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CATECHESE BIBLIQUE SYMBOLIQUE Mars 2003 EPHETA XXXVII LA PRIERE ET LA BIBLE Sommaire I. INTRODUCTION 5 A. UN DOSSIER SUR LA PRIERE 5 B. LA PRIERE OPERE EN NOUS L’ALLIANCE 5 1. Dieu est dangereux 5 2. Le feu dans les épines 7 3. Elie au désert 8 a) Le repas dans le désert 8 b) L’expérience mystique 8 4. L’ascension d’Elie et la Pentecôte qui s’ensuivit 10 a) La double part d’Esprit-Saint 10 b) Les deux dons s’enchaînent 11 c) Le manteau ‘Eglise’ 12 d) Pentecôte et prière 12 5. Emmaüs 13 a) Le point de départ du trajet chrétien : l’extériorité du fait 13 b) L’entrée dans la maison 14 c) Les membres du corps tous réunis 15 6. La Transfiguration (que nous prendrons dans Marc) 15 a) Le contexte 15 b) La montée 16 c) La métamorphose de Jésus 16 d) L’expérience bouleversante 16 e) La descente 16 C. CONCLUSION 16 D. BIBLIOGRAHIE SUR LA PRIERE JUIVE 17 II. PRIERE 18 A. ARYEH KAPLAN 18 1. Mystique juive 18 B. SAINT AUGUSTIN (IV°s) 19 1. Quand la voix se tait, cœur parle 19 SAINT AMBROISE DE MILAN (IV°s 19 1. Parle, écoute... 19 D. ORIGENE (III° s) 20 14 mai 2003 document.doc 1 sur 136

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CATECHESE BIBLIQUE SYMBOLIQUE Mars 2003

EPHETA XXXVII LA PRIERE ET LA BIBLESommaire

I. INTRODUCTION 5A. UN DOSSIER SUR LA PRIERE 5

B. LA PRIERE OPERE EN NOUS L’ALLIANCE 51. Dieu est dangereux 52. Le feu dans les épines 73. Elie au désert 8

a) Le repas dans le désert 8b) L’expérience mystique 8

4. L’ascension d’Elie et la Pentecôte qui s’ensuivit 10a) La double part d’Esprit-Saint 10b) Les deux dons s’enchaînent 11c) Le manteau ‘Eglise’ 12d) Pentecôte et prière 12

5. Emmaüs 13a) Le point de départ du trajet chrétien : l’extériorité du fait 13b) L’entrée dans la maison 14c) Les membres du corps tous réunis 15

6. La Transfiguration (que nous prendrons dans Marc) 15a) Le contexte 15b) La montée 16c) La métamorphose de Jésus 16d) L’expérience bouleversante 16e) La descente 16

C. CONCLUSION 16

D. BIBLIOGRAHIE SUR LA PRIERE JUIVE 17

II. PRIERE 18A. ARYEH KAPLAN 18

1. Mystique juive 18

B. SAINT AUGUSTIN (IV°s) 191. Quand la voix se tait, cœur parle 19

SAINT AMBROISE DE MILAN (IV°s 191. Parle, écoute... 19

D. ORIGENE (III° s) 201. Boire chaque jour la Parole 20

III. LES EPINES DANS LA BIBLE 20A. UN TEXTE JUIF : LE PIRQE DE RABBI ELIEZER 20

1. Dieu descend dans les épines 20

B. SAINT AUGUSTIN (V°s) 211. Le Mystère du buisson d’épines 21

C. SAINT AUGUSTIN (V°s) 211. La vigne dans les épines 21

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D. ** SAINT GREGOIRE DE NYSSE (IV°s) 221. L’âme du prophète s’enflamme 222. Le Soleil a brillé dans nos épines 22

E. THEODORE BAR KONI (VIII°s) 231. Le peuple en feu… 23

F. SAINT CESAIRE d’ARLES (V°s) 231. Aimez vous les uns les autres 232. L’épine 233. Le corps mystique 24

IV. ELIE AU DESERT 24A. SAINT EPHREM (V°s) 24

1. Fuite d’Elie au désert 242. Elie et l’ange 243. Pain et eau 254. A l’Horeb 255. Le vent et le tremblement de terre 256. Le murmure 267. La rencontre de Dieu 26

B. SAINT AUGUSTIN (V°s) 261. Le don de Pentecôte 262. Les arrhes de l'esprit 273. Voyageons vers l’amour définitif 27

V. L’ASCENSION D’ELIE 28A. SAINT AELRED DE RIEVAULX (XII°s) 28

1. L’Ascension 282. Le manteau, c’est l’Eglise 283. Double part d'Esprit 28

B. SAINT ROMANOS LE MELODE (V°s) 291. Elie fait pour le ciel 292. Elie - Jésus 30

C. QUODVULTDEUS (V°s) 301. Récit de l’Ascension d’Elie 302. Le double don d’Esprit-Saint 30

D. SAINT BASILE LE GRAND (IV°s) 311. Comme Elie, élève ton corps dans le feu ! 31

VI. LA PENTECOTE 31A. SAINT EPHREM (V°s) 31

1. Les Apôtres : des cierges éteints qui s’allument 312. Le vin de l’Esprit-Saint 32

B. SAINT ROMANOS LE MELODE (V°s) 321. La barque « Eglise » dans la tempête 322. Le feu qui ne brûle pas 32

C. SAINT AUGUSTIN (V°s) 331. Pentecôte : le don de l’Esprit 332. Purification, fraction et communion du ‘corps’ 33

D. SAINT CYRILLE D’ALEXANDRIE (V°s) 341. La chair rejette l’Esprit de Dieu 342. Pentecôte 34

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E. SAINT CYRILLE D’ALEXANDRIE (V°s) 351. Du neuf : maintenant, l’Esprit en personne habite dans les baptisés 352. Le cas de Jean-Baptiste 35

VII. EMMAÜS 36A. SAINT GREGOIRE LE GRAND (VII°s) 36

1. Le Christ, un étranger ! 362. Après la Parole, la pratique de la table 363. Un récit transmis par la tradition 36

B. SAINT AUGUSTIN (V°s) 371. Le Seigneur est ressuscité ! 372. Ce Jésus qui ne sait pas 37

C. SAINT AUGUSTIN 381. L'Eucharistie d'Emmaüs 38

D. QUODVULTDEUS (V°s) 381. Jésus fait semblant de ne pas savoir 38

VIII.LA TRANSFIGURATION 39A. SAINT AMBROISE (IV°s) 39

1. Gravir la « montagne » de la foi pascale 392. Une catéchèse trinitaire de la Parole de Dieu 393. Le Mystère trinitaire : Des sens spirituels … par le Fils, dans l’Esprit, vers le Père. 404. Les vêtements bibliques et spirituels de la Parole 405. Le sommeil du corps et son réveil 416. Cette nuée lumineuse qui « ombre » les âmes, qui, dès lors, peuvent « entendre ». 417. Trois au début, Un à la fin : unité, communion, paix et joie. 41

B. SAINT HILAIRE DE POITIERS (IV°s) 421. Quelques codes existentiels 422. Plus Dieu est lumineux, plus l’homme est ténébreux 42

C. SAINT JEROME (IV°s) 421. L’histoire évangélique 422. Histoire juive rayonnante de sens spirituels quand Jésus-Christ s’en mêle. 433. Après le « sixième jour »… le Royaume ! 434. Les vêtements blancs de la Parole qui descend d’en haut 445. Élie et Moïse éclairés par l’Evangile de Jésus-Christ 456. Le Christ « blanchit » l’histoire humaine salie… 457. « L'intelligence spirituelle » ou la « montée » au dessus du texte 458. Trois petites tentes en bas, une grande en haut 469. Cette nuée lumineuse qui nous donne de l’ombre 4610. Cette « voix » biblique qui, dans la Trinité, nous unifie 47

IX. PARTIE PEDAGOGIQUE 48A. INTRODUCTION 48

1. Le travail proposé dans ce dossier 48

B. CATECHESE « A L’ESSENTIEL » (ou a minima) 491. Information sur l’histoire de Gédéon. 492. Création 493. Information sur le récit de Thomas. 504. Création sur le récit de Thomas. 505. Parole-débat 506. Célébration 50

C. ETUDE D’UN PREMIER ENREGISTREMENT 511. Deux questions au départ 51

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2. Les perceptions enfantines 513. Comment répondre à ce problème éducatif ? 524. Une stratégie mal définie 535. « Intérieur-extérieur » dans le débat 546. Le problème du ‘rouge’ 557. La logique « rouge-bleu’ de Gildas 558. Une perche verte qui rate 56

a) Du ‘vert’ au ‘vert’ 56b) Un ‘jaune’ difficile 58

9. Conclusion 6010. Enregistrement d’un débat 60

D. UN SECOND ENREGISTREMENT A TRAVAILLER 671. Les premiers repérages 672. Vers la mort et la résurrection 703. Nouveau rebondissement orienté par l’animatrice 714. Une tentative d’animation… qui va avorter en se terminant à la cantine 735. Reprise de la lecture : « En descendant de la montagne… ressuscité des morts » 746. La question existentielle… embarrassante. 75

E. SEQUENCE DES COURS ELEMENTAIRES : ‘QUAND DIEU SE FAIT ENTENDRE’76

1. Méditation pour les adultes 762. Pédagogie 77

a) Pour apprendre à écouter les enfants 77b) Déroulement 77

F. SEQUENCE DES COURS MOYENS : ‘QUAND DIEU DESCEND’ 791. Introduction théologique 792. Visée et objectifs pédagogiques 813. Première séance 81

a) Un récit possible de Gn 11,1-9 81b) Racontez la Pentecôte (Ac 2) 82

4. Deuxième séance : comparer et creuser 83a) Lier ensemble les deux récits 83b) Question rouge – question bleue 83

5. Troisième séance : débat inter-équipes. 85a) En CM 1, 85b) En CM2. 85

6. Prière- célébration 87a) Préparation 87

G. SEQUENCE DES SIXIEMES : LE SOUFFLE DE DIEU 881. La visée catéchétique 882. L’apprentissage 883. Une suggestion d’aménagement de la séquence N° 83 du Tome 2 des séquences 88

H. SÉQUENCE POUR LES JEUNES ADOS : LA FRACTION DU PAIN 891. Introduction théologique. 89

a) ANNEXE 1 : Saint Augustin (V° s) 90b) ANNEXE 2 : Louis Bouyer 90

2. PARTIE PÉDAGOGIQUE. 91a) Première séance 91b) Deuxième séance 92c) Troisième séance 92d) Quatrième séance 93

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I. INTRODUCTION

A. UN DOSSIER SUR LA PRIEREPour la Bible, prier c’est s’alimenter ! Par la prière biblique, nous nous nourrissons de Dieu. La Parole divine est mémorisée, intériorisée, longuement mâchée, digérée et totalement assimilée. Il n’y a pas de restes. Cette assimilation n’est jamais passive, elle suppose un long dialogue qui peu à peu nous décentre. Dieu parle, j’écoute à partir de toutes mes questions, de toutes les interrogations qui surgissent de mon existence et de mes relations.

Ainsi, la prière biblique n’est ni le rabâchage de mots religieux qui extériorise, ni la litanie des soucis qui rend malade (Mt 6,7). La prière biblique suppose bien sûr des mots référés à Dieu mais qui prennent toujours place dans la grande histoire du salut que conte la Bible, ce ne sont jamais des mots isolés, ou des mots directement ‘branchés’ sur les ‘épines’ de la vie (Mt 13,22). C’est cet incessant détour par les Ecritures qui nous décentre : ainsi procède le chapelet1 à travers la méditation des mystères. Je dis une parole et je pense autrement. Vient alors le décentrement… et le feu de Pentecôte jaillit dans les ‘épines’ comme au Buisson ardent.

Ce vingt-septième dossier d’EPHETA introduit à la prière biblique à partir de différents récits des deux Testaments. Après l’épisode du Buisson ardent, nous méditons l’histoire d’Elie qui, nourri au désert, est capable de gravir la montagne de Dieu pour rencontrer le Seigneur et être envoyé en mission. Puis l’ascension du prophète, enlevé dans la merkaba2 divine, nous conduit à celle de Jésus qui monte au ciel avec son corps pour pouvoir nous envoyer l’Esprit qui vient du Père. La montée de la chair, à la droite de Dieu, au plus haut des cieux, inaugure la vie eucharistique qui fait participer le ‘corps’ à la prière. Nous devenons le ‘Corps du Christ’. Luc, dans son récit d’Emmaüs et dans l’apparition qui suit, esquisse le trajet de prière qui mène les disciples de leur aveuglement initial (l’extériorité) à la manducation du Corps, en passant par l’entrée dans la maison (l’intériorité) et le retournement qui s’en suivit.

L’évangéliste Jean précise la pratique de la méditation biblique avec le récit de Thomas. Nous avons travaillé cela à notre dernière rencontre3.

La Transfiguration de Jésus, cette expérience du Christ-Dieu que firent Pierre, Jacques et Jean, sur la haute montagne, complètera cette approche de la prière chrétienne nourrie des Ecritures.4

B. LA PRIERE OPERE EN NOUS L’ALLIANCE

1. Dieu est dangereux

La Bible est le livre de l’Alliance, ou plus exactement de la difficile histoire des relations que Dieu désire avoir avec l’homme, avec tout croyant. Le récit millénaire d’Israël est de tous les temps, il dit le passé hébraïque pour nous faire comprendre notre propre histoire, notre propre Alliance. Voilà pourquoi on l’appelle ‘histoire du salut’, non seulement du salut d’Israël, mais aussi et surtout du salut 1 La limite du chapelet, apparu au XII° siècle pour donner une nourriture spirituelle aux laïcs de petits culture (il remplaçait les psaumes), est la disparition de l’Ancien Testament dans la prière. Cette dérive «  gnostique » aura des conséquences graves par la suite.2 Le char de Dieu que décrit le chapitre 1 d’Ezéchiel.3 Bible 37 sur l’évangile de Thomas. 4 Bible 38 sur la Transfiguration.

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de tous au cœur de notre existence. Le Credo donne le schéma de cette grande histoire symbolique, nullement imaginaire puisqu’elle est la nôtre quand elle devient biblique. Et quand le devient-elle ? Quand elle se cadre entre la Création et la descente de l’Esprit avec au centre : l’Incarnation et la Croix.5

La difficulté de l’Alliance est l’impossible cohabitation de l’homme et de Dieu, de l’Esprit et de la chair, de la vie intérieure et du monde extérieur, du pécheur et du Sauveur. Si Dieu ne mettait pas du sien, l’Alliance serait impossible. Que de précautions le Seigneur doit prendre pour rencontrer Moïse : Tu ne peux pas voir ma face, dit-il, car l’homme ne peut me voir et demeurer en vie… Quand passera ma gloire, je te mettrai dans le creux du rocher, et je t’abriterai de ma main durant mon passage. Puis j’écarterai ma main et tu me verras de dos, mais ma face, on ne peut la voir (Ex 34, 20-23). On comprend alors la peur du prophète Isaïe après la vision divine qu’il eut dans le Temple : Les gonds du seuil vibraient à la voix de celui qui criait et le Temple se remplissait de fumée. ‘Malheur à moi, je suis perdu, car je suis un homme aux lèvres impures, j’habite au sein d’un peuple aux lèvre impures, et mes yeux ont vu le Roi, le Seigneur6-Sabaot’ 7 (Is 6,4-5). Dans le cœur du prophète, l’orage grondait, et la porte la plus haute de son être vibrait à la rencontre de l’Innommable.

La mystique juive voit dans le psaume 18, l’expérience orageuse de la prière, les étapes de la dangereuse rencontre de Dieu : « Je m’abrite en lui, mon rocher. Dans mon angoisse, j’invoquai le Seigneur… Il entendit de son Temple ma voix… Et la terre s’ébranla et chancela, une fumée monta à ses narines… Il inclina les cieux et descendit, une sombre nuée sous ses pieds. Il chevaucha un chérubin et vola, il plana sur les ailes du vent… Le Seigneur tonna des cieux. Le Très-Haut fit entendre sa voix, il décocha ses flèches et mit en fuite, lança l’éclair et mit en déroute… Il envoie d’en haut et me prend, il me retire des grandes eaux… ». Seuls, sans doute, les grands mystiques comprennent ce langage codé, qui dit bien la difficile descente de Dieu en l’homme.

Il existe un livre secret - très secret - que la tradition juive rattache à la prière, c’est la vision du prophète Ezechiel qui prie dans le Temple (Ez 1). Soudain, l’homme de Dieu voit le char de hvhy, véhicule de nuée et de feu, avec ses roues et sa voûte de cristal, qui descendait du ciel avec un bruit de tempête pour rencontrer le prophète. A partir de ce chapitre qu’elle nomme ‘les œuvres du char’ (ma’assé-merkaba), la tradition juive déduit des indications précises sur la prière mystique8.

Plus près de nous, c’est le cri de Pierre ébahi par la pêche miraculeuse : Simon-Pierre tomba aux genoux de Jésus en disant : ‘Eloigne-toi de moi car je suis un pécheur !’ (Lc 5,8). C’est le tremblement de la femme guérie après avoir touché Jésus : La femme, toute craintive et tremblante, vint se jeter à ses pieds… et lui dit toute la vérité (Mc 5,30). C’est aussi la crainte des Apôtres après que la tempête fut soudain apaisée : Ils furent saisis d’une grande crainte (Mc 4,41). La crainte de Dieu, qui traverse les évangiles, s’enracine dans le danger de mort que court le pécheur quand il rencontre (ou rencontrera) Celui qui nous dépasse et que nul ne peut nommer. Il s’agit d’une sorte de terreur sacrée devant la grandeur du Mystère, que nous avons peut-être ressentie après avoir reçu une grâce bouleversante.

5 Toutes les interprétations que nous donnons à des passages bibliques s’insèrent forcément dans le cadre global de l’histoire du salut, ce qui évite de nous projeter nos problèmes et nos sentiments dans l’Ecriture, et de faire de la Bible un miroir psychologique, athée évidemment. 6 Le Seigneur s’écrit : hvhy7 Le Nom de Dieu que l’on écrit parfois YAHWE ne se prononce pas en Hébreu. Les quatre lettres – le tétragramme – est indicible. Dans la prière synagogale, quand il apparaît, on s’incline en silence.8 Le Talmud distingue deux sortes d’actions divines : les œuvres de la Création et les œuvres du Char. Les premières désignent le monde extérieur, les secondes le monde de la prière. Sur la merkaba dans le Talmud, voir Aryeh Kaplan, Albin Michel 1978, p. 69… et ses rapports avec le psaume 18. Ses rapports aussi avec l’arche d’Alliance (1 Ch 28,18). L’échelle de Jacob s’y rapporte aussi avec ces anges qui montent et qui descendent.

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2. Le feu dans les épines

Dans la Bible, le feu n’évoque pas le diable mais Dieu - Dieu pour nous. Ce feu est l’amour qui détruit le non-amour, qui consume le péché, transforme en paradis l’enfer de nos vies… enfer qui pourrait bien aller à l’infini. Rappelons-nous l’apôtre Paul : De fondement, nul n’en peut poser d’autre que celui qui s’y trouve, à savoir Jésus-Christ. Que si sur ce fondement, on bâtit avec de l’or, de l’argent, des pierres précieuses, du bois du foin, de la paille, l’œuvre de chacun deviendra manifeste. Le Jour la fera connaître, car il doit se révéler dans le feu, et ce feu éprouvera la qualité de l’œuvre de chacun. (1 Cor 3,11-13).

L’épisode du Buisson ardent (Ex 3, 1-6) est l’expérience de Dieu que fit Moïse à 80 ans, vieillard exclu de chez lui, privé de tout bien propre, et qui se sait meurtrier. Ce Moïse faisait paître le troupeau de son beau-père sur la montagne de la Loi, en clair : au sommet de la droiture et de la prière qu’il sut garder malgré tout. Il était là, quand soudain Dieu lui parla dans le feu. C’était la première fois que Dieu lui parlait ainsi. La voix tonnait dans le brasier comme toujours au Sinaï.

D’après les traditions juive9 et chrétienne, le buisson qui brûlait sans se consumer était un buisson d’épines. Ah, il en avait vécu des ‘épines’ dans sa vie, le fils de Yokhebed et d’Amram (Ex 6,20). Comme beaucoup d’entre nous, son jardin intérieur était envahi d’épines et de chardon (Gn 3,18), mais la voix et le feu de Dieu parlent là et pas ailleurs. C’est donc là que Moïse reçut la mission de conduire le peuple sur la montagne de la Loi au-delà de la mer, au delà mort, pour lui faire traverser le désert qui mène à la terre définitive. Cette ‘terre promise’ par Dieu - adamique, cela s’entend - est le ciel pour nous, la nouvelle humanité capable de vivre au contact du feu divin, réchauffée par l’amour.

Le récit du Buisson ardent10, Baptême dans le feu (Lc 3,17, qu’évoque Ac 1,5), image de Pentecôte, semble être la clé mystérieuse de toute l’Exode, évocation de la dangereuse expérience de Dieu, qui reste pour le Baptisé l’épreuve permanente de sa vie. Le récit de l’Exode est une suite d’étapes - quarante-deux, dit le Livre des Nombres (Nb 33)11 - que résume saint Paul dans ce schéma bien connu de la vie chrétienne : Nos pères ont tous été sous la nuée, tous ont traversé la mer, tous ont été baptisés en Moïse dans la nuée et dans la mer, tous ont mangé le même aliment spirituel et tous ont bu le même breuvage spirituel, - ils buvaient en effet à un rocher spirituel qui les accompagnait, et ce rocher, c’était le Christ (1 Cor 10,1-4).

Le Buisson ardent semble être le point de départ d’une nouvelle vie où l’homme de prière, au sommet de la montagne de la Loi, côtoie la Parole et le feu de l’amour. Le Fils et l’Esprit, dirions-nous en Eglise. Alors, même si les ‘épines’ de l’existence demeurent dans la mémoire, elles ne sont plus une souffrance chronique qui ‘enferme’, l’amour de Dieu se révèle en elles.

La Croix est le Buisson ardent des chrétiens. Parvenus à cette étape où l’amour se révèle à l’intérieur des cœurs, où la lumière de Dieu perce nos écorces, nous ne voyons plus le monde de la même manière, nous n’agissons plus de la même façon. Nos anciennes ‘épines’ s’auréolent de lumière comme si une blancheur de givre les avait recouvertes. C’est ce que laisse entendre saint Grégoire de Nysse (III,C). Alors, dit-il ‘on est dès lors capable d’aider les autres à se sauver en renversant la tyrannie des puissances du mal et en ramenant à la liberté tous ceux qui étaient soumis à l’esclavage’. Par la Croix ardente, nous nous relions aux autres, remplis du zèle de l’amour, un zèle à vivre dont Elie est l’exemple par excellence.

9 Cf. Pirqué de Rabbi Eliézer (III,A).10 Cf. Les Epines dans la Bible : II, A,B,C,D et Romanos (VI B).11 Ce nombre 42 est discrètement repris dans la généalogie de Jésus donnée par Matthieu  : trois fois 14 générations (Mt 1,17).

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3. Elie au désert

a) Le repas dans le désert

L’affreuse reine Jézabel, femme de pouvoir, femme sans Dieu, cherche à assassiner le prophète qui fait obstacle à son règne. ‘L’épine’ fait si mal qu’Elie doit fuir vers le soleil brûlant du midi. A l’entrée du désert, au puits de la promesse (1 R 19,3), il laisse son serviteur, car l’expérience promise par Dieu est toujours intérieure, donc forcément solitaire. Qui rencontre Dieu, meurt quelque part. Le prophète pénètre seul dans le désert, il marche une journée puis s’étend à terre sous un genêt pour mourir. Le malheureux n’en peut plus, il démissionne, il s’abandonne, il n’est pas, dit-il, meilleur que ses pères. Il se coucha et s’endormit (1 R 19,5). Mais soudain, le voilà touché par l’ange, il voit le repas à ses pieds, mange le pain et boit l’eau… Puis se rendort, tant sa fatigue est extrême. L’ange revient et tout recommence. Il se leva, mangea et but, puis soutenu par cette nourriture, il marcha quarante jours et quarante nuits jusqu’à la montagne de Dieu, l’Horeb (1 R 19,8). Comme pour Elie ensommeillé, la grâce eucharistique agit quand l’homme succombe aux difficultés de la vie, quand il n’a plus la force de veiller. La grâce agit dans ce ‘sommeil’, elle agira ainsi dans la mort. C’est de tous les temps.

Le prophète réveillé marche vers la montagne de Dieu. Quarante jours de désert seront nécessaires pour atteindre la montagne de la Loi : encore elle ! Elie refit ainsi - en plus court – le trajet de l’Exode, nourri par la Parole que donne l’ange au cœur du croyant. Mystérieuse force de la Parole de Dieu  : ‘sacrement’, disons-nous aujourd’hui.

b) L’expérience mystique

Arrivé sur la montagne, le prophète passe la nuit dans une grotte. Double obscurité : celle de la nuit et celle de la caverne, anticipation de la mort. Tombeau ! Il va rencontrer Dieu, là-haut. Il le sait. Sort-il de la grotte pour cette rencontre ? Non : il est mort, il s’est enterré là dans les ténèbres de son cœur, c’est à Dieu d’agir. Le prophète entend soudain la voix, cette voix qui fit si peur aux enfants d’Israël (Ex 20, 18-19). Elle l’interpella sur son acte : Que fais-tu ici Elie ? (1 R 19,9). Echo d’une antique question qui suivit le péché : Où es-tu Adam ? (Gn 3,9). Le premier homme ne savait plus où il en était après la première faute. Nous en sommes souvent là. Que fais-tu ici Elie ? Le prophète, lui, est interrogé sur l’acte et non plus sur le lieu où il est; il sait bien où il est, quelle montagne il a gravi, où il s’est enterré, où il veut mourir car il n’en peut plus. Mais, malgré ses déboires, il est resté homme de Dieu. Il l’est plus que jamais. Dans la même ligne, un autre prophète de même trempe, s’écriera  : Malheur à moi si je n’annonce pas l’Evangile (1 Cor 9,16). L’action, chez un prophète, est un impératif plus que catégorique, c’est une nécessité vitale au dessus de laquelle plane sans cesse la pression divine, la ‘crainte de Dieu’ dit-on.

Couché dans sa grotte, Elie raconte au Seigneur la déviance d’Israël12, l’horreur de la situation religieuse actuelle, voulue et dissimulée par les puissants de ce monde qui ne veulent pas partager leur pouvoir avec Dieu : La foi est abandonnée, les autels sont renversés, et le meurtre des prophètes est programmé. C’est son tour : la logique des pouvoirs doit l’éliminer, lui, Elie au nom prédestiné. Il s’appelle : ‘Mon Dieu’. Il est lié à Dieu jusque par le nom au Nom. Il a défendu jusqu’à la dernière limite la cause du ‘Nom’ qu’il porte comme on porte un fardeau.

Est-ce pour avoir entendu Dieu parler ou tout simplement le fait qu’il parle de ce qui le fait vivre  ? Voilà que le prophète ressent dans sa chair la brûlure de l’injustice, mais voilà qu’il retrouve ainsi la force de sa jeunesse. Les mots qu’il prononce révèlent une énergie décuplée, un zèle réveillé, une

12 Ce que Paul rappelle en Rm 11, 1-5.

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passion énervée : Je suis, dit-il, rempli d’un zèle jaloux pour hvhy Sabaot’ (1 R 19,10). Il n’est plus mort, il est rempli de Dieu.

La réponse divine ne s’est pas fait attendre. Puisque la cause de la souffrance de l’homme est l’amour de Dieu, et non l’amour de soi, le plein et non le vide, le Seigneur fit sortir Elie de sa double nuit : Sors, dit-il, et tiens-toi dans la montagne devant hvhy (1 R 19,11). Voici maintenant le prophète, dehors, debout,13 de face, dans la pleine lumière du soleil levant, dressé tout droit sur la montagne de la Loi. Exactement au même endroit, Moïse se tenait ainsi quand Dieu lui parlait à coups de tonnerre, (Ex 20,19) : debout pour écouter l’orage, debout prêt à repartir.

A son tour, Dieu va sortir des nuages qui entourent sa présence, et confier au prophète sa nouvelle mission. Mais, pour entendre, l’homme de Dieu va devoir traverser les obstacles de notre humanité, obstacles physiques, écorces, disent les mystiques14. Dangereuse expérience qui accompagne toujours la rencontre de l’Autre. Purification nécessaire de l’Image de Dieu qui se révèle en celui qui lâche l’extérieur du corps pour entrer dans sa chair : vent de tempête qui vient d’ailleurs, puis tremblement de terre au bruit fracassant, enfin feu brûlant… Trois seuils, trois étapes à franchir.

La tradition mystique juive rapproche l’expérience d’Elie de celle que fit plus tard le prophète Ezéchiel en prière dans le Temple. D’après Arieh Kaplan, le tremblement de terre, que l’on devrait traduire par ‘grand bruit’ 15, précise le second obstacle qui barre à l’homme l’accès de Dieu, c’est « la barrière du grand nuage ». D’après le rabbin américain, elle représente « l'étouffement de la pensée, l'opacité de l'esprit qui empêche de voir ou de sentir quoi que ce soit. C'est une barrière qui peut facilement décourager le prophète s'il n'a pas la volonté nécessaire pour avancer plus loin. » Il y a tant de bruits autour de nous, tant de malveillances, de mensonges, de fractures et de craquements sur la terre d’Adam, et tant de nuages dans le ciel, que l’esprit humain ne sait plus quoi penser et s’affaiblit. La force lâche, et le désir de mort s’insinue. Vient ensuite la nécessité absolue de se replacer sur la montagne de la droiture en présence de Dieu et de sa Parole, au risque de mourir. C’est comme pour dire : « Seigneur, voici ma vie, prends-la, fais-en ce qui te plait ». Don de soi en vue du don de Dieu.

L’acte ayant été posé, le feu descend d’en haut, il brûle ce qui encombre la pensée malade, consume le péché du mal-croyant, soudain éclairé de ce qui se révèle au fond de lui, mais à la fois tout honteux d’avoir manqué de foi, et tout heureux d’être pardonné.

Quand le péché est totalement brûlé par l’amour16, descend alors la silencieuse brise du paradis (Gn 3,8), aussi légère que la manne du désert, aussi aérienne que l’amour d’en haut. Un délice, dit la Bible en évoquant le Jardin des origines (Is 68,14; 66,11). Là, dans ce paradis d’intériorité où souffle l’Esprit, hvhy parle au cœur : Va, retourne par le même chemin, vers le désert de Damas, oindre Hazaël comme roi d’Aram… et Jéhu comme roi d’Israël (1 R 19,15-16). La nouvelle mission est donnée, inscrite dans le cœur du prophète, gravée dans sa chair.17 La vie a été plus forte que la mort.

13 Pour la signification de la station debout dans la prière juive, cf. L’homme debout, Essai sur la prière juive, Albin-Michel, 2000, p.19.14 Cf. La Bible commentée (par les textes juifs), Tehilim, Tome I, Colbo, 1969. Commentaire du psaume 18, note 5, p.219-220 : « Le matérialisme est une barrière considérable qui empêche l’intellect humain de parvenir à une véritable compréhension de Dieu, qui est pur et spirituel. Les prophètes décrivent ce sombre rmvx (‘homer), cette matière, sous la forme de nuages, de ténèbres ou d’obscurité comme dit David : Nuages et ténèbres l’entourent (Ps 97,2). C’est une figure de style allégorique. Dieu n’est pas entouré de nuages, c’est l’esprit de l’homme qui est enveloppé d’obscurité de la chair et de la matière. De même David dit : Des ténèbres, il s’est fait une mystérieuse retraite (Ps 118,12).15 Cf. le texte d’Aryeh Kaplan : Annexe I,A. Le rabbin américain précise que le grand bruit désigne ‘un bruit blanc indifférencié, au sein duquel nul son cohérent ne saurait être distingué. Ils ‘agit clairement d’un équivalent sonore du nuage opaque. » (La méditation de la Bible, p.71). La tradition orientale chrétienne parle de « sphère obscure ».16 La foi plus forte que le péché, comme le montre bien Rupert (VII,G,2).

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Au cœur du trajet d’Elie, se côtoient et s’affrontent la mort et la vie. La mort menace, puis à travers la geste du prophète, l’offrande de son corps sur la montagne, le Vivant lui a parlé et la vie a pris le dessus. C’est comme si le corps mortel servait de monnaie d’échange à l’Alliance. Mais un jour, le prophète doit partir définitivement, il partira avec son corps dans le char de feu, dans le chariot de Dieu qui viendra le chercher. Nous aussi !

4. L’ascension d’Elie et la Pentecôte qui s’ensuivit

a) La double part d’Esprit-Saint

Dans le dossier ‘EPHETA 31’, nous avons étudié le lien étroit qui unit l’ascension d’Elie à celle de Jésus. En ces récits comme en d’autres, l’Ancienne Alliance, la structure de base de la relation ‘Dieu-homme’ sert de matrice à l’expérience de Jésus-Christ. Le langage biblique prépare la vie évangélique, il en a forgé les mots et les images, il a ainsi tissé le berceau de l’Evangile.

Avant d’être enlevé dans le char de hvhy, dans la ‘merkaba’ divine, Elie abandonne à son jeune disciple ce qu’il lui avait demandé, une double part d’Esprit Saint (2 R 2,9). L’octroi du don était subordonné à la capacité de voir monter le maître : Si tu me vois pendant que je serai enlevé… cela t’arrivera (2 R 2,10). Elisée a vu Elie monter, il a même crié en voyant partir son ‘père’, et il a aussitôt reçu le don du ciel.

Quiconque voit Jésus monter, a déjà bénéficié de l’Esprit, sinon il ne l’aurait pas vu s’élever. Jésus serait-il monté à un moment particulièrement difficile à voir ? Quand donc ? Serait-ce lorsqu’il est descendu au plus bas sur la croix, lorsqu’il s’est abaissé dans la mort jusqu’aux enfers18 ? Si dans ces conditions extrêmes, l’abaissement du maître est vu comme une ascension, c’est bien que l’Esprit a éclairé le visionnaire. Une logique aussi irrationnelle bouleverse l’esprit et se communique alors à toute l’existence pascale du Baptisé : Qui s’abaisse est élevé (Lc 18,14) ! Qui donne sa vie, revit !

A Pâques, les Apôtres commencèrent par voir Jésus vivant et ressuscité. C’est déjà une grande grâce. Puis, d’après le récit des Actes, quarante jours après la Croix, les Apôtres vécurent une nouvelle étape. Un temps de désert et d’enseignement changea leur regard, inversa leur perception, ils virent la vie dans la mort, l’amour dans l’abandon, la montée dans la descente, ils entendirent la mission alors que le découragement les guettait : Vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre (Ac 18). Ne faisons-pas nous-mêmes, un jour, cette expérience bouleversante quand notre vie bascule dans l’autre logique où prévaut l’amour, où les repères habituels sont inversés ? Dès lors, il ne s’agit plus seulement du Ressuscité de Pâques, mais de nous-mêmes appelés à aimer Dieu et les autres de tout notre être charnel.

A Pâques, Jésus donna la première part d’Esprit Saint à ses disciples. A l’Ascension, inséparable de la Pentecôte, ils reçurent la deuxième part, le complément de l’amour. C’est ce que semble dire Aelred de Rievaulx (V,A,4) : « L’esprit d’Elie a été doublé en Elisée après l’enlèvement d’Elie. De même, l’Esprit de Dieu, qui était présent dans les Apôtres avant l’Ascension du Seigneur, a été doublé en eux après celle-ci parce qu’ils reçurent de plus grandes grâces de l’Esprit Saint après l’Ascension qu’avant. » Les dons de l’Esprit descendirent à la Pentecôte sur tous ceux qui étaient capables de

17 Qx, (‘hoq) dit l’hébreu pour désigner les préceptes indiscutables, ce qui veut dire ‘graver’. Le rite du Saint-Chrême qui s’enfonce dans la chair, évoque cette gravure d’une mission propre à chaque confirmand. 18 Enfer vient d’un mot latin qui évoque le bas, ce qui ‘inférieur’. Les enfants, à la pensée spatiale, situent l’enfer au centre de la terre, dans la lave des cratères. Il est d’autres enfers qui sont au cœur de l’homme, très bas dans la bassesse, enfers la plupart du temps ignorés. Jésus est descendu aux enfers, pas dans l’enfer géographique des enfants, mais dans celui qui voisine avec la mort.

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comprendre la Croix (la descente) comme une montée (l’ascension).

b) Les deux dons s’enchaînent

Quelle est la différence entre ces deux sortes de dons, entre les deux ‘parts d’Esprit Saint’ ?

Le premier don est celui de Pâques, raconté dans le récit évangélique, le don de la mort et de la Résurrection, la connaissance et la reconnaissance du Seigneur de toujours en son Incarnation. Ce don primordial est concentré sur la personne de Jésus. Il est la base de la prière et de la méditation chrétienne des Ecritures, il est reçu de l’intérieur, mais il ne peut pas encore être proclamé. L’expérience est la foi du croyant dans sa relation personnelle au Christ, elle est limitée à la relation ‘je-tu’.

Le second s’enracine dans le récit des Actes où l’Ascension s’accomplit dans la Pentecôte. Après les quarante jours d’enseignement du Maître, certains deviennent capables de voir Jésus monter avec son corps, alors que les autres disciples le voient seulement vivant et ressuscité. Cette nouvelle grâce fait devenir ‘apôtre’ car il engage la personne tout entière dans la méditation de toute la Bible et dans la vie communautaire. Quel est ce ‘corps du Christ’ qui monte, qui monte toujours (Jn 20,17) ? N’est-ce pas en effet l’Eglise rassemblée, tous les Baptisés unis dans l’amour, et appelés à devenir ‘apôtres’ pour monter avec Lui ?

Le jour de la Pentecôte étant arrivé, ils se trouvaient tous ensemble dans un même lieu (Ac 2,1), lieu ecclésial cela s’entend. Le ‘corps’ était donc réuni, rassemblé dans la prière (Ac 1,14). Alors le vent de tempête souffla, et le feu de Dieu descendit sur ce ‘corps’ aux membres associés19. Tous se mirent à parler cette langue universelle que sont les Ecritures…20

Ainsi, le premier don de l’Esprit permet d’adhérer à l’Incarnation du Seigneur et à sa Résurrection d’entre les morts. Jésus apparaît à tous. Le ‘corps’ est collectif, mais l’esprit touche chacun parce qu’il brûle le cœur (Lc 24,32) et parle à l’intérieur. Peu à peu, l’esprit humain s’habitue à l’amour, et passe au corps, du dedans au dehors. Patiente maturation. La seconde effusion de l’Esprit élargit le Seigneur à son ‘corps’ tout entier, ‘corps’ dont nous sommes les membres, ‘corps’ livré à la mort et à l’abaissement. Si l’Esprit descend à la Pentecôte sur chaque partie du Corps, c’est pour que ‘la chair’ toute entière soit associée à la conversion de l’esprit humain. Ainsi l’Esprit fait ‘remonter’ le ‘corps’ en Dieu.

