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VOL CXI N O 170 / LE JEUDI 30 JUILLET 2020 / 1,52 $ + TAXES = 1,75 $ WWW.LEDEVOIR.COM Avis légaux.............B2 Décès......................B4 Édito.......................A6 Grille TV..................B7 Idées.......................A7 Météo.....................B6 Mots croisés...........B6 Sports.....................B6 Sudoku...................B6 INDEX MARIE-FRANCE COALLIER LE DEVOIR III CORONAVIRUS Dubé redistribue les rôles en vue d’une éventuelle 2 e vague Un rapport fait état des lacunes dans la gestion de la crise à Montréal MARIE-EVE COUSINEAU GUILLAUME LEPAGE LE DEVOIR Plus de 28 656 cas, 3434 décès : la CO- VID-19 a frappé fort à Montréal, beau- coup plus qu’ailleurs au Québec. Pour- quoi ? Dans un récent rapport interne dont Le Devoir a obtenu copie, la nou- velle sous-ministre de la Santé et des Services sociaux fait état de nombreu- ses lacunes dans la gestion de la crise. Dominique Savoie y fait 24 recom- mandations, en prévision d’une éven- tuelle deuxième vague. Le rapport, soumis au ministre de la Santé, Christian Dubé, le 23 juin, té- moigne de divers problèmes de coor- dination ainsi que de tensions entre les CIUSSS de la région montréalaise, la Direction régionale de santé publique de Montréal et le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS). Dominique Savoie y indique notam- ment que « la plupart des p.-d.g. [des CIUSSS de Montréal] ont affirmé que niques mobiles de dépistage, ainsi que du partage des écouvillons en fonction des besoins, ont été particulièrement épineuses et ont généré des pertes d’énergie et de temps », précise-t-on. Près d’une quarantaine d’interve- nants ont été consultés pour la rédac- tion de ce rapport. Parmi eux, les pré- sidents-directeurs généraux (p.-d.g.) des CIUSSS et des établissements non fusionnés de l’île de Montréal, la D re Mylène Drouin, directrice régiona- le de santé publique de Montréal, et des sous-ministres adjoints de la Santé et des Services sociaux, dont le D r Ho- racio Arruda, directeur national de la santé publique. Départager les responsabilités Tous s’entendent sur une chose : les responsabilités entre les CIUSSS et la Santé publique doivent être clarifiées. Le sujet suscite « de vives discus- sions », selon l’autrice du document. VOIR PAGE A 4 : La Croix-Rouge moins sollicitée que prévu certaines décisions étaient prises par les autorités, sans que quiconque se soit assuré au préalable de la faisabilité de leur application sur le territoire montré- alais, et surtout de leurs impacts ». « Plusieurs difficultés d’arrimage » entre les CIUSSS et la Santé publique ont aussi été relevées sur le terrain, si- gnale-t-on dans le document, intitulé Diagnostic de la coordination des activi- tés de santé publique et de prévention et contrôle des infections lors de la première vague de la pandémie de la COVID-19 à Montréal. « Les questions des stratégies de dé- pistage, de la gestion des ressources de santé publique réparties au sein des CIUSSS, de l’opérationnalisation des cli- La sous-ministre Dominique Savoie fait état de tensions entre les CIUSSS, la Direction régionale de santé publique et le ministère de la Santé ACTUALITÉS Affaire UNIS : quatre questions pour Justin Trudeau A 5 ÉCONOMIE Les p.-d.g. des GAFA tourmentés par le Congrès américain MARIE VASTEL CORRESPONDANTE PARLEMENTAIRE À OTTAWA LE DEVOIR François Legault a beau avoir martelé qu’il avait besoin de 1000 « paires de bras » pour aider les CHSLD à répon- dre à la pandémie encore cet été, les renforts embauchés par la Croix-Rouge pour ce faire ne sont pas tous sollicités. En fait, moins de 200 membres de la Croix-Rouge ont été déployés à ce jour. Lorsque l’armée canadienne a con- firmé qu’elle quitterait les centres de soins de longue durée du Québec à la fin de juin, le gouvernement fédéral a fait appel à la Croix-Rouge pour qu’el- le prenne le relais. Le premier ministre québécois, François Legault, était alors catégorique : les 1400 soldats cana- diens qui avaient prêté main-forte dans une quarantaine de CHSLD al- laient devoir être remplacés par au moins 1000 nouvelles personnes. VOIR PAGE A 4 : I Colérique et raciste, voici Karen GUILLAUME LEPAGE LE DEVOIR La source de son mécontentement est généra- lement banale, allant du vol de sa place de stationnement au service exécrable d’un ser- veur inexpérimenté. Mais elle peut aussi être autrement plus dramatique, voire raciste. Comme ce couple du Missouri — baptisé Ken et Karen par les internautes — qui a pointé son pistolet sur des manifestants en soutien au mouvement Black Lives Matter, il y a un mois. La figure en mal d’amour est d’abord et avant tout américaine, largement connue chez nos voisins du Sud. Avec le temps, elle est devenue sur la toile un mème incontour- nable. Elle a même gagné la presse interna- tionale, lorsque la Canadienne Amy Cooper a défrayé les manchettes. Celle qui est désormais connue comme la « Karen de Central Park » n’a pas aimé qu’un inconnu croisé dans l’iconique parc new-yorkais lui demande de mettre son chien en laisse. Même si c’est le règlement. « Je vais appeler la police », a-t-elle lancé à Christian Cooper (aucun lien de parenté), un homme noir de 57 ans. « Je vais leur dire qu’un homme afro-américain menace ma vie. » La scène a été filmée par M. Cooper, qui a plus tard publié la dispute verbale sur Face- book. Sa sœur Melody a fait de même sur Twitter. La vidéo a rapidement fait le tour du globe, suscitant l’ire de millions d’internautes. VOIR PAGE A 3 : l y a de ces prénoms qui frappent l’imaginaire, enchaînés à tout un tas de clichés tenaces. Pensez à Gino, Natasha ou Kevin. Les médias sociaux ont désormais le leur pour incarner l’archétype de la femme blanche dans la fleur de l’âge, privilégiée et colérique : Karen. « Une Karen croit que tout lui est dû. Dès qu’il y a un pépin ou quelque chose qui l’in- commode, elle monte aux barricades et veut parler au gérant », résume Nina Duque, chargée de cours et doctorante à l’UQAM, spécialiste des questions entourant la socia- lisation numérique.

