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296 – Juillet/Août 2018 DOSSIER L’entraînement physique militaire et sportif

DOSSIER L’entraînement physique militaire et sportif...Aujourd’hui les missions de l’armée de Terre évoluent et les menaces demandent à chaque soldat d’être capable, moralement

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N° 29

6 – Ju

illet/

Août

201

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DOSSIER

L’entraînement physique

militaire et sportif

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04 P FORGÉS POUR COMBATTRE

06 P DÉVELOPPER LE GOÛT DE L’EFFORT

08 P SÉANCE MATINALE EN RÉGIMENT

10 P S’ENTRAÎNER EN OPEX

12 P UNE FINALITÉ OPÉRATIONNELLE

Texte : ADC Jean-Raphaël DRAHI Photos : MAJ Olivier DUBOIS - ADC Jean-Raphaël DRAHI CCH Guillaume CABRE - Gilles GESQUIÈRE 121e RT - CFIM 11e BP - CNSD

# DOSSIER

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L’entraînement physique

militaire et sportifL’ENTRAÎNEMENT PHYSIQUE MILITAIRE ET SPOR-TIF (EPMS) est indissociable de la préparation opérationnelle du combattant. Dans un environ-nement tactique contraignant, face à un ennemi déterminé et souvent dans des conditions clima-tiques difficiles, les militaires doivent faire preuve de rusticité, de résilience et d’audace. La pratique du sport peut (en partie) répondre à ces exi-gences, au-delà de toute recherche de perfor-mance physique. De la formation initiale jusqu’aux déploiements en opérations, en passant par l’en-

traînement au sein des régiments, la préparation physique, enseignée par les spécialistes et entre-tenue par les cadres de contact, participe pleine-ment à la réussite de la mission. L’EPMS d’au-jourd’hui s’inscrit dans la dynamique voulue par le chef d’état-major de l’armée de Terre : insuffler un nouvel ”esprit guerrier”. En parallèle de l’utili-sation de moyens d’entraînement sophistiqués, le soldat doit pouvoir garder une capacité à durer sur le terrain. Et le sport en est grandement res-ponsable. n

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Aujourd’hui les missions de l’armée de Terre évoluent et les menaces demandent à chaque soldat d’être capable,

moralement et physiquement, d’absorber la dureté des combats. L’entraînement physique militaire et sportif

permet de s’y préparer.

Forgés pour combattre

quelle que soit notre spécialité. Les attaques de bases avancées au Mali ou de convois en sont des exemples frappants. »

L’ESPRIT GUERRIERFort de ce constat, le général d’armée Jean-Pierre Bosser, chef d’état-major de l’armée de Terre, a souhaité insuffler une nouvelle dynamique : l’esprit guerrier. Il permet de replacer le combattant, mais aussi les structures opérationnelles collectives, du trinôme à l’état-major, autour de quatre qualités emblématiques : l’audace d’abord, pour son apti-tude à sortir des schémas tactiques conventionnels et à la prise de risque. L’intrépidité pour sa capacité à prendre l’ascendant sur l’adversaire. La résilience, face aux pertes et à la destruction. La rusticité, pour évoluer et combattre dans un milieu difficile, hors de sa zone de confort. Dans ces concepts caractéri-sant le soldat, la préparation physique tient une place particulière.Si la pratique du sport doit être une constante pour les militaires, elle a considérablement évolué. « Nous sommes passés d’une notion d’entraînement et d’éducation sportive à un objectif ″métier″, explique le LCL Bertrand, responsable de la doctrine EPMS à la DRHAT1. Le seul but est de rendre le soldat apte à l’en-gagement opérationnel sous toutes ses formes. En Afghanistan, nous avons pris conscience de l’importance d’une préparation physique spécifique. Aujourd’hui les charges emportées ont augmenté. Le combattant a besoin de renforcement musculaire. Pour y répondre,

L’ENTRAÎNEMENT PHYSIQUE DU COMBATTANT est, depuis toujours, indissociable de la préparation opérationnelle. « L’EPMS est un facteur déterminant de l’aptitude à combattre dans un milieu dégradé, affirme le colonel Gilles Haberey, chef du bureau emploi de l’état-major de l’armée de Terre. Nos sol-dats ont toujours été parfaitement préparés aux enga-gements mais l’ennemi d’aujourd’hui est assurément mieux équipé et entraîné : il impose un rapport de force moins favorable. Nous devons tous nous y préparer,

