49
Développement d’un nouveau piège pour la capture de l’ours noir à des fins scientifiques «Tube DEX-02 »

Développement d’un nouveau piège pour la capture de l’ours ......de type L83. Dans la station témoin (rive nord), les pièges-tubes ont été conservés, mais des modifications

  • Upload
    others

  • View
    1

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

  • Développement d’un nouveau piègepour la capture de l’ours noir à des fins scientifiques

    «Tube DEX-02 »

  • G U I D E

    DÉVELOPPEMENT D’UN NOUVEAU PIÈGE POUR LA CAPTURE DE L’OURS NOIR

    À DES FINS SCIENTIFIQUES « TUBE DEX-02 »

    D I R E C T I O N D E L ’ E X P E R T I S E É N E R G I E - F A U N E - F O R Ê T S - M I N E S - T E R R I T O I R E D U S A G U E N A Y — L A C - S A I N T - J E A N

  • Direction de l’expertise Énergie-Faune-Forêts-Mines-Territoire

    du Saguenay–Lac-Saint-Jean

    DÉVELOPPEMENT D’UN NOUVEAU PIÈGE

    POUR LA CAPTURE DE L’OURS NOIR

    À DES FINS SCIENTIFIQUES

    par

    Gilles Lupien

    Technicien de la faune

    Ministère des Ressources naturelles et de la Faune

    Saguenay, juin 2012

  • v

    TABLE DES MATIÈRES

    Page TABLE DES MATIÈRES................................................................................................... v LISTE DES TABLEAUX................................................................................................... vi LISTE DES ANNEXES.....................................................................................................vii 1. INTRODUCTION.......................................................................................................1 2. BRÈVE DESCRIPTION DES PROJETS DE RECHERCHE.....................................2

    2.1 Projet sur les effets du nourrissage sur le comportement de l’ours noir............2 2.2 Projet sur la relation entre l’ours noir et le caribou forestier en forêt boréale sous aménagement forestier intensif ...................................................3

    3. DÉROULEMENT DES ACTIVITÉS DE PIÉGEAGE ET MODIFICATION

    GRADUELLE DU PIÈGE « TUBE DEX-02 » ............................................................4 3.1 Saison 2008 ......................................................................................................4 3.2 Saison 2009 ......................................................................................................5 3.3 Saison 2010 ......................................................................................................7 3.4 Bilan des trois saisons de piégeage..................................................................7 3.5 Saison 2011 ....................................................................................................10 3.6 Bilan général ...................................................................................................11

    4. DESCRIPTION DU PIÈGE « TUBE DEX-02 » .......................................................12

    4.1 Composantes du piège ...................................................................................12 4.1.1 Tube ..................................................................................................12 4.1.2 Beignet de constriction ......................................................................13 4.1.3 Mécanisme du piège..........................................................................13 4.1.4 Système de ressort............................................................................13 4.1.5 Système de déclencheur ...................................................................14

    4.2 Système de retenue de l’animal ......................................................................14 4.2.1 Lacet à patte ......................................................................................15 4.2.2 Chaîne et ancre .................................................................................16

    5. INSTALLATION DU PIÈGE.....................................................................................18 6. LEURRES ET APPÂTS ..........................................................................................21 7. PROBLÉMATIQUES PARTICULIÈRES RENCONTRÉES EN 2011......................22

    7.1 Blessures.........................................................................................................22 7.2 Installation des pièges-tubes en 2011.............................................................25

    8. CONCLUSION ........................................................................................................27 REMERCIEMENTS.........................................................................................................28 LISTE DES RÉFÉRENCES ............................................................................................30 ANNEXES.......................................................................................................................31

  • vii

    LISTE DES ANNEXES

    Page Annexe 1. Partenaires ..................................................................................................32 Annexe 2. Photographies .............................................................................................34

  • 1

    1. INTRODUCTION

    En 2008, la Direction de l’expertise Énergie-Faune-Forêts-Mines-Territoire du

    Saguenay–Lac-Saint-Jean (DEX-02) du ministère des Ressources naturelles et de la

    Faune (MRNF) a entrepris un projet de recherche sur l’ours noir afin de mesurer si le

    nourrissage de l’ours à des fins d’observation avait des effets sur le comportement de

    cette espèce et pouvait influencer son rapport avec les humains.

    L’étude en cours nécessitait la capture d’ours noirs vivants afin de les munir d’un collier

    GPS pour suivre leurs déplacements. Le segment de la population visé par le projet était

    les ours mâles adultes (65 kg et plus). L’étude se déroulait dans deux secteurs, soit : sur

    la rive sud du Saguenay (expérimental, site de nourrissage) et sur la rive nord du

    Saguenay (témoin).

    Des pièges à lacet à patte de type tube RL04 (Lemieux et Czetwertynski 2006) et L83

    (Jolicoeur et Lemieux 1992) ont été utilisés pour la capture des ours. En début de projet,

    des ours sont morts et cela était attribuable au piège de type RL04. Pour pallier cette

    lacune, de nombreuses modifications ont été apportées graduellement à ce dispositif de

    façon à le rendre sécuritaire pour les ours ainsi que plus efficace et plus facile à installer.

    En 2011, un nouveau projet de recherche destiné à mieux comprendre la relation entre

    l’ours noir et le caribou forestier a été amorcé par le MRNF et l’Université du Québec à

    Rimouski (UQAR). Ce projet nécessitait aussi la capture d’ours noirs vivants. Il a donc

    permis de vérifier l’efficacité du nouveau piège dans un contexte différent.

    Le présent document décrit brièvement les problèmes rencontrés et propose un

    nouveau type de piège, développé en 2009 et 2010, mieux adapté à la capture de l’ours

    noir à des fins de recherche scientifique. Afin d’alléger le texte, toutes les photographies

    ont été regroupées à l’annexe 2.

  • 3

    Monts-Valin et certains territoires municipalisés de Sainte-Rose-du-Nord,

    Saint-Fulgence, Saint-Honoré, Shipshaw et Saint-Ambroise. Le projet consiste à étudier

    et comparer le comportement de l’ours noir dans les deux secteurs, notamment quant à

    leurs déplacements, leurs domaines vitaux et leurs distances d’approche des

    habitations.

