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1 EXPOSITION PRÉSENTÉE Du 29 avril au 17 mai 2009 Au Château de la Fresnaye COMBS-LA-VILLE par la S.H.A.G.E. Société d’Histoire, Art, Généalogie et d’Échange

DU VER A SOIE AU FIL DE SOIE - shage

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EXPOSITION PRÉSENTÉE Du 29 avril au 17 mai 2009

Au Château de la Fresnaye COMBS-LA-VILLE

par la S.H.A.G.E. Société d’Histoire, Art, Généalogie et d’Échange

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QUELQUES REPÈRES DANS LE TEMPS

Confucius 6ème

siècle avant Jésus Christ Babylone, civilisation grecque

Bouddha

Alexandre le Grand -336/-323 1er

tracé de routes

Empire perse

Tribus gauloises

Début de la route -100 -60 conquête de la Gaule par les romains

Mahomet début 7ème

Dagobert 629/639

Croisades 1096/1291 Philippe Auguste 1180/1223

Gengis Khan 1155/1227 Saint Louis 1226/1270

Marco Polo 1254/1324 Saint Louis envoie des ambassadeurs en Orient

Ambassades de l’Orient vers l’Occident Philippe le Bel 1285/1314

Tamerlan 1337/1405 Charles VI le fol 1380/1422

Ulug Beg 1409/1449 Jeanne d’Arc 1412/1431

Henri le navigateur 1394/1460 Charles VI, Charles VII 1422/1461

1ère

manufacture à Tours Louis XI 1461/1483

Christophe Colomb 1451/1506 Louis XII 1498/1515

Vasco de Gama 1469/1524

Magellan 1480/1521 François Ier 1515/1547

Jacques Cartier 1491/1557

Olivier de Serres 1539/1619 Henri IV 1589-1594/1610

Colbert 1619/1683 Louis XIV 1643/1715

Grande Fabrique Lyonnaise

NB : date de règne des rois

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LA ROUTE DE LA SOIE

Depuis plus de deux mille ans, des routes terrestres et maritimes relient l’Occident et l’Orient. Ces voies de communication sont connues depuis le XIXème siècle sous le nom global de « Route de la Soie » Die serdenstrasse, nom qui leur fut donné en 1877 par le géographe Ferdinand Von Richtofen, appellation peu reprise par ses contemporains. Au début du XXème siècle, des archéologues français, allemands, suédois renouvellent les connaissances sur l’Asie Centrale et la Chine après les très importantes découvertes faites à DUNHUANG au Turkestan chinois. Au début des années 1990, le projet interculturel de l’UNESCO exalte ces « routes de dialogue » entre civilisations et met en valeur le terme « Route de la Soie » dont l’usage médiatique se banalise. La Route de la Soie est la plus longue route commerciale terrestre de l’Antiquité : elle partait de Chan ‘An (actuelle Xi’An) pour arriver finalement à Antioche (Turquie). Il n’y avait pas une seule route mais un réseau commercial aux tracés variables au gré des conflits existants. Parmi toutes les marchandises échangées, la soie de Chine était la plus précieuse et la plus convoitée. Parallèlement, la notion « route de la soie » s’étend à tous les pays baignés par la mer de Chine, l’Océan Indien, l’Atlantique et la Méditerranée, car il existe les routes maritimes de la soie. Aucune des deux civilisations, l’occidentale comme l’orientale, ne savait exactement ce qu’il y avait à l’autre bout de la route.

Les caravaniers qui transportaient les ballots d’une étape à l’autre à travers l’Asie et l’Europe n’avaient qu’une notion vague de l’origine ou de la destination de ces marchandises.

En même temps ils véhiculaient, sans en avoir trop conscience, des connaissances, des idées, des rumeurs fausses, des informations vraies. Ils communiquaient mais ils ne le savaient pas.

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DU VER A SOIE AU FIL DE SOIE

Le ver à soie C’est la chenille d’un papillon asiatique : le Bombyx Mori. L’élevage (ou éducation) de cet animal domestique (il ne peut pas vivre sans l’homme) est pratiqué dans des magnaneries (du nom provençal du ver : le magnan, ainsi appelé en raison de son grand appétit.

Le papillon : Bombyx Mori Papillon de nuit dont la vie est très éphémère (environ 8 jours). Il donne naissance au ver à soie, le meilleur producteur du précieux fil.

La ponte Après l’accouplement, au début de l’été, la femelle du bombyx mori pond 500 œufs minuscules (1mm) de couleur jaune pâle, appelés graines.

Ceux qui sont fécondés deviennent gris au bout de quelques jours et ils contiennent un embryon.

La diapause Après 4 jours, arrêt du développement de l’embryon : la graine vit au ralenti pendant 5 à 6 mois à une température de 22° : c’est l’estivation.

Pour faire repartir le développement de l’embryon, il faut mettre les graines en hivernation, à une température de 5-6° pendant 4 à 5 mois, puis les réchauffer jusqu’à une température de 24° par le procédé de l’incubation.

L’incubation et l’éclosion Elle est provoquée artificiellement quand poussent les premières feuilles de « l’Arbre d’or » (le murier), au printemps : pendant une douzaine de jours, on réchauffe progressivement les œufs jusqu’à 24°c. Longtemps on a utilisé la chaleur du corps humain pour cette incubation : les femmes portaient des petits sacs de graines sur leur poitrine ou leur ventre. L’incubateur: une double paroi est remplie d’eau. L’appareil était chauffé au pétrole, actuellement, il est alimenté électriquement. En Touraine : on utilisait la cheminée équipée de petits tiroirs contenant les œufs. 12 à 14 jours plus tard, les premiers vers sortent. La chenille noire, couverte de poils, mesure 3mm. L’éclosion dure un quart d’heure et aussitôt, elle part à la recherche de nourriture.

La croissance En l’espace de 30 jours, le ver multiplie par 10.000 son poids initial et par 30 sa taille à la naissance. Il change 4 fois de peau: c’est la mue : 1ère : au 4ème jour 2ème : au 11ème jour 3ème : au 17ème jour 4ème : au 25ème jour La période entre deux mues est appelée âge

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La nourriture L’Arbre d’or le Morus Alba ou mûrier blanc, originaire de Chine, importé au XVè siècle est le plus apprécié des vers à soie. Le Morus Nigra ou mûrier noir, viendrait de Perse et d’Arménie, répandu par les Romains dans le bassin méditerranéen, plus résistant aux gels. Les magnaneries sont de grands bâtiments dans les Cévennes ou le Vivarais. En Anjou, on les appelle des verreries. Les pièces sont vastes et très bien ventilées.

Le ver à soie se nourrit exclusivement de feuilles de mûrier : seule nourriture qui donne un fil solide, fin, élastique. Les feuilles sont disposées sur des claies : ces litières sont nettoyées régulièrement et changées après chaque mue. Le ver mange 3 à 5 fois par jour des feuilles fraîches, sèches. Au premier et deuxième âge, les feuilles doivent être hachées. Pendant la dernière semaine, le ver consomme plus que pendant les 4 âges réunis : c’est le temps de la grande frèze : le ver ne fait plus que manger.

La production du fil de soie Le fil est produit par deux glandes séricigènes qui se réunissent pour aboutir à la filière: le fil est appelé bave et il est constitué de deux brins de chaque glande, il est composé de: - fibroïne, principal constituant de la soie (75%) - de grès qui enrobe la fibroïne et forme une glue qui colle les deux brins ensemble et colle les fils entre eux pour former le cocon (25%)

La fabrication du cocon Vers le 30ème jour, le ver arrête de manger et commence la fabrication de son cocon qui dure 3 jours; il monte dans des rameaux de bruyère, s’y arrime avec le fil qu’il commence à sécréter puis, en tournant sur lui-même, la tête décrivant une forme de huit, il va s’entourer d’une trentaine de couches de fil

continu d’une épaisseur de 20 microns (50 fils pour faire un fil de 1mm) et mesurant de 700m à 1km600. Le cocon, jaune pâle ou blanc, mesure 3 à 4 cm, pèse 2 à 3 gr. Après 2 ou 3 jours, le ver s’engourdit et se métamorphose en chrysalide.

Les maladies Si l’on respecte toutes les conditions d’hygiène, d’espace, de température, d’aération, de nourriture saine, il ne devrait pas y avoir de maladies. Toutefois les maladies les plus courantes sont: - la pébrine identifiée par Pasteur a été éliminée dès lors qu’on a utilisé des graines vérifiées comme saines. - la grasserie due en général à un excès de chaleur - la flacherie qui se traduit par la diarrhée des vers - la muscardine, due à un champignon, assez rare Le seul traitement approprié est de supprimer les vers malades et de nettoyer soigneusement les claies.

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TECHNIQUES TRADITIONNELLES ET USAGE DE LA SOIE EN CHINE

La langue chinoise reflète l’importance de la soie.230 caractères sur les 5000 caractères les plus couramment utilisés ont pour « clé » la soie comme celui qui signifie papier

Papier = Zhi = soie =

LA SERICICULTURE — art d’élever les vers à soie et de traiter le fil de soie— a existé quand on a songé à : - tuer la chrysalide dans le cocon car, pour sortir, elle casse le fil - gérer parfaitement nourriture et hygiène

Hier comme aujourd’hui, c’est le travail des femmes à l’image de la première impératrice. Les hommes s’occupent de la culture des mûriers, comme le premier empereur. LA FILATURE 1 - Le tri des cocons

8 à 10 jours après l’achèvement des cocons, on les retire et on les trie: - les mauvais sont éliminés - d’autres sont gardés pour la reproduction - ceux destinés à la production sont étouffés ou ébouillantés - les cocons doubles sont conservés 2 - l’étouffage de la chrysalide Les cocons sont placés dans une étuve chauffée à 70° pendant 8 heures : la chrysalide meurt. Dans la Chine ancienne, on allumait le feu sous les claies où étaient logés les cocons 3 - le dévidage du cocon

Les cocons sont mis dans l’eau chaude à 80-90° pendant 4 à 5 minutes pour ramollir le grès. Ils sont battus dans cette eau avec des petits balais de paille de riz ou de bruyère auxquels s’accrochent les « maitres-brins » (le bout du fil du cocon). Quand le grès refroidit, la fileuse réunit plusieurs baves qui se soudent ensemble : 4 à 12 suivant la grosseur du fil à réaliser : c’est le titre. 4 - le moulinage Le fil subit ensuite une torsion plus ou moins forte pour augmenter la résistance. On obtient un écheveau de soie grège appelé flotte.

Il faut 10 à 12 kg de cocons pour donner un kg de soie grège. 5 - le décreusage La flotte est plongée dans l’eau bouillante mélangée à du savon de Marseille afin de dissoudre le grès, la soie devient souple et brillante. Elle est imprégnée d’alun pour pouvoir recevoir la teinture. LE TISSAGE Le principe consiste à entrecroiser sur un cadre une rangée de fils de chaine dans la longueur et de fils de trame dans la largeur, à l’aide d’une navette. Les premiers métiers chinois sont attestés dès 1600 av. JC par l’empreinte d’un tissu façonné sur un bronze qu’il enveloppait daté de la dynastie Yin vers –1600. La première représentation date des Han (-206; +220).

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Les premiers métiers sont à tendeurs puis à pédales, à baguettes et, pour façonner de grands dessins, les Chinois inventent le métier à la tire qui est l’ancêtre de la mécanique Jacquard. Le « tireur de lacs » généralement un enfant, est au-dessus du métier. Les tisserands de soie chinois inventèrent pratiquement toutes les techniques de tissage réalisant des tissus somptueux destinés à réaliser les vêtements d’apparat des empereurs Ming. En tissant la soie d’une certaine manière et en la doublant, on arrive à produire une toile

imperméable qui sert à transporter des liquides ou, après l’avoir laquée, à confectionner des tasses à thé. Dans la tombe de la marquise de Daï décédée en 194 av. JC, on a trouvé plus de 3000 objets témoignant de la vie quotidienne en Chine il y a 2200 ans: une bannière funéraire qui recouvrait le cercueil, des traités de médecine, d’astrologie et météorologie écrits sur soie, 1600 tissus dont 46 rouleaux de tissus multicolores, robes, chaussures en taffetas ou brocart velouté, satin, gaze avec broderies en relief. LA TEINTURE La couleur des vêtements permettait d’identifier le rang social: la soie jaune fut longtemps réservée à l’empereur à l’extérieur du palais, de même qu’à la première épouse. Les empereurs Tang imposent aux mandarins la couleur de leurs vêtements de fonction: violet, rouge ou vert suivant leur échelon. La teinture se faisait en pièces pour les soies monochromes ou en fils pour les tissus polychromes, toujours à base de pigments naturels: jaune: gaude, ocre ou orpiment

noir: charbon de bois blanc: céruse vert: malachite bleu: azurite ou indigo rouge: cinabre ou « sang de singe gibbon singsing » ou pourpre de murex acheminé

depuis le Moyen-Orient par la Route de la Soie. Au XIXe s. les colorants de synthèse remplacent les pigments naturels. LA SOIE ET LE BOUDDHISME Nombre de panneaux peints en soie représentant le bodhisattva ont été trouvés dans les grottes de Dunhuang ainsi que cette bannière en gaze transparente peinte. Les sûtra, textes religieux, étaient conservés dans des boites doublées de soie, glissées dans un étui portant les symboles du bouddhisme: le dais, les poissons, l’aiguière, le lotus, la conque, le nœud sans fin, le parasol, la roue de la loi. Pendant plus de 1000 ans, la soie sera par excellence le cadeau diplomatique : en l’an I la Chine envoie à ses voisins, les Xiongnu, en échange de la paix, 370 vêtements de soie, 30 000 rouleaux de soie, 30 000 jin de bourre de soie (75 quintaux). La soie est la monnaie en usage sur la Route de la Soie : les soieries s’échangent contre l’or, l’ivoire, les pierres précieuses, les chevaux et font apparaître un étalon-soie jusqu’à Palmyre et aux frontières de l’Empire romain. Dans les années 1990, la production de soie tissée en Chine dépasse 2 milliards de mètres soit 60% de la production mondiale. En 2000, la sériciculture occupe 20 millions de familles rurales chinoises et 670 000 ouvriers.

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LA SOIE SORT DE CHINE En Chine, depuis plus de 5000 ans, on utilise le fil du ver à soie pour fabriquer des tissus et, depuis plus de 3000 ans, on élève le ver dans les maisons. L’usage de la soie est réservé à l’empereur et, très vite, la soie s’emploie comme valeur monétaire. LA DYNASTIE DES QIN : LA GRANDE MURAILLE Au nord du territoire chinois, vivaient les Xiongnu (ancêtres possibles des Huns) qui menaient d’incessantes incursions et razzias en terre chinoise. L’empereur Shi Huangdi (-221/-207) pour se protéger consolida et étendit les remparts qui couraient d’est en ouest au nord du pays qui deviendront la Grande Muraille achevée par les Ming entre le XVè et le XVIIè siècle. LA DYNASTIE DES HAN ET LES XIONGNU L’empire des Han (-206/+24) appelé « le Pays des Sères » est connu au-delà de ses frontières pour la somptuosité de ses soieries. La puissance des Xiongnu s’accroît et, les premiers souverains n’ayant pu la contenir militairement, décident de signer un traité : la Chine « achetait la paix ». Plusieurs fois par an, des présents étaient offerts aux Xiongnu et atteignaient des dizaines de milliers de pièces de soieries. Cette paix relative ne dura pas et l’empereur chercha des alliances avec d’autres pays d’Asie Centrale. Ces évènements sont à l’origine de l’expansion chinoise vers l’ouest et de l’ouverture des Routes de la Soie.

LES AVENTURES DE ZHANG QIAN Première expédition L’empereur Wudi (-140/-187) envoie en –138 le général Zhang Qian chercher des alliances à l’ouest. Cette expédition, qui dura 13 ans, fut un échec sur le plan diplomatique mais les renseignements rapportés seront déterminants pour l’extension de la Chine en Asie Centrale et les échanges vers l’Inde et l’Occident. Il parle des chevaux célestes de la vallée du

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Ferghana qui étaient si rapides qu’ils semblaient voler et permettaient à une armée d’aller plus vite et plus loin. De nombreuses caravanes emporteront de grandes quantités de soie pour acheter au roi du Dayuan ces chevaux exceptionnels. En Chine, Zhang Qian est considéré comme celui qui a ouvert la Route de la Soie. Deuxième expédition

En –115, Zhang Qian repartit vers l’ouest accompagné d’ambassadeurs avec une caravane importante et les plus magnifiques tissus de soie. Il fut reçu par le roi des Wusun, envoya les ambassadeurs dans toutes les directions et ramena avec lui dix envoyés du pays pour leur faire mesurer la puissance des Han et en informer leur roi au retour. Il rentra en Chine et mourut sans avoir pu participer à l’ambassade chinoise chez les Parthes en –105 qui allait permettre l’ouverture officielle de la Route de la Soie. Le roi des Wusun envoya 1000 chevaux en échange de la princesse Han.

Poème de LIU Xijun, princesse donnée en mariage au roi des Wusun vers 110-105 av. J.C « Ma famille m’a mariée de l’autre côté du ciel, On m’a envoyée au loin dans un étrange pays, chez le roi des Wusun, Une yourte est ma maison, du feutre en forme les murs, La viande est ma nourriture, le lait fermenté en est la sauce, Je vis en songeant constamment à ma terre natale, mon cœur est tout meurtri, Je voudrais être un cygne d’or pour retourner dans mon pays d’origine. »

Pendant plus de douze siècles, la soie sera par excellence, le cadeau diplomatique chinois, celui que « le fils du ciel » remet aux grands feudataires en visite et qu’il envoie aux nombreux rois et princes qui se partageront l’Asie Centrale comme signe de paix. En retour, les étrangers apportent des cadeaux à la cour de Chang An (Xi’An). Cette politique coûtait très cher (près du tiers des revenus de l’empire au 1er siècle de notre ère). Par contre, elle devait stimuler les échanges commerciaux grâce au trafic qui se développera, fondé en grande partie sur la Route de la Soie. LA SOIE A ROME

C’est au cours d’une bataille désastreuse contre les Parthes en –53 à Carrhes (aujourd’hui Harran en Turquie) que les Romains auraient découvert la soie légère et translucide. Outre les flèches meurtrières, les Parthes brandirent des étendards en soie qui, au soleil, éblouirent les soldats et firent se cabrer les chevaux romains. Lorsque la soie apparaît à Rome, on lui donne le nom de « serica » du pays des Sères, de l’autre côté de l’Asie Centrale. La soie est le premier produit d’échange entre l’Orient et l’Occident dont on peut suivre la trace

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avec certitude. Valeur monétaire sûre, à Rome, elle vaut le prix de l’or. L’élite romaine s’habille de soie et cherche à commercer directement avec la Chine. Au IIè siècle, les marchands chinois parviennent jusqu’au Golfe Persique. Romains et Chinois entrent en contact probablement en 166.

