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REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE et POPULAIRE Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique UNIVERSITE FERHAT ABBAS - SETIF Faculté des Lettres et des Sciences Sociales Ecole Doctorale Algéro -Française Antenne de SETIF MEMOIRE de MAGISTER Option : Sciences du langage Présenté par Messaouda MEKHILEF THEME Etude contrastive d’expressions figées du français et de l’arabe dialectal algérien dans une perspective d’enseignement devant le jury composé de Président: Saïd KHADRAOUI, Professeur, Université de Batna Rapporteur: PIOT Mireille, Professeur, Université Grenoble III Examinateur: ABDELHAMID Samir, M C, Université de Batna Examinateur: DAKHIA Abdelouahab, M C, Université de Biskra Promotion 2005-2006 Université Sétif2

Ecole Doctorale Algéro -Française Antenne de SETIF · d’expressions du Français de France (F.F.) Ainsi, l’ensemble des expressions répertoriées dans nos différents corpus,

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Page 1: Ecole Doctorale Algéro -Française Antenne de SETIF · d’expressions du Français de France (F.F.) Ainsi, l’ensemble des expressions répertoriées dans nos différents corpus,

REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE et POPULAIRE

Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique

UNIVERSITE FERHAT ABBAS - SETIF Faculté des Lettres et des Sciences Sociales

Ecole Doctorale Algéro -Française Antenne de SETIF

MEMOIRE de MAGISTER Option : Sciences du langage

Présenté par Messaouda MEKHILEF

THEME Etude contrastive d’expressions figées

du français et de l’arabe dialectal algérien dans une perspective d’enseignement

devant le jury composé de

Président: Saïd KHADRAOUI, Professeur, Université de Batna

Rapporteur: PIOT Mireille, Professeur, Université Grenoble III

Examinateur: ABDELHAMID Samir, M C, Université de B atna

Examinateur: DAKHIA Abdelouahab, M C, Université de Biskra

Promotion 2005-2006

Université Sétif2

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République Algérienne Démocratique et Populaire Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique

Université Ferhat Abbas - Sétif Faculté des Lettres et des Sciences Sociales

Ecole Doctorale Algéro -Française Antenne de SETIF

Mémoire de Magister Option : Sciences du langage

THEME Etude contrastive d’expressions figées

du français et de l’arabe dialectal algérien dans une perspective d’enseignement

Présenté par : Sous la direction de :

Messaouda MEKHILEF Mireille PIOT,

Professeur de Linguistique Générale Université Stendhal Grenoble III

Promotion 2005-2006

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Remerciement

En premier lieu, je tiens à remercier Madame Mireille

PIOT, mon encadreur, pour toute la patience dont elle a

fait preuve et tout l’intérêt qu’elle n’a cessé de porter à

mon travail.

Que Monsieur le président ainsi que les membres du

jury trouvent ici l’expression de ma gratitude pour avoir

accepté d’évaluer et de juger ce travail.

Je ne manquerai pas de remercier également tous

ceux qui m’ont aidé par leurs remarques, leurs

orientations et leurs encouragements.

Je tiens particulièrement à exprimer ma

reconnaissance à Monsieur Fayçal Semcheddine pour sa

précieuse aide et sa disponibilité sans faille.

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Page 4: Ecole Doctorale Algéro -Française Antenne de SETIF · d’expressions du Français de France (F.F.) Ainsi, l’ensemble des expressions répertoriées dans nos différents corpus,

DEDICACE

.

Je dédie ce présent travail :

- A mes parents.

- A mes très chers enfants : Sarah, Amine.

- A mon Porte-bonheur : Hani, mon cadet.

- A celui qui n’a cessé de m’encourager et de m’aider, mon époux.

- A tous ceux qui m’ont aidé de près ou de loin, …

A toutes et à tous, je dédie ce modeste travail.

Qu’ils trouvent ici l’expression de toute mon affection.

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A la mémoire

de ma défunte mère

Zohra Boulanouar

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Expressions figées du français et de l’arabe algérien – Plan de travail. - 3

Etude contrastive d’expressions figées

du français et de l’arabe dialectal algérien

dans une perspective d’enseignement

Plan sommaire

Table des matières

Notations

Introduction

I Etat de la question

II Elaboration et analyse lexicale et sémantique du corpus

III Analyse syntactico-sémantique du corpus

Conclusion

Annexes

Bibliographie

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Expressions figées du français et de l’arabe algérien – Plan de travail. - 4

Etude contrastive d’expressions figées du français et de l’arabe dialectal algérien

dans une perspective d’enseignement

Table des matières 4

Notations 8

Introduction 9

I – ETAT de la QUESTION

1. Différences locutions, collocations, expressions figées ou idiomatiques 15

1.1- Les collocations 15

1.2- Distinction expressions figées / collocations 19

2. Les locutions 21

2.1. Définitions 21

2.2. Expressions et/ou locutions 21

2.3. Locutions verbales et proverbes 23

3. Expressions figées, idiomatiques, phraséologiques 23

3.1- Définitions 23

3.2- Commentaires 27

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Expressions figées du français et de l’arabe algérien – Plan de travail. - 5

II – CONSTITUTION du CORPUS,

ANALYSE LEXICALE et SEMANTIQUE

1. - Constitution du corpus 35

Nombre d’expressions 36

2. - Analyse lexicale et sémantique du corpus 37

2.1. -Analyse lexicale du corpus 37

2. 1 .1 - Les différents champs sémantiques arabe et français 38

- Arabe : dialectal ou littéraire. 38

2. 1. 2 - Thématique 39

2 .2. - Analyse sémantique 39

2. 2 .1 - Du sens des locutions 39

- Littéral/compositionnel ou littéraire/opaque 39

2. 2. 2 - Conclusions 43

III - ANALYSE SYNTACTICO-SEMANTIQUE

DU CORPUS

Introduction 46

3. 1. Travaux et approches de Maurice Gross à travers son article, ‘‘ Une classification des phrases ‘‘figées’’ du français’’ , paru en 1982 dans la Revue Québécoise de Linguistique, Vol. XI, N°2, p.151-185.

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Expressions figées du français et de l’arabe algérien – Plan de travail. - 6

3.1.1 Introduction : Préalables descriptif et de définition 49

3.1.2 Premier axe : ‘‘le degré de liberté’’ 52

3.1.3 Deuxième axe : ‘‘la classification des formes figées’’ 53

Conclusions 55

3. 2. Le traitement d’expressions figées dans différentes variétés

du français à la suite de Maurice Gross :

- Exemple de traitement syntaxique des expressions figées dans le BFQS 58

ECHANTILLON I Les différentes formes de correspondance syntaxique 58

ECHANTILLON 2 Locutions verbales exprimant une comparaison 60

3. 3. Application de l’approche de M. Gross

à un corpus d’expressions figées arabes à base verbale

3.3.1 Introduction : préalables avant description et définition 66

3.3.1.1. Les noms 67

3.3.1.2. Les adverbes 69

3.3.1.3. Les verbes 69

3.3.2. Exemple d’analyse 70

3.3.2.1- Solidarité dans l’expression figée du Verbe et de l’Objet 71

3.3.2.2 - Constance et immuabilité du déterminant 72

3.3.2.3 - Impossibilité d’adjonction d’Adjectif à l’Objet 73

3.3.2.4 - Impossibilité d’adjonction de modificateur de Verbe 74

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Expressions figées du français et de l’arabe algérien – Plan de travail. - 7

3.3.3. Degré de liberté 75

3.3.3.1. Phrases entièrement figées et proverbes 76

3.3.3.2. Interjections 78

1 - Effacement de performatifs 83

2 - Effacement par réduction 83

3 Sens figuré 84

3.3.4. Classification des formes figées 86

3.3. 4.1- Possibilité de changement de position syntaxique 87

3.3. 4.2- La fonctionnalité de mots formant les expressions figées 87

3.3. 4.3- La syntaxe de la phrase 87

3.3. 4.5- Limitation à deux compléments figés 88

3.3-4.6- Structures répertoriées au sein de nos corpus en FF. et en AA. 92

3.3-4-7- Synthèse de l’étude contrastive du figement en FF. et de l’AA. 95

CONCLUSION Les perspectives : 98

Enseignement du FLE pour un public arabophone

Importance de l’enseignement des locutions figées en FLE 104

Conclusion 105

Annexes

Bibliographie

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Expressions figées du français et de l’arabe algérien - Perspective d’enseignement – Notations - 8

Notations (M. Gross, 1982, p.160/161)

Les notations que nous utilisons tout au long de cette étude sont celles-là

mêmes qu’a utilisées M. Gross dans son article de 1982 que nous lisons et appliquons

au phénomène du figement en arabe algérien. Nous nous contentons de citer, dans ce

qui suit, les principales notations que nous lisons en pages 161 et 162 de son article

signalé dans le plan de travail.

1 - Phrases libres (phrases simples, essentiellement l'une des formes

N 0V(E+ N1 XE + Prép. N2)

2 - Phrases figées : actants N0, N1, N2 lexicalement invariables.

3 - Positions nominales figées : C.2.

N0 V C1 = Max a cassé sa pipe

N0 V Cl Prép C2 = : Max a pris le taureau par les cornes

4 - Partie figée + position syntaxique : parenthèses indicées.

N0 V à (1C de N) = L'erreur saute aux yeux d'Ida

Nl = (1C de N) = : Les yeux d'Ida

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Expressions figées du français et de l’arabe algérien - Perspective d’enseignement -Introduction -9

INTRODUCTION

Notre travail de recherche portera sur les expressions verbales figées dans

une des différentes variétés du français : l’oral courant du français en France. On sait

que, comme toutes les langues et particulièrement l’arabe, le français possède

plusieurs variétés régionales ou nationales dont le belge, le québécois, le suisse

romand, etc. Les différences relatives à ces variétés sont en général reléguées au

lexique et identifiées par rapport à la norme du français « standard », qui coïncide avec

le français hexagonal.

L’étude des expressions figées et de leurs variantes par l’équipe du B.F.Q.S. avait

permis de dépasser ces deux a priori (lexicologique et grammatical). En effet, une

variété régionale (en l’occurrence belge, québécoise, suisse ou même française) peut

tenir à une différence tant syntaxique, sémantique que lexicale. C’est ainsi que

l’équipe du B.F.Q.S. conclut que la notion de français standard est avantageusement

remplaçable par celle de français commun et que le français hexagonal est, en fait, une

variété comme les autres.

Toujours est-il que, nous concernant, le répertoire d’expressions figées – dont nous

avons essayé de trouver les équivalents en Arabe Algérien (A.A.) - est constitué

d’expressions du Français de France (F.F.) Ainsi, l’ensemble des expressions

répertoriées dans nos différents corpus, sélectionnées en fonction de critères

sémantiques et décrites syntaxiquement et lexicalement dans le cadre de notre projet,

ont pour objet le français en usage en France (Hexagonal ou F.F.), comme celles du

BFQS et du LADL du CNRS.

Notre objectif ne consiste aucunement à compléter et à étendre la gamme des

variétés du français à celles pratiquées dans la rive sud de la Méditerranée (le

Maghreb) en élargissant la description à l’arabe algérien , comme le BFQS l’a fait

pour la Belgique, le Québec et la Suisse.

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Expressions figées du français et de l’arabe algérien - Perspective d’enseignement -Introduction -10

Il s’agira plutôt de reconduire cette même expérience et de l’appliquer aux deux

dernières variétés citées (du français et de l’arabe) qu’il nous appartiendra de mettre

en contraste, en parallèle, en comparaison dans le but d’en expliciter ressemblances et

différences, en partant du principe que le voisinage géographique (d’un côté et pour

une part) et la fréquentation historique surtout (de l’autre et pour une plus large part)

ne sont pas sans laisser des traces du Français de France dans l’Arabe Algérien et de

l’AA dans le FF.

L’établissement de corpus d’expressions synonymes appartenant à des variétés

géographiques différentes et l’analyse syntaxique de ces expressions (complétés par la

recherche d'exemples significatifs) permettent non seulement de mettre en évidence ce

qui constitue le tronc commun du français (corroborant la démarche du BFQS), mais

encore de tenter de vérifier cette hypothèse que nous émettons en problématique selon

laquelle certaines expressions figées ne sont que des actualisations d’expressions

françaises en AA, sinon d’expressions algériennes en FF., et qu’elles ne relèveraient

strictement ou exclusivement ni du français de France (FF) ni de l’arabe d’Algérie

AA).

La perspective d’enseignement qui est la nôtre, dans ce projet de mise en

parallèle/contraste d’expressions figées de ces deux langues, consiste dans l’analyse

syntactico-sémantique systématique de toutes les expressions recensées ayant

équivalent dans l’autre langue.

A partir des résultats descriptifs obtenus, il sera loisible d’envisager toutes sortes de

projets didactiques et de construire, à défaut de matériel, des méthodes plus efficaces

pour l’enseignement du français langue étrangère (FLE) aux apprenants algériens du

cycle fondamental (correspondant aux écoles et collèges en France) essentiellement,

mais aussi à ceux des autres cycles de l’ Education Nationale.

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Expressions figées du français et de l’arabe algérien - Perspective d’enseignement Introduction -11

Domaine de l’étude : Notre mémoire de Magister a pour domaine ‘‘ Les expressions figées en français

et en arabe algérien’’, autrement dit les phraséologies, idiotismes et autres

expressions toutes faites. Il a pour sujet de réfléchir aux règles qui sous-tendent ce

phénomène linguistique dans une perspective d’enseignement du Français Langue

Etrangère (FLE) pour des apprenants arabophones algériens. Il pourra intéresser un

public assez large comprenant, en particulier, les enseignants de FLE et tous ceux qui

sont intéressés par les études sur le langage.

Questionnement et hypothèses : Les expressions figées (et autres structures idiomatiques) d’une langue donnée,

analysables et formalisables dans des structures syntaxiques déterminées, sont elles

susceptibles de comparaison à celles d’autres langues ?

Nous soupçonnons que, concernant certains thèmes, les contenus sémantiques, le

matériel lexical et les formes syntaxiques d’un nombre considérable (pour constituer

une exception) d’expressions figées du français et de l’arabe dialectal algérien

présentent certaines similitudes qu’il importerait d’étudier et d’expliquer.

Il nous incombera de tenter de vérifier notre hypothèse que nous formulerons ainsi :

certaines expressions figées ne seraient que des actualisations d’expressions françaises

en AA, sinon d’expression algérienne en FF.; elles ne relèveraient strictement ou

exclusivement ni du français de France (FF) ni de l’arabe d’Algérie AA).

Ce serait, pour un certain nombre d’entre elles, une sorte de patchwork forgé à la

faveur de circonstances tant sociologiques qu’historiques.

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Expressions figées du français et de l’arabe algérien - Perspective d’enseignement .Introduction -12

Plan de la recherche :

Ce mémoire se présente en trois parties suivies d’une réflexion :

- dans la première partie introductive, que nous intitulerons Etat de la question, nous

nous attèlerons à visiter la littérature du thème et à poser, en parallèle avec le domaine

notionnel du sujet, la question de ses horizons et perspectives.

- La deuxième partie, d’investigation et de recherche, nous l’avons consacrée à

construire le corpus d’analyse en veillant à la correspondance des équivalents : nous y

prenons en charge l’étude lexicologique et sémantique des expressions synonymes.

Nous l’avons titrée : Elaboration et analyse lexicale et sémantique du corpus.

- La troisième partie, analytique, porte le titre : Analyse syntactico-sémantique du

corpus. Nous y tenterons une analyse qui prenne pour modèle l’approche de M. Gross

à partir d’un de ses articles qui ont fait date ; nous citons et nous nous inspirons de :

GROSS, M. 1982, UNE CLASSIFICATION DES PHRASES ‘‘FIGÉES’’ DU FRANÇA IS,

Revue Québécoise de Linguistique, VOL. XI, N°2, p.151-185.

Achevées, ces tâches, nous permettront d’initier une réflexion sur la perspective

d’enseignement du FLE en Algérie.

Objectifs de la recherche :

Notre entreprise s’évertuera à illustrer la contribution pionnière que Maurice Gross

a fournie en linguistique générale et française. Sa contribution couvre aussi bien une

dimension théorique, dans le développement de l’approche Lexique-grammaire,

qu’une dimension d’application. Et, en effet, l’approche comparée de l’analyse

syntaxique du figement en français et en arabe constitue bien une (modeste)

application.

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Expressions figées du français et de l’arabe algérien - Perspective d’enseignement .Introduction -13

Nous ambitionnons légitimement, même si ‘‘comparaison n’est pas raison’’, à

apporter des éléments de réponse aux questions posées en problématique pour :

- d’une part, éclairer par parallèles et contrastes, certaines structures des deux langues

afin de mieux comprendre leur logique et de maîtriser leurs mécanismes ;

- d’autre part, et dans le prolongement de cet objectif, déblayer le terrain pour un

enseignement/apprentissage du FLE plus efficace en Algérie.

Moyens de la recherche :

Considérant l’aspect onéreux de la dimension problématique de la documentation

dans l’enseignement et la recherche en Algérie et, vue la nouveauté du domaine de

recherche de façon générale et en Algérie en particulier (en l’occurrence, l’université

algérienne n’a pas encore formé un Ibrahim, à l’instar de celle égyptienne, ou un Mejri

comme la tunisienne), nous exploiterons une bibliographie, certes exhaustive, mais de

façon fragmentaire et hétéroclite. En effet, le fait qu’elle soit celle de l’équipe du

BFQS et d’autres équipes à la pointe de la recherche en la matière ne doit pas cacher à

notre lecteur que , pour une large part, ce n’est qu’à des comptes-rendus et à des

articles épars que nous avons pu accéder. Nous avons, pour succomber à une

expression figée, ‘‘ fait feu de tout bois’’ pour réaliser ce modeste mémoire.

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P R E M I E R E

P A R T I E

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I - ETAT DE LA QUESTION

Locutions, collocations,

expressions figées, proverbiales ou idiomatiques :

définitions et commentaires

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I - Expressions figées du français et de l’arabe algérien – Etat de la question - 15

I - Etat de la question

1. Différences locutions, collocations, expressions figées ou idiomatiques :

1.1. Les collocations :

Avant d’entamer une analyse syntaxique et formelle de ces expressions figées,

nous tenterons d'abord de préciser ce qu'on entend au juste par la forme lexicale

‘‘ collocation’’ et d'en présenter quelques typologies dont la ‘‘locution’’, la

‘‘ collocation’’, la ‘‘ phraséologie’’ etc.

En linguistique, une collocation est une cooccurrence privilégiée, un rapprochement

de termes qui, sans être fixe, n'est pas fortuit, comme : ‘‘ voix suave, tirer profit, calme

olympien, entraîner des conséquences’’. On parle aussi d'expression ou de locution

figée. La collocation intéresse les linguistes car elle manifeste une relation potentielle

entre les mots d'une langue, indépendante du locuteur.

(http://fr.wikipedia.org/wiki/Collocation)

E. Lipchitz (1981), par exemple dira L. Langlois (1996)1,

utilise tour à tour phraséologies et phraséologismes pour parler de groupements

qui ne sont pas créés au fur et à mesure des besoins, mais qui sont reproduits

intégralement par l'usager, car ils sont formés d'avance.

La désignation ‘‘collocation’’ est d’origine anglaise. Lucie Langlois, (Bitexte, bi-

concordance et collocation, 1996) rappelle que le terme collocation a été proposé par

J.R. Firth (1951) et que, comme sur beaucoup de termes/concepts méthodologiques en

linguistique et en lexicographie, les spécialistes divergent autant sur sa définition que

sur ce qu’il est censé désigner.

1 LANGLOIS, L., Bitexte, bi-concordance et collocation Thèse de Lucie Langlois pour l'obtention de la Maîtrise en Traduction (Université d'Ottawa), sous la direction de Roda P. Roberts, décembre 1996.

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I - Expressions figées du français et de l’arabe algérien – Etat de la question -16

Contrairement aux Anglais qui ont adopté et l'idée et le vocable proposés par Firth,

les linguistes français ont utilisé, chacun en ce qui le concerne, une terminologie

spéciale, recourant à des termes plus au moins synonymes tels que cooccurrences ;

phraséologie puis phraséologismes (E. Lipchitz) ; unités idiomatiques (Maurice

Pergnier, 1980) ; combinaisons libres.

Maurice Pergnier, par exemple, refuse d’adopter la désignation ‘‘ unités

structurales’’ lui préférant ‘‘unités idiomatiques ’’ rejetant les réalisations du type « on

ouvre un procès, l'orage éclate, des pourparlers sont entamés et on entonne une

chanson » dans le registre oral et leur déniant toute approche syntaxique.

Il a fallu attendre 1974 pour voir Georges Mounin inclure le terme collocation dans

son dictionnaire tout en prenant la précaution d’avertir sur le fait que collocation est

« surtout employé par les linguistes anglais ». Depuis, son usage s’est propagé dans

les travaux des linguistes francophones et son emploi s’est maintenant banalisé.

La définition du fait linguistique désigné par le terme de collocation, enfin

convenue et adoptée par les linguistes et lexicographes français, n’a pas été aisée à

établir.

D’abord, celle de Firth -le premier à avoir usé de cette désignation- pêchait par son

imprécision, voire son approximation. En effet, elle ne correspondait pas à la

définition actuelle du terme ; ce n’est qu’en s’y inspirant que les linguistes

contemporains définissent maintenant la collocation en termes de

combinaison phraséologique de deux ou plusieurs mots dans laquelle les

mots composants, quoique soumis à une contrainte lexicale, gardent encore

leur autonomie de sens (S.Q. Liang) 2

2 LIANG, S. Q., «À propos du dictionnaire français-chinois des collocations françaises», en Cahiers de Lexicologie 59, 1991-1992, pp. 151-167.

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I - Expressions figées du français et de l’arabe algérien – Etat de la question -17

Lucie Langlois (1996)3 qualifie ce phénomène de langue -que les locuteurs

récupèrent tout naturellement de leur mémoire en bloc- de « combinaisons qui sont

constitués de mots qui s'attirent l'un l’autre ».

Divers paramètres entrent en jeu dans la caractérisation des collocations et leur

distinction. Des chercheurs, à l’instar de D.J. Allerton (1984), utilisent des critères

multiples. Allerton, que cite L. Langlois, utilise le mot ‘‘ cooccurrences’’ et classe ce

fait de langue « par niveau de restrictions : syntaxiques, sémantiques et

locutionnelles » selon que ces collocations dépendaient « exclusivement [de]

combinaisons tributaires de la syntaxe », que « l'acceptabilité de certaines

combinaisons [soit] régie au niveau de la sémantique » ou qu’elles soient « arbitraires

et imposées par la langue » à l’instar des ‘‘ locutions toutes faites ’’ de Ferdinand de

Saussure (1964).

Ecartant la catégorie des collocations fondée sur le critère de restriction syntaxique,

Lucie Langlois (1996)4 note que « c'est surtout les deux dernières catégories, qui sont

régies par des restrictions sémantiques et locutionnelles, qu'on nomme généralement

collocation ».

D’autres linguistes proposent d’autres typologies allant de celles très restreintes à

celles dites ouvertes. Cette dernière catégorie, selon Cowie, (1994)5 « inclut des

combinaisons de mots qui, sur le plan de la sémantique, sont tellement généraux qu'ils

peuvent être combinés de façon quasi-illimitée ».

Les collocations restreintes, par contre, donnent à voir (et partant à étudier) des

combinaisons de mots « beaucoup plus intéressantes sur le plan de la lexicographie »

puisque le sens du premier mot (ou mot noyau) détermine le choix de l’autre ou des

autres mots qui entreront dans la composition de la collocation.

3 LANGLOIS, L., op. Cit. 4 Idem., op. Cit. 5 COWIE, 1994, cité par Mejri S. Le figement lexical. Descriptions linguistiques et structuration sémantique. Publications de la Faculté des lettres Manouba, Tunis, 1997.

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I - Expressions figées du français et de l’arabe algérien – Etat de la question -18

Pour sa part, Benson (1986), établit un classement pratique des collocations les

répartissant en deux grandes catégories qu’il appelle collocations grammaticales et

collocations lexicales.

Les collocations grammaticales, appelées aussi constructions (Haussmann (1990),

se présentent le plus souvent sous forme d’un verbe/ noyau environné par d’autres

éléments le soutenant ou, selon Benson (1986)6, « d'un mot dominant suivi d'une

unité subordonnée (souvent une préposition ou une structure grammaticale, comme un

infinitif ou une proposition) ».

Nous retiendrons les exemples suivants dont nous soulignons le mot dominant:

- s'abstenir / de

- sentiment / envers

- absent / de

Les collocations lexicales, elles, sont généralement formées de deux composantes

lexicales d'importance plus ou moins égale. « Typiquement, établira Lucie Langlois,

les collocations lexicales sont formées de noms (Nom C.), d’adjectifs (Adj. Q), de

verbes (Verbe) et d’adverbes (Adv.) », à l’image des exemples suivants où nous

marquerons pareillement les deux entités d’égales valeurs :

- l'orage / éclate

- un célibataire / endurci

- interjeter / appel

6 BENSON, 1986, cité par Mejri S., Le figement lexical. Descriptions linguistiques et structuration sémantique. Publications de la Faculté des lettres Manouba, Tunis, 1997.

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I - Expressions figées du français et de l’arabe algérien – Etat de la question - 19

1-2- Distinction expressions figées / collocations

Consécutivement au flou qui baigne encore et toujours la notion de collocation,

relativement aux problèmes inhérents tant à sa définition qu’à sa désignation, son

repérage dans les énoncés oraux et écrits reste assez difficile.

« C’est qu'elles se situent dans une zone floue, ce que Thierry Fontenelle

(1994) appelle l’espace fusionnel entre la combinaison libre, le composé et

l'expression figée, dont les frontières sont loin d'être étanches. »)7

Pour distinguer expression figée (notre objet d’étude) de collocation, nous

emprunterons les critères établis par Liang (1991)8 même si ce dernier, en comparant

ces deux désignations et ce qu’elles recouvrent, a pour objectif d’étudier la

collocation.

« Selon Liang, la collocation se démarque de l'expression figée sur trois plans :

- l'autonomie des composants,

- leur inaltérabilité sémantique

- et la substitution possible du collocatif. »

Même s’ils ne font pas preuve d'autonomie au même degré, les composants d'une

collocation sont autonomes et gardent leurs fonctions grammaticales, d’après Liang ;

à l'inverse, ils sont solidaires dans une expression figée et fonctionnent comme un

monème lexical. Ainsi, expressions figées et collocations réagissent-elles

différemment aux manipulations syntaxiques et à la contamination par d’autres

lexèmes qui viendraient s’y insérer. En effet, tandis que les collocations les tolèrent,

les expressions figées s’y préservent sous peine d’altération, de dénaturation, rejetant

ainsi le caractère d’autonomie des composants.

7 LANGLOIS, Lucie, op. cit. 8 LIANG, op. cit.

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I - Expressions figées du français et de l’arabe algérien – Etat de la question - 20

Par inaltérabilité sémantique, Liang confirme la compositionnalité du sens d’une

collocation, et partant de ses composants : « ils conservent leur sens, propre ou figuré,

tandis qu'une expression figée adopte globalement un sens figuré ou métaphorique. »

En plus donc de la contrainte lexicale, l’expression figée se trouve caractérisée par

la non composionnalité de son sens. Si la collocation présente une certaine

transparence caractéristique sinon définitoire de sa nature, à l’inverse l’expression

figée met en avant l’opacité sémantique comme trait définitoire.

Quant au critère de substitution possible du collocatif sans changement de sens de

la collocation, les expressions figées se démarquent des collocations par le fait qu'il

est exclu de substituer un mot ou un groupe de mots par un autre sans attenter à

l’intégrité / solidarité des composants formant un tout, et partant, sans en altérer le

sens.

Il est cependant admis que dans les pratiques diversifiées d’une même langue (AA

et FF pour ce qui nous concerne) dans de rares expressions figées, un mot soit

substitué à un autre avec le même effet et la même opacité de sens.

Ex. - ne demander / ne chercher / ne rêver que plaies et bosses (Liang 1991).

S’il est avéré qu’il soit déjà assez difficile de faire la distinction entre une

expression figée et une collocation, il est autrement plus onéreux de la distinguer des

différentes autres désignations utilisées par les grammairiens, lexicologues et

linguistes, tant leurs formes peuvent se ressembler, voire se confondre.

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I - Expressions figées du français et de l’arabe algérien – Etat de la question - 21

2. Les locutions

2. 1. Définitions :

Pour le Dictionnaire de linguistique et des sciences du langage (1994), l’entrée

en question est suivie de cette définition : « La locution est un groupe de mots

(nominal, verbal, adjectival) dont la syntaxe particulière donne à ces groupes le

caractère d’expression figée et qui correspondent à des mots uniques. »

Ainsi, ‘‘faire grâce’’ est une locution verbale (ou verbe composé) correspondant à

gracier, […] ; ‘‘mise en jeu’’ est une locution nominale (ou nom composé).

Selon Alain REY (1977)9, « la locution est une unité fonctionnelle plus longue que

le mot graphique et appartenant au code de la langue (devant être prise) en tant que

forme stable et soumise aux règles syntaxiques […]. L’expression est cette même

réalité considérée comme ‘‘une manière d’exprimer quelque chose’’ ; elle implique

une rhétorique et une stylistique. Etymologiquement, le mot ‘‘locution’’ signifie ‘‘

manière de dire ’’ ; la tradition grammaticale attribue l’appellation de ‘‘locution’’ à

des séquences inférieures au niveau de la phrase. En effet, les phrases entièrement

figées sont généralement appelées ‘‘expressions idiomatiques’’ ». (p.28)

2. 2. Expressions et/ou locutions :

Le nom composé est le seul type de séquence figée à bénéficier d’un terme

spécifique tandis que les différents autres types de séquences figées sont

traditionnellement regroupés sous le terme générique de locution. Exemple : Elle a

une peau (de bébé).

Ici, le modifieur, c’est-à-dire le syntagme prépositionnel, est figé.

9Dictionnaire de Alain Rey et Sophie Chantreau, 1977.

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I - Expressions figées du français et de l’arabe algérien – Etat de la question - 22

La locution est définie sommairement comme tout groupe dont les éléments ne

sont pas actualisés individuellement ; c’est une catégorie lexicale que les grammairiens

du français subdivisent en onze (11) sous-catégories. Il s’agit de :

locutions adjectivales ; locutions adverbiales ; locutions conjonctives ; locutions

interjectives ; locutions latines ; locutions nominales ; locutions-phrases ; locutions

prépositives ; locutions pronominales, locutions proverbiales.

Après maintes recherches et moult réflexions, des lexicographes ne peuvent

s’empêcher de s’interroger si la distinction entre “expression” et “locution” est

pertinente. En effet, les nombreuses recherches académiques qu’ils ont effectuées pour

déterminer les critères de discrimination entre ces deux concepts sont restées vaines.

S. Mejri10 en conclut que « les seules définitions existantes sont vagues, subjectives

et non opératoires. »

Il s’interroge et répond provisoirement :

“Qu’appelle-t-on ici une locution, une expression ? La locution est une unité

fonctionnelle plus longue que le mot graphique, appartenant au code de la langue

en tant que forme stable et soumise aux règles syntaxiques de manière à assumer la

fonction d’intégrant. On pourrait dire la même chose d’expression, mais une

distinction réapparaît pour peu qu’on mette l’accent sur la genèse des deux

termes. »

10 MEJRI, S., op. cit.

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I - Expressions figées du français et de l’arabe algérien – Etat de la question - 23

2. 3. Locutions verbales et proverbes : Même si notre propos concerne les expressions et les phrases figées, plus dans

leur généralité que dans leur exhaustivité, il nous semble intéressant de relever dans

notre corpus quelques exemples illustrant certaines différences de traitement qui

risquent de s’avérer nécessaires à l’intelligence des locutions verbales principalement.

Certaines expressions verbales sont assimilées à tort à des proverbes par beaucoup

de lexicographes. Ainsi le TLF (1975) confond à tort l’expression verbale figée

‘‘ manger son blé en herbe’’ à un proverbe ou à une locution proverbiale.

C’est le cas aussi, par exemple, pour ‘‘mettre la charrue avant les bœufs ’’ , ‘‘ manger

son blé en herbe ’’ [ Yessélèf’ aâla lakhdar ouala l’yabès’] ou [Yakoul’ aâychou

hami].

En effet, c’est que ‘‘ Manger son blé en herbe signifie ‘‘ dépenser par avance un

revenu attendu ; par extension : jouir par anticipation d'un plaisir attendu’’, ou ‘‘ se

précipiter, ne pas faire les choses dans l'ordre’’.

3. Expressions figées, idiomatiques, phraséologiques :

3. 1. Définitions

Par sa récurrence à travers les échanges verbaux dans les langues naturelles et

surtout de par ses très différentes manifestations, le figement souffrirait d’un très

important problème de catégorisation qui gagnerait à être repensé pour une plus grande

clarté de la notion. Les recherches réalisées jusque-là sur le phénomène ont montré que

les dénominations telles « expression verbale », «expression figurée », « locution »,

«expression proverbiale » ou « proverbe » étaient employées indifféremment pour

dénommer des types différents de figement aux propriétés bien distinctes.

L’expression figée relève de la phraséologie entendue dans le sens où la phrase est

définie comme ‘‘ l’expression d’un sens complet’’, vérifiant autonomie et complétudes

sémantiques. Il y va de même pour la notion d’expression figée.

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I - Expressions figées du français et de l’arabe algérien – Etat de la question - 24

Salah MEJRI (1999)11 se demandait à juste titre pourquoi les expressions

idiomatiques « qui sont enracinées dans notre quotidien (et) font partie du langage

familier, informel, […] sont-elles perçues comme un problème mineur dans

l’enseignement/apprentissage d’une langue ? ».

La question de Mejri mérite d’être adoptée. Nous ne pouvons que lui ‘‘tirer

chapeau’’ et témoigner de notre reconnaissance à ce militant de l’enseignement

intelligent du français au Maghreb qui n’a cessé d’alerter et de sensibiliser pour faire

vite et bien dans cette entreprise. Ses préoccupations de didacticien et de

lexicographe l’induisent à poser cette autre question :

« Pourquoi beaucoup de ces expressions ne font-elles pas partie de nos

dictionnaires ? »

Jusqu’à la théorie générative-transformationnelle de Chomsky, la syntaxe régnait

souveraine dans l’enseignement au détriment de la sémantique et de la pragmatique.

Par conséquent, les idiotismes en ont automatiquement été exclus, puisqu’ils

appartiennent, a priori, à la parole et ne peuvent pas se passer de ces deux dernières

études.

Cependant, quelques linguistes pionniers s’en sont occupés, surtout quand les

recherches purement syntaxiques ont commencé à perdre du terrain

En précurseur, Harris (1954)12 ne traite pas les expressions idiomatiques comme un

problème marginal du point de vue de la structure de la phrase. Dans sa théorie

distributionnelle et transformationnelle, il les caractérise comme des opérateurs et des

réductions.

11 Mejri, S., Polysémie et polylexicalité, Université de Tunis, Actes du colloque de Tunis portant sur « le figement lexical » 1998. 12 Harris, “Distributional structures” dans Word, 1954.

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I - Expressions figées du français et de l’arabe algérien – Etat de la question - 25

Plus récemment, M. Gross (1990)13, dont il serait bon de ressortir les recherches en

la matière, et en particulier celles de 1982 où il affirme, dans la lignée de Harris, que

les expressions figées ne sont exceptionnelles ni par leur syntaxe, ni par rapport au

lexique, a consacré au moins une décennie d’études aux expressions figées.

Les appellations de ces expressions idiomatiques sont sinon arbitraires du moins

subjectives ; en effet, les créations nouvelles et individuelles d’idiotismes sont, d’après

Lopez (1987)14 :

« un saut de l’imagination créatrice associant deux idées ou univers du discours

jamais associés auparavant et les réunissant dans une nouvelle synthèse, qui

exprime la révélation cognitive et émotionnelle. »

Rwet (1983)15 et Gross (1988)16 pensent qu’elles doivent être apprises une à une,

par cœur, puisqu’elles sont acceptées par la communauté linguistique une fois que leur

structure, leur sens et leur emploi sont conventionnellement déterminés.

On emploie, donc, une expression idiomatique, pour exprimer le contenu

informationnel souhaité, d’une manière plus ou moins abrégée, en prenant en compte

principalement deux facteurs :

- l’appropriation au niveau de langue, et

- la question de la compétence linguistique, qui vient répondre à la créativité du

locuteur.

13 - GROSS, Maurice, « La caractérisation des adverbes dans un lexique-grammaire », In: Sur les compléments circonstanciels, Editions Dominique Leeman, Langue Française, n°86, Larousse, Paris, pp. 90-102, 1990. 14 LOPEZ, Metáfora: da retórica à semiótica, São Paulo, Atual, 1987. cité par XATARA, Claudia Maria, ‘‘Intégrer les expressions idiomatiques à l’enseignement ’’ Université de l’État de Sao Paulo, Brésil, Janvier-février 2002 - N°319. 15 RWET, N., « Du bon usage des expressions idiomatiques dans l'argumentation en syntaxe générative » dans Revue québécoise de linguistique, Montréal, v.13, 1983. 16 GROSS, Gaston, « Noms composés N de N », Rapport de Recherches n° 5, Laboratoire de Linguistique Informatique, Villetaneuse : Université Paris 13, 1988.

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I - Expressions figées du français et de l’arabe algérien – Etat de la question - 26

De plus, les idiotismes peuvent inspirer des énoncés originaux par

l’intermédiaire de la littéralisation, c’est-à-dire du passage de leur sens non

compositionnel au sens littéral ou compositionnel qui surprend avec une nouvelle

information, parce qu’il contredit la convention et provoque une certaine étrangeté.

Mais outre cette étrangeté, le message exprimé par un idiotisme présuppose un rapide

et correct décodage de la part du récepteur, en atteignant, ainsi, l’efficacité

communicationnelle souhaitée.

C’est là l’une des fonctions productives des idiotismes à laquelle les publicitaires

ou les rédacteurs de magazines et journaux font souvent appel, surtout dans les

manchettes.

De façon générale, le terme de figement permet de rendre compte, à la fois, de

phénomènes de nature très diverse, mais qui ne sont pas indépendants les uns des

autres. C’est une propriété des langues naturelles dont l’importance a été méconnue

depuis longtemps. Ce fait linguistique a été obscurci par des dénominations et des

épithètes floues et très hétérogènes qui, au lieu de clarifier les facettes du phénomène,

entretiennent et alimentent des confusions et des malentendus.

En 1985, Maurice Gross a démontré que d’un point de vue statistique, ‘‘ ces

épithètes’’ - charriées par le sentiment d’irrégularité et d’exception de la présence des

expressions figées dans le langage- n’avaient pas lieu d’être. Il arrive à nous amener à

nous interroger sur le fait qu’on ait pu admettre et constater que le figement est une

exception dans la langue.

