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DOSSIER PEDAGOGIQUE Métamorphoses Réalisé par Marie-Ségolène De Smedt, Marion Martin, Delphine Romaire pour le Grand Bleu Le Grand Bleu - Etablissement National de Production et de Diffusion Artistique 36 Avenue Marx Dormoy - 59 000 LILLE 03.20.09.88.44 - www.LEGRANDBLEU.COM - [email protected] Métamorphoses Magic Show Du 14 au 18 novembre 2011 Du 25 au 30 novembre 2011 Du 8 au 10 décembre 2011 Du 5 au 11 janvier 2012 Du 2 au 5 février 2012 Du 21 au 24 février 2012 Un cheval {é}perdu Eloge du poil Kifélozof La peur du Loup FiniFini

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DOSSIER PEDAGOGIQUE

MétamorphosesRéalisé par Marie-Ségolène De Smedt, Marion Martin, Delphine Romaire pour le Grand Bleu

Le Grand Bleu - Etablissement National de Production et de Diffusion Artistique36 Avenue Marx Dormoy - 59 000 LILLE

03.20.09.88.44 - www.LEGRANDBLEU.COM - [email protected]

Métamorphoses Magic Show Du 14 au 18 novembre 2011

Du 25 au 30 novembre 2011

Du 8 au 10 décembre 2011

Du 5 au 11 janvier 2012

Du 2 au 5 février 2012

Du 21 au 24 février 2012

Un cheval {é}perdu

Eloge du poil

Kifélozof

La peur du Loup

FiniFini

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Dossier thématique n°1 - METAMORPHOSES - Le Grand Bleu

Introduction

Le terme métamorphose vient du grec « morphé », forme, et du préfixe « méta », changement. Littéralement, ce mot traduit donc un changement de forme. La métamor-phose évoque chez nous diverses images mythiques, des formes imaginaires, animales ou monstrueuses qui ont nourri les arts depuis plusieurs siècles. Au Grand Bleu nous accueillons cette année six spectacles ayant pour thème majeur la ou les métamorphose(s). La métamor-phose est pour les artistes un moyen d’aborder à la fois la différence, le vieillissement, la punition, la fascination…

Avec Métamorphoses Magic Show, Sylvie Reteuna met en scène les Métamorphoses d’Ovide sous forme de cabaret et réinterprète à sa manière les transformations subites par les hommes et infligées par les Dieux. Nathalie Baldo dans son spectacle Un cheval {é}perdu est une femme cheval, partagée entre son corps humain et sa tête d’ani-mal. L’artiste Damien Bouvet nous revient cette année avec deux spectacles Kifélozof et FiniFini qui abordent tous deux de manière différente la métamorphose. FinFini parle de la transformation naturelle de toute chose, du vieillissement et de la fin inéluctable qu’est la mort. Quant à Kifélozof, l’homme se retrouve enceinte, et l’on ne sait plus qui de l’œuf ou de la poule est arrivé en premier. Jeanne Mordoj joue une femme à barbe dans le spectacle Eloge du poil. Un personnage ambigu qui évolue dans un univers à la fois étrange et magique. Dans La Peur du loup, Nathalie Pernette s’inspire du loup, de sa façon de marcher, de manger, de chasser pour danser sur scène et tenter d’effacer la frontière entre l’homme et l’animal. Au mois de mars, Maud Leroy abordera la mé-tamorphose sous toutes ses formes à travers des extraits d’œuvres littéraires dans le Salon de lecture Formes et métamorphoses.

Si l’on considère ce terme comme un synonyme d’évo-lution s’ouvre alors une autre perspective ; celle de la métamorphose biologique qui touche chaque être vivant. Et si cet être vivant est l’homme alors la métamorphose se plie à sa volonté et évolue elle-même au gré de l’évo-lution sociale, scientifique ou artistique.

Dans ce dossier thématique qui reprend les six spectacles cités plus haut, nous aborderons, à travers trois axes, les différents aspects de la métamorphose : l’inévitable métamorphose de l’individu, la métamorphose comme explication du monde et enfin la métamorphose pour

échapper au monde ou mieux s’y confondre.

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Dossier thématique n°1 - METAMORPHOSES - Le Grand Bleu

« Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. » selon la maxime de Lavoisier. Le changement de forme se trouve avant tout dans la nature et est expliqué par les scientifiques. L’être vivant au fil du temps, change d’apparence et subit des transformations. Le temps coule et fait subir aux plantes, aux insectes, aux animaux, à l’homme et au monde en général multiples métamor-phoses. Le vivant évolue et se renouvelle.

1. Evolution biologique de l’homme

(Kifélozof, Eloge du poil)Les scientifiques le savent depuis longtemps déjà, l’uni-vers n’est pas stable ; il subit sans cesse des évolutions. La matière se transforme. L’un des buts de la science est alors d’analyser et de prévoir les différentes perspectives d’évolution de chaque chose dans le monde. Depuis l’explosion qu’a été le Big-bang jusqu’à la Terre que nous connaissons aujourd’hui, rien n’a cessé d’évoluer. Cette évolution est la conséquence de différents mécanismes scientifiques ; la vie n’est pas apparue, elle est le fait d’un cheminement complexe, l’aboutissement d’un processus. On passe d’une cellule unique à un être vivant par des modifications successives. Une espèce n’est ja-mais immuable ; c’est la théorie du darwinisme. Tous les êtres vivants ont parmi eux des formes déviantes, dotées de propriétés modifiées. C’est ce que Darwin a appelé la variation et qui est aujourd’hui appelée mutation. L’aven-ture de la vie est donc le fruit de métamorphoses.

L’homme, tout au long de son existence, subit des transformations physiologiques et psychologiques, de sa naissance à sa mort, qu’il ne peut souvent pas contrôler. Son évolution est à la fois ce qui lui donne une place si particulière dans le monde et un énorme poids à porter ou à supporter tout au long du processus vital. Comme toutes les espèces présentes sur Terre, l’espèce s’inscrit dans un long processus de l’évolution. La lignée humaine comprend toutes les espèces qui, depuis la divergence avec la lignée des chimpanzés, conduisent à l’apparition du genre Homo. L’homme est le dernier maillon de la chaîne évolutive ; son dernier représentant est l’homme moderne : l’Homo sapiens sapiens. Mais ce dernier ressent encore la nécessité de se définir. Si la science explique son évolution biologique, l’évolution psycholo-gique, culturelle de l’homme, la frontière qui le sépare du singe, parfois si ténue, pose encore question à l’homme pensant. Serions-nous des « animaux dénaturés » selon l’expression de Vercors ? Pourrions-nous cesser d’évoluer et être dépassés par un mammifère comme le singe à l’instar de La Planète des singes ? Ce besoin de se penser et de se repenser est présent dans toute la littérature

autobiographique et dans les autoportraits de différents artistes. Damien Bouvet, lui, a décidé de nous faire vivre les métamorphoses liées à la naissance et à la petite enfance dans son spectacle Né. Dans son spectacle Kifélozof, le spectateur se retrouve confronté à un monde de métamorphoses qui pose les questions essentielles à notre évolution et à notre devenir.

