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LE QUOTIDIEN DE L'ÉCONOMIE // LUNDI 12 NOVEMBRE 2018 // LESECHOS.FR ISSN0153.4831 110e ANNÉE NUMÉRO 22821 34PAGES Antilles Réunion 3,70 €. Guyane-St Martin 4,80 €. Belgique 3,20 €. Espagne 4 €. Grande-Bretagne 3£40. Grèce 3,70 €. Italie 4 €. Luxembourg 3,40 €. Maroc 28 DH. Suisse 5,40 FS. Tunisie 4,5 TND. Zone CFA 2.800 CFA. Accédez aux expertises de nos 12 sociétés de gestion www.bnymellonim.fr bile sont donc tournés vers Pékin, alors que, depuis deux semaines, les marchés bruissent de rumeurs sur un possible soutien public au secteur. Quoi qu’il en soit, il n’y a pas à redouter un effondrement. Après une hausse de 30 % des ventes de voitures entre 2010 et 2017, la courbe s’aplatit simplement. Pour les constructeurs, qui doivent par ailleurs encaisser les effets de la chute du diesel, l’impact de l’atterrissage sur les comptes dépendra évidemment de leur poids en Chine. // PAGE 16 ET L’ÉDITORIAL DE DAVID BARROUX PAGE 8 Cahier spécial de 16 pages Pour épauler les entreprises dans leurs recherches de talents, « Les Echos » et l’institut Statista recensent pour la deuxième année de suite les 250 cabinets de recrutement les plus en pointe en France et les 50 meilleurs portails du pays. VOUS NE VOUDREZ PAS LES LAISSER PARTIR EUROPE Zone euro, taxation des Gafa… : le ministre de l’Economie préconise des accords indispensa- bles à six mois des européennes. Dans une interview donnée aux « Echos » à l’occasion de la 5 e édition du French German Business Forum, vendredi, le ministre français de l’Economie et des Finances voit s’approcher avec effroi le Conseil européen de décembre. Sans accord sur ces deux sujets clefs, l’Europe risque d’envoyer un signal déplorable à l’approche des prochaines élections européennes. Les dirigeants français n’en finis- sent pas, en fait, d’exhorter Berlin à finaliser les avancées décidées lors du sommet franco-allemand de Meseberg en juin dernier, et Emmanuel Macron augmentera encore la pression le 18 novembre à Berlin. // PAGE 6 Bruno Le Maire presse Berlin d’agir sur l’Europe Banque mobile, assurance : ce que prépare La Banque Postale Son patron, Rémy Weber, dévoile sa stratégie de diversification. BANQUE Dans une interview aux « Echos », le patron de La Banque Postale, Rémy Weber, explique vouloir faire de la filiale de La Poste un grand groupe bancaire diversifié. Le dirigeant revient sur l’opé- ration de rapprochement en cours avec CNP Assurances qui va faire changer de dimension à la banque. Il dévoile le calendrier du lance- ment de sa banque mobile, Ma French Bank. Attendue de longue date, celle-ci est cruciale pour séduire les jeunes clients. // PAGE 27 L es constructeurs retiennent leur souffle. Pékin va-t-il voler au secours de son immense marché automobile ? Ven- dredi, la publication des derniers chiffres de ventes de voitures neuves dans le pays (–11,7 % en octobre 2018 par rapport à octobre 2017) a confirmé le coup de frein amorcé ces derniers mois. Pour les constructeurs comme pour les équipementiers, c’est une vraie mauvaise nou- velle. Avec 28,5 millions de véhicules vendus en 2017, la Chine représente le tiers du marché mondial. Tous les regards de la planète automo- Automobile : la Chine inquiète le monde l Pour la première fois depuis trente ans, le marché chinois pourrait reculer en 2018. l Le pays concentre le tiers des ventes mondiales. Bruno Delessard/« Challenges »-RÉA L’ESSENTIEL LES DÉPARTEMENTS INQUIETS POUR LEUR AVENIR A leur congrès, les présidents ont relancé à contrecœur les négocia- tions financières avec l’Etat. Plus d’un quart d’entre eux restent en difficulté. // P. 4 BREXIT : ESPOIR D’UN DÉBLOCAGE IMMINENT Des développements importants sont attendus cette semaine, même si tout n’est pas finalisé et si subsiste une grosse inconnue politique. // P. 5 ENTREPRISES & MARCHÉS VIVENDI CRITIQUE LA GESTION DE TELECOM ITALIA Le groupe français, qui détient 24 % du capital de l’opérateur, repart à l’attaque contre Elliott. Il accuse le fonds activiste d’avoir intérêt à faire baisser le cours. // P. 22 NOUVEAU SLOGAN POUR SOCIÉTÉ GÉNÉRALE La banque de la Défense s’est choisi pour devise « C’est vous l’avenir ». Une façon de tourner la page de ces dernières années marquées par les litiges. // P. 28 ET « CRIBLE » P. 34 Trois leçons de la Grande Guerre pour aujourd’hui Le regard sur le monde de Dominique Moïsi La commémoration du centenaire de l’armistice de 1918 est l’occasion de tirer de multiples leçons. Domini- que Moïsi en retient trois : le natio- nalisme exacerbé conduit forcément à la tragédie, un multilatéralisme efficient est indispensable pour l’éviter, et les générations qui n’ont pas connu de guerre sont moins à même de les empêcher. Une triple mise en garde qui rencontre beau- coup d’écho, alors que nombre d’ob- servateurs estiment que la période contemporaine évoque dangereu- sement sur ce plan les années 1920 comme les années 1930. // PAGE 9 Bruno Le Maire. Photo Lucas Barioulet pour « Les Echos » CARBURANTS : L’EXÉCUTIF CHERCHE LA PARADE Une réunion se tient ce lundi à Matignon pour tenter de trouver des mesures à même de calmer la fronde fiscale causée par le bond des prix de l’énergie. // P. 2 ET L’ÉDITORIAL D’ÉTIENNE LEFEBVRE PAGE 8 MATCH SERRÉ POUR LE MARCHÉ DU CDG EXPRESS La désignation de l’exploitant de la future ligne est attendue dans les prochains jours. Transdev croit en ses chances face au duo Keolis-RATP Dev. // P. 17 CARNET // P. 33 Edition Le jackpot des ouvrages pro-Trump // P. 21 DR Immobilier Quatre universités vont devenir propriétaires // P. 25 NICOLAS BARRÉ À 7H12 DU LUNDI AU VENDREDI DANS LE 7H-9H DE NIKOS ALIAGAS SUR Boris Horvat/AFP

