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Du même auteur - Christianisme, spiritualité, religion ... · délaisser le pauvre Lili qui se désespère. ... fois, se vit comme un père en comprenant qu’il aime son fils

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Dumêmeauteur

AuxéditionsduRocherLesLyspourpres,2012.LesVeninsdelaCour,2013.

Chezd’autreséditeursAlthéaoulaColèred’unroi,RobertLaffont,2010,prixspécialdujuryduSalond’Ile-de-France2011.

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7LaGloiredemonpère,MarcelPagnol,op.cit.,p.53.8LaGloiredemonpère,MarcelPagnol,Livredepoche,1957,p.169.9LaGloiredemonpère,MarcelPagnol,ÉditionsdeFallois,op.cit.,p.98.10LeChâteaudemamère,MarcelPagnol,Livredepoche,1958,p.174.11LaGloiredemonpère,MarcelPagnol,Livredepoche,op.cit.,p.168.12LeChâteaudemamère,MarcelPagnol,Livredepoche,op.cit.,p.205.13Ibid.,p.381.14Ibid,p.217.15Voirlesannexes(C).16LaGloire demon père,Marcel Pagnol, Éditions de Fallois, op. cit., p.178.17Ibid,p.182.18Ibid.,p.198.19LeChâteaudemamère,MarcelPagnol,Livredepoche,op.cit.,p.279.20Ibid.,p.280.21LeChâteaudemamère,MarcelPagnol,ÉditionsdeFallois,op. cit., p.190.22LeTempsdessecrets,MarcelPagnol,ÉditionsdeFallois,coll.«Fortunio»,2004,p.16.23LeChâteaudemamère,MarcelPagnol,op.cit.,p.205.24Ibid.,p.198.25LaGloiredemonpère,MarcelPagnol,op.cit.,p.40.26LeChâteaudemamère,MarcelPagnol,op.cit.,p.201.27Ibid,p.130.28Ibid.,p.144.29Ibid.,p.214.30Ibid.31Ibid.32Augustine Pagnolmeurt le 16 juin 1910 d’unmal de poitrine.Marcel aalorsquinzeans.33Ibid.,p.217.34Ibid.

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35Ibid.

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Valsemélancoliqueetlangoureuxvertige1

OnsesouvientdelaphrasequiclôtUnamourdeSwann:Direquej’aigâchédesannéesdemavie,quej’aivoulumourir,quej’aieumonplusgrandamour,pourunefemmequinemeplaisaitpas,quin’étaitpasmongenre

2!

EtpourtantSwannsoupireaprèsOdette surdespagesetdespages…cequin’estpassansrappelerlepetitMarcelduTempsdes secrets, qui tombe en pâmoison devant Isabelle. Elle a lemêmeâgequelui,illarencontreparhasarddanslescollineset,subjugué, lui obéit et exécute ses quatre volontés, au point dedélaisserlepauvreLiliquisedésespère.Pagnoldécritalorslatransfigurationduquotidienparl’amour.

Tout devient beau quand on aime. On se sent plus fort, ondéplacedesmontagnes.C’estaussilethèmeduPremieramour,uneœuvremoinsconnue,quePagnolécriten1946.Ils’agitduscénariod’unfilmqu’ilnetournajamais.Illedécritcommeun« conte poétique qui raconte l’invention de l’amour et ladécouverte du feu ». Ne compare-t-on pas le sentimentamoureux à une flamme ? L’histoire, qui n’est qu’une longuemétaphoresurlesujet,sepasseautempsdespremiershommes.L’und’entreeuxestchasséduclan,carilrefusedepartagersacompagne.Maisprivédusoutienetdelaprotectiondugroupe,l’enfantnédeleursamoursrisquedemourirdefroid.C’estpourlui et pour la femme qu’il aime que l’homme va braver lesdangersetallerchercherlefeu.Onlevoit,Pagnolplacel’amourtrèshaut,nousyreviendronsplusloin.Avec Isabelle dans le Temps des secrets, Marcel fait

l’expérience de la rouerie féminine, et montre qu’un hommepeut être sot et vulnérable dès l’instant où il est amoureux. Ilrêvealorssavie,inventeundécor.Lorsqu’ilestenfindessillé,la

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Ettoi,naturellement,çatechoquequandunpèreengueulesonfils11!

MerveilleuxPagnolqui,enquatrerépliques,avecl’humouretla finessequ’on lui connaît,démontreque l’autoritépaternelleestimmuable.Lepèreesttoujoursdansledondesoietl’enfantprendtout,àcommencerparlaviequi,dansl’œuvredePagnol,primetoutlereste.Elledemeureunmystère,celuidesfemmes,cequiconfèreaupèreunepudeurfaceàquelquechosequ’ilnemaîtrisepas.Qu’il s’agissedeCésaroudupuisatier, onn’osepasparlerde«ceschoses»,del’amour,dusecretdelavieoudela naissance. Pagnol s’en amuse et s’en émeut. Il en fait étatdanstoutesonœuvre.CésarleditàPanisseavantquecederniern’aitadoptéCésariot:

CÉSAROh,c’estbienceque jevais faireà la fin.Jusqu’ici, jen’aipasencoreosé. Marius, quoiqu’il ait vingt-trois ans, je lui donnerais encore descalottes,s’illefallait.Maisjen’osepasluiparlerdefemmes…

PANISSEPourquoi?

CÉSARParunsentimentdrôle:lapudeur.

PANISSEQuépudeur?

CÉSARLapudeurpaternelle.

PANISSETuasdessentimentsbiendistingués!

CÉSAR

Situétaispère,tuseraisaussidistinguéquemoi12.

Onlevoit, lespèresaimentsans ledire.Lessentimentssontmasqués : ils ne doivent pas être pris pour de la faiblesse.

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Mariussentcettegêne,lorsqu’ilretrouvesonfils:Jevoudrais tediredeschosespaternelles, jevoudrais trouverdesmotsnouveaux,çanevientpas

13…

Ce qui contraste avec la faconde marseillaise ! Quelquesinstants plus tard pourtant, Marius, sans en avoir conscience,trouvecesmots:

Sic’esttoiquiviensmechercher,j’irain’importeoù14.

Ils ne sont pas nouveaux,mais ce sont bien ceux d’un père.Joliepériphrasepourdire«jet’aime».Marius,pourlapremièrefois, se vit comme un père en comprenant qu’il aime son fils.C’est cet amour qui lui donne un statut auprès de Césariot.C’estcequidifférenciechezPagnoll’amourd’unpèredeceluid’unemère.L’amourd’unemèren’est pasun apprentissage, ilestspontanéet immédiat.Parceque lafemmeporte lavie,elleestaucœurdumystère.Avecbeaucoupdepoésieetde sagesse,Pagnolnous indique

danstoutesonœuvre,enfiligrane,unenotionpourluicapitale:ondevientpère,onestunemère.

1ExtraitdeMarius.2ExtraitdeFanny.3Ibid.4ExtraitdeCésar.5Ibid.6ExtraitdeLaFilledupuisatier.7Notons que les longsmétrages tirés des pièces ne se terminent pas de lamêmefaçon.Ils’agiticidelafindufilm.8ExtraitdeLaFilledupuisatier.9ExtraitdeFanny.10ExtraitdeCésar.11Ibid.

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12ExtraitdeMarius.13ExtraitdeCésar.14Ibid.

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Allons,monvieux,soyezviril,réfléchissez!PANISSE

C’esttoutréfléchi:jenesuispascapabledesupporteruntelcalvaire!M.BRUN

Attendezunpeu,vousverrez.PANISSE

Non,non,non,non.(Untemps.)

Jepréfèremeremariertoutdesuite1!

L’effet comique est certain. Ne confondons pas cependant :Panissenecherchepasl’amour.Ilveutprendrefemmepourfuirlasolitudeetretrouverleplaisir.EnépousantFanny,iln’aspirepasàs’enfaireaimer.Alors,quisontceuxquiaiment?Ausortirde l’adolescence,

tousnospersonnagesrencontrentl’amour.Àcedétailprèsqu’ilest toujours hors de portée ! Nos jeunes amoureux sont tousépris de l’inaccessible. Patricia se donne à JacquesMazel, unricheaviateurquin’estpascensévouloir l’épouser. Ilenvademême pour Topaze qui croit s’être entiché de Mlle Muche –laquellesemoquedelui–,puisdeSuzyCourtois,deuxfemmesdeconditionbiensupérieureàlasienne.Laboulangèredisparaîtavecsonbergerpouruneaventuresans lendemain ;UgolinestfoudeManonqui le hait ;Amanda aimeFélipe, lequel nevitquepourPatricia; leschpountzlanguitaprèsFrançoisequinele voit pas ; et Fanny tombe dans les bras de Marius alorsqu’ellesaitqu’ilpartiramalgrétout.

Iln’yapasquel’amourdanslavie,dit-elleenleregardantdroitdanslesyeux,ilyadeschosesbienplusfortesquelui

2!

Etpourtant,mêmesicelaestsansespoir,lebesoind’aimeretd’être aimé est impérieux. L’amour est un piège qui broie

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l’insouciancedelajeunesse.Ugolinenmourra.On est frappé par le fait que cet écrivain, qui a eu de

nombreuses conquêtes féminines et des enfants avec plusieursd’entre elles, soit épris d’une soif d’absolu pour sespersonnages. Dans l’œuvre de Pagnol, on n’aime vraimentqu’uneseulefois.Félipelerésume:

Vous l’aimez, lui?Vous l’aimezd’amour?Sipour les femmesc’est lamêmechosequepourleshommes,çanevouspasserajamais

3!

Àquoifaitéchol’échangedePanisseetdeFanny:PANISSE

C’estbête,l’amour,toutdemême!FANNY

C’estpasbête,maisc’estmauvais4!

Et l’on aime pour l’éternité. C’est cette dimension d’amourimmortel qui fait entrer nos héros dans le panthéon desamoureux légendaires, aux côtés de Roméo et Juliette, deTristanetIseult,d’HéloïseetAbélard.Lesplusbellesamoursnesont-ellespaslesamourscontrariées?Toutefoislacomparaisons’arrêtelà,carnotreauteurneviseni

aumytheniàlalégende.Sonœuvreestréaliste,ancréedanslavie.ChezPagnol, personnene s’immole sur le cadavre de sonamant.Ugolinsepend,ilestvrai,maisparcequ’àl’amourdéçuvient s’ajouter la honte et le remords. Pagnol se veutpragmatique.

On nemeurt pas d’amour […]. Quelquefois, onmeurt de l’amour del’autre,quandilachèteunrevolver–maisquandonnevoitpaslesgens,onlesoublie…,ditM.BrunàHonorine

5.

