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Nouveau Conseil d’Administration et bureau à l’ITAB L’assemblée générale de l’ITAB s’est tenue le 14 avril dernier. Deux nouveaux administra- teurs ont été élus dans le collège CTR/CTS Marianne Fouchet du SEDARB Bourgogne et Thierry Mercier de la CAB Pays de la Loire. Sont élus au nouveau bureau de l’ITAB : Le président : Matthieu Calame (GAB Ile de France), Vice-Présidente : Marie Dourlent (GRAB d’Avignon), Vice-Pésident : André Bergot (CGA de Lorraine ), Trésorier : Jacques Frings (FNAB), Secrétaire : Guy Kastler (Confédération paysanne), Autres membres du bureau : François Delmond (SABD), Richard Doughty (FNCIVAM), Rémy Fabre (Jeunes Agriculteurs), Claude Monnier (APCA). Collège des Organisations Nationales de l’Agricultu- re Biologique : François Delmond, suppléante Anne Godin (SABD), Jacques Frings, suppléant Benoît Canis (FNAB), Maurice Picco (Nature et Progrès). Collège des Organisations Représentatives Agricoles à vocation générale : Richard Doughty (FNCIVAM), Claude Monnier (APCA), Eugène Schaeffer (ACTA), Joachim Trolard (CNMCCA). Collège des Représentants des syndicats agricoles : Rémy Fabre, suppléant Christian Lenegre (Jeunes Agriculteurs), Rolland Gachon (Coordination rurale), Etienne Gangneron (FNSEA), Guy Kastler (Confé- dération Paysanne). Collège des Centres Techniques Régionaux et des Centres Techniques Spécialisés : André Bergot (CGA de Lorraine), Marianne Fouchet (Sedarb Biobour- gogne) , Matthieu Calame (GAB Région IdF), Alain Delebecq (GABNOR), Thierry Mercier (CAB Pays- de-Loire), André Le Du (FRAB Bretagne), Marie Dourlent (GRAB d’Avignon). Collège des représentants des interprofessions : Fran- çois Lelagadec (BRIO). Grandes Cultures Bientôt des variétés de céréales AB inscrites au catalogue ? Depuis une petite dizaine d’années, les Eta- blissements Lemaire Deffontaines, sous l’im- pulsion de M. Jacques Lemaire, travaillent sur la sélection de blés en conditions de cul- ture biologiques. L’objectif est évidemment de choisir les plantes ayant des génotypes adap- tés aux exigences de ce mode de culture. Aujourd’hui plusieurs lignées sont fixées et prêtes à l’inscription. Néanmoins, la procédure d’inscription au catalogue, gérée par le CTPS , a été conçue pour des variétés destinées à l’agriculture conventionnelle recevant des niveaux d’in- trants importants, bien éloignés des condi- tions de culture biologiques. L’inscription d’une variété destinée à l’agri- culture biologique est jugée quasi-impossible actuellement, ne serait-ce qu’au niveau des essais dits de “valeur agronomique” : il est plus que probable que les lignées verseront, car “sur”-fertilisées, et que leur niveau de ren- dement sera insuffisant aux regard des exi- gences de la procédure. Face à ce constat, le CTPS a récemment pro- posé d’étudier les possibilités d’évolution des essais d’évaluation de variétés destinées à l’agriculture biologique ; un groupe de travail a été mis en place en début d’année sur cette problématique : si les essais de valeurs agrono- miques et technologiques (“VAT”) prévus dans la procédure officielle ne sont pas adaptés, quelles sont les pistes pour pouvoir les faire évoluer ? Compétitivité face aux adventices, faibles niveaux de nutrition azotée, conditions d’évaluation de l’aptitude à la panification sont notamment des critères à examiner. L’ITAB a été sollicité pour participer à ce grou- pe de travail, d’une part pour valoriser son expérience au niveau du réseau national de criblage variétal en céréales qu’il anime (cri- tères d’évaluation à faire évoluer, critères à créer, caractéristiques recherchées, …), et, d’autre part, pour faire le point sur les procé- dures d’inscription au catalogue de variétés adaptées à l’agriculture biologique dans d’autres pays européens. En effet, il serait dommage de ne pas profiter de l’expérience de nos voisins européens, afin de créer des syner- gies et d’éviter des doublons en profitant d’ex- périences et de recherches menées ailleurs. Le CTPS devrait se prononcer cet été sur les pro- positions qui émaneront du groupe de travail. A ce jour, le ministère chargé de l’agriculture s’oppose toujours à l’ouverture d’une liste spécifique biologique au niveau du catalogue français, mais une mention de type “AB” ne reste pas exclue ; l’ouverture donnée aujour- d’hui par le CTPS démontre ainsi une pro- gression timide vers l’inscription de variétés adaptées à l’agriculture biologique. Semences Réunion du Réseau de criblage variétal potagère La réunion annuelle du réseau de criblage varié- tal potagère, coordonné par l’ITAB et le Ctifl a eu lieu le 4 février 2005, la synthèse de tous les essais menés en 2004 est disponible à l’ITAB auprès de Monique Jonis ([email protected]) ou au Ctifl auprès de Jean Robert Roos ([email protected]). La synthèse 2004 ainsi que le compte-rendu de la réunion seront très prochai- nement mis en ligne sur le site de l’ITAB. Conférence-débat Une après-midi de conférences–débats a eu lieu le 19 mai 2004 à Loudéac (Côte d’Ar- mor) sur “l’évaluation de la compatibilité avec les fondements de l'Agriculture Biolo- gique de techniques de sélection basées sur les biotechnologies, cas de la technique de fusion des protoplastes pour la production de varié- té CMS”. Cette demi-journée s’inscrit dans la réflexion entamée par les agrobiologistes sur les techniques de sélection et de multiplica- tion, compatibles avec l’agriculture biolo- gique. Elle a été organisée par la CIRAB, en collaboration avec l’ITAB Contact : Gérald Cartaud (IBB) gerald.car- [email protected] ou Monique Jonis (ITAB) [email protected]. Journée technique FNAMS/ITAB La journée technique FNAMS/ITAB, aura lieu le mardi 28 Juin 2005 dans l’Aude. Elle sera, cette année, surtout axée sur la pro- duction de semences potagères, avec des visites chez des multiplicateurs de semences biologiques. Contact : François Collin à la FNAMS : fran- ç[email protected] Viticulture Le protocole 2005 des essais “alternatives et réductions des doses de cuivre”, ainsi que le compte-rendu de la réunion du groupe de travail “flavescence dorée” sont disponibles sur le site de l’ITAB et auprès de Monique Jonis. En collaboration avec d’autres structures comme IBB et le GRAB d’Avignon, l’ITAB se mobilise pour soutenir l’usage de la roténone en viticulture, arboriculture et maraîchage biologique. Fruits et Légumes Le programme de recherche déposé dans le cadre de l’appel d’offre conjoint ACTA/INRA portant sur “l’analyse multidimensionnelle et accompagnement de trajectoires de conver- sion en agriculture biologique”, a débuté. Les partenaires associés dans ce programme sont l’INRA d’Avignon, l’INRA d’Alénya, l’ITAB et le Ctifl. L’objet de ce programme qui asso- cie agronomie et sociologie est d’identifier des trajectoires de conversion, et les verrous tech- niques, structurels ou économiques, pour éla- borer des outils d’accompagnement de la conversion. Du côté de l’ITAB

Du côté de l’ITAB · au Ctifl auprès de Jean Robert Roos ([email protected]). ... ALTER AGRIfacilite la circulation des informations techniques ce qui implique ni jugement de valeur,

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Nouveau Conseild’Administration et

bureau à l’ITABL’assemblée générale de l’ITAB s’est tenue le14 avril dernier. Deux nouveaux administra-teurs ont été élus dans le collège CTR/CTSMarianne Fouchet du SEDARB Bourgogne etThierry Mercier de la CAB Pays de la Loire. Sont élus au nouveau bureau de l’ITAB : Le président : Matthieu Calame (GAB Ile de France),Vice-Présidente : Marie Dourlent (GRAB d’Avignon),Vice-Pésident : André Bergot (CGA de Lorraine ),Trésorier : Jacques Frings (FNAB),Secrétaire : Guy Kastler (Confédération paysanne),Autres membres du bureau : François Delmond (SABD),Richard Doughty (FNCIVAM), Rémy Fabre (JeunesAgriculteurs), Claude Monnier (APCA).Collège des Organisations Nationales de l’Agricultu-re Biologique : François Delmond, suppléante AnneGodin (SABD), Jacques Frings, suppléant BenoîtCanis (FNAB), Maurice Picco (Nature et Progrès).Collège des Organisations Représentatives Agricolesà vocation générale : Richard Doughty (FNCIVAM), Claude Monnier (APCA), Eugène Schaeffer (ACTA),Joachim Trolard (CNMCCA).Collège des Représentants des syndicats agricoles :Rémy Fabre, suppléant Christian Lenegre (JeunesAgriculteurs), Rolland Gachon (Coordination rurale),Etienne Gangneron (FNSEA), Guy Kastler (Confé-dération Paysanne).Collège des Centres Techniques Régionaux et desCentres Techniques Spécialisés : André Bergot (CGAde Lorraine), Marianne Fouchet (Sedarb Biobour-gogne) , Matthieu Calame (GAB Région IdF), AlainDelebecq (GABNOR), Thierry Mercier (CAB Pays-de-Loire), André Le Du (FRAB Bretagne), MarieDourlent (GRAB d’Avignon).Collège des représentants des interprofessions : Fran-çois Lelagadec (BRIO).

Grandes Cultures

Bientôt des variétés decéréales AB inscrites aucatalogue ?Depuis une petite dizaine d’années, les Eta-blissements Lemaire Deffontaines, sous l’im-pulsion de M. Jacques Lemaire, travaillentsur la sélection de blés en conditions de cul-ture biologiques. L’objectif est évidemment dechoisir les plantes ayant des génotypes adap-tés aux exigences de ce mode de culture.Aujourd’hui plusieurs lignées sont fixées etprêtes à l’inscription.Néanmoins, la procédure d’inscription aucatalogue, gérée par le CTPS , a été conçuepour des variétés destinées à l’agricultureconventionnelle recevant des niveaux d’in-trants importants, bien éloignés des condi-tions de culture biologiques.

L’inscription d’une variété destinée à l’agri-culture biologique est jugée quasi-impossibleactuellement, ne serait-ce qu’au niveau desessais dits de “valeur agronomique” : il estplus que probable que les lignées verseront,car “sur”-fertilisées, et que leur niveau de ren-dement sera insuffisant aux regard des exi-gences de la procédure.Face à ce constat, le CTPS a récemment pro-posé d’étudier les possibilités d’évolution desessais d’évaluation de variétés destinées àl’agriculture biologique ; un groupe de travaila été mis en place en début d’année sur cetteproblématique : si les essais de valeurs agrono-miques et technologiques (“VAT”) prévus dansla procédure officielle ne sont pas adaptés,quelles sont les pistes pour pouvoir les faireévoluer ? Compétitivité face aux adventices,faibles niveaux de nutrition azotée, conditionsd’évaluation de l’aptitude à la panification sontnotamment des critères à examiner.L’ITAB a été sollicité pour participer à ce grou-pe de travail, d’une part pour valoriser sonexpérience au niveau du réseau national decriblage variétal en céréales qu’il anime (cri-tères d’évaluation à faire évoluer, critères àcréer, caractéristiques recherchées, …), et,d’autre part, pour faire le point sur les procé-dures d’inscription au catalogue de variétésadaptées à l’agriculture biologique dansd’autres pays européens. En effet, il seraitdommage de ne pas profiter de l’expérience denos voisins européens, afin de créer des syner-gies et d’éviter des doublons en profitant d’ex-périences et de recherches menées ailleurs. LeCTPS devrait se prononcer cet été sur les pro-positions qui émaneront du groupe de travail.A ce jour, le ministère chargé de l’agricultures’oppose toujours à l’ouverture d’une listespécifique biologique au niveau du cataloguefrançais, mais une mention de type “AB” nereste pas exclue ; l’ouverture donnée aujour-d’hui par le CTPS démontre ainsi une pro-gression timide vers l’inscription de variétésadaptées à l’agriculture biologique.

Semences

Réunion du Réseau decriblage variétal potagèreLa réunion annuelle du réseau de criblage varié-tal potagère, coordonné par l’ITAB et le Ctifl a eulieu le 4 février 2005, la synthèse de tous les essaismenés en 2004 est disponible à l’ITAB auprès deMonique Jonis ([email protected]) ouau Ctifl auprès de Jean Robert Roos([email protected]). La synthèse 2004 ainsi que lecompte-rendu de la réunion seront très prochai-nement mis en ligne sur le site de l’ITAB.

Conférence-débatUne après-midi de conférences–débats a eulieu le 19 mai 2004 à Loudéac (Côte d’Ar-mor) sur “l’évaluation de la compatibilitéavec les fondements de l'Agriculture Biolo-gique de techniques de sélection basées sur lesbiotechnologies, cas de la technique de fusiondes protoplastes pour la production de varié-té CMS”. Cette demi-journée s’inscrit dans laréflexion entamée par les agrobiologistes surles techniques de sélection et de multiplica-tion, compatibles avec l’agriculture biolo-gique. Elle a été organisée par la CIRAB, encollaboration avec l’ITABContact : Gérald Cartaud (IBB) [email protected] ou MoniqueJonis (ITAB) [email protected].

Journée techniqueFNAMS/ITAB

La journée technique FNAMS/ITAB, auralieu le mardi 28 Juin 2005 dans l’Aude. Ellesera, cette année, surtout axée sur la pro-duction de semences potagères, avec desvisites chez des multiplicateurs de semencesbiologiques. Contact : François Collin à la FNAMS : fran-ç[email protected]

ViticultureLe protocole 2005 des essais “alternativeset réductions des doses de cuivre”, ainsi quele compte-rendu de la réunion du groupe detravail “flavescence dorée” sont disponiblessur le site de l’ITAB et auprès de MoniqueJonis. En collaboration avec d’autres structurescomme IBB et le GRAB d’Avignon, l’ITAB semobilise pour soutenir l’usage de la roténoneen viticulture, arboriculture et maraîchagebiologique.

Fruits et LégumesLe programme de recherche déposé dans lecadre de l’appel d’offre conjoint ACTA/INRAportant sur “l’analyse multidimensionnelle etaccompagnement de trajectoires de conver-sion en agriculture biologique”, a débuté. Lespartenaires associés dans ce programme sontl’INRA d’Avignon, l’INRA d’Alénya, l’ITABet le Ctifl. L’objet de ce programme qui asso-cie agronomie et sociologie est d’identifier destrajectoires de conversion, et les verrous tech-niques, structurels ou économiques, pour éla-borer des outils d’accompagnement de laconversion.