DR // LUNDI 12 NOVEMBRE 2018 ... - Les Echos Events€¦ · 12/11/2018  · bile sont donc tournés vers Pékin, alors que, depuis deux semaines, les marchés bruissent de rumeurs

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LE QUOTIDIEN DE L'ÉCONOMIE // LUNDI 12 NOVEMBRE 2018 // LESECHOS.FR

ISSN0153.4831 110e ANNÉENUMÉRO 22821 34PAGES

Antilles Réunion 3,70 €. Guyane-St Martin4,80 €. Belgique 3 ,20 €. Espagne 4 € .Grande-Bretagne 3£40. Grèce 3,70 €. Italie4 €. Luxembourg 3,40 €. Maroc 28 DH. Suisse 5 ,4 0 F S . Tu n i s i e 4 ,5 T N D. Zo n e C FA2.800 CFA.

Accédez aux expertises denos 12 sociétés de gestion

www.bnymellonim.fr

bile sont donc tournés vers Pékin, alors que, depuis deux semaines, les marchés bruissent de rumeurs sur un possible soutien public au secteur. Quoi qu’il en soit, il n’y a pas à redouter un effondrement. Après une hausse de 30 % desventes de voitures entre 2010 et 2017, la courbe s’aplatit simplement. Pour les constructeurs, qui doivent par ailleurs encaisser les effets de lachute du diesel, l’impact de l’atterrissage sur lescomptes dépendra évidemment de leur poids en Chine. // PAGE 16 ET L’ÉDITORIAL DE DAVID BARROUX PAGE 8

Cahier spécial de 16 pages

Pour épauler les entreprises dans leurs recherches de talents, « Les Echos »

et l’institut Statista recensent pour la deuxième année de suite

les 250 cabinets de recrutement les plus en pointe en France

et les 50 meilleurs portails du pays.

VOUS NE VOUDREZ PASLES LAISSER PARTIR

EUROPE Zone euro, taxation des Gafa… : le ministre de l’Economie préconise des accords indispensa-bles à six mois des européennes.Dans une interview donnée aux « Echos » à l’occasion de la5e édition du French German Business Forum, vendredi, le ministre français de l’Economie et des Finances voit s’approcher avec effroi le Conseil européen de décembre. Sans accord sur ces deux sujets clefs, l’Europe risque d’envoyer un signal déplorable à l’approche des prochainesélections européennes. Les dirigeants français n’en finis-sent pas, en fait, d’exhorter Berlin à finaliser les avancées décidées lors du sommet franco-allemand de Meseberg en juin dernier, et Emmanuel Macron augmentera encore la pression le 18 novembre à Berlin. // PAGE 6

Bruno Le Maire presse Berlin d’agir sur l’Europe

Banque mobile, assurance : ce que prépare La Banque PostaleSon patron, Rémy Weber, dévoile sa stratégie de diversification.BANQUE Dans une interview aux « Echos », le patron de La BanquePostale, Rémy Weber, explique vouloir faire de la filiale de La Posteun grand groupe bancaire diversifié. Le dirigeant revient sur l’opé-ration de rapprochement en cours avec CNP Assurances qui va fairechanger de dimension à la banque. Il dévoile le calendrier du lance-ment de sa banque mobile, Ma French Bank. Attendue de longue date, celle-ci est cruciale pour séduire les jeunes clients. // PAGE 27

L es constructeurs retiennent leur souffle.Pékin va-t-il voler au secours de sonimmense marché automobile ? Ven-

dredi, la publication des derniers chiffres de ventes de voitures neuves dans le pays (–11,7 % en octobre 2018 par rapport à octobre 2017) a confirmé le coup de frein amorcé ces derniers mois. Pour les constructeurs comme pour les équipementiers, c’est une vraie mauvaise nou-velle. Avec 28,5 millions de véhicules vendus en2017, la Chine représente le tiers du marché mondial. Tous les regards de la planète automo-

Automobile : la Chine inquiète le mondel Pour la première fois depuis trente ans, le marché chinois pourrait reculer en 2018.l Le pays concentre le tiers des ventes mondiales.

