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comprendre, dbpister, avertir Le pro&s du dopage B Lille ktait d’actualit6, avec le dkoulement de deux khements scientificyes sur ce sujet au m&me moment : la rhnion du Club des Laboratoires d’Elsevier et une session de la CORATA 8 Poitiers. A Poitiers, le Pr J.-P Richalet a souligne le niveau exceptionnel auquel travaillent les sportifs de haut niveau : I’effort maximal exige de 20 a 30 fois plus d’energie qu’au repos. Le debit cardiaque peut septupler ; l’organisme doit eliminer I’exces de chaleur produite. Le systeme cardio-respiratoire et musculaire, le transport d’oxygene, diverses voies metaboliques travaillent au maximum. Mais leurs capacites dependent de I’en- trainement intensif, qui doit en principe les arneliorer. De facon naturelle, cette ameliora- tion a ses limites. D’ou la tentation d’utiliser des (1 produits illicites * : EPO, perfluoro- carbones (PFC), pour augmenter la capacite de transport d’oxygene, et des * substances exogenes * pour gerer le stress ne de la solli- citation physiologique extreme. Le m&lecin doit etre present dans la preparation du spor- tif et dans son suivi pour a eviter les cond- quences a long terme dune activite mal controlee *. Androghes Ce sont des anabolisants, mais prendre du muscle n’est pas sans risque pour le mor- photype sexuel et sans risque toxique (car- diaque, hepatique, neurologique). Le probleme est que le depistage urinaire n’est pas toujours discriminant. P. Kintz rap- pelle done I’inter& de I’analyse de cheveux, qui permet de distinguer la substance origi- nelle de metabolites possiblement naturels quand l’analyse d’urine est litigieuse. Mais ce type de controle (courant dans la recherche de toxicomanie) * ne semble pas etre a l’ordre du jour N. GH Chormone de croissance (GH), anabolisante, lipolytique et reconstituante (recuperation apres effort), peut entratner des complica- tions similaires a celles de l’acromegalie (car- diocirculatoires, tumorales). On evalue enco- re mal ses effets a doses therapeutiques, mais les sportifs en utiliseraient des doses excessives (?), selon J.-C. Souberbielle, qui Revue Fran&e das Laboratoires. d6cembre 2000, N” 328 precise que I’abus est actuellement impos- sible a prouver de facon formelle : similitude GH recombinante/GH naturelle, influence des apports surproteines (non interdits) et de I’effort intense sur sa secretion, existence de pits naturels de secretion. A l’etude : des tests bases sur les mediateurs tiseulaires (IGF) ou la comparaison de poids molecu- laires (kD) des GH. En attendant, le sportif positif est celui qui en a dans sa valise... class&s enfin comme stupefiants en 1971, done moins facile a se procurer et par ailleurs facilement detectables dans les urines. Ceci n’a pas emp&che les stupefiants de s’i,wtarmwtavacle*potbelge~(am- phetamine, h&dine, coca’ine, alcool). Certains medicaments a haute dose devien- nent des stupefiants (ephedrine). Et on decouvre que nombre de sportifs sont des adeptes du cannabis utilise comme .&datif psychologique. Le sport de haut niveau est bien entre dans la toxicomanie, dit P Mum Ce qui inquiete, c’est la tendance actuelle a banal&r I’usage des drogues et la facilite de s’en procurer. Pourquoi on se dope EPO CEPO fut un progres dans la mesure ou elle remplaca les dangereuses transfusions san- guines. En 1995, on a pu differencier I’EPO naturelle des formes re- combinantes et envisager un depistage pour mettre’ fin aux accidents thrombo-emboliques (hematocrite trop eleve), rappelle G. Dine. Avant le test urinaire utilise aux Jeux de Sydney, la suspi- cion de dopage a I’EPO reposait deja sur un pro- fil biologique evoquant une stimulation anormale de l’erythropoiese sur des parametres-cl& : hematocrite, recepteurs solubles de la transferrine (sTfR), fenitine - avec hyper- ferritinemie due a des injections de fer pour = optimiser * la production d’erythrocytes. G. Dine et toll. ont ainsi d&it une hepatosi- derose dysmetabolique iatrogene, evoquant I’hemochromatose sans les genes de predis- position (C262Y, H63D) - mais les porteurs de ces mutations mettent r&ellement leur vie en danger. Les prises excessives rep&es d’EP0 pourraient susciter des anticorps res- pom&les dune a&mii isol& d’origine cent&. Les conduites dopantes, note I? Laure, com- mencent chez les jeunes : 3 a 5 46 des ado- lescents recourent au dopage (on connatt m&me le cas d’un enfant de 6 ans), la consommation augmentant en fonction du nombre et du niveau des competitions : stimulants, produits surproteines, cmatine, antalgiques, cannabis, corticoTdes, sterdides anabolisants, amphetamines, coczivne, etc. 5 a 15 % des sportifs amateurs adultes En cherrhant bien, tous /es sports ant leurs problhnes de dopage. /I faut pro- t6ger /es sportifs de /a tent&ion du dopage et du vedettariatqui I’enclenche. admettent y sacrifier. Cacces aux produits est facile, qu’ils viennent de certains profession- nels de sante ou du marche clandestin. Chez certains sportifs et non sportifs, un tel comportement correspondrait a la recherche obsessionnelle de la performance dans la vie courante d&s le jeune age. J.-M. M. Stupkfiants II s’agit d’une veritable derive du dopage, dii P Mura. II y eut d’abord les amphetamines, Sources : 1 T CORATA. Poitiem. session scienti. fique - Le dopage du sportiT-, akc J.-P. Richalet (Bobigny), P Laws (Nanby-Brabois), P Kintz (Stmsbourg), J.-C. Souberbielle (Paris). G. Dine Vroyes), P. Mum (Poitiem).

