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5/10/2018 Echec Du Projet Morisque a Mjaz Al-Bab - slidepdf.com
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REVUE D'HISTOIRE
MAGHREBINE
Fondateur et Redacteur en Chef:
Abdeljelil TEMIMI
Professeur emerite a la Faculte des SciencesHumaines et Sociales
de l'Universite de Tunis
Comite de Redaction Consultatif :
-M'hamed BEN ABOUD: Faculte des Lettres de Tetouan
. Mustapha KRAlEM : lnstitut Superieur d'Histoire du Mouvement
National (Tunis)
- Halil SAHILLIOGLU : Iktisat Fakultesi Istanbul-Tul'quie
-Mohamed DHIFALLAH : Universite deManouba- Tunis
© FTERSI ;J uillet, 2008
Toutes reproductions, meme partielles ou adaptations d 'unextrait quelconque de la Revue, par quelque precede que ce soit et
notamment par photocopie, microfilm ou autres precedes
electroniques. .sont interdites pour tous pays et neceseiteut une
autorisation ecrite de la Fondation.
. Les op inions emises par les auteur s n'engagent pas la r esponsabi li te de
la Revue.
- La RHM parait en quatre nurneros par an ; eUe est ouverte it toutes les
par ticipations scientifiques , en francais, en arabs, en anglais et en espagnoL
. La composition de ce volume a ete realises sur l'Unite Informatique de la
FTERSI ; Ie t irage , l imi te it 150 exemplaires, a e tc realise it l'Imprimerie
Papyrus a Nabeul en Juillet, 2008
- Pour toute information et commande, s'adresser au siege de laFondation : Immeuble Imtiyaz - CentreUrbain Nord A25-
l0031'unis
TeL a partir deTunisie : 71 231 444 ou 71 751164
de l 'etrangar : 00216 71 231 444 ou 0021671 751 164
Fax a partir de Tunisie: 71 236 677 de l'etranger: 00216 71 236 677
E.Mail: [email protected]@gnet.tn I
Internet.z/www .temimi.refer.org (franc;ais/-.r.~)
Le mont a nt de l'abonnement peut etre regl e pal ' cheque bancaire au nom
de la FTERSL
TABLE DES MATIERES
1-Partie francaise
Pages
Etudes:
Benjelloun, Abdelrnajid. - Les freres Raj Abdeslam et
Mhammed Bennouna 9
Djemel, Abdelmajid. - La Grande- Bretagne et la
Mediterranee : Predominance des cotonnades anglaises en
Tunisie et au Maroc dans le contexte du protectorat 1912-
1922 23
Temimi, Abdeljelil. - L'Emir Abdelkader face it la
problematique de rapprochement avec les civilisations, les33religions et les peuples .
- Trabelsi , Bouraoui.- Echec du projet morisque
aMjaz
AI-Bab : Une ville face Iila strategie d'une communaute 47
- Ternimi, Abdeljelil, - Les enjeux maritimes en Mediterranee
au 16e siecle a la lumiere des Muhemme69Defteri .
Notes:
Benjelloun, Abdelrnajid. - La liaison fixe, Ie "chsinon
manqusnt" sur Ie Detroit : un vieux projet qui reste 77
chimerique? .
- Nawar, Ibrahim. -Media and Censorship in the Arab World 85
- Zmerli, Adrian. - Institut des Hautes Etudes de Tunis(Souvenirs) 91
Seminaires et memoires .-
- Benjelloun, Abdelmajid. - Sidi El Ghali Laraki Dakirat an
Nidal oua Jihad......................................................... 95
. Serninaire de la memoire nationale sur: la participation de
Bizerte au mouvement de la liberation nation ale 101
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- Seminaire avec l'ambassadeur amerrcain 123
ReSUllUJS de quelques etudes publiees en arabe:
- Hefaiedh, Salwa.: Ibn Khaldoun et la chanson populaire de
Tunisie 149
- Mehdid, Ibrahim. - Difficultes du mouvement national
algerien dans l'Oranais :LePPA et l'Association des Oulema
Musulmane Algeriens (1937-1940) 151
- Meguellati, Abdallah. - Algerian revolution and Ibn
Abdelkrim Khattabi : The Common Struggle to the
Liberation ofthe Maghreb... 153
- Wall . i rwin. - Les relations Franco-amerieaines et la guerre
d'Algerie : 1956-60 (Traduit par Ali Tablit) 154
- Acquisitions de la Fondation (juin 2007-juin 2008) 155
1-Partie arabe
Dossier:
Les relat ions d'Algerie avec son environnement et le monde :
- Temimi, Abdeljelil. - L'Emir Abdelkader face .a la
problernat ique de rapprochement avec les civil isations, lea
religions et les peuples 9
- Lounissi, Ibrahim. - La guerre de Crimee et l'opinion
publique algerienne 19
- Meguellati, Abdallah. - Algerian revolution and Ibn
Abdelkrim Khattabi : The Common Struggle to the
Liberation of the Maghreb , ,.. :....... 31
- Mehdid, Ibrahim. - Difficultes du mouvement national
algerien dans l 'Oranais : Le PPA et l'Association des Oulema
Musulmans Algeriens (1937-1940) 53
- Wall, Irwin. - Les relations Franco-americaines et la guerre
d'Algerie : 1956-60 (Traduit par Ali Tablit) 81
- Temimi, Abdeljelil.: Correspondances inedites de l 'Emir
Abdelkader 105
Etudes diverses :
- Hefaiedh, Salwa. - Ibn Khaldoun et la chanson populaire de
Tunisie 123
- Saadaoui, Ibrahim. - Lefermage (Jizma) des souks de Tunis
a I'epoque otto mane (2) 153
- Malki, Mhammed.- Vers une nouvelle vision des relations
Maghreb-Afrique: LeMaghreb au carrefour des partencziats
et la cooperation maghrebo-africaine 195
Notes et documents :
- Rouiss, Mounir. - Un document inedit sur les eaux en
Tunisie 207
- Acquisitions de Ia Fondation (juin 2007-juin 2008) 227
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ECHEC DU PROJET MORISQUE A MJAZ AL-BAB :
UNE VILLE FACE A LA STRATEGIE D'UNE COMMUNAUTE
Bouraoui TRABELSI
Faculte des Lettres -Manouba
Peut-on parler deI'identite d'une ville en dehors de celie de ses
habitants? En d'autres termes, une ville sans vie humaine, at-elle
une identite? Il serait utile tout d'abord de souligner que sur un plan
theorique, l'identite suppose l'existence d'une mernoire. Et encore une
fois une mernoire n'est possible et admissible, que si on parle d'une
mernoire collective, celle des habitants d'une ville, les citadins qui
sont sa memoire. C'est-adire ceux qui se reclament les descendants
d'une ville: Wlad l-blad'' ou encore Wlad blad, les fils du pays, les fils
de la ville. I ls sont la progeniture d'une ville et sans cette progeriiture
Ia ville ne represente rien. Pourtant les archeologues, les architectes
et les topographes du tissu urbain peuvent interroger la memoire
d'une ville sans ses fils, en parlant des edifices (en ruine ou arrives
jusqu'a nous) ou en degageant leur style architectural. Mais it y a un
autre moyen d'interroger cette memoire " ': i'analyse du rapport
vocation/strategic. La vocation d'une ville est, a I'origine,
conditionnee par la geographie. le milieu naturel. La strategic, par le
pouvoir central ou une communaute. Une strategic peut ihre en
harmonie avec la vocation d'une ville ou aller a l'encontre de celle-ci.
! L'histoire d'une ville, sa mernoire et son identite dependent de la
nature de ce rapport.
Chaque ville de la Regence de Tunis a sa propre vocation, meme
si elles ont toutes ete modelees selon la meme etrategie a travers
I'histoire, leur reaction a cette strategie a ete differente. Dans notre
travail nous nous proposons d'analyser la vocation d'une ville , celle
de Mjaz al-Bab, face a la strategie d'une cornmunaute, celle desAndalous e t du pouvoir turcottoman, pour etudier ensuite
Il'ouverture d'une ville face a l'enclavement d'une comrnunaute.