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LES DÉPARTEMENTS INQUIETS POUR LEUR AVENIRA leur congrès, les présidents ontrelancé à contrecœur les négocia-tions financières avec l’Etat. Plusd’un quart d’entre eux restent endifficulté. // P. 4

BREXIT : ESPOIR D’UN DÉBLOCAGE IMMINENT Des développements importantssont attendus cette semaine,même si tout n’est pas finalisé et sisubsiste une grosse inconnuepolitique. // P. 5

ENTREPRISES& MARCHÉS

VIVENDI CRITIQUE LA GESTION DE TELECOM ITALIALe groupe français, qui détient 24 %du capital de l’opérateur, repart à l’attaque contre Elliott. Il accuse le fonds activiste d’avoir intérêt à fairebaisser le cours. // P. 22

NOUVEAU SLOGAN POUR SOCIÉTÉ GÉNÉRALELa banque de la Défense s’estchoisi pour devise « C’est vousl’avenir ». Une façon de tourner lapage de ces dernières annéesmarquées par les litiges. // P. 28ET « CRIBLE » P. 34

Trois leçons de la Grande Guerre pour aujourd’hui

Le regard sur le monde deDominique Moïsi

La commémoration du centenaire de l’armistice de 1918 est l’occasion de tirer de multiples leçons. Domini-que Moïsi en retient trois : le natio-nalisme exacerbé conduit forcément à la tragédie, un multilatéralisme efficient est indispensable pour l’éviter, et les générations qui n’ont pas connu de guerre sont moins à même de les empêcher. Une triple mise en garde qui rencontre beau-coup d’écho, alors que nombre d’ob-servateurs estiment que la période contemporaine évoque dangereu-sement sur ce plan les années 1920 comme les années 1930. // PAGE 9

Bruno Le Maire. Photo Lucas Barioulet pour « Les Echos »

CARBURANTS : L’EXÉCUTIF CHERCHE LA PARADEUne réunion se tient ce lundi àMatignon pour tenter de trouverdes mesures à même de calmer lafronde fiscale causée par le bonddes prix de l’énergie. // P. 2 ET L’ÉDITORIAL D’ÉTIENNE LEFEBVRE PAGE 8

MATCH SERRÉ POUR LE MARCHÉ DU CDG EXPRESSLa désignation de l’exploitant dela future ligne est attendue dansles prochains jours. Transdevcroit en ses chances face au duoKeolis-RATP Dev. // P. 17

CARNET // P. 33

Edition Le jackpot des ouvrages pro-Trump // P. 21

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Immobilier Quatre universités vont devenir propriétaires // P. 25

NICOLAS BARRÉÀ 7H12 DU LUNDI AU VENDREDIDANS LE 7H-9H DE NIKOS ALIAGAS

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06 // MONDE Lundi 12 novembre 2018 Les Echos

EUROPE

INTERVIEW // BRUNO LE MAIRE Ministre de l’Economie et des Finances

« Avec Berlin, il ne reste que quelques semaines pour agir »Propos recueillis par Catherine Chatignoux

@chatignoux

L e ministre français desFinances voit s’approcheravec effroi le Conseil euro-

péen de décembre. Sans accord avec l’Allemagne sur l’avenir de la zone euro et la taxation des géants du numérique, l’Europe enverrait un signal déplorable à quelques mois des élections européennes.

Si une nouvelle crise éclatait, la zone euro serait-elle capable d’y faire face ?Beaucoup a été fait depuis la précé-dente crise. Mais c’est insuffisant. L’Europe aujourd’hui n’est pas prête et c’est bien pour cela qu’avec le président de la République nous voulons accélérer les décisions qui permettront de construire la souve-raineté européenne. Il y a urgence àdécider du renforcement de l’unionbancaire avec la mise en place de cefilet de sécurité, qu’on appelle « backstop », pour mieux protéger les épargnants. Il y a urgence aussi àfaire des propositions sur le budget de la zone euro qui doit nous per-mettre d’accélérer la convergence des économies et de servir d’amor-tisseur en cas de nouveau choc. Enfin, sur le plan fiscal, il faut sans attendre décider d’un système international plus juste et plus effi-cace. Le projet de taxation des géants du numérique en fait partie.

L’Allemagne tarde à décider sur tous ces sujets. Pourquoi hésite-t-elle ?Je constate un décalage important entre la prise de conscience de tous les responsables politiques alle-mands que je rencontre, qu’ils soient issus de la CDU, de la CSU, duSPD, des libéraux ou des Verts et lesactes. Ils affirment tous leur volontéd’avancer avec la France sur le ren-forcement de la zone euro, mais d’un autre côté les décisions tardentà venir.

