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Sommaire
I- Fiche de présentation ……………………………………………………………………………………….………..p 2
II- Les personnages……………………………………………………………………………………………………………p 3
III- Prosper Mérimée et Georges Bizet en quelques dates……………………………………….…………p 5
IV- Deux symboles de l’Espagne…..……………………..……………………..………………………………………p 6
V- Littérature et Opéras……………………………………………………………………………………….……………p 7
VI- De la Nouvelle au livret d’opéra……………………………………………………………………………………p 8
VII- L’œuvre et sa réception………………………………………………………………………………………………..p 9
VIII- Notre spectacle : Carmen, 4 mars 1875 ……..………………………………….………….………..…....p 10
IX- Carmen dans la littérature du 19e ..…………………………………………..…………………………..……p 11
X- Les pistes d’exploitation pédagogique……………………………………………………..…………………p 13
XI- Les pistes d’écoute……………………………………………………………………………………………………..p 14
• Plage 1………………………………..p 14
• Plage 2………………………………..p 16
• Plage 3………………………………..p 17
• Plage 4………………………………..p 19
• Plage 5………………………………..p 20
• Plage 6………………………………..p 21
XII- Pour en savoir plus…………………………………………………………………….……………………………….p 22
XIII- Discographie…………………………………………………………………………..…………………..……………..p 22
Merci à Carole Mora et Laure Bergougnan de l’Opéra de Reims, pour nous avoir autorisés à reproduire certaines pages de
leur dossier pédagogique.
www.cndp.fr/crdpreims/fileadmin/documents/preac/spectacle_vivant_opera/dossiers_pedagogiques/CARNET_D_OPERA_
CARMEN.pdf
www.carmen4mars1875.fr Page 2
I- FICHE DE PRESENTATION
Carmen est une nouvelle écrite en 1845 par l’écrivain Prosper Mérimée (1803 – 1870). Cette œuvre
littéraire rencontre un bien faible succès lors de sa parution.
Quelque 30 années plus tard, Georges Bizet, compositeur français (1838 – 1875), décide d’en faire un
opéra. La première aura lieu à l’Opéra-Comique, à Paris, le 3 mars 1875. Ce fut un échec, un scandale
dont Bizet ne se remettra pas.
Aujourd’hui, Carmen est l’un des opéras les plus joués dans le monde.
1) Résumé de la Nouvelle de Mérimée
Il s’agit d’une histoire enchâssée. Lors d’un voyage en Espagne,
le narrateur croise un certain Don José, devenu brigand. Ayant
sympathisé avec lui, il l’aidera à échapper à la justice.
Peu de temps après, il croise Carmen, une bohémienne qu’il
trouve fort jolie et qui lui dérobe sa montre. Don José qui
détrousse les voyageurs avec l’aide de Carmen, le reconnait et
le laisse à son tour s’en aller.
Un peu plus tard, le narrateur rend visite à Don José en prison,
la veille de son exécution. Ce dernier lui raconte alors
comment, par passion amoureuse, il en est venu à quitter son
métier de brigadier et à devenir un véritable brigand de grand chemin. Il a tué à plusieurs reprises et,
rongé par la jalousie, finit par poignarder cette bohémienne qu’il a tant aimée.
2) Résumé de de l’Opéra de Bizet
Carmen, jeune bohémienne enjôleuse, est une femme
libre au tempérament rebelle. Elle déclenche une
bagarre dans la manufacture de tabac où elle travaille.
Le brigadier Don José, chargé de la mener en prison,
tombe sous le charme et la laisse s’échapper. Pour
l’amour de Carmen, il va tout abandonner : sa fiancé
Micaëla, son métier, pour rejoindre les contrebandiers.
Lorsque Carmen se laisse séduire par le célèbre torero,
Escamillo, Don José, fou de rage, la tue.
Lithographie de Pierre-Auguste Lamy, 1875
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3) « Carmen, 4 mars 1875 » de la Compagnie Opéramdam : angle de réflexion
Au lendemain de la première de Carmen, Bizet ne comprend pas
pourquoi son opéra a essuyé un tel camouflet. Il en est persuadé,
Carmen a tout d’un personnage d’opéra. Le compositeur va alors
rejouer son œuvre en faisant s’animer Carmen, Don José et en appelle à
l’esprit de Mérimée pour tenter de comprendre les raisons de son
échec. Ce spectacle nous conduit dans les pensées de Bizet et tente
d’apporter une explication à ce rejet de l’œuvre par le public de
l’époque en mettant en vis-à-vis la nouvelle de Mérimée et l’opéra lui-
même.