Pour cela nous consacrerons une premiere partie a I'etude de
l'hypothese du mauvais choix des Andalous, lors de leur implantation
dans la ville de Mjaz al-Bab. Dans la deuxieme partie DOUS
essayerons de definir les traits de l'identite de la ville a partir de la
celebre plainte des balidyya contre la cornmunaute morisque. Dans la
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Bouraoui TRABELSI
(8 '1 aspects de I'echec de Ia strategic. ., t' nous degagerons es
XOlSlemepar ie . . d Miaz al-Bab.'lnda1ouse face a 1a vocatIOn de la ville e J
L'hypothese d'un mauvais choix d'implantation :
Dne ville andalouse sans les Andalous? .' ,
. te de Grenade a l'expulsIOn generaleEntre 1492 et 1609, de la chu h x Morisques a connu
d'E gne la c asse au .des musulmans spa., 1 Ar " , dans la Regence de 'I'unis
plusieurs episodes dramatlquile,S"O. . Iltveleschoix soit de s'installer a. t .: les ex es avalen .,
et 10m de leur pa ne,. fertil d pays et plus particulierementTunis, soit dans les plames ertll;s t
U
de' cette deuxleme solution,
M di d Et dans op ique , .celles de la e jer a. II t en consideratIOn comme
ab tra it tout nature emenMjaz a1-Ba en rai 1 date de l'installation de ces
. d ,. dence Reste que anouveau lieu e resi . , 'il f t d'emblee ecarter la date
e probleme et qu aunouveaux venuS, pos .. ' d J;- ., l-Khutba en 1608. On
, t 1 nstructIOn u arm aeommem,or~n a co les Anda10us auraient tente de s'implanter
admet generalernent que 1620 (2 ) a l 'issue de differentes vaguesdans la ville entre 1615 et ,
d'immigration (3). ._ _.' . es : our dire que Mjaz al-Bab est
Tous les hlstonens sont unamm 1 1 p -ait e'te tout au mains, ' d 1 use ou e e aural
une ville reputee an a.o '(4) Us se basent tout d'abord sur les
reconstruite par les Monsque~ . hoi . de visiter les villages tenus" d urs qUI ont c OlSltemOlgnages es voyage() . t '1 est a remarquer que ces
, . es 5 A ce suje , 1 . '1pour etre monsqu . housi t s ni curieux de connaltre a
bl t ni ent ousras e "voy~geurs ne sem en . de ortes a Mjaz alBab. On ne retlentsituation de leurs ~on:patno(6t)esu':ne maigre indication a propos dupar exemple de Ximenez q
Echec du projet morisgue a Mjaz Al Bab 49
style espagnol de quelques maisons (7 ). Peysonne1 (8 ) ne voyait pas de
Morisques dans 1a ville (9) de merne que Shaw (10 ). Une attitude un
peu etrange de la part de ces voyageurs qui n'ont decouvert des
.Andal~us qu'a Tastur o » . Une ville plus convoitee, plus adrniree,
plus espagnole que les autres villes de la Medjerda (12). D'ailleurs
d' Islam. 11a visi te Mjaz al-Bab au mois de juillet 1724. Epalza (M.), "
Nouveaux documents sur les Andalous en Tunisie au debut du XVIII e
siE'!c1e.»,dans, Etudes sur les moriscos sndslous en Tunisie, Tunis, 1983,
p.57.
(7) "Un village qu'on appelle el Beboet plus savamment Bassi el Bab, situe
au bord du fleuve...c'est un village reconstruit par les Andalous...ilcompte
300 maisons construites avec toit Ii la maniere espagnole.. .Apres, avec les
ruines de cello-ci, ils ont construit un autre pont plus petit pour traverser le
fleuve".Epalza (M.),op.cit.,p.81.
(8) Medecin naturaliste qui avait choisi de sillonner IeMaghreb entre 1724
et 1725. Peyssonnel (J.A.), Voyage dans les Regences de Tunis et d'Alger,
Paris, 1987,p.S.
(9) " ... puis suivant le Bagradas, nous passames cette riviere sur un beau
pont pres de Bebo. Bebo ou Basil-el Bab est un village rebati sur une
ancienne ville situee pres de la riviera de Bagradas. On y voit encore une
ancienne porte faite en arc de triomphe ou ilreste deux figures mutileesdont une tient une tete Ii la main et l'autre les a jointes ensemble".
.Peyssonnel (J.A.), op.cit, p.107.
(10 ) " Me-zezil-bab, ou Bazil-bab, et un vieux Arc de triomphe, erige Ii l'Est
de la Mejerdah, Ii dix lieux au Sud-Ouest de Tunis. Ce batiment n 'est
remarquable, ni par la beaute, ni par son architecture: il etait autrefois orne
XIXe siecle, bistoire architecturale d'un grand nombre de niches et de festons, mais qui n'y paraissent plus
(I) Sa&'Jaoui CA ' ) , Testour du XVlle au 33 parfaitement. Au reste, il avait ete fait dans le temps de la decadence de, . d T 'sie 'I'unis 1996,p. ' , . . .
d'une ville mortsque e urusie, ' , Ah d Saadaoui qui a attire l'Empire", Shaw (M.D.), Voyage deM Shaw MD. dans plusieurs provinces, t amI et collegue ma " .
(2 ) Nous remerCIOnsno re , ' t la restauration de la dela Barberie et du Levant, La Haye, 1743,p.214.d t erronees commemoran
notre attention sur ces a es (II) Epalza (M.), op.cit., p.82.
Grande Mosquee de·Mjaz al-Bab., ' 'T t Saadaoui (A_),op.cit.. ~12)Peysonnel etait plus adrniratif il nous dit:" Testour est un village habite
1 ' phenomene a es our.(3 ) C'etait en tout cas e meme ?ar des Maures-Andalous, ilest bien perce et bati comme les villages
p.35. ['Europe. Les maisons ont des fenetres sur les rues; les toits sont couverts
(4) Ibid, p. 472. . A dalous ne representent que 44,m briques rondes comme en Provence...Lorsque j'arrivai IiTestour j'ai cru
(5 Toutefois, selon feu Rached Lunam: [es n XI X "'le Limam (R.), "Al- ;out Iicoup avoir ete transports en Espagne ...nous entrames dans plusieurs. 1 1 u mllIeu du e srcc .
53% de la populatIOn oca ea. f l-Karni altasi' -ashar naisons, j'y trouvai des femmes et des filles affab1esme parlant toutes en. _ rd 1 -' r - . Iyya fi muntasa 1 a .,.. . , . ...
AndaluslYun fi al-Bl a a urns _.,,, d fa Revue d'llistoaelOn espagnol...tousles habitants de cette ville etaient grenadine, ils avaient. 1 th-"k al-rrulllsslya, ans
min khilal khazinat a -wa a 1 _ 8 309 et 310. orme leur ville sur le modele deGrenade et avaient donne aux places et aux
Mllghrebine, Tunis, n023-24,1981,pp.293 31,:pp. , a'Tunis entre 1720 etues 1es memes noms que celles de leur ancienne ville" Peyssonnel (J.A.),. . . , '. 01 qUl avait seJourne .
(6 ) Religleux trirntarre espagn . 1 tif chretie ne en torretp.clt, p.106. .
f der un hopital accuel llant es cap - 61725 pour on '
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Echec du projet morisgue a Miaz AI-Bab
50 Bouraoui TRABELSI -our les guider? Ou bien ce choix resul - _- A , ' 51
1'"tou, avec ses ,uIM" pmsp."s leur faisait penser aux pouvoir central' Si c'eta it Ie " tait-il plutot d un diktat du
"mpaones espaonolea, Ximenez po< exernple fait allusion au Ia fortune entre les im ,'"" existait-il un clivage social base sur
Mveloppement de l'arboriculture, apparemment inexistante avant la meilleures terres? LesmAnlgdralnts,dermittant aux riches d'acquerir les
wnuc des Andaloua
("), " a ous e a vill d M" I 'ls alors les moins experiment' bi e e jaz a -Bab seraient
A ' ' ' ' d es ou len Ies plus pau ? L 1
_La note du Controleur CIVilde Karrouan : certitu e qu'on ait est le role -, 1 vres : a seu e'insertion des n joue par e pouvoir central dans
Un debut d'explication nous est parvenu par le biais d'une note La P S bli ouveaux venus. En effet les sources rapporte t
1 h
' d 'AI' 'I d M'- IB-b Alb orte u lime a commen " " , 11 quesur es groupes et mquce u contro e CIVl e jaz a - a, ert suit '1" Ice a s mteresser it la question '
" K ' f ' I e a a situation dram ti d monsque
Guyad." alors Contmle", Civil de a.rouan, a ait une ,emaNue du S It a rque es rnusulmans d'Espagne u fipertinente quant au sort des Andalo
us
de Grich aI-wad et Mjaz aI- Cad,ud anTottoman Ahmed i-, adresse en juillet 1615 au Be In b
rman
_ "b d d 1 'd I e ums en est la (16) LyeI' eyetBab. Selon Iui, sila ont eaucoup per u e eur caractere an alous, tel' d' il preuve, a Regence de Tunis 't it, ' ts d SI ' TIre accue par excelle ' e ai unecontrrurement aux habItants e ougia et estour, c'est parce que a qui ' nce entre 1594 et 1610 sous Utl ' 1)d d
d d
d ' , ' , ,,' bl 1voue une grande adrnir: ti ' aman . eynappe 'eau ouce e ces eux ermeres CItes est inepmsa e et attrib I' ' , a ion aces Moriscos (17), D'ailleu I :
d 1
' d f illimi d iardi A h I ue octroi des sites d'i 1 t ' rs on UIpermet e cu nver, e a9
0nmltee, es Jar ns maraic ers, une De ' 1 " " mp an ation, 18 . ou bon leur sernbl ' I L
, ' I' 'd M' 1 " G - h 1 ad M'- 1 Bab Y serart mstagateur de b alto especla ite es oriscoe. a ors qu a riC a -wa et Jaz a - a , ad ' . t ' - nom reuses mesures huma it '
, " A [1 " I d I rmrus ratives dans le b t d" , m aires et
l'll'ngatlo
n
des Jardms ne peut etre e lectuee qu'avec 'eau e a Reg P' u mserer les immigrants d ,I
M
di d ll' l' i) ence. armi ces mesur '1' ' ' ans ae jer a et que ce e-CIest sa ee ,14 , la c ion d c res. exoneration d'impots durant tr 'ncessron e ble et de grains 1 < ' 10lS ans,
A vrai dire, ilest facile de ,ont,edire cette hypotM", si on choisitdroit d'entree au port et la ~o"'. eur agriculture, la dispense do
des Ie dOpa" de comparer les ",nditione naturelles des deux villes, a gresseur ,pm ection sans conditions contre tout
Mjaz aI-Bab et Testour, ce que nous allons faire plus loin, Mais iJnous semble malgre tout utile de nous attarder quelques instants sur - Les Moriscos etaient des experts:
Ie point de,vue du Controleur Civil 'de Kair?uan~ car la question du ,Les hi~toriens s'accordent it vanter le eni ' .choix dee "tea d'.mplantatw
nde ces expulee, anime encore une vwe'l" ' ont reussi
atransformer I' g me agricole des Moriscos,
polemique entre I" 'pe,iali,tee de l'histoire andalou,e dane l,R.egence, apres de longs sieclea d ied"u~';i" dan" cette pa<tie de la
Ilkgence 0" si on suit l'ide, d'Albert Guyad." on aboutit a b'hspo .. , le plus souvent que; e et'a ectwo.('"), Bien qu'on ne
conclusion du mauvaie choix d'implantation de la part dei'"l. Ie manque d'observations se ~.mp es impressions de voyageurs
immigrants, .tenus pour etre des experts en la matiere (15), Paflstimer le merite des Andaloi advantelsne doit pas nous faire sous-di us ans a promot d Iai
""naequent, on debou,he a", une double ,elation errtre Ie declin d'un,ne jerda, On ne peut conte t l'ide <on es p ames de la
implantation andalouse et Ie mauvais choix du aite d'une pact, el 'ndaloua a la Regence. Plu,ie::': •dee du tra",f~'" agronomique
entre I'"bo,i,ultu,e, et I'endavement d'une ,ommunaute d'autrtlu savoir agronornique de' '\; ea on' montre la transmission
part Pour analyser eo type de ,elation bicephale. on es spagne vers la Regenee,
malheureusement confl'onte a un sel'ieux handicap a savoir 11 .