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I - Expressions figées du français et de l’arabe algérien – Etat de la question - 27

On comprendra aisément l’insistance de Weinrich (1969)17 sur la nécessité

d’accorder ‘‘une grande importance aux expressions figées’’. Il conclut à l’évidence

que :

« Ce qui avait longtemps été considéré comme un phénomène marginal, comme

une série d’exceptions, se révèle être en fait caractéristique des langues humaines

naturelles».

Mieux que de s’avérer être caractéristique de toutes les langues en usage –voire de

celles qui ont cessé de l’être-, le phénomène du figement, constatera André Martinet

(Dictionnaire de Linguistique, G. Mounin), ‘‘ joue un rôle considérable dans

l’évolution de la linguistique’’. 18

En effet, pour rester dans les statistiques, Maurice Gross recensera, relativement

seulement aux constructions verbales, près de 1800 locutions ne mettant pas en jeu un

emploi spécifique du verbe, installant ainsi une opacité sémantique définitoire de ce

figement syntaxique.

3. 2. Commentaires :

Il serait peut être utile, pour ‘‘ faire le tour’’ de la notion (en succombant à des

locutions verbales figées laconiques), de ‘‘ passer en revue’’ un certain nombre de

définitions de différents dictionnaires qui souligneront, chacun selon leurs spécialités

et aussi selon leurs rédacteurs, des aspects complémentaires de la notion, constitutifs

de sa définition la plus large.

17 Weinrich, cité par MEJRI S. , Le figement lexical. Descriptions linguistiques et structuration sémantique. Publications de la Faculté des lettres Manouba, Tunis, 1997. 18 Cité par MOUNIN, G., Dictionnaire de la linguistique, Paris, Presses universitaires de France, 1974.

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D’abord, l’origine de ce fait linguistique dit ‘‘ figement ’’, sans être un sujet ‘‘ lieu

commun ’’, a commencé à susciter de l’intérêt et à faire l’objet de recherches

universitaires (P. Guiraud, 1980, R. Martin, 1996) ainsi que de nombreuses

publications pour le grand public (Reyet Chanteau, 1979, Cl. Dumeton, 1990). On ne

manquera pas de constater, à la suite de Gaston Gross, que cette prise en charge

académique du phénomène est relativement récente.

Les lexicologues conviennent que le figement pouvait avoir une origine

‘‘externe’’ et faire référence à des événements historiques, mythologiques, religieux

ou constituer des réminiscences littéraires. C’est ce à quoi aurait abouti D. Gaatone

(1904)19 qui ‘‘ a mis l’accent sur le fait que le figement représente l’insertion d’une

langue dans l’histoire’’.

Le figement peut, d’autre part, relever de l’histoire linguistique interne, ce par quoi

il nous intéresse le plus ici.

Le Dictionnaire de Linguistique et des Sciences du Langage (1994) énonce que

« … le figement est le processus par lequel un groupe de mots dont les éléments

sont libres devient une expression dont les éléments sont indissociables. Le

figement se caractérise par la perte du sens propre des éléments constituant le

groupe de mots, qui apparaît alors comme une nouvelle unité lexicale, autonome

et à sens complet, indépendamment de ses composants. »

De son côté le Dictionnaire de Linguistique Larousse, 1973), définit le

figement comme « un processus linguistique qui, d’un syntagme dont les

éléments sont libres, fait un syntagme dont les éléments ne peuvent être dissociés.

Ainsi, les mots composés (compte rendu, pomme de terre, etc.) sont des

syntagmes figés ».20

19 GAATONE, D., « Les ‘locutions verbales’ : pour quoi faire ? », Revue romane, 16/1-2, p. 49-73, 1981. 20Dictionnaire de linguistique et des sciences du langage, DUBOIS, J., Paris, Larousse, 1994.

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I - Expressions figées du français et de l’arabe algérien – Etat de la question - 29

On notera que ces exemples mettent en avant beaucoup plus sur les syntagmes

nominaux, du moins selon les illustrations proposées, et que d’autres entités pouvant

subir les effets du figement n’y sont pas mentionnées (à l’exemple d’une phrase

entière).

Le LEXIS élargit un peu plus l’espace du figement en incluant et les entités

simples, comme le mot, et les structures plus élaborées (constructions). On y lit à

l’entrée Figé ce qui suit : « se dit d’un mot, d’une construction qui cessent de subir

dans la langue une évolution».21

Pour Le Petit Robert DLF, qui ne s’attarde pas sur la différence entre expression et

locution, c’est l’aspect syntaxique bloqué qui est souligné et sur lequel il est

expressément insisté compte tenu de la mauvaise analyse qui en est généralement

faite : « Expression, locution figée ; dont on ne peut pas changer les termes et qu’on

analyse généralement mal ».22

C’est, en substance ce à quoi se réfère J.C. ANSCOMBRE (1990) lorsqu’il définit

le figement comme étant un processus au terme duquel le locuteur n’est plus capable

de déterminer le sens d’une séquence à partir de celui de ses constituants. Sa

compréhension requiert sa saisie globale à l’instar d’un monème lexical.

Plus généralement, on lira dans Dictionnaire de la Linguistique de Georges

Mounin, que lorsqu’un syntagme a la fréquence et la spécificité d’un monème unique,

il tend à être traité comme un monème unique : ses composants étant considérés

comme indissociables. Les syntagmes tels ‘‘ un bon à rien ’’, ‘‘ un va nus pieds’’,

‘‘ battre le pavé’’, ‘‘ courir deux lièvres’’ sont dits figés. Ce phénomène est caractérisé

par une perte de la conscience du sens propre du monème lorsque celui-ci se trouve

fréquemment associé avec la même signification dans différents syntagmes.

21 LEXIS, entrée Figé 22 Le Petit Robert, DLF, 1990, art. Figement.

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I - Expressions figées du français et de l’arabe algérien – Etat de la question - 30

Dans la même perspective, George Misri23 définit comme suit la notion:

« Tout groupe de monèmes qui présente un blocage total ou quasi-total des axes

paradigmatiques et syntagmatiques, c’est-à-dire une impossibilité ou une réduction

importante des possibilités de commutation et /ou d’expression partielle ».

O. Ducrot, dans Dictionnaire de linguistique et des sciences du langage (1994)24,

définit le phénomène comme suit :

« Figement : le figement est le processus par lequel est désigné un groupe de mots

dont les éléments sont indissociables... Le figement se caractérise par la perte du

sens propre des éléments constituants le groupe de mots, qui apparaît alors comme

une nouvelle unité lexicale, autonome et à sens complet, indépendamment de ses

composants »

C’est là, assurément, une définition qui nous parait, en complémentarité avec celle

de M. Gross, assez exhaustive du phénomène, et que nous adopterons en nous y

référant dans le développement de ce projet.

Cependant, décrivant le phénomène du figement lexical et/ou syntaxique, Maurice

Gross (1985) parle de « phrases figées ». En effet, la phrase comme séquence

minimale constitue dans ses travaux, qui s’inscrivent dans la théorie du lexique

grammaire, l’unité sémantique de base (les mots ou les morphèmes ne sont donc pas

pour lui les unités minimales), se démarquant ainsi de certains linguistes, voire de

certains lexicographes comme de leurs dictionnaires.

23 MISRI George, Le figement linguistique en français contemporain, thèse de doctorat, soutenue par Misri, G., Université René Descartes, Paris V, 1987. 24 DUCROT, O., TODOROV, T. Dictionnaire de linguistique et des sciences du langage, 1974, art. Figement 24 MEJRI, S., Actes du colloque de Tunis portant sur « le figement lexical »

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Aussi sous sa plume, il n’est donc jamais question de « locution » pour désigner les

séquences figées tout comme il n’est jamais question de « syntagme » pour se référer

aux séquences libres, diront ses spécialistes, dont H-A. Ibrahim.

Pour désigner ‘‘ce phénomène que constituent les expressions figées’’, Maurice

Gross a recensé dans la terminologie y afférente, des dénominations usuelles et

communes dans certains cas (locutions, expressions figées, noms composés….), et des

dénominations spécifiques dans d’autres cas (synapsie, synthèse….). Différents

auteurs sont à l’origine de ces diverses dénominations.

Le fait linguistique du figement aurait été, aux dires de ceux qui se sont penchés

sur le cas, obscurci justement, et dans une large proportion, par la profusion des

différentes dénominations qu’eux-mêmes lui ont attribuées, et qui, en plus d’être

hétérogènes de par leurs différents angles d’approches, restent à l’arrivée très floues.

Comme on le voit clairement, le phénomène appelé figement – dont ce n’est pas

notre objectif d’en cristalliser la définition – ‘‘croule’’ sous une pléthore de

dénominations qui le charge en obscurcissant sa substance. Salah Mejri25, ‘‘ Figement

et dénomination’’ ( Université de Tunis I), qui en réfère, pour une liste de

dénomination plus détaillée, à Kocourek (1982) n’en dit pas moins:

« Le figement, qui commence à peine à faire partie des préoccupations

majeures des linguistes, n’a pas pour autant bénéficié jusque-là d’une

définition relativement reconnue par tout le monde. Il demeure une notion

obscure rappelant d’autres termes qui couvrent plus ou moins le même

contenu comme lexies complexes, phraséologies, syntagmes lexicalisés,

expressions idiomatiques, locutions, etc. »

25 MEJRI, S., Actes du colloque de Tunis portant sur « le figement lexical » 1998.

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A travers les nombreuses manifestations sous lesquelles il se présente, la

terminologie qui, indifféremment, évoque à son sujet, pour dénommer des types de

figements aux propriétés bien distinctes : « expression verbale », «expression figurée

», « locution », «expression proverbiale » ou « proverbe », induit un très important

problème de catégorisation. Elle se contenterait de souligner l’existence du phénomène

tout en supposant que celui-ci est irrégulier.

Ainsi, le terme de figement permet de rendre compte à la fois de phénomènes de

natures très diverses, mais qui ne sont pas indépendants les uns aux autres.

Aussi, adoptons-nous la posture de Maria Helena SVENSSON26 de Umea Universitet

dans ‘‘ Critères de figement et conditions nécessaires et suffisantes’’ où elle écrit en

introduction :

« Dans le cadre des études qu’on appelle généralement phraséologiques, de

nombreux chercheurs ont examiné les expressions figées et proposé des définitions

des notions d’idiome, de locution, de proverbe et d’autres types d’expressions qui

appartiennent à la catégorie dite figée.

Notre emploi du terme expression figée est générique et réunit tous ces types

d’expressions. En ce qui concerne le terme « figée », cette notion décrit, dans notre

terminologie, le fait qu’une expression soit mémorisée par les locuteurs d’une

langue. Elle est figée « cognitivement » plutôt que syntaxiquement. Cela veut dire

que les locuteurs savent que les mots apparaissent ensemble dans telle ou telle

construction et que l’utilisation de l’expression en question est conventionnelle et

partagée de la plupart des locuteurs. »

26 SVENSSON, Maria Helena, ‘‘ Critères de figement et conditions nécessaires et suffisantes’’, Umea Universitet, Nr. 16 – 2002/2 Oslo 12.-17. august 2002

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I - Expressions figées du français et de l’arabe algérien – Etat de la question - 33

De cette posture commune à plusieurs linguistes qui se sont penchés sur ce

phénomènes, S. MEJRI27, qui ne prétend pas « rendre compte de l’extrême complexité

de ce phénomène », considère qu’en étant attentif aux études qui lui sont consacrées

par Makkaï (1972), Gréciano (1983), G. Gross (1996), M. Gross (1988), nous pouvons

postuler à une définition qui s’en approcherait de très près. Il en avance une que nous

reproduisons :

« Le figement est un processus linguistique inhérent aux langues naturelles par

lequel des séquences linguistiques, initialement employées comme séquences

discursives libres, se trouvent, pour des raisons diverses, partiellement ou

entièrement solidifiées; elles sont ainsi versées dans l’une des catégories

linguistiques dans le cadre de laquelle les constituants perdent leur autonomie

individuelle pour participer à la configuration de la nouvelle unité polylexicale

ainsi constituée. »

27 MEJRI, S., Le figement lexical. Descriptions linguistiques et structuration sémantique. Publications de la Faculté des lettres Manouba, Tunis, 1997.

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D E U X I E M E

P A R T I E

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II – CONSTITUTION du CORPUS,

ANALYSE LEXICALE et SEMANTIQUE

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II - Expressions figées du français et de l’arabe algérien - Constitution du corpus - 35

1. - Constitution du corpus :

La constitution du corpus d’étude et d’analyse fut effectuée en deux phases à

partir d’une collection de répertoires d’expressions figées au sens large : expressions,

structures ou locutions ; figées, bloquées ou idiomatiques, etc.

1 - Nous avons puisé les expressions figées du français, essentiellement, dans les

dictionnaires DLIF et Le Petit Robert DLF, dans le BFQS et aussi dans une liste des

Profs - L de Web Lettres et deux autres réalisées par des professeurs Membres. Lycos.

Nous avons pu récolter, au total, un corpus de 1488 locutions et expressions figées,

idiomatiques ou proverbiales, à base nominale ou verbale. (Cf. Annexes, pour les

listes exhaustives et les différentes sources).

2 – Nous avons, dans une deuxième étape, procédé au recueil des expressions et

locutions équivalentes en arabe algérien à partir, dans un premier moment, de notre

humble culture (académique et générale) de bachelière en Lettres Arabes.

Dans un deuxième moment, nous avons adressé une requête aux camarades de la

promotion d’abord (15 étudiants) puis à un large public constitué

d’enseignants d’agents d’administration et d’agents d’entretien du département dans

L.V.E de l’U.F.A.S. (53 sujets d’enquête)

Une liste (le corpus) d’expressions figées constituées de locutions verbales leur a été

soumise en vue d’en proposer les équivalents en arabe algérien qu’ils connaissaient.

Le dépouillement (tri et collationnement) des fiches récupérées nous a permis de

construire notre corpus d’analyse, soit 153 unités figées équivalentes.

Il a été procédé au relevé, parmi les unités en F.F et leurs correspondants en A.A,

de locutions verbales figées (objet de notre étude : analyse syntactico-sémantique

d’expressions à base verbale) ainsi que de quelques locutions non verbales en FF dont

la traduction en AA a donné des locutions verbales.

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II - Expressions figées du français et de l’arabe algérien - Constitution du corpus - 36

Cela risquera de s’avérer, nous l’espérons, très utile et fort instructif en analyse

lexicale, sémantique et syntaxique dans la perspective d’enseignement du FLE qui est

la nôtre.

Ainsi, la construction du corpus d’analyse est finalisée au terme de la construction

définitive des corpus des expressions figées (1488 unités) par la détermination des

locutions verbales, parmi ce large échantillon (153 unités).

Voici, par ailleurs, le bilan des corpus constitués, substance formée de locutions

verbales ayant leurs ‘‘ synonymes’’ dans les deux langues (que nous retrouverons en

annexes) :

- Nombre d’expressions

Nos investigations dans le domaine des expressions figées ont concerné un

large corpus (1488 unités). Elles ont permis de dégager 666 unités de locutions

verbales ; parmi ce large échantillon, 219 unités en AA. nous ont permis de mener

cette étude contrastive.

Nous avons sélectionné de cette masse de 1488 expressions figées (Cf. Annexes), un

corpus de travail que nous présentons comme suit :

Sources Nombre en FF Equivalents en AA

BFQS

DLIF

Petit Robert

Lycos. Site Prof. de Français

355

115

21

175

81

64

21

53

Total 666 219

Nous avons privilégié, dans la constitution de ce corpus, l’arabe algérien, plus

précisément une variété assez commune à une vaste région de l’Est algérien : Le

Sétifois.

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II - Expressions figées du français et de l’arabe algérien - Analyse lexicale et sémantique – 37

2. Analyse lexicale et sémantique du corpus

« … on a très souvent l'impression, devant les grammaires et les

dictionnaires, que la définition de « locution figée » conviendrait plutôt à

la notion de « mot composé ».

Le « figement » est définie comme un processus de lexicalisation : ‘‘ une

nouvelle unité lexicale, autonome et à sens complet, indépendant de ses

composantes ’’.

Dans le domaine des locutions on constate en effet un figement, mais ce

que Dubois décrit est plutôt une soudure : « indissociable » caractériserait

bien au niveau syntaxique la notion de mot, mais pas celle de locution. »28

2. 1. - Analyse lexicale du corpus :

Partant de la définition laconique proposée par Dubois (1994)29, selon laquelle

la notion de « figement » (précédemment amplement traitée ici) recouvre un

« processus par lequel un groupe de mots dont les éléments sont libres devient une

expression dont les éléments sont indissociables », nous ne pouvons pas ne pas

conclure avec l’auteur que le figement est bel et bien un mode de lexicalisation

entraînant, toujours selon Dubois, « la perte du sens propre des éléments constituant

le groupe de mots, qui apparaît alors comme une nouvelle unité lexicale, autonome et

à sens complet, indépendant de ses composantes ».

Du strict point de vue lexical, nous remarquerons que, parmi les expressions ayant

leurs synonymes dans les deux langues, certaines vérifient les mêmes restrictions

lexicales comme, par exemple, la mise en veilleuse du N sujet ou N°, la construction

impersonnelle, l’ellipse du verbe. A titre illustratif, nous citerons trois

1- Non expression du N° :

- Se faire des cheveux … Chab !

- Faire dresser les cheveux sur la tête … Y’zoughèb

28 MEJRI, S., La néologie lexicale, Publications de la Faculté des lettres, Manouba, Tunisie, 1995. 29 DUBOIS, J., 1994, Dictionnaire de linguistique et des sciences du langage, Paris, Larousse.

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II - Expressions figées du français et de l’arabe algérien - Analyse lexicale et sémantique – 38

2- Construction impersonnelle :

- Sauter du coq à l’âne ... Tag h’na tag l’hih

- Trouver chaussures à son pied … Ferda wa l’guet khotha

3- Ellipse du verbe :

- S’entendre comme chien et chat … Ki el gat ouel’ far’

- Etre comme un éléphant dans un magasin de porcelaine …B’ghal’ fi dar’ dhayga

Enfin, certaines expressions se distinguent, les unes par rapport aux autres, par le

niveau ou le registre de langue : elles peuvent être - ici ou là - soutenues, religieuses

littéraires ou relâchées, profanes, populaires.

Exemple du changement de registre : Populaire V.S littéraire :

- Fondre comme neige au soleil = Ki ez-zebda ki yatlaâ n’har’ t’dhoub’

- Manger comme quatre = Yaâri aâla b’ir’

2. 1. 1. Les différents champs sémantiques arabe et français :

La traduction des expressions figées du FF à l’AA, ou, pour être plus précis, la

recherche et le repérage des expressions équivalentes en AA, a donné une variété de

formes tant sur le plan lexical ou thématique que sur celui syntaxique où nous prenons

acte de la présente de diverses formes caractéristiques de l’expression figée en AA.-

- Arabe : dialectale ou littéraire.

Au plan littéraire, voire poétique, un nombre considérable d’expressions figées en

FF ayant des correspondants en AA. vérifient et reconduisent certaines caractéristiques

poétiques et rhétoriques telles que la métaphore, la comparaison, le parallélisme, etc.

Il est à souligner que quelque populaires que sont ces expressions, elles sont d’une

poéticité avérée, tant en AA. qu’en FF.

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II - Expressions figées du français et de l’arabe algérien - Analyse lexicale et sémantique – 39

2. 1. 2. Thématique :

Au plan thématique un nombre considérable d’expressions figées en FF ayant des

correspondants en AA sont marquées socioculturellement et religieusement, même si

elles manifestent des différences en se distinguant, en passant d’une langue à l’autre,

par des ruptures au niveau des registres thématiques.

En effet, en plus des récurrences des lexiques de la nourriture et du vêtement, nous

pouvons construire beaucoup de champs lexicaux et sémantiques de la religion, de la

description, des valeurs morales, etc.

2. 2. - Analyse sémantique du corpus 2.2.1. - Du sens des locutions :

- Littéral/compositionnel ou littéraire/opaque

De la polylexicalité, Gaston Gross (1996) en fait même l’un des critères

fondamentaux du figement. « Le terme de polylexicalité […] fait […] partie des

nouveaux concepts méthodologiques dont les linguistes se servent pour étudier les

séquences figées » rappelle Mejri. S30. (Polysémie et polylexicalité, Université de

Tunis).

Les séquences figées, de quelque ordre qu’elles soient, tirent leurs significations

moins des éléments lexicaux qui les composent (ou sens compositionnel) que de la

somme de ces composants contraints lexicalement à fonctionner comme une locution /

mot. Le sens est ici dit opaque : c’est le fait de ce lexème pluriel (ou plurilexème).

De fait, toute séquence polylexicale est irréductible à l’un de ses constituants et son

sens n’est celui ni de l’un ni de l’autre de ses composants, et encore moins de

l’ensemble. D’où l'hypothèse émise par S. Mejri sur la relation entre le figement

syntaxique et la figure sémantique. En effet, souligne-t-il, une structure libre exprime

un sens direct tandis qu’une structure figée exprime un sens figuré.

30 MEJRI, S., 1997, op. cit

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II - Expressions figées du français et de l’arabe algérien - Analyse lexicale et sémantique – 40

La structure figée réalise ainsi une synthèse sémantique (ou un ensemble des

opérations par lesquelles on passe du sens compositionnel au sens non

compositionnel).

Dans le traitement des expressions figées (du corpus dégagé), au plan des relations

sémantiques nous privilégierons la relation de synonymie.

Nous avons procédé à l’association des expressions et locutions verbales synonymes

comme le figure l’échantillon puisé du tableau des expressions en FF ayant leurs

correspondants en AA, présenté dans Construction du corpus (Cf. Annexe 1).

L’analyse qui suivra reproduira le tableau de l’équipe BFQS, légèrement remanié pour

figurer les locutions équivalentes en AA. On y lira un exemple d’analyse appliqué aux

phrases en AA.

Dans ce qui suit, un échantillon de parfaits synonymes : même si elle n’est pas

rendue avec le même matériel lexical et dans la même structure syntaxique, la

signification en AA est exactement celle en FF.

Expression en F.F. Traduction en A.A.

1-N’avoir ni queue ni tête Ma andou la sass la ras

2-Coûter les yeux de la tête Yaswa moumou el ain

3-Etre (devenir) rouge comme une tomate Ah’mar ki t’matame

4-En faire tout un plat Der menha kessa

5-Marcher sur les oeufs Yemchi ala el baidh

6-Pleurer comme une madeleine Yebki ki lewlia

7-Ne pas pouvoir sentir quelqu’un Ma y’chemmouch’/ Ma y’chemmech’ fih

8-Regarder du coin de l’œil Y’chouf’ b’chèg’ ain

9 Savoir tirer les marrons du feu Y’selek rouhou/ y’kayed aichou

10-Trouver chaussures à son pied Ferda wa l’guet khotha

Ce tableau présente, à titre illustratif, des suites lexicales à base verbale de différentes structures. Le tableau complet est présenté dans le corpus et en annexes.

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II - Expressions figées du français et de l’arabe algérien - Analyse lexicale et sémantique – 41

Concernant la catégorie d’expressions figées à analyser dans le cadre de ce

mémoire, en l’occurrence la locution verbale, choisies en fonction du critère de

synonymie, la majorité des composants des locutions sélectionnées vérifie la

correspondance absolue, voire l’interchangeabilité des segments des locutions

verbales du FF et de l’AA, les uns par les autres sans bouleverser le sens de

l’expression.

En effet, nous avons choisi parmi les équivalents des locutions qui vérifient cette

condition : en les traduisant, (ou on en traduisant intégralement et littéralement le

segment), elles se superposent (ou il intègre) adéquatement l’expression de la langue

de départ.

Les exemples qui suivent confirment la constatation et appellent à s’interroger sur

la récurrence d’un tel phénomène.

Expression en F.F. Traduction en A.A.

1- Blanc / comme / neige Abyedh / ki / eth-theldj

2- Avoir / la langue / bien pendue Andou / l’sanou / m’delli

3- Devenir rouge / comme / une tomate H’mar / ki / t’matame

4- C’est / dans / la poche Rah / fel’ / djib

5- Faire mal / au coeur Y’wadjaâ / el guelb

6- Hausser / les épaules Y’hez / k’tafou

7- Manger / des yeux k’leh / b’aynih

8- Marcher / sur / des oeufs Yemchi / ala / el baidh’

9- Regarder / du coin / de l’œil Y’chouf’ / b’chèg’ / ain

10-Retourner / sa veste Dawar / el vista

11-Sauter / comme / un cabri Y’nekez / ki / j’di

N.B. Des tableaux plus exhaustifs suivront, contenant des expressions de différentes structures syntaxiques -ayant leurs correspondants dans les deux langues- dans le chapitre consacré à l’analyse syntaxique.

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II - Expressions figées du français et de l’arabe algérien - Analyse lexicale et sémantique – 42

Nous avons choisi de présenter, ainsi découpés, les constituants des locutions pour

donner à voir la similitude

- d’une part : de leur matériel lexical, ce qui permet leur interchangeabilité :

Exemples : dans l’alternance des deux codes (AA et FF), ce qui est très fréquent, nous

pouvons rencontrer des formes hybrides telles que :

* Andou / l’sanou / bien pendu (= m’delli)

* H’mar / ki / la tomate (= t’matame)

* Dawar / la veste (= el vista)

- et d’autre part : de leur structure syntaxique, ce qui permet leur superposabilité :

Exemples : Même organisation syntaxique en FF et en AA

1- Adj + comme + N

3- Verbe Adj + comme + N

6- Verbe + Nom

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II - Expressions figées du français et de l’arabe algérien - Analyse lexicale et sémantique – 43

2. 2. 2 - Conclusions :

Dans cette analyse contrastive de ce phénomène du figement lexical en FF et en

AA, nous avions procédé à un triple éclairage (lexical, grammatical ou syntaxique et

formel) des expressions verbales figées formant le corpus de travail pour mieux

préparer l’entreprise de classification par catégories syntaxiques afin de dégager les

différentes formes de figement des expressions ayant leur correspondant dans les deux

langues.

Une première approche lexico-sémantique des locutions verbales ayant

correspondant dans les deux variantes linguistiques, nous a permis de déterminer

d’autres caractéristiques des expressions figées de ce corpus tant au plan des unités

lexicales les formant qu’à celui de leurs registres thématiques ou de leurs formes

poétiques.

Au plan lexical, une première remarque est à signaler : beaucoup de locutions

verbales figées en FF, formées de plus de deux unités lexicales donnent, en AA, des

expressions figées se résumant à une seule unité lexicale : un verbe.

N.B. : Le verbe, en grammaire arabe, est porteur, en plus des désinences Temps et

Modes, d’une désinence Personne et, le plus souvent en arabe dialectal, d’une désinence

Complément.

Au plan sémantique, il est établi que, culturellement, les deux communautés

linguistiques ont beaucoup à partager dans l’espace géopolitique et culturel qui est la

Méditerranée, dont une histoire commune longue de plus d’un siècle -132ans- et une

fréquentation assidue depuis. Des emprunts peuvent se faire -et se sont faits- entre les

deux parlers ou les deux langues en contact que sont l’arabe et le français. Ces

emprunts ne sont pas limités aux mots mais, les dépassant, ils ont concerné des

expressions voire des phrases toute faites.

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II - Expressions figées du français et de l’arabe algérien - Analyse lexicale et sémantique – 44

La traductibilité des expressions du FF à AA comme c’est le cas dans ce projet (et

probablement aussi d’expressions en AA dans le FF) est remarquable et récurrente.

Cela devrait pousser à se poser des questions sur l’émanation de structures similaires

sinon identiques dans l’une ou l’autre langue.

Nous soupçonnons, en effet, la présence ici de ce qu’on peut appeler

l’interinfluence due à la relativement longue cohabitation des deux communautés

pratiquant les deux langues.

Ainsi, si l’arabe classique a ses gardes fous et se trouve ‘‘ immunisée ’’ contre la

prolifération, voire ‘‘ l’invasion ’’ des mots et des structures des langues étrangères,

les institutions veillant aux grains, l’AA, c'est-à-dire le bain linguistique des

Algériens, qui sont aussi des sujets francophones, baignait (et baigne encore) aussi les

sujets français.

En fait, nous soupçonnons fortement que l’essentiel de ces expressions figées qui

émaillent le parler algérien a été élaboré durant cette période historiquement marquée

par une fréquentation assidue. Leur similitude trahirait des emprunts (dans les deux

sens) qui se seraient opérés du temps de la cohabitation entre les deux communautés

(colonisation) dans une dynamique d’intégration sociologique :

- les uns, les colons, dans le souci de s’approprier, en les intégrant à leur langue, des

expressions couramment utilisées par les indigènes dans la langue parlée en

société, pour pouvoir établir une communication inter communautaire;

- les autres, les indigènes, en puisant dans la langue de l’occupant, cherchaient avant

tout à se forger un outil d’accès au monde économique pour pouvoir frayer avec ceux

qui, pour eux, détiennent les moyens de production et l’administration.

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T R O I S I E M E

P A R T I E

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III - ANALYSE

SYNTACTICO-SEMANTIQUE

DU CORPUS

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III - Analyse syntactico-sémantique - Application aux expressions figées en AA. - 46

Introduction

L’analyse syntaxique des expressions figées oscille entre la grammaire et la

syntaxe, c’est-à-dire que, selon qu’elles soient considérées comme groupes de mots ou

phrases, elles requièrent respectivement une orthographe grammaticale d’unités

polylexicales et une syntaxe d’unités syntaxiques autonomes. Par conséquent, les

outils à mobiliser pour ce faire sont la grammaire de la phrase et le modèle de base par

rapport à quoi sont déterminés les types et formes conformes à ce modèle de base.

Telle est, dans l’absolu, l’approche requise en matière de phraséologie. Or, les

définitions autorisées du phénomène lexico-syntaxique -appelé expression ou locution

figée- qui, dépassant la seule compositionnalité sémantique, nous épargnent

l’exercice de grammaire, inopérant par ailleurs sur ce type de ‘‘phrase’’.

Il nous restera à dégager les constituants du modèle de base et à déterminer les

types et formes que peuvent prendre les énoncés conformes au modèle, du fait des

différentes manipulations dont ils peuvent faire l’objet.

Notre approche comparative (doublée de la perspective d’enseignement que nous

avons adoptée) nous oblige à considérer ces manipulations syntaxiques des énoncés de

notre corpus dans les deux normes syntaxiques propres aux deux langues.

Les questions qui se poseront à nous de ce fait sont relatives, et à la possibilité de

ces manipulations dans l’AA (si oui, leur taux de fréquence par rapport au FF), et à

leur incidence (morpho/ syntatico/ sémantique) :

- l’économie étant une règle de base de toutes les langues, y a-t-il ‘‘ effacement’’ et

‘‘ addition’’ dans l’AA ? Procèdent-ils de la même façon dans les deux langues, du

moins dans les énoncés choisis ?

- la malléabilité et la rigidité étant relatives au sein même de la seule langue française,

qu’en résulterait-il du ‘‘déplacement ’’ et du ‘‘ remplacement ’’ en Arabe Algérien ?

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III – Analyse syntacticosémantique - Application aux expressions figées en AA. - 47

Donc, en phrases, expressions ou locutions, cette ‘‘ phraséologie ’’, qui constitue

l’objet de notre analyse, sera considérée comme une unité syntaxique autonome, sinon

une construction faite de groupes dans la stricte mesure où ces dits groupes soient des

unités syntaxiques :

a - organisées autour d’un noyau ;

b - formant un tout ;

c - remplissant une fonction syntaxique.

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III – Analyse syntactico-sémantique - Application aux expressions figées en AA. - 48

3. 1. Travaux et approches de Maurice Gross à travers son article, ‘‘ Une classification des phrases ‘‘figées’’ du français’’ , paru en 1982 dans la Revue Québécoise de Linguistique, Vol. XI, N°2, p.151-185.

Analyse syntactico-sémantique des expressions figées arabes à base verbale ayant leur correspondant en français

Lecture de l’article de M. Gross GROSS, M. 1982, UNE CLASSIFICATION DES PHRASES ‘‘FIGÉES’’ DU FRANÇA IS,

Revue Québécoise de Linguistique, VOL. XI, N°2, p.151-185.

PLAN DE L’ARTICLE

I INTRODUCTION p.151-152

l) Les noms p.152-153

2) Les adverbes p.153-154

3) Les verbes p.154

1.1 Un exemple p.155-159

1.2 Notations p.159-160

2. DEGRE DE LIBERTE p.160-161

2.1 Phrases entièrement figées et proverbes p.161- 164

2.2 Interjections p.164 - 168

2.3 Sens figuré p. 168 - 170

Remarque sur l’interprétation : p. 171 -172

2. 4. Vocabulaire technique p.172 -174

3. CLASSIFICATION DES FORMES FIGEES p. 174-184

REFERENCES p. 185

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III - Analyse syntactico-sémantique : - Lecture de l’article de M. Gross - 49

3.1.1. – Introduction : Préalables descriptifs et de définition

Avant de commencer notre étude contrastive des expressions verbales figées du

FF et de l’AA, nous voudrions lire, dans la perspective de l’exploiter, l’article de

Maurice Gross intitulé ‘‘ Une classification des phrases ‘‘figées’’ du français’’, paru

en 1982 dans la Revue Québécoise de Linguistique, Vol. XI, N°2, p.151-185.

Après avoir mentionné la spécificité des structures figées par rapport à celles libres

quant à leur prise en charge par la syntaxique ‘‘traditionnelle ou générative

transformationnelle’’ et signalé que cette méthodologie présente certaines faiblesses à

quoi il faudrait remédier, l’auteur fait constater qu’ « aucune règle (d’analyse) n’aura

(…) été envisagée pour elles (les expressions figées)» et que les exemples illustratifs

de ce phénomène langagier « ont été confinés dans des glossaires spécialisés où des

anecdotes leur sont attachées » en guise d’explication.(p.151) 31

Aussi s’était-il résolu de traiter dans cet article « de ce que, disait-il, nous

appellerons: phrases, formes ou expressions figées, encore qualifiées communément

de proverbiales, idiomatiques ou composées, et nous inclurons dans notre étude des

métaphores et des clichés », ajoutait-il (p.151-152).

En introduction de son article, l’auteur signale que le « point de départ de

l’étude est l’observation intuitive bien connue que ‘‘ le sens des mots ne permet pas

d’interpréter leur combinaison’’ (parce que) cette observation constitue un test

relativement opératoire, lorsque l’on cherche à classer des listes d’expressions

figées. » (p.152)

31 Les citations tirées de cet article seront signalées par les numéros de pages où elles figurent.

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Analyse syntactico-sémantique : Lecture de l’article de M. Gross - 50

C’est, en matière d’identification des expressions figées en arabe dialectal (algérien,

tunisien, marocain ou autres), le seul ‘‘critère opératoire’’ en l’état actuel de l’étude

du sujet.

Par ailleurs, M. Gross s’était attelé à montrer, par une analyse syntaxique formelle,

que ces expressions constituant la substance de ce phénomène « ne sont

exceptionnelles, ni par leur syntaxe, ni par rapport au lexique. » (p.152) Serait-ce

aussi le cas des formes figées en AA. ? Une étude descriptive et analytique du

phénomène aboutira-t-elle au même résultat ?

Tout en avertissant que cette « notion intuitive de ‘‘figée’’ s'applique à d’autres

catégories », l’auteur décrit des phrases figées dont la forme « permettra de proposer

des mesures de la quantité de mémoire nécessaire à leur stockage » (p.152).

A partir d’un échantillon de 33 expressions figées (et de leur variantes), échantillon

pris dans un large corpus dont le tableau récapitulatif en donne l’étendu et la

consistance (plus de 8000 unités), il traite de la place et du rôle sémantique de trois

parties de discours en particulier, en accompagnant d’exemples illustratifs le

fonctionnement, dans les structures dites figées,

- des Noms, dont ceux composés « ont des formes et des contenus hétérogènes (et)

apparaissent dans des distributions nominales où elles ne sont pas distinguables des

noms simples, (pouvant avoir) toutes (leurs) fonctions grammaticales … (sujet, objet,

circonstanciel, etc.) » (p.154) ;

- des Adverbes, dont il montre, qu’étant solidaire des composants de la suite figée qui

la comprend, « il n'est pas possible de séparer (par exemple) la préposition de la

séquence nominale qui la suit (…), on parlera alors de ‘‘locution prépositionnelle’’ »

(p.154) et que même s’il «existe des situations présentant une apparence de variation

(…) nous montrerons qu’elles resteraient bien figées» (p.154) ;

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Analyse syntactico-sémantique : - Lecture de l’article de M. Gross - 51

- des Verbes, dont « un certain nombre de verbes composés (…) sont généralement

classés de la même manière que les verbes simples » (p.154)

Par ailleurs, le fait que ces phrases figées « ne sont pas analysables selon des règles

qui s’appliquent aux phrases superficiellement identiques (…) et qui conduisent aux

phrases simples…» conforte l’auteur dans l’hypothèse où il considère que ces

expressions figées « comportent des ‘‘verbes composés’’ » (p.154).

L’exemple analytique et illustratif32 qui suit ces observations donne des

indications sur les problèmes à étudier. Nous les résumons en trois points que nous

citerons rapidement:

Premièrement, au niveau sémantique, l’exemple fait ressortir que le « sens n'était

pas prévisible à partir du sens des mots » (p.155), c’est-à-dire qu’il n’est pas

compositionnel et reste d’une opacité avérée et définitoire de ces expressions figées.

Deuxièmement, au niveau syntaxique et formel, impossibilité de substitution de

synonymes aux Noms et Verbes, de modification de déterminants, d’introduction de

modificateurs de verbes, etc. L’auteur en conclut qu’ « ainsi donc, des modifications

couramment acceptées par des phrases quelconques sont interdites dans le cas figé. Le

qualificatif figé paraît comme justifié par les absences de variations que nous venons

de constater.» (p.155-156)

Troisièmement, et contradictoirement par rapport à ce qu’il vient d’être énoncé en

deux, l’auteur constate que «toutefois, la poursuite de l’examen de cette forme (figée

prise en exemple analytique) indique diverses possibilités de variation ». (p.156)

Nous citons, à titre illustratif,

- la variabilité avec le sujet de la personne et du nombre du possessif,

- le non figement du mode du verbe (changement de mode sans incidence),

- la possibilité d’insertion de diverses catégories entre le verbe et le complément,

- la pronominalisation acceptable, etc.

32 Max a cassé sa pipe (Max est mort), exemple n° 14 dans la liste des exemples cités dans le corps de l’article.

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Analyse syntactico-sémantique : - Lecture de l’article de M. Gross - 52

Ainsi, en considération de ce qui est constaté en trois, l’auteur conclut que « dans ces

conditions, il est légitime de se demander dans quelle mesure la forme (figée citée en

exemple) est exceptionnelle, alors que du point de vue syntaxique, son comportement

s’explique par le fait qu’elle ne répond pas aux conditions d’application des

transformations.» (p.158)

Ce préalable descriptif et de définition dépassé, l’auteur prend la précaution

d’expliciter les notations et les formalisations qu’il adopte dans son analyse et que, les

ayant adoptées, nous les avons présentées dès le début, dans le corps de notre étude.