Du côté de l’ITAB

Bimestriel des Agricultures AlternativesBimestriel des Agricultures Alternatives

Alter Agrin° 71

Institut Technique de l’Agriculture BiologiqueMai/juin 2005 O Prix : 10 €

Dossier spécial “pain bio”Grandes cultures• De la parcelle au fournil,

faire du pain bio de qualité• Effets d’un précédent de couverts

de légumineuses pures

QualitéLa qualité des blés panifiables

MaraîchageLes paillages biodégradables

Arboriculture• Les actions conduites

par le Ctifl• Effets du sol et de sa

gestion sur la sensibilité du végétal aux attaques de pucerons

SemencesDésherbage du haricot porte-graines

CommissionSommaireRevue de l’Institut Technique del’Agriculture Biologique (ITAB)

Directeur de PublicationMatthieu Calame (Président ITAB)

Rédacteur en chefLaurence Fontaine

Chargées de rédactionKrotoum Konaté - Aude Coulombel

Comité de rédactionMatthieu Calame

Rémy FabreLaurence Fontaine

Jacques FringsGuy Kastler

François Le Lagadec

Comité de lecture• Élevage

Hervé Laplace (CFPPA42)Jean-Marie Morin (FORMABIO)

Jérôme Pavie (Institut de l’Elevage)•Fruits et légumes

Cyril Bertrand (GRAB)Jérôme Laville (Ctifl)

•Grandes CulturesBertrand Chareyron (CA Drôme)

Philippe Viaux (ARVALIS - Institut du Végétal)

•ViticultureDenis Caboulet (ITV)

Marc Chovelon (GRAB)•Agronomie/Systèmes

Blaise Leclerc (ITAB)Alain Mouchart (ACTA)

•QualitéBruno Taupier-Letage (ITAB)

Rédaction/AdministrationPromotion/CoordinationITAB - 149, rue de Bercy75595 PARIS CEDEX 12

Tél.: 0140045064 - Fax: 0140045066

Abonnements : Interconnexion Alter Agri

BP 78 - 31151 FENOUILLET [email protected]

Fax : 05 61 37 16 01

PublicitéAude Coulombel - ITAB

149, rue de Bercy75595 PARIS CEDEX 12

Tél. : 01 40045063 - Fax : 01 [email protected]

www.itab.asso.fr

Dessins de la revue : Philippe Leclerc

Réalisation : Flashmen - 05000 GAP

Tél : 04 92 52 47 49

Impression : Louis Jean - GAP

Dépôt légal : 199 - janvier 2005Commission paritaire : 1007G82816

ISSN : 1240-363

Imprimé sur papier 100 % recycléLes textes publiés dans ALTER AGRI sont sous la responsabilité de leurs auteurs.ALTER AGRI facilite la circulation des informations techniques ce qui implique ni jugement de valeur,ni promotion au bénéfice des signataires.

SommaireÉdito . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p 3

Grandes cultures . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p 4De la parcelle au fournil, faire du pain bio de qualitéRésumé des débats de la rencontre du 10 février 2005Par Stanislas Lubac et Laurence Fontaine, Commission Grandes Cultures de l’ITAB

Qualité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p 10La qualité des blés panifiables en agriculture biologiquePar Bruno Taupier-Létage (ITAB)

Grandes cultures . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p 16Effets d’un précédent de couverts de légumineuses puresPar Christel Denis Leguillon (Biobourgogne SEDARB)

Maraîchage. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p 21Les paillages biodégradables en maraîchage biologique : produits et normalistaionPar Catherine Mazollier (GRAB)

ArboricutureLes actions conduites par le Ctifl en arboriculture biologique . . . . . . . . . . . p 23Par Alain Garcin (Ctifl)Effets du sol et de sa gestion sur la sensibilité du végétal aux attaques de pucerons - Bilan de trois années d’essai . . . . . . . . . . . . . . . p 26Par Gilles Libourel (GRAB)

Semences . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p 28Désherbage du haricot porte-grainesTest de combinaison d’outils en agriculture biologiquePar Frédéric Rey (BIOCIVAM 11)

n°71 • mai/juin 2005 • Alter Agri 33

ÉditoÉdito

On connaît les dérives de la filière blé-pain conventionnelle : •une augmentation extraordinaire des rendements de blé en 50 ans (de 30 à 80 quintaux /ha) obtenue par la

sélection génétique et le recours intensif à la fertilisation azotée et à l’utilisation de pesticides ;•une production majoritaire de pain blanc avec des farines de type 55-65 ;• la dévalorisation nutritionnelle du pain et la baisse de sa consommation ;•une augmentation des maladies métaboliques due à la réduction des glucides complexes et à l’aug-

mentation des calories vides.A l’inverse de ces tendances, émerge une certaine prise de conscience de la filière sur la nécessité desélectionner le blé suivant des critères nutritionnels et pas seulement technologiques. On observeégalement une diversification de l’offre de pain et la prise de conscience nouvelle de la nécessitéd’améliorer sa valeur nutritionnelle.Et la filière bio ? Comment la classer dans ces évolutions ? Dispose-t-elle des meilleures variétésde blé possible ? Quelle est la qualité nutritionnelle des blés et des farines bio ? Les procédésde panification utilisés sont-ils les plus appropriés ? Est-on mieux nourris en mangeant dupain bio ? Nous avons déjà quelques réponses à ces questions, mais à l’évidence, de nouvellesrecherches doivent être menées pour maîtriser davantage la qualité des pains biologiques.Une réflexion est en cours concernant la définition de nouveaux critères pour l’inscriptionde variétés spécifiques à l’agriculture biologique. L’interprétation du taux de protéines pourprédire la valeur boulangère doit être revue pour l’agriculture biologique ou plus directe-ment reliée aux caractéristiques variétales. Finalement, (et cela peut paraître surprenant)la teneur en minéraux des blés bio est peu différente de celle des blés issus de l’agricultu-re conventionnelle. Par contre les farines bios issues de meules de pierre ont une plusgrande richesse en minéraux et en germes que les farines en provenance des moulins àcylindre. Il faut noter que la composition des farines blanches de type 55-65 obtenuespar ce type de mouture ne sera guère différente en fonction du type d’agriculture. Enmatière de farines, l’impact des procédés de mouture est essentiel, en particulier pourrécupérer le germe. Quant à la panification, celle au levain naturel est bien sûr préfé-rable, en particulier pour détruire et rendre totalement assimilables les minéraux.

Pour résumer, en terme nutritionnel, il est important que le pain soit confectionné aumoins avec des farines de type 80 et panifié de préférence au levain. Le bio s’inscritlargement dans cette logique et lorsqu’il s’en écarte, lorsque le pain est trop blanc outrop salé, cet aliment est bien dévalorisé, le bénéfice de la démarche bio devient réduit.Si l’on raisonne en terme de santé publique, c’est l’ensemble de l’offre de pain qu’ilconviendrait d’améliorer et il faut cesser d’affirmer que la consommation de pains bisne doit être réservée qu’à la filière bio. Par contre, la filière conventionnelle doit obliga-toirement stocker le grain en silo sans pesticide ou produire des pains bis avec un mélan-ge de farine blanche (de type conventionnel) et de farine intégrale (issue de l’agriculturebio), la seule condition étant de faire exactement ce que l’on affiche. Il est urgent de faire évo-luer vers une meilleure valeur nutritionnelle la qualité du pain et la filière bio doit demeurerexemplaire en la matière.

Christian Rémésy (INRA de Theix, Unité des Maladies Métaboliques et Micronutriments)

Blé et pain biologiquesdans une optique de santé publique

Grandes culturesGrandes cultures

De la parcelle au fournil,faire du pain bio de qualité

Résumé des débats de la rencontre du 10 février 2005

Par Stanislas Lubac et Laurence Fontaine (ITAB)

Dans un contexte où le marché des produits biologiques poursuit sa progressiondans la plupart des pays développés, et où les transactions de blé entre producteurs,

coopératives, meuniers et boulangers sont basées avant tout sur les teneurs enprotéines, la qualité est aujourd’hui au centre des débats. Mais qu’est-ce que la

qualité, ou plutôt les qualités d’un blé, d’une farine, d’un pain biologiques? Quelscritères sont les plus pertinents pour les apprécier ? Comment fixer le prix des

transactions des lots de blé ? Comment améliorer la qualité des blés panifiables?Autant de questions qui se doivent d’être clarifiées à tous les niveaux de la filière,

du producteur au consommateur.

4

L’ITAB et ses partenaires s’intéres-sent depuis plusieurs années à cesquestions, qui interpellent largementla recherche. Ainsi des premiersrésultats ont été obtenus grâce à unprogramme INRA-ARVALIS Insti-tut du végétal-ITAB, financé par leministère de la recherche, qui por-tait sur la maîtrise de la productionde blé et des procédés de moutureen agriculture biologique (voir article"La qualité des blés panifiables enagriculture biologique" p. 10).D’autres études sont venues ensuitela compléter1.Suite à ces premiers acquis, unambitieux programme de rechercheet d’expérimentation a été construiten réponse à l’appel à projet “AB”commun à l’INRA-CIAB, l’ACTA etl’ACTIA2. Portant sur l’évaluationdes qualités des blés et pains biolo-giques, ce programme a le mérite derassembler pour la première fois denombreux partenaires, représentant

l’ensemble de la filière, depuis leproducteur jusqu’au consommateur.En préambule au démarrage duprojet (programmé sur 2005 et2006), l’ITAB a organisé le 10février dernier une journée tech-nique sur le thème de la qualité desblés et farines biologiques, intitu-lée “De la parcelle au fournil, fairedu pain bio de qualité”. Elle a ras-semblé plus d’une centaine de per-sonnes. Les objectifs étaient variés,puisque plus qu’une journée d’in-formation, cette rencontre se vou-lait avant tout une journéed’échanges entre acteurs de la filiè-re, chacun ayant ses proprescontraintes. Outre un état deslieux des connaissances et desrésultats de recherche, une largeplace a été donnée aux débats entreproducteurs, techniciens, cher-cheurs, meuniers et boulangers.Cet article résume l’essentiel desdiscussions.

Quelques notions pourcomprendre le débatQuels sont les critères pour apprécierla qualité d’un pain ? Pâte aisémentfaçonnable pour le boulanger ;odeur et goût agréables, belle cou-leur, mie aérée, bonne digestibilitépour le consommateur… : la listepeut être longue. Le pain parfaitinclurait également d’autres caracté-ristiques telles qu’une bonne conser-vation, une valeur nutritionnelle éle-vée, une garantie sanitaire… Maisarrêtons là cet inventaire etconcluons simplement : les critèresde qualité sont multiples.Revenons brièvement sur certainsd’entre eux : les qualités technolo-giques d’une farine et nutritivesd’un pain.

4 Alter Agri • mai/juin 2005 • n° 71

1 Étude CREAB/ CTCPA, voir Alter Agrin°66 - Juillet/août 2004 ; programme derecherche du GAB Région Ile-de-Fran-ce/Chambre d’Agriculture de la Marne,voir actes cités plus loin dans cet article)

2 CIAB - Comité Interne AB de l’INRA ;ACTA - Association de Coordination deTechnique Agricole, ACTIA - Associationde Coordination Technique pour l’Indus-trie Agro-alimentaire

55

La qualitétechnologique d’unefarineIl s’agit de la capacité d’une farine àse travailler facilement et à bienlever. Elle permet notamment demécaniser le façonnage, d’où sonimportance dans les process indus-triels ; elle est aussi très importantedans la tâche quotidienne des arti-sans boulangers.Pour noter cette qualité technolo-gique, les critères utilisés sont le tauxde protéines, le rapport gliadines/glu-ténines (indicateur de la qualité desprotéines), l’indice de sédimentationZélény, la force boulangère (ou W), legluten index, l’indice de chute de

Hagberg, la ténacité, l’extensibilité,le test de panification (voir défini-tions dans l'encadré ci-contre)… Seule une partie de ces critères tech-nologiques (le taux de protéines, leW…) est le plus souvent utilisée par lafilière lors des transactions de lots deblé ou de farine, pour des raisons decoût et de facilité de mise en œuvre.Une réelle estimation de la qualitétechnologique, allant jusqu’au test depanification, ne peut être effectuée enroutine car trop coûteuse.

La qualité nutritive dupainLe pain étant un aliment énergétiquede base, potentiellement riche enmicronutriments essentiels à l’orga-nisme, sa valeur nutritive est un cri-tère à ne pas négliger, bien qu’ellesoit peu examinée par rapport auxcritères technologiques de visco-élas-ticité de la pâte.Les critères nutritifs que l’on peutprendre en considération sont :

n°71 • mai/juin 2005 • Alter Agri

Taux de protéines La mesure de la teneur en protéines est systématique en meunerie.Deux méthodes sont disponibles : la méthode chimique, dite Kjeldahl, très pré-cise (+ ou - 0,15 % environ) mais plus utilisée car longue à mettre en œuvre etplus coûteuse ; la méthode par réflectance infrarouge, rapide et économique peutêtre aussi fiable si la calibration de l'instrument est bonne, utilisée en routine.

Gliadines, Gluténines

Protéines insolubles dans l’eau, capables au cours du pétrissage d’absorberbeaucoup d’eau, de se souder pour former une matière plus ou moins molle etélastique : le gluten. La mesure consiste à effectuer un chromatogramme enphase liquide.

Gluten index

Mesure la variabilité du gluten humide et notamment la qualité des protéines.Hydraté, le gluten donne à la pâte son imperméabilité et ses propriétés rhéologiques.

Temps de chute “Hagberg”

Mesure indirecte de activité amylasique, indice d’évaluation de la consistanced’un gel d’amidon formé à partir de farine et d’eau, en mesurant en secondesle temps mis par un pénétromètre pour le traverser. Il permet de détecter la pré-sence de grains germés ou en voie de germination. Le temps de chute d’une fari-ne doit généralement être compris entre 220 et 280 pour avoir une intensité defermentation optimale.

Indice de sédimentation “Zélény”

Mesure l'aptitude des protéines de la farine à gonfler en milieu acide. Valeur duZélény pour une farine de boulangerie : autour de 30 ; farine biscuitière de 20à 30 ; farines de force : supérieur à 35.

Test de panification

Le test BIPEA correspond depuis février 2002 à la norme NF V03-716 ; ilreproduit en laboratoire le diagramme de fabrication des boulangers ; lescaractéristiques des pâtes sont notées à chaque étape de la fabrication. La notefinale est sur 300 (100 pour la pâte, 100 pour le pain et 100 pour la mie).

66

- les protéines (en terme de quantité,mais aussi de qualité),

- les fibres,- les éléments minéraux (magnésium,

zinc, fer…),- les vitamines (notamment B),- les antioxydants (polyphénols,

caroténoïdes, vitamine E…).On l’a vu, les critères d’appréciationd’un blé, d’une farine et d’un painsont multiples. Chacun d’entre euxest influencé par les différentesdémarches de production et de fabri-cation qui se succèdent :- l’origine du blé utilisé : variété,

pratiques agronomiques ;- le processus de fabrication de la fari-

ne : moulue sur meules ou surcylindres ; blanche, bise ou complète ;

- le processus de panification : levu-re ou levain, temps de pousse, ajoutou non d’additifs…

Dans le cadre spécifique de l’agricul-ture biologique, ces facteurs sontd’autant plus primordiaux à étudierque les blés utilisés diffèrent de ceuxdu conventionnel, et que les pains aulevain à base de farine de meules sontbeaucoup plus répandus.

Les spécificités des blésproduits en agriculturebiologiquePour des raisons agronomiques, lesblés biologiques sont quasiment tou-jours en sous-nutrition azotée. Lesfarines biologiques ont donc des tauxde protéines systématiquement plusbas que leurs homologues conven-tionnels. On pourrait en déduire desqualités boulangères moindres, c’estcependant loin d’être systématique,puisqu’un certain nombre de blésbiologiques à teneur en protéinesinférieure à 10,5%, possèdent desqualités boulangères tout à faitacceptables (compléments dans l'ar-ticle p.10).

La capacité à faire du bon pain à tauxprotéique faible dépend beaucoup dela variété de blé utilisée et/ou du pro-cessus de panification. Tout commeen conventionnel, la corrélation“taux de protéine/qualité technolo-gique boulangère” est donc loind’être stricte. Le problème est que lecomportement des variétés cultivéesen “bio” pour des teneurs en pro-téines basses est mal connu ; et iln’est pas question d’extrapoler desdonnées issues du conventionnel !D’autres critères interviennent, dontprobablement la qualité des protéines(appréciée notamment par le rapportgliadines/gluténines) : il est doncnécessaire de repenser la place dutaux protéique !

