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Idées Jean-Claude Michéa p. 9 BCE Une critique radicale p. 8 DU 15 OCTOBRE AU 28 OCTOBRE 2007 - 37 e année - Numéro 911 - 3,20 ominique Strauss- Kahn est directeur général du Fonds monétaire international. Nico- las Sarkozy, qui avait dési- gné cet étrange socialiste comme candidat, se réjouit bruyamment de cette élection. Il a tort. Ne nous rendons pas complices d’une illusion qui pourrait se doubler d’une réelle imprudence. L’illusion, classique, est de considérer que la présence d’un Français à la tête d’un organisme international est un avantage pour la France. Tel n’est pas le cas : à la direction du FMI, Michel Camdessus fut le serviteur zélé d’une gestion criminelle. Pascal Lamy, à la tête de l’Organisation Mondiale du Commerce, se comporte lui aussi en idéologue du libre- échange. Et Jean-Claude Trichet, à la BCE, défend fanatiquement une ligne dé- sastreuse - pour la France singulièrement. L’imprudence consistait à placer à la tête d’une institu- tion internationale un homme qui a alimenté la chronique judiciaire et dont la réputation est pour le moins douteuse. La fragilité de Dominique Strauss-Kahn réjouit les Américains, qui auront facilement barre sur le directeur général du FMI et qui pourraient discréditer les Français, s’ils en éprou- vent un jour la nécessité. DSK-FMI D CIBLE ANTIRACISME Touche pas à mon Tintin !

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Idées

Jean-ClaudeMichéa

p. 9

BCE

Une critiqueradicale

p. 8

DU 15 OCTOBRE AU 28 OCTOBRE 2007 - 37e année - Numéro 911 - 3,20 €

ominique Strauss-Kahn est directeurgénéral du Fondsm o n é t a i r einternational. Nico-

las Sarkozy, qui avait dési-gné cet étrange socialistecomme candidat, se réjouitb r u y a m m e n t d e c e t t eélection.

Il a tort. Ne nous rendonspas complices d’une illusionqui pourra i t s e doublerd’une réelle imprudence.

L’illusion, classique, est deconsidérer que la présenced’un Français à la tête d’unorganisme international estun avantage pour la France.Tel n’est pas le cas : à ladirection du FMI, MichelCamdessus fut le serviteurzélé d’une gestion criminelle.Pascal Lamy, à la tête del’Organisation Mondiale duCommerce, se comporte luiaussi en idéologue du libre-échange. Et Jean-ClaudeTrichet, à la BCE, défendfanatiquement une ligne dé-sastreuse - pour la Francesingulièrement.

L’imprudence consistait àplacer à la tête d’une institu-t i o n i n t e r n a t i o n a l e u nhomme qui a alimenté lachronique judiciaire et dontla réputat ion est pour lemoins douteuse. La fragilitéde Dominique Strauss-Kahnréjouit les Américains, quiauront facilement barre surle directeur général du FMIet qui pourraient discréditerles Français, s’ils en éprou-vent un jour la nécessité.

DSK-FMI

D

CIBLE ANTIRACISME

Touche pas

à mon

Tintin !

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RÉDACTION-ADMINISTRATION17, rue des Petits-Champs, 75001 Paris

Téléphone : 01.42.97.42.57Télécopie : 01.42.96.99.20

Dir. publication : Yvan AUMONTCom. paritaire 0509 G 84801

ISSN 0151-5772

SOMMAIRE : p.2 : Camembert, Tintin,même combat ? - p.3 : Race des seigneurs- Fatigue - p.4 : Sarkozy et le rêve duMedef - p.5 : Le début de la fin pour lesAméricains ? - p.6/7 : Les bonzes persécu-tés - p.8 : Une critique radicale - p.9 : Laty rann ie l i bé ra le - p .10 : Bernard deVentadour- Notre Dame - p.11 : Actionroyaliste - p. 12 : Éditorial : Le Présidentparle.

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ROYALISTE, 17, rue des Petits-Champs, 75001 PARIS

Tribune

Le camembert, Tintin,même combat ?

Est-ce parce que nous n’avons pas eu d’été et que sous un ciel uniformé-ment gris nous sommes passés directement du printemps à l’automne ? Lesnouvelles de la rentrée n’ont rien qui enthousiasme et réjouisse nos cœurs.

insi, nous avons si-multanément apprisque les deux princi-paux industriels ducamembert, Isigny-S a i n t e - M è r e e t

Lactalis, renoncent à fabriquerleur camembert au lait cru, re-noncent à leur AOC au nomde la sécurité alimentaire etque le Cran (Conseil représen-tatif des associations noires enFrance) demande aux ÉditionsCasterman de retirer de lavente Tintin au Congo deHergé.

Les petits producteurs nor-mands ont, par réaction, fondéun nouveau syndicat de fro-mages AOC et un Comité dedéfense du vér i tablecamembert.

En revanche, aucun Comitéde défense de l’œuvre deHergé ne s’es t , à notreconnaissance, créé . Aucontraire, le Mrap, enfonçantle clou planté par le Cran, aprié Casterman d’insérer dansles prochaines éditions de Tin-tin au Congo un appel à la

vigilance contre les préjugésracistes.

Le camembert au lait cruinsalubre, Hergé raciste, cesaccusations atteignent notreesprit et notre estomac, affai-blissent nos petites cellulesgr ises e t nous coupentl’appétit, ternissent notre joiede vivre.

En ce qui touche les mena-ces qui pèsent sur le véritablecamembert (et pas seulementsur lu i , mais auss i sur leb e a u f o r t , l e c o m t é , l ev a c h e r i n , l e b r i e , l ereblochon), nous devons résis-ter aux prétentions hygiénistesdes bureaucrates européens deBruxelles, soutenir le combatdes petits producteurs contreles grands industriels. Despays tels que la France etl’Italie qui ont derrière euxune plurimillénaire culture dela bonne cuisine et des pro-duits du terroir ne doivent pascéder au fascisme de la santéqui s ’ impatronise sur laplanète entière.

Pour Hergé, c’es t autrechose. Georges Remi était undisciple du Bouddha, un lec-teur du Tao, il n’avait aucuneestime pour le colonialismeoccidental ni pour les valeursque celui-ci prétendait ensei-gner aux populations qu’ilsubjuguait. Il avait horreur del’impérialisme, et le massacredes Incas par les Espagnols,celui des Indiens par lesAméricains du Nord, l’occu-pation de la Chine par lesJaponais, tous les lecteurs duTemple du Soleil, de Tintin enAmérique et du Lotus bleu sa-vent qu’ils l’indignaient ; sa-vent la fougue avec quoi il apris la défense de ces peuplesopprimés.

La sympathie que Hergé aéprouvée pour les Noirs étaitégale à celle qu’il a témoignéeaux Incas, aux Chinois et auxIndiens. Une lecture attentivede Tintin au Congo et de Cokeen Stock ne peut que, saufmauvaise foi , nous enconvaincre. Franchement,chers amis du Cran et duMrap, ne sentez-vous pas

combien sont injustes vos atta-ques contre notre cher et gé-nial Hergé, excessives vos ré-troactives exigences ?

Lorsque j’étais enfant, monpère, un Russe blanc émigréen France, m’interdisait de lireLe Général Dourakine où tousles Russes sont soi t desimbéciles, soit des salauds,soit des sadiques et où le seulétranger vraiment sympathi-que est un Polonais échappédu bagne de Sibérie. Du coup,je le l i sa is en cachet te ,stimulé, comme le sont lesgamins, par cette interdiction.Toutefois , s i mon pèren’aimait pas la comtesse deSégur, il n’a jamais songé àenvoyer ses avocats aux Édi-tions Hachette, à exiger quecelles-ci retirassent de la ventele russophobe GénéralDourakine.

Les Noirs de Tint in auCongo sont parfois naïfs,voire niais ? Soit, mais la Bé-cassine dessinée par JosephPichon ne l’est pas moins. LesBretons ont-ils pour autantsouhaité que ses Aventuresfussent retirées des rayonspour enfants et reléguées dansl’enfer des bibliothèques entreJustine de Sade et Histoired’O de Pauline Réage ?