mutisme des sources ecrites a propos des criteres qui ont pousse lelr-;-, ----------
Morisque it faire ce choix d'implantation, ' 16) Temimi (Al « Politique Ott ' "es Mo ' omane face a l'implantation et a l'ins "
Ces exiles espagnols ont-ils choisi leurs Iiaux de residence ei risques en Anatolie. )I, dans Revue d'Histoi M. h ' ' ernon
lib'?
S' 'di ' 'I d il d' ' 1991 P 144 re ag rebine N°61-62toute • erte: • our apoea.ent'.' es conseue exped, agn'O e " , ' ,7) Te ' '(A) ,. mlDll, , « Evolution de l'attitude d ' ,'unis face a l'accueil des M' , es autorites de la Regence de
(13) Epalza (M.), op.cit. p,82, ult tt '" orrsques, a la lumiere d'un nouveau f ' d
( )
I A ) , A " ' an 0 oman" dans Revu d'hiscoi. rrrnan u
14 Guyader \ft, ,"Les groupes ethmques dans le Controle CIVIldeMdJez-~8)Ibidem, e istotreMaghrebine,N°69-70, 1993, p,171.
Bab.". dans Association Irenceise pour !'avancement des sciences, Tunilg)F '1d 'ut-i 'ailleurs rapp 1 ' , '
1951, p,p278-282, p,279, )' leer quon a deja reproche a Ibn Batt- d
(
d
11' que es musulmans durant I uta, e ne
1 5) Parmi les criteres: la proximite de la capitale de la Regence, ) son ong periple a d'mprendre pourquoi Peysonnel et Xi ' ' ' n peut es Ion;
facteUl'sclimatiques, l'abondance en eau, ' menez ne voyaient que les Moriscos,
t
II
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Andalousie.· Les habitants de ce as"terres et leurs provinces fertil p Y
l, s e ta~t. laisses enlever leurs bonnes
li
es par es chretlens se vir t c ulettoral et repousses dans des c tre , .' en rero es vers lel' . on rees tres accidente . .agriculture et peu favorables '1 ". es, qui sont impropres ad a a vegetation Ils ont 1 " .,onner beaucoup de soins a 1 ult d . a ors ere obliges de, a c ure e leurs terre fin d'recoltes passables. Des tra d s, a en obtenir des
vaux e cette nature e tr A bet exigent 1'emploi d di . n ament eaucoup de £rais
fum
. e vers accesaoirea dont Iier, par exemple sont as que ques-uns, comme le
Beyrouth, 1981, p.364.' sez cofiteux» Ibn Khaldiin. Mukaddima,
(29) Epalza (M.)! Pet it (R.),Madrid, 1973, p.55. Etude sur les moriscos andalous en Tunisie,
(30) Excepte Ibn Bassal . dUl onne la p' . , I 'op.cit., p.58. Selon Ibn Wafid I t rermere p ace a I'eau, Bolens (LlI I •es erres sont trop va .,e temps de les recenser c'est . A rices pour qu'on prenne
. ,pourquOl la tache de d ti Im auvarses est d'abord l'aff . _ d . IS mguer es bonnes des
1
__ . aire u paysan. Ibid p 64 Q. ' -a -Ishbili, II rappelle que . ' . . uant a Abu al-Khayir, . mleux vaut un sol relativ . .a labourer qu'une terre rich' ement pauvre, mars facile
I
e mars trop lourde ., .
(20) Bolens (L.), AgI"OnomesAndalous auMoyen-Age, Geneve, 1981, p. 147. . e paysan. Ibid, p.64. Ib I-'A· - ' qui epuise l 'attelage et deceitn a wwam commence .
(" 1 Gafsi (A.H.J, " Co='qu,nce de f"p,",ion d" Morisco , I a ,e,'n'mtio connaissance des terres I . .. sa compilation par Ia' es signes indicateurs de I di .
de Ia culture des oliviers a Tebourba en 1726. », FAiries Rornuns, XIV, vol. eur mauvaise etat ou lb· a con itron des terresa onne nature qui e t '
2000, p.147-157 p.148. Identifier Ia nature d'un sol t" ' s un autre precede poures e jusque-la s It
(22 ) Carton 62, Dossier n" 700/12, document n? 19. Dossier n" 627/1 et 2. poreuses, molles visqueu ans cu ure. Qualite des terres' ' ses, compactes, tres de
(23) Ben Ali (M)!Hlaoui (N.), 'Wathiktun 'an al-niza' al-Kaim bi shani ahbi apres lesquels on peut det .. nses et autres. IndicesA e ernuner SI un terrai h
al'And,lusiyin bi-Mjaz a l-Bab ' ; dan' Revue d'Histoire Maghri!ume, T. wwam, Le livre de l'agriculture, "ad. J.J ""n est umide, Ibn al-10/11, 1978, p.p 79'88, p.55. 'hap. I, a<1.1-7. . Clement Mullet, Tunis, 1977,
(
24 ) L. (R) 't 310 (31) Bolens (L) 't:lnam ., op.Cl . , p. . . , Op.Cl ., p. 158. D'apres Ibn al'Awwa I .
(" 1 Ben Ali (M.Jnllaoui (N.J, opdt, p55'56 peut reconnaitre I" diffe t' m es signes auxquels on' ren es especes de terres b
(26) Limam (R), op.cit., p.310. speces de terres qui ne sont b . ' onnes ou mauvaises.nnes m pour les 1 t .
( 2 7 ) Je remercie mon collegue
et ami Taoufik Limam qui a etudie avec n ensemencements et da I l' P an .ations ni pour les. ' ns esque les nen n ' .
cette onomastique. chapitre, 11 traite des diverses ' d e reussit. Dans le troisieme
h
especes 'eau quelle t d
(28) En effet Ibn khaldiin, pour expliquer les causes de la cherte des denrt c aque espece de plant 0 ,na ure 'eau convient as. uverture des puit . 11
alimentaires en Andalousie, nnus signale ceci: « En etablissant les prix ( comment on reconnait la ,- d s, DIve ement d.es terrainsresence e l'eau d . '
den'." alimentai",",. dit-il, on est oblige de tenir compte de, '" Iesquels on peut JU," si I an, un 00". in. Indices d'aprees eaux sont proches d 1 f
pMticulie" que peut exiger la ""tme , cela a lieu on ce moment surtout MDt eloignees, Ibn al' A -, e a sur ace ou si en" enwam, op.cit., chap. III, art.I-3.