Dubé redistribue les rôles en vue d’une éventuelle 2 · 7 hours ago · et Karen par les internautes — qui a pointé son pistolet sur des manifestants en soutien au mouvement

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Page 1: Dubé redistribue les rôles en vue d’une éventuelle 2 · 7 hours ago · et Karen par les internautes — qui a pointé son pistolet sur des manifestants en soutien au mouvement

VOL CXI NO 170 / LE JEUDI 30 JUILLET 2020 / 1,52 $ + TAXES = 1,75 $WWW.LEDEVOIR.COM

Avis légaux.............B2Décès......................B4Édito.......................A6Grille TV..................B7Idées.......................A7Météo.....................B6Mots croisés...........B6Sports.....................B6Sudoku...................B6

INDEX

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III CORONAVIRUS

Dubé redistribue les rôles en vue d’une éventuelle 2e vagueUn rapport fait état des lacunes dans la gestion de la crise à Montréal

MARIE-EVE COUSINEAUGUILLAUME LEPAGELE DEVOIR

Plus de 28 656 cas, 3434 décès : la CO-VID-19 a frappé fort à Montréal, beau-coup plus qu’ailleurs au Québec. Pour-quoi ? Dans un récent rapport interne dont Le Devoir a obtenu copie, la nou-velle sous-ministre de la Santé et des Services sociaux fait état de nombreu-ses lacunes dans la gestion de la crise. Dominique Savoie y fait 24 recom-mandations, en prévision d’une éven-tuelle deuxième vague.

Le rapport, soumis au ministre de la Santé, Christian Dubé, le 23 juin, té-moigne de divers problèmes de coor-dination ainsi que de tensions entre les CIUSSS de la région montréalaise, la Direction régionale de santé publique de Montréal et le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS).

Dominique Savoie y indique notam-ment que « la plupart des p.-d.g. [des CIUSSS de Montréal] ont affirmé que

niques mobiles de dépistage, ainsi que du partage des écouvillons en fonction des besoins, ont été particulièrement épineuses et ont généré des pertes d’énergie et de temps », précise-t-on.

Près d’une quarantaine d’interve-nants ont été consultés pour la rédac-tion de ce rapport. Parmi eux, les pré-sidents-directeurs généraux (p.-d.g.) des CIUSSS et des établissements non fusionnés de l’île de Montréal, la Dre Mylène Drouin, directrice régiona-le de santé publique de Montréal, et des sous-ministres adjoints de la Santé et des Services sociaux, dont le Dr Ho-racio Arruda, directeur national de la santé publique.