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de ce dispositif, le cadre de contact aura un rôle clé. « Nos jeunes soldats ont besoin d’être guidés et accom-pagnés pour atteindre progressivement une pleine capacité opérationnelle. Pour cela, les chefs de sections et de groupes sont les premiers acteurs chargés de veil-ler à l’entraînement physique de leurs subordonnés. C’est à eux de créer l’envie et la motivation, le goût de l’effort et du dépassement, la cohésion du groupe dans l’effort. A eux d’insuffler l’esprit guerrier », conclut le colonel Haberey. n

1 Direction des ressources humaines de l’armée de Terre.2 Contrôle de la condition physique des militaires.

nous nous sommes inspirés de nouvelles techniques, comme le crossfit® et avons proposé de nouveaux concepts comme le module PPO (voir encadré page 9). En parallèle, il ne faut pas oublier les grands principes de base pour s’aguerrir et développer la rusticité. »

NOUVEAUX CENTRES COMMANDOSIl y a quelques années, la plupart des centres d’en-traînement commando ont dû être fermés. Le bureau emploi de l’état-major de l’armée de Terre a souhaité à nouveau offrir aux unités ces infrastruc-tures spécifiques. « L’esprit guerrier se forge indivi-duellement et collectivement, certifie le colonel Habe-rey. Dès l’année prochaine, nous allons créer deux centres d’initiation commando attachés aux divisions. Apte à entraîner le niveau section, le premier centre s’appuiera sur l’infrastructure déjà existante du fort de Penthièvre et ne nécessitera qu’une augmentation des effectifs d’encadrement. Le deuxième centre basé en première approche à Épinal, ouvrira en partie dès 2019 pour être pleinement opérationnel en 2021. Les brigades, quant à elles, pourront projeter leurs groupes de combat sur des espaces d’entraînement existants mais améliorés, comme le centre d’instruction nau-tique du 21e RIMa pour la 6e BLB. »Espaces d’entraînement spécialisés, séances spéci-fiques, étude de futurs CCPM2 aux accents plus ”militaires” et plus proches de la réalité des opéra-tions, autant de moyens mis en place pour per-mettre au combattant de disposer d’une prépara-tion physique adaptée à son engagement. Au cœur

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« L’esprit guerrier se forge individuellement et collectivement »COL Haberey

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Développer le goût de l’effort

plus d’aisance possible. Si nos élèves adhèrent à cet état d’esprit, ils seront, à leur tour, capables d’insuffler ce goût de l’effort à leurs subordonnés. » Depuis tou-jours, la formation des sous-officiers a su s’adapter aux besoins opérationnels des unités. « Nos activités physiques et sportives ont forcément une empreinte militaire, insiste le LCL Hervé. Notre mission est de rendre les élèves aptes à l’engagement opérationnel. Nous insistons sur la pratique du parcours d’obstacles, du grimper de corde, des TIOR ou encore des marches avec charges en vue du séjour au CNEC3. Même cer-taines séances de natation s’effectuent en treillis. La rigueur des engagements actuels nous oblige à adap-ter nos programmes pédagogiques. Nous avons inté-gré la nécessité pour le combattant d’être en mesure de porter des charges lourdes. Ainsi, chaque séance de course à pied se combine toujours avec du renforce-ment musculaire. »

À LA RECHERCHE DE VALEURSDes centaines de kilomètres plus au sud, le centre

de formation initiale militaire de la 11e brigade parachutiste accueille lui aussi de jeunes soldats.

L’EPMS tient une place particulière dans le cycle d’apprentissage des nouvelles recrues.

« La pratique physique permet de développer un certain état d’esprit et d’acquérir un mental de bat-

tant, souligne le lieutenant-colonel René Mercury, chef de corps du CFIM 11e BP - Camp de Caylus. L’entraînement physique militaire participe à la cohé-

sion du groupe, au dépassement individuel mais surtout collectif. Il tient une place préémi-

nente dans la quête de ces valeurs. » Véritable sas entre leur vie civile

# DOSSIER

À QUELQUES CENTAINES DE MÈTRES des salles de cours de l’École nationale des sous-officiers d’ac-tive (ENSOA), un groupe d’élèves progresse sur la piste d’audace. Au même moment, les jeunes enga-gés du CFIM1 de la 11e brigade parachutiste ter-minent en sueur une séance de parcours naturel valorisé, au cours d’une matinée d’entraînement classique dans le cycle de formation initiale.« L’entraînement physique militaire et sportif et l’aguer-rissement représentent presque 30 % de la formation des élèves, explique le LCL Hervé, commandant la division EPMS2 de l’ENSOA. Nous formons des cadres de contact bientôt responsables de la préparation de

