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UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL LES PRATIQUES EFFICIENTES DE CONSEILLERS ET CONSEILLÈRES D’ORIENTATION UTILISANT L’ÉPREUVE GROUPEMENTS ET L’APPROCHE PSYCHOGÉNÉTIQUE DE L’IDENTITÉ DANS UN CONTEXTE D’ORIENTATION RAPPORT D’ACTIVITÉ DIRIGÉE PRÉSENTÉ COMME EXIGENCE PARTIELLE DE LA MAÎTRISE EN ÉDUCATION PAR NADINE DROLET JUILLET 2013

Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

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UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL

LES PRATIQUES EFFICIENTES DE CONSEILLERS ET

CONSEILLÈRES D’ORIENTATION UTILISANT L’ÉPREUVE

GROUPEMENTS ET L’APPROCHE PSYCHOGÉNÉTIQUE DE L’IDENTITÉ

DANS UN CONTEXTE D’ORIENTATION

RAPPORT D’ACTIVITÉ DIRIGÉE

PRÉSENTÉ

COMME EXIGENCE PARTIELLE

DE LA MAÎTRISE EN ÉDUCATION

PAR

NADINE DROLET

JUILLET 2013

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Sommaire

L’intervention sur l’identité est une activité qui est définie dans le champ d’exercices des

conseillers et conseillères d’orientation du Québec. Pour intervenir, il est primordial

d’évaluer rigoureusement la situation de l’élève ou du client, ce qui inclut une évaluation

de son fonctionnement psychologique ainsi que de ses fonctions autant cognitives

qu’affectives (OCCOQ, site internet). De plus en plus l’identité est un sujet associé à

l’orientation. Pour Luc Bégin, cela fait plus de trente ans déjà qu’il travaille sur ce

concept. Ses recherches l’ont amenées à concevoir l’approche psychogénétique de

l’identité et a créer un outil qui diagnostique l’identité se nommant l’épreuve

Groupements.

Actuellement au Québec, des enjeux sociaux et éducatifs, comme le vieillissement de la

population et le décrochage ou abandon scolaire, réservent des défis aux conseillers

d’orientation qui se reconnaissent comme les spécialistes de la relation entre l’individu et

son environnement scolaire ou professionnel (OCCOQ, site internet). L’émergence de

nouvelles clientèles fait qu’ils doivent adapter leur pratique à des élèves ou clients plus

vulnérables. L’adoption du projet de Loi 21 leur octroie maintenant certains actes en lien

avec l’évaluation et l’intervention auprès de ces clientèles. Au regard de ces faits, les

besoins en orientation se complexifient et les conseillers d’orientation sont submergés par

l’abondance des informations à acquérir pour offrir un service de qualité qui est conforme

aux exigences de leur ordre professionnel.

Il devient donc intéressant d’examiner de plus près la pratique des conseillers et

conseillères d’orientation qui travaillent avec le concept de l’identité pour en dégager ses

apports. Pour les conseillers et conseillères d’orientation qui travaillent selon l’approche

psychogénétique de l’identité, la base de leur pratique se tourne vers l’humain puisque

selon le concepteur de l’approche : « S’orienter, c’est construire, clarifier et transposer

qui l’ont est en termes professionnels » (Bégin, Bleau, Landry, 2000).

Huit conseillers et conseillères d’orientation utilisant l’épreuve Groupements et

l’approche psychogénétique de l’identité depuis plus d’une décennie ont été rencontrés en

entrevue semi-structurée. Les constats qui ressortent de cette cueillette d’information

révèlent premièrement que l’apport d’avoir un diagnostic de l’identité permet de dépister

rapidement les besoins de leurs clients. Ces besoins pouvant être de trouver un

environnement dont les exigences correspondent à leurs structures identitaires ou de

traiter un problème identitaire qui touche leurs capacités à s’orienter de façon autonome.

Un autre apport important consiste au fait que les conseillers d’orientation qui travaillent

avec cette approche ont une base fondamentale à leur pratique qui reste la même, peu

importe les caractéristiques de leurs élèves ou clients (immigration, problématiques en

santé mentale, difficultés scolaires, etc.). Enfin, les réactions d’étonnement des clients

d’être compris si intimement et de demander aux conseillers d’orientation s’ils sont des

psychologues proposent que la vision traditionnelle de l’orientation est encore présente

dans la population en général qui s’attend peu à aborder les impacts de son identité dans

ses choix ou difficultés scolaires ou professionnelles.

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Remerciements

Je n'aurais jamais eu l'occasion de faire cet essai sur ce sujet, sans l'ouverture et l'intérêt

de Louis Cournoyer envers la pratique des conseillers et conseillères d'orientation. Merci

Louis, aucun autre sujet ne m'aurait autant stimulé pour un essai de cet envergure. Tout

au long de ce chemin, tes commentaires m’ont « orienté » vers une vision de plus en plus

globale. Merci de ta patience, de ta disponibilité et de ton soutien. ҉

Je tiens aussi à remercier Luc Bégin qui dès les débuts c'est intéressé à ma recherche et à

Guy Perreault qui a révisé le chapitre traitant de la théorie de l'épreuve Groupements et

de l'approche psychogénétique. Cher Guy, chaque conversation avec toi m'apportait des

éclaircissements ou m'incitait à vouloir en savoir plus, tu as le don de rendre accessible ce

qui est parfois difficile à comprendre. ҉

J'ai été grandement choyé par les huit rencontres que j'ai eues avec les conseillers et

conseillères d'orientation qui ont accepté de partager leur vécu et expérience avec moi.

Merci à vous de votre générosité, de votre temps et je tiens à vous dire que vous êtes

chacun un modèle d'inspiration. Je garde de très bons souvenirs de chacune de ces

rencontres. ҉

Enfin, tant de gens dans ma vie privée m'ont encouragé; merci à mes parents pour leur

éternelle confiance envers tous mes projets et merci de votre présence auprès de mes

enfants chéris ces derniers temps où j'étais dédiée à mon essai. Chers Laurick et Louka,

mes petits Rauzon d'amour, merci de votre patience, enfin vous aurez maintenant une

maman plus disponible pour être avec vous. Merci aussi à mes amies qui m'ont souvent

encouragé et j'envoie un clin d'œil spécial à Marlène et Nathalie pour leur indescriptible

soutien. Il y a une dernière personne que je tiens à remercier de tout mon cœur

maintenant que mon essai est terminé et c'est mon amoureux Danny. Merci Dan, tu as

toujours cru que j'y arriverais même si parfois je me décourageais. Tu m'as gardé ancrée

dans notre vie de famille, auprès de ceux que j'aime. Tu as été, tu es et resteras mon

soutien moral le plus précieux. ҉

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Table des matières

Sommaire ............................................................................................................................ 2

Remerciements .................................................................................................................... 3

Table des matières............................................................................................................... 4

Liste des tableaux ................................................................................................................ 7

Liste des figures .................................................................................................................. 9

Introduction ....................................................................................................................... 10

1. Problématique ............................................................................................................... 12

1.1 Éducation et clientèles émergentes ......................................................................... 13

1.2 Employabilité, de par les gens et les changements ................................................. 18

1.3 Orientation : des problématiques qui arrivent de partout! ....................................... 23

1.4 L’expertise des conseillers et conseillère d’orientation .......................................... 30

1.5 Recherches portant sur l’épreuve Groupements...................................................... 37

2. Cadre conceptuel ........................................................................................................... 50

2.1 La pratique des conseillers et conseillères d’orientation ......................................... 50

2.1.1 L’orientation : une science? .............................................................................. 51

2.1.2 Les bases théoriques au niveau des approches psychologiques ....................... 52

2.1.3 Les bases théoriques au niveau vocationnel ..................................................... 60

2.2 L’épreuve Groupements et l’approche psychogénétique ........................................ 77

2.2.1 Historique et évolution de l'approche psychogénétique et de l'épreuve

Groupements .............................................................................................................. 78

2.2.2 L’identité et sa formation (la catégorisation) ................................................... 83

2.2.3 L’épreuve Groupements et l’approche psychogénétique de l’identité ............. 88

2.2.4 L'interprétation et l’intervention ..................................................................... 103

2.2.5 La valeur scientifique de l’outil ...................................................................... 108

3. Objectif de recherche .................................................................................................. 110

4. Méthodologie .............................................................................................................. 111

4.1 Approche de recherche .......................................................................................... 112

4.2 Population et échantillonnage ............................................................................... 113

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4.3 Instrument de recherche ........................................................................................ 115

4.4 Démarche d’entretien ............................................................................................ 116

4.5 Modalités d’analyse des données .......................................................................... 117

4.6 Mesures d’éthique ................................................................................................. 119

5. Présentation et analyse des résultats ........................................................................... 119

5.1 Les motivations des conseillers d’orientation à utiliser l’épreuve Groupements.. 120

5.1.2 Les conditions facilitant l’apprentissage ........................................................ 125

5.1.3 Les éléments motivateurs dans leur pratique actuelle .................................... 132

5.2 Les contextes d’utilisations ................................................................................... 142

5.2.1 Description des milieux et clientèles .............................................................. 143

5.2.2 Une difficulté identifiée : l’interprétation ....................................................... 150

5.2.3 L’apport des autres outils et approches .......................................................... 152

5.3 Les pratiques efficientes ........................................................................................ 157

5.3.1L’ utilisation de l’épreuve Groupements ......................................................... 157

5.3.1Les compétences relationnelles des conseillers d’orientation ......................... 164

5.3.3 Intervention en orientation.............................................................................. 171

5.4 Leurs représentations de l’intervention en orientation .......................................... 180

6. Discussion ................................................................................................................... 193

6.1 L’identité; un diagnostic qui permet de répondre aux besoins émotifs sous-jacents

aux demandes d’orientation ........................................................................................ 193

6.2 L’identité; plus significative que les problématiques ............................................ 195

6.3 L’identité; concept encore méconnu en orientation .............................................. 196

6.4 L’identité; les dimensions ayant un impact dans l’intervention. ........................... 199

6.5 L’identité; complexe pour qui? ............................................................................. 201

7. Conclusion .................................................................................................................. 202

7.1 Les apports de cette recherche .............................................................................. 202

7.2 Les limites de cette recherche ............................................................................... 205

7.3 Les retombés de cette recherche............................................................................ 206

Bibliographie................................................................................................................... 208

Bibliographie internet ..................................................................................................... 212

ANNEXE 1 ..................................................................................................................... 218

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ANNEXE II .................................................................................................................... 221

ANNEXE III ................................................................................................................... 223

ANNEXE IV ................................................................................................................... 225

ANNEXE V .................................................................................................................... 231

ANNEXE VI ................................................................................................................... 237

ANNEXE VII.................................................................................................................. 239

ANNEXE VIII ................................................................................................................ 242

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Liste des tableaux

Tableau 1 : Répartition des membres selon les milieux de travail

Tableau 2 : Activités réservées aux conseillers et conseillères d’orientation

Tableau 3 : Les dimensions à évaluer en orientation

Tableau 4 : Éléments déterminants dans le choix d’outils ou tests psychométriques

Tableau 5 : Les périodes du développement de l'identité

Tableau 6 : Fonctionnement psychologique selon les périodes

Tableau 7 : Signification des dimensions formant l’identité

Tableau 8 : Postulats, corollaires et hypothèses de l’approche psychogénétique de

l’identité

Tableau 9 : Thèmes émergents et définition opératoires des éléments incitatifs à la

formation initiale

Tableau 10 : Thèmes émergents et définition opératoires des conditions facilitant

l’apprentissage de l’épreuve Groupements

Tableau 11 : Thèmes émergents et définition opératoires des éléments motivateurs des

conseillers d’orientation dans leur pratique actuelles

Tableau 12 : Milieux de pratique des conseillers d’orientation et clientèles rencontrées

Tableau 13: Thèmes émergents et définition opératoire des conditions des milieux et

clientèles des conseillers d’orientation

Tableau 14 : Thèmes émergents et définition opératoires de l’apport des autres outils et

approches utilisés de concert avec l’épreuve Groupements et l’approche

psychogénétique

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Tableau 15 : Thèmes émergents et définition opératoires des fondements des pratiques

efficientes des conseillers d’orientation, concernant l’utilisation de

l’épreuve Groupements

Tableau 16 : Thèmes émergents et définition opératoires des fondements des pratiques

efficientes des conseillers d’orientation, concernant leurs façons d’être en

relation

Tableau 17 : Thèmes émergents et définition opératoires des éléments incitatifs aux

représentations de l’intervention en orientation

Tableau 18 : Résumé synthèse des éléments motivateurs à l’utilisation de l’épreuve

Groupements et de l’approche psychogénétique de l’identité

Tableau 19 : Résumé synthèse des contextes d’utilisation

Tableau 20 : Résumé synthèse des pratiques efficientes

Tableau 21 : Résumé synthèse des représentations des conseillers d’orientation envers

l’intervention en orientation

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Liste des figures

Figure 1 : Modèle des besoins d’orientation

Figure 2 : L’Arc en ciel de la carrière

Figure 3 : Modèle pyramidal des principaux éléments d’un choix vocationnel

Figure 4 : La conception linéaire classique du développement

Figure 5 : Le développement des fonctions de la pensée

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Introduction

Au Québec, plusieurs problématiques et enjeux du domaine de l’éducation et de

l’employabilité sont présents et sont en lien avec la dynamique personnelle de l’individu.

En ce sens, Matte (2010) constate que l’identité des individus prend de plus en plus de

place dans la définition des difficultés vécues en orientation. De ce fait, l’association

entre les problématiques vécut par les individus et les impacts sur leur identité sont de

plus en plus reconnus.

L’ampleur des problématiques et leurs sources différentes occasionnent une

complexification de la tâche des conseillers d’orientation. L’évaluation de leurs clients

devient multidimensionnelle et l'on peut se demander s’ils s’y retrouvent. Depuis plus de

trente ans, certains conseillers d’orientation ont placé le concept de l’identité au cœur de

leur pratique professionnelle et au-devant des problématiques extérieures. L’utilisation

d’un outil diagnostic de l’identité (l’épreuve Groupements) et de l’approche

psychogénétique de l’identité leur permet de mieux comprendre leurs clients et les

impacts que les éléments extérieurs peuvent avoir sur eux. Cela leur permet ensuite de

concevoir leur processus d’orientation pour répondre aux besoins évoqués et sous-jacents

à la demande d’orientation. Considérant l’apport qu’a cet outil et cette approche face aux

défis en orientation, le présent essai vise donc à définir et comprendre les pratiques

efficientes de conseillers et de conseillères d’orientation utilisant l’épreuve Groupements

et l’approche psychogénétique de l’identité dans un contexte d’orientation.

Pour bien saisir les problématiques qui sont vécues à l’extérieur de l’individu et qui

peuvent avoir un impact lui-même et sur ses choix, le premier chapitre traitant de la

problématique présente les problématiques et enjeux vécus en éducation et en

employabilité ainsi que leurs répercussions dans le contexte de l’orientation scolaire et

professionnelle. Puisque les conseillers d’orientation sont les professionnels qui reçoivent

les individus vivant des problématiques face à leur choix de carrière, le deuxième

chapitre, qui est le cadre conceptuel, fait un survol des connaissances et compétences

qu’ils acquièrent dans leur parcours académique tant au niveau de la psychologie que du

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domaine vocationnel. La cadre théorique présente en deuxième partie du deuxième

chapitre la théorie associée à l’épreuve Groupements et à l’approche psychogénétique de

l’identité. Le troisième chapitre indique l’objectif de recherche et le quatrième chapitre

présente toute la méthodologie entourant la recherche qualitative qui a été menée auprès

de huit conseillers et conseillères d’orientation. Le cinquième chapitre consiste à

présenter et analyser les résultats suite aux rencontres avec les conseillers d’orientation.

Enfin, la discussion sera ensuite présentée au chapitre six et le dernier chapitre, le

chapitre sept, conclu cet essai en présentant les apports, les limites et les retombés de

cette recherche.

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1. Problématique

De nos jours, l’individu est de plus en plus laissé à lui-même pour guider sa destinée, que

ce soit au niveau personnel, scolaire ou professionnel (Boutinet, 2005). Pour certains

individus, cette autonomie est favorable alors que pour d’autres, c’est une source de

tension (Boutinet, 2005). Cela rejoint les idées formulées par Galinski et Fast (1966) à

l’effet que chez certaines personnes, c’est l’absence de certitude intérieure face à qui elles

sont, qui engendre des dysfonctionnalités individuelles importantes sur le plan du

traitement de l’information et de la prise de décision. Ainsi, sans une identité en équilibre

l’individu est souvent condamné à baigner dans l’incertitude, l’indécision et l’anxiété

(Institut de recherche fondamentale et clinique en psycho orientation, IRFCPO, 2012).

Plus concrètement, cela se traduit par des enjeux personnels qui entravent la vie scolaire

et professionnelle lorsque la personne doit faire un choix d’études ou de métier en partant

d’elle-même, pour transposer qui elle est en terme professionnel. Parallèlement aux

enjeux personnels, certaines difficultés peuvent être vécues par plusieurs personnes et

devenir des phénomènes sociaux. On constate que deux acteurs se côtoient quant aux

problématiques vécues, soit l’individu et le milieu. Il existe globalement deux façons

d’analyser ces problématiques pour en tirer des hypothèses et proposer des solutions.

D’une part, on peut croire que ce sont ces phénomènes sociaux qui ont un impact sur les

individus, ce qui entrainent des problématiques individuels, ou d’autre part on peut croire

que l’ensemble des problématiques vécues par chacun des individus deviennent des

problèmes sociaux, parce qu’elles sont rencontrées à maintes reprises, dans les mêmes

milieux. Peu importe pour l’instant l’angle selon lequel ces problématiques sont vues, il

s’avère pertinent de les présenter pour en mesurer leur étendue.

La première section présente les problématiques vécues en éducation et en employabilité

actuellement au Québec. Dans le monde de l’éducation, un enjeu qui est toujours

d’actualité concerne le décrochage scolaire et ce tant au niveau secondaire, qu’au

collégial ou universitaire. De plus, l’émergence de nouvelles clientèles incite les

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dirigeants et intervenants de ces milieux à se questionner sur les mesures à mettre en

place pour faciliter la réussite de tous les étudiants. Au niveau de l’employabilité, un des

enjeux marquants concerne les manques de main-d’œuvre prévus en conséquence du

vieillissement de la population. Tout comme en éducation, le monde de l’emploi se

questionne sur la place qu’occupera chaque individu pour combler tous les postes

disponibles et nécessaires au bon fonctionnement de la société qui change et évolue

rapidement. Plusieurs professionnels œuvrent auprès des étudiants et des employés et

parmi eux se trouvent les conseillers d’orientation qui doivent jongler avec toutes les

particularités de leurs clientèles respectives. La présentation de la pertinence sociale de

ces professionnels face à ces enjeux est donc exposée pour comprendre le rôle possible de

ces acteurs. Enfin, pour terminer et pour saisir la couleur de cet essai, la dernière partie

propose de considérer une approche qui place l’identité au cœur des problématiques

vécues en orientation et même socialement : l’approche psychogénétique de l’identité.

Avant de présenter cette approche dans le cadre conceptuel, la pertinence scientifique

permettant de justifier son apport face aux différentes problématiques vécues en

orientation sera exposée par un résumé de littérature scientifique s’y rapportant.

1.1 Éducation et clientèles émergentes

En éducation, la problématique du décrochage scolaire persiste depuis plus de deux

décennies. Au Canada, le taux de décrochage scolaire au secondaire est calculé depuis

vingt-trois ans. Le premier calcul qui en a été fait a eu lieu pour l’année 1990-1991 et il

était de 16,6 % pour les 20-24 ans (Gouvernement du Canada, 2008). Au Québec, c’est

depuis 1999 que le taux de décrochage est diffusé (Gouvernement du Québec, 2012a). Il

était à ce moment à 21.9 % pour l’ensemble des élèves de niveau secondaire, alors que de

nos jours, pour l’ensemble du Québec, il est estimé à 16,2 % (Idib.). Par ailleurs, ces

chiffres peuvent se préciser selon certaines caractéristiques comme l’âge indiquant le

moment où les étudiants quittaient le secondaire sans diplôme. Ainsi, en 2011, le taux de

décrochage du secondaire était établi à 18,5 % pour les jeunes de 25 ans qui sortent du

secondaire sans diplôme, ce qui indique par le fait même que leurs parcours ont impliqué

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quelques embuches, puisqu’un parcours scolaire régulier (sans arrêt ou retard) permet aux

étudiants de terminer leurs études secondaires à 17 ans. Dans ce même sens, on remarque

qu’il existe un écart important quant à cette caractéristique, les plus jeunes étant moins

nombreux à décrocher. Les statistiques du MELS (Gouvernement du Québec, 2011a)

indiquent en ce sens, qu’à 17 ans, le taux de sortie du secondaire sans diplôme, est de

8,7 % qui est presque deux fois moins élevés que pour les jeunes de 25 ans indiqués plus

haut (Idib.).

La vulnérabilité au décrochage scolaire s’accroit selon les facteurs de risques présents

chez un jeune. Selon Janosz et al. (2013), les premiers déterminants mentionnés sont le

sexe, le revenu familial, la scolarité des parents et le statut socio-économique de la

famille. Ces informations sont partagées par le Conseil supérieur de l’éducation (2010),

qui estime à seulement 65 % le nombre de diplômés du secondaire parmi les jeunes de

milieu socio-économique défavorisé, alors que c’est près de 80 % chez les jeunes de

milieux favorisés qui obtiennent un diplôme ou une qualification de niveau secondaire.

Quant aux garçons de milieu défavorisé, ils ne sont que 58 % à réussir leurs études de

niveau secondaire, comparativement aux garçons des milieux favorisés qui réussissent

dans 74 % des cas (Gouvernement du Québec, 2010b). Selon le MELS (Gouvernement

du Québec, 2010a), une clientèle qui est aussi vulnérable au niveau du décrochage est

celle des élèves handicapés ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage (EHDAA) 1.

Leur forte présence demande aussi aux enseignants, intervenants, professionnels, ainsi

qu’aux directions de s’adapter et de jongler avec les ressources financières et humaines

disponibles et souvent insuffisantes (Gouvernement du Québec, 2010a). Au secondaire,

cette clientèle a augmenté de 34 % entre 2002 et 2010 et pour les années 2009-2010, elle

représentait 22 % de l’ensemble des étudiants. Le taux de diplomation n’est que de

25,2 % pour la clientèle EHDAA intégrée dans les classes dites normales et ce taux varie

selon le trouble.

__________

(1) Pour connaître les critères définissant cette clientèle, voir l’annexe I.

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Les élèves ayant le plus de difficulté à obtenir un premier diplôme sont ceux qui ont un

trouble grave du comportement, dont le taux de diplomation n’est estimé qu’à 3,7 %,

selon le MELS (Idib.).

La clientèle des immigrants est aussi ciblée comme vulnérable au décrochage selon le

Conseil supérieur de l’Éducation (2010). Les facteurs de risque identifiés sont d’être un

immigrant de première génération (être né à l’étranger), de ne pas parler le français,

d’arriver au pays au moment des études secondaires et d’être originaire de certains pays.

Le Conseil de l’éducation à ce sujet mentionne qu’être de minorité visible rend plus

vulnérable au décrochage scolaire, par comparaison à un immigrant d’un pays d’Europe

ou d’Asie. Selon le Conseil supérieur de l’Éducation (2010), la clientèle autochtone

québécoise est aussi vulnérable au décrochage scolaire. En plus des problématiques qui y

sont identifiées, telles la pauvreté, la toxicomanie, la violence et la détresse

psychologique, 43,2 % des jeunes de 20-25 ans n’obtiennent aucun diplôme ou certificat

d’études secondaires (Conseil supérieur de l’Éducation, 2010).

Ce n’est pas seulement au niveau secondaire qu’il y a des inquiétudes face au décrochage

scolaire. Les étudiants des secteurs collégiaux et universitaires vivent aussi des difficultés

face à la persévérance et au maintien aux études. Au secteur collégial technique, le taux

de diplomation n’est que de 61,9 % dont seulement 32,5 % des élèves obtiennent leur

diplôme dans la durée prescrite de trois ans (Gouvernement du Québec, 2011a). Au

secteur préuniversitaire, les chiffres indiquent un taux de réussite de 71.5 %. Par ailleurs,

là aussi peu d’élèves obtiennent leurs diplômes dans la durée prescrite. Selon le MELS

(Gouvernement du Québec,2011a), ce n’est que 43.8 % des élèves de la formation

collégiale préuniversitaire qui obtiennent leur diplôme d’études collégiales suite à deux

années d’études. Selon la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ, 2011),

parmi la clientèle EHDAA du secondaire, les élèves qui réussissent et obtiennent le

diplôme d’études secondaire ne sont plus à risque de décrochage rendu aux études

collégiales ou universitaires. Par ailleurs, comme au niveau secondaire, l’augmentation

de cette clientèle est aussi remarquée et le milieu doit adapter ses services. La FECQ

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(2011) mentionne que la clientèle étudiante avec besoins particuliers a quintuplé entre

2005 et 2009. Parmi cette clientèle, 68,1 % des élèves font partie de ce que la Fédération

nomme la population étudiante émergente, qui comprend les troubles d’apprentissage, les

troubles déficitaires de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH), ainsi que les

troubles de santé mentale. Par ailleurs, la FECQ (2011) déplore l’insuffisance de mesures

concrètes pour le transfert d’information entre les divers niveaux d’études. Ainsi un jeune

qui a reçu des services au secondaire auprès de divers professionnels de l’EHDAA, devra

refaire une demande au cégep pour bénéficier des services qui l’aident face à son

handicap, ce que seulement 10 % d’entre eux font. Le professionnel qui reçoit le jeune

n’a donc aucune information et doit reprendre tout depuis le début, l’expertise venant des

professionnels ayant aidé l’élève au secondaire est donc perdue. La FECQ a également

remarqué que l’autonomie laissée au jeune face à son parcours scolaire diminue sa

présence auprès des services, par manque de visibilité de ceux-ci. (Ibid.)

Le décrochage scolaire est aussi un phénomène connu au niveau universitaire. Selon le

MELS (Gouvernement du Québec, 2011a), seulement 67,6 % des étudiants terminent et

réussissent leur baccalauréat suite à 6,7 trimestres à temps plein. Pour les étudiants qui

quittent l’université avant l’obtention d’un diplôme, ils ont investi 2,4 trimestres (près

d’une année et demie) à temps plein dans des études universitaires qui ne leur apporteront

pas de qualification. Ils se retrouvent donc sur le marché du travail avec comme dernier

diplôme, le diplôme d’études collégiales qu’ils avaient fait avant leurs entrées à

l’université. Tout comme dans le réseau collégial, la clientèle dite émergente est

également en augmentation dans le secteur universitaire, ayant presque doublé dans les

cinq dernières années. Selon Gagné et Tremblay (2011) de l’Association québécoise

interuniversitaire des conseillers aux étudiants en situation de handicap (AQICESH), les

troubles associés à l’apprentissage, au TDAH, ainsi que les troubles de santé mentale

représentent 50 % de l’ensemble des différentes déficiences présentes chez la clientèle en

situation de handicap. Ces chiffres pourraient même augmenter si l'on considère que ces

dernières statistiques représentent seulement le nombre des étudiants qui ont utilisé les

services de leur université en lien avec leur situation.

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Le phénomène du décrochage scolaire est, depuis longtemps, une problématique scolaire

et sociale fortement étudiée car il entraine des couts élevés à la société. La recherche faite

pour le Conseil Canadien sur l’apprentissage (Hankivsky, (2008) estime qu’il en couterait

plus de 15 000 $ à l’état, par année, pour chaque décrocheur de niveau secondaire. Le

gouvernement du Québec dépense, seulement pour le secteur de l’éducation 25,4 % de

son budget total, secteur le plus couteux après le domaine de la santé (Gouvernement du

Québec, 2011a). Dans les dix dernières années, les coûts de ce secteur ont augmenté de

3,7 % et cela s’explique, entre autres, par les nombreuses mesures de réinvestissements et

de développement mises en œuvre par le gouvernement du Québec pour contrer les

problématiques vécues en éducation (Ibid.).

Par ailleurs, on pourrait se demander ce qu’il en est des impacts du décrochage chez la

personne elle-même. Les couts ne sont pas que financiers, ils sont aussi au niveau

humain. Selon Potvin (2004), le décrochage scolaire des élèves de niveau secondaire (12

à 17 ans) n’est pas une décision impulsive, c’est un cheminement parsemé de plusieurs

frustrations, échecs et difficultés. Le décrochage étant donc l’aboutissement d’un

processus, les traces qu’il laisse sur l’identité de la personne sont présentes même avant

que le jeune quitte l’école. Potvin (2004) estime que les effets du décrochage scolaire ou

du cheminement d’un élève à risque de décrocher sont à plusieurs niveaux. Ainsi, les

effets recensés sont que ces jeunes développeront des stratégies d’adaptation inefficace

(comme l’évitement et le déni), qu’ils développement aussi une faible estime de soi qui

joue sur leur sentiment d’efficacité, qu’ils ont des relations difficiles avec les adultes

(Idib.). Ces jeunes ont une vision négative de l’école car elle est synonyme d’expériences

négatives pour eux et par conséquent, cela a un impact sur leur performance scolaire.

Potvin (2004) poursuit en mentionnant que ces jeunes n’ont pas la motivation nécessaire

pour remédier à leur situation et qu’ils ont aussi plus de troubles de comportement que les

élèves non vulnérables au décrochage scolaire. Enfin, il mentionne également que les

jeunes à risque de décrochage finissent par se regrouper avec d’autres jeunes ayant des

expériences scolaires négatives semblables à eux. On peut en déduire que l’inter

influence qui règne dans le groupe a aussi un impact sur la suite (ou non) de leurs études.

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18

Ces couts humains du décrochage scolaire, ont le constate, ont un impact direct sur le

développement de l’identité des jeunes, ceux qui demain, voudront ou chercheront une

place sur le marché du travail.

À un autre niveau, il est aussi difficile pour la clientèle immigrante de trouver sa place

sur le marché du travail et faire reconnaitre les études qu’ils ont faites dans leur pays.

Selon le Ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles (MICC), la

population immigrante a doublé entre 2007 et 2011 (Gouvernement du Québec, 2012c).

Par ailleurs, tous immigrants confondus, près de la moitié arrive au Canada avec un

diplôme de leur pays. Parmi ces diplômés, ce n’est que 28 % d’entre eux qui réussissent à

faire reconnaître leur diplôme dans les quatre premières années de leur arrivée au Canada

(Gouvernement du Canada, 2010). La non-reconnaissance de leur diplôme dans notre

système scolaire québécois pourrait être une des raisons de leur forte présence dans les

universités québécoises, représentant 7,5 % des étudiants au premier cycle, 11,7 % au

deuxième et 22,4 % au troisième cycle (Gouvernement du Québec, 2011a).

1.2 Employabilité, de par les gens et les changements

Les problématiques rencontrées en éducation subsistent également dans le secteur de

l’employabilité. Parmi les étudiants sans diplôme, certains arrivent, ou tentent sans succès

d’inclure le marché du travail, en étant déjà défavorisés, ayant même de la difficulté à lire

et à écrire. Statistique Canada (Gouvernement du Canada, 2005) estime à 16 % la

clientèle analphabète au Québec. En mars 2012, le taux d’assistance sociale selon le

Ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale (MESS) (Gouvernement du Québec,

2012b) est de 7,1 % chez les 18 à 64 ans et les deux tiers de cette clientèle ont un niveau

de scolarité correspondant au cinquième secondaire ou moins. Parmi la clientèle des

prestataires à l’assistance-emploi, 59,4 % n’ont pas de contrainte à l’emploi et pourraient

travailler. Quant au taux de chômage, Statistique Canada (Gouvernement du Canada,

Page 19: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

19

2012) indique que pour l’ensemble de la population, il était de 7,5 % en 2012, cependant,

ce taux varie selon certaines caractéristiques, dont le degré de scolarité. Ainsi, pour

l’année 2010, le taux de chômage pour les adultes sans diplôme était plus que le double

que celui de l’ensemble de la population (17,9 % versus 8 %). À l’inverse, il était près de

deux fois moins élevé chez les diplômés universitaires (4,9 %) (Gouvernement du

Québec, 2011b).

Parmi les clientèles vivant des difficultés sur le marché du travail, on retrouve également

les personnes handicapées. Dans une publication de l’Institut de la Statistique du Québec

(Gouvernement du Québec, 2010c), il est estimé que cette clientèle représente 10,4 % de

la population québécoise, que leur taux de chômage est supérieur aux gens sans

incapacité et que 23 % d’entre eux vivent sous le seuil de la pauvreté. Selon ces mêmes

statistiques, 33 % des personnes handicapées, âgées entre 15 et 64 ans n’ont aucun

diplôme. Par ailleurs, même avec un diplôme, cette clientèle vit plus de difficultés à

intégrer un emploi, comparativement à la population sans handicap. Le comité consultatif

de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale (CAMO, 2012) présentait la différence

entre les taux d’emploi pour les personnes handicapées et pour la population sans

handicap, qui était respectivement, de 38 % comparé à 69 %. Cet écart face au taux

d’emploi se maintient malgré les diplômes d’études collégiales ou universitaire avec,

respectivement, un écart de 26 % et 25 % plus bas chez les personnes handicapées. Parmi

cette clientèle certains sont encore plus défavorisés. Les femmes, les personnes ayant une

déficience intellectuelle, un trouble envahissant du développement, ou un trouble grave

de santé mentale, vivent davantage de difficulté à insérer le marché du travail (Office des

personnes handicapées du Québec, 2009).

Concernant la santé mentale, on constate que, tout comme en éducation, les problèmes

qui y sont liés prennent de plus en plus d’ampleur. Selon l’Alliance canadienne pour la

maladie mentale et la santé mentale (2012), un Canadien sur cinq souffre d’une maladie

mentale. Parmi les 10 causes d’incapacité dans le monde entier figurent cinq troubles

Page 20: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

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mentaux : la dépression majeure, la schizophrénie, le trouble affectif bipolaire, la

toxicomanie et le trouble obsessionnel-compulsif (Ibid.). Dans le même ordre d’idée et

parce que la maladie mentale est présente dans la majorité des cas, le suicide est la cause

la plus élevée de décès chez les jeunes Canadiens de 15 à 24 ans, faisant près de 4 000

victimes par année (Ibid.). Selon les estimations, les troubles dépressifs représenteront en

2020 les maladies les plus lourdes de conséquences dans les pays développés comme le

Canada (Ibid.).

Directement sur le marché du travail, le Ministère de la Santé et des Services Sociaux

(MSSS) (Gouvernement du Québec, 2013b) observait que les troubles les plus fréquents

vécus par les travailleurs sont les troubles anxieux (incluant, entre autres, le trouble

obsessionnel-compulsif et la phobie sociale) et la dépression et à ceux-ci s’ajoute aussi

les suicides et l’épuisement professionnel. À lui seul, le stress est vécu par 1 travailleur

sur 4 et parmi ceux-ci 60 % indiquent que le travail est leur source principale de stress

(Gouvernement du Canada, 2011). L'Association canadienne des compagnies

d'assurances de personnes indique qu'au Québec, en 2011, les problèmes de santé mentale

arrivaient au premier rang des prestations versées et représentaient 40 % de toutes les

prestations versées aux employés. Ces chiffres ont plus que doublé depuis les 20

dernières années, puisque ce taux était à 18 % en 1990. Pour le Québec, en 2007, cela

représentait 590 millions de dollars (Leduc, 2009). À la Commission de la santé et de la

sécurité du travail (CSST), les données sont presque identiques (Gouvernement du

Québec, 2008). Entre 1996 et 2007, les coûts liés aux problèmes de santé mentale ont,

eux aussi, plus que doublé, passant de 6,5 millions à 15,1 millions de dollars. À cause de

ces difficultés en santé mentale, il peut être difficile pour les travailleurs affectés à ce

moment de maintenir leur lien d’emploi. Certains peuvent se retrouver parmi les 42,2 %

des adultes prestataires d’assistance sociale présentant des contraintes sévères à l’emploi,

ayant un diagnostic médical associé à des problèmes liés à la santé mentale

(Gouvernement du Québec, 2012a).

Page 21: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

21

Le trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) semble également

être une problématique de plus en plus rencontrée par la clientèle adulte en emploi ou

non. Selon le Dr Vincent, auteur du livre Mon cerveau a encore besoin de

lunettes (2010), sur le 5 % des enfants qui reçoivent un diagnostic de TDAH, plus de la

moitié gardera les symptômes lors de l’âge adulte. De plus, à tous âges, la moitié des

individus ayant ce diagnostic développera aussi un problème psychiatrique, comme un

trouble de l’humeur, de l’anxiété, un trouble de l’opposition, ou de la toxicomanie.

(Vincent, 2010)

Comme il a été mentionné plus tôt, selon le Ministère de l’Immigration et des

Communautés culturelles, en 2011 le Québec accueillait 51 737 immigrants. Pour la

période 2007-2011, plus des deux tiers (67,6 %) des personnes immigrantes sont admises

dans la catégorie de l’immigration économique, notamment comme travailleuses et

travailleurs qualifiés (60,8 %) ou comme gens d’affaires (4,6 %) (Gouvernement du

Québec, 2012c). Selon une enquête de Statistique Canada (Gouvernement du Canada,

2007), les difficultés les plus sérieuses rencontrées par cette clientèle sont, en ordre

d’importance, le fait de ne pas avoir d’expérience professionnelle au Canada, les

problèmes de langues, la non-reconnaissance des compétences acquises à l’étranger, ainsi

que la non-reconnaissance de leurs études.

La présence des immigrants de la catégorie des travailleurs qualifiés à l’assistance sociale

augmente avec les années, surtout lors de leurs premières années d’intégration

(Gouvernement du Québec, 2012c). De 1996 à 2004, le nombre d’immigrants prestataires

a presque triplé. Le taux de chômage augmente également pour les immigrants récents

(immigré depuis les 5 dernières années) étant estimés à plus de 22,4 % (Gouvernement

du Québec, 2009a). On s’en doute, pour les immigrants tout comme pour l’ensemble de

la population, le degré de scolarité a aussi un impact positif. Ainsi, le taux de chômage

des immigrants sans diplôme est de 25,2 %, alors qu’il diminue à 10,3 % pour ceux

détenant un diplôme universitaire (Gouvernement du Québec, 2009a). Les périodes de

Page 22: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

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difficultés économiques vécues au pays affectent davantage les immigrants, le taux de

chômage de ceux-ci aura tendance à augmenter durant ces périodes (Ibid.). La population

immigrante est composée de plusieurs groupes distincts qui subissent, à des degrés

divers, les difficultés liées à leur intégration au marché de l’emploi.

Ces informations tirées des secteurs de l’éducation et de l’employabilité proposent, entre

autres, que pour faciliter l’insertion professionnelle, l’acquisition d’un diplôme est une

condition de base et que plus le niveau d’études est élevé, plus on a des chances de

trouver un emploi. Dans ce même sens, une étude sur les perspectives à long terme

d’Emploi-Québec (2012) prévoit que le tiers des 1,4 million emplois qui seront créés,

d’ici 2020, exigeront une formation professionnelle (secondaire) ou technique

(collégiale). Quant aux emplois exigeant une formation universitaire, ils constitueront

près de 40 % des nouveaux emplois (Emploi-Québec, 2012). Selon ces mêmes

prévisions, les emplois à combler le seront majoritairement par des jeunes de moins de 25

ans, des immigrants et des chômeurs adéquatement formés. Cependant, un

débalancement dans la société québécoise est prévu dans les prochaines années puisque la

population des personnes qui quitteront le marché du travail pour la retraite est plus

élevée que celle des jeunes disponibles à l’emploi, diplômés ou non (Ibid.). Socialement,

cela amène des problématiques, entre autres pour les employeurs qui auront de la

difficulté à recruter des personnes adéquatement qualifiées ou qui pourraient également

avoir de la difficulté à les maintenir (Ibid.). Les régions, en raison de la dénatalité et

l’émigration des jeunes vers les grandes villes, verront leur population active diminuer.

Partout au Québec, la population vieillissante aura besoin de services, de soins et

d’hébergement, ce qui soulève également des questions quant à l’équilibre de l’offre et la

demande. Comme on l’a déjà vu plus haut, si les chiffres se maintiennent dans le temps,

malgré le nombre élevé d’emplois offerts, plusieurs jeunes sans formation resteront

exclus du marché du travail qui aura pourtant grandement besoin de plusieurs travailleurs

qualifiés. On peut soupçonner qu’ils utiliseront des prestations d’assistance sociales, dont

les fonds parviendront des contributions à l’impôt des travailleurs de moins en moins

nombreux (Thouez et al., 2006).

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23

1.3 Orientation : des problématiques qui arrivent de partout!

La complexité des problématiques et l’émergence de nouvelles clientèles en éducation et

en employabilité ont un impact au niveau de l’orientation scolaire et professionnelle des

individus. Les conseillers d’orientation qui les rencontrent doivent considérer toutes ces

informations et tous ces enjeux qui peuvent avoir un impact dans le cheminement des

individus. D’un élève à un autre, ou d’un client à un autre, la situation de la personne

assise devant eux est unique, différente de la précédente et ils doivent s’adapter

constamment pour répondre à leurs besoins. En éducation, au niveau du décrochage

scolaire, la présence de l’orientation est essentielle pour diminuer le nombre grandissant

d’élèves qui quittent leurs études sans diplôme d’études secondaire (DES) ou qui

abandonnent pendant leurs études collégiales ou universitaires. Par ailleurs, les

problématiques vécues en orientation ne sont pas seulement en lien avec des phénomènes

sociaux comme le décrochage scolaire, les difficultés en lien avec la santé mentale ou

l’immigration. Parallèlement aux clientèles plus vulnérables, les clients consultant en

orientation ressemblent aussi à « monsieur et madame tout le monde ». Selon une enquête

du MELS (Gouvernement du Québec, 2004) portant sur les raisons d’abandon des études

collégiales techniques, 47 % des raisons évoquées étaient en lien avec un programme non

aimé, des difficultés dans le programme, ou de l’indécision quant à leur orientation. Cela

confirme ce que mentionne l’OCCOQ (OCCOQ, site internet) quant aux difficultés

vécues en orientation tels l’indécision, l’absence de but vocationnel, ainsi que les

problèmes d’adaptation ou de rendement. Par ailleurs, peu importe le statut, l’origine

culturelle ou la présence ou non d’handicap, des raisons comme l’indécision, l’absence de

but vocationnel et la difficulté à trouver un programme qu’ils aiment font plutôt référence

à l’individu comme tel, qui n’arrive pas à se visualiser dans un emploi et un

environnement de travail qui fait du sens avec qui il est. On pourrait alors de demander si

ces individus ont une idée de ce qui les définit. On peut aussi poursuive en se

questionnant sur le rôle des conseillers d’orientation quant à cette situation de manque de

connaissance de soi.

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Lorsqu’un étudiant consulte en orientation, une des difficultés pour les conseillers

d’orientation selon Matte (2010) est de bien évaluer le besoin de l’élève et d’offrir le

service approprié. Dans un article sur les besoins des élèves du secondaire, Matte a

élaboré une pyramide exposant les différents besoins d’orientation.

Figure 1

Modèle des besoins d’orientation

Source : Matte, L. (2010), L’Orientation : répondre ou non aux besoins des élèves, Montréal, OCCOPPQ

À la base, l’on retrouve les besoins généraux, tels la documentation scolaire et

professionnelle fournie, les rencontres avec les professionnels des différents secteurs,

l’approche orientante ou les projets personnels orientant (PPO). Selon Matte (2010), ces

besoins sont présents chez tous les élèves et plusieurs personnes peuvent y répondre

(conseillers d’orientation, conseillers en développement de carrière, enseignants, parents).

Viennent ensuite les besoins d’intervention qui représentent les démarches un peu plus

structurées en orientation afin de faire un choix et de le valider. C’est à ce moment aussi

que les préoccupations personnelles des élèves peuvent apparaître (telles la peur de se

tromper et l’impression de ne pas être prêt à faire un choix aussi important) et demander

Page 25: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

25

un accompagnement plus précis. En dernier lieu, au haut de la pyramide, paraissent les

besoins particuliers, associés aux besoins des élèves plus vulnérables ou aux

problématiques d’orientation plus complexes. C’est à ce moment que l’on parle de

problème d’orientation se référant soit à des problèmes d’identité, d’anxiété, ou

d’immaturité, soit à des situations particulières, celles vécues par les élèves handicapés

ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage. Quel que soit le besoin, Matte (2010)

souligne qu’ils sont dépendants du fonctionnement psychologique de l’élève, des

conditions de son environnement et des ressources personnels acquises jusqu’à ce jour.

Dans ce même article (Matte, 2010), le constat réalisé concernant les services en

orientation au secondaire, témoigne de difficulté à dépister et à offrir des services aux

clientèles plus vulnérables. La démarche d’orientation classique (connaissance de soi,

transmission d’informations, validation du choix) est trop superficielle et risque même de

déstabiliser les élèves.

Trop souvent, d’ailleurs, on est porté à croire que les problèmes

d’orientation et d’emploi se règlent par de l’information sur le marché du

travail, et que pour « attirer des candidats dans des professions en

demande », il suffit d’en faire la promotion. […] Bref, que cette

information est nécessaire, mais n’amène pas en soi de réponse à des

besoins spécifiques. (OCCOQ, 2008, p.6)

Par ailleurs, au-delà des tâches des conseillers d’orientation, pour être en mesure d’offrir

ces services, ces professionnels doivent être présents en nombre suffisant, avoir

l’opportunité et le temps d’exercer leur fonction. Cela ne semble pas être le cas dans le

secteur de l’éducation. Une problématique soulevée par Matte (2010) indique que 62 %

des conseillers d’orientation du secteur de l’éducation n’arrivent pas à rencontrer

l’ensemble des élèves demandant des services d’orientation.

Page 26: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

26

Nous sommes inquiets de constater à quel point les besoins ne sont pas

couverts, en nature et en nombre, par ce qui est mis en place pour y

répondre en milieu scolaire, et étonnés du peu de préoccupations que cela

suscite. (Matte, 2010, p.1)

Dans ce même sens, une autre problématique identifiée est au niveau de la

reconnaissance de la profession. Selon la dernière enquête menée auprès des conseillers

d’orientation, l’orientation semble encore souffrir de préjugés ou être reconnue selon des

activités bien précises, comme les tests d’orientation (OCCOQ, 2010b). Bien que le

milieu scolaire soit celui où les conseillers d’orientation sont les plus présents, il semble

que ce soit là aussi que le service qu’ils offrent, ou qu’ils pourraient offrir, soit méconnu

de la part de la direction. Dans une présentation faite par l’OCCOQ (2010b) secteur

orientation, cette situation est décrite comme étant catastrophique. Les faits rapportés

sont que :

Le c.o. ne présente pas de plan d’action annuel ni d’évaluation de ses

services. [...] Il relève de son directeur d’école, sans être soutenu par un

ratio formel pour les services d’orientation. [...] Il ne réussit pas à

rencontrer tous les élèves dont il estime avoir besoin de ses services. [...]

Selon lui le temps d’attente pour avoir accès à ses services est

préoccupant. [...] Il effectue des tâches administratives qui ne sollicitent

pas son expertise et sa compétence, telle que des photocopies, des visites

d’écoles, etc. [...] Finalement, les différentes catégories de personnel de

l’orientation font les mêmes tâches. (OCCOQ, 2010b, p.27)

Les conseillers d’orientation du secteur scolaire, en plus de leurs tâches habituelles, se

voient dans l’obligation de recadrer l’image de leur profession, la faire connaître et

reconnaître à son juste titre. C’est, selon le groupe de travail de l’OCCOQ, une situation

possible, qui repose sur le pouvoir d’agir de chacun des conseillers d’orientation.

D’autre part, l’âge où débutent les réflexions en orientation arrive à une étape de vie où

les jeunes qui passent de l’adolescence à l’âge adulte vivent déjà plusieurs changements,

ce qui fait que le système psychologique est beaucoup sollicité. En même temps que se

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forme leur l’identité, ils doivent faire des choix dont celui de leur orientation

professionnelle (Fédération des cégeps, 2010). Sans une identité claire, s’orienter devient

un parcours rempli d’enjeux et d’instabilité (Bégin, Bleau, Landry, 2000). Ainsi, si des

difficultés au niveau de l’identité perdurent et demeurent non résolues lorsque l’élève est

dans le milieu scolaire, il y a de fortes chances qu’elles soient encore présentes et parfois

même handicapantes chez l’adulte qu’il devient.

On constate donc que l’identité prend de plus en plus de place en orientation et dans la

définition des troubles de l’orientation. Tel que le mentionne Matte (2010), les difficultés

rencontrées par les élèves ou les clients que rencontrent les conseillers d’orientation se

manifestent souvent par des problèmes d’identité. Pour Guichard (2006), l’enjeu principal

de l’orientation d’aujourd’hui est la construction de soi. Il en est de même pour Bégin qui

place l’identité au cœur de l’orientation et à la base de la compréhension des

comportements humains (IRFCPO, site internet, 2012).

Selon Bégin (IRFCPO, 2012), la quête de l’identité peut être une recherche ou un besoin

des clients rencontrés en orientation, que ce soit dans un milieu scolaire ou tout autre

milieu. Lors des rencontres en orientation, Bégin soutient que certains questionnements

font référence directement à la recherche de son identité, tels :

Qui suis-je ?

Quel est le sens de ma vie ?

Quel choix d'orientation faire ?

Pourquoi persister à l'école ?

Quelle décision prendre dans telle ou telle situation ?

Pourquoi ai-je de la difficulté à obtenir et à conserver un emploi?

(IRFCPO, Accueil, Site internet, 2012)

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Concernant le milieu scolaire, il a été remarqué que des problématiques en orientation

étaient également présentes pour les adultes qui retournent sur les bancs d’école. Dans un

contexte où le monde du travail vit plusieurs changements, il n’est pas rare que certains

adultes décident de retourner à l’école pour améliorer leur employabilité. Parmi ceux-ci

une partie est subventionnée par Emploi-Québec. Selon le MESS (Gouvernement du

Québec, 2011c), pour l’année scolaire 2010-2011, le taux d’abandon était de 20 % pour

les adultes inscrits aux formations subventionnés par Emploi-Québec. Selon Poulin

(2004), la façon dont les choix de programme de formation se font est problématique.

L’impulsivité et l’irréalisme semblent être les déterminants de leurs choix.

La démarche vocationnelle était pour plusieurs déficientes, ils manquaient

de réalisme et ils étaient au stade de la pensée magique où tout sera facile.

L'urgence se voit même dans la prise des rendez-vous. Le rendez-vous est

toujours trop loin. On note l'impulsivité, l'immédiateté. L'absence de

réflexivité fait en sorte que les demandes de cours sont faites de façon

impulsive en réponse aux stimulations du milieu par exemple une annonce

dans le journal local. Beaucoup de décrocheurs ne sont pas en contact avec

la réalité nous sommes au niveau du rêve, ils voient les côtés positifs et

moins les côtés négatifs. À la prise de décision, il y a un manque

d'information, ce n'est pas qu'elle n’est pas disponible, ces décrocheurs ne

font pas l'effort pour trouver cette information. Ils attendent tout du

conseiller ou du système et lorsqu'ils abandonnent ce n'est pas leur faute.

(Poulin, 2004, p. 2-3)

Dans ce contexte, la difficulté pouvant être rencontrée par les conseillers d’orientation est

d’amener le client à se sentir responsable de son avenir professionnel et personnel

(Poulin, 2004). Cela renvoi à de l’intervention davantage axée sur la réalité de l’individu,

son identité et sur l’influence de son environnement. Comme le mentionnait déjà

l’OCCOQ (2008), il y des besoins émotifs sous-jacents aux demandes d’orientation. Ces

besoins sont présents autant chez les jeunes que chez les adultes.

Au niveau du marché du travail, pour les conseillers d’orientation œuvrant en

employabilité, en réadaptation ou dans les milieux organisationnels, d’autres

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problématiques s’ajoutent. Devant le manque de main-d’œuvre dans certains secteurs

d’emploi, ou devant les prévisions de manque de personnel dû au vieillissement de la

population, l’orientation bien qu’en adéquation avec le marché du travail, doit maintenir

son rôle. Pour le public ou les dirigeants d’entreprises, il peut y avoir confusion entre le

rôle des conseillers d’orientation et celui des agences de placement qui sont des

intermédiaires entre les employeurs et les chercheurs d’emplois (Gouvernement du

Québec, 2013a).

