68
N°357, octobre-novembre 2013, 5,50 actualités actualités Enseignement catholique initiAtives Le sport, c’est classe récits dAilleurs À Java, dans un lycée jésuite culture Astérix chez les Pictes Braque au Grand Palais PortrAit Jean-Pierre Gallerand, l’inventeur innovateur A ctuAlités Vocations face caméra La vie scolaire, mission partagée www.enseignement-catholique.fr

ECA 357 octobre

  • Upload
    lythuy

  • View
    225

  • Download
    1

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: ECA 357 octobre

N°357, octobre-novembre 2013, 5,50 € actualitésactualitésEnseignement catholique

initiAtives

Le sport, c’est

classe

récitsd’Ailleurs

À Java, dans un lycée

jésuite

culture

Astérix chezles PictesBraque au

Grand Palais

PortrAit

Jean-PierreGallerand, l’inventeur innovateur

ActuAlitésVocations face caméra

La vie scolaire,

mission partagée

www.enseignement-catholique.fr

357 COUVs DEF:- 25/10/13 14:37 Page1

Page 2: ECA 357 octobre

357 COUVs DEF:- 25/10/13 14:37 Page2

Page 3: ECA 357 octobre

ÉDITORIAL p. 5SUR LE PODIUM

p.6ACTUALITÉS

Enseignement catholique p. 7Éducation p. 21

FORMATIONL’école des charismes p. 27

GESTIONÉcoles, attention travaux ! p. 28

DOSSIER pp. I-XII

INITIATIVESLes coups de pouce de Saint-Victor / Du chœur à l’ouvrage /Le sport, c’est classe / pp. 29-32

PORTRAITJean-Pierre Gallerand,l’inventeur innovateur p. 34

RÉCITS D’AILLEURSÀ Java, dans un lycée jésuite p. 36

PLANÈTE JEUNESLes marques sortent le grand jeu p. 39

PAROLES D’ÉLÈVES« Certains de mes ennemis sontdevenus des amis » p. 40

IMAGES PARLANTESL’humanité dans l’attente du Messie p.42

RÉFLEXION« La laïcité n’est pas un éteignoir » p. 45

CULTURELes héros de BD ne meurentjamais / « J’aime la règle quicorrige l’émotion » pp. 46-47

LIVRES / MULTIMÉDIA pp. 48-51

INFOS + p. 52

PRATIQUE p. 53

UN JOUR, UN PROFBernard Pivot : « Il aimaitdéconcerter » p. 54

15

29

28

40 Photos de couverture : Saint-Joseph Nay, D. R., N. Fossey-Sergent. Sommaire : D. R., V. Leray, M. Broussous.

LA VIE SCOLAIRE, MISSION PARTAGÉETraditionnellement placée entre les mains de personnels dédiés, la vie scolaire est devenue une mission partagée avec les enseignants.Pour mettre en oeuvre ce changement, qui vise à faire des établissementsde véritables lieux d’éducation, bien des chantiers sont encore à ouvrir.

Au centre de ce numéro : Au centre de ce numéro : un cahier détachable un cahier détachable

S o m m a I r e

Ce numéro comporte 1 encart jeté sur la 4e page de couverture : « Je m'appelle Bernadette. »

N° 357, octobre-Novembre 2013 Enseignement catholique actualités 3

357 p3-5 som-édito DeF:- 25/10/13 12:00 Page3

Page 4: ECA 357 octobre

4 Enseignement catholique actualités N° 357, octobre-Novembre 2013

Nom / Établissement : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Souhaite commander :

Ci-joint la somme de : . . . . . . . . . . . . . . . . . . €, par chèque bancaire à l’ordre de Sgec Publications. À adresser à :

Sgec, Service publications, 277 rue Saint-Jacques - 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 71 - Fax : 01 46 34 72 79.

Un hors-sérieessentiel pourinterroger votreprojet d’école

BON DE COMMANDE

Le

StatUt :

5 €

Le kit : 15 €Un jeu de fiches thématiques

Un DVD contenant :

- une vidéo de présentation

- une présentation au format

PowerPoint modulable

+ document explicatif

- le nouveau Statut de l’enseignement

catholique au format pdf

Statut de l’enseignement catholique en France, juin 2013 :

- 5 € l’exemplaire (frais de port compris).

- 4 € l’exemplaire à partir de 25 exemplaires (frais de port compris).

Nombre d’exemplaires commandés : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Pour lire le Statut de l’enseignement catholique en équipe :

- 15 € l’exemplaire (frais de port compris).

Nombre d’exemplaires commandés : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Pour fonder et accomPagner la ParticiPation de chacun au Projet commun

TOUS EN CONVENTION : 8 € L’EXEMPLAIRE (PORT COMPRIS)

6 € L’EX. À PARTIR DE 10 EX. (PORT COMPRIS)Nom/Établissement : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Code postal : . . . . . . . . . . . . . . . . . .Ville : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Souhaite recevoir : . . . . . . . . . . . . . exemplaires. Ci-joint la somme de : . . . . . . . . . . . . . . . . . €, par chèque bancaire à l’ordre de Sgec Publications :

277 rue Saint-Jacques - 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 71 - Fax : 01 46 34 72 79.

357 p3-5 som-édito DeF:- 25/10/13 12:00 Page4

Page 5: ECA 357 octobre

édI torIal

D ans les dernières pages des Frères Karamazov,Dostoïevski fait ainsi s’exprimer Aliocha devantles enfants qui l’entourent : « Sachez qu’il n’y a

rien de plus noble, de plus fort, de plus sain et de plus utile dans la vie qu’un bon

souvenir, surtout quand il provient du jeune âge […]. On vous parle beaucoup de

votre éducation ; or un souvenir saint, conservé depuis l’enfance, est peut-être la

meilleure des éducations : si l’on fait provision de tels souvenirs pour la vie, on

est sauvé définitivement. Et même si nous ne gardons au cœur qu’un bon souvenir,

cela peut servir un jour à nous sauver. »

Tous les adultes engagés d’une manière ou d’une autre dans la vie de nos établissementsle savent bien : à un moment donné de leur propre parcours, ils ont eu la chancede rencontrer une ou plusieurs personnes dont le souvenir les a marqués en profondeur,et dont le mode de présence les a conduits à marcher à leur tour sur le chemin del’éducation.Bien sûr, il ne s’agit pas de reproduire à l’identique ce quenous avons connu, mais de savoir que la fidélité consiste aucontraire à inventer pas à pas de nouvelles manières de faire.Cela suppose de la cohérence et de la cohésion, tant il est vraique nos manières d’être ensemble sont appelées à constitueren elles-mêmes un témoignage de notre ambition éducative.De ce point de vue, le « climat » dont chaque établissement se revendique à justetitre ne constitue pas un vain mot. Par mille et un détails quotidiens, il manifesteune vision de la personne et de la communauté, et donne chair à un projet partagé.C’est bien pourquoi nous ne pouvons dissocier, les unes des autres, les diversesfacettes de la vie des enfants et des jeunes dans nos établissements : tout se tient,tout fait sens, tout contribue à la démarche de formation de la personne et du vivreensemble, et chacun concourt à cette démarche. À ce titre, le dossier sur la viescolaire que nous propose ce numéro d’ECA, nous invite à une vision unifiée denotre action commune, en nous rappelant combien ce qui se joue dans le devenirde nos élèves est bien l’affaire de tous. Oui, il dépend de tous que chacun trouve sa place dans la mise en œuvre de laproposition éducative de l’école catholique. Il dépend de tous que ce qui se vit dansles apparents interstices des emplois du temps, et qui n’a ni moins d’importance nimoins de valeur, soit ajusté à cette proposition. Il dépend de tous qu’ainsi nos éta-blissements constituent bel et bien des espaces où celles et ceux qui y grandissentpuissent faire provision de souvenirs qui sauvent. Parce que, selon le mot bien connude Péguy, « il dépend de nous que l’espérance ne mente pas dans le monde ».

www.enseignement-catholique.frEnseignement catholique actualitésactualitésPublication officielle du Secrétariat général de l'enseignement catholique(SGEC)

Directeur de la publication > Pascal Balmand Rédacteur en chef >Aurélie Colas Rédacteur en chef adjoint >Sylvie Horguelin Ont participé à la rédactionde ce numéro > Claude Berruer, François Bœspflug, Mireille Broussous,Joséphine Casso,Laurence Estival, Noémie Fossey-Sergent,Josiane Hamy,Stève Lepleux,Virginie Leray,Agathe le Bescond, Maria Meria,Hélène Morlet,Marie-Odile Plançon,Nicole Priou, Émilie Ropert,Aurélie Sobocinski.Édition > Dominique Wasmer (rédacteur-graphiste), Maxime Mianat (secrétaire de rédaction). Diffusion et publicité > Dominique Wasmer, avec Géraldine Brouillet-Wane,Jean-Noël Ravolet, Marianne Sarkissian. Rédaction, administration et abonnements > 277 rue Saint-Jacques, 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 71. Fax : 01 46 34 72 [email protected] > 45 €/an Numéro CPPAP > 0416 G 79858 Numéro ISSN > 1241-4301 Imprimeur >Vincent Imprimeries, 26 avenue Charles-Bedaux, BP 4229, 37042 Tours Cedex 1.

PASCAL BALMANDD. R.

« Inventer pas à pas

de nouvellesmanières de faire. »

SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE L’ENSEIGNEMENT CATHOLIQUE

La vie de l’élève,l’affaire de tous

N° 357, octobre-Novembre 2013 Enseignement catholique actualités 5

357 p3-5 som-édito DeF:- 25/10/13 12:00 Page5

Page 6: ECA 357 octobre

Institution

Robin

Vienne (38)

Sainte-Foy-lès-Lyon, deux minutesd’arrêt ! Profitez de la pause pour

visionner la vidéo des élèves de pri-maire et de CM2 de l’école catholiquedu Centre, primée par la SNCF(http://www.concoursscolaire-sncf.com/realisations/quand-choses-vont-bon-train). Récompensés par leprix du jury dans le thème « environ-nement », les écoliers ont remportéun équipement informatique completet un voyage à Paris. Leur film d’ani-mation met en scène des personnagesréalisés en pâte à modeler, bloquéspar la neige et les embouteillages,obligés de s’organiser pour se rendreà leur travail. Ils ont d’abord finaliséle scénario en déterminant les nomsdes personnages et des lieux avant deréaliser un story-board. Pour MaximeFreydière, leur professeur,« ce projeta permis de renforcer la cohésion dugroupe autour d’un objectif commun.Chacun a témoigné d’un réel inves-tissement et a fait preuve d’application.Les élèves ont également pu dévelop-per leur persévérance ».

VIDÉOPREMIÈRE CLASSE

Les établissements de l’enseignement catholique s’investissent au quotidiendans des initiatives étonnantes. À chaque numéro, nous braquerons nos

projecteurs sur des établissements primés.

Quatre élèves du lycée agricoleet horticole de Pouillé (Les

Ponts-de-Cé, près d’Angers) sesont distingués début juillet lorsdes finales régionales du concoursde Meilleur Apprenti de France.Roméo Courbet a remporté lamédaille d’or et Émilie Jobard celled'argent dans la catégorie « Horti-culture ». Leurs épreuves consis-taient à identifier des végétaux età réaliser une barquette de semis,des arrosages et des repiquages.Dans la catégorie « Paysage »,Antoine Pohu a obtenu la médailled’or et Fantin Thibaudeau lamédaille d’argent pour avoir réa-lisé avec brio un jardin de 16m2.Pour Bernard Abélard et GaëtanChauvin, les deux enseignants quiles encadraient, cette démarche « est un véritable challenge pourles élèves qui sont dans des forma-tions courtes. C'est aussi valorisantpour les jeunes qui s’engagentdans ce type de métier ». Leconcours du Meilleur Apprentide France vise à promouvoir letravail manuel auprès des jeuneset développer l'excellence et l'es-prit de compétition entreapprentis.

BONNES POUSSES

sur le podIum

Campus de Pouillé

Les Ponts-de-Cé (49)

École Catholique du CentreSte-Foy-lès-Lyon

(69)

Lili Pomme est une petite fille quidécouvre dans son grenier un car-

table si bavard qu’il l’entraîne vers demultiples aventures. Elle est surtoutl’héroïne du livre Le cartable et l’en-fant, décliné en CD et DVD, une œuvreréalisée par des enfants de l’école ma-ternelle et primaire de l’InstitutionRobin, à Vienne (38), assistés de pro-fessionnels. La première étape decréation a consisté à faire parler lesenfants autour du mot « cartable » ;Olivier Ponsot, conteur, a ensuite articulé leurs idées en une seule his-toire avant de proposer un thème dechanson à chaque classe. Patrick DiScala, chanteur, a participé à l’écriture.« Nous avons tous eu conscien-ce de vivre une aventure exception-nelle », se souvient Éric Ponsot, le di-recteur. L’école a même reçu uncourrier manuscrit de Vincent Peillon,dans lequel le ministre de l’Éducationnationale félicite les auteurs pour leur« imagination » et leur « talent ».Pour commander : chèque de 15 € àl’ordre de l’association de gestion dugroupe Robin – Institution Robin, BP 329, 38204 Vienne cedex.

POMME D’AMOUR

zVous pouvez nous signaler les prix reçus par vos établissements à l’adresse :

[email protected]

MAXIME MIANAT

D. R.

D. R.

D. R.

6 Enseignement catholique actualités N° 357, octobre-Novembre 2013

357 actus p6-17 (DEF:- 25/10/13 12:01 Page6

Page 7: ECA 357 octobre

A c t u s / enseignement catholique

L e 25 septembre 2013, dix-neuf professeurs de l’enseignementcatholique, venus de toute la France, ont participé au tournaged’un court métrage pour la prochaine campagne de recrutement

d’enseignants. Organisé à l’Institution Jeanne-d’Arc, à Colombes(Hauts-de-Seine), avec une équipe de réalisateurs professionnels,le tournage a rassemblé des professeurs âgés de 23 à 61 ans,toutes disciplines et toutes filières confondues. Une premièrepour ces acteurs d’un jour qui ont accepté de prêter leurs voix,leurs visages, et de témoigner de leur passion pour le métier. Le

projet fait suite aux réflexions d’un groupe de travail réunissantresponsables de Saar, d’Isfec et d’universités catholiques autourdu département ressources humaines et du service communicationdu Sgec. L’objectif : insister sur la mission des enseignants enposte et, par un effet miroir, favoriser l'engagement des jeunesdans le métier. Le film et ses déclinaisons (affiches, encartspresse, dépliants, stands, etc.) seront disponibles mi-novembre,et déclinables localement. ACzRenseignements sur le site : http://www.devenirenseignant.org

Des professeurs de toutes disciplines et filières confondues ont participé à un court métrage qui vise à inciter les jeunes à s’engager dans le métier.

CAMPAGNE DE RECRUTEMENT DES ENSEIGNANTS

Susciter des vocations face caméra

L’équipe de réalisation, composé

e de dix-huit professionnels,

a tourné sur trois plateaux et en

extérieur.

Un enseignant décontracté : Philippe, « papa » de lavoiture à hydrogèneMicrojoule, venu de Nantes

Pascal, professeur de sciencesphysiques à Saint-Brieuc, se concentre dans la cour.

N° 357, octobre-Novembre 2013 Enseignement catholique actualités 7

Séance maquillage pour Élodie,professeur en classe de cycle

(CE2-CM1-CM2) en Seine-Saint-Denis.

Installation

du micro et tests

de son pour

Isabelle,

professeur en

maternelle à

Toulouse.

D. R.

D. R.

© G. Brouillet-W

ane

© G. Brouillet-W

ane

© G. Brouillet-W

ane

357 actus p6-17 (DEF:- 25/10/13 12:01 Page7

Page 8: ECA 357 octobre

Avec 2,041 millions d’élèves, soit 4 203 élè-ves de plus que l’an dernier, l’enseignement

catholique « se porte bien », selon Pascal Balmand. Une ten-dance qui se confirme sur la durée, puisque, « sur cinq ans,ce sont 32 000 enfants et jeunes supplémentaires qui ont été accueillis dans nos établissements ». Le secrétaire général y voit le signe que « la participation de l’enseignement ca-tholique au service d’éducation est très largement reconnue,ses acteurs témoignent d’un dynamisme et d’une créativité

remarquables, et sonsouci de répondre auxbesoins se traduit parde nombreuses initia-tives ».

Cette progressiond’ensemble présentetoutefois des évolu-tions contrastées : en premier degré,comme les annéesprécédentes, les ef-fectifs marquent le pas(- 4 714 élèves). Ensecond degré, en re-

Attractivité

Vigilance

A c t u s / enseignement catholique

« Rassemblés autour de l’ambition éducative »

vanche, le nombre d’élèves progresse de manière très significative(+ 8 593 élèves), portant la hausse des effectifs à 41 000 élèvessur cinq ans. La tendance en primaire s’ancrant dans la durée,l’enseignement catholique a entamé une démarche prospectivepour tenter d’y remédier : « Nous avons lancé au printempsdernier un vaste travail d’investigation afin d’analyser sesracines et ses manifestations avec précision, de manière à définirles orientations nécessaires. »

Autre point de vigilance : l’attention por-tée au versement effectif des finance-

ments publics, indispensables à l’équilibre économique desétablissements. « Partout où c’est nécessaire, nous main-tiendrons – tranquillement, mais fermement – notre poli-tique de négociation avec les communes, les départements,les régions et l’État sur le dossier des forfaits publics. Il nes’agit pas de réclamer de "cadeau" ou de "privilège", maisde promouvoir la juste application de la loi. »

« L’essentiel, c’est la tâche édu-cative », a martelé Pascal Balmand.

« L’école ne constituera jamais un lieu neutre, vierge etaseptisé […]. Elle vise à former les adultes de demain et,pour ce qui concerne l’école catholique, à les former danstoutes les dimensions de la personne. En ce sens, elle représentebel et bien un espace "politique", c’est-à-dire un espace portépar une vision de l’Homme et des relations humaines, et ras-semblé autour d’une authentique ambition éducative. »

Évoquant l’appropriation du Statutde l’enseignement catholique, lesecrétaire général a constaté que « le

processus est partout engagé, et (qu’il) va se poursuivresereinement ». Avant de rappeler que le Statut constitue unoutil, un levier, et non un objectif en soi : « Ce qui importe,c’est la capacité de l’école catholique à honorer la mission quilui est confiée par l’Église, et à l’honorer par l’engagement et

Ambition éducative

Ressources

Mise en œuvre du Statut

L e 1er octobre 2013, Pascal Balmand, secrétaire généralde l’enseignement catholique, dévoilait à la presse unpremier constat de rentrée. Dans un contexte de hausse

continue du nombre d’élèves scolarisés, et malgré la raré-faction des ressources publiques, l’école catholique se veut« confiante ». Elle entend intensifier son engagement enfaveur de la lutte contre les inégalités en affirmant la primautéde la dynamique éducative.

Aurélie Colas

8 Enseignement catholique actualités N° 357, octobre-Novembre 2013

© G. Brouillet-W

ane

© G. B.-W

.

357 actus p6-17 (DEF:- 25/10/13 12:01 Page8

Page 9: ECA 357 octobre

la participation différenciée de tousses acteurs. À travers le Statut, c’estbien de cela qu’il s’agit. »

Plaçant larentrée sousle signe de

l’engagement, Pascal Balmand a faitvaloir que « la construction d’unmonde plus humain et plus juste a tou-jours constitué l’un des objectifsmajeurs de l’école catholique. C’estdonc en pleine fidélité à nos propreshéritages que nous ressentonsaujourd’hui, face à l’accentuation des fragilités de toutessortes au sein de la société française, la nécessité d’approfon-dir nos efforts en ce sens ». De quelle façon ? « Par la multi-plication des initiatives locales », a répondu le secrétairegénéral. « Cela ne se limite pas à la politique d’inscriptions.L’ouverture à tous, pour être pleine et entière, implique uneffort de tous les instants pour des pratiques éducatives etpédagogiques qui permettent à chacun d’en tirer profit. »

« Nous nous inscrivonspleinement dans la

réforme de la formation initiale des maîtres, telle qu’elle estdéfinie par la loi de refondation de l’école », a assuré PascalBalmand. « Cette réforme recherche les voies d’un équilibreprometteur entre les contenus disciplinaires et la formationprofessionnalisante. » Dans le même esprit, le secrétairegénéral a évoqué la campagne de promotion du métier d’en-seignant, fondée sur le souci de « valoriser tout ce qu’il y ade beau et de motivant dans l’engagement éducatif »(cf. notre article page 7).

À propos de la réforme des rythmes sco-laires, Pascal Balmand a assuré que « cette

réforme comporte des éléments intéressants pour l’équilibrede vie des enfants comme pour l’harmonie du travail effectuéà l’école ». Pourtant, a poursuivi ce responsable, « nousmesurons les difficultés concrètes de sa mise en œuvre en

Formation et recrutement

Lutte contre les inégalités

Rythmes

Effectifs : hausse contrastée dans les territoires

Dans l’attente de confirmation par l’enquête lourde, le constat de rentrée mentionne des effectifs en hausse dans dix-neuf académieset en baisse dans onze académies. Les hausses les plus importantes sont observées à Bordeaux (+ 1,3 %), Dijon (+ 1,5 %),Limoges (+ 2 %), Versailles (+ 1,1 %) et surtout en Guyane (+ 5,4 %). En valeur absolue, les progressions les plus significatives

sont localisées à Versailles (+ 1 314 élèves), Lyon (+ 527 élèves) et Montpellier (+ 515 élèves). En recul cette année encore, figurent lesacadémies de Caen (- 0,5 %), Lille (- 0,7 %), Orléans-Tours (- 0,3 %), Rouen (- 0,1 %) et de Guadeloupe (- 1,1 %). Parmi les académieshabituellement à la hausse, cinq affichent un résultat inverse cette année : Amiens (- 0,9 %), Nantes (0,0 %), Toulouse (- 0,2 %), Martinique (- 3,4 %) et La Réunion (- 0,4 %). La plus forte baisse concerne l’académie de Lille, qui enregistre une perte de 1 284 élèves. L’académie de Clermont-Ferrand, dont la baisseavait semblé amorcer un tassement l’an dernier, affiche à nouveau une évolution négative (- 396 élèves). AC

bien des endroits où elle a déjà eu lieu, toutcomme les questions multiples, notammentfinancières, qu’elle pose à nos écoles ».D’où l’appel à une « large concertationlocale avec tous les acteurs concernés ».

Pascal Balmand a tenu àrappeler la position d’en-

semble de l’enseignement catholique : « Nous adhérons pleinement et sans lamoindre réserve à la laïcité de la Répu-

blique mais, pour ce qui nous concerne,nous ne pouvons souscrire à la laïcité des

établissements. » Ce qui n’exonère pas l’écolecatholique d’une « réflexion authentique sur les principesde la laïcité » : « J’invite les communautés éducatives à s’enemparer à la lumière de la totale compatibilité entre laïcitéde l’État et projet chrétien d’éducation. »

En ce qui concerne l’affichagedes signes républicains dans

les établissements, Pascal Balmand a rappelé que les écolescatholiques entraient dans le champ d’application de la loi.Il a proposé que s’ouvre parallèlement une réflexion « surtout ce qu’il y a de riche dans l’articulation entre notreappartenance ecclésiale et notre association à l’État ». À cetitre, a-t-il suggéré, « il pourrait être porteur de sens qu’auxcôtés de la devise de la République figure une expressionmanifeste de notre singularité, par exemple avec une paroled’Évangile ».

Si « l’éducation morale relève dutémoignage et du partage, bien

davantage que de l’enseignement stricto sensu », l’ensei-gnement catholique ne s’oppose pas à la mise en œuvre d’unenseignement moral à l’école. En revanche, « il ne peut êtrequestion de réduire la morale à un savoir : il s’agit d’abordet avant tout d’éduquer à la liberté et de former des sujetsmoraux », a tenu à rappeler Pascal Balmand qui en fait « unequestion de confiance dans la responsabilité des ensei-gnants et de l’ensemble des éducateurs ».

Morale à l’école

Signes républicains

Laïcité

N° 357, octobre-Novembre 2013 Enseignement catholique actualités 9

© G. B.-W

.

Pascal Balmand a présenté à la presse

ses objectifs de rentrée.

357 actus p6-17 (DEF:- 25/10/13 12:01 Page9

Page 10: ECA 357 octobre

A c t u s / enseignement catholique

FRED BIENVENUDIOCÈSE DE SAINT-DENISDE LA RÉUNION

Cette nouvelle mission, je m’yattendais assurément un

peu ! », confie-t-il, la voix rianteet chaleureuse. Mais avant del’embrasser pleinement, FredBienvenu, 49 ans, nouveau direc-teur diocésain de Saint-Denis deLa Réunion, a tenu à menerjusqu’au bout le grand chantierdu nouveau lycée La Salle Mai-son-Blanche, au Guillaume, à l’ouest de l’île. Directeur du col-lège du même nom depuis 2003 et de l’ensemble scolaire depuis2010, il souhaitait accompagner la première promotion d’élèveset leurs enseignants jusqu’au baccalauréat. Cette tâche accom-plie, il se dit désormais prêt à affronter « les nombreux enjeuxqui attendent l’enseignement catholique réunionnais » sur leplan du développement, de la gestion humaine et des instancesavec la mise en place du Statut. « C’est un challenge quej’aborde avec enthousiasme », explique ce natif de l’île, au service de l’enseignement catholique depuis le début de sa car-rière – il fut d’abord enseignant de technologie puis adjoint dedirection et directeur adjoint, avant de devenir chef d’établisse-ment. Il le relèvera « avec ses convictions et à sa façon »,comme précédemment à la tête du Codiec, soucieux d’être àl’écoute pour que vive, au sein de ce territoire marqué par larichesse de sa conception du vivre ensemble, un projet pleine-ment partagé par tous les acteurs. AS

PHILIPPE CLÉAC’HDIOCÈSE D’AMIENS

Rendre la pareille en termes d’ac-compagnement des équipes. »

Philippe Cléac’h, 47 ans, se réjouitde témoigner ainsi de sa recon-naissance au réseau qui l’a aidé àcheminer. Très tôt repéré, le jeuneenseignant de lettres classiques estd’emblée responsable de cycle àSaint-Jean-de-Passy (75) puis augroupe scolaire Saint-Charles

d’Athis-Mons (91) et il prend une direction dès 29 ans. Quinzeannées et quatre établissements plus tard, ce meneur d’hommesa acquis une expérience multiforme : initiation rurale dans leMaine-et-Loire, imprégnation congréganiste au Caousou, àToulouse (31), apaisement des relations interétablissements dansl’environnement de l’Institut de la Tour (75), travaux d’agran-dissement et construction de parcours de formation à bac +3 àla tête de l’École normale catholique (75). De quoi s’atteler

tambour battant aux problématiques du diocèse d’Amiens, confrontéau défi de l’immobilier, à la nécessité de redéployer l’offre del’enseignement catholique dans les zones de développement et àcelle d’intensifier la politique régionale avec les diocèses de l’Aisneet de l’Oise. VL

FRÉDÉRIC DELEMAZUREDIOCÈSE DE SEINE-SAINT-DENIS

Cela n’était pas du tout un objectif decarrière. Je suis tellement passionné

par la relation à l’élève ! » Pourtant, Fré-deric Delemazure, 50 ans, directeur depuis2006 du plus gros établissement de l’aca-démie du Nord – le lycée industriel etcommercial privé de Tourcoing, 5 000élèves – et délégué académique du Snceel1,a dit trois fois « oui » à sa nouvelle mission de directeur diocésainde Seine-Saint-Denis. « Parce que ma vie professionnelle atoujours été guidée par la notion de service, parce qu’à plus dedix ans de la retraite, c’était une belle manière d’envisager uneautre façon de servir l’institution, et parce remplacer le nouveausecrétaire général de l’enseignement catholique à son précédentposte ne se refuse pas, je me suis lancé ! » La manière d’envisagerl’enseignement catholique dans le diocèse, ouvert à toutes les populations scolaires, sociales, culturelles, tout en revendiquantsa préoccupation pastorale, fait profondément écho au parcoursd’un homme d’abord enseignant d’économie puis chef d’établis-sement. « Elle s’est révélée très proche de l’expérience de diversitéculturelle que j’ai pu vivre à travers ces différentes fonctions ausein de l’institution », précise-t-il. AS

1. Organisation professionnelle des chefs d’établissement de l'enseignement libre.

ANNE GAYDIOCÈSES D’AUTUNET DE NEVERS

J e m’imaginais volontiers colla-boratrice au sein d’une direction

diocésaine. Quant à devenir di-rectrice diocésaine, la surprise aété totale. » Nommée à la tête desdiocèses d’Autun et de Nevers àcompter de cette rentrée, Anne Gay,55 ans, vit sa nouvelle mission bienplus comme un service différentque comme une promotion. Au sein

de l’enseignement catholique, elle avait trouvé « un terrainfavorable » à l’école Mère-Teresa de Villeurbanne (69), dont ellefut la directrice jusqu’en juin dernier. Là-bas, elle a pu à la foisdévelopper des compétences professionnelles et dire quelquechose de Dieu, tout en poursuivant le fil rouge de sa vie : « lesouci du plus petit, quel qu’il soit », des cités d’urgence de

PHILIPPE CLÉAC’H

D. R.

D. R.

ANNE GAY

FRÉDÉRIC DELEMAZURE

10 Enseignement catholique actualités N° 357, octobre-Novembre 2013

L’enseignement catholique accueille sept nouveaux directeurs diocésains en cette rentrée. Portraits.

FRED BIENVENU

D. R.

D. R.

357 actus p6-17 (DEF:- 25/10/13 12:01 Page10

Page 11: ECA 357 octobre

Tomblaine (54) aux écoles du Burkina Faso, à la Goutte d’Orou encore à Aubervilliers. Issue d’une famille de médecinsdepuis quatre générations, Anne Gay a rompu avec l’héritagede la lignée et bifurqué vers l’enseignement « pour connaîtrel’enfant ». Institutrice, adjointe de direction au CFP d’Assas(Paris) puis directrice d’école au sein de trois ensembles scolairesdifférents et membre du CAEC de Lyon depuis plusieurs années,la nouvelle directrice découvre le projet diocésain et l’étatd’esprit du travail en secteurs qui animent aujourd’hui l’interdiocèsed’Autun et de Nevers, « véritable cadeau » à ses yeux. AS

CHRISTOPHE GEFFARDDIOCÈSE DE LUÇON

Ni enseignant, ni chef d’établis-sement… À défaut d’un pro-

fil classique, Christophe Geffard, 45 ans, bénéficie d’une solideexpertise juridique et d’uneconnaissance approfondie del’enseignement catholique ven-déen. Dès l’obtention de sonDESS de droit des entreprises, ilintègre le diocèse de Luçon où ils’occupe d’immobilier scolaire,tout en s’impliquant comme président d’Ogec et membre del’Apel de l’établissement où sont scolarisés ses trois enfants. Encharge depuis 2005 du service économique et juridique de ladirection diocésaine, c’est avec « un peu de surprise mais beau-coup d’exaltation » qu’il a répondu à l’appel de son évêque. Sesmissions : faire vivre le Statut, renforcer les relations interdio-cèses, accompagner la professionnalisation des équipes, laréforme des rythmes scolaires et du lycée… Des chantiers quirisquent de se substituer, pour un temps, à sa passion des voyagesau long cours, même si Christophe Geffard, marcheur invétéré,préservera l’essentiel : ses randonnées en famille, en bord de merou sur le plateau de l’Aubrac. VL

BERNARD-MARIELAIGNELDIOCÈSES DE TARBESET DE LOURDES

Lillois d’origine mais pyré-néen de cœur, Bernard-Marie

Laignel, 60 ans, n’enseigne lesmathématiques que durantquelques années dans sa villenatale, à l’école Sainte-Thérèse-d’Avila (59). Peu après une coo-

pération civile à Nouméa, il devient chef d’établissement enAveyron, à Decazeville puis Villefranche-de-Rouergue (12),

pendant quinze ans. De 1997 à 2011, alors à Jeanne-d’Arc, àParay-le-Monial (71), un délicat processus de fusion et de tran-sition de tutelle l’absorbe durablement. Depuis la dernière ren-trée, de retour dans ses montagnes à Saint-Vincent deBagnères-de-Bigorre (65), petit collège en situation critique, ilmesure l’ampleur du travail à mener dans un territoire rural quise dépeuple et accepte d’assurer parallèlement un mi-temps dedirecteur diocésain : « Tout en réfléchissant à de nouveauxdécoupages territoriaux qui permettraient d’aller vers unepolitique diocésaine régionale cohérente, il va nous falloir,localement, orchestrer la mise en réseau d’établissements quine pourront pas survivre autrement. » VL

SOLANGE MAILIONDIOCÈSE DE POLYNÉSIE

Directrice diocésaine ? « Jen’avais pas du tout cette am-

bition, je devais prendre ma re-traite en juillet ! » Au téléphone,malgré les milliers de kilomètresde distance, le rire chaleureuxde Solange Mailion, 58 ans, nou-velle directrice diocésaine del’enseignement catholique de Polynésie, est communicatif. Appelée à prendre le relais deMichel Leboucher, nommé ministre de l’Éducation du gou-vernement de Polynésie, Solange Mailion relève le défi avecune forte conscience des enjeux. « La tâche est lourde ! Si l’en-seignement catholique du diocèse n’est pas grand avec 11 500élèves et un millier de personnels, il s’étend sur une superficieaussi vaste que l’Europe, ce qui rend la gestion complexe pourréussir à porter tout le monde », précise la nouvelle responsable.Missionnée pour une année, Solange Mailion compte mettrel’accent sur la formation des équipes afin de « dynamiser etproposer des choses nouvelles aux élèves et aux familles, no-tamment en matière de parcours de formation et de pratiquespédagogiques à partir des nouvelles technologies ». AS

CHRISTOPHE GEFFARD

D. R.

D. R.

SOLANGE MAILION

N° 357, octobre-Novembre 2013 Enseignement catholique actualités 11

L’enseignement catholique accueille sept nouveaux directeurs diocésains en cette rentrée. Portraits.