La place du processus demouture et du type defarineQu’une farine soit moulue surcylindres ou sur meules n’est pasanodin, sachant que le mode de mou-ture sur meules de pierre est souventvalorisé en agriculture biologique.De telles farines contiennent davan-tage de germes et de son : elles s’hy-dratent plus difficilement, mais pos-sèdent de meilleures valeurs nutri-tives et plus de fibres.Concernant le taux d’extraction, lesfarines de type 80, plus souvent ren-contrées en filière biologique,contiennent davantage de minérauxet de vitamines que les farines detype 55/65, utilisées pour faire dupain blanc. D’un point de vue nutri-tionnel ou épidémiologique, une fari-ne bise ou complète sera donc tou-jours supérieure à une farine blanche(précisions dans l'article suivant).En revanche, à technique égale, leprocessus de panification est plusdifficile à maîtriser avec une farinede type 80 et/ou avec une farinemoulue sur meules, notamment carles pâtes lèvent plus difficilement.

La spécificité du levain parrapport à la levureOutre une meilleure conservation,les pains au levain sont considéréscomme meilleurs pour la santé carils présentent une plus grande bio-disponibilité des éléments nutritifs.De plus, l’acidité due au levain est

reconnue pour favoriser l’assimila-tion des minéraux au cours de ladigestion (activation de phytasesvégétales et microbiennes, dexylases…). De ce fait, la panificationà base de levain est plus largementrépandue en “bio” qu’en conven-tionnel.

Un pain à base de levain et de fari-ne de type 80, moulue sur meules etsans additif, a des qualités nutri-tionnelles et gustative beaucoupplus intéressantes qu’un pain à lalevure à base de farine de type 55moulue sur cylindres. Ses qualitéstechnologiques restent en revanchemoins bonnes en panification,industrielle ou traditionnelle : il estnécessaire d’adapter le processus defabrication, a fortiori avec desfarines biologiques.

Résumé des débatsLes interventions programmées dansle cadre de la rencontre organisée parl’ITAB ont soulevé de nombreusesquestions qui ont ensuite servi debase au débat qui a clôturé la jour-née3. Deux de ces interventions ontrappelé des notions de base, sur lescritères technologiques d’évaluationdes blés (C. Bar, Arvalis - Institut duvégétal) et sur la qualité nutritionnel-le des pains (C. Rémésy, INRA) ; lamajorité se rapportait à des pro-grammes de recherche achevés ou encours, sur les conditions de produc-tion de blé et de mouture (P. Viaux,Arvalis), sur des comparaisons devariétés (F.X. Oury, INRA), sur l’ap-titude à la panification des blés biolo-giques et la pertinence des tests depanification (C. Aubert, Chambred’Agriculture 77/GAB Région Ile-de-France ; L. Prieur, CREAB), enfin, unpaysan-boulanger nous a fait profiterde son expérience.

Le débat qui a suivi a été l’occasionde souligner la richesse de la ren-contre en terme d’informations ; ila aussi mis en évidence que de nom-breux points suscitent des questionsnombreuses et surtout des avisdivergents :• Qu’est-ce que la qualité d’un pain

“bio” ? Que souhaite le consom-

Alter Agri • mai/juin 2005 • n° 71

3 Le projet sur les qualités des blés et painsbiologiques prévoit une enquête auprès deboulangers afin de se faire une meilleureidée des types de pain vendus actuelle-ment en agriculture biologique, ainsiqu’une étude sur les demandes desconsommateurs.

Vous pouvez commander à l'ITAB lesactes de la journée technique, qui

reprennent le détail des interventions,prix : 15€ port compris.

n°71 • mai/juin 2005 • Alter Agri 7

mateur ? D’autant que les critèresde couleur, conservation, arôme,ou valeur nutritionnelle ont étéassez peu abordés par rapport auxcaractéristiques technologiques.

• Quels leviers techniques a-t-onpour améliorer la qualité ? (res-sources génétiques, techniques cul-turales).

• Quelle souplesse peut-on attendrede la part de meuniers industrielsquant à la qualité des lots de blébiologiques ?

• Faut-il aller vers une segmentationde la filière pain bio pour mieuxvaloriser le blé biologique ?

• Quels sont les freins pour dévelop-per le marché ? Le choix d’un pro-duit sur des critères nutritionnelspeut-il être un frein au marché(coût de production et de transfor-mation) ?

Certains points ont été plus particu-lièrement développés lors du débat ;ils sont évoqués ci-dessous.

De bonnes pratiquesagronomiques pour desblés de qualitéUn agriculteur biologique lance ledébat en faisant remarquer “qu’unevariété ne fait pas toujours le mêmetaux de protéines, que l’influence desconditions pédo-climatiques et despratiques culturales est très forte”. Unagronome rappelle alors l’importancede la rotation, des légumineuses : desrègles de base qui influencent très for-tement la qualité. Il se refuse enrevanche à faire la “course à l’azote”pour passer au-dessus de la barre de11% de protéines.Philippe Viaux évoque les avantagesdes systèmes biologiques mixtes : àl’opposé, il est évident que des sys-tèmes sans animaux, voire sans légu-mineuses, aient beaucoup plus de dif-ficultés à obtenir des taux de pro-téines corrects. Cependant, mêmedans le cas d’un système bien équili-bré, les teneurs en protéines des blésbiologiques restent inférieures àcelles des blés conventionnels.A ceci s’ajoute que la minéralisationdes engrais organiques est beaucoupplus difficile à maîtriser que celle desengrais minéraux. Claude Aubertprécise que les apports d’azote rapi-dement minéralisables (fientes depoules, farines de plumes…), mêmes’ils apportent un plus en terme deprotéines, sont assez rarement renta-bilisés dans les conditions pédo-cli-matiques de l’Ile-de-France.Un autre levier agronomique est cité :l’association céréale/légumineuse,connue pour limiter le déficit azoté descultures de blé biologique. Les pro-blèmes rencontrés sont malheureuse-ment nombreux : tri compliqué etcoûteux, risque d’allergie dû à la pré-sence de trace de la légumineuse dansla farine, difficulté à insérer cette cul-ture dans la rotation. Cette solution

est donc majoritairement rejetée, àmoins d’associer au blé une légumi-neuse non récoltée, comme du trèfleou de la luzerne.

Sortir du diktat de laprotéineLes réflexions autour de la pertinen-ce de l’utilisation quasi-exclusive ducritère “taux de protéines” lors destransactions de lots de blé ont éténombreuses. Une personne a deman-dé : “Les meuniers sont-ils prêts àne plus s’en tenir strictement au tauxde protéines et à prendre en considé-ration d’autres critères tels que lecouple variété-protéines ?”.Jean-Louis Dupuy, président de lacommission “bio” de l’ANMF5,répond qu’il existe peu de variétésentièrement satisfaisantes en bio,Renan étant pour lui une desmeilleures. Selon lui, il est nécessairede rechercher des nouvelles variétésadaptées à la bio.D’autre part, il explique que labarre fixée à 10,5-11% de protéinescorrespond à l’attente de leursclients industriels. Les exigences deces derniers, toujours croissantes,sont notamment liées à la fabrica-tion de pains précuits ou surgelés etau pétrissage intensif des pâtes quiimposent des taux protéiques élevés.Pourtant, des lots de blé dont lestests de panification donnent debons résultats, même à taux de pro-téines faible (<10%), devraient entoute logique être acceptés par lesindustriels. Il estime que des lots defarines à teneurs en protéines plusou moins élevées peuvent être pro-posés en fonction de la clientèle,suivant son caractère plus ou moinsartisanal ou industriel.Concernant la prise en compte de laqualité nutritionnelle et organoleptique,la meunerie s’y intéressera probable-ment, mais dans un deuxième temps.Philippe Roussel, de l’ENSMIC6,estime qu’un taux minimum de pro-téines est nécessaire, mais qu’il necorrespond pas systématiquement àune qualité de panification : il

5 Association Nationale de la MeunerieFrançaise

6 Ecole Nationale Supérieure de Meunerieet des Industries Céréalières

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Pétrissage lors d'un test de panification

Scarification de la pâte

8 Alter Agri • mai/juin 2005 • n° 71

répond avant tout aux exigences dela mécanisation qui sollicite davan-tage les pâtes ; en effet, il estpresque toujours possible de fairedu bon pain, même à faible taux deprotéines, en adaptant la panifica-tion (temps de pointage plus long,pétrissage plus lent…). D’après lui,les attentes technologiques ne doi-vent pas s’opposer aux qualitésnutritives, gustatives et de conserva-tion : les attentes du consomma-teur, prioritaires, doivent impérati-vement être prises en compte.

Quels tests depanification pour quelstypes de pain ?Pour noter la valeur boulangèred’un lot de blé, différents tests depanification sont aujourd’huireconnus.Un protocole précis décrit les carac-téristiques de mouture et les diffé-rentes phases de la panification(temps de pousse, utilisation delevain ou de levure, façonnage…).Une notation est alors effectuée surdes critères d’aspect de la pâte, de lacroûte et de la mie7. Seul le test“BIPEA” est normé et officiellementreconnu par l’AFNOR. Le CNER-NA, moins éloigné des pratiques bio-logiques (pas d’ajout d’acide ascor-bique, temps de pousse pluslongs…), peut être réalisé par leslaboratoires agrémentés, mais est enperte de vitesse depuis la normalisa-

tion du BIPEA. Un “test de traditionfrançaise” est à l’étude, le BIPEAétant jugé plus adapté aux painsblancs industriels qu’aux pains dits“de tradition française” qui se déve-loppent actuellement en boulangerie.

Des tests de panification“classiques” adaptés auxdemandes des industrielsLa majorité des participants à la jour-née technique estime que les tests depanification effectués en routine parles laboratoires agréés (BIPEA,CNERNA), mais également utiliséspar les organismes stockeurs ou desmeuniers, sont essentiellement adap-tés aux besoins et aux techniques depanification des boulangeries indus-trielles. Leurs protocoles précis etreproductibles en font des outils decomparaison de lots de blé.La standardisation de la qualité de lafarine, caractérisée par une demandede teneur en protéines conséquente,semble aujourd’hui essentiellementutile aux industriels du pain : c’estla farine qui doit s’adapter auxconditions de mécanisation et auxprotocoles de panification en bou-langerie industrielle. A l’inverse, unbon artisan-boulanger s’adapte à lafarine. Quels tests de panificationdoivent alors utiliser les collecteurs,stockeurs et meuniers pour gérerleurs transactions et approvisionnerces boulangers ?Philippe Roussel explique qu’un test

de panification est pertinent dès lorsqu’il correspond aux attentes desboulangers, en particulier en termede qualités technologiques. Unebonne pâte doit bien s’hydrater, s’al-longer, se rétracter, ne pas coller…

Quels tests pour desutilisations plus spécifiquesà la filière “bio” ?Dans le cas des pains biologiquesfabriqués à base de levain, de farinebise moulue sur meules et sans addi-tif, on observe effectivement un déca-lage avec les tests effectués à la levu-re, sur farine blanche de type 55moulue sur cylindres. La question dela pertinence de ces tests se pose.Il est vrai qu’il est plus facile de stan-dardiser et de réaliser un test avec detelles matières premières ; l’utilisationde levure est en particulier justifiée parla stabilité de sa composition alorsqu’un levain type, reproductible, estplus difficile à obtenir. Au niveau de lamouture, les caractéristiques d’unefarine moulue sur meules de pierre nesont pas reproductibles et interdisentla standardisation d’un test, particu-lièrement à partir de petits volumes(moulins expérimentaux).Au sein de la filière pains biologiques,les tests de panification peuvent êtreutiles à différentes catégories :- les artisans et industriels boulan-

gers qui utilisent de la levure, de lafarine de type 55 ou 65 moulue surcylindres,

9n°71 • mai/juin 2005 • Alter Agri

- les industriels qui utilisent du levainet de la farine de type 80 mouluesur meules,

- les artisans qui utilisent ces mêmesproduits, mais avec plus de souples-se pour adapter les procédés,

- les organismes de développement ouautres structures qui souhaitent clas-ser des blés dès la récolte pourapprécier leur aptitude à la panifica-tion (par exemple : comparaison devariétés par des organismes derecherche, évaluation par une coopé-rative d’un lot de blé pour éviter sondéclassement en fourrager…).

Pour chacune de ces catégories, onpeut légitimement se poser la questionde la pertinence des tests déjà exis-tants, et/ou de nouveaux tests plus enadéquation avec l’utilisation desfarines biologiques (cf travaux enMidi-Pyrénées et en Ile-de-France,dans les actes de la journée).Pour aider à nourrir la réflexion surce thème, il serait peut être intéres-sant de comparer les différentesméthodes sur un large panel d’échan-tillons de blé. Des recherches sont encours sur cette thématique mais res-tent à approfondir.

Quelles ressourcesgénétiques pour les painsbiologiques ?Les variétés récentes, sélectionnéesavant tout pour l’agriculture conven-tionnelle, répondent peu aux exigencesde l’agriculture biologique ; seulescelles d’entre elles qui répondent lemieux aux spécificités de culture del’agriculture biologique sont reprises.L’utilisation d’autres ressources géné-tiques est indispensable pour dévelop-per une filière de blés biologiques dequalité. Deux possibilités offrent desperspectives intéressantes qu’ilconviendrait de mieux étudier : d’unepart, la sélection pour l’agriculturebiologique et d’autre part, l’utilisationde populations de blés plus ou moinsanciennes ou à créer.

Quelles pistes pour lasélection ?Michel Rousset, de l’INRA, explique

que la plupart des variétés modernesont perdu un certain nombre decaractéristiques au cours des proces-sus de sélection comme la densiténutritionnelle, les minéraux, les pig-ments, la capacité à mycorhizer… etcela à cause d’une concentration surle critère principal de sélection : lerendement. Les conséquences sont :1) les autres critères ont été transmis

de manière aléatoire, ce qui nesignifie pas systématiquementqu’ils aient été perdus ;

2) le rendement étant en généralnégativement corrélé au taux deprotéines et de micronutriments, ilexiste un phénomène de dilutiondans le grain.

Pour réorienter la sélection vers uneplus haute valeur nutritionnelle, ilfaut dans un premier temps, évaluerles déficits des variétés modernes,puis réintégrer ces critères à partirdes ressources génétiques dispo-nibles. Si certains critères semblentaisément réintégrables (ex : caroté-noïdes), d’autres le sont plus diffici-lement (ex : minéraux).Jean-François Berthelot rappelle encomplément que l’évolution des pra-tiques de sélection doit aller de paireavec celle des pratiques agrono-miques.

Des variétés “bio” bientôtinscrites au catalogue ?Les Etablissements Lemaire Deffon-taines, basés dans le Nord, sélection-nent depuis plusieurs années des bléspanifiables en conditions de culturebiologiques, afin de choisir lesplantes aux génotypes adaptés auxexigences de ce mode de culture.Aujourd’hui plusieurs lignées sontfixées et prêtes à l’inscription.Néanmoins, la procédure d’inscriptionau catalogue, gérée par le CTPS8, a étéconçue pour des variétés destinées àl’agriculture conventionnelle recevantdes niveaux d’intrants importants,bien éloignés des conditions de culturebiologiques. C’est pourquoi il estnécessaire de travailler sur les possibi-lités d’évolution des essais officielsd’évaluation de variétés destinées àl’agriculture biologique.Faisant suite aux demandes de M.Lemaire, le CTPS a validé fin 2004 la

mise en place d’un groupe de travailsur la problématique de l’inscriptionau catalogue de variétés de blé tendreadaptées à l’agriculture biologique :si les essais de valeurs agronomiqueset technologiques (VAT) prévus dansla procédure officielle ne sont pasadaptés, quelles sont les pistes pourpouvoir les faire évoluer ? Compéti-tivité face aux adventices, faiblesniveaux de nutrition azotée, condi-tions d’évaluation de l’aptitude à lapanification sont notamment des cri-tères à examiner.A ce jour, le ministère chargé del’agriculture s’oppose toujours àl’ouverture d’une liste spécifique bio-logique au niveau du catalogue fran-çais, mais une mention de type “AB”ne reste pas exclue ; l’ouverture don-née aujourd’hui par le CTPSdémontre une progression vers l’ins-cription de variétés adaptées à l’agri-culture biologique.