II- LES PERSONNAGES
1) Personnages de la Nouvelle de Mérimée
NARRATEUR Archéologue
ANTONIO Guide
DON JOSE Ancien Brigadier devenu brigand
CARMEN Bohémienne et voleuse
LE PERE DOMINICAIN Hôte et directeur de conscience
UN LIEUTENANT Assassiné par Don José
LE DANCAÏRE Chef des brigands
GARCIA LE BORGNE Mari de Carmen
LE REMENDADO Brigand assassiné par Garcia
UN ANGLAIS Victime de Carmen
LUCAS Torero
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2) Personnages de l’Opéra, rôles et voix
CARMEN Cigarière bohémienne Mezzo-soprano
MICAËLA Jeune paysanne amoureuse de
Don José
Soprano
FRASQUITA Bohémienne et amie de Carmen Soprano
MERCEDES Bohémienne et amie de Carmen Mezzo-soprano
DON JOSE Brigadier Ténor
ESCAMILLO Célèbre Torero Baryton
LE DANCAÏRE Contrebandier Ténor
LE REMENDADO Contrebandier Ténor
ZUNIGA Lieutenant Basse
MORALES Brigadier Baryton
LILLAS PASTIA Tavernier Rôle parlé
UN GUIDE Rôle parlé
3) Personnages de Carmen, 4 mars 1875
CARMEN (Sophie Colas) Cigarière bohémienne
DON JOSE (Mickaël Chapeau) Brigadier
ESCAMILLO (Mickaël Chapeau) Torero
MERIMEE (Mickaël Chapeau) Auteur
BIZET (Egonn Morvan) Compositeur
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III- PROSPER MERIMEE ET GEORGES BIZET EN QUELQUES DATES
III-
1) Prosper Mérimée
1803 Naissance de l’écrivain le 2 septembre à Paris
1811 Etudes au lycée Napoléon (Henri IV)
1823 Licence de droit
1826 Vie de dandy et fréquentation des cercles
littéraires parisiens
1828 Début de la rédaction de nouvelles qui vont établir
sa réputation
1831 Entrée, grâce à diverses protections, dans la haute
administration. Nomination comme chef de cabinet du
Ministre du Commerce
1834 Nomination comme Inspecteur général des Monuments
historiques ce que lui permet de nourrir sa passion pour
l’archéologie et les voyages
1845 Publication de Carmen qui connaît un faible succès
1849 Traduction de Pouchkine
1853 Nomination comme Sénateur à vie
1856 Souffre de graves troubles de la respiration et fait
des séjours dans le midi
1870 Le 23 septembre, il meurt à Cannes où il est enterré (cimetière anglais)
2) Georges Bizet
1838 Naissance du compositeur à Paris, le 25 octobre
1848 Entrée au Conservatoire de Paris dans la classe
d’ Antoine Marmontel, le 9 octobre
1852 Obtention de son premier prix de piano au
Conservatoire de Paris
1855 Obtention de son premier prix d’orgue au Conservatoire
de Paris. Composition de la Symphonie en ut majeur
1856 Participation au concours d’opérette organisé par
Jacques Offenbach et obtention du premier prix
1857 Grand prix de Rome pour sa seconde participation. Il
quitte Paris pour Rome, le 21 décembre
1861 Décès de sa mère, le 8 septembre à Paris
1869 Il épouse Geneviève Halévy, fille de son ancien
professeur de composition Jacques Halévy
1871 Naissance de son fils Jacques le 10 juillet
1872 Création de l’Arlésienne, le 1er octobre
1875 Première de Carmen le 3 mars. Mort à Bougival le 3 juin
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IV- DEUX SYMBOLES DE L’ESPAGNE 1) La Bohémienne
La Bohême est une région située en Europe centrale, dans l’actuelle République Tchèque. Dès la fin
du Moyen âge, bohême désigne un vagabond venu d’ailleurs, un étranger. Il a aussi la signification de
marginal et d’exclu.
Au XVIIe siècle, bohême définit celui qui refuse de suivre les règles de bienséance communément
admises dans les sociétés occidentales. Il n’est plus un étranger mais désigne une personne qui mène
une vie sans règle.
