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DOSSIER DE PRESSE KM* 9346 LA CRÉATION ARTISTIQUE CORÉENNE S’INVITE EN MORBIHAN DANSAEKHWA, L'AVENTURE DU MONOCHROME EN CORÉE, DES ANNÉES 70 À NOS JOURS - LA PRÉSENTATION. SHIM MOON SEUP - SUSPENS. LEE BAE ... DOMAINE DE KERGUÉHENNEC À PARTIR DU 06 MARS 2016 * Korea -> Morbihan

Dossier de presse Expositions Corée printemps 2016

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Page 1: Dossier de presse Expositions Corée printemps 2016

DOSSIER DE PRESSE

KM* 9346 LA CRÉATION ARTISTIQUE CORÉENNE S’INVITE EN MORBIHAN

DANSAEKHWA, L'AVENTURE DU MONOCHROME EN CORÉE, DES ANNÉES 70 À NOS JOURS -LA PRÉSENTATION. SHIM MOON SEUP -SUSPENS. LEE BAE ...

DOMAINE DE KERGUÉHENNEC À PARTIR DU 06 MARS 2016

* Korea -> Morbihan

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HA Chong Yun, Conjunction 97-011, 1997, huile sur chanvre, 180 x 120 cm. Courtesy Kukje Gallery

DANSAEKHWA, L'AVENTURE DU MONOCHROME EN CORÉE, DES ANNÉES 70 À NOS JOURS

Exposition : Château, 1er étage

Du 6 mars au 5 juin 2016

L’exposition au Domaine de Kerguéhennec, la première en France

consacrée à ce mouvement, présente en premier lieu la production

des artistes fondateurs du mouvement, tels PARK Seo-Bo, CHUNG

Chang-Sup et HA Chong Hyun, qui se situaient à l’avant-garde du

mouvement dans les années soixante-dix, sans oublier celle de la

génération suivante, comme LEE Kang So, qui travaillent depuis les

années quatre-vingts à donner à la peinture monochrome abstraite de

nouvelles dimensions et à l’actualiser.

Artistes

PARK Seo-Bo

CHUNG Chang-Sup

CHUNG Sang Hwa

HA Chong Hyun

YUN Hyong-Keun

LEE Kang So

LEE Dong-Youb

CHOI Byung So

LEE Kang So, Emptiness 11137, 2011. Acrylique sur toile, 130,3 x 162 cm. Collection particulière

KERGUEHENNEC // JANVIER 2016

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SOMMAIRE

KM* 9346

La création artistique coréenne s'invite en Morbihan p. 6

Programmation au Domaine de Kerguéhennec p. 7

DANSAEKHWA, l'aventure du monochrome en Corée,

des années 70 à nos jours p. 8

La Présentation. SHIM Moon Seup p. 22

Suspens. LEE Bae p. 24

LEE Soo Kyoung p. 26

YOO Hye-Sook p. 28

30 ans du Parc de scultures p. 30

Le Domaine de Kerguéhennec p. 34

Les rendez-vous du Domaine de Kerguéhennec p. 37

Planche contact p. 38

Informations pratiques p. 39

* Korea -> MorbihanYUN Hyong-Keun, Burnt Umber & Ultramarine, 1984. Huile sur toile de lin. Collection particulière

KERGUEHENNEC // JANVIER 2016

DÉPARTEMENT DU MORBIHAN // DOMAINE DE KERGUÉHENNEC // 5 / 40

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KM* 9346LA CRÉATION ARTISTIQUE CORÉENNE S’INVITE EN MORBIHAN

Dans le cadre de l’Année croisée France-Corée, le Département du Morbihan propose de découvrir, sur l’ensemble

de son territoire, un large panorama de la création visuelle et plastique coréenne, des années 70 à nos jours. Ce

projet, coordonné par le Domaine de Kerguéhennec, propriété départementale, se déclinera sous la forme

d’expositions, de résidences, de créations in situ …

Organisé en partenariat avec l’un des plus prestigieux musées d’art moderne et contemporain de Corée, le GMOMA

(Gyeonggi Museum of modern Art), le projet morbihannais s’intéresse à deux figures majeures de la création

artistique coréenne - LEE Bae et SHIM Moon Seup -, à deux artistes de la scène émergente - LEE Soo Kyoung et

YOO Hye-Sook - et à l’un des mouvements artistiques les plus importants en Asie, Dansaekhwa, l'aventure du

monochrome en Corée, des années 70 à nos jours.

Les expositions seront présentées à La Cohue, Musée des Beaux-arts (Vannes), à l’Atelier d’Estienne (Pont-Scorff)

et au Domaine de Kerguéhennec (Bignan), où deux artistes sont également accueillies en résidence.

Commissariat général :

Olivier DELAVALLADE, directeur du Domaine de Kerguéhennec (France), et LEE Ji Won (Corée).

En partenariat avec :

le Musée d’art moderne et contemporain de Corée, le GMOMA (Gyeonggi Museum of modern Art) :

Mme CHOI Eunju, directrice, assistée de M. CHOI Gui Young, conservateur.

Expositions présentées dans le cadre de l'Année France-Corée 2015-2016 / http://anneefrancecoree.com/

* Korea -> Morbihan

PROGRAMMATIONAU DOMAINE DE KERGUÉHENNEC

EXPOSITIONS

Du 6 mars au 5 juin 2016

Château : "DANSAEKHWA, l'aventure du monochrome en Corée, des années 70 à nos jours"Artistes : PARK Seo-Bo, CHUNG Chang-Sup, CHUNG Sang Hwa, HA Chong Hyun, YUN Hyong-Keun, LEE Kang So, LEE Dong Youb, CHOI Byung SoCommissariat : Mme CHOI Eunju, directrice du GMOMA (Gyeonggi Museum of modern Art), assistée de M. CHOI Gui Young, conservateur.

Ecuries / Cour d’honneur : LA PRÉSENTATION, SHIM Moon Seup (sculpture).L’invitation faite à l’artiste d’exposer à Kerguéhennec constitue le point de départ du projet coréen en Morbihan. En préparation depuis plusieurs années déjà, cette exposition sera l’occasion de découvrir l’œuvre de l’un des principaux acteurs de l’art contemporain coréen, qui n’a cessé depuis les années soixante-dix d’explorer les propriétés des matériaux et la mise en équilibre des contraires.

Du 6 mars au 6 novembre 2016

Chapelle : SUSPENS, LEE Bae L'artiste LEE Bae, largement reconnu en Corée et dont l'exposition au Musée Guimet a ouvert l'Année France-Corée en septembre dernier, investira la chapelle du Domaine de Kerguéhennec pour une création in situ.

RESIDENCES

Le Domaine de Kerguéhennec accueille en résidence de recherche et de création à l’automne 2015 et au printemps 2016 deux artistes de la jeune génération : D’octobre à décembre 2015 : LEE Soo Kyoung (peinture)De mars à mai 2016 : YOO Hye-Sook (dessin)

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Exposition : Château, 1er étage

Du 6 mars au 5 juin 2016

PARK Seo-Bo, CHUNG Chang-Sup, CHUNG Sang Hwa, HA Chong Hyun, YUN Hyong-Keun,

LEE Kang So, LEE Dong-Youb, CHOI Byung So

L’exposition au Domaine de Kerguéhennec présente en premier lieu la production des artistes fondateurs du

mouvement, tels PARK Seo-Bo, CHUNG Chang-Sup et HA Chong Hyun, qui se situaient à l’avant-garde du mouvement

dans les années soixante-dix, sans oublier celle de la génération suivante, comme LEE Kang So, qui travaillent

depuis les années quatre-vingts à donner à la peinture monochrome abstraite de nouvelles dimensions et à

l’actualiser.

L’éclosion et le développement des arts modernes

Les artistes coréens ont découvert les arts de l’occident au début du XXe siècle, cette rencontre a provoqué un

grand choc : sans aucun lien avec la peinture traditionnelle coréenne, les tableaux sophistiqués qui parvenaient

à leurs yeux leur paraissaient extrêmement réalistes. Cette découverte extraordinaire suscita chez de nombreux

jeunes artistes le désir d'apprendre la peinture occidentale. En l'absence d’établissements appropriés à cet

enseignement, les précurseurs d'une nouvelle peinture coréenne n’ont pas eu d’autre choix que d'aller au Japon

pour se former. Ils ont donc étudié les arts occidentaux à travers ce prisme nippon et c'est ainsi qu'ont pris naissance

les arts contemporains en Corée. Avec l’émergence d’un grand nombre de jeunes peintres épris de nouveauté, le

milieu artistique coréen au début du XXe siècle était foisonnant, plein de vitalité. Il faut cependant insister sur le fait

qu'à cette époque les Coréens n’étaient pas directement au contact des œuvres occidentales contemporaines

mais seulement de celles qu'un regard japonais avait filtrées.

