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ÉCONOMIE COLLABORATIVE, LA TROISIÈME RÉVOLUTION DIGITALE le choc des offres Neuf Français sur dix déclarent avoir déjà réalisé au moins une fois une pratique de consommation collaborative. Elle a déjà bouleversé plusieurs secteurs économiques. Plutôt qu’une activité à part, c’est une nouvelle économie qui est en marche, qui pousse chacun à revoir les business model, les pratiques de consommation, le rapport au commerce et même le sens du travail… La France saura-t-elle saisir le mouvement ? LE DOSSIER

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ÉCONOMIE COLLABORATIVE, LA TROISIÈME RÉVOLUTION DIGITALE

le choc des offres

Neuf Français sur dix déclarent avoir déjà réalisé au moins une fois une pratique de consommation collaborative. Elle a déjà bouleversé plusieurs secteurs économiques. Plutôt qu’une activité à part, c’est une nouvelle économie qui est en marche, qui pousse

chacun à revoir les business model, les pratiques de consommation, le rapport au commerce et même le sens du travail… La France saura-t-elle saisir le mouvement ?

LE DOSSIER

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’économie collaborative repose sur le fait de privilégier l’usage à la propriété d’un bien. Le principe est simple : il s’agit de partager l’usage entre plusieurs utilisa-teurs. À l’origine, un constat révo-lutionnaire : une perceuse est uti-lisée 12 minutes dans sa vie, une voiture dort 95 % de son temps. Avec les nouvelles technologies, les opportunités d’échanges entre les individus se sont multipliées grâce à des plates-formes en ligne de mise en relation : des market-

place. De nouveaux business model sont nés : hautement relationnels ; avec des prix de 30 à 60 % inférieurs aux offres

L● Quels sont, pour vous, les grands enjeux de l’économie collaborative ?Le premier enjeu est de faire évoluer les mentalités toujours fortement attachées à la notion de propriété, vers des modèles reposant sur la fonctionnalité. Nous réinventons des modèles historiques installés depuis longtemps, en donnant le « pouvoir » à des particuliers, en supprimant les intermédiaires et en réinsufflant du pouvoir d’achat dans l’économie. On commence à voir des initiatives intéressantes d’économie classique couplée au mode P2P avec SNCF qui investit dans Ouicar pour compléter son offre de porte à porte.

● Quels sont les freins rencontrés ?Ils sont psychologiques : il est en-core difficile pour un propriétaire d’imaginer confier sa voiture à un inconnu le temps d’une location. D’où l’importance de la confiance et de la réassurance.

MARION CARRETTE, FONDATRICE DE OUICAR

OuiCar, pionnier de la consommation collaborative depuis 2007, est le premier site de location de voiture entre particuliers disponible sur Internet. Une manière de repenser son rapport à la voiture en privilégiant son usage à sa propriété.

historiques ; créant un nouveau standard d’expérience client ; garantissant une promesse de qualité par autorégu-lation. La récente étude menée par le cabinet Oliver Wyman le montre. Le succès du modèle tient essentiellement à des niveaux de satisfaction très élevés, dépassant tous les modèles classiques. Le double attrait, en tant que consom-mateur et producteur, a accéléré l’adoption de ces modèles : les revenus additionnels sont plus de trois fois supérieurs aux intérêts générés par les modèles traditionnels. Enfin, il s’agit d’une rupture générationnelle : 51 % des millennials (16-34 ans) pensent d’abord collaboratif et préfèrent par-tager les choses plutôt que les acheter.

L’ÉCONOMIE COLLABORATIVE CHANGE LA DONNENicolas d’Hueppe, vice-président de CroissancePlus et PDG de Cellfish media, le confirme : « Nous voyons se …

PLUSIEURS MILLIERS de locations chaque mois

voitures de particuliers à louer partout en France

30 000

millions d’euros investis en juin 2015 par la SNCF, devenue actionnaire aux côtés des fonds historiques (Jaïna Capital et Ecomobility Ventures)28

+ DE 500 000 membres

PAROLE D’ENTREPRENEUR

LE DOSSIER

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● Dans l’économie du partage, quel est le meilleur système de rémunération pérenne et responsable ?Le modèle transactionnel par paie-ment en ligne, dans lequel les passa-gers payent leur place sur Internet et des frais sont prélevés sur chaque transaction est le système le plus simple et le plus efficace. Avec la réservation en ligne, nous avons

Frédéric MazzellaFONDATEUR ET PRÉSIDENT DIRECTEUR GÉNÉRAL DE BLABLACAR

diminué par dix le taux de désiste-ment. Grâce à ce système, nous nous sommes assuré un revenu pérenne pour continuer à nous développer sur le long terme. C’est ce qui a permis la croissance du service et de la com-munauté. Et c’est le même modèle qui est utilisé par beaucoup d’autres leaders de l’économie du partage.