Les autres font face à la disparition de l’être aimé, aveccourage et dignité. Pagnol, fin psychologue et peintre des

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passions humaines, marque pourtant une différence notableentre les deux sexes : la maturité. Dans bien des œuvres, lesfemmessouffrentplus tôt,carellesmûrissentplusvite.Àdix-huitans,unejeunefilledevientunefemme.D’instinct,ellesaitaimer,etdéjàelleenest tourmentée.Ugolina trente-deuxans,Topaze trente, Aimable le boulanger a passé la quarantaine etMarius,lorsqu’ilrentreàMarseille,estâgédevingt-huitans.IldemandepardonàFannyquiluirépond:

Il y a bien longtemps que je t’ai pardonné, parce que tu n’avais pascomprismonamour.

EtMariusrétorque:

Nilemien6.

Àvingt anspourtant, il aimaitFannyde tout soncœur,maisn’en avait pas conscience, parce qu’il rêvait d’un ailleurs, dubout du monde, des îles Sous-le-Vent. Il revient vieilli,transformé, aguerri. Les revers, les difficultés, le manque,l’éloignement, la solitude, les aventures plus ou moinsheureuses,l’ontmarqué.Ilprendconsciencedecequ’ilaperdu,decequ’ilauraitpuavoiretdelachancequ’ilalaisséepasser.Etlàseulementsemanifestesonbesoind’amour.Curieusement, l’homme plus mûr qui, par son âge et son

expérience,acomprisl’amour,quisaitleressentiretendonner,ne parvient plus à le susciter. Il ne rencontre que des femmesincapables de l’aimer, comme si notre auteur voulait suggérerquel’amourestl’apanagedelajeunesse(leboulangeretPanisseen sont les plus belles représentations). Étonnant pour unhommequi finira par épouser une femmedevingt-cinq ansdemoinsquelui…!Leboulangerperçoitcemalaisedanssoncouple:Jesuisvieux, jeprendsduventre,c’estune injustice terriblepourelle.Parcequ’elle,c’estmonidéal,etmoi,jenesuispaslesien.Mailleferme

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Çavientcommeça.CÉSAR

Disdonc,n’essaiepasdemonterlecoupàtonpère![…]

CÉSAROh, coquin, c’est pourtant pas difficile, voyons ! Tiens, regarde.Approche-toi!Tumetsuntiersdecuraçao.Faisattention:untoutpetittiers·Bon.Untiersdecitron.Tuvois.UnBONtiersdepicon.Tuvois.Etalors,ungrandtiersd’eau!…Voilà.

MARIUSEtçafaitquatretiers.

CÉSAREtalors?

MARIUSDansunverre,iln’yaquetroistiers.

CÉSARMaisimbécile,çadépenddelagrosseurdestiers

MARIUSEhnon!Çadépendpas.

CÉSAREtpourquoiçadépendpas?

MARIUS

C’estdel’arithmétique,ça6.

Oubien:CÉSAR

MonsieurBrun,j’ailaprétentiondeconnaîtremonmétier.M.BRUN

Évidemment,évidemment.ESCARTEFIGUE

Ça,personnen’oseraitlediscuter.

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CÉSARBon.Ehbien,monsieurBrun,jenevousdiraispasquel’apéritifestunremède,commel’huiledefoiedemorue,non,maisc’estmeilleur,etçanefaitpasplusdemal.

M.BRUNC’estcertainementmeilleuraugoût.

CÉSARBon.Vousêtesd’accordsurcepoint.Etquandjevousdisque

ça ne fait pas plus demal, il faut que jem’explique. On dit,monsieur Brun, que l’apéritif attaque le foie. Or tous lesapéritifssont faitsavecdesplantes :absinthe,gentiane, sauge,anis,orange,etcétéra.

M.BRUNPlusl’alcool.

CÉSAREssence de vigne : PLANTE !Ces plantes,monsieurBrun, elles n’ontpas de foie. Elles n’ont jamais vu un foie. Elles ne savent pas ce quec’estqu’unfoie.

ESCARTEFIGUEMoinonplus,d’ailleurs.

CÉSARNe me coupe pas quand j’explique. Elles ne savent pas ce que c’estqu’unfoie.Vousnemeferezpascroire,monsieurBrun,quecesplantessontl’ennemidufoie,qu’ellesneconnaissentpas.

(AEscartefigue.)Ilnesaitplusquoidire.

M.BRUNMon cherCésar, je saurais très bien quoi vous dire ; je serais tenté devousrépondrequevotreraisonnementestabsurde.

CÉSAREtpourquoi?

M.BRUN

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L’acidesulfuriquen’ajamaisvulecuivre.Etpourtant,sionleversesuruneplaquedecuivre,l’acideattaquelaplaque.[…]

CÉSARVoyons,monsieurBrun,quel est le rapport entre lesapéritifs et l’acidesulfurique?

M.BRUN

Ilestpeut-êtreplusgrandqu’onnecroit7!

Enfin:CLAUDINE

Parfaitement. Il avait cinquante-trois ans. Le médecin a dit qu’il étaitmortdel’embouligue.

CÉSAR(stupéfait)Del’embouligue?

CLAUDINEOui,monsieur,ilavaitunembouligue.

CÉSAR(setâtantlenombril)Moiaussi,j’aiunembouligue!Toutlemondeaunembouligue!

ESCARTEFIGUE(fièrement)Moi,lemien,ilestgrandcommeunepiècedecinqfrancs!

CLAUDINEMais ça veut pas dire le nombril ! L’embouligue, dans le langage dessavants, c’est une maladie. Le médecin a dit : « C’est une espèce debouchonquisemetdanslesartères.»Ettoutd’uncoup,cloc!Çaéteintcommesiontecoupaitlegaz!

CÉSAR(scientifique)Ah!Elleveutdireuneembolidre!

M.BRUN(sansrire)Ilyamêmedesgensquiappellentçauneembolie!

CÉSAR(condescendant)

Oui.ÀLyon8.

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bien sûr, à Angèle de Giono, deux héroïnes qui ont intéresséPagnol au point qu’il porte leur histoire à l’écran. On sesouvientde laphrasedupuisatier,« il faut seméfierdesgensqui vendent des outils mais ne s’en servent jamais… », quirésume, avec beaucoup de poésie, cet antagonisme entre deuxmondes presque irréconciliables : ceux qui luttent contre lanatureenvuedeladomestiquer,del’apprivoiser,deladompter,dansuncombatrudeetdouloureuxquivaparfois,commepourle bossu, jusqu’à lamort ; et ceux de la ville, dont la vie estfacilitée par de nombreuses commodités, qui s’enrichissent etpervertissent souventcequ’ils touchent,quine rejettentpas leprogrèsmaisl’utilisent,quelquefoisaudétrimentdestraditionset des mœurs. Cet affrontement manichéen du Bien contre leMalopposesanscesselesvicesauxvertus,ledrameaubonheur,lapuretéàlasouillure,lavéritéaumensonge.C’estassurémentlaProvencequireliePagnolàGiono,etc’est

encoreellequiluidonneraenvied’adapterplustardlesœuvresdeDaudet.Regainillustreàmerveillel’amourquiunitlesdeuxécrivains à cette terre. Grand chant lyrique de Giono, ce récitexalte la solitude, l’inexorabilité du temps, le combat deshommessurunenaturearidequiveutreprendresesdroits.Un village se meurt, faute d’habitants. Tous sont partis à la

ville, fuyantdesconditionsclimatiquesdifficiles, leventglacéde l’hiver, la sécheresse brûlante de l’été. Ils ont toutabandonné : la maison de leurs ancêtres, leurs vignes, leursoliveraies.LaMamèche,elle,n’apasvoulupartir.ElledemeuredanssafermeavecPanturle,unpaysanbourruquipourraitêtreson fils. Elle va lui amener une femme, Arsule, que soncompagnon brutalise et qui préférera trouver refuge auprès dePanturle. Ensemble, ils vont reconstruire le village et le fairerenaître.Leregainestl’herbequirepousseaprèslafauchaison.

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CettenotionducycledelavieserencontrechezGionocommechez Pagnol. Cependant, le personnage d’Arsule esttypiquementgionesque.PasdefemmebattuechezPagnolnidefemmeutiliséecommeobjetsexuel.Si tous deuxpartagent des thèmes de prédilection, ils ne les

abordentpassouslemêmeangle.Ainsilepersonnagedelafillemèreque l’on retrouvedansAngèle est-il noircidans l’universdeGiono.Angèlen’estpasseulementdéshonorée,commeFanny

ouPatricia,elleestavilie.Elleasuivil’hommequ’elleaimaitetaeuunenfantdelui,maiscethommel’aobligéeàseprostituer.La souillure est donc totale, bien plus violente que dans lesœuvresdePagnol.Laquestiondupère,paterfamilias,chefduclanetgarantde

l’ordre moral, est elle aussi traitée de façon beaucoup plusaustèreetdurechezGiono.Clarius,lepèred’Angèle,séquestreainsisafilleetsonbébédanssacave,àleurretour,afinquel’onignorecettehonte.Aucunpèren’agiraitdelasorteenPagnolie!D’une certaine manière, Giono oscille entre une affection

éternellepourlacréationetundégoûtprofonddesbassessesdesescréatures,cequel’onnetrouvepasdutoutchezPagnolquiafficheunperpétueloptimismeetunegrandeindulgence:«Silespéchésfaisaientsouffrirquandonlesfait,nousserionstousdessaints

2!»,ditCésardanslatrilogie.

GionoséjournetrèssouventdanslesAlpesdunord.«C’estdecepays,explique-t-il,quej’aiétéfaitpendantplusdevingtans.» Sa Provence géographique n’est donc pas non pluscomplètementlamêmequecelledePagnol.Etsesdescriptionss’enressentent.Lesessences, lavégétationsont toutautres.Letremplinde leur imaginaireest luiaussidifférent.EtsiPagnolévolueversplusdegravité(sadernièreœuvreromanesque,l’Eau

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descollines,estplussombrequelesprécédentes),ilestcertainqueGiono,lui,s’enfoncedansledésenchantement.IlsproposenttousdeuxuneProvenceâpre,rude,aveclaquelle

on ne peut pas tricher. Une Provence épique qui façonne ledestin des hommes. Pour Pagnol, ce sera aussi une sorted’épopéeuniversellequitoucheauxchosespremièresetpresquesacrées:lepainetl’eau.

1L’épisodenousestcontéparRaymondCastansinMarcelPagnol,op.cit.,p.239.2ExtraitdeCésar.

