la minimisation de la masse du systme et laugmentation de son efficacit nergtique. Ces objectifs sont intgrs diverses contraintes htrognes, allant de la qualit rseau au respect de la mission de vol dans le plan couple vitesse, en passant par la thermique,

    Compte tenu de la complexit du systme tudi et de son caractre multidisciplinaire, des approches de conception par optimisation dites MDO (pour Multidisciplinary Design Optimization) sont tudies. En effet, au del des comptences physiques et techniques, la conception intgre par optimisation des systmes complexes ncessite des efforts supplmentaires en termes de mthodologies de conception. Nous avons prsent dans cette thse trois approches :

    Approches mono-niveau : squentielle et globale ; Approche multi-niveaux, couplant niveaux systme et niveau constituants (filtre, onduleur,

    machine) ; des formulations adaptes notre problme de conception sont prsentes afin de rsoudre les problmes lis aux optimisations mono-niveau.

    Les performances des diffrentes approches de conception sont prsentes analyses et compares. Les rsultats obtenus montrent clairement les avantages que prsente la formulation multi-niveaux par rapport aux approches classiques de conception.

    MOTS CLES :

    avion plus lectrique mission de vol optimisation multi-niveaux

    mthodologie de conception MDO optimisation multicritre

  • IV

    Integrated design by multiobjective and multilevel optimization of a high speed actuation system for a

    more electric aircraft

    ABSTRACT

    The benefits of electrical systems compared to other systems (mechanical, hydraulic and pneumatic) are a serious motivation for the electrification of embedded systems in more electric aircraft. In this framework, the integrated optimal design of these systems appears necessary to meet requirements in terms of efficiency, reliability and weight reduction. In this thesis, we have applied the integrated optimal design to an electromechanical system used in the air conditioning system of a more electric aircraft. Two objectives are targeted: the minimization of the system weight and the increase of its efficiency. Both objectives are integrated with several heterogeneous constraints, from network quality till flight mission fulfilment in the torque vs speed plan.

    Because of the complexity of the studied system and its multidisciplinary nature, "MDO" approaches (for Multidisciplinary Design Optimization) are studied. In fact, beyond physical and technical skills, integrated optimal design of complex systems requires additional efforts in terms of design methodologies. Three approaches are presented in this thesis:

    One-level Approaches: sequential and global;

    Multilevel approach, coupling system level with device level (filter, inverter, electric machine); a set of formulations adapted to our design problem are presented to solve the issues associated to the one-level approaches.

    The performance of these design approaches are presented, analyzed and compared. The results clearly show the advantages that involves multilevel formulation compared to conventional design approaches.

    KEYWORDS: more electric aircraft flight mission multilevel optimization

    design methodology MDO multiobjective optimization

  • V

    Remerciements :

    Cette thse a t effectue au niveau du laboratoire LAPLACE-Toulouse, site de lENSEEIHT

    (Ecole Nationale Suprieure dElectrotechnique, dElectronique, de lInformatique, de lHydraulique

    et des Tlcommunications) et en collaboration avec lindustriel Liebherr Aerospace -Toulouse.

    En premier lieu, je tiens remercier mes deux encadrants : Xavier ROBOAM, Directeur de

    recherche CNRS et Bruno SARENI, Professeur des universits pour mavoir soutenu et encourag

    durant lensemble de mes travaux de thse. Je les remercie pour leur encadrement, leur

    disponibilit, leurs conseils avertis, leur suivi et leur patience.

    Je tiens remercier les membres du jury :

    Monsieur Stphane Brisset, Maitre de confrences HDR de lEcole Centrale de Lille, pour

    avoir accept de rapporter cette thse ;

    Monsieur Jean Claude Vannier, Professeur Centrale Supelec, pour lintrt quil a manifest

    pour ces travaux de recherche en sengageant tre rapporteur ;

    Monsieur Guy Friedrich, Professeur UTC-LEC Compigne, pour avoir accept la participation

    mon jury en tant quexaminateur ;

    Monsieur Raphael Vilamot, Chef de groupe Mcatronique au sein de la socit Libherr

    Aerospace-Toulouse, dabord pour sa participation la ralisation de ces travaux de

    recherche et pour sa disponibilit. Je le remercie aussi pour sa participation dans ce jury en

    qualit dexaminateur.

    Par la suite je tiens remercier tout ceux qui ont particip de prs ou de loin la ralisation

    de ces travaux de recherche. Je remercie les membres du groupe de recherche GENESYS pour leurs

    critiques constructives. Je remercie aussi les experts en conception machine de la socit

    Liebherr Aerospace : Raphael Vilamot, Couderc Mathieu et DEVANNEAUX Vincent.

    Je remercie tous les membres du groupe GENESYS. Je commence par mes collgues du

    bureau : Mickael Faucher, Mame Andalleh Diop et Hadbi Djamel pour les bons moments quon a

    pass ensemble et aussi pour toutes les discussions scientifiques quon a eu. Je tiens remercie

    aussi : Amine Djaafar, Nicolas Roux, Stphane Astier, Hubert Piquet, Cristophe Turpin et Eric Bru.

    Je remercie bien-sr les doctorants du Laplace-ENSEEIHT et particulirement :, Khaled

    Kahalerras, Abdelkader Bouarfa, Lopold Sepulchre, Sami El Aabid, Malek Zaibi, Hafedh Ben

  • VI

    Abdelghani , Amel Damdoum, Phoc Chrin, Antoine Hanna Nohra, Ibtissem Helal, Olivier Goualard,

    Clment GARREAU, Alvaro Morentin-Etayo , GHANTY Yann , VARAIS Andy.

    Enfin, je tiens remercier toutes les personnes qui mont aid, dune manire ou une autre,

    surpasser les moments difficiles de la thse. Je remercie profondment mes parents, ma femme

    Imne, mes frres et surs, mes beaux-parents et tous les membres des familles : OUNIS, Gasmi,

    Lakrache, Ouennouri, Djelloul.

    http://www.laplace.univ-tlse.fr/annuaire/article/v-w

  • VII

    Table des matires :

    Rsum...............................................................................................................................................III

    Abstract............................................................................................................................................. IV

    Remerciements................................................................................................................................V

    Table des matires.......................................................................................................................VII

    Introduction gnrale................................................................................................................. 1

    Chapitre 1 : Contexte gnral

    1 Introduction : ........................................................................................... Erreur ! Signet non dfini. 2 Lavion plus lectrique : ........................................................................... Erreur ! Signet non dfini. 3 Projet de recherche : ............................................................................... Erreur ! Signet non dfini. 4 Description du systme tudi (VCS) : .................................................... Erreur ! Signet non dfini.

    4.1 Dfinition : ....................................................................................... Erreur ! Signet non dfini. 4.2 Compresseur vis : ......................................................................... Erreur ! Signet non dfini. 4.3 Intgration du moteur lectrique.................................................... Erreur ! Signet non dfini.

    5 Intgration de la mission de vol dans la conception du VCS : ................. Erreur ! Signet non dfini. 6 Contraintes de qualit rseau : ............................................................... Erreur ! Signet non dfini. 7 Optimisation multidisciplinaire (MDO) : ................................................. Erreur ! Signet non dfini. 8 Conclusion............................................................................................................................... .... 25

    Chapitre 2 : Modle analytique multi-physique du VCS

    1 Introduction : ........................................................................................... Erreur ! Signet non dfini. 2 Machines haute vitesse : ...................................................................... Erreur ! Signet non dfini.

    2.1 Dfinition de la haute vitesse : ........................................................ Erreur ! Signet non dfini. 2.2 Pourquoi la haute vitesse : .............................................................. Erreur ! Signet non dfini.

    3 Choix de la topologie de la HSPMSM : .................................................... Erreur ! Signet non dfini. 4 Modle multi-physique de la machine synchrone aimants permanents haute vitesse HSPMSM : .................................................................................................. Erreur ! Signet non dfini.

    4.1 Gomtrie de la machine : .............................................................. Erreur ! Signet non dfini. 4.2 Modle magntique : ...................................................................... Erreur ! Signet non dfini. 4.3 Modle circuit lectrique ................................................................ Erreur ! Signet non dfini. 4.4 Modle de contrle : ....................................................................... Erreur ! Signet non dfini. 4.5 Modle de Pertes : .......................................................................... Erreur ! Signet non dfini.

    4.5.1 Pertes cuivre : .......................................................................... Erreur ! Signet non dfini. 4.5.2 Pertes magntiques : ............................................................... Erreur ! Signet non dfini.

    4.6 Modle thermique : ........................................................................ Erreur ! Signet non dfini. 5 Modlisation de londuleur de tension deux niveaux : ........................ Erreur ! Signet non dfini.

    5.1 Modle du composant de puissance : ............................................. Erreur ! Signet non dfini.

    _Toc463226492

  • VIII

    5.2 Modle du boitier du module de puissance : .................................. Erreur ! Signet non dfini. 5.3 Modle de pertes : .......................................................................... Erreur ! Signet non dfini. 5.4 Modle thermique et refroidissement : .......................................... Erreur ! Signet non dfini. 5.5 Stratgie de commande de londuleur de tension : ........................ Erreur ! Signet non dfini.

    6 Modlisation du filtre dentre : ............................................................. Erreur ! Signet non dfini. 6.1 Topologie du filtre dentre : .......................................................... Erreur ! Signet non dfini. 6.2 Modle circuit du filtre dentre : ................................................... Erreur ! Signet non dfini. 6.3 Modle des composants du filtre dentre : ................................... Erreur ! Signet non dfini.

    6.3.1 Modle analytique de linductance : ....................................... Erreur ! Signet non dfini. 6.3.2 Modle de la capacit : ........................................................... Erreur ! Signet non dfini. 6.3.3 Modle de la rsistance : ........................................................ Erreur ! Signet non dfini.

    6.4 Modle de pertes : .......................................................................... Erreur ! Signet non dfini. 7 La DSM , une approche matricielle pour la structuration dun modle analytique : ....... Erreur ! Signet non dfini.

    7.1 Cration de la DSM : ........................................................................ Erreur ! Signet non dfini. 7.2 Restructuration du modle de dimensionnement de lActionneur HSPMSM : . Erreur ! Signet non dfini.

