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Économie générale Activité économique Acteurs Indicateurs Production Théories de l'entreprise Financement Diversité entreprises PME Croissance entreprises Revenus des ménages Consommation/Epargne Rôle de l'Etat Budget de l'Etat Redistribution Politique économique Croissance et déséquilibre Croissance (1) Croissance (2) Inflation (1)

économie

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Économie générale

Activité économique

Acteurs

Indicateurs

Production

Théories

de l'entreprise

Financement

Diversité

entreprises

PME

Croissance

entreprises

Revenus des ménages

Consommation/Epargne

Rôle de l'Etat

Budget de l'Etat

Redistribution

Politique économique

Croissance et déséquilibre

Croissance

(1)

Croissance

(2)

Inflation

(1)

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Inflation

(2)

Emploi

Activité internationale

Commerce

extérieur

Union

européenne (1)

Union européenne (

L’activité économique [1]Par Jean-Pierre TESTENOIRE

1. Approches et définitions Qu’est ce qu’un problème économique ?Qu’est ce que la valeur ?2. Les acteurs et leurs interactionsLes secteurs institutionnels et les agentsLes interactions et le circuit économique3. Pour aller plus loin...

1. Approches et définitions

L’économie est la discipline qui s’intéresse aux phénomènes de la rareté. La rareté (physiquement définie par le caractère limité des ressources disponibles) est à l’origine de la valeur (des biens ou des services) exprimée sous forme monétaire ou non monétaire. Ainsi tout bien (ou service par extension) rare a un coût. Mais la valeur (économique ou sociale) de ces biens peut être dissociée de son coût. La valeur du service de l’Education Nationale, par la formation du capital humain, par les opportunités d’insertion sociale, par les externalités qu’il produit … ne peut être réduite à son coût c'est-à-dire au budget du ministère. Ainsi le premier des problèmes économiques est d’expliquer cette distinction entre valeur et rareté, par la prise en compte d’un système de prix.

Le paradoxe de l’eau et du diamant illustre la différence entre rareté et valeur.

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Illustration

Pourquoi l’eau, indispensable pour l’homme, coûte t-elle beaucoup moins cher à l’unité que le diamant, qui lui n’est pas vital ? L’eau et le diamant sont des ressources rares, mais l’eau est relativement plus abondante que le diamant.

L’économiste explique ainsi ce paradoxe apparent :

Il existe deux prix : le prix relatif d’un bien sur le marché et le prix maximum qu’un individu est disposé à mettre.

• Ces deux prix ne sont pas nécessairement identiques pour un individu donné.

• Le prix de marché résulte de la rareté du bien sur le marché. C’est une rareté relative, tous les autres biens sont plus ou moins rares. La rareté relative résulte donc du rapport entre offre et demande de ce bien.

Qu’est ce qu’un problème économique ?

D’une manière très générale, l’économie cherche à répondre à quatre questions :

• Que produire qui corresponde à la fois aux besoins des agents (ménages entreprises et état) et à leurs ressources ?• Comment produire pour maximiser la production en fonction de la demande attendue, tout en minimisant l’utilisation des ressources rares, donc les coûts ?• Pour qui produire, c'est-à-dire comment répartir la richesse créée, y compris pour la demande non solvable (faute de revenus) ou pour des consommations rendues obligatoires par l’état (l’école..) ?• Comment assurer l’équilibre c'est-à-dire assurer le débouché des richesses créées, tout en conciliant l’exigence de liberté et d’équité des citoyens et des agents économiques ?

Que produire ?

La consommation des biens et services produits est un moyen de satisfaire des besoins (de nourriture, de logement, de moyens de transports, de sécurité publique etc…). D’une manière générale la production de biens et de services est assurée d’une part, par les entreprises (privées -PSA, IBM-, ou publiques -SNCF, EDF-) les banques et les sociétés de crédit (Sofinco) ou d’assurance (AXA) et d’autre part, par les administrations publiques telles que l’état ou les collectivités locales (éducation nationale, justice, assurances sociales etc…) ou par les administrations privées (telles que les associations caritatives et les ONG : les Restos du Cœur, Médecins Sans Frontières). C’est donc l’observation de la demande solvable (qui dispose du revenu nécessaire) sur le marché, ou bien l’observation des besoins sociaux collectifs non nécessairement satisfaits par le marché (la protection sociale pour les plus démunis par exemple) qui détermine la nature de la production.

Comment produire ?

La production repose sur l’utilisation de deux facteurs principaux : le travail et le capital [1].

• Le travail est l’activité humaine au service d’un employeur et sous l’autorité de celui-ci, rémunérée en fonction essentiellement du temps passé, des compétences (diplômes ou expérience) de la formation, et du résultat produit.• Le capital [2] est l’ensemble des ressources productives et reproductibles de l’organisation (firme ou État). On distingue essentiellement :

o Le capital technique : les machines, les locaux ; o Le capital financier (par les apports en numéraire par exemple) ; o Le capital immatériel (la marque, les brevets, l’image ou la notoriété, la communication publicitaire, etc...).

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La production est donc fonction du travail et du capital utilisé, ce que traduit la combinaison productive ou fonction de production telle que Y = f(K, L) avec :

Y = Revenu (toute la production est vendue) K = CapitalL = Travail

Cependant ces deux ressources ne sont pas statiques : le progrès technique accroît la productivité [3] des machines, comme la formation augmente la qualité du travail. Ces deux facteurs sont donc à la fois complémentaires (il n’y a pas de machines ou d’usines, sans hommes) et jusqu’à un certain point substituables (le progrès technique permet de remplacer des salariés dans les DAB et les GAB par exemple) même s’il crée de nouveaux emplois ailleurs (chez les constructeurs de guichets automatiques). Enfin le coût relatif du travail et du capital ne sont pas constants et le producteur cherche, à production égale, la combinaison la plus productive ou la moins onéreuse. Les proportions (relatives) d’utilisation du travail et du capital évoluent donc dans le temps.

La représentation de la fonction de production de Cobb Douglas illustre cette sensibilité de la fonction productive à l’importance relative (en terme de coût ou de productivité) de ces deux facteurs.

Y = f( K &ß, L 1- ß,) ou ß représente la part du facteur capital, dont le complément est donc 1- ß pour le travail, la somme des deux facteurs représentant 1, soit 100% des ressources disponibles.

Pour qui produire ?

La production de biens et de services n’est pas effectuée uniquement par les entreprises du secteur concurrentiel privées ou publiques, soumises à des contraintes de rentabilité. Les administrations, comme le reste du monde sont aussi créatrices de richesses.

Cette production est destinée aux ménages (biens de consommation) et aux entreprises (bien de production) résidents ou non résidents.

• Les entreprises du secteur concurrentiel produisent pour la demande solvable, c’est-à-dire pour le consommateur final (ménage, entreprise, État, ou reste du monde) qui dispose du revenu nécessaire à l’acquisition du bien produit. Mais que faire pour les agents (États et ménages essentiellement) dont le revenu est insuffisant pour satisfaire leurs besoins élémentaires (manger, se vêtir, disposer d’un toit, se soigner etc…) ?• Les administrations (publiques et privées) ont donc pour mission de redistribuer la richesse sous forme monétaire (par l’impôt ou par les cotisations sociales), ou sous forme non monétaire par la mise à disposition de services gratuits (la sécurité ou la justice) ou non marchands (la santé, l’école, les transports en commun urbains) destinés à l’ensemble de la population et donc à l’ensemble de la demande. • La demande non solvable, dans cet ensemble, peut faire l’objet de mesures spécifiques, soit par des prestations monétaires particulières (RMI) soit par des prestations de services (CMU notamment).

Comment assurer l’équilibre ?

Le principe théorique

La théorie standard (néo-classique) explique que l’équilibre entre offre et demande repose sur le libre fonctionnement du marché qui s’appuie lui-même sur un système de prix.

Dans l’idéal, le fonctionnellement du marché pur devrait respecter 5 conditions [4] dont la conjonction correspondrait au fonctionnement d’un modèle théorique de concurrence pure et parfaite.

Dans ce modèle Walrasien l’équilibre général est systématiquement atteint par la flexibilité du prix de tous les biens et services offerts, y compris sur le marché du travail. On rejoint ainsi l’idée de la loi de JB. Say pour lequel «l’offre crée sa propre demande».

Sous cette hypothèse, l’optimum de Pareto décrit un état stationnaire dans lequel la satisfaction (ou l’utilité) d’un agent ne peut être accrue sans diminuer parallèlement la satisfaction d’un autre agent.

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Cependant dans ce cadre théorique, ce modèle se heurte à trois obstacles :

• D’une part, l’optimum de Pareto n’est pas un optimum social. On peut très bien imaginer, dans ce cadre théorique, une situation d’équilibre coexistant avec l’absence de toute ressource pour la plus grande partie de la population.• D’autre part, la détermination des prix n’est pas réellement libre, car elle suppose l’existence d’un « planificateur central ». Le mécanisme de détermination de tous les prix sur l’ensemble des marchés repose sur un processus de « tâtonnement » effectué par une instance supérieure, le commissaire priseur.• Enfin, on suppose ici que le marché est capable d’appréhender tous les comportements des agents et les conséquences monétaires de leurs actions.

Ainsi les imperfections de la concurrence, puis du marché, réduisent la portée du modèle quant à l’efficience [5] économique et sociale du marché, même si en principe le libre mécanisme de fixation des prix est porteur d’équilibre économique. En clair, une situation d’équilibre économique peut se heurter à une exigence sociale de répartition.

Les imperfections de la concurrence

Dans la réalité, la concurrence est imparfaite (J Robinson). L’information n’est pas transparente, les facteurs de production ne sont pas parfaitement mobiles (le travail notamment) et les offreurs ne sont pas toujours nombreux, ni même de taille comparable.

Situations de marché

DemandeIV

Offre -- >Une seule entreprise

Quelques entreprises

Nombreuses entreprises

Un seul acheteur Monopole bilatéralMonopsone

contrariéMonopsone

Nombreux acheteurs Monopole OligopoleMarché de

concurrence

La prise en compte de cette distorsion du modèle initial explique les situations contemporaines de marchés imparfaits, en fonction notamment de l’intensité concurrentielle. La distinction s’effectue à partir de la confrontation entre le nombre de demandeurs et du nombre d’offreurs.

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Illustration

• Les situations de monopole bilatéral ou de monopsone sont souvent des situations de marché dans lesquelles l’État (ou les organisations en dépendant) est, au moins au niveau national, le seul acheteur. Exemple : dans l’armement (avec Dassault, le GIAT), dans le domaine des centrales nucléaires (Framatome face à EDF), dans l’informatique (BULL dans les années 1960-70) etc.…• Les situations d’oligopole concernent des activités à fort cœfficient de capital (ou à forte intensité capitalistique), ayant fait souvent l’objet de processus de concentration destinés à maintenir le seuil d’investissement nécessaire pour rester sur le marché et y maintenir la position concurrentielle de la firme. C’est le cas dans l’automobile en Europe (6 constructeurs indépendants) ; dans la construction aéronautique civile (2 offreurs mondiaux sur les appareils de plus de 100 places) et militaire, sur le marché du lancement de satellites (4 offreurs mondiaux), sur le marché de la pharmacie, des logiciels et de systèmes d’exploitation . On notera cependant qu’au nom de la loi anti-trust (Sherman Act – 1890- et Clayton Act -1914-) les États-unis (ou l’UE au nom de la politique de la concurrence) mettent en oeuvre des procédures destinées à réduire des positions dominantes et à créer de la concurrence (Rockefeller ou Bell aux USA, poursuites contre Microsoft, refus de la fusion Schneider-Legrand, etc…).• Les situations de monopoles sont des cas particuliers qui résultent soit :

o d’une innovation technologique protégée provisoirement par un brevet (cas de la trithérapie contre le VIH par exemple) ; o d’une décision des pouvoirs publics qui considèrent, pour des raisons politiques ou sociales, que certaines productions de biens ou services relèvent de l’intérêt général et doivent être retirées du jeu du marché c'est-à-dire de son système de prix. C’est ici la justification historique de la nationalisation de certaines entreprises en France et de leur placement en situation de monopole au non du service public (SNCF en 1937, EDF en 1945 par exemple) bien que certaines entreprises nationalisées soient restées dans le marché concurrentiel (Renault, en 1945, Air France en 1936, et une partie du système bancaire en 1945 et 1982).

• Les situations de marchés de concurrence représentent par définition des marchés peu concentrés soit dans les services (artisans, commerçants, transports routiers) soit dans les domaines à faible intensité capitalistique (cuir, textile, bois, BTP etc…) même s’il existe de grandes entreprises sur ces marchés.

Les imperfections du marché

En restant dans le cadre théorique, on constate que le marché ne traduit pas nécessairement les conséquences monétaires (en termes de prix) de l’action et de l’intérêt des agents.

Sous cet angle, on distingue généralement quatre situations d’imperfections du marché (les « market failures »).

• D’une part, l’équilibre par un système de prix ne peut être obtenu en raison de l’existence même de coûts spécifiques générés par le fonctionnement du marché. Le recours au marché crée des coûts de transaction, c’est à dire des coûts de recherche d’information, de sélection, bref des « coûts de contrats » ou « coûts de face à face ». De plus dans une relation contractuelle, les parties ne disposent pas nécessairement des mêmes informations. Cette

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situation d’asymétrie d’informations (Akerloff) peut intervenir lors d’une vente commerciale (les voitures d’occasion), lors de la conclusion d’un contrat de travail (théorie du salaire d’efficience), ou dans la relation entre le propriétaire de la firme et la technostructure chargée de gérer l’entreprise dans l’intérêt des actionnaires. (théorie de l’agence, Jensen et Meckling).• D’autre part, le marché n’intègre pas spontanément la valeur des effets externes, ou externalités, liée à l’action des agents les uns vis-à-vis des autres, c'est-à-dire les conséquences indirectes et souvent non monétaires de l’interaction entre agents. Or, ces actions ont un effet sur la richesse créée ou disponible. « L’essence du phénomène est qu’une personne A, en même temps qu’elle fournit à une autre personne B un service déterminé pour lequel elle reçoit un paiement, procure par là même des avantages ou des inconvénients d’une nature telle qu’un paiement ne puisse être imposé à ceux qui en bénéficient, ni une compensation prélevée au profit de ceux qui en souffrent » (C. Pigou). On distingue le plus souvent :

o Les externalités négatives telles que les conséquences de la pollution, du réchauffement climatique. o Les externalités positives telles que les conséquences de l’enseignement obligatoire non marchand, ou du système de protection sociale etc…

• De plus, certains marchés anticoncurrentiels, tels que les monopôles naturels peuvent être plus efficients [5] que des marchés de concurrence. En effet certaines activités productives imposent des coûts qui ne peuvent être supportés que par une firme de très grande taille, ce qui rend la concurrence impossible. La présence de monopoles naturels est liée au niveau des investissements nécessaires, aux rendements décroissants ou à l’impossibilité physique de proposer une offre alternative concurrentielle (éclairage public).• Enfin, l’existence de certains types de bien n’est pas pris en compte par le marché, faute de pouvoir imposer un prix d’utilisation. Contrairement aux biens privés (c'est-à-dire un bien contenant une expression monétaire car faisant l’objet d’un droit de propriété privé), il existe des biens dont l’utilisation n’est pas soumise à des conditions de paiement (un phare par exemple). Ces biens collectifs sont donc proposés hors système de prix ce qui, par nature, pose le problème de leur efficience économique. D’une manière générale un bien collectif est identifié par deux caractéristiques :

o La non rivalité dans la consommation (le fait d’utiliser ce bien ne réduit pas la satisfaction, ou l’utilité, des autres consommateurs). o La non exclusion (le fait d’utiliser ce bien n’interdit pas sa consommation simultanée par d’autres consommateurs).

Qu’est ce que la valeur ?

« Science de la rareté » selon R. Barre, l’économie est plus souvent définie en privilégiant l’utilisation de ressources rares destinées à satisfaire les besoins humains par la production, la consommation et la répartition de valeur.

Parmi les nombreuses définitions disponibles, celle d’E. Malinvaud est communément retenue comme la plus synthétique. « L’économie est la science qui étudie comment les ressources rares sont employées pour la satisfaction des besoins des hommes vivant en société ; elle s’intéresse, d’une part aux opérations essentielles que sont la production, la distribution et la consommation des biens, d’autre part, aux institutions et aux activités ayant pour objet de faciliter ces opérations » (Leçon de théorie micro-économique, Dunod 1986).

L’évaluation de la valeur et son mode de production constituent donc le centre de la réflexion économique.

Comment définir la valeur ?

Un bien rare, au sens économique du terme, est un bien contenant une expression monétaire car faisant l’objet d’un droit de propriété privé. Ce type de bien représente donc une valeur, évaluée sous forme monétaire.

Remarque : d’où la difficulté de l’économie à prendre en compte des valeurs non exprimables directement sous forme monétaire, telle que la valeur sociale de l’éducation, la valeur de la protection de la bio diversité etc…

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On distingue trois sources essentielles de valeur :

• La valeur travail, point commun aux classiques (A. Smith) et aux socialistes (K. Marx : «La substance de la valeur est le travail »), ou valeur d’échange : la valeur d’un bien provient de la quantité de travail nécessaire à sa fabrication.• La valeur utilité, liée au courant marginaliste, subjective et variable selon les agents, est liée à la satisfaction de la dernière unité consommée ou valeur d’usage.• La valeur rareté, qui réunit la valeur d’usage et la valeur d’échange au sens commun.

Le positionnement de la science économique

L’analyse des conditions de production, consommation… de la valeur peut être étudiée sous différents angles :

• Au niveau de la société toute entière, y compris le fonctionnement des ses institutions économiques, politiques et sociales, la macro économie s’intéresse alors aux mécanismes d’ensemble de création consommation répartition de la valeur dont les résultats sont appréciables par les agrégats (ex : PIB).• Au niveau des secteurs institutionnels, la micro économie s’intéresse au comportement d’un groupe d’acteurs considéré dans son ensemble (Exemple : l’économie d’entreprise). On suppose ici que tous les agents d’un même secteur institutionnel (les entreprises par exemple) ont des objectifs, des contraintes et des comportements communs. Dans ce cas, on ne fait pas la distinction entre le commerce de proximité et la firme multinationale.• Au niveau d’un agent particulier, ou individuel, la gestion s’intéresse aux conditions, modalités et conséquences de la prise de décision sous contraintes (de rentabilité, d’équité, d’équilibre etc)…. Le management fait alors partie des domaines de gestion (commerciale, comptable etc…).

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2. Les acteurs et leurs interactions

L'activité économique est le résultat de l'action de 5 secteurs institutionnels et de leurs interactions. Chaque secteur institutionnel regroupe des agents homogènes quant à leurs activités.

Chaque agent (ou unité institutionnelle) est caractérisé par deux éléments :

• l’activité principale,• le revenu principal (issu de l'activité principale).

Les secteurs institutionnels et les agents

On distingue 5 secteurs institutionnels :

1 - Les ménages, dont l'activité principale est le travail, et dont le revenu principal est généralement le salaire. Un ménage est constitué des personnes physiques de la population totale résidente. Elles sont, pour la plupart, regroupées dans des "ménages ordinaires" - au sens du recensement de la population - constitués de l’ensemble des occupants d’une même résidence principale [6].

2 - Les entreprises (ou Société et quasi société non financières, les S.Q.S.N.F.) dont l'activité principale est la production (de biens ou de services), et dont le revenu principal est constitué du profit généré par leurs activités. Le secteur des Sociétés non financières regroupe les unités institutionnelles dont la fonction principale est de produire des biens et des services non financiers marchands [7].

3 - Les établissements financiers (banques, assurances et sociétés de crédit) dont l'activité principale est le prêt (ou le financement des agents), tirent leurs revenus de l'intérêt. Le secteur des "sociétés financières" comprend l’ensemble des sociétés dont la fonction principale consiste à fournir des services d’intermédiation financière, à exercer des activités d’auxiliaires financiers (gestion de portefeuille, change, etc.) et à pratiquer l’assurance [8].

4 - Les administrations publiques (État, collectivités locales et territoriales, Établissements publics...) ou privées (associations caritatives par ex.) dont l'activité principale est la répartition des ressources issues des cotisations telles que les impôts, les cotisations sociales, ou des adhésions volontaires. Le secteur des Administrations publiques (APU) comprend les unités institutionnelles dont la fonction est de fournir des biens et des services à la collectivité ou à des ménages pris individuellement, d’effectuer des opérations de redistribution du revenu et de la richesse à travers des transferts achetés ou produits. La majeure partie des ressources des administrations publiques provient de contributions obligatoires versées par les autres secteurs institutionnels [9].

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5 - L’extérieur (les pays étrangers) qui assure simultanément tous ces rôles.

Agent Activité principale Exception Revenu

Ménages Consommation Auto productionSalaire

(revenus du travail)

Entreprises Production (B & S) Consommation Profit

Stés financièresProduction

Prêts aux agentsConsommation Profit --> intérêt

Administrations publiques et privées

RépartitionProduction

(services publics)

Contributions(obligatoires et

volontaires)

Extérieur Tous Tous Tous

Les interactions : le circuit économique

L’activité (production, consommation, répartition) des agents, et les échanges entre eux, sont organisés à l’intérieur du circuit économique.

On distingue plusieurs types de flux, ou de relations inter agents. Chaque relation est caractérisée par deux éléments : le sens et la nature de l’échange, répartis entre :

• les flux réels (les échanges de bien) ;• les flux monétaires, ou financiers : le règlement des transactions, l’épargne, les impôts et subventions ;• les flux immatériels (de services).

Le circuit économique est une représentation symbolique schématisant les relations d’entrées-sorties entre agents, c'est-à-dire les flux réunissant les agents et représentant leurs différentes formes d'échanges, dont les flux monétaires (en rouge dans le schéma ci-dessous).

Notes

[1] Cette approche économique du capital est à distinguer de l’approche comptable ou juridique (le capital social est l’ensemble des apports effectués au profit d’une société commerciale lors de sa constitution ou lors d’accroissements ultérieurs), ou sociologique (le capital social est l’ensemble des réseaux de relations sociales dont peut profiter l’individu).

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[2] Par ailleurs les théoriciens de la croissance endogène (G. Beker) utilisent dans un autre sens la notion de capital humain qui représente l’ensemble des actifs que l’individu peut accumuler tels que la santé et les connaissances, grâce notamment à l’investissement public dans le système éducatif et la recherche.

[3] La productivité est le rapport entre la production et les moyens mis en œuvre. On distingue :

[4] Le modèle théorique de concurrence pure et parfaite repose sur 5 hypothèses :

• L’atomicité de l’offre, proposée par de très nombreuses entreprises, toutes de tailles comparables.• L’homogénéité des produits, tous comparables en termes de technologie ou de services. • La transparence du marché qui permet à chacun de connaître toutes les caractéristiques de produits, et donc de les comparer (hypothèse d’information complète). • L’absence de barrières à l’entrée (par des manœuvres de firmes déjà installées pour empêcher l’arrivée d’un nouveau concurrent -dumping par exemple-) comme à la sortie (problème de l’illiquidité des investissements). • La mobilité des facteurs de production, travail et capital.

[5] On distingue traditionnellement l’efficacité (de l’économie, de la firme ou de l’action d’un agent) de son efficience.

L’efficacité est la capacité d’une organisation à atteindre les objectifs qu’elle s’est fixée. En ce sens jusqu’au début des années 1960 l’économie de l’URSS était une économique efficace. De même, un élève qui obtient la moyenne, produit à minima un travail efficace.

L’efficience est la capacité d’une organisation à atteindre les objectifs qu’elle s’est fixée compte tenu des moyens, ou ressources, mis en oeuvre. Ainsi, dès les années 1960 l'économie soviétique n’était plus une économie efficiente, (compte tenu du faible rendement de blé à l’hectare, ou du bilan énergétique de l’industrie), comparée à la productivité des économies de l’Ouest. De même, l’élève qui obtient la moyenne en travaillant peu est beaucoup plus efficient que l’élève qui travaille beaucoup plus pour atteindre le même résultat.

Ainsi on peut considérer que l’efficience est à l’efficacité ce que la productivité est à la production.

[6] http://www.insee.fr/fr/indicateur/cnat_annu/base_95/secteurs_inst/ex/menages_ex.htm[7] http://www.insee.fr/fr/indicateur/cnat_annu/base_95/secteurs_inst/ex/entr_non_financieres_ex.htm[8] http://www.insee.fr/fr/indicateur/cnat_annu/base_95/secteurs_inst/ex/societes_financieres_ex.htm[9]http://www.insee.fr/fr/indicateur/cnat_annu/base_95/secteurs_inst/ex/admin_publiques_ex.htm

3. Pour aller plus loin...

Webographie

Aborder l’économie avec un texte littéraire (E. Zola). Qu’est ce qu’un problème en économie ?http://www.discip.crdp.ac-caen.fr/eco-gestion/spip/article.php3?id_article=27

Les vraies lois de l’économie : « Le jeu de lois »

Page 12: économie

http://www.ecogesam.ac-aix-marseille.fr/revue/N2tmp/genereux/

Fiches de lectureshttp://www.ac-versailles.fr/PEDAGOGI/ses/traveleves/fichlect/menufiche.htmVoir notamment : Qu’est ce que la richesse (Dominique Meda)

Les facteurs de production. Application pédagogique.http://www.ac-amiens.fr/pedagogie/eco-gestion/spip/IMG/doc/cours_sur_les_facteurs_de_production_1_.doc

Sur le site économie 2000. Les imperfections du marché (fiche 9)http://www.economie2000.com/

Les cours en ligne de science po (Diaporama, transparents, plans détaillée et extraits d’ouvrages).Année 2003-2004 : http://coursenligne.sciences-po.fr/2003_2004/index.html#1Année 2003-2004 : http://coursenligne.sciences-po.fr/2004_2005/index.html

Sur le site national économie gestion. Rubrique Veille, économie.http://www.educnet.education.fr/ecogest/veille/economie/- Droit de propriété et intérêt général- Internet et structures de marché- La nature de l’économie numérique

Bibliographie

Titre Editeur AuteurL’économie Politique Armand Collin Ahmed SilemDictionnaire d’analyse économique

Repères – La découverte Bernard Guerrien

Dictionnaire des grandes oeuvres économiques

Dalloz X. Greffe, J. Lallement

La démocratie et le marché Grasset Jean-Paul FitoussiInitiation à la micro-économie Dunod B. Bernier Y. SimonIntroduction à la macroéconomie Repères – La découverte Epaulard, PommeretIntroduction à la microéconomie Repères – La découverte Gilles Rotillon

© Cerpeg 2006

L’activité économique [2]La mesure de l’activité économique

Par Jean-Pierre TESTENOIRE1. La comptabilité nationale

Un instrument de mesureLa richesse créée par l’activité économique

2. Les agrégatsLe Produit intérieur brut (PIB). Le Produit national brut (PNB). La formation brute de capital fixe (FBCF).

3. Les autres indicateurs économiquesLes limites de la Comptabilité nationaleLes autres indicateurs

4. Notes5. Pour aller plus loinWebographieBibliographie L’activité économique des agents produit de la valeur. Celle-ci est mesurée par la comptabilité nationale. En agrégeant la richesse produite (la valeur ajoutée) par les différents secteurs institutionnels, la Comptabilité nationale produit des agrégats qui évaluent la richesse nationale (le PNB), la richesse intérieure (le PIB) ou l’investissement productif, (la FBCF). Cependant, ces agrégats

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n’évaluent que la richesse monétaire et sont soumis à de nombreuses limites, ce qui explique l’utilisation d’autres indicateurs, non pas de richesse, mais de bien être.

1. La comptabilité nationale Instrument de mesure (et de comparaison), de prévision et de planification, la Comptabilité nationale « est un système comptable macroéconomique qui permet une représentation quantitative simplifiée des interdépendances des flux liés à l’activité des agents de l’économie nationale et des relations qu’ils entretiennent avec le reste du monde » (1) Elle développe des méthodes permettant la synthèse et l’agrégation des opérations économiques et permet d'aider dans leurs décisions les autorités chargées de la politique économique. La France a adopté une nouvelle nomenclature, le système européen de comptabilité (SEC 95) en 1999.