52 Bouraoui TRABELSI
:particuliEn'ement les techniques de I'agriculture seche ou secano (20),'
ta disposition des arbres et des bosquets, le developpement de
l'irrigation, les pratiques de Ia greffe et de la taille (21 ). Ce meme
savoir agronomique serait a l'origine de leur connaissance des terres
les plus favorables pour s'implanter .
Pour argumenter une telle relation entre Ie savoir agronomique
et le bon choix d'implantation dans la Regence, nous devons revenir
aux endroits presumes d'ou viennent ces Morisques et nous disposons
de deux documents d'archives ( 2 2 ) qui nous ont permis de de gager une
liste onomastique tres variee. Si l'on fait exception des noms qui
indiquent des professions sedentaires comme Halwani (23), Moua'dab
(~4), Tabib, Najjar et Krarti. ou dont Ia consonance n'est pas arabe
mais plut6t espagnole comme Jurchi (Jorge) (25 ), Kamich (26), Grizua,
Bur llch, Kanbalirl l (Caballero), Anbrussa (Ambroso'd, al-Ruchi (El
Roxo) et al-Kuran (Corral), ou bien originaire d'autres villages
comme par exemple Benzarti, les plus utiles pour notre etude sont les
noms qui evoquent une region: Andulsi (Andalousie
). Lebmai
(Grenade?), Balansiyan (Valenciano), Sali (Sale), Batis (Betis) ( 2 7 ) ,
Deux villes comrne Seville et Grenade sont etroitement Iiees i
l'agronomie et a l'agriculture, la premiere a donne naissance a UI
grand agronome du Moyen-Age, Abu al-Khavir al-Ishbili LI
demueme est connue pour un episode glorieux de son histoire: pou
resister contre le mouvement de la Reconquista, les Grenadins onutilise Ie savoir agronomique comme arme (28) . Apres leur expulsion
les Andalous auraient ernmene leu ,.. 53Berberie, selon Salvago . r geme agricole avec eux en
. . ' un auteur italien du XVII ( ' )9 ) D'serait mconcevable d'accept l'ide d +i. es lors, il. er 1 ee u manqu d' ,.aurait conduit au rna . hoi e experience qui, uvais c OlX d' ttl
preceptes ag.ronomiques pour .h .'. au an p us q.ue parmi les
b
c O1S1r une bonne t fionne connaissance du sol (30) et de l'eau (31). erre igurent la
Echec du projet morisgue il. Mjaz AI-Bab
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Bouraoni TRABELSI
54
Mjaz al-Bab: un bon choix?
La plaine de Mjaz al-Bab est un espace faiblement accidente a
topographie basse. C'est une vaste plaine alluviale, sans
discontinuite, qui s'etend d'ouest en est, des gorges de Slougia a.
Bordj Toumi, et du nord au sud de Oued Zargua au bassin de
Goubellat. Elle est bordee au nord par les massifs montagneux de
Chouach, Toukabeur et Heidous. L'evolution geomorphologique du
bassin de Mjaz al-Bab est etroitement liee a.la dynamique ancienne
et actuelle du roseau hydrographique de la Medjerda (32 ) . Les
differentee crues qu'a connu l'oued au cours de l'histoire ont entraine
l'edification de terrasses alluviales etendues et constituees
essentiellement de limons (33). On y distingue· trois types de sot: le sol
brun, rouge fence et rouge vif. La vallee alluvionnaire est composee
de trois terrasses constituees par des sols peu evolues provenant des
alluvions de la Medjerda et de ses affluents.
La Medjerda est la principale source d'eau, elle penetre en
Tunisie pres de Ghardimou, en serpentant a travers les vallees les
plus fertiles, formant de tres nombreux meandres, et va se jeter dans
la mer au sud de Porto-Farina (34 ). On remarque l'opposition tres
nette entre les deux rives de la Medjerda, la rive droite etant moins
arrosee avec des pluies irregulieres et insuffisantes. Quant aux
nappes souterraines elles sont superficielles et donc plus exposees a
la contamination <par· les ecoulements charges de sels dissous,provenant "le plus souvent d'affleurements triasiques. On voit bien,
contrairement a. l'idee du Contr61eur Civil de Kairouan, et en se
placant d'un point de vue purement geographique, qu'il n'y a pas de
difference entre Testour et Mjaz al-Bab (35 ).
L'identite d'une ville, une autre piste a suivre :
En 1978, Ben Ali et Hlaoui ont publie dans la Revue d'Histoire
Maghrf3bine un document d'archive relatif au conflit opposant d'une
part les Andalous et d'autre part les baldiyya et la communaute d'al-
(32) Riahi (H.), Le perimetre public irrigue de MeieeBlBeb. memoire de
C.A.R., universite Tunis I, Tunis, 1991,p.31.
(33) Ibid, p. 32.(34) Pellegrin (A.), La Medjerda apercu historique, dans Bulletin ecOnomiqlle
et social dela Tunisie, n° 102,juillet 1955,p.p. 34-47,p.34.
(35) Kassab (L.), «Les basses terrasses de la Mejerda dans la plaine de
Testour-810uguia», dans Etudes rurales en Tunisie, Tunis, 1980, pp. 95-128
p.84.
Bahnn (36) L d ' " . , 55'I'ahar (37) ·C'e:t ~cum~?t a ,ete etu~le par la. suite par Jamel Ben
. ,. . ne piece d un dOSSIerjudiciaire remontant a 1783
constitue de trois docu t . , 'men s recopies tous les trois en 1843 drdAhmed Pacha B: ., . par or Ieen 1783 H ey une piece contenant Ie premier jugement rendu
de b par ammouda Pacha, un acte notarie datant du mois de
1;~;(3~e ~ 78~ et un acte notarie date aussi du mois de decernbre
b ldi . t ~ p. mnte. ~ourne autour de la question des donations. Les
a. yya e eurs all:es reprochaient aux Andalous le non res ect du
prmcipe de solidarite collective vis-a.-vis du fisc df , I' tili Pproduit des donations a d'autres fins (39) ,u a u 1 isation du
l'harmoni ' ce qUI met en dangerarmome communautaire dans la ville.
. ' Nous,devo~s souligner a ce stade de notre analyse, ue ce confli
~ : ! ' : : / ; : ~ ' : i :~t~nlundiqU' et~?ela relation avecie, Andal!::,., . gra ee, comme c etait le cas par exemple a al·
Aliya, o~ les Morisques ont ete victimes de mauvais traitements que
leur avait fait subir Ia population de la region (40).
Le sens des baldiyya :
Ce document pose beaucou d ..signification du terme baldiyya ~n yeli~~~stlOn\ e~1otan:ment la
par le groupe d'alBshrin de MJiiz aJ-]jiib·~:L;l e;.lad?lamte p.osee
avec eus: . tr. I. es a lyya habitant. .' con Ie e groupe endalous de 1a dite vIJ1e"(41) R 1
que le terme de baldiyy f ' . appe onsune piece juridique ou c~aneu igure pas la ~a-r.hasard, surtout dans
alors un sens precis? q e mot est pese. Le nom baldiyya, a-t-il
Pour resoudre ce problerne il faut . , .. ' ,qui ont traite de la question ( 4 2 ) II revemr aux dlf!erentes etudes
. en ressort que baldi etait en usage
Echec du projet morisgue a Mjaz AI·Bah
(36) Q ."uolque leur presentation contenait des fautes. Revenir a Ben 'I'ahar
B
(J:)b'Droxvitt .co~ht: le conflit entre les Andalous et les Baldya it Mjaz al-
a au II" siecle" d 1 Villd'arti 1 . ' ans es 1 es et territoi res all Maghreb: modes
. cu at1011 = . formes de representat ion, IRMC T·septembre, 1998. Inedite. ' urus, 17-18-19
( 3 7 ) Ibid, p.3 et 5.
( 3 8 ) Ibid, p.3
( 3 9 ) Ibid, p.7
(40) Temimi (A),« Evolution de l'attitude ... , op.cit, N°69-70 1993( 4 1 ) Ben Ali (M )/HI . (N) . ' , p.176.
. aOlll ., Op.C1t.,p.52
(42 ) Nous remercions not 11 ' S ..de son . t . re co egue arm Bargaoui que nons a remis le texte
m ervention lors d'un hommage or anise l'hprofesseur MH Chcrif B. g en onrieur de notre
.r . en argaoui (8) "L b ldiho "1..·· ., e a I, entre histoire et droit"
mmage a 11 . H. Chen!: Inedite. '
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56 Bouraoui TRABELSI
depuis La. periode moderne de la Tunisie. Le terrne designe deux
groupes sociaux differents, celui des citadins en general et parmi les
citadins ceux qui se signalent par l'anciennete de leur etablissement
dans la ville. Toujours selon cette double definition, les baldiyya
representent une categoric de citadins qui joue le role d'intermediaire
entre les dirigeants, en grande partie allogenes, et les ruraux. Ils
seraient ainsi les habitants des vieilles cites comme Tunis, Kairouan,
Sousse et Sfax. Baldiyya designs aussi une categorie socia le qui se
distingue par la naissance, l'anciennete (materialisee par une
residence), une activite specifique et un patrirnoine dans la ville(symbolise par une mernoire du lignage danaIa cite), on pourrait
done dire les notables de la ville.