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patienter,puisseraitredescendudesonbureauunmomentplustard,tenantentresesmainslespremièrespagesdelaGloiredemonpère!Cettehistoire,quipossèdeunfonddevérité,n’estcependant

pastoutàfaitexacteetsedoitd’êtrenuancée,carellenerésistepas un instant à l’analyse desSouvenirs ! Bernard de Fallois,éditeur de Marcel Pagnol, nous en a offert l’explication enpubliant le Temps des amours.Dans un texte particulièrementintéressant relatant les circonstances de la parution de cequatrième volume, il est revenu sur cet épisode, effectivementauthentiqueàundétailprès:lesfeuilletsquePagnolaremisaucoursier(quisontsortisenfeuilletondanslejournalElledu3décembre 1956 au 3 janvier 1957) n’étaient pas les textesdéfinitifs!BernarddeFalloisciteainsifortopportunémentcesquelqueslignes:

Ceci se passait vers 1905, et selon mes calculs, […] la famille avaitsoixante-treizeans:deuxpourlapetitesœur,sixpourmonfrèrePaul,neufpourmoi, vingt-sixpourmamèreet trentepourmonpère,notrepatriarche.Ilétaitalorsmaîtred’écoleàMarseilleetnousl’admirionspour sa force, sa beauté, son adresse au jeu de boules, son talent deflûtiste et surtout sa façon désinvolte d’aiguiser son rasoir sur lapaumedesamaingauche

1…

CeparagraphenefigurepasdanslaGloiredemonpèreetlescinq épisodes publiés dans le journal relataient l’histoire dequatrechâteaux,autrementditlerécitduChâteaudemamère.L’engouementdeslecteurspourcesfeuilletonseutraisondes

réticencesdePagnolàécriresesmémoires.Maisl’anecdoteducoursierpersista,puisantsonoriginedanslefaitquePagnolnese sentait pas sûr de lui alors qu’il s’essayait à un genred’écriture qui ne lui était pas familier.Après deuxœuvres quin’avaientpasrencontrélagloireescomptée,JudasetFabien,etun film,Manon des sources, qui avait connu un franc succès

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maisl’avaitlaisséunpeuinsatisfait,l’écrivaindoutaitdelui.Enminimisant le travail réalisé, il anticipaprobablementunéchecéventuel. La preuve en est qu’il préféra publier discrètementchez Pastorelly plutôt que chez un grand éditeur parisien. Onconnaîtlasuite:laGloiredemonpèrefitl’effetd’unebombe;lelivrefutsaluécommeunvéritablechef-d’œuvre!Maisleslégendesontlaviedure,etcetteidéequePagnolécrit

avecfacilitéunesortede«langageparlé»,dansunpremierjet,esttenace.Onamêmecréélemotdepagnolade,lependantdegaléjade,pourcaractériserunehistoirelégère,amusanteetsansfondement.L’étude de son style montre pourtant à quel point cette

interprétation peut être une méconnaissance du travail et dutalent de l’écrivain. Cette réflexion s’oriente dans deuxdirections.Lapremière,lorsqu’oncomparelestyledePirouettesoudelaPetiteFilleauxyeuxsombres,sesœuvresdejeunesse,qu’ilavaitrédigéespoursarevueFortunio,aveclacompositionaboutie des Souvenirs ou de l’Eau des collines ; ensuitelorsqu’onsepenchesursonstylepropreetsurtouteslesfiguresque l’on y trouve. Si un jour la recherche génétique devientpossibleparl’accèsauxmanuscrits,onseraàmêmedeprouverdemanière irréfutableque l’écrivainétaitdansuneperpétuellequêtedurythme,dessons,desimages, toutenprivilégiantunerhétoriquesimpleetépurée.Cettemétamorphose ne s’est pas faite en un jour, et c’est à

forcedetravailquePagnolestparvenuausommetdesonart.Dans sespremiers ouvrages, nousverronsquenotre auteur «

s’écouteécrire»,usantde tournuresalambiquées,d’uneplumeparfoisprécieuseetampouléequicontrasteviolemmentaveclesfiguresdestylequinaîtrontplus tard, lesquellesutiliseront lesmots les plus simples pour parvenir à un effet poétique et

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esthétique d’une remarquable intensité.Avec la fougue de sonjeune âge, il explique plus qu’il ne démontre et donne desleçons plus qu’il ne met en scène. Enfin, le professeurd’universitéqu’ilestdevenufaitsouventmontredesonsavoir,citant les grands auteurs à chaque détour de page. Lorsqu’ilentrera lui-mêmeaupanthéondeces illustresécrivains, il auraassimilélesrèglesduthéâtreclassique,les«ressorts»inhérentsaux comédies deMolière…Connu et reconnu, il n’aura alorsnulbesoind’affichersesconnaissances,sinonenlesmettantenscènepardeseffetscomiques.Iloffriraainsiuneœuvrericheenthèmes récurrents qui deviendront la marque de son univers,émaillé d’une poésie chatoyante se développant sur plusieursregistres.Visiteguidéedanslesméandresdustylepagnolien.

1«MarcelPagnolautempsdessouvenirs»,BernarddeFallois,inLeTempsdesamours,MarcelPagnol,op.cit.,p.227-228.

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Dessentimentsuniversels

Au-delàdetouslestypesdepoésiesquel’onpeutrencontrerchezPagnol,ilenestunequienglobetouteslesautres:celledusentiment. C’est dans l’expression des émotions humainesuniverselles que cette dernière se manifeste le plus souvent :lorsquel’écrivains’adressedirectementàseslecteurs.Parmi ces sentiments forts, réconfortants, se trouvent en

premier lieu les liens familiaux au sens large, la piété filiale.PagnolécritdanslesSouvenirsd’enfance:

Ilsétaientmonpèreetmamère,detouteéternitéetpourtoujours1.

Ou,àproposdesamère:

Commeellen’avaitquedix-neufans–etelleleseuttoutesavie2.

Une immense tendresse parcourt les pages des Souvenirschaquefoisquel’écrivainévoquesesparentsousonjeunefrèrePaul.IlfautrappeleràcesujetqueGermaine,«lapetitesœur»,estvécueplutôtcommeuneintrusequi«mangesamèrequatrefois par jour

3 », selon Paul. Enfin, nous l’avons dit, René, le

benjamin,n’estpasmentionnédanslesSouvenirsd’enfance.Onvoitbienquecettevisiondelafamilleestrecomposée,idéaliséeet magnifiée par l’auteur, qui en fait l’instance poétique oùs’exaltenttouslessentimentsforts.Iloublievolontairementleslienspeut-êtreplusténus…Lesrelationsaveclesgrands-parentsnesontpaspasséessous

silence. Elles sont particulièrementmarquées dans la Fille dupuisatier:

Vé,ilouvrelesyeux.(Lepuisatiersepencheavecunvieuxsourire.)

Amoretti, fais risette.Amoretti le jeune, faisvite tonplusbeausourire,c’estpourAmorettilevieux.

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Etplusloin,ilditàsafille:Tun’auraispasdûlelaissertoutseulaumilieudetouscesMazel!

On comprend, à travers ces phrases pudiques, quel’acceptation de l’enfant est pleine et entière, mieux : que legrand-père est très attaché à ce bébé qui était au départ l’«enfantdelahonte».on retrouve aussi ce sentiment d’amour transgénérationnel

dans les souvenirsdePagnol lui-même,qui évoque songrand-pèreencestermesattendris:

Son autorité sur ses enfants avait été redoutable, ses décisions sansappel.Maissespetits-enfantstressaientsabarbeouluienfonçaient,danslesoreilles,desharicots

4.

Grands sentiments éminemment poétiques que ceux del’amitié, thème très présent chez Pagnol. Outre l’affection delonguedatequiunitCésaràPanissedansla trilogie,ainsiquelespartiesdecartesmémorablesavecEscartefigueetM.Brun,lesallusions sont récurrentesdanschacunede sesœuvres. IlyrevientavecforcedanslesSouvenirs, à travers sa relation avec son « petit frère des

collines5 ». Ce dernier lui explique qu’il ne pourra

l’accompagnerpourposer sespièges, car il doit travailler avecson père. Marcel lui réplique alors qu’il ne souhaite pasl’attendreseul toute la journéeetqu’ilpréfère l’aiderdanssescorvées.

Il me regarda un instant, ses yeux brillèrent et il me sembla qu’ilrougissait.

« Je me l’étais pensé, dit-il. Mais quand même, ça me faitplaisir

6.»

Pagnol n’a jamais oublié son compagnonLili et l’amitié euttoujoursdanssavieuneplaceprépondérante.LamortdeRaimu,

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puiscelledeFernandellefrappèrentdepleinfouet.S’ilétaitunhomme d’affaires redoutable, tous s’accordent à dire quel’ambiance des tournages sur ses films était invariablementempreinte d’une grande camaraderie. Rien de formel dans sesrapportsavecsonéquipe,Pagnolaffichaituneréellesimplicité.Sa gloire ne l’a jamais rendu inaccessible. Sur sa tombe, àLaTreille, est gravée une phrase empruntée à Virgile : «Fontes,amicos,uxoremdilexit»–«ilaaimélessources,sesamis,safemme».Poésie également que celle du sentiment amoureux qui

parcourttoutesonœuvre:Et si ça peut te consoler, pense que chaque soir il y a une femme quipense à toi, qui voudrait s’étendre contre toi, sentir l’odeur de tescheveux et s’endormir dans ta chaleur. […] Une femme qui voudraits’éveiller le matin avec ton bras autour du cou, te recoiffer quand tut’éveillesetmettresamainsurteslèvresencoremollesdesommeil

7.

Etons’endoute,lesexemplessonttrèsnombreux.Enfin, une des particularités de Pagnol est qu’il existe dans

son œuvre une poésie de l’enfant, puisque ce dernier est unthèmeensoiéminemmentpoétique.Ilestl’êtrequiapparaîtparamour,s’imposeparcequ’ilveutnaître,commeuneaffirmationdulienquiunitsesparents.Mais cette poésie de l’enfant est distincte de celle de

l’imaginaire de l’enfance, un univers dans lequel Pagnolreplongeavecbonheuraprèsunevied’hommebienremplie.

1LaGloiredemonpère,MarcelPagnol,op.cit.,p.22.2Ibid.,p.13.3LaGloiredemonpère,MarcelPagnol,Livredepoche,op.cit.,p.80.4Ibid.,p.17.5LeChâteaudemamère,MarcelPagnol,op.cit.,p.120.6LeTempsdessecrets,MarcelPagnol,op.cit.,p.13.

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Unpeuplus tard,nousretrouvonsFélipedenouveauattablé,toujoursivre.

Il aà lamain le chapeaudePatricia,nousdit l’écrivain. Il aunœilpoché,etilessaied’allumerlabougied’unelanterneenpapier.

Puistoutàcoup,lecanotierprendfeu:(Il tientde lamêmemain lechapeauet la lanterne. Ilessaie toujoursd’allumerlalanterne.Iln’yréussitpasmais,parmalheur,ilenflammelechapeau.Lechapeauestencellophanetressée:ildisparaîtdansunéclair.Ilnereste,danslamaindeFélipe,quel’hirondellegrésillante.)

FÉLIPE(perplexe)Ça, c’est curieux. Ça, c’est pire que l’Opéra. Il ne reste plus quel’oiseau

3.