leurs hommes et de leur condition physique. Le sergent doit faire, transmettre et montrer

l’exemple. L’EPMS lui donne le ”fond de sac” individuel néces saire

pour commander avec le

En écoles ou dans les centres de formation initiale, l’entraînement physique militaire et sportif représente une part importante du cycle d’apprentissage pour aguerrir dans leurs corps et dans leurs têtes les futurs combattants.

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et leur arrivée en régiment, le centre prépare les militaires aux réalités de l’engagement opération-nel. À Caylus, 86 heures sont consacrées à l’EPMS, dont près des deux tiers tournés vers la prépara-tion opérationnelle. « Nos militaires du rang sont demandeurs de ce type d’activités, constate le sergent-chef Germain, responsable du programme entraî-nement physique au CFIM. Tous attendent les par-cours naturels ou les séances de TIOR. C’est pour eux la matérialisation de l’image qu’ils avaient de l’armée : pratiquer des activités physiques en treillis et repousser ses limites. » En fin de formation, les jeunes militaires participent au ”challenge Bigeard”. « Cette épreuve sportive se veut une synthèse des valeurs collectives tra-vaillées tout au long des trois mois d’instruction, explique le LCL Mercury. Le parcours d’obstacles et les activités physiques réalisées en tenue de combat se font en groupes et chargés d’équipements. Dans ces moments d’effort intense et de saine émulation entre sections, nous constatons un changement de menta-lité. Ils s’entraident et sont beaucoup plus soudés : l’es-prit de groupe prend forme. C’est un premier pas vers la finalité recherchée pendant la formation : les rendre aptes à un déploiement en opérations. »Indispensable pendant la formation initiale de tout militaire, l’EPMS forme les plus jeunes aux réalités du terrain tout en inculquant les principes fonda-mentaux de l’armée de Terre. « La préparation phy-sique est dans l’ADN du militaire, assure le LCL Hervé. Elle prépare le combattant, le rend meilleur physique-ment et moralement. Au même titre que le tir, c’est un socle de base dont nous ne pourrions pas nous pas-ser. » n

1 Centre de formation initiale des militaires du rang.2 Division enseignement physique militaire et sportif.3 Centre national d’entraînement commando.

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Séance matinale en régiment

Texte : LTN Guillaume DUPLAA

MONTLHÉRY, 8 HEURES. Les soldats du peloton de l’adjudant Jérémy arrivent en petite foulée au stade du 121e régiment du train. Le maréchal des logis Pascal, chef de patrouille, détaille le déroulé de la séance : « Nous allons réaliser un petit trail urbain », commente-t-il. Au programme : échauffement, course à pied, parcours d’obstacles avec port de charge, échelle de pompier et renforcement musculaire. L’air est frais, mais les corps se réchauffent très vite. En treillis, les soldats s’engagent sur la piste, par groupes, avec des sacs remplis de sable ou des pneus de camion. « L’objectif ici, c’est de renforcer la cohésion, poursuit le MDL Pascal. Tout le monde n’a pas la même condition physique. Dès que nous le pou-vons, nous montons ces séances sportives pour main-tenir un certain niveau d’exigence. Nous développons par exemple le haut du corps pour aider au port du gilet pare-balles. » Les visages se crispent, tandis que les gouttes de sueur perlent sur le front des mili-taires. En tête, le chef de peloton motive son groupe. « On ne lâche rien ! Harangue-t-il. C’est pen-dant ce type de séance que j’apprends à connaître mes hommes, explique l’adjudant Jérémy encore essouf-flé. Je vois comment ils réagissent face à la difficulté. »

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Le sport est aussi très présent dans les activités régimentaires. Mais aujourd’hui, le niveau d’exigence opérationnel amène les militaires à tester leur résistance lors de séances rustiques

et adaptées à leur spécialité. Exemple avec le 121e régiment du train.

