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MINIATURE DÉMESURE

dossier art visuels appiqués

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dissertation sur une problématique choisie. l'art et la démsure.

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MINIATUREDÉMESURE

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Sommaire 01

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04-11

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18-24

L’échelle comme outil de dénonciation dans l’analyse de la société.

L’individu acteur de la société de consommation. Mise en avant de l’uniformisation des individus.

Par un nouveau regard, induire une modification de l’échelle du spectateur.

Le choix de l’échelle dans la perte de la frontière entre réalité et fiction.

Le détail comme accroche à la réalité. L’échelle, met en doute cette réalité.

Manipuler le spectateur, par l’inversement de l’échelle. Fausser le rapport d’échelle.

L’échelle comme phénomène d’amplification.

Mettre en avant, passer de l’objet accessoire à l’objet principal. Pérennisation de l’objet par l’œuvre dans un but de sacralisation de l’objet.

Principe d’accumulation, de répétition d’un même élément.

Introduction

Conclusion

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À travers leurs œuvres, les artistes agissent sur le rapport d’échelle. Celle-ci se détermine en fonction de soi ou de son positionnement. Le rapport entretenu trouble et déstabilise le spectateur. En effet, les artistes utilisent l’échelle dans son excès, d’où résulte la miniature et le gigantisme.La représentation monumentale était davantage utilisée à des fins religieuses dans un esprit de vénération et d’élévation de l’œuvre. Aujourd’hui, les artistes l’utilisent jusqu’à en inverser le phénomène dans le but de faire naître une réflexion, un positionnement de la part du spectateur en agissant sur sa perception. Par une représentation exagérée de leurs œuvres, leur aspect monumental ou bien par la miniature et le modèle réduit, ils cherchent à interroger le spectateur.Alors comment, par la démesure ou la miniature, l’artiste peut-il troubler et interroger le spectateur ? L’échelle peut être utilisée dans un premier temps comme outil de dénonciation de la société. Dans un second temps, elle intervient comme élément déclencheur de la perte de la frontière entre la réalité et la fiction. Enfin, elle va permettre selon différents procédés, d’amplifier un phénomène, un objet, une personne ou un espace.

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Les artistes, en agissant sur la taille d’un objet ou d’un élément de la vie courante, vont mettre en avant l’indi-vidu. Celui-ci se laisse surpasser par une société de consommation où les produits standardisés, identiques ne sont que le reflet de la société actuelle. Dans la société de consommation, les individus sont fortement incités à la consommation de biens et de services. Leurs œuvres, dans un premier temps, frappent et interpellent le public par

leur frontalité. Ayant ainsi aiguisé la curiosité de leur public, les artistes les amènent dans un second temps à engager leur propre réflexion. C’est pourquoi la démesure ou la mi-niature vont permettre d’amplifier ou de faire valoir un phénomène commun pouvant être perçu comme banal. Par ces principes, ils mettent en avant ce que les individus tendent à minimiser, voire occulter. Les artistes, dans leur volonté de dénonciation d’une société très consommatrice allant jusqu’à une uniformisation de celle-ci mais égale-ment de ses individus, font le choix de la représentation de lieux de vie ou d’éléments significatifs dans le quo-tidien des hommes, c’est à dire des lieux non décisifs dans la construction identitaire. Par ces éléments évocateurs, les artistes souhaitent renvoyer le spectateur à réfléchir sur sa propre personne. En effet, les éléments que l’homme côtoie régulièrement, reflètent les besoins de la société et donc de l’individu. Par la manifestation de désirs communs, les moyens de communications vont procéder à leur diffusion dans le but de les maîtriser et de les utiliser. Les immenses affiches publicitaires ventant un produit ou une personnalité, sont placardées dans le quotidien et portent un message clair. Les artistes, eux, pré-sentent leurs œuvres de manière à sou-lever un questionnement. Leur message doit faire naitre une réflexion approfondie de la part du spectateur, celui-ci se trouvant face

à des éléments de son quotidien qui le renvoient à lui-même et à son mode de vie. Le spectateur en tant qu’acteur de la société va se sentir profondément impliqué dans l’œuvre. Dans la mesure où les artistes remettent en question les principes fondateurs de la société de consommation, le specta-teur va entamer un questionnement sur ses propres principes. Les artistes dérangent et intriguent car ils donnent à voir un élément du quo-tidien différemment.Pour cela, ils vont capter le regard, d’une manière frontale, c’est à dire, en imposant leurs œuvres au regard. C’est dans ce principe que Claes Oldenburg va ériger dans le quotidien en 1992, sa monumentale sculpture molle Apple Core. Celle-ci mesure trois mètres de haut et deux mètres de large. Cette sculpture est le reflet de la société de consommation à laquelle l’homme par-ticipe activement. L’exagération des dimensions donne un côté inquiétant. Dans ses œuvres il accroche le regard des passants. Ce trognon de pomme géant, attire le regard et vient occuper l’espace. Les passants s’intéressent à cet objet alors que dans la vie cou-rante, ils le consomment et le jettent sans s’en rendre compte. Par cette œuvre, l’artiste dénonce le geste méca-nique, et donne à voir le résultat d’une accumulation. Plusieurs déchets amènent à un gros déchet qui vient s’imposer aux indivi-dus et qui est le résultat de ces actes non maîtrisés.