Il est difficile de convertir les pensées des hommes, mais il est encore bien plus ardu de modifier nos comportements, de ré-orienter nos désirs. Saint Basile (V, D) demande aux chrétiens de ne pas s’en tenir aux pensées sublimes mais d’élever leur propre corps dans le feu, ce feu qui n’est pas celui que nous savons, comme l’Apôtre le rappelle : Quand je livrerais mon corps aux flammes, si je n’ai pas la charité, cela ne me sert de rien (1 Cor 13,3). Nous ne sommes pas seuls pour changer nos manières d’être, car chaque Confirmé reçoit un don personnalisé, adapté à sa mission : c’est la seconde part d’Esprit. Dans un autre passage, saint Basile l’exprime bien (VII,H).

Aujourd’hui encore, l’Esprit se reçoit en deux étapes : la préparation au Baptême convertit l’esprit en initiant le catéchumène à la méditation de la Parole, à l’écoute du Maître intérieur. Ainsi, avant d’être la nourriture quotidienne de la foi, la catéchèse commence par être l’apprentissage de la méditation

19 Le Baptême dans le feu : Rupert (VII,G,1).20 Dans son petit livre posthume sur la prière (Un cœur qui écoute, DDB, 1993, p.78), sœur Jeanne d’Arc écrit  : « Dans cette assimilation par répétition, la Parole de Dieu devient nôtre, entretient notre vie, alimente notre prière. Et en même temps, elle nous transforme, nous pétrit une âme de louange qui devient capable de parler la Parole de Dieu comme une langue maternelle. »

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biblique référée au Christ. Puis la Confirmation inaugure le moment suivant, l’étape eucharistique21

qui introduit chacun dans l’expérience collective du ‘Corps du Christ’ qui est l’Eglise. La première étape convertit l’esprit, la seconde le ‘corps’.

c) Le manteau ‘Eglise’

Aelred fait remarquer qu’en guise d’Esprit, Elie laissa en héritage son manteau à son disciple (V,A,2). Ce manteau évoque l’Eglise, rappelle l’ami de saint Bernard. Un tel raccourci étonne ceux dont la catéchèse fut sommaire. C’est pourtant bien simple à comprendre : l’Eglise transmet la culture biblique de la prière qui conduit peu à peu à la conversion de la parole, à la guérison du péché. A la différence de l’animal, l’être humain est un être de culture et pas seulement de nature. La chair qui ressuscite est une chair cultivée, habillée de l’intérieur par la culture transmise. Il s’agit du manteau de l’homme, de l’habit d’intériorité.

Dans la Bible, le manteau symbolise la culture ecclésiale qui structure l’âme toute entière, qui convertit l’esprit et le corps conformément à l’amour. Ce manteau de l’amour est symbolisé par l’aube blanche donnée au baptême; cette aurore vient remplacer l’ancien vêtement (la culture de l’ancien Adam qui nous vient toujours par le monde extérieur). En revêtant l’aube blanche de Pâques, nous héritons en Jésus-Christ de toute la culture et de la prière juives. Rappelons-nous l’évangile : l’aveugle Bartimée jette à terre son vieux manteau pour rencontrer le Fils de David (Mc 10,50). Aux Rameaux, les innombrables pèlerins abandonnent à leur tour leurs manteaux sur le chemin, afin que le Roi messianique les foule à son passage, qu’il les écrase dans sa montée (Mc 11,7).

d) Pentecôte et prière

L’Esprit en personne se joint à notre esprit pour attester que nous sommes enfants de Dieu. Enfants et donc héritiers…puisque nous souffrons avec Lui pour être glorifiés avec Lui (Rm 8,16). La Bible se cultive dans la méditation et la prière aussi bien chez les Juifs que chez nous. Quelle est la différence entre leur prière et la nôtre ? Ne serait-ce pas la double expérience de la grâce que nous évoquions plus haut : d’abord Pâques, puis ‘Ascension–Pentecôte’ ? En confessant que Jésus est Seigneur, notre prière biblique s’oriente dans la direction de l’Evangile. En comprenant que nous sommes associés à la Croix de Jésus pour être glorifiés avec Lui, nous acceptons de descendre avec Lui pour remonter en Lui. Ainsi nous apprenons à aimer de tout notre cœur, de toute notre âme, de toute notre force, et de tout notre esprit (Lc 10,27). C’est l’action de l’Esprit sur notre esprit qui nous fait entrer dans cette expérience profondément biblique qu’est l’expérience chrétienne.

Le Shema Israël, récité et souvent répété dans la prière juive, dit ceci : Ecoute Israël, hvhy notre Dieu est le seul Seigneur. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, et de toute ta force (Dt 6,4). L’évangile a repris la formulation du Shema Israël, et y a ajouté : ‘de tout ton esprit’. Il y a adjoint les deux étapes de l’expérience chrétienne : la reconnaissance en Jésus du Seigneur de l’Ancien Testament, et sa vérification par l’expérience eucharistique du ‘corps’. Je vois le Christ monter quand j’accepte moi-même de ‘descendre’. L’Esprit témoigne en moi, il me fait 21 La Confirmation est toute orientée vers l’Eucharistie, c’est-à-dire vers le ‘corps’, vers le ‘corps du Christ’ qui est l’Eglise. Que la Première Communion ne nous égare pas, elle permet une participation à l’Eucharistie pour ceux qui sont encore trop jeunes, trop dépendants ou trop faibles pour engager leur propre corps dans le Mystère de la Croix. L’Eglise supplée à cette faiblesse. Les jeunes adolescents n’imaginent pas encore que porter la Croix c’est donner sa vie, c’est s’offrir, c’est aimer au sens fort. Leur conception de l’amour reste encore enfantine, aérienne, inachevée. La Confirmation ouvre à l’adulte une foi adulte qui intègre le corps et la sexualité. Comme disaient les Pères, le Baptême est le sacrement de la naissance, et la Confirmation de la croissance. Le même Esprit est à l’œuvre, mais la visée de son action change. L’enfant, dont la pensée est spatiale, imagine des morceaux d’Esprit-Saint (une quantité de Dieu), mais il s’agit d’une qualité qui modifie de l’intérieur l’existence humaine.

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mystérieusement remonter - esprit, corps et âme - dans l’amour.

Les Juifs nous ont transmis la manière de prier, la façon de cultiver notre parole (du ‘bleu’ au ‘jaune’), éviter l’adoration du monde extérieur et nous guérir de l’idolâtrie ambiante. La culture biblique de la parole est primordiale car elle oriente la parole et l’esprit d’Israël vers le Seigneur, mais, depuis l’Incarnation, il y a plus. L’Esprit de Pentecôte éclaire désormais le Fils en nous, il fait briller l’Image visible du Dieu crucifié, celle que nous contemplons tout au long des Ecritures. Plus nous scrutons Jésus dans les évangiles, plus nous percevons cette forme discrète dans toutes les Ecritures, plus elle se réveille en nous, et plus tout notre être se réveille à son tour. Tout change alors dans l’existence. La contemplation de l’Image permet à l’Esprit de Dieu d’agir à l’intérieur, de se joindre à notre esprit, en nous invitant à confesser en Jésus-Christ notre frère, le Nom du Père : ‘Abba, Père’ (Rm 8,15). Nous sommes tous invités à proclamer le Nom du Père. Telle est bien la révélation de l’Evangile : L’action de Dieu nous fait tous frères et sœurs d’un même Père. N’est-ce pas essentiel en notre époque où tout se mondialise, mais de l’extérieur ?

Le Père n’est pas seul. Le Nom du Père est aussi celui du Fils et du Saint-Esprit, que résume le signe de Croix. Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit : telle la foi en la Trinité qui sauve le monde lorsqu’elle elle est vécue en vérité, au fond du cœur, de toute notre âme, de toute notre force et de tout notre esprit ! Ce qui ouvre la prière chrétienne enrichit la foi juive d’un trésor caché dans la Parole, caché mais d’une valeur inestimable, la révélation du Fils que les évangiles mettent en scène et qui traverse tout la grande histoire biblique, celle de notre salut.

Le salut vient des Juifs (Jn 4,22), mais l’on ne va pas sans délais et sans exercices, des Ecritures à Jésus-Christ, de la méditation biblique à l’Eucharistie, comme le laisse entendre l’évangile des disciples d’Emmaüs et sa suite au Cénacle.

5. Emmaüs

a) Le point de départ du trajet chrétien : l’extériorité du fait

Les deux récits d’Elie nous ont conduits à deux expériences successives : celle du Triduum pascal22, puis celle de l’Ascension-Pentecôte. Le chapitre 24 de Luc apprend aux oreilles attentives ce Mystère du Christ… qui n’avait pas été communiqué aux hommes des temps passés comme il vient d’être révélé maintenant à ses propres saints et apôtres, dans l’Esprit (Ep 3,5). Il existe un synonyme au mot Mystère, c’est le terme ‘sacrement’. Nous voilà renvoyés à l’initiation chrétienne qui fait passer de la lecture juive des Ecritures à l’Eucharistie chrétienne.

Dimanche matin à l’aube. Les femmes descendent dans le tombeau du Christ, tout comme le Baptisé antique descendait dans le Baptistère pour s’unir à la descente de son Seigneur. Là, dans ce lieu intérieur, elles entendent résonner la parole des anges : Pourquoi cherchez-vous parmi les morts Celui qui est vivant ? (Lc 24,5). N’est-ce pas une parole de ce genre qu’avait adressé le prophète Elisée aux ‘cinquante’ qui avait cherché en vain, pendant trois jours, le cadavre du prophète Elie. Ils n’avaient rien trouvé car Elie avait été emporté au ciel avec son corps ? (2 R 2, 17-18).

Aussitôt sorties du tombeau, les femmes ont couru raconter aux hommes l’étrange parole du ciel. Eux, ils étaient enfermés dans une cachette voisine. En ce lieu où ils étaient, ces propos leur semblèrent pur

22 Le triduum pascal (Vendredi saint, Samedi saint, Dimanche de Pâques) est liturgique. L’expression évangélique ‘le troisième jour’ évoque ce moment central de notre foi. Qui dit ‘troisième’, c’est-à-dire ‘dimanche’, dit aussi ‘second’ et ‘premier’, vendredi et samedi.

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radotage (Lc 24,11). L’expérience intime de la femme ne se communique pas facilement à l’homme23. Seul Pierre, bon homme, se dérangea pour aller voir les choses, il se pencha mais ne descendit pas dans le tombeau (Lc 24,12). Resté dehors, il ne vit rien.

A leur tour, les disciples d’Emmaüs sont dans la même position d’extériorité que les hommes qui se cachaient. Ils s’entretenaient de ce qui s’était passé (Lc 24,14). Une exécution publique est un fait connu de tous. On la voit, on la sait. Un passé, d’autre part, n’a, par définition, aucun avenir : c’est un fait ! Tout est fait, point final. L’actualité se ferme sur elle-même surtout quand elle est douloureuse. C’est fini : Ils s’en vont. Leurs propos étaient tristes, aussi tristes que leurs cœurs aveuglés par la Croix. Cependant, Jésus marchait avec eux, mais leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître (Lc 24,16). Le Seigneur est pourtant au centre de l’événement, mais ils ne le reconnaissaient pas. Cléophas va même jusqu’à s’étonner : Tu es bien le seul habitant de Jérusalem à ignorer ce qui s’est passé ces jours-ci ! (Lc 24,18). La connaissance que Jésus a de l’événement24 n’est sans doute pas du même ordre que la leur, que la nôtre. Il y est engagé de tout son être, de tout son corps, de tout son esprit. Il voit les choses de l’intérieur, pas du dehors. Il en saisit la logique d’amour puisqu’il l’a fait sienne en la vivant. Pas eux, pour l’instant tout au moins, ils ont subi la Croix, ils sont dehors, ils restent dehors, ils fuient le passé, ils s’excluent de l’Alliance25.

b) L’entrée dans la maison

Jésus a écouté, il va maintenant parler, et, quand la Parole parle, elle commence par s’adresser à l’esprit humain : Esprits sans intelligence, lents à croire ce qu’ont annoncé les prophètes. Ne fallait-il pas que le Christ endurât ces souffrances pour entrer dans sa gloire ? (Lc 24,26). Il faut en effet que l’Esprit divin vienne éclairer les pensées de l’homme pour que celui-ci sorte de son extériorité affective.

Comment l’Esprit de Dieu peut-il s’unir à l’esprit humain ? Grâce à la méditation de la Bible, dont le modèle ecclésial est la liturgie de la Parole. Et commençant par Moïse, et parcourant tous les prophètes, il leur interpréta dans toutes les Ecritures ce qui le concernait (Lc 24,27). Moïse, l’auteur déclaré de la Torah, occupe la première lecture de la liturgie de la Synagogue, les prophètes sont la seconde lecture liturgique. Ainsi Luc désigne-t-il explicitement la liturgie de la Parole qui nous vient des Juifs (Jn 4,22). Mais Jésus dit plus que la catéchèse juive puisqu’il oriente vers Lui la Bible toute entière. Il en devient le phare. Sa Croix devient le chandelier à sept branches sur lequel l’Image divine a été fixée afin que ceux qui entrent dans la maison voient la lumière (Lc 8,16).

Ils vont rentrer dans la maison. Quand ils furent près du village où ils se rendaient… ils le pressèrent en disant : ‘Reste avec nous…’ Il entra donc pour rester avec eux. (Lc 24,28-29). Le Seigneur pénétra avec eux dans cette maison où la table eucharistique est toujours dressée. C’est en ce lieu d’intériorité que le Maître est reconnu à la fraction du pain (Lc 24,35). Bouleversés par l’expérience, les deux disciples firent alors demi-tour et rentrèrent précipitamment à Jérusalem, pas seulement dans la ville d’en bas, mais certainement aussi dans cette Jérusalem-là où Jésus habite (Lc 24,18)26.

23 L’évangéliste Jean renforcera encore l’écart qui existe entre les positions féminine et masculine en faisant de Marie Madeleine le premier Apôtre. Elle resta au tombeau pour comprendre alors que Pierre et Jean s’en retournèrent chez eux (Jn 20,10). 24 Un événement est bien plus qu’un fait, c’est un fait raconté en vue de l’Alliance, mémorisé et médité après coup. Ce qui arrive au cours du temps enrichit le récit initial. Dieu ne cesse de travailler. C’est ainsi que le calendrier liturgique nous invite pour chaque événement mémorable en Eglise, à ajouter notre expérience de foi à celle qui fut à l’origine.25 La racine hébraïque, d’où vient le mot ‘emmaüs’, évoque le rejet. On la retrouve dans le psaume 118,22 : La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle26 La tradition juive met le mot ‘Jérusalem’ à la forme duelle parce qu’il y a deux Jérusalem, celle d’en haut et celle d’en bas, celle intérieure et celle extérieure. Le psaume 46,5 évoque cette cité de Dieu qui est au ciel. Cf. L’homme debout,

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De méditation de la Parole en méditation de la Parole, le catéchumène apprend à voir ‘l’Image du Dieu invisible’ (Col 1,15) à travers toutes les Ecritures, puis il est autorisé à participer au ‘Repas du Seigneur’. L’initiation chrétienne antique commence par faire parcourir aux futurs Baptisés le long chemin qui mène d’une Croix vue du dehors (Emmaüs) au repas eucharistique. C’est alors l’heure du retour : Sur l’heure, ils partirent à Jérusalem (Lc 24,33) pour y contempler l’envers de la Croix, ou si l’on veut, la Croix vue du dedans. On ne s’endort pas à table, on se lève et on part même s’il fait nuit dehors.

Au IV° siècle encore, les catéchumènes n’avaient pas accès à la liturgie eucharistique. La ‘messe des fidèles’ leur était fermée parce que leur esprit n’était pas suffisamment converti par la Parole. Ils restaient donc dehors, sur le chemin qui mène à la ‘maison’. Un délai, souvent très long, est nécessaire pour que nous prenions les repères de notre vie au cœur de la Bible et non dans les analyses savantes du monde extérieur, que suppose la communion ecclésiale (Jérusalem retrouvée).

c) Les membres du corps tous réunis

Les deux disciples arrivent sur la montagne de Sion, et voilà qu’ils y trouvent réunis les onze et leur compagnons (Lc 24,33). L’Eglise est déjà rassemblée, comme si elle les précédait. Elle nous précède.

Chacun parle, raconte son expérience : la même. Tous ceux qui se trouvaient réunis autour des Apôtres disent en effet avoir parcouru ce chemin étrange qui transforme l’approche extérieure de la Croix en regard d’amour. On dirait que cette expérience unique, en inversant le sens de la vie, met de plain-pied les Baptisés dans l’Eglise des Apôtres.

6. La Transfiguration (que nous prendrons dans Marc)

a) Le contexte

Jésus vient d’annoncer sa passion et la Croix. Pierre a résisté et Jésus invite chaque disciple à porter la croix à sa suite. Alors une expérience réservée à certains est annoncée : En vérité, je vous le dis, il en est ici présents qui ne goûteront pas la mort avant d’avoir du le Royaume venu avec puissance (Mc 9,1). Cette puissance est celle même de la Parole de Dieu, celle même du sacrement.

Plusieurs étapes se succèdent : la montée, la métamorphose de Jésus dialoguant avec Elie et Moïse (toute la Bible), l’expérience des trois disciples, et leur descente de la montagne avec Jésus.

b) La montée

Jésus fait monter ses disciples sur une haute montagne à l’écart du monde. A partir du IV° siècle, pour des raisons de circuit de pèlerinage, on a situé cette montagne géographiquement en l’identifiant au mont Thabor. L’évangile ne dit en effet rien de cette localisation, il s’en tient à l’expérience. Retenons que c’est Jésus qui fait monter, qui nous arrache à « l’en-bas ».

c) La métamorphose de Jésus

Les trois disciples connaissaient l’homme, ils en découvrent soudain la divinité. Comment ? En voyant Jésus parler avec Elie (qui est déjà au ciel où il fut emporté dans un char de feu comme il est écrit en 2 R 1) et Moïse (enterré sur le Mont Nébo, face à la terre Promise comme il est dit en Dt  34,6). C’est en méditant les Ecritures référées au fils de Marie (aux évangiles) que nous sommes peu à peu saisis

ibid. p.215 ss.

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par la divinité de Jésus.

d) L’expérience bouleversante

L’expérience se déroule en trois temps :

Une sensation paradisiaque que Pierre formule ainsi : Comme c’est bon d’être ici.

Un bouleversement associé à la fois à une plongée dans l’Esprit et à une Parole du Père : « Celui est mon Fils, le bien-aimé. Ecoutez-le ! »

Les Juifs écoutent une Parole divine qui n’a pas de support de chair, tandis que les chrétiens écoutent Jésus, reconnu comme étant le Fils de Dieu, comme étant l’Adonaï (hvhy) qui parlait déjà aux prophètes et à Moïse. Cette référence absolue donne une orientation définitive à la prière juive et un cadre unifiant à la vie des baptisés, celui du Credo, l’histoire du salut, notre histoire en Jésus-Christ. Ils ne virent plus personne que Jésus « UN » avec eux.

e) La descente

Jésus accompagne la descente de ses disciples comme il accompagna la montée. Il dit deux choses :

L’expérience de « la Transfiguration » ne se comprend qu’à travers celle de Pâques.

Taisez-vous ! Ne dites rien à l’extérieur, à ceux qui n’ont pas éprouvés au plus profond d’eux-mêmes ce qu’est la résurrection d’entre les mort, le réveil après le sommeil.

C. CONCLUSIONSix marches nous ont fait gravir l’escalier qui mène à la contemplation du Christ dans les Ecritures.

1. Nous avons d’abord vu la difficulté d’établir une Alliance entre Dieu, pur Esprit d’amour, et la chair marquée par le péché. C’est difficile et même dangereux27.

2. Pourtant, au Buisson ardent, le feu est descendu dans les épines sans rien détruire.

3. Le trajet qui a conduit Elie de la persécution à la montagne de Dieu en passant par la nourriture du désert, nous a fait entrer dans l’expérience mystique où Dieu transforme la mort offerte en vie éternelle.

4. L’ascension d’Elie nous a menés à l’expérience chrétienne de la Croix et de la Pentecôte. Nous avons vu, qu’en Jésus-Christ, combien le corps est étroitement associé à la vie spirituelle en tant que ‘Corps du Christ’.

5. Le trajet des disciples d’Emmaüs nous a fait comprendre comment les étapes de l’initiation chrétienne conduisent le catéchumène, d’une perception extérieure de la Croix à la communion eucharistique.

6. Pour terminer, le récit de la Transfiguration nous invite à suivre Jésus sur la « haute montagne » pour participer au dialogue biblique qui unit Moïse et Elie à Jésus, les deux lectures de la liturgie juive de la Parole (La Loi et les prophètes) qu’éclairent de bout en bout l’Incarnation du Fils de Dieu. Voilà pourquoi nous entendons à la messe l’Evangile de Jésus-Christ comme troisième lecture.

27 La tradition juive se méfie beaucoup de la tradition mystique toute centrée sur l’émotion religieuse de type psychologique. Le danger semble venir d’une confusion entre Dieu et m’affectivité, les fantasmes de l’être humain dont l’intelligence n’est pas guidée et convertie par la Torah.

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Pourquoi apprendre à voir le Ressuscité dans les Ecritures ? Pour être capable de le voir dans nos vies aujourd’hui. La contemplation de l’Image dans toutes la Bible ouvre la porte de l’amour. Ces quelques mots de Césaire d’Arles (III, E,3) l’expriment magnifiquement : « Toi, partage la joie de celui auquel Dieu a donné quelque grâce particulière; alors tu peux en lui ce que tu ne peux pas en toi. Il possède peut-être la virginité; aime-le et elle est à toi. De ton côté tu possèdes une plus grande patience : qu'il t'aime et elle est sienne. Il peut soutenir de longues veilles : si tu ne l'envies pas, son zèle est à toi. Tu peux peut-être jeûner davantage; s'il t'aime, ton jeûne est à lui. C'est parce que tu es en lui, tu ne l'es pas par nature, tu l'es par la charité. » Et la charité vient de la Trinité.

D. BIBLIOGRAHIE SUR LA PRIERE JUIVESupplément aux cahiers évangiles N°86 : Les Fêtes Juives, Cerf

Carmine Di Sante. La prière d’Israël. Aux sources de la liturgie chrétienne. Desclée Bellarmin, 1986

Maurice-Ruben : La liturgie juive. Que sais-je PUF, 1994.

Jean Tourniac : Prières juives. Editions Jacqueline Renard, 1991.

Rituel des prières journalières (Traduction interlinéaire), Editions Colbo, judaïca-poche, 1986.

Chouraqui, Les Psaumes, DDB 1990.

Josy Eisenberg/Adin Steinsaltz, L’homme debout, Essai sur la prière juive, Albin Michel,1999.

Armand Abécassis, Les temps du partage, les fêtes juives (commentées) : Tome 1 et 2, Albin Michel, 1993.

Adin Steinsaltz : Le maître de prière. Six contes de Rabbi Nahman de Braslav, Albin Michel, 1981.

Aryeh Kaplan, La méditation et la Bible, Albin Michel, 1993.

Aryeh Kaplan, Méditation juive, Guide pratique, Editions mJr Genève, 1995.

Aryeh Kaplan, Si vous étiez Dieu, Emounah, 5747.

Dynovisc Haïm, La lumière cachée, Tome 1, Tephila Emounah, 5751.

Dynovisc Haïm, Le chant sacré, Tome 2, Tephila Emounah, 5751.

II. PRIERE

A. ARYEH KAPLAN28

1. Mystique juive

A ce niveau, les moindres pensées fugaces qui troublent superficiellement l'esprit sont ressenties comme de véritables tremblements de terre mentaux. Avant de pouvoir connaître l'expérience

28 Aryeh Kaplan, Méditation juive, mJr Genève, 1995, p.104 -105. Cf aussi Kaplan, La méditation et la Bible, Albin Michel, 1978, p. 65 à 88.

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spirituelle, il faut donc faire taire toutes les pensées qui agitent l'esprit. C'est à cette condition qu'on pourra connaître ce profond sentiment, fait d'admiration, de honte et d'humilité.

Certains cabalistes affirment que c'est là le mystère de la vision d'Ezéchiel. Le prophète dit au début de sa vision : Je regardais, et voici un vent de tempête qui venait du nord, un grand nuage, ainsi qu'un feu jaillissant... (Ez 1 :4). Il est dit dans le Zohar29 que le vent, le nuage et le feu sont les trois barrières que doit franchir le prophète avant d'entrer au royaume du Divin.

Ezéchiel affronta d'abord le vent de tempête. L'expression possède une double signification, car le mot hébreu pour vent est ‘roua'h’ qui veut dire aussi « esprit ». On peut donc traduire également ce qu'Ezéchiel vit par « esprit tempétueux ». L'esprit tempétueux est lié à cette première expérience… : quand l'esprit est littéralement vide, toute son agitation naturelle se trouve grandement amplifiée. C'est là cette barrière de vent de tempête que le prophète doit traverser.

La deuxième barrière qu'il rencontre est celle du grand nuage. Elle représente l'étouffement de la pensée, l'opacité de l'esprit qui empêche de voir ou de sentir quoi que ce soit. C'est une barrière qui peut facilement décourager le prophète s'il n'a pas la volonté nécessaire pour avancer plus loin. Alors qu'il tente de s'élever encore, il fait face à une barrière de nuages derrière laquelle il ne peut rien voir et qu'il lui faut pourtant traverser.

La dernière barrière est celle du feu jaillissant qui représente l'admiration, la honte et la crainte que le prophète éprouve la première fois qu'il pénètre dans le royaume spirituel. Tout au long de la Bible, le feu est la métaphore de la honte et de la crainte. Le feu brûle. On peut donc le comparer à une surabondance de sensations, si intenses qu'elles en deviennent intolérables. Alors que le nuage est l'oblitération des sensations, le feu est au contraire la surabondance des sensations. Le nuage montre aussi au prophète que celui qui n'en est pas digne ne verra rien, alors que le feu lui rappelle qu'il court un danger.

B. SAINT AUGUSTIN (IV°s)30

1. Quand la voix se tait, cœur parle

On a beau crier vers le Seigneur, si la prière ne consiste qu'en un exercice vocal, sans que le cœur donne son attention à Dieu, qui pourrait douter qu'on ne perde son temps ? Si la prière naît du cœur, alors même que la voix se tait, elle peut rester inconnue à tout homme, mais non pas à Dieu. Que nous priions à voix haute, quand c'est nécessaire, ou en silence, c'est notre cœur toujours qui doit crier vers Dieu. Ce cri du cœur n'est autre chose qu'une grande application de la pensée; elle passe dans la prière, elle y exprime les sentiments d'un homme qui désire et qui demande, et qui espère être exaucé. Crier vers Dieu de tout son cœur, c'est ne pas penser à autre chose qu'à lui. La plupart d'entre nous prient rarement de la sorte, quelques uns peut-être y parviennent plus souvent personne sans doute ne s'établit dans cet état. C'était la prière du psalmiste quand il disait : Seigneur j'ai crié vers toi de tout mon cœur.

29 Ouvrage de base de la mystique juive, écrit en Espagne au XIII° siècle.30 Revue Magnificat, 5 février 2000, Homélies sur le psaume 118, Prier Dieu, les psaumes, Cerf, p.102-103.

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C. SAINT AMBROISE DE MILAN (IV°s)31

1. Parle, écoute...

Mes commandements resteront dans ton cœur. Tu les répéteras sans cesse, à la maison ou en voyage que tu sois couché ou que tu sois levé (Dt 6, 6-7).

Médite donc toujours, aie toujours à la bouche les réalités divines, assis dans ta maison. Nous pouvons entendre ‘la maison’ - de l'Eglise, nous pouvons l'entendre aussi dans notre maison intérieure, afin de parler au-dedans de nous. Parle avec réflexion pour éviter le péché, pour ne pas pécher par bavardage. Lorsque tu es assis à la maison, parle avec toi-même comme avec celui qui te jugera. Parle sur la route pour ne jamais être dans l'oisiveté. Tu parleras sur la route, si tu parles dans le Christ parce que la route, c'est le Christ. Sur la route, parle à toi-même, parle au Christ. Ecoute comment lui parler  : Je veux qu'en tout lieu les hommes prient en levant les mains saintement sans colère ni dispute. (1 Tm 2,8). Parle dans ton sommeil, pour que le sommeil de la mort ne te surprenne pas. Écoute comment parler dans le sommeil : Je ne donnerai pas de sommeil à mes yeux ni de repos à mes paupières avant d'avoir trouvé un abri pour mon Seigneur, une tente pour le Dieu de Jacob (Ps 132, 4-5).

Que tu te lèves ou te relèves, parle de lui, afin d'accomplir ce qu'il t'ordonne. Ecoute comment le Christ t'éveille. Ton âme dit : J’entends mon bien-aimé qui frappe à la porte. Et le Christ dit : Ouvre-moi, ma sœur mon épouse. Écoute comment tu fais se lever le Christ. L'âme dit : Je vous en conjure, filles de Jérusalem, n'éveillez pas, ne réveillez pas mon amour (Ct 2,7). L'amour, c'est le Christ.

D. ORIGENE (III° s)32

1. Boire chaque jour la Parole

Penses-tu que ce sont des fables et que l'Esprit Saint conte des histoires dans les Écritures ? Non, c'est une instruction pour les âmes et c'est une doctrine spirituelle comme celle-là qui te forme et t'apprend à venir chaque jour au puits des Écritures, aux eaux de l'Esprit Saint à y puiser sans cesse et à en rapporter chez toi un plein récipient.

Sache cependant que sans exercice et sans connaissance, personne n'accueille la parole prophétique ; en revanche, l'accueille celui qui sait tirer l'eau des profondeurs du puits. (...) Par conséquent, si tu ne te rends pas chaque jour près du puits, si tu ne puises pas des eaux chaque jour, non seulement tu ne pourras donner à boire aux autres, mais tu endureras toi aussi la soif de la parole de Dieu (Am 8,11). (...)

L'union de l'âme avec le Verbe, il est certain qu'elle ne peut se réaliser que si on se laisse instruire par les Livres divins, auxquels figurativement l'Écriture donne le nom de puits. Quiconque vient à ces puits et en tire l'eau, c'est-à-dire médite l'Écriture, en perçoit le sens et la signification profonde, trouvera des noces dignes de Dieu, car son âme sera unie à Dieu.

31 Revue Magnificat, N°87, p.250-251, Homélie sur le psaume 36, 65-66.32 Revue Magnificat N°88, p.73. Homélies sur la Genèse X, 2-5.

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III. LES EPINES DANS LA BIBLE

A. UN TEXTE JUIF : LE PIRQE DE RABBI ELIEZER33

1. Dieu descend dans les épines

La cinquième descente eut lieu à l'occasion du buisson, ainsi qu'il est dit : Je suis donc descendu pour le libérer de la main de l'Egypte et pour le faire monter de ce pays vers un pays beau et large, vers un pays ruisselant de lait et de miel (Ex. 3, 8). Il abandonna la montagne entière pour descendre au sein du buisson et y demeurer34. Or, le buisson est malheur et détresse car il est tout épineux et plein de ronces. Pourquoi résida-t-Il à l'intérieur du malheur et de la détresse ? Parce qu'Il vit Israël dans un grand malheur et voulut accomplir la parole de l'Ecriture : Dans tous les malheurs, Lui aussi était dans le malheur. (Es. 63, 9) 1.

B. SAINT AUGUSTIN (V°s)35

1. Le Mystère du buisson d’épines

Ce que nous pouvons dire brièvement, c'est que tout cela ne s'est pas produit en vain, ni sans raison, ni sans qu'il y ait là un signe de quelque vérité cachée. Le buisson était en flammes et il ne brûlait pas. En fait, le buisson est un genre d'épines, et on n'a pas pu se proposer de louer une chose que la terre a produit pour le pécheur.

Car au début, quand l'homme a péché, on lui a dit : La terre fera naître pour toi des épines et des ronces (Gn 3, 18). Et ce n'est point parce que le buisson ne brûlait pas (Ex 3,2), c'est-à-dire n'était pas saisi par la flamme, que nous devons penser à quelque chose qui serait bon.

Supposons, en effet, que cette flamme, dans laquelle l'ange ou le Seigneur est apparu, soit quelque chose de bon - comme cela s'est produit pour les disciples à l'arrivée de l'Esprit Saint lorsque des langues apparurent divisées pareilles à du feu (Ac 2, 3) -, dans ce cas nous devons être saisis par ce feu et ne pas rester sans brûler à cause de notre dureté.

Le buisson qui ne brûlait pas figurait le peuple qui résistait à Dieu. Le buisson désignait donc comme épineux le peuple auquel Moïse était envoyé. Et si le buisson ne brûlait pas, c'est que la dureté des (hommes), comme je l'ai dit, opposait sa résistance à la Loi de Dieu; car si le peuple n'était pas désigné comme épineux, il n'aurait pas couronné d'épines le Christ (Cf. Mt 27, 29).

C. SAINT AUGUSTIN (V°s)36

1. La vigne dans les épines

Ecoute et comprends ! Quand je dis : Faites ce qu'ils disent, ne faites pas ce qu'ils font, sois attentif à

33 Verdier 1983, p.243.34 Dieu est descendu 10 fois du ciel.35 Sermons sur l’Ecriture, Tome I, p. 148-14936 L’année liturgique, PDF N°17, p. 137-138.

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ce que je dis avant. J'ai dit : Ils sont assis dans la chaire de Moïse. Quand ils disent le bien, ils ne parlent pas d'eux-mêmes, mais en vertu de la chaire de Moïse. La chaire est donc mise pour la doctrine, car ce n'est pas la chaire de Moïse qui parle, c'est la doctrine : elle est dans leur mémoire, et non dans leurs oeuvres. Quand ils parlent d'eux-mêmes, quand ils discourent d'eux-mêmes, c'est-à-dire quand ils tirent de leur propre fonds, qu'entends-tu ? - Comment pouvez-vous dire de bonnes choses, vous qui êtes mauvais ? (Mt 12, 34).

Ecoutez cette comparaison. N'allez pas cueillir du raisin sur les épines, car le raisin ne peut naître des épines. Mais n'avez-vous jamais remarqué qu'un pied de vigne en grandissant peut aller dans un buisson, s'enrouler dans les épines, bourgeonner au milieu des épines et y produire une grappe ? Tu as faim, tu passes et tu vois une grappe pendre dans les épines37. Tu ne fais rien, tu ne la cueilles pas. Mais tu as faim et tu veux la cueillir. Cueille-la, mais tends la main avec attention et prudence; fais attention aux épines, cueille le fruit. Il en est de même d'un homme mauvais, du pire des hommes : s'il prêche la doctrine du Christ, écoute-le, reçois ce qu'il te dit, ne le méprise pas. Si c'est un homme mauvais, les épines sont de lui; s'il dit le bien, la grappe est là, qui pend parmi les épines, sans être née des épines. Si donc tu as faim, cueille-la, mais fais attention aux épines. Car si tu commences à imiter ses actions tout en l'écoutant volontiers, tu as tendu la main imprudemment, tu as touché les épines avant de saisir le fruit, et tu l'en retires blessée, déchirée. Tu ne profites plus du fruit, pourtant né de la vigne, à cause des épines, venant de leur propre racine, qui te font obstacle. Pour ne pas te tromper, regarde donc où tu as pris le fruit : le sarment est là. Tourne les yeux vers le sarment : tu vois qu'il appartient à la vigne, il sort de la vigne, il pousse de la vigne, mais il court dans les épines. Est-ce que la vigne doit resserrer ses sarments ? De même la doctrine du Christ : dans sa croissance et ses progrès, elle est enseignée par les bons et enseignée par les mauvais. Tu vois d'où vient le fruit, où naît ce qui te nourrit, où naît ce qui te pique : les deux sont mêlés aux yeux du public, mais séparés à la racine.

D. ** SAINT GREGOIRE DE NYSSE (IV°s)38

1. L’âme du prophète s’enflamme

(La) vérité qui s'est manifestée alors à Moïse dans la mystérieuse apparition, c'est Dieu. Que ce soit d'un buisson d'épines que s'allume la flamme par laquelle l'âme du prophète est illuminée, cela ne sera pas sans intérêt pour notre recherche. Si en effet la vérité est Dieu et si elle est aussi lumière - ce sont là les expressions sublimes que l'Evangile emploie pour désigner le Dieu qui s'est manifesté pour nous dans la chair.

Il s’en suit que la conduite de la vertu nous amène à la connaissance de cette lumière qui s'est abaissée jusqu'à la nature humaine ce n'est pas de quelque luminaire situé parmi les astres qu'elle rayonne - son

37 Du raisin dans les épines ! ? C’est une bizarrerie, et ce ‘rouge’ est existentiel, nous en avons l’expérience  : Comment pouvez-vous dire de bonnes choses, vous qui êtes mauvais ? Dire de bonnes choses et faire le mal. Nous ne sommes pas unifiés. La parole, qui traduit le contenu de notre esprit, ne semble pas être en prise sur le corps, elle semble s’exprimer à vide, dans le vide. La chose est courante : nous ne sommes pas des saints. Ainsi dans le même ‘champ’ (de nos vies), poussent le bon grain et l’ivraie, les deux ‘racines’ sont présentes en nos cœurs qui collectent deux sèves, celle qui vient de Dieu (l’amour) et celle qui vient du monde extérieur (la logique froide de l’efficacité). Le ‘cœur’ biblique, à la différence de l’image romantique, est le lieu de la décision. Ce cœur est un creuset; en lui, convergent l’intellect et l’affect, l’esprit d’amour qui vient de Dieu et le sentiment qui nous attache aux êtres humains. La finalité du combat spirituel est d’infuser l’amour dans le sentiment humain pour que notre vie affective, toute charnelle, s’oriente vers Dieu et non vers nous. Ainsi le corps participe-t-il à la vie de l’esprit alimenté par la Parole de Dieu.38 La vie de Moïse, présentée par Jean-Yves Leloup, 68-70. Pour faciliter sa compréhension, nous avons légèrement modifié le texte français.

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éclat risquait alors d'être pris pour celui de la matière sous-jacente mais sortant d'un simple buisson de la terre, elle surpasse cependant par ses rayons les astres du ciel. (…)

2. Le Soleil a brillé dans nos épines

Ce que Moïse, à la lumière de la théophanie, me parait avoir compris alors, c'est précisément qu'aucune des choses qui tombent sous les sens ou qui sont contemplées par l'intelligence ne subsiste réellement, mais seulement l'Etre transcendant et créateur de l'univers à qui tout est suspendu (…)39.