L’activité des secteurs institutionnels est analysée, pour chacun d’entre eux, à travers 8 sous-comptes principaux (dont les principaux sont les comptes de production, comptes d’exploitation, d’affectation puis de répartition du revenu…), qui retracent les trois opérations élémentaires de la Comptabilité nationale : opération sur produits, opération de répartition et opérations financières. L’équilibre emploi-ressource est synthétisé dans le TES (tableau d’entrées-sorties) qui permet de calculer les principaux résultats de l’activité économique sous forme d’agrégats, c’est à dire de grandeurs macro-économiques significatives. La richesse créée par l’activité économique est appréciée par la valeur ajoutée, c’est à dire la valeur créée à chaque stade de la production. Résultant de la différence entre valeur finale et valeur des consommations intermédiaires (c’est à dire toutes les consommations nécessaires à la production du bien ou du service final), la valeur ajoutée correspond à l’ensemble des rémunérations de facteurs de production : au titre du facteur travail (salaire et cotisations sociales), pour le facteur capital (intérêt et dividendes, amortissements et bénéfices) et pour l’État (qui coordonne l’articulation de ces deux facteurs (cotisations sociales et impôts).

o La valeur ajoutée se distingue donc du profit. Par exemple le coût du travail est déjà déduit du bénéfice, les impôts sont déjà déduits du profit net.

o La valeur ajoutée est essentiellement partagée entre le travail et le capital. L’évolution de ce partage montre l’évolution du rapport de force entre ces deux facteurs de production. De 1982 à 1998, la part du travail a régressé dans la valeur ajoutée (poids du chômage et modération salariale) alors que la part du capital a augmenté (figure 1).

.

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2. Les agrégats On retiendra ici les trois résultats les plus utilisés. Le Produit intérieur brut (PIB). Le PIB est un agrégat qui représente le résultat final de l'activité de production des unités productrices résidentes. Le fait générateur de création de richesse est la production de valeur ajoutée

o VA = Valeur de la production finale – Valeur des consommations intermédiaires L’évaluation de l’ensemble de la VA permet alors d’apprécier la richesse totale produite sur un territoire, le PIB (figure 2).

.

Le PIB se calcule de trois manières :

o Le PIB est égal à la somme des valeurs ajoutées brutes des différents secteurs institutionnels augmentée des impôts moins les subventions ( 2 )

o Le PIB est égal à la somme de la consommation finale, de la formation brute de capital fixe, de la variation des stocks, des exportations moins les importations

o Le PIB est égal à la somme de la rémunération des salariés, des impôts sur la production et les importations, de l'excédent brut d'exploitation et du revenu mixte moins les subventions.

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Illustration

PIB total = PIB Marchand + PIB non marchandPIB Marchand = Σ VA + droits à l’importation + TVA - subventions aux

importations PIB non marchand = coûts des facteurs des administrations.

Le Produit national brut (PNB).

Le PNB ajoute au PIB les revenus du travail et de la propriété reçus du reste du monde moins les revenus analogues versés au reste du monde. L’écart entre le PIB et le PNB montre à la fois l’attractivité du territoire national (qui se traduit par un accroissement des investissements directs de l’étranger vers la France, ce qui contribue à la hausse du PIB) et la compétitivité des entreprises nationales qui se traduit par un accroissement des investissements directs des entreprises françaises à l’étranger, ce qui accroît le PNB. La formation brute de capital fixe (FBCF). Elle représente les actifs fixes (actifs corporels ou incorporels) utilisés dans le processus de production pendant au moins un an. L’investissement correspond à l’acquisition de biens de production mesurée au sens de la Comptabilité nationale par la formation brute de capital fixe (FBCF).De nombreux facteurs déterminent le comportement d’investissement des entreprises : la demande anticipée, le coût des facteurs de production, les contraintes d’endettement, la profitabilité, le taux d'intérêt..

3. Les autres indicateurs économiques Les agrégats produits par la Comptabilité nationale ne sont pas exempts de reproches. D’où la nécessité d’utiliser, en fonction de ce que l’on cherche à mesurer, d’autres indicateurs macro-économiques. Les limites de la Comptabilité nationale

On distingue :

- des limites liées aux sources statistiques de la mesure de la richesse ; - des limites liées à la répartition de la valeur ; - des limites liées à la nature même du phénomène observé : la richesse monétaire induit-elle le bien-être collectif ?

a - Les limites liées aux sources statistiquesDestinée à mesurer la valeur nationale, ou la richesse produite par les résidents, la Comptabilité nationale ne peut appréhender (faute de sources statistiques précises) toutes les sources de la création de richesse, notamment quant aux phénomènes :

o De travail clandestin (travail au noir, évalué à 6% du PIB en France).o D’activités illicites telles que le trafic de drogue.o D’autoproduction des ménages (jardin potager, ménage, évalué à plus de 35% du PIB en

France).La valeur mesurée par le PIB n’est donc pas la richesse réelle, ni totale. b - Les limites liées à la répartition de la valeurLa Comptabilité nationale ne peut cerner précisément l’ensemble des externalités (positives ou négatives) émises par les agents sur l’ensemble du circuit économique. La création de comptes satellites particuliers (liés à la santé ou aux dépenses d’environnement) permet de mesurer leur contenu monétaire, mais plus difficilement leur impact sur la richesse nationale. Cette incapacité à internaliser les externalités est l’une des limites les plus importantes aujourd’hui à la véracité des résultats de la Comptabilité nationale.

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Illustration

Soit une usine fabricant des produits chimiques (engrais, peinture…) dont la contribution en termes de richesse est évaluée à 1000 unités monétaires (soit 1000 de valeur ajoutée). Comme la production entraîne des dégâts sur l’environnement immédiat, la municipalité et la région engagent alors un programme de dépollution d’une valeur de 200 (salaires, achat de matériel).

- La comptabilité nationale retient donc 1200 de valeur créée (1000 + 200)- Dans la réalité, les 200 dépensés par la collectivité ne servent qu’à réparer les « dégâts du progrès »- La richesse collective nette devrait être alors de 800 (soit 1000 – 200).

c - Les limites liées aux phénomènes observésLe contenu du PIB est ambigu dans la mesure où on assimile intuitivement la richesse au bien-être. Or :D’une part, le PIB est un indicateur monétaire qui ne tient pas compte de la distribution de la richesse dans la population, donc des inégalités de répartition. Ainsi, deux pays à population identique pourraient atteindre le même PIB avec pour l’un, la concentration de la richesse autour d’une classe moyenne très importante, et pour l’autre une répartition inégale entre une minorité très aisée et une majorité très pauvre. Cette moyenne statistique (le PIB/habitant) est donc muette sur les conditions réelles de vie des habitants.D’autre part, le PIB ne dit rien sur la répartition sociale (l’étendue des services publics par exemple), sur les conditions de scolarisation, sur l’espérance de vie, tous éléments indispensables au bien-être de la population.Le PIB mesure donc la richesse totale produite par l’activité économique sur un territoire mais ne permet pas de conclusion sur le mode de vie réel de la population. Le PIB n’est pas le « BIB » (bonheur intérieur brut). Les autres indicateurs Puisque la richesse monétaire collective ne suffit pas à mesurer le bien-être, on utilise d’autres indicateurs qui intègrent alors des variables non directement monétaires, telles que l’éducation et l’espérance de vie (IDH) ou des éléments sociaux (BIP 40). A - L'Indicateur de Développement Humain (I.D.H)Il cherche à mesurer le niveau de développement des pays en dépassant l’aspect strictement économique contenu par le PIB ou le PIB par habitant. Il intègre donc des données plus qualitatives. C'est un indicateur qui fait la synthèse (« indicateur composite ») de trois séries de données ( 3) :

o l'espérance de vie à la naissance qui permet d’évaluer l'état sanitaire de la population du pays, o le niveau d'instruction mesuré par la durée moyenne de scolarisation et le taux

d'alphabétisation, o le PIB réel (c'est-à-dire corrigé de l'inflation) par habitant, calculé en parité de pouvoir d'achat

(c'est-à-dire en montant assurant le même pouvoir d'achat dans tous les pays). Calculé par le Programme des Nations Unies pour le Développement (P.N.U.D.), l’IDH varie entre 0 (pauvreté absolue) et 1 (niveau de développement le plus élevé) et autorise un classement annuel des économies nationales qui diffère du classement des Etats par le PIB/habitant (4). B - Le BIP 40 (5) (6) étudie plus spécifiquement des éléments sociaux tels que le logement, les revenus, le travail et l’emploi, l’éducation, la santé et les conditions d’accès et d’exercice de la justice.

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Illustration : CONJONCTURE ECONOMIQUE - PROBLEMES DE SOCIETE

Bonheur national brut japonais (Source : Les Échos : 03 novembre 2005)

Alors que le Japon sort aujourd'hui, en 2005, d'une crise déflationniste d'une dizaine d'années, et que le taux de suicide chez les jeunes et les cadres augmente, les autorités publiques ont organisé un colloque sur la mesure du bien être économique, à partir de l'exemple du petit royaume himalayen du Bouthan. Bien que 8 fois moins riche en terme de PIB, cet état mesure "le bonheur individuel de chaque citoyen". "Il prend en compte pour cela quatre facteurs : le développement socio-économique durable et équitable, la préservation de l'environnement, la protection du patrimoine culturel et la bonne gouvernance ".

Ainsi, pour Takayoshi Kusago, ancien économiste de la Banque mondiale, et professeur à l'université d'Osaka "le Japon a énormément à apprendre du Bhoutan ".

En résumé, l’économie étudie d’abord les conditions de production de la richesse, principalement fondées sur la quantité de travail (et de capital) nécessaire à la production. Mais ses instruments de mesure sont limités, soit par les sources, soit par la définition elle même de l’utilité collective de la richesse. Globalement mesurable, l’économie est plus discrète sur les conditions sociales non directement monétaires des ménages et donc notamment du facteur travail.

4. Notes (1) A. Silem : Lexique d’économie, Dalloz, 8° édition (p. 167)

(2) Transferts courants sans contrepartie que les administrations publiques ou les institutions de l'Union européenne versent à des producteurs résidents dans le but d'influencer leurs niveaux de production, leurs prix ou la rémunération des facteurs de production. On distingue les subventions sur les produits, versées par unité de bien ou de service produite ou importée, et les autres subventions sur la production. http://www.insee.fr/fr/nom_def_met/definitions/html/subventions.htm

(3) http://www.brises.org/category/d4751ec6e40f8af05dbcd909bab32847/notion/19

(4) http://www.ac-rouen.fr/pedagogie/equipes/ses_net/ses_ped/ses20112.htm (5) http://www.bip40.org/fr/rubrique.php3?id_rubrique=48(6) http://www.ac-nice.fr/ses/termtd/mesinegbip.htm

5. Pour aller plus loin

Webographie Mesurer la richessehttp://www.ined.fr/publications/pop_et_soc/pes368/PES3682.html

Sur le site national économie gestion, Rubrique Veille, économie http://www.educnet.education.fr/ecogest/veille/economie/ Droit de propriété et intérêt généralInternet et structures de marchéLa nature de l’économie numérique

Sur les agrégats (Insee)http://www.insee.fr/fr/nom_def_met/definitions/html/produit-inter-brut-prix-march.htm http://www.insee.fr/fr/nom_def_met/definitions/html/activite-economique.htm

http://www.educnet.education.fr/insee/invest/combien/dernierchiffre6.htm

Page 18: économie

Chiffres récents : http://www.insee.fr/fr/indicateur/cnat_annu/base_2000/cnat_annu_2000.htm

Sur les agrégats (autres sources)http://www.sceco.univ-montp1.fr/webpenin/pages_composantes/lexiqueHTML.htmhttp://sceco.univ-poitiers.fr/comptanat/index_fichiers/frame.htm (diaporama) http://www.ac-bordeaux.fr/Etablissement/SudMedoc/ses/2000/act_eco.htm

Bibliographie

Titre Editeur AuteurL’économie politique Armand Collin Ahmed SilemDictionnaire d’analyse économique Repères - la découverte Bernard GuerrienLa comptabilité nationale Repères - la découverte Jean-Paul PiriouL'essentiel de la comptabilité nationale

Gualino éditeur T. Tacheix

QCM: Comptabilité nationale et macroéconomie

Gualino éditeur Hélène Apfeldorfer

Les nouveaux indicateurs de richesse

Repères – La découverte Jean Gadrey, Florence Jany-Catrice

Qu'est-ce que la richesse ? Flammarion Dominique Méda

© Cerpeg 2006

Les théories de l'entreprisePar Jean-Pierre TESTENOIRE

1. La nature de l'entrepriseLes courants théoriquesLes défis contemporains2. Les ressources de l’entrepriseLe travailLe capital 3. Pour aller plus loin...WebographieBibliographie

Application téléchargeable : Application sur la combinaison des facteurs de production par Christine MARTIN énoncé + corrigé

Agent de production, créateur de richesse, l’entreprise est une unité économique[1], juridiquement autonome, organisée pour produire des biens ou des services pour le marché. On distingue :

• l’entreprise individuelle (personne physique) qui ne possède pas de personnalité juridique distincte de celle de la personne physique de son exploitant ; • l'entreprise sociétaire, sous forme de société de capitaux (SA ou SARL), ou sous la forme de société de personnes.

1. La nature de l’entreprise

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L’entreprise est une notion récente, apparue avec la généralisation (à partir de 1850) de la révolution industrielle en Europe, puis aux États-Unis après la guerre de sécession, puis au Japon et en Russie à la fin du XIX° siècle. Initialement perçue comme le résultat de l’action d’un homme, l’entrepreneur, la firme est le produit de « l’esprit d’entreprise », c'est-à-dire d’une volonté d’organiser des moyens pour atteindre un objectif particulier. Pour Schumpeter, l’entrepreneur est un innovateur, et le profit est la légitime rémunération du risque. La théorie néoclassique perçoit alors la firme comme une « boîte noire » « assimilée à une fonction de production soumise à la contrainte de maximisation de l’efficience dans l’emploi des ressources »[2].

Les courants théoriques

Quatre grands courants théoriques ont depuis élargi la perception de sa nature :

• L’économie industrielle s’est d’abord attachée à résoudre les problèmes liés à la croissance de la firme, dans un environnement économique plutôt stable : Existe-t-il une taille optimale, comment choisir les activités, quelles stratégies mettre en œuvre, comment gérer le portefeuille d’activités ? I. Ansoff et l’école de Harvard (dans les années 1960) développent le concept de stratégie, soit l’ensemble des moyens mis en œuvre par la firme pour maintenir durablement sa position concurrentielle sur le marché. Sur cette base, le Boston Consulting Group développera des outils d’analyse stratégique (la matrice BCG), ultérieurement complétée par d’autres outils (les matrices A.D. Little et Mc Kinsey, la courbe de vie du produit de Vernon, les effets de la courbe d’expérience) puis par l’analyse de M Porter (les cinq forces de la concurrence et les trois stratégies génériques, de distinction, de domination par les coûts, ou de focalisation).• La théorie des organisations (Chandler, Mintzberg, Aoki,) s’intéresse à la firme en tant qu’institution, dotée de ses propres règles. L’entreprise est une entité qui possède ses propres mécanismes de coordination. Du choix de ces mécanismes, dépendent partiellement sa structure et son efficacité.• Le courant néo institutionnaliste (R. Coase et O. Williamson), analyse les raisons d’être de l’entreprise. Dans un célèbre article de 1937, R. Coase (The nature of the firm) s’interroge ; "Pourquoi, dans une économie de marché au sein de laquelle les prix sont sensés assurer la coordination de l'activité économique, des organisations, caractérisées par la suppression du mécanisme de prix, émergent-elles ?". Le recours au marché génère des coûts de transaction (encart 1) dont la réduction passe par l’internalisation des liens contractuels (contrats à long terme avec les fournisseurs plutôt que des de contrats ponctuels, préférence pour les CDI plutôt que pour les CDD etc.)

Encart 1 : Les coûts de transaction

Présenté par R Coase (1937) puis repris et développés par O. Williamson (1975), les coûts de transaction représentent principalement les coûts de recherche d’information et de négociation avant la signature d’un contrat (le choix et la sélection d’un fournisseur ou d’un candidat à l’embauche par exemple), ainsi que les coûts de contrôle de l’exécution de ce contrat après sa signature (vérification du respect de l’engagement contractuel du fournisseur en terme de qualité, de prix, de délais etc..)[3].

Les coûts de transaction représentent donc le coût des contrats ou « coûts de face à face ».

Cette intégration réduit le coût des contrats, mais peut favoriser le comportement opportuniste des agents (la flânerie naturelle des hommes et des organisations de F.Taylor par exemple, encart 2). D’où la nécessité de mettre en place, en contrepartie des économies réalisées, des procédures de contrôle.

Encart 2 : Illustration de l’opportunisme

La direction des ateliers (1906) (F. Taylor)

45 - Le plus grand obstacle, de la part des ouvriers, pour atteindre la perfection, est la lenteur dont ils sont coutumiers, c'est-à-dire le temps perdu.46 - Cette perte de temps résulte de deux causes: en premier lieu, de l'instinct naturel et

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de la tendance des ouvriers à prendre leurs aises, ce qu'on peut appeler la flânerie naturelle; en second lieu, d'idées et de raisonnements plus ou moins confus issus de leurs rapports avec les autres ouvriers, ce qu'on peut appeler la flânerie systématique.49 - Cette tendance commune d'en prendre à son aise s'accroît lorsqu'on met ensemble un certains nombre d'ouvriers sur un travail similaire et qu'on les paye à un tarif journalier uniforme.54 - La paresse naturelle des hommes est grave; mais le mal de beaucoup le plus grand, dont souffrent les ouvriers et les patrons, est la flânerie systématique, à peu près universelle dans tous les systèmes d'organisation. (...)

La firme apparaît donc comme une alternative au marché car elle réduit les coûts de transaction tout en maintenant, à un niveau acceptable (cad inférieur aux coûts de transaction) ses coûts de surveillance.

• Le courant évolutionniste (Neslson et Winter) analyse les impacts des mécanismes d’apprentissage collectifs (les « routines ») sur la croissance de la firme. L’organisation de la firme, et notamment les modes d’ajustement internes de la firme, repose sur un ensemble de « règles de conduites » qui procurent un fonctionnement satisfaisant et non nécessairement optimal (hypothèse sous jacente de rationalité limitée). Dans un environnement incertain, les agents développent des « compétences foncières » qui regroupent notamment l’ensemble des connaissances formalisées et tacites (ainsi que les procédures de traitement des informations) et développent également des savoirs collectifs ou routines, c'est-à-dire des « modes d’interactions qui constituent des solutions efficaces à des problèmes particuliers ». Processus collectif, cumulatif et évolutif (les savoirs évoluent), l’ensemble des savoir-faire individuels est transformé par la firme en savoir faire collectif[3 bis].

Les défis contemporains

Dans le contexte de la mondialisation, de la concurrence accrue qui en résulte, et compte tenu des bouleversements liés à la généralisation des TIC et de leurs conséquences sur l’emploi et l’organisation de la production, les entreprises sont confrontées à trois principaux défis :

• La crédibilité : suite à de nombreux scandales financiers de la fin du XX° siècle (affaires Enron, WorldCom et Parmala, suite à la falsification des comptes, affaire Vivendi suite aux fausses informations données aux actionnaires) il faut notamment renforcer les règles comptables qui certifient la véracité et la sincérité des comptes présentés aux actionnaires, en prenant mieux en compte la valeur de la firme et de ses actifs immatériels (tel que la notoriété ou l’image de marque par exemple).. La récente réforme des normes comptables (normes IAS 2005) va dans ce sens[4].• La responsabilité sociale : suite aux nombreux « licenciements boursiers » réalisés par des entreprise réalisant de forts profits, (Michelin en 1998, Lu et Danone en 200, HP en 2005) et à certaines pratiques contestables (discriminations à l’embauche) conduisent désormais les entreprises à recommander des codes de bonnes conduite[5].• La responsabilité sociétale : suite aux nombreux accidents industriels (Total et l’Usine AZF, ou l’Erika, MetalEurope, les dangers de l’amiante etc…) et ses conséquences sur l’environnement, l’entreprise ne peut plus être exemptée des externalités négatives qu’elle émet sur son environnement direct. La pression de l’opinion publique (consommateurs et/ou salariés), des pouvoirs publics, mais aussi la prise en compte de l’intérêt à long terme de la firme elle même permettent l’apparition de nouvelles pratiques telles que l’approche par les parties prenantes (ou APP). « L’A.P.P. suggère que les dirigeants doivent formuler et mettre en œuvre des processus qui satisfont l’ensemble des groupes concernés par les actions de la firme. Le point central du processus stratégique est de gérer et d’intégrer les relations et les intérêts non seulement des actionnaires, des employés, des clients, des fournisseurs mais aussi de tout autre groupe ou communauté concerné par les objectifs de la firme, de telle sorte que cela assure le succès à long terme (le développement durable de celle-ci) »[6].

Ces éléments confèrent aujourd’hui à l’entreprise une responsabilité éthique qui porte aussi bien, sur les conditions de travail des enfants employés par des sociétés multinationales dans les PVD, que sur

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le développement durable, qui doit permettre de maintenir les ressources productives pour les générations à venir, ou encore sur le commerce équitable[7].

C’est donc le problème de la gouvernance des firmes[8] qui est désormais posé, après la mutation du système des parties prenantes (« stake holder ») issu du capitalisme industriel des années 60 – Galbraith- vers un système tourné vers les actionnaires (« share holder ») qui fait de la firme un actif pur qu’il convient de rentabiliser[9].

Désormais, le gouvernement d'entreprise désigne les mécanismes internes de contrôle du dirigeant (la technostructure industrielle par exemple) pour s’assurer de sa fidélité aux projets, ou aux desseins, des propriétaires, ou actionnaires :

• Les actions du dirigeant n'étant pas observables sans coûts (au sens large du terme) il est alors nécessaire d'introduire de tels mécanismes pour s'assurer que le dirigeant agit toujours dans l'intérêt des actionnaires (accroissement de leur patrimoine, minimisation des risques).• Les principaux mécanismes de contrôle sont le conseil d'administration, les comité d'audit (en particulier le comité chargé de mettre en place et de contrôler les règles de rémunération des dirigeants), la mise en place du contrôle interne. Le bon fonctionnement du conseil d'administration dépend de la présence d'administrateurs externes et indépendants (idem pour les comités d'audit).

2. Les ressources de l’entreprise

La production de la firme est le résultat de la combinaison de deux facteurs principaux, le travail et le capital. Dans une combinaison productive traditionnelle ces deux facteurs sont complémentaires (il n’y a pas d’usine sans hommes, ni hommes sans outils, c'est-à-dire sans capital technique). Cette fonction de production, de type Cob Douglas s’écrit Y = f( Kß, L 1- ß,) ou ß représente la part du facteur capital, dont le complément est donc 1- ß pour le travail, la somme des deux facteurs représentant 1, soit 100% des ressources disponibles.

Le travail

Le travail représente l’apport humain rémunéré en fonction d’abord du temps passé et de l’effort, puis en fonction des qualifications ou de l’expérience, et enfin en fonction des normes sociales en vigueur (salaire minimum, système de promotion etc…). Cette approche est nécessairement incomplète car elle ne fait pas apparaître la raison pour laquelle, à travail égal, l’employeur pourrait discriminer le salaire, en fonction de la qualité de la prestation fournie, sous réserve que celle-ci soit mesurable ou à défaut, évaluable.

Le capital

Le capital représente l’ensemble des « ressources productives et reproductibles de la firme » (R. Barre) qui permettent d’obtenir un revenu ou, après un détour de production (c'est-à-dire une dépense immédiate -sous forme d’investissement- susceptible d'augmenter à terme la production et les revenus d’accroître la productivité du travail (encart 3).

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Encart 3 : La notion de « détour de production »Eugen Von Böhm Bawerk (1929), Théorie positive du capital, Première partie, chapitre 3, « Essence du capital »

« Un campagnard a besoin d'eau potable et en désire. La source jaillit à une certaine distance de sa maison. Pour se procurer l'eau dont il a besoin il peut employer différents moyens. Ou bien il ira lui-même chaque fois à la source et il boira dans le creux de sa main. C'est le moyen le plus direct. La jouissance est obtenue immédiatement après la dépense de la peine. Mais il est incommode, car notre homme doit journellement faire le chemin jusqu'à la source autant de fois qu'il aura soif ; il est en outre insuffisant ; car de cette façon, on ne peut jamais recueillir et conserver la quantité d'eau assez grande dont on a besoin pour toutes sortes d'usages. Ou bien – et c'est le second moyen, – le laboureur creuse dans un bloc de bois un seau dans lequel il portera en une fois de la source à là maison l'eau nécessaire pour la journée. L'avantage est évident ; mais pour l'obtenir il a fallu se servir d'un moyen détourné qui a son importance. L'homme a peut-être dû passer toute une journée pour tailler le seau, et pour pouvoir le tailler, il a dû auparavant abattre un arbre dans la forêt ; pour pouvoir faire cela, il lui a fallu d'abord fabriquer une cognée, et ainsi de suite. Mais notre campagnard a encore un troisième moyen à sa disposition ; au lieu d'abattre un arbre, il en abat une quantité, il les creuse tous au milieu et en fait un canal par lequel il amène devant sa maison un filet abondant de l'eau de la source. Il est clair qu'ici le détour qui va de la dépense de travail à l'acquisition de l'eau est encore bien plus considérable, mais en revanche il a conduit à un meilleur : notre homme n'a plus du tout besoin maintenant de faire péniblement le chemin qui sépare sa maison de la source et il a cependant à chaque moment chez lui une quantité abondante d'eau très fraîche. »(…)« L'enseignement que ces exemples s'accordent à nous fournir est clairement celui-ci. On réussit mieux en produisant les biens d'usage par des moyens détournés qu'en les produisant directement. Et à la vérité cette plus grande réussite peut se montrer sous deux formes différentes : quand on peut produire un bien d'usage aussi bien directement que par voie indirecte, on constate que par la voie indirecte on obtient plus de produit avec la même quantité de travail ou le même produit avec moins de travail, mais cette supériorité se manifeste aussi sous cette forme que certains biens d'usage ne peuvent être produits que par un moyen indirect qui est tellement supérieur, que souvent lui seul mène au but. »

Ce mot « capital » peut recouvrir d’autres réalités. Les apports en numéraires constituent le capital comptable (capitaux propres) ou le capital juridique, (le capital social) de la firme, soit l’ensemble des garanties des créanciers sociaux de la firme. Le capital comptable permet de constituer le capital technique de la firme, sous forme de capitaux fixes (les immobilisations comme les machines) et de capitaux circulants (stocks de matières premières et de produit, trésorerie etc…).

Traditionnellement, le capital peut être réparti :

• Par nature : o Capital corporel, ou physique ou matériel (machines, biens). o Capital incorporel, ou immatériel (brevet, savoir faire, image de marque.

• Par structure : o Capital fixe, ou ensemble des éléments du capital technique ou productif pérennes, qui résistent à plusieurs cycles de production, et dont la valeur décroit avec l’usure ou l’obsolescence. o Capital circulant, ou des éléments du capital technique ou productif qui disparaissent lors d’un cycle de production.

• Par fonction : o Capital humain (travail, qualification, formation, santé). Le capital humain représente la somme des connaissances et des savoir faire qui améliorent l’efficacité de l’individu, acquis par l’expérience ou par la formation ; le niveau de capital humain est donc lié au dépenses de formation, mais aussi au développement du système de santé. o Capital financier (apports en capital propre, excédents d’exploitation placés). o Capital technique (machine, stock).

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Le niveau de capital fixe est maintenu en termes comptables par l’amortissement et, en termes économiques, par l’investissement.

L’amortissement

Le capital s’érode avec le temps (les ressources financières thésaurisées perdent de leur valeur avec l’inflation, la qualification doit être maintenue par la formation permanente, les machines sont menacées par l’obsolescence…). La dégradation du potentiel productif du capital est constatée par l’opération comptable de l’amortissement qui enregistre la dépréciation du capital. L’amortissement permet de reconstituer le capital, en provisionnant, anuité par anuité (en fonction de la durée d’amortissement du bien) la valeur destinée à remplacer « à l’identique » le bien devenu obsolète. Cette opération permet donc de maintenir le potentiel productif de la firme.

L’investissement

C’est l’opération destinée à maintenir ou accroître de façon durable la capacité ou l'efficacité de production d'une entreprise (investissement productif) ou d'une administration. L’investissement repose sur un détour de production. Au sens de la comptabilité nationale. L’investissement total correspond à l’acquisition de biens de production mesurée par la formation brute de capital fixe (FBCF) qui représente les actifs fixes (actifs corporels ou incorporels) utilisés dans le processus de production pendant au moins un an[10].

Traditionnellement l’investissement peut être réparti :

• Par nature : investissements matériels (machine, terrains) ou immatériels (publicité et progrès technique ou organisationnel). • Par fonction (Investissement technique, humain ou financier) :

o L'investissement technique est traditionnellement réparti entre investissement de remplacement, investissement de rationalisation ou investissements d’extension. o L’investissement humain est représenté par l’ensemble des actions de formation ou de maintien de la capacité productive individuelle (prévention des accidents du travail, soins etc.). o L’investissement financier représente l’ensemble des opérations destinées à maintenir la rentabilité des ressources monétaires de la firme, compte tenu de l’arbitrage de l’entreprise en fonction de trois critères : disponibilité, solvabilité et sécurité (prise de participation par exemple).