3.1.2. - Premier axe : ‘‘le degré de liberté’’

Cela fait, l’auteur développe les deux principaux points autour desquels

s’articule son étude des expressions figées du français qui sont : ‘‘le degré de liberté’’

et ‘‘ la classification des formes figées’’.

Dans le premier axe, en l’occurrence ‘‘le degré de liberté’’ de ces expressions

figées et en examinant « en détail la nature qualitative des positions figées », il

constate que « les compléments apparaissent (…) comme plus souvent figés que les

sujets » (p.161).

Il passe alors en revue respectivement ‘‘ les phrases entièrement figées et

proverbes’’, ‘‘ les interjections’’ et les expressions au ‘‘sens figuré’’ où il analysera le

degré de figement

D’abord, en rapport avec les phrases entièrement figées et les proverbes qui,

même s’ils présentent des différences évidentes, ces dernières (les différences) « ne

constituent pas des critères suffisants de séparation », M. Gross fait constaté que « la

différence de sens (: général vs spécifique) entraîne parfois des différences formelles

entre proverbes et phrases figées » (p.161). Il note que :

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Analyse syntactico-sémantique : - Lecture de l’article de M. Gross - 53

« a) les proverbes sont difficilement compatibles avec les adverbes marquant l’aspect

ponctuel » et que

« b) les phrases figées peuvent matérialiser leur caractère spécifique au moyen d’un

pronom ». (p.163)

Ensuite, relativement aux ‘‘interjections’’, au-delà des distinctions intuitives entre

phrase et interjection, l’auteur cite les ‘‘formes exclamatives’’, ‘‘ les jurons’’, et ‘‘ les

formules de politesse’’. Il note qu’ « il n’existe pas de différence fondamentale entre

les interjections comme (19)33 et les phrases entièrement figées ». (p.167)

Enfin, s’agissant des expressions au ‘‘sens figuré’’, il est insisté sur le fait que,

parce que les distinctions sont toujours intuitives entre phrases figées et expressions au

sens figuré, « une étude précise devra motiver ces distinctions, c’est-à-dire lier les

différences de sens à des variations de forme conduisant à des résultats

reproductibles ». (p.168)

3.1.3. - Deuxième axe : ‘‘la classification des formes figées’’

Dans le deuxième axe, en l’occurrence ‘‘la classification des formes figées’’,

l’auteur choisit comme étalon les phrases minimales qui sont, pour lui, « les formes où

les compléments ne peuvent pas être omis ».

Il fait d’abord remarquer :

- que « le nombre et la position syntaxique des parties libres et figées sont variables. »

- que les cas où « l’ordre des compléments direct et indirect est inversé, sont rares par

rapport aux cas usuels où les deux ordres sont possibles » 34

- qu’ « on ne rencontre jamais plus de deux compléments figés ».

33 Hep! ouh-ouh ! hop! Aie ! Hum ! – exemple n°19, extrait du corps de l’article. (p.165) 34 Dans des formes comme Max a fait d'une pierre deux coups qu’il cite en illustration.

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Analyse syntactico-sémantique : - Lecture de l’article de M. Gross - 54

En se basant sur ces critères dans sa classification des phrases figées, il énumère

les formes figées de la façon suivante, en figurant à la gauche de chaque structure

figure le sigle de la classe lexicale: (p.174)

(CO) COV Ω (sujet figé, séquence complément quelconque)

(C l) NO VC1 (sujet libre, compl. direct figé)

(CP 1) : NO V Prép C1 (sujet libre, compl. indirect figé)

(C1PN) : NO V C1 Prép N2 (sujet et 2e compl. libres, 1er compl. figé)

(CNP2) NO V N1 Prép C2 (sujet et 1er compl. libres, 2e compl. figé)

(C1P2): NO V N1 Prép C2 (sujet libre, 2 compl. figés)

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Analyse syntactico-sémantique : - Lecture de l’article de M. Gross - 55

- Conclusions En guise de conclusion de son article, Maurice Gross rappelle que c’était là une

étude purement descriptive qu’il venait de présenter, laquelle étude, même si elle n’est

pas encore terminée, « autorise déjà un certain nombre de remarques ». (p.179)

Il procède à les signaler brièvement ici sous le thème de ‘‘conséquences’’ que nous

énumérons ainsi, en respectant l’ordre qu’il a établi:

A - du point de vue syntaxique,

- l’étude individuelle des phrases figées montre qu’elles sont bien formées, c’est-à-dire

que les règles de constitution et de transformation des phrases simples s’y appliquent

de la même façon que dans le cas libre ;

- le sens des mots n’intervient pas dans l’interprétation des expressions figées, elles

sont donc à apprendre par cœur ;

- ce mode d’apprentissage apparaît comme important dans la maîtrise de la syntaxe

d’une langue.

Et à M. Gross de suggérer que, « puisque la syntaxe des formes figées ne diffère pas

de la syntaxe de toutes formes libres, et vu l’importance des formes figées, on doit se

réinterroger sur le rôle de la syntaxe par rapport à l’interprétation sémantique dans le

cas libre. » (p.182)

B - Les expressions figées peuvent constituer un outil nouveau dans l’étude de divers

problèmes linguistiques.

- Par définition, les expressions figées n’apparaissent que dans un nombre restreint de

formes syntaxiques.

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Analyse syntactico-sémantique : - Lecture de l’article de M. Gross - 56

- Si on les observe dans d’autres contextes inattendus, il se pose alors la question de

l’existence d’une relation entre ces contextes.

- Il est donc possible de suivre assez aisément une forme figée dans ses divers emplois.

- Cette procédure pourrait s’appliquer en diachronie ou dans les comparaisons entre

langues35 : il est courant dans les langues européennes, que des expressions figées se

conservent ou se traduisent mot à mot avec la même signification.

« Ainsi, conclut-il imparablement, il apparaît que les expressions figées

habituellement écartées des discussions théoriques, constituent un domaine d’études à

part entière. » (p.184)

35 C’est le cas dans l’étude que nous menons, entre l’arabe et le français ; Cf. Intitulé du mémoire

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Analyse syntactico-sémantique : - Lecture de l’article de M. Gross - 57

3. 2. Le traitement d’expressions figées dans différentes

variétés du français à la suite de Maurice Gross :

- Exemple de traitement syntaxique des expressions figées dans le BFQS

- ECHANTILLON I Les différentes formes de correspondance syntaxique

- ECHANTILLON 2 Locutions verbales exprimant une comparaison

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III - Analyse syntactico-sémantique - Application aux expressions figées en AA. –- Exemple d’analyse - 58

3. 2. Le traitement d’expressions figées dans différentes variétés du français à la suite de Maurice Gross : - Exemple de traitement syntaxique des expressions figées du français dans le BFQS: - ECHANTILLON I Les différentes formes de correspondance syntaxique (Echantillon présentant, en guise d’exemple, 16 expressions en FF traduites en AA selon la grille du BFQS.On y retrouve toutes les catégories lexicales et syntaxiques prises en charge dans l’étude réalisée).

Entrées

Autres Verbes

Structure syntaxique

F

AA

Sens Exemples

Améliorer l'ordinaire Y hassen’ halou / h’walou

Nhum V Dét N Nhum V Dét N

+

+

Améliorer le quotidien "Aujourd'hui, un bon quinté… Pour les classes moyennes, ce peut être un moyen d'améliorer l'ordinaire." (www)

Quel bon vent t'amène, vous amène ? Wech’ men’ rih’ djabek’

ProInter Adj N-hum Pro V ProInter Prep N-

+

-

Quel plaisir de te voir, de vous voir !

"Mais quel bon vent vous amène dans notre village cher Monsieur ? s'exclame Alfred le gendarme." (www)

Amener qqn dans ses bagages Djabou fi dh’farou

Apporter, Emmener

N-hum V N PrépProPoss N NhumV N Prép N

+

-

Amener qqn avec soi "Chaque force d’occupation trouve des collaborateurs dociles sur place et parfois même, elle les amène dans ses bagages." (www)

Amener sa graisse, sa viande Dja b’chahmou ou lahmou

Ramener Nhum VProPoss N Nhum VDet NConjN

+

+

Venir "Fatima ! Fatima ! Amène ta graisse, bon dieu ! Va chercher les petits Lu dans le placard, la dame elle a les crocs." (www) Ramène ta viande et vite, on est pressé.

Amonceler à l'horizon, dans le ciel (les nuages s') Ghaymèt’

N-hum se V PrépDet N Imper N

+

-

La situation est inquiétante

"Après le couronnement du 12 mai 1937, la reine Élizabeth ne songe qu'à accomplir son devoir, d'autant que les nuages s'amoncellent à l'horizon." (www)

Amorcer un tournant, un virage T’bedèl’ edh’dharb’ /l’hala

N-hum VDet N N-hum V N

+

- Prendre une nouvelle

orientation "Les musées amorcent un tournant dans leur relation avec le public qui se retrouve plus que jamais au cœur des débats." (www)

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III - Analyse syntactico-sémantique - Application aux expressions figées en AA. –- Exemple d’analyse - 59

Entrées

Autres Verbes

Structure syntaxique

F

AA

Sens Exemples

Amuser bien (s') Farèh’ b’rouhou / b’oumrou

Nhum se V Adv Nhum VPrepN

+ -

Se plaire quelque part Est-ce que tu t'amuses bien dans ton nouvel appartement ?

Amuser la galerie Yelaâb’ fi serg’

Nhum VDet N Nhum VPrep N

+ -

Distraire l'assistance "Lorsqu’il était petit, il amusait la galerie avec ses mimiques, ses blagues : un acteur était né. " (www)

Amuser mal (s') Ghouma

Nhum se V Adv Adj

+ -

Ne pas se plaire qqpart "On s'amuse mal quand il est là." (Bal et al. 1994)

Amuser le tapis Yestas’ghar’

NhumVDet N Pro impers V

+ -

Distraire l'assistance "Raffarin veut-il amuser le tapis ? Après tout, pourquoi pas, mais la situation dramatique de la France mérite mieux." (www)

Annoncer la couleur Youkh’redj mèl’ guelta

Afficher Ya llah’

Nhum VDetN Nhum V Prep N

+ - Dire clairement son

opinion "Oui, mais au moins Elvezio et Fabrizio annoncent la couleur, tandis que Olivier nous a trompés sur ce coup là !" (www)

Annoncer les couleurs, ses couleurs Izraâ yenbèt’

Afficher Yendèh

Nhum VDet N VV

+ -

Dire clairement son opinion

Le parti a finalement annoncé ses couleurs concernant les garderies.

Annoncer la misère H’rab’ l’azrin’ / Mosfar’

Nhum VDet N NhumVPrepN

+ -

Avoir l'air maladif L'enfant des voisins annonce la misère; je me demande bien s'il mange à sa faim...

Apaiser les esprits Yah’da / Yhaddi

Calmer N-hum VDet N V

+

-

Calmer les gens "Le climat doux et pur du Caroux, au Languedoc, apaise les esprits, tandis que les grandes parois rocheuses des alentours impressionnent." (www)

Apitoyer sur son propre sort (s') Yechki

S'attendrir Yebki

Nhum se V PrépProPoss <Adj> N V

+

- Se plaindre complaisamment de sa situation

"Heureux ou pas, on est forcé de faire certaines choses, il est important d'aller de l'avant sans s'apitoyer sur son propre sort." (www)

Aplatir la figure, la gueule, le nez de qqn Y’kassar’ …

Casser Tartag’

Nhum VDet N Prép N V

+

-

Frapper violemment qqn "Ses sourires faux, ses mouvements de cou, sa voix de petite gouine qui veut se la jouer mec, c'est bien simple, je rêve de lui aplatir la figure." (www)

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III - Analyse syntactico-sémantique - Application aux expressions figées en AA. –- Exemple d’analyse - 60 ECHANTILLON 2 : Locutions verbales exprimant une comparaison : (N°) V Comme N1 (N2) Cette première analyse syntaxique des expressions synonymes des deux langues laisse apparaître, en plus de la similitude sémantique, une

symétrie syntaxique remarquable - que nous soulignerons. En effet, beaucoup de locutions figées exprimant une comparaison sont tellement

similaires, synonymes et symétriques qu’on a l’impression qu’il s’agit d’une seule et même langue.

Les quelques différences de distribution syntaxiques, qui sont là pour marquer la différence des systèmes linguistiques, le sont, pour l’essentiel, à un

niveau de registre de langue.

Entrées

Structure syntaxique F Sens Exemples A

Dormir comme un loir (une marmotte) Yer’goud’ ki lichir’

Nhum V CommeDet N Nhum V Comme N

+ +

Jouir d’un très bon sommeil.

Ma femme a parfois des insomnies ; moi, j’ai de la chance, je dors comme un loir.

S’entendre comme chien et chat Ki el gat ouel’ far’

Nhum V Comme N DetN Comme N Conj N

+ -

Avoir de mauvais rapports avec une autre personne. Se disputer.

Quand nos enfants étaient petits, ils se disputaient tout le temps : ils s’entendaient comme chien et chat.

Etre bavard comme une pie Yahdar ki el oued (lèb’har el haidj)

Nhum VAdj CommeDet N Nhum V Comme N

+ +

Parler beaucoup et souvent sans rien dire d’important.

J’aime bien Josette mais elle parle beaucoup trop : elle est bavarde comme une pie.

Etre bête comme ses pieds Y’khamèm’ b’ kerih’

Nhum VAdjCommeProPoss N Nhum V Prep N

+ -

Expression populaire employée pour désigner une personne qui n’est pas très intelligente.

Lorsque l’incendie a éclaté, il a téléphoné à son voisin au lieu d’appeler les pompiers. Il est vraiment bête comme ses pieds

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III - Analyse syntacticosémantique - Application aux expressions figées en AA. –- Exemple d’analyse - 61

Entrées

Autres Verbes Structure syntaxique

FF AA Sens Exemples

Etre blanc comme un linge Abyadh ki n’naâch

Nhum VAdj CommeDet N AdjComme N

+ +

S’utilise pour désigner une personne qui a eu très peur et qui est très pâle.

Quand la cheminée de l’immeuble voisin est tombée juste à côté de lui, Robert n’a pas été blessé, mais il était blanc comme un linge.

Etre blanc comme neige Abyedh ki leh’lib’

Nhum VAdj Comme N Nhum V Comme N

+ +

S’utilise pour désigner une personne qui n’a rien à se reprocher

Malgré un passé chargé, Monsieur Pierre déclara au juge qu’il était blanc comme neige et qu’il n’avait pas trempé dans l’affaire Blondie. Contre toute attente, la suite de l’enquête devait confirmer sa déclaration.

Etre comme un coq en pâte Yèd’ guèyèd’

Vivre Jouer à

Nhum V CommeDet N Prep N Nhum V

+ -

Vivre bien et sans avoir à se soucier de rien

Anne a passé une année extraordinaire dans une famille américaine : Elle était vraiment comme un coq en pâte ! Sa seule préoccupation était de se lever le matin !

Etre comme un éléphant dans un magasin de porcelaine. B’ghal’ fi dar’ dhayga

Nhum V CommeDet N AdvDetNPrepN.. N-hum Prep N Adj

+ -

Expression qui désigne une personne qui intervient maladroitement dans une affaire délicate.

Nous étions sur le point de conclure un contrat important avec nos clients. A cause des remarques maladroites de Jean, l’affaire a échoué. Cela n’est pas la première fois que cela arrive : Jean agit toujours comme un éléphant dans un magasin de porcelaine

Etre comme un poisson dans l’eau. ki es-soultane bi darou

se sentir Nhum V CommeDet Adv N... commeNhumPrepN

+ -

Etre à l’aise et se sentir bien dans une situation ou une activité donnée.

Depuis qu’il a changé de travail, Pierre-André est très content et se sent comme un poisson dans l’eau.

Etre doux comme un agneau Ouedjh’ lekhrouf maârouf

Nhum V Adj CommeDet N... N-hum N Adj

+ -

Etre d’un caractère agréable et plutôt non violent

Tout le monde se demandait comment cet homme avait pu entrer dans l’armée, lui qui était doux comme un agneau.

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III - Analyse syntacticosémantique - Application aux expressions figées en AA. –- Exemple d’analyse - 62

Entrées

Autres Verbes

Structure syntaxique

F F AA Sens Exemples

Etre fier comme un paon Laàbha farroudj

Nhum V Adj CommeDet N... Impers V N

+ -

Etre très fier et, parfois, quelque peu hautain et méprisant vis-à-vis des autres.

Depuis qu’il a été nommé directeur, il est fier comme un paon.

Etre fort comme un Turc Ki el-bedkri

Nhum V Adj CommeDet N... Comme N

+ -

S’emploie pour désigner une personne qui a beaucoup de force physique.

Jonathan est nettement plus grand que la moyenne et il est capable de soulever des charges énormes. Il est fort comme un Turc.

Etre lent comme une tortue. Yeddela ki s’la

Nhum V Adj CommeDetN N... Nhum V Comme N...

+ +

Exécuter un travail de manière anormalement lente. Marcher de manière très lente telle une tortue

Il travaille très bien, mais il lui faut toujours beaucoup plus de temps que les autres pour terminer : il est lent comme une tortue.

Etre muet comme une carpe Saket ki s’mira

Nhum V Adj CommeDet N... N V Adj Comme N...

+ +

Ne rien répéter de ce qu’on nous dit ; être capable de garder un secret.

Soyez sans crainte, je ne répéterai pas ce que vous m’avez dit ; je serai muet comme une carpe.

Etre rapide comme l’éclair Ki leb’rag

N-hum V Adj CommeDet N... Comme N...

+ -

Expression qui signifie « être d’une rapidité extrême, instantané

Rapide comme l’éclair, l’aigle fondit sur le lapin ; surpris ce dernier n’eut pas le temps de fuir.

Etre rouge comme une tomate Ah’mar ki et’t’matame

devenir N V Adj Comme N... Adj Comme N...

+ -

Expression qui signifie être pudique et prompt à être intimidé

Ne pas pouvoir soutenir le regard écrasant du maître, par exemple sans suer ou rougir, pour un élève timide.

Etre rusé comme un (vieux) renard Hili ki edh’ dhib

Nhum V Adj CommeDet N... Nhum V Adj Comme N...

+ +

Se dit d’une personne très habile pour obtenir ce qu’elle désire.

Il n’est pas malhonnête mais il obtient presque toujours ce qu’il veut : il est rusé comme un (vieux) renard.

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III - Analyse syntacticosémantique - Application aux expressions figées en AA. – Exemple d’analyse - 63

Entrées

Autres Verbes

Structure syntaxique

F F AA Sens Exemples

Etre sale comme un cochon

Khamedj ki el kelb’

Nhum V Adj CommeDet

N...

Nhum V Adj Comme N...

+

+

Etre très sale après avoir exécuté

un travail laissant des traces sur

l’individu (graisse, boue, etc.)

André a voulu nettoyer le moteur de sa voiture ; mais comme

il n’a pas l’habitude, après avoir terminé, il était sale comme

un cochon.

Etre têtu comme une mule

Rassou kh’chine ki leb’ghal’

Nhum V Adj CommeDet

N...

N_hum Adj Comme N...

+

+

Ne pas vouloir changer d’avis ou

admettre une erreur malgré

l’évidence des arguments

présentés par une autre personne.

Il n’y a rien à faire, elle n’écoute jamais aucun conseil : elle

est têtue comme une mule.

Fondre comme neige au soleil

Ki ez-zebda ki yatlaâ n’har’

N-hum V comme N Prép

N

Impers Comme N Conj V

N

+

-

Disparaître très rapidement,

généralement en parlant des

économies ou de la fortune d’une

personne.

Jean-Jacques a gagné une grosse somme à la loterie. Il a

arrêté de travailler et a commencé à dépenser sans compter.

Résultat : sa fortune a fondu comme neige au soleil.

Manger comme quatre

Yaâri aâla b’eir’

Y’farèdj

Nhum V commeAdj

Nhum V Prep N

+

-

S’utilise pour désigner une

personne qui a un gros appétit

Je ne sais pas ce qui m’arrive, mais depuis quelques jours, je

mange comme quatre.

Manger comme un cochon

Yakol ki el bagra (el hallouf)

Nhum V commeDet N

Nhum V Comme N...

+

-

Manger de manière sale et sans

tenir compte des règles usuelles

de la bienséance et du savoir-

vivre

Nous aimons bien Christian mais nous n’osons plus l’inviter

avec d’autres amis : il mange comme un cochon

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III - Analyse syntacticosémantique - Application aux expressions figées en AA. –- Exemple d’analyse - 64

Entrées

Autres Verbes

Structure syntaxique

F F AA Sens Exemples

Partir comme des petits pains

Yèm’chi ki l’baguit’ (

l’beryouch’)

N V comme N

N V comme N

+

+

Expression signifiant

qu’un produit de

consommation se vend -

où s’est vendu - très vite

et en grandes quantités.

C’est une véritable folie : les aventures de « Harry Potter », dont

l’auteur est une Anglaise encore inconnue il y a peu, partent

comme des petits pains dès leur parution.

Pleurer comme une Madeleine

Yebki Ki lewliya ( lemra)

Nhum V CommeDet N

N humV Comme N

+

+

Pleurer de grosses larmes

à la suite d’un gros

chagrin

La petite fille était tellement triste d’avoir perdu son ours en

peluche qu’elle pleurait comme une Madeleine.

Sauter comme un cabri.

Y’nekez ki j’di

Nhum V CommeDet N

Nhum V Comme N-

hum

+

+

Sauter avec beaucoup

d’agilité mais sans plan

précis.

Lorsqu’il apprit qu’il avait réussi son examen, il se mit à sauter

comme un cabri en répétant : « C’est génial, c’est génial !... »

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III - Analyse syntactico-sémantique

3. 3. Application de l’approche de M. Gross

à un corpus d’expressions figées arabes à base verbale

‘‘ Une classification des phrases ‘‘figées’’ du français’’, paru en 1982 dans la Revue Québécoise de Linguistique,

Vol. XI, N°2, p.151-185.

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III – Analyse syntactico-sémantique - Application aux expressions figées en AA. - 66

Application d’ ‘‘ UNE CLASSIFICATION DES PHRASES ‘‘FIGÉES’’ DU FRANÇA IS’’ DE MAURICE GROSS (1982), aux expressions en AA.

3. 3. 1. Introduction : - Préalables avant description et définition Partant du constat de Maurice Gross selon lequel la démarche des « études

syntaxiques (… (qui) procèdent par voie d’exemples : à partir d’un choix de formes,

on propose une règle ; souvent on mentionne des exceptions à cette règle, […]») n’est

pas tout à fait efficace sur un corpus d’expressions figées car, ajoutait-il, « avec les

expressions figées, la situation est différente : (ces) formes […] ont toujours été

considérées comme des exceptions. Aucune règle n’aura donc été envisagée pour

elles», (p.151) nous envisageons de reconduire l’exercice de cette étude syntactico-

sémantique de ce phénomène langagier (très récurent en langue française) en langue

arabe et particulièrement en arabe algérien (A.A.) (où il est aussi très récurrent comme

nous le constaterons ensemble avec les corpus relevés),

En effet, l’état de la question en linguistique de l’arabe étant à ses premiers

balbutiements, au stade où en était l’étude des expressions figées avant M. Gross pour

ainsi dire, nous avons jugé utile d’initier une analyse syntaxique et sémantique pour

essayer de retrouver ou reconstruire des ‘‘règle d’analyse’’ du fonctionnement des

structures figées en arabe algérien en collant au procédé de M. Gross, et en le

‘‘ copiant’’ même quand cela est possible. Comme le sien, notre corpus comprend

plusieurs formes de phrases ou d’expressions ‘‘qualifiées communément de

proverbiales, idiomatiques ou composées’’.

C’est parce que, selon le mot de M. Gross, c’est « un phénomène d’envergure » qui

requiert une approche académique sérieuse qui mobilise les moyens nécessaires et

exploite tout le donné linguistique que recouvre cette notion-concept, nous suivons,

autant que faire se peut, le plan de son article dont nous nous inspirons de la

démarche dans notre étude de cette réalité linguistique en A.A.

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III – Analyse syntactico-sémantique - Application aux expressions figées en AA. - 67

Nous menons notre étude, dans un premier temps, sur le modèle de l’analyse du

corpus d’expressions figées utilisées par M. Gross dans l’article cité pour nous

imprégner de la démarche.

Nous passons en revue, rapidement, les préalables à l’étude et à la classification des

expressions verbales figées tels qu’évoqués par l’auteur dans son introduction qui, sans

s’attarder sur les ‘‘Noms’’, les ‘‘ Adverbes’’ et les ‘‘Verbes’’ dont il a donné un

exemple illustratif bien détaillé et argumenté, se termine par la présentation du

système de ‘‘Notations’’ adopté dans le corps de l’article.

3. 3. 1. 1. - Les noms :

S’agissant des ‘‘ Noms’’, M. Gross fait remarquer que ceux considérés comme figés

sont , en fait, «des noms composés, qui seraient mieux orthographiés avec des traits

d’union ». (p.153). Il citera les exemples illustratifs suivants :

- cul de sac, pomme de terre, orthographiés ainsi :

- cul-de-sac, pomme-de-terre.

Ce cas de noms composés, qui existe en arabe classique comme en arabe algérien,

ne présente pas une orthographe spécifique ou spéciale : la soudure par le trait d’union

n’existe pas en arabe.

Pour copier le modèle des exemples de l’article nous citons :

Baïdh’ N’djel’, Kaâ Far’, Foum’ Gaâ, littéralement :

Œuf de N’djel’ (Aubergine) Cul de souris (Etroitesse) et Bouche Fond (même qualité).

Si l’orthographie ne suit pas, la structure, par contre est semblable, dans la plupart

des cas, à celle du nom composé français dont l’auteur dit :

« Les expressions cul de sac, pomme de terre, se présentent avec la structure productive N

de N de chef de groupe ou de bouteille de lait. » (p.152-153)

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III – Analyse syntactico-sémantique - Application aux expressions figées en AA. - 68

Comme en français, les noms composés de l’AA deviennent «des entrées

ordinaires de dictionnaire. Elles apparaissent dans des distributions nominales où

elles ne sont pas distinguables des noms simples ». (p.153)

Le tableau suivant montre la structure N de N qui se transforme en N. :

Structure N de N N (ou Nom simple)

cul de sac

Kaâ Far’

pomme de terre

Baïdh’ N’djel’

Impasse

Etroitesse

Patate

Aubergine

De même, tout à fait comme en FF, les noms composés de l’AA « ont des formes et

des contenus hétérogènes […] qui mettent en jeu des parties variées du discours. »

(p.153)

Les exemples donnés par l’auteur trouvent leurs équivalents formels en AA,

confirmant ainsi son assertion :

Un aller et retour : Magh’da wem’dji ;

Un pied à terre : Idou fi laâdjin’, Rassou fi t’tin’

Un je ne sais quoi : Zèy ma nakoul’ch’

En fin, « les noms composés peuvent avoir toutes les fonctions grammaticales des

noms simples (sujet, objet, circonstanciel, etc.) » (p.153)

Nous illustrons le cas par des expressions de l’AA :

- Baïdh’ N’djel’ est trop cher pour Omar (Sujet)

- Omar est friand de Baïdh’ N’djel’ (Objet)

- La demeure de Omar est comme Kaâ Far’ (Circonstanciel)

- Omar s’est mis dans Kaâ Far’ (Objet)

- Omar a payé un billet Magh’da wem’dji (Objet)

- Omar a battu Ali Magh’da wem’dji (Circonstanciel)

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III – Analyse syntactico-sémantique - Application aux expressions figées en AA. - 69

3. 3. 1. 2. - Les adverbes :

Concernant les adverbes, des suites prépositives figées jouant le rôle de

modificateur du sens du verbe, donc d’adverbes, sont constatées où « il n'est pas

possible de séparer la préposition de la séquence nominale qui la suit ». (p.153)

Les exemples n° 7, 8 et 9 proposés dans l’article trouvent leurs équivalents parfaits en

AA, ce qui n’est de l’ordre du hasard :

- Max a mangé le rôti à belles dents ;

- Omar k’la er rôti b’ aynih’.

Omar a mangé le rôti de ses yeux (b’ aynih’).

- Ida terminera son livre à Pâques ou à 1a Trinité ;

- Fatima takra lèk’tèb’ fi El Aïd ouala fi Achoura.

Fatima terminera son livre à l’Aïd ou à l’Achoura (fi El Aïd ouala fi Achoura).

- Max est parti en douce ;

- Omar sèl’ha fi es tira.

Omar est parti en douce (fi es tira).

Il en va de même pour la remarque que fait l’auteur au sujet de ces suites en

français : en effet « il ne sera pas possible de retrouver avec le même sens (ces

expressions en AA) dans d’autres groupes nominaux, avec un sens rappelant celui des

phrases » équivalentes des exemples ci-dessus. (p.153)

3. 3. 1. 3. - Les verbes :

Quant aux verbes, M. Gross commence par signaler cette anomalie qui a consisté à

classer ceux composés « de la même manière que les verbes simples » alors que les

phrases qui les contiennent « ne sont pas analysables selon des règles qui s’appliquent

aux phrases superficiellement identiques». (p.154)

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III – Analyse syntactico-sémantique - Application aux expressions figées en AA. - 70

Il cite, entre autres exemples :

- Ida a envoyé (promener son fils = son fils promener)

- Ida a envoyé (son fils se reposer = se reposer son fils)

qui conduisent à des phrases simples du type :

- Son fils se promène.

- Son fils se repose.

En AA, le cas équivalent existe qui entretient cette relation de similitude entre les

deux langues et cette confusion entre verbes composés, suites figées, et verbes

simples.

Nous citons les exemples illustratifs suivants :

Fatima dézèt’ t’djib’ lèh’lib’

(Fatima a envoyé chercher du lait ; Fatima cherche du lait.)

Omar d’ja yatloub’ mawaâd’

(Omar vient demander un rendez-vous ; Omar demande un rendez-vous.)

L’auteur conclut au fait que « si on les analysait de la même façon, les phrases (à

verbes composés) devraient comporter les phrases simples […], ce qui n’est pas le

cas. » (p.155)

3. 3. 2. - Un exemple :

Au terme de ce préalable utile, concis mais aussi consistant par sa teneur

explicative, l’auteur entreprend d’en donner un exemple succinct ; exemple dont

l’examen donne des indications sur les problèmes qu’il nous faut étudier aussi en AA.

Il considère l’expression figée populaire et très utilisée ‘‘casser sa pipe’’

(= mourir) , et construit la phrase n°14 dans son corpus d’analyse:

- Max a cassé sa pipe (Max est mort)

D’abord, on remarque aisément que « le sujet est un Nhum variable, mais verbe et

objet ne peuvent pas être modifiés. » (p.155)

Ensuite, il est évident pour tous les usagers (natifs) du FF que le sens de cette

expression « n'était pas prévisible à partir du sens des mots casser et pipe. » (p.155)

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III – Analyse syntactico-sémantique - Application aux expressions figées en AA. - 71

En AA., il existe deux expressions figées équivalentes qui sont:

- Omar tab’tab’ rassou (La tête de Omar s’est cogné ; sous entendu contre un objet

dur).

- Omar s’raât’ nak’m’tou (Omar a avalé son extrait de naissance)

Nous pouvons, ici aussi, faire les mêmes remarques qu’a fait l’auteur sur l’exemple

n°14 sur un certain nombre d’exemples de notre corpus en AA ayant leurs équivalents

en FF.

Dans le cas, par exemple de

1 - Max se casse la tête

1’- Ali y’kassar rassou ,

le sujet est un Nhum qui peut être modifié ou changé contre un autre prénom ; par

contre ‘‘se casser la tête’’, ‘‘y’kassar rassou’’ sont des séquences figées et ne

peuvent pas être remplacés par un verbe synonyme ; exemple : briser, etc.

Le verbe est complètement figé ainsi que le complément direct (la tête, rassou)

3. 3. 2. 1. - Solidarité dans l’expression figée du Verbe et de l’Objet :

Nous suivrons M. Gross qui dit que «l’examen d’exemple donne des indications sur

les problèmes que nous étudierons ».

Nous en citons deux :

1- Se casser la tête Y’kassar rassou

2-Retourner la veste Y’daouar el fista

Considérons l’expression : retourner la veste (= changer brusquement et

complètement d’avis, d’opinion, de parti), et partant les phrases :

- Ali daouar el fista (il a trahi, il a changé de camp)

- Max retourne sa veste (Max change complètement d’avis)

Leur sens n’était pas prévisible à partir du sens des mots retourner et veste (Gueleb

et el fista).

Le sujet est un Nhum variable, c’est-à-dire qu’on peut lui substituer d’autres noms

jouant la même fonction comme Omar et Pierre, etc.

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III – Analyse syntactico-sémantique - Application aux expressions figées en AA. - 72

S’agissant du Verbe et de l’Objet (séquence figée), ils ne peuvent pas être

modifiés, c’est-à-dire qu’on ne peut pas substituer de verbe synonyme à ‘‘ retourner’’

(= revenir à, changer de, etc.) : le sens en deviendra compositionnel comme nous le

vérifierons dans les phrases suivantes :

- Ali bédèl et fista.

- Max change la veste.

Ils ont mis chacun une autre, une nouvelle veste.

D’un autre coté,

* Max change sa veste,

* Ali bédèl’ fistou,

sont des variantes qui présentent une inadéquation sémantique avec les phrases de

départ et n’ont donc pas de sens apparenté.

Toujours en rapport avec le même exemple d’application, nous constatons avec le

linguiste, que même en AA., on ne peut pas non plus substituer de nom synonyme ou

distributionnellement voisin de veste, sans que disparaisse le sens spécifique de

l’expression :

- Max retourne (son manteau, son pantalon, sa chemise, sa cravate, etc.)

- Ali gueleb (essaroual, el gandoura, el balto, chéchia, etc.)

La suite figée mémorisée est retourner + veste ainsi que gueleb + el fista.

3. 3. 2. 2. - Constance et immuabilité du déterminant :

Comme dans les phrases en FF., on ne peut pas modifier le déterminant dans les

phrases en AA., à l’exemple de :

- Ali bédèl’ fistou ;

- Ali bédèl’ fista,

qui signifient, respectivement, Ali retourne sa veste et Ali retourne une veste.

Sans que ces phrases ne cessent d’être grammaticales comme leurs équivalentes en

FF., leur sens deviendra compositionnel : Ali a retourné sa veste, c’est-à-dire la sienne

propre et non celle de Omar, par exemple ; il aura, dans la deuxième phrase, retourné

une veste quelconque. La situation de communication palliera à l’ambiguïté du sens de

cette phrase.

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III – Analyse syntactico-sémantique - Application aux expressions figées en AA. - 73

En FF., en plus de l’inadéquation sémantique avec la phase de départ, la

modification du déterminant entraîne un changement radical dans l’énoncé : l’opacité

sémantique disparaît (donc le caractère figé de l’expression aussi) à la faveur d’un sens

compositionnel comme dans :

*Max retourne une (la + cette) veste36 : c’est-à-dire pas une veste en particulier (peut-

être une de ses vestes ou une des vestes d’une autre personne).

3. 3. 2. 3. - Impossibilité d’adjonction d’Adjectif à l’Objet :

L’adjonction d’un adjectif (caractérisation sémantique du substantif de la suite

figée) perturbe le figement de l’expression et entame le sens opaque, métaphorique et

consensuel qu’on se devait d’apprendre et se remémorer selon la définition du

figement.

Les exemples suivants illustrent la situation de non possibilité de l’opération sans

conséquence sur la nature de la suite figée :

*Max retourne sa nouvelle veste.

* Ali bédèl el fista ej’dida.

*Max retourne sa large veste

* Ali bédèl el fista laâridha.

Nous faisons remarquer que selon les exemples en A.A. et en F.F., la place de

l’adjectif n’est pas fixe : en syntagme autonome, il peut prendre des positions

différentes sur l’axe syntagmatique, avec des conséquences sémantiques prévisibles.

Dans notre exemple, il est préposé au substantif qu’il caractérise dans l’énoncé en F.F.

(nouvelle veste ; large veste), alors qu’il est postposé en A.A. (el fista ej’dida ; el fista

laâridha.) C’est la une particularité de la langue arabe, ici dialectale.

36 Comme M. Gross, nous utiliserons ici le symbole « * » pour indiquer que la forme peut être acceptée avec un sens non pertinent à la discussion.

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III – Analyse syntactico-sémantique - Application aux expressions figées en AA. - 74

Même cas pour les deux phrases suivantes en AA où le changement d’un mot de

l’expression solidaire (figée) n’en donne pas une variante mais une tout autre

expression avec un sens très différent :

- Ali yakoul’ aichou hami (Ali mange sa soupe chaude) dont l’équivalent en FF est

- Max confond vitesse et précipitation, ce qui signifie qu’ils s’impatientent, se

précipitent et finissent par passer à côté de ce qu’ils cherchaient à obtenir.

S’agissant du déterminant possessif, il est obligatoirement coréférent au sujet

* Omar et Ali bèd’lou fistat’hom’ (retournent leur(s) veste(s)

* Luc et Max retournent leur veste

On remarquera également que le déterminant possessif est préposé en FF. alors qu’il

est postposé en AA., par rapport au nom déterminé.

3. 3. 2. 4. - Impossibilité d’adjonction de modificateur de Verbe :

Dans cet article, M. Gross constate qu’on ne peut pas introduire de modifieur de

verbe dans une suite sans altérer son caractère figé.

Ici l’adverbe est compris dans le sens où il est l’assistant du verbe pour la modification

ou la précision du sens à exprimer par la séquence prédicative comme dans ces phrases

ordinaires :

Ali et Max marchent (= marcher, parcourir une distance).

Ali et Max marchent vite (courir, se dépêcher).

Les exemples suivants, sans qu’ils soient syntaxiquement incorrects (irrecevables),

déplacent le noyau sémantique sur le modificateur et altèrent par conséquent le sens

opaque définitoire du figement des expressions.

On le remarque mieux dans les expressions verbales figées telles que :

* Ali guélèb el fista maraâ

* Max retourne complètement la veste.

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Nous concluons donc, en disant avec M. Gross, que les modifications couramment

acceptées par des phrases quelconques sont interdites dans le cas de ‘‘phrases’’ figées

sous peine de défiger l’expression, et que, de façon générale, le qualificatif ‘‘figé’’

parait comme justifié par les absences de variations que nous venons de constater aussi

bien en FF., avec l’auteur, qu’en AA.

Toutefois, un examen minutieux de cette forme d’expression laisse entrevoir

certaines possibilités de variations : M. Gross fait constater que la personne et le

nombre du possessif sont variables avec le sujet et que la modification/réduction par

pronominalisation est possible et assez courante. Nous avons pu le constater aussi sur

les expressions équivalentes en A.A., ce qui confirme la thèse avancée qui pose la

similitude des constructions figées ou idiomatiques, de façon générale dans les deux

langues :

- Max se prend la tête ; Max se la prend.