Etplusloin,devantlafouleassembléequisegausse:Etilyenaquirientdeça?Lechapeauabrûlé,etvousriez?Voussavezpas qu’il y a de quoi faire une mine de soixante, allumer la mèche,s’asseoirdessusetattendrel’ascenseur

4?

Plustard,lorsqueJacquesarrivederrièrePatriciaetvoitl’étatdu pauvre Félipe, il propose à la jeune fille de la ramener enmoto,puisquelemalheureuxn’estplusenétatdeconduiresonautomobile. Patricia hésite, puis accepte sur les conseils deFélipequiremerciechaudementJacques,ignoranttoutdudramequisejoue.Aumomentoùlamotodémarre,portantJacquesetPatricia,Félipelesarrêteettendl’hirondelleàPatricia.

FÉLIPEL’oiseau!

JACQUES

Onteledonne5!

On voit bien toute la valeur symbolique qui s’attache à cechapeau, puis à cet oiseau. Attributs du respect profond qu’ilporteàPatricia,ilssontaussilareprésentationdelatraîtrisedela jeune filleenversFélipe,qui s’estéprised’un jeunehomme

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nesouhaitantpourlemomentques’amuserd’elle.Cechapeau,et plus tard ce qu’il en reste – l’oiseau –, Félipe le vénèrecomme une véritable relique à plus d’un titre. D’abord d’unemanière un peu fétichiste, parce qu’il appartient à Patricia etqu’elle l’aporté ; ensuiteparcequ’il vautune certaine sommed’argentetque,pourluiquiestpuisatieretn’apasbeaucoupdemoyens, c’est une considération importante. Le comportementdeJacquesesttoutautre.Cequ’ilconvoiteenPatricia,cen’estpas son assentiment pour unmariage ! Il est de plus un jeunehomme riche qui n’a que faire de ce genre d’accessoiresridiculesquandsamères’habillechezdescouturiers.Lechapeauaunevaleurhautementdramatique.Ilmontreque

Félipe n’a aucune chance avec Patricia, que de cet espoir fouqu’ilavaitdel’épouserilneresterien.Ils’estbrûlélesailesparsa naïveté, sonmanque d’assurance, comme cette « hirondellegrésillante ». Il est cet oiseau calciné qu’il tient comme unerelique de son amour perdu. L’objet joue, là encore, sur lecontraste entre la gaucherie candide et sincère de Félipe et ladésinvolture arrogante de Jacques. Et Patricia, jusque-làsymboledepureté,seraelleaussicetoiseauquis’estbrûlélesailes lorsqu’elle arrivera chez sonpère, puisque c’est au coursdecetrajetavecJacquesqu’elles’abandonneàlui.Le jeunepuisatierest legrandperdantde toute lascène.Les

deux amoureux ont filé, ils n’appartiennent déjà plus à sonmonde.DanslaFemmeduboulanger, làencore,Pagnoldéploie tout

sontalentafindedonnervieàl’inanimé.L’intrigueestdénouée.Aurélie, la femme du boulanger Aimable, est partie avec unbergerdesonâge,puis,déçue,estrevenueaprèslamobilisationde l’ensemble du village pour la ramener. Aimable a alorsrallumé son four et a cuit du pain avec dévotion. Cependant,

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toutelascènesedérouledanslenon-dit.Ilyaura,onl’avu,lalonguetiradeduboulangerquiinsultelachattePomponnetteaulieude réprimandersa femme.Maissurtout, lepainqu’ilposedevantAurélie,affamée,àlaformed’uncœur.Ilestlepainbéni,celuidelaréconciliationetdupardon,lepainquidit«jet’aime»sansquejamaisAimableneprononcecesmots.Safemmedenouveau à ses côtés, le boulanger recommence à pétrir puis às’occuperdesesfournées,lavierevient.Laformequ’ildonneàcepetitpainqu’ilconfectionnespécialementpourelleestdonchautementsymbolique.C’estàcemomentqueseclôtvraimentl’intrigue,danslaréaffirmationdel’amour,malgrélatrahison.D’unemanièregénérale,lePagnolcinéasteutiliselesobjetsen

vue de faire avancer l’action ou comme des marqueurssymboliques, à certains grands tournants de l’histoire. Il leurattribue un rôle dramatique et, paradoxalement, s’en sert pourdédramatiser!Les chapeaux ont sa prédilection.DansCésar, par deux fois

Pagnolrecourtàcetaccessoire,afindefairerire.Àl’enterrementdePanissetoutd’abord.CedernieravaitépouséFanny,empêchantlesdeuxamantsde

serejoindreauretourdeMarius.Samortestunelibérationparrapportàl’intrigue:ellelarelance,encesensquetoutdevientpossible.Lepublic,quiaspireàvoirlesamoureuxseretrouver,onl’adit,nedoitéprouveraucunetristessefaceàladisparitiondu vieil homme pour que le plaisir soit complet. Pagnol estconscient de cet enjeu lorsqu’il écritCésar, puisque c’est à lademande des spectateurs, qui l’ont inondé de lettres, qu’ils’attelle à ce troisièmevolet directement tourné au cinéma.Enoutre, pour les raisons que l’on connaît, il ne souhaite pasthéâtraliserlamort,lamettreenscènedanssonaspecttragiqueet insupportable.Mais il ne peut pas non plus faire l’impasse

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toujoursdepartir,quesonenviene l’apasquitté.Elleregardeau-dehors.Apparaîtalorsl’imagedupharedeMarseille,denuitet éclairé, puis un fondu enchaîné sur lemême phare, lumièreéteinte,aupetitmatin.Onlevoit,cettereprésentationàlafoissexuelle et maritime évoque les deux passions de Marius etfonctionnecommeunsignalindiquantauspectateurqueMariusetFannys’apprêtentàfairel’amour.Cette façon de procéder, qui n’est pas si courante, et encore

moins pour les films de cette époque, est particulièrementintelligenteetpertinente.Ilestunfaitcertainqu’aujourd’huionmontreplusqu’onnesuggère,optionchoisieparDanielAuteuilquandilatournéMariusetFanny:lorsqueHonorineentrouvrelaportedelachambreettrouvesafillenue,endormiedanslesbrasdeMarius,illefilmeenréel.Maisdansuncontexteoùilétait impensable d’exposer l’intimité des personnages –rappelons queMarius est sorti en 1931 –, le stratagème trèsconnotédutandemKorda-Pagnolestparticulièrementastucieux.Alorsqu’ilréaliseFanny,Pagnolutiliseral’idéed’untrèslongtravelling qui conduit sa jeune héroïne du port de Marseillejusqu’àNotre-Dame-de-la-Garde,onl’avu,poursymboliserle«chemindecroix»quicommencepourelle,aveccettegrossessenondésirée…Toutcelanousferanuancerleproposquantaunéoréalismedu

cinémadePagnol.L’étudedecesquelquesscènesmontrequesamanière de concevoir le cinéma s’ouvre à des horizonsmultiples, et qu’il refuse l’esprit de chapelle. Dans unmondequinaîtàlui-même,pourunartquienestàsesbalbutiements,legrandcinéastequedeviendraPagnoln’obéitàaucuneécole.Illit, voit, s’informe, déduit, expérimente, et finit par créer unstylequiluiestpropreetquineseraguèreimité.Notonsaupassagequ’iladéjàcompris,luiquiattachetantde

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prixaudialogue,quelamélodiedelabande-sonestprimordialeetdoitimpérativementveniràl’appuidel’action.Cettemontéeen puissance de lamusique lors des scènes d’amour charnel aune importance considérable, en ce sens qu’elle dramatisel’intrigue.Pourunpublicquineconnaîtraitpas l’histoire,ellelaisseentendrequecetacteamoureuxestgraveetnondénuédeconséquences : à cet instant le drame se joue, et tout nousl’indique.Point n’est besoindepréciser àquel point la bandeoriginale du film est aujourd’hui travaillée et étudiée dans leslongs-métrages, où l’on compose directement à partir desimages.Làencore,commedanstantd’autresdomaines,Pagnolauraétéunprécurseur.

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Pagnol,théoriciendesonart

Pagnol ne s’est pas contenté d’écrire ou de faire jouer despièces.Férudelittérature,ilavaitnaturellementdesthéoriessurl’artdramatique.Endehorsdesesœuvresdefiction,ilarédigéplusieurs essais, ou compilations d’anecdotes et de souvenirs,qui nous éclairent sur le contexte de l’époque, les luttesd’influence dans ce monde théâtral bien installé ou dans lemilieucinématographiquequivoyaitlejour.AinsidesesNotessur le rire dans lesquelles il explique, comme l’a entreprisBergson, à quels mécanismes répond l’effet comique. LesConfidences et lesSecretsdeDieu,maisaussi laCritiquedescritiques permettent à Pagnol de recadrer, comme l’ont faitVigny ou Proust avant lui, les attaques dont il est l’objet encernant davantage le rôle et la vocation de cette professioncontroversée:

Laprofessiondecritiqueestcertainement l’unedesplusanciennes:detous les temps, il y eut des gens incapables d’agir ou de créer, qui sedonnèrent pour tâche, et le plus sérieusement du monde, de juger lesactionsetlesœuvresdesautres

1.

Pointdevuequ’ilnuanceunpeuplusloinennotant:Iln’estpointnécessairedesavoir«enfaireautant»pouravoirledroitdedirequel’auteurauraitpufairemieux

2.

Lui-même a su analyser l’échec commercial de sa pièce lesMarchandsdegloire,écriteencollaborationavecPaulNivoix.La critique avait encensé cette œuvre satirique que le publicbouda. Pagnol explique qu’ils avaient voulu imiter Becque,lequel,pourremarquablequ’ilfût,estl’auteurd’un«théâtredebibliothèque»,c’est-à-direqu’onlitmaisqu’onnejouepas,unthéâtrepourlequellafameusecatharsisd’Aristotenefonctionnepas.Pagnol,enbonhelléniste,rapporteaupassageque,lorsque

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chantaitlachanson,quiétaitbeaucouppluslonguequeça…Seulementlesgrand-mères,madameRostaing,c’estcommelemimosa,c’estdouxetc’estfrais,maisc’estfragile.Unmatin,ellen’étaitpluslà.Unebosseetunegrand-mère,çavatrèsbien,onpeutchanter.Maisunpetitbossuquiaperdusagrand-mère,c’estunbossutoutcourt.

(Sesyeuxs’emplissentdelarmes.)C’estbête,quandmême,depleurercommeçadevanttoutlemonde.

MMEROSTAINGMaischacunasacroix,monpauvreToine…

TOINEMoi,ilfaudraitlafairetordue.Maisj’ycroisquandmêmeaubonDieu,puisquejecroisquevousycroyez.[…]Etpuisaufond,quandonporteune bosse toute sa vie, c’est comme une longue prière : on n’a plusbesoindeparler!