«Dénonciation d’une société très

consommatrice»

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Claes Oldenburg Apple Core 1992300 x 200 x 200 cmAcier inoxydable, mousse d’uréthane, résine et émail d’uréthane.

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Détail.

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Immédiatement, à la vue de cette sculpture, le passant est interpellé et cherche à en comprendre le sens. Pourquoi est-elle là, pourquoi est-elle si énorme ? Très vite, le spectateur va se sentir impliqué et va prendre conscience de ses actes, même les petits gestes ont des conséquences et se ressentent dans notre société. Ainsi, l’individu dans la société est dépassé par le résultat de cette consomma-tion, l’accumulation. L’accumulation de produits de consommation entre dans le paysage quotidien des indivi-dus. Ceux-ci se trouvent alors face à un phénomène qui les dépasse. Sans réelle prise de conscience, ils par-ticipent à la croissance de cette accu-mulation. Par la taille de leurs œuvres, les artistes souhaitent donner de l’ampleur à ce phénomène qui tend à dépasser l’indi-vidu qui se trouve alors en second plan. Par un tel amoncellement, les individus s’effacent et se trouvent dominés par leurs propres désirs d’acquisition.

Également, cette quantité impression-nante dans la vie quotidienne, amène une perte de repère, où l’individu, devant tous ces produits imperson-nels, ne reconnaît plus son espace. Il est déstabilisé et vient occuper un espace minimal tant il est submergé par cette abondance. Andreas Gursky s’intéresse, dans sa photographie 99 Cents, à la place de l’homme dans de grands sites urbains afin de capter la dimension anormale de la vie liée aux moindres faits et gestes. Prise dans un supermarché, cette photographie dé-nonce le débordement de cette société axée sur la consommation. Pour cela, il met en avant l’accumulation et l’abon-dance. De ce fait, l’homme apparaît miniaturisé devant tant d’étalages. La structure géométrique mise en avant par les couleurs et leur répétition bien ordonnée tend à minimiser la présence humaine. Ainsi, par l’accumulation et la répétition, l’artiste aborde l’uniformi-sation de notre société. Gursky donne une vision des supermarchés différente du réel en utilisant un angle de vue inhabituel qui est celui d’une caméra de surveillance, en légère plongée. Le public reconnaît un lieu commun et fréquenté mais l’artiste le présente d’une manière étrangère avec une plus grande distanciation. Dans le but de déstabiliser la vision que le public se fait du réel, l’artiste, en plus de propo-ser des formats surdimensionnés, agit techniquement sur ses photographies pour accentuer le détail et rendre son message plus explicite.

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Les artistes souhaitent ainsi une réelle prise de conscience de leur public. Pour cela, ils donnent à voir des élé-ments, des fragments afin que celui-ci se fasse son propre jugement. Ils puisent dans le quotidien et le pré-sentent de manière à déstabiliser le pu-blic. Par le phénomène d’amplification ils cherchent à interpeller, surprendre, questionner. Ils donnent ainsi une im-portance non pas à un objet, mais au geste qui amène à cet objet.

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Andrea Gursky99 Cents1999206 x 339 cmPhotographie couleur

Détail.

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Thomas RuffAndrea Knobloch1990 210 x 165 cmÉpreuve couleurtirage 2/4

Musée nationnal

d’art moderne,

Centre Georges

Pompidou,

Paris

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Le changement d’échelle de ces élé-ments quotidiens va troubler le specta-teur dans la mesure où les artistes en font une représentation hors du com-mun. De ce fait, ils troublent le specta-teur, qui tente un rapprochement entre ce qu’il voit et ce qu’il connait. Les artistes souhaitent montrer que l’être humain, dans sa quête de diffé-renciation, tend au contraire vers son uniformisation. Les individus en aspi-rant aux mêmes désirs, en viennent à se ressembler. En tant qu’acteur de la société de consommation il est donc responsable de sa perte d’identité. Le consommateur devient alors un être parmi d’autres. C’est ce que Thomas Ruff, dans une série de portraits monu-mentaux dont celui d’Andrea Knobloch datant de 1990, souhaite dénoncer. En effet, cette épreuve de 2,10 mètres de hauteur sur 1,65 mètre de largeur, représente une femme sur un fond neutre, le visage figé où il est impos-sible de déceler la moindre émotion. Son nom et son prénom sont les seules indications qui éclairent le spectateur sur cette femme impénétrable. Cette inexpressivité peut faire naître l’idée du corps comme enveloppe corporelle, vidée de toute personnalité. Ainsi, les personnes photographiées n’ont pas d’identité propre. Ces individus seraient à l’image de la société étant donné qu’ils en sont les principaux ac-teurs et donc par conséquent, sa repré-sentation. Une représentation presque « anonyme », qui, malgré l’information sur le nom de la personne qui pose,