A partir du IVè siècle, l’empire romain d’orient qui deviendra l’empire byzantin a de grands besoins en soieries. On tissait des écheveaux de soie en Syrie mais on ignorait comment était obtenu ce fil.

En Asie Centrale et en Chine jusqu’au VIIIè siècle, la soie était partout utilisée comme monnaie d’échange : légère et coûteuse, elle représentait un investissement sûr, ne se dévaluant pas facilement

LA FIN DU MONOPOLE CHINOIS Pendant des siècles, les Chinois réussissent à préserver le secret de la sériciculture, la production du fil de soie. Un décret impérial condamnait à mort sous la torture quiconque trahirait ce secret. Le célèbre pèlerin bouddhique Xuan Zhang (602-664) rapporte cette légende: En 480, le roi du Khotan (l’actuel Turkestan chinois) envoie un ambassadeur vers l’empereur de Chine pour lui demander des graines de mûrier et de ver à soie, celui-ci refusa. Le roi du Khotan demanda donc la main d’une princesse chinoise. La jeune fille disposa dans le rembourrage de sa coiffure des graines de mûrier et de ver à soie au risque de subir la mort et arriva au Khotan. C’est ainsi que la sériciculture aurait commencé au Khotan. L’évocation de cette légende a été retrouvée par Aurel Stein sur une fresque d’un tombeau près du Khotan

Procope de Césarée raconte dans sa « Guerre des Goths » qu’au VIè siècle, l’empereur byzantin Justinien 1er (483-565) veut connaître le secret de fabrication de la soie afin de briser le monopole chinois. En 552, il envoie dans une contrée nommée Serinda deux moines qui y avaient vécu et qui savaient comment la soie y était produite. Les deux moines retournèrent donc à Serinda et rapportèrent à Byzance les œufs de ver à soie soigneusement cachés dans le creux de leur canne de bambou. Ils réussirent à les faire éclore et les nourrirent avec des feuilles de mûrier. C’est le premier exemple d’espionnage industriel.

Le secret de la soie s’échappait de Chine. Il fut un des secrets les mieux gardés de l’humanité. Entre les premiers élevages dans la Chine des empereurs mythiques du IIIè millénaire avant J.C. et ceux créés en Occident, il s’écoulera près de 4000 ans.

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CARAVANES ET CARAVANSÉRAILS

Les distances considérables séparant Xi’An - capitale de la Chine ancienne – de la Mer Noire, les chemins dangereux et les cols escarpés à franchir à travers le Pamir ou les Monts Célestes, les déserts à traverser, brûlants le jour, gelés la nuits tels le Taklamakan ou le Gobi, ainsi que les attaques de pillards obligent très vite les voyageurs - ambassadeurs, commerçants ou religieux - à se regrouper pour effectuer leur périple sur la Route de la Soie. Ainsi se constituent les premières caravanes organisées. Il fallait environ 8 mois à un an – voire plusieurs années – pour faire tout ce parcours.

La caravane est dirigée par un maître de

caravane (caravan bachi) qui se charge des démarches administratives et de l’organisation générale du groupe. Chaque caravane comprend entre 100 et 500

personnes, voire un millier pour les plus grandes : des hommes armés font partie de la caravane ainsi que des interprètes indispensables pour mener à bien les négociations en terre étrangère. Chaque caravane comprend divers animaux de bât : chevaux, mulets, bœufs ou encore yacks ou chameaux suivant le type de région à traverser.

Les Animaux de bât Le Chameau de Bactriane : le « Vaisseau du Désert » est indispensable pour traverser les zones désertiques : - Il peut boire de 120 à 150 litres d’eau en dix minutes, se satisfait d’épineux et de plantes salées abondantes en Asie Centrale. - son organisme est conçu pour éviter la déperdition d’humidité et ses bosses constituent des réserves énergétiques. - ses longs poils le protègent des températures extrêmes. - il porte 130 à 150 kilos de marchandises Avant de traverser les Pamirs, les caravanes échangeaient les chameaux contre des yacks très

adaptés aux hautes régions montagneuses : - grande endurance, résistance au froid et à l’altitude dues à un cœur et des poumons surdéveloppés. - il peut porter 130 kilos sur son bât - il donne un lait très apprécié - la bouse de yack séchée est un excellent combustible. Dromadaires et mules assurent le tronçon occidental. Les chevaux sont sur les routes non désertiques, à une altitude modérée. La soie étant légère, les chevaux la transportaient rapidement. De multiples dangers : - Les montagnes : les crêtes aigues du Pamir ou des Monts Célestes en Asie Centrale culminent entre 6.000 et 8.000 m. Les cols permettant de les franchir sont entre 4.500 et 5.500 m. Les sentiers, étroits et escarpés, sont propices aux chutes mortelles.

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- les déserts : - le Taklamakan « une fois dedans, jamais dehors » en ouïgour : on ne peut s’y aventurer que la nuit en été et le jour en hiver - le Gobi réputé pour ses vents extrêmement violents -le Kyzylkoum « les sables rouges » en ouzbek. Lorsque les koumlis, les hommes des sables le traversent, ils ne quittent pas leur telpek, haut bonnet de fourrure qui les protège du vent et du soleil

- les brigands dépouillent les petits groupes de voyageurs. Pline évoque des régions où l’on trouve des scythes anthropophages, des bêtes sauvages et des serpents qui pullulent dans les déserts

Les démons égarent les voyageurs dans le désert : les chinois en parlent au VIème s. et plus tard Marco Polo : « démons qui, lorsque souffle le vent chaud, vous font perdre la tête et vous entraînent vers la mort. »

Les Caravansérails

Le terme « Caravansérail » est un emprunt du persan karwan-saray (karwan : caravane et saray : palais, grande maison, cour) A l’origine, les caravansérails sont des gîtes d’étape dans les steppes d’Anatolie, ils sont distants de 25 à 30 km, environ une journée de marche. Ils ont une fonction protectrice et n’ouvrent que par une porte unique et défendue. A l’intérieur, écurie, logements pour les voyageurs ; certains étaient équipés d’un moulin, d’une boulangerie, d’une salle de prière, d’une maison de thé et d’un petit commerce Ces fortins de pierre érigés tout le long des routes de la soie permettaient non seulement aux voyageurs de se protéger des pillards, de se restaurer, de se reposer et de changer d’animaux de bât, de guide, voire d’interprètes mais aussi de se repérer dans les solitudes désertiques cars ils étaient visibles de loin et éclairés la nuit. Leur architecture était adaptée au climat : protégés de murs très épais dans les régions montagneuses, équipées de tours ajourées pour la ventilation dans les déserts chauds. Les plus anciens sont mentionnés par Hérodote de Halicarnasse qui parle de « très beaux caravansérails » sur la célèbre route royale que Darius Ier, roi de Perse, fit construire au Vème s. av J.C. Les vestiges les plus anciens ne remontent qu’au IXè s. apr J.C. Au Nord-Ouest du Taklamakan, sur la route entre les Monts Célestes et Samarcande, à la frontière sino-kirghize, Tash Rabat est un ancien monastère nestorien du VIIè s. aménagé en caravansérail pour abriter les caravanes venant de Chine.

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A partir des Seldjoukides (XIè – XIIè s.), « l’institution caravansérail » prit toute son ampleur et se répandit d’Est en Ouest à travers l’Iran, l’Irak, le Levant et la Turquie. Le caravansérail de Dayr-i-Khatun, au Turménistan, aurait été fondé par une princesse seldjoukide (khatun signifie dame), son décor témoigne d’une construction soignée en briques.

L’iwan introduit par les Abassides (750-1258) est un vaste porche voûté ouvert sur un côté par un grand arc. L’iwan combiné avec le plan carré des palais achéménides a donné le modèle du plan de mosquée dit « iranien » : quatre iwans disposé en croix et s’ouvrant sur une cour. Autour de la cour, de belles arcades évoquent une architecture de cloître. Celui d’Incussu en Turquie, construit en 1600, abrite toujours hommes et animaux.

Les châteaux du désert : Qasr al Sharqi Dans l’enceinte de la propriété, protégée par un rempart long de 15 km, on trouve les vestiges d’un bâtiment qui est probablement un caravansérail : les califes résidant dans ces propriétés contrôlaient le trafic des grandes caravanes de Mésopotamie et de Perse vers la côte syrienne.

Cette somptueuse demeure découverte en Syrie, construite au VIIIè s. par un calife omeyade, était à l’origine, enfouie au milieu de vergers et de jardins parcourus de canaux d’eau bruissante amenée par un canal de 30 km depuis la source de El Kown utilisée depuis la préhistoire.

En ville : A l’époque ottomane, le caravansérail apparaît dans les grandes villes, il ouvre sur une cour carrée, lieu de commerce et d’échanges, synonyme de bazar. Les bâtiments s’élèvent sur deux ou trois étages pour loger les voyageurs. Le foundouk de Fès construit au XVIè s. récemment restauré en est un superbe exemple.

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LES ROUTES TERRESTRES Axe commercial, long d’environ 8000 km, entre l’Asie et l’Europe allant de Chang’an

(actuelle Xi’an) en Chine jusqu’à Antioche.

CHINE

GROTTES DE BINGLISI → Grottes aménagées et décorées de sculptures et de peintures. Sanctuaire bouddhique actif pendant plus de 1000 ans.

FORTERESSE DE JIAYUGUAN Avant poste militaire pour protéger les caravanes des razzias nomades apparentées aux Huns. Se situe aux portes du Gobi.

XI’AN Point de départ des caravanes. Ancien Temple de Confucius devenu musée, il possède de nombreuses pierres et stèles écrites. Pagode de l’Oie Sauvage : elle contient des reliques de Bouddha qui sont visibles tous les 30 ans. Mausolée de Qin Shihuang, situé à 40 km de Xi’an, site des guerriers et chevaux en terre cuite.

TURPAN La vallée est à 150m au-dessous du niveau de la mer. Région du raisin sec. Un KAREZ : canal souterrain creusé artificiellement, construit sous la dynastie Qing (1644/1912). Les karez sont composés de trois parties: les puits verticaux, les canaux souterrains et les canaux hors terre.

Séchoir à raisin : sorte de hangar de briques, les côtés sont ajourés pour laisser passer le vent.

GROTTES DE MOGAO Grottes aux mille Bouddha. La construction débute en 336 et se termine au XIVème siècle. Elles sont inscrites au patrimoine mondial de l’Unesco.

GOACHANG Ville de garnison construite au IIème siècle avant J.C, détruite vers le XIVème siècle. Lieu de rencontre entre les commerçants et les intermédiaires perses. XI’AN

Point de départ des caravanes XI’AN

Point de départ des caravanes

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LE DESERT DE GOBI Principalement situé en Mongolie, c’est un désert continental balayé par des vents violents, aux hivers glacials et aux étés caniculaires.

DUANHUANG La route se sépare en deux pour atteindre Kashgar: par le sud: désert du Taklamakan, par le nord pour l’éviter.

URUMCHI En ouïgour : le « beau pâturage » Regroupement du groupe Chine et du groupe Pamir de la croisière jaune d’André Citroën en 1931.

KUQA Ville importante sur la route de la soie Aux environs : la tour d’argile de Kizirgaha.

GROTTES DE BEZEKLIK Elles sont couvertes de fresques. On y trouve une image représentant la princesse chinoise emportant le secret de la fabrication de la soie.

JIAOHE Citée abandonnée au XIVème siècle.

KASHI OU KASHGAR

Au pied des Pamir Lieux de tous les échanges. Foire aux bestiaux où les caravaniers venaient échanger leurs yacks ou chevaux pour des chameaux. La route du nord et du sud s’y rejoignent.

HOTAN OU KHOTAN Vieille oasis. Ville du jade blanc.

SHACHE OU YARKAN Au moyen âge elle devint un comptoir important. A partir de 1271, Marco Polo ouvrit cette voie jusqu’à Pékin.

LE PAMIR Plateau élevé d’Asie Centrale situé principalement dans le Tadjikistan. Altitude moyenne 4 000m. Région aride peuplée de nomades. LE TAKLAMAKAN → « celui qui y entre n’en ressort jamais » Fait de sable, de plaines argileuses et de cailloutis. Température variant de –40 à +50°.

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OUZBEKISTAN KHIVA → Ancien petit fort et poste commercial sur la route de la soie. Minaret Kaltar-Minor : sa construction fut arrêtée à la mort du gouvernant d’où son nom Kalta = le court.

LES PORTES DE FER DE DERBENT Se situent sur la route de Samarkand à Balkh (Afghanistan). Défilé entre de hautes falaises verticales. Une puissante muraille artificielle longue de près de 2 km et renforcée par une citadelle barre le fond de la vallée. Elles séparaient deux grands empires : au nord la Bactriane, au sud la Sogdiane.

SAMARKAND A la croisée des chemins de la Route de la Soie, qui vient de Chine et va vers l’Afghanistan et l’Inde, et l’autre, orientée au sud-ouest vers la Mer Caspienne. C’est ainsi que Samarkand fut depuis la Haute Antiquité la Rome de l’Asie centrale.

BOUKHARA Le minaret de Kalon domine la ville. Il a 850 ans et servait de phare aux caravanes. Nombreux caravansérails, quatre sont en restauration dont un par des français.

KIRGHIZISTAN

VALLEE DU FERGHANA Partagée entre le Kirghizistan et l’Ouzbékistan. Carrefour commercial, lieu d’échanges entre l’Orient et l’Occident. Le bazar était réputé dans toute l’Asie Centrale. Les caravanes s’y formaient et se dirigeaient vers Samarkand. Origine des chevaux célestes.

OSH Décor traditionnel des costumes locaux

PAKISTAN

BALTIT Forteresse construite pour protéger la vallée de l’Hunza Demeure royale des Mir. Restaurée par la fondation Agha Khan, elle est ouverte aux visiteurs depuis 1997.

ISLAMABAD Site de Taxila : cité de l’antiquité

VALLEE DU FERGHANA VALLEE DU FERGHANA

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LE KARAKORAM ou KARAKORUM Massif montagneux au nord du Pakistan. Il abrite le K2 (8611m) et de nombreux glaciers. Ces eaux contribuent à l’alimentation du fleuve Indus situé au sud de la région. La karakorum highway C’est la plus haute route asphaltée du monde. Elle relie la Chine et le Pakistan en franchissant des cols jusqu’à 4693m d’altitude.

AFGHANISTAN

BAMYAN

Statues géantes de Bouddha détruites en 2001. On cherche actuellement un Bouddha couché aux pieds de ces statues. BALKH Antique Bactres Capitale de la Bactriane ancienne, jadis métropole prospère.

INDE

BENARES Ville sainte sur le Gange. Temple de la Mère : le Bharat Mata Mandir. A l’intérieur se trouve une carte en relief de l’Inde taillée dans le marbre. →

CALCUTTA La ville n’existe en tant que telle que depuis l’arrivée de la compagnie britannique des Indes en 1690.

AGRA Le Taj Mahal : « palais de la couronne » 8ème merveille du monde C’est un mausolée de marbre blanc. Sa construction débute en 1631, elle a été demandée par l’empereur moghol Shâh Jahân en mémoire de son épouse, morte en donnant naissance à leur 14ème enfant. Shâh Jahân est aussi l’instigateur de la construction du Fort Rouge.

AMRITSAR Ville sainte des Sikhs ou se trouve le Temple d’Or. Lieu de culte et d’accueil sans distinction d’origine, de religion et surtout de caste. NEW DELHI Le Fort Rouge : forteresse d’architecture moghol en grès rouge datant du 17ème siècle. Inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco.

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IRAN

YAZD Classée au patrimoine mondial de l’Unesco. C’était une étape indispensable car réputée pour sa soie et son accueil. Yazd est la cité des zoroastriens. Marco Polo s’y arrêta en 1292 et décrivit le culte du feu dans ses récits de voyage. Ce feu a été maintenu allumé par des prêtres pendant plus de mille cent années. ISPAHAN La ville se situe au centre sur les routes commerciales entre la Chine et l’empire ottoman et entre le golfe persique et la Russie. TABRIZ Les marchands européens venaient y acheter des pierres précieuses. Dans le bazar le plus long du monde la laine et les tapis sont renommés. BAM La citadelle remonte à deux mille ans. Centre commercial important grâce aux caravanes de soie et d’épices. Détruite en partie en 2003 par un tremblement de terre. Inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco. SARAKHS C’était un important relais. Le caravansérail Rubat Sharaf est l’un des plus vastes d’Iran. MASCHAD La seconde plus grande ville de l’Iran. Tombeau de l’Imam Ali Reza, un des hauts lieux de pèlerinage.→

IRAK

HAMADAN Point de passage obligé pour les routes commerciales entre la Mésopotamie et le reste de l’Iran. Réputée pour ses luxueux palais. BAGDAD Aux environs, le minaret Malwiyah le plus ancien de forme élicoïdale.

TURQUIE

DOGUBAYAZIT Au pied du mont Ararat, volcan qui domine à 5 137m. Le palais d’Ishak Pasa est situé sur la route de la soie. Ce palais construit entre 1685 et 1784 servait de caravansérail.

SARAKHS

C’était un important relais.

