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16 en remontant la Les Lilas : naissance et formation de la ville [ rue de paris ]

e n remontant l a rue de paris - Seine-Saint-Denis · 2016. 11. 14. · 1867, naissanced’une [commune] Perchée sur les coteaux qui dominent la plaine de France et le nord-est de

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N° 16

ee nn r e m o n ta n t ll aa

Les Lilas : naissance et formation de la ville

[rue de paris ]

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Ce n’est qu’au début du XIXe siècleque les premiers habitants sontvenus trouver aux portes de laCapitale une campagne encoreintacte et des opportunitésfoncières. Jusqu’à cette époque, leterritoire était réparti entre lescommunes de Bagnolet, Pantin etRomainville. Il était desservi par unréseau de routes et de cheminsséculaires, dont l’actuelle rue deParis menant de Belleville àRomainville, qui longeait, au nord, lebois dit de Romainville et, au sud,des terres maraîchères découpéesen parcelles étroites (lanières). Dansun premier temps, le bois a accueilli desmaisons de villégiatures tandis que la rue deParis et le lieu dit Les Bruyères étaientinvestis par une population d’ouvriers,d’artisans et de commerçants. La pointenord-ouest était occupée dès 1840 par leFort, encore appelé de Romainville. L’augmentation rapide de la population et l’éloignement des centres anciensjustifient, en 1867, la création de lacommune des Lilas. Dès lors, son

développement s’accélère, la ville seconstruit en taches d’huile à partir destrois premiers pôles de peuplement,s’adaptant aux différentes morphologiesdu sol et au réseau viaire (voierie) en place. Les dernières cultures disparaissent dansl’entre-deux-guerres, laissant dans leparcellaire et notamment dans les sentes,des traces qui marquent fortement lepaysage. La seconde moitié du XXe siècleest la période des grandes opérations de

1 8 6 7 , n a i s sa n c e d’une [c o m mu n e ]

Perchée sur les coteaux qui dominent la plaine de France et le nord-est de Paris,l’actuelle ville des Lilas est longtemps restée à l’écart de l’urbanisation. Maissur son territoire s’est rapidement formé un tissu urbain dense, au patrimoined’une grande diversité.

1. Carte des Chasses (1764-1773)La future rue de Paris, pas encore redres-sée, longe le bois. Au sud-ouest apparais-sent le lieu-dit les Brières (Bruyères) et lechâteau (démoli vers 1760). Sur ce docu-ment ont été reportées les limites actuellesde la commune.

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rénovation urbaine qui façonnentdéfinitivement la physionomie de la ville.

Le développement de la ville a été marquépar son activité industrielle et artisanale. Si,à partir de la fin des années 60, ladestruction de sites de grande taille aeffacé du paysage lilasien les traces lesplus lisibles, un patrimoine très présentdemeure cependant, avec sescaractéristiques propres : modeste etsouvent implanté en fond de parcelle. C’est au milieu du XIXe siècle que cesentreprises, touchant en majorité lessecteurs de la petite métallurgie, del’habillement, du bois et ducaoutchouc, se sont installées,privilégiant les voies menant à la ruede Paris ou directement à la Capitale.Elles se caractérisaient par desétablissements de moyenne et depetite taille faisant souvent appel àune main-d’oeuvre qualifiée.L’implantation des bâtiments a dûrépondre à la fois aux impératifs deproduction et à l’insertion dans leparcellaire dense et étroit. Lasolution la plus fréquente a été cellede l’installation à l’arrière de laparcelle, selon divers modesd’organisation, masquée sur la ruepar des bâtiments de bureaux oud’habitation. C’est la forme deprésence industrielle la plus difficileà repérer. L’activité était cependantparfois rendue visible sur la voie, pardes bâtiments mais aussi par deséléments de décor tels qu’un portail monumental (7-11 rue de

Romainville) ou une véranda (11bis rue duCoq français). L’industrialisation de la commune a suivi lessecousses de la conjoncture générale, avecdes phases de forte croissance dans lesannées 1920 puis 1960, avant de subir lacrise des années 70 qui a amorcé unedésindustrialisation aujourd’hui presqueachevée. Quelques usines, en activité ouréaffectées, se dressent encore danscertains secteurs. Rappelons l’existenced’un site remarquable, celui du dépôt debus de la RATP, rue Floréal, depuis 1900.