(Tout change) dès qu’on est arrivé à Lui. (C’était) autrefois Moïse, (c’est) aujourd'hui tout homme qui, comme Moïse, se dépouille de son enveloppe terrestre et se tourne vers la lumière venue du Buisson, vers le rayon issu des épines de la chair40, qui a brillé pour nous et qui est, nous dit l'Evangile, la vraie lumière et la Vérité (Jn 1,9). On est alors capable d'aider les autres à se sauver en renversant la tyrannie des puissances du mal et en ramenant à la liberté tous ceux qui étaient soumis à l'esclavage.

E. THEODORE BAR KONI (VIII°s)41

1. Le peuple en feu…

Comme était arrivé le temps où Israël devait être libéré de la servitude de l’Egypte, (...) Dieu se mit à réaliser les promesses faites aux patriarches pour leurs descendants. Parce que, en Egypte, les Israélites semblaient comme jetés dans une fournaise de feu, il convenait hautement que Dieu se manifestât à Moïse, le pasteur du peuple, sous la forme d'un feu et d'un buisson.

Ainsi, par le moyen même de cette vision, la démonstration de la puissante action divine imprimerait en Moïse la crainte du Seigneur : en même temps qu'il y percevrait les angoisses de son peuple, il se rappellerait le feu apparu à Abraham sur les victimes offertes pour sceller l'Alliance. Certes Moïse redoutait Pharaon, mais la vue du feu l'encouragea : devant lui, Pharaon allait devenir faible, autant que le foin devant la flamme.

De plus, le buisson était le symbole du peuple qui, au milieu de tant d'angoisses, ne périrait pas, gardé qu'il était par la Providence divine, comme le buisson dans le feu.

F. SAINT CESAIRE d’ARLES (V°s)42

1. Aimez vous les uns les autres

De quelle façon nous devons nous aimer les uns les autres, frères très chers, nous pouvons aussi l'apprendre avec évidence par l'exemple de la santé et de la maladie des membres du corps; car si nous voulons nous aimer comme s'aiment entre eux les membres de notre corps, nous pouvons garder en nous la charité parfaite. Réfléchissez et voyez ce qui se passe en nous dans l'ordre du corps : comment, quand la tête est en bonne santé, tous les membres se réjouissent et comment les autres membres sont heureux chacun pour les autres; au contraire, lorsqu'un membre souffre de quelque mal, tous les membres souffrent avec lui.39 On pourrait dire : ‘Tout est contemplé de l’intérieur à la lumière de l’amour’.40 Quelle chose étonnante : Le rayon est issu des épines !41 Sœur Isabelle de la Source, Lire la Bible avec les Pères, Tome 2, p. 22-23.42 Sermons au peuple, Tome 2, SC N° 243, p.58-60.

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2. L’épine

Voici que le pied a une épine : qu'y a-t-il d'aussi loin des yeux que le pied ? Il est loin par la place, tout proche par le mouvement de la charité. Une épine pique bien peu et tient une toute petite place dans le pied; mais vois comme tous les membres se tournent de ce côté. Premièrement, l'épine dorsale se courbe et tous les membres se baissent de ce côté. Les yeux cessent-ils de chercher ? Les oreilles cessent-elles d'écouter ? Peut-être d'autres, qui voient où elle est, disent-ils : voici, elle est là. Aussitôt les oreilles l'entendent et tiennent compte du renseignement; les yeux cherchent aussi à cet endroit-là et les mains se mettent à l’œuvre; et comme je l'ai dit, tout le corps est courbé de ce côté, et il n'est rien dans l'homme qui ne s'emploie à porter secours : la blessure a été faite seulement au pied et tout ce qui est dans l'homme est à l’œuvre. Est-ce que tous les membres ont été piqués ? Faites attention; est-ce que tous souffrent ? La main est saine, les yeux sont sains, la tête est saine, les autres membres sont sains, le pied lui-même est sain; il souffre seulement à l'endroit où il a été piqué. Ce n'est donc pas un malheur commun à tous les membres; mais par compassion charitable, tous viennent aider et tous veulent porter secours. Ainsi s'accomplit ce que dit l'Apôtre : Si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui ; et si un membre est glorifié, tous les membres partagent sa joie (1 Cor 12,26).

3. Le corps mystique

Quoi donc ? Je ne sais qui possède un don de Dieu dans le domaine des vertus; tu ne l'as pas. Ne l'envie pas, de peur d'être retranché du corps. Voyez, frères : celui qui est envieux, il est comme une blessure, comme une gangrène, comme un abcès. Tu ne veux pas partager la joie de celui qui est glorifié ? Le médecin céleste voit en toi la maladie de l'envie et il te retranchera du corps; donc ne sois pas envieux. Mais que faire ? Réjouis-toi. Ne dis pas dans ton âme : Moi, si j'étais chrétien et que j'appartienne vraiment à Dieu, je pourrais faire ce qu'un autre fait. C'est en effet comme si l'oreille aussi disait : Moi, si j'appartenais au corps, je pourrais voir la lune et le soleil; et cependant ni l'oreille ni la main ne possèdent cette faculté, mais chacune d'elles fait ce qu'elle peut et tous les membres se rendent mutuellement service dans la concorde.

Ainsi donc, toi aussi, partage la joie de celui auquel Dieu a donné quelque grâce particulière; alors tu peux en lui ce que tu ne peux pas en toi. Il possède peut-être la virginité; aime-le et elle est à toi. De ton côté tu possèdes une plus grande patience : qu'il t'aime et elle est sienne. Il peut soutenir de longues veilles : si tu ne l'envies pas, son zèle est à toi. Tu peux peut-être jeûner davantage; s'il t'aime, ton jeûne est à lui. C'est parce que tu es en lui ; tu ne l'es pas par nature, tu l'es par la charité.

IV. ELIE AU DESERT

A. SAINT EPHREM (V°s)43

1. Fuite d’Elie au désert

Elie eut peur, il se leva et s'en alla (1 R 19,3). Le prophète agit avec sagesse en se détournant du danger. Il n’aurait pas été raisonnable d’exposer sa vie sans raison (…) Il avait au contraire une raison 43 Thèmes et figures bibliques, PDF N° 28-29, p. 283-286

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la conserver : Si Elie était tombé aux mains de Jézabel, les prêtres de Baal auraient dit au peuple, en se vantant, qu’il avait été livré à la reine par le dieu dont il avait tourné le culte en dérision, dont il avait égorgé les prêtres. Et il ne fallait cependant pas infliger un supplice unique à un homme qui avait tué quatre cent cinquante prophètes.

2. Elie et l’ange

Une fois arrivé sous un térébinthe, Elie s'assit et demanda de mourir (1 R 19, 4). Il ne souhaita pas la mort que Jézabel pensait donner comme signe à ses prophètes, pour leur permettre d’affirmer que Baal avait vaincu le Dieu d'Israël : en effet, dans un tel péril le Seigneur n’aurait pu abandonner son serviteur bien-aimé que par la volonté de Baal.

L'ange du Seigneur revint une seconde fois, le toucha, et lui dit : "Lève-toi, mange, car il te reste une longue route." Elie, à l'écart du chemin, s'était retiré à l'ombre du térébinthe, et s'était endormi. Il était accablé de fatigue, de tristesse, de sommeil, mais l'ange l'éveille à deux reprises et lui redonne des forces en lui apportant de la nourriture, un pain cuit sous la cendre, avec de l'eau pour boisson. L'ange ajoute : Il te reste une longue route. C'est à dire : le mal que tu redoutes ne doit pas être écarté par la mort, comme tu le penses, mais par la fuite. Il te faut donc parcourir encore un long chemin : il ne ressemble pas à celui que tu as pris pour aller au torrent de Kérith, mais tu dois passer dans un pays étranger, pour être en sécurité. Et puisque tu le peux maintenant, prends, grâce à ce repas, toutes les forces dont tu auras besoin pour un si long voyage. Car celui qui entre dans un pays stérile et inculte n'a aucune autre nourriture à espérer.

3. Pain et eau

Le pain cuit sous la cendre, que l'ange dépose auprès d'Elie, signifie deux choses : d'abord les labeurs de la pénitence, fort bien représentés par les cendres, symbole des larmes, et d'un cœur brisé par le repentir. Les cendres qui souillent le pain, de même que l'eau, représentent la vie des hommes faibles et malheureux. Mais ces symboles s'adapteraient peut-être mieux à tous les justes sans distinction. Par ces images, la Providence divine décrit en général le cours de leur vie : elle les exerce d'abord par une vie humble et rude, et par de durs labeurs, jusqu'à ce qu'elle les amène, une fois purifiés de toutes les souillures de la terre, à la montagne qui est le plus haut sommet d'une vertu parfaite, consommée.

4. A l’Horeb

Voici que la parole du Seigneur fut adressée à Elie en ces termes : "Elie, que fais-tu ici ?" Elie était arrivé au mont Horeb où il passa la nuit dans une grotte vide qu'il avait trouvée. Le lendemain, il entendit la voix du Seigneur qui s'approchait de l'entrée de la grotte. Alors il s'avança à la rencontre du Seigneur et quand Dieu lui demanda ce qu'il faisait là, il répondit : « J'éprouve un zèle ardent pour le Dieu des armées : c'est pourquoi j'ai empêché le ciel de laisser tomber la pluie, et la terre de donner la nourriture. Je juge pourtant ce châtiment léger pour des coupables qui ont mérité des punitions plus lourdes. Quoi donc ? Fallait-il supporter que ton peuple trahisse les alliances conclues avec toi sur cette montagne, qu'il renonce à la religion de ses ancêtres ? (Fallait-il) que je préfère à toi, le vrai Dieu, l'idole du Baal de Sidon et les autres images faites par les païens ? (Fallait-il) que Jézabel massacre en tous lieux tes prophètes ? S'il m'est encore permis de vivre, c'est bien à ta grâce que je le dois, tu m'as d'abord sauvé dans la vallée du torrent de Kérith, puis dans la ville de Sarepta et maintenant tu me gardes sain et sauf, en sécurité sur cette montagne. La reine pourtant ne renonce pas encore, mais elle dresse partout d'embûches et veut m'égorger. »

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5. Le vent et le tremblement de terre

Voici que le Seigneur passe. Il y eut un vent très violent, qui renversait les montagnes et brisait les rochers devant le Seigneur, mais le Seigneur n'était pas dans le vent. Puis il y eut des tremblements de terre et des éclairs après l'ouragan : Elie entendit que Dieu n'était pas là non plus. Ces phénomènes avaient pour but de contenir le zèle d'ailleurs louable du prophète dans les limites de sa charge et de lui enseigner, à l'exemple donné par les signes du gouvernement divin, que la sévérité devait se tempérer de miséricorde.

Selon le sens caché, les tourbillons de vent qui précédaient la venue de Dieu, les tremblements de terre, les incendies attisés par les vents étaient les signes avant-coureurs du jugement universel. Ils montraient aussi à Elie, qui souffrait de voir la loi partout méprisée par les Israélites, quelle grandeur redoutable avait entouré cette loi lorsque, sur la même montagne, elle avait été donnée à leurs ancêtres.

6. Le murmure

Après le feu, il y eut un murmure léger. Par ce symbole, Dieu retient le zèle immodéré d'Elie. Il veut ainsi lui dire : Tu vois que les vents déchaînés ne me plaisent pas, ni les horribles tremblements de terre et que je n'aime ni les éclairs ni la foudre. Pourquoi n'imites-tu pas la douceur de ton Dieu ? Pourquoi ne relâches-tu pas un peu ce zèle dont tu brûles, pour être plutôt le protecteur que l'accusateur des hommes de ton Peuple ?

Le doux murmure représente la joie de la vie bienheureuse qui sera donnée aux justes, quand, à la fin des temps, sera rendu le redoutable jugement général. Au sens propre de l'histoire, ce symbole faisait savoir à Elie qu'après la tempête de Persécution qu'il subissait, viendrait bientôt la tranquillité et la Paix, Akab et Jézabel une fois disparus.

7. La rencontre de Dieu

Après avoir entendu ce murmure, Elie se couvrit le visage de son manteau. Il sortit, se tint debout à l'entrée de la grotte, et voici qu'une voix lui disait : "Elie, que fais-tu ici ?" Il répondit : "J'éprouve un zèle ardent pour mon Seigneur le Dieu des armées, parce que les fils d'Israël ont abandonné ton alliance."

Le prophète se tint à l'entrée de la grotte, sans oser approcher de Dieu qui venait, et il se couvrit le visage, dans la pensée qu'il était indigne de voir Dieu. Il persévéra néanmoins dans sa résolution : il avait pourtant devant les yeux un signe de la clémence divine et, ce qui aurait dû le toucher plus encore, il faisait en personne l'expérience de la bonté merveilleuse de Dieu, dans les paroles qu'il lui adressait. Qui ne serait séduit par la bienveillance d'une si grande majesté, par une question si douce  : Elie, que fais-tu ici ? Elie fut cependant incapable de se contenir : il ne cessa de s'élever contre les pécheurs et, interrogé sur la raison de sa fuite, d'accuser les hommes de son peuple.

B. SAINT AUGUSTIN (V°s)44

1. Le don de Pentecôte

C'est une solennité agréable à Dieu, celle où la piété est florissante, la charité fervente. Ce sont là des 44 L’année liturgique, PDF N°17, p.103-105.

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effets de la présence du Saint-Esprit. L'apôtre nous l'enseigne par ces mots : L'amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit qui nous fut donné (Rm 5,5).

L'arrivée du Saint-Esprit a donc rempli cent vingt hommes réunis en un même lieu. Pendant la lecture des Actes des Apôtres, nous l'avons entendu : Ils se trouvaient ensemble en un même lieu au nombre de cent vingt dans l'attente des promesses du Christ (Ac 1,15; 2,1). Il était écrit en effet qu'ils devaient rester dans la ville, jusqu'à ce qu'ils fussent remplis de la force d'en haut : Quant à moi, dit Jésus, je vais envoyer sur vous ce que je vous ai promis (Lc 24,49). Il promet avec fidélité, il donne avec miséricorde. Ce qu'il avait promis, alors qu'il était encore sur terre, il l'envoya, une fois monté aux cieux. Nous avons le gage de la vie éternelle à venir et du royaume des cieux. Il ne nous a pas frustrés de sa promesse passée, il ne nous frustrera pas de notre attente future.

2. Les arrhes de l'esprit

Quand les hommes concluent une affaire entre eux et se font des promesses de vente, la plupart du temps ils donnent et reçoivent des arrhes. Les arrhes données garantissent le paiement à suivre de la somme dont l'avance a été versée. Le Christ nous donne une assurance en nous versant des arrhes; cependant, même s'il n'en avait pas versées, il n'y a pas de doute qu'il tiendrait sa promesse. Qu'a-t-il donc promis ? - La vie éternelle. Il nous en a versé les arrhes en nous donnant le Saint-Esprit. La vie éternelle est la possession de ceux qui sont établis à demeure, les arrhes sont la consolation de ceux qui sont encore en voyage. Il vaut en effet mieux, parler d'arrhes que de gage. Les deux termes paraissent semblables; il y a néanmoins entre eux une différence non négligeable. Que l'on donne un gage ou que l'on donne des arrhes, on le fait en vue d'accomplir une promesse. Mais en donnant un gage, on rend ce qu'on a reçu, une fois conclue l'affaire en vue de laquelle le gage avait été donné. Quand on donne des arrhes, en revanche, on ne reçoit rien, on ajoute au contraire au premier versement pour le compléter. Nous avons donc reçu des arrhes : aussi, recherchons la source d'où viennent les arrhes. Nous avons reçu comme arrhes une certaine effusion du Saint-Esprit dans nos cœurs. Quand on sent cette rosée, on en désire la source.

3. Voyageons vers l’amour définitif

Pourquoi, dès lors que nous avons reçu des arrhes, sinon pour ne pas défaillir de faim et de soif au cours de notre voyage ? Nous avons en effet faim et soif, du moins si nous nous reconnaissons voyageurs. Quiconque est et se reconnaît voyageur, désire retourner dans la patrie. Tant qu'il le désire, le voyage lui est pénible. S'il aime voyager, il oublie la patrie et ne désire pas y retourner. Mais notre patrie n'est pas telle que nous lui préférions un autre pays. Parfois les hommes s'enrichissent en voyageant. Ceux qui étaient pauvres chez eux et qui s'enrichissent au cours de leurs voyages, n'ont pas envie de rentrer au pays. Nous sommes loin de notre Seigneur, depuis qu'il a insufflé au premier homme le souffle de la vie. Nous sommes tous nés voyageurs; notre patrie est dans le ciel, les anges en sont les citoyens. De notre patrie, pour nous exhorter à y retourner, nous ont été envoyés des écrits; on nous les lit publiquement chaque jour dans les communautés. Laissons donc le monde perdre sa valeur, aimons celui qui a fait le monde.

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V. L’ASCENSION D’ELIE

A. SAINT AELRED DE RIEVAULX (XII°s)45

1. L’Ascension

Après avoir accompli tout ce pourquoi il voulut rester sur terre durant cette période déterminée, le Seigneur apparut à ses disciples et mangea avec eux en ce jour où il voulut monter au ciel, comme le dit Luc dans les Actes des Apôtres : Au cours d'un repas qu'il partageait avec eux, il leur enjoignit de ne pas s'éloigner de Jérusalem (Ac 1,4). Ô combien heureux furent les convives de ce repas.

Pourtant, comme le dit l'évangéliste, il leur reprocha leur incrédulité et leur dureté de cœur, parce qu'ils n'avaient pas ajouté foi à ceux qui l'avaient vu ressuscité d'entre les morts (Mc 16,14). Il était souvent apparu à ses disciples depuis sa Résurrection, il avait mangé et bu avec eux. Mais en cette dernière apparition, lorsqu'il voulut remonter au ciel, beaucoup, je pense, ne l'avaient pas encore vu; ils avaient seulement appris (qu'il était ressuscité) par ceux qui l'avaient vu, et ils doutaient quelque peu. C'est pourquoi le Seigneur leur reprocha leur incrédulité. Et il fit cela très bien : d'un côté il leur fit des reproches, et de l'autre il les réconforta. C'est au moment où il leur fit les plus vifs reproches qu'il leur fit aussi les plus grandes promesses, comme il est écrit : Il leur enjoignit de ne pas s'éloigner de Jérusalem mais d'attendre ce que le Père avait promis, ce que, disait-il, vous avez entendu de ma bouche : Jean a baptisé avec de l'eau, mais vous, c'est dans l’Esprit Saint que vous serez baptisés sous peu de jours (Ac 1, 4-5)

2. Le manteau, c’est l’Eglise

Nous lisons ceci dans le Livre des Rois : lorsque Elie fut enlevé dans un char de feu, il abandonna son manteau à Élisée et l'esprit d'Elie a été doublé en Élisée (2 R 2, 9-15).

Le prophète Elie symbolise notre Seigneur, Élisée symbolise les apôtres et les disciples du Seigneur. L’enlèvement d'Élie au ciel symbolisait l'Ascension de notre Seigneur. Mais comme Elie n'était qu'un homme, il eut besoin de l'aide de quelqu'un d'autre. Notre Seigneur, qui est vraiment Dieu, monta au ciel par sa propre puissance, comme le dit l'évangéliste : Tandis qu'il les bénissait, il se sépara d'eux et fut emporté au ciel (Lc 24,51). Le manteau d'Elie symbolisait la sainte Eglise comme le saint patriarche Jacob l'a dit à propos de notre Seigneur : Il lavera son vêtement dans le vin, son manteau dans le sang des raisins (Gn 49,11). Car c'est par son propre sang qu'il a purifié la sainte Eglise. Quand Elie monta sur le char, il abandonna son manteau à Élisée (Cf. 2 R 2,13) et quand notre Seigneur monta au ciel, il confia son Eglise à ses disciples.

Il leur dit en effet : Allez dans le monde entier, prêchez l’Evangile à toute créature c'est-à-dire au genre humain tout entier, aux juifs et aux païens, aux savants et aux ignorants, aux riches et aux pauvres qui, à eux tous, constituent la sainte Eglise.

3. Double part d'Esprit

Mais que signifie ceci : l'esprit d'Élie a été doublé en Élisée ? (Cf. 2 R 2,9). Notre Seigneur a dit quelque part à ses disciples : Celui qui croit en moi fera lui aussi les œuvres que je fais, et il en fera même de plus grandes (Jn 14,12). Certes, notre Seigneur a fait par lui-même bien des choses quand il

45 Sermons pour l’année, Pain de Citeaux N°11, p. 196-198.

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était physiquement sur terre; et pourtant, après être remonté au ciel, il en fit, d'une certaine manière, beaucoup plus par l'intermédiaire de ses apôtres et des autres disciples. Par lui-même il n'a converti que peu de juifs, tandis que, par ses apôtres, c'est le monde entier qu'il a amené à croire en lui. Beaucoup de malades ont été guéris en touchant la frange de son manteau mais il est encore plus remarquable qu'il ait libéré beaucoup de gens de leurs infirmités par la seule ombre de Pierre. C'est pourquoi on peut dire que l'esprit d'Elie a été doublé en Elisée : en ce qui regarde la conversion des hommes, notre Seigneur en a ramené bien plus par ses apôtres que par lui-même.

Cet Élisée dont il est écrit que l'esprit d'Elie a été doublé en lui, vint au Jourdain et il frappa les eaux du fleuve mais elles ne se séparèrent pas. Et dès qu'il prononça le nom d'Elie en disant  : Où est maintenant le Dieu d'Elie, les eaux se séparèrent (Cf. 2 R 2, 9-15) Il en est de même pour les apôtres : bien qu'ils semblent avoir fait plus que ce que le Seigneur a fait sur terre par lui-même, ils n'ont pas fait cela en leur propre nom et par leur propre pouvoir - comme le faisait notre Seigneur - mais au nom de leur Maître et par sa puissance.

On peut comprendre d'une autre façon le fait que l'esprit d'Elie a été doublé en Élisée, après l'enlèvement d'Élie : l'Esprit de Dieu, qui était présent dans les apôtres avant l'Ascension du Seigneur, a été doublé en eux après celle-ci parce qu'ils reçurent de plus grandes grâces de l'Esprit Saint après l'Ascension qu'avant.

On peut encore comprendre autrement la grâce octroyée à Élisée : les saints apôtres ont reçu à deux reprises l'esprit de notre Elie, l'esprit de notre Seigneur Jésus-Christ, c'est-à-dire l'Esprit Saint, comme nous l'avons dit tout à l'heure. Ils l'ont d'abord reçu sur terre, quand le Seigneur leur apparut, souffla sur eux et leur dit : Recevez l'Esprit Saint (Jn 20,22). Ils l'ont ensuite reçu du ciel lorsque leur apparurent des langues qu'on eût dites de feu qui se divisèrent et se posèrent sur chacun d'eux (Ac 2,3). Nous célébrerons la mémoire de ce jour d'ici peu, s'il plaît à Dieu.

B. SAINT ROMANOS LE MELODE (V°s)46

1. Elie fait pour le ciel

Par la suite le Maître, voyant son humeur abrupte à l'égard des hommes, se préoccupa de leur race  : il éloigna Elie de la terre qu'ils habitaient, disant : « Eloigne-toi du séjour des hommes : c'est moi qui, dans ma miséricorde, descendrai chez les hommes en me faisant homme. Quitte donc la terre et monte, puisque tu ne peux pas tolérer les fautes des hommes. Mais moi qui suis du ciel, je vivrai parmi les pécheurs et je les sauverai de leurs fautes, moi, le seul ami des hommes.

Si, comme je l'ai déjà dit, prophète, tu ne peux pas habiter avec les hommes coupables, viens ici, habite le domaine de mes amis, où le péché n'est point. C'est moi qui vais descendre, car je peux prendre sur mes épaules et ramener la brebis égarée, et crier à ceux qui bronchent : Accourez tous, pécheurs, venez à moi, reposez-vous. Car moi, je ne suis pas venu pour punir ceux que j'ai créés, mais pour arracher les pécheurs à l'impiété, moi, le seul ami des hommes. »

2. Elie - Jésus

Ainsi Elie, quand il fut élevé aux cieux, apparut alors comme la figure de l'avenir. Le Tishbite, dit l'Écriture, fut enlevé par un char de feu : le Christ fut élevé parmi les nuées et les puissances. Le premier envoya du haut du ciel sa peau de mouton à Élisée; le Christ envoya à ses apôtres le Saint, le 46? Hymnes, Tome I, Sources chrétiennes N°99, p.339-341

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Défenseur que nous, les baptisés, nous avons tous reçu, par lequel nous sommes sanctifiés, comme l'enseigne à tous le seul ami des hommes.

C. QUODVULTDEUS (V°s) 47

1. Récit de l’Ascension d’Elie

Elie laissa (après lui) son disciple Elisée; connaissant, par une révélation de Dieu, le temps de son assomption, il dit à son disciple : Dis-moi ce que tu veux avant que je sois enlevé d'auprès de toi (2 R 2, 9-10). Celui-ci répondit : Je veux avoir en moi le double de l'Esprit qui est en toi. Elie lui dit alors : Tu as demandé là une chose difficile, mais cependant, si tu me regardes lorsque je m'en irai, cela t'arrivera. Renseigné par cette promesse, Elisée, tant il était avide de ce qu'il demandait, voulut s'en assurer l'effet en tous points : il s'attacha tellement à son maître qu'il n'y avait pas de cas de nécessité qui le fît s'en séparer. Voulant éprouver le zèle de son disciple, le prophète affirme se trouver dans l'obligation d'aller dans des régions d'accès difficile, et lui ordonne de l'attendre pendant ce temps (cf. 2 R 2 4-6). Mais Elisée s'écrie : Aussi vrai que le Seigneur est vivant, et que tu vis toi-même, je ne te quitterai pas, où que tu ailles. C'est ce qui arriva, jusqu'à ce qu'ils fussent parvenus à un endroit où Élie, pris sur un char de feu, fut comme véhiculé jusqu'au ciel. Alors l'attention du disciple resta si bien en éveil qu'il accompagnait le maître, en train de disparaître, de ses pleurs et de ce grand cri : Elie, mon père, mon père, cocher d'Israël (2 R 2,12). Touché par ces cris, Élie lui laissa son manteau, comme viatique spirituel et en don de relique. Elisée prit le manteau; avec lui il partagea en deux le cours du Jourdain qu'il n'aurait pas pu partager par ses propres forces, et alors l'Esprit du Seigneur se reposa sur Elisée (2 R 2, 14-15).

2. Le double don d’Esprit-Saint

Dans cet événement mystérieux, nous retrouvons aussi l'image de notre Seigneur et Maître Jésus Christ. Après avoir dit à ses disciples : Celui qui croit en moi, fera, lui aussi, les œuvres que je fais (Jn 14,12). Le Christ ajouta et même il en fera de plus grandes pour montrer qu'il leur avait fait double don; et cela, aux disciples qui s'attachaient à lui sans s'éloigner d'un pas, disciples qu'il avait instruits par ces mots : Si quelqu'un me sert, qu'il me suive, et où je suis, là aussi sera mon serviteur (Jn 12,26). Sur eux également, il a répandu le double Esprit, de la façon suivante : une première fois, après sa Résurrection, quand il leur insuffla l'Esprit au visage en disant : Recevez l'Esprit-Saint. Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis; ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus (Jn 20, 22-23); une deuxième fois, lorsque, pris sur le nuage, et porté par les anges, suivi des yeux aussi par ces mêmes disciples, il leur dit : Vous, demeurez dans la ville, jusqu'à ce que vous soyez revêtus de la force d'en haut (Lc 24,49); et le jour de la Pentecôte, il leur envoya en don, sous forme de langues de feu, le Saint-Esprit (cf. Ac 2,3).

Nous ne devons pas ici comprendre ‘deux Esprits’ quand il n'y a qu'un seul Esprit-Saint : c'est le même Esprit qui dispense les dons des charismes, et si la Trinité, elle-même indivisible, en assure la distribution multiple, c'est en ayant en elle non pas deux Esprits mais un seul Esprit. Car, comme dit l'apôtre Paul, un Dieu, une foi, un baptême (Ep 4,5) et un Esprit. Aussi Elisée ne dit-il pas à son maître : ‘L'Esprit qui est en toi, qu'il y en ait deux en moi’, mais ‘qu'il y en ait le double en moi’ (2, 9).

47 Livres des Promesses, Tome 2, SC N°102, p.443.

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Ce ‘double’ a été expliqué par le Seigneur quand il a dit : Jusqu'à ce que vous soyez revêtus de la force d'en haut (Lc 24,49) pour faire voir qu'il accomplirait par eux plus qu'il n'avait accompli par lui-même. En effet, il a guéri une femme d'un flux de sang par l'attouchement de la frange de son manteau (cf. Mt 9,20), mais ses disciples, c'est par leur ombre seule qu'ils ont guéri toutes les infirmités (cf. Ac 5,15). Une fois ressuscité, les disciples mêmes qui le touchaient et le voyaient ont cru à peine à sa Résurrection; une fois monté au Ciel, la prédication de ces disciples eut pour effet que le monde entier a cru à celui qu'il n'avait pas vu. Enfin justifier l'impie est plus considérable que ressusciter un mort. Or voilà toutes les œuvres que, par l'intermédiaire de ses disciples, il a accomplies lui-même après leur en avoir attribué le pouvoir, lui qui a dit : Sans moi vous ne pouvez rien faire (Jn 15, 5).

D. SAINT BASILE LE GRAND (IV°s)48

1. Comme Elie, élève ton corps dans le feu !

Elie ne fut pas troublé par le char de feu et les chevaux ardents qui venaient vers lui, mais, dans son désir de s'élever, il fut audacieux malgré sa frayeur, il monte allègrement dans le char ardent, lui qui vit encore en sa chair; et toi, qui n'as pas à monter dans un char de feu, mais à t'élever vers le ciel par l'eau et l'esprit, pourquoi n'accours-tu pas à l'appel ?

VI. LA PENTECOTE

A. SAINT EPHREM (V°s)49

1. Les Apôtres : des cierges éteints qui s’allument

Ils étaient là comme des flambeaux disposés et qui attendent d'être allumés par l'Esprit Saint pour illuminer toute la création par leur enseignement... Ils étaient là comme des cultivateurs portant leur semence dans le pan de leur manteau qui attendent le moment où ils recevront l'ordre de semer. Ils étaient là comme des marins dont la barque est liée au port du commandement du Fils et qui attendent d'avoir le doux vent de l'Esprit. Ils étaient là comme des bergers qui viennent de recevoir leur houlette des mains du Grand Pasteur de tout le bercail et qui attendent que leur soient répartis les troupeaux.

Et ils commencèrent à parler en des langues diverses selon que l'Esprit leur donnait de s'exprimer . Ô cénacle, pétrin où fut jeté le levain qui fit lever l'univers tout entier. Cénacle, mère de toutes les Eglises. Sein admirable qui mit au monde des temples pour la prière. Cénacle qui vit le miracle du buisson ! Cénacle qui étonna Jérusalem par un prodige bien plus grand que celui de la fournaise qui émerveilla les habitants de Babylone ! Le feu de la fournaise brûlait ceux qui étaient autour, mais protégeait ceux qui étaient au milieu de lui. Le feu du Cénacle rassemble ceux du dehors qui dési rent le voir tandis qu'il réconforte ceux qui le reçoivent. Ô feu dont la venue est parole, dont le silence est lumière. Feu qui établis les cœurs dans l'action de grâces.

48 Le Baptême d’après les Pères, LC N°1, p.101.49 Lectionnaire pour les dimanches et pour les fêtes, Cerf, p. 243-244.

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2. Le vin de l’Esprit-Saint

Il y avait, résidant à Jérusalem, des hommes pieux venus de toutes les nations qui sont sous le ciel, rassemblés par l'Esprit. Ils entendaient parler dans leur propre langue et disaient : ces gens-là ne sont-ils pas Galiléens ? Comment parlent-ils notre langue ? Et d’autres opposés au Saint-Esprit disaient : ces gens-là ont bu du vin doux, ils sont ivres. Vraiment vous dites la vérité, mais ce n'est pas comme vous croyez. Ce n'est pas du vin des vignes qu'ils ont bu. C'est un vin nouveau qui coule du ciel. C'est un vin nouvellement pressé sur le Golgotha. Les Apôtres le firent boire et enivrèrent ainsi toute la création. C'est un vin qui fut pressé à la croix par les bourreaux. Merveille que réalise l'Esprit par sa venue ! Le Prophète avait crié : Voici que dans les derniers jours je répandrai mon Esprit et ils prophétiseront. Le Père a promis, le Fils a exécuté et l'Esprit Saint a accompli.

B. SAINT ROMANOS LE MELODE (V°s)50

1. La barque « Eglise » dans la tempête

Tous ensemble, alors que la sainte Pentecôte était arrivée, assidus à leurs prières, les onze mystes étaient là. Et, comme le dit la leçon des Actes, il y eut tout à coup un bruit comme celui d'un souffle violent, retentissant du haut du ciel; il remplit de feu toute la salle, et bien plus, il frappa de stupeur les bien-aimés. Aussi, en voyant la maison tanguer comme une barque s'écriaient-ils : « Maître, fais cesser la tempête et envoie l'Esprit très saint ! »

2. Le feu qui ne brûle pas

Les sages, croyant que l'étage tout entier allait s'écrouler sous le souffle, fermèrent tous les yeux de crainte. Et voici qu'il arriva quelque chose de plus effrayant encore, et à leur première crainte les prodiges en se succédant ajoutèrent une seconde épouvante : des langues de feu les touchaient encore, elles allaient sur les têtes des bien-aimés et n'incendiaient pas les cheveux, mais illuminaient les esprits, car c'est pour purifier et laver que les avait envoyées en avant l'Esprit très saint.

Pierre, à la vue de tous ces événements, s'écria : Frères, vénérons ce que nous voyons, ne nous interrogeons pas dessus. Que nul ne dise : « Ce qu'on voit là, qu'est-ce que c'est ? » Car ce qui s'accomplit dépasse l'intelligence et met en déroute le raisonnement : souffle et feu sont accouplés, miracle de foi ! Brise et flamme sont combinées, spectacle d'effroi ! Avec les vents, des flambeaux ! Avec les gouttes de rosée, des étincelles ! Qui a vu, qui a entendu, qui peut dire ce qu'est l'Esprit très saint ?

Vous donc, bien-aimés, levez-vous et regardez sans vaine curiosité le feu qu'a envoyé des hauteurs celui qui est dans les hauteurs. Ne craignez pas : les brandons ne font pas d'incendie. Ne vous effrayez pas, car ce feu ne peut pas brûler. Mais vous qui savez réfléchir, rappelez-vous comment jadis le feu reçut les trois enfants (Dan 3, 92-94); comment leurs corps ne brûlèrent point, pas même un cheveu; comment celle qui les avait reçus tous trois les fit voir au nombre de quatre, car elle rendit avec un intérêt ceux qu'elle avait pris, parce qu'elle craignait l'Esprit très saint.

Que chacun de nous, frères, rejette donc à présent la crainte de son âme et montre de l'amour pour celui qui a été enlevé, puisqu'il a tant aimé ceux qu'il avait appelés, puisque tout ce qu'il avait prédit, il l'a maintenant accompli, et qu'il a fait comme il avait dit. Pourquoi nous effrayer encore d'une flamme qui ne flambe pas ? Ce feu, regardons-le comme des roses, et c'est bien là ce qu'il est : car sur nos têtes 50 Hymnes, Tome 5, Sources chrétiennes N° 383, p. 193-201.

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on l'a posé comme des fleurs dont nous a couronnés, parés, décorés l'Esprit très saint.

C. SAINT AUGUSTIN (V°s)51

1. Pentecôte : le don de l’Esprit

Nous avons vu avec joie, mes frères, se lever ce jour le la Pentecôte, où la sainte Eglise resplendit aux yeux des fidèles et enflamme leurs cœurs. Car nous célébrons ce jour où notre Seigneur Jésus-Christ, après sa Résurrection et la gloire de son Ascension, a envoyé le Saint-Esprit. Il avait dit, comme l'Evangile nous le rapporte : Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi, et qu'il boive, celui qui croit en moi ! Comme dit l’Ecriture : Des fleuves d'eau vive jailliront de son cœur. L'évangéliste donne alors cette explication : En disant cela, il parlait de l'Esprit Saint, l’Esprit que devaient recevoir ceux qui croiraient en Jésus. En effet, l'Esprit n'avait pas encore été donné, parce que Jésus n'avait pas encore été glorifié par le Père (Jn 7,37-39).

Il restait donc, après la glorification de Jésus, sa Résurrection d'entre les morts et sa montée aux cieux, que l'Esprit Saint fût donné, après avoir été envoyé par celui qui l'avait promis. Et c'est ce qui s'est produit. En effet, après avoir vécu avec ses disciples pendant les quarante jours qui suivirent sa Résurrection, le Seigneur monta au ciel, et, le cinquantième jour, que nous célébrons aujourd'hui, il envoya le Saint-Esprit, ainsi qu'il est écrit : Soudain il vint du ciel un bruit pareil à celui d'un violent coup de vent : il virent apparaître comme une sorte de feu qui se partageait en langues et qui se posa sur chacun d'eux. Ils se mirent à parler en d'autres langues, et chacun s'exprimait selon le don de l'Esprit (Ac 2, 2-4).

2. Purification, fraction et communion du ‘corps’

Ce souffle purifiait les cœurs de leur paille charnelle; ce feu consumait le foin de l'ancienne convoitise; ces langues que parlaient les Apôtres comblés de l'Esprit-Saint préfiguraient la diffusion de l'Eglise par les langues de toutes les nations. Car, de même qu'après le déluge l'impiété des hommes édifia une haute tour contre le Seigneur, quand le genre humain mérita d'être divisé par des langues diverses si bien que chaque nation parfait sa propre langue sans être comprise par les autres nations, ainsi l'humble piété des croyants ramena vers l'Eglise la diversité de ces langues. Ainsi, ce que la discorde avait dispersé, la charité le rassemblerait, et les membres épars d'un unique genre humain seraient reliés entre eux et avec le Christ, le chef unique, et seraient fondus par le feu de l'amour dans l'unité de ce corps très saint.

C'est pourquoi ils sont totalement exclus de ce don du Saint-Esprit, ceux qui haïssent la grâce de la paix, et qui ne restent pas en communion avec l'unité. Car, bien qu'eux-mêmes se réunissent aujourd'hui comme chaque année, bien qu'ils entendent lire ces Écritures qui attestent la promesse et l'envoi du Saint-Esprit, ils les entendent pour leur condamnation, non pour leur récompense. A quoi leur sert-il, en effet, de percevoir par les oreilles ce que rejette leur cœur et de célébrer le jour de celui dont ils détestent la lumière ?

