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République algérienne démocratique et populaire Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique Université Larbi Ben Mhidi Faculté des lettres et des langues étrangères Département de Français Mémoire de Master Intitulé Spécialité: Littérature Française Présenté par : Sous la direction de : Moussaoui Nassiba Mme Bekhouche Chahrazed Président: Ben-Abdelkader salma Examinateur : Hadjar Hamza Rapporteur: Mme Bekhouche Chahrazed Année universitaire : 2018-2019 L’écriture d’urgence dans Le blanc de l’Algérie d’Assia Djebar

Département de Français Mémoire de Master Intitulé L

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Page 1: Département de Français Mémoire de Master Intitulé L

République algérienne démocratique et populaire

Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique

Université Larbi Ben Mhidi

Faculté des lettres et des langues étrangères

Département de Français

Mémoire de Master

Intitulé

Spécialité: Littérature Française

Présenté par : Sous la direction de :

Moussaoui Nassiba Mme Bekhouche Chahrazed

Président: Ben-Abdelkader salma

Examinateur : Hadjar Hamza

Rapporteur: Mme Bekhouche Chahrazed

Année universitaire : 2018-2019

L’écriture d’urgence dans Le blanc de l’Algérie d’Assia Djebar

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Remerciements

Tout d’abord, je remercie le bon dieu pour la force qu’il ma donner pour accomplirce travail.

Je tiens à exprimer toute ma reconnaissance à ma directrice de mémoire MmeBekhouche Chahrazed de m’avoir accompagnée, conseillée, encadrée et guidée

ainsi que pour sa bienveillance.

Merci à tous les enseignements que j'ai pu rencontrer durant ma carrièreuniversitaire. Je remercie également ma famille, surtout mes parents, mes sœurs et

mon frère.

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Dédicace

Je dédie ce modeste travail :

A mon père, l’être le plus noble, Celui qui ma élevée, éduquée, orientée et surtoutaidé pour accomplir ce mémoire.

A la personne la plus chère du monde Ma mère la bougie de ma vie celle quisacrifie les belles années de la vie pour me voir un jour réussite.

A mes chère frère: Ahmed

A mes chère sœurs : Aya et la petite Wissal.

A mes chers grands parents.

A mes chère oncles : Mourad, Bachir, Zoubir, Lazher et Habib.

A tous ceux que j’aime et à tous ceux qui m’aiment.

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Sommaire

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SOMMAIRE

Introduction …………………………………………………………………..…………07

Première partie : L’écriture d’urgence dans Le blanc de l’Algérie

Chapitre 1 : L’urgence de l’écriture…………………………………………….……..12

1.Le contexte politique des années 90…………………………………………………….13

2.L’urgence de l’écriture……………………………………………..……………………14

3.Ecriture d’urgence dans Le blanc de l’Algérie ….…………..……..……………..……..16

4.Dissémination des années 90……………..………………………..……………………18

Chapitre 2 : L’écriture fragmentée……………………………………………………..19

1. L’écriture en fragment .………………….……………………..…………………………20

1.1. Le premier chapitre :(la langue des morts) ……………………………………..……21

1.2. Le deuxième chapitre : (les trois journées)….…………..…………………………………22

1.3. Le Troisième chapitre : (la mort inachevée) ....………………………………...……23

1.4. Quatrième chapitre : (écrire Le blanc de l’Algérie).…………………………………23

2. L’écriture fragmentée...…………………………...………………………………………24

Deuxième partie : contre l’oubli………………………………………………………..28

Chapitre 1 : l’écriture de témoignage…………………….……………………………29

Chapitre 2 : La mémoire entre passé et présent.……………………………….…….36

1.Qu’est-ce que la mémoire …..………………………………………………….………36

2.La mémoire dans Le blanc de l’Algérie ………….………………..……………..…….37

3.Mémoire du présent …………………………………………………………………….38

4.Mémoire du passé …………………..………………………………………………….39

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Chapitre3 : Briser le silence pour ne pas oublier……………………………………..41

1.Mouloud Feraoun……………………….……………………………………………...43

2.Jean Sénac………………………………………..…………………………………….45

3.Tahar Djaout ………………………………………..………………………………….46

4.Yousef Sebti ………………….………………………………………………………47

5.Saïd Makbel ………………………………………....………………………………...48

6.Anna Gréki ………………………………………………………….…………………49

7.Taos Amrouche ……………………………………………………………..…………50

8.Josie Fanon ………………………………………………..…………………………...51

9.Une ancienne étudiante d’Assia Djebar …...……………………..……………………52

Conclusion……………………………………………….…………………………..….54

Bibliographie…………………………………………………………………………….56

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Introduction

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IntroductionAprès la deuxième guerre mondiale l’espace littéraire a connu de nouvelles figures quiétaient originaires des pays maghrébins qui écrivent en français ; ils s’alpaient desautochtones (originaires du pays). C’est dans cette période que la littératuremaghrébine d’expression française est devenue une forme d’expression reconnue.

Donc c’est le colonialisme qu’a fait couler une ancre française dans des doigts arabeset les a forcés à écrire par d’autre langue que leur langue mère pour défendre l’identitésocioculturelle comme l’estime Albert Memmi :

« L’écrivaine est irremplaçable dans son rôle spécifique : il est l’expression desinquiétudes de la société, de ses doutes, et même de sa lutte contre elle–même, de sanégativité. [...].Il faut qu’une société accepte et supporte une certaine dose de mise enquestion, et c’est là le travail des écrivains »1

En effet, les écrivains maghrébins d’expression française ont consacré leurs écrits pourprotester contre l’envahisseur français Ainsi la littérature Algérienne, tant qu’une deslittératures maghrébines d’expression française, a traité les contres coups de la guerred’indépendance.

Cette littérature à été fondé par plusieurs écrivains maghrébins comme Kateb Yacine,Albert camus, Mouloud Feraoun, Mouloud Mammeri. Des femmes aussi ont écritcomme Djamila Debêche, Margueritte Taos Amrouche et Assia Djebar.

Béatrice Didier disait que :

« Parce que des femmes écrivent, les hommes ne peuvent plus écrire comme ils lefaisaient quand elles étaient réduites au silence. (...) Depuis que les femmes écriventsans entrave, quelque chose a changé ; la conception de l'écrit et de la littérature n'estplus la même. »2

Parce que l’Algérie a certaine époque était un pays gérer par les hommes comme l’aremarqué Assia Djebar, a décidé d’intéresser aux obstacles qui ont conduit à lamarginalisation des femmes Algériennes par ses romans.

Cette écriture ouvre les portes aux écrivaines à prendre la parole, pour réclamer lesdroits de la femme Algérienne afin de prouver leurs existences dans la sociétéAlgérienne et le monde.

1- file:///C:/Users/ALL_Info/Downloads/Documents/BDD-A21975.pdf2- https://femmessavantes.pressbooks.com/chapter/chapitre-3-assia-djebar-ecrivaine-et-historienne

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Assia Djebar est une figure de la littérature maghrébine d’expression française etparticulièrement l’écriture féminine, elle a connu un parcours carrément unique ;surtout dans le champ des sciences humaines ; caractérise par l’originalité et la qualitédes voix, aussi nombreuses et variées (roman, nouvelle, essai, autobiographie…)

Elle est membre de l’académie française, elle se comptait parmi les figures majeuresde la littérature maghrébine d’expression française, c’était la première femmemusulmane admise à l’école normale supérieure à paris en (1955), elle est aussi lapremière personnalité du Maghreb élue à l’académie française en (2005) après avoirété à l’académie royale de Belgique en (1999).

Assia Djebar venue au monde en 1936 à Cherchel, son vrai nom fatma ZohraImalayéne, elle a grandi dans une grande famille de la bourgeoisie, son père étaitinstituteur dans l’école normal à Bouzeriaa et un ancien élève avec Mouloud Feraoun.

Elle a fait ses études à Alger, son premier roman s’intitule La soif qui a eu un grandsuccès, elle a eu un doctorat en histoire et enseigne cette matière a Rebat au Maroc eten 1962 à l’université d’Alger. Elle collabore également dans des émissions littérairesdans la presse et la radio algérienne.

Depuis son enfance elle été excellente en arabe, c’est pour ça qu’elle a gardé un douxsouvenir de la langue arabe qu’elle avait appris dans une école coranique.

Elle épousait l’écrivain Walid Cam (pseudonyme d’Ould rouis Ahmed) puis seremarie avec Malek alloua.

Elle était particulièrement active entre son métier d’enseignante, ces études d’arabe etl’écriture, elle s’inverse également au le théâtre et le cinéma, elle obtient un doctorat Slettre à l’université « Paul Valéry Montpellier ».

Assia Djebar un professeur aux états unies en 2001. En 1999 elle est élue membre del’académie royal de Belgique et nommée commandant des arts, elle retournait enAlgérie après l’indépendance ; elle enseignait l’histoire contemporaine à l’universitéd’Alger et entreprit parallèlement une carrière de cinéaste.

Les œuvres d’Assia Djebar ont été traduites en 21 langues.

A l’âge de 20 ans a commencé de publier ses premiers romans avant l’indépendancede l’Algérie, Assia Djebar se fleurisse par des thèmes sur la guerre, la femmealgérienne, la société algérienne et les évolutions social particulièrement marquée parl’histoire ; son écriture se manifeste principalement à travers l’éclatement des genres etle marques de reconnaissance de cette fiction singulière à travers le temps et lamémoire individuelle et collective.

Elle est à la fois romancière, nouvelliste, journaliste, poète et scénariste. Cette diversitéa ajouté beaucoup à la carrière de notre écrivaine.

Nous citons quelques exemples de ses œuvres littéraires :

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La soif et les impatients (1956-1958) deux œuvres de jeunesse traite la composantesociale des personnages où elle des figures originales.

Les impatients, une œuvre qui donne la parole à la critique contre des personnages dela bourgeoisie exprimant leurs différences intérieurs.3

Assia Djebar éteinte le 6 février 2015 à Paris, elle nous laissant de nombreux romanset des œuvres théâtrales.

De ces œuvres littéraires, on a choisi Le blanc de l’Algérie Pour éprouver notre étudede recherche qui est « l’écriture d’urgence », un écrit de l’Algérie des années 1990.

Le blanc de l’Algérie qui est édité en 1995 même date des événements d’actualitéAlgérienne Le blanc de l’Algérie un roman qui plonge la romancière dans dessouvenirs, sa mémoire revoit le passé et le présent sanglants, des grands noms de lasociété Algérienne de sa culture vont disparaître sans ne savoir pourquoi ni comment

Notre problématique est la suivante :

Pourquoi Assia Djebar a choisi l’écriture d’urgence dans Le blanc de l’Algérie ?Le besoin de raconter n’est-il pas une façon de témoigner pour ne pas oublier ?Comment raconter l’assassinat d’un ami d’un intellectuel de l’Algérie tant rêvée? La mémoire est-elle uniquement trace du passé ou suit-elle les pistes floues duprésent ?

Afin de répondre à notre problématique, nous avons tenté de proposer quelqueshypothèses qui vont faciliter notre étude :

Assia Djebar était un témoin de la tourmente de son pays (le colonisateur français et laguerre civile) des événements sanglants qui ont bouleversés le pays ce qui poussenotre écrivaine d’aller vers l’écriture alors quelles sont les raisons de cette écritureimmédiate au cœur de la violence en Algérie des années 90 ?

