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DEUX ANS APRÈS… LA SUITE DE L’HISTOIRED’après la série télé écrite

par Anne Boyer et Michel d’Astous

À LIRE

H élène s’est difficilement remise du décès d’Étienne et,

depuis cette épreuve, elle a renoncé à l’amour. Elle est

donc la première surprise d’éprouver une attirance en-

vers Gabriel Delisle, un client qui la consulte pour une cause de

divorce. Question d’éthique professionnelle, Hélène et Gabriel

choisissent d’attendre la fin des procédures pour laisser libre

cours à leur amour naissant. Mais le jour où ils peuvent enfin

vivre leur idylle, voilà qu’un terrible obstacle les sépare et jette

une ombre sur leur nouvelle relation. Gabriel est-il vraiment

celui qu’il prétend être ? Plongée dans la tourmente, Hélène ne

sait plus que penser. Tant que la vérité n’aura pas été dévoilée,

elle ne pourra tendre les bras vers celui qu’elle désire.

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RomanHélène

ANNE BOYERavec la collaboration de

Dominique Drouin

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Pour découvrir l’univers de Hélène au fil des pages, rendez-vous sur romansyamaska.com

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Chapitre 1

Le soleil descend paresseusement sur le cimetière de Granby. Ce 1er septembre est une vraie journée d’été et Hélène a passé les deux dernières heures près de la pierre tombale d’Étienne. Deux ans déjà… Un cancer foudroyant a emporté son mari, le grand amour de sa vie. Hélène a eu l’idée d’apporter une couverture pour faire une sieste à l’ombre du grand saule au bord de la rivière Yamaska. Un temps volé à sa vie mouvementée d’avocate toujours prise entre un rendez-vous et un procès à la cour.

Elle serait bien restée là encore un peu à rêvasser et à somnoler, mais Julie et Réjanne, ses amies, l’attendent pour leur traditionnel souper de filles. Depuis le décès d’Étienne, les trois quinquagé-naires se voient régulièrement. À la fois sacrées et nécessaires, ces rencontres leur ont plus d’une fois « sauvé la vie », comme elles se plaisent à le dire. Il y en a eu des drôles, des sérieuses, des tendres et des affreusement tristes, comme celles qui ont suivi la mort d’Étienne. Mais l’amitié de ces femmes, si différentes les unes des autres, s’est maintenue malgré les années et les chicanes passa-gères, les hauts et les bas de leurs vies.

Le Noël suivant le décès d’Étienne, Hélène ne réussissait pas à prononcer son nom sans éclater en sanglots. Malgré la bonne vo-lonté de tout le monde, elle avait traversé les fêtes comme dans un

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brouillard. En dépit de leur peine, son fils Olivier et Marthe, la mère d’Étienne, avaient organisé un réveillon le 24 décembre et Julie l’avait invitée le 25. Hélène s’était fait violence pour y aller afin de ne pas les décevoir, mais elle était cloîtrée dans sa bulle de tristesse. Personne ne saisissait exactement le désarroi de cette femme de carrière qui semblait si forte et si volontaire. Pour la première fois de sa vie, Hélène se sentait complètement démunie, privée du goût de se battre qui avait toujours été sa force.

Rapaillant ses effets, elle aperçoit son fils, tout à ses pensées, qui s’approche de sa démarche chaloupée. Comme elle, il vient régulièrement se recueillir sur la tombe d’Étienne. Hélène re-garde son beau grand garçon avec fierté. Un sentiment de grati-tude aussi qu’il lui ait pardonné ses années d’errance maternelle. C’est Étienne qui a pris soin de leur fils à partir de leur sépara-tion. Olivier avait dix ans. À cette époque, elle était convaincue d’être la pire mère au monde, que sa présence dans la vie de son fils était non seulement inutile mais nuisible. Elle s’était retirée, enfuie même. Et sa consommation d’alcool avait alors décuplé : pour oublier son incompétence, pour s’étourdir, pour remplir le vide. Mais tout ça était derrière elle depuis longtemps déjà. Olivier était désormais un adulte. La relation avec lui était main-tenant au beau fixe et ils s’étaient même rapprochés encore da-vantage depuis le décès d’Étienne. Olivier l’aperçoit enfin et lui sourit. Il arrive près d’elle et place une main sur son épaule en s’assoyant à ses côtés.