    Le projet s’est déroulé dans le domaine de la sapinière à bouleau blanc et, plus

    particulièrement, en milieux forestier et agroforestier. L’âge des peuplements varie

    beaucoup, mais la majorité des secteurs de capture sont constitués de forêts d’âge

    moyen à mature et n’ont pas fait l‘objet de travaux sylvicoles intensifs récents.

    C’est dans le contexte de ce projet de recherche que le nouveau piège « Tube

    DEX-02 » a été développé.

    2.2 Projet sur la relation entre l’ours noir et le caribou forestier en forêt

    boréale sous aménagement forestier intensif

    Le projet s’est déroulé en forêt boréale dans le domaine de la pessière noire à mousses.

    L’ensemble du secteur a fait l’objet de travaux de récolte forestière intensive au cours

    des années 1975 à 2005. Les peuplements d’origine couvrent actuellement environ

    33 % du territoire et le reste est constitué de peuplements en régénération ou issus de

    plantation. Les espèces feuillues dominent ce paysage. Plusieurs secteurs ont aussi fait

    l’objet d’éclaircies précommerciales. Les captures ont été réalisées le long du réseau

    routier, donc en grande majorité dans de jeunes peuplements forestiers ayant fait l’objet

    de récolte. L’objectif du projet est de comprendre l’utilisation du territoire par l’ours noir

    par rapport au caribou forestier. En 2011, 12 ours noirs femelles et 11 ours noirs mâles

    adultes ont été munis de colliers cervicaux de marque Telonic.

  • 4

    3. DÉROULEMENT DES ACTIVITÉS DE PIÉGEAGE ET MODI-FICATION GRADUELLE DU PIÈGE « TUBE DEX-02 »

    Les projets de capture des ours noirs se sont déroulés au cours des étés 2008, 2009,

    2010 et 2011. Tout au long des projets, des modifications constantes ont été apportées

    à nos façons de procéder afin d’améliorer nos méthodes de capture dans un souci

    d’efficacité et de respect des ours capturés et manipulés.

    3.1 Saison 2008

    En 2008, première année du projet, presque toutes les installations de départ utilisaient

    le piège-tube, selon la méthode décrite dans Lemieux et Czetwertynski (2006) et après

    avoir reçu une formation sur le terrain par un des auteurs (Rolland Lemieux).

    Le piège-tube était installé entre trois arbres rapprochés formant un triangle avec un

    mécanisme à ressort de type boudin pour actionner le lacet à patte (photo 1). Le

    diamètre du tube est de 20 cm et le lacet recouvert de bagues protectrices en

    caoutchouc est placé à 7 cm de son entrée, le déclencheur et l’appât étant situés au

    fond du tube (photo 2). Par la suite, une protection de troncs d’arbres et de branchage

    est ajoutée de façon à sécuriser l’installation et à diriger l’ours vers l’entrée du tube.

    Finalement, des rondins de bois sont ajoutés transversalement en haut et en bas du

    piège pour protéger encore mieux l’installation.

    Peu de temps après le début de la session de piégeage, un premier cas de mort

    accidentelle d’ours est survenu dans un secteur. Il s’agissait d’un ours juvénile qui est

    mort par strangulation. L’ours a passé la tête et une patte dans le tube, plutôt que

    seulement la patte, et a déclenché le piège. Le collet s’est alors refermé autour du cou

    de l’animal, provoquant ainsi sa suffocation et éventuellement sa mort.

    Croyant à un événement fortuit et malchanceux, nous n’avons rien changé aux

    installations. Cependant, peu de temps après, un deuxième cas de mort accidentelle

    similaire est survenu dans le même secteur.

  • 5

    Cette deuxième perte involontaire d’un animal nous a forcés à apporter rapidement des

    changements à notre stratégie de piégeage. Tous les pièges-tubes ont été retirés des

    stations de capture du site concerné et remplacés par des pièges à lacet installés au sol,

    de type L83. Dans la station témoin (rive nord), les pièges-tubes ont été conservés, mais

    des modifications ont été apportées pour les rendre plus sécuritaires. Des boulons à

    écrou ont été ajoutés à l’entrée et au bas du tube, de façon à empêcher les petits ours

    d’introduire leur tête dans le tube (photo 3) et éviter les cas de strangulation. De plus, les

    rondins posés transversalement entre les arbres, sous le tube (photo 1), ont été enlevés

    parce que ceux-ci pouvaient servir d’échelle et d’appui aux jeunes ours leur permettant

    d’atteindre le tube installé à environ 1,3 m du sol et d’y entrer la tête.

    Par la suite, un troisième incident identique dans le second secteur a été enregistré et

    un deuxième boulon (photo 3) a alors été ajouté au haut du tube pour encore diminuer la

    possibilité qu’un ourson y entre la tête. Malgré cela, un quatrième ours est mort en fin de

    saison, toujours dans ce secteur.

    À cette même période, une cage de capture a été installée sur le site d’appâtage.

    3.2 Saison 2009

    En 2009, les travaux se sont poursuivis et nous avons encore dû accepter la perte de

    trois nouveaux ours malgré les modifications apportées aux pièges en 2008.

    Deux oursons sont morts par strangulation après avoir introduit la tête dans le tube, et

    une ourse adulte d’environ 80 kg a aussi été trouvée étouffée par le collet. La grosseur

    de la tête de cet animal, par rapport au diamètre du tube, nous laisse perplexes quant à

    la façon dont a pu se dérouler cet accident mortel. À la suite de ces nouveaux revers,

    nous avons amorcé une réflexion plus globale sur la conception et l’utilisation des

    pièges-tubes. Nous voulions en conserver les nombreux avantages de sélectivité de

    captures pour l’ours noir et d’installation, mais aussi régler définitivement le problème

    des morts accidentelles.