BERNARD-MARIE LAIGNEL

D. R.

Changements dans le Sud-Ouest Jean Biasiori-Poulanges, qui assumait conjointementl’animation des deux diocèses de Tarbes-Lourdes et d’Auch,devient directeur diocésain de Périgueux et Sarlat. À Tarbes et Lourdes, c’est un chef d’établissement,Bernard-Marie Laignel, qui consacrera un mi-temps à la direction diocésaine. À Auch, Jean-Claude Jaffé, l’anciendirecteur diocésain, a accepté de reprendre du service. Il sera secondé par Bernard Bonnet, ancien directeur du collège Saint-Joseph et du lycée Saint-Jean de Lectoure.Dans ces territoires, la réflexion sur la régionalisation de l’enseignement catholique se poursuit. VL

357 actus p6-17 (DEF:- 25/10/13 12:01 Page11

Page 12: ECA 357 octobre

A c t u s / enseignement catholique

À Argelès-sur-Mer (Pyrénées-Orientales), fin septembre,les quatre-vingts psychologues de l’éducation de l’Anpec1

se sont réunis pour se former et débattre autour desenfants « déroutants », rétifs aux apprentissages.

Être enfant aujourd’hui, gran-dir… et devenir élève – En-fants entravés, jeunes qui

décrochent. Comment relancerla dynamique en tant que psy-chologue de l’éducation ? » Telétait l’ambitieux thème retenupar la section Sud-Ouest del’Anpec, qui accueillait cetteannée la session annuelle del’association. Un choix qui faitécho au quotidien des psycho-logues de l’éducation, selonMarie-Françoise Jean, déléguéerégionale : « Les phénomènes de mutation fa-miliale et sociétale s’accentuent. Nous sommesinterpellés par des problématiques de jeunesqui désinvestissent l’école. La question que nousnous posions était la suivante : l’école peut-elle remplir un rôle quand la famille ne répondpas sur ce terrain ? » L’occasion d’interrogerdes spécialistes de l’enfance et de l’adolescencesur les processus qui conduisent un jeune à ma-nifester passivité, désintérêt, blocage ou dé-crochage vis-à-vis des apprentissages scolaires.

L’accompagner en équipe

Pour le psychanalyste Alain Bouregba, « quel qu’il soit, un ap-prentissage est initié par un désir : de s’adapter, de savoir etcomprendre, de lever un mystère et satisfaire une curiosité.Pourtant, le désir ne suffit pas à l’intégration et à la consolidationd’un apprentissage. Ces dernières sont influencées par lesaptitudes de compréhension et par les facilités de rétention desinformations transmises ». En d’autres termes, la vie psychiquea partie liée avec la résistance aux apprentissages.

Dans ces conditions, comment accompagner et soutenir l’enfantou l’adolescent entravé dans ses apprentissages ? EmmanuelleBonneville, maître de conférence en psychologie clinique à l’Uni-versité Paris V, répond en pointant les troubles rencontrés par ces« enfants-énigmes » : troubles de la gestion des émotions, du

comportement et de la capacitérelationnelle. En cause : un dé-faut de confiance narcissiquequi les conduit à préférer ne pasprogresser car, « prenant lerisque de la difficulté, ils pren-nent celui de se sentir ignorantset faibles, et de ne pas pouvoirle supporter ». Pour EmmanuelleBonneville, l’expérience cliniquepermet également de pointer undéfaut de confiance primaire enl’autre. L’enfant ne pense pasque l’adulte puisse être bien-

veillant vis-à-vis de lui. Le changement lui estdifficile : « L’enfant fonctionne suivant des prérequisqui l’ont construit – de travers, certes, mais quil’on construit et auxquels il lui est difficile de re-noncer. » Pour y remédier, il faut chasser les idées reçues.L’enfant n’est pas volontairement agité, il selibère d’une tension intérieure ; et s’il peine àcomprendre comment être acteur des activitésproposées, c’est parce qu’il ignore le caractèresécurisant du rituel. Enfin, il peut facilementconfronter les enseignants à des situations trau-matisantes : par la violence physique, la possessivité

ou « l’attaque de la tranquillité d’esprit », l’enfant « déroute »l’adulte. D’où la nécessité de favoriser l’accompagnement partoute une équipe éducative plutôt que par un seul référent. Unenjeu de taille pour les psychologues de l’éducation qui notentune forte croissance des demandes d’intervention dans ce domaine. AC

1. Association nationale des psychologues de l’enseignement catholique.

« ENFANTS-ÉNIGMES » : COMMENT LES AIDER ?

12 Enseignement catholique actualités N° 357, octobre-Novembre 2013

Psychologues de l’éducation : coupes budgétaires Mercredi 18 et jeudi 19 septembre 2013, en marge de la session annuelle, se déroulait l’assemblée générale de l’Anpec. Après le

vote à l’unanimité du rapport d’activité, du rapport moral et du rapport financier, l’AG est revenue sur les missions de l’association,désormais organisée en six découpages régionaux : Ouest, Rhône-Alpes, Île de France, Nord et Sud-Ouest, auxquels s’ajoute depuis la rentrée la région Centre (qui compte neuf psychologues de l’éducation). Outre la poursuite de la réflexion sur les situations de crise,l’association prévoit la refonte de ses outils de communication. Mais l’assemblée générale, qui s’est déroulée dans un climat trèsconstructif, a aussi été la caisse de résonance des incertitudes de la profession. « Les inquiétudes portent sur la précarité des postes,

inégale selon les régions. Dans certaines régions, on se sent exposé. Il y a des coupes budgétaires. Mais on se dit aussi qu’il y a des

choix de budget », explicite Claire Messager, secrétaire générale de l’association, qui s’interroge : « Réduire l’activité des psychologues

alors que les besoins se font de plus en plus pressants, est-ce vraiment la priorité ? » AC

Emmanuelle Bonneville, maître de conférence en psychologie clinique à Paris V.

Les participants se sont interrogés sur les processus qui conduisent un jeune à décrocher.

D. R.

357 actus p6-17 (DEF:- 25/10/13 12:01 Page12

Page 13: ECA 357 octobre

Une formation reconnaissance des acquis de l'expérience professionnelle (RAEP).

Passé recomposéÀ Notre-Dame-de-Mongré, dans le Rhône, élèves et professeurseffectuent chaque année un saut dans le temps, à l’occasiondes Journées du patrimoine.

La machine à remonter le temps existe. Elle marche une fois paran à Notre-Dame-de-Mongré, un établissement situé à Ville-franche-sur-Saône (69). Lors des Journées du patrimoine, les élèvesquittent leurs vêtements modernes pour des costumes du XIXe

siècle : tenue de paysan et socquettes blanches pour les garçons,robe longue et charlotte pour les filles. Ces jeunes figurantsrejouent avec les professeurs, reconvertis en acteurs, les épisodeshistoriques les plus connus de Notre-Dame-de-Mongré. Cours derattrapage : sa construction date de 1842, année où MademoiselleBottu de la Barmondière cède le domaine à la congrégation despères Jésuites. Durant la guerre franco-allemande de 1870, 4 000 soldats font halte au collège avant de partir au front. « Ilsoccasionnent des dégâts considérables, provoquant la colère desprêtres », expose Franck Segretain, assistant de gestion. En 1919,le collège abrite un hôpital militaire. « Vingt ans plus tard, en1939, les Allemands débarquent dans l’enceinte et interrompentla répétition de la chorale. » Cet événement a été rejoué le 14septembre dernier. Au total, ce sont 70 adultes (profs, personnels,retraités) qui ont été mis à contribution pour faire revivre aux850 visiteurs ces fragments du passé.

Vivre l’histoire

Professeur en CM2, Jean-Michel Lagarde a tenu le rôle d’unpère jésuite ayant officié à Mongré durant la guerre de 1870.Les jours précédents, pour préparer ses élèves, il avait élaboréune chasse au trésor. « Les écoliers ont recherché des indiceshistoriques cachés à l’intérieur du bâtiment. Ils se sont interrogéssur ce qu’est exactement une chaire et ont regardé de plus prèsl’orgue de Mongré, classé monument historique. Ils ont tousété très réceptifs. » Le samedi matin, plongés au cœur des re-constitutions, « ils ont pu replacer l’histoire de Mongré dans laréalité ». Et se l’approprier pour mieux la comprendre.dSite de l’établissement : http://www.mongre.org

Maxime Mianat

Vous pouvez nous communiquer vos « histoires » sur : [email protected]

Élèves et professeurs se replongent dans la riche histoire de l’établissement.

D. R.

L‘HISTOIRE

N° 357, octobre-Novembre 2013 Enseignement catholique actualités 13

Les observatoires testent l’immersion

Lors de leur séminaire de rentrée, les 24 et 25 septembre 2013,les observatoires de pédagogie ont souhaité franchir le capd’une démarche d’observation « participante », favorisant da-

vantage l’immersion dans le quotidien des établissements et soninscription dans la durée. Soucieux de « donner à voir ce qui n’estpas entendu », le réseau se lance donc dans un travail d’imprégnationet d’exploration pour les trois ans à venir. « Depuis 30 ans, onassiste à l’échec des différents changements proposés au systèmeéducatif. Notre objectif est d’aboutir à la construction de dispositifsd’observation les plus fins possibles afin de pouvoir repérer lesdimensions réellement transférables du changement et de l’in-novation », souligne Yves Mariani, coordinateur national du réseau. Dans ce cadre, deux terrains d’exploration privilégiés sont d’oreset déjà lancés : celui des petites écoles rurales et celui des enjeux

relatifs à l’exercicede la parentalité. À la demande del'Apel, les observa-toires contribuerontà l’animation del’un des temps fortsdu congrès nationalà Strasbourg, enmai 2014. AS

LA RESSOURCE PUBLIQUE TOUJOURSINSUFFISANTE

Selon l’observatoire économique et social de la Fnogec,« Indices », les comptes 2011-2012 des Ogec font apparaîtredes « questionnements majeurs » relatifs à « la pression

grandissante sur la ressource publique dans un contexte éco-nomique en berne, et les impacts des changements de rythmescolaire ». Le budget de fonctionnement consolidé des Ogec,avec l’enseignement agricole et les associations périphériques,de l’ordre de 4,2 millards d’euros, est stable par rapport àl’année précédente. Parmi les indicateurs cités, les ressourcestotales des établissements se montent à 4 047 millions d’euros(+ 1,9 %). La capacité d’autofinancement (CAF), qui s’élèveà 9,9 %, retrouve son niveau de 2008-2009. Cette progression masque toutefois de fortes disparités, notammenten primaire : la CAF des écoles de moins de 5 classes se monteà 5,3 %, contre 9,1 % dans celles de plus de 5 classes. En outre,insiste la Fnogec, « la CAF demeure notoirement insuffisantepour assurer nos obligations en matière d’immobilier. À titred’exemple, la mise en accessibilité représente un coût estiméà 1,6 milliard d’euros ». Dans ce contexte, Michel Quesnot,président de la Fnogec, réinvite à accorder la priorité aux « ré-flexions stratégiques en matière d’immobilier scolaire ». AC

© A. Sobocinski

357 actus p6-17 (DEF:- 25/10/13 12:01 Page13

Page 14: ECA 357 octobre

A c t u s / enseignement catholique

« Réussir sa vie plutôt que réussir dans la vie »

à la Vie » enraciné dans l’expérience d’uneémotion littéraire, tandis que Robert Blanc,président des Entrepreneurs et dirigeantschrétiens, a convoqué la doctrine sociale del’Église comme une invitation à faire réussir. Abordant plus concrètement le conceptd’égalité des chances, Thérèse Lebrun,président-recteur délégué de l’Univer-sité catholique de Lille, a évoqué « Lescordées de la réussite » ou encore les

La réussite pour tous : une uto-pie ? » C’est le fil rouge de la ses-sion de formation organisée les

15 et 16 octobre derniers par la com-mission post-bac de l’Alliance des di-recteurs et directrices de l’enseignementchrétien (Addec). Réunis à la Conférencedes évêques de France, les soixante-dix participants ont vécu ces journéesentremêlant interventions, échanges ettemps de célébration comme un res-sourcement pour l’accompagnementpastoral des jeunes. Le lancement de la session par Jean-Marie Petitclerc, éducateur salésien,par l’affirmation qu’il valait mieux « réussirsa vie que réussir dans la vie », a donné leton. Pour mieux partager la joie d’une réussiteà concevoir collectivement, il a conseillé « deveiller à la cohérence éducative », d’aider « à négocier entre rêve et réalité » et « de mé-moriser les succès ou de relire les échecs ».Pensant aux 10 % d’étudiants qui seraient enproie au mal-être, l’écrivain Colette Nys-Mazure a proposé un très poétique « Hymne

partenariats possibles avec desstructures aidant des jeunesméritants à poursuivre desétudes ou monter des projetscomme l’Institut du servicecivique. Guy Aurenche, prési-dent du CCFD-Terre solidaire, aenfin souligné toutes les retom-bées positives de l’engagementhumanitaire et de la réflexionéthique. Autant de pistes qui ont fait échochez un public soucieux d’aiderles élèves de CPGE à s’épa-nouir, d’accompagner en BTS

des élèves issus des filières profession-nelles, de mieux valoriser la diversité destalents et des intelligences, notamment encréant des parcours alternatifs, d’encoura-ger ces césures en cours d’études pourouvrir les horizons… La réussite étantsous doute davantage à trouver dans larichesse d’un cheminement que dans sonaboutissement. VL

uwww.addec.fr

14 Enseignement catholique actualités N° 357, octobre-Novembre 2013

D. R.

Libres échanges autour de Pierre-Yves Toullelan, vice-président de l'Addec (à gauche).

RENASUP : RENDEZ-VOUS LE 27 NOVEMBRE !

La prochaine journée d’étude de Renasup se tiendra le 27 novembre 2013 au Conservatoire national des arts etmétiers à Paris. Elle sera placée sous le signe de la loi sur

l’enseignement supérieur et de la recherche (ESR), votée le 9 juillet dernier. Au menu : une présentation d’outils d’aide àla publication d’indicateurs de qualité et de suivi des étudiants,rendus obligatoires par la loi, dans la perspective d’engager unprocessus de labellisation « Renasup qualité » ; une analysedes stratégies qu’implique la définition de quotas de bacheliersprofessionnels en BTS ; une incitation au conventionnementdans l’optique de faciliter les poursuites d’études. Ces troisthématiques seront prolongées dans divers ateliers proposésl’après-midi, entre deux occasions de rencontres et d’échangesavec les partenaires, français et étrangers, du réseau. À noter que Pascal Balmand, le secrétaire général de l’ensei-gnement catholique, apportera un éclairage sur la place nouvellequ’occupe Renasup dans le Statut 2013 de l’enseignement ca-tholique. Enfin, alors que le ministère de l’Enseignementsupérieur a lancé, début octobre, une plateforme nationale d’hé-bergement de Moocs (massive open online courses), une confé-rence traitera des enjeux de ces formations numériques gratuitesen ligne. VL

PArentS d’étudiAntS

Aide au logement, accompagnement à l’orientation, appuià l’obtention de bourses, mise en relation avec le mondeprofessionnel… En vertu d’une convention de partenariat

signée en mai dernier par Caroline Saliou, présidente de l’Apelnationale, et Mgr Pierre Debergé, président de l’Union des éta-blissements d’enseignement supérieur catholique (Udesca), lesuniversités catholiques pourront désormais accueillir des asso-ciations de parents d’étudiants qui en feraient la demande. Au-delà de l’appui aux étudiants, cette coopération pourra se traduirepar une action plus politique en faveur de la liberté de choixdans l’enseignement supérieur. Une convention similaire serasignée avec Renasup le 27 novembre prochain. VL

D. R.

Caroline Saliou,présidente de l’Apelnationale, et Mgr PierreDebergé,présidentde l’Udesca.

357 actus p6-17 (DEF:- 25/10/13 12:01 Page14

Page 15: ECA 357 octobre

déPLACerLeS montAgneS CorSeS

Cette année, nous avons des effectifs à la hausse ! » L’en-seignement catholique de Corse accueille en cette ren-trée vingt-quatre élèves supplémentaires, une hausse

légère et pourtant tout sauf anodine, vécue comme un signed’espérance dans ce diocèse de 2 450 élèves, particulièrementen 1er degré (+ 37 élèves). « Il y a une volonté d’abattre desmontagnes pour que notre présence – concentrée dans cinqétablissements – se diffuse plus largement encore », souligneWilliam Nusbaum, le nouveau directeur diocésain de l’îledepuis décembre dernier. Alors que « tout est à faire » dans ce diocèse figurant parmi lesplus pauvres de France et pourvu d’un patrimoine historiqueaussi magnifique que vieillissant, l’enseignement catholiquecorse peine à mobiliser les moyens d’investir dans de nouvellesconstructions. Pourtant, des voies nouvelles ont été trouvéespour soutenir l’engagement et le dynamisme des équipes édu-catives. À l’Île-Rousse, l’évêque a décidé de mettre à la dispo-sition de l’école à classe unique une partie du couvent desfranciscains et de prendre en charge sa remise aux normes. À la rentrée 2014 devrait ainsi s’ouvrir un « équipementextraordinaire » accueillant deux classes. À Bastia, la déci-sion de l’ensemble Jeanne-d’Arc d’acheter un terrain voisinde 6 000 m2 (dont 2 000 m2 de bâtiments construits) va per-mettre au plus gros établissement de l’enseignement catho-lique diocésain de se déployer au-delà de ses murs, saturés defaçon problématique. Concernant le segment du collège, seul niveau touché par unebaisse préoccupante des effectifs (- 62 élèves, en particulierau niveau de l’entrée en 6e) le directeur diocésain oeuvre avecle chef d’établissement de Saint-Paul à Ajaccio au lancementpour la rentrée prochaine d’un nouveau projet de « 6e cartablenumérique », en lien avec l’établissement de Saint-Joseph deGap, très en pointe sur le sujet. Un dernier rêve porte encoreWilliam Nusbaum : celui de concrétiser prochainement l’ou-verture d’un établissement à Porto-Vecchio. AS

SALON DE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR

LE PLUS DU VIRTUELL’Adrep, association pour l’animation et ledéveloppement des relations école-profession,lance une déclinaison virtuelle de son salonde l’enseignement supérieur dont la 38e

édition se tiendra fin janvier 2014. PierrePellé, son président, s’en explique.

Pourquoi lancer un salon virtuel ?Pierre Pellé : Dans le cadre de la professionnalisationde notre salon physique, nous voulions mieux répondreaux problématiques liées à l’orientation, qui gagnent àla fois en importance et en complexité, en mettant à dis-position, toute l’année et à un public élargi, des infor-mations sur l’enseignement supérieur. Et accéder à une dimension nationale ?P. P. : Ces outils sont bien sûr au service de tous. Aprèsavoir emménagé à l’espace Montalembert, au côté d’autresstructures de l’enseignement catholique, nous souhaitonsrenforcer les liens avec les instances nationales. Dansla région Île-de-France, notre rapprochement avec lesDDEC se traduit déjà par la mise en place d’un corres-pondant Adrep dans chaque diocèse.Quelles sont les retombées pour votre salon ?P. P. : Les ressources numériques et le salon physiquefonctionnent en complémentarité. Ils ont vocation àaccompagner les jeunes dans leur processus d’orien-tation. Au-delà de la documentation des établissementspartenaires, les tables rondes, les conférences, les té-moignages de professionnels et le carrefour d’orientationoffrent une véritable valeur ajoutée. Leur mise enligne aide au discernement et à la préparation de savisite.

Propos recueillis par Virginie Leray

zLe prochain salon de l’enseigne-ment supérieur de l’Adrep aura

lieu le vendredi 24 janvier 2014, de 13 hà 18 h, et le samedi 25 janvier, de 10 h à18 h, à l’Espace Champerret (Paris 17e).Au programme : 300 exposants, 36débats et conférences, 50 professionnels, 950 jeunes reçus par des conseillersd’orientation-psychologues. Prix : 5 €.Invitations téléchargeables en ligne pourles individuels et les groupes scolaires(www.adrep-infos.com).

u 126 196 visites de septembre 2012 à juin 2013u 12 676 PDF téléchargésu 1 962 liens vers les sites des exposants activéswww.salonvirtueldelorientation.com

Le salon virtuel en chiffres

N° 357, octobre-Novembre 2013 Enseignement catholique actualités 15

D. R.

D. R.

Le diocèse de Corse possède un patrimoine historique magnifique mais vieillissant.

357 actus p6-17 (DEF:- 25/10/13 12:01 Page15

Page 16: ECA 357 octobre

A c t u s / enseignement catholique

experts. « Cela laisserait penser aux équipes que lesréponses se trouvent ailleurs. Notre approche s’inscrit véri-tablement dans le partage de compétences, insiste XavierLeturcq. Il s’agit de permettre la relecture, de croiser lesregards et de susciter dans la mesure du possible l’intérêtdes enseignants pour les formations spécifiques. » Un parirelevé : dans le diocèse, une dizaine d’entre eux sont engagéscette année dans la formation BEP-ASH3. AS

1. Adaptation scolaire et scolarisation des élèves handicapés.2. Directeur académique des services de l’Éducation nationale. 3. Un dispositif de formation professionnelle qualifiante progressive, ouverte auxenseignants du 1er et du 2nd degré.

Séez : une forCemobiLe Pour L’ASH

Soissons : une journée pour le Statut

V enus de tout le diocèse,1 200 chefs d’établisse-ment, enseignants et

personnels de service ontconvergé vers le collège Saint-Pierre de Soissons (Aisne), le11 octobre 2013, pour partici-per au rassemblement de tousles acteurs des communautéséducatives. Le thème retenuétait : « Être professeur, éduca-teur et professionnel dans l’en-seignement catholique àl’heure du nouveau Statut. » « Tous les trois ans, nous organisonscette manifestation. C’est l’occasionpour tous de réfléchir et d’échangersur ses missions et de replacer ses acti-vités dans un contexte plus global »,résume Franck Talleu, le directeur dio-césain de Soissons. Après avoir présenté le Statut de l’en-seignement catholique, Pierre Marsol-lier, délégué général au Sgec, a répondu

pendant plus d’une heure aux questionssur les changements apportés par cetexte. « Notre idée était de mettre en évi-dence le caractère pragmatique de ceStatut. Il n’impose pas un seul modèlemais va à la rencontre des communau-tés éducatives et interpelle chacun, enlui demandant de participer en fonctiondu poste qu’il occupe », poursuitFranck Talleu.

La table ronde organisée aucours de l’après-midi est venueillustrer ses propos, en présen-tant quatre parcours dans l’en-seignement catholique : unchef d’établissement entrécomme surveillant avec uncontrat emploi solidarité, unancien élève devenu prêtre, unautre devenu chercheur auCNRS et un jeune en difficultéqui, après avoir été suivi deprès par deux enseignants, aréussi à raccrocher et a être

embauché à la maison diocésaine. Cetéchange a mis en évidence la capacitédes établissements catholiques à s’ap-puyer sur les points forts de chacunpour les conduire vers la réussite. « Unemission renforcée par le Statut », aconclu Franck Talleu qui espère bienque les participants s’inspireront de cestémoignages une fois de retour dansleurs établissements. Le

Faire bénéficier l’ensemble des établissements du diocèse – enparticulier les collèges et lycées – du regard et de l’expériencedes enseignants ASH1 face aux difficultés que certains peuvent

rencontrer. Tel est l’objectif de « l’équipe ressources » (ERASH),mise en place par l’enseignement catholique de l’Orne depuis2010, et pérennisée à compter de la rentrée 2013. Le dispositif,rare dans l’Hexagone, permet la mise à disposition d’un pool deprofessionnels formés composé de deux enseignants spécialisésdu 1er degré, d’un maître référent 1er et 2d degrés ainsi que d’unenseignant spécialisé de collège. « Sa création a été rendue possiblepar l’obtention d’une demi-journée de décharge auprès du Dasen2

pour les professeurs du 1er degré et l’attribution d’heures sup-plémentaires annuelles pour l’enseignant du 2d degré », expliqueXavier Leturcq, directeur diocésain de Séez. Intervenant toujours à la demande des établissements,l’ERASH propose différentes modalités d’interventions :formations à la carte, temps d’informations et d’échanges,accompagnement d’équipe… « Des difficultés technico-administratives au souci d’introduire une pédagogie diffé-renciée ou de dépasser une situation d’illettrisme chez desélèves, les sollicitations sont très variées », indique ClaudeNoury, chef d’établissement 1er degré et membre del’ERASH. Pour autant, l’ambition n’est pas de jouer les

D. R.

16 Enseignement catholique actualités N° 357, octobre-Novembre 2013

D. R.

1 200 personnes ont participé au rassemblement diocésain.

L’équipe d’intervention, composée de professeurs et de chefs d’établissement.

357 actus p6-17 (DEF:- 25/10/13 12:01 Page16

Page 17: ECA 357 octobre

marche", d’appréhender lesmécanismes en jeu et de réali-ser que la technologie qui lesanime est tout sauf magique. »Plus encore, « le Fab Lab pro-pose une autre approche péda-gogique où l’expérience tactileengage d’abord un processusd’action, de motivation, d’idéa-tion. Elle rompt avec un systèmescolaire où la leçon précèdetrès souvent l’exercice etaccroche réellement les élèvesen leur permettant de deveniracteurs de leur découverte »,

précise Laurent Romagnoli, enseignanten gestion au lycée professionnel Les-Portes-de-Chartreuse à Voreppe (Isère).Cette initiation à la démarche scienti-fique va bien au-delà des seuls ensei-gnements de mathématiques ou detechnologie : « Le Fab Lab constitue unlieu ressource où peuvent se monter denombreux projets interdisciplinaires »,souligne Peggy Mennesson, professeurau CCSTI. AS

public d’usagers non experts de fairepresque tout soi-même. » Rien d’im-pressionnant pour les élèves, selonClaudie Laval-Royon, directrice del’école Sainte-Anne-en-Chartreuse, quiest venue expérimenter le dispositifavec sa classe. « Ce sont des machines modernes quifont partie de leur univers et les passion-nent. Cela permet vraiment de dévelop-per la curiosité du "comment ça

Devenus incontournablesdans les écoles d’ingé-nieurs, d’architecture, de

design et de plus en plus à l’uni-versité, les Fab Labs (contrac-tion de Fabrication Laboratory)s’ouvrent à l’école. Premierd’entre eux à s’être rendu acces-sible au milieu éducatif depuismars 2012, le Fab Lab du Cen-tre de culture scientifique, tech-nique et industrielle (CCSTI) deGrenoble propose des visitesdécouvertes et l’accès demachines, de plans et d’outils.Au cœur de la charte de ces ateliers, ini-tiés à l’origine par le MIT, s’inscrit uneambition résolument éducative,explique Catherine Demarcq, respon-sable de l’animation du Fab Lab greno-blois : « En mettant à disposition desmachines de production à commandenumérique utilisées dans l’industrie(machines de découpe, imprimantes3D, conception assistée par ordina-teur…), l’idée est de permettre à un

Le Fab Lab de Grenoble initie les élèves aux technologies numériques.

entre chefs d’établissement du1er et 2d degré… Mieux encore, de nouvelles pistesse dessinent pour renforcer laconnaissance mutuelle et la lo-gique de réseau, avec des pré-sentations d’établissements enréunion de bassin ou un travailpour améliorer les fiches de liai-son qui suivent les élèves duCM2 en 6e. Sur le plan pédago-gique, une expérimentation col-légiale de Roll – dispositifaccompagnant l’entrée dansl’écrit des élèves – se prépare,

ainsi que des projets de coanimation de cours entre enseignantsdu 1er et du 2d degrés. « De quoi mieux comprendre des culturesprofessionnelles différentes et s’en enrichir », assure BettyLandois, qui évoque enfin une réflexion pastorale sur ladimension initiatique du passage en 6e : « pour une rupturequi fasse grandir et qui soit accompagnée sur le plan humaincomme sur celui de la foi. » VL

LA LORRAINE RENFORCE LE LIEN ÉCOLE - COLLÈGE

Convaincues de la nécessitéde « créer des passerellesentre le primaire et le se-

condaire, deux univers qui seméconnaissent », Betty Landoiset Marie Graille-Bégin, chargéesde mission pour les diocèses deNancy-Toul et de Verdun, voientleur intuition confortée par lesrécentes orientations ministé-rielles. Alors que CM2 et 6e sontdésormais réunis dans un cyclecommun et que des conseils école- collège se créent dans le public,le groupe de travail qu’elles ani-ment depuis le printemps dernier démontre toute son utilité.Regroupant les représentants d’une petite dizaine d’établis-sements, il a déjà permis de recenser et de valoriser lesinitiatives existantes : tutorats d’élèves de primaire par descollégiens ou des lycéens, activités périscolaires ou projetspédagogiques communs, passages de relais entre enseignantsde CM2 et de 6e lors du conseil de classe de juin, concertations

© CCSTI G

renoble

Grenoble : le Fab Lab prend son essor

Une partie du groupe de travail autour d’Anne-Marie Cavé, directricediocésaine, Betty Landois et Marie Graille-Bégin (debout de g. à d. ).

D. R.

N° 357, octobre-Novembre 2013 Enseignement catholique actualités 17

357 actus p6-17 (DEF:- 25/10/13 12:01 Page17

Page 18: ECA 357 octobre

A c t u s / enseignement catholique

C’était sans compter sur la pédagogie des intervenants2...Pascal Balmand a ainsi piqué la curiosité de l’auditoire enl’invitant à découvrir l’article 74, « le plus beau et le plusfondamental, qui résume tout le Statut », avant de le lire à

haute voix : « La mission édu-cative se fonde sur la pédagogiedu Christ. Elle déploie solidai-rement une attention : "Queveux-tu que je fasse pour toi ?",un appel toujours personnel :"Viens…", une confiance enchacun : "Va", une promessed’accompagnement : "Je seraiavec vous…" ». Mais attention,a-t-il relativisé, ce texte n’est qu’ « un outil, pas un but en soi »qui nous aide « à préciser le vi-sage de l’enseignement catho-lique ».Animateur de ces deux

jours, Joseph Herveau, chargé de la mission pastorale auSgec, s’est félicité de la richesse des échanges et du nombrede participants qui prouve combien ce rassemblement estattendu. « Se ressourcer avec les conférences et échangersur nos pratiques dans les ateliers, c’est une vraie boufféed’oxygène », concluait une participante. SH

1. Interview du pape François aux revues culturelles jésuites, réalisée par le P. A.Spadaro, sj., en août dernier. À lire sur le site de la revue Études : www.revue-etudes.com2. Les conférences seront disponibles prochainement sur le site : http://ec-ressources.fr

JournéeS ADP et APS

Il fAut lIre l’ArtIcle 74 !Le Statut 2013 de l’enseignement catholique

fut au centre des débats lors des journées nationales

de l’animation pastorale qui se sont tenues

les 1er et 2 octobre derniers à Paris et Antony.

Les réformes structurellesou organisationnelles sontsecondaires […]. La pre-

mière réforme doit être celle dela manière d’être », a lancéd’emblée Pascal Balmand auxdeux cent cinquante participantsà la 13e Journée de l’animationpastorale, qui a eu lieu à Antonyle 2 octobre dernier, reprenantainsi les propos du pape Fran-çois1. « Voilà, ce n’est plus lapeine de parler du Statut ! », apoursuivi le secrétaire généralde l’enseignement catholique en guise de boutade, avant d’enfaire une présentation détaillée, complétée par celle de Mgr Alain Planet, membre du Conseil épiscopal pour l’ensei-gnement catholique. La veille, les adjoints diocésains en pastorale,réunis à Paris, s’étaient eux aussi penchés sur le Statut avec lephilosophe Jean-François Petit, spécialiste d’Emmanuel Mounier,qui en a proposé une lecture anthropologique, et l’un de ses ré-dacteurs, Pierre Marsollier, soucieux de montrer combien ladoctrine sociale de l’Église traverse ce texte. Sujet aride que le Statut pour les acteurs de la pastorale ?

.© J.-C. Cha

ussé

e

Pascal Balmand, secrétaire général de l’enseignement catholique, et Mgr Planet, évêque de Carcassonne et Narbonne.

Pour la première fois de ma carrière,j’ai l’impression d’occuper un posteabouti ! », s’exclame Robin Durieux,

adjoint en pastorale à Notre-Dame-la-Riche, à Tours. À ses côtés, Jean-ClaudeChaussée, le chef d’établissement quil’a recruté il y a six ans en lui offrant « un vrai salaire et de vraies respon-sabilités », précise l’intéressé. Un duocomplice qui a fait des envieux parmiles participants à l’un des douze ateliersdu 2 octobre dernier (cf. article ci-dessus), centré sur « le rôle de l’adjointau chef d’établissement en pastoralescolaire ». Un tour de table a révélé eneffet des situations contrastées, parfois

même douloureuses, comme cette en-seignante de mathématiques qui assurebénévolement la catéchèse au lycéeSaint-Jean de Salon-de-Provence et quia dû financer elle-même son voyage

pour participer à cette journée nationale.« Nous avons besoin du soutien pleinet entier du chef d’établissement », areconnu Robin Durieux, qui coordonneune équipe pastorale. Pour cette der-nière, il s’est donné trois objectifs :organiser du « non religieux humani-sant » (une journée d’intégration, parexemple), proposer « une approchereligieuse non confessionnelle » (uneouverture sur la spiritualité avec laprojection d’un film) et une « propo-sition de la foi pour tous » (dont un « apéro théo » pour les profs). Un té-moignage plein d’enthousiasme quien a réconforté plus d’un. SH

Robin Durieux a lancé un « apéro théo » pour les profs.

18 Enseignement catholique actualités N° 357, octobre-Novembre 2013

.© S. Horgu

elin

Un adjoint en pastorale heureux

357 actus p18-26 DEF:- 25/10/13 12:28 Page18

Page 19: ECA 357 octobre

film sur les gisants de Saint-Denis. « Ça a l’air joli, ici »,constate l’élève de Savigny-sur-Orge. Affairée à remplir lequestionnaire préparé par le collège de Saint-Denis, elleentend bien en apprendre le plus possible sur la basilique.

« J’ai travaillé sur lechemin de croix, lestapisseries et le baptis-tère de la cathédraled’Évry. Avec une amiede la classe, nousavons fait des résumésavec nos mots qu’on amis sur le blog. J’adorechercher des informa-tions ! » Après cettevisite d’une heure, lesélèves des deux villesoptent pour un pique-nique dans un parc, oùils échangent sur lavisite du matin.