Dopage des sportifs : comprendre, dépister, avertir

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Page 1: Dopage des sportifs : comprendre, dépister, avertir

comprendre, dbpister, avertir Le pro&s du dopage B Lille ktait d’actualit6, avec le dkoulement de deux khements scientificyes sur ce sujet au m&me moment :

la rhnion du Club des Laboratoires d’Elsevier et une session de

la CORATA 8 Poitiers.

A Poitiers, le Pr J.-P Richalet a souligne le

niveau exceptionnel auquel travaillent

les sportifs de haut niveau : I’effort maximal

exige de 20 a 30 fois plus d’energie qu’au

repos. Le debit cardiaque peut septupler ; l’organisme doit eliminer I’exces de chaleur

produite. Le systeme cardio-respiratoire et

musculaire, le transport d’oxygene, diverses

voies metaboliques travaillent au maximum.

Mais leurs capacites dependent de I’en-

trainement intensif, qui doit en principe les

arneliorer. De facon naturelle, cette ameliora-

tion a ses limites. D’ou la tentation d’utiliser

des (1 produits illicites * : EPO, perfluoro-

carbones (PFC), pour augmenter la capacite

de transport d’oxygene, et des * substances

exogenes * pour gerer le stress ne de la solli-

citation physiologique extreme. Le m&lecin

doit etre present dans la preparation du spor-

tif et dans son suivi pour a eviter les cond-

quences a long terme dune activite mal

controlee *.

Androghes Ce sont des anabolisants, mais prendre du

muscle n’est pas sans risque pour le mor-

photype sexuel et sans risque toxique (car-

diaque, hepatique, neurologique).

Le probleme est que le depistage urinaire

n’est pas toujours discriminant. P. Kintz rap-

pelle done I’inter& de I’analyse de cheveux,

qui permet de distinguer la substance origi-

nelle de metabolites possiblement naturels

quand l’analyse d’urine est litigieuse. Mais ce

type de controle (courant dans la recherche

de toxicomanie) * ne semble pas etre a l’ordre

du jour N.

