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Le Secret de l’animation française, coréenne... dévoilé par le réalisateur, Jean-Christophe DESSAINT De retour en France, après plusieurs mois de travail en Asie, il a bien voulu répondre aux questions de Racines Coréennes sur l’univers de l’animation, multiforme et mondialisée, dont la fabrication et les enjeux sont tout aussi ambitieux qu’une œuvre de cinéma classique. . Jean-Christophe, quel est ton parcours professionnel ? J’ai commencé sur des séries de style cartoon comme Oggy et les cafards et les Zinzins de l’espace chez Gaumont à la fin des années 90 puis j’ai travaillé en Corée du sud pendant quatre ans sur d’autres séries comme Ren et Stimpy, Batman, les Simpson. Mon retour en France a coïncidé avec le démarrage du film de Lucky Luke « Tous à l’Ouest » pour lequel j’ai pu prendre une direction très cartoon sur l’animation. « Le chat du rabbin » fût ma seconde expérience d’adaptation de bande-dessinée, puis « Le Jour des Corneilles » ma première expérience en tant que réalisateur. Avec un film « le jour des corneilles » au casting de voix prestigieux qui a reçu une bonne critique et une renommée internationale, est-ce plus difficile d’aborder le prochain projet ? Par David FREROT La difficulté c’est d’abord d’arriver à monter un nouveau projet. L’expérience du précédent film a été telle qu’il apparaît toujours plus difficile de renouveler ce genre de défi.

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Le Secret de l’animation française, coréenne...

dévoilé par le réalisateur,

Jean-Christophe DESSAINT

De retour en France, après plusieurs mois de travail en Asie, il a bien voulu répondre aux questions de Racines

Coréennes sur l’univers de l’animation, multiforme et mondialisée, dont la fabrication et les enjeux sont tout

aussi ambitieux qu’une œuvre de cinéma classique.

.

Jean-Christophe, quel est ton parcours professionnel ?

J’ai commencé sur des séries de style cartoon comme Oggy et les

cafards et les Zinzins de l’espace chez Gaumont à la fin des années

90 puis j’ai travaillé en Corée du sud pendant quatre ans sur

d’autres séries comme Ren et Stimpy, Batman, les Simpson. Mon

retour en France a coïncidé avec le démarrage du film de Lucky

Luke « Tous à l’Ouest » pour lequel j’ai pu prendre une direction

très cartoon sur l’animation. « Le chat du rabbin » fût ma seconde

expérience d’adaptation de bande-dessinée, puis « Le Jour des

Corneilles » ma première expérience en tant que réalisateur.

Avec un film « le jour des corneilles » au casting de

voix prestigieux qui a reçu une bonne critique et une

renommée internationale, est-ce plus difficile

d’aborder le prochain projet ?

Par David FREROT

La difficulté c’est d’abord d’arriver à monter un

nouveau projet. L’expérience du précédent film a été

telle qu’il apparaît toujours plus difficile de renouveler

ce genre de défi.

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Dans la conception d'un long-métrage d'animation tout est dur et long à mettre en place avant d’avoir un

résultat, de l'écriture au financement, avoir les bonnes personnes disponibles, chaque étape de la production, la

collaboration entre plusieurs studios dans des pays différents…

L'animation est l'étape qui fait rêver tout le monde, enfin le film prend vie, on a tous envie de jouer avec les

personnages, d'entendre leur voix, d'inventer leurs attitudes, leurs expressions, c'est l'étape où on redevient

l'enfant qui fait vivre ses jouets, sauf que les règles du jeu nécessitent un savoir-faire technique assez pointu, il

faut suivre des intentions de récit précises ( on n'improvise jamais), c’est un jeu très encadré, on n'est pas

tout à fait libre de faire ce qui nous passe par la tête, c'est pour des gens très patients, observateurs et

méticuleux. Pour que ces qualités puissent s'exercer pleinement il faut être attiré par le récit, sinon cela peut

devenir un cauchemar dont on ne voit jamais la fin. L’apprentissage est long, c’est un travail d’artisan, une fois

qu’on le maîtrise il faut chercher à apprendre d’autres choses pour enrichir son travail d’animateur.

Le scénario est l’étape de base qu’il faut le plus travailler, celle qui justifie son engagement personnel, les années

de sa vie durant lesquelles on ne pensera qu’à cette histoire. Dessiner des personnages pour une histoire qui ne

fonctionne pas est un incroyable gâchis. Le plus dur c’est de trouver une histoire qui vous passionnera pour le

long-terme avec surtout le potentiel d’intéresser un public.