Nous avons un accord avec Ber-lin, acté à Meseberg, en juin dernier.Il s’agit d’un accord majeur qui détaille toutes ces réformes que nous devons maintenant mettre en œuvre. Ces avancées ne doivent pasrester lettre morte. Il est urgent d’agir. J’espère que le gouverne-ment allemand répondra aux pro-

positions françaises par des déci-sions concrètes et ambitieuses dansles semaines qui viennent. Il reste quelques semaines avant la der-nière réunion des ministres des Finances de l’année et le sommet européen de la mi-décembre qui doit endosser les décisions. Nous entrerons ensuite dans la campa-gne pour les européennes. Le ren-dez-vous de décembre est essentiel non seulement pour la construc-tion européenne, mais aussi pour larelation franco-allemande.

L’attente de la France est particulièrement palpable sur la taxation des géants du numérique…Nous avons beaucoup discuté surce sujet qui est à l’origine une pro-position de l’ex-ministre allemanddes Finances, Wolfgang Schäubleet de moi-même. Nous avonsrépondu à toutes les inquiétudestechniques. Je sais l’importancede l’automobile allemande pourl’emploi en Allemagne. Mais j’aiassuré nos partenaires que les

trouverons une voie. Nous ledevons aux citoyens européens.

Il y a une autre critique faite en Allemagne sur la taxation des Gafa : elle risquerait d’affaiblir les PME du numérique et d’autres pays pourraient s’en inspirer. Que répondez-vous ?Le seuil de la taxation, c’est 750 mil-lions de chiffre d’affaires. Il ne s’agit pas de PME ! Le vrai danger n’est pas d’affaiblir ces entreprises mais de condamner les start-up du digi-tal à ne jamais grandir à cause, pré-cisément, de la concentration de richesse dans les mains des géants du numérique qui achètent et absorbent les petites entreprises.

Quant au risque de contagion,l’Inde, Singapour et l’Australie sont déjà en train de réfléchir à de telles taxes ou les ont déjà instaurées. Demain, s’il n’y a pas d’accord euro-péen, il y aura une mosaïque de taxes nationales. L’Italie, l’Espagne, la Grande-Bretagne viennent de le décider. Une série de taxes nationa-

les affaiblira le marché intérieur. Sans accord européen, la pression des citoyens sera très forte pour quechacun avance dans son coin. Der-rière cette taxation se joue une par-tie décisive pour l’Europe. La base fiscale actuelle exclut largement lesdonnées, qui créent le plus de valeurs, et ne nous permettra pas definancer nos services publics.

Face aux sanctions commerciales contre l’Iran,les Européens n’arrivent pas à protéger leurs Etats membres contre les effets de l’extraterri-torialité du droit américain. Est-il vraiment possible de changer la donne ?C’est un autre enjeu de souverai-neté. Nous devons tirer toutes les conséquences de cette situation. Le système de compensation – SPV – que nous voulons créer en Europe àl’initiative de la Grande-Bretagne, de l’Allemagne et de la France est unpoint de départ. Nous devons encore travailler sur cet outil qui vafaciliter la poursuite de nos échan-ges avec l’Iran. Là encore, il faut pas-ser aux actes. Trouver un lieu d’ins-tallation, du personnel. On pourraitensuite le doter d’une licence ban-caire, et enfin le transformer en ins-titution européenne intergouver-nementale. C’est une décision courageuse vis-à-vis des Etats-Unis que nous devons mener à bien.

L’Europe dit sa volonté de mieux protégerles technologies européennes, mais n’est-il pas trop tard ?Le commerce avec la Chine doit se faire sur une base de réciprocité. Ondoit construire des relations com-merciales fondées sur le même accès au marché, la protection de lapropriété intellectuelle et des aides d’Etat contrôlées. L’Europe doit faire front commun, définir et défendre ensemble ses règles. Tous ces défis de souveraineté euro-péenne ne se régleront pas en une année, c’est le combat d’une généra-tion. Pour la première fois, je vois des signaux encourageants : les Européens commencent à tirer les leçons de nos erreurs passées. Le rachat de l’entreprise de machines-outils Kuka a été un traumatisme enAllemagne comme la question des panneaux solaires l’a été pour la France. Nous devons faire de

« Il y a urgence à décider du renforcement de l’union bancaire avec la mise en place de ce filet de sécu-rité, qu’on appelle “backstop”, pour mieux protéger les épargnants. » Photo Lucas Barioulet pour « Les Echos »

données utilisées dans les entre-prises industrielles n’entrerontpas dans le champ de cette taxe.