La place des populationsde blé dites “anciennes”Un participant s’interroge : lespopulations de blé anciennes sont-elles plus difficiles à cultiver ? Est-ilplus compliqué de faire du pain avecelles ?Selon J-F Berthelot, les farines depopulations anciennes de blé sonteffectivement un peu plus difficiles àpétrir et lèvent plus difficilement :elles nécessitent une adaptation duprocessus de panification au cas parcas. Leur culture est également unpeu plus délicate, car le fait que cesoit des populations implique queleurs caractères ne sont pas parfaite-ment fixés, elles présentent doncune certaine hétérogénéité. Enrevanche, ces populations sont rela-tivement rustiques : elles sont peuexigeantes en terme de fertilisationet moins sensibles aux maladies. Lepain qui en est issu possède des qua-lités gustatives très intéressantes, debelles colorations et bien souventdes qualités nutritives (ex : caroté-noïdes) recherchées par les paysans-boulangers. Des efforts de sélectionrepartant de telles variétés pour-raient permettre de mieux les fixer,de (re)trouver certaines qualités etd’augmenter certaines de leurs per-formances. n

7 Voir références sur http://ensmic.scola.ac-paris.fr/900.htm

8 Plus d’information sur www.geves.fr/CTPSCPOV/CTPS/sommaire4.htm

1010 Alter Agri • mai/juin 2005 • n° 71

Pour se développer, la filière blé biolo-gique devrait, a priori, se concentrersur trois axes principaux :• l’amélioration de la teneur en pro-

téines des blés, qui joue prioritaire-ment sur les qualités technologiquesde la farine et par conséquent sur lapanification ;

• l’amélioration de la qualité nutrition-nelle des blés, donc de leur composi-tion en minéraux et micronutriments ;

• l’adaptation des techniques de moutureet de panification pour une conserva-tion maximale des minéraux et micro-nutriments contenus dans les blés.

Programme enadéquation avec lesattentes de la filièreLe programme AQS avait pour objectifde s’accorder en partie avec ces troisthèmes puisqu’il a permis :

•d’améliorer les connaissances sur lavariabilité de la teneur en protéines,minéraux et micronutriments liée auxvariétés de blé et à la fertilisation enagriculture biologique ;

•de préciser l’effet de la technologie surla qualité des farines obtenues etd’adapter les techniques de moutureet de panification pour une conserva-tion maximale des minéraux et micro-nutriments contenus dans les blés.

Ainsi, ces travaux de recherchesdevraient contribuer à aider la filièrebiologique à choisir les itinéraires tech-niques (choix des variétés de blé,conduite de la fertilisation, techniquede mouture) qui permettront de fabri-quer des farines de haute densité nutri-tionnelle, et d’obtenir des pains aptes àsatisfaire le consommateur de produitsbiologiques. Le programme concerne surtout lesfilières longues de panification. Lesfilières courtes peuvent plus facilements’adapter pour compenser des qualitésde farines plus variables. Mais les résul-tats obtenus restent intéressants pourl’ensemble de la filière, et ce, de la pro-duction à la boulangerie.

Variétés Apache,Caphorn et RenanCinq variétés (Apache, Renan,Caphorn, Camp Rémy et Soissons)avaient été mises en place dans chaqueessai, mais seules trois ont été retenuespour les études ultérieures : Apache,Renan et Caphorn.Pendant deux campagnes, des échan-tillons très bien caractérisés de ces troisvariétés de blés biologiques et conven-tionnels issus d’essais en binômes, ont étéétudiés d’un point de vue technologiqueet nutritionnel. (cf. fiche signalétique)

Fiche signalétique• Les partenaires : INRA : J. Abécassis, M. Chaurand, A.Fardet, F. Leenhardt, G., Maraval, C.,RémésyITAB : L. Fontaine, B. Taupier-LétageARVALIS Institut du végétal : P.Viaux, C.Bar L’Helgouac’h, C. Fischer, J. Bonne-foy, M. Mangin

•Trois sites d’essais binômes : AB/Conventionnel

Loir et Cher (41) : Ouzouer le Marché(Conv.) - St Léonard en Beauce (Bio.)Indre et Loire (37) : Le Louroux (Conv.)- Betz le Château (Bio.)Drôme (26) : Etoile (Conv.) - Montmeyran(Bio.)Année 1 - Essai variétés : Apache,Caphorn, Renan, Soissons, Camp-Rémy.Année 2 - deux niveaux d’azote surdeux sites biologiques pour avoir desteneurs en protéines différentes pour unemême variété.Analyses des échantillons sur trois variétés.INRA UTCA : réalisation de mouturessur meules et sur cylindres et caractérisa-tion des farines.ARVALIS Institut du végétal : teneur enprotéines, en cendres, essai à l’alvéographe1de Chopin et test de panification tradition-nelle sur levure (Méthode CNERNA)INRA U3M : analyses minéraux (Mg,Zn, Fe).

QualitéQualité

“Maîtrise de la production de blé en agriculture biologique et des procédés de mouture adaptés àla fabrication de farine de haute densité nutritionnelle” est le titre d’un travail de recherche

conduit dans le cadre d’un programme AQS (Aliment Qualité Sécurité). L’objectif de cesrecherches, menées de 2002 à 2004 et financées par le Ministère de l’Enseignement Supérieur et dela Recherche, est de favoriser le développement de farines plus adaptées au pain biologique. Danscette optique, les qualités technologiques et nutritionnelles de trois variétés de blés biologiques et

conventionnels ont été étudiées et voici les principaux résultats.

La qualité des blés panifiables enagriculture biologique

Par Bruno Taupier-Létage (ITAB)

n°71 • mai/juin 2005 • Alter Agri 11

Rendements très variablesSi le programme privilégie l’aspect qua-litatif du blé plus que les rendementsobtenus lors des essais, on peut souli-gner que ces rendements sont tout demême très variables selon le contextepédoclimatique (année 2003 très sèche),et les itinéraires techniques pratiqués(fertilisation apportée, irrigation ounon, maîtrise des adventices…). Ilsvarient de 30 à 83 qx/ha en agriculturebiologique et de 57 à 109 qx/ha enconventionnel, selon les variétés et lessites d’essais. Certains sites ont despotentiels plus élevés ou des conduitestechniques plus intensives.

La teneur en protéinesn’est pas le seul critèrede qualité d'un blé !

Des taux de protéines plusfaibles en bio…Le plus souvent, pour acheter les blés,les opérateurs se basent essentiellementsur le taux de protéines d’un échantillon,indépendamment de la variété qu’ils neconnaissent d’ailleurs que rarement.C’est vrai, la teneur en protéines est uncritère déterminant pour la qualité bou-langère d’une farine. Il existe un seuilminimum pour pouvoir prétendre àune certaine qualité. Même en produc-tion biologique, les meuniers imposentd’atteindre au minimum 10%, voire10,5% de protéines. En 2002, les deuxtiers des échantillons biologiques n’au-raient pas intéressé les meuniers !Dans les essais réalisés, les blés biolo-giques présentent des teneurs en pro-téines significativement plus faiblesqu’en conventionnel sur les deux cam-pagnes 2002 et 2003, même si les tauxde 2003 sont en général supérieurs àceux de 2002. Cette plus faible teneuren protéines est une caractéristique

assez générale des blés produits enagriculture biologique, souvent culti-vés avec de faibles quantités d’intrantsazotés. Dans les essais, toutes les par-celles conduites en bio sont carencéesen azote au moment de la floraison(mesure de l’indice de nutrition azo-tée), ce qui laisse prévoir de faiblesteneurs en protéines.

…mais rattrapés par par leurqualité

Ces faibles teneurs en protéines tradui-sent, par l’alvéographe (voir encadré etphoto), des forces boulangères (w) plusfaibles en bio qu’en conventionnel.Pourtant, pour certaines variétés àfaibles taux de protéines, la valeur bou-langère peut être aussi bonne qu’avecdes teneurs en protéines plus élevées! Etdans ce cas, il n’y a pas de différenceentre les pains issus de farines biolo-giques ou conventionnelles concernantla note totale. Ceci montre que, seuls, lesdeux critères force boulangère et taux deprotéines ne sont pas suffisamment per-tinents pour décrire correctement l’apti-tude à la panification d’un blé. Le prin-cipal critère d’achat des blés, notam-ment en agriculture biologique, est alorspartiellement remis en question.En fait, la qualité des protéines auraitune influence importante et notammentla proportion de gliadines (voirarticle "De la parcelle aufournil, faire du painbio de qualité" p.4)par rapport auxg l u t é n i n e s( r appor t

gliadines/gluténines). A taux de protéinesfaibles (entre 8 et 10), ce rapport, qui estaussi lié au taux de protéines totales,serait assez bien relié à la note totale depanification (valeur boulangère).

Alvéographe Chopin : analyse essen-tielle en matière de qualité technolo-gique de la farine. Elle consiste à mesu-rer les capacités de résistance et d’ex-tensibilité d’une pât e formée avec de lafarine et de l’eau salée (25 g/l). Le prin-cipe de la mesure consiste à former unebulle en insufflant de l’air sous une finelamelle de pâte, jusqu’à sa rupture.L’alvéogramme représente le tracé de lapression d’air retenue par la bulle enfonction du temps (voir photo).

W - force boulangère : Paramètredéduit de l’alvéogramme. Il représentele travail de déformation de la pâte jus-qu’à la rupture et indique la force de lafarine. Les catégories de farine sontclassées selon leur W : farines biscui-tières 100 à 150 ; farines boulangèresartisanales 150 - 220 farines boulan-gères industrielles 220-280 ; farine deforce au dessus de 280.

La prise en compte de la variabilitégénétique des blés concernant ces cri-tères semblerait donc indispensablepour améliorer la fiabilité des opéra-tions commerciales…

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Alvéographe Chopin

Quelles variétés pour unebonne qualité boulangère ?Pour obtenir une bonne qualité boulan-gère, le facteur variété doit être pris encompte au même titre que la teneur etla qualité des protéines. Ce facteur est prépondérant comme lemontre le tableau 1. Le rapport gliadines/gluténines permetd’expliquer, pour chaque variété étu-diée, le comportement en panification.- Apache, à faible teneur en protéines, a

un rapport gliadines/gluténines tropfaible pour garantir une bonne qualitéboulangère en production biologique.

- Renan a un rapport gliadines/gluté-nines trop élevé à partir de 12% deprotéines, ce qui pénalise sa qualitéboulangère. En dessous de 11% deprotéines, sa qualité boulangère estmeilleure.

- Caphorn a un rapport gliadines/gluté-nines plus équilibré, et celui-ci variepeu en fonction de la teneur en pro-téines. Ce qui explique sa très bonnequalité boulangère quelle que soit sateneur en protéines.

Caphorn a la meilleure aptitude à lapanification parmi les trois variétés tes-tées, quelle que soit sa teneur en pro-téines. Elle semble bien adaptée aumode de production biologique

Meules ou cylindres,quelle influence sur laqualité boulangère ?Les blés utilisés en panificationconventionnelle possèdent des teneursen protéines moyennes à élevées. Lesfarines extraites sont obtenues grâce àdes moulins à cylindres et sont généra-lement de type 55.En agriculture biologique, les farinessont généralement de type 80 ou par-

fois même plus complètes et sont obte-nues avec des moulins à meules. Lesblés biologiques ont souvent desteneurs en protéines plus faibles qu’enconventionnel, ce qui peut parfoisposer des problèmes de panification(d’ailleurs souvent réalisée avec dulevain en bio).

Le rendement en farine est très significa-tivement supérieur avec les moutures surmeules (84%) par rapport à celles surcylindres (81,7%). La teneur en matièresminérales des farines de meules (0,96%,type 110) est aussi plus élevée que celledes farine de cylindres (0,76%, type 65).Pourtant, ces écarts de rendement enfarines ne suffisent pas à expliquer detelles différences des taux de cendres. Les types de fractionnement sont trèsdifférents entre les deux types de mou-ture, ce qui entraîne des compositionsbiochimiques des farines inhabituelles,comparées à des farines à plus faiblestaux d’extraction, habituellement pro-duites sur cylindres. La mouture surmeules produirait des farines plusriches en amidon endommagé et enfibres qu’une mouture sur cylindres,avec une plus forte incorporation dugerme dans les farines. De plus, elleentraînerait des protéines de qualitédifférente (rapport gliadines/gluténineslégèrement plus élevé que pour lesfarines sur cylindres).

La mouture sur meules entraîne unebaisse systématique de la valeur bou-langère. En effet, les meules favorisentla présence plus importante de fibresinsolubles issues des enveloppes dugrain, ce qui empêche la texturation dela pâte au pétrissage et le développe-ment des pains à la cuisson. Mais globalement, la classification ducomportement des variétés ou du modede production n’est pas influencée parle type de mouture. Précisons toutefois que la valeur bou-langère est étudiée à partir d’un teststandardisé (ici le test CNERNA), quine reflète pas vraiment la réalité de lapanification biologique au levain et à lafarine de meules. Les quelques panifica-tions réalisées avec du levain montrentque le classement des farines est lemême qu’en panification sur levure. Des moutures sur meules à rendementsplus faibles que la mouture sur meulesstandard ont aussi été réalisées avecpour conséquence sur la farine une amé-lioration très nette de la valeur boulan-gère, même si la teneur en protéines estfaible. Ce procédé permet de rendrepanifiable des variétés qui ne l’étaientque difficilement (Apache et Caphorn).La teneur en fibres serait alors un critè-re très important pour la panification.Sur le site de Betz (en culture biolo-gique), un apport d’azote a permis ungain de la teneur en protéines chezApache et Caphorn qui améliorent ainsileur aptitude à la panification. Parcontre, l’aptitude à la panification de lavariété Renan, qui avait déjà un taux deprotéines satisfaisant, n’est pas modifiée.

Le mélange de variétésidéal ?Un mélange réalisé à partie égale avecces trois variétés (les échantillons biolo-giques choisis ont la plus faible teneuren protéines du lot) a donné une très

1212 Alter Agri • mai/juin 2005 • n° 71

Tableau 1 - Teneur en protéines des farines et comportement en panification

APACHE CAPHORN RENANProtéines 6,1 10,6 8,1 11,5 8,5 13,0W (Force boulangère) 58 111 137 225 142 186Note Totale (Valeur boulangère) 158 166 212 202 203 161

Taux de protéines dans le grain : Apache < Caphorn < RenanForce boulangère : Apache <<< Renan et CaphornValeur boulangère : Apache et Renan <<< CaphornRenan a un taux de protéines dans le grain supérieur à Caphorn lui-même supérieur àApache. Alors que Renan et Caphorn ont une force boulangère W très significativementsupérieure à Apache, Caphorn a une valeur boulangère très significativement supérieure àRenan (qui a pourtant un taux de protéines supérieur à Caphorn) et Apache.

Tableau 2 - Complémentarité en panification des farines obtenues sur cylindres

CONVENTIONNEL BIONote Totale APACHE 166 158Note Totale CAPHORN 202 212Note Totale RENAN 161 203Note Totale du mélange au 1/3 206 207Protéines APACHE 10,6 6,1Protéines CAPHORN 11,5 8,1Protéines RENAN 13 8,5Protéines du mélange au 1/3 11,7 7,6

bonne aptitude à la panification, équivalente à un mélan-ge plus riche en protéines. Cela montre la bonne complé-mentarité des variétés étudiées dans le programme(tableau 2).