Dans notre code civil, la loine dispose que pour l’avenir ;elle n’a pas d’effet rétroactif.Il en va de même dans tous lespays libres. Seuls les dicta-teurs prétendent gratter lepassé, le censurer, le récrire.Que le Cran et le Mrap son-gent au détestable précédentque risque, juridiquement, decréer leur requête. CommeDupont et Dupond, je diraismême plus : qu’ils y songent.

Gabriel MATZNEFF

A

Royaliste 911

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Interrogation

Race des seigneurs

Socialistes

Fatigue

Échotiers et blogueurs, attentifs aux détails desrapports entre M. et Mme Sarkozy et l’actuelle

ministre de la Justice Rachida Dati, avaient notésa présence à bord du yacht de Chypre après

l’élection présidentielle, puis à l'avant du bateaudu couple élyséen sur le lac Winnipesauke en

attendant la rencontre avec Georges Bush.

r cette figure de prouedu navire présidentieldevenue ministre fait,de la part de Cécilia,l’objet d’une amitié si

particulière que l’enthou-siasme lui a dicté cet éloge :« C'est plus qu'une amie, c'estma sœur. Je ne la lâcheraijamais. Je connais tout d'elle.El le es t de la race desseigneurs. » (1)

L’image insolite a suscitéautant de gloses qu’une propo-s i t ion scholas t ique auXIIIe siècle.

La première est d’une vio-lence extrême : la locutrice se-rait une adepte des doctrinesnational-socialistes résuméesainsi par Adolf Hitler : « Senourrir signifie conquérir desterres, du sol, et donc inéluc-tablement se battre contred’autres races, soumettre ouanéantir d’autres races plusfaibles, pour aboutir finale-ment à la domination de larace des seigneurs.»(Herrenvolk). (2)

Mais comme il est douteuxque Cécilia ait lu Gobineau etsoit une disciple avouée duFührer, certains ont relevé quel’expression, appliquée à unepersonne aux origines plusproches du monde arabe quede la race aryenne, signifiaitque la femme du Présidentsuccombait au syndrome deStockholm, et s’inclinait de-vant un groupe ethnique dont

l’intégrisme s’apprête à enva-hir et subjuguer l’Occident.

Apporter de l’eau à ces mou-lins fantasmatiques est un jeud’enfant.

En effet, dans son zèle àpromouvoir le travail, NicolasSarkozy n’a-t-il pas déclarédans sa campagne que celui-cirendait libre (Arbeit machtfrei) ? Ne confesse-t-il pas laprédominance des facteursgénétiques sur l’éthique etl’éducation ? N’est-ce passous sa gouverne qu’une loide prévention de la délin-quance prône le dépistage, dès36 mois, des enfants turbu-lents ? (3). Sa législation surle contrôle de l’émigrationn’a-t-elle pas sacrifié au féti-chisme des analyses d’ADN ?Enfin , le président de laRépublique, dans son discoursde Dakar le 26 juillet, n’a-t-ilpas développé à propos del’Afrique une théorie qui en-ferme ce continent dans desdéterminismes post-colo-niaux ? « Le drame del'Afrique, c'est que l'hommeafricain n'est pas assez entrédans l'Histoire. Jamais il nes'élance vers l'avenir, jamaisil ne lui vient à l'idée de sortirde la répétition pour s'inven-ter un destin. » (4)

Eh bien non ! Rassurez-vous, nous apportons ici lapreuve que cette imputationterrible ne tient pas debout.

En 1974, un film de PierreGranier-Deferre avec AlainDelon, Claude Rich et JeanneMoreau, contait les déconve-nues d’un cer ta in Jul ienDandieu, chef de Par t iministrable, que sa liaisonavec la cover-girl Creezy han-dicapait un instant dans sonirrésistible ascension. Le titrede ce film est La race desseigneurs.

Mme Sarkozy, cinéphileavertie, a donc choisi la for-mule qui désigne le mieux lanouvelle élite de notre pays,celle dont le cinéaste décrivaitles « manigances politiques etla soif de réussite » il y atrente ans, celle-là même des270 privilégiés dont Point devue (5) sous le titre Politiques,stars et milliardaires, la nou-velle alliance rapporte la follesoirée chez le roi du luxe Ber-nard Arnault. Il consacre rienmoins que sa couverture à Ra-chida Dati (en noir scintillantet en Dior) collée au couturierJohn Galiano.

Réjouissons-nous que lafemme du Président montreautant de lucidité sur sesamies et le monde présent.

Luc de GOUSTINE

(1) Agathe Logeart, le NouvelObservateur, 12 juillet 2007.(2) Mein Kampf, p. 497. (3) Voir les 200 000 signaturesrassemblées par le collectif Pasde zéro de conduite pour les en-fants de 3 ans.http://www.pasde0deconduite.ras.eu.org/article.php3?id_article=98 (4) Cf. sa critique par ÉtienneSmith :http://www.mouvements.info/spip.php?article143(5) No 3088 daté du 26/09 au02/10/2007.

lors, l’avoinée queLionel a f i lée àSégolène ? ». Nousn’avions pas a t-tendu le l ivre dubattu de 2002 pour

souligner ici même les innom-brables erreurs de la candidatesocialiste. « Mais la réponseque la battue de 2007 faitparaî tre , e l le auss i , sousforme de livre ? ». Pas l’inten-t ion d’en dire un mot .« Pourtant, ne dit-on pasqu’un milliardaire à la plumealer te , connu par troisinitiales, mit la main à lapâte ? ». A moins d’une péti-tion de lecteurs, nous n’ensoufflerons mot. « Mais le li-vre que ce même milliardairea consacré à la gauche ?». L’opuscule ne m’a pas faitbouger un cil.Pour tout dire, ces règlementsde compte me fatiguent. Pen-dant que les chefs socialistess’entretuent, Nicolas Sarkozypeut déployer en toute quié-tude les ar t i f ices de sapropagande.Mais il est inutile d’interpellerles hol landis tes et leursennemis, qui sont en train des’occuper des affaires vrai-ment importantes : la prépara-tion des élections municipalesqui leur assure, comme lesrégionales, de magnifiquesrentes de situation.Le Parti socialiste est depuislongtemps un rassemblementde grands féodaux. Mais ilsemble que la plupart des no-tables se désintéressent de laconquête du pouvoir central.Aux écrasantes responsabilitésnationales, ils préfèrent le con-fort des grandes mairies quisont au plus près des corrup-teurs du grand commerce et del’industrie. Les renoncementssocialistes résultent, pour unepart, de décisions mûrementréfléchies.

Sylvie FERNOY

O«A

Royaliste 911

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Aveu

Défaire

Régression

Sarkozyet le rêve du Medef

Sur le principe, il n’y a rien à redire : quoi deplus normal, en effet, que l’État, au nom du biencommun, organise et facilite le dialogue entre lespartenaires sociaux. Sur la méthode, non plus : à

l’État de fixer les grandes orientations et lecalendrier, aux organisations syndicales et

patronales d’aboutir à des décisions qui seronttransposées en lois pour peu qu’elles rencontrent

l’assentiment du législateur.

n avait oublié DenisKessler. Ancien militantde la Gauche proléta-rienne, il fut, à la tête dela Fédération françaisedes Sociétés d’Assurance

puis à la direction du Medef(comme vice-président ) l’un desartisans les plus intelligents et lesplus déterminés de la guerre so-ciale déclenchée à la fin du siècledernier par l’organisationpatronale, ses alliés et ses clients.

Président d’une société deréassurance, Denis Kesslerrédige pour le magazine Chal-lenges des éditoriaux qui ontle mérite de la franchise. Celuidu 4 octobre (no 94) mériteune a t tent ion touteparticulière.

Le programme du gouver-nement, explique le jovialpersonnage, paraît confus. Ré-gimes spéciaux, statut de lafonction publique, réforme dela Sécurité sociale, on fait touten même temps et cela paraîtaller dans tous les sens.

Erreur grossière ! « À y re-garder de plus près, écrit De-nis Kessler, on constate qu’il ya une profonde unité à ce pro-gramme ambitieux. La listedes réformes ? C’est simple,prenez tout ce qui a été mis enplace entre 1944 et 1952, sansexception. Elle est là. Il s’agitaujourd’hui de sortir de 1945,et de défaire méthodiquementle programme du Conseil na-tional de la Résistance ! ».

