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Mystérieuxvol de jouetsà la Ludothèque

À quelques semaines d’un Noël pas comme les autres, Choisy-Infos vous o�re un premier cadeau : un conte, à partager en famille.

Pas de princesse ou de prince charmant dans cette histoire, mais de petits aventuriers, bien décidés à enquêter sur un mystérieux vol de jouets à la ludothèque…

Bonne lecture à tous !

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D u haut des remparts, il vit la Sorcière blanche et les Géants du Nord s’éloigner. Avec son épée, il avait défendu le palais royal. À ses côtés, sa fiancée abaissait son arc. Il se pencha vers elle... et c’est

à ce moment-là qu’une voix s’éleva :« Les enfants, venez vous asseoir, j’ai quelque chose à vous dire. »Roméo s'assombrit : juste au moment où il allait enfin embrasser Zoya ! À l’abri de la muraille en carton, les deux enfants s’étaient télétransportés au Moyen Âge. Le prince avait mis une grande cape pour cacher son maillot Mbappé ; la princesse, une doudoune en guise d’armure.« C’est pas grave, dit Zoya, en remettant ses lunettes. On recommencera tout à l ’heure. »Roméo était déçu. Il jeta sa cape dans la malle aux déguisements et rejoignit le groupe qui écoutait la directrice de la ludothèque.« En arrivant ce matin, nous avons vu qu’il manquait une boîte de Dobble, un Code Names et deux jeux de cartes. Si l ’un de vous les a “empruntés”, qu’il nous le dise et qu’il les rende... »Un silence s’abattit sur la salle de jeux.« C’est pas nous, lança Inès, une grande de dix ans.– C’est vrai, pourquoi toujours nous accuser, ajouta Aboubacar, dit Babou, son copain du collège.– Je ne vous accuse pas, mais je constate qu’il manque des jeux. S’ils ne sont pas revenus demain, je préviendrais vos parents. »L’ambiance était tombée. Roméo remit sa casquette, enfila son blouson et appela son petit frère : « Eliott, on rentre ! »Devant la ludothèque, les enfants avaient du mal à se séparer. Pourquoi voleraient-ils des jeux alors qu’ils venaient justement jouer ici ? « Il faut faire quelque chose, dit Zoya.– Oui, mais quoi, demanda Inès.– On n’a qu’à chercher le coupable », proposa Babou. Roméo n’avait pas trop d’idées, mais il voulait impressionner Zoya : « On n’a qu’à rester à la ludo-thèque le soir pour attraper le voleur ? » Les quatre enfants se regardèrent en silence. Mener l’enquête ? Comme au Cluedo ?« Rendez-vous demain, reprit Inès. Dites à vos parents que vous dormez chez des copains. Et surtout, gardez le secret ! »

L e lendemain, en fin d’après-midi, Zoya, Inès, Babou, Roméo et Eliott se cachèrent dans le faux château. De là, ils avaient une vue sur toute la salle. Ils s’arrêtèrent de respirer quand la directrice

jeta un dernier coup d’œil avant de fermer la ludothèque. Ils étaient dans le noir complet. Les heures pas-sèrent lentement. Eliott s’était endormi en serrant contre lui son petit sac à dos. Ce fut Zoya qui, la première, entendit un léger bruit, comme un grattement de souris, près de la fausse cuisine aménagée pour les jeux. Une faible lueur, une ombre qui se glissait du côté des puzzles…« Qu’est-ce que c’est ? » cria Babou, tout en éclairant la ludothèque avec son portable.Zoya, Inès et Roméo étaient déjà sortis du château quand ils virent l’ombre retourner dans la cuisine. De nouveau une lueur, puis plus rien. Ils eurent beau fouiller, rien. Le mystère total. Qui était cette ombre ? Comment était-elle entrée ? Par où était-elle sortie ?Les enfants se mirent à marcher dans un sens, puis dans l’autre, comme pour mieux réfléchir. Tout à coup, Inès releva la tête :« Babou, tu te souviens de ce jeu, Bilbo le Hobbit ? Le trésor du roi est caché sous la montagne. Il y a sûrement un passage secret quelque part, un passage qui mène à une cave, une cave qui communique avec la rue…– Inès, coupa Babou, rappelle-toi qu’avant de trouver le trésor, on doit affronter le dragon Smaug ! C’est drôle autour d’une table, mais dans la vraie vie…