La qualité nutritionnelle estmeilleure en bioLes céréales fournissent une part importante des besoinsénergétiques et protéiques de la population. Elles demeu-rent un aliment indispensable à l’équilibre alimentaire etleur consommation est largement recommandée pouraméliorer l’effet prévention de la santé par l’alimentation.Le volet nutritionnel du programme est basé sur l’étudedes minéraux (notamment le magnésium), localisés dansles parties périphériques du grain, qui sont des indicateursintéressants de la qualité nutritionnelle des farines et deleurs issues. Deux effets cumulés : le mode de culture et le type demouture donnent à la farine bio une meilleure qualiténutritionnelle.

Influence du mode de cultureL’effet du mode de culture est bien réel. En 2003, il y aplus de magnésium et de zinc dans les blés biologiques quedans les blés conventionnels, mais moins de Fer.

Tableau 3 - Teneur en minéraux : moyenne de 5 variétés (grain entier)

Moyennes Mg Fe Zn(mg/kg grain entier)

Culture en 1180 46 29conventionnelCulture AB 1338* 34* 32*

Influence du type de moutureMais le mode de fractionnement (par cylindres ou meules)reste le facteur le plus influent : la mouture sur meules conser-ve de façon significative beaucoup plus le magnésium et le zincque la mouture sur cylindres (+30%).

Combinaisons des types de culture et demoutureSi les pratiques habituelles des filières biologiques (moutu-re sur meules + blé bio) et conventionnelles (mouture surcylindres + blé conventionnel) sont respectées, les diffé-rences entre les farines biologiques et conventionnellesdeviennent très significatives.

La figure 1 indique que le taux de magnésium de la farinebio (AB Meule) est de 50% plus élevé que celui de la fari-ne conventionnelle (Conv Cylindre).

13n°71 • mai/juin 2005 • Alter Agri

0

100

200

300

400

500

600

700

Conv Meules Conv Cylindres AB Meules AB Cylindres

Figure 1- Teneur en magnésium suivant le type de farine

1414 Alter Agri • mai/juin 2005 • n° 71

Cette constatation est aussi vraie pour lezinc, la farine bio en contient 46% deplus que la farine conventionnelle.

En panification biologique, les partiesF2 et F3 (farines issues du passagesous les meules des résidus respectifsde la première et deuxième mouture)sont souvent ajoutées à la farine demeule initiale pour obtenir une farinebise. Dans ce cas, ce sont entre 45%et 54% des minéraux du grain quisont récupérés. Ce “plus” peut aussiêtre obtenu en conventionnel.

Adapter la sélectionvariétale?Des différences significatives existententre variétés. Les farines de meulesou de cylindres issues d’Apache culti-vée en agriculture biologique ont desteneurs plus faibles en magnésium quecelles issues de Renan et de Caphorn. Une réflexion sur la composition miné-rale des variétés de blé serait nécessairedans une optique d’amélioration de laqualité nutritionnelle des farines.

GlobalementCe programme de recherche a permisde montrer que :• l’aptitude à la panification des

variétés de blés cultivées en agricul-ture biologique est très variable,notamment en raison de la compo-sition qualitative des protéines.

• Malgré de faibles teneurs en pro-téines, il est possible d’obtenir despains de qualité satisfaisante aveccertaines variétés de blés biologiques.

• Comparée à une mouture surcylindres, il semblerait que la moutu-re sur meules, à rendement d’extrac-tion équivalent, produise des farinesplus riches en amidon endommagé eten fibres (intérêt nutritionnel).

Quelques points restent néanmoins àexplorer, notamment l’intérêt d’uneétude approfondie sur le rapport glia-dines/gluténines, indicateur de la qua-lité des protéines, l’hydratation desfarines à fort taux d’extraction, enlien avec leur richesse en fibres et enamidon endommagé.Du seul point de vue technologique,l’utilisation des meules pour la fabri-cation des moutures est discutable.Globalement, une baisse de l’aptitudeà la panification est constatée, sur-tout dans le cas d’un rendement élevéen mouture. Cependant, le choixvariétal est prépondérant, car mêmeen mouture sur meules, la variétéCaphorn donne les meilleurs résultatsde panification. Par contre, d’un point de vue nutri-tionnel, les moulins à meules ont com-plètement leur place. Les farines “demeules” devraient être plus générali-sées, d’autant plus que, souvent enbio, la panification se fait avec du

levain, ce qui favorise la biodisponibi-lité des minéraux. L’optimum entre laqualité boulangère et la qualité nutri-tionnelle est à rechercher.

Plus globalement, il serait nécessaired’aider les professionnels de la filièreblé panifiable, d’une part, à élaborerun catalogue des variétés de blé pre-nant en compte pour chaque variété,les plages de teneurs en protéines quigarantissent une aptitude à la panifi-cation, et d’autre part, à développer lafabrication de moutures sur meules,aptes à augmenter de façon importan-te la densité nutritionnelle des pains,peut-être en association avec des mou-tures sur cylindres.

Un nouveauprogramme derecherche pourpoursuivre“Evaluation de la qualité d’un blépanifiable en agriculture biologiqueet contribution à l’élaboration desqualités nutritionnelle et organo-leptique des pains biologiques”.Ce programme de travail transdis-ciplinaire a pour objet d’évaluer laqualité d’un blé, d’une farine etd’un pain issus de l’agriculture bio-logique et de contribuer à com-prendre comment s’élabore cettequalité (technologique, nutrition-nelle, et organoleptique). Pourcela, il est prévu de structurer ceprojet de recherche autour despoints suivants :

• identifier, quantifier et comprendreles sources de variabilité de la qua-lité d’utilisation des blés biolo-giques aux différentes étapes de laproduction et de la transformation.

•Préciser les attentes des consomma-teurs pour les produits de panifica-tion issus de l’agriculture biolo-gique de manière à identifier lesprincipaux critères pertinents.

•Rassembler et structurer lesconnaissances au sein de cette filièreen vue de dégager de nouvelles prio-rités et développer des méthodesd’évaluation (sensorielles et instru-mentales) de la qualité d’utilisationdes blés biologiques. n

n°71 • mai/juin 2005 • Alter Agri 1515

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Nouveau Guide

Des essais ont été menés dans l’Yonne.Cinq types de couverts ont été implan-tés à l’automne 2001 sous forme debandes répétées deux fois par site, surdeux sites correspondant à deux typesde sols distincts (sol profond limono-sableux battant et sol superficiel argi-leux et calcaire). Sur ces deux sites, lescouverts sont restés implantés un ansur une moitié de la parcelle et deuxans sur l’autre moitié. La même varié-té de céréale a été semée après la des-truction mécanique du couvert.

Sélection des couvertsde légumineusesLe choix des légumineuses a été déter-miné, à l’époque, par leur disponibili-té sur le marché et leur coût (entre 50et 100€/ha et par type de couvert). Lavesce a été éliminée en raison des diffi-cultés liées à la gestion de sesrepousses dans les céréales et au tritrès difficile entre les graines de vesceet celles de blé. Ont donc été rete-nus : le trèfle violet, le sainfoin et le

lotier, la luzerne ou le mélilot, cousin“sauvage” de la luzerne choisi alorspour des raisonsr é g l e m e n -taires liées àl ’ in terd ic -tion d’utili-ser la luzer-ne sur lesj a c h è r e sd’une fermepas totalementbio, et une associa-tion ray-grass hybride/luzerneou ray-grass hybride/trèfleviolet, testée pour sa complé-mentarité racinaire et sa cou-verture au sol plus impor-tante.Au bout d’un oudeux ans d’implan-tation, les cou-verts ont étédétruits mécani-quement et descéréales ont étésemées à l’au-

16 Alter Agri • mai/juin 2005 • n° 7116

Grandes culturesGrandes cultures

Effets d’un précédentde couverts de

légumineuses puresPar Christel Denis Leguillon (Biobourgogne SEDARB)

Dans les systèmes de polycultures ou de grandes cultures, l’importance des têtes de rotation à basede légumineuses de fauche est reconnue. Elles permettent à la fois de stocker de l’azote organique

et de “nettoyer” la parcelle. Pourtant, sur la céréale qui suit, l’effet “fertilisant” des différenteslégumineuses qu’il est possible d’implanter, est assez peu connu. La durée optimale d’implantationpose également question : faut-il laisser ce couvert un, deux ou trois

ans ? Ces questions sont particulièrement importantes en systèmecéréalier dans lequel la valorisation de ce type de couvert n’est pasévidente. En système polyculture-élevage, ces interrogations sont

plus rares puisque le fourrage est valorisé, le choix des espècesdépend essentiellement de leur valeur nutritive, du contexte pédo-climatique et de l’utilisation qui en sera faite (pâture ou fauche).

n°71 • mai/juin 2005 • Alter Agri 17

tomne 2002 puis 2003 pour le blé(site1) et au printemps 2003 puis 2004pour l’orge de printemps (site 2). A larécolte, des pesées ont été réalisées surchaque bande correspondant à un pré-cédent différent. La teneur en pro-téines du blé a également été mesurée.Suite à un accident cultural, ces peséesn’ont pas pu être réalisées sur le site 1après deux ans d’implantation de cou-vert de légumineuse (récolte 2004),pour cette raison, seules les données“après un an d’implantation” sontprésentées.Une simple évaluation visuelle de l’ef-fet du précédent sur le niveau de salis-sement de la céréale a été effectuée,mais n’a pas permis de révéler de dif-férence significative.

Les résultats (Tableaux 2 p.18) per-mettent ainsi de distinguer les espècesles plus intéressantes à utiliser commetête de rotation en fonction du typede sol. Quant à choisir si le couverten légumineuse doit rester en placeun ou deux ans, il paraît très délicatde comparer les rendements obtenusen 2003 par rapport à ceux de 2004pour un même précédent puisque lesconditions climatiques ont été trèsdifférentes ces deux années-là. Néan-moins, il est possible de comparer lesécarts de rendement observés selon leprécédent d’une année sur l’autre, etle “classement” des rendements enfonction du précédent. On s’aperçoitalors, pour le site sur lequel ces infor-mations sont disponibles, que la hié-rarchisation des précédents en termede rendement ne change pas entre2003 et 2004. En revanche, l’écart derendement observé entre une orge desainfoin et une orge de trèfle violet seréduit de beaucoup si la tête de rota-tion est maintenue pendant deux ans.Deux interprétations restent pos-sibles : les températures fraîches duprintemps 2003 ont pu freiner laminéralisation du sol et atténuer l’ex-pression de différences entre ces pré-cédents ; ou alors deux années decouvert permettent au trèfle de déve-lopper davantage son système raci-naire et d’être à même de fournirainsi, par minéralisation, davantaged’azote.

Tableaux 1 - Renseignements parcellairesSite 1 - Après 1 an de couvert

Type de sol Limono-sableux

Itinéraire cultural Broyage du couvert le 20 sept. 2002 ; labour ;

semis en combiné herse alternative

Lieu Mézilles

Conversion parcelle 1999

Date de semis 20 octobre 2002

Variété Blé (Transit)

Précédent Cf. essai

Antéprécédent Orge d’hiver

Densité de semis 200 kg / ha

Fertilisation /

Date récolte 17 juillet 2003

Désherbage /

Site 2 - Après 1 an de couvert

Type de sol Argilo-calcaire superficiel

Itinéraire cultural Broyage du couvert en août 2002 ; 1 passage de chisel

léger, cover crop, chisel lourd puis vibroculteur

Lieu Lucy-sur-Yonne

Conversion parcelle 2001

Date de semis 18 mars 2003

Variété Orge printemps (Nevada)

Précedent Cf. essai

Antéprécédent

Densité de semis 130 kg / ha

Fertilisation /

Date récolte 15 juillet 2003

Désherbage Herse étrille début mai

Site 2 - Après 2 ans de couvert

Type de sol Argilo-calcaire superficiel

Itinéraire cultural Cover crop fin février, puis 1 passage de canadien

(pattes d’oie) début mars

Lieu Lucy-sur-Yonne

Conversion parcelle 2001

Date de semis Fin mars

Variété Orge printemps Nevada

Précedent Cf. essai

Antéprécédent idem

Densité de semis 130 kg /ha

Fertilisation /

Date récolte 3 août 2004

Désherbage /

18 Alter Agri • mai/juin 2005 • n° 7118

Ce qu’il faut retenir

Pour les sols limono-sableuxde PuisayeLe trèfle violet et le lotier sont deuxtrès bons précédents en Puisaye.La luzerne et le sainfoin, après un and’implantation, n’ont pas un aussi bonarrière-effet en terme de rendementsur la céréale qui suit, probablementparce que ces plantes se développentplus difficilement dans les sols noncalcaires. Les graines des repousses deluzerne, encore vertes à la moisson,fermentent, d’où la nécessité de trierrapidement le lot de céréales qui lescontient.Ces différents précédents n’ont aucuneincidence sur la teneur en protéines dublé.

Pour les sols superficielscalcaires des PlateauxParmi les quatre légumineuses testées,le sainfoin est le meilleur précédent enterme de rendement. Les repoussesdans la culture sont faibles, et nulle-ment gênantes à la moisson, puisquela maturité du sainfoin concorde pra-tiquement avec celle des céréales.Le trèfle violet est également un bonprécédent à céréales sur ces sols, sur-tout après deux ans en couverture. Le mélilot, implanté pour des raisonsréglementaires à la place de la luzer-ne, dont il est le cousin “sauvage”, serévèle être un piètre précédent. D’unepart, le rendement de l’orge est signi-ficativement plus faible, et d’autrepart, les repousses de mélilot dans laculture sont nombreuses. Les tiges,encore vertes à la moisson, entraînentdes problèmes de bourrage de lamoissonneuse-batteuse, et les graineset les fragments de tige, très odo-rants, peuvent conduire au déclasse-ment du lot les contenant. Le méliloten association ou en précédent estdonc à proscrire. n

NB : l’association ray-grass hybride/légumineuse est un assez piètre précé-dent également : testée pour sa complé-mentarité racinaire et sa couverture ausol plus importante, elle génère les ren-dements les plus faibles.