Après l’indépendance du pays, le milieu artistique s'est trouvé divisé idéologiquement en deux camps, communiste

et capitaliste. Ainsi les artistes s'opposaient-ils à la moindre occasion. Instaurée en 1949 et ayant pour but de

DANSAEKHWA, L'AVENTURE DU MONOCHROME EN CORÉE, DES ANNÉES 70 À NOS JOURS

promouvoir le développement des arts, l'exposition nationale des arts de Corée a certes joué un grand rôle dans

la découverte et le soutien de jeunes talents mais elle s'est laissé entraîner dans toutes sortes de problèmes et a

fini par devenir un obstacle au développement d'une culture artistique saine et créative.

Vers la fin des années cinquante, de jeunes peintres et des artistes indépendants se sont levés contre l'art institutionnel

et l'académisme. Après que la Corée avait traversé la sombre époque de l'occupation japonaise et de la guerre,

les artistes ne voyaient devant eux que les ruines d'une époque qu'il fallait oublier. Ils aspiraient à détruire une

esthétique fossilisée pour construire un art nouveau en accord avec son temps. Une nouvelle expression abstraite

a commencé vers la fin des années cinquante et a dominé pendant une décennie un art coréen fortement en prise

avec le contexte politico-social national et international. Toutefois cette tendance à l'abstraction restait encore à

un stade de pré-modernité, où l'on s'interrogeait encore sur l'objet et les moyens de la peinture.

PARK Seo Bo, Ecriture No. 990820, 1999, technique mixte avec du papier coréen hanji sur toileCollection particulière

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Dansaekhwa, la naissance du véritable art contemporain coréen

À la fin des années soixante, dans un contexte de développement économique extrêmement rapide, une nouvelle

génération d'artistes, lasse des changements accélérés de l'environnement social et hostile à la destruction aveugle

des formes au profit de l'expression, s'est tournée vers des expériences artistiques plus graves et plus substantielles.

Ces jeunes plasticiens se sont mis à la recherche d'une forme plus profonde d'expression artistique. Attirés par la

nature, ils ont rêvé d'en représenter l'essence. Cette réflexion sur une pureté originelle les a conduits vers une

abstraction géométrique et monochrome, pour créer ce qu'on peut considérer comme le premier véritable art

contemporain coréen, le « dansaekhwa ».

L'engouement pour de nouvelles esthétiques s'est poursuivi avec ardeur au début des années soixante-dix, dans

un environnement artistique pourtant encore assez pauvre. C'était globalement une époque à l'esprit pionnier où

l'on encourageait de nouvelles cultures et de nouvelles formes artistiques. Les artistes n'étaient pas esseulés, les

médias les soutenaient et le public aussi était à leur côté. On doit pourtant se demander comment une société qui

n'avait pas connu la tradition de modernisme occidental a pu intégrer et assimiler l'art du monochrome, ce point

culminant du modernisme ? Si les jeunes peintres de ce pays ont accueilli sans aucune réticence le monochrome

pour le conduire jusqu'au dansaekhwa, c'est qu'il y a certainement quelque chose chez les Coréens qui appelait

cet accomplissement. Le dansaekhwa est, de fait, très éloigné de la simple copie du monochrome occidental.

Expérience spirituelle et conceptuelle, le dansaekhwa va au-delà d'une pratique matérielle et de l'élaboration de

tableaux. Au début des années 70, les artistes coréens ont continué de s'interroger sur la peinture. Ils ne se

demandaient plus seulement ce qu'il fallait peindre ou comment il fallait s'y prendre mais encore et plus profondément

ils se posaient des questions sur le sens même de la pratique artistique et de la culture coréenne : qu'est-ce que

peindre ? Pourquoi peint-on ? Quelles sont les particularités de l'esprit coréen ? Pour eux, la peinture n'était pas

une affaire de technique mais une activité et une réflexion artistiques et philosophiques.

HA Chong Yun, Conjunction 09-004, 2009. Huile sur chanvre, 180 x 120 cm. Courtesy Kukje Gallery

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Le minimalisme, qui est le fondement de dansaekhwa, repose sur la conviction qu'en réduisant au maximum

l'artifice et la virtuosité artistique, le gouffre qui sépare la réalité des œuvres sera moins profond, qu'on atteindra

même la véritable réalité. Cependant le minimalisme ne concernait pas seulement l'aspect matériel. Il était aussi

un outil moral et philosophique qui a influencé bien d'autres domaines comme la philosophie ascétique qui clame

que la propriété doit s'en tenir au minimum nécessaire à la survie ou encore des courants religieux qui cherchent

à retourner aux fondements de la foi en éliminant la complexité artificielle des rituels religieux. La rencontre du

minimalisme avec l'art conceptuel, au début des années soixante-dix, a formidablement bousculé les fondements

de la peinture coréenne et a ouvert un nouvel horizon qui a conduit à la naissance du dansaekhwa. Il s'agissait

d'un art d'un autre niveau, radicalement différent de ce qu'on connaissait traditionnellement. L'art traditionnel était

essentiellement matériel : quel que fût le motif ou le processus de création, ce qui comptait c'était l'œuvre finale.

L'art conceptuel a permis de nouvelles approches : l'art se tient dans le processus de conception et de production

des œuvres non pas dans le produit final. En somme, il s'agit d'une approche immatérielle. Le dansaekhwa est le

premier art moderne de Corée, né dans la combinaison du minimalisme, de l'art conceptuel et de la culture

spirituelle de la Corée.

CHOI Byung So, Untitled, 1996. Stylo à bille, crayon sur papier, 55 x 80 cm. Collection particulière

L'art moderne coréen n'a découvert l'art occidental qu'au début du XXe siècle ; il se l'est éperdument approprié et

est parvenu, au milieu du siècle, à construire un genre unique le « dansaekhwa », fondé sur une recherche

philosophique et logique. Compte tenu du temps court de cette expérience, on pourrait presque parler d'un miracle.

Mais en réalité si le dansaekhwa a pu fleurir en Corée, c’est certainement parce que les Coréens avaient une

tradition spirituelle qui les préparait à cet art nouveau.

Depuis des temps immémoriaux, les peintres de l'Orient considèrent que la quintessence de l'art ne consiste pas

dans la représentation objective du réel mais dans une « similitude dissemblable ». Un chef-d'œuvre, selon eux,

ne saurait être une simple copie de la nature. L'expressionnisme et l'abstraction, au cœur de l'art moderne occidental,

étaient donc déjà présents dans les arts plastiques orientaux. Les artistes coréens se sont appropriés de cet art

parce qu'ils avaient déjà les fondements spirituels nécessaires et sans lesquels ils n'auraient pas créé un langage

plastique original.

Au début des années soixante-dix, les artistes coréens qui avaient découvert, adopté et expérimenté des pratiques

picturales occidentales, sont parvenus à créer un langage plastique qui leur est propre, le « dansaekhwa », à travers

diverses expériences et grâce à une introspection douloureuse. À l'occasion de l'exposition de la collection du

GMOMA, Dansaekhwa, l’aventure du monochrome en Corée, des années 70 à nos jours, présentée au Domaine

de Kerguéhennec, le public pourra comprendre toute la souffrance et toute la joie qu'ont ressenties les précurseurs

de l'art moderne coréen.

Texte de Park U-chan, conservateur du GMOMA (Gyeonngi Museum of Modern Art)

Traduction : CHOI Kyungran

Exposition présentée en partenariat avec :

le Musée d’art moderne et contemporain de Corée, le GMOMA (Gyeonggi Museum of modern Art) :

Mme CHOI Eunju, directrice, assistée de M. CHOI Gui Young, conservateur.

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PRÉSENTATION DES ARTISTESSOURCE : GMOMA . TRADUCTION : CHOI KYUNGRAN

PARK Seo-Bo (né en 1931)

Diplômé de Beaux-arts à l’université Hongik en 1954, PARK Seo-Bo devient professeur dans le même établissement

en 1962. Il y restera plus de trois décennies jusqu'à sa retraite en 1997. Enseignant, pédagogue mais aussi artiste

extrêmement actif, PARK Seo-Bo compte plus de soixante-dix expositions personnelles. Son travail a été reconnu

dès 1961, année où il remporte le premier prix à la Biennale des Jeunes peintres du monde à Paris ; en 1979, il

reçoit le prix du Président de la République de Corée pour la Culture et les Arts. Il est également décoré de la

médaille nationale de la culture en 1994 et en 2011.

PARK Seo-Bo rejoint en 1958 la Société des arts contemporains et défend l’« Art Informel », mouvement né en

Europe pendant la période de l'après-guerre. Il se rend à Paris en 1961 avec l’intention d’y rester pour une courte

période, mais en raison de circonstances imprévues, il finit par y vivre plus d’un an. Pendant son séjour, ses

conceptions artistiques et sa vision ont changé de manière significative. Il quitte le cadre de l’art informel et se

dirige vers sa propre formulation artistique inspirée par l’art abstrait en créant la série Primordialis. Vers la fin des

années 1960, PARK Seo-Bo expérimente de nouvelles formes avec la série Hereditaruis encore plus nettement

inscrite dans l’abstraction.