L’ancien vice-président duMEDEF se réjouit de cettedestruction, trop longtemps re-tardée à son avis, mais qui estmaintenant l’œuvre concertéed’une nouvelle générationd’entrepreneurs politiques etsyndicaux.

Parmi ces entrepreneurs (depompes funèbres), Denis Kes-sler compte sans doute Nico-las Sarkozy et sa suite.

Annette DELRANCK

e qui pose problème,en revanche, ce sontces or ienta t ions :nombre d’entre ellesvont dans le sens

d’une remise en cause des ac-quis sociaux. Ainsi le gouver-nement va-t-il organiser toutau long du mois d’octobretrois conférences : la première(qui a déjà eu lieu le 4) sur lescondi t ions de t ravai l , ladeuxième sur les revenus et lepouvoir d’achat, programméepour le 23 octobre, la dernière,sur l’égalité salariale entre leshommes et les femmes sedéroulera au tout débutnovembre.

Un consensus semble se des-siner sur cette dernière : à tra-vail égal, salaire égal, tout lemonde est d’accord sur leprincipe, reste qu’il a le plusgrand mal à entrer dans lesfaits. Des accords ont déjà étésignés par le passé à l’échelonnational entre partenaires so-ciaux qui n’ont pas été dé-clinés dans les d’entreprises.D’autre part, Xavier Bertrand,ministre du Travail, qui a encharge l’organisation de cetteconférence, a fixé un délai dedeux ans pour que les salairesféminins rattrapent les salairesmasculins : une gageure tantle patronat voit d’un mauvaisœil l ’augmentat ion de la

masse salar ia le qui endécoulera.

La conférence sur l’amélio-ration des conditions de travaila débouché sur l’ouverture detrois négociations. Les syndi-cats sont d’ores et déjà déçus,qui n’ont pu aborder que levolet prévention des risques -dispositif destiné à éviter les

accidents et maladies liées autravail - alors qu’ils auraientsouhaité profiter de la con-férence pour traiter de l’aspectréparation. Or, le patronat nevoulant pas en entendre parler,le gouvernement a purementet simplement écarté le sujetle reportant à plus tard.

Si l’on est en droit de penserque, malgré ces difficultés, cesdeux conférences devraientpouvoir aboutir à des progrèssociaux, la troisième, sur lesrevenus et le pouvoir d’achat,risque, au contraire, de débou-cher sur une régression desdroits des salariés. Le gouver-nement et le patronat partent,en effet, du principe selon le-quel les salaires sont trop éle-vés et pèsent sur la compétiti-vité des entreprises. Ils enten-dent donc en profiter pour re-mettre en cause sinon l’exis-tence du Smic, du moins sonmode de f ixat ion e t sonévolution. Actuellement, c’estle gouvernement qui, tous les

ans au début de l’été, déter-mine l’augmentation du sa-laire minimum en fonction del’inflation, il peut en profiterpour lui donner un coup depouce ; désormais il serait fixépar un comité d’experts sur labase de critères purement éco-nomiques et non plus sur l’in-flation et serait revu tous lesdeux ans. L’État renoncerait,ainsi, à l’une de ses prérogati-ves et le Smic serait vidé de sasubstance.

« Quiconque travaille adroit à une rémunérationéquitable et satisfaisante, luiassurant ainsi qu’à sa familleune existence conforme à ladignité humaine », précisel’article 23 de la Déclarationuniversel le des Droi ts del’Homme. Il y a quelquesannées , Ernest-AntoineSeillière, alors président duMedef, déclarait en substanceque les entreprises, pour restercompétitives, ne pouvaient sepermettre de payer un salaireminimum supérieur à celuifixé par le marché - en groscelui du travailleur chinois. Etque si le gouvernement dési-rait préserver l’existence duSmic, c’était à lui de payer ledifférentiel entre le prix dumarché et le niveau du salaireminimum. Le Medef en arêvé, Sarkozy serait en passede l’exaucer.

Nicolas PALUMBO

O

C

Royaliste 911

Page 5: DSK-FMI Touche pas à mon Tintin - Archives royalistes

ESPAGNE – Menées par desindépendantistes régionaux basqueset surtout catalans des manifestationshostiles à la monarchie et au Roi sesont déroulées dans différentes villesd’Espagne où des photos de la fa-mille royale ont été brûlées. Ces pe-tites minorités ont reçu l’appui sur-prenant d’un présentateur de la radiocatholique COPE, propriété de laconférence épiscopale, la deuxièmeen terme d'audience en Espagne, quia réclamé l’abdication du Roi enfaveur de son fils. Cette prise deposition étonnante a provoqué denombreuses réactions de soutien à lamonarchie dont celle du puissantsyndicat de l’UGT qui a interpellé àce sujet la conférence épiscopale. Leroi Juan Carlos lui-même a estiménécessaire de prendre publiquementla défense de l ' ins t i tut ionmonarchique. A l ’univers i téd’Oviedo, à l'occasion de l'ouverturesolennelle de l'année universitaire, leroi a rappelé que « La monarchieparlementaire sur laquelle reposenotre Constitution » a permis à l’Es-pagne de « vivre sa plus longuepériode de stabilité et de prospéritéen démocratie ». Un récent sondaged’opinion publié dans Tiempo indi-quait que 85,3 % des Espagnols pen-sent que le rôle de la Couronne a étépositif pour la démocratie et presqueles deux tiers pensent que « la mo-narchie continue à être bonne ou trèsbonne dans les temps actuels ». IRAK – A l’occasion du 75e anni-versaire de l’indépendance de l’Irak,chérif Ali ben Hussein a accordé unentretien à l’AFP. Le prince, âgé de51 ans, appartient à la famille haché-mite et est cousin du dernier roid’Irak, Fayçal II, assassiné en 1958.Il a vécu en exil à Londres avant devenir s’installer à Bagdad après lachute de Saddam Hussein. Il vit dansune villa sur les bords du Tigre, sousla garde d'une unité de l 'arméeirakienne, et dirige le Mouvementpour une monarchie constitutionnelle(MMC). Dans cet entretien, où ilrappelle l’histoire de son pays, ilremarque : « Si les Américains (...)s'étaient penchés sur l'histoire de cepays, ils auraient immédiatementréalisé qu'ils seraient incapables,tout comme les Britanniques, de legouverner directement » et « que toutcomme les Britanniques, ils auraientà faire face à une insurrection ». Ilse montre très pessimiste pour l’ave-nir « à l'époque de l'indépendance ilétait facile de définir l'Irak, parceque le thème central était le nationa-lisme arabe. La question ne se posaitpas de savoir si vous étiez sunnite ouchiite ». Et en conclusion de ce bilanamer : « Aujourd'hui, il est difficilede définir l'État irakien. Nous nesavons pas qui nous sommes ». RUSSIE – Les quarante-quatrefragments d'os, exhumés cet été dansl’Oural , appart iennent bien autsarévitch Alexeï Nikolaevitch,prince héritier des Romanov et à sasoeur, la pr incesse MariaNikolaevna, ont annoncé vendredides experts russes. « Les conclusionspréliminaires montrent qu'il y a uneforte probabilité pour que ces restesappartiennent au tsarévitch Alexeï età la princesse Maria », a déclaréVladimir Gromov, directeur adjointde l'institut de médecine légale de larégion de Sverdlosvsk.

5

Irak

Le début de la fin pourles Américains ?

acques Sapir s i tue en2003 le commencementdu XXIe siècle : la guerreen Irak. C’est faire tropd’honneur à celle-ci et àson auteur, le président

Bush. Loin de marquer ledébut de la f in du s iècleaméricain, elle ne remet pasen cause le statut de premièrepuissance des États-Unis.

Certes, ils ne seront plusl’hyperpuissance. Mais cequalificatif malheureux, issud’un regrettable malentendude traduction de l’anglais aufrancais , ne rendai t pascompte de la manière dont sedécrivent les Américains. Il endisait plus sur nos admirationsou nos envies. Autre erreur deperspective, le fait de croireque nous sommes les seuls, lesvrais, à vivre le tournant histo-rique parce que nous vivons àce moment déterminé. Que nedevrait-on dire de la guerre duViêt-Nam ? Que n’a-t-on ditalors du déclin américain ?

