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VOL CXII N O 30 / LES SAMEDI 13 ET DIMANCHE 14 FÉVRIER 2021 / 3,05 $ + TAXES = 3,50 $ WWW.LEDEVOIR.COM Avis légaux.........A10 Décès..................A12 Édito....................B8 Grille TV..........LED28 Idées....................B9 Mots croisés...LED30 Sports..................A13 Sudoku............LED30 INDEX Pour suivre l’actualité en continu, consultez nos plateformes numériques III CORONAVIRUS Les doutes des familles du Herron Des proches d’aînés décédés en CHSLD espèrent obtenir des réponses de l’enquête publique qui s’ouvrira lundi LE DEVOIR D’HISTOIRE Les Britanniques et la mer, du XVII e siècle au Brexit | B 7 CULTURE Battre les tambours et les préjugés LED 6 PERSPECTIVES L’ange qui ne croyait pas aux miracles, un dossier à lire en pages B 1 à B 3 Sous les flashs, la descente aux enfers de Britney Spears Les médias ont joué un rôle disproportionné dans la chute de la reine de la pop, encore aujourd’hui sous tutelle de son père ANNABELLE CAILLOU LE DEVOIR Tout le monde ne parle que de ça, vos seins. » « Êtes-vous toujours vierge ? » Le corps et la vie privée de la chanteuse Britney Spears ont monopolisé l’attention médiatique dès le début de sa carrière, à l’âge de 17 ans, au détriment de son talent ar- tistique. Plongeant dans les archives, un récent documentaire vient lever le voile sur le rôle des médias dans la chute de la reine de la pop, placée sous tutelle depuis près de 15 ans. « Les médias ont tellement cons- truit cette image de mauvaise fille, de femme trop sexualisée et de mauvai- se mère que c’est devenu difficile de la percevoir comme une victime lors de sa chute. L’objectivité médiatique a pris le bord et on a mystifié le per- sonnage parce que ça rapportait de l’argent, plutôt que de se questionner sur les raisons de sa chute et qui en bénéficiait », analyse Rachel Cha- gnon, professeure de droit à l’UQAM et chercheuse à l’Institut de recher- ches et d’études féministes. Tout le monde se souvient de cette image marquante en 2007, d’une Britney Spears se rasant les cheveux devant le regard et les flashs des pa- parazzis. Un geste, désespéré selon certains, provocateur pour d’autres, considéré comme le début de sa descente aux enfers. Peu de personnes savent en revan- che que l’artiste de 39 ans est depuis 2008 sous la tutelle de son père, Ja- mie Spears. Du moins jusqu’à la sortie la semaine dernière du documentaire Framing Britney Spears , produit par le New York Times en partenariat avec la chaîne FX. Celui-ci revisite l’histoire de la chanteuse, de sa révélation au grand public dans les années 1990 à la fin de son règne une décennie plus tard, tout en montrant son quotidien des dernières années, celui d’une « personne normale », comme aime le décrire Britney Spears. Double standard Pour comprendre comment cette icô- ne de la pop a pu en arriver là, le long métrage braque les projecteurs sur l’omniprésence des paparazzis ainsi que sur le traitement médiatique de la presse à scandale et des médias tradi- tionnels durant sa jeune carrière. Ces derniers ont contribué à sa perte, souligne- t-on, en relayant l’image d’une lolita sexy, simple d’esprit, dont seule la vie privée — et surtout les déboires — atti- rait vraiment l’attention. En plus de répondre à des questions sur sa vie privée et son physique, la jeu- ne femme s’est vu accuser d’avoir « briser le coeur » de Justin Timberlake en 2002. Avec sa chanson Cry Me A Ri- ver, qui parle d’infidélité, ce dernier a subtilement accusé Britney Spears de l’avoir trompé. Justin Timberlake s’est d’ailleurs excusé vendredi, une semai- ne après la diffusion du documentaire, d’avoir manipulé cet épisode pour s’at- tirer la sympathie du public. VOIR PAGE A 4 : « L’objectivité médiatique a pris le bord et on a mystifié le personnage parce que ça rapportait de l’argent, plutôt que de se questionner sur les raisons de sa chute et qui en bénéficiait RACHEL CHAGNON » CHRIS PIZZELLO ASSOCIATED PRESS BORIS PROULX LE DEVOIR Des proches de résidents du CHSLD Herron décédés durant le chaos de la première vague de la COVID-19 dou- tent que l’enquête publique du coro- ner, qui commence lundi, révèle les réelles causes des décès survenus et détermine les véritables responsables de cette tragédie. « Est-ce que mon père est mort de la COVID-19 ? De négligence ? Les deux ? On ne sait pas », laisse tomber Moira Davis, jointe à sa résidence de Creighton, en Saskatchewan. D’em- blée, elle dit ne pas avoir confiance dans le gouvernement québécois ni en son coroner, pour faire la lumière sur la mort de son père, Stanley E. Pinnell, l’un des 38 résidents de Herron décé- dés en mars et avril 2020. Elle décrit dans le détail l’horreur qu’elle a vécue, au tournant du mois d’avril dernier, alors que ni son père, handicapé et en perte d’autonomie, ni aucun employé du CHSLD privé de Dorval ne répondait à ses nombreux appels. « Je ne savais plus qui appe- ler ! » se remémore-t-elle. Ce n’est que plus tard, et par les journaux, qu’elle comprendra l’ampleur de la désorgani- sation qui régnait alors. Un médecin lui a finalement appris le 7 avril que son père était suspecté d’avoir contracté la COVID-19, puis- que « tout le monde était atteint ». Moins de 24 heures plus tard, il per- dait la vie. À ce jour, M me Davis n’a ja- mais eu la confirmation qu’il avait bel et bien été infecté par le coronavirus VOIR PAGE A 2 : Est-ce que mon père est mort de la COVID-19 ? De négli- gence ? Les deux ? On ne sait pas. MOIRA DAVIS »