D’une manière générale on distingue les investissements (techniques ou organisationnels) de capacité, destinés à accroître le volume de production, des investissements de productivité, destinés à accroître l’efficience de la combinaison productive (baisse des coûts unitaires).

• Les investissements de capacité accompagnent le développement des industries en forte croissance, pour des produits récents de premier équipement, donc à forte demande (téléphonie mobile par exemple) et induisent à court et moyen terme un effet positif sur l’emploi (accroissement du volume de travail demandé par les firmes).• Les investissements de productivité accompagnent le développement des industries proposant des biens moins récents pour des produits de renouvellement (automobile dans les pays développés par exemple) et induisent à court et moyen terme effet négatif sur l’emploi (diminution du volume de travail demandé par les firmes).

[1] Voir sur le site de l’Insee : http://www.insee.fr/fr/nom_def_met/definitions/html/accueil.htm

[2] Voir Économie, analyse contemporaine. D. Fleutôt, P.Madeleine, JP. Testenoire, J-Y Letessier Ed ; Foucher

[3] http://www.ladocumentationfrancaise.fr/revues-collections/problemes-economiques/glossaire/c.shtml

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[3 bis] Vers une théorie évolutionniste de la firme (revue "Tertiaire" n° 95 de janvier/février 2001) : http://ecogest.ac-rouen.fr/renov/page.php?matiere=c_eco&titre=%C9conomie-Droit&limite=0

[4] Les évolutions du cadre de la comptabilité financière en Francehttp://www.educnet.education.fr/ecogest/veilleTic/comptagestion/compta07.htm

[5] Les discriminations à l’(embauche : Les recommandations du Medef :http://www.medef.fr/staging/site/page.php?pag_id=48933

[6] Le développement durable : une approche des finalités et des enjeux des organisationshttp://www.educnet.education.fr/ecogest/veilleTic/management/m14.htm

[7] Max Havelaar : http://www.maxhavelaarfrance.org/association/philo.htm

[8] Rapport Bouton « Pour un meilleur gouvernement des entreprises cotées » du 24 septembre 2003 à : http://ecogestion.paris.iufm.fr/IMG/pdf/Rapport_Bouton__FR.pdf

[9]« L’émergence du capitalisme actionnarial », Ecoflash n° 153 – CNDP 2000-.

[10] http://www.ladocumentationfrancaise.fr/revues-collections/problemes-economiques/glossaire/i.shtml

3 - Pour aller plus loin...

Webographie

Sites du ministère de l’économie et des finances :

- Ministère de l’industrie : http://www.industrie.gouv.fr/index.htm- Ministère du commerce extérieur : http://www.commerce-exterieur.gouv.fr/

Le commissariat général au plan : http://www.plan.gouv.fr/Le centre d’analyse stratégique : http://www.strategie.gouv.fr/

La banque de développement des PME : http://www.bdpme.fr/website/bdpme.nsfLe centre de Sociologie des organisations : http://www.cso.edu/site/page_pole.asp?pol_id=5

Le site du CNAM et ses laboratoires spécialisés en économie gestion : http://www.cnam.fr/#Les publications du laboratoire d’économie d’Orléans (LEO, Université d’Orléans) à :http://www.univ-orleans.fr/DEG/LEO/

Le site du Médef : http://www.medef.fr/staging/site/page.phpLe site d’Attac : http://www.france.attac.org/

Bibliographie

Titre Editeur AuteurJuste valeur : enjeux techniques et politiques Economica, 2001 Casta J.F.,

Colasse B.Le mythe de l’entreprise La découverte,

1995Jean-Pierre Le Goff

Les illusions du management, pour le retour du bon sens

Poche essais, 2000

Jean-Pierre Le Goff

Le Pouvoir de la finance Odile Jacob, 1999 A. OrléanL'éthique des affaires Le Seuil O. GélinierLe contrôle de gestion Litec D. larue, G.

Dumas

Page 25: économie

© Cerpeg - Mai 2006

Le financement de l’entreprise : la gestion financière

Par Jean-Pierre TESTENOIRE

Définitions et contraintesLe financement à court termeLe financement à long terme (financement stable)Les choix du mode de financementNotes Pour aller plus loin...

Définitions et contraintes

La gestion financière regroupe l’ensemble des décisions et actions de l’entreprise destinées à équilibrer les besoins et les ressources de financement à long terme comme à court terme. C’est l’ensemble des activités de collecte et de gestion des fonds nécessaires au fonctionnement de la firme.

La gestion financière doit agir sous quatre contraintes :

• la solvabilité de la firme en permettant à tout moment d’honorer les dettes exigibles ; • la pérennité : choix des investissements et mode de financement ; • la disponibilité des placements effectués suite à un excédent de trésorerie ; • la rentabilité des placements en comparant les résultats obtenus avec les moyens mis en œuvre.

D’une manière générale, on distingue les besoins de financement liés au cycle d’exploitation (financement à court terme), des besoins liés au financement des investissements (financement à long terme).

Le financement à court terme

Les besoins d’exploitation

Le cycle d’exploitation (phase d’approvisionnement + phase de production + phase de commercialisation de l’activité principale de l’entreprise) donne naissance à des besoins de financement. Ces besoins proviennent du décalage entre la période de décaissement (achat de matières premières et marchandises, paiement des services et des salaires) et la période d’encaissement (vente et règlement des produits finis et marchandises). La partie des besoins non financés par les ressources du cycle d’exploitation représente le BFRE. C’est la différence entre les actifs d’exploitation qui engendrent des besoins de financement (stock + créances clients) et les passifs circulants qui engendrent des ressources de financement (dettes fournisseurs). Le BFRE doit être financé par des ressources stables. Le FdR (fonds de roulement) est la différence entre les ressources stables et durables et les emplois stables et durables.

L’équilibre financier

L’équilibre financier suppose un financement adapté pour chaque type de besoin. Pour respecter la règle de l’équilibre financier, l’entreprise doit disposer d’un FdR au moins égal à son BFRE :

Page 26: économie

• Si FdR > BFRE, la firme dispose alors d’un excédent de ressource en trésorerie (ensemble des actifs liquides détenus par l’entreprise et immédiatement disponibles).• Si FdR < BFRE, la différence doit alors être financée.

Le financement du BFRE :

• L’ajustement interne : les déficits actuels sont financés par les excédents passés (épargne de l’entreprise).• L’ajustement externe non bancaire :

o Le crédit interentreprises sous forme de crédit (ou délai de paiement) consenti par le fournisseur à son client). o Billet de trésorerie : titre négociables, émis par les entreprises à besoin de financement et placé auprès des entreprises à trésorerie excédentaire.

• L’ajustement externe bancaire ou financier : o Crédits de trésorerie, facilités de caisse, découverts, crédits relais. o Crédit de campagne (pour financer une augmentation passagère des besoins de financement en raison d’une augmentation de sa production). o Engagement par signature (acceptation, caution, aval). o Opérations d’escompte (opération de crédit par lequel le banquier met à disposition de son client le montant d’une remise d’effets avant l’échéance de ces derniers, moyennant un intérêt appelé escompte), dont le crédit de mobilisation de créances commerciales (CMCC) et les LCR. o L’affacturage (factoring).

Le financement à long terme (financement stable)

Pour préserver son équilibre financier, la firme doit financer ses besoins à long terme par des ressources stables, restant durablement à la disposition de l’entreprise. Ces besoins à long terme sont généralement des besoins d’investissement.

Le financement des investissements peut être assuré par des ressources internes ou des ressources externes :

• Financement interne :o Utilisation de la CAF pour l’autofinancement (voir évolution du partage de la VA). L’autofinancement représente les ressources dégagées par la firme afin de financer ses propres investissements. La CAF disponible est égale à la CAF globale diminuée des dividendes versés aux actionnaires/propriétaires. o Cession d’éléments d’actifs (terrains) ou désinvestissements.

• Financement externe : on distingue le financement bancaire (ou intermédié) du financement direct :

o Financement bancaire, ou financement intermédié :

L’emprunt indivis : C’est l’accès pour un emprunt unique à des fonds à long et moyen terme, mis à sa disposition par une banque (ou un établissement financier spécialisé). Le crédit bail, ou leasing est une location longue durée avec promesse d’offre de vente en fin de contrat.

o Financement direct auprès du marché financier :

La souscription de capital (lors de l’introduction sur le premier marché des valeurs mobilières (bourse), sous la forme d’introduction d’actions. L’action est un bien meuble, qui représente une part de propriété du capital de la société émettrice et à laquelle sont attachés deux droits : Un droit à la rémunération (dividende) et un droit à la participation à la gestion (participation aux AG des actionnaires et droit de vote). L’augmentation de capital, par apport en numéraire.

Page 27: économie

L’emprunt obligataire, ou émission d’obligation, c’est à dire de part d’une dette unique donnant droit à une rémunération fixe, appelée intérêt. Émission de titres spéciaux tels que les certificats d’investissement, les actions avec double droit de vote, les actions prioritaires…

Les choix du mode de financement

• Les choix du financement à long terme (financement stable) : o L’autofinancement permet de financer des investissements risqués, de maintenir l’indépendance financière, et de conserver intact la possibilité d’emprunt externe. L’analyse de l’effet de levier financier peut cependant justifier du recours à l’endettement bancaire (voir ci-dessous). o L’apport en capital garantit l’autonomie financière de la firme mais entraîne une dilution du pouvoir et un partage du résultat entre des mains plus nombreuses. o L’endettement bancaire dont le choix d’endettement dépend de la prise en compte de trois contraintes : le prix de l’autonomie financière; le coût de l’emprunt; le degré de risque du projet. Ce choix dépend souvent de l’analyse de l’effet de levier[1], c’est à dire du mécanisme qui consiste, pour l’entreprise, à accroître la rentabilité de ses capitaux propres en recourant partiellement à l’emprunt pour financer ses investissements. La firme bénéficie d’un effet de levier positif si le coût de l’emprunt (taux d’intérêt et coûts annexes) est inférieur à la rentabilité des capitaux, et d’un effet de levier négatif dans le cas inverse. o Le crédit bail est un mode de financement rapide et souple qui n’entraîne pas d’immobilisation de fond, avantageux dans le cas des technologies à renouvellement rapide (informatique). Cependant son coût est généralement élevé (sauf possibilité de déduction fiscale partielle).

• Les choix du financement à court terme : o Le crédit interentreprises, dont l’importance varie avec la taille et le secteur d’activité de l’entreprise (important dans le cas de la grande distribution) n’induit pas de charges fixes, échappe au système bancaire, mais peut poser des problèmes de trésorerie (petites PME et TPE notamment). o Les crédits de trésorerie, comme les autorisations de découverts bancaires sont souples et rapides mais leurs coûts sont généralement élevés. o L’affacturage reporte, pour l’entreprise le risque d’insolvabilité du client sur le factor, mais le coût de cette technique est relativement élevé. o L’escompte et les techniques du CMCC sont répandus car moins risqués pour la banque (qui se retourne vers l’entreprise en cas de défaillance du débiteur) mais le volume escomptable est limité par un plafond.

Notes

1. Voir sur le document de Pierre Richard, à :http://www.ecogesam.ac-aix-marseille.fr/Echang/FAQ/efflev.htm

Pour aller plus loin...

Webographie

Le CRCF de l’académie de Grenoble :http://crcf.ac-grenoble.fr/index.php

Page 28: économie

Sur le site de Sciences pohttp://coursenligne.sciences-po.fr/2004_2005/economie/cours_pvial/

Finance d’entreprise, Pierre Vernimmen (CH 18)http://www.vernimmen.net/html/divers/plan_du_livre.html

Le site de l’académie de Bordeauxhttp://www.ac-bordeaux.fr/Etablissement/SudMedoc/ses/1999/lev_acc1.htm

Le site de l’IUT de Bayonnehttp://www.iutbayonne.univ-pau.fr/~berterre/FormationsGestion/

L’art de la finance (Les échos du 16 septembre 2006)http://www.lesechos.fr/formations/finance/articles/article_4_2.htm

Le site Netpmehttp://www.netpme.fr/banque-entreprise/http://www.netpme.fr/banque-entreprise/410-financement-investissements.html

Bibliographie

Titre Editeur AuteurLes modes de financement de l'entreprise

Eyrolles Hervé Ghannad -De Vecchi

Gestion financière Dunod Bruno SolnikLe contrôle de gestion Litec D. larue, Guy DumasFinance d’entreprise Dalloz Pierre Vernimmen

© Cerpeg 2006

Le financement de l’entreprise : la gestion financière

Par Jean-Pierre TESTENOIRE

Définitions et contraintesLe financement à court termeLe financement à long terme (financement stable)Les choix du mode de financementNotes Pour aller plus loin...

Définitions et contraintes

La gestion financière regroupe l’ensemble des décisions et actions de l’entreprise destinées à équilibrer les besoins et les ressources de financement à long terme comme à court terme. C’est l’ensemble des activités de collecte et de gestion des fonds nécessaires au fonctionnement de la firme.

La gestion financière doit agir sous quatre contraintes :

• la solvabilité de la firme en permettant à tout moment d’honorer les dettes exigibles ; • la pérennité : choix des investissements et mode de financement ; • la disponibilité des placements effectués suite à un excédent de trésorerie ; • la rentabilité des placements en comparant les résultats obtenus avec les moyens mis en œuvre.

Page 29: économie

D’une manière générale, on distingue les besoins de financement liés au cycle d’exploitation (financement à court terme), des besoins liés au financement des investissements (financement à long terme).

Le financement à court terme

Les besoins d’exploitation

Le cycle d’exploitation (phase d’approvisionnement + phase de production + phase de commercialisation de l’activité principale de l’entreprise) donne naissance à des besoins de financement. Ces besoins proviennent du décalage entre la période de décaissement (achat de matières premières et marchandises, paiement des services et des salaires) et la période d’encaissement (vente et règlement des produits finis et marchandises). La partie des besoins non financés par les ressources du cycle d’exploitation représente le BFRE. C’est la différence entre les actifs d’exploitation qui engendrent des besoins de financement (stock + créances clients) et les passifs circulants qui engendrent des ressources de financement (dettes fournisseurs). Le BFRE doit être financé par des ressources stables. Le FdR (fonds de roulement) est la différence entre les ressources stables et durables et les emplois stables et durables.

L’équilibre financier

L’équilibre financier suppose un financement adapté pour chaque type de besoin. Pour respecter la règle de l’équilibre financier, l’entreprise doit disposer d’un FdR au moins égal à son BFRE :

• Si FdR > BFRE, la firme dispose alors d’un excédent de ressource en trésorerie (ensemble des actifs liquides détenus par l’entreprise et immédiatement disponibles).• Si FdR < BFRE, la différence doit alors être financée.

Le financement du BFRE :

• L’ajustement interne : les déficits actuels sont financés par les excédents passés (épargne de l’entreprise).• L’ajustement externe non bancaire :

o Le crédit interentreprises sous forme de crédit (ou délai de paiement) consenti par le fournisseur à son client). o Billet de trésorerie : titre négociables, émis par les entreprises à besoin de financement et placé auprès des entreprises à trésorerie excédentaire.

• L’ajustement externe bancaire ou financier : o Crédits de trésorerie, facilités de caisse, découverts, crédits relais. o Crédit de campagne (pour financer une augmentation passagère des besoins de financement en raison d’une augmentation de sa production). o Engagement par signature (acceptation, caution, aval). o Opérations d’escompte (opération de crédit par lequel le banquier met à disposition de son client le montant d’une remise d’effets avant l’échéance de ces derniers, moyennant un intérêt appelé escompte), dont le crédit de mobilisation de créances commerciales (CMCC) et les LCR. o L’affacturage (factoring).

Le financement à long terme (financement stable)

Pour préserver son équilibre financier, la firme doit financer ses besoins à long terme par des ressources stables, restant durablement à la disposition de l’entreprise. Ces besoins à long terme sont généralement des besoins d’investissement.

Page 30: économie

Le financement des investissements peut être assuré par des ressources internes ou des ressources externes :

• Financement interne :o Utilisation de la CAF pour l’autofinancement (voir évolution du partage de la VA). L’autofinancement représente les ressources dégagées par la firme afin de financer ses propres investissements. La CAF disponible est égale à la CAF globale diminuée des dividendes versés aux actionnaires/propriétaires. o Cession d’éléments d’actifs (terrains) ou désinvestissements.

• Financement externe : on distingue le financement bancaire (ou intermédié) du financement direct :

o Financement bancaire, ou financement intermédié :

L’emprunt indivis : C’est l’accès pour un emprunt unique à des fonds à long et moyen terme, mis à sa disposition par une banque (ou un établissement financier spécialisé). Le crédit bail, ou leasing est une location longue durée avec promesse d’offre de vente en fin de contrat.

o Financement direct auprès du marché financier :

La souscription de capital (lors de l’introduction sur le premier marché des valeurs mobilières (bourse), sous la forme d’introduction d’actions. L’action est un bien meuble, qui représente une part de propriété du capital de la société émettrice et à laquelle sont attachés deux droits : Un droit à la rémunération (dividende) et un droit à la participation à la gestion (participation aux AG des actionnaires et droit de vote). L’augmentation de capital, par apport en numéraire. L’emprunt obligataire, ou émission d’obligation, c’est à dire de part d’une dette unique donnant droit à une rémunération fixe, appelée intérêt. Émission de titres spéciaux tels que les certificats d’investissement, les actions avec double droit de vote, les actions prioritaires…

Les choix du mode de financement

• Les choix du financement à long terme (financement stable) : o L’autofinancement permet de financer des investissements risqués, de maintenir l’indépendance financière, et de conserver intact la possibilité d’emprunt externe. L’analyse de l’effet de levier financier peut cependant justifier du recours à l’endettement bancaire (voir ci-dessous). o L’apport en capital garantit l’autonomie financière de la firme mais entraîne une dilution du pouvoir et un partage du résultat entre des mains plus nombreuses. o L’endettement bancaire dont le choix d’endettement dépend de la prise en compte de trois contraintes : le prix de l’autonomie financière; le coût de l’emprunt; le degré de risque du projet. Ce choix dépend souvent de l’analyse de l’effet de levier[1], c’est à dire du mécanisme qui consiste, pour l’entreprise, à accroître la rentabilité de ses capitaux propres en recourant partiellement à l’emprunt pour financer ses investissements. La firme bénéficie d’un effet de levier positif si le coût de l’emprunt (taux d’intérêt et coûts annexes) est inférieur à la rentabilité des capitaux, et d’un effet de levier négatif dans le cas inverse. o Le crédit bail est un mode de financement rapide et souple qui n’entraîne pas d’immobilisation de fond, avantageux dans le cas des technologies à renouvellement rapide (informatique). Cependant son coût est généralement élevé (sauf possibilité de déduction fiscale partielle).

• Les choix du financement à court terme : o Le crédit interentreprises, dont l’importance varie avec la taille et le secteur d’activité de l’entreprise (important dans le cas de la grande distribution) n’induit pas de charges fixes, échappe au système bancaire,

Page 31: économie

mais peut poser des problèmes de trésorerie (petites PME et TPE notamment). o Les crédits de trésorerie, comme les autorisations de découverts bancaires sont souples et rapides mais leurs coûts sont généralement élevés. o L’affacturage reporte, pour l’entreprise le risque d’insolvabilité du client sur le factor, mais le coût de cette technique est relativement élevé. o L’escompte et les techniques du CMCC sont répandus car moins risqués pour la banque (qui se retourne vers l’entreprise en cas de défaillance du débiteur) mais le volume escomptable est limité par un plafond.

Notes

1. Voir sur le document de Pierre Richard, à :http://www.ecogesam.ac-aix-marseille.fr/Echang/FAQ/efflev.htm

Pour aller plus loin...

Webographie

Le CRCF de l’académie de Grenoble :http://crcf.ac-grenoble.fr/index.php

Sur le site de Sciences pohttp://coursenligne.sciences-po.fr/2004_2005/economie/cours_pvial/

Finance d’entreprise, Pierre Vernimmen (CH 18)http://www.vernimmen.net/html/divers/plan_du_livre.html

Le site de l’académie de Bordeauxhttp://www.ac-bordeaux.fr/Etablissement/SudMedoc/ses/1999/lev_acc1.htm

Le site de l’IUT de Bayonnehttp://www.iutbayonne.univ-pau.fr/~berterre/FormationsGestion/

L’art de la finance (Les échos du 16 septembre 2006)http://www.lesechos.fr/formations/finance/articles/article_4_2.htm

Le site Netpmehttp://www.netpme.fr/banque-entreprise/http://www.netpme.fr/banque-entreprise/410-financement-investissements.html

Bibliographie

Titre Editeur AuteurLes modes de financement de l'entreprise

Eyrolles Hervé Ghannad -De Vecchi

Gestion financière Dunod Bruno SolnikLe contrôle de gestion Litec D. larue, Guy DumasFinance d’entreprise Dalloz Pierre Vernimmen

© Cerpeg 2006

Le financement de l’entreprise : la gestion financière

Page 32: économie

Par Jean-Pierre TESTENOIRE

Définitions et contraintesLe financement à court termeLe financement à long terme (financement stable)Les choix du mode de financementNotes Pour aller plus loin...

Définitions et contraintes

La gestion financière regroupe l’ensemble des décisions et actions de l’entreprise destinées à équilibrer les besoins et les ressources de financement à long terme comme à court terme. C’est l’ensemble des activités de collecte et de gestion des fonds nécessaires au fonctionnement de la firme.

La gestion financière doit agir sous quatre contraintes :

• la solvabilité de la firme en permettant à tout moment d’honorer les dettes exigibles ; • la pérennité : choix des investissements et mode de financement ; • la disponibilité des placements effectués suite à un excédent de trésorerie ; • la rentabilité des placements en comparant les résultats obtenus avec les moyens mis en œuvre.

D’une manière générale, on distingue les besoins de financement liés au cycle d’exploitation (financement à court terme), des besoins liés au financement des investissements (financement à long terme).

Le financement à court terme

Les besoins d’exploitation

Le cycle d’exploitation (phase d’approvisionnement + phase de production + phase de commercialisation de l’activité principale de l’entreprise) donne naissance à des besoins de financement. Ces besoins proviennent du décalage entre la période de décaissement (achat de matières premières et marchandises, paiement des services et des salaires) et la période d’encaissement (vente et règlement des produits finis et marchandises). La partie des besoins non financés par les ressources du cycle d’exploitation représente le BFRE. C’est la différence entre les actifs d’exploitation qui engendrent des besoins de financement (stock + créances clients) et les passifs circulants qui engendrent des ressources de financement (dettes fournisseurs). Le BFRE doit être financé par des ressources stables. Le FdR (fonds de roulement) est la différence entre les ressources stables et durables et les emplois stables et durables.

L’équilibre financier

L’équilibre financier suppose un financement adapté pour chaque type de besoin. Pour respecter la règle de l’équilibre financier, l’entreprise doit disposer d’un FdR au moins égal à son BFRE :

• Si FdR > BFRE, la firme dispose alors d’un excédent de ressource en trésorerie (ensemble des actifs liquides détenus par l’entreprise et immédiatement disponibles).• Si FdR < BFRE, la différence doit alors être financée.

Le financement du BFRE :

• L’ajustement interne : les déficits actuels sont financés par les excédents passés (épargne de l’entreprise).

Page 33: économie

• L’ajustement externe non bancaire : o Le crédit interentreprises sous forme de crédit (ou délai de paiement) consenti par le fournisseur à son client). o Billet de trésorerie : titre négociables, émis par les entreprises à besoin de financement et placé auprès des entreprises à trésorerie excédentaire.

• L’ajustement externe bancaire ou financier : o Crédits de trésorerie, facilités de caisse, découverts, crédits relais. o Crédit de campagne (pour financer une augmentation passagère des besoins de financement en raison d’une augmentation de sa production). o Engagement par signature (acceptation, caution, aval). o Opérations d’escompte (opération de crédit par lequel le banquier met à disposition de son client le montant d’une remise d’effets avant l’échéance de ces derniers, moyennant un intérêt appelé escompte), dont le crédit de mobilisation de créances commerciales (CMCC) et les LCR. o L’affacturage (factoring).

Le financement à long terme (financement stable)

Pour préserver son équilibre financier, la firme doit financer ses besoins à long terme par des ressources stables, restant durablement à la disposition de l’entreprise. Ces besoins à long terme sont généralement des besoins d’investissement.

Le financement des investissements peut être assuré par des ressources internes ou des ressources externes :

• Financement interne :o Utilisation de la CAF pour l’autofinancement (voir évolution du partage de la VA). L’autofinancement représente les ressources dégagées par la firme afin de financer ses propres investissements. La CAF disponible est égale à la CAF globale diminuée des dividendes versés aux actionnaires/propriétaires. o Cession d’éléments d’actifs (terrains) ou désinvestissements.

• Financement externe : on distingue le financement bancaire (ou intermédié) du financement direct :

o Financement bancaire, ou financement intermédié :

L’emprunt indivis : C’est l’accès pour un emprunt unique à des fonds à long et moyen terme, mis à sa disposition par une banque (ou un établissement financier spécialisé). Le crédit bail, ou leasing est une location longue durée avec promesse d’offre de vente en fin de contrat.

o Financement direct auprès du marché financier :

La souscription de capital (lors de l’introduction sur le premier marché des valeurs mobilières (bourse), sous la forme d’introduction d’actions. L’action est un bien meuble, qui représente une part de propriété du capital de la société émettrice et à laquelle sont attachés deux droits : Un droit à la rémunération (dividende) et un droit à la participation à la gestion (participation aux AG des actionnaires et droit de vote). L’augmentation de capital, par apport en numéraire. L’emprunt obligataire, ou émission d’obligation, c’est à dire de part d’une dette unique donnant droit à une rémunération fixe, appelée intérêt. Émission de titres spéciaux tels que les certificats d’investissement, les actions avec double droit de vote, les actions prioritaires…

Les choix du mode de financement

Page 34: économie

• Les choix du financement à long terme (financement stable) : o L’autofinancement permet de financer des investissements risqués, de maintenir l’indépendance financière, et de conserver intact la possibilité d’emprunt externe. L’analyse de l’effet de levier financier peut cependant justifier du recours à l’endettement bancaire (voir ci-dessous). o L’apport en capital garantit l’autonomie financière de la firme mais entraîne une dilution du pouvoir et un partage du résultat entre des mains plus nombreuses. o L’endettement bancaire dont le choix d’endettement dépend de la prise en compte de trois contraintes : le prix de l’autonomie financière; le coût de l’emprunt; le degré de risque du projet. Ce choix dépend souvent de l’analyse de l’effet de levier[1], c’est à dire du mécanisme qui consiste, pour l’entreprise, à accroître la rentabilité de ses capitaux propres en recourant partiellement à l’emprunt pour financer ses investissements. La firme bénéficie d’un effet de levier positif si le coût de l’emprunt (taux d’intérêt et coûts annexes) est inférieur à la rentabilité des capitaux, et d’un effet de levier négatif dans le cas inverse. o Le crédit bail est un mode de financement rapide et souple qui n’entraîne pas d’immobilisation de fond, avantageux dans le cas des technologies à renouvellement rapide (informatique). Cependant son coût est généralement élevé (sauf possibilité de déduction fiscale partielle).

• Les choix du financement à court terme : o Le crédit interentreprises, dont l’importance varie avec la taille et le secteur d’activité de l’entreprise (important dans le cas de la grande distribution) n’induit pas de charges fixes, échappe au système bancaire, mais peut poser des problèmes de trésorerie (petites PME et TPE notamment). o Les crédits de trésorerie, comme les autorisations de découverts bancaires sont souples et rapides mais leurs coûts sont généralement élevés. o L’affacturage reporte, pour l’entreprise le risque d’insolvabilité du client sur le factor, mais le coût de cette technique est relativement élevé. o L’escompte et les techniques du CMCC sont répandus car moins risqués pour la banque (qui se retourne vers l’entreprise en cas de défaillance du débiteur) mais le volume escomptable est limité par un plafond.

Notes

1. Voir sur le document de Pierre Richard, à :http://www.ecogesam.ac-aix-marseille.fr/Echang/FAQ/efflev.htm

Pour aller plus loin...

Webographie

Le CRCF de l’académie de Grenoble :http://crcf.ac-grenoble.fr/index.php

Sur le site de Sciences pohttp://coursenligne.sciences-po.fr/2004_2005/economie/cours_pvial/

Finance d’entreprise, Pierre Vernimmen (CH 18)http://www.vernimmen.net/html/divers/plan_du_livre.html

Le site de l’académie de Bordeauxhttp://www.ac-bordeaux.fr/Etablissement/SudMedoc/ses/1999/lev_acc1.htm

Page 35: économie

Le site de l’IUT de Bayonnehttp://www.iutbayonne.univ-pau.fr/~berterre/FormationsGestion/

L’art de la finance (Les échos du 16 septembre 2006)http://www.lesechos.fr/formations/finance/articles/article_4_2.htm

Le site Netpmehttp://www.netpme.fr/banque-entreprise/http://www.netpme.fr/banque-entreprise/410-financement-investissements.html

Bibliographie

Titre Editeur AuteurLes modes de financement de l'entreprise

Eyrolles Hervé Ghannad -De Vecchi

Gestion financière Dunod Bruno SolnikLe contrôle de gestion Litec D. larue, Guy DumasFinance d’entreprise Dalloz Pierre Vernimmen

© Cerpeg 2006

Les PMEPar Jean-Pierre TESTENOIRE, professeur d'Économie-gestion au lycée Les Bruyères - Académie de Rouen.