GH Chormone de croissance (GH), anabolisante,

lipolytique et reconstituante (recuperation

apres effort), peut entratner des complica-

tions similaires a celles de l’acromegalie (car-

diocirculatoires, tumorales). On evalue enco-

re mal ses effets a doses therapeutiques,

mais les sportifs en utiliseraient des doses

excessives (?), selon J.-C. Souberbielle, qui

Revue Fran&e das Laboratoires. d6cembre 2000, N” 328

precise que I’abus est actuellement impos-

sible a prouver de facon formelle : similitude

GH recombinante/GH naturelle, influence

des apports surproteines (non interdits) et de

I’effort intense sur sa secretion, existence de

pits naturels de secretion. A l’etude : des

tests bases sur les mediateurs tiseulaires

(IGF) ou la comparaison de poids molecu-

laires (kD) des GH. En attendant, le sportif

positif est celui qui en a dans sa valise...

class&s enfin comme stupefiants en 1971,

done moins facile a se procurer et par ailleurs

facilement detectables dans les urines.

Ceci n’a pas emp&che les stupefiants de

s’i,wtarmwtavacle*potbelge~(am-

phetamine, h&dine, coca’ine, alcool).

Certains medicaments a haute dose devien-

nent des stupefiants (ephedrine). Et on

decouvre que nombre de sportifs sont des

adeptes du cannabis utilise comme .&datif

psychologique.

Le sport de haut niveau est bien entre dans la

toxicomanie, dit P Mum

Ce qui inquiete, c’est la tendance actuelle a

banal&r I’usage des drogues et la facilite de

s’en procurer.

Pourquoi on se dope

EPO CEPO fut un progres dans la mesure ou elle

remplaca les dangereuses transfusions san-

guines. En 1995, on a pu differencier I’EPO

naturelle des formes re-

combinantes et envisager

un depistage pour

mettre’ fin aux accidents

thrombo-emboliques

(hematocrite trop eleve),

rappelle G. Dine. Avant

le test urinaire utilise aux

Jeux de Sydney, la suspi-

cion de dopage a I’EPO

reposait deja sur un pro-

fil biologique evoquant

une stimulation anormale

de l’erythropoiese sur

des parametres-cl& : hematocrite, recepteurs

solubles de la transferrine

(sTfR), fenitine - avec hyper-

ferritinemie due a des injections de fer pour

= optimiser * la production d’erythrocytes.

G. Dine et toll. ont ainsi d&it une hepatosi-

derose dysmetabolique iatrogene, evoquant

I’hemochromatose sans les genes de predis-

position (C262Y, H63D) - mais les porteurs

de ces mutations mettent r&ellement leur vie

en danger. Les prises excessives rep&es

d’EP0 pourraient susciter des anticorps res-

pom&les dune a&mii isol& d’origine cent&.

Les conduites dopantes, note I? Laure, com-

mencent chez les jeunes : 3 a 5 46 des ado-

lescents recourent au dopage (on connatt

m&me le cas d’un enfant de 6 ans), la

consommation augmentant en fonction du

nombre et du niveau des competitions : stimulants, produits surproteines, cmatine,

antalgiques, cannabis, corticoTdes, sterdides

anabolisants, amphetamines, coczivne, etc.

5 a 15 % des sportifs amateurs adultes

En cherrhant bien, tous /es sports ant leurs problhnes de dopage. /I faut pro- t6ger /es sportifs de /a tent&ion du dopage et du vedettariat qui I’enclenche.

admettent y sacrifier. Cacces aux produits est

facile, qu’ils viennent de certains profession-

nels de sante ou du marche clandestin.

Chez certains sportifs et non sportifs, un tel

comportement correspondrait a la recherche

obsessionnelle de la performance dans la vie

courante d&s le jeune age.

J.-M. M.

Stupkfiants II s’agit d’une veritable derive du dopage, dii

P Mura. II y eut d’abord les amphetamines,

Sources : 1 T CORATA. Poitiem. session scienti. fique - Le dopage du sportiT -, akc J.-P. Richalet (Bobigny), P Laws (Nanby-Brabois), P Kintz (Stmsbourg), J.-C. Souberbielle (Paris). G. Dine Vroyes), P. Mum (Poitiem).