Mais vous, mes frères, membres du corps du Christ, germes d'unité, enfants de paix, passez ce jour dans la joie, célébrez-le en sécurité. Car ce qui était annoncé en ces jours où vint le Saint-Esprit, c'est cela qui s'accomplit en vous. Car chacun de ceux qui recevait alors l'Esprit-Saint parlait, à lui seul, toutes les langues. C'est ainsi qu'aujourd'hui l'unité elle-même parle toutes les langues à travers toutes

51 Les Pères de l’Eglise commentent l’Evangile, Brepols, p.77-78. Sermon 234.

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les nations, cette unité dans laquelle vous possédez l'Esprit Saint, vous qui n'êtes séparés par aucun schisme de l'Eglise du Christ, laquelle parle toutes les langues.

D. SAINT CYRILLE D’ALEXANDRIE (V°s)52

1. La chair rejette l’Esprit de Dieu

Rien ne manquait à la nature humaine pour atteindre la perfection de son état et connaître le bonheur; le Créateur de l'univers avait parachevé son oeuvre en la comblant de toutes sortes de biens. Mais cette nature, constituée au commencement dans une telle excellence, se trouva par la suite amoindrie, jusqu'à perdre peu à peu ce qui la rendait si prestigieuse.

Comment cela se produisit-il ? En Adam tout d'abord, l'humanité fut dépouillée de l'incorruptibilité, quand Dieu lui dit : Tu es terre, et tu retourneras à le terre (Gn 3,19). Ensuite, elle fut privée de l'Esprit, lorsque le Seigneur, voyant que l'unique objet de la pensée des hommes n'était que projets criminels et passions charnelles, déclara : ‘Mon Esprit ne restera pas indéfiniment dans ces hommes-ci : ils sont des êtres de chair’ (Gn 6, 3).

Et ce ne fut pas tout. A cause de leurs desseins pervers et de leur folle témérité, les hommes furent aussi condamnés au désaccord et à la division de leur langage, selon le témoignage de l'Ecriture. (...) Ils se disaient en effet l'un à l'autre : « Allons ! Bâtissons-nous une ville et une tour dont le sommet force le ciel ! Faisons-nous un nom avant d'être dispersés par toute la terre ! » (Gn 11,4). Alors Dieu descendit (...) et confondit leurs langages, et il les dissémina sur toute la terre.

Le Dieu de l'univers ne leur reproche pas leur entreprise, il n'a pas peur de la voir s'achever; mais, tout en ne paraissant pas se soucier de leur projet, il les empêche, avec sa clémence accoutumée, de le mettre à exécution, en multipliant leurs langues. C'était montrer qu'il ne peut laisser sans punition les entreprises qui dépassent la nature humaine et tendent vers des buts démesurés. (...) La division des langues fut donc le châtiment infligé par Dieu à ceux qui édifiaient la tour de Babel. (...)

2. Pentecôte

Mais, dans le Christ, la variété des langues a une signification positive. Le jour de la Pentecôte, en effet, tandis que les disciples étaient tous réunis dans une même maison, (...) ils furent tous remplis de l'Esprit Saint et se mirent à parler en d'autres langues, selon que l'Esprit leur donnait de s'exprimer (Ac 2,4).

De quoi parlaient-ils ainsi ? Comme un chœur de danse conduit par l'Esprit Saint, ils chantaient l'accès aux choses d'en haut, la montée vers les cieux dans le Christ grâce à la foi, le rassemblement dans l'unité de toutes les langues, peuples et nations de la terre, dans l'Esprit. Toute langue en effet confessait le Christ et proclamait ses mystères.

La variété des langues, qui était, à la tour de Babel, signe de dispersion et d'éparpillement vers toutes les nations, est devenue, dans le Christ, signe du rassemblement dans l'unité, par l'Esprit, et gage de l'accès aux réalités d'en haut.

52 Sœur Isabelle de la Source, Médiaspaul et Editions Paulines, Lire la Bible avec les Pères, Tome 1, La Genèse, p.46-47

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E. SAINT CYRILLE D’ALEXANDRIE (V°s)53

1. Du neuf : maintenant, l’Esprit en personne habite dans les baptisés

S'il est vrai que le Christ nous a redonné l'Esprit, comment pouvait-il être présent dans les prophètes ? Réfléchissons. J'en reviendrai au sujet de mon discours : les saints prophètes ont eu en eux la lumière éclatante du Saint-Esprit, pareille à une torche, qui pouvait les amener à saisir les choses futures et à connaître les choses cachées. Mais quand il s'agit des fidèles du Christ, nous croyons en toute confiance que ce n'est pas une flamme allumée par l'Esprit, mais l'Esprit lui-même qui habite et fait sa demeure en eux. Il est donc juste de nous appeler temples de Dieu (1 Cor 3, 16; 2 Cor 6, 16), même si aucun des saints prophètes n'a été appelé ainsi.

2. Le cas de Jean-Baptiste

Comment expliquer ce que je vais dire ? Quelle réponse donner quand j'entendrai ces paroles du Christ notre Sauveur ? En vérité, en vérité, je vous le dis, parmi les enfants des femmes, il ne s'en est pas levé de plus grand que Jean-Baptiste. Mais le plus petit dans le Royaume des Cieux est plus grand que lui (Mt 11, 11).

Qu'est-ce que le Royaume des Cieux ? C'est de toute évidence le don du Saint-Esprit, selon cette parole : Le Royaume des Cieux est au-dedans de vous (Lc 17, 21). Car l'Esprit demeure en nous par la foi (Rm 8, 11). Vous voyez que notre Sauveur place avant tous les enfants des femmes celui qui est dans le Royaume des Cieux, même s'il est inférieur à l'homme parfait.

Ne croyez pas, quand je parle des saints prophètes, que je rabaisse leur gloire ou leur vertu ou que, selon moi, les plus petits dans le Royaume des Cieux sont meilleurs que les saints de l'Ancien Testament. Je ne dis pas cela, car la beauté de leur vie est incomparable. Mais pour plus de clarté, je dois expliquer en quelques mots les paroles de notre Sauveur.

Le bienheureux Jean-Baptiste était vraiment grand, mieux que tous il pratiquait toutes les vertus, il s'était désormais avancé jusqu'aux extrêmes limites de la justice dont nous sommes capables, au point que rien ne le dépasse. Mais si saint qu'il fût, il adressa au Christ cette prière  : C'est moi qui ai besoin d'être baptisé par toi, et c'est toi qui viens à moi ! (Mt 3, 14.) Vous voyez que, tout parfait qu'il soit, autant que peuvent l'être les hommes nés de femmes, il demande d'être régénéré et de renaître par le Saint-Esprit.

53 L’évangile de Jean expliqué par les Pères, PDF N°31, p.82-83.

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VII.EMMAÜS

A. SAINT GREGOIRE LE GRAND (VII°s)54

1. Le Christ, un étranger !

Frères très chers, vous avez entendu : deux disciples faisaient route ensemble; ils ne croyaient pas dans le Seigneur, mais ils parlaient de lui, quand soudain ils le rencontrèrent, sous des traits qu'ils ne purent reconnaître. Le Seigneur rendit sensible au-dehors, à leurs yeux de chair, la contradiction qui frappait intérieurement les yeux du cœur.

Les disciples étaient partagés entre l'amour et le doute : le Seigneur paraît auprès d'eux, mais ne se laisse pas reconnaître. Ils parlaient de lui : il vient à leur rencontre. Ils doutaient de lui : il leur cache ses véritables traits.

Il leur adressa la parole et leur reprocha l’endurcissement de leur cœur, puis il leur dévoila dans l'Ecriture les mystères qui le concernaient. Mais comme il n'était qu'un étranger à leur cœur sans foi, il feignit de poursuivre sa route. Feindre c'est composer. Nous disons des artisans qu'ils composent leurs vases. La vérité qui est simple, ne fait rien en double : elle s'est montrée au dehors telle qu'elle était en leur esprit. Louons-les pourtant d'avoir su donner leur amitié à ce voyageur, eux qui ne pouvaient encore en lui aimer Dieu. Il est vrai que ces disciples, qu'accompagnait la vérité, ne pouvaient rester étrangers à cette amitié. Ils lui offrent donc l'hospitalité que l'on doit à un étranger.

2. Après la Parole, la pratique de la table

Et pourquoi dis-je qu'ils la lui offrent, quand le texte précise qu'ils l'en pressent ? Cet exemple nous montre que lorsque nous invitons nos hôtes, notre offre doit être pressante. Ils apprêtent la table, ils lui donnent à manger, et ce Dieu qu'ils n'ont pas reconnu dans la méditation des saints livres, voici qu'ils le découvrent dans le partage du pain !

Ils ne furent pas éclairés en écoutant les commandements de Dieu; ils le furent en les accomplissant  : Ce ne sont pas ceux qui écoutent la loi qui sont justes aux yeux de Dieu, mais ceux qui pratiquent seront tenus pour justes (Rm 2,13).

Voulez-vous comprendre les paroles que vous avez écoutées ? Hâtez-vous de mettre en pratique ce que vous avez déjà pu en comprendre. Le Seigneur ne s'est pas laissé connaître en parlant, il s'est découvert en mangeant.

Aimez donc l'hospitalité, frères très chers, aimez les œuvres de l'amitié. En leur nom Paul dit : Persévérez dans l'amour fraternel, ne négligez pas l’hospitalité, c'est grâce à elle que sans le savoir, certains ont hébergé des anges (Hé 13,1). En leur nom, Pierre dit : Pratiquez sans murmurer l’hospitalité entre vous (1 P 4,9). En leur nom, la Vérité elle-même dit : J'étais étranger et vous m'avez recueilli (Mt 25,35).

3. Un récit transmis par la tradition

Ecoutez ce récit, si fameux, rapporté par nos pères. Un maître de maison, fidèle aux devoirs de l'hospitalité, ainsi que toute sa famille, recevait quotidiennement des étrangers à sa table. L'un d'entre

54 Les chemins vers Dieu, Lettres chrétiennes N°11, p. 285-287.

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eux, un jour, se présente; on l'invite au repas. Le maître de maison veut obliger son hôte en lui lavant les mains. Il se tourne, prend la cruche, mais au moment de verser l'eau, il ne voit plus personne. Cette disparition le plonge dans la stupeur. Mais la même nuit, le Seigneur lui apparaît en rêve et lui dit  : « Jusqu'ici tu m'avais accueilli en mes membres; hier, c'est moi-même que tu as reçu.  » Ce que vous avez fait au plus petit d'entre les miens, nous dira-t-il au jour du jugement, c'est à moi que vous l'avez fait (Mt 25,40). Et avant ce jour, lorsqu'il est accueilli en ses membres, il convie aussi en lui-même ses hôtes.

Que nous sommes pourtant paresseux devant la grâce de l'hospitalité ! Mes frères, mesurez la grandeur de cette vertu ! A vos tables, accueillez le Christ, afin que lui-même vous accueille à ses festins d'éternité. Donnez l'hospitalité à Jésus-Christ, l'étranger, afin qu'il ne nous regarde pas comme des étrangers mais nous reçoive en son royaume comme ses frères, avec l'aide de Dieu même, qui vit et règne aux siècles des siècles. Amen.

B. SAINT AUGUSTIN (V°s)55

1. Le Seigneur est ressuscité !

Ces jours-ci on lit la Résurrection dans chacun des quatre évangiles. Car il est nécessaire de les lire tous, parce que chacun n'a pas tout dit. Mais ce que l'un a omis, un autre l'a dit, et d'une certaine façon, tous ont laissé de la place aux autres, si bien qu'ils étaient tous nécessaires.

L'évangéliste Marc a dit brièvement ce que Luc a développé avec plus de détails au sujet des deux hommes, qui n'appartenaient pas aux Douze, mais qui étaient pourtant des disciples : tandis qu'ils faisaient route, le Seigneur, leur apparut et les accompagna. Marc dit seulement en effet, qu'il apparut à deux voyageurs, tandis que l'évangéliste Luc nous rapporte ce qu'il leur a demandé, ce qu'il leur a répondu, jusqu'où il les a accompagnés, et comment ils le reconnurent quand il partagea le pain. Luc a dit tout cela, nous l'avons entendu.

Quelle est donc, mes frères, la question qui nous intéresse ici ? Nous sommes encouragés à croire que le Seigneur est ressuscité. Nous le croyions déjà quand nous avons entendu lire l'Évangile, et nous sommes entrés aujourd'hui dans cette église en y croyant. Pourtant, je ne sais comment cela se fait, mais on entend avec joie ce qui rafraîchit notre souvenir. Cela vient de ce que notre cœur se réjouit quand nous découvrons que nous valons mieux que ces hommes, eux qui marchaient sur la route et à qui le Seigneur apparut.

2. Ce Jésus qui ne sait pas

Car nous croyons ce qu'ils ne croyaient pas encore. Ils avaient perdu l'espérance, et là où ils doutaient, nous-mêmes n'avons aucun doute. Ils avaient perdu l'espérance au Seigneur crucifié; on le voit à leurs paroles. Quand Jésus leur demande : De quoi causiez-vous donc, tout en marchant, et pourquoi êtes-vous tristes ?, ils répondent : Tu es bien le seul de tous ceux qui étaient à Jérusalem, à ignorer les événements de ces jours-ci. – Quels événements ? répliqua Jésus. Lui qui sait tout, il les questionne lui-même, parce qu'il désire être dans leur cœur. Ils reprennent : Ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth : cet homme était un prophète puissant par ses actes et par ses paroles... Et comment les chefs des prêtres l'ont crucifié.. Et voilà le troisième jour que cela est arrivé... Alors que nous espérions...

Vous espériez, et maintenant vous n'espérez plus ? C'est ainsi que vous êtes ses disciples ? Le 55 Les Pères de l’Eglise commentent l’évangile, Brepols, p.60.

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malfaiteur crucifié avec Jésus vous a surpassés ! Vous avez oublié celui qui vous instruisait, tandis que le bandit a reconnu son compagnon de supplice : Seigneur, souviens-toi de moi, quand tu viendras inaugurer ton règne (Lc 23,42). Oui, parce que c'est lui qui devait racheter Israël. Cette croix était une école où le maître instruisait le bandit. Le bois où Jésus était cloué devint la chaire de son enseignement. Celui qui vous a rejoints, puisse-t-il vous rendre l'espérance ! Et c'est ce qui est arrivé.Rappelez-vous cependant, frères très chers, comment le Seigneur Jésus, alors que les yeux de ses disciples étaient empêchés de le reconnaître, voulut être reconnu au partage du pain. Les fidèles comprennent ce que je veux dire : eux aussi reconnaissent le Christ au partage du pain, mais de celui qui, recevant la bénédiction du Christ, devient le corps du Christ.

C. SAINT AUGUSTIN

1. L'Eucharistie d'Emmaüs56

Reconnaissons un grand sacrement ! Ecoutez. Il cheminait avec eux, ils l'hébergent, il rompt le pain, ils le reconnaissent. Et nous, ne disons pas que nous ne connaissons pas le Christ. Nous le connaissons, si nous croyons. C'est peu dire, nous le connaissons, si nous croyons. Si nous croyons, nous l'avons. Ils avaient le Christ avec eux à table, nous l'avons avec nous, dans notre âme. Avoir le Christ dans son cœur, c'est plus que de l'avoir dans sa maison, car notre cœur nous est plus intime que ne l'est notre maison. Où maintenant le fidèle doit-il le reconnaître ? Le fidèle sait où le reconnaître; le catéchumène ne le sait pas57; mais personne ne lui ferme la porte, il peut entrer.

D. QUODVULTDEUS (V°s) 58

1. Jésus fait semblant de ne pas savoir

Notre Seigneur Jésus qui, sachant toutes choses, fait pourtant semblant d'en ignorer quelques-unes : comme dans cette question à propos de Lazare : Où l'avez-vous mis ? (Jn 11,34), et également : Quant à la date de ce jour, ou à l'heure, personne ne les connaît, ni les anges, ni le Fils (Mc 13,22), alors qu'à ce jour et à cette heure, c'est lui-même, le Fils, qui doit venir; et encore, lorsque les deux disciples, en train de faire le récit de sa Passion, lui dirent : Tu ne sais donc pas ce qui s'est passé il y a deux jours à Jérusalem ? (Lc 24,18) et que lui en qui ont été faites toutes choses (cf. Jn 1,3), leur répondit comme s'il ne savait rien. « Quoi donc ? » (Lc 24,19). Mais quand une chose est cachée, c'est qu'il y a là un événement de grand mystère; ou alors l'attention du cœur s'applique tout entière à Dieu dans un désir trop avide de saisir ce qu'il n'est pas capable (d'atteindre), et lorsqu'on n'est pas parvenu à l'intelligence de ce que l'on cherche, il faut se pénétrer d'une crainte plus considérable encore, en reconnaissant la divinité et la profondeur de tout ce dont la saisie a été refusée aux mortels.

56 Sermons pour la Pâque, SC N°116, p.275.57 Le catéchumène n’a pas fini son initiation, il ne sait pas encore que le Seigneur de l’AT n’est autre que Jésus, il ne croit pas encore. Où trouve-t-on Jésus aujourd’hui ? Dans les Ecritures éclairées par l’Esprit.58 Livres des Promesses, Tome 2, SC N°102, p.447.

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VIII. LA TRANSFIGURATION

A. SAINT AMBROISE (IV°s)59

1. Gravir la « montagne » de la foi pascale

Dépassons les œuvres du monde, afin de pouvoir contempler Dieu face à face. Gravissez la montagne, vous qui donnez la bonne nouvelle à Sion (Is 40,9). Si on gravit la montagne pour donner la bonne nouvelle à Sion, combien plus pour annoncer le Christ, et le Christ glorieusement ressuscité ! Peut-être en effet beaucoup le voient-ils en son corps ; car nous sommes beaucoup qui avons connu le Christ selon la chair, mais ne le connaissons plus maintenant (2 Cor 5,16).

Nous sommes beaucoup à l'avoir connu, parce que beaucoup à l'avoir vu - nous l'avons vu, et il n'avait ni beauté ni éclat (Is 53,2) - mais trois seulement, et trois choisis, sont conduits sur la montagne. Je croirais qu'en ces trois le genre humain est mystérieusement ramassé - puisque des trois fils de Noé descend tout le genre humain - si je ne voyais qu'ils sont choisis. Ou peut-être est-ce que seuls entre tous mériteront d'arriver au bienfait de la résurrection ceux qui auront confessé le Christ ; car les impies ne ressuscitent pas pour le jugement (Ps 1,5), mais sont punis en vertu d'un jugement rendu.

2. Une catéchèse trinitaire de la Parole de Dieu

Trois sont donc choisis pour gravir la montagne, comme aussi deux sont choisis pour être vus avec le Seigneur60 : de part et d'autre nombre consacré - peut-être pour cette raison que nul ne peut voir la gloire de la résurrection s'il n'a gardé tout le mystère de la Trinité d'une foi incorruptible et sincère61. Pierre monte, qui a reçu les clefs du Royaume des cieux ; Jean, à qui est confiée la Mère ; Jacques, qui le premier a pris place sur le trône sacerdotal. Ensuite apparaissent Moïse et Élie, c'est-à-dire la Loi et la prophétie, avec le Verbe : car la Loi ne peut exister sans le Verbe, et on n'est prophète que si on prophétise le Fils de Dieu. Et sans doute les Fils du Tonnerre ont contemplé Moïse et Élie dans leur éclat corporel; mais nous aussi, chaque jour nous voyons Moïse avec le Fils de Dieu, car nous voyons la Loi dans l'Évangile quand nous lisons : Vous aimerez le Seigneur votre Dieu ; nous voyons Élie avec le Verbe de Dieu quand nous lisons : Voici qu'une Vierge concevra dans son sein (Is 7,14)

Aussi Luc a-t-il ajouté à propos qu'ils parlaient de son trépas qu'Il devait réaliser à Jérusalem : car les mystères vous enseignent son trépas. Aujourd'hui encore Moïse enseigne ; aujourd'hui encore Élie parle ; aujourd'hui encore nous pouvons voir Moïse dans un plus grand éclat. Qui ne le pourrait, quand le peuple même des Juifs a pu le voir, bien mieux l'a vu ? Il a vu le visage glorifié de Moïse ; mais il a pris un voile, mais il n'a pas gravi la montagne, et par suite il s'est égaré. Ne voyant que Moïse, il n'a pu voir en même temps le Verbe de Dieu. Découvrons donc notre visage, afin que, contemplant à visage découvert la gloire de Dieu, nous soyons reformés à cette même image (2 Cor 3,18). Gravissons la montagne, implorons le Verbe de Dieu, pour qu'Il nous apparaisse en sa splendeur et beauté, qu'Il soit fort, s'avance majestueusement et règne (Ps 44,3ss).

59 Traité sur l’évangile de saint Luc, SC N°52, Tome II p. 11 ss60 Deux plus un égale trois : Double clin d’œil trinitaire. 61 Cette double évocation de la Trinité est sans doute sibylline pour le chrétien d’aujourd’hui qui n’a pas la culture des anciens. N’en doutons pas, ces jeux de chiffes cachent et révèlent l’expérience de la prière chrétienne, le rapport vivifiant et sacramentel de la Bible avec l’existence humaine. Le mot « mystère » souvent repris, évoque l’expérience eucharistique de la grâce.

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3. Le Mystère trinitaire : Des sens spirituels … par le Fils, dans l’Esprit, vers le Père.

Tout cela est « mystérieux » et comporte un sens plus profond : car selon votre capacité le Verbe diminue ou grandit pour vous ; et si vous ne gravissez la cime d'une prudence plus élevée, la Sagesse ne vous apparaît point, la connaissance des mystères ne vous apparaît point, il ne vous apparaît point quelle splendeur, quelle beauté il y a dans le Verbe de Dieu ; mais le Verbe de Dieu vous apparaît comme dans un corps, n'ayant ni sa beauté ni son éclat (Is 53,2) ; Il apparaît comme un homme tout meurtri, pouvant souffrir nos infirmités ; Il vous apparaît comme une parole née de l'homme, enveloppé du vêtement de la lettre, ne resplendissant pas de la vigueur de l'Esprit. Mais si, en considérant l'homme, vous le croyez engendré d'une Vierge, si peu à peu la foi vous souffle qu'Il est né de l'Esprit, vous commencez à gravir la montagne. Si, lorsqu'Il est en croix, vous le voyez triomphant de la mort et non anéanti, si vous voyez que la terre a tremblé, le soleil s'est dérobé, les ténèbres ont envahi les yeux des incroyants, les tombeaux se sont ouverts, les morts sont ressuscités, pour présager que le peuple des Gentils, mort à Dieu, est, pour ainsi dire, des tombeaux béants de son corps, ressuscité, baigné de la lumière de la Croix; si vous voyez ce mystère, vous avez gravi la montagne élevée, vous contemplez une autre gloire du Verbe.

4. Les vêtements bibliques et spirituels de la Parole

Ses vêtements sont autres en bas, autres là-haut. Et peut-être les vêtements du Verbe sont-ils les discours des Écritures, habillant pour ainsi dire la pensée divine : car, de même qu'Il apparut à Pierre, Jean et Jacques sous un autre aspect, et que son vêtement resplendissait de blancheur, de même voici qu'aux yeux de votre esprit s'éclaire déjà le sens des divines Écritures. Les paroles divines deviennent donc comme neige, les vêtements du Verbe extrêmement blancs, tels que nul foulon sur terre n'en peut faire (Mc 9,2). Cherchons ce foulon, cherchons cette neige. Nous lisons qu'Isaïe est monté à la Ferme du Foulon (Is 7,3). Qui est ce foulon, sinon Celui qui a coutume de laver nos fautes ? Aussi bien est-ce Lui qui a dit : Si vos péchés sont comme la pourpre, je les ferai blancs comme neige (Is 1,18). Qui est ce foulon, sinon Celui qui, ayant lavé les souillures corporelles, a coutume d'exposer au soleil divin les vêtements de notre esprit, les vêtements des vertus ? J'ai également entendu - pour emprunter un argument aux adversaires afin de les réfuter - comparer l'éloquence de deux sages à la neige et aux abeilles62. J'ai encore trouvé que David a dit : Que vos paroles sont douces à ma gorge, plus que le rayon de miel à ma bouche (Ps 118,103) ! et, plus bas : Votre parole est un flambeau devant mes pas, Seigneur, et une lumière sur mon chemin (Ps 118,105). La parole de Dieu est lumière, la parole de Dieu est neige, la parole de Dieu l'emporte encore sur le miel et son rayon (Ps 18,11) ; car des lèvres divines coulent des discours plus doux que le miel, et ses paroles limpides tombent, à la façon de la neige, en souples formules. Il n'y a vraiment de comparable aux neiges que cette Parole qui, envoyée du ciel sur terre, a fécondé les champs altérés de nos cœurs. Ce n'est pas supposition arbitraire, mais déduction du texte de l'Écriture, comme Dieu même en témoigne par ces paroles : Que mon discours soit attendu comme la pluie, et que mes paroles descendent comme la rosée, comme l'ondée sur le gazon et comme la neige sur l'herbe (Dt 22,2). Puisse mon âme, Seigneur Jésus, être arrosée de votre pluie et verdoyer ! qu'il vous plaise de répandre sur ma terre la blancheur de cette neige, afin que les glèbes de mon corps en printemps ne s'épuisent pas sous une chaleur prématurée, mais plutôt que la semence de la parole céleste, couverte et couvée par la neige, les rende fécondes ! Quand la neige tombe, les oiseaux du ciel n'ont pas où demeurer, et, plus riche qu'à l'ordinaire, la récolte du blé est abondante.

62 Ulysse et Nestor dans Iliade I, 249 et III, 222.

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5. Le sommeil du corps et son réveil

Pierre a vu cette grâce ; ceux qui étaient avec lui l'ont vue aussi, bien qu'ils fussent accablés par le sommeil. Car l'éclat incompréhensible de la divinité écrase les sens de notre corps. Si le rayonnement du soleil ne peut être supporté par la prunelle de chair des yeux qui le regardent en face, comment la corruption des membres humains soutiendrait-elle la gloire de Dieu ? C'est pourquoi à la résurrection le corps prend une forme plus pure et plus subtile, dégagée de ses épaisses défectuosités. Peut-être étaient-ils accablés de sommeil, afin de voir l'image de la résurrection après le repos. Aussi à leur réveil virent-ils sa majesté : car il faut être éveillé pour voir la gloire du Christ. Pierre fut ravi : les attraits de ce siècle ne le captivaient pas ; le charme de la résurrection l'a conquis. Il fait bon pour nous, dit-il, être ici - comme cet autre : Me dissoudre et être avec le Christ est bien préférable (Ph 1,23) - et non content d'avoir loué, excellant non seulement en sentiment mais en dévouement effectif, ce laborieux ouvrier promet, pour construire trois tentes, le service d'une commune obéissance. Et bien qu'il ne sût ce qu'il disait, il promettait cependant son travail : ce n'était pas fougue irréfléchie, mais dévouement empressé à multiplier les fruits de la piété. Son ignorance était de sa condition ; sa promesse était dévouement. Mais la nature humaine n'est pas capable de construire dans ce corps corruptible, dans ce corps mortel, un tabernacle pour Dieu. Soit dans l'âme, soit dans le corps, soit dans quelque autre lieu, évitez de chercher ce qu'il n'est pas permis de savoir. Si Pierre n'a pas su, comment pouvez-vous savoir ? S'il n'a pas su, lui qui a promis, et dont la grande âme ignorait les limites du corps, comment pouvons-nous savoir, nous qu'une certaine torpeur de l'esprit tient prisonniers des barrières de la chair ? Au reste, un tel dévouement a plu à Dieu.

6. Cette nuée lumineuse qui « ombre » les âmes, qui, dès lors, peuvent « entendre ».

Et au cours de ces paroles une nuée survint et les couvrit de son ombre. C'est de l'Esprit divin que vient cette ombre : elle n'obscurcit pas le cœur des hommes, mais révèle les choses cachées. On la trouve en un autre endroit, lorsque l'ange dit : La puissance du Très-Haut vous fera ombre (Lc, 1,35). Et son résultat se montre lorsqu'on entend la voix de Dieu dire : Voici mon Fils bien-aimé, écoutez-le ; autrement dit : ce n'est pas Élie qui est le Fils, ce n'est pas Moïse qui est le Fils, mais voici le Fils, que vous voyez seul ; car ils s'étaient retirés, du moment que le Seigneur allait être désigné. Vous voyez que la foi parfaite, non seulement pour les commençants, mais encore pour les parfaits, voire même pour ceux du ciel, c'est de connaître le Fils de Dieu (cf. Jn 17,3). Mais, puisque nous l'avons déjà dit plus haut : apprenez que cette nuée n'est pas accumulée par l'humidité nébuleuse des montagnes fumantes (Ps 103,32), ni sombres vapeurs de l'air condensé, voilant le ciel d'effrayantes ténèbres, mais nuée lumineuse qui ne nous détrempe point de pluies torrentielles et d'averses diluviennes, mais dont la rosée, envoyée par la voix du Dieu tout-puissant, a imprégné de foi les âmes des humains.

7. Trois au début, Un à la fin : unité, communion, paix et joie.

Et comme la voix se faisait entendre, Jésus se trouva seul. Ainsi, alors qu'ils étaient trois, il n'y en a plus qu'un. On en voit trois au début, un seul à la fin : car pour la foi parfaite ils ne sont qu'un. Aussi bien le Seigneur demande-t-il encore cela à son Père, que tous nous ne soyons qu'un (Jn 17,22). Et non seulement Moïse et Élie sont un dans le Christ, mais nous aussi nous sommes l'unique corps du Christ (Rm 12,5). Eux donc sont comme absorbés dans le corps du Christ, parce que nous aussi ne serons qu'un dans le Christ Jésus ; ou bien encore : la Loi et les Prophètes viennent du Verbe ; or ce qui commence par le Verbe s'achève dans le Verbe ; car la fin de la Loi, c'est le Christ, pour la justification de tout croyant (Rm 10,4).

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B. SAINT HILAIRE DE POITIERS (IV°s)63

1. Quelques codes existentiels

Six jours après, Pierre, Jacques et Jean sont pris à part et font halte sur une haute montagne. Sous leurs regards le Seigneur est transfiguré et resplendit de toute sa tenue de gloire. Et même dans une scène de ce genre i1 y a un plan, une façon de compter, une leçon qui sont objet d'attention.

C'est après un délai de six jours que le Seigneur se montre dans sa tenue de gloire : ainsi est préfiguré l'honneur du Royaume des cieux, lorsque se sera déroulée une durée de six mille ans.

Le choix de trois apôtres montre l'élection future du peuple à partir du triple lignage de Sem, Cham et Japhet.64

Si, sur toute la somme des saints, Moïse et Élie assistent à la scène, c'est parce que le Christ est dans son royaume, au milieu de la Loi et des prophètes - en effet, il jugera Israël en compagnie de ceux qui lui ont rendu témoignage en le prêchant -, et encore si Moïse se tenait visible, c'était pour montrer que la gloire de la Résurrection était destinée aussi aux corps humains65. Quant au Seigneur lui-même, il devint plus éblouissant que la neige et le soleil, c'est-à-dire brillant de l'éclat d'une lumière céleste au-delà de ce que nous imaginons; pour Pierre, qui offrait de faire trois tentes en cet endroit, il ne reçut aucune réponse, car le moment n'était pas encore venu qu'il siégeât dans cette gloire.

2. Plus Dieu est lumineux, plus l’homme est ténébreux

Mais alors qu'il parlait encore, une nuée brillante les couvrit et l'esprit de la puissance divine les enveloppe. Une voix venant de la nuée fait entendre que celui-ci est son fils, son élu, celui qui a ses complaisances, celui qu'il faut écouter, pour avoir en lui un garant de ces enseignements qui, par un fait exemplaire, assure qu'après le sacrifice du monde, après le désir de la Croix, après la mort corporelle, la gloire du Royaume des cieux suivrait la résurrection des morts.

Puis, terrifiés et abattus, il les releva et ils n'observent plus que celui qu'ils avaient vu, placé au milieu de Moïse et Élie. C'est en effet pour figurer l'avenir et rendre crédible ce qui se passe que Moïse et Élie avaient pris place sur la montagne. II ordonne de faire silence sur les faits qu'ils avaient vus, jusqu'à ce qu'il ressuscitât des morts, car c'était une récompense réservée à la foi que la gloire revînt à ceux qu'on ne trouverait pas prenant à la légère la simple autorité de ses instructions - car il les avait vu faibles au son de sa voix -, en sorte que ce ne fût pas avant d'avoir été remplis de l'Esprit Saint qu'ils seraient les témoins des événements spirituels.

C. SAINT JEROME (IV°s)66

1. L’histoire évangélique

Et, six jours après, Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean, et les emmène sur une haute montagne, à l'écart, seuls. Et il fut transformé devant eux. Les apôtres virent de quelle nature serait le

63 Sur Matthieu, II, SC N° 258, p. 63-65.64 Les trois groupements humains qui constituent l’humanité biblique.65 Moïse n’entra pas en Terre Promise, il fut enterré au Mont Nébo comme un quelconque mortel. C’est en tant que mortel que celui qui entendait clairement la voix du Seigneur, participe aujourd’hui à la Transfiguration de Jésus.66 Marc commenté par Jérome… Pères dans la foi N°32 p. 68 ss

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règne du Christ. À travers cette transfiguration sur la montagne, ils virent le Christ transformé dans sa gloire, tel qu'il règnerait. C'est bien ce qui est dit : Ils ne goûteront pas la mort avant d'avoir vu le royaume de Dieu ; cela arriva six jours plus tard.

Dans l'évangile selon saint Matthieu vous lisez ceci : Et cela arriva le huitième jour. Les versions, vous le voyez, ne concordent pas : Matthieu parle du huitième jour, Marc du sixième. Il faut comprendre que Matthieu inclut le premier et le dernier jour, tandis que Marc ne parle que de la période intermédiaire. Voilà ce que nous relate l'histoire : Jésus monta sur la montagne et il fut transfiguré ; les apôtres virent Moïse et Élie qui s'entretenaient avec lui, et Pierre dit à Jésus qu'il était sous le charme d'une vision merveilleuse.

Rabbi, veux-tu que nous fassions trois tentes, une pour toi, une pour Moïse et une pour Élie ? Et Marc ajoute aussitôt : Il ne savait en effet que dire car ils étaient effrayés. On lit ensuite qu'une nuée se forma, que cette nuée blanche les prit sous son ombre et qu'une voix se fit entendre du ciel ; elle disait : Celui-ci est mon Fils bien aimé : écoutez-le ! Et subitement, regardant tout autour d'eux, ils ne virent plus personne, mais Jésus seul avec eux. Voilà l'histoire en substance.

2. Histoire juive rayonnante de sens spirituels quand Jésus-Christ s’en mêle.

Certains aiment le récit, et restent accrochés à la manière juive de se référer à la lettre qui tue, ils méconnaissent l'esprit qui vivifie. Nous ne renions absolument pas l'histoire, nous goûtons en plus son interprétation spirituelle.

Nous n'exprimons pas là un sentiment personnel, ce fut celui des apôtres, et en particulier celui du « vase d'élection » (Paul), lui qui a su déceler la vie à travers ces paroles que les Juifs ont interprétées comme annonciatrices de leur mort ; de cet apôtre qui affirme que Sara et Agar désignent symboliquement les deux testaments, c'est-à-dire le mont Sinaï et la montagne de Sion. Cette allégorie désigne les deux alliances : Ces femmes sont les deux Alliances (Ga 4,24). Ne s'agissait-il pas de Sara et d'Agar ? N'est-ce pas le mont Sinaï ? N'est-ce pas la montagne de Sion ?

L'apôtre ne contesta pas l'histoire, mais il en révéla les mystères sacrés ; il n'a pas dit : « Ces femmes sont interprétées comme les deux Alliances », il a dit : Ces femmes sont les deux Alliances.67

3. Après le « sixième jour »… le Royaume !

Et, six jours après, Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean... Six jours après. Priez le Seigneur afin que notre interprétation soit fidèle à l'esprit du récit. Cela ce passa six jours après : mais pourquoi pas au bout de neuf jours, de dix, de vingt ou de quatre ou cinq jours ? Il aurait pu prendre un autre nombre : pourquoi choisit-il six ? Cela arriva, nous dit-il, après six jours. Ceux qui se tiennent près de Jésus, dont il est dit : Il en est ici, présents, ces hommes voient le royaume de Dieu, mais au bout de six jours. Si ce monde, que l'on comprend dans ces six jours, n'est pas transformé, le véritable royaume n'apparaîtra pas. Mais lorsque les six jours se seront écoulés, celui qui deviendra Pierre, ainsi appelé par le Christ par allusion à la pierre, méritera de voir le royaume. De même que nous sommes appelés chrétiens, du nom de « Christ », Pierre est appelé ainsi par analogie avec la pierre ; en grec « petrinos » signifie « qui est en pierre ». Si l'un de nous donc est « pétrinos », solide comme le roc, avec une foi si forte que le Christ bâtisse son Église sur lui, ou si l'un de nous est à l'image de Jacques ou de Jean, non pas tant frères de sang que frères par l'esprit, comme Jacob « pternistès », « celui qui supplante », ou comme Jean, « celui qui incarne la grâce du Seigneur » (nous mériterons bien la grâce

67 En fait, les deux manières, toujours actuelles, de lire les Ecritures. Celles-ci sont inscrites dans l’histoire du salut que doit parcourir tout être humain, elles ne désignent, en aucun cas, des interprétations ajoutées du dehors à la Bible.

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du Christ dès lors que nous aurons supplanté nos adversaires), si l'un de nous enfin possède cette science sublime doublée d'une intelligence extrêmement aiguë au point de mériter d'être appelé fils du tonnerre68, il faut alors que Jésus le conduise sur la montagne. Remarquez bien que Jésus ne se transfigure pas aussi longtemps qu'il se trouve en-bas : il monte, et il est transformé.

4. Les vêtements blancs de la Parole qui descend d’en haut

Il les emmène sur une haute montagne, à l'écart, seuls. Et il fut transformé devant eux, et ses vêtements devinrent éclatants, d'une blancheur extrême. Aujourd'hui encore, Jésus se trouve pour les uns en-bas, pour les autres en-haut. Ceux qui sont en-bas, et ils sont légion, considèrent que Jésus est en-bas, et ils ne peuvent pas monter sur la montagne. Les apôtres d'ailleurs sont seuls à monter sur la montagne, la foule reste en-bas. En conséquence, un individu pris au hasard dans cette foule, en-bas, ne peut voir Jésus dans ses vêtements blancs, mais uniquement dans ses habits vils. Tout homme fidèle à la lettre se trouve en-bas, et il considère la terre d'un oeil animal : cet homme-là ne peut voir Jésus dans sa tunique blanche. En revanche, quiconque suit la parole de Dieu et s'élève jusqu'aux sommets, autrement dit vers ce qu'il y a de plus élevé, voit aussitôt la transformation de Jésus et ses vêtements resplendissent à ses yeux.

Si, dans notre lecture, nous nous en tenons à la lettre, nous pouvons nous poser la question : Qu'y a-t-il là d'éclatant, de resplendissant, de sublime ? Par contre, à travers une interprétation spirituelle, les Écritures Saintes qui sont les vêtements de la Parole se transforment aussitôt et deviennent blanches comme neige, tels que foulon sur terre ne peut blanchir de la sorte.