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2. Atlas du département de la Seine,1854Le tracé de la future commune englobe trois zones de peuple-ment, la rue de Paris, le bois et les Bruyères.

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Axe fondateur et structurant, la rue de Parisdonne à voir aujourd’hui des édificesreprésentatifs des principales famillesarchitecturales présentes sur le territoire.Elle est aussi un lieu de convergences quecroisent la plupart des rues desservant lesquartiers les plus significatifs.L’entrée de la ville, en partage avec le Pré-Saint-Gervais, a été un des premierspôles de peuplement. Bicoques de la Zone,guinguettes, précédaient les premiersimmeubles qui voisinaient avec les usines.Construction du périphérique, opérations delogements sur les sites industrielsdésaffectés ont entamé une premièremétamorphose des lieux à partir des années1960. La couverture du périphérique encours devrait à nouveau apporter de grandschangements dans ce secteur en l’ouvrantdavantage sur Paris. Les témoignages de cette première histoireapparaissent véritablement au carrefour

avec les rues Faidherbe et des Bruyères. Là,la rue de Paris est bordée d’immeubles detoutes hauteurs aux façades de plâtre et auxrez-de-chaussée animés de commerces. Cesédifices datant des environs de 1900,attestent de la continuité patrimoniale avecParis. Ils reprennent les typologies mises enoeuvre dans les faubourgs de la Capitale, àla croisée entre les petits immeublestraditionnels en plâtre et les nouvellesconstructions, plus hautes, employant lesmatériaux comme la brique désormaisfabriquée industriellement. Le carrefour suivant, malgré les profondestransformations apportées par la création dela ZAC Centre-Ville rappelle une doublehistoire que nous racontent les rue Jean-Moulin, pénétrant autrefois dans le bois, etcelle du Coq-français ouverte sur le quartier des Bruyères. La première, ancien chemin de la Fontaine-Carrée (nom qui évoque la présence des

l’[e n t r é e ] d e l a v i l l e

L’histoire des Lilas commence aux portes de Paris. La rue de Belleville, aprèsavoir passé l’enceinte militaire - arasée à partir de 1919 - et la Zone, devientcelle de Paris et traverse la ville de part en part.

3. N°s 69 à 75, rue de Paris Immeubles de rapport populaires, ou immeublesde faubourg. Leur décoration repose sur desgarde-corps en fonte moulée et des modénatures(profil de moulure) simples : bandeaux horizon-taux et encadrements de fenêtres. L’effort est missur les portes d’entrée.

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sources qui alimentaient Paris depuis le XIe

siècle) a acquis de l’importance avec lacréation du lotissement de l’Avenir en 1850(rues de la Paix, Meissonnier, de laPrévoyance, de la Rochefoucaut) qui a jouéun rôle important dans l’urbanisation dubois. Elle deviendra une rue élégante avec laconstruction de l’église (1888) et d’unensemble d’immeubles à caractèrebourgeois. Ces derniers, plus grands que lesimmeubles populaires, rompent avec latradition de la façade de plâtre pour afficherdes murs de brique et de meulière à ladécoration très soignée.

La rue du Coq-français, comme celle desBruyères, desservait des quartiers autrefoisplus populaires et notamment les premierssecteurs industrialisés. Demeurent despaysages urbains variés composés de petitsimmeubles, de maisons ouvrières,aujourd’hui très prisées, et d’anciennesusines qui offrent des ambiancesfaubouriennes en pleine requalification.

4. N°s 8 à 12 rue Jean-MoulinLes façades de ces immeubles du début du XXe siècle,d’apparence bourgeoise, s’individualisent par l’origina-lité de leurs décors déclinant cependant les mêmesprincipes : multiplicité des matériaux et utilisation d’or-nementations en plâtre mouluré ou en céramique poly-chrome. Le n° 10, doté de balcons, est signé en façade(Henri Dubouillon 1912) comme le n° 12 (Paul Saignes).

5. Le lotissement de l’Avenir, carrefour des ruesJean-Moulin et Meissonnier en 1906La qualité de l’architecture, l’unité des clôtures, géné-raient un paysage homogène que les constructions sui-vantes, au début du XXe siècle, sont venues perturber.

6. Ancienne usine de confection Ohresser, 7-11rue de RomainvilleLa faible hauteur des bâtiments et la qualité des maté-riaux ont facilité son intégration dans le tissu urbain.