.Echec du projet morisque a Mjaz AI'Bab, . d 57eprso es relatifs a ses e ' h Ii411, 525 et 646 (47) LV:hiquesat 0 iques et donat istes en 256, 393,
. stoire de Membressa va d' ill 'marquee par Ia destitution en 397 de I'evequs '. a. eurs etre(48) . maXlmlamste Salvius
Avec l'avenement des A b Msieclss obscurs ( 4 9 ) si on ra'
te~, e;bressa aurait connu des
antiquisants a . sav~ir la dec S~I a sc ematisation faite par les
Vandales , (50). Poul'tant on not: 1:~~~Si~~:~d~::ct~r~~::nb depu~~ les
contmue a jouer Ie r61e de ville relais pour la region' "du ird o. quid'Abii al-'A b ( nor .Quest-, . r,a + . 333/9~4), dans son livre Tabak~t.. 'mama' Ifrikiyya,
ou i l parle d un village a partir duquel un certaimAbu K _ .traverse la riviere, wa akhadh 1-M'- A I)' ,. arirna aur art.gus II ' a a a;az I~ , c est-a -dIre t:naverse a .'aPP~llat~~S~eP~~a::~~~a~u~~:~e~i~.lie~~ aie?t donne la "nouvelle
,referant it la traverses de l~ Med 'erdalI'~ e gue de la porty". ~fi2) en se
'marque par l 'invasion hilali J t l' ,n.tout cas,,~eXI~elecle seraenne e a region de Beja ser~:~ominee
Nos baldiyya a nous, ceux de Mjaz al-Bab, sont plus proches de
cette deuxierne definition, merne si on n'ecarte pas l 'idee du refus des
Moriscos de se baJdisiser fl3}, ceci ne leur a cependant pas evite de
payer les frais d'une telle reconnaissance de 'Ia part des baldiyya.
Remarquons encore que qualifier une cornmunaute qui s'est installee
dans un petit village, voila plus d'un siecle et demi, de nonbaldiyya
suppose non seulement l'existence d'un groupe tres ancien, mais
aussi d'une communaute qui se definit comme telle, c'est-adire thermes: des travaux qui furent realises sous la responsabilit ' d
solidaire et consciente de l 'importance du prestige, de l'anciennete et ,M.Aurehus Restitutus, un ancien avocat. D'autres travaux feu curateur
de la fortune qui legitiment ses revendications. C'est pourquoi se durant le Bas-Empire notamment sous les deu fl .urent ent~epI'ls
qualifier de baldiyya apparait plus comme une : revendication Honoratus et Caelius Sperantius et I'oeuvre m x lammes perpetuels., ,.. . c , . ' onumenta e accomplis p I
pragrnatique emanant d'une categorie sociale opportumste, que enrants et les hentiers d'un personnage . D'" ares, ' ,.', 'd' mconnu. ee ·dedlcacesde st t
comme un etat de fait dans l'histoire de chaque ville de la Regence. ont une qUI fut elevee a . un patron d I " . . a ues,
Ce qui laisse la porte ouverte a des justifications economiques, Leppeley(cL.), op.cit.,T.Il, p.141-142. e a CIte, Calicius Honoratianue
politiques et fiscales d'une telle revendication. Mais. pour bien (47) Ibid, p.141, note 1.
comprendre la situation, il nous semble utile de rappeler brievement (48) Les donatistes ont reussi' b .
l'histoire de Mjaz al-Bab avant l'arrivee des Morisques. pestitution de l'evequs maxi . a 0 sterur du proconsul de l 'epoque, Ia., . . t '. , . xmllamste. alvius, a condition cependant ue 1
, Le nom antique de la VIlle pose pas mal. de questions puisque sentence sort conflee aux magistrats de Ia ville voisin~ d'Abiti .~ , a
Guerin, en etudiant ses, yestiges, n'a pas decouvert une seule ~ue I es gens de Membressa s'en melent puisqu'ils . . II~ae pour evrter
.necription qui puisse donner une indication sur son nom (44) et ie leur evequa, Ibid, p.60. SUlvalent enselgnement
permettre Ie' rapprochement entre Mjaz al'~ab et l'antique : 4 9 ) Peyras dans son livre sur Ie Tell d- ..
M b ., d 1I' , . d'Antoni h hi , , I nor est tunisien dans I'antiquiteem ressa, mentionnee ans 'Itineraire ntomn et ort ograp lee mggere a decadence des cite's . die a
( )romaines urant la ,. d 'd"
par ailleurs Membrissa dans la Table de Peutinger 45. L'histoire ?eyras (J.) Le Tellnord-est tu " d. 1 penoe 'me ievalo., . . , (. , ' fllSlen ans 'antiquite P . 199municipale de cette CIte est mal connue 46 ) si ce n'est certainse) Ibid, p.214 ,ans, 1, p.311.
51) Abu aI-'Arab, Tahakat' UJ 0> Ii 'ki _A) _ . uma 1T1 lyya wa tunus annota Ch abi
( 4 3 ) Sion emprunte le terme de baldisation utilise par M.H.Cherif. . /Baqi (N.H'), Tunis, 1968,p.216. ,par a I
(44) Leppeley (CL.),Les cites de l'Afrique romaine, Paris, 1981,T.Il, p.141. 52 ) Plus tard nos voyageurs notamment Sh . 1 .
B. ' aw a YOU u transcnre M'- d
( 4 5 ) Guerin (V.>,op.cit.,p.175, fI'ec asile, Me-zezil-bab, ou Bazil-bab Shaw (MD) Vi jaz u
( 4 6 ) Claude Lepelley a cependant releve des indications sur des constructions,Id:D.dansplusieurs provinces de la Barbarie et du Levao;ag~ de M Shaw
QU restaurations d'edifices publics: commemoration de l'inauguration," 214.Et que veut dire Ia porte royale alors qu G ,. It,La. Haye, 1743,, " )' h 1 G ' , ,e uerm, UI, parle de porte
datant du regne commun d'Honorius et de Theodose II (408-423, desnomp a e. uerrn (V.), Voyageen Tunisie 1862 172, , p. .
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58 Bouraoui TRABELSl Echec du projer morisque 11)VIjaz AI- Bab -,".)
par la tribu des Riyah (53,)ParmiIes plus anciennes familles de cette :artyrs de la bouche de ce qui reste des citoyens de Mernbressa ou
tribu qui se sont instaUees a Mjaz al-Bab. on cite les Suadgiyya, du Cha ce sont les habitants des villages berberes de Toukabeur
nom de leur aieul Ben Sadik, Rien ne peut cependant confirmer l'idee aouach et Heidous. '
que toutes les anciennes agglomerations urbaines aient disparll Un deuxieme argument: le no dIM di"L " " - mea e jerda Ce nom
apre1s cette l~vlaslOn. a toponymle antlq~edconsel,rhvebepro(~:)e nonrb'ePbr~sentesous une forme arabe alteree, Ie vieux voc~ble libyco
seu ement qu 1 y a une certame contmUlte ans a itat '. man er ere Bagrada qui dans l'antiq 't" , '' '1 ' d 1 ill ' fl ' 1ui e pumco-rorname designait
aussi que les nouveaux venus ont cotoye es ancIens e a v e SInon umen avec son doublet Maka ' I' l'autre ce" . ra, lSSUS un et 'autre de la rneme
des alentoure ' racme GR, qUI signifie "grand le plus d" ' ,, ., " rand d I '" ' ,gran puisqu'il est le plusLes preuves d'une legItmllte : ~ ,~~ cours d eau sur Ie territoire dependant de Carthage (57),Si
Al-Akdamun : ,~pU1S lepoq~e moderne on ne parle que de la Majrada, durant1epoque classique arabe, l'ancienne appellation Bajrada est encore
L'anciennete du groupe social des baldiyya se manifeste, encofldans les bouches des habitants. Abu al-'Arab .c , I' ffai d ' "1' B' A ' nous apprend que
une lOIS, avec a aire e ce reglstre qu 1 s presentent au ey, UI ssad B, alFurat a enseigne 1 Coran dans un vi "registre, sem
ble-t- il, redige a partir des temoignages d'individUirive de la Bajrada (58) pour e oranl ans un Vlllag~ srtue sur la
, ' Q ' . , ' ? D T ' '? N bl' ' nous par er ensuite d'Abu Karim .dignes de foi, Ul sont ces temorns r es umscis: 'ou IOns patraversa la Bajrada (59) sans til' 1 ' 1 a qUI
1
'1 d Hs b (5) d U' 1 ibl u iser e pont remain II n'est d'aillqu'on a re eve e nom e an a 5 , one turc., ne piste p ausi epas a ecarter que ce pont n'ait lu: 't' , " ,,1 eurs
neanmoins ilreste les anciens des alentours, plus anciens que lebyzantine, ou du moins depui~l~ u~ e e opel 'datIOnnel .depUIs l 'epoque
b ldi
' " " ' d f ' , , 1 avenement es Arabes Est-ce qu'il
a yya, qUI ont preserve cette mernoire et qUI e ce ait, peuvenete aisse sans restauration al I ' " , aetre consideres comme des temoins dignes de confiance. Serait-il deinondations peuvent lui c~u .ors qIUln fCf~nnait les degats que les
1
ible cu' "" , . 1 d' ?' ser. su It de se rappeler I01'8 POSSI e qu une mernoire ait ete ja ousement gar ee : inondations de 1973 au cours d 11 1 esn 1677) ", s esque es e pont mouradite Gnaugure
Et tout d'abord un premier argument, tout en reconnaissant qU'l'Af' , a ete to.t~le~ent s~bmerge par les eaux, En tout cas Le
s'agit plutot d'une demonatration que d'une analyse rigoureu •. mcam nous dit:" il grossit demesurement en temps de pluie on
Gue,in, parlant d'Abitinae, sxplique ; " nous rencontrons que!qafom, que les marchands et voyageurs demeurent deux et trois: aa
~uines l!eu e'endues dans un, endroit nppele Chehoad:el'Bau;1 of attendre que ses eaus bsissen t,car il n'y a la;iucune barque" t::t'faux temOlgnages). Gette denommatlOn proVlent dune legem. Troisieme argument commesinguJiere des Arabes au sujet de eet henehir. A Jes croire, Jes grprecedemment il n'y a p d" .. nous l'avons souligne
J
. ' J J .' d'h ." as mscrrption qUI confirme que l' I
b Desqui jonchent e so sur ee point seraient autant ' ommes, t(\1jaz alBab, soit la cite . d M . actuefemmes et d'enfants petriiies SUI' pJace pour avoir porte fat'Arab a parle d' ill romaI~e, e embressa. Toutefois Abu al
temoieneae' (56). Est-ce que les Arabes ont entendu parler dr _ ' , un VI age qui 8 appelle Memressa ou reside desb b mashayikh (61) B Ali ,. .b . h' M . en 1et Hlawi, ont fait le rapprochement entre le
'lenc ir , e,mressa et Membressa attestee encore une fois dans un
" ' _, ' . " ocument d archive tardif (62)
(03)Idriss (R.R.), La Berbene orientele sous JesZll"1des,Pans, 1962, T.l, 36;' .