Au XIXe siècle, le terme s’applique à certains artistes pour qualifier leur mode de vie, aux mœurs
libres, insouciants et sans le sou.
La bohémienne est une figure très présente dans la littérature française du 19e siècle. Elle cristallise
des fantasmes contradictoires : femme fatale, elle représente l’aventurière, la femme libre, non
assujettie aux règles de la société. Les bohémiennes correspondent à cette envie de transgression
des règles et de l’ordre familial, de passion, d’interdit. Pourtant, si elles révèlent les désirs profonds
des Gadjé 1 et symbolisent la liberté, si elles incarnent la passion amoureuse, elles n’en demeurent
pas moins des voleuses, des intrigantes, usant de magie pour arriver à leurs fins. Si la liberté guide
leur mode de vie, la fatalité les voue à une mort violente et passionnelle mais dans la dignité.
Ainsi, Esméralda préfère être pendue plutôt que de céder aux avances de Frollo…
Carmen, poème de Théophile Gautier, rend tous les hommes fous de désir…
Mérimée puis Bizet en font une femme fatale, libre à en mourir.
1 : un gadjo / des gadjé, personne qui n’appartient pas à une communauté rom.
2) L’Arène
La première référence à l’arène arrive très tôt dans la nouvelle de Mérimée : au chapitre 1, le
narrateur se fraye un chemin jusqu’à un cirque où il fait la connaissance, sans le savoir, d’un homme
devenu brigand, Don José. « A peine eus-je fait une centaine de pas, que la gorge, s’élargissant tout à
coup, me montra une espèce de cirque naturel parfaitement ombragé par la hauteur des
escarpements qui l’entouraient. »
Tous les hommes qui croisent le regard de la belle gitane se trouvent piégés dans ses yeux qui les
envoûtent et les encerclent, comme une proie dans l’arène. Ainsi, Mérimée dit de Carmen que « Ses
yeux surtout avaient une expression à la fois voluptueuse et farouche que je n’ai depuis trouvée à
aucun regard humain. » La comparaison devient alors évidente. Si le regard de Carmen n’est pas
humain, il ne peut être que celui d’une bête, une bête traquée comme peut l’être le taureau destiné
à mourir sous le regard du public en liesse.
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« Songe en combattant qu’un œil noir te
regarde » chante Escamillo, le toréador de
l’opéra de Bizet. Si le vainqueur des courses
de Grenade évoque l’animal qu’il combat, le
défi s’adresse bien sûr à Carmen qui le
dévore de son œil noir. L’un et l’autre
périront de la même mort : ils seront piqués,
poignardés.
Enfin, Bizet, dans la scène finale, a décidé de
mettre en parallèle le destin funeste de
Carmen et la mise à mort du taureau devant les arènes de Cordoue. Et l’ouvrage du nouvelliste de
s’achever sur ce proverbe : « en close bouche n’entre pas mouche ». D’un air faussement dégagé,
Mérimée se retire de la boucle de son histoire, de sa bouche close, de son arène, pour se taire et
laisser place à l’appréciation de son lecteur.
V- LITTERATURE ET OPERAS
Le cinéma est aujourd’hui au livre ce que l’opéra était à la littérature.
Carmen est bien loin d’être le seul récit à avoir connu un succès lyrique. Voici quelques œuvres
littéraires à l’origine d’opéras (liste non exhaustive) :
• La Barbe bleue, célèbre conte de Charles Perrault (1697), a été représenté à l’opéra en 1866
grâce au talent du compositeur Jacques Offenbach et des librettistes Halévy et Meilhac.
• Les souffrances du jeune Werther (1774) est une œuvre majeure de Goethe que Jules
Massenet a repris en 1892 sous le titre de « Werther ».
• Pierre Augustin Caron de Beaumarchais a écrit Le Barbier de Séville en 1775. Gioachino
Rossini en a fait un célèbre opéra en 1846.
• Prosper Mérimée a publié en 1829 Le Carrosse du Saint Sacrement, une saynète en un acte
qui inspira Jacques Offenbach pour « La Périchole » (1868). Le livret fut également rédigé par
Ludovic Halévy et Henri Meilhac.
• Le Roi s’amuse est un drame romantique de Victor Hugo en 1832. Quelques années plus
tard, en 1854, Guiseppe Verdi compose l’opéra « Rigoletto » qui en est très largement
inspiré.