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– Espèce de trouillard ! Non mais regardez-le : il a une grosse voix mais il a peur du noir. Commençons déjà par trouver l ’entrée du passage ! »Ils se mirent à fouiller la cuisine, ouvrant chaque placard, regardant sous les meubles, et même dans les casseroles. Rien. Roméo allait refermer la porte du frigo quand il sentit un filet d’air vers le fond. Il posa sa main et appuya : l’arrière du frigo s’ouvrit comme une porte !« Venez voir, je l ’ai trouvé ! »Au fond du frigo s’ouvrait un tunnel, noir et étroit. Roméo n’était plus très sûr de vouloir y entrer…Inès prit la tête de l’expédition :« J’ai une lampe frontale, je passerai devant et Babou se mettra en dernier pour vous éclairer. »Roméo allait la suivre quand Zoya le tira par la manche. Eliott ! Il allait oublier Eliott ! Roméo courut réveiller son petit frère, le prit par la main et l’aida à entrer dans le frigo.Dans le tunnel, il fallait ramper, se tortiller pour essayer d’avancer. Après quelques mètres heureusement, le tunnel s’élargissait et bientôt ils purent se relever. Trois couloirs s’ouvraient devant eux. Lequel prendre ?« Regardons par terre s’il y a des traces de pas », proposa Zoya.Dans la lumière des portables, ils virent que la poussière qui recouvrait le sol avait été remuée dans le tunnel de droite : quelqu’un était passé plusieurs fois par ici… L’odeur de terre était de plus en plus forte. Des petits bruits se faisaient entendre : cri-cri-cri, shlou-shlou… « Il doit y avoir plein de bêtes », pensa Roméo, qui avait très très peur des araignées. « Attendez, dit Babou. Si on continue comme ça, on va se perdre. En histoire, la prof nous a parlé du labyrinthe du Minotaure en Grèce. Le héros a réussi à retrouver la sortie en déroulant un f il que lui avait donné sa f iancée…– Oui, c’est malin, mais on n’a pas de f icelle ! le coupa Roméo. C’est alors qu’Eliott releva la tête :« Je sais comment faire, dit-il en plongeant la main dans son sac à dos. À chaque carrefour, on en posera une par terre pour indiquer la direction, comme le Petit Poucet avec ses cailloux. »Eliott tenait en main une figurine de dinosaure. Il en avait plusieurs dans son sac : un t-Rex vert, un spino-saure orange, un brachiosaure violet, un tricératops noir… « Sauvés par la préhistoire ! Génial Eliott », s’exclama Inès. La petite troupe prit le tunnel de droite. Des gouttes d’eau coulaient le long des murs et détrempaient le sol.« On doit être près de la Seine », expliqua Babou.Il allait se lancer dans un exposé sur la géologie quand Zoya s’arrêta brusquement. « Chut, taisez-vous ! Écoutez... »

D ans le silence du tunnel, ils entendaient une musique... La troupe reprit sa marche, en essayant de faire le moins de bruit possible. Inès, toujours en tête, aperçut une lumière. Roméo avait de plus en

plus peur. Il serrait très fort la main de son petit frère et se retournait souvent vers Zoya. Les paillettes de son tee-shirt brillaient dans le noir et le rassuraient.En s’approchant, ils découvrirent une immense pièce éclairée par une multitude de petites lampes. Au centre, un piano. Sur les côtés, des meubles en bois brillant, des fauteuils dorés aux pieds tordus et au tissu rose ou vert. Des tapis anciens couvraient le sol et réchauffaient l’atmosphère.« C’est Louane, souffla Inès.– Quoi Louane, elle est où ? demanda Roméo.– Mais non, la musique, c’est “Donne-moi ton cœur”, de Louane. »Sur une table basse, ils virent une boîte de Code Names, des cartes à jouer, comme si une partie s’était inter-rompue en plein milieu. Une main souleva un rideau en velours et une fillette traversa la pièce.