- Omar laâb’ha maq’la ; Omar laâb’ha. (vedette, personnalité)

- Ali laâb’ha rodj’la ; Ali laâb’ha (virile, macho)

Il en va de même pour le mode du verbe, de même que pour le temps qui ne sont

pas figés non plus, on observe :

- Ali retournera sa veste (Futur Simple de l’Indicatif )

- Max retournera sa veste (Futur Simple de l’Indicatif )

- On craint que Max retourne sa veste (Présent du Subjonctif)

3. 3. 3. – Degré de liberté :

Ayant adopté la même démarche que le linguiste dans cet article, nous ne

pouvons que constater avec lui que « les exemples de phrases que nous avons donnés

ne sont qu’en partie figés […] puisque les positions occupées par des noms propres

[…] sont susceptibles d’accepter des groupes nominaux quelconques, contraints

sémantiquement par le sens de la phrase. » (p.160-161)

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III – Analyse syntactico-sémantique - Application aux expressions figées en AA. - 76

En analysant tel que nous l’avons fait les phrases figées de l’AA., nous y avons

traité aussi de ce qui compose ces suites, c’est-à-dire du lexique leur donnant

substance. Or, dira l’auteur, « l'étude d’un lexique de phrases figées […] donne un

certain nombre d’indications sur la répartition des positions libres. » (p.161)

M. Gross constate, statistiquement, que « les compléments apparaissent […]

comme plus souvent figés que les sujets» et entreprend d’examiner « en détail la

nature qualitative des positions figées. » (p.161) 37

C’est là l’objet de ce chapitre où nous allons vérifier si le degré de liberté ou de

figement des composantes lexicales des suites figées en AA. est comparable à ce qu’il

en est en FF.

3. 3. 3. 1. - Phrases entièrement figées et proverbes :

Pour poser cette problématique, M. Gross recourt à cette astuce pédagogique. Il

donne à apprécier les deux expressions suivantes :

-Les carottes sont cuites

-Tous les chemins mènent à Rome 38

Ainsi, il amène la réflexion sur la distinction ‘‘proverbes/phrases figées’’.

Intégrant les expressions en AA., nous proposons les exemples suivants pour rendre

plus explicite la démarche de l’auteur en FF. et pour traiter de cette problématique en

AA :

1 - Il met sa main au feu (Mettre la main au feu.)

1’- Y’hot y’dou f’enar

2 - Mieux vaut tard que jamais

2’-Elli yètména khir melli yèsténa, welli yèsténa khir melli yegtaâ elyès’

(Mieux vaut espérer et attendre que de désespérer, espérer/attendre/désespérer)

L’intuition est claire aussi bien en arabe qu’en français: 1et 1’ ne sont pas des

proverbes, 2 et 2’ le sont.

37 « C'est ainsi que l’on a pu constater que pour environ 8 000 phrases il existe moins de 600 sujets figés. Par contre, on a décompté plus de 1300 objets directs et plus de 1700 objets indirects libres. On a encore observé plus de 1000 compléments de noms figés. » (p.161) 38 Respectivement n°15 et n°16 des exemples utilisés dans son article.

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III – Analyse syntactico-sémantique - Application aux expressions figées en AA. - 77

Les quatre expressions sont figées de la même façon : ni dans celles en FF, ni dans

celles en AA, il n’est pas possible d’opérer de commutation

* Mettre le pied au feu

* y’hot kraou f’enar

* Mieux vaut demain que jamais

* Elli yètména khir melli yèsténa, welli yosbor’ khir melli yegtaâ elyès’

(Espérer/attendre/patienter).

A part l’intuition, qui ne constitue pas un critère de distinction objectif, pourtant,

souligne l’auteur « leur statut est clairement distinct. L’intuition de proverbe l'adage,

de maxime ou de sentence) paraît liée à un caractère de généralité de la phrase,

parfois signalé au moyen de déterminants génériques. » (p.161-162)

Ce caractère de généralité imprègne aussi les proverbes en AA.

Au plan syntaxique, on pourrait tout autant dire avec l’auteur, qu’en AA. aussi,

même si « de nombreux proverbes sont bien formés syntaxiquement, […] certains

exemples de proverbes ont (également) une structure syntaxique déviante». (p.162)

L’exemple qui est proposé a un équivalent en AA qui reconduit la même forme :

- …Pierre qui roule n’amasse pas… mousse

- Er’ raguèd’ ma atatou m’mou …kesra

En règle générale, rappelle l’auteur, « les noms comportent un article, surtout en

position sujet ». Mais, tandis qu’en FF, il n’ y a de déterminant sur aucun des deux

noms de l’exemple précédent, en AA., si le sujet est précédé d’un déterminant, le

complément en est dépourvu.

La comparaison phrases figées/proverbes laisse apparaître certaines différences que

souligne l’auteur en indiquant que les premières n’acceptent pas certaines variations

qu’admettent les seconds.

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En effet, les proverbes présentent, entre autres,

-1 des variations de temps et

-2 des variations de temps-mode:

1- On accepte ainsi des variantes marquées par des Variations de Temps comme :

- Dans ce temps-là, tous 1es chemins menaient à Rome, mais aujourd’hui…

- Jamais pierre qui roule n’amassera (de) mousse.

2- On admet aussi des variantes marquées par des Variations de Temps-Mode

comme ici par l’insertion dans une complétive:

- J’ai vite compris que les carottes étaient cuites

- Max aimerait que la fortune vienne en dormant

En AA., il est aussi possible, dans certaines situations de communication et sous

certaines conditions, de faire entrer des variations sur des proverbes :

1- de Temps :

- Wah’d’ el aâm’ kan’ edh’ dhib’ yéssaouag’, khati el youm’

(Il fut un temps, le loup faisait son marché, pas aujourd’hui)

2- de Temps-Mode :

- Omar l’gaha rag’da out’mangi, lèh’ imout

(Omar, tout dormant qu’il le fait, trouve toujours à manger, pourquoi mourir ?)

- El li l’gaha lah’imout

(Celui qui la trouve -ainsi qu’espérée-, pourquoi mourrait-il ?)

3. 3. 3. 2. - Interjections :

En prenant en charge les ‘‘interjections’’, et au-delà des distinctions intuitives

entre phrase et interjection, l’auteur cite les ‘‘formes exclamatives’’, ‘‘ les jurons’’, et

‘‘ les formules de politesse’’.

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D’abord, concernant la première équation (distinction phrase/interjection), l’auteur

rappelle que « l’intuition de base utilisée dans les études syntaxiques consiste à juger

de la nature phrasale ou non d’une séquence de mots. » (p.164)

Ainsi, les exemples suivants sont là pour différencier les deux catégories ; nous leur

faisons correspondre leurs équivalents en AA. :

1- Max dort. =Phrase

1’- Omar r’guèd’. =Phrase

2- Le sommeil de Max. = Séquences de mots

2’ R’guèd el gataâ. = Séquences de mots

Ainsi, et toujours par intuition, « la notion d’interjection peut paraître solidement

établie », dira l’auteur (p.165)

Considérons les expressions de l’exemple n° 19:

- Hep! ouh-ouh ! hop! Aie ! Hum !

L’AA. ne possède pas exactement les mêmes interjections mais, pour l’essentiel,

beaucoup sont formées d’un seul mot suivis d’un point d’exclamation comme :

- Bah ! Bouh’ ! Aie ! Hum ! ch’t’ !

M. Gross note qu’« il n’existe pas de différence fondamentale entre les

interjections comme (19)39 et les phrases entièrement figées ». (p.167)

Cependant, si en FF., « de nombreuses formes font l’objet d’une intuition

intermédiaire entre phrase et interjection […et] peuvent aussi bien être dénommées

interjections que phrases entièrement figées» (p.165), l’AA. ne présente pas de cas

similaire. Avec l’ajout d’un deuxième (et troisième mot) à l’interjection en AA., celle-

ci change de nature : elle se transforme soit en séquence de mots, soit en proverbe, soit

encore en phrase (figée ou libre).

39 Hep! ouh-ouh ! hop! Aie ! Hum ! – exemple n°19, extrait du corps de l’article. (p.165)

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Ces formes intermédiaires en FF.

a. Marché conclu

b. Va-donc !

n’ayant pas d’équivalents parfaits en AA, leur sens est rendu par :

a’. Allah y’rèbèh’ (Dieu vous l’accorde avec bénéfice)

b’. Rouh’ barq’ (Part, c’est seulement ce que je vous demande)

En effet, l’auteur reconnaît qu’il est « difficile de donner une définition formelle

d'interjection, par exemple en termes de longueur. En général, une interjection est

courte, mais pas forcément monosyllabique ». (p.165)

Au-delà, nous sommes en présence de phrases qui, hors contexte, paraissent

ambiguës. Leur contextualisation ou l’intelligence de leur acte d’énonciation y palliera

et permettra la construction du sens. Il pourrait s’agir d’exclamation comme l’indique

l’auteur pour un certain nombre d’entre elles : « Nous avons encore considéré comme

phrases figées une série sans verbe, comme :

Au feu. À l'abordage. À vos marques.

En voiture. À vos souhaits. À 1a santé de Max.

Ce sont toutes des exclamations. » (p.166)

Nous pouvons le constater aussi pour l’AA. avec des exclamations qui se présentent

sous les deux formes :

1- Interjection :

- An’ nar’ (au feu), généralement répétée deux fois (An’ nar’, an’ nar’)

- B’sahtèk’ (A ta santé)

2- Exclamation :

- Haya ya radjala (À l'abordage)

- Aâssou r’ouah’koum’ (À vos marques)

- Rah’mouk’ allah (À vos souhaits)

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S’agissant des jurons, et culturellement surtout, cela ne procède pas de la façon

dans les deux langues surtout sur deux ‘‘cibles’’ (thèmes) tabous et/ou sacrés:

la mère et Dieu.

D’où en AA., des chapelets de jurons où ses deux mots –thèmes sont récurrents.

On en veut pour exemple générique illustratif, d’ailleurs tellement fréquent dans les

milieux des français d’origine maghrébine qu’il est devenu un cigle d’un groupe de

chanteurs de rap : NTM : initiales du jurons

- Nique ta mère.

En AA. :

- Nique om’ mok’

Dans la même forme syntaxique est construit aussi le blasphème NTD.

Mais, en se fiant aux exemples du corpus d’étude dans l’article de Gross, il existe

aussi beaucoup de ressemblances sur ce volet.

L’exemple n°23 s’y prête parfaitement pour montrer la similitude de la construction

syntactico-sémantique de ce type d’expressions figées.

En effet, les jurons

- Sacre dieu ! Merde! Bordel! Véro1e! Chiotte ! etc.

ont les équivalents suivants en AA. :

- Sacre dieu ! : Dine er’rab’ ; yakhi rab’ ;

- Merde! : merde ; mird’ ; z’bèl’ ; kh’ra ; kharia

- Bordel! : bourdil’

- Véro1e! : g’rada ; bakka

- Chiotte ! : bit’ el’ma.

M. Gross parle de jurons « qui ont des propriétés combinatoires variées, au point

que certains assemblages semblent récursifs » (p.166)

Il cite un exemple illustrant l’étendu de la combinatoire et un autre de la récursivité

des assemblages :

Nom de (Dieu + nom + une pipe + un chien) etc., qui ont des propriétés

combinatoires variées, au point que certains assemblages semblent récursifs:

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III – Analyse syntactico-sémantique - Application aux expressions figées en AA. - 82

1- Combinaison : exemple n°23

Nom de (Dieu + nom + une pipe + un chien)

2- Assemblage : exemple n°24

- Sacré nom de Dieu de putain de bordel de merde

En AA., les propriétés combinatoires sont assez fréquentes alors que les

assemblages le sont un peu moins :

1’- Naâl’ dine (rabèk’+ om’mok’+ babèk’+ djèdèk’+wal’dik’)

Maudite soit la religion de (ton Dieu+ta mère+ton père+ton grand père+ tes parents).

2’- Naâl’ dine es’ sadjara n’taâ dine wal’dik’ lek’lèb’

Maudit soit l’arbre généalogique de la religion de tes chiens de parents.

Enfin, dernière variante citée des phrases entièrement figées syntaxiquement,

les formules de politesse : elles sont tout autant fréquentes en FF. qu’en AA.

Elles sont caractérisées en FF., selon l’auteur, par deux formes d’effacements dont le

premier (effacement de performatifs) est productif du point de vue lexical alors que le

second (effacement par réduction) permet une économie par pragmatisme linguistique

ou par laconisme rhétorique.

Nous faisons remarquer qu’il en va de même en AA. La majorité des exemples

fournis par l’auteur dans son article (n°25 et n°26) ont leurs équivalents en AA. qui

vont nous permettre de le vérifier.

Exemples fournis Equivalents

Adieu

Bonjour

Au revoir

Bonne nuit

Bon dimanche

Joyeux anniversaire

Bon retour

Aâla khair’ ; fi laman’ ; fi aman’ allah’

S’bah’ el khair’

Bès’lama ; Aâla khair’

Tès’bah’ aâla khair’, Am’s’ el khair’

Ø

Ø

Tar’djaâ b’khair’ / b’afia

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III – Analyse syntactico-sémantique - Application aux expressions figées en AA. - 83

1. - Effacement de performatifs :

L’auteur dit que : « ces formes sont productives du point de vue lexical [et qu’]

elles pourraient s’analyser par des effacements de performatifs ». (p.167). Il en

propose deux exemples, numérotés respectivement, 27 et 28 :

- Je vous dis = E [Adieu+Bonjour+Au revoir, etc.]

- Je vous souhaite un(e) = gr. [Bonne nuit+ Bon dimanche+ Joyeux anniversaire+ Bon

retour]

Il en va exactement de même pour l’AA. où l’effacement de performatifs

s’accompagne du choix d’un verbe introducteur approprié :

- N’khalikoum’ Aâla khair’ ; fi laman’ ; fi aman’ allah’

(Je vous laisse dans le bien ; en paix ; dans la paix de Dieu)

- N’goul’koum’ bès’ lama ; Am’s’ el khair’

(Je vous dis au revoir ; bonne nuit)

- Net’ manal’koum’ Tar’djaâou b’khair’; b’afia

(Je vous souhaite bon retour.)

2. - Effacement par réduction ou « les formes (qui) s’analyseraient en termes

d’effacement différents » (p.168), sont celles où l’énonciatif emphatique est

avantageusement remplacé par un performatif plus économique.

Les formes suivantes données en exemples en page 168 en vérifient le procédé :

- Vous n’avez pas de chance= Pas de chance !

- C’est du tonnerre= Du tonnerre !

- Il n’y a rien à signaler= Rien à signaler !

Le procédé est très courant en AA. également : les équivalents des phrases en FF. et

d’autres de la même veine le laisse apparaître de façon similaire.

Nous le vérifierons d’abord avec les exemples précédents dont les équivalents sont

respectivement:

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III – Analyse syntactico-sémantique - Application aux expressions figées en AA. - 84

- Ma an’dak’ch’ ez’har’ = maqqan’ch’ ez’har’ !

- Hadja haila = Haila !

- Ma kan’ walou = Walou !; Sah’ra !

Nous citons, par ailleurs, d’autres exemples de la même veine : effacement par

réduction.

- Hadha ma kan’ = El kayn’ ; el hadhèr’ ; el moudjoud’

(C’est tout ce qu’il y a = l’existant ; le présent)

- Ma kan’ ma toun’goub’ = Nach’fa ; Walou ; Sah’ra

(Il n’y a rien à gratter = Sec (sèche), Rien ; Sahara)

3. - Sens figuré :

Dans le traitement du degré de liberté (ou de figement) de la phrase verbale,

le troisième point pris en charge par l’auteur, après les phrases entièrement figées et

les interjections, est le sens figuré, lequel « sens figuré, dira-t-il, pose le problème de

l’interprétation de quelques phrases ». (p.168).

Il illustre son propos d’exemples appropriés où la somme des sens de la suite

lexicale, dont le verbe, ne constitue pas le sens de l’expression figée.

Il dit que la phrase n° 30

« Max a truffé son discours de plaisanteries, ne comporte pas le sens de truffe, présent

dans le sens propre (dans l’exemple n°31)

= Max a truffé la dinde de truffes du Pakistan.

Elle est d’ailleurs synonyme de (l’exemple n° 32) Max a (bourré + rempli) son

discours de plaisanteries ». (p. 168)

Nous signalons que, pareillement, certaines expressions figées en AA., verbales ou

nominales d’ailleurs, présentent un sens figuré (ou opaque) dont l’interprétation

sémantique est à chercher ailleurs.

Nous procèdons par comparaison en citant des exemples en FF. suivis de leur

équivalents formels en AA., mais dans le sens n’est pas compositionnel :

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III – Analyse syntactico-sémantique - Application aux expressions figées en AA. - 85

1- Annoncer la couleur :

- Max annonce la/sa couleur.

1’- Kh’redj mel’guelta

- Omar youkh’redj mel’guelta

La phrase 1, en FF., ne comporte pas le sens de couleur, ni la phrase 1’, en AA., ne

comporte pas le sens de mare.

- Annoncer la couleur, pour Max et

- Youkh’redj mel’guelta (sortir (sa tête) de la mare, pour Omar,

sont synonymes de ‘‘donner son opinion, son avis sur une question’’

1- Max donne son opinion sur la question.

1’- Omar y’mèd’ rayou fil massala.

La contribution de M. Gross étant datée de 1982 et le phénomène n’étant pas traité

exhaustivement, l’auteur signale que « l’étude du sens figuré des verbes […] n’a pas

été entreprise de façon systématique ; [que parce que] les dictionnaires distinguent

généralement divers sens ou emplois d’un mot donné […] , une étude précise devra

motiver ces distinctions, c’est-à-dire lier les différences de sens a des variations de

forme conduisant à des résultats reproductibles. […] » Il le reconnaît en disant :

« Nous avons donc décrit comme des expressions figées, ce qui est parfois appelé sens

figuré, métaphore ou cliché. Mais nous n’avons retenu que des cas ou les possibilités

de variation de la partie figurée étaient faibles » (p.169).

Ainsi, dans l’exemple n° 30-31 :

1- Max a truffé son discours de plaisanteries,

2- Max a truffé la dinde de truffes du Pakistan,

l’auteur signale qu’ « on peut considérer que c’est un changement de la distribution

dans le couple ‘‘objet direct’’ – ‘‘complément indirect’’ qui modifie le sens ».

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III – Analyse syntactico-sémantique - Application aux expressions figées en AA. - 86

2’- D’abord, au sens propre, l’objet direct de truffer pourra être remplacé par un plat

cuisinier (aliment)

1’- Ensuite, au sens figuré, l’objet direct de truffer sera un terme synonyme de discours

(mot, poème, texte, lettre, etc.)

Ainsi, on peut le vérifier : un changement de la distribution dans la paire objet

direct - complément indirect modifie le sens.

Et à l’auteur de conclure que « lier les différences de sens a des variations de forme

conduisant à des résultats reproductibles (et étendre) l’étude des expressions figées à

certains sens figurés constitue (ront) une contribution à la représentation des divers

emplois d’un verbe, et donc de la distinction des sens associés aux phrases simples.»

(p.169)

C’est ce qu’il a initié en appelant ‘‘productive’’ les configurations au ‘‘sens figuré’’

et en les opposant à des structures au ‘‘sens figée’’. Il propose la phrase :

- Max couve Ida des yeux

qu’on peut rendre par :

- Max couve Ida du regard

en substituant ‘‘le regard’’ à ‘‘les yeux’’ sans changer le sens.

L’équivalent parfait en sens figé de cette expression en AA. existe :

- Omar yakoul’ Aida b’aynih’ (de ses yeux)

- Omar yakoul’ Aida ben’n’dhar’ (de son regard)

3. 3. 4. - Classification des formes figées :

La classification des formes figées par M. Gross, l’axe et l’objectif principaux

de cet article, intervient au terme de cette étude après une introduction succincte où fut

posée la problématique du figement par la focalisation sur les éléments touchés par le

durcissement (Nom, Adverbes, Verbes puis Phrases) dont il traitera de la place et du

rôle sémantique.

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III – Analyse syntactico-sémantique - Application aux expressions figées en AA. - 87

Ce préalable descriptif et de définition réalisé, l’auteur traite le premier axe de

l’étude, en l’occurrence ‘‘le degré de liberté’’ de ces expressions figées. Il passe en

revue respectivement ‘‘ les phrases entièrement figées et proverbes’’, ‘‘ les

interjections’’ et les expressions au ‘‘sens figuré’’ où il analyse le degré de figement.

Mais, avant de procéder à ‘‘la classification des formes figées’’ comme

l’indique l’intitulé, l’auteur enregistre un certain nombre de remarques et constate que

cela ‘‘ne va pas de soi’’, c’est-à-dire qu’aucune logique formelle ne sous-tend les

configurations des structures figées.

Nous essayons de vérifier si ces remarques sont aussi valables pour les expressions

en AA., avant de passer en revue les classifications proprement dites.

3. 3. 4. 1. - Possibilité de changement de position syntaxique :

- Max est libre de partir = phrase libre

- Libre à Max de partir = phrase figée

Ce changement position syntaxique, assez fréquent même s’il change radicalement

la nature de la phrase, n’altère pas le sens de la phrase. Il se produit aussi en AA.

comme dans :

- Tag’ aâla mèn’ tag’, qu’en peut traduire par :

- Celui qui en est capable le fait, qui est l’équivalent parfait de l’expression

- Sauve qui peut, (Celui qui peut se sauver le fait /se sauve)

3. 3. 4. 2. - La fonctionnalité de mots formant les expressions figées :

L’auteur constate que « dans leur majorité les expressions figées sont constituées

de mots existants par ailleurs » à l’exception de « apurer et marre, (qui) n’ont pas

d’autres emplois » (p.174) 40

3. 3. 4. 3. - La syntaxe de la phrase :

Même si le sens n’est pas compositionnel et que l’assemblage des composants

lexicaux est ‘‘sémantiquement aberrant’’, les règles de la grammaire sont

généralement respectées. Ainsi la syntaxe de la phrase figée est correcte.

40 apurer un compte, et avoir marre de

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III – Analyse syntactico-sémantique - Application aux expressions figées en AA. - 88

- Max a fait d’une pierre deux coups = * Max a fait deux coups d'une pierre

- Max a fait deux cales d’une pierre = ? Max a fait d’une pierre deux cales.

Cette reconfiguration des composants de la phrase, assez fréquent même si c’est

avec réserve, s’effectue comme avec les phrases libres.

Il se produit aussi en AA. comme dans :

- Omar r’bah’ha dine ou dounia = Omar r’bah’ha dounia ou dine

(Omar s’en est sortit religieusement et dans la vie profane.)

Il est à remarquer que concernant la phrase en AA., le changement de position

syntaxique est toléré et n’entraîne aucun changement de sens comme l’illustre

l’expression ‘‘Hadj Moussa’’ = ‘‘ Moussa el hadj’’.

Par contre, en FF., M. Gross rappelle que « l’étude systématique des phrases figées

a permis de constater qu’en effet, des formes comme ‘‘ Max a fait d'une pierre deux

coups’’ où l’ordre des compléments direct et indirect est inversé, sont rares ». (p.175)

3. 3. 4. 5. - Limitation à deux compléments figés :

L’auteur fait remarquer que, statistiquement, « nous avons (…) constaté le fait

suivant: on ne rencontre jamais plus de deux compléments figés » (p.175), même si

« nous pouvons (…) construire des formes comme :

- Max a pris le taureau par les cornes avec pertes et fracas » (p.176), c'est-à-dire des

expressions figées à trois compléments.

En AA., nous ferons la même remarque : la majorité des expressions ne comportent

que deux compléments (direct+ indirect/de circonstance/de nom).

- Omar hakèm’ rassou bin’ ydih’

(Omar tient sa tête entre ses mains)

- Ali hakèm’ fi rabi

(Ali a espoir en Dieu)

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III – Analyse syntactico-sémantique - Application aux expressions figées en AA. - 89

On peut aussi construire, en AA., des phrases à trois compléments sur le modèle de

celles en FF. :

- Omar hakèm’ rassou bin’ ydih’ min’ ed dah’cha

(Omar tient sa tête entre ses mains par dépit)

- Ali hakèm’ fi rabi aâla khatèr’ ouladou

(Ali a espoir en Dieu pour ses enfants)

Abordant les classifications des phrases figées du français, l’auteur choisit

comme étalon les phrases minimales qui sont, « en première approximation, les formes

où les compléments ne peuvent pas être omis ». (p.174)

Il met en avant les deux critères qu’il a pris en considération dans son entreprise,

qui sont, justement :

- la variété des formes figées, telles qu’elles ressortent de la définition de la phrase

minimale qui les manifeste ;

- La variabilité du nombre et de la position syntaxique des parties libres et figées dans

les structures dites figées.

Il l’énonce ainsi :

« La variété des formes figées […] met en évidence le fait que le nombre et la position

syntaxique des parties libres et figées sont variables» et y alla de ce

commentaire : « Cette variabilité a probablement contribué à donner l’impression que

les expressions figées étaient des objets exceptionnels.» 41

Il dit en substance: «Nous baserons notre classification sur ces deux critères.» (p174)

41 Note n° 8, bas de page 174.

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III – Analyse syntactico-sémantique - Application aux expressions figées en AA. - 90

Il arrivera ainsi à dégager les six formes figées suivantes :

N° Sigle Formalisation Constituants

1 (CO) COV Ω (sujet figé, séquence complément quelconque)

2 (C l) NO VC1 (sujet libre, compl. direct figé)

3 (CP 1) NO V Prép C1 (sujet libre, compl. indirect figé)

4 (C1PN) NO V C1 Prép N2 (sujet et 2e compl. libres, 1er compl. figé)

5 (CNP2) NO V N1 Prép C2 (sujet et 1er compl. libres, 2e compl. figé)

6 (C1P2) NO V N1 Prép C2 (sujet libre, 2 compl. figés)

Nous en donnons les illustrations suivantes en FF. et en AA. : N° Sigle Formalisation Illustrations en FF. et en AA.

01 (CO) COV Ω -Le Père Noël distributeur de cadeaux pour les enfants

-El kadri kassèm’ laz’har’

02 (C l) NO VC1 Max a loupé le coche

Omar sèguèm’ saâdou

03 (CP 1) NO V Prép C1 Max croit au Père Noël

Omar yamèn’ bèl’ ghoula

04 (C1PN) NO V C1 Prép N2 Max broie du noir le soir

Omar sèguèm’ saâdou bidou

05 (CNP2) NO V N1 Prép C2 Max met son costume de deuil

Omar baâ bag’rèt’ litama

06 (C1P2) NO V N1 Prép C2 Max mange son blé en herbe

Omar yakoul’ fi ay’chou hami

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III – Analyse syntactico-sémantique - Application aux expressions figées en AA. - 91

Une observation des composants des exemples illustratifs de ces six formes

figées laisse apparaître un certain nombre de détails que nous citons ainsi :

A - Certaines séquences compléments, ne sont pas entièrement figées : ou le

déterminant ou le modifieur (Adj/Adv/Cde N) sont libres.

L’exemple proposé par l’auteur présente « le cas où le modifieur est un complément

de nom libre » : cette propriété débouche sur les structures suivantes :

N0 V (1C de N) (CPN) : N0 V Prép (1C de N)

- Marie a des doigts de fée

- Fatima and’ha aynin’ et’tir’

- Luc se fait un sang d’encre

- Ali dar’ rouhou fi halat’ k’lèb’

- Max est parti sur la pointe des pieds

- Omar h’rab’ aâla m’chati kèr’ih’

B - Les positions libres ont la possibilité d’accepter ou non une complétive (ou une

infinitive). C’est là un autre critère de constitution d’une classe comme :

- Cela va droit au cœur de Luc que Max soit venu.

- Hadha yfadji aâla guèlb’ Omar kan’ ydji Ali

- Que Max soit venu va droit au cœur de Luc.

- Kan Ali ydji t’dji aâla guèlb’Omar

Ici, c’est une constitution d’une classe de complétive sujet est analogue à celle de la

table 5 (Gross, 1975)

C - Existence d’une autre classe où le complément figé est adjectif ou un adverbe

(l’adjectif s’accorde avec N0)

(CADV) :

- Léa joue gagnante.

- Omar f’tan’ makh’loue

- Ali habèt’ dah’chan’

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III – Analyse syntactico-sémantique - Application aux expressions figées en AA. - 92

D - Quelques autres classes :

a- Combinaisons figées C0 être PrépC1 :

- Max a le gosier en pente

- Le gosier de Max est en pente

- Omar an’dou l’sanou médélli

- L’san Omar médélli

b- Formes en avoir à un ou deux compléments :

(A1): Max a l’embarras du choix

Omar an’dou m’chakat’ et’ tèkh’yar’

(A12): Max a eu le nez creux

Ali an’dou dhah’rou m’hadèb’

(A1P2): Max a de la suite dans les idées

Omar an’dou sen’s’la mel’ kèdhb’

(A1PN) : Max a l’œil sur Luc

Omar an’dou aynou aâla Ali

(ANP2) : Max a Luc sur le dos

Omar haâz’ Ali aâla k’tèfou

3. 3. 4. 6. - Structures répertoriées au sein de nos corpus en FF. et en AA.

Le nombre d’éléments de classes que M. Gross vient ainsi de définir est

présenté dans un tableau récapitulatif où il expose 22 classifications.

Nous les présentons dans la perspective d’en faire la comparaison avec la phrase figée

e n AA. , en proposant, chaque fois qu’il est possible, l’équivalent en AA. de la classe

formalisée par M. Gross.

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III – Analyse syntactico-sémantique - Application aux expressions figées en AA. - 93

N° Sigle Formalisation Illustrations en FF. et en AA.

01 C1 N0 V C1 Il a loupé le coche

Waddar’ forsa

02 CAN N0 C (1Cà, de N) Cela a délié la langue de Max (= lui)

Hadha sarrah’ l’san’ Omar (= ou)

Paul rêve d’aplatir la figure de Max (=lui)

Ali y’hawes y’kassar’ khanchouch’Omar (=ou)

03 CDN N0 V (1Cde N) Il bat le rappel de ses amis

Lèh’ h’djar’ fi wèd’ aâkar’

04 CP1 N0 V Prép C1 Il charrie dans les bégonias

Rah’ zèd’ aâla ma wassaouèh’

Il est dans le pétrin

Omar tah fel’gharga

05 CPN N0 V Prép (1C de N) Il abonde dans le même sens

Yah’lèb’ fi maâoun’ wahèd’

Elle a des doigts de fée

And’ha kol sbo’o b’sanaa

06 C1PN N0 V C1 Prép N2 Il a déchargé sa bile sur Max

Fèrègh’ rhouchou aâla Omar

07 CNP2 N0 V Nl Prép C2 Ils ont passé Max par les armes

Djabaou Omar aâla el mout’

08 C1P2 N0 V CI Prép C2 I1 met de l’eau dans son vin

Dar’ s’baou fi aynih’

Il met les bâtons dans les roues

Dar’ hadjra fi es’sabbat’

09 C5 Que P V Prép C1 Que Max reste milite en sa faveur

Kan’ tab’ ka Omar m’lih’ lih’

10 C6 N0 V Qu P Prép C2 Il a pris du bon côté que Max reste

Djatou aâla el’ay’n’ el’am’ya bélli Ali gaâd’

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III – Analyse syntactico-sémantique - Application aux expressions figées en AA. - 94

11 C7 N0 VC1à ce Qu P I1 a dit non à ce que Max reste

Omar mak’bal’ch’ bélli Ali yab’ka

12 C8 N0 V C 1 de ce Qu P Il se mord les doigts de ce qu’il est resté

Yakoul’ s’baou aâla el’li b’ka

13 CADV N0 V Adv Cela ne pisse pas loin

Hadhi ma t’rouh’ch’ b’id’

14 CX N0 V X ? £ Il est parti sans laisser d'adresse

Omar saâd’ b’la ma khalla djouraâ

15 CO C0 V Oméga La moutarde monte au nez de Max

Ez’bèl’ t’laâ er’ ras’ Omar

16 A1 N0 avoir C1 Les murs ont des oreilles

Lèh’yout’ and’hom’ wèdhnin’

17 A1PN N0 avoir Cl Prép N2 I1 a barre sur Max

Hat’ el bach’ aâla Omar

Elle a une taille de guêpe

Aân’d’ha aynine gh’zèl’

18 ANP2 N0 avoir N1 Prép C2 I1a Max en horreur

Ma yhèzèch’ Omar fi galbou

19 A12 N0 avoir C1 Adj1 Il a le bras long

Aân’dou dh’raou touil’

Il a un regard perçant

Aân’dou khaz’ra madhia

20 A1P2 N0 avoir Cl PrépC2 I1 a mal aux cheveux

Aân’dou djor’h’ fi gal’bou

Il a une mémoire d’éléphant

21 EO1 C 0 de N être Adj La barbe de Max est fleurie

Ras Omar rah’ ydour’

22 EOP1 C0 être Prép C1 La boule de Max est à zéro

Ras Omar gu’rib’ er’ rabbi

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III – Analyse syntactico-sémantique - Application aux expressions figées en AA. - 95

La première remarque que nous sommes tentés de faire est que l’échantillon des

22 classifications proposées par Gross, parmi un éventail de possibilités encore plus

large, trouve aussi des illustrations en AA., c’est-à-dire que les formes syntaxiques des

expressions figées en FF., sont celles-là mêmes de l’AA.

Il va sans dire que les proportions et les pourcentages, qu’a établis l’auteur après

traitement d’un corpus de plus de 8000 unités figées, ne sont peut-être pas les mêmes.

En tout cas, ni par sa teneur, ni même par ambition, ce modeste travail ne prétendait y

parvenir.

3. 3. 4. 7. - Synthèse de l’étude contrastive du figement en FF. et en AA. : - Quelques conclusions : Les remarques faites par M. Gross au terme de son article, en guise de

conclusion générale, nous pouvons les revendiquer et en élargir la pertinence à la

linguistique de l’arabe (il n’y a pas de science nationale), en particulier pour ce qui

nous préoccupe présentement à l’étude sémantique et syntaxique des expressions

figées en arabe algérien.

Aussi, et additivement aux remarques signalées au fur et à mesure de l’application,

nous prenons conscience grâce à l’enseignement de Gross qu’ en AA. aussi,

- « du point de vue syntaxique, l’étude individuelle des phrases figées montre qu’elles

sont bien formées, c’est-à-dire que les règles de constitution et de transformation des

phrases simples s’y appliquent de la même façon que dans le cas libre. » (p.181) ;

- le mode d’apprentissage (par cœur) « apparaît comme important dans la maîtrise de

la syntaxe d’une langue » (p.182), le sens étant opaque, ne permettant pas

‘‘ l’interprétation des expressions figées’’ ;

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III – Analyse syntactico-sémantique - Application aux expressions figées en AA. - 96

-« le nombre et la forme des expressions figées pourraient constituer un élément

nouveau. » (p.182), une donnée de réflexion pour les études proprement linguistiques.

- « puisque la syntaxe des formes figées ne diffère pas de la syntaxe de toutes formes

libres, et vu l’importance des formes figées, on doit se réinterroger sur le rôle de la

syntaxe par rapport à l’interprétation sémantique dans le cas libre », même si ce rôle

« est des plus limités ». (p.182)

- « les expressions figées peuvent constituer un outil nouveau dans l’étude de divers

problèmes linguistiques. » (p.182) En effet, dans l’apprentissage du français langue

étrangère pour des élèves arabophones, nous avons pu le vérifier avantageusement.

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C O N C L U S I O N

e t P E R S P E C T I V E S

- Importance de l’enseignement des locutions figées en FLE

- Enseignement du FLE pour un public arabophone

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III – Analyse syntactico-sémantique - Réflexion : de l’enseignement du FLE - 98

- Les perspectives :

Enseignement du FLE pour un public arabophone

Bien après l’indépendance de l’Algérie, cette langue d’origine

étrangère possède un statut privilégié par rapport à toutes les autres

langues en présence, y compris l’arabe moderne ; elle a marqué

profondément l’inconscient de plusieurs générations d’Algériens parce que

sa diffusion a été le prolongement logique de la domination coloniale et des

diverses politiques linguistiques et culturelles mises en place à partir de

1830 en substitution à la langue et à la culture arabe.

L’impact de la domination linguistique coloniale a fait du français -dans

l’immédiate après- indépendance, la première langue à jouir d’un statut de

langue véhiculaire, d’idiome de grande communication et de médium de

fonctionnement des institutions de l’état, plus particulièrement de l’école

algérienne devenue le lien privilégié de sa diffusion.

Placé depuis1962 dans un rapport conflictuel avec la langue arabe

consacrée langue nationale, le français est clairement défini sur le plan

institutionnel comme une langue étrangère.

Dans les années 1970, le champ linguistique se caractérise par une forte

prééminence de l’usage de la langue française ; celle-ci reste dominante

dans les institutions administratives et économiques marquées

profondément par la francophonie et les traditions de gestion héritées de

l’administration coloniale. L’étendue et la diversité des champs d’action de

cette langue ainsi que son prestige semblent être les facteurs dynamisants

qui lui confèrent une bonne position dans la hiérarchie des valeurs sur le

marché linguistique algérien.

Y. Derradji et A. Queffélec42

42 Actes du Colloque Sociolinguistique de l’Algérie. (1ère partie, P.36, 37.) Redacteur : Y. Derradji avec la collaboration de. A. Queffélec

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III – Analyse syntactico-sémantique - Réflexion : de l’enseignement du FLE - 99 Envisager l'enseignement d’une langue étrangère requiert sa prise en charge

globale et postule un rapprochement culturel, voire civilisationnel, donc un rapport qui

ne saurait être hiérarchique ou de domination, c’est-à-dire qu’il n’y a pas lieu que

l’une des deux langues en contact, celle de départ ou celle cible, soit valorisée ou

dévalorisée par rapport à l’autre, chacune ayant son génie, ses vertus et ses limites.

Aborder la question de l'enseignement du français langue étrangère (FLE) pour des

apprenants algériens arabophones (ou berbérophones arabisés), c’est envisager son

rapport à la culture de son nouveau public, c’est réfléchir aux rapports entre les

langues, l’Arabe (et les autres parlers algériens la constituant) et le Français au sein de

différentes structures : scolaire, culturelle, médiatique, littéraire et même quotidienne.

Ces deux dimensions requises nécessitent, pour être convenablement investies, en plus

de la (bonne) volonté (politique), des moyens, du travail bien planifié et bien mené sur

la durée (temps).

En louant la bonne volonté des partenaires de l’entreprise d’apprentissage et en

espérant que la volonté politique soit au rendez-vous, tablant sur les moyens et les

méthodes bien pensées pour accompagner l’opération.

Parmi ces méthodes et moyens d’acquisition des langues étrangères, dont les pratiques

systématiques et les jeux de rôle, les bains et les séjours linguistiques, etc., la

traduction est un passage obligé et une aubaine à exploiter au maximum.

Beaucoup de pédagogues insistent sur l'importance de la traduction dans

l'apprentissage des langues : les résultats sont intéressants à signaler dans les

expériences qu’ils avaient été amenés à apprécier et à évaluer. (Cf. Colloque de

l’Université de Rabat).

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III – Analyse syntactico-sémantique - Réflexion : de l’enseignement du FLE - 100

Certains chercheurs, à l’instar de S. Mejri43, insistent sur cet

‘‘ aspect qui n'est pas encore suffisamment exploité dans le cadre de

l'enseignement des langues, même si une prise de conscience est nettement

remarquable, tant au niveau des enseignants qu’au niveau des institutions.’’