matérialise la perte d’identité dans la société actuelle. Ce portrait vient perturber l’image standardisée de la photographie d’identité que sont la neutralité du fond, l’inexpressivité des personnes mais également le ca-drage du haut du buste et du visage. En effet, de telles photographies sont destinées à être vue sous de très pe-tits formats. En reprenant ces codes, puis en choisissant de les exposer en grand format, l’artiste perturbe le spec-tateur et le force à avoir un nouveau regard sur l’individu. La présentation de ce portrait peut également rappeler ces grandes affiches de propagande, visibles aux yeux de tous. L’œuvre vient souligner cette disparition pro-gressive de l’identité de chacun. Force de consommation, l’individu va entrer dans un cercle vicieux, le poussant toujours plus à consommer et ainsi se laisser dépasser jusqu’à une perte de repères. Les artistes vont retranscrire cette société standardisée par une perte d’identité de l’individu, le plongeant alors dans l’anonymat.Par ailleurs, dans la cohabitation de dif-férentes échelles, les artistes amènent un décalage dans leurs œuvres et engagent une comparaison avec la société d’aujourd’hui afin d’en dénon-cer les revers. L’individu ne condamne pas ses actes ce qui entraine un dé-bordement dans la gestion du phé-nomène de consommation. En effet, partout dans le quotidien, la présence des restes de cette consommation est visible. Il en résulte un paysage boule-

versé et transformé. En modifiant la perception du spectateur par un phé-nomène de renversement des propor-tions, l’artiste va déstabiliser et faire réfléchir son public. Dans la volonté de faire partager leur regard sur la société mais aussi d’élargir celui de leur public, les artistes induisent une modification de l’échelle humaine ce qui trouble les repères standards et habituels. Ils vont permettre une mise en situation toute nouvelle, non acces-sible dans le quotidien des individus. De par la nouvelle place qu’il occupe, le spectateur va comprendre un fonc-tionnement jusqu’alors inconnu. En ef-fet, en réduisant la place du spectateur à une échelle plus petite que l’espace où il se situe, les artistes vont troubler ses repères par l’amplification d’un élément commun, le présentant alors sous un autre jour. Par ce procédé, les artistes souhaitent amener un nouveau regard sur la société et en montrer des détails en impliquant physiquement le public au sein de ce nouvel espace pourtant habituel. Cette nouvelle ap-proche de la société va permettre aux artistes d’impliquer leur public au plus profond de leur message.En impliquant le spectateur dans leurs œuvres et par le rapport étroit entre l’homme et la société, engagent une relation délicate à la société actuelle. Cette relation à la société est abordée subtilement, parfois même de manière poétique, ce qui permet l’entrée du pu-blic, selon le point de vue de chaque individu.

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Vincent Bousserez

Découverte

2001

76 x 114 cm, édition de 5

Détails.

C’est de cette manière que Vincent Bousserez à travers sa série photo-graphique Plastic Life, va mettre en scène de petits personnages de deux centimètres d’une très grande réalité, et ainsi déstabiliser son public. En effet, ces personnages miniatures sont représentés avec des objets du quoti-dien qui apparaissent démesurément grands face à eux. Découverte présente des personnes en combinaison hermé-tique dans un paysage de charbon, de barres de fer démesurées par rapport

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aux personnages. Ils semblent lutter contre la pollution, les déchets, re-présentés par un mégot de cigarette qui apparaît immense. Le spectateur s’identifie immédiatement à ces bons-hommes. Il se trouve donc face à un univers qu’il connait et pourtant, le rapport d’échelle le rend différent, voire inquiétant. L’homme aime penser qu’il est grand, fort et puissant. Par ces mises en scène, l’artiste montre à quel point l’homme est petit, fragile et que para-doxalement, ses actes ont des consé-quences qui le « dépassent ». Ainsi, les artistes peuvent dénoncer le caractère superficiel engendré par la société et donc sa fragilité. A travers la cohabita-tion de différentes échelles, les artistes dénoncent les multiples facettes inéga-litaires de la société. Par l’échelle ils peuvent faire valoir un élément, ou au contraire le minimiser. L’échelle dans une œuvre d’art est déterminée par le rapport au spectateur. L’artiste sou-haite mettre en évidence deux univers communs mais bien différents de par leurs tailles. Dans la société, l’homme est sans cesse amené à se comparer, à s’évaluer par rapport aux autres. Le spectateur de l’œuvre se trouve specta-teur du système sociétale. Nils Udo, pionnier du Land Art, avec son œuvre Gulliver’s Forest, à l’occa-sion du festival des jardins, opère un rapprochement avec la fragilité de la société en faisant dialoguer le minus-cule et gigantesque. Le spectateur est face à une cohabitation mais aussi à

une domination évidente des arbres gigantesques. Les petits arbres frêles cherchent à s’imposer par une surélé-vation. Ces deux catégories peuvent renvoyer directement au système ins-table de la société, à l’inégalité des chances, où le plus fort s’impose. Pourtant par l’idée d’une cohabitation, l’artiste laisse entendre un fonctionne-ment, certes inégalitaire mais fonction-nel. Udo souhaite montrer une société marquée par les différences.Dans leurs œuvres, en perturbant la place du spectateur dans l’espace, les artistes remettent en question la place de l’homme dans la société. Le spec-tateur en prend conscience à la fois d’une manière délicate par le biais de l’art mais également frontale par la force du message.

