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Doutes et questions sur le Traité de Versailles du premier Mai 1756, entre le roy et l'impératrice reine de'Hongrie Author(s): Favier, Jean Louis Source: Foreign and Commonwealth Office Collection, (1790) Published by: The University of Manchester, The John Rylands University Library Stable URL: http://www.jstor.org/stable/60233812 . Accessed: 16/06/2014 10:48 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Digitization of this work funded by the JISC Digitisation Programme. The University of Manchester, The John Rylands University Library and are collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Foreign and Commonwealth Office Collection. http://www.jstor.org This content downloaded from 91.229.229.49 on Mon, 16 Jun 2014 10:48:57 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

Doutes et questions sur le Traité de Versailles du premier Mai 1756, entre le roy et l'impératrice reine de'Hongrie

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Doutes et questions sur le Traite de Versailles du premier Mai 1756, entre le roy etl'imperatrice reine de'HongrieAuthor(s): Favier, Jean LouisSource: Foreign and Commonwealth Office Collection, (1790)Published by: The University of Manchester, The John Rylands University LibraryStable URL: http://www.jstor.org/stable/60233812 .

Accessed: 16/06/2014 10:48

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//"- *>

DOUTE

E T

QUESTIONS

SURLETRAITE

DE VERSAILLES

DU PREMIER MAI i7;j,

ENTRE LE ROI

E T

L'lMP^RATRICE REINE DE HOtfGRIfi.

Juillet 17/6.

Par M. Fav ier.

A PARIS,

Chez P 11 It libraire au Palais-Royal, fous les

galeiies de hols,

LcsfreresDesenme, vis-a-vis lefdires galeries & la d meMATHEE libraire auffi PaLis-Royal, 'bus la co'onade r.ttenant le berceau lyrique, du cote da

paflage de RddzwiUe.

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I 1 1

Cet Ouvrage dvoit ete fait par ordre d'un mz- i}iflre d'Etat} pen de jours apres la publication du traite de Verfailles & de la declaration de guerre contre I'Angleterre, d'abord apres laprife de Mahon.

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/

INTRODUCTION.

Oh ne confidere ici ce traite qu'en general

& dins le point de vue qu'il prefente au public.

S'il ya des ancles fecrets, & s'iis ont le moindre

rapport a tout ce qui a pnfle par la tete des

nouveilifles c'eft ce qu'on n'entrepren 'ra pas

de difcuter. Le temps & les circor-franc es ma-

nifefleront le vrai ou le faux de leurs conjec¬

tures. En attendant on peut, par une regis

generate, parier dix contre un pour la negative.

On ne pretend cependant rien nier rien

affirmer, encore moins rien cenfurer. On pro-

pofe des domes, des queflions des incertitudes.

C'efl tout ce que peut hazarder un particulier

attache a la recherche des princip s & a l'etude

des faits hiftoriques, mais peu inftruit de l'anec-

dote & du fond aftuel des chofes.

Si 1'on a avance eertaines opinions on croit

s'etre apptrye de verites, de faits, ou d'axiomes

A 2

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?4 J

re^us. Pour eviter des longueurs, des hearts 5

des repetitions, on s'eft contente de les indiquer, II ne feroit pas difficile de prouver en detail la,

verite & la juflefTe des indications.

En repondant d'avance a qu?lques ©bjeclions, on en a prevu beaucoup d'autres, & le defir d'etre

court les a fait paffer fous filence. On n'en f*roit

pas moins en etat d'y repondre. Pofons d'abord certains principes reconnus

& etablis.

Des raifons de trailer cotifidiries en general.

On ae traite pas fans motifs. Traiter pour traiter n'en feroit pas un ; du moins le bon

fens le prouve.

Ces motifs font & doivent etre des motifs

d'interet.

L'interet d'un etat dans fes negotiations peut etre en troisobjetsprincipaux,LA surety, l'a-

GRANDISSEMJINT, LE CREDIT OU LA REPU¬

TATION.

Un traite ne peut etre cenfe ayantageux ou

-x ••

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Is)

3eTavantageux qu'autant qu'il s'eloigne ou fe

rapproche d'un but d'interet reel ou folide. C©

but doit etre invariablement un des trois objets

propofes : tout autre motif feroit infuffifant.

L'humeur, la haine, l'amitie, le reffentiment, les

liens meme du fang ou de l'affinite; toute pailion, toute prevention perfonnelle peut aveugler fur

l'interet, le faire meconnoitre, & par confequent faire manquer le but. Ce font des affedions de

l'ame qui peuvent influer fur des particuliers ;

mais entre fouverains il efl convenu qu'on en

fait abflraction totale.

Mais, dira-t-on, la gloire ne peutellc, dans

certains casj balancer l'interet & meme l'emportei;

fur lui

La reponfe a ce doute eft une nouvelle quef-

tion.

Qu'eft-ce enfin que la gloire d'un fouverain,

d'un ^tat, d'un gouvernement, fi ce n'efll'interet

bien connu conflamment fuivi heureufement

atteint f

Cell en partant de ces principes qu'on va.

A3

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propofer quelques domes fur le nouveau traite.

On tachera d'en difcuter la neceffite, les avan-

tages ou les defavantages, & toujours relative-

ment a ces trois objets principaux, silrete agian-

diffement, credit ou reputation.

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D OU T E S

E T

QUESTIONS

S U R L E

TRAITE DE VERSAILLES

DU PREMIER MA I 17515,

ENTRE LE ROI

E T

L'IMPfRATRlCE RE1NE DE HONGRIE.

Juillet 1756.

SECTION PREMIERE,

ARTICLE PREMIER.

La convention de neutralite etoit - elle necejfaire^

ou peut-elle fore avantageufe a la France pour

fa sureti.

o N peut diflinguer, dans le cas prefent, deux

fortes de surete : l'une inte'rieure, qui efl celle du

A 4

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territoire; i'autre exterieure qui efl celle du

commerce.

II ne s'agit point ici de cette derniere. Une

puiffdnce fans marine, & qui n'a point de ports ou no.is faifons un grand tratic ne peut nous

affeder de cote-la.

II ne s'agit done que de la premiere efpece de surete, la surete interieure.

Sans cette neutralite, la France craignoit-elle une invafion de la part de l'Imperatricef

II feroit arrive dans la guerre prefente de trois

chofes 1'une :

Ou les fucces euffent ete egaux entre la France

& l'Angleterre, ou la France en auroit eu de

bnllans; ou elle auroit effuye des pertes & des

malheurs affez confiderables pour donner a la cour de Vienne la tentation d'en profiter.

Dans le premier cas, tout feroit demeure entre les cours fur le meme pied. Une nouvelle flipu- lation n'etoit pas neceffaire. Pour refter comme on efl, il ne faut point d'innovation.

Dans le fecond, l'lrnpera trice fe feroit efiimee heureufe qu'on voulut bien la laiffer neurre &

qu'on n'eut pas exige a la rigueur la preftatioa de la garantie.

Dans le dernier cas, ces grands malheurs (en mettaitf tout au pis) n'auroient jamais et« des

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jmotifs fuffifans pour engager 1'Imperatrice a une

aggreffion. La raifon on efl fimple :

Cette guerre etant par mer & hors du conti¬

nent de l'Europe les plus mauvais fueces & les

plus grandes pertes n'auroit point mine nos ar-

mees, ni ouvert nos frontieres. Ce font les feules

circonflances qui puiffent offrir a la cour de

Vienne quelque apparence de reuflite.

Suppofons cependant qu'elle eut fuccombe a'

ta tentation.

Par on l'Imperatrice auroit - elle attaque la

France f fur le Rhin, ou par les Pays-Bas? Sur le Rhin, nul pretexte d'allumer contre la.

France une guerre d'empire. Le Roipeut compter, avec toute forte de vraifemblance fur les princes & etats qui bordent ce fleuve. Les uns vivent

avec S. M. dans une etroite intelligence; liaison

fondee fur des vues d'interet prefent & d'avan-

tages eventuels. Les autres, forces par leur po¬ rtion d'eviter avec foin tout ce qui pourroit lui

deplaire font d'ailieurs entraines par les plus

puilTans; & ceux-ci font les plus attaches a la

France. Quels garans plus stirs de la foi des

hommes & des princes, que l'intetet d'un cote

& la crainte de l'autre La France n'avoitdonc, dans le cas le plus malheureux, rien a redoute.E

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de l'Empire ,'&*t>eau*coup au contraire a efperer de ces princes da Rhin, pour s'oppofer a une invafion autrichienne, ou meme pour la prevenir •

lis y auroient reufli par les voics de droit, en

invoquant les lois de ia conflitution de 1'empire, ou par ies voics de fait, en refufant le paffage aux aggreffeurs.

Ce refus auroit cte foutenu par deux puiffances prcponderantes. D'un cote par le Roi de Pruffe, conf Tmetnent a fon fyfteme connu & etab'i dans

]es affaires de l'Empire. De l'autre, par la France, non pas eomme paitie mais corame gararte eiemelle &' 'executrice nee des traites de Welt-

phalie. On ne parle pas du Brifgaw & des autres petits

etats ds l'lmperatnce fur le Haut-Rhin. Eriffac & Fribourg ne font plus. Le pays n'efl

pas en etat de faire fubfifter une armee deux fois vingt-quatre hetires. Et n'ayant plus de places d'aimes pour lui fervir de point d'appui l'lm-

peratnce ne pouvoit y etablir ni magafins, ni

qirartiers d'affemblce. - II n'eil plus queftion du fecours des Ruffes a ia foide de l'Angleterre: l'Empire entier leur efl ferme par le traite du Roi de Pruffe. Le Roi d'An-

glcterre les ai foudoyes : l'eledeur d'Hanovre les

congedle.

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II)

Dans cette pofition 1'attaque fur le Rhin etoit

done impraticable : pir les Pays-Bas elle a«roit

ete plus facile ; mais la France de fon cote auroit

eu plus beau jeu.

Suppofons en effet que 1'Angleterre, libre de la

crainte d'uhe defcente eut pu porter en Flandres

loutes fes forces tant nationales que fubfidiaires.

Ajoutons qu'elle eut meme entralne la Holland©

dans des mefures offenfives, qu'elle l'eut engages ouforcee a ]oind-e fes troipes avec I'armee com-

binee d'Angleterre & d'A.utriche. II ne feroit pas encore refulte de cette triple combinaifon un total

de forces egales a celles que le Roi peut aflembler

fur les frontieres avec tout I'avantage de lapii- maute & de la viteffe. Mais on infifle ailleurs fur

ce parallele, 8c l'on eublit notre fupcrioiite. •

Si quelqu'un objedoit encore la marche & Ia

jondion d'une armee Ru fle entretenue par I'An-

gleterre, il efl facile de repondre & de faire dif

paroitre ce fantome une fois pour toutes.

Outre l'eloignement, la len'eur de cefecours,

& fa cherte un peu forte dans ('execution, il refle

une queflion qui tranche toute difpute. Comment

& par ou arrivera-t-il? On 1'a deja obferve : plu« de paffage par l'Empire. II n'y en a point d'au-re

par terre. Le tranfport par mer de Livonie aux

Pays-Bas de quarantc mille hommes de pied &

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cie quinze mille chevaux efl une idee abfurdev Par confeqtient cette armee Rulfe, loin d'arriver

jamais, feroit pour la defenfe des Pays-Bas aufli inutile que fi elle n'exifloit point.

Quelques pertes done que la France eut pu Ibuffrir fur mer, 1'Imperatrice-Reine ne 1'iuroit

point atta'quee par les Pays-Bas, ou,fj elle 1'eut

entrepris, elle y auroit echoue. Nous verrons mesne tout a l'heure qu'il lui feroit arrive pis.

Done la convention d« neutralite n'etoit pas neceffaire & ne peut etre avantageufe a la France

pour fa surete.

ARTICLE II.

QUESTION PREMIERE.

La convention de neutralite' efl elle avan'tageufe a la France p&ur Jon agrandiffement

B efl des cas ou un fouverain peut faire fervir a ion agrandiffement des negociations de neu¬ tralite On en compteroit mille exemples tant anciens que modernes; mais on n'en citera que deux du dernier fiecle.

En i6*o, la maifon d'Autriche voulut ecrafer 1'eledeur Palatin, fubjuguer la Boheme, affervir

FAfemagne, opprimer l'ltalie. II falloit, poury

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reuffir, tenir les mains liees a la France & a I'An-

gleterre. C'efl ce qu'elle entreprit 8c dont elle

vint a bout par les intrigues & les negotiations de fes habiles miniflres.

Un Jeaii fiecle apres Gouis XIV avoit concu

des proje's auffi vafles : il en avoit deja exeute

une partie. Pour pouvoir fans obftacle, humilier

la Hollande pouffer & afTermir fes conquetes dans les Pays-Bas, garder la Franche- Comte

occuper Strasbourg, augmenter fa marine, etendre

fon commerce, il eut befoin de I'amitie ou da

moins de l'indiffcrence de Charles II, Roi d'An—

gleterre. L'^ven^ment de la triple alliance lui en avoit

fait connoitre la neceffite. Tout le manege de la

politique, l'argent fur-tout fut employe avec

fucces. Ce prince fut fidele a la nemralite pendant le refte da fon regne. La nation murmura, n'agit point, & la France fut agraniie.

Cheichons a prefent fi la neutralite dont il eft

queflion^, peut produiie a la France pour foa

agrandiffement, quelque avaitage femblable.

Difiinguons auparavant deux fortes d'agratf" difLment : fun par mer, l'autre par terre.

La guerre prefente efl par mer. II ne s'agit point de conquete de proche en proche ni d'ac-

Cjuifkion dans le conu'nent. II *fl queflion d'af-

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14 furer le commerce d'affermir, d'elargir meme

les colonies, de mettre la marine fur u.) pied au

moi is d'egalite avec I'Angleicrre. Pour remplir r s objets, il efl conflant que 1'amitie ou du moins

la neutrajue de certaincs puiffances nous efl ab-

folument ncqeflaire. Telies font l'Efpagne la Suede le Dannemark & plufieurs amies. Ce feroit

pour nous des ennemis dangereux dans ie cotirs d'une guerre par mer. La raifon c'efl que ces

puiffances font toutes raaritimes chacune dans fa pro; ortionj qu'elies out des vaiffeaux de guerre, des totes ctendues, des pons & des piys ou nous

faii 5,is uu grand commeice. Les uraes par l'ex-

joitation de nos denrees, de nos manufadures, & par les retours en argent que nous en tirons, nous fourniflent en partie le nerf de la guerre. Nous importons des autres des miti^res encore

plus utiles, & qu'en certains cas 1'argent ne fauroit nous procurer, des bois de conflrudion, chanvres,

goudrons j agies & autres pro virions navales,des 'canons meme, &c. 11 y a plus : toutesxes puif- fanecs, excepte une ou deux, font abfolument •hors de notre portee & pourroit nous nuire

beaucoup fans redouter notre vengeance; car, en contribuant a detmire les forces maritimes

de la France, elles fe mettroient a i'abri de ces forces de terre.