Notre modeste contribution (Mémoire) et surtout – nous l’espérons- les réactions

qu’elle aura réussi à susciter et qui la corrigeront, s’inscrit dans cette perspective. En

effet, nous sommes intimement convaincus, à la suite de M. Gross, de A. Hilmy

Ibrahim, que le phénomène du figement lexical pourrait présenter une aubaine à

exploiter dans l’enseignement des langues étrangères tant les ressemblances et

symétries qu’il laisse entrevoir dans l’espace des langues à enseigner sont tangibles.

Par ailleurs, les aspects inhérents à l’analyse lexico sémantique et syntaxique

(d’un certain nombre d’expressions recensées) dégageront des terrains à investir et

détermineront des pistes de recherche à emprunter. Toutes sortes de produits

didactiques deviennent envisageables à partir des résultats descriptifs obtenus, allant

d’exercices structuraux à la traduction en passant par l’analyse et la formalisation de

types d’énoncés récurrents dans les deux variétés objet de l’étude.

Ainsi, par exemple, l’analyse syntaxique et la formalisation de la structure d’une

phrase ou locution verbale figée, même si elle ne va pas sans écueil (la polysémie

grammaticale de certains mots est autant répandue en arabe qu’en français), a le mérite

de permettre de traduire énoncé par énoncé, ce qui est effectivement un progrès

notable par rapport à la traduction mot à mot. Le potentiel d’acquisition et de

progression est dédoublé et l’apprentissage du FLE sera optimisé.

La solution proposée par Chomsky face à ce problème de polysémie grammaticale,

est de pousser encore plus loin l'analyse syntaxique, et de dégager ce qu'il appelle une

structure profonde, par opposition à la structure de surface décrite par les formalismes

syntaxiques classiques.

43 MEJRI S., 1997, op. cit.

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III – Analyse syntactico-sémantique - Réflexion : de l’enseignement du FLE - 101

Ainsi, si l’analyse syntaxique ne permet pas de déterminer directement et à tous les

coups le sens d'un énoncé en langue naturelle, elle permet de s’en approcher au

maximum, et en particulier de ceux qui restent réfractaires à l’analyse globale.

L’analyse lexicale, au sens de lexiculture, permettra de dépasser ces écueils comme le

fera apprécier l’exemple suivant :

``Le cuisinier sale la note" : cette traduction d’une célèbre phrase de Chomsky, donne

en AA ‘‘ Il a rendu chère la chorba’’. La note (dont l’équivalent en AA est es souma)

n’apparaît pas dans cette structure.

Son apparition chamboule la structure du FF (ou donne lieu à une structure

idiomatique en AA). Es-souma malha, littéralement ‘‘la note est salée’’ ; ou plus

laconiquement : Malha / Ham’dha (salée, aigre).

Serait-ce là ce que Robert Galisson appelle lexiculture partagée ? En effet, qu’on soit

usager de l’arabe ou du français, le sens est rendu par l’expression d’une même

saveur : le salé ou l’aigre.

Ces spécificités lexicales inhérentes à toutes les langues requièrent, dans la

perspective d’enseignement du FLE à un public arabophone, de faire place et de

distinguer : expressions figées, expressions idiomatiques (idiomes) et expressions

métaphoriques (métaphores).

Ces expressions fonctionnent de telle sorte qu’elles produisent des sens différents

en suggérant, voire en imposant une double lecture : littérale ou compositionnelle et

non littérale, c’est-à-dire opaque.

Plus particulièrement, note Mejri, cette description permet de comprendre le

phénomène de la double interprétation (littérale et non littérale) des idiomes et de

l'interprétation unique (non littérale) des métaphores.

Ainsi, l’apprenant algérien en FLE, instruit de ses nuances, qu’il comprend d’autant

plus aisément qu’il les a dans sa langue mère, déjouera relativement facilement les

pièges de la polylexicalité et de l’ambiguïté lexicale et accèdera, du fait, à une

meilleure compréhension/expression dans la langue cible.

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III – Analyse syntactico-sémantique - Réflexion : de l’enseignement du FLE - 102

Donc, en prenant conscience du fait que les expressions figées ne sont pas le propre

de sa langue (l’AA) ni du français d’ailleurs, et qu’elles constituent une caractéristique

partagée par les langues naturelles, susceptibles d’être décrites et analysées par la

linguistique générale, l’apprenant dépassera de fait un obstacle (et pas des moindres)

qui aurait nécessité une phase de familiarisation et un protocole d’acquisition (comme

tout nouvel objet didactique).

La traduction des expressions figées nécessite, il est vrai, une bonne maîtrise des

deux langues et présente donc des difficultés objectives qu’il faudrait aplanir car, de

par leur nature, les énoncés figés relèvent d’un certain registre de langue, du moins

s’apparentent aux idiotismes et aux proverbes dont on est conscient qu’ils se prêtent

peu ou mal à la traduction littérale et systématique. En effet, rien qu’en éclairant le

phénomène dans le cadre d'une seule langue, le français ou l’arabe, la variété et la

diversité ne sont pas exclues. D’où les problèmes, objectifs, qui ne manquerons pas de

joncher le chemin de l’apprentissage qu’emprunterons les apprenants d’une langue

étrangère.

C’est ce que soulignent Mohamed AICHE ‘‘Registres de langue et enseignement

du français’’ et Dalila BENZAKOUR ‘‘ Les proverbes, point de rencontre de civilisations

authentiques’’ , (Langue française et contacts langagiers, Rabat, 2007)44, en se

penchant respectivement sur la question des registres de langue et son rapport avec

l'enseignement du français et celle de l’enseignement des proverbes. Les différents

registres sont liés à des situations précises qu'évoque l'article avant de s'interroger sur

le choix qu'il faut effectuer dans un cadre scolaire.

En effet, le premier reconnaît (p.153)45 que les différents registres sont liés à des

situations précises qu'il évoque longuement dans son article avant de s'interroger sur

le choix qu'il faut effectuer dans un cadre scolaire :

44 Actes de l'Université d'été de l'AMEF (Juillet 2006, Langue française et contacts langagiers, Ed. Bouregreg, Rabat, 2007, coordination Abdellah Baida, 181 pages. 45 AICHE, M., ‘‘Registres de langue et enseignement du français’’, Colloque de Rabat.

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III – Analyse syntactico-sémantique - Réflexion : de l’enseignement du FLE - 103

« Sur la question des registres de langue et son rapport avec l'enseignement du

français pour un public arabophone, les différents registres sont liés à des

situations précises dont l’identification et la considération permettent de

s'interroger sur le choix qu'il faut effectuer dans un cadre scolaire et poser le

problème de la traduction et de son rôle dans le développement des compétences

de compréhension et d’expression (orale et écrite) de l'apprenant arabophone. »

Il appartiendra ainsi aux enseignants de trouver les moyens les plus adéquats en

rapport avec la situation réelle d’apprentissage et d’en penser les voies d’acquisition

les plus appropriées.

De son côté, la deuxième (p. 21)46, plus optimiste et positivant les situations qui

découleraient de l’enseignement et de la traduction des expressions proverbiales,

insiste

« sur la fonction des proverbes comme vecteur et carrefour des civilisations, qu’il

faudrait oser enseigner et exploiter tout le côté ludique qui émanerait de cette

opération même si et parce que les proverbes résistent encore au processus de

traduction mais ils demeurent adaptables à chaque civilisation. » (p.21)

Les situations drôles que ne manqueront pas de créer l’enseignement et surtout la

traduction de ces expressions favoriseront un jeu qui risque de s’avérer très bénéfique

à l’enseignement d’une langue étrangère de par ses vertus ludiques : en jouant avec la

langue cible, l’apprenant, comme M. Jourdain, ‘‘ fera de la prose sans connaître la

prose’’.

46 BENZAKOUR, D. ‘‘Les proverbes, point de rencontre de civilisations authentiques’’ Colloque de Rabat.

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III – Analyse syntactico-sémantique - Réflexion : de l’enseignement du FLE - 104

Importance de l’enseignement des locutions figées en FLE :

De par la nature complexe des locutions figées, les enseignants s'attendraient

légitimement à ce qu'il existe des supports pédagogiques et des instruments techniques

qui puissent les aider à s’acquitter convenablement de leur tâche. Parmi ces moyens,

des dictionnaires bilingues qui prennent en charge ce phénomène linguistique très

récurrent que sont les expressions figées, dont les collocations.

Toutefois, en matières des deux langues qui nous intéressent ici, le français et

l’arabe, les seuls dictionnaires que les apprenants peuvent consulter sont des ‘‘

terminologies’’, c'est-à-dire des répertoires qui s’arrêtent à l’explication/traduction de

mots.

On consulte généralement un dictionnaire bilingue pour plusieurs raisons, même si,

dans la tradition scolaire qui se veut efficace, on a tendance à réduire, autoritairement,

à deux les raisons pour lesquelles un apprenant de FLE y fait recourt : décoder un

texte en langue de départ ou en produire un en langue d'arrivée.

Il reste que, l’expérience l’ayant montré, placé devant une collocation inconnue,

comme le locuteur natif, une personne bilingue (soit un apprenant en FLE, par

exemple) arrive généralement assez facilement à comprendre son sens, à partir du

moment où il connaît le sens de ses composants.

Par ailleurs, il existe des expressions figées qui s'appréhendent plus difficilement,

même par les locuteurs natifs : elles constituent des exceptions qui confirment la règle

qu’on pourrait expliquer par un génie linguistique commun aux usagers d’une langue

donnée qui leur fait assimiler d’un premier abord, sinon le message ainsi codé, du

moins sa latence dans la formule en présence.

Ainsi, apparaît clairement la nécessité et l’importance de l’enseignement des

expressions figées dans toutes leurs formes et, dans le cas de l’enseignement du FLE,

l’intérêt à mettre l’apprenant devant un fait linguistique authentiquement humain, donc

translinguistique.

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Etude contrastive des expressions figées du français et de l’arabe algérien Conclusion - 105

CONCLUSION

L'analyse syntaxique des expressions figées des deux langues aura servi à

exhiber et à formaliser les structures de ces courts énoncés écrits dans une langue

naturelle (le Français de France et/ou l’Arabe Algérien).

Cette opération d’analyse est réalisée sur la base de normes grammaticales

particulières aux deux langues. Elle suppose une formalisation des énoncés, qui se

manifeste en structures régies par une syntaxe qu’on a pu qualifier de formelle.

Les différentes structures répertoriées par l'analyse donnent à voir la façon dont

les règles de syntaxe sont utilisées dans l’énoncé formé par une locution verbale figée.

L'analyse syntaxique fait habituellement suite à l’étude lexicale qui découpe les

énoncés en mots ou lexèmes et sert à son tour de préalable à l’approche sémantique.

Connaître la structure syntaxique d'un énoncé permet d'expliciter les relations de

dépendance entre les différents lexèmes (par exemple entre sujet et objet), puis de

construire une représentation du sens de cet énoncé.

Au plan syntaxique, l’entreprise qui a consisté à étudier, en le comparant à la

norme grammaticale arabe, le figement de la locution verbale du FF, s’est avérée des

plus fructueuses tant pour une meilleure intelligence de ces expressions que pour leur

enseignement.

- En considérant le caractère polylexical de ces expressions et leur structure

syntaxique, nous aurons accompli un travail conséquent en lexique et en syntaxe,

travail qui ne pourrait que servir l’apprentissage du FLE.

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Etude contrastive des expressions figées du français et de l’arabe algérien Conclusion - 106

- En reconsidérant l’assertion selon laquelle les expressions figées sont toujours des

blocs rejetant toute variation, assertion que les études récentes démentent et prouvent

que cette vision ne correspond pas tout à fait à la réalité et qu’elles sont, au contraire,

le siège de toute une gamme de variations, nous aurons pris conscience des variantes

tant diachroniques que synchroniques qui caractérisent le langage.

- En exploitant la notion de degré de figement, nous aurons pu distinguer les différents

types de structures figées, en rapport avec les différentes transformations et en

fonction du nombre d’éléments de blocage dans leur fonctionnement syntaxique.

Sur un autre plan, on peut dire que le mérite de cette analyse syntaxique et formelle

est qu’elle ait pu faire ressortir des ressemblances extraordinaires entre les expressions

des deux langues. Ce qui permettrait à l’apprenant algérien (comme tout autre

apprenant d’ailleurs, qui ne peut se détacher -ou qui peut difficilement se détacher- de

sa langue maternelle) de se frayer aisément des chemins lui permettant de conquérir

cette langue, qui s’avère, suite à cette modeste tentative, peut-être, moins étrangère.

Dans le même ordre d’idées, la prétendue absence de motivation des élèves

algériens pour les langues étrangères (et plus particulièrement pour le français), dont

se plaignent les enseignants, peut trouver sa solution dans l’intérêt et la curiosité que

susciteront les ressemblances qu’aura fait ressortir cette analyse.

En effet, notre expérience en tant qu’enseignant (dans le secondaire, notamment)

nous a permis de constater qu’à chaque fois qu’en se trouve en présence d’expressions

figées, la séance ne souffre aucun échec, tant la motivation est à un haut niveau.

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Etude contrastive des expressions figées du français et de l’arabe algérien Conclusion - 107

Le problème qui se pose à nos élèves est justement celui du calque de la structure

française sur celle de l’arabe. Les correspondances syntaxiques participent à rendre

aisé l’apprentissage de la langue française.

Concernant le registre culturel, et dans une perspective didactique, la prise de

conscience par l’apprenant des différences de structures syntaxiques permet, d’abord,

d’acquérir et d’accepter de nouveaux modèles grammaticaux essentiellement et peut

aussi créer une aisance dans l’apprentissage ; ensuite, et d’un point de vue

psychologique, cela favorisera la création de déclics, notamment, chez les récalcitrants

ou apprenants manquant de motivation.

Enfin, dans une optique interculturelle, ceci pourrait constituer un bon motif à

l’éducation à l’altérité.

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A N N E X E S

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Etude contrastive des expressions figées du français et de l’arabe algérien Annexes

A N N E X E S

ANNEXE I

Corpus d’analyse: Expressions figées en FF. et équivalents en AA.

ANNEXE II

Liste des 355 expressions figées du BQSF

ANNEXE III

Liste des 118 expressions figées du D.L. I. F

ANNEXE IV

Liste des 24 expressions figées du Petit Robert D.L.F

ANNEXE V

Les 175 expressions et locutions de la Liste Membre. Lycos

ANNEXE VI

La Langue Française : Une part ou une tare de notre histoire ?

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Annexes - Etude contrastive d’expressions figées du français et de l’arabe dialectal algérien

ANNEXE I

Corpus d’analyse: Expressions figées en FF. et équivalents en AA. - Corpus d’expressions figées du français :

La liste du BFQS (cf. Annexe n°2) est constituée de 355 expressions figées. Une

lecture attentive, s’appuyant sur le sens et l’exemple illustratifs proposés dans la grille

BFQS nous a permis de trouver, à 81 unités parmi elles, des équivalents sémantiques

(synonymes) en arabe algérien. Nous en citerons ci-dessous 71.

1 - Liste des expressions figées ayant leur correspondant dans l’arabe

algérien. (BFQS)

1- Il y a anguille sous roche

2- Ne pas arriver à la cheville de quelqu’un

3- Avaler une couleuvre

4- Avoir la langue bien pendue

5- Avoir la main baladeuse

6- Avoir la main heureuse

7- Avoir des doigts de fée

8- Avoir du coeur

9- Avoir le bras long

10- Avoir le cœur sur la main

11- Avoir les foies

12- Avoir les yeux plus grands que le ventre

13- Avoir (ou garder) une dent contre quelqu’un

14- Avoir un mot sur le bout de la langue

15- N’avoir ni queue ni tête

16- Avoir quelque chose dans la tête

17- Attention, les murs ont des oreilles.

18- Coûter les yeux de la tête

19- Coûter un saladier

20- Dormir comme un loir (une marmotte)

21- Enfermer le loup dans la bergerie

22- S’entendre comme chien et chat

Annexe I - 1

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Annexes - Etude contrastive d’expressions figées du français et de l’arabe dialectal algérien

23- C’est dans la poche

24- Etre bavard comme une pie

25- Etre bête comme ses pieds

26 Etre blanc comme neige

27- Etre blanc comme un linge

28- Etre comme un coq en pâte

29- Etre comme un éléphant dans un magasin de porcelaine

30- Etre comme un poisson dans l’eau

31- Etre dans le pétrin

32- Etre doux comme un agneau

33- Etre fier comme un paon

34- Etre hors de soi

35- Etre muet comme une carpe

36- Etre rapide comme l’éclair

37- Etre rouge comme une tomate

38- Etre rusé comme un (vieux) renard

39- Etre sale comme un cochon

40- Etre sur les genoux

41- Etre têtu comme une mule

42- Etre une vraie tête de mule

43- Etre un requin

44- Devenir rouge comme une tomate

45- Faire avaler une couleuvre

46- Se faire des cheveux

47- Faire dresser les cheveux sur la tête

48- Faire mal au coeur

49- Ne pas se faire de bile

50- N’en faire qu’à sa tête

51- En faire tout un plat

52- Faire un froid de canard (il fait froid…)

53- Fondre comme neige au soleil

Annexe I – 2

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Annexes - Etude contrastive d’expressions figées du français et de l’arabe dialectal algérien

54- Manger comme quatre

55- Manger comme un cochon

56- Marcher sur les oeufs

57- Mettre la main à la pâte

58- Mettre le nez dans les affaires de quelqu’un

59 - (Savoir) tirer les marrons du feu

60 - Partir comme des petits pains

61 - Partir les pieds devant

62 - Pleurer comme une madeleine

63 - Ne pas pouvoir sentir quelqu’un

64 - Regarder du coin de l’œil

65 - Retourner sa veste

66 - Sauter du coq à l’âne

67- Sauter comme un cabri.

68 - Trouver chaussures à son pied

69 - Ne pas trouver chaussures à son pied

70- Tenir tête à quelqu’un

71 - Vivre comme un coq en pâte

Annexe I – 3

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Annexes - Etude contrastive d’expressions figées du français et de l’arabe dialectal algérien

Le corpus d’expressions figées à base de verbe puisées dans le Dictionnaire des

locutions idiomatiques françaises, de Bruno LAFLEUR (Editions du Renouveau

Pédagogique, Ottawa, Canada 1979, 2ème édition, 1991), compte 115 unités dont 64

ont des ‘‘synonymes’’ en AA.

2 - Locutions françaises du D.L.I.F.

1-Avoir la tête de quelqu’un

2-Avoir la tête fêlée

3-Avoir perdu la tête

4-Avoir la tête sur les épaules

5-Cela ne m’entre pas dans la tête

6-Dire ce qui nous passe par la tête

7-En avoir par-dessous la tête

8-En faire sa tête

9-Cela m’est sorti de la tête

10-Faire une tête

11-Laver la tête à quelqu’un

12-Lui monter à la tête

13-Monter la tête à quelqu’un

14-N’avoir pas la tête.

15-Se casser la tête

16-Ne savoir où donner la tête

17-Relever la tête

18-Se jeter la tête de quelqu’un.

19-Se mettre en tête de faire qlq.ch

20-Tenir tête à quelqu’un

21-Tête baissée

22-Tourner la tête à quelqu’un

Annexe I – 4

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Annexes - Etude contrastive d’expressions figées du français et de l’arabe dialectal algérien

23-Sur un coup de tête

24-Une idée de derrière la tête

25-Une mauvaise tête

26-Une tête brûlée

27-Avoir du cœur à l’ouvrage

28-Avoir le cœur gros

29-Avoir le cœur sur la main

30-Avoir quelque chose sur le cœur

31-La bouche en cœur

32-Lorsque le cœur nous en dit

33-Ne pas porter quelqu’un dans le cœur.

34-Parler à cœur ouvert

35-Prendre quelque chose à cœur

36-Vouloir en avoir le cœur net

37-Avoir quelqu’un à l’œil.

38-Avoir les yeux ronds

39-A vue d’œil

40-Cela crève les yeux

41-Coûter les yeux de la tête

42-En un clin d’œil

43-Faire les yeux doux à quelqu’un

58-Manger quelque chose des yeux

59-N’avoir d’yeux que pour quelqu’un

61-Ne pas en croire ses yeux

63-Se rincer l’œil

64-Voir quelqu’un d’un (…) oeil

Annexe I – 5

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Annexes - Etude contrastive d’expressions figées du français et de l’arabe dialectal algérien

3 - Quelques expressions figées puisées dans Le Petit Robert

1-Faire long feu

2-Baisser pavillon devant quelqu’un

3-Faire flèche de tout bois

4-Les carottes sont cuites

5-Couvrir quelqu’un de boue

6-Montrer les griffes

7-Casser sa pipe

8-Les montagnes qui accouchent d’une souris

9-Mordre la poussière

10-Mettre les pieds dans le plat

11-Avoir maille à partir …

12-Avoir du grain à moudre

13-Manger son blé en herbe

14-Aller comme un gant

15-Comme un poisson dans l’eau

16-Faire du foin

17-Tomber sur quelqu’un à bras raccourcis

18-Conduire à tombeau ouvert

19-Démarrer au quart de tour

20-Faire coup double

21-Donner carte blanche

Annexe I – 6

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Annexes - Etude contrastive d’expressions figées du français et de l’arabe dialectal algérien

4 - Liste Membre. Lycos : 175 expressions et locutions

- Les 53 expressions ayant des correspondants en arabe algérien

1- A chaque fou sa marotte

2 - À gogo

3 - Aux innocents les mains pleines

4 - Au train où vont les choses

5 - Avoir maille à partir avec quelqu'un

6 – Avoir une dent contre quelqu’un

7 – Avoir vent de quelque chose

8 - Avoir la langue bien pendue

9 - Avoir sur le bout de la langue

10 - Avoir une peur bleue de

11 - Avoir le trac

12 - Avoir du pain sur la planche

13 - Avoir des doigts de fée

14 - Au petit bonheur la chance

15 - Bavard comme une pie

16 - Cela ne me fait ni chaud ni froid

17 - C'est dans la poche!

18 - C'est plus fort que moi

19 - C'est bien le fils de son père

20 - Comme un poisson dans l'eau

21 - Découvrir le pot aux roses

22 - Dire à quelqu'un ses quatre vérités

23 - Dormir sur ses deux oreilles

24 - En faire à sa tête

25 - Être sur la même longueur d'ondes

26 - Faire des pieds et des mains

27 - Fausser compagnie à quelqu'un

28 - Foudroyer quelqu'un du regard

Annexe I – 7

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29 - Froid de canard

30 - Mettre les bouchées doubles

31 - Mon sang n'a fait qu'un tour

32 - Mourir de faim

33 - Ne pas être dans son assiette

34 - N'avoir ni queue ni tête

35 - Ne pas mâcher ses mots

36 - Ne pas savoir où donner de la tête

37 - Ne pas y avoir un chat

38 - Ne tenir qu'à un fil

39 - Passer du coq à l'âne

40 - Perdre le fil

41- Rendre à quelqu’un la monnaie de sa pièce

42 - Recommencer à zéro

43 - Revenir bredouille

44 - Sans tambour ni trompette

45 - Sauve qui peut!

46 - Simple comme bonjour

47 - S'en faire une montagne

48 - Serrer la vis à quelqu'un

49 - Se vendre comme des petits pains

50 - Se la couler douce

51 - Tiré à quatre épingles

52 - Une histoire à dormir debout

53 - Vendre la peau de l'ours avant de le tuer

Annexe I - 8

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- Corpus d’expressions figées de l’arabe algérien :

1 - Liste des expressions figées en AA. correspondant à celles retenues du BFQS :

Nous garderons les mêmes ordre et numérotation que dans le corpus d’expressions

figées du français du BFQS.

1 - Fiha inna

2 - Ma yeleh‘gouch’ lel’ kaâba

3 - Yammène bel ghoula

4 - L’sanou m’delli (touil)

5 - Yeddou mahich lih’

6 - Andou ez’zah’ria

7 - Koul s’boo b’sanaâ

8 - Guelbou hay

9 - Dhraou touil

10 - Guelbou fi y’dou

11 - M’kebed

12 - Yakoul b’ainih

13 - Y’salou H’sifa

14 - Ala rass l’sanou

15 - Ma andou la sass la ras

16 - Baniha aâla bent el kelb

17 - Rod’ balèk’ el hait’ b’oudhnih.

18 - Yaswa moumou el ain

19 - Yaswa basla

20 - Yer’goud’ ki lichir’

21 - Der’ edh’dhib tah’t el gouffa

22 - Ki el gat ouel’ far’

23 - Rah’ fel’djib’

24 - Yahdar ki el oued (lèb’har el haidj)

25 - Y’khamèm’ b’ kerih’

26 - Abyedh ki leh’lib’(eth’theldj)

27 - Abyadh ki n’naâch

Annexe I – 9

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28 - Yèd’ guèyèd’

29 - B’ghal’ fi dar’ dhayga

30 - Ki es’soultane fi darou

31 - Tah fel’ legharag’ / Rassou fét’ tin’

32 - Ouedjh’ lekhrouf maârouf

33 - Laàbha farroudj

34 - Kh’redj men (h’bel) aklou

35 - Saket ki s’mira

36 - Ki leb’rag

37 - Ah’mar ki et’t’matame

38 - Hili ki edh’ dhib

39 - Khamedj ki el kelb’

40 - R’kaâ

41 - Rassou kh’chine ki leb’ghal’

42 - Ras’ ed-dèb

43 - H’nech

44 - H’mar’ ki et’t’matame

45 - Yéddi aâlih’ ler’ha

46 - Chab !

47 - Y’zoughèb / y’ chouek’ chaârou/rassou

48 - Y’wadjaâ el guelb

49 - Ma y’talaâch’ es soukar

50 - Y’dir wech galou rassou

51 - Der menha kessa

52 - El bèrd’ y’gataà

53 - Ki ez’ebda ki yatlaâ n’har’

54 - Yaâri aâla b’ir’

55 - Yakol ki el bagra (el hallouf)

56 - Yemchi ala el baidh

57 - Ilouh yeddou

Annexe I – 10

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58 - Y’dakhel khanchouchou

59 -Y’selek rouhou/ y’kayed aichou

60 - Yèm’chi ki l’baguit’ ( l’beryouch’)

61 - Rah’ m’rabaâ

62 - Yebki Ki lewliya ( lemra)

63 - Ma y’chémouch’/ Ma y’chémèch’ fih

64 - Y’chouf’ b’chèg’ ain (yètkhanzar)

65 - Dawar el vista

66 - Tag h’na tag l’hih

67 - Y’nekez ki j’di

68 - Ferda wa l’guet khotha

69 - Ma l’ga biha win’

70 - Ougueff’lou adham guerdjouma

71 - Aâyech’ festi

Annexe I – 11

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2 - Equivalent en AA. des locutions françaises du D.L.I.F.

Nous veillons à garder les mêmes ordre et numérotation que les 48 locutions

françaises.

Equivalent en algérien Variantes (s)

1 - Laâblou b’rassou

2 - Y’khoussou bouloune

3 - Ma l’gache rassou

4 - Rassou ala ktafou

5 - Matedkhoulch rassi

6 - Ygoul wech ja fi rassou

7 - K’rah’

8 - Yerkeb rassou

9 - Rahet men bali

10 - Khachène rassou

11 - Gh’ssalou mokho

12 - Jet fi rassou

13 - Aâm’rou

14 - Malguèche rassou

15 - Y’kasser rassou.

16 - Ma l’ga biha wine

17 - Haz rassou

18 - Y’hawes ala rassou

19 - Darha fi rassou ;

20 - Khachen rassou

21 - M’habat rassou

22 - Daouroulou rassou

23 - B’laâba

24 - Bent rassou

25 - Ras gh’rab

laâblou b’kerih

Ma l’gache rouhou

Rassou th’kal ménou

Madkhletch rassi

Ygoul wech ja frassou

K’lalou mokho

Tlaâlou dem l’rassou

Malguèche sabbatou

Talaâ rassou

Dakhalha fi rassou

Sahah ouadj’hou

Annexe I – 12

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26 - Ras m’hayene

27 - Yakhdem gelb ou rab

28 - Mahmoum

29 - Gelbou fi y’dou

30 - Haja ala gelbou.

31 - Li fi gelbou ala l’sanou

32 - Ma attahech gelbou

33 - Ma y’chemouche

34 - Yahdar men gelbou

35 - Gelb w’rab

36 - Hab y’bered gelbou

37 - Hat alih el ain

38 - M’tagâa el ainine

39 - B’chouf el ain

40 - Ainani

41 - Yaswa moummou el ain

42 - Fi ramchat ain

43 - Y’dhebel fi ainih

44 - Yakoul b’ainih

45 - Er rouh ou el ain fih

46 - Ma saddakch rouhou

47 - Y’kahel

48 - Ma tah’louche ala el gosto

El guelb’ lahma

Haja fi gelbou

Li fi gelbou fi l’sanou

Hatou fi cibla

M’tartag el ainine

El ain fi el ain

Bih bih

Rouhou ou balou fih

Kedheb rouhou

Y’masmas ainih

Annexe I – 13

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3 - Equivalents en A.A. des expressions du Le Petit Robert

1 - Ghabar’

2 - Tabbag’

3 - L’li djat’ k’lèt’

4 - Rahât’ aâlik’ (Tab’ ez-zitoun’)

5 - Merm’dou (marghdou)

6 - Ferr ala senih

7 - S’rat’ nakam’tou

8 - L’ayta k’bira ou el meyet far

9 - L’hèss et’t’rab’

10 - Aâ’fess’ fiha

11 - Y’salou h’sifa

12 - Andou ma yerhi

13 - Yakol aichou hami.

14 - Tahèt’ aâlih’

15 - Ki l’houta fel’ ma

16 - Der ayta

17 - Tah alih b’dharb’

18 - Haâz’ kèf’nou

19 - Messou y’nouth’

20 - Denia ou akhra , Adjer’ ou manfaâ

21 - Faoudh’lou

Annexe I – 14

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4 - Liste Membre Lycos: 53 expressions en AA

1 - Er-raii ou ar-riha

2 - Hez aâla el bel’

3 - Moul’ en nia y’ nel’

4 - Aâla h’sèb’ ech-choufa

5 - Y’ saâlou h’ sifa

6 - M’ khabiha lou

7 - S’ maâ biha

8 - L’ sanou médèli

9 - Aâla ras l’sani

10 - Khaouf’ es soughr’

11 - Aândou er redjfa

12 - Andou ma y’dir’

13 - Kol s’boo’ b’sanaâ

14 - Ya fetèh’ ya rézak’

15 - Yah’ dar’ ki el oued

16 - Ma yeh’yi ma yoktèl’ Ma bartalich

17 - Fel’ djib’

18 - Foug’ y’di

19 - Sayèl’

20 - Ki l’ houta fel’ ma

21 - Yek’ chef el bazga

22 - Weralou ayoubou es-sabaâ

23 - Ragued’ aâla wedh’nih’

24 - Yerkeb’ rassou

25 - Yet’fah’ mou

26 - Der’ elli aâlih’

27 - Dhahab’lou el djoura

28 - T’ khanzar’ fih’

Annexe I – 15

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29 - Berd kleb’

30 - B’ y’dik’ ou redjlik’

31 - T’laâli ed-dèm’

32 - Mat’ b’ char’

33 - Mouch’ fi tabsih’

34 - Ma aândou la sas’ la ras’

35 - Ma yamdhagh’ch’ leklem’

36 - Ma l’ ga biha win’

37 - Ma kan (èch’) hallouf’

38 - Hakem’ b’ khayt’

39 - Tag’ h’na tag’ l’hih’

40 - Wader el khayt’

41 - Radjaâlou es-sarf’

42 - Men dara oudjdid’

43 - Y’d l’lawra ouy’d l’godem’

44 - Bla gasba bla bendir

45 - L’harba t’selek’ l’harb lerdjaal menâa

46 - Sah’la ki l’ma

47 - Dar’ menha kessa (dj’bel)

48 - Zayrou

49 - Yet’baâ ki l’baguit’

50 - Rag’da ou t’ mangi

51 - Methouf’ ki es-sourdi

52 - T’naâs’ el kelb aâla kh’rah’

53 - Chari l’ hout’ fi lebhar

Annexe I – 16

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ANNEXE II

Liste des 355 expressions figées du BQSF Expressions Idiomatiques (caractères ordinaires TNR) Explications (en italique) Exemples (en gras). 1- Etre à cheval sur les principes. Ne pas tolérer que les règles de morale ou les principes usuels de savoir-vivre soient transgressés. Ex. : Très à cheval sur les principes, le grand-père de Jean ne supporte pas que son petit-fils vienne à table en blue-jeans. 2- Etre muet comme une carpe. Ne rien répéter de ce qu’on nous dit ; être capable de garder un secret. Ex. : Soyez sans crainte, je ne répéterai pas ce que vous m’avez dit ; je serai muet comme une carpe. 3- Etre bavard comme une pie. Parler beaucoup et souvent sans rien dire d’important. Ex. : J’aime bien Josette mais elle parle beaucoup trop : elle est bavarde comme une pie. 4-Etre fier comme un paon. (ou comme un pou) Etre très fier et, parfois, quelque peu hautain et méprisant vis-à-vis des autres. Ex. : Depuis qu’il a été nommé directeur, il est fier comme un paon. 5- Etre laid (ou moche) comme un pou. Avoir un physique peu agréable ; (être mal habillé et négligé.) Ex. : C’est un ami très cher, mais il n’a pas été gâté par la nature. Pour tout dire, il est moche comme un pou. 6- Etre le dindon de la farce. Etre victime d’une plaisanterie de mauvais goût, voire à la limite de l’honnêteté. Ex. : Il s’est laissé tromper par ses associés et il n’a rien remarqué. Il a été le dindon de la farce. 7- Etre le (un) pigeon. Etre victime d’une affaire malhonnête. Ex. : Il a payé très cher un tableau de Picasso. Malheureusement c’était un faux. Dans cette affaire, il a été le pigeon. 8- Il y a anguille sous roche. Signifie qu’il y a quelque chose qu’on nous cache mais que l’on pressent d’après certains indices. Ex. : Personne ne m’avait rien dit mais je sentais bien qu’on essayait de me cacher quelques chose. J’étais sûr qu’il y avait anguille sous roche. 9- Dormir comme un loir (ou comme une marmotte) Jouir d’un très bon sommeil. Ex. : Ma femme a parfois des insomnies ; moi, j’ai de la chance, je dors comme un loir. 10- Avaler une couleuvre (ou faire avaler...) Croire - souvent un peu naïvement - que ce que l’on nous dit est vrai, alors qu’il s’agit en fait d’un artifice pour obtenir quelque chose de notre part sans contrepartie. Ex. : Comme d’habitude Jacques a voulu me faire avaler une couleuvre mais je ne l’ai pas cru ; il devrait pourtant savoir que je ne suis pas tombé de la dernière pluie.(voir cette expression) 11- Un travail de fourmi (exécuter, fournir un travail...) Exécuter un travail nécessitant à la fois beaucoup de temps et de minutie. Ex. : Isabelle a remis à jour tous les fichiers. Il lui a fallu plus de trois semaines pour contrôler les 4000 noms qu’ils contenaient. Ce fut un véritable travail de fourmi. 12- Avoir des fourmis dans une main (un pied, un bras, une jambe, etc.) Ressentir un picotement désagréable dans un membre par suite d’une mauvaise circulation sanguine due à une mauvaise position du corps. Ex. : Hélène est restée assise trop longtemps les jambes croisées ; elle a des fourmis dans la jambe gauche.

Annexe II – 1

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13- Un travail de bénédictin. Voir : un travail de fourmi 14- Etre sale comme un cochon. Etre très sale après avoir exécuté un travail laissant des traces sur l’individu (graisse, cambouis, boue, etc.) S’emploie aussi pour un enfant qui a joué dehors et qui s’est sali pendant le jeu. Ex. : André a voulu nettoyer le moteur de sa voiture ; mais comme il n’a pas l’habitude, après avoir terminé, il était sale comme un cochon. 15- Manger comme un cochon. Manger de manière sale et sans tenir compte des règles usuelles de la bienséance et du savoir-vivre. Ex. : Nous aimons bien Christian mais nous n’osons plus l’inviter avec d’autres amis : il mange comme un cochon. 16- Ne pas savoir si c’est du lard ou du cochon. Ne pas savoir si ce que l’on nous dit est vrai ou faux. Ex. : Quand je lui ai dit que j’avais gagné à la loterie et que j’avais commandé une Ferrari, il ne savait pas si c’était du lard ou du cochon ! 17- Souffler comme un bœuf Respirer bruyamment. Ex. : L’ascenseur était en panne et il monta à pied ; en arrivant au cinquième étage, il soufflait comme un bœuf. 18- Etre lent comme une tortue. Exécuter un travail de manière anormalement lente. Marcher de manière très lente telle une tortue. Ex. : Il travaille très bien, mais il lui faut touj ours beaucoup plus de temps que les autres pour terminer : il est lent comme une tortue. 19- Avoir une faim de loup. Avoir une très grosse faim. Voir aussi « Avoir l’estomac dans les talons. » Ex. : Je n’ai rien mangé depuis hier à midi, j’ai vraiment une faim de loup. 20- Enfermer le loup dans la bergerie. Faire entrer quelqu’un dans un lieu où il peut facilement nuire aux autres. Ex. : Depuis qu’Antoine était entré dans l’association, il y avait eu de nombreuses démissions. Le président de l’association, sans le savoir, avait enfermé le loup dans la bergerie. 21- Etre une cervelle d’oiseau. S’emploie pour désigner une personne qui ne réfléchit pas beaucoup. Ex. : Chaque fois que je lui confie un message, il oublie de le transmettre. C’est une véritable cervelle d’oiseau. 22- Etre (ou vivre) comme un coq en pâte. Vivre bien et sans avoir à se soucier de rien (généralement parce que quelqu’un d’autre se charge de tout !) Ex. : Anne a passé une année extraordinaire dans une famille américaine : Elle était vraiment comme un coq en pâte ! Sa seule préoccupation était de se lever le matin ! 23- Sauter du coq à l’âne. Passer d’un sujet à un autre - lors d’une discussion - sans qu’il y ait de rapport direct entre les sujets abordés. Ex. : Michel entra et demanda à son collègue si les cours de la bourse étaient remontés, puis, sans transition, lui demanda des nouvelles de sa mère. Tout le monde connaissait Michel : il avait l’habitude de sauter du coq à l’âne. 24- S’entendre comme chien et chat. Avoir de mauvais rapports avec une autre personne. Se disputer. Ex. : Quand nos enfants étaient petits, ils se disputaient tout le temps : ils s’entendaient comme chien et chat.