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«Perte de la

frontière entre

réalité et fiction»

personnelle et intime au spectateur. En effet, les artistes choisissent un mode de représentation proche du pu-blic par un réalisme éloquent, mais dés-tabilisent ses repères par des échelles inappropriées ou par des cadrages per-turbant la lecture, allant jusqu’à faire douter le spectateur de la réalité de la représentation.En présentant un élément ou son frag-ment par une échelle qui diffère de l’existant par l’excès de sa proportion, les artistes veulent atteindre une limite chez leur public. En effet, le trouble opéré par le choix de l’échelle, le conduit à faire appel à son imagina-tion. Les artistes, présentent une part de réel afin de donner une base concrète et matérielle au spectateur. Ainsi, ils le laissent libre de toute interprétation, tout en se rattachant à ce fragment de réalité. Ainsi, les artistes offre une liberté dirigée, contrôlée, dans l’imagi-naire du spectateur, qui va construire sa réflexion autour de ce qui lui appa-raît comme étant concret.C’est dans la présentation de sculp-tures hyperréalistes monumentales ou étrangement petites que Ron Mueck confronte le spectateur à l’intimité d’êtres inanimés. Au premier regard, le spectateur est frappé par la taille anor-male de ces sculptures. Il est déstabi-lisé car il se trouve face à des êtres aux caractéristiques humaines, donc très proche du public qui l’observe. Après s’être adapté à cet univers étrangement ressemblant au sien, le spectateur part

L’excès, dans la taille d’un élément, vient contredire le fait que chacun est caractérisé par une échelle qui lui est propre. De ce fait, un élément dont la taille a été modifiée ne peut plus être appréhendé de la même manière. Sa nature, sa fonction, sa place dans l’espace s’en trouve modifiée. Alors, une certaine irréalité ressort de celui-ci. Certaines de ses caractéristiques demeurent, mais son échelle vient per-turber les normes établies. Transparait alors une dimension fantastique, un monde parallèle à celui-du spectateur.Le désir de la perte de la frontière entre réalité et fiction vient donc se manifes-ter dans le choix de l’échelle. En effet, les artistes souhaitent atteindre chez le spectateur, la plus profonde limite qui le rattache à la matérialité d’un être, d’un objet ou d’un espace. Ils vont rechercher le point de nais-sance de l’incertitude quant à la réalité de ce qu’il voit. Par cette perplexité, le spectateur tente de se raccrocher à ses connaissances dans le but d’une reconstitution du réel. Il doit alors faire appel à son imagination. En accordant une très grande importance aux détails relevant du réel il leur faut trouver cette frontière qui permet le passage au doute, permettant alors la création de cet imaginaire. Pour cela, les artistes vont provoquer des désirs et des illu-sions chez le spectateur.Afin de faire comprendre leurs inten-tions, mais aussi dans le but de trou-bler leur public, ils cherchent à l’inter-roger et à l’amener vers une réflexion

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Ron Mueck

In Bed

2005

161,9 x 650 x

395 cm

Silicone, résine

polyester, peinture

à l’huile.

Détail.

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dans une découverte minutieuse de ces corps. Leur réalisme impressionnant alerte le spectateur qui entre alors dans l’intimité de la personne représentée. Ainsi, il opère un rapprochement entre lui et l’œuvre. Ron Mueck, de par la perfection des traits des ses sculptures, leur donne presque la vie. L’artiste pré-sente donc des êtres humains d’une parfaite réalité mais qui déstabilisent le regard du spectateur par leur taille incongrue. Le public, troublé par tant

de réalisme associé à une échelle rele-vant du fantastique va se questionner sur la réalité de ces personnages intri-gants. Ainsi, ces sculptures semblent appartenir à un autre monde, proche du spectateur par la ressemblance mais tellement éloigné par l’échelle utilisée. Cet autre monde, c’est au spectateur de se le représenter. L’artiste donne des détails de l’intimité de ces personnes. Le public les assimilent et, par la mise en scène, va laisser libre cours à son imagination dans la reconstitution de la vie de ces êtres. Ron Mueck fait donc appel à l’imaginaire de son public afin de faire vivre ses sculptures par le biais de leur créativité et de leur fantaisie.Dans In bed, en présentant cette femme géante dans son lit, l’artiste sou-haite davantage exposer des éléments intimes et personnels. Plongée dans ses pensées, elle semble mélancolique et ne remarque pas les « petits » spec-tateurs qui l’observent pourtant avec une grande attention. Cet immense dévoilement déstabilise le public. En partant des éléments introduits par l’ar-tiste, chaque personne se fait sa propre interprétation. Dans la volonté d’encrer le public dans la réalité, les artistes s’appuient sur le détail et permettent une entrée dans l’intimité de l’élément, du corps ou de l’espace observé.La photographie est un outil qui permet de les retranscrire dans leurs moindres détails. Elle permet de rendre compte d’une réalité. Pourtant, selon le choix du cadrage, des défauts dans les pro-portions peuvent être observés. Ainsi,