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dats commencent une série de pompes et d’abdo-minaux. Le chef de patrouille cherche à dérider ses hommes malgré l’effort demandé par la séance. Ne pas pouvoir travailler en escadron constitué en rai-son du taux de projection de ses hommes, n’em-pêche pas l’organisation de ces séances quasi quo-tidiennes. Les circulateurs effectuent un roulement tous les mois pour leurs missions. À côté du stade, l’adjudant Michaël, chef du bureau des sports, observe l’entraînement. « Le suivi de la préparation physique est compliqué, constate-t-il. Depuis 2016, tous les lundis matin nous organisons une séance de préparation physique opérationnelle (PPO) en treillis et baskets. C’est un rendez-vous important car les esca-drons ne sont jamais tous là en même temps. Nous travaillons des dominantes : soit les membres supé-rieurs, les inférieurs, le renforcement musculaire ou la cohésion. Nous travaillons le dos et les abdominaux pour le port du gilet pare-balles. »

« PLUS EXIGEANTS » Quand la séance se termine, chacun s’étire pour éviter les courbatures. « Si c’est possible, il y aura tou-jours une séance de sport le matin, souligne l’adjudant Jérémy. La préparation physique relève de la respon-sabilité du chef de peloton. Je profite toujours des temps libres pour préparer mes soldats au contrôle de la condition physique du militaire (CCPM). Ces tests donnent un repère d’une année sur l’autre et nous font prendre conscience de notre condition physique. » Un certain niveau est exigé des soldats pour partir en Opex. « Les résultats sont importants, explique le capitaine Pierre, commandant d’unité. Je sais ce que mes hommes valent et comment orienter l’entraîne-ment. Le chef de corps fixe une directive de préparation opérationnelle que je décline dans les emplois du temps des pelotons. L’activité physique est induite par le cycle opérationnel de l’escadron en fonction de sa prochaine mission. » Par exemple, pour se préparer à l’opération Sentinelle, son unité fera effort sur le TIOR, le port de charges lourdes et les exercices de ”cardio”. « Auparavant avec les CCPM nous deman-dions des athlètes, mais aujourd’hui nous sommes plus exigeants sur la rusticité du soldat. L’objectif, c’est de réussir l’engagement opérationnel sur lequel le soldat et son unité sont mandatés. » n

« AGUERRISSEMENT MORAL »Pour franchir la fosse, le groupe s’entraide. « Le par-cours, combiné à la course à pied et au port de charges, c’est de l’aguerrissement moral ! poursuit l’adjudant. Dans le cadre de l’opération Barkhane par exemple, une unité du train peut rouler dans des conditions extrêmes pendant cinq à dix-huit heures non-stop, dans une forte chaleur. Nous avons besoin d’être rus-tiques et aguerris pour partir en Opex comme en Opint. C’est avec cet objectif en tête que je pratique le sport dans le cadre militaire. » Le peloton se rassemble autour du MDL Pascal. Au sol et en cercle, les sol-

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« Nous avons besoin d’être rustiques et aguerris pour partir en Opex. »ADJ Jérémy

LE LOT DE PRÉPARATION PHYSIQUE OPÉRATIONNELAvant la fin de l’année 2018, le lot de préparation physique opérationnel (lot PPO) sera déployé sur les théâtres d’opérations extérieures et au profit des unités en mission Sentinelle. Constitué de deux fardeaux d’un total de 480 kg il faut moins de vingt minutes pour en monter la structure. Douze personnes peuvent l’utiliser simultanément et travailler le poids de corps, le poids avec charge et le ”cardio”. Mis à la disposition des unités sur le terrain, le lot permettra aux combattants de s’entraîner sans être assisté d’un spécialiste moniteur de sport.

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Le maintien en condition physique en opération extérieure est une nécessité pour le bien-être du militaire et sa capacité opérationnelle. Témoignages depuis l’opération Chammal en Irak.