C’était un important relais

Caravansérail Rubat Sharaf, un des plus vaste d’Iran

TABRIZ Les marchands européens venaient y acheter des pierres précieuses. Dans le bazar le plus long du monde la laine et les tapis sont renommés.

BAM

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IZMIR Peu de vestiges de l’ancienne SMYRNE. ISTAMBUL Ville située sur le détroit du Bosphore. Caravansérail de la sultane Mère. LES CAPPADOCES PERGAME, BERGAMA Ville fondée par Alexandre le Grand. Un des hauts lieux de la civilisation hellénique. Le parchemin à base de cuir y fut créé.

SYRIE

PALMYRE, TADMOR Cité des palmiers Importante cité caravanière au Ier siècle avant J.C. Au IIIème siècle sous le règne de la reine Zénobie (266/272), la ville contrôle une partie de l’Asie Mineure, de là Antioche pour le port de la Méditerranée, ou Constantinople. ALEP François 1er y fit construire la première ambassade française. DAMAS

Ville des mille et une nuits. Elle a subit l’influence de nombreuses civilisations : assyrienne, perse, grecque, romaine et arabe. La mosquée aurait été construite sur une ancienne église, elle-même construite sur un ancien temple romain. Artisanat réputé : épée en acier damasquiné, brocard tramé d’or : le damas.

JORDANIE PETRA Capitale des nabatéens. Grand carrefour commercial à la croisée des routes de l’encens du Yémen et de l’Arabie, des épices indiennes et de la soie de Chine. Chute de Pétra au IIème siècle, Palmyre en Syrie prend sa place.

EGYPTE ALEXANDRIE Fondée par Alexandre le Grand en 332 av. J.C. Les marchandises y sont embarquées pour l’Europe.

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ALEXANDRE LE GRAND 356 - 323 avant J.C.

Pionnier des routes de la Soie

Roi de Macédoine à 20 ans, né à Pella, capitale de la Macédoine antique, fils de Philippe II et d’Olympia, il eut comme précepteur Aristote. Il fut le premier à franchir les limites du monde connu: renversant l’Empire Achéménide, il poussa vers l’est jusqu’en Inde. Après la conquête de l’Orient méditerranéen, (victoires de Granique en 334 et d’Issos en 333), il fonde Alexandrie, s’empare des capitales perses, (Gaugamèles en 331), pousse jusqu’à l’Indus qu’il descend jusqu’à Pattala.

Malgré de regrettables actes de cruauté, il se montre grand guerrier, grand législateur, grand politique. Son armée est composée de soldats, d’ingénieurs chargés de construire des villes, des routes, des ponts, de géographes pour établir des cartes précises, de naturalistes, d’historiens, d’artistes et de philosophes. Il fut un grand constructeur de villes nouvelles, reliées entre elles par des routes. Il créa : • Le grand port d’Alexandrie égyptienne qui relie aux autres Alexandrie, permettant d’acheminer les produits d’Asie, d’Afrique et tête de pont de la Route de la Soie. • Alexandrie d’Eskhate près de Tachkent • Alexandrie d’Oxiane • Alexandrie Charax • Alexandrie du Caucase • Alexandrie des Orites • Alexandrie d’Issos • Alexandrie Phophtasia • Alexandrie Harat • Alexandrie Margiane (Mary) • Alexandrie Kandahar Ces travaux étaient financés par des trésors en or et argent trouvés dans les palais royaux de Babylone, Suze, Persépolis etc... Cités construites dans le bassin de l’Indus: Nicée, Bucéphale et le port de Pattala, d’où l’amiral Néarque partit avec 120 navires. Premier navigateur de l’Océan Indien à décrire le phénomène de la mousson et des marées, ce qui devait plus tard permettre le développement de la route maritime de la soie. Alexandre est arrivé en quelques années à tisser un incroyable réseau de relations entre les villes de son vaste Empire, qui s’étendait de l’Adriatique à l’Indus, et du Nil à la Mer Noire. Ce réseau deviendra par la suite la Route de la Soie.

L’EMPIRE D’ALEXANDRE ET LE MONDE HELLÉNISTIQUE

Grâce aux routes qu’il créa ou améliora, aux ports et aux places-refuges qu’il aménagea, les échanges entre l’Orient et l’Occident se développent.

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ECHANGES COMMERCIAUX Des négociations avec les Scythes pour la libre circulation des caravanes venues d’Altaï et du Turkestan chinois, permettent aux commerçants d’échanger de la vaisselle grecque d’argent contre de la poudre d’or (Musée de Samarkand, Tachkent, Saint-Pétersbourg). Plus tard se commercialiseront les pierres précieuses, les épices et la soie.

ÉCHANGES CULTURELS La langue et la civilisation grecque se répandirent dans toute l’Asie jusqu’au bassin de l’Indus. Un courant sans précédent d’hommes, de techniques, d’idées, de tendances artistiques, de formules architecturales sera impulsé. Alexandre et les savants ont rencontré des savants asiatiques dont les techniques ont permis d’enrichir le monde occidental en astronomie, géographie, histoire naturelle. Alexandre fait parvenir à Aristote des échantillons d’animaux inconnus qui l’ont aidé à composer son « Histoire des animaux », chef-d’œuvre d’observation scientifique. Introduction en Europe de plantes nouvelles telles le pêcher, le citronnier, le riz.

ÉCHANGES HUMAINS Il désira fondre tous ces peuples en un seul peuple, il veut amener la concorde entre tous, et fait preuve d’une grande tolérance: respect de leurs coutumes, de leurs religions. Pour sceller son alliance avec la noblesse iranienne, il épouse en 327 Roxane, princesse d’une exceptionnelle beauté. Ses compagnons et, par la suite, des milliers de soldats feront de même. Etablissement de colonies adroitement semées sur mille points du territoire. ALEXANDRE ET LA SOIE Dans les palais royaux fut trouvé un échantillonnage varié de tissus : (les plus beaux) des 31 états qui composaient l’Empire.

Il fit construire un tombeau pour son père à Aigeai récemment découvert par l’archéologue grec Manolis Andronikas. Le défunt était enveloppé dans un magnifique tissu de soie pourpre brodé d’or. Il s’agit là du plus ancien tissu de soie trouvé en Grèce. ALEXANDRE MEURT le 13 JUIN 323 Macédonien imprégné de culture hellénique, après avoir conquis la Grèce, puis monarque oriental captivé par l’idéalisme de l’Orient, il était l’incarnation du brassage culturel.

Il est entré dans la légende parce qu’il poursuivait un grand rêve : unir l’Orient et l’Occident. Son royaume fut désintégré en unités plus petites : les Grecs de Bactriane les Sogdiens les Parthes les Scythes plus tard les Sassanides. Cette fragmentation n’entrava pas le mouvement des peuples et des marchandises, au contraire, grâce au progrès des connaissances géographiques, l’activité commerciale s’intensifia.

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GENGIS KHAN 1155 – 1227 PREMIER EMPEREUR MONGOL

Aux XIIe et XIIIe siècles, les Mongols conquirent un empire immense qui s’étendait De la mer de Chine à la mer Méditerranée

Né en Mongolie vers 1155, sa ténacité, sa volonté et son courage lui assurent un destin hors du commun. En 20 ans il mate et fédère les tribus nomades des steppes dont il devient le chef.

Ces nomades sont des cavaliers et des pasteurs, dont le cheval sobre et endurant est le héros. Leur habitat est la yourte, maison démontable, pratique à déplacer avec les troupeaux.

Progressivement, Gengis Khan va agrandir son territoire : Le Tibet vassalisé, la Chine envahie, les royaumes musulmans d’Asie Centrale et les royaumes chrétiens du Caucase, de la Russie et des Balkans vaincus.

Tyran sanguinaire et destructeur barbare, en même temps, héros d’épopée, il se révéla posséder à la fois l’art de la guerre et du gouvernement. Il retrouva les principes des Sassanides, des Pharaons, des Césars. Il accepta les conseils de savants chinois et turcs, qui lui permirent d’évoluer petit à petit, de se civiliser. Il favorisa le commerce et les marchands - ouverture de routes. - création de postes relais « les Yams » sur tout le Territoire. - « La Pax Mongolia » assure la liberté et la sécurité. Il fit preuve d’une grande tolérance vis-à-vis des religions « chacun a le droit de prêcher sa foi » Imprégné de chamanisme, croyant en un seul dieu, il pensait que « plusieurs chemins menaient à lui ».

Un Edit de Tolérance exemptait les prêtres et religieux de taxes et corvées (Manichéens, Juifs, Bouddhistes, Taoïstes, Chrétiens, musulmans etc….). Le Nestorianisme est une religion à part, les souverains Mongols ayant des femmes et mères nestoriennes. Il permit un grand brassage civilisateur La complète circulation des hommes, des marchandises et des idées suscitait un extraordinaire développement des échanges commerciaux et culturels.

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La route de la soie, grande voie de circulation, relie désormais la Chine à la Méditerranée. Pour la première fois, l’Orient et l’Occident entrent en contact : résultat heureux de la terrible conquête de Gengis Khan. A sa mort en 1227, il a un Empire immense, le plus grand du monde connu. Son Empire est partagé entre ses fils qui achevèrent la conquête mongole.

Son fils Ogodeï 1229-1241 Fonde la capitale Karakorum. Elimine les Jin de la Chine du Nord. 1237-1242 : destruction du royaume de la grande Bulgarie, conquête de l’Iran, prise de Moscou, Kiev, Cracovie, Budapest. Les Mongols sont aux portes de Vienne. Ses petits fils: - Batu de 1236 à 1242, sème la terreur jusqu’à l’Adriatique. Au Moyen Orient, l’Azerbaïdjan et la Transcaucasie sont conquis, le Sultanat Selfoukide de Rün vassalisé. - Guyuk 1246-1248, envoie des ambassadeurs mongols à Lyon et à Chypre.

1258 : Bagdad est prise, annexion de l’Irak.

KUBILAÏ KHAN 1260-1294 Petit-fils de Gengis Khan - Fonde sa capitale à Pékin. - 1279 : élimination des Song. - 1280 : toute la Chine est Mongole. - Dynastie Mongole des Yuan : 1271-1368 - Il réorganisa l’administration du pays :

- Création de postes relais sur toutes les routes. - Tolérance avec les religions et organisation de colloques inter-religieux

- Favorisa les commerçants et profita de leur expérience. - Il encouragea la présence d’étrangers. - Il reçut des ambassadeurs envoyés par le Pape et le Roi de France. - Il reçut Marco Polo, commerçant et diplomate; il lui confia plusieurs missions et le garda 17 ans auprès de lui comme conseiller.

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LES AMBASSADES Durant le XIIIè siècle, les MONGOLS reçurent des ambassadeurs venus d’Europe

envoyés par des souverains

L’Empire Mongol avait des espions en Europe et connaissait le monde occidental. L’Europe, très occupée par les croisades, ne s’intéresse à l’Orient qu’à partir des invasions des cavaliers mongols venus jusqu’aux portes de Vienne (1241). Ambassades de l’Occident vers l’Orient Le Pape Innocent IV (règne : 1243-1254) fut l’un des premiers à s’émouvoir de la situation. Il envoya des ambassadeurs religieux: Dominicains ou Franciscains. But de la mission des ambassadeurs: - porter une missive du Pape au grand Khan lui demandant de se convertir et de faire la paix. - informer le Pape sur le pays, les peuples, le mode de vie, les territoires, l’organisation de la vie etc…

Ambassade conduite par Jean de Plan Carpin (1182-1252) Accompagné par Benoît de Pologne et Etienne de Hongrie. La mission dura d’avril 1245 à octobre 1247. Après un voyage très dur et un retour tenant du miracle, Jean de Plan Carpin rapporta au Pape la réponse négative du grand Khan. D’après les renseignements précis qu’il avait relevés, il publia « l’Historia Mongalorum », source d’information la plus ancienne et la plus sûre qu’un Européen ait compilé. Le Roi de France Louis IX -St Louis (1214-1270) rêvait de gagner les Mongols à la cause chrétienne. But de la mission: St Louis, qui préparait la 7ème croisade, espérait faire une alliance contre l’Islam.

1ère ambassade: André de Longjumeau né vers 1200 Il fut reçu en 1250 par la veuve du Khan Güyük qui venait de mourir. 2ème ambassade: Guillaume de Rubrouk, moine franciscain accompagné par Barthélémy de Crémone. Sa mission dura d’avril 1253 à l’été 1255. Son but: -porter une lettre du roi demandant la protection des chrétiens. -obtenir des renseignements sur les peuples rencontrés. Guillaume rapporta la réponse du grand Khan: décevante et sans objet. Il rédigea un récit: « Voyage dans l’Empire Mongol », œuvre littéraire de premier ordre.

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Les missionnaires ambassadeurs

En recevant les ambassadeurs, les Mongols demandent d’autres ambassades religieuses. Le Pape Nicolas IV (1288 - 1292) envoya en 1289: Jean de Monte Corvino (1247-1333) Il fonda une mission, fut le premier évêque de Pékin et baptisa plusieurs milliers de Mongols. Odoric de Pordenone (1285-1331) Il séjourna 12 ans en Chine et laissa un récit avec de nombreuses observations. Il signala la ville de Lhassa au Tibet. Le pape Benoît XII : en 1339 à la demande du Grand Khan, envoie Jean de Marignoli. Parti en 1338, il atteignit Pékin en 1342 où il resta 11 ans. Il a laissé ses « souvenirs de voyage en Orient ». Une mission franciscaine avait tenté de s’installer à Almaliq dans la vallée du fleuve Ili, la population était musulmane, les Nestoriens étaient nombreux. Des noms ont marqué cette étape: -Richard de Bourgogne nommé évêque d’Almaliq -Pascal de Vittoria, martyr -François d’Alexandrie

Les Empereurs Mongols envoyaient également des ambassades en Occident Güyük 1246-1248 Envoya des ambassadeurs à Lyon et à Chypre. Le Khan Arghoun envoya Raban bar Cauma, moine nestorien ouïgour, auprès du Pape et des souverains européens. Il part en 1287, rencontre le Pape et Philippe le Bel. Il rentre en Perse en 1288. Le Khan de Perse adresse une lettre au Pape Honorius IV, en 1285, pour lui demander une croisade contre les Turcs. En 1289, il adresse à Philippe le Bel (1268-1314) une missive lui donnant un rendez-vous devant Damas afin de mener une expédition militaire contre les Turcs. Pour des raisons mal éclaircies, l’Europe semble se désintéresser de toutes propositions d’alliance avec les Mongols. Le Pape Honorius IV qui avait fait ses études à l’université de Paris, y fit créer des chaires de langues orientales pour faciliter les rapports de l’Eglise avec l’Orient et les Musulmans. Brusquement, au XIVè siècle, les relations cessent entre la Chine et le monde chrétien. 1ère cause: l’épidémie de peste venant de Chine qui ravage l’Europe (1348) et provoque 75 millions de morts. 2ème cause: l’affaiblissement du pouvoir mongol en Perse et en Chine, l’avènement des Ming, nouvelle dynastie. Les territoires se fractionnant, les frontières se reconstituent.

Les routes caravanières sont moins empruntées,

Les routes maritimes s’intensifient.

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LE COMMERCE EN ORIENT

Au IXè siècle, les Arabes monopolisent le commerce maritime, trait d’union entre les deux extrémités du monde, comme le furent jadis les Parthes (IIIè siècle av.JC). Les géographes musulmans ont laissé de précieux témoignages sur ces routes maritimes. Le plus ancien : « la relation de la Chine et de l’Inde » a été rédigé en 851 à partir de plusieurs récits de marchands, dont un certain Solaïman. Le grand port chinois auquel ces marchands arabes aboutissent est Canton.

Les fastes de la cour de Bagdad encouragent le commerce maritime entre le Moyen-Orient et l’Extrême-Orient. Les marchands arabes, dont Sindbad le marin est l’incarnation légendaire, sont organisés, selon Solaïman, à Canton sous la responsabilité d’un chef musulman. Le voyage du Golfe Persique en Chine dure 8 mois minimum. Les autorités douanières appliquent une règlementation sévère. Les taxes sur les marchandises peuvent atteindre 30%. Au IXè siècle, les Chinois assurent également le commerce maritime jusqu’en Inde et dans le Golfe Persique. Le géographe chinois Jia Dan (fin VIIIè s.), décrit cet itinéraire et mentionne la boussole, utilisée depuis la dynastie des Han (25-220), désignée sous le nom de « cuillère aimantée indiquant le sud ».

Les marchands chinois appartiennent à des tribus nomades intégrées à l’Empire. Le commerce en Chine est socialement déconsidéré. Ils vendent aux Sogdiens de Samarkand, aux marchands iraniens qui revendent à des Syriens, des Grecs ou des Juifs qui revendent eux-mêmes aux marchands génois et vénitiens. Ces marchands louaient des interprètes dans les différents pays.

En Chine, aux XIè et XIIè siècles, des commissariats à la marine marchande sont établis à Canton, Hangzhou et Mingzhou puis à Quanzhou. L’activité marchande au XIIè siècle est relatée par Zhao Rukua, lui-même commissaire à la marine dans « la description des peuples barbares, le Zhufan Ji ». Une partie décrit les régions avec lesquelles la chine était en relation : Indonésie, Malaisie, Inde, Philippines, Corée, Japon. L’autre partie fait l’inventaire des produits importés en Chine: bois aromatiques, résines, médicaments, épices, ivoire….

La Chine exporte la soie.

Le commerce de la céramique est en plein essor. La porcelaine prendra peu à peu une place capitale dans le commerce maritime. Sa transparence avait émerveillé les voyageurs arabes dès le IXè siècle.