I - DéfinitionsII - Le poids économique des PMEIII Les spécificités des PMEVI- L’évolution des PME

Pour aller plus loin...

Depuis une vingtaine d’années, les politiques de lutte contre le chômage encouragent la création d’emplois dans le secteur des services, en raison notamment de la tertiarisation croissante de nos économies. Réputé insuffisamment développé par rapport à ce qui est observable dans d’autres pays, les Etats-Unis notamment, ce secteur peut constituer un réservoir significatif d’emplois et de croissance du revenu par habitant. Cette création de richesse s’opèrerait notamment grâce aux PME.

I - Définitions

Il n’y a pas de définition unique des PME. Les critères retenus diffèrent selon les textes législatifs ou réglementaires instituant des dispositifs d’aides en direction des PME. En règle générale, ce type d’entreprise est caractérisé par deux critères principaux : l’indépendance juridique et la taille de l’effectif. Ainsi, de manière très générale on retient traditionnellement les entreprises dont l’effectif est compris entre 10 et 499 employés.

1 - L’Insee précise qu’ « en France il n'existe pas de définition officielle unique, mais on utilise le plus souvent dans les statistiques soit le seuil de 250 salariés, soit celui de 500 salariés. »

« Les petites et moyennes entreprises (PME) sont des entreprises dont la taille, définie par un ensemble de critères, dont essentiellement le nombre de salariés, ne dépasse pas certains seuils. Les autres critères de taille utilisés sont le chiffre d'affaires annuel ou le total du bilan, et on utilise parfois de plus un critère d'indépendance s'exprimant sous la forme de non-appartenance à un groupe trop important.

Les seuils retenus, et en particulier le seuil du nombre de salariés, sont variables suivant les pays et l'objet de la définition : application d'une réglementation ou calcul de statistiques. Eurostat et la plupart

Page 36: économie

des pays emploient le seuil de 250 salariés. En France il n'existe pas de définition officielle unique, mais on utilise le plus souvent dans les statistiques soit le seuil de 250 salariés, soit celui de 500 salariés .

Quant au critère d'indépendance, s'il existe un accord général sur le fait qu'une PME ne doive pas appartenir à un grand groupe, il est toutefois difficile à mettre en œuvre au niveau des statistiques. »

Source :

http://www.insee.fr/fr/nom_def_met/definitions/html/petite-moyenne-entreprise.htm

2 - L'Union européenne a, dès avril 1996, adopté une recommandation sur la définition des petites et moyennes entreprises. Actualisée en mai 2003, cette recommandation (n° 2003/361/CE) stipule, en ce qui concerne le seuil d'effectif et les seuils financiers, que les PME sont constituées des entreprises qui occupent moins de 250 personnes et dont :

• soit le chiffre d'affaires n'excède pas 50 millions d'euros, • soit le total du bilan annuel n'excède pas 43 millions d'euros.

3 - Le site du ministère de l’économie et des finances consacré aux PME retient parfois d’autres seuils. http://www.pme.gouv.fr/economie/chiffreclefspme/introduction.pdf

« En France on avait, depuis l’après-guerre, l’habitude de considérer comme PME les entreprises comptant de 10 ou 20 (pour l’industrie) personnes à moins de 500 personnes. Une recommandation de l’Union Européenne du 3 avril 1996 clarifie la situation : sont considérées comme PME les entreprises ayant moins de 250 salariés, lesquelles sont déclinées en « micro-entreprises » (0 à 9 salariés), en « petites » (10 à 49) et en « moyennes » (50 à 249). Pour les besoins de l’analyse des PME françaises, et notamment des PME industrielles, il a été introduit la catégorie supplémentaire des « très petites entreprises » (10 à 19 salariés). Le critère d’indépendance est pris en compte en éliminant du champ des PME certaines entreprises à partir de seuils de chiffre d’affaires ou de données financières ».

Source : http://www.pme.gouv.fr/economie/

Le ministère de l’économie et des finances retient la répartition suivante :

Type d’entreprise Effectif

Micro-entreprises « 0 à 9 »

Très petites entreprises (TPE) « 10 à 19 » ou encore « 0 à 19 »

Petites entreprises « 20 à 49 » ou encore « 0 à 49 »

Moyennes entreprises « 50 à 249 »

Petites et moyennes entreprises (PME) « 0 à 249 »

.

Les PME et les PMI

Les PME représentent un type d'entreprise, alors que les PMI représentent un type d'activité. Les PMI sont des PME dans le domaine industriel, dans des activités industrielles à faible coefficient de capital (ou faible intensité capitalistique), où l'investissement est plus faible qu'ailleurs (textile, bois, chaussures, transport). De ce fait les activités des PMI sont souvent gérées par des PME mais pas exclusivement (grands groupes textiles, de jouets etc....).

Ainsi, les PME sont présentes dans le secteur de la distribution (commerce de proximité), des transports, des services, marchands, des biens de consommation courante et alimentaire, et le secteur du bâtiment

II - Le poids des PME dans l’économie

Page 37: économie

Depuis une vingtaine d’années, les politiques de lutte contre le chômage encouragent la création d’emplois dans le secteur des services, en raison notamment de la tertiarisation croissante de nos économies. Réputé insuffisamment développé par rapport à ce qui est observable dans d’autres pays, les Etats-Unis notamment, ce secteur peut constituer un réservoir significatif d’emplois et de croissance du revenu par habitant. Cette création de richesse s’opèrerait notamment grâce aux PME.

Source : http://www.pme.gouv.fr/seminaires/programme27avril.pdf

L’OCDE étudie cette problématique au niveau international. De nombreux pays ont élaboré des politiques en faveur des PME, prenant ainsi la « taille » comme caractéristique importante de différentiation. S’ils ont agi ainsi c’est notamment pour contrebalancer les préjugés réels ou perçus à l’encontre des petites entreprises qui peuvent résulter de certaines réglementations ou des politiques fiscales ou du marché du travail. Le soutien aux PME se justifie également par leur rôle dans la création d’emplois. Depuis que David Birch (1981) a fait remarquer qu’aux États-Unis les petites entreprises jouaient un rôle majeur dans la création d’emplois, on a beaucoup débattu de la validité de ces résultats pour l’ensemble des pays, des secteurs et des périodes.

Source : https://www.oecd.org/dataoecd/18/29/2493085.pdf

Quatre éléments essentiels permettent de caractériser le poids économique des PME :

1 - Les PME de moins de 250 salariés, au nombre de 2 088 000, représentent 58 % de l’emploi salarié et 63 % de l’emploi total (y compris les non salariés), 53 % de la valeur ajoutée, 24 % des exportations et 36 % de l’investissement corporel.

Source : http://www.pme.gouv.fr/economie/

2 - Le poids des PME est très variable dans les économies régionales. En termes de densité régionale – nombre de PME de moins de 250 salariés pour 100 000 habitants –trois grandes zones géographiques apparaissent clairement : la moitié sud où la densité est la plus forte, avec un maximum pour les régions méditerranéennes, un quart nord-est où la densité est la plus faible,entre les deux une zone intermédiaire, l’Ile de France se distinguant des régions voisines par une densité proche de celle des régions méditerranéennes.

3 - Les PME jouent un rôle essentiel dans le commerce et les services. En terme d’emploi, les « services personnels » (coiffure…), le « commerce et réparation automobile », les « hôtels et restaurants » , les « services personnels », sont les secteurs les moins concentrés : les PME de moins de 250 salariés représentent plus de 75 % de l’emploi du secteur. A l’inverse les « services opérationnels » (qui sont des services de main d’œuvre comme l’intérim, le nettoyage, la sécurité …) sont fortement concentrés : les PME représentent à peine plus du tiers de l’emploi total.

4 - Structure de l’emploi salarié dans les PME : tous secteurs confondus, la part des femmes dans l’emploi salarié s’élève à 42 % dans les PME comme dans les grandes entreprises. Dans l’industrie et les services le taux de féminisation est supérieur dans les PME, dans le commerce ce taux est plus élevé dans les grandes entreprises de plus de 250 salariés. Le salaire annuel brut moyen par salarié à temps complet est inférieur dans les PME par rapport aux grandes entreprises, aussi bien pour les femmes que pour les hommes, et pour tous les secteurs.

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III - Les spécificités des PME

On distinguera ici les particularités structurelles des PME, des spécificités qui en découlent.

Les PME se distinguent essentiellement par trois caractéristiques :

JuridiquesHormis le statut de commerçant (personne physique), les PME sont souvent des sociétés de personnes, ou des sociétés de capitaux, de type SARL ou EURL. De ce fait la distinction entre propriétaire et exploitant (ou pouvoir et propriété) n'existe pas dans les petites PME, le propriétaire (du capital) étant aussi le plus souvent directeur, ou gérant. Par ailleurs, les seuils du droit du travail expliquent l'absence fréquente de CE (obligatoire à partir de 50 salariés), et de bilan social (obligatoire à partir de 300 salariés). La seule structure représentative permanente est souvent constituée par le délégué du personnel (obligatoire à partir de 11 salariés). Enfin, compte tenu de l’effectif, les sections syndicales d'entreprise sont rares dans les PME.

OrganisationnellesDu fait de sa petite taille, l'organisation de la PME est souvent informelle, et plus souple que celle des grandes entreprises. De là provient une capacité d'adaptation meilleure que celle des grands groupes, et une part des frais de structure plus faible.

FiscalesLes PME sont soumises soit à l'IS, soit au régime des BIC, en fonction de leur statut juridique. Elles représentent 60% des effectifs salariés des entreprises imposées au régime des BIC.

Ces caractéristiques entrainent trois conséquences essentielles :

Le financement des investissementsDu fait de leur nature de société de personne, ou du fait de la faiblesse du capital, et du nombre d'associés propre aux SARL, les PME ne bénéficient pas de conditions d'emprunt avantageuses auprès des banques (absences de garanties financières, cautions ou garanties personnelles exigées sur le patrimoine du propriétaire). De plus, les SARL n'ont pas accès au marché financier, contrairement aux SA qui peuvent se financer sur le marché des valeurs mobilières (bourse et émission d'obligations; actions, certificat d'investissement, billet de trésorerie etc....).

Les coûts salariauxCompte tenu du niveau de qualification moyen, plus faible que dans les grands groupes à haute intensité capitalistique, le niveau des salaires moyens est généralement moins élevé dans les PME, particulièrement dans les activités de services qui emploient souvent du personnel feminin. Enfin, la faiblesse de la structure administrative amplifie ce phénomène.

Les performances économiquesLa productivité du travail (VA par salarié) est inférieure dans les PME à celle des grandes entreprises, en raison de la faiblesse du capital productif. Enfin, les PME sont peu présentes à l'exportation. 36%

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des entreprises exportatrices sont des PME qui représentent 21% des importation et 31% des exportations.

IV - L’évolution des PME

Depuis 25 ans, les pertes d'emplois dues aux grandes entreprises (notamment industrielles) sont deux fois plus nombreuses que celles dues aux PME (majoritairement présentes dans les services), ce qui explique la progression de la part des salariés employés dans les PME dans l’emploi total depuis 25 ans.

1. L’évolution du nombre de PME est lié à deux mouvements

• Une forte "hausse démographique" des PME. La progression du nombre de création d'entreprises de type TPE puis PME s'explique notamment par la reconversion de certains chômeurs (utilisation des primes de départ) et par la "mise à son propre compte" de cadres ou de jeunes diplômés. [1]

« En 2005, le nombre de créations d’entreprises est en légère baisse. Après deux années de forte hausse, les créations de nouvelles entreprises se maintiennent : 225 000 en 2005. En revanche, les reprises et les réactivations se réduisent. Les créations sont toujours en plein essor dans l’immobilier et la construction. Au contraire, elles baissent dans l’hôtellerie restauration et les transports. Parmi les créations de nouvelles entreprises, 86,5 % se font sans salarié. Les créations de nouvelles entreprises n’augmentent que pour ces entreprises sans salarié, où le créateur ne génère que son propre emploi. Le nombre de chômeurs créateurs aidés a plus que doublé depuis 2002 ».

Source : « En 2005, les créations d’entreprises se maintiennent à un haut niveau » : Insee première, N° 1063 janvier 2006. http://www.insee.fr/fr/ffc/docs_ffc/ip1063.pdf

• Une forte "mortalité infantile" des PME : 20% des PME n'atteignent pas leur premier anniversaire, et 50% disparaissent avant 5 ans. Ce phénomène est du à l'absence de formation des dirigeants, aux problèmes de financement, à des choix stratégiques malheureux (étroitesse de certains marchés ou de certaines zones de chalandise)

Au total, depuis les années 1980, la part des PME dans l'emploi s'est accrue[2].

2. Les PME et l’emploi

Le poids des PME diffère fortement selon le secteur d’activités. Si dans l’industrie et les transports, les PME de moins de 250 salariés représentent un peu moins de la moitié de l’emploi salarié (soit environ 45 %), dans le bâtiment-travaux publics elles concentrent 86 % de l’emploi salarié, 69 % dans le commerce, 60 % dans les industries agricoles et alimentaires et 53 % dans les services.

Dans l’ensemble des secteurs de l’industrie, du commerce et des services, les PME de moins de 250 salariés représentent 58 % de l’emploi salarié (soit 8,2 millions de salariés sur un total de 14,1millions). [1]

3. La résistance des PME

La vitalité des PME s'explique notamment par :

• Un effet de positionnement globalement favorable; la majorité des PME est implantée dans le domaine des services, ou la croissance est plus élevée que dans les autres secteurs.

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• Une meilleure résistance au déclin dans le secteur des biens industriels intermédiaires, compte tenu de la gestion plus souple de la main d'œuvre, de l'absence d’opposition syndicale, et de salaires plus faibles. • Un meilleur ancrage dans le tissu régional, qui les rapproche de leurs marchés et des décideurs locaux, économiques et institutionnels (collectivités locales, CCI etc...). • Le recours à des stratégies spécifiques d’évitement (stratégies de créneaux ou de niches technologiques, et stratégies de distinction), ou à des stratégies de coopération au niveau national (sous-traitance) comme au niveau international (le portage à l’exportation par des réseaux d’entreprise ou bien par l’essaimage). • Un soutien massif de l’Etat, soit par l’allégement de charge sociales sur les bas salaires, jusqu’à 140% du SMIC (mesure dont bénéficie les PME en premier lieu), et par un ensemble de mesures d’aides à l’implantation (les pépinières d’entreprises de l’ex DATAR), d’aides à l’innovation (par le soutient du réseau des ANVAR), d’aides au financement (par le réseau des BDPME), d’aides à l’exportation (COFACE) etc.…[2].

Notes

[1] Nouvelles entreprises, cinq ans après l’expérience du créateur prime sur le diplômeInsee première, N° 106, janvier 2006 : http://www.insee.fr/fr/ffc/docs_ffc/IP1064.pdf

[2] Minefi : http://www.pme.gouv.fr/economie/chiffreclefspme/introduction.pdf

Pour aller plus loin...

Webographie

Les chiffres clés des PME :http://www.pme.gouv.fr/

Loi en faveur des PME du 2 août 2005 :http://www.pme.gouv.fr/grands-dossiers/loi_ent.htm

Loi sur l’initiative économique du 1er août 2003 : http://www.pme.gouv.fr/essentiel/vieentreprise/creaentre.htm

Des sites pour les PME

Le site de la Confédération Générale des PME(CGPME)http://www.cgpme.org/Planète PMEhttp://www.planetepme.org/? TMP-PME.comhttp://www.tpe-pme.com/AGEFOShttp://www.agefos-pme.com/NetPMEhttp://www.netpme.fr/Une étude du Medefhttp://www.medef.fr/medias/files/102240_FICHIER_0.pdf

Bibliographie

Titre Editeur AuteurComprendre l'entreprise :Théorie, gestion, relations sociales

Armand Collin Tony Alberto,Pascal Combemale

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La PME, une entreprise humaine De Boeck Université Robert Wtterwulghe L’entreprise et son environnement économique

Ellipses Martin Jean-Pierre

Stratégies des PME et intelligence économique

Ed Lavoisier Salles Maryse

PME 2005 : rapport OSEO sur l'évolution des PME

Ed Lavoisier Ouvrage collectif

Perspectives de l'OCDE sur les PME et l'entrepreneuriat, ed 2005

Ed Lavoisier Ouvrage collectif

La PME, l'entreprise de l'avenir Gualino Gilles Lecointre

© Cerpeg - Avril 2007

La croissance de l’entreprise

I - Introduction et définitionsII - Les modalités de la croissanceLa croissance interneLa croissance externe, ou les concentrationsIII - La concentration : Panorama généralCauses et objectifsLes voies de la concentrationLa mesure de la concentrationIV - Les types de concentrationLa concentration sociétaleLa concentration contractuelleV - Les groupesDéfinitions et typologieLe contrôle des concentrationsLes désillusions des concentrationsPour en savoir plusWebographieBibliographie

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I - Introduction et définitions

La croissance de l’entreprise est un mouvement de développement de son activité, développement qui peut se mesurer de manière quantitative (augmentation du CA, du profit, de la part de marché, des effectifs employés et de ses ressources) et s’apprécier de manière qualitative (accroissement de la capacité d’influence de la firme sur son marché, élargissement de sa notoriété, développement son image etc…). La croissance de la firme traduit donc sa capacité à maintenir ou à développer sa position dans un environnement concurrentiel hostile.

Illustration : la croissance de Microsoft [1]

Les résultats financiers de Microsoft depuis 2002(en millions de dollars)

Exercice comptable au 30 juin

Exercice 2002 2003 2004 2005

Chiffre d'affaires 28 365 32 187 36 835 39 788

Résultat net 7 829 9 993 8 168 12 254

Pour assurer sa croissance, l’entreprise dispose principalement, de deux voies : la croissance interne et la croissance externe. La croissance externe, par la concentration sociétale ou contractuelle donne naissance à des groupes, de plus en plus internationaux, appelles SMN (sociétés multinationales) ou FMN (firmes multinationales).

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II - Les modalités de la croissance

A - La croissance interne

Elle représente l’auto développement de la firme par ses propres moyens industriels ou commerciaux, c'est-à-dire sans appel à des partenaires (industriel ou commerciaux) extérieurs. Cette modalité de croissance prend la forme :

• d’extension d’ateliers consacrés à la même activité principale, • de création de filiales, a priori consacrées à de nouvelles activités (complément ou diversification).

La croissance interne peut être financée :

• par financement interne (utilisation de la CAF ou cession partielle d’actifs), • par financement externe, soit par emprunts bancaires, soit sur le marché des capitaux .

(Voir sur le site du Cerpeg : le financement de la firme :http://www.ac-versailles.fr/cerpeg/ressdiscipl/economie/ecogene/financement.htm )

La croissance interne permet de conserver le contrôle de la firme (pas d’alliance avec des partenaires extérieurs) et de maintenir la paix sociale (grâce aux créations d’emplois nouveaux ou de promotions), mais induit un développement plus lent.

B - La croissance externe

Elle représente le développement concerté de la firme avec des partenaires industriels ou commerciaux. Cette concertation avec des partenaires extérieurs caractérise le phénomène de la concentration définie par le regroupement des ressources productives de deux ou plusieurs entreprises dont la finalité, quelques soient les moyens et les voies empruntées, est d’accroitre le pouvoir de négociation de la firme vis-à-vis de ses clients comme de ses fournisseurs, et de manière plus générale de résister aux cinq forces de la concurrence de Michaël Porter.

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Zoom : Les cinq forces de la concurrence.

M. Porter montre que, d’une manière générale, toute entreprise présente sur un marché est menacée par 5 « forces » : Les concurrents déjà présents (Toyota, Mercédès ou PSA pour Renault par exemple), les nouveaux entrants (les constructeurs automobiles chinois ou indiens dans les années à venir), les substituts (les transports urbain, les cycles), le pouvoir de négociation des fournisseurs (les équipementiers disposants de technologies prioritaires) et enfin le pouvoir de pression des clients (les menaces de boycott ou de procès par les groupes de consommateurs –ou « class action »- aux USA par exemple).

III - La concentration : Panorama général

A – Causes et objectifs

Les firmes sont appelées à se regrouper pour des motifs diversifiés, liées à la fois à leur environnement général et à leurs objectifs spécifiques.

• D’une manière générale, le regroupement de moyens permet soit de réduire la concurrence, soit de la contrôler partiellement, de bénéficier d’économies d’échelle de production et de commercialisation (accords Renault-Volvo par exemple), de regrouper les moyens de recherche, de bénéficier de diverses synergies (HP –Compaq par exemple) et d’atteindre de nouveaux marchés géographiques (Renault-Nissan par exemple).• De manière plus spécifique le regroupement d’activité permet de retirer plusieurs formes d’avantages : la complémentarité de produits dans l’objectif de diversification de la gamme (Perrier Nestlé par exemple) ; la complémentarité de savoirs faire complémentaires (BNP-Paribas par exemple) ; la complémentarité commerciale par l’extension des réseaux de distribution.

B – Les voies de la concentration

On distingue trois voies principales de concentration :

• La concentration horizontale regroupe des firmes au sein d’un même secteur, fabriquant le même produit principal afin de réduire des coûts de production par économies d’échelles. Dans les services, c’est le cas du groupe Accord, avec les enseignes Formule 1, Ibis, Novotel, Mercure et Sofitel.• La concentration verticale regroupe des firmes situées à différents stades du processus productifs au sein d’une même branche, dans les filières industrielles notamment, afin de s’assurer la sécurité des approvisionnements (intégration ascendante, tel que Michelin) ou des débouchés (intégration descendante, tel que Vivendi-Universal).• La concentration diagonale, ou conglomérale regroupe des entreprises dont l’activité appartient à des branches différentes et techniquement non complémentaires, afin de répartir les risques et de s’assurer de la rentabilité des capitaux. Par exemple General Electric est un conglomérat présent dans les services financiers (Sovac en France), dans l’audiovisuel (RCA-NBC), le nucléaire, la motorisation aéronautique, les chemins de fer (locomotives), les turbines à gaz, l’électroménager etc…

C – La mesure de la concentration

La concentration peut être mesurée par la part des 4 (ou N) premières entreprises dans un secteur donné. La part peut être évaluée sur la valeur ajoutée, le CA, ou l’effectif. L’enquête du Sessi [2] montre ainsi que le secteur le plus concentré est celui de l’énergie (les 4 premiers groupes y détiennent 80% de la VA et 76% des effectifs salariés), suivi par l’industrie automobile. A l‘inverse les secteurs de l’éducation, santé et action sociale ou celui de l’immobilier sont les moins dominés.

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IV - Les types de concentration

A - La concentration sociétale

par la voie des fusions, acquisitions…, elle modifie la personnalité juridique des personnes morales, par l’altération de la raison sociale, du capital, et de la répartition des propriétaires dans le pacte d’actionnaire. La concentration sociétale modifie le contrôle, ou l’indépendance de la firme.

En droit, « La concentration est l'opération juridique résultant généralement d'une entente conclue entre deux ou plusieurs entreprises ou entre des groupes d'entreprises qui, soit par voie de fusion, soit par le jeu du contrôle qu’exercent certains de leurs dirigeants, soit encore par des prises de participations dans leur capital respectif ou par la création d’une entreprise ou d’un groupement commun ou de toute autre manière, parviennent à contrôler tout ou partie de l’ensemble de ces entreprises et donc les activités économiques qu’elles exercent » [2 b]

La concentration sociétale se matérialise par des fusions, absorptions, acquisitions (Air France – KLM) mises en œuvre par plusieurs techniques financières :

• Le ramassage en bourse (achat de titre à vendre sur le marché), • L’OPE, ou offre publique d’échange qui permet à une société de prendre le contrôle d’une autre firme par échange de titre, donc sans coût budgétaire immédiat, • L’OPV, ou offre public de vente, • L’OPA, ou offre public d’achat.

L’opération la plus courante est l’OPA qui peut prendre deux formes :

• L’OPA amicale qui résulte d’une entente préalable entre les parties. Cet accord préalable entre les partie ne pose, a priori, pas de difficultés spécifiques.• L’OPA hostile, qui permet (en cas de réussite) de prendre le contrôle d’une société en dépit de l’opposition des dirigeants de la firme menacée.

L’OPA hostile peut avoir deux finalités : Une finalité industrielle (ou productive) par l’achat d’une activité de complément (Mital-Arcelor) ou de diversification de proximité (BNP-ParisBas). Mais l’OPA hostile peut rechercher une finalité financière dont l’objectif est alors de réaliser les actifs à court terme par la vente par appartement, c'est-à-dire par la vente séparé des divers

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actifs de la firme (siège social, brevet, marque, outils industriel, réseau de distributeur etc…. Contrairement à la logique industrielle l’emploi et l’activité productive sont ici directement menacés.

L’attaquant (ou « raider ») propose au public ou à une partie minoritaire du pacte d’actionnaires de racheter les titres à un cours supérieur à celui du marché. La firme menacée peut réagir alors par surenchère (au risque d’un coût élevé pour les deux parties), ou par l’information aux actionnaires des conséquences négatives de l’opération de rachat (annonces par voie de presse lors des opérations Sanofi-Synthlabo, Total-Elf, BNP-Société générale ect..), ou bien par le rachat de ses propres actions (particulièrement onéreux lors d’une OPA.

Face à une OPA hostile à logique industrielle, la firme attaquée peut alors s’associer volontairement à un repreneur amical (dit « chevalier blanc ») intéressé par l’outil de production, ou par le savoir faire, et dont la reprise garantirait alors la plus grand partie de l’emploi et de l’activité économique.

La finalité des OPA, à caractère financier est donc contestée. La menace des OPA oblige les dirigeants à mener une gestion financière la plus rentable possible, en privilégiant donc la dimension actionnariale de la firme, dans un modèle de gouvernance du type « Share Holder» [3]. Dans un marché ouvert, les dirigeants ont donc intérêt à élever des barrières à l’entrée sur le marché des OPA, soit en rachetant à l’avance leurs propres titres (IBM), soit en ayant recours à une « pilule empoisonnée ».

« Clause prévue par une société et destinée à repousser une prise de contrôle inamicale. Lorsqu'elle est utilisée, la pilule empoisonnée confère aux actionnaires le droit d'acheter un nombre supplémentaire d'actions à un cours inférieur à celui du marché, ce qui a pour effet d'augmenter le nombre d'actions en circulation et de rendre prohibitif le prix de la prise ferme. Ce type de clause de protection, relativement nouveau au sein des entreprises canadiennes, fait l'objet d'une controverse en ce qui concerne les véritables personnes qu'il est censé protéger, soit les actionnaires ou la direction » [4].

B – La concentration contractuelle

Par la voie d’opérations d’impartition, elle permet à des sociétés qui restent juridiquement indépendante de collaborer à des projets communs. Cette situation peut concerner des entreprises rivales, qui produisent en commun un même bien (aux distinctions commerciales près), pour se concurrencer sur les marchés (construction en commun de monospace entre Fiat et PSA, ou entre Ford et VW par exemple).

Cette stratégie de coopération, ou d’alliance, peut prendre diverses formes : franchises (Laines Pingouin, Singer), Concessions exclusives (automobile), GIE ou GIEE (Airbus jusqu’en 1999), co-entreprises ou joint-venture, (Acer-IBM, Air France-Delta Airline,) portage (PME qui utilise le réseau commercial d’une grande entreprise).

Zoom : Les opérations d’impartition

L’impartition est la forme générale des opérations de coopération inter-entreprises destinée à exploiter des complémentarités (entre un producteur et un distributeur, entre un producteur et un assembleur etc..) afin de réduire les couts de recherche, de production, ou de commercialisation. De manière plus théorique, ces opérations visent à créer de la confiance entre les parties par des contrats à long terme (CDI dans le contrat de travail, concession exclusives dans les contrats de distribution) afin de réduite l’opportunisme des agents et de réduire ainsi les coûts de transaction. La concentration contractuelle se concrétise donc par des opérations d’impartition.

Les alliances, entre entreprises indépendantes, permettent simultanément la baisse des coûts , la mise en commun de ressources technologiques, et ouvrent la voie vers l’externalisation de certains services auxiliaires, ou vers la sous-traitance.