En un mot, orienter ne signifie pas façonner une pâte à modeler pour en

tirer les différentes formes souhaitées par le marché du travail. Il s’agit

d’aider une personne humaine, avec ses aspirations, ses talents et ses

limites, à prendre sa place dans le monde des possibilités, quitte, parfois, à

« créer » elle-même des possibilités inattendues. (OCCOQ, 2011, p.3)

Un autre enjeu rencontré de plus en plus souvent lors de consultation en orientation est

l’épuisement professionnel ainsi que les problèmes de santé mentale. Selon la Chaire de

gestion de la santé et sécurité du travail dans les organisations de l’Université Laval

(2003), le nombre de jours perdus dans une année est plus élevé lorsqu’il s’agit de

problèmes de santé psychologique que de problèmes physiques. Pour l’employeur, les

impacts se font directement sentir au niveau des coûts liés aux absences, aux prestations

d’invalidité de courte ou longue durée, des médicaments et frais paramédicaux utilisés

par le travailleur (Ibid.). Les impacts sont aussi présents au niveau de la baisse de

productivité que cela peut engendrer, du présentéisme, de la détérioration du climat de

travail, de l’insatisfaction au travail, des heures supplémentaires, des salaires encourus

pour le remplacement lors des absences, des frais de leur formation et de l’augmentation

du roulement de personnel (Ibid.). Le conseiller d’orientation, spécialiste de la relation

individu-travail, appelé pour des services de conseils dans les organisations, doit tenir

compte autant de l’individu qui souffre que des pertes vécues par l’employeur (OCCOQ,

site internet). Dans certaines sphères de l’orientation, par exemple en réadaptation ou en

employabilité, les problématiques liées à l’épuisement professionnel et aux problèmes de

santé mentale se retrouvent parfois au cœur de la démarche d’orientation. Selon

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l’OCCOQ (2008), cette clientèle nécessite davantage d’attention, puisqu’elle peut être

vulnérable, influençable et malhabile dans sa réinsertion professionnelle, ce qui, de plus,

augmente leurs risques d’échecs. Une problématique identifiée dans ce contexte est

encore au niveau de la reconnaissance des conseillers d’orientation. Selon le type de

référence, de mandat, ou selon le stade de l’épuisement (pré épuisement, épuisement, ou

post épuisement) il n’est pas rare que ce soit plutôt les psychologues qui soient reconnus

pour traiter ce trouble (Péloquin, 2011). Par ailleurs, lorsque ce sont les conseillers

d’orientation qui interviennent, la difficulté peut venir de l’ambigüité entre les fonctions

liées à la psychothérapie et à l’orientation (Péloquin, 2011). La ligne entre le counseling,

l’intervention sur l’identité et la psychothérapie semble difficile à cerner clairement. La

Loi modifiant le Code des professions et d'autres dispositions législatives dans le

domaine de la santé mentale et des relations humaines (projet de loi nº 21) oblige

maintenant les conseillers d’orientation, pour le bien-être de leur client, à se questionner

davantage sur ce sujet et à se positionner. Par ailleurs, ignorer les besoins d’intervention

plus poussés pourrait occasionner le maintien des difficultés des élèves ou clients. Une

suite possible serait le syndrome des portes tournantes; la personne toujours insatisfaite

de sa situation passe d’un conseiller d’orientation à un autre, sans toutefois se sentir plus

stable dans sa vie professionnelle. Dans ce sens, on pourrait demander aux conseillers

d’orientation s’ils ont déjà entendu cette phrase : « J’ai déjà fait une démarche en

orientation, mais ça n’a rien donné! »

1.4 L’expertise des conseillers et conseillère d’orientation

Comme on le constate, le Québec de demain aura besoin d’un grand nombre de

travailleurs et tous doivent agir pour aider les jeunes et les adultes à intégrer une place sur

le marché du travail qui a du sens pour eux. Parmi les acteurs concernés, la place des

conseillers d’orientation face aux défis en éducation et en employabilité est justifiée.

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31

Pour porter le titre de conseiller ou conseillère d’orientation (c.o.) et obtenir le permis de

pratique établi via le Règlement du Code des professions du Québec deux conditions sont

nécessaires. Les professionnelles doivent être membres de l’Ordre des conseillers et

conseillères d’orientation du Québec (OCCOQ) et avoir réussi la formation de deuxième

cycle universitaire dans l’une ou l’autre de ces universités québécoise :

Université du Québec à Montréal (Maîtrise en éducation, option carriérologie)

Université Laval (Maîtrise en science de l’orientation)

Université de Sherbrooke (Maîtrise en orientation)

Université Mc Gill (Master of Arts, Counselling Psychology Program)

Pour maintenir leur pratique et leur titre, les conseillers d’orientation doivent se

conformer à une politique de développement des compétences, qui propose entre autres

un minimum de trente heures d’activités de développement cumulées sur une période de

deux ans. Les services d’orientation sont présents dans le milieu scolaire, ainsi que dans

plusieurs autres domaines dont l’employabilité, l’organisationnel, la fonction publique, la

réadaptation, la santé et en secteur privé. Au 31 mars 2011, 2400 conseillers et

conseillères d’orientation étaient membres de l'Ordre des conseillers et conseillères

d'orientation du Québec (OCCOQ, site internet). Le tableau ci-contre présente bien

l’étendue de la profession.

Page 32: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

32

Tableau 1 : Répartition des membres selon les milieux de travail.

Éducation 1 122

Primaire 15

Secondaire 494

Secondaire - éducation des adultes 231

Centre administratif 53

Cégep 207

Cégep - éducation des adultes 9

Université 42

Université (consultation) 71

Emploi 364

Centres de réadaptation 53

Santé et services sociaux 27

Fonction publique et

organismes publics

85

Entreprises 65

Cabinets-conseil 329

Autres 355

Source : OCCOQ, site internet.

Comme on le constate, près de la moitié des conseillers d’orientation travaillent dans le

domaine de l’éducation et le niveau où ils sont les plus nombreux sont au secondaire. Le

champ d’exercices de ces professionnels, ou la définition pouvant être faite de leur

pratique est :

Évaluer le fonctionnement psychologique, les ressources personnelles et

les conditions du milieu, intervenir sur l’identité ainsi que développer et

maintenir des stratégies actives d’adaptation dans le but de permettre des

choix personnels et professionnels tout au long de la vie, de rétablir

l’autonomie socioprofessionnelle et de réaliser des projets de carrière chez

l’être humain en interaction avec son environnement. (OCCOQ, 2010a,

p.3)

Page 33: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

33

L’OCCOQ a élaboré un guide permettant de comprendre l’ensemble des compétences

exigées pour exercer rigoureusement le métier de conseiller ou de conseillère

d’orientation. Ce guide propose six compétences et chacune d’elle est décrite en plusieurs

points. En premier lieu, pour toute démarche d’orientation, quel que soit le milieu, le

conseiller d’orientation doit d’abord évaluer la situation de la personne qu’il rencontre.

C’est une étape majeure, qui permet de comprendre le besoin, la situation, les enjeux ou

problématiques et aussi d’établir le profil de la personne rencontrée. Le profil des

compétences ajoute que le conseiller d’orientation doit, en second lieu, être en mesure de

concevoir son intervention, ce qui déterminera les objectifs des interventions qu’il fera

auprès de l’élève ou du client qui le consulte. En troisième lieu vient la compétence

d’intervenir directement, ce qui fait référence à la qualité des échanges entre le conseiller

d’orientation et son élève ou client et qui tient compte également des connaissances qu’il

possède pour ajuster ses interventions, afin que cela soit le plus bénéfique possible pour

la personne qu’il rencontre. Vient en quatrième compétence, celle d’exercer un rôle-

conseil auprès d’autres acteurs. C’est ainsi que les conseillers d’orientation doivent

s’impliquer et impliquer l’orientation dans divers projets où leur science est pertinente et

joue un rôle prépondérant face à l’adéquation, individ-études-travail. En cinquième

position vient la compétence d’évaluer les impacts des interventions en orientation. Cela

permet aux conseillers d’orientation de constater si les objectifs d’intervention qu’ils

s’étaient fixés ont été réalisés et d’analyser sa pratique de façon critique. Enfin,

l’OCCOQ termine avec la compétence de gestion de sa pratique, ce qui permet d’assurer

la rigueur de ses actes, d’être conforme aux normes établies et de maintenir une pratique

qui contribue au rayonnement de la profession. (OCCOQ, 2010a)

Ce résumé des compétences des conseillers d’orientation permet de comprendre les

exigences nécessaires pour l’exercice de ces fonctions. Face aux mouvements et aux

enjeux du monde scolaire et professionnel, les conseillers d’orientation doivent

également s’ajuster pour maintenir un service de qualité. On ne parle plus seulement de

trouver un métier, la tâche du conseiller d’orientation devient plus globale et davantage

portée vers l’humain qui prend une place dans la société.

Page 34: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

34

Non seulement le travail est un gage de prospérité, il est aussi un élément

contribuant de manière importante à la santé mentale des personnes, à leur

recherche d’un cadre de vie, d’un réseau de soutien interpersonnel […].

Permettre à la personne comme à la société elle-même de reconnaître et

mettre à profit ses forces vives est une composante importante de la

mission sociale de notre profession. (OCCOQ, 2008, p.2)

Pour suivre l’évolution des problématiques et s’y ajuster, suite aux recommandations du

rapport Trudeau, une nouvelle loi a confirmé et règlementé la place des conseillers

d’orientation au niveau de l’évaluation et de l’intervention auprès de clientèles plus

vulnérables. La Loi modifiant le Code des professions et d'autres dispositions législatives

dans le domaine de la santé mentale et des relations humaines (projet de loi nº 21) a été

adoptée en 2009 dans le but de protéger cette clientèle. Ainsi, quatre activités ont été

réservées aux conseillers d’orientation et une reconnaissance professionnelle a été

acquise. Le tableau qui suit en fait part :

Page 35: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

35

Tableau 2 : Activités réservées aux conseillers et conseillères d’orientation

Activités professionnelles réservées Définition

Trois activités professionnelles sont

réservées à tous les conseillers

d’orientation en autant que leurs

compétences soient à jour.

1. Évaluer (en orientation) une

personne atteinte d’un trouble

mental ou neuropsychologique

attesté par un diagnostic ou par une

évaluation effectuée par un

professionnel habilité

2. Évaluer le retard mental

3. Évaluer (en orientation) un élève

handicapé ou en difficulté

d’adaptation dans le cadre de la

détermination d’un plan

d’intervention en application de

la Loi sur l’instruction

publique (LIP)

La quatrième activité professionnelle est

réservée uniquement aux conseillers

d’orientation qui détiennent une

attestation de formation délivrée par

l’Ordre. Un règlement prévoit les

conditions qu’ils doivent respecter pour

être autorisés à exercer cette activité.

Évaluer les troubles mentaux

Sous réserve de l'obtention d'un permis

délivré par l'Ordre des psychologues du

Québec :

La pratique de la psychothérapie

Source : OCCOQ, site internet.

Ces réserves d’activités aux professionnels adéquatement formés permettent d’assurer

que les personnes qui les évaluent, dont les conseillers d’orientation, ont une expertise

Page 36: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

36

suffisante pour être en mesure d’évaluer adéquatement leur situation ainsi que les

incidences de leurs situations et difficultés lors de leurs démarches d’insertion ou de

réinsertion professionnelle (OCCOQ, 2008). L’expertise des conseillers d’orientation

face à la santé mentale est légitime et a été bien évoquée par l’OCCOQ, dans un aide-

mémoire préparé concernant le projet de Loi 21 :

Le travail est une sphère de l’activité humaine dans laquelle les problèmes

de santé mentale apparaissent. Soit que le travail en est la cause, soit que

ces problèmes aient un impact sur la capacité à travailler. Le conseiller

d’orientation est le spécialiste de la relation individu travail. Cette relation

entre santé mentale et travail a maintes fois été démontrée. La relation avec

le travail ou l’influence de ce dernier dans la vie des personnes sur les

plans cognitif, affectif, social et comportemental, est à même de s’avérer

un révélateur d’un trouble mental. Évaluer le trouble mental peut être

nécessaire pour s’assurer que la personne a les ressources pour faire face

aux exigences de l’insertion au travail. Autrement, une tentative de retour

présente un risque potentiel pour la santé mentale de la

personne. (L’Orientation, août 2011, p.5)

Ainsi, cette première section informe que les conseillers d’orientation, en plus de répondre au

besoin mentionné par leurs élèves ou clients, ont à considérer ces éléments lorsqu’ils rencontrent

des élèves ou des clients. En résumé, ces éléments font référence aux :

facteurs de risques de décrochage scolaire présents chez les élèves qu’ils

rencontrent;

impacts découlant de facteurs de vulnérabilité au décrochage scolaire, dont

l’immigration et les difficultés au niveau des handicaps physiques, des

problématiques en santé mentale et des difficultés d’adaptation;

facteurs de risque d’exclusion du marché du travail (pas de diplôme,

analphabètes, pauvreté, handicaps);

appât des formations subventionnées par Emploi-Québec

besoins émotifs et affectifs sous-jacents à leurs demandes d’orientation et

caractéristiques personnelles.

Page 37: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

37

Face à ces problématiques qui arrivent de partout, qui peuvent être différentes d’un client

ou élève à un autre et ce, dans une même journée, on peut concevoir que les conseillers

d’orientation sont submergés d’information. Comme il a déjà été mentionné plus tôt,

deux façons d’analyser l’ensemble de ces informations prédominent, soit la vision en lien

avec les problématiques vécues de l’extérieur de l’individu, ou celles qui regardent en

premier lieu sur l’identité de celui-ci. L’approche psychogénétique de l’identité place la

personne au cœur de l’évaluation et de l’orientation.

1.5 Recherches portant sur l’épreuve Groupements

Les recherches qui seront présentées proviennent d’étudiants à la maîtrise en

carriérologie de l’UQAM. Comme le concepteur de cette approche était professeur à cette

université, certains étudiants ont connu l’outil et l’approche, s’y sont intéressés et ont

voulu approfondir un aspect de la théorie. Par le fait même, cela a nourri le concepteur

pour raffiner son outil et sa théorie.

En 1993, André Lauzon s’est intéressé à l’influence de l’identité sur l’orientation

scolaire. Plus précisément, il voulait savoir s’il y avait des outils capables de prédire la

stabilité du choix scolaire. Pour analyser cette situation, il s’est basé sur un groupe de 107

élèves francophones et allophones, du secteur public, de Montréal et de Laval. La

situation de ce groupe, au niveau du multiculturalisme, lui a aussi servi à étudier la

pertinence de l’utilisation d’un outil, soit l’épreuve Groupements, pour la clientèle

allophone. Lors du début de sa recherche, les sujets étaient élèves en secondaire cinq et

faisaient un choix d’études au niveau collégial. Pour analyser la variable de l’identité,

Lauzon a utilisé quatre outils. Premièrement un questionnaire fut rempli par les élèves.

Quatorze questions permettaient d’avoir de l’information sur la personne et sur son degré

Page 38: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

38

de certitude ou d’incertitude face à son choix d’études. Deuxièmement, les élèves ont

tous fait le « Questionnaire d’identité professionnelle » conçu par Holland et ses associés,

qui mesure les problèmes susceptibles d’affecter l’identité professionnelle.

Troisièmement, les élèves ont également tous passé l’épreuve Groupements. Enfin, ces

mêmes 107 élèves ont été rejoints, à la fin de leur première année d’études collégiales,

pour connaître leur situation scolaire. Les résultats de la recherche de Lauzon ont montré

que le questionnaire rempli par les élèves n’avait pas été significatif quant à l’aspect

prédictif qu’il proposait. Concernant le Questionnaire d’identité professionnelle, ce test

s’est révélé prédictif dans 60 % des cas. L’épreuve Groupements, quant à elle a été l’outil

le plus prédictif, puisque 83 % des résultats ont été significatifs. Les élèves qui avaient

fait l’épreuve Groupements avaient été classés en deux groupes, soit élèves présentant

une identité en équilibre ou en déséquilibre. Ces deux groupes ont été comparés aux

prévisions, soit de maintien, soit de changements ou abandons. À 83 %, les élèves en

équilibre au niveau de leur identité maintenaient leurs études et leur choix, de même que

les élèves en déséquilibre changeaient de programme ou abandonnaient leurs études. De

plus, Lauzon a comparé les résultats de l’épreuve Groupements entre les élèves

francophones et allophones. La valeur prédictive de maintien ou de changement selon le

groupe en équilibre ou en déséquilibre s’est avérée semblable dans les deux groupes, ce

qui confirme la valeur prédictive de l’épreuve Groupements pour la clientèle allophone.

En 1996, Louis Lauzon a fait une recherche sur la congruence du choix scolaire ou

professionnel, qui fait référence au degré de ressemblance entre le profil d’une personne

et celui exigé par son milieu de travail. Étant à la recherche d’explication de la non-

congruence du choix vocationnel, Lauzon s’est intéressé au lien qu’il pouvait y avoir, ou

non, avec l’identité de la personne. Pour se faire, trois outils ont été administrés, soit,

l’épreuve Groupements, le Questionnaire de l’identité professionnelle et l’Inventaire

Canadien des Intérêts professionnels (ICIP). Les sujets participants à son étude étaient du

nombre de 190. La particularité des caractéristiques de ces sujets est qu’ils ont été choisis

en fonction de leur appartenance à chacun des types de personnalité de Holland. Ainsi,

chacun des six types sont représentés dans des proportions semblables et ont y retrouve

Page 39: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

39

également 60 % d’étudiants et 40 % de travailleurs. La conclusion de sa recherche a

confirmé que plus une personne avait un profil identitaire en équilibre, plus son choix

vocationnel était congruent, ainsi que l’inverse, à un profil identitaire en déséquilibre se

joignait un choix vocationnel non congruent. Une hypothèse qui n’a pas été confirmée

dans sa recherche et qui pourrait également mériter une attention particulière est au

niveau du lien entre l’épreuve Groupements et le questionnaire d’identité professionnelle

de Holland. En effet, la recherche de Lauzon n’a pas pu confirmer qu’une identité claire,

selon le questionnaire, révélait une identité en équilibre à l’épreuve Groupements. Il est

donc intéressant de constater que selon l’instrument choisi, l’identité « claire » ou en

« équilibre » n’est pas équivalente. Enfin, la recherche de Lauzon n’a pas confirmé qu’à

une identité claire, mesurée par le Questionnaire de l’identité professionnelle,

s’apparentait un choix vocationnel congruent. Les résultats n’ayant pas permis de liens

significatifs.

En 2003, Diane Poupart s’est intéressée à l’écart entre les garçons et les filles quant à

leurs réussites et leurs persévérances scolaires, ainsi qu’au lien entre la complexité du

développement identitaire et la réussite scolaire des étudiants. Pour mener sa recherche,

elle s’est basée sur leurs habiletés scolaires, mesuré par le Test d’habiletés scolaires Otis

Lenon (THSOL) et leur développement identitaires, définis par l’épreuve Groupements.

L’étude a été faite auprès de 115 élèves de secondaire 3 au Collège de Montréal. Poupart

voulait, dans un premier temps, étudier la valeur prédictive du TSHOL en confrontant les

résultats des tests aux véritables performances des élèves. Intéressée par les autres

recherches scientifiques mentionnant que les filles réussissent mieux que les garçons, elle

a toujours évalué les résultats en comparant les sexes. En lien avec l’épreuve

Groupements, Poupart voulait savoir s’il y avait une relation entre les profils identitaires

des élèves et leurs résultats au TSHOL, en somme, si les élèves qui réussissent ont un

profil identitaire en équilibre.

Page 40: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

40

Plusieurs résultats ont été présentés. Premièrement, les résultats obtenus au THSOL, qui

avait été passé lors de la demande d’inscription au Collège, ont pu être comparés aux

résultats des étudiants lors de leurs études. Poupart a montré que la valeur prédictive du

TSHOL s’avérait efficace pour les filles, mais pas pour les garçons. En effet, l’étude des

résultats scolaires a montré que les filles maintenaient ou dépassaient leurs habiletés

scolaires prédis par le TSHOL plus souvent que les garçons. L’étude du TSHOL et des

résultats scolaires a aussi validé le fait que les garçons ont des résultats scolaires

inférieurs aux filles. Tous les élèves faisant partie de l’étude ont aussi fait l’épreuve

Groupements. De la même façon qu’avec le TSHOL, tous les protocoles ont été analysés

en lien avec les résultats scolaires de chaque élève. Poupart a ainsi présenté les résultats

qui indiquent que les élèves dont l’identité est développée de manière plus complexe, ont

des résultats scolaires plus élevés. Les résultats ont aussi montré que l’inverse était

présent : à une identité peu complexe s’associent des résultats scolaires faibles.

Finalement, la recherche de Poupart faite auprès d’un groupe composé de filles et garçons

de 3e secondaire a indiqué que les filles avaient une identité développée de manière plus

complexe que les garçons. Sa recherche confirme donc qu’il y a un lien entre la réussite

scolaire et la complexité du développement identitaire.

Tout récemment, en 2011, Roxana Staiculescu, a présenté une thèse sur la persévérance

scolaire des adultes, immigrants ou non, à la formation continue. Le but de sa recherche

était de savoir s’il y avait un lien entre l’état de la structure identitaire d’une personne et

sa persévérance aux études et de voir si cette relation était la même, que la personne soit

immigrante ou non. Par le fait même, la recherche permettait de comparer les résultats

déjà obtenus (par d’autres chercheurs), concernant le lien entre la persévérance scolaire et

l’identité, avec de nouveaux et plus nombreux résultats et de mesurer la validité

transculturelle de l’épreuve Groupements, outil de l’approche psychogénétique de

l’identité. Enfin, comme dernier objectif, Staiculescu voulait proposer un modèle

explicatif des difficultés de persévérance des adultes.

Page 41: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

41

Les participants à l’étude étaient des étudiants québécois, immigrants (51,6 %) ou non

(48,4 %). La moyenne d’âge était de 34 ans. Ces élèves étaient admis se suivaient dans

des cégeps publics de Montréal ou des environs dans un contexte pluriethnique. Les

formations auxquelles les élèves étaient inscrits avaient une durée de 2 ans et moins

(intensif ou régulier) et menaient à une attestation d’études collégiales (AEC) ou à un

diplôme d’études collégial (DEC).

Pour analyser cette situation, Staiculescu a fait passer l’épreuve Groupements à 697

élèves québécois. Suite à la correction des protocoles, le niveau d’organisation identitaire

a été déterminé selon trois possibilités : élevé (2,1 %), moyen (14,3 %) ou faible

(83,5 %). Un questionnaire papier-crayon a aussi été rempli par tous les participants. Les

variables analysées par ce questionnaire représentaient les catégories suivantes : le statut

socio-économique, les variables personnelles, la certitude du choix, le soutien familial et

social ainsi que les autres variables pouvant avoir une influence sur le choix de

programme. Quatre de ces variables ont aussi été utilisées pour mesurer, lors du début de

formation, l’intention des élèves de persévérer dans leurs études. Quant à la persévérance

réelle aux études, elle a été identifiée en consultant les données officielles du registraire

des cégeps et celles transmises pas les conseillers pédagogiques des cégeps en questions.

De plus, les 117 élèves ayant abandonné leurs études ont été rejoints pour une entrevue

téléphonique.

La conclusion de la recherche présente une relation positive et significative entre la

structure identitaire de niveau moyen ou élevé et l’intention de persévérer, ce qui

confirme partiellement la première hypothèse. Cependant, il n’y a pas de lien significatif

quant à la réelle persévérance. Les chiffres soumis mentionnent que selon les résultats à

l’épreuve Groupements 83,5 % des élèves avaient un potentiel de décrochage élevé

(puisqu’ils montraient une structure identitaire en déséquilibre) alors que seulement

16,8 % ont réellement abandonné leurs études. Staiculescu explique cette situation en

proposant un modèle explicatif de persévérance où elle fait ressortir les variables

Page 42: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

42

indépendantes influençant le maintien aux études. Par ailleurs, en reprenant la première

affirmation voulant qu’il y ait une relation significative entre la structure identitaire et

l’intention de persévérer, les résultats ont permis de confirmer le fait qu’à un niveau

d’organisation identitaire semblable, les immigrants ont autant le désir de persévérer que

les non-immigrants. Les résultats fournis par l’expérimentation de Staiculescu ont ainsi

permis de valider l’épreuve Groupements dans un contexte transculturel, quant à

l’intention de la persévérance scolaire. Selon Staiculescu, cela permet de mettre de côté

les différences culturelles pour expliquer les abandons scolaires chez la clientèle

immigrante. Enfin, en se rapportant à trois recherches menées dans un contexte de

formation et où l’épreuve Groupements avait été administrée à des étudiants, Staiculescu

a montré que, comme eux aussi l’avaient déjà souligné, plusieurs individus, en contexte

de formation, présentent un protocole en déséquilibre identitaire.

En ce qui a trait au monde du travail, en 1992, Stéphan Michiels a fait une recherche

auprès des cadres intermédiaires. Cette recherche portait sur les variables influençant le

rendement au travail. De façon plus précise, Michiels voulait savoir si l’identité, définie

avec l’épreuve Groupements, avait une influence sur la performance au travail. Pour

effectuer cette analyse, 129 cadres intermédiaires, travaillant dans une entreprise de

Montréal, ont été rencontrés. Chacun des sujets a fait l’épreuve Groupements et Michiels

a aussi pu étudier et mettre en relation leur rendement au travail, mesuré par leurs

évaluations de rendement effectuées à l’interne, sur une période de deux années. Deux

groupes ont été formés à partir de l’échantillon de base, soit les « performants » (sujets

dont les évaluations de rendement étaient supérieures à la moyenne, avaient eu ou étaient

proche d’avoir une promotion) et les « non performants » (sujets dont les évaluations de

rendement étaient égales ou inférieures à la moyenne, qui avaient été rétrogradés ou qui

avaient le même poste depuis plusieurs années). Les résultats obtenus permettent de

conclure que l’identité influence le rendement au travail. De ce fait, l’analyse de

l’épreuve Groupements des sujets a pu prédire leur appartenance au groupe des sujets

performants ou non performants. Il a été constaté que les sujets dont l’épreuve

Groupements présentait un niveau de complexité élevé en lien avec les schèmes science

Page 43: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

43

et créativité étaient évalués à l’interne comme des employés performants. Les résultats

ont aussi permis de constater que parmi les sujets du groupe « performant », les plus

performants avaient confiance en eux et étaient capables de s’accommoder des tâches

routinières. Concernant l’épreuve Groupements, cela fait référence à la construction des

schèmes science et routine à la période réflexive. Cela a aussi permis d’identifier les

autres schèmes significatifs de rendements performants à d’autres périodes. Ainsi, à la

période protoréflexive, les sujets qui avaient la capacité d’innover (schème artistique)

étaient aussi performants et à la période transconfigurative, étaient performants ceux qui

avaient du leadership et de la conscience sociale (leadership et social). Les conclusions de

Michiels quant à l’utilisation de l’épreuve Groupements dans un contexte

organisationnel, sont que cet outil a une utilité dans la sélection d’employés, mais aussi

lorsque ces employés sont en poste, pour comprendre ce qui va ou ce qui ne va pas quant

à leur rendement au travail.

En 2003, Diane Dagenais s’est intéressée à l’apport de la théorie psychogénétique dans

un contexte de coaching de dirigeants d’entreprise. Le processus de coaching ayant pour

but d’aider la personne face aux difficultés qu’elle vit lors de l’exercice de son emploi,

Dagenais voulait savoir si ces difficultés, reconnues par la personne elle-même, étaient en

lien avec ses résultats à l’épreuve Groupements. Pour faire cette étude, 20 dirigeants et

dirigeantes des commissions scolaires, d’organismes communautaires ou de PME, tous

bacheliers, ont fait l’épreuve Groupements. Les résultats ont été mis en lien avec leurs

motifs personnels de demandes de coaching, ainsi qu’avec les difficultés que les

dirigeants avaient mentionné vivre dans l’exercice de leur fonction. Les résultats à

l’épreuve Groupement montrent que les difficultés que les personnes ont mentionnées

sont directement en lien avec une ou plusieurs dimensions de leur identité qui n’est pas

construite. Cela confirme l’apport de l’outil, l’épreuve Groupements et de l’approche

psychogénétique dans le coaching, pour la détermination des sources d’inconfort ou de

difficultés vécut en emploi.

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44

En 2004, Sonia Poulin a présenté une étude exploratoire des caractéristiques

entrepreneuriales des travailleurs autonomes et de leur persistance dans cette fonction.

Poulin était intéressée à établir un profil psychologique scientifique du travailleur

autonome, rendant compte de son savoir-être plutôt que de son savoir-faire. Pour choisir

ses sujets d’étude, elle s’est aussi intéressée aux résultats de Vachon (1999). Portant sur

le même sujet, la recherche exploratoire de Vachon a conclu à la non-réflexivité des

sujets dans leurs résultats à l’épreuve Groupements. Vachon, ayant mesuré les sujets qui

venaient tout juste de débuter leur entreprise et avaient une mesure de soutien financier,

Poulin a mené son analyse sur les sujets qui œuvraient en moyenne depuis cinq ans et qui

ne bénéficiaient plus de mesure de soutien financier.

Pour évaluer ses 31 sujets, trois outils ont été utilisés soit, l’épreuve Groupements,

l’échelle d’anxiété IPAT, et l’inventaire des motivations au travail de Blais. Les résultats

ont montré que sur les 31 sujets, la majorité montrait à l’épreuve Groupements un profil

identitaire réflexif, ce qui diffère de ce qui avait été proposé par Vachon (1999). À

l’échelle d’anxiété IPAT, la totalité des sujets montrait une anxiété normale (comparé à

faible, moyenne, élevés et très élevée) et à l’inventaire des motivations au travail de

Blais, la majorité des sujets avaient une motivation intrinsèque (comparé à extrinsèque ou

à l’amotivation). La comparaison de ses résultats avec les résultats obtenus par Vachon

n’a pas été un sujet d’étude pour Poulin, mais elle a émis l’hypothèse que leurs clientèles

respectives n’étaient pas à la même étape dans leur processus de démarrage d’entreprise,

ce qui peut faire différer les résultats. Ainsi cela précise l’étude de Poulin et propose un

profil psychologique des travailleurs autonomes et de ce qui pourrait être, en même

temps, significatif de persistance dans ce mode de travail.

En 2003, Nathalie Bougeau a voulu étudier l’hypothèse qu’il y aurait une différence au

niveau de la réflexivité reconnue par l’épreuve Groupements, entre les gens vivant une

dépression et ceux qui ne vivent pas cet état. Pour se faire, elle a examiné deux groupes

composés de 20 personnes, totalisant 40 sujets à l’étude. Dans un groupe, chacun

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45

présentait un état dépressif diagnostiqué et dans l’autre aucun n’en présentait. L’épreuve

Groupements a été utilisée avec les 40 participants pour évaluer leur réflexivité et les

comparer. Pour évaluer la réflexivité, Bourgeau a analysé quatre caractéristiques : le

nombre de périodes préréflexives, d’activités non réflexives, de régressives, ainsi que le

nombre de groupements non réflexifs. Les résultats ont montré que le groupe d’individus

avec un diagnostic dépressif avaient des résultats à l’épreuve Groupements moins

réflexifs que le groupe composé de personnes non-dépressive, ce qui confirme son

hypothèse. De façon plus précise, il y avait une différence significative ou très

significative entre les personnes avec et sans un diagnostic de dépression, dans les

comparaisons du nombre de périodes préréflexives, de régressives et de groupements non

réflexifs. Comme Bourgeau l’a nommé, à l’épreuve Groupements ces renseignements

informent, entre autres, sur l’impulsivité, la rigidité, le peu de nuance, le sentiment de

culpabilité, de non-maîtrise de sa propre vie, la difficulté avec l’ambigüité, avec la

gestion du quotidien, le manque d’autonomie et l’influence de l’environnement. Elle

ajoute que ce sont également des éléments présents et reconnus lors d’une dépression,

selon entre autres le DSM IV.

Dans un même ordre d’idée, en 2007, Line Bilodeau a fait une recherche sur l’apport de

l’approche psychogénétique face à l’identification et la compréhension des

problématiques d’adaptation liées à l’épuisement professionnel. Bilodeau s’est basée sur

plusieurs sources pour identifier l’épuisement professionnel, dont l’inventaire de

dépression de Beck (1996), les critères étudiés par Bibeau et Al (1989) et les symptômes

associés à l’épuisement professionnel et définis par Pines (1982) et Maslach (1982).

Quarante sujets ont fait partie de l’étude, dont 28 étaient des femmes et 21 sujets étaient

des bacheliers (ères). L’âge moyen était de 36 ans. Ces personnes faisaient partie d’un

programme d’insertion pour aider les gens vivant, ou ayant vécu, un épuisement

professionnel et désirant réintégrer le marché du travail d’où ils étaient absents depuis

moins d’un an.

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46

Trois problématiques d’adaptation ont été identifiées avec l’épreuve Groupements parmi

les sujets à l’étude. Tous les sujets de l’étude avaient une ou plusieurs de ces difficultés.

Celles-ci sont en lien avec le concept de « science » (70 %), qui représente, lorsqu’il est

en déséquilibre, des difficultés d’affirmation face à l’autorité, un manque de confiance en

soi et un sentiment de non-maîtrise de sa vie. Deuxièmement, des difficultés sont

ressorties quant au concept « social » (67,5 %), qui désigne un trouble de l’intimité et de

l’engagement et enfin, l’anxiété de performance (60 %) a aussi été présente chez certains

participants. Faisant référence aux critères ou symptômes associés à l’épuisement

professionnel que Bilodeau a présenté dans son étude, ces déficits identifiés par l’épreuve

Groupements, sont des difficultés qui empêchent les personnes d’être bien dans leur

emploi et qui peuvent les mener à l’épuisement professionnel.

Dans un autre d’idée, André Bricault, en 2001, s’est intéressé aux profils plats identifiés

au Myers Briggs Type Indicator (MBTI). Il voulait savoir si ces résultats au MBTI, dit

non discriminés, pouvaient être en lien avec une organisation en déséquilibre à l’épreuve

Groupements. Pour faire cette recherche, il s’est basé sur les résultats au MBTI et à

l’épreuve Groupements de 31 sujets. Ces participants, consultant à ce moment en

orientation, étaient majoritairement âgés de plus de 38 ans et bacheliers. Sur ces 31

sujets, 23 présentaient un profil non discriminé au MBTI et 28 présentaient une identité

en déséquilibre. L’analyse des résultats a montré que 91 % des individus avec un profil

identitaire en déséquilibre avaient également un profil peu discriminé au MBTI. Par

ailleurs, les résultats ont aussi montré que 87 % des individus avec un profil discriminé

au MBTI, avaient aussi un profil identitaire en déséquilibre.

Dans ce même sens, en 2001, Marcelle Therrien s’est intéressée au lien possible entre

l’épreuve Groupements et le Guide de recherche d’une orientation professionnelle

(GROP). Plus particulièrement, elle voulait savoir s’il y avait un lien entre les

caractéristiques reconnues pour le type « écologiste » du GROP et la carence affective ou

la difficulté de distance affective, pouvant être identifiées avec l’épreuve Groupements.

Page 47: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

47

Pour faire cette étude, Therrien s’est basée sur un groupe de 20 femmes, âgées entre 25 et

55 ans, participantes à une démarche d’orientation ou de recherche d’emploi. Pour tous

les sujets, le type Écologiste était présent dans leur code sommaire et dans 50 % des cas,

ce type était à la quatrième position. Pareillement, dans leurs résultats à l’épreuve

Groupements, les sujets présentaient en résiduel le ou les cartons 7, 21 et 23, qui

symbolisent la carence affective ou la difficulté de distance affective. L’analyse des

résultats aux deux outils a confirmé que 65 % des sujets avaient une carence affective ou

un manque de distance affective.

En résumé, ces essais nous enseignent que le diagnostic de l’identité permet d’être

informé et de prévoir qu’habituellement :

En milieu scolaire,

les élèves en équilibre au niveau de leur identité à la fin de leurs études secondaire

maintiennent leurs études collégiales et leur choix de programme, de même que

les élèves en déséquilibre changent de programme ou abandonnent leurs études.

(A. Lauzon, 1993)

plus une personne a un profil identitaire en équilibre, plus son choix vocationnel

est congruent, ainsi que l’inverse, à un profil identitaire en déséquilibre se joint un

choix vocationnel non congruent. (L. Lauzon, 1996)

les élèves dont l’identité est développée de manière plus complexe, ont des

résultats scolaires plus élevés. (Poupart, 2003)

les élèves dont l’identité est peu complexe ont des résultats scolaires faibles.

(Poupart, 2003)

les filles ont une identité développée de manière plus complexe que les garçons.

(Poupart, 2003)

Page 48: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

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il y a une relation positive et significative entre la structure identitaire de niveau

moyen ou élevé et l’intention de persévérer. Quant à la persévérance réelle,

plusieurs variables influencent la persévérance aux études et s’ajoutent au

diagnostic identitaire, tels : les variables sociodémographiques, personnelles, la

certitude du choix, le soutien familial et social, ainsi que d’autres variables ayant

une influence sur le choix du programme. Seul, le diagnostic identitaire ne permet

pas de prédire la persévérance scolaire. (Staiculescu, 2011)

les résultats fournis par l’expérimentation de Staiculescu ont aussi permis de

valider l’épreuve Groupements dans un contexte transculturel, quant à l’intention

de la persévérance scolaire. (Staiculescu, 2011)

En employabilité les essais nous montrent que le diagnostic de l’identité permet d’être

informé et de prévoir qu’habituellement :

les travailleurs jugés « performants » par leur milieu, présentaient à l’épreuve

Groupements un niveau de complexité élevé en lien avec les schèmes science et

créativité. (Michiels, 1992)

lors de demande de coaching pour les dirigeants, les difficultés que ceux-ci

voulaient travailler étaient directement en lien avec une ou plusieurs dimensions

de leur identité non construite. (Dagenais, 2003)

les travailleurs autonomes qui persistent dans leur mode de travail, montrent à

l’épreuve Groupements un profil identitaire réflexif. (Poulin, 2004)

les personnes présentant un diagnostic dépressif avait des résultats à l’épreuve

Groupements moins réflexifs qu’un groupe de personne non-dépressive.

(Bourgeau, 2003)

lors de situation d’épuisement professionnel, trois problématiques d’adaptation

ont été identifiées avec l’épreuve Groupements, soit le déséquilibre des

dimensions science et social, ainsi que la problématique de l’anxiété de

performance. (Bilodeau, 2007)

Page 49: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

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En lien avec d’autres outils psychométriques utilisés en orientation, les essais ont montré

que :

le MBTI ne permet pas de distinguer une identité en équilibre ou en déséquilibre

selon l’épreuve Groupements. Plus précisément il a été remarqué que les profils

présentant une identité en déséquilibre à l’épreuve Groupements avaient autant un

profil discriminé que peu discriminé au MBTI. (Bricault, 2001)

plus de la moitié des sujets présentant un profil Écologiste au GROP ont une

carence affective ou un manque de distance affective, identifiée par l’épreuve

Groupements. (Therrien, 2001)

Ces informations servent surtout à nous situer face au lien direct entre ce qui est vécu

dans les milieux d’études ou de travail et ce que les diagnostics obtenus grâce à l’épreuve

Groupements permettent de cibler. Cela peut aider les conseillers d’orientation à

identifier une problématique possible plus rapidement, à l’évaluer avec son élève (ou

client-e) et selon le besoin et la situation, à intervenir directement à la source des

difficultés afin d’amener un changement positif.

On pourrait se demander si les conseillers d’orientation qui utilisent l’épreuve

Groupements voient eux aussi ces avantages et s’ils les vivent dans leur pratique. Jusqu’à

ce jour, on a peu parlé de leur pratique au quotidien puisque les essais s’intéressaient

surtout à aller voir dans le monde réel, les prédictions du diagnostic. C’est ainsi que le

présent essai a pour but de répondre à la question suivant :

Quelles sont les pratiques efficientes de conseillers et de conseillères

d’orientation utilisant l’épreuve Groupements et l’approche

psychogénétique de l’identité dans un contexte d’orientation?

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2. Cadre conceptuel

Le cadre conceptuel qui suit est conçu en deux parties. La première partie présente une

conception des acquis scolaires et des pratiques de l’orientation scolaire et

professionnelle au Québec. La seconde partie présente de façon détaillée la théorie

associée à l’épreuve Groupements et à l’approche psychogénétique de l’identité. Puisque

ceux-ci sont présents dans les pratiques de l’orientation des conseillers d’orientation

depuis 30 ans déjà, un survol des moments clés, de sa conception à aujourd’hui, est

également présenté.

2.1 La pratique des conseillers et conseillères d’orientation

Avec tous les mouvements et problématiques qui se vivent actuellement sur le marché du

travail et en considération des prévisions concernant le vieillissement de la population, le

Québec d’aujourd’hui et de demain doit prendre soin de ses travailleurs et futurs

travailleurs. La pertinence sociale des conseillers d’orientation face aux défis en

éducation et en employabilité se constate et est justifiée, d’autant plus que leurs

expertises face à l’interrelation entre l’individu et son milieu. Au fil des années,

l’orientation s’est actualisée pour répondre de façon adéquate et actuelle aux besoins des

individus et du marché du travail. Cette science s’est renouvelée et a ses propres bases

théoriques au niveau du choix de carrière et du développement vocationnel. À ces

connaissances, s’ajoutent celles associées à la psychologie et aux différentes approches et

théories relatives à la compréhension de l’être humain, ce qui permet aux conseillers

d’orientation d’être des professionnels reconnus au niveau de la dynamique individu -

école - travail (OCCOQ, 2010a).

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2.1.1 L’orientation : une science?

Avant de présenter les acquis académiques des conseillers d’orientation, il semble

d’abord important de souligner que ces acquis sont reconnus au niveau scientifique.

Beaugrand (1982), dont les propos sont rapportés par Bujold et Gingras (2000), propose

cette définition de la science :

Le but fondamental de la science serait d’établir des théories ou de trouver

des explications générales de phénomènes globaux, plutôt que de chercher

à expliquer des phénomènes considérés isolément. (Bujold et Gingras,

2000, p.19)

Par ailleurs, pour être considérées utiles, les théories doivent se conformer à certains

critères (Bujold et Gingras, 2000). Ces caractéristiques permettent d’avoir un repère pour

évaluer les approches psychologiques et les théories vocationnelles enseignées aux

conseillers d’orientation. Selon Bujold et Gingras, les théories se doivent :

Être assez simple pour se révéler compréhensible;

Tenir compte des faits;

Être cohérente;

Être suffisamment précise pour se prêter à la vérification empirique ou expérimentale;

Permettre d’expliquer et de prédire un nombre assez grand de phénomènes;

Être utilisable;

Être étayée par la recherche. (Bujold et Gingras, 2000, p.22-23)

Par ailleurs, suite à leurs études universitaires, les conseillers d’orientation débutent leur

pratique professionnelle et c’est alors qu’ils sont font face aux réalités qu’ils ont étudiées.

C’est aussi à ce moment que certaines approches sont davantage priorisées que d’autres,

de par le lien qu’ils font face aux défis qu’ils vivent dans leur quotidien.

Page 52: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

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La suite de cet essai présente les connaissances de base des conseillers d’orientation,

acquises lors de leurs formations. Naturellement, celles-ci peuvent varier selon le lieu de

formation ou les choix personnels de l’étudiant, mais la présentation qui suit permet

d’identifier les bases théoriques les plus communes des conseillers d’orientation, servant

par la suite de fondement au développement de leur jugement professionnel.

2.1.2 Les bases théoriques au niveau des approches psychologiques

Les approches psychologiques qui sont étudiées en orientation sont en majorité issues des

principaux courants de la psychologie. Une approche psychologique est une façon de voir

une situation, un angle pour aborder un problème. Chaque professionnel ne voit pas la

nature humaine de la même façon et ainsi, chacun privilégie une ou plusieurs approches

pour intervenir auprès de sa clientèle lors des difficultés qu’ils rencontrent (Papalia,

Wenkos Olds, 1988). Les approches ou courants qui seront présentés sont ceux

représentant les courants existentiel ou humaniste, psychodynamique ou analytique,

systémique ou interactionnel, ainsi que cognitive et béhaviorale. Cette classification

permet d’identifier certaines théories ou théoriciens de façon précise, surtout ceux

associés aux débuts de ces courants. Cependant, pour les théories plus actuelles, il peut

être difficile de les catégoriser définitivement en lien avec l’une ou l’autre des approches

puisque plusieurs théoriciens ont eu des sources d’inspiration provenant d’approches

différentes et ont apporté leurs propres visions suite à leurs observations cliniques. La

présentation qui en sera faite peut donc différer selon d’autres auteurs ou chercheurs.

Page 53: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

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Les approches existentielles ou humanistes

Les approches existentielles ou humanistes conçoivent que la personne a du pouvoir sur

elle-même et qu’elle a la capacité de modifier ses difficultés et son existence. Le but des

interventions est donc de faciliter la connaissance et l’exploration de soi (Ordre des

psychologues du Québec (OPQ), 2013). L’approche humaniste est inspirée en grande

partie de Carl Roger. La relation de confiance entre le thérapeute et le client, basée sur le

respect, l’empathie et l’engagement émotionnel font partie, entre autres, de ce qui est

encore reconnu et étudié en psychologie et en orientation. L’histoire subjective que bâtit

la personne par rapport à elle-même, ses conflits, ou les liens qu’elle voit dans ses

relations sont traités en priorité. Par un entretien non directif qui permet à la personne

d’explorer certains aspects d’elle-même, la personne peut elle-même reconstruire sa

personnalité. Le conseiller devient une sorte de miroir pour son client (Guichard et

Huteau, 2006). La théorie d’Abraham Maslow, bien connue aussi en orientation pour sa

pyramide des besoins (physiologiques, de sécurité, d’appartenance, d’estime et

d’accomplissement) est aussi un exemple de théorie en lien avec le courant humaniste.

Selon Maslow les besoins des êtres humains s’atteignent lorsque le besoin inférieur est

comblé. Dans les années soixante-dix, les groupes de croissance personnelle sont de plus

en plus nombreux. Inspirés de l’approche humaniste, certains sont cependant critiqués et

qualifiés de thérapies narcissiques et de producteurs de gourous (Lebourgeois, 1999).

Quant aux approches existentielles, elles peuvent se représenter par les approches

développées par Rollo May ou Irving Yalom. Inspirées à la base par des théories

philosophiques, les approches existentielles portent surtout sur le sens accordé à la vie et

sur des concepts tels que l’anxiété existentielle, la liberté et l’authenticité. Tout comme

pour l’approche humaniste, les thérapeutes misent sur la relation authentique envers leur

client (Lecompte-Drouin, 2007).

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Les approches psychodynamique ou analytique

À l’inverse, l’approche psychodynamique ou analytique conçoit que la personne a moins

de pouvoir sur elle-même puisque la source de ses inconforts, ou problème vient de son

inconscient, de pulsions refoulées ou de conflits vécus dans l’enfance, qui sont non

résolus. Le psychologue, ou psychanalyste, rend donc conscient ces conflits et agit

ensuite sur ceux-ci dans le but d’éliminer les problématiques actuelles (OPQ 2013).

Sigmund Freud a fortement influencé ce courant. Il apporta une notion nouvelle quant à

tout ce qui touche l’inconscient. Freud définit l’identité sous la forme d’un iceberg où la

plus grande partie, qui est cachée, est l’inconscient. Sa définition de la structure de la

personnalité est bien connue. Brièvement, rappelons que selon Richard (1998) cette

structure est divisée en trois parties. Le « Ca » représente un état inconscient et individuel

via les pulsions et les désirs, le « Moi ou l’EGO » symbolise le contact avec la réalité et

la raison qui pour régulariser son monde intérieur, instaure des mécanismes de défense, et

que le « Surmoi » représente la conscience collective et la morale, venant principalement

de la famille immédiate et du milieu dans lequel a évolué l’enfant (Ibid.).

Freud est également reconnu pour les stades de développement de l’enfant qu’il a conçu

et pour les complexes qui peuvent s’y développer. Selon lui, une grande partie des

problématiques adultes viennent du Surmoi, ce qui met l’emphase en thérapie sur la

découverte de l’inconscient du client. Les méthodes les plus utilisées par Freud étaient au

niveau des associations libres que faisait le client, par l’expression de ce qu’il ressent, de

ses angoisses ainsi que de ses rêves (Richard, 1998). Les thérapies psychanalytiques

suggèrent de laisser le client parler librement, sans l’interrompre, de maintenir les

silences, ce qui permet au client de faire des associations libres et au psychanalyste,

d’avoir accès à la partie inconsciente de son client, à ce qui y est refoulé.

Dans la littérature sur la psychologie, Alfred Adler est souvent identifié comme un

dissident de Freud (Richard, 1998). La base de leur désaccord semble être concernant la

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proposition de Freud, voulant que les pulsions structurent l’identité de la personne. De

son côté Adler s’oppose à ces faits et propose plutôt que ce qui forme la personne est en

lien avec le sentiment de perte de pouvoir ressenti dans l’enfance. Ces sentiments peuvent

alors se transformer en sentiment d’infériorité. (C’est d’ailleurs Adler qui a inventé le

terme « complexe d’infériorité »). Dépendamment de la façon dont ce complexe est

résolu ou non dans l’enfance, cela peut définir les manifestations possibles ensuite chez

l’adulte. Ainsi la psychologie individuelle d’Adler s’applique à connaitre comment la

personne compense positivement ou négativement ses faiblesses ou son sentiment

d’infériorité. Par exemple, un enfant ayant été malade toute son enfance peut décider par

la suite d’étudier en médecine, ou une personne de petite taille peut développer une

agressivité et rechercher le pouvoir (Richard, 1998).

Un autre dissident de Freud est Carl Jung. Son implication dans la psychologie analytique

est reconnue au niveau de certains concepts, mais aussi au niveau de la psychométrie. Il

s’est intéressé aux références que les gens faisaient face à la religion, ou envers les

mythes des contes de fées, pour expliquer divers phénomènes naturels. Cela l’a amené à

développer les concepts d’archétypes (symbole, représentation mentale liée à

l’inconscient collectif), d’anima (féminin) et d’animus (masculin), qui font référence au

côté inconscient de Freud. Tandis que Freud proposait que l’inconscient est individuel et

unique à chaque personne, Jung, lui, divisait l’inconscient en deux, avec une part

individuelle et une autre collective (Richard, 1998). Ses recherches l’ont aussi amené vers

l’élaboration de types de personnalité. Ces résultats sont aussi les bases théoriques qui ont

servi, en 1962, à Isabel Briggs Myers et Katherine Cook Briggs pour l’élaboration du

Myers Briggs Type Indicator (MBTI) qui définit les tendances au niveau du tempérament

(Guichard et Huteau, 2006).

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Les approches systémiques ou interactionnelles

Dans les approches systémiques ou interactionnelles, l’accent est mis sur les interactions

avec l’autre et sur les effets que cela peut avoir sur la personne. L’environnement social

et les liens que la personne entretient avec ses proches sont donc la source de cette

approche. La résolution des difficultés se fait via la compréhension des effets positifs ou

négatifs de son comportement sur l’autre et ensuite par la modification des

comportements de chacun. Cette approche est souvent utilisée en groupe ou en thérapie

familiale (OPQ, 2013). L’école de Palo Alto, via la thérapie brève qui y est proposée, fait

partie de cette approche systémique. Très utilisée également pour les groupes, cette

approche semble aussi être reconnue pour aider à diminuer le stress, ainsi que pour les

phobies et les troubles obsessifs-compulsifs. Un théoricien reconnu en lien avec l’école

de Palo Alto est Paul Watzlawick (Delroeux, 2008). Tout d’abord analyste « jungien »,

Watzlawick s’intéresse ensuite plus particulièrement à la communication, au langage, à la

logique ainsi qu’au côté intuitif de la communication. Évoluant professionnellement

auprès de Bateson et Erikson, il remarqua que leurs réussites en thérapie provenaient de

faits difficiles à expliquer, tel un rire du patient (Delroeux, 2008). Il présenta cinq

axiomes du langage (Watzlawick, 1979). Le première est qu’il est impossible de ne pas

communiquer, le deuxième indique qu’il y a deux niveaux dans la communication, soit le

contenu et la relation, le troisième est que la nature de la communication dépend de la

séquence de communication, le quatrième mentionne qu’il y a deux modes de langage,

soir l’analogique et le digital et enfin, le dernier axiome du langage selon Watzlawick

(1979) mentionne que les échanges de communication sont systémiques ou

complémentaires (Ibid.).

Watzlawick s’intéresse également au moment présent dans la thérapie, recherchant à

modifier la situation actuelle qui affecte le patient sans nécessairement l’aider à revenir

aux sources, ou à faire comprendre aux patients l’origine de ses difficultés. Ce type de

thérapie consiste à recadrer la situation et non, comme les approches behavioristes à

récompenser ou punir un comportement (Delroeux, 2008).

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Les approches behaviorale et cognitive

En ce qui a trait aux approches behaviorales, les difficultés sont associées à un

apprentissage inadéquat qu’a fait la personne lors d’interactions avec son environnement.