Puis, au début des années 1970, il tente un nouveau changement avec la série Écriture consacrée au trait linéaire

représentant un univers parfaitement épuré. « Voyage des mains », selon sa propre expression, les œuvres issues

de la série Écriture sont considérées comme un sommet de son art et lui ont valu une reconnaissance sur la scène

internationale. Au début de cette expérience (1970-1980), il trace au crayon ou à l'aide de fils de fer des séries de

lignes pour représenter la permanence de la nature au-delà de ses manifestations phénoménologiques. Dans les

années 1980, il commence à utiliser le papier coréen de grand format ; il y répète des lignes jusqu'à ce qu'elles

fassent corps avec le fond.

Le geste du trait sur la toile crée la peinture, celle-ci, à son tour, donne vie à la ligne. Où se séparent l'action de

tracer une forme et celle de peindre ? S’interrogeant sur la relation entre la ligne et la peinture, PARK Seo-Bo révèle

constamment le mouvement et l'arrêt du tracé. Ainsi met-il en scène l'action la plus fondamentale de la peinture,

suggérant que dans son essence, elle consiste en l'acte de peindre, en la création elle-même.

LEE Kang So (né en 1943)

En 1975, pendant la Biennale des jeunes artistes à Paris, une poule est lâchée dans l'espace de l’exposition. Un

jeune peintre coréen, en guise de toile, a répandu au sol de la farine de blé sur laquelle il laisse le gallinacé se

promener librement. À l'époque, cet acte expérimental a constitué un véritable événement. Quarante ans après La

Poule peintre, LEE Kang So est un artiste d’une grande notoriété dont le catalogue présente une soixantaine

d’expositions personnelles.

Au début des années 1970, époque où le milieu artistique coréen cherchait ardemment à sortir des limites de la

peinture académique, il se lance dans l'art expérimental qu’il ne cesse depuis lors de poursuivre activement. Dès

le début, il recherche et expérimente des formes artistiques originales. En déployant une vision particulièrement

riche et novatrice, il réussit à inventer un langage pictural.

La surface, pour lui, n’est pas un espace dont on peut s’approcher moyennant différentes perspectives. À ses yeux,

elle suscite bien des questions auxquelles il faut répondre. Les toiles sont donc pour lui à la fois un espace

d’expériences et de recherches sur la surface. Dans sa quête, il n'hésite pas à puiser dans les techniques artistiques

traditionnelles telles que la calligraphie ou la peinture orientale. Sa série de tableaux communément appelée

Peinture avec canard est la plus connue du public. Sur une toile sans couleur flotte tranquillement un élément de

la nature : un canard, un nuage, une baraque abandonnée, etc. Mais ce qu’on voit sur la toile, même si cela

ressemble à un canard, n’est peut-être pas un canard. Derrière sa simplicité apparente, le tableau comporte un

contenu riche qui nous invite à laisser libre cours à notre imaginaire.

À travers ses œuvres picturales, LEE Kang So essaie d'exprimer la beauté et l'immensité de l’univers. Ainsi, le monde

vu par LEE Kang So n'est-il pas constitué d'espace et de temps, mais d’un courant d'images successives. Il cherche

à s'affranchir de l'univers en trois dimensions pour pénétrer dans un univers multi-dimensionnel. Aujourd’hui encore,

il s'y consacre pleinement dans son expérimentation sur la superposition d'images introduites par la répétition.

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LEE Dong-Youb (1946 - 2013)

Né en 1946 à Busan, LEE Dong-Youb étudie les beaux-arts à l'université Hongik à Séoul. Il présente en 1977 sa

première exposition personnelle à la Galerie de Séoul. Sept autres suivront, en Corée et à l'étranger. Il participe à

la première exposition « Art Indépendant » organisée par l'Association des Arts de Corée, puis à de nombreuses

expositions aussi bien en Corée qu'au Japon, aux États-Unis ou en France.

LEE Dong-Youb, à travers ses œuvres, cherche à développer toutes les possibilités d'expression formelle du blanc

et du vide. Dès le début, son travail se fait l'écho haut et sublime d'une conscience du cosmos ; son univers artistique

est vaste, profond et difficile.

Alors que le ciel et la terre étaient encore sans nom, Fuxi, roi légendaire de l'antiquité chinoise trace une ligne

unique dans le ciel vide, pour en faire une source de connaissance, un symbole de base, celui du yin et du yang.

LEE Dong-Youb puise son expression artistique dans ce symbole de base, celui de la perfection originelle. Il vise à

transmettre ce sentiment de justesse secrète sur un mode presque musical, à la manière d'un son véhiculé par les

ondes.

« Si la peinture occidentale est culturellement à l'huile, la mienne relève culturellement de l'aquarelle et de l'encre,

c'est un tout autre monde que celui du minimalisme européen », précise l'artiste. Son pinceau, bien qu'il ne peigne

pas des êtres vivants d'une manière figurative, est sur les traces de la nature ; ses tableaux contiennent un cycle

de vie, de la naissance à la disparition.

YUN Hyong-Keun (1928 - 2007)

YUN Hyong-Keun étudie les Beaux-arts à l'université Hongik. Outre les expositions consacrées à l'artiste à Tokyo, à

New York et à Strasbourg, il a participé à de nombreuses expositions dans le monde entier.

Les œuvres de YUN Hyong-Keun semblent devoir imposer le silence à ceux qui les voient, si bien que, plus on essaie

d'en parler, plus on a l'impression de s'éloigner de sa peinture. Cela ne signifie pas pour autant que ses tableaux

soient silencieux, qu'ils ne disent rien. Bien au contraire, ils sont porteurs de messages intenses et leur contemplation

a une résonance profonde et durable. Simplement, cette force s'exerce non pas pour provoquer une quelconque

loquacité mais pour se prolonger en nous indépendamment de la parole.

Parmi les courants de la peinture coréenne des années 70, on peut signaler, d'une part, la tendance au monochrome

ou à la suppression des couleurs et, d'autre part, l'apparition d'un grand nombre d'œuvres qui attestent d'une

sensibilité au texte que porte le tableau. YUN Hyong-Keun peut être considéré comme un représentant de ces deux

tendances. Car si une des caractéristiques les plus frappantes de sa peinture consiste à exclure différentes couleurs,

ses toiles montrent par ailleurs une sensibilité extrême au langage. En portant la peinture sur une toile vierge, il

crée une langue picturale engendrée par le silence. Ce langage qui pénètre dans la toile en ressurgit pour délivrer

une sensation bien plus solide et profonde que les œuvres constituées de différentes couleurs vives qui agressent

le regard.

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CHUNG Sang Hwa (né en 1932)

À partir de la fin des années 1950, CHUNG Sang Hwa a joué un rôle central dans le mouvement des arts contemporains

en Corée. Son influence reste très importante dans les années 60-70 et jusqu'à nos jours. Ses premiers travaux

tentent de s’approcher d’un art informel. Le principal message de l'artiste était alors d'exprimer en profondeur

l'atmosphère sombre de la société et de la génération de l’après-guerre de Corée.

Sur ses tableaux, il n'y a rien d'autre que des couches de peinture régulièrement appliquées. On n'y trouve pas la

signification que peut avoir une figure. Il serait tout aussi vain d'y chercher une quelconque visée représentative

produite par le geste créateur. C'est bien un tableau qu'il peint mais sans rien de peint. Ce n'est que dans ce

paradoxe que ses toiles peuvent être comprises. La toile vide signifie le refus de montrer quoi que ce soit ; le réel

est innommable, seul le silence s'impose dans ce minimalisme radical. En face d'une telle œuvre, on n'a pas d'autre

choix que de se préparer à entrer dans un monde de méditation.

Toutefois, à la différence d'autres œuvres minimalistes, celles de CHUNG Sang Hwa ne conduisent pas uniquement

au silence. Au contraire, on sent en elles un ordre secret qui s'impose à nous. Il ne s'agit bien entendu pas d'une

parole prononcée à voix haute mais d'un murmure, d'une parole basse produite par une respiration étouffée. Car

ses tableaux, loin d'être un espace non-organique, respirent pour former un lieu vivant.

CHUNG Chang-Sup (1927 - 2011)

Né en 1927, il étudie les Beaux-arts à l'université nationale de Séoul. Il reçoit de nombreux prix dont, notamment,

le grand prix culturel de Jungang et le prix de l'artiste invité à l'Exposition nationale des arts. Il a été décoré en

1993 de la médaille nationale de la culture. À la suite de sa participation en 1961 à la Biennale des Jeunes peintres

du monde à Paris, il a participé à de nombreuses expositions aux États-Unis, en France, en Inde, en Italie, au Japon,

aux Royaume-Uni, en Chine, etc.