le cadrage permet une modification de la perception de l’objet. Sa représenta-tion va se trouver modifiée par rapport à ce qui est observé par l’œil. A travers l’objectif, des déformations sont visibles, comme l’allongement ou le rétrécissement de certaines parties. Ces déformations techniques amènent un dynamisme, un élan à l’élément représenté. Par des raccourcis ou des élongations, les artistes trompent le spectateur. Celui-ci se questionne sur le choix d’une telle transformation et cherche à identifier l’élément dans ses proportions réelles. Cette reconstitu-tion se déroule dans la tête du public qui l’imagine selon ses connaissances.C’est par le choix d’un cadrage particulier que John Coplan interroge le spectateur. En effet, l’artiste laisse pénétrer le spectateur dans son entière intimité en photographiant son corps nu mais aussi en agissant dessus. Le cadrage utilisé perturbe le spectateur qui est confronté à un corps, humain certes, mais dont il n’arrive plus à distinguer précisément les parties. Ainsi, le spectateur s’interroge sur la réalité du corps de l’artiste représenté. L’artiste a-t-il agit sur ses photographies ? En effet, Back with arms above, le représente de dos où seuls ses points fermés apparaissent en haut, à la place de la tête. En effet, Back with arms above, le représente de dos où seuls ses points fermés apparaissent en haut, à la place de la tête. Par le cadrage, John Coplan a donné une importance démesurée de son dos qui semble allongé. Il

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John Coplan

Back with arms above

1984

121,3 x 93,5 cm

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Sam O’Hare

Sreen Shot

2010

Détails.

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Patrick Tosani

Le Temple

1883

Collection Frac Bretagne

crée un paradoxe entre la réalité du corps photographié que le spectateur sait proportionnel par rapport aux normes, et son image qui en ressort disproportionnée. En agissant sur l’échelle, les artistes impliquent le spectateur dans leurs œuvres en le du-pant. Ils cherchent à « fausser » le rap-port d’échelle selon la perception du public. Pour cela, ils vont présenter un espace réel de manière à le faire perce-voir comme étant fictif ou au contraire, un espace fictif qu’ils vont présenter au public comme étant réel. Tout cela dans le but de le déstabiliser et de le troubler afin qu’il réfléchisse sur la réalité de ce qui lui est présenté. Pour se jouer de la réalité d’un espace exis-tant, les artistes vont agir sur la percep-tion du spectateur, et sur ses repères qui le rattachent au monde réel. Dans la représentation de cet espace, ils vont en inverser l’échelle par rapport à celle connue du public. En effet, ils vont faire paraître un espace immense comme rétréci, inadéquat à la taille humaine. C’est avec la technique pho-tographique Tilt Shift, qui consiste à recréer le mode macro dans un grand espace que Sam O’Hare, dans sa série Screen Shot, photographie la ville de New-York. La perseption est manipu-lée. Le public se croit face à la pho-tographie d’une maquette très réaliste. De cette manière, l’artiste manipulant le public, lui impose une direction par la création de zones floues et de zones nettes, mais aussi par le cadrage. Par ce choix l’artiste souhaite impliquer le

spectateur dans une partie précise, qui va le transporter et l’amener à chercher des réponses dans sa propre existence. Par ces nuances, la ville photographiée apparaît miniaturisée. De plus, la fron-talité de cette série, amène le specta-teur au cœur de l’œuvre, le déstabili-sant en le situant dans cet univers qui le perturbe. Inversement, mais dans une même volonté, Thomas Demand photographie des maquettes en carton d’espaces quotidiens qu’il expose en d’immenses formats. Le spectateur est, là encore, troublé car bien que face à des images de son univers quotidien, celui-ci lui apparaît étrange car recréé de toutes pièce par l’artiste. Ainsi, les artistes vont présenter un univers proche, abordable dans lequel le pu-blic a des repères, un vécu. Il se sent impliqué dans cet espace qu’il connaît et pourtant celui-ci paraît différent par l’impression d’irréalité. Patrick Tosani, dans Le Temple présente une archi-tecture prisonnière de la glace, repré-sentée par un glaçon. Le caractère éphémère du glaçon amené à fondre, permet au spectateur de croire à la renaissance de cette architecture. Le spectateur est troublé, en attente de cette libération. Il reconnaît la forme du temple, et l’associe à une architec-ture familière, stable, forte, qui perdure dans le temps. Le glaçon, petit, est pré-senté comme capable de contenir une construction imposante de l’histoire de l’homme. La question de l’espace réel et de l’espace représenté devient alors troublante. L’échelle véridique du

temple ne peut être contenue dans un espace de glace représenté par le glaçon. Cette vision se trouve pertur-bée par le choix du glaçon mais aussi par le papier journal dans lequel le temple se découpe. Cela tend à rendre la construction fragile. Le cadrage ne présente que sa façade. L’artiste cadre ainsi une partie de l’existant, et frag-mente la réalité. Le regard du specta-teur est troublé. Celui-ci ne sait plus où se trouve la réalité dans l’œuvre. Tirée en grand format, cette photographie déstabilise et questionne le specta-teur. L’artiste présente un espace d’une nouvelle manière au public afin de l’immerger dans un espace parallèle. En ne présentant qu’une partie ou un fragment de la réalité par des éléments communs, proches du public, les ar-tistes le déstabilisent. En effet, l’œuvre est réelle, parle du réel, de l’existant, du familier, mais ne permet pas un en-crage assez profond dans cette réalité, ce qui trouble le spectateur de l’œuvre. Bien que face à quelque chose de concret il en vient à douter de la maté-rialité de ce qu’il voit.