2. Evolution en maturité (Kifélozof)L’une des périodes de la vie qui fait couler le plus d’encre, sans doute, parce qu’elle est la période des mé-tamorphoses, est l’adolescence. Le terme « adolescence » vient du latin « adolescere » qui signifie « grandir vers ». L’histoire commence quand la petite fille décide de mettre du rouge à lèvres et de porter les talons de maman ou quand le petit garçon, imberbe, voudra se raser ; les enfants endossent une nouvelle identité par mimétisme. L’adolescence cristallise les métamorphoses dans le sens où cette période est riche de différents changements physiologiques, psychologiques, sociaux et affectifs que l’adolescent subit ou engendre. Sur le plan physique, la puberté fait son œuvre. Les hormones font naître des transformations profondes et l’adolescent adopte des caractéristiques sexuelles définitives (qui doivent permettre l’identité). Ces modifications ont des consé-quences d’ordre psychologique qui peuvent être positives et bénéficier à l’adolescent qui va s’émanciper, dévelop-per ses modes de pensée (cf.Piaget). Mais elles peuvent aussi avoir des conséquences physiques problématiques comme des dysmorphophobies passagères ou psycholo-giques comme la crise identitaire. Françoise Dolto com-pare les transformations profondes de l’adolescent à celle du homard : « il se cache sous les rochers le temps de secréter sa nouvelle coquille pour acquérir des défenses. Mais si pendant qu’il est vulnérable, il attrape des coups, il est blessé pour toujours : sa carapace recouvre les cica-trices mais ne les efface pas. » (Paroles pour adolescents). L’adolescence est un passage, une initiation.

Alice aux pays des merveilles reflète cette difficulté à grandir et à subir des transformations pendant le passage de l’enfance au corps d’adulte et l’angoisse qui l’accom-pagne :

« Alice se risqua à en goûter le contenu; le trouvant fort agréable (il avait, en fait, une sorte de saveur composée faite tout à la fois de tarte aux ce-rises, de crème anglaise, d’ananas, de dinde rôtie, de caramel, de pain grillé beurré chaud), elle eut tôt fait de vider la fiole jusqu’à la dernière goutte.

A. L’inévitable métamorphose de l’individu

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Dossier thématique n°1 - METAMORPHOSES - Le Grand Bleu

« Quelle drôle de sensation! dit Alice. Je dois être en train de me fermer comme une longue-vue!»

« Eh bien, oui, effectivement: elle ne me-surait plus maintenant que vingt-cinq centimètres, et son visage s’éclaira à la pensée qu’elle avait à présent la bonne taille pour franchir la petite porte et pénétrer dans le ravissant jardin. Toutefois, elle commença par attendre quelques minutes pour voir si elle allait encore se rapetisser: cette affaire la tra-cassait un peu; «eh oui, se disait Alice, ça pourrait bien finir, vous savez, par ma disparition complète, comme une bougie. »

Lewis Caroll, Alice au pays des merveilles, 1865

Alain Jacquard décrit également cette métamorphose dans son ouvrage A toi qui n’est pas encore né(e).

« Tu t’éloignes peu à peu de l’enfance. Jusqu’à présent, tu as surtout laissé les événements te porter, comme un voilier qui se contente de filer vent arrière. Maintenant tu entres dans la zone des turbulences, des tempêtes. Il va falloir choisir toi-même ton cap, et parfois naviguer vent debout.

Depuis ta naissance ton corps a grandi, tes organes se sont développés. Ces changements ont été continus, progressifs ; ils ont préservé une har-monie globale. Mais bientôt une véritable révolution va se produire, un bouleversement plus radical que la mue du serpent qui, la saison venue, change de peau, à peine moins spectaculaire que la métamor-phose d’une chrysalide qui s’ouvre et devient pa-pillon.

Au cours de cette mutation, tu auras parfois peine à te reconnaître toi-même. Pourtant tu ne de-viendras pas un autre ; tu seras simplement occupé à construire cette personne imprévisible qui est toi. Elle ne se manifeste que par les rapports entretenus avec ce qui t’entoure, aussi bien les objets que les animaux ou les humains ; et ces rapports, tu vas les gérer selon ta propre volonté. Tu es face à une pos-sibilité exaltante et troublante, magnifique et éprou-vante : devenir celui que tu choisis d’être.

Jusqu’ici, tes rapports avec ce qui t’environne ont été à sens unique. Tu as reçu des informations, et tu les as prises pour conformes à la vérité ; tu as reçu des conseils, et tu les as écoutés sans toujours les suivre ; tu as reçu des consignes, et tu leur as plus ou moins obéi. Tous ces apports t’ont permis de dessiner, touche après touche, ton propre portrait, toi au cœur de l’univers.

Tu commences à découvrir que cet univers n’est pas une donnée immuable ; il a une histoire, étendue sur quelques millénaires si, comme les his-

toriens, tu restreins cette histoire à la succession des sociétés humaines, sur quelques millions d’années si, comme les anthropologues, tu t’intéresses aux ori-gines de notre espèce, sur quelques milliards d’an-nées si, comme les biologistes, tu étudies l’évolution des êtres vivants, sur plus d’une dizaine de milliards d’années si tu écoutes les astronomes.

Ces durées paraissent vertigineuses ; elles ne représentent pourtant qu’une faible partie de l’Histoire. Quelques milliards d’années sont peu de chose pour un univers, quelques millions d’années peu de chose pour une espèce, quelques milliers peu de chose pour une culture. Le cosmos, l’humanité, notre société, sont, comme toi, en pleine période de puberté. Leurs aventures, comme la tienne, sont à peine ébauchées.

Mais qu’importe ce vertigineux passé ! Ce qui compte est le déroulement des épisodes actuels. Tu es au cœur de ce présent, tu vas participer aux évé-nements qui vont suivre et, que tu le veuilles ou non, contribuer à les orienter. »

Alain Jacquard, A toi qui n’est pas encore né(e), 1998

Les photographies de la série Los Angeles 2003-2010 du pho-tographe Larry Clark (figure 1, page 7) montrent le passage de l’enfance à l’âge adulte de Jonathan Velasquez, jeune skateur vénézuélien qui vit aux Etats-Unis. Larry Clark dans une forme proche du documentaire photographique ques-tionne les choix de ce jeune garçon en quête de lui-même. Comment grandir et s’affirmer par rapport aux adultes et aux autres adolescents qui l’entourent? Jonathan Velas-quez, pratique le skate board, sport alternatif qui com-porte certains risques. Ce choix n’est pas anodin et va lui permettre de tester certaines limites pour se construire. Larry Clark explore également le rapport de l’individu par rapport au groupe, la relation à l’alcool, aux drogues.

L’artiste Sarah Jones explore l’univers de l’adolescence (figure 2, page 7). Des photographies grand format représentent des jeunes filles qui semblent rongées par l’ennui. Debout, la tête légérement inclinée, le visage fermé, elles semblent prisonnières des intérieurs bour-geois de leurs parents. Une impression de malaise se dégage de ces clichés trop parfaits. Le salon bien ordonné contraste avec l’attitude d’attente presque lascive de ces adolescentes.