Le blanc est la couleur dominante, comme le titre l’indique, le blanc une couleur quirappelle la pâleur de la mort, « le blanc » désigne la virginité et la pureté, et désignedans la tradition musulmane la couleur du linceul, et le voile qui enveloppe la femmeAlgérienne le Haïk traditionnelle.

Elle a choisi le blanc aussi peut-être parce qu’elle garde l’espoir de voir l’Algérie enpaix ! après tous les événements qui l’ont bouleversé.

Notre modeste travail amènera une analyse qui comporte deux parties :

3- https://www.youtube.com/watch?v=QFRkpPTjRoA&authuser=0

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La première partie ; l’écriture d’urgence dans Le blanc de l’Algérie nous présentons :l’urgence de l’écriture, l’écriture fragmentée.

La deuxième partie ; contre l’oubli nous présentons : l’écriture de témoignage, lamémoire entre passé et présent, briser le silence pour ne pas oublier.

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Première partie :

L’écriture d’urgencedans

Le blanc de l’Algérie

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Chapitre 1 :

L’urgence del’écriture

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1. Le contexte politique des années 90

Marquée par la guerre civile Algérienne, commencé au début de l’année 1992 suite àla démocratisation de l’Algérie en 1988 avec la montée de (FIS) le front islamique dusalut contre le(FLN) le front de libération nationale.

Cette démocratisation était marquée par plusieurs événements comme :

D’abord Les élections municipales en 1990, le 26 décembre 1991 le premier tour desélections législatives en Algérie après la chute du l’URSS qui confirme la pousser duFIS.

L’armé force le président Ben Jdid à démissionner et annule les élections.

Des mouvements islamistes prennent les armes contre le cible militaires et civile, lesdeux principaux c’est (MIA) mouvement islamique armé présent dans les rurales et lesmontagnes. Et (GIA) groupe islamique armé qui occupent les villes.

En 1995liamine Zeroual emporte les élections présidentielles, en 1997 le pic deviolence est augmenté lors de l’élection législative remportée.

En 1999 une nouvelle élection présidentielle, Abdelaziz Bouteflika élu les élections.

La chute de (GIA) était en 2002, cette décennie finis sanglante par 60 .000 à 150.000personnes ont été tuées selon les différents estimations.

Les écrivains et les journalistes de cette période ont été contrôlés par l’état (FLN).1

1- la-memoire-douloureuse-des-annees-de-guerre-civile.php

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2. L’urgence de l’écriture

L’écriture d’urgence est un nouveau genre littéraire qui va jaillir en Algérie vers lesannées 1990-2000.

Marguerite Duras est une prof d’université au Canda qui définit l’écritured’urgence : « c’est laisser le mot venir quand il vient et vite, vite écrire le »2 , C’estune écriture de vitesse qui semble être une réponse ou une réaction, sur desévénements qui caractérisent la même date de parution de roman. Elle n’est passoumise à un plan à suivre, sa rédaction prend entre 3 à 6 mois. Elle s’écrit d’unemanière intense et concentrée, qui tend vers la simplicité expressive qui attirel’attention des lecteurs.

Cette exigence, clairement formulée, s'inscrit dans ces textes :

« J'écris, j'écris pour décrire l'horreur, pour ne jamais oublier, pour que les jeunesgénérations se souviennent et ne soient plus jamais tentées par l'aventure criminelledu fondamentalisme... »3 (Fatiah).

« Il faut écrire, filmer, enregistrer et parler. Parler plus vite que les autres, avant qu'ilne soit trop tard et que tout, à nouveau, ne soit démenti »4 (Assima).

C’est une nouvelle conception de la littérature ; appelé aussi l’imminence detémoignage (témoignaged’urgence) qui a pris la naissance de l’actualité dramatiquedes années 90. Cette écriture attentive aux effets sociaux, politiques et idéologiques decette période dans le but de prendre en charge, à l’aide d’une écriture révélatrice,certains événements tragiques des années noires. Afin de donner l’espoir d’un nouveaulien social, etproposer des nouvelles ouvertures vers des solutions politiques.

2- https://www.erudit.org/fr/revues/liberte/1990-v32-n6-liberte1034160/31966ac.pdf3- https://journals.openedition.org/clio/2894- https://journals.openedition.org/clio/289

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Cette insistance a pour but de dévoiler les mensonges à venir, pour pouvoir lesdéclarer. Il ne s'agit pas de répéter la même erreur, la même trahison. Pour assurer uneprise de conscience à l'écriture (et d'autres formes d'expression) captant l'événementafin de le restituer, de le reconnaître. Comme une manière de ne pas déposséder lesvictimes de leur mort, les vivants de leurs souffrances.

L’écriture d’urgence a été lancée par les écrivains algériens eux-mêmes pour mettrel’accent sur la concomitance des faits et de leur écriture, autrement dit l’exigence estde faire coïncider dans le temps le réel et la fiction.

Parmi les auteurs les plus connus de cette écriture nous retrouvons : Assia Djebar,Tahar Djaout, Rachid Mimouni, Yasmina Khadra, Latifa Ben Mansour ainsi que AissaKhelladi, qui utilisent en particulier cette réflexion, afin de répondre à une nécessitépressante par témoigner et dénoncer les intégristes et leurs violences brutales, aurisque de perdre leurs libertés.

Nous citons quelques exemples des écrivains la nécessité d’expliquer leur conceptionde l’écriture d’urgence :

Slimane Benaïssa : "Ce n’est pas l’écriture qui est d’urgence mais une écoute qui estétat d’urgence"5

Djamel Bencheikh : "Par urgence je n’entendrais pas l’intervention d’un écrivaindans l’immédiat. L’urgence c’est de ne pas laisser échapper le temps et garder samémoire pour le temps futur. Il est nécessaire de se redécouvrir dans la littérature"6

Sadek Aïssat : "Il est vrai qu’il y a cet aspect d’urgence dans ce qu’écrivent lesécrivains d’aujourd’hui, de notre génération. On est pressé (...), on sent qu’il se passe6quelque chose et on a envie d’en parler sur le vif"7

Cette formule était d’abord encouragée par la situation de leurs pays, également letémoignage, l’un des outils qui centre les écrits de déclarations afin de convaincre lelecteur par l’originalité des événements publier et transmettre la réalité ce qui prouveque l’écriture d’urgence est un cri de douleurs et d’alarme.

Comme ce sont des écrits qui sont en relation directe avec la réalité d’une société soitchronique, témoignage, récit, entretient etc.… La grande Assia Djebar écrit sur ladécennie noire des années 90, cette période qui a fait couler beaucoup d’encres, tantque militante et un témoin sur des évènements qui ont marqué cette période. Elle s’est

5- file:///C:/Users/ALL_Info/Downloads/Documents/PaysagesLitteraires90.pdf6- OP. Cite page 367- OP. Cite page 36

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trouvé responsable d’allé vers cette écriture dans son récit qui est apparu à la mêmedate de déroulement d’événement.

3. Ecriture d’urgence dans Le blanc de l’Algérie

L’écriture d’urgence dans Le blanc de l’Algérie présente un pont de départ pour AssiaDjebar afin d’atteindre sa dimension politique de son récit en tant que femmecombattante pour dévoiler la réalité et réclamer la liberté d'expression.

« J’écris, comme tant d’autres femmes écrivains algériennes avec un sentimentd’urgence, contre la régression et la misogynie. Je me présente à vous comme écrivain; un point, c’est tout. Je n’ai pas besoin – je suppose – de dire « femme-écrivain ».Quelle importance ? Dans certains pays, on dit « écrivaine » et, en langue française,c’est étrange, vaine se perçoit davantage au féminin qu’au masculin »8

Nous avons choisi Assia Djebar comme une illustration vivante de l’écriture d’urgencede cette décennie ; une écriture qui transmet l’actualité algérienne d’une façondouloureuse et réel.

Assia Djebar dans le préambule de cette œuvre :

« J’ai voulu, dans ce récit, répondre à une exigence de mémoire immédiate, la mortd’amis proches (un sociologue, un psychiatre, et un auteur dramatique). Raconterquelque éclats d’une amitié ancienne, mais décrire aussi, pour chacun le jour del’assassinat et des funérailles ce que chacun de ces trois intellectuelles représentait.Dans sa singularité et son authenticité, pour les siens, pour sa ville d’origine, satribu »9

Par l’écriture d’urgence Assia Djebar rend hommage à ses amis proches mais d’unefaçon différente, d’abord en récitant les souvenirs, décrivant leurs derniers instants eten montrant la valeur d’intellectuelles écrivains que l’Algérie a perdus. Cette écriturefait un appel direct à la mémoire, tellement traumatisé elle revient à un passé idéalisé :« la jeunesse, le temps heureux » pour récité les souvenirs, Terminait par une réalité

8- https://femmessavantes.pressbooks.com/chapter/chapitre-3-assia-djebar-ecrivaine-et-historienne/9- Djebar Assia, le blanc de l’Algérie, Albin Michel, 1995, page 11.

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qui brise le cœur, c’est le cas de notre écrivaine, on ressent les vrais chagrins après laperte de ses amis assassinés.

C’est une période caractérisée par l’urgence des événements, ce qui pousse notreécrivain de choisir l’écriture d’urgence pour atteindre d’écrire et enregistrer l’urgencedes événements et de produire un récit qui prend l’édition des mêmes datesd’événements.

« Trois journées blanches de ce brouillard mortel. Non. Moi, je dis non. Moi qui, cestrois fois, ai été absente –moi, la lointaine, presque l’étrangère, l’errante en tout cas,la muette dans la séparation, celle qui renie toute déploration, moi, je dis non. Pas leblanc de l’oubli. De cet oubli-là : oubli de l’oubli même sous les mots des élogespublics, des hommages collectifs, des souvenirs mis en scène. Non : car tous ces mots,bruyants, déclamés, attendus, tout ce bruit les gêne, mes trois amis ; les empêche, j’ensuis sûre, de nous revenir, de nous effleurer, de nous revivifier !! »10

Assia Djebar insiste qu’il existe d’autres manières de raconter le passé soit en utilisantsa propre histoire soit en forgeant, mais refuse tous les discours rigoureux juste pourremplir les pages blanches et pour combler les lacunes et les blancs de l’Histoireofficielle

Chaque écrivain raconte son expérience personnelle à l’aide d’un mémoire vécu et unemémoire populaire par le roman historique, ces dernier l’un des outils majeurs de laromancière Assia Djebar.

C’est une période qui été marque par l’urgence des événements (violence, menace,assassinat) en général et le manque de sécurité en particulier, tous ces événementsobligent l’écrivain de l’époque d’aller vers l’écriture d’urgence de transmettre son criau monde et arrêter les massacres des gens.

C’est un message d’espoir qui répond à une mission d’urgence, cette convergenceparticipe à la destinée sociale et dictée par le contexte Algérien des années 90,expliquer par cette expression écrire = dire= témoigner de l’écriture placée sous lesigne de l’urgence.

Cette analyse fondée par D. Fisher : cette innovation est due à la création d’un espaced’écoute qui permet à l’écrivaine d’entendre les paroles ensevelies.