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LE COMMERCE S’OUVRE AVEC L’OCCIDENT Le trafic par mer s’est développé entre le Moyen-Orient et la Chine. Les routes caravanières n’ont pas connu un essor aussi important. L’avènement des Mongols qui unifient les peuples d’Asie et contrôlent l’Empire, va permettre une meilleure circulation sur ces routes. Les croisades seront un facteur de développement de ces routes qui bénéficiera particulièrement aux marchands italiens, génois et vénitiens qui assurent le transport du ravitaillement, voire des troupes, vers la Terre Sainte. Des comptoirs sont ouverts en Méditerranée. En 1204, la prise de Constantinople par les croisés favorise l’installation des Vénitiens qui deviennent maîtres de la ville. VENISE ET L’ORIENT Du XIè au XVè siècle, Venise s’affirme comme la plaque tournante des échanges avec l’Orient. Les Vénitiens se révèlent être des diplomates habiles, des marchands astucieux. Les marchands vénitiens cherchent des débouchés vers l’Orient lointain en raison du coût élevé des marchandises précieuses (soie, épices etc…) dû aux taxes importantes prélevées par les marchands musulmans, d’où un déséquilibre commercial entre ces articles coûteux d’importation, et ceux exportés par les Européens, laine et toile essentiellement. A Venise, un système d’association existe : « la colleganza », qui réunit un capitaliste apportant l’essentiel des fonds et restant sur place, et un marchand fournissant le reste du capital et assurant les transactions. Au retour, les bénéfices sont partagés par moitié. Les marchands doivent prendre des interprètes dans les différents pays. En 1311, le Concile de Vienne décide que les universités de Bologne, Paris, Salonique et Oxford formeront des missionnaires à l’arabe, l’hébreu, le chaldéen. Un dictionnaire trilingue (Turc, Persan, Latin): le « Cumanieus », est rédigé pour marchands et commerçants d’Asie.

C’est dans ce contexte que deux marchands vénitiens, Mafféo Polo et son frère Nicolo prennent la route. Partis de Venise en 1260, ils vont à Constantinople puis à Saldaïa, comptoir vénitien de Crimée, vendent leur cargaison, achètent des joyaux et échangent des marchandises. Ils parviennent au royaume d’un des petits-fils de Gengis Khan, Berke, ils lui offrent leurs joyaux pour obtenir sa protection. Au retour, une guerre les oblige à partir à l’opposé, ils parviennent à Boukhara où ils demeurent trois ans.

Des envoyés du Grand Khan Kubilaï les emmènent à Karakorum résidence du Khan à qui ils parlent de leur pays et de la chrétienté. Celui-ci les charge d’un message pour le Pape, demandant cent savants pour lui expliquer la doctrine chrétienne et un peu d’huile de la lampe qui brûle devant le sépulcre de Dieu à Jérusalem pour sa mère chrétienne. Munis de sauf conduits, ils parviennent à Alexandrette et arrivent en avril 1269 à Acre après un voyage d’environ trois ans depuis Karakorum. Là, ils apprennent que le Pape Clément IV est mort et que la réponse au message du Grand Khan ne pourra être donnée que par son successeur.

Ils rentrent à Venise, Nicolo y retrouve son fils Marco âgé de 15 ans.

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MARCO POLO - VENISE 1254 – 1324 AMBASSADEUR ET FONCTIONNAIRE DU GRAND KHAN KUBILAÏ

En 1271, Marco Polo part avec son père Nicolo et son oncle Mattéo pour une véritable odyssée qui durera 25 ans (1271-1295), et donnera lieu à un livre célèbre « le Devisement du Monde », appelé aussi « le Livre des Merveilles ». Ils se rendent à Saint-Jean-d’Acre puis à Jérusalem, où ils obtiennent un peu d’huile de la lampe du Sépulcre du Christ, demandée par Kubilaï pour sa mère qui était chrétienne. Arrivés à Layas, munis des lettres du Légat du Pape, ils apprennent que le nouveau Pape est élu sous le nom de Grégoire X. Ils retournent à Saint-Jean-d’Acre où celui-ci leur donne les instructions pour le voyage et deux frères dominicains pour les accompagner. Ces derniers renonceront à aller en mission, les sarrasins ravageant l’Arménie. « Les trois voyageurs se mettent en chemin, chevauchant par hiver et par été, sans regarder à nul danger ou peine ». Traversant les déserts, ils vont toujours de l’avant dans le sens du vent grec (Nord-Est) et de la tramontane (Nord). Le voyage durera trois ans et demi exclusivement par terre. « Le Grand Khan les reçoit avec honneur et leur fait grande fête. Il leur demande mille choses sur leur vie et comment ils s’étaient comportés en chemin ».

Le jeune Marco Polo fait son ambassade avec grande sagesse et succès. Le Grand Khan vit qu’il était sage et lui confia plusieurs missions: • dans un premier temps : inspecteur, voire agent de renseignements. • contrôle et surveillance des fonctionnaires chinois: (cette pratique était courante, ils étaient encadrés souvent par des ressortissants d’autres pays conquis). • contrôle de la perception des taxes en Inde. • gouvernement de la région de Yangzhou durant 3 ans. Il a pour atout de savoir plusieurs langues: (sans doute le persan et le mongol et peut-être le turc et l’arabe), ainsi que quatre écritures et lettres.

« Il demeura 17 ans avec le Grand Khan durant lesquels il ne cessa d’aller en mission ». Dans « le livre des Merveilles du Monde » il décrit: Les régions et les particularités

En Mongolie, la ville de Calacian, (Yinchuan), réputée pour la fabrication du tissu de camelot, en poil de chameau. La ville de Qinsai (Hang-Chou): cette cité sur l’eau a émerveillé le Vénitien, il en décrit les quartiers, l’organisation.

L’organisation des postes et le réseau de relais « plus de 10000 » qui permettent d’acheminer les messages. Ils servent aussi d’étapes aux voyageurs qui trouvent jour et nuit logement et chevaux. Les postes sont établis tous les 25 ou 30 miles sur les principales routes de province. Ce système étonna tous les occidentaux.

Les richesses minières ou de la mer.

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Le palais du Grand Khan La vie à la cour Les batailles Les traditions et les légendes Les chasses Les déplacements Le commerce

Les nombreux marchands étaient logés à l’extérieur de la ville; à chaque sorte de gens, un caravansérail était réservé.

Les marchandises

« Des marchés existent, où 40 à 50000 personnes proposent des marchandises en grande abondance ».

Le système monétaire « Comment le Grand Khan fait dépenser papier pour argent. Il fait l’éloge de cette « alchimie » monétaire, par laquelle des feuilles faites à partir d’écorce de mûrier munies du Sceau du grand Sire, prennent valeur d’or ou d’argent ».

Il décrit également des contrées avec des animaux fabuleux et sauvages, tels serpents et reptiles crocodiliens, lions du Cuigiu, animaux de l’Inde, ainsi que des gens très sauvages et le commerce de denrées exotiques.

Les trois marchands souhaitaient rentrer à Venise. Plusieurs fois, le Grand Khan avait refusé. Alors que Marco Polo revenait d’une ambassade en Inde, trois envoyés d’Arghun, Khan des Tartares, arrivent en Chine pour demander à Kubilaï une dame du lignage de la reine Bolgana, sa femme, qui venait de mourir. Marco Polo propose d’accompagner les envoyés d’Arghun et la princesse par voie de mer, ce qui fut accepté.

Embarqués sur quatorze vaisseaux de quatre mâts et douze voiles, ils feront le voyage en 18 mois. A leur arrivée le roi Arghun est mort, la princesse épousera son fils.

Après un séjour de 9 mois, ils repartent à Venise par voie de terre à travers la Turquie et Constantinople. Ils arrivent à Venise après un voyage de 3 ans.

Marco Polo a 41 ans, il reprend ses activités de marchand, se marie, a trois filles, acquiert une grande demeure « Corte del Milione ou Ca’Polo ».

Il meurt à Venise en 1324.

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TAMERLAN 1336 – 1405 « TIMUR BEG » « LE BOITEUX »

Au XIVè s. il créa l’Empire turco-mongol des Timourides en Asie Centrale

Né à Kech près de Samarkand en 1336.

Issu d’un petit clan turco-mongol à demi- sédentarisé et islamisé. En 1370 il fixa sa capitale à Samarkand. Il y régna 35 ans. Durant cette période, Samarkand connut une prospérité et un renom inouïs : « La plus belle ville sur la route de la soie, un joyau de l’art islamique ».

Il mena des campagnes victorieuses entre 1371 et 1402 qui le conduisirent de Delhi à la Mer Egée et de Damas au Turkestan chinois.

Il s’avéra un grand bâtisseur : art architectural nouveau : Architecture timuride introduite par des architectes venus d’Iran avec ceux de Samarkand. Art de décoration inspiré d’Iran et Samarkand: décor de fleurs, arabesques, dessins géométriques. Sentences islamiques. Il construisit de nombreux monuments : (mosquées, palais) et des jardins, mais il habite une yourte construite dans les jardins du palais.

Il est à l’origine d’un mouvement « culturel islamique » appelé en Europe « renaissance timuride »: Réunions de lettrés, professeurs, intellectuels. Renouveau des arts plastiques. Naissance de la poésie. Développement des mathématiques.

Il favorisa le commerce : Création du Palais bleu, banque d’état. Organisation de la circulation : routes, balises de bornes indiquant les distances. Mise à disposition de caravansérails avec chevaux et nourriture. Maisons de thé, hôtelleries. Création de cours de justice qui siègent en permanence. Encouragement de l’artisanat, fabrication d’objets, de produits vendus et exportés.

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La population est très cosmopolite, s’y côtoient Turcs, Mongols, Grecs etc… La religion officielle est l’Islam, mais de nombreuses religions sont représentées (catholiques, grecques, arméniens, nestoriens jacobites). La langue : Le turc pour le peuple. Le persan pour l’élite et l’administration. Les femmes étaient exemptées de la charia. Les épouses de Tamerlan avaient une liberté qui choquait les chroniqueurs arabes.

Une prospérité inégalée dans le pays grâce au commerce et aux échanges : Des fêtes somptueuses et nombreuses sont données par Tamerlan dans ses nombreux palais entourés de magnifiques jardins où sont dressées des tentes. Des artistes des deux sexes se produisent dans des orchestres, spectacles, danses et chants. La population était conviée et le vin coulait à flot. RELATIONS AVEC L’OCCIDENT • Correspondances entre Tamerlan et Charles VI roi de France (1368-1422). • Ambassade envoyée en 1403 par Henri III roi de Castille, conduite par Ruiz Gonzales de Clavijo, qui fut reçu avec égard et fut convié à des fêtes fastueuses où il put admirer, entre autres, le défilé des femmes de Tamerlan somptueusement vêtues. De retour en 1404, ils arrivèrent en Castille en 1406 après un voyage éprouvant. C’est le seul Européen qui ait rencontré Tamerlan.

Tamerlan mourut en 1405 sur la route de Chine. LES SUCCESSEURS DE TAMERLAN La présence à Samarkand d’une école réunissant des professeurs et des intellectuels de talent fit des émules:

Chahrouk, fils de Tamerlan, fut un grand savant bibliophile. Ulug Beg, son fils, petit-fils de Tamerlan, (1409-1449) régna à Samarkand qui devint alors capitale de l’esprit. Il fut un des plus grands savants de son temps: astronome, poète, écrivain et un mécène pour les sciences et les arts. Des savants de tous pays sans distinction d’origine ou de religion, sont reçus et travaillent ensemble. Création de l’école d’astronomie et d’astrologie avec observatoire, où sera élaboré le traité des étoiles appelé tables de Gurgan. Grand bâtisseur, il dota la ville de nombreux et magnifiques monuments.

Le peuple, poussé par les religieux et les militaires, renversa le régime. En 1449 Ulug Beg fut assassiné.

Les savants et les artistes furent chassés, les bâtiments de l’observatoire détruits, les livres brûlés, (le Traité des Etoiles fut sauvé et passa en Turquie). Ce fut la décadence. En 1525 : Babur, issu de Tamerlan (5ème génération) fonde l’empire des Grands Moghols en Inde.

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INVENTIONS ET TECHNIQUES

La transmission de l’Orient à l’Occident et de l’Europe à la Chine des sciences et techniques a été un élément du flux réciproque des idées sur la Route de la Soie. La plupart des innovations scientifiques et techniques n’ont pas été réinventées indépendamment en Europe, mais y sont arrivées après un cheminement très complexe. Les anciens chinois gravaient leurs pictogrammes sur des os et écrivaient sur du bambou ou de la soie. Puis on utilisa la bourre des mauvais cocons ou des lambeaux de soie pour fabriquer un papier de soie très fin et très fragile. En 105, un ministre chinois Cai Lun →

améliora la production et codifia l’art de fabriquer le papier. Son nom reste comme celui de l’inventeur du papier même si les premières traces de papier en Chine datent du IIIe siècle avant notre ère. Au Ier siècle, on mélangea de jeunes pousses de mûriers, de vieux chiffons et filets de pêche. Après des opérations de macération, broyage, bain de soude caustique, la pâte obtenue était

délayée avec de l’eau additionnée d’amidon et le liquide versé dans des châssis en bambou. La pâte solidifiée donnait une feuille de papier.

Outre l’écriture, le papier servait à fabriquer des vêtements chauds et des armures faites de couches de papier et de carton si résistantes aux flèches qu’au XIIè siècle, on échange une armure de fer contre une bonne armure de papier. Les lampions en papier sont toujours vendus en Chine.

La « route du papier » vers l’occident côtoie la Route de la Soie. En 751, au cœur de l’Asie Centrale, les islamistes battent les Chinois. Parmi eux, des sériciculteurs et des papetiers transmettront leur savoir. La diffusion se fera vers Bagdad (dès 793) et Damas, l’Espagne musulmane en 950. Le papier ne sera introduit en France qu’au XIIIe siècle ; LA LITHOGRAPHIE Le papier étant périssable, pour conserver les pensées de Confucius, on les grava sur des stèles de pierre. Sur la pierre gravée, enduite d’encre de Chine, on appliquait une feuille de papier. LA XYLOGRAPHIE Au début du VIè siècle, les chinois mirent au point l’impression sur planches gravées. 818: les chinois utilisent du papier monnaie: billets à ordre nominatifs. 863: parution d’une gazette de la cour ou Bao dont le principe dura jusqu’en 1911. 868: premier livre imprimé : le Sutra du

Diamant, livre bouddhique avec gravures réalisé six siècles avant la Bible de Guttenberg. 1083: impression de livres de mathématiques. 1107: premiers billets de banque en couleur. Les premiers en Europe sont imprimés en 1661 à la Riksbank de Stockholm.

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L’IMPRIMERIE À CARACTÈRES MOBILES Entre 1041 et 1048, l’alchimiste Bi-Sheng inventa l’imprimerie à caractères mobiles en terre cuite, rassemblés dans un cadre de fer, démontables et réutilisables après l’impression du texte. En 1298, Wang Chen réalisa des lettres en bois dur : 60000 caractères. Cette technique fraya la voie à l’imprimerie à caractères de plomb. L’invention du papier et de l’imprimerie a permis à la bureaucratie impériale de diffuser rapports et documents au service d’une administration centrale qui maintenait l’unité de l’empire, y compris par les Mongols aux XIIIe et XIVe siècles. Sous les Tang (618-907), la technique d’imprimerie chinoise fut introduite au Japon et en Corée puis en Asie, en Afrique du Nord et en Europe. La diffusion des techniques d’imprimerie vers l’occident augmente le nombre de livres, accélère l’accumulation et la transmission du savoir dans le monde.

LA POUDRE À CANON Les alchimistes taoïstes chinois manipulaient le soufre et le salpêtre. L’ajout de charbon de bois rendit le mélange explosif. Sous les Tang (618-907), on fabriqua des feux d’artifice pour faire peur aux esprits et aux ennemis. Sous les Song du Nord (920-1127), on l’utilisa à des fins militaires sous forme de flèches à poudre, puis de lance-flammes inventé par Chen Gui en 1132. Plus tard, on mit au point le mortier en bronze « le Général de bronze », ainsi nommé pour sa grande puissance de feu. Au XIVe s. la Chine fabriqua des canons en fonte plus puissants et d’une plus longue portée, grâce à son avance dans le domaine de la métallurgie. Dans leurs campagnes occidentales, les Mongols utilisèrent des canons et ainsi, par les Arabes, la technique de fabrication atteignit l’Europe. La conséquence en fut le déclin de la chevalerie et une révolution de l’art de la guerre en occident Quand, en 1510, les Portugais introduisirent les armes à feu occidentales en Chine, les Chinois, qui les avaient pourtant inventées, jugèrent les canons européens meilleurs que les leurs et engagèrent des ingénieurs européens pour les aider à moderniser leur artillerie. LA PORCELAINE Semble apparue en Chine au 1er siècle. Translucide, elle était très recherchée. Les potiers européens découvrirent le kaolin à la fin du XVIIIè siècle et produisirent des copies d’articles chinois.

LA BOUSSOLE

Il y a 2000 ans, les Chinois découvrirent l’aimant et inventèrent la boussole à

aiguille flottante ou pivotante dès le IXe siècle, puis le compas magnétique. Celui-ci, d’abord utilisé « pour la religion », indiquait la direction du Sud car cela représentait l’harmonie avec la nature. En navigation maritime en 1187, l’anglais Alexander décrit « une aiguille transportée à bord qui permet de suivre un cap, même lorsque l’étoile polaire est cachée par les nuages ». L’étoile polaire étant la plus proche du pôle céleste Nord, l’aiguille indiquait la même direction, soit le Nord, ce qui est la direction donnée par toute bonne boussole.

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LES JEUX Une forme de jeu d’échec existerait depuis le IVè s. avant J.C. Ancêtre du jeu actuel : le jeu de l ‘éléphant ou Xiangqi. Le football : des représentations et textes littéraires de l’époque Han (-206/+220) attestent d’un jeu de balle au pied très prisé dans la Chine ancienne et qui « renforce la combativité du soldat » (Liu-Xin, disciple de Confucius (-50/+23).

QUELQUES AUTRES INVENTIONS

EN CHINE EN OCCIDENT

La première horloge mécanique connue fut inventée et réalisée par le chinois Yixin, moine et mathématicien en 725.

Les premières horloges à poids apparaissent au XIIIe siècle.

La cloche en bronze: en 2260 avant J.C. L’empereur Hoang-Ti en fit fondre douze.

