48
1 Au sommaire AGRO-ECOLOGIE EN PHOTO CALENDRIER / DIVERS CONTACTS L’AGRO-ECOLOGIE AU NIVEAU NATIONAL [P2][P11] RECHERCHES SUCCESS STORIES ACTUALITES DOSSIER [P12][P33] [P34][P39] [P40] [P44] [P47] [P48] Mesdames et Messieurs, N ous avons le pla isir de vous présenter l’édition N°10 du Journal de l’Agro-écologie, un journal rédigé durant la période de confinement due au COVID 19 et pour lequel nous tenons à remercier les contributions des membres et partenaires du GSDM. Les séries d’articles relevant de la recherche sur la matière organique et la fertilisation minérale sont révélatrices des stratégies paysannes dont il faut tenir compte dans les programmes de développement en matière d’agriculture familiale. La recherche nous promet d’autres articles dans ce sens. Compte tenu des engouements actuels des paysans pour le mucuna dans la gestion de la fertilité des sols, un article sur son utilisation en alimentation animale est présenté par la recherche. Les contributions des membres et des partenaires du GSDM sur les expériences/leçons apprises des projets/programmes en matière d’agriculture climato-intelligente et d’Agro-écologie sont très enrichissantes pour nos échanges. En particulier, les leçons apprises en matière de bonnes pratiques agricoles, de ady gasy ainsi que les témoignages de paysans contribuent encore une fois au plaidoyer pour l’Agro-écologie pour la conservation de notre patrimoine sol et de notre biodiversité exceptionnelle. Nous avons mis dans cette édition la biographie de Lucien Séguy qui nous a quitté le 27 Avril 2020, en hommage à cet agronome, chercheur et pionnier en l’agriculture de conservation (ou SCV) à Madagascar comme à l’étranger. Merci à ses collègues proches et à sa famille d’avoir rédigé cette biographie ainsi que le livre d’or numérique à sa mémoire en cours de préparation. Edito JOURNAL DE L’AGRO-ECOLOGIE Edition trimestrielle N° 10 / 2020 RAKOTONDRAMANANA Directeur de publicaon La pandémie de COVID 19 est toujours là, respectons les geste barrières ! Bonne lecture ! Les analyses et conclusions de ce journal sont formulées sous la responsabilité de leurs auteurs. Elles ne reflètent pas nécessairement les points de vue du GSDM. [P45] [P46]

Edito - gsdm-mg.org

  • Upload
    others

  • View
    2

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Edito - gsdm-mg.org

1

Au sommaire

AGRO-ECOLOGIE EN PHOTO

CALENDRIER DIVERS CONTACTS

LrsquoAGRO-ECOLOGIE AU NIVEAU NATIONAL [P2][P11]

RECHERCHES

SUCCESS STORIES

ACTUALITES

DOSSIER

[P12][P33]

[P34][P39]

[P40] [P44]

[P47]

[P48]

Mesdames et Messieurs

Nous avons le plaisir de vous preacutesenter lrsquoeacutedition Ndeg10 du Journal de lrsquoAgro-eacutecologie un journal

reacutedigeacute durant la peacuteriode de confinement due au COVID 19 et pour lequel nous tenons agrave remercier les contributions des membres et partenaires du GSDM Les seacuteries drsquoarticles relevant de la recherche sur la matiegravere organique et la fertilisation mineacuterale sont reacuteveacutelatrices des strateacutegies paysannes dont il faut tenir compte dans les programmes de deacuteveloppement en matiegravere drsquoagriculture familiale La recherche nous promet drsquoautres articles dans ce sens Compte tenu des engouements actuels des paysans pour le mucuna dans la gestion de la fertiliteacute des sols un article sur son utilisation en alimentation animale est preacutesenteacute par la recherche Les contributions des membres et des partenaires du GSDM sur les expeacuteriencesleccedilons apprises des projetsprogrammes en matiegravere drsquoagriculture climato-intelligente et drsquoAgro-eacutecologie sont tregraves enrichissantes pour nos eacutechanges En particulier les leccedilons apprises en matiegravere de bonnes pratiques agricoles de ady gasy ainsi que les teacutemoignages de paysans contribuent encore une fois au plaidoyer pour lrsquoAgro-eacutecologie pour la conservation de notre patrimoine sol et de notre biodiversiteacute exceptionnelle

Nous avons mis dans cette eacutedition la biographie de Lucien Seacuteguy qui nous a quitteacute le 27 Avril 2020 en hommage agrave cet agronome chercheur et pionnier en lrsquoagriculture de conservation (ou SCV) agrave Madagascar comme agrave lrsquoeacutetranger Merci agrave ses collegravegues proches et agrave sa famille drsquoavoir reacutedigeacute cette biographie ainsi que le livre drsquoor numeacuterique agrave sa meacutemoire en cours de preacuteparation

Edito

JOURNAL DE LrsquoAGRO-ECOLOGIEEdition trimestrielle Ndeg 10 2020

RAKOTONDRAMANANA Directeur de publication

La pandeacutemie de COVID 19 est toujours lagrave respectons les geste barriegraveres

Bonne lecture

Les analyses et conclusions de ce journal sont formuleacutees sous la responsabiliteacute de leurs auteurs Elles ne reflegravetent pas neacutecessairement les points de vue du GSDM

[P45] [P46]

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

2

Trimestrielle - Edition N

deg 10

LrsquoAGRO-ECOLOGIE AU NIVEAU NATIONAL

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Producteurs de tomate recherche drsquoalternative pour limiter les deacutegacircts importants causeacutes par Tuta absoluta (Betafo - Vakinankaratra)

Lantoniaina RAVONIALIMANANA (VFTV) Andry RASAMIMANANA (Ceffel)

Marieacutee et megravere drsquoune petite fille de 6 ans Harifetra Vololoniaina Noroherintiana TAFITASOA est une jeune femme productrice de tomate agrave Ambalavato fonkotany Ambohipihaonana Betafo

Antsirabe

Apregraves avoir eu son diplocircme de baccalaureacuteat en 2012 elle et son mari ont deacutecideacute de srsquoimpliquer dans la vie professionnelle en produisant de la tomate de lrsquooignon de lrsquoail et du riz En compleacutement ils ont aussi investi en eacutelevage de poulet gasy Ils ont une vache laitiegravere acquise sur les beacuteneacutefices de la culture de tomate En effet ils produisent au minimum 3 tonnes de tomate pendant la contre saison Leur pratique culturale eacutetaient celle pratiqueacutee par leurs parents i) utilisation de fumier ii) NPK et ureacutee apporteacutes 5 fois durant un cycle (agrave raison de 3 agrave 5 kgare NPK et 1 kgare Ureacutee agrave chaque apport) iii) utilisation de fongicide et insecticide mecircme apregraves la reacutecolte pour preacuteserver la qualiteacute visuelle des fruits

En 2018 elle a rencontreacute une difficulteacute sur la maitrise drsquoun nouveau ravageur qui a engendreacute des pertes eacutenormes sur la production

En 2018 les producteurs de tomate et drsquoautres solanaceacutees dans le district de Betafo ont fait face agrave lrsquoeacutemergence drsquoun ravageur redoutable Tuta absoluta (ou mineuse de la tomate un leacutepidoptegravere dont les larves creusent des mines dans les parties aeacuteriennes de la tomate) qui a provoqueacute plus de 75 de perte agrave la reacutecolte

Cependant Tafitasoa a pu limiter les pertes en augmentant la freacutequence des traitements (1 agrave 2 fois par semaine) en meacutelangeant 3 insecticides diffeacuterents et en utilisant une forte dose Lrsquoefficaciteacute de tel traitement a diminueacute apregraves plusieurs applications Elle a remarqueacute que le ravageur a acquis une certaine reacutesistance aux pesticides utiliseacutes Drsquoautre part elle a aussi constateacute une augmentation de deacutepenses lieacutee agrave lrsquoutilisation trop freacutequente de pesticides et des conseacutequences sur lrsquoeacutetat de santeacute de son mari qui apregraves chaque traitement est enrhumeacute et a eu des maux de tecircte

En fin 2018 deacutecision drsquoadheacuterer agrave lsquoOPR VFTV-FIFATA et de changer de pratiquehellip

Lrsquoadheacutesion de TAFITASOA agrave VFTV-Fifata a permis agrave Tafitasoa de participer agrave une session de formations au centre Ceffel Elle est devenue Paysan Relais Agroeacutecologie Elle avait pu eacutechanger avec drsquoautres producteurs et acquis de nouvelles techniques de production Elle eacutetait speacutecialement convaincue de lrsquoutilisation du compost liquide meacutelangeacute avec du ady gasy et espegravere reacutesoudre les problegravemes drsquoattaque du Tuta absoluta Juste apregraves la formation elle a acheteacute 4 bidons jaunes de 20 l pour fabriquer du compost liquide agrave base de tephrosia de tithonia et de bouse de vache) et du ady gasy avec du piment du neem et du sisal

A sa propre initiative elle a testeacute le compost liquide et du ady gasy sur une parcelle de tomates de 1 are et une autre de 1 are comme teacutemoin (traiteacutee avec des pesticides comme avant) Le reacutesultat a eacuteteacute probant et les avantages sont nombreux par rapport au teacutemoin zeacutero

bull Bonne qualiteacute des fruits couleur attrayante pas de tacircche causeacutees par lrsquoinsecte bon calibre bull Bonne conservation en stockage et durant le transport bull Augmentation du rendement de 160 kg (560 kg contre 400 kg pour le teacutemoin) bull Reacuteduction des deacutepenses sur lrsquoachat des produits phyto de presque agrave 50 bull Plus de problegraveme de rhume et de maux de tecircte

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

3

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IELrsquoAGRO-ECOLOGIE

AU NIVEAU NATIONALDes perspectives drsquoameacuteliorationshellip

En 2020 elle a deacutecideacute drsquoutiliser un fucirct plastique de 150 l pour avoir plus de compost liquideady gasy Bien que ce ne soit pas encore assez pour son exploitation Lrsquoutilisation de produit insecticide pour les cultures diminue et se tend vers 0 Elle utilise aussi ces intrants agroeacutecologiques sur drsquoautres cultures comme lrsquoail lrsquooignon et la production de semences Elle a obtenu des bons bouquets de fleurs drsquooignon sur les parcelles traiteacutees avec le compost liquide par rapport aux parcelles conduites de faccedilon conventionnelle

Reacuteduction drsquoengrais chimiquehellip

La quantiteacute drsquoengrais chimiques qursquoelle utilise pour la production de tomates dont 5 apports durant le cycle de culture et agrave raison de 3 agrave 4 kgare NPK et 1 kgare Ureacutee agrave chaque apport engagent beaucoup de charges Tafitasoa et sa famille commencent agrave essayer plusieurs alternatives comme lrsquoutilisation de Biochar (fabriqueacute agrave partir de balle de riz facilement accessible agrave Betafo surtout hors saison de fabrication de briques) des engrais verts (principalement agrave base de tithonia tregraves reacutepandu dans la zone) sans parler des composts classiques et du lombricomposthellipA suivrehellip

bull Vovonanrsquony Fikambananrsquony Tantsaha eto Vankinankaratra bull FIkambana FAmpivoarana ny TAntsaha

Tomate produite avec compost liquide et ady gasy

Tomate produite sur la parcelle conventionnelle (avec des traces drsquoattaque

des insectes)

Les produits sur la parcelle traiteacutee avec du compost liquideady gasy

Fabrication de compost liquide dans un fucirct plastique

et bidon jaune 20 l

Tafitasoa et sa famille devant sa parcelle de production de

semence drsquooignon

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

4

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IELrsquoAGRO-ECOLOGIE

AU NIVEAU NATIONALIntroduction de lrsquoinnovation agro-eacutecologie pour ameacuteliorer la seacutecuriteacute

alimentaire et la nutrition des communauteacutes villageoises aux alentours de la Nouvelle Aire Proteacutegeacutee drsquoAlaotra

Hanitra RAKOTOJAONA Brinah RAZAFIHARIMIANDO - DURRELL

Durrell Madagascar travaille aux alentours de la Nouvelle Aire Proteacutegeacutee drsquoAlaotra (NAP Alaotra) pour assurer la preacuteservation de lrsquoespegravece de leacutemurien endeacutemique de la zone qui est le Bandro (Hapalemur

alaotrensis) ainsi que son habitat naturel Etant le promoteur de lrsquoAire Proteacutegeacutee (AP) drsquoAlaotra Durrell collabore eacutetroitement avec les communauteacutes locales pour promouvoir la bonne gestion de lrsquoaire proteacutegeacutee de ses biodiversiteacutes et de ses ressources naturelles

Diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques sont eacutegalement mises en œuvre dont les principaux objectifs sont de pouvoir reacuteduire les menaces et les pressions sur les ressources naturelles et la biodiversiteacute mais aussi drsquoameacuteliorer les conditions de vie et le bien-ecirctre de la population rurale deacutependante de ces ressources naturelles

A cet effet le projet laquo Enabling Change raquo financeacute par Jersey Overseas Aid est mis en œuvre dans quelques villages aux alentours de la NAP Alaotra pour ameacuteliorer la seacutecuriteacute alimentaire la nutrition et les revenus de meacutenages agrave travers des activiteacutes de productions agricoles respectueuses de lrsquoenvironnement Des pratiques culturales durables et reacutesilientes au changement climatique (Agriculture Climato-Intelligente Agriculture de Conservation) ont eacuteteacute identifieacutees et promues par le projet autour de 5 villages speacutecifiques La diffusion de ces techniques se fait agrave travers les champs eacutecoles paysans (CEP) pour permettre aux paysans drsquoobserver drsquoapprendre ensemble les techniques et par la suite de pouvoir les pratiquer dans leur propre parcelle

Vingt six (26) champs eacutecoles paysans (carte ci-dessous) engageant 270 paysans beacuteneacuteficiaires ont eacuteteacute mis en place durant la grande saison agricole de 2019-2020 Les producteurs ont eacuteteacute formeacutes sur les principes de base en agro-eacutecologie et en agriculture climato-intelligente telles que lrsquoassociation et la rotation culturale lrsquoutilisation drsquoengrais verts le compostage et la lutte biologique (ady gasy)

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

5

Trimestrielle - Edition N

deg 10

LrsquoAGRO-ECOLOGIE AU NIVEAU NATIONAL

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

6

Trimestrielle - Edition N

deg 10

LrsquoAGRO-ECOLOGIE AU NIVEAU NATIONAL

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Suivant les toposequences les quelques techniques promues et adopteacutees sont

1 Bas de pente

Photo 1 Association maiumls et nieacutebeacute cv David EPP Ambodivoaracommune Ambohitsilaozana

Photo 2 Association de maiumls et haricot dans le fokontany Andreba Gare commune Ambatosoratra

Photo 3 Association de maiumls et arachide dans le fokontany Anororo

commune Anororo

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

7

Trimestrielle - Edition N

deg 10

LrsquoAGRO-ECOLOGIE AU NIVEAU NATIONAL

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

2 Bas-fonds

Photo 4 Riz pluvial sous paillage de Stylosanthes dans le fokontany Andilana Sud commune Amparafaravola

Photo 5 Patate douce agrave chaire orange dans le fokontany

Ambodivoara commune Ambohitsilaozana

Photo 5 Association arachide + Cajanus Andilana sud

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

8

Trimestrielle - Edition N

deg 10

LrsquoAGRO-ECOLOGIE AU NIVEAU NATIONAL

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIEPar ailleurs ces pratiques culturales reacutesilientes au changement climatique ont eacuteteacute deacutemontreacutees au

niveau des parcelles des eacutecoles primaires publiques dans le but drsquoameacuteliorer la nutrition scolaire des eacutelegraveves et de sensibiliser les eacutecoliers et leurs parents sur le systegraveme

Enfin des eacutechanges entre les producteurs dans les groupements CEP seront ulteacuterieurement organiseacutes pour ameacuteliorer le mode de gestion du sol Ceci permettra de limiter la deacutegradation des sols et des couverts veacutegeacutetaux Le projet continuera aussi agrave identifier et agrave promouvoir les innovations adapteacutees aux reacutealiteacutes sociales et eacuteconomiques afin dassurer lefficaciteacute de ces pratiques agro-eacutecologiques autour de la NAP Alaotra

Photo 7 Rotation Riz (Riziculture agrave mauvaise maitrise drsquoeau) avec de la

vesce dans le fokontany Andilana Sud commune Amparafaravola

Photo 8 Systegraveme de riziculture ameacutelioreacute en rotation avec du haricot en contre saison sous paillage dans

le fokontany de Antsapananefatra commune Ambatomainty

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

9

Trimestrielle - Edition N

deg 10

LrsquoAGRO-ECOLOGIE AU NIVEAU NATIONAL

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Intensification des techniques agro-eacutecologiques et de restauration de la fertiliteacute de sol par lrsquoapproche terroir dans les reacutegions Anosy

et Atsimo Atsinanana

Jocelyn RAVELOSON Angola RANDRIANANTOANDRO - WHH Madagascar

laquo Un monde dans lequel tous les peuples peuvent exercer leur droit agrave mener une vie autodeacutetermineacutee dans la digniteacute et la justice agrave labri de la faim et de la pauvreteacute raquo telle est la vision globale de Welthungerhilfe (WHH) La reacutealisation de cet objectif deacutepend neacuteanmoins des facteurs environnementaux favorables dont la disponibiliteacute des moyens de production adeacutequats et leur accessibiliteacute par chaque meacutenage

Dans les Reacutegions Anosy et Atsimo Atsinanana notamment des districts de Taolagnaro Vangaindrano Farafangana et Vondrozo WHH travaille en eacutetroite collaboration avec des ONG nationales telles que Action Intercoopeacuteration Madagascar (AIM) et FIANTSO Madagascar pour donner des appuis aux paysans dans la lutte contre la pauvreteacute agrave travers lrsquoameacutelioration du fonctionnement de leur systegraveme de production Il srsquoagit entre-autre des deux grands programmes de renforcement de la seacutecuriteacute alimentaire et nutritionnelle durable SILVER (Renforcement des revenus et des moyens drsquoexistence des meacutenages vulneacuterables dans le Sud-Est) et AFAFI Sud (Appui au Financement de lAgriculture et aux Filiegraveres Inclusives dans le Sud et Le Sud-Est de Madagascar) Ces programmes sont financeacutes respectivement par la Coopeacuteration Allemande (BMZ) et lrsquoUnion Europeacuteenne (UE) agrave hauteur totale de 8 689 109 EUR SILVER srsquoeacutetale de novembre 2019 agrave avril 2022 tandis que le programme AFAFI Sud de janvier 2020 jusqursquoen avril 2024 Le nombre de beacuteneacuteficiaires finaux est estimeacute agrave pregraves de 608 000 individus dont 60 hommes et 40 femmes

Lrsquoapproche terroir pour une meilleure concentration des efforts au niveau des beacuteneacuteficiaires cibleacutes

En matiegravere de vulgarisation agricole les interventions consistent agrave diffuser des techniques ameacutelioreacutees adapteacutees aux groupes cibles et agrave leurs

contraintes pour leur permettre drsquoaugmenter leurs revenus La diffusion du systegravemes de culture eacuteconomes en intrants face au faible pouvoir drsquoachat des paysans aussi bien pour les cultures pluviales sur pente qursquoau niveau des peacuterimegravetres irrigueacutes et au bas fond revalorisation des connaissances et savoir-faire des paysans en matiegravere de techniques agro-eacutecologiques pour un meilleure rendement en quantiteacute et qualiteacute de production appui cibleacute des femmes marieacutees et megraveres ceacutelibataires agrave lrsquoeacutelevage avicole pisciculture ou apiculture et enfin de deacuteveloppement de capaciteacutes drsquoinvestissement dans des activiteacutes geacuteneacuteratrices de revenus gracircce agrave lrsquoappui aux Associations Villageoises drsquoEpargne et de Creacutedit Auto-geacutereacutes (AVECA)

La mise en œuvre des activiteacutes au niveau de chaque site terroir preacutedeacutetermineacute se complegravete et est meneacutee systeacutematiquement de maniegravere participative en incluant les autoriteacutes locales lrsquoorganisation des producteurs les hommes femmes et jeunes agriculteurs La creacuteation de Centre drsquoAccueil des Enfants et des Megraveres (CAEM) par chef-lieu de fokontany contribue agrave lrsquoenseignement des megraveres voire des parents agrave faire le lien entre utilisation adeacutequate des produits agricoles seacutelectionneacutes pour lrsquoalimentation et lrsquoeacutepanouissement de la santeacute nutritionnelle de tous les membres du meacutenage Lrsquoaccompagnement des associations communautaires aux actions de reboisement mais aussi lrsquoameacutenagement de pistes rurales de points drsquoeau potable et de peacuterimegravetres agricoles assure la viabiliteacute des activiteacutes de production agricole Les opeacuterateurs eacuteconomiques de proximiteacute y sont aussi appeleacutes et soutenus pour le deacuteveloppement des filiegraveres de niche marquant chaque district et commune le gingembre le curcuma la cannelle le cafeacute la baie rose lrsquoapiculture la pisciculture etc

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

10

Trimestrielle - Edition N

deg 10

LrsquoAGRO-ECOLOGIE AU NIVEAU NATIONAL

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Accompagnement de la communauteacute agrave la restauration de la fertiliteacute du bassin versant

De faccedilon participative les eacutequipes drsquointervention deacutefinissent des reacutefeacuterentiels techniques pertinents susceptibles drsquoecirctre diffuseacutes aupregraves de la population cible sur la base du diagnostic foncier du site-terroir et de la typologie de leurs systegravemes drsquoexploitation Pour ce faire et pour assurer par la suite leur large diffusion il est preacutevu pour ces programmes de renforcer de faccedilon tregraves pratique et concregravete les paysans relais aux concepts agronomiques fondamentaux afin de compleacuteter leur savoir et expeacuteriences en matiegravere de fertiliteacute des sols lrsquoimportance de la matiegravere organique pour le sol et les plantes et le cycle des mineacuteraux Le champs-eacutecole constitue le moyen le plus efficace pour assurer lrsquoenseignement pratique et lrsquoattraction des intentions des masses paysannes Les techniciens organisent peacuteriodiquement

des eacutevegravenements drsquoeacutechanges laquo formaliseacutes raquo sous forme de visite de la parcelle par les producteurs villageois agrave des peacuteriodes et moments cleacutes de lrsquoitineacuteraire technique

Dans lrsquoobjectif de proteacuteger par la suite ces sols et garantir la conservation peacuterenne des bassins versants les deux programmes SILVER et AFAFI Sud accompagnent les Communes et le Service Technique Deacutecentraliseacute de lrsquoEnvironnement dans la planification participative du reboisement au niveau des terroirs Afin de rendre disponible les jeunes plants sur place des actions de diffusion aupregraves des villageois des techniques de confection de peacutepiniegraveres et des peacutepiniegravere eacutecole paysanne ndash au mecircme titre que les champs eacutecoles paysans ndash sont preacutevus pour les deux premiegraveres anneacutees de travaux

Formation des femmes sur les cultures maraichegraveres et lrsquoarboriculture fruitiegravere

Fabrice LHERITEAU Chef drsquoeacutequipe ProSol Boeny

Le projet global Prosol est un projet de la Coopeacuteration allemande commissionneacute dans

le cadre de lrsquoinitiative laquo Un seul monde sans faim raquo par le Ministegravere de la Coopeacuteration Economique et du deacuteveloppement allemand Il est mis en œuvre dans huit pays diffeacuterents dont Madagascar ougrave la reacutegion drsquointervention est Boeny

Dans la mise en œuvre des activiteacutes de protection et reacutehabilitation des sols dans la reacutegion Boeny le ProSol Madagascar place les communauteacutes de producteurs au cœur de son approche en insistant sur la valorisation des activiteacutes speacutecifiques aux femmes Le projet dispose mecircme drsquoun indicateur speacutecifique pour le comptage de ces reacutealisations au niveau des meacutenages orienteacute sur lrsquoameacutelioration des conditions de vie des femmes

Or dans la reacutegion Boeny au Nord-Ouest de Madagascar la seule activiteacute agricole qui peut ecirctre pratiqueacutee sur la plupart des terres durant la

saison segraveche qui commence vers le mois drsquoavril et finit en octobre est le maraichage Cette activiteacute est souvent pratiqueacutee par les femmes et est essentielle pour lrsquoeacuteconomie des meacutenages puisquen son absence les familles doivent se deacuteplacer pour trouver un emploi ou encore srsquoadonner agrave la fabrication de charbon de bois malheureusement sans toujours respecter les regravegles en vigueur pour proteacuteger lrsquoenvironnement

Par conseacutequent dans les communes drsquointerventions de ProSol les demandes eacutemanant des femmes mettent en avant des besoins en termes de renforcement de capaciteacute sur les activiteacutes de maraichage et de plantation drsquoarbre fruitier Pour reacutepondre agrave ce besoin ProSol a octroyeacute une formation sur les cultures maraichegraveres et lrsquoarboriculture fruitiegravere en collaboration avec CEFFEL Puis des formations en cascades ont eacuteteacute organiseacutees par les ONG partenaires de ProSol sur le terrain A lrsquoissue des seacuteries de formations

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

11

Trimestrielle - Edition N

deg 10

LrsquoAGRO-ECOLOGIE AU NIVEAU NATIONAL

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

373 femmes ont eacuteteacute formeacutees agrave la culture drsquoune large gamme de leacutegumes et ont pu obtenir agrave la fois des semences et quelques petits eacutequipements pour les aider agrave se lancer dans le maraichage ou se perfectionner Un manuel de formation pratique et adapteacutes aux communauteacutes agriculteurs sur la plantation des arbres fruitiers a eacutegalement eacuteteacute eacutelaboreacute pour ecirctre utiliseacute agrave large diffusion et reacutepandre encore davantage les bonnes pratiques

La principale innovation diffuseacutee lors de ces formations a eacuteteacute de proposer un large ensemble de traitements biologiques reacutealisables agrave partir des produits locaux Habituellement les paysans encourageacutes par les commerccedilants de produits phytosanitaires utilisaient les traitements chimiques Les effets sur lrsquoenvironnement et les sols eacutetaient tregraves neacutegatifs mais les meacutethodes traditionnelles eacutetant jugeacutees inefficaces les paysans faisaient le choix du pragmatisme