Gravure de G. Doré (estocade) 1861
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• La Dame aux Camélias, roman d’Alexandre Dumas fils, a vu le jour en 1848. Cinq ans plus
tard, le compositeur italien Giuseppe Verdi en tirera « La Traviata »
• …
VI- DE LA NOUVELLE AU LIVRET D’OPERA
« Le livret de Carmen présente une physionomie originale qu’il
doit à la personnalité de ses auteurs et particulièrement à leur
souci de faire accepter du public un sujet fort différent de ceux
qu’on lui proposait d’ordinaire. Tâche délicate à coup sûr, et
même une gageure ! La nouvelle de Mérimée est, en effet, une
sorte de tragédie passionnelle brève et intense où les situations
et les sentiments sont souvent d’un naturalisme violent. Une
adaptation fidèle en était impensable dans une maison vouée à
des spectacles habituellement sentimentaux, aimables et
gracieux. Meilhac et Halévy ont donc mis tous leur soin à
adoucir le caractère des deux héros pour éviter qu’on ne crie
l’indécence – ce qui s’est cependant produit. Ils ont effectué
par ailleurs d’autres transformations sur lesquelles nous
reviendrons, tant pour rallier les suffrages que pour imprimer
au livret leur marque propre, spirituelle et légère. Mais tout
ceci les a entraînés, fatalement, loin de Mérimée. »
Affiche pour une Carmen en
1886, production américaine
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Voici quelques transformations effectuées par les deux librettistes : Henri Meilhac et Ludovic Halévy
Le personnage de Carmen de Bizet est plus « édulcoré », plus civilisé que dans la Nouvelle de
Mérimée. Alors que l’héroïne de Mérimée se présente comme une voleuse, intrigante, criminelle, au
comportement totalement amoral, cruel et cynique, la Carmen de l’opéra moins outrancière dans les
méfaits qu’elle peut produire, se veut plus sage et ne commet plus de graves délits.
Meilhac et Halévy créèrent le personnage de Micaëla, absent chez Mérimée, permettant ainsi de
faire contrepoids à Carmen. Jeune navarraise, capable de traverser les dangereuses montagnes de
l’Espagne pour rejoindre son bien-aimé, elle incarne à elle seule la tradition romantique. Vivante
image de la pureté, de la fraîcheur et de l’ingénuité, elle offre un contraste saisissant avec Carmen,
personnification de la sensualité, du péché et du vice.
VII- L’ŒUVRE ET SA RECEPTION
Le directeur de l’Opéra-Comique, Adolphe de Leuven, avait pressenti cet échec. Le librettiste Halévy
rapporte dans un article intitulé « La millième de Carmen » (1905) : « Carmen ! La Carmen de
Mérimée ! … Est-ce qu’elle n’est pas assassinée par son amant ? … Et ce au milieu des voleurs, de
bohémiennes, de cigarières ! … A l’Opéra-Comique ! … Le théâtre des familles ! … Le théâtre des
entrevues de mariages ! … Nous avons, tous les soirs, cinq ou six loges louées pour ces entrevues…
Vous allez mettre notre public en fuite… C’est impossible ! (…) Je vous en prie, tâchez de ne pas la
faire mourir. La mort à l’Opéra-Comique ! … Cela ne s’est jamais vu… Entendez-vous, jamais ! … Ne la
faites-pas mourir ! … Je vous en prie mon cher enfant… »
Actuellement, au regard de la popularité mondiale de
Carmen, il est bien difficile d’imaginer que, lors de sa
création à l’Opéra-Comique de Paris, le 3 mars 1875,
l’opéra connut un échec retentissant. Le livret et le rôle-
titre de Carmen transgressaient toutes les éthiques
culturelles du moment. Le spectateur de la salle Favart,
qui venait en famille, habitué des opéras comiques à fin
heureuse, apprécia les deux premiers actes, avec le
chœur des gamins (« Avec la garde montante »),
l’entrée des cigarières (« La cloche a sonné »), les
couplets d’Escamillo (« Votre toast… ») ou le quintette
des contrebandiers (« Nous avons en tête une affaire »)
mais fut choqué et scandalisé par l’héroïne aux mœurs
légères et aux passions « réalistes » qui, de surcroît, est
assassinée sur la scène, à la fin de l’ouvrage. Affiche pour la création de Carmen
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VIII- NOTRE SPECTACLE : CARMEN 4 MARS 1875
1) L’argument
Au lendemain de la Première de Carmen, Georges Bizet est désespéré. La veille, son opéra n’a pas
recueilli le succès escompté. Si la salle de l’Opéra-Comique a applaudi les deux premiers actes, il n’en
a pas été de même des suivants… Pourtant, il le sait, cette bohémienne a tout d’un personnage
d’opéra ! Alors Bizet cherche à comprendre, il rejoue son œuvre, fait s’animer Carmen et Don José…
En appelle même à l'esprit de Prosper Mérimée... Ce spectacle dévoile la difficile rencontre d'une
œuvre avant-gardiste et d'un public qui, en son temps, n’en perçut pas les clefs.