Il y avait aussi une inquiétudesur la localisation de la fiscalité.Nous avons répondu qu’il n’yaurait pas de changement, la taxa-tion restera liée au lieu de produc-tion et non pas au lieu de consom-m a t i o n . I l d o i t y a v o i r d e sdécisions le 4 décembre. Plus de20 pays de l’Union européennesont favorables à cette taxe. L’Alle-magne s’y est engagée dans ladéclaration de Meseberg signéepar Angela Merkel et le présidentMacron. Je suis confiant que nous

« Demain, s’il n’y a pas d’accord européen, il y aura une mosaïque de taxes nationales. »

« Une série de taxes nationales affaiblira le marché intérieur. »

Larmin Laschet ne sera pas candi-dat à la présidence de la CDU. « La question ne se pose pas pour le moment », a répondu le ministre président de Rhénanie du Nord-Westphalie lors de son passage à Paris vendredi, à l’occasion de la5e édition du « French German Business Forum 2018 », organisée par le « Handelsblatt » et « Les Echos » au siège du quotidien fran-çais. S’il nourrit bien cette ambition,le leader du Land allemand le plus peuplé et poids lourd du parti con-servateur refuse de se jeter dans la bataille tant qu’Angela Merkel tient les rênes du pouvoir. Il préfère attendre son heure, lorsque les fonctions de président du parti et dechancelier seront à nouveau réu-nies. « Si j’étais élu à la tête de la CDU,

il me faudrait défendre à Berlin le tra-vail de la coalition entre mon parti etles sociaux-démocrates, alors que, dans mon Land, je dirige une allianceavec les libéraux ». Une position bancale qui créerait trop de problè-mes à ses yeux.

Liberté supplémentaireA ses interlocuteurs inquiets du risque de paralysie causé par le départ annoncé d’Angela Merkel, Armin Laschet répond qu’il n’y a aucune raison de s’inquiéter. « Angela Merkel a dit qu’elle reste-rait chancelière jusqu’en 2021 » et loin d’être affaiblie, sa décision de ne pas chercher à rester présidentede son parti « peut lui donner une liberté supplémentaire ». Par ailleurs, assure le ministre-prési-

dent, « les trois candidats actuels à sa succession sont tous pro-euro-péens », qu’il s’agisse d’Annegret Kramp-Karrenbauer, la « dau-phine » d’Angela Merkel, de Frie-drich Merz, l’avocat qui fait son come-back en politique ou de JensSpahn, ministre de la Santé et fron-deur du gouvernement. Armin Laschet se dit « certain qu’ils parta-gent avec enthousiasme les proposi-tions d’Emmanuel Macron sur l’Europe ».

Vu de Paris, la situation est beau-coup moins réjouissante. Les can-didats en lice pour la présidence dela CDU n’ont pas fait montre jus-qu’ici d’une grande implication surles questions européennes et, quand ils l’ont fait, cela a été plutôtpour afficher leurs critiques. Jens

Spahn a dénoncé le coût exorbi-tant des opérations de sauvetage dans la zone euro, Friedrich Merz, pro-atlantiste, s’est montré scepti-que sur l’avenir de l’euro.

Jouer jeu égalOn comprend mieux dans cecontexte l’impatience de la France àboucler les plus emblématiques desréformes listées par le pays depuis plus d’un an, à la Sorbonne.

La perspective des électionseuropéennes, dans six mois, met la pression sur les dirigeants euro-péens car, sans accord sur la taxa-tion des géants du numérique, un renforcement des frontières exté-rieures de l’Europe et une défense européenne plus intégrée, ils auront échoué à montrer que

l’Union européenne est capable d’agir et de jouer jeu égal avec les autres puissances mondiales.

La crainte de devoir composeravec de nouvelles figures politiquesallemandes aux convictions euro-péennes moins affirmées accroît encore l’agacement du président Macron et de son ministre des Finances, Bruno Le Maire. « On ne peut pas imaginer une seconde que l’Allemagne ne tienne pas ses engage-ments pris à Meseberg […]. Ça serait une rupture de confiance entre la France et l’Allemagne », a-t-il déclaré dans un entretien vidéo aux« Echos ». Emmanuel Macronprofitera, lui, de sa visite mémo-rielle à Berlin, le 18 novembre, pourmettre une pression ultime sur la chancelière. — C. C.

l Les dirigeants français n’en finissent pas d’exhorter Berlin à conclure les avancées décidées lors de leur sommet de Meseberg, en juin dernier.l Emmanuel Macron sera à Berlin le 18 novembre pour mettre une pression supplémentaire sur une Allemagne en pleine réorganisation politique.

La France inquiète face à la paralysie politique en Allemagne

Le tacle de Roux de BézieuxLe président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, s’est livré lors du Forum franco-allemand à une charge sévère contre l’absence de riposte européenne aux décisions de Donald Trump en Iran. « L’Europe se vante d’avoir une position commune et de mettre en place un mécanisme pour préserver les intérêts des entreprises » mais en fait « il n’y a rien ». « PSA vendait des centaines de milliers de voitures en Iran, demain cela sera zéro », a tancé celui qui est aussi vice-président du conseil de surveillance du constructeur. Sur le franco-allemand, « ll y a beaucoup de discours, peu d’actes concrets », a-t-il par ailleurs regretté.