Dans l’animation, le plus dur pour toi c’est l’expression des visages, le

rendu des mouvements ou le bon scénario ?

Comment naît une œuvre ? A partir d’une réflexion personnelle, un brainstorming

collectif ou de la rencontre fortuite avec des personnes ou des lieux ?

C’est la difficulté de départ, pour convaincre des investisseurs potentiels il faut venir avec un projet clé en

main qui bénéficie déjà d'une certaine notoriété auprès du public, une bande-dessinée, un conte populaire

qu’on veut revisiter. Un dessin animé s'adresse d'abord aux enfants et le coût élevé pour le produire suppose

qu'il soit rentable rapidement. On limite certains risques en adaptant une œuvre préexistante. Vous pouvez

toujours réfléchir à un film personnel mais il aura plus de chance d'être concrétisé sous la forme d'un court-

métrage. Le dessin animé de long-métrage doit d'adresser au plus large public possible pour exister. J'ai toujours

vu le producteur décider seul de ce qu'il voulait produire en fonction de certaines opportunités du marché que

lui seul connait. Pour Le Jour des Corneilles, c'était différent ; le producteur n'ayant aucune expérience de

l'animation souhaitait adapter une œuvre littéraire pour adulte en film d'animation pour enfant. C'est

complètement unique dans l'histoire du cinéma d'animation. Quasiment toutes les œuvres animées sont

tirées de livres destinés à la jeunesse.

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Extrait de storyboard Le Jour des Corneilles

Tu as été formé à l’école des Gobelins, référence en matière de création

artistique. Quels conseils pourrais-tu donner aux futurs candidats ?

Quelle est ta rencontre professionnelle la plus

insolite ?

Si j'avais voulu devenir animateur aujourd'hui comme la plupart de mes camarades de promotion au milieu

des années 90, je n'aurai pas pu entrer à l'école des Gobelins car elle est devenue payante et comme pour

toutes les écoles d'animation, les tarifs sont très élevés. C'est toujours la sélection par le talent mais il y a en

plus la sélection par l'argent. Il est vrai que les étudiants aujourd'hui ont accès à des outils et des formations

que nous n'avions pas mais s'endetter avant même d'être sur le marché du travail où les conditions se

dégradent fortement d'année en année me semble une idée très discutable.

L'intérêt de ces écoles c'est d'y être parmi des jeunes de son âge, animés de la même passion du dessin.

Apprendre seul c'est bien plus dur mais pas impossible avec les outils numériques. L’école est une sécurisation

pour l’étudiant et ses parents, surtout si elle est renommée. Mais je n’ai jamais oublié une interview de Luc

Besson vue dans ma jeunesse, il expliquait à des enfants qu’aucune école de cinéma n’avait voulu de lui et que

sa détermination à faire du cinéma s’en est trouvée renforcée. Il conseillait aux enfants ce qu’aucun adulte

n’a l’intelligence de leur dire : si vous êtes convaincu que c'est la voie que vous voulez suivre vous ne devez

pas subir les refus ni les échecs. Ce sont des choix de vie et on y met toute son intelligence à l’écoute, tout

son cœur à l’ouvrage, le temps n’existe plus parfois. Il y a une sorte de pari avec soi-même, c’est clair qu’il faut

être joueur avec son avenir. C’est l’état d’esprit dans lequel j’étais et je n’en n’ai jamais changé. Les meilleurs

animateurs que je connais n'ont jamais fait les Gobelins ni aucune école. Ils sont partis apprendre dans des

studios à l’étranger, où les français sont souvent bien accueillis. J’ai bien plus appris en 4 années à Séoul qu’en

deux ans aux Gobelins mais j’ai passé deux années inoubliables surtout pour les amis que j’y ai rencontré,

l’enseignement était en dessous de mes attentes. Pour ceux qui veulent faire une école, commencez par aller

aux portes-ouvertes et découvrez ce qui s’y passe, puis travaillez et économisez. Je préfèrerai enseigner

dans le cadre d’une production de film plutôt que dans une école, la confrontation est plus directe et il y a

tant à faire, ce serait bien plus utile pour tout le monde et les jeunes seraient payés au lieu du contraire.

Il y en a tellement, presque chaque personne que l’on rencontre dans les studios d’animation porte en elle quelque

chose d’insolite, de par sa personnalité, son travail ou son expérience. Il m’est arrivé de travailler en Asie avec des

animateurs dont le travail m’avait fait rêver étant enfant, ou d’avoir pour réalisateur un artiste que j’admirais

particulièrement. Tous sont inconnus du grand public mais leurs animations ont touché les enfants du monde entier.