    Chapitre 3 : Approches de conception par optimisation mono-niveau appliques au VCS

    1 Introduction : ........................................................................................... Erreur ! Signet non dfini. 2 Formulation des problmes doptimisation : .......................................... Erreur ! Signet non dfini.

    2.1 Formulation du problme Actionneur : .......................................... Erreur ! Signet non dfini. 2.1.1 Variables de dcision : ............................................................. Erreur ! Signet non dfini. 2.1.2 Les contraintes du problme Actionneur : ......................... Erreur ! Signet non dfini. 2.1.3 Fonctions objectifs :................................................................. Erreur ! Signet non dfini.

    2.2 Formulation du problme doptimisation onduleur de tension + filtre dentre : . Erreur ! Signet non dfini.

    2.2.1 Variables de dcision: .............................................................. Erreur ! Signet non dfini. 2.2.2 Contraintes : ............................................................................ Erreur ! Signet non dfini.

    3 Approche doptimisation squentielle: ................................................... Erreur ! Signet non dfini. 3.1 Boucle doptimisation Actionneur ............................................. Erreur ! Signet non dfini.

    3.1.1 Configuration de lalgorithme doptimisation NSGAII : ........... Erreur ! Signet non dfini. 3.1.2 Analyse des rsultats de loptimisation .................................. Erreur ! Signet non dfini.

    3.2 Boucle doptimisation Onduleur de tension + filtre dentre ... Erreur ! Signet non dfini. 3.2.1 Rglage de lalgorithme doptimisation NSGAII : .................... Erreur ! Signet non dfini. 3.2.2 Analyse du front de Pareto : .................................................... Erreur ! Signet non dfini. 3.2.3 Evolution des contraintes et points dimensionnant de la mission de vol : Erreur ! Signet non dfini. 3.2.4 Evolution des variables de dcision : ....................................... Erreur ! Signet non dfini.

    4 Approche doptimisation globale : .......................................................... Erreur ! Signet non dfini. 4.1 Analyse du front de Pareto : ............................................................ Erreur ! Signet non dfini. 4.2 Evolution des contraintes et points dimensionnants : .................... Erreur ! Signet non dfini. 4.3 Evolution des variables de dcision :............................................... Erreur ! Signet non dfini.

    5 Conclusion : vision critique des approches doptimisation mono-niveau ......... Erreur ! Signet non dfini.

  • IX

    Chapitre 4 : Approches de conception par optimisation multi-niveaux appliques au VCS

    1. Introduction : ........................................................................................... Erreur ! Signet non dfini. 2. Dcomposition dun systme complexe et identification des variables de couplage: ......... Erreur ! Signet non dfini.

    2.1 Dcomposition dun systme complexe : ....................................... Erreur ! Signet non dfini. 2.2 Classification des mthodes de dcomposition : ............................ Erreur ! Signet non dfini.

    3. Formulation ATC deux niveaux : ........................................................... Erreur ! Signet non dfini. 3.1 Formulation du problme de conception du niveau systme : Erreur ! Signet non dfini. 3.2 Formulation du problme de conception du niveau sous-systme : ... Erreur ! Signet non dfini. 3.3 Exemple de stratgie de coordination : .......................................... Erreur ! Signet non dfini.

    4. Application de la formulation ATC sur le problme de conception du VCS : ..... Erreur ! Signet non dfini.

    4.1 Problme de conception au niveau systme : .......................... Erreur ! Signet non dfini. 4.2 Problmes de conception au niveau sous-systme : ................ Erreur ! Signet non dfini.

    5. Formulation multi-niveaux adapte au problme de conception du VCS : ....... Erreur ! Signet non dfini.

    5.1 Modification de la formulation ATC : .............................................. Erreur ! Signet non dfini. 5.2 Problmes lis la formulation bi-objectif du problme : .............. Erreur ! Signet non dfini. 5.4 Discussion des rsultats : ................................................................ Erreur ! Signet non dfini.

    6. Influence de la dcomposition des sous systmes sur la rsolution du problme multi-niveaux : .......................................................................................................... Erreur ! Signet non dfini.

    6.1 Discussion des rsultats et comparaison des deux formulations multi-niveaux : ........ Erreur ! Signet non dfini.

    7. Adaptation de lalgorithme gntique (NSGA-II) pour la rsolution des problmes de conception multi-niveaux multi-objectifs : ........................................................................ Erreur ! Signet non dfini. 8. Conclusion : Comparaison de performances des diffrentes formulations multi-niveaux .. Erreur ! Signet non dfini.

    Conclusion gnrale.............................................................................................................

    Annexes.....................................................................................................................................

    Rfrences...............................................................................................................................

    149

    155

    204

  • X

    To my other half, Imne

    To my parents

  • XI

    A la mmoire de mon oncle : Rchid

    A la mmoire de mon oncle : Med Larbi

    A la mmoire de mes grands-parents

  • 1

    INTRODUCTION GENERALE

  • Introduction gnrale

    2

    Depuis le premier vol motoris des frres Wright (1903), qui possdait un moteur dmarrage lectrique, la conception des aronefs a connu de nombreuses avances notamment autour du vecteur lectricit : le premier vol motoris. Lindustrie aronautique a toujours bnfici du dveloppement technologique de beaucoup de disciplines qui interviennent directement dans sa conception savoir la mcanique, lhydraulique, le pneumatique et llectrique. La part de lnergie lectrique embarque bord de lavion na pas cess daugmenter depuis son invention. En effet, les recherches scientifiques dans le domaine du gnie lectrique ont contribu rpondre aux exigences des constructeurs. Les systmes lectriques embarqus ont bnfici des progrs remarquables quont connu plusieurs domaines tels que : les matriaux ddis aux applications du gnie lectrique, les nouvelles topologies des machines lectriques, llectronique de puissance et les mthodes de contrle...

    Avec le temps et grce aux efforts de recherche, les systmes lectriques ont atteint une maturit proche des autres disciplines. En plus, un systme lectrique prsente des avantages majeurs pour les constructeurs aronautiques pour satisfaire les contraintes de plus en plus exigeantes et les normes appliques dans ce domaine. En effet, un systme lectrique domine les autres vecteurs (mcanique, hydraulique, pneumatique) en termes defficacit nergtique, maintenabilit, disponibilit, simplicit et scurit de fonctionnement.

    Le soutien de la composante lectrique bord des aronefs modernes sinscrit dans un concept appel MEA (More Electric Aircraft). Ce concept reprsente une tape intermdiaire vers llectrification totale et la rationalisation des sources dnergie embarques. Les efforts scientifiques dans ce contexte ont t marqus par la mise sur le march des avions plus lectriques, commencer parlA380 de Airbus et le B787 de Boeing. Sur ces deux modles, plusieurs systmes ont connu llectrification ; on peut citer titre dexemple le systme de conditionnement dair ECS et le dgivrage puissance lectrique sur le B787.

    En plus des avantages que prsentent les systmes lectriques, leur intrt environnemental est dterminant. En effet, llectrification des systmes embarqus semble la seule solution raliste pour rpondre aux objectifs environnementaux souhaits : une efficacit nergtique intressante permet la rduction du poids de lavion et loptimisation de la consommation du carburant qui signifie une limitation de la pollution.

    Au XXIme sicle, la prservation de lenvironnement devient une exigence primordiale dans tous les domaines. En aronautique, au niveau national, de multiples plateformes ont t cres sous la tutelle du CORAC (COnseil pour la Recherche Aronautique Civile) pour organiser les efforts de recherche afin de rpondre des contraintes environnementales de plus en plus exigeantes. Les travaux de recherche prsents dans ce manuscrit sinscrivent dans la plateforme GENOME (GEstioN OptiMise de lEnergie). Ils ont t effectus au niveau du laboratoire LAPLACE Toulouse au sein du groupe de recherche GENESYS (Groupe ENergie Electrique & SYStmique) en collaboration avec lindustriel Liebherr Aerospace Toulouse. Ces travaux se situent parfaitement dans ce contexte, avec pour objectif loptimisation conjointe des masses embarques et de lefficacit nergtique.

  • Introduction gnrale

    3

    Dans cette thse, nous tudions et proposons ainsi des mthodes de conception par optimisation dun systme dentranement lectromcanique, le VCS (Vapor Cycle System), utilis au sein du systme de conditionnement dair dun aronef pour le refroidissement des quipements lectroniques. Un tel systme implique plusieurs domaines dexpertises coupls, savoir : la conception des machines lectriques, la conception des convertisseurs statiques et leur commande et le filtrage ncessaire au respect des normes. Des mthodes de conception par optimisation ont t labores au cours des annes pour satisfaire le caractre multidisciplinaire dun tel systme. La MDO (Multidisciplinary Design Optimization) cherche trouver des solutions globales aux problmes de conception des systmes multidisciplinaires, problmes parmi lesquels on peut citer : les problmes de convergence dus la complexit des modles mis en jeu, la qualit des solutions issues de loptimisation et les problmes lis la gestion des projets industriels (confidentialit et secret industriel).

    Ce travail est divis en quatre chapitres :

    Le premier chapitre introduit le contexte gnral, partant de lavion plus lectrique et des avantages des systmes lectriques par rapport aux autres systmes. Ensuite, une description simplifie du VCS est propose avec une vue sur son environnement de fonctionnement. Finalement, nous introduisons les mthodes de conception dites MDO.

    Le deuxime chapitre sera compltement ddi la modlisation du VCS en vue de loptimisation. Nous nous inspirons des travaux de thse de [AND13] pour proposer des modles analytiques appropris pour les trois parties constitutives du systme : le moteur synchrone haute vitesse aimants permanents monts en surface, londuleur de tension deux niveaux et sa commande et le filtre dentre. Nous tenons prciser quun travail de validation par lments finis a t ralis pour caractriser la prcision des modles analytiques sur la partie actionneur.

    Dans le troisime chapitre, nous allons appliquer des approches de conception par optimisation mono-niveau au VCS. Lapproche squentielle consiste sparer le processus doptimisation des diffrentes parties du systme. Dans cette approche, le modle du VCS sera divis en deux grandes parties : lactionneur sera en premier lieu trait dans une premire boucle doptimisation, puis londuleur de tension et son filtre dentre sont optimiss dans une autre boucle pour plusieurs solutions particulires de la premire boucle. La deuxime approche, dite globale , consiste concevoir tout le systme en une seule boucle doptimisation. Le chapitre sera conclu par une comparaison entre les deux approches.