  • 6

    Pour contrer une fois pour toutes la possibilité qu’un ours de toute taille entre la tête

    dans le tube, nous avons conçu un beignet fait de contreplaqué de 4 cm d’épaisseur qui

    s’insère dans le tube, ce qui en a réduit le diamètre intérieur de 19,5 cm à 14,5 cm. Ce

    beignet est situé au même niveau que les rainures qui retenaient le lacet en place par

    les coussinets. De plus, une rainure, d’une profondeur de 1 cm, y a été creusée sur la

    face interne pour maintenir le lacet en place. Cette rainure sert aussi à dissimuler et

    rendre inaccessible le lacet pour un ours futé qui voudrait le retirer du tube avant d’aller

    chercher l’appât. Pour encore diminuer les risques d’accident, un boulon a été placé au

    bas du tube, à l’avant du beignet (photo 4).

    Le système de fermeture du collet, à l’aide d’un ressort de type boudin, a aussi été

    remplacé. Il était difficile et dispendieux de s’approvisionner en ressorts chez les

    fournisseurs et son installation n’était pas très conviviale. On devait, premièrement,

    trouver trois arbres de bonne dimension et bien situés, ce qui n’est pas toujours le cas à

    l’endroit où l’on veut installer le dispositif de capture. De plus, comme le ressort devait

    être tendu à partir d’un rondin posé transversalement entre les arbres à bonne hauteur

    de terre, son installation nécessitait de grimper aux arbres et augmentait les risques

    d’accident. Pour un bon fonctionnement, l’ajustement précis du ressort, tant

    verticalement qu’horizontalement, augmentait le temps alloué à l’installation. Il fallait

    aussi être deux pour enclencher le mécanisme de capture.

    Un tout nouveau système de détente et de fermeture du collet a donc été développé

    pour permettre une installation rapide du piège à partir du sol. Le prochain chapitre

    (chapitre 4) décrit, en détail, ce nouveau mécanisme et son utilisation (photos 5 et 6).

    Dix de ces nouveaux pièges ont été fabriqués et expérimentés au cours de la saison

    2009. Ils ont permis la capture d’ours noirs et n’ont pas occasionné de blessures ni de

    morts accidentelles d’ours.

  • 9

    Une femelle adulte d’environ 80 kg et six oursons juvéniles sont morts par strangulation.

    Le poids a été établi pour cinq de ces oursons, soit : 21 kg, 27 kg, 34 kg, 36 kg et 52 kg.

    Le dispositif utilisé était donc sélectif et représentait une dangerosité supérieure pour les

    ours de petit gabarit.

    Le piège à lacet à patte L83 et les cages de capture n’ont occasionné aucune perte

    d’animal. Les pièges-tubes d’origine et modifiés sont responsables de la mort par

    strangulation de sept ours, soit un taux de mortalité global de 5,5 %. Le piège « Tube

    DEX-02 » n’a causé aucun accident entraînant la mort d’un animal.

    Il est impossible de mesurer l’efficacité de chacun des engins de capture (effort de

    piégeage par capture), car de nombreux facteurs ont influencé les résultats obtenus. Les

    données, présentées dans le tableau 1, doivent donc être interprétées avec

    circonspection.

    En début de projet, le diamètre de 6,3 mm du brin utilisé pour la confection des lacets à

    patte était trop grand pour permettre leur fermeture adéquate, ce qui a permis à

    plusieurs ours de s’échapper. Par la suite et ce jusqu’en 2009, de multiples problèmes

    d’ajustement des barrures de lacets ont aussi été notés et ont permis à de nombreux

    ours de se libérer de l’emprise. En 2010, tous les lacets ont été refaits par le MRNF avec

    des brins de 5 mm et des barrures bien ajustées; ceux-ci ont permis de diminuer le

    nombre d’ours qui auparavant pouvaient s’échapper.

    À cause des lacets utilisés recouverts de bagues protectrices en caoutchouc, les ours

    de moins de 45 kg risquent moins d’être capturés, car les coussinets empêchent la

    pleine fermeture du lacet (photo 9). L’objectif étant la capture de mâles adultes, celle

    des petits ours n’était pas souhaitable, car elle réduisait le stress pour ces animaux, les

    manipulations et les dépenses en ressources humaines ainsi qu’en produits

    anesthésiants.

  • 10

    De plus, l’intensité du piégeage à l’aide du piège L83, du piège-tube et des cages de

    capture, directement sur le site de nourrissage, a probablement rendu les ours le

    fréquentant plus méfiants envers ces différents dispositifs. De nombreuses vidéos

    réalisées à cet endroit par des caméras de surveillance ont permis de visualiser ce

    comportement d’évitement des engins de capture à plusieurs occasions, et ce, même

    chez les ours n’ayant jamais été capturés antérieurement.

    3.5 Saison 2011

    Le nouveau projet de recherche, amorcé en 2011, a permis de continuer les

    expérimentations du nouveau piège dans des conditions d’habitat différentes et de

    valider si les résultats obtenus précédemment étaient concluants ou simplement le fruit

    du hasard. Seulement 11 captures d’ours avaient été réalisées à l’aide du piège « Tube

    DEX-02 » en 2010. En 2011, les captures d’ours noirs en forêt boréale se sont

    déroulées du 22 juin au 29 juillet.

    Trois types de pièges ont été utilisés pour la capture des ours, soit le piège « Tube DEX-

    02 », le piège L-83 et les cages. En 2011, 42 ours noirs ont été capturés avec le piège

    « Tube DEX-02 » (tableau 2) et aucune mort par strangulation n’a été observée lors des

    travaux. En moyenne, il a fallu 14,5 nuits-piège pour chaque ours capturé avec le piège

    « Tube DEX-02 » comparativement à 16,5 nuits-piège avec le piège L83.

    Tableau 2. Ours noirs — caribous forestiers, résultat des captures

    Piège Nuit-piège Capture Nuit/capture Tube DEX-02 609 42 14,5

    L-83 165 10 16,5

    Cage 28 14 2

    Total 802 66 12,3

  • 11

    3.6 Bilan général

    Des 192 captures d’ours noir réalisées au cours des quatre dernières années,

    53 captures l’ont été à l’aide du piège « Tube DEX-02 », et ce, sans aucune perte

    d’animal attribuable à une capture accidentelle par le cou ayant provoqué la mort de

    l’animal.