Tout est dit dans ces phrases qui marquent le calvairequotidiendesêtresdifformes,maisaussi l’inconséquenceet labêtisedesgens«normaux»,capablesdes’exclamer«Oh!queljoli petit bossu ! » devant un enfant !Cependant, riche de cetamourfoudontilabénéficiépetit,Toinen’estniamerniaigri.Il est, comme Quasimodo qui défend Esméralda, celui quiprotégera Naïs de la mort de l’homme qu’elle aime et de sonabandon.Toinesesacrifie,cequidonneàsonpersonnageunedimension exemplaire à la fin de l’histoire, ramenant presquecelledesdeuxamoureuxàunesortedebluette.L’interprétationdeFernandelestremarquabletoutaulongdecettetirade.Ilfautsoulignerquec’estluiquePagnolrendporteurdesapoésie.NiNaisniFrédéricn’ontdetextesconnotésencesens.Toineestun personnage profond, humain, intelligent, qui remporte endéfinitivel’adhésiondupublic.Bienplusquel’êtreoisifetgâtéquiséduitNais,guèreattachant,etdavantagequelajeunefille,aufondassezégoisteavecToine,elleaussi.Ce sont donc, on le voit, des figures extrêmement chères à

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Pagnoletchargéesdebiendesvertusque lesbossusqu’ilmeten scène. Des êtres ayant du panache, luttant au jour le jour,dansuncombatperdud’avance,contrel’adversité.Après les bossus, un autre type de personnages a beaucoup

intéressé Pagnol, là encore dans la continuité de la traditionclassique:lecocu.Quisontcesinfortunésdontonaimeàsemoquer?Miseaupoint!

1LeChâteaudemamère,MarcelPagnol,op.cit.,p.182.2ExtraitdeNaïs.3Ibid.4JeandeFlorette,MarcelPagnol,op.cit.,p.214.

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Lescocus

À la souffrance d’une disgrâce physique porteuse de poésierépond la souffrancemorale de l’infortune conjugale qui, elle,engendreplutôtlerire.Molièredisait:Sin’êtrepointcocuvoussembleunsigrandbien,Nevouspointmarierenestlevraimoyen

1.

LepersonnageducocuatoujoursintéresséPagnol.Dès1934,il songe à adapter à l’écran la pièce d’Émile Mazaud,Dardamelle. Cette comédie, inscrite au répertoire du Théâtre-Français,apourhérosprincipalunmaritrompé.Laparticularitédecedernierestd’assumerpleinementcetteinfortune,voiredelaproclamer.Safemmeseplaintqu’ilneluiestpasaiséd’êtrel’« épouse d’un cocu » et lui propose de divorcer.Dardamellerefusecatégoriquement,arguantdufaitque,maintenantqu’ilsesaitbafoué,ilsouhaitelerester,affichantsonstatutauvuetausu de tous. Il va même jusqu’à déployer sur son balcon unebanderolesurlaquelleestinscrit«cocudepremièreclasse».Ontente de faire pression sur lui et de le faire passer pour foulorsque,àl’occasionducarnavald’Aix-en-Provence,ildéfileàborddu«chardescocus».Lemarietl’amants’affrontentalorsverbalement,maisDardamellesortvainqueuretregagnelecœurdesonépouse.L’époquecélèbrecepersonnage,puisque, aumomentoù sort

lapièce,Parisvientdéjàd’accueillirtrèsfavorablementleCocumagnifique de Crommelynck. Le principal protagoniste – lemari trompé – est devenu fou d’amour et de douleur,contrairement à Dardamelle qui prend le contre-pied de lasituation,cequifinitpargênerl’amantplutôtquelui.«SidepuislaplushauteAntiquité,ditPagnol,depuisPlaute,

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délicieux. Le nouveau, plus théologien et nonmoins spirituel, connaîtmieux la psychologie des hommes. La miséricorde l’emporte sur lamisère.C’estunmessagedeconfiance

2.

C’est effectivement ce qui apparaît dans les sermons dePagnol.Lecurén’estpasdansl’endoctrinement.Ilesthumain,compatissantetbienveillant.Ilaunprismedelectureinhérentàsafonction,lequelestparfoisirrationnel,cequenemanquepasde soulignernotre auteur.Ainsi,même siPagnolneprendpasouvertementparti,onnotemalgrétoutquec’estl’instituteurquirésout l’énigmede l’assèchementde la source endevinantqueManonn’yestpasétrangère,tandisquelecuréduvillageyvoitunejusticedivineimmanente.Lesscènesentrel’instituteuretlecuré de la Femme du boulanger sont des joutes verbalesabsolument délicieuses, et Pagnol s’en donne à cœur joie enjuchantlecurésurledosdel’instituteurpourluifairetraverserles marais, à la recherche d’Aurélie, la belle boulangèrepécheresse,qu’ilvafalloirexhorteràregagner ledroitchemin.Les dialogues entre les curés et les instituteurs sont toujourssavoureuxetreposentsouventsurl’antagonismeexistantautourdelanotiondeplaisircharnel,commedanscetéchangeoùl’onévoquelastratégieàsuivrepourramenerAurélieetenpremierlieuquidoitsedévouerpouryaller.

LEBOULANGEREtpuis,laspécialitédescurés,c’estjustementdechasserlesdémons.

L’INSTITUTEUREtalors?Ilyadoncundémondanscetteaffaire?

LECURÉ(quis’échauffe)Ah!voilà,monsieurl’espritfort!Monsieursupprimelaresponsabilitédupécheuret la reporte toutentière sur leMalin.Non,monsieur,non.Nous avons tous notre libre arbitre, qui nous permet de repousser lestentations.Ainsi, encemomentmême,danscette cabanedumarais, laprésenceduMalinestindiscutable.Maislafemmedenotreamiaaussi,à

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côtéd’elle,sonlibrearbitre,etellepourras’enservirquandellevoudra.LEBOULANGER(brusquementfurieux)

Ah, ça, non ! Ça, qu’elle ne s’en serve plus, hein, surtout ! Qu’ellereviennetoutdesuite,sansriendire.C’esttoutcequejeluidemande.Etson librearbitre,qu’il aillegarder lesmoutonsoù ilvoudra,parcequemoi,jeluicasselagueule.J’enfaisdesfougasses,desonlibrearbitre.

LEMARQUISVousn’avezpastrèsbiencompris,monbonami.

LEBOULANGER(avecforce)Maissi,maissi!Moi,j’aitrèsbiencomprisquecebergerestunsorcier,commetouslesbergers,d’ailleurs.Alorsmafemme,quandill’avue,illuiafaitducharme,illuiajetéunsort,quoi,ill’aenchantée.

LEMARQUIS(ilregardel’instituteur)Ilestpossible,eneffet,qu’ellesoitenchantée.

L’INSTITUTEUR(aumarquis)C’estmêmecertain,sansça,elleneseraitpaspartie.

LEBOULANGERParfaitement ! Elle ne doit pas du tout se rendre compte de ce qui sepasse.Toutenue!Cen’estpasunefemmeàfaireça.Maisdites, jenel’aijamaisvue,moi,toutenue!Non,non,illuiamisundémondanslecorps.

L’INSTITUTEURLediableaucorps.

LEBOULANGERExactement.Etcediable,quandilvavoirM. lecuré, ilserabienforcédes’envolerencriant,etmapauvrefemmeserasauvée

3…

Onvoitquelecomiquereposesurlesdeuxdéfinitionsdumotenchanté,maisaussisurl’ignorancedel’undespersonnages,leboulanger, qui confond le berger et le libre arbitre, ce dontl’instituteur, par essence cultivé et instruit, s’amuse avec lemarquis. Tous les problèmes humains qui menacent lacollectivité sontprétextes àdes échanges entre les curés et les

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instituteurs, et même si, indéniablement, l’écrivain penche ducôtédelaraison,desexplicationsrationnellesetdelalogique,il n’en développe pas moins une sorte de tendresse pour cesapôtres convaincus du bien-fondé de leur mission. Pagnolrespectait lafoichezlescroyantset ledévouementdesprêtres.Son amitié et ses échanges épistolaires avec Norbert Calmelstémoignentd’unegrandeestimemutuelle.Dansunemissive

4,il

évoquelessermonsqu’ilaimaginésdansquelques-unesdesesœuvresencestermes:« Il m’en arrive une bien bonne : Sardou, à qui j’ai fait

tourner mon sermon du curé de Cucugnan, vient de medemander l’autorisationécritede le jouerenchaire, dans leséglisesdeParis!J’aicruqu’ildélirait:ilparaîtquec’esttrèssérieux,etque l’évêchénes’yopposepas : j’ensuispourtantstupéfait.Jevoustiendraiaucourantdecetteaventure.»Iltermineparcepost-scriptum:«P.-S.:Jen’ensuispasencoreaupointdevousdonnerma

bénédiction,maisj’enaigrandeenvie.»Cette reconnaissance de l’Église elle-même montre combien

les fidèles le trouvent respectueuxà l’égardde la foi,mêmesil’on peut comprendre sa stupéfaction. Jamais Pagnol n’amanifestédecroyanceparticulière,maisonsentdanssonœuvreuneinterrogationlégitime,cellequenemanquepasd’avoirtouthomme intelligent, qu’il ait ou non la foi. Il faut avoirl’honnêteté de dire qu’il a souhaité se confesser, avant demourir,auprèsdesonamiNorbertCalmels,cequiprouvequ’ilne restait plus grand-chose en lui de l’anticléricalismeviscéraldesonpère.OnreconnaîtassezsapositiondanslarépliquedeM.Brun:

Mafoi, jenesuispasparticulièrementcroyant.Cependant, j’aivudanscette cérémonie familière quelque chose de rassurant… Du

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Ununiversmouvantetémouvant

EnProvence,lemensongeestunart.Daudetparled’un«beausoleil qui ment ingénument

1 ». On invente pour le plaisir de

raconter,deparler,paramourduverbeetdeladémesure.AlidaRouffe (Honorine dans la trilogie) avait coutume de taquinerainsi Pagnol : « Je t’écoute, Marcel, continue, je sais que tumens,mais jeme régale

2 ! »De fait, aux dires de certains, la

vérité s’effaçait parfois devant le besoin de faire rire ou dephilosopher.Danslatrilogie,lepetitchauffeurpassesontempsàjurer«surlatêtedesesparents»,alorsqu’ilssontmorts…enexpliquantavecleplusgrandbonsensque,làoùilssetrouvent,ilnepeutrienleurarriverdepire!Etlorsqu’onl’interrogepoursavoirpourquoiilment,ilacetteréponsestupéfiante:«Pourleplaisir!»Dans César, Escartefigue a lui aussi une réplique pour le

moinsinattendue:Là, César, tu vas un peu loin ! Àmoi, il me demande si j’ai entenduparlerdumensonge !Àmoiqui leconnaisparcœuretqui lepratiquedepuismanaissance!J’aimentiàmanourrice,àmamère,àmonpère,àmesfrères,j’aimentiàmonquartiermaître,j’aimentiàmafemme,j’aimenti àmes amis.Oui, oui, je vous aimenti à tous, et en cemomentmême,peut-êtreque jevousmens.Et il vientmedire enpleine figurequejeneconnaispaslemensonge!