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La construction de la mairie en 1884 àproximité d’équipements existants - écoleen1873, crèche - a créé une centralitéurbaine que l’ouverture du boulevard de laLiberté en 1911 (axe de délestage de la ruede Paris vers Romainville), puis l’arrivée dumétro en 1937 sont venus renforcer. Depart et d’autre de cet édifice prestigieux,deux beaux immeubles lui offrent un cadreà sa mesure. En particulier, le n° 2, rue Georges-Pompidou. Bâti en 1912 parl’architecte Henri Dubouillon, il estreprésentatif de l’interprétation del’immeuble post haussmannien enbanlieue. Il en a la silhouette (hauteur etvolumétrie, pan coupé et fronton décorés,balcons aux 2e et 5e étages) mais à lapierre de taille se substitue la brique,matériau moins onéreux. Henri Dubouillon

a construit plusieurs immeubles dans lesannées 1910 aux Lilas. Un autre bel édifice, à la façade de briquepolychrome, marque l’angle des rues de laRépublique et de Paris (Paul Saignesarchitecte). L’ouverture du boulevard de laLiberté a donné lieu à la constructiond’immeubles d’apparence bourgeoise (n°s 2,8, 24, 44, 49). Cependant, les immeublespopulaires aux façades de plâtre et au décorminimal s’imposent toujours, notammentface à la mairie (n°s 117 à 125 rue de Paris). La croissance démographique a nécessitéplus d’équipements, et notamment lareconstruction de l’école Romain-Rollanden 1931 par les architectes L. et J.Bévière, dont le gymnase présente sonétonnante façade néo-classique sur leboulevard de la Liberté (n° 30).

l e s e n v i r o n s d e l a [mairie ]

La rue de Paris, qui a conservé l’étroitesse des voies anciennes, sembles’élargir aux abords de la mairie. La place et le débouché du boulevard de laLiberté offrent là un espace dégagé mettant en valeur l’hôtel de ville à lamonumentalité typique des mairies de la IIIe République.

7. Mairie. Paul Henneux,architecte Coiffé de hautes toitures en pavillon sur-montées d’un clocheton, le bâtiment estde style éclectique, avec des référencesplus marquées aux styles gothique etrenaissance. La sévérité des murs depierre de taille est adoucie par l’orne-mentation qui mêle emprunts histori-cistes et clins d’oeil à la ville sous laforme de fleurs de lilas stylisées. Sur ladroite, le n° 2 rue Georges-Pompidou.

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Les abords de l’école, ainsi que tout lesecteur à l’arrière de la mairie, sont enpleine mutation en raison de la créationd’un grand parc public (TER paysagistes).Cet espace, d’esprit contemporain,s’élabore cependant à partir de la mémoiredes lieux, autour de vestiges industriels etselon la trace des anciennes parcellesagricoles. Les rues qui le bordent, bâtiesd’immeubles et de maisons plus modestes,perpétuent l’image d’un quartier dans toutesa simplicité et surtout de son charme.

Un détour par la rue de la République permetde découvrir une série de maisons (n°s 9 à15, et 29 à 35) dont la modestie apparentecache l’intérêt patrimonial. Comme celles dela rue du 14 juillet (n°s 1 à 7) et du Tapis-vert(n°s 4 à 8), elles ont été bâties en 1872 par

l’ingénieur Emile Cacheux qui, 12 ans avantla loi Siegfried créant le logement social enFrance, faisait ici oeuvre de pionnier. Ellesreprésentent à ce titre un témoignageprécieux. Groupées par 2 ou par 4, pourabaisser les coûts, elles offrent cependantdes façades élégantes, parfois décoréesavec soin et sont toutes dotées d’unjardinet. Destinées à des ouvriers qualifiés,leur but était d’apporter un peu de noblesseà une forme de logement encore ignoréedes pouvoirs publics.

8. Ecole Romain-RollandArchitecture scolaire typique des années 1930 en ban-lieue : volumes nets, vastes baies horizontales etfaçades de brique.

9. Rue Romain-RollandMaisons de ville et petites activités aux abords du nou-veau parc. Seuls les immeubles rompent l’homogénéitéde l’alignement.

10. N°s 13-15, rue de la République, maisons àdestination de la classe ouvrièreDécor d’inspiration classique imitant la pierre :refends horizontaux au rez-de-chaussée, pilastres,encadrements des baies.