La grande Assia Djebar annonce et confirme une autre fois son choix de l’écriture del’urgence par cette expression : « je ne suis pourtant mue que par cette exigence làd’une parole devant l’imminence du désastre l’écriture de l’urgence » 11

10- Djebar Assia, le blanc de l’Algérie, Albin Michel, 1995, page 56.11- https://www.erudit.org/fr/revues/ela/2008-n25-ela02374/1035252ar.pdf

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Assia Djebar assure encore une fois son écriture d’urgence dans son récit le blanc del’Algérie que : la vraie interrogation dans mon roman et dans laquelle je suis depuisdeux ans au moins : « c’est comment rendre compte le sang (…) comment rendrecompte de la violence ».

Donc c’est une réponse sur des événements qui lui fait mal comme la confirmée parAssia Djebar dans Le blanc de l’Algérie notre écrivaine voulait répondre par l’écritured’urgence sur une situation qu’elle a vécue avec tout le peuple Algérien pendant ladécennie noire de 1990. Pour rendre les hommages à ses amis intimes et ses collègueset briser le silence

4. Dissémination des années 90 :Malgré les obstacles qu’ils ont vécus à cette époque, mais ils ont essayé de combattretous ces obstacles sans cesse juste pour transmettre les voix étouffées, leursréclamations, dire les non-dits parce que tout simplement sont responsable de dévoilerla tragédie et l’image de cette époque.

Parmi les auteurs consacrés de cette dissémination, Mohamed Dib, Assia Djebar,Rachid Boudjera, Rachid Mimouni. Et Tahar Ben Jelloun au Maroc. On peut lessuggérer comme les auteurs les plus actives de cette époque à désaminer leurs opinionspubliques. La plupart des textes importants étaient publiés par le Seuil, Denoël, moinssouvent Julliard et Plon et parfois (Sindbad) (disparu depuis) aussi marqué parl’arrivée des nouveaux éditeurs, comme, Actessud, stocke, Grasset et mêmeGallimard.12

La dissémination des années 90 a connu une difficulté car certain ont signalant leursnoms, même y’a ceux qui ont menacé sa cause de leurs écrits. Malgré qu’il fautstimuler la diffusion et la reconnaissance littéraire de la littérature maghrébine. Le prixde Goncourt de Tahar Benjelloun bénéficiaire dont l’œuvre postérieure à 1987 qui étépassé par une longue période de tâtonnement.

12- file:///C:/Users/ALL_Info/Downloads/Documents/PaysagesLitteraires90.pdfpage 12

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Chapitre 2 :

L’écriturefragmentée

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1. L’écriture en fragment :

L’écriture du fragment selon Roland Barthes : « J'ai l'illusion de croire qu'en brisantmon discours, je cesse de discourir imaginairement sur moi-même, j'atténue le risquede transcendance... » 1

L’écriture dans Le blanc de l’Algérie, est fragmentée, la stratégie de l’écrivaine étaitde multiplier son écriture, devant son monde détruit des années 90, son écriture estbrisée, pour chercher dans les blancs de l’Histoire de l’actualité une réponse à cesquestions.

Ce concept est expliqué par Ange Caroline : « Au regard de l'histoire littéraire etphilosophique convient de marquer la spécificité́ du fragment dont la saisie des traitsest rendue difficile par sa nature et ses multiples manifestations. Les causalités dont ilrésulte - partie d'un ensemble détruit, inachevé́ - les intentions dont il est l'objet, ladiversité stylistique et les variations historiques et sociales dans lesquelles il s'inscrit,rendent problématique une définition univoque. » 2

Le blanc de l’Algérie est un roman, dont les titres de chapitres sont attribués à des amismorts amis intellectuel, journaliste, écrivains morts durant la période coloniale et ladécennie noir, du sang. Des processions, des jours noirs qu’elle n’arrive à décrire. Desfragments de souvenirs qu’elle revoit comme des spectres.

Notre œuvre Le blanc de l’Algérie débute par la citation de Kateb Yacine l’œuvre enfragment et Albert Camus Alger (conférence, le 22. 1. 56)

« Hâtez vous de mourir, après vous parlerez en ancêtres » Kateb Yacine, l’œuvre enfragment.

« Si j’avais le pouvoir de donner une voix à la solitude et à l’angoisse de chacund’entre nous, c’est avec cette voix que je m’adresserais à vous » Albert Camus, Alger(conférence, le 22. 1. 56).3

1- Barthes R., Fragments d'un discours amoureux, Édition du Seuil, 1977, p. 112- Ange Caroline. Le fragment comme forme texte : à propos de Fragments d'un discours amoureux. In:Communication et langages, n°152, 2007. Usages médiatiques du portrait. pp. 233- Djebar Assia, le blanc de l’Algérie, Albin Michel, 1995.

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Assia Djebar dédie ce récit à ses trois amis proches, qui ont été assassiné vers lesannées 90 Mahfoud Boucebsi, M’Hamed Boukhobza et Abdelkader Alloula :

« convoquer les mort, ces « chers disparus », et restituer leurs derniers instants,l’horreur de leur mort, la douleur de leurs proches, comme un cérémonial dans unpays en proie à la guerre, où l’écrivain est offert en victime propitiatoire, tel est lepropos de ce récit, écrit en 1995, qui répond autant à une exigence de mémoireimmédiate qu’à un désir de lire autrement l’histoire de l’Algérie. Qu’il s’agissed’écrivains célèbres –Albert Camus, Frantz Fanon, Kateb Yacine, Tahar Djaout...- oumoins connus, Le Blanc de l’Algérie recrée, à travers leur mort, certains épisodes dela guerre d’indépendance passés sous silence.

Assia Djebar poursuit la quête exigeante, à la fois littéraire, autobiographique ethistorique qui, de L’Amour, la fantasia à vaste est la prison, traverse son œuvreromanesque et en fait l’un des écrivains du Maghreb les plus notoires dans le mondeentier ».4

Par une écriture fragmentée elle lancé son récit, elle évoque le souvenir d’amis mortsdurant la décennie noir qu’a connue l’Algérie et dont elle ne veut oublier, elle leursconsacrent une procession par une écriture mélancolique. Nous allons vous présentercette structure fragmentée par les titres de chapitres.

1.1. Le premier chapitre :(la langue des morts)

« Je vous quitte, ou vous m’avez quittée. Tous les trois, ou chacun à son tour, je nesais plus. Le printemps à paris est pluvieux ; les jours gris.

Vous reviendrez. Je vais tâcher de vous oublier. Vous planez ; vos ombres persistent,effilochées, mais là-bas, dans le ciel algérois : alors que, si souvent, le rythme- cibledes meurtres, des assassinés (victimes-cibles d’un tueur surgi parmi la foule, une armeau poing ; d’autres victimes, anonymes, suspects, « terroristes », « assassins »,« bandits » : la ronde des mots d’autrefois revenus ! »

Sollicité par l’urgence des événements d’un coté et tenu de répondre aux exigences deson œuvre de l’autre, marqué par ses souvenirs avec ses chers disparus ; Assia Djebarconvoque le passé immédiatement dans le but de réciter ces voix éteintes.

Ce retour au passé permet de réactiver et réanimer le feu vivifiant de leur parole nonseulement pour honorer leur mémoire combattante et garder les souvenirs maiségalement pour renforcer le défit du présent, leurs idées, leurs idéaux.

4- DjebarAssia, le blanc de l’Algérie, Albin Michel, 1995.

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Le présent est aussi disponible dans ce chapitre car notre écrivain fait des retours detemps en temps dans sa mémoire entre les souvenirs passé et les événements actuels.Elle est tellement choqué qu’elle n’arrive pas à accepter ces disparitions; elle revit desscènes de leurs voyages ; leurs discussion ; comme s’ils étaient devant elle et à sesyeux, ils sont toujours présent à ses côtés.

Un chapitre qui combine plein de souvenirs, de dialogues, de l’imagination, vécue parses trois amis proches.

1.2. Le deuxième chapitre : (les trois journées)

« Trois journées blanches. Deux en juin 93, la troisième en mars 94. Trois journéesalgériennes. Blanches de poussière. Celle qu’on ne distingua pas, chacun de ces troisjours, mais qui s’infiltrat invisible et menue, en chacun de ceux qui affluèrent aumoment au moment de votre départ… »5

Intéresser par des séries d’assassinats, où notre écrivain récite l’assassinat de chacunde ses proches, l’écrivain tente d’interroger la réalité dans toute sa laideur, d’une façonbien détaillée face à réel effrayant.

Première journée :

Premier assassinat de M’Hamed Boukhobza sociologue auteur tué le 27 juin 1993 dansson appartement à Alger par quatre hommes inconnus.

Deuxième journée :

Deuxième crime cette fois-ci le psychiatre et auteur Mahfoud Boucebsi tué le 15 juin1993, à Bermandreis(Alger) par deux hommes inconnus.

Troisième journées :

Au tour d’Abdelkader Alloula, auteur dramatique, metteur en scène et comédien dethéâtre tué le 15 mars 1994 à Paris.

Le but d’Assia Djebar est de réciter les détails de ces tragédies. Car dans les journauxet autres médias n’ont annoncé que la mort de Abdelkader Alloula, notre romancière adonc décidé d’écrire l’assassinat de chacun de ses amis avec les détails afin de graverpar écrit ces terribles crimes et comprendre le mal qui mine en profondeur lesstructures de la société contemporaine. Assia Djebar est face à une situation politiquequi a atteint le summum de la bêtise qui est de cacher la vérité au monde.

5- Djebar Assia, le blanc de l’Algérie, Albin Michel, 1995, page 55.

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1.3. Le Troisième chapitre : (la mort inachevée)

« Entre une mort blanche et l’autre, celle que provoque l’accident de hasard, ou pire,le meurtre avec son vrombissement de haine_ entre ces deux issues, où git ladifférence, pour nous qui restons ?

Nous témoins de l’instant qui casse la course de l’ami, ou doucement en interrompt lefil, au contraire de ceux qui assistent à l’autre fin, à l’aboutissement par épuisement,de quelle peine ou de quel bouleversement devons nous lentement nousdécharger.…. ? »6

C’est par ces mots qu’Assia Djebar commence ce chapitre, elle se plaint de cette mortinachevée, a convoquée des témoins et des grands noms qui sont décédé. Certainsd’entre eux sont mort de maladies, d’accidents et d’autres assassiner par des inconnuslaissant ces morts inachevées.

1.4. Quatrième chapitre : (écrire Le blanc de l’Algérie)

« Je ne peux pour ma part exprimer mon malaise d’écrivain et d’Algérienne que parréférence à couleur, ou plutôt à cette non-couleur. « Le blanc, sur notre âme, agitcomme le silence absolu » disait Kandinsky. Me voici, par ce rappel de la peintureabstraite, en train d’amorcer un discours en quelque sorte déporté ».7

Espoir d’Assia Djebar de voir l’Algérie blanche avec beaucoup de prospérité, elle aaussi citée des héros de la guerre colonial tels qu’El Amir Abdelkader ou encore SaintAugustin, c’est avec un grand chagrin qu’elle annonça que la terre d’Algérie reçoisdeux corps paternels malgré leurs sommeil séculaire, l’un expulsé et l’autre rapatrié,c'est malheureux d'être témoin de la cérémonie d’inhumation et non de l’honneur.

6- DjebarAssia, le blanc de l’Algérie, Albin Michel, 1995, page 89.7- Djebar Assia, le blanc de l’Algérie, Albin Michel, 1995, page 241.

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2. L’écriture fragmentée :L’écriture fragmentaire a fait son apparition dès l’antiquité, même si l’utilisation decette dernière n’était que sous forme de fragments involontaires à partir du XX sl’écriture fragmentaire fin de s’imposer comme genre.