L’affabulation est présentée comme une pratique courante.DanslaGloiredemonpère,lepetitMarcellui-mêmementàsamèreàproposdesonhygiène.Alorsqu’Augustineluidemandes’ils’estcorrectementlavéendétaillantlesétapesdelatoilette,l’enfant–quin’aenfaitriennettoyé–avouenepasavoircoupésesongles.Pagnolécritaveccynisme:

Ilmesemblaquel’aveud’unoubliconfirmeraitlaréalitédureste3.

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D’une certaine manière, il réutilise ce procédé dans sesSouvenirsenomettantd’expliquerquesesparentsavaienteuunenfanthorsmariage.Visiblement,on l’avu,c’estsonpèrequePagnol tientpourresponsabledeceténormefauxpasquiadûplonger Augustine dans les affres. Mais l’écrivain ment paromission,etmieux:ilmetenscènesaproprenaissancecommeétant la première ! Lamystification est double !Cependant, ilprend soin de préciser un détail qui a son importance : alorsqu’Augustine,enceinteettrèsangoissée,atrouvérefugechezsabelle-sœur,lebeauJosephenprofitepour«conterfleuretteàlaboulangère

4»!

« Voilà une idée déplaisante que je n’ai jamais acceptée5 »,

conclutPagnol.Etonlecomprend.Pourtant,cetécrandefuméefonctionne àmerveille : avouer une faute de Josephpermet detaire la faute ! car tout naturellement, le lecteur est enclin àcroireque,sil’auteuraeulecouragederévélercetépisodepeuglorieux concernant son père, c’est qu’il a choisi d’être sansconcession,objectifetsincère!Mentir est donc tout un art, qui s’apprend dès l’enfance. À

dater de Topaze, Pagnol met le mensonge en scène avecl’épisode,devenulégendaireettrèsemblématiquedesinégalitéssociales, de la baronne Pitart-Vergniolles exigeant que l’onretrouvel’«erreur»danslecarnetscolairedesonfils.AlorsqueTopaze,instituteurhonnêteetintègre,tentedeluiexpliquerquel’enfantne travaillepas, ledirecteur luifaitcomprendrequelabaronneesttrèsgénéreusedanssesdonationsàl’établissementet que, en conséquence, son fils ne peut avoir de mauvaisesnotes. Cet échange sera à l’origine du renvoi de Topaze de lapensionMuche.Peuaprès,danslatrilogie,Pagnolfaitencorelapartbelleau

mensonge,lorsdelaconfessiond’HonoréPanisse:

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CÉSARFauxtémoignagenedirasNimentirasaucunement.

ESCARTEFIGUEEnvoilàencoreunquiestdur!

HONORÉQu’est-cequetuentendsparmentir?

ELZÉARDirelecontrairedelavérité.

HONORÉMaisquandonexagèrelavérité,c’estunmensonge?

ELZÉARTu veux dire lemensonge duMidi ? Il est peut-êtremoins grave quel’autre, puisqu’il est, en général, désintéressé.C’est unmensonge, toutdemême,c’estunpéché.

HONORÉAlors,monpère,jem’accused’avoircommislepéchédemensonge.

ELZÉARSouvent?

HONORÉContinuellement.Enfin, jeveuxdire,plusieurs foispar jour.En jouantauxboules,parexemple.Ouenrevenantdelapêcheoudelachasse.Etsurtout, surtout, avec la clientèle… Tu comprends, Elzéar, s’il fauttoujoursdirelavéritéàlaclientèle,iln’yaplusdecommercepossible

6!

Et l’on se souvient aussi des récits de chasse grandiloquentsdeJoseph,lepèredeMarcel,etdel’oncleJules!« Il pratiquait en somme, nous dit Bernard de Fallois, son

éditeur et ami, le “mensonge provençal”, qui consiste, par uninfimecoupdepoucedonnéauréel,àdégagerlavéritépoétiquedes choses ou des gens, et qui est aussi différent du banal etvulgaire mensonge que la générosité est différente de laprodigalité,oulasainteillusiondelahideusehypocrisie

7.»

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fait sorcier. Il se livre dans son mas à de bien étrangescérémonies au cours desquelles il profère des incantations enentourant les« reliques»de la jeune fille, son rubanvert, sonpain,sescheveux,dansuncercledepiècesd’or,«commepour[l’]emprisonnerdanssarichesse»,nousditPagnol,sansmêmeavoircomprisqu’elleincarnaitlaliberté.Il va jusqu’à se coudre ce ruban vert sur la poitrine. Ainsi,

cettecouleurquiestaussicelledel’espéranceetdelanature,setrouveentachéedesangetsouilléedesaniedèsqu’Ugolins’enempare.L’étude de Manon des sources laisse entrevoir un univers

onirique qui n’apparaît pas forcément à la première lecture.Ainsi,auxrêvesd’amourd’Ugolinquenousvenonsd’évoquer,indiquant clairement qu’il pressent un rival en la personne del’instituteur, répondent les fantasmes de mort de Manon quiimagine, les yeux ouverts, mettre le feu au mas d’Ugolin, sedélectantdu fait que« le scorpionentourédebraises aurait letempsdesevoirmourir

23…».

Elle se représente les villageois qui, arrivant trop tard, «trouveraientdans les ruinesde la fermeeffondrée,oupeut-êtreétendu près de la source, un corps noir et tordu comme unevieillesouched’olivier

24».

Après avoir tué ces arbres si précieux, Ugolin ressembleraitdoncàl’unedesesvictimes,etl’ondécouvriraitl’assassinsurlelieu de son crime : auprès de la source qu’il a bouchée…Lareprésentation mentale de Manon est donc hautementsymbolique, l’expiation est totale. Ugolin doit aussi rendrecompteàlanaturequ’ilabafouée.Parce jeud’échosentre les rêvesde l’unet les fantasmesde

l’autre, l’écrivain procède à une mise en abyme de leurs

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sentiments, érigeant ses personnages en figures presqueemblématiques. Au fur et à mesure que croît l’amour de l’ungranditlahainedel’autre,etlelecteurassisteàcephénomèneparunesortedetexteparallèleàl’intrigueelle-même,révélateurdeleurétatd’esprit.Etdemême,c’estpar lesongequeManoncomprendqu’elle

aimel’instituteur:ellerêvequ’illadéfendcontretoutlevillageetquesoudainelledécouvrequ’ilestbossucomme l’était sonpère, ayant « une belle bosse qui aurait pu porter une lourdejarrepleined’eau

25».

Pagnolécrit:Une émotion puissante et douce l’éveilla, les yeux pleins de larmesheureuses,etellesutqu’ellel’aimaitd’amour

26.

Si le champ sémantique concernant l’instituteur est toujourscelui de l’eau et des sources– la vie ! –, celui qui s’attache àUgolin (dont la chevelure rousse est assez symbolique) estinvariablement celui du feu, des flammes de l’enfer. Manondevient un ange exterminateur et purificateur. Pagnol file lamétaphoreassezloin,puisquelajeunefillemeteneffetsonplanàexécutionetallumel’incendie.Parcequ’ilabouchélasource,elle veut punirUgolin par le feu.Or, pendant qu’elle embrasedes petites touffes d’herbe, la lune se voile, puis disparaît,tandisqu’unenuéemontede lamer,qui« [étouffe] lesétoilesl’une après l’autre », et que la pluie – l’eau sacrée du ciel –éteintlesflammes.Mieux,alorsqu’elleseconsoleensedisantqu’il est préférable d’attendre que le mistral se lève pourrecommencer,undéluge inonde lescollinesdurantdeux jours,l’obligeantàdifférersonprojetjusqu’àcequelavégétationsoitdenouveausèche.Leséléments laprotègentet luimontrent lavoie : ellenedoitpas, à son tour,devenirunassassin,unêtresouilléparlecrime.Maisellenecomprendpascemessagetout

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de suite. Tant qu’elle n’a pas trouvé le moyen de se venger,Manon,nousditPagnol,seréveille«entouréeparlesflammes».Sesnuitssonthantéesparunbesoindejustice.C’est en ressortant ses chèvres après cesdeux joursdepluie

qu’elle découvre la source mère, laquelle va lui permettre depriver d’eau les villageois qui n’ont pas aidé son père lorsqueUgolin l’a trahi. La nature et la nature humaine seront sesalliées.Ugolincomprendral’horreurqu’illuiinspirealorsqu’ilseconsumed’amourpourelle.Ilbrûlerabiendanslesflammes,maisceserontcellesd’unepassionsansespoir.Pagnolpoursuitdanslemêmeregistresémantique:Les battements de son cœur lançaient des traits de feu dans l’abcèsgonflésouslerubanvert

27.

Ugolin est une créature du diable, tandis que les villageoisparlentde«sainte»àproposdeManon.Unvieuxpaysanduvillagedit:Elle, elle est innocente et même plus… Si elle vient prier pour nous,noussommessauvés

28.

Lorsquel’intriguesedénoueetquelesBastidiensapprennentlecrimedesSoubeyran,lePapetsedéfendetaffirmequ’unseultémoin ça ne compte pas. Alors, la jeune fille prononce cettephrasesibylline,quisonnedefaçonpresqueirréelle:

«Ilyenaunautre[témoin]»,ditManon.LePapet,incrédule,demanda:«Etquic’estl’autre?–Lasource

29.»

Ainsilasourceest-ellepersonnifiée,capabledetémoignerdelanoirceurdeshommes.Manonépousel’instituteurettousdeuxpartentensemble,les

après-midi,sepromenerdanslescollines.

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se veut diapason pour donner la note juste et recrée uneharmonie entre le monde et l’humanité. Pagnol n’est jamaisabstrait. Ilpeint lequotidien,maisen lesublimant.Sonœuvreestfaited’histoiresbanalesetdegrandssentiments,qu’ilmetenscèneavecnatureletsimplicité.DécouvrirPagnol,c’estaussialleràlarencontredesoi-même,

car ilnousparledenous,denosvéritésoubliées,denosrêvesenfouis.Nousvivonsdansl’ombredenoscompromisetdenosbassesses : Pagnol nous offre l’opportunité merveilleuse del’authenticité.Sonœuvreestdesurcroîtcelledelapaix,de l’entente,de la

reconnaissanceetdel’acceptationdel’autre.Ilnesefaitjamaisjugeetchacungagneouperdlorsquearrivesontour.Ainsi,nouscomprenons fort bien l’engouement d’Aurélie pour son beauberger, compte tenu de la différence d’âge avec sonmari, toutcomme nous entendons parfaitement son retour auprèsd’Aimable,unhommedontlesqualitéshumainesetlasincéritéforcentlerespect.Les«pécheresses»,Fanny,Aurélie,Patricia,Naïs,ontplutôtsacompassionquesacondamnation.Peut-êtrese souvient-il que sa mère a cédé au chant des sirènes, elleaussi…Sonœuvredémontresouventquecellequia«fauté»,quel’onblâmeaudépart,seralaplushonnête,laplusnobleetlaplussincère.Sapoésieengendreunegrande tensiondramatique, la remise

en question qu’elle occasionne est si intense que l’humourdevientnécessairepourreprendrehaleine.«Lerireestunchantde triomphe

1 », écrit-il. Et de fait, nous sommes doublement

heureuxdenousyabandonner:parcequec’estdrôle–ilnerateaucun effet ! – et que l’humour n’est pas si courant, ensuiteparce que nous dépassons un moment poétique qui pouvaitdevenirdouloureux.

