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Du même auteur€¦ · Les portes de la perception1 1 Aldous Huxley, Les portes de la perception, trad. Jules Castier, Éditions du Rocher, 1954, p.51-52. 2 9 I. Introduction générale

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Du même auteur :

Ouvrages du Dr. Timothy Leary, Phd, en français : La politique de l’extase, Fayard, 1973 Neurologique, La Petite Aurore, 1977 La Révolution Cosmique, Presses de la Renaissance, 1979 Mémoires acides, Robert Laffont, 1984

Tous les livres de Gilles Morand sur www.amazon.com

www.amazon.fr

Téléphone mobile cellulaire : (514) 452-9605 Courriel : http://[email protected]

Blogue : http://massageplus.over-blog.com ©Copyright 2000. Sagesse ancienne, aujourd’hui et demain. Gilles

Morand. Tous droits de reproduction, et d’adaptation réservés pour tous

pays.

Des crédits tous spéciaux en remerciement des extraits de textes et dessins, accordés en reproduction par les maisons d’éditions respectives et les auteurs reliés, qui ont participés à l’élaboration de cet ouvrage, avec amour et compassion.

Une licence m’a été accordée, pour les 24 étapes de l’évolution, tirées du livre de feu Timothy Leary, « Mémoires acides », Robert Laffont, 1975. Pour les dessins permission la succession du Dr. Timothy Leary. Du livre « Game of life » et « La révolution cosmique » et drogues correspondantes à chaque stade de l’évolution.

Courtoisie de LLC Leary Futique Trust Estate www.timothyleary.com

Vous référer à mon livre : LSD et conscience. www.edilivre.com

Timothy Leary Phd., est considéré comme le pape du psychédélique des années ‘60-70-80-90. Le temps du Flower-Power, du pot, des « champignons sacrés » et du LSD.

Ce livre est une suite logique et intelligente à son œuvre, grâce à l’amour du cœur, qui me porte à refaire vivre de nouveau ses œuvres monumentales, dans un esprit d’amour et de compassion. – Gilles Morand

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Merci à Guillaume Coqui, Kevin Ladd et

Guillaume Rodot pour leur relecture attentive. J’assume toutefois la responsabilité des erreurs qui

pourraient subsister.

Frédéric Streicher

* * *

Une mention spéciale à Michel Sitbon, des éditions du Lézard… pour son partage.

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Ce livre nous l’offrons, à tous ceux et celles,

jeunes et moins jeunes, qui cherchent à maîtriser leur vie, dans le moment présent, … En ayant constamment en conscience que la voie du cœur est la seule voie qui vaille et qui vous permettra d’évoluer en toute quiétude et confort…

… et à Gaïa, notre Mère la Terre, qui se prépare à un changement de cap radical, de 180 degrés, elle évolue, aussi, également ! Évoluons avec elle !

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Cette version du Livre des Morts Tibétain est dédiée à Aldous Huxley (26 juillet 1894 – 22 novembre 1963) avec une gratitude et une admiration profondes.

« Une fois qu’on serait mal parti, dis-je, en réponse aux questions de l’enquêteur, tout ce qui arriverait constituerait une preuve de la conspiration ourdie contre vous. Tout se justifierait de soi-même. On ne pourrait aspirer un souffle d’air sans savoir que cela fait partie du complot. »

« Vous croyez donc savoir en quoi réside la folie ? »

Ma réponse fut un « Oui » convaincu et bien senti. « Et vous ne pourriez la maîtriser ? » « Non, je ne pourrais la maîtriser. Si l’on

commençait en ayant pour prémisses majeures la peur et la haine, on serait forcé de poursuivre jusqu’à la conclusion. »

« Serais-tu capable, demanda ma femme, de fixer ton attention sur ce que le Livre tibétain des morts appelle la Claire Lumière ? »

Cela me parut douteux.

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« Cela éloignerait-il le mal, si tu pouvais la fixer ? Ou ne serais-tu pas capable de la fixer ? »

Je réfléchis quelques temps à cette question. « Peut-être, finis-je par répondre, peut-être le

pourrais-je – mais seulement s’il y avait quelqu’un pour me parler de la Claire Lumière. C’est une chose qu’on ne pourrait pas faire tout seul. C’est là l’intérêt, je le suppose, du rituel tibétain – quelqu’un assis, là, tout le temps, et vous disant ce qu’il en est. »

Les portes de la perception1

1 Aldous Huxley, Les portes de la perception, trad. Jules Castier, Éditions du Rocher, 1954, p.51-52.

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I.