Il y a aussi les rencontres avec les personnages que l’on doit animer. Parfois certains sont ou vont devenir très

connus, c’est la surprise. Disons que la plus insolite de toutes ces rencontres aura été celle avec ma femme.

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Aujourd’hui, pour être animateur, faut-il d’abord être un technicien

informaticien ou un spécialiste d’effets spéciaux ou un artisan façon Miyazaki ?

Il y a des différences dans les techniques de fabrication entre l’animation en images de synthèse et, celle en

volume, l'animation traditionnelle qui est dessinée sur papier, etc… mais aujourd’hui l’animation est bien

souvent dessinée aussi sur ordinateur. Si l’outil informatique reste nouveau pour les animateurs traditionnels,

il améliore surtout le rendement en supprimant des étapes fastidieuses. Un animateur qui dessine à au moins

l’avantage de pouvoir tester très rapidement une idée. Par contre les possibilités au niveau du rendu final sont

plus limitées et plus longues pour un rendu même basique. Le dessin, même s’il se déforme, garde un charme

inimitable mais c’est surtout le contact direct avec la matière qui me touche, d’un coup de crayon on dessine un

sourire avec une intention, des yeux qui racontent autre chose…cela va très vite, il n’y a pas à attendre pour

avoir un rendu. C’est pour des gens impatients mais très patients tout de même.

Devenir un animateur n’est pas une question d’outil, traditionnel ou informatique. J’ai même vu dans une

université de Singapour, des animatrices tester des outils complètement révolutionnaires, ni papier ni écran,

juste leurs mains qui s’agitaient devant des capteurs pour animer un hologramme projeté à l’intérieur d’une

armature métallique. Ce qui fait un animateur c’est surtout ses qualités d’acteur pour analyser et créer des

personnages et à cela s’ajoutent sa maîtrise technique de l’animation et celle de son outil. C’est certain que

maîtriser son récit avec un crayon comme Miyazaki ou comme Tex Avery. C’est pour moi une attitude de

travail à la fois indémodable et indépassable. Regardez les photos de ces artistes épanouis devant leur table à

dessin, un Maurice Noble (directeur artistique de Chuck Jones), il a des pots de couleur, des crayons, des

brosses…tout ce matériel est vivant. Si on prend une photo d’un décorateur devant son écran d’ordinateur il

semblera nettement plus fatigué, il ressemble à n’importe quel employé de bureau. Tous ces détails concourent

à changer l’état d’esprit au travail.

J’aime mieux dessiner sur du papier même si je n’ai aucun souci à dessiner sur une palette graphique.

Mon dessin existe, j’ai laissé une véritable trace, je peux l’accrocher au mur ou le jeter, comme un artisan doit

avoir le contact avec la matière, on se sent mieux au travail je trouve.

Miyazaki

Maurice Noble

Tex Avery

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y-a-t-il une différence marquée entre

l’animation made in US, made in France ou

made in Japon ?

Tout tend à se rapprocher puisque tout le monde a le même objectif, faire des films rentables. Chacun

étudie le marché et ce qui fonctionne chez l'autre en termes d'écriture, de financement, de technique

et d'artistique. Il n'y a pas de grand studio français qui réalise des grands films de façon continue, tandis

qu'aux Etats-Unis et au Japon c'est le cas. Notre marché est aussi plus restreint mais nous produisons

quelques petits films dont l'identité graphique, la qualité du récit et de l'animation se distinguent

immédiatement, C'est souvent inégal mais c'est aussi formidable de vivre dans un pays qui propose autre

chose à son jeune public. Les studios US ont une puissance avec laquelle on ne peut pas rivaliser, il ne

faut surtout pas essayer de faire les mêmes films qu'eux çà me semble déjà un bon point de départ. Je

déteste constater dans les capitales du monde entier que tout se ressemble partout, que les mêmes

films sont partout, les mêmes enseignes, qu’il n’y ait pas d’autres choix, rien de spécifique au pays dans

lequel on est. Maintenant ils font des films d’une grande qualité technique, souvent le récit est

irréprochable aussi, mais ils en font tellement d’une qualité constante qu’il n’y a plus de surprise. On

retrouve la même banalisation qu’avec la série télévisée, alors on se lasse. Quand j’ai présenté les

corneilles aux Etats-unis, nombre de gens du public m’ont dit regretter les films réalisés à la main et

enviaient la France à ce sujet. Si nous faisons encore des films en 2d c’est parce qu’ils coûtent moins

chers à produire que des films en image de synthèse.