    Le quatrime chapitre sera consacr aux approches doptimisation multi-niveaux multi-objectifs du VCS. Plusieurs formulations inspires de lATC (Analytical Target Cascading) seront appliques et une tude comparative sera mene pour souligner les avantages et les inconvnients des formulations multi-niveaux par rapport aux formulations mono-niveau traites dans le troisime chapitre.

  • 4

    CHAPITRE 1

    CONTEXTE GENERAL

  • Contexte gnral

    5

    1 Introduction :

    Depuis linvention du premier avion au dbut du XXme sicle, lnergie lectrique a pris place bord des aronefs. Avec le progrs technologique qua connu le gnie lectrique et surtout aprs la fiabilisation et la commercialisation des convertisseurs statiques et le dveloppement des microprocesseurs, la part de lnergie lectrique par rapport aux autres sources dnergie ne cesse daugmenter. Les recherches dans ce domaine vont dans le sens de rationaliser les sources dnergie (lectrique mais aussi mcanique, pneumatique et hydraulique) embarques dans un aronef. Cette rationalisation a pour but de rduire la masse totale des avions ce qui entranera une rduction des missions CO2 donc une prservation de lenvironnement. Dautres amliorations, notamment en gains sur la maintenance sont escomptes avec lavion plus lectrique.

    Dans ce contexte, nous trouvons dans la littrature le concept de lavion tout lectrique (AEA : All Electric Aircraft). Ce concept revient lutilisation exclusive de lnergie lectrique pour assurer toutes les fonctions non propulsives bord dun aronef. Mais en attendant ce concept en rupture, le MEA ou More Electric Aircraft a t vu ces dernires annes comme une tape intermdiaire vers lAEA ; il appelle laugmentation progressive de la part de lnergie lectrique embarque. Cela se fait par lintgration de nouveaux systmes lectriques la place dautres systmes mcaniques, hydrauliques et pneumatiques. Sur le plan industriel, lAirbus A380 et en particulier le Boeing B787 (bleedless, cest--dire sans prlvement dair ni systme pneumatique) reprsentent des applications relles du concept de MEA. Des systmes comme les commandes de vol, le conditionnement dair, le dgivrage, sont remplacs par des systmes puissance lectrique.

    Dans ce contexte, loptimisation de la masse des systmes puissance lectrique devient donc un enjeu crucial ; ces travaux de recherches sinscrivent dans cette optique. Dans ce premier chapitre, nous allons aborder les points suivants :

    le contexte scientifique de la thse ; le contexte industriel de la thse ; la prsentation du systme tudi (VCS : Vapor Cycle System) ; les contraintes imposes par le systmier (Airbus) ; lintroduction des mthodes de conception par optimisation multi-niveaux utilises dans ces

    travaux.

    2 Lavion plus lectrique :

    Lintgration de lnergie lectrique bord des aronefs remonte la fin du 19me sicle. En 1883, le franais Gaston Tissandier tait le premier utiliser des moteurs lectriques pour la propulsion dun ballon dirigeable [REN, ART et HER 1884]. Il marque ainsi, le dbut de lexprience humaine avec les avions lectriques.

  • Contexte gnral

    6

    Comme pour lindustrie automobile, les avions commercialiss au cours du 20me sicle intgrent principalement des systmes mcaniques, hydrauliques et pneumatiques avec une utilisation limite de lnergie lectrique [AND13].

    lnergie mcanique est produite sur larbre des turboracteurs. Cette puissance mcanique est distribue la bote daccessoires Gearbox . Son rle est dentraner mcaniquement les pompes de lubrification, les pompes carburant, les pompes hydrauliques et les gnrateurs lectriques ;

    lnergie pneumatique est issue du prlvement dair chaud fortement comprim au niveau des turboracteurs de lavion. Classiquement appel systme bleed de traitement dair, cette nergie est utilise pour alimenter le systme de contrle de l'environnement ECS Environnement Control System et pour fournir de l'air chaud pour le systme de protection antigivrage WIPS Wing Ice Protection System ;

    lnergie hydraulique est gnre grce lentranement mcanique de pompes hydrauliques par le turboracteur. Ces pompes sont appeles EDP Engine Driven Pump et il existe classiquement trois circuits hydrauliques indpendants. Lnergie hydraulique est responsable de la fourniture de puissance ncessaire pour diriger lavion. Elle pilote donc les actionneurs de commandes de vol (becs, volets, spoilers, ailerons, gouvernes, plan horizontal, etc.), les freins du train d'atterrissage et le systme d'armes dans le cas d'avions militaires ;

    lnergie lectrique est obtenue par lentranement mcanique dalternateurs connects aux turboracteurs (de mme que pour les pompes hydrauliques cites prcdemment). Pour les anciennes gnrations (avant lA380) llectricit bord est frquence fixe, gnre partir de gnrateurs appels IDG Integrated Drive Generator constituant le rseau alternatif triphas principal de tension de 115 200 VAC. A ce niveau, il existe un tage rgulateur de frquence appel CSD Constant Speed Drive confrant au rseau une frquence fixe de 400 30 Hz. Pour les faibles charges lectriques (avionique, contrle) il y a aussi un rseau secondaire continu de tension 28 V, obtenu partir du rseau principal travers des transformateurs et des redresseurs.

    Plusieurs raisons sont lorigine de la limitation initiale de lutilisation de lnergie lectrique bord des aronefs, nous pouvons citer :

    le dveloppement de lindustrie ptrolire qui a impos lutilisation de lnergie fossile pour la propulsion des avions.

    la maturit des systmes mcaniques, hydrauliques et pneumatiques par rapport aux systmes lectriques (Tab.1- 1).

  • Contexte gnral

    7

    Tab.1- 1 : Comparaison des systmes secondaires de distribution de puissance dans un avion

    Systme Complexit Maintenance Maturit

    Electrique Complexe Simple Mature (Nouvelles

    technologies immature)

    Mcanique Trs complexe Frquente et lente Trs mature

    Hydraulique Simple Complexe et dangereuse

    Mature

    Pneumatique Simple Complexe Trs mature

    A la fin des annes 70, le concept de lavion plus lectrique (MEA) voit le jour [EMA et EHS 00] [JON 99] [QUI 93]. Lide est de faire des pas vers lavion tout lectrique en augmentant progressivement la part de la puissance lectrique embarque (Fig.1- 1) avec lutilisation des systmes lectriques la place des autres systmes (Fig.1- 2). La Fig.1- 1 montre laugmentation significative de la puissance lectrique non propulsive embarque dans les avions, qui va jusqu 1MW pour le B787 de Boeing et 0.6MW pour lA380 dAirbus.

    Techniquement, les systmes dactionnement puissance lectrique constituent une alternative performante aux autres sources secondaires traditionnelles. Le remplacement total des sources secondaires par la source dorigine lectrique prsente par exemple comme bnfices potentiels [AND13] :

    une rduction du poids : les systmes pneumatiques et hydrauliques sont encombrants et lourds. Ils contribuent fortement au poids de l'avion. Le gain de masse nest pas acquis aujourdhui avec lavion plus lectrique, mais les perspectives de progrs sont substantielles ;

    une rduction de la consommation de carburant: lnergie pneumatique s'appuie sur l'air comprim partir des turboracteurs. Cette nergie est donc gnre au dtriment de la consommation de carburant. Elle na aucune contribution la pousse des turboracteurs ;

    une augmentation de l'efficacit nergtique : les systmes pneumatiques et hydrauliques sont moins efficaces que les systmes lectriques. Les pertes dans les conduites pneumatiques/hydrauliques sont plus leves que dans les cbles lectriques. Cela signifie que la consommation d'nergie des systmes hydrauliques et pneumatiques est tout instant plus leve que ncessaire. De plus, ces systmes nont pas lavantage du systme lectrique de pouvoir tre allums/teints en fonction de l'nergie demande ;

    une amlioration de la maintenabilit : le passage un vecteur nergtique unique avec des systmes touts lectriques offre des gains en termes de rationalit : moins de pices de rechange et moins doutils dentretien. Il offre une amlioration significative du point de vue diagnostic et dtection de dfauts par les techniques de test intgr BIT Built-in-Test . Cette amlioration rduit nettement lindicateur de maintenabilit MTTR Mean Time To Repair , soit une rduction du temps moyen de rparation par avion ;

  • Contexte gnral

    8

    une amlioration de la disponibilit du systme et de la fiabilit : la distribution lectrique est plus pratique et offre une grande souplesse de reconfiguration du systme en cas de panne (plus difficile raliser avec le systme hydraulique). Mme si les systmes dactionneurs traditionnels, servocommandes hydrauliques notamment, sont trs fiables, les systmes dactionnement puissance lectrique, lectromcaniques EMA et lectro-hydrostatiques EHA amliorent de jour en jour leur fiabilit : ceci se mesure travers lindicateur de MTBF Mean Time Between Failure , soit une augmentation du temps de fonctionnement moyen entre dfaillances conscutives [SAG08] ;

    une amlioration de la scurit de fonctionnement de vol : une configuration lectrique interconnectant les diffrents sous-systmes bord dun avion permet deffectuer une surveillance plus efficace (le health monitoring ). Cette surveillance permettra dviter les dfaillances de mode commun ou dfaillances simultanes, caractrises par la mise en dfaut de plusieurs sous-systmes dpendant dune seule cause de panne initiale ;

    une simplification des systmes dactionnement : le rseau de bord tant compos de plusieurs charges entraines par des actionneurs lectriques, linsertion des paliers magntiques supprimerait tous les systmes d'huile [HOWS03, FAL05, ROS07]. Leur utilisation dans les circuits de dmarrage des turboracteurs et de lAPU Auxiliary Power Unit est envisage.