Tableaux 2 - Résultats

Site 1, après 1 an de couvert (récolte 2003)

Précédent Repousses dans Rendement Protéinela culture aux normes

(15% d’hum)(q/ha)

Trèfle violet Peu gênantes 40,6 A 9,7 Pas de différence significative

Lotier - 37,3 A 10,7

Luzerne Oui : beaucoup de 29,1 B 10,6(inoculée) vert à la récolte

(graines de luzerne) ->tri pour stockage ; pas de gêne spécifique lors du battage

Sainfoin Peu gênantes 24,7 B 10,1

Luzerne Oui : beaucoup de 23,6 B 10,6(non inoculée) vert à la récolte + Ray-grass (graines de luzerne) hybride ->tri pour stockage ;

pas de gêne spécifique lors du battage

Site 2

Précédent Repousses dans Rendement Rendementla culture aux normes 2003 aux normes 2004

(15% d’hum) (q/ha) (15% d’hum) (q/ha)après 1 an de couvert après 2 ans de couvert

Sainfoin Relativement 38,3 A 33,8 Anombreuses mais pas gênantes à la moisson

Trèfle violet Peu abondantes ; 27,6 B 32,3 A Bpas gênantes à la moisson

Lotier Peu abondantes ; 26,5 B 26,9 Bpas gênantes à la moisson

Trèfle violet Peu abondantes ; 22 C 24,2 B+ Ray-grass pas gênantes àhybride la moisson

Mélilot Importantes : 24 C 13,1 Cbeaucoup de vert à la récolte (graines de mélilot très odorantes pouvant induire un déclassement du lot + difficultés de récolte (bourrage moissonneuse))

n°71 • mai/juin 2005 • Alter Agri 19

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Composts, biodiversité - Arboriculture : pomme à cidre, biodynamie, Puceron cendré, haie et bandes fleuries - Maraîchage : semences et plants, biodiversité (110 pages)

Actes colloque “Vers plus d’autonomie alimentaire ?” - Caen 2004 (104 pages) 22€ 12 07 09 x . . . . . . . . = . . . . . . . . €

Actes colloque élevage “Ethique et technique” - Besançon 2002 (126 pages) 20€ 12 17 04 x . . . . . . . . = . . . . . . . . €

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Le poirier en agriculture biologique 3€ 12 09 17 x . . . . . . . . = . . . . . . . . €

Le noyer en agriculture biologique 3€ 12 09 19 x . . . . . . . . = . . . . . . . . €

Le châtaignier en agriculture biologique 3€ 12 09 21 x . . . . . . . . = . . . . . . . . €

Le contrôle des maladies du pêcher en agriculture biologique 3€ 12 09 22 x . . . . . . . . = . . . . . . . . €

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Lutter contre les nématodes à galles en agriculture biologique 3€ 12 09 18 x . . . . . . . . = . . . . . . . . €

Les Lépidoptères, ravageurs en légumes biologiques (2 fiches) 4,5€ 12 09 20 x . . . . . . . . = . . . . . . . . €

Maladies et ravageurs de la laitue et de la chicorée à salade en AB 4,5€ 12 09 24 x . . . . . . . . = . . . . . . . . €

Ennemis communs aux cultures légumières en AB (2 fiches) 4,5€ 12 09 33 x . . . . . . . . = . . . . . . . . €

Evaluer la fertilité des sols 3€ 12 09 40 x . . . . . . . . = . . . . . . . . €

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L’activité biologique des sols - Méthodes d’évaluation 3€ 12 09 35 x . . . . . . . . = . . . . . . . . €

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Utilisation du compost en viticulture biologique 3€ 12 09 38 x . . . . . . . . = . . . . . . . . €

Réglementation et principes généraux de la viticulture biologique 3€ 12 09 39 x . . . . . . . . = . . . . . . . . €

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Conduite du maïs en agriculture biologique 3€ 12 09 14 x . . . . . . . . = . . . . . . . . €

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Conduite du soja en agriculture biologique 3€ 12 09 16 x . . . . . . . . = . . . . . . . . €

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La culture biologique du pois protégineux + Les associations à base de triticale/pois fourrager en AB

Produire des semences en agriculture biologique, connaître les réglementations 3€ 12 09 30 x . . . . . . . . = . . . . . . . . €

Produire des semences de céréales dans un itinéraire agrobiologique 3€ 12 09 31 x . . . . . . . . = . . . . . . . . €

Produire des semences en AB, connaître les principes techniques de base 3€ 12 09 32 x . . . . . . . . = . . . . . . . . €

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sous-total 4 : . . . . . . . . . . . . . . . . . . €

TOTAL de la commande : . . . . . . . . . . . . . . . . . . €

Chèque à libeller à l’ordre de l’ITAB et à retourner avec ce bon de commande à : Interconnexion Alter Agri - BP 78 - 31 151 Fenouillet CEDEX - Fax: 05 61 37 16 01 - [email protected]

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Structure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Adresse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Code Postal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Ville . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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Ces informations seront traitées et mémorisées par des moyens informatiques et utilisées dans le but d’exploitations statistiques et des fins commerciales,sauf opposition de votre part. Elles seront protégées par l’application de la loi 78-17 du 6 janvier 1978.

r Agriculteurr Ingénieur, technicienr Enseignantr Étudiantr Documentaliste

structure : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

r Institutionnelprécisez : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

r Autres précisez : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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n°71 • mai/juin 2005 • Alter Agri 21

Une gamme variée depaillages biodégradablesD’après le guide de lecture 2002 pourl’application du règlement CEE/2092/91de l’AB, les paillages entièrement biodé-gradables et compostables sont utili-sables en agriculture biologique, ce quin’est pas le cas des paillages photodé-gradables ou “biofragmentables” nonbiodégradables, constitués de polyéthy-lène à dégradation rapide.Les paillages biodégradables peuventêtre enfouis dans le sol ou compostésavec les déchets végétaux après usage. Ilsseront alors dégradés par les micro-organismes et transformés en eau, CO2

et CH4, et éventuellement en sous-pro-duits (résidus, nouvelle biomasse) nontoxiques pour l’environnement. Il existe différentes formes de paillagesbiodégradables : les paillages papiers, lesbioplastiques à base de Mater-Bi ou deFiberplast.

Les paillages papiers Proposés par les sociétés Ahlstrom(Sequana) et Arjo (Biocell), ils sontconstitués de cellulose, présentent unebonne perméabilité à l’eau (aspersions,pluies) et se dégradent rapidement dansle sol. Pourtant, leurs nombreuxdéfauts engendrent une réelle défectionde la part des agriculteurs : ils sont fra-

giles, peu commodes d’utilisation(bobines lourdes, pose difficile, fré-quente rétractation après la pose) etleur dégradation est trop rapide dans lapartie buttée (en moins de 3 semaines).

Les “bioplastiques”A base d’amidon et de co-polyester, ilsse déclinent en une large gamme defilms de couleurs et d’épaisseurvariables. Ils existent en vert, marron,noir (les paillages transparents ne sontpas utilisables en maraîchage biolo-gique car ils n’empêchent pas la crois-sance des adventices). Ces paillagessont fins (de 12 à 20 µm) car le coût dela matière première est très élevé. Ils’agit du Mater-bi© (société Nova-mont), utilisé par Deltalène (Biolène),Protema/Europlastiques (BioTelo) etpar Barbier pour certains films (Bio-film) ; Hyplast suspend en 2005 lacommercialisation de son paillageHytimulch. Il est possible de choisir larésistance, indiquée par un gradevariant de A à C à l’heure actuelle.

Une autre matière première est égale-ment utilisée par Barbier pour certainsfilms : le Fiberplast (société Ulice) : sarésistance s’est révélée insuffisante dansles essais conduits au GRAB en 2004 ; denouveaux produits seront testés en 2005.

En culture sous abris, les paillages à

base de Mater-Bi© (Biolène, BioTelo…)peuvent être utilisés en salades et encultures palissées. Leur résistance s’estmontrée suffisante, leur action est effi-cace contre les adventices s’ils sont decouleur sombre. Le maintien de l’humi-dité est satisfaisant et les résultats agro-nomiques sont équivalents au paillagepolyéthylène en vigueur pour le rende-ment et le calibre, mais sont moinsbons pour la thermicité.

MaraîchageMaraîchage

L’utilisation des paillages s’avère nécessaire dans de nombreuses cultures maraîchères biologiquespour leurs effets bénéfiques : effet thermique, lutte contre les adventices, qualité sanitaire desproduits, réduction des besoins en eau et du lessivage des minéraux… Mais, l’élimination aprèsusage des paillages en polyéthylène est une préoccupation car ils sont fins et sales (taux de salissurede 60 à 80%) ; de plus, ils sont élaborés à partir de pétrole, ressource fossile non renouvelable. Lerecours aux paillages biodégradables apporte une réponse à ces problèmes. Testés en stations et chezles agriculteurs depuis 5 ans, ils font désormais l’objet d’une normalisation AFNOR.

Les paillages biodégradablesen maraîchage biologique :produits et normalistaionPar Catherine Mazollier (GRAB)

22 Alter Agri • mai/juin 2005 • n° 7122

En revanche, en culture à plat comme lemelon, la dégradation du paillage sousles fruits impose une grande prudence(voir encadré).

En plein champ, les résultats sont plusaléatoires : les effets du vent, des UV etdes précipitations accélèrent la dégra-dation des paillages dont la durabilitéapparaît parfois insuffisante, en parti-culier en melon (voir encadré). Globa-lement, dans les essais mis en place en2003 et 2004 au GRAB sur des culturesde plein champ (melon, courge et poti-marron), la meilleure résistance a étéobservée avec BioTelo 15 B et Biolène Bnoir. De même, sur salades de pleinchamp, les produits Biolène et Bioteloont apporté de bons résultats chez lesagriculteurs pour des cultures courteset sans pose anticipée des paillages.

Le coût des paillages biodégradables estcompris entre 0,12€/m2 et 0,15€/m2

(selon épaisseur et quantités achetées)contre 0,08 à 0,09€/m2 pour le poly-éthylène ; il convient cependant d’ajou-ter le coût de l’élimination pour le PE.

L’utilisation des paillages biodégra-dables est risquée en culture de melon,sous abris ou en plein champ. En effet,leur dégradation débute au bout de 20à 40 jours et devient importante à 50jours, à une période où les fruits demelon sont en fin de grossissement.Cette dégradation est plus rapide sousle fruit alors en contact avec la terrehumide. Cela entraîne des intumes-cences ainsi que la présence depaillettes s’incrustant sur l’épiderme,phénomène accentué avec des épi-dermes écrits ou brodés et avec lesfilms verts. Des pourritures de fruitsont même été observées. Une pose

anticipée des paillages avant planta-tion ou des irrigations excessivesaccentuent leur dégradation alorsqu’une protection temporaire de laculture par bâche assure une meilleurerésistance (protection vis-à-vis du ventet du soleil). En revanche, l’utilisationdes paillages biodégradables semblepossible et sans risque pour d’autrescultures comme la courge ou le poti-marron (pas de pourriture de fruitsgrâce à l’épiderme épais et résistant).

Une norme AFNOR pour yvoir plus clairUne normalisation française AFNORspécifique aux paillages biodégradablesest parue en février 2005 : NF U52-001. Elle permet désormais de clarifierla définition des paillages biodégra-dables proposés en fixant une référencecommune aux utilisateurs et aux fabri-cants. Elle précise le vocabulaire du bio-dégradable, les méthodes d’essais, lesperformances des matériaux.

Les autres matériaux plastiques utilisésen agriculture comme les petits tunnels,ficelles ou clips en sont exclus.

Cette norme garantit la mise en marché :

- de produits réellement biodégradablesqui satisfont un niveau minimal dedégradation. La biodégradabilité desproduits est évaluée par au moinsdeux des trois méthodes reconnues :en milieu aqueux, dans le sol, en com-postage.

Le niveau minimal de dégradationexigible est fixé par rapport à ladégradation de la cellulose (quiconstitue la référence en tant que pro-duit totalement biodégradable) : cetaux minimal est de 90% du taux de

dégradation de la cellulose pour lestests effectués en milieu aqueux ou encompostage et de 60% pour les testseffectués dans le sol.

- de produits sans risque environnemen-tal ou éco-toxicologique puisque lesmatériaux ne devront contenir aucunproduit toxique, ni en émettre lors deleur dégradation (métaux lourds, sub-stances organiques toxiques…).

La norme NF impose une identificationdes matériaux avec un étiquetage préci-sant notamment la constitution du pro-duit, sa conformité aux tests de dégra-dation, son épaisseur, son grade. Elledéfinit aussi clairement les différentstermes de la dégradation comme lafragmentation, la biodégradation ou laphotodégradation et impose une classi-fication des produits en fonction deleur durée de vie sur le sol (tableau 2).Tableau 2 - Classification des films, rela-tion entre le grade et la durée de vie

Grade Durée de vie au sol*A 1 à 4 moisB 3 à 6 moisC 5 à 12 moisD 12 à 24 moisE > 24 mois

* La durée minimale correspond à la période pen-dant laquelle le paillage conserve son efficacitéalors que la durée maximale correspond à la pério-de à laquelle le paillage peut être incorporé au sol.

Lente normalisation enprévisionOn ne peut guère espérer trouver sur lemarché avant 2006 des films biodégra-dables “normalisés”.Comme cette norme n'est pas obliga-toire, il conviendra de s’assurer auprèsdu fabricant de la conformité de sonproduit pour les 2 principales exigencesde la norme U 52-001 : la biodégrada-bilité et l’absence d’écotoxicité. L'in-dustriel pourra répondre par une attes-tation sur l'honneur ou/et par un certi-ficat de conformité. Le marché encore peu rentable et lecoût élevé des tests pour la normalisa-tion font craindre une réelle lenteurdans la mise en route de cette norme. Malgré une progression des surfaces en2004 et la mise en place de la norme,les fabricants, distributeurs et utilisa-teurs restent réservés face à cespaillages au coût encore élevé, et quiprésentent des risques potentiels en cul-ture de melon ainsi que des contraintesliées à la normalisation. n

Tableau1- Bioplastiques : principaux produits, sociétés et caractéristiques

A BASE DE MATER-BI ©

Stés/marques Contact Adresse Tél., fax Description des produitsDELTALENE/ Robin 2, av. Albert Camus 06 08 72 37 16 Couleur : noir ou marronPOLYANE BOUCHIER 30150 Roquemaure 04 71 75 15 80 Grades : A et B BIOLENE 04 71 75 15 81 Epaisseur : 20 µ

Largeur : de 1 m à 4 mEUROPLASTIC* Serge Quartier Gerbu 04 66 88 58 32 Couleur : noirBIOTELO 12 B FARRAS Rte de Marsillargues 04 66 88 58 33 Grade : BBIOTELO 15 B 30470 Aymargues Epaisseur : 12 et 15 µ

Largeurs : 1,40 m, 2 m, 4 m

À BASE DE FIBERPLAST OU DE MATER-BI©

BARBIER Gérard La Guide BP 39 04 71 75 11 11 Couleur : noir ou vertBIOFILM PICHON 43600 St Sigoléne 04 71 66 15 01 Epaisseur : 20 µ

Largeur : 1,40 à 2 m

* La société AZCOS n’existant plus, c’est Europlastic qui assure désormais la distribution en Francedu Biotelo (fabrication Protema).

Le Ctifl a d’abord repéré des diffi-cultés au niveau de la production etde la distribution avant de mettre enœuvre des moyens pour y répondre.Les fruits biologiques couvrent unesurface d’environ 6000 ha, y com-pris les vergers en conversion, enprogression constante depuis plu-sieurs années. Ce sont surtout lesfruits secs et fruits à coque qui béné-ficient de ces reconversions alorsque, pour la plupart des autresfruits, la production a du mal à sedévelopper. Un certain nombre deverrous techniques restent à lever.La gestion globale des sols et la luttecontre les maladies et ravageurs fontpartie des attentes fortes des acteuren amont de la filière.La distribution, elle, passe encorepour une part importante par lavente directe et les circuits courts,mais le pourcentage de ventes via lagrande distribution tend à augmen-ter. Les différentes études réaliséessur les produits biologiques, et enparticulier les fruits et légumes,révèlent une réelle attente des

consommateurs pour ce type de pro-duction. Par exemple, ils souhaite-raient voir se développer le rayondes fruits et légumes en grandes sur-faces (étude CSA, mars 2002). Maisce réel potentiel de développementde la filière nécessite une organisa-tion efficace pour proposer uneoffre plus importante et régulière.Un autre frein à la demande reste,pour une large part de consomma-teurs potentiels, le différentiel deprix entre le “bio” et le convention-nel. Aussi, la qualité des produitsbruts et transformés doit répondrede plus en plus au standard desfruits produits en conventionnel.

Les axes de rechercheentrepris par le Ctifl

Aménagement du verger etde son environnementL’un des moyens pour réduire la pres-sion des ravageurs consiste à aména-ger le verger pour favoriser une luttepar conservation. Il s’agit de renfor-cer le peuplement des auxiliaires

naturellement présents dans ou auxalentours du verger, par une gestionde l’environnement permettant desubvenir à leurs besoins trophiques(proies et aliments de substitution) etécologiques (abris). Les auxiliairesanimaux, invertébrés (aranéides,insectes) et vertébrés (oiseaux,chauves-souris), sont concernés parces études.