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«Un phénomène d’amplification»

le spectateur à avoir un autre regard, notamment sur des éléments auxquels ils ne prêtent guère d’attention du fait de leur utilisation mécanique et auto-matique. Par l’intensification du regard porté, les artistes vont apporter une plus grande sensibilité à ces éléments. Ils vont rendre plus intense la relation du public à l’objet. Par un phénomène d’amplification, notamment l’agrandis-sement de l’objet observé, les artistes vont mettre en avant un élément. Ils vont apporter un nouveau regard à cet élément considéré comme insignifiant ou ayant un rôle très secondaire dans la vie de l’homme.Dans la volonté de faire perdurer les éléments et de les sortir de l’oubli, les artistes vont agir sur leur taille et les présenter au spectateur de façon peu habituelle et surprenante. En effet, l’am-plification de l’échelle d’un élément va lui donner de l’importance par la place qu’il occupe dans l’espace mais aussi par l’impact visuel que celui-ci va pro-voquer chez le public, troublé devant une sur-dimension d’un objet habituel-lement petit et facilement manipulable. Ainsi, les artistes vont donner de l’im-portance en donnant à voir un objet différemment et en lui accordant une importance inhabituelle. Ils souhaitent passer de l’objet en tant qu’accessoire de la vie, à l’objet principal. Par l’ampli-fication de sa représentation, ils vont le mettre en avant et l’imposer au regard du spectateur. De cette façon, le spec-tateur est amené à reconsidérer l’objet dans sa globalité. Afin de troubler son

public, Claus Goedicke affiche des ob-jets courants de la vie. En les disposant sur un fond en lien avec son univers, le regard se focalise sur cet objet. Dans une photographie imposante de 125 x 100 cm, l’artiste présente en 2008 Tweezers, une pince à épiler qu’elle dispose sur une compresse. Cet objet, remis dans son contexte, impose son côté aseptisé d’instrument médical. Disposé au centre de la photographie et tirée en grand format, il s’offre alors pleinement au regard. En dehors de son contexte habituel l’objet paraît insignifiant, froid, inutile. Également, l’angle de prise de vue permet une vision globale des éléments caracté-ristiques de la pince. Il s’en dégage alors une certaine admiration qui vient prendre une place plus importante voire obsessionnelle dans l’esprit du spectateur. Ce petit objet, s’impose comme étant indispensable. Désormais, il dégage une importance qui lui est étrangère, amenant le public à le reconsidérer. Quoique d’une rare neutralité, il laisse tomber son étiquette d’objet et vient se présenter aux yeux du public comme objet à part entière. Par ce procédé, les artistes tentent de le sacraliser par une volonté de péren-nisation à travers l’œuvre. En effet, la photographie permet de garder une trace. Pourtant, l’échelle imposante en modifie son caractère. L’objet s’impose au spectateur comme une finalité, un accomplissement dans le désir de re-connaissance. De cette façon, les ar-tistes réaffirment une place durable et

L’artiste, dans sa volonté de ques-tionner le spectateur, va chercher à amplifier son œuvre. Pour cela, les procédés utilisés sont d’une grande importance, afin que le spectateur s’immerge totalement dans l’œuvre. Les artistes, toujours dans le but de faire naître un questionnement chez leur public, tentent de mettre en avant des éléments, des objets voire même des événements, qui accompagnent la vie des personnes. Ils vont amener

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Claus Goedicke

Tweezers

2008

125 x 100 cm

Vue d’exposition

Détail

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20 avec une telle précision permet de le redécouvrir. Le grossissement d’une partie amène un détail qui influe sur le regard que porte la personne. Ainsi, il est possible d’observer un décalage entre l’objet connu et l’objet découvert dans ses moindres détails. Cette technique, permet d’obtenir une précision extrême, permettant une nou-velle approche de l’élément observé. Elle permet d’agrandir un objet minus-cule. C’est par cette technique qu’Yves Trémorin présente avec un nouveau regard, la nourriture à l’homme. Dans la série Natures Mortes de 1993, il expose une série photographique pro-posant des éléments alimentaires du quotidien. Il donne un autre regard sur des éléments de la vie auxquels nous ne prêtons guère d’attention. Les artistes souhaitent amener l’objet au devant de la scène. Pour cela, ils tentent de rapprocher l’objet réel de l’œuvre d’art. En présentant un objet usuel à une échelle inappropriée, les artistes rompent avec l’habitude. Cet objet devenu imposant par l’amplifica-tion de sa taille, est détourné de sa fonction principale et élevé au statut d’objet d’art, de contemplation. C’est ainsi que Patrick Tosani, avec une série photographique de cuillères datant de 1998, présente cet objet familier et usuel comme objet à part entière. Dis-posée sur un fond neutre, M, semble substituer sa fonction initiale comme élément contenant d’aliment. Elle est représentée en dehors du domaine ali-mentaire, ce qui accentue la distance

une fonction à des objets oubliés du quotidien.La macrophotographie est un moyen permettant de focaliser le regard. Ceci, par l’agrandissement d’un tout ou par-tie de l’élément photographié.L’utilisation du mode macro permet aux artistes d’agrandir ou de zoomer sur une partie, un fragment d’élément ou d’objet. La précision obtenue avec ce mode permet au spectateur d’accé-der à ce qu’il ne voit plus du fait de son indifférence. Un objet présenté