Prenez n'importe quel témoignage de prophète, n'importe quelle parabole de l'évangile, si vous vous en tenez au sens littéral, vous n'y trouverez rien en soi de resplendissant ni d'éclatant. Maintenant, suivant les traces des apôtres, faites jaillir le sens spirituel : aussitôt les vêtements de la Parole changent d'aspect et deviennent éclatants. Et Jésus apparaît totalement transformé, ses habits sont incroyablement blancs, d'une blancheur telle qu'aucun foulon sur terre ne peut blanchir de la sorte. Un homme, en-bas, sur terre, ne peut blanchir ses vêtements : mais celui qui monte avec Jésus sur la montagne, qui quitte sensément la terre d'ici-bas, symbolisant ainsi l'élévation vers les sommets et les valeurs célestes, cet homme peut rendre ses vêtements tels qu'un foulon sur terre ne peut les blanchir de la sorte.

On me dira, ou tout au moins on le pensera en son for intérieur : tu as interprété la montagne comme étant la Parole de Dieu, tu as dit que les vêtements symbolisaient les Saintes Écritures ; dis-moi alors ce que sont ces foulons qui ne peuvent rendre des vêtements aussi éclatants que ceux de Jésus ? Les foulons servent à blanchir ce qui est sale ; ce nettoyage ne se fait pas sans peine, il faut piétiner le linge, le laver, l'étendre au soleil. Ce n'est qu'après un effort laborieux que l'étoffe reprend une teinte propre. Platon, Aristote, Zénon le premier stoïcien, et Épicure, l'avocat du plaisir, tous ces philosophes ont voulu blanchir leurs théories souillées par des propos soi-disant purs : mais ils ne parvinrent pas à rendre leurs vêtements aussi éclatants que ceux de Jésus sur la montagne. Ils étaient sur terre, ils dissertaient exclusivement sur le monde terrestre. Aucun foulon, c'est-à-dire aucun de ceux qui imprègnent la littérature séculière ne parvint à rendre ses vêtements tels que ceux de Jésus sur la montagne.

5. Élie et Moïse éclairés par l’Evangile de Jésus-Christ

Et Élie leur apparut avec Moïse, et ils parlaient avec Jésus. S'ils n'avaient pas vu Jésus transfiguré,

68 Surnom évangélique sans doute emprunté à la théophanie du Sinaï. Cf. Ps 18.

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s'ils n'avaient pas vu ses vêtements éclatants, ils n'auraient pas pu voir Élie et Moïse. Ils parlaient avec Jésus. Dans la mesure où nous interprétons le texte à la manière des Juifs et que nous nous attachons à la lettre qui tue, Moïse et Élie ne s'entretiennent pas avec Jésus, et ils ignorent l'Évangile. Mais les apôtres, eux, ont suivi Jésus, ils ont mérité de voir le Seigneur transfiguré dans ses vêtements resplendissants, et il leur a été permis de comprendre spirituellement tout ce qui est écrit. Moïse et Élie surgissent aussitôt : c'est-à-dire la Loi et les prophètes ; et ils s'entretiennent avec l'Évangile. Et Élie leur apparut avec Moïse, et ils parlaient avec Jésus. Dans son Évangile, saint Luc ajoute même : Et ils parlaient de ce qu'il allait accomplir à Jérusalem (Lc 9, 31). Ces propos sont prêtés à Elie et Moïse ; ils s'adressent à Jésus, donc à l'Évangile. Ils lui annoncent quelles souffrances l'attendent à Jérusalem. En fait, la Loi et les prophètes annoncent la passion du Christ. Voyez-vous comment une interprétation spirituelle peut enrichir votre âme ?

6. Le Christ « blanchit » l’histoire humaine salie…

Mais les apôtres voient Elie et Moïse vêtus, eux aussi, de vêtements resplendissants. Aussi longtemps qu'ils ne sont pas avec Jésus, leurs habits n'ont pas cet éclat. Si vous lisez la Loi - c'est Moïse - ou les prophètes - c'est Elie - vous les distinguez nettement de Jésus, et il n'est pas concevable que Moïse, pas plus qu'Elie, parle avec Jésus. Par contre, vous acceptez Moïse sans Jésus, Elie sans Jésus, vous comprenez qu'ils ne lui annoncent pas sa Passion : vous comprenez aussi que Moïse et Elie ne montent pas sur la montagne, que leurs vêtements ne sont pas blancs, mais tout souillés. De fait, si vous vous en tenez à la lettre, comme les Juifs, à quoi cela vous sert-il de savoir que Judas a couché avec sa belle-fille Thamar, que Noé s'est enivré et déshabillé, qu'Onan, le fils de Judas a commis l'acte le plus honteux qui soit et dont la seule évocation me fait rougir ? À quoi cela vous sert-il, je vous le demande ? Si au contraire vous interprétez le texte spirituellement, voyez-vous alors comment les vêtements souillés de Moïse deviennent éclatants ? Pierre, Jacques et Jean donc, qui auparavant avaient vu Moïse et Elie sans Jésus, voient que ces derniers sont sur la montagne, parce qu'ils les ont aperçus en conversation avec Jésus, vêtus d'habits resplendissants. En vérité, dès lors que nous nous livrons à une lecture spirituelle, nous nous situons sur la montagne.

7. « L'intelligence spirituelle » ou la « montée » au dessus du texte

Que je lise la Genèse, l'Exode, le Lévitique, les Nombres ou le Deutéronome, j'ai l'impression de rester en-bas aussi longtemps que je m'en tiens à la surface des mots. Dès que je perce le sens spirituel, je m'élève vers les sommets. Vous comprenez alors comment Pierre, Jacques et Jean, se voyant sur la montagne, au cœur de l'intelligence spirituelle, dédaignent les préoccupations humaines sans hauteur et tendent vers les valeurs divines, sublimes. Ils ne tiennent pas à descendre sur terre, mais aspirent à demeurer dans le monde spirituel.

Et, prenant la parole, Pierre dit à Jésus : Rabbi, il est bon que nous soyons ici. Personnellement, lorsque je lis les saintes Écritures et que j'accède au sens spirituel d'un texte éminent, je ne veux plus redescendre, je ne veux plus rejoindre des idées moins élevées. Je veux faire une tente dans mon cœur pour le Christ, la Loi et les prophètes. Jésus est venu pour sauver ce qui était perdu, non pas pour sauver les saints, mais les hommes dont la conduite est mauvaise. Il sait que si tous les humains sont sur la montagne, ils ne seront pas sauvés, à moins de redescendre vers les choses terrestres.

8. Trois petites tentes en bas, une grande en haut

Rabbi, il est bon que nous soyons ici ; faisons donc trois tentes, une pour toi, une pour Moïse et une

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pour Elie. Y avait-il des arbres sur cette montagne ? Au demeurant, même s'il y avait des arbres et des couvertures, nous supposons que Pierre avait l'intention de leur faire des tentes pour y habiter  ; mais est-ce bien là tout ce qu'il désirait faire ? Il voulait faire trois tentes, une pour Jésus, une pour Elie et une pour Moïse, afin de séparer la Loi, les prophètes et l'Évangile, qui sort indissociables. Cher Pierre, tu as beau être monté sur la montagne, tu as beau avoir vu Jésus transfiguré dans ses habits éclatants, tu ne peux pourtant pas encore connaître la vérité aussi longtemps que Jésus n'a pas souffert sa Passion. Supposons que quelqu'un dise : Faisons trois tentes, une pour toi, une pour Moïse et une pour Elie. Cela revient à dire au Seigneur : Je fais une tente pour toi, et je fais des tentes identiques pour tes serviteurs. Lorsqu'on traite d'égale à égale des personnes de rang différent, on le fait au détriment de la plus importante d'entre elles. Faisons trois tentes. Ils sont trois apôtres sur la montagne, et ils veulent faire trois tentes : il y a Pierre, Jacques et Jean, et chacun veut prendre une tente. Mais Pierre ne savait pas ce qu'il disait lorsqu'il traitait le Seigneur sur le même plan que ses serviteurs. Car il n'y a qu'une tente unique pour la Loi, l'Évangile et les prophètes. S'ils ne cohabitent pas, ils ne peuvent s'harmoniser.

9. Cette nuée lumineuse qui nous donne de l’ombre

Et advint une nuée qui les prit sous son ombre. Une nuée lumineuse, selon Matthieu (Mt 17,5). Je vois dans cette nuée la grâce de l'Esprit Saint. Une tente est avant tout un abri, et elle procure de l'ombre à ceux qui s'y réfugient. En l'occurrence, l'effet produit habituellement par une tente est exercé par la nuée. Pierre, toi qui veux faire trois tentes, ne considère qu'une seule tente, celle de l'Esprit qui nous protège tous ensemble. Si tu avais fait des tentes, tu les aurais vraisemblablement faites sur le modèle habituel, et tout naturellement elles ne laisseraient pas passer la lumière : l'ombre y règnerait. Or cette nuée est lumineuse tout en offrant de l'ombre ; en clair, il s'agit d'une tente qui n'arrête pas la lumière de la justice mais qui la retient en elle. Le Père te dira : Pourquoi fais-tu trois tentes ? Tu as une tente unique, regarde le mystère de la Trinité, tel que je le comprends toutefois (pour ma part, en effet, je ne conçois rien sans le Christ, l'Esprit Saint et le Père réunis). Si je ne discerne pas la Trinité qui me sauvera, je ne trouve aucune interprétation susceptible de me réconforter.

Et advint une nuée lumineuse, et advint une voix de la nuée : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le ! Voilà ce que dit la voix : Pierre, tu envisages de faire trois tentes, une pour toi, une pour Moïse et une pour Elie ; mais moi, je ne le veux pas : voici la tente que je t'ai donnée afin de vous protéger. Ne construis pas pour le Seigneur de tente identique à celles de ses serviteurs. Celui-ci est mon Fils bien-aimé : ce n'est ni Moïse, ni Elie. Ceux-là sont mes serviteurs, mais celui-ci est mon Fils, de même nature que moi, de même substance que moi ; il demeure en moi, il est intégralement ce que je suis. Celui-ci est mon Fils bien-aimé : ceux-là me sont chers, bien sûr, mais celui-ci est mon Fils bien-aimé, alors écoutez-le ! Ceux-là le célèbrent, mais vous, écoutez-le : il est le Seigneur, eux sont vos compagnons au service de Dieu. Moïse et Elie parlent du Christ ; ils sont comme vous des serviteurs, mais lui est le Maître, écoutez-le. N'honorez pas vos semblables comme le Maître : n'écoutez que le Fils de Dieu.

10. Cette « voix » biblique qui, dans la Trinité, nous unifie

Le Père n'était pas visible, lorsqu'il prononçait ces paroles. Il y avait en effet cette nuée, et l'on ne percevait que la voix : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le ! Pierre pouvait s'imaginer qu'il parlait de Moïse ou d'Elie. Pour lever toute ambiguïté, les prophètes disparurent de leur vue pendant que le Père parlait, et seul le Christ demeura devant eux. Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le ! Pierre se dit en lui-même : Lequel est son Fils ? Je vois trois hommes : duquel parle-t-il ? Tout en

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essayant d'élucider la question, ils ne regardent qu'un seul homme : en jetant un regard circulaire autour d'eux, ils ne trouvèrent qu'une personne alors qu'ils en cherchaient trois. Je dirais plus exactement qu'ils trouvèrent les trois personnes réunies en une seule. On rencontre plus facilement Moïse et Elie s'ils sont réunis dans le Christ.

Et aussitôt, regardant tout autour, ils ne virent plus personne. Quand je lis l'Évangile et que j'y vois des témoignages de la Loi ou des prophètes, je ne considère que le Christ et lui seul  ; j'ai vu Moïse, j'ai vu les prophètes, je les ai compris comme des révélateurs du Christ. Quand ensuite j'en arrive à la splendeur du Christ, quand j'aperçois en quelque sorte la lumière la plus éclatante qui soit, je ne peux plus dis cerner la lumière de la lampe. Si vous allumez une lampe en plein jour, peut-elle éclairer  ? Si le soleil brille, la lumière de la lampe n'apparaît pas. Ainsi en est-il de la Loi et des prophètes que la présence du Christ éclipse totalement.

Je ne cherche pas à diminuer la Loi ou les prophètes, bien au contraire, je les loue plutôt, car ils annoncent le Christ. Mais je lis la Loi ou les prophètes de telle sorte qu'à travers eux et au-delà d'eux je puisse atteindre le Christ.

IX. PARTIE PEDAGOGIQUE

A. INTRODUCTIONLes parcours actuels, malgré de notables améliorations, visent toujours des « savoirs religieux », des savoirs faire liturgiques, et des savoirs être moraux.

La Catéchèse Biblique Symbolique a une autre visée : Initier les adultes et les enfants à la parole biblique pour entrer ensemble dans la prière biblique-liturgique de l’Eglise.

Ce sont d’autres attitudes pédagogiques à acquérir. Les études d’enregistrements d’enfants sont essentiels pour améliorer notre animation des enfant… et des adultes.

1. Le travail proposé dans ce dossier

Pour les plus jeunes.

Nous vous proposons une nouvelle séquence. Le prophète Elie fuit la vindicte de la reine, il se sauve au désert où un ange le nourrit, pour finalement rencontrer Dieu sur la ‘montagne de Dieu’ à l’Horeb. Dans les évangiles, Jésus monte aussi avec quelques Apôtres, sur une haute montagne pour être transfiguré en présence d’Elie et de Moïse. La nuée divine vient prendre sous son ombre Elie, Moïse, Jésus et les Apôtres présents. Pierre proposait trois tentes séparées, mais, après la nuée et la voix qui en est sortie, les disciples ne virent plus que Jésus seul (Mc 9,6).

La catéchèse «   à l’essentiel   » (a minima) propose une version simplifiée de la séquence 81 (Tome 2) qui met en parallèle le récit du Juge Gédéon et de l’Apôtre Thomas.

Pour les Cours Moyens.

La séquence N° 84 (Tome II, p.191), initialement prévue pour des 6°-5°, a été simplifiée et ré-écrite

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pour des enfants de 9-10 ans. Le récit de la Tour de Babel (Gn 11) s’achève par celui de la Pentecôte. A Babel, Dieu fractionne le monde en différentes nations, langues et cultures; à la Pentecôte, l’Esprit d’amour descend pour unir en Dieu les nations, les langues et les cultures de la terre.

Pour les 6°.

La séquence 83 (Tome II, p.186) fait réfléchir les enfants sur la différence entre croire et savoir. Cette séquence a été améliorée. La foi oriente la parole du croyant vers Dieu, le savoir expose des connaissances objectives sur le monde extérieur.

Pour les jeunes adolescents.

Une séquence intitulée « La fraction du pain », cherche à faire faire aux jeunes un lien existentiel entre la pratique sacramentelle (qu’ils croient connaître) et leur vie de relations. Nous sommes le Corps du Christ, membres les uns des autres, nous dit saint Paul. Augustin ajoute : C’est nous qui sommes sur l’autel … par Lui, avec Lui et en Lui. Avec cette séquence, les jeunes sont conduits, autant que faire se peut, vers la parole biblique existentielle.

Deux enregistrements sont proposés. Un premier enregistrement, effectué dans une classe de 6°, apporte quelques informations techniques sur la manière d’animer un débat inter-équipes dont la visée est ‘rouge-vert-jaune’. Les enfants prennent conscience que la parole biblique dit la vie intérieure à partir d’images du monde extérieur. Un second enregistrement est sur la Transfiguration en CM2.

B. CATECHESE « A L’ESSENTIEL » (ou a minima)Mai : Jésus et Thomas (Jn 20) L’histoire de Gédéon

Juin : Le Déluge (Gn 6-9).

Une possibilité : Un « Je sais- Je crois » simplifié (Séquence N° 81)Il est indispensable de ne pas donner ensemble les deux récits : D’abord celui de Gédéon, ensuite celui de Thomas.

1. Information sur l’histoire de Gédéon.

Vous racontez en prenant votre temps et en donnant des détails de l’histoire passionnante de Gédéon qui demande des garanties avant d’aller combattre. Vous pouvez vous aider de l’Ancien Testament raconté aux enfants (p.51-52, notes p.105), mais ne vous y tenez pas pour les plus grands (9-10 ans) ; ce livre est destiné aux 6-7 ans.

2. Création

C’est un moment très important de la catéchèse, il permet aux enfants de « méditer » le récit qu’ils viennent d’entendre : se le redire à mi-voix (c’est le sens littéral de méditer), l’apprendre par le geste (la main), la vue (le dessin) en complément de l’ouie.

Selon la taille du groupe auquel vous avez raconté – il peut regrouper jusqu’à 4 ou 5 équipes de 5 à 6 enfant ou 4 équipes de 7 enfants – vous allez proposer de réaliser des bandes dessinées. Chaque enfant ne dessine qu’une seule des étapes de l’histoire de Gédéon.

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Voici un découpage possible de Juges 6 à 8 :1. Gédéon reçoit la visite de l’ange du Seigneur (6, 11 ss)

(Gédéon détruit l’idole de son village) (6,27).2. L’Esprit du Seigneur revêt Gédéon qui recrute une grande armée (6, 34-35)3. Gédéon demande une preuve à Dieu (la toison) (6, 36-40)4. Gédéon fait subir l’épreuve de l’eau à son armée (7,6)5. Gédéon attaque le camp ennemi avec sa petite armée.

(L’armée ennemie s’enfuit.) (7,22)6. Gédéon déclare : « Ce n’est pas moi qui régnera, car c’est le Seigneur Dieu qui nous a donné

la victoire ». (8,23)

Les deux sous-titres entre parenthèses sont à utiliser si vous avez plus de 6 enfants dans le groupe.

Voici un découpage possible de Jn 20, 19-29.1. Le soir du premier jour de la semaine, les dix disciples sont réunis.2. Jésus vient au milieu d’eux et il leur dit : « La paix soit avec vous. »3. Jésus montre ses mains et son côté, il parle à ses disciples, puis souffle sur eux.4. Thomas arrive, les autres lui disent : « Nous avons vu le Seigneur ». Thomas répond : « Si je

ne le vois pas… »5. Le soir du premier jour de la semaine (suivante), les 11 sont réunis.6. Jésus vint au milieu d’eux, et leur dit : « La paix soit avec vous. »7. Jésus s’adresse à Thomas : « Porte ton doigt ici… », et Thomas répond : « Mon Seigneur et

mon Dieu ».8. Jésus lui dit : « Parce que tu m’as vu, tu as cru. Heureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru. »

Les phrases 1 et 2, et 5 et 6 peuvent être regroupées s’il y a 6 enfants (et non 8) dans le groupe.

Les dessins des enfants sont réalisés sur des feuilles volantes de mêmes dimensions. Elles seront regroupées en 2 bandes dessinées pour la célébration… mais seront restituées ensuite à chaque enfant.

3. Information sur le récit de Thomas.

Ne vous en tenez pas pour les plus de 9 ans au texte proposé en « Jésus-Christ raconté aux enfants », p.70, notes p.114.

La prière de Thomas est très importante, la réponse faite par Jésus aussi.

4. Création sur le récit de Thomas.

Même conseil que pour le récit précédent.

5. Parole-débat

Faire raconter le récit de l’apparition de Jésus à Thomas et faites-le rapprocher de l’histoire de Gédéon. Puis faites chercher d’autres rapprochements possibles.

Le plus important est de commencer par faire raconter, et bien raconter le récit.

Ensuite, les rapprochements peuvent venir dès 7 ans, puis des étonnements pour les plus grands. Comment Jésus entre-t-il dans une pièce sans ouvrir les portes ? Comment est-on quand on est ressuscité ? Jésus ressuscité est vu par ses disciples, mais les gens que l’on connaît et qui sont morts,

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on ne les voit plus : Où sont-ils ? Où est-on quand on est ressuscité ? C’est difficile de croire à la Résurrection, parce qu’on n’a pas de preuve…Gédéon, lui, a demandé des preuves à Dieu. Thomas aussi, et ils en ont eu. Et nous pourquoi ne pourrait-on pas en avoir ?

L’art de l’animateur ne consiste pas à accumuler des « étonnements » - à susciter une accumulation de questions – mais à accompagner et à approfondir celles qui viennent. L’important est l’approfondissement qui se fait dans l’échange de paroles, sans cesse relancé par l’adulte. Toute remarque d’enfant permet un échange entre eux au « niveau de parole » où ils sont.

C’est cette « discussion » guidée et soutenue, qu’il est intéressant pour les catéchètes d’enregistrer. »

6. Célébration

Ajouter cette quatrième prière :

« Seigneur, j’ai du mal à croire sans preuve » (9-10 ans).

C. ETUDE D’UN PREMIER ENREGISTREMENTCet enregistrement sur ‘Zacharie-Marie’ a été réalisé à Sainte Thérèse de Rambouillet, en 6° en décembre 1999.

1. Deux questions au départ

« Des anges, on n’en voit pas. On se demande comment ils sont, où ils sont ? Comment Zacharie a-t-il pu voir un ange ? »

« C’est injuste ! »

Cette première question est aux multiples facettes, peut-être parce qu’elle vient de deux équipes à la fois. Elle se porte sur la réalité physique des anges que nul ne voit, sauf des personnages bibliques comme Zacharie. ‘Les anges sont-ils ‘vrais’ ?’ dirait plus facilement l’enfant.

Le ‘c’est injuste’ final pourrait exprimer tout autre chose : une jalousie et non un soupçon sur la vérité des anges. A moins que l’enfant laisse entendre que, lui aussi, voudrait bien voir des anges.

Il est clair cependant que le soupçon sur la ‘vérité’ des anges existe chez la plupart des enfants de 11 ans, soupçon qui pèse sur la ‘vérité’ de toute la Bible et même de la religion toute entière. La question est bien ‘rouge’ - normalement ‘rouge’ - même si ce ‘rouge’ n’est pas encore destructeur ni agressif comme il peut le devenir plus tard quand le jeune se sera structuré dans le rejet. Cela se fera si l’enfant n’arrive pas à entrer en lui pour écouter la Bible, il restera à la surface des mots et des images sans les comprendre de l’intérieur.

Les enfants situent toujours la réflexion dans le ‘comment faire’ pratique, dans l’espace visible. Ils veulent comprendre ce qu’ils n’ont jamais constaté et qui les étonne. On entendra dans l’enregistrement : ‘On se demande si…’ ‘Comment ?’.

La seconde question semble différente : « Pourquoi l’ange enlève-t-il la parole à Zacharie ? ». L’animatrice y ajoute une touche personnelle que la question sous-entend probablement : « C’est injuste ! ». C’est peut-être la finale de la première question qui a orienté l’adulte vers ce jugement. Selon cette interprétation, les enfants seraient surpris par le mutisme de Zacharie qu’ils traduisent par une punition trop disproportionnée à la faute. Mais quelle faute perçoivent les enfants ? On ne le sait

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pas. De ne pas avoir ‘cru’ à l’ange que voyait pourtant le prêtre ? Ou de ne pas avoir cru à l’annonce de la naissance d’un fils chez des parents très âgés ? C’est sans doute les deux à la fois. La tête des enfants n’est pas toujours bien rangée. A l’adulte de les aider à mettre de l’ordre dans leur questionnement en les faisant préciser leurs questions.

2. Les perceptions enfantines

Outre le flou habituel de la pensée de l’enfant, sa difficulté est de percevoir et donc d’accepter une vérité qui ne se voit pas, qui n’est pas de l’ordre de l’espace, afin d’accéder peu à peu à la vérité intérieure qui atteint l’âme (le moi profond). C’est le premier pas – un pas psychologique - vers la parole biblique existentielle adulte.

L’enfant de cet âge (onze-douze ans) a une petite expérience de la conscience et du discours intérieur, il a des états d’âme, et n’ignore pas complètement ce qui se passe dans sa tête. Il situe bien en lui un lieu psychologique, mais sans le lier pour autant à la Parole de Dieu. Même l’adolescent a du mal à le faire. L’enfant est trop jeune, il reste encore à la surface d’une « psychè » qu’il perçoit, sans imaginer un instant que l’écoute de la Parole est une expérience bouleversante, un dialogue avec Dieu qui peut changer la vie. Sa représentation est l’image de Pinocchio qui parle avec le hanneton qui lui sert de conscience. Cette représentation encore très extérieure est déjà un progrès considérable par rapport à l’inconscience des enfants plus jeunes.

Prenons un exemple : Les enfants racontent l’histoire des Bergers à la crèche. L’animatrice précise : Les anges disent : il est enveloppé de langes et couché dans une crèche. Matthieu commente aussitôt : il est momifié. L’adulte saute sur l’occasion pour rajouter du sens : Il est momifié. Exactement. C’est ce que cela veut dire… Matthieu s’exprime au premier degré, il pense sans doute aux momies égyptiennes, à une émission de télé, l’adulte ‘voit’ l’embaumement de la Résurrection, la ‘nouvelle naissance’, et peut-être le saint-Chrême… une signification dans le ‘jaune’. L’enfant opère à l’extérieur, tandis que l’adulte vit l’expérience intérieure de l’écho de la Parole. Là, il n’y a même pas chez Matthieu d’évocation psychique, l’enfant est dehors, il reste dehors. L’image des bandelettes ne permet pas l’ouverture que favorise celle de l’ange.

Remarque : On peut connaître la pensée et la parole concrètes de l’enfant, être familiers de ses représentations imagées, mais ne pas pouvoir y entrer quand les échanges sont trop rapides. C’est le cas ici. Il est souvent nécessaire de ralentir la discussion en ne se précipitant pas sur le ‘dire’ de l’enfant. C’est indispensable pour vérifier si le ‘jaune’ est un vrai ‘jaune’. On pose une question ‘rouge’ pour obliger l’enfant à préciser ce qu’il veut dire, en fait le niveau de parole où il s’exprime. On commence par le valoriser (bravo !) puis on lui pose aussitôt une question un peu bête… en avançant une objection faisant dans le ‘bleu’. Par exemple : « mais renaître ce n’est pas ressusciter ? Pour renaître, il faut redevenir bébé ! » Ou bien l’enfant est désemparé, c’est qu’il répétait des mots sans les avoir réfléchis (bleu). Ou bien il prend l’adulte pour un demeuré en lui expliquant la signification figurée de l’image (jaune). L’adulte alors remercie et s’excuse.

3. Comment répondre à ce problème éducatif ?

La Catéchèse Biblique Symbolique cherche à donner peu à peu une consistance existentielle à la parole qui s’exprime dans les échanges. Quelle est cette ‘consistance existentielle’ ? C’est la capacité de s’engager personnellement dans les mots que l’on dit à l’autre. Ce qu’expriment ces formules : ‘Je te donne ma parole’ ou ‘Je tiendrai parole’. La parole biblique existentielle s’énonce à ce niveau existentiel en s’enrichissant de la Bible, elle utilise des images bibliques ou des scènes d’Ecriture pour

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exprimer l’engagement de foi (une expérience spirituelle). L’adolescent devient adulte, quand, situé dans la vie, il est capable de s’engager personnellement dans sa parole, et s’il est croyant, quand il y ajoute sa foi.

La parole de l’enfant, très descriptive ou affective, donc énoncée de l’extérieur, n’a pas encore cette consistance-là. Pour le jeune enfant, l’ange sera une sorte d’oiseau sans bec, doué de parole, il ne sera pas une créature spirituelle69 (dont la fonction est de parler à l’esprit dans l’Esprit). Peu à peu, à force de parler aux autres, certains enfants entrevoient à partir de l’image de l’ange, une expérience intime dans le récit apparemment descriptif. D’autres continuent d’imaginer des anges à plume, dont ils riront de plus en plus. Ainsi la parole de l’enfant prend de la consistance en faisant des allers-retours entre l’image et le lieu spirituel où l’image prend sens. Les allers- retours de la parole se font donc entre deux pôles : l’un est extérieur (c’est l’image), l’autre est intérieur (c’est l’esprit).

Ce sont les paroles échangées qui font bouger les perceptions : d’abord le ‘rouge’ exprimé puis la (ou les) perche(s) ‘verte’(s) tendue(s) par les adultes. Ce sont en effet les informations latérales (niveau vert) qui orientent les enfants de l’extérieur où ils sont (l’espace visible) vers l’intérieur (dans l’esprit) où la vérité évangélique se situe.

4. Une stratégie mal définie

Deux questions sont posées au départ, la première porte sur l’existence d’anges invisibles, la seconde sur la sanction infligée par l’ange à Zacharie. Par laquelle faut-il commencer ? Comment passer de l’une à l’autre ?

L’animatrice a rejeté d’emblée la seconde question70 pour choisir la première. Est-ce propos délibéré ou ce choix correspond-il à une stratégie d’animation ? Il le semblerait parce qu’elle engage vite – sans doute trop vite - les enfants à faire du « vert » sur les anges qui parlent.

Faute de temps, la seconde question ne sera pas traitée.

Pour définir une stratégie, il est nécessaire de comparer les deux questions choisies, de voir ce qu’elles engagent pour les enfants, et de se demander comment elles sont liées l’une à l’autre. L’existence d’anges invisibles touche au fond du problème puisque les enfants les perçoivent dans l’espace et non dans l’esprit, d’où leur malaise. La seconde question est plus facile à traiter parce qu’elle met en scène des personnages bien visibles qui ne sont pas encore contestés. Il semblerait donc meilleur de partir de la seconde pour aller à la première. Il est probable que le doute sur les anges s’exprimera à un moment ou à un autre.

L’animatrice l’avait bien vu : l’injustice est une affaire sensible à onze ans, elle touche le cœur de l’enfant. Voilà pourquoi elle apparaît dans les deux questions. ‘Toucher le cœur’ est une aubaine pour l’animateur, c’est pouvoir orienter – bien orienter - la vérité sur l’intériorité et non sur l’existence positive.

Comment animer la question de l’injustice ? Le plus simple aurait été de demander aux équipes de dire 69 Catéchisme de l’Eglise Catholique (N°328-330) : « L'existence des êtres spirituels, non corporels, que l'Ecriture Sainte nomme habituellement anges, est une vérité de foi. Le témoignage de l'Ecriture est aussi net que l’unanimité de la Tradition. Qui sont-ils ? S. Augustin dit à leur sujet : « "Ange" désigne la fonction non pas la nature. Tu demandes comment s'appelle cette nature ? - Esprit. Tu demande la fonction ? – Ange. D'après ce qu'il est, c'est un esprit, d'après ce qu'il fait, c'est un ange. » De tout leur être, les anges sont serviteurs et messagers de Dieu. Parce qu'ils contemplent constamment la face de mon Père qui est aux cieux (Mt 18, 10), ils sont les ouvriers de sa parole, attentifs au son de sa parole (Ps 104, 20). En tant que créatures purement spirituelles, ils ont intelligence et volonté : ils sont des créatures personnelles et immortelles. Ils dépassent en perfection toutes les créatures visibles. L'éclat de leur gloire en témoigne.  »70 « On va prendre d’abord la première question, posée par deux équipes. Je vais vous poser une autre question… »

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si ce qui arrive à Zacharie est injuste et de l’expliciter. Les enfants auraient sans doute commencé par reparler de la scène (bleu) puis donné différents avis. La logique des niveaux de parole aurait bien été respectée : ‘bleu’ d’abord puis la réflexion (‘vert’ ou ‘rouge’).

Les enfants se seraient-ils interrogés sur la naissance tardive de Jean-Baptiste (un autre ‘rouge’) ? Peut-être, mais cela les aurait beaucoup moins touchés que l’existence des anges invisibles. Dans les équipes, on percevrait plus facilement l’incongruité de la situation : Bien que Zacharie voit l’ange, il ne croit pas. Tous les enfants pensent en effet que l’apparition d’un être céleste leur permettrait de croire, toute leur vie, ‘à Dieu et à tout ça’. S’ils réfléchissent ainsi, et si on les aide à exprimer ce qu’ils pensent, ils le diront. Zacharie a ‘vu’ et il n’a pas cru. Voilà l’étrange, voilà le ‘rouge’ ! La première question se profile à l’intérieur de la seconde (‘rouge’ sur ‘bleu’). Ce n’est pas cette stratégie qui fut choisie alors que ‘voir les anges’, touche aux deux questions.

Est-ce un ‘voir’ extérieur, est-ce un ‘voir’ intérieur ? ‘Heureux ceux qui croient sans avoir vu’, dit Jésus à Thomas. Les enfants de 11-12 ans ne s’interrogent pas sur la réalité du ‘voir’ intérieur ni sur la méditation des Ecritures, mais bien orientés, ils pensent aussitôt à la conscience comme lorsqu’ils disent : ‘Dieu parle dans mon cœur’ (du vert). Pour eux, l’expérience (parole ou voir) reste floue, mais elle est suffisante pour leur permettre de quitter l’espace et de se déplacer vers l’intériorité71.

La question complémentaire qui devra absolument être posée par l’adulte au cours de la réflexion sera donc : « Le prêtre a-t-il vu l’ange à l’intérieur de lui ou bien à l’extérieur ? » L’évangile précise : ‘debout, à droite de l’autel de l’encens’. Bien que la scène se passe dans le Temple, elle semble bien extérieure. A moins que le ‘à droite’ évoque la ‘droite de Dieu’ où est remonté Jésus à sa Résurrection. En fait, le Seigneur est la droite de Dieu, il est la main divine qui agit.

L’évangile décrit-il un spectacle ou évoque-t-il une expérience ? Les enfants auront différents avis qu’il faudra respecter. Toutefois l’option ‘spectacle’ pose le problème du doute de Zacharie : Il voit l’ange et il l’entend mais il ne croit pas. Donc, les enfants seront invités à se confronter avec cette bizarrerie. Il faudra donc les convier à y réfléchir, et même reprendre la question dans la prière car l’Esprit agit.

Quelle que soit la stratégie adoptée, il amènera peu à peu les enfants à opposer ‘intérieur’ et ‘extérieur’ afin qu’ils se structurent ainsi et comprennent, un jour, qu’il est possible de ‘dire’ une expérience de Dieu avec des images prises au dehors. Telle est la poésie biblique.

5. « Intérieur-extérieur » dans le débat

La question est posée aux enfants tout à la fin : Est-ce que Marie a entendu l’ange à l’intérieur ou à l’extérieur ?

C’est une fille qui répond : Faustine : A l’intérieur ! Michel confirme.

La réponse de Grégoire ne montre pas une telle sensibilité : En fait, on ne peut pas savoir. Pour Pierre, il s’agit d’un savoir et non d’une expérience, le garçon reste dehors. En revanche Romain et Arnaud confirment l’intériorité.

Et Faustine qui continue à réfléchir en elle, découvre le pot aux roses : C’est peut-être pour ça qu’on ne les voit pas forcément, les anges. Le ‘pas forcément’ est délicieux.

Michel concret traduit l’expérience intérieure de manière tout à fait psychologique, un peu comme lorsque l’enfant dit : ‘Dieu, c’est la conscience’ : Elle a peut-être pensé très très fort. Il est évidemment différent de dire : ‘Dieu, c’est la conscience’ et ‘Dieu, parle à travers la conscience’. D’un 71 Cela semble être la demande de Jésus à ses premiers disciples au début de l’évangile de Jean : Venez et voyez (Jn 1,39)

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côté, Dieu existe, et de l’autre : non, puisqu’il est identifié à l’expérience psychologique.

L’animatrice veut pousser Faustine un peu plus loin, sans succès : Toi, Faustine, est-ce que tu entends parfois des anges à l’intérieur ? Il semblerait que la fille n’ait rien répondu, la question étant trop surprenante, mais elle va sans doute cheminer, surtout si l’interrogation est reprise dans la prière.

On voit bien que la distinction ‘intérieur-extérieur’ est centrale à cet âge, même si elle se limite toujours à l’expérience psychologique.

6. Le problème du ‘rouge’

Il semble que la question ‘rouge’ ne soit pas vraiment amorcée – on pourrait dire ‘ferrée’ - dans le débat. Elle apparaît un peu comme du réchauffé, car le débat d’équipe où elle fut élaborée, est déjà loin. La formulation de la première question est d’ailleurs plusieurs facettes, elle est peu agressive, policée, bien élevée, au point que sa dimension critique n’est sans doute pas captée par la plupart des enfants. Cela vient peut-être du fait qu’elle a été reformulée par les adultes qui ont voulu grouper différentes expressions d’enfants en une seule question. La parole des enfants aurait alors perdu de son mordant. L’expression n’est plus ‘rouge’.72

Si l’animatrice avait décidé de commencer par le ‘rouge’, il aurait fallu, avant de passer au ‘vert’, remettre les enfants dans le bain critique en commentant la question. « Zacharie a vu un ange, Marie semble-t-il aussi, on voit beaucoup d’anges dans la Bible, et certains parmi nous se demandent si c’est vrai. C’est bien cela ? »… Alors Gildas aurait certainement exprimé le ‘rouge’ qu’il dira seulement à la fin, entraînant d’autres avec lui.

Ce travail préliminaire de ‘mise en selle’ n’a pas été fait, et la perche verte n’est pas apparue comme une piste destinée à faire sortir du ‘rouge’. L’activité proposée par l’adulte a été comme plaquée, elle semble avoir été perçue comme une question différente, l’exercice scolaire du professeur : Je vais vous poser une autre question. Vous allez prendre cinq minutes en équipe pour y réfléchir. Ensuite, je vous donnerai la parole à tour de rôle, et vous direz une réponse. Connaissez-vous d’autres histoires dans le Nouveau Testament et pas dans l’Ancien, où l’on voit des anges qui parlent ?

Les enfants ont-ils saisi que la question de l’adulte allait les aider à répondre à une interrogation désagréable sur les anges invisibles ?

Il faudra aussi se demander entre adultes comment la réponse à cette question pourrait permettre de faire sortir les enfants du ‘rouge’.

7. La logique « rouge-bleu’ de Gildas

Gildas arrive, en fin de séance, à exprimer et à préciser son doute :

« Ouais, mais aussi… ouais mais euh, pt’être que ils les ont jamais vus partir aussi… » Le raisonnement du garçon est clair : Si les personnes qui prétendent avoir vu et entendu des anges ne les ont pas vu partir, leur témoignage n’est pas solide, il est même suspect car un ange qui descend remonte forcément. En revanche, si ces personnes les avaient vu monter au ciel à tire d’ailes, elles auraient été crédibles. N’est-ce pas logique ? L’argument de l’enfant est de l’ordre de l’espace : « Montrez-moi une bonne photo avec l’aller et le retour des messagers célestes, et alors je croirai.  » Mais, justement, aucun des spectateurs ne dit avoir vu les anges repartir. La chose est louche, et le

72 Une expression ‘rouge’, vraiment critique, intègre une dimension affective. Quiconque s’exprime à ce niveau de parole dit un malaise, un doute, une émotion. La vérité de la Bible et de la foi est en jeu. Ce qui n’apparaît pas du tout dans la formulation de la première question.

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témoignage inquiétant.