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SituersonactionenProvenceluipermetd’utiliserlafacondeméditerranéenne,ladémesureduverbe,etd’accentuerlerire.Laréalité provençale, qui sert de toile de fond, agit trèsefficacement, dans lamesure où elle lui donne une amplitudeplus grande lors de cet exercice. À travers les Souvenirs, laProvence est l’espace retrouvé. Territoire de la mémoire,imaginaire, sublimé et fantasmé, mais présenté comme réel. «Faire vrai consiste à donner l’illusion complète du vrai

2 »,

affirmait Maupassant, et Pagnol y parvient magnifiquement.L’amour immodéré qu’il porte à ce pays nous rappelle ce belextraitd’Onnebadinepasavecl’amour:

Voilàdoncmachèrevallée !Mesnoyers,mes sentiers verts,mapetitefontaine ! Voilà mes jours passés encore tout pleins de vie, voilà lemondemystérieuxdesrêvesdemonenfance

3!

Thèmeéternelqueceluidel’appartenanceàuneterre.Mais«la vérité de l’art ne saurait jamais être […] la réalité absolue,l’art ne peut donner la chose même

4 », explique Hugo. La

ProvencedePagnolestdonctransfiguréeetdevientunterritoirelittéraire, un monde recréé, envoûtant et pérenne, tremplin desonuniversalité.Ildécritunmicrocosmeàl’imagedumonde,ununiversoù,malgrélesdifficultés,lemanque,lamort,lesdépartsetladouleur,onsetientdebout,parcequ’«ilexisteunechosesainteetsublime»:laviequireprendtoujourssesdroits.DansCésar

5, Pagnol fait dire à Fanny, pour la réplique qui clôt la

trilogie:

Iln’yariend’irréparable,Marius,riend’irréparable6.

Cet optimisme le rend terriblement attirant, même s’il fautreconnaître que dans l’Eau des collines, sa dernière œuvre defiction, il est des préjudices qui ne peuvent s’effacer et despardonsquisontimpossibles.

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Saviedurant,Pagnolaniélafatalitépoursebattrecontrelesévénements. Son univers est empreint de cette force. L’ultimephrase qu’il ait prononcée avant se s’éteindre, à l’intention desonépouseJacqueline,étaitquel’onnepeutpastoutréussir…Cequimontrebienquec’est ceversquoi il tendait.Pourquoivoulait-ilrireetfairerire?Peut-êtrepourseconsoler.Ilparvientsouventàamusergrâceàunextraordinairebonsens.Dans une interview au cours de laquelle il évoqueRousseau

ayantaffirméquel’hommenaissaitnaturellementbonetquelasociété le corrompait, il s’exclame qu’il ne voit pas biencomment une société composée elle-même d’hommesnaturellementbonspourraitêtremauvaiseetcorruptrice!Quoide plus pertinent que cette remarque ? En une phrase d’unelogiqueimplacable,ilbalaieunethéoriephilosophiquefédérantdenombreuxadeptesetquiafaitcoulerbeaucoupd’encre!Cetteformed’espritquiluiestpropreseretrouvedanstoutesa

production.Ilnethéorisepas:ilmontre.Senancour a écrit dansObermann un passage qui n’est pas

sansrappelerlaquintessencedel’œuvredePagnol,mêmesicederniernel’ajamaisexprimédecettefaçon:

Soyonsd’abordcequenousdevonsêtre;plaçons-nousoùilconvientànotre nature, puis livrons-nous au cours des choses en nous efforçantseulementdenousmaintenirsemblablesànous-mêmes.Ainsi,quoiqu’ilarrive,etsanssollicitudesétrangères,nousdisposeronsdeschoses,nonpas en les changeant elles-mêmes, ce qui nous importe peu ; mais enmaîtrisant les impressionsqu’ellesferontsurnous,cequiseul importe,ce qui est le plus facile, ce qui maintient davantage notre être en lecirconscrivant et en reportant sur lui-même l’effort conservateur.Quelque effet que produisent sur nous les choses par leur influenceabsolue que nous ne pourrons changer, du moins nous conserveronstoujours beaucoup du premier mouvement imprimé, et nousapprocherons, par ce moyen, plus que nous ne saurions l’espérer paraucunautre,del’heureusepersévérancedusage

7.

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CÉSARVingt ans se sont écoulés. César a vieilli, Césariot est à

Polytechnique. Il revient à Marseille, car Panisse, son pèreadoptif est mourant. Avant sa mort, un prêtre exige que soitrévéléàCésariotlesecretdesanaissance.Panisserefuse:«Ilveut mourir en étant son père » et charge donc Fannyd’apprendre à Césariot la vérité, après son décès. Fannyaccomplit donc cette tâche délicate. Révolté tout d’abord,Césariotsemontreensuiteintriguéparcepèrequ’ilneconnaîtpasetserendàToulonoùMarius,songéniteur,tientungarage.Il le rencontre sous une fausse identité. Mais victime d’unefarce, Césariot pense que son père est un truand et s’enfuit,épouvanté.Ilracontesonaventureàsamèrequin’ycroitpasettente de rassurer son fils. Marius est à Marseille pour desraisonsprofessionnellesetCésariotl’apprend.Ilvalevoiretsedévoile. Lorsque Marius réalise que son fils a cru toutes cesrocambolesqueshistoiresdetruandage,ilaccepte,àlademandedecedernier,devenir se justifieret rétablir lavérité.S’ensuitunescènedefamillemémorablequiréunitCésar,Marius,Fannyet Césariot, lequel comprend très vite que ses parents n’ontjamais cesséde s’aimer.Marius, qui se sent coupablevis-à-visde son fils a quelques scrupules à épouser Fanny, mais ilapprend grâce à César que Césariot souhaite ardemment cemariage. Rien ne s’oppose alors à ce que les amoureux seretrouventetsoientenfinheureux.Césariotneporterabiensûrjamaislenomdesonpère,maislecoupleentendbienavoirunjourd’autresenfants…

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LAFILLEDUPUISATIERPascal Amoretti est puisatier. Il a cinq filles dont l’aînée,

Patricia,estâgéededix-huitans.Félipe,sonemployé,unbravegarçon, est amoureux d’elle. En apportant le déjeuner à sonpère, la jeunepaysannerencontreJacquesMazel,filsderichescommerçantsquitiennentunbazaràSalon.Ill’aideàtraverserleruisseauetluiproposedelaramenerenmoto.Lesoirmême,Félipe invite Patricia au meeting (prononcer « métingue » !)d’aviationquialieuàSalonledimanchesuivant.Lajeunefillerefuse d’abord, puis accepte lorsqu’elle apprend que JacquesMazel,aviateuretamideFélipe,ydonneraunedémonstrationd’acrobaties aériennes. Félipe présente en effet Patricia àJacques, et les deux jeunes gens font semblant de ne pas sereconnaître, ce qui installe entre eux une connivence. LorsqueFélipe s’absente pour aller saluer un camarade, Jacques enprofite pour donner rendez-vous à Patricia devant l’église.Effrayée mais très attirée, Patricia accepte, raconte à Félipequ’elle doit voir une tante avec laquelle son père est fâché, etrejointJacques.Félipe,désespérédenepasavoireulecouragede faire sa demande, s’enivre. Pendant ce temps, Patricia selaisse naïvement conduire dans la garçonnière de Jacques et,découvrant les véritables intentions de celui-ci, le gifle ets’enfuit.Maislorsqu’elleretrouveFélipe,c’estpourcomprendrequ’il est hors d’état de la raccompagner chez elle en voiture.Arrive Jacques auvolantde samoto,quipropose ses services.N’ayantpasd’autresolutionetfascinéetoutdemême,Patriciafinitparaccepter.Griséeparlavitesse,elledénouesonfoulard,demande à Jacques de s’arrêter et fait l’amour avec lui. Ils sedonnent rendez-vous le lendemain matin près de la chapelleSaint-Julien.LaFranceestenguerre.

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Jacquesneviendrapas:lesoirmême,onluiapprendqu’ilestmobilisé et qu’il doit partir pour l’Afrique. Il remet à samèreune lettre à l’attention de Patricia. Cette dernière arrive aurendez-vous, voit la jeune fille, ne lui dit rien et brûle cettelettre. Un mois plus tard, alors qu’il est lui aussi mobilisé,Félipe ose enfin demander à Patricia si elle consent à être safemme.Celle-ci refuseet luiannoncequ’elleattendunenfant.Le puisatier se rend chez les Mazel pour leur apprendre lasituationdePatricia,enespérantqueJacquesépouserasafille.Mais lesMazel semontrent hostiles et catégoriques : rien neprouve que Jacques soit le père, il n’est pas question qu’ilendosse une paternité douteuse. Ils éconduisent le puisatier,lequel repart accablé, n’ayant plus comme solution que dechasser sa fille.Désespérée,Patriciaquitte sa famille et part àFuveau, chez sa tante Nathalie, où elle pourra, à l’abri desmoqueries et de la malveillance, mettre son enfant au monde.Quelquetempsplustard,lesMazelreçoiventlaterriblenouvelle:Jacquesestportédisparu.Plusieursmoissesontécoulés.L’enfantdePatriciaestné. Ils’appelleAndré,dunomdeM.