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(IJ)

Mais, pendant une guerre, fommes-nous ou

pouvons-nous etre dans aucun de ,ces cas rela- tivement a I'imperatrice

II efl clair qu'eile n'a point de vaiffeaux de

guerre a fournir a rft>s ennemis ni materiaux iii provifions navales, ni ports a nous fermer, ni aucune branche j_confiderable de commerce a nous interdire. On ne compte point OJlende 8c

Triefle. L'un efl trop pres, I'autre eft trop loin & tous deux font trop peu de chofe. Enfin, elle n'efl pas a l'egard de la France dans cet heureux

eloignement d'ou le plus foible ofe braver le plus fort. Une partie de fes etats efl fous la main de

celle-ci, & la vengeance feroit auffi prompte que fure; c'eft ce qu'on prouvera bient6t.

L'alliance contre nous de la cour de Vienne avec celle de Londres, ne pouvoit done, pas nuire a I'agrandiffement de la France par mer; c'efl le feul cas dont il efl queflion dans la guerre prefente.

Done la convention de neutralite n'efl point avantagtufea la France pour fon agrandiffement.

QUESTION IT

La convention de neutralite n efl elle pas meme

defavanteufe a la France pour fon agrandijfemenii

Si la neutralite n'efl pas diredement & imme^

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(I*)

diatementcontraireal'agrandiffement de la France

par mer, elle efl du moins diaraetraletnent op-*

oppofee a toutes les vues les plus folides & les plus

praticables de fon agrandiffement par terre. De

cet agrandiffement par terre tel que les conjec¬ tures lui en fourniroient l'occafion, il feroit au

moins refulte les circonflances les plus favora-

bles pour fon agrandiffement par mer ; c'eil une

confequence qui doit etre developpee. S'il n'y avoit pas eu de convention de neutra¬

lity l'Imperatrice nous auroit attaques ou non.

Dans le premier cas, nous nous defendions :

voila la guerre. Dans le fecond, ce n'etoit pas affez pour nous.

Des les premieres hoflilites ou depredations de

l'Angleterre on ne fauroit nier que le Roi n'eut

pu, a la rigueur, exiger de la cour de Vienne

la preflation de fa garantie. Sa majefte s'en eft

expliquee dans fa declaration de guerre. Cette

obligation eft commune a toutes les parties, foit

contradames foit accedences au traite d'Aix-la-

Chapelle. II ne feroit pas difficile de le demontrer,

quoique l'lmperatrice-Reine le nie en termes affez

clairs dans le preambule meme de la convention

de neutralite.

Suppofoni done que le Roi eut juge a propos d'exercer-

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i7) d'exercer fon recours, en demandant cette pres¬ tation a l'Imperatrice.

Elle l'auroit accordee ou refufee. Si ellc l'ac-

cordoit, tant mieux : fi elle la refufoit, ce n'etoit

pas tant pis. Sur ce refus, le Roi etoit en droit de lui de¬

clarer la guerre : & cette guerre etoit pour la France un moyen sur d'agrandiffemem. Pour le

prouv?r, on peut, fans fanatifme national, rif-

quer les afftrtions fuivantes. Sa Majefle, depuis les demieres augmentations,

a 300 mille hommes fur pied. Elle peut avec la moi ie gard'.r fes frortie.es & fes cotes, & mpnacer meme continuellementl'Angleterred'une defcente.

II refle done a employer l'autre moitie ouillui

plai a.

Par la fituation & la proximite des Pays-Bas, elle pouvoit, d'un mot, y porter cent cinquant* mille hommes, une artiilerie formidable des mu. rations de toute efpece.

Par les reffources du pays & la facilite d'en tirer des frontieres le Roi pouvoit egalement y faire fubfifler ce grand nombre de troupes. EUes auroient pu entrer en adion avant quel'Auinchej i'Angletetre 8c la Ho.iande, fi 1'on vein euifent a peine fonge a affembier les leurs. F^rtagees en

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18 >

deux ou trois corps, les notres etoient en etaE

de faire a la fois autant de lieges. Depuis les der-

nieres demolitions, ces provinces font prefque entierement ouvertes; & de I'aveu desmilitaires,

il y refle au plus fix ou fept places en etat de

fermer leurs portes. Done en un debut de cam-

pagne le Roi auroit fait la conquete des Pays- Bas Autrichiens, & fe feroit trouve, de ce cote-la, dans la meme pofition qu'en 1747, apres quatre

campagnes & trois batailles gagnees. L'armee des allies feroit-elle enfinarrivee? Oil

auroit-elle pu fe former Et qu'auroit- elle ofe

entreprendre Dans l'arriere faifon, ou auroit-elle

piis dafi quartiers d'hiverf LaHollande alorslui

en auroit-elle fourni fur fon territoire? Yauroit-

elle encore attire tomes les horreurs de la guerre? II eft bien plus apparent que la neceffite & les

confeils de I'experience l'auroient determinee a

fubir la loi du vainqueur. Cette loi douee & equi¬ table ne I'auroit candamnee qu'au repos dont elle a

befoin. Aucune diverfion a craindre.

On a deja prouve qu'inutilement I'Imperatrice auroit tente d'en faire une fur le Rhin. Eh.? quel autse voifin auroit eu, dans la circonflance ,1'envie ou le moyen de titer nos frontieres! On en prouve ailleurs 1'impoflibilite.

L'Autriche avec fes feules troupes, & peut-

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^

dp)

£tre un refte d'Anglois auxiliaires, auroit done

£te oblige de reconquerir les Pays-Bas fur tomes

les forces de la France reunies dans un feul point. Cette idee efl infoutenable.

Le Roi viitorieux & tranquille feroit done refle

en poffeflion des Pays-Bas, au moins pendant la

guerre. Qu'on ne dife pas que cette conquete auroit

pu eire enereufe. Les troupes etoient fur piedj elles etoient payees & les fonds futs pour le courant. II n'en auroit come pour cet article ni

plus ni moins. Voila le fort de la depenfe. A fegard de celle des fieges & du fervice de campagne, les contributions I'auroient rembourfee. Ces de-

penfes extraordinaires auroient dure trois mois; la jouiffance au moins quelques annees : & cete

jouiffance auroit conflamment fourni a I'emretiefl de cinquante mille hommes (_i).

II eft prouve qu'alors l'Imperatrice n'auroit plus eu d'efpoir de recouvrer les Pays-Bas que dans la moderation trop eprouvee du conquerant. Les fentimens d'humanne d'ou nait cette vertu ne

(i) Dans les deux dernieres annees de la regie des Pays-Bas, en 1747 & l74&, ils ont rendu a la France jufqu'a 4J millions par an, Ce calcul eft fonde fur le» documens les plus aathentiques.

B 2

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(20)

font pas epuifes: ils font inalterables. Les vaincus

trouveront toujours une reffource sure dans ces

difpofitions vraimeni heroiques. La cour de Vienne

en auroit fait la troifieme experience (i). Ces

pays lui auroient ete rendus en tout ou en partie.

Mais la vraie generofite n'efl ni aveugle ni pro-

digue. Le Roi, fagement occupe de l'interet de

fes peuples, auroit fait de cette reflitution le gage

d'une paix avantageufe 8c honorable.

Si l'Analeterre, dira-t-on, avoit remporte de

grands avantages auroit-elle voulu en facrifier

quelqu'un pour obtenir cette reflitution Si au

contraire elle eut du deffous fe feroit-elle de-

terminee a faire pour le meme objet, de nou-

veaux & de plus grands faciifices?

On peut repondre a cette objedion par l'ex-

perience du paffe & par les conjedures les plus vraifemblables fur l'avenir. L'une a prouve que

l'Angleterre pouvoit renoncer au feul avan'age folide qu'elle eut remporte dans le cours d'une

longue guerre 8c cela en faveur d'une pareille reftitution 2 Les autres nous font entrevoir des

(1) La neutrality des Pays-Bas pendant Ia guerre de

1733 a donne le premier exemple de cette mode'ration du Roi. Elle eclata au ant alors a ne pas les envahir

que depuis a les rendre.

(2) Reftitution du Cap-Breton parle traite'd'Aix-la-

Ghapelle. ^.

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avantages & des fucces dans notre guerre ma¬

ritime. Nous en avons deja remporte un tres-

confiderable (i) Mais on ne fauroit s'empechgt de prevoir eh meme - temps de la part de la

nation angloife, quelque battue, quelque ruinee

qu'elle puilfe etre la plus forte repugnance a fe

faire juflice & a nous la rerdre. Cependant elle

nous doit des reflitutions, des indemnites, & nous

en devra davantage. II faut une fatisfadion. Cette

fatisfadion a ete folemnellement demandee, 8c ne

pourroit plus etre foiblement exigee.

Quelques fucces qu'euffent nos armees dans

une guerre de cette nature nous pourrions a la

paix n'avoir point de gages pour forcer 1'Angle- terre a ces reflitutions 8c indemnites ou en avoir

de tels, que nous ne voudrions ou ne pourrions

plus les rendre. Dans le premier cas, la nation

angloife, meme au bord du precipice, nous re-

fuferoit toute fatisfadion. Dans le fecond elle

voudroit fare compenfation. Si au contraire la France avoit commence par

s'affurer des Pays-Bas, elle feroit nantie : & fi la

fatisfadion q..-i lui efl due, lui avoit ete refufee, elle ne pouvoit plus manquer, fauf a la prendre fur la chofe meme pour obliger la cour de Vienne

(i) Conquete de Minorque. B5

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a la lui procurer d'ailleuis. II ne faut pas croire

que la cour de Londres eut ete foutde a fes inf- tance..

D'abord, elle auroit difficilement pu fe refufer a tous les motifs de juflice, d'honneur & de re- connoiffance a l'egard d'une alliee qui fe feroit ficrifiee pour elle. Mais au fecours de ces motifs

ll en viendioit un plus preffant: c'efl que ni le

propre interet, ni la surete meme de la Grande-

Bretagne ne lui auroient permis d'abandonner cette alliee en laiffant pourtoujours les Pays-Bas 4 la France.

II s'enfuit que leur poffeffion etoit pour elle un sur garant des reflitutions, des indemnites, 8c meme des ceffions qu'elle auroit pu pretendre.

II ne faudioit pas moins qu'un gage de cette

importance pour rendre complette la fatisfadion demandee. Car on fuppofe qu'elle r.e fe borneroit

pas a quelques fommes d'argent, en dedomma-

geant nos marchands pilles. L'effet de cette fa¬

tisfadion auioit du etre encore de fortifier notre

marine de nous donner de nouveaux ports, ou

du moins nous rendre 1'ufage fibre des anciens, d'etendre notre commerce 8c l'affurer pour jamais contre de pareils entreprifes, d'affermir nos colo¬

nies d'en reculer les bornes, ou les fixer a notre

avantage : en un mot, agrandir la France en

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(*5

augmentant & confolidant fa puifTance maritime.

II refulte de tout ceci que fon agrandiffement

par terre, dans la conquete des Pays-Bas, auroit

produit au moins les circonftances les plus favo-

rables pour fon agrandiffement par mer dans le

traite avec l'Angleterre. La neutralite en queflion

empeche ce dernier agrandiffement en s'opofant a I'autre.

Done la convention de neutralite efl defavanta-

gtufe a la France pour Jon agrandiffement.

Article III.

La convention de neutralite efl-elle avantageufe a.

la France pour le credit ou reputation

Chacun fait que ce mot credit ou reputation ne s'explique pas entre fouverains comme entre

particuliers. Chez ceux-ci e'efl l'opinion qu'on a

de la fortune, de la probite d'un citoyen, de fa bonneconduite & de fon intelligence dans le com¬

merce; chez ceux-la, e'efl I'idee que 1'oh con¬

ceit des forces, des reffources d'un prince ou d'un

etat, de fon gouvernement, de fon fyfleme poli¬

tique de fa fidelite 8c de fa fernjete dans fes enga- gemens. On peut done relativement a ces divers

objets, diflinguer deux fortes de credit politique. Credit de confiance etabli lur le caradere per-

B 4

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(24) fonnel du fouverain, ou fur les principes du mi- niftere.

Credit de confederation fonde fur le genie, les talens, la puifTance les richefles, les refTources les alliances, la pofition locale, mais plus encore furl'habilite a tirer parti de tout cela.

A l'egard du credit de confiance, rien n'a pu ni du l'etablir plus foUdement que toute la con- duite du Roi &] la connoiffance de fon carac- tere: I'Europe en efl temoin. Les preuves ecla- tantes que Sa Majefle en a donnees, font trop re'centes pour avoir laiffe former de nouveaux dome?. S'il en fubfifle encore, ce font des pre- juges fuces avcc le lait que la malignitefomente, & dont la flupidite garantit la duree. Ce n'efl pas la ftanchife le defintereffement, la generofue qui convertira cette forte d'incredules. Miis fut il a prefect queftion d'etablir ou d'affermirle cicdit de confiance, ce ne feroit pas la convention de neutralite qui pourroit y contribuer.

II ne s'agit point en effet de remplir aucun

engagement. Ou cette neutra'ite etoit deja fondee furletiaite

d'Aix la-Chapelle : alors I'attention du Roi a la ief-

peder auroit allez prouve f.i fidtlite & fa juOice. Ou ce meme traite autorifoit le Roi a rccla-

mer la garantie de toutes les parties, foit con-

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tradantes foitaccedantes;alorsSa Majefle/laiffant fubfiller fon droit fans I'exercer, n'en faifoit que mieux eclater fa generofite 8c fa moderation.

Au contraire une convention par laquelle le

Roi fe lie les mains, lui fait deform jis un devoir de ce qui n'etoit qu'une grace. Qui fait fi l'or

gueil Autrichien n'attribuera point a la neceffite, du moins a 1'interSt, un engagement volontaire & une indulgence purement gra'.uite (i).

Au lieu done de fe faire par cette convention ——.— /

(i) Quoiqu5 les propos des gazettes foient peu dignes de l'attention des fouverains 8c des miniftres, i! eft bon de remarquer ici qu'elles de'butent deja fur ce ton dans les pays e'trangers; & le plus fingulier, e'eft qu'on nous fait tenir en France Ie meme langage. Voici les propres termes de la gazette d'Utrecst, du 18 juin 1756, a l'article Paris.