Gildas explicite bien sa position : Ben, y savent pas si Dieu envoie les anges parce que eux, y voient pas les anges (partir). Comme tout le monde, Gildas ‘croit’ en Dieu et à son ciel, disons qu’il en admet l’existence. Pourtant, dit-il, rien ne prouve que ce soi-disant ‘ange’ vient de Dieu. Ce peut être une hallucination, voire un extra-terrestre. L’enfant oscille entre réalité positive et imagination subjective, entre ‘espace’ et ‘néant’.73

L’animatrice ne se meut pas dans le même monde mental que l’enfant, elle ne perçoit pas l’argument car elle se situe ailleurs, elle est adulte et pas enfant. Elle oppose à l’enfant le statut inspiré des Ecritures : Mais c’est écrit dans la Bible… tu n’es pas sûr de le croire ? Gildas répond : Ben si ça n’existe pas … bien sûr que la Bible est fausse ! Pour l’enfant qui n’a pas l’expérience personnelle de la Parole de Dieu, la Bible a le statut de n’importe quel document humain. ‘On peut écrire n’importe quoi dans la Bible’, disait déjà un enfant de cinq ans et demi. Une fille comprend bien d’ailleurs la position de Gildas : Mais ils n’ont pas vu les anges remonter au ciel…. S’ils ne les ont pas vu remonter, c’est qu’il n’y avait peut-être pas d’anges, et donc la Bible est fausse.

L’adulte a le recul suffisant pour distinguer le texte (et sa symbolique) et le fait, il est capable de différencier l’un et l’autre, pas Gildas. Celui-ci, en entendant l’histoire, se reporte aussitôt sur le passé, il ne perçoit pas la médiation du texte. L’argument de l’adulte ne peut donc pas être entendu par l’enfant : Si l’histoire est fausse, la Bible l’est forcément, ce qui n’empêche pas l’enfant de croire en Dieu.

L’univers mental des enfants n’est pas du tout symbolique 74 (ou théologique) comme peut l’être celui de l’adulte, il est seulement concret et réaliste. Les enfants sont ‘fondamentalistes’, ils parlent dans le ‘bleu-vert’ (positif et logique), et le ‘rouge’ vient déranger leur raisonnement basé sur l’évidence. La parole critique est comme l’intrus qui perturbe la vérité des choses et casse l’édifice visible. Ainsi, à la question de départ qui aurait dû être ‘rouge’, les enfants répondent dans le ‘bleu’ pratique parce qu’ils n’ont pas encore capté la distinction ‘intérieur-extérieur’, ils restent au dehors, prisonniers de l’espace, ils assimilent le texte à une description. Leur intériorité n’est pas concernée, nullement atteinte par la question75.

Le ‘vert’ n’a pas pu jouer son office de ‘perche’ ou de ‘bouée de sauvetage’; au contraire, il n’a fait qu’enfermer un peu plus les enfants dans leur logique positive, dans leur pensée en forme d’algèbre. Faute de ‘rouge’ au départ, le creusement de l’image de l’ange ne s’est pas fait, et l’exercice dans le ‘vert’ a été réalisé sur un fond positif (du ‘bleu’), confirmant le monde extérieur au lieu de le comprendre de l’intérieur. Voyant cela de plus près.

8. Une perche verte qui rate

A deux reprises, l’animatrice va proposer ce qu’elle croit être des ‘perches vertes’ : au début, et à la fin, après l’intervention de Gildas.

73 De la même façon, Jésus apparaît aux Apôtres à sa Résurrection, il leur dit qu’il est avec eux jusqu’à la fin du monde, mais on ne le voit pas remonter au ciel, il semble simplement disparaître (Mt 28, 16-20). Il resterait avec eux de manière invisible ? Mais que veut dire ‘invisible’ ? Est-ce ‘intérieur’ ou est-ce ‘transparent’ ? 74 Symbolique ne veut pas dire, comme dans l’univers mental matérialiste et réaliste : « imaginaire ». Dans la Bible, le qualificatif évoque l’Alliance de Dieu et de l’homme, l’union de l’intérieur et de l’extérieur. 75 Ni par aucune Parole de Dieu. Les enfants sont comme au spectacle, au dehors de l’Ecriture. D’où l’importance capitale du ‘creusement’ du texte réalisé par le ‘rouge’ et prolongé par les tentatives de ‘reconstruction’ venant de l’intérieur.

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a) Du ‘vert’ au ‘vert’

« Des anges, on n’en voit pas. On se demande comment ils sont, où ils sont ? Comment Zacharie a-t-il pu voir un ange ? » … question un peu lourde supposée ‘rouge’, puis transformée par l’adulte en : « Connaissez-vous d’autres histoires dans le Nouveau Testament, et pas dans l’Ancien Testament, où l’on voit des anges qui parlent ? »

La question que doit se poser l’animateur avant son animation est la suivante : Comment une liste d’anges qui parlent va-t-elle pouvoir éclairer une relation entre l’image extérieure (l’ange qui parle) et sa signification (l’expérience intérieure), donc fabriquer un lien entre l’image et ce qu’elle signifie ?

Ce pourrait être ceci : L’ange parle mais l’on a des doutes sur sa réalité physique puisqu’on ne le voit pas remonter. La vérité est sortie de la bouche de Faustine : C’est peut-être pour ça qu’on ne les voit pas forcément, les anges. Ils parlent, et on ne les voit pas, non pas parce qu’ils sont transparents, mais parce que ce sont des êtres spirituels qui se meuvent dans l’esprit. ‘L’Esprit de Dieu en personne se joint à notre esprit’, rappelle Paul (Rm 8,16). Dans son animation, l’animateur soulignera donc ce paradoxe : ‘Les anges parlent, mais on ne les voit pas. Pourquoi   ? ’. C’est le clou qu’il faut enfoncer durant toute la séance.

L’animatrice suit bien sa ligne. Quand Michel cite Apocalypse 12, elle demande à l’enfant si les deux critères sont bien respectés : ‘Te souviens-tu s’il y avait un ange qui parle ?’ ‘- Non !’

A chaque fois, l’animatrice fait résumer l’histoire, ce qu’il faut faire pour que tout le monde l’entende et s’en souvienne. A moins qu’elle le résume elle-même : Oui ! Elles ont dû avoir peur car la pierre est tellement lourde qu’il faut plusieurs hommes pour la bouger. D’ailleurs, la Bible dit qu’en chemin, elles se demandaient comment elles allaient faire pour rouler la pierre. Quand elles arrivent, la pierre est roulée, et l’ange leur dit que Jésus est ressuscité. Ca, c’est une bonne nouvelle !

Malheureusement, l’animatrice n’a pas suffisamment précisé sa stratégie, et ne suit pas le cap qu’il faudrait suivre, elle n’enfonce pas le clou ‘rouge-vert’, ne demande pas sans cesse aux enfants si l’évangile dit que l’ange est vu, ou bien si le messager du ciel parle mais reste invisible car on ne le voit pas monter et rarement descendre.

Le texte de Matthieu ressemble à un spectacle de sons et lumière et il est pourtant subtile : « L’ange du Seigneur descendit du ciel et vint rouler la pierre sur laquelle il s’assit. Il avait l’aspect de l’éclair, et sa robe était blanche comme neige. A sa vue, les gardes tressaillirent d’effroi et devinrent comme morts. Mais l’ange prit la parole et dit aux femmes… » (Mt 28,4-5). Qu’est-ce que les gardes ont vu, qui les fige dans la mort comme statues de pierre ? C’est un éclair de feu vêtu d’une robe éclatante. L’éclair bouscule l’énorme rocher puis s’assied par dessus, il descend comme la foudre mais ne remonte évidemment pas. L’éclair ne dit rien aux soldats incrédules, elle les rend inopérants, il s’adresse seulement aux femmes qui, elles, entendent la Parole de Dieu. Que veut nous faire comprendre Matthieu dans cette mise en scène qui rappelle le tonnerre du Sinaï ? Nous sommes discrètement passés avec le texte évangélique de l’invraisemblable (rouge) à la recherche de sens (jaune).

Luc est plus discret : Alors que les femmes sont descendues dans le tombeau, deux hommes leur apparurent en habits éblouissants. Et comme elles étaient saisies d’effroi, elles regardaient par terre, ils leur dirent… (Lc 24, 5). Qu’ont elles pu voir ? Luc nous a épargné le spectacle, mais il a gardé la Parole de l’ange. Le récit reste cependant bizarre et plein de mystère. Comment tout cela est-il possible ? L’éclair du ciel est-il extérieur comme la foudre ou bien intérieur comme en amour ? L’habit de lumière est-il intérieur ou extérieur ? Si les évangélistes disent les choses de façon si étrange, n’est-ce pas pour faire comprendre autre chose ? Tout cela est à discuter !

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Après que les enfants aient dit toutes les histoires bibliques qu’ils connaissent, comment va procéder l’animatrice ? Après les avoir résumées et même notées au tableau, l’animatrice va essayer d’en tirer quelque chose.

‘Est-ce que vous voyez entre ces histoires des choses qui se ressemblent ?’ La demande est ‘bleu-vert’, et Arnaud répond à ce niveau de parole : ‘Dans les trois histoires, les anges annoncent des bonnes nouvelles. Et il s’agit toujours de l’histoire de Marie, de Jésus et Joseph.’

L’animatrice ne tirera rien de l’énumération d’anges évangéliques qui annoncent de bonnes nouvelles. Comme l’animation de la parole n’a pas orienté les enfants vers une recherche de solution à la question ‘rouge’ d’anges étranges qu’on voit et qui parlent, la banalité règne, aucun creusement du texte n’est engagé, et nous sommes toujours à la ‘case départ’ : ‘bleu-vert’. On tourne en rond.

On dirait que c’est Dieu qui envoie ces anges, dit un enfant. On dirait, mais ce n’est pas certain. C’est là qu’un enfant n’est pas un adulte. Son monde est autre, ses représentations mentales différentes. C’est là que Gildas, réagissant à ce que vient de dire son camarade, va pouvoir énoncer son doute, mettant fin avec ce ‘rouge’ au jeu des similitudes. Une aubaine que ne sait pas reprendre l’adulte qui aurait dû sauter sur l’occasion pour faire prendre à tous le cap ‘rouge-jaune’.

b) Un ‘jaune’ difficile

‘Voyez-vous, dit-elle, autre chose qui soit pareil dans ces histoires ?’ (vert). L’animatrice persiste dans sa lancée, mais les enfants ne savent plus quoi dire. C’est le silence, alors elle change de question : ‘Est-ce qu’on pourrait dire, qu’à chaque fois, il s’agit d’une naissance ?’ (jaune).

Avec le ‘on pourrait dire’, l’animatrice oriente délibérément la parole vers le second degré de l’image. Comme les récits d’anges, rappelés par les enfants, mêlent Noël et Pâques, la Nativité et la Résurrection, il est astucieux d’essayer de les faire comparer au second degré. La question est ‘jaune’, elle appelle la réponse suivante : Résurrection veut dire ‘naissance au ciel’, ‘naissance à la vie éternelle’. Mais comme le creusement de l’image de l’ange n’est pas fait, que le ‘rouge’ de Gildas n’a été ni compris ni repris, et que l’ensemble du groupe navigue à l’extérieur dans le ‘bleu-vert’, il est fort probable que le passage au second degré sera difficile. L’enfant de onze ans ne sait pas forcément ce que ‘veut dire’ veut dire.

Et puis, ce n’est plus sur l’image de l’ange que le groupe travaille mais sur autre image, celle de la Résurrection comprise comme la véritable naissance de l’homme. Le changement de sujet compliquera un peu la compréhension des enfants. La nouvelle réflexion est en tout cas, déconnectée du seul ‘rouge’ qui s’est exprimé jusqu’ici, celui ouvert par Gildas puis repris par quelques uns, qui était le ‘rouge’ de la première question.

De fait, les enfants semblent patauger.

Romain, le délégué de son équipe, comprend ce qui lui est demandé de dire, mais ne semble pas être à l’aise dans la formulation. Enfant intelligent et bien élevé, il bafouille : C’est… euh, sûrement, euh… oui, parce qu’il renaît. Pourtant, à force ce parler, il va quand même arriver à exprimer une réponse correcte : Jésus, comme il ressuscite, c’est comme s’il renaît. Le ‘c’est comme si’ est plus qu’une correspondance (‘vert’), c’est peut-être du ‘jaune’.76 A force de parler dans la bonne direction, de verbaliser une pensée encore confuse, la structure mentale se met en place. C’est toujours ainsi qu’elle s’installe.

76 Pour le vérifier, il aurait fallu renvoyer une question ‘rouge’ ou simplement s’étonner que ‘ressusciter’ soit équivalent à ‘renaître’. Il faut faire l’âne pour avoir du son. L’enfant interpellé aurait vite montré à quel niveau de parole il s’exprimait : ou bien il répétait des mots, ou bien il les avait vraiment assimilés de l’intérieur.

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Jérôme, en revanche, ne passe pas au second degré : Moi, j’suis pas trop d’accord avec ça… La première77, il ressuscite. Ca ne veut pas dire forcément qu’il renaît. D’ailleurs, explique-t-il avec un grand bon sens : Ben renaître, j’connais pas. C’est naître. Notre garçon est au premier degré, il est structuré ainsi, et comme il n’a pas perçu la question ‘rouge’, il restera sur un texte qu’il comprend exclusivement au premier degré. Il n’entrera pas en lui pour le comprendre, il attendra l’explication.

L’animatrice se fait alors explicative : Tu ne connais pas le mot : renaître ! Qui peut expliquer ? dans votre équipe : pourquoi pour vous ressusciter, c’est comme renaître ? Un brouhaha s’ensuit qui montre la difficulté de la question. Est-ce une simple question de vocabulaire ou est-ce un manque de recul par rapport à l’image ?

L’explication est une parole qui s’énonce au premier degré (dans le bleu). Tout le monde comprend une explication quand il s’agit de choses concrètes et bien visibles. La parole se développe alors en surface sans engager l’intériorité ni la liberté des sujets. En revanche, si l’explication cherche à faire comprendre une réalité intérieure, elle ne peut être reçue que par ceux qui vivent déjà à ce niveau de profondeur. En général, pour un adulte normalement structuré, l’explication donnée sur une expression figurée, est saisie, mais à onze ans, pas toujours. Jérôme ne peut rien comprendre, puisqu’il vit et parle dans le ‘bleu-vert’. Penser le contraire serait supposer le problème résolu. Ce n’est pas une leçon de vocabulaire qui construira l’intériorité de l’enfant, mais une bonne animation de sa parole qui le fait entrer en lui. Sinon, l’enfant structuré en extériorité, se contentera de répéter les mots entendus de l’extérieur sans les intégrer à son esprit. C’est vrai pour les expressions poétiques, c’est vrai aussi pour les images bibliques et liturgiques, c’est vrai pour la saisie intérieure (et existentielle) des sacrements.

On comprend le brouhaha que produit la leçon de vocabulaire. Tout le monde parle, et les phrases entendues vont dans le même sens :On est au Paradis avec Dieu, c’est une nouvelle vie.En fait, on renaît mais d’une autre façon.On ne redevient pas un bébé à nouveau78 : c’est une nouvelle vie.C’est comme si on repartait à zéro.

On ne pas dire que cette nouvelle vie ait un rapport avec une quelconque conversion, ou avec l’amour reçu de Dieu, cela ressemblerait plutôt à une mutation quasiment physique qui devrait sans doute se faire de manière automatique. Elle serait comme le prolongement de l’évolution des espèces. Telle est la perception enfantine ‘bleu-vert’. L’adulte doit se décentrer de lui-même, pour entendre cette manière très positive et assez mécanique de voir les choses. L’enfant n’est pas un adulte en réduction.

Alex : La nouvelle vie, elle ne va pas être très longue parce que il va… remonter aux cieux… à Pâques, je crois.

Matthieu : Mais non, c’est à l’Ascension.

On reconnaît l’esprit positif et concret qu’est Matthieu. La nouvelle vie durerait donc exactement 40 jours, le temps qui, d’après les Actes, sépare Pâques et l’Ascension. Gildas qui a des connaissances, va rectifier l’erreur : Oui, mais après, il vit au ciel. Et Alex confirme : Ben, j’suis d’accord avec lui parce qu’on dit qu’il est assis à la droite de… heu. Il confirme avec son savoir mais se heurte au langage évangélique dont la bizarrerie le frappe au moment même où il la dit. Eh, oui, ce n’est pas un langage descriptif. A onze ans, on peut difficilement ‘croire’ le Seigneur assis à la droite du Père sur quelque nuage d’une lointaine galaxie. C’est souvent en parlant que l’enfant se cogne contre les 77 Dans la première histoire…78 On pense au dialogue entre Jésus et Nicodème : Comment, demande le docteur de la Loi, un homme peut-il naître une fois qu’il est vieux ? Peut-il, une seconde fois, entrer dans le sein de sa mère et naître ? (Jn 3,4)

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étrangetés d’un texte symbolique (théologique). Ainsi naît et se développe un soupçon sur la vérité de la Bible… de toute la Bible. C’est en parlant que le doute surgit, mais c’est en parlant aussi que le doute se dépasse dans l’intériorité croyante.

Au fil de son discours, Alex poursuit son questionnement : Ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi il est descendu du ciel. C’est pour les hommes qui ne croyaient pas euh… qu’il était le Fils de Dieu ? L’enfant s’interroge sérieusement. Drôle d’idée en effet de descendre de là-haut pour y remonter un peu abîmé. On comprend bien que l’animatrice ait préféré reporter à plus tard l’explication. Dommage pour tout le monde…

Le débat se termine par deux questions qui sont censées résumer la rencontre :

La première : ‘A votre avis, Zacharie a-t-il vu l’ange avec ses yeux ou autrement ?’ Le ‘non, non, non’ massif des enfants est difficile à interpréter à un moment où la fatigue et l’excitation commencent à se faire sentir. Mais on peut penser raisonnablement que certains enfants ont lâché la ‘lettre’ pour l’esprit au moins de manière fugace, comme Paul et la tradition des Pères nous y invitent (2 Cor 3,6).

La seconde question, que nous avons étudiée plus haut, est celle-ci : ‘Est-ce que Marie a entendu l’ange à l’intérieur ou à l’extérieur ?’ Un certain ‘jaune’ s’est exprimé chez quelques enfants, notamment chez Faustine.

9. Conclusion

L’intérêt de cet enregistrement est que l’animatrice a voulu appliquer une logique d’animation (rouge-vert-jaune) mais a fait toutes les erreurs des débutants qui bien que connaissant l’univers mental de l’enfant, n’a pas le temps de réagir dans le feu de l’action. Du coup, faute de recul, on projette dans l’enfant ses propres questions et ses propres réponses, on n’écoute pas vraiment ce qui se dit comme cela se dit, et bien qu’on les connaisse, on ne prend pas en compte les ‘niveaux de parole’.

Ne pas avoir ‘ferré’ le rouge au départ pour que tous les enfants soient bien accrochés à la question.

N’avoir pas une idée très claire de la stratégie d’ensemble.

Ne pas reprendre, après chaque réponse dans le ‘vert’, la question ‘rouge’ et l’ouvrir vers le ‘jaune’.

Ne pas sauter sur le ‘rouge’ qui s’énonce soudain (Gildas), le valoriser, mais au contraire l’éteindre.

Ne pas introduire, à un moment dans cette lancée, la distinction ‘extérieur-intérieur’.

Ne pas assez valoriser l’expression du ‘jaune’ quand il s’énonce comme chez Faustine pour finir.

10. Enregistrement d’un débatentre trois équipes de sixième et deux catéchètes.

Dans un premier temps, deux équipes ont mimé l’annonce à Zacharie et la troisième, l’annonce à Marie.

Deux équipes ont la même question : « Des anges, on n’en voit pas. On se demande comment ils sont, où ils sont. Comment Zacharie a-t-il pu voir un ange ? C’est injuste ! »

Animatrice : Et vous, quelle est votre question ?

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x : « Pourquoi l’ange enlève - t- il la parole à Zacharie ? »

Animatrice :D’accord. Trouvez-vous cela juste ou non ?

x x x : C’est injuste !

Animatrice : On va prendre d’abord la première question, posée par deux équipes. Je vais vous poser une autre question. Vous allez prendre cinq minutes, en équipe pour y réfléchir. Ensuite, je vous donnerai la parole à tour de rôle, et vous direz une réponse. Connaissez-vous d’autres histoires dans le nouveau testament, et pas dans l’ancien testament, où l’ on voit des anges qui parlent ?Vous avez cinq minutes, par groupe.Michel, peux-tu animer ton équipe et noter les réponses proposées ?

Michel : Oui.

… … … …

Animatrice : Combien de réponses avez-vous ? 3 1 2

Animatrice : A vous la parole en premier (ce sont ceux qui n’avaient pas d’animateur et semblaient en difficulté). Je redis la question : Connaissez-vous d’autres histoires dans le nouveau testament où on voit un ange qui parle ?

x : Est-ce qu’on compte Marie et Zacharie ?

Animatrice : Non, bien sûr, puisque c’est pour mieux comprendre cette bizarrerie de l’histoire de Zacharie qu’on cherche d’autres histoires. Qu’avez-vous trouvé ?

Michel : L’apocalypse.

Animatrice : Oui. Quelle histoire dans l’apocalypse ?

Michel : La bataille contre les...les...les anges et euh...le diable.

Animatrice : La bataille entre les anges et le diable. Je ne la connais pas. Y a -t- il dans cette histoire un ange qui parle ?............Qui a trouvé cette histoire ? Toi, Michel. Y en a -t- il un autre qui la connaît ?............Te souviens-tu, Michel, s’il y avait un ange qui parlait ?

Michel : Non.

Animatrice : A vous. Vous donnez une réponse.

Flore : Un ange au tombeau parle aux femmes venues le parfumer.

Animatrice : Avez-vous entendu ?

x x : Non. Non.

Animatrice : Parle plus fort, Flore.

Flore : Un ange au tombeau parle aux femmes venues le parfumer.

Animatrice : Vous souvenez-vous de cet ange au tombeau, le dimanche matin, quand les femmes viennent au tombeau pour parfumer le corps de Jésus ? Comment est le tombeau ?

x : Il est vide.

X : Il est ouvert.

Animatrice :Il est vide. Il y a un ange....un ange ou deux anges ?

Tous : Un ange !

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Animatrice :Il y a un ange qui parle aux femmes. Que leur dit-il ?

Michel : Que Jésus est ressuscité.

Animatrice : Que Jésus est ressuscité. Est-ce que tout le monde connaît cette histoire ?

x x x : Oui ! Oui !

Animatrice : Marie-Odile, peux-tu noter cette réponse sur le tableau ? Merci. Arnaud, assieds-toi comme il faut et donne-moi cela !...Avons-nous oublié quelque chose dans cette histoire ?

x : Avant d’entrer, elles voient la pierre roulée, la grosse pierre.

Animatrice :Oui ;quand les femmes arrivent, elles voient la grosse pierre roulée. Que penses-tu qu’elles ont ressenti ?

x : Que ils ont volé le corps de Jésus.

Animatrice : Oui. Elles ont dû avoir peur. Car la pierre est tellement lourde qu’il faut plusieurs hommes pour la bouger. D’ailleurs, la bible nous dit qu’en chemin, elles se demandaient comment elles allaient faire pour rouler la pierre. Quand elles arrivent, la pierre est roulée et l’ange leur dit que Jésus est ressuscité. Cà, c’est une nouvelle !............A vous de dire une réponse.

Michaël : C’est l’histoire de Marie. Y a un ange qui va voir Joseph. Et il lui annonce que sa femme, Marie, va avoir un enfant.

Animatrice : Est-ce que Joseph le savait déjà ?

Michaël : Non.

Animatrice :L’ange annonce à Joseph que Marie va avoir un enfant ?

x : On l’a déjà fait !

Animatrice : Non ;Nous avons vu que l’ange parle à Marie. Dans notre récit, on n’a pas vu que l’ange parle aussi à joseph.

x : Joseph va croire qu’il est trompé.

Animatrice : Je pense aussi que Marie a pu le craindre. Mais la bible ne le dit pas. La bible dit que Joseph veut la répudier, la renvoyer. Il est fiancé avec une jeune fille et voilà qu’elle est enceinte ! Il veut la chasser. C’est à ce moment que l’ange vient voir Joseph. Que lui dit-il ?

x : Qu’il aura un fils nommé Jésus ; Qu’il sera Dieu.

x : Qu’il sera fils de Dieu.

Animatrice : Est-ce que l’ange dit quelque chose sur l’origine de ce bébé ?

x : C’est l’Esprit - Saint.

Animatrice : L’ange dit à Joseph : L’enfant vient de l’Esprit-Saint. C’est bien un ange qui parle. Une autre réponse ? Oui, Elodie ?

Elodie : Des anges parlent aux bergers la nuit de la naissance de Jésus.

Animatrice : Avez-vous entendu ?Alexandre, ce n’est plus le moment de discuter en groupe. Chaque équipe a eu 5 minutes. Si tu as une réponse, tu la diras après. Elodie, redis ta réponse.

Elodie : Des anges parlent aux bergers la nuit de la naissance de Jésus.

Animatrice : Est-ce que tout le monde se souvient des anges qui parlent aux bergers dans la nuit de Noël pour leur annoncer la naissance de Jésus ?... Vous l’aviez trouvée aussi. C’est bien. Et vous,

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vous souvenez-vous de cette histoire ?

x : Avec les mages et tout...Animatrice : Avant les mages. Les anges parlent aux bergers dans la nuit. Que faisaient les bergers

cette nuit-là ?

x : Ils rentraient leurs moutons.

x : Ben, ils dorment !

Animatrice : La bible dit qu’ils sont dans les champs. Ils ne rentrent pas leurs troupeaux ; ils sont dehors. Que peuvent-ils faire ?

x x x x : Ils jouent... Ils font de la flûte... Ils prient... Ils se font un petit feu...

Animatrice : Et tout - à-coup, que se passe-t-il ?Un seul à la fois !

Romain : Un ange arrive.

Animatrice : Un ange ?

x x : Deux anges... Un ange...

Animatrice : Des anges. Une armée céleste. Que font-ils ?

x : Ils annoncent la bonne nouvelle.

Animatrice : Quelle bonne nouvelle ?

x : Ils... inaudible... Marie.

Animatrice : Ils ne parlent pas à Marie. Ils parlent aux bergers !... Pierre et Arnaud, vous êtes fatigants !...Dis ton nom d’abord.

Virginie : Un Dieu va naître dans une étable.

Animatrice : Il est né. Oui. Mais il ne parle pas d’une étable. Que dit-il qui va permettre aux bergers de reconnaître cet enfant ?

x : C’est le fils... de l’Esprit-Saint.

x : Y a une étoile qui va les guider.

Animatrice : Non. L’étoile va guider les mages.

Alexandre : Je crois qu’il dit où c’est.

Animatrice : Pas tout à fait.

x : Dans une maison.

Animatrice : Et il n’y a qu’une maison avec un bébé dedans ?

x : Dans une crèche.

Animatrice : Oui, il parle d’une crèche.

x : Il va voir le roi Hérode...

x : Il dit : « Béni le Dieu très haut ».

Animatrice : Non. Je vais vous le dire. Les anges disent : « Il est enveloppé de langes et couché dans une crèche. »

Mathieu : Il est momifié.

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Animatrice : Il est momifié. Exactement. C’est ce que cela veut dire. Et que font les anges ?

x : Ils partent ;

Animatrice : Ils partent comment ?..... En chantant : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux ! » D’accord. Donc les anges annoncent aux bergers la naissance de Jésus. Une autre réponse ?

Charlotte : Quand euh... y’avait un diable, il avait donné un défi à Jésus, et puis y’a un ange qui est apparu.

Animatrice : Oui. Le diable emmène Jésus au désert pour le tenter. Combien de fois l’a-t-il tenté ?

x : Trois fois.

Animatrice : Oui. Et la troisième fois, un ange apparaît. Et que fait-il ?

x : Il le tue.

Animatrice : L’ange tue Jésus ?

x x x : Mais non ! ! !

Animatrice : Que font les anges, alors ? Est-ce qu’ils parlent ? Charlotte ?....Non. Ils ne parlent pas. Les anges viennent et servent à manger à Jésus qui vient de passer quarante jours sans manger et sans boire dans le désert. Ce sont des anges qui ne parlent pas.... Une autre réponse ? Bon. Vous avez trouvé trois histoires. Elles sont écrites au tableau. Vous allez les comparer.

Il y a un ange qui parle, au tombeau, pour dire aux femmes que Jésus est ressuscité. Un ange qui parle à Joseph pour lui dire que Marie attend un bébé et qu’il sera son père sur la

terre. Les anges qui annoncent aux bergers la naissance de Jésus.

Est-ce que vous voyez, entre ces histoires, des choses qui se ressemblent ?

Arnaud : Dans les trois histoires, les anges annoncent des bonnes nouvelles. Et il s’agit toujours de l’histoire de Marie, Jésus et Joseph.

x : On dirait que c’est Dieu qui envoie ces (ou ses ?) anges.

Alexandre : Rien ne prouve que c’est lui.

Animatrice : Tu es sûr ? Que disait l’histoire...

x x : Dieu envoya l’ange Gabriel...

Animatrice : D’accord, Alexandre ?

Alexandre : Ah ! Ouais !

Gildas : Ouais, mais aussi... ouais mais euh... p’t ‘être que... ils les ont jamais vu partir aussi !

Animatrice : Qui n’a jamais vu partir qui ?

Gildas : Ben les anges. Donc y savent pas.

Animatrice : Ils n’ont pas vu partir qui ?

Gildas : Ben y savent pas si Dieu envoie les anges. Parce que eux, y voient pas les anges.

Animatrice : Tu penses que Joseph ne sait pas si c’est Dieu qui envoie les anges ?

Gildas : Ouais, mais...

Animatrice : Et toi, le sais-tu ? C’est écrit dans la bible...

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Gildas :....

Animatrice : Tu n’es pas sûr de le croire ?

Gildas : Ben, si çà n’existe pas... (blasé... ?)

Fille : Mais ils n’ont pas vu les anges remonter au ciel.

Animatrice : Voyez-vous autre chose qui soit pareil dans ces histoires ?.... Bien ; je vais vous poser une autre question. Vous allez prendre trois minutes en équipe pour discuter. Réfléchissez bien. Vous n’êtes pas forcément du même avis.Est-ce qu’on pourrait dire, qu’à chaque fois, il s’agit d’une naissance ?

.................................................................................................................................

Animatrice : Romain, que pense votre équipe ?

Romain : C’est...euh...,sûrement euh...oui, parce que il renaît.

Animatrice : De quelle histoire parles-tu ?

Romain : De la première.

Animatrice : De l’ange qui parle au tombeau. Tu dis : c’est comme s’il renaît. Essaie d’expliquer ce que tu veux dire.

Romain : Jésus, comme il ressuscite, c’est comme si il renaît.

Animatrice : Pour toi, la résurrection de Jésus est comme une deuxième naissance. D’accord. Pour votre équipe, ces trois histoires parlent de naissance.

Jérôme : Moi, j’suis pas trop d’accord avec çà.

Animatrice : Peux-tu expliquer pourquoi ?

Jérôme : La première, il ressuscite. Cà veut pas dire forcément qu’il renaît.

x : Mais si, çà veut dire çà !

Animatrice : Pour toi, Jérôme, renaître, qu’est-ce que c’est ?

Jérôme : Ben, renaître, j’connais pas. C’est naître.

Animatrice : Tu ne connais pas le mot « renaître ». Qui peut expliquer, dans votre équipe, pourquoi, pour vous, ressusciter, c’est comme renaître ?

x x x : Ben.....inaudible.

Animatrice : S’il vous plaît, chacun son tour.

x : On vit au paradis avec Dieu.

Pierre : On est au paradis avec Dieu. C’est.... C’est une nouvelle vie.

x : En fait, on renaît, mais d’une autre façon.

x : On redevient pas un bébé à nouveau ! C’est une nouvelle vie.

x : C’est comme si on repartait à zéro.

Alexandre :Sa nouvelle vie, elle va pas être très longue, parce qu’il va... il va remonter aux cieux...à Pâques, je crois.

Animatrice : Qui çà ?

Alexandre : Jésus.

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Mathieu : Mais non ! C’est à l’Ascension.

Animatrice : Oui Mathieu. Jésus remonte aux cieux à l’Ascension. C’est combien de jours après Pâques ?

x x x : 40.......3.......3

Gildas : Oui, mais après, il vit dans le ciel.

Animatrice : L’ascension se passe 50 jours après Pâques. Et toi, Gildas, tu penses qu’ensuite, il vit dans le ciel. Est-ce la suite de sa nouvelle vie qu’il vit dans le ciel ? Qu’en penses-tu Alexandre ?

Alexandre : Ben, j’suis d’accord avec lui, parce que on dit qu’il est assis à la droite de...

x :...du Père.

Animatrice : La résurrection de Jésus se poursuit dans le ciel. Et combien de temps va-t-elle durer ?

x : Jusqu’à la fin du monde.

Alexandre : Mais c’que j’comprends pas, c’est pourquoi il est descendu du ciel ? C’est pour les hommes qui croyaient pas euh... qu’il était le fils de Dieu ?

Animatrice : Pourquoi Jésus est-il venu sur la terre ? C’est une très bonne question à laquelle on ne va pas pouvoir répondre aujourd’hui, mais que Marie-Odile va noter sur la dernière page de son cahier pour ne surtout pas l’oublier.Je vais vous poser une dernière question. Tout le monde réfléchit. Je donnerai la parole au hasard à quelqu’un.A votre avis, Zacharie a- t- il vu l’ange avec ses yeux ou autrement ?

x : Non, non.....

Animatrice : J’ai demandé de réfléchir ! Je pose la question autrement :Est-ce que Marie a entendu l’ange à l’intérieur ou à l’extérieur ?..... Faustine ?

Faustine : A l’intérieur.

Animatrice : Tu penses que Marie a entendu l’ange à l’intérieur. Michel, oui ?

Michel : A l’intérieur. Pierre ?

Pierre : En fait, on peut pas très bien savoir.

Animatrice : Pierre, tu ne sais pas très bien. Romain ?....A l’intérieur......Arnaud ?.....A l’intérieur.....Faustine ?

Faustine : C’est peut-être pour çà qu’on ne voit pas les anges !

Michel : Elle y a peut-être pensé très très fort.

Animatrice :Et toi, Faustine, est-ce que tu entends parfois des anges à l’intérieur ?

Faustine :.....

Animatrice : C’est très bien. On va s’arrêter là aujourd’hui.

Dans le brouhaha du lever, j’entends sur le magnéto :

x : C’est comme une sorte de conscience.

x : Eh ! A l’intérieur, y’a Dieu !

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D. UN SECOND ENREGISTREMENT A TRAVAILLERCM2, Le Tablier, février 2003

Aline (11 ans 4 mois), Clémence (11 ans), Caroline(11 ans 6 mois), Ludovic (11ans 5mois), Quentin (11ans), Pierre (11 ans).L’animatrice présente quatre icônes de la Transfiguration.

L’originalité de cette discussion, qui se déroule entre un adulte et des enfants, est qu’elle s’appuie sur quatre icônes (trois plus une donnée après). L’animatrice prend d’abord le temps de faire repérer et enregistrer tous les détails des images. Peu à peu, elle en vient à interpeller les enfants pour provoquer chez eux une curiosité (qui conduit à une opération d’abstraction). On voit ainsi comment la réflexion des jeunes s’approfondit pour conduire à la question du mystère pascal de mort et de résurrection. La séance se termine par la question existentielle, forcément embarrassante pour des enfants qui n’ont pas encore fait des choix personnels de vie.

1. Les premiers repérages

Animatrice – Vous regardez bien ce qui est devant vous et puis après vous direz ce que ça représente, à votre avis. Il y a trois images différentes et vous regardez deux par deux.Ludo – Mais c’est les mêmes.Anim - oui !Ludo- C’est les mêmes à peu près.Anim- Qu’est ce que ça représente ?Clémence - Là, c’est la montagne et la c’est… c’est Jésus, Elie et Moïse et après … heu- Les trois là en …- Oui, les trois.- C’est Pierre, Jacques et Jean.Clémence - Sur celle-là, on ne voit pas bien parce qu’il y a tellement de monde que…euh- Là on les voit bien sur celle-ci.Anim- Ludovic, tu vois quoi toi ?Ludo- Jésus qui est tout en haut de la montagne et puis euh… les deux…Caroline - Moïse et puis Loïc ( !)Anim - Loïc, ah non, Loïc c’est un nom de Bretagne.- C’est pas de la Bible.- C’est Elie.Anim- Oui, et en bas ?Caroline - Pierre, Jacques et Jean.Anim- Vous ne voyez pas que cela sur ces images ?Pierre- Là, c’est quand ils montent à la montagne et puis là, c’est quand ils redescendentAline - Oui, nous on l’a aussi, mais là ils sont quatre.- Forcement ils sont quatre.- C’est quand ils sont avec Jésus.- Bien sur : trois plus Jésus !Aline- Là aussi, on dirait qu’il a une auréole sur la tête.Anim- Dans cette image là, un peu moins visible parce que les couleurs sont plus pâles, est ce qu’on les voit aussi ?Clémence - Ah oui, là, en fait ils montent, ils sont quatre alors ça fait avec Jésus et puis ils descendent ah… ben non…

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- Mais si.Clémence - Ils descendent avec Jésus.Aline - Là, il y a une porte.- Où ça ?Anim- Ils ont une porte.Anim – Déplacez-vous pour voir mieux.Clémence - Un ange- On dirait que son aile, elle est froissée. (Notons le « on dirait »)- Oui.Anim- Tu crois que c’est un ange ?Clémence - Ben là, il y a bien des ailes !Anim- Oui, là et là. Mais ici ?Aline- C’est peut être un… ah…Ludo- La couverture…Clém- Quand Jésus il est mort… ah non.Anim- Pourquoi penses-tu ça ?Clém- Parce que quand il est mort dans le tombeau il était enveloppé d’un drap blanc.Anim- Et là, se serait un tombeau ?Clém- Oui.- Ah oui.Anim- Et là ce serait Jésus tu crois ?Clém- Ben non, il est là.- Regarde, il est là aussi (il montre la montée) et puis là aussi (il montre la descente) alors !Aline- ben c’est peut être à différents moments.Anim- Oui, on croirait ça.Ludo- Ah ! Ca me dit quelque chose cette image. Là, là… c’est quand il rentre dans la maison là l’homme.Aline- Avec le brancard (Mémoire de l’histoire évangélique précédente, « le paralysé »).- Oui.- Il y aurait un trou pour qu’il descendeAnim- Et il descend ?Aline - Il a une auréole.- Ah ouiAnim - Comment est-il habillé ?- Avec des draps.- Toujours avec les mêmes habits.- Là, il a une chemise verte.Anim- D’accord. Alors ces trois-là, où est-ce qu’on les voit d’autre ?- Là.- Et puis là.- Un deux troisAline - Il n’a pas de tête, lui.- Ben si regarde : sa tête est là !Anim- Ces gens qui sont là et là ont-ils la même position sur ces trois images ?Aline - On dirait qu’ils font de la gym.- Il y en a un qui est à genoux.- Là aussi.