Un pari réussiSept jours plus tard,les deux classes seretrouvent à Évry.Cette fois, ce sont lescollégiens de Savigny-sur-Orge qui jouent lesguides dans la cathé-drale. Les visages desélèves de Saint-Denisrayonnent. Ils s’arrêtentaux différents pointsd’intérêts pour écouterles 6es du Sacré-Cœurleur expliquer la symbo-lique des arbres sur letoit, la signification des

vitraux ou encore l’origine de la statue de saint Corbinien.Des deux côtés, ce projet est un « pari réussi ». « Certainsde mes élèves n’étaient jamais entrés dans une église etpensaient même que cela leur était interdit », sourit KatiaVeloso. « C’était un vrai défi, estime Christine Charles.Sur un sujet aussi délicat que la religion, on ne sait jamaistrop comment les enfants vont réagir. Mais tous ont biencompris qu’il n’était pas question de prosélytisme, justede découverte d’un patrimoine. » L’année prochaine, lesdeux enseignantes pourraient bien reconduire le projet. « Cette fois, on travaillera peut-être autour de la religionmusulmane... » nSzhttp://blogin6.wordpress.com

VIENS VISITER MA CATHÉDRALE !« Journées cathédrales » : c’est le nom du projet qui

a réuni deux classes de 6e de Seine-Saint-Denis et

de l’Essonne, curieuses de découvrir le patrimoine

religieux de l’une et de l’autre.

Un mardi de juin, 10 heu-res. Sur le parvis de labasilique Saint-Denis, le

père Phalip décrypte le portail.Face à lui, deux classes vien-nent tout juste de faire connais-sance. Après deux moisd’échange par blog interposé,la 6e du collège Saint-Vincent-de-Paul de Saint-Denis ac-cueille la 6e du collège duSacré-Cœur de Savigny-sur-Orge pour une visite de la ba-silique. Catherine Thuillier,animatrice en pastorale dansle diocèse d’Évry-Corbeil-Essonnes, et Alix Clairambault,son homologue pour le diocèsede Saint-Denis, travaillent surce projet depuis deux ans. « Nous voulions monter un projet de pastorale hors lesmurs, afin que nos élèves en rencontrent d’autres,détaille Catherine Thuillier. Nous sommes parties del’idée d’un échange entre deux classes, avec commepoint de départ une comparaison entre deux églises,l’une très ancienne, la basilique de Saint-Denis, l’au-tre ultramoderne, la cathédrale d’Évry. » À l’époque,la décision est prise de tenter l’aventure avec deuxclasses au profil similaire : multiculturelles et multi-confessionnelles. Dès le mois d’avril 2013, les élèvesde 6e de Saint-Vincent-de-Paul postent leurs premierstextes, aidés par Katia Veloso, leur professeur princi-pal. En petits groupes, en classe mais aussi chez eux,les collégiens cherchent des informations sur les par-ties dont ils ont la charge : les gisants, les vitraux, l’archi-tecture... « Certains sont même allés sur place faire desphotos pour alimenter le blog. Ils étaient tous très curieuxde lire les commentaires postés par l’autre collège surleurs textes ! » Même travail au Sacré-Cœur, à Savigny-sur-Orge. « J’ai commencé à les faire travailler fin marssur la cathédrale d’Évry, pendant l’heure hebdomadairede pastorale », se souvient Christine Charles, enseignanteet adjointe en pastorale dans l’établissement. Deux par deux, les élèves mènent leurs investigations surcette cathédrale futuriste, construite dans les années 1990et surmontée de 24 tilleuls argentés. Assise sur un banc,Victoire-Charlie, 9 ans et demi, ne rate pas une miette du

VOUS AVEZ DITPASTORALE ?

Après avoir travaillé en classesur son histoire et son

architecture, les collégiens ont pu découvrir la basilique

Saint-Denis (ci-dessus) et lacathédrale d’Évry (ci-contre).

© N

. Fo

ssey

-Serge

ntD. R.

N° 357, octobre-Novembre 2013 Enseignement catholique actualités 19

357 actus p18-26 DEF:- 25/10/13 12:28 Page19

Page 20: ECA 357 octobre

prochaine, comme une réponse évan-

gélique à la proposition de Vincent Peillon

d’opérer un « réarmement idéologique,

moral et intellectuel ». Préparé par un

tour de France de l’engagement et ex-

périmenté dans quatre établissements

pilotes, ce parcours encourage l’implication

associative des jeunes ou l’entraide entre

pairs, donne l’occasion de réfléchir à l’ac-

cueil des différences et réinterroge les

notions d’évaluation ou de sanction.

La Salle Liens International, n° 85, septembre 2013, pp. 13-20.

Virginie Leray

RECONVERSIONDES ENSEIGNANTSEpuisés par leurs classes, certains en-

seignants souhaitent exercer un autre

métier. Un changement qui se prépare,

selon Rémi Boyer, créateur du site Aide

aux profs qui accompagne de nombreux

enseignants en reconversion. Invité par

la Fep et le Sgen de Haute-Normandie,

celui-ci a conseillé, entre autres, aux pro-

fesseurs « de démarrer leur nouvelle ac-

tivité en gardant un temps partiel d’enseignement, pour se laisser

le temps de réussir leur deuxième carrière ». À savoir : Formiris

propose aux enseignants une prise en charge financière de 50 %

pour effectuer un bilan de compétences. SH

Fep magazine n°182, septembre-octobre 2013, p. 7.

AU PLAISIR DE LIREAteliers et défis lecture dès la maternelle,

cafés littéraires pour initier les futurs en-

seignants aux livres jeunesse, programme

Roll de prévention contre l’illettrisme, mais

aussi, bien sûr, des moments complices

autour de l’histoire du soir… Le magazine

de l’Apel consacre un dossier au plaisir

de lire. Comment l’initier, le transmettre

et l’entretenir alors que 15 % des collégiens

connaissent des difficultés de lecture et

que, parmi les adultes ayant appris à lire, 2,5 millions se déclarent

néanmoins illettrés ? Enseignants, formateurs, parents : chacun a

sa page à écrire !

Famille et éducation, n° 498, septembre-octobre 2013, pp. 21-30.

DE LA POSTURE DES TUTEURSPour son passage au numérique, la

revue de l’association des formateurs

de l’enseignement catholique revient

sur trois ans de tutorat des professeurs

des écoles stagiaires d’Île-de-France.

L’objectif de l’expérience : asseoir la

posture nouvelle des tuteurs, qui parti-

cipent à l’évaluation des stagiaires. La

mise en synergie des différents lieux de

formation et un suivi assuré par des

tuteurs extérieurs à l’établissement du stagiaire ont permis de

réarticuler les rôles du trio chef d’établissement-tuteur-formateur

d’Isfec. Elles ont aussi inscrit la relation entre le stagiaire et son

tuteur dans un collectif plus large.

Chantiers, formations et pratiques, n° 54, juin 2013, pp. 4-17.

COOPÉRATION INTERNATIONALELe Cneap a fêté cet été dix ans d’accom-

pagnement au développement de l’en-

seignement agricole malgache, en

partenariat avec l’ONG Fert. Depuis 2003,

quatre collèges ont ainsi ouvert des dis-

positifs de financement de type microcrédit,

avec le soutien financier et pédagogique

du Cneap. Présence met également à

l’honneur dans ses pages l’exposition

montée par les élèves de BTS du lycée

d’enseignement agricole Paul-Claudel (38), consacrée à dix ans

de solidarité internationale avec l’Afrique.

Présence, n° 219, septembre-octobre 2013, pp. 4-6.

ÉDUCATION À LA JUSTICELe réseau lassalien présente le parcours d’éducation à la justice,

au service et à l’engagement qu’il mettra à œuvre pour la rentrée

SUR LA TOILEPOUR UNE PÉDAGOGIE CATÉCHÉTIQUE

Des membres de services dio-

césains de catéchèse et de l’en-

seignement catholique de Lisieux,

Marseille, Montpellier et de Nice

ont conjugué leurs expériences

sur internet. Leur site, s’inspirant

de la pédagogie d’initiation, pro-

pose des modules couvrant trois années liturgiques et agrémentés

de canevas d’analyse de texte, de vidéo, photos, quizz, affiches,

propositions de jeux scéniques ou d’animations variées. Ces

ressources invitent à interpréter des textes bibliques, en vue de

susciter une rencontre où le catéchisé se sente rejoint dans son

questionnement. Si quelques séquences s’adressent aux jeunes,

l’initiative vise en priorité les animateurs, incités à se mettre en

recherche, pour donner sens à ces ressources en les articulant

à la démarche catéchétique de leur diocèse. VL

zwww.catechese-par-la-parole.catholique.fr

REVUE DE PRESSEA c t u s / enseignement catholique

À la une des publications de l’enseignement catholique

20 Enseignement catholique actualités N° 357, octobre-Novembre 2013

357 actus p18-26 DEF:- 25/10/13 12:28 Page20

Page 21: ECA 357 octobre

N° 357, octobre-Novembre 2013 Enseignement catholique actualités 21

A c t u s / éducation

LE NOUVEAU PAP DEL’ÉDUCATIONNATIONALE

Document pivot, le PAP (projetannuel de performance) 2014du ministère de l’Éducation

nationale, annexé au projet de loi definances 2014, retrace la stratégie pré-vue pour l’enseignement scolaire, les« indicateurs de performance » et lesmoyens d’y parvenir, notammentbudgétaires. Il fixe trois objectifs fon-damentaux : la réussite des élèves, laqualité des enseignants et un aména-gement équilibré du territoire en opti-misant les moyens alloués. L’effort àporter en faveur de l’école primaireest notamment réaffirmé et lie à lacréation de 4 840 emplois dans le pre-mier degré une nécessaire élévationdu niveau des élèves. En outre, une transformation du sys-tème d’allocations de moyens, « plusconforme » à une politique d’égalitédes territoires, se précise. Selon ledocument, « le système d’allocationdes moyens sera affiné tout en pour-suivant un effort budgétaire spéci-fique pour les établissements enéducation prioritaire : il s’agira dedifférencier les moyens en fonctiondes spécificités territoriales, socialeset scolaires de chacun des établisse-ments selon le projet d’école ou lecontrat d’objectifs ». Pour la lutte contre le décrochage sco-laire, de nouveaux moyens sontannoncés (4 000 postes d’ici 2017), « consacrés à la mise en place, dansles collèges comptant une forte pro-portion d’élèves en difficulté et leslycées professionnels, de dispositifspédagogiques adaptés ». Enfin, lesinternats de réussite éducative, untemps sur la sellette, sont finalementreconduits par le ministère « mais leurcoût doit être réduit et ils doivents’inscrire dans une politique plus glo-bale au bénéfice de tous les élèvesinternes », précise le PAP.AS

Des assises pour relancer l’éducation prioritaire

I l ne revient pas à un ministre de faireles programmes. » Vincent Peillon ainstallé le 10 octobre 2013 le Conseil

supérieur des programmes (CSP), ennommant à sa tête l’ancien recteur deVersailles Alain Boissinot. Quatre missions sont imparties à la nou-velle instance qui remplace le Hautconseil de l’éducation (HCE). Au CSPrevient ainsi la responsabilité de la défi-nition du socle commun et de sa mise encohérence avec les programmes ; il auraégalement son mot à dire sur le contenudes épreuves des concours de recrute-ment d’enseignants et enfin sur l’évaluation des élèves. Autant de points délicatslaissés en arbitrage par la loi d’orientation. Dès cette année, « un travail considéra-ble » attend le Conseil, avec en premier lieu l’élaboration de nouveaux pro-grammes en maternelle pour une application en 2014, ainsi que la préparation despremières années de chacun des cycles (CP, CM1 et 5e) pour la rentrée 2015. LeCSP doit également s’atteler à une proposition de programme d’enseignementmoral et civique, ainsi qu’aux référentiels du parcours d’éducation artistique et duparcours individuel d’information, d’orientation et de découverte du monde éco-nomique et professionnel, prévus pour 2015. AS

V incent Peillon lance en novembre2013 un temps de concertation lo-cale sur la base de leviers identifiés

comme « efficaces pour relancer l’édu-cation prioritaire ». Pêle-mêle : « Res-serrer le périmètre en l’ajustant auxécoles et collèges connaissant les plusfortes concentrations de défavorisés » ;« Bien déterminer les objectifs », notam-ment au regard de l’estime de soi et duclimat scolaire, de la question de la langueet de celle, « centrale », de la lecture ; « Attirer et retenir des professeurs motivéset efficaces » par des « leviers financiersrelatifs au mouvement, à l’évolution decarrière, aux conditions d’exercice etaux dynamiques d’équipe » ; « Renforcerle pilotage national » en articulation avecd’autres politiques publiques et, enfin, « Centrer l’usage des moyens vers l’écoleprimaire. » L’objectif de ces assises est de « fairepartager le diagnostic établi, de le com-

pléter, d’enétudier lesconditionsde faisabi-lité et derecueillirréflexions etsuggestions ». Réu-nissant les personnels exerçanten éducation prioritaire, les pa-rents, les élus et acteurs de la ville, « lesacteurs de l’enseignement catholique sontinvités à y prendre toute leur place », arappelé Pascal Balmand, le secrétaire général de l’enseignement catholique,lors de sa conférence de presse de rentrée.À la suite de ces assises, des pistes d’évo-lution de la politique d’éducation prioritaireseront « annoncées début 2014 et pro-gressivement testées et mises en œuvredès la rentrée 2014 », précise le ministèrede l’Éducation nationale.

Aurélie Sobocinski

ProgrAmmeS : le conSeIl en PlAce

Alain Boissinot, pilote du Conseil supérieur des programmes.

D. R

.

357 actus p18-26 DEF:- 25/10/13 12:28 Page21

Page 22: ECA 357 octobre

LE PRIMAIRE CONNAÎT LA MUSIQUEUn outil supplémentaire pour l’apprentissage de la musique

à l’école primaire ! Fruit d’un partenariat entre le ministèrede l’Éducation nationale et l’association Tous pour la musique(TPLM), qui regroupe l’ensemble des professionnels dusecteur, le site Musique Prim propose aux enseignants du

premier degréquatre-vingt-dixœuvres musicalesdu Moyen Âge ànos jours, vingtchansons et desfiches pédago-giques. Des réper-toires de chantsrégulièrement en-richis sont mis en

ligne pour les trois cycles de l’école primaire. « Tous les titres sont proposés en intégralité, avec la possibilitéde les télécharger », note Patricia Sarrant, de TPLM. L’accèsaux ressources du site s’effectue par un accès sécurisé, les en-seignants s’inscrivant avec leur adresse e-mail académique,disponible auprès des conseillers TICE. Le site met à dispositiondes vidéos sur le monde et les métiers de la musique, ainsique le recensement de tous les sites légaux de téléchargement.Musique Prim est pour l’instant réservé au premier degré,mais « nous avons pour ambition de l’étendre au collège, puisau lycée », conclut Patricia Sarrant. Joséphine casso

zhttp://www.cndp.fr/musique-prim/accueil.html

RÉVISER LE BAC AVEC YOUTUBE

Utiliser Youtube pour du soutien scolaire ? Plutôt malin.Le site Une minute pour comprendre s’adapte à la géné-

ration hyperconnectée pour réviser les programmes demaths de terminale. « Nous faisions du soutien scolairepour des élèves de Zep et nous nous sommes rendu comptequ’ils ne disposaient d’aucune ressource pédagogiquegratuite », explique Marion Vergnet, qui a créé le site avecdeux autres étudiants de l’Essec. Après six mois d’aller-retour avec des professeurs et des élèves, le concept est là :plus de 250 vidéos de une à trois minutes pour passer en

revue les différents points-clés du programme. « L’idéen’est pas de remplacer le prof, mais de faire comprendre àl’élève qu’à chaque fois qu’il se trouve devant un problèmedonné, la démarche à suivre pour le résoudre est la même,précise Marion Vergnet. Nous voulons faire baisser lesbarrières qui génèrent des blocages psychologiques. » Àchaque partie du programme correspond plusieurs exer-cices corrigés et une fiche de synthèse. L’an dernier, 70 000élèves ont révisé leur programme de maths avec ce site.Dans les mois qui viennent, les autres classes du lycéeferont leur entrée, puis progressivement celles de collège. « Les autres matières scientifiques viendront plus tard »,précise Marion Vergnet. Jczhttp://www.cndp.fr/musique-prim/accueil.html

boîte à outils

SIM CITY À LA FERMELancé avec le soutien de l’Union européenne, le jeu

Cap Odyssey, proposé par le ministère de l’Agri-culture, plonge les participants au cœur de la petiteville d’Abondance. Placés à la tête d’une exploitationagricole, ils disposent d’un délai de cinq ans pourrépondre aux besoins alimentaires des habitants etsont dotés d’un capital initial de 50 000 pièces. Au fildes animations,ils sont invités àacquérir desnouvelles par-celles pour ydévelopper descultures, ayantle choix entrele blé, le maïsou le bétail. À chaque fois,s’inspirant du conceptqui a fait le succès du jeu Sim City, une fenêtre s’affichepour rappeler le prix d’un hectare de mise en culture,les coûts d’entretien et le taux de productivité. CapOdyssey commence à se corser quand des évènementsnon prévus obligent les agriculteurs en herbe à réagirpour tenir compte d’une vague de froid, de la haussedes cours sur les marchés mondiaux… Ludique, ceprogramme reste toutefois difficile à appréhender sansl’accompagnement d’enseignants, faute de supportspédagogiques en ligne suffisants. Le lien avec la PAC(Politique agricole commune) annoncé en introductionn’est pas non plus des plus explicites. Sauf si celui-cise révèle lors des missions qui seront ultérieurementproposées aux joueurs… laurence estival

zhttp://www.capodyssey.eu

A c t u s / éducation

22 Enseignement catholique actualités N° 357, octobre-Novembre 2013

357 actus p18-26 DEF:- 25/10/13 12:28 Page22

Page 23: ECA 357 octobre

scientifique autour du goûtde la science et de sa péda-gogie, à encourager les ex-périmentations en classe etl’interdisciplinarité », dé-taille Pierre Léna, fonda-teur de Lamap. En lienavec les instances acadé-miques, des chercheurs,des ingénieurs et autresprofessionnels, les Mai-sons pour la science orga-nisent aussi des projetscollaboratifs et élaborentdes ressources documen-taires. Leur offre de forma-

tion continue se décline à distance, en laboratoire ou viaun accompagnement dans les classes… De quoi s’immer-ger dans les « sciences vivantes » afin de mieux faire par-tager à ses élèves une matière revivifiée. Vl

zhttp://www.maisons-pour-la-science.org

DeS mAISonS Pour lA ScIence

L’histoire des sciences, la matière, le génome, lerisque sismique et la prévision, la pédagogied’investigation… Autant de thèmes abordés

lors des séquences de développement profession-nel proposées par les Maisons pour la science auservice des professeurs, à l’attention des forma-teurs et des enseignants depuis la maternellejusqu’à la fin du collège.Ce sont quatre structures – en Alsace, en Lorraine,en Auvergne et en Midi-Pyré-nées, ainsi qu’un pôle de coor-dination national à Paris – quiont vu le jour l’an dernier, àl’initiative de la Fondation Lamain à la pâte (Lamap) et avecle soutien financier du pro-gramme Investissements d’ave-nir. « Basées dans des campusuniversitaires, les Maisons pourla science visent à rapprocher lacommunauté éducative du monde

Sans pour autant se limiter à poser des interdits. « De nouveauxrituels doivent être mis en place pour favoriser l’effort narratifet les pratiques de création autour des écrans, insiste lepsychiatre. Il faut limiter le temps d’écran et, simultanément,faire œuvre d’éducation autour des programmes regardés. »

Relayée par l’Apel natio-nale et les professionnelsde santé, la campagne estdéclinée sous la formed’une affiche téléchargea-ble permettant de sensi-biliser le grand public.Une démarche qui croiseles innovations menéesdans les établissements,présentées sur le site in-ternet www.apprivoiser-lesecrans.com, coordonné

par le Sgec. « Nous souhaitions partager des pratiqueséducatives et pédagogiques, expérimentées depuis troisans, qui ont fait leurs preuves », fait valoir Françoise Maine,coordinatrice du département Éducation. Avec le « jeu destrois figures », les serious games ou la « dizaine pour ap-privoiser les écrans », le site ouvre des portes et apportedes réponses aux éducateurs. Ac

1. Serge Tisseron, 3-6-9-12 - Apprivoiser les écrans et grandir, Paris, Éditions Érès.

L’enfant et les écrans : vigilance et prévention

Le 4 octobre 2013, la Fondation internet nouvelle génération(Fing) accueillait à Paris une conférence de presse organiséepar le psychiatre Serge Tisseron et le département Éducation

du Sgec. Au programme de cette rencontre, qui réunissaitprofessionnels de l’éducation et du numérique, la présentationd’une campagne de sensibi-lisation autour de l’ouvragede Serge Tisseron, 3-6-9-12 -Apprivoiser les écrans et gran-dir1. Dans cet opuscule faciled’accès, qui fourmille d’exem-ples concrets, le psychiatre pro-pose des jalons simples : avant 3 ans et l’admission en mater-nelle, pas de télévision ; avant6 ans et l’entrée au CP, pas deconsole de jeux personnelle ;avant 9 ans, et la maîtrise dela lecture et de l’écriture, l’enfant ne doit pas accéder seul àinternet ; avant 12 ans et l’entrée dans l’adolescence, le jeunene doit pas être présent sur les réseaux sociaux.Une vigilance qui doit s’exercer tôt, alors que la prise deconscience intervient souvent à l’adolescence. « Les parentss’interrogent quand les jeunes commencent à aller sur lesréseaux sociaux et ils dramatisent à l’excès les dommages desécrans à l’adolescence. Inversement, ils sous-estiment ceuxqui surviennent avant, dans l’enfance », pointe Serge Tisseron.

Photos

: D

. R.

N° 357, octobre-Novembre 2013 Enseignement catholique actualités 23

357 actus p18-26 DEF:- 25/10/13 12:28 Page23

Page 24: ECA 357 octobre

A c t u s / éducation

24 Enseignement catholique actualités N° 357, octobre-Novembre 2013

EXCELLENCE POUR TOUS LES INTERNATS

L es internats d’excellence (IE), lancés en 2009 afin defavoriser la réussite des élèves méritants issus de milieuxdéfavorisés, scolarisaient 9 146 élèves à la rentrée 2012

dans quelque 600 établissements, dont 10 % de catholiques.Malgré ce déploiement, quatre rapports1 publiés depuis 2011dressent un état des lieux mitigé du dispositif, jugé trop cheret pas assez social : 60 % de boursiers, un tiers d’élèves venantde quartiers relevant de la politique de la ville. Un rapport d’avril 2013 estime qu’un investissement équivalentpermettrait de dédoubler toutes les classes de l’enseignementprioritaire et d’améliorer les résultats d’un plus grand nombred’élèves. Dans la foulée, le ministère a annoncé l’abandondes IE. Ils devront être intégrés dans une politique de relanceglobale des internats qui n’accueillent plus que 4,4 % desélèves, contre 15 % en 1970. En juin dernier, un rapport del’Igen a lancé des pistes pour en faire des lieux de réussiteéducative : bâtir de vrais projets d’internat incluant le périscolaireet pilotés par des enseignants déchargés, mieux articulerinternats classiques et structures à projets spécifiques ouconduire un recrutement soucieux de mixité sociale. Il préconiseaussi de diversifier les réponses pédagogiques, d’approfondirle partenariat entre autorités académiques, collectivités localeset État, de recourir au numérique et de redéployer une offrerépondant mieux aux besoins pour remédier notamment à lapénurie d’internats publics en niveau collège. Vl

1. Rapports Igen de juin 2011 et juin 2013 ; rapport de recherche universitaire (dontCirceft) du 21 janvier 2013 ; rapport financé par le Fonds d’expérimentation pourla jeunesse, du 11 avril 2013.

DE L’ANCIEN RÉGIMEAU RÉGIME MINCEUR

En cette rentrée 2013, le programme d’histoire-géographies’allège en 3e ainsi qu’en terminale L et ES, comme le ré-clamaient les 5000 signataires d’une pétition médiatisée

suite aux épreuves du bac et du brevet. Au collège, le programmed’histoire se recentre sur les deuxguerres mondiales au détrimentdes évolutions technologiques etsociétales du xxe siècle, de laconstruction européenne ou de laGuerre froide, tandis qu’en géogra-phie « la population française » etdes études de cas disparaissent.Au lycée, les chapitres « religionset société aux États-Unis » et « mondialisation » sont passés àla trappe. Globalement, l’approchedevient thématique et non pluschronologique.Après la réintroduction de leur matière enterminale S, les historiens ont été entendus le 5 septembredernier au sujet des coupes parfois contestées.Reste à savoir si ces ajustements amélioreront le niveau desélèves en histoire-géographie, en forte baisse au collège, etsurtout dans les établissements moins favorisés, selon une notede la Depp (n°13-11). La chute du niveau s’expliquerait pardes apprentissages plus superficiels et des pratiques culturelleslaissant une moindre place à la discipline. Autant de questionsà débattre lors de la concertation qui précèdera la refonte globaledes programmes qui entreront en vigueur en 2017. Vl

HEURES. C’est le temps moyen de service chez les en-

seignants du second degré du privé, dont 17,2 heures de

cours, selon le RERS 2013. Leurs collègues du public to-

talisent 18,6 heures de service dont 17,4 heures devant les élèves. Cela

traduit un investissement hors classe plus important dans l’enseignement

catholique, d’autant plus que ces chiffres incluent les temps partiels,

plus nombreux dans le privé sous contrat (20 % contre 12 %). VL

19,1LE CHIFFRE CLÉ

LE SYSTÈME ÉDUCATIF EN 2013

L ’année 2013 marque la 30e

édition du RERS (Repères etréférences statistiques sur

les enseignements, la formationet la recherche), publié par ladirection de l’évaluation, de laprospective et de la performance(Depp). Ce millésime s’enrichitd’informations concernantl’orientation en fin de collège etau début du lycée. On y apprend que 57 % des

élèves de 3e poursuivent en filière générale ou technolo-gique quand 36,7 % optent pour la voie professionnelleet l’apprentissage. Suite à la réforme du lycée, les redou-blements baissent en fin de 2de (9,4 %) au profit desréorientations vers la voie professionnelle (5,5 %), lereste des élèves se répartissant à 61,5 % en 1re généraleet à 23 % en 1re technologique. Vl

Le collège privé Saint-Michel à Priziac au coeur de la Bretagne et son internatd’excellence

Le collège privé Saint-Michel à Priziac, au coeur de la Bretagne, et son internat d’excellence.D. R

.

357 actus p18-26 DEF:- 25/10/13 12:28 Page24

Page 25: ECA 357 octobre

N° 357, octobre-Novembre 2013 Enseignement catholique actualités 25

le 19 septembre 2013, un colloquede l’unapei sur le handicap mentala illustré les bienfaits de lacollaboration renforcée entrel’éducation nationale et le secteurmédicosocial.

Décloisonner. C’était le fil rouge dela journée « Éducation » organiséele 19 septembre 2013 par l’Union

nationale des associations de parents, depersonnes handicapées mentales et deleurs amis (Unapei). Devant 250 partici-pants, Christel Prado, la présidente dumouvement, a souhaité que « la mutua-lisation et les partenariats » entre Éducationnationale et secteur médicosocial se dé-veloppent, afin d’engager de véritablesparcours d’insertion, plutôt que d’ « en-fermer dans une logique de filière stig-matisante ». Profitant de sa présence, ellea exhorté Vincent Peillon (lire encadré)à « engager une campagne de contrac-tualisation entre toutes les écoles et lesstructures adaptées », une mesure « quine vous coûtera rien », a-t-elle spécifié.

Des prises en charge adaptéesPour quelles coopérations ? Une conven-tion entre l’Adapei et l’Académie du Can-tal permet par exemple à de jeunes autistesbénéficiant d’un accompagnement mé-dicosocial intensif et précoce de fréquenterdes maternelles ordinaires. Avec des pro-grès spectaculaires à la clef, même encas de troubles sévères.Plus courant, le suivi éducatif des élèves

scolarisés en Clis1 ou en Ulis2, dispensépar des instituts médico-éducatifs (IME)partenaires des établissements, amène par-fois ces derniers à proposer aussi des tempsde scolarisation aux jeunes relevant d’IME.À Strasbourg, le renfort de moyens venusde l’IMPro Sifas3 permet d’organiser enmilieu scolaire un tutorat de jeunes han-dicapés par des lycéens de filières sanitaireset sociales. Enseignants et éducateurs s’yessaient à la coconstruction d’outils pé-dagogiques, voire à la coanimation. Résolue à rompre avec l’époque des châ-teaux perdus en rase campagne, la toutenouvelle Maison du Parc, à Besançon,fonctionne comme une plateforme deressources ouverte et promeut des alter-natives au tout institution et au tout in-clusion. La moitié des jeunes handicapésdont elle s’occupe emprunte ainsi desvoies intermédiaires entre la scolarisationen interne et à l’école : dans des Clis ouUlis bénéficiant, par voie de convention-

nement, d’un accompagnement éducatifrenforcé ou dans des classes gérées parl’IME mais transplantées dans des éta-blissements ordinaires. Sur-mesure etévolutives, ces expériences scolaires ser-vent aussi bien de tremplins vers la voieprofessionnelle adaptée que vers des CAPpuis de l’apprentissage. L’Académie deToulouse, elle, s’est attelée au chantierde l’insertion professionnelle en lançantune plateforme post-Ulis. Preuve quel’importance de relever les défis liés àl’intégration sociale des personnes han-dicapées est de mieux en mieux compriseet partagée. Virginie leray

1. Classe pour l’inclusion scolaire dans le primaire.2. Unités localisées pour l’inclusion scolaire.3. Service d’insertion, de formation et d’apprentissagespécialisé.

zhttp://www.nesse.fr

http://www.european-agency.org

Décret�2009-378�du�2�avril�2009�précisant�les

modalités�de�coopération�possibles�entre

établissements�scolaires�et�services�de�soin.

Christel Prado, présidente de l’Unapei, a exhorté le ministre Vincent Peillon à renforcer le lien entre l’Éducation nationale et le secteur médicosocial.

© V. L

erayCOLLOQ

UE

Sortir du tout institution et du tout inclusion

Vincent Peillon s’engagePremier ministre de l’Éducation nationale à assister à un rassemblement de l’Unapei,Vincent Peillon a assuré vouloir « accueillir la différence comme une chance d’enri-chissement ». Des paroles fortes qui annonçaient la feuille de route ambitieuse adoptéele 25 septembre 2013 lors du Comité interministériel handicap (CIH), qui s’est tenu àMatignon sous la présidence de Jean-Marc Ayrault. Pour renforcer la mission inclusive de l’école, un rapprochement entre l’Éducation nationaleet le secteur médicosocial sera opéré dès la prochaine rentrée. Scolarisation des enfantsautistes en maternelle, formation des enseignants à l’accueil du handicap, utilisation dunumérique pour adapter les contenus d’enseignement, l’accessibilité au supérieur, auservice civique, à l’alternance et à l’apprentissage, figurent notamment parmi ces chantiers.Une conférence nationale sur le handicap, annoncée pour 2014, permettra d’en mesurerl’avancement. Retrouvez le relevé de décisions détaillé sur : www.social-sante.gouv.fr/comite-interministeriel-du,2820/

357 actus p18-26 DEF:- 25/10/13 12:28 Page25

Page 26: ECA 357 octobre

A c t u s / éducation

REPENSER LA COUR DE RÉCRÉ

L a cour de récréation ? Une réponse à une certaine conceptionde l’école, selon Maurice Mazalto, ingénieur de formation,

successivement enseignant et personnel de direction en lycée.Ce militant des Ceméa rappelle l’évolution d’une institutionlongtemps confinée à la gestion du temps et de l’espace, àtravers le seul prisme de la transmission des savoirs. L’écoleest aujourd’hui appelée à intégrer la mission tout aussiessentielle de socialisation des usagers et à aménager enconséquence les espaces de détente et d’interstice où elle sedéveloppe principalement. Premier d’entre eux : la cour derécréation. À partir d’une enquête réalisée auprès de 800élèves de la sixième à la terminale, Maurice Mazalto montrepourtant à quel point ces lieux souffrent d’une « panne deréflexion dans leur agencement ». Face aux préconisations

de collectivités et aux aména-gements d’architectes loin d’être« toujours adaptés à l'importancedes enjeux », l’ancien chef d’éta-blissement invite l’ensemble desacteurs à penser ces espaces stra-tégiques de vivre ensemble. Ilmilite pour une architecture mul-tipliant les lieux de rencontreset d'échanges (gradins, odéons,agoras) au sein d'espaces inté-rieurs innovants et d’espacesextérieurs végétalisés. AS

zMaurice Mazalto, Cours de récréation - Espaces de détenteau collège et au lycée, Fabert, Coll. « Les cahiers de l’architec-ture », mars 2013, 143 p., 18 €.

L’ÉCOLE FACE AUX MARCHÉS SCOLAIRES

Curieux rapprochement que celui de l’école et du marché : l’éducation n’est pas un « bienmarchand » réductible au monde de l’économie. Pourtant, des évolutions récentes montrent

que la recherche de qualité éducative développe une logique de concurrence et d’ajustement entreoffre et demande. Prenant appui sur des recherches internationales, Georges Felouzis, ChristianMaroy et Agnès Van Zanten distinguent trois types de marchés scolaires : les marchés privés(choix entre secteur privé et secteur public), les quasi-marchés (diversité d’opérateurs, large choixaux familles) et les marchés plus officieux et clandestins, comme en France, où se développe unsystème de contournement des règles face à un système censé être homogène. Se référant aux travaux de Belfield et Levin, les trois chercheurs retiennent quatre critères quipourraient en fonder une évaluation : l’efficacité, l’équité, la liberté de choix et la cohésion sociale.Or ces critères reposent sur « des principes partiellement contradictoires et partiellement orientés

vers des intérêts sociaux différents ». Faut-il en conclure, comme Dubet, cité par les auteurs, que la question de la justice àl’école est une question « tragique » ? La promouvoir ne peut en tout cas relever uniquement du local et des lois du marché.Elle exige des arbitrages des autorités éducatives nationales. nP

zGeorges Felouzis, Christian Maroy et Agnès Van Zanten, Les marchés scolaires - Sociologie

d’une politique publique d’éducation, PUF, 2013, 217 p., 19,50 €.