Les premières apparaissent dans les églises chrétiennes au VIe siècle.

Le parachute décrit dans les annales chinoises en 90 avant J.C.

Léonard de Vinci en fit une ébauche au début du XVIe siècle.

L’attelage à bricole : IIe siècle Collier d’épaule : Xe siècle. Bricole: XIIe siècle.

La brouette à roue axiale : IIIe siècle XIIIe siècle

Le gouvernail : 1er siècle XIIIe siècle

L’écluse: 24 sur le Grand Canal de 1794 km Commencées en 486 av. J.C.

Italie XVe siècle, perfectionnée par Léonard de Vinci.

Tour de forage pour extraction du sel à 1350m de profondeur au 1er siècle.

Première application en 1859 en Pennsylvanie par des travailleurs chinois.

Coque à compartiments étanches par calfatage au IIe siècle.

XVIIIe siècle

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LA COMPAGNIE FRANÇAISE DES INDES

LES COMPAGNIES MARITIMES La compagnie maritime portugaise : Le prince Henri du Portugal (1394/1460) fut l’instigateur de la découverte de nouvelles routes maritimes vers l’Orient. A sa mort, les portugais ont atteint la côte de l’actuelle Sierra Léone. La compagnie maritime anglaise : Création en 1600 de l’East India Company. Elle marque la création du futur empire colonial britannique. Elle décline progressivement puis disparait en 1874. La compagnie maritime hollandaise : la V.O.C

Elle fut créée en 1602. Véritable état, elle pouvait déclarer la guerre, signer la paix, négocier les traités, construire des forteresses...

LA COMPAGNIE FRANCAISE DES INDES ORIENTALES FLOREBO QUOCUMQUE FERA

Je fleurirai partout où je serai porté En 1601 Henri IV crée la compagnie des marchands formée entre négociants de St Malo, Laval et Vitré. Richelieu organise en 1627 « la compagnie des 100 associés ». Ces associés promettent de peupler la Nouvelle France (Canada) en y envoyant des colons catholiques. En 1626, il crée « la compagnie de la nacelle de St-Pierre fleurdelisée » avec des flamands, sans plus de succès. En 1664, création de la compagnie française des Indes Orientales. Quelques mois plus tard, Colbert est nommé contrôleur général. Il voit dans le commerce l’avenir de la France et la marine française prend ici son réel essor. LORIENT

Le nom de la ville proviendrait du 1er navire construit: il s’agissait du « soleil d’Orient Les ouvriers travaillant à la construction auraient fini par appeler le chantier « le soleil d’Orient », puis « L’Orient ». La création de la compagnie a impliqué : Une organisation financière : actions détenues par le roi et sa famille (45%), la noblesse de robe, de cour, les ministres, les financiers et les négociants. La négociation de ces actions est à l’origine de la Bourse des valeurs à Paris.

Un chantier naval de construction : Port-Louis à été choisi en raison de l’existence d’une rade, et à proximité de Nantes pour ses matières premières de construction navale et d’avitaillement (cordages, voiles). Les produits transportés : Les drogues : café, thé, alun, aloès. L’épicerie : le poivre, la cannelle Le salpêtre, les cauris, la porcelaine de Chine, les cotonnades, la soie.

LA COMPAGNIE FRANCAISE DES INDES ORIENTALES

FLOREBO QUOCUMQUE FERA Je fleurirai partout où je serai porté

LA COMPAGNIE FRANCAISE DES INDES ORIENTALES

FLOREBO QUOCUMQUE FERA Je fleurirai partout où je serai porté

LA COMPAGNIE FRANCAISE DES INDES ORIENTALES

FLOREBO QUOCUMQUE FERA Je fleurirai partout où je serai porté

LA COMPAGNIE FRANCAISE DES INDES ORIENTALES

FLOREBO QUOCUMQUE FERA Je fleurirai partout où je serai porté

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LES VOYAGES Trois objectifs : assurer la sécurité du bâtiment et de la cargaison. Obtenir la plus grande rapidité possible. Respecter les délais de navigation afin de profiter au mieux des vents dominants. Route du Cap : il faut quitter Lorient entre fin octobre et début avril. Route de l’Océan Indien : mousson du sud-est (avril à octobre), pour gagner l’Asie. mousson du nord-est (décembre à mars), pour le retour. LES ESCALES Il fallait 8 à 10 mois aux bateaux pour rejoindre l’Asie. L’obligation de relâcher pour se procurer des vivres et de l’eau, ainsi que pour réparer les navires et reposer l’équipage, contraignit chaque compagnie à rechercher des lieux d’escale. Les anglais s’installèrent sur l’île de Sainte-Hélène et les hollandais à la pointe sud de l’Afrique en fondant la ville du Cap. Après l’échec de la mise en valeur de Madagascar, les français s’installèrent dans l’archipel des Mascareignes sur l’île de France (île Maurice) et l’île Bourbon (île de la Réunion). CHUTE DE LA COMPAGNIE La guerre d’usure avec les hollandais, puis avec les anglais conduisit à la perte de la compagnie. En 1793 après le traité de Paris, la France perd son empire colonial, il ne lui reste que cinq comptoirs : Pondichéry, Karikal, Yanaon, Mahé et Chandernagor. Sous la pression des économistes et des armateurs, la compagnie est suspendue en 1769. En 1954, les établissements français sont transférés à l’Inde. MAHE

Transport surtout du poivre et du café. En 1724, un fort y est construit. En 1741, le capitaine Bertrand-François Mahé de la Bourdonnais libère le comptoir occupé par les Marathes. À la suite de cette action, son nom est donné à la ville.

YANAON Commerce des cotonnades et du sel. Au fil des conflits, Yanaon sera souvent anglaise pour de courtes périodes. Le site est abandonné en 1727 par manque d’intérêt commercial.

MADAGASCAR Fort-Dauphin : nommé ainsi en hommage à Louis XIV. Jusqu’à la fin du XVIIIè et au cours du XIXème siècle, Fort- Dauphin restera une base commerciale privilégiée et fréquentée par l’ensemble des flottes naviguant dans l’Océan Indien. KÂRIKÂL District du territoire de Pondichéry La ville servait de base pour le ravitaillement de Pondichéry en riz et autres produits alimentaires. Au gré des conflits, la région passe deux fois sous administration anglaise avant de revenir à la France, après le traité de Paris.

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PONDICHERY Dans les entrepôts on trouve : - le poivre et épices fournis par le comptoir de Mahé. - étoffes de coton, sous forme de cotonnade (pièce écrue) ou indienne (toile imprimée). - des soieries provenant du Bengale. - les cauris, petits coquillages servant de monnaie d’échange pour la traite en Afrique. En 1761, la ville est rasée par les anglais. Elle est rendue à la France en 1793, mais ce n’est plus qu’une escale vers les colonies d’Extrême -Orient. Aujourd’hui, quelques milliers de français y vivent encore. Il reste des traces de l’influence française : le consulat, le lycée français, les noms des rues, les képis des policiers. La bibliothèque Romain-Rolland, fondée en 1827, possède des volumes en français, en anglais et en Tamoul.

CANTON Port du sud de la Chine La plupart des puissances européennes ont une installation à Canton. Les vaisseaux mouillent dans une rade fluviale au voisinage de petites îles qui parsèment la rivière. Chaque île est attribuée à une nation. Des hangars en bambou garnis de nattes y sont construits pouvant servir de logement. Les autorités chinoises ont disposé les factories de manière à ce qu’elles soient facilement isolées et contrôlées. Les européens ne sont pas autorisés à résider en permanence, ils doivent quitter Canton après le départ de leurs navires et gagner Macao. On trouve à Canton des carrelets chinois, vestige probable de l’expédition de Zengh He qui passa par là avant les européens.

LES ADMINISTRATEURS JOSEPH DUPLEIX 1697/1763 En 1731 il est nommé directeur de Chandernagor où il reste 7 ans. Il se proposait d’intervenir dans les querelles de princes indigènes et d’établir un système de protectorat qui, appuyé sur une force militaire, assurerait à la France un monopole de trafic et une souveraineté pratique. Après de nombreux conflits avec les Anglais, il est rappelé par Louis XV en 1753 FRANCOIS MARTIN Paris 1634 / Pondichéry 1706 Il prend possession de Pondichéry en 1673. Il y sera gouverneur de 1699 à 1706 PIERRE BENOIT DUMAS 1696/1746

BERTRAND FRANCOIS MAHE DE LA BOURDONNAIS St Malo 1699/Paris 1753 La compagnie lui confère en 1734 le gouvernement de l’Ile de France et de Bourbon où il développe l’économie et une base navale. Esprit en avance sur son temps, il avait compris l’importance que prenaient les océans et la puissance navale dans la politique internationale.

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LES ROUTES MARITIMES Les Arabes Ils furent les premiers à se risquer en haute mer Les premières expéditions du XVe s. sont lancées par les Ming Zheng He (1371—1433) Premier voyage en 1405 Le Portugal commence l’époque des grandes découvertes - Madère en 1419 - Les Açores en 1427 - ils franchissent l’Equateur en 1475 - découvrent l’embouchure du Congo en 1482 - longent les côtes de l’Angola en 1484 - Barthélémy Diaz franchit le Cap de Bonne Espérance en 1488

LES BATEAUX La jonque Bâtiment chinois ponté mais sans quille, voiles avec lattes Le baochang (navire de Zheng He) 140 m de long et 50 m de large, il pouvait transporter 500 hommes La caravelle XIIIe—XIVe siècle → Deux mâts et voiles latines La nef XVe-XVIe siècle (servait au transport des marchandises) Un grand mât, voiles rondes Un mât de misaine, voiles rondes Un artimon, voiles latines Cabines pour passagers et officiers

La caraque desservait les Indes Utilisée jusqu’à la fin du XVe s. Le plus grand navire de l’époque Le galion XVIIe s. A vocation militaire Utilisé pour le transport des trésors Bâtiment à trois ou quatre mâts, voiles carrées.

La navigation se faisait d’abord près des côtes. Elle dépendait de la mousson: mousson du sud-ouest (avril à octobre) pour gagner l’Asie mousson du nord-est (décembre à mars) pour le retour Puis les inventions et les découvertes techniques permettent d’aller plus loin.

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LA CARTOGRAPHIE Globe : représentation cartographique sur une sphère Mappemonde : l’ensemble du globe terrestre est figuré sur deux hémisphères distincts Planisphère : représentation plane de toute la terre Claude Ptolémée IIe siècle après J.C. Premier cartographe scientifique Il recense les lieux connus, 800 à l’époque, en fonction de la latitude. Du Ve au XVe s. les savoirs de l’Antiquité disparaissent

Au VIIIe s. une carte biblique du monde apparaît : carte T dans l’O Cette carte représente la terre avec deux barres en forme de T, cela divise le monde en trois car Noé a eu trois fils: Sem est parti vers l’est : Asie Japhet est parti vers l’ouest : Europe Cham est parti vers le sud-ouest : Afrique Le plus souvent, le haut de la carte représente Jérusalem Au XIe s. le savoir des Arabes se diffuse, la boussole se transmet à l’Europe

Du XIIIe au XVIe s. la carte Portulan permet la navigation près des côtes Etablie en fonction de la direction prise par le navire et du temps pour effectuer le trajet, elle comporte des descriptions des ports et les accidents des côtes sous forme de légendes ou de figures Au XVe s. La cartographie portugaise est secrète et parfois fausse pour induire en erreur. Mercator, Flamand (1512-1594) invente l’atlas en projection. A partir de là, les Hollandais vont dominer la production et l’impression des cartes. 1494 : le pape découpe le monde qui sera découvert en deux: la partie orientale aux Portugais, la partie occidentale aux Espagnols La première carte de Chine dessinée par un occidental, le Portugais Luis de Barbuda publiée pour la première fois en 1584 XVIIe s. 1662 : Atlas de Maior : livre le plus cher et le plus complet du siècle 1682 : Coronelli offre deux globes à Louis XIV Le bleu représente la voûte céleste, les signes du zodiaque, la position des étoiles le jour de la naissance de Louis XIV Le vert représente le globe terrestre montrant les continents inachevés et leurs noms tous féminins

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LES ROUTES MARITIMES

Elles supplantent les routes terrestres au XVè siècle car la longueur du parcours, les multiples dangers encourus par les voyageurs, rendaient très chers les produits qui y transitaient. De nombreux progrès techniques et scientifiques ont permis aux navigateurs de faire de nouvelles découvertes. VENISE Italie Dès le Xè-XIè siècle, des marchands vénitiens sont installés à Constantinople et dans les régions musulmanes. Ils importent d’Occident du bois, des métaux (fer, cuivre, argent), des produits textiles (draps de laine, serge, toiles de chanvre et de lin). Aux occidentaux, ils fournissent parfums, épices, esclaves, soie, coton et alun. Du monde slave, ils font venir du bois, du miel, de la cire, des fourrures, des esclaves et vendent leurs draps, du sel et des métaux. Au XIIè siècle, les italiens créent de véritables colonies de peuplement. Les vénitiens possèdent des comptoirs sur tous les rivages méditerranéens. MASCATE Sultanat d’Oman Le sultanat d’Oman est traversé à Mascate par le tropique du Cancer. Des routes de l’encens à celles de l’or noir, l’histoire d’Oman est jalonnée d’échanges maritimes et terrestres. Selon la légende, Simbad le marin aurait vécu vers le Xè siècle à Sohar, un port du nord omanais. CHENNAI (MADRAS) Inde Un des premiers avant-postes de la British East Company. Ville fondée en 1639. Saint Thomas, l’un des 12 apôtres, est associé à Chennai. Il est venu en Inde évangéliser, il est mort à Chennai. COLOMBO Sri Lanka 3 dominations européennes successives : - la période portugaise (1505-1568) : ils introduisirent des missionnaires catholiques, et

pratiquèrent un catholicisme agressif. Ils détruisirent plusieurs temples. - la période hollandaise (1568-1796). - la colonisation britannique 1796-1948) : ils firent de Colombo une colonie de la couronne en 1802. BANGKOK Thaïlande Ville et province. Nombreux temples postérieurs au XVIIIè siècle.

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PHUKET Thaïlande L’île est située sur l’un des principaux axes commerciaux reliant l’Inde à la Chine, et était couramment indiquée sur les carnets de bord des vaisseaux marchands étrangers. Phuket a tiré ses premières richesses de l’étain et du caoutchouc. MALACCA Malaisie Alfonso de Albuquerque s’empare de Malacca en 1511. La ville était devenue le plus grand port d’Asie du sud-est. Les portugais s’installent ensuite aux Moluques. Les hollandais les évincent en 1641. 1795: arrivée des anglais. Commerce des épices comme le clou de girofle, le poivre, la muscade. JAPON Vers 391, en provenance de Chine, la sériciculture, le tissage et les sciences chinoises (y compris l’écriture) se développent au Japon. 1543 : arrivée des portugais. Les occidentaux vont très vite commercer avec ce nouveau pays qui regorge de richesses, notamment la soie. 1609 : un comptoir hollandais s’établit dans l’île de Hirado. 1613 : création d’un comptoir anglais. HAKATA (agglomération de Fukuoka) Eisai (1142-1215) : moine érudit, initié en Chine, en rapporta le culte bouddhiste zen. Il initia aussi la culture du thé inconnu alors au Japon. La proximité du continent, Chine, Corée, d’où se sont infiltrés le bouddhisme et le christianisme, les arts, les armes à feu, ont sans doute prédisposé la cité à devenir aujourd’hui la ville la plus cosmopolite du Japon. OSAKA NARA Ville fondée en 710, elle resta capitale du Japon pendant 74 ans. Avant Nara, les capitales se déplaçaient de royaume en royaume lors du décès du souverain. La mort constituait l’impureté la plus grave. Il fallait détruire les palais. Les monuments historiques de l’ancienne Nara ont été inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO en 1998. BRUNEI

En 1520, le premier sultanat de Brunei est instauré par les arabes. En 1526, Brunei conclut un accord commercial avec le Portugal qui y établit un comptoir. 1641, défaite des portugais devant les hollandais. Au XVIIIe siècle, Brunei devient un comptoir anglais de la Compagnie des Indes.

LES ILES MOLUQUE François-Xavier jette les bases d’une mission jésuite à Ambon (sur l’île Amboine) en 1546 et 1547, marquant le début de l‘implantation du catholicisme en Indonésie. Monopole hollandais de la muscade : « voler une noix de muscade, c’est mourir avant de l’avoir plantée ».

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LES NAVIGATEURS

ZHENG HE (1371—1433) Navigateur chinois Il fit sept expéditions de 1405 à 1433. A la cinquième, il longe les côtes de la Somalie et du Kenya de 1416 à 1419. HENRI LE NAVIGATEUR (1394—1460) Troisième fils de Jean 1er du Portugal. Il n’a jamais participé à une expédition maritime. Il fonda l’école de Sagres qui se trouve à la pointe du Portugal et y rassembla les meilleurs navigateurs et géographes. BARTHELEMY DIAZ (1450—1500) Explorateur portugais CHRISTOPHE COLOMB (1451—1506) Explorateur italien Il effectua quatre voyages en tant que navigateur au service des rois catholiques espagnols Isabelle de Castille et Ferdinand d’Aragon. Il fut considéré comme un acteur majeur des grandes découvertes des XVè et XVIè siècles. ALFONSO DE ALBUQUERQUE (1453—1515) Explorateur portugais En 1508 il devient vice roi des Indes . En 1510 il prend Goa (Inde) et en fait la capitale des possessions portugaises. En 1511 il prend Malacca (Malaisie) permettant aux portugais de commercer avec le Siam, la Chine et les Moluques.

VASCO DE GAMA (1469—1524) Explorateur portugais Il pose les bases de l’établissement de liens commerciaux en Inde. Il est le premier européen à atteindre Calicut (Inde) par la mer lors de son premier voyage (1497-1499).