Recherche de moyensspécifiques de protection enpré et post récolte, utilisablesdans le respect de la réglementationde l’agriculture biologique. Le Ctiflassure avec la DGAL/SDQPV2 unaccompagnement technique pourfaciliter l’homologation de produitsà usage mineur, y compris desproduits biologiques, en réalisant desessais d’efficacité, lorsque la firme,seule à pouvoir déposer le dossierd’homologation, s’engage à soutenir

n°71 • mai/juin 2005 • Alter Agri 23

ArboricultureArboriculture

Depuis 1997, le Ctifl a inclus dans ses activités la dimension “agriculture biologique”. Cemode de production décrit par Guy Paillotin1 comme un “formidable laboratoire pour uneagriculture durable” est également un segment de marché à part entière. Pour rester tel, ildoit garder son originalité. Mais parallèlement, il peut, et même se doit, d’aiderl’ensemble des arboriculteurs à progresser vers une agriculture produisant des fruits plussains, dans le respect de l’environnement.Dans cet objectif, le Ctifl, qui travaille pour l’ensemble de la filière fruits et légumes duproducteur au détaillant, intègre donc les priorités de la filière fruits biologiques dans sesprogrammes de recherche.

Les actions conduites parle Ctifl en arboriculturebiologiquePar Alain Garcin (Ctifl)

1 Ancien président de l'INRA2 DGAL/SDQPV: Du Ministère de l’Agri-

culture, “Direction Générale de l’Alimen-tation” et “Sous Direction de la Qualitéet de la Protection des Végétaux”.

2424

la démarche. Ces essaisofficiellement reconnus (EOR) sontmis en place dans le cadre des bonnespratiques d’expérimentation (BPE).

Gestion globale des solsDans le contexte d’une agriculturedurable, il est nécessaire de préser-ver et de mieux gérer les sols. Leursqualités physique, chimique et bio-logique jouent un rôle essentiel surl’équilibre végétatif des arbres et surleur sensibilité aux maladies et rava-geurs. La gestion de la matière orga-nique endogène ou exogène est malconnue. Des techniques limitant laconcurrence de la flore adventice etayant des conséquences favorablessur le plan de la gestion des solssont également évaluées. Différentsindicateurs de l’activité biologiquedu sol (vers de terre, mésofaune,endomycorhizes, micro-organismes)sont mis en œuvre afin de mesurer laqualité des sols soumis à différentsitinéraires techniques.

Études sur l’adaptation dumatériel végétal à laconduite biologique, plusparticulièrement concernant lasensibilité des variétés aux maladieset ravageurs.

Maîtrise de la régularitéde production, par desmoyens mécaniques (taille, éclair-cissage) ou par l’utilisation de sub-stances naturelles.

Qualité des produits bio et attentes desconsommateurs

Moyens mis en œuvreToutes ces actions doivent naturelle-ment être abordées dans le respectdu cahier des charges de l’agricultu-re biologique, dont l’évolution sou-haitable ne devra pas en renier lespostulats fondamentaux, sous peinede voir se détourner les consomma-teurs bio traditionnels sans forcé-ment en attirer de nouveaux. Pourêtre en conformité avec la réglemen-tation, les centres Ctifl de Balandran

(pour les fruits à noyau) et Lanxade(pour les fruits à pépins) ont conver-ti une partie de leurs vergers à l’agri-culture biologique.

Le Centre de Balandran disposed’un espace de 2,3 ha, consacrédepuis 1999 à l’agriculture biolo-gique, pour la mise en place d’ac-tions fruits et légumes. Un verger depêchers et d’abricotiers, converti enAB, a été arraché en 2004. Troisnouvelles parcelles ont été plantéesen 2003.- Verger de pêchers de 0,2 ha, dans

lequel sont comparés 4 modesd’entretien du sol.

- Verger d’abricotiers de 0,2 ha,avec une combinaison de 2 variétéset 3 porte-greffes pour étudier l’in-fluence du travail du sol sur lecomportement des arbres.

De plus, un verger de cerisiers de0,45 ha, conduit en respectant lecahier des charges AB mais hors cer-tification, permet d’étudier la faisa-bilité d’une production de cerises enagriculture biologique, avec 4 varié-tés sur 14 porte-greffes.

Le centre de Lanxade a mis en placeen 1999 une parcelle de pommiersd’environ 0,9 hectares, consacrée àl’agrobiologie, avec 5 variétés : Fuji,Reinette grise du Canada, Belchard®

Chanteclerc, Corail® Pinova et Rei-nette de Brive (pollinisateurs : Eve-rest, Golden Hornet et GoldenGem). En 2001, ce sont 0,3 ha depoiriers avec 4 variétés qui ont étéplantés : William’s, Harrow Sweet etAngelys (pollinisateurs : PrésidentHeron). Le verger est isolé par deshaies composites pour limiter lesrisques de dérive des produitsemployés sur d’autres cultures etfavoriser le développement d’unefaune auxiliaire utile.

Diffusion et animationLes acquis peuvent dès aujourd’huiêtre mis à la disposition de l’agricul-ture biologique, grâce notammentaux outils de communication élabo-rés par le Ctifl : bibliographies, basesde données, publications de réfé-

rences sont autant de supports utili-sables par l’ensemble de la filière bio.Le Ctifl assure la coordination desstations régionales d’expérimenta-tion et la synthèse au niveau natio-nal. Il positionne son activité enamont des stations régionales etapporte son concours et son savoir-faire ainsi que la documentationtechnique. Le partenariat est égale-ment assuré avec tous les orga-nismes impliqués dans la rechercheet l’expérimentation en agriculturebiologique, parmi lesquels l’Inra, lesUniversités, l’ITAB, le GRAB.Le Ctifl anime ou participe à plu-sieurs groupes de travail, relevantexclusivement ou en partie del’agriculture biologique :

• Le groupe de pilotage national“Agriculture Biologique Fruits”est un lieu d’échanges d’informa-tions et de propositions de thèmesde recherche, entre le Ctifl et lesstations régionales d’expérimenta-tion.

• Le groupe de travail “Agronomie”étudie un protocole d’observationdu sol et les outils de diagnosticagronomique.

• Le groupe “Biodiversité” contri-bue à l’élaboration de protocolescommuns d’observation des para-mètres environnementaux.

• Le groupe de travail “Tavelure”associe l’Inra d’Angers, le SPV, leGrab, les stations régionales et lestechniciens pour la validation desdifférents thèmes étudiés (prévi-sion des risques, méthodes delutte alternatives).

• Pour les aspects post-récolte, ungroupe de recherche associe l’Inrad’Angers, l’Université Paris Jus-sieu, l’Université de Gembloux(Belgique) et l’IRTA de Lérida(Espagne).

• Au sein des groupes de travail“Monilia” et “Éclaircissage”,sont également abordées lesméthodes pouvant s’intégrer dansune culture biologique. n

Alter Agri • mai/juin 2005 • n° 71

25n°71 • mai/juin 2005 • Alter Agri

Agriculture biologique fruitsActions conduites par le Ctifl en 2005

ABRICOTIER Matériel végétal• Etude de la sensibilité variétale au Xanthomonas.

Techniques culturales • Enherbement total en verger d’abricotier biologique.

CERISIER Protection du verger• Les arthropodes épigés du sol, auxiliaires généralistes en

verger de cerisier.

PECHER Matériel végétal• Etude de la sensibilité variétale au Xanthomonas.• Evaluation de la sensibilité à la cloque de 30 variétés.• Evaluation de la sensibilité variétale du pêcher aux monilioses.

Protection du verger• Auxiliaires : étude des arachnides en verger de pêcher.• Monilia : étude d’un stimulateur de défense des plantes.

Post-récolte• Monilia : traitement post récolte par thermothérapie.

Techniques culturales • Entretien du sol en verger de pêcher biologique.

PRUNIER Matériel végétal• Etude de la sensibilité variétale au Xanthomonas.

POIRIER Techniques culturales • Comportement d’un verger de poirier au désherbage méca-

nique et thermique.

POMMIER Matériel végétal• Faisabilité technique d’une production de plants de pom-

miers biologiques (projet ACTA-INRA 2004-2005).• Comportement sensibilité/résistance à la Tavelure de géno-

types de pommier.

Protection du verger• Etude de la faune auxiliaire en verger de pommiers, selon

différents modes de production (AB, PFI).• Protection contre le puceron cendré du pommier.• Intégration de l’argile dans une stratégie de protection

contre le carpocapse Cydia pomonella.

• Animation du groupe de travail national “Tavelure”.• Tavelure : évaluation du risque d’infection et validation de

modèles de prévision.• Tavelure : réduction de l’inoculum d’automne.• Tavelure : tests et modalités d’application de produits uti-

lisables en AB.• Intérêt d’un biostimulant dans la protection contre la tave-

lure du pommier.• Oïdium du pommier : évaluation d’un antagoniste bacté-

rien.

Techniques culturales • Conduite d’un verger de pommier en AB en système mur

fruitier.• Stratégies d’éclaircissage du pommier en AB.

FRUITS A PEPINS Protection du verger• Conséquences de la confusion sexuelle sur les ravageurs

secondaires (tordeuses) des fruits à pépins.

Post-récolte• Maladies fongiques en conservation : étude de la sensibili-

té des variétés de pommes et poires.

KIWIProtection du verger• Animation du groupe de travail “Maladies de dégénéres-

cence du bois de kiwi”.

OLIVIERProtection du verger• Les arthropodes épigés du sol, auxiliaires généralistes en

verger d’olivier.

Techniques culturales• Conduite du verger d’olivier en AB.

TOUTES ESPECESProtection du verger• Animation du groupe de travail “Biodiversité en arbori-

culture fruitière”.• Arthropodes épigés du sol (araignées, carabes, staphylins),

auxiliaires généralistes en verger.• Analyse du régime alimentaire des auxiliaires en verger :

chauves-souris, arthropodes.• Lutte biologique contre Metcalfa pruinosa.

Techniques culturales• Animation du groupe de travail “Agronomie”.• Minéralisation des matières organiques endogènes et exo-

gènes dans le sol.• Evaluation de la qualité des sols à l’aide de bio-indicateurs.

26

Avant tout, il convient de définir la notionde “plante bien nourrie”. Dans un contex-te où les aspects économiques à courtterme prédominent, et où la pression para-sitaire peut être jugulée par des substancestrès efficaces, la plante bien nourrie seracelle qui permettra le rendement maximal.C’est-à-dire que l’apport d’intrants supplé-mentaires, fertilisants ou phytosanitaires,ne sera limité que lorsque son coût serasupérieur au supplément de résultat éco-nomique qu’il peut générer. Dans cesconditions, la plante peut être assimilée àun athlète dopé par des moyens légaux.Par contre, dans un contexte d’agricultu-re durable et lorsque les moyens de luttesont moyennement efficaces, les mesuresprophylactiques redeviennent indispen-sables. Dans cette situation, la plante biennourrie sera celle qui permettra d’amenerune récolte commercialisable. De nom-breux arboriculteurs peuvent témoignerdes dégâts de pucerons sur des vergersinsuffisamment préparés à l’absence detraitements efficaces. La récolte aurait étébelle, sans les pucerons ! Ce compromisobligatoire entre sensibilité aux ennemiset productivité est une des caractéris-tiques de l’agriculture biologique.

L’essai du GRABLe GRAB a souhaité se concentrer davanta-ge sur les aspects qualitatifs (fonctionne-ment du sol) que sur le quantitatif (doses defertilisants) comme le montre le dispositif.

En outre, il était indispensable de s’affran-chir des effets climatiques et micro clima-tiques, les essais ont donc été placés aumême endroit.Les scions (smoothee/9EMLA) ont sortileur première feuille en 2002.

Dispositif choisi :Deux sols différents dans des grandsconteneurs plastiques enterrés (pourque les températures de sols soientreprésentatives) :- sol CA = alluvions récentes de laDurance près d’Avignon. Limonoargileux calcaire - pH > 8- sol G = terrasses anciennes du Rhôneprès de Valence (26). Sable argilo limo-neux caillouteux pH légèrement acide.

Deux types d’entretien du sol sur laparcelle du GRAB près d’Avignon (84) :- sol nu- sol enherbé par du trèfle blanc nainLes deux facteurs sont croisés. Ontrouve 48 arbres au total dont 24 pourchaque type de sol et 24 pour chaqueentretien du sol. Soit 12 arbres pourchaque combinaison (sol 1 entretien 1,sol 1 entretien 2, sol 2 entretien 1,sol 2 entretien 2).

Résultats 2002 Deux séries d’analyses minérales defeuilles ont été effectuées, mais aucunecorrélation n’apparaît entre la quantité depucerons (Aphis pomi et Dysaphis plan-

taginea) et la composition minérale desfeuilles.Aphis pomi (puceron vert)Les aptères (sans aile) sont de couleurverte, avec les pattes, les antennes, lescornicules et la queue noires. Les ailéssont tachés de noir à l'avant des corni-cules. Les pucerons infestent la faceinférieure des feuilles qui se recroque-villent, les colonies peuvent produire dela fumagine qui tâche les fruits. Les tem-pératures élevées ralentissent la multi-plication de ce puceron non migrateur.Les fondatrices sont issues des oeufsd'hiver et apparaissent au débourre-ment. Les premiers individus ailés sor-tent après la floraison ce qui va contri-buer à la dissémination sur les autresvergers. La reproduction est assuréepour les aptères en fin de saison. Dysaphis plantaginea (puceron cendré)L'adulte aptère est de couleur vert oliveà rose vineux couvert de poudre cireu-se grisâtre. Les ailés sont noirs avecune face brillante sur l'abdomen. Lesfondatrices possèdent une pulvérulencegrisâtre à la base entre les pattes.Les piqûres nutritionnelles des puceronsprovoquent des déformations desfeuilles et des rameaux. Les fruits piquésse déforment et cessent de grossir à l'en-droit des piqûres. De fortes populationsproduisent un abondant miellat qui enruisselant peut brûler les fruits et favori-se l'installation de la fumagine.

26 Alter Agri • mai/juin 2005 • n° 71

ArboricultureArboriculture

Effets du sol et de sa gestionsur la sensibilité du végétal

aux attaques de puceronsBilan de trois années d’essai

Par Gilles Libourel (GRAB)

Depuis longtemps, les praticiens des végétaux ont remarqué que la façon dont les plantes sontalimentées influence leur sensibilité au parasitisme. De là est né l’adage : “une plante bien nourrie, ni

trop, ni trop peu, est une plante en bonne santé”. Ce principe est d’ailleurs un des fondements del’agriculture biologique. Pour tester l’influence de la nutrition des végétaux sur leur sensibilité aux

ravageurs, le GRAB a mis en place des observations pour mesurer la sensibilité aux pucerons depommiers implantés sur des sols aux caractéristiques différentes.

n°71 • mai/juin 2005 • Alter Agri 27

Le trèfle blanc a été semé le 27 mai2002. Les observations n’ont été effec-tuées que sur Aphis pomi. Les résultatsdu comptage du 11 juin sont consignésdans le tableau 1.Tableau 1 - Nombre moyen de pousses avecAphis pomi le 11/06/02

CA GN MoyenneNu 1,5 4 2,75Trèfle 2,42 2,42 2,42Moyenne 1,96 3,21 2,58

Aucune différence statistique n’appa-raît. Par contre, l’effet de “nivelle-ment” du trèfle en phase d’installationest bien visible (l’infestation de puce-rons est la même sur les deux types desols lorsqu’ils sont enherbés).- Aucune différence n’apparaît lors du

comptage du 26 juillet. - Lors du comptage du 3 octobre, une

différence apparaît entre sol nu ettrèfle comme le montre le tableau 2.