Cette écriture fragmentée signifie la discontinue, entrecoupée, un nouveau style passéepar tous les genres littéraires. Où Le fragment occupe une place particulière dansl’œuvre.

Le fragment est compris comme forme de texte, c'est-à-dire comme réalité signifianteprise dans une structure communicationnelle d’écriture lecture. Où la situation decommunication de cette forme est discursif et idéolographique permettant de voir quelsens fragment institue la figure de l’autre.

Chez Maurice Blanchot, l’écriture fragmentaire est définit comme une exigencefragmentaire ainsi : « j’appelle désastre ce qui n’a pas l’ultime pour limite ».Retenant que le fragmentaire est une écriture de la fin qui convoque des témoins .Elles’ouvre sur « l’absence de temps » Maurice dit également : « l’écriture fragmentairerévèle ce paradoxe c’est par la réitération qu’elle rétablit le contenu au sein même dudiscontinu ».8

L’écriture fragmentée ou bien « l’écriture de l’imaginaire » cette expression été lancépar Assia Djebar dans son roman Oran – langue des mortes 1996, mais avant cetteœuvre elle a entamée cette écriture déjà dans Le blanc de l’Algérie. 9

La question qui se pose est : Pourquoi Assia Djebar s’est-elle dirigée vers cetteécriture ?

D’une part car elle a évoquée des souvenirs, des « sacrifiés » dans la langue desmorts nés d’une exigence de mémoire immédiate, cette technique faite pour raccrocherle lecteur à la littérature de témoignage en justifiant comme « procession » afin dedévoiler des variations imaginatives sur le temps et la mémoire.

L’écriture fragmentée d’Assia Djebar dans « le blanc de l’Algérie » est marquée par larépétition, Entre passé et présent, la fiction est utilisée afin de décrire le longprocessus des morts qui ont directement nommée. La convocation du témoignage a étéutilisée afin de montrer l’horreur des années 90, ces deux références illustrentl’écriture fragmentée dans notre corpus.

8-Maurice Blanchot, L’écriture du désastre, Paris, Gallimard, 1980, p. 49.9- file:///C:/Users/ALL_Info/Desktop/fragment.pdf

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Assia Djebar invite Mhamed Boukhobza, Abdelkader Alloula ainsi que MahfoudBoucebsi comme des témoins principaux réel dans ce récit sans les classer comme deshéros de l’Histoire, elle refuse leurs morts, parce ce qu’eux pour elle c’est une époquedes souvenirs marquante. Elle fait des retours de souvenirs à leurs langues parlées,langue de séparation.

En invitant dix-huit écrivains et journalistes (elle les évoqués comme des témoins réel)dont la mort les a emportés. Cette convocation des morts, c’est parce qu’elle voulaitexprimer le fait que la mort est une seule et même réalité, qu’elle soit accidentelle,naturelle ou préméditée, mais le douloureux est la façon dont ils sont morts. Car ellen’est pas contre la mort en elle-même mais est contre les mauvaises façons de mourir.

« A présent, chacun de ces chers disparus et moi, à intervalles irréguliers, nousparlons pleinement en français. Cette langue coule, ou se tisse, ou s’emmêle, mais nimasquée ni figurante voilée prenant la place d’une autre, la sœur de nuit ; non, elle sedéploie entre nous, vraiment t-elle même, comment dire, à part entière. Tardivement,notre parler devient si simple ! [...] “Leur” français à eux, mes amis– ainsi ils ontdisparu, finirai-je vraiment par le croire, par le savoir–tandis que, délivré du linceul du passé, le français autrefois désormais se régénère ennous, entre nous, transmué en langue des morts »10

Elle était traumatisée après cette séparation soudaine, elle a toujours gardé un douxsouvenir à ses proches.

« J’attends que tu sortes du coma. Je ne souffre pas. En colère, je me sens ; je suissûre que, cette fois, je te dirai tout … Ta sœur, celle qui te ressemble, je l’ai autéléphone, elle vient d’arriver, elle espère elle aussi, elle gémit de désespoir, en mêmetemps de reproche, parce que tu ne t’es pas gardé … Elle n’en peut mais. Je me durciset je te le répète intérieurement : « pourquoi ? » Tu sortiras du coma et tu nous dirasce qui t’a habité les six, les cinq derniers jours. Toi et ta ville, quel face-à-facenocturne ? Quel corridor plein de relents, de cauchemars et surgis de quel passéinavouable ? »11

Ces mots indiquent son grand chagrin envers son ami, elle nous livre son espoir de leretrouver, elle n’arrive pas à réaliser cette terrible réalité, malgré qu’elle est sûre deson départ, mais le chagrin de la mort soudaine comme une trahison, une mortinattendue, la pousse a chaque fois à se demander pourquoi ils sont partis ?

10- Djebar Assia, le blanc de l’Algérie, Albin Michel, 1995, p 16.1711- Ibid. Page 49

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La mémoire se révèle trouée et fragmentée, Assia Djebar tentera de récupérer les billesde cette histoire afin de rassembler entre fissures du temps, d’où les vas et vientconstant entre plusieurs espaces, temporalités et voix, une tentative de renouer avec lepassé.

A plusieurs reprises dans le roman, on a remarqué l’alternance de "je" de la narratriceet les témoins car elle les convoque en tant que témoins.

Citons quelques exemples :

« Il me semble (…) je l’écoute monologuer, je connais…. »12

« Tu te souviens, Mahfoud (…) moi, je prétendais …. Tu devin la première fois… »13

« Je reprends mes danses en solitaire …. Je me souviens m’être exclamée…. »14

« Kader, je ris, tu entends…..Tu es à la fois Gogol, et Kader …… »15

Ces voix qui peuplent le récit sont des voix subjectives, des «je » « qui prennent laparole et actualisent le processus même de l’écriture, elle parle de chacun de ces mortsséparément, elle évoque son souvenir personnelle des funérailles de la cause de la mortmais avec aucune explication pour les amis morts actuellement, un choc qui raisonnetout au long du roman.

On remarque un découpage entre les textes, les chapitres, des vas et vient au tempsentre passé, présent et imparfait, mais reste un découpage compréhensif entre lessouvenirs, les événements qui marque ce récit (après l’indépendance, décennie noire)Ce qui confirme cette écriture fragmentée d'abord le manque d’interdépendance entreles chapitres, mais récitent les mêmes événements ce qui donne un charme particulier àl’écriture, et une nouvelle forme pour transmettre un message.

Cela est dû à l’état psychique de l’écrivaine une réaction par rapport au drame vécu,elle n’arrive pas à avoir une image claire d’une actualité sombre. Un traumatisme quise traduit par des ruptures des passages où elle s’interroge, et essaye d’avoir uneexplication pour pouvoir continuer sur les feuilles blanches tâchées d’encre rouge,comment raconter le rêve interrompu ?

12- Djebar Assia, le blanc de l’Algérie, Albin Michel, 1995, p3113- Ibid., p3214- Ibid., p3315- Ibid. 44.

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Deuxièmepartie :

Contrel’oubli

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Chapitre 1 :l’écriture detémoignage

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Le témoignage des années 90 dans l’Algérie devenu une sorte de parcours obligé pourles textes de nouveaux auteurs Algériens publiés en France.

Cette écriture fleurit au début par quelques écrivains maghrébins comme AbdelkaderDjemaï,31, rue de l’Aigle ; Rose d'Abîme de Assia Khelladi, car l’auteur est collant àl’actualité en publiant à tout prix des témoignages, parce que à cette période l’écrivaintémoin considéré comme une référence de l’actualité Algérienne des années 90présente comme un reflet fidèle de transmettre le contexte politique.1

Le témoignage de femme a aussi connu une ligne importante dans la littératureAlgérienne comme l’exemple de notre écrivaine Assia Djebar qui était un exempletémoin de la femme Algérienne.

Quelques exemples d’écrits de femmes témoins de cette époque sanglante : LeilaAslaoui ; Survivre comme l’espoir, Malika Boussouf ; Vivre tronquée, Fériel Assima ;Une femme à Alger.

Il était nécessaire de recourir à cette écriture pour documenter ces moments etpropager la vérité, le lecteur voit l’œuvre beaucoup plus comme document littérairemalgré qu’elle est un témoignage sur une actualité sanglante de l’Algérie.

La violence est remarquable dans les écrits de Malika Mokadem ; Jamel-Eddine-Bencheikh chose justifiée par les horreurs de l’actualité.

Les écrit de cette période sont caractérisés par la banalisation, dissémination, amnésielittéraire au niveau des textes littéraires et en remarque perte de repère ce tant quepolitique que littéraire illustré par la tragédie grecque ce qui oblige l’écrivain àinventer de nouveaux, cette nouvelle tendance traverse la plupart des textes Algériensdes années 90.

Mohamed Dib l’un des exemples les plus connu de l’écriture de témoignage à propos,la nuit, sauvage. À la quatrième de couverture de La Nuit Sauvage, 1997, précise (...)renoue avec une Algérie de chair et de sang, et témoigne de ses tragédies et de sesconflitsqui été intéressée par l’horreur du présent politique qui prend en considérationtoutes les témoignages pour illustrer leurs travaux »2

1- file:///C:/Users/ALL_Info/Downloads/Documents/PaysagesLitteraires90.pdf page 122- Op, cite page 30

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Nous soulignons que l’écrivain insistent sa mission d’être un guide pour lafuture génération d’établir un rapport d’équivalence entre l’acte d’écrire, dire ettémoigner.

Assia Djebar déclarait en 1996 :

« Le rôle de l’écrivain est peut-être simplement de témoigner quelquefois deblessures »3

Les points de vue retenus, c’est pour convaincre de ce qui se passe en Algérie desannées 90 est connu comme tragédie et pas un point de vus mais plutôt une thèse quisont obligés à l’analyser.

La tragédie cette notion qui signifie, les douleurs, la souffrance d’un sujet qui estvictime qui était placé à l’expérience de la situation historique de l’Algérie.

Certains écrivains ont évoqué le terme « malédiction » à cette période parce qu’ils ontsubi des séries d’assassinats, des crimes, de violence.

Assia Djebar, ne fera pas exception dans Le Blanc de l’Algérie :

"Qu’en est-il des écrivains algériens qui, pour la plupart, meurent toujours trop tôt ?Est-ce une malédiction ?"4

En témoignant sur la plus terrible période qu’a vécu l’Algérie après l’indépendance,d’abord témoigner c’est donc une nécessité, il est important de mettre en garde destémoins, montrer la réalité à des événements qui ne reproduisent plus jamais.

Assia Djebar à publier son témoignage pour imprimer ces souvenirs pour lessurvivants afin que la prochaine génération soit au courant de ce qui s’est passépendant cette période.

Témoigner c’est aussi mettre aux yeux de tout crime, violence par l’état et pour ne pasoublier. Car c’est un récit publier en 1995 en pleine décennie noire donc c’estimportant de déclarer et établir la vérité.et c’est un récit qui rend un hommage à tousceux qui ont disparus.

Parmi les caractéristiques de cette écriture, elles s’adressent les lecteurs pour dévoilerles mensonges, la violence, à trouver des causes. Ce genre d’écriture que nousqualifions de témoignage fictionnel présente quelque similitude avec la littérature.

Un effort de construire une écriture contre hégémonique du public et de l’historique etla considère comme une littérature révolutionnaire.