entre l’objet coutumier, défini par sa fonction, et l’objet regardé. En effet, cette cuillère n’est pas la cuillère que le public connaît. Par sa taille de 182 x 120 cm, elle change de statut par la place qu’elle occupe aux yeux du spec-tateur. De plus, sa dimension gigan-tesque la différencie de ses sœurs de petites tailles que l’homme manipule ai-sément. En agissant sur sa dimension, l’artiste interpelle le public. Celui-ci reconnaît la cuillère mais ne l’aborde pas comme une cuillère « normale ». C’est pourquoi P. Tosani nomme ses photographies par des lettres. Ainsi, il ne les identifie pas à des cuillères, mais à des objets uniques.Par ailleurs, le cadrage ne permet pas de distinguer l’usage de cette cuillère. Ainsi, en ne présentant qu’une partie d’un objet connu, l’artiste gomme la fonction première de cet objet. Par la mise en avant d’éléments peu obser-vés dans le quotidien, les artistes leur accordent une attention particulière. L’homme crée des objets, des éléments, dans un but précis, dans une fonction bien définie selon ses besoins. En leur attribuant une échelle démesurée, ces éléments rompent les liens avec cette fonction. Ainsi, l’objet s’affirme en tant qu’objet d’art et crée une nouvelle iden-tité. Leur taille ayant été modifiée, ils ne sont plus capables de répondre aux besoins des individus. De ce fait, le spectateur, face à cette nouvelle vision de l’objet, ne va pas le caractériser en tant que tel, mais le considérer comme élément à par entière, sans fonction

particulière, mais dont le seul but est d’être contemplé, regardé.Ces objets ont également une vie li-mitée du fait de leur usure au fil du temps. Les artistes leur accordent un nouveau statut, une seconde « vie ». Ainsi, l’image de l’objet est conservée, mais sa fonction oubliée. Seul l’objet est présent et perdure à travers l’œuvre.Également, par un phénomène d’accu-mulation et de répétition, les artistes peuvent donner un caractère monu-mental à leurs œuvres. Ainsi, dans la valorisation d’un élément minuscule, les artistes, jouent sur sa multiplication et vont amplifier la portée de l’objet qui vient se placer au premier plan. L’objet devient le support de l’œuvre qui prend alors un aspect imposant. En effet, l’élément représenté va prendre une place considérable dans les messages que les artistes souhaitent faire passer. C’est cet élément qui va donner un sens et une importance à l’œuvre afin d’en permettre l’aboutis-sement. Le public va alors dans un premier temps se concentrer, non pas directement sur la finalité de l’œuvre, mais sur les éléments qui la com-posent. Les artistes donnent alors une importance considérable à l’élément central de leurs œuvres. Troublé, par une telle considération, le spectateur, cherche en en comprendre sa symbo-lique. Dans un deuxième temps, il va être amené à se poser la question du choix de l’élément représenté, dans quel but et pour quel message. L’œuvre se construit alors par le rapport opéré

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Patrick Tosani

M

1988

Cibachrome

182 x 120 cm

Cuillères,

vue d’exposition.

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22 tateur. Celui-ci peut être amené à se rap-procher de très près mais également à prendre de la distance afin d’avoir une vue plus générale. Aussi, l‘installation peut contraindre le spectateur à aller dans une direction précise, imposant un sens de lecture dans la continuité de l’œuvre. Dans l’amplification d’un même élément, la répétition de celui-ci ou sa déclinaison entraine un question-nement sur son choix et la place qu’il occupe dans la vie quotidienne. Les artistes souhaitent atteindre le specta-teur, et le conduisent vers la relation qu’il opère habituellement avec l’élé-ment présent. Par la répétition et l’ac-cumulation, les artistes sensibilisent leur public autour de l’élément utilisé. En effet, une personne ou un élément seul a moins d’impact que lorsqu’il se présente en groupe. Par ces procédés, le spectateur assiste à une amplifica-tion d’un phénomène lié aux éléments présentés par les artistes. Le message des artistes devient plus explicite, plus fort. Ces dispositifs permettent d’insis-ter sur un élément. Également, Damien Hirst, dans Lullaby spring (Berceuse de pintemps), expose une armoire à pharmacie contenant 6 136 pilules. La pilule, petit objet renvoyant au geste mécanique, prend une part impor-tante dans l’espace du spectateur. En effet, cette armoire vient se placer dans l’espace de celui-ci, perturbant son déplacement. La quantité impression-nante de pilules renvoie forcément au domaine médical. L’homme ne se rend pas compte de l’importance des ses

gestes. Ce nombre, 6 136, pourrait bien être le nombre de pilules ingéré par une personne sur plusieurs an-nées. En effet, une ou deux pilules n’ont pas de grandes conséquences et ne se remarquent pas. Pourtant, par la quantité exposée, la précision du nombre Damien Hirst crée un impact fort qui interpelle le public. Il souhaite faire prendre conscience de l’addiction de l’homme face aux médicaments en général. C’est d’une manière frontale qu’il souhaite ouvrir les yeux sur une société très médicalisée. D’une cer-taine manière, c’est dans la répétition et l’accumulation que va s’élever l’élé-ment représenté et ainsi prendre une importance qu’il ne peut dégager seul.Les artistes, grâce à ces procédés, vont permettre une amplification de l’élé-ment dans le but que le spectateur s’y attarde davantage. De cette manière, ils souhaitent mettre en avant une idée, un point de vue, un phénomène ou un objet. Cela va faire naître un question-nement chez le spectateur du fait de l’ampleur que l’élément va prendre et de la manière dont celui-ci va se mon-trer à lui.