    L’installation d’un beignet de constriction à l’entrée du tube apparaît donc comme une

    solution très efficace pour rendre les pièges-tubes très sécuritaires pour la capture de

    l’ours noir à des fins scientifiques.

  • 13

    4.1.2 Beignet de constriction

    Le tube de 20 cm du piège-tube d’origine a été conservé pour permettre une installation

    plus aisée et solide entre deux arbres ainsi qu’un jeu adéquat de la détente. Pour éviter

    de capturer de petits ours par le cou, nous avons développé un beignet de constriction

    qui sert de plus à maintenir et camoufler le collet et à empêcher les ours rusés de

    l’enlever (photo 7).

    Le beignet est fait de plastique recyclé d’une épaisseur de 3,8 cm. Il a un diamètre

    externe de 19,5 cm et un diamètre interne de 14,5 cm. Une ouverture de 3 cm de

    largeur est pratiquée en son centre supérieur pour laisser passer le lacet et l’extrémité

    antérieure du déclencheur. Enfin, une cannelure de 1 cm de profondeur par 0,6 cm de

    largeur est creusée au centre, sur la face interne du beignet. La largeur de la rainure doit

    être adaptée au coussinet de caoutchouc du lacet de façon à le retenir en place par une

    faible pression (photos 13 et 14). Finalement, deux planchettes de plastique recyclé de

    1,3 cm sont fixées en chicane, de part et d’autre du beignet, à l’aide de vis. Ces

    planchettes épousent la courbure interne du tube et mesurent en leur centre 4,5 cm

    (photo 7). Le beignet assemblé est fixé sur le tube à l’aide de vis, à 5 cm de son

    extrémité antérieure.

    4.1.3 Mécanisme du piège

    Le mécanisme du piège est composé de deux parties distinctes, soit d’un système à

    ressort servant à fermer rapidement le lacet sur la patte de l’ours et d’un déclencheur qui

    sert à maintenir le ressort sous tension et à le dégager lorsque l’animal tente de saisir

    l’appât.

    4.1.4 Système de ressort

    Le ressort utilisé est un ressort de piège commercial de type Conibear 220, dont les

    anneaux distaux ont été coupés (photo 15). Ce ressort est fixé au tube par un raccord

    ajustable retenu par des boulons (photo 16). À l’autre extrémité du ressort, un autre

    raccord ajustable (photo 17) permet de joindre un levier (photo 18) muni d’une goupille

  • 14

    (photo 19) servant à recevoir l’extrémité du déclencheur qui maintiendra le ressort sous

    tension. Les deux systèmes de raccord ajustable permettent un ajustement fin et rapide

    du mécanisme sur le terrain. De plus, ils permettent de maintenir les pièces ensemble

    sans avoir recours à la soudure, dont la chaleur compromettrait le trempage de l’acier du

    ressort et du levier et les rendrait moins résistants et fonctionnels.

    L’extrémité du levier, légèrement recourbée, sert à maintenir le collet par son oeillet

    (photos 20 et 21). Le petit bout de métal posé perpendiculairement au levier sert à

    bloquer le lacet et à y fixer un petit élastique ou le bout d’une petite broche flexible

    servant à maintenir légèrement le collet en place. Celui-ci devrait se briser ou se

    détacher facilement après la fermeture du lacet lors d’une capture (photos 22 et 23).

    Afin de faciliter la pose du lacet et d’éviter les blessures, un cran de sûreté est installé à

    l’avant du tube, sous le levier (photos 24 et 25). Pour rendre le piège fonctionnel, celui-ci

    doit être retiré lorsque l’installation est terminée. Les photos 26 et 27 présentent le

    mécanisme entier.

    4.1.5 Système de déclencheur

    Le déclencheur comprend deux pièces, soit un support et un levier (photo 28). Le

    support est fixé sur le dessus du tube et le levier y est rattaché en formant un pivot

    (photo 29). Le levier possède un crochet à son extrémité antérieure qui s’insère dans la

    goupille du levier du ressort lorsqu’on amorce le piège. L’autre extrémité forme un genre

    de panier qui empêche l’ours d’accéder directement à l’appât (photo 30). Lorsque l’ours

    soulève le levier, le piège est déclenché. La distance entre le lacet et le panier du

    déclencheur est de 26 cm, ce qui permet de fermer le collet au-dessus du poignet de

    l’ours.

    4.2 Système de retenue de l’animal

    Le système de retenue de l’animal est identique au système du piège-tube d’origine, à

    l’exception de la longueur du collet qui a été ajustée au nouveau mécanisme de détente.

    Ce système est composé d’un lacet à patte, de deux sections de chaîne reliées par un

    ressort d’absorption et d’une ancre (photo 31).

  • 16

    grosseurs de tube de protection favorisent une meilleure circulation sanguine dans

    l’extrémité du membre et limitent l’œdème dans la patte retenue par le lacet.

    Finalement, le lacet est terminé en repassant l’autre extrémité dans la barrure et en la

    fixant à un gros émerillon en formant un œil et en le refermant avec une autre gaine de

    raccordement (photos 36 et 37). C’est à cette étape que l’on peut ajuster finement la

    longueur du lacet pour bien l’adapter au piège.

    L’ajout d’un émerillon à l’extrémité du lacet permet de réduire les risques de cassure et

    de luxation des articulations des membres et de l’épaule de la patte par laquelle l’animal

    est retenu. Le lacet est, par la suite, assujetti au système d’ancrage avec une grosse

    maille d’accouplement (photo 38).

    4.2.2 Chaîne et ancre

    En 2008, 2009 et 2010, aucune modification n‘a été apportée au système d’ancre

    traînante développé par Lemieux et Czetwertynski (2006).