● Avez-vous l’impression d’être le représentant d’une réussite de l’entrepreneuriat français ?Notre histoire est par certains côtés rassurante et symbolique. Elle montre qu’il est possible de bâtir une start-up à portée mondiale depuis la France. Preuve que nous avons sur le terri-toire tous les éléments pour réussir : un système éducatif de qualité qui forme des profils variés et de très haut niveau, un riche tissu d’incubateurs et d’accélérateurs qui accompagnent les start-up, et un réseau de finance-ment maintenant complet. Dans ce contexte, la réussite de BlaBlaCar est un bel exemple, loin d’être unique.

Afin de renforcer l’attractivité de notre écosystème français, et de montrer le rayonnement de cette économie, nous avons lancé avec une douzaine d’entrepreneurs français, le mouve-ment #ReviensLeon qui vise à faire la promotion des start-up françaises à l’étranger et à attirer les talents du monde entier.

● Quels seraient les conseils à donner aux start-up ?La réussite d’une start-up tient pour 50 % de l’envie et pour 50 % du travail. Premier conseil : l’entrepreneur doit être particulièrement motivé par le projet qu’il porte ! Et pour transmettre sa motivation et faire adhérer, rien de mieux que d’en être le premier utilisateur ! Cela permet de le com-prendre et de l’améliorer. Et il est nécessaire de s’associer avec des personnes complémentaires. Dans ce sens, les accélérateurs permettent de confronter son idée avec diffé-rentes personnes et de rencontrer de potentiels futurs associés.

« BÂTIR UNE START-UP À PORTÉE MONDIALE, EN FRANCE, C’EST POSSIBLE»

… lever un énorme vent de liberté. Internet libéralise, au sens propre du terme, les relations entre différentes personnes dans la société, en permettant à une offre et une demande commerciales de se rencontrer, quelqu’un qui a besoin de travailler et quelqu’un qui a besoin d’une production ou d’un service. »Ainsi, un choc d’offres sans précédent est créé dans de nombreux secteurs, grâce à un éventail d’offres qui s’étoffe et s’autogénère. On constate la croissance accélérée des acteurs de l'économie collaborative, qui seront leaders dans cinq ans, grâce au modèle des marketplace et des plates-formes collaboratives, sans risque et rapidement rentable (commissions de 2 à 20 %).

UN MOUVEMENT DE FOND DANS TOUS LES SECTEURSPour Guy Mamou-Mani, président du Syntec Numérique, « c’est une erreur de croire qu’il s’agit d’un secteur économique à côté de l’économie classique. Toutes les entreprises, tous les modes de fonctionnement vont être bouleversés. Nous entrons dans un nouveau modèle, avec de nouveaux codes. Qui aujourd’hui achète une voiture ou une résidence secondaire ? C’est dépassé. La transformation est inéluctable. » Ainsi, l’économie collaborative pénètre déjà de nombreux secteurs : loge-ment, vente directe de producteurs, création musicale, voiture (VTC, covoiturage, location de voiture, partage de voiture à l’aéroport…), restauration, financement,…

LE DOSSIER

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… habillement, services (garde d’enfants, d’animaux…). Elle pénètre dans le B2B, qui émerge rapidement grâce aux objets connectés, mais aussi dans le B2C, jusqu’au sociétal (éducation…). Les distributeurs commencent à se convertir en marketplace ; les usagers de demain perdent la valeur de possession et partagent dans tous les secteurs. Partout, les pratiques de réemploi se développent.

QUEL POSITIONNEMENT POUR LA FRANCE ?« Cela correspond à une transformation nécessaire de notre société, estime Guy Mamou-Mani. Il y a deux manières de réagir : soit résister, rejeter cette transfor-mation, mais nous serons alors balayés par ce tsunami et nous subirons cette transformation, soit accompagner ce mouvement. Soit la France s’y met, soit elle sera marginalisée. Notre pays a des atouts considérables : notre système scolaire, nos créateurs de start-up, nos entreprises numériques… Il ne s’agit pas seulement d’un enjeu technologique, qui est désormais acquis : il s’agit surtout d’accompagner le changement. »