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l e [bois ] d e r o m a i n v i l l e e t l e b o i s [jalencloud ]

Entre les rues Lucien-Noël et Paul-de-Kock, la rue de Paris longe, au nord, l’ancienbois de Romainville et au sud, l’ancien lieu-dit du Bois-Jalencloud, occupéessentiellement par des terres cultivées. Deux territoires qui se sont urbanisés àla même époque, début du XIXe siècle, mais selon des modes différents.

Au sud, la population d’abord installée lelong de la rue, s’est peu à peu insérée surles lanières agricoles, le long des sentes duBois-Jalencloud. Modestie des besoins etétroitesse du parcellaire ont induit laconstruction d’un noyau à physionomie debourg rural. On en retrouve encorel’ambiance paisible dans les rues Jacques-Catric, Lecouteux et le passage del’Hortensia, bordés de bâtiments bas, àl’implantation irrégulière et aux façades très simples, auxquels la végétation et lesaménagements urbains apportent uncharme supplémentaire.

En revanche, les immeubles de la rue deParis forment des alignementsininterrompus. Celui des n°s 144 à 156, àpeu près contemporain de la création de laville, est intéressant dans le sens où iltémoigne d’une première pensée urbainequi se substituait à l’organisationspontanée de bourg, c’est-à-dire avec unsouci de cohésion et de décor urbain (voiren particulier le décor du n° 152). Cesédifices, à l’échelle de la rue, se sontadaptés au tracé des passages et enmarquent l’entrée, soit par un porche (n°s 154-156) ou par deux édificessemblables (n°s 144 et 150). A noter deuxbeaux immeubles, le n° 158, de style post-haussmannien (début XXe

siècle) et le n° 130, à la façade de briquepolychrome agrémentée de frises decéramique, signé L’Habitant et Sarret,architectes, 1913.

11. Rue Jacques-CatricSente villageoise au coeur de la ville.

12. N°s 144 à 172, rue de ParisCet alignement d’immeubles d’époques et de style dif-férents crée un front urbain continu, seulement inter-rompu par les étroits accès des passages.

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Aménagé dans la seconde moitié du XVIIIe

siècle par un réseau d’allées forestièresrayonnant autour d’un rond-point (placeCharles-de-Gaulle), le bois de Romainville aété loti entre 1830 et 1850. Les premièresvillas aristocratiques ont vite côtoyé desconstructions plus modestes et de petitesentreprises, en particulier des sablières(jusque vers 1900) et même des fermes (19 rue Bernard jusqu’en 1904). Ledéveloppement du secteur repose sur cettemixité d’où sa grande diversité. L’hôteld’Anglemont, aujourd’hui centre culturel,est le plus bel exemple de demeure devillégiature. Il domine la place Charles-de-Gaulle qui, à l’image du quartier, est bordéede constructions très différentes, petitimmeubles, maisons de ville etconstructions plus hautes des années

1960-70. Le patrimoine industriel resteprésent, notamment rue du Tapis vert, oùl’on peut observer trois formesd’implantation : sur rue (n°s 15-17), àl’intérieur de la parcelle mais ouvert sur larue (n° 35), et à l’arrière du terrain (n° 40).

Les rues Waldeck-Rousseau et Paul-de-Kock, ont conservé le souvenir del’élégance du bois, en particulier avecl’ancienne salle des fêtes. Construite parLéopold Bévière en 1905, elle surplombeun petit square ouvert sur la rue de Paris.Son architecture classique s’inspire dugrand Trianon de Versailles (vastes baiescintrées). Il abrite un décor peint de VictorTardieu (1907), protégé au titre desmonuments historiques. Sa construction aété accompagnée de celle du groupescolaire, situé à l’arrière, mais avec unearchitecture de type “Jules Ferry”. De bellesmaisons du milieu du XIXe siècle bordent larue Waldeck-Rousseau (n° 2 et angle avecla rue de Paris, n° 11), tandis que la ruePaul-de-Kock possède une villa typique dustyle 1900 (n° 6).