CHUNG Chang-Sup, au lieu de se contenter de prendre le papier – un produit fini de fabrication de masse – comme

un simple support, l'adopte comme matériau au même titre que la peinture ou l'encre. Il lui apporte son souffle,

sa chaleur et son odeur corporelle ; le geste de ses mains fait ainsi fusionner le matériau et l'artiste lui-même. Dans

son œuvre, se rejoignent le matériau et l'esprit du peintre, la nature et la vie, l'extérieur et l'intérieur. Plutôt que de

transmettre une impression par les couleurs ou par les mouvements de pinceau, son travail raffiné s'opère par le

matériau, le papier coréen. Celui-ci, fabriqué selon des techniques ancestrales du pays, et contenant entièrement

l'esprit et le souffle de la culture coréenne, nous saisit d'une émotion silencieuse.

L'artiste représente ainsi la « Corée » et son peuple par le matériau original plutôt que par des images à valeur

symbolique. Le papier de mûrier est rêche et rude. Il est solide. Son aptitude à absorber l’eau est unique. Il n’est

pas parfaitement blanc, il peut paraître vieux et usagé. Ce côté naturel exclut tout artifice et semble plus chaleureux

et douillet que la blancheur pure. Avec ce papier, l’artiste essaie de représenter la limpidité de son peuple.

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CHOI Byung So (né en 1943)

Après avoir étudié les Beaux-arts à l'université Jungang, CHOI Byung So s'installe à Daegu en 1974, une ville du

sud-est de la Corée, où il travaille activement et joue un rôle essentiel autour de l’Exposition des arts contemporains

de Daegu, considérée à l'époque comme la force centripète du mouvement des arts contemporains en Corée.

Depuis le milieu des années 1970, il travaille avec du papier journal, créant ainsi une méthode unique et un univers

qui lui est propre. Le « journal » est un support sur lequel transparaissent une époque, une société, des compressions

de la vie humaine. L’artiste y trace des « ratures » pour « effacer » le contenu. Ici, le journal est un objet en même

temps qu'un média porteur d'informations que l'artiste efface d'une manière artisanale à l'aide de crayons et de

stylos à bille jusqu'à ce que le journal perde son identité, jusqu'à ce qu'il devienne une matière noire. Est-ce la

mort du journal ? Ou est-ce un produit calciné résultant de l'acte qui annule le sens pré-existant ?

Pour effacer une feuille de journal avec un crayon, il faut du temps, quatre jours en moyenne. « Généralement, un

peintre travaille avec la tête et le cœur, alors que moi, je travaille avec mon corps », dit-il. À force de répéter ce

geste d'effacement, on oublie l’intention première et toute pensée se dissout pour arriver à un stade où la tête se

vide complètement. Son travail est à la fois de peindre et d'effacer, de remplir et de vider, de donner et de perdre

le sens.

Pour exprimer son désir d’atteindre l’essence de l’art, le travail de CHOI Byung So suit ainsi une voie singulière entre

l'abstraction contemporaine d'exécution répétitive sans couleurs ni figures et l'introspection artistique.

HA Chong Hyun (né en 1935)

HA Chong Hyun se fait d'abord connaître par un travail présentant des effets d'optique, puis son œuvre devient

progressivement plus conceptuelle. Il ne se contente pas de peindre sur un canevas ; en appliquant de la peinture

au verso et en la faisant pénétrer au-devant du tableau, il joue avec la matière de la toile qui est non seulement

un support de création mais aussi espace actif de la création picturale.

Ses tableaux récents occupent une place indiscutable dans l'histoire de l'art abstrait. Il ne s'agit pas à proprement

parler de monochromes. Car la toile n'est pas une surface recouverte par une simple couche de peinture, elle

présente diverses tonalités dans l’épaisseur de la peinture. Cet effet est produit par la façon dont l’artiste parvient

à profiter au mieux des milliers de trous de la toile de chanvre. Sa peinture, pour conserver le geste de l'artiste,

paraît avoir coagulé en transperçant la toile, ce qui la démarque de l’expressionnisme abstrait.

Les tableaux de HA Chong Hyun, à première vue, semblent simples et clairs. Cependant, le travail d’abstraction est

nourri profondément du processus de création résultant de gestes simples et de la présence au monde de l’artiste

à ce moment précis. Il n’existe certes pas de grammaire de l’émotion humaine. Toutefois on peut distinguer deux

grandes familles de peintures celles qui à l’aide de nombreuses et vastes lignes courbes se trouvent plutôt du côté

de l’émotion et de l’expression, et celles qui, au moyen de lignes droites plus volontaires, traduisent davantage de

retenue et de concentration intérieure révélant les dimensions mentales voire intellectuelles de la peinture.

Préparer différentes techniques d'expression, puis porter un trait d'émotion sur une toile qui est déjà un support

artificiel, pourrait n'être qu'un acte artificiel finalement. HA Chong Hyun, aux antipodes de cette expression artificielle,

cherche et poursuit un acte plus fondamental afin de représenter le naturel et la pureté.

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Exposition : Écuries / Cour d’honneur

Du 6 mars au 5 juin 2016

L’invitation faite à SHIM Moon Seup d’exposer à Kerguéhennec constitue le point de départ du projet coréen en

Morbihan. En préparation depuis plusieurs années déjà, cette exposition sera l’occasion de découvrir l’œuvre de

l’un des principaux acteurs de l’art contemporain coréen, qui n’a cessé depuis les années soixante-dix d’explorer

les propriétés des matériaux et la mise en équilibre des contraires.

SHIM Moon Seup est né en 1943 à Tong Young, dans le sud de la Corée. Après ses études à la faculté des Beaux-

arts de Séoul, il a participé à l’avant-garde coréenne et a commencé très jeune à présenter ses œuvres à l’étranger,

notamment à la Biennale de Paris en 1971, participant ensuite à de nombreuses manifestations d’envergure telles

que les biennales de Venise, de Sao Paulo et de Sidney. Les sculptures de SHIM Moon Seup – fortement imprégnées

de l’esprit du Zen – se caractérisent par une grande sobriété et par l’attention portée aux propriétés de chaque

matériau ainsi qu’aux flux qui les animent. Ses sculptures agissent sur la perception de l’environnement. Elles

sont principalement faites de bois, de pierre, d’eau, de métal, et peuvent rappeler par certains aspects l’esprit des

jardins de méditation coréens. Les notions d’énergie, de tension et d’équilibre sont essentielles dans l’art de SHIM

Moon Seup. En juxtaposant les matériaux, l’artiste fait naître un souffle, canalise une énergie. Les formes sont

simples, sans artifices, en adéquation avec les matières, que ces dernières soient naturelles ou industrielles.

Il ne s’agira pas, à Kerguéhennec, de présenter une rétrospective de SHIM Moon Seup, mais plutôt d’exposer un

choix d’œuvres des années quatre-vingt-dix et deux-mille, appartenant principalement au corpus The Presentation.

Les sculptures prendront place dans la cour d’honneur, sur le bassin et dans les anciennes écuries du domaine.

On y verra notamment Thoughts on Clay, dans laquelle le déploiement de pierres taillées et de pavés de terre

cuite simplement disposés au sol instaure une tension entre concentration des masses et dilatation de l’espace.

Si ces notions rappellent à bien des égards les recherches du Minimalisme américain, elles sont porteuses chez

LA PRÉSENTATIONSHIM MOON SEUP

SHIM Moon Seup, The Presentation, 2015. Pierre, arbuste. Domaine de Kerguéhennec - Photo Stéphane Cuisset

SHIM Moon Seup d’une forte dimension spirituelle. Il ne s’agit pas là de symbolisme, mais d’une qualité de

présence des œuvres, dont l’agencement semble créer des champs énergétiques. Cette dimension est

particulièrement perceptible dans The Presentation (2008), dont les différents éléments constitutifs – pierre,

lumière électrique, eau, acier – engagent un dialogue sensible d’une grande intensité.

Souvent présente dans le travail de SHIM Moon Seup, l’eau participe de cet équilibre et de la dimension spirituelle

de ses sculptures et installations. L’artiste interviendra d’ailleurs sur le bassin de Kerguéhennec avec une œuvre

placée à la surface de l’eau. Composée de bois et de pierre, The Presentation – To an Island, témoigne de

l’extrême attention portée au traitement des matériaux et des surfaces, avec un bois travaillé de manière à

répéter le motif de l’onde.

Florence Jaillet, historienne de l’art

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Exposition : Chapelle

Du 6 mars au 6 novembre 2016

LEE Bae investira la chapelle du Domaine de Kerguéhennec pour une création in situ. À Vannes, dans le passage

central de l’ancienne Cohue, le musée des Beaux-arts présentera, à partir du 23 avril, un ensemble de sculptures

de bois brûlé et de peintures créées par LEE Bae spécifiquement pour le lieu.