TOUS MINI-ENTREPRENEURS ?Un nouveau monde qui apparaît, où le salariat n’est plus la norme. Comme l’explique Marion Carrette, de Ouicar : « Ces modèles permettent à des particuliers de devenir de “mini-entrepreneurs” et de compléter leurs revenus de manière plus ou moins régulière. L’économie collaborative contribue ainsi à réinventer la notion de travail et de salariat, avec des enjeux forts autour de ces thèmes compte tenu du modèle social de la France qui repose essentiellement sur la notion de salariat. »À l’évidence, une mutation est en marche : il existe quatre millions de free-lances potentiels aux États-Unis, donc une réserve de croissance impressionnante.Pour Nicolas d’Hueppe : « Poser la question de la fin du salariat interroge sur la fin de la sécurité, mais le salariat ne signifie pas la sécurité. C’est un retour à la performance, aux augmentations de salaire… Ce n’est pas la fin de la sécurité, nous aurons d’autres métiers, on travaillera différemment. Pour tous ceux qui ne sont pas intégrés à ce jour dans le monde du travail, c’est une formidable nouvelle. »

les propositions de CroissancePlus

1 Adapter le droit du travail à l’évolution du salariatCes nouveaux modèles de travail doivent être

réglementés sans être bridés, en assurant une sécurité pour toutes les parties prenantes. Les outsiders peuvent trouver l’occasion de dénicher une place sur le marché du travail. Soutenons les personnes qui se lancent dans l’aventure entrepreneuriale et créent leur propre emploi.

2 Définir un cadre juridique adaptéLes cadres juridiques doivent être adaptés

pour que la concurrence, qui est évidemment plus forte, soit équitable. Ce cadre est également indispensable pour sécuriser les utilisateurs et assurer une protection sociale aux entrepreneurs.

« Il faut adapter les règles du jeu entre les acteurs économiques actuels et ces nouvelles entreprises sans avoir peur de la concurrence, ni du progrès » Stanislas de Bentzmann, président de CroissancePlus

LE DOSSIER

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Nicolas LesurFONDATEUR D’UNILEND, PRÉSIDENT DE FINANCEMENT PARTICIPATIF FRANCE

● Décrivez-nous le marché du financement participatif.Le marché français se développe à grande vitesse et est devenu le pre-mier marché européen. Avec une

croissance de 100 % par an en 2014 et 2015, le marché double tous les ans. Il est beaucoup plus développé aux États-Unis et au Royaume-Uni. Nous sommes au tout début d’une transformation de fond qui rapproche ceux qui ont besoin d’argent et ceux qui en ont à prêter.

● Quelles sont les raisons de l’engouement ?D’abord un mouvement de défiance gé-nérale vis-à-vis du système bancaire et des formes d’intermédiation. Surtout, Internet a accru la vitesse d’accès à l’information et fait chuter les coûts

de transaction. Les gens peuvent re-prendre le pouvoir sur leur épargne.

● Quelles sont vos attentes vis-à-vis du gouvernement ?J’en attends une agilité à comprendre l’évolution du secteur et à adapter le cadre réglementaire au fil des ans. Le financement participatif apporte des solutions concrètes aux besoins des entreprises, et un cadre nouveau : on est en train de construire un sys-tème qui ne présente pas les risques systémiques du système bancaire, qui est plus protecteur et qui n’est pas concurrentiel, mais complémentaire.

GREGORY SALINGER, PRÉSIDENT DE VIDEDRESSING

PAROLE D’ENTREPRENEUR

+ DE 900 000produits : de Zara à Prada

Créée en 2009, c’est la première marketplace d’achat et revente d’articles de mode et de luxe en France, et elle fait désormais partie de cette génération d’entreprises qui apportent à l’écosystème French Tech une dynamique créative nouvelle.

● Quels sont, pour vous, les grands enjeux de l’économie collaborative ?Le consommateur est au centre de l’écosystème : il veut se faire plaisir, avec le meilleur rapport qualité/prix. Les revendeurs y trouvent un revenu supplémen-taire grâce aux ressources inexploitées. La question de la sécurité et de la confiance des plates-formes est également majeure : le rôle de tiers de confiance de Videdressing est important pour garantir le paie-

ment des vendeurs, la satisfaction des acheteurs et l’authenticité des articles. Enfin, il faut proposer une expérience différente, sociale, qui va favoriser les échanges entre utilisateurs.

● Quels sont les freins rencontrés ?Le marché n’est pas encore mature : nous avons besoin d’éduquer les consommateurs et de les rassurer, de faire connaître davantage les pratiques collaboratives.

414 000marques représentées

millions de visites par mois

Des acheteurs et vendeurs présents

dans plus de

1 MILLIONde membres

100 PAYS

« LE FINANCEMENT PARTICIPATIF APPORTE DES SOLUTIONS CONCRÈTES »

LE DOSSIER

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● Pouvez-vous retracer les étapes de l’émergence de l’économie collaborative ?L’évolution a eu lieu en trois temps. Après le search (moteurs de recherche Google, Yahoo !) et le transac-tionnel (Amazon, eBay, Booking. com), la troisième révolution digitale est l’économie collaborative. Elle a débuté avec l’émergence des réseaux sociaux, puis connu une inflexion très forte en 2010 grâce à l’ac-célération de l’utilisation des smartphones, permet-tant l’émergence de plates-formes collaboratives de services. Celles-ci représentent aujourd’hui 31 % de la valorisation du top 30 des entreprises digitales.