La guerre en Irak n’est pasla guerre du Viêt-Nam. Elle nelaissera pas sa marque sur lecorps social ni d’ailleurs sur lacampagne pour les électionsp r é s i d e n t i e l l e s d e l ’ a nprochain. L’échec américainen Irak n’est pas le désastreintentionnellement annoncépar George Bush lui-même.Pour plusieurs raisons : si4 000 morts n’est pas un chif-fre négligeable - déjà su-périeur aux morts des toursjumelles -, au Viêt-Nam il yen eut 58 000. Les soldats enIrak sont des engagés volon-taires là où toutes les classesd’âge étaient envoyées au

Viêt-Nam sous le régime de laconscription.

L’Irak n’est finalement pasessentiel pour les États-Unis.Le pétrole n’avait été mis enavant que pour justifier uneexpédition ou la dénigrer,mais i l n’y était pas pourgrand-chose. Le pourcentagede musulmans aux États-Unisest de 2 % et fa iblementvisible. Les impliquer dans leterrorisme a fait long feu.Enfin, chacun a compris queSaddam Hussein n’avait rien àvoir avec le 11-septembre.

Le Viêt-Nam s’inscrivaitdans une perspective de guerrefroide étendue à la Chine. Unpoint perdu par les Américainsen Irak n’est pas un point ga-gné par les anciens adversairesde la guerre froide. Il n’y aplus de guerre froide même sicer ta ins en annoncent leretour, sans doute par nostal-gie d’un monde idéologique-ment cohérent.

L’Irak sera passé aux perteset profits de la présidenceBush. La machine électoralequi s’est mise en branle dansles deux grands partis va fairerésonner comme tous les qua-tre ans le concert de la démo-cratie américaine à l’échellede la planète. Elle présenteune belle palette d’ingénus,beaux exemplaires d’idéalismeabsolu comme la femme del’ancien président Clinton,Hillary, l’africain-américainObama, le mormon Romneyou le héros des pompiers du11-septembre, l’ancien mairede New York, RudolphGiuliani. Oubliés Bush et

Bagdad. Retour à BagdadCafé. Le monde entier va seprendre au jeu et s’imaginerqu’il est appelé à voter pourson président . I l lus ionsuprême, magie du spectacleaméricain, contre lequel aucunautre pays n’a encore trouvé laparade.

Si les États-Unis ont changéavec le siècle, c’est bien ladate du 11 septembre 2001qu’il convient de retenir, quimarque comme en 1960 la finde l’invulnérabilité améri-c a i n e . N o n , c o m m e l ecroyaient les analystes sérieux,à cause de la portée des missi-les russes ou des spéculationsdes fonds de pension, mais parl’action de quelques jihadistesinconnus. Pour Jacques Sapir,économiste, l’événement n’estqu’un épiphénomène. Il n’estpas structurant, car il ne serat tache à aucune de sesgrilles de lecture. Idem pourl’oracle de la fin de l’Histoire,auquel il se réfère, Fukuyama,qui écartait souverainement deson analyse islamisme et na-tionalisme relégués dans lesmarges de l ’h is to ire uni-verselle. Sapir a raison de re-mettre les nations au cœur desrelations internationales. Ilpourrait également faire leurpart aux religions sans pourautant renoncer à ses cadresde référence. L’islamisme peutêtre appréhendé selon desschèmes d’économie marxistecomme s’y é ta i t éver tuéMaxime Rodinson. On peutaussi rejeter toute lecture duréel comme rationnel, maisceci est une autre histoirequ’on laissera provisoirementaux oubliés de l’histoire quesont dès aujourd’hui les cen-taines de milliers de victimesirakiennes.

Yves LA MARCK

J

BRÈVES

L’envoi des troupes américaines en Irak n’étaitpas nécessaire ; leur retrait ne devrait pas être

un drame pour les Américains. Pour les Irakienset la région c’est une autre histoire.

Royaliste 911

Page 6: DSK-FMI Touche pas à mon Tintin - Archives royalistes

etit retour sur l’histoire. En 1862,l’empereur d’Annam Tu Duccède à la France, par le traité deSaïgon, la basse Cochinchine,grenier à riz du Viêt-Nam. De

1862 à 1867, la France se fait reconnaîtrela possession des provinces voisines.Ainsi naît la Cochinchine qui sera ratta-chée au Viêt-Nam en 1949. On sait queles Français quitteront la région en 1954,après leur défaite à Diên Biên Phu.

Oui, mais voilà. Dans cette grandeCochinchine, qui englobe dorénavant unegrande partie du sud du Viêt-Nam – engros, le delta du Mékong – se trouventdes terres habitées par les Khmers krom.

D’où des revendications territorialesmenées entre autres par le Comité desFrontières du Cambodge et son présidentSean Pengse. C’est d’ailleurs en question-nant celui-ci que Mam Sonando, prési-dent de la radio Sambok Khum Radio, estarrêté le 11 octobre 2005, sur l’ordre duPremier ministre cambodgien Hun Sen etsur mandat d’arrêt lancé par les autoritésjudiciaires de la ville de Phnom Penh. Onlui reproche la diffusion de cet entretiendans lequel sont dénoncés « les accordset traités illégaux de 1979, 1982, 1983 et1985 conclu entre la République socia-liste du Viêt-Nam et la République Popu-laire du Kampuchea, lors de l’occupationdu Cambodge par les forcesvietnamiennes, de même que la conven-

6

n ne peut dissocier la Cochinchine de l’histoire de laguerre d’Indochine. Pas plus qu’on ne peutaujourd’hui occulter les manifestations organiséespar la communauté khmère et khmère krom (1). Ladernière a eu lieu à Genève, le 23 septembre, àl’occasion de la VIe session du Conseil des Droits de

l’Homme, pour soutenir Tim Sakhorn, un bonze actuellementemprisonné au Viêt-Nam.

PO

tion additive que M. Hun Sen a signée le10 octobre 2005. » (Déclaration du Co-mité des Frontières du Cambodge). L’or-ganisation Reporters sans Frontières ap-portera son soutien à Mam Sonando.

Mam Sonando, que j’ai rencontré récem-ment lors d’un de ses voyages en France,a pris la tête d’un mouvement politiquedont le but est d’exclure le Premier mi-nistre Hun Sen de la vie politique. Pour

cela, Mam Sonando et ses amis tentent decréer un front uni allant de membresdéçus du PPC de M. Hun Sen aux an-ciens amis du nationaliste Son Sen, enpassant par des par t isans duFUNCINPEC (royalistes) et de SamRainsy (libéraux). Ce sont ces derniersque Mam Sonando tentait de convaincrerécemment parmi la diaspora cambod-gienne en France. Il recevait à l’occasionle soutien non négligeable de ChlomChlay Léa, par ailleurs membre très actifde la Fédération des Khmers du Kampu-chea krom pour la Sauvegarde de laCulture et de l’Ethnie (FKKE).

Épuration ethniqueSi je cite Léa et son action au sein de laFKKE, c’est parce que j’en reviens audébut de l’histoire, celle qui a provoquéla manifestation de Genève. La FKKE est

Ancienne Cochinchine

Les bonzespersécutés

Le révérend Tim Sakhorn interrogé par les policiers vietnamiens après sonarrestation. (Photo publiée dans le quotidien Sralanh Khmer).

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aucun projet de renverser tel ou tel partipolitique, ou bien telle ou telle personne.Seulement, la jeune génération doitconnaître les circonstances historiquesqui ont conduit à la perte d’une partie denotre territoire ». Le Roi a fait un don de2 000 dollars pour la préparation de cettecérémonie et il s’est fait représenter parla princesse Sisowath Monipong Pon-gneary qui a appelé les participants « àne pas verser dans la violence pour sefaire entendre afin de ne pas souillerl’image de ceux qui ont été érigés par lepassé en héros du Kampuchea krom ».Comme quoi, lorsque le peuple khmerparle, le Roi l’entend.

N’est-ce pas, Léa !

Robert GESNOT(1) On appelle Khmer Krom, (littéralementKhmer d'en bas – en bas désignant les bassesterres du delta du Mékong) la minorité ethni-que khmère vivant dans le sud du Viêt-Nam,en particulier dans le delta du Mékong. (2) Communiqué du 6 septembre 2007 de M.Thach Vien, président du Conseil d’adminis-tration de la FKKE.(3) Le bouddhisme theravâda (doctrine desAnciens) se veut l’héritier de la doctrine origi-nelle du Bouddha et est la forme de boudd-hisme dominante en Asie du Sud et du Sud-Est.