Mazel,Pascal (comme lepuisatier)Amoretti.Patricia apris ledeuilenapprenantlamortdeJacques,dontl’avionesttombéenflammesderrièreleslignesallemandes.Lepuisatiervientlavoiret,conquisparsonpetit-fils,acceptequ’ellereviennesoussontoitaveclebébé.Alorsqu’ilforeunpuitsetquePatricia,assiseàcôté,surveille

son enfant qui dort, arrivent les Mazel qui se promènent, engranddeuil,accablésdedouleur.Leurssentimentsontévolué:etsil’enfantdePatriciaétaitde

leursang?C’estautourdupuisatierdeleséconduire,cariln’apas oublié. Et puis, il est visible qu’il ne veut pas partager le

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Souslesyeuxdeshabitantsstupéfaits, lafontainecollectivesetaritàsontour.OncroitalorsaumauvaissortdelaPiémontaise.Manonsavouresontriomphe.Elle rencontre l’instituteur et accepte de montrer, à la

commission de l’eau qui s’est constituée, les sources cachéesdans les collines, afin d’étudier l’orographie de la région. Aucoursdecepériple,Bicou,sonchien,s’arrêtedevantl’entréedelafameusegrotteetaboieavecinsistance.Manonleréprimandeavec une telle vigueur qu’elle éveille les soupçons del’instituteur.Tout le village est en ébullition. Les récoltes sont ruinées…

uneprocessions’organise.OndemandeàManond’yparticiper.Elle refuseet,devant tout levillage,expliquequ’elleneprierapaspourrendrel’eauàceuxquionttuésonpère.Elledénoncealors César et Ugolin. César invective tout le village : s’ilssavaient qu’il y avait une source et qu’ils ne l’ont pas dit aubossu,ilssonteuxaussicoupables.Manonrévèle,àlastupeurgénérale, qu’elle est la petite-fille de Florette. Les Soubeyran,quilesavaient,onttoujoursfaitcroirequeJeanétaitdeCrespin,sansjamaispréciserquesamèreétaitdesBastides.LorsqueCésarregagnelemasdeMassacan,lafermed’Ugolin,

c’est pour le trouver pendu. Avec lui s’éteint la race desSoubeyran.Accablé, lePapetn’aplusgoûtà lavie.Onlevoittraverserlevillagepourallerfleurirlatombed’Ugolin.Manonafini par avouer à l’instituteur qu’elle avait obstrué la source.Ensemble,denuitetdansleplusgrandsecret,ilsladébouchent.L’eaurevientlejourdelaprocession,àlaquellelajeunefilleafinalementdécidéd’assister.Tout lemonde croit à unmiracle.Manonépousel’instituteur,dontelleestamoureuse.Samèreseremarieégalementavecunancienamourde jeunesse,qu’elleaconnulorsqu’elleétaitchanteused’opéra.EllevitàMarseilleoù

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elle a repris le chant, et semble très heureuse. Baptistine estretournée vivre aux Romarins, car Ugolin a légué la ferme àManon. Au village, tout le monde prie pour que l’enfant queporte Manon ne soit pas bossu. Lorsqu’il naît, Bernard, sonpère,esttoutfierd’annoncerqu’ilaledosbiendroit.Césarneparticipe pas à l’allégresse générale. De temps en temps, ensortantducimetière,ilparleunmomentavecDelphine,lavieilleaveugle,revenueauvillagechezsesenfants.C’est ainsi qu’un jour elle lui apprend que Florette, qui fut

l’unique amour de César, lui avait écrit trois semaines aprèsqu’ilse futembarquépour l’Afrique.Cette lettre luiannonçaitqu’il allait être père et qu’il lui fallait écrire de toute urgenceaux parents de Florette pour leur faire part d’une demande enmariage, ce qui aurait permis à la jeune fille de pouvoirl’attendresansperdresonhonneur.Iln’arienreçu, iln’adoncjamais répondu. Florette fut contrainte d’épouser un jeunehomme de Crespin. Les tisanes abortives qu’elle a absorbéesn’ontpaseul’effetescompté:l’enfantestnéquandmême,maisilestné…bossu.Dèslors,laviedeCésarbascule.Ilaperdulafemmequ’ilaimait,iln’apasconnusonfilsetsapetite-fillelehait. Il a laissé mourir son unique héritier direct, alors qu’unenfantluiatantmanquéduranttoutesavie.Accablé, il va observer Manon des jours durant jusqu’au

momentoùiln’apluslecouragedevivreetselaissemourir.IllègueàManonlatotalitédesesbiensetletrésordesSoubeyran.Unelettreaccompagneletestament,quirévèleàlajeunefillelaterriblevérité.

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LAPRIÈREAUXÉTOILESFlorence est une très belle jeune femme qui vit avec

Dominique,unindustrielfouamoureuxd’elleetquil’entretient.Ellerefused’épousercedernierparhonnêteté,carellenel’aimepas,endépitdesexhortationsdesamèreetdesonfrère,quiluirépètentqueDominiqueestuntrèsbonparti.Chaquesoir,elleadresse une prière aux étoiles : que le ciel fasse qu’ellerencontreenfinunhommequi l’aimerait,maisdontelle serait,elleaussi,éprise.Florenceaétéouvrièredansunatelieretaeuplusieurs liaisons avant de rencontrer Dominique. Ellesouhaitait faire du cinéma, et a réussi à tourner dansquelquesfilms. Dominique est extrêmement jaloux et, au cours d’unescène,ilrévèleàFlorencequelesfilmsqu’elleatournés,c’estàlui qu’elle les doit : il a acheté les producteurs pour que cesderniersengagentlajeunefemme.Florenceestbouleversée.Ellen’étaitpasamoureusedeDominique:maintenantellelehaitetlequitte.Pierreestauteur-compositeuretinterprètedemusique,maisvit

mallefaitd’avoirtrahisonart.Alorsqu’ilavaitcommencéparcomposerdelamusiqueclassique,ilacédéàlafacilitéets’estfaitunnomdanslavariété.Écœuré,ildécidede«toutplaquer».C’est à Luna Park que Florence et Pierre se rencontrent. Ils

entrentparhasardensembledans labaraqued’unevoyantequileurannoncequ’ils sont faits l’unpour l’autre. Ilsdécidentdes’enfuir tous deux et reprennent goût à la vie. Leur passiongranditchaquejourdansunpetithôteldiscretdeCassis,oùleurbonheursemblenejamaisdevoirfinir.Pierredemande àFlorencede l’épouser.Celle-ci est folle de

joie, mais par honnêteté, lui révèle son passé de femmeentretenue. Pierre, sous le choc, la quitte, malgré l’immense

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MarcelPagnolproducteur

• Monsieur Bretonneau, réalisé par Alexandre Esway, il leproduit en1939après avoir écrit le scénario et lesdialogues,d’aprèsFlersetCaillavet.•Arletteetl’amour,1943.Ilcollaboreauxdialogues.•Carnaval,d’aprèsDardamelled’ÉmileMazaud. Il leproduitetenécritlesdialogues.• Le Rosier de madame Husson. Il le produit et écrit lesdialogues.

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Filmographie

MARIUS(1931)Prod. :ParamountetMarcelPagnol.Réal. :AlexandreKorda.Premier superviseur : Marcel Pagnol. Scén. et dial. : MarcelPagnol.Mus.:FrancisGromon.Int. : Raimu (César), Pierre Fresnay (Marius), Alida Rouffe(Honorine), Orane Demazis (Fanny), Charpin (Panisse), PaulDullac (Escartefigue),Delmont (le second),RobertVattier (M.Brun),Mihalesco(Piquoiseau),LucienCallamand(LeGoëlec).

TOPAZE(1932)Prod. : Paramount. Réal. : Louis Gasnier. Scén. et dial. :LéopoldMarchand,d’aprèslapiècedeMarcelPagnol.Int.:LouisJouvet(Topaze),MarcelVallée(M.Muche),SimoneHéliard (Ernestine Muche), Pierre Larquey (Pamise), Pauley(Castel-Bénac), Edwige Feuillère (Suzy Courtois), MauriceRémy (Roger de Treville), Jeanne Loury (comtesse Pitart-Vergniolles),CamilleBeuve (lemaîtrechanteur),HenriVilbert(unagentdepolice),JacquelineDelubac(dactylo).

FANNY(1932)Prod. : Films Marcel Pagnol et Établissements Braunberger-Richebé.Réal. :MarcAllégret.Scén.etdial. :MarcelPagnol.Mus.:VincentScotto.Int. : Raimu (César), Pierre Fresnay (Marius), Charpin(Panisse), Alida Rouffe (Honorine), Orane Demazis (Fanny),

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RobertVattier(M.Brun),Mouriès(Escartefigue),MillyMathis(tante Claudine), Maupi (le chauffeur), Delmont (le docteurVenelle),OdetteRoger,PierrePrévert.

JOFROI(1933)Prod. : Les Auteurs associés. Réal., scén. et dial. : MarcelPagnol.Mus.:VincentScotto.Int. :VincentScotto(Jofroi),AnnieToinon(safemme,Barbe),HenriPoupon(FonseDurbec),OdetteRoger(safemme,Marie),André Robert (l’instituteur), José Tyrand (le curé), Blavette(Antoine),HenriDarbey(lenotaire).

ANGÈLE(1934)Prod. : Films Marcel Pagnol. Réal., scén. et dial. : MarcelPagnol.Mus.:VincentScotto.Int. : Henri Poupon (Clarius Barbaroux), Annie Toinon (safemme, Philomène), Orane Demazis (Angèle), Fernandel(Saturnin), Delmont (Amédée), Jean Servais (Albin), Andrex(Louis), Blavette (Tonin, le rémouleur), Blanche Poupon(Florence),FernandFlament(letatoué),Rellys,Darcelys.

MERLUSSE(1935)Prod. : Films Marcel Pagnol. Réal., scén. et dial. : MarcelPagnol.Mus.:VincentScotto.Int. : Henri Poupon (Merlusse), André Pollack (le proviseur),Thommeray (le censeur),AndréRobert (le surveillantgénéral),Rellys (l’appariteur), Annie Toinon (Nathalie), Jean Castan(Galubert).

CIGALON(1935)Prod. : Films Marcel Pagnol. Réal., scén. et dial. : MarcelPagnol.Mus.:VincentScotto.

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Table

CouvertureDumêmeauteurTitreCopyrightDédicaceCitationAvant-proposIlétaitunefoisPagnolOtemps,suspendstonvolValsemélancoliqueetlangoureuxvertigeUneplumeamoureuseAmouretpudeur:lepèreAmouretchaleur:lamèreQuesontlesparentsdevenus?L’amour:uneexigenceEtPagnol…créalafemmeL’éloignementSic’estaimerdevivreenvousplusqu’enmoi-mêmeIntermezzoUneProvenceépiqueÉpopéedupain,épopéedel’eauAucommencementétaitleVerbeToutsaufdelafacilitéQuelstyle!QuandletempssefaitespaceUnepoésiechatoyanteetpolymorphe

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EntrerêveetréalitéestunpaysDessentimentsuniverselsMaislevertparadisdesamoursenfantines…Objetsinanimés,avez-vousdoncuneâme?Dunéoréalisme,selonJeanRenoirNéoréalismeetsymbolismePagnol,théoriciendesonartEccehomoLesmonstresetlesbossusLescocusLebonDieud’ElzéarÀlamort,àlavieUnuniversmouvantetémouvantLesensdusymboleetdusacréL’écolebuissonnièrePost-scriptumAnnexesRésumésdesœuvrescitées

MariusFannyCésarLaFilledupuisatierLaFemmeduboulangerLeSchpountzTopazeLePremierAmourL’Eaudescollines:JeandeFloretteL’Eaudescollines:ManondessourcesLaPrièreauxétoilesNaïsAngèleRegain

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RéférencesRemerciementsTable

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