Mais apregraves la formation certaines femmes ont pu concevoir leurs propres remegravedes et obtenir des reacutesultats concluants en combinant diverses solutions Crsquoest le cas notamment de madame RAZAFINDRAFARA Mampiandra Marie megravere de famille drsquoune cinquantaine drsquoanneacutee de la commune drsquoAnkijabe qui fabrique du ady-gasy

pour proteacuteger les cultures et du compost agrave base de feuilles drsquoacacia de feuilles de neem et de bemaimbo pour les fertiliser Elle se montre tregraves satisfaite des reacutesultats obtenus et teacutemoigne

laquo Le reacutesultat est maintenant vraiment diffeacuterent de ce que jrsquoai obtenu auparavant Les leacutegumes agrave feuilles verdissent bien et elles ont une bonne taille Le fait de voir mes leacutegumes qui poussent bien me motive chaque jour agrave bien entretenir mes maraicircchages et en faire encore davantage Pour mon cas jrsquoai multiplieacute par trois la surface de mes terres pour le maraicircchage et elle comprend actuellement 30 plates-bandes raquo

Lrsquoagrandissement des parcelles de maraichage et la vente de la reacutecolte de carottes salade morelle et oignons sur le marcheacute pour de bons prix a eacutegalement permis agrave Mme RAZAFINDRAFARA de commencer une petite eacutepargne et de srsquoacheter un nouveau teacuteleacutephone

Le projet ProSol souhaite en collaboration avec ses partenaires poursuivre ses activiteacutes de formation sur le maraicircchage et lrsquoutilisation de compost par les paysans afin de promouvoir une source de revenu respectueuse des sols et contribuant agrave restaurer leur fertiliteacute Pour toutes informations compleacutementaires nrsquoheacutesitez pas agrave vous adresser agrave Tahiry Rarivonandrasana (TahiryRARIVONANDRASANAeco-consultcom)

Illustration Mme RAZAFINDRAFARA preacutepare

de lrsquoady gasy pour ses cultures

La recette du compost de Mme RAZAFINDRAFARA

laquo Pour preacuteparer le compost je meacutelange un volume de bouse de vache fraicircche avec deux volumes de feuilles drsquoacacia de feuilles de neem et de bemaimbo Les feuilles doivent ecirctre entrecoupeacutees et lrsquoensemble devra agrave peu pregraves avoir le tiers de la contenance drsquoun fut de 200 litres Il faut ajouter ensuite de lrsquoeau jusqursquoagrave ce que le fut soit plein La preacuteparation est agrave meacutelanger tous les 2 jours et le compost liquide peut ecirctre utiliseacute apregraves 7 jours de fermentation Jrsquoai apporteacute le compost liquide agrave mes maraicircchages une agrave deux fois par

semaine raquo

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

12

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Reacutesumeacute

La croissance deacutemographique affecte le secteur eacutelevage qui doit aujourdhui assurer le triple de la production en viande drsquoil y avait cinquante ans De plus les terres ceacutereacutealiegraveres destineacutees agrave

lalimentation animale ont diminueacute alors que la demande en produits dorigine animale na cesseacute daugmenter Pour y remeacutedier il savegravere indispensable de valoriser les ressources alimentaires non conventionnelles qui sont en abondance mais ne sont pas en compeacutetition avec lrsquoalimentation humaine Dans cette optique le FOFIFA-DRZVP a investi plusieurs anneacutees sur lrsquoexploitation de la graine de mucuna dans lalimentation animale Des analyses chimiques de la graine ont montreacute ses qualiteacutes nutritionnelles mais eacutegalement la preacutesence du L-dopamine qui est un facteur antinutritionnel Par ailleurs plusieurs traitements de cette graine ont eacuteteacute testeacutes pour diminuer la teneur en L-Dopamine sans pour autant affecter sa valeur nutritionnelle Des tests sur diffeacuterents types danimaux ont eacuteteacute effectueacutes pour deacuteterminer le traitement le plus efficient pour chaque animal le taux dincorporation du mucuna dans la ration et lefficaciteacute de son utilisation dans lalimentation animale Les reacutesultats ont montreacute que le mucuna est une alternative inteacuteressante pour ameacuteliorer la production animale tant sur le plan social que sur le plan eacuteconomique

Valorisation du mucuna pour lalimentation des animaux de rente agrave Madagascar

RAZAFINARIVO Tsirinirina Donnah RAKOTOMANANA Olga Rachel RAPATSALAHY SabineFOFIFA - DRZVP (Deacutepartement de recherches Zootechniques Veacuteteacuterinaires et Piscicoles )

Introduction

Ces six derniegraveres deacutecennies la consommation globale de viande nrsquoa cesseacute drsquoaugmenter Elle a mecircme tripleacute en un demi-siegravecle En 2018 elle a atteint les 342 millions de tonnes (FAO) Cette tendance est tregraves marqueacutee dans les pays en deacuteveloppement comme Madagascar car elle srsquoest accrue de plus de 5 durant ces derniegraveres deacutecennies et devrait augmenter de 14 an agrave travers le monde jusqursquoen 2030 (FAO 2014) Les raisons principales en sont la forte croissance deacutemographique lurbanisation et leacuteleacutevation du niveau de vie Selon toujours le FAO (2011) la consommation en viande de volailles sera multiplieacutee de 23 en 2050 contre 14 agrave 18 pour les autres produits animaux Ceci neacutecessite 27 millions de tonnes drsquoaliments suppleacutementaires et 24 millions drsquohectares de terres ceacutereacutealiegraveres additionnelles agrave moins que la proportion de sous-produits et de ressources alimentaires non conventionnelles augmente substantiellement Dans cette optique le laboratoire de nutrition animale du FOFIFA-DRZVP srsquoest investi depuis plusieurs anneacutees sur la valorisation des ressources

non conventionnelles pour lrsquoalimentation animale Ainsi depuis 2012 la graine de mucuna a eacuteteacute valoriseacutee pour lrsquoalimentation des porcs agrave Madagascar dans le cadre drsquoun partenariat entre le FOFIFA et le GSDM Cette valorisation du mucuna srsquoest eacutelargie sur drsquoautres animaux de rente telle effectueacutee dans le partenariat entre le GRET lAVSF et le FOFIFA dans le cadre du projet HOBA ASARA Cet article reacutesume six anneacutees de recherches sur la valorisation du mucuna pour lrsquoalimentation animale agrave Madagascar

Contexte

Le pois mascate (Mucuna pruriens ou Dolichos pruriens) est une plante annuelle quon retrouve dans les reacutegions tropicales de lInde et de lAfrique (Figure 1) Le mucuna est surtout connu pour ses vertus en meacutedecine (plante revitalisante et aphrodisiaque action sur la production de testosteacuterone de dopamine etc)

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

13

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Derniegraverement ses inteacuterecircts en agronomie sur lrsquoameacutelioration du rendement du riz pluvial sur reacutesidus de maiumls + mucuna et ceux du maiumls en association avec le mucuna ont eacuteteacute publieacutes par le GSDM Ces rendements repreacutesentent 3 agrave 4 fois les rendements obtenus sur labour en sol nu (sans couvert veacutegeacutetal) avec les mecircmes doses de fertilisation (GSDM 2020) Cette capaciteacute des systegravemes agrave base de mucuna sur le rendement en plus de ses effets contre les mauvaises herbes et contre les insectes observeacutee sur plusieurs anneacutees justifie sa large diffusion actuelle chez les paysans De plus contrairement aux autres leacutegumineuses comme le nieacutebeacute (Vigna unguculata) le haricot le soja ou le Vigna umbellata (tsiasisa) le mucuna nrsquoest pas attaqueacute par les chenilles (Helicoverpa armigera) ou les chenilles leacutegionnaires drsquoautomne (Spodoptera frugiperda) (RAKOTONDRAMANA et al 2018) Ainsi suite agrave des anneacutees de production les graines de mucuna issue de ce systegraveme deviennent de plus en plus nombreuses Par ailleurs il srsquoavegravere judicieux de les valoriser dans lrsquoalimentation animale En tant que leacutegumineuse les graines de mucuna sont relativement riches en proteacuteine (composant le plus couteux dans la formulation alimentaire

des animaux) Cette pratique est lrsquoune des bases de lrsquointeacutegration agriculture-eacutelevage (IAE) agrave lrsquoeacutechelle de lrsquoexploitation sur lrsquointensification de la production par la valorisation des produits et reacutesidus pour lrsquoeacutelaboration de rations eacutequilibreacutees aux animaux (Lhoste 2008)

Figure 1 Les varieacuteteacutes de mucuna agrave Madagascar

Analyses en laboratoire

Pour pouvoir utiliser le mucuna dans lalimentation animale il est primordial de deacuteterminer ses valeurs nutritionnelles Ainsi les reacutesultats danalyses ont confirmeacute sa richesse en proteacuteine Cependant malgreacute un taux inteacuteressant en proteacuteine sa valeur biologique est reacuteduite par la preacutesence de la L-Dopa (34- dihydroxyphenylalanine qui est un acide amineacute non proteacuteique) qui est une substance anti-nutritionnelle preacutesente dans la graine de mucuna La L-Dopa est une moleacutecule thermolabile et hydrosoluble Ainsi des hypothegraveses ont eacuteteacute apporteacutees sur les possibiliteacutes de reacuteduire la teneur en L-Dopa dans la graine sans pour autant reacuteduire la teneur en proteacuteine qui est deacutenatureacutee par la chaleur Par ailleurs plusieurs traitements et combinaison de traitements ont eacuteteacute testeacutes (Figure 2) Ces traitements sont suivis drsquoanalyses nutritionnelle et toxicologique (Tableau 1) afin drsquoeacutevaluer le traitement le plus efficient cest-agrave-dire le moins toxique et ayant une valeur nutritionnelle inteacuteressante

Mucuna pruriens utilis jaune

Mucuna pruriens utilis noir

Mucuna pruriens yardghana

Mucuna pruriens IRZ

Mucuna pruriens rajada Mucuna pruriens Mucuna pruriens

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

14

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

MB T1 T2 T3 E1 E2 TE D1 D2 D3 TBic MTMatiegravere Segraveche () 938 949 952 959 945 944 984 828 995 991 939 946Matiegravere Mineacuterale () 35 415 38 40 42 39 41 27 27 19 41 44Cendre Insoluble () 01 01 01 00 01 01 01 01 01 01 01 01Calcium () 04 05 05 04 02 03 02 012 02 156 03 015Phosphore () 07 08 07 07 08 07 08 109 07 052 07 097Proteacuteine Brute () 263 242 235 226 257 238 214 270 217 248 242 243Matiegravere Grasse () 42 44 42 45 50 42 48 - 50 62 52 30L-dopa () 66 595 523 291 315 202 22 - 079 075 296 -

bull Mucuna non traiteacute (MB)bull Mucuna traiteacute trempage (T1 24h T2 48h et T3 72h)bull Mucuna traiteacute par eacutebullition (sur diffeacuterents temps drsquoeacutebullition E1 30min et E2 60min)bull Mucuna traiteacute par trempage suivi drsquoeacutebullition (TE)bull Mucuna deacutepelliculeacute (sur diffeacuterents temps de trempage D1 24h D2 48h et D3 72h) bull Mucuna traiteacute par eacutebullition dans une solution contenant 02 de bicarbonate (TBic)bull Mucuna traiteacute par torreacutefaction (MT)

Figure 2 Traitements du Mucuna

Expeacuterimentations en milieu controcircleacute

Des formulations alimentaires (Provende) agrave base de mucuna ont eacuteteacute effectueacutees puis testeacutees sur des animaux en milieu controcircleacute dans la station de recherche du FOFIFA agrave Kianjasoa Il srsquoagit de comparer les performances zootechniques des porcs et des volailles nourris avec des rations contenant un pourcentage deacutetermineacute de mucuna sur un traitement deacutetermineacute contre des lots teacutemoins de ces mecircmes animaux mais alimenteacutes avec des rations agrave 0 mucuna

RECHERCHES

Tableau 1 Valeurs nutritionnelles et teneur en L-Dopa du mucuna suivant diffeacuterents traitements (en pourcentage de la matiegravere segraveche)

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

15

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Expeacuterimentation sur les porcelets

Les expeacuterimentations ont eacuteteacute reacutealiseacutees sur diffeacuterents taux drsquoincorporation de mucuna (5 10 20 et 40) mais les gains de poids consideacutereacutes comme plus efficaces sont ceux enregistreacutes agrave une incorporation de 20 Par ailleurs le test sur animaux sur trois lots de porcelets recevant respectivement une ration agrave 0 de mucuna 20 mucuna torreacutefieacute et 20 de mucuna traiteacutee par le bicarbonate a eacuteteacute effectueacute Apregraves un mois et demi dexpeacuterimentation sans compter la peacuteriode dadaptation Le Gain moyen quotidien (GMQ) du lot teacutemoin est de 305 g contre 355g pour le lot recevant 20 de mucuna torreacutefieacute et 319 g pour le lot recevant 20 de mucuna traiteacutee au bicarbonate (Figure 3)

Figure 3 Gain moyen quotidien (en gramme) durant 45 jours de 3 lots de porcelets recevant une provende agrave base de mucuna

Ces expeacuterimentations nous montrent que les graines de mucuna peuvent bien ecirctre utiliseacutees dans lrsquoalimentation des porcs malgreacute la preacutesence de la L-Dopa qui nrsquoest pas totalement eacutelimineacutee par les traitements thermiques etou chimiques La comparaison drsquoune ration iso-proteacuteique et iso-eacutenergeacutetique du mucuna traiteacute au bicarbonate nrsquoa montreacute aucune diffeacuterence significative par rapport agrave une ration normale Par ailleurs le traitement par torreacutefaction est consideacutereacute comme efficace pour la ration des porcs La libeacuteration dacide gras durant la torreacutefaction ameacuteliore la palatabiliteacute de la ration et a un effet beacuteneacutefique sur lrsquoindice de conversion alimentaire

Expeacuterimentations sur les volailles

Les volailles repreacutesentent une source preacutecieuse de proteacuteines animales drsquoune grande valeur biologique Son eacutelevage se fait partout dans le monde dans des conditions tregraves variables Mais lrsquoobjectif principal est toujours drsquoavoir une production maximum agrave un coucirct minimum tout en eacutevitant les risques Par ailleurs la compleacutementation des aliments de volailles par le mucuna a eacuteteacute entreprise pour ameacuteliorer la productiviteacute (viande et œufs) Cette ameacutelioration a eacuteteacute entreprise sur les diffeacuterentes races existantes agrave Madagascar poulets de chair poule pondeuse et poulet de races locales Ainsi plusieurs lots de volailles recevant diffeacuterents taux drsquoincorporation de mucuna ont eacuteteacute compareacutes

Pour les poulets de chair quarante poussins de chair vaccineacutes et deacuteparasiteacutes ont eacuteteacute subdiviseacutes en 4 lots de 10 poussins 3 lots recevant respectivement un aliment incorporeacute de 0 10 et 20 de mucuna traiteacute par le bicarbonate 02 et le 4egraveme lot recevant du mucuna traiteacute par le proceacutedeacute D1 agrave 10 Au cours des 45 jours drsquoexpeacuterimentations des peseacutes hebdomadaires ont permis de suivre les performances de croissances de chaque poulet

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

16

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Figure 4 Poids des poulets de chair (en gramme) apregraves 45 jours drsquoexpeacuterimentations

En geacuteneacuteral lrsquoaugmentation du taux drsquoincorporation du mucuna dans la ration affecte la productiviteacute moyenne des poulets de chair qui est inversement proportionnelle agrave ce dernier Les poids finaux sont respectivement 1300g 1100g et 850g pour les 3 lots agrave 0 10 et 20 de Mucuna Il est eacutevident que malgreacute le taux inteacuteressant en proteacuteine et dacide amineacute dans le mucuna sa valeur biologique est reacuteduite par la preacutesence de la L-Dopa et cela affecte consideacuterablement la productiviteacute des poulets de chair Par contre lrsquoincorporation agrave 10 de mucuna deacutepelliculeacute dans la ration des poulets de chair ne preacutesente aucune diffeacuterence significative aux reacutesultats obtenus par la ration agrave 0 de mucuna (Figure 4) Par ailleurs il est donc indispensable de deacutepelliculer le mucuna avant de lintroduire dans la ration des poulets de chair

Pour les poules pondeuses

Trente poulettes precirctes agrave pondre (45 mois) de race Hulyn sp (Figure 6) ont eacuteteacute choisies pour mener lexpeacuterimentation Trois lots de 10 poulettes ont eacuteteacute formeacutes pour recevoir une ration contenant respectivement 0 10 et 20 de Mucuna traiteacutes par le Bicarbonate 02 Ce mecircme dispositif a eacuteteacute utiliseacute pour le test avec le mucuna deacutepelliculeacute Dans cette cateacutegorie le produit principal est lrsquoœuf drsquoougrave notre paramegravetre eacutetudieacute est le taux de ponte ainsi que le calibre des œufs

Figure 5 Performance zootechnique des poules pondeuses

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

17

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Lrsquoenregistrement des donneacutees journaliegraveres de ponte indique qursquoil nrsquoy a pas de diffeacuterences significatives entre les taux de ponte des poulettes recevant 0 et 10 de mucuna Par contre les poulettes nourries avec du mucuna agrave 20 nrsquoont jamais atteint un taux de ponte de 100 ceci pour dire que la teneur eacuteleveacutee en mucuna dans la ration affecte la ponte (Figure 5) Il est donc recommandeacute de ne pas deacutepasser les 10 dincorporation de mucuna dans la ration des poules pondeuses Pour les poules pondeuses nourris avec le mucuna deacutepelliculeacute les reacutesultats enregistreacutes nont pas de diffeacuterence significative avec ceux obtenus par le traitement preacuteceacutedant Par ailleurs nous pouvons opter pour le traitement avec le bicarbonate car ce traitement est moins couteux en termes de travail de temps ainsi que de faciliteacute de preacuteparation Cependant en ce qui concerne la taille des œufs les calibres des œufs des poules alimenteacutes avec une ration agrave 10 de mucuna deacutepelliculeacute sont leacutegegraverement supeacuterieurs agrave ceux des poules nourries avec du mucuna bicarbonateacute 10 (Figure 5) ainsi que ceux du lot teacutemoins agrave 0 Nous pouvons donc tirer une conclusion que le mucuna a un leacuteger effet positif sur les performances des poules pondeuses Le taux dincorporation (infeacuterieur agrave 10) et le traitement (deacutepelliculage) jouent un rocircle important

Figure 6 Introduction du mucuna dans la ration des poules pondeuses

Pour les poulets de races locales (akoho gasy)

Six lots de 20 tecirctes ont eacuteteacute constitueacutes pour recevoir une ration contenant respectivement 0 15 et de 30 de mucuna bicarbonateacute et 0 15 et de 30 de mucuna torreacutefieacute Des traitements sanitaires ont eacuteteacute effectueacutes au preacutealable tels que les vaccinations et les deacuteparasitages Ensuite les performances zootechniques (Poids) ont eacuteteacute mesureacutees toutes les semaines afin de calculer les gains de poids moyens quotidiens (GMQ) Leacutevolution du poids des poulets de races locales Akoho gasy durant 3 mois sur les 6 lots recevant des rations diffeacuterentes agrave base de mucuna nous indiquent quil ny a pas de diffeacuterence significative entre chaque lot Cependant nous pouvons constater que les poulets de races locales peuvent tregraves bien supporter une incorporation de mucuna jusquagrave 30 Pailleurs une vulgarisation de ces reacutesultats en milieu reacuteel au niveau des paysans a eacuteteacute effectueacutee Pour cela deux groupes deacuteleveurs de poulets de race locale ont eacuteteacute seacutelectionneacutes pour tester leur appreacuteciation sur ces deux types de traitement (bicarbonateacute et deacutepelliculeacute) agrave 30 de mucuna

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

18

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Figure 7 Comparaison en milieu reacuteel des performances des poulets de race locale alimenteacute au Mucuna

bull MT1 Mucuna cuit avec du Bicarbonate bull MT2 Mucuna torreacutefieacute bull SM Ration sans mucuna

Apregraves trois mois deacutevaluation coupleacutee de visites de pesage hebdomadaire Il a eacuteteacute constateacute que le gain de poids des poulets nourris par le mucuna bicarbonateacute est plus eacuteleveacute que ceux nourris avec le mucuna torreacutefieacute (Figure 7) Malheureusement face au travail que demande le traitement par le bicarbonate aucun des eacuteleveurs na adopteacute ce traitement apregraves lexpeacuterimentation Selon ces eacuteleveurs la diffeacuterence entre les performances est moindre alors que le traitement au bicarbonate demande beaucoup de travail

Conclusion

Agrave Madagascar le mucuna est principalement cultiveacutee pour ses qualiteacutes dameacutelioration du sol en tant que plante de couverture Cette eacutetude a permis de mettre en eacutevidence la possibiliteacute de lincorporer dans lalimentation des animaux de rente Cependant des traitements preacutealables de la graine doivent ecirctre effectueacutes pour pouvoir le valoriser dans lalimentation animale Ces traitements doivent ecirctre accoupleacutes au taux dincorporation adeacutequate pour que ce dernier ne puisse preacutesenter drsquoeffets neacutegatifs sur la croissance des animaux ni sur lrsquoappeacutetibiliteacute des aliments Les graines de mucuna repreacutesentent donc une opportuniteacute pour les petits producteurs agrave Madagascar Ceci permet drsquoatteindre des objectifs de production eacuteconomiquement inteacuteressants dans le cas drsquoun eacutelevage ameacutelioreacute Au vu de ces reacutesultats lrsquoutilisation des ressources non conventionnelles locales parfois en abondance et nrsquoentrant pas en compeacutetition avec lrsquoalimentation humaine est une alternative inteacuteressante pour ameacuteliorer la production animale Par ailleurs il permet ainsi de reacuteduire consideacuterablement les deacutepenses en eacutelevage constitueacutees en grande partie par le coucirct des aliments

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

19

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

bull bull bull bull bull bull

Utilisation des fumures organiques et des engrais dans les strateacutegies de gestion de la fertiliteacute des sols des exploitations agricoles du Moyen-Ouest de la reacutegion

Vakinankaratra et de la zone Est de la reacutegion drsquoItasy Madagascar

RAZAFIMAHATRATRA Hanitriniaina Mamy (FOFIFA) BEacuteLIEgraveRES Jean-Franccedilois (CIRADART-Dev et FOFIFA) RAHARIMALALA Sitrakiniaina (FOFIFAESSA) RANDRIAMIHARY FETRA SAROBIDY Eddy Josephson (FOFIFAESSA) AUTFRAY Patrice

(CIRADAIDA) RAZANAKOTO Onjaherilanto Rakotovao (ESSA) RAHARISON Tahina Solofoniaina (GSDMMontpellier SupAgro)

Introduction

Dans chacun des numeacuteros 8 et 9 du Journal de lrsquoAgroeacutecologie un article preacutesentait

des reacutesultats sur les pratiques de gestion de la fertiliteacute des sols des exploitations agricoles familiales (EAF) obtenus dans le cadre du projet de recherche SECuRE (Soil ECological function REstoration to enhance agrosystem services in rainfed rice cropping systems in agroecological transition) financeacute par la fondation Agropolis Le premier traitait de la diversiteacute et de lrsquoimportance des pratiques dans les EAF le second preacutesentait les quantiteacutes et la qualiteacute des fumures organiques disponibles en lien avec les pratiques de production et drsquoeacutechanges Ce troisiegraveme article est consacreacute agrave lrsquoutilisation des fumures organiques et des engrais acheteacutes une maniegravere de caracteacuteriser en partie tout au moins les strateacutegies de gestion de la fertiliteacute des sols deacuteveloppeacutees par les EAF

bull Parmi les nombreuses pratiques pour une gestion inteacutegreacutee de la fertiliteacute des sols (Sanginga et Woomer 2009 Liniger et al

2011) lrsquoutilisation de fumure organique et drsquoengrais occupe une place preacutepondeacuterante car les effets agrave court et moyen termes sur la productiviteacute des cultures sont importants Lrsquoanalyse des donneacutees collecteacutees1 dans le cadre de Secure permet de caracteacuteriser les pratiques drsquoutilisation de ces intrants (et drsquoune maniegravere plus large de lrsquoensemble des intrants) notamment par rapport aux cultures pratiqueacutees et aux superficies cultiveacutees annuellement Lrsquoarticle est structureacute en trois parties la premiegravere concerne lrsquoacquisition de fertilisants suppleacutementaires avec les engrais commerciaux et les cendres la seconde preacutesente les pratiques quantifieacutees drsquoutilisation de la fertilisation disponible (fumure organique locale cendres et engrais commerciaux) en fonction des cultures enfin la derniegravere partie conclue avec quelques recommandations pour le deacuteveloppement

1 Ces reacutesultats ont eacuteteacute obtenus avec un eacutechantillon drsquoEAF localiseacutees dans le Moyen-Ouest de la reacutegion Vakinankaratra et dans la zone Est de la reacutegion Itasy Pour plus drsquoinformations le lecteur est inviteacute agrave se reporter au ndeg8 de JAE ou sur le site du projet (httpswwwsecuremgle-projet-secure) Il faut rappeler que les reacutesultats sont repreacutesentatifs des fokontany dans les zones drsquoeacutetude car lrsquoeacutechantillonnage des EAF a eacuteteacute fait par tirage au sort

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

20

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

1 Les achats drsquoengrais commerciauxsup2et de cendres

Malgreacute les politiques mises en œuvre depuis des deacutecennies1 les EAF achegravetent peu drsquoengrais chimiques Pour lrsquoensemble de Madagascar au cours des 20 derniegraveres anneacutees la quantiteacute moyenne utiliseacutee varie entre 2 et 6 kg par hectare cultiveacute et par an2

11 Quantiteacutes acheteacutees drsquoengrais commerciaux par EAF et par hectare SAU

Les EAF ont des comportements diffeacuterents selon les zones (tableau 1)

A Mandoto un peu moins drsquoune EAF sur 2 (45) achegravete de lrsquoengrais en faible quantiteacute avec en moyenne 14 kg par an pour un montant moyen de moins de 30 000 Ar Rameneacute agrave lrsquoensemble des EAF de la zone la quantiteacute moyenne acheteacutee est de lrsquoordre de 6 kg par EAF et par an Et quand on ramegravene ces achats drsquoengrais agrave la surface agricole utile (SAU) disponible par EAF on a des valeurs moyennes eacutequivalentes (14 et 6 kgha SAU)

Dans la zone drsquoArivonimamo la consommation drsquoengrais est plus importante 88 des EAF en achegravetent une quantiteacute moyenne de presque 28 kg pour un peu plus de 60 000 Ar ce qui rameneacute agrave lrsquoensemble des EAF fait une moyenne geacuteneacuterale de presque 25 kgEAF Comme la SAU moyenne par EAF est faible les quantiteacutes drsquoengrais disponibles sont de plus de 35 kgha pour les EAF qui en achegravetent et de presque 31 kgha pour lrsquoensemble des EAF