V – Les groupes

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La concentration donne naissance à des groupes, c'est-à-dire à un ensemble de firmes, liées entre elles par des liens de capitaux, et donc de contrôle, organisé autour de l’entreprise principale (à l’origine du regroupement), ou société-mère. Un groupe est donc un ensemble de sociétés contrôlées par un même centre de décision (tête de groupe). Le contrôle correspond ici à la détention directe ou indirecte de plus de la moitié du capital social de la société.; Par exemple, Carrefour, Auchan ou Casino sont des groupes commerciaux. Dans le commerce, d’autres formes d’organisation existent, autour des réseaux d’enseigne : par exemple, Intermarché, Leclerc ou Système U correspondent à des groupements de commerçants indépendants.

A - Définitions et typologie

Pour l’INSEE, « Un groupe de sociétés est un ensemble de sociétés contrôlées majoritairement, directement ou indirectement, par une même société, elle-même non contrôlée majoritairement par une autre société (directement ou indirectement) ; cette dernière société est appelée société-mère ou tête de groupe.

Le lien de dépendance est mesuré par la part des voix détenues en assemblée générale ordinaire. On définit :

• Le contour restreint ou "noyau dur" du groupe comme l'ensemble des entreprises détenues directement ou indirectement à plus de 50 % par une société mère, tête de groupe ; la société mère n'est détenue majoritairement, ni directement ni indirectement, par aucune autre société. Dans cette définition, les groupes forment des ensembles disjoints deux à deux.• Le contour "élargi" du groupe comme l'ensemble de toutes les entreprises dépendant du groupe, quel que soit leur degré de dépendance vis-à-vis du centre de décision. Au niveau statistique, le contour élargi des groupes est formé de l'ensemble des entreprises appartenant au contour élargi d'au moins un groupe, sans pouvoir associer une entreprise à un groupe plutôt qu'à un autre » [5].

On distingue ainsi :

• Des groupes industriels : Lagardère (ex Matra) est présent sur 5 métiers tels que le livre, la presse, la distribution, l’audiovisuel et les technologies de l’aéronautique, de l’espace et de la défense :http://www.lagardere.com/groupe/index.shtml• Des groupes financiers : BNP Paribas est présent sur les métiers des banques de détail, des banques de financement et d’investissement, de la gestion des assurances et des titres (Asset management). : http://www.bnpparibas.com/fr/nous-connaitre/profil-groupe.asp#Metiers.• Des groupes de services : Veolia gère quatre activités complémentaires centrées sur l’environnement : la gestion de l'eau, la gestion des déchets, la gestion énergétique et la gestion des transports de voyageurs :http://www.veoliaenvironnement.com/fr/groupe/.

B - Le contrôle des concentrations

Pour faire respecter le principe de concurrence (déjà prévu par les articles 82 et 85 du traité de Rome et actualisés depuis lors), les autorisés publiques sont amenées à se prononcer sur certaines opérations de concentration qui, par la taille du nouvel ensemble ainsi constitué, pourrait modifier l’équilibre du marché. En France, le cadre juridique général est précisé par la loi NRE du 15 mai 2001 relative aux nouvelles régulations économiques, qui a introduit les termes actuels des articles L.430-1 à L.430-10 du Code de commerce.

« Au sein de la politique de concurrence, le contrôle des concentrations est un instrument de régulation a priori de la structure des marchés. Il vise à prévenir les atteintes à la concurrence qui pourraient être créées par une opération de croissance externe d'une entreprise sur un marché donné. Contrairement à une idée souvent entendue, le contrôle des concentrations n’a pas pour finalité de prévenir les éventuels abus de position dominante générés par une ou plusieurs entreprises sur un marché : il poursuit un objectif plus large de prévention des atteintes à la concurrence qui déséquilibreraient le fonctionnement normal des marchés, sans préjuger de comportements éventuellement anticoncurrentiels. » [6].

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Ce contrôle s’effectue d’abord au niveau national, puis au niveau de l’U.E.

En France, Le contrôle des concentrations relève, du Ministre de l'Économie, des finances et de l’emploi, qui peut éventuellement consulter pour avis le Conseil de la concurrence. La DGCCRF est chargée de la mise en œuvre de ce contrôle. Au-delà de certains seuils exprimés en chiffre d'affaires, le contrôle des concentrations relève de la responsabilité de la Commission européenne. En application du principe de liaison étroite et constante avec les États membres, les services de la DGCCRF sont alors chargés du suivi des procédures communautaires et de la préparation des positions de la France. http://alize.finances.gouv.fr/concentration/

Au niveau européen, depuis le 1° mai 2004, le règlement (CE) n° 139/2004, sur le contrôle des concentrations réforme en profondeur le cadre réglementaire de référence. Les deux grands piliers du droit communautaire de la concurrence applicable aux entreprises privées sont les articles 81 et 82. L'article 81 interdit les accords et pratiques concertées qui ont un objet ou un effet anticoncurrentiel sur le marché. L'article 82 interdit l'abus de position dominante. En vertu de l'article 86 du traité CE, les règles de concurrence s'appliquent également aux entreprises publiques à condition toutefois que « l'application de ces règles ne (fasse) pas échec à l'accomplissement en droit ou en fait de la mission particulière qui leur a été impartie ».Mais ce même règlement (CE) n°139/2004 du Conseil relatif au contrôle des concentrations entre entreprises précise que «de telles restructurations doivent être appréciées de manière positive pour autant qu’elles […] soient de nature à augmenter la compétitivité de l’industrie européenne, à améliorer les conditions de la croissance et à relever le niveau de vie dans la Communauté ».

Voir définition de la concentration européenne, du champ d’application et des critères retenus à :http://europa.eu/scadplus/leg/fr/lvb/l26096.htm

C – Les désillusions des concentrations

Destinées à renforcer la capacité des firmes, à défendre leur taille critique, à conquérir de nouveaux marchés par la baisse des coûts, la réduction de la concurrence et l’accroissement des synergies et des complémentarités, les fusions-concentrations ne tiennent pas toutes leurs promesse (Vivendi-Universal par exemple). On estime approximativement que près d’une « méga fusion » sur deux conduit à des désillusions, c'est-à-dire qu’elle n’atteint pas les objectifs qui lui étaient assignés (HP-Compaq par exemple).

Ces désillusions tiennent à plusieurs facteurs, internes et externes.

En interne, on peut relever :

• Le choc de la diversité des cultures d’entreprises, des habitudes, des rites et des mythes (JM. Messier « l’exception culturelle française n’existe plus »), et à la difficile intégration des équipes. • Le coût et le climat social engendré par la disparition des doublons (dans les services administratifs, administratif et de production notamment Alcatel-Lucent par exemple), facteurs de démotivation des équipes en place.• La charge financière totale de l’opération, souvent pratiquée par endettement. Ce dernier est supportable en cas de hausses des cours boursiers, mais devient particulièrement pénalisant en cas de retournement brutal du niveau des actions, entraînant ainsi un endettement dangereux pour la survie même de la firme (France télécom- Orange, Vivendi-Universal après le krach Internet de septembre 2000).• Le poids des absences de synergies, ou de l’autoconcurrence au sein des mêmes groupes (Hoechst – Rhône Poulenc).

En externe on constate :

• Une évasion de la clientèle, liée à l’absence de complémentarité des gammes (HP-Compaq), ou à des contraintes réglementaires (Carrefour-Continent-Promodès).• Une dégradation de l’image de la marque (Chute des ventes de Mercedes aux USA après la fusion Chrysler-Daimler).

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Au final, la vague de concentration s’accélère avec l’apparition de nouveaux acteurs en Inde (Mital) et en Chine (Lenovo). Ce mouvement accompagne deux phénomènes ; d’une part l’accroissement de la concurrence internationale ; d’autre part la hausse des seuils critiques, c'est-à-dire de la capacité financière, industrielle et commerciale de la firme à se maintenir sur ses marchés, compte tenu notamment de la dérive des coûts du progrès technique et des investissements.Des monopoles naturels mondiaux peuvent ainsi apparaître. La mise en place de la station orbitale internationale Alpha illustre ainsi l’apparition de stratégies d’impartition mondiale.

[1] Source : http://solutions.journaldunet.com/0605/060502-resultat-trimestriel-microsoft.shtml[2] Source : la concentration des groupes, Les cahiers du Sessi, NO 219, juin 2006http://www.industrie.gouv.fr/biblioth/docu/4pages/pdf/4p219.pdf[2b] Source : http://www.dictionnaire-juridique.com/definition/concentration.php[3] Voir le cours de Bernard Paranque, Université de Paris I, page 3 :http://www.librecours.org/documents/4/418.pdf[4] Source : http://www.financierebn.com/webinfo/glossaire_fr/outils_glossaire_bp.html[5] Source : http://www.insee.fr/fr/nom_def_met/definitions/html/groupe-societes-entreprises.htm[6] Source : http://alize.finances.gouv.fr/concentration/lignesdirectrices.pdf

Pour en savoir plus…

Webographie

Voir un exemple (ancien) de TD avec Statis : http://webetab.ac-bordeaux.fr/Etablissement/SudMedoc/ses/1999/mes-conc.htm

La mesure de la concentration dans les médias :http://www.solvay.edu/EN/Research/Bernheim/documents/Media-Concentration-2005-S.pdf

Regards juridiques :http://lexinter.net/Legislation/concentration_economique.htm

La concentration dans les entreprises de service (INSEE première septembre 2005, N° 1038) :http://www.insee.fr/fr/ffc/docs_ffc/IP1038.pdf

Les groupes dans le commerce : Insee Première n°1115 - janvier 2007 :http://www.insee.fr/fr/ffc/ipweb/ip1115/ip1115.html

Au-delà des entreprises : les groupes Insee première N° 836 - mars 2002 :http://www.insee.fr/fr/ffc/docs_ffc/IP836.pdf

INSEE Première N° 1069, mars 2006 :Les groupes étrangers en France - En dix ans, 1,8 fois plus de salariés

INSEE première :http://www.insee.fr/fr/ffc/ficdoc_frame.asp?doc_id=1590&analyse=1&path=/fr/ffc/docs_ffc/IP1069.pdf

Analyse des concentrations :http://www.finances.gouv.fr/dgccrf/02_actualite/ateliers_concu/analyseconcentration4.htm

Le bilan des concentrations, vu de l’OCDE :http://www.oecd.org/dataoecd/50/24/24744001.pdf

Bibliographie

Titre Editeur AuteurÉconomie des fusions et acquisitions

Repères – La découverte

Coutinet, Sagot-Duvauroux

La culture d’entreprise Repères – La découverte

Eric Godelier

Fusions acquisitions Dunod Olivier Meier, Guillaume

Page 49: économie

SchierEntreprise et évolution économique Belin Durand (Rodolphe)Stratégies des entreprises et efficacité économique

Breal J.M. Huart

Stratégies d'entreprise Lavoisier André Labourdette

© Cerpeg - Mai 2007

Le revenu des ménages et son utilisation : consommation et épargne

par Jean-Pierre TESTENOIRE, professeur d'Économie-gestion au lycée Les Bruyères - Académie de Rouen.

1. L’origine des revenus Typologie généraleLes revenus des ménages2. La consommation des ménagesAnalyse macro économiqueAnalyse micro économiqueL’évolution de la consommation3. L’épargneLes motifs de l’épargneLes déterminants de l’épargneL’évolution du taux d’épargne4. Notes5. Pour aller plus loinWebographie et bibliographie

Application téléchargeablepar Catherine Guidez, professeur d'Economie-gestion au Lycée G. St Hilaire -Etampes - Académie de Versailles.sujet (175 Ko) + corrigé (47 Ko)

Le revenu primaire représente les recettes monétaires que les agents tirent de leur contribution, directe (production) ou indirecte (placement de l’épargne), à l'activité économique. On distingue quatre formes principales de revenu : les revenus du travail (exemple le salaire pour les ménages), les revenus de l’épargne (intérêts et dividendes), le profit (des entreprises) et la rente (revenu régulier qui ne dépend pas du travail mais de la propriété foncière ou des placements en emprunts publics).

1. L’origine des revenus

Les revenus représentent la contrepartie monétaire de l’activité productive des agents.

1.1 Typologie générale

Le revenu primaire, complété par des transferts (allocations, subventions), correspond au revenu brut. Le revenu net, ou revenu disponible d'un ménage comprend les revenus d'activité, les revenus du patrimoine, les transferts en provenance d'autres ménages et les prestations sociales (y compris les pensions de retraite et les indemnités de chômage), nets des impôts directs (1).

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Revenu brut = revenus primaires + revenu secondaire (ou de transfert)Revenu net = revenus bruts – (impôts directs + cotisations sociales)

Le revenu réel est un indicateur du pouvoir d’achat c'est-à-dire la quantité de bien et services qu’il permet d’acquérir compte tenu de l’évolution des prix. Le revenu réel se distingue du revenu nominal, exprimé en quantité de monnaie, qui ne tient pas compte de l’évolution de l’inflation.

Illustration :

Un salarié reçoit, en début d’année un salaire de 1000 € Au cours de l’année, il bénéficie d’une augmentation de 2 %. Son salaire nominal en fin d’année est de 1020 €. S’il n’y a pas d’inflation au cours de l’année, le salaire nominal (et son évolution) correspond au salaire réel, soit une augmentation de 2 %. Si l’inflation est de 1,5 %, le salaire réel n’augmente donc que de 0,5 points, soit 1005 € en terme de pouvoir d’achat. par rapport à l’an passé. Si l’inflation est de 3 %, le salaire réel diminue alors de 1 point, soit un pouvoir d’achat de 990 € par rapport à l’an passé. En 2004, le pouvoir d'achat des ménages n'a augmenté que de 0,3 %, soit la plus faible hausse depuis 1996, (source : "France, portrait social", l’Insee (novembre 2004).

Le revenu national (total des rémunérations reçues par tous les agents pour leur participation à la production) c'est-à-dire le total des revenus primaires, est égal au PIB, diminué du total des impôts liés à la production et augmenté des subventions reçues par les agents.

RN = PIB + Revenus versés aux reste du monde – revenus reçus du reste du monde (2)

Une seconde approche du revenu national illustre son utilisation. En effet, le revenu national est affecté à la consommation (C), l’épargne et l’investissement (I) les impôts (G, ou dépenses publique), et aux opérations avec les agents non résidents (exportations – importation soit X-M).

RN = C+ I + G + (X-M) (3).

1.2 Le revenu des ménages

Le menu des ménages est constitué des revenus primaires (ou directs) et des revenus secondaires (ou indirects, ou revenus de transfert).

• Les revenus directs contiennent : o Les revenus du travail : salaires, cachets, honoraires, etc... o Les revenus du capital, c'est-à-dire de l’épargne placée : intérêts et dividendes o Les revenus mixtes, dits revenus de la propriété : loyer, droits d’auteur, revenus des brevets …

• Les revenus indirects comprennent : o Les revenus reçus en échange d’une contrepartie (cotisation préalable) généralement financée au titre de la solidarité professionnelle entre actifs : retraites, allocations chômage, indemnité maladies… o Les revenus sans contrepartie préalable, généralement financée par l’impôt au titre de la solidarité nationale entre citoyens : RMI, bourses scolaires.

L’évolution récente montre, après une forte progression dans la période 1997 -2001, une baisse du taux de croissance du salaire net en 2002 puis une baisse, en valeur absolue l’année suivante.

Pouvoir d'achat des revenus des ménages. Évolution en %

Intitulés 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003

Salaires et traitements bruts 1,5 3,0 4,1 3,9 3,7 1,6 0,1

Cotisations sociales à la charge des salariés -4,0 -20,4 4,3 3,8 2,7 3,1 2,4

Salaires et traitements nets 2,7 8,0 4,1 3,9 3,9 1,4 -0,3

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Prestations sociales autres que trasf. soc. en nature

1,4 1,9 2,3 1,2 2,2 2,9 2,3

Revenus salariaux et sociaux 2,2 5,6 3,4 2,9 3,2 1,9 0,7

Excédent d'exploitation et revenu mixte -0,4 2,5 1,2 2,8 2,5 2,7 2,4

Cotisations des non salariés -0,2 -24,3 3,8 4,6 7,2 0,7 0,3

Revenu disponible brut 1,5 2,8 2,8 3,1 3,2 2,3 0,3

Source : INSEE, Comptes Nationaux - Mise à jour le 27 avril 2004http://www.insee.fr/fr/indicateur/cnat_annu/base_95/principaux_resultats/htm/t_1604_95.htm

Deux illustrations :

a - La part des transferts sociaux (dont les retraites) représente près du tiers du revenu moyen des ménages, en régression depuis 10 ans (figure 1)..

b - La progression du pouvoir du d’achat des salarié(e)s s’est ralentie depuis 30 ans (figure 2)

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Les ménages répartissent leur revenu net disponible (après versement des impôts et cotisations sociales et encaissements des revenus indirects) entre la consommation et l’épargne.

2. La consommation

La consommation est l’opération qui détruit de la valeur, par l’utilisation d’un bien ou service, afin de satisfaire un besoin. Cette fonction économique est l’un des moteurs de la croissance, par la demande qu’elle exerce auprès des entreprises (source de création d’activités et d’emploi).

On distingue généralement plusieurs formes de consommation :

• Selon la nature du consommateur, entre la consommation finale (le dernier utilisateur, le ménage) et la consommation intermédiaire (consommation des entreprises dans un but de production). • Selon la nature du produit consommé, entre la consommation de biens fongibles (immédiatement détruit dès la première utilisation), de biens semi durables et durables. • Selon le prix de l’utilisation du bien, entre la consommation marchande (le bien est proposé à un prix supérieur à son coût de revient) et la consommation non marchande (le bien est proposé à un prix inférieur à son coût de revient, comme pour les transports en commun urbains, voire sans prix, comme pour la scolarisation obligatoire).

La consommation est liée d’une part au revenu (consommation marchande) mais aussi à l’offre de l’État de services publics dont la consommation est rendue obligatoire par la loi (l’école) ou dont la consommation relève de l’utilisation de biens collectifs tels que la santé, la justice (consommation non-marchande). Ainsi, de nombreux facteurs viennent compléter, et complexifier, le lien entre consommation et revenus, en termes micro et macro économiques. Les effets de ces facteurs sont perceptibles dans le constat de l’évolution de la consommation.

2.1 Analyse macroéconomique

Dans l’approche keynésienne, la consommation marchande résulte de la différence entre le revenu et l’épargne : R = C+S. La part moyenne du revenu consacré à la consommation (la propension moyenne à consommer) est globalement constante (82 % du revenu). Cette part moyenne se distingue de la propension marginale à consommer qui relève l’utilisation du dernier revenu perçu (achat exceptionnel en cas de recette exceptionnelle).

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M. Friedman, dans la théorie du revenu permanent complète la relation revenu-consommation en montrant que les individus effectuent des anticipations rationnelles en adaptant leur consommation non pas au revenu immédiat, mais au revenu futur anticipé. Ainsi la consommation peut s’écarter du niveau de revenu actuel en fonction d’une prévision d’accroissement (ou de réduction) des ressources.

La théorie du cycle de vie, de F. Modigiani introduit une nouvelle distance entre niveau de revenu et niveau de consommation. Au-delà du revenu, la consommation d’un agent est aussi liée à sa position dans son cycle de vie. Avant la période d’activité, les agents consomment sans disposer d’un revenu propre (les adolescents par exemple). Pendant la période d’activité le niveau de consommation des agents est inférieur à leur revenu (constitution d’une épargne de précaution pour les « vieux jours). Enfin, pendant la retraite, le niveau de consommation peut être supérieur au niveau des pensions reçues (par ex., grâce à l’absence de loyer à payer pour les propriétaires de résidence principale) (figure 3).

Duesenberry, avec la théorie du revenu relatif, montre l’importance des effets d’imitation. L’agent est tenté de reproduire le mode de consommation de la PCS « supérieure », produisant ainsi un effet de démonstration.

2.2 Analyse micro économique

Dans l’analyse néo classique, le consommateur est un être parfaitement rationnel qui cherche à maximiser l’utilité de son budget par le point de tangence entre sa courbe d’indifférence (ou courbe d’iso-satisfaction) et sa droite de budget. Traditionnellement la demande, donc la consommation, suit la loi de l’offre et de la demande. La demande augmente lorsque les prix baissent. Mais de nombreux facteurs viennent nuancer cette vision plutôt mécanique.

L’effet Giffen montre que la baisse des prix de produits inférieurs (biens alimentaires de première nécessité par exemple) peut entrainer une hausse de la demande de ces biens, les seuls accessibles pour les ménages les plus modestes en cas de hausse des prix des biens supérieurs.

L’effet Veblen (ou snob-effect) montre que les consommateurs cherchent à se distinguer en achetant les produits les plus onéreux (effet de distinction).

L’effet mode, sous l’influence notamment de la publicité et des techniques de la mercatique entraîne les consommateurs vers des comportements bien éloignés de la rationalité néo classique. De même que le prix élevé est perçu comme un signal de qualité, les marques connues exercent un effet d’attraction vers le consommateur….

Le phénomène des élasticités permet aussi d’éclairer des liaisons paradoxales entre évolution des prix et évolution de la demande. L’élasticité mesure les conséquences de l’évolution d’une variable (le revenu, le prix, la demande) sur l’évolution d’une autre variable.

• L’élasticité-prix montre la sensibilité de la demande d’un bien X par rapport à l’évolution de son prix. On constate, que l’augmentation du prix de certains biens (carburant automobile, tabac, alcool) n’entraine pas de baisse sensible de la demande (sauf augmentation brutale et soutenue des prix). A l’inverse la baisse des prix de certains bien inférieurs n’entraîne pas d’augmentation de la demande pour ce bien (le pain, par exemple). La demande de ces biens est dite inélastique par rapport aux prix.• L’élasticité-revenu montre l’évolution de la demande des biens en fonction de l’évolution des revenus. Ainsi, une augmentation durable des revenus entraine un

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déplacement de la demande, soit une baisse de la demande pour les biens inférieurs et une hausse de la demande pour les biens supérieurs de confort. On rejoint ici la loi d’Engel qui explique par exemple que lorsque le revenu des ménages augmente, la part du budget (ou coefficient budgétaire) consacrés aux biens de première nécessité (dont les produits « de base » de l’alimentation), diminue. • Les élasticités croisées mesurent les effets de la hausse du prix d’un bien X sur la demande d’un autre bien Y, dans la mesure ou ces biens sont substituables. L’augmentation du prix du fioul domestique peut entrainer par exemple l’augmentation de la demande du bois de chauffage.

2.3 L’évolution de la consommation

L’observation empirique de l’évolution de la consommation permet de constater trois éléments principaux :

• La confirmation de la loi d’Engel, par la modification de la structure de la consommation, en général et de la consommation alimentaire en particulier (moins de pain, plus de brioche). (figure 4)

• La croissance régulière de l’équipement des ménages en biens durables. La croissance du taux d’équipement des ménages est caractérisés simultanément par la faible croissance les produits anciens (croissance par renouvellement ou changement technologiques dans l’électroménager et l’automobile) et la forte croissance des produits récents (téléphonie mobile, micro-ordinateurs) (figure 5 et 6).

Figure 5 : Taux d’équipement des ménages en bien durables (Source INSEE TEF 2003).

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Figure 6 : évolution du taux d’équipement automobile ((Source INSEE TEF 2003).

• L’inégalité de la consommation en fonction du revenu, de l’âge et de la PCS d’appartenance (dépense de santé des agriculteurs exploitants, des ouvriers, et cas limite, des chômeurs de longue durée et SDF notamment). De même, l’impact de ces variables est visible sur le taux de départ en vacances (directement lié à la PCS d’origine), ou sur le taux d’équipement de certains biens d’équipements (les lave-vaisselle et les micro-ordinateurs sont l’apanage des plus jeunes). Source : Insee/Educnet : http://www.educnet.education.fr/insee/cons/default.htm

3. L’épargne

Fraction du revenu non consommé, l’épargne a une fonction économique. En fournissant les capitaux nécessaires aux entreprises pour leurs investissements, elle contribue à la croissance et à la modernisation de l’outil productif.

L’épargne réunit les agents à capacité excédentaire de financement (les ménages) et les agents à besoin structurel de financement (les entreprises).

3.1 Les motifs de l’épargne

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On distingue trois motifs essentiels :

• L’épargne de constitution (acquisition de biens immobiliers : ex. la résidence principale) destinée à la constitution d’un patrimoine (plan épargne logement).• L’épargne de précaution (retraite, dépenses de santé, avenir des enfants...). Dans ce sens, l’effort d’épargne est inversement lié à l’importance du système de protection sociale en vigueur. • L’épargne de spéculation est destinée à procurer des gains financiers et à maintenir la valeur du patrimoine, (notamment érodé par l’inflation) par des transactions sur le marché financier et boursier, par l’achat de SICAV, de parts de FCP, d’actions et d’obligations, de livrets A défiscalisés de la caisse d’épargne...

3.2 L’analyse économique de la fonction d’épargne

• Dans la théorie classique, c’est l’arbitrage par le taux d’intérêt (4) qui réparti le revenu entre consommation et épargne. • Dans la théorie keynésienne, c’est l’arbitrage par l’importance du revenu qui détermine la part de l’épargne (la propension moyenne à consommer, la PMS), le taux d’intérêt n’intervenant, en second lieu, que pour la répartition des formes d’épargne entre placements et détention de monnaie (hypothèse de préférence pour la liquidité).

3.3 L’évolution du taux d’épargne

Situé entre 18 et 20 % du revenu disponible dans les années 1970, le taux d’épargne (5) des ménages à chuté pendant les années 1980 (10 % en 1987), pour remonter dans les années 1990 (16,2 % en 2001) (figure 7).

Plusieurs facteurs expliquent cette évolution :

• La baisse du taux d’inflation, qui renchérit le coût des emprunts et réduit le revenu net des prêts.• La faible progression du pouvoir d’achat, liée au partage de la V.A., défavorable au travail et favorable aux revenus du capital. • L’inquiétude des ménages quant au financement de la sécurité sociale et des retraites, et quant à l’avenir de l’emploi.

Page 57: économie

En conclusion, le marché lie efficacement les revenus à l’épargne et/ou à la consommation, au prix d'inégalités économiques certaines, alors que l'action de l’État dans ce domaine réduit plutôt les inégalités sociales, au prix d'un coût budgétaire qui pose aujourd’hui problème pour l'équilibre des finances publiques, comme le montre le déficit croissant des comptes de la sécurité sociale (-13 Milliards d’€ en 2004 selon le rapport de la Cour des comptes de septembre 2005).

4. Notes

(1) http://www.insee.fr/fr/nom_def_met/definitions/html/revenu-disponible.htm

(2) http://www.insee.fr/fr/indicateur/cnat_annu/base_95/tableaux/ex/tab_eco_ensemble_ex.htm

(3) http://coursenligne.sciences-po.fr/2004_2005/economie/cours_jpf/seance_6_imp.pdf

(4) Taux d'intérêt à long terme : part du loyer de l'argent perçu (par le prêteur) ou versé (par l'emprunteur) dans la somme totale échangée pour une durée supérieure à cinq ans

(5) Taux d'épargne : part du revenu net (après impôt) non consommé placé sous forme d’actifs financiers, soit conservé en moyens de paiement liquide.

5. Pour aller plus loin...

5.1 Webographie

Sur la consommation des ménages

Site Insee-Educnet : La consommationhttp://www.educnet.education.fr/insee/cons/default.htm

Les salaires dans les entreprises en 2003, INSEE Première, mars 2005http://www.insee.fr/fr/ffc/docs_ffc/IP1007.pdf

La France en faits et chiffres : revenus et salaires, Inseehttp://www.insee.fr/fr/ffc/accueil_ffc.asp?theme=4

L’indice des prix à la consommation :http://www.insee.fr/fr/indicateur/indic_cons/indic_cons.asp

Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudeshttp://www.finances.gouv.fr/DGCCRF/

CREDOC : L’achat-plaisir dope la consommationhttp://www.credoc.asso.fr/4p/146.pdf

La consommation des françaishttp://www.conso.net/page/

Sur le revenu des ménages

Le surendettement des ménages – Service publichttp://www.service-public.fr/accueil/conso_ret_perso.html

Typologie du surendettement – Banque de Francehttp://www.banque-france.fr/fr/publications/telechar/autres_telechar/typologi.pdf

La pauvreté – Bipe 40http://www.bip40.org/fr/

Page 58: économie

Ministère de l’emploi - observatoire de la pauvreté et de l’exclusion socialehttp://www.social.gouv.fr/htm/pointsur/onpes/publications.htm

Le RMI : Financement et bilan http://www.senat.fr/themes/tr20recents.html

Sur l’épargne

L’épargnehttp://www.lesclesdelabanque.com

L’épargne salarialehttp://www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers/epargne-salariale/index.shtml

5.2 Bibliographie

Titre Editeur AuteurL’économie politique Armand Colin – Cursus A. SilemL’Allocation universelle Repères – La découverte Philippe VAN PARIJSL’économie française 2006 Repères – La découverte OFECLa consommation des Français

Repères – La découverte N. Hepin, D. Verger

Le nouvel âge des inégalités

Le Seuil Fitoussi - Rosanvallon

La société des consommateurs

O. Jacob R Rochefort

L’épargne PUF P Arthis D PlihonMacro économie (Tome 1) Bréal C. Monjal

© Cerpeg - Février 2006

La croissance (1)Le concept de croissanceLes analyses théoriques du concept de croissanceLes cycles de croissancePour aller plus loin...