● Quel est le poids de ce nouveau marché ?Une rupture de l’offre se crée dans de nombreux secteurs, ce qui force les acteurs à se repositionner : le marché du taxi créé par Uber à San Francisco a été multiplié par cinq ! Les capitalisations boursières des leaders de l’économie collaborative sont considérables : 20 milliards d’euros pour Airbnb, 6 milliards d’euros pour Lending Club, 3 milliards d’euros pour HomeAway…L’économie collaborative repose par ailleurs sur une stratégie commerciale capable d’adapter l’offre à la demande et cassant les modèles de profitabilité classiques (Uber peut doubler son offre en période contrainte). Cette stratégie est permise par des fran-chises ultra-lean et des modèles autoentrepreneurs surfant sur des zones d’ombre.

Contact : [email protected]

des Américains utilisent l’économie collaborative comme source de revenu additionnel

300 MILLIARDS

de dollars : estimation du marché en 2025 contre

26 milliards en 2015

540 MILLIONS

34 %

34 %

40 %des actifs américains

travaillent en free-lance en 2015 et 80 % se disent

prêts à travailler en free-lance en plus de leur

travail à temps plein

de la valeur d’Amazon est liée à la marketplace

Un appartement loué sur Airbnb rapporte jusqu’à trois fois plus qu’un bail classique, avec un marché à Paris estimé (en euros et par an) à

ADAPTER L’OFFRE À LA DEMANDELa France compte près de trois cents initiatives numériques, bien positionnées au niveau mondial. De multiples facteurs entrent en jeu : réglementation, évolutions technologiques, habitudes de consommation… Quelle est la viabilité de cette nouvelle économie ? Bruno Despujol, consultant spécialiste au cabinet de conseil Oliver Wyman, nous livre son point de vue.

● Quel impact sur le marché de l’emploi ?Une transformation profonde ! On estime qu’environ 50 % des emplois disparaîtront ou seront transformés aux États-Unis d’ici 2025. Par exemple, en 2015, à valorisation égale, Airbnb emploie trois cents fois moins de personnel que les principaux groupes hôteliers. En France, entre 2006 et 2011, le nombre de travailleurs non salariés a augmenté de 26 % (12 % des actifs : 2,8 millions). L’économie collaborative va donc changer structurellement la façon de travailler.

LE DOSSIER

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● Quels sont, pour vous, les grands enjeux de l’économie collaborative ?C’est dans la relation, l’expérience et la confiance que nous investissons le plus. Nous donnons aux utilisateurs les outils pour développer la transpa-rence et une contribution équilibrée afin que tous soient gagnants, les voyageurs comme les hôtes. La régularisation est aussi nécessaire. Nous avons beaucoup avancé dans une dizaine de grandes villes dans le monde avec la collecte de la taxe de séjour.

● Dans ce marché de l’économie collaborative, faut-il rester petit ou tendre à se développer ?La course à la taille et à la rentabilité est très exi-geante dans un contexte de concurrence internatio-nale. On est dans une logique où the winner takes all. Il faut viser l’Europe puis le monde. Mais des initiatives ciblées, avec les collectivités locales, pourraient faire émerger des structures collabora-tives plus petites. logements de particuliers

dans 120 pays dans le monde

+ DE 30 000

Misterbnb, site français de location d’appartements courte durée dédié aux voyageurs gay et gay-friendly, est né en 2013 de la rencontre de deux start-up : mygaytrip.com, et sejourning.com.

20salariés

de croissance par mois20%

200 000membres

FRANÇOIS DE LANDES DE SAINT-PALAIS,COFONDATEUR DE MISTERBNB.COM

PAROLE D’ENTREPRENEUR

« Uber ou Airbnb montrent la nécessité de transformer la législation sociale et fiscale de manière à apporter un équilibre. Par exemple, Airbnb ne peut pas continuer à s’affranchir de la taxe de séjour. En matière de droit du travail, il est évident que le contrat actuel, CDD ou CDI, n’est pas adapté à cette nouvelle économie. Les 35 heures ou les restrictions du travail le dimanche n’ont aucun sens pour cette économie nouvelle dans laquelle les gens travaillent où, quand et comme ils veulent. L’économie collaborative va encourager l’évolution nécessaire du statut d’autoentrepreneur. L’adaptation du droit du travail est nécessaire pour protéger le modèle social français, sinon il sera contourné et débordé. »

Guy Mamou-ManiPRÉSIDENT DU SYNTEC NUMÉRIQUE

« IL FAUT TRANSFORMER LA LÉGISLATION POUR RETROUVER UN ÉQUILIBRE »

LE DOSSIER