7

d’histoire d’avant Diên Biên Phu. On nedoit pas oublier que cette région a vécude nombreux drames et que son actualitén’augure pas forcément de matins calmes.

La tentative de déstabilisation du Premierministre Hun Sen, pour louable qu’elleparaisse, n’est pas forcément sans arrière-pensées. Et on sait que les soubresautspolitiques s’accompagnent souvent deviolences sur les bords du Mékong. Maisceci est peut-être une autre histoire queles Cambodgiens veulent écrire.

Sa Majesté le roi Norodom Sihamoni,pendant ce temps, s’affirme tout en res-pectant la constitution. Il vient de nom-mer un nouveau conseiller officiel avecrang de Secrétaire d’État.

Le 6 juin dernier, près de 4 000 person-nes se sont rassemblés à Phnom Penh,devant le Wat Botum pour célébrer le 58e

anniversaire de la perte du Kampucheakrom, rattaché au Viêt-Nam sur décisiondu protectorat français. Un discours a étéprononcé par Son Soubert, membre duConseil Constitutionnel et responsable del’ONG Communauté des Khmers duKampuchea Krom : « Nous voulons ré-clamer le respect de notre liberté, notam-ment d’expression. Nous ne nourrissons

un « Organisme de Lutte par la non-violence pour revendiquer sur ses TerresAncestrales les Droits de l’Hommeprônés par les Chartes des Nations Unieset les Lois internationales pour le bien-être de ses compatriotes au Kampucheakrom (ex-Cochinchine française). » (2).

Que se passe-t-il enterritoire krom ?

Les autorités vietnamiennes persécutentrégulièrement les bonzes bouddhiquestheravâda (3) et du Peuple AutochtoneKhmer krom. C’est une politique d’épu-ration ethnique qui est ainsi conduite.

Depuis le début de cette année, les Kh-mers krom qui réclamaient leurs lopinsde terre confisqués ont été poursuivis,plusieurs bonzes theravâda ont été arrêtéset systématiquement défroqués. Cinqd’entre eux ont été condamnés de deux àquatre ans de prison ferme. Ils avaientréclamé le respect des droits à l’enseigne-ment du bouddhisme…

La répression a, selon le FKKE, franchiles frontières et s’exerce maintenant àl’intérieur du territoire cambodgien. Le27 février de cette année, après une mani-festation de solidarité, un bonze a étéretrouvé mort égorgé dans sa chambre.

Le 30 juin, cédant à la pression, le pa-triarche de l’ordre bouddhique du Cam-bodge Tep Vong a ordonné le défrocagedu Vénérable Tim Sakhorn, chef de lapagode de Phnom Penh nord (district deKirivong, province de Takèo). Il l’a ac-cusé d’avoir mené des activités mettanten cause l’amitié khméro-vietnamienne. Ill’a fait déporter au Viêt-Nam où il estactuellement incarcéré sous la menaced’un emprisonnement à vie.

C’est pour lui que la manifestation deGenève était organisée. Il devient de cefait le symbole de la résistance khmerkrom. Si cette action a coïncidé avec lasess ion du Consei l des Droi ts del’Homme, c’est parce que les diplomatesoccidentaux ont salué un peu vite l’aban-don par le Viêt-Nam du décret 31/CP surla détention administrative. S’ils avaienteu la curiosité de voir un peu plus loin,ils se seraient aperçus qu’il subsiste uneloi moins connue, l’ordonnance 44 sur« le règlement des violations administra-tives qui permet d’arrêter et de détenirdes personnes soupçonnées d’atteinte àla sécurité nationale, de les placer enhôpital psychiatrique ou en camp deréhabilitation. »

Le Roi entend son peupleLa vieille histoire de la Cochinchine re-joint le présent du Cambodge et du Kam-puchea krom. On est loin des clichésexotiques qui nourrissaient nos livres

Un roi à l'écoute de son peuple.

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BCE

Une critique radicale

Patrick Artus vient de publier Les incendiaires - Les banques centralesdépassées par la mondialisation (1). Cet ouvrage est remarquable au-delà dutitre et critique avec un radicalisme bienfaiteur la pensée qui gouverne les

banques centrales dont la Fed et la BCE et leurs modes d’actions.L’auteur, chef économiste de Natixis, possède le rare talent d’allier

l’expression des idées économiques, avec la rigueur du scientifique, et lapédagogie.

axe de la politiquedes banques centralesest celui dicté dansles années 1970-1980de la lutte obsession-

nelle contre l’inflation et lesanticipations inflationnistes.Le florilège des propos tenuspar le président de la BCE,M. Trichet, dont l’incompé-tence aveugle et fanatique estcritiquée depuis de nombreu-ses années dans Royaliste,éc la i re le lecteur dès lespremières pages.

Non seulement l’inflation nereprésente plus un danger im-médiat mais c’est bien la dé-flation qui menace. Les politi-ques de lutte contre l’inflationconduites par la BCE - quis’expriment au travers d’unepolitique continue de ren-chérissement des taux direc-teurs - participent activementà la déflation. En effet, le ren-chérissement des taux appré-cie mécaniquement l’euro parrapport au dollar, accélère lesimportations en provenance depays émergents (Chine,Inde…), favor ise lesdélocalisations, freine leshausses de salaires, alimentele chômage. La compressiondes coûts salariaux industrielsse transmet aux services. Lesgains de productivité en outrebénéficient aux entreprises (età leurs actionnaires) au détri-ment des salariés : « Dans lazone euro, chaque année, les

entreprises prennent, en plusde ce qu’elles ont fait les an-nées précédentes, l’équivalentde 1 % du PIB dans la pochede leurs salariés ». Le pouvoird’achat des salariés au mieuxstagne.

Mais alors, qui a alimenté lacroissance européenne cesdernières années ? C’est lahausse de l’endettement desménages. « Le taux d’endette-ment des ménages est passé,entre 1996 et 2005, de 42 à75 % de leur revenu dans lazone euro, de 90 à 100 % deleur revenu aux États-Unis, de100 à 160 % de leur revenuau Royaume-Uni. Si le tauxétai t res té constant , lacroissance, de 2004 à 2006,aux États-Unis n’aurait pasété sur une tendance de 3,5 %par an mais inférieure à 2 % ;dans la zone euro horsAllemagne, elle aurait éténégative et non de 2 % ; auRoyaume-Uni, elle aurait éténégative et non de 2,5 % ».

Selon l’auteur, la BCE setrompe en analysant que cettecroissance génère de l’infla-tion suivant le principe queplus de crédit implique plus dedemande, et si le taux d’utili-sation des capacités de pro-duction devient trop élevé,plus d’inflation. Ce que laBCE n’a manifestement pascompris, c’est que nos écono-mies sont mondialisées. Ainsi

la hausse du crédit finance lesproduits importés, crée du dé-ficit extérieur et accentue lapression déflationniste enEurope.

Le jugement est catégori-que : « l’objectif de stabilitédes prix d’une banque cen-trale indépendante ne corres-pond donc pas à l’objectif so-cial ».

Par ailleurs, Patrick Artus, àla suite de l’excellent ouvragede François Morin Le nouveaumur de l’argent (2) dresse l’a-mer constat pour M. Trichetque les banques centrales s’i-maginent à tort être en mesurede contrôler les marchés del’argent, alors qu’ils leuréchappent en presque totalité :la surabondance d’épargne despays émergents a fait chuterles taux longs partout dans lemonde, encourageant ainsi ledéveloppement de l’endette-ment des ménages et la haussedu pr ix des act i fs (dontl’immobilier), alimentant demultiples bulles spéculatives(cf. crise des subprimes)(3).Donc quand M. Tr ichetannonce, sans surprise, unehausse des taux, l’effet le plusprobable est qu’il n’y en auraaucun sur la pol i t iqued’endettement, que l’europoursuivra sa hausse par rap-port au dollar, et que la défla-tion sera encouragée.

Cependant ce jeu a seslimites. La hausse des tauxrenchérit l’endettement exis-tant quand ce dernier est ex-primé en taux variable. Si letaux directeur passait à 6 %,l’auteur démontre que le ser-vice de la dette des ménagesespagnols représenterait 80 %de leurs revenus ; ce qui pro-voquerait une crise financièremajeure de la zone euro. Maiscela est-il compris à Francfortau siège de la BCE ?