    0

    100

    200

    300

    400

    500

    600

    P (KVA)

    1962 1966 1969 1987 1993 2004 Year

    Caravelle B737 Concorde A320 A330 A380

    1000

    2010

    B787

    Fig.1- 1 : Evolution de la puissance lectrique embarque

  • Contexte gnral

    9

    Andr DE ANDRADE

    VFG

    Energie pneumatique

    Energie hydraulique

    Energie mcanique

    Energie lectrique

    Andr DE ANDRADE

    IDG/CSD Gearbox

    Andr DE ANDRADE

    EDP

    bleed

    (a) lavion dhier

    (b) lavion daujourdhui

    (c) lavion de demain

    Fig.1- 2 : Electrification des fonctions non propulsives de lavion : vers un avion tout lectrique

  • Contexte gnral

    10

    3 Projet de recherche :

    Ces travaux de thse sinscrivent dans le projet de recherche GENOME (GEstioN OptiMise de lEnergie). Ce projet de recherche est pilot par le CORAC (COnseil pour la Recherche Aronautique Civile) qui a t cr en juillet 2008 partir dengagements pris fin 2007 lors du Grenelle de lEnvironnement . Le CORAC regroupe sous limpulsion de la DGAC (Direction Gnrale de l'Aviation Civile) et du GIFAS (Groupement des Industries Franaises Aronautiques et Spatiales), lensemble des acteurs franais du secteur du transport arien, cest--dire lindustrie aronautique, les compagnies ariennes, les aroports, lONERA, les institutionnels et ministres concerns. La mise en place du CORAC sinscrit dans une volont de mise en cohrence des efforts de recherche et dinnovation dans le domaine aronautique, notamment pour la prservation de lenvironnement et le dveloppement durable. Parmi ses premires ralisations, il a tabli la feuille de route technologique pour la recherche aronautique, base de la mise en uvre dune stratgie de recherche ambitieuse et coordonne autour dobjectifs de matrise de lempreinte environnementale du transport arien, lhorizon 2020.

    Pour les nouveaux avions, les dveloppements technologiques tendent vers les objectifs suivants pour les nouveaux appareils (vision 2020):

    Gaz effet de serre : rduction de 50% des missions de CO2 ; Polluants locaux : rduction de 80% des missions de NOx (oxydes dazote) Bruit : rduction de 50% du bruit peru

    Une autre stratgie long terme a t tablie en 2011 pour amliorer encore plus les conditions environnementales :

    Rduction CO2 de 75% par passager/Km ; Rduction NOx de 90% ; Rduction du bruit peru de 65%, par rapport une rfrence anne 2000.

    GENOME reprsente une des six plateformes de dmonstration technologiques. Il propose des ruptures technologiques permettant un gain de performances supplmentaire ncessaire pour tre attractif devant des technologies matures en bute dvolution. Les retombes attendues sont :

    Environnementales :

    Un gain suprieur 1% sur la consommation de carburant ; Une disponibilit accrue des avions ; Une utilisation des avions plus cologique au sol par la suppression du systme hydraulique,

    le remplacement de lutilisation de lAPU par des infrastructures aroportuaires lectriques gnralises ou le green-taxi avec des moteurs roues.

  • Contexte gnral

    11

    Comptitivit :

    La rupture de lavion tout lectrique est une des opportunits de renforcer la comptitivit de toute la filire franaise en se dmarquant des technologies actuelles faibles potentiels damlioration ;

    Llectronique de puissance est une technologie cl. Louverture vers dautres secteurs industriels comme lautomobile sera ncessaire pour gagner le challenge des cots.

    Les partenaires principaux qui collaborent activement dans ce projet de recherche sont les industriels : avionneurs (Airbus, Dassault, Eurocopter) et quipementiers (Liebherr, Safran, Thales et Zodiac). Le monde acadmique est notamment reprsent par le laboratoire LAPLACE Toulouse et dautres laboratoires du groupement de recherche SEEDS (Systmes d'Energie Electrique dans leur Dimension Socitale), notamment AMPERE Lyon, G2ELab Grenoble ou SATIE Cachan.

    Les travaux de recherche prsents dans ce manuscrit ont t mens au sein du groupe GENESYS du laboratoire LAPLACE, en collaboration avec Liebherr Aerospace-Toulouse. Des mthodes de conception intgre par optimisation ont t appliques un moto-compresseur vis (VCS : Vapor Cycle System).

    4 Description du systme tudi (VCS) :

    4.1 Dfinition :

    Le moto-compresseur fait partie d'un systme de cycle vapeur qui comprend une ligne d'injection de vapeur (refroidisseur / conomiseur). Ce systme assure le refroidissement des appareils lectroniques dans un avion civil.

    Le moto-compresseur est utilis pour:

    assurer lcoulement du rfrigrant travers le systme hermtique ; faire monter la pression entre l'vaporateur et le condenseur.

    Larchitecture du VCS est reprsente par la Fig.1- 3.

    Condenser

    Evaporator

    Refrigerant receiver

    Expansion valve

    Condenser fan

    Compressor

    Electrical motor

    Liquid line

    Heat exchanger

    Solenoid valve

    Expansion valve

    Vapour injection

    Fig.1- 3 : Architecture dun VCS

  • Contexte gnral

    12

    4.2 Compresseur vis :

    Le compresseur vis (galement appel compresseur volumtrique) est une machine rotative dplacement positif. Il se compose d'une paire de rotors (mle et femelle) avec vis hlicodale, le tout tournant dans un carter fixe qui les entoure totalement. La rotation grande vitesse dans des sens opposs des deux rotors mle et femelle permet l'aspiration, la compression, le refoulement du gaz. Le gaz est transport le long de la vis, de l'orifice d'aspiration l'orifice de refoulement de faon continue.

    Comme les rotors tournent dans des sens opposs, l'espace augmente en se dplaant vers l'avant et le gaz est aspir. Puis, cet espace diminue au fur et mesure de l'avancement de la vis et le gaz est comprim puis refoul par un orifice amnag en fin de parcours de la vis. La Fig.1- 4 reprsente un exemple dun compresseur utilis en aronautique pour lavion Airbus A380.

    Fig.1- 4 : Exemple de compresseur vis LTS (A380 SCS application)

    Comme on le voit sur la Fig.1- 5, la vapeur pntre l'avant, travers une ouverture dans le plan avant du botier, qui forme l'orifice d'entre. La vapeur remplit les espaces entre les lobes ; le volume pig dans chaque chambre augmente avec la rotation et la ligne de contact entre les rotors recule. Au point o le volume maximal est rempli, la rotation se fait sans aucune admission de fluide supplmentaire (a). Le volume maximal pris au pige correspond au dplacement du compresseur.

    A partir de cette position, une rotation supplmentaire rduit le volume de la vapeur pige entre les lobes et le botier. Cela provoque une augmentation de la pression (b).

  • Contexte gnral

    13

    A la position o le volume pig est suffisamment rduit pour obtenir l'lvation de la pression requise, les extrmits des rotors sont exposes une ouverture sur la face infrieure du botier, qui forme l'orifice d'vacuation. Une rotation supplmentaire rduit le volume pig provoquant l'coulement du fluide travers l'orifice d'vacuation (c). Cela se poursuit jusqu' ce que le volume pig soit rduit pratiquement zro et que tout le gaz emprisonn entre les lobes, la fin du processus d'aspiration, soit expuls. Le processus est ensuite rpt pour chaque chambre. Ainsi, il existe une succession des processus d'aspiration, de compression et de refoulement raliss dans chaque rotation.

    (a) Aspiration (b) Compression (c) Dcharge

    Fig.1- 5 : Fonctionnement dun compresseur vis

    4.3 Intgration du moteur lectrique

    Toutes les parties du moteur : stator et rotor, seront entours par la vapeur frigorigne. Le moteur est intgr la basse pression, ct basse temprature du compresseur, avec un rotor intgr la vis. Le refroidissement du stator sera assur par le flux du rfrigrant provenant de l'entre d'aspiration du compresseur. La plage de temprature du fluide frigorigne l'entre d'aspiration sera entre 0 et 30 C

    Les principales voies de refroidissement sont conues dans le carter du moteur et rparties tout autour du stator. Un chemin secondaire sera assur par lentrefer entre le rotor et le stator ; la Fig.1- 6 dcrit les chemins de refroidissement internes:

  • Contexte gnral

    14

    Fig.1- 6 : Circuits de refroidissement du moteur

    5 Intgration de la mission de vol dans la conception du VCS :

    La conception dune machine lectrique est souvent ralise par rapport un point de fonctionnement unique, appel Nominal [MES98]. Cette rgle est parfaitement adapte aux systmes industriels fonctionnant rgimes constants ou peu variables. Avec lintgration croissante des machines lectriques dans des applications qui ncessitent un fonctionnement en rgime variable, tels que dans les transports, les oliennes,... etc, le dimensionnement par rapport un point nominal unique risque de dgrader les performances globales du systme.

    Pour optimiser lefficacit nergtique dun systme, la notion de mission trouve une place trs importante dans la conception systmique au travers de travaux de recherche plus ou moins rcents. Nous pouvons citer, titre dexemple, les travaux de [JAA11] pour une application ferroviaire et les travaux de [AND13] sur le systme de conditionnement dair ECS : ces deux sujets de recherche ont t mens au sein du groupe GENESYS du laboratoire LAPLACE.

    Une mission peut tre dfinie comme tant un ensemble dinformations ncessaires pour dcrire le fonctionnement dun systme dans son environnement. Contrairement au dimensionnement par rapport un point nominal unique, lintgration de la mission dans le processus de conception implique la prise en compte de lensemble des points de fonctionnement du systme. Limportance de chaque point est notamment reprsente par son occurrence, cest--dire, la dure de fonctionnement du systme sur ce point par rapport la dure totale de la mission. Loccurrence est par exemple dimensionnante vis--vis de la consommation nergtique du systme dactionnement.

    C ircuit de refroidissem e nt principal Circuit de refroidissement secondaire

    C arcasse

    F luide Rfrigrant

    V ers la chambre de compression

  • Contexte gnral

    15

    Pratiquement, la mission peut contenir un nombre trs important de points, compliquant ainsi le processus de conception. Cependant, des mthodes de compactage et de simplification peuvent tre utilises pour rduire la taille de la mission [JAA11]. La mission quivalente doit traduire fidlement toutes les caractristiques et contenir toutes les informations de la mission totale. Les travaux de [AND13] sur un systme de conditionnement dair pour une application aronautique montrent que les points dimensionnant dun systme peuvent tre trs difficiles identifier. Par exemple, pour son systme, les contraintes de qualit rseau sont trs sensibles aux points de fonctionnement trs faibles puissances, alors que ce sont les points fortes puissances qui sont traditionnellement considrs comme tant les plus contraignants pour le dimensionnement (en masse notamment) dun systme dactionnement lectromcanique.