« L'illuftre alliee que Ie Eoi acquiert par ce traite m 8c plus encore la grandeur d'ame & le eceur m 'gna- <* nime c!c cettc auguile paincefle, offrentun vafte champ 33 a la verve d s pcetes & a l'elo .pence des or teurs....*>

On ne finiroit pas ft Ton s'airufoit a copier les autres

gazettes frangoifes oil ce pompeuxverb.age eft par tout

re'pe'te' 8c amplfiic. On peut bien croire que celles d'AI-

Icmagne & de l'ltalie autrichienne auront pris le ton encore plus haut. Et fi jufqu'a prefent les poeres & les orateurs fe taifent en France, il ne faut pas douter

que quelque profeffeur tudefejue n'ait deja celebre, a ceitc occafion, Vaugujle climenfe de ia fouveraine. II faut

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0

(26) tin merite de plus, la France y perd celui de la liberie & du choix.

Done la convention de neutralite nz efl point avan*

tagenfr a la France pour e'tablir ou pour augmen¬ ts'- fan credit de confiance.

L'eft elle davantage par rap part au credit de

confederation Les effets en font, a cet egard, les memes que ceux du traite d'alliance. Et pour evi- rer des repetitions on renvoie cette difcuffion a {'article III de la fedion fuivante.

SECTION I Ie

ARTICLE PREMIER.

QUESTION PREMIERE.

Le traite defenfij d'alliance & d'amitie efl- il &

peut-il devenir avantageux a la France pour

fa sutete

La meme qnefiion a ete traitce dans la fedion

precedente au fujet de la convention de la neu¬ tralite. Tout ce qui a ct6 dit fur l'article de la surete,

petit 6V doit egalement s'appliquer au traite d'ail-

Favouer : l'oftentation l'eclat que nos miniftres memes ontfa't de cctte alliance dans les course'tran- geres, a trop favorife' ces ridicules declamations ; & dans certains memoires preTentc's 4 ces cours, une joie trop marque'e a pu laifler croire au public que le nou- vcau etoit le traite' falut de la France.

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(27)

liance : celui ci ne fournit plus qu'une queflion

paiticuliere.

La fiipulation d'un fecours reciproque eft • elle

avantageufe a la France

Avant de repondre, il faut fe rappeler que le

fecours reciproque doit etre aux termes du traite, de dix huit mille hommes de pied & de fix mille

chevaux.

Dans le cas ouce fecours ne feroit point requis ou fourni en nature, il eft evalue par mois 288

mille florins d'empire, fur 8000 florins pour mille

hommes de pied, 8c de 24 mille florins pom mille chevaux.

A 2 liv. 10 f. le floriia, e'efl par mois 20,000 liv.

pour mille hommes d'infanterie, & 60,000 liv.

pour mille hommes de cavalerie; total par mois

720^00 livr.is, 8c par an, 8,640,000 liv. Ajou- tons les frais de remife, de commiffion, de pro-

vifion, l'interct des avances &c. &c.: ils porte- ront bien ce total a 10,000,000. La fomme efl

un peu forte; Sc long-temps continuee, elle de-

viendroit un jfobfide audi onereux qu'inutile a

payer, Avant de le prouver il fe prefente une autre-

queflion.

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(28

Suppofi que la France put fore fouvent & long-'

temps dans le cas de requerir ce fecours feroit- elle ajfure'e de lerecevoh- exaclement

En argent, oh ne s'attend pas que la cour de- Vienne putfournir a la longue un pareil fecours, elle qui ne fait la guerre qu'a force de fnbfides & qui, meme en temps de paix, ne pouvoit prendre tous les ans fur ces revenus le quart de cette fomme. En nature elle pourroit mieux

remplir fon engagement; mais il efl convenu que ia partie qui fournira les troupes les payera, 8c

quel autre fera tenue de ieur fournir feulement des

qtrartiers d'hiver. Peut-on fe flatter que pendant lecours d'nne

longue guerre, la cour de Vienne em confiam- ment le pouvoir ou la volonte de payer & d'en- tretenir vingt-quatre mille hommes au fecours dela France On ne le croira pas, fi l'on en juge par les efforts que cette cour a fiits pour elle- meme dans 'es deux guerres de 1701 8c de 1741.

On fait qu'elle a toujours promis a fes allies de foumir pour fa propre defenfe des contin-

gens confidcrables qu'elle a meme donne des lilies qui exedoient fort ie nombre de vingt-quatre uLiile homines; mais on n'ignore pas non plus que ces contingens n'ont jamais exifte que fur

^ttmtmu+mtmhmVkmWBmmtW^kmmmmWil This content downloaded from 91.229.229.49 on Mon, 16 Jun 2014 10:48:57 AM

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Cap)

ie papier; que ces memes allies fe font toujours

plaint de l'inexecution des promeffes 8c du far- dcau enorme qui en retomboit fur eux; qu'ilen efl refulte fans cefle des degouts, meme de 1'ai-

greur & de l'animofite entre les puiflTances unies

par des liens naturels & qui pretendoient agir de concert contie un ennemi commun; & qu'enfin, malgielesclameursde fes allies, la cour de Vienne n'a jamaispaye 8c entretenu a fes frais & depens, dansaucune des ar.iiees combinees, vingt-quatre mille hommes effedifs.

Ce qu'on a pu obtenir de la cour de Vienne

pendant qu'il y alloit de fon propre falut, doit-on

efperer qu'elle le feroit pour la querelie d'autiui? D'un autre cote apres les prodiges que la France a faits pendant ces deux guerres toujours feule, ou n'ayant que des allies onereux perfonne ne doute qu'elle ne fut en etat de fournir tres exac- tement le fecours flipule foit en argent, foit en nature.

Pour etablir done un peu plus de proportion entre la pofiibilite de la France & celle de 1'Au- triche il femble qu'on auroit pu flipuler moins

d'argent & moins de troupes de part & d'autre. On ne voit guere qu'un motif de la part de la

France qui ait pu dider cette magnifique flipula- tion. Ce feroit d'enimpofer a plufieurs tiers par

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13°) le nombre de troupes & le montant de la fornme. Comme fi ces tiers ne favoient pas bien a quoi s'en tcnir la-deffus. lis font auffi convaincus de la poffibilite & de l'exaditude de notre part, qu'ils s'y attendent peu du cote de I'Autriche.

S'il n'etoit queflion que de les faire trembler, la France auroit affez de moyens fans aller men- diet des fecours d'autrui ou prodiguer les fiens. Encore moins etoit-elle dans le cas de trembler

pour foi-meme & dechercher un appui a la cour de Vienne.

Mais ceci nous ramene a la queflion primitive. En fuppofant done une exaditude egale de

part & d'autre dans la preflation des fecours fti-

pules, cette flipulation efl-elle avantageufe a la France pour fa furete

Obfervons d'abord que ce fecours doit avoir lieu au cas feulement que l'une des parties foit

attaquee par un tiers.

Pour qu'il en refulte a la Prance une surete & un avantage reel, il faut done fuppofer qu'elle foit fouvent attaquee, & I'Imperatrice jamais, ou du moins plus rarement; que les guerres quifui- vront ces aggreffions contre la France feront fort longues, & contre l'Autriche plus courtes.

Voyons a prefent laquelle de ces deux puiffances

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Page 32: Doutes et questions sur le Traité de Versailles du premier Mai 1756, entre le roy et l'impératrice reine de'Hongrie

(3i

efl ou peut £tre a l'avenir la plus efpofee a une

aggreffion. La France a-t-elle des voifiHS affez puiflans

pour l'attaquer,ou feu!s,ou tous enfemble Ces voifins auroiest ils quelque droit, quelque pre¬ tention a faire valoir contre la France, queique province a revendiquer Qu'amroient-ils a lui demander? Elle n'a rien acquis de ce regne que

par echange & fur la fin du precedent elle a.

beaucoup cede. Sa fucceffion n'a pas ete iitigieule; aucun prince ctranger ne s'efl porte pour heri-

tier en tout ou en partie. Elle n'a pas eu de re- nonctation a extorquer de qui que ce foit par la force des armes.

Remarquous, en paffant, qn'a l'egard des pre¬ tentions & des reclamations, 1'Autriche eft dans un os tout oppofe. Revenons.

Les voifins de la France qui voudr'oient Pal-

taquer, auroient-ils quilque attrait, quelque avan-

tage a le tenter, ou quelque efperance d"y reuffir? Pour repondre a cette queftion, parcourora

nos frontieres, comptons nos voifins, voyons leurs moyens 8c leurs forces.

Depuis l'Ocean jufqu'aux Alpes, I'Imperatrice & l'Empire.

Pour la premiere, on a prouve ailleurs que, meme fans la nouvelle alliance, elle if en feroit

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pas plus a redomcr, & qu'e'le auroit beaucoup a craindre. L'Empire encore moins, tant que la Fiance voudra bien vivre en paix avcc lui; & moins que jamais fi la couronr.e impeiiale fortoit unjour de la nouvelle maifon d'Autriche.

Le long des Alpes jufqii'a la Mediterrannee

les Suiffes : tout eft dit la-delTus. Le Roi de Sar-

daigne : e'efl de tous nos voiGns le plus avan-

tageufement fitue pour nous attaquer comme

pour fe defenire. Tous ceux qui connoilTent les

Alpes &les diredions de leurs gorges, conviennent de ces avantages. Cependant, le fucccs d'une ag-

grelTIon de fa part ne lepondroit pas au debut.

Rien de fi facile pour lui que d'entrer en France : rien de fi difficile que d'y fubfifler. Engage trop avant, rien de plus impoflible que d'en forth (i).' Ce font des verites hifloriques topographiques, mille fois demontrees. Ce qui n'eftpas moins vrai, e'efl que le Roi de Sardaigne n'a pas plus l'envie

que les moyens d'attaquer fenl la France. II ne le peut pas davaniage avec fes allies. L'lmpera- tiice feule efl a portee de lui fournir des troupes, quotque jamais affez pour prendre des quartiers

(i) Ceft ce que le Roi Vi&or-Amede'e difoit fouvent Iui-meme.

d'hiver

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T

33

dsIliVer en France. Ainfi le traite en queflion n'cut-ij

jamais exifle, ce prinse eft trop fage pour rifquer fon armee, peut-etre fes etats, fur la foi d'un

fecours autriehien. II a eu d'ailleurs tout le tems

d'apprendre combien ce fecours efl fouvent in-

certain, totijours tardif, quelquefois incommode.

L'Angleterre ni la Hollands ne pourroient l'aider efficacement-que de leurs fubfides. Des befoins plus preffans, des interets plus favorifes detournent ceux de la premiere vers le Nord &

l'Allemagne. L'impuiffance de la feconde, ou du moins foij economie ne permet plaj guere a aucun allie d'en efperer de fa part.

Mais pour rerminer fon article fi ce prince a des vues de conquetes & d'agrandiffement, fi ces vues affez naturelles peuvent etre regardeescomme hereditaires dans la maifon de Savoie ce n'efl allurement pas de ce cote-ci.

Refle enfin l'Efpagne entre les deux mers. Elie eft encore bien loin de devenir fermelle-

ment l'ennemie de la France. Si cet evenement

paroit fort recule, ce n'eft pas que dans la fuite

il y ait beaucoup a compter ni fur les liens du

fang, ni fur l'amitie entre les deux nations. C'efl

que heureufement elles n'ont rien a demeler en- femble. La main du createur a marque les limites, &c perfonne de part & d'autre ne fbnge a les paffer.

C

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(34) On ne comptepas les petites tracafferiesque le com¬ merce pourroit occafionner. II efl trop a notre

avantage pour ne pas le conferver; 8c a cet egard, il fera toujours aufli facile que fenfe de trouver des

ajuflemens. Quand aux imerets etrangers, le fyfleme de

1'Efpagne en paroit deformais auffi eloigne &c audi

independant que fa fituation. Al'egard des inteiets de famills 8c des projets d'etabliffemens, ils ne

peuvent avoir lieu aux depens de la France: & au contraiie, ils reufiroienr difficilement fans fon fecours. A fuppofer done que ces memes motifs

puiffent etre encore quelque jour d'un audi grand

poids pour 1'Efpagne qu'ils font ete pendant trente ans, ils la tourneront toujours de notre

cote. Adroettons cependant que, contre toute at-

tente 1'Efpagne eut envie d'a'taquer la France.

Elle ne le pourroit plus aujourd'hui que par fa

frontiere des Pyrenees. II fuffit de connoitre la notre de ce cote la, pour juger eombien 1'entre-

prife feroit impraticable. Ajoutons une verite

hiftoiique ; e'efl que, depuis Henri IV, la Fiance

n'a jamais ete formellement attaquee (i). Dans ce

(i) On en excepte le cas de Ia guerre prefente, cas

fingnher qui n'a aucun rapport a l'objet du traire dont il s'agit, & qui d'ailleurs en eft auffi exeepte'. II le fera

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3f )%

long intervalle, il s'efl paffe huh grandes gneries, -

l'aggrefiion a toujours ete du cote dfc la France,' du moins dans la forme : & e'efl de la formed dont il s'agittci. Elle efl aufli formidable aujour- d'hui qu'elle I'ait jamais ete depuis cette epoquei1 Ses voifins ne le font pas davantage : 8c dans le

fyfteme prefent l'Europe, aucun ne peut, avec

le terns s'accroitre affez pour le devenir. Donfe1-

elle n'efl pa's a prefent, &*n"e <peut etre delon'g- tems plus expofee k une aggre'lTion, qu'elle Ta* ete depSis Henri IV. r" _'v c ; • J !»'£

Pour la France, d&nc de tous>'le3 cotis fe-'rifqtfe? d'etre attaquee efl nul oa prefcjiie-inuf.

Calculous-a prefent ce meme rifque pour l'lm1-1

peratricecnf^ifons egalemencle t5ur de fes vafteS I ...T_|. n r r r

toujours aux termes du traite d'ailliance : le fecours ftipule ne l]eft.,qu'a raifoa de Ia garantie re'ciproque. Or celle-ci, art III, n'a lieu de la part de 1'Impera- tric? que poui les poffeffions de Ia France en Europe. Celles-u ne feront jamais le fujet d'une rupture avec l'Angleterre; mais bien selles aux 'Indes 8c en Ame'- rique. Done l'exception aura toujours. lieu. II vrai que la France ne garantir pareillemen a l'lmpe'ratrice art. 4, que fes pofleftions en Europe ; mais on fent trop cofnbien cette claufe eft illufoire, l'lmpe'ratrice ne pof- fedant point ailleurs un pouce de^terre. On a voulu par- la jouer la re'eiprocite. II auroit mieux valu renoncer a cette vifible facon de platrer Ie de'favantage.