La politique de la BCE attiseles tensions au sein de la zoneeuro. L’auteur évoque avecbeaucoup de lucidité les ris-ques d’éclatement de la zoneeuro dont serait responsable lapolitique de la BCE. Il insistepar a i l leurs avec ra ison,comme François Morin, sur lanécessaire coopération desbanques centrales dans la défi-nition d’une nouvelle politiquese ressourçant aux origines :« Plutôt que de s’attacher aucontrôle de l’inflation, alorsque la globalisation a large-ment fait disparaître le risqueinflationniste, il faudrait queles banques se posent desquestions qui sont assez voisi-nes de celle du XIXe siècle :quelle est la bonne quantité deliquidité ? Où sont les ris-ques (dans les banques, lesmarchés financiers ?), com-ment réagir à temps aux cri-ses ? Mais le renouveau desbanques centrales ne peut passe faire de manière efficacesans celui de la coopérationmonétaire internationale, dansun monde globalisé où laliquidité, les financements, lesbiens circulent librement. »

Cet excellent ouvrage pro-cure au lecteur des outils decompréhension du monde mo-derne en vue d’une action po-litique éclairée.

Jean LATOUR (1) Patrick Artus - « Les in-cendiaires - Les banques centra-les dépassées par la mondialisa-tion », Perrin,prix franco : 16 €. (2) François Morin – « Lenouveau mur de l’argent »,Seuil, prix franco : 22 €. VoirRoyaliste n° 895.(3) Voir Royaliste n° 909, l’articled’Yves Billon « La crise ca-chée ».

L'

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l n’est pas si facile dans le domaine a priori libre del’espace intellectuel d’exprimer une pensée tant soitpeu décalée d’avec la bienséance des préjugés encours. Gauche et droite sont comme interdites face àla transgression des principes qui forment le soclecommun à la société moderne. La simple réticence à

accepter même une modernité qui symbolise tous les progrèsdévolus à l’homme contemporain est considérée comme uneatteinte inadmissible à la démocratie et àl’émancipation des âges réactionnaires. Lespenseurs intempestifs du type de Christo-pher Lasch ou de Philippe Muray sontsoigneusement repoussés aux marges, con-sidérés comme potentiellement dangereux.Il faut dire que l’histoire contemporaines’est chargée de conforter le sentimentd’une fin de l’histoire, du moins de cellequi fit le cauchemar des peuples jusqu’à lachute du mur de Berlin. L’annonce d’unautre monde, unanimement accepté àl’aune d’une démocratie fondée sur undroit incontournable et d’une économie demarché sans entraves, a été reçue commeun progrès irréversible, en dépit du déclindes idées de progrès. On le voit bien enFrance, ne serait-ce qu’avec les dernièrespéripéties électorales et post électora-les… Les contestataires du libéralisme po-litique et économique ne peuvent être quedes extrémistes sans avenir. La gauchepeine d’autant plus à se redéfinir qu’elle est irrésistiblementaimantée par l’attraction d’un modèle qui s’est substitué àun socialisme de moins en moins justifiable.

Dans ce climat, la superbe autonomie d’un Jean-ClaudeMichéa est plus que bienvenue. Le philosophe rigoureuse-ment indépendant trace depuis des années un chemin qui,s’il n’était qu’original ne nous retiendrait que par ses para-doxes brillants. Mais ce chemin est bien autre chose : ileffectue une traversée de l’histoire de la pensée depuis leXVIe siècle, d’une façon qui permet de comprendre autre-ment la substance et l’évolution des idées. Il aide à saisird’autant mieux le monde qui se constitue que sont percés àjour les vrais motifs d’un libéralisme qui se dérobe à unepleine élucidation. Certes, on lui reconnaît nombre dedéfauts, mais telle la démocratie, selon Winston Churchill,ne constitue-t-il pas « le pire de nos régimes, à l’exceptionde tous les autres. » N’est-il pas le seul possible désormais,parce qu’il a renoncé à faire le bonheur obligatoire deshommes, en refusant une fois pour toutes à définir un bienabsolu et en se contentant de proposer à tous le moindremal. Ses deux moyens essentiels, le droit procédural quiprotège la liberté des individus et le marché qui assure ledéveloppement économique maximum, le rendent absolu-ment insubstituable. Eh bien, ce sont ces certitudes queMichéa conteste avec énergie, en montrant que ce prétendumoindre mal est de plus en plus dogmatiquement imposé detelle sorte qu’il est en train de muter en meilleur des mondeset que son relativisme éthique consubstantiel pourrait nousconduire à une vraie catastrophe anthropologique.

I

IdéesMais pour le suivre sur son chemin, il faut prendre la peine

de se mettre en disposition quasi spirituelle d’écoute. Sonstyle philosophique n’est certes pas dépendant de longs etpesants traités. Il préfère l’essai court et substantiel, celuiqui requiert cette attention chère à Malebranche et qui est lacondition de la lucidité. Nous nous trouvons avec L’Empiredu moindre mal en présence d’un traité dont il faut méditerattentivement toutes les propositions pour apprécier la valeurd’instrument d’analyse qui se construit et apparaît en sommecomme redoutable pour le système qu’il met à nu. PourtantMichéa n’est pas de ces penseurs orgueilleux qui refont lemonde après avoir déployé leur ambition dévorante. Il ne seréclame que de quelques convictions qui pourraientd’ailleurs se ramener à cette décence dont se réclamait soncher Orwell, anarchiste tory, qui n’hésitait pas à affirmerque pour défendre les biens précieux de l’humanité il nefallait pas craindre un certain conservatisme ! ParadoxalMichéa, qui est bien l’un des derniers fidèles au vieuxcombat des socialistes contre l’exploitation capitaliste maisqui affirme d’un même mouvement que la menace libérale

n’est pas seulement économique, elle estaussi morale. Ainsi les gens de gauche quiprétendent se fonder sur l’individualismelibéral sont-ils intellectuellement solidairesd’une conception philosophique généralequi repose au fond sur l’indifférentismemoral.

C’est bien en effet ce qui est au point dedépart de la démarche libérale. Les guerresde religion du XVIe siècle avaient déjàpersuadé les premiers théoriciens du droitpolitique que le principal danger tenaitdans la solidarité d’un État avec une pré-tention au vrai et au bien. Seul le relati-visme éthique convenait pour ramener lapaix civile et les actuelles provocationsfondamentalistes sont bien à même de met-tre en garde contre tout absolutisme desvaleurs. Il s’ensuit une conclusion implaca-ble : « L’État qui s’interdit tout jugementsur la morale et la vie bonne est le seuldont on pourra être sûr qu’il ne cherchera

jamais à faire le salut ou le bonheur des individus malgréeux. » Et il y a d’ailleurs quelque chose d’incontestable danscette volonté de séparer les domaines, le spirituel et lepolitique. Mais jusqu’à quel point ? C’est là où Michéa nousfait entendre son plus salutaire avertissement : « Une sociétéqui n’exigerait de ses membres que le respect de leurindifférence ne serait plus une société. La maxime vivre etlaisser vivre finit toujours, là où ne règne pas un minimumde common décency (c’est-à-dire un minimum de valeurspartagées et de solidarité collective effectivement pratiquée)par se transformer dans les faits en vivre et laisser mourir. »Mais le scepticisme sur le bien réclame en contrepartie undogmatisme arrogant en économie. Car autant le libéralismeet ses penseurs sont pessimistes sur la nature humaine,autant ils érigent en dogme la toute puissance d’un dévelop-pement sensé apporter le bien être à tous, fut-ce d’ailleurs audétriment provisoire de tous ceux qui seront sacrifiés par lamachine économique universelle.

Fukuyama, le théoricien fameux de la fin de l’histoirepourrait, en effet, nous donner le fin mot de ce relativismequi finit par déboucher sur le meilleur des mondes grâce àune révolution biotechnologique dont les perspectives peu-vent conduire à l’idée de disparition de l’humanité telle quenous l’avons connue : « Alors commencera une nouvellehistoire, au-delà de l’humain. » Que l’on me pardonne lecaractère cursif de cet aperçu. Mais pour prendre consciencede la nature du péril libéral, il faut lire Jean-Claude Michéaau plus vite. Jean-Claude Michéa - « L’Empire du moindre mal », Climats,prix franco : 20 €.