De façon synthétisée, disons que le psychologue ou thérapeute doit alors faire adopter de

nouvelles pensées ou de nouveaux comportements à la personne pour résoudre ses

problèmes (OPQ, 2013). Ivan Pavlov (connu pour son exemple du chien qui salive suite

au son d’une cloche) et Frédéric Skinner qui a développé le concept du conditionnement

opérant (avec « La boite à Skinner » il démontrait qu’un rat avait appris à se nourrir via

un bouton poussoir) sont des pionniers dans cette approche (Papalia, Wenkos Olds,

1988). Selon Guichard et Huteau (2006), la théorie sociale cognitive du psychologue

canadien Albert Bandura, découle de l’amalgame des théories behaviorales et cognitives

qui font partie du courant nommé néo-behaviorale. Plus récente que Pavlov et Skinner, sa

théorie de l’apprentissage social, élaborée en 1977, propose, en résumé, que

l’apprentissage se fait socialement, par imitation ou par observation. Trois facteurs sont

importants pour Bandura et s’interinfluencent, il s’agit de la personne, du comportement

et de l’environnement. Ce psychologue s’est aussi fait reconnaître via son concept de

sentiment d’auto-efficacité, préconisant que pour réussir, un individu devait

préalablement avoir confiance en ses capacités (Guichard et Huteau, 2006).

De son côté, l’approche cognitive propose que les difficultés soient causées par le

traitement inapproprié de l’information que la personne fait d’une situation. Ainsi,

l’approche cognitive se réfère aux processus mentaux, aux façons qu’utilisent les

individus pour percevoir leur environnement et pour résoudre leurs difficultés (OPQ,

2013). Cette approche fut beaucoup étudiée et plusieurs chercheurs lui ont donné un

angle particulier, ce qui fait qu’on pourrait la subdiviser en plusieurs branches. En

premier lieu, mentionnons une théorie fortement connue et qui est aussi une source pour

les autres branches de ce qui touche le cognitivisme : la théorie du développement

cognitif de Jean Piaget, théorie aussi appelée constructiviste par certains auteurs. On doit

à Piaget, entre autres, les stades de développement de l’intelligence, qui sont une

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58

référence, surtout dans le développement de l’enfant. Pour comprendre comment une

personne apprend, Piaget a étudié les enfants et a défini les processus mentaux. Il a

proposé que l’apprentissage cognitif se construise d’une façon séquentielle, hiérarchique

et en contact avec l’environnement. L’action mentale de recevoir et organiser les

informations venant de l’extérieur a été nommée « schème ». Piaget a ensuite proposé

deux processus, soit l’assimilation (les nouvelles informations sont interprétées et

incorporées selon les schèmes déjà en place) et l’accommodement (les nouvelles

informations viennent changer et modifier les schèmes) qui définissent la construction

des apprentissages (Piaget, 1964).

Cela fait le lien avec une autre branche de la psychologie cognitive qui est associée au

traitement de l’information. Rouzier et Hermann (1992) soulignent : « En psychologie

cognitive, on traite les évènements psychologiques en termes de transformations de

l’information de l’unité d’entrée à l’unité de sortie » (p.17). Le cerveau semble alors

étudié comme un ordinateur et l’on propose de comparer les caractéristiques de la

mémoire humaine et de la mémoire de l’ordinateur : comment est reçue l’information, où

elle va et comment elle est repérée au moment voulu (Idib.). Cela peut aussi faire

référence à la mémoire, à la possibilité de garder l’information et d’y avoir accès au

moment voulu, au nombre de données qu’une personne peut retenir. C’est aussi en lien

avec cette approche que les différentes parties et fonctions du cerveau sont étudiées. Au

niveau de la mémoire à court terme, le chiffre magique 7 (+ ou – 2) indiquerait, selon les

recherches de George Miller, le nombre d’informations qu’une personne peut retenir,

devenant aussi une limite de charge informative (Rouzier, Hermann, 1992).

Toujours en lien avec l’approche cognitive, les thérapies cognitivo-comportementales

(TCC) ont aussi vus le jour suite aux recherches de plusieurs théoriciens, en partie dans le

but d’aider les gens à surmonter des problèmes de santé mentale dont l’anxiété. Selon

Cottraux (2007), les TCC ont connus trois vagues; comportementale, cognitive et

émotionnelle. La première vague s’associe à l’approche behaviorale, vue plus tôt, avec en

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tête le modèle de Skinner. La deuxième vague, dite cognitive, inclut entre autres la

thérapie rationnelle émotive d’Albert Ellis, conçue en 1962 et connue entre autres pour

ces dix croyances irrationnelles (Cottraux, 2007). Un système de traitement de

restructuration cognitive proposait de suivre des étapes pré-établies, qui menaient vers

l’acceptation inconditionnelle de soi. Ces étapes étaient de réactiver une croyance

irrationnelle, de la déterminer, d’analyser les conséquences comportementales et

cognitives chez la personne et de corriger ces croyances (Ibid.). Dans cette même vague

est présente la thérapie de la dépression, mise en œuvre en 1963 par Aaron Beck, incluant les douze distorsions cognitives qu’il a élaborées. Beck proposait de repérer les

émotions négatives ressenties par l’individu et de les relier aux pensées automatiques

qu’avaient la personne. Suite à l’identification des pensées automatiques (ou des

distorsions), il est proposé de modifier ces pensées en faisant l’effort de les analyser et de

proposer une rectification où elles deviennent davantage rationnelles que spontanées

(Cournoyer, 2010). Enfin, la troisième vague des TCC, la vague émotionnelle, est

représentée entre autres par Jeffrey Young qui a élaboré la thérapie des schémas dont le

but est d’aider les patients présentant des troubles de la personnalité (Cottraux, 2007).

Young présente dix-huit schémas précoces inadaptés, qui sont reliés à cinq domaines de

besoins affectifs non comblés. Les schémas représentent la mémoire d’émotions ou de

cognitions négatives vécues ou ressenties dans l’enfance ou l’adolescence. Dans la vie

adulte lorsque ces schémas sont réactivés par certains évènements, la personne aura

tendance à réagir de façon dysfonctionnelle. Cette thérapie propose de mettre à jour ces

émotions et de les modifier en favorisant des modes d’adaptation plus sains et équilibrés

(Cottraux, 2007).

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60

2.1.3 Les bases théoriques au niveau vocationnel

Les approches et théoriciens que l’on vient d’aborder sont étudiés en orientation, ainsi

que plusieurs autres, afin de connaitre les différentes façons d’expliquer l’humain. Par

ailleurs, l’orientation a ses propres bases théoriques au niveau du choix de carrière et du

développement vocationnel. Trois grands thèmes seront priorisés afin de présenter les

bases théoriques de l’orientation : le développement vocationnel et le counseling, le

traitement de l’information en lien avec la prise de décision, ainsi que l’évaluation via les

outils psychométriques. Ne pouvant élaborer sur chacune des théories dans le cadre de cet

essai, ce résumé se veut d’être précis, mais ne représente pas la globalité et la complexité

de chacun des concepts, ni l’analyse de leurs points forts, ou des critiques leur étant

associées. De même, en regard de l’ampleur des connaissances théoriques qu’acquièrent

les conseillers d’orientation, la présentation qui suit découlera principalement de deux

ouvrages de référence reconnus dans le secteur, soit : Choix professionnel et

développement de carrière : théories et recherches (2e édition), de Charles Bujold et

Marcelle Gingras (2000) et Psychologie de l’orientation, de Jean Guichard et Michel

Huteau (2006). Quant aux informations découlant de la pratique professionnelle des

conseillers d’orientation, les sources majeures de référence sont les publications de

l’Ordre des conseillers et conseillères d’orientation du Québec.

Le développement vocationnel

Selon Guichard et Huteau (2006), il semble qu’un des premiers acteurs importants au

niveau de l’orientation soit Alfred Binet, psychologue français. Il définissait l’orientation

comme une pratique utilisée pour combler les besoins de la société « […] où chacun

travaillerait selon ses aptitudes reconnues de manière à ce qu’aucune parcelle de force

physique ne fût perdue pour la société » (Binet, 1908, cité par Guichard et Huteau, 2006,

p.5).

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Presque au même moment, en 1909 aux États-Unis, Frank Parsons développe sa vision de

l’orientation, qui porte davantage son attention à l’individu et à son enthousiasme face à

son emploi. Il cite même que le choix d’un emploi est aussi important que le choix d’un

mari ou d’une épouse. La définition qu’il fait de l’orientation peut paraître très actuelle,

bien qu’elle date de plus de cent ans.

In the wise choise of a vocation there are three broad factors :

(1) a clear understanding of yourself, your aptitudes, abilities, interests,

ambitions, resources, limitations and their causes;

(2) a knowledge of the requirements and conditions of success, advantages

and disadvantages, conpensation, opportunities, and prospects in differnt

lines of work :

(3) true reasoning on the relations of these two groups of facts (Parsons,

1909, p.5).

Comme on le voit, la thématique de la connaissance de soi, au-delà des aptitudes, prend

ainsi sa place en orientation et dans l’évaluation de l’adéquation individu-emploi.

Cinquante ans plus tard, Elie Ginzberg et ses collaborateurs ont proposé une des

premières approches développementales du choix professionnel (Guichard et Huteau,

2006). Conçue en trois périodes, cette échelle développementale présente aussi plusieurs

stades associés à des âges portant d’« avant 11 ans » à « après 17 ans ». Cette approche

est surtout connue pour sa troisième période débutant à l’âge de 17 ans, où les stades

d’exploration, cristallisation et spécification représentent les comportements

d’exploration, d’analyse, d’évaluation et d’engagement chez les jeunes dans leurs

démarches d’orientation (Ibid.).

Presque en même temps, en 1953, Donald E. Super proposa lui aussi sa théorie, qui

rejoint une clientèle plus âgée que celle de Ginzberg. La théorie de Super présente

Page 62: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

62

quatorze propositions quant à l’orientation, regroupées sous quatre concepts qu’il a

étudiés et développés (Bujold et Gingras, 2000). Le premier concept est en lien avec la

psychologie différentielle, où les caractéristiques des gens sont considérées de façon

individuelle. Le deuxième concept se rapporte à la psychologie développementale. Super

présente en effet, des stades de développement (croissance, exploration, établissement,

maintien et désengagement), ainsi que les tâches y étant reliées, ce qui permet de mesurer

la maturité vocationnelle de l’individu. Le troisième concept présente les facteurs

sociaux, qui sont les éléments susceptibles d’influencer l’individu dans son choix

vocationnel ou dans son maintien. Il s’agit, entre autres, des parents et du contexte socio-

économique dans lequel évolue l’individu. Enfin, Super a également présenté ses

propositions quant au concept de soi qu’il définit de deux façons : le concept de soi et les

concepts de soi. Selon Super, le soi se défini comme : « […] ce que la personne est »

alors que les concepts de soi sont représentés sous forme d’une : « […] constellation, plus

ou moins organisée, de tous les concepts de soi » (Super, 1963, cité par Bujold et

Gingras, 2000, p.111).

La théorie de Super a eu un apport considérable en orientation, de même que le « Career

Patten Study » qui est une étude débutée en 1951 avec des collaborateurs. Cette recherche

a été menée pendant près de 22 ans auprès de plus d’une centaine de garçons ayant au

départ 14 ans et a servi, entre autres, à évaluer leur maturité vocationnelle, ainsi qu’à

élaborer plusieurs théories et outils par Super et par d’autres collaborateurs (Bujold et

Gingras, 2000, Guichard et Huteau, 2006). Pour résumer sa théorie, Super a conçu une

présentation visuelle de sa théorie qu’il a nommée : l’Arc-en-ciel de la carrière.

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63

Figure 2 : L’Arc-en-ciel de la carrière

Source : Bujold, C. et M. Gingras. (2000). Choix professionnel et développement de carrière : théories et

recherches (2e édition). Boucherville : Gaetan Morin Éditeur ltée.

Dans ces mêmes années, John Holland conçut sa typologie qui fut également un apport

important dans le monde de l’orientation (Bujold et Gingras, 2000). La première version

de sa théorie fut présentée en 1959 et connue nombres de changements et améliorations

jusque dans les années quatre-vingt-dix. Son hexagone représentant six types de

personnalité est encore une image de base en orientation. La théorie de Holland propose

que la majorité des individus s’identifie à un (ou plusieurs) type de personnalité (réaliste,

investigateur, artistique, social, entreprenant et conventionnel) selon un ensemble de

traits, d’intérêts, d’aptitudes et de valeurs les caractérisant. En plus d’avoir déterminé ces

types de personnalité et conçu un questionnaire pour les identifier, Holland présente aussi

six types d’environnements professionnels leur correspondant. Ainsi la définition du (ou

Page 64: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

64

des) type (s) de personnalité de l’individu permet de prédire l’environnement de travail y

correspondant. Afin de peaufiner cette équation, Holland élabora quatre concepts, soit la

cohérence, la différenciation, l’identité et la congruence. De façon synthétisée, le concept

de cohérence correspond au lien existant entre les types de personnalité présents chez la

personne. À cet effet, l’hexagone représentant les six types de personnalité dans l’ordre

proposé (tels qu’énuméré ci-haut) présente une image claire des types s’opposant et se

ressemblant. La différenciation correspond au degré de précision selon lequel une

personne ou un environnement sont définis. On analyse, par exemple, s’il y a un type

dominant ou si tous les types sont égaux, ce qui présente dans ce dernier cas, un profil

indifférencié. Pour ce qui a trait au concept d’identité, il représente l’image stable qu’une

personne a d’elle-même. Lorsque la personne se sent mature et confiante en elle, les

résultats sont eux aussi stables et représentent effectivement ce que la personne pense

d’elle-même. Quant à la congruence, concept le plus important selon Holland, il

représente la ressemblance entre les types de personnalités et l’environnement où la

personne travaille. Œuvrant dans un milieu identique à son profil, la personne y trouvera

davantage de satisfaction (Ibid.).

Comme toute science, ces théories venant d’être décrites ont évolué soit via leur auteur,

soit par d’autres personnes qui en ont été inspirées. Certaines parmi elles poursuivent ce

que proposait Ginzberg en 1951, ou Super, en 1959, avec des phases développementales

identifiant les étapes du processus d’orientation. Se basant sur ces phases, des actions ont

été mises en place dans les écoles pour aider les jeunes à faire leur choix de carrière et

d’études. Par exemple l’Activation du développement vocationnel et personnel (ADVP)

de Pelletier, Bujold et Noiseux, propose aussi une séquence avec des tâches

développementales y étant associées (Bujold et Gingras, 2000; Guichard et Huteau,

2006). Une phase, soit celle de la réalisation a été ajoutée à la fin du processus, identifiant

le passage concret à l’action. Pour les quatre phases, ce modèle propose des tâches en lien

avec un développement cognitif ciblé. Des âges, allant de 11 à 16 ans, sont associés à

chacune des phases, permettant d’évaluer la maturité vocationnelle de l’élève. Comme

l’âge correspond à l’étape scolaire du secondaire, le modèle de l’ADVP a été

Page 65: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

65

fréquemment utilisé dans le réseau scolaire, pour les cours d’éducation au choix de

carrière (Bujold et Gingras, 2000; Guichard et Huteau, 2006).

Pour terminer cette section portant sur les approches en développement de carrière, il est

important de présenter d’autres théories, qui se sont attardées à dégager l’orientation

professionnelle d’un processus qui se fait en étape. Ainsi, d’autres façons de

« construire » une carrière ont été proposées, par exemple la Théorie de la construction de

carrière de Mark Savickas. Cette théorie s’intéresse particulièrement au sens que donne la

personne aux évènements qu’elle a vécus (Guichard et Huteau, 2006). La réalité ou les

faits concernant le marché du travail ou concernant l’image que la personne a d’elle-

même sont dits subjectifs, ainsi l’objectif est de découvrir la représentation que la

personne en fait pour ensuite l’aider à s’orienter. Savickas a élaboré le concept de

« Thème de vie » qui est une façon de recueillir de l’information sur les constructions

personnelles que la personne a bâties au fil du temps et sur le sens qu’elle leur

donne. Une attention est également portée vers les façons dont la personne a solutionner

des problématiques dans son passé et Savickas croit que cela pourrait, par le fait même,

indiquer ses intérêts (par exemple, la personne qui a été malade qui se dirige ensuite vers

une carrière en médecine). Les intérêts ne sont pas vus comme des traits et ne peuvent

être définis seulement par la passation d’un test. C’est le récit sur les thèmes de vie qui,

selon Savickas, les mettra en lumière (Guichard et Huteau, 2006). Le concept de

l’adaptabilité a aussi une place importante dans cette théorie. Après avoir saisi les thèmes

de vie, il faut ensuite savoir comment la personne peut s’adapter au marché du travail et

par le fait même s’orienter. Savickas définit l’adaptabilité comme :

[...] la capacité d’un individu à mobiliser les ressources nécessaires pour

faire face à des tâches d’orientation qui se présentent à lui, à des transitions

professionnelles et à des traumatismes personnels. (Savickas, 2005, cité

par Guichard-Huteau, 2006, p. 222)

Page 66: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

66

Ainsi le modèle de la construction de la carrière de Savickas, par les informations

obtenues, tentera de dégager des thèmes importants pour l’avenir de la personne dans une

carrière. Ces informations ne détermineront pas de façon directe une profession ou un

secteur d’activité, mais plutôt une façon d’être de la personne.

Le traitement de l’information et la prise de décision

Le traitement de l’information a déjà été présenté plus haut en lien avec le courant

cognitif. Il s’agissait à ce moment de comprendre comment une personne donne un sens

aux informations qu’elle reçoit. Par ailleurs, le traitement de l’information peut aussi faire

référence à la prise de décision, puisqu’en orientation, les élèves ou les clients se

retrouvent inévitablement devant un choix. Les procédures de prises de décisions sont

donc étudiées par les conseillers d’orientation. La théorie de la prise de décision de

Krumbolz et Mitchell inspirée de la Théorie de l’apprentissage social de Bandura (Bujold

et Gingras, 2000) propose d’utiliser des expériences d’apprentissage, telles que des stages

d’observations, des visites guidées ou du bénévolat, pour aider la personne à déterminer

ses préférences et à prendre des décisions (Bujold et Gingras, 2000). Cependant, les

expériences d’apprentissage ne sont pas les seuls éléments à considérer. Krumbolz et

Mitchell suggèrent également de porter attention aux facteurs génétiques et aux aptitudes

spéciales, comme les talents naturels, les facteurs environnementaux et les compétences

relatives aux tâches (Ibid.). Krumbolz a aussi conçu, avec Hamel un modèle de prise de

décision pour l’orientation portant le nom et l’acronyme DECIDES (Guichard et Huteau,

2006). Chacune des lettres définit les étapes de la prise de décision, soit : Définir le

problème, Établir un plan d’action, Clarifier ses valeurs, Identifier les solutions

envisageables, Découvrir les conséquences probables, Éliminer de manière systématique

les solutions les moins satisfaisantes, et Se lancer dans l’action.

D’autres auteurs ont élaboré une approche cognitive du traitement de l’information, dont

Peterson, Sampson, Reardon et Lenz. Dans les années quatre-vingt-dix, ces auteurs ont

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67

élaboré un modèle de prise de décision et de résolution de problème en orientation qu’ils

ont nommé CASVE (Bujold et Gingras, 2000; Guichard et Huteau, 2006). Tout comme

pour le modèle de Krumbolz et Hamel, ce nom est un acronyme et chacune des lettres fait

référence à des habiletés et des étapes du traitement de l’information ou de la résolution

de problème : Communication, Analyse, Synthèse, Évaluation (Valuing) et Exécution.

Peterson et ses collaborateurs proposent également un modèle pyramidal des principaux

éléments lors d’un choix vocationnel. À la base, il y a les besoins concernant la

connaissance de soi et la connaissance des professions et des programmes de formation.

Viennent ensuite les connaissances issues du CASVE telles que mentionnées plus tôt et le

dernier élément est celui des métacognitions, faisant référence aux fonctions cognitives

qui commandent et harmonisent le traitement de l’information.

Figure 3

Modèle pyramidal des principaux éléments d’un choix vocationnel

Adapté de : Peterson, G.W., Sampson, J.P., Reardon, R.C. et Lenz, J.G. (1996). A cognitive information

processing approach to career problem solving and decision making. Dans D. Brown, L. Brooks and

Associates, Career choice and development (3e éd. p. 423-475). San Francisco: Jossey-Bass.

Méta-

cognition

Habilité de prise de

décision CASVE

Connaissance des

professions et des

programmes de

formation

Connaissance

de soi

Page 68: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

68

Ces deux modèles de prise de décision en orientation présentent des étapes à suivre lors

de décision ou d’indécision vocationnelle. Cela peut avoir un rôle éducatif sur les

séquences habituelles à suivre lors d’une analyse en lien avec un choix scolaire et

professionnel (Bujold et Gingras, 2000).

L’évaluation et les outils psychométriques

Dans leur pratique, les conseillers d’orientation évaluent les personnes à divers niveaux.

Selon le Guide de l’évaluation de l’OCCOQ (2010a), trois dimensions sont évaluées par

ces professionnels, soit le fonctionnement psychologique, les ressources personnelles et

les conditions du milieu.

Page 69: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

69

Tableau 3 : Les dimensions à évaluer en orientation

Fonctionnement

psychologique

Ressources personnelles Conditions du milieu

Tempérament

Intérêts et valeurs

Croyances

Personnalité

Besoins fondamentaux

Sensibilité

Estime et confiance

en soi

Stratégies d’adaptation

Connaissance de soi

Expériences de vie, professionnelle et

scolaire

Connaissances

Aptitudes, habiletés,

capacités

Compétences génériques,

humaines et

techniques

Acquis formels et informels

Contacts et réseaux

sociaux

Soutien social

Santé physique et mentale

Famille, groupes de

pairs, collègues de

travail et d’études,

supérieurs,

enseignants :

Valeurs, normes, dynamique

relationnelle,

influences diverses

Possibilités d’emploi et de

formation

Motivation

Lieu de contrôle

Affirmation et

expression de soi

Projets et aspirations

Initiative, autonomie et

responsabilité

Rigueur et discipline, etc.

Sexe, âge, apparence, situation

de handicap

Diplôme et spécialisation

Qualification et

certification

Langues parlées

Permis de conduire, transport

Revenu et actifs financiers

Connaissance du

marché du travail

Connaissance en technologies des

communications et

de l’information,

etc.

Contexte socioculturel,

institutionnel et

organisationnel

Conditions économiques

Politiques sociales,

éducatives et du

travail

Autres lois et

réglementations du

travail, etc.

Source : OCCOQ, 2010a

Page 70: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

70

Cette recherche d’informations est présente à tous les moments du processus

d’orientation. Le but d’évaluer ainsi toutes ces dimensions est de recueillir, décoder et

analyser les informations transmises par la personne, pour ensuite lui communiquer, de

façon appropriée, sa vision (son jugement clinique) concernant sa situation et faire le lien

avec le besoin qu’elle a exprimé. Ceci permet également d’être en mesure de détecter des

signaux au niveau de la santé mentale et plus précisément de distinguer s’il y a présence

de pathologie (OCCOQ, 2010a).

À cette étape, l’utilisation de tests psychométriques est une pratique courante dans une

démarche d’orientation. Bien choisis, ces outils permettent d’approfondir la

compréhension de la situation de la personne et d’avoir davantage d’objectivité. Selon

l’OCCOQ (2010a), trois facteurs sont importants dans le choix d’utilisation d’outils ou de

tests psychométriques, soit :

Page 71: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

71

Tableau 4 : Éléments déterminants dans le choix d’outils ou tests psychométriques

Le choix de l’outil

Le contexte

L’interprétation

Reconnaissance des dimensions à

évaluer par rapport au motif de

consultation.

Adéquation de la structure et du

contenu de l’outil par rapport

aux conditions personnelles de la

personne : type de questions ou

d’énoncé, complexité du langage,

complexité cognitive, etc.

Résultats observés concernant la

normalisation, la validité et la fi

délité de l’outil.

Connaissance du sens conféré au

concept mesuré par l’auteur de

l’outil.

Compréhension de la personne

quant à l’usage des données

recueillies : consentement éclairé.

Conditions environnementales de

passation : individuelle ou en

groupe, espace et temps

disponibles.

Conditions psychologiques et

physiques de la personne :

méfiance, fatigue, anxiété,

craintes, accoutumance à la

passation de l’outil, médication,

limitation physique, ou toute

autre dimension cognitive,

affective ou comportementale

pouvant interférer avec cet

exercice. Cela vaut également

pour le conseiller ou la

conseillère d’orientation (ex. :

préoccupations personnelles

l’empêchant d’être suffisamment

disponible pour les personnes,

effet de halo).

Compétence et aisance à

communiquer les résultats de

mesures psychométriques aux

personnes concernées afin

qu’elles puissent en retirer une

information claire, utile et

constructive par rapport à elles-

mêmes.

Source : OCCOQ, 2010a

Page 72: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

72

L’enquête sur les pratiques d’évaluation psychométrique a présenté les dimensions les

plus évaluées par les conseillers d’orientation, ainsi que les tests utilisés dans chacune des

dimensions (Le Corff, Y., Yergeau, É., Savard, R., 2011).

La dimension la plus évaluée est celle des intérêts; 94 % des conseillers

d’orientation utilisent souvent des tests pour mesurer les intérêts professionnels de

leurs clients. Les outils les plus utilisés sont en ordre décroissant : le GROP,

l’inventaire des intérêts professionnels Strong, l’Orientation professionnelle par

soi-même (OPSM) et l’Inventaire visuel d’intérêts professionnels (IVIP).

La deuxième dimension la plus évaluée, par 50 % des conseillers d’orientation,

est la personnalité. Le MBTI, le NEO-PI-R, l’Inventaire de personnalité de

Jackson et le 16 PF sont les outils les plus utilisés pour évaluer cette dimension.

L’évaluation des aptitudes est la troisième dimension la plus évaluée, par 35 %

des conseillers d’orientation avec, prioritairement la Batterie générale des tests

d’aptitudes (BGTA) comme outil psychométrique.

La dernière dimension la plus évaluée, par 24 % des conseillers d’orientation, est

l’intelligence et la Matrice de Raven est le test le plus utilisé pour mesurer cette

dimension.

L’adoption du projet de loi 21, en juin 2009, a réservé certaines activités à divers

professionnels, dont les conseillers d’orientation. Trois de ces quatre activités sont en lien

direct avec l’évaluation. Il s’agit :

D’évaluer une personne atteinte d’un trouble mental ou neuropsychologique

attesté par un diagnostic ou par une évaluation effectuée par un professionnel

habilité;

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73

D’évaluer un retard mental;

D’évaluer un élève handicapé ou en difficulté d’adaptation dans le cadre de la

détermination d’un plan d’intervention en application de la Loi sur l’instruction

publique (LIP). (OCCOQ, site internet)

En 2010, au moment de l’enquête auprès des conseillers d’orientation, peu d’entre eux

utilisaient des outils psychométriques en lien avec ces activités. Ainsi, parmi les

conseillers d’orientation rejoints seulement 3 % avaient évalué une personne atteinte d’un

trouble mental ou neurologique, 2 % avaient évalué un ou des problèmes de santé

mentale, 2 % avaient évalué le retard mental et seulement 1 % avaient évalué un élève

avec un handicap ou en difficulté d’adaptation (Le Corff, Yergeau, et Savard, 2011).

Puisque ces informations datent déjà de trois ans, que le projet de loi 21 a été adopté et

compte tenu des problématiques soulevées en éducation et en employabilité concernant la

santé mentale, il serait probable qu’aujourd’hui ces chiffres aient augmenté. D’ailleurs,

l’OCCOQ (2012) mentionne également que certains outils pour évaluer des problèmes

liés à la santé mentale sont utilisés par 9 % des conseillers d’orientation. En ordre

décroissant, ces outils sont : l’Inventaire de dépression de Beck, le Minnesota

Multiphasic Personality Inventorie (MMPI), l’Inventaire d’anxiété de Beck, ainsi que

l’Échelle d’évaluation de Connors.

Le counseling et la psychothérapie : pour se démêler

Dans la pratique des conseillers d’orientation, les tests psychométriques et les supports

théoriques au niveau du développement de carrière ou du traitement de l’information ne

sont pas des « recettes » appliquées avec tous les clients. C’est plutôt un étendu de savoir,

Page 74: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

74

voulant former le jugement critique de chaque professionnel. C’est par et dans la pratique

que les conseillers d’orientation appliquent ces savoirs, qui deviennent ainsi un « savoir-

faire ». Comme les processus d’orientation se font via des rencontres avec la personne

(ou avec un groupe), la qualité de relation entre celle-ci et le conseiller d’orientation est

indispensable. Le counseling a donc une place importante dans les études des futurs

conseillers d’orientation et par la suite, dans leur pratique. La définition du counseling,

selon l’Association canadienne de counseling et de psychothérapie (ACCP), est :

Le counseling est un processus relationnel se basant sur un usage éthique

de compétences professionnelles spécifiques afin de faciliter le

changement humain. Le counseling aborde le bien-être, les relations

interpersonnelles, la croissance personnelle, le développement de carrière,

la santé mentale, ainsi que la maladie et la détresse psychologiques. Le

processus de counseling se caractérise par l’application de principes

cognitifs, affectifs, expressifs, somatiques, spirituels, développementaux,

comportementaux, d’apprentissage et systématiques reconnus. (ACCP, site

internet)

Selon l’approche privilégiée par le conseiller d’orientation, le counseling se fera plus ou

moins différemment. Même si le but est sensiblement le même, la façon de faire de

chaque conseiller d’orientation apportera une teinte différente. Guichard et Huteau

(2006), décrivent bien ces distinctions. Ces auteurs ont étudié l’entretien de conseil et

proposent trois façons de les différencier. La première est en lien avec l’approche

humaniste et « La thérapie centrée sur le client » de Carl Rogers. Elle est caractérisée par

l’empathie, la non-directivité et veut laisser la personne qui consulte découvrir certains

aspects d’elle-même. Cette découverte, aidée par le conseiller d’orientation qui est vu

comme un miroir, permet à la personne de réorganiser sa personnalité pour être ensuite

capable de s’orienter et faire des choix professionnels. La seconde façon de vivre le

counseling, toujours selon Guichard et Huteau (2006), est centrée sur l’accumulation de

données et la transmission de son jugement clinique. Il s’agit pour les conseillers

d’orientation d’obtenir des informations précises sur la personne, afin de faire ensuite le

lien avec les métiers et le marché du travail. Les compétences et intérêts sont au cœur des

recherches et l’entretien est plutôt directif. On peut voir aussi un lien avec l’information

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scolaire et professionnelle, où le côté éducatif est à la base des rencontres d’orientation.

En troisième lieu, la dernière façon de vivre le counseling a pour but d’aider la personne

qui consulte à se développer et à vivre adéquatement les changements qu’elle traverse. La

perception que la personne a d’elle-même est aussi importante que ce qui est reconnu

comme la « réalité ». La construction de soi est priorisée à la connaissance de soi

(Guichard et Huteau, 2006). Cela peut s’apparenter à ce qui est nommé « intervention sur

l’identité » dans la définition du rôle des conseillers d’orientation de l’OCCOQ.

Le counseling, au-delà des techniques utilisées, représente la relation interpersonnelle qui

s’établit entre le conseiller d’orientation et son client. Selon Guédon et Savard (2000), la

qualité de cette relation revêt une importance capitale : « Le support et la collaboration

comptent pour 48 % dans la variance des résultats quant à l’efficacité en relation d’aide,

et ce, du point de vue du client » (p. 72). Dans ce même sens, Bégin (1998) mentionne

qu’en intervention, les techniques utilisées sont neutres et qu’en ce qui concerne

l’efficacité de l’intervention dans le but de créer un changement chez le client. Il

mentionne que cela revient davantage aux thérapeutes et au lien significatif qu’il crée

avec son client.

Enfin, l’alliance de travail dans une approche psychanalytique se définit comme étant la

fusion de trois aspects, soit un lien de nature affective entre les participants, un accord et

une collaboration à propos des objectifs poursuivis dans les sessions et un accord sur les

tâches à effectuer (Guichard et Huteau, 2006). Les théoriciens Gysbers, Heppner et

Johnston (1998) se sont penchés sur le concept de l’alliance de travail et ils priorisent

l’établissement d’une bonne relation dès le début d’une démarche de conseil en carrière.

Il semble bien qu’une sorte de lien soit nécessaire entre le consultant et le

conseiller, un attachement qui comprend le souci de l’autre (caring) et la

confiance, car on observe que, sans un tel lien, les efforts destinés à

atteindre les objectifs sont compromis. (Gysbers, Heppner et Johnston

(1998) p.125)

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76

Le fait d’utiliser le counseling dans un but d’intervention en orientation peut évoquer la

thérapie. Cependant, chaque acte a sa propre définition. Selon le projet de loi 21, la

psychothérapie se définit ainsi :

La psychothérapie est un traitement psychologique pour un trouble mental,

pour des perturbations comportementales ou pour tout autre problème

entraînant une souffrance ou une détresse psychologique qui a pour but de

favoriser chez le client des changements significatifs dans son

fonctionnement cognitif, émotionnel ou comportemental, dans son système

interpersonnel, dans sa personnalité ou dans son état de santé. Ce

traitement va au-delà d’une aide visant à faire face aux difficultés

courantes ou d’un rapport de conseils ou de soutien. (Éditeur officiel du

Québec, 2009, p.10)

Afin de maintenir une qualité d’intervention, le projet de loi 21 a prévu que pour exercer

la psychothérapie, seuls certains professionnels dont les conseillers d’orientation (ainsi

que les ergothérapeutes, les infirmiers et infirmières, les psychoéducateurs et

psychoéducatrices, les travailleurs sociaux et les thérapeutes conjugaux et familiaux)

peuvent obtenir un permis d’exercice de la psychothérapie, qui à la base est réservé aux

médecins et psychologues. Ce permis est délivré par l’Ordre des psychologues du Québec

et exige la réussite d’une formation théorique en psychothérapie et d’un stage, en plus

d’être membre d’un ordre professionnel (OPQ, 2013). Depuis l’adoption du projet de loi

21, l’Ordre des psychologues du Québec a défini des interventions qui ne sont pas

reconnues comme de la psychothérapie. Des interventions telles celles présentent lors de

rencontre d’accompagnement, d’intervention de soutien, d’intervention conjugale et

familiale, d’éducation psychologique, de réadaptation, de suivi clinique, de coaching et

d’intervention de crise ne nécessitent pas l’obtention du permis de psychothérapie (OPQ,

site internet).

Finalement, toutes les informations venant d’être présentées sur les connaissances et

compétences des conseillers d’orientation acquises au départ sur les bancs d’école

amènent le constat que le côté humain a une place importante en orientation. Cette

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77

considération pour la personne est à deux niveaux. Premièrement, l’importance de

considérer ce côté humain prend naissance dès la formation des conseillers d’orientation,

dans plusieurs cours, où ils sont invité à se questionner sur eux-mêmes sur leurs savoirs,

savoirs-être et savoirs-faire, tout en identifiant leurs zones « d’angles morts ». Cette

« connaissance de soi » qui est proposée permet ensuite d'évaluer son rapport aux autres,

donc sa part dans la relation qu’ils établissent avec leurs clients ou élèves.

Deuxièmement, la considération de l’être humain se distingue également de par le fait

que les conseillers d’orientation tiennent compte davantage de l’identité de leurs élèves et

cherchent à avoir un portrait le plus juste de possible d’eux et de leurs situations.

L’évaluation qu’ils font de leurs clients a pour but de tenir compte des dimensions reliées

au fonctionnement psychologique, aux ressources personnelles et aux conditions de leurs

milieux. Par ailleurs lorsque les conseillers d’orientation évoluent sur le marché du

travail, ils peaufinent leurs acquis, se perfectionnent et utilisent les outils qui ont le plus

de sens pour eux dans leur pratique, autant pour être à jour sur les problématiques de

leurs clientèles respectives, que pour améliorer leurs propres compétences et savoir-être

professionnels.

2.2 L’épreuve Groupements et l’approche psychogénétique

Le cadre théorique qui suit présente l’ensemble des informations nécessaire à la

connaissance de l’approche psychogénétique et l’utilisation de l’outil. La provenance de

ces informations découle en grande partie des livres écrits par son concepteur Luc Bégin,

soit : L’Identité du Moi : l’approche psychogénétique et ses applications (1993),

Reconstruire le sens de sa vie : le changement thérapeutique (1998) et L’École

orientante : la formation de l’identité à l’école (2000) en collaboration avec Bleau et

Landry. Le but de cet essai étant de présenter la théorie, il advient que certaines parties

sont davantage explicites dans les ouvrages du concepteur.

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78

Ce cadre théorique débute en faisant un survol de l’évolution de l’outil et de l’approche,

de leur tout début jusqu’à aujourd’hui. La définition de l’épreuve Groupements, de

l’identité, de la catégorisation suivent. Le développement de l’identité selon l’approche

psychogénétique est ensuite présenté sur une échelle développementale de six périodes.

Connaissant les périodes de développement, le mode de fonctionnement leur étant associé

s’en suit, ainsi que la présentation des six dimensions de l’identité. Vient ensuite la

présentation des informations servant à interpréter l’épreuve Groupements pour avoir un

diagnostic identitaire, ainsi que les modes d’intervention sur l’identité. Enfin, cette

section se termine en présentant la valeur scientifique de l’outil.

2.2.1 Historique et évolution de l'approche psychogénétique et de

l'épreuve Groupements

L'épreuve Groupements et l'approche psychogénétique ont été conçues par Luc Bégin,

qui est anthropologue (École Nationale d'Anthropologie et d'Histoire de Mexico),

psychologue (Université Laval), conseiller d’orientation et docteur en counseling

(Université d'Ottawa). Sa pratique professionnelle a débuté comme psychométricien et

chercheur principal au service de Développement et de ressources humaines Canada et

s'est poursuivie comme professeur régulier à l’Université du Québec à Montréal (UQAM)

au baccalauréat et à la maîtrise en carriérologie. Tout au long de ses études et de sa

pratique professionnelle, Bégin s'est intéressé au rôle de l'identité dans la démarche

d'orientation et dans toutes problématiques d'adaptation de l'individu. Ses constats et

réflexions l'ont amené graduellement à élaborer une nouvelle conception de l'orientation.

Avant d'élaborer l'épreuve Groupements et l’approche psychogénétique, en 1973 Bégin

crée en collaboration avec Luc Lavallée, l’Inventaire canadien des intérêts professionnels

(ICIP). Cet outil, utilisé pendant plusieurs années par les Centres d'Emploi du Canada et

encore présent sur le site d'information scolaire et professionnelle REPÈRES, est un test

Page 79: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

79

psychométrique mesurant les intérêts selon cinq échelles, soit : choses/gens, contacts

d’affaires/scientifique, routine/créatif, social/solitaire et prestige/production. En tant que

chercheur, Bégin publie plusieurs articles, la suite n'en cite que quelques-uns

représentatifs de l'évolution de ses réflexions et du développement de sa théorie.

En 1979 parait le premier article de Bégin, Pour une approche renouvelée de la

psychologie du développement vocationnel. Cet article présente ses recherches sur le

développement vocationnel et de nouvelles propositions quant à la façon de concevoir

l’orientation. Sa proposition insiste dès ces débuts sur l'importance à accorder à la

construction de l'identité dans un processus d'orientation.

En 1983, Bégin publie avec Doria Ross un article intitulé L'utilisation des inventaires

d'intérêts : traitement ou placebo. Cet article reprenait le constat de Holland (1979),

concernant le fait que les tests d'intérêts ne servaient pas à tous et que plus précisément,

ils n'étaient pas utiles à ceux qui en avaient le plus besoin. Cet article désigne un tournant

dans sa carrière quant à sa vision de l'utilisation des tests d'intérêts dans les démarches

d'orientation.

En 1984 parait le chapitre, Genèse des schèmes de conceptualisation, organisation du

moi et éducation à la carrière, dans le livre de Pelletier et Bujold (1984) Pour une

approche éducative de l’orientation. Dans ce chapitre, Bégin présente ses repères,

l’évolution de sa réflexion, ainsi que sa théorie et la première version de l’épreuve

Groupements, qui comportait alors 30 cartons. Dès cette période, Bégin a aussi créé une

version parallèle de l’épreuve Groupements, afin de permettre la recherche au niveau de

la valeur scientifique de l’outil. Une épreuve en images, qui vise à repérer certains

déficits aux première et deuxième périodes de développement, conçu vers ces années, est

toujours à la phase expérimentale.

Page 80: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

80

Il est intéressant de constater que pendant ses études doctorales, Bégin s'est concentré sur

le concept du traitement de l'information. Complété en 1985, le titre de sa thèse Effets de

la transmission d'informations professionnelles sur les capacités de différenciation et de

discrimination cognitive des sujets, reflète son intérêt marqué pour le sujet et les univers

théoriques dans lesquels il baignait.

En 1990, puis 1993 (version revue et corrigée), l’auteur a présenté L'identité du Moi :

l'approche psychogénétique et ses applications. Ce premier livre présente l'approche

psychogénétique, l'épreuve Groupements dans sa première version, la cotation et

l'interprétation des résultats. Les bases anthropologiques de l’auteur se font sentir

lorsqu’ensuite il aborde le rôle de l’environnement dans l’adaptation de l’individu. Selon

Bégin, le milieu culturel qui entoure l’individu lui permet de ressentir la constance et la

continuité de l’être humain. Connaitre la construction de son identité permet donc de

prédire son adaptation et les impacts qui découlent de l’interaction individu-

environnement. La dernière partie du livre présente plusieurs informations statistiques sur

la validité scientifique de l’outil. Un lien est également fait en référence avec la théorie de

Piaget, où Bégin, pointe un manque dans sa théorie du développement cognitif : celui de

ne pas avoir étudié la nature ou la source spontanée qui permet à l’individu de solutionner

un problème et ainsi passer d’un stade à un autre. À travers cette dernière partie, Bégin

présente également en quoi la théorie de Piaget a été un élément important à ses

réflexions lors de l’élaboration de sa propre théorie.

En 1998 parait Reconstruire le sens de sa vie : le changement thérapeutique. Dans cet

ouvrage, Bégin explique plus en profondeur l'aspect « synthétique » de sa science, ainsi

que les paramètres d'intervention dans ce contexte. Un retour est aussi fait sur les théories

cognitives, sur l'identité selon Baldwin et Piaget et sur la conception de l'identité dans la

théorie psychogénétique. Sont aussi présentés l'échelle développementale de la théorie

psychogénétique, le diagnostic de l'identité suite à la passation de l'épreuve Groupements

et comment intervenir et provoquer des changements selon l'approche.

Page 81: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

81

Enfin, Bégin présente des données empiriques sur son outil, bien que celui-ci ne

« mesure » rien, il partage ses données au niveau de la validité, de la fidélité et présente

cinq essais de maitrise qui témoignent de la fidélité de l'outil (Fellice)1 ou de ses

nombreuses possibilités d'applications (Michiels, Côté, A. Lauzon, L. Lauzon, Navert,

Grothé)2.

En 2000, en collaboration avec Bleau et Landry, Bégin publie l’ouvrage L'école

orientante : la formation de l'Identité à l'école où ils proposent les applications possibles

de l'approche psychogénétique dans un contexte d'école orientante. Toutes les facettes de

l'identité sont expliquées, ainsi que les conditions favorisant leur construction et les rôles

possibles des divers intervenants côtoyant les élèves.

__________

1.FELLICE, D. (1996) Fidélité de l’épreuve Groupements, Maitrise en Éducation. Montréal : Université

du Québec à Montréal

2.MICHIELS, S. (1992) Étude exploratoire des relations entre l’organisation des schèmes catégoriels et

le rendement au travail chez des cadres intermédiaires québécois du secteur privé, Maitrise en Éducation.

Montréal : Université du Québec à Montréal

LAUZON, A. (1993) Influence de l’organisation catégorielle sur la stabilité des choix scolaires lors du

passage du secondaire au collégial, Maitrise en Éducation. Montréal : Université du Québec à Montréal

LAUZON, L. (1996) Identité du moi et congruence du choix vocationnel : perspective psychogénétique,

Maitrise en Éducation. Montréal : Université du Québec à Montréal

NAVERT, S. (1997) Étude de la relation entre l’identité vocationnelle et le statut d’emploi chez les

personnes ayant subi un traumatisme crânio-encéphalique, Maitrise en Éducation. Montréal : Université du

Québec à Montréal

GROTHÉ, J-M. (1997) Recherche exploratoire sur l’impact des programmes d’aide à l’apprentissage sur

la stabilité vocationnelle, Maitrise en Éducation. Montréal : Université du Québec à Montréal

Page 82: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

82

Depuis ces débuts une équipe de collaborateurs seconde le concepteur dans ses

recherches et ainsi sa théorie a évolué au fil des nouvelles découvertes. Par conséquent

l’outil qu’il a conçu s’est lui aussi raffiné et présente depuis 2003 une cinquième version.

Les recherches ont été réalisées grâce à l’application de la théorie et de l'outil par

plusieurs conseillers d’orientation, conseillers en emploi et psychologues,

majoritairement diplômés de l’Université du Québec à Montréal. À cet effet, la « Liste

Identité », créée en 1997 et toujours active, a deux utilités. Premièrement, ce service

gratuit, sous forme de forum de discussion, sert aux utilisateurs de l’épreuve

Groupements afin d’assurer un suivi de formation quant à la correction et l’interprétation

des protocoles et à l’approfondissement des apprentissages liés à l’intervention. En

second lieu, les nombreuses productions parues sur cette liste (environ une quinzaine par

semaine depuis quinze ans) ont aussi servi aux recherches du concepteur et de son

équipe.

En 2003, l’Institut de recherche fondamentale et clinique en psycho-orientation

(IRFCPO) est créé par Bégin et ses collaborateurs. La mission de l’IRFCPO est de

poursuivre les activités de recherche et de formation en lien avec l’approche

psychogénétique de l’identité. Quatre objectifs d’activités sont également présents, en

lien avec la poursuite des recherches et la validation des hypothèses émises par la théorie,

ou en lien avec la formation et le perfectionnement des membres.

En 2005, l’IRFCPO est accréditée comme établissement de formation privé. Les

formations offertes sont au niveau de la cotation (correction) de l’outil, ainsi que du

perfectionnement de la théorie de la cotation et de l’interprétation des résultats sous

forme d’étude de cas et de l’intervention selon l’approche psychogénétique de l’identité.

L’IRFCPO offre également la formation à la psychothérapie. Les conseillers

d’orientation l’ayant déjà suivi et réussi sont reconnus par le nouveau projet de Loi 21

(permis de pratique de la psychothérapie, reconnu par l’Ordre des psychologues du

Québec). Depuis sa création, l’IRFCPO présente des ateliers et conférences à ses

membres sous forme de colloque et en 2013 se tiendra son 5e colloque. Les sujets des

Page 83: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

83

colloques touchent naturellement l’orientation et l’identité, par exemple : le concept de la

complexité selon Robert Kegan, l’utilisation de l’épreuve Groupements dans les

organisations, le maintien et les changements de programme au collégial, notions et

éléments d’intervention, transmission des résultats de l’épreuve Groupements à la

clientèle et études de cas.

2.2.2 L’identité et sa formation (la catégorisation)

En accord avec le champ d’exercices des conseillers d’orientation, où l’intervention sur

l’identité fait partie des fonctions de ces professionnels, Bégin (1979) place le concept de

l’identité au cœur de l’orientation. Ce concept étant majeur, il est important de définir les

différentes conceptions de l’identité ayant inspiré Bégin pour poursuivre avec la

présentation de la théorie qu’il a conçu.

Une des premières définitions de l’identité dans le monde de la psychologie est celle de

Williams James, élaborée en 1890. Ce qui attire Bégin dans les propos de James est au

niveau de la formation de l’identité.

[...] il soutenait déjà que le contenu des trois concepts de soi était

essentiellement le résultat de l’action de ce qu’il appelait le pur Ego. Cette

activité, soulignait-il, n’est pas consciente et, à travers une métaphore qu’il

serait trop long de décrire ici, il soutenait qu’elle était essentiellement

catégorielle. (IRFCPO, site internet)

D’autres sources ont été importantes pour Bégin, quant à la définition de l’identité, dont

celles d’Erikson et d’Adams. En 1972, Erik Erikson, psychanalyste américain, avait

proposé une définition de l’identité qui a inspiré Bégin. Cette définition proposait que

l’identité se définît comme étant « the sense of sameness » qui peut être traduit comme

Page 84: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

84

« le sentiment d’être le même ». Par la suite, en 1976, Gérald R. Adams, professeur

américain à ce moment, dans le département de la famille et du développement humain,

suggère que l’identité du Moi est une « […] machine organisatrice de l’expérience

individuelle » (Bégin, 1993, p.3). Organisatrice, dans le sens où cela permet à l’individu

d’intégrer ses expériences, en reliant des éléments communs, de façon à y avoir accès

spontanément et globalement sans en diminuer la complexité. À partir de ces définitions,

Bégin propose que l’identité peut se définir ainsi :

[…] le caractère de ce qui demeure identique à soi-même, le sentiment que

ressent la personne d’être la même, la conscience de son individualité. On

peut aussi définir l’identité de la personne en disant que c’est le sens, la

signification et la certitude de ce qu’elle est, le sentiment de se sentir unifié

et non compartimenté. L’identité est aussi constituée de nombreux éléments

liés par un processus intégratif qui fait que la personne est unique et

différente d’une autre. (Bégin, Bleau, Landry, 2000, p.28)

Cette longue définition est intéressante, cependant l’apport de Bégin consiste au fait qu’il

s’est ensuite tourné vers la recherche de la formation de l’identité ce qui selon lui, semble

une recherche dont les autres théoriciens ont peu porté attention (Bégin, 1993). De par ses

recherches antérieures Bégin (2000) en est venu à concevoir que l’identité est une

structure qui peut se former, mais que ce n’est pas une formation dont il faut considérer

acquise d’avance pour tous. En ce sens, il présente un exemple tiré de Condamin (1996) :

[…] le développement de l’individu se construit comme une seule et même

maison, avec ses bases, ses murs et son toit, et il est inutile d’essayer de

faire un toit lorsqu’il n’y a ni murs solides ni bases établies. Ces bases

solides, cette structure de personnalité solide, c’est justement de cela dont

il est question dans la construction de l’identité. (Bégin, Bleau, Landry,

2000, p.32)

Par ailleurs l’importance qu’il accorde à l’identité en orientation consiste au fait que selon

lui : « […] s’orienter c’est construire, clarifier et transposer son identité en termes

professionnels » (Bégin, Bleau et Landry, 2000, p.35). Tel qu’il le précise ensuite, avant

de clarifier l’identité, il faut parfois la construite :

Page 85: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

85

Sans cette construction il [lui] est presque impossible, entre autres choses,

de formuler un objectif stable à poursuivre, de transposer son identité en

termes professionnels, d’avoir une idée de sa direction, du sens de sa

direction, du sens de sa vocation, de définir un projet professionnel,

d’arrêter une décision et de s’y engager. (Bégin, Bleau, Landry, 2000, p.35)

En égard à ces constats, Bégin s’est appliqué à comprendre comment se forme l’identité.

Selon lui, la contribution du concept l’identité en orientation découle de l’hypothèse que

les difficultés vécues en orientation dépendent de l’absence ou de déficits dans la

structure identitaire des individus ou encore, que le milieu dans lequel ils évoluent n’a pas

des exigences équivalentes à la complexité de leur système psychologique.

La catégorisation

Pour comprendre comment se forme l’identité, on pourrait dire qu’au départ rien n’a de

« sens » (comme pour le nouveau-né) et que le cerveau, via les cinq sens que l’on

possède, structure l’information reçue et en fait des catégories. Bégin explique ainsi la

formation des catégories :

Pour les fins de notre étude, nous avons défini ce que l’on conviendra

d’appeler « les catégories expérientielles », auxquelles nous avons donné

le sens suivant : celles tirées par l’individu de son action sur un objet

personne ou chose) et qui donnent lieu à une représentation mentale ou

« objet mentale ». De plus, ces catégories sont celles que forme

« spontanément » l’individu et non celles que sa culture (au sens

anthropologique du terme) lui permet d’identifier. Il s’agit donc bien ici de

formation de catégories et non de leur identification. (Bégin, 1993, p.14)

Cette action cognitive, de former des catégories, se fait par les schèmes, les opérateurs

mentaux, qui trie et transforment les données brutes des expériences de l'individu. Bégin

nomme « catégorisation » le processus par lequel les schèmes traitent les informations et

en font des catégories. Ainsi, la catégorisation permet de relier entre elles des éléments

Page 86: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

86

ayant une signification commune et équivalente pour former des catégories plus

englobantes, sans perdre la richesse de chacune des informations. Ces catégories, qui

comprennent les expériences du passé, donnent un sens aux évènements ou aux relations

que vit la personne dans le présent et sont une source de prévision pour le futur. Ayant

déjà ces représentations, l’individu, qui est en constante interaction avec le monde

extérieur, n’a pas besoin de retraiter l’information à chaque fois, le lien se fait

instantanément et inconsciemment. Selon Bégin, la catégorisation permet de connaître la

façon dont la personne attribue une signification, un sens, à ses expériences et par

conséquent cela présente son identité.

Au fil du temps et selon les stimulations venant de l’environnement de la personne,

l’identité « peut » se construire et cheminer vers de plus en plus de complexité et

d’abstraction. Ces stimulations, pour faire évoluer la personne vers plus de complexité,

doivent mettre une certaine pression sur le système psychologique de l’individu, il doit

sentir qu’il ne peut y échapper et que le recours à la catégorie pré-existante ne fasse plus

de sens pour lui. Il est essentiel de comprendre que l'identité ne se construit pas toujours,

le développement n'étant pas constant, il peut s’arrêter à tout moment et à tout âge. Il y a

une ligne directrice dans les séquences du développement, qui présentent l'évolution

possible, mais non nécessaire du développement de l'identité. Ces séquences de

développement ne sont pas représentées d’une façon habituelle et linéaire telle que la

figure ci-bas.