    Dans notre cas, la mission de vol a t directement fournie par la socit Liebherr Aerospace-Toulouse. Elle rsume lensemble des points de fonctionnement du VCS pendant toutes les phases de vol en prenant en considration les conditions climatiques de navigation. Les tableaux Tab.1- 2,

    Tab.1- 3, Tab.1- 4 rsument les caractristiques des points de la mission de vol pour le mme systme mais trois vitesses nominales diffrentes (8000, 1200 et 16000 [tr/min]). Cet ensemble de points de mission englobe en ralit les quatre missions suivantes :

    Cas Standard :

    Mission 1 : reprsente par les points : 1, 6, 7, 8, 9 (pour 37.5% du temps) Mission 2 : reprsente par les points : 1, 3, 4, 7, 8, 9 (pour 12.5% du temps)

    Cas Emirates :

    Mission 3 : reprsente par les points : 1, 5, 7, 8, 9 (pour 37.5% du temps) Mission 4 : reprsente par les points : 1, 2, 3, 7, 8, 9 (pour 12.5% du temps)

    Il est noter que la mission de vol globale considre est la succession de ces quatre missions. Les points caractristiques de la mission globale sont :

    Point 1 : avec ce point, le systme dveloppe une puissance maximale de fonctionnement de 13.8 [kW]. Le systme ne fonctionne pas sur ce point (loccurrence de ce point est nulle) mais les spcifications imposent que le VCS doit tre capable de le passer ..

    Point 3 : le systme dveloppe son couple maximal pour ce point de fonctionnement, nous verrons dans le chapitre 3 limportance de ce point vis--vis les contraintes thermiques du problme.

    Point 8 : malgr la faible puissance de ce point de fonctionnement, son occurrence est la plus importante. Pour optimiser le bilan nergtique, le systme doit avoir un point nominal proche de ce point.

  • Contexte gnral

    16

    Tab.1- 2 : Points de la mission de vol du systme tournant 8000 [tr/min]

    Points 1 2 3 4 5 6 7 8 9 Phase de vol - Sol Sol Sol Sol Sol Vol Vol Vol Dure [h] 0 3 2 3 3 3 1 4 2 Vitesse [tr/min] 8000 8000 5000 8000 5000 5000 4810 4160 3580 Couple[N.m] 16.5 15 18.5 12 15 11.2 8.6 8.9 3.9 Occurrences [%] 0 3.57 4.76 3.57 10.71 10.71 9.25 38.1 19.05

    Tab.1- 3: Points de la mission de vol du systme tournant 12000 [tr/min]

    Points 1 2 3 4 5 6 7 8 9 Phase de vol - Sol Sol Sol Sol Sol Vol Vol Vol Dure [h] 0 3 2 3 3 3 1 4 2 Vitesse [tr/min] 12000 12000 7500 12000 7500 7500 7215 6240 5370 Couple[N.m] 11 10 12.33 8 10 7.47 5.73 5.93 2.6 Occurrences [%] 0 3.57 4.76 3.57 10.71 10.71 9.25 38.1 19.05

    Tab.1- 4: Points de la mission de vol du systme tournant 16000 [tr/min]

    Points 1 2 3 4 5 6 7 8 9 Phase de vol - Sol Sol Sol Sol Sol Vol Vol Vol Dure [h] 0 3 2 3 3 3 1 4 2 Vitesse [tr/min] 16000 16000 10000 16000 10000 10000 9620 8320 7160 Couple[N.m] 8.25 7.5 9.25 6 7.5 5.6 4.3 4.45 1.85 Occurrences [%] 0 3.57 4.76 3.57 10.71 10.71 9.25 38.1 19.05

    La Fig.1- 7 montre les points de la mission de vol dans le plan couple-vitesse, pour les trois rgimes de rotation. La puissance lectrique reste la mme, quand la vitesse de lactionneur augmente, le couple diminue du mme rapport.

    La Fig.1- 8 montre les occurrences des diffrents points de la mission de vol du systme tournant 8000 [tr/min]. Nous pouvons constater que les points les plus occurrents sont ceux de plus faibles puissances (points 9 et 8). Daprs les travaux de [AND13], Le dimensionnement du systme par rapport son point de puissance maximale (point 1) ou par rapport au point de couple maximal (point 3) conduira un surdimensionnement. Lintgration de la mission de vol permet de concevoir un systme dont le fonctionnement nominal se rapproche plus des points fortes occurrences et qui permet datteindre les points de fonctionnement les plus contraignants.

  • Contexte gnral

    17

    0 4000 8000 12000 160000

    5

    10

    15

    20 C

    oupl

    e [N

    .m]

    Points de la mission de vol

    Vitesse [tr/min]

    Mission de vol 8000 [tr/min]

    Mission de vol 12000 [tr/min]Mission de vol 16000 [tr/min]

    Fig.1- 7 : Les trois missions de vols dans le plan couple-

    vitesse

    0 2000 4000 6000 8000 100000

    5

    10

    15

    20

    Cou

    ple

    [N.m

    ]

    Occurences des points de la mission de vol

    Vitesse [tr/min]

    0.05

    0.1

    0.15

    0.2

    0.25

    0.3

    0.35

    Pt 9

    Pt 8 Pt 7

    Pt 6

    Pt 5

    Pt 3

    Pt 1

    Pt 2

    Pt 4

    Fig.1- 8 : Occurrences des points de mission pour

    la vitesse 8000 [tr/min]

    6 Contraintes de qualit rseau :

    Dans le monde de la conception, lutilisation des normes devient indispensable dans tous les domaines et dans toutes les disciplines. La conception des systmes lectriques embarqus bord des avions nchappe pas cette rgle. Ces normes en aronautique imposes par le systmier concernent principalement les aspects de qualit du rseau lectrique embarqu. Ainsi, plusieurs phnomnes lectriques peuvent tre traits dans ces normes, on peut citer titre dexemple :

    Les creux de tension ; Les surtensions ; Les papillotements ; Les fluctuations de la frquence ; Les harmoniques ; La stabilit.

    Les exigences sur la qualit du rseau lectrique embarqu entranent logiquement des contraintes de conception pour les diffrentes sources et charges connectes ce rseau. Dans notre tude, nous nous intressons deux normes :

    DO 160 (Environmental Condition and Test Procedures for Airborne Equipment) : la premire version de cette norme est sortie le 28 fvrier 1975 et la dernire mise jour est faite en dcembre 2014. La norme a pour but de dfinir une srie denvironnements de tests et de procdures de tests pour les quipements embarqus dans un aronef. La DO160 impose des niveaux de perturbation partir de la frquence 150kHz et jusqu la frquence 30MHz. Cette plage frquentielle correspond la bande de frquences rglemente par la norme CEM formule par le CISPR (Comit International spcial des Perturbations Radiolectriques). Dans notre tude, nous limitons ltude la bonde frquentielle [10Hz ; 150 kHz] (limite de la norme CEM). Par consquent, seulement la premire frquence de la norme DO160 (150kHz) sera prise en compte dans ce travail.

  • Contexte gnral

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    N24RP0831391 (Electrical characteristics of HVDC equipement) : cette norme est impose par le constructeur avionique AIRBUS. Elle insiste sur les aspects de qualit du rseau lectrique embarqu. Ainsi, cette norme dfinit les caractristiques du rseau lectrique, les contraintes harmoniques imposes aux quipements et leurs contraintes de stabilit ainsi que les procdures des tests ralises sur un rseau HVDC.

    Le systme tudi dans notre cas reprsente une charge connecte au rseau lectrique dun aronef. Les deux normes cites auparavant imposent des contraintes sur la qualit des signaux lectriques linterface charge-rseau. La Fig.1- 9 Reprsente les gabarits normatifs en tension et en courant imposs une charge connecte un rseau 540HVDC. Ces gabarits reprsentent des limites de la pollution harmonique en dBV et en dBA sur une plage frquentielle allant de 10Hz 150 kHz Dune part, le systmier sengage vis--vis de lquipementier (ct charge) respecter la norme en tension. Dautre part, pour cette qualit rseau , lquipementier doit en retour sengager respecter la qualit en courant sur le graphe de droite, ce qui est le cas si et seulement si le spectre harmonique du courant de charge est au-dessous du gabarit normatif.

    A

    mp

    litu

    de

    d'h

    arm

    on

    iqu

    e (d

    B d

    e 1

    Vm

    ax)

    Frquence (Hz)

    Norme en tension

    A

    mp

    litu

    de

    d'h

    arm

    on

    iqu

    e (d

    B d

    e 1

    Am

    ax)

    Frquence (Hz)

    Norme en courant

    Fig.1- 9 : Gabarits normatifs en tension et en courant imposs pour les charges [Airbus N24RP0831391 - 2.0]

    La problmatique rencontre ce niveau vient du fait que le systme tudi dans notre cas doit tre, pour des raisons techniques lies aux exigences de LIEBHERR Aerospace Toulouse, aliment par un rseau 270VDC au lieu du rseau HVDC 540V. Par consquent, un travail dadaptation sur les gabarits normatifs vus prcdemment a t ncessaire. Dans cette partie, nous allons montrer les tapes que nous avons suivies pour recrer une norme de qualit rseau typique de la norme HVDC N24RP0831391 , mais adapte pour les charges connectes un bus 270VDC.

    Nous savons que pour des charges identiques (mme puissance absorbe), le passage dun niveau de tension un autre revient multiplier le courant par linverse du rapport entre les deux tensions. Entre la tension 540HVDC et la tension 270VDC, le facteur de passage vaut 2 . Dans une premire tape, nous nous appuyons sur ce facteur de 2 pour reconstituer la norme de qualit rseau pour le bus 270 VDC. La Fig.1- 10 montre une comparaison entre les gabarits normatifs en

  • Contexte gnral

    19

    tension pour les deux rseaux 540 HVDC et 270 VDC avec un dcalage de 6dB pour un rapport de 2. De mme, la Fig.1- 11 montre une comparaison entre les gabarits normatifs en courant.