La variabiliteacute est tregraves forte agrave Mandoto et moindre dans la zone drsquoArivonimamo (tableau 1)

Tableau 1 Part des EAF qui achegravetent de lrsquoengrais et quantiteacutes acheteacutees

Mandoto ArivonimamoMoyenne CV Moyenne CV

des EAF qui achegravetent 45 88

Pour les EAF qui achegravetent

Quantiteacute en kgEAF 143 155 279 112

Valeur achat en ArEAF 27 884 153 61 058 117

Quantiteacute par SAU en kgha 140 195 352 101

Pour Quantiteacute en kgEAF 64 257 245 125

Pour lensemble des EAF

Valeur achat en ArEAF 12 490 254 53 707 131

Quantiteacute par SAU en kgha 63 312 309 114

1 On peut simplement rappeler la laquo strateacutegie nationale pour le deacuteveloppement de lrsquoutilisation de lrsquoengrais raquo MAEP 20062 Source httpsdatabankbanquemondialeorghome Ce que Pierre-Bernard et al traduisaient ainsi en 2007 laquo engrais un produit cher et peu utiliseacute raquo agrave Madagascar

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

21

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

On peut srsquoeacutetonner de la faible variation entre la quantiteacute moyenne par EAF et la quantiteacute par SAU agrave Mandoto sachant que dans cette zone la superficie SAU moyenne est de lrsquoordre de 15 ha (voir tableau 2) Ceci provient du fait que les moyennes sont calculeacutees pour les EAF et ne sont pas pondeacutereacutees par les superficies Quand on pondegravere par la superficie la quantiteacute moyenne par hectare SAU pour lrsquoensemble des EAF de Mandoto diminue et passe de 63 agrave 43 kg par hectare On constate la mecircme chose agrave Arivo-nimamo avec la quantiteacute moyenne par hectare SAU qui passe de 309 agrave 271 kgha Ceci signifie que ce ne sont pas les plus grandes EAF (celles qui ont le plus de SAU) qui achegravetent le plus drsquoengrais chimiques Le coefficient de correacutelation entre superficie SAU par EAF et quantiteacute acheteacutee drsquoengrais par hectare est significatif agrave 001 et neacutegatif mais drsquoune valeur faible (-02)

Figure 1 Nuage de point entre SAU par EAF et quantiteacute drsquoengrais par ha de SAU

La Figure 1 ci-contre illustre cela avec les quantiteacutes par hectare SAU (axe vertical) les plus eacuteleveacutees qui correspondent agrave des SAU (axe horizontal) faibles (infeacuterieures agrave 2 hectares) Les EAF de grandes taille (gt2 ha) achegravetent peu drsquoengrais chimiques et en quantiteacute relativement faible par rapport agrave la SAU dont elles disposent On verra plus loin que ce sont des strateacutegies diffeacuterentes de mise en culture (systegraveme de culture) qui expliquent cette situationOn rappellera que 60 des EAF agrave Mandoto et 88 agrave Arivonimamo eacutechangent (achegravetent vendent ou troquent) de la fumure organique (voir JAE ndeg9) et que les pourcentages sont respectivement de 30 et 74 pour les EAF qui achegravetent de la FO Ainsi quand on prend en compte tous les types de fertilisants une

grande majoriteacute des EAF a recours au marcheacute pour acqueacuterir des matiegraveres fertilisantes et geacuterer la fertiliteacute de leurs sols

Enfin par rapport agrave lrsquoutilisation de produits phytosanitaires on observe deux situations diffeacuterentes agrave Mandoto la proportion des EAF qui achegravetent des produits phytosanitaires est de 63 et donc supeacuterieure agrave celles qui achegravetent des engrais commerciaux (45) alors qursquoagrave Arivonimamo dans notre eacutechantillon 75 des EAF utilisent des produits phytosanitaires alors que 88 achegravetent des engrais

12 Types drsquoengrais commerciaux acheteacutes

Les engrais acheteacutes sont essentiellement de type NPK (le plus courant est composeacute de 11 N 22 P2O5 16 K2O) et de lrsquoureacutee (46) ces deux types repreacutesentent en cumuleacute plus de 95 des quantiteacutes agrave Mandoto et 77 agrave Arivonimamo ougrave lrsquoon observe une plus grande diversiteacute (figure 2) en rapport avec une plus grande consommation et aussi drsquoune offre plus importante avec la proximiteacute de la capitale

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

22

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Figure 2 Types dengrais acheteacutes en des quantiteacutes totales

A Arivonimamo le Blaukorn (nom commercial) est bien repreacutesenteacute avec plus de 16 des quantiteacutes Crsquoest un engrais composeacute (NPK) avec drsquoautres eacuteleacutements (magneacutesium soufre bore zinc) laquo agrave action rapide qui assure un effet-starter important raquo notamment sur les cultures maraichegraveres Le DAP (18 N 46 P2O5) est eacutegalement repreacutesenteacute avec 6 des quantiteacutes Les autres produits comme la dolomie (amendement calcaire) et le guano de chauvesouris (Guanomad) riche en phosphates naturels sont tregraves faiblement repreacutesenteacutes (mecircme si Guanomad repreacutesente tout de mecircme un peu plus de 3 dans la zone de Mandoto)

Les prix moyens drsquoachat deacuteclareacutes par les producteurs et pondeacutereacutes par les quantiteacutes diffegraverent peu entre les deux zones (contrairement aux prix de la fumure organique qui sont tregraves diffeacuterents voir JAE ndeg9) Les prix moyens (pour la plupart prix de 2016) sont de 2 100 Arkg pour NPK 1 900 Arkg pour lrsquoureacutee 2 400 Arkg pour le DAP 3 100 Arkg pour le Blaukorn et 1100 Akkg pour le Guanomad

En moyenne une EAF a acheteacute au cours de lrsquoanneacutee pour 12 500 Ar drsquoengrais agrave Mandoto et 54 000 Ar drsquoengrais agrave Arivonimamo Ces montants indiquent un recours tregraves limiteacute aux engrais commerciaux dans les strateacutegies de gestion de la fertiliteacute

13 Le cas particulier des cendres

Les cendres peuvent ecirctre consideacutereacutees comme un engrais ou comme un amendement Elles sont utiliseacutees depuis le deacutebut de lrsquoagriculture pour enrichir les terres cultiveacutees en sels mineacuteraux notamment en potasse et oligo-eacuteleacutements (Poirier et Nuninger 2012) Elles ont un pouvoir alcalinisant et augmentent le pH du sol Elles peuvent ecirctre inteacutegreacutees aux composts ou aux fumiers (voir JAE ndeg9) ou utiliseacutees seules en apport localiseacute ou eacutepandues sur le champ Cette sous partie traite des cendres utiliseacutees directement sur les parcelles

Si la pratique est rare agrave Mandoto (2 des EAF) elle est reacutepandue agrave Arivonimamo ougrave ce sont 19 des EAF qui eacutepandent des cendres acheteacutees Celles-ci proviennent pour lrsquoessentiel des balles de riz utiliseacutees comme eacutenergie pour la fabrication des briques Crsquoest donc le sous-produit drsquoun autre sous-produit agricole (la balle de riz)

Lrsquoeacutevaluation des quantiteacutes en kilogramme est tregraves approximative les producteurs ne connaissant pas les eacutequivalences Les EAF qui eacutepandent directement les cendres ont estimeacute avoir utiliseacute lrsquoanneacutee de lrsquoenquecircte en moyenne environ 250 kgEAF ce qui repreacutesente rameneacute agrave lrsquoensemble des EAF environ 4 kgEAF agrave Mandoto et un peu moins de 50 kg par EAF agrave Arivonimamo

Si les quantiteacutes semblent conseacutequentes (presque le double des quantiteacutes drsquoengrais) la valeur moneacutetaire de ces cendres est faible avec un prix moyen estimeacute entre 30 et 35 Arkilogramme Ainsi les cendres utiliseacutees directement par les EAF sur les cultures repreacutesenteraient une valeur de 8 000 agrave 9 000 Ar pour les EAF qui ont cette pratique et rameneacutees agrave lrsquoensemble des EAF des zones concerneacutees agrave moins de 200 Ar agrave Mandoto et de lrsquoordre de 1 600 Ar agrave Arivonimamo

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

23

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Lrsquoutilisation des cendres directement sur la parcelle sans passer par le compost ou le fumier est une pratique assez courante dans la zone de Arivonimamo Elle participe au recyclage de certains sous-produits et en particulier de la balle de riz utiliseacutee comme combustible pour la fabrication des briques En plus de lrsquoapport en eacuteleacutements fertilisants les cendres ont drsquoautres proprieacuteteacutes selon certains producteurs qui les utilisent dans la lutte contre les ravageurs et les maladies

2 Utilisation de la fumure organique et des engrais commerciaux

Lrsquoenquecircte a permis de collecter les informations neacutecessaires pour reconstituer lrsquoitineacuteraire technique et le budget de culture pour toutes les parcelles cultiveacutees au cours de lrsquoanneacutee agricole enquecircteacutee (201617) soit trois saisons de culture grande saison 201617 saison intermeacutediaire 2017 contre saison 2017 (soit de novembre 2016 agrave octobre 2017) Ainsi les quantiteacutes et la valeur des intrants utiliseacutes pour la fertilisation sont connues par culture et par saison

21 Fertilisation disponible et superficies fertiliseacutees

Le tableau 2 reacutecapitule des quantiteacutes moyennes de matiegraveres fertilisantes disponibles par EAF en additionnant les quantiteacutes de fumure organique (voir JAE ndeg9) et les engrais commerciaux acheteacutes Les EAF de la zone drsquoArivonimamo produisent plus de FO et achegravetent plus drsquoengrais que celles de la zone de Mandoto et en final la disponibiliteacute moyenne en kilogramme est nettement supeacuterieure Rameneacutes agrave la SAU les eacutecarts entre les deux zones augmentent puisque la taille moyenne des EAF de Mandoto est plus grande la quantiteacute disponible par ha SAU va du simple au double

Tableau 2 Quantiteacutes moyennes de fertilisants disponibles par EAF (en kg)

Types de fertilisants Mandoto ArivonimamoFumier 1 676 2 573Compost et autre 458 324Engrais acheteacutes 6 25Cendres acheteacutees 4 48Total (kg) 2 144 2 969SAU (ha) 148 091KgSAU 1 448 3 279S Cultiveacutee en ha 138 113Kg S cultiveacutee 1 558 2 627

apregraves le riz et pour lesquelles la capitale nationale assure des deacuteboucheacutes A Mandoto ce taux de mise en valeur nrsquoest que de 93 avec tregraves peu de cultures maraichegraveres et une part un peu plus importante de jachegraveres avec 11 de la SAU ce qui ne signifie pas qursquoil nrsquoy a pas de jachegravere agrave Arivonimamo ougrave elles repreacutesentent tout de mecircme 8 de la SAU crsquoest lrsquoimportance des cultures maraichegraveres qui impacte le plus le taux de mise en valeur

Il faut rappeler que ces moyennes cachent une grande variabiliteacute Celle-ci a eacuteteacute traiteacutee dans le JAE ndeg9 pour la FO et ci-dessus pour les engrais Crsquoest pourquoi nous nrsquoy reviendrons pas ici la variabiliteacute sera analyseacutee seulement pour lrsquoutilisation

Mais quand on ramegravene ces quantiteacutes disponibles moyennes aux superficies cultiveacutees annuellement lrsquoeacutecart se reacuteduit car dans la zone drsquoArivonimamo les EAF intensifient lrsquoutilisation de la terre avec un taux de mise valeur de 125 (crsquoest-agrave-dire qursquoune parcelle est cultiveacutee une fois en totaliteacute au cours de lrsquoanneacutee agricole et que 25 de sa surface sont cultiveacutes une deuxiegraveme fois) Cette intensification est rendue possible notamment par les productions maraichegraveres que les producteurs cultivent en double culture

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

24

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

La question que lrsquoon peut se poser agrave ce stade est est-ce que ceux qui achegravetent des engrais commerciaux sont ceux qui nrsquoont pas de FO A Mandoto lrsquoanalyse des correacutelations indique qursquoil nrsquoy pas de relation lineacuteaire entre la quantiteacute drsquoengrais acheteacutee et la quantiteacute de fumier produite A Arivonimamo cette relation existe Elle est significative (au seuil de 001) mecircme si le coefficient est faible (03) et surtout elle est positive ce qui indique que ceux qui achegravetent le plus drsquoengrais sont souvent ceux qui produisent le plus de fumier Ainsi il nrsquoy aurait pas un seuil de disponibiliteacute en fumier qui ferait que lrsquoagriculteur ne cherche plus agrave acqueacuterir des engrais consideacuterant qursquoil a assez de matiegraveres fertilisantes La raison des faibles quantiteacutes drsquoengrais acheteacutees est sans doute plus agrave rechercher dans la disponibiliteacute et des contraintes eacuteconomiques

22 Reacutepartition des matiegraveres fertilisantes selon les cultures

Avant de preacutesenter la reacutepartition par culture on peut appreacutecier la part des parcelles et de la superficie selon le type de fertilisation (Tableau 3) Les parcelles et la superficie sans aucun apport agrave Arivonimamo sont moindres (environ un tiers) qursquoagrave Mandoto (41 des parcelles et 52 de la superficie)

Tableau 3 Parts des parcelles et de la superficie selon le type de fertilisation dans les terroirs

ApportsMandoto Arivonimamo

des parcelles

de la surface

des parcelles

de la surface

Sans FO Sans Engrais 41 52 35 33Avec FO seulement 38 33 38 40Avec Engrais seulement 3 2 3 3Avec FO + Engrais 19 13 25 24Ensemble 100 100 100 100

Ainsi mecircme agrave Mandoto plus drsquoune parcelle sur deux reccediloit de la FO et globalement dans les deux terroirs il y a une reacutepartition qui laisse la possibiliteacute pour qursquoune parcelle soit fertiliseacutee plus drsquoune fois tous les deux ans sans preacutejuger ni des doses utiliseacutees ni des cultures privileacutegieacutees Les eacutecarts entre les pourcentages des parcelles et des superficies indiquent qursquoagrave Mandoto ce sont les parcelles en moyenne plus petites qui sont fertiliseacutees ce qui nrsquoest pas le cas agrave Arivonimamo Tregraves rares sont les parcelles qui ne reccediloivent que de lrsquoengrais (quelques parcelles en maraichage mais aussi en riz pluvial et maiumls agrave Mandoto) Ainsi les producteurs qui achegravetent de lrsquoengrais chimique lrsquoutilisent presque toujours sur des parcelles en compleacutement drsquoun apport de fumure organique

Lrsquoutilisation des fertilisants est en lien avec les quantiteacutes disponibles mais aussi les cultures pratiqueacutees Or les exploitations agricoles familiales des deux zones ont des assolements1 sensiblement diffeacuterents comme le montre la premiegravere colonne des deux figures suivantes (Figure 3 et Figure 4) Dans les deux zones le riz irrigueacute de bas-fonds occupe une place importante avec des parts dans lrsquoassolement qui sont relativement proches (29 agrave Mandoto et 32 agrave Arivonimamo) Ainsi mecircme si le Moyen Ouest du Vakinankaratra a la reacuteputation drsquoune zone de cultures pluviales le riz irrigueacute de bas-fonds occupe une place preacutepondeacuterante en terme de superficie (mais aussi en terme de revenu comme on le verra dans le prochain numeacutero de JAE) Les tubercules et les leacutegumineuses occupent agrave peu pregraves la mecircme part de la surface cultiveacutee annuellement dans les deux zones de lrsquoordre de 25 pour les tubercules et 10 pour

1 Ces pourcentages ont eacuteteacute calculeacutes sur la superficie effectivement cultiveacutee crsquoest-agrave-dire sans les jachegraveres Si on integravegre les ja-chegraveres celles-ci repreacutesentent 10 de la surface totale (cultiveacutee + jachegravere) agrave Mandoto et 6 agrave Arivonimamo

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

25

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

les leacutegumineuses mais les espegraveces cultiveacutees sont diffeacuterentes La part des autres cultures est speacutecifique et caracteacuterise la zone

A Mandoto les ceacutereacuteales pluviales occupent pregraves du tiers de la surface (176 en riz pluvial et 15 en maiumls hors jachegravere) Alors qursquoagrave Arivonimamo ces deux cultures occupent seulement 86 de la surface et le maiumls y est vraiment marginal Dans cette zone ce sont les cultures maraichegraveres qui sont importantes avec 224 de la surface Les cultures autres constitueacutees essentiellement par lrsquoagroforesterie avec des fruitiers nrsquoest pas neacutegligeable avec 3 de la surface A Mandoto ces deux types de cultures sont tregraves peu pratiqueacutees (18 de la surface sont consacreacutes aux cultures maraichegraveres et les autres cultures avec 01 sont quasiment inexistantes)

Les donneacutees extrapoleacutees agrave lrsquoensemble des fokontany permettent de connaicirctre sur quelles cultures les matiegraveres fertilisantes disponibles ont eacuteteacute eacutepandues1 Lrsquoeacutechantillon est constitueacute de 2 427 parcelles2 Elles sont plus nombreuses agrave Arivonimamo ougrave lrsquoeacutechantillon drsquoEAF est plus grand mais aussi ougrave la taille moyenne des champs est plus petite et ougrave les doubles cultures sont freacutequentes La deuxiegraveme colonne de chaque figure preacutesente la reacutepartition de la FO (fumier compost et autre matiegraveres organiques) la troisiegraveme colonne est celle des engrais commerciaux Les quantiteacutes disponibles sont diffeacuterentes entre les zones Les pourcentages repreacutesentent la reacutepartition et traduisent la strateacutegie des EAF A Mandoto les EAF privileacutegient le riz pluvial et le maiumls qui reccediloivent 74 de la FO disponible (Figure 3) et 40 des engrais acheteacutes

Figure 3 Reacutepartitions de la superficie cultiveacutee annuellement de la FO et des engrais commerciaux agrave Mandoto

Les autres cultures comme les leacutegumineuses et les tubercules reccediloivent un peu de FO mais le plus souvent parce qursquoelles sont cultiveacutees en association avec du riz pluvial ou du maiumls Le riz irrigueacute qui repreacutesente 29 de la superficie reccediloit moins de 5 de la FO et 14 des engrais Le maraichage pourtant tregraves peu preacutesent (18 des surfaces) reccediloit une part conseacutequente de la FO (54) et surtout des engrais (38 des quantiteacutes disponibles)

Ainsi dans cette zone les producteurs ont une strateacutegie de fertilisation des ceacutereacuteales pluviales sur tanety avec un transfert de fertiliteacute des riziegraveres vers les tanety puisque le fumier integravegre la plus grande partie des pailles du riz des riziegraveres Cette fertilisation profite aussi aux autres cultures pluviales soit avec les associations soit via les rotations qui sont quasiment systeacutematiques en pluvial

1 Les difficulteacutes sont cependant nombreuses et notamment en raison de lrsquoimportance et de la diversiteacute des associations de cultures et des regroupements que nous avons opeacutereacutes pour faciliter la collecte notamment pour le maraichage Nous avons pris lrsquooption comme pour les surfaces de reacutepartir agrave eacutegaliteacute les quantiteacutes entre les diffeacuterentes cultures Ainsi pour une parcelle avec une association riz pluvial et arachide les quantiteacutes drsquointrants ont eacuteteacute reacuteparties pour moitieacute pour le riz pluvial et pour moitieacute pour lrsquoarachide Il en est de mecircme pour une parcelle ougrave ont eacuteteacute regroupeacutees une planche de tomate et une planche drsquooignon alors que peut-ecirctre le producteur avait fait des apports diffeacuterentieacutes2 Au total 2 680 parcelles une fois les parcelles regroupeacutees deacutesagreacutegeacutees On rappellera que les parcelles en jachegravere ne sont pas comprises ici

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

26

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Le riz irrigueacute ne reccediloit pratiquement pas de FO et tregraves peu drsquoengrais avec une strateacutegie drsquoallocation des FO sur les tanety milieu naturellement bien moins fertile que les bas-fonds A Arivonimamo la situation du riz irrigueacute est approximativement la mecircme alors que la surface cultiveacutee repreacutesente 32 cette culture ne reccediloit que 7 de la FO disponible et 4 des engrais Les ceacutereacuteales pluviales sont tregraves peu fertiliseacutees contrairement agrave Mandoto Dans les deux situations les cultures vivriegraveres beacuteneacuteficient des arriegraveres-effets des cultures maraicircchegraveres beaucoup plus fortement fertiliseacutees

Figure 4 Reacutepartitions de la superficie cultiveacutee annuellement de la FO et des engrais commerciaux agrave Arivonimamo

Les cultures privileacutegieacutees sont les cultures maraichegraveres qui reccediloivent 46 de la FO et 77 des engrais mais aussi les tubercules autres que le manioc (patate douce taro et pomme de terre) qui reccediloivent 25 de la FO mais peu drsquoengrais et les leacutegumineuses (haricots) qui reccediloivent un peu plus de FO et drsquoengrais (respectivement 11 et 12) que la part qursquoelles occupent dans lrsquoassolement (9)

Ce sont les cultures exigeantes en fumure mais aussi et surtout fortement commercialiseacutees (maraichage pomme

de terre patate douce taro et haricot) qui reccediloivent lrsquoessentiel de la fertilisation Les rotations permettent aux cultures peu fertiliseacutees de beacuteneacuteficier des arriegraveres effets de la fertilisation des cultures produites drsquoabord pour les marcheacutes Le riz irrigueacute qui nrsquoest pas fertiliseacute beacuteneacutefice des arriegraveres effets des cultures de contre saison sur les riziegraveres

Ainsi les strateacutegies de fertilisation des EAF sont tregraves diffeacuterentes selon les zones en lien avec les cultures produites leur exigence mais surtout en lien avec des objectifs technico-eacuteconomiques et le marcheacute des produits agricoles

23 Les doses apporteacutees

Lrsquoanalyse des quantiteacutes de fumure apporteacutees est faite par culture1 et en tenant compte des associations

A Mandoto (tableau 4) les superficies en culture pure repreacutesentent 71 des parcelles et de la superficie Comme deacutejagrave indiqueacute le riz irrigueacute occupe une place importante mais il est peu fertiliseacute avec seulement 20 des parcelles et 18 de la superficie qui reccediloivent de la fumure organique agrave des doses faibles (moins de 2 tonnes par hectare) et seulement 4 des parcelles reccediloivent de lrsquoengrais (agrave une dose de pregraves de 60 kgha)

1 Seuls les reacutesultats pour les cultures avec un effectif non pondeacutereacute de plus de 15 parcelles sont preacutesenteacutes ici On notera que pour les principales cultures la taille de lrsquoeacutechantillon est conseacutequente

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

27

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Tableau 4 Apports de FO et dengrais sur les cultures cultiveacutees pures agrave Mandoto en (kg)

Cultures pures Nbre de parcelles

Surface ha

Parcelle avec Superficie avec Superficie avec Dose moy FO

en kghaDose moy

Engrais kgha

FO Engrais FO EngraisToutes

les parcelles

Parcelles avec

Toutes les

parcelles

Parcelles avec

Riz bas-fond 242 5834 20 4 18 4 377 1 901 241 5825Riz Pluvial 90 2353 91 37 90 29 4 022 4 415 1011 2677Maiumls 30 646 97 37 98 43 3 923 4 059 1669 4553Manioc 117 3689 8 0 4 0 414 4 843 000 000Autres tuber 19 236 47 47 35 42 3 041 6 420 1857 3920Leacutegumineuses 78 1156 45 18 38 18 1 776 3 958 870 4850Maraichage 112 264 90 61 80 74 31 829 35 296

Les moyennes sont calculeacutees par parcelle et sans pondeacuteration

Crsquoest le manioc qui est le moins fertiliseacute pas drsquoengrais et seulement 4 des parcelles avec de la fumure organique Le riz pluvial et le maiumls sont les cultures pures qui reccediloivent le plus systeacutematiquement de la fumure plus de 90 des parcelles et de la superficie reccediloivent de la FO agrave des doses eacuteleveacutees de plus de 4 tha et 30 agrave 40 des parcelles et de la surface reccediloivent de lrsquoengrais mais agrave des doses qui restent faibles (26 kgha pour le riz pluvial et 45 kgha pour le maiumls) Les autres tubercules reccediloivent engrais et FO mais ce sont essentiellement les pommes de terre Les leacutegumineuses sont eacutegalement fertiliseacutees avec 45 des parcelles qui reccediloivent de la FO et 18 de lrsquoengrais agrave des doses moyennes pour la zone Enfin les cultures maraichegraveres ont eacuteteacute regroupeacutees les parcelles sont nombreuses mais la superficie tregraves petite elles reccediloivent agrave 90 de la FO et agrave 61 des engrais agrave des doses importantes (plus de 30 tha pour la FO)

A Arivonimamo la part des cultures pures est plus importante qursquoagrave Mandoto avec 86 des parcelles et 89 de la superficie Ainsi le nombre de parcelles de lrsquoeacutechantillon est nettement plus important (mais il ne fait pas oublier que lrsquoeacutechantillon compte plus drsquoEAF)

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

28

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Tableau 5 Apports de FO et dengrais sur les cultures cultiveacutees pures agrave Arivonimamo (en kg)

Cultures pures Nbre parcelles

Surface ha

Parcelle avecSuperficie avec Superficie avec Dose moy FO en

kghaDose moy Engrais

kgha

FO Engrais FO Engrais Toutes les parcelles

Parcelles avec

Toutes les parcelles

Parcelles avec

Riz bas-fond 363 6078 39 9 39 8 633 1 643 459 5206

Riz Pluvial 72 1051 83 0 93 0 2 902 3 482 000 000

Maiumls 17 112 94 11 96 9 3 501 3 720 131 2222

Manioc 201 2020 24 1 23 0 1 253 5 249 038 3833

Autres tuber 232 2327 70 5 78 4 4 461 6 350 367 7748

Haricots 61 765 95 65 96 73 4 132 4 346 4824 7545

Autre Leacutegum 46 352 20 0 18 0 779 3 981 000 000

Tomates 90 955 97 95 98 97 7 614 7 877 12791 13543

Haricot verts 132 1088 95 87 96 90 5 079 5 321 8090 9286

Autres Maraich 155 1293 95 76 101 73 4 311 4 546 9126 12089 Les moyennes sont calculeacutees par parcelle et sans pondeacuteration