Les principaux protagonistes de notre représentation accompagnent le spectateur dans la
découverte de l'opéra et de la nouvelle. Ensemble, ils le conduisent à s'interroger sur les causes de
cet échec… Carmen, 4 mars 1875 est fidèle au texte littéraire tout autant qu’à celui du livret d’opéra
et son originalité tient à l’angle de vue choisi pour raconter cette aventure : le spectateur se trouve
en quelque sorte invité à se glisser dans les pensées de Bizet afin de comprendre sa souffrance et sa
passion pour cette œuvre aujourd’hui majeure du répertoire lyrique.
Crédits photos : Pierre Virly
2) Les formules
Le spectacle peut se décliner de deux façons :
-Une représentation classique avec 3 intervenants (5 personnages) pour une durée d’1h 15mn.
-Une représentation augmentée d’interventions instrumentales et/ou chorales (concours d’écoles de
musique, d’ensembles vocaux ou instrumentaux divers). Nous consulter pour toute demande
d’intervention.
Mise en scène : Candice Charissoux
Mise en lumière : Nicolas Besnard
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IX- CARMEN DANS LA LITTERATURE DU 19e
1) Alexandre Dumas (1802 – 1870)– « Impressions de voyage » (1847) /Chapitre XXXVII : De
Paris à Cadix
[…]Imaginez-vous, madame, treize cents belles filles de seize à vingt-cinq ans, riant, babillant ; et ma
foi ! pardon à vous en particulier, et au sexe auquel vous avez l'honneur d'appartenir, en général,
fumant comme de vieux grenadiers, chiquant comme de vieux matelots. En effet, l'administration,
outre leurs appointements de cinq à six réaux par jour, leur laisse prendre autant de tabac qu'elles
peuvent en consommer sur place. Vous comprenez bien, madame, que cet état exercé par treize cents
jeunes filles crée une spécialité dans la population.
On dit las cigareras de Séville comme on dit las
manolas de Madrid, et les grisettes de Paris.
Seulement, las cigareras de Séville, à cause de la
facilité qu'elles ont de fourrer chaque jour dans leurs
poches un peu de la marchandise qu'elles manipulent,
las cigareras sont fort recherchées des sous-officiers
et des contremaîtres, et presque toujours, aux
combats de taureaux la cigarera, vous le comprenez
bien, madame, ne manque pas un combat de
taureaux, on la voit, le cigare au coin de la bouche, au
bras d'un militaire ou d'un marin, fumant bravement
un gros cigare qu'elle passe, hâtons-nous de le dire, à
son amant, aussitôt qu'elle l'a fumé à moitié. […]
Alexandre Dumas (portrait de Nadar) 1855
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2) Théophile Gauthier (1811 – 1872) « Carmen (1861) »
Carmen est maigre – un trait de bistre
Cerne son œil de gitana :
Ses cheveux sont d’un noir sinistre ;
Sa peau, le diable la tanna.
Les femmes disent qu’elle est laide,
Mais tous les hommes en sont fous ;
Et l’archevêque de Tolède
Chante la messe à ses genoux ;
Car sur sa nuque d’ambre fauve
Se tord un énorme chignon
Qui, dénoué, fait dans l’alcôve
Une mante à son corps mignon,
Et, parmi sa pâleur, éclate
Une bouche aux rires vainqueurs,
Piment rouge, fleur écarlate,
Qui prend sa pourpre au sang des cœurs.
Ainsi faite, la moricaude
Bat les plus altières beautés,
Et de ses yeux la lueur chaude
Rend la flamme aux satiétés.
Elle a dans sa laideur piquante
Un grain de sel de cette mer
D’où jaillit nue et provocante,
L’âcre Vénus du gouffre amer.