14. L’ancienne salle desfêtes est devenue le Théâtredu Garde-Chasse en 1992Sur la droite, le groupe scolaire.

13. Espace d’AnglemontCette ancienne villa de plaisance, construite vers 1850, aconservé sa façade classique. A l’arrière les grands arbresdu parc rappellent le bois

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a u d e l à d e l a r u e j a c q u e s c at r i cl e s a n n é e s [1 9 2 0 - 1 9 3 0 ]

Au cours de ces années, Les Lilas ont accueilli la vogue de l’art déco, que l’onretrouve autant dans l’architecture des immeubles que dans celle des pavillons.

Si les pavillons sont disséminés sur tout leterritoire, les immeubles marquent les lieuxd’extension de l’urbanisation de cettepériode : est de la rue de Paris, quartier desBruyères, boulevard du Général-Leclerc (n°s

21, 22, 23). On les retrouve égalementinsérés dans le tissu ancien, le long de voiesouvertes à cette époque (n°s 2 et 15, rueEsther Cuvier).

L’alignement constitué par les n°s 188 à 194,rue de Paris, auquel s’ajoute le n° 2, rue desCombattants-en-Afrique-du-Nord, permetd’observer différentes déclinaisons desprincipes qui caractérisent ce style et sonévolution. Par rapport aux immeubles plusanciens, les formes comme la décorations’épurent. Les façades hautes de cinq à sixétages sont rythmées verticalement par desoriels, parties en avancées s’élevantgénéralement du 2e au dernier étage et

surmontés de frontons. La brique, trèsrépandue, est désormais monochrome et sesqualités décoratives ne sont utilisées qu’enfrises en relief. Elle contraste avec l’enduitblanc qui revêt les rez-de-chaussée, leslinteaux et les oriels. L’ornementation,apportée par des frises de ciment moulédisposées au niveau des entrées ainsi quedans les hauteurs, sous les corniches ousur les frontons, offre des motifs quiévolueront dans le temps : pivoines stylisées(n° 2 et n° 194) puis dessins géométriques abstraits par la suite. Les motifs des ferronneries suiventégalement ces variations. Les portesd’entrées, souvent en fer et verre, sont très soignées.Dans les années 30, le modèle s’épure encoreet l’ornement en ciment moulétend à disparaître ou à se styliser à l’extrême(n°s 188 à 192).

15. N°s 190 à 194, rue de ParisDifférentes interprétations du style art déco.

16. N° 188, rue de Paris Eléments décoratifs épurés, plus représentatifs dudébut des années 30.

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de la [cité-jardin ] au [grand ensemble ]

A partir de la rue des Sablons, on découvre deux époques de logement social,d’un côté, les vestiges de la cité-jardin (1922 et 1931) et, de l’autre, le quartier desSentes, représentatif de l’urbanisme des années 70.

La cité-jardin des Lilas s’inscrivait dans unmouvement international de logement socialnovateur. Le concept reposait sur l’idée d’unhabitat urbain, mais au plus près de la natureet pourvu des équipements nécessaires.Devant la pression foncière et l’évolution del’architecture, ce projet se modifiera viteavant d’être abandonné à partir des années50. De celle des Lilas, conçue par lesarchitectes Pelletier et Teisseire pour l’Officepublic d’habitations à bon marché de laSeine, ne subsistent que les immeublescollectifs revêtus de crépi jaune qui bordentla rue de Paris, l’allée des Hortensias et laplace des Myosotis. Les 171 pavillons,prévus pour une durée de 15 ans, n’ont pasrésisté à la politique de rénovation urbainede l’après-guerre, et ont laissé la place àla cité des Sentes. Entre 1971 et 1976, les architectes Cazaneuve,

Peray, Cazin et Colle, ont édifié 5 tours de 18étages, 7 barres de 3 à 9 étages, aux façadesrevêtues de plaques de béton incrustées degraviers de silex. Un centre commercial etdeux parkings-silos, s’organisent autourd’espaces collectifs de qualité.

Cette cité contraste avec les passages,Sentes de l’Aigle, Patigny et avenueDumont, bordées de petits pavillons quiauraient dû disparaître. Ils ont subsisté grâceà la résistance des habitants. A la même époque, tout le secteur s’estmétamorphosé. Les glacis (structuresterrassées) du fort ont été achetés par laVille pour la construction d’immeubles(M. Galamand, architecte) mêlant HLM etcopropriété, ainsi que des équipementspublics. La désindustrialisation a entraîné ladisparition ou la réaffectation des sites àproximité du boulevard Leclerc-de-Hautecloque, comme l’ancienne“Compagnie du Ronéo”, au n° 83.