Page 87: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

87

Figure 4

La conception linéaire classique du développement

Source : Bégin, L. (1998). Reconstruire le sens de sa vie : le changement thérapeutique. Montréal :

Éditions Nouvelles.

Piaget avait ajouté une distinction quant à ce modèle de développement en concevant que

les stades supérieurs d’une séquence reproduisaient (mais d’une façon différente) les

stades inférieurs de la suivante. Cette façon de voir le développement a inspiré Bégin

dans sa façon de concevoir la succession des étapes. Il propose donc une vision du

développement de la pensée qui peut évoluer ainsi :

Page 88: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

88

Figure 5

Le développement des fonctions de la pensée

Source : Bégin, L. (1998). Reconstruire le sens de sa vie : le changement thérapeutique. Montréal :

Éditions Nouvelles.

Bégin (1998) explique que la pertinence de représenter l’évolution des phases de

développement d’une séquence de cette façon est, entre autres, de suggérer que même si

la nouvelle phase tire son origine de la précédente, cela n’implique pas qu’elle est

forcément terminée et que tout le potentiel à en tirer est acquis.

2.2.3 L’épreuve Groupements et l’approche psychogénétique de

l’identité

Bégin a conçu une échelle développementale qui présente six périodes de développement.

Pour situer la personne sur l’échelle développementale, il utilise un outil diagnostic de

l’identité qu’il a nommé l’épreuve Groupements. Les résultats obtenus suite à sa

passation rendent compte de l’état actuel du développement de l’identité chez la

personne. Pour présenter l’échelle développementale, il faut comprendre ce qu’est

Page 89: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

89

l’épreuve Groupements et la théorie associée à la cotation, qui permet ensuite d’analyser

les résultats. Ainsi la présentation qui suit débutera par la présentation de ce qu’est

l’épreuve Groupements et de la théorie de la cotation. Par la suite, le fonctionnement

psychologique associé aux périodes de développement sera présenté.

L’épreuve Groupements

L'épreuve Groupements est un outil diagnostic de l'identité. Dans sa version actuelle, il

comporte 37 cartons présentant une phrase (une action sur un objet). Le professionnel le

présente ainsi :

Vous avez devant vous 37 cartons. Sur chacun d’eux apparaissent une phrase et

un numéro. Votre tâche consiste à mettre ensemble les phrases qui, selon vous,

semblent s’unir. Il n’y a pas de bonne ou mauvaise réponse, et vous pouvez

prendre tout le temps nécessaire. Quand vous aurez terminé, vous indiquerez le

numéro de chacun des cartons des groupements que vous aurez constitués et vous

expliquerez pourquoi vous avez groupé ces cartons ensemble. Si un ou des

cartons vous semblent n’aller avec aucun autre, vous en faites la liste à la fin.

(IRFCPO, site internet)

Les résultats obtenus suite à la passation sont appelés « production » ou « protocole » et

permettent d’obtenir un diagnostic identitaire. Pour analyser et coter les protocoles, le

conseiller d’orientation doit identifier ce qui a été produit par la personne selon l’échelle

développementale présentée ici-bas. L'auteur a aussi conçu une grille de correction,

présenté à l'annexe II, qui est un outil facilitant la correction des productions les plus

courantes.

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90

Tableau 5 : les périodes du développement de l'identité.

Période pré-configurative (0)

Les activités sont liées entre elles dans une forme de juxtaposition qui rappelle une histoire ou une fable.

Période configurative (I)

Les objets apparaissant dans les activités sont réunis entre eux : en raison de leur forme identique (IA),

puis parce que ce sont les mêmes personnes qui manipulent ces objets identiques (IB) et enfin parce qu’ils

remplissent la même fonction (IC)

Période trans-configurative (II)

Les activités sont d’abord réunies parce que : les objets que l’on y retrouve se rencontrent dans un même

lieu (II A), puis parce que les objets sont manipulés par une même personne ou que les activités sont

dirigées vers une même personne (II B) et enfin, les objets qui partagent une même propriété physique

sont réunis entre eux (II C).

Jusqu’ici, seuls les objets apparaissant dans les activités sont retenus pour former les catégories : l’action

qui s’exerce sur eux est, catégoriellement parlant, ignorée. C’est à la période suivante que la catégorisation

des actions est entreprise.

Période protoréflexive (III)

Au début de cette période (niveau IIIA), le lien entre les objets demeure ainsi très étroit. Seuls les objets

possédant des caractéristiques spécifiques en communs (assez proche de la propriété physique en IIC) sur

lesquels sont effectuées des actions assez similaires sont réunis entre eux. Au niveau III B, le groupement

aura la même forme que celui du niveau précédent, mais le sujet insistera sur les qualités que possèdent

habituellement les personnes qui réalisent la tâche conceptualisée. Au niveau III C, finalement, l’idée

d’objet s’élargit, passant ainsi, par exemple, « des objets en métal » aux « objets concrets ».

Quel que soit la sous-période (A-B- ou C), la période protoréflexive propose toujours une division en deux

aspects, par exemple le concret et le côté abstrait. Au prochain niveau, ces deux aspects ne sont plus

divisés, ils deviennent équivalents.

Période réflexive (IV)

Dans un premier temps seule l’action sera prise en compte, sans considération aucune des objets sur

lesquels elle porte (IVA) Au niveau IVB, puis ce sont encore une fois les qualités que possèdent les

personnes qui exercent les activités réunis comme au niveau IVA qui dominent la perception. (IVB). Au

niveau suivant (IVC), finalement, c’est l’action qui introduira dans l’objet le sens de ce dernier.

Période transréflexive (V)

En VA, l’opposition de deux catégories opposées par leur sens sont explicitement mentionnées par la

personne, pour une possibilité maximale de trois groupements d’opposition, tandis qu’en VB, se sont les

mondes féminins et masculins qui sont opposés un à l’autre.

Source : Inspiré de Bégin (1993) p.28 et Bégin (1998) p. 93 à 95

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91

Comme on le constate, chaque période est divisée en deux ou trois sous-périodes. Ces

sous-périodes sont désignées par les lettres A, B ou C. Peu importe la période, la

signification des sous-périodes est la même, soit en « A » la similitude des objets ou des

actions réunis, en « B » la relation ou les qualités de la personne qui fait ou vit les objets

ou actions réunis plus tôt (en A) et en « C » les deux sous-périodes A et B sont intégrées

en une seule catégorie qui est plus englobante.

Selon Bégin, les catégories se forment tout d’abord à la période IA, ensuite, elles passent

au IB. Lors du développement vers le niveau II, avant d’y arriver, se vit une phase

nommée « relationnelle synthétique », qui sera expliquée plus loin. Cela se poursuit ainsi

pour la suite (la période IIA, ensuite IIB, puis IIC, relationnelle synthétique et ainsi de

suite) et la séquence peut s’arrêter à tout moment. Plus la période à l’échelle

développementale est élevée, plus la personne a une vision globale, sans perdre la

spécificité de chacune des périodes antérieures.

Afin qu’une catégorie passe à une période suivante, Bégin mentionne qu’une pression

adéquate doit être présente, qui permet au système psychologique d’évoluer en

complexité. Il est important ici de mentionner que le terme « pression » fait référence à

une : « remise en question de croyances imposées par le milieu qui force la réorganisation

du système catégoriel » (IRFCPO, Théorie psychogénétique de l’identité, 2012). Un

exemple de ce type de pression permettant le développement psychologique est

disponible sur YouTube : http://www.youtube.com/watch?v=uisT3vqKUnA. Dans cet

exemple, le narrateur présente un bouquet de fleurs à une petite fille d’environ huit ans.

Ce bouquet comprend deux œillets et cinq roses. Il demande à la petite fille le nom des

fleurs, qu’elle nomme et il lui demande ensuite s’il y a plus de roses que de fleurs dans le

bouquet. Au départ la petite fille répond qu’il y a plus de roses que d’œillets. Le narrateur

répète sa question plusieurs fois et elle répond plusieurs fois qu’il y a plus de roses que

d’œillets. Elle ne distingue pas que les roses sont incluses dans les fleurs, son cerveau

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92

veut plutôt comparer deux éléments similaires. Vers la fin, par les questions constantes

du narrateur, mais un peu différentes, elle voit qu’elle ne peut plus réfléchir de la même

façon et l'on voit l’effort cognitif (donc la pression ressentie) faisant qu’elle saisit qu’il y

a plus de fleurs que de roses.

Le mode de fonctionnement selon les périodes

À chaque période de l’échelle développementale, Bégin distingue des modes de

fonctionnement psychologique qui y sont associés. Le tableau qui suit présente ce qui est

le plus représentatif des périodes de l’échelle développementale.

Page 93: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

93

Tableau 6 : Fonctionnement psychologique selon les périodes

Périodes Pré-configurative (0), Configurative (1) et Trans-configurative (2) :

Chez la personne, la présence d’une ou l’autre de ces trois périodes signifie, de façon sommaire,

qu’elle a une vision stéréotypée du monde, qu’elle voit les choses en blanc ou en noir. Elle a

donc peu de nuance et sa pensée est rigide. Elle peut être impulsive dans ses actions. Dans le

monde du travail, elle aura besoin d’un cadre précis, où les normes sont très clairement définies

et où il n’y a pas d’ambiguïté.

Période Protoréflexive (3) : Chez la personne, la présence de la période protoréflexive signifie qu’elle est normative, dans le

sens où le cadre et les règles de fonctionnement lui sont nécessaires pour définir son action. Elle

n’est cependant pas rigide comme aux périodes précédentes. Comme elle a intégré les concepts,

elle est plus souple et s’adapte à ce qui est demandé de l’extérieur. Elle recherche l’approbation

de personnes significatives pour être à l’aise, ou, à l’inverse, elle s’oppose aux normes

habituelles de la société.

Période Réflexive (4) :

C’est à cette période que le niveau de fonctionnement de la personne est associé à l’autonomie.

Les comportements et décisions ne sont pas prescrits par le milieu ou les normes de la société,

mais par la personne elle-même. Elle aura la souplesse de s’adapter aux normes déjà présentes

dans son milieu, alors que dans d’autres circonstances elle utilisera son propre jugement et sera

indépendante le l'opinion des autres. Elle pourra facilement relativiser les évènements. Il a été

également reconnu qu’à cette période, les personnes pouvaient avoir davantage de

préoccupations existentielles.

Période Transréflexive (5) :

Parce qu’il y a eu peu d’individu qui ont fourni des productions de ce mode de fonctionnement,

peu de recherches ont été faites pour expliquer le fonctionnement psychologique associé à cette

période. Il est cependant proposé que ce mode de pensée puisse être orienté vers les spéculations

théoriques.

Source : Ross et Bégin (2005) p. 28 à 32

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94

C’est à partir de la période protoréflexive que débute ce que Bégin nomme la « réflexivité ». Ce

terme ne renvoie pas à la capacité de réfléchir, mais plutôt au lien automatique et instantané fait

inconsciemment par la personne dans sa façon de traiter l’information, vers une « construction »

antérieure du même sens.

Le mode de fonctionnement des relationnelles

Dans la théorie de la cotation, Bégin a identifié des relationnelles synthétiques, des

relationnelles analytiques, des relationnelles pures, ainsi que des résiduelles et des

régressives. Les relationnelles synthétiques sont représentées dans un protocole par la

présence de deux niveaux (par exemple du III et du IV réunis dans un même

groupement), ou par la présence de deux aspects différents d’une même période (par

exemple, du III concret et du III abstrait). Ainsi, la personne sera « assise entre deux

chaises », dans le sens où elle a encore accès à ces références d’avant, mais y voit plus de

complexification sans pour autant être confortable dans ces nouvelles acquisitions

d’information plus englobante. La présence de relationnelle synthétique chez la personne

(il peut en avoir une ou plusieurs) implique donc une instabilité du système

psychologique, ce qui peut se traduire par de l’anxiété et des difficultés (de la pression)

en lien avec l’aspect de l’identité touché.

Bégin distingue aussi un autre type de relationnelles, soit les relationnelles analytiques.

Celles-ci sont plutôt traitées autour d’une valeur personnelle que l’individu a envers les

activités qu’elle regroupe, il n’y a pas de lien d’équivalence entre les activités. Une

relationnelle analytique implique que deux ou plusieurs dimensions ou aspects de

l’identité sont alors réunis. Lorsque plus de trois dimensions sont réunies, la relationnelle

se nomme « relationnelle pure », alors que lorsqu'il s'agit de seulement deux ou même

parfois trois dimensions, la relationnelle se nomme « relationnelle analytique », les

dimensions sont alors reconnues, mais confondues. Par exemple, la recherche a permis de

constater que les dimensions technique et routine sont souvent réunies et que cela est

Page 95: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

95

souvent présent lors de démarche d’orientation. Comme cela révèle que la personne a,

entre autres, de la difficulté à se fixer des objectifs clairs, fermes et stables, on peut

comprendre les enjeux face à un choix de carrière ou face à toute autre décision.

Quelles que soit le type de relationnelle (synthétiques ou analytiques) leur présence crée

de l’anxiété et différentes difficultés chez la personne. Par ailleurs, selon la prévisibilité

de l’environnement dans lequel elle vit, la personne n’en est pas affectée de la même

manière. Une personne évoluant dans un cadre clair, autant à la maison, qu’à l’école ou

au travail, pourrait ne pas sentir les difficultés associées à des relationnelles, en autant

qu’il n’y ait pas d’évènement qui la bouscule et la sorte de ses cadres de référence.

L’impact du cerveau gauche, par la rationalisation (la justification que la personne se

donne, face à ses comportements) peut aussi avoir des effets sur l’anxiété ou sur les

difficultés dont les relationnelles révèlent la source et faire que la personne ne présente

pas de manifestation de ses relationnelles.

Lors de la cotation d’un protocole, peut se retrouver également des régressives ou des

résiduelles. Les régressives sont reconnues par la présence d’une activité d’une

dimension dans un regroupement d’une autre dimension. La dimension comprenant la

réunion de plusieurs activités est construite, mais l’ajout d’une activité (souvent il n’y en

n’a qu’une par dimension) qui n’y correspond pas évoque que le sens y étant associé met

une pression chez la personne. La justification que la personne fait pour inclure cette

activité parmi les autres ressemble souvent à une histoire, où il y a un long chemin pour

comprendre sa raison pour la faire entrer dans le groupement.

Quant aux résiduelles, il s’agit d’activité (une ou plusieurs) laissée seule, non incluse

dans un groupe. Les observations cliniques ont pu associer des significations leur étant

particulières. Par exemple, l’activité 23 laissée seule implique une difficulté de distance

affective. Les manifestations sont nombreuses et peuvent, entre autres, se voir lorsqu’une

personne a tendance à vouloir sauver le monde et être hypersensible. Les régressives vues

plus haut, auront les mêmes significations que celles reconnues aux résiduels.

Page 96: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

96

Les dimensions formant l'identité

Maintenant que l’échelle développementale est présentée, il faut ajouter l’information

quant aux dimensions de l’identité. Ainsi l’analyse des constructions que feront les

individus suite à la passation de l’épreuve Groupements seront liés à six dimensions de

l’identité, correspondant aux types d’intérêts et de personnalité conçue par Holland

(lorsqu’elles sont construites à la période réflexive). Par ailleurs, même s’il existe une

ressemblance entre la typologie d’Holland et les dimensions de l’identité de Bégin, il y a

une distinction importante :

Alors que Holland soutenait que l’organisation progressive des

expériences d’une personne donnera lieu à l’apprentissage de six

dimensions qui formeront la personnalité, Bégin soutient, quant à lui, que

cette organisation progressive des expériences d’une personne donnera lieu

à la construction de six dimensions qui formeront sa structure identitaire et

grâce auxquelles la personne, en retour, parviendra à donner un sens aux

expériences qu’elle vit. Il est important alors de voir la typologie de

Holland dans un autre contexte. Il ne s’agit plus de savoir quel est le type

dominant d’une personne parmi les six dimensions avec tout ce que ça

implique, ni d’apprendre six dimensions. Il s’agit plutôt de six dimensions,

de six facettes de l’identité qu’il est important de construire. (Bégin, Bleau,

Landry, 2000, p.49)

En faisant référence à l’échelle développementale exposée plus haut, chaque dimension

est autonome dans le sens où elle se construit (ou pas) selon les stimulations reçues de

l’environnement. Dans le cadre de cet essai, la définition globale de chacune des

dimensions sera présentée ainsi que les manifestations qui en découlent lorsqu’elle n’est

pas construite et lorsque la dimension est construite aux périodes protoréflexives et

réflexives. Le but de cette présentation est de montrer l’évolution en complexité des six

dimensions. D’autres documents peuvent être consultés pour plus d’information sur les

définitions en lien avec chacune des dimensions et sur les manifestations lorsque la

dimension est aux autres périodes, ou en relationnelle synthétique ou analytique.

Page 97: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

97

Tableau 7 : Signification des dimensions formant l’identité

Dimension Technique :

Définition Dimension non réflexive Dimension réflexive

Cette dimension, constituée

d’activités qui mettent en jeu la

vie quotidienne, implique, en

conséquence, le contact avec la

réalité, le réalisme et tout ce qui y

est relié. Parce qu’elle met en jeu

les éléments de la vie

quotidienne, c’est en y faisant

appel que le champ de la plupart

des décisions personnelles qu’il

faut prendre est délimité.

Difficultés à prendre des

décisions (qui se manifesteront

souvent par une multitude de

décisions qui se succèdent les

unes aux autres sans que le

système psychologique ne

parvienne à s’arrêter sur aucune

d’entre elles).

Manque de réalisme (qui pourra

se traduire, par exemple, en

l’adhésion à des croyances

magiques, en la croyance à

l’influence du surnaturel, en des

attentes sans rapport avec ce que

la réalité permet d’anticiper,

etc.).

Difficulté et même se verra

incapable de se fixer des objectifs

clairs, fermes et stables.

À la période 3 :

Besoin d’un cadre explicite pour

arrêter des décisions et en

comprendre les conséquences.

À la période 4 :

Prise des décisions sur une base

autonome.

Intuition des implications qui

découlent des décisions.

Sentiment d’être en contact avec

la réalité.

Besoin de comprendre les

données abstraites et de prendre

les décisions qui s’en suivent.

Source : Ross et Bégin (2005) p. 44 à 57

Page 98: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

98

Tableau 7 : Signification des dimensions formant l’identité (suite)

Dimension Science :

Définition Dimension non réflexive Dimension réflexive

La notion de science renvoie à

l’idée de rigueur, de nécessité, de

logique et de relation nécessaires

entre les évènements. Avec le

développement de cette

dimension, on observera une

tendance de plus en plus grande à

faire appel à une pensée

stratégique, anticipatrice,

rigoureuse et consciente du

pouvoir qu’elle a d’exercer un

contrôle sur le milieu. C’est la

composante fondamentale de la

composante masculine de

l’Identité (activité versus

passivité). Elle détermine le sens

que l’autorité prendra pour

l’individu, le pouvoir que ce

dernier se sentira d’en arriver à

modifier à son avantage les

situations difficiles qui le

confrontent.

Difficultés à entrer en contact

avec l’autorité (passivité ou

agressivité).

Difficulté à exercer l’autorité.

Propension à culpabiliser les

conséquences des interactions

favorables avec l’entourage.

Sentiment de non-maîtrise des

évènements de sorte que la

passivité face aux situations

difficiles sera de mise.

À la période 3 :

Confiance en soi possible lorsque

le cadre fournit les paramètres à

l’intérieur desquels les actions

peuvent e prendre. Cela réfère à

une confiance en ses propres

moyens qui est possible lorsque

l’environnement est connu.

Autorité exercée si elle est

autorisée par le milieu et définie

par des règles.

La personne est indépendante,

mais pas autonome.

Besoin de rigueur au niveau de la

pensée, mais changera de milieu

s’il ne lui convient pas, car est

peu encline à transformer son

milieu.

À la période 4 :

Autorité de type charismatique.

Sentiment de contrôle face aux

changements qui surviennent

dans le milieu.

Confiance en l’avenir et aux

ressources autonomes dont

l’individu dispose pour faire face

aux imprévus.

Source : Ross et Bégin (2005) p. 44 à 57

Page 99: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

99

Tableau 7 : Signification des dimensions formant l’identité (suite)

Dimension Routine :

Définition Dimension non réflexive Dimension réflexive

Les éléments constitutifs de la

routine sont reliés à la vie

quotidienne.

Difficultés à incorporer la routine

dans les activités de tous les jours

et de s’y soumettre de manière

souple.

Procrastination, désordre, ou

inversement souci exagéré

d’ordre et de contrôle en ce qui a

trait à l’organisation matérielle de

la vie.

À la période 3 :

Les activités répétitives et

routinières sont difficiles à

supporter.

La personne se sent étouffée par

ce qui est routinier et/ou répétitif.

À la période 4 :

Intégration des activités

préorganisées et répétitives qui

sont imposées dans l’économie

générale du contexte dans lequel

cette imposition se réalise.

Dimension Social :

Définition Dimension non réflexive Dimension réflexive

Cette dimension constitue la

composante féminine de

l’identité. Elle renvoie ainsi à la

confiance éprouvée à l’égard des

autres et à la compréhension

empathique de ce qu’ils

éprouvent. Elle met en jeu la

préoccupation qu’une personne a

à l’égard des autres et de degré

d’intimité dont elle se sentira

capable.

Difficulté qu’éprouvent les

individus à entretenir des

relations intimes avec les autres.

Difficulté à affirmer les

composantes féminines de

l’Identité autrement qu’en faisant

appel à des artifices de nature

objectale.

Difficulté à comprendre

empathiquement l’autre.

Manque de confiance dans la

composante féminine de

l’identité : prendre soin d’autrui,

lui faire de la place dans son

intimité.

À la période 3 :

La conception de l’aide fait

référence à ce qui se vit

directement, comme les soins

physiques.

À la période 4 :

Préoccupation sociale élargie,

moins directement préoccupé par

le bien-être des individus

particuliers que par celui des

gens en général.

Compréhension empathique de l’autre.

Forte conscience sociale.

Source : Ross et Bégin (2005) p. 44 à 57

Page 100: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

100

Tableau 7 : Signification des dimensions formant l’identité (suite)

Dimension Créativité :

Définition Dimension non réflexive Dimension réflexive

La dimension artistique met en

cause le degré d’aise

qu’éprouvent les individus face à

des situations peu définies,

vagues. Elle reflètera, par le fait

même, les contextes dans

lesquels ils sauront prendre des

initiatives et la façon de prendre

ces dernières. La dimension met

aussi en jeu ces aspects de la

communication interpersonnelle

qui font appel aux sentiments

esthétiques et à l’innovation.

Tendance à éviter les situations

dans lesquelles ils devraient

entreprendre de leur propre chef

des activités.

Limite des actions sur le milieu à

ce qui est prévu à l’avance et

uniquement à cela.

À la période 3 :

Initiative possible si le cadre est

familier et connu.

Les personnes sont

habituellement prudentes et

observatrices.

L’approbation est nécessaire aux

initiatives envisagées.

À la période 4 :

L’initiative sera marquée par l’autonomie.

Aisance dans les situations vagues.

Considération de

l’environnement et du contexte

avant de prendre quelque

initiative que ce soit.

Dimension Leadership :

Définition Dimension non réflexive Dimension réflexive

La dimension Entreprenant

évoque l’idée d’entrer en contact

avec les autres dans le but de les

guider ou de les influencer ou les

deux. Elle donnera donc lieu chez

les individus à des conceptions

de « l’influence » qui peut

s’exercer sur autrui qui varieront

d’une période à l’autre.

Difficulté à exercer le leadership

autrement que soit en laissant

tout faire, soit en exerçant un

contrôle sur tout ce qui concerne

les subordonnés.

À la période 3 :

Le leadership peut s’exercer si le

statut ou le milieu le prévoit.

Leadership de style autorisé.

À la période 4 :

Leadership conçu sur le mode

démocratique et ouvert.

Exerce le leadership en tenant

compte des autres et du contexte.

Source : Ross et Bégin (2005) p. 44 à 57

Page 101: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

101

La correction de la production d’une personne permet de voir sur l’échelle

développementale où chacune de ces dimensions se situe, si ces dimensions sont

construites ou non. C’est ainsi que le diagnostic de l’identité se présente selon la

conception de Bégin. Les recherches de Bégin sur la construction des catégories l’ont

amené à formuler trois postulats fondamentaux, quatre corollaires, ainsi que trois

hypothèses qui concernent l’application de la théorie dans un contexte d’orientation.

Ceux-ci sont présentés au tableau qui suit

Page 102: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

102

Tableau 8 : Postulats, corollaires et hypothèses de l’approche psychogénétique de

l’identité

Les trois postulats fondamentaux

1. L’activité continue du système cognitif qui sous-tend les manifestations observables de l’identité

(les comportements) en est une de catégorisation de l’expérience,

2. L’activité de catégorisation de l’expérience croît en complexité avec les pressions adaptatives

inéluctables qui s’exercent sur le système,

3. La croissance en complexité du système cognitif n’est pas ni nécessairement ni généralement

uniforme (ou homogène) d’un domaine de contenu à un autre.

Les corollaires

1. La catégorisation a pour objet premier de réduire la diversité des stimulations qui parviennent au

système cognitif en leur conférant des significations. Lorsqu’on aborde les questions identitaires,

on se préoccupe donc de ce qui a du sens pour les individus et non de ce qui est “vrai ou faux”

pour eux. (Et pour en revenir brièvement à la restriction signalée plus haut, la portion du système

cognitif à laquelle s’intéresse la perspective psychogénétique est celle qui touche l’intuition du

monde (ou pensée synthétique) que développent les individus dans leur vie de tous les jours.) Il

faut comprendre « l’intuition du monde » comme la saisie immédiate et automatique que

réalisent les individus de l’information expérientielle à laquelle ils sont constamment

confrontés, saisie qui est à la fois rendue possible par le bagage expérientiel et enrichie par

les nouveaux éléments qu’elle s’incorpore de cette façon.

2. Les catégories qui résultent de l’activité de catégorisation jouent un rôle optimal pour le

fonctionnement identitaire des individus lorsqu’elles sont univoques. Elles présenteront

idéalement ce caractère lorsque l’ensemble des schèmes catégoriels dont un système cognitif

dispose sera du même niveau d’abstraction. On sait cependant qu’il n’en est ni nécessairement ni

généralement ainsi,

3. La catégorisation peut être analysée au mieux au plan des schèmes catégoriels qui donnent lieu

aux catégories expérientielles. On comprendra les catégories expérientielles comme étant celles

qui résultent de l’organisation des activités que les individus exercent sur des objets (ces derniers

pouvant être animés ou inanimés). L’organisation elle-même est réalisée par le système

psychologique des individus grâce aux schèmes catégoriels dont il dispose.

4. Les schèmes croissent en complexité, donc en abstraction, avec le développement. Certains

schèmes montrant des similitudes évidentes entre eux, ils participent à une même stratégie

catégorielle. À chaque stratégie de catégorisation correspond donc une période de

développement. Comme ce dernier ne peut être réduit à un simple phénomène de maturation, il

en résulte que l’âge ne peut le refléter que de façon fort lointaine et uniquement à titre

“d’indicateur développemental”.

Source : Bégin (1998) p. 86 à 89

Page 103: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

103

Tableau 8 : Postulats, corollaires et hypothèses de l’approche psychogénétique de

l’identité (suite)

Les principales hypothèses

1. Les individus recherchent des milieux d’activité (travail, relations interpersonnelles

significatives) d’un niveau de complexité correspondant à celui des schèmes dont ils disposent,

2. Les milieux ont, en retour, des exigences de complexité que l’individu doit satisfaire pour s’y

adapter et pour s’y sentir adapté.

3. La capacité adaptative de l’individu sera fonction du degré d’organisation des schèmes

catégoriels dont son système psychologique dispose.

De façon plus spécifique, la théorie soutient encore que le fonctionnement d’un individu peut être inféré à

partir des schèmes catégoriels qu’il met en œuvre pour organiser un ensemble d’activités représentatives

d’un univers identitaire hypothétique.

Source : Bégin (1998) p. 86 à 89

Par ailleurs, les résultats suite à la passation de l’épreuve Groupements doivent s’analyser

et un tout, de façon globale. Pour se faire, la prochaine section présente les modes

d’interprétation de l’épreuve Groupements. Puisque les résultats peuvent indiquer des

absences ou déficits identitaires, l’intervention qui peut être faite sur l’identité selon

l’approche psychogénétique de l’identité est ensuite présentée.

2.2.4 L'interprétation et l’intervention

Ainsi, les informations obtenues, dans le protocole de la personne, suite à la passation de

l’épreuve Groupements permettront de connaître son profil identitaire. Premièrement,

cette interprétation renseigne le conseiller d’orientation sur l’organisation identitaire,

qui s’identifie via le niveau à l’échelle développementale de chacune des dimensions. Le

conseiller d’orientation peut alors connaître comment la personne traite l’information par

rapport aux six dimensions de l’identité. Vient ensuite l’analyse de l’équilibre

identitaire en lien avec l’homogénéité des productions. Plusieurs périodes présentes dans

Page 104: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

104

un même protocole peuvent créer de l’anxiété chez la personne. Sachant que les périodes

révèlent les stratégies qu’utilise la personne pour comprendre le monde et s’y adapter, la

présence simultanée de plusieurs niveaux de complexité pour donner un sens aux

expériences qu'elle vit, peut déstabiliser la personne. L’analyse de l’équilibre identitaire

permet également de voir si la personne œuvre, ou prévoit s’orienter, dans un univers

professionnel de la même complexité qu’elle-même, la cohérence entre les deux étant

nécessaires pour que la personne se sente « à la bonne place. » Enfin, l’interprétation de

l’épreuve Groupements permet aussi d’être informé de la présence de certains déficits ou

difficultés, celles-ci étant révélées par la présence de relationnelles synthétique ou

analytique, ainsi que par la présence de régressives ou résiduelles significatives. Les

difficultés liées au processus d’orientation, telles que, par exemple, la difficulté à arrêter

une décision, à toujours vouloir explorer autre chose, à ne pas sentir que ça « clique »,

peuvent ainsi être rapidement identifiées et discutées avec le client. Selon l’entente et le

type de service souhaité par le client, le conseiller d’orientation peut aussi intervenir sur

l’identité dans le but d’éliminer ces difficultés et de rétablir l’autonomie personnelle de

l’individu pour qu’il puisse ensuite s’adapter à son milieu tant professionnel, scolaire que

personnel. Si l'on revient à l’affirmation « s’orienter, c’est construire, clarifier et

transposer ce que l’on est en terme professionnel » (Bégin, Bleau, Landry, 2000),

l’épreuve Groupements est un outil permettant justement d’identifier ce « qu’est » la

personne et de voir si avant de clarifier l’identité, il faut d’abord la construire.

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105

L'intervention

Dans le cadre de l'approche psychogénétique de l'identité, intervenir sur l'identité fait

référence à construite l’identité ou en traiter les déficits. Comme cela a été présenté plus

haut, il est alors question, selon les besoins du client, d'agir sur les relationnelles

synthétiques, analytiques, sur les régressives et sur les résiduels. En accord avec les

besoins du client, le but de l’intervention est :

[...] de rendre à l'individu l'intégrité de ses ressources psychologiques de

manière à ce qu'il puisse faire appel à l'ensemble organisé de son expérience

pour s'insérer dans le monde. (IRFCPO, site internet)

L'intervenant doit tenir compte des problématiques que son client désire vaincre et du

contexte de l'environnement dans lequel il évolue. Ces informations serviront ensuite à

déterminer quel type de changement est indiqué. Quatre formes de changements sont

possibles, soit en premier lieu la modification du répertoire comportemental, en second,

l’actualisation du système psychologique, le troisième type de changement concerne

l’accroissement de la puissance du système psychologique et en fin le dernier représente

la réduction de la puissance du système psychologique.

Les pensées analytique et synthétique

L’intervention psychogénétique de l’identité fait aussi référence à l’utilisation des

fonctions distinctives des deux hémisphères du cerveau. Le conseiller d’orientation qui

pose des questions à son client, aura surtout accès, par ces réponses verbales, au côté

gauche du cerveau, est le siège du langage et de la logique (Papalia, Wendkos Olds,

1988). Le côté droit du cerveau fait plutôt référence aux capacités spatiales et aux

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106

aptitudes artistiques et musicales. Cependant, l’hémisphère droit a aussi une implication

face au langage, le site Le cerveau à tous les niveaux, qui présente des découvertes et

informations sur le cerveau et les comportements humains (associé et financé jusqu’en

mars 2013 par l’Institut des neurosciences, de la santé mentale et des toxicomanies du

Canada) défini son apport ainsi :

Plus subtile et nuancée, la contribution de l’hémisphère droit dans le

comportement langagier a été reconnue beaucoup plus tard. Elle concerne

la capacité d’aller au-delà du sens littéral des mots et recourt pour ce faire

à de multiples processus. (Le cerveau à tous les niveaux, article :

Contribution de l’hémisphère droit au langage, site internet, consulté en

novembre 2012)

Bégin mentionne que l’épreuve Groupements, permet d’accéder à l’hémisphère droit du

cerveau, partie comprenant ce qui est peu disponible par le langage. Dans l’approche

psychogénétique, les fonctions apparentées à l’hémisphère droit du cerveau font

référence à ce qu’il a nommé la pensée « synthétique » ou « intuitive ». Par le fait même,

ce qui est représenté par les fonctions de l’hémisphère gauche du cerveau, est, selon

Bégin, le mode de pensée « analytique ». Ce mode de pensée analytique représente le

monde logico-mathématique, qui se construit en séquences, étape par étape. La pensée

synthétique quant à elle fait plutôt référence aux significations personnelles qui ont été

construites, à l’intuition ou à l’anticipation qui se manifestent bien avant la conscience.

Cela fait aussi référence au monde affectif, aux façons de réagir émotivement. Ce type de

pensée ne connait pas le vrai ou le faux, car le sens qui est donné, par exemple, à un

évènement, est personnel, lié aux constructions de sens fait antérieurement, aux synthèses

spontanées faites instantanément par la personne. La catégorisation, qui a été présentée

plus haut, se formerait dans ce mode de pensée. L’approche psychogénétique propose que

la pensée analytique tire son origine de la pensée synthétique, d’où l’importance d’y avoir

accès pour comprendre le « sens » de ce que dit la personne.

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107

Pour traiter les déficits identitaires, Bégin propose d’utiliser un principe actif qui

provoquera un changement. Ce principe est la pression. Le terme de pression n’est pas

évocateur d’un affrontement négatif, ou d’une façon d’exercer un pouvoir sur le client.

La pression dont parle Bégin se définit plutôt par une constance, une affirmation, une

position claire qui agira sur le système synthétique du client, là où le sens se construit.

Les nuances ne permettant pas une identification (vert-bleu, vert pâle, vert foncé, vert

forêt, etc.), ni les contradictions (ce n’est pas vert), l’affirmation propose plutôt de

déterminer un sens à un concept (vert), qui vise à inclure toutes les extensions lui étant

associées. Cette affirmation, qui peut se faire tout en douceur, est un mode de pression

sur le système qui provoque une réorganisation du système psychologique.

Un autre concept important dans l’intervention psychogénétique est tout le rapport à la

relation thérapeutique qui s’établit entre le conseiller d’orientation (intervenant,

psychologue, psychothérapeute, ou autre) et son client. Sans entrer dans l’explication

exhaustive (puisque le but ici est de présenter et non de former), Bégin fait entre autres

référence aux concepts de transfert, de contre-transfert et de résistances. Dans ce même

sens, il priorise le développement de l’identité du conseiller d’orientation pour rendre

efficaces les ressources qu’il possède.

L’intervention selon l’approche psychogénétique est enseignée via la formation en

psychothérapie de l’IRFCPO. Par ailleurs, un autre angle pour voir l’approche

psychogénétique est en lien avec l’intervention sur la pensée synthétique, qui fait

référence au cerveau droit. Voir l’intervention sous cet angle permet de comprendre les

modes d’intervention que propose l’approche (l’affirmation, le non verbale, la relation)

puisque ce sont des façons d’accéder au cerveau droit. Bégin propose également

l’utilisation de l’approche cognitive, pour traiter les relationnelles analytiques

(Charpentier, 2004).

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108

2.2.5 La valeur scientifique de l’outil

Malgré les valeurs scientifiques de validité de construit et de fidélité inter-juges, reconnu

à l’épreuve Groupements, (Bégin, 1993, 1998) cet outil n’est pas un test psychométrique

puisqu’il ne mesure rien. Actuellement, on commence à identifier l’épreuve Groupements

comme un outil pouvant ressembler davantage à un test à valeur prédictive, ou plus

communément nommé, test projectif. Selon la Société Québécoise des Méthodes

Projectives (SQMP) (2011) :

Les techniques projectives permettent l’étude du fonctionnement

psychique individuel dans une perspective dynamique. De façon générale,

elles consistent à présenter à un individu un matériel le moins structuré

possible et à lui demander de le structurer à sa façon. La personne

accomplira donc cette tâche en y projetant sa propre structure de

personnalité. Les tests projectifs font appel à plusieurs types de fonctions

mentales, telles que la perception visuelle, la perception auditive, les

associations d’idées ou d’images, l’expression symbolique du dessin et de

la couleur, etc. (SQMP, site internet)

Bien que Bégin n’ait pas reconnu l’épreuve Groupements comme un test projectif,

certains éléments semblent correspondre à cette définition. Par ailleurs, il ne reconnait

pas non plus son outil comme un test psychométrique :

L'épreuve Groupements est une épreuve au sens piagétien du terme. Il ne

s'agit pas d'un test psychométrique au sens classique du terme, ni d'un

inventaire d'intérêts, ni d'une mesure des aptitudes. Ce n’est pas un test à

correction objective. Ce n'est pas non plus un instrument de mesure.

C'est un instrument révélant la vision du monde d'une personne. C’est une

tâche qui résulte en une production unique à chaque personne, production

qui peut varier dans le temps. La production d'une personne fournit un

portrait de l'état de sa construction identitaire. (IRFCPO, site internet)

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109

Selon Houareau (1974) qui a écrit sur les tests prédictifs, il n’y a pas de hasard lorsqu’une

personne associe un mot à un autre dans ce type de test. Cette association de mot est

également présente dans l’épreuve Groupements puisque l’on demande aux individus de

mettre ensemble les phrases qu’ils trouvent qui vont ensemble et que chaque phrase

comprend quelques mots, dont une action et un objet.

[...] les mots que vous allez choisir seront d’une façon ou d’une autre

directement ou indirectement, révélateurs des traits de votre personnalité.

Vous aurez cru les choisir au hasard, mais ce hasard, en fait, n’est rien

d’autre que l’ordre intérieur qui constitue votre être et dont vous ignorez

l’agencement. Par vos choix, il apparait malgré vous. (Houareau, 1974 ,

p.120)

La critique faite habituellement aux tests projectifs concerne leur manque de validité et

de fiabilité. Dans le cas de l’épreuve Groupements, jusqu’à maintenant, les valeurs de

fidélité inter-juges et de validité de construit ont été confirmés.

Des études ont démontré que lorsqu’un ensemble de productions est

interprété par deux personnes ou plus, bien entraînées, on obtient

généralement une fidélité inter-juges de l’ordre de 90 %. […] Quant à sa

validité de construit, c'est-à-dire la capacité de mettre en évidence la nature

développementale de la théorie, Bégin a démontré, dans une étude réalisée

en 1990, qu’il y avait une corrélation de 0,53 entre l’échelle

développementale des schèmes catégoriels et celle du développement de la

notion de proportion de Noelting (1978). (IRFCPO, site internet)

Ainsi, même si l’épreuve Groupements n’est pas un test psychométrique, ces études

présentent certains des aspects leur étant habituellement accordés. Dans la pratique

professionnelle des conseillers d'orientation, il y a peu d’outils qui permettent d’évaluer

l’identité. L’épreuve Groupements est un outil utilisé par plusieurs conseillers

d’orientation œuvrant autant dans tous les secteurs de la pratique. Avant de dévoiler

l’apport de cet outil pour huit conseillers d’orientation l'utilisant depuis plus d'une

Page 110: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

110

décennie, la section suivante présentera la méthodologie associée à l'éthique de cette

recherche qualitative.

3. Objectif de recherche

Considérant le nombre élevé de problématiques en éducation, en employabilité qui

deviennent des problématiques en orientation et considérant également la diversité des

clientèles susceptibles d’utiliser des services d’orientation, il est possible de prévoir que

les conseillers d’orientation, qui ont une clientèle éclectique, pourraient se sentir en

manque de ressources face à toutes ces diversités qui défilent dans leur bureau. Acquérir

une expertise lorsque sa clientèle est homogène est plus facile, mais cela n’est pas

habituel parmi les pratiques des conseillers d’orientation. Dans ce cadre, l’analyse d’un

outil et d’une approche qui mise sur l’identité de la personne peut alors être une voie

intéressante à explorer. Peu importe les caractéristiques de cette personne, son identité

peut révéler davantage d’information sur son fonctionnement psychologique et ses

besoins que des caractéristiques externes comme son lieu d’origine, ses difficultés

scolaires, ou même sa santé mentale. Sachant que s’orienter c’est construire, clarifier et

transposer qui l’on est en termes professionnels (Bégin, Bleau et Landry, 2000), le

fondement de la pratique de l’orientation pourrait justement être l’identité des individus.

L’approche psychogénétique de l’identité, qui possède aussi un outil diagnostic de

l’identité : l’épreuve Groupements, est une pratique liée au fonctionnement

psychologique utilisé par de plus en plus de conseillers d’orientation. L’enquête sur les

pratiques d’évaluation psychométrique faites pas l’OCCOQ (2012) n’a pas fait le calcul

des praticiens de l’épreuve Groupements, cependant en 2004, le nombre de ses

utilisateurs a été mesuré et 16 % des conseillers d’orientation mentionnaient l’utiliser

régulièrement ou occasionnellement. Pour répondre adéquatement aux multitudes de

besoins et de clientèles, de plus en plus de conseillers d’orientation se sont formés et

travaillent avec cet outil leur permettant de connaître rapidement le mode de

fonctionnement et les besoins sous-jacents de leurs clientèles. Dans ce sens l’approche

Page 111: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

111

psychogénétique et l’épreuve Groupements doivent être explorées et analysées davantage

et c’est pourquoi l’objectif de la présente recherche est de : présenter et analyser les

pratiques efficientes des conseillers et conseillères d’orientation utilisant l’épreuve

Groupements et l’approche psychogénétique de l’identité dans un contexte

d’orientation. En ce sens, les objectifs spécifiques de la recherche sont de :

A) Décrire l’expérience d’appropriation de l’épreuve Groupements des conseillers

d’orientation.

b) Analyser les contextes et les procédures d’utilisation de l’épreuve Groupements des

conseillers d’orientation ainsi que les réactions des clients.

c) Présenter les motivations sous-jacentes à l’utilisation de l’épreuve Groupements.

d) Comprendre les perceptions des conseillers d’orientation quant à leur rôle face à

l’intervention sur l’identité.

Par ailleurs, l’épreuve Groupements est un outil nécessitant une formation précise qui

offre peu de descriptions toutes faites prêtes à coller. Pour un conseiller d’orientation qui

souhaite se former à l’outil et par le fait même à l’approche psychogénétique, c’est

beaucoup d’investissement à consacrer en temps et en apprentissage.

4. Méthodologie

Le chapitre de la méthodologie présente la démarche qui a été suivie pour répondre à la

question de recherche qui vient d’être présentée. Cette recherche s’intègre dans un cadre

rigoureux et scientifique, où les normes et les critères sont définis d’avance, dans le but

d’être conforme aux exigences d’éthique émises pas le cadre universitaire. Comme le

mentionne Karsenti (2011), une méthodologie c’est :

Page 112: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

112

[...] la stratégie, le plan d’action, le processus sous-jacent aux choix et à

l’application de techniques de travail spécifiques nommés méthodes. Elle

fait le lien entre le choix des méthodes et les résultats attendus. (Karsenti,

2011, p.112)

Ayant analysé les différentes problématiques en éducation et en employabilité, vu la

place que les conseillers d’orientation y avaient, décrit leur pratique et proposé un cadre

conceptuel permettant un angle d’analyse, il est temps maintenant de préparer la collecte

d’information pour répondre à la question de recherche. Cette section présentera le type

d’approche qui a été choisi pour effectuer cette recherche, les critères identifiés pour

déterminer le choix de la population à l’étude, les instruments ayant servi à la collecte

d’information, les procédures précédents les entretiens, ainsi que les modalités d’analyse

des données recueillies. Afin d’assurer une conformité au niveau déontologique, l’éthique

entourant cette partie de recherche sera également exposée.

4.1 Approche de recherche

Parmi les types de recherches les plus fréquemment utilisés, c’est la recherche de type

qualitative/interprétative qui a été choisie puisqu’elle : « […] est ainsi animée du désir de

mieux comprendre le sens qu’une personne donne à son expérience » (Karsenti, 2011,

p.124). Plusieurs définitions pouvant être données à ce type de recherche, la synthèse de

Karsenti est celle qui correspond le plus à ce qui sera présenté ici, c’est-à-dire :

[…] la recherche qualitative interprétative est une forme de recherche qui

exprime des positions ontologiques (relatives à la vision de la réalité) et

épistémologiques (associées aux conditions de production du savoir)

(Karsenti, 2011, p.128)

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113

Ainsi cela permettra de mieux saisir le vécu quotidien des conseillers et conseillères

d’orientation rencontrés pour connaître et ensuite comprendre leurs réalités. Cela permet

également de comprendre les interactions possibles avec leurs environnements

professionnels respectifs. (Idib.).

4.2 Population et échantillonnage

Pour collecter les informations servant à la recherche, huit conseillers d’orientation ont

été choisis comme population à l’étude. Afin d’être rigoureux dans le choix de

l’échantillonnage, Savoie-Zajc (2007) propose quatre critères :

le choix est intentionnel,

l’échantillon est constitué en fonction des buts poursuivis par la recherche,

le choix est balisé par des critères de sélection,

le choix est justifié.

Dans un premier temps, des critères ont été définis pour identifier comment devait être

formé l’échantillon des huit conseillers d’orientation. Ainsi, il était voulu que les

conseillers d’orientation recherchés aient une dizaine d’années d’expérience dans

l’utilisation de l’épreuve Groupements. Le but de ce premier critère est en considération

des pratiques dites efficientes. Ainsi, plus l’utilisation s’échelonne sur un nombre élevé

d’années, plus il y a de chance d’avoir intégré des pratiques efficaces et d’avoir un regard

sur ce qui a été plus difficile dans les premières années d’acquisition. Pour analyser la

portée de l’outil au niveau de l’orientation en général et non dans un seul secteur de

pratique, les conseillers d’orientation devaient œuvrer dans différents secteurs de

l’orientation. Enfin, pour être susceptibles d’être en contact avec une clientèle diversifiée,

incluant les immigrants, les conseillers d’orientation devaient œuvrer à Montréal, Laval,

ou en Montérégie.

Page 114: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

114

Pour recruter les participants à la recherche, une demande de participation (qui parait à

l’Annexe III) mentionnant les critères de recherche évoqués ci-haut, soit être conseiller

ou conseillère d’orientation, utiliser l’épreuve Groupements depuis une dizaine d’années,

habiter Montréal, Laval ou la Montérégie, a été envoyée sur la Liste Identité. Ce forum de

discussion, de correction et d’information, est reçu par la plupart des conseillers

d’orientation utilisant l’épreuve Groupements. Le courriel de l’étudiante-chercheuse, mis

comme référence, a servi à recueillir les offres de participations qui ont été analysées

selon deux critères. Le premier critère était de revoir si les participants potentiels étaient

conseiller ou conseillère d’orientation, utilisaient l’épreuve Groupements depuis une

dizaine d’années ou plus et s’ils habitaient Montréal, Laval ou la Montérégie. Comme

deuxième critère, leur lieu et fonction de travail fut comparé, dans le but d’avoir un

échantillon représentant le plus possible des secteurs différents de l’orientation, comme

l’éducation, l’employabilité, l’organisationnel, le privé et la réadaptation.

L’évaluation des participants potentiels ayant répondu suite à la lettre d’invitation parue

sur la Liste Identité a fait ressortir des manques quant à ce critère recherché. À ce

moment, des demandes directes et intentionnelles de participation à la recherche vers des

conseillers d’orientation correspondant à ce critère furent effectuées par l’étudiante-

chercheuse. Ces derniers ont été contactés directement par téléphone ou courriel. Selon

Karsenti (2011) ce type d’échantillonnage est théorique et :

[...] fait référence au processus d’échantillonnage basé non pas sur un

modèle statique, mais bien sur un choix conscient et volontaire des

répondants par le chercheur. (Karsenti, 2011, p. 131)

Une fois l’échantillon des huit conseillers d’orientation créé, l’étudiante-chercheuse les a

tous rejoints par courriel ou par téléphone pour valider leur désir de participation et

expliquer davantage le processus. Afin de bien comprendre les implications de leurs

participations et les modalités entourant la recherche, un formulaire d’information et de

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115

consentement leur fut envoyé (présenté en Annexe IV). Dans ce même sens, pour

s’assurer qu’ils puissent répondre de façon approfondie et qu’ils ne se sentent pas

démunis face aux questions, le questionnaire d’entrevue leur fut également envoyé.

Quelques jours plus tard, ces mêmes conseillers d’orientation furent rejoints de nouveau

par téléphone ou courriel afin de confirmer leur intention de participer à l’étude suite à la

lecture des documents envoyés et pour prendre un rendez-vous afin d’effectuer

l’entrevue.

4.3 Instrument de recherche

Pour mener à bien cette recherche, la collecte des données se fera par entrevue de type

semi-structurée. Selon Karsenti (2011), l’entrevue permet un échange verbal entre deux

personnes volontaires, qui s’engagent dans la relation afin de partage un savoir

d’expertise. L’entrevue semi-dirigée favorise la constance d’une entrevue à un autre, ce

qui permet ensuite de relever les différentes perceptions des sujets sur les mêmes thèmes

de recherche pour pouvoir les comparer et les analyser. Ce type d’entrevue met donc un

cadre et permet aussi une souplesse par rapport aux détails abordés et aux dynamiques

personnelles (Karsenti, 2011). Un schéma d’entrevue a été préalablement bâti autour des

thèmes se rapportant aux problématiques en éducation et en employabilité ainsi qu’au

cadre théorique élaboré au début de recherche. Le guide d’entrevue présenté en Annexe

V comprend quatre sections et 13 questions. Les questions 1 et 2 sont liées au premier

objectif spécifique et veulent comprendre comment les conseillers d’orientation ont vécu

leurs apprentissages de l’épreuve Groupements et ce qui les a motivés à se former à cet

outil. Comme cet outil nécessite une formation initiale et un entrainement à la cotation, il

est intéressant de connaître les étapes par lesquelles sont passés les conseillers

d’orientation questionnés, le temps qu’il leur a fallu pour se sentir confortable avec l’outil

et leur vécu en tant qu’apprenant. Les questions 4, 5, 6, 7 se rapportent au deuxième

objectif spécifique, soit de comprendre comment les conseillers d’orientation utilisent

l’épreuve Groupement dans leur pratique et comment les clients y réagissent. Ces

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116

questions veulent présenter à qui s’adresse l’épreuve Groupements en termes de

clientèles ou de problématiques et avoir un portrait de l’utilisation dans le quotidien de la

pratique des conseillers d’orientation. Comme les conseillers d’orientation interrogés ne

sont pas des mêmes secteurs de pratique, cela permet aussi de comprendre l’apport de

l’outil dans plusieurs sphères de l’orientation. Le troisième objectif spécifique est couvert

par les questions 3, 8, ainsi que par la 12. Ces questions traitent des motivations des

conseillers d’orientation à utiliser l’épreuve Groupements, des avantages que cela a dans

leur pratique et des difficultés pouvant être rencontrées dans l’utilisation de cet outil.

Enfin les questions 9, 10 et 11 couvrent le quatrième objectif spécifique voulant connaître

la perception des conseillers d’orientation face à leur rôle envers l’intervention sur

l’identité, que l’épreuve Groupements et l’approche psychogénétique préconisent et qui

fait partie du champ d’exercices des conseillers d’orientation. Cela permet de comprendre

les apports de l’épreuve Groupement face à l’intervention sur l’identité et la position des

conseillers d’orientation rencontrés quant à leurs compétences envers ce type

d’intervention. La question 13, qui demande aux participants s’ils voudraient ajouter

quelque chose d’important n’ayant pas été couvert lors de l’entretien, sert à s’assurer que

le participant ne reste pas avec des informations pertinentes sans avoir l’occasion pour les

partager et à clore l’entrevue. L’ordre des questions ne correspond pas en tout temps aux

sections en lien avec les objectifs spécifiques et cela est un choix fait pour avoir une

continuité lors de l’entretien avec les conseillers d’orientation, une logique dans les

propos qui sont tenus pendant la rencontre (Karsenti, 2011). Ainsi, les huit conseillers et

conseillères d’orientation ont été rencontrés en personne, au lieu de leur choix, pour une

entrevue face à face, afin de répondre à ces questions. La durée de la rencontre fut d’une

heure.