Annexe II - 2

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25- Donner sa langue au chat. Solliciter la réponse à une question ou à un problème après avoir donné plusieurs réponses fausses. Ex. : Je n’arrive pas à résoudre cette énigme et cela fait plus d’une heure que j’essaie. Tant pis, je donne ma langue au chat. 26- Etre vache. Expression populaire, voire argotique signifiant « être dur, méchant et désagréable avec quelqu’un. » (on dit parfois « être une vieille vache ») Ex. : Tu connais notre professeur de maths ? Il est vraiment vache avec nous ! 27- Manger (ou bouffer) de la vache enragée. Vivre dans des conditions matérielles difficiles (avant de connaître la réussite) Voir aussi « avoir de la peine à joindre les deux bouts ». Ex. : Avant d’être une chanteuse célèbre, elle a mangé (bouffé) de la vache enragée pendant de nombreuses années. 28- Etre chouette. Etre, en parlant d’une personne ou d’une chose, agréable et sympathique. Ex. : La nouvelle directrice a été très chouette avec Paul : il a déjà démoli deux véhicules d’entreprise mais elle ne l’a pas renvoyé. 29- Etre doux comme un agneau. Etre d’un caractère agréable et plutôt non violent. Ex. : Tout le monde se demandait comment cet homme avait pu entrer dans l’armée, lui qui était doux comme un agneau. 30- Faire la chèvre Expression populaire, voire argotique signifiant « agir de manière désordonnée, voire irresponsable. » Ex. : Le père, agacé par le comportement de sa fille cadette lui dit brusquement : « Assieds-toi et arrête de faire la chèvre. » 31- Etre têtu comme une mule. (ou être une vraie tête de mule) Ne pas vouloir changer d’avis ou admettre une erreur malgré l’évidence des arguments présentés par une autre personne. Ex. : Il n’y a rien à faire, elle n’écoute jamais aucun conseil : elle est têtue comme une mule. 32- Pleurer comme une Madeleine Pleurer de grosses larmes à la suite d’un gros chagrin (s’emploie plutôt pour les enfants). Ex. : La petite fille était tellement triste d’avoir perdu son ours en peluche qu’elle pleurait comme une Madeleine. 33- Sauter comme un cabri. Sauter avec beaucoup d’agilité mais sans plan précis. Ex. : Lorsqu’il apprit qu’il avait réussi son examen, il se mit à sauter comme un cabri en répétant : « C’est génial, c’est génial !... » 34- Etre une vraie tête de linotte. Ne pas réfléchir à ce que l’on fait et ne pas se soucier des conséquences éventuelles. Personne étourdie. (voir : cervelle d’oiseau) Ex. : Ne confiez rien d’important à cette personne : elle est très sympathique mais c’est une véritable tête de linotte. 35- C’est un serpent de mer. Affaire qui dure depuis très longtemps et dont on ne peut pas raisonnablement prévoir la fin. Ex. : Avant sa construction, le tunnel sous la Manche a souvent été considéré comme un véritable serpent de mer. Personne n’y croyait. 36- Etre (où se sentir) comme un poisson dans l’eau. Etre à l’aise et se sentir bien dans une situation ou une activité donnée. Ex. : Depuis qu’il a changé de travail, Pierre-André est très content et se sent comme un poisson dans l’eau.

Annexe II - 3

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37- Regarder voler les mouches. Ne rien faire ; être un peu paresseux. Ex. : Tu ne pourrais pas m’aider à préparer le repas au lieu de regarder voler les mouches. 38- Monter sur ses grands chevaux. Prendre quelque chose ou quelqu’un de haut, s’emporter, se mettre en colère. Ex. : Même si tu n’es pas d’accord avec moi, dis-le calmement. Tu n’as pas besoin de monter sur tes grands chevaux. 39- Etre bête comme ses pieds. Expression populaire employée pour désigner une personne qui n’est pas très intelligente. Ex. : Lorsque l’incendie a éclaté, il a téléphoné à son voisin au lieu d’appeler les pompiers. Il est vraiment bête comme ses pieds. 40- Se faire marcher sur les pieds. S’emploie pour désigner une personne qui a de la peine a se faire respecter et qui a un caractère un peu faible. Ex. : C’était un chef au caractère très agréable et un peu naïf. C’est la raison pour laquelle il se faisait parfois marcher sur les pieds par ses subordonnés. 41- Casser les pieds à quelqu’un. Expression populaire qui signifie « Ennuyer quelqu’un avec des propos généralement futiles ou déranger quelqu’un pour des affaires peu importantes. » Ex. : Il m’a dérangé toute la journée pour des détails : au lieu de me casser les pieds, il aurait mieux fait de prendre congé ! 42- Ne pas mettre les deux pieds dans le même soulier. Se dit généralement d’une personne énergique et sachant prendre des décisions rapides. Ex . : Juliette sait parfaitement s’organiser et ne perd pas son temps en discussions inutiles : il faut dire qu’elle n’a pas l’habitude de mettre les deux pieds dans le même soulier. 43- Avoir la tête sur les épaules. S’emploie pour désigner une personne plutôt réfléchie et capable de réagir plutôt positivement devant les difficultés. Ex. : Béatrice a eu beaucoup de problèmes dans sa vie mais elle a toujours su y faire face car elle a la tête sur les épaules. 44- Avoir le bras long. S’emploie pour désigner une personne qui prétend connaître des gens influents susceptibles de l’aider. Ex. : Vous avez tort de me refuser ce poste : j’ai le bras long vous savez ! 45- Etre un requin. S’emploie pour désigner une personne peu scrupuleuse. Ex. : Je vous conseille de ne pas commercer avec ce personnage. C’est un beau parleur mais il n’hésitera pas à vous rouler car c’est un requin. 46- Etre un maquereau. Mot populaire pour désigner un proxénète, c’est-à-dire un personnage qui vit de la prostitution des femmes. Ex. : Max ne travaillait pas et il avait de l’argent plein les poches : ses copains le soupçonnaient d’être un véritable maquereau. 47- Manger (ou bouffer) du lion. Faire preuve d’une énergie inhabituelle. Ex. : Je ne sais pas ce qu’il lui arrive aujourd’hui : elle a classé deux fois plus de dossiers que d’habitude. On dirait qu’elle a mangé (bouffé) du lion ! 48- Etre jaloux comme un tigre. Etre d’une jalousie maladive Ex. : Pierre ne supporte pas que sa femme sorte avec une amie car il est jaloux comme un tigre.

Annexe II - 4

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49- Avoir une mémoire d’éléphant. Se dit d’une personne qui a une excellente mémoire. Ex. : Fais attention à ce que tu dis à Henri, il a une mémoire d’éléphant. Dans dix ans il s’en souviendra encore ! 50- Etre comme un éléphant dans un magasin de porcelaine. Expression qui désigne une personne qui intervient maladroitement dans une affaire délicate. Ex. : Nous étions sur le point de conclure un contrat important avec nos clients. A cause des remarques maladroites de Jean, l’affaire a échoué. Cela n’est pas la première fois que cela arrive : Jean agit toujours comme un éléphant dans un magasin de porcelaine 51- Jouer l’autruche. Pratiquer la politique de l’autruche. Refuser de croire ce qui est pourtant une évidence. Refuser de voir le danger. Ex. : Tous les experts étaient d’accord : l’entreprise de Jacques était en danger parce qu’elle était mal gérée. Plutôt que d’écouter les experts, Jacques préféra pratiquer la politique de l’autruche. Il fit faillite six mois plus tard. 52- Avoir une taille de guêpe. Se dit d’une personne (généralement d’une femme) qui a une taille très fine. Ex. : Anne-Marie avait des épaules assez larges mais elle avait en revanche une taille de guêpe. 53- Etre rusé comme un (vieux) renard. Se dit d’une personne très habile pour obtenir ce qu’elle désire. Ex. : Il n’est pas malhonnête mais il obtient presque toujours ce qu’il veut : il est rusé comme un (vieux) renard. 54- Etre malin comme un singe. (voir : être rusé comme un vieux renard) 55- Etre un chaud lapin. Se dit d’un homme qui a beaucoup de tempérament, plus spécialement en ce qui concerne ses appétits sexuels. Ex. : René était connu dans tout le village pour être un chaud lapin. Les femmes l’aimaient bien mais elles évitaient de se trouver seules avec lui ! 56- Avoir fin nez. Se dit d’une personne prévoyante et perspicace Ex. : Elle a eu fin nez de demander une expertise de l’armoire Empire qu’elle voulait acheter : il s’agissait en fait d’une habile copie. 57- Se faire marcher sur les pieds. S’emploie pour désigner une personne qui a de la peine a se faire respecter et qui a un caractère un peu faible. Ex. : C’était un chef au caractère très agréable et un peu naïf. C’est la raison pour laquelle il se faisait parfois marcher sur les pieds par ses subordonnés. 58- Ne pas mettre les deux pieds dans le même soulier. Se dit généralement d’une personne énergique et sachant prendre des décisions rapides. Ex . : Juliette sait parfaitement s’organiser et ne perd pas son temps en discussions inutiles : il faut dire qu’elle n’a pas l’habitude de mettre les deux pieds dans le même soulier. 59- Mettre les pieds dans le plat. Intervenir de manière extrêmement maladroite dans une conversation. Ex. : Au cours d’une discussion avec son patron, Arthur a prétendu que les femmes rousses étaient un peu vulgaires. Il ignorait que la femme de son patron était rousse... Arthur, une fois de plus, a mis les pieds dans le plat. 60- Partir les pieds devant. Expression populaire signifiant mourir. Ex. : « Fais gaffe*, mon vieux, si tu continues à fréquenter les mauvais garçons et à vendre de la drogue, tu risques de partir les pieds devant, car la police n’hésitera pas à tirer. (*faire gaffe = faire attention)

Annexe II - 5

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61- Partir sur la pointe des pieds. Quitter un lieu discrètement et sans faire de bruit. Ex. : La réunion n’étant pas terminée à l’heure prévue, je suis parti sur la pointe des pieds car j’avais un autre rendez-vous et je ne voulais pas me faire remarquer. 62- Marcher sur les plates-bandes de quelqu’un. Porter atteinte à l’autorité d’une personne jalouse de ses prérogatives en se substituant en quelque sorte à elle. Ex. : Le directeur appréciait son adjoint, mais il n’aimait pas qu’il marche sur ses plates-bandes ! 63- Tenir la jambe à quelqu’un. Expression populaire signifiant « Importuner quelqu’un par des propos futiles. » Ex. : J’ai dit à mon voisin que j’étais pressé. Cela ne l’a pas empêché de me tenir la jambe pendant plus de vingt minutes. 64- Faire des ronds de jambe. Faire beaucoup de manières en vue de plaire à quelqu’un. Ex. : Quand il rencontre son patron, il ne peut s’empêcher de lui faire des ronds de jambe. 65- Faire une belle jambe à quelqu’un. Réponse donnée à une personne dont la proposition ne présente aucun intérêt ni avantage pour vous. Ex. : Je suis vraiment désolé d’avoir démoli votre voiture sur le parking, mais soyez sans crainte, j’ai une bonne assurance ! Cela me fait une belle jambe, je dois partir en vacances demain... 66- Avoir une sale tête. (avoir une sale tronche) Se dit généralement d’une personne au caractère un peu difficile, ombrageux et antipathique. Ex. : Notre nouveau collègue est très doué dans son domaine, mais on ne peut rien lui dire : il a vraiment une sale tête. 67- Faire la tête. Manifester sa mauvaise humeur, bouder. Ex. : Depuis un certain temps, mon voisin ne me salue plus. Il me fait le tête et je ne sais même pas pourquoi. 68- En avoir par-dessus la tête. Etre exaspéré par quelqu’un ou quelque chose. Ex. : La secrétaire a fini par dire à son patron qu’elle en avait par-dessus la tête d’exécuter des heures supplémentaires. 69- Avoir (ou attraper) la grosse tête. Expression populaire et familière signifiant qu’une personne se prend très au sérieux. Ex. : Depuis qu’il a été nommé directeur dans son entreprise, il a attrapé la grosse tête. 70- Dominer de la tête et des épaules. Dans une compétition, être beaucoup plus fort que son (ou ses) adversaire(s). Ex. : L’équipe suisse de football a gagné son dernier match par six à zéro : elle a dominé son adversaire de la tête et des épaules. 71- Avoir un regard perçant. Se dit d’une personne qui a un regard très vif et brillant. Ex. : M. Dorvel avait un regard tellement perçant qu’il donnait l’impression de lire dans les pensées des gens avec qui il discutait. 72- Avoir les oreilles en feuilles de chou. Se dit d’une personne qui à les oreilles très décollées. (Expression à éviter car elle concerne l’aspect physique d’une personne. Sens plutôt péjoratif.) Ex. : André avait été malheureux à l’école primaire : tous ses camarades se moquaient de lui car il avait les oreilles en feuilles de chou.

Annexe II - 6

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73- Dormir sur ses deux oreilles. Ne se faire aucun souci au sujet de quelqu’un ou de quelques chose. Ex. : J’ai vérifié tous les comptes en vue du contrôle fiscal prévu pour demain, Monsieur le Directeur : vous pouvez dormir sur vos deux oreilles ! 74- Attention, les murs ont des oreilles. Expression signifiant qu’il faut toujours faire attention à ce que l’on dit, car il y a toujours quelqu’un pour écouter. Ex. : N’ajoutez rien, cher ami et quittons cette salle de café : les murs ont des oreilles. 75- Avoir un poil dans la main. Expression populaire signifiant « être paresseux et préférer que les autres fassent le travail. » Ex. : S’il peut, il laisse ses collègues exécuter son travail. Ses collègues disent d’ailleurs de lui qu’il a un poil dans la main. 76- Avoir les coudées franches. Avoir toute liberté d’agir. Ex. : Il a quitté son travail car il estimait n’avoir pas les coudées franches. 77- Se tenir les pouces Voir venir quelque chose avec appréhension mais en espérant que tout se passera bien. Ex. : Tu passes ton examen de français demain ? Et bien, je me tiendrai les pouces. L’expression « croiser les doigts » (d’origine anglaise) a tendance à remplacer « se tenir les pouces ». 78- Se tourner les pouces. Ne rien faire et être un peu paresseux. Ex. : Au lieu de te tourner les pouces et de me regarder travailler, tu ferais mieux de m’aider un peu ! (voir aussi regarder voler les mouches) 79- Avoir bon dos. Faire supporter injustement à quelqu’un la responsabilité d’un acte ou d’une situation. Ex. : Ce n’est pas de ma faute si j’ai des mauvaises notes en maths ! Le prof explique mal et je ne comprends pas. « Ouais… » Il a bon dos ton prof de maths… 80- Avoir l’estomac dans les talons. Avoir très faim. (voir « avoir une faim de loup ») Ex. : Il est midi et je n’ai rien mangé depuis hier soir. J’ai vraiment l’estomac dans les talons. 81- Avoir le pied marin. Se dit d’une personne qui est à l’aise en mer et qui n’a pas le mal de mer Ex. : Personnellement je n’aime pas beaucoup aller en bateau ! Mais vous Geneviève, est-ce que vous avez le pied marin ? 82- Ne pas arriver à la cheville de quelqu’un. S’utilise pour désigner une personne très inférieure à une autre (Généralement du point de vue intelligence et capacités intellectuelles) Ex. : Monsieur Chablon a eu la chance d’être nommé directeur administratif. Il n’arrive toutefois pas à la cheville de son prédécesseur. 83- N’être plus que l’ombre de soi-même. Se dit de quelqu’un qui a perdu complètement sa vitalité et son enthousiasme. Ex. : Depuis qu’il est au chômage, il n’est plus que l’ombre de lui-même. 84- Etre en cheville avec quelqu’un. S’utilise pour désigner une personne qui travaille en étroite collaboration avec une autre personne dans une affaire un peu douteuse. Ex. : Depuis qu’elle est en cheville avec cet avocat qui a eu des problèmes avec son association professionnelle, la police la surveille avec beaucoup d’attention.

Annexe II - 7

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85- Avoir la main heureuse. Avoir de la chance lorsqu’il faut opérer un choix dans une affaire où le hasard tient une grande place. Ex. : En achetant un petit tableau pour deux cents francs au marché aux puces, Monique ignorait qu’elle avait eu la main heureuse : un expert a estimé la toile à plus de vingt-cinq mille francs. 86- Avoir la main baladeuse. S’utilise pour désigner une personne qui a tendance à donner des caresses de manière intempestive et déplacée. Ex. : Les femmes n’aimaient pas M. Duchemin car il avait la mauvaise habitude de toujours poser la main sur l’épaule ou le genou de ses collaboratrices. Ces dernières disaient qu’il avait la main baladeuse. 87- Mettre la main à la pâte. Participer activement et personnellement à un travail. Ex. : Bien qu’il soit chef de service, M. Chenu n’hésite pas - quand c’est nécessaire - à mettre la main à la pâte pour que les commandes des clients puissent partir à l’heure. 88- Prendre quelqu’un la main dans le sac. Surprendre quelqu’un en train de commettre un délit. (On dit aussi « prendre quelqu’un sur le fait. ») Ex. : On soupçonnait Gérard de voler des cravates. La semaine dernière, une vendeuse l’a pris la main dans le sac : il était en train d’en dissimuler une sous son imperméable. 89- En venir aux mains. Se battre avec quelqu’un. Ex. : Plutôt que de discuter calmement pour trouver une solution, ils en sont venus aux mains et il a fallu les séparer pour éviter des blessures. 90- N’avoir ni queue ni tête. S’utilise pour parler d’une chose qui n’a aucun sens, aucune signification. Ex. : Olga ne devait pas être dans son état normal : elle était toute agitée et m’a raconté une histoire qui n’avait ni queue ni tête. 91- Etre hors de soi. Se dit d’une personne qui est très en colère. Ex. : Lorsque je suis arrivé dans son bureau, il était furieux et criait. Je ne savais pas pourquoi il était hors de lui. Lorsqu’il eut retrou vé son calme, il m’expliqua pourquoi il s’était mis en colère. 92- Faire prendre à quelqu’un des vessies pour des lanternes. Tromper quelqu’un par des propos fallacieux. Ex. :J’ai décidé de ne plus faire de commerce avec cet homme : cela fait déjà deux fois qu’il essaie de me faire prendre des vessies pour des lanternes. 93- Avoir des doigts de fée. S’utilise pour désigner une personne très habile pour exécuter des travaux délicats. Ex. : Ce serait dommage de faire réparer ta montre n’importe où ! A ta place je la confierais à M. Herbeplate car il est connu pour avoir des doigts de fée. 94- Avoir (ou garder) une dent contre quelqu’un. Avoir de la rancune, un ressentiment contre quelqu’un. Ex. : Pour la troisième fois, Jacqueline n’était pas venue au rendez-vous que Jean lui avait fixé. Jean n’était pas rancunier, mais cette fois, il garda une dent contre Jacqueline. 95- Ne pas pouvoir sentir quelqu’un. Expression familière signifiant « Ne pas aimer quelqu’un, le détester » Ex. : Henriette a fini par quitter son emploi. Un de ses collègues ne pouvait pas la sentir et il l’accablait sans cesse de reproches.

Annexe II – 8

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96- Se trouver nez à nez avec quelqu’un. Se trouver face à face avec quelqu’un, de manière imprévue. Ex. : Au moment où j’allais prendre l’ascenseur, Gérard en sortit avant que j’aie eu le temps d’ouvrir la porte et nous nous trouvâmes nez à nez ! 97- Etre dur d’oreille. (on dit aussi « être dur de la feuille » - expression populaire) S’utilise pour désigner une personne un peu sourde. Ex. : Catherine demandait souvent à ses interlocuteurs de parler plus fort, car elle était un peu dure d’oreille. 98- Se faire tirer l’oreille. S’utilise pour désigner une personne qui fait ce qu’on lui demande mais avec mauvaise grâce. Ex. : Sylvain faisait toujours ce qu’on lui demandait, mais il se faisait parfois tirer l’oreille... 99- Faire dresser les cheveux sur la tête. Inspirer un sentiment d’épouvante et de crainte. Ex. : Ariane détestait les araignées. Le simple fait d’en voir une lui faisait dresser les cheveux sur la tête. 100- Avoir quelque chose derrière la tête. S’utilise pour désigner une personne qui a une intention qu’elle ne veut pas dévoiler. Ex. : Joël n’avait pas dit non à notre proposition. Mais son comportement était tellement bizarre qu’il avait certainement quelque chose derrière la tête. 101- Tenir tête à quelqu’un. S’opposer fermement à quelqu’un, résister à quelqu’un. Ex. : Evelyne avait beaucoup de caractère et au lycée il arrivait souvent qu’elle tienne tête aux professeurs. 102- Tenir tête à quelqu’un. 103- Un casse-tête (chinois). S’utilise pour désigner un problème difficile à résoudre. Ex. : Le crime de la rue du Midi constituait un véritable casse-tête chinois pour la police car elle n’avait aucun indice. 104- Se mettre le doigt dans l’œil. S’utilise pour désigner une personne qui se trompe complètement. Ex. : S’il croit que je vais l’inviter à mon anniversaire, eh bien, il se met le doigt dans l’œil ! 105- Savoir sur le bout du doigt. Savoir parfaitement quelque chose ; savoir par cœur. Ex. : L’instituteur était toujours surpris quand ses élèves savaient leurs tables de multiplication sur le bout du doigt... 106- Ne pas avoir les yeux en face des trous. Expression populaire signifiant : "Ne pas voir quelque chose ou quelqu’un pourtant parfaitement visible !" Ex. : Tu n’as pas les yeux en face des trous ; la paire de ciseaux que tu cherches est juste devant toi ! 107- Ne pas avoir froid aux yeux. Expression employée pour désigner une personne qui n’a pas peur, qui est audacieuse. Ex. : Monique n’a pas froid au yeux : elle aime essayer tout les sports dangereux comme le parachutisme ou la course automobile. 108- Sauter aux yeux. Expression utilisée pour désigner une chose qui est évidente, manifeste. Ex. : Vous ne connaissez pas la réponse ? Elle devrait pourtant vous sauter aux yeux ! 109- Coûter les yeux de la tête. Coûter très cher. Ex. : J’ai enfin trouvé chez un antiquaire le vase chinois que je cherchais depuis des années. Il est superbe mais il m’a coûté les yeux de la tête.

Annexe II – 9

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110- Coûter la peau des fesses. Même signification que la précédente, mais plus populaire, voire vulgaire. 111- Coûter un saladier. Variante de « coûter les yeux de la tête » quoique un peu plus populaire. 112- Avoir les yeux plus gros (grands) que le ventre.A S’utilise pour dire qu’une personne a des désirs que ses possibilités ne lui permettent pas de réaliser. Ex. : René demande toujours trop de dessert au restaurant et n’arrive pas à le finir. Il a toujours eu les yeux plus gros que le ventre. 113- Tourner de l’œil. Expression populaire signifiant « s’évanouir ». (voir aussi « tomber dans les pommes ») Ex. : Alain n’aime pas les prises de sang car chaque fois il tourne de l’œil. 114- Obtenir (ou avoir) quelque chose à l’œil. Expression familière signifiant «obtenir quelque chose gratuitement ». Ex. : Serge a maintenant un ordinateur. « D’accord, m’a-t-il dit, il n’est pas neuf mais je l’ai eu (obtenu) à l’œil !» 115- Avoir quelqu’un dans le nez. Expression utilisée pour désigner quelqu’un que l’on aime pas beaucoup, voire que l’on déteste. Ex. : Je crois que M. Lecaire m’a dans le nez simplement parce que je suis jeune et qu’il n’aime pas les jeunes ! 116- Avoir un verre dans le nez. S’utilise familièrement pour désigner une personne qui a un peu trop bu d’alcool. Ex. : Chaque fois que Robert sortait avec ses amis, il rentrait tard et avait un verre dans le nez. A chaque fois, sa femme était furieuse. 117- Mettre le nez dans les affaires de quelqu’un. Expression signifiant que quelqu’un s’occupe des affaires des autres sans y avoir été invité. Ex. : Depuis que j’ai monté ma propre entreprise, mon voisin ne peut pas s’empêcher de mettre son nez dans mes affaires. 118- Réussir (ou gagner) les doigts dans le nez. Expression populaire signifiant « gagner très facilement » ou « réussir très facilement » Ex. : Annette n’a pas beaucoup travaillé et pourtant elle a réussi ses examens les doigts dans le nez ! 119- Tirer les vers du nez à quelqu’un. Expression signifiant « questionner habilement quelqu’un pour le faire parler et dire des choses qu’il ne devrait pas dire ! » Ex. : Se croyant habile, Georges Dugard posa plusieurs questions à Gérard Lejeune qui s’aperçut tout de suite que son interlocuteur voulait lui tirer les vers du nez. 120- Faire des pieds et des mains. Insister beaucoup pour obtenir d’une personne ou d’une organisation un renseignement qu’elle ne veut généralement pas vous donner. Ex. : J’ai dû faire des pieds et des mains pour obtenir le nom du fonctionnaire qui m’avait mal renseigné. Son collègue ne voulait pas me le donner. 121- Prendre ses jambes à son cou. Partir très vite parce que l’on a peur de quelqu’un ou de quelque chose. Ex. : Elle a eu tellement peur en voyant un lynx dans la forêt qu’elle a pris ses jambes à son cou et elle est rentrée au camp. 122- Ne pas se fouler la rate. (voir aussi « avoir un poil dans la main ») Expression populaire signifiant qu’une personne est un peu paresseuse. Ex. : Jean-Marc était devenu fonctionnaire parce qu’il n’aimait pas trop se fouler la rate. Il a vite compris qu’il s’était trompé !

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123- Avoir un cheveu sur la langue. Expression utilisée pour désigner une personne qui zézaye (ou qui zozote), c’est-à-dire qui a un défaut de prononciation. Ex. : Quand il était petit, Henri avait un cheveu sur la langue et tous ses camarades se moquaient de lui. 124- Se faire des cheveux. Se faire du souci pour quelque chose ou quelqu’un. Ex. : Quand Sarah est tombée malade, sa mère s’est fait beaucoup de cheveux. 125- Couper les cheveux en quatre. Expression utilisée pour désigner une personne pointilleuse à l’excès et qui se perd dans les détails. Ex. : Les discussions avec M. Gardeau sont toujours très longues et ennuyeuses car il ne peut s’empêcher de couper les cheveux en quatre. 126- Se faire un sang d’encre. Voir « se faire des cheveux » Le sens est plus fort que « se faire des cheveux » 127- Se faire du mauvais sang. Voir « se faire des cheveux » 128- Perdre son sang-froid. S’utilise pour désigner une personne qui n’est plus en mesure de réagir sainement dans une situation difficile ou imprévue. Ex. : Quand la police est arrivée, Georges a perdu son sang-froid : Au lieu de lui dire ce qui s’était passé, il s’est enfui. 129- Ne pas se faire de bile. Expression signifiant « Ne pas se faire de souci » Ex. : Pierre ne se fait pas beaucoup de bile : ses examens commencent dans deux semaines et il n’a encore rien révisé ! 130- Avoir mal au cœur. Expression utilisée pour désigner une personne qui se sent mal et qui est sur le point de vomir. Ex. : Georges avait bu quatre whiskies et il n’avait pas l’habitude : il a dû sortir prendre l’air car il avait mal au cœur. 131- Faire mal au cœur. Expression utilisée pour exprimer la peine ou le chagrin causés à quelqu’un par quelqu’un ou quelque chose. Ex. : Ca m’a fait mal au cœur d’apprendre que Pauline avait perdu son emploi. 132- Avoir du cœur. (S’emploie également au sens négatif « ne pas avoir de cœur ») Expression utilisée pour désigner une personne attentive aux problèmes des autres et prête à leur manifester de la compassion. Ex. : Lorsqu’il a quitté la société Duchenne, le chef du personnel a été unanimement regretté, car il était toujours à l’écoute des autres et il avait beaucoup de cœur. 133- Avoir le cœur sur la main. Expression qui désigne un personne très généreuse. Ex. : Les amis de Justin disaient que sa générosité finirait par le perdre. Il donnait régulièrement de l’argent à des œuvres caritatives, car il avait le cœur sur la main. 134- Etre fait à cœur. Expression utilisée pour désigner généralement un fromage parfaitement affiné et prêt à être mangé. Ex. : Après avoir tâté plusieurs Camembert , Edouard finit par en prendre un qui lui sembla fait à cœur. 135- S’en donner à cœur joie. Expression qui signifie prendre un très grand plaisir à faire quelque chose et en quelque sorte de manière abondante. Ex. : La neige étant tombée durant la nuit, les écoliers sont allés faire du ski et ils s’en sont donné à cœur joie.

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136- Avoir le cœur bien accroché. Expression signifiant qu’une personne n’est pas facilement dégoûtée ou écœurée, physiquement ou abstraitement. Ex. : Beaucoup de gens estiment qu’il faut avoir le cœur bien accroché pour devenir médecin légiste. 137- Avoir le cœur à la bonne place. Variante de l’expression précédente. 138- Avoir les foies. Expression argotique signifiant que quelqu’un a peur. Ex. : Quand les flics se sont pointés, il a mis les voiles car il avait les foies… (Quand les gendarmes sont arrivés, il est parti car il avait peur…) 139- En avoir plein le dos. (voir aussi "en avoir par-dessus la tête"). Expression signifiant « Etre excédé par quelque chose ou quelqu’un. » Ex. : Dans son nouvel emploi, Robert ne fait que du classement et il en a plein le dos car on lui avait promis d’autres activités. 140- Renvoyer deux personnes dos à dos. Expression qui signifie « Ne pas prendre parti dans une dispute, un différend qui oppose deux personnes. Ex. : Le juge, estimant que les deux personnes étaient aussi coupables l’une que l’autre, les renvoya dos à dos non sans leur avoir infligé une amende de 200 francs chacune. 141- Etre sur les genoux. Expression populaire utilisée pour désigner une personne très fatiguée. Ex. : Après avoir passé la tondeuse, Robert prétend toujours qu’il est sur les genoux. 142- Avoir les côtes en long. S’utilise pour désigner une personne paresseuse, qui n’aime pas beaucoup travailler. Ex. : Il dit qu’il cherche du travail et qu’il n’en trouve pas. Je crois plutôt qu’il a les côtes en long... 143- Tourner les talons. Faire demi-tour, généralement de manière précipitée. Ex. : Depuis que Pascal m’a endommagé ma voiture, il n’ose plus me dire bonjour et quand il m’aperçoit, il préfère tourner les talons. 144- Etre à quatre pattes. S’utilise pour désigner une personne qui se trouve à la fois sur les genoux et appuyées sur les deux mains. Ex. : Muriel venait de perdre un verre de contact et elle était à quatre pattes sur le tapis pour essayer de le retrouver. 145- (Fonctionner à) l’huile de coude. Expression populaire qui signifie qu’un travail a été accompli grâce à la seule force physique d’une personne. Ex. : Mon voisin m’a demandé si j’avais coupé mon bois avec une tronçonneuse. Je lui ai répondu que non : j’ai utilisé une hache et beaucoup d’huile de coude. 146- Ne pas manquer d’air (ou de souffle). S’utilise pour désigner une personne qui a beaucoup de culot, de toupet, de suffisance. Ex. :Mon nouveau voisin ne manque pas de souffle : Il m’a demandé d’arracher plusieurs arbres de mon jardin parce qu’ils lui faisaient de l’ombre sur sa terrasse ! 147- Etre à bout de souffle. Etre extrêmement fatigué, en général après une longue course. Etre hors d’haleine. Ex. : Le téléphone ne fonctionnant plus, elle avait dû courir jusqu’au village pour avertir les pompiers : en arrivant elle était à bout de souffle.

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148- Ne pas avoir la langue dans sa poche. S’utilise pour désigner une personne qui sait facilement répliquer à un propos d’une autre personne. Ex. : Isabelle n’avait pas la langue dans sa poche : Même le directeur hésitait à lui faire une remarque car il craignait presque toujours une réponse désagréable. 149- Avoir la langue bien pendue. S’utilise pour désigner une personne qui est bavarde et qui parle très facilement. Ex. : Bernard était très réservé avec les personnes qu’il ne connaissait pas. Mais avec ses amis, il avait la langue bien pendue. 150- Etre mauvaise langue. S’utilise pour désigner une personne qui n’hésite pas à médire, à calomnier. Ex. : Raymonde avait pour habitude de raconter à tout le monde ce que faisaient ses voisins : elle était connue pour être une mauvaise langue. 151- Rester bouche bée. Expression signifiant rester la bouche ouverte d’admiration, d’étonnement ou de stupeur. Ex. : Je ne savais pas que Magali jouait du piano. En l’entendant hier soir pour la première fois, j’en suis resté bouche bée. 152- Etre bonne poire. S’utilise pour désigner une personne qui a bon caractère mais qui est un peu naïve et facile à tromper. Ex. : Emile était une bonne poire : il ne se fâchait jamais et croyait tout ce que ses amis lui racontaient. Ils en profitaient d’ailleurs largement... 153- Ne pas se prendre pour la queue d’une poire. S’utilise pour désigner une personne qui se croit beaucoup plus importante qu’elle n’est en réalité. Ex. : Depuis qu’il avait été élu député, Jean-Marc ne se prenait pas pour la queue d’une poire. 154- Etre une grosse légume. S’utilise pour désigner familièrement un personnage important et influent. Ex. : Fais attention de ne rien dire à propos de l’affaire Lameute. Malgré son inculpation, le patron reste une grosse légume et il pourrait te causer quelques ennuis... 155- Faire quelque chose pour des prunes (aller quelque part pour des prunes). Faire quelque chose pour rien. Ex. : J’avais oublié que le 15 août était un jour férié en France. Je suis allé au supermarché et c’était évidemment fermé. J’y suis allé pour des prunes. 156- Tomber dans les pommes. Expression populaire signifiant « s’évanouir » Ex. : Henri est incroyablement sensible : dès qu’il voit une goutte de sang, il tombe dans les pommes. 157- Etre dans les choux. Expression qui s’utilise surtout dans la relation d’événements sportifs. Elle signifie arriver parmi les derniers, perdre très nettement. Ex. : Ce coureur était un des favoris du Tour de France mais il déçoit tous ces admirateurs, car après quatre étapes, il est déjà complètement dans les choux. 158- Etre une feuille de chou. (C’est une feuille de chou.) Expression populaire et familière qui désigne un journal ou une publication régionale et de qualité douteuse. Ex. : Nous sommes abonnés à l’hebdomadaire de notre région. C’est une feuille de chou mais cela nous permet néanmoins de savoir ce qui se passe. 159- Etre (ou devenir) rouge comme une tomate. S’utilise pour désigner une personne qui devient rouge à la suite d’une bévue. Ex. : Au cours d’une réception, Georges a confondu la femme du président avec une interprète. Lorsqu’il s’en est aperçu, c’était trop tard et il est devenu rouge comme une tomate.

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160- Les carottes sont cuites. Expression populaire et familière signifiant qu’une partie est définitivement perdue, même s’il est théoriquement possible de renverser encore la situation. Ex. : La Suisse perdait par 4 à 1 à dix minutes de la fin du match. Le public ne croyait plus au miracle. Mon voisin me dit alors : « les carottes sont cuites. » 161- Marcher sur des œufs. Expression signifiant que l’affaire dont on s’occupe est délicate et qu’il convient d’agir avec beaucoup de prudence. Ex. : Le rédacteur en chef n’a pas empêché son collaborateur d’enquêter sur l’affaire Ramolot tout en lui recommandant une extrême prudence. « Fais bien attention » lui a-t-il dit car tu marches sur des œufs. 162- C’est la fin des haricots. Expression familière signifiant que tout est perdu, et que la situation désastreuse dans laquelle on se trouve, ne pourra pas être renversée. Ex. : Il avait tout entrepris pour trouver de l’arg ent en vue de sauver son entreprise. Les banques avaient refusé tout nouveau crédit. Il se dit alors : « tout est fini, c’est vraiment la fin des haricots ». 163- S’occuper de ses oignons. (Se mêler de ses oignons.) Expression familière utilisée pour inviter quelqu’un à s’occuper plutôt de ses affaires que de celles des autres. (Assez sec quand l’expression est employée à l’impératif.) Ex. : Personne ne lui demande son avis dans cette affaire ; il n’a qu’à s’occuper de ses oignons… Ex : Je ne vous ai pas demandé de conseil, alors mêlez-vous de vos oignons. 164- En faire tout en fromage. Expression familière qui signifie exagérer l’importance d’une chose ou d’un événement. Ex. : M. Dubois n’a pas reçu son hebdomadaire la semaine dernière. Il a téléphoné au service des abonnements et en a fait tout un fromage. 165- En faire tout un plat. Même signification que « en faire tout un fromage ». 166- Mettre du beurre dans les épinards. Expression qui signifie « Améliorer les conditions matérielles de vie d’une personne ou d’une famille. » Ex. : Jean-Jacques avait été promu chef d’équipe et son salaire avait augmenté de trois cent cinquante francs par mois. « Cela va mettre du beurre dans les épinards », avait-il dit à sa femme. 167- Vouloir le beurre et l’argent du beurre. Expression qui signifie que quelqu’un veut obtenir tous les avantages d’une situation sans contrepartie. Ex. : Vous voulez une réduction de prix et vous voulez payer en six mensualités ? Mais vous voulez le beurre et l’argent du beurre… 168- Etre marron. Expression signifiant « Etre dupé, trompé, roulé. » Ex. : En achetant cette voiture d’occasion, je croyais avoir fait une bonne affaire. En réalité, elle est en très mauvais état, et je suis marron. 169- (Savoir) tirer les marrons du feu. Expression signifiant « Entreprendre quelque chose de risqué ou de difficile pour le seul profit de quelqu’un d’autre. ». Cette expression est néanmoins utilisée la plupart du temps pour exprimer le contraire, à savoir « Entreprendre quelque chose pour son propre profit. » Ex. : Henri est un homme rusé : quelle que soit la situation, il sait toujours tirer les marrons du feu.