NE PLUS SE METTRELES ADOS À DOS

S i la violence des filles n’est pasun phénomène récent, ses ma-

nifestations prennent des formesnouvelles : insolence, provocation,insoumission face aux adultes.Selon Patrice Huerre, pédopsy-chiatre, et Stéphanie Rubi, cher-cheuse en sciences de l’éducation,si les éducateurs ne posent pas très vite des limites, le jeune,en pleine quête identitaire, se cherchera en provoquant toujoursdavantage son entourage. Stéphanie Rubi rappelle que « lesadolescent(e)s ont besoin d’un cadre fiable, stable, identique

pour tous ». Patrice Huerre insiste : « Les adolescents s’en-gouffrent toujours dans les brèches laissées libres par lesadultes. » Il souligne aussi l’importance de l’histoire personnelleet familiale. « L’agressivité ne tombe pas du ciel, écrit-il, elleest rarement liée au contexte actuel, local. » On aurait tortde sous-estimer qu’à l’école, ce qui se joue sur le terrain dela concurrence, de la rivalité, de l’injustice, peut réactiver descomptes non réglés en famille. Les solutions magiques n’existent pas face aux cas extrêmesde rébellion. Les auteurs nous rappellent toutefois qu’unétablissement scolaire peut les prévenir à partir de troisfacteurs essentiels : créer une dynamique et un esprit d’équipeau sein des personnels, instaurer un bon climat scolaire,intégrer les parents. nicole Priou

zPatrice Huerre, Stéphanie Rubi et Anne Lanchon, Adolescentes,les nouvelles rebelles, Éditions Bayard, 2013, 250 p., 19,90 €.

26 Enseignement catholique actualités N° 357, octobre-Novembre 2013

357 actus p18-26 DEF:- 25/10/13 12:28 Page26

Page 27: ECA 357 octobre

nous ont conduits à un même puits. » Unethématique reprise en ateliers pour quechacun puisse faire valoir ce qui se vitdans son réseau en matière d’interreligieux.

Ouverture à tousAutre défi, présenté cette fois par ChristianeDurand, celui de « l’ouverture à tous »

des établissements. Soulignant un « écart

entre le dire et le faire », la formatrice apointé une tendance de la société au « repli identitaire » qui incite des parentsà choisir l’école catholique pour fuir lamixité sociale. Aussi la formatrice a-t-elle encouragé les stagiaires à retrouverl’intuition de leurs fondateurs et fondatrices,tel Marcellin Champagnat qui enjoignaitdéjà d’abandonner « certaines sécurités

pour aller aux frontières », comme lepape François aujourd’hui. Un « déplacement » qui peut se révélertoutefois difficile à opérer, a reconnuChristiane Durand, en invitant son auditoireà se demander quels petits pas ses équipespeuvent effectuer sans se mettre en danger.D’autres défis ont été abordés, tel celuide « penser l’enseignement catholique

dans l’évolution de la laïcité contempo-

raine » avec Hugues Derycke, ou celui« d’être enseignant dans un établissement

catholique d’enseignement » avec AndréBlandin. Une présentation du Statut del’enseignement catholique a aussi été faitepar frère Alain Ory, fil rouge des troisjours. À l’issue de ce stage très riche, ren-

dez-vous a été pris pour la deuxième ses-sion qui se tiendra en février sur le thèmede « la transmission », un enjeu majeurpour les congrégations soucieuses de voirles nouvelles générations s’approprierleurs charismes.

Sœur Agnès Thévenin, 49 ans, a dû« changer de posture » pour exer-cer, par délégation de sa provin-ciale, l’autorité de tutelle des

Sœurs de Saint-Joseph-de-Cluny surleurs seize établissements. Jusque-làprofesseur, sœur Agnès se forme depuisl’an dernier à son nouveau métier avecune quarantaine d’autres délégués detutelle, déjà en poste ou s’y préparant.Enthousiaste, elle reconnaît avoir déjàacquis de nouvelles compétences, grâcepar exemple à des apports sur « l’évalua-tion triennale », enrichis par des exer-cices et des échanges d’expériences. « L’exercice de la tutelle ne peut être

envisagé que sous l’angle du service,

précise la religieuse. Je travaille pour

cela en équipe avec le conseil et le bureau

de tutelle, dans un climat d’échange et

de confiance, qui implique de rendre

compte de mes actions. » Désormais endeuxième année, elle a suivi à Paris lasession des 9, 10 et 11 octobre dernierssur « les défis de l’enseignement catho-lique », stimulée cette fois « par les

propos de haute volée » des intervenants.Parmi eux, le père Jean-Marc Aveline,venu présenter « le défi du dialogue in-terreligieux ». « La pluralité religieuse

interroge la foi chrétienne depuis un peu

plus d’un siècle », a rappelé le théologienen brossant un historique de ce débat quiimplique « de passer par l’épreuve de la

relativité ». Avec « une boussole » : la Dé-claration sur les relations de l’Église avecles religions non-chrétiennes (1965) duConcile Vatican II, selon laquelle les autresreligions « reflètent souvent un rayon de

la vérité qui illumine tous les hommes ».

Et le théologien d’avancer : « Un jour,

nous comprendrons mieux comment des

fidélités à des normes de foi différentes

L’école des charismesLes congrégations, via l’Urcec,proposent à leurs délégués detutelle une formation sur deux ans.Une occasion de se professionnaliseren intégrant un réseau de pairs.

SYLVIE HORGUELIN

FormatIon

zDEMANDEZ LE PROGRAMME !Une 4e promotion de délégués de tutelle est inscritecette année aux 3 sessions de formation suivante : l les 9, 10 et 11 octobre 2013 sur « les défis del’enseignement catholique aujourd’hui »,l les 5, 6 et 7 février 2014 sur « la transmission », l les 2, 3, 4 avril 2014 sur « autorité etaccompagnement ». La formation se poursuivra en 2014/2015 avec troisautres sessions centrées sur l’évaluation et lapastorale. Organisée par l’ACE, l’organisme deformation de l’Urcec, la formation a lieu à Paris. Uneprise en charge peut être faite par l’OPCA ouFormiris.Rens. : frère Alain Ory, [email protected]

© S

. Hor

guel

in

© S

. Hor

guel

in

Les tutellescongréganistessuivent lasession sur « les défis del’enseignementcatholique ».

Christiane Durand et le frère Alain Ory,intervenants de la session.

N° 357, octobre-Novembre 2013 Enseignement catholique actualités 27

357 p27-28 Formation Gestion DEF:- 25/10/13 12:04 Page27

Page 28: ECA 357 octobre

Le diocèse de Lyon s’est engagé

dans la reconstruction d’une école

par an. Au fondement de cette

stratégie de développement :

la mise en réseau, une politique

de loyers active et le doublement

du fonds de solidarité.

Saint-Clair à Brignais : 14 classes,3,6 millions d’euros de travaux.L’école du Saint-Sacrement àLyon : 10 classes, 2,6 millions

d’euros. Jeanne-d’Arc à Craponne : 5 classes, 1 million d’euros. Dans lecadre de son projet « Horizon 2020 »,l’enseignement catholique du diocèsede Lyon s’est engagé à « reconstruireune école par an ». Selon le directeurdiocésain Gilles de Bailliencourt, cet objectifambitieux ne relève « ni d’une affaire deplanification, ni d’un slogan ». Il s’agitbien « de susciter un élan, d’impulser unesprit au sein du territoire ».Alors que laquestion immobilière du premier degrés’avère « compliquée et décourageante »en raison de l’interdiction de verser dessubventions publiques aux établissementsprivés sous contrat (édictée par la LoiGoblet de 1886), le diocèse doit faire facechaque année à la fermeture d’une école,tout en accusant une capacité d’accueilinsuffisante dans d’autres structures. Face à ces réalités très contrastées au seind’un territoire où les effectifs restent enprogression (+ 74 élèves en 2013), l’équipede la direction diocésaine a souhaité en-rayer le déficit d’image généré par cessituations. Elle entend remédier à la ten-tation d’aborder uniquement « par petitsbouts » les chantiers à réaliser sur un pa-trimoine vieillissant. « Beaucoup de chefsd’établissement nous disent à quel pointil est nécessaire et urgent de se mettre àla page en la matière, souligne VincentDestais, adjoint au directeur diocésain.Il ne s’agit pas de rivaliser avec qui quece soit ni de jouer d’un effet poudre auxyeux, mais de répondre à la question dela sécurité, cruciale pour les parents dans

GestIon

AURÉLIE SOBOCINSKI

scolaires ont été sollicités pour « prendresous leur aile une école qui n’aurait jamaispu s’en sortir seule ».Aux yeux du directeurdiocésain, il s’agit « d’un mouvement defond » : « S’il peut faire courir le risquede perdre la dimension de proximité dansl’engagement des gestionnaires, il permetsouvent d’éviter la mort et de rendre biendes projets possibles. » Dernier exempleen date, l’école Jeanne-d’Arc de Vénissieuxa intégré le centre scolaire de La Xavièreà la rentrée 2013 et bénéficiera grâce à sonsavoir-faire d’une nouvelle implantationforte de huit classes en 2015. Le doublement, en cinq ans, de la caissede solidarité diocésaine constitue le dernierlevier pour financer les projets. 650 000euros annuels sont récoltés, uniquementdédiés aux petites écoles isolées. « Laréussite des projets est la condition de l’in-vestissement collectif : tous sont validésen Codiec3 après une analyse rigoureusedes besoins, du contexte et des potentialitésde l’établissement », précise Gilles deBailliencourt. Dans le diocèse, l’enthou-siasme est réel : une vingtaine d’écoles –petites et grandes – sont aujourd’hui can-didates à la reconstruction.

1. Association lyonnaise pour le développement de l’en-seignement catholique. 2. Organisme de gestion de l’enseignement catholique. 3. Comité diocésain de l’enseignement catholique.

Écoles,attention travaux !

le premier degré. » « Plus profondémentencore, ajoute-t-il, agir sur l’immobilierpermet de s’inscrire dans une vision pros-pective de développement et d’utilisationdes moyens académiques, dont ne peutêtre dissociée une réflexion sur le sensde notre maillage et de notre projet ».

Trois leviers de développement

Pour concrétiser cette dynamique,l’équipe diocésaine s’est appuyée surtrois leviers. D’abord, elle a œuvré auregroupement de la propriété, en élargis-sant le support de l’association diocé-saine propriétaire de 15 à 42 unitéspédagogiques. À la différence d’un fonc-tionnement basé sur le régime du com-modat, l’Aldec1 pratique une politiquede loyers, lesquels « constituent une pro-vision pour les futurs travaux de chaqueétablissement locataire », expose Gillesde Bailliencourt. De quoi peser dans lesnégociations avec les banquiers et lespromoteurs immobiliers. « Mais l’idéen’est pas de faire de la capitalisation,insiste-t-il. Pour nous, appeler un loyerc’est accompagner un Ogec2 dans sagestion et engager une politique deretour en fonction de ses projets. » La politique de reconstruction diocésaines’appuie aussi sur une mise en réseau in-tensifiée. À ce jour, une dizaine d’ensembles

28 Enseignement catholique actualités N° 357, octobre-Novembre 2013

Les travaux de reconstruction de l’école Saint-Clair, à Brignais (Rhône), ont coûté 3,6 millions d’euros.

© V

ince

nt D

esta

is

357 p27-28 Formation Gestion DEF:- 25/10/13 12:04 Page28

Page 29: ECA 357 octobre

Traditionnellement placée entre les mains de personnels dédiés, la vie scolaire est devenue une mission partagée avec les enseignants.Pour mettre en oeuvre ce changement, qui vise à faire des établissementsde véritables lieux d’éducation, bien des chantiers sont encore à ouvrir.

DOSSIERDOSSIEREn

seignem

ent catholique actualités n° 35

7, octobre-nove

mbre 201

3

La vie scolaire,

mission partagée

© C

neap

357 doss pI-XII DEF:- 25/10/13 12:15 PageI

Page 30: ECA 357 octobre

tâches administratives. « À côté de cettefonction de représentants de l’autorité,ils ont un rôle en matière d’éducation »,pointe Christian Louvet de l’Ifeap1. « Leurs tâches se sont complexifiées : ilsne dirigent plus mais accompagnent etprennent à ce titre des initiatives. Ils per-turbent le système pour, en définitive, lepérenniser en mettant en évidence l’in-térêt de développer d’autres compé-tences que celles purement scolaires.Certains enseignants voudraient bien leslimiter au respect de la discipline pourque les classes soient plus calmes, afin detransmettre les savoirs dans les meil-leures conditions possibles. C’est unevision passéiste », observe Jean-YvesRobin, professeur à l’Université catho-lique de l’Ouest et chercheur au Cnam.« En servant de lien entre les élèves et lesprofesseurs, les personnels de l’éduca-tion, véritables professionnels de lamédiation, sont de plus en plus en pre-mière ligne avec les parents, dont ilssont devenus les principaux interlocu-teurs. Ils ont aujourd’hui un rôle centraldans les établissements. Une de leurmission est de recréer du lien, du savoir-vivre ensemble. » Une révolution pour

Si, en tant qu’éducateur, nous souhaitionsdonner un sens aux différentes activitésque nous leur proposions pour développerla créativité, l’autonomie, la solidarité oula confiance en soi, il était difficile decontinuer à évoluer en vase clos, les com-pétences acquises en dehors de la sallede classe ayant obligatoirement des consé-quences sur les comportements pendantles cours. Nous étions à la recherche deplus de cohérence éducative », expliquePascal Dumas. Depuis, le responsable dela vie scolaire – ou un membre de sonéquipe – anime toutes les semaines, avecles professeurs principaux, une demi-heure de débat où sont passées en revueles questions liées aussi bien au contenudes cours, à l’emploi du temps qu’auxsorties envisagées ou à la vie de l’internat.

En première ligne avec les parents

Héritiers du surveillant général, les pro-fessionnels de la vie scolaire n’ont plusgrand-chose à voir avec leurs lointainsprédécesseurs, principalement occupésà faire régner l’ordre et à régler des

Le quotidien de Pascal Dumas, res-ponsable de la vie scolaire au lycéeagricole Étienne-Gautier Ressins à

Nandax (Loire), n’a rien d’un long fleuvetranquille… À la tête d’une équiped’une douzaine de personnes, il a misen place du soutien scolaire en créantnotamment un système de tutoratentre élèves de BTS et de terminale oude première et de troisième, et il a initiédes activités artistiques ou sportivespour les internes. Pascal Dumas a sucréer des relations de complicité avec lesjeunes grâce à sa capacité d’écoute. Ilest devenu leur confident et leur porte-parole auprès des enseignants qu’il ren-contre régulièrement dans la salle dupersonnel de l’établissement, l’an-cienne salle des professeurs. Plus qu’un glissement sémantique, cettenouvelle appellation est révélatrice de lamutation à l’œuvre : « Il y a encorequelques années, la vie scolaire était com-plètement déconnectée de la vie dansles salles de classes. Nous voulions per-mettre aux élèves, dont 90 % sont in-ternes, d’avoir des moments de respirationet de détente. Or, nous nous sommesaperçu que nous faisions fausse route.

L’une des missionsdes personnels de la vie scolaireconsiste à récréerdu lien avec élèves.

II Enseignement catholique actualités N° 357, octobre-Novembre 2013

La vie scolaire, une mission partagée

LAURENCE ESTIVAL

© C

NEA

P

DossIer

357 doss pI-XII DEF:- 25/10/13 12:15 PageII

Page 31: ECA 357 octobre

pour voir comment travailler da-vantage ensemble. Nous n’avionspas le choix, c’est pourquoi cela afonctionné. »Au lycée Sainte-Mariede Cholet (Maine-et-Loire), une au-tre approche a été privilégiée. « Constatant que les personnels dela vie scolaire, tout comme les ensei-gnants, étaient confrontés au com-portement de la génération Y dontils ne maîtrisent pas les codes, nousavons organisé une journée de confé-rence sur les digital natives pour l’en-semble des personnels », détailleLaetitia Pasquier-Bossard, adjointepédagogique au chef d’établissement.Dans la foulée, une réflexion autourde la rédaction d’un nouveau projetéducatif associant l’ensemble descommunautés éducatives a été en-gagée. « Notre but était d’adapterle précédent à l’aune de ce que nousavions appris sur ces nouvelles gé-nérations », ajoute la responsable. Les enjeux de ces rapprochements

sont importants. « Le développementdu travail collaboratif vise à faire des éta-blissements scolaires des organisations

apprenantes et à y dévelop-per une qualité de vie », in-siste Pierre Santini, secrétairegénéral de l’Ares. L’encadre-ment des établissements del’enseignement catholiqueest d’ailleurs plébiscité parles familles et guide leurchoix. « Dans un systèmeéducatif où nos enseignantssont formés comme ceux du

public et où nous avons globalement lesmêmes types de locaux, la vie scolairefait partie de notre caractère propre etdoit à ce titre être considérée commeun axe prioritaire de travail », rappelle-t-il. À bon entendeur…

1. Institut de formation de l’enseignement agricole privé.2. Association pour la rénovation des établissementsscolaires.

Berruer. La mise en place de formationscommunes est également un levier surlequel s’appuyer. Une première étapevient d’être franchie avec lapublication par le ministèrede l’Éducation nationale, enjuillet dernier, du nouveauréférentiel des compétencesprofessionnelles des métiersdu professorat et de l’édu-cation, qui identifie quatorzecompétences communes (JO du 18/07/2013). « Pour faire sauter les verrous,il n’y a pas qu’un seul modèle », observeJean-Yves Robin, reconnaissant que lesbarrières ont plus de chances de tomberdans les situations difficiles. Ce n’estpas Sylvain Schneider, responsable dela vie scolaire du collège Sainte-Marieà Ribeauvillé (Haut-Rhin), qui dira lecontraire : « Dans notre établissementrural, nous accueillons entre 20 % et 30 % d’élèves en difficulté, essentielle-ment des jeunes filles fréquentant l’in-ternat. Certaines sont placées par lesservices sociaux. Comment fait-on pourfaire progresser des élèves qui ne com-prennent même pas pourquoi elles sontlà ? Je me suis rapproché des enseignants

cette armée de l’ombre dont unemajorité de fantassins souffre encored’un manque de reconnaissance. Car leurs missions ne sont pas tou-jours explicites, faute de statut spéci-fique, comme l’illustre l’étude La viescolaire - Un service à part entière ouentièrement à part ?, que vient depublier l’Ares2. Le titre de cetteenquête, qui dresse le portrait d’uneprofession méconnue à travers troisétudes de cas, interroge les établisse-ments : la vie scolaire est-elle unappendice ou bien est-elle un élé-ment central dans la réussite desélèves ? Et dans ce cas, commentl’intégrer au projet pédagogique ? « Personnels de la vie scolaire et ensei-gnants participent à une même dyna-mique. La vie scolaire ne peut plusêtre seulement entre les mains despersonnels de la vie scolaire », trancheClaude Berruer, adjoint au secrétairegénéral de l’enseignent catholique,qui préfère au terme de « vie scolaire» celui de « vie de l’élève », incluant cequi se passe dans et en dehors des sallesde classe, et, dans certains cas, aprèsl’école. Avec le développement desnouvelles technologies, les personnelsde la vie scolaire doivent, quand lesparents ne le peuvent pas, jouer le rôlede vigie sur Facebook pour prévenirtout dérapage…

Place aux initiatives

Cette conception élargie de la vie scolaireimplique que la collaboration entre cespersonnels et les enseignants se substitueà la juxtaposition des missions. « Il fauttravailler sur les complémentarités, leurposture n’étant pas la même. Les per-sonnels de la vie scolaire ne sont pas de-vant le tableau », observe ChristianLouvet. Face à ces injonctions, il y a lepoids des habitudes et des problèmesréels d’organisation : des horaires qui necoïncident pas, un manque de moyenshumains, l’absence de temps prévus pourles échanges... Il y a aussi les différencesde cultures. « C’est au chef d’établissementet à ses adjoints d’insuffler le mouvementen dégageant du temps et en organisantdes lieux de rencontres », poursuit Claude

-À lire : Jean-Yves Robin, GéraldHoudeville, La vie scolaire - Un

service à part entière ou entièrement àpart ?, Chronique sociale, coll. « Pédagogieformation », sept. 2013.

N° 357, octobre-Novembre 2013 Enseignement catholique actualités III

Une révolutionpour cette armée de l’ombre dont

une majorité de fantassins

souffre encored’un manque dereconnaissance.

© S

t-Jo

Nay

Les personnels de la vie scolaire jouent un rôle essentieldans le bon fonctionnement des établissements.

357 doss pI-XII DEF:- 25/10/13 12:15 PageIII

Page 32: ECA 357 octobre

IV Enseignement catholique actualités N° 357, octobre-Novembre 2013

DossIer

Erwan Kerangoarec est cadre éducatif depuis neuf ans au collège Sainte-Marie d’Elven (56), un établissement

de 420 élèves. Avec le soutien du chef d’établissement, il y a créé le poste de « responsable de vie scolaire ».

Quelles évolutions marquent aujourd’hui la vie de votre établissement ?

Erwan Kerangoarec : Ce que je trouve le plus prégnant, cesont les sauts de génération qui surviennent tous les 2-3 ansau niveau des élèves. Je ne parle pas de nouveaux comporte-ments – les élèves restent les mêmes –mais d’une évolution beaucoup plusrapide de leurs bases culturelles et desattentes pédagogiques. On nes’adresse plus à eux de la mêmemanière car nous ne partageons plusle même pot commun. Leurs réfé-rences évoluent à vue d’œil, il fautessayer de s’adapter en permanencepour garder le lien.À mon entrée en fonction, il y a neufans, la consigne donnée était respec-tée. Aujourd’hui elle est interrogée,testée en permanence. Il ne s’agit pasd’une rébellion mais de la mise enplace d’un nouveau type de relation-nel, au sein duquel les élèves se posi-tionnent d’égal à égal et où la place del’adulte peut se perdre. Avec lesélèves, on se trouve dans "l’expressionpermanente". Ils cherchent sans cesseà discuter, à négocier – y compris face à la sanction – et lemaintien du dialogue est essentiel si l’on ne veut pas les per-dre. Cela demande beaucoup de temps et s’avère parfois difficile à concilier avec la partie administrative et organisa-tionnelle du métier.

Qu’en est-il de l’évolution du climat scolaire ?

E. K. : Les micro-incidents du quotidien sont amplifiés : depetites insultes entre élèves ou une bousculade prennent enquelques heures des proportions considérables et assez iné-dites. La rumeur gonfle très vite, relayée et nourrie à l’extérieurde l’établissement par les réseaux sociaux – avant-hier lesblogs, hier Facebook, aujourd’hui Ask.fm. Elle revient etrebondit au collège, est reprise de plus en plus souvent par lesparents… Il faut très vite pouvoir replacer les événementsdans leur contexte. Face à ces situations devenues très compli-quées à dénouer, les équipes peinent à trouver des lieux derégulation.

De quelle manière ces évolutions ont-elles impacté l’action de la vie scolaire ?

E. K. : Dans cette ère du tout-numérique, notre action ne peutplus se penser isolément. Il est essentiel d’avoir une très grandeconnaissance des partenaires extérieurs et de faire corps avec eux

vis-à-vis des adolescents. Depuis 2-3 ans,je travaille avec le policier municipal, lagendarmerie, le responsable des transportsscolaires, les travailleurs sociaux, la maisondes jeunes du canton... Ce maillage estprimordial pour identifier les relationnelsqui existent au-delà de l’établissement ettenter de dégonfler les micro-problèmesdu quotidien, tous ces ballons de bau-druche qui pourraient dégrader rapidementle climat du collège. Ces contacts permet-tent aussi de découvrir des facettes in-soupçonnées des élèves qui peuventtransformer le regard et devenir des leviersde changement extrêmement positifs.

Comment se positionnent vos collègues enseignants ?

E. K. : Il y a 4-5 ans, ces nouveaux com-portements étaient beaucoup décriés en

salle des professeurs et suscitaient des plaintes. Aujourd’hui, celaa beaucoup changé. Les interrogations portent davantage sur lamanière d’accrocher les élèves pour les faire revenir à la chosescolaire : "Ils ne travaillent pas, ne semblent ni intéressés ni curieux,comment faire ?" Cela paraît très compliqué mais c’est essentiel,si bien que nous avons décidé de travailler ensemble là-dessus.

Quelles réponses ont pu être apportées ?

E. K. : Notre première réponse a été de construire et de vivre lavie scolaire comme un enjeu porté par l’ensemble de l’équipe.Cela passe par un relationnel continu au quotidien entre enseignantset éducateurs, et des choix stratégiques. Quand j’ai créé le postede responsable de vie scolaire, mon bureau a été placé à côtéde la salle des professeurs : nous travaillons en équipe, il n’y apas de tour d’ivoire ! Ma place est clairement définie et la répartitiondes rôles aussi : les enseignants assurent l’interface avec la famille,et la vie scolaire celle avec les partenaires extérieurs.

Propos recueillis par Aurélie Sobocinski

D. R

.

« S’adapter en permanence, pour garder le lien »

Erwan Kerangoarec intervient auprès des familles selon les cas particuliers et les souhaits des enseignants.

357 doss pI-XII DEF:- 25/10/13 12:15 PageIV

Page 33: ECA 357 octobre

« La réussite des élèves ne passe pasque par le scolaire »

Comment définissez-vous la vie

scolaire ?

Sylvie Condette : Cette question dedéfinition n’existe qu’en France. Ail-leurs, on parle de la vie des élèves ou dela vie des élèves dans l’établissement,des notions qui recouvrent à la fois cequi se passe dans et en dehors de la sallede classe. En France, on n’a pas dépasséle clivage entre scolarisation et éduca-tion. Les enseignants s’occupent de lapremière dimension, les personnels dela vie scolaire de la seconde. Dans nom-bre de pays, ce clivage ne passe pas aumême endroit : il y a d’un côté l’éduca-tion au sens large, prise en charge parles enseignants, et les questions d’em-ploi du temps et d’organisation de la viede l’établissement, gérées par l’admi-nistration. La position française est tou-tefois en train d’évoluer car les acteursse rendent compte que l’on ne peutplus opérer cette distinction entre la vieen classe et en dehors de la classe.

Pour quelle raison ?

S. C. : La vie scolaire, ce n’est pas seule-ment des temps juxtaposés. C’est unequestion de regard : comment tousceux qui participent à l’éducation peu-vent-ils collaborer entre eux pour créerdu lien dans le cadre d’un projet com-mun qui vise la réussite des élèves. Laréussite des élèves ne passe pas que parla réussite scolaire ! Réussir, c’est unequestion d’équilibre entre l’assimilation

de connaissances et de comporte-ments. En Finlande, par exemple, nom-bre d’activités permettent aux élèves dedévelopper leur confiance en eux. Lestravaux sur les intelligences multiplesnous incitent également à changernotre point de vue.

Est-ce aux chefs

d’établissements, qui ont une

fonction de pilotage, d’impulser

cette nouvelle dynamique ?

S. C. : La vie scolaire étant une compé-tence partagée, l’impulsion doit venirnon seulement du chef d’établissementmais aussi de ses adjoints. Il faut, à tousles niveaux, que les personnels travail-lent ensemble. C’est un moyen demieux comprendre la culture de l’autre.Le problème, dans les emplois dutemps, c’est qu’il n’y a pas beaucoup detemps prévu pour ces rencontres et ceséchanges, en dehors des journées deprérentrée. Mais il y a tellement dechoses à régler alors que ce n’est pas lemoment le plus propice pour parler detravail collaboratif… Cette question dedisponibilité est d’ailleurs, à mon avis, le

Ancienne conseillère principaled’éducation, Sylvie Condette estaujourd’hui chercheuse ensciences de l’éducation àl’université de Lille 3. Elle anotamment publié un article sur les nouveaux enjeux de la viescolaire dans la revue Carrefoursde l’éducation.

N° 357, octobre-Novembre 2013 Enseignement catholique actualités V

« Il faut, à tous les niveaux, que les personnelstravaillent ensemble », rappelle Sylvie Condette.

principal point de blocage pour faireavancer la réflexion et les pratiques.

Mettre en place des formations

communes entre enseignants

et personnels de la vie scolaire

permettrait-il de pallier

ces difficultés ?

S. C. : C’est effectivement un desmoyens d’apprendre aux uns et auxautres à mieux se connaître et à travaillerensemble. Dans l’académie de Lille, desenseignants et personnels qui souhai-tent monter ensemble un projet peuventdemander l’aide d’un formateur pour lesinitier aux démarches collaboratives. Cedispositif a du succès. Mais il faut faireattention à ne pas tomber dans les tra-vers encore une fois propres à la France. La mise en place de la note de vie sco-laire illustre parfaitement comment undispositif, a priori conçu pour prendre encompte dans l’évaluation des jeunes cequ’ils font en dehors des cours, n’a pasatteint ses objectifs. Dans la réalité, onobserve un écart important entre lestextes et leur mise en pratique. Plutôtque de raisonner par rapport à des dis-positifs, on devrait s’interroger sur lesmarges de manœuvres à l’intérieur de cesystème pour faire bouger les lignes.Avec en toile de fond, une questionrécurrente : est-on prêt à reconnaître,dans le regard porté sur les élèves, lesrésultats obtenus en dehors de la sallede classe ? Ne peut-on pas imaginer,comme dans les pays anglo-saxons, des« sanctions positives » reconnaissant descompétences autres que scolaires ?Cette question commence à être média-tisée et c’est une très bonne chose…

Propos recueillis par Laurence Estival

- « Encadrement éducatif et viescolaire dans les établissements

d’enseignement secondaire depuis le XVIIesiècle », Carrefours de l’éducation n° 35,janvier 2013.

D. R

.

357 doss pI-XII DEF:- 25/10/13 12:15 PageV

Page 34: ECA 357 octobre

VI Enseignement catholique actualités N° 357, octobre-Novembre 2013

DossIer

I l y a des signes qui ne trom-pent pas. Au lycée agricolePaul-Claudel de Crémieu, éta-

blissement familial de 450 élèvessitué aux portes de Lyon, à l’ex-trémité nord de l’Isère, ils pa-raissent bien plus nombreuxqu’à l’accoutumée, témoinsd’une réalité vécue au quotidien.Ici, la vie scolaire est l’affaire detous – enseignants, cadres, per-sonnels administratifs et tech-niques. Sur la base d’une solideconviction : « Si les apprentis-sages constituent la finalité del’établissement, un bon climat s’avère essentiel pour les rendrepossibles et pour que chacun trouve sa place », explique SylvieLe Clorennec, la chef d’établissement, qui accueille de nombreuxélèves en rupture avec le système scolaire.Mais de quoi s’agit-il réellement ? « Certes bien vaste, le conceptde vie scolaire pourrait néanmoins se définir simplement : c’estla vie proposée au quotidien, la matrice dans laquelle s’inscrit laréussite de chacun », indique le site internet du lycée, qui luiconsacre une pleine page. Pour atteindre cette visée, une « équipevie scolaire » y est d’abord particulièrement dédiée : composéede neuf « éducateurs référents » – un responsable vie scolaire,quatre éducateurs, deux assistants d’éducation et deux maîtresd’internat – tous formés, avec un niveau minimum bac +2. « Untel profil de recrutement relève d’un véritable choix : on a cherchéà construire une équipe », précise Laurent Juppet, le responsablevie scolaire. Exit aussi les appellations de « pions » et autres « sur-veillants » : « Ici, on fait bien plus que surveiller, on est là pourveiller sur. » Et il ne s’agit pas seulement d’un effet sémantique…Concrètement, l’équipe est répartie dans trois bâtiments de l’éta-blissement, correspondant chacun à un niveau d’enseignement :4e-3e, lycée et enfin BTS. Les éducateurs y sont installés avec leursbureaux selon le niveau de classe dont ils sont référents. Au cœurde leur mission : le lien avec les élèves – environ 120 à 130 par édu-cateur. « Être référent signifie avoir une relation privilégiée avecchacun d’eux. Cela inclut la connaissance de leur situation familiale,afin d’assurer un réel suivi », insiste Laurent Juppet. Dès le débutd’année, une présentation de l’équipe de la vie scolaire, de sonaction et de son rôle, est organisée dans les classes afin d’êtreidentifiée par tous. « Les familles savent aussi exactement quel édu-

cateur s’occupe de leur en-fant, ce qui crée une véritablerelation : certains appellentquasiment toutes les semainespour faire le point », indiqueGaëlle Herrera, assistanted’éducation, responsable desélèves de 4e. Ce rôle d’interface est mené« jusqu’au bout », ajoute leresponsable vie scolaire. L’édu-cateur référent participe auconseil de classe et aux réu-nions parents-professeurs.C’est lui aussi qui remplit lapremière ligne du bulletin del’élève, prévue pour la vie

scolaire – tout un symbole ! « Sans vouloir être présomptueux, nousavons mis en place un fonctionnement tel que nous sommes au-jourd’hui l’un des piliers du lycée », déclare Laurent Juppet.

Complémentarité et solidarité

Face à un tel positionnement, on pourrait craindre les problèmesde territoire… Quid des professeurs principaux, et plus largementdes enseignants ? « Il n’y a pas d’interférence, mais au contraire

© A

. So

bocins

ki

Au lycée agricole Paul-Claudel de Crémieu (Isère), la réussite de la vie scolaire repose sur la participation de tous : éducateurs, parents et élèves.

AURÉLIE SOBOCINSKI

Plus qu’un métier, un travaild’équipe

À Paul-Claudel, il n'y a pas de salle des profs mais une salle des personnels, ouverte à tous.

Un éducateur de la vie scolaire est présent en permanence...

© A

. So

bocins

ki

357 doss pI-XII DEF:- 25/10/13 12:15 PageVI

Page 35: ECA 357 octobre

N° 357, octobre-Novembre 2013 Enseignement catholique actualités VII

une vraie complémentarité qui se vit etune solidarité sans jugement sur l’autoritéou sur la conduite de classe des uns etdes autres », assure Vincent Fournié, leresponsable pédagogique du lycée. Lorsdes pauses, il n’est pas rare de voir les pro-fesseurs, plutôt que regagner leurs salles,

s’arrêter au bureau des éducateurs pour prendre conseil, fairepart d’une difficulté survenue en classe, échanger sur le climat...Des réunions de concertation ont également lieu tous les mois.« Ce sont des personnes ressource à part entière, personnen’imaginerait le faire sans eux ! Ce partenariat nous permet deconsidérer l’élève dans sa globalité, car en classe on ne voitd’eux qu’un aspect restreint et pas très naturel, souvent à traversle seul prisme des attentes pédagogiques », témoigne CatherineVanel, enseignante en physique-chimie et professeur principalen classe de 2de. « En fait, cela nous sauve ! En cas de problème,l’enseignant n’emmène pas l’élève à la vie scolaire et repart.On prend toujours les décisions en commun, et cela confère ànotre action une continuité et une cohérence face à des élèvesprofessionnels qui savent toujours trouver la faille », insisteVincent Fournié. Ici, « l’élève étant au centre du système, la vie scolaire ne constituepas un service particulier », se réjouit Sylvie Le Clorennec. « Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de désaccords aux conseilsde classe et que le dispositif n’est pas encore perfectible… Il y aencore beaucoup à faire pour tous travailler dans le même sens,nuance la chef d’établissement. Mais chacun a réellement voixau chapitre et in fine l’équipe fait toujours bloc dans le discoursface aux familles. » Cela dépend aussi sensiblement des cycles :alors qu’en classe de 4e-3e, les éducateurs font partie intégrantede l’équipe enseignante, c’est moins le cas en lycée où lesproblèmes d’insubordination et de mise à la porte sont moinsfréquents, ainsi qu’en BTS où il s’agit encore d’une autre formed’accompagnement.