4.4 Démarche d’entretien

Afin de s’assurer de la conformité de la démarche envers tous les participants et que

ceux-ci comprenaient bien l’implication de leur participation, un protocole d’entretien fut

Page 117: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

117

utilisé en début de rencontre. Ce protocole présenté à l’Annexe VI est une révision des

sujets importants à revoir avec les participants avant de débuter la rencontre. Comme

ceux-ci avaient déjà reçu, via leur courriel, un formulaire d’information et de

consentement, cette étape visait seulement à vérifier que toutes les informations étaient

bien comprises et à répondre aux questions si nécessaire. Ainsi, cette étape consistait à

revoir le but de l’entrevue, les avantages et inconvénients pouvant y découler, dont

l’inconfort possible face à certaines questions qui pourraient faire ressortir les difficultés

qu’ils vivent face à l’outil ou face à la théorie. Un moment a été pris par l’étudiante-

chercheuse pour revoir ces possibilités en mettant l’emphase sur le fait que ces

informations sont constructives et qu’elles exposent la réalité du vécu des participants. À

cela s’est ajouté les modalités prises pour assurer la confidentialité et l’anonymat (qui

sont décrites plus loin), les étapes du déroulement de l’entrevue avant, pendant et après,

la possibilité pour le participant d’arrêter l’entrevue en tout temps et finalement de

réitérer la disponibilité de l’étudiante-chercheuse à répondre aux questions à tout

moment. Suite à cette étape, le formulaire de consentement libre et éclairé fut signé, le

dictaphone mis en marche et l’entrevue a pu débuter.

Il a également été important pour l’étudiante-chercheuse de mettre les participants en

confiance et de créer un climat favorable à l’ouverture de soi et au partage des

connaissances et du vécu. Selon Karsenti (2011), de la qualité de la relation découlera

une qualité des échanges pour que l’entrevue se déroule dans une atmosphère

harmonieuse et agréable pour tous.

4.5 Modalités d’analyse des données

L’analyse des données est l’étape qui permet de découvrir les liens à travers les

informations accumulées, de saisir le sens de ce qui a été dit (Karsenti, 2011). Selon

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Karsenti, plusieurs types d’analyse existent, mais ce sera l’analyse logique inductive

délibératoire qui sera employée ici dans le cadre de cet essai. Ce type d’analyse :

[...] consiste à utiliser le cadre théorique comme un outil qui guide le

processus d’analyse. La grille d’analyse initiale peut toutefois être enrichie

si d’autres dimensions ressortent des données. (Karsenti, 2011, p. 138)

Suite à la collecte de données, un verbatim fut produit pour chacune des entrevues. Les

réponses, commentaires et explications des participants étant ainsi par écrit, il est ensuite

plus facile de passer à l’étape de les visualiser et ensuite de faire la réduction des données

par, ce que Karsenti nomme, le codage (Karsenti, 2011). Cette opération vise à attribuer

un nom aux différents segments des entrevues et permet de faire ressortir les principales

idées contenues dans les verbatims.

Selon Paillé et Mucchielli (2011), ce travail d’analyse comporte trois niveaux, soit la

transcription, la transposition et la reconstitution. Dans le cadre de cette recherche, la

transcription permet de transférer les enregistrements sonores en des transcriptions

d’entretiens ayant la forme d’un verbatim. Cela rejoint également Karsenti (2011) qui

nomme « codage » l’opération vise à attribuer un nom aux différents segments des

entrevues et permet de faire ressortir les principales idées contenues dans les verbatims.

La transposition, qui permet d’annoter, catégoriser, commenter ou réécrire les

informations, ainsi que de les reconsidérer (Paillé et Mucchielli, 2011) sera présentée

dans cette recherche lors de la présentation des résultats. Enfin, la reconstitution, qui

« […] prend la forme d’un récit argumenté autour des principales catégories d’analyse,

avenues de compréhension, pistes d’interprétation » (Paillé et Mucchielli, 2011, p. 79)

sera présentée sous forme de discussion des résultats. Ce processus d’analyse des

données n’est pas linéaire, puisque chaque étape est en relation avec les autres. Karsenti

(2011) mentionne également que l’analyse est aussi un processus dynamique où

s’entrecroisent vérification et comparaison qui permettra une meilleure compréhension

des éléments collectés.

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119

4.6 Mesures d’éthique

Afin d’être bien informé des règles d’éthique entourant une recherche sur des êtres

humains, une formation en ligne a été faite par l’étudiante-chercheuse. (Cours : Énoncé

de politique des trois Conseils : Éthique de la recherche avec des êtres humains :

Formation en éthique de la recherche (EPTC 2 : FER)) Cette formation est offerte par

« Le groupe d’éthique de la recherche » et remet un certificat d’accomplissement aux

personnes l’ayant complétée et réussis. Pendant et suite à la collecte des données, des

procédures ont été prises pour assurer la confidentialité des participants et pour diminuer

le risque de les reconnaître. C’est pour ces raisons que l’étudiante-chercheuse a pris soin

que leurs nom, lieu de travail, nom de leurs clients, élèves, collègues ou patron n’ont pas

été révélé. Les participants en étaient d’ailleurs déjà informés via le formulaire

d’information et de consentement. Suite aux transferts des enregistrements sur fichiers

informatiques, les enregistrements sonores furent tous détruits et les fichiers mis sous

deux clés USB possédant le même code d’accès. Une clé fut remise au directeur de

recherche. Lorsque les clés n’étaient pas utilisées, elles étaient conservées dans un

classeur fermé sous clé. Concernant la confidentialité des participants, dès le transfert sur

fichier leur nom fut remplacé par un code (C.O.1, C.O.2, etc.) et pendant les démarches,

seule l’étudiante-chercheuse a été en contact avec eux.

5. Présentation et analyse des résultats

Cette section présente et analyse les résultats de ce qui a été recueilli lors des rencontres

avec les conseillers d’orientation. Tel que décrit dans la méthodologie, huit conseillers

d’orientation ont participé à une entrevue semi-dirigée afin de partager leur pratique de

l’orientation avec l’épreuve Groupements. Pour maintenir leur anonymat, les huit

conseillers d’orientation (C.O.) sont identifiés par un chiffre : C.O.1, C.O.2, C.O.3,

C.O.4, C.O.5, C.O.6, C.O.7 et C.O.8. De plus, 4 sections présentent les résultats obtenus

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par ces professionnels, qui correspondent également aux objectifs spécifiques de la

recherche, soit :

a) Décrire les motivations des conseillers d’orientation à utiliser l’épreuve Groupements.

b) Analyser les contextes d’utilisation de l’épreuve Groupements des conseillers

d’orientation.

c) Présenter les pratiques efficientes des conseillers d’orientation en lien avec l’utilisation

de l’épreuve Groupements et de l’approche psychogénétique.

d) Comprendre les perceptions des conseillers d’orientation quant à leur rôle face à

l’intervention sur l’identité.

5.1 Les motivations des conseillers d’orientation à utiliser l’épreuve

Groupements

Pour bien comprendre les motivations des conseillers d’orientation à utiliser l’épreuve

Groupements dans leur pratique, quatre sous-sections ont été créées. Il s’agit

des éléments incitatifs à la formation, des conditions facilitant l’apprentissage, ainsi que

des éléments motivateurs dans leur pratique actuelle.

Les conseillers d’orientation reconnaissent que certains éléments ont fourni un intérêt

particulier à se former, ou à maintenir leur formation et ensuite se perfectionner. Deux

thèmes sont ressortis lors des entretiens, soit, découvrir une vision de l’orientation qui les

interpellaient et le second élément est d’avoir été en contact avec Luc Bégin.

Page 121: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

121

Tableau 9 : Thèmes émergents et définition opératoire des éléments incitatifs à la

formation initiale

Thèmes émergeant Définitions opératoires

Une vision de l’orientation L’approche psychogénétique est venue

mettre des mots sur une vision de

l’orientation qui les interpellaient, qui

décrivait ce qu’ils faisaient

instinctivement, ou elle a mis en place les

morceaux qui leur manquaient pour

comprendre l’orientation et ses difficultés.

Luc Bégin, un mobilisateur Le contact avec le concepteur de l’outil fut

un élément mobilisateur. La personnalité

de Luc Bégin et le lien qu’il a créé avec

certains c.o. a été un élément de motivation

pour qu’ils se surpasser. Dans leur

parcours scolaire et professionnel, il a été

une figure marquante.

Une vision de l’orientation.

Le thème « Une vision de l’orientation » fait référence au fait que pour les conseillers

d’orientation, connaître l’épreuve Groupements et l’approche psychogénétique est venue

mettre des mots sur une vision de l’orientation qui les interpellaient davantage que ce

qu’ils avaient déjà appris, qui décrivait ce qu’ils faisaient instinctivement, ou qui mettait

en place les morceaux qui leur manquaient pour comprendre l’orientation et ses

difficultés.

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122

Pour la C.O.1, l’approche est venue mettre des mots sur ce qu’elle faisait intuitivement,

alors qu’elle ne s’associait pas à une approche en particulier, bien qu’intéressée

davantage par les approches freudiennes et jungiennes : « [...] l’approche

psychogénétique est venue mettre un nom, des concepts sur une façon que moi j’avais

d’être en intervention ». Cette vision de l’orientation a pris forme lors d’un cours à

l’Université du Québec à Montréal (UQAM), de niveau maitrise. Elle ajoute que

lorsqu’elle a connu l’approche, l’effet a été instantané :

[...] un des cours que j’ai eu à faire à la maîtrise c’est counseling

individuel, c’était avec Luc pis moi ça été vraiment une… presque une

révélation en ce sens que formée quand même en psychologie j’avais vu

toutes les approches, c’est comme venu tout placer, donc après ça, j’ai

décidé de m’inscrire à la formation à l’épreuve Groupements. (C.O.1)

Ce type de réaction s’est aussi ressenti chez la C.O.2, qui mentionne être allée chercher la

formation à l’épreuve Groupements lors de laboratoire donné dans le cadre de sa

formation à la maitrise en carriérologie à l’UQAM :

Tandis que là à la maîtrise, moi j'me questionnais sur c'est quoi

l'orientation, est-ce que j'voulais devenir une conseillère en orientation,

j'avais pas de modèle vraiment par rapport à ça, j'tais souvent e… déçue

par c’que j'voyais alors en m'inscrivant à ce cours là (avec Luc Bégin), ben

pour moi, ça été un déclencheur... [...] pour moi c'était une approche qui

vraiment était révélatrice et me convenait vraiment beaucoup. (C.O. 2)

Alors que la C.O.1 et la C.O.2 ont ressenti que l’approche psychogénétique leur proposait

une vision de l’orientation qui avait du sens pour elles, pour la C.O.3, c’est la puissance

de l’outil qui l’a d’abord interpellé. Elle mentionne aussi avoir apprécié le fait qu’il lui

soit accessible, même si elle n’était pas conseillère d’orientation.

Page 123: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

123

[...] il nous formait à l’intérieur du BAC. Donc pour nous c’était quelque

chose d’extraordinaire. J’m’en allais intervenante [...] On avait pas

beaucoup d’outils, fac moi j’trouvais ca ben intéressant, [...] t’sé on sortait

du cadre, de l’étiquette [...] Fac j’trouvais que l’épreuve ça allait plus loin

que ça, ça m’parlait de la perception de la personne de comment elle voit

le monde, de comment elle l’organise, pis de l’unicité de la personne, pis

ça moi, ça me parlait beaucoup. (C.O.3)

Par ailleurs, lorsque le conseiller d’orientation est déjà actif sur le marché du travail, qu’il

est en contact avec d’autres théories, l’approche psychogénétique apporte de nouveaux

éléments qui incitent à vouloir ensuite se former. C’est ce qu’a vécu le C.O.8 qui

explique :

[...] j’ai été en contact avec les gens qui ont accédé beaucoup au

développement de la conscience des gestionnaires donc, on est dans les

mêmes mêmes eaux là quand on parle de Kegan ou qu’on parle de Bégin,

qu’on parle de Kohlberg. Fa qu’au départ c’qui m’a intéressé, c’qui

m’intéresse particulièrement de Luc, c’tait l’approche là, de pouvoir

comprendre les organisations, de comprendre l’organisation des individus

[...] alors que les autres courants ont jamais réussi à développer un outil

précis qui permet de poser un diagnostic avec l’évaluation, de structurer

l’évaluation. (C.O.8)

Ces nouvelles informations l’ont ensuite motivé à pousser la compréhension en allant

chercher la formation initiale à l’épreuve Groupements. Formation qu’il mentionne avoir

suivie à l’intérieur des locaux de l’entreprise où il œuvrait.

Donc, en résumé, ces extraits nous présentent le fait que, les conseillers d’orientation ont

reconnu que, lorsqu’ils ont été en contact avec l’épreuve Groupements ou l’approche

psychogénétique, cela à donné un éclairage nouveau à leur vision de l’orientation et

qu’ils y ont adhéré. Cela les a ensuite incités à se former à l’approche psychogénétique,

ou à la maitrise en orientation, si la formation était déjà acquise lors du passage au

baccalauréat.

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124

Luc Bégin, un mobilisateur

Le contact avec le concepteur de l’outil fut un élément mobilisateur. La personnalité de

Luc Bégin et les liens qu’il a créés avec certains conseillers d’orientation ont été un

élément de motivation pour qu’ils se surpassent. Dans leur parcours scolaire et

professionnel, il a été une figure marquante.

En d’autres mots, rencontrer Luc Bégin dans un contexte d’apprentissage, où il partageait

ses connaissances et sa vision de l’orientation, a été un point de départ à leur intérêt à se

former à l’épreuve Groupements et à l’approche psychogénétique.

[...] c’était Luc qui m’avait donné la formation pis comment j’te dirais, il

m’a fait embarquer là, tsé j’ai accroché à Luc. J’ai accroché à la

psychogénétique, à sa vision, à sa vision des choses, à sa vision de

l’identité. (C.O.5)

Tout comme la C.O.5, la C.O.6 ajoute que Luc Bégin fut mobilisateur, dans le sens où de

par son contact, elle s’est investie au-delà de ce qu’elle avait prévu au départ.

[...] j’ai commencé par connaître l’homme avec sa théorie sur l’identité

pis…comment j’dirais ça, à partir de là on dirait que j’ai commencé par me

connaître, c’est lui qui m’a comme e… qui m’a fait découvrir l’orientation

au fond parce que moi j’m’en allais en information scolaire et

professionnelle, j’pensais jamais aller à la maîtrise. Fa que c’est comme,

j’avais l’impression que j’me… qu’à travers lui j’me découvrais

finalement. (C.O.6)

Rencontrer Luc Bégin était donc signifiant dans le parcours scolaire ou professionnel des

conseillers d’orientation. Par ailleurs, tel que le mentionnent la C.O.4 et la C.O.7 ce

Page 125: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

125

contact a parfois été déroutant. En ce sens la C.O.4 se rappelle que d’avoir rencontré Luc

Bégin lui a ouvert d’autres portes : « […] parce que c’est sûr que Luc, y m’a fait aller

dans des zones que a priori, j’serais sans doute pas allée. Il m’a demandé e… ça m’a

demandé de sortir de certaines zones de conforts. » Sortir d’une zone de confort n’est pas

toujours facile et pour la C.O.7 qui a ressenti elle aussi cet état, elle mentionne avoir

préféré attendre un peu avant de s’y plonger.

Ben sur l’coup c’était un choc pas mal que j’ai eu, surtout avec Luc, de sa

personnalité, comment il était là, j’étais vraiment bouleversée quand j’ai

compris l’outil, qu’est-ce qu’on pouvait aller voir avec ça, donc j’étais en

état de choc mais j’tais assez bonne pour le maitriser, mais à l’époque j’ai

pas voulu m’investir là-dedans [...] c’est quand je suis revenue à la

maitrise [...] j’ai décidé d’aller vers c’qui m’attirait et là j’ai choisi Luc

comme directeur de maitrise, c’est là que là j’ai r’commencé à réutiliser de

façon plus quotidienne l’épreuve Groupements (C.O.7)

En résumé, ces citations nous font voir que Luc Bégin a marqué ces conseillers

d’orientation. Il semble que malgré le fait que sa vision de l’orientation ou sa façon d’être

les a parfois perturbés, dans le sens où cela les sortait d’un confort, cela a été un élément

mobilisateur, une sorte de tremplin pour qu’ils s’engagent ensuite vers une carrière en

orientation.

5.1.2 Les conditions facilitant l’apprentissage

L’épreuve Groupements nécessite une formation particulière, ce n’est pas un outil qui

peut être appris de façon autodidacte. Les conseillers d’orientation reconnaissent que

certains éléments ont facilité leurs apprentissages. Trois thèmes émergent à ce sujet, soit :

s’investir en temps formel et informel, être entouré et être motivé par les défis

intellectuels.

Page 126: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

126

Tableau 10 : Thèmes émergents et définition opératoires des conditions facilitant

l’apprentissage de l’épreuve Groupements

Thèmes émergent Définitions opératoires

S’investir en temps formel et informel

Les c.o. reconnaissent que l’apprentissage

théorique et pratique de l’outil et de la théorie

demandent d’investir du temps personnel en

pratique et du temps académique en

perfectionnement.

Être entouré Le fait d’être entouré dans les débuts est un

élément positif pour développer sa

compréhension de l’outil.

Que ce soit à travers un regroupement de

collègues qui se sont formés en même temps

ou auprès d’un collègue qui était formé depuis

un moment et qui partageait ses connaissances,

les c.o. mentionnent qu’être entouré a été une

source de stimulation les aidant à persévérer et

progresser dans l’acquisition de leurs

connaissances.

Être motivé par les défis intellectuels La complexité de l’outil est un défi intellectuel

pendant la formation et après dans l’évolution

de leur pratique. Les c.o. mentionnent que le

fait que l’outil et la théorie soient complexes a

été un élément stimulant.

Sa propre structure identitaire Les conseillers d’orientation ont constaté que

leur propre identité avait un impact dans leur

appropriation de l’épreuve Groupements.

Page 127: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

127

S’investir en temps formel et informel

Les c.o. reconnaissent que l’apprentissage théorique et pratique de l’outil et de la théorie

demandent d’investir du temps personnel en pratique et du temps académique en

perfectionnement. Plus cet investissement sera présent, plus il sera profitable dans

l’appropriation des connaissances et l’aisance d’utilisation.

L’analogie faite par la C.O.1 représente bien ce concept d’investissement : « c’est comme

un sport… … c’est clair que si tu pratiques juste une heure pas semaine, ça va être plus

long avant de maîtriser fa que ça demande que tu puisses le pratiquer presque au

quotidien dans ta vie professionnelle. » Pour elle, le temps à investir et les efforts à y

mettre allaient de soi, car :

[...] y a que quand ça fait du sens on peut, en tout cas moi, quand quelque

chose fait du sens, j’peux plus mettre les efforts. On peut pas dire que j’ai

une auto- discipline super réglée, mais quand quelque chose fait du sens

pour moi, j’veux dire j’suis en mesure de me… d’m’y mettre, j’avais

tellement de plaisir là, en faite j’en ai encore aujourd’hui (C.O.1)

Pour cette conseillère d’orientation effort est récompensé par plaisir d’apprendre quelque

chose qui fait du sens pour elle. C’est aussi par intérêt que la C.O.5 s’est investie en

temps. De façon concrète, elle présente ce à quoi cet investissement en temps

professionnel et personnel a représenté pour elle :

[...] une fois qu’on a fait la formation, à chaque fois dans mon équipe de

travail j’leur disais faites passer l’épreuve, moi j’vais vous faire passer

l’épreuve, j’vais la faire passer aux clients, je cotais toutes les épreuves du

bureau, je les cotais, tout ce que je voyais passer sur la Liste Identité,

j’cotais tout, vraiment. (C.O.5)

Page 128: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

128

Par ailleurs, l’investissement en temps représente aussi un temps en apprentissage formel,

en ateliers ou perfectionnement. La C.O.5 poursuit en disant : « [...] tout ce qui passait

j’le prenais. Il faut que tu t’intéresses à l’outil, c’est un outil tellement complexe… que si

tu fais pas ça tu peux pas y arriver, j’pense pas ». Il en est de même pour la C.O.3, qui

mentionne s’être investie dans [...] « soit du perfectionnement soit des des gens qui euh

faisaient des études de cas, j’me suis même inscrite, j’ai même demandé à nos

organisations de nous fournir de la supervision ». Les occasions de se perfectionner sont

aussi présents sous d’autres formes, le C.O.8 mentionne se perfectionner entre autres via

la « Liste Identité » qui est un forum de discussion servant aux utilisateurs de l’épreuve

Groupements, qui assure un suivi de formation quant à la correction et l’interprétation des

protocoles et à l’approfondissement des apprentissages liés à l’intervention. Les

corrections faites par les correcteurs sont visibles à tous et servent d'apprentissage

continu. Ainsi le C.O. 8 maintient et actualise ses connaissances via la Liste Identité, les

formations et les colloques.

En résumé, ces informations indiquent qu’ultérieurement aux formations initiales les

conseillers d’orientation ont été autonomes dans l’apprentissage de l’épreuve

Groupements et de l’approche psychogénétique. Ils se sont investis personnellement en

temps pour comprendre l’outil et l’approche et ont été chercher des formations de

perfectionnement, pour maintenir et continuer de développer leurs compétences.

Être entouré

Le fait d’être entouré dans les débuts est un élément positif pour développer sa

compréhension de l’outil. Que ce soit à travers un regroupement de collègues qui se sont

formés en même temps, ou auprès d’un collègue qui était formé depuis un moment et qui

partageait ses connaissances, les conseillers d’orientation mentionnent qu’être entouré a

Page 129: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

129

été une source de stimulation les aidant à persévérer et progresser dans l’acquisition de

leurs connaissances. À ce titre, la C.O.3 mentionne :

[...] je me suis beaucoup liée au réseau [...] plus t’en parles plus tu y

trouves un sens, parce que tu fais des études de cas là-dessus, pis tu vois

tout le raffinement de ton interprétation en en discutant avec les autres, fac

euh, comme n’importe quel outil de toute façon d’évaluation [...] j’ai

travaillé aussi avec d’autres professionnels qui l’utilisaient, des

psychologues qui eux aussi suivaient la formation, j’ai des des collègues

psychologues, des superviseurs psychologues qui utilisaient l’épreuve

Groupements, ça c’était fort intéressant. (C.O.3)

Dans le même ordre d’idée la C.O.4 se rappelle que lors de ses débuts il était stimulant

d’échanger à ce sujet avec ses collègues de travail : « on parlait de l’épreuve, on essayait

de comprendre, c’est vraiment comme ça qu’on s’est formé entre nous finalement. » Être

entouré représente aussi travailler avec une personne qui est déjà à l’aise avec l’épreuve

Groupements et l’approche psychogénétique. Le partage des connaissances qui se fait

alors facilite l’acquisition et la maitrise de l’outil et de l’approche. La C.O. 2 mentionne

qu’à ses débuts, une collègue qui maitrisait l’épreuve Groupements était présente à son

lieu de travail et qu’elle était devenue, par le fait même, une sorte de coach pour elle.

C’est aussi ce qu’a vécu la C.O.7.

[...] j’ai travaillé deux ans et demi avec elle, et là c’était vraiment très très

formateur, parc’que j’tais à l’aise pour coter l’outil, mais pas

nécessairement à l’aise pour interpréter et intervenir, là elle a été mon

mentor à ce moment là, pis elle m’a vraiment aidé à avoir une bonne

maitrise de cet outil là et de l’approche. (C.O.7)

Donc en résumé, dans les débuts, le fait de ne pas être seul à utiliser l’outil est une

condition qui a facilité l’apprentissage de ces conseillers d’orientation. Que ce soit d’être

parmi un groupe d’apprenant ou d’évoluer avec d’autres personnes déjà formées qui

partagent leurs connaissances, cela a été formateur.

Page 130: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

130

Être motivé par les défis intellectuels

La complexité de l’outil est un défi intellectuel pendant la formation et cela se maintient

aussi dans l’évolution de la pratique de ses utilisateurs. Les conseillers d’orientation

reconnaissent et acceptent ce fait et ajoutent qu’en même temps cela les stimulent. Cette

acceptation, d’être interpellés et devoir s’investir intellectuellement, devient donc une

source de motivation et fait partie des éléments qui ont facilité leur apprentissage. En ce

sens, la C.O.1 mentionne que la complexité de l’outil n’a pas été un obstacle : « y avait

un challenge, j’ai trouvé ça ardu… mais dans mon cas à moi, ça m’a pas découragée ».

Elle poursuit en ajoutant : « ben par ailleurs si on veut être mesure de l’utiliser cet outil

là, il faut avoir cet, cet intérêt là aussi à…. . à maîtriser un outil complexe. » Dans le

même ordre d’idée, la C.O.3 fait le lien avec son besoin de stimulation : « J’trouve que

c’est un outil difficile, mais moi, ça va de soi avec moi. Ça va de soi, ça va chercher le

meilleur de ce que je suis ». Être motivé par les défis intellectuels implique également le

fait que lorsqu’il n’y en n’a pas dans le quotidien des conseillers d’orientation, ils

s’ennuient, tel que le présentent les C.O. 5 et C.O. 6.

Parce que faut dire aussi que je m’ennuyais. Tsé comme conseillère en

emploi, j’en avais un peu assez. [...] C'est-à-dire, ça faisait six ans que

j’étais conseillère en emploi, pis j’avais l’impression que j’avais fait le tour

du jardin, fa que j’cherchais des sources de stimulation, tsé, m’en aller un

peu ailleurs [...] Fa que l’épreuve est arrivée comme au bon moment.

(C.O.5)

[...] pis j’m’ennuyais beaucoup dans les cours tsé, c’tait, c’tait l’UQUAM,

j’m’ennuyais dans l’sens que c’est… j’aimais ça, j’aimais ça quand c’tait

plus, plus complexe, plus difficile là tsé, j’trouvais c’tait trop, trop facile

les cours pis j’allais chercher beaucoup beaucoup à l’extérieur des cours

pour m’alimenter un peu parce que j’m’ennuyais vraiment beaucoup…

(C.O.6)

Page 131: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

131

Donc, en résumé cela fait état que la complexité de l’outil n’est pas un obstacle pour les

conseillers d’orientation interrogés, mais que bien au contraire, cela a été un élément de

motivation et de stimulation dans leur apprentissage. Cela implique que cette stimulation

s’est présentée à eux et qu’ils y ont adhéré, ou, qu’ils étaient déjà à la recherche de défis

intellectuels parce qu’ils s’ennuyaient dans le cadre de leur fonction et que l’arrivée de

l’épreuve Groupements et l’approche psychogénétique ont été une réponse à leurs

besoins de stimulation.

Sa propre structure identitaire

Les conseillers d’orientation ont constaté que leur propre identité avait un impact dans

leur appropriation de l’épreuve Groupements. Dans ce sens, la C.O.6 mentionne un

exemple concret qui montre que l’utilisation qui est faite de l’outil est façonnée en

fonction de ce qui est intégré dans sa propre identité.

Quand y a des aspects de ton identité qui sont à travailler, à structurer et à

réorganiser ben moi j’te parle de la relationnelle technique, la routine là e

ça fait… c’est dur de bien coter. Tsé parce que… e… comment j’te dirais

ça e, ben y a toute cette partie-là que t’es pas capable de coter. Pis au

quotidien tu les mêles tout l’temps, [...] Faq à chaque fois que j’ai

amélioré, que j’me suis améliorée, j’ai amélioré ma façon de coter [...] Pis

e… pis chu pas parfaite, j’le serai jamais parce que [...] peut-être parce que

j’suis pas encore assez sûre de moi, peut-être que… je l’sais pas, mais je,

mais, mais j’pars avec l’idée que j’le sais que j’suis pas parfaite la-dans

là… (C.O.6)

Alors que la C.O.6 fait le lien entre son identité et la cotation de l’épreuve Groupements,

la C.O.7 elle, fait le lien entre son identité et sa façon d’intervenir : « Ben tsé comme moi

j’ai eu un cheminement personnel et [...] j’pense que c’est, tsé pour aider quelqu’un,

j’pense qui faut être soi-même euh en équilibre ». Cela va dans le même sens que ce que

mentionnent les C.O.1 et 2 :

Page 132: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

132

[...] pour moi, le fait qui soit complexe, ça va avec le fait que il ya une

puissance dans cet instrument là. Ça veut dire que, [...] à partir du moment

qu’un instrument est puissant veut, veut pas, pour l’interpréter ça demande

une complexité (C.O.1)

[...] je pense que pour l'utiliser oui ne serait-ce que la compréhension de

l'outil, à quoi y peut servir... ouais j'pense qu'y faut que t'aies une, une

identité qui est... qui est... quand même assez bien structurée (C.O.2)

Donc, en résumé ses conseillers d’orientation croient que la structure identitaire du

conseiller d’orientation va influencer leur pratique, autant au niveau de la cotation de

l’épreuve Groupements que dans l’intervention en relation d’aide.

5.1.3 Les éléments motivateurs dans leur pratique actuelle

Suite à leurs formations initiales, les conseillers d’orientation ont maintenu leur pratique

de l’épreuve Groupements et de l’approche psychogénétique au-delà d’une décennie.

Pour que cet outil chemine avec eux durant toutes ces années, certains éléments ont été

présents et assez puissants pour qu’ils continuent de l’utiliser et ressentent encore de

l’intérêt. Quatre motivations sous-jacentes au maintien de leur utilisation ont été

répertoriées, soit, le fait de diagnostiquer l’identité rapidement, de constater la validation

des clients, de pouvoir moduler ses interventions instantanément et d’avoir un « tour du

jardin » impossible, ce qui fait référence au fait qu’ils conçoivent avoir encore dans leur

avenir personnel et professionnel des occasions d’évoluer grâce à l’outil ou l’approche.

Page 133: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

133

Tableau 11 : Thèmes émergents et définition opératoire des éléments motivateurs des

conseillers d’orientation dans leur pratique actuelle

Thèmes émergeant Définitions opératoires

Diagnostic rapide de l’identité Les c.o. apprécient avoir rapidement un

diagnostic de l’identité. Cela leur permet, dès

le début des rencontres, de comprendre le

fonctionnement de leur client, d’identifier les

sources des difficultés ou malaises vécus en

emploi.

« T’as vu ça où? » : La validation des

clients

Le fait que les clients confirment

l’interprétation de leurs résultats à l’épreuve

Groupements, motive les conseillers

d’orientation à maintenir cet outil.

Moduler ses interventions

Connaître dès le début le fonctionnement de

leurs clients permet aux conseillers

d’orientation de moduler leurs interventions

dès les débuts pour s’adapter aux besoins de

ceux-ci et même être au-devant des besoins

qu’ils ne mentionnent pas toujours. Cela crée

la confiance et un sentiment d’efficacité.

Un « Tour du jardin » impossible

La vision de l’apprentissage continue qui est

associée à l’épreuve Groupements et à

l’approche psychogénétique, selon les

conseillers d’orientation rencontrés, est à deux

niveaux, autant ils voient qu’ils peuvent encore

apprendre, autant ils voient que l’outil peut

encore se raffiner. Ces possibilités de

développement sont une source de stimulation.

Page 134: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

134

Diagnostic rapide de l’identité

Les conseillers d’orientation apprécient avoir rapidement un diagnostic de l’identité. Cela

leur permet, dès le début des rencontres, de comprendre le fonctionnement de leur client

et d’identifier les sources des difficultés ou malaises vécus en emploi. Pour ces

conseillers d’orientation, avoir un diagnostic permet de dépasser ou de confirmer les

hypothèses qu’ils se font.

Pis là tu lui émets des p'tites hypothèses : « j'suis sure qu'y est comme ça...

pis j'suis sure comme ça... » Pis là tu lui fais passer l'épreuve pis là, aille,

ça valide ce que t'as pu, en tout cas... émettre comme hypothèses là, alors

tsé de poser un diagnostic en fait... j'trouve que c'est vraiment intéressant.

(C.O.2)

La C.O. 4 abonde en ce sens, en reconnaissant qu’aucun autre outil ne lui donne toutes

les informations qu’elle peut retirer avec l’épreuve Groupements. De l’histoire subjective

du client, elle peut faire des liens avec ce que présente son diagnostic identitaire, ce qui

semble être une force qu’elle reconnait de l’outil.

Parce que pour moi c’est l’outil qui me donne une compréhension

qu’aucun autre outil me donne de la personne, et à un point tel, parce que

là c’est tellement précieux, après toutes ces années, c’que j’peux aller

chercher comme, comme nuance, comme précision, des fois c’est

quasiment chi… chirurgicale j’oserais avec certaines personnes. C’qui fait

que le lien de confiance là, y s’établit là. (C.O.4)

Avoir ce diagnostic permet donc aux conseillers d’orientation de donner des informations

précises, tel que le dit la C.O. 5, cela mets, entre autres, les mots sur les maux : « je mets

des mots sur leurs malaises ou au contraire sur leurs forces qu’ils avaient pas pensées.

Les gens forment pas des liens et là c’est comme de faire les liens entre tous ça. » De

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135

plus, ces informations sont accessibles rapidement, ce qui semble être un avantage,

comme l’émet la C.O.6 :

[...] j’trouve que d’avoir cet outil là, ça m’outille, ça me donne un plus, une

lunette de plus pour voir peut-être c’que d’autres c.o. vont prendre

plusieurs rencontres avant d’le voir là tsé. Faq là, tsé j’dis pas qu’ils le

verront pas, éventuellement, mais c’est parce que c’t’à la longue que

t’apprends à connaître quelqu’un, tandis que c’t’outil-là déjà ça te donne

un bon… un bon coup de pouce. (C.O.6)

Dans un contexte scolaire où les conseillers d’orientation sont souvent seuls pour, utiliser

l’épreuve Groupements et avoir accès rapidement au diagnostic de l’identité est considéré

comme un avantage, comme le présente la C.O.7:

[...] c’parc’ que dans l’fond, comment j’fais pour m’en sortir, dans le

contexte de mon travail que je suis toute seule, c’est que, j’fais une

entrevue avec la personne, souvent j’la vois une fois mon étudiante, mais

des fois deux ou trois et j’leur dis aussi on s’voit une fois et ça s’peut que

tu quittes mon mon bureau avec un autre rencontre pis ça va dépendre de

la façon qu’on va travailler ensemble [...] première rencontre ça dure une

heure et demie, donc c’est l’entrevue, l’épreuve Groupements, l’ana,

l’interprétation d’l’épreuve Groupements et (bruit : tape dans ses mains) le

travail d’information scolaire. (C.O.7)

Donc, en résumé, ce qui ressort de ces extraits est que ces conseillers d’orientation

apprécient la précision des informations qu’ils vont chercher sur le fonctionnement de

leurs clients grâce à l’épreuve Groupements. Le fait que ces informations sont accessibles

rapidement est un avantage sur la durée requise pour connaître leur client.

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136

« T’as vu ça où? »

Le fait que les clients confirment l’interprétation de leurs résultats à l’épreuve

Groupements motive les conseillers d’orientation. Les réactions des clients, lorsqu’ils

sont touchés par la justesse des informations qui leur sont données sont révélatrices et ils

en font même part aux conseillers d’orientation. La C.O.1 présente cette situation :

[...] un monsieur que j’évaluais pour un poste de V.-P. donc, qui y avait

quand même une certaine prestance, un statut, qui m’a dit : « j’me sens

tout nu devant vous là Madame » [...] « juste avec le test de jeu de carte là,

que vous avez vu ça ? » (C.O.1)

Ce client a donc été surpris de la justesse des informations que révélait un « test » qu’il

croyait anodin. La C.O. 4 présente aussi les réactions de certains de ces clients qui

semblent elles aussi assez révélatrices :

[...] pis y en a d’autres qui tout de suite vont être complètement cul par-

dessus tête, de dire : « Ayoye j’en r’vient pas, nan, nan, nan, comment ça,

comment tu fais pour savoir ça? [...] même mes amis, y a juste mes

meilleurs amis, même j’ai des amis qui savent même pas ça… tsé de

comment j’me sens… »

Il en est de même pour la C.O.5 qui mentionne que plusieurs clients, surpris de la justesse

des informations qu’elle leur transmet, lui disent : « [...] ah ben là j’pensais pas qu’on

allait parler de ça [...], mais êtes-vous psychologue? ». Elle ajoute d’ailleurs que cela la

motive à poursuivre l’utilisation de l’outil.

[...] ce qui incite aussi à continuer c’est quand j’donne l’interprétation à

froid là, j’dirais j’connais pas, ça fait une heure, même pas, des fois c’est

une demi-heure que j’connais la personne pis j’y dis un truc, pis là le client

fait comme « ben là, comment tu sais ça? » (C.O.5)

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137

Il en est de même pour la C.O. 2 qui parle de la réaction des élèves en disant : « c'qui est

vraiment drôle c'est que quand y sont réflexifs [...] eux, c'est vraiment intéressant parce

que : "Ah, mais madame comment ça fait?" [...] comment ça s'fait que vous avez pu voir

ça... de moi? ». Elle ajoute également :

Ça c’est vraiment, à mon avis, c’qui y a de vraiment d’intéressant dans

c’travail là [...] tu sais quand y a des cas d’élèves ou ça va pas la

motivation tout ça, on va e la direction, au service pédagogique [...] on va

souvent me d’mander d’être à la rencontre, d’avoir un portrait de l’élève,

et parfois l’élève là j’le connais pas OK, je, j’ai, j’ai pas commencé a faire

de rencontre avec lui, mais j’ai fait l’épre… je, je lui ai fait faire l’épreuve

Groupements. [...] Et c’est arriver à plusieurs reprises… ou des parents

m’ont dit « Mais Madame, c’est parce que je pense que vous l’connaissez

autant que moi ». (C.O.2)

Par ailleurs, la C.O.3 mentionne que ses clients ne sont pas surpris de ce qu’elle leur dit,

mais plutôt qu’ils : « sont surpris d’avoir quelqu’un qui voit ça assez vite, parce que c’est

ma deuxième rencontre », ce qui fait en même temps un lien avec ce qui était présenté

plus tôt, concernant la rapidité à obtenir un diagnostic de l’identité. Enfin, la C.O.6

précise que ce qu’elle aime est le fait que suite à la présentation des résultats, ses élèves

sont : « [...] tellement surpris que là ça les fait parler. [...] C’est ça qui est l’fun parce que

ça les fait s’ouvrir. »

Donc, en résumé, ces conseillers d’orientation mentionnent que les réactions positives de

leurs clients, face à l’interprétation qu’ils leur font de leur épreuve Groupements, valident

l’utilisation qu’ils en font. Par le fait même, c’est également une source de motivation.

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Moduler ses interventions

Connaître le fonctionnement de leurs clients permet aux conseillers d’orientation de

moduler leurs interventions dès les débuts pour s’adapter aux besoins de ceux-ci et même

être au-devant des besoins qu’ils ne mentionnent pas toujours en premier lieu. Cela crée

la confiance et un sentiment d’efficacité.

Plusieurs conseillers d’orientation mentionnent que connaître le fonctionnement de leur

client leur permet de savoir comment les aborder. En ce sens, la C.O.2 explique : « Si j’ai

un jeune, ou qui est incapable de donner un sens à tout ça, mes interventions ne seront

pas les mêmes que si j’ai un jeune, j’vois bon, qui a une identité assez solide. Dans ce

même sens, la C.O.3 explique :

[...] dépendamment de la structure de la personne, comment je dois

l’aborder, c’est ça que j’aime de l’épreuve Groupements, c’est que ça me

donne des paramètres à comment intervenir avec elle. Par exemple si la

personnel est toute en relationnelle, j’peux bien comprendre que on va

s’promener de partout, pis que probablement s’qu’on va décider là, dans

une semaine, ça va r’venir et ça va être très, tsé le sentiment de vide [...] fa

que j’fais attention, même j’peux le dire à la personne, j’peux l’avertir qu’à

va avoir ce sentiment là. (C.O.3)

Cette possibilité d’aborder le client selon les besoins de son identité et même d’intervenir

dans un contexte d’orientation est aussi un apport que reconnait la C.O.6. Elle mentionne

que : […] la façon que j’vois comment est-ce qui est organisé c’est ça qui va m’enligner

par rapport à lui dans mes interventions, pis c’est ça qui va m’inter… qui va m’enligner

sur comment j’vas l’aborder c’te jeune-là. (C.O.6)

Il en est de même pour le C.O.8, qui mentionne que connaître le diagnostic identitaire :

« ça l’aide vraiment à savoir là où se situe mon client [...] qu’est-ce que j’peux faire moi

pour l’aider. » La C.O. 5 abonde dans le même sens et ajoute que les informations qu’elle

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139

a lui permettent d’être au-devant de son client : « [...] ça permet d’aller chercher euh,

d’aller identifier les craintes du client pour pouvoir aller le rassurer avant même qu’il t’ait

nommé la, qu’il t’ait nommé sa crainte. »

En résumé, avoir le diagnostic identitaire permet aux conseillers d’orientation de moduler

leurs démarches afin de s’accorder à ce que le profil de leurs clients requiert. C’est une

façon pour eux de respecter et d’être congruent avec les limites et les ressources de leurs

clients.

Un « Tour du jardin » impossible

La vision de l’apprentissage continue qui est associée à l’épreuve Groupements et à

l’approche psychogénétique, selon les conseillers d’orientation rencontrés, est à deux

niveaux, autant ils voient qu’ils peuvent encore apprendre, autant ils voient que l’outil

peut encore se raffiner. Ces possibilités de développement sont une source de stimulation.

Dans l’avenir professionnel de tous les conseillers d’orientation rencontrés, ils désirent

maintenir leur pratique de l’outil et de l’approche.

La C.O.1 mentionne : « c’que j’trouve encore aujourd’hui fascinant de l’épreuve c’est

que, encore aujourd’hui on découvre des nouvelles interprétations ». Il en est de même

pour la C.O.4 qui ajoute qu’il est aussi important d’accepter que la maitrise de l’outil et

de l’approche évolue dans le temps et sur une période indéterminée.

Mais pour moi l’épreuve, c’est parce qu’y a pas de case, donc les

possibilités sont infinies, alors ça demande d’avantage d’acceptation du

fait que là c’t’un travail d’une vie professionnelle [...] d’apprendre à

maîtriser cet outil-là pis on n’arrête pas d’apprendre, parce que y est en

mouvement l’outil, y est vraiment pas figé dans l’temps. (C.O.4)

Page 140: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

140

Ainsi, le fait que l’outil se développe encore et que l’apprentissage est un processus qui

se vit en continuité dans le temps est une source de motivation pour ces conseillers

d’orientation. Ils voient positivement l’éventualité d’apprentissage futur et ce, malgré le

fait qu’ils y sont impliqués depuis plusieurs années déjà. En ce sens, la C.O.5 et le C.O.5

racontent :

[...] même encore aujourd’hui, y a encore, pis j’pense ça va être toute la

vie de même là, y a encore des moments où j’comprends pas trop c’qui

s’passe, pis là c’est hop, quelqu’un m’dis un affaire pis là « ha oui, OK,

tiens, j’avais pas vu ça », tsé c’est vraiment, c’est sans fin c’t’affaire là.

(C.O.5)

[...] c’est quelque chose qu’on apprend toujours, j’pense que j’s’rais là

dans trente ans et y aura encore des choses à voir [...] c’est pas d’main que

j’va arrêter [...], j’va continuer de lire là-d’sus, ça m’intéresse, j’suis tombé

d’dans, j’suis vraiment d’dans, c’est clair. (C.O.8)

Les huit conseillers d’orientation voient également leur pratique de l’outil et de

l’approche se maintenir dans leur avenir professionnel, en autant qu’ils maintiennent un

rôle approprié à l’utilisation. La C.O.1 résume bien les dires de l’ensemble des conseillers

d’orientation rencontrés.

Ben en faite tant que j’vais rester dans, dans un rôle comme celui que je

joue, Oui. tsé moi j’me vois pas e ne pas utiliser l’épreuve fa que la seule

chose qui f’rait que j’utiliserais pu l’épreuve c’est que j’serais dans un rôle

où e ça fait pas partie de mes fonctions là (C.O.1)

En résumé, ces extraits présentent le fait que ces conseillers d’orientation considèrent que

leurs apprentissages peuvent encore évoluer et ce malgré le fait qu’ils ont plus d’une

décennie de pratique. Le fait que les huit conseillers d’orientation disent vouloir

maintenir leur pratique de l’Épreuve Groupements et de l’approche psychogénétique dans

l’avenir peut, par le fait même, que ce n’est pas un obstacle pour eux.

Page 141: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

141

En conclusion de cette section, pour les conseillers d’orientation rencontrés, les

motivations sous-jacentes à l’utilisation de l’épreuve Groupements et de l’approche

psychogénétique sont :

Ils y voient une vision de l’orientation à laquelle ils adhèrent;

Le fait que cette vision leur a été transmise par Luc Bégin et le lien qu’ils ont créé

avec lui a été un élément stimulant;

Ils ont été attirés par les défis intellectuels et ils savent qu’il y en a encore devant

eux;

L’interprétation qu’ils font de l’épreuve Groupements est validée par leurs clients

et ceux-ci sont surpris de la précision et de la profondeur de ce qui leur est dit;

Ils connaissent rapidement le fonctionnement identitaire de leur client et peuvent

ainsi adapter leur façon de les aborder.

En plus de ces motivations, trois autres éléments ressortent concernant les conditions qui

ont facilité l’apprentissage de l’épreuve Groupements des conseillers d’orientation dans

leur début de pratique. Les deux premiers éléments sont le temps et l’entourage, qui font

référence au fait qu’ils y ont investi du temps en formation formelle (structurée) et

informelle (temps personnel) et qu’ils se sont entourés de gens qui apprenaient ou

connaissaient déjà l’épreuve Groupements. La dernière condition facilitant

l’appropriation de l’épreuve Groupements et l’intervention avec les clients est la structure

identitaire même des conseillers d’orientation. Les conseillers d’orientation rencontrés

ont constaté que cela avait un impact face à la cotation de l’épreuve Groupements et face

à la relation qu’ils ont avec leurs clients.

En somme, on constate que pour ces conseillers d’orientation, le moment où est arrivée

l’épreuve Groupements dans leur vie, a eu un impact différent selon leurs années

Page 142: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

142

d’expériences professionnelles en orientation. Plus ces professionnels étaient déjà actifs

depuis un certain temps dans leur milieu, plus l’intérêt était instantané et répondait à un

besoin non comblé. Ce besoin non comblé pouvait être autant au niveau d’un manque de

stimulation intellectuelle que d’une insatisfaction quant à la vision de l’orientation qui

leur avait été présentée jusqu’à maintenant. Pour tous ces conseillers d’orientation, le fait

d’être stimulé intellectuellement par l’outil révèle une curiosité naturelle et c’est aussi

l’élément clé, faisant qu’ils étaient prêts à s’investir en temps, en effort et en formations

de perfectionnement de façon autonome. La puissance des informations provenant de

l’épreuve Groupements et le fait de ne pas posséder toute la matière dès les débuts et

même de voir que leurs apprentissages ne se termineraient pas de si tôt ne les a pas

rebutés, car dans leur pratique quotidienne ils constataient la satisfaction des clients

d’être si bien compris si rapidement. Par ailleurs, les conseillers d’orientation vivent un

sentiment d’efficacité de par le fait que, connaissant l’identité de leurs clients et

transposant ces informations en besoins dans leurs démarches avec eux, ils sont capables

de moduler leur processus ainsi que ce qu’ils interpréteront des résultats de l’épreuve

Groupements. Ainsi, ils s’ajustent afin d’être en cohérence avec les besoins mentionnés

par leurs clients et pour répondre, dans un même temps, aux besoins parfois non dits qui

découlent de leur identité. Dans les contextes où les conseillers d’orientation n’ont pas

beaucoup de temps pour rencontrer leurs clients, par exemple, en éducation, l’utilisation

de l’épreuve Groupements rend optimal le peu d’heures qu’ils ont avec eux.

5.2 Les contextes d’utilisations

Afin de décrire les contextes dans lesquels les conseillers d’orientation utilisent l’épreuve

Groupements, deux sections seront présentées. En premier lieu, un tableau présentera les

secteurs de travail, les services utilisés et les clientèles rencontrées par les huit conseillers

d’orientation. Cette partie descriptive a pour but de situer le lecteur face aux différents

contextes dans lesquelles évoluent les conseillers d’orientation et par le fait même cela

aidera aussi à mieux comprendre leurs utilisations. Cette première partie inclut également

l’analyse des éléments qui ressortent de ces différents contextes, soit, le fait que les

Page 143: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

143

conseillers d’orientation vivent des proximités variables avec leur client, qu’il s’agit de

présence volontaire et involontaire et que l’ensemble des conseillers d’orientation utilise

l’épreuve Groupements avec tous les types de clientèles qu’ils rencontrent. Puisque c’est

lors de leur utilisation que cet élément est vécu (ou a été vécue), la deuxième partie

portera sur la principale difficulté qu’ils ont rencontrée, soit l’interprétation des résultats

de l’épreuve Groupements.

5.2.1 Description des milieux et clientèles

Le tableau qui suit présente les milieux dans lesquels évoluent les conseillers

d’orientation, les besoins de leurs clients, ainsi que les types de clientèles qu’ils

rencontrent. La clientèle émergente, qui est représentée par les immigrants et les

personnes ayant une ou des problématiques en santé mentale, est présentée sous trois

niveaux. Le niveau faible indique que les conseillers d’orientation rencontrent rarement

des clients immigrants ou ayant des problématiques en santé mentale. Le niveau moyen

indique que les conseillers d’orientation disent rencontrer régulièrement des clients

immigrants ou des clients ayant des problèmes de santé mentale, mais que ce n’est pas la

majorité de leur clientèle. À titre d’exemple, la c.o. 4 mentionne que les dernières

statistiques de son organisme indiquaient que la clientèle immigrante représentait 20 %

de leur clientèle et que la clientèle ayant des problématiques en santé mentale représentait

33 % de leur clientèle habituelle. Enfin, le niveau élevé représente la caractéristique

principale de la clientèle qui les consulte. Dans le cas où une seule clientèle est

représentée sous l’appellation « clientèle émergente », sa caractéristique est indiquée

entre parenthèses. De plus, pour les conseillers d’orientation œuvrant en éducation, le

ratio indiquant le nombre de conseillers d’orientation présents dans leur école pour le

nombre d’élèves présents est inscrit.

Page 144: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

144

Tableau 12 : Milieux de pratique des conseillers d’orientation et clientèles rencontrées

c.o

Milieux

Besoins des

clients

Clientèles

Clientèles

émergentes

1 Organisationnel Sélection

Évaluation

Développement-

Coaching

Consolidation

d’équipe

Mandat de relève

Tout âge

Adultes en emploi

Faible

8 Organisationnel Sélection

Évaluation

Tout âge

Adultes en emploi

Faible

2 Éducation/

Secondaire (ratio 1c.o./1200

élèves)

Orientation

Jeunes de niveau

secondaire –

école privée

Faible

6 Éducation/

Secondaire (1/900)

Orientation

Jeunes de niveau

secondaire –

école publique

Moyen

(adaptation

scolaire)

7 Éducation/

Collégial (1/1200)

Orientation

Jeunes de niveau

collégial-

école publique

Faible

3 Réadaptation Orientation

Adultes avec handicaps Élevé

(santé

mentale)

4 Employabilité Orientation

Toutes personnes de 18

ans et plus, habituellement

sans emploi ou prestataire

d’assurance-emploi ou

d’assistance-emploi.

Référence Emploi-Québec

Moyen

5 Employabilité Orientation

Toutes personnes de 18

ans et plus, habituellement

sans emploi ou prestataire

d’assurance-emploi ou

d’assistance-emploi.

Référence Emploi-Québec

Moyen

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145

Maintenant que le lecteur peut situer les milieux et clientèles des conseillers d’orientation

rencontrés suivra la présentation des thèmes émergeant. Il a donc été remarqué que les

conseillers d’orientation rencontrés n’ont pas tous la même proximité avec leur client en

termes de nombre de rencontres. De plus, parmi leur clientèle, certains de leur client se

présentent volontairement à eux, alors que pour d’autres, leur présence est obligatoire ou

fait partie d’un processus d’évaluation. Enfin, il a été remarqué que les huit conseillers

d’orientation utilisent l’épreuve Groupements auprès de tout type de clientèle, incluant la

clientèle immigrante et la clientèle ayant eu des problématiques en santé mentale.

Tableau 13 : Thèmes émergents et définition opératoire des conditions des milieux et

clientèles des conseillers d’orientation

Thèmes émergeant Définition opératoire

Une proximité variable avec les clients

Les conseillers d’orientation n’ont pas tous

le même nombre de rencontres avec leur

client.

Volontaire la démarche d’orientation?

Les clients qui consultent les conseillers

d’orientation le font volontairement ou de

façon obligée.