17. Place des MyosotisLes immeubles collectifs de la cité-jardin, implantésautour d’un clos.

18. La cité des Sentes

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« Outre la mise en valeur des richessesarchéologiques, nous avons voulu éclairer lepatrimoine architectural de la Seine-Saint-Denis,de l’usine au patrimoine du logement social, de la Basilique de Saint-Denis à la maison deplâtre, témoin le plus modeste de l’histoire locale.Le partenariat avec le ministère de la Culture setraduit par des actions de recherche, de valorisation et de diffusion des connaissancesen direction d’un large public.Dans la collection patrimoine en Seine-Saint-Denis, "En remontant la rue de Paris " constitue un des éléments de mise en valeur del’histoire riche et originale du territoiredépartemental. Cette connaissance élargie denotre héritage culturel vise également, enmontrant la part prise par lesfemmes et les hommes de notre département, àfavoriser la réflexion de chacun pour la constitution d’un avenir solidaire enSeine-Saint-Denis.»Hervé BramyPrésident du Conseil général de la Seine-Saint-Denis

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crédits Couverture :: Archives départementales de la Seine-Saint-Denis : cadastre de Romainville (1848, section E), Carte pos-tale. Photo Marie Françoise Laborde : Rue de Paris.Autres Illustrations. Photos Inventaire général/CG93,ADAGP (Laurent Kruszyk : 6. Stéphane Asseline : 17). DCJS,Conseil général de la Seine-Saint-Denis (Benoît Pouvreau :18. MF Laborde : 3, 4, 7 à 13, 15, 16). Documents Archivesdépatementales de la Seine-Saint-Denis : 5, 14. CartesConseil général de la Seine-Saint-Denis : 1, 2.TextesMarie Françoise Laborde (DCJS, Conseil général de laSeine-Saint-Denis).

Direction éditorialeJean-Barthélemi Debost (DCJS, Conseil général de laSeine-Saint-Denis)Mise en pageClaudine Rousset (DCJS, Conseil général de la Seine-Saint-Denis)

bibliographieContribution au diagnostic du patrimoine de la commune des Lilas, Bureau du patrimoine.Couronné Marc, Laborde Marie Françoise, PouvreauBenoît, Gaudry Guillaume, Les cités-jardins de la SeineSaint-Denis. A paraître aux Editions du Moniteur.Huret Jean, Quand Les Lilas…. Ville des Lilas, 1993,Maury imprimeur.Laborde Marie Françoise, Quatre promenades d’architec-ture en Seine Saint-Denis. CAUE93, 1995.

sourcesArchives départementales de la Seine-Saint-Denis. Archivesmunicipales des Lilas, de Bagnolet et de Romainville.

RemerciementsBenoît Pouvreau, Nicolas Pierrot (Service régional del'Inventaire, ministère de la Culture), Ville des Lilas.

Conseil général de la Seine-Saint-DenisDirection de la Culture, de la Jeunesse et du Sport, Service de la culture, Bureau du patrimoine

BP 193 - 93003 Bobigny Cedex • 01 43 93 82 61 • [email protected] • www.atlas-patrimoine93.fr

« Pour construire notre avenir, nous devons étudier le passé.

Connaître notre patrimoine, s’inscrit dans cettelogique. C’est pourquoi, la Municipalité des

Lilas est très attachée à la mise en valeur de celegs des générations qui nous ont précédés.

Dans le cadre de l’élaboration du Plan locald’urbanisme, un sérieux travail de

recensement, d’étude et de réflexion avec leshabitants sur ce qu’est notre ville, son identité

architecturale et urbanistique, a été engagé. Je me félicite de l’excellent partenariat avec lebureau du Patrimoine du Conseil général de la

Seine-Saint-Denis et les services de l’Etatassociés, grâce auquel les Lilasiennes et les

Lilasiens ont pu découvrir ou redécouvrir larichesse de leur commune. En atteste le

succès des diverses visites architecturalesorganisées depuis deux ans dans la ville.

Cette brochure, largement diffusée, est unaperçu du travail déjà effectué et ne manquera

pas d’intéresser, je l’espère, toutes celles ettous ceux qui aiment Les Lilas…»

Daniel GuiraudMaire des Lilas, Conseiller général