Mais les résultats sont, eux, bien tangibles : zéro conseil dediscipline l’an dernier, une violence quasi nulle dans l’établisse-ment… et 92 % de réussite toutes sections confondues !

Responsabiliser les lycéens

Les élèves ont leur part dans ce succès. « Une réflexion particulièrea été menée sur la participation des lycéens, car au-delà du soucide faire respecter et de donner du sens au cadre commun, notrerôle est aussi d’ouvrir des fenêtres de possibles aux jeunes. La di-mension de responsabilisation est essentielle », détaille LaurentJuppet. À ce titre, un travail a été engagé avec les élèves déléguésde l’établissement, porté par Laurent Juppet et un professeurprincipal, conjuguant une formation et un engagement bien réeldans l’animation de différentes instances ainsi que dans l’orga-nisation d’événements d’ampleur (lire ci-dessus). « Dans notre façon d’imaginer la vie de l’établissement en tantqu’adultes, il existe toujours un léger décalage par rapport à laréalité : seuls eux peuvent nous le faire savoir, observe le responsablede vie scolaire. Ils constituent pour nous un panel représentatif,mais plus que des consultants privilégiés, ils sont vraiment desacteurs. » Tant et si bien qu’aujourd’hui, d’après l’équipe de Paul-Claudel, l’enjeu majeur en matière de vie scolaire se situerait moinsau niveau des élèves que du côté des parents, où montent uneagressivité et une contestation de plus en plus problématiques.

Un « réseau » vie scolaire en Rhône-Alpes

Àl’origine, en 2004, tout est parti de la volonté de tra-

vailler sur la place des élèves délégués dans les éta-

blissements, et d’harmoniser les pratiques concernant

les modalités de leur élection, ainsi que de leur formation.

« Des responsables de vie scolaire ont souhaité se réunirautour de cette question à l’enjeu singulier, puisqu’il consisteà rendre les élèves véritablement acteurs de leur parcours etparties prenantes de la vie de l’établissement », explique

Hervé Barrès, délégué régional de l’enseignement agricole

privé (Dreap) en Rhône-Alpes.

Cette mutualisation des réflexions et des pratiques, soutenue

par les chefs d’établissement, a permis la mise en place d’outils

– une charte des délégués signée par l’ensemble des établissements

agricoles de la région – et de formations communes au rôle

de délégué. Plus encore, une véritable dynamique régionale

des élèves délégués a pris corps et débouche chaque année sur

un événement régional (Festimages, l’an dernier). Parallèlement,

un réseau interétablissement se met en place entre les profes-

sionnels dans le but de mutualiser plus largement les bonnes

pratiques relatives à la vie scolaire. Au côté du Dreap s’est

même constituée une petite équipe composée de trois responsables

de vie scolaire, disponibles à la demande des chefs d’établissement

pour réaliser un « audit » de leur vie scolaire et rechercher en-

semble des solutions.AS

© A

. So

bocins

ki

« Ici, on fait bien plus

que surveiller,on est là pour veiller sur. »

... durant les heures d’ouverture du foyer des élèves.

357 doss pI-XII DEF:- 25/10/13 12:15 PageVII

Page 36: ECA 357 octobre

VIII Enseignement catholique actualités N° 357, octobre-Novembre 2013

DossIer

À15 heures, ce mercredi après-midi, les abordsdu lycée Sainte-Marie-du-Port ont des alluresde ville étape du Tour de France… Enfourchant

leur bicyclette, une quinzaine de lycéens inscrits enseconde professionnelle effectuentles derniers réglages de leur montureavant de partir pour une balade dedeux heures, accompagnés par deuxadultes. Stéphane Robelin, conseillerprincipal d’éducation, et StéphanePraud, enseignant en bac pro SEN(Système électroniques numériques),sont coresponsables de cet atelier pro-posé aux volontaires. « C’est très in-téressant de pouvoir porter un regardcroisé sur ces jeunes que nous voyonsévoluer dans des contextes différents,note Stéphane Robelin, par ailleurs maître d’internat. Pour eux,ces balades en vélo sont aussi l’occasion de prendre consciencedu travail d’équipe fourni par l’ensemble des personnels pour lesaccompagner au mieux dans leur apprentissage, tant sur le planproprement scolaire que dans le développement de compétencestransversales : vie de groupe, sens de l’effort… » À quelques mètres de là, le temps d’un atelier roller, Pierre-Yves Cavan a troqué sa casquette de professeur de sciencesde la vie et de la Terre (SVT) dans la filière électronique pourrevêtir celle d’éducateur sportif. Les élèves qui assistaient lematin même à ses cours sont présents. « Dans cette activité,je m’intéresse davantage à la psychologie des jeunes quependant les heures de classe. Je leur apprends à gérer leurpeur, à prendre des risques, des situations qu’ils rencontrerontdans la vie professionnelle et qui, avec les connaissances dis-ciplinaires, participent pleinement à leur éducation », met-ilen évidence.

Citoyens éclairés

Cette façon particulière de procéder, confiée à des profes-sionnels capables de se dédoubler, ou placée entre les mainsd’un duo venu d’horizons différents et complémentaires, estdevenue la marque de fabrique de cet établissement. Loinde se limiter au seul champ des personnels dédiés, la vie

scolaire est une mission partagée avec lesenseignants. Ici, d’ailleurs, on préfère parlerde la vie de l’élève. « Nous formons lesjeunes dans toutes les dimensions », insisteXavier Guilloteau, directeur adjoint, fidèleau projet éducatif du lycée, défini au termed’un travail qui a mobilisé l’ensemble dela communauté éducative. Il s’engage à

tout mettre en œuvre afin d’aider « les élèves à devenir descitoyens éclairés, en transmettant connaissances, compétences,valeurs morales » et en permettant à chacun « de développersavoir-faire et savoir-être ».Cette approche innovante a commencé il y a onze ans. Enlimitant la durée des cours à 45 minutes, l’équipe aux commandesa dégagé du temps pour proposer différents ateliers centréssur le soutien scolaire ou la méthodologie, ainsi que des activitésextrascolaires. « Cette démarche a conduit personnels de lavie scolaire et enseignants à réfléchir ensemble au contenu deces activités. On s’est rendu compte à cette occasion qu’onne pouvait pas dissocier l’élève et le jeune », poursuit XavierGuilloteau. Aussi, quand le nouveau directeur, Dominique Duhamel, a décidé il y a trois ans de remettre à plat ce dispositifdevenu de plus en plus ingérable, en raison notamment dela forte progression du nombre d’élèves, il a recherché lesmoyens d’associer vie en classe et vie en dehors avec la nouvellearchitecture en place depuis cette rentrée. Pour que les élèvespuissent suivre les cours et avoir par ailleurs des momentspour se détendre, l’établissement a choisi de ne pas les fairetravailler en classe après 17 heures. En plus des cours desoutien inscrits dans l’emploi du temps, les classes de secondese voient proposer des heures d’études où, dans des sallesattenantes, des enseignants se tiennent à leur dispositionpour répondre à leurs questions en cas de besoin. Un soutienà la carte qui vise à développer leur autonomie.

Au lycée Sainte-Marie-du-Port aux Sables-d’Olonne (Vendée),professeurs et personnels de la vie scolairecollaborent pour transmettre aux élèvesdes savoirs et leur faire acquérir descompétences transversales.

LAURENCE ESTIVAL

© L

. Es

tival

L’atelier vélo permet aux jeunes de développer des compétences telles que le sens de l’effort et la vie de groupe.

Poker et billard dans l’espace E

ureka, lieu d’échange.

© L

. Es

tival

Des projets en tandem

357 doss pI-XII DEF:- 25/10/13 12:15 PageVIII

Page 37: ECA 357 octobre

N° 357, octobre-Novembre 2013 Enseignement catholique actualités IX

Pendant les interclasses, ou même durant les heures d’études,les élèves ont également la possibilité de se rendre à « l’espaceEureka ». À première vue, ce lieu avec ses tables rondes, sonbillard et son bar ressemble à ce qu’ailleurs on nomme « foyer ». Sauf qu’on y vient aussi pour effectuer des travauxde groupe de façon conviviale ou tout simplement pour ren-contrer « l’autre », l’apprentissage de l’altérité figurant parmiles compétences nécessaires pour réussir dans la vie. « Chaqueélève a l’obligation de mener un projet. C’est un espaceprivilégié pour décloisonnerles savoirs et multiplier lescollaborations entre profes-seurs et personnels de la viescolaire », poursuit le respon-sable.

Encourager l’ouverture d’esprit

David Botton, éducateur sur-veillant, confirme : depuis l’an-née dernière, il travaille avec quatre autres professeurs dansle cadre des travaux personnels encadrés. « Avec des partenairessitués aux États-Unis, nous avons commencé à faire travaillerles jeunes sur la civilisation américaine. Ayant une licence ensciences et techniques des activités physiques et sportives, j’aiproposé de les aider dans leurs recherches sur les principauxsports américains », raconte-t-il. Engagél’année dernière dans un projet conduitavec des lycéens australiens, l’éducateuravait même accompagné les jeunes lorsde leur voyage d’études à Melbourne. AuCDI, Marina Clotour, ancienne enseignantede lettres ayant décidé de devenir docu-mentaliste, n’hésite pas non plus à pousserla porte de la salle des professeurs pourproposer à ses collègues de monter desprojets en commun. Objectif : encourager l’ouverture d’espritdes élèves. « Récemment, avec un collègue de SVT, nous avonsmené une action autour du Vendée Globe : il a fait son courssur les courants marins, j’ai organisé une rencontre entre les

Retrouver du sens

La danse est l’une des activités proposées par l’établissement.

© L

. Es

tival

« La nouvellearchitecture,

en place depuiscette rentrée, a recherché les moyens

d’associer vie en classe et vie

en dehors. »

Cette organisation est plébiscitée par les élèves, même

si tous ne perçoivent pas toujours comment elle participe

à un projet commun. C’est sans doute la principale force

de cet établissement où enseignement et vie scolaire sont

tellement imbriqués qu’on glisse de l’un à l’autre sans même

s’en apercevoir ; les profs s’investissant dans l’éducation

au sens large, les personnels de la

vie scolaire n’hésitant pas à par-

ticiper à des projets pédagogiques.

« Cette façon de travailler permetégalement à chacun d’évoluer pro-fessionnellement, se félicite Xavier

Guilloteau. Nous utilisons toutesles situations qui se présentent pourfavoriser ces approches croisées,sourit le directeur adjoint. Nousn’avons pourtant pas fait la révo-lution ! Nous avons seulement ex-

ploité toutes nos marges de liberté pour proposer unaccompagnement répondant aux attentes des jeunes dans unsystème trop rigide, de plus en plus inadapté aux nouvellesgénérations. À force de saucissonner les activités, on a eneffet perdu la notion de sens. À nous de renouer les fils. » LE

jeunes et un skipper », illustre Marina, qui regrette que les en-seignants ne pensent pas davantage à la solliciter pour guiderles lycéens dans l’apprentissage des techniques de recherchesur le Web… Dans ce lycée, modèle d’une culture collaborative en construction,chaque classe de seconde possède également un éducateur-surveillant comme référent, au même titre que le professeurprincipal qui est également présent lors des conseils de classe.Et si cette organisation ne s’est pas étendue aux classes depremière et de terminale, faute de ressources humaines suf-fisantes, les surveillants, qui connaissent les lycéens, commu-niquent leurs remarques au responsable de vie scolaire avantles conseils de classe.

Le CDI est un lieu de travail où chacun peut, selon ses besoins,organiser à sa guise ses temps hors de la classe.

© L

ycée

Sai

nte-

Mar

ie-d

u-Po

rt

357 doss pI-XII DEF:- 25/10/13 12:15 PageIX

Page 38: ECA 357 octobre

X Enseignement catholique actualités N° 357, octobre-Novembre 2013

DossIer

Éducateur de vie scolaire ? Unvrai métier ! Un certificat dequalification professionnelle

(CQP), prêt pour être lancé en jan-vier 2014, en atteste. Compre-nant deux cents heures demodules – stage compris – répar-ties sur douze à seize mois, il ini-tie au droit de l’éducation et à lapsychologie des jeunes, apprendà conduire des animations en lienavec le projet d’établissement,fournit des clefs sur l’usage édu-catif du numérique, l’aide auxdevoirs ou sur les élèves à besoinséducatifs particuliers.Très attendu, ce CQP d’éduca-teur relance un processus de pro-fessionnalisation freiné depuisdeux ans, en l’absence deconvention collective pour lespersonnels de droit privé de l’en-seignement catholique. « Onpasse d’une qualification debranche à une certification ins-crite au RNCP1, ce qui assure unemeilleure reconnaissance de l’ex-pertise socio-éducative »,explique Nathalie Krucki, respon-sable de formation au Créfi. PourPierre Santini, secrétaire généralde l’Ares, « le parcours invite au déplacement, à l’analyse depratiques, creuse les motivations et les questions de sens.Aborder l’autorité, la gestion des émotions, c’est aussi tra-vailler sur soi. Cela affermit une posture ». Il s’agit bien, pources « compagnons de l’intérieur », selon les mots du socio-logue Bertrand Bergier, d’initier la construction d’une iden-tité professionnelle qui leur confère une véritable assise ausein de la communauté éducative. Car leur mission de suiviet d’écoute des élèves se renforce et gagne en polyvalence :elle consiste à instaurer les conditions d’un vivre ensemblestructuré et harmonieux, assurer un tutorat plutôt que sur-veiller une étude en silence, monter des actions de préven-tion, inculquer des valeurs citoyennes et humanistes…

Donner voix au pédagogique

« Connaître les élèves et les processus d’apprentissage », « Accompagner les élèves dans leur parcours de formation »ou encore « Coopérer avec les parents d’élèves » : ces com-pétences, parmi les quatorze désormais communes aux pro-fesseurs et personnels d ‘éducation2, leur donnent d’ailleurs

officiellement voix au pédago-gique... ce qui invite à croiser lesformations à tous les niveaux. Lesdemandes et propositions de for-mation continue adressées auxenseignants et aux AVS, Asem ouéducateurs se développent sur desproblématiques transversales tellesque le numérique, la difficulté sco-laire ou l’articulation des cycles.Les formations initiales des res-ponsables de vie scolaire et desenseignants, toutes deux masteu-risées, ont aussi vocation à se rap-procher, la première devenant unespécialité des masters Métiers del’enseignement, de l’éducation etde la formation (MEEF). Ainsi, lemaster Encadrement éducatiflancé en cette rentrée à l’Institutsupérieur de pédagogie3 mise surun tronc commun avec les candi-dats à l’enseignement pourconstruire une culture partagée. «Apporter une réponse éducativeglobale aux jeunes passe par l’af-firmation de tous les personnelsde vie scolaire dans le domaine dela pédagogie. Surtout avec lesbesoins d’animation générés par la

Le paysage des formations des personnels de viescolaire se recompose autour de certificats de

qualification professionnelle et d’un master dédié auxresponsables. Des parcours qui visent le sur-mesure

pour mieux répondre aux besoins du terrain.

© V

. Ler

ay

VIRGINIE LERAY

Dernière réforme de la masteurisation oblige, l’Université

catholique de l’Ouest1, qui a lancé dès 2010, en pionnière,

un master Encadrement éducatif préparant aux fonctions

de responsables de vie scolaire (RVS), met l’accent sur la pro-

fessionnalisation du parcours. Parce qu’il avait suscité l’intérêt

de personnels déjà en poste et parce que les besoins en nouveaux

RVS dans le réseau restent limités – une quinzaine par an –, le

master s’était déjà ouvert à la formation continue.

La réforme Peillon a permis de renforcer les apports de terrain,

en mélangeant les publics de formation initiale et continue en

deuxième année, qui s’effectue, pour les étudiants, en contrat de

professionnalisation dans un établissement catholique sous contrat

d’association. « Cela concrétise leur connaissance du métier,leur fait profiter d’une forme de compagnonnage intergénérationnelavec les personnels déjà en poste et répond aux attentes de noschefs d’établissement partenaires », commente Gérald Houdeville,

L’Asem (agent spécialisé des écoles maternelles) assiste les enfants et apporte de l’aide aux enseignants.

Reconnaître l’expertise éducative

Les masters Encadrement éducatif dans l

357 doss pI-XII DEF:- 25/10/13 12:15 PageX

Page 39: ECA 357 octobre

N° 357, octobre-Novembre 2013 Enseignement catholique actualités XI

coordinateur pédagogique du master.

En revanche, effet collatéral de la

reprofessionnalisation des masters

Métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation, les

cours théoriques des candidats aux concours d’enseignement se

sont resserrés sur le disciplinaire, compliquant l’organisation de

cours communs avec les éducateurs. « Notre maquette maintientun cycle de douze heures dédié à la découverte du métier d’ensei-gnant. D’autres cours présentent d’autres partenaires de l’école– police, service de l’aide à l’enfance, collectivités locales, mai-son départementale des personnes handicapées… Il resteraitpeut-être à intégrer une information sur la fonction de directionet, bien sûr, à sensibiliser davantage les futurs enseignants à ladimension éducative », constate Gérald Houdeville. VL

1. www.uco.fr

réforme des rythmes scolaires, la co-construction des projetsprofessionnels des élèves ou encore l’enseignement de lamorale qui ouvrent de nouvelles perspectives », détaille Gil-bert Longhi, directeur de l’ISP.

S’adapter, un impératif

Autre impératif commun aux for-mations destinées aux personnelsde vie scolaire : s’adapter à l’hété-rogénéité de ces publics comme auxréalités diverses des établissementsoù ils exercent. Les parcours CQPsont ainsi délocalisables et modu-lables. Un positionnement réalisé

en début de formation permetaux personnes dotées d’un ba-gage universitaire ou d’une so-lide expérience professionnellede valider certaines théma-tiques. Le Créfi propose également diverses spécialisa-tions : gestion d’internat, sen-sibilisation aux problématiquessociales, accompagnement desjeunes en situation de handi-cap/AVS, prise en charge dela difficulté scolaire… « Nousvisons le sur-mesure, expliqueNathalie Krucki. Je consacreenviron 50 % de mon tempsà conseiller et accompagnerles chefs d’établissement pourcibler les compétences qu’ilsont besoin de développer chezleurs personnels, en fonctiondes spécificités de leur établissement. » Une concertationpréalable indispensable au départ en formation et corrélée

à la définition desfiches de poste dansle cadre du proces-sus de reclassifica-tion. L’une commel’autre doivent en ef-fet aider les salariésà se projeter dans undevenir profession-nel. À cette fin, unCQP de coordinateurest en projet.Même si le démar-rage de ces forma-tions reste suspenduà la sécurisation dela convention col-

lective, l’importance de la valorisation des personnels d’édu-cation a fait son chemin. En atteste le développement desparcours dédiés aux Asem (palier 1) qui se montent actuelle-ment. À l’attention de ces personnels, l’ISP et l’Oratoire, àLyon4, réfléchissent même à la création de diplômes universi-taires qui permettraient d’engager des personnels dans unprocessus de VAE et leur ouvriraient des perspectives d’évo-lution. Un levier qui semble particulièrement adapté à ladiversité des profils et aux parcours parfois heurtés de cer-tains personnels de vie scolaire.

1. Registre national de certification professionnelle.2. Référentiel paru au JO du 18 juillet 2013.3. ISP, à Paris. Site : www.icp.fr/education 4. www.oratoire-lyon.net

Nathalie Krucki (à gauche), responsable de formation au Créfi, consacre 50 % de son temps à l’accompagnement des établissements.

© J. C

asso

D. R

.

Des étudiants du master Enseignement, éducation et formation d’Angers.

s la réforme Peillon

zOrganismes habilitésà délivrer le CQP

d’éduCateur vie sCOlaire

l ares, à montreuilwww.ares.asso.fr

tél. : 01 49 88 87 10

l ifeap, à angers et à Parispour l’agricole et l’enseignement

général : www.ifeap.fr tél. : 02 41 25 33 66

l Créfi, à nanteswww.crefi.fr

tél. : 02 51 86 00 05

l afept, à bordeaux www.afept.fr

tél. : 05 56 02 25 26

l CnFetP, à lillewww.cnfetp-lille.com tél. : 03 20 10 31 90

l iFd, à grenoble www.ifd-formation.org

tél. : 04 76 17 15 15

357 doss pI-XII DEF:- 25/10/13 12:15 PageXI

Page 40: ECA 357 octobre

Pour alr plus loin…

LIVRES :l Christophe Barbier, Jean-Charles Delahaye, Fabienne Durand, NoraMachuré, Le conseiller principal d’éducation - De la vie scolaire à la politiqueéducative, Éditions Berger-Levrault, coll. « Les Indispensables », 2009.l Bertrand Bergier, Ginette Francequin, La Revanche scolaire, Erès, 2005. l Yann Buttner, André Maurin, Blaise Thouveny, Le Droit de la vie scolaire,Dalloz-Sirey, coll. « États de droits », 2003. l Gérald Houdeville, Jean-Yves Robin, La vie scolaire - Un service à part entière ou entièrement à part ?, Chronique sociale, coll. « Pédagogie formation », 2013.l Alain Picquenot, De la vie scolaire à la vie de l’élève,CRDP de Bourgogne, 2007.

REVUES :l Alain Bouvier, « Le CPE, moteur de changements organisationnels »,Éduquer n°15, 2007.l « Communautés d’éducation », La Salle Liens International n°66,décembre 2008.l Dossier « Accompagner et apaiser la vie scolaire », La Salle LiensInternational n°73, septembre 2010.l « Encadrement éducatif et vie scolaire dans les établissementsd’enseignement secondaire depuis le XVIIe siècle, Carrefours de l’éducationn°35, janvier 2013.l « La vie scolaire : l’affaire de tous ? », Cahiers pédagogiques n°485,décembre 2010.l « La vie scolaire : pour un élève autonome et responsable », Les cahiersd’éducation & devenir n°2, janvier 2009.l Acteurs de la vie scolaire, mensuel édité par le groupe Territorial, dixnuméros par an.

SE FORMER :l Ares : www.ares.asso.frl Afept : www.afept.frl Créfi : www.crefi.frl CNFETP : www.cnfetp.coml IFD Grenoble : www.ifd-formation.orgl Ifeap : www.ifeap.frl ISP de l’Institut catholique de Paris : www.icp.fr/fr/Organismes/ISP-Faculte-d-Education/ISP-Faculte-d-Educationl Université catholique de l’Ouest : www.uco.fr/formations/metiers-de-l-enseignement-education

Voir par ailleurs ce blog tenu par une conseillère principal d’éducation :http://vie-scolaire.blogs.liberation.fr

Pour aller plus loin…

357 doss pI-XII DEF:- 25/10/13 12:15 PageXII

Page 41: ECA 357 octobre

N° 357, octobre-Novembre 2013 Enseignement catholique actualités 29

Décloisonnements,

concertations, approches

ludiques et projets

fédérateurs : à l’école

Saint-Victor, le souci

d’accompagner la

difficulté scolaire profite

à tous les élèves.

Fermez les yeux, respirezet écoutez bien monmessage : cette figureest composée de deux

carrés. Un grand et un petit.Les sommets du petit carrésont les milieux des côtés dugrand carré. Je répète… »Une consigne en forme d’énigme, quiréussit à mettre Édouard, Solal et Erwanen situation de réception et de concentration.Voici le style d’entraînement « coup depouce » proposé par Dominique Deco-ninck, enseignante spécialisée à l’écoleSaint-Victor (Paris). Cumulant deux mi-temps, ce professeurse partage entre sa classe de moyennesection de maternelle et des séquences deremédiation ou d’accompagnement encours, dans le cadre du regroupementd’adaptation dont bénéficient 10 % desélèves. Et même davantage, car le dispositifirrigue l’ensemble de cette petite école quicompte deux cent deux enfants, de la ma-ternelle au CM2. Tous les vendredis débutentpar une « heure de réussite » durant laquelleles huit autres enseignantes reprennent unenotion avec un petit groupe de deux à cinqélèves. « Travail sur ardoise, chasse autrésor, jeu des sept familles… Il s’agit derompre avec le frontal classique pour lever

les blocages et, du coup, la parole se libèreaussi. Aujourd’hui, nous avons par exemplepu discuter d’un problème de stress », dé-taille Florence Coutal, enseignante en CE2.Au même moment, à la bibliothèque, Sa-mantha Fernet, enseignante en maternelle,apprécie son atelier lecture avec une poignéede CE1 : « Sortir de son niveau d’enseigne-ment, rencontrer d’autres élèves, c’est uneouverture. Cela nourrit aussi les concertationshebdomadaires où nous composons ensembleles groupes pour l’heure de réussite. »

Changer de regardAu-delà de ce créneau, Estelle Houël, en-seignante en CM1, constate une évolutiondes pratiques : « Les évaluations lettréesont remplacé les notes, qui soulignentdavantage les erreurs. Je propose desexercices déclinés en plusieurs niveauxde difficulté pour éviter de noyer certainsélèves et je réserve des créneaux pourdes activités ludiques : jeux de maths,

dictées à corriger ou négo-ciées que les élèves font àplusieurs. »Les enseignantess’emparent enfin de toutesles occasions de décloison-nement ou de travaux endemi-groupe. Ainsi, le mardiaprès-midi, une partie desélèves va suivre la catéchèseà la paroisse tandis que lesautres bénéficient de coursde culture religieuse dispen-sés par cycle. Pour l’heure, la moitié de laclasse de CP se lance dansun parcours sportif avec l’en-seignant d’EPS tandis queles autres élèves sortent leur« cahier d’écrivain » pour

une séance de production collective detexte, coanimée par Dominique Deconincket Andrée Renault. « Quelle chance d’ac-compagner l’entrée dans l’écrit par uneactivité si motivante !, se réjouit cette der-nière. À deux, on observe plus finement laprogression de chacun ; ce qui est précieuxdans cette classe charnière où, de plus,trois enfants ne sont pas de langue mater-nelle française. » De toutes ces marquesd’enthousiasme, Dominique Deconinck atiré un livre (cf. p. 49) qui montre qu’enchangeant son regard sur la difficulté etsur les enfants, le bonheur à l’école devientpossible !

À l’école des coups de pouce

VIRGINIE LERAY

InI tIatIves /primaire

© V. Leray

Grandir et faire grandir

Outre les conseils d’enfants hebdomadaires dans chaque classe, ladirectrice, Jeanne Rousselet, convoque périodiquement une « assemblée des artistes »pour aborder, sous le préau, une question de vie collective. Ce jour-là, elle présente les AVS accompagnant

trois des six enfants en situation de handicap accueillis dans l’établissement et en appelle à la bienveillance de chacun : « Tout est un peu plus difficile pour vos camarades. C’est pourquoi ces personnes les aident. Mais s’ils viennent dansnotre école, c’est aussi pour que vous les aidiez, vous aussi, à grandir. » Accueillir la différence comme une chance, sansappréhension ni moqueries, c’est le credo de cette école multiculturelle où se côtoient vingt nationalités. Les enfants, très responsabilisés, s’y montrent toujours prêts à rendre service pour dresser les tables au réfectoire, protéger les plus petits dans la cour, aider le voisin en classe… VL

© V. Leray

Dominique Deconinck (au centre) et Andrée Renault (à gauche) coaniment une séance collective.

Un AVS encadre des enfants en situation de handicap.

357 p29-33 init DEF:- 25/10/13 12:05 Page29

Page 42: ECA 357 octobre

30 Enseignement catholique actualités N° 357, octobre-Novembre 2013

Les deux collèges catholiques de Saint-

Brieuc se sont réunis il y a deux ans

pour créer une classe maîtrisienne.

Les jeunes ont alourdi leur emploi

du temps mais ils en tirent de grands

bénéfices sur le plan du développement

personnel.

Dans la salle paroissiale La Source,une vingtaine d’élèves de 6e et de5e répètent l’Agnus Dei de la Messeà saint Étienne et saint Tugdual,

sous la direction de Goulven Airault, 32 ans,le chef de chœur. Ils s’appellent Stanislas,Marie, Matthis, Agathe, Jacques ou Vaninaet sont scolarisés dans les collèges Saint-Pierre et Saint-Charles - La Providence deSaint-Brieuc, dans les Côtes-d’Armor. Troisheures par semaine, ils se retrouvent pourles répétitions de la classe maîtrisienne. Les petits chanteurs ? Une longue traditionà Saint-Brieuc. « C’est l’une des plus vieillesmaîtrises de France. Elle remonte aux an-nées 1420 », explique Goulven Airault, re-cruté en 2009 par l’association des PetitsChanteurs de Saint-Brieuc. Mais si la ma-nécanterie de la cathédrale Saint-Étiennea près de six cents ans, les liens qui l’unissentaux collèges catholiques de la ville sontbien plus récents. Goulven Airault faisaitdéjà chanter les élèves des écoles primaires

de Saint-Charles - La Providence et duSacré-Cœur, et certains parents d’élèvessouhaitaient voir son enseignement sepoursuivre au collège. L’arrivée de Mgr

Moutel, nommé en 2010, a tout accéléré.« Mgr Moutel, qui avait une maîtrise àNantes, a émis le souhait d’en voir unenaître ici. Il a vraiment été fédérateur »,témoigne Goulven Airault.

Une grande coordination Le projet est lancé en janvier 2011 et, enseptembre de la même année, quatorzeélèves de 6e sont inscrits. La classe maî-

trisienne, ouverte aux élèves de 5e à larentrée 2012, l’a été aux 4es en septembredernier et le sera aux 3es à la rentrée 2014.Si les directeurs de Saint-Pierre et de Saint-Charles - La Providence ont tout de suiteété partants, la naissance de la classe maî-trisienne a exigé une grande coordinationentre les deux établissements. « Il nous afallu dégager des heures en même tempspour chaque niveau, précise Mickaël LeBellego, directeur de Saint-Charles. Nousavons également pris la décision de fi-nancer la classe maîtrisienne sur nosfonds propres. » Goulven Airault, qui par-ticipe aux conseils de classe, est salariédes Petits Chanteurs de Saint-Brieuc, maisl’adhésion des enfants à l’association estassurée par les établissements. Un partenariat avec le conservatoire dela ville permet aux élèves de bénéficierindividuellement de cours de techniquevocale assurés par la mezzo-soprano Valérie Rio, sur leurs heures de répétition.Enfin, deux enseignants en formationmusicale suivent les élèves une heure parsemaine dans leurs collèges respectifs.Les jeunes ont donc quatre heures en plusdans leur emploi du temps hebdomadaire,puisque les collèges ont choisi l’optionde l’aménagement d’horaires et non cellede la Cham (classe à horaires aménagésmusique), après avoir consulté le guideédité par la Fédération nationale des PetitsChanteurs (cf. encadré).

JOSÉPHINE CASSO

InItIatIves / collège

Du chœur à l’ouvrage

© B. Le Roux

Les petits chanteurs et la manécanterie de Saint-Brieuc en concert à la cathédrale Saint-Étienne.

© J. Casso

Les chants répétés sont issus du répertoire liturgique, de la tradition grégorienne aux compositions contemporaines.

357 p29-33 init DEF:- 25/10/13 12:05 Page30

Page 43: ECA 357 octobre

N° 357, octobre-Novembre 2013 Enseignement catholique actualités 31

Mais si la créationde la classe maîtri-sienne oblige lesdeux collèges à tra-vailler main dansla main, les béné-fices retirés par lesenfants gommentles longues heures

passées en réunion. Et ce même pourMickaël Le Bellego, qui a pris la direc-tion de Saint-Charles à la rentrée 2012 eta donc hérité d’une jeune création de sonprédécesseur : « J’ai été stupéfié lorsquej’ai entendu les élèves chanter la premièrefois. La classe maîtrisienne fait partie dela vie de l’établissement et je me dois de lafaire vivre, d’autant plus qu’elle répond àune demande des familles et du diocèse. » « Cette classe entre également dans la lo-gique des projets que nous développonshabituellement, avec une dimension spi-rituelle en plus », pointe Yvon Queromes,directeur de Saint-Pierre. Car si la répétitionse termine par Skyfall d’Adele, la chansondu dernier James Bond, le répertoire de laclasse maîtrisienne est évidemment litur-gique. « Nous ne faisons pas de prosélytisme,mais les enfants, qu’ils soient baptisés ounon, sont touchés par le texte et les céré-monies », note Goulven Airault. « Certainsfont des demandes de catéchèse », ajoutePascal Allouis, professeur en formationmusicale à Saint-Charles. Les chefs d’établissement, le chef de chœuret les enseignants ne sont pas à court dequalificatifs pour décrire tous les bienfaitsde la classe maîtrisienne sur les jeunes. Onparle de « concentration, de rigueur, desavoir-vivre ensemble, d’esprit d’équipe,de confiance en soi ». Sans compter le fait

de produire du beau ensemble. Après deuxans seulement d’existence, Gouven Airaultse réjouit d’une nette amélioration duniveau des jeunes : « Les 6es de cette annéesont meilleurs que l’année dernière parcequ’ils sont tirés vers le haut par les 5es. »

Visibilité Présente lors de toutes les grandes célé-brations à la cathédrale, la classe maî-trisienne est désormais bien intégréedans le paysage diocésain de Saint-Brieuc. Reste à lui donner une meil-leure visibilité au sein des deuxcollèges, afin d’assurer le recrutementet de grossir ses rangs. « Nous réfléchis-sons à des concerts à l’occasion descélébrations communes pour Noël oupour le Printemps des talents », déclareYvon Queromes. Après la tournée detrois jours qui a eu lieu du 5 au 7 juillet2013, Goulven Airault envisage d’em-mener sa troupe au pèlerinage diocé-sain à Lourdes dans deux ans. Les PetitsChanteurs de Saint-Brieuc ont encorede beaux concerts devant eux.