« Bon pour tous »

Les conseillers d’orientation utilisent

l’épreuve Groupements avec tout type de

clientèles, incluant la clientèle immigrante

et la clientèle ayant des problématiques en

santé mentale.

Une proximité variable avec les clients

Les conseillers d’orientation n’ont pas tous le même nombre de rencontres avec leur

client. Premièrement, le secteur où ils œuvrent à un impact direct. Les deux conseillers

d’orientation œuvrant dans les milieux organisationnels lorsqu’ils ont un mandat

d’évaluation n’ont pas à rencontrer leur client sur une longue période, ce sont plutôt des

rencontres sur un court laps de temps. En ce sens, le C.O. 8 mentionne : « c’est vraiment

très circonscrit comme approche, c’est très spécialisé, donc j’fais, j’dis que j’fais un peu

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146

le radiologiste, j’arrive, j’prends l’portrait, j’fais d’l’intervention pour expliquer… » De

son côté, la C.O.1 mentionne faire également du coaching, ce qui pourrait être alors une

occasion d’avoir un nombre de rencontres plus élevées. En ce qui concerne les conseillers

d’orientation œuvrant en éducation, le fait qu’ils soient seuls dans leur établissement en

tant que conseiller d’orientation pour un nombre élevé d’étudiants les oblige à ne pas

étendre leurs processus d’orientation. À l’exception des occasions où, pour un nombre

minime d’étudiants seulement, ils vont décider de les rencontrer sur une plus longue

durée, les conseillers d’orientation vont surtout avoir des processus plus courts, allant

d’une à quatre rencontres, comme le présente la C.O. 6, qui se dit semble croire qu’avoir

quatre rencontres en éducation n’est pas habituel : « je peux les voir au moins quatre fois

les gens, parce que moi j’ai ce privilège-là à mon école ».

Les conseillères d’orientation du milieu de l’employabilité semblent être celles qui ont un

plus long processus, tournant habituellement autour des trois mois, qui sont aussi la

norme prévue selon leur mandat avec Emploi-Québec. Ainsi si le client se présente une

fois par semaine, il y a un potentiel de douze rencontres.

Volontaire la démarche d’orientation?

Dans tous milieux, les clients n’arrivent devant les conseillers d’orientation avec le même

enthousiasme. C’est d’ailleurs dans le secteur de l’employabilité que l’aspect

involontaire, voir obligé, se fait le plus sentir pour une partie de leur clientèle comme le

mentionne la C.O.5 : « Dans les caractéristiques des clientèles, on a des clients qui nous

sont envoyés d’Emploi Québec, ils sont obligés de venir s’ils veulent avoir un cours ». Ce

qui est entendu ici est que la conseillère d’orientation a le rôle de valider le choix qu’a

déjà fait le client, ou qu’elle doit l’aider à trouver une formation qui lui convient. Elle

précise que cela à un impact, dans le sens où certains clients, disent : « j’vais quand

même utiliser cette ressource là pour moi, même si c’est mon agent qui me force », alors

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147

que d’autres semblent moins ouverts : « y en a qui disent oui-oui-oui, mais c’est plus les,

j’dirais, passifs-agressifs là, c’est oui-oui, mais tu m’f’ras pas changer d’idée ».

Dans le secteur de l’éducation et celui de la réadaptation, les démarches sont

habituellement volontaires. Par ailleurs, la C.O. 2 fait remarquer : « parce qu'on est une

école privée, y a les demandes des parents ». Ce qui peut alors impliquer des activités

précises en orientation ou des consultations en orientation fortement suggérées.

« Bon pour tous »

Tous les conseillers d’orientation des secteurs de l’éducation, de la réadaptation et de

l’employabilité font passer l’épreuve Groupements à tous leur client, tant que cela fait

référence à des services d’orientation. C’est-à-dire que dans un contexte où un client

demande un service qui n’est pas de l’orientation les conseillers d’orientation

n’utiliseront pas l’épreuve Groupements.

[...] c’est sûr que étant conseillère dans une grosse école comme ça parfois

si y a des cas ou j’vois que on va s’arrêter à l’information là OK donc dans

un cas comme ça je l’utiliserai pas là, mais [...] tout c’qui est intervention-

orientation c’est sûr que j’vais utiliser l’épreuve Groupements. (C.O.2)

[...] ceux à qui j’fais la recherche d’emploi, que j’fais juste juste ça,

recherche d’emploi, ils ont besoin d’un cv j’vois ben que c’est juste ça que

j’vais faire avec eux [...] fa que là j’leur fais pas nécessairement passer

l’épreuve [...], mais sinon, c’est systématique, j’me pose pas la question.

(C.O.5)

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148

En ce qui concerne les conseillers d’orientation du milieu organisationnel, la C.O. 1

indique qu’elle le fait passer à tous ses clients : « Dès qu’il y a une évaluation, peu

importe notre batterie d’outils psychométrique, il va toujours y avoir l’épreuve. [...] dans

toute ma batterie de tests là, c’est celle qui a le plus de poids... » Alors que du côté du

C.O.8, il mentionne utiliser l’épreuve Groupements sporadiquement, surtout lors de

contexte d’évaluation. Pour terminer, au niveau du contexte d’utilisation, peu importe le

nombre de rencontres avec les clients, les conseillers d’orientation font passer l’épreuve

Groupements en début de processus, lors de la première ou deuxième rencontre.

Les huit conseillers d’orientation utilisent aussi l’épreuve Groupements avec tout type de

clientèles, incluant la clientèle immigrante et la clientèle ayant des problématiques en

santé mentale. La C.O.3 qui travaille exclusivement avec une clientèle handicapée

mentionne que l’épreuve Groupements est un outil qui a l’avantage de sortir les gens des

étiquettes.

Quelqu’un qui a euh, des prob euh… problématiques de perception euh

quand tu lui fais passer les inventaires d’évaluation ou un questionnaire sur

ce qu’elle pense d’elle-même, c’est quelquefois difficile euh, sur évaluer,

sous-évaluer, y’on de la difficulté à se voir comme personne [...] et pour la

personne qui est en santé mentale on a, qui est, qui a été soumise a

beaucoup d’étiquette, on éloigne ça beaucoup avec cet outil là [...] et le

mode de fonctionnement, c’est au-delà de la maladie (C.O.3)

Elle mentionne utiliser l’épreuve Groupements avec tous ces autres clients qui se dirigent

vers des études ou vers un emploi. Dans un contexte où elle ne rencontre que des clients

ayant une problématique en santé mentale, elle mentionne que parler d’identité est un

ajout positif à la vision qu’ils ont d’eux. Elle mentionne : « Moi ça m’ouvre encore des

possibilités, ça me permet d’avoir euh, une crédibilité auprès de la clientèle, parce que je

parle de d’autres choses, je touche d’autres choses chez eux, et j’les fais grandir »

(C.O.3). Par ailleurs, la C.O.6 qui travaille dans une école incluant en grande partie

l’adaptation scolaire, quant à elle décide pour certaines situations, dont les élèves ayant le

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149

syndrome Gilles de la Tourette ou le trouble dysphasique de ne pas leur faire passer

l’épreuve Groupements. Par ailleurs pour tous ces autres élèves elle utilise cet outil. Elle

explique pour ces élèves :

Ceux-là j’leur passe, pis des fois ça m’aide à voir que, que ces jeunes-là,

là, y sont là, mais pour une autre raison tsé c’est, c’est pas à cause de… de

comment leur identité est formée parce que des fois y sont super bien

formés, mais y se sont retrouvés là, moi j’trouve par « bad luck » parce

qu’y a pas d’autres choses… (C.O.6)

Donc l’épreuve Groupements est aussi un outil adéquat auprès des clientèles ayant une

difficulté en santé mentale. Par ailleurs, ce n’est pas un outil qui sert à confirmer des

diagnostics en santé mentale. La C.O. 1 explique ce fait en donnant un exemple en lien

avec la dépression :

[...] ça veut pas nécessairement confirmer que la personne est en

dépression, mais, à la lumière de l’épreuve, j’peux voir compte tenu de son

fonctionnement pis à l’extérieur d’elle en… c’est en adéquation de son

fonctionnement pis de l’environnement dans lequel elle s’est r’trouvé qui

peut oui, (Bruit) à ce moment là expliquer la dépression. Mais c’est pas

l’épreuve toute seule qui l’a expliqué. (C.O. 1)

La C.O. 5 utilise aussi l’épreuve Groupements avec les clientèles ayant des

problématiques en santé mentale et dit même qu’il n’a pas vécu d’occasion où elle a

décidé de ne pas utiliser l’outil puisque l’information sur la stabilité du fonctionnement

de son client lui aurait manqué. Cette même conseillère d’orientation, ainsi que la C.O. 4

et la C.O. 1 utilisent aussi l’épreuve Groupements avec une clientèle immigrante. Bien

qu’elle ne rencontre pas souvent d’immigrants dans le cadre de son travail, la C.O. 1 se

rappelle avoir utilisé l’épreuve Groupements avec un homme originaire de l’Inde et

mentionne qu’il a validé les résultats. Par ailleurs elle ajouter qu’il faut dans ces

contextes rester vigilant :

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150

[...] quand on utilise l’épreuve, dans des contextes où on n’a pas

nécessairement plein d’informations encore là, mais on l’utilise quand

même, en se disant r’garde là, on va se fier aussi à notre jugement

professionnel. (C.O.1)

En résumé, ces extraits montrent que les conseillers d’orientation utilisant l’épreuve

Groupements depuis plus de dix ans ont vu dans leur pratique la pertinence d’utiliser

l’épreuve Groupements avec tous types de clientèle pouvant être définis comme clientèle

émergente. Dans ces contextes, les conseillers d’orientation font aussi usage de prudence.

5.2.2 Une difficulté identifiée : l’interprétation

Les conseillers d’orientation mentionnent qu’ils ont trouvé ou trouvent encore difficile

d’interpréter les résultats de l’épreuve Groupement. C’est à ce niveau surtout que le

temps à un impact, tel que le mentionne la C.O. 4 : « Ça c’est, y faut vraiment être

patient. » Il en est de même pour la C.O.5 qui conçoit que cela peut être un inconvénient :

« le seul inconvénient c’est euh, en fait peut-être un inconvénient, c’est que

l’interprétation est pas facile. » Elle se rappelle ses débuts :

[...] j’me souviens qu’au départ, ben j’pense, non, j’le disais pas, tsé

j’savais coter, j’avais une idée de l’interprétation, mais j’en parlais pas [...]

j’attendais, tsé quand le client me nommait un truc pis là ça faisait un

affaire que j’voyais ah! je relançais. [...] j’y suis allée progressivement là.

(C.O.5)

Par ailleurs, le fait qu’ils ont trouvé difficile d’interpréter les résultats n’a pas été une

raison d’arrêter d’utiliser l’outil. La C.O.3 mentionne qu’elle s’est trouvé une façon

personnelle pour interpréter : « quand j’explique l’épreuve Groupements, [...] j’fais

beaucoup d’allusion, euh, j’essaie de beaucoup de faire, de l’imager, parce que c’est

difficile à expliquer. » Elle ajoute que pour expliquer verbalement les résultats sa

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151

confiance a évolué avec le temps, mais que pour elle, c’est plutôt au niveau des

interprétations écrites qu’elle trouve cela plus difficile :

[...] j’fais mon p’tit graphique, mon hexagone, j’mets mes paramètres,

j’explique le pourquoi, dans quoi on baigne, j’ai mes histoires autour de

ça, mes analogies, mes métaphores pour expliquer un p’tit peu euh les

résiduels, les ci les ça, dans des thèmes accessibles, pis qui ont du sens,

mais j’aurais aimé ça qu’on travaille plus là-dessus [...] Fac moi, peut-être

ce que j’aurais à développer, c’est un peu comment le rédiger, j’y va,

j’t’assez collé au cahier, quand y a eu le cahier, j’trouvais ça intéressant

quand ils ont sorti le cahier là d’interprétation (C.O.3)

Selon la C.O.7 certains éléments sont plus difficiles à maitriser dans les débuts, pour elle

ce fut d’avoir une vision globale des résultats. Elle mentionne que : « […] pour coter ça

allait bien j’l’ai pris assez vite, mais c’est pour euh interpréter, ça c’était long, c’était, ça

m’a pris quasiment deux ans avec XXX pour bien euh, le maitriser au bout des doigts, si

on veut. Il en est de même pour le C.O.8 qui constate qu’il s’est raffiné avec le temps :

[...] les cours que j’ai suivis antérieurement dans l’autre, dans l’cadre de

d’autres formations euh, par le biais de l’institut euh, ça pas été vains,

j’vois que ça s’intègre en que’que part, pis j’vois que ça prend forme dans

le contexte d’intervention euh que que j’fais maintenant, que j’faisais pas

peut-être y a dix quinze ans, si tu m’avais observé peut-être y a quinze ans,

ça devait être un peu plus raide, pis un peu moins euh, moins nuancé, plus

technique, là tsé, alors que aujourd’hui c’est moins le canevas comme tel

qui interviens c’est ben plus la relation (C.O.8)

En ajout à ces informations concernant la difficulté à interpréter les résultats de l’épreuve

Groupements, la C.O.1 mentionne que l’outil a cette limite : « […] l’épreuve, va pas

mesurer l’… comment j’dirais bien ça tsé l’impact ou le dosage. L’ampleur. Par exemple,

d’une… tsé d’une manifestation là, là on l’sait pas, c’t’une limite ».

En résumé, selon ces conseillers d’orientation, il est difficile, surtout dans les débuts,

d’interpréter les résultats de l’épreuve Groupement d’une façon fluide. Une difficulté

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152

également identifiée fait référence au fait que l’outil ne présente pas l’ampleur d’une

manifestation identifiée.

5.2.3 L’apport des autres outils et approches

Les conseillers d’orientation rencontrés mentionnent utiliser d’autres outils

psychométriques. Ils mentionnent qu’il peut y avoir des liens intéressants à faire entre les

résultats de certains tests et l’épreuve Groupements. Ils mentionnent aussi que les

informations venant des autres outils peuvent apporter un éclairage aux résultats de

l’épreuve Groupements. Dans le cadre de leur pratique, ils mentionnent intervenir selon

l’approche psychogénétique et utiliser également l’approche cognitive dans certains types

d’interventions.

Tableau 14 : Thèmes émergents et définition opératoires de l’apport des autres outils et

approches utilisés de concert avec l’épreuve Groupements et l’approche psychogénétique

Thèmes émergeant Définition opératoire

Un « plus » pour mieux comprendre

Les conseillers d’orientation voient des

liens intéressants entre les résultats de

l’épreuve Groupements et les résultats de

d’autres outils.

L’approche cognitive : une consœur de

travail

Les conseillers d’orientation ajoutent

l’approche cognitive à l’approche

psychogénétique dans certains buts

d’intervention précis.

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153

Un « plus » pour mieux comprendre

Les conseillers d’orientation mentionnent que les informations provenant d’un test

psychométrique peuvent s’ajouter aux résultats de l’épreuve Groupements et donner des

nuances intéressantes, tel que l’exprime la CO.4 : « entre le MBTI et l’épreuve c’est

vraiment l’fun, l’épreuve Groupements rajoute une p’tite précision ou des p’tites couleurs

supplémentaires ». Parlant du même test psychométrique, la C.O.1 explique de façon plus

précise :

[...] un exemple fort simple : la technique routine, elle va se manifester

différemment si au MBTI la personne elle est P ou J. [...] Fa que c’est des

beaux liens à faire quand même [...] e… pis même chose sur e… tsé la RS

sociale ce sont des thinkings ou des feelings fa que tsé c’est des

observations qu’on, qu’on va avoir fait. (C.O.1)

Elle ajoute également un lien intéressant entre le test Wonderlic et l’anxiété de

performance à l’épreuve Groupements. Dans une situation de sous-performance au test

Wonderlic, elle mentionne avoir vu les impacts associés à un diagnostic d’anxiété de

performance.

Le Wonderlic y est chronométré douze minutes. [...] la semaine passée,

une femme qui a un post doctorat en génie donc, on s’entend que au

niveau des habiletés logiques, raisonnements logiques complexités

intellectuelles, a doit être quand même dans les percentiles élevés, écoute,

elle a obtenu un percentile autour de onze là. Ça, ça s’peut pas là. [...]

Quand j’l’ai rencontré en entrevue, elle m’a dit : « écoutez j’ai

l’impression que mon cerveau ne fonctionnait plus ». Elle, elle avait dans

l’épreuve, une anxiété de performance. (C.O.1)

De son côté, la C.O.3 utilise l’Orientation par soi-même et elle utilise les résultats qui en

découlent pour faire des liens directs avec chacune des dimensions de l’épreuve

Groupements : « […] j’dis maintenant que tu sais ton salage, par-dessus, y a les intérêts,

c’que les gens voient, que t’aimes telle affaire, telle autre affaire, pis tu développes telle

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154

affaire, pis on va en parler, c’est très intéressant, maintenant qu’on sait dans quoi ça

s’assoit ». Par ailleurs, la C.O.5, mentionne qu’il lui arrive de se sentir coincée entre les

résultats de l’épreuve Groupements et celles provenant d’un test d’intérêt. Elle explique :

[...] des fois les affaires que le GROP va faire paraître, va faire apparaître,

dans le sens que le client est, je sais pas moi, créatif, pis en même temps

moi j’sais que tsé sa créativité est vraiment pas là pis la science non plus,

tsé y a des choses qui me font dire que ça va manquer de rigueur, manquer

justement d’initiative, tsé des fois j’me sens un peu coincée là dedans,

parce que de dire à un client ben non, té pas créatif, d’abord c’est pas

d’même que ça fonctionne, mais en même temps c’est contradictoire, tsé,

il voit qu’il est de type artistique, pis en même temps y a y a des bogues

sur la créativité, fa que tsé, c’est ça que j’lui explique là, que c’est pas la

même chose, qu’on peut avoir des intérêts, mais ça c’est un peu euh… des

fois j’me suis r’trouvé comme à être un peu, soit j’privilégie l’épreuve, soit

j’privilégie le GROP parce que ça m’semble un peu en contradiction [...]

ben y en a qui vont le reconnaître, (la « contradiction ») ben là dans

c’temps là ça va bien, mon problème c’est quand la personne est

intimement persuadée qu’elle est ambitieuse (C.O.5)

Par ailleurs, même s’ils utilisent plusieurs autres outils psychométriques, certains

conseillers d’orientation mentionnent que l’épreuve Groupements est l’outil prioritaire.

En ce sens la C.O.1 mentionne qu’il a préséance sur les autres outils ou tests : « […] dans

toute ma batterie de tests là, c’est celle qui a le plus de poids quand je fais mon entrevue

avec la personne pour l’évaluer ». Cette priorisation se voit aussi chez les clients :

[...] les gens sont vraiment impressionnés de l’outil à tel point que, les

autres outils en pâtissent un peu par comparaison. Y vont dire : « Ah

c’t’intéressant oui c’t’intéressant, mais vraiment l’autre fois l’épreuve là

Aye là ça! » Fa que les autres deviennent plus informatifs et intéressants,

mais c’qui a, les a marqués, c’est c’que j’leur ai dit avec l’épreuve. (C.O.4)

En résumé, lorsque les conseillers d’orientation utilisent d’autres tests psychométriques,

ils arrivent à faire des liens avec les résultats de l’épreuve Groupements, ce qui affine les

informations déjà apportées par l’épreuve Groupements. Par ailleurs, dans l’ensemble de

leurs outils, c’est celui qu’ils priorisent.

Page 155: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

155

L’approche cognitive : une consœur de travail

Les conseillers d’orientation mentionnent utiliser l’approche cognitive en appui à

l’approche psychogénétique. La C.O.1 mentionne qu’elle utilise cette approche surtout

pour donner des trucs aux gens en lien avec les distorsions cognitives ou le stess :

Dans la façon d’intervenir, je, je moi je dirais que c’est psychogénétique

avec du cognitif parce dans le psychogénétique on a été formé quand

même aussi pis le cognitif j’va l’utiliser e, on l’utilise même quand on fait

des consultations d’équipe parce qu’on, on donne aux gens les trucs pour

[...] J’trouve que le cognitif là pour gérer e le stress, l’anxiété e des

distorsions cognitives… sans dire qu’on fait de la thérapie, on va donner

aux gens les trucs qui viennent des approches cognitives. (C.O.1)

Il en est de même pour la C.O.4 et la C.O.5 qui nomment que l’approche cognitive est

intéressante face aux distorsions cognitives, entre autres, pour revenir sur les pensées des

clients qui influencent leurs émotions :

[...] j’utilise aussi quand pas mal d’affaires de la perspective cognitive…

e… Beck et compagnie…… pour e… plusieurs clients parce qu’y a des

trucs avec lesquels ça s’prête bien, notamment les clients qui sont très

analytiques. Ça peut les aider à faire focusser leur analytique, pour qui

soient moins éparpillés, parce que l’analytique y est souvent très éparpill

… en faite y a cette tendance là. Fa que le cognitif, je l’utilise souvent,

j’utilise donc beaucoup des exercices là, j’ai le fameux petit livre « Être

bien dans sa peau » du Docteur David D. Burns (C.O.4)

Enfin, la C.O.7 mentionne qu’elle utilise également l’approche cognitive. Elle explique

que cela se fait de façon instinctive dans certains contextes, comme : « et que son

utilisation est : « […] ceux qui arrivent en catastrophe parce qui sont en train d’échouer

Page 156: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

156

des cours, là c’est c’est c’est l’drame là, fa que j’a j’a j’aborde plus, bon qu’est-ce que

t’as à faire, tsé c’est vraiment analytique là ».

En résumé, les conseillers d’orientation utilisent l’approche cognitive dans leur pratique

dans des situations où ils voient que cela rejoint davantage le côté analytique des pensées.

Ils utilisent cette approche spontanément, en accord avec l’approche psychogénétique de

l’identité.

Donc, en conclusion de cette section, les conditions de pratique et d’utilisation de

l’épreuve Groupements des conseillers d’orientation sont :

Ils utilisent l’épreuve Groupements avec tous leurs clients, incluant les

immigrants et les personnes ayant une problématique en santé mentale, tant que le

service est en lien avec l’orientation ou l’évaluation;

Parmi leurs clientèles respectives, certains clients peuvent faire une démarche non

volontaire;

Ils n’ont pas tous la même proximité avec leur client, les rencontres allant d’une à

douze rencontres pour le même client;

Ils ont trouvé difficile d’interpréter les résultats de l’épreuve Groupements dans

leurs débuts.

Ils font des liens avec les autres tests et estiment que cela nuance les résultats des

tests ou ceux de l’épreuve Groupements;

Ils utilisent également l’approche cognitive pour des situations liées aux

distorsions cognitives ou à la gestion du stress.

En somme, l’utilisation de l’épreuve Groupements s’adapte à tous les milieux

professionnels des conseillers d’orientation rencontrés. Ainsi ces professionnels des

Page 157: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

157

secteurs de l’éducation, de l’employabilité, de la réadaptation et du secteur

organisationnel en ont fait leur outil de base. Peu importe leurs clientèles, peu importe la

problématique ou le besoin demandé, ces conseillers d’orientation constatent l’apport de

l’outil dans leur pratique et les occasions où ils ne l’utilisent pas sont rares ou

inexistantes. La passation de l’outil se fait dès les premières rencontres, presque

automatiquement. Les conseillers d’orientation qui utilisent d’autres tests

psychométriques voient les liens entre les résultats de ces tests et ceux de l’épreuve

Groupements, qui permettent de bonifier certaines informations. Dans leur pratique,

plusieurs utilisent aussi l’approche cognitive pour des situations précises où ils veulent

intervenir sur les pensées de leurs clients.

5.3 Les pratiques efficientes

Pour bien comprendre les pratiques efficientes des conseillers d’orientation dans leur

pratique de l’orientation avec l’épreuve Groupements et l’approche psychogénétique,

trois sous-sections ont été créées. Il s’agit des pratiques efficientes liées à l’utilisation de

l’épreuve Groupements, ainsi que celles liées à leurs façons d’être en relation et enfin, les

pratiques efficientes liées à l’intervention sur l’identité.

5.3.1L’ utilisation de l’épreuve Groupements

Les conseillers d’orientation manifestent des pratiques efficientes dans leur utilisation de

l’épreuve Groupements et trois thèmes sont ressortis face à ce sujet. Il s’agit du fait qu’ils

utilisent les résultats de l’épreuve Groupements pour faire des liens avec les

environnements de travail actuels ou futurs, qu’ils les utilisent également pour ajuster ce

qu’ils diront à leurs clients afin que l’information soit traitée efficacement et enfin les

conseillers d’orientation qui utilisent l’épreuve Groupements reconnaissent aussi que

parfois il faut voir au-delà de l’outil et garder son sens critique.

Page 158: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

158

Tableau 15 : Thèmes émergents et définition opératoires des fondements des pratiques

efficientes des conseillers d’orientation, concernant l’utilisation de

l’épreuve Groupements

Thèmes émergents Définition opératoire

En congruence avec l’environnement

Les conseillers d’orientation évaluent la

congruence entre le fonctionnement de leur

client et l’environnement actuel ou qu’ils

prévoient.

Pour un traitement de l’information

efficace

Dans la transmission d’informations aux

clients, que ce soit lors de la passation de

l’épreuve Groupements, ou lors de

l’interprétation des résultats, les conseillers

d’orientation utilisent leur jugement pour

savoir quoi dire à leurs clients et comment

le dire.

Voir au-delà de l’outil

Dans certaines circonstances, les

conseillers d’orientation sont capables de

sortir du cadre de l’épreuve Groupements

Page 159: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

159

Faire le lien avec l’environnement

Les conseillers d’orientation évaluent la congruence entre le fonctionnement identitaire

de leurs clients et leur environnement actuel ou celui qu’ils prévoient. Dans leurs

pratiques professionnelles l’interprétation de l’épreuve Groupements a pour fonction de

connaître le fonctionnement de leur client pour ensuite faire des liens avec les

environnements de travail actuels ou futurs, dans le but qu’ils évoluent dans un milieu qui

leur correspond. Comme le mentionne la C.O.1 qui œuvre dans le milieu organisationnel,

le lien entre le profil identitaire et l’environnement est important, car : « l’épreuve pour

nous, ça nous permet d’avoir accès à toute l’envergure d’la personne, jusqu’à quel point

la personne se connaît, jusqu’à quel point a va être en mesure de s’adapter à son

contexte ». Cette adaptation entre le profil identitaire de la personne et l’environnement

est aussi présente dans la vision de la C.O.3 qui mentionne « moi quand j’vois le profil de

la personne, j’essaie de faire une concordance avec l’environnement de travail. » Elle

ajoute :

Fa que j’peux des fois avec une profession, retrouver l’encadrement

qu’elle a besoin. Tsé faire des liens, parce que j’leur dis c’est pas mauvais,

toute structure est bonne, mais si t’es en incohérence avec ton

environnement t’as un problème. (C.O.3)

C’est également ainsi que procède la C.O.6 qui explique que les résultats de l’épreuve

Groupements lui permettent de cibler ses interventions et : « en même temps aussi de

diriger (ses étudiants) vers un avenir professionnel ou qui va correspondre à qui il est la

(C.O.6) Toujours dans ce même sens, pour la C.O.4, tenir compte de l’environnement

présent ou futur de ses clients lui permet d’évaluer ses chances de réussites dans leurs

divers projets et ce sont des informations qui s’ajoutent au profil identitaire qu’elle a déjà

validées avec lui. Elle donne cet exemple :

Page 160: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

160

[...] un client vient pour une validation. Y est vraiment sûr de son choix.

Son choix correspond à son profil d’intérêts, son choix correspond à son

profil MBTI, e y a les capacités académiques pour, tsé ça va, mais e j’le

sais pas là y a pleins, pleins, pleins de résiduels. Bon qu’est-ce que j’fais

avec ça? Je sais que y a une possibilité d’impulsivité, je sais qu’y a une

possibilité que la personne vise une dizaine pis qu’a finisse jamais son

affaire, mais y a une possibilité aussi que le cadre soit suffisant pour tenir

la personne pis qu’a se rende jusqu’au boute. J’peux lui faire certaines,

certains bémols (C.O.4)

Pour être en congruence avec son environnement, il peut être nécessaire de quitter le lieu

de travail présent. Le C.O.8 mentionne avoir déjà dit à une cliente qui vivait des

difficultés dans un emploi : « j’lui ai refait passer l’épreuve un moment donné, pis j’y ai

dit [...] changes de job t’es pas à ta place, vas ailleurs, ça donne rien r’gard y

comprennent pas. » Il explique :

[...] les organisations se structurent autour des individus, donc quand tu

comprends l’identité des gens avec qui tu fais affaire tu, t’as une idée

d’voir les limites les forces les points de vigilance dans l’organisation

(C.O.8)

En résumé, ces conseillers d’orientation se servent des connaissances qu’ils ont du profil

identitaire de leur client pour faire des liens avec les environnements de travail actuels ou

futurs de ceux-ci. C’est leur façon de voir si l’individu peut s’adapter à son

environnement et si celui qu’il a, ou aura, le supportera dans qui il est.

Page 161: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

161

Pour un traitement de l’information efficace

Dans la transmission d’informations aux clients, que ce soit lors de la passation de

l’épreuve Groupements1, ou lors de l’interprétation des résultats, les conseillers

d’orientation utilisent leur jugement pour savoir quoi dire à leurs clients et comment le

dire. Tout d’abord, comme l’explique le C.O. 1 lors de la passation de l’épreuve

Groupements aux clients, la présentation de l’outil est présente et adaptée :

Pis pour moi quand on évalue les gens, nous on connaît la complexité des,

de la théorie, mais e on n’a pas, notre objectif c’est pas de faire

comprendre cette théorie là à la personne. Tsé… Pis quand on présente

l’épreuve, c’est important de l’dire c’que ça mesure parce qu’on est tenu

en, comme on évalue des gens, y faut dire avec quoi on va les mesurer…

(C.O.1)

La C.O. 2 abonde dans le même sens en disant : « j’leur explique dans des termes pour

qui comprennent... », de même que la C.O. 6, qui elle aussi ajuste son langage : « Fa que,

mais moi c’t’une clientèle… regarde j’ai, des fois mon langage j’l’adapte. » Cette façon

de présenter l’épreuve Groupements fait aussi partie de la pratique de la C.O.5. Elle

mentionne qu’adapter ce qu’elle dit peut également résulter à donner davantage

d’information :

__________

1. Il serait trop long ici d’exposer toutes les façons qu’ont les huit conseillers

d’orientation de présenter l’épreuve Groupements à leurs clients, par ailleurs puisque cela

est aussi instructif, à mon avis, une présentation en est faite à l’annexe VII

Page 162: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

162

Si j’peux me permettre d’aller un p’tit peu plus loin, pour ceux que j’sens

qui a une introspection qui est un peu plus euh, qui est déjà là, ben là j’leur

dis on peut aussi aller voir quelles sont les difficultés, ça va nous aider à

identifier les difficultés qui fait que vous avez du mal à vous orienter par

vous-même.

Par ailleurs, l’ajustement que font les conseillers d’orientation de ce qu’ils mentionnent à

leurs clients lors de la passation de l’épreuve Groupements est aussi pertinent lors de la

transmission des résultats. Tel que le mentionne la C.O. 1, l’épreuve Groupements est un

outil puissant et il faut l’utiliser avec discernement :

[…], faut en même temps tellement faire attention sur l’information qu’on

reçoit pis surtout sur comment on va la transmettre à l’autre. […] parce

que tsé, c’est, c’est ça quand t’as un outil puissant c’est l’fun là, mais y

faut l’utiliser à bon escient. Faut faire attention tsé à c’qu’on va dire aux

gens (C.O.1)

Elle conçoit donc qu’il n’est pas toujours opportun de dire tout ce que l’épreuve

Groupements révèle : « […] des fois y a des informations qu’on obtient à l’épreuve qu’on

va pas transmettre à la personne nécessairement parce que, on est pas dans un contexte

d’aide » (C.O.1). Dans ce même sens, la C.O. 2 mentionne : « […] si j'ai un jeune devant

moi où j'vois que il est pas réflexif, j'dirai pas tout. », ainsi que la C.O. 4 qui explique :

Mais j’le dirai pas nécessairement [...] pis mettons que quelqu’un qui

m’arrive, qui a pas beaucoup de ressources pour traiter cette information-

là, qui a déjà tsé, excuses-moi « le trou cul en d’sous du bras », j’vas faire

attention de comment j’dis les choses, qu’est-ce que j’y amène.

Enfin, la C.O.7 explique que le temps a aussi un impact quant à la façon de transmettre

les résultats de l’épreuve Groupements à un client, de savoir si elle dit tout ce que révèle

leur diagnostic identitaire. De par ses connaissances et sont aisance qui ont évolué, elle

voit que son interprétation est plus raffinée maintenant que lors de ses débuts.

Page 163: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

163

Ben avec l’expérience euh tsé j’m’habitue aussi en terme de finesse pour

expliquer les résultats, parc’que y en a que juste parler là j’sens que y en

veulent y en veulent, fa que là j’m’amuse on a du fun, pis d’autres, c’est il

faut que j’fasse plus attention comment j’présente ça là, [...] pis j’dis pas

tout non plus là, pour euh, si c’est pas nécessaire. (C.O.7)

En résumé, ces conseillers d’orientation tiennent compte de la disposition de leur client à

recevoir les informations pour effectuer leurs interprétations des résultats de l’épreuve

Groupements. Ce soucie de rendre les informations accessibles est également présent lors

de l’explication de l’outil avant la passation.

Voir au-delà de l’outil

Dans certaines circonstances, les conseillers d’orientation sont capables de sortir du cadre

de l’épreuve Groupements. Cela fait référence au fait, qu’à la base, ces conseillers

d’orientation utilisent l’outil tout en gardant en tête qu’il peut y avoir des occasions ou ce

même outil n’est plus utile. Dans ce contexte, ils travaillent alors selon l’approche

psychogénétique. En ce sens, la C.O.5 mentionne qui lui arrive de mettre de côté

l’épreuve Groupements :

[...] parce que sais-tu, des fois l’épreuve euh ça arrive aussi, entre ce que

l’épreuve montre, le protocole et ce que la personne dit [...] le lien je l’fais

pas [...] fa que là moi l’épreuve (on entend un papier qui se fait bouger)

j’mets ça de côté pis là j’suis comme : ben c’est quoi le problème?

J’travaille avec les problèmes, mais avec la psychogénétique qui est mon

approche (C.O.5)

Il en est de même pour la C.O. 4 qui explique que dans certaines situations : « y faut aller

au-delà des fois de c’que l’épreuve nous amène à mesure de l’état de la personne. » Le

Page 164: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

164

C.O.8 a des propos similaires et ajoute aussi que cela peut être une limite de l’outil :

« l’épreuve a une certaine limite, des fois j’réalise qui a de, y faut sortir de c’cadre là pis

analyser la personnalité en soit ». Il peut être difficile d’imaginer ce que « sortir du

cadre » veut dire. Il semble que la C.O.7 amène une explication possible :

[...] ça dit quelque chose d’intéressant, mais je ne pense pas, avec

l’expérience là, j’ai euh, ça dit pas tout. Y a d’autre chose des fois dans la

personne, que je vois pas et que j’peux avoir l’impression de voir, mais

qu’avec l’épreuve, ça ne concorde pas nécessairement [...] j’en avais parlé

avec Luc, pis c’est ça qui m’avait dit, y dis peut-être que c’est son système

le symbolique, pis sémi sémi, sémiotique j’ai d’la misère là, y a d’autre

chose là qu’avec l’épreuve en image on pourrait aller voir, sans doute

(C.O.7)

Donc en résumé, ces conseillers d’orientation reconnaissent qu’il y a des moments où les

résultats provenant de l’épreuve Groupements ne concordent pas avec ce qu’ils constatent

en présence de leurs clients. Les extraits présentés montrent que pour ces conseillers

d’orientation leur vision de leur client va au-delà de l’outil et qu’ils l’utilisent encore

après toutes ces années, en gardant un œil critique et professionnel.

5.3.1Les compétences relationnelles des conseillers d’orientation

Les conseillers d’orientation manifestent des pratiques efficientes dans leurs relations

avec leurs clients. Dans leurs façons d’être en relation, deux thèmes sont ressortis, soit la

compétence de créer un lien et s’engager face à leurs clients et l’affirmation de soi, qui

fait référence à affirmer leurs positions et leurs jugements professionnels, même si cela

n’est pas toujours ce que les clients veulent entendre.

Page 165: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

165

Tableau 16 : Thèmes émergents et définition opératoires des fondements des pratiques

efficientes des conseillers d’orientation, concernant leurs façons d’être en relation

Thèmes émergeant Définition opératoire

Créer un lien et s’engager

Les conseillers d’orientation sont soucieux

de créer un lien de confiance avec leurs

clients et ils s’engagent concrètement

auprès d’eux.

S’affirmer … jusqu’au bout

Les conseillers d’orientation s’affirment

dans ce qu’ils disent à leurs clients et

affirment leur pratique de l’approche

psychogénétique.

Créer un lien et s’engager

Les conseillers d’orientation sont soucieux de créer un lien de confiance avec leurs

clients et ils s’engagent concrètement auprès d’eux. Dans leur pratique professionnelle, la

relation qu’ils établissent avec leurs clients est aussi une base importante. Pour la C.O. 5

le lien qui évolue avec le temps permet aussi d’aborder des informations liées à un aspect

plus intime d’eux-mêmes : « Ca, c’est parce qu’avant le lien est fait, tsé y a des choses

que j’dis pas au début que j’vais dire dans cinq rencontres ». La C.O.4 présente sa façon

d’interpréter les résultats de l’épreuve Groupements d’où découle un souci envers la

présence et l’attention de l’autre. Dans un exemple, elle explique son besoin d’être en

contact avec son client lors de la transmission des résultats : « j’vas partir dans mon

interprétation, j’vais toujours leur demander de ne pas prendre de note [...] j’veux qui

soient toutes avec moi ». Pour la C.O. 3 et le C.O.8 qui considèrent également

l’importance du lien, ils le voient comme quelque chose qui se bâtit. En ce sens, la C.O.3

Page 166: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

166

mentionne : « […] tu es toi-même le reflet du type de relation qui est établit et tu dois

réagir aussi, pour ne pas refaire ce que lui les gens refont avec lui, pis de leur fournir une

autre nourriture, tout en ayant un lien affectif ». Quant au C.O.8 il explique :

[...] j’pense qui avait une bonne relation thérapeutique [...] j’pense que ça

s’établit au fur et à mesure, ça se met en place, du moment que j’prends

contact avec la personne j’vais la chercher dans la salle d’attente, [...] la

relation commence, ça se bâtie, on marche, on prend l’escalier on va vers

les passages, puis on établi le lien quand on rentre dans l’bureau quand la

porte se ferme y s’fait, y s’bâtie quelq’chose dans la salle là, ben c’est

quoi, j’suis là pour une heure, on établit, c’t’intense, des fois même on va

dépasser le temps, ont, ça peut être plus rapide, mais ça se passe

maintenant les relations (C.O.8)

Enfin, la C.O.1 qui parlait des atouts à avoir pour utiliser adéquatement l’épreuve

Groupements et l’approche psychogénétique incluait que les conseillers d’orientation

doivent être à l’aise d’entrer en relation avec les gens, peut importe le client en question,

tout comme plusieurs approches et recherches le démontrent. Il va de soi qu’être en lien

implique que ça se fait à deux. Les conseillers d’orientation s’investissent dans leur

relation auprès de leur client, autant concrètement qu’émotivement. Pour la C.O. 6 cela

implique, par exemple, qu’elle partagera son inquiétude à ces étudiants et décidera de

prendre davantage de temps avec eux. Elle explique :

[...], mais là j’ai dit elle, non elle, il faut que j’intervienne avec elle [...] j’ai

dit « Non, toi tu fais des affaires que tes parents y savent pas. Mais je le

sais pas dans quoi tu t’es sacré par exemple, j’sais pas dans quoi tu… » Pis

j’ai dit « Tsé, c’est confidentiel ici en… » j’ai dit « T’es pas obligée de

m’dire les choses que tu fais, mais moi j’suis inquiète pour toi là. » (C.O.6)

De son côté, la C.O.2 va s’impliquer concrètement lorsqu’elle voit que son apport peut

être positif. Travaillant dans un collège privé elle mentionne que certains parents exercent

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167

de la pression sur leurs enfants concernant leurs choix d’études collégiales, elle explique

qu’elle peut s’impliquer de cette façon :

[...] alors là j'vais demander la permission au jeune : « Est-ce que tu, tu

serais d'accord à c'que je communique avec tes parents? » Et un jeune qui

m'accorde cette permission-là, j'vais communiquer avec le parent pour

e...faire état un peu de cette situation-là. Tout en respectant les choses qui

sont e...qui ne regarde que le client et moi. Là où c'est un peu plus difficile,

c'est les parents de jeunes immigrants. [...] pour les jeunes asiatiques, aller

en science... [...] y a quelque chose de culturel dans ça, et ça... [...] si je

vois que le jeune qui est devant moi est vraiment mal en point OK, que

ça... va pas bien là, qu'c'est, parce que c'est vraiment une source de conflit

et que le jeune me permet de faire l'intervention, j'vais quand même risquer

de l'faire (appeler les parents) (C.O.2)

En résumé, ces extraits nous informent que ces conseillers d’orientation dans leur

pratique et plus spécifiquement dans leur transmission des résultats de l’épreuve

Groupements, ont le soucie de créer un lien de confiance entre eux et leurs clients. Ils

s’engagent également dans la relation, par des actions concrètes ou en exprimant leurs

sentiments.

S’affirmer… jusqu’au bout

Les conseillers d’orientation s’affirment dans ce qu’ils disent à leurs clients et affirment

leur pratique de l’approche psychogénétique. Tel que l’explique la C.O.5, s’affirmer est

une façon d’être qui va de soi avec l’approche psychogénétique :

[...] si tu fais de la psychogénétique, mais sans t’affirmer c’est pas possible

en fait tu peux pas, ça fait partie de c’qu’on développe en psychothérapie

notre capacité à s’affirmer (claque sur la table) quand c’est l’temps et notre

capacité au contraire à être une bonne maman quand c’est l’temps (C.O.5)

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168

La C.O.3 mentionne que s’affirmer, c’est aussi prendre position et la maintenir. Par

exemple, face à un client qui change constamment d’idée et qu’elle constate que la

dimension « sociale » est touchée dans son identité, elle peut décider d’arrêter le

processus :

Quand j’lui ramène à chaque fois, ben là t’es, tu m’amènes là, pis moi j’y

va pas, parce que je me positionne comme intervenante [...] Si la personne,

la relation est bien engagée, a peut se dire eh tabouaire, elle en train de me

quitter [...] Moi j’va revenir, mais pas à n’importe quelle condition, pis

j’veux pas jouer dans ton yo-yo ». (C.O.3)

Cette prise de position est remarquée également chez la C.O.5. Elle raconte : « Quand

j’dis à un client j’pense que c’est de même, c’est une réponse que j’lui offre, pis qu’on

peut en discuter, parce que la manière dont c’est dit et c’est fait c’est jamais « paf » de

même. » Le C.O.8 mentionne lui aussi être affirmatif et que cela est apprécié dans son

secteur : « dans l’milieu industriel y a a habituellement, certaines organisations

apprécient beaucoup qu’on soit affirmatif ». Dans son contexte de travail, le C.O.8 est

clair quant aux informations qu’il donne à ses clients, par exemple, il leur explique : « en

terme de développement de potentiel, y est là, donc si y dirige l’organisation y ira pas

plus loin là, y est là votre individu, si vous voulez l’avoir plus loin ben, l’coaching

pourrait p’t’être l’amener plus loin ». Pour s’affirmer, il faut donc être capable de dire des

choses qui ne font pas toujours plaisir et c’est dans ce même sens qu’agit la C.O.5

maintenir son jugement professionnel même si sa conclusion va à l’encontre des vœux

des clients. Elle donne cet exemple :

[...] j’ai eu le cas d’un monsieur qui voulait être préposé aux bénéficiaires,

le social ça n’allait pas du tout là, le le sur le social et pis dans la relation

avec moi c’est l’enfer là je voyais bien que ça fonctionnait pas, fa que c’est

sûr que là j’y ai dit des p’tites affaires au compte-goutte, en lui disant ben

j’pourrai pas dire autre chose dans le rapport, j’pourrai pas dire que vous

entretenez des relations agréables avec les gens, j’peux pas faire ça. Fa que

tsé à ce moment là, quand y a un truc qui est quand même problématique,

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169

j’dis pas c’est juste l’épreuve [...] j’dis j’pense que y va y avoir un

problème à ce niveau là (et) c’est aussi c’que j’ai ressentis, parce qu’on se

sert aussi de ça (C.O.5)

Les entrevues avec les huit conseillers d’orientation ont aussi permis de remarquer que

leurs affirmations allaient au-delà de leur relation avec leur client. Les conseillers

d’orientation affirment également leur pratique de l’approche psychogénétique dans leur

milieu professionnel, même si cela n’est pas toujours facile. La C.O.7 partage ce fait :

J’vis une frustration par rapport à ça, par rapport à mon environnement de

travail (on venait de parler du livre L’École orientante : la formation de

l’identité à l’école et du fait d’agir sur chacune des dimensions) parc’que

je tente de toutes les façons possibles d’essayer d’expliquer ça à mon

entourage et ça c’est difficile : les enseignants, ont, comprennent pas ça,

les enseignants y ont pas l’temps d’faire ça. Fa que là je sensibilise, tsé

c’est long là. J’ai même donné des ateliers lors de journée pédagogique

(C.O.7)

Par ailleurs, il n’y a pas seulement des effets négatifs à affirmer sa vision de l’orientation, même

si elle est différente de celles de ces collègues. Les conseillers d’orientation qui affirment leur

pratique rencontrent également des gens qui y adhèrent. C’est ainsi que deux des trois

conseillères d’orientation du réseau scolaire ont mentionné que les dirigeants de leur

établissement, ainsi que certains professeurs faisaient appel à eux pour bénéficier de leur

expertise au niveau de l’approche psychogénétique et du diagnostic de l’identité, lors de sélection

de personnel, cas problèmes avec les étudiants, ou autres mandats spécifiques. À ce sujet, la

C.O.7 mentionne :

[...] à l’époque c’était le directeur des ressources humaines qui m’avait

posé des questions, pis moi j’l’avais, j’l’avais sensibilisé, j’lui avais

expliqué l’outil et et y avait aimé euh ça. Maintenant au XXX tout le

monde qui applique passe l’épreuve Groupements (C.O.7)

Page 170: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

170

Elle ajoute également que dans les comités de sélection, les dirigeants font appel à elle

dans certains contextes : « [...] des fois les gens étaient pas d’accord sur comment

s’positionner et quand moi j’interprétais les tests, là ça disait, ah ben oui, ben oui, ben oui

pis là ça les aidait à se positionner » (C.O.7). Il en est de même pour la C.O.2, dont

l’expertise est aussi reconnue. L’épreuve Groupements est maintenant un outil de

sélection pour tous les membres de son établissement et elle est convoqué pour des

mandats spécifiques, dont :

[...] le directeur adjoint qui pouvait dire « XXX, pourrais-tu m’dire là, cet

élève là, là, on a des problèmes avec là… et y ont fait quelques

interventions pis y ont besoin… (de plus d’information). Dans ce cas la,

j’peux utiliser l’outil encore, j’leur dis « r’garde j’pense [...] qui y a

quelque chose par rapport à ça sur lesquelles y faudrait peut-être

intervenir. » Ça c’est vraiment, à mon avis, c’qui y a de vraiment

d’intéressant dans c’travail là, ici. (C.O.2)

Pour poursuivre dans le thème de l’affirmation, la C.O.5 dit que si elle avait à changer

d’emploi et que le nouveau lieu n’utilise pas ses pratiques, elle n’irait pas : « sauf si on

me dit ben r’gardes personne l’utilise, toi tu vas l’utiliser pis tu vas nous le montrer, j’y

vais, mais sinon, non ». Il en est de même pour la C.O.4 qui serait ferme, elle aussi, dans

le maintien de sa pratique : « Tsé moi j’pense que moi je m’présenterais en disant :

« Voici ma boîte à outils, pis ça comprend cet outil-là, pis je dois l’utiliser.» [...] Je vois

pas comment j’arriverais pas à utiliser mon outil, je, je comprendrais pas. »

En résumé, les extraits venant d’être cités indiquent que les conseillers d’orientation

s’affirment à deux niveaux, soit face à leur client et face à leur pratique de l’approche

psychogénétique. Cette affirmation se constate, lorsqu’il y a des choses plus difficiles à

dire ou lorsque leur décision ne rejoint pas celle de leur client et pourrait avoir un impact

négatif sur leur projet, ou encore lorsque le milieu ne semble pas ouvert à vivre les

implications associées à leur approche.

Page 171: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

171

5.3.3 Intervention en orientation

Les conseillers d’orientation manifestent des pratiques efficientes lorsqu’ils interviennent

auprès de leurs clients. Ces pratiques sont qu’ils tiennent compte du contexte dans lequel

les rencontres se font pour concevoir leur intervention, qu’ils tiennent compte également

des besoins de leurs clientèles qui peuvent faire référence à une vision classique de

l’orientation et enfin que lorsqu’ils interviennent sur l’identité, leurs clients sont

consentants.

Tableau 16 : Thèmes émergents et définition opératoires des fondements des pratiques

efficientes des conseillers d’orientation, concernant l’intervention sur l’identité

Thèmes émergeant Définition opératoire

Tenir compte du contexte Les conseillers d’orientation tiennent

compte de leur environnement de travail et

des besoins de leur clientèle pour

concevoir leur intervention

Tenir compte des besoins des clients

Les conseillers d’orientation tiennent

compte des besoins de leurs clients et

remarquent que certains besoins

correspondent à une vision traditionnelle

de l’orientation.

« Oui je le veux »…

le consentement du client

Les conseillers d’orientation respectent

l’engagement pris avec leurs clients. S’ils

interviennent sur l’identité, c’est avec leur

autorisation.

Page 172: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

172

Tenir compte du contexte

Les conseillers d’orientation tiennent compte de leur environnement de travail et des

besoins de leur clientèle pour concevoir leur intervention. Les informations qui suivent

seront donc présentées par secteurs de travail, dans l’ordre suivant : en premier lieu le

secteur scolaire, en second le secteur organisationnel et enfin, les secteurs de la

réadaptation et de l’employabilité.

En milieu scolaire, les conseillères d’orientation mentionnent être restreintes par le

temps. Là où elles le ressentent est concernant les types d’interventions qu’elles feront.

Par exemple, la C.O.2 mentionne :

[...] bon on est dans une école alors c'est sur que j'peux pas faire de

l'intervention, à long terme, ça c'est, ça c’est clair [...] la liste d'intervention

elle va être limitée, malheureusement parce que bon, y a toujours la, la...

l'objectif d'entrer au Cegep [...], c'que j'vais tenté de faire, c'est de défaire

des choses, de mettre le choix de carrière en perspective, de dédramatiser

des choses, parce que souvent y vont arriver e... bon ben là... en relationnel

surtout e... qu'est-ce qui est bon, qu'est-ce qui est pas bon e... c't'un choix

pour la vie e... [...] alors ça c'est des choses que j'vais tenter de défaire...

« Bon ben r'garde on va y aller une étape à la fois, j'pense que là, toi, où,

où on est rendu actuellement j'pense qu'on pourrait peut-être essayer de

démêler des choses par rapport au Cegep, mais la suite, « la profession-

là », j'pense qu'on a encore le temps e... d'y penser » (C.O.2)

Il en est de même pour la C.O.6 qui travaille aussi en milieu scolaire. Expliquant

également que le temps lui manque, elle mentionne faire des interventions plus

ponctuelles lorsque cela est opportun.

[…] j’peux pas intervenir à long terme ben ça me… pour moi ça me donne

rien d’embarquer sur quelque chose que j’peux pas continuer. [...] J’leur

donne des trucs, « j’y dis… j’dis… « j’peux pas intervenir, pas parce que

j’voudrais pas, mais j’ai, j’ai pas l’temps, j’te vois quatre fois, faudrait que

j’te vois dix fois minimum dans l’année » (C.O.6)

Page 173: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

173

Alors que la C.O.6 parle de trucs, la C.O. 7 dit donner des « prescriptions », dans le sens

où elle leur dit les aspects de leur identité qui méritent d’être travaillés et les raisons pour

lesquelles ce travail doit être fait. Elle ajoute par ailleurs qu’il peut lui arriver de faire de

l’intervention sur une plus longue période : « […] j’ai pas la prétention de travailler sur

l’identité à long terme avec tous mes étudiants tsé, j’peux pas, mais des fois j’en prends

sous mon aile, des fois, j’peux n’avoir que j’vois pendant un an, j’me permets ça ».

Cela peut ressembler aux conseillers d’orientation du secteur organisationnel. Tout

comme la C.O.6 mentionnait faire des interventions ponctuelles, le C.O.8 considère le

temps qu’il a autant lorsqu’il donne son interprétation que lorsqu’il rencontre ses clients.