Introduction générale

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Une expérience psychédélique est un voyage vers

de nouveaux royaumes de la conscience. L’étendue et le contenu de l’expérience sont sans limites, cependant ses traits caractéristiques sont la transcendance des concepts verbaux, des dimensions de l’espace-temps et de l’ego ou identité. De telles expériences de conscience élargie peuvent se produire de différentes manières : privation sensorielle, exercices de yoga, méditation disciplinée, extases religieuses ou esthétiques, ou spontanément.

Plus récemment, elles sont devenues accessibles à n’importe qui par l’ingestion de drogues psychédéliques telles que le LSD, la psilocybine, la mescaline, le DMT, etc.2

Bien sûr, la drogue ne produit pas l’expérience transcendante. Elle agit simplement à la manière d’une

2 C’est là plutôt la description d’une situation idéale que de la situation réelle, en 1964. Aux États-Unis, les drogues psychédéliques sont classées comme des drogues « expérimentales », c’est-à-dire qu’elles ne sont pas disponibles sur une simple prescription mais sont réservées à des « chercheurs qualifiés ». The Federal Food and Drug Administration désigne sous ce terme des psychiatres travaillant dans le cadre d’un hôpital psychiatrique et dont la recherche est parrainée soit par l’État soit par des agences fédérales. (NdA)

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clef chimique – elle ouvre l’esprit, libère le système nerveux de ses schémas et structures ordinaires. La nature de l’expérience dépend presque entièrement de la disposition et de l’environnement (set and setting). La disposition désigne la préparation de l’individu, y compris la structure de sa personnalité et son humeur au moment de l’expérience. L’environnement est physique – le temps qu’il fait, l’atmosphère de la pièce ; social – les sentiments des personnes présentes les unes envers les autres ; et culturel – les opinions communément partagées sur ce qui est réel et ce qui ne l’est pas. C’est pour cette raison que des manuels ou des livres qui servent de guides sont nécessaires. Leur but est de rendre la personne capable de comprendre les nouvelles réalités de la conscience plus étendue, de servir de cartes routières pour les nouveaux territoires intérieurs que la science moderne a rendus accessibles.

Différents explorateurs dessinent différentes cartes. Il se trouve que d’autres manuels sont basés sur des modèles différents – scientifique, esthétique, thérapeutique. Le modèle tibétain, sur lequel ce manuel est basé, est conçu afin d’enseigner à une personne à diriger et contrôler sa conscience de manière à atteindre ce niveau de compréhension qu’on appelle tantôt libération, tantôt illumination, ou encore éveil. Si ce manuel est lu plusieurs fois avant une séance, et si une personne de confiance est là pour le rappeler au voyageur pendant l’expérience et lui rafraichir la mémoire, la conscience sera libérée des jeux qui constituent la personnalité et des hallucinations positives ou négatives qui accompagnent souvent les états de conscience élargie.

Le Livre des Morts Tibétain se nomme originellement Bardo Thödol, ce qui signifie

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« Libération par l’Écoute sur le Plan d’Après la Mort». Le livre souligne sans arrêt que la conscience a seulement à écouter les enseignements et à s’en rappeler pour être libérée.

Le Livre des Morts Tibétain se présente comme un livre décrivant les expériences auxquelles on peut s’attendre au moment de la mort, puis pendant une phase intermédiaire durant quarante-neuf jours (sept fois sept), et durant la renaissance dans une autre enveloppe corporelle. Cependant, il s’agit là simplement de la doctrine exotérique avec laquelle les bouddhistes tibétains avaient coutume de couvrir leurs enseignements mystiques. Le langage et le symbolisme des rituels mortuaires de la religion Bön, la religion tibétaine traditionnelle pré-bouddhiste, furent habilement mélangés avec les conceptions bouddhistes. La signification ésotérique, telle qu’elle a été interprétée dans ce manuel, est que c’est la mort et la renaissance de l’ego et non du corps qui sont décrites. Lama Govinda l’indique clairement dans son introduction lorsqu’il écrit : « C’est un livre pour les vivants aussi bien que pour les mourants ». La signification ésotérique du livre est souvent dissimulée sous de nombreuses couches de symbolisme. Il n’était pas destiné à une large audience. Il fut conçu pour n’être compris que par quelqu’un qui a été initié personnellement par un gourou aux doctrines mystiques bouddhistes et à l’expérience de la mort-renaissance pre-mortem. Ces doctrines ont été soigneusement gardées secrètes durant des siècles, par peur qu’une application naïve ou imprudente ne fasse du mal. Pour la traduction d’un tel texte ésotérique, par conséquent, il y a deux étapes : la première, la traduction du texte original en Anglais ; la seconde,

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l’interprétation du texte en vue de son usage pratique. En publiant cette interprétation pratique pour son utilisation dans une séance psychédélique, nous brisons en un sens la tradition du secret et ainsi nous enfreignons les enseignements des lama-gourous.