` SURLE WEB

•Retrouvez Bruno Le Maireen vidéo dans l’Invité des « Echos » sur videos.lesechos.fr

l’Europe un empire paisible, une puissance capable de rivaliser avec les Etats-Unis et la Chine. Une course de vitesse est engagée en Europe entre d’un côté les extrê-mes, et de l’autre la construction de cet empire pacifique. Tous ceux quiy croient doivent jeter leurs forces dans cette bataille.

S’agissant du budget de la zone euro, vous semblez moins exigeant qu’il y a quelques mois. Avez-vous renoncé à un budget propre et financièrement consistant ?Le plus important, c’est de s’enten-dre sur le rôle confié à ce budget. Il s’agit d’accélérer la convergence économique entre les Etats mem-bres. Les réformes, la discipline budgétaire sont indispensables, mais je pense, à la différence de cer-tains de nos voisins en Europe, que cela ne suffit pas.

Il faut aussi de la solidarité. Lazone euro ne survivra pas à des divergences économiques crois-santes. L’autre fonction de ce bud-get, c’est d’amortir les chocs écono-miques. L’idée d’une assurance-chômage est pertinente. En cas de crise, cela éviterait à certains Etats de se retrouver en grande difficulté pour financer l’explosion du chô-mage, qui peut nourrir le popu-lisme. Le montant du budget est unpeu secondaire dans la mesure où, s’il fait la preuve de son efficacité, je n’ai aucun doute qu’il pourra croîtredans les années à venir. n

« Nous devons faire de l’Europe un empire paisible, une puissance capable de rivaliser avec les Etats-Unis et la Chine. »

Demain un Autre Jour: 2018-11-12T04:36:07c:Les Echos;u:[email protected]; 2018-11-12T12:41:42+01:00

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Les Echos Lundi 12 novembre 2018 MONDE // 07

ments : avion, drones, satellites du système. « Nous avons fait notre alliance, elle est réelle et stratégique », a affirmé Eric Trappier. Ce qui n’est pas du goûtde tous les groupes industriels etsemble refroidir les bonnes volontés à Berlin. Thales, notamment, se sent aussi com-pétent qu’Airbus, pour s’occuperdu système de combat e t s’inquiète de ne pas voir ses inté-rêts bien défendus. Vendredi, Eric Trappier a rappelé que Tha-les était une entreprise codéte-nue par l’Etat et par le groupe Dassault, histoire d’expliquer que le groupe ne pourra pas troubler le partenariat noué avec Airbus.

Prise de commandeNicolas Chamussy, en charge des activités spatiales d’Airbus, aqualifié le SCAF de « plus impor-tant programme de défense pour le siècle qui vient : les équipesde Dassault et d’Airbus se voient quasiment tous les jours, ce qui n’écartera pas la participation de T h a l e s , S a f r a n , M T U e t d’autres ». Eric Trappier s’est montré optimiste, prévoyant une prise de commande « dans quelques semaines », et rappe-lant qu’il y a un « momentum politique » à ne pas rater, sinon l’industrie aéronautique euro-péenne disparaîtra au profit de la seule américaine.

A l o r s q u e l ’A l l e m a g n es’inquiète de l’absence de règlescommunes d’exportation, Eric Trappier a souligné que ce serait dommage que de telles considérations bloquent la coo-pération franco-allemande : lorsque l’Allemagne ou un pays européen achètent des arme-ments américains , i ls ne demandent pas aux Etats-Unis de respecter leurs règles d’exportation… n

Anne Bauer @annebauerbrux

En juillet 2017, Paris et Berlin se sont mis d’accord sur une lon-gue liste de projets de coopéra-tion militaire mais le passage de l’intention aux actes s’avère compliqué. Comme l’a remar-qué le patron de Dassault Avia-tion, Eric Trappier, au Forum franco-allemand organisé par « les Echos » vendredi 9 novem-bre, « une vraie percée concep-tuelle » a eu lieu il y a deux ans, quand l’Europe a évoqué la nécessité de se doter d’une auto-nomie stratégique.

Deux projets incarnent cettenouvelle volonté partagée par la France et l’Allemagne : le déve-loppement du char de combat du futur (Main Ground Combat System), qui remplacera les chars allemands Leopard et français Leclerc à l’horizon 2035, et celui d’un Système de combat aérien du futur (SCAF) pour remplacer le Typhoon et leRafale vers 2040. L’Allemagne a été désignée chef du développe-ment du char, tandis que la France a pris le leadership pour l’avion de combat du futur. Depuis cet été, industriels, états-majors et ingénieurs de l’arme-ment des deux pays se rencon-trent régulièrement.

Les groupes Dassault et Air-bus se sont, de leur côté, mis d’accord pour coopérer, Das-sault étant maître d’œuvre pour l’avion de combat du futur, tan-dis qu’Airbus souhaite prendre le leadership du système de combat reliant les futurs équipe-

La France et l’Allemagne souhaitent construire ensemble le char des armées de 2040 ainsi que l’avion de combat du futur.