Ils restent un moment immobiles et silencieux à regarder la ri-vière, unis dans leurs souvenirs. Puis Olivier rompt le silence et déclare, fier :

— M’man, on a décidé de recommencer.Hélène comprend tout de suite : Olivier et Ingrid vont tenter,

une fois de plus, de faire un bébé.— Ça, c’est une bonne nouvelle !Après les funérailles d’Étienne, Ingrid avait annoncé qu’elle

était enceinte. Tout le monde avait salué cet encourageant signe

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du destin. Hélène, d’habitude très peu ésotérique, avait même pensé que l’âme d’Étienne allait peut-être se réincarner dans celle de son petit-enfant. Mais, quelques semaines plus tard, la jeune femme avait fait une fausse couche. C’est là qu’Olivier s’était réellement effondré. Il avait bravement tenu le coup pendant toute la maladie de son père, toujours souriant et positif : un soutien indéfectible pour Étienne et ensuite pour Hélène. Mais le double deuil de son père et de son bébé à naître l’avait plongé dans une dépression dont il se sortait à peine. Il n’avait recommencé à tra-vailler que deux mois plus tôt et ce désir de fonder une famille prenait des allures de nouveau départ.

— Vous méritez d’avoir une vie de famille comme vous le rêvez.

— Merci, m’man.— Comment ça va pour toi chez DuoBuzzz ?— Bien. Ça se place tranquillement.Hélène sent que le retour d’Olivier au travail est plus difficile

qu’il ne veut l’avouer. Mais elle connaît son grand. Inutile de ten-ter de lui tirer les vers du nez, il ne se confiera qu’à son heure.

— Faut que j’y aille. Julie et Réjanne m’attendent.— Je vais rester encore un peu, moi. Mais je vais aller te recon-

duire à ton auto.Mère et fils s’éloignent, bras dessus bras dessous. Pour la première fois depuis longtemps Hélène sent qu’ils sont tous les deux solides et confiants, qu’ils peuvent chacun se réinventer une vie. Mais laquelle ?

Hélène arrive la dernière au MacIntosh. Julie et Réjanne l’ac-cueillent à bras ouverts. Elles savent toutes les deux d’où Hélène arrive.

— Ça va ? demande Julie un peu soucieuse.— Très bien, la rassure Hélène avec conviction.

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— Fiou, rétorque Réjanne, cinq minutes encore et Julie allait te chercher.

— Non, non, je vous jure que ça va. Je suis restée longtemps, mais c’est correct.

On ne peut imaginer trio tissé plus serré ni plus désassorti. Réjanne, la blonde toujours un peu instable, inquiète et anxieuse, gérante d’une animalerie ; Julie, la brunette bouclée, énergique entrepreneure, proprio depuis de nombreuses années du centre de jardin le plus fréquenté de Granby ; et la grande Hélène, très classe, toujours impeccable, femme de carrière accomplie. Elles n’ont pas toujours été proches. Elles se sont d’abord fréquentées un peu par obligation, vu l’amitié qui unissait leurs maris. Puis, avec les années, les différences se sont estompées et plusieurs évé-nements les ont amenées à baisser la garde et à passer de la mé-fiance à la complicité. Aujourd’hui, les masques sont tombés et le trio est soudé.

Hélène, qui ne boit plus d’alcool depuis des années, commande une eau pétillante, alors que Julie et Réjanne optent pour un verre de vin. La conversation va déjà bon train. Réjanne, toujours aussi fébrile et loquace, raconte, sur un ton apparemment léger, son ré-cent séjour en Haïti. Hélène s’inquiète un peu. Ce troisième voyage semble avoir secoué son amie, visiblement traversée par le doute et les remises en question. Bien plus que la dernière fois quand elle y était allée avec Geoffroy, son fils, et Alicia, la conjointe de celui-ci.

Le plat principal arrive. Julie s’informe auprès d’Hélène.— Et puis, la vente de la maison d’Étienne ?— Ça va. Ils viennent prendre les photos pour le site Internet

dans quelques jours. Je rushe pour finir mon ménage et mon « homestaging ».

Réjanne est sceptique.— C’est-tu vraiment nécessaire de faire tout ça ? Franchement,

mettre des heures à placer ça d’une manière qu’on aime même pas. Je vois pas l’intérêt. On faisait pas ça avant, pis on vendait nos maisons pareil.