Applications téléchargeables : La croissance (document word sujet + corrigé) par Catherine Guidez

Le concept de croissance

La croissance économique est définie comme l’accroissement durable de la production globale d’une économie. C’est donc un phénomène quantitatif que l’on peut mesurer. L’augmentation du PIB (produit intérieur brut) ou du P.N.B (produit national brut) permet de mesurer la croissance économique.

La croissance se distingue du développement qui désigne l’ensemble des transformations techniques, sociales, démographiques et culturelles accompagnant la croissance de la production. Le développement traduit l’aspect structurel et qualitatif de la croissance.

Schumpeter définit la croissance comme «un processus de destruction créatrice qui révolutionne incessamment de l’intérieur la structure économique, en détruisant continuellement des éléments vieillis et en créant continuellement des éléments neufs. »

Les analyses théoriques du concept de croissance

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Trois courants expliquent l’évolution des approches de la croissance :

Les pessimistes

Pour D. Ricardo on ne peut échapper à l’état stationnaire parce que les mécanismes économiques s’opposent. Ainsi la population augmentant, le prix des biens nécessaires (achetés par les travailleurs) ne cessera de croître, car leur production exigera toujours plus de travail, en raison des rendements décroissants. Ce qui augmente la rente foncière (différences de rendement entre les terres les plus productives et les terres les moins productives) des propriétaires, mais aussi, en renchérissant les salaires, comprime les profits et finit par paralyser la croissance.

Pour Malthus contrairement à la loi des débouchés de J.B. Say, l’incitation à la consommation et à l’investissement finit inéluctablement par devenir insuffisante pour dynamiser le système. L’incitation à la consommation, parce que la richesse tend davantage à se concentrer entre les mains des rentiers au lieu de se diffuser dans l’ensemble du corps social. L’incitation à l’investissement, parce qu’il ne vaut pas la peine de produire davantage lorsque les débouchés se révèlent insuffisants. C’est donc autant pour des raisons économiques que pour des raisons démographiques que le système se bloque, que la croissance est freinée, puis empêchée.

Les moralistes

Keynes pense que du fait d’une utilité marginale forcément décroissante, l’attrait de la marchandise se réduit peu à peu et que d’autres activités, jugées plus valorisantes comme la culture, les amis, la politique, viennent alors progressivement se substituer aux activités économiques (passer des valeurs d’avoir à des valeurs d’être). La croissance se poursuit donc.

Pour J.K.Galbraith, malgré une forte croissance, la pauvreté n’a pas été éliminée dans les pays riches comme les Etats-Unis, du fait des inégalités et du refus majoritaire d’une redistribution suffisante des richesses. « Si la production crée les besoins qu’elle cherche à satisfaire ou si les besoins surgissent en même temps que la production, on ne peut plus utiliser l’urgence des besoins pour défendre l’urgence de la production. La production se contente de remplir le vide qu’elle a elle-même crée ». De ce fait, la justification de la croissance comme créant davantage de bien-être est illusoire. Seule la production de services collectifs, largement en retard dans les sociétés opulentes, pourrait aujourd’hui justifier la croissance, parce que ces services (l’école, les transports publics, les espaces verts…) sont en mesure de réduire les handicaps dont souffrent les populations les plus pauvres.

Les catastrophistes

Le rapport Meadows du club de Rome (1972), pour éviter l’épuisement des ressources naturelles, la multiplication des pollutions et l’augmentation de la population mondiale, préconisait la croissance zéro. Il recommandait d’entamer sans tarder une transition vers un « état d’équilibre », caractérisé par un arrêt de la croissance démographique et de celle du capital investi : « Notre système actuel de production est autodestructeur, et le cours suivi par la civilisation humaine est suicidaire ». Meadows s’oppose à la thèse de J.B. Say « les richesses naturelles sont inépuisables, car sans cela nous ne les obtiendrons pas gratuitement. Ne pouvant être multipliées ni épuisées, elles ne sont pas l’objet des sciences économiques. ». L’approche catastrophique de Meadows est critiquable car il n’a pas pris en compte les possibilités d’évolution technologique et sociale.

Selon le marxiste S. Latouche (2003) le progrès et la croissance ne mènent qu’à des formes variées d’asservissement. C’est la domination de l’avoir sur l’être, en faisant miroiter aux plus pauvres un avenir meilleur alors qu’il ne peut être que pire, enfin en laissant croire que les problèmes sociaux peuvent être résolus par le recours à la technique, alors que celle-ci déshumanise l’homme et aggrave les inégalités.

Les cycles de croissance

La croissance économique n’est pas régulière, elle est caractérisée par une succession de phases d’expansion, puis de ralentissement de l’activité économique. Si à long terme l’économie enregistre un taux de croissance tendanciel, à court terme l’activité économique enregistre des fluctuations, des cycles, autour de ce trend croissant.

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Cette démarche conduit à calculer un indicateur d’écart d’activité. Cet indicateur est égal à la différence entre le PIB observé et le PIB considéré comme soutenable (c’est à dire obtenu sans tensions exceptionnelles).

Toutes les économies connaissent des fluctuations cycliques de leur activité. On distingue :

• Les cycles en phase : on peut observer cette situation dans le cas des économies européennes du fait de la convergence à la fois de leur structure économique et de leur politique budgétaire et monétaire. • Les cycles en opposition de phase : cette situation marque un manque de synchronisation. C’est le cas de la situation économique du japon dans les années 97 à aujourd’hui qui apparaît en opposition de phase avec les économies européennes. • Les cycles décalés : c’est le cas de l’évolution de l’activité économique aux USA et en Europe.

La typologie des cycles

Les cycles longs

Nicolas Kondratiev met en évidence l’existence de cycles dont la périodicité est comprise entre 40 et 60 ans. Ces cycles présentent des caractéristiques communes :

• en phase A : les prix, la croissance de l’activité, la production et l’emploi varient dans le même sens à la hausse ;• en phase B, c’est l’inverse : la phase A correspondrait à la période des 30 glorieuses (1945 1973), tandis que la phase B débuterait avec la crise ouverte de 1973 où l’on assiste non pas à une déflation mais à une stagflation. On constate donc une récession (ralentissement du taux de croissance) c’est la spécificité de cette phase B de ce cycle.

Les cycles moyens ou cycles des affaires

Ils sont également appelés cycles Juglar (du nom de son inventeur Clément Juglar, économiste français) et sont d’une durée de 9 à 10 ans. Ces cycles comprennent 4 phases :

• une phase d’expansion, • une phase de crise, • une phase de dépression, • une phase de reprise.

Les cycles courts (appelés aussi cycles de Kitchin)

Joseph Kitchin, statisticien souligne en 1923 l’existence de cycles d’une durée de 3 à 4 ans. Ces cycles seraient liés aux variations de stocks de la part des entreprises. Ainsi en période de croissance, les entreprises ont une double préoccupation : offrir sur le marché une production correspondante au niveau de la demande et constituer des stocks de sécurité pour parer à toute pénurie. En période de récession, celles-ci réduisent non seulement leur production, mais procèdent également au déstockage ce qui accentue le ralentissement de l’activité

Représentation schématique des cycles économiques

Les cycles peuvent se définir comme un type de fluctuations qui affectent l’activité économique globale des nations :

• Un cycle concerne l’activité économique générale, le PIB et ses composantes (consommation nationale, investissement, échanges extérieurs), les agrégats sectoriels (agriculture, industrie, services…) ou des variables particulières (emploi, durée du travail, taux de variation des prix des matières premières, cours des actions).

Page 61: économie

• Un cycle n’a pas de caractère périodique, il se caractérise par sa récurrence, c’est à dire par un processus de recommencement perpétuel.• Un cycle a une morphologie propre, il comprend 4 phases (ascendante, expansion, descendante, récession).

Par-delà les cycles, on peut déceler une tendance, appelée trend (tendance en français) de progression ou de diminution de l’activité.

Les facteurs qui expliquent les théories des cycles

3 facteurs expliquent l’origine des mouvements cycliques :

Les facteurs exogènes

Les facteurs qui se situent dans l’environnement externe des marchés des biens et du travail : on parle de facteurs exogènes. Ainsi un environnement instable (les aléas climatiques, les catastrophes naturelles, les innovations techniques, l’optimisme ou le pessimisme des acteurs économiques, l’évolution démographique, la régularité des échéances électorales, les événements politiques sont de nature à provoquer des cycles.

Les facteurs endogènes

Les facteurs qui interviennent dans le fonctionnement interne des marchés. : on parle de facteurs endogènes. Ils expliquent les fluctuations conjoncturelles par l’interaction du comportement des agents économiques comme l’accumulation du capital. Les entrepreneurs vont accumuler du capital dans le but d’ajuster leur capacité de production au niveau de la demande qu’ils anticipent. S’ils anticipent une hausse de la demande, ils vont accroître leur capacité de production désirée : c’est l’effet accélérateur. En tant que composante de la demande, l’accroissement du stock de capital désiré par les entrepreneurs induit une hausse de la demande de biens d’équipement. Cet investissement supplémentaire contribue à renforcer la progression de la demande globale anticipée. C’est l’effet multiplicateur

Les facteurs financiers

Les facteurs financiers qui contribuent à propager et à accentuer les fluctuations de l’activité : on parle de facteurs financiers. La décennie 1980 a été marquée par la globalisation financière avec ouverture et déréglementation des marchés de capitaux, désintermédiation bancaire, innovation dans de nouveaux produits financiers, besoins de financement croissants des administrations publiques, instabilité des systèmes de change, crises financières en Asie, Russie et Argentine (2002). Ces facteurs ont contribué à la montée du risque financier, généré un climat d’incertitude.

Pour aller plus loin...

Bibliographie

Macroéconomie T3 - croissance, cycles et fluctuations - Daniel Labaronne - LE SEUIL Croissance et chômage - Olivier Blanchard, Jean-Paul Fitoussi - La documentation francaise Croissance, fluctuations et crises - Marc Nouschi - Le Seuil - Para universitaire A quand la croissance - Fitoussi - L'Aube - Sciences humaines

Page 62: économie

Croissance et developpement - Economie (Edition 2002) - Jean-Marc Huart Les nouvelles théories de la croissance - Pierre Ralle, Dominique Guellec - La Découverte

Webographie

http://beagle.u-bordeaux4.fr/yildi/croissance/croissanceweb/ : un cours complet sur la croissance mais d’un haut niveau universitaire

http://www.vie-publique.fr/actualite/dossier/croissance/relancer_croissance.htm : relancer la croissance en 2005. Pourquoi ? Comment ? Un dossier complet publié par le site Vie publique (documentation française)

http://citoyen.eu.org/index.php/croissance/economique : un choix de textes et de liens sur le thème de la croissance économique

© Cerpeg 2005

Les effets de la croissance (2) Les déterminants pour relancer la croissanceLes effets de la croissancePour aller plus loin...

Applications téléchargeables : La croissance (document word sujet + corrigé) par Catherine GUIDEZ

En 2002 la croissance en France a été de 1 % tandis que la moyenne de la zone euro atteignait 0,7 %, en comparaison avec les USA : 2,4 %. Se pose alors la question :

« Est-il plus efficace pour relancer la croissance d’agir sur l’offre, en allégeant les charges qui pèsent sur les entreprises, ou sur la demande, en accroissant le pouvoir d’achat des consommateurs ? ».

Les déterminants pour relancer la croissance

L’action sur l’offre

Les politiques de l’offre désignent l’ensemble des mesures qui cherchent à améliorer la compétitivité et la profitabilité des entreprises comme :

• l’abaissement des impôts ou des charges sociales, • l’allégement des contraintes en matière de licenciement ou la simplification des formalités administratives, • la hausse des dépenses publiques en matière de recherche et développement, • l’amélioration de la qualité de l’enseignement et de la formation.

L’action sur la demande

Les politiques de la demande soutiennent le revenu des ménages pour inciter à la consommation créant aussi des débouchés pour les entreprises. Cela peut concerner aussi bien l’accroissement des revenus directs qui peuvent résulter d’une diminution de la fiscalité ou des charges sociales salariales, que la hausse des consommations indirectes, conséquence d’un accroissement des dépenses publiques (en matière d’école, de sécurité…) ou de protection sociale (hausse des minima sociaux).

Exemple de la politique de relance de la croissance par la demande : la politique du gouvernement Jospin en 1997. Cette dernière qui avait pour objectif d’accroître les débouchés des entreprises se caractérisa par :

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• l’augmentation du SMIC, • le basculement des cotisations maladie sur la CSG, favorisant les revenus du travail au détriment des revenus de l’épargne, • les 35 heures, • la prime pour l’emploi (réduction d’impôt ou dotation accordée aux ménages ayant des revenus d’activité bas). Elle a été conçue comme une incitation supplémentaire au retour à l’emploi.

Selon Keynes, il est préférable que l’Etat soutienne les catégories aux revenus les moins élevés, car leur propension à consommer est plus grande, leurs besoins n’étant pas totalement satisfaits. Un revenu supplémentaire aura une probabilité plus grande d’être consommé qu’épargné. Par contre, en ce qui concerne les catégories sociales les plus aisées, l’effet des baisses d’impôts sur la demande est plus contesté.

Tous les gouvernements mènent toujours des politiques mêlant ces deux volets (offre et demande). Il est toujours nécessaire pour accélérer durablement la croissance de soutenir la consommation, tout en prêtant une grande attention aux profits des entreprises et aux facteurs structurels, comme la formation, la recherche et l’innovation. La question qui se pose généralement est celle de l’équité des mesures prises pour soutenir la consommation : à quelles couches sociales profitent-elles en priorité ?

Les effets de la croissance

Selon le rapport du PNUD (le Programme des Nations Unies pour le Développement), « une bonne croissance économique est une croissance qui génère le plein-emploi et la sécurité des moyens de subsistance ; encourage la liberté et le contrôle de l’individu sur sa destinée ; distribue les avantages équitablement, favorise la cohésion et la coopération sociales ; préserve l’avenir du développement humain ».

Les effets de la croissance

en termes de : Effets positifs Effets négatifs

Niveau de vie et réduction des inégalités

La croissance des 30 glorieuses et les taux de croissance des années 90 et 2000 ont permis l’accès au plus grand nombre, à la consommation de masse (le taux d’équipement en appareils ménagers des ménages est proche de 100%)

Le confort des habitats s’est amélioré (équipement de salle de bain notamment)

De plus en plus de ménages ont accès à la propriété et le nombre de logements sociaux s’est accru.

Les bas salaires ont bénéficié d’une augmentation régulière due au SMIC.

Il subsiste encore de grandes disparités de niveau de vie

L’écart entre le salaire le plus bas et le plus élevé dans une même branche d’activité s’est accru.

Le surpeuplement d’un grand nombre de famille dans des logements vétustes s’accentue.

L’espérance de vie des ouvriers les moins qualifiés est plus courte que celle des cadres.

Accès à l’emploi Entre 1997 et 2001, on estime la création d’emploi en France à un peu plus d’un million de personnes, liée directement aux effets de la croissance économique (avec un taux de croissance dépassant les 3%, les entreprises ont dû pour

Des écarts existent en terme de qualité d’emploi entre des emploi stables et valorisants et bien rémunérés et des emplois peu valorisants, incertains comme les CDD, le temps partiel subi, des missions intérimaires, qui développent la précarité

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satisfaire la demande soutenue, embaucher).

l’appel aux heures supplémentaires).

(notion de travailleurs pauvres).

L’accès à la formation est plus difficile pour les salariés à bas revenus.

L’apparition depuis les années 80 d’un chômage récurrent où une partie de la population est exclue du marché du travail.

Création d’externalités La croissance a favorisé la recherche dans les domaines de la santé, de la construction, des transports, des technologies de l’information, de la formation permettant aux entreprises de bénéficier à la fois d’infrastructures et de main-d’œuvre qualifiée et en bonne santé. Ceci attire les investissements étrangers qui viennent implanter leurs entreprises sur le territoire national.

La croissance intensive a entraîné la dégradation de l’environnement, la pollution de d’où la création de charges supplémentaires supportées par tous (accroissement des impôts locaux et de certaines taxes « éco taxes »).Ces charges constituent un frein à la consommation des ménages et à la compétitivité des entreprises.

Création d’équilibres La croissance doit assurer à l’économie nationale de respecter ses équilibres grâce à l’intensification des échanges (balance du commerce extérieur excédentaire : les exportations sont supérieures aux importations)

La croissance permet, par les prélèvements obligatoires perçus sur les revenus des ménages et des bénéfices des entreprises, de réduire le déficit budgétaire et de financer par la redistribution la protection sociale, source de stabilité sociale.

Lorsque la croissance est de type intensif, les rentrées fiscales sont moindres car le taux de chômage est toujours élevé et les dépenses sociales également.

Si la demande intérieure des ménages est orientée vers la consommation de produits et services étrangers, cela entraîne des déséquilibres de la balance commerciale et accroît les risques de chômage.

Si la valeur de la monnaie nationale se déprécie cela a pour effet d’importer de l’inflation les paiements des matières premières s’effectuant en dollars.

La croissance peut également créer des déséquilibres sur le marché des biens et services si la demande est supérieure à l’offre en génèrant des tensions inflationnistes

Compétitivité La croissance qui s’appuie sur des investissements productifs faisant appel au progrès technique permet de produire et de commercialiser des produits et services à forte valeur ajoutée (qualité, flexibilité,

Si la croissance repose sur des investissements peu productifs, créant peu de valeur ajoutée, ceci va avoir pour effet dans le cadre d’une politique de relance de la croissance accompagnée par l’Etat de favoriser les

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innovation et productivité sont les composantes de la compétitivité). Cette compétitivité favorise les échanges internationaux, attirent les investissements étrangers (les capitaux étrangers viennent financer l’économie). Cela permet aux entreprises de mieux rémunérer leurs salariés ce qui accroît la propension à consommer et à épargner .

produits étrangers (cas de la France de 1981 à 1983)

Si la croissance n’est pas accompagnée par une politique en faveur de la formation, de la recherche en développement, de la fixation de salaire minimum (comme le SMIC par opposition au salaire d’équilibre), l’économie nationale stagnera, au pire régressera.

Conclusion : les moyens pour préserver les effets positifs de la croissance et réduire les effets contrastés

Une des conditions préalables à la croissance est une propension à consommer plus forte que la propension à épargner des ménages et des administrations publiques. Cette situation n’est possible que dans un contexte national et mondial basé sur la confiance où les indicateurs économiques comme le taux d’inflation, le taux de chômage, les niveaux de salaire marquent des signes encourageants. Il en est de même pour l’offre émanant des entreprises qui ont su anticiper en investissant régulièrement vers des produits et services à forte valeur ajoutée afin de répondre aux besoins de la demande nationale et mondiale.

Pour aller plus loin...

Bibliographie

L’économie des inégalités de TH. Piketty Edtion RepèresCroissance et crise - Granou, Barou - La DécouverteLa croissance économique - Pierre Maillet - PUF - Dictionnaire – EncyclopédieLa croissance économique - Pierre Maillet, Philippe Rollet - PUF – Que sais je ?Economie - les nouvelles approches de la croissance et du cycle - Eric Bosserelle – DUNODLa croissance par la réforme de Didier M. édition économica

Webographie

http://www.insee.fr/fr/indicateur/cnat_annu/cnat_annu.htm : les comptes de la nation 2003http://www.douane.gouv.fr : les statistiques du commerce extérieurhttp://www.educnet.education.fr/insee/croissance/default.htm : des travaux dirigés sur le thème de la croissancehttp://www.educnet.education.fr/insee/comext/effets/effets12.htm : les effets de la croissancehttp://www.insee.fr/FR/FFC/DOCS_FFC/ip486.pdf : l’évolution historique des taux de croissance des 30 glorieuses à nos jourshttp://www.ladocumentationfrancaise.fr/brp/notices/044000498.shtml : nouvelle croissance pour l’économie française étude prospectivehttp://www.ladocumentationfrancaise.fr/brp/notices/044000246.shtml : productivité et croissancehttp://lesrapports.ladocumentationfrancaise.fr/BRP/984001545/0000.pdf : innovation et croissancehttp://lesrapports.ladocumentationfrancaise.fr/BRP/984000599/0000.pdf : croissance et emploi et chômage

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L’inflation (1)

Par Jean-Pierre TESTENOIRE

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1. Les causes de l’inflationLes explications conjoncturellesLes explications structurellesLes explications monétaires2. La mesure de l’inflationL’indice des prixLes limites de l’indice des prixLa mesure du pouvoir d’achatPour aller plus loin...Webographie et bibliographie

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L'inflation est le résultat d’un déséquilibre sur le marché des biens et services, c'est-à-dire entre l’offre et la demande, qui se manifeste par une hausse durable du niveau général des prix. Cette hausse se traduit par une baisse de la valeur de la monnaie qui perd ainsi une partie de son pouvoir d’achat.

Il faut distinguer l’inflation de la déflation, de la stagflation et de la désinflation :

• la déflation représente un processus auto-entretenu de baisse générale du niveau des prix, à la production comme à la consommation La délation est un signal de récession (contraction de l’activité économique et du PIB) qui se traduit par la baisse de la production et des revenus (comme au Japon de 19994 à 2003 par exemple) ;• la stagflation est une situation caractérisée simultanément par la stagnation de la production (faible croissance économique et forte augmentation du chômage) et de l’inflation (comme en France entre 1975 et 1983 par exemple) ;• la désinflation est une diminution du taux d’inflation, c'est-à-dire par la baisse du taux de croissance des prix : les prix augmentent toujours, mais à un rythme moins important qu’auparavant. (France entre 1985 et 199, Figure 1).

Figure 1 - La désinflation en France - Source (0)

• on cite parfois l’hyper inflation, caractérisée par la croissance extrêmement rapide du niveau des prix (comme en Allemagne en 1923 par exemple). (1)

1. Les causes de l’inflation

On distingue généralement trois grandes familles d’explication à l’inflation : Des explications conjoncturelles, des explications structurelles et des explications monétaristes.

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1.1 Les explications conjoncturelles

Il s’agit ici d’expliquer la définition initiale (déséquilibre entre l’offre et la demande) en analysant le rôle exercé sur les prix par l’offre puis par la demande. Ces explications sont appelées conjoncturelles car liées à un état provisoire du marché.

L’inflation par l’offre est liée au comportement des entreprises :

• Soit volontairement, c'est-à-dire en fonction de décisions stratégiques, pour augmenter le taux de marge (et donc accroître le profit de la firme) par la hausse du prix de vente du produit final, ou par l’introduction de nouveaux produits en montée de gamme. Ce comportement suppose cependant que le produit vendu dispose d’un avantage distinctif par rapport à la concurrence (en termes de qualité, d’image de marque, ou de services spécifiques liés au produit). • Soit sous la contrainte de l’accroissement des charges, liées au prix des matières premières importées (pétrole par exemple), ou au cours des devises dans lesquelles sont libellées les importations nécessaires à la production (importations facturées en $). C’est ce qu’on appelle « l’inflation importée ».

D’autres augmentations de charges peuvent conduire à la hausse du prix de vente du produit final, telles que l’accroissement du taux d’intérêt, l’évolution du progrès technique (qui renchérit le coût de l’investissement) soit enfin en raison de l’augmentation du coût du travail ou de la fiscalité.

L’inflation par la demande :

Une augmentation rapide des revenus (salaires, ou transferts sociaux) entraîne un accroissement rapide de la demande. Compte tenu du délai nécessaire pour adapter le volume de l’offre au niveau de la demande, l’augmentation des prix permet d’épuiser la demande surabondante. Une hausse de la demande entraîne mécaniquement une hausse des prix, la demande étant une fonction décroissante des prix (voir figure 2).

Figure 2 - La liaison entre les prix et la demande

1.2 Les explications structurelles

Il s'agit ici de rechercher les causes structurelles c'est-à-dire durables en fonction de l’organisation des structures du marché ou des mécanismes de répartition.

• En terme de structure de marché, on constate ainsi que des marchés très concentrés (oligopoles, ou oligopoles restreints) favorisent les ententes illicites entre les producteurs (ou offreurs), pour se partager le marché à des prix minima convenu à l’avance, sans respecter les conditions de concurrence (voir art 85 et 86 du traité de Rome), comme pour le marché de l’eau en France par exemple à la fin des années 1980. D’autre part, des situations de monopoles publics favorisent l’augmentation des prix, les clients captifs (les ménages le plus souvent) ne disposant pas d’alternative sur le marché (SNCF, EDF).• En terme de mécanisme de répartition, le mécanisme du Smic peut contrainte les entreprise à faibles gains de productivité à augmenter le prix final si la hausse du Smic est supérieure aux gains de productivité de l’entreprise. Dans le même esprit, le mécanisme des conventions collectives a pu être accusé de favoriser

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l’inflation, par la contagion des augmentations salariales entre des entreprises de la même branche mais à gain de productivité différent.

Illustration :

Soit deux entreprises X et Y ayant signées le même accord (convention collective, accord de branche etc..). On suppose que ces entreprises n’utilisent qu’un seul facteur de production, le travail. L’entreprise X a réalisé un accroissement de sa productivité de 5%, et l’entreprise Y n’a augmenté sa productivité que de 1%. Si la convention conclut à une hausse des salaires de 3%, l’entreprise X peut augmenter la masse salariale (et accroître son taux de marge de 2 points) sans augmenter ses prix. A l’inverse, pour augmenter la masse salariale l’entreprise Y est obligée d’accroître ses prix (sauf à réduire sa marge bénéficiaire). Dans le premier cas la mesure n’est pas inflationniste; la même mesure crée de l’inflation dans le second cas

NB : La productivité en valeur étant représentée par le rapport entre la valeur produite et la valeur des ressources utilisées, l’augmentation de la productivité signifie que l’entreprise produit avec moins de ressources. Le raisonnement est le même pour la productivité en volume.

1.3 Les explications monétaires

Les mécanismes de création de moyens de paiement (dont la monnaie, mais une entreprise peut payer un fournisseur avec une lettre de change qui n’est pas de la monnaie) sont aussi responsables de l’inflation.

Lorsqu’un établissement financier (une banque) accorde un prêt à une entreprise –pour réaliser un investissement - elle crédite le compte de l’entreprise. La firme dispose alors de moyens de paiement supplémentaires, mais la richesse produite n’a pas encore augmentée. L’inflation naît alors de ce décalage entre la quantité de monnaie en circulation et la quantité de biens ou services disponibles.

Illustration :

A l’instant où le prêt est accordé, la masse monétaire augmente (ensemble des moyens de paiement en circulation, c'est-à-dire la monnaie liquide, mais aussi scripturale, y compris les livrets d’épargne et les dépôts iliquides à terme tels que les plans d’épargne logement des ménages par exemple) alors que la richesse produite n’a pas encore augmentée (l’entreprise n’a pas encore investi, c’est à dire n’a pas encore acheté les machines, payé ses fournisseurs ni payé le travail). Il y a donc provisoirement plus de monnaie pour la même quantité de bien en circulation. Ce mécanisme de « création monétaire » (appelé « crédit à l’économie ») explique que le prix des biens augmente ou que la valeur de la monnaie tend à diminuer. Lorsque l’entreprise met en oeuvre son investissement elle produit de nouvelles richesses et rembourse la banque. Ce mécanisme de « destruction monétaire » permet de détruire la monnaie créée. Au final, la richesse réelle (c'est-à-dire produite) a augmenté, mais un peu moins que la masse monétaire, compte tenu du décalage entre le prêt et son remboursement total. En ce sens on a pu donc rendre les banques responsables de l’inflation.

Ainsi pour Milton Friedmann « l’inflation est toujours et partout un phénomène monétaire».

Cette analyse débouche sur la responsabilité de l’Etat interventionniste dans le mécanisme de l’inflation. En effet, depuis les années 1975, la France connaît une situation de déficit budgétaire. Pour combler ce déficit l’Etat fait appel à un financement extérieur, notamment par les banques dans les années 1970, ce qui favorise donc l’inflation. C’est pourquoi les théories monétaristes rejoignent ici certaines théories d’inspiration libérale, partisane du « moins d’Etat ». Réduire l’inflation revient alors à réduire les besoins de financement de l’Etat, donc à réduire ses dépenses ; donc à réduire son périmètre d’activité.

2. La mesure de l’inflation

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2.1 L’indice des prix

L’inflation est mesurée mensuellement par le relevé de 303 prix de biens et services courants sur de nombreux lieux de vente ou de commercialisation repartis sur l’ensemble du territoire.