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Anim - Et les autres ?Ludo- Y en a un qui est comme ça là (il mime)- Une drôle de position.- On croirait qu’il est mort comme ça !- En tout cas, c’est bizarre comme position.- On dirait qu’ils ont la même position mais inversée. (Notons le « on dirait »)- On dirait qu’il est là dans cette image.- Ils n’ont pas tous la même couleur.Anim- Vous savez comment s’appellent ces gens là ?- Jean, Pierre et Jacques.- Mais on voit pas leur têteAnim- Pourquoi est ce qu’ils se cachent ?- Oui, c’est vrai, ils se cachent.- Là, il ressemble à une pierre.- Ca doit être Pierre, lui !Anim- Oui, mais pourquoi sont-ils comme ça ? Dans ces drôles de positions ?Clémence - Parce qu’il y a Jésus qui… ils voient Jésus qui…euh…Aline - Peut-être qu’ils prient !Clémence - Ils sont impressionnés !Pierre- Parce que c’est la première fois qu’ils voient… qu’ils voient Jésus comme çaAnim- Oui, tu dois avoir raison ils sont impressionnés parce que…Ludo - Pourquoi il y a un rond autour de Jésus ?Anim - Oui, attends un peu Ludovic, pas tout à la fois. Qu’est ce qui les impressionne comme ça ?Pierre- Parce qu’il y a plein de lumière autour.Quentin- Et puis qu’il était euh… transfiguré.Anim- C’est quoi transfiguré ?Quentin - Quand il change de figure.Anim- Il n’y a que la figure qui change ?Clémence - Ses vêtements, ils deviennent le plus blancs possible.Quentin - Même un blanc impossible.Anim- Si vous voyez quelqu’un qui change comme ça, qu’est ce que vous faites ?Pierre- Je suis impressionné.Ludo- Je suis transfiguré.Anim- Ah tu es transfiguré à ton tour !Quentin - Je me casse (rires), non, je me cache.Clémence - Ben moi je suis étonnée, hein.Aline- Ben moi, je lui demanderai qu’est ce qu’il a.Anim- toi, tu lui poserais une question, ça ne m’étonne pas de toi (rires). Il y en a un qui pose des questions ou qui se met à parler, lui ?(Il souligne)- C’est Pierre.Anim- Oui, oui, Aline elle ressemblerait à Pierre, elle poserait tout de suite une question !- C’est « Pierre-Aline » ! (Humour d’un garçon)Anim- Donc ils ne font pas de gymnastique ?Aline- Ben on dirait quand même.Anim- Ils ont la forme de gens qui font de la gymnastique, mais est-ce que c’est de la gymnastique qu’ils font ?- Non.

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- Non, non.Aline - Mais il tient quelque chose dans sa main ?Anim- Oui, c’est Jésus. Mais on regardait ces trois là. Alors vous disiez que Jésus avait été transfiguré et Pierre disait qu’il y avait plein de lumière. Est-ce qu’il y a, dans vos images, quelque chose qui montrerait que Jésus est plein de lumière ?- Ben oui.- On dirait qu’il a des vêtements d’or.- Il y a du blanc dessus l’or.- Et puis la montagne est plus claire là où il est, elle s’éclaircit.- C’est plus éclairé en haut qu’en bas.- On dirait que …- Les ronds bleus ici, ça dirait aussi ça… une croix…Anim- Qu’est ce que tu dis sur la croix ?Aline - Ben on dirait que la lumière, dedans, il y a comme la forme de la croix !

2. Vers la mort et la résurrection

Anim- Oui, sur ton image il y a quelque chose qui ressemble à la croix qui va de la tête aux pieds et d’une main jusqu’à l’autre, ou d’une épaule à l’autre. Oui.Clémence - Mais, Moïse et Elie, ils sont bien morts ?Anim- Ah !… Ils sont morts ou ils sont vivants là ?- Ben je pense qu’ils ont été morts parce que là…Ludo- Ils sont peut être revenus du trou, remarque.Clémence - Oui, moi je pense qu’ils sont morts parce que …là… dans le trou, ils l’ont descendu (nouvelle correspondance avec le récit du paralysé vu précédemment).Aline- Là, parce que là il a une blouse blanche avec un bras dans le vert et puis là il est tout vert et là il est tout vert (elle parle des habits).Anim- Oui, et regarde, celui-ci et celui-là est ce qu’ils ne se ressemblent pas ?Aline – Si.Anim- Est-ce que c’est le même ?- Il sort de la mer lui, regardez !Anim- Ah oui, se serait qui ?- C’est Moïse.- Tu l’connais ?- Ben oui, dis !- Et celui là il sort de la porte79

Anim- De quelle porte ?Ludo- Du toit- Du trou qu’ils ont fait pour descendre.Anim- Hum, hum… Qu’est ce que vous disiez ? Qu’ils étaient morts ou vivants Elie et Moïse ?Quentin - Qu’ils étaient à moitié vivants et à moitié morts…Clémence - Il peut parler aux ressuscités, Jésus.Caroline - Ben là, ils sortent de la terre.Clémence - ça a un rapport avec leur histoire parce que là, Moïse et la mer, ça a un rapport avec son histoire…Mais Elie, …je ne sais pas…l’histoire.Anim- Oui, Moïse il sortait de la mer, et il est à coté de Jésus, et là Elie il sort d’une porte…

79 Il s’agit en fait d’un tombeau situé en haut et à droite de l’icône, diamétralement opposé à Moïse qui sort de la mer.

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- La porte de la résurrectionAnim - Ca pourrait être ça, oui. Alors ils sont morts ou ils sont vivants ?Quentin- Ben euh… mais il a une espèce de manuscrit.Aline - Ils seraient en train de ressusciter.Ludo- (qui répond à Quentin)- Comme c’est dans la Bible on a l’impression que c’est…une feuille…un morceau de la Bible qu’il tient à la main.Anim- Oui Ludovic, tu dois avoir raison parce qu’on dit que c’est Moïse qui a écrit la Bible en grande partie …- Alors il vient avec son livre- Et là en sortant de la merAnim - Qu’est ce que va dire Pierre dans l’histoire ?Aline - Une question.-Ah oui, euh…Ben c’est qui…peut être ces deux là ?Anim - Non, il ne pose pas de question..Clémence - C’est pas pour quand il va… euh…Aline - Ah oui, on va monter des tentes pour dormir.- Oui, voilà.Anim - Pour qui ?- Ben pour… trois tentes ouAnim - Qu’est ce qu’il dit Pierre, vous vous souvenez ?Pierre- On va monter trois tentes pour eux.Clémence - Pour Moïse, pour Jésus et pour Elie.- Une pour chacun.

3. Nouveau rebondissement orienté par l’animatrice

Anim - C’est lui, Pierre, qui dit pour qui on va monter les tentes. Pour Moïse et pour Elie… Comment les a-t-il reconnus ?Clémence - Avec la mer et puis là … la porte.Aline - Oui, mais c’est bizarre hein ?Ludo- Et puis là, y a pas de mer et y a pas de porte (ils ont trois icônes différentes)Caroline- Oui, mais là on dirait qu’il y a une flèche là ?Anim - Mais il n’y a pas écrit Elie ou Moïse.Caroline - Non !Clémence - Oui, mais c’est peut être après.Aline - mais tu avais dit qu’ils étaient à droite ou à gauche là quand tu nous a raconté l’histoire.Anim - Oui… bien…bien… Et alors là ils montent et là ils descendent, c’est bien ça ?- Oui, oui.Anim - Et Moïse et Elie, ils sont descendus avec eux ?Ludo- Non.Anim - Où sont-ils allés alors ?Aline - Ben ils ont disparu hein !Quentin - On dirait que comme si le soleil arrivait, eh ben eux, ils s’en vont.Anim - Oui, mais où s’en vont-ils ?Quentin - Alors là… où ? … quelque part.Anim - C’est quoi quelque part ?Clémence - Dans notre cœur !

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Anim- Dans le cœur de qui ?… De Jésus ?- Ben- On sait pasAnim - Dans l’image d’Aline et Clémence, ils seraient venus de la mer et de la mort, mais ou est-ce qu’ils partent après ?- Et là il y a deux…Quentin - Moïse par la porte Elie par la mer. Voilà. (rires)Aline- Peut-être qu’ils sont juste entre la vie et la mort… alors entre la «  ressussitation » et la mort…alors…Anim- Ils seraient entre la vie et la mort ? … Alors quand Jésus redescend de la montagne avec Pierre, Jacques et Jean où est ce qu’ils sont Moïse et Elie ?- Ben entre la vie et la mort on ne sait pas.Anim - C’est quoi ? C’est où, entre la vie et la mort ?- Ben la « ressussitation » ( !)Anim - Ils sont ressuscités ?Clémence - Ben oui, parce que là les anges, on dirait qu’ils les forcent à venir pour être ressuscités.Anim - Alors ce serait l’histoire de la résurrection de Moïse et d’Elie ?Clémence - Peut être pour leur prouver que ça existe vraiment ?Anim – Ah ! Prouver à qui ?Clémence et Caroline : A Jean, Pierre et Jacques.Anim- Jésus aurait fait cette montée sur la montagne pour prouver quelque chose à Pierre Jacques et Jean ? Mais quoi ?Clémence - Ben que ils peuvent ressusciter … comme tout le monde.- Que ça existe la résurrection quoi !Clémence - Et après il a dit de ne le dire à personne qu’il a…Anim - Jusqu’à…une date.Caroline - Si…avant sa mort.- Avant la mort de Jésus.- Oui, comme ça.Anim - Tu crois avant la mort seulement Caroline ?- Avant la mort et la résurrection.Anim - Donc cette histoire là aurait un rapport avec la mort et la résurrection de Jésus à votre avis ?Clémence - Ben oui.Aline - Peut être pour leur faire voir que ça lui fait plaisir de revoir ses…euh ses copains là- C’est vrai d’ailleurs.Caroline - Elie et Moïse ça peut être …ses enfants… parce que là quand on dit… Euh. Jésus il est à la droite du père…et ben là c’est pareil il y en a un à sa droite et un à sa gauche…(inaudible)Clémence - Non, mais c’est pour dire…Anim :… On va regarder la page 80 du livre (une icône arménienne de la transfiguration)Ludo- Ah oui, c’est le trou, la porte et c’est le paralysé qui est dedans.- C’est presque la même sauf que c’est pas les mêmes têtes.- Mais ce n’est pas le paralysé qui est dedans !- Non, c’est Jésus- Il y a des choses écritesAnim - Regardez ce qui est écrit au-dessous.Quentin – « La transfiguration manuscrit arménien », c’est normal qu’on sache pas le lire…Anim - Quentin, tu vas lire le texte qui est sur la page de droite

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- « Six jours après… » (il lit difficilement le texte qui leur avait été raconté 8 jours auparavant, paragraphe par paragraphe. Bien des enfants ne maîtrisent pas vraiment pas la lecture, et s’ils « lisent bien », ils prennent difficilement du recul par rapport à l’écrit).

4. Une tentative d’animation… qui va avorter en se terminant à la cantine

Clémence - Six jours après quoi aussi ?Anim- Tiens donc !Aline- Après la mort… après peut être…Anim - Oui, c’est une vraie question : six jours après quoi ?Quentin - Six jours après la mort, ou six jours après la naissance- Après la mort.Anim - Vous souvenez-vous que l’autre semaine on avait parlé des jours ? (L’animatrice tend une perche : les enfants avaient en effet travaillé sur les jours de la Création en vue justement d’éclairer ce fameux « sixième jour ».)- Ah oui… Ah oui, sept jours… le premier jour…- Ah oui, alors six jours après ça fait samedi.- Non, dimanche.- Dimanche, c’est le premier jour, tu avais dit…Ensemble : Dimanche, lundi, mardi, mercredi, jeudi, vendrediQuentin - C’est vendredi.Anim - Donc se serait le vendredi ?- Un vendredi ! (L’enfant souligne le chiffre)Anim - Oui, tu as raison, un vendredi. est-ce qu’il y a des choses importantes qui pourraient avoir lieu le vendredi ? (Et c’est l’échec de l’animation)Aline - On mange du poissonAnim - Oui Aline, pourquoi ?Aline - Parce que c’est pour dire qu’on mange le corps du Christ (elle n’a jamais communié) C’est pour ça, je sais pas quoi. C’est mon frère qui m’a dit ça à la cantine.Anim - C’est ton frère qui t’a dit ça ? Il en sait des choses !Ludo- Moi, je savais.An- Et tu savais quoi ?Aline - Non, faut pas manger de viande parce que je sais plus trop quoi.Anim - Pourquoi ?Clémence - Parce qu’on est dans le carême je crois.- On n’en mange pas souvent.- Normalement il y a une date à respecterAline - C’est peut-être pour se préparer pour le dimancheAnim - C’est PEUT-ETRE pour se préparer pour le dimanche !- C’est pas avec l’histoire de… ?(ils se mettent à parler des menus de la cantine)Anim - Peu importe ce que vous avez mangé vendredi. En revanche, je note qu’il y aurait peut-être un rapport entre cette histoire là et le vendredi…bon… On en reparlera.

Reprise de la lecture….Caroline- Ils se cachent les yeux de la transfiguration.Pierre- C’est trop lumineux

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Quentin - Peut-être que ça leur fait mal aux yeux.Ludo- Oui, c’est ce qu’on voit hein !…ils ferment les yeux.Aline - Mais eux, ils ouvrent les yeux.Clémence - Et ils s’inclinent devant lui, là.Anim - Ils s’inclinent devant lui et ils ferment les yeux. Ce serait trop impressionnant tout ça ?Clémence - C’est vrai qu’on dirait des rayons.Pierre- On dirait qu’ils ont leurs mains pour se cacher ceux là.Aline - C’est peut-être derrière la porte.Ludo- On a l’impression qu’il est ressuscité Jésus !- Oui.Anim- Eh oui Ludovic ! Il y a peut-être quelque chose d’intéressant là : on croirait que c’est Jésus ressuscité.Clémence - Là il y a une auréole, là.Anim- Oui, Jésus on le représente toujours avec une auréole et qu’est ce qu’il y a dessus ?- C’est une croix.Ludo- On a l’impression qu’il est mort en même temps… parce que la croix hein…

Reprise de la lecture : « Pierre alors prend la parole… Jésus seul »- Où est-ce qu’ils ont disparu ?- Hum…Anim - Avant, quand Jésus, Pierre, Jacques et Jean arrivent sur la montagne, est ce qu’ils étaient là Moïse et Elie ? (Une question apparemment anodine…)- Ben…- Ils sont arrivés après.Anim - Oui, dans l’histoire, vous avez raison, ils sont arrivés après.Pierre - Peut-être qu’ils savaient qu’ils allaient venir.Clémence - Dès que y a… enfin… moi je dis dès qu’ils parlent et ben ils disparaissent donc…ça veut dire que peut être il (Jésus) vient les chercher… pour qu’ils rentrent…- Au ciel ?… silence…Anim - Allez Aline, tu lis la suite.

5. Reprise de la lecture : « En descendant de la montagne… ressuscité des morts »

Clémence - Ah, je sais… ressuscité d’entre les morts parce que ceux là, ils sont morts alors …(ils comprennent « entre » les morts d’une manière très visuelle, comme une indication de lieu : « au milieu » des morts).Quentin - Oui, regarde… C’est là…euh.Anim - Qu’est ce que tu veux dire Quentin ?Aline- Oui, parce que c’est la porte pour rentrer dans la mort !Quentin - Oui, c’est ça, c’est la porte pour rentrer… Oui.Anim- Et quand on est ressuscité d’entre les morts, on prend la porte pour rentrer ou pour sortir ?Clémence - Ben pour rentrer !Aline - Pour entrer dans la vie. On rentre dans la vie pour faire ressusciter…euh … les mortsAnim - Et ça, ce serait la porte de la mort ? (en montrant l’icône arménienne dans laquelle Jésus, au centre, est comme dans une porte)- Ben oui hein

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- Jésus, il sort de la porte de la mort.Anim - C’est pour ça, Ludovic que tu dis qu’on voit Jésus ressuscité ?Clémence - Ben oui, mais il n’y a pas de porte de la mort là pour Moïse.Anim- Sauf si l’eau…Clémence - Ah oui ! L’eau s’ouvre et puisAline - Oui, le chemin de la mort… qui va a la vie…Quentin- Ouai !Aline - Et puis la porte aussi…Anim- Tu comprends quelque chose Caroline à ce qu’on est en train de dire ? (elle feuilletait son livre un instant auparavant)Caroline- (dépassée, qui a décroché) C’est dur.- Là aussi, Moïse il a la Bible dans les mainsQuentin - C’est peut être celui là celui qui vient des morts…(une petite discussion sur les détails qui différencient les quatre reproductions…)Aline - Jésus, là, il recommence a naître… Avant c’était juste la mort, donc quand on commence à…- Quand on est mort on va rentrer dans la vie !Clémence - C’est vrai que quand on n’est pas encore né, on est mort  ! (rires) Mais quand on est mort est ce qu’on a encore une vie ?Caroline - Ben oui.- Bon ça dépend.Caroline - ça dépend si on est gentil ou pas.Anim - Tu crois que c’est une question de gentillesse ?- Non.Quentin - Non, de croyance.Clémence - Je crois que tu nous as dit qu’il nous faisait ressusciter alors euh…Anim - Qui est ce qui t’a dit ça ?Clémence - C’est toi !- Ils sont tous morts là- Ressuscités d’entre les morts.- Ah ben non

6. La question existentielle… embarrassante.

Anim - Est-ce que ça nous concerne ?- Non. Clémence - Ben si… Parce qu’à la fin il dit : Jésus leur défendit de raconter à personne avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts… ça peut nous arriver à nous aussi.Anim - Qu’est ce qui peut nous arriver ?Clémence - De ressusciter d’entre les morts.Aline - On ne sait pas aussi …Anim - Tu crois ou tu sais ?Clémence - Ben…je crois…- Déjà on ressusciterait, à cotéAline - Mais c’est dur à croire quand même.

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E. SEQUENCE DES COURS ELEMENTAIRES :‘QUAND DIEU SE FAIT ENTENDRE’

1. Méditation pour les adultes

Les temps sont difficiles. C’est vrai aujourd’hui, c’est aussi vrai au temps du prophète Elie qui s’est tellement battu pour que le Seigneur ait sa place dans le cœur de son peuple, dans sa vie, dans sa foi et même dans toutes ses difficultés. Les temps sont si difficiles qu’Elie est sur le point de se décourager tant la reine Jézabel fait tout pour le contrer (1 R 19, 1-2).

C’est vrai sans doute aussi pour les disciples de Jésus quand ils se comptent en tout petit nombre pour dire qu’il est le Messie. C’est vrai aussi quand le Seigneur leur annonce qu’il doit passer par la mort, et par une mort ignominieuse ! (Mc 8, 27-36)

A Elie, proche du découragement, Dieu va se manifester dans le silence en haut de la montagne, et le prophète, ‘rempli de zèle pour le Seigneur’, va repartir pour accomplir jusqu’au bout sa mission.

Aux disciples qui risquent la défaillance, Dieu va se manifester par sa parole et par ses témoins, Elie et Moïse conversant avec Jésus transfiguré. Ils vont alors garder cela dans leur cœur jusqu’à la Résurrection, même si ils ne comprennent pas… (Mc 9, 1-10)

Elie, le très grand parmi les prophètes, a dû être nourri de pain et d’eau pour affronter cette étape de sa vie : quarante jours de marche et quarante nuits, la montée sur la montagne, une nuit dans la grotte au sommet, et enfin la rencontre de Dieu qui lui dit : ‘Va, retourne par le même chemin...’ (1 R 19, 5-15).

Les Apôtres continuent de suivre Jésus, souvent sans comprendre, et c’est si difficile qu’au moment de l’arrestation dans le jardin des Oliviers… ils ne peuvent plus le suivre ! Marc dit : ‘Et l’abandonnant, ils prirent tous la fuite’ (Mc 14,50).

Il faudra, après la Résurrection et le témoignage de Marie de Magdala qui ne sera pas cru (Mc 16,11), que Jésus se manifeste à eux pendant qu’ils étaient à table et il leur reprocha leur incrédulité (Mc 16,14) et qu’il les envoie : ‘Allez dans le monde entier, proclamez l’Evangile à toute la Création’ (Mc 16,16). Pour qu’ils s’en aillent prêcher en tout lieu ainsi que le dit Marc à la fin de son évangile.

Cependant, c’est la descente de l’Esprit de Pentecôte qui va leur donner la force de cette Parole d’évangélisation dans le monde entier.

Il a fallu à Elie une marche de 40 jours et 40 nuits pour enfin entendre Dieu dans le silence. Il a fallu également aux Apôtres le temps de Pâques à la Pentecôte - 50 jours - où ils étaient tous d’un même cœur assidus à la prière (Ac 1,14) pour qu’ils soient préparés à être remplis de l’Esprit-Saint (Ac 2,4) et puissent commencer à parler pour être entendus des hommes de toutes les nations !

Faut-il du temps pour comprendre ce qui est de l’ordre de la Révélation : 40 jours symbolisant toute une vie ! C’est vrai pour eux, c’est vrai aussi pour nous aujourd’hui.

2. Pédagogie

a) Pour apprendre à écouter les enfants

Les enfants de 6, 8 ou 9 ans auxquels nous allons donner ces récits, ne peuvent évidemment pas les lire de manière existentielle comme le fait l’adulte. Cependant, l’enfant peut les apprendre, en saisir le déroulement : peur, fuite, nourriture, longue marche de jour et de nuit, la grotte, le grand vent, le

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tremblement de terre, le feu et, en opposition, le silence de la brise légère. L’enfant peut être attentif ou étonné, ou encore rassuré par la voix de Dieu. Plus tard, il s’étonnera : ‘Comment on entend Dieu, moi, je ne l’entends pas ?’ et aussitôt répondre avec une certaine assurance : ‘Avant il parlait, maintenant c’est fini’.

La question reviendra : ‘Moi, je ne l’entends pas, pourquoi ?’ et l’éducateur devra y être attentif pour ne répondre ni trop tôt ni trop tard. Trop tôt, l’enfant apprendrait la réponse (les mots) sans la comprendre. Trop tard, sa propre réponse aurait glissé du côté de l’indifférence : ‘C’est dans la Bible, c’est même pas vrai. D’ailleurs mon père (mon frère, ma sœur, ma mère), il n’y croit pas !’

Au bon moment, plus tard, quand la question est bien celle de l’enfant de 9-10 ans, on pourra lui demander : ‘A ton avis, Elie a-t-il entendu la voix de Dieu avec ses oreilles ou avec son cœur ?’… Encore faut-il que l’enfant soit assez grand pour ‘entendre’ ou pour comprendre la subtilité évangélique de Jésus : ‘Que celui qui a des oreilles, qu’il entende !’

Ceci est aussi vrai pour le récit évangélique proposé, les enfants peuvent retenir la parole descriptive et anecdotique : le choix des trois disciples pour une montée sur la montagne haute, la lumière et la blancheur soudaine de Jésus, de ses habits, de son visage. La venue d’Elie et de Moïse qui parlent avec Jésus (le problème du temps n’existe pas pour les enfants), la proposition de ‘camping’ de Pierre, le grand nuage, la voix de Dieu et une finale un peu… décevante pour qui, de la télévision, attendrait un spectacle qui continuerait. Les enfants retiendront aussi la demande de garder secret l’événement.

La haute montagne leur fera penser à celle d’Elie, la voix de Dieu aussi. Il est peu probable, surtout pour les plus jeunes, qu’il y ait comparaison entre la nuée et le fait qu’Elie se voile le visage. En revanche, des enfants attentifs parleront du retour, de la descente de la montagne.

Cependant, vous pouvez, pour la célébration, rappeler que ces deux rencontres avec Dieu ont lieu sur la montagne, loin de tout le monde, loin du bruit et même précisément dans le silence. Vous choisirez donc un lieu très calme, beau, silencieux pour une prière recueillie et un beau chant qui incite à la paix.

Ce qui ne veut pas dire que la prière sera sans parole. Vous la préparerez comme d’habitude, avec les mots concrets des récits (bleu) en exprimant une comparaison (vert) : ‘Seigneur, comme Elie, quelquefois j’ai peur’. ‘Mon Dieu, comme Pierre, je voudrais rester avec toi un peu.’

Vous pourrez aussi proposer une prière silencieuse (une minute de silence, ou peut-être une demi-minute) !

b) Déroulement

Les récits seront donnés à 15 jours d’intervalle.

La première semaine, l’histoire d’Elie (1 R 19) sera narrée à partir de l’Ancien Testament raconté aux enfants (p. 70, 4° et 5° paragraphes), plus le texte ci-joint.

Texte complémentaire :

« Elie monta en haut de la montagne, et la voix de Dieu lui demanda….(3° ligne avant le bas de la page) : « Que fais-tu Elie ? »

Elie répondit : « Je t’aime de tout mon cœur, Dieu très Haut. Ton peuple t’a abandonné, mais moi, je suis resté de ton côté, et à cause de mon amour pour toi, on veut me tuer. »Dieu dit à Elie : « Tiens-toi là debout devant le Seigneur ! »

Et voici que Dieu passait :

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Un vent violent et fort se déchaîna. Il déchira les montagnes, il brisa les rochers.Elie pensa : « Dieu est puissant, peut-être habite-t-il dans le vent violent ? »Mais non ! Dieu n’était pas dans le vent violent.

Après le vent violent, arriva un tremblement de terre.Elie pensa : « Dieu est très fort, peut-être est-il dans le tremblement de terre ? »Mais non ! Dieu n’était pas dans le tremblement de terre.

Après le tremblement de terre, il y eut un grand feu.Elie pensa : « Dieu est puissant et fort, peut-être est-il dans le grand feu ? »Mais non ! Dieu n’était pas non plus dans le grand feu.

Après le vent violent et fort, après le tremblement de terre, après le grand feu, arriva le silence d’un vent tout doux, d’une brise légère.

Elie entendit le silence de la brise légère. Alors il se couvrit la figure avec son manteau, il se tint debout à l’entrée du creux du rocher, et voici qu’une voix lui arriva.

La voix disait : « Que fais-tu là Elie ? »Elie répondit : « Je t’aime de tout mon cœur, Dieu Très Haut. Ton peuple t’a abandonné, mais moi, je suis resté de ton côté, et, à cause de mon amour pour toi, on veut me tuer. »

« Va, dit le Seigneur Dieu, retourne mon peuple, et moi je suis avec toi.Je vais changer le roi d’Israël, va mettre l’huile sainte sur la tête de Jéhu, ce sera le nouveau roi d’Israël.Je vais punir la méchante reine Jézabel, elle mourra.Ensuite tu choisiras le prophète qui te remplacera parce que tu es très vieux. Ce sera Elisée. »

Elie fit ce que Dieu avait dit. Elle est bonne la Parole de Dieu !

Après avoir dessiné, les enfants peuvent apprendre un chant qui servira de prière, la fois suivante . Cette séance est un temps d’apprentissage.

La semaine suivante.

Sans le support de cahier, de dessin, de chant ou de livre, les enfants redisent l’histoire qui a été apprise huit jours plus tôt.

Ce ‘travail’ de recherche dans la mémoire, et de parole est encore un apprentissage, une initiation importante.

Quand l’historie a été entièrement retrouvée, demandez aux enfants si cette histoire leur fait penser à une autre histoire de la Bible déjà connue, ou à une autre histoire d’Elie, ou… à quelque chose d’autre (vert).

Ensuite, préparez avec les enfants une prière : Ce que l’on va dire à Dieu à propos de cette histoire d’Elie.De quoi le remercier ? D’avoir envoyé à manger à Elie ? D’avoir parlé à Elie ? De lui avoir redonné du courage ? …Quoi lui demander pour nous ? De ne pas avoir peur ? De savoir l’écouter ? …Les enfants auront des idées, recueillez-les et mettez-les en forme pour la prière.Si vous en avez le temps, faites-la écrire dans le cahier (sinon, vous pourriez mettre le texte par écrit afin qu’ils puissent le coller dans leur cahier, la fois suivante).

Et puis priez : Cela n’a pas besoin d’être long. Sur place, on a rangé le matériel, on est passé au calme.

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Vous faites un signe de croix et vous dites la première intention (ou toutes, mais en CE2, vous pouvez avoir décidé que tel ou tel interviendra pour dire telle ou telle intention préparée).Vous chantez un court refrain.Vous terminez par un très court silence et la signe de la croix.

Pour la Transfiguration, vous prenez les deux semaines suivantes en respectant le même cadre :La première semaine : Information (mémoire). Préparez le récit avec le livre ‘Jésus-Christ raconté aux enfants, Mame p. 76-77, (et les notes pour les animateurs p.116-117).La seconde semaine : Parole (mémoire et rapprochements) et prière. Les enfants feront peut-être d’eux-mêmes des comparaisons entre les deux histoires, encouragez-les. Pour la préparation de la prière, reportez-vous à ce qui est dit plus haut. Pour son déroulement aussi.

Célébration.

Si vous le pouvez, utilisez la cinquième semaine pour une célébration qui réunit les trois ou quatre équipes de la même classe.

Après le signe de croix, un chant d’accueil. Une introduction qui reprend ce qu’on a fait. Lecture du texte de l’Ancien Testament, prières des enfants (choisies parmi celles que les

équipes ont déjà utilisées) et chant (déjà chanté après la première semaine). Lecture du texte d’Evangile, prières des enfants (choisies de la même façon : une seule pour

chaque équipe), et chant (de la 3° semaine). Notre Père. Signe de croix.

F. SEQUENCE DES COURS MOYENS :‘QUAND DIEU DESCEND’Amélioration de la séquence N°84 de Catéchèse Biblique Symbolique Tome II.

1. Introduction théologique

Le récit de la Tour de Babel (ou de Babylone) a été écrit à un moment où les Hébreux étaient asservis en Babylonie, où leur langue, leur culture et la foi monothéiste d’Abraham risquaient de disparaître noyées dans le monde totalitaire du grand empire, leur ‘maître’. Tout le monde se servait d’une même langue et des mêmes mots (Gn 11,1). Le récit met en scène le drame, toujours actuel, de l’uniformisation linguistique, culturelle et religieuse (la pensée unique ou la ‘langue de bois’).

Babylone possède la force militaire, une supériorité technique incontestable et une administration tentaculaire. La grande ville n’est autre que la métropole du puissant Nabuchodonosor, et la tour de Babel symbolise le culte d’une humanité sûre d’elle-même, qui se prend pour Dieu. Ces descendants de Caïn s’écrient : ‘Allons ! Bâtissons-nous une ville et une tour dont le sommet pénètre les cieux ! Faisons-nous un nom et ne soyons plus dispersés sur toute la terre’ (Gn 11,4). La force, la puissance technique et la bonne organisation devraient pouvoir unifier le monde entier. Une telle unité imposée de l’extérieur ne tient pas compte de la diversité humaine, elle uniformise. Faisons des briques et cuisons-les au feu (Gn 11,3). A la différence de la pierre brute, la brique est une argile moulée que les Pharaons d’Egypte utilisent (Ex 5,6-8); toutes les briques sont identiques, et les êtres humains sont semblables à de la terre moulée. Le régime totalitaire impose à tous le même moule. Et qu’est-ce qui

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relie ensemble les briques, c’est le goudron, l’hydrocarbure : le bitume leur servit de mortier. Cela n’a pas changé : le profit sert parfois de ciment.

Une société aussi inhumaine est terrifiante. Le Seigneur dit : ‘Voici que tous font un seul peuple et parlent une seule langue, et tel est le début de leurs entreprises. Maintenant aucun dessein ne leur sera irréalisable’ (Gn 11,6). Dieu lui-même a peur du rouleau compresseur culturel, il va donc agir.

Pour contrer l’uniformisation de l’humanité - une communion sans amour - Dieu dit : « Allons ! Descendons ! Et là, confondions leur langage pour qu’ils ne s’entendent plus les uns les autres » (Gn 11,7). Dieu descend comme au Sinaï, et la face de la terre devient multiple. On ne peut plus alors rencontrer l’autre de l’extérieur, en faire le tour, l’assimiler à un objet, il faut au contraire apprendre sa langue et sa culture. Des efforts sont nécessaires pour comprendre l’étranger de l’intérieur et finalement accepter les différences humaines. Grâce à Dieu, l’être humain n’est plus à vendre.

Aujourd’hui, la ‘terre’ adamique - la pâte humaine - est fractionnée en multiples entités. Cette fraction est pourtant dangereuse, elle peut engendrer des factions. La guerre menace quand l’amour n’habite pas les cœurs, ce qui arrive quand Dieu est oublié car l’amour n’est autre que l’Esprit-Saint.

Après la Croix et l’Ascension, l’Esprit-Saint descend sur les disciples rassemblés (Ac 2) qui s’empressent aussitôt de révéler le don divin à toutes les nations du monde venues en pèlerinage à Jérusalem. L’Esprit d’amour est pour tous. Ainsi la Pentecôte propose-t-elle une alternative au bitume de Babel. Telle est la tradition chrétienne80. Le ‘pain’ est fractionné, et cette fraction n’est pas mauvaise en soi, car l’amour n’est possible que dans la différence. Grâce à la fraction faite par Dieu à Babel, l’amour peut jouer son rôle d’aimant au cœur de chaque humain. L’Eglise, après Emmaüs, reconnut le Seigneur à la fraction du pain (Lc 24,35). Comment comprendre cette reconnaissance puisque tout repas juif commençait par la fraction du pain ? Est-ce une reconnaissance extérieure ou bien plutôt une descente de Dieu dans chaque cœur, la reconnaissance du don par chaque disciple ? L’Esprit de Pentecôte ne descend-il pas toujours sur la part d’humanité que chaque humain est appelé à être et à vivre avec les autres ?

Chez les premiers chrétiens, la ‘fraction du pain’ désignera très vite l’Eucharistie. Ils se montraient assidus à l’enseignement des Apôtres, fidèles à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières (Ac 2,42). La communauté des Baptisés est comme une miche de pain, gonflée par le levain divin. A la table du Seigneur, le pain est fractionné en autant de morceaux que de convives - ou de ‘co-pains’ - qui mangent 81chacun leur part, un morceau différent.

La coutume juive de la fraction du pain est passée chez les premiers chrétiens, Juifs pour la plupart. Le sens s’est pourtant enrichi car le président de la table, le Maître du repas (Jn 2,9), est le Christ lui-même. C’est toujours Lui – Jésus-Christ - qui nous nourrit à la ‘table de la Parole’ et à la table où il se donne à manger. Ces deux tables sont la même, comme le Concile l’a rappelé, et comme l’Eglise l’a toujours enseigné82.80 Cf. Texte de saint Augustin VI C, et de saint Cyrille d’Alexandrie VI D.81 En fait, la relation dans la chronologie biblique va bien au delà de ce rapport dans le temps. Elle touche en effet à ce qu’est l’être humain dans la Bible : un être double, un être de chair et de sang. Nous avons un corps, et la vie circule dans ce corps qui est à la fois individuel et social. Le sang – cette vie – est le don de Dieu. Sur la Croix, par la Croix, Jésus-Christ nous donne son ‘corps’ et son ‘sang’; il renouvelle ainsi la Création en nous faisant être son corps, et il opère aussi en nous une transfusion, en remplaçant le sang vicié d’Adam (la vieille humanité) par l’amour. Dans l’Eucharistie, nous vivons cette double action de Dieu (sur le corps et sur l’esprit). Une telle approche existentielle de l’Eucharistie ne peut pas évidemment être comprise des enfants, à peine des adolescents, elle s’éclaire dans la foi adulte. 82 Ainsi lit-on dans l’Imitation de Jésus-Christ (IV,11) :« Les livres saints sont ma joie, le miroir de ma vie; ton corps très saint sera mon remède et mon refuge.Je sais qu'ici-bas deux choses me sont absolument nécessaires, sans lesquelles ma vie serait insupportable. Enfermé dans la prison de mon corps, j'ai besoin d'aliment et de lumière.

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A la table du Seigneur, comme à la Tour de Babel, nous sommes d’abord des personnes séparées par ce que nous sommes et d’abord par le corps. Mais au cours de la messe, l’Esprit de Pentecôte descend en chacun d’entre nous et un lien d’amour grandit entre les convives. Paul nous le rappelle : Vous êtes le Corps du Christ, et membres chacun pour sa part (1 Cor 12,27).

2. Visée et objectifs pédagogiques

Après avoir appris les deux récits, Babel et Pentecôte, les enfants sont appelés à les comparer. Babel se situe au ‘début’ de la grande histoire biblique du salut, tandis que la Pentecôte, racontée tout au long du Livre des Actes, clôt pour ainsi dire la Révélation. Les enfants vont donc associer le début de la Bible et sa fin, la mise en place du ‘corps’ et sa finalité : l’amour.

La procédure mise en œuvre est celle de la Catéchèse Biblique Symbolique : d’abord apprendre les récits jusqu’à en repérer les aspérités (images principales et bizarreries), puis les comparer pour essayer d’accéder, au moins pour les CM 2, à un ‘au-delà’ du texte, un début de ‘sens spirituel’.

La comparaison des deux récits se fera à l’aide de petits morceaux de papier canson de formes et de couleurs diverses pour composer une mosaïque.

3. Première séance

Racontez (ne lisez pas) l’histoire de la Tour de Babel après avoir situé ce curieux événement au début du monde.

a) Un récit possible de Gn 11,1-9

« Chaque jour, les fils de Caïn fuyaient en direction de l’ouest. Dieu avait donné cet ordre à leur père Caïn après qu’il ait tué son frère Abel. Chaque jour donc, ces gens se levaient et repartaient vers le soleil couchant. Le soir, ils s’arrêtaient, la nuit ils se reposaient, et le matin ils repartaient. Les jours ressemblaient aux jours et les nuits aux nuits. C’était l’ordre de Dieu.

Un jour cependant, ils se dirent les uns aux autres : ‘Arrêtons-nous de marcher comme des idiots, construisons-nous une ville et vivons sur ce plateau, la terre, ici, est belle. Et même bâtissons-nous une tour… une tour si haute et si immense qu’elle percera le ciel où Dieu, dit-on, habite. Ils riaient et montraient le ciel tout couvert de nuages.

Comment faire ? se demandaient-ils. Alors ils se dirent l’un à l’autre : ‘L’argile est bonne ici, faisons des briques en mélangeant l’argile avec la paille et en les serrant bien dans des moules de fonte. Le soleil les cuira et nous aurons nos pierres.’ Ainsi firent-ils des milliers et des milliers de briques pour construire leur ville et leur tour.