C 2

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(3*) frontieres. Cherchons ici ceux de fes voifins qui peuvent, a prefent ou a l'avenir etre fes ag- greffeurs. II feroit inutile de parler des autres.

A cqmmencer gajr, ,-leSi Payss- Bas quelqu'ua fera peut etre furpris de voir la Hpllande. Pour

Wyenir de cette, •furpiife, il n'y a cependant qu'a faire attention aux demeles affez vifs aduellement

fubfiftans entre.I'I'mperatrice & les etats generaux, fur l'execution- des -traiies de Barriere. Ces de-

meles.ont rendu HccefTaire le congres de Bruxelles. S'il n'efl pas formellement rompu du moins les conferences font fufpendues & peut-etre pour ne fe renouer jamais. Les matieresfont delicates. II s'^git d'hypOtheques d'arrerages de rem-

bourfemens d'indemnites enfin de groffes pre¬ tentions d'argent auxquelles la Hollande n'efl pas

prele a renoncer, ni I'Autriche a fatisfaire. Rien

de plus naturel, lorfqu'on aura perdu tout efpoir de conciliation, que d'en venir aux -voies de fait. Les demandeurs font a portee ; ils. pourroient fe

faifir des gages qu'ils ont fous la main. Hoflilites

aggreflions, manifefle, crieroit alors la cour cle

Vienne.

Dans"la Gueldre, le Roi de Pruffe. Celui-ci

efl facile a concevoir. Nous le trouverons ailleurs. En Autriche, la maifon de Baviere. En Boheme, celle de Saxe.

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(37)

line faut point partir de l'i?lat'pfefent; Le fyf- teme aduel de la maifon de Baviere fieat vrai-

femblablement a la perfonne de I'Electeiif. II petit

changer dans un inflant & faire place a un nou-

veau. Difons en autant de la cour de Saxe. Leurs

pretentions font plutot aflbupies qu'eteintes, ""->

Les publicities Allemands excepte rceux< d,e

Vienne, ne font pas plus de cas des renoncia-

tions que les Jurifcpnfultes Francois. Un grand

exemple a prouve recemment qu'il n'efl point de pietention fi douteufe, ni fi fuiannee qu'en ne puiffe faire revivre a propos, ni fi modique, dont les arrerages ne puiffent abforber des pro¬ vinces.

On peut le dire, en partant des principes ge- nerauxdu droit public germanique; en Allemagne, les pretentions font eternelles Sc imprefcripubles. Ainfi ces deux maifons potirioient un jour s'unir

entre elles & fe joindre a d'autres qui ont aufli

des pretentions a h charge de la cour de Vienne.

Cette union pourroit tAt ou tard attiier a la France

une requisition dc feeours flipu.es. Dans la Silefie, encore le Roi de Prufle.

On fait affez que fa methode efl de prevenir

1'aggrelTion. Quelques allies que ce piince eut

perdu, quelque changement qui fut arrive dans

fa confiflance, il ne faut pas croire au'a est egard 'c3

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(3» J

il changeat fa pratique. Plus meme il feroit ifole, deiaiffe, abandonne a fes ennemis, plus il feroit

certain d'en etre bientot attaque. Dans cette cer¬

titude, & ne devant point efperer de quaru'fer, le paiti le plus sur feroit pour hii le plus auda-

cieux : il en a deja fait une fois l'experience; ce

prince n'en prendroit point d'autre. II aun.it beiu

montrer une ligue foimee des operations con-

certees, des armces en marche pour 1'engloutir; _

pretendre enfin que fon attaque n'eft qu'une de-

fenfe legitime l'Imperatrice y trouvera le eafus

foederis. ,Nous voici arrives fur les frontieres de Hongrie.

Nousy trouverons le Ture, cet ennemi puiffant,

peipetuel hereditaire de la maifon d'Autriche.

Aura-t-il plus d'amitie pour l'heritiere de cette maifon & pour celle qui eft appelee a la rem-

placer fS'il efl ignorant & fuperftnieux, fon mufti

lui fera-t-il moins un point de religion de maffa-

crer les infideles pour l'amour de Dieu & la gloire du grand Prophete S'il efl foible 8c timide, fa

milice infolente ne le foreera- t-elle pas de les at-

taquer malgre lui? S'il eft ambitieux, s'il aime la

guerre aura t-il befoin de tous ces pretextes f

Mais quelque motif qui le determine, il fera fou-

vent Paggreffeur comme l'ont prefque toujours ete fes ancetres. Depuis plus de 360 aas ont voit

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"(39) fans ceffe dans 1'hifloire les Sultans aux prifes avec

les Rois de Hongrie. Par un calcul bien fimple de ces 360 ans, il s'en eft paffela moitie en guerre entre ces deux puilfances.

Chez les Turcs rien ne change; religion, mceurs»

gouvernement, genie national, fyfteme politique, tout eft re fie fur l*ai»Gien pied. Le degre de puif- 'ance n'a pas varie depuis Soliman II. Ce qu'ils ont perdu dans le continent ils font regagne dans la mediterrannee.

Le meme ordre de caufes produit ordinaire-

ment-Ies memes effets. On en peut tirer une con¬

fluence prefque auffi demontree qu'une verite

geometriqne: e'efl que fur cent ans, par exemple, il y aura cinquante annees de paix 8c cinqiunte annees de guerre entre la maifon Ottomane &

celle qui poffede la Hongrie. D'ou il fuit que, fur un fiecle la France, aux termes du traite j

feroit obligee de payer cinquante annees d'un fub-

fide de 8,640,000 liv. Si elle aimoit mieux fournif

en nature le fecours flipule il lui en couteroit

certainement beaucoup plus cher. II faudroit >

pendant cinquante annees, recruter & entretenir

24 mille hommes a quatre ou cinq cent lieues

pour le fei'vice de la maifon d'Autriche. Contre

qui?.... C'efl un point fur lequel on fe permec ailleurs quelques reflexions.

C 4

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40 5 Mais achevons le tour que nous avons com¬

mence. II ne refle que 1'Italie. On ne fauroit nier que

les deux Rois unis de Naples & de Sarddigne ne

puiffent y attaquer les etats de l'Imperatrice. On

peut aufli fe figurer plufieurs eirconflances pof- fibles ou naeme prochaine dans lefquelles ces deux aggreffeurs feroient foutenus de i'Efpagne? & peut-etre de quelque autre puiffance.

Voiladonc aux Pays-Bas fur I'Elbe, l'Oder

e Danube *k en Italia un nombre de puilfans voifins, doat quelques-uns for.t les ennemis na- turels de la maifon d'Autriche. D'autres a tout moment peuvent le devenir. La duree desguerres qui fuivroient ces aggreflions doit auffi entrer dans la bflance : & perfonne ne doute qu'avec un fecours auffi confiderable, la cour de Vienne ne trouvat le fecret de les rendre etemelles. Il

y a long-terns qu'elle le cherche aux depens de fes allies. Oh n'a qu'a remonter un fiecle dans ^'hifloire : on lui verra toujours faire, par gout, .a guerre avec l'argent d'autrui & la paix par orce fans cette reflburce. Par confequent le

rifque d'etre attaque efl pour les etats autrichiens tres grand, tres frequent 8ctres-multiplie (i). Pour

(i) Remar^uons que par le traite', art. 4, le fecours

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4*

la France, on l'a demontre, ce meme rifque efl

nul ou prefque mil. Les fecours flipules en fa

faveur ne peuvent avoir lieu que dans le cas ou

elle feroit attaquee, Ces fecours font done pour la France nuls ou prefque nuls: ils font comme

s'ils n'avoient pas ete flipules. Par la meme raifon

toute la surete, tout l'avantage qui refulte de cette

flipulation efl pourl'Imperatrice, 8c toute laxharge en efl pour la Franee.

Done le traite d 'alliance & d''amine n'efl point

avantageux a la France pour fa surete.

On a diflingue dans la premiere fedion la

surete interieure, ou de territoire, la surete ex-

terieure ou de commerce.

QUESTION I Ie

Le traite definitif a"alliance & d'amitie n'efl-il

pas mfone defavantageux a la France pour fa

siirete exterieure ou surete de commerce

Nous l'avons deja obferve: la France efl en

alliance, ou du moins en paix avec plufieurs princes

devra ,etre fourni fur la requifition de celle des deux

parties qui fe trouvera attaque'e ou menacie d'une inva¬ sion dans fes poffeflions. Qu'on juge de 1'etendue qu'une claufe aufli vague peut donner, felon l'interpre'tation dela courde Vienne, aux engagemens de la Franee.

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4» J & etats ehez qui elle pourroit faire un grand com¬ merce. L'amitie de ces princes efl prccieufe pour elle par cette raifon, & aufii parce qu'ils pour- roient lui nuire fans craindre beaucoup fon ref. fentiment. Leur diflanGe fait leur barriere, & celle la eft la plus sure- Les piocedes de la Ruffle en font des preuves bien frappantes.

De routes ces puiffances celle dont I'amitie n^us efl, depuis plufieurs fiecles, la plus utile a

tousegards, e'efl affurement la Porte Ottomanc. II n'efl ici queftion que de fon importance, re- lativement a notre commerce du levant. Cette

importance efl reconnue. Les plus grands avan-

tages les faveurs les plus fignalees pour ce com¬ merce & la fuperiorite qu'il avoit acquife fur celui des Anglois, tels ont ete les fiuits de notre bonne intelligence avec la Porte. De facheufes reflridions a ces memes avantages ou peut-etre leur revocation entiere, la ceffation de ces faveurs & la fuperiorite des Anglois fur nous dans cette

partie voila les effets tres a craindre de notre

mefintelligence avec la Porte. Au commencement du rsgrae de Louis XIV,

dont le fyfteme n'etoit pas encore forme on avoit envoye des troupes aux Venitiens, & plus mala propos encore a l'Empereur contre les Turcs. La Pone offenfee ne garda plus avec la France

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(43

aucun management. Les ncgocians franqois au

Levant fevirentexpofesades avanies continuelles,

1'ambalfadeur meme aux precedes lesplnsviolens, & le commerce menace a'tine ruine ceriaine. Les

Anglois furent en profiter : ce furent les annees

les plus brillantes pour leur compagnie de Turquie: &c fi I'on eut perfevere dans ces fauffes mefures

ils feroient aujourd'hui les feuls maitres de ce

commerce. On ne tarda pas a fentir l'abus de ces

demarches hazardees, & la neceffite de foutenir

& d'augmenter le commerce du Levant par une

etroite alliance avec la Porte. II s'en falloit pour- tant des trois quarts au moins que-cet objet flit

auffi important, ni le commerce auffi confiderable

qu'il l'eft au]ourd'hui. On changea done de fyf- teme ou plutot on revint a I'ancien : e'etoit le

bon ; & il n'a point varie depuis, jufqu'au nou-

veau qui donne lieu a cette queflion. Le refultat

d'une conduite fi fage, 8c au fond fi iufle, a ete

le progrcs de ce commerce & la decadence de

eelui des Anglois, pones l'un & 1'autre au point ou on les a vus en 1740.

On l'a dit ailleurs: la politique chez les Otto¬

mans ne varie point plus que les mceurs, & celles-

ci font monotones. Dans un gouvernernent ainfi

conflitue; on le repete encore des memes caufes

il refulte toujours des effets uniformes. La J?orte

r \

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44 )'

ne verra done pas avec plus de plaifir les enga- .gemsns de la France que autre fois fes fecours. II y a meme une difference qui n'eftpas a l'avan-

tage de cenx la : e'efl que les fecours de Louis XIV n'etoient qu'une grace momentanee ob- tenue de fa generofite; e'etoit un refle de Van- cienne chevalerie. Nulle lvciprocite, nulle flipu- fation d'un fecours autrichien. Ce jeune monarque en avoit-jl befoin lui a qui toute 1'Europe ne demanioit que la paix ou fa protedion? Et fon

fuccefleur, auflt grand auffi refpede, plus aime > en a-til plus befoin que lui Rien ne l'obligeoit a continuer fes bienfaits : il put les fupprimer, 8c il ie .fit des qu'il le jugea a propos

Les engagemens au contraire que lc Roi vient de contrader, font perpetuels & cenfes reciproques, quoiqu'il n'y ait en effet aucune reciprocite. Leur execution ne peut ceffer, tant qu'il plaira a ia cour de Vienne de la requerir & a la Porte de lui enfournir l'occafion. La promeffe doncd'envoyer ou de payer une armee contre les Turcs a la

premiere reqmfition de I'Imperatrice & de fes fucceffeurs a Pinfini, excitera bien plus le reffen- timent de la Porte, que des fecours paffagers de

y a 6®oo ho.nmes accordes fans engagement & faus ftiite. Da ce reffentiment naitra pourle moins

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45)

une alteration tres-fenlible dans les difpofitions de

la Porte en faveui de notre commerce. «n^.~

Suppofons qu'elle ait la patience de s'ea renir-la

jufqu'a la premiere occafion. Celle-cipeut a tout

moment devenir fort prochaine. II r?e faut qu'un nouveau Sultan, meme un autre vifir, uh autre

aga des janiflaites, peut-etre enfin un autre mufti, une autre favorite. Le cas arrivant ," & il peut arriver pendant le cours de la guerre prefente>. le Roi fera done oblige" d'envoyer & d'entretenir

au fond de la Hongne 24,000 hommes, ou de

payer tous les ans a l'Imperatrice le fubfide

enorme de §,640,000 liv. Quelque onereufe que foit une pareillc obligation S. M.,' toujours fi-

dele a fes engagemens, voudroit & pourroit la

femplir ; foit que le Roi fournit le fecour* en

nature foit qu'il fe conteivat de donner de i'ar-

gent, les Turcs en fentiroient toujours les effets

defagreablemeut, Dans le premier cas ils s'ap-

percevroient bientot 8c du nombie 8c de la valeur

de nos troupes : & fi I'on peut juger de l'avenir

par le paffe elles fixeroient la vidoire du cote

de l'Autriche. Dans le fecond cas-y ils'n'eprou- veroient guere inoins 1'influence de ce fecours.

Huit ou neuf millions d'argent comptant met-

troient dans les operations dei'armee autrichienne-

une vivacite qui n'y efl pas ordinaire.