3- file:///C:/Users/ALL_Info/Downloads/Documents/PaysagesLitteraires90.pdf page 304- file:///C:/Users/ALL_Info/Downloads/Documents/PaysagesLitteraires90.pdf page 34

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Le témoignage fictionnel, est un mode artistique, basé sur des faits ayant eu lieu pourune production fictionnelle et dont les traits artistiques. Le témoignage littérature n’estpas forcément lié à une manifestation collective. Mais plutôt recèle une consciencepersonnelle et intime évidente.

Pour notre écrivain témoigner c’est un devoir moral de dire la vérité. Et pour elle c’estimportant que les lecteurs comprennent ce qu’elle voulait transmettre. En concluantque Assia Djebar a pris ce chemin celui d’écrire de témoigner et de raconter desépisodes de sa vie, qui est pour elle une façon de libération afin de mettre une fin à latragédie.

Notre récit contient pas mal de témoignages car est un roman basé sur lestémoignages réels afin d’éprouver cette démarche de témoigner.

Assia Djebar a convoqué pleines d’auteurs, journalistes, intellectuels, elles considèrentcomme témoins :

« Nous, témoins de l’instant qui casse la course de l’ami, ou doucement en interromptle fil au contraire de ceux qui assistent à l’autre fin, à l’aboutissement par épuisement,de quelle peine ou de quel bouleversement devons-nous lentement nous décharger ?Ainsi moi, à votre propos, chers amis, vous la triade la plus proche à mon cœur, de laterre là-bas, de la patrie commune, tandis qu’entre nous seul l’écheveau des mêmeslangues tressaille et vous rend à nouveau si présent ! »5

A travers ce passage, Assia Djebar confirme la nécessité du témoignage qu’elle ladatée dans ce passage, indiquant qu’il s’agit d’un témoin avec ses trois amis de lacruauté de la vie ou la mort.

Assia Djebar a même écrit des textes d’amis pour décrire l’atmosphère de l’Algérie àl’époque elle tracé quelques lignes de Mouloud Feraoun de son journal des jours deguerre il tient depuis novembre 1955 :

« A Alger, c’est la terreur. Les gens circulent tout de même et ceux qui doivent gagnerleur vie ou simplement faire leurs commissions sont obligés de sortir et sortent sanstrop savoir s’ils vont revenir ou tomber dans la rue. Nous en sommes tous là, lescourageux et les lâches, au point que l’on se demande si tous ces qualificatifs existentvraiment ou si ce ne sont pas des illusions sans véritable réalité. Non, on ne distingueplus les courageux des lâches. A moins que nous que ne soyons tous, à force de vivredans la peur, devenus insensibles et inconscients. Bien sûr, je ne veux pas mourir et jene veux absolument pas que mes enfants meurent mais je ne prends aucune précautionparticulière… » 6

Mouloud Feraoun aussi un témoin de la guerre du colonisateur français, mais aussides terreurs de l’OAS, là il raconte la terreur vécue, il en était témoin de l’insécurité etqu’ils font face pour survivre au massacre.

5- Djebar Assia, le blanc de l’Algérie, Albin Michel, 1995, page 89.90.6- Ibid. page 99

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« Je revois encore une vieille femme lorsqu’on lui a rendu le baluchon de son fils(donc un guillotiné de l’aube). Elle s’est assise par terre, devant la porte de la prison,et elle sortait le linge de son fils ; elle embrassait sa chemise, son peigne, sa glace toutce qui était à lui. Jamais il n’y a eu de pleurs, de cris ou de lamentations. Nouspartions avec la famille de l’exécuter ! » 7

C’est Très émouvant ce qu’elle réécrit et d’être témoin de cette douleur insupportabled’une femme qui témoin la guillotine de son fils récité par Djamila Birki qui souvientdes scènes d’exécutions :

« Les familles des condamnés à mort allaient tous les matins à Barberousse, car,lorsqu’il y avait des exécutions, c’était affiché sur la porte. Nous allions tous lesmatins pour voir s’il y avait ces fiches blanches sur la porte ; des fois, il y en avaittrois, quatre, chaque exécuté avait sa fiche personnelle. Nous n’étions jamaisprévenues, il fallait aller lire les noms sur la porte. C’était la chose la plus horrible. Etl’eau !...Quand il y avait plein d’eau devant la porte, c’était parce qu’ils avaientnettoyé le sang à grande eau avec un tuyau. »8

Des témoignes réel des familles ont subi les douleurs de la mort des proches aussi,ainsi les moments stressant en cherchant des noms exécutés à Barberousse, c’esthorrible ce qu’ils ont vivaient

Elle a également rappelé l’histoire d’Abraham et Ismail du coran, lorsqu’il a voulusacrifier son fils, mais grandeur de dieux a remplacé le fils par un mouton, citons dansce passage :

« Ils se dressent, quelques-uns déterminés, transformant leurs propres enfants enmoutons de l’Aïd, pour la grande fête du sacrifice d’Abraham, ne ressentant même pasune once de l’angoisse du prophète biblique, n’attendant nul arrêt de la clémencedivine, non, se précipitant à la gorge de ses jeunes héros, pataugeant dans ce sang,essuyant ensuite le couteau avec l’effrayante bonne conscience de l’homme dutroupeau obéissant aveuglément au chef obtus »9

Assia Djebar a choisis l’effet réel pour mettre sous les yeux du lecteur le sacrificesanglant, elle cherche à comprendre pourquoi ? Et jusqu’à quand ?

7- Djebar Assia, le blanc de l’Algérie, Albin Michel, 1995, page 1188- Ibid. page 117.9- Ibid. page 211.

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« Pourquoi cette embardée dans le champ meurtrier des années 56 et 57 ? Pourquoi,pour fuir les années 93 et 94 d’une Algérie qui sourdement se fracture ? Parce que,aujourd’hui à nouveau, l’on pourrait retenir son souffle, suspendre un moment lemartèlement souterrain du pas de la mort qui fauche, qui fauche et se mettre àimaginer, inventer des solutions possibles ? Parce que personne ne se présente, àl’instar de l’émouvant Camus de janvier 56, il ne se trouve personne, aujourd’hui,pour au centre même de l’arène, prononcer à nouveau ces mots de l’impuissance pastout à fait impotente, ces mots de la souffrance qui, une dernière fois, espère… Espèreavant l’irréversible poursuite de la Gorgone hideuse, de la guerre fratricide (peut-êtreque, cette procession d’écrivains, c’est justement Camus le premier qui a senti lafissure étrange, au cœur même d’une guerre pourtant coloniale, de vivre celle-cicomme une guerre civile, comme un déchirement dans la poitrine ! » 10

Par ces mots notre écrivain réécrit des souvenirs de son camarade Albert camus qui afait des rappelle des mêmes événements des années 56 et 57 à l’actualitéAlgérienne des années 93 et 94, encore des souffrances, des massacres, des morts.

« Une Algérie de sang de ruisseaux de sang de corps décapités et mutilés, de regardsd’enfants stupéfaits …le désir me prend, au milieu de cette galerie funèbre, de déposerma plume ou mon pinceau et de les rejoindre, eux : de tremper ma face dans leur sang(celui des assassinées) de me disloquer avec eux, (…) les rejoindre, c’est la tentation(…) je me dresse là, de l’autre côté : face à eux, mais pas avec eux. Ils m’ont quittémalgré moi (…) Simplement, je ne vois plus l’Algérie. Simplement je tourne le dos àla terre natale, à la naissance, à l’origine. » 11

C’est difficile d’être témoin de tels événements, et d’être obligé de citer ces instantspour dégager le chagrin traumatisé qui la pousse à penser de quitter cette vie et aller àl’autre côté avec ces amis ou bien de quitter la patrie qui ne lui a donné que desdouleurs et des chagrins.

10- Djebar Assia, le blanc de l’Algérie, Albin Michel, 1995, page 221.11- Ibid. page 146.

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Chapitre 2 :

La mémoireentre passéet présents

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La mémoire est basée sur deux notions intéressantes sont la littérature et l’histoire :

L’histoire revoie davantage au passé et représente par conséquent ce qui s’est produit,alors que le temps présente un pont entre le passé ; le présent et le futur. Elle instauremémoire linéaire des activités diverses achevés par l’être humain et la littératurecomme un rappel systématique de cette mémoire à vivre et revivre afin de s’avouer lanostalgie.

La littérature et l’histoire deux notions jumelles, jouent chacune à son rôle mais ont lamême virtuosité.

La littérature a connu de nouvelles formes avec les vagues de l’histoire, cette dernièrequi assurent son avancement, malgré le développement de l’humanité d’aujourd’hui, lalittérature et l’histoire reste notions complémentaires et impossible de les séparer, pourcette raison la littérature restera toujours présente des mentalités ; elle n’en jamais étéabsente et ne le sera jamais.

Parce que la littérature est la parole de notre écrivaine pour présenter ce qu’elle voit deses yeux et ce qu’elle sent de cœur, l’histoire est la mémoire de l’humanité,AssiaDjebar à choisis ce combi entre mémoire, littérature et histoire pour s’éloigner decette réalité douloureuse et de se réfugier dans ses médiations pours’en purifier.

L’Histoire et la mémoire sont deux domaine étroitement liée, vu leurs objets d’étudequi se ressemble, qui consiste à revenir vers le passé pour Paul Ricœur « l’Histoire estla représentation du passé ».1C’est-à-dire que l’Histoire se constitue d’événements etde personnages historiques ayant existés dans un but de vérité.

1- https://www.larecherche.fr › consulter le 20/ 02/ 2019

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1.Qu’est-ce que la mémoire :

« Activité biologique et psychique qui permet, d’emmagasiner de conserver et derestituer des informations »2

La mémoire est l’une des fonctions les plus nécessaires du cerveau, Pascal disait : « lamémoire est nécessaire a toutes les opérations de l’esprit », elle est la faculté del’esprit d’enregistrer, conservé et rappeler les expériences passées » 3

2.La mémoire dans Le blanc de l’Algérie :

La mémoire devient thème dominant dans Le blanc de l’Algérie, Assia Djebar aentamée l’histoire personnelle pour devenir une matière d’écriture, ce couplage entreLa mémoire de l’écrivain et l’histoire de l’Algérie ont contribué la naissance de cettemagnifique œuvre.

En faite c’est une nouvelle forme d’écriture pour Assia Djebar de raconter sonexpérience personnelle après avoir perdu ses trois amis proches.

Pour arriver à la reconstruction de l’histoire collective et individuelle afin de larédaction d’un roman, l’écriture d’Assia Djebar a été fondée sur l’écriture historiqueen invitant la mémoire et la fiction.

Dans le premier chapitre « la langue des morts » qui raconte des épisodes de souvenirsde l’écrivain met en relief le constant travail de la mémoire et le retour sans cesse versle passé.

Le présent aussi est un point de départ pour l’évocation des souvenirs qui traversent larapidité de mémoire, ce retour de mémoire entre passé et présent est un des thèmesprimordiaux de Le blanc de l’Algérie, profitant des sources intérieures c'est-à-dire sespropres souvenirs, et des sources extérieures ; écrites ou orales à l’aide de l’imaginaire.

La mémoire de notre écrivaine apparait après des moments difficiles, elle a annoncétous les souvenirs qui se présente, parce qu’elle se charge de tout noter, de tout dire.