3. La finitude de l’homme

(FiniFini)Quels que soient nos choix, de la biologie à la philoso-phie, l’homme est destiné à mourir. Bien qu’il soit l’être vivant le plus abouti pour la science et qu’il ne cesse

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Dossier thématique n°1 - METAMORPHOSES - Le Grand Bleu

d’évoluer psychologiquement, l’homme ne peut échap-per à sa condition d’homme, c’est-à-dire à son évolution physique, au temps qui passe et à la mort. L’être, selon Martin Heidegger, dans Etre et temps, a conscience de sa finitude et de sa nullité, il s’éprouve comme un « être pour la mort ». Sans entrer dans une réflexion philoso-phique ou métaphysique très profonde, chacun de nous sent et constate au fil des années, un vieillissement. La métamorphose est patente : on se tasse, se courbe, rétrécit. Nos cheveux tombent, blanchissent ou se grisent. Notre mémoire se perd, nos cellules nous trahissent. Le spectacle FiniFini de Damien Bouvet, nous rappelle cette finitude de l’homme (figure 3, page 7). Le crâne, la poussière-farine dont il est extrait nous rappelle que tout est vanité (vanitas vanitatum, omnia vanitas) ; Ultime métamorphose, « Souviens- toi que tu es né poussière et tu retourneras poussière ». Les vanités comme celle de Jan Sanders Van Hemesen (figure 4, page 7), d’Alfred Agache (figure 5, page 7) ou même Skull d’Andy Warhol (figure 6, page 7) nous confrontent à notre condition de mortel. Certains artistes jouent avec cette dégradation graduelle : Roman Opalka prend en photo son visage dès qu’il achève une peinture et l’on peut ainsi assister à son vieillissement (figure 8, page 7). Nous assistons aux changements physiques d’Opalka : nouvelles rides, che-velures moins abondantes… La série commencée en 1965 s’est achevée en aôut 2011 suite au décès de l’artiste. John Coplans (figure 9, page 7), quant à lui, dans ses autoportraits nous dévoile sans fioritures son corps nu et vieillissant. Hans Baldung, avec sa toile Les trois âges de la femme et la mort (figure 7, page 7), nous donne à voir la voie toute tracée du corps de la femme. Même si nos cellules vieillissent de mieux en mieux et que l’espérance de vie a augmenté considérablement, paradoxalement, la vieillesse est de moins en moins acceptée. La société moderne a vu l’avènement du jeunisme et il suffit de lire le pamphlet de Régis Debray, Le Plan Vermeil , écrit à l’âge de soixante-trois ans, pour saisir sous l’humour que le vieillissement est toujours aussi intolérable à l’homme.

Face à la fatalité, l’homme a toujours cherché des expli-cations et, avant même que les sciences aient permis d’en avoir, l’homme a proposé des mises en lumière de certains phénomènes.

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Dossier thématique n°1 - METAMORPHOSES - Le Grand Bleu

Dans le programme d’histoire des artsCollège

Thématique « Arts, espace, temps » : L’oeuvre d’art et les évocations du temps et de l’espace

On peut étudier le genre de la vanité et analyser les différents symboles.

Thématique « Arts, ruptures et continuités » : L’oeuvre d’art et la tradition

On peut également comparer des vanités de différentes époques. Est-ce que les préoccupations anciennes liées au temps qui passe, sont très éloignées de celles d’au-jourd’hui ? Quelles sont les évolutions de ce genre ar-tistique ?

LycéeDans le champ Anthropologique, thématique «Arts, corps et expression»

Les représentations du corps : les canons de beauté selon les époques, l’expression de la vieillesse...

thématique «Le corps, l’âme et la vie»

Le rapport à la mort dans la société contemporaine.

Dans le champ esthétique, thématique «Arts, goûts, esthétiques»

L’art et ses classifications : Evolution du genre de la nature morte du XVIIe siècle à l’époque contemporaine.

Arts du langageGenèse

Ovide, Les Métamorphoses (Diane et Actéon / Livre III, Narcisse, écho / Livre III, Tirésias / Livre III)

Lewis Caroll, Alice au pays des merveilles, 1865

Vercors, Les Animaux dénaturés,1952

Andrée Chedid, Lucy, 1998

Alain Jacquard, A toi qui n’est pas encore né(e), 1998

Laure Bazire et Flore Talamon, Le Singe de Buffon, 2005

Régis Debray, Plan Vermeil, 2009

Arts du spectacle vivantDamien Bouvet, Finifini

Damien Bouvet, Kifélozof

Arts du visuelLarry Clark, Los Angeles 2003-10, photographies

Sarah Jones, The house (Francis Place) II, 1997, photo-graphie

Jan Sanders Van Hemesen, Vanité, vers 1535-40, pein-ture à l’huile sur bois

Alfred Agache, Vanité, 1885, huile sur toile

Andy Warhol, Skull, 1976, sérigraphie

Hans Baldung, Les trois âges de la femme et la mort, vers 1510, peinture

Roman Opalka, OPALKA 1965/1 – oo, oeuvre commen-cée en 1965 et terminée en 2011, année du décès de l’artiste.

John Coplans, Hands on knees, 1984, photographie

Francisco de Goya y Lucientes, Le Temps ou les vieilles, vers 1808-12, PBA, Lille

Sofia Coppola, Virgin Suicids, 1999

Franklin J. Schaffner, La planète des singes, 1986

Dans les programmes disciplinairesCollège Arts plastiques

6ème

Repérer des caractéristiques qui permettent de distinguer la nature des objets.

Les spectacles D. Bouvet regorgent d’objets. Que

signifient ces objets ? Leur usage est-il détourné ?

4ème

Exploiter la dimension temporelle dans la production

Comment montrer plastiquement l’écoulement du temps, de la durée ?

SVT

3ème

Evolution des êtres vivants et histoire de la terre

Explorer les liens de parenté entre les êtres vivants.

Comprendre la formation de nouvelles espèces, la place de l’homme dans l’évolution.

Pour aller plus loinFrançoise Dolto, Paroles pour adolescents, 1989

Michel Serres, Hominiscence, 2001

Pistes d’exploitation pédagogique - L’inévitable métamorphose de l’individu La liste est loin d’être exhaustive. Nous espérons qu’elle vous aidera à explorer d’autres pistes...

Collège et lycée

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Dossier thématique n°1 - METAMORPHOSES - Le Grand Bleu

Fig. 1 : Larry Clark, Los Angeles 2003-10, photographieFig. 2 : Sarah Jones, The house (Francis Place) II, 1997, photographieFig. 3 : Damien Bouvet, image du spectacle FinifiniFig. 4 : Jan Sanders Van Hemesen, Vanité, vers 1535-40, PBA, LilleFig. 5 : Alfred Agache, Vanité, 1885, huile sur toile, PBA, LilleFig. 6 : Andy Warhol, Skull, 1976, sérigraphieFig. 7 : Hans Baldung, Les trois âges de la femme et la mort, vers 1510, peintureFig. 8 : Roman Opalka, OPALKA 1965/1 – oo, photographiesFig. 9 : John Coplans, Hands on knees, 1984, photographie

Figure 1 Figure 2 Figure 3

Figure 4 Figure 5 Figure 6

Figure 7

Figure 8 Figure 9

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Dossier thématique n°1 - METAMORPHOSES - Le Grand Bleu

1. L’origine des hommes selon les religions

(Métamorphoses Magic Show, Kifélozof)Les mythes et les religions sont les premiers à utiliser ce thème de la métamorphose. Ce dernier leur permet de tenter d’expliquer le monde et ses phénomènes humains ou naturels. Ils répondent au besoin de chacun de trou-ver une origine, une explication, un sens à ce que nous sommes et ce que nous devenons. La métamorphose s’opère par une cause extérieure à soi.