A Arivonimamo la fertilisation du riz irrigueacute est un peu plus freacutequente avec 39 des parcelles qui reccediloivent de la FO et 9 de lrsquoengrais mais agrave des doses plus faibles qursquoagrave Mandoto 16 tha pour la FO et 52 kgha drsquoengrais La fertilisation du riz irrigueacute nrsquoest pas une prioriteacute pour le plus grand nombre des producteurs Les cultures les moins fertiliseacutees sont le manioc et les leacutegumineuses autres que le haricot avec respectivement 23 et 18 des parcelles seulement qui reccediloivent de la FO et quasiment aucune qui reccediloit de lrsquoengrais Mais de maniegravere assez eacutetonnante les parcelles avec FO reccediloivent des doses assez importantes (plus de 5 tha pour le manioc) certainement en lien avec des strateacutegies de gestion ou de restauration de la fertiliteacute des sols En ce qui concerne la FO toutes les autres cultures sont tregraves freacutequemment fertiliseacutees plus de 90 des parcelles de riz pluvial maiumls haricot et maraichage les autres tubercules le sont agrave pregraves de 80 Et si pour le riz pluvial et le maiumls les doses moyennes sont modestes car infeacuterieures agrave 4 tha elles sont supeacuterieures agrave 4 tha pour les haricots et supeacuterieures agrave 5 tha pour les autres avec notamment pour les tomates un apport de plus de 7 tha Pour les engrais tregraves peu drsquoapports pour le maiumls (6 des parcelles) et pas drsquoapport pour le riz pluvial (observations pour 72 parcelles) Lrsquoengrais est reacuteserveacute au maraichage (plus de 75 des parcelles) et aux haricots (64 des parcelles) Avec des doses moyennes relativement importantes plus de 90 kgha pour les haricots verts 135 kgha pour la tomate et 120 kgha pour les autres cultures maraichegraveres

Ainsi drsquoune maniegravere geacuteneacuterale agrave Arivonimamo lrsquoapport de fertilisants est conseacutequent agrave la fois en termes de parcelles concerneacutees et de doses eacutepandues Riz irrigueacute manioc et leacutegumineuses autres que haricot sont les parents pauvres de la fertilisation mais avec les rotations ces cultures beacuteneacuteficient aussi des apports en particulier pour le riz irrigueacute car une part importante du maraichage est cultiveacutee sur les riziegraveres

Les associations de culture sont plus freacutequentes agrave Mandoto ougrave lrsquoassociation riz pluvial + maiumls domine tregraves largement La superficie avec cette association est eacutequivalente agrave la superficie totale en culture pure Et le maiumls est la culture que lrsquoon associe le plus avec le riz pluvial mais aussi le manioc et les leacutegumineuses Les parcelles avec une association de ces trois cultures ne sont pas rares Les pratiques de fertilisation en culture associeacutee rejoignent celles en culture pure Ainsi 91 des parcelles avec lrsquoassociation riz + maiumls reccediloivent de la FO et 32 de lrsquoengrais cependant les doses de FO sont tregraves infeacuterieures (de 700 kgha alors qursquoen culture pure elles eacutetaient de plus de 4 tha) et il en est de mecircme pour lrsquoengrais

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

29

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Pour les parcelles avec des cultures associeacutees au maiumls un apport en FO est freacutequent (plus de 80 des parcelles pour manioc ou leacutegumineuse et plus de 75 quand il y a les trois cultures) Lrsquoengrais est plus rare et surtout les doses de FO et engrais sont faibles A ce stade on peut eacutemettre lrsquohypothegravese que les EAF qui pratiquent lrsquoassociation sont moins bien doteacutees en matiegravere fertilisante Mais lrsquoanalyse montre que ce nrsquoest pas le cas il existe bien un coefficient de correacutelation neacutegatif entre la quantiteacute de fumure organique disponible au niveau de lrsquoEAF et le pourcentage de culture associeacutees mais il est tregraves faible (-011) et si lrsquoon creacutee des classes de pourcentage de culture associeacutees il nrsquoy a pas de diffeacuterence significative entre les classes pour la dose moyenne de FO Il semble donc que cela soit la pratique qui soit ainsi agrave Mandoto sur des cultures associeacutees (grandes cultures riz maiumls leacutegumineuse ou tubercule) les apports de FO sont moindres que sur les cultures pures

Tableau 6 Apports de FO et dengrais sur les cultures associeacutees les plus freacutequentes (en kg)

District 1Mandoto Nbre parcelles

Surface ha

Parcelle avec Dose moy FO en kgha

Dose moy Engrais kgha

FO Engrais Toutes les parcelles

Parcelles avec

Toutes les parcelles

Parcelles avec

Riz Pluvial + Maiumls 114 2577 91 32 656 719 26 83Mais + Manioc 50 1149 88 2 420 477 01 30Mais + Leacutegumineuse 57 975 84 16 428 508 02 15Mais + Manioc + Leacutegum 24 482 75 13 242 323 02 18Manioc + Leacutegumineuse 24 587 4 0 11 250 00 002 ArivonimamoRiz Pluvial + Maiumls 14 182 86 0 366 427 00 00Mais + Leacutegumineuse 25 228 84 24 188 224 15 62Manioc + Leacutegumineuse 13 126 54 0 280 521 00 00Tubercules + Fruitiers 34 270 62 12 224 363 03 28Autre cult + Fruitiers 90 671 91 52 5 414 255 30 58

Les moyennes sont calculeacutees par parcelle et sans pondeacuteration

A Arivonimamo les cultures associeacutees pour les grandes cultures sont moins importantes en nombre et les superficies sont tregraves petites Mais on peut tirer les mecircmes conclusions que pour Mandoto Ce qui est remarquable dans cette zone crsquoest le nombre de parcelles en agroforesterie avec un meacutelange drsquoarbres fruitiers et de cultures avec plus de 120 parcelles Les cultures sont de tous les types mais beaucoup de cultures maraichegraveres ce qui explique les fortes doses de FO ou drsquoengrais Les fruitiers sont essentiellement des agrumes et sont le reacutesultat drsquoopeacuterations de deacuteveloppement qui ont vulgariseacute la plantation de ces arbres La plupart de ces plantations nrsquoest pas encore en pleine production (trop reacutecentes)

24 Les strateacutegies des EAF pour lrsquoutilisation de la FO disponible

Dans le JAE ndeg 9 nous avions eacutemis lrsquohypothegravese qursquoagrave Arivonimamo il y avait deux types drsquoEAF lrsquoun avec des strateacutegies de fortes disponibiliteacutes en FO soutenues par des ambitions de cultures maraichegraveres et un autre avec des strateacutegies de moindre disponibiliteacute en FO avec des systegravemes de culture plus classiques Pour repreacutesenter les strateacutegies nous avons eacutetabli des classes selon le pourcentage de la FO utiliseacutee sur ceacutereacuteales pluviales et sur cultures commerciales Les reacutesultats sont preacutesenteacutes dans le tableau 8

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

30

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Tableau 7 Reacutepartition des EAF selon des classes de quantiteacutes utiliseacutees de FO

Classes utilisation FO MandotoArivonimamo Arivonimamo

FO utiliseacutes sur ceacutereacuteales pluviales des EA

S cultiveacutee moyenne

(ares)CV des EA

S cultiveacutee moyenne

(ares)CV

lt=25 8 89 72 76 113 7625 agrave 75 18 93 93 20 88 57gt75 74 144 88 4 37 49 FO utiliseacutes sur cultures commercialeslt=25 88 136 91 12 63 7725 agrave 75 9 90 58 42 102 60gt75 3 75 85 46 118 81

Les strateacutegies des EAF vis-agrave-vis de lrsquoutilisation de la FO sont tregraves nettement diffeacuterentes selon les zones comme on lrsquoa deacutejagrave vu la premiegravere partie du tableau montre qursquoagrave Mandoto 74 des EAF mettent plus des frac34 de leur FO disponible sur les parcelles avec ceacutereacuteales pluviales (seules ou associeacutees) et ce sont les EAF avec la plus grande superficie qui font cela Alors qursquoagrave Arivonimamo seules 4 des EAF mettent plus de 75 de leur FO sur des parcelles avec ceacutereacuteales pluviales et ce sont les plus petites EAF (superficie cultiveacutee moyenne de 37 ares) avec certainement des strateacutegies de seacutecuriteacute alimentaire

La deuxiegraveme partie du tableau nous permet de constater qursquoagrave Arivonimamo 46 des EAF mettent plus de 75 de leur FO sur les cultures commerciales (cultures maraichegraveres pomme de terre taro patate douce et haricot) et ces EAF ont en moyenne une superficie cultiveacutee supeacuterieure aux autres Cette classe est importante mais il y a aussi une classe drsquoEAF avec des strateacutegies baseacutees sur une meilleure reacutepartition

A Mandoto les EAF qui mettent plus de 75 de leur FO sur ce type de cultures commerciales (essentiellement le maraichage) sont peu nombreuses (3 des EAF) et ce sont des EAF avec des superficies plus faibles que les autres Ce nrsquoest donc pas la strateacutegie utiliseacutee par les EAF qui ne donnent pas la quasi exclusiviteacute (lt75) de la FO aux ceacutereacuteales pluviales Il existe un groupe drsquoEAF dans les deux zones qui ne donnent pas lrsquoexclusiviteacute de la FO (gt75) aux ceacutereacuteales pluviales agrave Mandoto ou aux cultures commerciales agrave Arivonimamo Ce groupe regroupe 23 des EAF agrave Mandoto et 49 agrave Arivonimamo Ce sont des EAF un peu plus petites que la moyenne de la zone avec une disponibiliteacute en FO infeacuterieure agrave la moyenne de la zone et une reacutepartition de la FO marqueacutee par la strateacutegie dominante de la zone mais avec une reacutepartition plus eacutequilibreacutee et notamment un eacutepandage sur le riz irrigueacute

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

31

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Tableau 8 Les EAF avec une strateacutegie drsquoutilisation de la FO diffeacuterente de la strateacutegie dominante de la zone

EAF Sup moy (ares)

FO (tonnes)

FO sur Ceacutereacuteales Pluviales

FO sur Cuture

commerciales

FO sur Riz irrigueacute

FO sur Autres

cultures

Mandoto 23 94 131 48 21 20 4

Arivonimamo 49 99 223 20 45 16 1

Il existerait ainsi 3 grandes strateacutegies drsquoutilisation de la FO avec agrave Mandoto la quasi exclusiviteacute de la FO sur les ceacutereacuteales pluviales (74 des EAF de la zone) agrave Arivonimamo la quasi exclusiviteacute de la FO sur les cultures commerciales (46 des EAF) et un groupe avec une reacutepartition plus eacutequilibreacutee entre les diffeacuterentes cultures y compris sur le riz irrigueacute

3 Conclusions et implications pour le deacuteveloppement

La gestion de la fertiliteacute des sols dans ces deux reacutegions contrasteacutees des plateaux drsquoaltitude malagasy passe drsquoabord par la production etou lrsquoacquisition de fumure organique il nrsquoy a quasiment aucune EAF sans apport sur au moins une parcelle cultiveacutee1 Les reacutesultats montrent qursquoenviron la moitieacute de la superficie cultiveacutee annuellement reccediloit de la FO agrave Mandoto et plus des deux tiers agrave Arivonimamo Mecircme si les doses potentielles sont en dessous des recommandions avec la rotation des cultures cela signifie que lrsquoensemble du terroir pourrait ecirctre fumeacute plus drsquoune fois tous les deux ans Les riziegraveres quand elles sont cultiveacutees en riz irrigueacute ne reccediloivent que tregraves rarement de la fumure dans ces zones La strateacutegie est lrsquoinverse de ce qursquoon rencontre dans drsquoautres zones qui priorisent les bas-fonds notamment dans les zones des peacuterimegravetres irrigueacutes (Lac Alaotra peacuterimegravetres sur les Hautes terres Ambondromisotrahellip)

Les strateacutegies de gestion de la fertiliteacute des sols sont logiquement de fertiliser en prioriteacute les cultures les plus exigeantes et les plus reacutemuneacuteratrices ceacutereacuteales pluviales agrave Mandoto (riz et maiumls) et les cultures maraichegraveres mais qui sont tregraves marginales dans cette zone cultures pour le marcheacute agrave Arivonimamo maraichage pomme de terre haricots patates douces taros Et pour les producteurs qui achegravetent des engrais commerciaux (essentiellement engrais mineacuteral) la pratique est drsquoassocier aux fumures organiques des compleacutements drsquoengrais et ceci tregraves prioritairement sur les cultures les plus reacutemuneacuteratrices et aussi les plus exigentes A quelques rares exceptions pregraves lrsquoapport drsquoengrais mineacuteral vient toujours compleacuteter un apport de fumure organique et crsquoest pregraves drsquoun quart de la superficie qui reccediloit engrais et FO agrave Arivonimamo et seulement 13 agrave Mandoto

Deux principaux engrais mineacuteraux sont utiliseacutes dans les deux zones le NPK et lrsquoureacutee En reacutealisant les apports au voisinage des plants il y a une concentration des eacuteleacutements nutritifs qui permet agrave la fois drsquooptimiser leur utilisation et de deacutevelopper des synergies entre produits organiques et mineacuteraux Cette efficience des ressources garantie par une compleacutementariteacute des apports incluant une base organique avec un compleacutement mineacuteral a deacutejagrave eacuteteacute releveacutee dans de nombreuses autres situations tropicales (Bekunda et al 1997) Drsquoautres eacutetudes sur ces mecircmes zones mettent en eacutevidence que la majoriteacute des fumures organiques utiliseacutees preacutesentent certaines deacuteficiences en eacuteleacutements majeurs comme le N et le P et que lrsquoutilisation des engrais de synthegravese est susceptible de lever (Ben Naacircmane et al 2020 notre article dans le JAE preacuteceacutedent) Cette pratique est donc agrave encourager notamment agrave travers des messages

1 Dans notre eacutechantillon seules 2 EAF nrsquoont pas apporteacute de FO lrsquoune extrecircmement petite (moins de 5 are de SAU) agrave Arivonimamo et tregraves pauvre qui a vendu sa FO une autre agrave Mandoto qui prend en meacutetayage la terre qursquoil cultive

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

32

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

de vulgarisation adapteacutes et compleacutementaires des messages laquo classiques raquo qui procircnent des doses importantes drsquoengrais

Lrsquoanalyse compareacutee des deux zones montre des diffeacuterences dans le recours aux engrais de synthegravese avec agrave Arivonimamo une quasi geacuteneacuteralisation de lrsquoengrais (pregraves de 90 des EAF) et une utilisation moyenne de 30 kg par ha de SAU plus freacutequemment sur les cultures maraichegraveres et presque toujours en compleacutement de la fumure organique contre environ une exploitation sur deux agrave Mandoto et une utilisation de 6 kg par ha Sur ce premier site une plus grande diversiteacute drsquoengrais et une utilisation plus importante de cendres sous-produit de briqueteries sont releveacutees Eacutegalement une strateacutegie drsquoallocation de ressources diffeacuterencieacutee apparaicirct tregraves clairement au niveau des fumures organiques sur le riz de bas-fonds beaucoup plus amendeacute agrave Arivonimamo car cette ressource est agrave la fois moins limitante et mieux valoriseacutee par les cultures maraicircchegraveres A Mandoto la fumure organique est moins disponible et moins valorisable autrement que par les ceacutereacuteales pluviales aussi moins indispensable pour la productiviteacute de ces cultures et est beaucoup mieux valoriseacutee sur le domaine pluvial sans laquelle aucune mise en valeur de culture exigeante ne serait envisageable Ainsi la recherche doit affiner ses connaissances agrave lrsquoeacutechelle du systegraveme de culture pour mieux eacutevaluer performances et durabiliteacute agrave court et long termes et accompagner lrsquointensification eacutecologique promue par divers opeacuterateurs de deacuteveloppement agricoles (notamment ONG de deacuteveloppement)

Cette communication plaide encore une fois pour une bonne compreacutehension des EAF de leur fonctionnement et de leurs strateacutegies avant de proposer des ameacuteliorations adapteacutees La fertilisation telle que pratiqueacutee par les producteurs est un acquis important pour comprendre la durabiliteacute de lrsquoagriculture familiale et pour renforcer la durabiliteacute des EAF Cela montre agrave la fois la techniciteacute des paysans leur connaissance des intrants existants et de leur utilisation Les propositions drsquoinnovations pour le deacuteveloppement doivent srsquoappuyer sur lrsquoexistant contrairement agrave

ce qui est souvent fait (Razanakoto et al 2018) Drsquoabord les orientations vont certainement vers des techniques qui permettent drsquoaugmenter la fumure organique disponible en quantiteacute et en qualiteacute (eacutetable ameacutelioreacutee compostage lombricompost etc) notamment avec des matiegraveres premiegraveres disponibles localement plutocirct que sur la base drsquoachats Les agriculteurs investissent moins en moneacutetaire et optent pour une strateacutegie drsquointensification en main drsquoœuvre (ce qui est le cas pour les systegravemes de compostage) Ensuite il est important de mieux valoriser ces diffeacuterents types de fertilisation agrave travers des combinaisons de pratiques

Ce dont il faut ecirctre sucircr crsquoest que les producteurs dans leur tregraves grande majoriteacute deacuteveloppent des strateacutegies de gestion de la fertiliteacute des sols et les adaptent sur la base de leurs connaissances et savoir-faire et en fonction des conditions biophysiques et de lrsquoenvironnement socioeacuteconomique Si les conditions eacuteconomiques sont favorables (deacuteboucheacutes prix suffisamment reacutemuneacuterateurs) ils ont recours aux engrais commerciaux comme le montre cette eacutetude mais aussi drsquoautres (voir par exemple en zone peacuteriurbaine drsquoAntananarivo NDienor et al 2011) Or le plus souvent dans les actions de deacuteveloppement et les propositions techniques les fertilisations sont proposeacutees par filiegravere comme une sorte de manuel technique (fiche technique par filiegravere) et reacutefleacutechies par rapport aux besoins propres de la plante cibleacutee Ces propositions vont ainsi agrave lrsquoencontre des strateacutegies paysannes et leur diffusion reste mitigeacutee

Enfin dans les propositions actuelles pour le deacuteveloppement rizicole notamment sur bas-fonds les acteurs de deacuteveloppement misent sur une intensification rizicole de type reacutevolution verte (semences ameacutelioreacutees voire hybrides avec des doses importantes drsquoengrais acheteacute) Les donneacutees montrent que les strateacutegies des paysans integravegrent les rotations avec le riz et les investissements en fertilisation se passent autrement (cultures de contre saison autres cultures) Les deacutepenses en semences et surtout si on enlegraveve la valorisation de lrsquoautoproduction restent tregraves faibles Ces

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

33

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

propositions techniques srsquoeacuteloignent encore une fois des strateacutegies paysannes

Mais cette analyse des strateacutegies drsquoutilisation des fertilisants dans la gestion de la fertiliteacute des sols reste encore incomplegravete car si les aspects techniques (quantiteacutes et modaliteacutes) ont eacuteteacute traiteacutes les aspects eacuteconomiques ne lrsquoont pas eacuteteacute Cela sera le thegraveme du prochain et dernier article qui mettra en relation les pratiques de gestion de la fertiliteacute et les performances notamment en terme de marge brute aux niveaux parcelles et cultures et de revenu au niveau EAF

BIBLIOGRAPHIE

Bekunda MA Bationo A Ssali H 1997 Soil fertility management in Africa a review of selecterd research trials In Replenishing Soil Fertility in Africa SSSA Special Publication Nomber 51 63-79

Ben Naacircmane CK Autfray P Audouin S Beacuteliegraveres JF Blanchart E Razafimahatratra M Razanakoto OR Salgado P 2020 Gestion compareacutee de la fertiliteacute au niveau des exploitations agricoles familiales du Moyen-Ouest de la reacutegion Vakinankaratra et des Hautes-Terres de la reacutegion Itasy agrave Madagascar Projet Secure 24 p httpswwwsecuremgsitesdefaultfiles2020-04Livret_Secure_2020pdf

Liniger H Mekdaschi Studer R Hauert C et Gurtner M 2011 La pratique de la gestion durable des terres Directives et bonnes pratiques pour lrsquoAfrique subsaharienne WOCAT FAO TerrAfrica Rome (Italie) 243 p httpwwwfaoorg3i1861fi1861fpdf

MAEP 2006 Strateacutegie nationale pour le deacuteveloppement de lrsquoutilisation de lrsquoengrais Ministegravere de lAgriculture de lElevage et de la Pecircche Antananarivo Mai 2006 48 p + annexes p httpwwwmpaegovmgcommunicationwp-contentuploadssites2201611strategie_dvlpt_utilisation_engrais_1pdf

NDieacutenor M Aubry C et Rabeharisoa L 2011 Strateacutegies de construction de la fertiliteacute des terres par les agriculteurs dans les systegravemes maraicircchers peacuteriurbains dAntananarivo (Madagascar) Cahiers Agricultures Vol 20 No 4 (2011) doihttpsdoiorg101684agr20110497

Poirier N et Nuninger L 2012 Techniques damendement agraire et teacutemoins mateacuteriels Pour une approche archeacuteologique des espaces agraires anciens Histoire amp Socieacuteteacutes Rurales 38 (2) 11-50 doi103917hsr0380011

Pierre-Bernard A Ramboarison R Randrianarison L et Rondro-Harisoa L 2007 Les implications structurelles de la libeacuteralisation sur lrsquoagriculture et le deacuteveloppement rural Programme Ruralstruc Madagascar Phase I EPP PADR APB Consulting Antananarivo Janvier 2007 303 p httpdocumentsbanquemondialeorgcuratedfr 184371468091191021pdf779810WP0madag00250for0the0abstractpdf

Razanakoto O Razafindraibe R Andriamananjara A Razafimanantsoa M-P Rakotoson T Smolders E et Rabeharisoa L 2018 Failures in agricultural innovation due to poor understanding of farmersrsquo predispositions Development in Practice 28 (5) 691-704 doi1010800961452420181471124

Sanginga N et Woomer P L (Ed) 2009 Integrated Soil Fertility Management in Africa Principles Practices and Developmental Process Nairobi (Kenya) Tropical Soil Biology and Fertility Institute of the International Centre for Tropical Agriculture 263 p

Leacutetude a eacuteteacute reacutealiseacutee dans le cadre du projet SECuRE

(Soil ecological function resto-ration to enhance agrosystem ser-vices in rainfed rice cropping sys-tems in agroecological transition) financeacute par Agropolis Foundation sous la reacutefeacuterence ID 1605-007 agrave travers le programme Investisse-ments dAvenir (Labex Agro ANR-10-LABX-0001-01) dans le cadre du I-SITE MUSE (ANR-16-IDEX-0006)

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

34

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Lucien Seacuteguy 1944-2020 agronome du geacutenie veacutegeacutetal

Premiers pas

Lucien Seacuteguy est neacute dans une famille de petits paysans du nord Dordogne fiers de leurs racines et durs agrave la tacircche Il sera le

seul de sa fratrie de quatre fregraveres et sœurs agrave acceacuteder agrave lrsquouniversiteacute Diplocircme drsquoingeacutenieur agronome de lrsquoENSA Toulouse en poche suivi drsquoune speacutecialisation en peacutedologie agrave lrsquoORSTOM (ex IRDhellip) de Bondy il eacutepouse Jacqueline qui lrsquoaccompagnera durant toute sa carriegravere Son service civil se deacuteroule au Seacuteneacutegal de 1967 agrave 1969 agrave la grande station IRAT (Institut de Recherche Agronomique Tropicale) de Bambey il preacutefegravere une affectation en brousse Sefa Il y refait une carte peacutedologique et srsquoattaque agrave lrsquoameacutelioration du travail du sol en traction animale des riziegraveres de Casamance

En 1969 lrsquoIRAT lrsquoaffecte dans lrsquoOuest Cameroun agrave Dschang ougrave il monte et accompagne des projets rizicoles sur les plaines des MrsquoBos et de NrsquoDop Il y conduit des travaux sur les systegravemes de culture et lrsquoameacutelioration varieacutetale du riz pluvial et irrigueacute Ses analyses des interactions entre geacutenotype et environnement soulignant lrsquoinfluence majeure de la fertiliteacute des sols sur les attaques de pyriculariose le font remarquer et sont toujours citeacutees

Ses travaux et reacutealisations alliant recherche et deacuteveloppement interpellent des responsables de la recherche agronomique breacutesilienne et fin 1977 il devient le premier expert IRAT en poste au Breacutesil affecteacute aupregraves de LrsquoEMAPA de lrsquoeacutetat du Maranhatildeo Il travaillera au Breacutesil jusqursquoagrave sa retraite en 2009 et au-delagrave De 1977 agrave 1982 il monte avec lrsquoaide de Serge Bouzinac des eacutetudes sur la culture du riz pluvial pour chez et avec des petits paysans sans terre Les systegravemes de deacutefriche-brucirclis manuelle sur ces savanes secondaires agrave Palmiers Babaccedilu sont compareacutes agrave des systegravemes en traction animale Immeacutediatement abandonneacutes en raison des eacuterosions catastrophiques qursquoils induisent Premier signal sur la neacutecessiteacute du semis direct dans ces eacutecologies tropicales Mais Lucien et Serge sont informeacutes que leurs activiteacutes avec les sans terres du Nordeste ne sont pas du goucirct de tous Dans ces reacutegions du Breacutesil agrave cette eacutepoque le message est sans ambiguiumlteacute il faut partir vite LrsquoEMBRAPA - CNPAF (Centre National Riz amp Haricot) de Goiacircnia inteacuteresseacute par leurs reacutesultats les accueille

1982 nouveau milieu donc Les Cerrados du Centre Ouest breacutesilien (Mato Grosso Goiaacutes Tocantinshellip) un biome de savanes arboreacutees plus de 200 millions drsquohectares sur lequel avance un irreacutepressible front pionnier drsquoeacutelevage extensif et drsquoagriculture meacutecaniseacutee Des sols lateacuteritiques acides vides de nutrimentshellip longtemps consideacutereacutes comme impropres agrave toute forme drsquoagriculture rentable Peu importe la conquecircte de la terre est en marche deacutefriche riz pluvial monoculture de soja sur travail du sol simplifieacute avec des outils agrave disques hellip semelle de labour eacuterosion Une deacutevastation agrave eacutechelle industrielle Le diagnostic est vite poseacute les premiegraveres recommandations simples adapteacutees suivent combiner rotation de cultures commerciales (sojariz sojamaiumls) et succession annuelle ougrave agrave la culture commerciale succegravede une safrinha secondaire (maiumls sorgho ou mil) avec des preacuteparations de sols profondes (labour dresseacute aux socs scarification avec des outils agrave dents) Ces systegravemes de travail du sol profond ont du succegraves et sont tregraves largement diffuseacutes Mais lrsquoavegravenement du Semis Direct dans les reacutegions subtropicales du sud du Breacutesil va venir changer le paradigme des travaux de Lucien et Serge

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

35

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Lrsquoinvention le Semis direct sur Couverture Veacutegeacutetal (SCV) en milieu tropical