(54)Peyras (J.), op.cit. p. 317(55) BenAli (M.)/Rlaoui (N), op.cit., p,54 ;:-,.-~,--:----------:-------------
(56)Guerin (V), op.cit., p,I72. Azzedin Beschaouch, et suite a la decouvermte_rventlOn des Abitiniens a Membressa en 399, episode qu'on a deja
de deux inscriptions confirmant I'identification de la cite d'Abitinae, preCiiv)qUe,
que la forme exacte du toponyme actuel - Chuhud al-Batin - derive a CO\57ellegrin (A.), op.cit., p.34.
StU' du nom antique Abitanae. Le mot Chuhud signifie en arabe "ID8
)'Abual"Arab, op.cit., p.216,_ ' ' , " .' , ' ' 59) Ibidemtemoins. et selon faux temOlgnage",e t "les temoms de Batin" serait alors \ .souvenir du temps de Diocletien transmis de generation en generati~O)Jean-Leon l'Africain, Description de I'Airique edition traduite de
jusqu'a la venue des Arabes, Leppeley (CL.), op.cit., T.II, p.56-57. Reste!talien par Epaulard (A.),Paris, 1956,T.II, p.549. '
savoir de quel souvenir; car en effet ily avait deux episodes, le premier eel.::Abu al','Arab, op.cit., p.216.
du proces des chretiens d'Abitinae en 304. Le dsuxieme episode concer:->Be~Ali (M.)/Rlaoui (N'), op.cit., p,51, note 5.
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60 Bouraoui TRABELSI
Le prestige
La tactique suivie pour obtenir gain de cause consiste a formuler
des reserves contre I'autheriticite des actes notariaux et des registres
presentee par lesAndalous. Une jolie formule pour destabiliser
l'adve rsaire, un adversaire qui se croit, et veut etre superieur aux
autres. C'est une facon de se montrer superieur a celui qui le pretend.Les baldiyya et leurs allies se sont montres superieurs par la
manipulation de I'arrne juridique, ils " ne se contentaient pas de
produire uri document ecrit pour asseoir leurs pretentions mais iJ
s'svers qu'ils maniaient cette srme' (63). Ils ont su choisir Ie bon
moment pour amorcer cette querelle, eux qui vivaient en bonne
intelligence avec les Andalous. Ils ont fait preuve de beaucoup de
manigances en produisant un registre a I'occasion du proces (6 4 ) , se
basant sur leg temoigriages des Anciens. Sami Bargaoui dans son
article sur le baldi, entre histoire et droit, a pris comme modele de
baldi, notre doyen Mohammed al-Hedi Cherif, il nousdit :" Parmi lei
qualites de Si Hsmedi, que ses disciples ont toujours eppreciees, SI
trouvent aussi ses qualites humaines, l'urbanite, la finesse, Ji
douceur de carectere, le respect de l'autre, I'elegance de l'etre et di
paraitre ...il n'etait certainement pas le seul tunisois a I'universitd
Cependant Mohammed alHedi cherif est un baldi parmi lei
baldiyya, et les baldiyya quand ils forment une categoric sociale
montrent un autre visage, dont Ibn Khaldiin a merveilleusemen
decrit les traits les plus caches. II nous dit dans 1a Mukadimma ipropos des Hadar :" Sur le plan des mceurs, le mal est encore pire. lJ ,
passion du gain, du lucre et des plaisirs pal' toutes sortes de voies t
de moyens, entraine une veritable bsnqueroute. Le mensonge, 1tromperie, la fourberie, le vol, le perjure et Ja fraude deviennes
monnaie courante" (65) . II n'est pas exclu que les Andalous aient et
victimes d'une telle fourberie it l'occasion duproces.
La fortune:
Notre document contient des indications toponymiques en pl u
d'un lexique agraire tres riche qui peut nous donner une -idee s~
l'assise fonciere des baldiyya. Notons tout d'abord que certair
toponymes existent encore de nos jours comme Grich al-Wad ( 1 3 1
(63) Ben Tahar (J.), op.cit., p.12.
( 6 4 ) Ibidem.
(65) Ibn Khaldiin, op.cit., p. 372.
( G 6 ) Se trouve au nord-est de la ville deMjazAl Bah (Medjez-El-Bah, Feuii
N" XXVII, 1:50000,Type 1922).
Echec du projet morisQue a Mjaz AI'Bab61
(Sidl) Al-Rayiss (67) et Wad Burdim (68) N1 r' . ous pensons en avoiroca isas ~'autres en consultant certains titres fonciers prives. Airisi
alManehiyya, Wiljat al 'Akrut et alBarniissa se trouvent dans
l'actuel Az-Zrayib . (69), al-Magsla se trouve sur la rive droite de la
Medjerda entre .wilJat Souadgiyya et al-Bahrin au sud de la ville
(~a~th~u ~enchir Memressa il se situel'ait entre wiljat aI-SouadgiYy~
a. Ira u document) et Saniyit al-Jurshi (qui s'ouvre sur I'avenusHabib Bourguiba), actuellement alHwarir du nom d'u f ti dRiah al-Hiruri. ,ne rac IOn es
Quant au lexique agraire on y relevs S- .'.. (j dih d li " ' arua ar In roueY rau que a manege), al-Manshiyya (mancea qui veut dire 'ja-dia : e:~:~n(r~;o~at'a ~lapiece de terre), T~'ifa(lopin de terre) fad1da:
. p ,shrak . (parcelle allongee) (71 ), barrnissj, (terrain
t~Iangulalre, par analogle avec Ie burnous), magsala (laniere) wiliat
(evoque Ie terrain compris dans Ie coude d'un oued) (72) A 't _ J.et al-Ma hi (?). par sarna. di ns IYY,a.. , ce lexique agraire est donc d'origine arabeIn Quant un regime foncier base I'"En effet les Ri h ~se sur, a cereahcultul'e et I'e1evage.
a , ten~s pour etre Irreductiblement attaches a leure~:alnce, ont abandonne Ie nomadisme pour Ia sedentarite bien dessiec es avant l'arrrves des M .Testour (73) L' ?_nsques~ contrC;lirement a la ville de
, , : es pIames de .Mjaz aI-Bab sont avant tout Ie domaine
~~r!;cere:l~uIt£ure et de l'elevage extensifs, Le ble et Ie betail sont a
me : a ortune des baldiyya de Mjaz aI-Bah. B' 1An4a1ous etaient des cerealiculteurs-eleveu~'~ leur fortun~e? que. es
cependant d'une arboriculture florissant~, leur doma~~: V I ; : :
(67) A)'I'est de la ville (Medjez -E1-Bab, Feuille N° XXVII 1'50000 T1922. " ,ype
( :: ) A I'ouest de 1aville (~jaz Al Bah N.O., Feuille W 27 N.O, 1:25000).