Théophile Gauthier, portrait de Nadar (1865)
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X- LES PISTES D’EXPLOITATION PEDAGOGIQUE
1) L’Exotisme
L'impérialisme britannique et la colonisation du XIXe siècle entraînent une ouverture géographique
inconnue jusqu'alors. En France, cette découverte aboutit à un intérêt pour tout ce qui est étranger,
ce qu'on qualifie souvent d'exotique.
C'est la curiosité et le goût pour le différent qui y jouent un rôle, le désir de s'évader, d'atteindre des
horizons inaccessibles, de partir en aventure, comme le narrateur de Carmen, de sortir du quotidien.
L'exotisme, dans le domaine de la littérature, s'est répandu au XIXe siècle avec : Baudelaire,
Chateaubriand, Pierre Loti, Mérimée, Jules Verne ; ce sont par excellence des rapports de voyages
comme Les Mille et une nuits, Robinson Crusoé…
L’écriture de Mérimée, influencée par le Romantisme, s’inspire de l’exotisme découvert lors de ses
voyages à travers la Méditerranée. Cette connaissance du terrain se complète par des recherches
documentaires et des relations d’amitié avec d’autres intellectuels espagnols comme Eugenia de
Montijo.
L'exotisme c’est aussi la peinture de la COULEUR LOCALE. Pour le narrateur - l'archéologue dans
Carmen – on le retrouve dans l'Espagne du Sud qu'il décrit dans ces termes. Cette représentation
visuelle a bien été saisie dans l'opéra de George Bizet (1838 1875).
2) Carmen : le mythe de la femme fatale
Le mythe de Carmen s’inspire du thème de la femme fatale, existant déjà dans les sources bibliques,
comme par exemple les histoires de Lilith ou de Salomé. Le portrait psychologique de cette
séductrice est celui d’une perverse qui, consciente de son pouvoir, utilise les attributs et les charmes
de son sexe pour manipuler l’homme. Elle est très souvent présentée comme la fille du diable,
domine donc son corps, les idées de bien et de mal, et l’étroite ligne qui sépare la vie de la mort.
3) Analyse comparative de la Nouvelle de Mérimée et du livret d’Opéra de Meilhac et Halévy
Etude des caractères des personnages et leurs relations.
ETUDE DES DIFFERENTES REPRESENTATIONS DE CARMEN AU CINEMA
De Chaplin, à Rosi -opéra filmé- en passant par Saura et Godard.
RECHERCHE ICONOGRAPHIQUE SUR CARMEN, L’ESPAGNE, LA CORRIDA
Affiches, peintures ou illustrations des XIXe et XXe : dessins et aquarelles de Mérimée, affiche de
l’opéra de 1875, œuvres de Picasso, Manet par exemple. Carmen et Don José, aquarelle de Prosper
Mérimée 1846, BNF.
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XI- LES PISTES D’ECOUTES
La version qui est proposée sur le CD est celle de KARAJAN dirigeant l’orchestre symphonique de
Vienne avec :
Carmen : GUILIETTA SIMIONATO
Don José : NICOLAI GEDDA
Micaëla : HILDE GÜDEN
Escamillo : MICHEL ROUX
CD Plage 1
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SYNTHESE DU DEROULEMENT DU PRELUDE :
CD Plage 2
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CD Plage 3
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XII-
XIII- DISCOGRAPHIE
Carmen, direction Michel Plasson, Orchestre National du Capitole de Toulouse, avec Angela
Gheorghiu et Roberto Alagna, EMI, 2003.
Carmen, direction Claudio Abbado, London Symphony Orchestra, The Ambrosian Singers, avec Teresa Berganza et Plácido
Domingo, Deutsche Grammophon, 1978.
Carmen, direction James Levine, The Metropolitan Opera Chorus and Orchestra, avec Agnès Baltasa et José Carreras,
Deutsche Grammophon, 1988.
DVD Carmen, direction Philippe Jordan, London Philharmonic Orchestra, Glyndebourne Chorus, avec Anne Sofie von Otter et
Marcus Haddock, BBC, 2003.
Carmen, direction Antonio Pappano, Orchestra and Chorus of the Royal Opera House, avec Anna Caterina Antonacci et
Jonas Kaufmann, DECCA, 2008.
XII- POUR EN SAVOIR PLUS …