« J’ai étéstupéfié

lorsque j’aientendu les

élèves chanterla première fois. »

De gauche à droite :Pascal Allouis

(enseignant enformation musicale à

Saint-Charles - LaProvidence),

Valérie Rio (professeurde technique vocale),

Yvon Queromes(directeur de Saint-Pierre),

Mickaël Le Bellego(directeur de Saint-

Charles - La Providence)et Goulven Airault (chef de chœur).

... ainsi qu’à la construction d’automates.

© J. Casso

Une fédération pour les chœurs Créée en 1951 par Mgr Maillet,emblématique directeur des PetitsChanteurs à la croix de bois, laFédération des Petits Chanteursaccompagne une centaine de chœursen France, soit près de 3 000 enfants.« Nous avons pour rôle de les aider, deles défendre et assurons lacoordination, l’information et lacommunication », explique CamilleClier, la directrice. Membre de laFédération internationale des PetitsChanteurs, la Fédération françaiseorganise le 39e congrès internationaldes Pueri Cantores. 4 000 petitschanteurs du monde entier sontattendus à Paris, du 9 au 13 juillet2014. Inscription en ligne surwww.puericantores-paris2014.com

z Fédération des Petits Chanteurs,254 rue du Faubourg-Saint-Antoine,75012 Paris. Tél. : 01 43 45 38 25. Site : www.petits-chanteurs.com

3 questions à… Yannick Guinche

Directeur diocésain des Pyrénées-Orientales

et chargé de mission à la Fédération

des Petits Chanteurs.

Pourquoi avoir créé un guide « d’aide à lacréation de classes maîtrisiennes » ?Yannick Guinche : Lors des assemblées généralesannuelles, les chœurs nous avaient fait part de leursdifficultés à créer du lien avec les établissementsscolaires ou à recruter des enfants. Beaucoup dequestions revenaient régulièrement sur le projet pé-dagogique et les modalités pratiques. La Fédérationdes Petits Chanteurs et le Secrétariat général del’enseignement catholique ont signé un accord-cadre en 2009 et le guide est sorti en 2010. S’adresse-t-il aux chœurs ou aux établissements ?Y. G. : Aux deux. Une maîtrise peut avoir envie decréer des classes maîtrisiennes dans un établisse-ment pour assurer son potentiel de recrutement. Età l’inverse, un établissement peut avoir envie d’élar-gir ses propositions éducatives. L’enjeu pastoral estimmédiatement perceptible, car un chœur placeles jeunes dans la liturgie de l’Église. C’est pourcela que le guide recouvre à la fois le projet pé-dagogique, le projet artistique, ainsi que des aidesjuridiques sur le statut de la maîtrise, le recrute-ment du chef de chœur, etc. Quels avantages un établissement retire-t-il de ses classes maîtrisiennes ? Y. G. : Notre démarche est avant tout éducative. C’estpourquoi nous avons cherché d’emblée à lever unepremière ambiguïté fondamentale : veut-on simple-ment créer un ensemble vocal de qualité ou bienveut-on éduquer par le chant ? C’est bien sûr ladeuxième proposition qui se trouve au cœur de notredémarche. L’enfant est au centre du dispositif. d voir www.petits-chanteurs.com

© J. Casso

357 p29-33 init DEF:- 25/10/13 12:05 Page31

Page 44: ECA 357 octobre

32 Enseignement catholique actualités N° 357, octobre-Novembre 2013

InI tIatIves / lycée

Depuis 2002, le collège et lycéeDon-Bosco de Nice permet auxélèves de concilier pratiqueintensive du sport et préparationdu bac. Un pari réussi qui reposesur leur capacité à mobiliser descompétences extrascolaires pourprogresser dans l’ensemble desmatières.

Les journées de Carla Mozali,élève de 3e à Don-Bosco, à Nice,n’ont rien d’un long fleuve tran-quille… Dès 6 h 30, l’adoles-

cente rejoint la patinoire proche del’établissement pour deux heuresd’entraînement intensif, avant deregagner sa classe à 8 h 30. La matinéeterminée et le déjeuner prestementavalé, elle enfile de nouveau ses patinspendant une heure, retourne ensuite aucollège les lundis et vendredis jusqu’à17 heures puis enchaîne une nouvelleheure sur la glace avant de réviser lesleçons, de se détendre et de se mettreau lit. Les mardis, mercredis et jeudis,la jeune fille souffle… un peu. Finie lacourse contre la montre, tous lesaprès-midi sont consacrés au patinage.

Comme quelque 200 élèves encartésdans un club sportif partenaire de cetétablissement, Carla bénéficie d’ho-raires aménagés pour concilier suivides cours et pratique intensive d’unsport, allant de la natation au VTT enpassant par le tennis ou la danse.Depuis 2002, Don-Bosco a en effetmis en place un dispositif ambitieuxpour accueillir les aficionados desstades, des bassins ou de la petitereine. Outre la banalisation de deuxaprès-midi par semaine dédiés à lapratique sportive de la 6e à la seconde,les candidats sont regroupés dans desclasses spécifiques. En première etterminale, ils sont en revanche mélan-gés aux élèves qui suivent une scola-rité classique. Quatre filières leurssont proposées : deux en lycée géné-ral, deux en lycée technique. Mais

petite voix fluette, la patineuse cacheune volonté de fer qui l’aide à suppor-ter les contraintes qu’elle s’est fixées.Une envie d’en découdre égalementprésente chez la nageuse CharlotteBonnet, médaillée aux jeux Olym-piques de Londres de 2012, ou chez

Adeline May, championne de boxefrançaise.

Dans quelques semaines, pour cessportives inscrites en terminale S,commenceront les épreuves du bacblanc. « Pour pallier les absences deces élèves, nous avons institué des bi-nômes dans les classes : des élèves pré-sents prennent les cours pour leurscamarades absents. Parallèlement,

nous disposons d’un quotad’heures supplémentaires pourdes cours de rattrapage ou desoutien avec les enseignantsquand cela s’avère nécessaire.Dans certains cas, ce sontpresque des leçons particu-lières », mentionne ValérieNicosia qui gère au quotidien

l’emploi du temps de ces élèves par-ticuliers, au sein de l’Institut de dé-veloppement des intérêts scolairesdes sportifs (IDISS), une structureinterne à Don-Bosco, en étroite col-laboration avec les enseignants et lesentraîneurs sportifs.

LAURENCE ESTIVAL

aucune en lycée professionnel : lesnombreux cours en ateliers rendentdifficile l’aménagement d’horairesparticuliers. Même si plusieurs médail-lés olympiques, tel Yannick Agnel,sont sortis de ses rangs, Don-Boscon’accueille pas que des sportifs de haut

niveau. « Notre ambition n’est pas deformer des champions mais de permet-tre à ces jeunes de vivre pleinement leurpassion », insiste le directeur BernardChastang.

Aux petits soinsJongler entre les cours de maths et

les figures sur la glace ne fait pas peurà Carla. « J’ai adopté ce rythme depuisque je suis arrivée ici en6e », sourit l’intéressée.Pour elle, c’est le prix àpayer pour atteindre sonobjectif : monter sur unedes premières marches dupodium aux jeux Olym-piques d’hiver de 2018 quiauront lieu à Pyeongchang(Corée du Sud), tout en décrochantle bac pour avoir le plus de cartes enmain. La réussite sportive n’est eneffet pas garantie, même si Carla estdéjà arrivée deuxième dans une com-pétition internationale…

Sous sa fragilité apparente et sa

« Ces élèvesont l’esprit decompétition et sont

extrêmementefficaces. »

D. R.

Le goût de l’effort et de la performance rejaillit sur le comportement en classe.

Le sport, c’est classe

357 p29-33 init DEF:- 25/10/13 12:05 Page32

Page 45: ECA 357 octobre

petits soins pour leurs protégés : auxcours de rattrapage s’ajoutent souventdes heures de chat par mail, le soir ou leweek-end.

Plus sensibles« Certains se montrent d’ailleurs très

compréhensifs si nous n’arrivons pas àfaire nos devoirs lorsque nous avons descompétitions de haut niveau », s’amuse

Charlotte Bonnet, qui n’abuse pourtantpas de ce privilège. Pour une partie deces élèves, la confiance gagnée grâce àleurs exploits extrascolaires devient aussiun levier sur lequel s’appuyer pour amé-liorer les résultats en cours. « Il nous arriveparfois de prendre certains candidats avecdes notes juste dans la moyenne en raisonde leur engagement sportif, reconnaît Fré-déric Coduys, directeur adjoint de l’éta-blissement et directeur de l’IDISS. Maisil faut alors qu’ils s’accrochent pour amé-liorer leurs résultats, car même si noussommes fiers de leurs performances surles stades, les études restent le plus im-portant. Nous travaillons d’ailleurs enétroite collaboration avec leurs entraîneurs.Ils ont leurs relevés de notes, et nous nousfaisons leur porte-parole lors des conseilsde classe. Au moindre fléchissement, nousn’hésitons pas à suspendre les entraîne-ments. »

Une exigence qui permet aux autresélèves de l’établissement de ne pas res-sentir trop de jalousie face au traitementréservé à ces sportifs. Elle est aussi lapreuve que la pratique du sport à hautniveau est conciliable avec les études...à condition d’être autant déterminé àcourir après les bons résultats que surune piste d’athlétisme.

N° 357, octobre-Novembre 2013 Enseignement catholique actualités 33

En déployant ce dispositif, l’établis-sement se veut fidèle au projet de DonBosco : « Permettre à tous les talents des’épanouir, résume Bernard Chastang.Il y a quelques années, j’avais été frappépar une question d’un de nos élèves : ilme demandait s’il devait poursuivre sacarrière sportive ou s’il devait, aucontraire, la mettre entre parenthèsespour se consacrer à ses études. Au lieu

de l’obliger à trancher, j’ai voulu recher-cher des solutions pour permettre à cesjeunes de vivre leur passion sans com-promettre leur avenir professionnel. »

Le challenge est de taille pour lesjeunes mais aussi pour le corps ensei-gnant, invité à faire pratiquement dusur-mesure tout au long de leurs annéesd’études. « Ces élèves ont l’esprit decompétition et sont extrêmement effi-caces. Ils ont appris à s’organiser, àaller à l’essentiel. Avec eux, on peutfaire en une heure ce que l’on fait avecles autres en deux heures », souligneJean Bühler, professeur de mathéma-tiques, qui intervient en 3e, première etterminale. Le goût de l’effort et de laperformance mis au service du sportrejaillit sur leur comportement enclasse. « Tous ceux que j’ai accompa-gnés jusqu’au bac ont obtenu leurdiplôme, car les élèves qui arrivent àmener les deux de front sont générale-ment brillants », se félicite l’ensei-gnant. Les jeunes sportifs ne tarissentpas d’éloge sur les enseignants, aux

Du sport à la musique en passant par le théâtreSur le modèle des classes réservées aux sportifs, qui ont largement fait leurspreuves, Don-Bosco, à Nice, accueille des jeunes souhaitant conjuguer scola-

rité et passion théâtrale.Comme leurs camarades,ils ont des demi-journéesbanalisées au cours des-quelles ils travaillent avecle Théâtre national deNice. « Dès l’année pro-chaine, nous allons rece-voir dans les mêmesconditions des candidatsayant un projet dans ledomaine de la musique,dans le cadre d’un partenariat avec le conservatoire », raconte le directeur, poin-tant la capacité de l’enseignement catholique à s’ouvrir à des publics très diffé-rents. « Ces expériences nous interpellent sur les dispositifs à mettre en placepour permettre à l’ensemble des jeunes de grandir », ajoute le responsable quine souhaite pourtant pas une généralisation de ces parcours atypiques à la tota-lité des inscrits. « Notre devoir est d’accueillir tout le monde », lance BernardChastang. Même si ces élèves servent aussi d’exemple à leurs camarades car ilsvont jusqu’au bout de leur engagement… LE

D. R.

D. R.

À Don-Bosco, on peut vivre sa passion pour la gymnastique sans compromettre son avenir professionnel.

357 p29-33 init DEF:- 25/10/13 12:05 Page33

Page 46: ECA 357 octobre

PortraI t

Et si la découverte dessciences de la vie et dela Terre (SVT) passaitpar le jeu ? Tel est le

pari de Jean-Pierre Gallerand,58 ans, professeur au collègeSaint-Théophane-Vénard deNantes. Depuis le début desannées 1990, ce professeuratypique n’en finit pas derenouveler ses méthodesd’apprentissage en exploranttoutes les potentialités del’univers virtuel. Sa dernièrecréation ? Une animation oùles élèves de 3e doivent trou-ver en huit étapes la réponse àune énigme : les groupes san-guins sont-ils héréditaires ?L’œil rivé sur les instructions,le doigt posé sur la souris, leschercheurs en herbe com-mencent le voyage dansl’univers des chromosomes etdes spermatozoïdes. Mainte-nus en haleine, les collégiensnaviguent au fil des ques-tions, font et refont les exer-cices jusqu’à ce qu’ils aienttrouvé - euréka ! - la bonneréponse. « J’ai eu l’idée de développer

ce jeu face aux difficultés auxquelles

nous sommes, nous enseignants, de plus

en plus confrontés : pour des raisons de

sécurité, il n’est plus possible de faire

des expérimentations en salle de classe

en manipulant le sang. Comment dans

ces conditions entretenir l’intérêt des

élèves ? », explique-t-il.

Devenu prof par hasard Derrière ses petites lunettes, avec sonécharpe en bataille et son air de profes-seur Nimbus, l’homme est un pas-sionné, toujours en quête de ce « petitplus » qui fait toute la différence. Il n’estpourtant pas tombé dans le chaudron de

« gagner des sous », ilfrappe en 1977 à la portede la direction diocésainede Nantes pour proposerses services en tant quevacataire. « Je voulais

faire des remplacements

tout en repassant ma

licence mais, quelques

jours avant la rentrée des

classes, je me suis vu pro-

poser un poste de profes-

seur de SVT au collège

Saint-Pierre. Je ne savais

même pas ce qu’était une

classe ni même un pro-

gramme. Les premiers

jours, c’était l’horreur ! »,

se souvient-il. Devenuenseignant presque parhasard, il s’accroche avecla même ténacité dont ilfait preuve aujourd’huidans la réalisation de sesanimations, repasse sesexamens avec succèsavant d’être happé par lesystème. Après un pas-sage d’un an dans unautre établissement, il

arrive au collège Saint-Théophane-Vénard en 1979. Avec dans son cartableplusieurs convictions forgées durantces deux années d’expérience : « Pour s’en sortir, il faut d’abord

asseoir son autorité. Passer aux tra-

vaux de groupe nécessite d’avoir au

préalable maîtrisé la discipline. Sinon,

ça part dans tous les sens. »

Comment cet enseignant, adepte descours magistraux, est-il devenu l’un desprofesseurs les plus innovants del’Hexagone ? « Dans les années 1990,

j’ai commencé à ressentir une certaine

lassitude », lance-t-il en guise d’expli-cation. Pour rompre la monotonie deson quotidien et pour retrouver de lamotivation, il fait alors participer ses

la pédagogie quand il était petit. « Après le bac, je me suis inscrit en

licence de biologie et je rêvais de deve-

nir chercheur », raconte-t-il. Ayant ren-contré celle qui allait devenir sa femme,la tête un peu ailleurs, il échoue alors àses examens. Face à l’obligation de

Jean-Pierre Gallerand

L’inventeur innovateur

Professeur de sciences de la vie et dela Terre au collège Saint-Théophane-

Vénard de Nantes, Jean-PierreGallerand a toujours su innover dansses méthodes d’apprentissage, aupoint d’être aujourd’hui devenu,avec son blog, une référence.

34 Enseignement catholique actualités N° 357, octobre-Novembre 2013

LAURENCE ESTIVAL

D. R

.

Jean-Pierre Gallerand devant son stand, au Forum mondial des enseignants innovants, à Prague.

357 p34-35 portrait DEF:- 25/10/13 12:06 Page34

Page 47: ECA 357 octobre

par ses deux derniers « trophées » : sanomination comme chevalier des Palmesacadémiques par le ministre de l’Éducationnationale, Vincent Peillon – « Pour un

prof du privé, c’est vraiment quelque

chose ! » – et l’obtention, l’année dernière,de l’agrégation sur liste d’aptitude. « Je

vais maintenant pouvoir enseigner quinze

heures au lieu de dix-huit et me consacrer

ainsi à la création de nouveaux outils

numériques ! », s’amuse Jean-Pierre Gal-lerand, les yeux brillants, la tête déjà tour-née vers son ordinateur…

1. Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie.2. Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer.

classes à des projets de grandeampleur, abordant des terresencore vierges : « J’ai sans

doute été un des premiers à

m’intéresser dès 1993 à l’effet

de serre dans le cadre d’un

concours proposé par le conseil

général de Loire-Atlantique. Grâce à

l’appui de l’Ademe1, nous avons réalisé

des panneaux avec les élèves. L’année

suivante, nous avons planché sur les

déchets ménagers à une époque où on

parlait encore peu de tri et de recyclage.

Pour moi, ces expériences ont été l’oc-

casion de découvrir les jeunes que

j’avais en classe sous un autre angle :

ils devenaient acteurs et n’étaient plus

seulement passifs face à l’enseignant.

Je me suis aussi rendu compte que la

participation à ces projets était une

manière de renforcer chez eux l’intérêt

pour tout ce qui était scientifique. Ça

devenait plus concret, beaucoup plus

accessible. »

Esprit pionnierLes félicitations se multipliant, Jean-Pierre Gallerand, qui a rapidement com-pris l’intérêt de médiatiser ses actions entissant des liens avec les médias, est deplus en plus courtisé. Celui qui auraitbien aimé faire partie de la communautéscientifique se retrouve embarqué parl’Ifremer2 dès 1999 dans la réalisationd’un site sur la marée noire. « L’Érikavenait juste de s’échouer sur les côtes

bretonnes et les élèves ne parlaient que

de ça. Ils avaient de multiples questions,

tout comme d’ailleurs le grand public.

Nous avons alors rassemblé des tonnes

d’informations et ouvert un forum où

nous retransmettions les questions

posées par les internautes aux cher-

cheurs de l’Ifremer, dont nous publiions

les réponses. » Le succès est fulgurant etdéborde jusque de l’autre côté de l’Atlantique : contacté par une ensei-gnante de Chicago qui travaillait elleaussi avec ses élèves sur ce sujet, Jean-Pierre Gallerand lui ouvre son site etinaugure le travail collaboratif bilingueen ligne !Au fil des ans, la Toile, offrant des pers-pectives insondables à cet esprit curieux,

est devenue son lieude prédilection. Ré-dacteur régulier auCafé pédagogique,en charge des pagesconsacrées auxSVT, utilisateur de

Twitter à ses heures perdues, il est l’auteurd’un site qui reçoit en moyenne 5 000 vi-siteurs par jour (cf. encadré). « Il crée une

dynamique au sein de l’établissement, une

émulation positive, met en avant sa direc-trice, Laure Giret. Il interroge ses collègues

même si, actuellement, il n’a pas encore

entraîné d’autres enseignants dans son

sillage. » Pas évident, en effet, de se lancerà l’ombre d’un personnage aussi médiatisé.Récompensé par le prix de l’avenir pé-dagogique au Forum des enseignants in-novants en 2012, son press-book a dequoi rendre jaloux : il a eu droit à unportrait dans le quotidien Le Parisien,a été cité dans un dossier d’Alternatives

économiques sur l’école et sa révolutionnumérique inachevée ainsi que dans letrès branché magazine Usbek & Rica. Iln’entend pas pour autant monnayer ses in-novations. « Je suis attaché à la gratuité.

J’aime trop ma liberté pour me voir imposer

quoi que ce soit par des éditeurs. » Fidèlecontributeur du service public de l’édu-cation, il a été particulièrement touché

« Je suis attaché à lagratuité. J’aime trop ma

liberté pour me voirimposer quoi que ce

soit par des éditeurs. »

Le site de Jean-Pierre

Gallerand (44.svt.free.fr)

propose une soixantaine

d’animations et de jeux

sérieux, téléchargés plus de

1 000 fois par jour en France

et aux quatre coins du monde.

Pour répondre aux demandes, certains sont

désormais traduits en anglais, espagnol et italien. L’un de ses derniers projets, qui

porte sur les lentilles d’eau, est accessible en treize langues, y compris en azéri !

N’y voyez pas une coquetterie, mais simplement la conséquence de la participation

du professeur au Forum mondial des enseignants innovants à Prague, en 2012,

où il faisait partie des deux Français sélectionnés pour exposer leurs projets.

« J’ai noué des contacts avec nombre de participants et nous travaillons ensemble

sur de nouveaux outils », se réjouit-il. LE

Net et précisD. R.

N° 357, octobre-Novembre 2013 Enseignement catholique actualités 35

D. R

.

Présentation de son travail à Vincent Peillon et à Marie Reynier, rectrice de l’académie Orléans-Tours.

357 p34-35 portrait DEF:- 25/10/13 12:06 Page35

Page 48: ECA 357 octobre

C’est une immense bâtisse blancheaux murs décrépis. Construitede plain-pied, sur le modèled’un cloître, elle entoure un joli

jardin arboré. De ce jardin, on aperçoitpresque toutes les salles de classe. 750 garçons âgés de 15 à 18 ans étudientau Kolese De Britto1, lycée jésuite de laville de Yogyakarta, haut lieu de la cultureindonésienne, situé au cen-tre de l’île de Java. Il està peine 10 heures du matince lundi 15 juillet, jour derentrée des classes, et latempérature doit frôler les35°. Les élèves ont garéleur moto dans le parkingdu lycée et découvrent leurnouvelle classe et leur em-ploi du temps. Ici, il n’y a pas de portes.Les salles de classe sonttotalement ouvertes surl’allée qui borde le jardin.« Cela laisse circuler l’airet invite à la communica-tion », sourit Agus Prih

de trente. Une équipe mixte de cinquante-et-un enseignants et vingt-sept personnelsadministratifs gère ce microcosme. Chaqueannée voit 250 nouveaux élèves. Les can-didatures sont nombreuses et triées surle volet : « La sélection s’effectue aumoyen de trois tests : cognitif, psychologiqueet oral. » Un drôle de succès pour ce lycéecatholique installé dans un pays où 90 %de la population est musulmane. Il fautdire que sa réussite attire. « Les élèves deDe Britto poursuivent souvent leurs étudesà l’université et obtiennent de bons postes», reconnaît Firdaus, musulman de 24 ans,étudiant en français à l’université et qui afait tout son parcours dans le public.

Une pédagogie unique

À De Britto, les élèves sont brillants etpour la plupart issus de fa-milles aisées. L’un d’euxconfie d’ailleurs revenird’un pèlerinage familial àLourdes ! Le lycée accueille50 % d’élèves catholiques,30 % de protestants, 15 %de bouddhistes et de taoïsteset 5 % de musulmans. Lesfrais d’inscription sont éle-vés pour le pays : 800 000roupies par mois, l’équiva-lent de 80 €, alors que le sa-laire moyen indonésien estde 110 € par mois. Pour au-tant, le directeur de l’éta-blissement ne veut pas d’unesélection par l’argent : « Les

En Indonésie, premier pays

musulman du monde par sa

population, les écoles catholiques ne

sont pas légion. Au Kolese (lycée) De

Britto, l’équipe enseignante s’attache

à former des esprits éclairés dans le

but de faire de chaque élève « un

homme pour et avec les autres ».

Adiartanto, le directeur du lycée. Fondéen 1948, l’établissement était situé à l’ori-gine dans le centre-ville. Il a d’abord étémixte et comptait seulement soixante-cinq élèves. Quelques années plus tard,il a déménagé, s’est agrandi et n’accueilleplus que des garçons. Son nom lui vientde Jean de Britto, prêtre jésuite portugaisné en 1647 et missionnaire en Inde. « Ilaurait eu pour mission de fonder en In-donésie sept établissements : un en Pa-pouasie, deux à Jakarta, un à Magelang,un à Solo, un à Semarang et un ici, à Yogyakarta », explique Benedictus WidiNugroho, adjoint au directeur. Aujourd’hui, le lycée De Britto comptevingt-cinq classes : sept secondes (10e

degré), neuf premières (11e degré) etneuf terminales (12e degré). Il y a 250 élèves par niveau, répartis en classes

NOÉMIE FOSSEY-SERGENT

f

Les salles de classe donnent sur un jardin verdoyant.

RÉCITS D’AILLEURSPhotos : N. Fossey-Sergent

INDONÉSIEÀ Java, dans un lycée jésuite

Le lycée se trouve à Yogyakarta, à 420 km de Jakarta.

© N. Fossey-Sergent

Yogyakarta

À De Britto, les cheveux longs sont autorisés... Presque une exception en Indonésie !

36 Enseignement catholique actualités N° 357, octobre-Novembre 2013

357 p36-38 récits+p39 planet DEF:- 25/10/13 12:07 Page36

Page 49: ECA 357 octobre

jeunes qui réussissent les tests d’entréemais n’ont pas les moyens de payer lesfrais de scolarité bénéficient de l’aide defamilles plus aisées. »Si 60 % des famillesparviennent à payer les frais d’inscriptionsans aide, 20 % sont suffisamment richespour aider les autres familles plus mo-destes. À quoi tient le succès de l’établisse-ment ? Peut-être à sa pédagogie unique :la « règle des 3 C », précise le direc-teur de l’établissement. Trois « C »pour « compétence, conscience et com-passion ». « Nous éduquons la personnedans son intégralité, en insistant autantsur son cœur que sur son cerveau. Nouscherchons à former une personne com-

plète : intelligente,juste, respectueuse,capable de faire deschoix cohérents... »L’enseignementsuit fidèlement lapensée d’Ignace deLoyola, fondateurde la Compagniede Jésus. « Il y acinq notions clés,

poursuit Agus Prih Adiartanto. La si-tuation, qui consiste à prendre le jeune làoù il en est pour l’emmener vers le meil-leur ; l’expérience : tout savoir doit êtreintériorisé et expérimenté ; la réflexion :se connaître soi-même pour être capablede se forger ses convictions ; l’action :l’accomplissement est dans la décisionet l’engagement ; et enfin l’évaluationpar l’enseignant de l’évolution de sesélèves, et par l’élève lui-même, pourtirer parti de ses réussites comme de sesdifficultés. » Si les « compétences »s’acquièrent bien dans les salles declasse, c’est ailleurs que les élèves vontexpérimenter « la conscience » et la « compassion ». En plus des retraites

spirituelles, le lycée organise, selon lesniveaux, des excursions en pleinenature et des immersions (appelées livein) de plusieurs jours dans des milieuxéloignés de l’environnement habitueldes élèves. Félix, 17 ans, est en ter-minale et veut devenirbiologiste. « En févrierdernier, pour mon stageobligatoire de live in,je suis allé plusieursjours dans un villageprès de Jakarta. J’aiappris à réparer et net-toyer des chaussuresavec des artisans et àles vendre. » Claudio,17 ans lui aussi, a re-joint durant une se-maine une associationqui travaille dans une décharge de Ja-karta. « Je devais aider une famille àrécupérer les bouteilles en plastiquevides et à les revendre. Au début, j’avaispeur d’y aller et finalement ma visiona changé. J’ai l’habitude que ma mèreme donne de l’argent. À travers cetteexpérience, j’ai compris que ça peutêtre très dur de gagner sa vie. »Ses réflexions, il les a compilées dans legros carnet vert qui est donné à chaqueélève en début d’année. On y trouve envrac : le règlement du lycée, le rappeldes principes de la pensée ignatienne,l’emploi du temps et beaucoup de pagesblanches destinées à accueillir les penséesde l’élève. « Quand j’ai une mauvaisenote, je m’interroge sur la façon de chan-

« On neressent pas de pressionparticulière.On vit dans le respect des autresreligions. »

g f

ger ça, explique Claudio, étonnant dematurité et qui se rêve futur businessman.Mais dans ce carnet, j’écris aussi le fruitde mes réflexions sur ma famille et marelation à Dieu... » Ses parents, catholiques

pratiquants, tiennent une chambre d’hôtedans le quartier touristique de Yogyakarta.Pour payer la scolarité de leur fils, ils ontmis en location le maximum de chambresde la maison et dorment à trois dans unepetite pièce du rez-de-chaussée.

Autocritique et introspection

La volonté de l’équipe du lycée de faireréfléchir ses élèves s’illustre aussi dansles petits rituels qu’elle a instaurés. Chaque lundi, de 7 h à 7 h 20, les élèvesévaluent leurs activités de la semaineprécédente. Les plus méritants sont fé-licités. On est bien loin de la pédagogiedu par coeur, largement pratiquée dansle pays. Les enseignants et les personnels,

La chapelle de l’établissement. La cantine. Un portrait de Jean De Britto veille sur le lieu.

© N. Fossey-Sergent

zPlus grand archipel du monde, l’Indonésie est le 4e pays le plus peuplé de la planète. État laïc, il estpourtant le 1er pays musulman en nombre de croyants. La République démocratique indonésienne

est indépendante depuis 66 ans (c’était auparavant une colonie néerlandaise). Elle reconnaît officiellementsix religions : l’islam, le bouddhisme, l’hindouisme, le catholicisme, le protestantisme et le confucianisme. Lacommunauté chrétienne ne représente que 9 % de la population, dont deux tiers de protestants.

N° 357, octobre-Novembre 2013 Enseignement catholique actualités 37

Agus Prih Adiartanto (à droite) et son adjoint Benedictus Widi Nugroho.

357 p36-38 récits+p39 planet DEF:- 25/10/13 12:07 Page37

Page 50: ECA 357 octobre

tous formés à la pédagogieignatienne, se prêtent aussi aujeu de l’introspection et de l’au-tocritique. Chaque enseignantest invité à exposer devant sescollègues et devant les élèvesle fruit de sa réflexion sur l’en-seignement pratiqué. Autreexigence : la formation à l’in-tériorité. Les fêtes chrétiennesrythment la vie du lycée. Dansla petite chapelle de l’établis-sement, des élèves assistent àla messe chaque jour. Ils fontaussi des retraites régulières. Claudio aainsi passé trois jours avec ses camaradesde classe près du volcan Merapi. « Nousétions dans le silence. J’en ai profité pourréfléchir à ma vie, à l’importance de mafamille, à mes objectifs. J’apprécie vrai-ment les gens et les règles de ce lycée.C’est unique. »Les cours sont quant à euxtrès variés. C’est un mélangedu programme scolaire éta-bli par le ministère de l’Édu-cation nationale indonésienet des exigences des res-ponsables de De Britto. Enplus des matières classiques(mathématiques, physique,chimie, géographie, écono-mie, anglais...), le lycée pro-pose des cours de latin etde catéchisme. Il mise aussi sur la curiositéintellectuelle de ses lycéens en ouvrantun cours de mandarin et de français. Ilfavorise la créativité en proposant desactivités théâtre ou musique et leur fait

aussi travailler leur force de per-suasion via des ateliers de rhé-torique, de leadership et de débatpublic... À De Britto, commepartout ailleurs en Indonésie,

les élèves ontcours six jours sur sept, de7 h à 14 h en moyenne.L’après-midi, ils peuventfaire leur travail personneldans la spacieuse biblio-thèque où le portrait dupape François accueille leslycéens studieux. Très four-nie en livres, journaux etmagazines, elle est large-ment équipée en ordina-

teurs. Exigeant avec ses élèves, le lycéesait aussi leur préserver une liberté quetous apprécient. « Ici, on ne porte l’uni-forme que le lundi et on a le droit d’avoirles cheveux longs. Dans tous les autres

établissements, c’est interdit.Ils doivent être courts »,expliqueun groupe d’amis. En classe de1re – comme en France, finale-ment –, les élèves choisissentleur orientation : sciences, socialou langues. En cas de difficultésou de manque de motivation,trois conseillers, un par niveau,les reçoivent pour les accom-pagner. Enfin, en classe de ter-minale, un stage de trois jours

dans l’entreprise de leurchoix leur permet de sefaire une idée du métierauquel ils se destinent.Ils doivent en outre s’in-vestir dans la vie de l’éta-blissement à travers leclub étudiant : nuits artis-tiques, concerts, pièce dethéâtre… « C’est l’occa-sion pour eux de monterdes évènements et de tester

leur leadership », justifie Benedictus WidiNugroho. À De Britto, les élèves ont l’air bien dansleurs baskets. Félix et Claudio, catholiquestous les deux, disent vivre leur foi serei-nement. Pourtant, le pays connaît depuisquelques années une montée des courantsextrémistes. Plusieurs églises ont été lacible d’attentats en 2000. À Surabaya, àl’est du pays, six écoles catholiques, me-nacées de fermeture pour avoir refuséd’enseigner l’islam à leurs élèves musul-mans, ont finalement fait machine arrière.À Yogyakarta, l’année dernière, deux col-lèges auraient été menacés par des groupesislamistes. Pour autant, le lycée De Britto resteconfiant. « On se sent bien ici, on ne ressentpas de pression particulière. On vit dansle respect des autres religions », assurele directeur adjoint qui semble tout demême peu à l’aise pour répondre à la ques-tion. On en repart impressionné par cetoptimisme à toute épreuve. Dans le hall,avant de franchir la porte, les portraits desprécédents chefs d’établissements sontaccrochés au mur. Au-dessus, un portraitde Jean de Britto semble les encouragerdu regard. Comme s’il veillait sur eux.

1. Site : http://www.debritto.sch.id/

38 Enseignement catholique actualités N° 357, octobre-Novembre 2013

« Fier de mes élèves »

Gandhi, enseignant d’anglais

et professeur principal.

Cela fait dix-sept ans que je

suis professeur au Kolese De

Britto. C’était mon premier poste et

c’est ici que je veux continuer

d’exercer. Ce que j’aime, c’est le fait

d’être à la fois professeur et éducateur. À De Britto, l’e

xcellence des élèves

n’est pas la priorité. On éduque d’abord une personne ; on l’invite à être

responsable, à faire ses choix, à respecter l’autre. Je su

is fier de mes élèves.

Gandhi veut « éduquer des personnes », confie-t-il à notre journaliste.

Photos : N. Fossey-Sergent

Félix (ci-contre) et d’autres élèvess'investissent dans le club étudiant pourtravailler leur leadership.

LE CHIFFRE CLÉ C’est le nombre d’annéesdurant lesquelles l’écoleest obligatoire en Indonésie.

Après 6 ans d’école élémentaireet trois ans de collège, les élèvespeuvent s’arrêter ou bien poursuivreen lycée et aller ensuite à l’université.La plupart d’entre eux sont scolarisésdans des établissements publics.Il y a peu d’écoles privées.