1984 visite agrave la Coopeacuterative laitiegravere centrale du Paranaacute agrave

1984 visite agrave la Coopeacuterative laitiegravere centrale du Paranaacute agrave Carambeiacute reacutegion des Campos Gerais premiers eacutechanges avec les agronomes Hans Peeten Josueacute Nelson Pavei hellip et les agriculteurs Nonocirc Perereira et Franke Dijkstra pionniers du semis direct dans cette reacutegion du Sud

1985 un producteur eacuteclaireacute du Mato Grosso Munefumi Matsubara leur ouvre grand les portes de sa fazenda hellip et sa bourse Des alternatives en semis direct sont rigoureusement compareacutees aux systegravemes avec travail du sol profond ou superficiel Au cours de ces cinq anneacutees deacutecisives les

systegravemes en semis direct sont plus productifs et rentables que les systegravemes conventionnels ils sont aussi et avant tout les seuls agrave permettre une augmentation de plus de 20 des teneurs de matiegravere organique des sols Les systegravemes sous couvert veacutegeacutetal (SCV) sont lanceacutes des eacutetapes cruciales sont franchies avec lrsquoinsertion en succession en association des cultures commerciales drsquoespegraveces telles que le sorgho mil les crotalaires le Brachiariahellip qui produisent de fortes biomasses valorisant des pluies marginales et surtout lrsquoeau du sol Les principes techniques des systegravemes SCV permettant de respecter les lois de fonctionnement des agroeacutecosystegravemes tropicaux sont poseacutes formaliseacutes dans des documents scientifiques et didactiques Lrsquoanalogie centrale avec le fonctionnement drsquoun eacutecosystegraveme forestier tropical se nourrissant sur lui-mecircme dans des recyclages continus entre biomasses vivantes et mortes gracircce agrave lrsquoactiviteacute biologiques des sols offre un cadre feacutecond agrave la creacuteativiteacute agronomique de Lucien Seacuteguy Les couverts veacutegeacutetaux se preacutesentent comme des pompes biologiques recyclant les eacuteleacutements mineacuteraux proteacutegeant le sol des pluies tropicales preacuteservant une tempeacuterature optimale pour lrsquoactiviteacute biologique et lrsquoabsorption racinaire hellip tout le contraire des sols mis agrave nu par le labour ou des techniques culturales simplifieacutees incompatibles avec une gestion durable de la ressource sol

Ces travaux sont conduits via de multiples partenariats en interaction avec une diffusion active de ses reacutesultats par les fondations et associations de producteurs Avant lrsquoan 2000 les SCV couvrent deacutejagrave -et ont sauveacute- des millions drsquohectares de terres agricoles dans les eacutetats de Goias Mato Grosso Tocantins Maranhatildeo Piauiuml hellip recoupant une vaste diversiteacute peacutedoclimatique tropicale dans laquelle les SCV se diversifient Ils inventent de nouvelles alternatives sur des couvertures veacutegeacutetales maintenues vivantes sous la culture encore plus efficientes comme le soja sur couvert permanent de chiendent ( Cynodon dactylon) ou le maiumls sur arachide peacuterenne ( Arachis pintoiuml) Avec le groupe Maeda les SCV sont adapteacutes agrave la culture cotonniegravere le preacutealable agrave son essor rapide dans le Mato Grosso

En parallegravele ils deacuteveloppent avec James Taillebois un seacutelectionneur du CIRAD un programme de seacutelection geacuteneacutetique de riz avec pour objectif premier drsquoeacutelargir lrsquoadaptabiliteacute des varieacuteteacutes creacuteeacutees et leurs toleacuterances aux maladies fongiques en seacutelectionnant en conditions pluviales de lrsquoeacutequateur jusqursquoau subtropical des croisements entre pools drsquoorigines pluviales et irrigueacutees Ces varieacuteteacutes vont voyager dans de nombreux pays tropicaux et subtropicaux faisant montre de leur grande plasticiteacute qursquoelles tirent de leur base geacuteneacutetique et des systegravemes SCV dans et pour lesquelles elles sont seacutelectionneacutees

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

36

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Lucien et Serge ont inspireacute des milliers drsquoagriculteurs agronomes et chercheurs breacutesiliens sur la base de leurs travaux preacutecurseurs et visionnaires sur les systegravemes sous couvert veacutegeacutetal pour les eacutecologies tropicales du Breacutesil Ils ont accueilli des visites de tous pays et continents se faisant les premiers et les meilleurs ambassadeurs des SCV du Breacutesil

Informer et former le monde

A partir de 1984 et jusqursquoagrave sa retraite Lucien reacutealise tous les ans des missions drsquoappui aupregraves de collegravegues chercheurs agronomes et de projets de deacuteveloppement publics et priveacutes dans de nombreux pays tropicaux drsquoAfrique drsquoAsie du Sud-Est Madagascar icircle continent aux innombrables eacutecosystegravemes tropicaux sera gracircce aux partenariats tisseacutes et aux financements de nombreux projets par lrsquoAgence Franccedilaise de Deacuteveloppement (AFD) une antichambre pour les petites paysanneries de ces techniques neacutees dans les dynamiques agro-industrielles du Breacutesil Drsquoautres projets suivront principalement sur financements de lrsquoAFD en Cocircte drsquoIvoire Gabon Cameroun Seacuteneacutegal Tunisie Vietnam Laos Cambodgehellip permettant de deacutecliner les

principes des SCV en pratiques adapteacutees aux conditions sociales drsquoagricultures familiales parmi les plusdeacutemunies de la planegravete Avec le Pr Joatildeo Carlos Saacute de lrsquoUniversiteacute de Ponta Grossa (Parana Breacutesil) ils organiseront toujours gracircce aux financements de lrsquoAFD de 2006 agrave 2011 six eacuteditions drsquoune formation internationale sur les SCV et la dynamique de matiegravere organique du sol rassemblant plus de 90 agronomes vulgarisateurs et chercheurs travaillant en partenariat avec le CIRAD dans plus de 13 pays du Sud Tous ces pays et drsquoautres ne peuvent plus ignorer cette information clef pour lrsquohumaniteacute on sait doreacutenavant faire pousser sous les tropiques les grandes cultures annuelles pluviales de faccedilon durable rentable et accessible Un nouveau pilier est disponible pour renforcer la seacutecuriteacute alimentaire mondiale et lrsquoautonomie des pays du Sud En 2009 agrave sa retraite du Cirad il poursuit ses appuis agrave travers la planegravete aupregraves des acteurs convaincus par la pertinence des voies agronomiques qursquoil continue drsquoouvrir Des reacuteseaux se montent qursquoil anime partageant sa vision ses ideacutees sa creacuteativiteacute et son humour A lrsquoinvitation drsquoun agronome du Queacutebec Louis Peacuterusse il se lance dans lrsquoadaptation des SCV aux conditions continentales ils remettent agrave lrsquohonneur les bleacutes drsquohiver semeacutes agrave la voleacutee dans le soja trois semaines avant la reacutecolte gagnant un mois de croissance avant lrsquohiver et avanccedilant la reacutecolte drsquoun mois Ce calendrier profondeacutement remanieacute par rapport aux scheacutemas baseacutes exclusivement sur les cultures de printemps ouvre une fenecirctre pour implanter agrave la voleacutee dans les bleacutes murissant des meacutelanges de plantes de couverture Ces derniers apportent alors ici comme partout de faccedilon inteacutegreacutee par et pour le biologique recharge en matiegravere organique et de multiples fonctions eacutecosysteacutemiques telles que la fixation azoteacutee par les leacutegumineuses la stimulation de fonctions microbiennes symbiotiques et non symbiotiques la creacuteation et lrsquoentretien drsquoune forte macroporositeacute par les effets combineacutes de puissants systegravemes racinaires et la stimulation drsquoune forte activiteacute des vers de terre le controcircle des adventices par la couverture du solhellip

Au Sud du Breacutesil dans les Eacutetats de Santa Catarina et du Rio Grande do Sul il travaille avec de jeunes agronomes breacutesiliens agrave la conception et agrave la diffusion sur des centaines de milliers drsquohectares des couverts multifonctionnels agrave base de meacutelanges complexes composeacutes de 10 espegraveces et plus Il est inviteacute en 2009 en Argentine et en Uruguay par Jean Waymel agriculteur drsquoorigine franccedilaise avec qui il deacuteveloppe des SCV diversifieacutes inteacutegrant le semis agrave la voleacutee sur couvert veacutegeacutetal y compris de culture agrave grosses graines comme le soja

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

37

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Ces techniques pratiqueacutees agrave tregraves grande eacutechelle accroissent les vitesses drsquoimplantation des cultures et la reacutesilience des systegravemes de production dans un climat de plus en plus variable

Sa passion pour la diversiteacute veacutegeacutetale ses talents de naturaliste lrsquoont ameneacute agrave explorer inlassablement de nombreuses espegraveces veacutegeacutetales tempeacutereacutees et tropicales agrave proposer des meacutelanges de plus en plus efficaces alliant cultures annuelles et peacuterennes et aux fonctionnaliteacutes et morphologies aeacuteriennes et racinaires diversifieacutees le cœur des SCV

Mecircme en France

Il initie eacutegalement degraves le milieu des anneacutees 1990 des eacutechanges avec quelques agriculteurs franccedilais en meacutetropole et plus tard dans des deacutepartements et territoires drsquoOutre-Mer (Reacuteunion Antilles Nouvelle Caleacutedonie)

Avec ces pionniers des SCV en France [1] il expeacuterimente dans des eacutecologies aussi diverses que les rives et coteaux de la Loire la Champagne berrichonne les collines du Gers la Camargue les versants de la Montagne Peleacuteehellip dans des systegravemes ceacutereacutealiers de polyculture eacutelevage des bananeraies en conditions pluviales ou irrigueacutees

Quelles espegraveces et associations drsquoespegraveces pour les couverts drsquohiver drsquoeacuteteacute en fonction des conditions de milieuxhellip Comment les semer dans les diffeacuterentes cultures en deacuterobeacutee en succession agrave quelle date agrave quelle dosehellip Ce savoir-faire et ces connaissances sont agrave deacutefricher et organiser par des essais Tous ces agriculteurs rallongent diversifient leurs rotations integravegrent des leacutegumineuses via les cultures (pois drsquohiver de printemps sojahellip) et les couverts eacuteventuellement fourragers (vesce feacuteverole gesse tregravefleshellip) Les fermes drsquoeacutelevage conquiegraverent par-lagrave leur autonomie en proteacuteines Aux techniques de couvertures mortes tueacutees avant semis de la culture viennent ici aussi srsquoajouter des couverts vivants de luzerne sur argilo-calcaire de tregravefle ou de lotier sur les sols plus acides ou hydromorphes faisant encore gagner en coucirct et en flexibiliteacute face aux aleacuteas du climat et des marcheacutes

Ils testent et mettent en commun les acquis sur leurs fonds propres un reacuteseau se coopte pour avancer Lucien lrsquoanime en structurant les essais et en maintenant le cap agrologique des SCV mecircme quand les reacutesultats escompteacutes ne sont pas immeacutediatement au rendez-vous

Les SCV de mieux en mieux maicirctriseacutes integravegrent progressivement lrsquoensemble des terres cultiveacutees sur ces fermes remaniant profondeacutement leur systegraveme drsquoexploitation Les parcs mateacuteriels se simplifient les grosses puissances de traction pour les preacuteparations de sol nrsquoont plus lieu drsquoecirctre Il faut aussi ecirctre autonome pour ses productions de semences de couverts la leacutegislation interdisant dons eacutechanges ou ventes entre agriculteurs mecircme pour des espegraveces et varieacuteteacutes libres de droit drsquoobtenteurs ou plus disponibles sur le marcheacute les semences commerciales ne sont pas forceacutement optimales pour les systegravemes et restent oneacutereuses utiliseacutees agrave bonne dose

Plus aucune de ces fermes nrsquoutilise drsquoinsecticides que ce soit en foliaire au sol ou en traitement de semences sur quelques cultures que ce soient ni drsquoanti-limaces Des fongicides ne sont appliqueacutes qursquoexceptionnellement sur les ceacutereacuteales agrave paille et colza au quart ou agrave la moitieacute des doses preacuteconiseacutees lorsque des conditions climatiques propices au deacuteveloppement des champignons pathogegravenes surviennent agrave un stade critique de ces cultures Les herbicides demeurent agrave faible dose principalement

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

38

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

pour le controcircle des couverts Les apports drsquoazote mineacuteral sur ceacutereacuteales agrave paille et maiumls diminuent progressivement pour atteindre 10 agrave 12 uniteacutes par tonne de grains une efficience quasi doubleacutee en comparaison des exploitations avoisinantes Toutes ces fermes qui pratiquent les SCV depuis plus de 15 ans obtiennent les meilleures performances techniques (rendement qualiteacute nutritive et sanitaire des grains) dans leurs reacutegions respectives elles ont dans le mecircme temps reacuteduit leurs charges en intrant et carburant de 39 par rapport agrave des itineacuteraires dits raisonneacutes (travail du sol simplifieacute dose drsquointrants modeacutereacutee) agrave 58 par rapport agrave des reacutefeacuterences ayant recours au travail du sol conventionnel et aux pleines doses drsquointrants

Sur tous ces reacutesultats Lucien communique beaucoup avec fougue et passion hellip mecircme si apregraves une vie au contact des acteurs du deacuteveloppement et de la recherche au Breacutesil lrsquoinertie parfois bavarde et suffisante de lrsquoagriculture franccedilaise ne cesse de le surprendre au vue de la crise dans laquelle se deacutebat une immense majoriteacute de producteurs et lrsquoeacutetat geacuteneacuteral de nos sols

Quels enseignements pour lrsquoavenir de notre agriculture

Il y a tant agrave retenir de ce parcours immense pour qui voudrait continuer le travail de Lucien Seacuteguy sur les chemins du deacuteveloppement et de la connaissance des CV agrave travers le monde

Pratiquer les SCV crsquoest vouloir orchestrer la transformation des milieux que lrsquoon cultive par et pour la puissance du veacutegeacutetal Crsquoest penser et organiser des flux puissants de biomasses continu lrsquoeacutenergie solaire par les plantes et la vie du sol Nous savons aujourdrsquohui que cela neacutecessite de maintenir les sols couverts en permanence de mobiliser une grande diversiteacute veacutegeacutetale diversifieacutees pour capter stocker et restituer en au sein des rotations via des couverts multi-speacutecifiques et de reacuteussir

agrave abandonner toute forme de travail du sol Ce dernier point est tregraves deacutebattu peut-ecirctre car il est le symbole le plus embleacutematique drsquoun changement de modegravele radical sucircrement parce qursquoil est celui qui pose le plus de problegravemes de mise en oeuvre dans les phases de transition et pour certaines cultures pour lesquelles des reacutefeacuterentiels techniques solides manquent encore Il est pourtant celui pour lequel la connaissance scientifique est la plus solidement eacutetablie travailler le sol mecircme de faccedilon superficielle et eacutepisodique nuit partout que lrsquoon soit dans la Niegravevre au Queacutebec ou au cœur du Mato Grosso agrave la vie du sol et aux capaciteacutes de stockage et de restitution de lrsquoeacutenergie qursquoelle construit Travailler le sol crsquoest se condamner agrave faire un travail de Peacuteneacutelope toujours deacute faire dans la nuit du sol ce que les plantes photosyntheacutetis(s)ent le jour Crsquoest se condamner agrave rester dans un entre-deux technique agrave se couper drsquoune effectiviteacute pleine entiegravere et continue des processus naturels qui viennent organiser la fertiliteacute des sols et contribuer au controcircle des bio-agresseurs de nos cultures Crsquoest par le respect de ces 3 principes pratiques des SCV que les apports importants et continus de matiegravere organique nourrissent une biodiversiteacute microbienne et inverteacutebreacutee de plus en plus riche complexe et foisonnante et que peuvent srsquoauto-organiser nos sols cultiveacutes

Deacutevelopper des systegravemes de culture et de production en SCV requiert tout drsquoabord drsquoabandonner lrsquoideacutee de recette applicable pour se lancer dans lrsquoexploration libre mais meacutethodique drsquoun immense champ de possibles Cela demande drsquoimaginer et apprendre agrave mener des rotations reacutepondant agrave nos objectifs de

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

39

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

production ougrave cultures et couverts veacutegeacutetaux se relaient pour tendre vers des sols couverts 365 jours sur 365 Cela demande aussi au deacutebut de lrsquoaudace pour rompre les amarres avec le confort rassurant des pratiques conventionnelles institueacutees Crsquoest accepter drsquoen passer par des deacutecisions contraires agrave ce que lrsquoon nous a appris agrave ce que lrsquoon nous recommande Crsquoest refuser de voir un salut dans la laquo high tech raquo preacutetendument reacutevolutionnaire que lrsquoon impose agrave des agriculteurs surendetteacutes pour oser la complexiteacute du vivant et lrsquoautonomie Crsquoest entrer pour la premiegravere fois avec le semoir dans un laquo gros raquo couvert veacutegeacutetal plus tard preacutefeacuterer semer agrave la voleacutee dans des couverts vivants ou par-dessus des cultures murissantes hellip en se demandant tout de mecircme pour une fois agrave lrsquounisson avec les voisins si lrsquoon nrsquoest pas devenu un peu dingo Crsquoest aussi se retenir de faire cet insecticide en acceptant lrsquoideacutee qursquoil y a plus agrave terme agrave y perdre qursquoagrave y gagner preacutefeacuterer nourrir des ravageurs en les leurrant plutocirct que de les tuer et renoncer agrave leurs ennemis naturels etc Toutes ces remises en questions des pratiques courantes dissolvent lrsquoun apregraves lrsquoautre les repegraveres en vigueur et srsquoapparentent au franchissement drsquoun miroir derriegravere lequel se cueillent les beacuteneacutefices que nous servent les processus naturels activeacutes un miroir derriegravere lequel aussi les systegravemes avec travail du sol apparaissent pour ce qursquoils sont absurdes et contre-nature Cette transformation de nos faccedilons de cultiver nous a transformeacute autant que nos sols et nos exploitations et pourtant nous sommes conscients drsquoecirctre agrave lrsquooreacutee drsquoun immense territoire que nous commenccedilons agrave peine agrave explorer source de confiance en lrsquoavenir et drsquoune humiliteacute heureuse Lucien Seacuteguy voulait avancer sans relacircche dans ce territoire de la biodiversiteacute et du geacutenie veacutegeacutetal au service drsquoune agriculture toujours plus propre et performante La recherche eacuteprouve aussi des difficulteacutes pour srsquoemparer de ces eacutetranges objets techniques que sont les systegravemes de culture agrave base de semis direct sur couverture veacutegeacutetale ces objets techniques deacuteroutent car ils tirent leur efficience des processus naturels qursquoils activent des processus naturels qui dans la dureacutee organisent nos sols et donnent aux eacutecosystegravemes que nous cultivons leurs grandes fonctions de gestion de la fertiliteacute et drsquoautoreacutegulation des nuisibles divers adventices phytophages maladies hellip

Cette meacutediation essentielle du naturel creacutee une distance entre le geste pratique et lrsquoeffectiviteacute associeacutee mesurable dans nos parcelles et nos fermes Elle rend ainsi les approches factorielles de lrsquoagronomie classique fondeacutees sur les analyses des liens preacutesupposeacutes entre pratique et effet impropres agrave lrsquoeacutetude et agrave la conception de ces systegravemes Car ceux-ci ne reacutesultent pas drsquoune combinaison de facteurs mais sont creacuteation eacutemergente drsquoun milieu cultiveacute complexe et transformation concomitante des perceptions et connaissances de celles et ceux qui les pratiquent

Crsquoest pour nous avoir aideacutes agrave nous engager dans cette double transformation que nous tenions ici agrave te remercier Lucien Puisse ton formidable legs ecirctre compris et repris par des acteurs et politiques clairvoyants courageux et ambitieux

[1]Jean-Claude Quillet Hubert Charpentier Christian Abadie Sandrine Gallon amp Alain Coudrillier Noeumll amp Lydie Deneuville Bertrand et Patrick Aubeacutery hellipArticle publieacute sous une autre mise en page dans la revue TCS (Techniques Culturales Simplifieacutees) - laquo Agronomie Eacutecologie et Innovation - TCS Ndeg 108 Juin-Juillet-Aoucirct 2020 raquoArticle reacutedigeacute avec les sources de httpopen-libraryciradfr

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

40

Trimestrielle - Edition N

deg 10

SUCCESS STORIESJO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

Lrsquoapproche laquo paysan agrave paysan raquo par le projet MANITATRA II rocircles des Paysans Leaders (ou paysans relais)

TOKIHERINIONJA Tanjonarilesa Fernand Chef de ProjetRAKOTONDRAMANANA Directeur Exeacutecutif du GSDM

Contexte

Depuis le 20 juillet 2018 le GSDM assure la mise en œuvre du projet intituleacute laquo

MANITATRA II raquo Ce projet est financeacute par lrsquoUE par lrsquointermeacutediaire du COMESA dans le cadre du programme Global Climate Change Alliance Plus (GCCA+) des pays drsquoAfrique des Caraiumlbes et du Pacifique (Intra ACP) conformeacutement agrave lrsquoaccord de subvention NdegCC000418 signeacute par le COMESA et le GSDM Le projet est preacutevu pour couvrir une dureacutee de 3 ans

Lrsquoobjectif geacuteneacuteral du projet eacutetant de soutenir la mise agrave lrsquoeacutechelle de lrsquoAgriculture Climato-Intelligente (ACI) pour atteacutenuer les changements Climatiques et ameacuteliorer la seacutecuriteacute alimentaire agrave Madagascar Pour cela il cible la reacutegion de Vakinankaratra et couvre deux eacutecosystegravemes diffeacuterentes le Moyen-Ouest et les Hautes Terres en intervenant successivement au niveau de 07 et 10 Communes Rurales Et pour atteindre ces objectifs le projet a opteacute pour une approche de diffusion laquo paysan agrave paysan raquo Cette approche a eacuteteacute deacutejagrave testeacutee durant la peacuteriode du projet MANITATRA I (2014 -2015) dans les reacutegions du Vakinankaratra et du Sud - Est

Les paysans leaders (ou paysans relais) sont les pierres angulaires de lrsquoapproche de diffusion de paysan agrave paysan Ils ont eacuteteacute choisis et formeacutes par les techniciens du projet lrsquoeacutequipe du GSDM central et drsquoautres partenaires (Ceffel ADTRMAPDRA DRAEP Vakinankaratra) afin drsquoacqueacuterir les bagages neacutecessaires agrave la transmission des connaissances agro-eacutecologiques agrave leurs paires

Pourquoi cette eacutethodologie

La proximiteacute des paysans leaders avec les producteurs autour permet de corriger les limites de lrsquoapproche laquo technicien agrave paysan raquo qui ne garantit pas toujours une peacuterenniteacute des actions

initieacutees par les projets et qui coucircte nettement plus cher aux projets En effet le fait que les paysans leaders soient issus du lieu drsquointervention leur permet de parler le mecircme langage alors que les techniciens se heurtent geacuteneacuteralement aux barriegraveres des logiques paysannes qui peuvent ecirctre difficiles agrave percer Par ailleurs lrsquoapproche laquo paysan agrave paysan raquo preacutesente un coucirct nettement reacuteduit par rapport agrave lrsquoapproche laquo technicien agrave paysan raquo De plus les paysans leaders resteront toujours dans leur village une fois le projet termineacute Ainsi ils resteront des personnes ressources et continueront agrave donner des conseils aux paysans autour

Choix des paysans leaders

Lrsquoidentification des paysans leaders constituait la premiegravere mission de lrsquoeacutequipe au tout deacutebut du projet Crsquoest une eacutetape cruciale car un mauvais choix de paysan leader fait perdre beaucoup de temps au projet Un certain nombre de critegraveres a eacuteteacute mis en place afin de reacuteduire au maximum ce risquebull Ecirctre paysan de profession (agriculteur

eacuteleveur hellip)bull Possession drsquoune parcelle individuelle drsquoune

surface de 05 agrave 1ha deacutedieacutee agrave la pratique personnelle de lrsquoagro-eacutecologie

bull Ecirctre majeurbull Savoir compter lire et eacutecrirebull Ayant des expeacuteriences en matiegravere drsquoanimation

etou vulgarisation des techniques innovantesbull Ayant une sorte de leadership naturel aupregraves

des villageoisbull Habitant dans la zone drsquointervention du

projetbull De bonne reacuteputationbull Sans affiliation directe avec un parti politiquebull Non engageacute avec drsquoautres organismes

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

41

Trimestrielle - Edition N

deg 10

SUCCESS STORIES

Rocircle des paysans leaders et fonctionnement dun CEP

Les responsabiliteacutes des paysans leaders consistent agrave appuyer les techniciens dans le processus de diffusion de lrsquoagro-eacutecologie Ils doivent obligatoirement geacuterer au sein de leur exploitation un Champ Ecole Paysanne (CEP) individuel ougrave ils vont pratiquer les diffeacuterentes pratiques agro-eacutecologiques promues par le projet Les mises en place au niveau du CEP permet aux techniciens du projet de former et dassurer le recyclage des diverses pratiques agro-eacutecologiques Les formations des paysans leaders sont alors beaucoup plus pratiques que theacuteoriques Ce qui est plus approprieacutee pour ces paysans leaders Ils doivent pour ce faire appliquer rigoureusement les directives fournies par les techniciens Les paysans leaders assurent lrsquointeacutegraliteacute des charges lors des mises en place et entretiens des cultures au niveau du CEP que ce soit en intrants ou main drsquoœuvre Seules les semences de plantes de couvertures qui ne sont pas disponibles dans la zone que le projet leur fourni

Les CEP servent de lieu de formation et de visites eacutechanges organiseacutees par les paysans leaders pour leurs paires A la suite de ces sessions les paysans inteacuteresseacutes par une ou plusieurs pratiques agro-eacutecologiques au niveau des CEP seront accompagneacutes par les paysans leaders afin de les dupliquer au sein de leur exploitation respective Les paysans leaders couvrent geacuteneacuteralement une zone dans un rayon de cinq agrave dix kilomegravetres autour de leur lieu de reacutesidence soit trois agrave quatre fokontany en moyenne Ils sont agrave cet effet eacutequipeacutes drsquoune bicyclette comme moyen de locomotion et des bacircches de formation comme outils lors des seacuteances drsquoanimation Le projet leur dote aussi des bonbonnes et des pulveacuterisateurs leur permettant drsquoappliquer certaine techniques particuliegraveres comme la fabrication de compost liquide et les laquo ady gasy raquo