Ils ne connaissaient pas le ciment, mais il y avait des puits de goudron dans la région, et le goudron est une colle excellente, ils s’en servirent comme de ciment.

Tous se mirent au travail, les hommes, les femmes et les enfants. Ils travaillaient sans cesse. Les

Tu m'as donné ton corps pour la réfection de mon corps et de mon âme malades, ta parole pour éclairer mes pas. Sans ces deux choses je ne pourrais pas vivre. La parole de Dieu est la lumière de mon âme, ton saint sacrement est le pain de vie.On peut dire que ce sont deux tables dressées de part et d'autre dans le trésor de la sainte Église  : l'une est le saint autel qui contient le pain sacré, ton corps précieux, l'autre est la table de la loi divine, contenant la doctrine éternelle, enseignant la vraie foi et conduisant avec certitude au-delà du voile, où se trouve le Saint des Saints. » (Magnificat, février 2000, p.308).

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bâtiments montaient. Il y avait, à cause du goudron, des coulées noires partout sur les murs, et le goudron sentait mauvais, mais les maisons étaient solides. La ville se construisait et la tour montait chaque jour un peu plus, une grande ville et une tour gigantesque. Les hommes s’admiraient. Ils se disaient les uns aux autres : ‘On parlera de nous car nous sommes les meilleurs. On sera bien unis les uns aux autres, ce sera la communion… et Dieu… pft !

Un jour, le Seigneur descendit du ciel couvert de nuages pour voir la ville des hommes et leur tour qui montait. ‘Voici, dit-il qu’ils vont être un seul peuple parlant une langue unique, tous la même, tous pareils. S’ils commencent ainsi, rien ne va plus les arrêter. Comment finiront-ils ?’

‘Allons, dit-Dieu, descendons et mélangeons leurs langues pour qu’ils ne s’entendent plus les uns les autres, qu’ils ne se comprennent plus.’ Ce fut un jour d’orage… Ainsi, de par la volonté de Dieu, les hommes furent dispersés dans le monde entier, tous différents, chacun avec sa langue. La ville et la tour furent abandonnées sur place; inachevées, elles devinrent des ruines.

On nomme ce lieu ‘Babel’. Les uns disaient cela veut dire ‘porte du dieu’, les autre disaient non, pas du tout, cela veut dire ‘éparpillement’83. En tout cas, c’est là, dit-on, que Dieu éparpilla les fils de Caïn sur toute la surface de la terre. »

Tout de suite après le récit, donnez la parole aux enfants. Demandez-leur ce qui les a frappés, ce qu’ils en pensent. Notez les questions et valorisez celles qui sentent déjà le doute après avoir fait préciser ce qui semble bizarre.

b) Racontez la Pentecôte (Ac 2)

Même procédure.

Prendre le texte directement dans le livre des Actes au chapitre 2, et préparez par écrit un récit semblable au précédent.- Notez d’abord toutes les images. Une image est ce qui peut être dessiné par les enfants (Par

exemple : la chambre haute d’une maison élevée, des hommes et des femmes, un souffle de vent, des éclairs, une foule, une flamme de feu, une coupe de vin…). Ce support concret sera la base de votre récit.

- Puis notez les expressions irrationnelles et les invraisemblances du texte pour bien les souligner dans votre narration, en les exagérant un peu comme le caricaturiste procède. (La boule de feu qui descend du ciel et éclate en flammèches. L’iconographie traditionnelle montre une flamme de feu sur chaque personne… gare aux cheveux ! La maison (‘nouveau Sinaï’) remplie soudain d’un vent de tempête. Le bruit assourdissant (un ronflement, ou un son de trompe ?) si fort qu’il produit l’attroupement de la foule autour de la maison. Le dialogue où tout le monde comprend le ‘parler’ enflammé des Apôtres…)

4. Deuxième séance : comparer et creuser

a) Lier ensemble les deux récits

Demandez aux enfants de raconter à leur tour le récit de Babel, puis de le représenter schématiquement en deux volets sur une double feuille : (1) La tour monte droite vers le ciel et des gens, tous semblables, l’entourent. Au dessus : des nuages. (2) Dieu descend des nuages, la tour est

83 En arabe, le nom ‘bab-el’ signifie ‘porte du dieu’ ou ‘porte du ciel’. En araméen, le son ‘balbel’ évoque la confusion et la dispersion. En Hébreu, la racine de la confusion est ‘bll’, le jeu de mots est donc moins fort. L’histoire biblique a sans doute d’abord été racontée en araméen pour être ensuite traduite en hébreu.

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détruite, et les humains, tous différents, s’éloignent vers les extrémités de la terre.

Pour aider l’expression des enfants, préparez des pièces découpées dans du papier canson, de formes exactement semblables. Ces pictogrammes sont des codes qui seront communs aux deux récits. Par exemple, dans l’histoire de Babel, Dieu est représenté par un grand rond jaune avec des flammes de feu. Les hommes sont de petites formes vertes identiques pour la tour de Babel et différents pour la Pentecôte. La Tour de Babel et la haute maison du Cénacle surmontée de son grenier (chambre haute) sont constituées de petits triangles violets assemblés. Les nuages derrière lesquels Dieu se cache, sont des losanges noirs. Le souffle du vent peut être une ondulation bleue, mais il n’y a peut-être pas de vent à Babel...

L’équipe raconte Babel en manipulant les codes sur une grande feuille de papier. Cette manipulation aide les enfants à prendre conscience des déplacements (marche vers l’ouest, haut-bas ou ciel-terre, rassemblement-dispersion) qui font entrer dans la signification de la parabole biblique. Puis le diptyque ‘Babel’ est fabriqué (avant la descente de Dieu, puis après). Les formes colorées sont ensuite collées pour bien fixer les deux actes de l’histoire. On a une première mosaïque à 2 volets.

Refaites le même travail avec le récit de la Pentecôte : d’abord récit et manipulation, puis fabrication du diptyque (avant la descente de Dieu et après). Vous conserverez exactement les mêmes codes que pour le récit précédent. Seules, les personnes auront changé, elles seront ici toutes différentes, et peut-être qu’après discussion, sur chacune d’elles sera collée une petite langue de feu. La difficulté provient des deux sortes de personnes : les apôtres d’une part et les gens des nations d’autre part. Y aura-t-il un Apôtre par nation ?

En mettant côte à côte, les deux diptyques, les enfants fabriquent une sorte de tableau double. Ils verront alors clairement les rapports entre les deux récits : images communes, montées, descentes, rassemblements, dispersions… Cette composition (les deux diptyques réunis) servira de support à la fois à la mise en commun et à la célébration.

b) Question rouge – question bleue

Ensuite, choisir une question très difficile pour la poser aux autres équipes. Cette question sera prise parmi celles qui se sont dites depuis le début de la séquence et qui ont été notées par l’animateur. Certains enfants, plus mûrs que les autres, ont repéré des détails étranges dans l’un ou l’autre des deux récits. Ce sont leurs questions et ils en discutent. On choisit la meilleure, la plus difficile pour la rencontre-débat.

Les enfants ne verront pas la différence entre une question ‘rouge’ qui conduit à choisir une signification personnelle (existentielle), et une question ‘bleue’ de simple savoir. Pour eux, la question est difficile parce que la réponse est difficile, alors que, pour nous animateurs, la question ‘rouge’ est difficile parce qu’elle demande de s’engager personnellement dans la réponse. Les enfants n’accèdent pas à la parole biblique existentielle, et ne peuvent donc pas comprendre cette distinction. Ils en resteront à cette idée enfantine que la question difficile n’a pas de réponse parce qu’ils n’en trouvent pas. Leur imagination débordante leur permet parfois de trouver des réponses au premier degré. Alors la question n’est pas ‘rouge’. Pour vous en rendre compte, demandez donc aux enfants, ce que ceux de l’autre équipe risquent de répondre à leur question. Vous constaterez ainsi leur niveau de parole.

‘Pourquoi Dieu vient-il casser le travail des hommes qui veulent vivre ensemble ?’ Formulée ainsi, cette question est ‘rouge’ au moins pour des adolescents ou des adultes. Sera-t-elle ‘rouge’ à 9 ans ? Les enfants de cet âge ne se la poseront sans doute pas, et si on la leur pose, ils sont capables de trouver des raisons positives qui justifient l’acte de Dieu. A quel âge émerge dans la parole, la prise de

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conscience des dangers de l’uniformité dans une société humaine ? A 11 ans ? 12 ans ? 13 ans ? 14 ans ?…

Attention, ce n’est pas parce qu’un enfant comprend une explication adulte, par exemple l’importance des différences dans la communauté humaine, qu’il s’implique personnellement dans l’histoire, il peut répéter les phrases des adultes et même saisir l’idée mais celle-ci restera… une idée. Dans ce cas, il n’y a pas de question ‘rouge’, pas de ‘creusement’, mais seulement le savoir d’une idée. Ne projetons donc pas nos questions sur les enfants, elles deviennent forcément des réponses.

La question ‘rouge’ d’un enfant de 9-10 ans ne se situe pas au plan relationnel, mais se perçoit à partir du concret du texte. Le ‘rouge’ enfantin (le premier ‘rouge’) s’affirme directement sur les images, il exprime habituellement une invraisemblance physique. Les enfants font du ‘rouge’ sur du ‘bleu’, et non pas du ‘rouge’ sur une abstraction, sur une élaboration morale faite à partir du texte biblique, ils n’accèdent pas au ‘second degré’ existentiel, ce qu’un adulte fait spontanément.

Il faut donc écouter les questions des enfants sans aussitôt les interpréter existentiellement à la manière adulte. ‘Percer le ciel où Dieu est ?’ peut être une question ‘rouge’ pour un enfant de 9 ans qui sait que le ciel est infini, et que, de toutes façons, Dieu (qu’il imagine hors de lui) est invisible (entendre : transparent et non ‘intérieur’) : ‘La Bible dit que Dieu descend des cieux, mais Dieu est-il au dessus des nuages ?’ Voilà une question ‘rouge’ d’enfant. Certains ne remettront pas en question le récit, ils diront : ‘Dieu est au ciel, c’est normal !’ Cette réponse est bleue. Pour un enfant, le ciel est en haut, et l’enfer au cœur de la terre.

Les enfants ne sont pas des adultes en réduction, ils voient le texte du dehors comme un spectacle, ils ont ainsi leur propre rapport au texte, un rapport d’extériorité. En quelque sorte, ils ont leur langue, leur culture, et leur conception de Dieu. En écoutant les enfants à partir de leurs représentations, l’adulte améliore sa compétence en animation et en communication.

Rédigez vous-même la question choisie avec les enfants de telle manière que la bizarrerie, perçue par l’équipe, saute aux yeux. Vous leur proposez une formulation ‘choc’. La phrase doit être courte, surtout pas deux ou trois questions engluées dans une même rédaction. La question sera présentée aux autres équipes, inscrite sous le tableau double qu’ils viennent de réaliser. On la retrouvera aussi dans la prière.

5. Troisième séance : débat inter-équipes.

Le débat ne sera pas le même en CM 1 et CM2. La différence entre CM 1 et CM2 vient du fait que l’enfant de 9 ans n’est en général pas capable de reconstruire le ‘rouge’ vers le ‘jaune’. Il voit l’étrangeté, ça le gène. Il dit (et on l’aide à le dire) : ‘c’est pour faire comprendre autre chose’… Il ne peut que répéter cette solution, mais ne peut pas aller plus loin pour l’instant. Il apprend ainsi la transcendance. Il ne peut même pas dire que le feu qui descend sur les apôtres sans brûler leurs cheveux, est un feu intérieur parce qu’il ne distingue pas toujours ce qui est intérieur à lui de ce qui est extérieur. En CM2, plus facilement ! Ces différences importantes entre 9 et 10 ans se vérifient en écoutant les enfants d’une écoute rigoureuse et sans a priori. Mieux : en les enregistrant.

a) En CM 1,les équipes sont invitées à trouver des correspondances entre les deux récits, et même d’autres textes bibliques qu’ils connaissent : le Sinaï, le Buisson ardent, Sodome et Gomorrhe…84 Voir ce qui est

84 Un texte juif ancien, le Pirqé de Rabbi Eliezer (Verdier, 1983, Ch.14, p.85) dit que Dieu est descendu 10 fois sur terre : « Le Saint, béni soit-Il, fit dix descentes sur la terre, à savoir  : une au jardin d'Eden, une [aux temps de] la

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pareil et ce qui est différent.

Puis les équipes disent, à tour de rôle, leur question sans réponse, que l’on peut appeler « une question ‘code secret’ » parce qu’elle contient un secret de Dieu. Trois minutes de concertation : si une équipe a une réponse possible, elle la propose à tous. Toujours est-il : C’est bizarre, d’accord mais c’est pour faire comprendre quelque chose ! Les questions ‘code secret’ seront posées à Dieu dans la prière.

b) En CM2.

Chaque équipe arrive avec sa question ‘code secret’ inscrite sous le tableau double. La question a été formulée de manière choc par l’adulte.

C’est un jeu : Nous sommes dans une assemblée de théologiens de réputation mondiale, ils vont chercher à découvrir le secret de Dieu qui est caché dans la Bible. Chaque équipe est assistée de son animateur. Il est bien clair pour tout le monde que les questions sont très très difficiles, mais la grande intelligence des théologiens saura sans doute découvrir l’énigme.85

Le débat a été préparé par les animateurs qui choisissent deux choses :- L’ordre des questions ‘rouges’, trois au maximum, qui seront débattues entre les équipes.- Une perche verte possible pour éclairer la question ‘rouge’.

Avant de lancer au grand groupe, une question ‘rouge’, l’animateur général doit bien souligner – longuement souligner - ce qui est bizarre : « Certains s’inquiètent de la vérité de la Bible, parce qu’ils ignorent les ‘codes secrets’ de Dieu. Ce n’est évidemment pas le cas des théologiens ici rassemblés. » Ce n’est pas en effet parce que les enfants étaient dans le ‘rouge’ à la séance précédente quand ils ont élaboré la question qu’ils le sont huit jours plus tard. Il est donc nécessaire de ‘ferrer’ de nouveau dans les cœurs le questionnement critique. Malgré cela, certains enfants (toujours dans le ‘bleu’), surtout les plus jeunes, ne verront rien du ‘rouge’, ils ne sauront pas de quoi les plus ‘grands’ parlent.

Préparation du débat   : un exemple de ‘perche verte’

Le débat se prépare. Pour le préparer, il est important de se demander ce que les enfants peuvent penser et répondre, et non d’abord ce que les adultes doivent dire ou doivent faire. Il faut arriver à se décentrer de notre monde adulte, habiter en quelque sorte l’univers mental des enfants pour pouvoir bien les animer.

C’est la seule manière de choisir une bonne ‘perche verte’ qui éclairera la bizarrerie. La ‘perche verte’ ne s’éloigne de la question ‘rouge’ ni par son objet ni par ses images. Les enfants doivent arriver à faire une synthèse entre la question ‘rouge’ et la ‘perche verte’. Il faut donc des éléments communs.

Prenons un exemple : La Bible dit que des flammes de feu descendent du ciel pour venir se poser sur les Apôtres. Comment se fait-il que les cheveux des Apôtres n’ont pas brûlé   ?

La solution n’est pas à chercher du côté des Apôtres, d’une calvitie ou autre chose, mais du côté de ce mystérieux feu qui vient de Dieu. C’est l’image biblique du feu qui est en question. Dans toutes les questions ‘rouges’ il y a une image ‘cible’. Ici, c’est le feu de Dieu. Les enfants doivent être amenés à réfléchir sur ce curieux phénomène.

génération de la dispersion (Babel), une autre à Sodome, une autre au buisson ardent, une en Egypte (Gn 46,4), une au Sinaï, une au creux du rocher (Ex 33, 18-20), deux dans la tente d'assignation (Lv 9,24, 10,2; Nb 16,35) et il y en aura une dixième dans les temps à venir. » Pour les chrétiens, cette dixième descente correspond à la Pentecôte où commence à descendre l’Esprit, et qui ne sera complète qu’à la fin des temps lorsque le Christ reviendra. Le psaume 18 évoque la descente de Dieu dans le feu au Sinaï (p.249).85 Vera Barclay (1910) disait que l’enfant n’est jamais aussi sérieux que quand il joue. L’adulte d’aujourd’hui a du mal à le croire. Vérifiez-le donc.

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Il ne faut surtout pas leur demander ‘à brûle-pourpoint’ : ‘qu’est-ce que ce feu ?’ mais les conduire à comprendre ce feu par rapport à eux-mêmes. Il s’agit de les faire passer d’un monde objectif, extérieur à eux, à l’expérience de Dieu et de l’amour. Il ne s’agit pas non plus de plaquer une réponse : ‘le feu, c’est l’amour’, mais de les obliger à rentrer en eux pour saisir l’image de l’intérieur. L’apprentissage visé est cet effort qui les oblige à rentrer en eux. Le problème pédagogique est qu’ils sont à l’extérieur d’eux-mêmes, et pour eux, la vérité, est de l’ordre de la constatation ou de la preuve. Les enfants ne sont pas dans l’ordre de l’éthique mais de la physique.

La ‘perche verte’ doit les ‘déplacer’ du spectacle à une expérience. On pourrait peut-être leur dire ceci : « A la messe, sur l’autel ou ailleurs, même quand il y a de l’électricité, des bougies sont toujours allumées, et c’est très important. Je vais vous confier quelque chose que tout le monde ne sait pas : Il y a un rapport entre la flamme des cierges et le feu qui descend du ciel sur les Apôtres.  Comprenez-vous maintenant ? » Les enfants vont en discuter en équipe et essayer de comprendre le ‘code secret’.

La perche verte éclaire la question ‘rouge’. L’une et l’autre sont centrées sur l’image du feu, l’une comme une question, l’autre comme un éclairage. Les enfants vont devoir mettre ensemble les deux éléments, la question et l’information. On leur demande de faire une synthèse (intérieure) autour d’une image biblique et liturgique. Ils accèdent ainsi au quatrième niveau de parole (jaune).

On peut imaginer d’ajouter une question subsidiaire pour faire approfondir les réponses et mieux assurer le déplacement de l’extérieur à l’intérieur : ‘Le feu est-il à l’intérieur du cœur des Apôtres ou à l’extérieur, dans la pièce où ils se trouvent ?’ En fait cette question est une réponse déguisée qu’ils mettront des années à intégrer. Mais les voilà en marche vers eux-mêmes, vers une expérience de l’amour qu’ils feront un jour. La Bible dit là un code secret, et tous les ‘codes secrets’ de la Bible, ne disent-il pas tous l’amour de Dieu ? Nous le pressentons, mais ce n’est surtout pas à dire aux enfants, ils répéteraient la réponse à l’extérieur d’eux-mêmes.

6. Prière- célébration

a) Préparation

Une célébration se réfléchit avant de se préparer, elle se pense à partir des récits bibliques qui vont nourrir la prière.

Première partie de la réflexion   :

Qu’est-ce qui, dans la vie de tous les jours des enfants les oblige à être uni-formes – c’est-à-dire tous semblables : les horaires, les places en classe, à la cantine, les rangs, les manières de s’habiller… les modes, les jeux, les pressions diverses, notre ‘langue de bois’ moralisante… ?Qu’est-ce qui, dans la vie de classe, permet d’être différents : le caractère, la force physique, les goûts, les résultats scolaires ou sportifs, les familles et les fratries… ?Comment, pour ce temps de célébration manifester la différence ?Comment dire que Dieu nous souhaite différents avec des avis, des consciences, des paroles, des attitudes de personnes libre ?

Babel – ou recherche à être tous pareils, à avoir tous la même chose.Dieu veut nous diversifier : dans la différence de nos capacités.

Deuxième partie de la réflexion :Pentecôte - Ces différences de capacités sont mises en commun par l’Esprit de Pentecôte qui rend capables de faire

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mieux par ce que l’on fait ensemble : Exemples pris dans la vie de classe.

On peut faire une lecture à plusieurs, un exposé à trois, une farandole avec tous les garçons et filles, un spectacle tous ensemble, un lâcher de ballons de couleurs variées portant des messages différents, un orchestre ou une chorale, une pyramide humaine ! … Ce qui unit n’est pas ce qui se voit à l’extérieur, mais l’esprit (l’Esprit ?) qui anime le groupe.

Une telle réflexion, une fois faite, il n’y aura plus qu’à organiser la célébration pour dire et offrir dans la prière tout cela à Dieu.

Organisation de la célébration

Un double lieu liturgique est possible : dehors et dans la chapelle, en bas puis en haut d’une colline.

Dans l’expression liturgique, il faudra des éléments qui d’abord lient, brident, uniformisent… puis qui se délient, se débrident, différencient.

Ou avec des attitudes et des gestes liés, bridés, uniformisés qui deviennent déliés…

Peut-être avec des mots peuvent être scandés, répétés, qui deviennent mélodies…

Certainement avec la Parole de Dieu proclamée, des évocations, des situations de la vie de tous les jours (notées lors de la préparation), des prières, des chants, de la musique, des bougies, cierges ou lumignons, sans oublier de mettre au centre de la prière les double tableaux des équipes.

Ne pas oublier que la prière est fabriquée à partir de ce que les enfants ont dit, au niveau de parole où ceux-ci se sont exprimés. Il est possible que la prière en CM 1 consiste surtout à reprendre les questions ‘rouges’ et à les poser à Dieu. Les adultes peuvent dire à Dieu une prière ‘adulte’ que les enfants entendront (dans le jaune existentiel).

Après chaque prière dite par un enfant – surtout celles exprimées dans le ‘rouge’ –, une ‘flamme de feu’ venant du ciel lui est remise pour qu’elle éclaire son cœur…tout comme les Apôtres à la Pentecôte.

G. SEQUENCE DES SIXIEMES : LE SOUFFLE DE DIEU

1. La visée catéchétique

La différence entre ‘je sais’ et ‘je crois’ est essentielle à la foi. Le ‘je sais’ reste extérieur, il provient d’un savoir souvent livresque, il n’engage pas la personne, ne suppose aucune liberté, tandis que le ‘je crois’ appelle une démarche intérieure, demande une implication personnelle, un risque compensé - récompensé ( ?) - par une grâce divine, la lumière intérieure.

Le ‘je sais’ ne conduit pas à la prière. Par le ‘je crois’ (credo), l’orant se tourne vers Dieu.

2. L’apprentissage

Il est donc essentiel que l’enfant comprenne la différence entre le ‘je sais’ et le ‘je crois’. Il doit se heurter aux infirmations données par le récit évangélique. Est-ce de l’ordre de la foi, est-ce de l’ordre du savoir historique ? Un doute est-il possible, ou est-ce tout à fait plausible ? Si un doute est possible, l’aide de Dieu est nécessaire. L’enfant dit souvent : ‘C’est difficile à croire’. Par ce ‘doute’ qu’il exprime, l’enfant est appelé à dire au Seigneur : ‘Je crois ! Viens au secours de mon peu de foi’

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(Mc 9,24).

Les enfants hésiteront sur certaines scènes : Est-ce ‘Je crois’ ? Est-ce ‘je sais’ ? Est-ce les deux à la fois ? Cette hésitation discutée par l’équipe, est importante. Ne prenez pas partie.

3. Une suggestion d’aménagement de la séquence N° 83 du Tome 2 des séquences

L’animateur a préparé les cartes proposées à la page 188, mais sans indiquer surtout le numéro d’ordre. On peut améliorer leur formulation :

Première liste (2 fois 10 cartes) :

Dimanche jour du Seigneur. Le soir. La maison fermée. Les disciples réunis. Jésus donne sa paix. Jésus montre ses plaies. Jésus entre. Jésus re-donne sa paix. Jésus envoie ses disciples annoncer la Bonne Nouvelle. ‘Recevez l’Esprit-Saint’ : Jésus souffle sur ses disciples. Thomas ne croit pas.

Dimanche, jour du Seigneur. Les douze réunis. La maison fermée. Jésus entre. Thomas est dans le noir. Jésus donne sa paix. Thomas voit Jésus. ‘Mets ta main dans mes mains’. ‘Mets ta main dans mon côté’. Thomas croit : ‘Mon Seigneur et mon Dieu !’.

Seconde liste (18 cartes) :

Une assemblée dominicale. La tempête apaisée. Dieu insuffle en Adam une haleine de vie. Je suis disciple de Jésus. Nuit. Jésus est mort. Jésus est ressuscité. Jésus me donne sa paix. Je suis comme Thomas. Thomas trouvait difficile de croire. Jésus a souffert. Jésus est vivant. Je suis dans la nuit. Je suis heureux de voir Jésus. Jésus m’aime. Je suis dans la lumière. J’ai reçu le souffle de Dieu. Thomas fut un disciple de Jésus.

Il peut faire dessiner cette seconde liste de cartes par son équipe pour aider l’apprentissage du récit et personnaliser le jeu de cartes, il peut aussi dessiner lui-même le jeu entier.

On distribue ce jeu de cartes aux joueurs après les avoir ‘battues’.

Le joueur qui commence est celui qui possède la carte ‘Dimanche, jour du Seigneur’, son voisin de gauche pose à son tour une de ses cartes si elle a sa juste place dans la chronologie et ainsi de suite…

Attention, il y a deux cartes intitulées ‘Dimanche, jour du Seigneur’. La seconde se place en parallèle de la première, mais la carte qui va après n’est pas la même que dans le premier cas.

On a donc deux séries de cartes qui commencent toutes les deux par ‘Dimanche, jour du Seigneur’, elles sont disposées en parallèle.

Cette manipulation permet d’apprendre l’histoire évangélique et de bien voir qu’elle se déroule en deux étapes à huit jours de distance, ce qui n’est pas toujours perçu par les plus jeunes.

L’animateur a préparé un second jeu de cartes (page 189, Parole-débat).

Il peut faire dessiner ces cartes comme les premières pour que les enfants mémorisent bien le texte, mais il peut aussi l’avoir fait lui-même.

Ces cartes sont mélangées et disposées en tas à l’envers… La suite de la séquence est sans changement.

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H. SÉQUENCE POUR LES JEUNES ADOS : LA FRACTION DU PAIN

1. Introduction théologique.

“Tout repas juif rassemble les membres de la famille et constitue un moment privilégié de la relation à Dieu”, dit Dominique de la Maisonneuve dans son livre sur “le Judaïsme” aux éditions de l’atelier.

Avant le repas, on se lave les mains : c’est un rite de passage du profane au sacré, non pas d’abord une habitude d’hygiène. Ce rite s’accompagne d’une prière à Dieu que l’on va rencontrer.

Puis le maître de maison qui est aussi le “maître du repas”, prononce une bénédiction sur le pain : “Tu es béni, Seigneur notre Dieu, roi du monde, c’est toi qui fais sortir le pain de la terre.”

Il rompt le pain, il le partage en autant de morceaux qu’il y a de convives autour de la table. Jusqu’à ce moment, la table était ouverte à qui voulait entrer. A partir de ce partage, plus personne n’entre.

Dans son ouvrage sur l’Eucharistie (Desclée), le Père Louis Bouyer indique : “Le pain, dont la bénédiction accompagnant la fraction, commençait le repas rituel, représentait la nourriture par excellence, la vie donnée et entretenue par le Créateur. La bénédiction de la Didachè dont I’origine juive n’est pas douteuse, manifeste le fait que certaines communautés juives de l’époque voyaient dans la fraction du pain unique et sa manducation commune, l’image des dispersés d’Israël et de leur réunion dans ce corps ressuscité qu’évoquait la vision d’Ezéchiel (p.103).

On peut bien observer que tous les récits de la Multiplication des pains insistent autant sur la fraction du pain. “Il prit les pains, leva les yeux au ciel, les rompit et les donna aux disciples qui les donnèrent aux foules” (Mt 14,19 ; 15, 36 ; Mc 6,41 ; 8,6...) que sur le miracle de la multiplication des pains lui-même.

Louis Bouyer dit encore : “Plus généralement, derrière tout le repas et ses bénédictions se pressaient, avec le souvenir de la Pâque et de l’Exode, les promesses prophétiques du banquet messianique.”

Saint Luc nous dit (Lc 22) que Jésus “prenant du pain, rendit grâces, le rompit et le leur donna”... comme fait tout maître de maison juif; il ajoute : “en disant : ceci est mon corps donné pour vous ; faites cela en mémoire de moi”...

L’histoire de la messe commence bien là, et s’enracine dans le repas juif. On l’appellera par la suite la fraction du pain (Ac 3,42; 3,46; 20,7...) ou le “repas du Seigneur” (1 Cor 11).

Au chapitre 24,30 de son évangile, Luc raconte : “Et il advint comme il était à table avec eux, qu’il prit le pain, dit la bénédiction, puis le rompit et le leur donna. Alors leurs yeux s’ouvrirent et ils le reconnurent.” Les deux hommes s’en retournèrent alors à Jérusalem (verset 33)... “et eux de raconter ce qui s’était passé en chemin et comment ils l’avaient reconnu à la fraction du pain” (verset  35). Se reporter à “Lagarde, Pour raconter l’Evangile dans l’homélie et la catéchèse p. 186.

Petite bibliographie“La messe, repas d’unité”. A Behague Première bibliothèque de Connaissances religieuses. Mame, 1982

a) ANNEXE 1 : Saint Augustin (V° s)86

Eh bien ! Mes frères, quand le Seigneur a-t-il voulu se manifester ? À la fraction du pain. Qui que tu sois, croyant qui ne portes pas en vain le nom de chrétien et qui n’entres pas pour rien à l’église, toi

86 Magnificat, le 15 avril 1998.

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qui écoutes avec crainte et espérance la Parole de Dieu, trouve ton réconfort dans le partage du pain. L’absence du Seigneur n’est pas une absence. Crois seulement, et celui que tu ne vois pas est avec toi.

Quand Jésus leur parlait, les disciples n’avaient pas la foi; et parce qu’ils ne le croyaient pas ressuscité, eux-mêmes n’espéraient pas pouvoir revivre. Ils avaient perdu la foi; ils avaient perdu l‘espérance. Morts, ils marchaient avec un vivant, morts, ils marchaient avec la Vie. La Vie marchait avec eux, mais leurs cœurs n’étaient pas encore revenus à la vie.

Et toi, si tu veux la vie, fais ce qu’ils ont fait, et tu reconnaîtras le Seigneur. Ils ont reçu l’étranger : le Seigneur était comme un voyageur qui va au loin, mais ils ont su le retenir. Lorsqu’ils arrivèrent à destination, ils lui dirent : ”Reste ici avec nous car le soir approche”. Retiens l’étranger si tu veux reconnaître le Sauveur. Ce que le doute avait fait perdre, l’hospitalité l’a rendu. Le Seigneur a manifesté sa présence au partage du pain.

b) ANNEXE 2 : Louis Bouyer 87

Si intéressante que soit la signification de l’agneau pascal pour comprendre la mort du Christ, ce n’est donc pas du rite de sa manducation, ni à plus forte raison de rites secondaires, comme celui des azymes ou celui des herbes amères, qu’il faut partir pour comprendre à sa source la prière eucharistique. C’est du pain rompu au commencement du repas, la coupe partagée à la fin et des bénédictions qui, traditionnellement, y étaient liées.

Le pain, d’après les rabbins, dont la bénédiction, accompagnant la fraction, commençait le repas rituel, représentait la nourriture par excellence, la vie donnée et entretenue par le Créateur. La bénédiction de la Didachè dont I’origine juive n’est pas douteuse, manifeste le fait que certaines communautés juives de l’époque voyaient dans la fraction du pain unique et sa manducation commune l’image des dispersés d’Israël et de leur réunion dans ce corps ressuscité qu’évoquait la vision d’Ezéchiel.

Plus riches encore, plus explicites surtout, paraissent avoir été les associations de la coupe et du vin qui l’emplissait. La similitude johannique développera le sens nouveau que la vigne doit prendre, dans l’atmosphère d’une interprétation eucharistique de la Passion (Jn 15). Mais déjà, depuis le prophète Isaïe, et sans doute bien avant lui, elle avait été pour Israël le symbole du peuple de Dieu, déraciné de l’Égypte pour être replanté en Sion par David. La vigne d’or qu’Hérode avait fait représenter sur le fronton du Temple en matérialisait le sens à tous les yeux. La coupe partagée impliquait en outre les idées de l’alliance, comme dans le psaume 23, d’une libation d’action de grâces, comme dans le psaume 116, de l’affliction acceptée de la main de Dieu, comme dans le psaume 80 (dont un écho passe à travers la discussion avec les fils de Zébédée).

Plus généralement, derrière tout le repas et ses bénédictions se pressaient, avec le souvenir de la Pâque et de l’Exode, les promesses prophétiques du banquet messianique. Jésus les avait reprises en parlant de ce banquet où les justes, venus de tous les points de l’horizon, seraient à table dans le Royaume, avec Abraham, Isaac et tous les prophètes. Maurice Goguel a bien observé que les récits de la multiplication des pains au moins autant que sur le prodige insistent sur l’anticipation du banquet messianique. De la multitude attirée par sa parole, Jésus, par sa bénédiction du pain rompu entre tous les auditeurs, va commencer de faire la communauté de l’alliance. Même si le discours donné par le quatrième évangile après l’un de ces repas y a groupé et développé des enseignements ultérieurs, il est au moins probable qu’il se rattache à une prédication de Jésus qui fut une première préparation pour ce qu’il annoncerait à la dernière Cène.

Tout ceci et bien d’autres faits et d’autres paroles, sans doute, que nous ignorons tous les repas déjà

87 Eucharistie, p.103-104.

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pris avec le petit groupe de ses disciples, venant après ce que des communautés plus ou moins semblables, comme celle de Qumrân, avaient déjà pu attacher au repas, semble s’être précipité dès les préliminaires de la cène.

2. PARTIE PÉDAGOGIQUE.

a) Première séance

Donner à l’équipe les quelques éléments sur le repas juif que vous avez.Puis donner la parole sur les habitudes de repas qui ont encore cours dans certaines familles :

Bénédicité (quelles en sont les paroles ?)Fraction du pain.Signe sur le pain.Place du pauvre pour des repas de fête...Pain non gaspillé.Grâces (“Eucharistie” signifie rendre grâce, remercier).

Lire alors la Cène en Luc 22, 7-20. Bien remarquer la fraction du pain et l’ajoût : “Ceci est mon corps donné pour vous”. Vous pouvez vous reporter à “Comprendre la messe avec la Bible” (récit p.32) et surtout notes p.117 “Ceci est mon corps, ceci est mon sang”.

Puis, après une courte pause, continuer la lecture en Luc 22, 39-46.

Faire ensuite re-dire ce passage où, par deux fois, Jésus dit : “Priez pour ne pas entrer en tentation” (versets 40 et 46).

Quelle est la tentation ?Judas va trahir d’un baiser, Pierre renier... et les autres s’enfuir.

Participer au repas du seigneur, avoir part à la fraction du pain si ce n’est pas accompagné de prière et d’actes... “à quoi cela sert-il” selon la propre expression des jeunes.

b) Deuxième séance

Lire le récit des Pélerins d’Emmaüs (Lc 24, 13-35) ou, mieux, le faire raconter par ceux qui le connaissent, puis vérifier ce qui aurait été oublié. Un récit adapté aux jeunes est proposé dans “Comprendre la messe avec la Bible” p.102. Notes p.139. “D’Emmaüs à Jérusalem”, et aussi p.140 “Aujourd’hui l’Église”. Vous pouvez vous servir des notes pour préparer votre séance de catéchèse indépendamment du récit de la page 102.

Se poser une première question : Pourquoi Luc nous dit-il que leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître (chagrin, deuil, manque de foi ou de prière, pour ne pas entrer dans la tentation de la tristesse... ?). Jésus est autre, ou bien le regard des disciples est “mal-tourné” ?Se poser une seconde question : Comment le reconnaissent-ils ?A la fraction du pain ? oui, mais pourquoi ? L’ont-ils vu souvent la faire ?

Chacun cherche une réponse : au premier degré avec l’aide des récits évangéliques... et, ensuite, peut-être au delà en s’aidant des informations données à la première séance sur le repas juif.

Alors, et alors seulement, lire la première épître aux Corinthiens, chapitre 12, 4-21 et 26-30.

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Page 90: Dossier Epheta 37catechese.free.fr/Epheta37.doc · Web viewDe notre patrie, pour nous exhorter à y retourner, nous ont été envoyés des écrits; on nous les lit publiquement chaque

c) Troisième séance

A la suite de la recherche de sens faite la semaine dernière, proposer aux jeunes une parabole en acte, un peu à la manière dont Dieu demande à Jérémie des actions paraboliques (Jr 19,1-11; Jr 13, 1-11 par exemple), c’est à dire de poser un acte concret qui a un sens caché.

L’animatrice apporte à l’équipe un pain d’autel (une grande hostie); elle précise qu’il n’est pas consacré et qu’on va le partager en autant de morceaux qu’il y a de personnes dans l’équipe.

Un membre de l’équipe procède alors à la fraction du pain, chacun reçoit un morceau mais ne le mange pas.

Demander ensuite au groupe de reconstituer le pain à partir des morceaux distribués, des morceaux bien sûr tous différents. Prendre le temps nécessaire. C’est difficile... Le faire remarquer aux jeunes et leur en faire chercher la raison.

Des questions vont jaillir inévitablement sur l’utilité ou sur le sens d’un tel partage. L’animatrice n’y répond pas directement, mais encourage les jeunes à trouver des réponses à partir de tout ce qui a été découvert dans les deux premières séances.

Cette action se réfère évidemment, entre autres, à la première épître aux Corinthiens (12, 4-21 et 26-30) qui a été lue à la fin de la séance précédente. On peut chercher les passages qui ont vraiment une relation avec ce qu’on est en train de faire. En discuter et chercher quel rapport concret cela pourrait bien avoir avec la vie d’équipe vécue cette année.

Les jeunes vont établir là des correspondances entre une expérience de vie et un récit biblique. La parole qui compare permettra au jeune de commencer à percevoir peut-être une résonance entre le passé biblique et le présent vécu.

On peut coller le pain reconstitué sur une feuille de Canson de couleur sur laquelle on ajoutera les sens trouvés au geste de la fraction du pain.

Si c’est trop difficile, pour l’une ou l’autre équipe, de se procurer un pain d’autel, une autre action parabolique pourrait être proposée : poser sur la table une galette en carton. On demande à chaque jeune de découper une part plus ou moins grande qui, selon lui, représente son implication (plus ou moins grande) dans le groupe, cette année. Quand chacun s’est servi, il risque de rester un morceau de la galette, “c’est le temps perdu” qui reste... inemployé !

A partir de cette constatation, une relecture peut être faite sur la manière dont chacun a vécu l’année de catéchèse. On décide de ce que l’on fera : un goûter, peut-être un temps de prière... Chaque élément du goûter festif devra être partagé entre les convives comme l’a été le pain d’autel. Chacun prend une part dans l’organisation de la fête : musique, fleurs, décoration, photo, prière...

d) Quatrième séance

On fête dans la joie, on célèbre de manière conviviale cette année de catéchèse en cinquième.

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