FERDINAND MAGELLAN (1480—1521) Explorateur portugais Il veut rejoindre les Moluques par l’ouest, il découvrit sur son chemin le détroit qui porte son nom. JACQUES CARTIER (1491—1557) Explorateur français 1534: il part vers l’ouest pour l’Inde. 1535: il remonte le fleuve Saint-Laurent.

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LES INSTRUMENTS

LA BOUSSOLE Importée d’Orient par les arabes au milieu du XIIè siècle L’ASTROLABE Permet de mesurer la hauteur du soleil par rapport à l’horizon et ainsi de calculer l’heure. Il existait à l’époque hellénique. L’instrument nautique fut mis au point par l’Ecole de Sagres. L’ARBALESTRILLE 1342

Remplaça l’astrolabe LE LOCH Permet de calculer la vitesse du bateau Cette ligne portait des nœuds placés de façon à ce que la distance entre eux soit égale au 1/120è du mille marin (15,43m). LE SEXTANT

1730 En mesurant avec un sextant la hauteur du soleil, on détermine la latitude.

L’OCTANT Milieu du XVIIIè s. Il fait partie de la famille du sextant. L’HORLOGE DE JOHN HARRISON 1693—1776 1734 Elle sert à déterminer la longitude. Ce fut le début des chronomètres de marine.

1795 : Création en France du Bureau des Longitudes

La latitude est l’angle formé en un lieu donné par la verticale du lieu avec le plan de l’équateur elle est comptée à partir de l’équateur vers les pôles de 0 + 90°, positivement vers le nord et négativement vers le sud La longitude est l’angle formé en un lieu donné par le méridien du lieu avec le méridien de Greenwich et compté de 0 à + 180° (positif vers l’ouest, négatif vers l’est)

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EXPLORATEURS EUROPEENS DU DEBUT DU XXè SIECLE

Fouilles archéologiques des cités perdues du Taklamakan

Le pionnier : un suédois, Sven HEDIN (1865-1952) Il est l’un des plus grands explorateurs et fut couvert d’honneurs dans plusieurs pays. Ses œuvres, qui comprennent plus de 50 volumes, furent traduites dans une trentaine de langues. Il parle couramment 7 langues. A 29 ans, il entreprend une série de voyages en Asie Centrale. Il meurt dans l’oubli à 87 ans à cause de ses prises de position en faveur des allemands au cours des deux guerres mondiales. Trois expéditions à travers l’Asie Centrale: Il faillit mourir lors de la première expédition qui sera infructueuse. Les deux dernières devaient livrer des découvertes d’une importance archéologique considérable. 2ème expédition: il quitte Kashgar le 14 décembre 1895 et couvre 480 kms jusqu’à Khotan en 21 jours. Il passe par Borasam qui fut identifiée comme Yotkan, ancienne capitale de la région. Après 10 jours de marche en direction de Keriya, il découvre les vestiges d’une civilisation bouddhique perdue depuis longtemps. 3ème expédition: dans le Taklamakan en septembre 1899, financée par le roi Oscar de Suède et Emmanuel Nobel. Après 20 jours dans le désert, il atteint l’oasis de Cherchen sur la Route de la Soie et se dirige vers le désert de Lopsor. Il dégagea du sable, des maisons et 120 pièces de bois avec des inscriptions, puis 36 fragments de papier avec des caractères chinois, dont l’un permit d’établir ce site comme celui de Lou-Lan, ville de garnison chinoise fondée pour protéger la circulation le long de la Route de la Soie et tombée aux mains des barbares au IVè siècle. Ce site était déjà enseveli sous les sables du désert de Lop en 1224, lorsque Marco Polo y passa. Le professeur français Paul PELLIOT (1878-1945)

En 1906, il a 27 ans et dirige une expédition de trois hommes dans le Turkestan chinois. Il est accompagné de son ami le docteur Louis Vaillant et de Charles Mouette, photographe de l’expédition. Il parle parfaitement 13 langues. Les mandarins sont étonnés de l’entendre faire des citations de leurs classiques et lire les sentences écrites sur les panneaux des salles de réception. Départ pour Kashgar, fin août 1906, où ils séjournent six semaines, puis six semaines de fouilles sur les ruines de Toumchouq, ancienne cité monastique bouddhique jusque vers l’an 800. Ils restent ensuite huit mois à Kaitcha et découvrent un nombre important de documents bouddhiques dont certains écrits dans l’ancienne langue Koutchéenne jusqu’alors perdue. Ils partent vers Uroumchi et atteignent les grottes des mille Bouddhas qui contiennent entre 15000 et 20000 manuscrits. Ils y

restent quatre mois et ramènent en France des caisses de manuscrits et des peintures murales.

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Sir Aurel STEIN (Budapest 1862-Kaboul 1943) Archéologue et explorateur britannique d’origine hongroise, il est fasciné par Alexandre le Grand. Ses travaux portent sur les anciennes civilisations d’Asie Centrale. Il parcourt durant 16 années, 40 000 kms à travers le Turkestan chinois. Il reçut le titre de docteur « honoris causa » des universités d’Oxford et de Cambridge, et obtint la médaille d’or de la Royal Géographical Sociéty. 3 expéditions: 1 –1900-1901 (il a 37 ans) à travers les montagnes du Karakoram. Depuis Sringar au Cachemire puis, Kashgar, Yarkand, Guma, Khotan et 11 jours pour rejoindre Dandan-Ulik. Tous les documents trouvés portent des dates entre 782 et 787, prouvant que Dandan-Ulik a été déserté à la fin du VIIIè siècle. Il dégagea 14 édifices avec vergers, avenues de peupliers et canaux d’irrigation. Sur le site de Niya, il trouve beaucoup de tablettes écrites dans une langue prakrite indienne, puis des sceaux représentant des divinités grecques, site abandonné en 269. Au site d’Endere, il découvre, sur du papier raide et jaune, les plus anciennes écritures tibétaines. 2 –1906-1908 : Dunhang est le plus fascinant des sites explorés par Stein, il persuade l’abbé Wang de lui céder certains manuscrits de la bibliothèque murée de Touen-Houang. 3 –1913-1915 : de Kashgar, il se dirige vers le Lop et rejoint Dunhang pour acheter de nouveaux manuscrits au moine Wang. En novembre 1914, il atteint Turfan et découvre le site d’Astana.

Il est de retour à Kashgar en 1915. Albert Von LE COQ (Berlin 1860-1930)

Fils d’un riche marchand de vin huguenot. A Berlin, il étudie l’arabe, le turc, le persan et le sanskrit. A 42 ans, il entre au département de l’Inde du Musée Ethnologique de Berlin. Deux ans plus tard, il entreprend sa première expédition avec Théodor BARTUS.

Ils quittent Berlin en 1904 pour Uroumchi. De là, ils gagnent Turfan à 160 kms. A Karakhoya,

ancienne cité, ils découvrent une fresque de 1,80m de haut qui représente Manès, fondateur de la religion manichéenne, ainsi qu’une église nestorienne. Dans les gorges de Sangin, ils

mettent au jour deux bibliothèques de manuscrits. Puis, ils se rendent à l’ensemble monastique de Bezeklik. Ils découvrent des peintures avec des inscriptions en brami, en ouighour, en chinois, des fresques du VIIè siècle, des broderies et des manuscrits. A Shui-Pang, ils trouvent des manuscrits chrétiens. Puis ils regagnent Kashgar pour aller à Kyzil, ils découvrent plusieurs temples, les peintures murales, les sculptures et les manuscrits sont intacts.

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MUSÉES DÉTENANT CE PATRIMOINE En France, ces trésors sont au Musée Guimet et à la Bibliothèque Nationale de France. Le reste est conservé dans différents musées et bibliothèques : Londres, Berlin, Saint-Pétersbourg, New Dehli, Pékin, Shanghai, Tokyo …..

PARIS B.N.F. Manuscrits rédigés en chinois, tibétain, sogdien et ouigour, d’une grande importance pour l’étude de la diffusion du bouddhisme. Ces manuscrits sont actuellement en cours de numérisation dans

le cadre du projet international de Dunhang. Livret à la colle dit « en papillon » constitué de 75 feuilles de papier pliées, assemblées par collage (Fonds Pelliot)

MUSÉE GUIMET

Peinture murale moitié du VIIIè siècle—Kucha

BERLIN

En sept terribles nuits, lors de la seconde guerre mondiale, furent anéantis à Berlin plus de chefs-d’œuvre de l’art d’Asie Centrale que les pilleurs de tombes, les paysans, les systèmes d’irrigation ou les tremblements de terre n’auraient pu le faire en plusieurs années. MUSEUM FÜR INDISCHE KUNST Conserve ce qui reste des expéditions de Le Coq : sculptures en argile et en bois, peintures murales, importante collection des manuscrits nestoriens des oasis de Turfan en langue sogdienne.

LONDRES

BRITISH MUSEUM Au département d’art asiatique, sont conservés: peintures, bannières et manuscrits de Mogao des missions Aurel Stein. NEW DEHLI NATIONAL MUSEUM La galerie des Antiquités d’Asie Centrale conserve 600 pièces des missions Aurel Stein des sites de Miran, Astana, Hotan, Bezeklik, Dunhuang : sculptures, peintures bouddhiques sur soie et sur papier, manuscrits, pièces de monnaie en or et argent, textiles, statuaires.

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LA SOIE EN EUROPE

En 552, l’empereur byzantin JUSTINIEN Ier, après avoir dérobé aux chinois le secret de la sériciculture, en fait un monopole d’état, et on commence à fabriquer de la soie dans l’empire byzantin. Avec l’expansion arabe, la sériciculture se développe dans l’Espagne arabe, en Italie et dans le Sud de la France. Charlemagne aurait rapporté d’Espagne des pièces de soie nommées « samit ». EN Italie

Les ateliers de soie apparaissent d’abord en Sicile au XIIème siècle, quand le roi ROGER II – descendant des Normands qui avaient envahi la Sicile au XIème siècle – installe des tisserands byzantins à PALERME. Charles d’Anjou, frère de Saint Louis, s’assurant le trône de Naples – dont dépend la Sicile – de nombreux tisserands francs s’installent à Palerme. A la suite de la révolte des « Vêpres Siciliennes « et du massacre des français, de nombreux tisserands francs émigrent de Palerme à LUCQUES. Au début du XIIIème siècle, on comptait plus de 3.000 métiers à Lucques. Les draps de Lucques étaient décorés d’animaux rappelant les motifs des tisserands Tang. Les grandes familles lucquoises dominaient le marché des soieries.

Le « diasprum lucanum », de couleur bleue le plus souvent, broché d’or et d’argent, mêlant motifs gothiques et fantaisie orientale, était très apprécié des princes européens.

Le pillage de Lucques par les pisans en 1314, entraîne une nouvelle migration des tisserands vers VENISE, GENES et FLORENCE. Venise et Gênes produisaient surtout des velours dont le velours

alluciolato, enrichi de mille trames d’or et d’argent, décoré du motif de la grenade hérité du Moyen Orient, symbole de résurrection. Florence fabriquait de magnifiques brocarts de soie, d’or et d’argent. Au milieu du XVème siècle, on plante des mûriers et on tisse la soie à Milan.

AVIGNON ET LA COUR PONTIFICALE

De 1305 à 1417, les papes voulurent faire d’Avignon la nouvelle capitale de l’Eglise Catholique et Romaine. Ils firent venir des artistes et des tisserands de soie italiens. Pour satisfaire les besoins de cette cour luxueuse, des tisserands italiens introduisent la culture du mûrier dans le Comtat Venaissin

Le vestiaire liturgique est très riche : les gants, les bas et les chaussures sont en soie brodée. LA GRANDE PESTE Apparue en Chine en 1333, elle est véhiculée par les caravanes et les bateaux génois. En 1348, elle atteint Avignon et anéantit la moitié de la population, ainsi que la moitié du petit royaume de France, 8 habitants sur 10 à Florence, 3 sur 4 à Venise. L’expansion en Europe de la Route de la Soie fut paralysée, quantité de banques florentines firent faillite, entraînant dans leur chute nombre d’ateliers de tissage de soieries.

EN ITALIE

Les ateliers de soie apparaissent d’abord en Sicile au XIIème siècle, quand le roi ROGER II – descendant des Normands qui avaient envahi la Sicile au XIème siècle – installe des tisserands byzantins à PALERME. Charles d’Anjou, frère de Saint Louis, s’assurant le trône de Naples – dont dépend la Sicile – de nombreux tisserands francs s’installent à Palerme. A la suite de la révolte des « Vêpres Siciliennes « et du massacre des français, de nombreux tisserands francs émigrent de Palerme à LUCQUES.

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A LYON A la fin du XIVème siècle, les grandes villes étaient approvisionnées par les commerçants des états italiens. On estime que le royaume de France dépensait chaque année près de 4 millions d’écus pour ses fournitures de soie. Charles VII (R 1422-1461), voulut éviter ces importantes sorties d’argent et accorda à la ville de Lyon l’autorisation de tenir deux foires annuelles : banquiers et tisserands italiens vinrent s’y installer nombreux. Louis XI (R 1461-1483) choisit par lettre patente du 23 Novembre 1466, la ville de Lyon – proche des Etats italiens – pour y installer une manufacture de soie mais la ville, craignant l’effondrement des échanges avec les marchands italiens mécontents de cette concurrence lyonnaise, fit échouer le projet.

A TOURS

Louis XI fit alors installer l’entreprise à Tours, plus proche du pouvoir. Nobles et membres du clergé passèrent de nombreuses commandes. Le 12 Mars 1470, Louis XI ordonne aux conseillers et procureurs de la ville de Lyon d’envoyer à la ville de Tours des ouvriers en soierie pour y exercer leur profession. Charles VIII (R 1483-1498) prit de nombreuses mesures protectionnistes : par arrêté de 1495, il interdit l’usage des draps d’or, d’argent ou de soie autres que ceux portant le sceau de la ville de Tours. On mit au point l’armure de tissage baptisée « Gros de Tours » armure dérivée du taffetas, très utilisée au XVIIème et XVIIIème siècles pour les tissus d’ameublement.

Louis XII (R 1498-1515) : sous son règne, à Tours, sur 12.000 habitants, 4.000 étaient ouvriers de la soie. Les soieries tourangelles étaient préférées à celles de Milan ou Florence, voire même à celles d’Asie. François Ier (R 1515-1547) et le Camp du Drap d’Or, ou l’apogée de la soierie tourangelle.

Désireux de s’attirer la sympathie du roi d’Angleterre Henri VIII et son appui contre Charles Quint, François 1er lui proposa une rencontre. Pour montrer à Henri VIII sa richesse et sa puissance, il commanda – pour cette entrevue – 350 tentes de « drap d’or frisé en dehors et au-dedans ». L’entrevue fut un échec et François 1er dut régler les factures : 16.532 livres de fournitures, soit le salaire annuel de plusieurs milliers d’ouvriers. En 1536, par lettre patente, il octroie aux lyonnais

le privilège de la fabrication d’étoffes d’or, d’argent et de soie pour remercier la ville de Lyon de lui avoir fourni les moyens nécessaires à la conquête d’Italie. En 1545, il ordonne l’établissement de deux foires franches annuelles pour favoriser le commerce intérieur de la soie. La concurrence lyonnaise puis la Révolution entraîneront le déclin de la soierie tourangelle. Toutefois, deux manufactures perpétuent la tradition: les tissages Jean Roze et la Manufacture Le Manach. En centre ville, place Plumereau, le passant peut encore se reposer à l’ombre d’un « arbre d’or ».

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LE DEVELOPPEMENT DE LA SERICICULTURE EN FRANCE Henri IV (R 1589-1610) et Olivier de Serres : Le nouveau roi – bien conseillé par l’économiste Laffemas et par l’agronome Olivier de Serres – entreprit de lutter contre la suprématie de la soie italienne et donc de produire la matière première indispensable aux manufactures en faisant planter des mûriers et construire des magnaneries. Avec la protection d’Henri IV, Olivier de Serres (1539-1619), surnommé « Monsieur du Pradel », contribua fortement au développement de la sériciculture en plantant des mûriers et en élevant des vers à soie. Il publie le traité « de la cueillette de la soie par la nourriture des vers qui la font ». Henri IV fit planter 20.000 plants de mûrier aux Tuileries et à Fontainebleau. En revanche, Sully fut toujours opposé à la production de ces tissus de luxe.

LA PRODUCTION DE LA SOIE DANS LES CEVENNES

La sériciculture, probablement arrivée d’Espagne avec les Arabes, fut implantée dans les Cévennes sous le règne de Saint Louis. Dès le début du XIVème siècle, les sédiers d’Anduze reçoivent des marchands étrangers venus négocier l’achat de cocons et le tirage de la soie. Louis XII autorise les habitants de Nîmes à exercer l’art et le métier de la draperie de soie. Le pays se couvre de mûriers. François Traucat en fait planter 4.000.000 et, à la suite de l’hiver 1709 particulièrement rude, « l’arbre d’or » va remplacer « l’arbre à pain » ou

châtaignier. Colbert soutient les manufactures cévenoles. En 1853, les Cévennes – l’une des deux premières régions séricicoles au monde – assurent plus de la moitié de la production française. En 1845, la pébrine décime les élevages de vers à soie. Pasteur trouve – non pas un traitement mais – une méthode de sélection de graines saines évitant la propagation de la maladie.

L’activité continuera, concurrencée par les soies chinoises et japonaises, passant par le canal de Suez ouvert en 1869 et l’apparition de la soie artificielle. La seconde guerre mondiale apporte un débouché, car l’armée ne veut que des parachutes en soie fabriquée en France. La production séricicole cévenole est l’une des dernières à avoir perduré en Europe. La dernière filature fermera en 1968.

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LA SOIE A LYON

En 1540, un édit royal de François Ier stipulant que « tous les draps d’or et d’argent et les soieries étrangères entrant en France devaient être expédiés à Lyon pour la perception des droit d’entrée » assure à Lyon le monopole du marché de la soie. C’est le début de la Fabrique Lyonnaise. Sous Louis XIV, la Fabrique compte 14.000 métiers donnant du travail à plus du tiers de la population. Lyon est appelée « Ville de la Soie ». En 1667, Colbert crée la Grande Fabrique capable d’honorer les somptueuses commandes du Garde-Meuble Royal et édite les règles qui normalisent et garantissent la qualité des tissus de soie.