IIILes doutes CORONAVIRUS Sous les flashs, la descente aux

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VOL CXII NO 30 / LES SAMEDI 13 ET DIMANCHE 14 FÉVRIER 2021 / 3,05 $ + TAXES = 3,50 $WWW.LEDEVOIR.COM

Avis légaux.........A10Décès..................A12Édito....................B8Grille TV..........LED28Idées....................B9Mots croisés...LED30Sports..................A13Sudoku............LED30

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III CORONAVIRUS

Les doutes des familles du HerronDes proches d’aînés décédés en CHSLD espèrent obtenir des réponses de l’enquête publique qui s’ouvrira lundi

LE DEVOIR D’HISTOIRELes Britanniques et la mer, du XVIIe siècle au Brexit | B 7

CULTUREBattre les tambours et les préjugésLED 6

PERSPECTIVESL’ange qui ne croyait pas aux miracles, un dossier à lire en pages B 1 à B 3

Sous les flashs, la descente aux enfers de Britney SpearsLes médias ont joué un rôle disproportionné dans la chute de la reine de la pop, encore aujourd’hui sous tutelle de son père

ANNABELLE CAILLOULE DEVOIR

Tout le monde ne parle que de ça, vos seins. » « Êtes-vous toujours vierge ? » Le corps et la vie privée

de la chanteuse Britney Spears ont monopolisé l’attention médiatique dès le début de sa carrière, à l’âge de 17 ans, au détriment de son talent ar-tistique. Plongeant dans les archives, un récent documentaire vient lever le voile sur le rôle des médias dans la chute de la reine de la pop, placée sous tutelle depuis près de 15 ans.

« Les médias ont tellement cons-truit cette image de mauvaise fille, de femme trop sexualisée et de mauvai-se mère que c’est devenu difficile de la percevoir comme une victime lors de sa chute. L’objectivité médiatique a pris le bord et on a mystifié le per-sonnage parce que ça rapportait de l’argent, plutôt que de se questionner sur les raisons de sa chute et qui en bénéficiait », analyse Rachel Cha-gnon, professeure de droit à l’UQAM et chercheuse à l’Institut de recher-ches et d’études féministes.