Défense : comment les industriels poussent à la coopération

Allemagne : nouveau budget à l’équilibre pour 2019

Le prochain budget fédéral allemand porte déjà les stigmates du ralentissement net de la croissance anticipé outre-Rhin par les grands instituts économiques dans les prochains mois. Alors que la cagnotte fiscale sur laquelle l’Allemagne espérait pouvoir compter se réduit, la commission budgétaire du Bundestag s’est en effet accordée vendredi au petit matin pour

réduire de 400 millions d’euros à 356,4 milliards d’euros le projet de budget du ministre des finances Olaf Scholz pour 2019. A l’équilibre pour la sixième année consécutive, ce nouveau budget, qui doit encore être adopté par le Bundestag dans une dizaine de jours, intègre néanmoins, comme prévu initialement, un supplément de 13 milliards d’euros de dépenses.

entraînant des erreurs qui pour-raient concerner près de 2.000 votes. Ce sont ces bulletins qui font l’objet de vérifications. « Par respect pour les électeurs, nous attendrons le résultat final officiel pour décider dans quelle direction nous mènerons les négociations de coalition », a déclaré le secrétaire général de la CDU, Manfred Pentz.

Thorsten Schäfer-Gümbel a déjàtendu la main aux Verts et aux libé-raux. Si ces derniers se sont refusés àparticiper à un gouvernement dirigé

par les Verts, ils n’ont pas exclu de rallier une coalition pilotée par les sociaux-démocrates. Aux Verts, Torsten Schäfer-Gümpel a promis qu’ils auraient au moins la même capacité à peser que dans une coali-tion dirigée par la CDU.

Face à ces incertitudes, AngelaMerkel ne peut que se féliciter d’avoir, dès le 29 octobre, renoncé à briguer un nouveau mandat à la pré-sidence de la CDU en décembre. L’affaiblissement de son parti en Hesse, qui a chuté de plus de

11 points en cinq ans, doublée d’une exclusion du nouveau gouverne-ment, l’aurait mis en grande diffi-culté. Non seulement son renouvel-lement à la tête de la CDU aurait pu être remis en cause, mais son avenirà la tête du pays aussi. En dissociant les deux fonctions, elle a déjà évité lepire. Et, paradoxalement, une bas-cule en faveur du SPD en Hesse pourrait faire taire les voix au sein du parti social-démocrate en faveur d’une sortie de la coalition gouver-nementale au niveau fédéral… n

Le ministre président chrétien-démocrate sortant de la Hesse, Volker Bouffier (à gauche), et Torsten Schäfer-Gümbel, tête de liste du SPD. Photo Oliver Dietze/AFP

français ou allemand. Pour les premiers, il faut « développer l’accès à la formation profession-nelle continue », ce que 70 % des chefs d’entreprise français inter-rogés ont fait. Les seconds préfè-rent « proposer des rémunéra-tions et des avantages attractifs » aux salariés, selon 83 % des industriels allemands. La diffé-rence de réponse s’explique pro-bablement en partie par la santééconomique des entreprises de l’industrie, meilleure en Allema-gne qu’en France, mais aussi parle système de formation.

Main-d’œuvre qualifiéeLe deuxième défi auquel esti-ment être confrontées les entre-prises françaises et allemandes diffère. Les Français considèrent que, derrière le recrutement d’une main-d’œuvre qualifiée, ils doivent « travailler dans un cadre réglementaire et législatif plus sou-ple ». Ils sont 53 % à le penser malgré les ordonnances Péni-caud réformant le Code du tra-vail, tandis que seuls 35 % des Allemands expriment ce besoin.

En revanche, les industrielsallemands jugent, eux, que leur deuxième défi est « d’innover davantage ». C’est le cas de 39 % de nos voisins. L’innovation est vue comme étant le troisième défi par les Français pour accroî-tre leur compétitivité alors que, pour les Allemands, il leur faut vite « engager la transformation numérique de leur entreprise ». n

Guillaume de Calignon @gcalignon

Malgré des différences impor-tantes du tissu productif, les industriels français et leurs homologues allemands sont confrontés à des défis com-muns. C’est ce que montre un sondage réal isé par Opi-nionWay p our Randstad Inhouse Services auprès de 200 entreprises hexagonales et autant d’industriels allemands.

Des deux côtés du Rhin, onestime ainsi que le premier chal-lenge auquel sont confrontées les sociétés pour améliorer leur compétitivité est de « recruter dela main-d’œuvre qualifiée ». C’est le cas de 77 % des chefs d’entre-prise allemands et 62 % côté français. Le taux de chômage estpourtant très différent dans les deux pays. A la fin du deuxième trimestre, il était de 8,7 % dans l’Hexagone et de 3,5 % en Allemagne.

Mais, pour faire face à ce pro-blème de la main-d’œuvre quali-fiée, la solution à apporter n’est pas la même selon que l’on soit

Dans un sondage OpinionWay pour Randstat, les industriels des deux côtés du Rhin jugent que le premier challenge auquel ils sont confrontés est de « recruter de la main-d’œuvre qualifiée ».