\ 0 ) Au nord nord-est (MJazAl Bah N.O., Feuille N° 27N.O, 1:25000)( ) Ben Ali (M.)/HlaoUl(N.), op.cit., p.54-56; Valensi (L.) Fellahs t '.
Pans, 1977, p.l77. ' urusiens,
(71) BenAli (M.)/Hlaoui (N.), op.cit., p.54.
(72) Ibid, p.54-56. Valensi (L.), op.cit, p.177.
~3) ~B~~lble qU'aucun,centre ne se soit eIeve~par la suite, sur l'emplacement
,e . IC a, aucun geographe du Moyen-Age .1 ne mentIOnne en ce lieu
;;;;en~e d'u~e localite. quelconque. Ce n'est qu'au Commencement du
I' 1 siecle qu une colome de Morisques refoulss d'Espagne s'etablira sur
d~: acement de la cite antique et edifiera Testour. Kassab confir:e
a eurs cette hypothese en declarant que les M .s'installer dans un ", '. onscos sont venus
(L). ) e region ou toute VIevillageoise avait disparu (Kassab
. , op.cit., p.83. . .
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62 Bouraoui TRABELSL
monde agro-pastoral,xcellence. Imposer l'arboriculture dans un
c'est un peu comme essayer de faire pousser une greffe sur un corps
hostile.
La faillite d'une strategie :Une conjoncture defavorable :
Si les Morisques de Testour on pu surmonter les di~ficultes
internes et externes grace a leur alliance avec les Mensl~ ~une
fraction des Ouesselatis), ceux de Mjaz al-Bab n'ont pas SUlYl cet
exemple. En plus de cette donne interne, il y avait aussi des causes
t . 0 t e'te' defavorables au plan des Andalous. En effet lesex ernes qUI n . d'
Morisques vont subir les consequences nefastes de l'adoptlO~ . un~nouvelle strategic qui va a l 'encontre de leur complexe ,de superiorite
a l'egard des autres categories sociales de la Regcnce, a tel point que
certaines etudes les ont assimile a des vrais colons (74 ) . Les baldiyya
de Majaz al-Bah les considereraient ainsi.
Le XVIII" siecle sera en effet marque par l 'adoption d'une nouvelle
strategie de Ia part du pouvoir central, dictee par .le retour du
commerce du ble reintegre dans les echanges com~e~claux entre ~es
deux rives de la Mediterranee, Cette nouvelle ~trateg18 eXlg~la n;lse
en place d'un "reseau urbain dynamique. Dor~navant la VIlle n e~t
plus uniquernent consideree comme une umte fiscaI~, mars plutot
comme une plaque tournante du comme.rce du ~le. Le, premier
changement surviendra avec Yiisuf Dey qui va ouvn~ la Re~ence au
trafic mediterraneen et s'engage en personne a pratiquer led ble de la laine et merne la vente des carcasses deommerce u, , " ,
bateaux a T~nis (75 ) , Des lors, une nouvelle politique fiscale de~lent
1· bl a' tous les habitants de la Regence, sans aucun favoritisme.app lca e ,., ' ide .:Les Moriscos doivent payer l 'impot car ils sont desorrnais consi eles
c~mme etant une population totalement integree et rien ne dolt alors
la differencier de la population d'origine et surtout ne }Ustifle le
maintien de toutes les faveurs qui lui avaient ete accordee,s depuis
son arrives dans la Regence (76 ) , A cela s'ajoutent les consequences
nefastes des guerres dynastiques et ravages des troupes t~rco'
ottomanes d'Alger durant de longues decennies du XVIII" siecle,entre 1728 et 1762 (77).
C'est dans ce cadre que les baldiyya, avec une grande habilete,
vont revendiquer leurs droits, que les Andalous. leur auraient
confisques avec le soutien du pouvoir central. Revendiquer la gestion
(7~) Ibid, p.172.
(75) Ibid, p.174.
( 7 6 ) Ibid, p.176.
(77) Saadaoui (A.), op . c i t. , p. 472.
Echec du projet morisgue a Mjaz AI'Bab
de leurs biens fonciers, n'est qu'une etape dans un long processus
pour controler la ville. Les terres de Mjaz al-Bab sont avant tout
destinees a la cerealiculturo, les Andalous, minoritaires et non
experimentss dans ce domaine, sont incapables de se plier a cettenouvelle strategie. Les Baldiyya et leurs allies par centre, sont
cap abies de relever le defi et de faire revenir la ville a sa vocationinitiaJe, qui, en outre,ne va pas a l'encontre de la strategie dupouvoir,
Les enjeux des alliances:
Contrairement a ce qui s'est passe it 'I'estour (78 ) , les Ouesselatis
ont choisi le camp des baldiyya, Jamel Ben Tahar a signale I'erreur
d'identification des Bahrini par Ben Ali et Hlaoui, qu'il ne faut pas
confondre avec les Barhrini qui habitaient dans le vil lage de
Slouguia (79 ) . Ce qui- merits quelques eclaircissemenrs La
communauts des Bahrini ne tire pas son nom du henchir al- Bahrin.
Ce henchir, coupe en deux par la Medjerda, forme deux rives agauche et a droite, d'ou son nom arabs de "les deux rives". Pendant la
colonisation franc;aise, il englobait l 'actuelle ferme de Bahrin et la
ferme de Gannara. 'Neanmoins la communaun; de Bahl' in, dont il est
question dans ce conflit, a une autre origine. Bahrini vient du mot
al-Bhayir qui de sigria les plaines bordieres du Djebel Ouesslat (80) ,
D'ailleurs Ahmad Kassab, a signals cette origine en etudiant les
Ouesselatis de Testour (81 ). __ ' '
Pourquoi ces nouveaux venus ont-ils choisi Ie camp des baldiyya
et non pas celui 'des Andalous ? Pour repondra a cette question, on
dispose de deux pistes. Tout d'abord revenir a l'attitude des Moriscos
dans la Regence de Tunis en general et it Mjaz alBab en particulier.
C'est une communaute qui a choisi de vivre volontail'ement replies
sur elle-meme, elle voulait conserver son originalits et sa specificite
en optant pour une vie enclaves, elle n'admettait guere le mariage
hors du groupe. Si elle refusait de s'integrer aux baldiyya, que dire de
leur atti tude envers les nouveaux venus. Les baldiyya de Mjaz al-Bab
etaient par contre tres ouverts, leur vocation socio-economique bases
sur le systems agro-pastoral explique partiellement ce trait de leur
( 7 a )Dans la deuxiems moitie du XVlIle siecle. Testour va recevoir un apport
exterieur de taille, un apport constitua 'par les Ouesselatis qui ont ete
chasses en 1762·par Ali Bey de leur montagne et des plaines borclieres,Kassab (L.), op.cit., 1980,p. 86.
(70) BenAli (M.)/Hlaoui (N,), Ben Tahar (J'), op.cit.. p. 51.
(80) DjebeJSerdj, Feuille N° LIV, 1:50000,Type 1922.
(81) Kassab (L.), op.cit., 1980,p.86.
63
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f
64 Bouraoui TRABELSI
caractere, Faut il rappeler que Mjaz al-Bab, l'antique Membressa,
figurait parmi les cites de l'Africae proccinsularis, la friga des
Hattaya ( 8 2 ) _ Les Bahrini se sont integres facilement aux baldiyya de
la ville, non seulement, ils ont offert leurs services dans les differents
secteurs de -I'activite agricole, mais ils seraient aussi it l'origine de
cette plainte contre les Andalous. Ils seront consideres par la suite
comme des baldiyya.
L'exemple le plus pertinent de cet te adoption par les baldiyya est
celui de la famille Faza.', une fraction des Bahrini, d'habiles
cerealiculteurs qui se sont rapidement baldisises." Cette famille s'est
liee par mariage et interet aux Suadguiyya. Une nouvelle
communaute tres soudee va prendre naissance, non seulement pour
se plaindre de sa situation fiscale mais aussi pour contester
l 'hegernonie des Andalous qui accaparent les biens habous du village
et le controle de la vil le.
La fin du reve andalous a Mjaz al-Bab : O u est passe le style
andalous?
Comment se fait-il qu'on ne trouve plus trace d'edifices andalous it
Mjiiz al-Bab? II ne faut invoquer ni le delabrernent ni les renovations
suite it la colonisation francaise, mais plutot l 'identite de Membressa
qui etait hostile Iide telles ingerances architecturales. En tout cas, on
n'y trouve rien de comparable it Testour (83). Mjaz al-Bab n'a qu'une
seule mosquee, -Iami' al-Khutba, construite au XVII" siecle et qui a
malheureusement ete restauree sans l'avis des experts (84 ) . La vie
religieuse n'etait pas si intense comme it Testour, les zawiyas qui
sont au nombre de sept (Sim ben 'issa, Sidi al-Rayis, Sidi 'Abd al-
(82 ) Depois (J), La Tunisie: Ses regions. Paris. 1967.p.139
( B 3 ) A Testour Ahamd Sadawi a releve trois mosquees: la mosqueee de
Rhibat al-Andalus, la Grande Mosquee et la mosquee de Sidi Abelal-Latif,
Et sept masjid: Masjid Ben al-Amira, Masjid Darmul, Masjid al-Tabib,
Masjid Butrikii, Ma'sjid Matshinah, Masjid al-Masri, Masjid al-Seghayer
SayB3.