Cet indice comprend 12 poste budgétaires principaux : les dépenses d’alimentation (hors tabac), habillement (et chaussures), logement (avec chauffage et éclairage), meubles avec équipement ménager), entretien de la maison, santé, transport, communications, loisirs (avec culture), éducation, hôtellerie (avec cafés et restaurants), assurances (avec services financiers). Depuis le début des années 1990, l’inflation est maîtrisée en France (figure 3), avec un taux moyen inférieur à 2% par an (2). La lutte contre l’inflation n’est plus un problème économique d’actualité pour la France en 2005. Les autorités publiques doivent désormais éviter son retour; et non plus lutter pour faire baisser la hausse des prix, comme dans les années 1980.

Figure 3 - Variation annuelle de l'indice des prix à la consommation de 1950 à 2003

2.2 Les limites de l’indice

On adresse généralement trois types de reproche à cet indice : sa représentativité, la répartition de sa composition, et son contenu même.

• Comme tout indice, cet indicateur est synthétique. Il doit donc représenter l’ensemble des situations de consommation pour l’ensemble des ménages, alors que la réalité n’est pas uniforme. Il y a peu de rapports entre la consommation du jeune cadre supérieur célibataire (qui consommera plus de repas au restaurant ou de forfaits de ski par exemple) et la consommation d’un couple d’employés urbain avec deux enfants (qui proportionnellement consommera plus de repas à domicile ou des vacances moins onéreuses que les sports d’hiver). Or l’indice des prix des biens et services consommés est le même dans ces deux cas distincts.• D’autre part la pondération des postes budgétaires peut être contestée. Le poids du loyer n’est pas le même si on est locataire ou propriétaire, si on est jeune (a priori locataire) ou plus âgé (plus souvent propriétaire).• Enfin la production d’un double indice (avec ou sans tabac) fait perdre à cet indicateur son aspect synthétique. Pourquoi pas un indice avec ou sans alcool, avec ou sans cholestérol ? La soustraction du tabac dans l’indice des prix est liée à la volonté de l’Etat de fortement augmenter le prix du tabac pour des raisons de santé publique bien compréhensibles. Mais il n’empêche que cette hausse existe et que l’indice hors tabac ne la mesure désormais plus.

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2.3 Inflation et pouvoir d’achat

Il faut distinguer l’augmentation des prix (l’inflation) de l’augmentation du « coût de la vie». Pour l’Insee, «L’inflation est la perte du pouvoir d'achat de la monnaie qui se traduit par une augmentation générale et durable des prix. Elle doit être distinguée de l'augmentation du coût de la vie. La perte de valeur des unités de monnaie est un phénomène qui frappe l'économie nationale dans son ensemble, sans discrimination entre les catégories d'agents. En revanche, l'augmentation du coût de la vie affecte la répartition fonctionnelle et personnelle des revenus, sans toucher à la relation entre la masse monétaire et le produit national définissant le pouvoir d'achat de la monnaie. » (3)

Illustration :

Si l’inflation est de 2%, et si les salaires augmentent du même taux, il n’y a pas d’évolution du pouvoir d’achat. D’une manière plus générale, l’évolution du pouvoir d’achat est lié au différentiel entre progression de l’inflation et augmentation des revenus, soit par les revenus du travail (salaires ou revenus direct) soit par les revenus de transferts (transferts sociaux ou revenus indirects).

C’est en jouant sur cette ambiguïté que des grands distributeurs sont partis récemment en guerre contre la sincérité du mode de calcul de l’indice des prix de l’Insee.

Une étude de LSA (en 2004) chiffre la hausse des prix à 8,8 % en un an (juin 2002 à juin 2003), alors que, durant le même temps, l’indice des prix à la consommation n’a progressé que de 2 % selon l’Insee.

« Lorsqu’un produit change, ou qu’un nouveau produit apparaît, l’Insee s’efforce de chiffrer, dans la variation de prix relevée entre ce produit et celui qu’il remplace, ce qui relève d’une amélioration pour l’acheteur : durée de vie plus longue, meilleure qualité. Ces améliorations sont déduites de la variation de prix constatée et l’indice ne prend en compte que la différence. Or, les producteurs ont considérablement accéléré la fréquence de leurs « innovations » (mineures le plus souvent). Pour les produits de grande consommation vendus en libre service, cent nouvelles références apparaissent chaque jour. Les lingettes se substituent aux produits de nettoyage classique, mais coûtent dix fois plus cher. Le consommateur est sensible au montant de la note globale et constate que la même dépense lui procure moins de produits. » [Alternatives économiques, décembre 2004 (4)]

3. Pour aller plus loin…

Webographie

(0) Source : http://www.ladocumentationfrancaise.fr/revues/pe/graphiques/pegraphs.shtml(1) http://www.ladocumentationfrancaise.fr/revues/pe/glossaire/glossi.shtml(2) http://www.insee.fr/fr/nom_def_met/definitions/html/inflation.htm(3) http://www.insee.fr/fr/ffc/chifcle_fiche.asp?ref_id=NATTEF08107&tab_id=109(4) http://www.alternatives-economiques.fr/site/221_002.html

Les grands indicateurs à jourhttp://www.insee.fr/fr/indicateur/indic_conj/liste_indice.aspLes indicateurs d’Alternatives économiqueshttp://www.alternatives-economiques.fr/indicateurs/2005/indicI_4.htmlDéfinition et concepts de basehttp://www.insee.fr/fr/nom_def_met/definitions/html/inflation.htm Le pouvoir d’achat : du franc à l’Euro, tableaux et calculshttp://www.insee.fr/fr/indicateur/achatfranc.htmMéthodologie de l’indice des prixhttp://www.insee.fr/fr/indicateur/indic_conj/donnees/method_idconj_29.pdfUne séquence pédagogique sur l’indice des prixhttp://www.educnet.education.fr/insee/cons/combien/indice.htmEvolution des niveaux de vie (1996-2001) : Insee première, février 2004http://www.insee.fr/fr/ppp/publications/collect_doc.asp?article=0&first_doc=61&simple=&coll=1&num_pub=&titre=&deb_mois=&deb_annee=&fin_mois=&fin_annee=&auteur=&mot_cle=Une inflation contenue en 2000 (Insee première, mars 2001)

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http://www.insee.fr/fr/ppp/publications/collect_doc.asp?first_doc=1&coll=1&simple=inflation&ok=OKEurope : l’inflation dans l’U.E. (juin 2004)EuropaPour comprendre le prix du pétrole et bien d'autres points .... Site de la CNUCEDL’évolution des prix dans l’OCDE, avril 2005http://www.oecd.org/document/5/0,2340,fr_2825_495691_34643269_1_1_1_1,00.htmlSur Milton Friedmann (2 pages simples de présentation)http://www.insead.edu/library/Patrimoine/Friedman.pdf

Bibliographie

Titre Editeur AuteurDécouverte de l'économie (1) "Concepts et mécanismes"

Cahier Français n° 315Juillet-Août 2003

Gilles Jacoud

Inflation et désinflation Edition Repères collection Poche

P. Bezbakh

La monnaie et ses mécanismes

Edition Repères collection Poche

P. Plohon

Inflation et désinflation Mémo Seuil Gilles JacoudInflation et système monétaire

Calmann Levy Milton Friedamnn

Inflation ou désinflation Nathan Coll. Circa Yves CrozetInflation, désinflation et déflation

Dunod Jean-Francois Goux

Monnaie et inflation Economica Franck Hahn

© Cerpeg 2005

L'inflation (2) Par Jean-Pierre TESTENOIRE

1. Les causes de l'inflation Les explications conjoncturelles Les explications structurelles Les explications monétaires 2. La mesure de l'inflation L'indice des prix Les limites de l'indice des prix : La mesure du pouvoir d'achat. 3. Les conséquences de l'inflation Les effets à court termeLes effets à long terme4. Les politiques de lutte contre l'inflation La régulation conjoncturelleLa régulation structurellePour aller plus loinWebographie et bibliographie

Application téléchargeablesujet (519 Ko) + corrigé (40 Ko) par Catherine Guidez

L'inflation est le résultat d'un déséquilibre sur le marché des biens et services, c'est-à-dire entre l'offre et la demande, qui se manifeste par une hausse durable du niveau général des prix. Cette hausse se traduit par une baisse de la valeur de la monnaie qui perd ainsi une partie de son pouvoir d'achat.

Les effets de l'inflation sont globalement négatifs en terme de croissance et d'emploi. Compte tenu de la mondialisation et de l'ouverture de l'économie française, notamment sur l'Union Européenne (qui absorbe 60% de notre commerce extérieur), l'État engage des politiques (conjoncturelles et

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structurelles) de lutte contre l'inflation (ou politiques anti-inflationnistes) dirigées simultanément vers l'offre (afin de favoriser les conditions de production des entreprises) et vers la demande (pour rendre compatible la croissance des revenus avec l'augmentation des capacités productives de l'économie nationale).

3. Les conséquences de l'inflation

Ces effets sont de natures différentes selon la capacité de financement des agents et selon la période analysées. On distingue généralement les effets à court terme et les effets à long terme

3.1 Des effets contrastés à court terme

Selon la capacité des agents on distingue trois types d'effets (plutôt micro économiques) à court terme de l'inflation :

• L'inflation allège les dettes des agents. En effet la charge de remboursement d'un emprunt à taux fixe (les mensualités de remboursement d'un ménage par exemple) devient moins lourde à supporter dans un contexte de hausse des prix et des salaires (comme en France entre 1975 et 1982). Les agents les plus endettés (l'État) ont donc intérêt, provisoirement à « laisser filer » l'inflation. On notera cependant, que sur le long terme le développement de l'inflation, non accompagnée de hausse des salaires, réduira le pouvoir d'achat .

Illustration :

Soit un ménage disposant d'un revenu mensuel de 1500 € et contractant un emprunt (à taux fixe) sur 10 ans pour 120 mensualités de 150 €. Le remboursement représente donc 10% des revenus du ménage. Cinq ans après l'inflation cumulée est de 10% (soit un taux annuel de 1,6% approximativement) et par hypothèse le revenu du ménage a augmenté dans les mêmes proportions. Le remboursement ne représente plus que 9% du revenu, soit 150 € sur 1650 € de revenu. Ce ménage est donc gagnant (pour l'instant) grâce à l'inflation.

• L'inflation modifie la structure des revenus et accroît l'inégalité entre les ménages à revenus élevés et les autres. En effet, le revenu direct des ménages à revenu élevé est composé des revenus du travail mais aussi des revenus du capital (intérêts perçus des placements sur livrets ou en obligations, et dividendes des actions détenues). En période d'inflation les taux d'intérêt ont tendance à s'élever (pour continuer à offrir un placement rémunérateur aux épargnants-investisseurs) (1). Les ménages à haut pouvoir d'achat peuvent donc profiter de l'augmentation du revenu de leurs placements. A l'inverse les ménages à revenu modeste ne peuvent guère épargner. Ils ne profitent donc pas de cette opportunité et au final l'écart entre les revenus directs s'accroît, compte tenu du différentiel de croissance des revenus, lié au rendement de l'épargne.

Illustration :

Soit un ménage X disposant de 7500 € de revenu mensuel (5000 € de revenus du travail et 2500 € de revenus de placement rémunéré) et un ménage Y disposant d'un revenu mensuel de 1500 €. L'écart de revenu entre ces deux ménages est donc de 1 à 5.

Le ménage X épargne 33 % de son revenu mensuel, mais le ménage Y ne peut pas épargner.

Cinq ans après, l'inflation cumulée est de 10%. Les revenus du travail ont suivi cette progression, mais le taux d'intérêt est passé de 5 à 6% (soit + 20%)

Le revenu du ménage X est désormais de 8500 € : 5500 € de revenu du travail et 3000 € de revenu de l'épargne (sans compter ici le revenu d'épargne supplémentaire lié à l'augmentation de la valeur épargnée). Le revenu du ménage Y est passé à 1650 €

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L'écart de revenu entre ces deux ménages est donc désormais de 5,15. L'écart s'est donc accru, en raison de la rémunération supérieure de l'épargne.

• L'inflation tend à réduire la croissance et modifiant l'arbitrage entre revenu et consommation. La hausse du taux d'intérêt dissuade l'emprunt (réduit les achats à crédits des ménages les moins fortunés) et incite à l'épargne (pour les ménages qui peuvent épargner). La consommation, qui est l'un des moteurs de la croissance (la demande adressée aux entreprises tire la production), tend à se ralentir, entraînant avec elle la réduction du taux de croissance de l'économie nationale. Contrairement aux deux effets précédents, il s'agit là d'un effet macro économique qui a de graves conséquences sur le long terme.

3.2 De graves effets sur le long terme

On distingue des effets de système (ou d'environnement) et des effets macro économiques durables sur la compétitivité, la croissance et l'emploi.

• En termes d'environnement l'inflation réduit la capacité de prévision économique des agents (ou horizon temporel), accroît le risque, et provoque de l'auto-inflation. Faute de capacité à prévoir l'évolution des prix sur le moyen terme, les entreprises reportent leurs projets non stratégiques, compte tenu de l'incertitude des conditions de rentabilité future des projets d'investissement. Cependant des opérations ne peuvent être repoussées (dans le domaine des transactions sur les matières premières ou sur les produits agricoles par exemple). Dans ce cas l'entreprise s'assure en versant une prime de risque (liée à l'évolution du prix d'un contrat à terme libellé dans une devise fluctuante par exemple). Le coût de cette prime de risque est naturellement reporté sur le prix de vente final, ce qui entretient l'inflation (phénomène « d'auto inflation », similaire à l'effet produit, au niveau mondial, par les achats de précaution lors de l'annonce d'une prochaine hausse des cours.• En terme macro économique les conséquences sont plus perceptibles. En effet, en raison de l'internationalisation croissante de l'économie (par le rôle du marché unique au sein de l'Union Européenne mais aussi par les règles de l'OMC par exemple) l'inflation altère la compétitivité de l'économie nationale, réduit la croissance économique, accroît le chômage, et entraîne la dépréciation de la monnaie nationale sur le marché des changes (dépréciation de la devise).

La compétitivité de l'économie nationale (la capacité à accroître ses parts de marché) se mesure :

• soit par sa capacité à produire des biens (et services) comparables à ceux produits par l'étranger à des prix plus faibles. C'est la compétitivité-prix ; • soit par sa capacité à produire des biens (et services) supérieurs (par la qualité, la technologie ou les services liés aux produits, à un prix plus élevé, mais a priori justifié aux yeux de l'acheteur. C'est la compétitivité « hors prix » ou la compétitivité-produit.

Or l'inflation réduit simultanément ces deux formes de compétitivité de l'économie nationale.

A) L'inflation réduit la compétitivité-prix

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(Source : la documentation française) Figure 4 : La réduction du différentiel 'inflation

En France, 5 millions d'emplois (22 % de la population active totale) dépendent directement ou indirectement des exportations (2). 50% de la production industrielle française est aujourd'hui exportée, et le marché industriel domestique est désormais alimenté à hauteur de 40% par les importations (3 ). En cas d'inflation durable, le prix des produits français devient plus élevé que celui des concurrents pour un produit similaires (l'Allemagne par exemple qui est le premier client et le premier fournisseur de la France) De ce fait, les clients étrangers se détournent des produits français, pour acheter à un meilleur prix dans d'autres pays. En conséquence la croissance du marché des entreprises exportatrices diminue. Les firmes commencent d'abord par reporter leurs projets d'embauche, puis finissent par licencier. Du coup la consommation des ménages touchés diminue, ce qui entraîne une baisse de la demande adressée aux entreprises, qui a leur tour…. C'est ainsi que, le différentiel d'inflation entre la France et l'Allemagne, défavorable à la France de 1960 à 1990 (figure 4), explique partiellement que l'Allemagne soit devenue sur cette période le second exportateur mondial, avec 9 % des exportations mondiales de biens et services en 2003 (4).

B) L'inflation réduit la compétitivité-produit

Figure 5 : le lien taux d'intérêt -'investissement

Avec l'inflation, le taux d'intérêt augmente, ce qui renchérit le coût des investissements des entreprises. Le niveau des investissements est donc inversement proportionnel au taux d'intérêt. Plus le taux est élevé, plus les investissements sont faibles, et réciproquement (figure 5). Un pays qui connaît une forte inflation durable perd donc du terrain par rapport à la concurrence qui peut continuer à se moderniser.

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Les produits deviennent moins compétitifs, se vendent moins, donc les parts de marché régressent, la croissance ralentie et le chômage progresse.

C) L'inflation déprécie la monnaie sur le marché des changes

Sur le marché international des monnaies nationales, le marché de changes, la valeur de la monnaie dépend aujourd'hui de la compétitivité de l'économie nationale représentée par cette monnaie. Les investisseur recherchent des monnaies stables (« monnaies refuges ») c'est-à-dire qui ne sont pas susceptibles à court terme de perdre de la valeur en l'échangeant contre une autre monnaie. Les investisseurs préféreront acheter la monnaie d'une économie à fort taux de croissance durable, avec peu d'inflation et peu de chômage. C'est ainsi que le Franc a perdu 3 fois sa valeur rapport au D. Mark en 30 ans. Alors qu'en 1960 il fallait 1 Franc pour acheter un Mark, il en fallait 3,35 en 1997 !

4. Les politiques de lutte contre l'inflation

Depuis un quart de siècle, les politiques mises en oeuvre au début des années 1980 ont réussi à vaincre l'inflation. On est donc passé d'une politique active de lutte contre l'inflation (politique de « désinflation compétitive » des années 1980 ;) à une politique passive depuis 2000 et le passage à l'Euro, destinée à éviter le retour (toujours possible) de l'inflation

En fonction des causes (conjoncturelles et structurelles, et monétaires) on distingue essentiellement deux formes de politique anti-inflationniste. Les politiques conjoncturelles (les années 80) et les politiques structurelles, (mises en place au début des années 90), désormais formalisées dans l'Union Européenne avec les critères de Maastricht (décembre 1991), repris dans le Pacte de Stabilité et de Croissance (le PCS d'Amsterdam de juin 1997) confortées par le statut d'indépendance (unique parmi les grandes banques centrales) de la Banque Centrale Européenne (la BCE).

4.1 La régulation conjoncturelle

Ce sont les mesures mise en oeuvre par la puissance publique pour réduire rapidement la croissance des prix, principalement en cherchant à freiner les mécanismes budgétaires et monétaires de propagation de l'inflation.

Ces politiques s'appuient sur deux instruments.

A) La politique budgétaire. Elle cherche à contenir la demande globale par l'État :

- En réduisant le déficit budgétaire ; d'abord par la croissance des recettes publiques (par l'impôt dans les années 1980, ce qui réduit le revenu net disponible des ménages) ; puis par la réduction des dépenses de l'État, particulièrement depuis les années 1995 : privatisations, décentralisation, mise en concurrence des monopoles publics.

- En modifiant le financement du déficit budgétaire par le financement non monétaire (non bancaire) du déficit public grâce à l'appel à l'épargne sur le marché financier (grâce à l'émission de bons du trésor par exemple).

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Explications

Le financement par les banques est inflationniste car la banque offre des moyens de paiement alors que la contrepartie réelle n'est pas encore crée (voir les causes monétaires dans la 1° partie). A l'inverse le financement sur les marchés financiers (le marché des capitaux ou la bourse des valeurs) n'est pas inflationniste car les agents apportent leur épargne (celle des ménages qui achètent des actions ou obligations par exemple). Or cette épargne provient des revenus correspondant à une création de richesse antérieure. Autrement dit la richesse, et la monnaie correspondante, sont déjà créées. Le marché bancaire (ou monétaire) crée de la monnaie, alors que le marché financier (dans les opérations de financement) ne fait qu'utiliser une monnaie déjà existante. Il n'y a donc pas ici de risque inflationniste.

Ce passage du financement de l'économie par les banques (dit « économie d'endettement ») au financement par le marché financier (appelé « économie de finance directe ») correspond à la « désintermédiation bancaire » et explique notamment l'envolée des principales bourses depuis les années 1980.

B) La politique monétaire. Elle cherche à contrôler la quantité de monnaie (ou de liquidité) en circulation ( Figure 6) :

• par la manipulation du taux d'intérêt (une hausse du taux d'intérêt réduit la consommation ;• par l'imposition d'un coefficient de réserve obligatoire (de l'ordre de 2% selon la nature des fonds) des réserves des banques auprès de la banque centrale (les fonds ainsi gelés deviennent « des fonds non prêtables ») ;• par la politique d'achat (au jour le jour) de la banque centrale de titres (effets de commerce) détenus par les banques (politique «d'open market » ou de réescompte). En refusant d'acheter ces titres (acquis par les banques auprès de leurs entreprises clientes), la banque centrale refuse de fournir de la liquidité aux banques, ce qui les contraint, provisoirement, à refuser du financement à leurs clients.

Figure 6 : Le lien entre masse monétaire et inflation

4.2 La régulation structurelle

Ce sont des mesures à plus long terme destinées à supprimer les causes durables de l'inflation.

Il s'agit donc de contrôler la demande, de favoriser l'offre, et d'inscrire cette politique dans un cadre européen.

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A) Du coté de la demande, l'importance du chômage réduit « naturellement » les revendications à la hausse des salaires. Mais l'État peut émettre un signal « modérateur » par la proposition de normes non inflationniste de progression des revenus du travail ; dans la gestion des salaires dans la fonction publique par exemple (augmentation moyenne des traitements inférieure à l'inflation depuis 2002), comme par l'augmentation du SMIC sans rattrapage au delà de l'inflation (politique d'austérité salariale). De même la non revalorisation de certaines prestations sociales (les bourses d'étudiants par exemple) pèse sur le pouvoir d'achat des ménages et donc tend à freiner la progression de la demande.

B) Du côté de l'offre, les pouvoirs publics cherchent à favoriser la compétitivité des firmes par trois moyens :

• la réduction des contraintes financières qui pèsent sur les entreprises, soit par des allégements fiscaux (baisse du taux de l'IS de 50 à 35 % en 20 ans), soit par des incitations fiscales (investissements défiscalisés) soit par des allégements de charges sociales (pour les bas salaires jusqu'à 1,4 fois le Smic) ;• la restauration du rôle du marché, en introduisant plus de concurrence, ce qui permet de lutter contre la hausse des prix. D'ou la déréglementation, les dénationalisations, l'ouverture à la concurrence de secteurs autrefois protégés (téléphonie, énergie…) et des frontières (Union Européenne), comme le renforcement de la coopération internationale (OMC) ;• l'assouplissement des contraintes légales et réglementaires qui encadrent le droit du travail et le droit social, soit par la modification de la loi (la réforme des 35 heures par exemple) soit par l'extension du champ d'application des accords de branches et d'entreprises, qui permet de « flexibiliser le droit » et de l'adapter à des situations économiques particulières.

C) Au niveau européen, les critères de Maastricht faisait de la maîtrise de l'inflation l'une des quatre conditions essentielles du passage à l'Euro (les taux d'inflation des pays candidats dans les deux années précédant le passage à l'Euro ne devaient pas être supérieur de1,5 point à la moyenne des trois taux d'inflation les plus faibles dans l'Union). Cette condition est désormais reproduite, (sous une autre forme) dans le pacte de stabilité d'Amsterdam.

De plus la mission et le statut d'indépendance de la BCE font de celle-ci la gardienne (sans contrôle) de la stabilité des prix. Contrairement à la Banque Centrale des États-Unis (la FED), la BCE n'est responsable que de la stabilité des prix, sans autre contrainte que d'informer la commission, alors que la FED doit gérer la stabilité de la monnaie au bénéfice de la croissance, et qu'elle doit rendre compte de ses actions devant le Congrès, qui peut destituer son directeur .

« L'objectif principal du SEBC est de maintenir a stabilité des prix. Sans préjudice de la stabilité des prix, le SEBC apporte son soutien aux politiques économiques générales dans la communauté, en vue de contribuer à la réalisation des objectifs de la communauté » (Art.105 du T. de Maastricht).

En résumé, par la réduction des charges et des contraintes sur les entreprises, par la pression sur la demande des ménages, et par l'ouverture à l'international, les autorités publiques cherchent :

• à favoriser le rétablissement du taux de marge et de profit des entreprises, source de futurs investissements et signe de retour à la compétitivité industrielle ;• à favoriser les gains de parts de marchés étrangers, par un différentiel d'inflation favorable (prix plus faible que les produits similaires étrangers), signe du retour à la compétitivité prix.

Au total la politique de désinflation compétitive s'inspire des théories libérales d'inspiration monétariste, dont l'extension aux effets bénéfiques sur l'emploi n'est pas - encore ? - démontré (voir le «théorème » de Schmidt).

5. Pour aller plus loin (2)

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Webographie (2)

(1) Ce qui explique, à l'inverse qu'en période de très faible inflation, les taux d'intérêt aient tendance à baisser, comme le montre l'évolution du taux du livret A (la caisse d'épargne) et des prêts immobiliers (associée dans ce cas à la forte hausse du prix de l'immobilier).(2) Ministère de l'économie te des finances http://www.missioneco.org/economie/documents.asp?Rub=20&F=PDF&Num=60582(3) Le poids du commerce extérieur dans l'économie française http://www.commerce-exterieur.gouv.fr/omc/mode_emploi/fiches/fiche1.htm(4) Les graphiques (à jour jusqu'en 2003) de la documentation française http://www.ladocumentationfrancaise.fr/revues/pe/graphiques/international/14xm.shtmlLa liaison entre croissance et inflation http://www.ladocumentationfrancaise.fr/revues/pe/graphiques/relations/croinf.shtmlLa liaison entre l'inflation et le chômage http://www.ladocumentationfrancaise.fr/revues/pe/graphiques/relations/pxcho.shtml

Le rôle des banques centrales

Policy-Mix et indépendance des banques centrales, Pierre Villahttp://www.cepii.fr/francgraph/publications/ecointern/rev61/rev61c.htm

Vu dans les académies :

Pistes d'activité pédagogiques à adapter pour les élèves

Académie d'aix Marseille http://www.ses.ac-aix-marseille.fr/prodacad/evaluation/sujets/bac/oral/7_etat/7_html/2002_e_eds_3.htm

Académie de Bordeaux http://www.ac-bordeaux.fr/Etablissement/SudMedoc/ses/1998/codesinf.htm

Académie de La réunion http://www.ac-reunion.fr/pedagogie/ses/sujets1/Bac98/commun/S-poupub02.html

Académie de Nice http://www.ac-nice.fr/ses/mag/inflation.htm

Académie de Lyon http://www2.ac-lyon.fr/enseigne/ses/exos_docs/terminale/10-politiques/t10qs3.pdf

Bibliographie (2)

Titre Editeur AuteurLa politique de l'euro Repère Poche, La

découverteAgnès Benassy-Quéré, Benoit Coeuré

La règle et le choix Seuil Jean- Paul FitoussiEuro et gouvernance économique Les cahiers français n°

319, 04/ 2004

Et si la BCE intervenait ? Pb économiques n° 2848, 03/ 2004

P Artus & J Teiletche

Le coût actuel et passé de la désinflation

EcoFlash N° 139, 06/ 1999

Les déterminants de l'inflation en France

Pb. économiques n° 2871, 03/2005

La désinflation est-elle un avantage méconnu de la mondialisation ?

Pb économiques n° 2852, O6/ 2004

Quel est vraiment le sens de l'indépendance des banques centrales ?

, Pb économiques n° 2553

P. Artus

© Cerpeg 2005

Page 79: économie

Commerce international& entreprisePar Jean-Pierre TESTENOIRE

1. Le commerce InternationalI - Définitions et conceptsII - État des lieux du CI : Analyse en valeur, en volume et par zonesIII - Les justifications du commerce extérieurIV - Pour aller plus loin...

2. L’internationalisation de l’entrepriseI - L’internationalisation de la firmeII - Les choix préalables à l’internationalisationIII - Les modalités de l’internationalisation des entreprisesIV - Les SMN (Sociétés Multi Nationales)V - Pour aller plus loin...

Cette fiche traite principalement de l’internationalisation de la firme : raisons, stratégies et caractéristiques des SMN. Cependant il nous a semblé utile de resituer cette partie dans le contexte général de la mondialisation de l’économie et des justifications (théoriques et empiriques) du commerce extérieur. Néanmoins le lecteur pressé pourra survoler la première partie avec profit avant d’aborder le cœur du sujet, centrée sur l’entreprise.

1. Le commerce international

I - Définitions et concepts

D’une manière générale les échanges internationaux représentent l’ensemble des flux entre territoires. On peut historiquement recenser les échanges démographiques (émigration et immigration), technologiques (la boussole, la poudre à canon,), culturels ou artistiques (peinture, puis musique puis cinéma et télévision par exemple), sportifs, politiques (par l’établissement de relations diplomatiques qui, formellement, autorisent les échanges directs entre Etats), et économiques.