L’origine de l’homme et de la femme s’explique dans la Genèse par la métamorphose : métamorphose de la glaise en homme (I, 7) et métamorphose de la côte de l’homme en femme (II, 21). Les blocs salins des bords de la Mer Morte trouvent leur origine dans la Genèse par la trans-formation de la femme de Loth en statue de sel ; puni-tion pour s’être retournée vers Sodome en destruction. Dans le Coran, Allah « a créé l’homme d’argile sonnante comme la poterie » (verset 14 chap.55). Damien Bouvet interroge cette création dans son spectacle Kifélozof : à partir d’un pot de fleur ou de sa propre côte, il recrée l’homme à plusieurs reprises.

2. Fonction étiologique de la métamorphose

(Métamorphoses Magic Show)On trouve dans la mythologie une fonction étiologique de la métamorphose. Le but est de donner l’explication de l’origine d’un phénomène, de quelque chose. Il faut trouver une explication rationnelle à l’inexplicable, au mystérieux. Le mythe déplie les secrets du monde végé-tal  : le laurier n’est autre que Daphné métamorphosée (fig. 10, page 12), le narcisse était un beau jeune homme du même nom, le roseau s’appelait Syrinx… Il livre les origines du monde animal : Actéon est changé en cerf et Lycaon en loup par exemple. Ces métamorphoses ont inspiré de nombreux sculpteurs ; au Palais des Beaux Arts de Lille, par exemple, avec la sculpture Narcisse d’Ernest-Eugène Hiolle (fig. 11, page 12).

Les comportements humains sont parfois difficilement explicables par l’homme lui-même et parfois même difficilement acceptables. Si la religion et les mythes trouvent des explications à la création des êtres et des choses, la métamorphose est aussi souvent peinture « merveilleuse » des penchants humains. Si la femme de Loth est métamorphosée, c’est parce qu’elle s’est tournée une fois de trop vers le vice et la Bible met ainsi en garde l’Homme de s’écarter de la voie vertueuse. Dans la mythologie, on ne peut s’empêcher de penser au dieu Jupiter qui usait de la métamorphose pour séduire jeune fille comme Europe et jeune garçon comme Ganymède. Au Palais des Beaux Arts de Lille, Satyre et Bacchante,

la sculpture de James Pradier (fig. 12, page 12), exhibe l’animalité par les poils et les sabots mais aussi par la posture des personnages. Châtiment dans la Genèse, habitude divine dans la mythologie, les comportements humains ne sont-ils pas déjà dépeints dans ces fables comme une sorte d’alibi universel ? Ainsi le mythe est universel puisqu’il touche à l’essence, à l’origine de notre monde. C’est la raison pour laquelle il reste toujours aussi vivant aujourd’hui dans le domaine artistique, dans le conscient et l’inconscient collectif. Le relais des mythes et des religions est présent jusque dans la littérature de jeunesse notamment dans les contes étiologiques comme ceux de Rudyard Kipling, Histoires comme ça, ou les contes de Muriel Bloch et de William Wilson, 365 contes des pourquoi et des comment.

3. Les mythes modernes

(Métamorphoses Magic Show, Kifélozof, Un cheval {é}perdu)Seulement le monde évolue, les explications deviennent désuètes et de nombreuses croyances sont remises en cause. L’avancée des sciences et les découvertes tech-niques, l’apport des nouvelles sciences humaines et sociales comme la psychanalyse permettent aux hommes de trouver de nouvelles explications sur les phénomènes qui l’entourent. Les anciennes croyances deviennent insuffisantes et de nouveaux « mythes » apparaissent. « Le règne de l’homme est fini », peut-on lire dans le Horla de Maupassant ; les métamorphoses modernes ne cherchent plus à expliquer l’homme et ses com-portements : l’homme n’a aucune finalité intrinsèque. Nietzsche annonce un âge nouveau et exprime ce renou-veau en ayant recours à l’image des trois métamorphoses de l’esprit : l’esprit se transforme d’abord en chameau, qui porte le fardeau de l’ancienne morale, ensuite le lion qui combat contre le dragon des valeurs, enfin, il devient enfant qui crée, en jouant de nouvelles valeurs. Suite à ces changements de modes de pensée, c’est donc une métamorphose sans transcendance qu’on observe chez Kafka dans sa nouvelle Métamorphose. La transformation de Grégoire Samsa en vermine n’a aucune explication, personne d’ailleurs ne s’interroge sur les causes de celle-ci dans le récit. Grégoire est juste rejeté par sa famille, inutile et incompris. La métamorphose devient chez Kafka preuve de l’insignifiance, de l’absence de signification de la vie ; elle est traduction d’un malaise existentiel.

« En se réveillant un matin après des rêves agités, Gregor Samsa se retrouva, dans son lit, méta-morphosé en un monstrueux insecte. Il était sur le dos, un dos aussi dur qu’une carapace, et, en rele-vant un peu la tête, iI vit, bombé, brun, cloisonné par des arceaux plus rigides, son abdomen sur le haut

B. Métamorphose pour expliquer le monde

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Dossier thématique n°1 - METAMORPHOSES - Le Grand Bleu

duquel la couverture, prête à glisser tout à fait, ne te-nait plus qu’à peine. Ses nombreuses pattes, lamen-tablement grêles par comparaison avec la corpulence qu’il avait par ailleurs, grouillaient désespérément sous ses yeux. […]

« Rejeter la couverture, rien de plus simple ; il n’avait qu’à se gonfler un peu, elle tomba toute seule. Mais la suite des opérations était plus délicate, surtout parce qu’il était excessivement large. Il aurait eu besoin de bras et de mains pour se redresser; or, au lieu de cela, il n’avait que ces nombreuses petites pattes sans cesse animées des mouvements les plus divers et de surcroît impossibles à maîtriser. Voulait-il en plier une, elle n’avait rien de plus pressé que de s’étendre; et s’il parvenait enfin à exécuter avec cette patte ce qu’il voulait, les autres pendant ce temps avaient quartier libre et travaillaient toutes dans une extrême et douloureuse excitation. « Surtout, ne pas rester inutilement au lit », se dit Grégor. »

Franz Kafka, La Métamorphose, 1915

L’homme a cessé peu à peu dans son évolution psycho-logique et morale de chercher un sens en lui-même. Il va alors se tourner vers l’extérieur et les métamorphoses du monde. Le progrès donne un sens à son évolution : progrès scientifique ou progrès écologique par exemple. L’homme, par exemple, externalise peu à peu ses fonctions corporelles. C’est ce que Michel Serres nomme l’exodarwinisme. La technique permet à l’homme d’échapper à la pression évolutive de son environnement. Les artistes s’amusent des différentes possibilités qui s’offrent à eux. L’artiste américaine Rona Pondick joue avec le zoomorphisme (fig. 13, page 12). Ses sculptures hybrides réalisées en acier renvoient dans un premier temps à des rituels magiques de transformation. Mais Pondick met également le spectateur face aux possibilités offertes par les manipulations génétiques sur l’homme et son environnement. Quelles conséquences peuvent avoir ces transformation sur le genre humain ?

Matthew Barney, dans sa série de vidéo Cremaster juxta-pose les nouvelles technologies à l’univers traditionnel des contes et des mythes (fig. 14, page 12). L’homme freiné dans sa propre évolution ne se contente pas de se faire évoluer lui-même, il fait évoluer le monde qui l’entoure.

L’homme refuse ses propres limites et les limites du monde qui l’entoure. Ce n’est pas un hasard si l’écologie est une préoccupation de plus en plus présente. Les li-mites terrestres sont palliées par les nouvelles inventions technologiques ; l’évolution scientifique tente de transfor-mer ou même parfois d’inverser le processus biologique

ou naturel. La métamorphose est alors un refus d’une forme ou d’une évolution imposée. Mais l’homme peut-il plier la réalité à tous ses désirs et ignorer les consé-quences ?