Parmi les caractéristiques de la mémoire, elle se stabilise des instants important dansnotre quotidien c’est pour ça l’écrivaine récites ces instants pour ne pas oublier ; etpour graver la magie de ces moment inoubliable.

2- https://www.universalis.fr › dictionnaire ›3- https://www.goulet.ca/compagnon/Coon/lamemoire.htm

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Nous avons choisiquelque trace de mémoire dans Le blanc de l’Algérie :

« Je ne sais plus comment s’est continué mon séjour américain… un moins après, avecmes disparus, reprend ma conversation mais hachée menu, souvent inaudible,creusant son lit dans ma mémoire, tel un oued qui perd et retrouve son eaurare…toujours, il est vrai, avant que les premiers rayons du jour ne transpercent machambre. »4

Assia Djebar a évoquée des scènes restent gravés à sa mémoire afin de convaincre lelecteur de la quantité de douleur de perte, d’amitié et respect qu’elle recueille aves sesamis, cette impression surement liée à la carrière de cinéaste d’Assia Djebar.

« Mais tu rappelles, tu rappelles tant de jours perdus ! Me réplique tristement Kader(sa voix m’atteint en creux, elle a perdu sa vibration qui scintillait). Nous sommes siloin de cette époque : dix ans, ou davantage ! Le temps est passé. »5

Des beaux souvenirs reviennent à la mémoire d’Assia Djebar, qui montre son regret etle chagrin du temps passé, son envie de retourné à ces beaux moments avec sesmeilleurs amis.

« Et tu parlais ! Me reste, dans ces espaces, le frappé de ton verbe, dans chacune desdeux langues, l’accent seul et sa vivacité faisant entre elles le pont. Je le saismaintenant, je te le dis en terre américaine : jamais je ne t’ai perçu aussi heureux !J’écoutais ton rythme intérieur … »6

Dans certain passage, nous remarquons des séquences descriptives ou l’écrivainemploie l’imparfait pour souligner l’encrage des souvenirs dans la mémoire.

« Aurais-je dû te dire, quand je croyais sentir ta présence sur le rebord de la fenêtreentrouverte, que je t’en ai voulu : lorsque nous allions, les trois derniers jours, quêterles nouvelles à l’hôpital parisien où tu fus transporté le lendemain matin de l’attentat(oh oui, tu sortiras du coma, tu vivras !). J’allais et venais, ces jours du printempsdernier, et je ne faisais que soliloquer, que me préparer aux reproches que je tedébiterais, quand tu reviendrais à toi, enfin à nous.... »7

Des souvenirs qui se répètent dans la mémoire d’Assia Djebar, elle revivait des scènes,son espoir de l’un de ses trois amis qu’il va guérir, elle est sans cesse déchiré parl’angoisse de la mort.

4- Djebar Assia, le blanc de l’Algérie, Albin Michel, 1995, page 42.5- Ibid. page 27.6- Ibid. page 26.7- Ibid. page 48.

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Ces extraits nous démontrent des souvenirs du passé et du présent :

3.Mémoiredu présent :

« Nous bavardions __ chacun de ces trois amis et moi, en langue françaises __ maiscette nappe coulait toujours au-dessus d’une autre, ombreuse, la phréatique,l’invisible qui pouvait jaillir.

A présent ?

A présent, chacun de ces chers disparus et moi, à intervalles irréguliers, nous parlonsen français. »8.

Des souvenirs qui reviennent de temps en temps, à l’exemple des monologues, desdiscussions avec des morts qu’elle aime et qu’elle ne verra plus. En un instant elle seretrouve au présent, en train de parler avec eux.

« Est-ce que j’en parle avec toi, à présent ? Je revis cette parenthèse oranaise,maintenant je tutoie, Kader de ma famille, je revois cette lumière blanche d’unejournée qui fut si longue, les derniers vols migrateurs des martinets envahissaient,puis désertaient d’un coup ou par froissements multipliés les platanes de l’avenuecoloniale. »9

Dans ce passage Assia Djebar parle à son ami Kader comme si elle était en face de lui,il est dans son esprit, sa mémoire, mais toujours pas convaincue de son absence, elle sepose autant la question« Est-ce que j’en parle avec toi, à présent ? » d’un côtéconvaincue de son absence et non convaincue d’un autre côté, elle ne réalise pas qu’ilest mort à présent.

« Partons en Egypte ensemble ! continuons nos conversations là-bas, au bord du Nil,et donc dans notre langue retrouvée, faisons miroiter tour à tour son rêve au féminin,sa rudesse cabrée au masculin ! »10

Ce passage révèle le désir d’Assia Djebar de revivre leurs meilleurs moments,leursvoyages ensemble, leurs discussions, son fort désir de s’accrocher à cesmagnifiques moments.

8- Djebar Assia, le blanc de l’Algérie, Albin Michel, 1995, page 16.9- Ibid. page 23.10- Ibid. page 30.

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« Je ris. Je m’entends rire, Kader. Soudain, me revient cette représentation du journald’un foude Gogol que tu adaptas en arabe. Ma mère, ma fille et moi, nous noustrouvons au premier rang, dans la salle du théâtre municipal d’Alger, en soirée. »11

Toujours elle mentionne les détails importants qui lui sont venus à l’esprit, ce quiexprime le retour de mémoire entre passé et présent, comme si elle vivait l'instantencore une fois.

« Je me souviens m’être exclamée devant tous, peut-être la seconde fois, ou latroisième, puisque c’était entendu, nous nous convenions assez bien pour la dance : _« O Mahfoud, toi dont dit que tu es le meilleur psychiatre de la ville, o Mahfoud __ etde me remettre, haletante, à cette samba __ tu es vraiment le meilleur danseur de laville ! Je l’affirme ! »12

Ce sont des images du passé qui s’inscrivent dans la mémoire de Assia Djebar, leregard est présent, il semble parfois au lecteur de suivre l’objectif d’une caméra, cetteimpression est sans doute liée à la carrière de cinéaste d’Assia Djebar.

4.Mémoire du passé :

« Vers lui j’étais allée, ce jour de fin d’hiver __ là-bas, s’exhale alors une lumière deblanc diaphane presque irréelle, qui allonge ces journées denses, légèrepourtant…J’avais pris l’avion, mes autres amis partaient pour Carthage, ou Sidi BouSaïd : nous avion bien travaillé ensemble, est ce que, moi aussi, je me laisserais tenterpar ces trois jours de vacance ? Mais soudain au téléphone je m’adressai à Kader :« Vous vous souvenez : vous m’avez promis de me faire connaître tout Oran ! »13

Souvenirs de son premier voyage à Oran chez son ami Kader, car Elle a sacrifiée sonescapade en Tunisie avec un groupe, juste pour aller rendre une visite à Kader, qui luia promis de faire visiter la ville, cela montre une forte amitié entre eux, elle tente dere-graver par écrit.

« Dites-moi ! Montrez-moi les endroits secrets ! Je veux voir les lieux clandestins,vous vous souvenez, nous avons évoqué une fois des persécutions contre syndicalistes,cette fourchasse, surtout à Oran ! __ mon ami de toujours, mon frère, dommage qu’ilait embarqué cette fois, pour trois mois au moins ! Nous aurions dîné dans unegargote, par là, vous voyez ! … »14

11- Djebar Assia, le blanc de l’Algérie, Albin Michel, 1995, page 42.12- Ibid. page 33.13- Ibid. page 21.14- Ibid. page 22.

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Assia Djebar rappelle son dialogue avec Kader, en lui demandant de visiter lesendroits clandestins ; elle est beaucoup liée à leurs discours, mais d’un autre côtésoufre après son décès car il a une grande valeur dans sa vie.

« Je l’écoute sans l’écouter : son ardeur, sa juvénilité et ses excès dans le ton __toutes ses batailles contre les philistins de sa profession, contre l’administrationmyope et indifférente aux douleurs, en particulier à l’état d’abandon des enfantsorphelins __ il ne s’usera jamais, Mahfoud ; même abattu, sa voix un peu nasillardedemeure et perce l’absence. »15

L’écrivaine écoute Mahfoud, l’absent présent. Elle décrivait ses qualités, son couragecontre l’injustice, défendre les droitsd’orphelins, les batailles conte les philistins ; cequi prouve sa forte personnalité qui attire l’attention d’Assia Djebar, pour elle s’estnécessaire d’en parler.

« M’Hamed, pour moi se tient à une place en évidence : yeux baissés car cela coûte àsa modestie, et avec un sourire de coin, que je suis seule à percevoir, je sais soncontentement d’être arrivé au terme vraiment le sien : lui qui clôt sa vie par lesminutes interminables d’une souffrance de chair, ayant exalté, o combien, sa certitudede justice »16

Dans ce passage Assia Djebar exprime la valeur de M’Hamed, en décrivant les yeuxbaissés qui exprime sa modestie ; son sourire qui renvoie l’espoir ; ce qui exprime lecourage de M’Hamedcontre les difficultés de la vie et sa résistance interminable.

« Je vous quitte, ou vous m’avez quittée. Tous les trois, ou chacun à son tour, je nesais plus. Le printemps à paris est pluvieux ; les jours gris.

Vous reviendrez. Je vais tâcher de vous oublier. Vous planez ; vos ombres persistent,effilochées, mais là-bas, dans le ciel algérois : alors que, si souvent, le rythme- cibledes meurtres, des assassinés (victimes-cibles d’un tueur surgi parmi la foule, une armeau poing ; d’autres victimes, anonymes, suspects, « terroristes », « assassins »,« bandits » : la ronde des mots d’autrefois revenus ! »17

A travers ces mots Assia Djebar se souviens et déplore ses amis, car elle ne s’est pashabituée à leur absence et écrit pour tenter de les oublier car la douleur à l’intérieur estimmense.

15- Djebar Assia, le blanc de l’Algérie, Albin Michel, 1995, page 35.16- Ibid. page 31.17- Ibid. page 50.

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Chapitre3 :

Briser lesilence pour

ne pasoublier

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«Oui, j’écris, pour retrouver la mémoire et la garder. Pour le sel des mots. Pourbriser le cercle de l’interdit où l’on voudrait me murer. Pour déchirer le silence quim’enferme et laisser bruire mon désir de vivre. Oui, écrire me livre et me délivre.Naima ils t’ont massacrée parce que tu écrivais. Mais la source qui l’abreuvait n’estpas tarie. Et je m’y plonge tout entière afin de cueillir les mots qui ne tolèrent pasentendre. » 1

Le Chagrin et frustration ont poussé Assia Djebar à se lancer vers cette écriture,notamment pour briser le silence et ne pas les oublier ces écrivainsassassinéspuisqu’ils ont pris cette décision d’écrire sur l’actualité algérienne et ils ontosé parler malgré que le prix était leur vie.

C’est pour cette raison qu’Assia Djebar a réservée toute une partie de son récit pourdire ce qui n’est pas dit, briser le silence et pour ne pas oublier, afin de transmettre sadouleur face à un avenir incertain.

Cette convocation des morts s’adresse au peuple algérien, au lecteur conscient del’ampleur du silence. Elle veut combattre l’obscurantisme afin de défendre la libertéd’écrire et s’interroger sur l’avenir du pays.

Durant ces années de braise Assia Djebar comme d’autres écrivains dénonçait lesilence elle voit que l’écriture est un devoir: «… l’écriture pour dire l’Algérie quivacille… »2Propos tenus en 1996.