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(4<5) Croit-on qu'alors la Porte fe contentat de nous

marquer, de legeres fioid<-ursY Quand meme le

Divan poufferoit a l'exces la douceur & la mo¬

deration, pourroit il nous repondre de la milice

& de la populace? On fait quelles font dans ce

pays-la les fuites ordmaiies d'une emetite ou d'une

revoke. Plutot que de s'y expofer, & les mirriflres

& le Sultan cederoient au cri public, 8c fe por- teroient centre la France aux demieres extre-

mites. Ajoutons a cela les intrigues 8c I'argent des

Anglois, foit en paix foit en guerre avec nous, snais toujgurs egalement jaloux de leur commerce & ardens a la deftuidion du notre.

Que deviendroit alors ce commerce fi florif-

fant, fi riche, ce foutien de deux grandes pro¬ vinces cette reffource de l'Etat On le verroit

tomber, perir au meme inftant; notre ambaffa- deur renvoye, peut-are an ete; nos confuls mis auxfers ; nos baiimens failis ; nos mirchands de-

pouilles, maltraites menaces de perdre la vie ou la liberte; les echelles fermees a nos vaiffeaux; tous les barbarefques dechaines fur eux; les An¬

glois trioinphans doubler &tripler leurs envois, leurs retours,, leurs profits; le Languedoc 8c la Provence defoles par une multitude de banque- routes, le contre-coup pone jufques dans le cocur

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(47) de FEtat, & 70,000 fujets induflrieux reduits a la

mendicite faute d'occupation. Done le traite definitifd'alliance & d'amitie'efl

defavantageux & tres-defavantageux a la France

pour fa surete exterieure ou surete de commerce (1).

ARTICLE II.

Le traite' defenfif d''alliance & d''amine, efl-il ou peut-il devenir avantageux a la France pour.

fon agrandijjement

Ce qui a etc prouve dans la precedente fedion

{1) Qu'onne dife point cemme le vulgaire que, Mahon

pris, nous fommes les maitresdu commerce du Levant. C'e'toit pre'eife'ment depuis 1718, e'eft-a-dire apres la ceffion de ce port a l'Angleterte,que la France avoit acquis fur elle la plus graade fupe'riorite dans ce meme commer¬ ce. C'eft une verite de'morme'epar lesfrequ:ns memoires de la compagnie Angloife de Turquie, preTeme's, foit au

parlement, foit aux commiflaires du commerce. Elle n'a

pas ete' moins connue en France du miniftere 8c des

ne'gocians. D'ailleurs on n'eft jamais le maitre du com¬ merce chez un fouverain puiffant, inde'pendant, tel que le Grand-Seigneur, autrementque par famine, lacor- dialice' & l'e'troite intelligence qu'on a eu foin d'entre-

„tenir avsc lui. Done, quoique la conquete de Minorque foit pouc

la Prance un avantage ineftimable, la fuperiorite' dans le commerce du Levant ne depend point de cette con-

quete.

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(48)

article II, queflion premiere & feeonde au fujet de la convention de neutralite milite egalement contre le traite definitif: & fans le repeter ici, on

fe borne a une feule obfervation. Elle fervirade

reponfe aux objediom qu'on pourroit tirer de cer¬

tains articles fecrets. Quoique diverfement debites

dans le monde, 8c avec des circonflances peu vraifemblables, tous ceux qui les annoncent pre- tendent y trouver des avamages pour la France.

Les uns y envifagent des moyeas d'agrandifle- ment, ou du moins d'arrondiffement : d'autres

en augurent des ameliorations d'etabliflement &

de convenances 'de famille pour'la maifon de

Bourbon. Ces diveis bruits, quelques confus ou meme quelque peu fondes qu'ils puiflent etre

juflifient cependant les doutes & les queflions qui forment la prefente recherche.

Une efpece d'inflind guide le vulgaire le plus ignorant, & le monde le plus frivole: c'eft une lueur de raifon un germe d'idees que ces ctres demi penfans ne fauroient ni developper, ni ana-

lyfer; mais qui leur montre a tous finteret pour but, d'un traite d'une convention quelconque. La flupidite meme le connoit, le confulte & fouvent meme le faifit tres-bien dans les affaires les plus triviales de la vie : elle fe dome qu'il ne doit etre ni oublie, ni neglige dans les negocia-

tions

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4? tions des princes; 8c quatod elle ne l'y voit pas, elle l'y fuppofe toujours profondement cache, Voila la fource de ces bruits 8c de ces differentes

conjedures fur les pretendus articles fecrets. Ceux qu'on a livres au public ne lui prefentent

rien qui puifie dedommager la France des de-

penfes ou elle s'engige, ni des avantages qu'elle fe refufe. Done conclut ce meme public « il » y a furement des articles fecrets, dont la teneur » efl encore un myftere; mais dans lefquels on » trouvera tout ce qui manque dans les autres ». Ei e'efl ce qui a produit, dans les cerveaux nou-

vellifles, tant de partages d'echanges & de dif-

tributions d'etats, en depit de la poflibilite & meme de la vraifemblance.

Si quelqu'un s'avifoit de fonder la-deffus une

objedion, la reponfe eft aifee : ces articles font

vrais ou faux. Dans le dernier cas, tout eft dit:

dans le premier meme il feroit polTible de

prouver que la cour de Vienne me fe feroit pas ecartee de fon ancien fyfleme.

On fait que cette cour n'a jamais rien donne

pour rien, 8c qu'elle ne jette point des ceffions

a la tete; qu'elle n'en fait de volontaires qu'aprcs s'etre affuree des equivalents certains & aduels:

que fi elle propofoit ou acceptoit des echanges, ils feroiant a fon profit; qu'elie donneroit volon-

D

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So)

tiers quelque partie de fes etats la plus expofee, Ja plus difficile a garder, la plus abimee d'hy-

poteques pour avoir quelque autre pays plus commode a garder, d'un produit plus clair, plus

affure, plus confiderable. Qu'aufli tenace du reel

& du prefent, que prodigue de futurs contingens & d'inveflitures eventuelles, la maifon d'Autncho

ne s'efl point ruinee a ces marches-la; qu'elle a

fu prefenter a propos ces perfpedives agreables, ou pour gagner du terns & fe retirer de certaines

crifes, ou pour executer fans oppofition certains

projets favoris. Mais que l'accompliflement de

ces promeffes conditionnelles a toujours ete elude

ou refufe par la cour de Vienne, lorfque le cas

de les remplir ne lui a plus permis de pro-

longer l'illufion : & enfin fi elle en a rempli

quelques unes, ells y a ete, toutes les fois, con-

trainte par la force; d'ouil refulte que pourl'obliger a tenir des engagemens de cette nature, il faudra

toujours recourir aux armes ; 8c par confequent

que chaque traite dont la conclufion lui fera

utile, mais 1'execution peu commode, produira neceffairement une nouvelle guerre.

Ces articles feerets, fufient-ils exiftans, n'eta-

blieroient done aucun efpoir folide d'agrandifle- ment, foit pour la Franee, foit pour la maifon de Bourbon.

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<yx)

On ne repliquera pas que le nouveau traite

pourroit fournir a la France d'autres rnoyens d'a-

grandiffement aux depens des princes qui atta-

queroient i'lmpe'ratrice ou feroient attaques pat elle.

Suppofons que la France epousat en aveugle toutes les querelles de l'Imperatrice, & envahit de concert aves cette princeffe les etats de fes ennemis. Qu'en reviendroit-il a la France rien

du tout. Aucun des pays que lacour de Vienne

peut defirer de conquerir ou de reunir a fes

anciennes pofleflions n'eft a la portee ni a la bienfeance de b France. Cette cour meme ne fouffriroit pas volontiers qu'elle en confervat au¬ cun au-dela du Rhin ou des Alpes.

A l'egard du Turc, le plus puiflant & le plus frequent ennemi de la maifon d'Autriche, nous ne fommes plus aux tems romanefques ou les

princes chretiens, abandonnantun interetprochain & domeflique alloient a mille lieues partaget entre eux 1'empire d'Orient.

Done le traite defenfif d'alliance & d'amiti£y n'efl & ne peut point devenir avantageux a la. France pour fon agrandiffement.

On a traite ailleurs fedion premiere, art. Ill) la, queflion du credit de confiance au fujet de la convention de neutralite. II efl inutile d'y rien

D a

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(S2)

ajouter fur le traits d'alliance. Ce font les memes

confequences. S'il refloit quelque chofe a dire la-deffus, ce

feroit une reflexion bien fimple. C'efl qu'on n'ob-

tient pas plus la confiance de certains efprits erj

fe livrant a eux qu'en fe tenant a I'ecart. On fait

a quoi ils attribuent toujours egalement ou le

bien qu'on leur. fait, ou le mal qu'on ne leur fait

pas. Refle le credit de confederation a difcuter ici-

Voyons done ft le traite defenfif peut augmenter

pour la France, ce genre de credit, ou meme

lui fervir a conferver celui dont elle jouiffoit avant cette epoque.

Le credit de confederation efl fonde principa- lement fur la puiflance, & celle-ci efl de deux

fortes. La puifeance militaire qui confifle dans Ics

troupes, les places, les reffources de la popula¬ tion & les produits du fol, de l'induflrie ou du

commerce d'ou refulte la quantite du numeraire

pbur l'entretien des armees.

La puijfanee federative fondee fur les alliances

offenfivss ou defenfives fur les combinaifons

d'interet avec d'autres ctats & la certitude de

leurs concours dans certains cas, ou de leur re-

cours dans quelques autres.

*-^-

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Page 54: Doutes et questions sur le Traité de Versailles du premier Mai 1756, entre le roy et l'impératrice reine de'Hongrie

/

(S3

Traitons d'abord cetie queflion, relativement a

la puiffancc militaire.

La puiflance militaire en impofe plus ou moins, felon que le Souverain puiflamment arme peut faire plus ou moins d'ufage de cette puiflance. Plus il fe lie par des traites, plus il efl reflraint,

plus ii ciiconfcrit la liberte de eel ufage. Moins il

faitde pareils traites, plus il etend cette poffibilite,

plus il fe referve de liberte foit pour faifir a

propos le moment d'agir foit pour donner un

prix reel meme a fon inadion. De cette liberte

naiflent a fon egard les attentions les deferences

de tous fes voifins I'efperance chez fes allies, la crainte chez fes ennemis, & tout ce qui peut conflituer le credit de confideration.

Loin que le traite de Verfailles produife pour la France aucun de ces grands avantages il lui

en fait perdre une partie; rien n'efl plus facile a

prouver. '"§-• '- *

Les troupes du Roi augmentees jufdu'a trois

cent mille hommes, rr.ieux armees, mieux en-

tretenues, mieux difciplinees, lui affuroient deja dans l'Europe la plus grande part de ce credit de confideration. Elles bordent ies- eotes d'un

cordon formidable ; des camps nombreux & bril-

lants, diflnbues fur les frontieres, etalent fa puif-

D 3

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v„.

(T4) fance aux yeux de l'Europe elonnee; mais que en efl, quel en peut etre deformais l'ufage

On cxcepte ceiui d'une defcente en AngleterreJ mais a fuppofer praticable, foixante mille hommes font aflurement plus qu'on n'en fauroit tranf-

porter, & plus qu'il n'en faudroit pour envahir ce royaume.

II faut encore plus excepter la nouvelle con-

quete (i). Le petit nonabre de troupes qu'on y a employees, & de celles qu'on y a laiflees, juf- tifie de plus en plus ce qu'on a avance fur l'inu- tilite de trois cens mille hommes de troupes de

terre, s'il n'avoitdu. etre queflion que d'une guerre De teus les anciens ennemis de la France, le

plus considerable c'eft l'Imperatrice ; mais aufli

il n'en efl aucun qu'elle puiffe attaquer par terre avec plus de facite, de celerite & de fucces.

La poffibilhe & la liberte de mettre a profit fes

avantages quand & comme il lui auroit plu etoit la bafe de fon credit de confideration dans

plufieurs cours de l'Europe, a qui celle de Vienne efl odieufe ou fufpede, & qui font reciproque- Hient I'objet de fa haine ou de fa vengeance. Les unes lui ont enleve quelques parties de fes pof- feffions: les autres lui ont vendu cher leurs fe-

(i) Conquete de Minor^ue.

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Sf )'

eours, 8c Pont obligee a demembrer fes elats pour arrondir les leurs.

Les u'nes 8c les autres alieguoient des droits ou

du moins des pretentions; mais ce n'efl que la

force ou la neceflite qui a pu arracher en leur

faveur des ceffions de la cour de Vienne.

Cela ne fe pardonnera point. Ces cours en

font bien convaincues malgre l'exterieur que

•'Imperatrice affede avec quelques-unes ; toutes

fe tiennent egalement en garde contre un reffen-

timent qui ne cherche qu'a eclater.

L'appui le plus certain de ces potentats nou-

vellement agrandis, foit pour s'agrandir encore, foit pour affermir leurs acquisitions a la premiere

occafion, c'etoit allurement la puhTance militaire

de la France. Ils paroiffent devoir s'en flatter avec

quelque apparence. La raifon c'eft qu'un prince

gagne & s'agrandit reellement, lorfqu'il contribue

a divifer de plus en plws la feule mafle de puif- fance qui foit en etat de baiancer la fienne

Cette maffe (s'il en efl une a 1'egard de la France

e'efl certainement la fucceffion de Charles VI, 8c

plus elle auroit ete demembree, plus, fans etendre

fes frontieres, Ia France fe feroit reellement agran- die. Pour lui fuppofer des motifs auffi naturels, i! ne

falloitpas un effort de fagacite; compter fur quel-

qu'un, lorfqu'on a pour garant fon interet connu, D 4

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(;*) ce n'efl "pas fe tromper quoique l'evenement

demente quelquefois la probabilite. Ces Puiffances done, & a-peu-pres tomes les

autres pouvoient fe croire plus en droit que l'lm-

pcratrice de compter fur I'alliance & les fecours de la France. Dela le credit de confideration que lui donnoit dans tomes les cours de l'Euiope fa

puiffance militaire.

L'ufage qu'elle pouvoit faire de eette puiffance, efl reflraint 8c borne par le nouveau traite. Le credit qui en refultoit, loin d'augmenter par ce

traite, diminue done neceffairement. « Mais, dira- » t-on peut-etre, le credit de confideration derive » de la puiffance militaire, eft fonde autant pour » le moins fur la crainte que fur l'efperance. La » France pourra done le conferver toujours en » fe faifant craindre des memes princes qui n'au- » ront plus rien a efperer d'ellev.

La reponfe eft fimple. Rien n'efl plus facile a la France que de faire peur a ces princes 8c meme

beaucoup de mal ; en mem-tems il efl trcs-clair

qu'elle ne fe feroit aucun bien mais beaucoup a I'Imperatrice.