Les Japonais sont plus proches de nous par la modestie de leurs moyens et leur structure plus artisanale

mais ils sont incomparablement mieux organisés et disciplinés. Je trouve leurs films d’animation plus

froids en terme d’esthétique, ils sont davantage dans le photo-réalisme, la surenchère de détails, on

trouve aussi l’excès inverse dans la stylisation, mais ils ont aussi un sens de l’humour et de l’exagération

qui me touchent énormément et dont nous sommes privés en France pour des raisons stupidement

culturelles. Souvent ce n’est pas l’image qui me touche mais ce que les personnages sont capables de

faire, leurs films sont très inspirants et beaucoup plus inventifs que les films US. On voit clairement

que le manque de moyens des japonais les force à l’ingéniosité dans la conception de leurs films. Mais

le manque de moyen joue aussi fortement sur leur notoriété par leur manque de distribution. Le public

français ne connaît presque rien de ce qui se produit au Japon. Si on n’a pas les moyens de faire doubler

son film dans une autre langue on ne peut pas être distribué à l’international, et les distributeurs ne

vont pas prendre de risques avec des films qui ne seront jamais aussi rentables que les blockbusters US.

Voilà pourquoi on ne voit que les films des mêmes studios partout dans le monde.

« Voir le Jour des Corneilles, c'était génial! Nous avons trouvé

l'animation et les explications apportées par le réalisateur à l’issu

de la projection très ludiques, nous avons appris beaucoup de

choses concernant la superposition des dessins qui donnent

ensuite une image finale, le choix des couleurs etc... Nous ne

pensions pas qu'il fallait autant d'années pour finaliser un dessin

animé et autant de personnes qui travaillent derrière » les

parents de Tom

Tom - Jura

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Pourquoi l’animation coréenne reste moins

connue que les mangas japonais ?

Tu as déjà travaillé en Corée. Les conditions de travail sont plus difficiles ou précaires

qu’ici ? La compétition y est plus féroce ?

Les séries animées coréennes s'exportent bien pour certaines d’entre elles, elles sont identifiables assez

facilement au niveau des proportions des personnages et de la stylisation des expressions. Elles se

concentrent uniquement sur le marché pré-school, maternelle et début du primaire, tandis que les japonais

ont autant de publics que de mangas différents. Les japonais ont adapté énormément d’histoires

provenant de l’occident ce qui nous a rapproché immédiatement. Je connais assez peu d’auteurs de manga

coréen simplement parce qu’ils ne sont pas forcément édités ici mais on en trouve. Il y a aussi beaucoup

de livres pour la jeunesse traduits en français et leurs univers, quand on connaît la Corée, nous la rappelle à

chaque image. Le livre illustré par la technique du papier découpé en perspective « Gureum Pang »,

(Gateau nuage) est même devenu une série animée avec toute sa gamme de produits dérivés. Le marché

français est archi saturé d’Hello Kitty mais s’il découvrait les nombreuses créations originales coréennes, il

serait sûrement très amateur si j’en juge par le nombre d’enfants vêtus presqu’exclusivement de tshirt de

héros de produits US. L’influence des USA est quasi hégémonique en France en matière de produits dérivés.

Tous ces super héros agressifs ou ces princesses sans âme, on n’en sort pas. Découvrir ces mascottes

coréennes apporte une vraie bouchée d’air frais mais cela devient vite lassant aussi.

Il n'y a pas de compétition mais les conditions sont bien plus dures et pas seulement dans le secteur de

l'animation. Un animateur coréen est payé à la tâche, il n'est pas salarié. Si un animateur français produit

peu de secondes pendant un mois il est payé comme tout le monde, en Corée pour survivre dans ce métier

il faut être capable d'une régularité quotidienne. On n'est plus dans l'idée de « jouer avec les personnages

« mais dans le souci de produire sa quantité d'animation. On a le même souci en France mais le risque n'est

pas le même à la fin du mois pour le dessinateur et cela fait toute la différence en terme de productivité

mais aussi en terme de qualité. Difficile de concilier les deux. Faire du bon travail implique d’y passer le

temps nécessaire. En Corée c’est l’usine pour ce qui concerne l’animation de séries TV. Il n’y a pas

d’aide de l’Etat pour concevoir des projets animés. Il faut trouver des sponsors privés, impliquer le

merchandising, le licensing…les projets sont tout de suite orientés pour vendre des cartables, des jouets et

des céréales. La compétition est beaucoup plus marquée dans ce secteur qui n’existe même pas en