Engager les paysans leaders dans le processus de diffusion de lrsquoagro-eacutecologie ne signifie pas pour

autant les deacuterouter de leur vocation de paysan Ils ne sont pas des salarieacutes du projet Crsquoest drsquoailleurs pour cette raison que le GSDM a fixeacute par contrat une dureacutee effective de travail maximal de sept jours par mois Par contre le projet leur accorde une compensation journaliegravere de 10000Ar pour leurs interventions

Rocircles des techiciens

Pour MANITATRA II ce sont les paysans leaders qui assurent la diffusion des techniques agro-eacutecologiques promues par le projet Les techniciens jouent le rocircle de facilitateur afin que les paysans leaders puissent atteindre leurs objectifs Ainsi les techniciens encadrent techniquement les paysans leaders Ils ont dans ce sens la responsabiliteacute de faire des suivis des actions meneacutees par les paysans leaders et de les appuyer durant les seacuteances de conseil drsquoanimation et de formation Ils effectuent eacutegalement des appuis sur la mise en place des champs eacutecoles paysans (CEP) sur lesquels les riverains vont pouvoir appreacutecier les eacutetendues de lrsquoapplication des techniques appliqueacutes en agro-eacutecologie Les techniciens fixent les objectifs agrave atteindre selon les attentes du projet Pour MANITATRA II le ratio moyen est drsquoun technicien pour 7 paysans leaders encadreacutes

Perspectives pour les paysans leaders

Ces paysans leaders sont formeacutes reacuteguliegraverement sur diverses theacutematiques par le GSDM Cela afin qursquoils puissent assumer pleinement leurs responsabiliteacutes Lrsquoobjectif eacutetant qursquoils puissent agrave plus long terme devenir prestataire en tant que paysan formateur au niveau des entiteacutes qui auront besoin de leurs services agrave lrsquoinstar du FDA

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

42

Trimestrielle - Edition N

deg 10

SUCCESS STORIES

Laissons parler les paysans

Rindra Sandratriniaina Assitant Chef de projet RAKOTONDRAMANANA Directeur Exeacutecutif du GSDM

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Les reacutesultats obtenus de la deuxiegraveme anneacutee du projet MANITATRA II ont fournis des

enseignements conseacutequents quant aux techniques adopteacutees par les paysans et des inteacuterecircts que ces derniers avaient tireacute de ces adoptions Dans le moyen ouest comme sur la haute terre du Vakinankaratra la pratique du riz pluvial sur mulch de mucuna ont vraiment fait ses preuves Le riz pluvial associeacute au cajanus quoiqursquoen cours drsquoessais a deacutejagrave fourni des reacutesultats probants Les diffeacuterents niveaux drsquoameacutenagement coupleacutes avec les reboisements et la gestion des matiegraveres organiques sont tout autant de techniques que les quelques paysans des communes de Fidirana drsquoAntohobe et de Soavina vont nous deacutelivrer dans ce numeacutero 10 du journal de lrsquoagro-eacutecologie

Drsquoabord M Rakotomanantsoa Modeste drsquoAmbohibolakely de la commune rurale de Fidirana teacutemoigne de son inteacuterecirct quant agrave la pratique du riz pluvial sur mulch de mucuna

Avant cette pratique nous ne pouvions produire qursquoautour de 1tha pour le riz pluvial Actuellement le rendement peut aller jusqursquoagrave 5tha Le mucuna nrsquoagit pas seulement sur la restauration de la fertiliteacute du sol mais aussi sur le nettoyage des parcelles par rapport aux diffeacuterentes pestes veacutegeacutetales qui envahissaient nos parcelles Il srsquoest aveacutereacute que le mucuna permet aussi de lutter contre certains ravageurs de culture Pour nous loin fut le temps ougrave nous eacutetions frustreacutes de la plantation de cette leacutegumineuse non comestible qui accaparait nos surfaces cultivables car vu lrsquointeacuterecirct qursquoy portent le grand nombre la plantation de celle-ci nous engendre deacutesormais des revenus drsquoappoints

En outre je produits aussi du lombricomposte Lrsquoobjectif est toujours eacuteteacute de sevrer notre exploitation de lrsquoutilisation drsquoengrais chimique Avec lrsquoavegravenement des techniques de seacuteparations

de vers drsquoavec le composte la production nrsquoest plus peacutenible comme avant Il nous faut juste surveiller lrsquohumiditeacute la tempeacuterature lrsquoeacutetat du lombricomposteur et enfin veiller agrave ce que les lombrics aient toujours du preacutecomposte precirct agrave lrsquoemploi Je lrsquoutilise surtout dans la production de riz pluvial le maiumls et la production de plants drsquoarbre en peacutepiniegravere ou ccedila mrsquoa permis non seulement de produire des beaux plants mais aussi de beaucoup reacuteduire lrsquoinvasion des ravageurs

Ensuite Razafindrakoto Edouard drsquoAmbohibolakely de la commune de Fidirana stipule que parmi toutes les techniques vulgariseacutees par le GSDM agrave travers le projet MANITATRA II la plantation de mucuna et celle qui apporte le plus drsquointeacuterecircts

Quand je nrsquoavais utiliseacute que des fumiers de parc les fano (heteronicus) et ses vers blancs ont causeacute beaucoup de deacutegacirct sur mes riz et mes maiumls Actuellement en combinant mulch de mucuna et utilisation du lombricomposte nous avons pu doubler notre production Elle permet en effet drsquoeacuteliminer les menaces dues aux attaques des ravageurs de culture et entretien la fertiliteacute du sol

De son cocircteacute Rakotoarijaona Alfred affirme que donner lrsquoexemple sur ses habitudes culturales mis en pratique au niveau de son champ eacutecole paysan (CEP) fait partie de son quotidien de paysan leader (PL)

Il propose entre autre lrsquoameacutenagement en courbe de niveau des parcelles en pente et les techniques de fabrication des diffeacuterents types de compost

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

43

Trimestrielle - Edition N

deg 10

SUCCESS STORIESJO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

comme moyen de gestion durable du sol Lrsquoassociation du riz pluvial avec le cajanus lui a donneacute un excellent reacutesultat Semeacute au moment de la montaison le cajanus associeacute au riz pluvial nrsquoa manifesteacute aucune sorte de concurrence Il ne se ramifie qursquoapregraves la reacutecolte du riz Durant lrsquointersaison il se deacuteveloppent de maniegravere agrave couvrir les parcelles et les preacuteservent des invasions drsquoadventices Le cajanus est connu pour son travail naturel du sol et une production de biomasse pouvant servir au compostage En fin de cycle il fournit aussi drsquoeacutenorme quantiteacute bois pour les cuissons

Pour M Ralaisa Pierre Solofoniaina lrsquoapplication de lrsquoagriculture de conservation a permis de mieux geacuterer ses parcelles surtout vis-agrave-vis des pheacutenomegravenes drsquoeacuterosion

Jrsquoavais mis en place des courbes de niveau sur mes parcelles puis jrsquoai installeacute de couverture veacutegeacutetale comme le mucuna Depuis je ne travaille plus mes terres et les sarclages sont deacutesormais moins contraignants Je me suis eacutegalement aperccedilu que les effets du striga se sont beaucoup amoindris Comme reacutesultats si avant pour le riz pluvial nous ne pouvons obtenir qursquoenviron 1tha maintenant nous arrivons agrave produire 40kg de paddy par are soit dans les 4tha Jrsquoai entrepris ces travaux car je vise surtout lrsquoavenir de mes enfants Je dois ecirctre en mesure de leur leacuteguer de la bonne terre) raquo

Rabemanantsoa Gilbert drsquoAnkily du Fokontany drsquoAntampondravola un alevineur professionnel avait beacuteneacuteficieacute des appuis sur la protection des bassins versants autour de ses bassins piscicoles

Les appuis du projet MANITATRA II mrsquoa permis de mettre agrave jour mes techniques drsquoalevinage Mais le plus important eacutetait ces ameacutenagements

des versants autour de mes bassins piscicoles Nous nous y sommes mis pour combattre le fleacuteau drsquoeacuterosion qui agrave chaque peacuteriode de pluie menacent drsquoensabler nos bassins Les versants ameacutenageacutes sont actuellement stabiliseacutes avec des haies vives de cajanus renforceacutes avec du brachiaria et diverses plantes de couverture

Depuis longtemps je pratique aussi le lombricompostage Il mrsquoa permis de reacuteduire lrsquoutilisation des produits chimiques et surtout drsquoalleacuteger les peines relatives au transport vers les parcelles Quand la population de lombrics augmente il mrsquoarrive de les reacuteguler en preacutelevant une certaine quantiteacute pour nourrir mes poissons

Du cocircteacute de la commune drsquoAntohobe Mme Rafanjanirina Jeanne Philomegravene a entrepris la restauration de la fertiliteacute de ses parcelles apregraves quelque heacutesitation

Il y a 2 ans le technicien du projet Manitatra travaillant dans notre commune nous a animeacute sur les techniques de restauration de la fertiliteacute du sol Au deacutebut je nrsquoeacutetais pas vraiment convaincue du bien-fondeacute de ces techniques mais apregraves avoir assisteacute agrave une visite eacutechange au niveau du site drsquoIvory et apregraves avoir constateacute la reacuteussite de mon fregravere sur le reboisement jrsquoai deacutecideacute de mrsquoy mettre Nous avons adopteacute le lombricompostage et la fabrication de biopesticide Reacutecemment nous avons constateacute que lrsquoassociation de mucuna avec le maiumls permet de proteacuteger ces derniers contre les attaques de chenilles

Avant nous avons comme habitude drsquoutiliser du cendre du riz pluvial et nous nrsquoavons pu obtenir que 240kg de paddy par are Apregraves lrsquoutilisation du lombricompost la mecircme surface nous a donneacute 320kg agrave 400kg Sur la production de tomate avant nous ne pouvons faire que 4 reacutecoltes maintenant avec le lombricompost ccedila peut aller jusqursquoagrave 6 voire 7 reacutecoltes

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

44

Trimestrielle - Edition N

deg 10

SUCCESS STORIESJO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

A Soavina Rasoanindrina Wivine eacutetait pris drsquoeacutetau par une grande parcelle qursquoelle avait preacutevu drsquoabandonner car elle ne lui permettait plus de produire grand-chose

En effet ladite parcelle eacutetait non seulement deacutegradeacute mais eacutetait aussi envahi par le striga et le kidoronrsquoalika (Acantospermum austral) A la suite drsquoune reacuteunion de sensibilisation organiseacutee par le technicien posteacute agrave Soavina jrsquoavais deacutecideacute drsquoy planter du mucuna et du Stylosanthes associeacute avec un peu de maiumls et du riz pluvial Degraves la premiegravere anneacutee une ameacutelioration du rendement en riz srsquoeacutetait fait ressentir A la

deuxiegraveme anneacutee malgreacute la seacutecheresse le riz eacutetait drsquoune tregraves bonne veacutegeacutetation mais lrsquoinsuffisance de pluie au moment de la floraison dans notre reacutegion ne nous a pas permis drsquoobtenir des graines

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

45

Trimestrielle - Edition N

deg 10

ACTUALITES

Dans le cadre du Projet MANITATRA II sur financement du COMESAUnion

Europeacuteenne (11egraveme FED agrave destination des pays ACP dans le cadre de lrsquoAlliance Mondiale pour le Climat) le GSDM srsquoest lanceacute dans la production et la reacutealisation drsquoun film drsquoanimation 3D sur la base de son livret ludique un guide de formation conccedilu pour lrsquoapprentissage de lrsquoAgro-eacutecologie et de lrsquoeacuteducation environnementale en milieu scolaire Lrsquoobjectif eacutetant de renforcer la promotion de lrsquoAgriculture Climato-Intelligente au niveau national et drsquoappuyer la prise en compte de lrsquoAgro-eacutecologie dans les politiques publiques et les projetsprogrammes Dans ce sens ce film drsquoanimation 3D constitue un outil de plaidoyer mais eacutegalement un support de formation drsquoanimationsensibilisation

Lrsquoideacutee drsquointeacutegrer lrsquoAgro-eacutecologie dans tous types de formation essentiellement dans lrsquoenseignement de base agrave Madagascar a eacuteteacute eacutevoqueacutee depuis bien des anneacutees lors des diffeacuterents ateliers et eacutevegravenements

organiseacutes par le GSDM Cette reacuteflexion a eacuteteacute soutenue aussi bien par lrsquoAdministration que par les partenaires techniques et financiers mais eacutegalement par les diffeacuterents acteurs de deacuteveloppement impliqueacutes œuvrant dans le secteur du deacuteveloppement durable

Lrsquointeacutegration de lrsquoAgro-eacutecologie en milieu scolaire a eacuteteacute initieacutee par le GSDM en 2017 au travers du projet PAPAM sur financement de lrsquoAFD Il eacutetait preacutevu de seacutelectionner 6 eacutetablissements publics etou priveacutes de niveau collegravege dans la reacutegion du Vakinankaratra Au travers des activiteacutes parascolaires lrsquoideacutee eacutetait de former des enseignants pour assurer le transfert de connaissances aux eacutelegraveves de 6egraveme et 5egraveme Avec les acquis de WWF membre du GSDM et la collaboration de lrsquoOEMC aupregraves du Ministegravere de lrsquoEducation Nationale de lrsquoEnseignement Technique et Professionnel un document de concept note a eacuteteacute eacutelaboreacute pour la mise en œuvre drsquoune phase pilote De la

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Un film drsquoanimation 3D sur lrsquointeacutegration de lrsquoAgro-eacutecologie en milieu scolaire pour la vulgarisation de lrsquoAgro-eacutecologie au niveau national

LrsquoEducation agrave lrsquoinverse une maniegravere de diffuser lrsquoAgro-eacutecologiehelliphelliplrsquoAgro-eacutecologie pour les geacuteneacuterations futures

Equipe GSDM

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

46

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

mission de diagnostic visant lrsquoidentification des eacutetablissements beacuteneacuteficiaires aux missions de formation de conception de supports et de

suivi les eacutetapes de la mise en œuvre ont eacuteteacute reacutealiseacutees sous lrsquoeacutegide de la Direction Reacutegionale de lrsquoAgriculture de lrsquoElevage et de la Pecircche et de la Direction Reacutegionale de

lrsquoEducation Nationale de lrsquoEnseignement Technique et Professionnel Un atelier bilan a eacuteteacute organiseacute agrave la fin de lrsquoanneacutee scolaire 2017-2018 pour eacutevaluer et mesurer les impacts de ce

mode laquo drsquoeacuteducation agrave lrsquoinverse raquo ougrave les enfants forment leurs parents pour un changement de paradigme

Le succegraves de la phase pilote a tout particuliegraverement susciteacute lrsquoattention de nombreux partenaires techniques et financiers souhaitant investir dans lrsquoeacuteducation des jeunes dans le cadre du deacuteveloppement durable Une extension des activiteacutes a eacuteteacute ainsi programmeacutee au travers du projet MANITATRA II sur financement du COMESAUnion Europeacuteenne pour 3 anneacutees scolaires conseacutecutives 20182019 - 20192020 et 20202021 Six (6) nouveaux eacutetablissements ont eacuteteacute seacutelectionneacutes selon les critegraveres du projet Pour la peacuterennisation des actions le projet MANITATRA II a maintenu lrsquoappui technique au niveau des eacutecoles PAPAM A lrsquoissu de lrsquoatelier bilan organiseacute agrave la fin de lrsquoanneacutee scolaire 2018-2019 la sollicitation du GIZProSol sur financement de la Coopeacuteration Allemande a emmeneacute agrave lrsquoextension des activiteacutes au profit de 8 nouveaux eacutetablissements dans la Reacutegion Boeny

Les beacuteneacuteficiaires directes sont actuellement au nombre de 3897 eacutelegraveves reacutepartis au niveau de 20 eacutetablissements dont 3 047 dans la reacutegion de Vakinankaratra et 850 dans la reacutegion

Boeny Cette eacuteducation agrave lrsquoinverse touche eacutegalement les parents le corps eacuteducatif les paysans aux alentours mais aussi les acteurs de deacuteveloppement et les deacutecideurs

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

47

Trimestrielle - Edition N

deg 10

AGRO-ECOLOGIE EN PHOTOJO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

Le Comiteacute de pilotage du Projet MANITATRA II sest reacuteuni pour la 2egraveme fois le 24 septembre

2020 pour lexamen du rapport dactiviteacute de lanneacutee 2 et de la programmation des activiteacutes de lanneacutee 3

Ont reacutepondu preacutesent le DGA du MAEP en sa qualiteacute de Peacutersident du Comiteacute le PCA du GSDM le Vice-Preacutesident

du CA du GSDM le Directeur du Deacuteveloppement Reacutegional du Vakinankaratra le DRAEP Vakinankaratra le DREDD Vakinankaratra et le Repreacutesentant du MEDD par le biais de son Conseiller Technique

Reacuteunion du comiteacute de Pilotage du projet Manitatra II le 24 Septembre 2020

Les journeacutees Agro-eacutecologiques du Vakinankaratra se sont tenues les 19 et 20 mars 2020 Ces

2 journeacutees ont eacuteteacute consacreacutees pour le partage des acquis et expeacuteriences en Agro-eacutecologie face au deacutefis du changement climatique et de linseacutecuriteacute alimentaire On a vu la participation de lAdministration au travers du Ministegravere de lAgriculture de lElevage et de la Pecircche du Ministegravere de lEnvironnement et du Deacuteveloppement Durable du Ministegravere de lEducation Nationale de la Direction de la meacuteteacuteorologie des autoriteacutes locales des partenaires techniques et financiers des beacuteneacuteficiaires et des journalistes

La premiegravere journeacutee a eacuteteacute deacutedieacutee agrave la visite des reacutealisations en Agro-eacutecologie suivie dun atelier de restitution le 2egraveme jour Tant sur le terrain quau travers des teacutemoignages en salle lactiviteacute lieacutee agrave linteacutegration de lAgro-eacutecologie en milieu scolaire a succiteacute lattention des participants Cette mode deacuteducation agrave linverse ougrave les enfants forment leurs parents a tout particuliegraverement toucheacute de nombreux meacutenages Desormais les parents souhaitent ecirctre formeacutes sur diffeacuterents theacutematiques en Agro-eacutecologie tels que le compsotage lAgriculture de conservation et lAgroforesterie

Objectif atteint pour le GSDM la reacuteussite de cet eacutevenement est ducirc agrave la participation active des diffeacuterents intervenants En vue dune agriculture durable la peacutereacutenisation des acquis et limportance de la prise en compte de lAgro-eacutecologie dans les politiques publiques a eacuteteacute souleveacutee et approuveacutee

Journeacutees Agro-eacutecologiques du Vakinankaratra les 19 et 20 mars 2020

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

48

Trimestrielle - Edition N

deg 10

Deacutecembre2020

Octobre 2020

Septembre 2020

Novembre 2020

Ont participeacute agrave ce numeacutero bull Mireille RAZAKA - Responsable Communication du GSDMbull Vololoniraisana RANDRIAMIARANA - Agronome du GSDMbull Martin RANDRIAMITANTSOA - Consultant Agronome du GSDMbull Tahina RAHARISON - Consultant Agronome Socio-eacuteconomiste du GSDMbull TOKIHERINIONJA Tanjonarilesa Fernand - Chef de Projet MANITATRA IIbull RAKOTONDRAMANANA - Directeur Exeacutecutif du GSDM

Rubrique laquoLAgro-eacutecologie au niveau nationalraquo WWH - DURRELL - CEFFEL membre du GSDM - GIZProSol Partenaire Technique et FinancierRubrique laquoDossierraquo Collegravegues rapprocheacutes de Lucien SEGUYRubrique laquoRechercheraquo FOFIFA - Dp SPAD - Partenaires techniques Rubrique laquoSuccess Storiesraquo GSDM Vakinankaratra (MANITATRA II)Entiteacute de validation Comiteacute de lecture les membres du GSDM GSDM Copyrigth septembre2020

Site WebFacebook YoutubeRoute drsquoAmbohipo

Lot VA 26 Y AmbatorokaBP 6039 Ambanidia Antananarivo 101 Madagascar

Teacutel (+261) 20 22 276 27

CALENDRIER DIVERS CONTACTS

Site WebFacebook

Teacutel (261 20) 22 200 46 agrave 48Fax (261 20) 22 347 94

afdantananarivoafdfr

23 rue RazanakombanaAmbohijatovo BP 557

AntananarivoMADAGASCAR

Pour de plus amples informations etou pour toutes ameacuteliorations contacter nous au

Ce journal a eacuteteacute financeacute au deacutepart par lrsquoAFD (projet PAPAM) et par le COMESAUE (projet MANITATRA 2) agrave partir de leacutedition Ndeg8

Les membres du GSDM

Direacutecteur Exeacutecutif gsdmdemoovmgResponsable communication razakamireilleyahoofr

Evegravenements

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

- Mission de suivi Alaotra - Mission de suivi Sud-Est- Mission drsquoevaluation et bilan de campagne ATASEF - Formation des techniciens des ONGencadreacutes par ECO-CONSULT - GIZProSol

- Preacutesentation officielle du film drsquoanimation 3D Ny Fambolena maharitraho anny taranaka mifandimby- Atelier bilan eacutecole Manitatra II- Expertise OSDRM dans la Diana

Directeur de publication RAKOTONDRAMANANA DL imprimeur Ndeg - Editeacute en 140 exemplaires

Facebook Site Web

- Atelier recherche et deacuteveloppement - Emission FIVOHY sur la RNM tous les 3egraveme samedis du mois de 08h15 agrave 08h30 du matin

- Campagne culturale grande saison- Journeacutees Agro-eacutecologiques du Sud-Est

Open library

  • Signet 1
Page 2: Edito - gsdm-mg.org

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

2

Trimestrielle - Edition N

deg 10

LrsquoAGRO-ECOLOGIE AU NIVEAU NATIONAL

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Producteurs de tomate recherche drsquoalternative pour limiter les deacutegacircts importants causeacutes par Tuta absoluta (Betafo - Vakinankaratra)

Lantoniaina RAVONIALIMANANA (VFTV) Andry RASAMIMANANA (Ceffel)

Marieacutee et megravere drsquoune petite fille de 6 ans Harifetra Vololoniaina Noroherintiana TAFITASOA est une jeune femme productrice de tomate agrave Ambalavato fonkotany Ambohipihaonana Betafo

Antsirabe

Apregraves avoir eu son diplocircme de baccalaureacuteat en 2012 elle et son mari ont deacutecideacute de srsquoimpliquer dans la vie professionnelle en produisant de la tomate de lrsquooignon de lrsquoail et du riz En compleacutement ils ont aussi investi en eacutelevage de poulet gasy Ils ont une vache laitiegravere acquise sur les beacuteneacutefices de la culture de tomate En effet ils produisent au minimum 3 tonnes de tomate pendant la contre saison Leur pratique culturale eacutetaient celle pratiqueacutee par leurs parents i) utilisation de fumier ii) NPK et ureacutee apporteacutes 5 fois durant un cycle (agrave raison de 3 agrave 5 kgare NPK et 1 kgare Ureacutee agrave chaque apport) iii) utilisation de fongicide et insecticide mecircme apregraves la reacutecolte pour preacuteserver la qualiteacute visuelle des fruits

En 2018 elle a rencontreacute une difficulteacute sur la maitrise drsquoun nouveau ravageur qui a engendreacute des pertes eacutenormes sur la production

En 2018 les producteurs de tomate et drsquoautres solanaceacutees dans le district de Betafo ont fait face agrave lrsquoeacutemergence drsquoun ravageur redoutable Tuta absoluta (ou mineuse de la tomate un leacutepidoptegravere dont les larves creusent des mines dans les parties aeacuteriennes de la tomate) qui a provoqueacute plus de 75 de perte agrave la reacutecolte

Cependant Tafitasoa a pu limiter les pertes en augmentant la freacutequence des traitements (1 agrave 2 fois par semaine) en meacutelangeant 3 insecticides diffeacuterents et en utilisant une forte dose Lrsquoefficaciteacute de tel traitement a diminueacute apregraves plusieurs applications Elle a remarqueacute que le ravageur a acquis une certaine reacutesistance aux pesticides utiliseacutes Drsquoautre part elle a aussi constateacute une augmentation de deacutepenses lieacutee agrave lrsquoutilisation trop freacutequente de pesticides et des conseacutequences sur lrsquoeacutetat de santeacute de son mari qui apregraves chaque traitement est enrhumeacute et a eu des maux de tecircte

En fin 2018 deacutecision drsquoadheacuterer agrave lsquoOPR VFTV-FIFATA et de changer de pratiquehellip

Lrsquoadheacutesion de TAFITASOA agrave VFTV-Fifata a permis agrave Tafitasoa de participer agrave une session de formations au centre Ceffel Elle est devenue Paysan Relais Agroeacutecologie Elle avait pu eacutechanger avec drsquoautres producteurs et acquis de nouvelles techniques de production Elle eacutetait speacutecialement convaincue de lrsquoutilisation du compost liquide meacutelangeacute avec du ady gasy et espegravere reacutesoudre les problegravemes drsquoattaque du Tuta absoluta Juste apregraves la formation elle a acheteacute 4 bidons jaunes de 20 l pour fabriquer du compost liquide agrave base de tephrosia de tithonia et de bouse de vache) et du ady gasy avec du piment du neem et du sisal

A sa propre initiative elle a testeacute le compost liquide et du ady gasy sur une parcelle de tomates de 1 are et une autre de 1 are comme teacutemoin (traiteacutee avec des pesticides comme avant) Le reacutesultat a eacuteteacute probant et les avantages sont nombreux par rapport au teacutemoin zeacutero

bull Bonne qualiteacute des fruits couleur attrayante pas de tacircche causeacutees par lrsquoinsecte bon calibre bull Bonne conservation en stockage et durant le transport bull Augmentation du rendement de 160 kg (560 kg contre 400 kg pour le teacutemoin) bull Reacuteduction des deacutepenses sur lrsquoachat des produits phyto de presque agrave 50 bull Plus de problegraveme de rhume et de maux de tecircte

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

3

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IELrsquoAGRO-ECOLOGIE

AU NIVEAU NATIONALDes perspectives drsquoameacuteliorationshellip

En 2020 elle a deacutecideacute drsquoutiliser un fucirct plastique de 150 l pour avoir plus de compost liquideady gasy Bien que ce ne soit pas encore assez pour son exploitation Lrsquoutilisation de produit insecticide pour les cultures diminue et se tend vers 0 Elle utilise aussi ces intrants agroeacutecologiques sur drsquoautres cultures comme lrsquoail lrsquooignon et la production de semences Elle a obtenu des bons bouquets de fleurs drsquooignon sur les parcelles traiteacutees avec le compost liquide par rapport aux parcelles conduites de faccedilon conventionnelle