Tout le monde se souvient de cette image marquante en 2007, d’une Britney Spears se rasant les cheveux devant le regard et les flashs des pa-parazzis. Un geste, désespéré selon certains, provocateur pour d’autres,

considéré comme le début de sa descente aux enfers.

Peu de personnes savent en revan-che que l’artiste de 39 ans est depuis 2008 sous la tutelle de son père, Ja-mie Spears. Du moins jusqu’à la sortie la semaine dernière du documentaire Framing Britney Spears, produit par le New York Times en partenariat avec la chaîne FX. Celui-ci revisite l’histoire de la chanteuse, de sa révélation au grand public dans les années 1990 à la fin de son règne une décennie plus tard, tout en montrant son quotidien des dernières années, celui d’une

« personne normale », comme aime le décrire Britney Spears.

Double standardPour comprendre comment cette icô-ne de la pop a pu en arriver là, le long métrage braque les projecteurs sur l’omniprésence des paparazzis ainsi que sur le traitement médiatique de la presse à scandale et des médias tradi-tionnels durant sa jeune carrière. Ces derniers ont contribué à sa perte, souligne-t-on, en relayant l’image d’une lolita sexy, simple d’esprit, dont seule la vie privée — et surtout les déboires — atti-rait vraiment l’attention.

En plus de répondre à des questions sur sa vie privée et son physique, la jeu-ne femme s’est vu accuser d’avoir « briser le coeur » de Justin Timberlake en 2002. Avec sa chanson Cry Me A Ri-ver, qui parle d’infidélité, ce dernier a subtilement accusé Britney Spears de l’avoir trompé. Justin Timberlake s’est d’ailleurs excusé vendredi, une semai-ne après la diffusion du documentaire, d’avoir manipulé cet épisode pour s’at-tirer la sympathie du public.

VOIR PAGE A 4 :

« L’objectivité médiatique a pris le bord et on a mystifié le personnage parce que ça rapportait de l’argent, plutôt que de se questionner sur les raisons de sa chute et qui en bénéficiaitRACHEL CHAGNON»

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Des proches de résidents du CHSLD Herron décédés durant le chaos de la première vague de la COVID-19 dou-tent que l’enquête publique du coro-ner, qui commence lundi, révèle les réelles causes des décès survenus et détermine les véritables responsables de cette tragédie.

« Est-ce que mon père est mort de la COVID-19 ? De négligence ? Les deux ? On ne sait pas », laisse tomber Moira Davis, jointe à sa résidence de Creighton, en Saskatchewan. D’em-blée, elle dit ne pas avoir confiance dans le gouvernement québécois ni en son coroner, pour faire la lumière sur la mort de son père, Stanley E. Pinnell, l’un des 38 résidents de Herron décé-dés en mars et avril 2020.

Elle décrit dans le détail l’horreur qu’elle a vécue, au tournant du mois d’avril dernier, alors que ni son père, handicapé et en perte d’autonomie, ni aucun employé du CHSLD privé de Dorval ne répondait à ses nombreux appels. « Je ne savais plus qui appe-ler ! » se remémore-t-elle. Ce n’est que plus tard, et par les journaux, qu’elle comprendra l’ampleur de la désorgani-sation qui régnait alors.

Un médecin lui a finalement appris le 7 avril que son père était suspecté d’avoir contracté la COVID-19, puis-que « tout le monde était atteint ». Moins de 24 heures plus tard, il per-dait la vie. À ce jour, Mme Davis n’a ja-mais eu la confirmation qu’il avait bel et bien été infecté par le coronavirus

VOIR PAGE A 2 :

Est-ce que mon père est mort de la COVID-19 ? De négli-gence ? Les deux ? On ne sait pas.MOIRA DAVIS»