elle s’impose au spectateur par une force subtile Le spectateur est alors amené à s’approcher au plus près de l’œuvre pour en découvrir sa construction, sa base. C’est de près qu’il va découvrir les personnages. Ainsi le spectateur va faire lui aussi partie de l’œuvre. Une certaine complicité liée à une relation intime entre les personnages le specta-teur, qui s’intègre à ce regroupement. L’artiste crée un lien, une unité entre les petits éléments qui composent l’œuvre et le spectateur. Celle-ci ne peut délivrer son message que par ces êtres minuscules. Comme cela, l’artiste leur donne une importance, une place de choix dans son œuvre. Le public va chercher à comprendre et analyser le parallèle entre l’être humain et le nombre qui en découle. La diversité de ces personnages impose ce nombre im-portant, tant par sa taille que par sa si-gnification. Leur abondance mais aussi leur organisation dans l’espace pousse le spectateur dans l’interprétation de la présence de ces êtres portant un mes-sage d’une grande importance, valori-sé par l’ampleur de l’œuvre. L’attention va donc se porter sur la signification de leur présence mais aussi leur impli-cation dans le message qu’ils délivrent par la construction des ces chiffres. Le nombre qui en résulte apparaît comme un aboutissement. Une œuvre gigan-tesque entraine une relation à l’espace par la circulation du public. Les petits éléments qui la composent, prennent de l’ampleur et induisent un déplace-ment particulier de la part du specta-

entre ces éléments. Grâce à la taille mais aussi par la forme plus ou moins imposante que l’œuvre prend, les ar-tistes vont interroger le spectateur et l’inciter à chercher la signification, le message de l’œuvre. En considérant tous ces éléments dans leur ensemble, ils vont créer une nouvelle forme. Un nouvel élément va naître de cette ac-cumulation dans le but d’exprimer un sentiment, un désir, un fait. L’artiste Guy Limone, dans son œuvre 6 228 254 000 utilise le principe du nombre et de la quantité. Il regroupe 2 000 petits personnages en plastique peint, qui, par leur disposition bien définie, vont former le titre de l’œuvre. Celui-ci prend la taille imposante de 175 cm de haut sur 1 250 cm de long. Le choix de très petits hommes dans l’élabora-tion d’une œuvre imposante, par son nombre et par sa taille, interroge le pu-blic. Cette œuvre dégage une impres-sion de fragilité accentuée par le fait qu’elle devient difficilement visible à une trop grande distance. Malgré cela,

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Guy Limone

6 228 254 000

1998

175 x 1250 cm

2 000 personnages

en plastique peint.

Galerie Perrotin,

Paris.

Détails.

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Damien Hirst

Lullaby Spring

(Berceuse de

Printemps)

6 136 pilules

180 x 270 m

Détail.

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Les artistes agissent donc entre la taille réelle et la taille représentée d’un objet ou d’un modèle. Par le biais de la photographie ou d’installations, ils rendent accessibles, mettent en avant, dénoncent, voir même se jouent de la réalité.Le spectateur doit prendre de nouveaux repères afin de se situer dans l’espace perçu. Ainsi, les artistes agissent sur l’échelle, également rendue possible par le cadrage, dans le but d’agir sur la perception du spectateur. Les œuvres monu-mentales vont venir s’imposer et modifier le caractère de l’œuvre en agissant sur les sensations du spectateur. La miniature quant à elle permet une plus grande accessibilité mais un questionnement tout aussi justifié de par son caractère inapproprié et déstabilisant. Par ces différents procédés, les artistes cherchent à agir sur le regard tout en faisant passer un message qui leur est fort ayant un rapport plus ou moins direct avec le spectateur. Les grandes œuvres obligent parfois le public à se déplacer pour pouvoir les contempler, les appréhender dans leur totalité. L’utilisation du modèle réduit permet instantanément une vue d’ensemble, ce qui est impossible du fait du gigantisme de certaines œuvres. En agissant sur la perception, les sensations du spectateur, les artistes stimulent l’imaginaire. Ils attirent le spectateur vers leurs œuvres d’une manière frontale, plus ou moins provocatrices dans le résultat de la société actuelle et de l’action de l’homme. Aussi, ils élèvent l’objet quotidien au statut d’œuvre d’art par une présentation inhabituelle qui amène à le reconsidérer dans sa fonction initiale.Ils confrontent le spectateur à un univers connu, présenté sous un nouvel angle. Par ce questionnement, les artistes cherchent à impliquer le spectateur dans leurs œuvres. Ils donnent a voire une partie de leur message afin que celui-ci s’inter-roge et s’immerge dans l’œuvre pour se faire sa propre interprétation. Les artistes donnent une direction au public qui le pousse au-delà de ce qu’il connaît.

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Audrey Da Cruz

BTS Communication VisuelleGraphisme, édition, publicité.2012