Cependant, ce nouveau pas se justifie par le fait que ce manuel ne sera compris que par celui qui aura eu une expérience d’accroissement de la conscience et qu’il y a des signes que les lamas eux-mêmes, après leur récente diaspora, souhaitent rendre leurs enseignements disponibles à un public plus large.

Suivant alors le modèle tibétain, nous distinguons trois phases de l’expérience psychédélique. La première période (Chikhai Bardo) est celle d’une complète transcendance – au-delà des mots, au-delà de l’espace-temps, au-delà du moi. Il n’y a pas de visions, pas de sens du moi, pas de pensées. Il y a seulement une pure conscience et une liberté extatique vis-à-vis de toute implication dans les jeux et de toute implication biologique3. La deuxième période implique le moi, ou la réalité du jeu extérieur (Chönyid Bardo) – dans une exquise et vive clarté ou sous la forme des hallucinations (apparitions karmiques). La période finale (Sidpa Bardo) implique le retour à la réalité du jeu ordinaire et au moi. Pour la plupart des personnes, la deuxième étape (esthétique ou hallucinatoire) est la plus longue. Pour les initiés,

3 Les « jeux » (games) sont des séquences comportementales définies par les rôles, les règles, les rituels, les buts, les stratégies, les valeurs, le langage, les localisations spatio-temporelles caractéristiques et les schémas de mouvements caractéristiques. Tout comportement qui n’a pas ces neuf aspects est hors jeu (non-game) : cela inclut les réflexes physiologiques, le jeu (play) spontané et la conscience transcendante. (NdA)

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la première étape, celle de l’illumination, dure plus longtemps. Pour les personnes non-préparées, celles qui sont fortement attachées au jeu, celles qui s’accrochent anxieusement à leur ego, et pour celles qui prennent la substance dans un environnement qui ne les soutient pas, la lutte pour retrouver la réalité commence tôt et dure habituellement jusqu’à la fin de leur séance.

Des mots tels que ceux-ci sont statiques, alors que l’expérience psychédélique est fluide et toujours changeante. Généralement, la conscience du sujet alterne entre ces trois niveaux en de rapides oscillations. Un des buts de ce manuel est de rendre la personne capable de regagner la transcendance du Premier Bardo et d’éviter de rester piégé de manière prolongée dans des schémas de jeu hallucinatoires ou dominés par l’ego.

Les confiances et croyances fondamentales. Vous devez être prêt à accepter la possibilité qu’il existe un champ illimité de consciences pour lesquelles nous n’avons pas de mots ; cette conscience peut s’étendre au-delà du registre de votre ego, de votre moi, de votre identité familière, au-delà de tout ce que vous avez appris, au-delà de vos notions de l’espace et du temps, au-delà des différences qui séparent habituellement les gens les uns des autres et du monde qui les entoure.

Vous devez vous rappeler qu’à travers toute l’histoire humaine, des millions de personnes ont fait ce voyage. Un petit nombre (que nous appelons mystiques, saints ou bouddhas) ont réussi à prolonger cette expérience et l’on communiquée à leurs compagnons. Vous devez également vous rappeler

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que cette expérience est sans risque (ce qui peut vous arriver de pire est d’être la même personne à la fin de l’expérience qu’au début), et que l’ensemble des dangers dont vous aurez eu peur ne sont que des productions non nécessaires de votre esprit. Que vous expérimentiez le paradis ou l’enfer, rappelez-vous que c’est votre esprit qui les engendre. Évitez de vous attacher à l’un ou de fuir l’autre. Évitez d’imposer à l’expérience le jeu de l’ego.

Vous devez essayer de garder foi et confiance dans le pouvoir de votre propre cerveau et dans le processus de la vie, vieux de plusieurs millions d’années. Tant que vous laissez votre ego derrière vous, le cerveau ne peut se tromper.

Essayez de garder le souvenir d’un ami en qui vous avez confiance ou d’une personne que vous respectez et dont le nom pourra vous servir de guide et de protection.

Ayez confiance en votre divinité, en votre cerveau, en vos compagnons.

En cas de doute, éteignez votre esprit, détendez-vous, laissez-vous porter par le courant.

Après la lecture de ce guide, la personne préparée devrait être capable, au tout début de son expérience, de parvenir directement à un état d’extase hors jeu et de révélation profonde. Mais si vous n’êtes pas préparé correctement, ou si les distractions du jeu vous entourent, vous vous retrouverez rejeté en arrière. Si cela se produit, alors les instructions de la quatrième partie devraient vous aider à reconquérir la libération et à la maintenir (p.77).