Largement reconnu en Corée, cet artiste aujourd’hui âgé de 59 ans a présenté ses œuvres dans de très nombreuses

expositions internationales. C'est avec lui qu'a été inaugurée l'année France-Corée au Musée Guimet en septembre

dernier. Il déploie son travail à travers de multiples supports et matériaux, parmi lesquels la peinture à l’huile sur

toile, les agrafes sur toile et surtout le charbon, qu’il aborde sous différentes formes. LEE Bae s'inscrit dans la

jeune génération du mouvement monochrome Dansaekhwa, apparu à la fin des années cinquante, et qui se

fonde sur un rapport harmonieux de l'homme avec la nature et sur un engagement du corps dans l'acte créatif.

Certaines de ses peintures témoignent également de l’influence de l’œuvre de Simon Hantaï et de Pierre Soulages.

Travaillant en France depuis de 1990, LEE Bae se nourrit des cultures artistiques occidentales et asiatiques pour

élaborer un œuvre singulier.

La notion d’énergie est essentielle dans ses créations : l’énergie du geste pictural mais également celle contenue

dans les matériaux, notamment le charbon, qui tient une place de premier plan dans son œuvre. De cette matière

« née du feu et qui sert à le rallumer », comme il le souligne, LEE Bae explore les propriétés plastiques autant que

la symbolique, très présente dans les cultures asiatiques.

L’artiste raconte que ce medium fut d’abord choisi par défaut. Fraîchement arrivé en France, il n’avait pas les

moyens de se procurer les fournitures souhaitées et se tourna alors vers cette matière à la fois organique et

transformée par l’homme. « J’aurais pu travailler avec du plâtre ou du métal. Mais le charbon de bois était lié à

ma propre culture et à ce moment-là, j’avais besoin de garder un lien fort avec mes propres origines. J’étais parti

de Corée pour quitter mes racines, mais arrivé ici, je me sentais étranger, très loin de chez moi, et le charbon de

bois me permettait de retrouver l’univers de l’encre de Chine, de la calligraphie, l’ambiance de la construction des

SUSPENSLEE BAE

maisons que j’avais connue enfant. Dans la tradition coréenne, en effet, lorsqu’on creuse les fondations, le charbon

de bois est la première chose qu’on dispose. De même lorsqu’un enfant naît, on le signale à la porte en accrochant

du charbon de bois à une corde. Donc ce charbon de bois, symboliquement fort, m’était familier. Il m’a permis

de replonger dans ma propre culture ». in « Entretien », par H.-F. Debailleux, catalogue, LEE Bae, Musée d’art moderne de Saint-Etienne, 2011

LEE Bae utilise ce matériau dans des œuvres en deux et trois dimensions. À l’état de poudre, le charbon offre

d’incomparables qualités de noirs, d’ailleurs exploitées pour la fabrication de l’encre de Chine. Dans les œuvres

qu’il réalise dans les années quatre-vingt-dix, LEE Bae étale le noir de charbon en de larges aplats, laissant

apparaître des corps, par fragments. La dimension sculpturale de ce matériau s’affirme quelques années plus

tard, dans ses œuvres du début des années 2000, avec des installations impliquant des « paquets » charbon

étroitement serrés par des élastiques noirs, que l’artiste présente simplement posés au sol.

Florence Jaillet, historienne de l’art

(Extrait de « Entretien », par H.-F. Debailleux,

catalogue d’exposition, LEE Bae, Musée d’art

moderne de Saint-Etienne, 2011).

LEE Bae

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Résidence (dans le cadre du programme Odyssée des Centres culturels de rencontre)

D'octobre à décembre 2015

D’octobre à décembre 2015, le Domaine de Kerguéhennec accueille LEE Soo Kyoung en résidence. Cette artiste,

née à Séoul en 1969, a étudié la littérature française à l'Université en Corée, avant de s’installer en région parisienne

où elle vit et travaille depuis plusieurs années. Les liens de LEE Soo Kyoung avec son pays d'origine demeurent

très étroits, comme en témoignent ses nombreuses expositions. Sa démarche artistique se nourrit tout autant des

cultures asiatiques que d’influences occidentales.

Travaillant essentiellement la peinture et le dessin, LEE Soo Kyoung s’est engagée dans la voie de l’abstraction

avec des œuvres caractérisées par des couleurs vives et franches et par des jeux d’aplats et d’entrelacs. À propos

des formes qui se déploient dans ses toiles, l’artiste parle d’« organismes plastiques », qui « cohabitent et semblent

faire bon ménage de leurs différences, se bousculent et parfois s’entrechoquent, mais s’unissent finalement en

surface et se figent dans leur présence. » (LEE Soo Kyoung, En premier lieu, 2011). Il y a en effet quelque chose

d’immobile, de suspendu dans ces peintures que parcourent pourtant un dense réseau de lignes. Les œuvres de

LEE Soo Kyoung définissent un espace frontal, quelque chose de l’ordre de l’écran, renforcé par l’opacité de la

peinture acrylique utilisée. Sous le motif qui affleure, le regard devine l’existence d’étapes préalables, de prémisses

ayant engendré la forme visible. « En premier lieu, explique l’artiste, je dépose une unique couleur sur toute la

surface de la toile. Ce choix initial oriente le tableau à venir vers une certaine humeur et me donne à espérer une

nouvelle visibilité. Les gestes qui suivent proviennent d’une longue attente, le temps nécessaire pour reconnaître

ce nouveau lieu coloré. »

La peinture de LEE Soo Kyoung affirme sa singularité tout en s’inscrivant pleinement dans l’histoire de l’abstraction.

La référence aux artistes coréens, tels LEE Ufan ou YOO Young Kuk, est bien sûr très palpable dans son travail,

mais on y perçoit également l’influence du Color Field américain – Franck Stella, Kenneth Noland, Morris Louis

notamment –, de Supports-Surfaces, et avant eux, d’Henri Matisse ou de Paul Klee. De cet héritage, on retrouve

LEE SOO KYOUNGchez LEE Soo Kyoung la puissance architecturale des aplats colorés et une indéniable expressivité chromatique.

Dans ses toiles, l’assemblage des plans génère une tension entre émergence et recouvrement de la forme, selon

une logique de rythme et de transformation. Jouant d’un chromatisme intense, ses peintures sollicitent les

mécanismes de la perception visuelle, dans l’opposition entre profondeur et surface-écran. « L’abstraction pour

moi est le lieu universel, dénudé d’image, de représentation et sans la moindre interprétation, explique LEE Soo

Kyoung. C'est une manifestation de la pensée libérée de tout carcan culturel, social ou identitaire. Mon souci est

de montrer l'étonnement du regard qui soulève notre questionnement sur la liberté. Ce regard est le reflet des

êtres libres que nous sommes. »

Si ces œuvres au chromatisme affirmé et aux lignes franches peuvent, de prime abord, paraître très éloignées

de la peinture de Tal Coat, une parenté d’approche existe pourtant bel et bien entre ces deux démarches, notamment

dans le travail par recouvrement et strates picturales. Et c’est précisément dans cette résonance avec l’œuvre de

Tal Coat que LEE Soo Kyoung se propose d’aborder sa résidence de recherche et de création à Kerguéhennec.

Florence Jaillet, historienne de l’art

LEE Soo Kyoung, Résidence d'artiste au Domaine de Kerguéhennec (novembre 2015)

Exposition hors-les-murs

LEE Soo Kyoung, du 16 janvier au 6 mars 2016 à Pont-Scorff, à l’Atelier d’Estienne, espace d’art contemporain du Pays de Lorient

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Résidence

De mars à mai 2016

Il y a quelque chose de déstabilisant dans les œuvres de YOO Hye-Sook, un trouble de la perception, entre l’optique

et le tactile, jouant sur la capacité de l’œil à saisir ce qui relève du toucher. Ses grands dessins à la mine de plomb

et à l’acrylique invitent le spectateur à une approche sensorielle de la matière, à une plongée visuelle dans

d’épaisses textures, notamment celles de denses chevelures brunes ou de tissus synthétiques imitant le pelage

animal. L’immersion est d’autant plus forte que l’échelle de ses œuvres est imposante et le trait précis, minutieux.