D. R.

9

357 p36-38 récits+p39 planet DEF:- 25/10/13 12:07 Page38

Page 51: ECA 357 octobre

Les fabricants ne laissent rien au

hasard pour concevoir les jouets

censés envahir les cours de récré.

Pour les fabricants de jouets,la cour de récré est un marchéà reconquérir à chaque rentrée,tant les modes peuvent se ré-véler passagères. Peuvent-ilsprévoir la réussite d’un jeu ? Si les li-cences tirées de dessins animés (LesTortues Ninja, Pokémon, Les Bisou-nours) et de films (Star Wars) restentdes valeurs sûres, les marques s’entou-rent de conseillers pour réfléchir à denouveaux concepts et, surtout, anticiperles tendances. Le pédopsychiatre PatriceHuerre, auteur de Place au jeu ! Jouerpour apprendre à vivre, est ainsi consul-tant auprès de grands groupes de l’in-dustrie du jouet. Le fonctionnementdes toupies Beyblade, qui repose surune mécanique d’affrontement, a étéréfléchi en fonction de la perceptionqu’ont les marques des habitudes com-portementales des garçons en matièrede jeu. « Ils sont attirés plus sponta-nément vers la mise en mouvement, lecorps, les jeux sportifs qui se terminenten bagarre, détaille Patrice Huerre. Ilsont plus besoin que les filles d’être ras-surés sur leurs compétences physiques.

Ils agissent plus qu’ils neparlent. » À travers les ba-

tailles de robots Transformers,ils se mettent personnellementen compétition. Pour vendre

ses figurines B-Da-man, Hasbro parle sans

ambages de « combats in-tenses »,un vocabulaire apteà séduire les garçons, selon

la marque. Le jouet se présentecomme un jeu de billes « nouvellegénération », vendu avec des robotscustomisables servant de propulseur.

L’électronique perce« Schématiquement, lors de la récré,les filles discutent et les garçonss’affrontent. Actuellement, le but estde créer des jeux qui puissent êtrejoués aussi bien par les filles que parles garçons, par les jeunes et lesmoins jeunes. Le faire ensemble est àla mode », assure Sophie Desma-zières, commissaire général dusalon Kidexpo. Sur ce point précis,le Flype se pose en candidat naturelpour cette rentrée 2013. Ce jeud’adresse fabriqué en France anécessité un an de travail et a ététesté par des enfants avant son lan-cement. Il fonctionne sur le principede la toupie : il s’agit de poser le

Flype entre le pouce et le bout del’index afin de le faire tourner pourlui permettre de décoller. « C’est unjeu d’échange qui développe la créa-tivité et l’imagination afin de réali-ser des figures spectaculaires. Dèsqu’un enfant en réussit une, il lamontre à ses amis » explique XavierSénémaud, son créateur. Le Flype fait partie de la catégoriedes jeux à collectionner, toujoursaussi populaires, même si la concur-rence de l’électronique devient deplus en plus pressante. Alors que lestablettes arrivent dans la cour, faut-ils’en inquiéter ? « Les jeux électro-niques possèdent une plus grandecapacité à susciter l’imaginationque les jeux traditionnels car ils sontplus excitants visuellement. Les pos-sibilités créatives sont démultipliéeset cela profite à l’enfant », expliquePatrice Huerre, qui recommandetoutefois aux parents « de faire de laprévention ». Finalement, si lesbilles et les toupies continuentd’exister et de plaire, c’est aussiparce qu’elles ont été remises augoût du jour pour séduire des géné-rations nourries au biberon des nou-velles technologies.

Planète Jeunes

LEGO FRIENDS CASSE DES BRIQUES

C’est un carton. » Chez Lego, la gamme Lego Friends est un triomphe attendu auprès desfilles. Sur son site officiel, la marque danoise met en avant les cinq « copines » que toute fille

rêverait d’avoir, représentées en train de discuter, une main sur l’épaule. Les figurines sont plusgrandes que leurs historiques petits frères mais ont été conçues pour tenir dans la poche. L’aspectconstruction n’est clairement pas privilégié. « Les filles ont une mécanique relationnelle pluscomplexe que les garçons, rappelle Patrice Huerre. Elle est moins directe et frontale. Elle passepar le dialogue. » Chaque personnage féminin possède même sa propre couleur de cheveux etsa propre personnalité. Une révolution chez Lego ! MM

N° 357, octobre-Novembre 2013 Enseignement catholique actualités 39

Les marquessortent le grand jeu

MAXIME MIANAT

Le Flype.

Une figurine B-Daman (Top 3 des ventes).

Photos : D. R.

357 p36-38 récits+p39 planet DEF:- 25/10/13 12:07 Page39

Page 52: ECA 357 octobre

Au collège Saint-Joseph, à Argenteuil, on ne plaisante pasavec l’heure de vie de classe.Deux fois par semaine, Caroline

Isoard, la directrice, réunit ses adjointspour la préparer. Il leur arrive de l’utiliserpour faire passer un message auprès des525 élèves : cela peut aller de la pré-sentation de la semaine banalisée authème de la pastorale pour Noël, en pas-sant par des projets de voyage. L’adjoint

paroles d’élèves

à la vie scolaire peut aussi exploiter cecadre pour faire un bilan des conseilsde classe, présenter les délégués de classenouvellement élus ou apporter des in-formations sur la vie et l’organisationdu collège. Le reste du temps, ce sontles professeurs principaux qui animentces moments privilégiés de communi-cation entre enseignants et élèves. « Tous les quinze jours, le lundi, ils la

planifient pour leurs élèves, avant ouaprès le repas », explique Caroline Isoard. En début d’année, l’heure devie de classe sert surtout à répondreaux interrogations des élèves, à leurexpliquer ce qu’on attend d’eux, éven-tuellement à exiger un peu plus de dis-cipline ou, tout bêtement, à remplir despapiers administratifs. Une façon de semettre dans le bain… Le projet d’éta-blissement, les sorties scolaires et l’or-

Yanis : Je serai àl’écoute en cas deproblème, je parleraiau nom de toute la

classe.Éric : Je représenterai la classe, res-pecterai les élèves et tiendrai mespromesses.Un élève : Si tu n’as pas d’affinitésavec quelqu’un, est-ce qu’en tantqu’élu, tu lui prêteras tes notes ?Éric : Non ! Estelle : Je vous écouterai, j’aideraiceux qui en ont besoin, ceux à qui onfait du mal. Je m’engage à assisteraux réunions, à parler aux professeursen cas de problème. Mais je veux qu’onrespecte le règlement, parce que si-non, on n’a rien à faire au collège.Un élève : Pourquoi dis-tu qu’il fautrespecter le règlement ? Estelle : Parce que sinon, tu auras unavertissement et tu seras renvoyé.Un autre élève : L’an dernier, tu étais déléguée et tu n’as rienfait… Estelle : Si, j’ai aidé plein de gens mais c’est resté confidentiel !Alice : Je veux m’impliquer dans la vie du collège, c’est très im-portant. Je m’en sens capable. Il faut maintenir le dialogueentre professeurs et élèves. Je prendrai mon rôle au sérieux.Sami : Je veux avoir des responsabilités. Représenter la classe,être à son écoute. Si des élèves se battent dans la cour, je veuxles amener à réfléchir.

Salaheddine : L’an dernier, il y avait des clans. On en a discutéen heure de vie de classe mais ça n’a pas changé grand-chose.Les relations ont même empiré.Alice :Moi, j’ai vu la différence. Certains de mes ennemis sontdevenus des amis.Salaheddine : La prof nous disait souvent "Vous n’intervenez pas,vous dormez" et dès qu’on se mettait à parler, elle disait : "Arrêtez de parler !".Estelle : Pendant l’heure de vie de classe, on s’exprime plus etplus librement. Ce n’est pas comme d’habitude.

Ce jour-là, au collège Saint-Joseph, l’heure de vie de classe est notamment consacrée...

« Certains de mes ennemis sont devenus des amis »

MIREILLE BROUSSOUS

40 Enseignement catholique actualités N° 357, octobre-Novembre 2013

L’heure de vie de classe est un moment exceptionnel d’échange entre adultes et élèves. Tous les thèmes y sont abordés, de l’organisation de la vie scolaire à l’élection des délégués.

Reportage dans le collège Saint-Joseph d’Argenteuil (Val d’Oise).

Six élèves de 5e sont candidats au poste de délégué de classe. Ils entrent en campagne au cours

de l’heure de vie de classe animée par leur professeur principal, Yves Michel.

Yves Michel et des eleves de 5e

préparent les listes électorales.Yanis et Éric se portent candidats.

Phot

os :

M. B

rous

sous

357 p40-41 paroles DEF:- 25/10/13 12:34 Page40

Page 53: ECA 357 octobre

ganisation de la classe elle-même fontaussi l’objet de discussions. « Noussouhaitons, par exemple, que lesélèves fonctionnent par binômes outrinômes afin que toutes les leçonssoient transmises en cas d’absence »,explique Yves Michel, directeuradjoint, professeur de physique et éga-lement professeur principal. Audeuxième trimestre, ce moment setransforme en une heure de réflexion etde débat. La parole est libre et leséchanges très détendus. « Il arrive quenous traitions un événement largementmédiatisé qui a pu les choquer, commele rapt d’un enfant ou un attentat.

Nous avons beaucoup parlé de la tue-rie survenue en mars 2012 à l'écolejuive Ozar-Hatorah de Toulouse. Ilsse sentaient concernés et, bien sûr,dans ces échanges, la parole del’adulte avait beaucoup de poids », serappelle Yves Michel. Des moments trop importants pourqu’ils soient zappés au profit d’heuresde soutien scolaire ou de tutorat. « Cetemps de rencontre entre enseignantset élèves a un tel impact sur la vie ducollège qu’il est indispensable », af-firme Caroline Isoard. Pourtant, l’heurede vie de classe fonctionne plus oumoins bien en fonction des niveaux.

« Les quatrièmes participent beaucouptandis que les troisièmes, préoccupéspar leur orientation, s’intéressentmoins à la vie du collège », reconnaîtla directrice. Ils ont déjà la tête ail-leurs…

... à la présentation des candidats souhaitant devenir délégués.

Etan : Je suis ouvert aux autres etj’aimerais leur rendre service. Je peuxvous écouter sans vous juger, vousdéfendre et apporter mon témoi-gnage lors des conseils de classe.Yasmine :Un bon délégué de classe,c’est quelqu’un de sérieux et qui n’estpas timide. Il ne faut pas avoir peurde s’exprimer devant les profs. Océane :On peut être timide et sur-monter sa peur. En plus, il y a deuxdélégués par classe, c’est un travaild’équipe.Margaux : Les délégués doivent êtreactifs, prêts à écouter les autres età les aider. Ils doivent être sérieuxet ne pas mentir.Célia : Il faut bien connaître saclasse et être déterminé. Il fautaussi avoir quelque chose à pro-poser, des projets.

Aurésia : L’an dernier, il y avait un garçon que personne n’ac-ceptait. Nous en avons parlé avec lui pendant l’heure de vie declasse. Ensuite, ça s’est mieux passé. Océane : Grâce à l’heure de vie, nous découvrons des élèvesavec lesquels nous n’aurions jamais parlé sans elle. Elle nouspermet d’apprendre à nous connaître. Nous sommes plus attentifsaux autres et plus soudés.Yasmine :Nous n’évoquons pas que les problèmesque nous rencontrons. Nous parlons aussi dechoses positives.

Propos recueillis par Mireille Broussous

« Certains de mes ennemis sont devenus des amis »

N° 357, octobre-Novembre 2013 Enseignement catholique actualités 41

Changement de décor. C’est Jérôme Durpoix, professeur d’histoire-géographie qui, en tant que professeur principal,

anime l’heure de vie d’une classe de 4e. Là encore, il s’agit de laisser s’exprimer quatre candidats au poste de délégué.

sL’heure de vie de classe a été instaurée en 1999.Son objectif est de donner la parole aux élèves,

qu’ils soient collégiens ou lycéens, de favoriser leséchanges entre enseignants et élèves et, le cas échéant,de désamorcer des conflits. Elle a donné lieu à uneimportante littérature (cf. http:/ /www2.cndp.fr/actualites/question/citoyennete/guide_pratique.htm#topet le hors-série n°10 des Cahiers pédagogiques, « Desheures de vie de classe, pour quoi faire ? », août 2007).

Yasmine : La fonction de délégué correspond à mon caractère. Jeserai l’intermédiaire entre les élèves et les enseignants et je ferairespecter la démocratie en n’appartenant à aucun clan.Célia : Je me sens de représenter la classe, je n’ai pas trop peurde parler en public. Je voudrais faire en sorte qu’il y ait unebonne ambiance dans la classe. Si quelqu’un est absent, je luiprêterai mon cahier (rires dans la classe).Yazi : Je donnerai mon point de vue lors des conseils de classe ettrouverai une solution à tout problème éventuel. Si nécessaire,j’en ferai part aux profs.

... et les garçons « apporter des

solutions » aux problèmes éventuels.Les filles veulent « une bonneambiance » dans la classe...

Phot

os :

M. B

rous

sous

357 p40-41 paroles DEF:- 25/10/13 12:34 Page41

Page 54: ECA 357 octobre

La peinture en pleine page d’un

manuscrit de La Légende dorée de

Jacques de Voragine présente

l’attente du Messie et sa descente du

ciel en sept tableaux plus un. Ils

correspondent aux antiennes, ces

versets chantés autrefois pendant les

vêpres, les sept jours précédents Noël.

L a Légende dorée est un recueil de viesde saints qui appartient à un genre lit-téraire très en vogue au xIIIe siècle,

celui des légendiers, ces compilations detextes hagiographiques de toutes prove-nances. Elle a été composée vers 1260.Son « auteur-compilateur » est Jacques deVoragine (1228-1298), né à Varage (Va-razze) près de Gênes, rentré chez les Do-minicains en 1244, élu à diverses charges,dont celle de provincial de Lombardie,avant de devenir archevêque de Gênes(1292) et pacificateur de la ville – il réussiraà réconcilier pour un temps les factionsgibeline et guelfe de la cité. « Son soutiendécidé au maître général Munoz de Zamora,entre 1285 et 1293, au moment d’une crisedans l’ordre, le situe dans un courantfidéiste et rigoriste, hostile à la tendanceuniversitaire et thomiste. L’essentiel, pourlui, réside dans la mission pastorale desPrêcheurs », précise l’historien Alain Bou-reau. Cette dernière suppose l’unificationdu légendier chrétien, et sa mise à la dis-position des prédicateurs, des artistes etdes laïcs. La Légende dorée fut sans doutedestinée en priorité aux prêcheurs, auxquelselle fournissait la matière de leurs sermonssur le saint du jour ou de leurs lectures deréfectoire au couvent. Mais ce fut bientôtun livre pour tous usages et tous publics.

supérieur, où a été peinte de manière litté-raliste et presque candide la « descente »du Verbe en vue de son Incarnation – unemétaphore spatiale de l’incarnation quivient du Nouveau Testament, et en particulierde la façon de s’exprimer de saint Jeanl’évangéliste : « Nul n’est monté au ciel,hormis celui qui est descendu du ciel » (Jn3,13). Elle a été reprise dans le Credo deNicée-Constantinople : « Pour nous leshommes, et pour notre salut, il descenditdu ciel ; par l’Esprit-Saint, il a pris chairde la Vierge Marie et s’est fait homme. »Chacun de ces groupes se voit attribuer,inscrite sur une banderole, l’une des septantiennes dites « Grandes Antiennes O »,qui se chantaient à vêpres, avant le Mag-nificat, les sept jours qui précèdent Noël.Au registre supérieur, à gauche, en pleinair, des bergers avec leurs moutons surla colline et leur chien de berger sagementinstallé sur son arrière-train ; la banderolequi monte de leur groupe dit : « O Sa-pientia veni ad docendos nos viam pru-denciæ » (« Ô Sagesse, viens nousapprendre la voie de la prudence ») ; àdroite, dans un espace clos, d’autreshommes adorant à travers les barreauxd’une fenêtre… ce sont des prisonnierset la banderole, cette fois, dit : « O Adonai,veni ad redimendos nos » (« Ô Adonaï,viens nous racheter »), etc. Les sept groupes ont en commun d’illustrerà un titre ou à un autre l’attente de lavenue du Sauveur, tandis que la scènecentrale du haut montre l’enfant, croixsur l’épaule, quittant la sphère divine oùDieu réside environné des chérubins flam-boyants et sautant vers la terre en directionde Marie agenouillée. La banderole qu’iltient dit : « Ecce ego venio cito : et mercesmea mecum est » (« Voici, je viens bientôt,

Collectionnant et sélectionnant les anecdotesparlantes (exempla), insérant des courtsexposés doctrinaux et beaucoup de citationspatristiques, elle tisse ces divers élémentsen récits hauts en couleurs de la vie mer-veilleuse, riche de miracles, d’épreuveset de martyres, de 150 saints, distribuésselon l’ordre du calendrier liturgique, encommençant donc par le temps de l’Avent,tout en évoquant les principales fêtes duChrist et de la Vierge (une trentaine), parles légendes qui leur sont liées.

L’Incarnation du VerbeDans un manuscrit de La Légende doréedatant de la fin du xVe siècle et conservéà la Bibliothèque nationale de France, unepage à huit compartiments présente unrésumé visuel de l’attente du salut. Lecartouche à mi-hauteur de la page énonceen vieux français une pensée qui n’a riende transparent : « L’advènement de notreSeigneur est fait par quatre sepinanies[sans doute s’agit-il des quatre semainesdu temps liturgique de l’Avent] à signifiézqu’ils sont quatre advenences ; en claven mort en pensée et en jugement ; et ladernière sepmame est a peine finée. » Sept groupes d’hommes (il n’y a que deuxfemmes en tout et pour tout dans cette pagecomportant beaucoup de personnages, àsavoir Marie dans le compartiment central

en haut, et Ève, dansle groupe en bas àdroite, dans lagueule d’enfer) sontreprésentés enprière. Dans une at-titude suppliante,ils sont tournés versla scène située aucentre du registre

Images parlantes

L’humanité dansl’attente du Messie

Vous avez à présenter l’année liturgique à travers cinq images. Vous choisissez lesquelles ? Vous lescommentez comment ? François Bœspflug, dominicain, professeur émérite à l’université de

Strasbourg, relève le défi. Voici sa première image, celle du temps de l’Avent.

FRANÇOIS BŒSPFLUG

L’humanité quisouffre, encourtles dangers etsubit diverses

formes decaptivité, aspire

à la venue du Sauveur.

42 Enseignement catholique actualités N° 357, octobre-Novembre 2013

357 p42-43 Images DEF:- 25/10/13 12:10 Page42

Page 55: ECA 357 octobre

et ma récompense est avec moi ») ; cesont presque les derniers mots de la Biblechrétienne (Ap 22,12) : le petit enfantqui plonge est aussi le juge eschatologiquede la fin des temps, l’Alpha et l’Omégaqui donnera à chacun son salaire.

Attenteuniverselle etdescente duMessie, par leMaître de Jacquesde Besançon,miniature, 390 x 290 mmpour la page, vers 1480-1490 ;La Légendedorée, Paris,BibliothèqueNationale de France, ms. fr. 244, f. 4.

zBIBLIOGRAPHIE. Charles Sterling, La Peinture médiévale à Paris, 1300-1500, t. II,Bibliothèque des Arts, 1990, p. 220 ; François Avril, La Passion des manuscrits enluminés -

Bibliophiles français, 1280-1580, n˚ 34, BNF, Paris, 1991, p. 89 ; François Avril, Nicole Reynaud, Lesmanuscrits à peintures en France, 1440-1520, notice 136, Flammarion, Paris, 1993, pp. 258-259 ;François Bœspflug, Le Dieu des peintres et des sculpteurs - L’Invisible incarné, Hazan, Coll. « La Chairedu Louvre », Paris, 2010, pp. 171-193 ; Jacques Le Goff, À la recherche du temps sacré - Jacques deVoragine et la Légende Dorée, Perrin, Coll. « Pour l’histoire », Paris, 2011.

N° 357, octobre-Novembre 2013 Enseignement catholique actualités 43

357 p42-43 Images DEF:- 25/10/13 12:10 Page43

Page 56: ECA 357 octobre

Nom / Établissement : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Code postal : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Ville : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Souhaite recevoir :

« Les commissions d’appel et de recours » : 3 € l’exemplaire (frais de port compris). 2 € l’ex. à partir de 10 ex. (frais de port compris) / 1,50 € l’ex. à partir de 100 ex. (hors frais de port).

« La discipline dans les établissements catholiques d’enseignement » : 5 € l’exemplaire (frais de port compris). 4 € l’ex. à partir de 10 ex. (frais de port compris).

3 € l’ex. à partir de 100 ex. (hors frais de port).

Ci-joint la somme de : . . . . . . . . . . . . . . €, par chèque bancaire à l’ordre de Sgec-Publications.

277 rue Saint-Jacques - 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 71 - Fax : 01 46 34 72 79.

L’appel et le recours s’inscrivent dans le processus d'orientation et de construction du parcoursscolaire.

« Même si cela n’est guère dans l’air du temps, être en mesure de dire “non” et de sanctionner la transgression est un élémentessentiel de la responsabilité de tout éducateur. » Éric de Labarre

Deux documents au service de la vie de l’établissement !

357 p(44)-45 Réflexion DEF:- 25/10/13 14:07 Page44

Page 57: ECA 357 octobre

pas, selon lui, à la disparition des religionsde l’espace public : « elle ne relève pasd’une sorte de religion républicaine àadhésion obligatoire, comme cela a puexister sous la Révolution française »,mais d’un « principe juridique qui régitles rapports entre les pouvoirs publicset les religions ».Citant l’historien Émile Poulat, le ministreassure que la loi de séparation de l’Égliseet de l’État permet la coopération. Cedialogue, « parfois difficile », de l’Étatavec les religions est « indispensable »parce que « les religions sont des réalitéssociales », et qu’elles « exercent une in-fluence », dont témoignent les prises deposition des responsables religieux dansle débat public. En ce sens, « la laïcitén’est pas un éteignoir ». Dès lors, quelleest la place des chrétiens dans le débatpublic ? « Celle qu’ils prennent, reprendle ministre, à condition de se tournervers la société et les médias. Être un acteur institutionnel ne suffit plus. » Etde conclure : « Le pari de la laïcités’adresse à vous tous. L’Église peut s’ensaisir ; en s’en saisissant, elle rend serviceà notre pays. »

-Retrouvez l’ensemble du débat en vidéo :http://www.la-croix.com/Actualite/France/

Manuel-Valls-et-le-cardinal-Andre-Vingt-Trois-debattent-de-la-laicite-2013-10-06-1033930

L aïcité, quelle place pour les chré-tiens dans le débat public ? » fut lethème du débat organisé par La

Croix, le 4 octobre 2013, à l’occasion des130 ans du quotidien. Le ministre de l’In-térieur, Manuel Valls, et le cardinalAndré Vingt-Trois, archevêque de Paris,ont ouvert l’échange sur un constat :celui d’une difficulté bien française àcaractériser la laïcité. Plongeant dans lesracines culturelles, historiques et poli-tiques de notre pays, les deux interve-nants se sont livrés à un exercice dedéfinition autant que de conviction. Pour le cardinal André Vingt-Trois, lamise en œuvre de la laïcité, antérieure à1905, relève d’une problématique d’ordrepublic permettant aux autres religions des’exercer. La laïcité institutionnelle, enrevanche, « résulte de la loi de séparationde l’Église de l’État, et vise à définir lefonctionnement des organismes d’Étatsans interférence d’aucune religion ».Pour autant, prévient l’archevêque, il nefaut pas « confondre laïcité de l’État etlaïcité de la société ». Or, poursuit-il, « la laïcité peut avoir deuxfaces, ouverte ou fermée selon qu’on lavoit comme négation du fait religieux ounon ». Pour ce responsable ecclésial, ilexiste un courant de pensée qui voudrait« établir le projet d’une religion laïque »,« une religion républicaine sans commu-nauté ni dogme défini ». Dans cette pers-pective, il ne s’agirait plus pour l’État « d’être neutre face aux religions, mais deleur en substituer une autre » au nom d’une« conception idéaliste de la liberté ». « L’école républicaine aurait-elle vocationà devenir le sanctuaire de la liberté sousvide ? », s’interroge-t-il. Une pente dan-gereuse, selon lui, car elle entraîne le risqued’une confusion entre l’État et la société,

et celui de l’ignorance des particularités,pouvant conduire au sectarisme ou au fanatisme. Or, « la place des religions estde créer des espaces de liberté qui montrentla relativité du pouvoir politique ». Dansces conditions, le champ éducatif seprête davantage à « ouvrir l’intelligencedes jeunes à la réalité religieuse » : ilfaut « leur permettre d’aborder le champdu religieux, et donc celui du social,pour comprendre la différence et ne passe laisser instrumentaliser par n’importequel message ».

« Un droit fondamental »De son côté, pointant ses rencontres ré-gulières avec les responsables religieux,Manuel Valls a joué la carte de l’apaise-ment : « la République ne peut pas ignorerle fait religieux. » Bien plus, « faire vivrece dialogue » relève, pour le ministre del’Intérieur en charge des cultes, « de samission ». À ses yeux, la laïcité autorisel’exercice de la liberté de conscience : « La laïcité, c’est ma conviction, n’est nila négation du fait religieux ni l’hostilitéà l’égard des religions. C’est la libertéde conscience, la liberté de croire ou dene pas croire. Il s’agit d’un droit fonda-mental, qu’il appartient à l’État de ga-rantir. » Fondement juridique de la laïcitéà la française, la loi de 1905 ne conduit

RéflexIon

« La laïcité n’est pas un éteignoir »

Le 4 octobre 2013, à l’occasion des130 ans du quotidien La Croix,

Manuel Valls, ministre de l’Intérieur,et le cardinal André Vingt-Trois,archevêque de Paris, se sontrapprochés autour d’une convictioncommune : l’État et l’Église ontbesoin l’un de l’autre pour garantirl’exercice d’une laïcité éclairée.

Le ministre ManuelValls et le cardinalAndré Vingt-Trois,entourés parDominique Quinio,directrice de La Croix, etFrançois Ernenwein,rédacteur en chef.

© C

iric/

La C

roix

AURÉLIE COLAS

N° 357, octobre-Novembre 2013 Enseignement catholique actualités 45

357 p(44)-45 Réflexion DEF:- 25/10/13 14:07 Page45

Page 58: ECA 357 octobre

Par Toutatis, les irréductibles Gau-lois sont de retour ! Mais si Astérixchez les Pictes, le 35e album de la

série, fait assurément la joie deslibraires, il est également le premier à nepas avoir été dessiné par Uderzo,aujourd’hui âgé de quatre-vingt-six ans.Ce dernier a en effet décidé de passer lamain. « Je n’imaginais pas voir mes per-sonnages me survivre, confiait-il lors dudernier Festival BD d’Angoulême. Maisj’ai changé d’avis. Je me suis dit que jen’avais pas le droit de faire mourir Astérix,compte tenu du public qui l’avait porté auxnues. » Aux manettes de ce nouvel album,un duo choisi avec soin par Uderzo : Jean-Yves Ferri au scénario et Didier Conrad audessin. Mais nouveau dessinateur ne signi-fie pas forcément nouveau gra-phisme. Les ailes sur le casqued’Astérix ont toujours le mêmenombre de plumes et les braiesd’Obélix le même nombre derayures. « La tradition dans laBD franco-belge est très diffé-rente des États-Unis, où lespersonnages de comics appar-tiennent aux éditeurs, expliqueJean-Pierre Mercier, conseillerscientifique du musée de la BDd’Angoulême. Les maisonsd’éditions choisissent leurs auteurs et dessinateurs, qui tousimpriment leur marque sur les super-héros. En France et enBelgique, les personnages appartiennent à leurs auteurs. » Les Schtroumpfs, Blake et Mortimer, Boule et Bill, le Marsupilamiou encore Lucky Luke ont tous conservé leur graphisme d’origine.« Quand des personnages célèbres passent par d’autres mains,les successeurs ne sont pas libres de les réinterpréter. SeulsPellos avec Les Pieds nickelés et Franquin avec Spirou, qui aété dessiné par une vingtaine d’auteurs en soixante-quinze ans,ont imprimé leur marque graphique alors qu’ils n’avaient pascréé le personnage », note Thierry Groensteen, historien de labande dessinée. Se couler dans le style d’un autre : c’est exactementce à quoi a dû s’astreindre Didier Conrad. « J’ai décidé de me

fabriquer une sorte de bible avec les dessinsque je préférais dans le travail d’Uderzo etd’évaluer et corriger mes dessins par rapportà cette bible, précise Conrad à propos de sontravail sur Astérix. C’était la seule façon d’avoirun esprit proche de celui d’Uderzo, de trouverune véritable sincérité tout en travaillant dansun style qui n’était pas le mien. » Car les fanssont impitoyables. « Lorsque Fournier a suc-cédé à Franquin et a dessiné son propre Spi-rou, il a été copieusement injurié parce quele public considérait que le personnage luiappartenait », raconte Jean-Pierre Mercier.

Uderzo supervisePour assurer une continuité graphique,nombre de dessinateurs préparent doncleur succession. « Pour Les Schtroumpfs,

le fils de Peyo, devenu scénariste,a choisi les dessinateurs », pré-cise Thierry Groensteen. Il enest de même pour Didier Conrad.Car si ce dernier n’est pas tombédans la potion magique quandil était petit, son style, commecelui d’Uderzo, appartient à la « famille des dessinateursd’après-guerre », selon la for-mule de Jean-Pierre Mercier.Mais pas question pour Uderzode lâcher complètement la laisse

d’Idéfix. Conrad lui a soumis toutes les planches et le créateurd’Astérix, en plus d’avoir dessiné la couverture, lui a donnéquelques idées. « Il était très exigeant, mais c’est normal, concèdeDidier Conrad. Les lecteurs ne doivent pas être déçus. Uderzoa été un guide ferme mais bienveillant. Il m’a laissé prendremes marques. » Conrad se disant déjà partant pour un autrealbum, Astérix et Obélix devraient encore donner de nombreusesbaffes aux envahisseurs romains. Car, comme le rappelle Jean-Pierre Mercier, « les héros sont éternels ».

Joséphine Casso

Cul ture / BD, expositions

zDu 16 octobre 2013 au 19 janvier 2014, la BNF rend hommage au hérosgaulois à travers l’exposition « Astérix à la BNF ». Renseignements et inscriptions : 01 53 79 49 49 ou [email protected].

BLAKE ET MORTIMER SE FÉMINISE. Attendu pour le 6 décembre, L'onde Septimus, le 22e album de la BDBlake et Mortimer, a été scénarisé par Jean Dufaux, qui prend la suite de Jean Van Hamme. Créée en 1946 par le Belge EdgarP. Jacobs, la série reste très ancrée dans l'époque de son créateur, ce qui rend le travail de perpétuation plus difficile, souligneThierry Groensteen, historien de la BD. Pour la moderniser, on a introduit des personnages féminins de premier plan, choseimpensable à l'époque de Jacobs. JC

Trente-six ans après la mort de Goscinny, Uderzo a confié la réalisation d’Astérix chez les Pictes à un nouveau

duo. Il perpétue ainsi une longue tradition de transmission de personnages de bande dessinée.

Les héros de BD ne meurent jamais

46 Enseignement catholique actualités N° 357, octobre-Novembre 2013

Tiré à deux millions d'exemplaires, Astérix

chez les Pictes est un succès assuré de librairie.

L’idée d’un tartan semblable à un drapeau de Formule 1 vient d’Uderzo.

© Éditions Albert René

© Éditions Albert René

357 p46-47 culture def:- 25/10/13 14:08 Page46

Page 59: ECA 357 octobre

L’exposition s’ou-vre sur une grandephotographie de

l’atelier de l’artiste,regorgeant de plantes,d’artisanat africain etde pinceaux sagementrangés dans des potsen terre cuite. Et l’onfait peu à peu connais-sance avec l’hommediscret aux faux airsde star de cinéma. Sesannées de jeunesse secaractérisent par la pé-riode fauve : Braquepose son chevalet àl’Estaque, près deMarseille, sur les pasde Cézanne. Grâce àla scénographie élé-gante de l’exposition,on retient surtout l’harmonie qui se dé-gage de ces paysagescolorés. S’ensuit la période cubiste – dont Braqueest considéré comme l’inventeur. Aux pay-sages aux formes géométriques succèdentles compositions de collages, crayon etfusain, où figurent coupures de journaux etinstruments de musique, comme la Naturemorte à la tenora ou Violon et pipe, qui atti-rent l’attention du jeune public. « On diraitdes lunettes », commente une petite visi-teuse émerveillée qui, assise à même le sol,se lance dans une tentative de reproductionau crayon de couleur. Car l’exposition a le

mérite d’offrir une ambi-tieuse rétrospective ten-dant à l’exhaustivité, touten favorisant l’observa-tion tranquille et minu-tieuse de quelques toiles

sur lesquelles on aenvie de s’attarder. Passant d’une salle àl’autre, plongé dansles années 20, le visi-teur voit ressurgir lacouleur avec ces inté-rieurs où bouteilles,guitares, compotierset guéridons sont dés-tructurés. D’autres na-tures mortes emprun-tent au classicisme deChardin, dont Braquerevendique l’héritage.

Peindre n’estpas dépeindre« J’aime la règle quicorrige l’émotion »,écrit-il. Dans les an-nées 30, les lignescourbes répondent auxtracés décoratifs : laNature morte à lanappe rouge est rem-

plie de lignes discontinues à la façon despapiers peints, que l’on retrouve dans LaFemme à la palette, cette femme bicoloremystérieuse, peinte de face et de profil.Pendant l’Occupation, Braque se replie àVarengeville (voir encadré) où il sculpteet peint des toiles sombres, Vanités ou Pois-sons noirs. À la faveur de la série des Ateliers,l’oiseau aux ailes déployées, symbole demouvement et de sérénité, apparaît dansses toiles. L’emblème poétique, représentéde manière peu figurative, fascine l’artistedans ses dernières années. Il emporte l’adhé-sion des jeunes visiteurs. « Écrire n’est pasdécrire, peindre n’est pas dépeindre, lavraisemblance n’est que trompe-l'œil »,dira Braque.