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Dossier thématique n°1 - METAMORPHOSES - Le Grand Bleu

Dans le programme d’histoire des artsDe la préhistoire à l’Antiquité gallo-romaine

Etude d’une sculpture antique représentant l’un des héros des Métamorphoses d’Ovide (à mettre en lien avec le spectacle Un Cheval {é}perdu)

Le Moyen-Age

Etude d’une enluminure, d’une peinture présentant des créatures hybrides (fig. 16, page 12).

Dans les programmes disciplinaires La métamorphose dans la littérature de jeunesse

Anthony Browne, Tout change, 1997

Anthony Browne, A calicochon, 1992 (métamorphose d’un groupe)

Arnaud Pontier, La légende du jardin japonais, 2003

Margaret Wise Brown, Je vais me sauver, 1999 (méta-morphose dans l’imaginaire)

Hubert Ben Kemoun, Terriblement vert, 2001 (métamor-phose comme conséquence d’un accident)

Robert Graves, Le grand livre vert, 2001 (métamorphose pour se venger des parents)

Catherine Anne, Petit, 2002 (métamorphose provoquée par l’émotion, le besoin de grandir)

Muriel Bloch et William Wilson, 365 contes des pourquoi

et des comment, 1997

Claude Ponti, Shmélele ou l’Eugénie des larmes, 2002

Roald Dahl, La potion magique de Georges Bouillon, 1997

Arts visuels

Inventer une créature hybride par la technique du col-lage ou en tirant au sort une série d’images à assem-bler.

Dans le programme d’histoire des artsCollège

Thématique «Arts, ruptures, continuités»

On peut observer l’évolution des mythes de l’Antiquité à l’époque contemporaine, notamment en s’appuyant sur l’adaptation théâtrale des Métamorphoses d’Ovide

dans le spectacle Métamorphoses Magic Show

Thématique « Arts, mythes et religions » - L’oeuvre d’art et le mythe

Quels sont les différents modes de création artistique ?

On peut également comparer des oeuvres antiques et des oeuvres contemporaines mettant en scène des métamorphoses. Que signifient les transformations du

corps à l’heure actuelle ?

LycéeDans le champ Anthropologique - thématique «Arts et sacré»

Les mythes fondateurs peuvent être étudiés.

Dans le champ scientifique et technique - thématique «arts, sciences et techniques»

On peut envisager les questions de bioéthique sur les mutations génétiques (fig. 15, page 12).

Arts du langageGenèse

Ovide, Les Métamorphoses (Diane et Actéon / Livre III, Narcisse, écho / Livre III, Tirésias / Livre III)

Contes de Perrault, Madame d’Aulnoy, Frères Grimm, Andersen (La petite sirène)

Guy de Maupassant, Le Horla, 1887

Franz Kafka, La Métamorphose, 1915

Roy Lewis, Pourquoi j’ai mangé mon père, 1960

Andrée Chedid, Lucy, 1998

Arts du son

Juliette, Mutatis Mutandis, 2005

Arts du spectacle vivantSylvie Reteuna, Metamorphoses Magic Show

Nathalie Baldo, Un Cheval {é}perdu

Damien Bouvet, Finifini

Damien Bouvet, Kifélozof

Arts du visuelJérôme Bosch, La Tentation de Saint-Antoine, 1490

Le Bernin, Daphné et Apollon, 1622-25, sculpture en marbre

James Pradier, Satyre et Bacchante, vers 1833, sculpture en plâtre

Ernest-Eugène Hiolle, Narcisse, 1868, sculpture en plâtre

Rona Pondick, Dog, 1998-99, sculpture en acier

Anne Esperet, Organismes 2ème génération, 2002, pho-

Pistes d’exploitation pédagogique - Métamorphose pour expliquer le monde La liste est loin d’être exhaustive. Nous espérons qu’elle vous aidera à explorer d’autres pistes...

Primaire

Collège et lycée

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Dossier thématique n°1 - METAMORPHOSES - Le Grand Bleu

tographie

Matthew Barney, Série des Cremaster, 1994-2002, vidéos

Franklin J. Schaffner, La Planète des singes, 1968

David Cronenberg, La Mouche, 1986

Pedro Almodovar, La Piel que habito, 2011

Dans les programmes disciplinairesCollège Arts plastiques

5ème

Se réapproprier des images, les détourner pour leur donner une dimension fictionnelle

Inventer un nouvel être hybride à partir d’une collec-tion d’images ou par l’utilisation d’un logiciel informa-tique de retouche d’images...

Construire une narration en une ou plusieurs images

A l’aide de plusieurs portraits de l’élève, montrer les différents stades de la métamorphose.

Français

6ème

Contes et récits merveilleux (Contes de Perrault, Ma-dame d’Aulnoy, Frères Grimm, Andersen...)

L’Antiquité (Les Métamorphoses d’Ovide, La Bible…)

4ème

Nouvelle fantastique

Roman du XIXe (place du grotesque dans la littérature du XIXe)

Le désir amoureux dans les romans ou le théâtre du XIXe

SVT

3ème

Evolution des êtres vivants et histoire de la terre

Comprendre la formation de nouvelles espèces, la place de l’homme dans l’évolution.

Lycée Français

1ère série générale

la question de l’Homme dans les genres de l’argumen-tation du XVIe à nos jours.

1ère professionnelle

Du côté de l’imaginaire : le conte et les récits imagi-naires sont-ils réservés aux jeunes lecteurs ? Comment

l’imaginaire joue-t-il avec les moyens du langage ?

Tle série professionnelle

L’Homme et son rapport au monde à travers la litté-rature et les autres arts : Le mythe appartiennent-ils seulement au passé ? Comment la lecture des œuvres littéraires permet-elle de s’interroger sur l’homme et sur son rapport au monde ? Influence des nouvelles sciences humaines sur les arts (psychanalyse, ethno-graphie, sociologie).

Pour aller plus loinElisabeth Badinter, XY De l’identité masculine, 1992

Michel Serres, Hominiscence, 2001

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Dossier thématique n°1 - METAMORPHOSES - Le Grand Bleu

Figure 10

Fig. 10 : Le Bernin, Daphné et Apollon, 1622-25Fig. 11 : James Pradier, Satyre et Bacchante, vers 1833, PBA, LilleFig. 12 : Ernest-Eugène Hiolle, Narcisse, 1868, PBA, LilleFig. 13 : Rona Pondick, Dog, 1998-1999, sculpture en acierFig. 14 : Matthew Barney, Série des Cremaster, 1994-2002, photogramme extrait d’une vidéoFig. 15 : Anne Esperet, Organismes 2ème génération, 2002, photographieFig. 16 : Jérôme Bosch, La Tentation de Saint-Antoine, 1490

Figure 11 Figure 12

Figure 16

Figure 14 Figure 15Figure 13

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Dossier thématique n°1 - METAMORPHOSES - Le Grand Bleu

L’homme se métamorphose bien souvent selon des figures imposées ; il nait, grandit et meurt. Il se conforme à la définition de l’homme établie par la société du moment. Il faut, dès l’adolescence, adopter les comportements sociaux adaptés ou, en tous les cas, se positionner par rapport aux cadres donnés par la société. Chaque situation donne lieu à un rôle différent ; on change de peau selon qu’on soit avec des amis, la famille ou les collègues. Dans Rhinocéros d’Eugène Ionesco, la métamorphose est contagieuse et celui qui se transforme le fait pour suivre l’idéolo-gie dominante en l’occurrence le totalitarisme. Cepen-dant, l’homme se heurte parfois aux cadres sociocul-turels imposés et refuse la norme ; une tension se crée entre son désir et ce qui est. La métamorphose prend alors un caractère subversif : elle peut deve-nir une métamorphose choisie, une métamorphose contestataire.