YOO Hye-Sook est née en 1964 à Séoul. Diplômée de l’Université Ewha en 1987, elle s’installe alors à Paris et

poursuit ses études à l'École nationale supérieure des Beaux-arts, puis à l’Université Paris VIII. YOO Hye-Sook vit

et travaille en France depuis lors, tout en exposant régulièrement en Corée. Le pli, les mouvements de la matière

et les jeux de textures occupent une place centrale dans son travail. Elle aborde cette exploration en 2005 avec

une série intitulée Pleat (pli), choisissant pour sujet principal un tissu-éponge dont elle étudie les plis et la matérialité

dans des dessins d’une infinie précision, et dans la rigueur du noir et blanc. Appelant à une observation rapprochée,

ses œuvres révèlent l’aspect duveteux du textile et ses structures les plus fines dans le jeu des replis et de cadrages

plus ou moins serrés, laissant apparaître des étendues de noirs parcourues de vibrations tactiles. En une étrange

métamorphose, les serviettes-éponges hérissées de fils de coton semblent se transfigurer en de duveteux pelages.

Cette animalité paradoxale transparaît dans nombre d’œuvres de YOO Hye-Sook, en particulier Wear (porter),

autre série monochrome, dont le sujet principal est le vêtement. Des vêtements vides, noirs, découpés sur fonds

blancs comme suspendus en l’air, arborant d’étranges silhouettes et ployant sous leur propre poids et leur propre

mollesse. Ces habits non portés font figure de dépouilles ou de mues, impression d’autant plus présente lorsqu’ils

sont composés de fourrure synthétique.

On peut ici emprunter à Gilles Deleuze la notion d’haptique, qu’il développa à propos de la peinture de Francis

Bacon. Le mot « haptique » emprunte au grec « apto » (toucher), pour évoquer une combinaison entre la vue et

YOO HYE-SOOK le toucher. « Haptique, est un meilleur mot pour tactile puisqu’il n’oppose pas deux organes de sens, mais laisse

supposer que l’œil peut lui-même avoir cette fonction qui n’est pas optique » (Gilles Deleuze, Mille Plateaux, 1980).

Cette complémentarité des deux sens s’avère particulièrement sensible dans l’œuvre de YOO Hye-Sook, poussant

parfois jusqu’au malaise dans l’appréhension sensorielle. C’est l’impression qui peut se dégager de la série Paper

(2003-2010), constituée de bandes de papier couleur chair enroulées sur elles-mêmes et hérissées de pointes

de silicone noir. Ces fragiles sculptures, qui donnent ensuite lieu à des séries de dessins à l’encre rouge et noire,

évoquent inévitablement des chairs à vif dans une logique perceptuelle impliquant la vue tout autant que le

toucher. Si les œuvres de cette série peuvent provoquer une forme de répulsion, celles de la série Hair (cheveux)

exercent au contraire une fascination invitant à l’immersion. Entre 2000 et 2006, YOO Hye-Sook s’est consacrée

à la peinture de ces chevelures féminines d’un brun intense, dont la minutie du trait révèle la sensualité tout en

invitant le regard à parcourir l’épaisseur de la matière dans l’entrelacs de lignes patiemment tracées par l’artiste.

Florence Jaillet, historienne de l’art

YOO Hye-Sook, 2011

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30 ANS !LE DOMAINE DE KERGUÉHENNEC FÊTE LES 30 ANS DU PARC DE SCULPTURES

Le Domaine de Kerguéhennec célébrera l’an prochain le trentième anniversaire du parc de sculptures, créé à

l’initiative du ministère de la culture et du Fonds régional d’art contemporain (Frac) de Bretagne. C’est donc,

très naturellement, avec ce même Frac Bretagne qu’il revisitera, à travers un regard croisé sur les collections, la

notion de Paysage.

Un anniversaire, c’est aussi, et surtout, le temps de la réflexion, rétrospective et prospective, sur une expérience,

singulière sinon exemplaire. En trente ans, les pratiques de la sculpture ont évolué comme les usages des lieux

publics offerts à sa présentation.

La collection est désormais riche d’une trentaine de sculptures, essentiellement créées pour le site dans le

cadre de commandes. Les œuvres, propriétés du Centre national des arts plastiques, du Frac Bretagne et du

Département du Morbihan, trouvent place dans un parc paysager protégé au titre des monuments historiques,

créé en 1872, et fortement inspiré d’un projet de Denis Bülher, célèbre dessinateur de jardins de la fin du XIXe

siècle, auteur, entre autres, des parcs du Thabor à Rennes et de la Tête d’Or à Lyon.

On pourrait, à l’instar des classifications botaniques, faire une typologie des œuvres qui y sont présentées. On

distinguerait alors principalement deux grandes familles : les œuvres créées dans le cadre d’une commande, et

intrinsèquement liées au lieu, et à sa problématique architecturale et/ou paysagère ; les œuvres préexistant au

lieu, installées dans le parc, de façon temporaire ou permanente.

Dès la création du parc de sculptures, en 1986, nous retrouvons ces deux typologies, avec deux œuvres

emblématiques, 1000 pots bétonnés peints pour une serre ancienne de Jean Pierre Raynaud et Sept colonnes

à Mallarmé d'Étienne Hajdu, première œuvre installée dans le parc, à l’extrémité sud de l’allée cavalière, une

œuvre conçue par l’artiste à la fin des années… 60 !

Dès lors qu’il est question d’un parc de sculptures, il peut être utile de dissiper un possible malentendu : le parc

de Kerguéhennec n’est pas un parc de Land Art. À l’exception du Cercle de Richard Long, les œuvres qui s’y

trouvent n'appartiennent pas à cette histoire. S’il fallait caractériser les œuvres, dans leur relation au lieu, et en

écho à ses qualités paysagères, il faudrait s’intéresser davantage à une nature profondément cultivée et parler

d’œuvres qui font écho aux dimensions architecturale et paysagère du site. Ainsi, la question de la relation

nature-culture traverse-t-elle toute la collection, de la figure-arbre de Sentier de charme de Giuseppe Penone

à Trait pour trait, la drôle de cage d’Élisabeth Ballet, du Naufrage de Malevitch imaginé par François Morellet à

Fragment pour une cité future, la mise en scène de la ruine d'une ancienne forge dans les communs Est par

Maria Nordman en passant par Crystal cinema de Marina Abramovic qui nous invite à la contemplation d’un

quartz vieux de quelque 35 millions d’années...

Il ne faudrait surtout pas croire qu’une création spécifique pour un site est en soi garante de la qualité d’une

proposition artistique. De nombreuses œuvres qui n'ont pas été conçues pour le parc mais "simplement"

déposées là prouvent le contraire. A contrario, l'impératif de la commande a pu parfois dérouter certains artistes...

En réalité, il semble que l'élément le plus important reste l'adéquation de l'œuvre au lieu. C'est la raison pour

laquelle certaines furent tout autant traumatisées par les avaries météorologiques que les arbres remarquables

de l'arboretum. Un cercle en Bretagne de Richard Long est orphelin de sa clairière ravagée par l'ouragan et la

Mimi de Markus Raetz continue de rêver de l’ombre de son grand chêne aujourd'hui disparu... C'est là toute la

difficulté de gestion d'un parc de sculptures, ce que l'on ne maîtrise pas ou peu… Que dire des effets du temps

sur les œuvres en extérieur ? Doit-on les accepter, les corriger, les atténuer ? Les pierres qui naturellement, en

Bretagne, se recouvrent de lichens doivent-elles être restituées à leurs textures et couleurs initiales ? Les artistes

n'ont pas forcément laissé de "mode d'emploi" et les interprétations sont souvent – et c'est tout à fait normal –

discutables.

Ce parc, qui articule étroitement art, architecture et paysage, est le lieu d’une expérience singulière de l’espace et

du temps ; une expérience qui trouble les repères habituels au risque de se perdre, au propre comme au figuré.

Le parc de Kerguéhennec, bien que dédié à la sculpture, n’en demeure pas moins un lieu profondément littéraire.

L’arboretum, conçu par Denis Bülher au nord de la propriété, est profondément nourri par le romantisme, dont il

est contemporain. C’est ce que l’on appelle l’imaginaire d’un lieu, c’est-à-dire sa capacité à fabriquer des images

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et à les faire dialoguer avec celles que nous apportons à notre tour. Aussi, cet anniversaire sera-t-il l’occasion

de proposer aux visiteurs des déambulations littéraires, autour de la question des jardins, du paysage et de la

marche. À terme, les textes du répertoire seront complétés par une collection de textes créés à Kerguéhennec

dans le cadre de résidences d’écriture.