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— Selon Mario, c’est essentiel. Sinon, les acheteurs ne voient pas le potentiel.

— Mario, c’est ton agent d’immeubles ?Julie précise :— Tu te souviens, c’est l’ex de Rachel.— Ah oui, dit Réjanne en ayant une pensée pour Rachel qui

s’était suicidée quelques années auparavant.— La vanille sur le rond de poêle pour faire croire qu’on vient

de faire cuire un gâteau, ça marche-tu encore ? demande Julie.— Non, tout le monde connaît le truc, répond Hélène.— Achète de la citronnelle ou n’importe quoi aux agrumes,

suggère Réjanne. On fait ça dans les commerces de mon patron. Les gens trouvent que ça sent frais, propre. Ça les met dans de bonnes dispositions pour acheter.

— OK, dit Hélène, je retiens ça.— Olivier, lui, il est d’accord avec ça, la vente de la maison de

son père ? questionne Julie.— Il m’a dit que oui. Il comprend que c’est trop grand pour

moi toute seule.— C’est vrai. Vas-tu reprendre ton condo ? demande Réjanne.— C’est ça le plan. Ingrid et Olivier vont me le redonner. Ils

ont commencé à chercher ailleurs. Elles mangent un moment en silence. Puis Hélène s’intéresse au

retour au travail de Réjanne après son séjour en Haïti. Réjanne ne dit pas tout. Mais elle parle de la nouvelle employée, Martine, engagée pendant son absence, avec laquelle elle a plein d’atomes crochus.

— On se comprend. Elle est allée en Inde, il y a cinq ans. Elle aussi, elle a trouvé ça difficile, en revenant, de voir tout le gaspillage qu’il y a ici. La pauvre Martine… elle traverse un bout dur. Elle est séparée depuis deux ans, pis son maudit ex fait traîner le divorce.

— Maudits hommes, dit Julie à la blague.— C’est quand même vrai, réplique Réjanne toute sérieuse.— Comment tu peux dire ça, Réjanne, lui demande Hélène,

toi qui as un mari extraordinaire, amoureux, gentil…

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Réjanne sourit tendrement.— Mon Philou, c’est pas pareil… Quoiqu’il a eu ses moments

d’égarement, lui aussi.Hélène se tourne vers Julie.— Pis toi ?— William et moi, on est en lune de miel, les filles ! On a tout

le temps la maison à nous tout seuls, maintenant.Julie fait une mimique égrillarde. Les deux autres pouffent.— Fred, il est allé à Montréal ou à Sherbrooke finalement ?— À l’Université de Sherbrooke.Le repas se termine joyeusement. Hélène regarde ses amies avec

affection et se trouve chanceuse.

Le lendemain, Hélène sillonne les allées de la boutique de pro-duits naturels et se rappelle le conseil de Réjanne au sujet des odeurs pour la vente de la maison. Elle se dit qu’elle ne risque rien à acheter de l’huile essentielle à la citronnelle et en met une bou-teille dans son panier. Devant elle, à la caisse, un homme rigole avec la caissière. Il est grand, les cheveux poivre et sel et est plutôt séduisant. Hélène se surprend même à sourire des blagues qu’il fait. En l’observant, elle a la curieuse impression de l’avoir déjà vu, mais cette sensation fugace s’estompe dès qu’il sort.

Ce matin-là, Olivier récupère un peu de sommeil. Il a travaillé tard la veille, occupé dans un évènement organisé par DuoBuzzz pour la ville de Granby. Pour une rare fois depuis son retour au boulot, il n’a eu aucun accrochage avec Suzie la rebelle, qui tra-vaille désormais pour l’entreprise qu’ils ont créée, Théo et lui. La présence de Suzie, en couple avec Théo, ne lui plaît pas, mais il n’a pas encore osé en parler à ce dernier. Théo a tenu DuoBuzzz seul

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à bout de bras, après le décès d’Étienne, pendant les mois où Oli-vier a sombré dans la dépression. Il a demandé de l’aide à Suzie et, peu à peu, la jeune femme s’est installée en maîtresse des lieux. Elle et Olivier n’ont jamais eu d’atomes crochus, mais le fait de se voir chaque jour empire les choses.