Les Français et les Allemands ont des difficultés de recrutement communes

Ninon Renaud—Correspondante à Berlin

Il n’y a pas qu’aux Etats-Unis que le décompte des voix lors d’élections importantes fait polémique. Cette fois, ce sont les défaillances du logi-ciel de comptage des votes de la villede Francfort qui font retenir leur souffle au Land de Hesse. Alors que le premier décompte à l’issue des élections régionales du 28 octo-bre avait attribué 94 voix de plus auxVerts qu’aux sociaux-démocrates (SPD), ces derniers pourraient bien repasser devant les écologistes. Une telle configuration pourrait boule-verser le paysage politique.

En théorie, elle permettrait eneffet à Torsten Schäfer-Gümbel, têtede liste du SPD en Hesse, de prendrela tête d’un gouvernement de coali-tion avec les Verts et les libéraux (FDP). Après dix-neuf ans aux com-mandes de la Hesse, la CDU, le parti d’Angela Merkel, basculerait ainsi dans l’opposition.

Nouveaux résultats le 16 novembreAlors qu’il envisageait d’annoncer l’ouverture de pourparlers avec les Verts ce week-end, en vue de la for-mation d’un gouvernement, le ministre président chrétien-démo-crate sortant de la Hesse, Volker Bouffier, a suspendu tout échange jusqu’aux résultats définitifs des élections, attendus le 16 novembre.

Pour pallier les défaillances dulogiciel, certains bureaux ont dû dépouiller les votes manuellement,

ALLEMAGNE

Une défaillance du logiciel de décompte des voix lors des élections en Hesse pourrait entraîner un nouveau rapport de forces défavorable au parti d’Angela Merkel.

La CDU suspendue à un nouveau décompte des voix en Hesse

LE GRAND RENDEZ-VOUS // EUROPE 1 - « LES ÉCHOS » - CNEWS

service public qui se dégrade.« Les Français ont le sentiment que les élites peuvent s’arranger autrement en mettant par exemple leurs enfants dans les écoles privées. Macron a confiance dans sa bonne étoile, mais je crois qu’il est présomp-tueux. Ça ne change pas la réalité de ceux qui souffrent. » n

Sur le plan intérieur aussi, Domi-nique de Villepin ne ménage pas Emmanuel Macron. Du président, il dit avoir « le sentiment d’un mons-tre de rigidité, d’arrogance », « seul face au peuple » et réduit à faire de lacom. « On s’avance vers une crise politique d’une extrême gravité. » Pour lui, il faut en priorité rétablir le

ment aux prochaines élections européennes.

Il juge durement la stratégied’Emmanuel Macron de dresser uncamp progressiste contre un camp populiste, qui mène à l’affronte-ment. « La grande clef c’est l’unité, lapolarisation entre deux camps ris-que d’accentuer les clivages », pré-vient-il. Même la diabolisation de laPologne actuelle lui paraît exces-sive et invite à ne pas mettre dans le

même sac la question de l’Etat de droit et l’immigration. « La Pologne a été 5 fois dépecée, elle a fait face auxOttomans, aux bolcheviques, aux nazis, il y a une mémoire à prendre encompte. Plutôt que de tomber dans lepanneau de la polarisation, il faut donner l’exemple. »

Emmanuel Macron est accuséde surestimer « sa capacité en tempsde crise à mener un combat contre des forces très grandes », cellesdu populisme qui semble apporter des réponses plus efficaces queles régimes libéraux, lesquels ne parviennent plus qu’à faire de la communication.

Matthieu Quiret @MQuiret

Invité dimanche du « Grand Ren-dez-vous Europe 1 – “Les Echos” – CNews », Dominique de Villepin a bien sûr salué à l’occasion des com-mémorations de l’armistice la mémoire des Poilus, ces héros du quotidien. Mais au-delà de « cette geste », l’ancien Premier ministre préfère tirer les leçons de l’Histoire.« Les morts de 14-18 nous obligent à agir » au moment où « notre nationsemble se désagréger », et alors que le monde se lézarde.

Dominique de Villepin exhorteles chefs d’Etat à agir, prenantpour première urgence la guerre« illégitime » que l’Arabie saou-dite mène au Yémen. A l’écouter,l’affaire Khashoggi a fragilisé leroi et le prince héritier et l’Occi-dent dispose aussi du levier desventes d’armes pour faire arrêterce conflit.

AffrontementPour l’ancien chef de la diplomatie française, Emmanuel Macron doit aussi agir contre la division en Europe, remettre en marche le pro-jet européen au risque d’un éclate-

Pour l’ancien Premier ministre, les commémora-tions nous obligent à l’action pour la paix au Yémen ou la fin des divisions en Europe.

Dominique de Villepin : « Le chef de l’Etat est seul face au peuple »

Lors du « Grand Rendez-vous Europe 1 – “Les Echos” – CNews », dimanche, l’ancien Premier ministre Dominique de Villepin a accusé Emmanuel Macron d’entretenir les clivages.

« On s’avance vers une crise

politique d’une extrême gravité. »

DOMINIQUE DE VILLEPIN

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Demain un Autre Jour: 2018-11-12T04:36:07c:Les Echos;u:[email protected]; 2018-11-12T12:41:47+01:00