Suppofons en effet que ces princes foient ecr afes, leurs acquiiitions reunies a la maffe de la puiflance autrichienne; meme fi Ton veut, leurs anciennes

poffeffions entamees par l'Imperatrice; qu'en re-

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(n)

fulteroit-il a l'avantage de la France? L'Autriche

auroit alors plus d'etats, plus de places, plus de

troupes, plus de revenus pour les entretenir. Sa

malfe de puiflance auparavant divifee demen-

bree, ebranlce, feroit de nouveau reunie, affermie,

ex: cette puiffance etant toute militaire fe trouve-

roit plus pres du niveau avec la France.

Toute puiffance efl relative comme toute gran¬

deur : celle de la France diminueroit done en

raifon de I'accroifiement de celle de l'Autriche:

la confideration qui en derive augmenteroit pour

celle -ci & baifleroit d'autant a l'egard de la

France.

Done, dans tous les cas & dans tomes les fup-

pofitions Ic traite' defenfef d'alliance & d'amitie

ne peut augmenter pour la France le credit de

confederation derive de la puijfance militaire. On.

prouve plus : ce traite dans toutes les combi-

naifons & les circonftances qui peuvent en rejultery

.lui jait perdre neceffairement de ce credit.

QUESTION IP

Le traite d'alliance & d'amide peut-il. augmenter

pour la France le credit de confideration derive

de la puiffance federative.

Nous l'avons deja dit; la puiffance federative

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JS efl le refultat des rapports que l'interet a etabiis entre une cour & plufieurs autres. De ces

rapports nait le befoin reciproque & de ce befoin, les alliances, les garanties les recours des plus foibles les fecours des plus forts & dans certains cas le concours des uns & des autres.

Avant la conclufion de ce nouveau traite la France etoit au plus haut point de fa puiflance federative.

On s'attachera a confiderer ici cette puiffance, relativement aux trois branches que le traite dont il s'agit, affede plus particulierement, l'Empire, PItalie, la Porte.

Dans l'Empire, il s'etoit enfin etabli une ba¬ lance par I'agrandiflement d'une maifon puiflante auxdepensde celle d'Autriche. Des-lors celle-ci, quoique revetue de la dignite imperiale, ne pou¬ voit plus, comme autrefois, ni opyrimer l'Em¬

pire, nilefoulever a tout propos contre la France. Cette balance eteit encore fortifiee de notre cote

par des liaifons particulieres avec divers membres du corps Germanique. La France avoit repris dans les affaires de ce corps le degre d'influence

qu'elle y avoit acquis par le traite de Wefphalie, que la ligue du Rhin lui avoit conferve jufqu'a la paix de Nimegue, & que fes hauteurs & fes

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(S9)

vexations, apres cette paix, luiavoientfait perdre. Elle alloit done redevenir pour I'Empire un point

d'appui fixe, une protedion affuree dans tous les

cas d'atteinte, foit aux loix aux conftitutions du

corps entier, foit aux droits 8c prerogatives de

chaque membre.

Le Roi, garant perpetuel des traites de Wef-

phalie, etoit en quelque forte le protedeur & le

gardien ne de ces loix & conftitutions.

Sa Majefte pouvoit, dans tous les cas, exereer

cette garantie d'autant plus librement, qu'elle n'avoit aucun engagement particulier avec la cour

de Vienne, la feule de qui l'on put craindre de

pareilles atteintes.

Et tomes les fois que la France n'auroit pas

juge a propos d'exercer fa garantie a la rigueur dans les differens qui pouvoient furvenir elie

etoit sure an moins d'en etre I'arbitre.

D'un autre cote, la maifon d'Autriche nouvel-

lement agrandie n'avoit pas encore acquis & ne

pouvoit peut-etre jamais acquerir une confiflance

affez ferme pour fe maintenir elle-meme, & pour foutenir fa balance fans l'appui de cette cou-

ronne. Ainfi, de toutes parrs, de I'Empire a la

France, le recours du p!us foible; de la France a l'E mpire, le fecours du plus fort, ce qui fait le

bien p rincipal de la puiffance federative. Dela»

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6o)

pour la France dans le Corps Germanique Ie

plus grand credit de confidiration.

Voyons fi ce credit peut fubfifler encore au meme point apres le nouveau traite. Cette con¬ sideration etoit fondee fur deux titres; la prote- tion ou ('arbitrage.

II ne faut pas croire que deformais ni I'Em¬

pire, niaucun de fes membres attends de la France aucune protedion.

On a beau dans tous les traites de cette nmire, declarer que 1'on ne deroge a aucuns des prece- Sens, meme a ceux qui y font au fond les plus contraires. Tout le monde fait aflez que, du moins

pour quelque terns, il faut s'en tenir a la der- niere date.

Pour l'arbitrage, on ne s'avifera pas d'y re¬ count ; celui de la France feroit au moins fuf-

pord. Qu'arriveroit il II efl clair que la cour de "Vienne a eu dins ce traite trois objeds en vue. i°. D'en impofer a l'Empiie par la publicite de

Fetahgede fonetroite intelligence avec la France; 2°. de faire fervir cette meme intelligence a

procuier enfin l'eledion d'un Roi des Romains ',

3°. d'ecarter le Roi de Pruffe, ou du moins de

reconquerir fur lui la Silefie. Quels en feront les effets

i°. Tous les etats & princes de l'Einpire fe

*m.^M**mmm-~i*—^k^am This content downloaded from 91.229.229.49 on Mon, 16 Jun 2014 10:48:57 AM

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(6-1

voyant fans appui contre la cour de Vienne, fe

jetteront entre fes bras; ils lui voueront l'obeif-

f.mce & la foumiflion aveugle dont on a vu, fous

Leopold des exemples fi funeftes a la France II refleront a i'egard de cette couronne dans 1'etar d'indifference & d'independance ou la cour de Vienne a toujours fouhaite de les tenir; 2°. i'ar- chiduc Jofep fera elu Roi des Romains.

Un mariage peut etre viendra ferrer encore le lien de cette nouvelle alliance : & la cour de Vienne faura faire fervir a tous fes interets, les tendrefles du fang, fans en etre jamais la dupe.

A la premieie occafion on la verra fouler aux pieds ces liens celebres avec tant d'eclat. On ne pourroit pas meme s'en plaindre, fi par ha¬ zard on avoit compte, pour leur duree, fur les nouvelles affinites. L'ufage a cet egard efl trop etabli pour qu'on puifle s'y meprendre.

3°. Le Roi de PrufTe ecrafe,ou du moins de-

pouille de la Silefic, plus de balance dans l'Em«

pire, plus de recours a la Diette plus de liberte

germanique. Le fyfteme de Leopold fe trouvera

parfaitement retabli. Des que la France ceffera de fe preter aveuglement a tomes les vues de la cour de Vienne, on verra de nouveau le Corps Germanique fouleve contre cette couronne.

Les mois romains, les contingens exiges a la

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(62)

rigueur & les oppofans, s'il y en avoit, mis au banc de I'Empire.

La France forcee de tenir fur le Rhin une

grande armee pour en defendre ie paflage ou

pour ravager infrudueufement quelques cercles mis en proie par la cour de Vienne. Celle - ci,

cependant profite de la diverfion porte toutes fes forces d'un autre cote pour fes interets here- ditaires & partage ainfi fans qu'il lui en come

rien, celles de la France.

Done au lieu d'augmenter dans I'Empire fan credit de confederation derive de la puijfance federative la France en perdra au moins une

partie par le nouveau traite.

Voyons a prefent fi par ce moyen elle en peut acquerir davantage en Italic. La confideration a la cour de Rome feroit au fond peu importante, fi l'ufage n'en avoit fait une prerogative de grandes couronnes. Des-lors,,, elle fait partie de ce credit ou reputation fi effentiel a conferver.

Depuis 1'empereur Jofeph ceue cour 8c tons les princes d'ltalie, ont craint que la maifon d'Au- triche n'etablit dans ce pays la une nop grande puiflance, 8c ne pretendit y faire revivre a fon

pro fit|les pretentions furannees del'empireRomain. Cette crainte feroit encore plus fondee fous un

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< J4

empereur qui joindroit du cote patetnel laTof- cane a la Lombardie.

Les princes d'ltalie & la cour de Rome elle-

meme, quelqu'Autrichienne qu'elle ait paru dans

certaines circonftances n'ont eu d'autres ref- fources pcur fe preferver de fubir le joug, que la protedion de 1'Efpagne & de la France.

L'Efpagne efl a prefent, & fera vraifembla- blement pour quelque terns encore, fort detachee des affaires d'ltalie. (i)

C'etoit done la France feule qui pouvoit main- maintenir l'equilibre enltalie, comme dans l'Em¬

pire, &,y defendre les plus foibles de l'oppref-

(i) Le traite' d'Aranguez de 175a femble n'avoir e'tc' negocie par la cour de Madrid que pour fe debarafler emiereinent des affaires d'ltalie, & notifier de plus en plus a toute l'Europe qu'elle n'y prendra point de nou- vel inte"ret; car ce traite ne contenant aucun arrange¬ ment ulte'rieur on ne voit pas autrement a quoi il auroit pu lui etre bon, apres cekii d'Ak-Ia-Chapelle; 8c fans eela elle auroit e'ce' dans le cas dont on a parle" en commencant, e'eft-a-dire, de rrai.er pour waiter.

On ne peut pas en dire autant de l'lmpe'ratrice ou du Roi de Sardai^ne. L'ua foutint par-la fa confideration en Ailemagne, & menaca fes ennemis de trente mille hommes de plus, qu'elle pourroit toujours tireraube¬ foin de fes etats d'ltalie.

L'autre obtint, dansce traite', Y alternative & ds'fire'e.

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64

preffion des plus forts. Le traite de Verfailles leur

fait perdie pour long terns cette unique efpe- rance. (i) Sur elle etoit fonde pour la France le

credit de confideration derive de la puiflance fe¬

derative. Done a I'egard de l'lulie le traite de

Verfailles fait fait perdre a la France meme credit

(i) L'on a renvoye'ici la re'ponfe ge'ne'rale a une obJ

jection qui peut d'abord fe prefenter contre ce que 1'on vient de dire au fujet de I'Empire & de 1'Italie.

OBJECTION.

Le traite de Verfailles n'e'tant que de'fenGf, ne peut oterni a 1'Empire, ni aux princes d'ltalie l'efpe'rance d'etre prote'ges dans le cas d'une vexation ou aggreflion de la part de I'lmpe'ratrice.

REP 0 N S E.

Cela eft vraiala rigueur; nais 1'experience journa- liere prouve le contraire. i". On ne compte point fur Ia protection de quelqu'un qu'on croit engage dans les inte'rets de 1'opprefTeur ou de Faggreffeur. a°. Dans la premiere chaleur d'une alliance nouvelle, on fe permet mutuellement baucoup de chofes; quoi que elle foit purement de'fenfive, on l'aide re'eiproquement dans Tof- fenfive ;ou l'une des deux parties, au lieu de s'oppo- fer aux aggreflions de I'autre contre un tiers, fe con- tente ordinairement d'interpofer pourlafornje fesbons offices, & fifoiblement que le tiers a tout le terns d'etre ecrafe' dans l'intervale.

en

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<«7)

en tout ou en grande partie. Refle la Porte Ot-

tomane. Examinons fi ce traite efl par rapport a elle

plus avantageux a la France, relaiivement aux

meme credit.

Depuis Francois I", elle avoit fenti le befoin

d'etre avec la Porte dans une etroite intelligence j

8c quelquefois meme d'agir de concert contre k

maifon d'Autriche leur ennemie commune.

Ce fyfleme fonde fur la neceflite a ete conf-

tamment fuivi jufqu'a nos jours, au petit ecart

pres dont on a parle (fedion 2 art. premier, quef¬ lion 2) & qui eut des fuites fi facheufes. Par rap¬

port au commerce nous avons confSrere les

effets femblables 8c encore plus dangereux que

peut &. doit produire le nouveau traite.

Voyons a prefent ceux qui en refulteront pour la puiffance federative. Ceile de la France a 1'egard d'une partie de l'Europe 8c la confideration qu1 eH derivoit ponr elle, etoient fondees fur lesliai- fons intimes avec la Porte. Dela deux preven¬ tions qui fervoient a faire refpeder cette couronne de toutes les puiflances voifines de l'Empire Ot¬ toman : I'une, que cet Empire pouvoit, dans plu- fieurs cas, employer fes forces an gre de la Franee

par de puiffantes diverfions; I'autre, que dans le cas oi cette Couronne vouloit bien refter neujcr^j

E

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•'( 68)

elle auroit du moins a la Porte la plus grande influence pour l'engager a continued la guerre ou

a ia terminer par fa mediation.

Ces deux perfualions etoient appuyees fur une

longue fuite de preuves de fait. A l'egard de la

premiere les derniers exemples n'etoient pas

plus anciens que le regne de Louis XIV. Pour la fsconde, fans remonter fi loin, le regne de

SaMajefle en offroit deux trop eclatants pour etre

fitot oublies.

Le traite de 1724 entre la Porte & la Ruffle, 8c la paix -de Belgrade 1785?) entre la Ruffle,

l'Empire & la Porte. Le Roi, dans tous les deux, arbitre & mediateur, donna le premier l'exemple ' d'une generofite inouie. En maintenant avec la Porte cette union 8c cette intimite la France etoit done sure de conferver une branche eflen-

tielle de fa puiflance federative.

Dans les cours voifines du Turc ces deux

perfuafions fur lefquelles etoit fondee, a l'egard de la France, une partie de fa confideration ne fauroient fubfifler apres les engageme-ns qu nou- veau traite. Cela n'a pas befoin de preuve. D'ar- bitre qu'elle etoit, la France devient partie; & dans un guerre d'amie 6V d'alliee de I'Empire Ottoman, elle deviendra auxkiaire des troupes ennemies de cet empire.

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(6p) Au lieu done d'augmenter par le nouveau traite

fa puiffance federative, relativement a la Porte, la France en perd une partie. On a demontre

ailleurs (fedion 2 article premier, queflion pre¬ miere qu'elle n'en acquiert aucun equivalent, qu'aucontraire fes engagemens ne lui etar.t d'aucun

avantage, ne peuvent lui attirer aucune confide¬ ration.