Le métier à la grande tire de Claude Dangon vers 1605-1620 va permettre à Lyon de tisser de beaux façonnés. Il sera utilisé jusqu’au XIXème siècle.

La Révocation de l’Edit de Nantes en 1685 oblige de nombreux ouvriers protestants à émigrer vers la Hollande, l’Allemagne ou la Suisse. Madame de Pompadour – en sa qualité d’actionnaire de la Compagnie des Indes Orientales – instaure la mode des « chinoiseries ». Sous Louis XVI, la mode occupe une place considérable, la reine Marie-Antoinette ayant une passion pour les toilettes et les dessins de fleurs, perles et jardins. On peut toujours admirer à Versailles le meuble d’été commandé par Marie-Antoinette et porté sur les registres du Garde-Meuble : « Meuble en gros de Tours blanc, broché de fleurs nuées, ruban et plumes de paon. » NAPOLEON 1er : « Lyonnais, je vous aime »

Après le désastre de la Révolution, l’industrie de la soie se reconstitue rapidement grâce à l’impulsion donnée par Bonaparte : la ville de Lyon, reconnaissante, lui offre un habit de velours qu’il emportera à Sainte-Hélène. La préoccupation de secourir et développer l’industrie lyonnaise amènera le premier consul, puis l’empereur Napoléon à commander moires, velours, damas et lampas pour ses châteaux de Saint-Cloud, Compiègne, Fontainebleau et Versailles. Le Garde-Meuble impérial assura le renom en France et à l’étranger des fabricants lyonnais.

En 1811, la Fabrique est en situation désastreuse ; l’empereur commande plus de 80.000 mètres d’étoffes unies et façonnées pour éviter la fermeture des ateliers et affecte un fonds de deux millions de francs pour la commande destinée à Versailles. De plus, les navires étrangers mouillant dans les ports de la Méditerranée doivent charger au retour la moitié de leur cargaison en étoffes de soie.

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LES CANUTS Ce nom proviendrait de la canne de compagnonnage dont étaient porteurs les ouvriers en soie qui, se retrouvant dans la misère du fait de la Révolution, durent vendre les décorations en or et en argent qui décoraient leur canne. A leur passage, on disait : « voici les cannes nues », puis les canuts. Le canut est un ouvrier-tisseur très habile. Il travaille en famille pour un négociant ou marchand-fabricant, le soyeux, qui passe commande, fournit le fil et le paie à façon selon un tarif déterminé par lui seul. La femme du canut, « la canuse » prépare les fils de chaîne et ses enfants sont tireurs de lacs. Il fait travailler également des compagnons et apprentis qu’il loge, nourrit sur place et paie aux pièces tissées.

Pour permettre de livrer les pièces finies à l’abri des intempéries, on aménage les « traboules » qui permettent de passer d’une rue à l’autre en traversant maisons et cours. LE METIER JACQUARD Joseph-Marie Jacquard (1752-1834) - lyonnais, fils de soyeux - met au point le métier qui porte son nom à partir du métier Falcon (1728) qui utilise déjà des cartons perforés et en améliorant le métier de Vaucanson - métier à la tire inspiré du modèle chinois - qui permet de tisser des façonnés. Il est reconnu en 1804. Sur ce métier, les lacs - ou lices - initialement levés à la main par des enfants - sont remplacés par des cartes perforées au travers desquelles passent de fins crochets qui lèvent les lices. Les dessins peuvent être plus complexes et réalisés en plus de huit couleurs. L’ensemble de l’appareillage multipliait par trois la hauteur du métier. Cette invention contribua grandement à supprimer le travail des enfants et les canuts manquèrent de peu de jeter Jacquard dans le Rhône. LA CROIX -ROUSSE L’apparition du métier Jacquard oblige les canuts à quitter les maisons basses du quartier Saint-Jean : on construit sur la colline de la Croix-Rousse des immeubles pour installer les métiers qui mesurent plus de 4 mètres de haut. Partout on entend le « bistanclaque » (bruit caractéristique produit par le métier en fonctionnement). On appelle ce quartier « la colline qui travaille » par opposition à « celle qui prie », à savoir Fourvières. Les canuts travaillent plus de 18 heures par jour et sont à peine rémunérés. En Octobre 1831, paraît le premier journal ouvrier à l’initiative des canuts : « l’Echo de la Fabrique ». Les marchands-fabricants n’appliquant pas le tarif unique décrété par le Préfet, le 21 Novembre, les canuts votent la grève générale, dressent des barricades, drapeau noir en tête portant leur devise:

« VIVRE EN TRAVAILLANT OU MOURIR EN COMBATTANT ». Une seconde révolte en Avril 1834 aboutira à la semaine sanglante qui fera nombre de morts, prisonniers et déportés.

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L’OUVERTURE VERS L’ORIENT Au cours des années 1840 à 1890, la soie représente 75% de l’activité économique de la ville. Lyon occupe la première place aux Expositions Universelles. Les épidémies qui touchent les vers à soie annihilent la production française indigène entre 1849 et 1866 et conduisent les lyonnais à diversifier leurs sources d’approvisionnement en fil de soie. Ils se tournent vers le Liban, l’Inde, la Chine et le Japon. L’Europe achète en Chine 50% de la soie grège qu’elle travaille. La France est le premier importateur. La création d’une ligne maritime directe entre Shangaï et Marseille, facilitée par l’ouverture du canal de Suez en 1869, et la création de structures financières appropriées, font de Lyon l’entrepôt mondial des soies asiatiques. La soierie lyonnaise jouit également d’une réputation au Japon qu’elle conserve encore de nos jours.

Lyon reste toujours la « Ville de la Soie », grâce aux Manufactures qui perpétuent la tradition par un savoir-faire exceptionnel sur des métiers d’époque : métiers à bras qui ne permettent de tisser que quelques centimètres par jour. La Maison TASSINARI ET CHATEL, créée en 1680 par Louis Pernon, « négociant de draps d’or et d’argent », a travaillé pour les cours de France et d’Europe. Elle travaille toujours pour l’Etat français, à Fontainebleau et Versailles, mais également pour le palais de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg et la Maison Blanche à Washington.

TRADITION ET MODERNISME

La Maison PRELLE, fondée en 1752, travaille pour le Louvre et Versailles, où elle a participé avec Tassinari et Chatel à la réfection de la Chambre du Roi et a refait la chambre de la Reine.

De nombreuses autres manufactures lyonnaises perpétuent la tradition d’excellence de « La Ville de la Soie ». Les Lyonnais ont également le talent de s’adapter aux besoins du XXIe siècle, tant pour la soierie que pour l’industrie qui fabrique les tissus techniques pour les industries aéronautique et automobile. Le tissage du carbone sert à renforcer les matériaux composites. Les recherches en teinture ont également favorisé le développement d’une industrie chimique très importante.

COMPLAINTE DES CANUTS

Pour chanter « Veni Creator »

Il faut une chasuble d’or.

Nous en tissons pour vous, grands de l’Eglise.

Et nous, pauvres canuts, n’avons pas de chemise.

C’est nous les canuts,

Nous sommes tout nus.

Pour gouverner, il faut avoir

Manteaux ou rubans en sautoir.

Nous en tissons pour vous, grands de la Terre,

Et nous pauvres canuts, sans drap on nous

enterre

C’est nous les canuts,

Nous sommes tout nus.

Mais notre règne arrivera

Quand votre règne finira,

Nous tisserons le linceul du vieux monde,

Car on entend déjà la tempête qui gronde.

C’est nous les canuts,

Nous sommes tout nus.

Aristide Bruant (1851-1925)

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LA TRADITION RELIGIEUSE EN CHINE

Les Chinois reconnaissent l’existence d’une triple religion dans leur pays: • le confucianisme • le taoïsme • le bouddhisme L’ORDRE COSMIQUE Le yin et le yang représentent les deux éléments complémentaires de la dualité fondamentale. Le yin : obscur, froid, doux est féminin

Le yang : lumineux, chaud, dur est masculin

Le livre des mutations, connu en Occident sous le titre de YI-KING est le plus ancien texte philosophique de la Chine. Contemporain de l’invention des idéogrammes, c’est le livre-maître de la pensée chinoise. C’est une série de diagrammes : yang = lignes pleines yin = lignes brisées C’est pendant la période des royaumes combattants (475-221 av.JC) que furent également mis en système les cinq éléments: la terre, le bois, le feu, le métal et l’eau.

PELERINAGE AU TOMBEAU DE FU-XI Fu-Xi a vu le jour il y a 4959 ans dans la ville de Tian-Shui et il est mort 125 ans plus tard à Huaiyang. Ce n’est ni un prophète ni un envoyé de Dieu, c’est un souverain civilisateur. Il est surtout honoré par quatre institutions fondamentales de la civilisation chinoise : les rites, la cuisine, l’écriture et les huit trigrammes à l’origine du Yi-King. Comme Adam, il est doté d’une compagne féminine Nü Gua, qui a créé l’humanité en pétrissant l’argile du Fleuve Jaune. Les femmes se pressent autour de sa statue pour un motif essentiel : avoir un garçon. LE CULTE DES ANCÊTRES

Les liens avec le passé ont engendré le culte des ancêtres et la loi de la piété filiale considérée comme la vertu suprême à l’intérieur d’une famille. Les rites de passage accomplis lors des funérailles élèvent le défunt au rang des ancêtres. On brûle des modèles en papiers de leurs biens pour les expédier dans le monde des esprits. On peut faire appel au clergé bouddhiste ou taoïste pour transférer le mérite religieux du défunt dans l’au-delà. Les ancêtres sont vénérés sous forme de tablettes funéraires qui portent leur nom et abritent leur âme et conservées sur l’autel familial où brûle l’encens.

LE CULTE IMPERIAL L’Empereur est considéré comme le fils du ciel et le représentant sur terre de l’ordre divin. Cela remonte très haut dans l’histoire de la Chine, avant Lao-Tseu et Confucius, probablement aux environs de l’an mil avant notre ère, sous la dynastie Zhou. Le culte impérial fut ressuscité sous les Han (206 av.JC—220 apr.JC) par les confucéens qui voyaient en eux des empereurs dignes d’exercer le « Mandat Céleste »

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CONFUCIUS et le CONFUCIANISME Confucius est un sage chinois (vers 551-vers 479 av.JC) qui consacra sa vie à enseigner que la bienveillance envers les hommes, les règles de la morale et les liens familiaux étaient l’essence même d’une société harmonieuse et bien ordonnée. Il n’était pas ouvertement religieux mais sa philosophie empreinte d’humanisme aspirait aux plus hautes valeurs éthiques des autres systèmes religieux. Il reconnut le culte des ancêtres et eut toujours la conviction d’être guidé par une puissance supérieure qu’il appela le ciel. La vision de l’existence qu’avait Confucius lui prouvait qu’il était vain de vouloir s’opposer au changement. Il ne se considérait pas comme le créateur d’une pensée nouvelle, mais comme un homme du passé tourné vers le présent, oeuvrant pour l’avenir, un maître de l’ancienne culture et de ses valeurs.

« je n’invente rien, je transmets »

C’est pour cela qu’il fit des disciples, pour maintenir en vie cet idéal sans lequel le monde sombrerait dans la sauvagerie. La dynastie des Han qui se termine en 220 après J.C. fut la première à avoir fait du Confucianisme la doctrine de l’état. Confucius resta le maître à penser de la Chine jusqu’au triomphe du communisme. LAO-TSEU et le TAOÏSME On n’est pas certain que Lao-Tseu ait vraiment existé. Il serait un contemporain de Confucius un peu plus âgé. Le taoïsme est l’autre grande tradition religieuse nationale de la Chine. Il cherche aussi la communion entre l’homme et l’univers. Le TAO est le principe suprême régissant l’ordre cosmique. Il est exposé dans les deux textes taoïstes philosophiques, considérés comme étant les plus anciens et les plus importants:

le Tao-tö-King (le livre de la voie et de la vertu) attribué à Lao-Tseu Le Tchouang tseu, collection de textes baptisés du nom

de leur auteur (en chinois Zhuangzu) qui vécut au IVè s. av.JC

Ces textes, écrits à une époque où le pouvoir étendait son emprise sur tous les secteurs de la société, privilégient l’individu sur la collectivité et la vie intérieure sur le monde de la politique, des affaires et des honneurs. La paix de l’âme s’obtient par une vie simple et droite et le détachement du sage l’amène à entrer en communion avec l’univers.

LE TAOÏSME RELIGIEUX La philosophie mystique qu’était le taoïsme à ses débuts a pris avec le temps les allures d’une religion axée sur le surnaturel et la magie. Son fondateur Zhang Tao-Ling, un magicien serait né en 34 et aurait vécu jusqu’à l’âge de 123 ans. Le taoïsme religieux connut son apogée à l’époque des six dynasties (222-589). Il était compatible avec la conception politique traditionnelle de la Chine. Il donnait au régime des souverains une caution spirituelle et populaire.

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LE BOUDDHISME DANS LA CULTURE CHINOISE Le bouddhisme chinois, dit le bouddhisme du grand véhicule, mit du temps à s’installer en Chine. C’est au IIIè siècle que furent traduits du sanskrit un certain nombre de textes bouddhiques qui proposaient des techniques pratiques comme la méditation. Vu la difficulté de traduire en chinois les concepts abstraits de la spiritualité indienne, les traducteurs se servirent d’équivalents empruntés au taoïsme. La dimension métaphysique du bouddhisme resta foncièrement étrangère à la mentalité chinoise, plus terre à terre.

C’est en souvenir de sa mère que le prince Li Zhi, de la dynastie Tang, fit ériger en 652, la pagode de la Grande Oie sauvage. Les textes sacrés que le moine Xuan Zang rapporta de son pèlerinage en Inde bouddhique y furent conservés. A cette époque, la pagode avait cinq étages et une hauteur de 54 mètres. Détruite lors des persécutions anti-bouddhiques de l’impératrice Wu Zetian, au début du VIIIè s, elle fut reconstruite à l’identique quelques années plus tard, mais avec deux étages supplémentaires.

L’étude approfondie du bouddhisme amena de nombreux moines à se demander s’il était fait pour l’âme chinoise et à aller chercher la réponse en Inde. C’est ainsi que Xuan Zhang (602-664) héros du roman « le voyage vers l’ouest » récit autobiographique, parcourut les lieux saints de l’Inde pendant seize années. De retour en Chine avec 520 œuvres du Petit et du Grand Véhicule, il en adapta 1338 chapitres en chinois tout comme il transposa Lao-Tseu en sanskrit. Le sort du bouddhisme en Chine varia avec les siècles. Il fut persécuté à plusieurs reprises par les tenants du confucianisme mais continua de s’acclimater à la Chine jusqu’à son interdiction par les autorités communistes.

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CHEMINEMENT DES RELIGIONS SUR LES ROUTES DE LA SOIE

LE ZOROASTRISME ou MAZDEISME Zoroastre naquit vers 600 avant J.C. dans le Nord de l’Afghanistan. Cyrius le Grand fait du zoroastrisme la religion d’état de la Perse achéménide. Après les conquêtes arabes, une partie des fidèles émigre vers l’est. Le souci de préserver la terre, l’eau et le feu de la souillure, interdit aux zoroastriens d’enterrer leurs morts, de les immerger ou de les incinérer. Ils les exposent aux oiseaux de proie. Ils abandonnent les cadavres en haut des Tours du Silence. « Le culte du dieu céleste du feu », selon les chinois, joua un grand rôle sous les Tang. Les temples du zoroastrisme ont disparu en Chine. Aujourd’hui, on compte environ 150000 adeptes de Zoroastre, essentiellement en Inde à Bombay et en Iran. La transmission exclusivement héréditaire à la fois par le père et la mère fait décliner peu à peu le nombre des fidèles. LE JUDAÏSME Une petite population juive originaire du Moyen-Orient a émigré en Chine vers 200. La présence de commerçants juifs sous les Tang au VIIè siècle est avérée par Marco Polo. Aurel Stein a rapporté de la région de Khotar une lettre en judéo-persan datable du VIIIè siècle, et Paul Pelliot découvrit à Dunhuang une prière d’indulgence en hébreu sur une amulette portée par un voyageur juif iranien. Ces juifs avaient bien l’hébreu comme langue liturgique, mais leur langue maternelle était le persan. Cette minorité est engagée dans le négoce des soieries, des épices et des pierres précieuses et s’installe dans les caravansérails en Chine de l’ouest. LE BOUDDHISME

Siddharta Gautama, prince indien, contemporain de Confucius et de Lao-Tseu, quitte son palais et devient Bouddha Il n’a laissé aucun écrit, ses pensées sont réunies dans des textes sacrés : les sûtra qui ont joué un grand rôle dans la diffusion du bouddhisme sur l’ensemble du continent asiatique. Deux courants profondément différents se sont développés entre deux grandes zones. - le Petit Véhicule en Inde, à Ceylan et en Asie du sud-est, tendance qui met en avant la voie monastique et la parole du maître. - le Grand Véhicule en Chine et au Japon, tendance qui se fonde sur les sûtra pour affirmer que chaque homme peut parvenir à

l’illumination suprême.

Le bouddhisme tibétain est une sous-branche du Grand Véhicule. Il appartient à la tradition du Véhicule du Diamant ou tantrisme.

LE MANICHEISME

Né en Mésopotamie en 215, Mani se considère comme un prophète et prêche une religion universelle. Il délivre son message de Babylone jusqu’en Inde. Il se considère comme le successeur de Zoroastre, Bouddha, et Jésus et le dernier des prophètes. Condamné à mort, il s’éteint en prison en 277.