Abdelkader Djemaï dans la même année affirmait :

« On à mal, on veut dire quelque chose, il y a un manque. L’écriture vient avec cemanque. Une blessure intime, ouverte »3

Dans son roman le blanc de l’Algérie elle parle de ces écrivains morts, de cette mortpliée dans le silence, elle veut raconter le meurtre, la violence aveugle qui a fait taire àjamais ces voix.

1- http://fac.umc.edu.dz/fll/expression-7/zoubida-belaghoueg.pdf page 1702- file:///C:/Users/ALL_Info/Downloads/Documents/PaysagesLitteraires90.pdf page 263- Op cite page 29

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On a choisi pour notre étude quelques intellectuels cités par l’écrivaine :

1. Mouloud Feraoun : le romancier, mort le 15 Mars 1962, à 49 ans, à Algerassassiné par l’O.A.S.

Un mois avant sa mort, il était menacé plusieurs fois par des lettres de l’O.A.S. et quey a des amis qui ont insistés de revenir en Algérie parce qu’il été en France, pour leprotéger.

A six heure du matin un crime a visé un bus des ouvrières et manœuvres à Hussein-Dey par un homme de l’O.A.S. Six morts d’un coup et treize blessés ont dénombrésquelques-uns ont mourront avant de parvenir à l'hôpital.

Un jeudi matin il se prépare pour une réunion à El-Biar au centre sociaux, une réunionavec ses deux amis, Salah Ould Aoudia, Kabyle christianisé et Ali Hammoutène,musulman, sont en retard malgré les trois d’habitude ont ponctuels.

Dix-sept inspecteurs-enseignants sont arrivés à la salle des réunions, à onze heures ilsont fait irruption dans la salle de réunion ; deux hommes armés et un troisième derrièreeux.

Le premier homme armé ordonne :« tous debout, les mains en l’air et fond contre lemur » seul marchant reste debout et près de lui Mouloud Feraoun qui témoin plu tard ilété très pâle.

Le second homme armé sort de sa poche une liste il épelle sept noms, l’un aprèsl’autre et par ordre alphabétique : Aimard, Basset, Feraoun, Hammoutène, Marchand,Ould Aoudia, sont appeler pour présenter leurs cartes d’identité, Petitbon, septièmenon est absent.

Méthodiquement, en effet les tireurs ont tiré de sang-froid d’abord dans les jambes desvictimes, quand celle-ci se sont effondrées ils ont tiré dans les cuisses puis dans lespoitrines.

La fusillade, si longue, s’arrêta d’un coup après un massacre sanglant, cent neufdouilles de 9 mm seront ramassées par la police, l’enquête établit que dix-huit ballesau moins par chaque corps.

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Mouloud Feraoun est le dernier à rendre l’âme le 15 Mars 1962, à la fin de la mêmejournée le fils de Mouloud aller reconnaitre son père il écrire ensuite à EmmanuelRoblès :

« Je l’ai vu à la morgue. Douze balles, aucune sur le visage. Il était beau, mon père,mais tout glacé, et il ne voulait regarder personne, il y en avait une cinquantaine, uneCentaine comme lui, sur des tables, sur des bancs, sur le sol, partout, on avait couchémon père au milieu, sur une table »4

4- Djebar Assia, le blanc de l’Algérie, Albin Michel, 1995, page 107

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2. Jean Sénac : poète, mort le 16 Avril 1973, à 47 ans, à Alger (assassiné).

Il avait l’habitude de présenter une émission hebdomadaire de poésie, à la radioAlgérienne Francophone mais elle était supprimée un an auparavant, pour des raisonsobscures.

C’était le premier poète tué en Algérie, qui signait ses poèmes, ses missives, par unsoleil à cinq rayons, vivait ses amours__ de la terre natale.

Jean Sénac écrivait trois mois avant sa mort :

J’ai trop aimé. L’espace

Réduit l’être ce soir

À une brisure de roseau !5

Il était trouvé allongé entre deux lits, dans une cave sordide d’Alger, celle qu’ilhabitait au 2 rue Elisée-Reclus, il fut assassiné, on lui a fracassé la tête, avant de luiporter 23 coups de couteau post mortem, histoire d’accréditer la thèse d’un crimecrapuleux probablement par un amant de rencontre, un voyou croisé par hasard ou peutêtre par un indice de police.

Il l’avait prévu : « Vous verrez que je serai assassiné, et ils feront croire que c’est uneaffaire de mœurs... » Le journal « El Moudjahid » traite sa mort en quelques lignes, lereste de la presse se tait, on arrête un petit délinquant, il « avoue » et reconnaît le volavant d’être discrètement libéré.

Tous les poètes présents à Alger offrirent chaleureusement une couronne funéraillestels que : Djamel Amrani, Laghouati, Djaout, Sebti tant d’autre.

5- Djebar Assia, le blanc de l’Algérie, Albin Michel, 1995, page 138.

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3. Tahar Djaout : romancier et journaliste, mort le 3 Juin 1993, à 39 ans, à Alger(assassiné).

C’était le 26 Mai 1993, Tahar Djaout quitté sa maison qui est situé à Baïnemune citépopulaire de la banlieue ouest d’Alger comme d’habitude, il ne sait pas que sa sera ledernier jour de sa vie.

Il était 9 h, entre dans sa voiture puis un jeune homme tapote sur le vitre en avant pourlui demander quelque chose :

- C’est toi, Tahar Djaout ?Tahar a baissé la vitre, a souri, vaguement, mais vraiment (l’un des tueursrevoit ce sourire, même pas hésitant et point de simple politesse ; non, unsourire).

- C’est toi Tahar Djaout ? répète l’homme. Et Tahar a commencé sa phrase :_ Que me veux-tu ?Ou, plus exactement, il a répondu :Oui, que me veux-tu ?(Ainsi, il a dit « oui » avec bonne foi, avec calme, et encore ce sourire !..._ Il a dit « oui » comme il aurait pu dire :« Oui tire ! »« Oui, tue-moi ! »« Oui, me voici pour le sacrifice ! »« Oui, je me présente à cause de mon écriture ! » il a dit : « Oui. )6

Il se trouve brusquement face à un canon de revolver. Il lève les mains en bouclier.Une détonation puis une seconde le sort du poète est scellé, il sombre dans un comaprofond, Tahar Djaout rendra l’âme une semaine plus tard.

Kenza dix-huit ans la fille de Tahar Djaout à était invitée dans un reportage sur la mortde son père, le journaliste lui demande :

« _ Toi quand tu seras grande, que choisiras-tu comme métier ?

Et Kenza, les yeux brillants :_ Je veux écrire ! Ecrire, comme mon père ! »7

6- Djebar Assia, Le blanc de l’Algérie, Albin Michel, 1995, page 2047- Ibid. page 206

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4. Yousef Sebti : poète, mort le 27 Décembre 1993, à 50 ans, près d’Alger(assassiné)

Il a commencé son enseignement de sociologie quand il avait 30 ans à l’institutd’agronomie d’EL Harrach verts les années soixante-dix.

« Il est tendre, Youssef ; dur et tendre _ dure comme un diamant, un diamant brisé, etplutôt que tendre, transparent ».8

Par ces mots Assia Djebar décrit son camarade, qu’il était caractérisé par ses qualitésbénignes, lui l’ami des humbles, des inconnues sur la route, pour elle c’était un amitrès aimable. Elle a écrit aussi un témoin d’une amie à lui :

« Yousef Sebti, me dit une de ses premières amies, sociologue comme lui, Youssefparlait, s’impliquait avec une telle véhémence…je le sentais toujours comme unebougie – frêle comme elle, bien sûr, mais surtout se consument à tout instant ! » 9

Ils l’ont achevé de nuit, trois jeunes inconnus entrés à son logement, ils le plaquent surle lit, et ils le frappé par balles à l’abdomen et égorgé.

Les voisins de Yousef Sebti ont vu les assassins à travers les persiennes dans le vastejardin abandonné.

Malgré que c’est un vieil ami à ses voisins, mais ils sont refusés de témoigner commes’ils n’ont rien vu, rien entendu, ils craignent la vengeance.

« Ils ne savent rien – rien de rien--, les voisins ! »10

Aucun de ses voisins entaient présent a les funérailles.

La veille de 27 Décembre, un ami à Youssef, Naima, se souvient puis écrira :

« Ce lundi 27 Décembre, il faisait beau. Alger resplendissait de ses meilleurs couleurs.Dans la voiture qui nous mentait sur la place des Martyrs, nous faisions plein deprojets, nous parlions d’avenir.je t’en veux à présent de m’avoir faussé compagnietout de suite après, à vingt-trois heures dans ton ermitage. Ils étaient trois, tu étaisseul. Ils étaient armés et tu avais pour seul parade ton regard si fragile, tes mainslégères tels des rameaux d’olivier. L’olivier s’EL Milia, ta terre natale qui ne serajamais ton linceul »11

8- Djebar Assia, le blanc de l’Algérie, Albin Michel, 1995, page 217.9- Ibid. page 22010- Ibid. page 22011- Ibid. page 220

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5. Saïd Makbel : journaliste, mort le 3 Décembre 1994, à 53 ans, à Alger(assassiné).

Saïd Makbel qui vit seul de sa petite villa aux environs proches d’Alger – logement defonction qu’il occupe comme cadre de la société nationale du gaz et de l’électricité, oùil fit presque toute sa carrière.

Il vit seul depuis quelques mois, son épouse française a décidé de quitter l’Algérieavec ses deux garçons, car ils n’ont pu supporter les menaces de mort par courrier ouau téléphone que Saïd reçoit.

Il a l’habitude chaque matin allé au journal, chaque soir au logis, des trajets entre aller-retour ce qui augmente le plus probable d’être visé

Un vendredi matin il fait beau, il a passé la journée à parler avec ses amis algérois,puis il a décidé de faire une petite tour au cartier.

Le 3 Décembre il est tranquillement dans son bureau en lisant un texte, l’après-midi dece jour Makbel sort pour déjeuner avec deux jeunes collaborateurs.

Deux jeunes approchaient à la table de Said et lui tirent l’un après l’autre, deux ballesdans la tête.

Said Makbel est les vingt septièmes journalistes assassinés depuis la première victimede Tahar Djaout.

Ce passage c’était parmi les dernières interrogations :

« J’aimerais bien savoir, commençait-il alors qu’il ne se croyait pas à la veille de samort, qui va me tuer ? Mais est-ce cela que j’aimerais d’abord savoir ? Parce qu’il yad’autres questions, peut-être plus importante. Par exemple, comment je vais être tué etpourquoi on va me tuer ? Quand on va me tuer ? »

« Je remarque que je n’emploie pas le mot assassiner. Pourquoi ? Sans doute parceque je pense qu’assassiner ou tuer, le résultat est le même : dans un cas comme dansun autre, je finirai au fond de même trou »12

12- Djebar Assia, le blanc de l’Algérie, Albin Michel, 1995, page 225.

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6. Anna Gréki : poétesse, morte le 5 Janvier 1966, à 35 ans, à Alger (interventionchirurgicale)

Anna Gréki est la fille de l’instituteur pied-noir, laïc, elle a passé les quatre premièresannées de sa vie dans les Aurès à Ménaa, elle était incarcérée à la prison Barbaroussed’Alger comme militante communiste aidant la cause nationaliste.

Pendant son arrestation, elle était torturée, elle est silencieuse et jamais dite malgré lasouffrance ce qui signifie le courage de cette femme.