La tyrannielibérale

par Gérard Leclerc

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Beau livre

NotreDame

Récit

Bernard de Ventadour

Luc de Goustine, qui vit en Limousin prèsde Ventadour, fait revivre le temps des

troubadours avec son Bernard de Ventadourou les jeux du désir (1).

a cathédrale médié-vale, on le sait, ne res-semble plus beaucoup àce que les premiers Pa-risiens voyaient. Lessiècles ont modifié les

apparences, notamment avecl'immense travail de reconstitu-tion de Viollet-le-Duc, qui l'amétamorphosée en ce que l'onaurait voulu que soit le Moyen-Âge, à l'époque romantique. Al'extérieur, la flèche, qui avaitfini par tomber faute de soins,en est l'illustration. On sait queles pierres de la façade sontpresque toutes contemporaines,œuvre de res taurateursaujourd'hui moins susceptiblesde laisser valoir leur imagina-tion que leurs prédécesseurs duXIXe siècle. Cependant, sait-onassez qu'à l'intérieur, la pers-pective que l'on voit ne dateque de 1993, année où un nou-veau mobilier a été installé. Lagrande croix qui trône derrièrel'autel n'est là que depuis cetteannée. La construction gothi-que des origines a disparu de-puis plus longtemps encore.

Qu'importe, l'un des monu-ments les plus visité de la capi-tale française n'a jamais perduson âme. Nombre d'événementsse sont passés sous ces voûtes,du procès en réhabilitation deJeanne d'Arc aux funérailles deCharles de Gaulle. C'est ce quenous content les magnifiquesimages et les textes clairs, des240 pages du beau livre quivient de sortir. Une vieillephoto montre Viollet-le-Ducposant accoudé à une balus-trade extérieure, comme untouriste d'aujourd'hui. Unepensée pour tous les siècles.

Christophe BARRET Claude Gauvard et Joël Laiter.« Notre-Dame de Paris , ca-thédrale médiévale ». Paris:Chêne, 2007 – prix franco : 60 €.

uc de Goustine aime laterre limousine « … oùla louange [à Dieu]prend toujours des for-mes si douces, conso-

lantes aux pauvres, intrépideset vaillantes pour le corps etles cœurs imprégnés de jo-ven (2) ». Des corps et descœurs, il est grandement ques-tion dans son ouvrage où ilnous conte, à travers une péré-grination de neuf journées, dePuivert à Courthézon, le tempsdes troubadours. C’est un ro-man ou, si l’on veut, un romanhistorique, au sens où ce genre« est aussi un instrument de laconnaissance du passé » (3).N’écrit-il pas en avant-proposque « … certains auteurs pré-tendent… que ces historiettesen langue romane rassem-blées à la demande du publicdes cours et des villes d’Italiedu Nord au XIIIe siècle, sont àl’origine du genre que nousappelons roman » ?

En ce temps là « ne voit-onpas des bacheliers courir enchemise sous la neige ou bra-ver cent dragons pour releverles défis d’une damoiselle, etdes dames jeunes et belles seretirer du monde et prendre labure, et des seigneurs pleinsd’âge et de sagesse vendre ougager leur bien pour courir enTerre sainte ? ». En ce tempslà rayonnent Clairvaux etCluny où Aymar III, vicomtede Limoges, finit ses joursmoine. En ce temps làGuillaume, comte de Poitierset duc d’Aquitaine, meurt,léguant « au roi des Francs

tout son pays et son aînée, lanoble demoiselle Aliénor »(el le épousera le futurLouis VII). Ce qui n’empêchepas fiefs et seigneuries des’entremêler. À Limoges « lepont Saint-Martial ainsi queson faubourg é taient àl’évêque… De son côté, l’abbéde Saint-Martial étendait sonemprise sur la ville tandis que,de leur motte accolée aumonastère, les vicomtes ba-taillaient pour imposer leurjoug au nom de leurs suze-rains déjà contradictoires :tantôt duc d’Aquitaine ettantôt roi de France, en atten-dant qu’Angleterre s’enmêle ». Voilà pour la tramehistorique.

En ce XIIe siècle, cheminentdonc à travers Limousin etLanguedoc, jusqu’à Cour-thézon, quatre troubadours :Peire d’Alvernhe, originaired’Auvergne, Guiraut deBornelh, Raimbaut d’Orange,seigneur de Courthézon, etBernard, dit de Ventadour. Cedernier, de pauvre lignage(mais est-ce si sûr ? La fin del’ouvrage réserve quelquesurprise…), fils « d’un pèrebon servant, habile tireur àl’arc à main de cytise, etd’une mère maîtresse desfours de Ventadour où le painest si bon quand il cuit aprèsun grand feu de sarments… ».Placé comme oblat auMoustier, monastère béné-dictin, il y reçut éducation etinstruction. « Il devint belhomme et adroit… et devintcourtois et instruit. Et le vi-

comte de Ventadour, sonseigneur, fut charmé par lui,ainsi que par sa façon detrouver (4) et de chanter, etlui fit grand honneur. Or levicomte de Ventadour avaitune femme jeune, noble etjoyeuse… ». C’est à Bernardque Raimbaut demande de luiconter comment il est devenule poète de l’amour.

Ainsi, Luc de Goustine nousentraîne, avec mots goûteux etbelle écriture, sur ces contréesd’Oc d’un Moyen-Âge beau-coup moins obscur qu’on nel’a dit. Il faut entrer dans sonroman - on préférera récit -sans craindre détours et appa-

rentes digressions, se laisserprendre par l’esprit des lieuxet d’un temps où l’on ne cou-rait pas pour rien. Entrer danscette fresque piquetée à l’oc-casion de quelques réci tsgaillards, mais non gratuits.Car si l’époque était celle dela fo i , e l le n’éta i t paspudibonde. Sieur de Goustine,qui combat t i t en d’autrestemps et d’autres lieux le féalvicomte Philippe Le Jolis deVilliers de Saintignon sur lesterres de Vendée (et ce futaussi chevaleresque aventure),nous livre là un beau conte enneuf journées. Belle neu-vaine !

Alain SOLARI

(1) Luc de Goust ine -« Bernard de Ventadour ou les

jeux du désir », Pilote 24 édition,Collection Contes, Nouvelles etRécits,prix franco : 25 €. (2) Joven : jeunesse. (3) Henri Irénée Marrou -« Les Troubadours », Seuil,

1971,prix franco : 10 €.(4) Trouver : inventer, composer,créer pour le troubadour.

LL

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Demande de documentationSi ce journal vous a intéressé, si vous désirez avoir plus de renseigne-ments sur nos idées, nos activités, les livres et brochures que nouspublions, remplissez le bulletin ci-dessous sans engagement de votrepart.

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MERCREDIS DE LA NAR

Communiquer avec la N.A.R. Adresse postale : 17, rue des Petits-Champs,

75001 Paris Adresse électronique : [email protected] Site internet : http://www.narinfo.fr.st

(Informations et actualités) Téléphone/répondeur : 01.42.97.42.57 Télécopie : 01.42.96.99.20 Règlements à l’ordre de :

Royaliste - CCP 18.104.06.N Paris

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Mercredi 17 octobre - An-cien élève de l’École normalesupérieure et de l’École natio-nale d’administration, ArnaudTEYSSIER est haut fonction-naire et professeur associé àl’université de Paris I. Invité ànos réunions pour ses ouvragessur Lyautey et sur la familled’Orléans, il revient pour nousprésenter un livre d’histoire etd’actualité. Sa réflexion porte

sur « L’héritage de Riche-lieu » : le Cardinal fut à la foisl’incarnation du serviteur dupouvoir politique et le théori-cien de la puissance de gouver-ner en un moment où, grâce àl u i , l ’ É t a t p r e n d f o r c e .L’homme qui a manifestementinspiré la République gaul-lienne est aujourd’hui totale-ment récusé par les théoriciense t l e s p r a t i c i e n s d e l a« gouvernance », du laisser-faire et de la soumission auxpuissances extérieures. Pourceux qui préservent l’idée dugouvernement de la nationdans le souci du bien public, lapolitique de Richelieu demeureexemplaire.