1. Question de la norme

(Kifélozof, Eloge du poil, Un cheval {é}perdu )Dès l’enfance et davantage à l’adolescence encore, l’individu se crée une personnalité et doit déterminer son identité. S’il semble que chacun ait le choix de devenir ce qu’il veut, la norme et la pensée majori-taire imposent un cadre social que l’homme trouve parfois bien étriqué. Ainsi la métamorphose devient un moyen de composer avec les règles ; elle prend alors une dimension « morale ». Stevenson ou Mme Leprince de Beaumont illustrent cet aspect de la transformation. Dans l’œuvre du premier, L’étrange cas du Docteur Jekyll et de Mister Hyde, le docteur Jekyll accède à la métamorphose grâce à une potion de son invention uniquement pour séparer son bon côté du mauvais. Dans le conte de la seconde, La Belle et la Bête, la métamorphose n’a pas été choisie et ne ces-sera que lorsqu’il trouvera l’amour. Cette dominante morale de la métamorphose se lit dans de nombreux opus ; la littérature de jeunesse reprend d’ailleurs la fonction punitive de la transformation : Alain Surget dans le Renard de Morlange nous fait le récit d’un comte condamné à se transformer en renard chaque nuit à cause de son mépris et sa violence envers les autres. Le comte devra apprendre à vivre avec les animaux de la forêt avant d’obtenir sa réhabilitation sociale. La fonction punitive de la métamorphose est présente dans les Métamorphoses d’Ovide (Actéon, Axanarté, Lycaon, Les paysans de Lycie…). Lucius, dans les Métamorphoses d’Apulée, est transformé en âne et non en oiseau car Photis s’est sentie utilisée et « se trompe » d’onguent pour ne pas voir son amant

s’envoler loin d’elle. La métamorphose a donc un lien avec le bien et le mal ; le Diable n’est-il pas le pre-mier à prendre plusieurs formes ? La métamorphose va remettre en question la norme ; celle de la beauté par exemple. La styliste japonaise Rei Kawakubo (fig. 17, page 19) dans sa collection printemps-été 1997, Comme des Garçons proposent des tenues assez surprenantes : excroissances de mousse et de tissus cousus sur les vêtements déforment le corps des mannequins. Il s’agit de dénoncer les codes vesti-mentaires imposés aux femmes pour mettre en valeur certains de leurs attributs.

L’artiste Valérie Belin photographie des mannequins en plastique que l’on trouve dans les vitrines de magasins (fig. 18 et 19, page 19). Le cadrage serré, le choix du noir et blanc et le fond uni créent une image troublante. Sommes-nous face à des mannequins en plastique, des êtres réels ou des photographies retou-chées ? A travers cette série, Valérie Belin questionne les stéréotypes de la beauté occidentale (bouche pulpeuse, sourcils épilés, pommettes hautes...). L’être est-il vraiment en train de se vider de sa substance pour se fondre dans un corps normé, lisse et sans histoire ?

2. La métamorphose comme possibilité d’identités multiples

(Kifélozof, FiniFini, Eloge du poil, Métamorphoses Magic Show, La peur du loup )La métamorphose est un indice de distanciation à la règle ; Même plus, elle est le biais par lequel réali-ser ses fantasmes. Le simple déguisement est une occasion de prendre une autre forme et de changer de rôle. Le carnaval est le moment rêvé pour opérer cette inversion des rôles. Le terme qui vient du latin « carnis levare » signifie « ôter la viande, la chair » ; au-trement dit, prendre une autre peau. Le carnaval prend son origine dans les Lupercales, fête romaine, où les hommes portaient des peaux de boucs sacrifiés pour aller dans la rue frapper ceux qu’ils croisaient et notamment les femmes à coups de lanières de peaux de ces mêmes boucs. Aux Saturnales, autres fêtes romaines, un roi factice était choisi ; on s’attaque bien ici à l’ordre social. Ces fêtes sont l’occasion de mêler deux mondes : le monde sauvage et le monde civilisé, le désordre et la vie réglée. C’est le moment où chacun peut incarner son fantasme. La littéra-ture et surtout le grotesque reprennent le motif du carnaval ou d’une sorte d’hybridité entre l’homme et l’animal. Les scènes carnavalesques du peintre James

C. La métamorphose pour échapper au monde ou pour mieux s’y confondre

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Dossier thématique n°1 - METAMORPHOSES - Le Grand Bleu

Ensor (fig. 20, page 19) montrent la grande mascarade du monde avec ses farces, ses coups bas et l’aspect absurde et ridicule de certaines conventions sociales. L’œuvre de Victor Hugo regorge de personnages aux divers aspects. Dans L’Homme qui rit, le vagabond Ursus est vêtu d’une peau d’ours tandis qu’il a nommé son loup Homo. Gwyn-plaine, quant à lui, a subi une transformation perma-nente, une défiguration et prend le masque de l’hilarité. Dans Hop Frog d’Edgard Poe, le personnage titre ne révèle-t-il pas l’animalité du roi et de son conseil en les déguisant en orang-outans lors du bal avant de les tuer ? Certains spectacles de cette saison démontrent le besoin de l’homme de révéler son animalité : Un Cheval {é}perdu ou La peur du loup (fig. 22, p.19).

L’artiste Joseph Beuys a abordé dans son travail cette question du rapport homme / animal. Dans la performance I like America and America likes me (fig. 21, p. 19), il s’est enfermé pendant plusieurs jours dans la salle d’exposi-tion d’une galerie new-yorkaise avec un coyote sauvage. Le coyote, symbole du peuple amérindien, renvoie aux grands espaces américains et aux traditions amérindiennes bafouées par les colons. Beuys vêtu d’une couverture en feutre et d’un bâton va tenter de cohabiter avec le coyote. Beuys rappelle à l’homme qu’il doit composer avec son en-vironnement naturel ; s’en détourner comporte un risque : une rupture radicale entre culture et nature.

Sans véritable carnaval, L’île aux esclaves de Marivaux procède à une inversion de rôles maître-esclave. La mé-tamorphose ne se fait pas seulement par le déguisement est peut être plus profonde : la petite sirène renonce au monde aquatique pour rejoindre le monde humain puis le monde céleste dans la version d’Andersen. Mais le fan-tasme peut aussi être sexuel. Sans doute n’est-ce pas un hasard si l’un des déguisements les plus répandus au car-naval pour les hommes est celui de prendre les vêtements d’une femme. La métamorphose permet de réveiller les instincts. Le désir métamorphose l’inanimé en animé dans le mythe de Pygmalion. Jupiter, Dieu bien connu pour ses nombreuses frasques, a immortalisé les plus belles méta-morphoses pour arriver à ses fins auprès de la personne convoitée : il prend la forme d’un taureau pour séduire Eu-rope, d’un Cygne pour obtenir les faveurs de Léda ou d’un aigle pour connaître l’amour homosexuel avec Ganymède. La punition guette pourtant encore à l’instar de Tirésias rendu aveugle par Junon parce qu’il avait eu la chance d’être successivement homme et femme et de connaître le plaisir des deux sexes. Le spectacle Eloge du poil , en pré-sentant un corps féminin aux poils exubérants, témoigne de cette oscillation des désirs et des identités. Mais c’est surtout dans Métamorphoses Magic Show que cette prédo-

minance du désir est révélée.