S’entraîner en Opex

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LTN PIERRE-JEANChef du détachement de soutien (TF Wagram)« Je fais du sport dès que possible, c’est vital pour moi. Sur la base d’Al Asad, j’enchaîne quatre séances par semaine. J’alterne course à pied et renforcement musculaire pour diversifier ma prépara-tion, mais aussi enrayer la lassitude que l’on peut ressentir à vivre plusieurs mois dans un camp militaire. Les journées sont longues et fatigantes nerveusement. Faire du sport évacue le stress en gar-dant le niveau physique nécessaire à l’accomplissement des mis-sions. Pratiquer une activité physique en opération concourt tout autant au bien-être professionnel que mental. » n

CCH JONATHANOpérateur radio Caesar (TF Wagram)« Je travaille souvent en horaires décalés, car beaucoup de tirs d’artillerie se font de nuit. Il faut se discipliner pour faire du sport régulièrement. Je me suis préparé un programme sur six semaines, en alternant trois jours de sport et une journée de repos. Grâce à la préparation physique, je supporte mieux la charge de travail tout en évacuant la pression de la journée. Les box de musculation mis en place par le service du commissariat des armées correspondent à nos besoins. Ils prennent peu de place et offrent tous les agrès dont nous avons besoin pour une séance complète. Ce mandat m’aura même permis d’améliorer mon niveau général. » n

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MP CHRISTIANOpérateur de prises de vues de l’opération Chammal« Comme tous les militaires en opération extérieure, je porte mes équipements de combat. Je rajoute ensuite le matériel pour mes prises de vue. La charge augmente très vite et demande d’avoir une bonne condition physique pour suivre les troupes sur le ter-rain. Le sport me permet de rester opérationnel et de décompres-ser entre deux reportages. Je suis marin et le sport a facilité mon intégration aux unités ”Terre” dont je couvre les opérations. J’ai cotoyé des militaires de toutes armes, notamment ceux de la Légion étrangère au sein de la Task Force Narvik. C’est ma deuxième Opex avec les soldats de l’armée de Terre et je suis toujours aussi impressionné par leur niveau de préparation physique. » n

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Le centre national des sportifs de la Défense forme chaque année les spécialistes EPMS des unités de l’armée de Terre. Les formations dispensées aujour d’hui sont pensées pour répondre aux besoins opérationnels des forces et aux spécificités des missions.

Une finalité opérationnelle

# DOSSIER

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CREUSET DE LA FORMATION DES SPÉCIALISTES EPMS, le centre national des sports de la Défense (CNSD) a pleinement intégré les évolutions des mis-sions du soldat de l’armée de Terre. Le centre orga-nise, depuis 2015, la commission spécialisée de la formation, en lien avec la communauté défense et la gendarmerie. « Nous nous inscrivons dans une poli-tique ministérielle d’adaptation des formations en fonction des besoins opérationnels, explique le com-missaire en chef de 1re classe Hervé Piccirillo, com-mandant le CNSD. Nous avons ainsi développé des cycles de cours sur la préparation physique opération-nelle, les TOP1 et les (techniques d’intervention opéra-tionnelles rapprochée) TIOR. »Aujourd’hui, les niveaux à atteindre pour être aptes aux missions sont nombreux. Pour la mission Sen-tinelle par exemple, chaque militaire doit obligatoi-

rement suivre le premier module de TIOR. « Nous formons tous les futurs instructeurs, affirme l’adju-

dant-chef Charles, responsable de la cellule sport de combat. À leur tour, ils auront la res-ponsabilité de former leurs propres moniteurs.

C’est le seul moyen d’absorber l’énorme flux d’instruction à

dispenser. Du Retex de notre

engagement au Kosovo,

jusqu’aux attaques de patrouilles de

l’opération Sentinelle

en passant par celui d’Uzbeen, le corps à corps est en constante évolution. Nous utilisons tous les Retex de mission pour être le plus proche des situations aux-quelles sont confrontés nos soldats. D’ailleurs, nous avons mis en place en mars dernier un module com-plémentaire de cinq jours pour les instructeurs afin de les préparer aux situations de haute intensité en mis-sion Sentinelle, le second aura lieu en mai 2019. »

EXPERTS DES UNITÉSÀ Fontainebleau, l’évolution de l’EPMS est multi-forme. « Nos moniteurs sont de plus en plus polyva-lents, assure le commissaire Piccirillo. Leur expertise permet d’optimiser les phases d’entraînement et de maintenir le niveau des combattants une fois déployés. Le commandement peut ainsi s’appuyer sur leur capa-cité à organiser des séances en fonction des contraintes physiologiques et psychologiques de chaque métier. Dans les unités, ils conseillent les cadres pour que ceux-ci organisent un plan de charge lorsque le groupe est isolé sur le terrain. Leurs actions sont calquées sur le rythme d’engagement des armées sur le territoire national et en opérations extérieures. Elles participent à la résilience des soldats tout en préservant leur inté-grité. » n

1 Techniques d’optimisation du potentiel.