    « Nous avons conçu et réalisé les ancres traînantes à partir d’une tige

    d’acier de 120 cm et d’un diamètre de 17 mm formée pour prendre la

    forme d’une ancre. Lorsque formée, l’ancre a 39 cm de large par 39 cm

    de long et pèse 3 kg. Les bouts de l’ancre sont coupés en diagonale et

    incurvés pour augmenter la résistance lorsqu’elle est tirée au travers de

    la végétation. Nous avons attaché l’ancre à 3 m de chaîne (0,635 cm de

    diamètre et 477 kg de résistance) avec une maille d’accouplement. La

    longueur de la chaîne peut être ajustée en se basant sur la densité de la

    végétation du secteur de piégeage; plus la chaîne sera longue, plus

    rapidement l’animal sera immobilisé.

    La dernière pièce du mécanisme de retenue est un ressort d’absorption

    de 35 cm de long (MIKINSA03). Nous avons réuni une extrémité du

    ressort d’absorption aux trois mètres de chaîne et à l’ancre. Nous avons

    réuni l’autre extrémité à 30 cm de chaîne et au lacet. Le ressort

    d’absorption est fait d’acier, compte 18 tours, et son diamètre externe

  • 17

    est de 3,66 cm. Les deux extrémités sont fermées pour éviter que les

    ours les brisent en morceaux » (Lemieux et Czetwertynski 2006,

    traduction).

    Les photos 31 et 39 illustrent la fabrication du système d’ancrage.

    L’ajout de ruban forestier fluorescent sur la chaîne et l’ancre permet de voir plus

    facilement à distance si le piège a été déclenché, nous prévient d’une capture et aide à

    visualiser rapidement si l’animal est bien retenu par l’ancre (photo 40).

    En 2011, en raison de quelques blessures lors des captures et de la structure de

    l’habitat, des modifications au système de retenue ont été apportées et seront discutées

    au point 7.

  • 18

    5. INSTALLATION DU PIÈGE

    L’utilisation du piège-tube, jumelé au système d’ancrage traînant, a permis la capture de

    60 ours noirs de 2008 à 2010. Un seul des ours capturés a détruit nos installations. Les

    ours sont donc attirés par les leurres et les appâts et leur présentation ne les prédispose

    pas à s’en prendre au piège pour tenter de les obtenir. À la suite de cette constatation,

    nous avons modifié la façon d’installer les pièges-tubes afin de réduire le temps de pose

    et d’augmenter d’autant la période allouée à la capture.

    Le piège-tube est placé entre deux arbres d’assez bon diamètre et assez rapprochés

    pour permettre de le coincer à environ 1,3 m du sol (photo 41). Si la distance entre les

    arbres n’est pas adéquate, on peut l’ajuster en façonnant les arbres, si ceux-ci sont trop

    rapprochés, ou l’on peut ajouter un morceau de bois de la bonne épaisseur, si ceux-ci

    sont trop éloignés. Plus le diamètre des arbres est gros, meilleure est la protection du

    mécanisme de déclenchement, ce qui réduit les risques qu’un ours désamorce le piège.

    L’emplacement des arbres destinés à recevoir le piège doit tenir compte de deux

    facteurs. Premièrement, le secteur entourant le piège doit contenir un nombre suffisant

    d’arbres et d’arbustes pouvant assurer que la chaîne et l’ancre puissent jouer leur rôle et

    retenir l’animal. Il est souhaitable que l’ours soit retenu à quelque distance du site de

    capture pour éviter qu’il détruise l’installation, mais assez près pour diminuer le temps

    de recherche de l’animal capturé. Deuxièmement, le couvert aux alentours devrait être

    assez dense pour qu’un ours capturé ne soit pas exposé aux regards des intrus et se

    sente en sécurité. Enfin, le couvert arborescent devrait permettre que l’ours capturé ne

    soit pas immobilisé en plein soleil et exposé aux intempéries, mais qu’il soit plutôt à

    l’ombre, de façon à réduire le stress et la chaleur interne de l’animal. L’installation

    directe en bordure d’une ouverture, d’une clairière, d’un chemin, d’une tourbière et d’un

    champ est déconseillée pour que l’animal capturé ne puisse fuir le site de capture et soit

    exposé aux regards ou aux conditions météorologiques qui lui seraient défavorables.

  • 19

    Lorsqu’on a choisi les arbres et l’environnement adéquats, le tube est installé

    horizontalement entre les deux arbres sur deux rondins ou des petits madriers cloués

    perpendiculairement au tube et reliant les deux arbres et, de part et d’autre de ceux-ci, à

    environ 1,3 m du sol (photo 41). Ces deux supports forment une tablette solide pour

    soutenir le tube. La traverse supportant la partie postérieure du tube devrait être

    installée un peu plus haut que la partie antérieure afin d’éviter que l’eau de pluie

    s’accumule dans le fond du piège.

    Le tube est mis en place et est retenu par deux vis à tôle à tête hexagonale de 5 cm de

    longueur (photo 42). Ensuite, un petit rondin est placé diagonalement sur le dessus du

    tube entre les deux arbres, de façon à bien comprimer le tube et à le maintenir

    fermement en place (photo 43).

    La mise en place du tube est terminée et le piège est prêt à être amorcé. Aucune autre

    structure de protection n’est ajoutée pour sécuriser l’installation. De petits trous percés

    sur le devant du tube permettent d’ajouter de petites branches de résineux pour

    camoufler le mécanisme de détente (photo 44).

    Pour terminer l’installation, un clou est planté dans l’arbre de gauche pour supporter la

    chaîne et permettre au lacet de bouger adéquatement lorsque le piège est déclenché

    (photo 45). Le clou est replié fermement sur la chaîne afin que le lacet se referme

    fortement sur la patte lorsque l’ours s’éloigne rapidement du piège. La grosseur du clou

    doit être suffisante pour bien retenir la chaîne jusqu’à la fermeture complète du lacet,

    mais doit permettre à l’animal de le déplier pour pouvoir quitter rapidement le site de

    capture. La portion de chaîne excédant le clou doit être assez longue pour permettre la

    pleine extension du ressort lors du déclenchement du mécanisme afin de bien fermer

    rapidement le lacet sur le membre. Finalement, un pare-écureuil est fixé au besoin, par

    compression, à l’entrée du tube (photo 8).