Europe. On peut voir lors de festivals, des centaines d’auteurs présenter leurs personnages à grands

renforts de mise en scène. Mais il y a compétition surtout parce que tout tend à se ressembler. Difficile

d’oser sortir des formules qui fonctionnent mais parfois on fait des découvertes d’univers étonnants. Je

me souviens notamment d’une ligne de vêtements militaires pour les enfants dont la mascotte était un

petit cochon très mignon tout équipé d’armes de guerre elles aussi très mignonnes. L’influence du

Japon est très présente mais des auteurs se détachent et proposent des styles dans lesquels on retrouve la

culture coréenne traditionnelle.

Bernard, série coréenne

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Jérôme

Magnanville

Comment accueilles-tu la reprise sur le grand écran des dessins animés, tels que Oggy et

les Cafards (auquel tu as collaboré) ou Albator ?

Dans le cas d’Oggy je n’ai collaboré que sur la première série il y a une quinzaine d’années. Un tel

film trouve sa raison d’exister en se basant sur le socle de fans et il peut être nombreux. Ceci dit je

ne vois pas forcément l’intérêt d’aller voir au cinéma ce qui passe déjà en boucle à la télévision,

c’est une sorte de consécration pour le personnage mais je ne vois pas les motivations

cinématographiques. Dans le film de Roger Rabbit ( tout aussi cartoon que Oggy dans l’esprit),

les auteurs se sont détachés du format court du cartoon en recréant cet univers dans la perspective

du cinéma hollywoodien et on est emporté par un récit qui culmine les émotions d’acteurs humains

et d’acteurs dessinés, les deux mondes coexistent à merveille, on a une histoire avec une grande

palette d'émotions, bien sûr les moyens sont incomparables avec ceux d' un film français, mais ce

que je trouve inspirant c'est ce travail d'adaptation du format court des cartoons qui étaient déjà

réalisés pour le cinéma au format long. C’est difficile de contenter tout le monde, les fans du

personnage et ceux qui espèrent être surpris en allant au cinéma, cela reste le choix des auteurs.

Dans le cas d’Albator, que je n’ai pas vu, la motivation de départ ne peut qu’être la même :

rassembler des fans. C’est un personnage charismatique pour un enfant de cinq ans mais comme

il ne passe plus à la télévision et que la nostalgie est toujours un bon filon, on voit très bien le calcul

du distributeur. Au-delà de 5 ans il va falloir polir l’image avec les effets qui fascinent les

utilisateurs de jeu-vidéo, ceux-là même qui ont sûrement adoré Albator, comme moi à l’époque

et qui ont peut-être des enfants auxquels faire découvrir un héros de leur enfance.

J’ai eu l’occasion de voir une petite exposition au festival d’Annecy et j’en suis sorti totalement

indifférent. Le potentiel du personnage et de son univers sont indéniables, tout comme pour

Goldorak et quelques rares autres. Ces personnages de série TV, on s’y est attachés sur le long

terme. Retrouver cela sur une heure trente est un autre exercice et faire une compilation des

meilleures scènes avec les moyens techniques actuels c’est à peu près tout ce à quoi ont dû

réfléchir les gens qui ont pensé un tel projet. C'était déjà la technique avec les films en 2D.

Maintenant si on imagine l’univers de ces séries confiées à un réalisateur qui insufflerait un esprit

davantage en adéquation avec l’idée d’aller voir un vrai film au cinéma, un vrai sujet une solide

architecture dramatique et de l'émotion à la clé, je serai curieux de le voir sans aucun doute. Je

pense que le questionnement essentiel des auteurs réside plutôt dans le rendu de l'image. Mais il

faudrait un réalisateur qui soit détaché affectivement et dèjà porteur d’un univers à lui. Je pense à

un Tarantino ou un Guillermo del Toro par exemple, le résultat serait déjà plus surprenant.

J'étais fan d'Albator : j'adorais le générique, j'aimais bien le

costume du héros, son visage avec sa cicatrice. Le

vaisseau d'Albator était aussi fantastique ... Avec une

longueur infinie, un vaisseau armé jusqu'aux dents, avec

de nombreux canons laser ... J'ai beaucoup aimé aussi les

Mystérieuses cites d'or

The End