3. Echapper à la condition humaine

( Eloge du poil, Un cheval {é}perdu, Métamorphoses Magic Show)Echapper à la vieillesse et, de manière générale, échap-per aux limites de notre corps est un thème de plus en plus prégnant dans la société actuelle. Les progrès scientifiques, plus particulièrement dans le domaine de la chirurgie, ont ouvert l’éventail des possibilités : on rajeunit, un homme peut devenir femme, un amputé peut courir… La métamorphose, cette fois, veut s’écarter du cours naturel des choses. Le jeunisme est de plus en plus présent et lifting et botox aident à la transformation. L’évolution technique offre des perspectives de change-ment et pourquoi pas l’évolution en homme-machine illustré par le travail du romancier William Gibson (Comte Zéro). Les mutations génétiques permettent de dépasser la sélection naturelle. La génétique voudrait pouvoir à terme être un remède à la maladie ; en utilisant les cel-lules souches, elle espère pouvoir traiter des pathologies jusque là incurables. Le clonage permettrait l’immortalité. Dans le roman d’anticipation d’Aldous Huxley, Le Meilleur des mondes, le traitement des embryons permet de définir préalablement la place du l’individu à naître dans la hiérarchie sociale. Dans le dernier roman de Mathias Malzieu, Métamorphose en bord de ciel, le héros entre-prend une métamorphose en oiseau pour échapper à la maladie. Le dernier film d’Almodovar, La Piel que habito, rassemblent les thématiques de la mutation génétique et de la chirurgie esthétique comme changement d’identité et comme lutte contre la condition humaine ; preuve que ces métamorphoses sont plus que jamais d’actualité. Plus simplement, la métamorphose est parfois une réponse aux manques humains.

L’artiste australien Stelarc propose la synthèse de l’homme et de la machine pour pallier aux déficiences physiologiques (fig. 23, page 19). Selon l’artiste une mu-tation est nécessaire à la survie de l’espèce. Le dévelop-pement de nos capacités corporels est possible en alliant science et technologie. A l’aube du XXIe siècle, le corps sans apport serait-il devenu « obsolète » ?

La transformation de Pinocchio est là pour pallier à la solitude et combler le désir d’enfant. Mais toutes les métamorphoses sont-elles possibles et sommes-nous capables de toutes les assumer ? Dans Lorsque j’étais une œuvre d’art d’Eric-Emmanuel Schmitt, le héros cherche la substance de son existence en acceptant de devenir une œuvre d’art entre objet et monstruosité :

« J’étais un monstre. Pas un chef-d’œuvre. Au fond, cela valait mieux parce que je souhaitais de-puis toujours attirer l’attention. Ma monstruosité, je

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Dossier thématique n°1 - METAMORPHOSES - Le Grand Bleu

l’avais voulu autant que Zeus. Même si je ne l’avais pas créée, je pouvais la revendiquer. Tandis que le statut de chef- d’œuvre, lui, m’aurait échappé. Ce qui comptait, c’était ma visibilité nouvelle. Beau, laid, apprécié, décrié, j’existais. Personne ne m’enlèverait cette densité-là. »

Mais la transformation devra être plus profonde pour qu’il s’aperçoive de son erreur.

« […] Puis, retirant à la hâte tous mes vê-tements, j’y plongeais avidement les mains et, pui-sant une bonne quantité d’onguent, je me frictionnai toutes les parties du corps. Et déjà je m’efforçais d’imiter les mouvements d’un oiseau en agitant al-ternativement les bras, mais pas le moindre duvet, pas la plus petite plume nulle part, au lieu de cela, mes poils s’épaississent et deviennent des crins, ma peau si tendre, se durcit et devient du cuir, aux ex-trémités de mes mains je ne sais plus combien j’ai de doigts, tous se ramassent en un seul sabot, et, au bas de mon dos pousse une immense queue. Déjà mon visage est difforme, ma bouche s’allonge, mes narines sont béantes, mes lèvres pendantes, et mes oreilles, de la même façon grandissent démesuré-ment et se hérissent de poils. Je ne vois à ma triste métamorphose qu’une seule consolation, c’est que, bien qu’il me soit désormais impossible de prendre Photis dans mes bras, mon sexe s’accroît. »

Apulée, L’âne d’or ou les Métamorphoses

Annexes« Chacun de nous a trois existences. Une

existence de chose : nous sommes un corps. Une existence d’esprit : nous sommes une conscience. Et une existence de discours : nous sommes ce dont les autres parlent. La première existence, celle du corps, ne nous doit rien, nous ne choisissons ni d’être petit ou bossu, ni de grandir ni de vieillir, pas plus de naître que de mourir. La deuxième existence, celle de la conscience, se montre très décevante à son tour : nous ne pouvons prendre conscience que de ce qui est, de ce que nous sommes, autant dire que la conscience n’est qu’un pinceau gluant docile qui colle à la réalité. Seule la troisième existence nous permet d’intervenir dans notre destin, elle nous offre un théâtre, une scène un public ; nous provoquons, démentons, créons, manipulons les perceptions des autres. »

Eric-Emmanuel Schmitt, Lorsque j’étais une œuvre d’art

« On raconte qu’un jour Jupiter, mis en gaieté par le nectar, délaissa ses graves occupations et se livra à de plaisants badinages avec Junon, alors de loisir :

« Sans aucun doute, aurait-il dit, la volupté que vous éprouvez est plus grande que celle que res-sent l’homme. »

Junon le nie. Ils décidèrent de demander l’avis du docte Tirésias. Celui-ci connaissait bien les plaisirs de Vénus chez l’un et l’autre sexe. Il avait, en effet, d’un coup de bâton, troublé l’accouple-ment, dans une verte forêt, de deux grands serpents. D’homme transformé alors, ô prodige! en femme, il avait ainsi passé sept automnes. Le huitième venu, il revit ces mêmes serpents et :

« Si vraiment, dit-il, telle est la puissance d’un coup reçu par vous qu’il change en sort contraire le sort de celui qui le donne, je vais vous frapper encore maintenant. »

Au coup qu’il porta aux serpents, il reprit sa forme première et la figure qu’il avait à sa naissance. Tirésias donc, pris pour arbitre, dans ce plaisant dé-bat, corrobore ce que dit Jupiter. La fille de Saturne en conçut, dit-on, plus de dépit qu’il n’était juste et que ne le méritait le sujet; et elle condamna les yeux de son juge à la nuit éternelle. Mais le père tout-puis-sant — car il n’est permis à aucun dieu de détruire l’œuvre d’un dieu, en compensation de la perte de la lumière, lui accorda de connaître l’avenir et adoucit le châtiment par cette faveur.»