  • 21

    6. LEURRES ET APPÂTS

    Pour attirer l’ours près du piège, nous utilisons différents leurres qui leur seront

    perceptibles de loin en raison de leur odorat très développé.

    Du sang de phoque entreposé pendant longtemps dans des barils de métal est répandu

    à différents endroits sur le sentier menant à l’installation. Près du piège, un morceau de

    viande de castor est suspendu en hauteur avec une broche. La viande de castor est

    préalablement salée avec du gros sel pour ralentir la putréfaction. Ce salage offre aussi

    l’avantage que les mouches et les guêpes ne s’agglutinent pas autour de ce leurre.

    Finalement, une gelée constituée de vaseline et d’anis est badigeonnée sur un des deux

    arbres qui retiennent le piège. Le mélange de ces trois odeurs a donné de très bons

    résultats pour attirer les ours, et ce, de façon plus marquée en forêt naturelle que sur le

    site de nourrissage.

    Par la suite, deux appâts sont présentés aux ours. Les appâts sont constitués de

    retailles de gâteaux vendues commercialement, mélangées à de la mélasse ou à du

    sirop de table. Ces appâts sont placés dans des sacs de plastique pour faciliter leur

    manipulation (photo 2). Un sac est attaché près de l’ouverture du piège et un autre est

    suspendu au crochet disposé à cet effet au fond du tube, à l’arrière du panier du

    déclencheur.

    En 2011, la quantité de sang de phoque disponible n’étant pas suffisante pour toute la

    période de capture, ce dernier a été remplacé par de la vanille brune artificielle. Ce

    nouveau leurre a bien fonctionné et son utilisation, à l’aide d’un vaporisateur, est plus

    aisée et agréable que celle du sang de phoque. Ce produit est aussi plus accessible, et

    ce, à un coût très abordable.

  • 22

    7. PROBLÉMATIQUES PARTICULIÈRES RENCONTRÉES EN 2011

    7.1 Blessures

    En 2008, un cas de luxation grave avec plaie ouverte au poignet d’un ours nous a

    contraints à l’euthanasier et, en 2010, un cas de fracture non ouverte du tibia est

    survenu et l’ours a été relâché tel quel. Deux ours, parmi les 88 ours capturés au moyen

    de lacets à patte, ont donc subi des blessures apparentes aux membres retenus par le

    lacet, soit 2,8 % des ours capturés.

    En 2011, un cas de fracture ouverte et trois cas de fractures sans perforation de la peau

    ont été observés sur les 52 ours capturés avec des lacets, soit 7,7 % des captures. Fait

    à noter, tous ces ours étaient des femelles. Pour les quatre années de capture, c’est

    donc 6 ours sur 140 capturés au lacet qui ont subi des fractures du membre retenu, soit

    un taux de 4,3 % des captures.

    Dans tous ces cas, les ours qui ont subi des blessures avaient enroulé la chaîne autour

    de petits arbres ou arbustes de façon telle que l’émerillon et le ressort d’absorption ne

    pouvaient plus jouer leur rôle protecteur contre les blessures. Nous pensons, à la suite

    de nos observations, que la plupart de ces blessures sont survenues dans les moments

    précédant l’immobilisation chimique de l’animal, lorsque son niveau de stress était à son

    maximum et qu’il déployait toute sa force et son énergie pour fuir. Des interventions

    systématiques, mais assez rapides lors de l’anesthésie, devraient diminuer les risques

    de blessures. On devrait limiter le nombre d’intervenants à deux personnes pour

    procéder à l’anesthésie, un pour injecter la drogue et un pour assurer la sécurité afin de

    limiter au minimum le stress pour l’animal.

    En 2011, en cours de projet, la façon de retenir les ours a été modifiée en s’inspirant de

    la méthode décrite par Jonkel (Jonkel, 1993).

  • 23

    « Une multitude de dispositifs sont efficaces pour capturer des ours et

    tous ont besoin d’un arbre solide pour servir d’ancre. L’arbre servant

    d’ancre doit être vivant et assez fort pour sortir une camionnette prise

    dans la boue au moyen d’un treuil. L’arbre doit être solide, sans signe

    de pourriture et d’un diamètre d’au moins 10 po (25,4 cm) à hauteur de

    poitrine…

    Assurez-vous toujours que le lacet est installé le plus près possible de

    l’arbre servant d’ancre. Les ours capturés dans des lacets avec une trop

    grande longueur de câble disponible ont toujours plus de chance de se

    blesser ou de briser le lacet. Ne gênez pas l’action du lacet mais, en

    même temps, ne donnez pas à l’ours trop de place pour se déplacer

    après la capture.

    Attachez le lacet à l’arbre et vérifiez le diamètre de jeu. Coupez tous les

    arbustes et arbres par-dessus lesquels un ours peut grimper et rester

    suspendu en redescendant. Aussi, coupez tous les petits arbres et

    broussailles autour desquels un ours peut enrouler le lacet. Si un ours

    est capable d’enrouler le lacet autour d’arbustes ou de broussailles en

    aval de l’émerillon, il peut briser le câble et s’échapper avec le lacet

    attaché à sa patte » (Jonkel 1993, traduction).

    Il est à noter que les recommandations de Jonkel (1993) s’appliquent à des captures

    d’ours noirs et d’ours grizzlis. Pour l’ours noir, un arbre sain de plus faible diamètre

    devrait suffire à retenir l’animal.

    À partir du 6 juillet 2011, nous avons testé des installations s’inspirant de la méthode

    décrite par Jonkel (1993) afin de vérifier si elles pouvaient réduire les blessures aux

    membres et s’appliquer à l’utilisation de pièges-tubes. Les sites entourant les tubes ont

    été débroussaillés, tous les arbres d’un diamètre inférieur à 10 cm et les arbustes ont

    été enlevés et la chaîne retenant le lacet a été fixée à un arbre sain et de bon diamètre

    situé près du piège-tube.