Q'on ne dife pas que ft elle en perd a la Porte elle peut en gagner d'un autre cote ; par exemple a la cour de Ruffle, dans le cas ou cette cour ac-

cederoit, comme on failure, au nouveau traite. II efl facile de fe perfuader que cette cour fcra

' en effet tres empreffee d'y acceder, car elle eft encore plus que la cour de Vienne dans le eas de ne rien rifquer dans la flipulation des fecours

reciproques. Ce feioit un fubfide de plus (1) dont

(1) On dit un fubfide de plus parce qu'il n'y a pas lieu d'efperer qu'en acce'dant ace-te alliance, la Ruffle vou- lut renoncer a eeile d'Angleterre ni fa <priver d'une balance de fix mil ions au moins qu'elle gagne tous les ans fur cette nation, foit par les fubfides, foit par le commerce.

Le miniftere Ruffe trouveroit le moyen de concilier enfemble fes deux engagemens & de toucher ainfi 1'ar- gent des deux parties.

R.emarquons que les pre'rextes ne lui manqueroient E a

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(7°)

elle s'afTureroit en cas de guerre, & beaucoup plus confiderable que ceux de l'Angleterre avec la

difference que ce!ui-ci, dans le fait, ne l'enga-

geroit a rien. Mais en fuppofant cette acceflion, la France perdroit toujours d'un cote, fans gagner de l'autre. En effet, une fois liee avec la Ruffle

comme avec l'Autriche pair des engagemens one-

reux, ces deux puiffances cefferont de craindre

fes liaifons avec la Porte, 8c fon influence dans

le Divan (i). Elles pourront encore moins en

efperer a l'aveuir une mediation efficace.

jamais pour en exiger de la France grace a la fituation de la Ruffie, il ne fe pafferoit point d'annees ou quelque incurfion desTartares tributaires desTurcs, ne lui four- nit a fon gre Ie cafus foederis.

(i) Que l'objet principal de la cour de Vienne dans le nouveau traite' foit de rompre ces liaifons & de de'- truire cette influence, c'eft ce que perfonne ne fauroit nier.

Bepuis Charles-Quint, le fyfteme de cette courn'a point varie' a cet e'gard; elle a toujours tache d'en-

gager la notre dans des de'marches dont le miniftere Autrichien put fe pre'valoir a la Porte, foit pour lui enimpofer, foit pour feraer des defiances 8c desjjaloufies entre elle & la France.

C'etoit Ie manege de cet Empereur avee Francois I", dont la ge'nfi'rofite' ne lui en fonrnit que trop d'oe- cafions. C'eft encore celui de la cour de Vienne : elle

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7*

Les Turcs de leur cote h'attendront plus de la

France ni fecours, ni diverfions; ils la regarde- ront plutot comme ennemie : car ils n'entendent

point ces fubtiles diflindions de la diplomatique moderne au moyen defquelles on a des traites.

8c des engagemens a droite 8c a gauche; & a force

de vouloir etre ami de tout le monde, on finit

par n'etre ami de perfonne. Done le traite de Verfailles ruine egalement

a Ia Porte & dans les autres cours voifenes de la

Porte le credit de confideration que la France

y avoit, relativement a la- puijjance federative. On a deja prou.ve qu'au lieu d'augmenter ce

meme credit dans I'Empire & en Italie elle en

perd neceffairer«ent une grande partie. Ce credit

de la France ne peut done diminuer confidera-

blement par le nouveau traite.

Recapitulation des deux Sections precedentes.

On a prouve que la convention de neutralite & le traite defenfif d'aUiance & d'amitie n'etoient

& ne pouvoient etre avantageux a la- France ni

pour fa surete, ni pour fon agrandiffement, ni

pour fon credit ou reputation. Ces trois objets

n'a pas ete' moins ardente a faifir l'inftant du nouveau traite' pour en faire a la Porte une notification dont le but eft abfolument le meme.

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T mm

(72) font les fenls qui puiffent former un but d'interet reel & folide.

On a demontre meme que relativement a ces trois objets, ils pourroient au contraire etre trcs-

defavantageux a la France. Hors cet interet, tout autre motif de traiter efl infuffifant. Ces traites n'ont pis eu pour objct le feul qu'on doit fe pro- pofer. Done les motifs de le conclure ont ete au moins tres-infuffifans.

SECTION II le

ARTICLE PREMIER.

QUESTIONS ADDITIONNELLES.

Quels autres motifs peut-on avoir eu pour con¬

clure le traite de Verfailles f

QUESTION PREMIERE.

Seroit-ce Vamottr de la paix

R e P o N s E.

Rien n'efl plus refpedable que ce motif, lien n'efl plus digne d'un Roi. Si l'on n'avoit eu que cet objet en vue la convention de neutralite au¬ roit fuffi pour le remplir. En effet elle femble reculer affez loin une guerre par terre. Mais fi elle i'enipeche dans un terns ou la conduite en

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Page 72: Doutes et questions sur le Traité de Versailles du premier Mai 1756, entre le roy et l'impératrice reine de'Hongrie

t 73

eft facile & peu difpendieufe, le fucces prompt & infaillible le traite defenfif annonce un effet

tout coniraire. II expofe la France a des guerres

peut etre tres-prochaines, mais a coup sur ine¬

vitables ; & ou elle n'auroit pas a beaucoup pres taut d'avantages a remporter, ni de fruits a re-

cueillir. Ces guerres doivent avoir lieu, foit eontre

les ennemis de I'Imperatrice, foit eontre l'lrape- ratrice meme. Contre fes ennemis lorfque la

France s'engagera fi avant dans les querelles de

l'Autriche que d'atliee 8c d'auxiliaire elle de-

vienne infenfiblement partie belligerante. II y a trop d'exemplesde ces engagemens pouffes

plus loin qu'on ne penfoit. Qelques-nns meme

font trop recens, pour qu'on ait befoin de s'etendre

en preuves. Ajoutons que 1'etude continuelle 8c

le grand art de la cour de Vienne eft de menager ces engagemens 8c de les rendre irrevocables.

Contre I'Imperatrice meme dans un des cas fui-

vans : Le premier s'il y avoit reellement des

articles fecrets dont l'execution ne fut pas auffi

utile a l'Imperatrice que la flipulation auroit pu l'etre. i a^cvi

On l'a deja dit 8c I'on n'en repetera point \c\ les preuves hiftoriques pour 1'execmion de pa- reils traites il a toujours fain en venir a une

guerre. Lc fecond fi la Frarce refufoit de fe

E 4

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w mm

(74)

prater aveuglement a tous les projets de cette

cour, & que celle-ci perdit I'efperance des grands avantages qu'elle s'eft propofes dans le nouveau traite. En ce cas, on verroit eclore comre la France ime de ces puiflantes ligues fi familieres a la cour de Vienne dans les temps ou on lui a temoigne le plus d'amitie, & ou elle en a affede divantage.

Qu'on ne dife pas que l'Autriche ne irouve- roit plus d'allies pour former des ligues redou •

tables. II pent arriver des circonflances dans

lefquelles la cour de Vienne feroit egflement sure des allies qu'elle paroit abandonner, & de ceux

que la France femble avoir livres a fa difcretion. L'interet dans les uns le reffentiment dans les

autres, &, dans tous, l'opinion qis'il n'y auroit aucun fond a faire fur la France, reuniroientbien- tot tout ce qui paroit le plus aliene. II faudra alors fe defendre contre cette ligue, ou meme la pre- venir ; 8c ce feroit le cas d'une guerre contre

l'Imperatrice meme. Au lieu done d'affurer la paix le traite de-

fenfif, peut 8c doit etre une fource de guerre. Done Vamour de la paix n'a pu ni du etre un

motif pour conclure le traite defenfif d'union & d'amitie.

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(7S)

QUESTION IP

Seroit ce pour abimer plus facilement ouplus sAre-

ment VAngleterre.

R E P O N S E.

On y reuffira vraifemblablement 8c l'on a

deja commence; (i) mais ce ne fera point, grace a

l'alliance de I'Imperatrice, ni meme a fa neutra¬

lite. On l'a prouve ailleurs; ni ce qui eft deja

fait, ni ce qui refte a faire, ne pouvoit dependre d'une circonflance aufli etrangere. Et le projet d'une delcente en Angleterre (s'il peut avoir lieu) auroit ete egalement rempli fans tout cela.

On ofe dire plus : s'il y avoit eu dans les Pays>» Bas une armce fran^aife, ce projet n'en auroit

ete que plus facile a cxecuter. L'lmperatrice, at¬

taquee dans fes pofTeffions pour la caufe de 1'An¬

gleterre auroit etc en droit d'eia reclamer les

fecours. Aiors, fi la grande Bretagne n'avoit ofe

fe degarnir de fes troupes nationales, du moins

(i) Conquete de Minorque ; combat naval gagnea la vue de cette ile; avantages aux Indes & en Ame'rique. Ces derniers fur-tout annoncent un enchainement de fucces

de'cififs, fi Ton ne perd point de via* l'objet de cette guerre.

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(7*) fes auxiliaires, au lieu de pilfer dans cctte Ifle pour en garder les cotes, feroient reflees dans

lesPays-Bas, finon pour les fauver, du moins pour en reculer la perte.

Cinquante a foixante mille hommes auroient fuffi, puifqu'ils fuffiroient encore pour cette def- cente. La France pouvoit toujours les prendre avec la meme facilite fur les nombreufes troupes qu'elle a depuis l'augmentation ; & fi cette armee avoit pu mettre le pied en Angleterre elle y auroit trouve devant elle vingt, ou trente nulle hommes de moins.

Loin done que la neutralitc, famine de I'Im¬ peratrice puiffe avancer nos fucccs contrc l'An-

gleterre, il s'en fuii que i'effet du nouveau tiaite efl de reculer fes fucccs, & d'en diminuer la pof- fibilite. L'Imperatrice d'ailleurs n'auroitpa fournir a 1'Angleterre des troupes, qu'en payant comme elle a toujours fait. Ou 1'Angleterre auroit etc en

etat de les payer, ou non. Dans le premier cas, il lui efl egal d'ou viennent ces fecours ; & avec de l'argent elle trouvera toujours en Allemagns des hommes 8c des princes a vendre. Dans le fecond cas, elle n'auroit pas conferve long-tems une alliee auffi chere & auffi oncreufe que l'a

toujours ete la cour de Vienne. II auroit falu lui

payer un fubfide de 700,000 liv. flerling comme

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Page 76: Doutes et questions sur le Traité de Versailles du premier Mai 1756, entre le roy et l'impératrice reine de'Hongrie

77

dans laderniere guerre ; & le fort de cell-ci etar.t

par mer, I'Angleterre n'auroit tire d'elle pour fon

argent aucun fecours decifif.

Partons dela pour avancer un fait, e'efl que ft

'e peuple anglois a ete fachee du traite le

miniftere n'a pu l'etre. Il y a plus : tout citoyen

anglais fibre des prejuges & des fureurs popu-

laires, a du voir avec joie la nation delivree par- 'a du fardeau accablant que lui avoit impofe la

defenfe des Pays-Bas, ou l'obligation de les faire

reflituer a I'Imperatrice. Voudroit - on alleguer enfin l'epargne qu'on

pretendroit faire par la paix dans le continent, 8c les moyens qui en refulteroient de depenfsr

davantage pour une guerre maritime

II fuffit de repondre qu'une augmentation de

foixante mille hommes de troupes de terre a ete

faite a 1'occafion de cette guerre, que cette aug¬ mentation fublifle & fubfiflera vraifemblable-

ment. Done on n'epargne rien par la convention

de neutralite. Cela eft mis daws tout fon jour, fedion premiere, art. 2, queflion 3.

Done le plus jufle defir d'abimer plus facile -

meat & plus furement VAngleterre n'a punidil determiner la conclufion du traite de Verfailles.

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(7*)'

QUESTION III*

Seroit-ce pour mortifier, humilier, abaiffer le Roi

de P ruffe

R £ P O N S E.

On croit avoir demontre deja qu'il feroit dan-

gereux d'y reuffir a un certain point. II feroit inu¬

tile de repeter ici ce qui fe trouve a ce fujet, fedion 2, art. 2 queflion premiere 8c feconde.

On ne pretend pas rechercher quels fujets de

plainte la France peut avoir contre ce prince; on fe permettra feulemem une obfervation. Si ce

fujet de plainte etoit feulement d'avoir allure le

repos de l'Empire, 8c nommement de l'eledorat

d'Hanovre, par fon traite particulier avec le Roi

d'Angleterre; il y auroit peut-6tre beaucoup a

repondre pour la juflification du Roi de Pruffe.

Suppofons qu'il n'etitpas fait ce traite, & que

par la il eut laiffe a la France la liberte entiere de tomber fur l'eledorat d'Hanorre oa nous aurions

attaque cet eledorat, ou nous ne 1'aurions pas at¬

taque. Dans ce dernier cas, il nous auroit ete

egal qu'il y eut eu un traite pour fa surete ou

qu'il n'y en eut point. Revenons au premier cas qui auroit ete celui

d'une invafion de notre part dans les poffeffions

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Page 78: Doutes et questions sur le Traité de Versailles du premier Mai 1756, entre le roy et l'impératrice reine de'Hongrie

(7<M

hanovriennes. Alors, il etoit fort a craindre qua

l'Imp£ratrice, le Roi de Pologne l'Eiedeur de

Baviere le Landgrave de Heffe, plufieurs autres

princes engages a defendre ces pofTeffions (foit comme co-etats, foit comme allies & fubfidiaires

du Roi d'Angleterre) n'euffent pris parti contre

nous, 8c qu'en moins d'un an, cette guerre par- ticuliere n'eiit degencre en guerre d'Eurpire. Le

pretexte auroit ete trop plaufible ; une invafion

manifefle fur le territoire de l'Empire pour une

caufeabfolumentetrangere au Corps Germanique, a la qualite d'Eledeur de Brunfwick, dont le Roi

d'Angleterre efl revetu 8c s'il efl permis de le

dire, etrangere meme a fa perfonne. Voila du moins le langage que 'toute l'Alle-

magne auroit tenu a ce fujet, 8c qui auroit pro-

duit,malgrel'oppofition du Roide V ruffe,unrece^ de la diette, redige au gre de la cour de Vienne-

Mais alors la cour de France n'auroit pas eu affaire

a l'Empire feul; les Ruffes auroient marche au

feceurs de 1'eledorat. De deux chofes Pane; le Roi de Pruffe fe feroit

oppofe a leur paffage, ou il l'auroit permis, du

rnoius par ailleurs que par fes etats. Dans le dernier

cas, fi ces Ruffes n'arrivoient point a ternspour defendre Hanovre, ils fe joignoient du moins tot

ou tard aux armees cowibinees contre nous dan*

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Page 79: Doutes et questions sur le Traité de Versailles du premier Mai 1756, entre le roy et l'impératrice reine de'Hongrie

So

l'Empire, & formoient avec elles une maffe re- doutable.