« Libération ici n’implique pas nécessairement la Libération du Nirvãna, mais surtout une libération du

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“Courant de vie’’ du corps du mourant, d’une manière qui laisse la plus grande conscience possible après la mort, et permette une heureuse renaissance. Même pour les yogĩs très entraînés et exceptionnels, le même procédé de transfert4 peut être employé, suivant les lãmas-gurus, pour empêcher tout arrêt du courant de conscience depuis la mort consciente jusqu’à la renaissance consciente. Mais d’après la traduction faite par le Lãma Kazi Dawa Samdup d’un ancien manuscrit tibétain se trouvant en possession du Dr E. W. ; on peut juger que ces pratiques sont essentiellement yogĩs et ne peuvent être employées que par une personne entraînée à la concentration mentale et à la fixité de l’esprit au point de contrôler ses fonctions physiques et mentales. »5

Ce manuel est divisé en quatre parties. La première partie est introductive. La deuxième est une description étape par étape d’une expérience psychédélique basée directement sur le Livre des Morts Tibétain. La troisième partie contient des suggestions pratiques pour se préparer à une séance psychédélique et pour la conduire. La quatrième partie contient des passages instructifs adaptés du Bardo Thödol, qui peuvent être

4 Les lecteurs intéressés par une explication plus détaillée du processus de « transfert » peuvent se référer au livre de W.Y. Evans-Wentz, Tibetan Yoga and Secret Doctrines, Oxford University Press, 1958. (NdA) Publié en Français sous le titre Le Yoga Tibétain et les Doctrines Secrètes, trad. Marguerite La Fuente, Librairie d’Amérique et d’Orient, 1987. (NdT) 5 W.Y. Evans-Wentz, Le Livre Des Morts Tibétain, trad. Marguerite La Fuente, Librairie d’Amérique et d’Orient, 1987, p.74, note 2. (NdT)

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lus au voyageur durant la séance, pour faciliter le mouvement de sa conscience.

Dans la suite de cette introduction, nous passons en revue trois commentaires sur le Livre des Morts Tibétain publiés dans l’édition Evans-wentz. Il s’agit de l’introduction d’Evans-Wentz lui-même, éminent traducteur et éditeur de quatre traités sur le mysticisme tibétain ; du commentaire de Carl Jung, le psychanalyste suisse ; et celui du Lama Govinda, un initié d’un des principaux ordres du bouddhisme tibétain.

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Hommage à W.Y. Evans-Wentz

« Le docteur Evans-Wentz, qui s’est littéralement assis aux pieds d’un lama tibétain pendant des années, afin d’acquérir sa sagesse […] ne manifeste pas simplement un intérêt profondément bienveillant pour ces doctrines ésotériques si caractéristiques du génie de l’Orient, mais possède en outre la rare faculté de les rendre plus ou moins compréhensibles au profane. »6

W.Y. Evans-Wentz est un grand érudit qui a consacré une grande partie de sa vie au rôle de pont et de navette entre le Tibet et l’Occident : comme une molécule d’ARN, activant le second avec le message codé du premier. Nous ne pouvons mieux rendre hommage au travail de ce libérateur des études universitaires qu’en basant notre manuel psychédélique sur ses intuitions en citant directement ses commentaires sur « le message de ce livre. »

6 D’après une recension parue dans la revue Anthropology, citée en quatrième de couverture de l’édition Oxford University Press du Livre des Morts Tibétain. (NdA)

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« Le message est que l’Art de Mourir est exactement aussi important que l’Art de Vivre (ou de Naître) duquel il est le complément et la récapitulation ; que le futur de l’être dépend, peut-être entièrement, d’une mort correctement contrôlée, comme le souligne la seconde partie du livre, exposant l’Art de la Réincarnation.

L’Art de Mourir, comme l’indique le rite mortuaire associé à l’initiation aux Mystères de l’Antiquité dont parle Apulée7, le philosophe platonicien, lui-même un initié, et de nombreux autres illustres initiés, et comme le suggère Le Livre des Morts Égyptien, apparaît avoir été bien mieux connu par les anciens peuples habitants les pays méditerranéens qu’il ne l’est maintenant par leurs descendants en Europe et en Amérique.

Pour ceux qui sont passés à travers l’expérience secrète de la mort pre-mortem, la bonne mort est une initiation, conférant, comme le fait le rite mortuaire initiatique, le pouvoir de contrôler consciemment le processus de la mort et de la régénération. »8

L’érudit d’Oxford, tel son grand prédécesseur du onzième siècle, Marpa (« Le Traducteur »), qui traduisit les textes bouddhistes indiens en Tibétain et ainsi les préserva de l’extinction, vit l’importance vitale de ces doctrines et les rendit accessibles à de nombreuses personnes. Le « secret » n’est désormais plus caché : « L’Art de Mourir est exactement aussi important que l’Art de Vivre ».

7 Cf. Métamorphoses (XI, 23). (NdT) 8 Préface à la deuxième édition, non traduite dans la version française. (NdT)