Départager les responsabilitésTous s’entendent sur une chose : les responsabilités entre les CIUSSS et la Santé publique doivent être clarifiées. Le sujet suscite « de vives discus-sions », selon l’autrice du document.

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La Croix-Rouge moins sollicitée que prévu

certaines décisions étaient prises par les autorités, sans que quiconque se soit assuré au préalable de la faisabilité de leur application sur le territoire montré-alais, et surtout de leurs impacts ».

« Plusieurs difficultés d’arrimage » entre les CIUSSS et la Santé publique ont aussi été relevées sur le terrain, si-gnale-t-on dans le document, intitulé Diagnostic de la coordination des activi-tés de santé publique et de prévention et contrôle des infections lors de la première vague de la pandémie de la COVID-19 à Montréal.

« Les questions des stratégies de dé-pistage, de la gestion des ressources de santé publique réparties au sein des CIUSSS, de l’opérationnalisation des cli-

La sous-ministre Dominique Savoie fait état de tensions entre les CIUSSS,la Direction régionalede santé publiqueet le ministère de la Santé

ACTUALITÉSAffaire UNIS :quatre questions pour Justin TrudeauA 5

ÉCONOMIELes p.-d.g. des GAFA tourmentés par le Congrès américain

MARIE VASTELCORRESPONDANTE PARLEMENTAIREÀ OTTAWALE DEVOIR

François Legault a beau avoir martelé qu’il avait besoin de 1000 « paires de bras » pour aider les CHSLD à répon-dre à la pandémie encore cet été, les renforts embauchés par la Croix-Rouge pour ce faire ne sont pas tous sollicités. En fait, moins de 200 membres de la Croix-Rouge ont été déployés à ce jour.

Lorsque l’armée canadienne a con-firmé qu’elle quitterait les centres de soins de longue durée du Québec à la fin de juin, le gouvernement fédéral a fait appel à la Croix-Rouge pour qu’el-le prenne le relais. Le premier ministre québécois, François Legault, était alors catégorique : les 1400 soldats cana-diens qui avaient prêté main-forte dans une quarantaine de CHSLD al-laient devoir être remplacés par au moins 1000 nouvelles personnes.

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IColérique et raciste, voici KarenGUILLAUME LEPAGELE DEVOIR

La source de son mécontentement est généra-lement banale, allant du vol de sa place de stationnement au service exécrable d’un ser-veur inexpérimenté. Mais elle peut aussi être autrement plus dramatique, voire raciste. Comme ce couple du Missouri — baptisé Ken et Karen par les internautes — qui a pointé son pistolet sur des manifestants en soutien au mouvement Black Lives Matter, il y a un mois.

La figure en mal d’amour est d’abord et avant tout américaine, largement connue chez nos voisins du Sud. Avec le temps, elle est devenue sur la toile un mème incontour-nable. Elle a même gagné la presse interna-tionale, lorsque la Canadienne Amy Cooper a défrayé les manchettes.

Celle qui est désormais connue comme la « Karen de Central Park » n’a pas aimé qu’un inconnu croisé dans l’iconique parc new-yorkais lui demande de mettre son chien en laisse. Même si c’est le règlement.

« Je vais appeler la police », a-t-elle lancé à Christian Cooper (aucun lien de parenté), un homme noir de 57 ans. « Je vais leur dire qu’un homme afro-américain menace ma vie. »

La scène a été filmée par M. Cooper, qui a plus tard publié la dispute verbale sur Face-book. Sa sœur Melody a fait de même sur Twitter. La vidéo a rapidement fait le tour du globe, suscitant l’ire de millions d’internautes.

VOIR PAGE A 3 : �����

l y a de ces prénoms qui frappent l’imaginaire, enchaînés à tout un tas de clichés tenaces. Pensez à Gino, Natasha ou Kevin. Les médias sociaux ont désormais le leur pour incarner l’archétype de la femme blanche dans la fleur de l’âge, privilégiée et colérique : Karen.

« Une Karen croit que tout lui est dû. Dès qu’il y a un pépin ou quelque chose qui l’in-commode, elle monte aux barricades et veut parler au gérant », résume Nina Duque, chargée de cours et doctorante à l’UQAM, spécialiste des questions entourant la socia-lisation numérique.