Mais fuppofons le premier cas qui efl celui d'un refus 8c meme d'une oppofition formelle du Roi de Pruffe au paffage de ces auxiliaires

etrangers. Alors ce prince s'engageoit centre la

Ruffie, l'Autriche, l'Hanovre, la Saxe & leurs adherens dans une guerre ou evidemraent il pou« voit fort peu gagner & beaucoup perdre.

A ne regarder meme une invalion ruffe que comme un orage paffager il efl une partie des

etats de ce prince qui en auroit etc ravagee fans reffource avant qu'il eut pu y porter aucun fe¬ cours. C'efl le petit, mais pre'eieux Royaume de

Pruffe, ifole du refle des etats de Brandebourg, entoure de la Livonie de la Courlande & d'autres

provinces ou la Ruffie entretient ronflamment foixante-dix mille hommes, & dont la Pruffe n'efl

feparee que par line liziere etroite de la Sa-

Bnogitie.

Suppofons done qu'a la requifition du Roi d'An¬

gleterre d'un cote pour Ia marche des Ruffes •

& de 1'autre, fur l'oppofition du Roi de Pruffe a leur paffage par l'Empire ces troupes fuffent entrees en vingt-quatre heures dans le royaume dePruffe. Toutes les forces de fon Roi, occupees dans l'Empire contre les puiffances qu'on vient

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(8i de nommer ne lui auroient fervi de rien dans cette occafion; il n'auroitpu d'ailleursni les porter a terns en Pruffe ni les faire Ions terns fubfifler dans ce pays naturellement flerile. Les Ruffes au

contraire ctant tout portes 8c ayant derriere eux les plus fertiles provinces, n'auroient manque de rien dans cette expedition. Ce pays crce par les foins & par les depenfes de trois ou quatre generations, auroit ete aneanti en un jour; &c ce

jour detruirolt 1'ouvrage d'un fiecle 8c de foix^nte millions (i). La vengeance auroit ete incertaine,

V

II eft prefque certain que la PrufTe auroit e'te' traitee par la Ruffie comme le Palatinat le fut autrefois par Ia France. La cour de Pe'tcrsbourg n'auroit pas menage une conqucte qu'elle ne peuvoit fe flatter de conferver. Outre les motifs de reffentiment, Ia raifon d'etat pou¬ voit en quelque forte la de'terminer a cet a&e de fe've- rile'.

En eiTet, Ia PrufTe une fois re'unie l'auroit e'te' fans reffources, & n'ayant point dans les avantages du fol les memes reflburces que le Palatinat, l'ide'e d'en faire un dt'fert etoit beaucoup plus vraifemblable. Une des maximesfondamentalesde la Ruflle eft d'avoir par-tout des deferts pour frontieres.

II eft done bien pro:able que fes generaux auroient eu ordre de lacher leurs Kalmucks & leurs Cofaques le fer 6c la flame a la main.

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Page 81: Doutes et questions sur le Traité de Versailles du premier Mai 1756, entre le roy et l'impératrice reine de'Hongrie

8a)

lente, difficile douteufe; !e mal etoit certain

prompt & irreparable. A juger fans partialite, le Roi de Pruffe auroit-

jl eu fi grand tort de le prevenir, ce mal ine¬

vitable par les armes en faifmt un traite par lequel il ferme le paffage aux Ruffes du confentement

du Roi d'Angleterre Dela plus d'aggreflion a

craindre pour nous fur le Rhin; plus de fecours

a efperer pour les Pays-Bas, ni pour la Holland?, & puifqu'on fait tant de cas de la neutralite de

cette republique)unecertitudedeplus qu'elle feroit

forcee de l'accepter.... Enfin tout ce qui a ete

prouve en detail feftion premiere, art. premier & fecond. Si la France avoit voulu faire de ces

heureufes circonftances tout i'ufage qu'elle auroit

pu, etoit-elle fort aplaindre? Done, fi le Roi de Pruffe n'a point commis

contre la France d'autre crime que celui-la il

n'apoint merite unreffentiment qui peut l'ecrafer; mais qui a coup stir, ne produiroit pour nous

que le plaifir d'une vengeance aulTi flerile que

dangereufe. C'efl ce qu'on a egalement demontre

fedion 2e. art. 3 queflion i"e. & 2e. » Mais dira-t-on peut-etre, ce prince a d'au-

jb tres tors plus graves; il a manque de bonne-

» foi, de franchife, d'ouverture de confiance; en

tan

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(«3

mot il nous a trompes a (car telle eft la phrafe de ceux qui fe trompent eux - memes.

Suppofons un moment que l'accufation foit

fondee; qu'en refulteroit-il? Devroit-on pour cela abandonner le vrai, le folide interet, & fe

livrer par humeur a des demarches 8c des enga¬

gemens qui y feroient diametralement oppofes. (II faut fe rappeler ici ce qui a ete dit dans 1'in-

trodudion fur les motifs de traiter, confideres en

general). Done I'envie de mortifier, d'humilier le Roi de

Pruffe, na pas du fore un motif pour conclure Ic

traite d?union & d'amine avec I'Imperatrice.

ARTICLE II.

Obfervations generates appuyees d'exemples hiflo-

riques.

C'eft ici le lieu de repondre a un propos trop ordinaire, tontes les fois qu'on veut decliner les

preuves tirees des exemples dm paffe. D'autres

terns, d'autres foins, dit-on alors pour toute

reponfe. Elle pourroit etre fondee dans tous les cas ou

d'autres auroient amene d'autres interets, d'autres

penchans, d'autres fyflemes; ouils auroient pro- duit un concours, un enfemble de circonftances

F

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Page 83: Doutes et questions sur le Traité de Versailles du premier Mai 1756, entre le roy et l'impératrice reine de'Hongrie

(84) 8c de combinaifons totalement differens. II pour« roit done etre a propos de comparer 1'evene- ment prefent .avec quelques-uns des precedens du meme genre d'en rapprocher les circonflari- c s, d'en combiner les caufes & de demontrer

que celles ci etant lesraemes, elles doivent ne- cefiajrement produire les memes effets; mais cette methode emraineroit.trop de details; on fe bor- nera aux obfervations fuirantes.

Commencons par pofer un piincipe conflant & tourne en axiome par une experience de trois ou quatre mille ans.

Les memes caufes qui ont concouru a l'etablif-

fement, a la fondation ou a 1'accroifTement d'un

Etat, le foutiennent & le fortifient. Ces caufes ont leurs contraires, 8c ces contraires mis en adion le detruifent ou l'affoibliffent.

La nCxeffite d'avoir un fyflcme fixe efl le re- fultat de cette maxime. L'hifioire ancienne 8c mo- derne confirme cette peceffite. Nous voyons en effet les affaires d'un prince, d'un Etat, profperer autant qn'il eft fidele a fon fyfleme primitif, & decliner ou vaciller a mefure qu'il s'en ecarte pour adopter de nouvelles idees-

La maifon d'Autriche a fidellement obferve cette regie; & fi la grandeur de cette maifon a f-niffert quelques eclipfes, elles font arrivees par

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(8;) un autre^autre ordre de caufes au-deffus de la pru¬ dence humaine. Aucune variation aucune vacil¬ lation dans fon fyflcme. Et dans le terns qu'elle a paru le plus s'en ecarter, elle y a ete la plus attachee.

Par ce moyen adroit, elle a reellement donne le change a fes nouveaux allies; mais elle ne I'a

jamais pris. Ceux-ci au contraire ont toujours ete dupes de leur confiance a fon egard ; 8c une

trifle experience les a teujours ramenes qnoique fouvent trop tard a leur fyfleme primitif.

Voyons trois exemples fameux de cette con-

duite de la maifon d'Autnche.

OBSERVATION PREMIERE.

Depuis i6iq apeinefortie de erife par le funefet

evenement de cette annee, elle ne fongea plus

qu'a mettre dans les fers I'Empire & I'ltalie.

La France & l'Angleterre etoient les feulsobfla-

cles. Le miniflere autrichien fut mettre a profit la foibleffe 8c l'incapacite qui caraderifoient alors

ces deux gouvernemens. En France une regente fans lumieres (i). En

(i) Marie de Me'dicis. F 2

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(85)

Angleterre un fucceffeur fans politique (i)fem- bloient s'etre fail une loi de s'ecarter le plus qu'ils pourroient des principes surs & des grands mo- deles. H n'en ctoit point de plus parfait que les deux predeceTcurs (2). On affeda de prendre eu tout le contrepied de leur conduite.

Un double.mariage fournit a 1'Efpagne le noeud ou plu*6t le pretexte de fa nouvelle union avee la Franee. Elle ne fut pas plutot cimentee, que tous les projets de Ia maifon d'Autiiche com-

mencerent d'eclore. Tous les jours nouvelles en-

treprifes de fa part, nouveiles vacillations du mi-

niflere francais.

Quel fut le refultat de ces complaifances pour les cours de Vienne & de Madrid? Les attentats

les plus violens contre tous les allies de la France, les trames les plus noires au-dedans 8c au-dehors

contre la France meme ; enfin la neceffite d'aban-

donner ce fyfleme trompeur 8c d'en revenir,

apres quinze ou vingt ans d'erreurs, a l'ancien, au folide, au veritable. Ce retour fut l'ouvrage du cardinal de Richelieu. La nouvelle union avec la maifon d'Autriche avoit ete celui du marechal d'Ancre.

(1) Jacques premier. (3) Henri IV & la Reine EHfabeth.

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(87J

OBSERVATION II*.

Pendant qu'on amufoit la France on jouoit

1'A.ngleterre. Un autre mariage fervit aux vues de

la maifon d'Autriche ; mais ce ne fut qu'en pers-

pedive. Jacques I", laiffoit tranquillement depouil- ler fon gendre pour faire epoufer a fon fils la

feconde infante. Ce devoit etre felon lui le lien

d'une amine eternelle entre 1'Angleterre & l'Ef>

pagne. L'evenement juftifia le cri de la nation contre

les fauffes mefures du fouverain. L' Allemagne fut

opprimee, les proteflans ecrafes, le mariage rompu; & fi l'ony prend garde, on trouvera dans toutes ces bevues du pere la fource des malheurs qui accablerent le fils.

OBSERVATION IIP.

On ne parlera point ici des engagemens de la

quadruple alliance. C'etoit plutot un traite entre

des families qu'entre des nations : les avantages en etoient du moins reciproques.

Ce cas particulier, 8c les interets perfonnels

qui en refultoient, n'exifle plus depuis long-terns 5 8c grace au ciel, tout nous raffure contre la crainte

d'en voir jamais reparoitre de femblables.

Mais un exemple plus recent 8c plus parallelle D 4

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Page 87: Doutes et questions sur le Traité de Versailles du premier Mai 1756, entre le roy et l'impératrice reine de'Hongrie

(88)

avec le cas dontt il s'agit, e'efl le traite de Vienne

de 1725". II feroit inutile d'infifler fur un fait auffi connu ;

toi'tlc monde fdt que l'Efpagne piquee contre

la France, fe laiffa emporrer a foil reffentiment;

qu'elle criu trouver uu moyenaflisre de le fatis-

faire en fe livrant a la cour de Vienne ; que I'ef-

poir d'un mariage (1) vint encore aw fecours de

l'illulion; que l'Empereur en profita pour tirer

de l'Efpagne de grands fecours d'argent, fettle

realite qu'ij y eut dans cette affaire ; que la cour

de Vienne, a fon ordinaire, fe fit forte de la

Ruffie, 8c qu'elle en obtint une acceflion de pa¬ rade ; que celle de Madrid fe flatta de pouvoic

rempiir auffi par ce traite fes projets contre 1'An-

gleterre; mais qu'apres le mauvais fucces du fieger de Gibraltard, l'Efpagne fentit enlin combien ces

alliances etoient inutiles & oner eufes ; que le voile fe dechira, 8c que le refultat de cette pretendue union fut peu d'annees apres) une guerre fan-

glante* Depuis cette derniere epoque, tous les

projets d'intimite & de communaute d'intertts entre les maifons de Bourbon & d'Autriche furent un peu decriees en Europe. C'etoit, di on, li'

(1) De l'lnfant Dom Carlos avec rArchiduchelfe aine'e.

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Page 88: Doutes et questions sur le Traité de Versailles du premier Mai 1756, entre le roy et l'impératrice reine de'Hongrie

(8p)

chimere d'un miniflre qui n'efl plus; mais s'il

en gouta trop l'idee, il ne paroit pas du moins

qu'il ait jamais entrepris feiieufement de la rea-

lifer. II etoirrefervea l'annee 17J6, de voir eclore

ce phenomene.

RECAPITULATION GENERALE.

On croit *voir prouve que le traite de Ver-

faiiles a ete conclu fans aucun motif fuffifant d'in-

teret reel & folide ; qu'il n'yadans fes engage¬ mens ni egalite, ni reciprocite, ni proportion, toute l'utilite et nt d'un c6te & tout l'onereux de

l'autre ; qu'il peut meme avoir pour la France

les fuites les plus dangerenfes, relativement a

une branche eflentielle de fon commerce ; que loin d'alfurer une paix durable ll peut 8c doit

e\re fans celfe une fource de noavelles guerres;

qu'il n'eft pour la France d'aucune utilite contre

1'Angleterre, 8c ne porte a ceile-ci aucun preju¬ dice ; que s'il avoit eu pour objet reel de fatis-

fdire quelque reffentiment perfonnel ou quelque animofite particuliere, ce feroit autant au detri¬

ment de la France qu'a l'avantage de l'Autriche ; & qu'enlin, fi la connoiflance du paffe peut fervir

F4

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(5>°5 de flambeau pour eclairer 1'avenir, elle n'y fait voir pour ce traite que les memes flutes fachfeufes

qu'ont ton jours entrainees tous ceux qui ont ete

negocie d'apres les memes faux principes.

•t

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Page 90: Doutes et questions sur le Traité de Versailles du premier Mai 1756, entre le roy et l'impératrice reine de'Hongrie

ERRATA.

jf age 16, a la fin de la note, le nouveau etoit le traite falut, Ufa, le nouv^au traite etoit lefalut.

Pag. i$, fyfteme pre'fent l'Europe Ufa fyfteme pre¬ fent de l'Europe.

Page $4 mais a fuppofer Ufa, mais a la fuppofer. Pag. 54, a Ia France meme credit, Ufa meme fon

credit. Pag. 6% 1789) Ufa, (1749% Pag. 71, ne peut done diminuer, Ufa, ne peat done

que diminuer.

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Page 91: Doutes et questions sur le Traité de Versailles du premier Mai 1756, entre le roy et l'impératrice reine de'Hongrie

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