Une première expérience, avec le critique d’art et commissaire d’exposition Stéphane Carrayrou, fera l’objet d’une

publication au printemps 2016. En observateur attentif – parfois même acteur –, il reviendra sur ces trente années

d’expérimentation et de création, au cœur d’un territoire rural que l’on dit éloigné de la culture. C’est l’une des

caractéristiques du lieu, un vaste domaine agricole, au cœur du Morbihan, cultivé par la Chambre d’agriculture

depuis 1974. Ce fut d’ailleurs la raison première de l’acquisition de ce vaste domaine par le Département en

1972. Du foncier non bâti, groupé, au centre géographique du Morbihan. Ce fut aussi, jusqu’à très récemment,

un lieu de formation. Culture et agriculture semblent y faire bon ménage. C’est l’une des qualités du parc,

l'insertion de parcelles agricoles au cœur même du propos paysager, au sud, sur le coteau Est qui domine les

étangs. À la lisière du bois, Julien Laforge a créé une sculpture-cabane, qui peut faire tout autant office de refuge

que d’observatoire, et dont les découpes reprennent des figures du paysage environnant – végétaux, engins

agricoles, silos…

Le Domaine de Kerguéhennec, du fait de l’évolution du paysage agricole alentour, notamment au Nord, sur

le plateau, apparaît souvent comme une sorte d’îlot de « nature », un lieu qui serait « protégé » des effets du

« progrès »... Le Domaine n’en est pas moins perméable à son environnement : ici, des silos érigent leurs tours

telles des cathédrales des temps modernes ; là, des éoliennes signalent leur présence...

Que vient-on chercher aujourd’hui à Kerguéhennec ? Un anniversaire doit aussi être le moment de se (re)poser

la question. Comment un domaine, jadis privé et voué à l’usage exclusif d’une famille, peut-il être aujourd’hui

partagé par nos contemporains dans le cadre de son ouverture au public ?

Il y a, au sens propre comme au figuré, de multiples portes d’entrée au Domaine de Kerguéhennec : au nord

(l’entrée principale, celle des visiteurs), au sud (le Moulin du Roc, entrée préférée des pêcheurs à la ligne), à

l’est (la ferme, l’entrée des « habitués »). On y vient pour s’y promener, voir des expositions, découvrir le parc

de sculptures… ou le parc botanique… souvent les deux, simultanément, presque sans s’en apercevoir… C’est

probablement l’une des principales vertus de l’utilisation, très en usage depuis les années 80, du patrimoine à

des fins culturelles ; c’est aussi peut-être l’une de ses limites…

Ce qui ressort de l’expérience, c’est que l’on marche beaucoup, on arpente, on déambule, on se pose aussi

parfois, pour se reposer, au Café du Parc ou sous un chêne. On va, du nord au sud, d’est en ouest, on passe

du dedans au dehors… On peut aussi se perdre... Il est souvent difficile d’arrêter les limites de la propriété. Le

Domaine questionne la notion de frontière, et de territoire. Des questions actuelles, ô combien !

Olivier Delavallade, Directeur du Domaine de Kerguéhennec – Octobre 2015

Exposition du 26 juin au 6 novembre 2016

L'exposition présentée avec le Frac Bretagne questionnera le paysage dans la diversité de ses dimensions

– esthétique, économique, culturelle, politique… C'est l'un des axes forts de la collection du Frac Bretagne,

depuis sa création, et de la programmation artistique du Domaine.

L'exposition investira la totalité des espaces (château, écuries, bergerie, parc). On y trouvera, entre autres,

des œuvres des artistes présents dans la collection du parc (Richard Artschwager, Élisabeth Ballet, François

Bouillon, Jean-Gabriel Coignet, Ian Hamilton Finlay, Toni Grand, Étienne Hajdu, François Morellet, Maria

Nordman, Jean Pierre Raynaud, Carel Visser). Une occasion, souvent, de mettre en regard pratique d'atelier et

pratique d'in situ et de vérifier, s'il le fallait, combien ces pratiques sont indissociables et se nourrissent l'une

l'autre, dans le continuum, pas forcément linéaire, d'un processus de création toujours complexe.

Commissariat de l’exposition : Catherine Elkar, directrice du Frac Bretagne, et Olivier Delavallade, directeur du

Domaine de Kerguéhennec

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Page 18: Dossier de presse Expositions Corée printemps 2016

LE DOMAINE DE KERGUÉHENNECART + ARCHITECTURE + PAYSAGE

Le Domaine de Kerguéhennec a été acquis par le Département du Morbihan en 1972 et classé au titre des Monuments

historiques en 1988, il fait partie du réseau européen des Centres culturels de rencontre, lieux de patrimoine dédiés

à des projets de recherche et création transdisciplinaires, tissant un lien étroit entre des publics variés et partageant

une implication forte dans le développement de leurs territoires.

Domaine départemental de Kerguéhennec, photo www.abdrone.fr

// UN CENTRE D’ART

La programmation artistique du Domaine de Kerguéhennec s’attache au dialogue entre art, architecture et paysage.

L’articulation entre patrimoine et création est au cœur du projet culturel. La programmation artistique et culturelle

prend en compte la variété des lieux d’exposition et invite à la circulation dans les différents espaces du Domaine :

espace ouvert des anciennes écuries, propice à la monstration d’œuvres monumentales et d’installations ; espace

cloisonné et intimiste de la bergerie, pour la collection Tal Coat ; qualité des volumes et de la lumière des salles du 1er

étage du château favorisant la déambulation et la découverte de la peinture. Le Domaine propose, simultanément,

deux ou trois expositions, et présente des expositions monographiques et thématiques. La plupart des expositions

font l’objet de publications. Deux ateliers-logements permettent de recevoir des artistes en résidence tout au long

de l'année. Les œuvres réalisées dans ce cadre sont ensuite présentées au Domaine ou dans d’autres lieux de

diffusion du département.

// UN PARC DE SCULPTURES UNIQUE EN FRANCE

2016 : 30 ans du parc de sculptures

Le parc du Domaine de Kerguéhennec est un lieu de référence en matière de présentation de la sculpture

contemporaine. Créé à partir de 1986 à l’initiative du ministère de la Culture, de la Direction régionale des affaires

culturelles de Bretagne et du Fonds régional d’art contemporain de Bretagne (Frac), le parc de sculptures compte

parmi les plus importants d’Europe. Il réunit aujourd'hui plus d’une trentaine d’œuvres d’artistes majeurs.

// UN PATRIMOINE HISTORIQUE ET ARCHITECTURAL

Construit au XVIIIe siècle, le château est au cœur d’un espace domanial aménagé dès le Moyen Âge. En 1703, la

seigneurie de Bignan est rachetée par les frères Daniel et Laurent Hogguer, de riches banquiers suisses résidant à

Paris et prêtant régulièrement de l’argent à la Compagnie des Indes. En 1710, ils font appel à l’architecte vannetais

Olivier Delourme pour la construction du château. La famille Hogguer reste propriétaire du Domaine jusqu’en 1732.

Après différents changements de propriétaire, le Domaine est racheté en 1872 par le comte Paul-Henri Lanjuinais,

maire de Bignan, député puis président du Conseil général du Morbihan. Celui-ci fait du château sa résidence

principale et entreprend des travaux considérables sous la direction de l’architecte parisien Ernest Trilhe.

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// UN PARC PAYSAGER D’EXCEPTION

Ce n’est qu’à la fin du XIXe siècle que le parc, d’une superficie de 45 hectares, fut considérablement remodelé par

Denis Bülher. Ce célèbre paysagiste a dessiné avec son frère, le parc de la Tête d’or à Lyon et les jardins du Thabor

à Rennes. Le projet concerne essentiellement le parc Nord ; les lignes amples et sinueuses vont alors succéder

aux allées rectilignes à la française, créant ainsi un nouveau cheminement plus romantique. Le château n’est plus

découvert de front et dès l’entrée ; une approche plus lente permet de mieux s’immerger dans l’esprit du parc. Cette

partie du parc abrite un arboretum composé d’essences provenant des différents continents. Au Sud, une allée

cavalière a été creusée dans l’axe du château afin d’accentuer la perspective.

La propriété agricole, d’une superficie de 175 hectares, est désormais exploitée par la Chambre d’agriculture du

Morbihan.

// LE FONDS TAL COAT

L’exposition Tal Coat propose depuis le 16 décembre 2015 un nouvel accrochage qui dévoile aux visiteurs les

dernières acquisitions.

Du 16 décembre 2015 au 5 juin 2016. Ouverture du mercredi au dimanche, de 12h à 18h.

Le Département constitue depuis plusieurs années, par voie d’achats ou de dons, un fonds Tal Coat désormais

riche de quelque mille dessins, gravures, aquarelles et peintures, dont la valorisation est assurée par le Domaine de

Kerguéhennec. Depuis 2013, une exposition permanente, dont l’accrochage est régulièrement renouvelé, présente,

dans l’ancienne bergerie du Domaine, cet ensemble exceptionnel.

Une partie du fonds Tal Coat est également exposée à l’Hôtel de Limur à Vannes dans le cadre de l’exposition Tal

Coat. L’oeuvre graphique, du 19 décembre 2015 au 29 mai 2016 (coproduction Musée de Vannes - Domaine de

Kerguéhennec, propriété du Département du Morbihan).

LES RENDEZ-VOUS DU DOMAINE DE KERGUÉHENNEC

// VISITES ACCOMPAGNÉESTous les dimanches à 15h30Visite des expositions dans le cadre de l’Année France-Corée avec introduction sur l’histoire du château. 2,5 € (gratuit pour les moins de 18 ans et sous conditions).