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170- Recevoir une châtaigne (ou donner une châtaigne). Expression populaire signifiant « recevoir un coup de poing. » Ex. : Au cours de la discussion, il a reçu une châtaigne, simplement parce qu’il n’était pas d’accord avec son interlocuteur ! 171- Faire du foin. Expression qui signifie « Faire du tapage, du bruit, protester vigoureusement. » Ex. : Quand Elisabeth annonça à son père qu’elle voulait devenir comédienne, il a fait un foin incroyable ! 172- Faire du vilain. Expression signifiant que « les choses vont mal tourner, qu’il va y avoir des problèmes. » Ex. : Si tes parents te trouvent en train de fumer, tu vas voir, ça va faire du vilain. 173- Faire l’andouille. Expression populaire signifiant « Faire l’imbécile. » Ex. : Arrête de faire l’andouille, sinon le pion va encore te punir. 174- Etre un navet. (C’est un navet.) S’utilise pour désigner une chose - généralement un film - de mauvaise qualité. Ex : Le critique avait tellement peu aimé le film consacré à la vie du roi Louis XIV qu’il l’avait qualifié de « navet » dans son article. Cela lui avait valu de nombreuses lettres de protestation. 175- Jeter des fleurs (ou lancer des fleurs) à quelqu’un. Expression qui signifie « faire des compliments à quelqu’un. » Ex. : A la place de me jeter des fleurs concernant le qualité de mon travail, mon patron ferait mieux de m’accorder une augmentation de salaire !… 176- Mettre de l’eau dans son vin. Expression qui signifie « modérer ses exigences », « être moins absolu dans ses prétentions. » Ex. : Vous verrez, jeune homme, lui dit le vieillard : « dans la vie, il faut savoir mettre de l’eau dans son vin, sinon elle devient vite impossible. » 177- Etre rapide comme l’éclair. Expression qui signifie « être d’une rapidité extrême, instantané. » Ex. : Rapide comme l’éclair, l’aigle fondit sur le lapin ; surpris ce dernier n’eut pas le temps de fuir. 178- Perdre les pédales. Expression qui signifie « paniquer, s’affoler » dans une situation plutôt inhabituelle. Ex. : Quand la police arriva dans son immeuble, il crut qu’elle venait l’arrêter. Il a complètement perdu les pédales et il a sauté par la fenêtre ! 179- En avoir ras le bol (ou le bocal) En avoir assez de quelque chose. Variante de « En avoir par-dessus la tête. » Ex. : Je suis à mon bureau depuis ce matin à sept heures et je n’ai pas eu le temps d’aller déjeuner ; j’ai hâte de rentrer chez moi, car j’en ai ras le bol. 180- Envoyer quelqu’un au diable (Allez au diable !) Expression qui signifie « très loin, le plus loin possible. » « se débarrasser de quelqu’un. » Ex. : Lorsque l’agent d’assurances se présenta chez Roger pour la quatrième fois sans avoir de rendez-vous, celui-là l’envoya au diable. 181- Envoyer promener quelqu’un. Signification semblable à la précédente, quoique un peu moins forte dans son sens. 182- Filer à l’anglaise. Expression qui signifie « partir sans se faire remarquer ». Ex. : Comme je devais absolument partir avant la fin de la réunion, j’ai filé à l’anglaise à la faveur d’une pause qui n’était pas prévue au programme ! Voir aussi « Partir sur la pointe des pieds)

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183- Boire en Suisse. Expression qui signifie « Boire tout seul, en cachette, sans partager » Ex. : Quand ses amis arrivèrent chez André, il était en train de boire un whisky. Antoine lui dit alors : « Tu préfères boire en Suisse, ça coûte moins cher. Et à nous tu offriras un verre d’eau… » 184- Avoir carte blanche. (ou donner carte blanche à quelqu’un.) Expression qui signifie « laisser toute l’initiative à quelqu’un », « donner pleins pouvoirs à quelqu’un pour exécuter une tâche particulière. » Ex. : Le Directeur avait dit à son collaborateur : « Seul le résultat m’intéresse ; pour y parvenir, je vous donne carte blanche. » 185- Voir la vie en rose. (Variante : voir tout en rose.) Expression qui signifie « considérer la vie d’une manière optimiste, ne voir que le bon côté des choses. Ex. : Il a terminé l’université il y a six mois, mais il n’a pas de travail. Cela ne l’empêche pas de voir la vie en rose! 186- Manger comme quatre. S’utilise pour désigner une personne qui a un gros appétit. Ex. : Je ne sais pas ce qui m’arrive, mais depuis quelques jours, je mange comme quatre. 187- Ne pas être dans son assiette. S’utilise pour désigner une personne qui - sans être vraiment malade - ne se sent pas bien. Ex. : Lorsqu’il arriva à son bureau, tout le monde remarqua que Roger n’était pas aussi souriant que d’habitude. Visiblement, il n’était pas dans son assiette. 188- Etre blanc comme un linge. S’utilise pour désigner une personne qui a eu très peur et qui est très pâle. Ex. : Quand la cheminée de l’immeuble voisin est tombée juste à côté de lui, Robert n’a pas été blessé, mais il était blanc comme un linge. 189- Etre blanc comme neige. S’utilise pour désigner une personne qui n’a rien à se reprocher. Ex. : Malgré un passé chargé, Monsieur Pierre déclara au juge qu’il était blanc comme neige et qu’il n’avait pas trempé dans l’affaire Blondie. Contre toute attente, la suite de l’enquête devait confirmer sa déclaration. 190- Etre vert de rage. Expression qui signifie « être dans une grande colère. Ex. : Mauvais joueur, André était vert de rage parce qu’il avait perdu sa partie d’échecs contre Antoine. 191- Etre rouge de colère. Expression presque identique à la précédente. 192- Avoir une peur bleue. Expression familière qui signifie avoir très peur. Ex. : En sortant de son immeuble, Thérèse a presque reçu un pot de fleur sur la tête ! Elle n’a pas été blessée, mais elle a eu une peur bleue 193- Etre un parfait cordon-bleu. Se dit d’une personne qui cuisine très bien, mais dont ce n’est pas le métier. Ex. : Nous aimons bien aller manger chez Antoinette car c’est un parfait cordon-bleu. 194- Etre mauvais joueur. Expression signifiant qu’une personne n’aime pas perdre quand elle joue (aux cartes, au tennis, etc.) et qui manifeste de la mauvaise humeur. Ex. : Chaque fois qu’il perdait un match de tennis, Alain brisait sa raquette sur le court. Il a été exclu de son club, car c’était vraiment un mauvais joueur.

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195- Etre complètement noir. Expression populaire qui désigne une personne qui est ivre. Ex. : Hier soir, Henri était complètement noir : il est rentré chez lui en zigzaguant sur les trottoirs… (Certaines personnes déplorent cette expression, car, à leurs yeux, elle a un caractère raciste.) 196- Etre complètement givré. Même sens que « être complètement noir », quoique plus populaire encore, voire argotique. 197- Etre dans les nuages.(voir aussi « Etre dans la lune »). Expression signifiant qu’une personne n’est pas à son affaire et qu’elle semble perdue dans ses pensées. Ex. : Lorsque l’on posait une question à Henri, il fallait presque toujours la répéter car il était souvent dans les nuages. 198- Etre à côté de ses pompes. (voir aussi « être dans les nuages » Expression populaire signifiant qu’une personne n’est pas dans son état normal, qu’elle n’est pas à son affaire. Ex. : Assurez-vous que John a bien compris ce que vous lui avez demandé, car ces temps, il est souvent à côté de ses pompes ! 199- Se tenir à carreau. Expression populaire signifiant « se tenir sur ses gardes », « faire attention » Ex. : Tu peux traverser le quartier durant la nuit, ce n’est pas dangereux, mais tu as quand même intérêt à te tenir à carreau. 200- Etre dans la lune. Expression signifiant « être distrait », « rêver » Ex. : Dis donc, tu m’écoutes ? Mais tu es de nouveau dans la lune ! 201- Mettre la charrue avant les bœufs. Expression signifiant « Faire les choses dans le mauvais ordre, aller trop vite dans la réalisation d’une tâche. »(Cette expression était aussi souvent utilisée pour désigner un couple qui concevait un enfant avant d’être marié. Avec l’évolution des mœurs, l’expression a perdu de son acuité.) Ex. : Tu ferais mieux de poser tes papiers peints avant de nettoyer tes parquets, sinon ton père va encore dire que « tu mets la charrue avant les bœufs... » 202- Chercher midi à quatorze heures. Expression signifiant « rendre inutilement compliqué une chose simple » Ex. : Mais non Pierre ! La solution est beaucoup plus simple que cela ! Pourquoi cherches-tu toujours midi à quatorze heures ? 203- Avoir de la peine à joindre les deux bouts. Expression signifiant « Vivre dans une situation financière précaire » Ex. : Avec leurs trois enfants et le modeste salaire du père, la famille Martin avait de la peine à joindre les deux bouts. 204- Retourner sa veste. Expression signifiant « changer brusquement et complètement d’avis, d’opinion, de parti » Ex. : Le maire de la commune avait dit qu’il ne ferait jamais alliance avec la gauche. Mais juste avant les élections, il a retourné sa veste 205- Avoir un coup de foudre Employée absolument, cette expression signifie « Tomber soudainement et passionnément amoureux de quelqu’un » Ex. : Lorsque Juliette rencontra Edouard, elle a eu un coup de foudre. Il y a des choses qui ne s’expliquent pas !… 206- Avoir le coup de foudre pour... Employée avec un complément, l’expression signifie « avoir une passion soudaine pour quelque chose, par exemple un endroit, une maison, un tableau, etc.) Ex. : En arrivant en Bretagne, Brigitte aperçut une petite maison qui faisait face à la mer : ce fut immédiatement le coup de foudre. Elle irait voir le notaire le lendemain, car la maison était à vendre.

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207- Porter le chapeau (ou faire porter le chapeau à quelqu’un.). Expression signifiant « être rendu responsable d’une chose que vous n’avez pas commise » ou « rendre quelqu’un responsable d’une chose qu’il n’a pas commise ». Ex. : Ce n’est pas parce qu’il sort de prison qu’il faut lui faire porter le chapeau pour tous les délits qui sont commis dans le quartier. 208- On lui donnerait le Bon Dieu sans confession.(souvent aussi employé au conditionnel passé) Expression signifiant que la personne dont on parle « a un visage innocent et une apparence très honnête alors que ce n’est pas le cas » Ex. : Tu vois, jamais ne le l’aurais cru capable de voler de l’argent dans la caisse. En le voyant, je lui aurais donné le Bon Dieu sans confession. 209- Marquer le coup. Expression qui a signifie "souligner un événement par une action particulière." Ex. : Mon voisin a célébré son cinquantième anniversaire la semaine dernière. Nous ne sommes pas vraiment amis, mais pour marquer le coup, je lui ai envoyé un télégramme de félicitations. 210- Accuser le coup Subir ouvertement un événement désagréable. Ex. : Lorsqu’on lui a annoncé qu’il allait être licencié pour raisons économiques, je t’assure que René a accusé le coup. 211- Se mettre en quatre. Expression populaire signifiant « se donner beaucoup de peine pour quelqu’un, être d’une extrême serviabilité » Ex. : Tu peux demander n’importe quoi à David. Il est tellement serviable qu’il se mettra en quatre pour te donner satisfaction. 212- Etre plié en quatre. Expression populaire qui signifie « rire énormément en entendant ou en voyant quelque chose de drôle. Ex. : En voyant arriver le directeur habillé en clown lors de la soirée d’entreprise, tout le personnel était plié en quatre… 213- Se mettre sur son trente-et-un (ou être sur son ...). Expression qui signifie « s’habiller très bien, avec élégance ». Ex. : Chez elle, c’était une habitude ; quand elle allait au théâtre, elle se mettait sur son trente-et-un. 214- Tous les trente-six du mois Expression familière signifiant « jamais ou très peu souvent » Ex. : Quand j’étais enfant, dans les années trente, mon père était au chômage et on mangeait de la viande tous les trente-six du mois. 215- Etre tiré à quatre épingles. Même signification que l’expression « se mettre sur son trente-et-un ». Ex. : Quelles que soient les circonstances, M. Delcour était toujours tiré à quatre épingles. 216- Etre la cinquième roue du char. (ou du carrosse) Expression signifiant, en parlant d’une personne « être inutile dans une entreprise, dans une activité, ou traitée comme telle ». Ex. : Albert Chapuis, bien qu’il soit le fils du patron, est vraiment la cinquième roue du char. Dans l’entreprise, personne ne le prend au sérieux. 217- Cirer les pompes à quelqu’un. Expression familière signifiant « flatter bassement » Ex. : Il passait son temps à cirer les pompes de son patron, croyant que c’était la meilleure façon d’obtenir une promotion… 218- Lécher les bottes à quelqu’un. Expression dont le sens est identique à la précédente.

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219- Il n’y a que le premier pas qui coûte. Expression qui signifie que lorsqu’on veut entreprendre quelque chose, c’est en général la décision qui est difficile à prendre. Une fois la décision prise, c’est moins difficile à réaliser. Ex. : Jacques a été impoli avec son professeur de français mais ne voulait pas présenter ses excuses parce qu’il était trop fier. Son père lui a alors dit « Ce n’est pas difficile de s’excuser, il n’y a que le premier pas qui coûte ! » 220- Mettre les bâtons dans le roues. Expression signifiant « gêner volontairement quelqu’un dans ce qu’il entreprend » Ex. : C’est incroyable ; je ne comprends pas Igor. Il ne propose jamais rien mais quand les autres ont des idées intéressantes, il faut toujours qu’il mette les bâtons dans le roues pour empêcher leur réalisation 221- Il y a à boire et à manger. Expression signifiant « avoir de bons et de mauvais aspects dans une affaire » Ex. : J’ai lu le projet de nos consultants, M. le Directeur ; à mon avis, il y a à boire et à manger. 222- S’en mettre plein les poches. (ou se remplir les poches) Expression signifiant « gagner beaucoup d’argent de manière généralement malhonnête ». Ex. : Pendant la guerre, Roland s’en est mis plein les poches grâce au marché noir. 223- Lancer le bouchon (un peu) trop loin. Expression signifiant « exagérer » Ex. : Joseph, qui venait d‘obtenir une augmentation substantielle, menaça de quitter la société s’il son patron ne lui offrait pas une voiture de fonction. M. Charles lui répondit fermement : Joseph, vous lancez le bouchon un peu trop loin… 224- La mettre en veilleuse. Expression familière signifiant « se taire, baisser le ton » Ex. : Jérôme ne pouvait s’empêcher de parler fort et d’interrompre tout le monde. A chaque fois, son copain Gérard était obligé de lui demander de la mettre en veilleuse. 225- Etre dans le pétrin. Expression signifiant « se trouver dans une situation embarrassante, difficile, voire inextricable. » Ex. : Max a quitté son travail parce que cela ne lui plaisait pas. Mais il n’a toujours pas de nouvel emploi et il est dans le pétrin : la caisse de chômage refuse de l’indemniser complètement, car il a quitté son emploi sans raison ! 226- Parler le français comme une vache espagnole. S’utilise pour désigner une personne qui parle très mal le français. Ex. : Peter est à Genève depuis plus de 10 ans, mais il parle le français comme une vache espagnole. 227- Errer (ou être) comme une âme en peine. Expression signifiant « être très malheureux et très triste ». Ex. : Depuis que son chien était mort, Suzanne errait chaque jour comme une âme en peine dans le parc de son quartier. 228- Passer devant la glace. Expression populaire signifiant « arriver trop tard pour obtenir quelque chose dont on aurait pourtant pu bénéficier ». Ex. :J’en ai vraiment assez ! Je travaille assez loin et quand je rentre à la maison, il n’y a plus de dessert. Ce n’est pas juste, c’est toujours moi qui passe devant la glace. 229- A tout bout de champ. Expression signifiant « très souvent, à chaque instant ». Ex. : Cela ne va plus ! Il frappe à la porte de mon bureau à tout bout de champ pour me demander des détails qu’il pourrait trouver tout seul.

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Annexes - Etude contrastive d’expressions figées du français et de l’arabe dialectal algérien 230- Découvrir le pot aux roses. Expression signifiant « découvrir la réalité cachée d’une chose ». Ex. : Ah, vous voudriez mettre du vin sans appellation dans des bouteilles de Bourgogne. Je ne vous le conseille vraiment pas ! Imaginez ce que fera la brigade de la répression des fraudes quand elle découvrira le pot aux roses. 231- Avoir maille à partir avec quelqu’un. Expression signifiant « avoir des problèmes, un différend avec quelqu’un – expression souvent utilisée dans les relations avec les forces de l’ordre ». Ex. : Il a très mauvais caractère et je crois qu’il a eu maille à partir avec tous ses collègues. Quelqu’un m’a dit qu’il avait même eu maille à partir avec la police. 232- Il y a deux poids deux mesures. Expression signifiant « juger deux affaires similaires de manière différente selon les circonstances ». Ex. : Quand j’arrive en retard au travail, mon patr on me dit de me lever plus tôt ! Quand c’est Josette qui arrive en retard, son patron l’excuse parce que son train était en retard. Il y a vraiment deux poids deux mesures… 233- Etre (ou chercher un) le bouc émissaire. Un bouc émissaire est une personne sur qui on fait retomber toutes les responsabilités, afin de ne pas avoir à endosser ses propres erreurs. Ex. : Au collège, c’est toujours Philippe qui est le bouc émissaire. Il est un peu timide et a toujours de la peine à se défendre. 234- Avoir des sueurs froides. Expression signifiant « avoir très peur » Ex. : Antoine a miraculeusement survécu à une avalanche. Mais aujourd’hui, plus de trois mois après l’accident, il en a encore des sueurs froides. 235- Etre fauché (comme les blés) Expression familière signifiant « n’avoir presque plus d’argent, ne plus être en mesure de (se) payer quoi que ce soit d’important ». Ex. : C’est un couple vraiment charmant, mais peu raisonnable : même avec deux salaires, il sont déjà fauchés vers le 20 du mois ! 236- Tomber les quatre fers en l’air. Expression signifiant « Tomber par terre à la renverse » par analogie à un cheval qui chute et dont les quatre pattes ont quitté le sol. Ex. : Jean-Marc voulut sauter par dessus la haie qui n’était pourtant pas très haute. Il n’avait cependant pas vu le fil de fer légèrement plus haut et il se retrouva les quatre fers en l’air ! 237- Partir en quatrième vitesse. Expression signifiant « partir très vite, le plus vite possible, précipitamment ». Ex. : Quand je lui ai dit que le patron le cherchait pour faire des heures supplémentaires, il a salué tous ses collègues et il est parti en quatrième vitesse… 238- Faire la pluie et le beau temps. Expression signifiant « être très puissant, décider de tout » Ex. : Depuis qu’il avait racheté plus de la moitié des actions de la société, Roucard faisait la pluie et le beau temps. 239- Ne pas être tombé de la dernière pluie. Expression signifiant « avoir de l’expérience, n’être pas facile à tromper » Ex. : Vous voudriez me faire croire que c’est une gravure originale de Daumier alors que c’est un vulgaire faux? Dommage pour vous mais je ne suis pas tombé de la dernière pluie ! 240- Mettre les points sur les « i ». Expression signifiant « expliquer complètement quelque chose à une personne qui ne la comprend pas ou qui ne veut pas la comprendre ». Ex. : Il faut vraiment que je mette les points sur les « i » avec Durand. Il gare toujours sa voiture devant la sortie de secours et ne veut pas comprendre que c’est très dangereux.

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Annexes - Etude contrastive d’expressions figées du français et de l’arabe dialectal algérien 241- Avoir du pain sur la planche. Expression signifiant « avoir beaucoup de travail à accomplir » Ex. : Je dois mettre à jour la liste de tous les débiteurs d’ici à vendredi soir. Avec cela, j’ai du pain sur la planche. 242- Venir des quatre coins du monde. Expression signifiant « venir de partout, du monde entier ». Ex. : Il s’agissait d’une conférence très importante et les délégués étaient venus des quatre coins du monde. 243- Tomber dans le panneau. Expression signifiant « se laisser facilement tromper » Ex. : On a dit à Philippe que son salaire allait être augmenté de 15 % malgré les mauvais résultats de l’entreprise. Et comme il est d’une grande naïveté, Philippe est tombé dans le panneau... 244- Coiffer au poteau. (coiffer sur le poteau) Expression signifiant « gagner une compétition au dernier moment » Ex. : C’est extraordinaire : Après avoir occupé la cinquième place pendant presque tout le marathon, le coureur éthiopien a dépassé tous ses adversaires et a fini par tous les coiffer sur le poteau. 245- Ne faire ni une ni deux. Expression signifiant « agir sans hésitation » Ex. : Lorsqu’elle constata qu’un orage menaçait, elle ne fit ni une ni deux : « elle décida de rebrousser chemin afin de ne pas faire courir de risques inutiles aux enfants qui l’accompagnaient. » 246- Partir comme des petits pains. Expression signifiant qu’un produit de consommation se vend - où s’est vendu - très vite et en grandes quantités. Ex. : C’est une véritable folie : les aventures de « Harry Potter », dont l’auteur est une Anglaise encore inconnue il y a peu, partent comme des petits pains dès leur parution. 247- C’est dans la poche. Expression populaire signifiant que le succès d’une chose est assuré. Ex. : Je n’ai pas encore reçu la confirmation écrite, mais le directeur m’a téléphoné et m’a dit qu’il acceptait notre proposition. Bravo Mesdames et Messieurs, c’est dans la poche ! 248- C’est du tout cuit. Expression populaire - très semblable à la précédente - signifiant que le succès d’une chose est assuré par avance. Ex. : Tu n’a aucun souci à te faire pour ton examen de français : avec les connaissances que tu as, c’est du tout cuit. 249- Aller comme un gant. Expression signifiant « convenir parfaitement » (comme un gant épouse la forme de la main), soit au sens propre, soit au sens figuré. Ex. : Cette robe est magnifique et en plus elle vous va comme un gant ! Ex. : Ses amis le surnommaient « Porto » car il ne buvait jamais autre chose comme apéritif. Ce surnom lui allait comme un gant... 250- Couper la poire en deux. Expression signifiant « partager les risques ou les bénéfices d’une entreprise quelconque» de manière équitable. Ex. : L’accident n’ayant pas eu de témoins, le juge suivit l’avis des experts et coupa la poire en deux : les deux automobilistes paieraient la moitié des dégâts.

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251- Tomber de haut. Expression signifiant « être complètement surpris, abasourdi par une chose ou un discours complètement inattendus et plutôt désagréables » Ex. : Quand Régis reçut les résultats de ses examens et constata qu’il avait raté, il tomba vraiment de haut car il pensait que c’était du tout cuit. (voir cette expression) 252- En voir de toutes les couleurs. Expression signifiant « supporter de nombreuses choses désagréables, faire des expériences plutôt négatives. » Ex. : Tu ne te rends pas compte ce que j’ai dû supporter avec cet enfant, tellement il se sentait protégé par ses parents : j’en ai vraiment vu de toutes les couleurs... 253- En faire voir de toutes les couleurs à quelqu’un. Expression semblable à la précédente, mais utilisée de manière active. Ex. : Cet enfant est tellement mal élevé qu’il m’en fait voir de toutes les couleurs... 254- En faire voir des vertes et des pas mûres à quelqu’un. Expression pratiquement identique à la précédente. 255- Couper l’herbe sous les pieds de quelqu’un. Expression signifiant « priver quelqu’un d’un avantage attendu en le devançant au dernier moment. » Ex. : Il m’aurait fallu encore deux jours pour trou ver la solution au problème ; malheureusement Eugène est arrivé triomphant en disant : ça y est, j’ai trouvé. Il m’a coupé l’herbe sous les pieds. Je n’ai pas eu de chance. 256- Avoir plusieurs cordes à son arc. Expression signifiant « disposer de plusieurs possibilités pour arriver à un même résultat. » Ex. : Il n’a pas réussi à faire passer son idée auprès de ses collègues. Je ne me fais cependant pas de souci car il a plus d’une corde à son arc. 257- Mieux vaut chercher une aiguille dans une botte de paille. Expression signifiant « chercher quelque chose qui est presque impossible à trouver (ou retrouver). » Ex. : Isabelle a perdu une boucle d’oreille en se promenant dans la forêt. Elle sait à peu près où, mais, à mon avis, il vaut mieux chercher une aiguille dans une botte de foin ! 258- Chercher la petite bête. Expression signifiant "être excessivement méticuleux dans la recherche des erreurs, des imperfections, dans la critique." Ex. : C’est incroyable ! Tu peux présenter n’importe quel travail à Jacques, il faut toujours qu’il y cherche la petite bête. 259- Etre dans ses petits souliers. Expression signifiant « être extrêmement mal à l’aise. » Ex. : Benoît ne savait pas qu’il parlait à la femme de son patron lors du cocktail de fin d’année et il se moquait gentiment de lui lorsqu’elle lui a dit qui elle était...Je t’assure que Benoît était dans ses petits souliers. 260- Remplacer quelqu’un au pied levé. Expression signifiant « remplacer quelqu’un au dernier moment. » (expression surtout utilisée dans le domaine du théâtre) Ex. : Mélanie Loursier avait accepté de remplacer Andrée Jasseur au pied levé. Cette dernière s’était cassé une cheville la veille de la première. 261- Se fourrer le doigt dans l’œil. Expression populaire signifiant « se tromper complètement. » Ex. : Si vous croyez que je vais faire votre travail pendant que vous lisez le journal, eh bien vous vous fourrez le doigt dans l’œil ! 262- Motus et bouche cousue. Expression signifiant « discrétion absolue demandée » Ex. : Mesdames et Messieurs, cette décision doit rester confidentielle jusqu’à la semaine prochaine, alors s’il vous plaît motus et bouche cousue !

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263- Y aller au pifomètre. Expression populaire signifiant «donner une réponse au hasard ou de manière approximative lorsqu’on ne connaît pas exactement la dite réponse . » Ex. : A l’examen, le professeur m’a demandé quelle était la superficie de la France. Et comme je ne connaissais pas la réponse, j’y suis allé au pifomètre : 580.000 km ². En réalité, c’était 550.000... 264- Il y a de l’eau dans le gaz. Expression populaire signifiant que « l’atmosphère est tendue, à la dispute. » Ex. : Depuis quelques semaines, Arlette et Jean-Marc ne se parlaient presque plus. Personne ne savait exactement ce qui se passait mais on sentait bien qu’il y avait de l’eau dans le gaz. 265- Ne pas avoir gardé les vaches (ou les cochons) ensemble. Expression populaire plutôt méprisante signifiant « remettre à sa place une personne prétendument grossière et mal élevée, appartenant à une classe sociale dite inférieure et qui n’est par conséquent pas l’égale de la personne à qui elle parle...» D’une manière plus générale, signifie « remettre à sa place une personne qui est trop familière dans ses propos. » Ex. : Alors, ma jolie, on cherche l’âme sœur ? Dites donc, on ne se connaît pas ! Et d’ailleurs on n’a pas gardé les cochons ensemble... 266- Mettre la puce à l’oreille. Expression signifiant « éveiller l’attention et les soupçons de quelqu’un au sujet de quelque chose. » Ex. : Les employés ne savaient pas ce qui passait dans l’entreprise, mais un mot de trop prononcé par le chef du personnel leur a mis la puce à l’oreille. 267- Rouler les mécaniques. Expression populaire signifiant « avoir une attitude prétentieuse et un peu agressive. » Ex. : Tu as toujours la gueule ouverte, mais quand les flics sont là, tu roules moins les mécaniques...(tu parles tout le temps mais quand les gendarmes sont là, tu te fais plus discret...) 268- Etre tiré par les cheveux. Expression signifiant « qu’un raisonnement est à la limite du défendable, voire douteux. » Ex. : Mon pauvre Julien, personne ne te croira ; ton raisonnement est vraiment trop tiré par les cheveux. 269- Ne pas voir plus loin que le bout de son nez. Expression signifiant « ne pas être capable d’un grand discernement, d’une très grande clairvoyance. » Expression généralement employée avec une nuance de mépris. Ex. : Yvette était une femme sympathique mais avait de la peine à évaluer une situation. Elle avait de la peine à voir plus loin que le bout de son nez. 270- Voir quelque chose par le petit bout de la lorgnette. Expression signifiant « examiner quelque chose de manière étroite, par son petit côté, sans le recul nécessaire pour en avoir une vision claire. » Ex. : Habitué à nous donner des analyses précises de la situation financière de notre entreprise, Jérôme, pour une fois trop sûr de lui, avait vu le problème par le petit bout de la lorgnette. Résultat : il a dû tout recommencer... 271- Arranger quelque chose comme des noix sur un bâton. Expression familière locale signifiant « arranger quelque chose sans tenir compte des réalités, et dont le résultat est par conséquent boiteux. » Ex. : Notre ami avait la fâcheuse habitude d’arranger les choses comme des noix sur un bâton. Apparemment il avait raison, mais son raisonnement était complètement faux 272- Friser le code. Expression familière signifiant « être à la limite extrême de l’honnêteté. » Ex : Dupont n’a jamais eu d’ennuis avec la justice de son pays, mais s’il continue à friser le code, la situation pourrait bien changer.

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273- Trouver chaussure à son pied (ou ne pas trouver ...). Expression signifiant « trouver ce qui convient parfaitement à ce que l’on cherche. » Ex. : Juliette a déjà eu de nombreux amis, mais aucun d’eux n’a trouvé grâce à ses yeux. Il est à craindre qu’elle ne trouve jamais chaussure à son pied. 274- Il vaut mieux s’adresser au Bon Dieu qu’à ses saints. Expression signifiant qu’il vaut mieux s’adresser immédiatement à la personne capable de prendre une décision plutôt qu’à des subordonnés qui devront de toute façon en référer à leurs supérieurs. Ex. : Pour résoudre ton problème, je te conseille d’écrire directement à la direction générale plutôt qu’au service des ventes. Il vaut mieux s’adresser au Bon Dieu qu’à ses saints. 275- Le jour « J ». Expression utilisée pour désigner le jour précis où quelque chose doit être impérativement réalisé. Ex. : Le conseil d’administration, après avoir pris connaissance du rapport de la direction générale, a décidé de la date du lancement du nouveau produit. Le jour « J » a été fixé au 26 janvier prochain. 276- Il faut appeler un chat un chat. Expression qui signifie « parler franchement », « ne pas vouloir atténuer le sens d’une chose, même si cela est désagréable à entendre. » Ex. : Pourquoi essayer de nous faire croire que la mauvaise situation de notre banque est due uniquement à l'incompétence de ses dirigeants. Il y a bel et bien eu escroquerie : il ne faut pas avoir peur d'appeler un chat un chat. 277- Avoir un blanc. Ne pas se souvenir de quelque chose juste au moment où l’on voudrait en parler. Ex. : Quand j’ai voulu donner le nom du restaurant à Pierre, j’ai soudainement eu un blanc : impossible de lui dire comment s’appelait cet établissement. 278- Fondre comme neige au soleil. Disparaître très rapidement, généralement en parlant des économies ou de la fortune d’une personne. Ex. :Jean-Jacques a gagné une grosse somme à la loterie. Il a arrêté de travailler et a commencé à dépenser sans compter. Résultat : sa fortune a fondu comme neige au soleil. 279- Piquer un fard. Expression populaire signifiant « devenir rouge » en parlant d’une personne. Ex. : Se rendant compte de l’énorme bêtise qu’il venait de dire dans son discours, l’orateur piqua un phare et eut beaucoup de peine à se reprendre. 280- Faire un froid de canard (il fait un froid...). Expression populaire qui signifie « faire très froid ». Ex. : Quand je suis arrivé à Berlin, il faisait un froid de canard et je n’avais pas pris de vêtements chauds… 281- Faire un temps de cochon (ou de chien) (Il fait un temps de...). Expression populaire qui signifie « faire très mauvais temps » Ex. : Généralement il fait beau temps au mois de mai en Sicile. Malheureusement quand nous y sommes allés en mai dernier, il a fait un temps de cochon (de chien). 282- Etre un mauvais coucheur. Expression signifiant « avoir plutôt mauvais caractère » « être d’un commerce peu agréable avec les autres » Ex. : C'est un homme très compétent dans son domaine, mais les relations sont parfois difficiles car c'est un mauvais coucheur. 283- Etre mis à pied. Expression signifiant qu’une personne ne reçoit plus son salaire parce qu’elle a commis une faute grave. (C’est le stade ultime avant le renvoi). La mise à pied n’intervient généralement que dans les administrations publiques. Ex : Le chef de la police a été mis à pied jusqu’à la fin de l’enquête relative à la manifestation qui a eu lieu en ville la semaine dernière.

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284- Prendre une biture (ou bitture). Expression signifiant que quelqu’un a trop bu, est ivre. Ex. : Eric ne boit presque jamais d’alcool, mais lors de la soirée des anciens élèves de son école, il a pris une terrible biture. 285- Etre derrière les barreaux. Expression signifiant qu’une personne est en prison. Ex. : M. Duchemin a été condamné à 20 ans de prison il y a trois ans. Il est par conséquent encore derrière les barreaux ! 286- Etre au violon. Expression populaire un peu vieillie signifiant «être en prison préventive » ou en «garde à vue ». Ex. : L’automobiliste, d’abord cité comme témoin, est maintenant au violon. En effet, il a délibérément menti aux policiers qui l’ont interrogé. 287- Conduire au violon. Expression signifiant conduire une personne en prison avant qu’elle soit entendue par un juge. Ex. : Le conducteur, contrôlé avec un taux d’alcoolémie de 1,94 o/oo, a été immédiatement conduit au violon et son véhicule a été séquestré. 288- Etre en taule. Expression argotique signifiant « être en prison ». Ex. : Pierre a volé une voiture et il s’est fait prendre. Maintenant il est en taule au lieu de se bronzer sur la Côte d’Azur. 289- Etre un fils à papa (C’est un fils à papa). Expression utilisée pour désigner généralement un jeune homme qui est le fils d’un homme soit riche, soit arrivé et qui ne réussit qu’à travers son père. Ex. : Jean-Paul pensait que la fortune de son père suffirait à lui assurer un avenir. Sa manière d’aborder ses copains déplaisait énormément. Son entourage n’hésitait jamais à le traiter de fils à papa. 290- Avoir mal aux reins. Expression utilisée pour désigner une douleur se situant dans la région lombaire. Cette expression se caractérise par le fait que les reins ne sont pas concernés par la douleur en cause. Ex. : Je viendrais bien t’aider à terminer ton mur, mais malheureusement ce n’est pas possible : j’ai vraiment trop mal aux reins. 291- Etre de mauvais poil. Expression familière signifiant être de mauvaise humeur. Ex. : Il ne faut rien demander à Michel lorsqu’il se réveille. Il est en général de mauvais poil aussi longtemps qu’il n’a pas pris son petit déjeuner. 292- Etre à poil. Expression populaire, voire vulgaire signifiant « être complètement nu » Ex. : Lorsque le téléphone sonna, j’étais déjà à poil sous ma douche... 293- Se mettre à poil. Expression populaire, voire vulgaire signifiant « se déshabiller complètement » Ex. : Peu après notre arrivée à la caserne, l’adjudant entra dans la salle qui tenait lieu d’infirmerie et commanda sur un ton qui n’admettait aucune réplique : « Mettez-vous tous à poil, le médecin va passer... » 294- Etre une fine gueule. Se dit d’une personne qui aime la bonne chère, qui est gastronome. Ex. : Frédéric dépensait beaucoup d’argent au restaurant. C’était une fine gueule et il ne choisissait que les meilleurs établissements gastronomiques. 295- Faire tapisserie. Expression populaire signifiant, en parlant d’une femme « ne pas être invitée à danser pendant toute une soirée bien qu’elle soit présente au bal. » Ex. : Antoinette est une femme charmante, pourtant, samedi dernier au bal de la Jeunesse, elle a fait tapisserie toute la soirée…

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296- Taper le carton. Expression populaire signifiant « jouer aux cartes ». Ex. : Au lieu de taper le carton, tu ferais mieux de chercher du travail. 297- Passer sur le billard. (populaire) Se faire opérer. Ex : Henri souffrait d’une hernie discale et il a finalement dû passer sur le billard car elle le faisait terriblement souffrir. 298- Vivre à la colle. (populaire, voire vulgaire) Vivre en concubinage ; couple vivant ensemble sans être marié. Ex. : Josiane et Riton vivent à la colle depuis longtemps. «Tout le monde s’demande pourquoi y se marient pas. » 299- Pendre la crémaillère. Expression que l’on utilise pour désigner la petite fête qu’une personne ou une famille organise lorsqu’elle s’installe dans une nouvelle maison ou un nouvel appartement. Ex. : Vendredi 30 novembre, je pends la crémaillère. Vous êtes cordialement invité(e)(s) à participer à la petite fête que j’organise à cette occasion. 300- Etre de mèche avec quelqu’un. Expression signifiant « être complice de quelqu’un. » Ex. : M. Bourgeois semblait d’une honnêteté sans tache. Jamais je n’aurais cru qu’il ait pu être de mèche avec ce malfrat, connu des services de police. 301- Faire une tête d’enterrement. Expression signifiant « avoir un regard extrêmement triste, comme celui qu’on peut avoir lors d’un enterrement. » Ex. : Est-ce que tu peux me dire pourquoi tu fais une pareille tête d’enterrement ? C’est simple, hier soir la Suisse a perdu contre la France lors d’un match amical de football... 302- De longue date. Expression signifiant « depuis très longtemps » Ex. : Hadrien et Oscar s’étaient perdus de vue pendant de nombreuses années, mais en fait il se connaissaient de longue date. 303- Dormir à poings fermés. Expression signifiant « dormir profondément sans être dérangé par le bruit environnant ». Ex. : Robert rentrait d’une longue journée passée à conduire et s’était couché immédiatement en arrivant chez lui. Bien que sa fenêtre donnât sur une rue très bruyante, il dormait maintenant à poings fermés. 304- Faire le poing dans sa poche. Expression signifiant supporter en silence un événement désagréable. Ex. : Antoine voulait protester et dire qu’il n’était pas responsable de l’erreur. Mais comme son patron l’avait menacé de le renvoyer, il a préféré faire le poing dans sa poche. 305- Etre un bourreau du travail. Expression signifiant travailler énormément en parlant d’une personne (ou travailler plus que la moyenne). Ex. : Jacques arrivait à son bureau vers 7 heures du matin et ne le quittait que vers 21 h. Tous ses collègues disaient que c’était un bourreau du travail. 306- Au fil des années. Expression signifiant tout au long des années, au cours des années. Ex. : Josiane avait un caractère impulsif quand elle était très jeune. Mais au fil des années, elle est devenue plus patiente et mesurée. 307- N’en faire qu’à sa tête. Expression signifiant refuser tout conseil ou remarque. Ex. : François n’écoutait jamais l’avis de ses amis et il a commis beaucoup d’erreurs car il n’en faisait toujours qu’à sa tête.