  • 24

    Malgré ces précautions, 1 ours sur les 21 capturés au moyen d’une chaîne fixe s’est

    cassé la patte après avoir enroulé la chaîne autour d’un arbre qui empêchait le bon

    fonctionnement du ressort et de l’émerillon. On a donc enregistré un taux de blessures

    de 4,8 % avec ce type d’installation, comparativement à 5 cas de fractures sur 109 ours

    (4,5 %) au moyen d’une chaîne traînante au cours des quatre dernières années.

    Nous avons cependant noté plusieurs désavantages à l’utilisation de la chaîne fixe. Le

    fait de couper tous les arbres de 10 cm et les arbustes réduit très souvent le couvert qui

    permet à l’animal de se protéger du soleil et des intempéries. De plus, l’ouverture du

    couvert forestier expose l’animal et peut faire augmenter son niveau de stress.

    Le fait de retenir l’animal près du piège permet à celui-ci de grimper sur le tube et de

    redescendre de l’autre côté et de se suspendre par la patte, ce qui provoque un grand

    inconfort et un risque de blessures accru. De plus, dans la majorité des cas, l’ours

    détruira complètement l’installation et, bien souvent, brisera le mécanisme du piège et le

    rendra inutilisable. Si l’on avait utilisé une installation fixe durant tout le projet, avec des

    pièges-tubes, nous aurions manqué de pièges pour finaliser les captures.

    Enfin, lorsqu’un ours est capturé avec un lacet muni d’une chaîne fixe dans un milieu

    ouvert, il bénéficie souvent d’une plus grande mobilité. Il y a donc plus de risques qu’il

    se blesse en tentant de fuir à plus grande vitesse. Il peut aussi plus facilement et

    rapidement s’éloigner de la personne responsable de l’immobilisation, ce qui souvent

    augmente le temps nécessaire pour injecter le tranquillisant, ce qui accroît le niveau de

    stress de l’animal et entraîne d’autres complications qui auraient pu être évitées. La plus

    grande mobilité de l’ours rend aussi l’opération plus dangereuse pour les personnes

    prenant en charge l’animal.

    Compte tenu de ce qui précède, nous pensons que l’utilisation d’un système d’ancrage

    fixe n’est pas une solution sans risque pour l’animal et ne convient pas aux pièges de

    type tube en raison des nombreux bris d’équipement.

  • 25

    Nous pensons que le plus haut taux de blessures aux membres observées en 2011

    avec une ancre traînante est dû en bonne partie au type d’habitat dans lequel se sont

    déroulées les captures. Le fort pourcentage de jeunes peuplements, issus de coupes

    forestières intenses et relativement récentes de l’aire d’étude, fait que le couvert

    forestier est en grande partie constitué d’arbres de petit diamètre et d’un bon couvert

    arbustif. Ce type de peuplements augmente les risques qu’un ours entremêle la chaîne

    et le lacet dans la végétation, de façon à rendre inopérants le ressort à boudin et

    l’émerillon, ce qui peut engendrer des captures moins sécuritaires pour l’animal. En

    2011, plusieurs des sites choisis pour les installations étaient situés dans ces jeunes

    peuplements, donc probablement plus propices aux blessures. Dans un tel

    environnement constitué de jeunes forêts, le choix des sites de capture devient très

    important pour minimiser les risques

    On devrait, dans de telles circonstances, favoriser les installations dans les peuplements

    les plus âgés qui subsistent, et ce, particulièrement dans les bandes forestières

    résiduelles le long des lacs et des cours d’eau ainsi que dans les séparateurs de

    coupes. Dans ces types de peuplements, l’ancre traînante devrait être utilisée plutôt que

    l’ancre fixe.

    7.2 Installation des pièges-tubes en 2011

    Les types de peuplements forestiers disponibles pour réaliser nos installations en 2011

    étaient très différents de ceux utilisés lors des années antérieures, et la méthode

    d’installation a dû être modifiée pour en augmenter l’efficacité.

    Les vieilles pessières à mousses sont des forêts constituées de gros arbres éloignés les

    uns des autres et il est souvent difficile de dénicher deux arbres de bon diamètre assez

    rapprochés pour y coincer le tube. Souvent, il a fallu installer les pièges entre des arbres

    plus éloignés qu’en situation idéale.

    Dans les jeunes forêts en régénération, issues de coupes avec protection de la

    régénération, il n’y avait souvent plus d’arbres de bon diamètre, à l’exception de

    quelques feuillus isolés. On a donc dû installer souvent les tubes sur des arbres trop

    petits pour assurer une bonne protection de l’installation (photo 47).

  • 26

    Dans ces conditions, afin de protéger le mécanisme du piège et de réduire ses

    déclenchements accidentels, une protection supplémentaire composée de rondins et de

    branches a été ajoutée, telle que le conseillent Lemieux et Certwertyski (2006)

    (photo 48).

    Dans quelques situations où un site prometteur pour la capture était dépourvu d’arbres

    rapprochés, un piège-tube a été installé sur un très gros arbre isolé, selon la méthode

    préconisée par Francis Taillefer (technicien de la faune et étudiant au baccalauréat en

    biologie, UQAR). L’arbre est façonné à la tronçonneuse pour accueillir le tube et celui-ci

    est retenu en place à l’aide de deux sangles à cliquet. Le mécanisme est ensuite

    camouflé à l’aide de branches de résineux attachées à l’arbre et passant sous le ressort

    et le levier du piège (photos 49 et 50). Le mécanisme du piège est cependant très facile

    d’accès pour un ours et les risques de déclenchement accidentel sont élevés. Ce

    dispositif a cependant permis la capture de quelques ours.

    Le piège « Tube DEX-02 » peut donc être utilisé efficacement pour la capture de l’ours

    noir dans différents types d’habitats forestiers en apportant toutefois quelques

    modifications à son installation pour répondre à la situation.