    A

    mp

    litu

    de

    d'h

    arm

    on

    iqu

    e (d

    B d

    e 1

    Vm

    ax)

    Frquence (Hz)

    Norme en tension

    Rseau 270 VDC

    Rseau 540 HVDC

    Fig.1- 10 : Comparaison entre les gabarits normatifs en tension des rseaux 540HVDC et 270VDC

    A

    mp

    litu

    de

    d'h

    arm

    on

    iqu

    e (d

    B d

    e 1

    Am

    ax)

    Frquence (Hz)

    Norme en courant

    Rseau 270 VDC

    Rseau 540 HVDC

    Fig.1- 11 : Comparaison entre les gabarits normatifs en courant des rseaux 540HVDC et 270VDC

    Pour conforter notre approche dadaptation, nous faisons rfrence une autre norme qui concerne les contraintes de qualit rseau avec une tension de bus de 270VDC (MIL-STD-704F). La Fig.1- 12 montre le gabarit normatif de tension impos par cette norme compar une version antrieure de la norme Airbus 540HVDC (N24RP0831391-1.3). Cette norme en tension a t modifie dans la version 2.0 (Fig.1- 9), le but de cette comparaison est purement pdagogique pour valider notre approche dadaptation de la norme. Les diffrences qui existent entre lancienne et la nouvelle version de la norme Airbus sont dues un changement de stratgie qui a pour but lamlioration de la tension de bus en rduisant son continu harmonique.

  • Contexte gnral

    20

    A

    mp

    litu

    de

    d'h

    arm

    on

    iqu

    e (d

    B d

    e 1

    Vm

    ax)

    Frquence (Hz)

    Norme en tension

    N24RP0831391-1.3

    MIL-STD-704F

    6 dB

    Fig.1- 12 : Comparaison entre les gabarits normatifs en tension des rseaux 540HVDC (Norme AIRBUS) et 270VDC (MIL-STD-704F)

    La comparaison des deux gabarits montre que la diffrence entre les deux amplitudes est constante pour toutes les frquences considres. La diffrence entre les deux gabarits vaut 6 dB ou 20log10(2) :

    2)2(log20

    540

    27010270540i

    iii

    ff

    dBf

    dBf

    VVVV (1- 1)

    Le rsultat trouv montre que le passage entre la norme du rseau 540HVDC une norme pour un rseau 270VDC peut se faire tout simplement par une division de lamplitude des harmoniques de tension par 2 et une multiplication des harmoniques de courant par 2 .

    Remarque : la norme MIL-STD-704F ne contient quune norme en tension contrairement la norme Airbus qui impose un gabarit normatif en courant pour les sources et les charges connectes au rseau.

    7 Optimisation multidisciplinaire (MDO) :

    Loptimisation multidisciplinaire (Multidisciplinary Design Optimization : MDO) est un domaine de lingnierie qui concerne lutilisation de loptimisation dans la conception des systmes qui impliquent plusieurs domaines scientifiques ou plusieurs disciplines. Lintrt que prsente loptimisation multidisciplinaire consiste dans la considration des diffrents couplages qui existent entre les parties du systme optimis. En effet, loptimisation individuelle (optima locaux) ne suffit pas pour avoir des solutions systme optimales. Dautre part, la prise en compte des interactions entre les diffrentes disciplines demande, en gnral, une formulation plus complique du problme doptimisation globale.

    Les origines de la MDO remontent daprs [JOA] aux travaux de Shmit [SCH60] et Haftka [HAF73] qui sont les premiers introduire dautres disciplines dans leurs problmes doptimisation.

  • Contexte gnral

    21

    Depuis, loptimisation multidisciplinaire a t utilise dans plusieurs travaux de recherches et projets industriels pour la conception de diffrents systmes. Lapplication la plus connue dans la littrature est celle de laile de lavion [MAN99] ou trois disciplines fortement couples sont considres : larodynamique, la structure et le contrle. On peut citer dautres applications comme : les ponts [BAL00], les locomotives de trains [HE05], les voitures [MCA03], les navires [PER03], les machines lectriques [FOU09].

    Les difficults rencontres lors dune formulation MDO se rsument dans le choix de la faon la plus adapte pour coupler les modles des diffrentes disciplines et les algorithmes doptimisation. Il faut formaliser comment le problme doptimisation globale va tre rsolu. Dans ce contexte, nous appelons une architecture MDO cette combinaison qui comporte : modles danalyse des disciplines, organisation ou structure du problme et algorithme doptimisation. Dans la littrature, le terme architecture MDO peut tre remplac par dautres termes comme : mthode [KRO94], stratgie [CRA94], formulation du problme [WUJ96],etc.

    Plusieurs architectures MDO peuvent tre utilises pour rsoudre un problme doptimisation multidisciplinaire. La structure du problme et lalgorithme doptimisation influencent significativement la qualit des solutions obtenues en fin de processus doptimisation ainsi que le temps de calcul de la mthode. La complexit des problmes doptimisation multidisciplinaires (tailles des modles danalyse, nombre de disciplines, nombre de variables de couplage,...) requiert lutilisation dalgorithmes doptimisation rapides, tels que les algorithmes de type gradient . En revanche, ces algorithmes sont connus par leur caractre local qui peut trs probablement mener des optimums locaux, surtout dans le cas ou les fonctions objectives sont multimodales. Lutilisation des algorithmes dits globaux pour ce genre de dmarche est trs rare dans la littrature cause de leurs cots de calcul trs levs.

    Plusieurs travaux de recherche ont t consacrs ltude de la MDO dans les derniers temps, nous citons ici quelques travaux publis par ordre chronologique :

    [HAF92] a t le premier donner un tat de lart des architectures MDO connues lpoque ;

    [CRA94] donne une formulation des architectures MDO mono-niveau et dtaille des mthodes de rsolution de type gradient ;

    [BAL96] propose quelques architectures mono-niveau et estime leurs cots de calcul ; [ALE97] fournit un tat de lart complet des architectures MDO mono-niveau et multi-

    niveaux dans une srie darticles intitul Multidisciplinary Design Optimization : State of Art ;

    [ALE97] tudie la convergence de certaines stratgies de coordination pour des architectures multi-niveaux ;

    [BAL97] porte pour la sparation comme un moyen pour assurer lautonomie des diffrentes disciplines dans un systme ;

    [SOB97] publie une tude exhaustive de la littrature de la MDO jusqu ce moment l ; [AGT09] prsente avec un groupe de chercheurs de diffrentes nationalits lvolution des

    architectures MDO.

  • Contexte gnral

    22

    [RAM et BRI 12] proposent des formulations MDO combines la technique (Space-Mapping) pour la rduction du temps de calcul avec la paralllisation.

    Ces dernires annes, la MDO devient un domaine de recherche trs actif, de nouvelles architectures ont t dveloppes et plusieurs applications russies de la MDO ont vu le jour dans lindustrie et surtout en aronautique [WIL03] et [PIP07]. Un article sorti en 2009 [TOS09] regroupe plusieurs architectures dveloppes dans les annes 2000 et qui ne sont pas cites dans les articles prcdents. Toutefois, il ny a pas actuellement ( notre connaissance) un tat de lart complet qui regroupe toutes les architectures MDO avec une comparaison de leurs caractristiques, avantages et performances.

    Dans cette section, le but est de prsenter les principales architectures MDO cites dans la littrature avec une seule notation pour faciliter aux lecteurs la comprhension de ces architectures et de leur permettre de faire une comparaison rapide entre elles.

    Comme nous lavons cit auparavant, les architectures MDO se regroupent en deux grandes familles selon le nombre de niveaux considr : les architectures avec un seul niveau doptimisation dites architecture mono-niveau et les architectures avec deux niveaux doptimisation ou plus dites architectures multi-niveaux .

    Architectures MDO mono-niveau :

    Si nous ignorons les limites des disciplines, un problme MDO nest rien de plus quun simple problme de programmation non-linaire contraintes : il faut trouver le bon ensemble de variables de dcision pour minimiser ou maximiser une ou plusieurs fonctions objectives tout en respectant les contraintes du problme. Le comportement de chaque composant du systme est reprsent par un modle danalyse qui peut prendre plusieurs formes : quations mathmatiques, mta-modle, tableau de valeurs, simulation,....

    Lun des principaux dfis de la MDO est de savoir comment grer les couplages qui existent au sein du systme. En effet, les modles danalyse des diffrentes disciplines sont mutuellement interdpendants : le modle de la discipline i ncessite les sorties du modle de la discipline j . bien que cette interdpendance soit ignore en pratique grce lutilisation des optimisations indpendantes qui se produisent en parallle ou en squentiel, la considration des couplages conduit gnralement une reprsentation plus prcise du comportement du systme. Les architectures MDO offrent un cadre formel cohrent pour grer ces couplages dans le processus de conception.

    Les architectures prsentes dans cette section sont appeles architectures mono-niveau . Dans de telles architectures, le problme MDO est rsolu comme tant un problme doptimisation unique, cest--dire, dans une seule boucle doptimisation ou par des optimisations squentielles.

  • Contexte gnral

    23

    Dans cette thse, nous nous sintressons deux types darchitectures mono-niveau : une architecture globale (appele souvent MDF dans la littrature pour Multi-Discipline Feasible) et une architecture squentielle.

    La Fig.1- 13 reprsente une architecture globale, le problme MDO est dfini comme suit :

    0)(

    0)( : Avec

    rapport Par

    )( Minimiser

    xHxG

    xxf

    x est le vecteur des variables de dcision du problme de conception global. Ce vecteur englobe les variables de dcision de toutes les disciplines intervenant dans la modlisation du systme. Une partie de ces variables de dcision sont des variables de couplage entre deux ou plusieurs disciplines y .

    G est le vecteur des contraintes dingalit du problme de conception.

    H est le vecteur des contraintes dgalit du problme de conception.

    Optimiseur

    Discipline 1

    X

    X1,Y

    Discipline 2 Discipline 3

    X2,Y X3,Y

    Z1 Z2 Z3

    F,G,H

    Analyse multidisciplinaire

    Fig.1- 13 : Approche doptimisation globale

    La Fig.1- 14 reprsente une architecture squentielle avec deux problmes doptimisation. Dans une telle formulation, nous commenons par optimiser la conception dune partie du systme indpendamment du reste. Une fois que ce problme de conception converge vers une solution optimale, nous passons la deuxime partie du systme. La conception du deuxime sous-systme doit prendre en considration le vecteur des variables de couplage transmis par le premier sous-systme pour assurer la cohrence entre les deux parties. Pour cela, les variables de couplages sont traites par des contraintes dgalit dans le deuxime sous-systme ce qui reprsente une perte de degr de libert pour son optimiseur.