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Le manichéisme se diffuse au sein de l’Empire Romain, au Moyen-Orient, en Afrique du nord et dans le sud de l’Europe, où il rencontre un certain succès avant d’être persécuté au IVè siècle. Le manichéisme se répand à l’est jusqu’en Chine, et au VIIIè s il devient la religion des ouigours. Bannis comme hérétiques par les musulmans et les chrétiens, les manichéens se réfugient dans les oasis d’Asie centrale où ils forment des colonies prospères jusqu’au XIè s. Cette religion est connue par la découverte des manuscrits du Taklamakan. LE NESTORIANISME

Le nestorianisme trouve son origine dans une controverse entre le Patriarche de Constantinople Nestorius, et celui d’Alexandrie Cyrille. Celui-ci obtient le soutien de Rome, et le concile d’Ephèse de 431 condamne la thèse de Nestorius. Les nestoriens se réfugient en Perse. Suivant les routes commerciales, les marchands perses nestoriens se font missionnaires et fondent d’importantes communautés en Asie centrale. Des nomades turco-mongols se convertissent et au VIIè s. Kashgar est un royaume chrétien nestorien. Le nestorianisme est la première forme sous laquelle le christianisme s’introduisit en Chine et en Mongolie, bien avant les jésuites.

La première église nestorienne chinoise est fondée à Xian en 638. En 845, sous la dynastie Ming, sont éradiquées les religions professant la vie contemplative comme le bouddhisme et le nestorianisme, qui ne correspondent pas à l’idéal confucéen de participation à la vie sociale. Le nestorianisme disparaît définitivement de Chine. Le nestorianisme connut de beaux jours sous l’empire mongol, et fut pratiqué par plusieurs princesses de la famille de Gengis Khan. L’ISLAM Au début du VIIè siècle, dans l’actuelle Arabie Saoudite, un marchand de La Mecque, Muhammad ibn Abdullah, Mahomet pour l’Occident, reçut des révélations divines qui, consignées plus tard dans le coran, constituent le fondement de l’islam. Dès le milieu du VIIè siècle, la Perse fut vaincue par les arabes. L’islamisation de l’Asie Centrale commença par le Turkestan pour gagner la Chine occidentale.

Cette période d’islamisation fut suivie du Xè au XIIè siècle par une période de haute érudition, qui se donna pour défi de concilier la philosophie et la science grecques avec la foi religieuse. Deux grands penseurs :

Le persan Ibn Sînâ ou Avicenne (980-1037). Brillant médecin et philosophe, son influence arrive jusqu’au Moyen-Âge latin. Ibn Rushd ou Averroès (1126-1198) Il affirme que la religion et la philosophie ne peuvent se contredire. En Europe, on se passionne pour ses commentaires sur Aristote jusqu’en 1600.

Tout au long des XIIIè et XIVè siècles, l’empire islamique d’Orient subit les violentes attaques mongoles sous l’impulsion de Gengis Khan. Il détruit Samarkand en 1220. Le soufisme s’est répandu en Asie Centrale au XIIIè siècle. Adepte de la vie monastique, ce courant est sans doute inspiré par les moines chrétiens et les ascètes manichéens. Les confréries soufies jouèrent un rôle important dans le maintien de la cohésion musulmane contre l’invasion soviétique.

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LES JESUITES EN CHINE DU XVIè au XVIIIè SIECLE

Religieux, humanistes, missionnaires et savants. En Chine, à la cour des Empereurs, ils sont astronomes, lettrés, cartographes, musiciens, peintres

et diplomates. Ils contribuèrent à ouvrir l’Europe à la Chine. Créateurs de la « sinologie », ils restèrent les « grands passeurs » entre l’Empire du Milieu et

l’Occident durant deux cent cinquante ans.

Au XVIe siècle : début des missions jésuites en Chine IGNACE DE LOYOLA Créé en 1540 « la Compagnie de Jésus » - les jésuites - qui ont parcouru le monde, ouvert des collèges pour la rencontre des cultures et adapté la liturgie chrétienne aux cultures locales. MELCHIOR NUNEZ BARETTO Est le premier jésuite à pénétrer en Chine en 1555 à Canton à deux reprises. Durant vingt ans, des missions mal préparées échoueront.

FRANÇOIS XAVIER Arriva à Goa en 1542. Durant sept ans, il parcourut la partie orientale de l’Océan Indien. En 1549, il est au Japon. En 1551, à San Chon près de Canton où il meurt en 1552 sans avoir pu, comme il le souhaitait, aller en Chine.

ALESSANDRO VALIGNANO 1539—1606 Considéré comme le second fondateur de la mission des Indes Orientales, va organiser la mission en Chine. « Il prône » une rencontre respectueuse des différences entre l’Europe et l’Asie : une évangélisation avec prise en considération de la culture et des traditions des peuples. A son arrivée à Macao, il appelle Ruggieri de Goa et Mattéo Ricci de Rome où il a suivi les cours du célèbre mathématicien Clavius. MATTEO RICCI 1552—1610 Arriva en 1583 en Chine. Il est mathématicien, astronome, cartographe. Durant 18 ans, il parcourut la Chine, étudia le chinois, dessina une mappemonde (la première), écrivit et traduisit des textes latins et grecs en chinois. Il écrivit également avec succès sur la morale de Confucius et celle du christianisme. L’empereur l’appela en 1601 à Pékin. Mattéo offrit des cadeaux: une épinette, une mappemonde, deux horloges et des livres occidentaux. La vigueur de son intelligence, les innovations techniques, ses écrits et la traduction du calendrier grégorien le font apprécier par l’empereur. A sa mort en 1610, l’empereur pourvoit à sa sépulture ce qui équivaut à une reconnaissance officielle. C’est le premier occidental à être aussi proche de l’empereur depuis les nestoriens.

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Au XVIIe siècle : expansion et apogée des missions jésuites En 1629, Paul SIU confie à TERRENTIUS (Schrech) la réforme du calendrier chinois et obtient que Schall vienne former les chinois à l’astronomie. Terrentius meurt en 1638.

Adam SHALL (1551-1666) lui succède. Il devient mandarin et président du Tribunal d’Astronomie le « Qiantianpian ». Les jésuites garderont la présidence jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. Astrologue, armurier, il est conseiller technique de l’empereur, y compris pour la fonte des canons. Il est aussi musicien, il construit, à la demande de l’empereur, une épinette sur le modèle de celle offerte par Mattéo Ricci et traduit en chinois la méthode pour jouer, met au point mélodies et psaumes pour rendre la méthode plus claire. En 1650, l’empereur accepte la construction d’une église à Pékin. A la mort de l’empereur, les régents, hostiles au christianisme, condamnent Schall à mort. Malade, il meurt en 1666. En 1669, il est réhabilité.

En 1669, Ferdinand VERBIEST (1623-1688) succède à Schall à la présidence du Tribunal des Mathématiques et à l’Observatoire. Il participe également aux travaux de ses collègues européens. Esprit génial et ouvert, il expérimente en mécanique et étudie l’utilisation de la vapeur. Avec des lettrés chinois, il écrivit de nombreux ouvrages scientifiques. Grâce à sa personnalité, des scientifiques, des lettrés et des membres de la famille royale se convertissent. En 1678, il lance un appel aux jésuites d’Europe. Il mourut en 1688 et fut enterré près de Mattéo Ricci. Son nom figure sur une liste de 108 héros nationaux d’un livre populaire chinois A l’appel des Pères Verbiest (1678) et Couplet (1684), Louis XIV réagit et décide d’envoyer des jésuites français: Fontenay, Gerbillon, Bouvet, Tachard, Lecomte et Visdelou sous l’égide de l’Académie Royale des Sciences, avec des consignes concernant l’observation de la vie en Chine (géographie, histoire, culture etc…) dans un but de communication d’ouvrages chinois ou mandchous. C’est ainsi que la bibliothèque royale de Louis XIV rassemble, à l’époque, une collection qui rivalise avec la bibliothèque du Vatican. En 1685, les jésuites français embarquent à Brest avec les ambassadeurs du Siam et de France. En 1687, ils sont reçus par l’empereur à qui ils remettent les cadeaux du roi de France. La position des jésuites en Chine est délicate: envoyés par le roi de France, ils sont en butte à l’autorité de Rome. Petit à petit, une entente de bon aloi s’établit.

En 1688, PEREYRA succède à Verbiest: il interdit aux jésuites français de communiquer avec leur supérieur français et les savants de Paris. L’empereur Kang Hi les accueille dans son palais et leur permet de construire une église, qu’il honore d’une inscription. En 1689, Gerbillon et Pereyra sont envoyés comme interprètes au traité de Nertchinsk en Sibérie et obtiendront que la Russie n’entre point en guerre avec la Chine. En reconnaissance pour ce succès diplomatique, l’empereur accorde en 1692 un décret sur la liberté du christianisme.

FRANÇOIS XAVIER

Arriva à Goa en 1542. Durant sept ans, il parcouru la partie orientale de l’Océan Indien. En 1549, il est au Japon. En 1551, à San Chon près de Canton où il meurt en 1552 sans avoir pu, comme il le souhaitait, aller en Chine.

MELCHIOR NUNEZ BARETTO Est le premier jésuite à pénétrer en Chine en 1555 à Canton à deux reprises. Durant vingt ans, des missions mal préparées échoueront.

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Au XVIIIe siècle: difficultés des missions jésuites La querelle des rites chinois entraîne des tensions entre Rome et la Chine, elle divise les jésuites et irrite l’empereur. Le père Parennin et les pères de Pékin tentent de calmer l’empereur Kan Hi. Dominique PARENNIN, ami de l’empereur avec qui il s’entretenait de sciences et de religion, dessine la célèbre « carte jésuite » de la Chine, de la Mandchourie et de la Mongolie qui sera publiée à Paris en 1735. Il réussit à garder la confiance du nouvel empereur Yong Tcheng mais ne put empêcher les édits

de 1724 et 1732 qui proscrivent le christianisme dans l’empire et exilent à Canton puis à Macao les missionnaires, excepté ceux de Pékin. Malgré les édits, certains pères parviennent à retourner dans leurs missions et envoient les futurs prêtres chinois au Collège Louis-le-Grand à Paris où Jean-Baptiste DU HALDE (1674-1743), historien, rédige, d’après les récits des pères des missions de Chine, sa « Description géographique, historique, chronologique, politique et physique de l’Empire de la Chine et de la Tartarie chinoise », qui constitue une des publications majeures en Europe au XVIIIe siècle, dédicacée à Louis XIV. Voltaire, Rousseau, Montesquieu la citent. Cette œuvre et l’atlas de 1735 eurent de multiples traductions et adaptations, qui exercèrent sur l’histoire des idées philosophiques du XVIIIè une forte influence.

L’Empereur Kien Long a encore moins de sympathie pour le christianisme que son prédécesseur. Les pères séduisent par leurs peintres et leurs architectes qui décorent palais et jardins. Frère Giuseppe CASTIGLIONE peint pour les trois empereurs successifs : Kan Hi, Yong Cheng et Gianlong. Outre ses peintures, il effectue des dessins et sculpte pour la maison de plaisance de l’empereur, en dirige la construction, aidé par le Frère Attiret, le père Sichelbart et le frère Augustin Damacène Salusti. BENOIST grave une mappemonde, une carte du ciel, une carte de Chine, imagine des décors de jardin (fontaines etc…) DA ROCHA et d’ESPINA explorent l’Asie Centrale.

Joseph-Marie AMIOT (1718-1793) Dernier jésuite de la grande épopée des missions jésuites en Chine. Auteur d’un dictionnaire tatar, mandchou, français. Il se passionna pour tout : langues, coutumes, dialectes, histoire, musique, danses rituelles chinoises…. Il prit avec lui un jeune chinois qu’il forma aux méthodes scientifiques européennes et durant 31 ans, publia avec lui ses écrits. Outre l’astronomie, il poussa ses recherches dans le domaine du magnétisme et s’occupa de la formation d’hommes de sciences chinois.

En 1775, l’ordre des jésuites est supprimé en Chine. Leur remplacement par les lazaristes n’empêche pas l’interdiction de la religion chrétienne.

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CONCLUSION La Route de la Soie est le premier pont entre l’Orient et l’Occident. Elle a permis des mouvements de peuples et des échanges entre les cultures qui ont joué un rôle central dans l’évolution de la civilisation humaine. Des identités culturelles se sont formées grâce aux influences venues d’ailleurs.

Influence humaine : Elle a apporté une contribution précieuse à la civilisation humaine. En effet, outre les commerçants et leurs marchandises, elle a été parcourue par les créations de la pensée, du savoir-faire et de l’imagination humaine. Sur cette route, des dialogues se sont noués entre des peuples divers; des idées nouvelles se sont diffusées et des techniques ont été transmises. Parallèlement, en tant que voie des armées conquérantes et des migrations massives de populations, elle a contribué à donner à des régions entières leur caractère politique, ethnique et religieux actuel. . Influence scientifique : La transmission dans les deux sens, des sciences et techniques a été un élément du flux réciproque des idées sur la Route de la Soie. De Chine sont venues principalement la technique de fabrication du papier, l’imprimerie et la poudre à canon, inventions qui ont changé le monde occidental. D’Occident, sont venues de nouvelles découvertes en mathématiques, médecine et astronomie qui se sont répandues en Chine. Influence culturelle : Ce que le patrimoine culturel et artistique des peuples d’Asie Centrale a d’unique, il le doit en grande partie à la Route de la Soie. Celle-ci n’a pas seulement permis aux caravanes de marchands de circuler, mais a joué un rôle important dans l’élaboration de la symbiose artistique de la région. En effet, chaque groupe, dont les caravanes s’arrêtaient pour un temps sur ces pistes accidentées, a contribué tant sous l’angle de l’expérience humaine que sous celui de l’imagination, à l’Art qui y a été créé. Influence spirituelle : La diffusion de religions nouvelles a été facilitée par les échanges commerciaux sur la Route de la Soie. C’est ainsi que le bouddhisme, le christianisme, l’islam, le zoroastrisme et le manichéisme se répandirent très loin de leur terre d’origine, d’abord par les activités des commerçants eux-mêmes, puis par le truchement de voyageurs et de missionnaires. d’après le Rapport de l’Unesco (1990)

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BIBLIOGRAPHIE LIVRES :

Le Livre des Merveilles du Monde Marco POLO Les Routes de la Soie Jacques ANQUETIL

La Route de la Soie Luce BOULNOIS

Marco Polo et la Route de la Soie Jean-Pierre DREGE

La Route de la Soie Jean-Pierre DREGE

La Route de la Soie José FRECHES

Les Chemins de la Soie huit auteurs de CLAVAIROLLE à WIENI

Le Ver à Soie BT Nature

La soierie Lyonnaise Jean ETEVENAUX

Tours, Capitale historique de la Soie André-Roger VOISIN

La soie en Touraine Conseil Général d’Indre et Loire Les Compagnies des Indes Ph. HAUDREVE et G.LE BOUEDEC

Bouddhas et rôdeurs sur la route de la soie Peter HOPKIRK

Samarkand-Boukhara-Khiva (photos) Vadim E.GIPPENREITER

En pays Kirghize (photos) Sur les Routes de la Soie Réza – Olivier WEBER

Gengis Khan H. LAMB

Atlas historique G.DUBY

Alexandre le Grand P. BRIANT Venise, la Sérénissime et la mer A.SYBERG ; R.BURLET

Les Missions Jésuites P.LECRIVAIN

Histoire des Papes F.HAYWARD

La Route de la Soie ou les empires du mirage Edith et François BERNARD

Les Evangiles de la Route de la Soie M.PALMER

Chrétien d’Orient sur la route de la soie S de COURTOIS

Les Traditions religieuses en Chine J.LAPORTE

Mémento d’histoire de France O.VIQUIER

La Passion des motifs Atlas des peuples d’Asie J.SELLIER

Le Ver à Soie R-H. NOAILLES

Technologie des matières et industries textiles Mme M. LE FUSTEC CHINE (photos) PML Editions

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REVUES :

Dossier de l’ART : - Les Grandes Heures de la Soierie Lyonnaise - Soieries de Lyon, Commandes Royales au XVIIIè S.

Itinéraires de découvertes : - Routes de la Soie : sur les traces des caravanes

Chemins d’étoiles :

au fil des routes de la soie

Nos Ancêtres n°28 - les Canuts

Historia n° 648 :

Les Canuts

Historia n° 553

-Samarcande, les Routes de la Soie

HISTORIA spécial « la folle épopée des Mongols »

L’empire des steppes de Gengis Khan à Tamerlan

GEO Histoire

Routes de l’Extrême Orient

Dossiers d’Archéologie

La Bactriane, de Cyrus à Tamerlan

Le Monde de la Bible n° 184

Chrétiens en route vers Pékin

Océan Indien

Madagascar, route de la soie

Courrier International - de la Chine à la Caspienne sur les routes de la soie

L’UNESCO Les Routes de la Soie, Patrimoine commun, identités plurielles Echanges sur les Routes

Le Monde des Religions - Les mystiques

CATALOGUES D’EXPOSITION : - Lumières de Soie, exposition Riboud au Musée Guimet - Trésors de Dunhuang, exposition au Musée Guimet

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REMERCIEMENTS

Nous remercions tout particulièrement

Madame Luce BOULNOIS, auteur de l’ouvrage de référence « La Route de la Soie » publié en 1963.

Madame Gaële DE LA BROSSE, directrice de publication de la revue « Chemins d’étoiles ». qui, en nous communiquant généreusement leur documentation, leur avis et leurs conseils, nous ont apporté une aide indispensable. Merci également à - Monsieur Patrick ALBALADEJO - Monsieur Mathieu BIGEARD de la maison HERMES pour le prêt du Carré « Au fil de la soie » Tous nos remerciements, aussi, aux amis et aux membres de la SHAGE qui nous ont prêté des objets, souvenirs précieux d’un voyage en Chine ou en Asie Centrale

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EXPOSITION RÉALISÉE

Par La S.H.A.G.E.

Société d’Histoire, Art, Généalogie et d’Échange

Recherches et conception : Chantal DORÉ Elise HAGET Christiane DAGUET Catherine DENAUX Chantal MARIE Mise en page et montage : Marcelle GRISELLE Catherine DENAUX Réalisation de la bannière en soie: Annie AUGÉ Comité de lecture : Micheline TRISTAN Gérald AUGÉ

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