Il explique :

[...] fa que c’est des « snap shot » que j’fais vraiment, c’est des

interventions ponctuelles, j’suis sûr, probablement des gens par la suite

vont dire « ah oui, y m’a déjà dit ça! » [...], mais y a un principe : j’le

déshabillerai pas plus que j’capable de ré habiller! (C.O.8)

De son côté, la C.O.1 considère que le contexte dans lequel elle rencontre la personne,

ainsi que l’ampleur des informations qu’elle obtient à l’épreuve Groupements, vont aussi

moduler son intervention. Dans son rôle en évaluation, elle mise d’avantage sur la qualité

des informations qu’elle transmettra à ses clients et pourrait donner des « mises en

garde » en lien avec des difficultés potentielles qu’elle constate suite à l’analyse de leur

fonctionnement identitaire. Par ailleurs ayant déjà travaillé directement en orientation,

elle mentionne que même si elle n’intervient pas sur le profil de son client, elle considère

qu’il est important de dire ce qu’elle observe de son fonctionnement :

Ca m’est déjà arrivé de recommander, pis d’expliquer aux parents, ça

serait important par exemple, que son jeune prenne une pause [...] j’peux

dire : on voit, on comprend qui y a de la difficulté à s’orienter parce que on

a comme résultat que la personne e… est encore en recherche beaucoup

Page 174: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

174

d’elle-même ou de lui-même. Pis on sait que ça c’est pas nécessairement

en s’inscrivant au CÉGEP, dans n’importe quel programme que ça va

s’régler. [...] Faq c’est là, l’… l’épreuve, pour moi, qu’on peut quand

même faire une démarche d’orientation, pis notre responsabilité à nous [...]

c’est plus comment utiliser cette information là, pis la responsabilité de

l’utiliser à bon escient, pis de l’dire : « r’garde là… on observe ça »

(C.O.1)

Dans le contexte des secteurs de la réhabilitation et de l’employabilité, les conseillères

d’orientation ont davantage de temps devant eux. Par contre, cela ne veut pas dire que

malgré l’accord et le besoin de leurs clients, elles interviennent sur l’identité de leurs

clients dans toutes les situations. La C.O.5 explique qu’il « faut que j’sois capable

d’identifier ce que je peux travailler en quelques semaines versus ceux qui vont avoir

besoin de beaucoup plus de temps ». L’analyse de l’épreuve Groupements les guidera

alors dans leurs façons de concevoir leur processus avec eux. C’est alors qu’elles peuvent

dans certaines conditions se permettre d’intervenir directement sur l’identité comme

l’explique la C.O.4 :

Alors ça dépend, parce que c’est sûr que le mandat que j’ai ici [...] est un

mandat limité. ...], mais si e… j’le sais pas moi si, quelqu’un depuis des

années brette, pis que dans sa tête c’est qua l’a pas encore trouvé c’qui faut

alors que moi avec l’épreuve j’constate que sa, sa, sa science est construite

de telle sorte que elle n’arrive pas à se donner assez confiance pour

prendre ça entre ses mains pis oser, ben j’vas y dire, non seulement j’vas y

dire, mais j’vas y proposer qu’on, qu’on travaille ça ensemble. (C.O.4)

Dans d’autres circonstances, les informations qu’elles ont sur l’identité de leurs clients

les incitent à ne pas intervenir sur l’identité pour traiter les problématiques. La C.O.5

mentionne que si elle n’intervient pas, elle informe tout de même ses clients des

difficultés qu’ils vivent et de leur importance :

Page 175: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

175

Y a toutes sortes de circonstances qui fait en sorte qu’on peut pas. Mais,

j’y dis, à vous dans deux ans si ça vous arrive, trouvez des ressources pour

lutter contre ça, fa que tsé, c’est finalement de leur dire, on peut pas traiter

ça maintenant ici, on n’est pas, on s’rencontre pas pour ça, on n’a pas les

outils pour le faire maintenant, mais vous, vous avez la responsabilité de

vous en occuper (C.O.5)

Par ailleurs, même si elle ne traite pas les déficits identitaires la C.O. 5 mentionne utiliser

d’autres types d’intervention pour pallier à ces déficits : « […] faut bien qu’on fasse avec

le problème, j’peux pas lui dire : Rentrez chez vous, vous avez un problème

d’engagement, j’peux rien faire pour vous! [au lieu de cela elle] mets les manifestations

de difficultés d’engagement très concrètes et je lui dis : Si vous traitez pas ça, dans cinq

ans, dans deux ans, vous allez me revenir dans le même problème que vous avez

aujourd’hui! » (C.O.5)

En résumé, en ce qui concerne leurs perceptions de l’intervention sur l’identité, les

conseillers d’orientation, peu importe leurs secteurs d’activités, vont d’abord tenir compte

de leur contexte de travail pour juger de la pertinence de ce type d’intervention. Dans les

contextes où cela n’est pas possible, les conseillers d’orientation se servent des

informations qu’elles ont du fonctionnement identitaire de leur client pour concevoir leur

processus d’orientation ou d’évaluation. Ce concept avait d’ailleurs été présenté dans

leurs motivations à utiliser l’épreuve Groupements.

Tenir compte des besoins des clients

Les conseillers d’orientation tiennent compte des besoins de leurs clients et remarquent

que certains des besoins correspondant à une vision traditionnelle de l’orientation. Cette

vision traditionnelle se manifeste à plusieurs égards selon les conseillers d’orientation

Page 176: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

176

rencontrés. En premier lieu, selon la C.O.1, il y a les gens qui s’attendent à faire des tests

psychométriques lorsqu’ils font une démarche d’orientation :

[...] pis c’est sûr qu’on est toujours un peu prise dans l’sens où les gens qui

font appel à nous, en autre ici en privé, y a même ici en privé, e… m… les

gens y veulent faire une démarche en orientation classique là on s’entend

là, faut quand même faire un test d’intérêt (C.O.5)

La C.O.2 rencontre aussi ce type de demande de la part des parents des élèves de son

école privée : « mais encore là c'est pour répondre à un besoin des parents, les, les parents

en milieu privé : "Bon, est-ce que mon jeune va passer des tests?" Alors donc, j'le fais

pour ça ». Par ailleurs, les C.O. 7 et 8 mentionnent que leurs rôles sont aussi confondus

avec celui d’un psychologue : « j’le précise, un moment donné j’va dire j’suis c.o. là,

mais y oublie ça, c’est le psy, c’est une boite de psy là ». Dans le contexte scolaire de la

C.O.7, cela ne cadre pas parfois avec les attentes des étudiants. Elle explique :

[...] les étudiants viennent voir une conseillère d’orientation, y viennent

pas voir une psychologue fa que ça aussi des fois faut qu’j’explique et

sont pas nécessairement prêt non plus à travailler sur leur identité, parce

que eux v’naient chercher une réponse [...], mais tsé, y veulent pas

travailler sur leur identité. (C.O.7)

En résumé, ces conseillers d’orientation reconnaissent que la vision qu’ont les clients de

leur rôle est encore classique dans le sens où elle est associée aux tests psychométriques

et n’est pas associée à la psychologie.

Page 177: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

177

« Oui je le veux »… le consentement du client

Les conseillers d’orientation respectent l’engagement pris avec leurs clients. S’ils

interviennent sur l’identité, c’est avec leur autorisation. Ce consentement peut prendre

plusieurs formes. Pour la C.O.2, le consentement du client se fait lors de la présentation

de son rôle, information qu’elle donne en début de rencontre. Elle explique :

[...] quand je parle de mon rôle, de mon approche pis que j'utilise l'épreuve

Groupements e... je leur explique e... tout dépendant de c'que j'ai devant

moi, [...] ça s'pourrait que e... que j't'aide à relaxer un peu, mais ça pourrait

aussi que... j'mette un p'tit peu de pression sur toi [...] Pis en même temps

c'est un, c'est un consentement libre et éclairé (C.O.2)

La C.O.4 mentionne elle aussi que ce consentement est essentiel pour qu’elle intervienne

sur l’identité de ses clients. Ce type de consentement est surtout une entente des sujets qui

seront discutés en lien avec les besoins manifestés. Elle explique :

[...] parce que de toute façon c’est toute l’idée du consentement… éclairé

fa que c’est sûr que j’pourrais pas travailler ça sans que la personne, j’veux

dire, j’y dirai pas « Actuellement j’suis en train de travailler sur la

confiance en toi, mais en faite… » Tu comprends c’que veux dire c’est [...]

faut qu’à soit d’accord qu’on aborde ça. C.O.4

La C.O.1, en lien avec le consentement, amène toute la notion de confiance qui doit

s’établir entre elle est ses clients, ainsi que face à son expertise. Elle mentionne qu’il ne

peut y avoir, dans tous les accords, de but précis d’intervention, puisque la source de

l’inconfort que nomme le client n’est peut-être pas identique à celle identifiée par elle-

même et par l’épreuve Groupements. Elle explique :

Page 178: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

178

Pis j’va leur dire tu m’arrives avec une demande, mais ça s’peut que moi

j’t’amène ailleurs, mais y faut que tu m’fasses confiance. J’t’amène

ailleurs pas juste pour le plaisir de t’amener ailleurs. […] J’en ai un client

en c’moment qui est venu m’voir parce qu’y sait qui a un trouble

décisionnel, mais, finalement c’est pas ça pantoute là… J’le r’voyait hier,

j’le r’voyait hier pis j’y dis, c’est drôle hen parce que j’y ai dit dans l’fond

c’qu’on a réalisé ensemble c’est pas que t’as un problème de décision, t’as

d’la difficulté à t’affirmer c’pas pareil. [...] tsé c’est, c’est l’fun là. Fa que

si j’l’avais pris juste : « y a d’la misère à arrêter une décision » pis que

j’aurais focusé sur y donner des trucs pour arrêter une décision, j’aurais été

à coté de son besoin réel. (C.O.1)

C’est ainsi qu’elle conçoit qu’un consentement avec les clients n’implique pas que ce

sont eux qui décident sur quelle dimension elle interviendra puisque cela concerne son

expertise et son jugement. Elle ajoute que d’une certaine façon le consentement fait

conjointement sur les points à travailler et les façons d’y arriver n’est pas le type de

consentement que l’approche psychogénétique suggère :

Le conjointement là, parce que dans l’approche psychogénétique… y faut

être devant notre client en fa que c’est pas nécessairement e…

contrairement à d’autres approches où on va s’entendre sur quoi on va

travailler [...] Mais même en conseling d’orientation, moi quand j’faisais

d’l’orientation, c’pas vrai qu’y avait toujours nécessairement le

conjointement, c’est sure que en portant attention là, j’veux dire y faut pas

brimer notre client, faut pas faire des choses qui pourraient lui nuire pis

faut quand même respecter son consentement là (C.O.1)

En résumé, ces conseillers d’orientation interviennent sur l’identité de leur client suite à

l’obtention de leur consentement à ce sujet. Ce consentement qui respecte les demandes

et attentes des clients n’est pas obligatoirement formulé en terme descriptif de point à

travailler.

Page 179: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

179

En conclusion de ce thème, les pratiques efficientes des conseillers d’orientation utilisant

l’épreuve Groupements et l’approche psychogénétique depuis plus de dix ans sont :

Ils évaluent l’environnement de leurs clients dans le but de voir s’il est congruent

avec leurs identités. Ils mentionnent que l’environnement doit correspondre aux

besoins identifiés dans leurs profils identitaires;

Ils ajustent leurs transmissions d’informations en fonction de l’identité de leurs

clients;

Ils voient au-delà des résultats de l’épreuve Groupements et sont capables de s’en

détacher s’il est nécessaire;

Ils créent un lien de confiance avec leurs clients et s’engagent dans la relation

avec eux;

Ils s’affirment et prennent position, même lorsque le contexte est plus délicat;

Ils tiennent compte du mandat de leur lieu de travail pour concevoir leur

intervention;

Ils tiennent compte des besoins des clients, en référence à la passation de tests

psychométriques, ainsi qu’avec la vision de certains qui ne reconnaissent pas la

place de la psychologie en orientation;

Ils se soucient d’obtenir le consentement de leurs clients pour toute forme

d’intervention.

En somme, les conseillers d’orientation qui utilisent l’épreuve Groupements sont

efficients lorsqu’ils utilisent simultanément l’approche psychogénétique de l’identité.

Deux comportements ont été identifiés à une pratique efficiente de l’épreuve

Groupements et de l’approche psychogénétique et plus les conseillers d’orientation

naviguent aisément, voire intuitivement, d’un à l’autre, plus la démarche est efficiente.

Page 180: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

180

Premièrement (et non dans un ordre de priorité), les conseillers d’orientation montrent

avoir acquis une vision globale qui leur permet d’ajuster continuellement leur pratique.

Que ce soit face aux limites de temps que leurs milieux leur imposent ou face à

l’interprétation des résultats à leurs clients, les conseillers d’orientation utilisent leur

jugement personnel pour concevoir leur utilisation de l’épreuve Groupements.

Conséquemment, ils ne suivent pas de plan pré-établit, ce qui propose qu’ils sont en

concordance avec le moment présent et ses impératifs. Cette vision leur permet

également de rester critiques face aux résultats de l’épreuve Groupements et lorsque

nécessaire, de prioriser la pratique de l’approche psychogénétique à l’outil. En deuxième

lieu dans les comportements qui présentent une pratique efficiente de l’utilisation de

l’épreuve Groupements vient la capacité à naviguer entre deux rôles, soit celui de

s’affirmer et de s’engager. Tout comme le mentionnait la C.O.5 c’est de pouvoir être

autant un papa qui affirme qu’une maman qui prend soin. Dans l’ensemble de leurs

interventions auprès de leurs clients, les conseillers d’orientation ont montré que ces deux

rôles étaient indispensables pour pouvoir avoir un impact positif auprès de leurs clients.

Dans ce même sens c’est l’amalgame de ces deux comportements qui fera en sorte qu’ils

pourront prendre position face à un client récalcitrant qui, par exemple, veut que la

conseillère d’orientation valide un choix de carrière, qui selon son jugement à elle ne

présente pas de… pour l’avenir. Ainsi s’affirmer et s’engager ne sont pas seulement des

compétences professionnelles, cela correspond également à des façons d’« être » de ces

conseillers d’orientation. Ces façons d’être sont le reflet de ce que préconise l’utilisation

de l’approche psychogénétique et ce qui est également le fondement de la formation à

l’intervention (IRFCPO, site internet).

5.4 Leurs représentations de l’intervention en orientation

Les conseillers d’orientation ont une vision quant à leur pratique professionnelle de

l’intervention en orientation. Ils conçoivent donc que le concept d’identité à sa place en

Page 181: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

181

orientation et ils l’intègrent dans leurs rôles et ils estiment qu’il est possible d’intervenir

sur l’identité en orientation.

Tableau 17 : Thèmes émergents et définition opératoire des éléments incitatifs aux

représentations de l’intervention en orientation

Thèmes émergeant Définition opératoire

La place de l’identité en orientation Les conseillers d’orientation conçoivent

que le concept d’identité est une pièce

indissociable à leur pratique

professionnelle. Pour eux, l’approche

psychogénétique n’est pas qu’une

approche d’intervention, c’est aussi un

angle pour comprendre le monde et se

définir eux-mêmes.

Assez formé ? Les conseillers d’orientation croient être

assez formés avec l’approche

psychogénétique pour intervenir en

orientation à divers niveaux.

La place de l’identité en orientation

Les conseillers d’orientation conçoivent que le concept d’identité est une pièce

indissociable à leur pratique professionnelle. Pour eux, l’approche psychogénétique n’est

pas qu’une approche d’intervention, c’est aussi un angle pour comprendre le monde et se

définir eux-mêmes.

Page 182: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

182

Au départ, les conseillers d’orientation considèrent que leurs rôles en orientation

impliquent de travailler avec le concept de l’identité. La C.O.3 affirme son rôle ainsi et

sur la place qu’elle veut prendre auprès de ses clients : « Moi j’suis conseillère

d’orientation, j’veux travailler sur ce qu’il projette, c’qui va amener un sens. Rapidement,

faut que j’ai des outils qui touchent l’identité et pis ça, c’est ma spécialité. » Il en est de

même pour la C.O.2 qui explique que malgré les désaccords de collègues qu’elle peut

rencontrer, elle maintien qu’identité et orientation sont inter relié : « Parce que moi j'ai

déjà entendu des gens dans l'milieu dire : "Ben pourquoi j'travaillerais sur l'identité là, j'ai

pas l'temps de m'occuper de ça là." Ben c'est parce que l'identité c'est à la base de ça hen?

Pis moi, y a pas d'orientation si y a pas d'identité. » En ce sens, lorsque l’on aborde

l’identité, cela implique qu’on entre dans un aspect plus psychologique. Questionné sur la

vision de son rôle en orientation, la C.O.4 mentionne :

Mais mon mandat c’t’un mandat de conseillère d’orientation et moi je

considère qu’on s’oriente pas avec les genoux, on s’oriente avec la tête fa

que j’veux dire si faut que j’touche la tête de quelqu’un je vais y toucher,

mais naturellement y faut que ça soit en toute connaissance de cause, que

la personne veuille ça aussi tsé j’vas jamais imposer quoi que se soit à

quelqu’un (C.O.4)

Par ailleurs, certains secteurs n’offrent pas un cadre permettant aux conseillers

d’orientation d’agir selon les besoins de leurs clients. En ce sens, la C.O.6 qui n’a pas le

temps d’intervenir de cette façon vit une insatisfaction : « Tsé de pas pouvoir tout leur

donner [...] quand on l’voit, pis ce qu’on pourrait leur donner, mais on peut pas. [...] C’est

poche hen? C’est comme un peu culpabilisant à quelque part là » (C.O.6).

Travailler selon le concept de l’identité en orientation peut paraître large. Deux

conseillères d’orientation mentionnent qu’elles ont adapté leur vision de leur rôle et de

leur pratique pour être en accord avec leur réalité professionnelle :

Page 183: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

183

[...] on avait une pensée une peu plus e… idéalisée tsé dans l’sens qu’y

faut amener tout l’monde à un certain e… une certaine stabilité de

fonctionnement avant que ces personnes-là puissent s’orienter. C’est, c’est

ben beau dans un monde idéal, mais sur le terrain c’est rarement possible.

Moi c’que j’me dis c’est que mon rôle c’est d’essayer d’amener la

personne à aller vers une, une meilleure e… adéquation de ses besoins, e…

de ses intérêts bien sûr, mais de ses besoins, de ses intérêts pis là au niveau

du, de c’qui est possible actuellement e… de l’aider tsé dans, dans l’fond à

passer à l’action [...] j’ai comme revue mon rôle quand même un peu

différemment, des fois j’me dis j’suis comme le grain de sable. Fa que peut

être que moi, j’suis comme la première personne à y avoir dit certaines

choses, pis là c’est comme un p’tit grain de sable. (C.O.4)

C’est aussi de cette façon que la C.O.5 voit son rôle. Puisqu’il n’est pas toujours possible

d’intervenir sur l’identité, de traiter les déficits, la C.O.5 mentionne qu’elle a le rôle

d’informer ses clients des sources de leurs difficultés dans leur carrière. Elle explique

ceci :

Mon rôle c’est de lui dire. Pis voilà pourquoi vous êtes malheureux, pour

telle telle telle raison, à vous de faire en sorte que ça ne se reproduise plus.

Fa que c’est ça, je pallie, j’leur dis, j’les préviens, j’leur mets une p’tite

graine dans la tête pis y partent avec ça pis, c’est sûr dans le tas là y en a

qui vont oublier, mais c’est sûr qui en a qui que ca fait comme ah! tsé,

quelques années après, « oui elle m’avait dit ça ! » (C.O.5)

Ces conseillers d’orientation définissent donc leur pratique en fonction du rôle qu’ils

peuvent avoir face au concept de l’identité et le voient comme indissociable. Au-delà de

leur pratique professionnelle, pour la C.O5 et la C.O.4 l’approche psychogénétique de

l’identité explique aussi la vision du monde en général et par le fait même, cela les définit

aussi. La C.O. 4 mentionne qu’elle ne pourrait envisager de changer d’emploi et ne plus

utiliser l’épreuve Groupements et l’approche psychogénétique, car cela fait maintenant

partie d’elle : « C’est moi, je, c’est, c’est, c’est c’qui me définit ». C’est un concept qui

est intégré par ce que cela a du sens pour elle. De son côté, la C.O.5 décrit sa vision

ainsi :

Page 184: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

184

[...] c’est ma vision de l’orientation, la vision que j’ai de ma vie c’est la

même affaire, c’est comme si l’épreuve, pas l’épreuve, mais la

psychogénétique avait mis des mots qui me permet de faire ces liens-là et

c’est ce que je fais avec les clients maintenant (C.O.5)

Donc, en résumé, les conseillers d’orientation intègrent l’identité dans leur pratique de

l’orientation et cela peu importe leurs secteurs professionnels. Ils croient que c’est leur

rôle de façonner ce concept dans l’optique de ce que leur milieu leur permet. Ils ont une

vision de l’orientation qui se transcende en une vision du monde en général, qui les inclut

également.

Entre intervenir et traiter

Les conseillers d’orientation croient être assez formés avec l’approche psychogénétique

pour intervenir en orientation à divers niveaux. Questionnés s’il est pertinent d’être formé

en psychothérapie pour intervenir adéquatement selon l’approche psychogénétique, sept

conseillers d’orientation répondent que cette formation n’est pas nécessaire pour

intervenir correctement dans le contexte de leur cadre de travail. Dans ce sens, la C.O.6

répond qu’elle n’a pas besoin d’être formée en psychothérapie pour intervenir en

orientation :

[...] parce que j’le fais à journée longue sans la psychothérapie. [...] Mais

j’interviens comme tout le monde pourrait intervenir de cette façon là, sauf

que moi c’est ciblé, parce que je l’vois où j’peux intervenir. (C.O.6)

La C.O.2 abonde dans le même sens : « je pense pas que pour utiliser l'épreuve

Groupements pis faire des interventions qui sont pertinentes que tu doives nécessairement

être formé à la psychothérapie là ». La C.O.4 ne pense pas, elle non plus, que cette

formation en psychothérapie soit nécessaire pour certains milieux ou contextes de

travail :

Page 185: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

185

Non parce que tsé y a des contextes et tout [...] ben j’sais pas, moi dans

l’milieu scolaire qui voit un élève deux fois, est-ce que de faire une

formation en psychothérapie c’est nécessaire, ben c’est pas nécessaire

c’est… c’est toujours bon parce que tsé tu vas plus loin dans ta

compréhension de toi-même et de l’être humain [...], mais c’est-tu

nécessaire? Non. (C.O.4)

La psychothérapie, bien qu’elle apporte davantage de connaissance et d’actualisation de

soi-même, comme le mentionne la C.O.4, n’est pas nécessaire pour intervenir

adéquatement en orientation selon l’approche psychogénétique. La formation en

psychothérapie à un but précis. Tout repose sur le contexte dans lequel les conseillers

d’orientation œuvrent, tel que le mentionne la C.O.1 : « parce que la psychothérapie,

quand on s’forme à la psychothérapie, c’est pour pouvoir agir dans un contexte… de

psychothérapeute ! » Les conseillers d’orientation utilisent donc l’approche

psychogénétique en lien avec le potentiel d’intervention que leur milieu leur permet.

Comme le précise la C.O.3, le but qu’il y ai un changement favorable pour le client est

tout de même présent :

Par contre c’est sûr que quand je donne des devoirs, travailler sur la zone

qui est plus faible, quelque part j’espère que ça va donner un peu de

changement, quand j’travaille à à re, tsé la technique routine, ben en fait si

j’lui apprends tranquillement à avoir un langage euh moins de

surévaluation pis d’estim, tsé de de de voir des objectifs peut-être que je

ré-éduque quelque part, j’fais un peu de pression à ce niveau là. (C.O.3)

Dans ce contexte de distinction des formes d’intervention différentes, la C.O.5

explique qu’elle ne fait pas de psychothérapie dans le cadre de son travail, mais qu’elle

intervient sous d’autres formes. Elle présente sa vision ainsi :

[...] ben c’est que l’intervention c’est euh pour moi euh c’est comme euh,

tu vas modifier la perception que la personne a de sa situation fa que tu vas

le faire avec plus ou moins de profondeur [...] y a des sujets que en

orientation, on n’abordera pas quand même. (C.O.5)

Page 186: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

186

Par ailleurs, le C.O.8, bien qu’il mentionne ne pas intervenir sur l’identité dans son

contexte de travail, présente sa vision de l’orientation qui implique que la formation en

psychothérapie devrait être utilisé afin de re définir le rôle de l’orientation :

[…] c’est là que le conseiller d’orientation a une place, c’est notre métier,

c’est notre intervention […] la psychothérapie, c’est un moyen de

d’explorer de développer notre expertise de l’intérieur, c’t’une question de

rayonnement actuellement (C.O.8)

Donc, en résumé, les conseillers d’orientation croient avoir les outils nécessaires pour

intervenir en orientation selon l’approche psychogénétique. Bien qu’ils ne le nomment

pas ainsi, on distingue des niveaux d’intervention variables, qui font référence à la

psychothérapie, l’éducation formative, le counseling et l’éducation dont Bégin avait déjà

fait la distinction en 1997.

En conclusion de ce thème, les représentations des conseillers d’orientation quant à leurs

rôles face à l’intervention sur l’identité en orientation sont :

Le concept d’identité selon l’approche psychogénétique fait partie intégrante de

leur pratique professionnelle;

Il est possible d’intervenir sur l’identité à divers niveaux;

Le choix du type d’intervention est modulé par le potentiel d’intervention dont ils

disposent dans leurs milieux de pratique;

Les conseillers d’orientation mentionnent ne pas avoir assez de temps pour traiter les

déficits identitaires. Lorsque cela est possible, c’est surtout parce que l’ampleur des

déficits est minime.

Page 187: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

187

La vision de la compréhension de l’humain selon l’approche psychogénétique est

une représentation qui dépasse leur pratique professionnelle et devient un angle

pour se voir et voir le monde.

En somme, l’apport de l’approche psychogénétique dans la vie de ces professionnels

dépasse l’utilité professionnelle. C’est devenu pour eux une façon de se définir et un

angle pour comprendre les comportements humains. Ces conseillers d’orientation n’ont

pas tous un contexte professionnel permettant d’intervenir sur l’identité afin de traiter les

déficits identitaires. Ils interviennent donc à d’autres niveaux qui permettent de tenir

compte de l’identité tout en respectant leur champ d’activité.

Dans un langage psychogénétique, on pourrait dire que ces c.o. ont été touchés autant

dans leur côté « analytique » qu’« intuitif », en ce sens que l’intérêt envers l’outil et

l’approche a été et est encore autant cognitive qu’émotive. Des mots, tels « un choc »,

« une révélation », un « déclencheur » pour décrire ce qui les a incités à se former

évoquent davantage un côté émotif. C’est possiblement cet amalgame qui fait que par la

suite s’installe un engagement sérieux dans l’apprentissage et l’utilisation de l’épreuve

Groupements et de l’approche psychogénétique de l’identité. On parle alors du sens, qui

selon le dictionnaire Larousse se définit comme suit :

Aptitude à connaître, à apprécier quelque chose de façon immédiate et

intuitive : Avoir le sens des nuances. […] Raison d'être, valeur, finalité de

quelque chose, ce qui le justifie et l'explique : Donner un sens à son

existence. (Dictionnaire Larousse en ligne, site internet)

Les conseillers d’orientation rencontrés ont donc reconnu de façon instantanée et intuitive

l’apport de l’épreuve Groupements et de l’approche psychogénétique dans leur pratique.

L’emploi qu’ils en font n’est pas qu’utilitaire comme un autre outil qu’on applique dans

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188

une situation précise, c’est plutôt ce qui a « donné un sens » à leur profession et c’est

aussi devenu ce qui les définit.

Afin de terminer cette section suivra une présentation sous forme de tableau synthèse des

quatre sections qui présentent les motivations des conseillers d’orientation, leurs

contextes d’utilisation, leurs pratiques efficientes ainsi que leurs représentations de

l’intervention en orientation. Ces tableaux présentent également les principaux constats

qui ressortent suite aux entrevues avec les conseillers d’orientation.

Page 189: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

189

Tableau 18 : Résumé synthèse des éléments motivateurs à l’utilisation de l’épreuve

Groupements et de l’approche psychogénétique de l’identité

Les motivations des

conseillers

d’orientation à

utiliser l’épreuve

Groupements

Les éléments incitatifs à la

formation initiale

Une vision de l’orientation

Luc Bégin, un mobilisateur

Les conditions facilitant

l’apprentissage

S’investir en temps formel et

informel

Être entouré

Être motivé par les défis

intellectuels

Sa propre structure identitaire

Les éléments motivateurs dans

leur pratique actuelle

Diagnostic rapide de l’identité

« T’as vu ça où? » : La

validation des clients

Moduler ses interventions

Un « Tour du jardin »

impossible

Quatre constats ressortent de cette première section, soit :

Les conditions facilitant une acquisition optimale de l’outil sont : d’avoir la possibilité d’y

investir du temps, d’être bien entouré et d’avoir une identité en équilibre.

Le fait d’être stimulé intellectuellement par l’outil révèle une curiosité naturelle et c’est aussi

l’élément clé, faisant qu’ils étaient prêts à s’investir en temps, en effort et en formations de

perfectionnement de façon autonome.

Les conseillers d’orientation ont adhéré à la vision de l’orientation en lien avec l’approche

psychogénétique, alors qu’ils étaient insatisfaits de ce qui était présenté comme vision dans leurs

études ou milieux. Cette approche a répondu à des questions qui restaient sans réponse.

Les conseillers d’orientation vivent un sentiment d’efficacité de par le fait que l’utilisation d’un

diagnostic identitaire permet d’être rapidement en mesure de cibler les besoins dits et non dits des

clients et de moduler la démarche d’orientation qui s’en suit.

Page 190: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

190

Ce premier tableau présentait les motivations des conseillers d’orientation à utiliser

l’épreuve Groupements, ainsi que les trois sous-sections qui en découlaient, les thèmes

émergeant des rencontres avec les conseillers d’orientation rencontrés et les constats qui

ressortent des informations qu’ils ont transmises. Le prochain tableau présente, sous la

même forme, un résumé des contextes d’utilisation, des trois sous-sections qui en

découlent et des thèmes qui ont émergé suite aux entrevues avec les conseillers

d’orientation. Ce tableau se termine en résumant les constats qui ressortent suite aux

informations accumulées.

Tableau 19 : Résumé synthèse des contextes d’utilisation

Les

contextes

d’utilisations

Description des milieux et

clientèles

Une proximité variable avec les

clients

Volontaire la démarche

d’orientation?

« Bon pour tous »

Une difficulté identifiée :

l’interprétation

L’apport des autres outils et

approches

Un « plus » pour mieux

comprendre

L’approche cognitive : une

consœur de travail

Trois constats ressortent de cette deuxième section, soit :

Dans leurs débuts, les conseillers d’orientation ont trouvé difficile d’interpréter les résultats de

l’épreuve Groupements.

L’utilisation de l’épreuve Groupements s’adapte à tous les milieux professionnels des conseillers

d’orientation rencontrés. Peu importe leurs clientèles, peu importe la problématique ou le besoin

demandé, ces conseillers d’orientation en font la base de leur pratique. Le concept de l’identité

est priorisé aux caractéristiques personnelles des clients.

Les conseillers d’orientation qui utilisent d’autres tests psychométriques voient les liens entre les

résultats de ces tests et ceux de l’épreuve Groupements, qui permettent de bonifier certaines

informations. Dans leur pratique, plusieurs utilisent aussi l’approche cognitive pour des situations

précises où ils veulent intervenir sur les pensées de leurs clients.

Page 191: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

191

Afin de poursuivre ce même type de présentation, vient maintenant le tableau résumé des

pratiques efficientes des conseillers d’orientation rencontrés en entrevue. En lien avec ces

pratiques, trois sous-sections sont présentées en lien avec les thèmes qui ont émergé dans

les entrevues et les constats qui découlent de l’analyse des résultats.

Tableau 20 : Résumé synthèse des pratiques efficientes

Les

pratiques

efficientes

L’utilisation de l’épreuve

Groupements

En congruence avec

l’environnement

Pour un traitement de

l’information efficace

Voir au-delà de l’outil

Les

compétences relationnelles des

conseillers d’orientation

Créer un lien et s’engager

S’affirmer… jusqu’au bout

Intervention en orientation

Tenir compte du contexte

Tenir compte des besoins des

clients

« Oui je le veux »… le

consentement du client

Deux constats ressortent de cette troisième section, soit :

Les conseillers d’orientation montrent avoir acquis une vision globale qui leur permet d’ajuster

continuellement leur pratique. Que ce soit face aux limites de temps que leurs milieux leur

imposent ou face à l’interprétation des résultats à leurs clients, les conseillers d’orientation

utilisent leur jugement personnel pour concevoir leur utilisation de l’épreuve Groupements.

Conséquemment, ils ne suivent pas de plan préétabli, ce qui propose qu’ils sont en concordance

avec le moment présent et ses impératifs. Cette vision leur permet également de rester critiques

face aux résultats de l’épreuve Groupements et lorsque nécessaire, de prioriser la pratique de

l’approche psychogénétique à l’outil.

Un autre comportement qui présente une pratique efficiente de l’utilisation de l’épreuve

Groupements est la capacité des conseillers d’orientation à naviguer entre deux rôles, soit celui de

s’affirmer et de s’engager. Ces façons d’être sont le reflet de ce que préconise l’utilisation de

l’approche psychogénétique :

La formation à l'intervention psychogénétique ne vise pas à donner des « façons de

faire » ou de « dire » toutes faites à l'intervenant. Elle visera surtout à rendre efficaces

les ressources que l'intervenant possède. (IRFCPO, 2012)

Page 192: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

192

Le prochain et dernier tableau résume les représentations des conseillers d’orientation

quant à l’intervention en orientation. Cette section n’a pas de sous-section, mais présente

les deux thèmes qui ont émergé suite aux rencontres avec les conseillers d’orientation.

Les constats qui ressortent suite aux informations cumulées sont présents pour terminer

ce résumé synthèse.

Tableau 21 : Résumé synthèse des représentations des conseillers d’orientation envers

l’intervention en orientation

Leurs

représentations de

l’intervention en

orientation

La place de l’identité en

orientation

Assez formé ?

Deux constats ressortent de cette dernière section, soit :

Les conseillers d’orientation n’ont pas tous un contexte professionnel permettant d’intervenir sur

l’identité afin de traiter les déficits identitaires. Ils interviennent donc à d’autres niveaux qui

permettent de tenir compte de l’identité tout en respectant leur champ d’activité.

Dans un langage psychogénétique, on pourrait dire que ces conseillers d’orientation ont été

touchés autant dans leur côté « analytique » qu’« intuitif », en ce sens que l’intérêt envers l’outil

et l’approche a été et est encore autant cognitif qu’émotif. L’emploi qu’ils en font n’est pas

qu’utilitaire comme un autre outil qu’on applique dans une situation précise, c’est plutôt ce qui a

« donné un sens » à leur profession et c’est aussi devenu ce qui les définit.

Ces résultats qui ont été présentés et analysés sont en lien avec ce que les conseillers

d’orientation conçoivent, vivent ou ont vécu dans leur pratique en orientation. Pour

terminer cet essai, la suite met ces informations en lien avec celles des autres sections de

l’essai, soit celles de la problématique et du cadre conceptuel.

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193

6. Discussion

L’analyse des entretiens avec les huit conseillers d’orientation permet d’établir des liens

significatifs avec les connaissances scientifiques présentées dans la problématique de la

recherche et dans le cadre conceptuel. C’est ainsi que cinq sujets sont maintenant

présentés en discussion. Le premier sujet présente le lien entre les besoins émotifs sous-

jacents aux demandes d’orientation dont faisait part Matte (2010) et l’apport de l’épreuve

Groupements en ce sens. Le deuxième sujet fait un retour sur les problématiques en

orientation qui arrivent de partout, en constatant que pour les conseillers d’orientation qui

travaillent selon l’approche psychogénétique de l’identité, l’identité est davantage

significative pour aider leurs clients à s’orienter. Le troisième sujet présente le manque de

reconnaissance de l’identité et la psychologie en orientation. En quatrième sujet sont

présentés les liens entre les compétences relationnelles reconnues en orientation selon

divers auteurs et ce qui a été remarqué chez les conseillers d’orientation rencontrés.

Enfin, le dernier sujet discuté concerne la complexité de l’épreuve Groupements. Cette

complexité est discutée en se questionnant sur ce que cela explique et pour qui cet outil

peut être complexe.

6.1 L’identité; un diagnostic qui permet de répondre aux besoins

émotifs sous-jacents aux demandes d’orientation

Les conseillers d’orientation rencontrés ont mentionné qu’un des apports de l’épreuve

Groupements dans leur pratique consistait à moduler leurs interventions selon les besoins

de leurs clients. Dans ce sens, grâce au diagnostic de l’identité qui est rapide et

instantané, ils peuvent dépister ce dont leurs clients ont besoin, même si ceux-ci ne le

mentionnent pas toujours. Les besoins émotifs sous-jacents aux demandes d’orientation

sont des informations accessibles via l’épreuve Groupements. Cet outil diagnostic va

« chercher » la pensée synthétique, faisant référence à ce que ressentent les clients

« émotivement » et qui fait du sens pour eux. Par le fait que la pensée synthétique est

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194

moins accessible par le langage, ce qui en découle est parfois difficile à nommer. Ces

informations transcendent donc l’histoire subjective que la personne se fait, ou ce qu’elle

veut faire voir de sa situation.

Ces informations sont directement en lien avec les besoins en éducation dont faisait état

Matte (2010). Selon lui, une des difficultés en orientation consiste justement à évaluer et

dépister le service adéquat dont les élèves ont besoin. Dans une pyramide qu’il présentait,

il déplorait le fait que les services d’orientation offerts dans le réseau scolaire agissaient

peu souvent à la pointe de la pyramide, là où les besoins devenaient particuliers, c’est-à-

dire, où l’on rencontre les « problèmes d’orientation ». Matte (2010) poursuivait en

mentionnant que le risque de ne pas évaluer correctement les besoins des élèves est de

passer à côté du besoin réel de ceux-ci et surtout de ceux qui sont plus vulnérables et de

leur offrir un service qui tend plutôt vers l’information scolaire et professionnelle. De

même, l’OCCOQ (2008) affirme que de donner (seulement) de l’information scolaire et

professionnelle ne répond pas aux besoins émotifs des individus consultant en

orientation.

C’est aussi ce qu’ont constaté les conseillers d’orientation rencontrés. À ce sujet, une

conseillère d’orientation qui travaille auprès d’une clientèle en adaptation scolaire

mentionnait qu’il arrivait que des étudiants se retrouvent dans des groupes spéciaux par

« bad luck » parce qu’il n’y a rien d’autre pour eux. C’est l’identification de leur

problématique et non de leur identité qui avait causé cette situation. Dans ce même sens,

une autre conseillère d’orientation, qui travaille uniquement avec une clientèle

handicapée, constate que le mode de fonctionnement identitaire est au-delà de la maladie.

Ainsi connaître l’identité de ses clients lui permet de dépasser les étiquettes associées aux

divers troubles et maladies et justement de dépister le besoin du client en lien avec son

identité et non seulement en lien avec sa maladie.

Dans ce contexte, l’apport de l’épreuve Groupements et de l’approche psychogénétique

de l’identité est manifestement une solution à ces difficultés de dépister et d’offrir le

service adéquat, car cela permet une évaluation objective et précise de la situation de

Page 195: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

195

leurs clients. Il est donc possible de constater que la personne à une ou des

problématiques identitaires qui persisteront, peu importe les changements de milieu

effectué, car ces inconforts sont à l’intérieur de la personne même et se « déplacent »

avec elle. Dans cette situation, changer de milieu pourrait avoir un effet positif immédiat

pour la personne, mais comme le mentionnaient les conseillers d’orientation, tôt ou tard,

les problématiques si elles ne sont pas réglées referont surface. C’est ainsi également

qu’un conseiller d’orientation peut rencontrer un client qui lui dit avoir déjà fait une

démarche d’orientation qui n’a « rien donné », même si face au conseiller d’orientation

rencontré antérieurement il semblait heureux de son choix.

6.2 L’identité; plus significative que les problématiques

La première partie de cet essai portait sur les problématiques vécues en éducation, en

employabilité ainsi qu’en orientation. C’est aussi à ce moment qu’étaient présentées les

clientèles émergentes en orientation qui, par leur nombre grandissant, provoquent des

questionnements envers l’expertise des conseillers d’orientation. Le constat est que les

conseillers d’orientation sont face à plusieurs enjeux, autant en ce qui concerne l’individu

que la société et on pourrait se demander s’ils ne se sentent pas submergés face à toutes

ces informations. Par ailleurs, on ne peut prévoir que ce flux d’information diminuera, car

il y aura toujours de nouveaux besoins en orientation et chez les gens, car la société

change et évolue constamment.

C’est en ce sens que lorsque l’identité est le point de départ du processus d’orientation, la

base de la pratique reste invariablement la même soit : comprendre ce que l’identité de la

personne a comme effet dans sa vie scolaire, professionnelle, dans sa démarche en

orientation et quels sont les besoins qui en découlent. Dès la première rencontre, à partir

des résultats de l’épreuve Groupements, des besoins de la personne, du mandat

professionnel et des dispositions du milieu, les conseillers d’orientation peuvent déjà

concevoir leur démarche d’orientation.

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196

Pour les conseillers d’orientation, avoir un diagnostic identitaire permet de dépister si le

besoin d’orientation se tourne vers « l’externe ou l’interne ». Ainsi, en premier lieu, les

conseillers d’orientation peuvent constater que la personne n’évolue pas dans un

environnement dont les exigences correspondent à son identité. Le besoin qui en découle

est donc de rechercher un milieu dont les exigences sont congruentes à l’identité du

client. Par ailleurs, dans les situations où les individus vivent des problématiques dans

leurs démarches d’orientation (ou d’études, ou d’emploi) la pratique de l’orientation,

lorsque l’on priorise l’identité est de dépister les déficits identitaires. Cela permet ensuite

d’éduquer les individus, en leur montrant les liens entre leurs déficits identitaires et les

problématiques qu’ils vivent, ou dans les contextes où cela est possible, les conseillers

d’orientation peuvent également traiter les déficits, ce qui éliminera les problématiques

vécues en orientation et permettra aux individus d’être capables de s’orienter de façon

autonome.

6.3 L’identité; concept encore méconnu en orientation

Comme l’on mentionné les conseillers d’orientation rencontrés, travailler en orientation

avec le concept de l’identité selon l’approche psychogénétique se rapproche de la

psychologie. Même les clients le reconnaissaient. Par ailleurs, certains d’entre eux étaient

également très surpris de cette façon d’aborder l’orientation. La perception était alors que

l’orientation s’exerçait à partir de l’extérieur d’eux-mêmes, ou à partir d’un test qui leur

révèlerait « où aller ». Il semble y avoir un inconfort à notre époque, à inclure la

psychologie en orientation et cet inconfort semble installé depuis longtemps. En ce sens,

Bégin (1999) qui milite depuis longtemps pour reconnaître la psychologie en orientation

mentionnait dans son article De l'orientation scolaire et professionnelle... à l'orientation

vocationnelle, qu’on le taxait de « psychologiser » l’orientation. Pourtant, plusieurs

éléments de la pratique actuelle des conseillers d’orientation tiennent compte de l’aspect

psychologique, tel :

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197

Ils étudient les différentes approches psychologiques pour comprendre le

développement de l’humain,

ils évaluent le fonctionnement de la personne quant à leurs fonctionnements

psychologiques, leurs ressources personnelles et les conditions de leurs milieux,

ils interviennent sur des problématiques telles que le manque de motivation,

l’indécision, l’immaturité vocationnelle, tout en considérant les besoins émotifs

de leurs clients,

ils ont une reconnaissance professionnelle leur donnant le droit d’exercer des

activités réservées par la loi (Loi modifiant le Code des professions et d'autres

dispositions législatives dans le domaine de la santé mentale et des relations

humaines (projet de loi nº 21) qui concerne la protection des clientèles plus

vulnérables psychologiquement.

ils peuvent faire de la psychothérapie, suite à une formation précise reconnue par

l’Ordre des psychologues du Québec.

Cette relation ne semble pas être toujours reconnue de l’ensemble de la population. Là où

le bât blesse en orientation est lorsque les personnes vivent des difficultés à s’orienter.

Orienter quand c’est facile, ça va, mais lorsque ça ne pas, que se passe-t-il? Lorsque le

client est en haut de la pyramide, telle que celle décrite par Matte (2010), qu’il se

retrouve avec des besoins particuliers, qui fait quoi, comment et est-ce que le dénouement

est heureux? En considérant que les formations universitaires des conseillers

d’orientation sont de deuxième cycle universitaire, peut-on envisager que les élèves qui

vivent des problèmes d’orientation seraient en mesure d’être servis par des professionnels

à qui l’ont reconnait cette expertise et à qui ont donne les outils adéquats pour le faire?

Serait-il temps d’inclure davantage la psychologie en orientation, sans pour autant

éliminer l’aspect éducatif?

Dans ce contexte, l’apport de l’épreuve Groupements et de l’approche psychogénétique

est à divers niveaux :

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198

C’est une approche qui fait le lien entre les besoins des individus en rapport avec

la construction de leur identité et les exigences des milieux professionnels,

C’est une approche qui possède un outil de diagnostic de l’identité, cela permet

d’aller au-delà des hypothèses et de ce que l’individu « pense » de sa situation,

l’épreuve Groupements donne accès au cerveau droit qui est à la base de ce qui

aura du « sens » pour l’individu,

C’est une approche qui en peu de temps discerne les besoins des clients, ce qui

permet de référer vers des services appropriés, ou d’intervenir sur les déficits

identitaires lorsque cela est demandé par les clients,

C’est une approche qui a une théorie qui la sous-tend, qui présente des façons

d’intervenir pour créer un changement chez la personne, dans le but qu’elle puisse

s’adapter aux exigences qui émergent du marché du travail et avant tout qu’elle

soit elle-même en équilibre.

Les conseillers d’orientation ont une place importante à prendre concernant la

reconnaissance de leur profession. C’est ce que Matte (2010) mentionnait lorsqu’il

constatait à quel point les besoins particuliers en orientation n’étaient pas comblés dans le

domaine de l’éducation. Comme il l’expliquait alors, la responsabilité du manque de

service doit revenir à tout le monde et il invitait les conseillers d’orientation à utiliser leur

zone d’influence pour faire changer une vision de l’orientation qui est dépassée.

Les conseillers d’orientation rencontrés, du secteur de l’éducation, ont également

manifesté leur frustration et leur insatisfaction envers cet aspect. Elles s’impliquent

activement dans leur milieu pour présenter l’apport de leur pratique face aux difficultés

mentionnées et constatent qu’elles devront continuer de s’armer de patience et d’effort

parce que le rôle que joue l’identité en orientation est encore flou pour plusieurs

personnes dans leur environnement, autant collègue en orientation, que professeurs. Par

ailleurs leur persévérance porte fruit, car deux des conseillères en orientation du secteur

scolaire ont mentionné que leurs dirigeants utilisaient leur expertise dans des contextes

divers, tels, sélection d’employés et dépistage de problématique avec des élèves. Ces

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199

deux conseillères d’orientation ont indiqué que la passation de l’épreuve Groupements

faisait désormais partie des pratiques habituelles de sélection des employés dans leurs

établissements respectifs. C’est ce qu’on appelle, voir les récoltes de ce qu’on a semé!

Enfin, que ce soit dans le domaine de l’éducation ou dans les autres domaines de

l’orientation, les conseillers d’orientation rencontrés agissent et affirment leur pratique et

leur vision de l’orientation en lien avec l’approche psychogénétique. Ils sont capables

d’exercer une influence positive, car dans leur quotidien professionnel, ils retirent un

sentiment d’efficacité dû au fait que l’identité est le fondement de leur pratique de

l’orientation.

6.4 L’identité; les dimensions ayant un impact dans l’intervention.

L’analyse des résultats a aussi permis de faire ressortir les compétences relationnelles des

conseillers d’orientation rencontrés comme étant des pratiques efficientes. Plusieurs

auteurs, cités dans le cadre théorique (Bégin, 1998; Guédon et Savard, 2000; Guichard et

Huteau, 2006) évoquent que la qualité du lien a d’ailleurs un pouvoir plus élevé que les

techniques d’intervention utilisées. Ainsi, le type de lien qui s’établit entre les conseillers

d’orientation et leurs clients est déjà un élément permettant le changement chez leurs

clients. Dans les résultats en lien avec les compétences relationnelles des conseillers

d’orientation rencontrés, il était question d’engagement et d’affirmation. L’engagement

dont il est ici question, se remarque chez les conseillers d’orientation rencontrés par le

souci qu’ils ont d’établir avant tout une relation significative avec leurs clients. Ils ne

craignent pas d’exprimer leurs sentiments, de faire des démarches pour eux, ou même

d’attendre que la relation soit plus développée pour discuter de sujets plus personnels. En

deuxième lieu, l’affirmation se présentait dans leur façon d’intervenir, alors qu’ils

donnent des informations claires, dans leur façon de maintenir leur position et leur

jugement en tout temps même lorsque cela était plus difficile.

Ces façons de faire ou d’être, correspondent exactement à ce que prône l’approche

psychogénétique de l’identité au niveau de l’intervention. Comme il a été décrit plus

Page 200: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

200

haut, Bégin et d’autres auteurs conçoivent qu’au départ, pour induire un changement chez

un client, l’élément de base est la qualité de la relation. Aussi, selon cette approche, les

affirmations sont nécessaires pour rejoindre le cerveau droit qui ne traite pas les nuances

ou le négatif du langage. Les deux vont de pairs puisque, pour que le conseiller

d’orientation ait un impact en affirmant des faits il doit également être en relation avec

son client pour que celui-ci lui fasse confiance. Dans l’approche psychogénétique de

l’identité, ces informations correspondent aux dimensions de la science et du social. Est-

ce dire alors que pour intervenir de façon optimale selon cette approche et avoir un

impact positif chez les clients, les conseillers d’orientation doivent avoir ces dimensions

construites? Les faits semblent répondre positivement à cette question.

Par ailleurs, pour poursuivre en ce sens, certaines informations provenant des conseillers

d’orientation rencontrés semblent correspondre à un autre aspect. En effet, les conseillers

d’orientation ont mentionné que pour travailler avec l’épreuve Groupements il faut être à

l’aise à sortir du cadre habituel, à aborder des sujets qui eux aussi sortent du cadre et de

plus, ils mentionnent le faire eux même lorsque les résultats de l’épreuve Groupements ne

font pas de « sens » avec ce qu’ils voient dans la relation qu’ils ont avec leurs clients. Ils

ont également mentionné qu’il faut être à l’aise avec ce qui est vague et flou, car

l’interprétation des résultats n’est pas un « copier-coller » à remettre aux clients, il y a

toute une construction à faire provenant de plusieurs informations. Les conseillers

d’orientation ont également mentionné que leurs années de pratique les avaient aidées à

avoir une vision globale des résultats et non une vision compartimentée. Cela propose

que les conseillers d’orientation se servent leur côté intuitif pour utiliser l’épreuve

Groupements de façon optimale. Si l’on se rappelle, la théorie psychogénétique de

l’identité conçoit que l’aspect intuitif ne fait pas référence à ce qui est vrai ou faux, mais

plutôt à ce qui fait du sens, ce qui est construit et accessible de façon instantanée, sans

qu’à chaque fois le cerveau n’ait à retraiter l’information. C’est possiblement de cet

aspect que résulte le fait que malgré qu’ils reconnaissent que l’épreuve Groupements est

un outil complexe, ces conseillers d’orientation ne ressentent pas cette complexité dans

leur utilisation au quotidien.

Page 201: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

201

6.5 L’identité; complexe pour qui?

Enfin, dans ce qui est nommé comme critère définissant une théorie, il y a l’élément

demandant que l’approche soit assez simple pour se révéler compréhensible. Ce fait peut

être discuté, car en maintes reprises, il a été mentionné que c’est une théorie complexe,

que l’interprétation de l’épreuve Groupements n’est pas facile dans les débuts et que

même après plusieurs années les conseillers d’orientation d’expérience se trouvaient

parfois devant des incertitudes. Un autre élément qui peut également donner une

impression de complexité est le langage « personnalisé » associé à l’interprétation de

l’épreuve Groupements. Pour les gens qui ne connaissent pas l’outil, savoir qu’une

personne a une relationnelle technique-routine ne veut rien dire. Ce langage « codé » peut

donner l’impression que c’est complexe ou du moins que cela semble inatteignable. Par

ailleurs, les conseillers d’orientation qui ont été rencontrés permettent de nuancer cette

vision de complexité, dont le mot même (complexité) peut être perçu sous différents

angles, passant de compliqué à rigoureux.