  • Contexte gnral

    24

    Optimiseur

    Discipline 1

    X1 F1,G1,H1

    Optimiseur

    Discipline 2

    X2 F2,G2,H2,H2cY

    Fig.1- 14 : Approche doptimisation squentielle

    Le premier problme est dfini comme suit :

    0)(

    0)( : Avec

    rapport Par

    )( Minimiser

    11

    11

    1

    11

    xHxG

    xxf

    Le deuxime problme doptimisation est dfini comme suit :

    0)(

    0)(

    0)( : Avec

    rapport Par

    )( Minimiser

    2

    22

    22

    2

    22

    yHxHxG

    xx

    c

    f

    ix est le vecteur des variables de dcision du problme de conception du rang i .

    if est la fonction objectif du problme de conception du rang i .

    c2H est le vecteur des contraintes de coordination entre les deux problmes doptimisation.

    Dans cette approche la fonction objectif globale est dfinie comme suit :

    ),F( 21 fff (1- 2)

    Architectures MDO multi-niveaux :

    Plusieurs architectures multi-niveaux sont proposes dans la littrature. Les diffrences qui existent entre une architecture multi-niveaux et une architecture mono-niveau peuvent tre rsumes en deux points :

    La prsence dun niveau systme ou systmier dans les architectures multi-niveaux pour grer les problmes de conception des niveaux infrieurs ;

  • Contexte gnral

    25

    La possibilit davoir plusieurs boucles doptimisation dans le mme niveau de conception.

    La Fig.1- 15 reprsente une architecture gnrale dune approche multi-niveaux.

    Fig.1- 15 : architecture gnrale dune approche doptimisation multi-niveaux

    Comme exemples darchitectures multi-niveaux nous pouvons citer :

    Concurrent SubSpace Optimization (CSSO) [BLO92] ; Collaborative optimization (CO) [BRA96] ;

    Bilevel Integrated System Synthesis (BLISS) [SOB00] ; Analytical Target Cascading (ATC) [KIM01].

    Dans ce travail, nous nous intressons lATC. Cette approche multi-niveaux sera prsente en dtail dans le quatrime chapitre de cette thse.

    8 Conclusion

    Ce chapitre introductif a dune part permis de situer le contexte applicatif de notre tude, li lavion plus lectrique et les contraintes notamment normatives qui sy rfrent. Dautre part, nous avons introduit la dmarche mthodologique qui vise formaliser un processus de conception systmique par optimisation bas sur des approches issues de la MDO et plus spcifiquement multi-niveaux. Avant de parvenir ces formulations, la premire tape, objet du second chapitre consiste btir le modle de dimensionnement pour les diverses disciplines couples au sein du systme.

    Optimiseur global

    Modle Discipline 1

    X,

    X 1 ,Y,..

    Z 1

    F,G,H,

    Optimiseur1

    Modle Discipline 2

    X 2 ,Y,..

    Z 2

    Optimiseur2

    Modle Discipline 3

    X 3 ,Y,..

    Z 3

    Optimiseur3

  • 26

    CHAPITRE 2

    MODELE ANALYTIQUE MULTI-PHYSIQUE DU VCS

  • Modle analytique multi-physique du VCS

    27

    1 Introduction :

    Dans un objectif de conception par optimisation d'un systme, nous devons disposer de modles qui permettent d'valuer convenablement, partir de grandeurs dimensionnantes (variables de dcisions), les indicateurs (objectifs et contraintes) jugs pertinents pour dfinir sa structure, son fonctionnement et sa faisabilit dans son environnement.

    Dans notre travail, les systmes tudis peuvent coupler plusieurs disciplines savoir la mcanique, la thermique, llectricit et llectromagntisme. Pour dcrire ces physiques, plusieurs mthodes de modlisation peuvent tre envisages : analytique, lments finis, volumes finis, rseaux dadmittances, bond graph ... Le choix dune mthode de modlisation est fait selon plusieurs critres. Parmi ces critres, nous pouvons citer : la nature du phnomne, la prcision voulue, la complexit du systme tudi ou encore le temps de calcul... Le but derrire la modlisation de notre systme lectromcanique est loptimisation de sa conception selon des critres quon fixe lavance. Dans ce contexte, il parait vident et logique de sorienter vers une modlisation qui offre un trs bon compromis entre prcision et temps de calcul (loptimisation du systme ncessite un nombre important dappels du modle pour lvaluation des contraintes et des objectifs). Par consquent, afin de permettre dapprhender la vision globale de systmes complexes et htrognes, nous avons opt pour un modle analytique pour les trois parties du dispositif (actionneur, onduleur et filtre dentre).

    Un modle analytique est constitu entirement dquations mathmatiques reprsentant les caractristiques physiques du systme. Le reproche souvent oppos ce type de modlisation est la qualit de ses rsultats (prcision) ; pour cela un travail de validation de modle par des mthodes plus fines est fortement conseill. Dans lAnnexe. I, un travail de validation par lments finis est ainsi ralis sur un ensemble de machines issues du processus doptimisation.

    Le systme tudi est compos de trois parties de diffrentes disciplines : une machine synchrone aimant permanent, un onduleur de tension deux niveaux et un filtre dentre passif. Apres avoir montr l'intrt de la haute vitesse pour les systmes embarqus ainsi que les diffrentes topologies de machines envisageables, nous dtaillons les principaux aspects de la modlisation analytique de la machine synchrone aimants permanents monts en surface. Ces modles permettent destimer les deux objectifs les plus pertinents pour les applications embarques (masse et pertes) et dvaluer les diffrentes contraintes du problme (gomtriques, lectromagntiques, thermiques et de contrle).

    Ensuite, les diffrents aspects de la modlisation de londuleur de tension sont voqus. A travers une linarisation des interrupteurs de puissance, du boitier et du systme de refroidissement, la plupart des caractristiques de londuleur de tension sont dtermines y compris sa masse. Un modle tempo-frquentiel est utilis pour la reconstitution des signaux lectriques lentre et la sortie de londuleur de tension. Ce modle permet de synthtiser les contraintes de qualit rseau et dvaluer le rendement de londuleur en calculant ses diffrentes pertes.

    Aprs, nous nous intressons au filtre dentre qui remplit une fonction principale dans notre systme en assurant le respect de la qualit rseau impose par le systmier (AIRBUS). Le filtre est

  • Modle analytique multi-physique du VCS

    28

    modlis par un circuit quivalent dadmittance afin de dterminer les grandeurs lectriques son entre et sa sortie. Pour valuer la masse et les pertes du filtre, nous proposons des modles simples pour les capacits et la rsistance bass sur linterpolation des donnes issues de donnes de diffrents constructeurs. Un modle plus fin est adopt pour la caractrisation de linductance.

    Finalement, nous proposons une mthode de traitement des modles analytiques par une approche dite DSM (Design Structure Matrix). Cette mthode matricielle permet dans un premier temps de restructurer les modles analytiques pour faciliter leur manipulation et pour mieux dfinir les couplages entre les diffrentes variables intervenant dans ces modles. Elle constituera ensuite, dans le troisime chapitre, la base dune mthode daide au choix des variables de dcisions (paramtres dentre du modle).

    2 Machines haute vitesse :

    2.1 Dfinition de la haute vitesse :

    Plusieurs tentatives de dfinition de la haute vitesse ont t proposes dans la littrature [MAE95, RAH04, BIN07]. Dans toutes ces rfrences, la haute vitesse ne peut pas tre caractrise seulement par la vitesse de rotation , les dimensions de la machine (surtout le rayon extrieur du rotor) doivent tre aussi un critre de dfinition. Cependant, la taille de la machine permet de prendre en compte les contraintes mcaniques qui caractrisent la haute vitesse. Ainsi, une machine

    haute vitesse est rigoureusement caractrise par sa vitesse tangentielle (ou priphrique) TangV et non par sa vitesse de rotation . Un tel raisonnement pourrait avoir un sens, puisque le facteur limitant de la vitesse de rotation est bien le stress mcanique sur le rotor qui est principalement dfini en fonction de la vitesse tangentielle de la machine. Les deux vitesses sont relies par la relation suivante :

    EXTrotTang RV (2- 1)

    O EXTrotR est le rayon extrieur du rotor.

    Selon cette dfinition, les trs grands gnrateurs fonctionnant 50/60 Hz sont aussi considrs parmi les machines haute vitesse alors qu'ils nont, en aucun cas, les caractristiques connues de ces machines. Pour cette raison, Binder et Schneider proposent de ne considrer comme machines haute vitesse que celles vitesse variable alimentes par un onduleur [BIN07].

    Une dfinition plus gnrale de la haute vitesse t propose par [REZ11] dans son ouvrage machines lectriques non conventionnelles : chaque fois que la vitesse de rotation intervient comme contrainte majeure, de faon directe ou indirecte, dans la conception et le dimensionnement de la machine lectrique, on parle de machine haute vitesse. En sappuyant sur cette dfinition, nous pouvons considrer les actionneurs sujets de cette thse comme des machines haute vitesse. Limpact de la vitesse de rotation (entre 8000 et 16000 Tr/min) est bien dtaill dans le chapitre III.

  • Modle analytique multi-physique du VCS

    29

    2.2 Pourquoi la haute vitesse :

    Les machines haute vitesse prsentent des avantages multiples dans plusieurs domaines d'application et surtout pour les systmes embarqus. Elles offrent un gain de compacit trs apprci par plusieurs secteurs comme en aronautique et dans lautomobile, secteurs qui cherchent gagner le maximum possible de masse et volume embarqus dans leurs systmes. A volume donn, l'augmentation en vitesse permet d'augmenter la puissance lectrique de la machine, cela signifie une amlioration importante de la puissance volumique et massique disponible.

    La puissance lectromagntique dveloppe par une machine lectrique tournante peut sexprimer partir de la force magntique tangentielle dfinie par le tenseur de Maxwell [BIN13].

    max2 ntrEM BHVP (2- 2)

    O rV est le volume du rotor ; max

    nB est la valeur maximale de la composante normale de

    linduction dans lentrefer et tH la valeur efficace de la composante tangentielle du champ magntique. Elle sexprime gnralement en fonction de la densit linique de courant LA par :

    s

    ssLt r

    INmAH

    (2- 3)

    O m est le nombre de phase ; ss IN est la valeur efficace de la force magntomotrice par

    phase et sr le rayon d'alsage du stator.