Ovide, Les métamorphosesTirésias / Livre III

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Dossier thématique n°1 - METAMORPHOSES - Le Grand Bleu

Dans le programme d’histoire des artsDe la préhistoire à l’Antiquité gallo-romaine

Etude d’une sculpture antique représentant l’un des héros des Métamorphoses d’Ovide : Actéon, Daphné... (à mettre en lien avec le spectacle Un Cheval {é}perdu)

Dans les programmes disciplinaires La métamorphose dans la littérature de jeunesse

Alain Surget, Le Renard de Morlange, 2002

Anthony Browne, Tout change, 1997

Anthony Browne, A calicochon, 1992 (métamorphose d’un groupe)

Arnaud Pontier, La légende du jardin japonais, 2003

Margaret Wise Brown, Je vais me sauver, 1999 (méta-morphose dans l’imaginaire)

Hubert Ben Kemoun, Terriblement vert, 2001 (métamor-phose comme conséquence d’un accident)

Robert Graves, Le grand livre vert, 2001 (métamorphose pour se venger des parents)

Catherine Anne, Petit, 2002 (métamorphose provoquée par l’émotion, le besoin de grandir)

Muriel Bloch et William Wilson, 365 contes des pourquoi

et des comment, 1997

Claude Ponti, Shmélele ou l’Eugénie des larmes, 2002

Roald Dahl, La potion magique de Georges Bouillon, 1997

Dans le programme d’histoire des artsCollège

Thématique « Arts, créations, cultures » - L’oeuvre d’art et ses formes populaires

Place de l’improvisation, du détournement de la paro-die dans les spectacles de Damien Bouvet.

Thématique « Arts, espace, temps » - L’oeuvre d’art et la place du corps et de l’homme dans le monde et dans la nature

Quelles sont les évolutions et les transformations cor-porelles dans les spectacles Eloge du poil, Kifélozof, Fi-niFini, Métamorphoses Magic Show ? Que nous disent-elles sur notre monde ?

LycéeChamp anthropologique - thématique « Arts, réalités, imaginaires »

L’art et l’imaginaire : Comment les hommes transcen-dent le réel par les contes, les récits mythologiques ou fantastiques. Peut-on créer un monde idéal ?

Champ anthropologique - thématique « Arts, corps, ex-pressions »

Le corps et l’expression créatrice : Peut-on sculpter son propre corps ? Les sciences et les technologies peu-vent-elles pallier à toutes les déficiences corporelles ?

Pourquoi cherche t-on à transformer son aspect phy-sique (mieux être, pression sociale, fantasme d’un corps parfait..) ?

Champ scientifique et technique - thématique « Arts, sciences et technique »

L’art et son discours sur les sciences et techniques : Le progrès scientifique est-il source d’épanouissement pour l’individu ?

Champ esthétique - thématique « Arts, goût, esthé-tiques »

L’art et ses codes : Les normes sociales peuvent-elles être source d’inspiration pour les artistes ?

Arts du langageOvide, Les Métamorphoses (Diane et Actéon / Livre III, Narcisse, écho / Livre III, Tirésias / Livre III)

Apulée, Les Métamorphoses

Edgard Poe, Hop Frog, 1849

Andersen, La petite sirène, 1865

Carlo Collodi, Pinocchio, 1883

R.L. Stevenson, Le cas étrange du Docteur Jekyll et de M. Hyde, 1886

Aldous Huxley, Le Meilleur des mondes, 1932

Eugène Ionesco, Rhinocéros, 1959

William Gibson, Comte Zéro, 1984

Gudule, journal d’un clone, Le Chant des lunes, 2001

Eric-Emmanuel Schmitt, Lorsque j’étais une œuvre d’art,

2002

Arts du spectacle vivantSylvie Reteuna, Métamorphoses Magic Show

Nathalie Baldo, Un Cheval {é}perdu

Nathalie Pernette, La peur du loup

Jeanne Mordoj, Eloge du poil

Damien Bouvet, Finifini et Kifélozof

Pistes d’exploitation pédagogique - Métamorphose pour mieux échapper au monde... La liste est loin d’être exhaustive. Nous espérons qu’elle vous aidera à explorer d’autres pistes...

Primaire

Collège et lycée

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Dossier thématique n°1 - METAMORPHOSES - Le Grand Bleu

Arts du quotidienRei Kawakubo, Collection printemps-été 1997, Comme des Garçons

Arts du visuelValérie Belin, Untitled, série de photographies en noir et balnc, 2003

James Ensor, L’intrigue, huile sur toile, 1890

Joseph Beuys, I like America and America likes me, per-formance réalisée en 1974

Stelarc et sa main robotisée, The third hand, perfor-mance réalisée entre 1981 et 1994

Orlan, Self hybridation reconfiguration precolombien n17b, 1997

Valérie Belin, Untitled, 2003

Ridley Scott, Blade Runner, 1982

Sydney Pollack, Tootsie, 1982

Tony Bancroft et Barry Cook, Mulan, 1998

Pedro Almodovar, La Piel que habito, 2011

Collège Arts plastiques

4ème

Appréhender les relations entre l’image et son référent

Autoportrait contraire (s’inventer un double)

Travailler sur les normes sociales, esthétiques. Com-ment les montrer, les dénoncer ? Doit-on interdire les normes ?

3ème

Utiliser les fonctions élémentaires des nouvelles tech-nologies pour concevoir un espace

Inventer un esapce féérique, enchanté, magique pour une créature merveilleuse, mythologique, fantastique...

Français

6ème

Contes et récits merveilleux (Contes de Perrault, Ma-dame d’Aulnoy, Frères Grimm, Andersen, Alice au pays des Merveilles...)

L’Antiquité (Les Métamorphoses d’Ovide, La Bible…)

4ème

Nouvelle fantastique, roman du XIXe (place du gro-tesque dans la littérature du XIXe)

Le désir amoureux dans les romans ou le théâtre du XIXe

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Dossier thématique n°1 - METAMORPHOSES - Le Grand Bleu

Fig. 17 : Rei Kawakubo, collection printemps-été 1997, Comme des GarçonsFig. 18 : Valérie Belin, Untitled,2003Fig. 19 : Valérie Belin, Untitled,2003Fig. 20 : James Ensor, L’intrigue, 1890Fig. 21 : Joseph Beuys, I like America and America likes me, performance réalisée en 1974Fig. 22 : Nathalie Pernette, La peur du loup, danseFig. 23 : Stelarc et sa main robotisée, The third hand, performance réalisée entre 1981 et 1994

Figure 17

Figure 19Figure 18

Figure 20

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Dossier thématique n°1 - METAMORPHOSES - Le Grand Bleu

Les spectacles que nous vous proposons sortent tout droit de l’imagination de leurs créateurs. Ils nous donnent à voir, à entendre, à ressentir, à travers leur propre représentation du monde. Et si vous aussi, vous nous donniez à découvrir, à apprécier des images ?

Cette saison, nous vous proposons de nous faire partager votre avis, votre perception des thèmes « Portraits, formes et métamorphoses ». Un concours d’images… décalées, poétiques, avant-gardistes...

Les images reçues (photos, collages, peintures, des-sins etc.) seront regardées et étudiées par un jury. Elles seront diffusées au fil de la saison dans le hall et sur le site Internet du Grand Bleu.

Les images sélectionnées feront l’objet d’une exposi-tion entre le 10 et le 21 avril 2012 au Grand Bleu.

Un vernissage vous sera donc proposé le jeudi 12 avril à 19h.

Vous pouvez participer à ce concours d’images avec votre classe autour d’un des spectacles que vous venez voir cette saison. Vous pouvez également le proposer à vos élèves en leur laissant le choix de participer ou non.

Le règlement sera disponible dans le courant du mois d’octobre sur notre site Internet :

www.legrandbleu.com

Le concours d’images « Portraits, formes et métamorphoses »