Tableau 2 - Nombre moyen de pousses avecAphis pomi le 03/10/02

CA GN MoyenneNu 2,17 1,17 1,67ATrèfle 0,58 0,08 0,33 BMoyenne 1,375 0,625 1,0

Résultats 2003 Huit comptages de Aphis pomi, quatrecomptages de pucerons cendrés issus del’infestation naturelle et six comptages depucerons cendrés suite à une inoculation(pour que tous les supports soir infestés)ont été effectués.- Pour Aphis pomi, le nombre moyen de

pucerons par arbre est statistiquementdifférent le 11 mars avec plus de onzepucerons en sol nu et moins de un en solenherbé.

- Pour le puceron cendré en infestationnaturelle, le 24 avril le nombre moyend’individus par arbre est statistiquementdifférent avec 0,25 pour le sol G et0,042 pour le sol CA.

- Toujours pour le puceron cendré, maisen inoculation artificielle, des diffé-rences apparaissent en fonction de l’en-tretien du sol.

Tableau 3 - Nombre moyen de pucerons cen-drés (inoculation artificielle)

26/04 28/05 02/06 05/06Enherbé 12,4 10,1 6,1 1,8Sol nu 31,8 31,2 57,9 64,8

Résultats 2004 Six comptages de pucerons cendrés issusd’infestation naturelle, et douze comp-tages de pucerons cendrés sur un foyerchoisi par arbre ont été effectués.En infestation naturelle, le nombremoyen de foyers par arbre (correspond à

peu près au nombre de fondatrices, qui,elles mêmes, dépendent du nombred’œufs déposés à l’automne) le 20 avrilest statistiquement différent entre sol nuet enherbé.Tableau 4 - Nombre moyen de foyers pararbre le 20/04/04

CA GN MoyenneSol nu 2,6 3,8 3,2 ATrèfle 1,7 1,3 1,5 BMoyenne 2,1 2,6 2,35

Ce résultat est surprenant car les arbresenherbés ont été nettement plus “vigou-reux” pendant la saison 2003 (feuillesplus vertes, port plus érigé). Donc à l’au-tomne, période de dépôt des œufs, cesarbres étaient à priori plus favorables auxpucerons.A noter que nous avons effectué unedéfoliation manuelle afin d’éliminer lefacteur de variabilité “date de chute desfeuilles”, mais cela n’a pas changé le faitque les feuilles étaient beaucoup plusnombreuses et plus vertes sur les arbresenherbés à la date de la défoliationmanuelle.On peut remarquer également que le solG a une tendance à exacerber les diffé-rences alors que l’enherbement (sol CA)entraîne plutôt le nivellement.- pour un foyer par arbre, le nombre

moyen de pucerons par foyer est statis-tiquement différent, aux dates du 19 et21 mai, entre sol CA (190 et 199) et solG (91 et 93).

La figure 1 illustre les tendances selon lescombinaisons.

Bilan des 3 annéesd’observations :l’enherbement total, unoptimum ?Des différences imputables au microcli-mat ont été observées même dans uneparcelle aussi petite. Cela prouve bienqu’il est difficile d’attribuer des varia-tions de sensibilité entre parcellesmême proches à un facteur précis (sol,pratiques…) et que, par conséquent, leregroupement de deux sols sur un

même site était le seul moyen de prou-ver l’existence de différences.Les deux facteurs, sol et entretien dusol, ont donc eu une influence sur lasensibilité du pommier aux pucerons.Cette influence ne peut s’expliquer quepar l’alimentation du végétal (ce quenous voulions prouver) puisque la pré-sence d’auxiliaires a été contrôlée àchaque observation.Cependant, le nombre de foyers pri-maires de pucerons cendrés en 2004 faitexception. Plusieurs hypothèses existentpour tenter d’expliquer cette différencesurprenante :- les arbres enherbés n’étaient pas plus

attractifs et plus favorables, contraire-ment à ce que nous pensions, et d’autrescritères que nous ne connaissons pasinfluencent les pucerons ;

- la prédation et (ou) le parasitisme ontété plus importants à une ou despériodes sans observation (automne,hiver).

En synthétisant les différences statis-tiques, il apparaît que l’influence dechaque sol est variable selon les annéesd’observation. Par opposition, l’enher-bement s’est toujours montré moinsfavorable aux pucerons, et ce malgréun développement plus important desarbres.Ce résultat s’ajoute aux résultats favo-rables à l’enherbement de la ligne deplantation obtenus dans des essais chezdes producteurs. Avec une absence deconcurrence sur verger adulte lorsqueles espèces herbacées sont bien choisies.En conclusion pratique pour l’arbori-culteur, il apparaît que l’enherbementtotal (mais pas forcément permanent)est un outil qui peut permettre d’opti-miser l’alimentation de l’arbre, et doncle compromis entre productivité et sen-sibilité au parasitisme. n

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gotheron nu cantarel enherbé

cantarel nu gotheron enherbé

Figure 1 - Nombre moyen de pucerons pour un seul foyer conservé par arbre

28 Alter Agri • mai/juin 2005 • n° 7128

Le haricot (nain), légumineuseannuelle, est implanté en semis directau mois de mai sur des parcelles de larégion sans problème sanitaire parti-culier. La culture ne nécessite pas defertilisation spéciale. Le principe du désherbage méca-nique doit permettre un décalageentre le développement de la cultureet celui des adventices avec l’objectifde mieux les contrôler. Cela permetégalement de minimiser la concur-rence pour la lumière, l’alimentationen eau et en éléments nutritifs. Lalutte contre les adventices est égale-ment nécessaire pour obtenir unepureté spécifique optimale.Le protocole de ces essais est basé surla méthode générale de suivi d’essaisde désherbage ACTA/Arvalis en agri-culture biologique.

Dents Lelièvre et doigtstype Kress, desaccessoires peu utilisésPour désherber mécaniquement, lesproducteurs utilisent surtout desbineuses équipées de socs type

“pattes d’oies”.Il existe pourtant différents acces-soires pour bineuses guidées commedes dents Lelièvre, des brosses verti-cales, des étoiles ou des doigts type“Kress” (photo 1).L’objectif de cet essai est d’évaluerl’efficacité de deux accessoires : lesdents Lelièvre (photo 2) et les doigtstype Kress (photo 3), utilisés seuls ouen combinaison.Le guidage de la bineuse permet depasser au plus près de la culture. Unbinage nécessite donc deux personnes.

Déroulement de l’essaiL’essai est intégré dans une parcelle enmultiplication. Il est entretenu confor-mément au cahier des charges de l’agri-

En 2004, trois hectares de haricots porte-graines ont été multipliés chez des producteurs audois en agriculture biologique.

Le suivi parcellaire assuré les années précédentes avait mis en évidence la maîtrise del’enherbement comme problème technique principal de cette culture. L’étude d’un itinéraire

de désherbage s’imposait alors pour limiter les coûts de production et optimiser la qualitédes graines produites. Des essais comparatifs de techniques de désherbage mécanique

ont été menés, en voici les résultats.

SemencesSemences

Désherbage du haricotporte-graines

Test d’une combinaison d’outils en agriculture biologique

Par Frédéric Rey (BIOCIVAM 11)

Tableau 1- Les différentes modalités étudiées

Traitements 2 faux semis Binage 1 Binage 28 juin 2004 22 juin 2004

J 0 = semis J+11 J+2528 mai 04

T1 = Témoin •T2 = Dents Lelièvre (DL) • • •T3 = Doigts Kress • • •T4 = DL + Doigts • • •

Les traitements sont mis en place sur des bandes de quatre mètres, qui corres-pondent à une largeur d’outil, et sur environ 100 mètres de long.

Photo 1 - Doigts type Kress

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n°71 • mai/juin 2005 • Alter Agri 29

culture biologique. Lors des passagesde bineuse, le sol était frais et très légè-rement motteux. Les conditions étaienttrès favorables à la réalisation de cetravail.

Les résultats technico-économiquesde la culture sont bons : - le produit brut est de 1725€ pour

1 600 m2 et 33,5 heures/ha de travail.- le taux de déchets est moyen : 34 %.- le rendement est bon : 1,12 tonnes/ha.- la qualité de la graine produite est

bonne : 95 % de taux de germination.

Evolution des populationsd’adventicesGrâce aux faux semis, la parcelle estpropre lors du semis (sur la figure 1,le nombre d'adventices est nul le28 mai). La population d’adventicesse développe cependant assez rapide-ment au cours des 10 premiers joursde la culture. Des panics (graminée)sont principalement présents, ainsique des morelles, amarantes, char-dons et prêles.Un premier passage de bineuse, 11jours après le semis, permet de détrui-re la plupart de ces adventices etd’obtenir un décalage entrele développe-

ment de la culture et celui des adven-tices.Un deuxième passage, 25 jours aprèsle semis, ramène la population d’ad-ventices à un niveau acceptable, quireste stable jusqu’à la récolte : laculture a recouvert en partie lesadventices encore présentes.Sur le témoin, les populations d’ad-ventices se développent de manièreexponentielle jusqu’à fin juin. Elle sefont ensuite concurrence entre elleset quelques-unes, les panics notam-ment, se développement au détriment

Dispositif expérimentalLocalisation géographique : chez Jean-Jacques MATHIEU, 11230 TréziersRéalisation : BIOCIVAM 11, Frédéric Rey.Partenaires : FNAMS, Bingenheimer Saatgut AG,Chambre d’Agriculture de l’Aude etITAB.

Milieu et implantation La culture est implantée dans la valléede l’Ariège, sur un sol argilo-limoneux,localement motteux, mais non caillou-teux. Le précédent est un blé tendre. Lapréparation du sol est réalisée à partird’un labour, de deux passages de vibro-culteur et d’un faux semis effectué àl’aide d’une herse étrille avant l’im-plantation de la culture. Le semis est réalisé le 28 mai 2004 ausemoir pneumatique à 25 graines parmètre linéaire pour un écartement de70 cm. La levée est favorisée par des irri-gations de 20 mm (deux par semaine).

Observations et mesures encours de cultureMesure de la “sélectivité de l’outil”:le comptage des peuplements de hari-cots est effectué sur chaque traite-ment, avant et après le passage dechaque outil. Mesure de l’efficacité de l’outil : desrelevés des adventices en place danschaque traitement sont effectués, leurdensité avant et après chaque inter-vention sur le rang et l’inter-rang estégalement notée. Trois placettes de 50cm x 50 cm (avec une partie sur lerang et une partie sur l’inter-rang)sont positionnées sur la diagonale dela bande. Les adventices sont identi-fiées, dénombrées et leur stade estdéterminé. Cette observation est effec-tuée avant et après chaque passaged’outil. Les placettes se trouveronthors de la zone de “lancement” dutracteur, c’est-à- dire à partir de deuxà trois m après l’entrée du champ.

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Figure 1 - Evolution des populations d'adventices du semis à la récolte sur rang + inter-rang

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Figure 2 - Efficacité du désherbage (sur le rang + inter-rang)

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Figure 3 - Efficacité du désherbage sur le rang

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Figure 4 - Efficacité du désherbage sur l'inter-rang

30 Alter Agri • mai/juin 2005 • n° 7130

des autres. Leur nombre décroît donclégèrement jusqu’à la récolte.

Le comptage du 13 août, réaliséavant la récolte, montre une trèsnette différence entre l’infestationsur le témoin et celle sur les troismodalités binées. Avec seulementdeux passages de bineuse, la cultureest peu enherbée à la récolte. Les outils ont donc été efficaces et lespassages positionnés au bon stade.C’est avec la combinaison dentsLelièvre et doigts (T4) que le niveaud’enherbement final est le plus bas.Bien que les comptages aient été effec-tués pour chaque traitement sur troisblocs, on constate une certaine hété-rogénéité dans le développement desadventices : avant le premier binage,le nombre d’adventices est deux foisplus élevé sur les traitements T3 et T4que sur T1 et T2.Au premier passage, le niveau d’en-herbement est moyen, avec environ300 adventices/m2.Au deuxième passage, le niveau d’en-herbement est élevé, avec environ1000 adventices/m2.

Sélectivité excellentePour chacun des traitements, il n’y aeu aucun pied de haricot abîmé ouarraché lors des différents passagesd’outils.

La combinaison desdeux outils est laformule la plus efficace*

Le 8 juin (niveaud’enherbement moyen)L’efficacité globale du désherbage esttrès bonne pour chacun des traite-ments lors des deux passages de bineu-se. Elle est supérieure à 90% pour lestrois traitements (T2, T3, T4). L’efficacité du désherbage sur lerang (cf figure3) est comprise entre78% et 92% (T2, T3, T4). Il y a peude différences entre les traitementset celles observées sont liées à l’hé-térogénéité de la parcelle (il n’estpas logique que la combinaisondents Lelièvre + doigts Kress soit

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Figure 4 - Efficacité du désherbage sur l'inter-rang

témoinDLDoigtsDL+Doigts

*Mesure de l’efficacité

% efficacité = (Nombre d’adventices avant désherbage - Nombre d’adventices après désherbage)Nombre d’adventices avant désherbage

3131n°71 • mai/juin 2005 • Alter Agri

moins efficace que les deux outilsutilisés séparément).

Le 22 juin (niveaud’enherbement élevé)L’efficacité globale est de 72% pour T2(Dents Lelièvre), 84% pour T3 (doigts)et de 89% pour T4 (Dents Lelièvre +doigts).L’efficacité sur le rang est moindre :autour de 60% pour chacun des traite-ments. Dans ces conditions, la différence entrel’efficacité des outils est marquée. Les

dents Lelièvre (T2) utilisées seulesinduisent une efficacité sur le rang de51%. Cette efficacité atteint 62% pourles doigts (T3) utilisés seuls, alors quela combinaison des doigts et dentsLelièvre (T4) permet une efficacité surle rang encore meilleure : 68%. Lacombinaison des doigts et dentsLelièvre (T4) est intéressante : lesdoigts en caoutchouc entraînés parl’avancement du tracteur permettentd’éliminer les jeunes adventices (stadeplantules) sur le rang alors que la lamede la dent Lelièvre permet de passer au

ras du rang de la culture sans l’abîmerni recouvrir les pieds.Les dents Lelièvre passent dans tous lestypes de sols ressuyés. Les bineuses àdoigts sont un des rares outils permet-tant de biner mécaniquement le rang dela culture sans abîmer ni arracher lespieds. Par contre, cet outil fonctionnemal en terrain motteux ou caillouteux.Sur l’inter rang, l’efficacité est prochede 100%. Elle est similaire pour cha-cun des traitements (hors témoin) :dans l’inter rang, la bineuse est équi-pée de dents avec socs triangulaires etde dents flexibles pour chacun destraitements.

Des techniquesperformantes, même enconventionnelLes outils testés sont très sélectifs, ilsn’ont pas d’influence néfaste sur la cul-ture. Leur passage nécessite un sol res-suyé, peu motteux et peu caillouteux.Dans les conditions de l’essai, l’équipe-ment de la bineuse guidée avec unecombinaison de doigts et de dentsLelièvre (T4) a été la modalité la plusintéressante. Elle a permis un très boncontrôle des adventices avec seulementdeux binages positionnés 11 jours et 25jours après le semis. C’est aussi laconduite qui a été pratiquée par le pro-ducteur sur le reste de la parcelle enproduction. Les rendements à la récoltesont bons et la graine produite est detrès bonne qualité.Au-delà de l’intérêt notable de cesbineuses pour les producteurs bio,les résultats de cet essai montrentque des alternatives efficaces auxdésherbages chimiques existentaussi pour les producteurs en agri-culture conventionnelle. n

Photo2 : Dents Lelièvre

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Photo 3 - Détails de l'outils "doigts type kress"

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Erratum AA70Dans le l’Alter Agri n°70, Article“Influence des traitements à basede roténone sur les populationsde typhlodromes au vignoble”d’Eric Maille p.28, figure 2, lalégende était “témoin extérieur”et non pas “pyrèthre”.