// ATELIERS DES VACANCES - AVRILSur réservation au 02 97 60 31 84 - De 14h30 à 16h30 - 4 €

Pour les enfants 6-12 ans_Atelier gravure : Mercredi 6 avrilEdition de vœux et secrets au moyen de la gravure autour d’une tradition coréenne. Le secret est-il l’envers de l’écriture ? Avec l’association La Maison. _Atelier avec un artiste : Mercredi 13 avrilDécouverte de la création artistique coréenne et atelier d’arts plastiques avec Jean-François Baudé.

En famille_Atelier gravure : Jeudi 7 avrilEdition de vœux et secrets au moyen de la gravure autour d’une tradition coréenne. Le secret est-il l’envers de l’écriture ? Avec l’association La Maison. _Atelier cuisine sauvage [côté parc] : Vendredi 8 avrilCollecte de plantes comestibles dans le potager et dans le parc pour un atelier cuisine, avec Des graines et des brouettes. Gratuit_Atelier avec un artiste : Jeudi 14 avrilDécouverte de la création artistique coréenne et atelier d’arts plastiques avec Jean-François Baudé.

// MUSIQUE ET DANSE BAROQUES AU CHÂTEAUDimanche 22 mai Les Basses Réunies, ensemble de musique baroque, propose, de l’Italie à la Grande-Bretagne au XVIIIe siècle, un voyage de rencontres, d’admirations réciproques, de destins musicaux croisés au cours d’une journée de découvertes.

_Atelier : Dansez au château ! De 11h à 13h - 4 € (sur réservation)Atelier de danse baroque avec Irène Ginger, danseuse et professeur au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris, accompagnée par Les Basses Réunies._Présentation : Découverte des instruments - 14h - Gratuit Présentation des instruments des Basses Réunies  : violoncelle, viole, lirone, clavecin, harpe._Concert : Voyages en terre celte, Création 2016 - 16h - 5 € / gratuit pour les moins de 18 ans (sur réservation)

L'ensemble Les Basses Réunies reçoit le soutien de Vannes Agglo, de la Ville de Vannes, de la Drac Bretagne et de la SPEDIDAM.

// RENDEZ-VOUS AUX JARDINS« les couleurs du jardin »Samedi 4 et dimanche 5 juin - Gratuit Ateliers, balades thématiques, jeux, visites sont proposés à Kerguéhennec pour découvrir la palette de couleurs et de saveurs du parc et du jardin potager du Domaine.

Avant-goût du programme à retrouver en détails dès le mois de mai sur : www.kerguehennec.fr :

Promenade paysagère [côté parc] - Samedi 4 juin, 15hDécouverte du parc avec Louis-Michel Nourry, historien des jardins et du paysage.

Atelier cabanes et nichoirs [côté parc] - Dimanche 5 juin, 15hRéalisation de cabanes à insectes et nichoirs à oiseaux à partir de pots de fleurs, avec Maxence Cadet.

S’attarder au jardin… L’ancien potager de Kerguéhennec accueille depuis quelques années un « jardin partagé » et depuis quelques semaines… une paysagiste, Hélène Grapin, et un artiste, Simon Augade. Ce week-end est l’occasion de rencontrer et d’échanger avec ces passionnés des jardins, de l’art et du paysage.

Pour préparer les Rendez-vous aux jardins…Projection-atelier  : Le jardin en marche - Dimanche 29 mai, 15hL’image raconte l’histoire d’un incroyable jardin et de ses étonnants propriétaires. Une histoire de terre et de filiation. Atelier de création à suivre dans le jardin potager du château dont les résultats seront visibles les 4 et 5 juin. Film en Super 8 de Benoît Sicat.

Les rendez-vous [côté parc] sont le fruit d’une collaboration avec le service des Espaces naturels sensibles du Département du Morbihan.

KERGUEHENNEC // JANVIER 2016

DÉPARTEMENT DU MORBIHAN // DOMAINE DE KERGUÉHENNEC // 37 / 40

Page 20: Dossier de presse Expositions Corée printemps 2016

VISUELS DISPONIBLES POUR LA PRESSE

HA Chong Yun, Conjunction 15-013, 2015Huile sur chanvre, 120 x 180 cm. Courtesy Kukje Gallery

HA Chong Yun, Conjunction 97-011, 1997Huile sur chanvre, 180 x 120 cm. Courtesy Kukje Gallery

YUN Hyong-Keun, Burnt Umber & Ultramarine, 1984. Huile sur toile de lin. Collection particulière

HA Chong Yun, Conjunction 09-004, 2009Huile sur chanvre, 180 x 120 cm. Courtesy Kukje Gallery

PARK Seo Bo, Ecriture No. 990624, 1999. Technique mixte avec du papier coréen hanji sur toile, 182 x 260 cm

PARK Seo Bo, Ecriture No. 990820, 1999Technique mixte avec du papier coréen hanji sur toileCollection particulière

LEE Kang So, Emptiness 11137, 2011Acrylique sur toile, 130,3 x 162 cmCollection particulière

CHOI Byung So, Untitled, 1996. Stylo à bille, crayon sur papier, 55 x 80 cm. Collection particulière

SHIM Moon Seup, The Presentation, 2015. Pierre, arbuste. Domaine de Kerguéhennec - Photo Stéphane Cuisset

SHIM Moon Seup, The Presentation – To an island, 2006 (détail). Bois, pierre, 3 x (140 x 50 x 95) cm. Domaine de Kerguéhennec - Photo Stéphane Cuisset

LEE Soo Kyoung, Résidence d'artiste au Domaine de Kerguéhennec © ADAGP, Paris 2015

YOO Hye Sook, 2011. Acrylique et mine de plomb sur toile, 80 x 80 cm

INFORMATIONS PRATIQUES

// DOMAINE DE KERGUÉHENNEC

Une propriété du Département du Morbihan

56500 Bignan

tél. 02 97 60 31 84

www.kerguehennec.fr

// CAFÉ DU PARC

Horaires et jours d’ouverture identiques à ceux du Domaine.

// CONTACTS PRESSE

Agence Observatoire / www.observatoire.fr / 68 rue Pernety, 75014 Paris

Aurélie Cadot : [email protected] - tél. 01 43 54 87 71

Domaine de Kerguéhennec / Céline Didier : [email protected] - tél. 02 97 60 34 05

// MANIFESTATION ORGANISÉE DANS LE CADRE DE L'ANNÉE FRANCE-CORÉE 2015-2016

http://anneefrancecoree.com/

L’Année France-Corée 2015-2016 est organisée et mise en œuvre :- pour la Corée : par le ministère des Affaires étrangères, le ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme, le Korean Culture and Information Service (KOCIS), l’Ambassade de la République de Corée en France, le ministère des Sciences, des Technologies de l’Information et de la Communication et de la Planification, le ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Affaires rurales, le ministère de l’Egalité homme-femme et de la Famille, le ministère de l’Education, l’Association des Gouverneurs, la ville de Séoul et la Fondation de Corée. Président : M. CHO Yang-ho ; Responsables de la Coordination générale : M. le Directeur général de la Diplomatie culturelle au ministère des Affaires étrangères et M. le Directeur général du planning du KOCIS ;- pour la France : par l’Institut français avec le soutien du ministère des Affaires étrangères et du Développement international, du ministère de la Culture et de la Communication, du ministère de l’Economie, de l’Industrie et du Numérique, du ministère de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, du ministère de la Ville, de la Jeunesse et des Sports, du ministère de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt, et de l’Ambassade de France en Corée. Président : M. Henri Loyrette » à des projets de recherche et création transdisciplinaires, tissant un lien étroit entre des publics variés et partageant une implication forte dans le développement de leurs territoires.

// ENTRÉE LIBRE ET GRATUITE

Du mercredi au dimanche, de 12h à 18h

(du 26 juin au 18 septembre : tous les jours de 11h à 13h et

de 14h à 19h)

Le parc de sculptures est accessible tous les jours.

KERGUEHENNEC // JANVIER 2016

DÉPARTEMENT DU MORBIHAN // DOMAINE DE KERGUÉHENNEC // 39 / 40

Page 21: Dossier de presse Expositions Corée printemps 2016

Domaine de Kerguéhennec Une propriété du Département du Morbihan56500 BignanTél. 02 97 60 31 84

www.kerguehennec.fr

Expositions présentées à partir du 06 mars 2016

Du mercredi au dimanche, de 12h à 18h (du 26 juin au 18 septembre : tous les jours, de 11h à 13h et de 14h à 19h)

Entrée libre et gratuite

Contacts presse :

Agence Observatoire : Aurélie Cadot [email protected] - tél. 01 43 54 87 71 www.observatoire.fr

Domaine de Kerguéhennec : Céline Didier [email protected] - tél. 02 97 60 34 05

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