    En dfinissant rdrR , le rapport du rayon dalsage sr sur le rayon extrieur du stator, la puissance volumique de la machine lectrique peut scrire :

    max22 nLrdrVol BARP (2- 4)

    L'analyse de cette relation permet d'identifier les paramtres sur lesquels doit jouer le concepteur pour amliorer la densit de puissance de la machine.

    Augmenter la charge linique de courant LA : selon la qualit de l'isolant du bobinage (Tab.2- 1) et le mode de refroidissement adopt ; la densit de courant peut aller de 2.5 jusqu' 20 A/mm [REZ11]. Les limitations thermiques sont les contraintes principales pour cette solution, lamlioration de la qualit des isolants et des systmes de refroidissement peut repousser les limites actuelles.

    Augmenter le niveau de l'induction maxnB : au niveau de l'entrefer, cette augmentation permettra d'amliorer le couple de la machine, tandis qu'au niveau du stator (culasse et dents) la saturation des matriaux magntiques contraint cette solution. Les recherches dans ce domaine apportent continuellement des amliorations l'image de nouveaux matriaux haute induction de saturation (suprieure 2T pour des alliages Fer-Cobalt, Fer-Si ou Fer pur [TEC]).

  • Modle analytique multi-physique du VCS

    30

    Augmenter la vitesse de rotation : la vitesse de rsonance et les efforts centrifuges vont limiter la vitesse de rotation de l'arbre [LAR90, ZWY06, ZHO07].

    Parmi les trois solutions cites, l'augmentation de la vitesse de rotation de la machine est la plus efficace pour l'amlioration de la densit de puissance. Cependant, les deux premires solutions permettent d'atteindre les limites thermiques et magntiques qui sont gnralement plus svres et plus difficiles contourner que les problmes mcaniques lis la haute vitesse. Les progrs technologiques probables sur ces deux secteurs (refroidissement diphasique, nouveaux matriaux magntiques) constituent cependant une voie de progrs.

    Tab.2- 1 : Classes d'isolants selon les normes IEC 85 et UL 1446 [DUP]

    Classe de temprature IEC 85

    Temprature maximale au point le

    plus chaud

    Classe de temprature UL 1446

    Temprature maximale au point le

    plus chaud Y 90 - 90 A 105 - 105 E 120 - 120 B 130 B 130 F 155 F 155 H 180 H 180

    200 200 N 200 220 220 R 220 250 250 S 240

    * * >240 >240 * Au-del de 250C, chaque classe de temprature est suprieure de 25C la prcdente.

    3 Choix de la topologie de la HSPMSM :

    Diffrentes topologies du rotor structure cylindrique illustrs dans la Fig.2- 1 sont envisageables selon la disposition des aimants. Parmi les diffrentes morphologies de rotor, nous retenons la topologie aimants monts en surface base cylindrique (a), appele ples lisses ou sans pices polaires.

    Cette topologie a t impose dans le cahier de charges par LIEBHERR-Toulouse Aerospace. Associe une frette de maintien, cette structure constitue en effet le meilleur choix pour le fonctionnement haute vitesse. Elle offre une rsistance mcanique en rotation suprieure la structure aimants enterrs (d) [BIN06], ce qui permet datteindre des vitesses suprieures. En plus davoir une robustesse mcanique suprieure, la structure adopte est approprie, car offrant un THD (Taux harmonique de distorsion) de la force contre-lectromotrice plus faible [NAG05]. Enfin, une caractristique propre de la topologie (a) est davoir une rluctance constante le long de lentrefer, donc une inductance synchrone constante indpendante de la position mcanique du rotor. Linductance synchrone a une faible valeur, due la permabilit de l'aimant ajoute celle de lentrefer, toutes les deux proches de celle de lair. Dautre part, lpaisseur de la frette de maintien sajoutera lpaisseur de lentrefer mcanique de manire ce que la hauteur des aimants soit suffisante pour satisfaire le niveau dinduction dsir dans lentrefer.

  • Modle analytique multi-physique du VCS

    31

    Par rapport la structure base plate Fig.2- 1 (a), la topologie retenue est en revanche plus difficile fabriquer. Par contre, une caractristique propre de la topologie (a) est davoir une rluctance constante le long de lentrefer donc une inductance synchrone constante indpendante de la position mcanique du rotor [AND13].

    (a) (b) (c)

    (d) (e)

    Fig.2- 1 : Diffrentes topologies de rotor : aimants monts en surface (a et b) ; aimants insrs (c) ; aimants enterrs (e) ; concentration de flux (d)

    4 Modle multi-physique de la machine synchrone aimants permanents haute vitesse HSPMSM :

    Dans ce sous-chapitre, nous nous intressons la modlisation de la machine synchrone aimants permanents monts en surface pour des applications de haute vitesse. Ce modle est largement inspir des travaux de thse dA. De Andrade [AND13], mens par le LAPLACE et Liebherr Aerospace. En vue d'une conception par optimisation de l'HSPMSM, et a fortiori de son insertion dans un systme dactionnement complet (incluant filtre et onduleur), la modlisation analytique semble la plus adapte par rapport aux modles en lments finis ou en rseaux de permances. La simplicit des modles analytiques et leurs temps de calcul trs courts sont des avantages qui facilitent les tches de l'optimiseur. En plus, moins d'informations sont ncessaires pour la dfinition du systme contrairement aux autres modles qui ncessitent parfois un trs grand nombre de donnes d'entre. Cependant, ces modles sont moins prcis compars aux lments finis par exemple, puisqu'ils ncessitent des hypothses de simplification gnralement valables pour un domaine de fonctionnement bien prcis. Par consquent, afin doptimiser le compromis rapidit-validit, un recalage du modle analytique via une validation par lment finis est toujours indispensable. Ce recalage peut (doit) tre fait a priori (avant optimisation) sur un modle de rfrence puis a posteriori (post optimisation) sur quelques solutions particulires juges optimales.

    Le modle doit dcrire tous les phnomnes physiques intervenant dans le fonctionnement de la machine. Aprs la dfinition de la gomtrie de la machine, un modle magntique permet de

  • Modle analytique multi-physique du VCS

    32

    calculer la plupart de ses dimensions. Ensuite, un modle lectrique permet de dfinir les diffrents paramtres lectriques de la machine. A ce stade, la structure de la machine est totalement dfinie et ses masse et volume sont ainsi dtermins. Les pertes dans les diffrentes parties de la machine sont calcules pour chaque point de fonctionnement de la mission de vol. Finalement, la machine conue doit rpondre des exigences particulires en termes de la tenue thermique de ses diffrentes parties et de l'tat magntique des aimants. Ainsi, un modle thermique est propos tenant compte des systmes de refroidissement dfinis dans le cahier des charges impos par la socit LIEBHERR Aerospace-Toulouse.

    Pr-simulatuion

    Modle gomtrique

    NS

    Modle magntique

    Modle lectrique

    DimensionsMachine

    Post-simulatuion

    Plancouple x vitesse

    pilotage

    rotor statorentrefer

    rendement

    Modle de pertes

    Modle thermique

    DimensionsMachine

    Paramtres duCircuit lectrique

    Fig.2- 2 : schma descriptif des diffrentes facettes du modle analytique de lactionneur et leurs interactions

    4.1 Gomtrie de la machine :

    La Fig.2- 3 reprsente une coupe verticale de la machine. Le stator est caractris par la forme droite des dents et trapzodale des encoches. Cette configuration permet une meilleure pntration du flux magntique. Les aimants sont colls sur la culasse rotorique et spars par des intercalaires en aluminium dont la fonction principale est d'assurer leur positionnement et de les protger vis--vis des courants de Foucault.

    La dtermination des paramtres gomtriques de la machine se fait en fonction du modle magntique prenant en compte les bobinages statoriques, les aimants et les matriaux des lments constitutifs de la machine.

    Dans le Tab.2- 2, nous dfinissons quelques paramtres gomtriques utiliss par la suite dans les quations de dimensionnement de la machine.

    Fig.2- 3 : coupe verticale de lactionneur HSPMSM

  • Modle analytique multi-physique du VCS

    33

    Fig.2- 4 : visualisation du pas dencoche et du pas dentaire

    Tab.2- 2 : relations utilises pour le dimensionnement de lactionneur HSPMSM

    sg (entrefer total quivalent total) (2- 5)

    prS

    p

    2

    (pas polaire) (2- 6)

    enc

    Senc N

    r

    2 (pas dencoche voir Fig.2- 4) (2- 7)

    eppencd NpmN

    2

    (angle du pas dentaire (voir Fig.2- 4) ) (2- 8)

    dp (angle lectrique du pas dentaire) (2- 9)

    grSm

    magnet

    (angle douverture externe daimant) (2- 10)

    magnetp pK (panouissement daimant) (2- 11)

    O p est le nombre de paires de ples ; eppN le nombre dencoches par ple et par phase et

    m le nombre de phases considr.

    4.2 Modle magntique :

    Dans cette partie, nous nous intressons aux diffrents aspects lis aux phnomnes magntiques dans la machine dont les principaux acteurs sont les aimants au rotor et les bobines des phases statoriques. Les problmatiques lies lentrefer, au flux de fuites des aimants, la raction dinduit et la dmagntisation des aimants sont abordes.

    Parmi les diffrents modles possibles, nous avons dvelopp un modle bas sur la circulation du champ magntique cr par un aimant. Les avantages de ce modle concernent surtout le comportement magntique dans lentrefer (paramtre important pour la haute vitesse) et la possibilit davoir un modle gnrique pour diffrentes configurations de lactionneur, fonction du nombre dencoches et du nombre de paires de ples du rotor.

    Le modle circulation de champ magntique est bas sur les quatre quations de Maxwell complmentes par les relations de constitution qui permettent de dfinir le problme lectromagntique. Le modle suppose les hypothses simplificatrices suivantes :

  • Modle analytique multi-physique du VCS

    34

    Ltude de lactionneur est porte sur le domaine de la quasi-statique dans lequel la dynamique de lactionneur est analyse pas pas dans le temps et en respectant la condition suivante :

    .f elec

    2

    1 (2- 12)

    O elecf est la frquence du champ tournant ; est la permittivit lectrique et est la conductivit lectrique des matriaux.

    La densit statique de charges lectriques volumiques uniformment nulle nous

    p