Quand il se lève au milieu de la matinée, Ingrid est devant l’ordinateur, en train de finir un montage vidéo commercial. De-puis qu’ils ont emménagé dans le condo d’Hélène, Ingrid et Olivier en ont fait leur nid et ont changé la déco. Tout est maintenant épuré, dans les tons de crème.

Ingrid lève la tête de son écran, tout sourire. Quelle chance il a d’avoir cette femme dans sa vie, se dit-il. Sans elle, il ne serait pas passé à travers le deuil de son père. Il va la rejoindre à la table de la salle à manger.

— Oli ! J’ai vu une maison extraordinaire. En plein ce qu’il nous faut !

— Ah oui ?— J’ai pris rendez-vous pour qu’on aille la visiter demain.— OK.Olivier va faire son café matinal et revient s’asseoir avec

Ingrid.— Il y a autre chose aussi, lui dit Ingrid.— Quoi ?— Va falloir faire l’amour plusieurs fois dans les trois prochains

jours : j’ovule.— Méchante punition, lui répond Olivier, grand sourire au vi-

sage. Faut commencer quand ?— Dès que possible, rétorque Ingrid avec un regard exagéré-

ment aguichant.Sans avertissement, Olivier se lève, soulève Ingrid, qui crie de

surprise, et lui lance :— Pas de niaisage ! Allons faire un bébé, ma belle blonde !

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Hélène se laisse tomber dans un fauteuil du salon, claquée. Le ménage est terminé. Il reste bien quelques boîtes à aller porter au centre de dons, mais la maison est impeccable et prête pour la vente. Étienne y a vécu plus de 20 ans. C’est fou ce qu’on accu-mule au fil du temps. Le tri a parfois été déchirant. Olivier a même loué un espace dans un entrepôt pour pouvoir garder des objets et quelques meubles qu’il emportera avec lui dans sa future maison en souvenir de son père.

Le regard d’Hélène tombe sur une photo de son mariage avec Étienne. Pour la première fois, elle regarde le cliché sereinement, sans larmes. Dans le haut-parleur joue maintenant leur chanson. Ni le feu ni le vent. Bizarre, elle était certaine de l’avoir retirée de sa bibliothèque de chansons. Trop bouleversant. Mais aujourd’hui, c’est différent. Elle s’assoit à la table de la salle à manger pour l’écouter. C’est Étienne qui lui avait fait connaître cette chanson de Maryse Letarte deux ans plus tôt, le soir même du mariage, et ils l’avaient fait jouer mille fois au cours des deux mois qui avaient suivi, comme des adolescents. Je t’aime pour toujours. Et même jusqu’après demain. Plus fort qu’au premier jour…

Ce sursis, avant que le cancer terrasse Étienne, avait été une expérience unique dans la vie d’Hélène. Au bureau, Christine avait dû gérer les clients insatisfaits parce qu’Hélène ne voulait plus travailler. Elle voulait passer tout son temps avec son mari. Elle ne se sentait à sa place qu’en sa présence. Le reste n’avait plus aucune importance. Ils avaient beaucoup ri, avaient parlé d’eux, de leur fils, avaient pleuré dans les bras l’un de l’autre, avaient discuté de ce que serait la suite pour Hélène. Jamais elle ne s’était sentie aussi libre ni aussi heureuse que durant ces huit semaines. Ces moments avaient été les plus intenses de sa vie : émotivement, physiquement, mais aussi spirituellement. Une communion unique avec un autre être humain.

Puis, du jour au lendemain, la maladie avait durement rat-trapé Étienne. Les quatre mois suivants avaient été atroces. Étienne, vidé de son énergie, qui devait se résigner à rester cou-

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ché. Ses efforts pour ne pas leur montrer, à elle et à Olivier, à quel point il souffrait. Étienne en colère contre ce corps qui ne répon-dait plus, qui le trahissait. Ses cris de douleur, la nuit, quand il était à peine conscient. Étienne qui avait tellement maigri qu’on ne le reconnaissait plus. Étienne qui ne pouvait plus parler. Puis, finalement, Étienne qui rendait son dernier souffle, libéré de ses souffrances.