Reacuteduction drsquoengrais chimiquehellip

La quantiteacute drsquoengrais chimiques qursquoelle utilise pour la production de tomates dont 5 apports durant le cycle de culture et agrave raison de 3 agrave 4 kgare NPK et 1 kgare Ureacutee agrave chaque apport engagent beaucoup de charges Tafitasoa et sa famille commencent agrave essayer plusieurs alternatives comme lrsquoutilisation de Biochar (fabriqueacute agrave partir de balle de riz facilement accessible agrave Betafo surtout hors saison de fabrication de briques) des engrais verts (principalement agrave base de tithonia tregraves reacutepandu dans la zone) sans parler des composts classiques et du lombricomposthellipA suivrehellip

bull Vovonanrsquony Fikambananrsquony Tantsaha eto Vankinankaratra bull FIkambana FAmpivoarana ny TAntsaha

Tomate produite avec compost liquide et ady gasy

Tomate produite sur la parcelle conventionnelle (avec des traces drsquoattaque

des insectes)

Les produits sur la parcelle traiteacutee avec du compost liquideady gasy

Fabrication de compost liquide dans un fucirct plastique

et bidon jaune 20 l

Tafitasoa et sa famille devant sa parcelle de production de

semence drsquooignon

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

4

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IELrsquoAGRO-ECOLOGIE

AU NIVEAU NATIONALIntroduction de lrsquoinnovation agro-eacutecologie pour ameacuteliorer la seacutecuriteacute

alimentaire et la nutrition des communauteacutes villageoises aux alentours de la Nouvelle Aire Proteacutegeacutee drsquoAlaotra

Hanitra RAKOTOJAONA Brinah RAZAFIHARIMIANDO - DURRELL

Durrell Madagascar travaille aux alentours de la Nouvelle Aire Proteacutegeacutee drsquoAlaotra (NAP Alaotra) pour assurer la preacuteservation de lrsquoespegravece de leacutemurien endeacutemique de la zone qui est le Bandro (Hapalemur

alaotrensis) ainsi que son habitat naturel Etant le promoteur de lrsquoAire Proteacutegeacutee (AP) drsquoAlaotra Durrell collabore eacutetroitement avec les communauteacutes locales pour promouvoir la bonne gestion de lrsquoaire proteacutegeacutee de ses biodiversiteacutes et de ses ressources naturelles

Diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques sont eacutegalement mises en œuvre dont les principaux objectifs sont de pouvoir reacuteduire les menaces et les pressions sur les ressources naturelles et la biodiversiteacute mais aussi drsquoameacuteliorer les conditions de vie et le bien-ecirctre de la population rurale deacutependante de ces ressources naturelles

A cet effet le projet laquo Enabling Change raquo financeacute par Jersey Overseas Aid est mis en œuvre dans quelques villages aux alentours de la NAP Alaotra pour ameacuteliorer la seacutecuriteacute alimentaire la nutrition et les revenus de meacutenages agrave travers des activiteacutes de productions agricoles respectueuses de lrsquoenvironnement Des pratiques culturales durables et reacutesilientes au changement climatique (Agriculture Climato-Intelligente Agriculture de Conservation) ont eacuteteacute identifieacutees et promues par le projet autour de 5 villages speacutecifiques La diffusion de ces techniques se fait agrave travers les champs eacutecoles paysans (CEP) pour permettre aux paysans drsquoobserver drsquoapprendre ensemble les techniques et par la suite de pouvoir les pratiquer dans leur propre parcelle

Vingt six (26) champs eacutecoles paysans (carte ci-dessous) engageant 270 paysans beacuteneacuteficiaires ont eacuteteacute mis en place durant la grande saison agricole de 2019-2020 Les producteurs ont eacuteteacute formeacutes sur les principes de base en agro-eacutecologie et en agriculture climato-intelligente telles que lrsquoassociation et la rotation culturale lrsquoutilisation drsquoengrais verts le compostage et la lutte biologique (ady gasy)

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

5

Trimestrielle - Edition N

deg 10

LrsquoAGRO-ECOLOGIE AU NIVEAU NATIONAL

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

6

Trimestrielle - Edition N

deg 10

LrsquoAGRO-ECOLOGIE AU NIVEAU NATIONAL

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Suivant les toposequences les quelques techniques promues et adopteacutees sont

1 Bas de pente

Photo 1 Association maiumls et nieacutebeacute cv David EPP Ambodivoaracommune Ambohitsilaozana

Photo 2 Association de maiumls et haricot dans le fokontany Andreba Gare commune Ambatosoratra

Photo 3 Association de maiumls et arachide dans le fokontany Anororo

commune Anororo

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

7

Trimestrielle - Edition N

deg 10

LrsquoAGRO-ECOLOGIE AU NIVEAU NATIONAL

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

2 Bas-fonds

Photo 4 Riz pluvial sous paillage de Stylosanthes dans le fokontany Andilana Sud commune Amparafaravola

Photo 5 Patate douce agrave chaire orange dans le fokontany

Ambodivoara commune Ambohitsilaozana

Photo 5 Association arachide + Cajanus Andilana sud

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

8

Trimestrielle - Edition N

deg 10

LrsquoAGRO-ECOLOGIE AU NIVEAU NATIONAL

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIEPar ailleurs ces pratiques culturales reacutesilientes au changement climatique ont eacuteteacute deacutemontreacutees au

niveau des parcelles des eacutecoles primaires publiques dans le but drsquoameacuteliorer la nutrition scolaire des eacutelegraveves et de sensibiliser les eacutecoliers et leurs parents sur le systegraveme

Enfin des eacutechanges entre les producteurs dans les groupements CEP seront ulteacuterieurement organiseacutes pour ameacuteliorer le mode de gestion du sol Ceci permettra de limiter la deacutegradation des sols et des couverts veacutegeacutetaux Le projet continuera aussi agrave identifier et agrave promouvoir les innovations adapteacutees aux reacutealiteacutes sociales et eacuteconomiques afin dassurer lefficaciteacute de ces pratiques agro-eacutecologiques autour de la NAP Alaotra

Photo 7 Rotation Riz (Riziculture agrave mauvaise maitrise drsquoeau) avec de la

vesce dans le fokontany Andilana Sud commune Amparafaravola

Photo 8 Systegraveme de riziculture ameacutelioreacute en rotation avec du haricot en contre saison sous paillage dans

le fokontany de Antsapananefatra commune Ambatomainty

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

9

Trimestrielle - Edition N

deg 10

LrsquoAGRO-ECOLOGIE AU NIVEAU NATIONAL

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Intensification des techniques agro-eacutecologiques et de restauration de la fertiliteacute de sol par lrsquoapproche terroir dans les reacutegions Anosy

et Atsimo Atsinanana

Jocelyn RAVELOSON Angola RANDRIANANTOANDRO - WHH Madagascar

laquo Un monde dans lequel tous les peuples peuvent exercer leur droit agrave mener une vie autodeacutetermineacutee dans la digniteacute et la justice agrave labri de la faim et de la pauvreteacute raquo telle est la vision globale de Welthungerhilfe (WHH) La reacutealisation de cet objectif deacutepend neacuteanmoins des facteurs environnementaux favorables dont la disponibiliteacute des moyens de production adeacutequats et leur accessibiliteacute par chaque meacutenage

Dans les Reacutegions Anosy et Atsimo Atsinanana notamment des districts de Taolagnaro Vangaindrano Farafangana et Vondrozo WHH travaille en eacutetroite collaboration avec des ONG nationales telles que Action Intercoopeacuteration Madagascar (AIM) et FIANTSO Madagascar pour donner des appuis aux paysans dans la lutte contre la pauvreteacute agrave travers lrsquoameacutelioration du fonctionnement de leur systegraveme de production Il srsquoagit entre-autre des deux grands programmes de renforcement de la seacutecuriteacute alimentaire et nutritionnelle durable SILVER (Renforcement des revenus et des moyens drsquoexistence des meacutenages vulneacuterables dans le Sud-Est) et AFAFI Sud (Appui au Financement de lAgriculture et aux Filiegraveres Inclusives dans le Sud et Le Sud-Est de Madagascar) Ces programmes sont financeacutes respectivement par la Coopeacuteration Allemande (BMZ) et lrsquoUnion Europeacuteenne (UE) agrave hauteur totale de 8 689 109 EUR SILVER srsquoeacutetale de novembre 2019 agrave avril 2022 tandis que le programme AFAFI Sud de janvier 2020 jusqursquoen avril 2024 Le nombre de beacuteneacuteficiaires finaux est estimeacute agrave pregraves de 608 000 individus dont 60 hommes et 40 femmes

Lrsquoapproche terroir pour une meilleure concentration des efforts au niveau des beacuteneacuteficiaires cibleacutes

En matiegravere de vulgarisation agricole les interventions consistent agrave diffuser des techniques ameacutelioreacutees adapteacutees aux groupes cibles et agrave leurs

contraintes pour leur permettre drsquoaugmenter leurs revenus La diffusion du systegravemes de culture eacuteconomes en intrants face au faible pouvoir drsquoachat des paysans aussi bien pour les cultures pluviales sur pente qursquoau niveau des peacuterimegravetres irrigueacutes et au bas fond revalorisation des connaissances et savoir-faire des paysans en matiegravere de techniques agro-eacutecologiques pour un meilleure rendement en quantiteacute et qualiteacute de production appui cibleacute des femmes marieacutees et megraveres ceacutelibataires agrave lrsquoeacutelevage avicole pisciculture ou apiculture et enfin de deacuteveloppement de capaciteacutes drsquoinvestissement dans des activiteacutes geacuteneacuteratrices de revenus gracircce agrave lrsquoappui aux Associations Villageoises drsquoEpargne et de Creacutedit Auto-geacutereacutes (AVECA)

La mise en œuvre des activiteacutes au niveau de chaque site terroir preacutedeacutetermineacute se complegravete et est meneacutee systeacutematiquement de maniegravere participative en incluant les autoriteacutes locales lrsquoorganisation des producteurs les hommes femmes et jeunes agriculteurs La creacuteation de Centre drsquoAccueil des Enfants et des Megraveres (CAEM) par chef-lieu de fokontany contribue agrave lrsquoenseignement des megraveres voire des parents agrave faire le lien entre utilisation adeacutequate des produits agricoles seacutelectionneacutes pour lrsquoalimentation et lrsquoeacutepanouissement de la santeacute nutritionnelle de tous les membres du meacutenage Lrsquoaccompagnement des associations communautaires aux actions de reboisement mais aussi lrsquoameacutenagement de pistes rurales de points drsquoeau potable et de peacuterimegravetres agricoles assure la viabiliteacute des activiteacutes de production agricole Les opeacuterateurs eacuteconomiques de proximiteacute y sont aussi appeleacutes et soutenus pour le deacuteveloppement des filiegraveres de niche marquant chaque district et commune le gingembre le curcuma la cannelle le cafeacute la baie rose lrsquoapiculture la pisciculture etc

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

10

Trimestrielle - Edition N

deg 10

LrsquoAGRO-ECOLOGIE AU NIVEAU NATIONAL

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Accompagnement de la communauteacute agrave la restauration de la fertiliteacute du bassin versant

De faccedilon participative les eacutequipes drsquointervention deacutefinissent des reacutefeacuterentiels techniques pertinents susceptibles drsquoecirctre diffuseacutes aupregraves de la population cible sur la base du diagnostic foncier du site-terroir et de la typologie de leurs systegravemes drsquoexploitation Pour ce faire et pour assurer par la suite leur large diffusion il est preacutevu pour ces programmes de renforcer de faccedilon tregraves pratique et concregravete les paysans relais aux concepts agronomiques fondamentaux afin de compleacuteter leur savoir et expeacuteriences en matiegravere de fertiliteacute des sols lrsquoimportance de la matiegravere organique pour le sol et les plantes et le cycle des mineacuteraux Le champs-eacutecole constitue le moyen le plus efficace pour assurer lrsquoenseignement pratique et lrsquoattraction des intentions des masses paysannes Les techniciens organisent peacuteriodiquement

des eacutevegravenements drsquoeacutechanges laquo formaliseacutes raquo sous forme de visite de la parcelle par les producteurs villageois agrave des peacuteriodes et moments cleacutes de lrsquoitineacuteraire technique

Dans lrsquoobjectif de proteacuteger par la suite ces sols et garantir la conservation peacuterenne des bassins versants les deux programmes SILVER et AFAFI Sud accompagnent les Communes et le Service Technique Deacutecentraliseacute de lrsquoEnvironnement dans la planification participative du reboisement au niveau des terroirs Afin de rendre disponible les jeunes plants sur place des actions de diffusion aupregraves des villageois des techniques de confection de peacutepiniegraveres et des peacutepiniegravere eacutecole paysanne ndash au mecircme titre que les champs eacutecoles paysans ndash sont preacutevus pour les deux premiegraveres anneacutees de travaux

Formation des femmes sur les cultures maraichegraveres et lrsquoarboriculture fruitiegravere

Fabrice LHERITEAU Chef drsquoeacutequipe ProSol Boeny

Le projet global Prosol est un projet de la Coopeacuteration allemande commissionneacute dans

le cadre de lrsquoinitiative laquo Un seul monde sans faim raquo par le Ministegravere de la Coopeacuteration Economique et du deacuteveloppement allemand Il est mis en œuvre dans huit pays diffeacuterents dont Madagascar ougrave la reacutegion drsquointervention est Boeny

Dans la mise en œuvre des activiteacutes de protection et reacutehabilitation des sols dans la reacutegion Boeny le ProSol Madagascar place les communauteacutes de producteurs au cœur de son approche en insistant sur la valorisation des activiteacutes speacutecifiques aux femmes Le projet dispose mecircme drsquoun indicateur speacutecifique pour le comptage de ces reacutealisations au niveau des meacutenages orienteacute sur lrsquoameacutelioration des conditions de vie des femmes

Or dans la reacutegion Boeny au Nord-Ouest de Madagascar la seule activiteacute agricole qui peut ecirctre pratiqueacutee sur la plupart des terres durant la

saison segraveche qui commence vers le mois drsquoavril et finit en octobre est le maraichage Cette activiteacute est souvent pratiqueacutee par les femmes et est essentielle pour lrsquoeacuteconomie des meacutenages puisquen son absence les familles doivent se deacuteplacer pour trouver un emploi ou encore srsquoadonner agrave la fabrication de charbon de bois malheureusement sans toujours respecter les regravegles en vigueur pour proteacuteger lrsquoenvironnement

Par conseacutequent dans les communes drsquointerventions de ProSol les demandes eacutemanant des femmes mettent en avant des besoins en termes de renforcement de capaciteacute sur les activiteacutes de maraichage et de plantation drsquoarbre fruitier Pour reacutepondre agrave ce besoin ProSol a octroyeacute une formation sur les cultures maraichegraveres et lrsquoarboriculture fruitiegravere en collaboration avec CEFFEL Puis des formations en cascades ont eacuteteacute organiseacutees par les ONG partenaires de ProSol sur le terrain A lrsquoissue des seacuteries de formations

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

11

Trimestrielle - Edition N

deg 10

LrsquoAGRO-ECOLOGIE AU NIVEAU NATIONAL

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

373 femmes ont eacuteteacute formeacutees agrave la culture drsquoune large gamme de leacutegumes et ont pu obtenir agrave la fois des semences et quelques petits eacutequipements pour les aider agrave se lancer dans le maraichage ou se perfectionner Un manuel de formation pratique et adapteacutes aux communauteacutes agriculteurs sur la plantation des arbres fruitiers a eacutegalement eacuteteacute eacutelaboreacute pour ecirctre utiliseacute agrave large diffusion et reacutepandre encore davantage les bonnes pratiques

La principale innovation diffuseacutee lors de ces formations a eacuteteacute de proposer un large ensemble de traitements biologiques reacutealisables agrave partir des produits locaux Habituellement les paysans encourageacutes par les commerccedilants de produits phytosanitaires utilisaient les traitements chimiques Les effets sur lrsquoenvironnement et les sols eacutetaient tregraves neacutegatifs mais les meacutethodes traditionnelles eacutetant jugeacutees inefficaces les paysans faisaient le choix du pragmatisme

Mais apregraves la formation certaines femmes ont pu concevoir leurs propres remegravedes et obtenir des reacutesultats concluants en combinant diverses solutions Crsquoest le cas notamment de madame RAZAFINDRAFARA Mampiandra Marie megravere de famille drsquoune cinquantaine drsquoanneacutee de la commune drsquoAnkijabe qui fabrique du ady-gasy

pour proteacuteger les cultures et du compost agrave base de feuilles drsquoacacia de feuilles de neem et de bemaimbo pour les fertiliser Elle se montre tregraves satisfaite des reacutesultats obtenus et teacutemoigne

laquo Le reacutesultat est maintenant vraiment diffeacuterent de ce que jrsquoai obtenu auparavant Les leacutegumes agrave feuilles verdissent bien et elles ont une bonne taille Le fait de voir mes leacutegumes qui poussent bien me motive chaque jour agrave bien entretenir mes maraicircchages et en faire encore davantage Pour mon cas jrsquoai multiplieacute par trois la surface de mes terres pour le maraicircchage et elle comprend actuellement 30 plates-bandes raquo

Lrsquoagrandissement des parcelles de maraichage et la vente de la reacutecolte de carottes salade morelle et oignons sur le marcheacute pour de bons prix a eacutegalement permis agrave Mme RAZAFINDRAFARA de commencer une petite eacutepargne et de srsquoacheter un nouveau teacuteleacutephone

Le projet ProSol souhaite en collaboration avec ses partenaires poursuivre ses activiteacutes de formation sur le maraicircchage et lrsquoutilisation de compost par les paysans afin de promouvoir une source de revenu respectueuse des sols et contribuant agrave restaurer leur fertiliteacute Pour toutes informations compleacutementaires nrsquoheacutesitez pas agrave vous adresser agrave Tahiry Rarivonandrasana (TahiryRARIVONANDRASANAeco-consultcom)

Illustration Mme RAZAFINDRAFARA preacutepare

de lrsquoady gasy pour ses cultures

La recette du compost de Mme RAZAFINDRAFARA

laquo Pour preacuteparer le compost je meacutelange un volume de bouse de vache fraicircche avec deux volumes de feuilles drsquoacacia de feuilles de neem et de bemaimbo Les feuilles doivent ecirctre entrecoupeacutees et lrsquoensemble devra agrave peu pregraves avoir le tiers de la contenance drsquoun fut de 200 litres Il faut ajouter ensuite de lrsquoeau jusqursquoagrave ce que le fut soit plein La preacuteparation est agrave meacutelanger tous les 2 jours et le compost liquide peut ecirctre utiliseacute apregraves 7 jours de fermentation Jrsquoai apporteacute le compost liquide agrave mes maraicircchages une agrave deux fois par

semaine raquo

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

12

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Reacutesumeacute

La croissance deacutemographique affecte le secteur eacutelevage qui doit aujourdhui assurer le triple de la production en viande drsquoil y avait cinquante ans De plus les terres ceacutereacutealiegraveres destineacutees agrave

lalimentation animale ont diminueacute alors que la demande en produits dorigine animale na cesseacute daugmenter Pour y remeacutedier il savegravere indispensable de valoriser les ressources alimentaires non conventionnelles qui sont en abondance mais ne sont pas en compeacutetition avec lrsquoalimentation humaine Dans cette optique le FOFIFA-DRZVP a investi plusieurs anneacutees sur lrsquoexploitation de la graine de mucuna dans lalimentation animale Des analyses chimiques de la graine ont montreacute ses qualiteacutes nutritionnelles mais eacutegalement la preacutesence du L-dopamine qui est un facteur antinutritionnel Par ailleurs plusieurs traitements de cette graine ont eacuteteacute testeacutes pour diminuer la teneur en L-Dopamine sans pour autant affecter sa valeur nutritionnelle Des tests sur diffeacuterents types danimaux ont eacuteteacute effectueacutes pour deacuteterminer le traitement le plus efficient pour chaque animal le taux dincorporation du mucuna dans la ration et lefficaciteacute de son utilisation dans lalimentation animale Les reacutesultats ont montreacute que le mucuna est une alternative inteacuteressante pour ameacuteliorer la production animale tant sur le plan social que sur le plan eacuteconomique

Valorisation du mucuna pour lalimentation des animaux de rente agrave Madagascar

RAZAFINARIVO Tsirinirina Donnah RAKOTOMANANA Olga Rachel RAPATSALAHY SabineFOFIFA - DRZVP (Deacutepartement de recherches Zootechniques Veacuteteacuterinaires et Piscicoles )

Introduction

Ces six derniegraveres deacutecennies la consommation globale de viande nrsquoa cesseacute drsquoaugmenter Elle a mecircme tripleacute en un demi-siegravecle En 2018 elle a atteint les 342 millions de tonnes (FAO) Cette tendance est tregraves marqueacutee dans les pays en deacuteveloppement comme Madagascar car elle srsquoest accrue de plus de 5 durant ces derniegraveres deacutecennies et devrait augmenter de 14 an agrave travers le monde jusqursquoen 2030 (FAO 2014) Les raisons principales en sont la forte croissance deacutemographique lurbanisation et leacuteleacutevation du niveau de vie Selon toujours le FAO (2011) la consommation en viande de volailles sera multiplieacutee de 23 en 2050 contre 14 agrave 18 pour les autres produits animaux Ceci neacutecessite 27 millions de tonnes drsquoaliments suppleacutementaires et 24 millions drsquohectares de terres ceacutereacutealiegraveres additionnelles agrave moins que la proportion de sous-produits et de ressources alimentaires non conventionnelles augmente substantiellement Dans cette optique le laboratoire de nutrition animale du FOFIFA-DRZVP srsquoest investi depuis plusieurs anneacutees sur la valorisation des ressources

non conventionnelles pour lrsquoalimentation animale Ainsi depuis 2012 la graine de mucuna a eacuteteacute valoriseacutee pour lrsquoalimentation des porcs agrave Madagascar dans le cadre drsquoun partenariat entre le FOFIFA et le GSDM Cette valorisation du mucuna srsquoest eacutelargie sur drsquoautres animaux de rente telle effectueacutee dans le partenariat entre le GRET lAVSF et le FOFIFA dans le cadre du projet HOBA ASARA Cet article reacutesume six anneacutees de recherches sur la valorisation du mucuna pour lrsquoalimentation animale agrave Madagascar

Contexte

Le pois mascate (Mucuna pruriens ou Dolichos pruriens) est une plante annuelle quon retrouve dans les reacutegions tropicales de lInde et de lAfrique (Figure 1) Le mucuna est surtout connu pour ses vertus en meacutedecine (plante revitalisante et aphrodisiaque action sur la production de testosteacuterone de dopamine etc)

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

13

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Derniegraverement ses inteacuterecircts en agronomie sur lrsquoameacutelioration du rendement du riz pluvial sur reacutesidus de maiumls + mucuna et ceux du maiumls en association avec le mucuna ont eacuteteacute publieacutes par le GSDM Ces rendements repreacutesentent 3 agrave 4 fois les rendements obtenus sur labour en sol nu (sans couvert veacutegeacutetal) avec les mecircmes doses de fertilisation (GSDM 2020) Cette capaciteacute des systegravemes agrave base de mucuna sur le rendement en plus de ses effets contre les mauvaises herbes et contre les insectes observeacutee sur plusieurs anneacutees justifie sa large diffusion actuelle chez les paysans De plus contrairement aux autres leacutegumineuses comme le nieacutebeacute (Vigna unguculata) le haricot le soja ou le Vigna umbellata (tsiasisa) le mucuna nrsquoest pas attaqueacute par les chenilles (Helicoverpa armigera) ou les chenilles leacutegionnaires drsquoautomne (Spodoptera frugiperda) (RAKOTONDRAMANA et al 2018) Ainsi suite agrave des anneacutees de production les graines de mucuna issue de ce systegraveme deviennent de plus en plus nombreuses Par ailleurs il srsquoavegravere judicieux de les valoriser dans lrsquoalimentation animale En tant que leacutegumineuse les graines de mucuna sont relativement riches en proteacuteine (composant le plus couteux dans la formulation alimentaire

des animaux) Cette pratique est lrsquoune des bases de lrsquointeacutegration agriculture-eacutelevage (IAE) agrave lrsquoeacutechelle de lrsquoexploitation sur lrsquointensification de la production par la valorisation des produits et reacutesidus pour lrsquoeacutelaboration de rations eacutequilibreacutees aux animaux (Lhoste 2008)

Figure 1 Les varieacuteteacutes de mucuna agrave Madagascar

Analyses en laboratoire

Pour pouvoir utiliser le mucuna dans lalimentation animale il est primordial de deacuteterminer ses valeurs nutritionnelles Ainsi les reacutesultats danalyses ont confirmeacute sa richesse en proteacuteine Cependant malgreacute un taux inteacuteressant en proteacuteine sa valeur biologique est reacuteduite par la preacutesence de la L-Dopa (34- dihydroxyphenylalanine qui est un acide amineacute non proteacuteique) qui est une substance anti-nutritionnelle preacutesente dans la graine de mucuna La L-Dopa est une moleacutecule thermolabile et hydrosoluble Ainsi des hypothegraveses ont eacuteteacute apporteacutees sur les possibiliteacutes de reacuteduire la teneur en L-Dopa dans la graine sans pour autant reacuteduire la teneur en proteacuteine qui est deacutenatureacutee par la chaleur Par ailleurs plusieurs traitements et combinaison de traitements ont eacuteteacute testeacutes (Figure 2) Ces traitements sont suivis drsquoanalyses nutritionnelle et toxicologique (Tableau 1) afin drsquoeacutevaluer le traitement le plus efficient cest-agrave-dire le moins toxique et ayant une valeur nutritionnelle inteacuteressante

Mucuna pruriens utilis jaune

Mucuna pruriens utilis noir

Mucuna pruriens yardghana

Mucuna pruriens IRZ

Mucuna pruriens rajada Mucuna pruriens Mucuna pruriens

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

14

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

MB T1 T2 T3 E1 E2 TE D1 D2 D3 TBic MTMatiegravere Segraveche () 938 949 952 959 945 944 984 828 995 991 939 946Matiegravere Mineacuterale () 35 415 38 40 42 39 41 27 27 19 41 44Cendre Insoluble () 01 01 01 00 01 01 01 01 01 01 01 01Calcium () 04 05 05 04 02 03 02 012 02 156 03 015Phosphore () 07 08 07 07 08 07 08 109 07 052 07 097Proteacuteine Brute () 263 242 235 226 257 238 214 270 217 248 242 243Matiegravere Grasse () 42 44 42 45 50 42 48 - 50 62 52 30L-dopa () 66 595 523 291 315 202 22 - 079 075 296 -

bull Mucuna non traiteacute (MB)bull Mucuna traiteacute trempage (T1 24h T2 48h et T3 72h)bull Mucuna traiteacute par eacutebullition (sur diffeacuterents temps drsquoeacutebullition E1 30min et E2 60min)bull Mucuna traiteacute par trempage suivi drsquoeacutebullition (TE)bull Mucuna deacutepelliculeacute (sur diffeacuterents temps de trempage D1 24h D2 48h et D3 72h) bull Mucuna traiteacute par eacutebullition dans une solution contenant 02 de bicarbonate (TBic)bull Mucuna traiteacute par torreacutefaction (MT)