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308- Avoir la haute main sur quelque chose. Expression signifiant dominer très largement dans un domaine particulier, en parlant d’une personne. Ex. : Bien qu’il ne soit que directeur adjoint , M. Dubois a la haute main sur les finances de la société, car le directeur général n’est pas un bon gestionnaire. 309- Faire main basse sur quelque chose. Expression signifiant s’emparer de quelque chose, souvent de manière plus ou moins honnête. Ex. : M. Dubois était un modeste propriétaire terrien mais avec l’aide de ses amis politiques, il a fini par faire main basse sur tous les domaines qui l’intéressaient. 310- Regarder quelqu’un de travers. Expression signifiant « regarder quelqu’un avec suspicion, animosité, parfois avec hostilité. » Ex : Quand j’ai annoncé à l’un de mes collaborateurs qu’il avait obtenu une promotion, il m’a d’abord regardé de travers comme si je lui mentais. 311- Accueillir (ou recevoir) quelqu’un à bras ouverts. Etre très bien accueilli lorsque l’on arrive chez quelqu’un. Ex. : Elles ne connaissaient pas les parents de Paul, mais elles ont néanmoins été reçues à bras ouverts lorsqu’elles sont arrivées sans prévenir. 312- Etre accueilli (ou reçu) comme un chien dans un jeu de quilles. Etre très mal accueilli lorsque l’on arrive chez quelqu’un. Ex. : Nous avons rendu visite à Isabelle la semaine dernière. Elle qui est d’habitude si gentille, et bien elle nous a reçu comme un chien dans un jeu de quilles... 313- Ne pas savoir tenir sa langue. N’être pas capable de garder un petit secret. Ex. : Antoine t’a dit où nous allions manger ! Dommage, nous voulions te faire une surprise. Antoine n’a jamais su tenir sa langue. 314- Avoir un nom (un mot) sur le bout de la langue. Vouloir dire un mot ou un nom et ne pas être capable de le dire au moment où on le voudrait. Ex. : Monsieur « Machin » a téléphoné et il aimerait que tu le rappelles. Qui est Monsieur « Machin » ? Mais oui, Monsieur « Machin », j’ai son nom sur le bout de la langue, mais je n’arrive pas à m’en souvenir. 315- S’en mettre plein la lampe. (Populaire) Manger énormément...lorsque l’on aime quelque chose ! Ex. : Nous avons invité Jean à manger des moules car nous savions qu’il aimait ça. Il s’en est mis plein la lampe ! 316- Avoir la pépie. (un peu vieilli) Avoir très soif. Ex. : Nous marchions depuis cinq heures et nous n’avions plus rien à boire. Tout le monde avait la pépie. 317- Travailler d’arrache-pied. Fournir un travail intense en vue de terminer un ouvrage dans un délai donné. Ex. : Toute l’équipe a travaillé d’arrache-pied pendant la dernière quinzaine d’octobre pour que les nouveaux locataires puissent entrer dans l’appartement le 1er novembre comme prévu. 318- Vouloir le beurre et l’argent du beurre. Expression qui signifie « ne pas vouloir faire la moindre concession », « vouloir tout et ne rien donner en échange, plus spécialement dans une négociation. ». Ex. : Pierre voulait racheter ma voiture qui était presque neuve mais il ne voulait pas payer plus que cinq mille francs pour un véhicule qui en valait douze mille. Je lui ai dit : dis donc Pierre, tu veux le beurre et l’argent du beurre !...

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319- Ne pas y aller de main morte. Expression signifiant « frapper violemment et - au sens figuré - agir, intervenir violemment. » Ex. : A la suite des mauvais résultats de la société, le directeur n’y est pas allé de main morte : il a licencié six de ses huit directeurs pour incapacité... 320- Regarder du coin de l’œil. Expression signifiant « regarder quelqu’un à la dérobée, sans en avoir l’air. » Ex. : Pendant que le président parlait, sa secrétaire m’a regardé du coin de l’œil et a dit : « ses chaussettes ne sont pas de la même couleur... » 321- Changer son fusil d’épaule. Expression signifiant « changer d’opinion à propos d’un sujet quelconque. » Ex. :Je préfère vous prévenir : « j’ai besoin d’une personne qui sache ce qu’elle veut et qui ne change pas toujours son fusil d’épaule. » 322- Etre fort comme un Turc. S’emploie pour désigner une personne qui a beaucoup de force physique. Ex. : Jonathan est nettement plus grand que la moyenne et il est capable de soulever des charges énormes. Il est fort comme un Turc. 323- Etre une tête de Turc. Expression signifiant « être l’objet des plaisanteries souvent désagréables de la part des autres » Ex. : Pauvre Antoine ! il est timide et ne sait pas bien se défendre lorsque ses collègues se moquent de lui et de son habillement. C’est lui la tête de Turc du bureau. 324- Etre soûl comme un Polonais. Etre complètement ivre. Ex. : N’ayant rien d’autre à faire le samedi soir, François allait au bistrot du village et à l’heure de la fermeture, il était régulièrement soûl comme un Polonais. (Certains milieux n’acceptent pas ce genre d’expression car elles ne sont « politiquement pas correctes ») 325- Jouer la fille de l’air. Expression signifiant « s’enfuir » Ex. : Chaque fois que « P’tit Louis » était sur le point d’être arrêté par la police, il jouait la fille de l’air et tout était à recommencer. 326- Mettre les voiles. Expression populaire signifiant « partir » Ex. : Il est déjà sept heures ? Il faut que je mette les voiles sinon je vais me faire engueuler par mon père 327- Ficher le camp. (Foutre le camp) Expression populaire (argotique voire vulgaire avec « foutre ») signifiant « partir » Ex. : L’arbitre ayant sifflé une faute inexistante, les joueurs le menacèrent méchamment. Il a tout juste eu le temps de ficher (foutre) le camp au vestiaire pour se réfugier. 328- Prendre racine. (au sens figuré) Expression signifiant « s’installer chez quelqu’un sans donner l’impression de vouloir repartir. » Ex. : Arrivé vers 20 heures, André était toujours planté dans son fauteuil à 2 heures du matin. J’ai cru qu’il allait prendre racine. 329- Remuer ciel et terre. Expression signifiant « employer tous les moyens possibles pour obtenir quelque chose » Ex. : Je cherche depuis des années une édition originale des œuvres de Molière. J’ai remué ciel et terre pour la trouver, mais jusqu’à maintenant, j’ai échoué.

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340- Pêcher en eau trouble. Expression signifiant « Tirer avantage plus ou moins honnête d’une situation confuse ou peu claire » Ex. : Il ne devrait pas s’étonner d’avoir des ennuis avec la justice. Cela devait arriver : il a toujours pêché en eau trouble. 341- Mettre des gants pour dire quelque chose à quelqu’un (Ne pas mettre...) Expression signifiant « agir avec délicatesse et ménagement afin d’éviter de blesser quelqu’un à qui l’on a quelque chose à dire. » (l’expression s’emploie aussi souvent à la forme négative) Ex. : Contrairement à ses collègues, Robert ne mettait pas de(s) gants lorsqu’il sermonnait ses collaborateurs à cause de leur travail. 342- Ne pas mâcher ses mots. Expression signifiant « s’exprimer sans ménagement » Ex. : Monsieur Malavois est un homme calme et poli, mais quand quelque chose ne lui plaît pas, je t’assure qu’il ne mâche pas ses mots. 343- Dire à quelqu’un ses quatre vérités. Expression signifiant « Dire à quelqu’un des vérités désobligeantes et blessantes, de manière assez brutale. » Ex. : Se sentant continuellement désavouée par son supérieur, Isabelle a fini par quitter l’entreprise, non sans avoir dit ses quatre vérités à son chef. 344- On ne fait pas d’omelettes sans casser des œufs. Il s’agit davantage d’un proverbe que d’une expression idiomatique. Il signifie qu’il faut faire un minimum de sacrifices lorsque l’on veut obtenir quelque chose. Ex. : Tu voudrais reprendre des études à plein temps et continuer à recevoir un salaire confortable : « Mais il faudra choisir, car on ne fait pas d’omelettes sans casser des œufs. » 345- Repousser aux calendes grecques. Expression qui signifie que la chose dont on parle ne se fera jamais. Ex. : Messieurs, j’ai le regret de vous informer que notre projet a été repoussé aux calendes grecques… 346- Etre assis entre deux chaises. Expression signifiant « se trouver dans une situation difficile, inconfortable, délicate à résoudre » Ex. : En voulant défendre à la fois les intérêts de son entreprise et ceux de ces collaborateurs, le contremaître s’est finalement retrouvé assis entre deux chaises. 347- Avoir le cul entre deux chaises. Même signification que la précédente, mais plus populaire, voire vulgaire. 348- Revenir de loin. Expression signifiant « Avoir échappé à un grand danger, à une maladie, à un accident, etc. » Ex. : Si tu avais vu la voiture de la famille Couraste après l’accident , tu aurais dit comme moi : cette famille revient de loin. 349- Brasser du vent. Expression qui signifie « parler beaucoup et ne rien dire d’important » Ex. : C’était un homme politique qui se croyait important. Ses collègues disait cependant que sa principale qualité était de « brasser du vent »… 350- Ne pas lever (bouger) le petit doigt (en faveur de quelqu’un). Expression qui signifie « ne rien faire pour aider quelqu’un alors qu’on en a la possibilité. », « ne pas intervenir ». Ex. : Il savait que je n’avais pas commis le vol, mais quand la police est arrivée pour m’interroger, il n’a pas levé (bougé) le petit doigt pour m’aider. 351- (Avoir, connaître, savoir) le fin mot de l’histoire. Expression signifiant « obtenir l’explication réelle d’une chose, la réalité derrière les apparences ». Ex. : Je ne comprenais pas pourquoi l’administration me réclamait des impôts que j’avais déjà payés. Je suis allé voir le responsable et j’ai eu le fin mot de l’histoire : Il y a dans ma rue une autre personne qui porte le même nom et le même prénom que moi !

Annexe II – 29

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352- Passer un savon à quelqu’un (ou se faire passer un savon). Le laver /rincer /essorer Expression familière signifiant « Réprimander quelqu’un avec vigueur » Ex. : Ca faisait quatre jours de suite que Dubois arrivait en retard ; j’ai dû lui passer un savon pour qu’il comprenne enfin que sa conduite était inacceptable. 353- Avoir un petit creux. Ses intestins sifflent Expression populaire qui signifie « avoir un peu faim » Ex. : Même si je mange bien au repas de midi, j’ai souvent un petit creux dans l’après-midi. 354- Ne pas y aller avec le dos de la cuiller. Montrer à l’orphelin comment manger les graines Expression signifiant « faire les choses carrément, y aller très fort » Ex. : Qu’est-ce qui t’est arrivé mon pauvre ? Tu saignes du nez, tu as un œil au beurre noir et on dirait que tu as le poignet cassé…En tout cas, ceux qui t’ont fait cela n’y sont pas allés avec le dos de la cuiller !… 355- Brûler la chandelle par les deux bouts. Expression signifiant « Gaspiller son argent et son temps de manière très intense », mais aussi « Vivre sa vie de manière très intense en usant et abusant des plaisirs de l’existence ». Ex. : A vingt ans, Armand était riche parce que son père lui avait légué une immense fortune. Mais en quelques années, il dépensa et gaspilla tout : au lieu d’économiser un peu, il préféra brûler la chandelle par les deux bouts.

www.french-lessons.com ; M M S Genève.

Annexe II – 30

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ANNEXE III Liste des 118 expressions figées du D.L. I. F

Corpus d’expressions figées à base de verbe puisées dans le Dictionnaire des locutions idiomatiques françaises, de Bruno LAFLEUR, Editions du Renouveau Pédagogique, Ottawa, Canada 1979, 2ème édition, 1991.

1 - Dormir sur les deux oreilles.

2 - Dès qu’on a le dos tourné.

3 - Mettre quelque chose sur le dos de quelqu’un.

4 - Scier le dos à quelqu’un.

5 - Couper bras et jambes.

6 - Faire dresser les cheveux sur la tête

7 - S’arracher les cheveux.

8 - Se faire des cheveux blancs.

9 - Venir à un cheveu.

10 - Y laisser sa peau.

11 - Avoir la langue bien effilée/bien pendue.

12 - Tenir sa langue.

13 - Avoir les yeux plus grands que le ventre.

14 - Faire l’âne pour avoir du son.

15 - Ménager la chèvre et le chou.

16 - Porter des cornes ?

17 - Hurler avec les loups ?

18 - Se jeter dans la gueule du loup.

19 - Se brûler les ailes.

20 - L’oiseau s’est envolé.

21 - Perdre des plumes.

22 - Avoir la chair de poule.

23 - Garder à quelqu’un un chien de sa chienne.

24 - Avoir une dent contre quelqu’un.

25 - Avoir des fourmis dans les jambes.

26 - Mourir comme des mouches.

27 - Quelle marche le pique.

28 - Chercher les poux dans la tête de quelqu’un.

Annexe III – 1

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29 - Etre servis comme des anchois/sardines.

30 - Mordre à l’hameçon.

31 - Remonter au déluge.

32 - Ce qu’a Dieu ne plaise.

3.3 - Dire amen.

34 - Prêcher dans un désert.

35 - Plier bagage.

36 - Croiser le fer.

37 - Etre pris entre deux feux.

38 - Prêter le flanc.

39 - Attaquer de front.

40 - Faire front.

41 - Prendre du galon.

42 - Relever le gant.

43 - Rompre une lance.

44 - Entrer en lice.

45 - Etre le point de mire.

46 - Se donner le mot.

47 - Emboîter le pas.

48 - Mordre la poussière.

49 - Rentrer dans les rangs/Sortir du rang.

50 - Couper les vivres.

51 - Donner le change.

52 - Monter en flèche.

53 - Sonner l’hallali.

54 - Lâcher la bride à quelqu’un.

55 - Avoir la tête de quelqu’un

56 - Avoir la tête fêlée

57 - Avoir perdu la tête

58 - Avoir la tête sur les épaules

59 - Cela ne m’entre pas dans la tête

60 - Dire ce qui nous passe par la tête

61 - En avoir par-dessous la tête

Annexe III – 2

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62 - En faire sa tête

63 - Cela m’est sorti de la tête

64 - Faire la tête

65 - Faire une tête

66 - Laver la tête à quelqu’un

67 - Lui monter à la tête

68 - Monter la tête à quelqu’un

69 - N’avoir pas la tête.

70 - Se casser la tête

71 - Ne savoir où donner la tête

72 - Passer par-dessous la tête à quelqu’un

73 - Relever la tête

74 - Se jeter la tête de quelqu’un.

75 - Se mettre en tête de (faire quelque chose)

76 - Se montrer la tête

77 - Se payer la tête de quelqu’un

78 - Tenir tête à quelqu’un

79 - Tête baissée

80 - Tourner la tête à quelqu’un

81 - Sur un coup de tête

82 - Une idée de derrière la tête

83 - Une mauvaise tête

84 - Une tête brûlée

85 - Une tête carrée

86 - Avoir du cœur à l’ouvrage

87 - Avoir le cœur gros

88 - Avoir le cœur sur la main

89 - Avoir quelque chose sur le cœur

90 - Beau comme un cœur

91 - Dîner par cœur.

92 - Donner du cœur au ventre

93 - En avoir gros le cœur

94 - Faire le joli cœur

Annexe III – 3

Université Sétif2

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Annexes - Etude contrastive d’expressions figées du français et de l’arabe dialectal algérien

95 - La bouche en cœur

96 - Lorsque le cœur nous en dit

97 - Ne pas porter quelqu’un dans son cœur.

98 - Parler à cœur ouvert

99 - Perdre cœur.

100 - Prendre quelque chose à cœur

101 - Tenir au cœur.

102 - Vouloir en avoir le cœur net

103 - Avoir quelqu’un à l’œil.

104 - Avoir bon pied bon oeil

105 - Avoir les yeux ronds

106 - A vue d’œil

107 - Cela crève les yeux

108 - Coûter les yeux de la tête

109 - En un clin d’œil

110 - Etre tout yeux tout oreilles

111 - Faire les yeux doux à quelqu’un

112 - Manger quelque chose des yeux

113 - N’avoir d’yeux que pour quelqu’un

114 - Ne pas avoir froid aux yeux

115 - Ne pas en croire ses yeux

116 - Pour les beaux yeux de quelqu’un

117 - Se rincer l’œil

118 - Voir quelqu’un d’un (bon/mauvais) oeil

Annexe III – 4

Université Sétif2

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Annexes - Etude contrastive d’expressions figées du français et de l’arabe dialectal algérien

ANNEXE IV Liste des 24 expressions figées du Petit Robert D.L.F

1-Faire long feu

2-Baisser pavillon devant quelqu’un

3-Faire flèche à tout bois

4-Les carottes sont cuites

5-Couvrir quelqu’un de boue

6-Montrer les griffes

7-Casser sa pipe

8-Les montagnes qui accouchent d’une souris

9-Mordre la poussière

10-Mettre les pieds dans le plat

11-Avoir maille à partir …

12-Avoir du grain à moudre

13-Manger son blé en herbe

14-Aller comme un gant

15-Tourner l’œil

16-Comme un poisson dans l’eau

17-Faire du foin

18-Tomber sur quelqu’un à bras raccourcis

19-Conduire à tombeau ouvert

20-Démarrer au quart de tour

21-Toucher de plein fouet

22-Faire coup double

23-Donner carte blanche

24-Mettre les bouchées doubles

Annexe IV– 1

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Annexes - Etude contrastive d’expressions figées du français et de l’arabe dialectal algérien

ANNEXE V Les 175 expressions et locutions de la Liste Membre. Lycos

1 - A brûle -pourpoint 2 – A chaque fou sa marotte 3 - A gogo 4 - À la queue leu-leu 5 - A fond de train 6 – Aux innocents les mains pleines 7 - Au train où vont les choses 8 - Avoir une mine de papier mâché 9 - Avoir maille à partir avec quelqu'un 10 - Avoir une dent contre quelqu'un 11 - Avoir plusieurs cordes à son arc 12 - Avoir vent de quelque chose 13 - Avoir un chat dans la gorge 14 - Avoir un cheveu sur la langue 15 - Avoir la langue bien pendue 16 - Avoir sur le bout de la langue 17 - Avoir les jambes en coton 18 - Avoir une peur bleue de 19 - Avoir des sueurs froides 20 - Avoir le trac 21 - Avoir une faim de loup 22 - Avoir le monde à ses pieds 23 - Avoir d'autres chats à fouetter 24 - Avoir du pain sur la planche 25 - Avoir un trou de mémoire 26 - Avoir des doigts de fée 27 - Avoir le pied marin 28 - Avoir de la suite dans les idées 29 - Au petit bonheur la chance 30 - Âne (l') va toujours pisser au gaillot 31 - Battre froid à quelqu'un 32 - Bayer aux corneilles 33 - Bavard comme une pie 34 - Boire la tasse 35 - Brûler la chandelle par les deux bouts 36 - Ça me fait une belle jambe! 37 - Casser sa pipe 38 - Cela mettra du bourre dans les épinards 39 - Cela ne me fait ni chaud ni froid 40 - Ce n'est pas la mer à boire 41 - C'est à double tranchant 42 - C'est la fin des haricots! 43 - C'est dans la poche! 44 - C'est ma bête noire 45 - C'est plus fort que moi 46 - C'est bien le fils de son père

Annexe V– 1

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Annexes - Etude contrastive d’expressions figées du français et de l’arabe dialectal algérien

47 - Changer son fusil d'épaule 48 - Chercher midi à quatorze heures 49 - Comme un poisson dans l'eau 50 - Comme ci comme ça 51 - De but en blanc 52 - De fil en aiguille 53 - Découvrir le pot aux roses 54 - Dire à quelqu'un ses quatre vérités 55 - Donner carte blanche à quelqu'un 56 - Donner un coup de main 57 - Donner sa langue au chat 58 - Dormir sur ses deux oreilles 59 - Éclairer la lanterne de quelqu'un 60 - En avoir vu des vertes et des pas mûres 61 - En donner sa tête à couper 62 - En faire voir de toutes les couleurs à quelqu'un 63 - En voir trente-six chandelles 64 - En faire à sa tête 65 - Être aux aguets 66 - Être tout sucre tout miel 67 - Être à cheval sur les principes 68 - Être sur la paille 69 - Être sur la même longueur d'ondes 70 - Être au bout de son rouleau 71 - Être dans de beaux draps 72 - Être très soupe au lait 73 - Être mal en point 74 - Être bête comme ses pieds 75 - Être cloué au lit 76 - Faire (Bâtir) des châteaux en Espagne 77 - Faire prendre à quelqu'un des vessies pour des lanternes 78 - Faire son petit bonhomme de chemin 79 - Faire la grasse matinée 80 - Faire des pieds et des mains 81 - Fausser compagnie à quelqu'un 82 - Foudroyer quelqu'un du regard 83 - Filer du mauvais coton 84 - Finir en queue de poisson 85 - Filer à l'anglaise 86 - Froid de canard 87 - Garder une poire pour la soif 88 - Jour à marquer d'une pierre blanche 89 - Joindre les deux bouts 90 - La goutte d'eau qui fait déborder le vase 91 - La langue de bois 92 - La main dans le sac 93 - L'épée de Damoclès 94 - Le revers de la médaille 95 - Le jeu n'en vaut pas la chandelle

Annexe V– 2

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Annexes - Etude contrastive d’expressions figées du français et de l’arabe dialectal algérien

96 - Mettre la puce à l'oreille de quelqu'un 97 - Mieux vaut prévenir que guérir 98 - Mettre la main au feu 99 - Mettre de l'eau dans son vin 100 - Mettre quelqu'un à l'ombre 101 - Mettre des bâtons dans les roues 102 - Mettre les bouchées doubles 103 - Montrer de quel bois on se chauffe 104 - Mon sang n'a fait qu'un tour 105 - Mourir de faim 106 - Myope comme une taupe 107 - Ne pas être dans son assiette 108 - Ne pas savoir à quel saint se vouer 109 - N'avoir ni queue ni tête 110 - Ne pas y aller par quatre chemins 111 - Ne pas inventer le fil à couper le beurre 112 - Ne pas mâcher ses mots 113 - Ne pas savoir où donner de la tête 114 - Ne pas y avoir un chat 115 - Ne pas être tombé de la dernière pluie 116 - Ne tenir qu'à un fil 117 - N'y voir que du feu 118 - On n'est jamais aussi bien servi que par soi-même 119 - On y a vu que du feu 120 - Parler français comme une vache espagnole 121 - Partir c'est mourir un peu 122 - Payer en monnaie de singe 123 - Payer les pots cassés 124 - Passer du coq à l'âne 125 - Perdre le fil 126 - Perdre la boule 127 - Perdre le nord 128 - Pour moi, c'est de l'hébreu 129 - Prendre quelqu'un en grippe 130 - Prendre la clé des champs 131 - Prendre ses jambes à son cou 132 - Prendre langue avec quelqu'un 133 - Prendre quelqu'un sans vert 134 - Pédé comme un phoque 135 - Plus on est de fous, plus on rit 136 - Rendre à quelqu'un la monnaie de sa pièce 137 - Recommencer à zéro 138 - Rester le bec dans l'eau 139 - Revenir bredouille 140 - Revenons à nos moutons 141 - Rire dans sa barbe 142 - Sage comme une image 143 - Sans tambour ni trompette 144 - Sauve qui peut! 145 - Se regarder en chiens de faïence 146 - Simple comme bonjour

Annexe V– 3

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Annexes - Etude contrastive d’expressions figées du français et de l’arabe dialectal algérien

147 - Se mettre en quatre 148 - Se croire sorti de la cuisse de Jupiter 149 - S'en faire une montagne 150 - S'en soucier comme de l'an quarante 151 - Serrer la vis à quelqu'un 152 - Se mettre sur son trente et un 153 - Se vendre comme des petits pains 154 - Se porter comme un charme 155 - Se la couler douce 156 - Suer sang et eau 157 - Tiré à quatre épingles 158 - Tirer les vers du nez de quelqu'un 159 -Tirer son chapeau à quelqu'un 160 - Tomber les quatre fers en l'air 161 - Tomber dans le panneau 162 - Tourner autour du pot 163 - Trempé jusqu'aux os 164 - Trois pelés et un tondu 165 - Tue-tête 166 - Une histoire à dormir debout 167 - Un remède de cheval 168 - Un temps de chien 169 - Un tiens vaut mieux que deux tu l'auras 170 - Vendre la mèche 171 - Vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué 172 - Voir la vie en rose 173 - Y avoir péril en la demeure 174 - Y perdre son latin 175 - Zut

Annexe V– 4

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Annexes - Etude contrastive d’expressions figées du français et de l’arabe dialectal algérien

ANNEXE VI

La Langue Française : Une part ou une tare de notre histoire ?

Extrait du roman ‘‘ Les fils de l’amertume ’’ (Edition Plon), de Slimane

BENAISSA (poète, dramaturge et essayiste algérien), paru dans ‘‘ Le Quotidien

d’Oran ’’ du 24/10/2002.avec ce commentaire de l’auteur :

« Cet article donne une idée des conflits linguistiques et culturels dans

lesquels j’ai grandi à l’époque de la présence française en Algérie. »

« On n’avait jamais de vacances, sauf le jeudi après-midi. On était soit à

l’ Ecole soit à la Medersa. Les vacances de Noël et de Pâques étaient consacrées à

rattraper le retard à la Medersa. Pendant les trois mois d’été, on essayait de prendre de

l’avance. On ne pouvait même pas tomber malade. Notre Cheikh croyait aux qualités

préventives de la foi… et nous aussi. Quand le Cheikh était trop fatigué, il désignait un

élève pour continuer le cours à sa place et en sa présence. Jamais la medersa n’a fermé

ses portes ; même pendant la grippe asiatique, nous étions tous là, […] ; c’est à cette

époque-là qu’il nous dit :

« Cette Medersa a été ouverte par Dieu, elle ne fermera ses portes que par la volonté de

Dieu ».

Nos parents ont mis deux ans pour le convaincre de nous libérer le jeudi après-midi.

Nos pères avaient été contrariés par les maîtres de l’école française qui prenaient

plaisir à noter sur nos bulletins scolaires, des appréciations qui ne manquaient pas de

sous-entendus : surmené ; dort en classe ; peut faire beaucoup plus s’il se reposait un

peu plus ; a besoin d’être surveillé en français, …

Annexe VI – 1

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Annexes - Etude contrastive d’expressions figées du français et de l’arabe dialectal algérien

Malgré cela, les arguments du Cheikh étaient plus scientifiques. Soixante-quinze

pour cent des élèves de la Medersa étaient, dans leurs classes respectives, parmi les dix

premiers ; cinquante pour cent parmi les cinq premiers. La cause de tant de succès était

simple : la Medersa était partagée en trois niveaux, pendant que le Cheikh s’occupait

d’un niveau, il désignait les plus brillants pour aider les autres à faire leurs devoirs et à

apprendre leurs leçons, en arabe et en français, car il avait pour devise :

« Apprenez l’arabe il vous fera toujours honneur, Apprenez le français vous en aurez toujours besoin.

Apprenez l’arabe vous saurez qui vous êtes, Apprenez le français vous saurez qui ils sont.

Apprenez l’arabe pour aller de l’avant,

Apprenez le français pour les obliger à aller de l’arrière.

Apprenez l’arabe malgré eux, Apprenez le français malgré eux, aussi ».

Nos parents voulaient s’assurer avant tout de notre réussite à l’Ecole française,

mais ils restaient impuissants face aux arguments du Cheikh.

C’est ainsi que nous étions à l’Ecole française par crainte de nos parents et à la

Medersa par solidarité avec notre Cheikh.

Annexe VI – 2

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B I B L I O G R A P H I E

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Etude contrastive des expressions figées du français et de l’arabe algérien Bibliographie - 1

Références bibliographiques

I- Références théoriques :

1.1 Articles, ouvrages scientifiques sur les problèmes de figement :

- CHERIGUEN, Foudil, (Alger, 2002), Les mots des uns, les mots des autres. Le français au

contact de l'arabe et du berbère, Casbah-Éditions - GROSS, Gaston, (1996), «Les expressions figées en français, noms composés et autres

locutions», Paris, Ophrys,

- GROSS, Maurice, (1975), Méthodes en syntaxe. Paris, Hermann.

- HARRIS, Z. S., 1976, Notes du cours de syntaxe. Paris, Le Seuil.

- MOATASSIME, Ahmed, (1992), Arabisation et langue française au Maghreb, Paris, P.U.F.

- QUITOUT, Michel, Paysage Linguistique et Enseignement des Langues au Maghreb des

origines à nos jours, (L’amazighe, l’arabe et le français au Maroc, en Algérie, en Tunisie et en

Libye)

- SEBAA, Rabah, (1996), L'arabisation dans les sciences sociales, L'Harmattan, Paris, Coll.

Histoire et perspectives méditerranéennes.

- TALEB-IBRAHIMI, Khaoula, (1995), Les Algériens et leurs langues, Editions Hikma, Alger

1.2 Articles, ouvrages sociolinguistiques :

- ABOU, Selim, (1981), L'Identité Culturelle: Relations interethniques et problèmes

d'acculturation, Editions Anthropos, Paris.

- ABOU, Selim (1962), Le bilinguisme arabe français au Liban : essai d'anthropologie

culturelle, Presses Universitaires de France, Paris

- ANSCOMBRE, J.C., (2000). "Parole proverbiale et structures métriques", Langages, n°139,

-ANSCOMBRE, J.C., (1994). "Proverbes et formes proverbiales: valeur évidentielle et

argumentative", Langue française, n°102

- BENRABAH, Mohamed, (1999). – Langue et pouvoir en Algérie. Histoire d’un traumatisme

linguistique. Paris, Séguier, (« Les Colonnes d’Hercule »)

- BROUSSEAU, Anne-Marie et Yves ROBERGE, Montréal, Fides, (2000). Syntaxe et

sémantique du français, « Champs linguistiques ».

- BUREAU, Conrad, (1976). Linguistique fonctionnelle et stylistique objective, Presses

universitaires de France, Collection Sup. Le Linguiste.

- BRUNOT, F., (1936). La pensée et la langue, Paris, Masson.

Université Sétif2

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Etude contrastive des expressions figées du français et de l’arabe algérien Bibliographie - 2

- CALBRIS, G. et MONTREDON, J., (1986). Des gestes et des mots pour le dire. Paris, CLE

International

- CHARTRAND, Suzanne-G. et Claude SIMARD, ( 2000). Grammaire de base, ERPI.

- CHARTRAND, Suzanne-G., Denis AUBIN, Raymond BLAIN et Claude SIMARD, (1999),

Grammaire pédagogique du français d'aujourd'hui, Boucherville, Graficor Éditions.

- CHARAUDEAU, Patrick,( 1992), Grammaire du sens et de l'expression (La), Livre de l'élève,

Paris, Hachette, « Hachette Université ».

- CHEVALIER, Jean-Claude, (1964). Grammaire du français contemporain, Paris, Larousse.

- CREISSELS, Denis, (2004), Cours de syntaxe générale, Paris, Larousse.

- DE VILLERS, Marie-Éva, (2003), Multidictionnaire de la langue française, Montréal, Québec

Amérique, (4e éd.).

- DUMETON, Claude, (1990), La puce à l'oreille: anthologie des expressions populaires avec

leur origine.

- ECREVE, Pierre et BRAUDEAU, Michel, (2007), Conversations sur la langue français, Ed.

Gallimard.

- FUCHS, Catherine, (1996), Les ambiguïtés du français, Collection l’Essentiel Français.

- GREIMAS, A. (1970), "Les proverbes et les dictons", Du sens, Paris, Seuil.

- GROSS Gaston (1996). Les expressions figées en français : noms composés et autres

locutions, Paris : Ophrys.

- Gross G., (1994). « Classes d’objets et description de verbes ». Langages 115. Larousse, Paris.

- GROSS, Maurice, (1988), «Les limites de la phrase figée » dans Langages, Paris, V.90, p.7-22

- GROSS, Maurice, (1977), Grammaire transformationnelle du français. Vol. 2, Syntaxe du

nom. (Réédité sous le même titre en 1986), Paris, Cantilène.

- GROSS Maurice (1968), Grammaire transformationnelle du français, Vol. 1, Syntaxe du

verbe. (Réédité sous le même titre en 1986), Paris : Cantilène.

- GUIRAUD Pierre, (1960), Problèmes et méthodes de la statistique linguistique, P.U.F., Paris.

- JAKOBSON, Roman, Essais de linguistique générale, Les Éditions de Minuit, coll. "double".

- JESPERSEN, Otto, (1924). « philosophy of grammar » sur le phénomène du figement.

- LECLERE, Christian, LAPORTE, Eric, PIOT, Mireille, Max SILBERZTEIN (2004), (Ed.),

Lexique, syntaxe et Lexique-Grammaire-Syntaxe, Lexis & Lexicon-Grammar. Papers in honour

of Maurice Gross, Amsterdam/Philadelphia, John Benjamins Publishing Company, 2004, pp.660

- LEHMANN, A., MARTIN-BERTHET, F. (2005), Introduction à la lexicologie, Sémantique et

morphologie, A. Colin.

- MEL'CUK Igor, CLAS André, POLGUERE Alain, (1995), "Introduction à la lexicologie

explicative et combinatoire", Louvain-la-Neuve, Ed. Duculot, Coll. Universités Francophones

Université Sétif2

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Etude contrastive des expressions figées du français et de l’arabe algérien - Bibliographie - 3

- MOIRAND, S. (1982), Enseigner à communiquer en langue étrangère, Paris, Hachette.

- MULLER, Charles, (1968), Initiation à la statistique linguistique, Langue et Langage,

Larousse.

- MULLER, Charles, (1977), Principes et méthodes de statistique lexicale, réimpression

Champion-Slatkine, 1992, Larousse.

- MULLER, Charles, (1973), Initiation aux méthodes de la statistique linguistiques, réimpression

de l’édition Hachette de 1933, Éditions Champion, Paris.

- POLGUERE, Alain, (2004), Lexicologie et sémantique lexicale. Notions fondamentales,

PUMONTREAL,

- REY, Alain, SIOUFFI, Gilles, DUVAL, Frédéric, (2007). Mille ans de langue française :

histoire d'une passion, Perrin.

- SALKOFF, Morris, (1979), Analyse syntaxique du français, Grammaire en chaîne, Vol 2,

Amsterdam: John Benjamins B.V.

- SCHAPIRA C., (1999). Les stéréotypes en français, Coll. L'essentiel français, Ed. Ophrys,

Paris.

- SVENSSON, M. H. (à paraître), Analyse de critères de figement. Aspects syntaxiques,

sémantiques et pragmatiques pour l’identification des expressions figées en français

contemporain.

B- Revues en ligne :

- SEBAA, Rabeh, Culture et plurilinguisme en Algérie, in TRANS. Internet-Zeitschrift für

Kulturwissenschaften. No. 13/2002.

- Liste Profs-L de WebLettres (Professeurs de français)

- LaTTiCe LAngues, Textes, Traitements Informatiques, Cognition

II - Références didactiques (manuels, dictionnaires, grammaire)

- Dictionnaire de linguistique et des sciences du langage, DUBOIS, J., 1994, Paris, Larousse,

1994.

- Dictionnaire de la linguistique, MOUNIN, G., Paris, Presses universitaires de France, 1974.

- Le bon usage, grammaire française, GREVISSE, M., Paris, Gembloux, Duculot, 1969.

- Dictionnaire des locutions idiomatiques françaises, LAFLEUR, Bruno, Editions du Renouveau

Pédagogique, Ottawa, Canada 1979, 2ème édition, 1991.

Université Sétif2

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Etude contrastive des expressions figées du français et de l’arabe algérien - Bibliographie - 4

- Dictionnaire des difficultés de la langue française, Adolphe V. THOMAS, chef correcteur des

dictionnaires Larousse, Ed. Larousse, 1968. Article « titre », p. 406.

- Usuel du Robert, Dictionnaire des expressions et locutions, REY, A., CHANTREAU, S, 1993.

- Dictionnaire de compréhension et de production des expressions imagées, GALISSON, R.,

Paris, Clé International, 1984.

- Dictionnaire de noms de marques courants, Essai de lexiculture ordinaire, GALISSON, R.,

ANDRE, J-C., Paris, Didier Erudition, 1998.

- Dictionnaire des proverbes et dictons de France, DOURNON, J. Hachette, Paris, Frei, 1986.

V- Thèses et Mémoires :

A- Maîtrises :

- Le Traitement Automatique et Lexicographique des Locutions verbales figées en français,

Maîtrise des Sciences du Langage, soutenue par Marie-Véronique LEROI, Paris III / ILPGA,

2004

- Bitexte, bi-concordance et collocation, Thèse de Lucie Langlois pour l'obtention de la Maîtrise

en Traduction (Université d'Ottawa), sous la direction de Roda P. Roberts, décembre 1996.

- Nature des expressions phraséologiques, Virginie Rodriguez, , Maîtrise, Université de

Limoges, http://www.ditl.info/arttest/art2823.php.

- « Figement et défigement discursifs. Processus de stabilisation en langue et d’actualisation en

discours », thèse soutenue par LECLER. Aude, sous la direction de Ruth AMOSSY (université

de Tel-Aviv).

B- Thèses de doctorat :

- Expressions figées : sémantique, pragmatique et référence temporelle préparée sous la

direction du professeur Jacques Moeschler et soutenue en mai 1999 à l’Université de Genève, à

paraître chez Peter Lang. Cahiers de Linguistique Française 22

- Étude sémantico-syntaxique des constructions à verbe support, Thèse de Philosophiae Doctor

(Ph.D.) en linguistique, présentée par Margarita Alonso Ramos, août 1998

- Le figement linguistique en français contemporain, thèse de doctorat, soutenue par Misri, G.,

Université René Descartes, Paris V, 1987.

- Expressions figées et référence temporelle dans le discours, thèse de doctorat, soutenue par

Monika Kozlowska , Université de Genève.

- Dictionnaires électroniques et reconnaissance lexicale automatique, Silberztein Max, (1989).,

Thèse de doctorat Université Paris 7

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Etude contrastive des expressions figées du français et de l’arabe algérien - Absract

TITLE

Contrastive study of the French set expressions and the Algerian

dialectal Arabic within a teaching perspective

Abstract

Could the set expressions (and other idiomatic structures) of a given

language that are analysable and usable within well determined syntactical

structures, be succeptible for comparison with other languages?

We doubt that, in what concerns certain themes, the semantic as well as the

syntactic forms of a great number constituting an exception of French set

expressions and Algerian dialectal Arabic present certain similitude that need to be

explained and considered.

It falls on us to tempt to verify our hypothesis that we formulate thus:

Certain set expressions are but actualised French expressions in AA; otherwise

Algerian expressions in FF; these do not strictly or exclusively be stated as French

from France (FF) or Arabic from Algeria (AA). That, for a great number of

expressions, is only an invented patchwork in favour of sociological as well as

historical circumstances.

The article of Maurice Gross,’The classification of the « set » French phrases,

published in 1982 in Quebec Linguistic Revue,Vol.XI,N°2,p.151-185,will help us

as a model approach and thinking support.

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Page 179: Ecole Doctorale Algéro -Française Antenne de SETIF · d’expressions du Français de France (F.F.) Ainsi, l’ensemble des expressions répertoriées dans nos différents corpus,

Etude contrastive d’expressions figées du français et de l’arabe dialectal algérien dans une perspective d’enseignement

Résumé : Les expressions figées (et autres structures idiomatiques) d’une langue donnée, analysables et formalisables dans des structures syntaxiques déterminées, sont-elles susceptibles de comparaison à celles d’autres langues ? Nous soupçonnons que, concernant certains thèmes, les contenus sémantiques et les formes syntaxiques -d’un nombre considérable pour constituer une exception- d’expressions figées du français et de l’arabe dialectal algérien présentent certaines similitudes qu’il importerait d’étudier et d’expliquer. Il nous incombera de tenter de vérifier notre hypothèse que nous formulerons ainsi : certaines expressions figées ne seraient que des actualisations d’expressions françaises en AA, sinon d’expressions algériennes en FF.; elles ne relèveraient strictement ou exclusivement ni du français de France (FF) ni de l’arabe d’Algérie AA). Ce serait, pour un certain nombre d’entre elles, une sorte de patchwork forgé à la faveur de circonstances, tant sociologiques qu’historiques. L’article de Maurice Gross, ‘‘ Une classification des phrases ‘‘figées’’ du français’’, paru en 1982 dans la Revue Québécoise de Linguistique, Vol. XI, N°2, p.151-185, nous servira de modèle d’approche et de support de réflexion.

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