Elle marchait comme un fantôme : sa longue robe rouge cachait ses pieds et elle semblait voler. Ses cheveux blonds, presque blancs, son visage pâle et ses grands yeux verts la rendaient encore plus mystérieuse. Elle s’assit et essuya une larme qui coulait le long de sa joue. Elle allait ramasser les cartes quand un bruit lui fit relever la tête. C’était Eliott qui venait d’éternuer !Babou poussa tout le monde vers la lumière :« Heu, bonjour, on vient du frigo, enfin de la ludothèque je veux dire. T’es qui, toi ? Qu’est-ce que tu fais ici ? C’est quoi tous ces meubles ? »La fillette ne semblait pas avoir peur. « Je vis ici depuis toujours. Ma famille s’est installée il y a très longtemps, en récupérant les meubles du château de Choisy.– Ils sont où tes parents ? demanda Inès.– Ma mère aide mon père dans son travail.– Il fait quoi comme travail ? » interrogea Roméo.La fillette hésita un instant avant de lancer :« C’est le père Noël…– Ouais, je vois, reprit Roméo. Il fait des photos devant l ’entrée du supermarché avec une fausse barbe !– Non non, il est le père Noël, le vrai père Noël…– Prouve-le !– Je ne peux pas prouver que mon père est mon père ! Et il ne sera pas là avant plusieurs jours, il est en train de distribuer les jouets.– Si tu étais vraiment la f ille du père Noël, tu aurais plein de jeux. Tu n’aurais pas besoin de voler les nôtres », affirma Zoya.En entendant ces mots, la fillette s’effondra en larmes.« Justement, il donne tout aux enfants dont les parents n’ont pas assez d’argent pour leur offrir des cadeaux. Il dit qu’il faut réparer les injustices, et quand il revient à la maison, il n’a plus rien pour moi.– Ça alors, c’est la meilleure ! s’énerva Inès. Non seulement, il te laisse toute seule, mais en plus tu ne peux pas t’amuser !– C’est vrai, mais ce n’est pas une raison pour voler, dit Babou. J’ai une idée : on rapporte les jeux et tu viens avec nous. Des jeux et des jouets, il y en a des centaines, et surtout, il y a nous et les autres. On va dormir un peu et demain, on se remettra en route. »La fille du père Noël hésitait : elle venait de les rencontrer et jamais elle n’avait vu autant de monde ! L’idée de rencontrer encore d’autres enfants lui faisait peur. Mais elle ne supportait plus d’être seule et jouer à Dobble en solitaire n’avait rien de drôle.

L e lendemain matin, elle se décida à partir avec Zoya, Inès, Babou, Roméo et Eliott. C’était l’heure de l’ouverture de la ludothèque et personne ne s’aperçut de leur arrivée. Toute la matinée, ils jouèrent

ensemble : une partie de Wasabi, un peu de Géosmart. Ils attaquaient un Panic Cafards quand la directrice convoqua tout le monde.« Les enfants, les jeux ont réapparu. Je ne sais pas qui les a rapportés, mais j’espère que cet incident ne se reproduira pas. Aujourd’hui est un jour très particulier car nous allons avoir la visite de quelqu’un que vous attendez tout au long de l ’année : le père Noël ! »La fille du père Noël se mit à trembler.« Il ne faut pas qu’il me voie ici », murmura-t-elle.Eliott lui tendit un masque :« Avec ça, il ne te reconnaîtra pas et tu pourras continuer à jouer », lui dit-il.D’un air malicieux, elle le mit et se tourna vers les autres. Inès, Roméo et Babou éclatèrent de rire : c’était un masque de père Noël !

Et c’est ainsi que la fille du père Noël retrouva le sourire en même temps qu’elle se faisait des amis. Depuis, on entend souvent son rire dans la grande salle de la ludothèque...

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