Au sens économique, les échanges internationaux regroupent les échanges entre Etats de biens, de services, de capitaux ainsi que les transferts unilatéraux. L’ensemble des ces échanges sont regroupés dans un document comptable, la balance des paiements, balance tenue en France par l’administration des Douanes.

Le commerce extérieur, ou commerce international (CI) au sens strict regroupe l’ensemble des échanges de biens et de services :

• Les échanges de biens concernent essentiellement les produits manufacturés (70% des échanges de biens), les produits agricoles et de l’élevage, ainsi que les biens des secteurs miniers et extractifs (matières premières industrielles).• Les échanges de services sont représentés par le transport, les voyages et les autres services commerciaux (assurance, banques, brevets etc.).

Dans l’ensemble des échanges, la part des services croit régulièrement (sauf pour la période 2002-2005) et représente, en 2006, près de 20% du total.

On distingue ainsi :

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• La mondialisation (des échanges de biens et services) qui tend à regrouper l’ensemble de ces transferts dans un vaste marché mondial unique, organisé par une institution internationale, l’OMC, en coopération avec les unions régionales telles que l’ALENA (Canada, USA, Mexique), l’UE (27 membres), le Mercosur (Argentine, Paraguay, Uruguay, Venezuela et Brésil etc.…).• La globalisation (des mouvements de capitaux) qui tend à regrouper les flux financiers dans un marché mondial unique de sources de financement, organisé par une institution internationale (le FMI et la Banque mondiale) en coopération avec les grandes banques centrales (la FED, la BCE, la banque d’Angleterre, du Japon et de la Chine pour l’essentiel).

II - États des lieux (2006)

On analyse habituellement les échanges internationaux selon trois critères : les échanges en volume, en valeur, et par zone géographique. On constate globalement :

• que le taux de croissance des échanges internationaux progresse plus rapidement que la production, • que la part des services (20% des échanges) s’accroit sur le long terme, • que plus de 80% du commerce mondial est réalisé par la triade (Amérique du Nord, Europe et Asie-pacifique) l’Union Européenne représentant globalement 40% des échanges mondiaux.

Analyse en volume

D’une manière générale, le taux de croissance des échanges internationaux est supérieur à la croissance du PIB. Ainsi, en 2006, le volume des exportations de marchandises ont augmenté de 6%, à un rythme sensiblement plus rapide que la production mondiale de marchandises. [1]

Analyse en valeur - tableau 1 - [2]

Les exportations mondiales de marchandises ont augmenté de 13% pour atteindre 10,2 billions de dollars en 2005. Les exportations de services commerciaux ont augmenté de 10% pour s'établir à 2,4 billions de dollars en 2005. Pour la troisième année consécutive, la croissance des exportations de services commerciaux a été inférieure à celle des exportations de marchandises. [2]

Le total de ces échanges représente 12 500 milliards de $ (tableau 1), soit l’équivalent du PIB de l’Union Européenne (12 700 milliards de $ en 2004) et plus que le PIB des USA la même année (11 700 milliards de $). [3]

Le croisement valeur/volume - graphique 1- [4]

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La différence entre le taux de progression de la richesse crée (PIB) et le taux de croissance de la valeur des échanges (graphique 1) s’explique par plusieurs facteurs, dont l’inflation (qui gonfle artificiellement la valeur nominale des biens), ainsi que part l’évolution des taux de changes.

Par exemple, la forte augmentation des prix des combustibles en 2005 s'est traduite par un fort renchérissement des prix des biens faisant l'objet d'échanges internationaux

Graphique 1 : (variation en %) [4]

Croissance du volume du commerce mondial de marchandises et de la production par secteur en 2005

Analyse par zone

En termes géographiques, les échanges internationaux sont principalement effectués entre trois zones : L’Europe, l’Amérique du Nord, et la zone Asie-Pacifique (Chines et Japon essentiellement).

Les grand ensembles mondiaux représentent les Unions régionales ou les zones de libres échanges de type Alena, Mercosur ou ASEAN (Philippines, Indonésie, Malaisie, Singapour, Thaïlande, Brunei, Vietnam, Laos, Birmanie et Cambodge).

Parmi ces grands ensembles, l’Union Européenne est le premier acteur mondial avec près de 40% du volume total des échanges internationaux, en tant qu’Union Economique intégrée. Cette union intégrée est définie par l’absence de frontières douanières internes, par la mise en place d’un tarif extérieur commun (les même droits de douane s’appliquent dans toute l’Union, quelque soit le pays membre d’entrée), par des institutions communes de régulation de la concurrence, et pour les pays membres de la zone Euro, par l'usage d’une monnaie commune.

Cependant le poids de l’UE dans le commerce international peut être considéré comme une fiction partielle, dans la mesure ou les échanges franco-allemands, par exemple s’analysent aussi comme un échange international c’est à dire entre deux États (ou territoires) souverains.

En terme national, les USA, puis l’Allemagne, le Japon, Le Royaume-Uni et la France sont les 5 premières puissances commerciales mondiales (graphique 2) – [5]

Graphique 2 : Répartition du commerce international par Etats (en % du total des échanges 2005)

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Zoom : Le cas de la Chine [4]

« Le développement rapide du commerce de la Chine depuis son accession à l'OMC en 2001 a conforté son rôle dans le commerce international. La Chine a atteint le troisième rang mondial pour le commerce des marchandises (exportations et importations) en 2004 et devrait se placer au deuxième rang en 2007. Deux aspects de l'ascension de la Chine sur le plan commercial ont beaucoup retenu l'attention par le passé – l'impact des exportations chinoises d'une part sur les marchés des pays développés, d'autre part sur son propre développement. Depuis 2003, la Chine apparaît comme un marché de premier plan pour les produits primaires, tandis que l'évolution du commerce des textiles depuis l'extinction de l'ATV a fait mieux prendre conscience que les exportations de la Chine ont une incidence sur les exportations d'autres pays en développement vers les marchés tiers et accroissent la concurrence sur les marchés intérieurs des pays en développement ».

III - Les justifications du commerce international

On distinguera ici les explications empiriques des fondements théoriques.

Les explications empiriques du commerce international (CI)

• Le CI est lié à l’inégale répartition des ressources (blé, pétrole) et des savoir-faire (le vin français) sur la terre. • Le CI est un facteur de croissance des marchés donc d’augmentation du profit des firmes. • Le CI un facteur de croissance économique par l’intensification de la concurrence (liée à l’ouverture des frontières) et du progrès technique. • Enfin le CI peut être aussi un facteur de stabilité politique par l’accroissement de l’interdépendance des économies. C’est « La paix par la commerce » (St. Watson, fondateur d’IBM).

Les théories du CI

On distinguera ici les théories traditionnelles qui reposent sur la dotation factorielle, des théories plus récentes qui montrent que la rareté relative des ressources sur un territoire ne suffit pas à expliquer l’internationalisation de la production et des échanges

Les théories centrés sur la dotation factorielle [6]

A - La théorie des avantages absolus (A. Smith - 1776) justifie les échanges internationaux par les écarts de prix absolus (nominaux). Conséquence importante, la spécialisation du travail devient alors un mécanisme important pour acquérir un « avantage/prix »

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B - La théorie des avantages comparatifs (Ricardo – 1817 et Stuart Mill), explique les échanges internationaux par les écarts de prix relatifs, liés à la productivité physique des facteurs de production. Ainsi, un pays, même défavorisé en termes de prix absolu (au sens d’A. Smith) a intérêt à se spécialiser dans le domaine ou son désavantage est le plus faible. Conséquence importante, dans la lignée d’A. Smith, cette théorie justifie la nécessité du libre échange (car profitable à tous, y compris les économies apparemment dévalorisées) ainsi que la spécialisation internationale et la division internationale du travail [7].

C - La théorie HOS (néo-classique) du commerce international (Heckscher, Ohlin et Samuelson - 1941), apporte deux précisions :

• Chaque pays a intérêt à se spécialiser dans les activités productives qui exploitent le(s) facteur(s) de production dont il est le mieux doté (ainsi les pays du Sud doivent-il se spécialiser dans les industries de main d’œuvre – textile-, alors que les pays développés ont intérêt à se spécialiser dans les activités à forte intensité capitalistique - produits à haute technologie par exemple- ).• Sur cette base, l’intensification des échanges tend sur le long terme à faire converger, de manière non absolue la rémunération des facteurs de production (tendance vers l’homogénéisation des taux d’intérêt, et réduction des écarts de la rémunération brute du travail – rattrapage des niveaux de vie par les NPI tel que Taiwan, Singapour, la Corée etc. -).

Les théories contemporaines

Elles recherchent, au delà des dotations initiales, d’autres sources d’avantages comparatifs :

A - La théorie du cycle de vie du produit (Vernon – 1966), montre que l’avantage comparatif tient aux innovations et à l’importance de la demande sur le marché domestique. Les innovations, à l'origine du cycle de vie d'un produit, apparaissent dans des pays disposant d’un grand stock de capital physique et humain. Le coût de l'innovation est absorbé par la taille du marché solvable dans ces pays. Le bien est exporté lorsque le marché domestique parvient à saturation. La concurrence internationale reprend ses droits, l'innovation étant connue, et les coûts de production deviennent des facteurs de succès. En conséquence, la production peut être transférée vers des pays à bas salaires.

B - La théorie de la concurrence imparfaite et politique commerciale stratégique (Krugman) révèle l’importance de la taille du marché domestique et les conséquences d’une position dominante nationale. Les économies d’échelle ainsi obtenues permettent simultanément de pratiquer d’une part la différenciation du produit (élargissement des gammes et amortissent des coûts de R&D) et, d’autre part la baisse des prix sur les marchés étrangers.

C - Dans la théorie de la demande (Linder - 1970) l’avantage comparatif tient à la taille du marché domestique, mais aussi aux préférences des consommateurs. Cette approche explique pourquoi deux Etats proches, disposant globalement de la même dotation initiale, sont amenés à échanger des biens de même nature (exportations croisées d’automobile entre la France et l’Allemagne par exemple).

[1] Les statistiques de l’OMC au format Excel: Source : http://www.wto.org/french/res_f/statis_f/its2006_f/its06_general_overview_f.htm[2] OMC : Statistiques du commerce mondial 2006 :http://www.wto.org/french/res_f/statis_f/its2006_f/its06_general_overview_f.pdf[3] Le PIB mondial : La documentation française : http://www.ladocumentationfrancaise.fr/cartotheque/produit-interieur-brut-par-habitant-par-pays-2004.shtml[4] OMC : Statistiques du commerce mondial 2006 :http://www.wto.org/french/res_f/statis_f/its2006_f/its06_general_overview_f.pdf[5] La documentation française : http://www.ladocumentationfrancaise.fr/revues-collections/problemes-economiques/graphiques/compar-intern-echanges-biens-services.shtml[6] : Une synthèse des théories à la documentation française :http://www.ladocumentationfrancaise.fr/revues-collections/problemes-economiques/theories/theories.shtml#p3[7] Texte original « Principe de l’économie politique et de l’impôt » en anglais à :http://www.econlib.org/library/Ricardo/ricP.html

IV - Pour aller plus loin...

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Webographie

Le site de la Banque Mondiale (en français) : http://www.banquemondiale.org/

Le site du FMI (en français) :http://www.imf.org/external/french/index.htm

Le rapport Pisani-Ferry (2003) sur la gouvernance mondiale à :http://www.pisani-ferry.net/base/papiers/re-03-REF-gouvernance.pdf

Les échanges intra-firmes :http://brises.org/notion.php/notId/115/notBranch/115http://www.educnet.education.fr/insee/comext/pourquoi/pourfirmes.htm

A. Smith : texte original (en français « Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations) à : http://visualiseur.bnf.fr/Visualiseur?Destination=Gallica&O=NUMM-5689

L’avantage comparatif, notion fondamentale et controverséehttp://www.cepii.fr/francgraph/publications/ecomond/lepointsur/2002ch8.pdf

Les économies et le commerce : la nouvelle problématique des échanges internationaux :http://www.educnet.education.fr/ecogest/veilleTic/economie/eco03.htm#heckscher

Les théories de l’échange :http://www.skyminds.net/economie-et-sociologie/ouverture-internationale-et-mondialisation/la-theorie-de-lechange/

Bibliographie

Titre Editeur AuteurCommerce international : théories et applications

Lavoisier De Melo

Commerce international et politiques commerciales

Armand Collin S. Bécuwe

La grande désillusion Fayard J. StieglitzLa mondialisation de l’économie Repères La

découverteJ. Adda

La nouvelle théorie du commerce international

Repères La découverte

M. Rainelli

Le commerce international Repères La découverte

M. Rainellli

Le point sur la mondialisation PUF JL FerrandéryNotre première mondialisation Seuil S. BergerUn monde meilleur ? Armand Collin J. Brasseul

2. L'internationalisation de l'entreprise

I - L’internationalisation de l’entreprise

L’internationalisation est une stratégie de développement de la firme hors de son marché national (ou marché domestique), afin de bénéficier d’avantages concurrentiels supplémentaires. Les causes de cette ouverture à l’international peuvent être analysées sous deux angles complémentaires. D’une part, l’internationalisation de la firme est liée à des variables générales d’environnement économique et à des facteurs liés à son productive. D’autre part, l’internationalisation de la firme est liée à ses contraintes stratégiques.

Les causes générales

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Les variables macroéconomiques

D’une manière générale, l’ouverture vers l’extérieur permet à la firme de conquérir de nouvelles parts de marchés, d’accroître sa notoriété, son influence, son chiffre d’affaires, et de diversifier ses approvisionnements et ses débouchés. Cette ouverture est facilitée par la mise en place d’institutions internationales destinées à réguler les échanges et à réduire les droits de douane ainsi que les obstacles non tarifaires (OMC [1]). De plus la coopération économique régionale se développe par la création de zones de libre échange (Alena) ou d’unions économiques intégrées (UE). Enfin le progrès technique raccourcit les distances, en favorisant simultanément le transport physique des biens et le développement des communications par l’usage des Tice et des réseaux électroniques (Internet).

Les variables de l’entreprise

L’internationalisation, par l’implantation d’unités de production comme par l’exportation, permet de bénéficier de trois types d’opportunités :

• Des opportunités techniques grâce aux gains de productivité des transports (baisse du coût et réduction du temps des transports), grâce aux différences de qualification de la main d’œuvre, et enfin en raison de l’inégale dotation des Etats en ressources productives (matières premières par exemple).• Des opportunités commerciales, liées à plusieurs évènements : l’apparition de nouveaux marchés (Chine), la nécessité de se rapprocher des nouveaux lieux de production et de consommation, l’apparition d’une homogénéisation partielle des modes de vie et de consommation de certains produits (alimentation, textile, habillement…), génératrice d’économies d’échelle. Enfin l’exportation, comme l’implantation directe à l’étranger, permettent de compenser la saturation progressive de la demande dans les marchés domestiques (biens d’équipement des ménages en Europe par exemple). • Des opportunités financières liées à différents facteurs :

o Le coût de la main d’œuvre, en fonction du niveau de développement de l’économie nationale, du droit du travail et de la protection sociale. o Les fluctuations des taux de changes. L’installation dans un pays étranger permet d’échapper aux conséquences des fluctuations des taux de changes (Airbus, comme Dassault envisagent d’implanter des chaînes de production dans les Etas appartenant à la zone dollar, c’est à dire essentiellement hors de la zone Euro). o Le protectionnisme latent. L’installation dans un pays étranger permet de se protéger contre les conséquences des mesures de protectionnisme déguisé (sur l’acier avec les USA, sur le riz au Japon, sur la banane avec les pays d’Amérique centrale). o Le régime juridique et fiscal (le taux d’imposition sur les sociétés) en vigueur dans les différents Etats. (Le siège d’Airbus est situé aux Pays bas, pays qui n’accueille pas d’unités de production, et dont le constructeur, Fokker n’est qu’associé à la participation à certains programmes).

Les causes stratégiques

Les facteurs stratégiques d’internationalisation des entreprises sont liés à la recherche de trois opportunités : la diminution des risques, le bénéfice d’avantages concurrentiels, et les opportunités de marchés.

La volonté de diminution des risques, par l’internationalisation, permet :

• De contourner les risques liés à la phase de fin de vie du produit. Un produit en phase de déclin sur le marché domestique (la coccinelle de VW en Europe au début des années 1970) peut être en phase de croissance dans un autre pays (développement de la production de ce modèle au Mexique à la même époque).• D’échapper au risque de la conjoncture (depuis l’an 2000 on constate globalement le ralentissement de la croissance dans la zone Euro, alors que celle-ci se maintient aux USA et se développe à un rythme soutenu en Inde ou en Chine).

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• De réduire le risque de dépendance géographique vis-à-vis des producteurs, pour les Etats comme pour les entreprises (les approvisionnements gaziers de l’Europe dépendent à plus de 25 % de la Russie). • De déplacer le risque de concurrence. Les produits de l’entreprise peuvent être fortement concurrencés sur son marché domestique, mais bénéficier d’une position plus favorable sur les marchés extérieurs (Nike au début des années 2000 aux USA).

La recherche d’avantages concurrentiels se traduit par la recherche :

• des disponibilités de ressources physiques (matières premières) et des savoir-faire, • des différentiels des coûts du travail, • des incitations publiques, légales ou fiscales (l’aide de la France à l’installation d’Eurodisney à Marne la Vallée, ou de Toyota dans le Nord par exemple).

L’utilisation des opportunités de marché

L’entreprise établi son diagnostic stratégique en fonction des caractéristiques du marché, national et international. Les facteurs liés au marché domestique regroupent essentiellement :

• le degré de concurrence (marché saturé –automobile- ou en situation d’oligopole restreint – lessive-), • l’état de la réglementation (normes de sécurité ou environnementales, normes sociales) peut placer la firme en situation de désavantage comparatif par rapport aux conditions en vigueur sur d’autres territoires, • les conditions techniques de production (court d’approvisionnement par exemple) peuvent limiter la croissance de la firme.

Les facteurs liés aux marchés étrangers concernent :

• L’internationalisation de la concurrence : le développent rapide de certains nouveaux marchés impose à la firme d’être aussi présente sur ce terrain (PSA en Chine par exemple).• Lles obstacles protectionnistes (tarifaires et non tarifaires), comme les variations des taux de changes conduisent également l’entreprise à implanter de nouvelles unités de production sur ces nouveaux marchés porteurs (Renault en Inde et en Russie).

II - Les choix préalables à l’internationalisation

L’internationalisation de la firme conduit à s’interroger sur le choix du pays (ou vendre ? ou produire ?) comme sur le choix du produit (quelle offre proposer ?), avant d’analyser les méthodes à adopter (voir partie III : Les modalités de l’internationalisation).

Le choix du lieu d’implantation

Le choix du pays d’accueil dépend tout d’abord de la confrontation entre l’ampleur du marchés (taille, pouvoir d’achat des consommateurs, croissance envisagée du marché…) et de la capacité de la firme à satisfaire les besoins perçus. D’autres facteurs interviennent également dans la décision de la firme, tels que :

• l’accessibilité physique (état des infrastructures, logistique), commerciale (état de la concurrence, réseaux de distribution, pratiques commerciales) et administrative (normes techniques, pratiques administratives, restrictions aux importations, mode de rapatriement des profits), • le risque pays (risques de change, stabilité politique, sécurité juridique).

Le choix du produit

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Le choix du produit est lié à l’état de la gamme de l’entreprise qui peut donc choisir de proposer :

• un produit actuel sur de nouveaux marchés : (la Clio Renault en Chine), • un produit nouveau adapté à ces nouveaux marchés (La Logan en Russie ou au Maroc).

III - Les modalités d’internationalisation de la firme

En fonction de ses ressources, du produit, et des caractéristiques du marché étranger visé, la firme doit procéder à un arbitrage entre les trois voies de l’internationalisation : l’exportation, l’implantation et le partenariat, ou impartition, en distinguant les lieux de production des lieux de commercialisation.

Les stratégies d’exportation

L’entreprise maintient la production sur son marché domestique et vend ses produits sur les marchés étrangers. On distingue ainsi :

• L’exportation simple : à partir de son marché d’origine, l’entreprise prend en charge les opérations de transport et de distribution sur les marchés extérieurs (LVMH et le champagne par exemple).• L’exportation indirecte : l’entreprise recourt à des intermédiaires pour acheminer ses produits sur les marchés étrangers (courtiers, transporteurs maritimes, transitaires etc.). • L’exportation concertée : l’entreprise se regroupe avec d’autres sociétés pour bénéficier de la compétence de partenaires locaux (groupement d’entreprise, portage ou « piggy back »). Pour les PME, cette méthode permet d’utiliser le réseau commercial d’une grande entreprise (moyennant une commission) sans avoir à supporter les coûts de constitution d’un réseau de distribution à l’étranger. On notera ici que cette stratégie d’exportation s’effectue dans le cadre d’opération d’impartition.

Les stratégies d’implantation

L’entreprise installe des unités de production et de commercialisation dans les marchés étrangers. Cette implantation correspond alors à des IDE (investissements directs à l’étranger). On distingue :

• la création d’une succursale (établissement sans personnalité juridique propre), • la création de filiale (de production, de distribution ou de services), par la constitution d’une société nationale de droit local.

Les stratégies d’impartition

L’entreprise s’engage ici dans une stratégie de concentration contractuelle, ou impartition (cf. chapitre « la croissance de l’entreprise »). Cette stratégie permet à des sociétés, éventuellement rivales, de collaborer pour bénéficier du partage de compétences ou d’économies d’échelles, tout en conservant leurs indépendances juridiques.

La coopération internationale inter entreprises prend deux formes principales :

• La création de structures communes soit par la création d’une filiale partagée (entre un producteur et un distributeur par exemple), de type co-entreprise ou « joint venture » (Renault-Dacia), soit par la création d’un GIE ou GIEE (groupement d’intérêt économique européen). Ces modalités permettent de partager les risques, de réduire les apports financiers de chaque partie, de bénéficier d’effets de synergie, de profiter de la connaissance des partenaires locaux, de pénétrer des marchés éloignés (Renault-Nissan) etc.• Le partage de savoirs faire, qui s’exerce sous deux modalités principales :

o soit par les franchises (industrielles ou commerciales) ou la cession de licence (brevets) qui permet au partenaire de la firme d’agir pour leur propre compte en lui versant une redevance,

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o soit par le portage, ou le regroupement d’entreprises (voir supra).

IV - Les SMN (Sociétés Multi Nationales)

Le développement du commerce international depuis les années de l’après guerre, et son accélération depuis les années 1980 s’accompagne du développement des SMN (sociétés multinationales) ou FMN (firmes multi nationales) [2]

Une SMN est une entreprise :

• qui dispose de plusieurs unités de production de son activité principale sur plusieurs territoires, • dont le capital est réparti entre de partenaires de différentes nationalités, et de ce fait est souvent cotée sur plus d’un marché financier (bourse), • dont les cadres stratégiques sont de culture et de nationalités variés, • qui dispose d’une stratégie internationale ou mondiale.

On resence ainsi des SMN dans les secteurs de l’automobile (Ford, WV, Renault) , de l’aéronautique (Boeing, Airbus), de la pharmacie (Novartis, Pfizer), de l’électronique (Phillips, Sony), de l’informatique (IBM, HP), dans le secteur de matières premières (Exxon, Shell), dans le secteur des services (Suez, Vivendi, Veolia) dans le secteur bancaire (HCBC, BNP) comme dans celui de l’assurance (Lloyds, Allianz) [3]

Les conséquences de l’internationalisation des firmes [4]

On distinguera ici les impacts macro-économiques des conséquences sur les firmes elles-mêmes

En terme macro économique, le développement des SMN :

• Donne naissance à des oligopoles mondiaux (Boeing-Airbus), par les processus de concentration.• Modifie la structure des échanges internationaux par le jeu du commerce intra firmes [5]. Les échanges intra-firmes sont les échanges entre filiales d'un même groupe multinational. Le produit fini est assemblé en un lieu, avec des composants provenant d’unités de production situés sur d’autre territoire (Renault assemble la Megane à Flins, avec des moteurs provenant de l’usine de Valladolid en Espagne). On estime, faute d’indicateurs précis, que ce commerce intra firmes représente le tiers des échanges internationaux en valeur.• Participe au développement des territoires d’accueil par les transferts de technologie.• Exerce une influence sur l’emploi dans le marché domestique, par les délocalisations [6]. « Au sens strict, une délocalisation correspond au transfert d’une partie de l’appareil productif vers un pays émergent, c’est-à-dire la fermeture d’unités de production en France suivie de réouverture à l’étranger. L’entreprise de l’industrie ou des services réimporte ensuite les mêmes biens afin de servir la même clientèle. Les délocalisations au sens large comprennent aussi la sous-traitance internationale. Il y a bien transfert de l’activité mais sans investissement dans le pays d’accueil. L’ensemble des importations de biens manufacturés en provenance des pays émergents effectuées directement par les entreprises industrielles françaises peut servir de majorant pour estimer l’impact des délocalisations. Ces importations incluent bien les flux générés par les délocalisations au sens strict et la sous-traitance internationale, mais leur étendue est plus large elles ne résultent pas nécessairement de la suppression d’une activité sur le territoire national et peuvent être liées au développement des approvisionnements des pays émergents ».

L’internationalisation contribue à ces destructions annuelles pour une part qui reste minoritaire mais néanmoins significative. On estime ainsi que les délocalisations contribuent à la destruction annuelle de 15 000 à 34 000 emplois. Mais ces destructions n’ont pas empêché l’économie française de créer environ 200 000 emplois marchands par an sur la dernière décennie. Source Insee [7] « Les flux de main-d’œuvre et les flux d'emplois dans un contexte d'internationalisation ».

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• Altère progressivement le sens des échanges. Traditionnellement, les SMN sont issues des pays développées et exercent principalement leurs activités dans les autres pays développées (à l’exception des SMN spécialisées dans l’extraction des matières premières ou du secteur textile-habillement). Cet échange Nord-Nord est désormais en passe de se modifier, avec l’apparition de SMN issues des pays du Sud, ou des NPI, telles que PétroChina (Chine) Mittal (Inde), Petronas (Malaisie) [8].

En terme stratégique, le développement des SMN :

• A longtemps exercé une influence économique sur les pays d’accueil (par exemple ; United Fruits en Amérique latine avant guerre, BP en Irak après guerre, ITT au Chili, ou Elf au Gabon dans les années 70…), influence génératrice de monopoles locaux.• Permet d’atteindre une rente mondiale de position dominante (Microsoft ou Intel dans la micro informatique) préjudiciable à la concurrence. • Autorise le développement de produits mondiaux (le Mac Do, ou la Renault Logan), source d’économies d’échelle, participant ainsi à une relative homogénéisation des modes de consommation et, au-delà, des modes de vie.

La mondialisation et le développement des SMN accélèrent donc, pour certains produits, l’apparition de marchés uniques mondiaux, la diffusion des innovations technologiques. De manière plus générale ce mouvement participe à une meilleure allocation des ressources productives, et à la croissance économique des territoires d’implantation. Cependant les conditions d’exercice des activités des SMN sont susceptibles de produire des distorsions de concurrence, économiques mais aussi sociales quant aux conditions de travail et de rémunération de leurs salariés (Adidas en Indonésie, GAP en Inde, Nike au Vietnam). Ainsi, la mondialisation et le développement des SMN révèlent-ils l’acuité de la question de la gouvernance mondiale et de la responsabilité sociale et éthique de la firme.

[1] OMC : http://www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers/omc/index.shtml[2] http://www.memo.fr/article.asp?ID=THE_ECO_008[3] Le classement par secteur des 1000 premières multi nationales par secteur : http://fr.transnationale.org/pays/majors.php[4] http://www.educnet.education.fr/insee/entreprises/ou/ouetranger.htm[5] http://www.educnet.education.fr/insee/comext/qui/quimultinat.htm[6] http://www.insee.fr/fr/ffc/docs_ffc/ref/INDFRA06k.PDF[7] http://www.insee.fr/fr/ffc/ficdoc_frame.asp?ref_id=ECOFRA07E&doc_id=2034&theme=8[8] Les 100 multinationales qui changent la donne, Le Monde du 4 décembre 2007http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3234,36-985631,0.html?xtor=RSS-3208

V - Pour aller plus loin...

Bibliographie

Titre Editeur AuteurLe marketing international. Stratégie globale, campagne locale

Les éditions d’organisation

É. Karsaklian

Entreprises multinationales Stratégie. Restructuration. Gouvernance

Dunod O. Meier, G. Schier

Les multinationales globales Repères La découverte

Andreff

Les firmes multinationales Editions Lavoisier F. MazerollePrécis d'économie internationale Ellipses A. Slim , F. El

AlaouiLa mondialisation et ses ennemis Hachette Daniel CohenUn autre monde Fayard J. Stieglitz

© Cerpeg - janvier 2008