  • 27

    8. CONCLUSION

    L’expérience acquise au cours des quatre dernières années de recherche sur l’ours noir

    a permis de développer un nouveau système de capture de l’ours noir à des fins

    scientifiques, le piège « Tube DEX-02 ». Bien que la capture et les manipulations

    d’animaux sauvages vivants pour la recherche comporteront toujours certains risques de

    blessures ou de morts accidentelles, nous pensons que les modifications apportées aux

    systèmes actuels permettront d’augmenter le niveau de sécurité, de limiter au minimum

    les risques encourus par les ours capturés et de rendre nos opérations éthiquement plus

    acceptables. Nous espérons donc que d’autres chercheurs adopteront et utiliseront

    notre dispositif et continueront de l’améliorer pour le bien-être des animaux capturés.

  • 28

    REMERCIEMENTS L’auteur désire remercier les personnes suivantes pour leur contribution au développement

    de ce nouveau type de piège pour la capture de l’ours noir à des fins scientifiques ainsi que

    pour leur compréhension et leur appui tout au long du projet :

    - M. Rolland Lemieux, technicien de la faune à la Direction de la recherche sur la faune

    du MRNF; - M. Jean-Benoit Gagnon, directeur des opérations, Okwari Aventures; - M. Claude Pelletier, directeur de la conservation, parc national des Monts-Valin; - M. Claude Dussault, biologiste responsable de la grande faune, Direction de l’expertise

    Énergie-Faune-Forêts-Mines-Territoire du Saguenay–Lac-Saint-Jean, MRNF; - M. Serge Gravel, technicien de la faune, Direction de l’expertise Énergie-Faune-Forêts-

    Mines-Territoire du Saguenay–Lac-Saint-Jean, MRNF; - M. Carol Harvey, technicien de la faune, Direction de l’expertise Énergie-Faune-Forêts-

    Mines-Territoire du Saguenay–Lac-Saint-Jean, MRNF; - Mme Sophie Massé, candidate à la maîtrise en biologie, Université du Québec à

    Chicoutimi; - M. Nicolas Bradette, photographe naturaliste, candidat biologiste, Université du Québec

    à Rimouski; - M. Rémi Lesmerises, candidat Ph. D. en biologie, Université du Québec à Rimouski; - M. Francis Taillefer, technicien de la faune, candidat biologiste, Université du Québec à

    Rimouski; - Mme Diane Larose, directrice, Direction de l’expertise Énergie-Faune-Forêts-Mines-

    Territoire du Saguenay–Lac-Saint-Jean, MRNF; - Mmes Élaine D. Carrier, Lynda Martin et Louise Brassard, secrétaires, Direction de

    l’expertise Énergie-Faune-Forêts-Mines-Territoire du Saguenay–Lac-Saint-Jean, MRNF.

  • 29

    Des remerciements spéciaux s’adressent également à M. Laurier Coulombe, technicien de

    la faune, nouvellement retraité de la Direction de l’expertise Énergie-Faune-Forêts-Mines-

    Territoire du Saguenay–Lac-Saint-Jean, pour sa complicité, sa patience légendaire et sa

    collaboration soutenue lors des nombreuses modifications apportées au piège et M. Daniel

    Potvin, propriétaire de Nature Action, pour ses précieux conseils et la réalisation technique

    des nouveaux mécanismes.

  • 30

    LISTE DES RÉFÉRENCES

    LEMIEUX R. et S. CZETWERTYNSKY. 2006. Tube traps and rubber padded snares for capturing American black bears. Société de la faune et des parcs et Université de l’Alberta, 24 p.

    JOLICOEUR H. et R. LEMIEUX. 1992. Le piège à ours L-83 : description et méthode

    d’installation. Ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche. 13 p. JONKEL J. J. 1993. A manual for handling bears for managers and researchers.

    Université du Montana. Missoula. 174 p.

  • 31

    ANNEXES

  • 32

    Annexe 1. Partenaires

  • 33

    Annexe 1. Partenaires

    Ce projet sur l’effet du nourrissage de l’ours noir est né d’une collaboration entre Okwari

    Aventures, le ministère des Ressources naturelles et de la Faune (MRNF) et l’Université

    du Québec à Chicoutimi (UQAC). Il n’aurait pu être réalisé sans la collaboration et

    l’apport financier de plusieurs partenaires.

    Centre de formation professionnelle de La Baie (Protection et exploitation territoire

    faunique);

    Centre local de développement de La Baie;

    Conférence régionale des élus du Saguenay–Lac-Saint-Jean (CRE-02);

    Contact Nature Rivière-à-Mars;

    Développement économique du Canada;

    Ministère des Ressources naturelles et de la Faune (Direction de l’expertise Énergie-

    Faune-Forêts-Mines-Territoire du Saguenay–Lac-Saint-Jean [DEX-02]);

    Municipalité régionale de comté (MRC) du Fjord-du-Saguenay;

    Okwari Aventures;

    Parc national des Monts-Valin (Société des établissements de plein air du Québec

    [SEPAQ]);

    Promotion Saguenay;

    Rio Tinto Alcan;

    Service d’aide au développement des collectivités;

    Tourisme Québec;

    Université du Québec à Chicoutimi;

    Zec Martin-Valin.

    Un merci particulier à chacun de ces partenaires.

  • 34

    Annexe 2. Photographies

  • 35

    Annexe 2. Photographies

    Photo 1 Photo 2 Photo 3

    Photo 4 Photo 5 Photo 6

    Photo 7 Photo 8 Photo 9

  • 36

    Photo 10 Photo 11 Photo 12

    Photo 13 Photo 14 Photo 15

    Photo 16 Photo 17 Photo 18

    Photo 19 Photo 20 Photo 21

  • 37

    Photo 22 Photo 23 Photo 24

    Photo 25 Photo 26 Photo 27

    Photo 28 Photo 29 Photo 30

    Photo 31 Photo 32 Photo 33

  • 38

    Photo 34 Photo 35 Photo 36

    Photo 37 Photo 38 Photo 39

    Photo 40 Photo 41 Photo 42

    Photo 43 Photo 44 Photo 45

  • 39

    Photo 46 Photo 47 Photo 48

    Photo 49 Photo 50 Crédit des photographies : Page couverture : Nicolas Bradette, UQAR 1 à 46 et 48 : DEX-02, MRNF 47, 49 et 50 : Francis Taillefer, UQAR