La chanson prend fin. Hélène est heureuse de constater qu’elle a franchi une autre étape de son deuil. Elle se lève, mue par un réflexe qu’elle ne comprend pas trop. Son ordinateur est posé sur la céramique bleue de l’îlot de la cuisine. Elle s’assoit et trouve rapidement ce qu’elle cherche. Elle commence à regarder les vi-déos de son mariage. Elle fait défiler les images de cette mémo-rable journée, les unes après les autres. Un sourire flotte sur ses lèvres. Ce qu’il était beau, son homme. Elle ne pleure pas, elle est enfin en paix.

Hélène ouvre la porte, Mario Roy est devant elle avec un photo-graphe venu prendre des photos de la maison. En entrant, Mario remarque aussitôt le changement depuis sa dernière visite.

— T’as travaillé fort.— Mets-en !— C’est parfait comme ça. C’est exactement ce qu’il fallait

faire : épurer, enlever le superflu. Bravo, Hélène !Le photographe connaît son travail. Il prend des photos par-

tout dans la maison, de tous les angles. Pendant ce temps, Hélène et Mario s’installent à la table de la salle à manger pour signer les derniers papiers. Mario est persuadé que la vente sera rapide.

— Ça traînera pas, tu vas voir ! La maison est au bon prix, elle est impeccable et je vais bien m’en occuper.

Pour Hélène, c’est une grosse page à tourner, mais elle est prête. Toute la famille a été consultée : Marthe et son conjoint Zachary,

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Oli et Ingrid. Tout le monde convient que c’est la meilleure déci-sion pour Hélène. Retourner au condo, avoir moins d’entretien, revenir à une vie plus simple : elle est rendue là.

Elle signe le dernier document, le sourire aux lèvres, satisfaite. La maison sera sur les réseaux de vente d’ici quelques jours.

Pendant qu’Hélène s’apprête à vendre la maison d’Étienne, Ingrid et Olivier finissent de visiter celle qu’ils souhaitent acquérir. Ils sont restés stoïques tout au long de la visite pour ne pas montrer leur trop grand intérêt mais, aussitôt assis dans l’auto, ils ne contiennent plus leur enthousiasme. La maison, toute bleue, est petite mais fonctionnelle. Elle est située en haut d’une butte qui donne une vue unique sur la campagne environnante malgré les voisins tout près. Une grande galerie, un peu bancale, se déploie sur deux côtés de la maison. Ingrid s’imagine déjà, assise avec son homme avant le souper, à siroter un apéro. Elle se voit aussi dans la cour arrière, pas immense mais toute gazonnée, à surveiller ses bambins. Elle a des frissons.

— As-tu le même feeling que moi ? s’exclame Ingrid, fébrile.— Tellement ! C’est notre maison.— Oh, Oli !!! Je suis si heureuse que tu l’aies aimée, toi aussi.Ils savent qu’elle a besoin d’amour ici et là, mais ils sont prêts à

se relever les manches. Elle est offerte à un prix qu’ils sont ca-pables de payer et a tout l’espace qu’ils souhaitent pour élever leurs enfants.

— On va faire ça à notre goût, pis on prendra le temps qu’il faut. On fait une offre, Oli. Faut pas se la faire voler !

— Faut quand même en voir d’autres. C’est la première qu’on visite.

— Même si on m’en propose mille, c’est celle-ci que je veux.Ingrid en rajoute. La seule pièce de la maison bleue qui ne de-

mande aucun changement est la petite chambre d’enfant, fraîche-

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par Anne Boyer et Michel d’Astous

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depuis cette épreuve, elle a renoncé à l’amour. Elle est

donc la première surprise d’éprouver une attirance en-

vers Gabriel Delisle, un client qui la consulte pour une cause de

divorce. Question d’éthique professionnelle, Hélène et Gabriel

choisissent d’attendre la fin des procédures pour laisser libre

cours à leur amour naissant. Mais le jour où ils peuvent enfin

vivre leur idylle, voilà qu’un terrible obstacle les sépare et jette

une ombre sur leur nouvelle relation. Gabriel est-il vraiment

celui qu’il prétend être ? Plongée dans la tourmente, Hélène ne

sait plus que penser. Tant que la vérité n’aura pas été dévoilée,

elle ne pourra tendre les bras vers celui qu’elle désire.

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ANNE BOYERavec la collaboration de

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