Cette femme tombée amoureuse d’un jeune étudiant de Tlemcen, Ahmed Inal, elle apris sa mort dans sa cellule en lui écrivant :

Avant ton éveil

Je ne comprenais rien à ce qu’on me disait

Et j’appelais sagesse un désert obstiné

Je n’avais de désirs que pour les déplorer…13

En 1959 Anna s’épouse avec jean à Tunis, ce couple qui tente à vivre heureux aveceux, elle est enceinte de son premier enfant, rentreront parmi les premiers dansl’Algérie indépendante.

Le 5 Janvier 1966 Anna entre dans une clinique pour accoucher son premier enfant, ilfaut l’aider à sauver l’enfant prématuré de sept mois.

Anna est morte après une faute du matériel, malgré les soins arrivés trop tard.

13- DjebarAssia, le blanc de l’Algérie, Albin Michel, 1995, page 174.

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7. Taos Amrouche : romancière et cantatrice, morte le 2 Avril 1976, à 63 ans, àParis (cancer)

Taos ou disons la fillette prénommée Marie Louise, cette fille qui maîtrise plusieurslangues l’Italien, le Sicilien, l’Arabe dialectal tunisois, le Français qu’elle lit et qu’elleécrit.

De 1936 à 1962, elle été très réussite dans son chemin comme jeune fille comme uneRomancière et productrice de Radio à Paris.

Elle a perdu son frère Jean le trop aimé, qui le considère le héro de son adolescence

Taos été intéressé par la music, elle a chanté le répertoire maternel, mais vers lesannées soixante elle se produit que quelquefois en public.

A l’âge de cinquante, son corps a commencé connaitre les premiers symptômes de malcar elle avait un cancer, elle a résisté contre cette maladie quinze ans.

Six mois avant sa mort elle était présente au théâtre du châtelet à Paris où elle a chantélonguement et comme toujours a cappella, elle a fini de chanter par les youyous desfemmes en lui disant :

« Tant qu’il me reste un souffle de vie, j’ai fait le vœu que ce souffle de vie soit mis auservice de ces chants qui sont la gloire et le trésor de l’humanité ! »14

Taos a rendu l’âme le 2 Avril 1976 à Paris, elle fut enterrée, comme elle le souhaitait,près de sa maison pleine de fleurs, à Saint-Rémy.

14- Djebar Assia, le blanc de l’Algérie, Albin Michel, 1995, page 183.

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8. Josie Fanon : journaliste, morte le 13 juillet 1989, à 60 ans, à El Biar(Alger)(suicide)

Josie connu comme une femme souriante et optimiste, aime la vie ; cette qui a passéentre l’Algérie et Tunisie Paris. Elle été perturbé par des rumeurs et depuis elle acommencé de prendre des traitements thérapeutiques avec la psychologie de la famille

Après des tentatives de son fils, elle a accepté enfin accepter de rentrer en clinique àcondition de lui permettre de revenir le week-end à son appartement.

« Elle souriait en nous quittant, se rappela une infirmière gui ne pouvait oublier ladouceur des yeux larges de josie, sa voix si proche. »15

Par ces mots l'infermière décrit Josie après sa dernière rencontre avant de mettreunefin à sa vie.

Un vendredi à EL Biar, Josie Fanon s’élança, se jeta du cinquième étage.

15- Djebar Assia, le blanc de l’Algérie, Albin Michel, 1995, page 187.

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9. Une ancienne étudiante d’Assia Djebar :

Anonyme, grandit et devenu une directrice d’un collège aux environs d’Alger,

Assia Djebar a décrit son étudiante qu’elle avait un beau visage et des yeux clairs, ellesouvient même leurs travaux qu’elle a rendus sur le théâtre.

Elle a l’habitude de dire cette phrase à Assia Djebar « suis-je vraiment de cette terre,de ce pays qui se cherche »16

Elle été pacifié grâce son carrière d’être une enseignante, elle été serviable avec ledestin de jeunes gens qui sontà la recherche d’un métier d’un savoir d’un avenir.

Un jour d’octobre 1994, elle était dans son bureau comme d’habitude :

_ Madame, deux policiers, chez la concierge, demandent à vous voir !

_ faites les montrer !

Just après, elle se tourna vers la secrétaire ; le visage soudain pali, elle murmura :

_ sortez mais rester à coté : c’est pour moi qu’ils viennent, je le sais !

La secrétaire, machinalement, obéit, remarquant peu la note d’inquiétude, ou plutôtune sorte de pressentiment angoissé !

A peine la jeune fille, troublée, s’assit-elle à côté que, derrière la porte, après le bruitde l’entrée des policiers, le mitraillage commença : ils tirèrent à bout portant sur ladirectrice aux cheveux masqués de blanc…

« De faux policiers ! Ce sont de faux policiers ! » Hurlait-on dans les couloirs, tandisque les deux exécuteurs, reculant calmement tout en tenant en joue la foule apeurée,prenaient le chemin de la sortie » 17

Ils ont assassiné la directrice de collège en octobre 1994, à 45 ans, à Birmandreis(Alger).

Tous ces intellectuels algériens morts, elle ressent ce devoir de parler sur leur mort,assassinésou oubliés représentaient l’Algérie, et ceux fauchés lors de la décennie noire,un avenir qui fuit le pays pour ne plus revenir, elle les raconte perdue et espérant de lesrevoir, elle se dit qu’ils sont toujours vivants dans sa mémoire, de la mémoire del’Algérie.

16- Djebar Assia, le blanc de l’Algérie, Albin Michel, 1995, page 18917- Ibid. page 190.

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Conclusion

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Conclusion :

Le blanc de l’Algérie une œuvre qui a eu un impact considérable sur la littératureAlgérienne francophone, ce dernier prend une nouvelle forme dans le style d'AssiaDjebar qui a établi forme d’écriture à travers un mélange entre mémoire du passé etcelle du pour pouvoir parler de la décennie noire.

Nous avons retenu de notre travail d’étude que l’écrivaine Assia Djebar a choisil’écriture d’urgence, de témoignage pour ancrer l’instant du crime, le figé.

Elle a été traumatisé, déçu, la perte des plus proches, des intellectuels, des journalistes,des énoncent victimes d’un aveugle terrorisme. L’Algérie sombre dans un noir profondet sans repère.

Une écriture de témoignage, qui s’est faite dans l’immédiat, sur une époque où lamachine du meurtre n’a pas failli. Chaque jour, on tue un nom qui figure sur la listed’intellectuels d’une Algérie qui vient de naître à peine.

Le besoin de dire est né face à la violence de l’acte du crime injustifié, dire devient unefaçon de continuer à vivre, une essence pour une écrivaine militante qui a perdu le sensdes mots. Puisqu’on veut installer la peur en cassant la plume, en tuant la voix, etattiser les conflits mais au nom de qui ? Pour qui ?

Elle a convoqué des journalistes, des écrivains morts pour ouvrir un nouvel espaced’écoute en faisant appel aux voix écartés pour témoigner, et raviver l’instant dubonheur volé.

« L’écriture et son urgence. L’écriture pour dire l’Algérie qui vacille et pour laquelled’aucuns préparent déjà le blanc du linceul »1

Son écriture est fragmentée, l’actualité, le passé, les évènements qui se succèdent, ontfait que l’écriture soit coupée inachevée, comme ces morts inachevée, ces rêves arrêtésvolés. Des processions pour des proches qu’Assia Djebar ne veut oublier qu’elle veutcélébrer à sa façon par une mémoire d’historienne d’écrivaine d’amie.

Un traumatisme, un délire que la couleur blanche emporter partout, cette couleursymbole de la vie et de la mort, du silence imposé.

Sa stratégie d’écrivaine, était de rompre le silence par cette même parole qu’on veutéteindre par un intégrisme religieux aveugle, un devoir de mémoire que s’est assignéel’écrivaine pour ne pas oublier et continuer à vivre et à espérer une Algérie meilleure.

1- Djebar Assia, Le blanc de l’Algérie, Albin Michel 1995. P242

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Bibliographie

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Bibliographie :

Corpus :

Djebar Assia, Le blanc de l’Algérie, Albin Michel, 1995

Dictionnaires : Larousse 2015.

Robert micro.

Ouvrages théoriques critiques :

Maurice Blanchot, L’écriture du désastre, Paris, Gallimard, 1980

Ange Caroline. Le fragment comme forme texte : à propos de Fragments d'un discoursamoureux. In: Communication et langages, n°152, 2007. Usages médiatiques duportrait.

Sitographie :

1. Barthes R., Fragments d'un discours amoureux, Édition du Seuil, 1977.

2. file:///C:/Users/ALL_Info/Desktop/fragment.pdf3. file:///C:/Users/ALL_Info/Downloads/Documents/BDD-A21975.pdf4. file:///C:/Users/ALL_Info/Downloads/Documents/PaysagesLitteraires90.pdf

5. http://fac.umc.edu.dz/fll/expression-7/zoubida-belaghoueg.pdf6. https://femmessavantes.pressbooks.com/chapter/chapitre-3-assia-djebar-ecrivaine-et-historienne

7. https://journals.openedition.org/clio/2898. https://www.erudit.org/fr/revues/ela/2008-n25-ela02374/1035252ar.pdf

9. https://www.erudit.org/fr/revues/liberte/1990-v32-n6-liberte1034160/31966ac.pdf

10. https://www.goulet.ca/compagnon/Coon/lamemoire.htm11. https://www.larecherche.fr12. https://www.universalis.fr › dictionnaire ›13. https://www.youtube.com/watch?v=QFRkpPTjRoA&authuser=014. la-memoire-douloureuse-des-annees-de-guerre-civile.php

Page 58: Département de Français Mémoire de Master Intitulé L

Résumé traduits

Dans le cadre de notre master option sciences des textes littéraires nous avons choisi le

roman de Assia Djebar publie en 1995 et comportent 249 pages. Le travail est

composé de deux parties : la première partie est consacrée à l’étude de l’urgence de

l’écriture. Et la deuxième partie, nous avons analysé l’écriture de témoignage contre

l’oubli. Comme c’est un récit qui raconte des évènements réels pendant les années 90,

où elle a perdus les plus proches de ses amis, elle s’inquiète pour l’avenir de L’Algérie

le pays auquel elle a milité et n’arrête de rêver du jour où la lumière l’atteindra.

ملخص:

249وتضم1995عامفيالمنشورةآسیاجبارروایةاخترناالأدبي،للنصالرئیسیةعلومناسیاقفي

قمناالثاني،والجزء. الكتابةإلحاحمدىلدراسةمخصصالأولالجزء: جزأینمنالعملیتكون. صفحة

فقدتعندماالتسعینیات،خلالحقیقیةأحداثًاترويقصةلأنھانظرًا. النسیانضدالكتابةشھادةبتحلیل

لیحلم. بھوتحتفظإلیھتقاتلكانتالذيالبلد،الجزائرمستقبلمنبالقلقتشعرفإنھا،لأصدقائھاالأقرب

.الضوءفیھسیصلالذيالیوم

Abstract :

In the context of our master option sciences of literary texts we have chosen the novel

of Assia Djebar published in 1995 and comprise 249 pages. The work consists of two

parts: the first part is devoted to the study of the urgency of writing. And the second

part, we analyzed the testimony writing against forgetting. As it is a story that tells of

real events during the 1990s, when she lost the closest to her friends, she is worried

about the future of Algeria the country to which she has been fighting and keeps to

dream of the day when light will reach it.