( 8 4 ) On a refait completement le portail, la salle a ete sauvagement agrandie,on a detruit Ie mur de qibla et le mur ouest. le plus desolant est qu'on a
detruit l'ancien Mihrab d'un type fort original rappelant celui de la Grande
Mosques de Testour. Ce Mihrab avait un arc en plein cintre et ses
obelisques appartenaient foncierement a la Renaissance italo-espagnole.
Heureusement que Is minaret garde toujours son authenticite, et qu'on n'a
pas touche au cadran solaire qui se trouve au sommet de Ia tour et est date
de 1774. Saadaoui (A.).op.cit.. p.472
Echec du projet morisgue a Mjaz AI-Bah 65
Kader, Sidi ben 'Umur alBakali. Sidi bu Tb.a'Iib, Sidi SHima, Sidi al-
Murjani) et n'ont pas une grande importance, excepte deux d'entre
eux que les baldi-s honorent. Sidi ben 'Issa (85), implants it Mjaz al-
Bah avant le XVIlle siecle et Sidi al-Rayis, le saint de la ville en
l'honneur duquelles baldiyya organisent une procession.
La ville possede aussi un sanctuaire israelite: une synagogue qui
a fait office, pendant un certain temps, d'ecole coranique. Nous ne
possedons aucune indication sur l'origine de la cornm unaute juive,
mais l'emplacement de cette synagogue entre Ie hammam Batis et
Jiimi' al-Khutba. dans une rue que les baldiyya appellent Harat
lihud, fait "penser it un quartier d'origine juive. Faut il rappeler
qu'avec la colonisation francaise, Mjaz al-Bab a connu l'arr'ivee des
familles juives.
L'amnesie musicale d'une communaute :
Le malouf est un patrimoine musical qui s'est developpe en
Andalousie, du VIlle au XVe siecle. dans les cours royales, les
cenacles intellectuels et les jardins des delices, it Grenade, Cordone,
Seville.' Paradoxalement, ce ne sont pas les Andalous qui ont
perpetue un tel folklore musical dans la ville de Mjaz alBab, mais
bien les Khaled, une fraction des Ouesselatis. qui se sont inities
tardivement it cette musique. Etrange sort du malouf car
pratiquement aucun Andalous ne revendiqua, ce patrimoine musical
espagnol. Par contre, un des Khaled, encore vivant, revele qu'il est
alle apprendre cette musique du cote de Grich al-wad sur le bord dela riviere Medjerda.
Le dest~ tragique du Jami' al-Fuqara' :
Nous pensons avoir identifie le -Jami ' alFuqara' . Il est egalement
appele kuttab B. Houidi et s'eleve dans l'axe de -Iami ' al-Khutba.
Plus au sud, la facade donne sur la rue Tayib al Faza', it quelques
metres de zawiyat Sidi B. 'issa. Son histoire est fort mal connue, tout
ce que l'on en sait , crest qu'i l a fait office d'ecole coranique. Pourtant
tout indique 'que c'etait un masjid, et notamment l'existence avant la
Deuxieme Guerre Mondiale d'un minaret. qui a ete totalement
detruit en 1942. Ce sanctuaire est construit it partir de blocs anciens,
empruntes probablement it des edifices antiques. malheureusement
on ne peut rien affirmer puisque le mur a ete recouvert de ciment.
(85) Une confrerie tres populaire dans tout le Maghreb, fondee a Meknes parSidi Muhammad B. 'Issa (mort vel'S1523). Ibid, p.219.
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66 Bouraoui TRABELSI
Une seule entree dessert le masjid, une salle de priere qui affecte un
plan rectangulaire de 6, 17 m sur 5, 37 m, le minaret s'elevait al 'ang1e nord-est du sanctuaire. 11s'agit d'une tour carree. Le mihrab
est ameriage au milieu du mur de 1a qib1a, a l 'image de l 'oratoire il
est reduit a sa forme la plus simple. II n'est rehausse d'aucun decor.
On y remarque une niche peu profonde. L'eclairage de la salle est en
partie assure par une petite fenetre du cote de la rue Tayyib a1Faza' .
Il est probable que cette ecole corariique . etait en fait une
madrasa qui se presente generalernent sous la forme d'un groupe
architectural compose d'un masjid, d'une salle funeraire et d'unesalle d'etudes, Mais malheureusement avec la renovation des
immeubles, on ne peut pas avancer tres loin dans cettahypothese.
Nous ne pouvons qu'ajouter que lors de 1a construction d'un etage
d'une maison voisine, nous avons pu voir quelques pans de mur
anciens integres dans la maison ainsi qu'un escalier.
Le mot Fuqara' veut dire ascete en arabe ce qui confirme 1a
presence d'une madrasa, mais aussi pauvre, ce qui nous conduit vel 'S
une autre piste, it savoir une forme de discrimination liee a cet esprit
d'enclavement cher aux Morisques de I'epoque. .Reserver une
mosquee pour les pauvres est une attitude qu'on a observe it Testour,
en effet le msjid al-Tabib est appele aussi aFHzarssa (86) , qui vient de
Mhazriss et qui veut dire non raffine, vu1gaire, depourvu d'urbanite.Selon les dires de certains habitants de Testour, Ie masjid etait
destine aux Djaliss, connus pour leur manque de fine~se. Les
Andalous ontils cherche it reproduire le merne modele social it Mjaz
al-Bab? En tout cas, qu'elles qu'aient ete leurs intentions, e11esont
tourne au fiasco. Personne n'a jamais entendu parler de la mosquee
des pauvres, tout le monde faisait sa priere it Jami' al-Khutba sans
distinction sociale ou ethnique.
Conclusion :.
Les Morisques n'ont pas reussi it detourner Mjaz al-Bab de sa
vocation initiale alors que la .villeet ses baldiyya ont, pour leur part ,
'profite largement de cette presence neiuste. Avec les Morisques, Mjaz
al-Bab est devenue comme une sorte de reserve qui a evite aux
baldiyya les aleas fiscaux du pouvoir central . Les Andalous se sont
rendus compte tardivement qu'i ls ne pouvaient pas perseverer dans
cot esprit d'enclavement, leur nombre continuant it diminuer de
generation en generation. Desorm'ais leur fortune ne pouvait plus
leur venir en aide. Dans l'autre camp, les baldiyya continuaient it
(86) Saadaoui (A.), op.cit., p.472.
Echec du projet morisgue a Mjaz AI'Bah 67
faire preuve d'ouverture pour les nouveaux-venus, apres les
Ouesselatis d'autres immigrants vont affluer vel 'S Mjaz al-Bab: des
fractions des Riah, des Drid et des Trabelsiyya.
Avec la colonisation francaise, les baldiyya vont preserver leurs
fortunes grace au commerce du ble et participer it l 'avenernent de la
cercaliculture mecanisae. La Mashiakhat va revenir aux Souadgiyya
et leurs allies les Trabelsiya. Le 15 novembre 1892 Mjaz al-Bab
devient une mairie par decret d'Ali Pacha Bey. Mustapha Khaled, un
baldi, figure parmi les maires de la municipalite durant la periode
coloniale.
Par contre et contrairement it la vocation de la ville, les baldiyya
vont refuser l'acces it d'autres nouveaux-venus, it savoir la
cornmunaute des Mouatis, qui a cherche it s'y installer vel'S le milieu
du XIXe siecle. Originaires du sud, maitrisant les techniques
d'irrigation, ils s' installerent sur la rive droite de la Medjerda, sur les
terres habous de la zawiya al Bokriya de Tunis ou ils s'adonnerent it
la culture maraichere. Pour la premiere fois, les baldiyya, et plus
par'ticulierernent ceux qui ont adheres plus recernment it cette classe
sociale vont refuser cette alliance. Pas de mariage d'interet avec cette
nouvelle cornmunaute connue pour sa solide structure sociale.
Lorsqu'une crise eclate entre Bourguiba et Ben Youssef une
partie des baldiyya va choisir le camp dalYiisfiyya, et les Mouatis al-Bourguibiyya. Bourguiba etait l'avocat de ces"derniers contre la
z~~iya a~-Bokriya, quant aux baldiyya, ils prevoient et craignant
deja les reformes de Bourguiba et particulierernent la dissolution des
Habous. Les Bourguibistes vont triompher et la liquidation des
habous va permettre aux Mouatis d'acceder en masse it la propriete
de la terre. Les baldiyya vont perdre petit it petit leur assise fonciere
ainsi que le pouvoir local, merne si un baldi, Abdessalem Khaled, sera.
Ie premier maire de la ville apres l'independance.
Bouraoui TRABELSI
Faculte des Lettres -Manouba