Tout d’abord, lorsque l’on présente le critère qu’une science doit être simple pour se

révéler compréhensible, il faudrait expliquer pour qui elle doit être simple. En ce sens, il

semble que l’approche psychogénétique a été facile à comprendre pour les conseillers

d’orientation qui avaient déjà (ou qui ont acquis) un vécu professionnel ou qui avaient

des études en psychologie. De même, certains ont mentionné qu’ils savaient qu’ils

n’utilisaient pas l’outil et l’approche à leur plein potentiel, mais qu’ils l’utilisaient de

façon optimale pour leur propre identité et selon les exigences de leurs milieux de travail

respectifs. Cela suggère qu’une utilisation peut être adéquate, même si elle n’utilise pas

tout le pouvoir de l’outil.

Cette complexité de l’outil et de l’approche fut n’a pas été un élément négatif pour les

conseillers d’orientation puisqu’ils ont reçu des réponses face aux « vides » laissés par

d’autres théories et face aux problématiques qu’ils rencontraient dans leur pratique. Ils

ont fait mention que cette théorie était le morceau manquant à une vision de l’orientation

auquel ils trouvaient un « sens », face à l’explication des comportements humains. Un

autre élément qui est porteur est aussi la réaction des clients qui sont stupéfaits de la

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justesse des informations qui leur sont transmises. Ces reconnaissances les ont sollicitées

à se dépasser, à aller vers des zones moins confortables, à mettre des efforts, car les

conseillers d’orientation voyaient les impacts positifs, autant sur eux-mêmes que sur leurs

clients.

Alors, que dire concernant cette complexité? Peut-être qu’elle est indispensable à un

diagnostic de l’identité!

7. Conclusion

Afin de conclure cette recherche et présenter ces apports, limites et retombés, il est

important de se rappeler son objectif principal, qui était de : présenter et analyser les

pratiques efficientes des conseillers et conseillères d’orientation utilisant l’épreuve

Groupements et l’approche psychogénétique de l’identité dans un contexte d’orientation.

Plus spécifiquement la recherche visait à décrire l’expérience d’appropriation de

l’épreuve Groupements des conseillers d’orientation, analyser les contextes et les

procédures d’utilisation de l’épreuve Groupements des conseillers d’orientation ainsi que

les réactions des clients, présenter les motivations sous-jacentes à l’utilisation de

l’épreuve Groupements et comprendre les perceptions des conseillers d’orientation quant

à leur rôle face à l’intervention sur l’identité.

7.1 Les apports de cette recherche

Cette recherche a permis de faire le point sur le vécu des conseillers d’orientation qui

utilisent l’épreuve Groupements et l’approche psychogénétique de l’identité, de voir les

retombés de l’utilisation dans le quotidien de ces professionnels pour en comprendre les

applications possibles dans des environnements de travail qui possèdent eux aussi des

exigences et des limites.

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Le premier apport constaté concerne l’expérience d’appropriation de l’épreuve

Groupements des conseillers d’orientation. Deux termes en sont ressortis, soit

enthousiasme et efforts. Les conseillers d’orientation rencontrés ont manifesté un

enthousiasme quant à l’arrivée de l’épreuve Groupements et de l’approche

psychogénétique dans leur vécu professionnel, puisque cela répondait à des

questionnements qui ne trouvaient de réponses avec d’autres approches ou connaissances.

Ils trouvaient (enfin) des réponses à questions, comprenaient la source des

problématiques de leurs clients et avaient un angle de vision pour cheminer dans un

processus d’évaluation et-ou d’orientation. Ils ont également mentionné être stimulés

intellectuellement à apprendre et comprendre l’approche psychogénétique de l’identité,

stimulation qui évoquait aussi le plaisir de découvrir quelque chose qui avait pour eux du

« sens ». Comme on le constate, l’appropriation de l’épreuve Groupements pour ces

conseillers d’orientation à rejoint autant leur côté cognitif (analytique) qu’émotif

(synthétique). L’autre élément qui marque leur appropriation de l’outil et de l’approche

est l’effort à mettre en apprentissage et mémorisation. Il s’avère que sans effort et sans

temps investi il ne semble pas possible d’intégrer la théorie associée à la cotation de

l’épreuve Groupements. Les conseillers d’orientation ont aussi tous constaté qu’au fil du

temps ces connaissances devenaient de plus en plus intégrées, fluides et faciles à

transmettre aux clients.

Le deuxième apport de cette recherche concerne l’utilisation de l’épreuve Groupements

auprès de tous types de clientèles et de problématiques. Il a donc été constaté que les

conseillers d’orientation utilisaient « toujours » l’épreuve Groupements, peu importe les

caractéristiques de leurs clients. Les quelques exceptions mentionnées faisaient référence

à des troubles de santé mentale très précis. Donc, que leurs clients soient jeunes, plus

âgés, avec un diagnostic de TDAH, de trouble de comportement, immigrant, avec un

diagnostic en santé mentale, l’utilisation de l’épreuve Groupements est significative, car

elle va au-delà de ces caractéristiques et présente la construction identitaire des individus.

Dans ce sens, l’épreuve Groupements est devenue pour ces conseillers d’orientation, la

base de l’évaluation du fonctionnement psychologique de leurs clients et comme ils

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utilisent ces informations dès le début du processus, ils accélèrent l’étape des hypothèses

entourant le fonctionnement des individus.

Un troisième apport de cette recherche est la constatation que les conseillers d’orientation

utilisent l’approche psychogénétique selon le potentiel que leur permet leur propre

structure identitaire et selon les exigences et limites de leurs milieux professionnels. Tous

ont mentionné que l’outil était puissant. Plusieurs ont ajouté à cela qu’ils ne pouvaient

pas utiliser toute cette puissance, par exemple pour intervenir en accord avec l’approche

(lorsque cela est opportun et consenti par le client) pour traiter les déficits identitaires, car

ils n’avaient pas le temps de le faire. Quant à leurs propres structures identitaires, les

conseillers d’orientation ont mentionné qu’inévitablement, les dimensions qui ne sont pas

formées chez eux sont plus difficiles à interpréter ce qui est alors transmis aux clients

comme lien ou informations est puisé via les références fournies par la théorie. On en

comprend que ces informations restent vraies, mais qu’il peut être plus difficile pour les

conseillers d’orientation d’avoir une vision plus globale et d’être plus souple dans leur

interprétation. Dans ce même sens, un autre apport de cette recherche concerne le fait que

plusieurs conseillers d’orientation, ont mentionné s’être développé personnellement au

contact soit du concepteur, soit par l’ensemble des connaissances et remises en question

que l’approche a provoqué en eux. La puissance de l’outil ne rayonne pas seulement

envers leur rôle professionnel, mais aussi envers eux.

Un cinquième apport observé est le sentiment d’efficacité qu’ils éprouvent en lien avec

l’intervention sur l’identité et le service d’orientation qu’ils offrent. Les conseillers

d’orientation rencontrés ont tous mentionné que l’épreuve Groupements était un outil qui

leur donnait des informations précieuses sur l’identité de leur client, ce qui leur permet

d’évaluer la situation de manière rigoureuse, de concevoir leur intervention et

d’intervenir à divers niveaux sur l’identité. Ces trois éléments sont représentatifs des

compétences énoncées par l’Ordre des conseillers et conseillères d’orientation du Québec

(OCCOQ), dans leur profil de compétences. Ce sentiment d’efficacité fait aussi qu’ils

sont capables de se positionner pour faire reconnaître leurs professions et le rôle de

l’identité, ou de la psychologie, en orientation.

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205

7.2 Les limites de cette recherche

La première limite de cette recherche est le fait qu’elle est basée sur le vécu et les

représentations de seulement huit conseillers d’orientation. Bien qu’ils ont été

minutieusement choisis, le nombre peu élevé ne peut représenter ce que vivent et pensent

tous les conseillers d’orientation qui utilisent l’épreuve Groupements et l’approche

psychogénétique de l’identité. Dans ce sens, d’autres recherches pourraient être utiles

afin de valider ou invalider les faits mentionnés ici.

Une autre limite est l’inexpérience de l’étudiante-chercheuse pour ce type de travail

scientifique. Certaines connaissances et constats se font au même temps que la recherche

prend forme. Avoir ces connaissances avant d’entreprendre l’ensemble de cette recherche

aurait amené davantage de finesse, par exemple aux questions posées aux conseillers

d’orientation. Un soucie s’est maintenu de la part de l’étudiante chercheuse pour éviter le

plus possible de ne pas se servir des informations d’un conseiller d’orientation rencontré

antérieurement avec le conseiller d’orientation suivant. Comme il s’agissait d’une

entrevue semi-structurée, les conseillers d’orientation avaient une certaine liberté

d’aborder les questions selon leur angle de vision, ce qui fait que des thèmes nouveaux

ressortaient, mais ne pouvait être ré-évoqués dans les entrevues subséquentes si le

conseiller d’orientation n’en faisait pas état par lui-même. Cela occasionne une perte

d’informations qui auraient pu être fort intéressantes.

Enfin, une dernière limite concerne la neutralité de l’étudiante chercheuse qui est elle-

même une utilisatrice de l’épreuve Groupements. Comme le mentionne Karsenti (2011) :

« […] leurs schèmes personnels et théoriques, leurs valeurs influent sur leur conduite et

le chercheur tente de produire un savoir objectivé, c'est-à-dire validé par les participants à

la recherche » (p. 128). En ce sens, l’étudiante-chercheuse consciente de pouvoir glisser

vers ses valeurs a été le plus attentive possible à maintenir un regard extérieur et à faire

« parler » les conseillers d’orientation et non ce qu’elle pensait elle-même. En ajout à

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206

cette attention, le fait que son directeur d’essai ne soit pas un pratiquant de l’épreuve

Groupements et de l’approche psychogénétique, a été un deuxième regard pour maintenir

une objectivité pour l’ensemble de la recherche.

7.3 Les retombés de cette recherche

La première retombée de cette recherche est concernant le fait que jusqu’ici plusieurs

recherches scientifiques ont été faites en lien avec l’épreuve Groupements et l’approche

psychogénétique de l’identité, mais aucune ne présentait la pratique des conseillers

d’orientation qui l’utilisaient. Cela fait donc le lien entre la théorie et la pratique et

permet d’avoir un aperçu de la réalité de l’utilisation de l’outil et de l’approche dans des

contextes divers d’orientation tels en éducation, en employabilité, en évaluation et en

réadaptation.

Une autre retombée de cette recherche est qu’elle pourra permettre aux conseillers

d’orientation ou autres professionnels qui « entendent parler » de l’épreuve Groupements

d’avoir une référence sérieuse sur la pratique de l’outil et d’évaluer la pertinence et

l’apport qu’il peut avoir pour eux dans leur contexte de travail. Puisque l’appropriation de

l’outil est un processus exigeant temps et efforts, les conseillers d’orientation qui veulent

se former pourront avoir un aperçu des exigences et des bénéfices avant de s’inscrire aux

formations initiales et par la suite s’y engager en toutes connaissances.

Il est probable qu'une autre retombée de cette recherche soit envers les utilisateurs et

utilisatrices de l'épreuve Groupements et envers l'Institut de recherche fondamentale et

clinique de psycho-orientation (IRFCPO). Comme pour toutes pratiques, l'échange et le

partage d'informations et de connaissances quant à l'utilisation que les membres en font

est une source de réflexion et de stimulation. Les conseillers et conseillères d'orientation

pourront par le fait même porter un regard sur leur propre pratique et même s'ils le

désirent, se positionner quant aux réponses qu'ils auraient données en entrevue selon le

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207

questionnaire d'entrevue fourni en annexe. Pour l'IRFCPO, cette recherche peut être

intéressante pour connaître la situation de quelques uns de leurs membres et peut-être

offrir d'autres opportunités de recherche.

Enfin, une dernière retombée est davantage personnelle, car elle est pour l’étudiante-

chercheuse qui termine cet essai en constatant avoir acquis quantité d’informations qui

ont bonifié les acquis qu’elle avait déjà. Une compréhension plus globale s’en résulte,

reste à voir dans la pratique future si ces connaissances ont été intégrées!

Page 208: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

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Ministère de l'emploi et de la Solidarité sociale. Consulté le 12-04-2012 à l’adresse:

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Gouvernement du Québec (2012a). Indicateurs de l’Éducation – Édition 2012. Ministère

de l’Éducation, du Loisir et du Sport. Consulté le 20-03-2012 à l’adresse:

http://www.mels.gouv.qc.ca/sections/publications/publications/SICA/DRSI/Indicateurs_e

duc_2012_webP.pdf

Gouvernement du Québec (2012b). Rapport statistique sur la clientèle des programmes

d'assistance sociale. Québec: Ministère de l'Emploi et de la Solidarité sociale. Consulté le

16-02-2012 à l’adresse:

http://www.mess.gouv.qc.ca/statistiques/prestataires-assistance-emploi/

Gouvernement du Québec (2012c). Tableaux sur l'immigration permanente au Québec

2007-2011. Québec : Ministère de l’Immigration et Communautés culturelles. Consulté le

15-06-2012 à l’adresse:

http://www.micc.gouv.qc.ca/publications/fr/recherches-statistiques/Immigration-Quebec-

2007-2011.pdf

Gouvernement du Québec. (2013a). Entreprises 2013. Québec : Service Québec.

Consulté le 06-03-2012 à l’adresse :

http://www2.gouv.qc.ca/entreprises/portail/quebec/ressourcesh?lang=fr&g=ressourcesh&

sg=3101862988&t=s&e=2067211939:2623218587:2792025304

Gouvernement du Québec (2013b). Santé mentale au Québec. Ministère de la Santé et

Services sociaux. Consulté le 10-05-2012 à l’adresse :

http://www.msss.gouv.qc.ca/sujets/prob_sante/sante_mentale/index.php?sante_mentale_a

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Hankivsky, O. (2008). Estimation des coûts du décrochage scolaire au Canada. Conseil

Canadien sur l’apprentissage. Consulté le 06-03-2012 à l'adresse:

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Janosz , M., Pascal, S., Belleau, L., Archambault, I., Parent, S., et Pagani L. (2013). Les

élèves du primaire à risque de décrocher au secondaire : caractéristiques à 12 ans et

prédicteurs à 7 ans, Étude longitudinale du développement des enfants du Québec

(ÉLDEQ 1998-2010) – De la naissance à 12 ans, Institut de la statistique du Québec,

Vol. 7, fascicule 2. Consulté le 07-03-2013 à l'adresse:

http://www.stat.gouv.qc.ca/publications/sante/pdf2013/ELDEQ_fasc7no2_fr.pdf

Le cerveau à tous les niveaux, Contribution de l’hémisphère droit au langage,

Consulté en novembre 26-01-2012 à l’adresse: http://lecerveau.mcgill.ca/

Leduc, L. (2009). L’épuisement professionnel coûte cher. La Presse, édition du 21

novembre 2009. Consulté le 16-02-1012 à l’adresse :

http://affaires.lapresse.ca/economie/quebec/200911/21/01-923811-lepuisement-

professionnel-coute-cher.php

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Matte, L. (2010). L’orientation : répondre ou non aux besoins des élèves. Montréal,

OCCOPPQ. Consulté le 15-03-2012 à l'adresse:

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Ordre des conseillers et conseillères d’orientation du Québec. (2008). Avis pour le Pacte

de l’emploi. Consulté le 12-05-2012 à l’adresse :

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Ordre des conseillers et conseillères d’orientation du Québec (2010a). Guide d’évaluation

en orientation. Partenariat avec le Canadian Education and Research Institute for

Counselling (CERIC). Consulté le 07-03-2012 à l’adresse :

https://www.orientation.qc.ca/MembresCandidatsCO/INFORMATION/Formation_Amel

iorationCompetence/~/media/0802DD0A6BDA4818BD8441BF8823D09C.ashx

Ordre des conseillers et conseillères d’orientation du Québec (2011). Au cœur de

l’adéquation formation-emploi : la personne. Consulté le 06-03-2012 à l’adresse :

http://www.orientation.qc.ca/Communications/~/media/DB6D24B87DD744519A84F144

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Poulin, D. (2004). Les causes de l’abandon scolaire chez les chômeurs. Emploi-Québec

Terrebonne. Consulté le 22-06-2012 à l'adresse:

http://www.natcon.org/archive/natcon/papers/natcon_papers_2004_Daniel_Poulin.pdf

Thouez et all. (2006). Atlas du vieillissement et des déséquilibres régionaux du Québec

2001- 2021- 2041. Consulté le 16-02-2012 à l'adresse:

http://www.frqsc.gouv.qc.ca/upload/editeur/Atlas_final-YvesBussieres(1).pdf

Page 216: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

216

Bibliographie des rapports d’activités dirigées, mémoires et thèse citées

Bilodeau, L. (2007). Contribution de la théorie psychogénétique de l'identité pour

identifier et comprendre les problématiques d'adaptation reliées à l'épuisement

professionnel, maîtrise en éducation. Montréal : Université du Québec à Montréal.

Bourgeau, N. (2003). Contribution de l'approche psychogénétique à la compréhension

des états dépressifs, maîtrise en éducation. Montréal : Université du Québec à Montréal.

Bricault, A. (2001). Apport de l'approche psychogénétique de l'identité à l'administration

du Myers Briggs Type Indicator en contexte de transition de carrière, maîtrise en

éducation. Montréal Université du Québec à Montréal.

Charpentier, C. (2004). L'intervention thérapeutique en psychogénétique : l'état de la

situation, maîtrise en éducation. Montréal : Université du Québec à Montréal.

Dagenais, D. (2003). L'apport de la théorie psychogénétique dans le processus de

coaching auprès des dirigeants, maîtrise en éducation. Montréal : Université du Québec

à Montréal.

Fellice, D. (1996). La fidélité de l’épreuve Groupements, maîtrise en éducation.

Montréal : Université du Québec à Montréal.

Grothé, J-M. (1997). Recherche exploratoire sur l’impact des programmes d’aide à

l’apprentissage sur la stabilité vocationnelle, maîtrise en éducation. Montréal :

Université du Québec à Montréal.

Lauzon, A. (1993). Influence de l’organisation catégorielle sur la stabilité des choix

scolaires lors du passage du secondaire au collégial, maîtrise en éducation. Montréal :

Université du Québec à Montréal.

Lauzon, L. (1996). Identité du moi et congruence du choix vocationnel : perspective

psychogénétique, maîtrise en éducation. Montréal : Université du Québec à Montréal.

Michiels, S. (1992). Étude exploratoire des relations entre l’organisation des schèmes

catégoriels et le rendement au travail chez des cadres intermédiaires québécois du

secteur privé, maîtrise en éducation. Montréal : Université du Québec à Montréal.

Navert, S. (1997). Étude de la relation entre l’identité vocationnelle et le statut d’emploi

chez les personnes ayant subi un traumatisme crânio-encéphalique, maîtrise en

éducation. Montréal : Université du Québec à Montréal.

Poulin, S. (2004). Étude exploratoire sur les caractéristiques entrepreneuriales des

travailleurs autonomes et leur persistance dans ce mode de travail, maîtrise en éducation.

Montréal : Université du Québec à Montréal.

Page 217: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

217

Poupart, D. (2003). Les habiletés scolaires, le développement identitaire et les résultats

scolaires des garçons et des filles de 3e secondaire, maîtrise en éducation. Montréal :

Université du Québec à Montréal.

Staiculescu, R., (2011). La persévérance scolaire des adultes (immigrants récents et non

immigrants) dans un contexte d'éducation des adultes et de formation continue, doctorat

en éducation. Montréal : Université du Québec à Montréal.

Therrien, M. (2001). Étude sur la relation entre le type écologiste du Guide de recherche

d'une orientation professionnelle, la carence affective et la difficulté de distanciation

affective, maîtrise en éducation. Montréal: Université du Québec à Montréal.

Page 218: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

218

ANNEXE 1

Page 219: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

219

ÉLÈVES HANDICAPÉS OU EN DIFFICULTÉ D'ADAPTATION OU

D'APPRENTISSAGE (EHDAA)

Le terme EHDAA, est un terme utilisé par le MELS dans les systèmes préscolaire,

primaire et secondaire. Ce terme est également celui utilisé pour le financement de ces

étudiants.

Élèves handicapés Élèves en difficultés

Déficience atypique

Déficience auditive

Déficience intellectuelle moyenne à

sévère

Déficience intellectuelle profonde

Déficience langagière

Déficience motrice grave

Déficience motrice légère ou

organique

Déficience visuelle

Troubles envahissants du

développement

Troubles relevant de la

psychopathologie

Troubles graves du comportement

(sans entente MELS MSSS)

Élève reconnu handicapé au sens

de la Loi assurant l’exercice des

droits des personnes handicapées

en vue de leur intégration scolaire,

professionnelle et sociale

Plan d’intervention sans code

Pour plus d’informations : http://www.mels.gouv.qc.ca/dgfj/das/orientations/pdf/19-

7065.pdf

ÉLÈVES AVEC BESOINS PARTICULIERS (ÉBP)

ET CLIENTÈLE ÉMERGENTE

Le terme ÉBP est l'équivalent collégial du terme EHDAA au secondaire.

Le terme « étudiants avec besoins particuliers » (ÉBP) désigne l'ensemble des étudiants

présentant un trouble, un handicap ou une déficience requérant des accommodements

particuliers. Dans le milieu de l'éducation collégial, le terme le plus souvent rencontré est

celui de « étudiants ayant des besoins spécifiques » (ÉBS).

Un autre terme largement utilisé dans le réseau collégial est celui de « clientèle

émergente ». Ce concept regroupe les types de troubles ou de déficiences dont

l'augmentation est la plus marquée dans le réseau collégial. Cette notion inclut les

étudiants atteints d'un trouble de santé mentale (TSM), d'un trouble d'apprentissage (TA)

Page 220: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

220

ou d'un trouble déficitaire de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH). Au départ, la

notion de population étudiante émergente excluait les TDAH de sa définition, mais a fini

par les y inclure par la force du nombre.

Notions divergentes de personne handicapée :

La notion de handicap la plus large est celle employée par la Charte. De l'évolution de la

jurisprudence a émergé une définition incluant, selon l'avis juridique confidentiel

consulté, de tels cas : les limitations de nature psychologique, physique, intellectuelle ou

mentale, les limitations découlant de perceptions, de mythes ou de stéréotypes et les

limitations de nature temporaire, comme la dépression ou la dépendance face à l'alcool ou

une drogue.

On voit donc ici que pour être considéré comme handicapé ou sens de la Charte, le

handicap peut aussi bien être temporaire que seulement perçu. Cette définition large,

puisqu'elle provient de la Charte, est celle qui détermine s'il y a discrimination ou non.

La définition de la Loi assurant l'exercice des droits des personnes handicapées en vue

de leur intégration scolaire, professionnelle et sociale est plus restrictive que celle de la

Charte, mais beaucoup moins que celle du MELS. La Loi, à son article 1 g), définit la

personne handicapée comme : « toute personne ayant une déficience entraînant une

incapacité significative et persistante et qui est sujette à rencontrer des obstacles dans

l'accomplissement d'activités courantes. » Cette définition réfère au sens courant de

« personne handicapée » et est suffisamment large pour être interprétée et étendue à

plusieurs cas.

Finalement, la définition de personne handicapée du MELS, destinée à baliser le

financement, est très restrictive. Cette définition n'inclut que les étudiants ayant une

déficience auditive, visuelle, motrice ou organique. Cette définition ne comprend qu'une

partie des personnes réellement atteintes d'un handicap ou d'une déficience.

Source : Fédération Étudiante Collégiale du Québec, (FECQ, 2011). Pour une éthique de

l’égalité des chances. Recherche sur les étudiants avec besoins particuliers. 62e

congrès ordinaire, Collège Ahuntsic. Montréal,Québec.

Et

http://www.mels.gouv.qc.ca/sections/publications/publications/Ens_Sup/Affaires_univers

itaires_collegiales/PortraitEtudHandBesoinsEmergentsEnsPostsec_RapportSyn.pdf

Page 221: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

221

ANNEXE II

Page 222: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

222

Invitation IDENTITÉ

Bonjour,

Dans le cadre de mon essai, portant sur la pratique professionnelle des conseillers

d’orientation utilisant l’épreuve Groupements dans leur pratique, je suis à la recherche

de huit participant(e)s désirant partager son expérience lors d’une entrevue semi-

structurée d’une durée approximative d’une heure. Les critères recherchés sont :

Être conseiller ou conseillère d’orientation

Utiliser l’épreuve Groupements depuis une dizaine d’années

Habiter Montréal, Laval ou la Montérégie

J’aimerais également pouvoir interroger des conseillers d’orientation venant des

différents secteurs de pratique (comme l’éducation, l’employabilité, l’organisationnel, la

réadaptation ou la pratique privée) et utilisant l’épreuve Groupements auprès de

différentes clientèles, dont les immigrants, les décrocheurs et la clientèle ayant (ou ayant

eu) des difficultés au niveau de la santé mentale.

Mes objectifs spécifiques de recherche sont :

Décrire l’expérience d’appropriation de l’épreuve Groupements des conseillers d’orientation.

Analyser les contextes et les procédures d’utilisation de l’épreuve Groupements

des conseillers d’orientation ainsi que les réactions types des clients.

Présenter les motivations sous-jacentes à l’utilisation de l’épreuve Groupements.

Comprendre les perceptions des conseillers d’orientation quant à leur rôle face à l’intervention sur l’identité.

Si cela vous intéresse, vous pouvez me contacter via mon courriel UQAM pour de plus

amples informations. Je pourrai également vous remettre un formulaire d’information (et

de consentement si vous désirez participer) et vous aurez la possibilité de consulter les

questions de l’entrevue avant de confirmer votre participation à la recherche. Vous

pouvez également remettre cette invitation à des collègues dont vous jugez que la

participation à cette recherche serait intéressante.

Veuillez svp, me contacter le plus tôt possible, d’ici le 15 février 2013. Il me fera plaisir

de répondre à vos questions, ou mieux, de vous rencontrer!

Merci.

Nadine Drolet [email protected]

Page 223: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

223

ANNEXE III

Page 224: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

224

GRILLE DE COTATION DE L’ÉPREUVE GROUPEMENTS

Groupements aux périodes III et IV

1. Tisser une couverture 20. Ajuster des lunettes 2. Écrire de la poésie 21. Mettre en place un système pour assurer la sécurité d’un député 3. Conseiller des personnes qui ont des problèmes d’orientation 22. Vendre des jouets pour les enfants 4. Convaincre quelqu’un d’acheter un produit 23. Mener des expériences sur des animaux 5. Changer le système de refroidissement d’un réfrigérateur 24. Superviser un groupe de travailleurs 6. Présider une assemblée 25. Perforer des feuilles de papier 7. Isoler un plafond 26. Écouter des gens qui vous parlent de leurs problèmes 8. Décorer un appartement 27. Compiler les résultats d’un sondage 9. Localiser la source de pollution d’une rivière 28. Transporter des blessés 10. Empiler des marchandises 29. Démonter un carburateur pour le réparer 11. Dessiner de nouvelles robes 30. Tenir à jour un inventaire 12. Raconter des histoires 31. Compter des clous 13. Accorder un piano 32. Interpréter un test d’intelligence 14. Classer des échantillons de terre 33. Veiller à l’application de normes administratives 15. Soigner un blessé 34. Assister une personne handicapée 16. Analyser des échantillons de terre 35. Installer une prothèse auditive 17. Observer le comportement de jeunes délinquants 36. Mémoriser ses tables de multiplication 18. Remplir une machine à laver le linge 37. Étudier les coutumes d’un peuple primitif

19. Coordonner la vérification de rapports d’impôt

1 Les activités entre parenthèses peuvent être trouvées dans ces groupements. 2 Les activités soulignées marquent le C à chacune des périodes où elles se retrouvent.

Humaine

Humaine

Objet

Physique

Symbolique

Physique

Physique

Physique

Abstrait

Concret

Psychologique

Idée

(1)- 10 - 14 - 18 -

25 -(28) - 30 - 31

(1)- 5 - 7 - 13 -

29 - 31

9 - 14 - 16 - 23 - 36

1 - 8 - 11 - (13) -

25 - (37)

15 - (20) - (21) - 28 -

34 - (35)

4 - 10 - 22 - (30)

20 - 33- 35

(17) - 27 - 32 - 37

2 - 12 - 13

3 - 17 - 26 - (32) - (37)

6 - (19) - 21 -

24 - (27) - (30)

(33)

19 - (27) - 30 - (33) -

36

36 -

(1) - 5 - 7 - 13 -

20 - 21 - (25) -

28 - 29 - 35

9 - 16 - 17 -

23 -32 - 37

1 - 2 - 8 - 11 - 12

3 - 15 - 26 - 34

(3) - 4 - 6 - (12) - 19 - (21) - 22 -

(23) - 24 - 33

(1) - 10 - 14 - 18 25 - 27 - 30 - 31 -36

Page 225: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

225

ANNEXE IV

Page 226: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

226

UQÀM

FORMULAIRE D’INFORMATION ET DE CONSENTEMENT (participant majeur)

« Les pratiques efficientes des conseillers d’orientation utilisant

l’épreuve Groupements dans le cadre de leur fonction »

IDENTIFICATION

Étudiante responsable de la recherche :

Chercheur responsable du projet : Nadine Drolet

Programme d’enseignement : Maîtrise en carriérologie

Adresse courriel : [email protected]

Téléphone : 514-425-3939

Supervisions de la recherche :

Responsable de la supervision : Louis Cournoyer

Directeur des unités de programmes en

développement de carrière

Professeur (counseling de carrière)

Adresse courriel : [email protected]

Téléphone : 514-987-3000 p.3994

BUT GÉNÉRAL DU PROJET ET DIRECTION

Vous êtes invité(e) à prendre part à ce projet visant à explorer et décrire la pratique

professionnelle des conseillers d’orientation utilisant l’épreuve Groupements dans le

cadre de leur fonction. Plus spécifiquement, ce projet s’intéresse à :

Page 227: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

227

a) Décrire l’expérience d’appropriation de l’épreuve Groupements des conseillers

d’orientation.

b) Analyser les contextes et les procédures d’utilisation de l’épreuve Groupements des

conseillers d’orientation ainsi que les réactions des clients.

c) Présenter les motivations sous-jacentes à l’utilisation de l’épreuve Groupements.

d) Comprendre les perceptions des conseillers d’orientation quant à leur rôle face à

l’intervention sur l’identité

Ce projet est réalisé dans le cadre de la production d’un rapport d’activité dirigée de la

maîtrise en carriérologie de l’Université du Québec à Montréal. La direction en est

assurée par Louis Cournoyer, Directeur des unités de programmes en développement de

carrière et professeur.

PROCÉDURE(S) OU TÂCHES DEMANDÉES AU PARTICIPANT

Votre participation consiste à donner un entretien individuel au cours duquel il vous sera

demandé de décrire votre expérience passée en tant que conseiller d’orientation utilisant

l’épreuve Groupements, votre expérience actuelle et votre vision de l’intervention sur

l’identité. Cet entretien est enregistré numériquement avec votre permission et prendra

environ 1 heure 15 de votre temps. Le lieu et l’heure de l’entretien sont à convenir avec la

responsable du projet. La transcription sur support informatique qui en suivra ne

permettra pas de vous identifier. À votre demande, une copie du rapport peut vous être

envoyée à la fin de sa production.

AVANTAGES ET RISQUES

Votre participation contribuera à l’avancement des connaissances par une meilleure

compréhension de l’utilisation et de l’apport de l’épreuve Groupements pour les

conseillers d’orientation, quelques soient leur secteur de pratique et leurs fonctions.

C’est aussi un moment privilégié pour réfléchir à votre pratique et vous positionner ou

vous re-positionner face aux avantages et inconvénients de l’utilisation de l’outil.

Suite à la rédaction finale, vous pourrez explorer les différentes représentations des autres

conseillers d’orientation ayant participé à la recherche, ce qui peut vous informer sur les

différentes pratiques de l’outil, selon les secteurs de pratique et les fonctions d’autres

conseillers d’orientation.

Page 228: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

228

Il n’y a pas de risque d’inconfort important associé à votre participation à cette rencontre.

Vous devez cependant prendre conscience que certaines questions pourraient faire

ressortir les inconforts que vous avez face à l’utilisation de l’épreuve Groupements. Cela

n’est pas négatif en soi puisque ces informations sont constructives et permettent d’avoir

une représentation concrète de votre pratique. Vous demeurez libre de ne pas répondre à

une question que vous estimez embarrassante sans avoir à vous justifier. Une ressource

d’aide appropriée pourra vous être proposée si vous souhaitez discuter de votre situation.

Il est de la responsabilité de la responsable du projet de suspendre ou de mettre fin à

l’entretien si elle estime que votre bien-être est menacé.

ANONYMAT ET CONFIDENTIALITÉ

Il est entendu que les renseignements recueillis lors de l’entretien sont confidentiels et

que seuls, la responsable du projet, Nadine Drolet et son directeur de recherche, Louis

Cournoyer, auront accès à votre enregistrement et au contenu de sa transcription. Le

matériel de recherche (enregistrement numérique et transcription codés) ainsi que votre

formulaire de consentement seront conservés sous clé par la responsable du projet pour la

durée totale du projet. Les enregistrements sonores seront détruits suite à la transcription

informatique et les formulaires de consentement seront détruits 5 ans après les dernières

publications.

PARTICIPATION VOLONTAIRE

Votre participation à ce projet est volontaire. Cela signifie que vous acceptez de

participer au projet sans aucune contrainte ou pression extérieure et que par ailleurs vous

être libre de mettre fin à votre participation en tout temps au cours de cette recherche.

Dans ce cas les renseignements vous concernant seront détruits. Votre accord à participer

implique également que vous acceptez que la responsable du projet puisse utiliser aux

fins de la présente recherche (articles, mémoire, essai ou thèse, conférences et

communications scientifiques) les renseignements recueillis à la condition qu’aucune

information permettant de vous identifier ne soit divulguée publiquement à moins d’un

consentement explicite de votre part.

COMPENSATION FINANCIÈRE

Votre participation à ce projet est offerte gratuitement. Un résumé des résultats de

recherche vous sera transmis au terme du projet.

Page 229: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

229

DES QUESTIONS SUR LE PROJET OU SUR VOS DROITS?

Vous pouvez contacter le responsable du projet au numéro (514) 425-3939 pour des

questions additionnelles sur le projet. Vous pouvez également discuter avec le directeur

de recherche des conditions dans lesquelles se déroule votre participation et de vos droits

en tant que participant de recherche.

Le projet auquel vous allez participer a été approuvé au plan de l’éthique de la recherche

avec des êtres humains. Pour toute question ne pouvant être adressée au directeur de

recherche ou pour formuler une plainte ou des commentaires, vous pouvez contacter le

Président du Comité d’éthique de la recherche pour étudiants (CÉRPÉ), par

l’intermédiaire de son secrétariat au numéro (514)-987-3000 # 1646 ou par courriel à :

[email protected] .

REMERCIEMENTS

Votre collaboration est importante à la réalisation de ce projet et nous tenons à vous en

remercier.

Page 230: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

230

UQÀM

CONSENTEMENT LIBRE ET ÉCLAIRÉ

« Les pratiques efficientes des conseillers d’orientation utilisant

l’épreuve Groupements dans le cadre de leur fonction »

Je __________________________________, reconnais avoir lu le présent formulaire de

consentement et consens volontairement à participer à ce projet de recherche. Je

reconnais aussi que la responsable du projet a répondu à mes questions de manière

satisfaisante et que j’ai disposé suffisamment de temps pour réfléchir à ma décision de

participer. Je comprends que ma participation à cette recherche est totalement volontaire

et que je peux y mettre fin en tout temps, sans pénalité d’aucune forme, ni justification à

donner. Il me suffit d’en informer la responsable du projet.

Signature du participant : Date :

Nom (lettres moulées) et coordonnées :

Je déclare avoir expliqué le but, la nature, les avantages, les risques du projet et avoir

répondu au meilleur de ma connaissance aux questions posées.

Signature de la responsable du projet : Date :

Nom (lettres moulées) et coordonnées :

Un exemplaire du formulaire d’information et de consentement signé doit être remis au participant.

Page 231: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

231

ANNEXE V

Page 232: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

232

GUIDE D’ENTRETIEN

DONNÉES SOCIODÉMOGRPAHIQUES ET PROFESSIONNELLES

1. SEXE : HOMME

FEMME

2. CATÉGORIE D’ÂGE :

20-29 ans

30-39 ans

40-49 ans

50-59 ans

60 ans et plus

3. ANNÉES

D’UTILISATION DE

L’ÉPREUVE

GROUPEMENTS

CONSEILLER D’ORIENTATION

10 à 15

16 à 20

21 à 25

25 et +

4. SECTEUR DE PRATIQUE Éducation

Employabilité

Privé

Organisationnel

Réadaptation

Objectifs spécifiques :

1- Décrire l’expérience d’appropriation de l’épreuve Groupements de conseillers d’orientation

(Questions -2)

2- Analyser les contextes et les procédures d’utilisation de l’épreuve Groupements des conseillers

d’orientation ainsi que les réactions (effets) des clients (Questions 4-5-6-7 et peut-être 12)

3- Présenter les motivations sous-jacentes des conseillers d’orientation à l’utilisation de l’épreuve

Groupements (Questions 3-8 et peut-être 12)

4- Comprendre les perceptions des conseillers d’orientation quant à leur rôle face à l’intervention sur

l’identité (Question 9-10-11)

Page 233: Drolet, nadine (2013). Pratiques efficientes de c.o. avec utilisation de l'épreuve groupement

233

Question 1

À titre de conseiller d’orientation, qu’est-ce qui vous a incité INITIALEMENT à vous

former et à utiliser l’épreuve Groupements dans le cadre de votre pratique d’intervenant ?

Relance : Quelle pertinence pouvait avoir cet outil plutôt qu’un autre ?

Question 2

Comment s’est passé votre apprentissage de l’utilisation de l’épreuve Groupements en

contexte d’orientation scolaire et professionnelle ?

Relance : Comment s’est fait votre progression dans la maîtrise de l’outil ?

Relance : Quelles furent vos principaux apprentissages en cours de route ?

Relance : Quelles furent vos belles découvertes ? Quelles furent vos principales

difficultés ?

Question 3

Qu’est-ce qui fait que vous utilisez toujours AUJOURD’HUI l’épreuve Groupements

après toutes ces années ?

Relance : Quels sont les caractéristiques de l’outil qui vous motivent à maintenir

l’usage de cet outil dans le cadre de vos interventions en orientation scolaire et

professionnelle ?

Relance : Quels sont les avantages que vous voyez pour vous à en maintenir

l’usage ?

Question 4

Quelle place occupe l’épreuve Groupement dans votre travail de conseiller d’orientation?

Relance : Quelle fréquence d’utilisation ? (avec tous vos clients, avec certains

clients répondants à certaines problématiques ? Si c’est le cas, lesquelles ?)

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Relance : En faites-vous l’usage avec certaines clientèles dites plus lourdes ou

particulières (ex. : personnes immigrantes, problématique de santé mentale,

épuisement professionnel, etc.) ? Y a-t-il des restrictions, raisons de la non-

utilisation?

Temps alloué au perfectionnement, en lien avec l’outil? Rapport écrit des résultats

donné aux clients?

Relance : Comment l’épreuve Groupements, comme outil et l’approche

psychogénétique influencent-ils votre façon de cibler vos interventions ?

Question 5

Vous arrive t-il de combiner l’utilisation de l’épreuve Groupements avec d’autres outils

psychométriques ou avec d’autres activités d’orientation ?

Si oui, lesquels ? Pourquoi combiner ces autres outils ou activités avec l’ÉG ?

Concrètement, comment vous les combinez dans le cadre d’interventions ?

Si non, pourquoi ?

Question 6

Imaginons que vous rencontrez un client, comment présentez-vous l’ÉG à vos clients ?

Relance : Sur quels aspects misez-vous le plus lors de cette présentation ?

Pourquoi ?

Relance : Quelles sont les questions qui émergent le plus souvent chez eux et

comment y répondez-vous ?

Question 7

Quels sont les réactions types des clients à la suite d’une interprétation de résultats à

l’ÉG?

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Relance : Quelles sont les réactions possibles sur le plan cognitif, sur le plan

affectif, sur le plan comportemental ou même sur le plan corporel ?

Relance : Quelles sont les réactions positives que vous observez le plus ?

Pourquoi en est-il ainsi selon vous ?

Relance : Quelles sont les réactions plus négatives que vous observez le plus ?

Pourquoi en est-il ainsi selon vous ?

Question 8

AUJOURD’HUI, quels sont les obstacles que vous pouvez rencontrer dans l’utilisation

de l’ÉG en contexte d’évaluation et-ou d’intervention en orientation scolaire et

professionnelle ?

Relance : Si non, qu’est-ce qui fait que vous ne rencontrez plus ces obstacles?

Relance : Si oui : comment gérez-vous ces obstacles ? Qu’est-ce que vous faites

par rapport à cela ? Est-ce les mêmes obstacles qu’au début?

Question 9

Croyez-vous qu’il soit nécessaire de maîtriser la théorie de l’approche psychogénétique

pour être efficace dans l’utilisation de l’épreuve Groupements? ou est ce que l’approche

psychogénétique en lien avec l’outil (EG) vous aide au niveau de l’intervention? En

quoi?

Relance : Si oui, pourquoi selon vous ?

Relance : Si non, pourquoi selon vous ?

Question 10

Croyez-vous qu’il soit nécessaire de devenir psychothérapeute pour intervenir

adéquatement avec l’approche psychogénétique?

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Relance : Si oui, pourquoi selon vous ?

Relance : Si non, pourquoi selon vous ?

Question 11

Sachant que la théorie psychogénétique propose que pour être capable de transposer son

identité en termes professionnels il faut d’abord qu’elle soit construite et équilibrée, et

connaissant les impacts des difficultés associées aux protocoles non réflexifs, comment

percevez-vous votre rôle lorsque vous êtes face à une personne dont le protocole présente

une identité en déséquilibre?

Question 12

Pensez-vous utiliser l’épreuve Groupements et l’approche psychogénétique dans

l’avenir?

Relance : Qu’est-ce qui ferait, pourrait faire, que vous ne l’utiliseriez plus?

Question 13 (question pour clore l’entrevue) :

Au regard de tout ce que nous avons discuté ensemble aujourd’hui ou peut être au regard

de ce nous avons pu oublier de discuter, qu’est-ce que vous jugez important de retenir sur

l’utilisation de l’ÉG après tant d’années ?

Merci de votre participation !

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ANNEXE VI

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Protocole d’entretien

1. Arrivée, présentation et remerciement pour la participation

2. Revoir avec les participants la fiche d’information, dont :

a) Le but de l’entretien

b) Les avantages et inconvénients

c) La confidentialité et l’anonymat

d) Le déroulement de l’entretien (temps alloué, questions-réponses, ne pas être

dérangé)

e) La possibilité de retirer son consentement à tout moment, ou d’arrêter

l’enregistrement

3. Revoir leurs intentions concernant le rapport final

4. Demander aux participants s’ils ont des questions et y répondre

5. Faire signer le formulaire de consentement libre et éclairé

6. Remplir les informations générales (âge, formation, etc.) sur le Guide d’entretien

7. Installer le dictaphone numérique pour l’enregistrement

8. Demander au répondant s’il est prêt pour la suite; si oui, débuter

Une fois l’entrevue terminée

9. Cesser l’enregistrement

10. Demander aux participants comment ils se sentent, s’ils ont des questions ou

commentaires

11. Les remercier et quitter

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ANNEXE VII

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Les C.O. présentent l’épreuve Groupements :

« Quand j’transmets les résultats, j’prends quand même le temps d’expliquer que le

cerveau catégorise l’information. J’tombe pas dans l’aspect plus psychologique de

l’épreuve projectif mais j’vais expliquer que leur cerveau utilise une grille pour donner de

l’infor…, pour e catégoriser l’information, […] y m’ont donner accès à leur grille. […] et

que cette grille là me donne des informations sur la, sur leur identité, sur leur

personnalité. »

« L'outil, j'leur dis que pour moi c't'un outil de travail qui me permet de mieux

comprendre comment à c'moment-ci y fonctionnent pis comment j'pourrais mieux les

accompagner... »

« J’aimerais ça (que) vous vous laissiez aller dans ce genre d’évaluation là qui est plus au

niveau de la personne […] pis de l’identité, pis de comment vous organisez vos

expériences de vies. Quand j’explique (quand elle interprète les résultats) l’épreuve

Groupements, euh, j’explique un peu c’est quoi, en après, surtout c’est basé sur

l’approche psychogénétique, qu’est-ce que c’est… »

« Alors j’leur dis que l’épreuve Groupements n’est pas un test, que c’est un outil

diagnostic qui nous permet de comprendre comment les personnes construisent la réalité

qui les entoure et aussi la réalité intérieure, leur réalité dans l’fond. E… que c’est un outil

qui me parle de la…on appelle ça la structure identitaire, donc qui me parle de leur

structure identitaire, de la stabilité de leur structure identitaire et des besoins qui peuvent

en découler. Que cet outil-là me permet de comprendre finalement e…la partie non-

consciente de leur personnalité et e…mais que ça ne me parle pas de leur inconscient

c’qui est différent… »

« […] quels impact ça va avoir, ça va aussi me permettre de voir les types

d’environnements qui devraient te convenir le mieux […] compte tenu qu’on est en

orientation, c’est important. Si j’peux me permettre d’aller un p’tit peu plus loin, pour

ceux que j’sens qui a une introspection qui est un peu plus euh, qui est déjà là, ben là

j’leur dis on peut aussi aller voir quelles sont les difficultés, ça va nous aider à identifier

les difficultés qui fait que vous avez du mal à vous orienter par vous-même. »

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« Ah j’leur dis que ça c’est pour voir leur potentiel d’action, tsé j’leur explique toute la

démarche, […] tu intuitionnes peut-être des choses de toi que là tu vas pouvoir mettre des

mots dessus. »

« Bon fac c’pas un test d’intérêt c’est un test qui va me permettre à moi de savoir quels

sont tes besoins comme personne, pour être bien dans un travail et quels sont tes

difficultés potentiels qui peuvent affecter l’atteinte de tes objectifs. »

« J’dis souvent que c’est quelqu’chose, un outil parapluie qui va m’permettre d’avoir un

paquet d’information, de données sur l’individu et que ça m’permet de voir comment tout

ça se met en action, de comprendre où sont les ressources, de comprendre où sont les

défis de développement à c’te stade-ci, c’est le développement avant tout, c’est pas un

outil d’évaluation de sélection, donc c’est pas un outil de pure vérité, c’est un outil qui va

me permettre de comprendre la dynamique de ces éléments là et dans la rétroaction. »

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ANNEXE VIII

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LES « PERLES » DES C.O.

Des petites phrases soutirées des rencontres, elles sont instructives, drôles,

inspirantes…

Concernant la motivation à utiliser l’ÉG dans sa pratique :

Moi ma préoccupation première c’est de diminuer la souffrance et d’expliquer le mieux

possible, de comprendre c’qui se passe dans la peau de la personne, de me mettre dans

son monde à elle, de prendre sa vie comme une enveloppe sur moi. Pis l’identité, ben

c’est ça!

Ce qui m’incite aussi à continuer d’utiliser l’ÉG c’est quand j’donne l’interprétation à

froid, ça fait une heure, même pas, des fois ça fait juste une demi-heure que j’connais la

personne pis j’y dis un truc, pis là le client dit « ben là, comment tu sais ça, t’as vu ça

dans les cartes? »

Concernant Luc Bégin :

Quoi que, là tu vois en t’en parlant, j’me souviens des fois de mettre dis « Qu’est-ce que

ça aurait été si j’n’avais pas rencontré Luc? » parce que c’est sûr que Luc, y m’a fait aller

dans des zones que a priori, j’serais sans doute pas allée. Il m’a demandé e…ça m’a

demandé de sortir de certaines zones de conforts. Avec Luc, j’avais pas l’choix de

m’questionner…

Lors de la formation initiale j’ai accroché à Luc, à la psychogénétique, à sa vison des

choses, à sa vision de l’identité, ca répondu à des questions que j’me posais et que

j’voyais pas comment j’pouvais y répondre. Pis les c.o. que j’avais vu à date ben c’était

très technique, c’est on passent des tests pis j’avais un peu cette vision là,

malheureusement des c.o.; « on passe des tests pis on dit après aux gens pas quoi

faire mais presque », bon fa que lui il m’a apporté une vision de l’orientation vraiment

très différente, pis c’est aussi là dedans que j’ai embarqué.

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J’ai commencé par connaître l’homme avec sa théorie sur l’identité pis…comment

j’dirais ça, à partir de là on dirait que j’ai commencé par me connaître, c’est lui qui m’a

comme e… qui m’a, qui m’a fait découvrir l’orientation au fond parce que moi j’m’en

allais en information scolaire et professionnelle, j’pensais jamais aller à la maîtrise, fa

que c’est comme j’avais l’impression que j’me…qu’à travers lui j’me découvrais

finalement…

Concernant le rôle du c.o. face à l’intervention sur l’identité :

Y faut voir encore là, le contexte dans lequel on est (phrase dite lentement, avec un ton de

voix très affirmatif). Fa qu’c’est plus comment utiliser cette information là pis la

responsabilité de l’utiliser à bon escient.

Pour moi c'est comme si y avait de l'information scolaire et professionnelle pis y avait la

psychologie. Ok? Pis entre les deux c’tait comme un vide, mais là dans c'cours là j'ai

découvert que l'orientation ça servait à quelque chose dans la vie et la façon dont lui (Luc

Bégin) l'abordait, en lien avec l'identité, pour moi c'était une approche qui vraiment était

révélatrice et me convenait vraiment beaucoup. Donc, j’ai décidé que j’allais à la

maîtrise…

Mais mon mandat c’t’un mandat de conseillère d’orientation et moi je considère qu’on

s’oriente pas avec les genoux, on s’oriente avec la tête fa que j’veux dire si faut que

j’touche la tête de quelqu’un je vais y toucher, mais naturellement y faut que ça soit en

toute connaissance de cause, que la personne veuille ça aussi, tsé j’vas jamais imposer

quoi que se soit à quelqu’un…

Moi j’ai toujours un peu de problème avec ma job, j’le dis depuis le début, j’ai toujours

l’impression d’être une psychologue de l’orientation et non une conseillère d’orientation!

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Concernant la façon d’interpréter l’EG :

On dit que l’épreuve nous ouvre le spontané, l’automatique, moi j’considère que dans

l’interprétation je dois faire appel à mes ressources spontanées et automatiques. Fa que

j’peux pas être dans mon analytique pis mon…j’veux dire, faut que je l’aille intégré pour

que ça sorte fluide. C’est sûr des fois y a des épreuves où est-ce que les mots nous

viennent moins facilement, ça arrive, mais là où j’suis rendue, c’est rare. C’est vraiment

rare.

Si tu fais de la psychogénétique, mais sans t’affirmer c’est pas possible en fait tu peux

pas, ça fait partie de c’qu’on développe en psychothérapie, notre capacité à s’affirmer

(claque sur la table) quand c’est l’temps et notre capacité au contraire à être une bonne

maman quand c’est l’temps.

Où j’ai un impact, c’est quand j’fais d’la sélection pour un poste de directeur général ou

un poste de directeur de service, je r’garde l’ensemble du profil, il se différencie très peu

au niveau des ressources intellectuelles, au niveau de la personnalité, ça ressemble pas

mal, mais quand tu vois qui a des différences fondamentales au niveau du profil de

l’épreuve Groupements, c’est là que j’interviens en disant voici c’que vous allez avoir

avec c’t’individu là, voici où l’organisation va vous amener, l’identité de l’individu va

avoir c’t’impact là dans l’organisation.

C’est pas l’épreuve Groupements en soit qui est intéressante, ben c’t’intéressant oui

parc’que Luc a réussi à concrétiser un outil qui permet d’aller beaucoup plus loin dans le

diagnostic, d’asseoir le diagnostic, mais c’est dans la relation que ça s’passe, c’est dans la

relation avec les gens, c’est là qu’on voit comment l’identité s’est construite, se déploie

dans la vie de tous les jours, dans l’action là.

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Concernant la réaction des gens

… parce qu’en même temps, tsé, les gens sont pas fous. Quelqu’un qui a quarante ans,

qui a jamais su c’qui voulait faire de sa vie y s’doute bien que j’vais rien faire moi en

cinq minutes, y sait bien que c’est pas des tests, le XXX pis la XXX qui va lui dire ou

est-ce qu’il faut aller. Quand j’lui nomme les malaise et les difficultés qu’il a, là les yeux

s’allument, c’est comme enfin, enfin, on me dit c’est quoi mon problème!

Il y a un monsieur que j’évaluais pour un poste de V.-P., il avait quand même une

certaine prestance, un statut, qui m’a dit : « j’me sens tout nu devant vous là Madame ! »

« Juste avec le test de jeu de carte là, que vous avez vu ça ? »

À mon avis, c’qui y a de vraiment intéressant dans c’travail là, tu sais quand y a des cas

d’élèves ou ça va pas la motivation, la direction, au service pédagogique, va souvent me

d’mander d’être à la rencontre, d’avoir un portrait de l’élève et parfois l’élève j’le connais

pas, j’ai pas commencé a faire de rencontre avec lui, mais je lui ai fait faire l’épreuve

Groupements. Et c’est arriver à plusieurs reprises, où des parents m’ont dis « Mais

Madame, c’est parce que je pense que vous l’connaissez autant que moi ».

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