Aurélie Colas

N° 357, octobre-Novembre 2013 Enseignement catholique actualités 47

« J’aime la règle qui corrige l’émotion » C’est un vil lage connu pour

héberger, aujourd’hui encore,artistes-peintres, musiciens etécrivains, amoureux de la natureet de la situation incomparablede cette commune à flanc decoteaux plongeant dans la mer.Varengeville-sur-Mer, à quelquesencablures de Dieppe (Seine-Maritime), offre le visage sereinde maisons en brique, de pro-priétés entretenues et d’alléesfleuries.

C’est ce recoin préservé de la Côted’Albâtre qu’a choisi GeorgesBraque pour installer son atelier, oùil séjourna de 1930 à sa mort, en1963. Et c’est dans le paisible ci-metière marin qui jouxte l’égliseSaint-Valéry qu’il repose. La visitede l’église, reconstruite au XVIe siècle,mérite à elle seule le détour : épurée,dotée d’une splendide nef en grèsd’inspiration marine, elle renfermeun oratoire irisé d’une verrière bleue,dessinée par Braque : L’Arbre deJessé.Pour la discrète chapelle Saint-Do-minique, située à l’entrée de la com-mune, Braque a dessiné des Vitrauxdu Chevet, représentant un saintDominique en marche sur fond jaunesafran, encadré par deux serpentsd’airain. Mais les paysages peintspar cet amoureux de la Normandiese laissent surtout découvrir au gréd’une randonnée littorale, arpentantla plage et les falaises de craie, à larecherche de cette nature avec la-quelle le peintre cherchait, commeses voisins marins et cultivateurs, àse mettre « à l’unisson ». AS

Ce vitrail a été réalisé par le maîtreverrier Barillet à partir d'un dessin

de Georges Braque.

© A. Colas

zÀ Paris, au Grand Palais, jusqu’au 6 janvier 2014. Pour plus de renseignements : www.grandpalais.fr/fr/evenement/georges-braque

BRAQUE, UNE VIE D’ARTISTE

La cheminée, peinture de 1928 © Kunsthaus, Zurich

© Adagp, Paris 2013

Le Grand Palais accueille une splendide rétrospective consacrée à l’œuvrede Georges Braque. L’occasion de redécouvrir cet artiste discret,

père du cubisme, dont les œuvres enthousiasment les jeunes visiteurs.

357 p46-47 culture def:- 25/10/13 14:08 Page47

Page 60: ECA 357 octobre

L I v r e sL I v r e s

PENSER LA MORT

dLa mort fait partie de la vie.Pourtant, les enseignants ont

toujours du mal à aborder ce thèmeavec les jeunes : c’est encore unsujet tabou. Mais l’école a-t-elle unrôle à jouer dans la socialisation de lamort ? Les grands débats sur le sui-cide assisté, l’euthanasie, sur la cré-mation ou l’inhumation ne peuventêtre ramenés à un simple choix indi-viduel. Cet ouvrage est issu d’unséminaire au Centre universitairecathol ique de Bourgogne. Lesauteurs tentent de penser la mort, dela mettre en question à partir de leursréflexions de chercheurs, de leurspratiques professionnelles et del’analyse des attitudes anciennes oucontemporaines sur lesquelles sefonde notre humanité. StèveLepleux

Sous la direction de DanielFaivre La mort en questions –Approches anthropologiques dela mort et du mourir Erès 550 p., 19 €.

L’ÉVANGILESELON GIBRAN

dLe poète libanais maroniteKhalil Gibran (1883-1923)

est surtout connu pour Le Pro-phète (1923), devenu dans lesannées 60 un livre culte du NewAge. En 1928, il fit paraître Jésus,fils de l’Homme, portrait-mosaïqueécrit à partir de 78 témoignages decontemporains de Jésus (réels oufictifs), et sans doute aussi desrêves que l’auteur dit avoir fait delui – l’Évangile selon saint Gibran,en somme. Le résultat est unJésus idéal, à la fois proche etexceptionnel dans l’art de sedépasser, indiquant ainsi auxhumains la voie vers l’existenceaccomplie. Les illustrations (calli-graphies et peintures abstraites)sont de Lassaâd Metoui, un artistetunisien. François Boespflug

Khalil Gibran, Lassaâd MetouiJésus, fils de l’hommeÉditions Dervy220 p., 20 €.

VOLCANNORDIQUE

dLa muraille de lave… Barrièreau pied de laquelle les embar-

cations sont englouties dans de vio-lents remous, mais aussi surnomd’une grande banque à la noirefaçade et aux pratiques douteuses.Voici le charme sombre de l’atmo-sphère nordique, où se croisent liberti-nage, chantage et cupidité mafieuse.La perte de tout repère moral de lasociété percute la fragilité et le vagueà l’âme du policier Sigurdur Oli,englué dans son divorce, et soup-çonné par sa hiérarchie. Des intriguesau rythme cadencé et maîtrisé ser-vent un conte moral, où s’entrelacentamour et argent corrupteur. Voilà unmagnifique cocktail qui fait de ce polarhaletant une description féroce d’unesociété gangrénée par l’expansionmondiale des modèles financiers. CB

Arnaldur IndridasonLa muraille de laveMétailié317 p., 18.50 €.

UN REGARDSUR LA BIBLE

dCet ouvrage rassemble lestextes d’un colloque qui

s’est tenu à l’Institut catholique deParis en 2008, pour l’expositiondes photos que Jules Touzard,sulpicien et exégète à l ’ICP,ramena de Terre Sainte en 1911-1912. Une opportunité, pour lui,d’ouvrir des voies nouvelles enexégèse, pas toujours appréciéesau Vatican. Les contributionsinterrogent l’articulation, désor-mais éclairée par le concile Vati-can II, entre l’approche croyantede la Bible et l’approche scienti-fique et culturelle. L’occasion d’ex-pertiser la nécessaire régulationentre l’interprétation des Écri-tures, la Tradition et le magistère.Le rappel, aussi, que l’Écriture estle fondement de tout travail théo-logique. Claude Berruer

Sous la direction de LaurentVilleminLa Bible entre culture et foiDDB214 p., 20 €.

Ȏ TOULOUSE !z

Jean-Claude Jaffé, directeur diocésain du Gers, est parti à la découverte

du patrimoine religieux de la ville de Toulouse :églises, monastères, écoles catholiques... Du centre-ville à la banlieue, rien n’a échappé àsa curiosité. Il en résulte un splendide album,illustré par les photographies inspirées d’ArnaudSpäni. L’occasion de redécouvrir la cathédraleSaint-Étienne mais aussi des églisescontemporaines ou des chapelles discrètes non

dénuées de charme. Avec une mentionparticulière pour la basilique Saint-Sernin, chef-d’œuvre absolu de l’art roman, célébrée par Claude Nougaro dans sa célèbre chansonToulouse. Sylvie Horguelin

Jean-Claude Jaffé (textes), Arnaud Späni (photos)Toulouse – Le patrimoine révéléPrivat, 200 p., 38 €.

48 Enseignement catholique actualités N° 357, octobre-Novembre 2013

357 p48-51 livres DEF:- 25/10/13 14:09 Page48

Page 61: ECA 357 octobre

UNE LECTUREDE L’HISTOIRE

dC’est un beau livre à offrir pourles fêtes, écrit par le journaliste

Philippe Simon. En 190 pages riche-ment illustrées, l’auteur invite à décou-vrir un siècle de méthodes de lecture,de 1874 à 1977. Les reproductionstémoignent du talent des illustrateursautant que des choix pédagogiques quiprésident à l’écriture. On s’émerveilledes mises en scène de la vie quoti-dienne : dans la célèbre méthodeBoscher, plusieurs fois rééditée, le pèrede famille en uniforme cède la placeaux premières vacances à la mer ;l’après-guerre voit les manuels s’enri-chir de réclames, avant de faire la partbelle au cinéma. Les éclairages sontprécieux, et l’ouvrage, remarquable-ment illustré, offre un vrai moment deplaisir. Aurélie Colas

Philippe Simon, PhilippeDelerm (préface)Les méthodes de lecture denotre enfanceÉditions de La Martinière192 p., 36 €.

S’OUVRIR AUXBIOTECHNOLOGIES

dCapables de transformer levivant, voire de le créer, les

biotechnologies bousculent nossavoirs et les frontières jusque-làétablies : la matière vivante et nonvivante, le naturel et l’artificiel, laquestion de la nature de l’homme etcelle de son rapport à la nature, ouencore l’ idée d’une technologiehumaine créatrice. Thierry Magnin,recteur de l’Université catholique deLyon et docteur en théologie,explique avec pédagogie en quoices avancées sont synonymesd’avenir dans bien des domaines,comme la santé ou l’agriculture. Ilinterroge les enjeux éthiques etnous invite à participer aux débatsainsi soulevés. Josiane Hamy

Thierry MagninLes nouvelles biotechnologiesen questions Salvator122 p., 14,50 €.

TAILLE PATRON

dÊtre patron est source dejoie si l’on aime l’action, la

décision. La complexité des res-ponsabilités peut aussi générerinsatisfaction, solitude et mal-être.Question de posture, pourconstruire le sens et unifier réus-site et valeurs humaines. On peutêtre « un cœur qui pense » et « une tête qui aime », chercher àagir en accord avec soi-même et « éprouver intérieurement » sonêtre. Marie-Christine Bernard estspécialiste en anthropologie etthéologienne ; elle assure aussi ducoaching auprès de dirigeants.Voici un petit manuel de savoir-vivre et de savoir-faire à ne pasmanquer, pour être décideur sanspasser à côté de l’essentiel et trou-ver dans son métier un réelaccomplissement de soi. CB

Marie-Christine BernardÊtre patron sans perdre sonâmePayot205 p., 18.50 €.

DANS LES PASD’UNE PROF

dComme une cueillette des bonset moins bons moments, Domi-

nique Deconinck (cf. page 29) nousemmène dans le quotidien de saclasse et de son école. À Saint-Exupéry, on vit tout simplement. Ce quifait le bonheur de cette enseignante,c’est sans doute la multiplicité des ren-contres : avec les élèves mais aussi lesenfants qu’ils sont, les enseignants, lesparents, et surtout en gardant au cœurcette rencontre primordiale avec lesavoir. Parfois, les résistances sontfortes ; alors, la patience, l’humour, lachaleur ou la fermeté deviennent desrelais nécessaires. Ce récit nous rap-pelle ce qui fait le sel de la vie : la grâceet la légèreté de tous ces petits instantsrenouvelés, la force et le souvenir detous les obstacles qu’il a fallu surmon-ter. Marie-Odile Plançon

Dominique DeconinckLe bonheur à l'école – Journald'une institL’Iconoclaste238 p., 15 €.

L’EXPÉDITION LA PÉROUSEz

La légende raconte que juste avant demonter sur l’échafaud, Louis XVI demanda :

« Avez-vous des nouvelles de Monsieur de LaPérouse ? » C’était le 21 janvier 1793. Huit ansauparavant, en 1785, Jean-François de Galaup,comte de La Pérouse, entreprenait un tour dumonde à la tête de deux frégates, La Boussole etL’Astrolabe. À la demande du roi de France, il devaitcompléter les découvertes scientifiques de JamesCook dans le Pacifique et ouvrir de nouvelles voies

maritimes. Jean-Yves Delitte raconte cetteexpédition à l’aide de planches magnifiquementdessinées. On y suit les deux frégates sur toutes lesmers du monde jusqu’à leur naufrage, au large del’île de Vanikoro, en 1788. Joséphine Casso

Jean-Yves DelitteLa Boussole et l’AstrolabeGlénat50 p., 13,90 €.

N° 357, octobre-Novembre 2013 Enseignement catholique actualités 49

357 p48-51 livres DEF:- 25/10/13 14:09 Page49

Page 62: ECA 357 octobre

ENFANCECHINOISE

dDans un village du sud dela Chine, Sha Ji, une

fillette confiée à une nourrice,raconte son quotidien et lesrencontres qui vont la fairegrandir. Apparaissent etdisparaissent l’enfant Eau, quine sait pas parler, Li Qingliu,la petite fille au bec de lièvre età la voix céleste ou encorel’aventureux Tongluo. Leurshistoires, parfois cruelles maisaussi pleines d’une énergieindestructible, s’inscrivent dansune Chine traditionnelle enpleine mutation. Sha Ji observeavec un regard aigu et sensibleet nous emmène dans unmonde très exotique où se jouel’aventure universelle de laconstruction d’une vie. À partirde 12 ans. M. Meria.

Xuejun Peng (texte), XingxingChen (Illustrateur), BrigitteGuilbaud (traduction) La porte bassePicquier jeunesse248 p., 17 €.

UN HÉROSQUI A DU CHIEN

dFaites la connaissancede « Chien pourri » et

vous l’adopterez, au moins letemps d’une lecture. Car si l’animal est puant –malheureusement pour lui, ilsent la sardine –, moche etidiot, il est aussi irrésistible.Muni de son grand cœur et desa naïveté inoxydable, il seprécipite dans des aventuresabracadabrantes, avec voleursde chiens pour hot-dogs,cambrioleurs, kidnappeurs depetites filles et d’animaux àempailler… L’humour etl’invention verbale de ColasGutman font merveille, avec lacomplicité de Marc Boutavant,qui croque un antihérosdégingandé et finalement pleinde grâce. À partir de 7 ans. M. Meria.

Colas Gutman (texte), MarcBoutavant (illustrations)Chien pourriL’école des loisirsColl. « Mouche », 56 p., 8 €.

POUR LIRE,SUIVEZ LE GUIDE

dEn décembre, dans lemagazine Pomme d’Api,

suivez les aventures deLucienne, la petite sourismusicienne. Son ami le lutinl’entraîne dans un tour dumonde des animaux et desinstruments afin de rassemblerun orchestre pour un concertsurprise chez le Père Noël.Découpé en 24 courteshistoires, une pour chaque soir,ce récit est accompagné d’uncalendrier de l’Avent thématiséet d’une crèche à découper et àfabriquer. Le cahier « parents »du mois propose des recettes àfaire avec ses enfants : sapin àgrignoter, couronne en rosedes sables ou vitraux debonbons… De quoi se régalerau cours d’un Noël délicieux ! Hélène Morlet

Pomme d’Api, mensuel, 5,95 €En vente dès le 19 novembreAbonnement sur :www.bayard-jeunesse.com

PETIT SEULEMENTPAR LA TAILLE

dUn petit voudrait fairequelque chose de

grand… mais quoi ? Un grandl’écoute et tente de l’aider àexprimer son souhait. Il n’estcependant pas facile derépondre aux questionnementsencore confus mais exigeantsd’un petit homme. Un dialogueplein de respect et detendresse s’engage. Il trouveraune conclusion provisoire faceà la mer, où le petit fait ungeste plein d’une grandeur à sa mesure. Dans cet albummagnifique, l’auteur rend lescheminements singuliers d’unesprit d’enfant avec une grandedélicatesse d’écriture, à laquellefait écho l’illustration au crayongras, faussement maladroite etvraiment poétique. À partir de 5 ans. M. Meria.

Sylvie Neeman (texte) et Ingrid Godon (illustrations)Quelque chose de grandLa joie de lire40 p., 15,50 €.

ÇA VA CHAUFFER !z

Pour expliquer aux enfants les enjeux duchangement climatique, voici un petit livre

bien conçu, avec des annexes utiles. Deuxfillettes d’aujourd’hui rencontrent un garçon venudu futur, qui les embarque pour un surprenantvoyage dans le temps. Ensemble, ils confrontentpréjugés, questionnements et connaissances. Àtravers ce scénario simple, deux scientifiquesexposent avec clarté quelques points essentielspour comprendre les facteurs qui influent sur le

climat et son évolution. Un bémol, toutefois :dommage que le triste marron des pagesintérieures ne desserve ce petit opus de qualité. À partir de 10 ans. Maria Meria.

Bérengère Dubrulle et Valérie Masson-Delmotte (texte), Cécile Gambini (illustrations)Le climat : de nos ancêtres à vos enfantsLe Pommier Coll. « Les Minipommes », 58 p., 8,90 €.

JEUNESSE

50 Enseignement catholique actualités N° 357, octobre-Novembre 2013

357 p48-51 livres DEF:- 25/10/13 14:09 Page50

Page 63: ECA 357 octobre

WEBCLIPS

ÉDUCATIFS

dCommunauté mondialede six millions

d’apprenants, la Khan Academypropose gratuitement surInternet 4 500 clips éducatifs.Séduite par la démarche, l’ONGBibliothèques sans frontières selance dans l’adaptationfrançaise de ces contenus. Sur huit cents vidéos attenduesà la fin de l’année, deux centcinquante couvrent déjà lesprogrammes de mathématiquesde primaire et de collège. Accompagnés de conseilspédagogiques à destination des enseignants voulant parexemple utiliser ces ressourcesdans le cadre d’une classeinversée, ces cours en ligne, à but non lucratif, pourraientaussi concurrencer le marchéhexagonal du soutien scolaire.Virginie Leray

www.khan-academy.fr

TVAUX SOURCESDE LA FOI

dLe Jour du Seigneurs’accorde un voyage

en Terre Sainte, le dimanche 24 novembre, à partir de 10 h 30. La première partie del’émission permettra de mieuxconnaître les communautésfrançaises et religieusesprésentes à Jérusalem àtravers trois reportages. Après la messe, célébrée à l’église Saint-Pierre-en-Gallicante par le frère PhilippeJaillot, dominicain, un autrereportage reviendra sur leslieux évoqués par la Bible. En partant sur les traces deJésus, à la découverte despaysages qu’il a connus, lefilm remontera jusqu’à lanaissance du pélerinage enTerre Sainte, aux sources dela foi. Émilie Ropert

www.lejourduseigneur.com/

CDPETITE SIRÈNEBRANCHÉE

dElle sait désormaispiloter un jet, surfer sur

le net et cuisiner des gâteauxau chocolat. La Petite Sirènese modernise dans ce contemis en chansons par PhilippeEveno et raconté par AnnaKarina. L’héroïne d’Andersen,interprété par Jeanne Cherhal,tombe ici amoureuse deJimmy, alias Philippe Katerine,rockeur « qui rêve de faire du cinéma ». Pour lui, elleacceptera de perdre sa queuepour le rejoindre sur la terreferme et « l’aimer à l’infini ».Bourré de références, le contereste malgré tout fidèle à latrame de l’oeuvre originale. À partir de cinq ans. MM

Philippe Eveno (chansons),Anna Karina (textes)La Petite SirèneNaïve1 CD, 16 €.

TVL’ASSEMBLÉEDES ÉVÊQUES

dDu 5 au 10 novembre,KTO sera à Lourdes

pour suivre les travaux de l’assemblée plénière des évêques de France. Lesdiscours d’ouverture et defermeture seront retransmisen direct et KTO diffuseradeux flashs par jour.L’émission Face aux chrétiensrecevra Mgr Georges Pontier,président de la Conférencedes évêques de France, lejeudi 7 novembre à 20 h 40.Vendredi 8 novembre, à partirde 20 h 40, vous pourrezsuivre une édition spéciale de la rédaction durant laquelletrois évêques viendrontéchanger et nourrir laréflexion autour d’ÉtienneLoraillère, rédacteur en chefde la chaîne. Agathe le Bescond

www.ktotv.com/

TOUS EGO !CD

zQuand Ego le cachalot ne se donne pasen spectacle musical, il s’impose sur la

pochette du CD qui porte son nom. Chanté parDavid Delabrosse, le cétacé à tee-shirt jaunedevient un tube. « Malgré ses deux tonnes et sonpetit cerveau », Ego sait se rendre sympathique,au point d’accepter de partager la vedette avecChico le croco, une gazelle et un dromadaire « qui a roulé sa bosse ». Précision : ces étrangesanimaux proviennent tous des rêves du chanteur.

L’album, qui nage en plein univers loufoque,séduira sans aucun doute les écoliers, quipourront retrouver les personnages sur scène, à Rouen (76), le 7 décembre, et à Thorigné-Fouillard (35), le 21 décembre. Maxime Mianat

David DelabrosseEgo le cachalotL’Hallali production1 CD, 14 €.

MultImedIa

© JDS

N° 357, octobre-Novembre 2013 Enseignement catholique actualités 51

357 p48-51 livres DEF:- 25/10/13 14:09 Page51

Page 64: ECA 357 octobre

52 Enseignement catholique actualités N° 357, octobre-Novembre 2013

Le Centre d’intelligence pour la foi (CIF) propose un parcourscohérent de deux ans sur la foi chrétienne. Créée en 1971,à la suite de Vatican II, cette formation, conçue pour lesdiocèses d’Île-de-France, est adaptée aux contraintes dela vie professionnelle et familiale : les deux heures decours hebdomadaires peuvent être suivies l’après-midi(14 h -16 h) ou le soir (20 h - 22 h). En complément, uncheminement en groupe encadré est proposé, à raisonde 2 h 30 par mois. Il permet de formuler ses questionset peu à peu de trouver les mots pour comprendre et diresa foi. Inscription possible jusque début novembre.

Contact : CIF, 3 place Saint-Thomas-d’Aquin, 75007 Paris. Tél. : 01 45 44 36 82 et 06 42 23 76 09.

Site : http://lecif.cef.fr

Infos +

Être professeur dans l’enseignement catholique :2 € l’exemplaire (frais de port compris)Pour travailler en équipe le document « Être professeur dans l’enseignement catholique » : 3 € l’exemplaire (frais de port compris) / 1,50 € l’exemplaire à partir de 100 ex. (hors frais de port).Nom / Établissement : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Code postal : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Ville : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Souhaite recevoir : ............ ex. de « Être professeur dans l’enseignement catholique ». ............ ex. de « Pour travailler en équipe... ». Ci-joint la somme de : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . € à l’ordre de SGEC.

Sgec, Service publications, 277 rue Saint-Jacques - 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 71. Fax : 01 46 34 72 79.

Des outils de référence

pour une relecture

concrète du métier

d’enseignant.

357 (p52)-53 Pratique DEF:- 25/10/13 14:11 Page52

Page 65: ECA 357 octobre

sLES MÉMORIALESDu 6 au 11 novembre 2013

CAEN (14)Le mémorial deCaen organise,en partenariatavec le Centrede recherche enhistoire quanti-tative, « les Mé-moriales » du 6au 11 novembre2013. Plusieursinitiatives (sémi-naires, projec-

tions de film…) permettront de débattrede l’actualité de la Seconde Guerre mon-diale. Le week-end des 9 et 10 novembre,le salon du livre de Caen accueillera unecinquantaine d’auteurs en lien avec cettepériode historique.Renseignements sur www.memorial-caen.fr

sPRIÈRE ET ACTION

20 novembre 2013PARTOUT EN FRANCE

La journée mondiale de prière et d’actionpour les enfants est une initiative soutenuepar l’UNICEF. Le Bureau international ca-tholique de l’enfance appelle à la célébrerafin de sensibiliser l’opinion sur la violenceà l’égard des enfants. Pour organiser uneanimation ou apporter votre soutien à lacampagne « Stop à la violence des mots »,vous pouvez vous rendre sur le sitehttp://www.prierpourlesenfants.com

sSALON ÉDUCATEC - ÉDUCATICEDu 20 au 22 novembre 2013PARIS – PORTE DE VERSAILLES

Le salon Éducatec-Éducatice 2013 entendmettre en avantl'innovation péda-gogique. Confé-rences de hautsniveaux et plé-nières de qualitéseront proposées.Les intervenantss’exprimeront surdivers sujets, parmilesquels : « Inspec-

tions académiques : Le numérique a-t-ilchangé l’évaluation des enseignants et desélèves ? », « Constructeurs : Jusqu’où allerdans l’innovation du matériel informatiquepour répondre aux besoins éducatifs ? »Rens. : http://www.educatec-educatice.com

sSALON POUR L’EMPLOI29 et 30 novembre 2013

PARIS (75)

Le groupe AEF organise à la Grande Hallede Villette (Paris 19e) un salon dédié auxjeunes de 16 à 25 ans sortis du système scolaire ou sans emploi. Ils pourront y trou-ver des dispositifs créés en leur faveur(emplois d’avenir, contrats de génération),des formations en alternance, des stages etrencontrer des acteurs du monde écono-mique. Les entretiens se dérouleront dansun cadre propice aux échanges, le « Caféde l’emploi ». Rens. : [email protected]

sCONFÉRENCES ISP – FACULTÉ D’ÉDUCATION

3 décembre 2013 et 8 janvier 2014

PARIS (75)

L’ISP – Faculté d’Éducation propose commechaque année un cycle de conférences ou-vertes à tous. Le mardi 3 décembre, le thèmesera « L’entretien d’explicitation : origines,enjeux et pratiques ». « Pourquoi le numé-rique transforme l’éducation, l’accès auxsavoirs, mais pas vraiment l’école ? » estprogrammée le mercredi 8 janvier 2014.Toutes deux auront lieu de 18 h à 20 h. Pré-sence à confirmer par mail ([email protected]). Plus d’informations sur le site : www.icp.fr

LOISIRS

sLE LAROUSSE EN GRILLES

À travers les cin-quante grilles de cepetit ouvrage, onpourra retrouverles nouveaux motsrecensés dans laversion 2014 duPetit Larousse illus-tré. Elles sont clas-sées de manièrethématique (socié-

té, écologie, sport, politique) ; certaines,les plus difficiles, rendent hommage auPetit Larousse 1905 et à l’écrivainGeorges Perec.

Yves Cunow et Hervé Hardoüin, Les motscroisés du Petit Larousse illustré, Larousse,2013, 63 p., 4,99 €.

SOLIDARITÉ

sLA CHINE SANS LES CLICHÉS

La liberté de lapresse est précieuseet, pour la soutenir,l’ONG Reporterssans frontières pu-blie un album de cent photos prisespar Ai Weiwei, ar-tiste et dissidentchinois. Surveillépar le régime,l’homme, qui a

passé quatre-vingt-dix jours en prison du-rant l’année 2011, a interdiction de quitterson pays. Chacun de ses clichés est pourlui une manière de défier l’autorité et dese poser en homme libre. La couverturemet ainsi en scène une jeune femme sou-levant sa jupe devant le portrait de Mao,en 1994, sur la place Tian’anmen, cinq ansaprès le massacre qui coûta la vie à plusieurscentaines de personnes.Reporters sans frontières, 100 photos de Ai Weiwei pour la liberté de la presse, 132 p., 9,90 €.

SÉJOURS POUR TOUS

sCLASS OPEN FRANCE ET EUROPE

Class Open accueille les jeunes âgés de 6 à 17 ans pour leur proposer des activitésaussi variées que des séjours à la neige,des classes découvertes ou des séjours lin-guistiques en Angleterre. Les adultespeuvent aussi profiter d’escapades cultu-relles dans toute l’Europe (Paris, Rome,Istanbul, Athènes). Renseignements et inscription surclassopen.org, par mail ([email protected]) ou téléphone (01 60 11 64 38).

pratIque

N° 357, octobre-Novembre 2013 Enseignement catholique actualités 53

357 (p52)-53 Pratique DEF:- 25/10/13 14:11 Page53

Page 66: ECA 357 octobre

Enfant, Bernard Pivot n’a été marqué paraucun maître, comme il le précise dans sonlivre Les mots de ma vie. Étudiant auCentre de formation des journalistes, ilrencontre enfin un professeur dont l’espritcaustique le ravit. Son regard malicieux sur le monde s’en trouvera conforté. Extraits.

J e suis devenu un homme quand j’ai com-

mencé d’admirer. Aucun professeur

n’avait suscité chez moi de l’admiration.

Et moins encore de la passion, comme cer-

tains en font la confidence quand ils

écrivent leurs Mémoires. Le prof dont on

suit les cours avec enthousiasme et pour

lequel on s’efforce d’accéder à l’excellence,

puis d’y demeurer, je n’ai pas connu. Peut-

être par un manque de générosité. Ou bien

parce que je ne savais pas encore distin-

guer une parole qui aide à vivre des mots

qui aident à passer dans la classe supérieure. Je n’étais pas

assez mûr ou sensible pour me laisser envahir par une

vibration, un appel d’air ou une lumière un peu fantasque.

Je ne m’admirais pas non plus. Il n’aurait plus manqué que

ça ! J’avais des petits moments de fierté – un zéro faute à

une dictée, une passe décisive au foot, un tango joliment

dansé, un compliment surpris entre deux portes sur la

beauté de ma mère –, mais rien qui pouvait me donner à

croire que je n’appartenais pas au gros du troupeau de la

jeunesse de l’après-

guerre. Et pas en tête du

troupeau, ni à la queue,

non, dans la bousculade

de la multitude.

L’admirationcomme carburant

Admirer n’est pas un

don inné. Aimer ou

détester, adorer ou

abhorrer, chérir ou haïr,

c’est spontanément

naturel. Avec le temps,

on apprend pourquoi,

même si "le cœur a ses

raisons que la raison ne

connaît point". En se

creusant un peu la cer-

velle, on arrive quand

même à savoir. L’admi-

ration est un sentiment

beaucoup plus subtil, à la

fois esthétique, intellec-

tuel et moral. Elle est

fugace, la joie qu’un ado-

lescent ressent devant une

œuvre d’art, un livre ou à

l’écoute d’une musique,

tandis que l’admiration

pour un adulte exige une

ferveur durable, une

constance de l’esprit et du

cœur. Elle doit sans cesse

s’alimenter de nouveaux

motifs d’étonnement et

d’émerveillement. Et grand

est le retentissement de la

personne admirée sur le

comportement du jeune

admirateur. Je n’ai rien

éprouvé de tel.

Je me rasais depuis long-

temps le menton quand j’eus mes premières admirations

pour les professeurs. Ils enseignaient au Centre de forma-

tion des journalistes. L’un d’eux, Michel Chrestien,

traducteur de profession, écrivain d’occasion, érudit de

nature, de son vrai nom Siberfeld, avait choisi de s’appeler

Chrestien parce que dans le roman de Balzac Les Secrets

de la princesse de Cadignan, un républicain, qui se nom-

mait ainsi, mourait sur une barricade. Peu probable,

pensait-il, que deux Michel Chrestien finissent tragique-

ment. Lecteur impitoyable, il vous fichait un 2 sur 20 pour

une redondance ou un cliché, et 18 pour une seule phrase

qu’il lisait plusieurs fois à haute voix

en en savourant la trouvaille de style.

Il aimait déconcerter, surprendre,

amuser, provoquer, stimuler. La plu-

part de mes camarades s’agaçaient de

ses humeurs, alors que son esprit

caustique et paradoxal me ravissait.

Après Michel Chrestien, j’ai admiré

beaucoup de journalistes, d’écrivains, d’artistes. Il n’est

pas exagéré de dire que, à Apostrophes et à Bouillon de

culture, j’ai fonctionné à l’admiration, carburant que je

pompais dans d’inépuisables gisements de livres. Mais

jamais adulateur ou dévot. Je tiens de je ne sais quel aïeul

une malice que mon regard ne sait pas cacher et qui indis-

posait parfois des enseignants et des camarades. Michel

Chrestien y a ajouté une certaine bonhomie rieuse et per-

sifleuse. »

(Extrait du dictionnaire personnel Les mots de ma vie,

ici le mot « Admiration », Le livre de Poche, 2013.)

Bernard Pivot

« Il aimait déconcerter »

Un jour, un prof

Mini-bios1935 : naissance à Lyon.sEntre à dix ans au pensionnat Saint-Louis où il se passionne pour le sport. s1955 : étudie au Centre de formationdes journalistes, à Paris.s1958 : entre au Figaro littéraire.s1959 : son premier roman, L’amour enVogue, est édité par Michel Chrestien,chez Calmann-Lévy. s1975 : cofonde le magazine Lire. s1975-1990 : anime l’émissionApostrophes. s1985-2005 : anime l’émission Dicosd’or.s1991-2001 : anime l’émission Bouillonde culture. s2004 : est élu à l’Académie Goncourt. s2013 : entre dans le Petit Larousse2014.

Un enseignant a croisé leur route, et leur vie en a été transformée. Ils nous racontent cette rencontre décisive.

« Il vous fichaitun 2 sur 20pour une

redondance. »

© A

. Joc

ard

Bernard Pivot se souvient avoir été stimulé par l’un de ses professeurs de journalisme.

54 Enseignement catholique actualités N° 357, octobre-Novembre 2013

357 p54 un jour DEF:- 25/10/13 14:12 Page54

Page 67: ECA 357 octobre

N° 356, août-septembre 2013 Enseignement catholique actualités 55

BON DE COMMANDE « ÉVEILLER À L’INTÉRIORITÉ » 10 € l’exemplaire Nom / Établissement : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Souhaite recevoir : . . . . . . . . . . . . . . exemplaires à 10 € (frais de port compris). 8 € l’ex. à partir de 10 ex. (frais de port compris). 6 € l’ex. à partir de 100 ex. (frais de port non compris).

Ci-joint la somme de : . . . . . . . . . . . . . . . . . . €, par chèque bancaire à l’ordre de Sgec Publications. À adresser à :

Sgec, Service publications, 277 rue Saint-Jacques - 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 71.

« L’enseignement

cathoLique

n’a pLus de sens

s’iL n’éduque pas

à L’intériorité. »

Passez à l’action !« ON INNOVE ! 5 ans d’initiatives » 10 €

Nom / Établissement : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Souhaite recevoir : . . . . . . . . . . . . . . exemplaires à 10 € (fraisde port compris). 8 € l’ex. à partir de 10 ex. (frais de port compris). 6 € l’ex. à partir de 100 ex. (frais de port non compris).

Ci-joint la somme de : . . . . . . . . . . . . . . . . . . €, par chèque

bancaire à l’ordre de Sgec Publications à

Sgec, Service publications, 277 rue Saint-Jacques,75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 71. 10 € l’exemplaire

357 COUVs DEF:- 25/10/13 14:37 Page55

Page 68: ECA 357 octobre

Abonnez-vous�!Abonnez-vous�!

Le magazine et ses rubriques :

des dossiers détachablesActualit

és Formation Gestion Initiatives Cultu

re Livres

/Multim

édia

Nom : Prénom :

Établissement / Organisme :

Adresse :

Code postal : Ville :

BULLETIN D’ABONNEMENT Pour vous abonner, retournez le coupon ci-dessous par courrier, accompagné de votre règlement par chèque bancaire à : SGEC, Service publications,

277 rue Saint-Jacques - 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 71. Contact : [email protected]

Je souhaite m’abonner à Enseignement catholique actualités. L’abonnement : 45 €

Pour les abonnements multiples (à partir de 3) et les tarifs dégressifs, rendez-vous sur le site www.enseignement-catholique.fr

6 numéros + 2 hors-série

des hors-série

357 COUVs DEF:- 25/10/13 14:37 Page56