Mercredi 24 octobre -L’épouse du président de laRépublique, simple citoyenne,qui accomplit des missions di-p lomat iques… Le Premierministre, chargé selon la Cons-titution de déterminer et deconduire la politique de lanation, qui est supplanté par les e c r é t a i r e g é n é r a l d el’Élysée… Le Président qui

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les réunions, prenez une"carte d’abonné" (8 €

pour l’année)

v e u t d é c i d e r d e t o u t …« Sommes-nous confrontés àune dérive bonapartiste ? ».Ancien ministre de FrançoisMitterrand, Anicet LE PORSen est persuadé. Son analyse,rigoureuse, est celle d’un poli-tique et d’un juriste soucieux,comme il se doit, de l’intérêtgénéral. Mais ses explicationset ses propositions ne rejoi-gnent pas toujours les nôtres !D’où la nécessité de reprendrele débat amical que nous pour-suivons avec lui depuis denombreuses années. Au mo-ment où une commission pré-pare une réforme institution-nelle d’ores et déjà inscrited a n s u n e l o g i q u eprésidentialiste, notre débatsera d’une brûlante actualité. Mercredis 31 octobre et 7novembre – Pas de réunion enra i son des vacances de laToussaint. Mercredi 14 novembre -Reprise par George Bush etNicolas Sarkozy, la théorie du« choc des civilisations » netient pas debout ! Quant auxidées communes sur la religionmusulmane, la fécondité desf e m m e s a f r i c a i n e s e t l a

polygamie, elles méritent d’êtretrès sérieusement révisées. Und é m o g r a p h e , Y o u s s e fC O U R B A G E , e t u nanthropologue, EmmanuelTODD, se sont employés àdissiper les préjugés et les fan-tasmes dont nous sommes cons-tamment accablés. L’étude dum o u v e m e n t u n i v e r s e ld’alphabétisation, de la baisseprogressive de la fécondité enterre chrétienne comme en terremusulmane et des pratiques reli-gieuses dans un très grand nom-bre de pays permet de posersérieusement une question obs-curcie par le discours courant surla globalisation : « Le mondeest-il en voie d’unification ? »Les pulsions racistes, le terro-risme et les guerres actuelless e m b l e n t i n f i r m e r c e t t ehypothèse. Elle mérite d’êtresoumise à débat.

IFCCEProchaine session de politique appliquée

à La-Chapelle-Saint-Luc les 27 et 28 octobre 2007

Souveraineté nationaleet mondialisation

C'est le thème retenu pour la prochaine session depolitique appliquée. Sociologues et politiques en débattrontpour et avec le public les 27 et 28 octobre prochains.Principaux intervenants : Hakim El Karoui, agrégé degéographie et ancienne "plume" de Jean-Pierre Raffarinet Jacques Nikonoff, membre fondateur de la FondationMarc-Bloch et de l'association ATTAC.

T o u s r e n s e i g n e m e n t s s u r l e s i t e d e l ' I F C C E :http://www.ifcce.fr.st et possibilité d'inscription en ligne ouen nous téléphonant (01.42.97.42.57) pour demander àrecevoir le dépliant de présentation.

CONSEIL NATIONALLe Conseil national de la

NAR se réunira à Paris led i m a n c h e 1 1 n o v e m b r eprochain. Après l 'électionprésidentielle, les élections lé-gislatives et les premiers moisdu sarkozysme, nous analyse-rons la situation politique etexaminerons les perspectivesd'action pour la NAR. Serontplus particulièrement envisa-gées la campagne contre le"mini traité" et notre partici-p a t i o n a u x é l e c t i o n smunicipales.

Les membres du Conseil re-cevront en temps utile la con-vocation et l'ordre du jourmais ils sont priés de notercette date afin d'être présents.

Nouvel autocollant « NONaux lois xénophobes » rond(64 mm) de couleur rougefluo, très visible. Vendu parplanche de 12. Tarif :

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Royaliste 911

Page 12: DSK-FMI Touche pas à mon Tintin - Archives royalistes

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Le Président parle

Le président parle. Il parlebien. Avec chaleur e tconviction, comme on dit.

Et c’est vrai qu’il emploie desformules qui nous vont droit aucœur : il veut « réconcilier lesFrançais avec la politique » ; ildit qu’ « il n'y a pas de pland'austérité caché ni de tournantde rigueur en préparation » carune telle politique serait unrenoncement. Il veut veiller àl’impartialité de l’État, le chefde l’État n’étant pas au serviced’une secte mais au contraire unhomme qui veut agir très vitepour la hausse du pouvoir d’a-chat et la démocratie sociale.

Le président parle, le mercredi3 octobre, mais on s’aperçoit,dans la soirée e t les jourssuivants, que ses propos ne ces-sent d’être démentis.

Nicolas Sarkozy invoque legénéral de Gaulle mais il violeen direct la Constitution de laVe République puisque le prési-dent parle et agit face à la majo-rité parlementaire comme le fai-sai t naguère les Premiersministres. Confusion des fonc-tions ! D’ailleurs, quel est ceprésident impartial qui vient àNeuilly introniser son candidatet s’adresse aux militants del’UMP comme s’il était encorele chef de ce parti ?

Nicolas Sarkozy récuse la poli-tique de rigueur mais c’est bienune politique de ce type qui vaêtre appliquée à la Sécurité so-cia le avec le système desfranchises. Et la défiscalisationdes heures supplémentairesapparaît comme le moyen de nepas procéder à une augmentationgénérale des salaires (1).

Nicolas Sarkozy se présente enami de tous les Français mais la

police se livre dans les rues deParis à un nettoyage social quivise les personnes privées de do-micile et les mal-logés – ainsirue de la Banque, moins de 48heures après l’allocution du pré-sident de la République.

Nicolas Sarkozy se pose en hu-maniste mais la législation qu’iltente de mettre en place établitdes discriminations raciales àl’encontre de certaines catégo-ries d’immigrés, autorise le re-censement ethnique et prévoyait,

au moment même où il parlait,que les étrangers en situationirrégulière ne pourraient plusêtre accueillis dans les centresd’hébergement. Ces dispositionsscandaleuses ont rencontré l’op-position de nombreux élus de samajorité, de plusieurs dirigeantséminents du parti dominant et demembres du gouvernement – cequi a contraint MM. Fillon etHortefeux à atténuer ou à retirerdes dispositions qui auraient cer-tainement figuré dans le pro-gramme d’un gouvernementlepéniste.

Nicolas Sarkozy veut la ré-forme tout de suite mais cethomme d’action a oublié de dé-clencher l’offensive contre laBanque centrale européenne –

alors que le cours de l’euro batde nouveaux records. Il s’estsimplement glorifié d’avoir faitadopter un traité européen sim-plifié dont les Français igno-raient tout le 3 octobre et que lechef de l’État, qui annonce unedémocratie exemplaire, veut leurimposer.

Nicolas Sarkozy produit avectalent l’image d’un homme debon sens, soucieux de la moralepublique et universellementbienveillant mais dans la mêmesemaine Arnaud Lagardère,grand ami du président, était misen cause dans le plus grand délitd’initié de notre histoire – tandisque Rachida Dati installait legroupe de travail chargé d’étu-dier la dépénalisation du droitdes affaires. Ceci au moment oùla chambre de l’instruction de lacour d’appel de Versailles reje-tait la demande d’annulation dela mise en examen d’André San-tini : le secrétaire d’État à laFonction publique reste en fonc-t ions a lors qu’ i l devracomparaître pour « détourne-ment de fonds publics, faux etprise illégale d’intérêts ».

A l’exemple du président de laRépublique, je m’en tiendrai àune remarque de bon sens : il ya loin de la parole aux actes, siloin qu’on peut parler de contra-diction flagrante entre des pro-pos volontaristes et l’impitoya-ble réalité des délocalisations,qui continuent, des privatisationsà nouveau programmées et del’ouverture à la concurrence, en2011, du courrier postal ordinai-re…

Les « réformes » dont se flatteNicolas Sarkozy vont toutesdans le même sens : un ultra-libéralisme qui suppose, pour serenforcer, une autocratie paréedes fleurs de la rhétorique.

Bertrand RENOUVIN(1) Pour une démonstration complète,cf. l’analyse de Gérard Filoche dansDémocrat ie e t social isme :http://www.democratie-socialisme.org/

Éditorial