Figure 2 Traitements du Mucuna

Expeacuterimentations en milieu controcircleacute

Des formulations alimentaires (Provende) agrave base de mucuna ont eacuteteacute effectueacutees puis testeacutees sur des animaux en milieu controcircleacute dans la station de recherche du FOFIFA agrave Kianjasoa Il srsquoagit de comparer les performances zootechniques des porcs et des volailles nourris avec des rations contenant un pourcentage deacutetermineacute de mucuna sur un traitement deacutetermineacute contre des lots teacutemoins de ces mecircmes animaux mais alimenteacutes avec des rations agrave 0 mucuna

RECHERCHES

Tableau 1 Valeurs nutritionnelles et teneur en L-Dopa du mucuna suivant diffeacuterents traitements (en pourcentage de la matiegravere segraveche)

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

15

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Expeacuterimentation sur les porcelets

Les expeacuterimentations ont eacuteteacute reacutealiseacutees sur diffeacuterents taux drsquoincorporation de mucuna (5 10 20 et 40) mais les gains de poids consideacutereacutes comme plus efficaces sont ceux enregistreacutes agrave une incorporation de 20 Par ailleurs le test sur animaux sur trois lots de porcelets recevant respectivement une ration agrave 0 de mucuna 20 mucuna torreacutefieacute et 20 de mucuna traiteacutee par le bicarbonate a eacuteteacute effectueacute Apregraves un mois et demi dexpeacuterimentation sans compter la peacuteriode dadaptation Le Gain moyen quotidien (GMQ) du lot teacutemoin est de 305 g contre 355g pour le lot recevant 20 de mucuna torreacutefieacute et 319 g pour le lot recevant 20 de mucuna traiteacutee au bicarbonate (Figure 3)

Figure 3 Gain moyen quotidien (en gramme) durant 45 jours de 3 lots de porcelets recevant une provende agrave base de mucuna

Ces expeacuterimentations nous montrent que les graines de mucuna peuvent bien ecirctre utiliseacutees dans lrsquoalimentation des porcs malgreacute la preacutesence de la L-Dopa qui nrsquoest pas totalement eacutelimineacutee par les traitements thermiques etou chimiques La comparaison drsquoune ration iso-proteacuteique et iso-eacutenergeacutetique du mucuna traiteacute au bicarbonate nrsquoa montreacute aucune diffeacuterence significative par rapport agrave une ration normale Par ailleurs le traitement par torreacutefaction est consideacutereacute comme efficace pour la ration des porcs La libeacuteration dacide gras durant la torreacutefaction ameacuteliore la palatabiliteacute de la ration et a un effet beacuteneacutefique sur lrsquoindice de conversion alimentaire

Expeacuterimentations sur les volailles

Les volailles repreacutesentent une source preacutecieuse de proteacuteines animales drsquoune grande valeur biologique Son eacutelevage se fait partout dans le monde dans des conditions tregraves variables Mais lrsquoobjectif principal est toujours drsquoavoir une production maximum agrave un coucirct minimum tout en eacutevitant les risques Par ailleurs la compleacutementation des aliments de volailles par le mucuna a eacuteteacute entreprise pour ameacuteliorer la productiviteacute (viande et œufs) Cette ameacutelioration a eacuteteacute entreprise sur les diffeacuterentes races existantes agrave Madagascar poulets de chair poule pondeuse et poulet de races locales Ainsi plusieurs lots de volailles recevant diffeacuterents taux drsquoincorporation de mucuna ont eacuteteacute compareacutes

Pour les poulets de chair quarante poussins de chair vaccineacutes et deacuteparasiteacutes ont eacuteteacute subdiviseacutes en 4 lots de 10 poussins 3 lots recevant respectivement un aliment incorporeacute de 0 10 et 20 de mucuna traiteacute par le bicarbonate 02 et le 4egraveme lot recevant du mucuna traiteacute par le proceacutedeacute D1 agrave 10 Au cours des 45 jours drsquoexpeacuterimentations des peseacutes hebdomadaires ont permis de suivre les performances de croissances de chaque poulet

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

16

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Figure 4 Poids des poulets de chair (en gramme) apregraves 45 jours drsquoexpeacuterimentations

En geacuteneacuteral lrsquoaugmentation du taux drsquoincorporation du mucuna dans la ration affecte la productiviteacute moyenne des poulets de chair qui est inversement proportionnelle agrave ce dernier Les poids finaux sont respectivement 1300g 1100g et 850g pour les 3 lots agrave 0 10 et 20 de Mucuna Il est eacutevident que malgreacute le taux inteacuteressant en proteacuteine et dacide amineacute dans le mucuna sa valeur biologique est reacuteduite par la preacutesence de la L-Dopa et cela affecte consideacuterablement la productiviteacute des poulets de chair Par contre lrsquoincorporation agrave 10 de mucuna deacutepelliculeacute dans la ration des poulets de chair ne preacutesente aucune diffeacuterence significative aux reacutesultats obtenus par la ration agrave 0 de mucuna (Figure 4) Par ailleurs il est donc indispensable de deacutepelliculer le mucuna avant de lintroduire dans la ration des poulets de chair

Pour les poules pondeuses

Trente poulettes precirctes agrave pondre (45 mois) de race Hulyn sp (Figure 6) ont eacuteteacute choisies pour mener lexpeacuterimentation Trois lots de 10 poulettes ont eacuteteacute formeacutes pour recevoir une ration contenant respectivement 0 10 et 20 de Mucuna traiteacutes par le Bicarbonate 02 Ce mecircme dispositif a eacuteteacute utiliseacute pour le test avec le mucuna deacutepelliculeacute Dans cette cateacutegorie le produit principal est lrsquoœuf drsquoougrave notre paramegravetre eacutetudieacute est le taux de ponte ainsi que le calibre des œufs

Figure 5 Performance zootechnique des poules pondeuses

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

17

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Lrsquoenregistrement des donneacutees journaliegraveres de ponte indique qursquoil nrsquoy a pas de diffeacuterences significatives entre les taux de ponte des poulettes recevant 0 et 10 de mucuna Par contre les poulettes nourries avec du mucuna agrave 20 nrsquoont jamais atteint un taux de ponte de 100 ceci pour dire que la teneur eacuteleveacutee en mucuna dans la ration affecte la ponte (Figure 5) Il est donc recommandeacute de ne pas deacutepasser les 10 dincorporation de mucuna dans la ration des poules pondeuses Pour les poules pondeuses nourris avec le mucuna deacutepelliculeacute les reacutesultats enregistreacutes nont pas de diffeacuterence significative avec ceux obtenus par le traitement preacuteceacutedant Par ailleurs nous pouvons opter pour le traitement avec le bicarbonate car ce traitement est moins couteux en termes de travail de temps ainsi que de faciliteacute de preacuteparation Cependant en ce qui concerne la taille des œufs les calibres des œufs des poules alimenteacutes avec une ration agrave 10 de mucuna deacutepelliculeacute sont leacutegegraverement supeacuterieurs agrave ceux des poules nourries avec du mucuna bicarbonateacute 10 (Figure 5) ainsi que ceux du lot teacutemoins agrave 0 Nous pouvons donc tirer une conclusion que le mucuna a un leacuteger effet positif sur les performances des poules pondeuses Le taux dincorporation (infeacuterieur agrave 10) et le traitement (deacutepelliculage) jouent un rocircle important

Figure 6 Introduction du mucuna dans la ration des poules pondeuses

Pour les poulets de races locales (akoho gasy)

Six lots de 20 tecirctes ont eacuteteacute constitueacutes pour recevoir une ration contenant respectivement 0 15 et de 30 de mucuna bicarbonateacute et 0 15 et de 30 de mucuna torreacutefieacute Des traitements sanitaires ont eacuteteacute effectueacutes au preacutealable tels que les vaccinations et les deacuteparasitages Ensuite les performances zootechniques (Poids) ont eacuteteacute mesureacutees toutes les semaines afin de calculer les gains de poids moyens quotidiens (GMQ) Leacutevolution du poids des poulets de races locales Akoho gasy durant 3 mois sur les 6 lots recevant des rations diffeacuterentes agrave base de mucuna nous indiquent quil ny a pas de diffeacuterence significative entre chaque lot Cependant nous pouvons constater que les poulets de races locales peuvent tregraves bien supporter une incorporation de mucuna jusquagrave 30 Pailleurs une vulgarisation de ces reacutesultats en milieu reacuteel au niveau des paysans a eacuteteacute effectueacutee Pour cela deux groupes deacuteleveurs de poulets de race locale ont eacuteteacute seacutelectionneacutes pour tester leur appreacuteciation sur ces deux types de traitement (bicarbonateacute et deacutepelliculeacute) agrave 30 de mucuna

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

18

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Figure 7 Comparaison en milieu reacuteel des performances des poulets de race locale alimenteacute au Mucuna

bull MT1 Mucuna cuit avec du Bicarbonate bull MT2 Mucuna torreacutefieacute bull SM Ration sans mucuna

Apregraves trois mois deacutevaluation coupleacutee de visites de pesage hebdomadaire Il a eacuteteacute constateacute que le gain de poids des poulets nourris par le mucuna bicarbonateacute est plus eacuteleveacute que ceux nourris avec le mucuna torreacutefieacute (Figure 7) Malheureusement face au travail que demande le traitement par le bicarbonate aucun des eacuteleveurs na adopteacute ce traitement apregraves lexpeacuterimentation Selon ces eacuteleveurs la diffeacuterence entre les performances est moindre alors que le traitement au bicarbonate demande beaucoup de travail

Conclusion

Agrave Madagascar le mucuna est principalement cultiveacutee pour ses qualiteacutes dameacutelioration du sol en tant que plante de couverture Cette eacutetude a permis de mettre en eacutevidence la possibiliteacute de lincorporer dans lalimentation des animaux de rente Cependant des traitements preacutealables de la graine doivent ecirctre effectueacutes pour pouvoir le valoriser dans lalimentation animale Ces traitements doivent ecirctre accoupleacutes au taux dincorporation adeacutequate pour que ce dernier ne puisse preacutesenter drsquoeffets neacutegatifs sur la croissance des animaux ni sur lrsquoappeacutetibiliteacute des aliments Les graines de mucuna repreacutesentent donc une opportuniteacute pour les petits producteurs agrave Madagascar Ceci permet drsquoatteindre des objectifs de production eacuteconomiquement inteacuteressants dans le cas drsquoun eacutelevage ameacutelioreacute Au vu de ces reacutesultats lrsquoutilisation des ressources non conventionnelles locales parfois en abondance et nrsquoentrant pas en compeacutetition avec lrsquoalimentation humaine est une alternative inteacuteressante pour ameacuteliorer la production animale Par ailleurs il permet ainsi de reacuteduire consideacuterablement les deacutepenses en eacutelevage constitueacutees en grande partie par le coucirct des aliments

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

19

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

bull bull bull bull bull bull

Utilisation des fumures organiques et des engrais dans les strateacutegies de gestion de la fertiliteacute des sols des exploitations agricoles du Moyen-Ouest de la reacutegion

Vakinankaratra et de la zone Est de la reacutegion drsquoItasy Madagascar

RAZAFIMAHATRATRA Hanitriniaina Mamy (FOFIFA) BEacuteLIEgraveRES Jean-Franccedilois (CIRADART-Dev et FOFIFA) RAHARIMALALA Sitrakiniaina (FOFIFAESSA) RANDRIAMIHARY FETRA SAROBIDY Eddy Josephson (FOFIFAESSA) AUTFRAY Patrice

(CIRADAIDA) RAZANAKOTO Onjaherilanto Rakotovao (ESSA) RAHARISON Tahina Solofoniaina (GSDMMontpellier SupAgro)

Introduction

Dans chacun des numeacuteros 8 et 9 du Journal de lrsquoAgroeacutecologie un article preacutesentait

des reacutesultats sur les pratiques de gestion de la fertiliteacute des sols des exploitations agricoles familiales (EAF) obtenus dans le cadre du projet de recherche SECuRE (Soil ECological function REstoration to enhance agrosystem services in rainfed rice cropping systems in agroecological transition) financeacute par la fondation Agropolis Le premier traitait de la diversiteacute et de lrsquoimportance des pratiques dans les EAF le second preacutesentait les quantiteacutes et la qualiteacute des fumures organiques disponibles en lien avec les pratiques de production et drsquoeacutechanges Ce troisiegraveme article est consacreacute agrave lrsquoutilisation des fumures organiques et des engrais acheteacutes une maniegravere de caracteacuteriser en partie tout au moins les strateacutegies de gestion de la fertiliteacute des sols deacuteveloppeacutees par les EAF

bull Parmi les nombreuses pratiques pour une gestion inteacutegreacutee de la fertiliteacute des sols (Sanginga et Woomer 2009 Liniger et al

2011) lrsquoutilisation de fumure organique et drsquoengrais occupe une place preacutepondeacuterante car les effets agrave court et moyen termes sur la productiviteacute des cultures sont importants Lrsquoanalyse des donneacutees collecteacutees1 dans le cadre de Secure permet de caracteacuteriser les pratiques drsquoutilisation de ces intrants (et drsquoune maniegravere plus large de lrsquoensemble des intrants) notamment par rapport aux cultures pratiqueacutees et aux superficies cultiveacutees annuellement Lrsquoarticle est structureacute en trois parties la premiegravere concerne lrsquoacquisition de fertilisants suppleacutementaires avec les engrais commerciaux et les cendres la seconde preacutesente les pratiques quantifieacutees drsquoutilisation de la fertilisation disponible (fumure organique locale cendres et engrais commerciaux) en fonction des cultures enfin la derniegravere partie conclue avec quelques recommandations pour le deacuteveloppement

1 Ces reacutesultats ont eacuteteacute obtenus avec un eacutechantillon drsquoEAF localiseacutees dans le Moyen-Ouest de la reacutegion Vakinankaratra et dans la zone Est de la reacutegion Itasy Pour plus drsquoinformations le lecteur est inviteacute agrave se reporter au ndeg8 de JAE ou sur le site du projet (httpswwwsecuremgle-projet-secure) Il faut rappeler que les reacutesultats sont repreacutesentatifs des fokontany dans les zones drsquoeacutetude car lrsquoeacutechantillonnage des EAF a eacuteteacute fait par tirage au sort

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

20

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

1 Les achats drsquoengrais commerciauxsup2et de cendres

Malgreacute les politiques mises en œuvre depuis des deacutecennies1 les EAF achegravetent peu drsquoengrais chimiques Pour lrsquoensemble de Madagascar au cours des 20 derniegraveres anneacutees la quantiteacute moyenne utiliseacutee varie entre 2 et 6 kg par hectare cultiveacute et par an2

11 Quantiteacutes acheteacutees drsquoengrais commerciaux par EAF et par hectare SAU

Les EAF ont des comportements diffeacuterents selon les zones (tableau 1)

A Mandoto un peu moins drsquoune EAF sur 2 (45) achegravete de lrsquoengrais en faible quantiteacute avec en moyenne 14 kg par an pour un montant moyen de moins de 30 000 Ar Rameneacute agrave lrsquoensemble des EAF de la zone la quantiteacute moyenne acheteacutee est de lrsquoordre de 6 kg par EAF et par an Et quand on ramegravene ces achats drsquoengrais agrave la surface agricole utile (SAU) disponible par EAF on a des valeurs moyennes eacutequivalentes (14 et 6 kgha SAU)

Dans la zone drsquoArivonimamo la consommation drsquoengrais est plus importante 88 des EAF en achegravetent une quantiteacute moyenne de presque 28 kg pour un peu plus de 60 000 Ar ce qui rameneacute agrave lrsquoensemble des EAF fait une moyenne geacuteneacuterale de presque 25 kgEAF Comme la SAU moyenne par EAF est faible les quantiteacutes drsquoengrais disponibles sont de plus de 35 kgha pour les EAF qui en achegravetent et de presque 31 kgha pour lrsquoensemble des EAF

La variabiliteacute est tregraves forte agrave Mandoto et moindre dans la zone drsquoArivonimamo (tableau 1)

Tableau 1 Part des EAF qui achegravetent de lrsquoengrais et quantiteacutes acheteacutees

Mandoto ArivonimamoMoyenne CV Moyenne CV

des EAF qui achegravetent 45 88

Pour les EAF qui achegravetent

Quantiteacute en kgEAF 143 155 279 112

Valeur achat en ArEAF 27 884 153 61 058 117

Quantiteacute par SAU en kgha 140 195 352 101

Pour Quantiteacute en kgEAF 64 257 245 125

Pour lensemble des EAF

Valeur achat en ArEAF 12 490 254 53 707 131

Quantiteacute par SAU en kgha 63 312 309 114

1 On peut simplement rappeler la laquo strateacutegie nationale pour le deacuteveloppement de lrsquoutilisation de lrsquoengrais raquo MAEP 20062 Source httpsdatabankbanquemondialeorghome Ce que Pierre-Bernard et al traduisaient ainsi en 2007 laquo engrais un produit cher et peu utiliseacute raquo agrave Madagascar

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

21

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

On peut srsquoeacutetonner de la faible variation entre la quantiteacute moyenne par EAF et la quantiteacute par SAU agrave Mandoto sachant que dans cette zone la superficie SAU moyenne est de lrsquoordre de 15 ha (voir tableau 2) Ceci provient du fait que les moyennes sont calculeacutees pour les EAF et ne sont pas pondeacutereacutees par les superficies Quand on pondegravere par la superficie la quantiteacute moyenne par hectare SAU pour lrsquoensemble des EAF de Mandoto diminue et passe de 63 agrave 43 kg par hectare On constate la mecircme chose agrave Arivo-nimamo avec la quantiteacute moyenne par hectare SAU qui passe de 309 agrave 271 kgha Ceci signifie que ce ne sont pas les plus grandes EAF (celles qui ont le plus de SAU) qui achegravetent le plus drsquoengrais chimiques Le coefficient de correacutelation entre superficie SAU par EAF et quantiteacute acheteacutee drsquoengrais par hectare est significatif agrave 001 et neacutegatif mais drsquoune valeur faible (-02)

Figure 1 Nuage de point entre SAU par EAF et quantiteacute drsquoengrais par ha de SAU

La Figure 1 ci-contre illustre cela avec les quantiteacutes par hectare SAU (axe vertical) les plus eacuteleveacutees qui correspondent agrave des SAU (axe horizontal) faibles (infeacuterieures agrave 2 hectares) Les EAF de grandes taille (gt2 ha) achegravetent peu drsquoengrais chimiques et en quantiteacute relativement faible par rapport agrave la SAU dont elles disposent On verra plus loin que ce sont des strateacutegies diffeacuterentes de mise en culture (systegraveme de culture) qui expliquent cette situationOn rappellera que 60 des EAF agrave Mandoto et 88 agrave Arivonimamo eacutechangent (achegravetent vendent ou troquent) de la fumure organique (voir JAE ndeg9) et que les pourcentages sont respectivement de 30 et 74 pour les EAF qui achegravetent de la FO Ainsi quand on prend en compte tous les types de fertilisants une

grande majoriteacute des EAF a recours au marcheacute pour acqueacuterir des matiegraveres fertilisantes et geacuterer la fertiliteacute de leurs sols

Enfin par rapport agrave lrsquoutilisation de produits phytosanitaires on observe deux situations diffeacuterentes agrave Mandoto la proportion des EAF qui achegravetent des produits phytosanitaires est de 63 et donc supeacuterieure agrave celles qui achegravetent des engrais commerciaux (45) alors qursquoagrave Arivonimamo dans notre eacutechantillon 75 des EAF utilisent des produits phytosanitaires alors que 88 achegravetent des engrais

12 Types drsquoengrais commerciaux acheteacutes

Les engrais acheteacutes sont essentiellement de type NPK (le plus courant est composeacute de 11 N 22 P2O5 16 K2O) et de lrsquoureacutee (46) ces deux types repreacutesentent en cumuleacute plus de 95 des quantiteacutes agrave Mandoto et 77 agrave Arivonimamo ougrave lrsquoon observe une plus grande diversiteacute (figure 2) en rapport avec une plus grande consommation et aussi drsquoune offre plus importante avec la proximiteacute de la capitale

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

22

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Figure 2 Types dengrais acheteacutes en des quantiteacutes totales

A Arivonimamo le Blaukorn (nom commercial) est bien repreacutesenteacute avec plus de 16 des quantiteacutes Crsquoest un engrais composeacute (NPK) avec drsquoautres eacuteleacutements (magneacutesium soufre bore zinc) laquo agrave action rapide qui assure un effet-starter important raquo notamment sur les cultures maraichegraveres Le DAP (18 N 46 P2O5) est eacutegalement repreacutesenteacute avec 6 des quantiteacutes Les autres produits comme la dolomie (amendement calcaire) et le guano de chauvesouris (Guanomad) riche en phosphates naturels sont tregraves faiblement repreacutesenteacutes (mecircme si Guanomad repreacutesente tout de mecircme un peu plus de 3 dans la zone de Mandoto)

Les prix moyens drsquoachat deacuteclareacutes par les producteurs et pondeacutereacutes par les quantiteacutes diffegraverent peu entre les deux zones (contrairement aux prix de la fumure organique qui sont tregraves diffeacuterents voir JAE ndeg9) Les prix moyens (pour la plupart prix de 2016) sont de 2 100 Arkg pour NPK 1 900 Arkg pour lrsquoureacutee 2 400 Arkg pour le DAP 3 100 Arkg pour le Blaukorn et 1100 Akkg pour le Guanomad

En moyenne une EAF a acheteacute au cours de lrsquoanneacutee pour 12 500 Ar drsquoengrais agrave Mandoto et 54 000 Ar drsquoengrais agrave Arivonimamo Ces montants indiquent un recours tregraves limiteacute aux engrais commerciaux dans les strateacutegies de gestion de la fertiliteacute

13 Le cas particulier des cendres

Les cendres peuvent ecirctre consideacutereacutees comme un engrais ou comme un amendement Elles sont utiliseacutees depuis le deacutebut de lrsquoagriculture pour enrichir les terres cultiveacutees en sels mineacuteraux notamment en potasse et oligo-eacuteleacutements (Poirier et Nuninger 2012) Elles ont un pouvoir alcalinisant et augmentent le pH du sol Elles peuvent ecirctre inteacutegreacutees aux composts ou aux fumiers (voir JAE ndeg9) ou utiliseacutees seules en apport localiseacute ou eacutepandues sur le champ Cette sous partie traite des cendres utiliseacutees directement sur les parcelles

Si la pratique est rare agrave Mandoto (2 des EAF) elle est reacutepandue agrave Arivonimamo ougrave ce sont 19 des EAF qui eacutepandent des cendres acheteacutees Celles-ci proviennent pour lrsquoessentiel des balles de riz utiliseacutees comme eacutenergie pour la fabrication des briques Crsquoest donc le sous-produit drsquoun autre sous-produit agricole (la balle de riz)

Lrsquoeacutevaluation des quantiteacutes en kilogramme est tregraves approximative les producteurs ne connaissant pas les eacutequivalences Les EAF qui eacutepandent directement les cendres ont estimeacute avoir utiliseacute lrsquoanneacutee de lrsquoenquecircte en moyenne environ 250 kgEAF ce qui repreacutesente rameneacute agrave lrsquoensemble des EAF environ 4 kgEAF agrave Mandoto et un peu moins de 50 kg par EAF agrave Arivonimamo

Si les quantiteacutes semblent conseacutequentes (presque le double des quantiteacutes drsquoengrais) la valeur moneacutetaire de ces cendres est faible avec un prix moyen estimeacute entre 30 et 35 Arkilogramme Ainsi les cendres utiliseacutees directement par les EAF sur les cultures repreacutesenteraient une valeur de 8 000 agrave 9 000 Ar pour les EAF qui ont cette pratique et rameneacutees agrave lrsquoensemble des EAF des zones concerneacutees agrave moins de 200 Ar agrave Mandoto et de lrsquoordre de 1 600 Ar agrave Arivonimamo

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

23

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Lrsquoutilisation des cendres directement sur la parcelle sans passer par le compost ou le fumier est une pratique assez courante dans la zone de Arivonimamo Elle participe au recyclage de certains sous-produits et en particulier de la balle de riz utiliseacutee comme combustible pour la fabrication des briques En plus de lrsquoapport en eacuteleacutements fertilisants les cendres ont drsquoautres proprieacuteteacutes selon certains producteurs qui les utilisent dans la lutte contre les ravageurs et les maladies

2 Utilisation de la fumure organique et des engrais commerciaux

Lrsquoenquecircte a permis de collecter les informations neacutecessaires pour reconstituer lrsquoitineacuteraire technique et le budget de culture pour toutes les parcelles cultiveacutees au cours de lrsquoanneacutee agricole enquecircteacutee (201617) soit trois saisons de culture grande saison 201617 saison intermeacutediaire 2017 contre saison 2017 (soit de novembre 2016 agrave octobre 2017) Ainsi les quantiteacutes et la valeur des intrants utiliseacutes pour la fertilisation sont connues par culture et par saison

21 Fertilisation disponible et superficies fertiliseacutees

Le tableau 2 reacutecapitule des quantiteacutes moyennes de matiegraveres fertilisantes disponibles par EAF en additionnant les quantiteacutes de fumure organique (voir JAE ndeg9) et les engrais commerciaux acheteacutes Les EAF de la zone drsquoArivonimamo produisent plus de FO et achegravetent plus drsquoengrais que celles de la zone de Mandoto et en final la disponibiliteacute moyenne en kilogramme est nettement supeacuterieure Rameneacutes agrave la SAU les eacutecarts entre les deux zones augmentent puisque la taille moyenne des EAF de Mandoto est plus grande la quantiteacute disponible par ha SAU va du simple au double

Tableau 2 Quantiteacutes moyennes de fertilisants disponibles par EAF (en kg)

Types de fertilisants Mandoto ArivonimamoFumier 1 676 2 573Compost et autre 458 324Engrais acheteacutes 6 25Cendres acheteacutees 4 48Total (kg) 2 144 2 969SAU (ha) 148 091KgSAU 1 448 3 279S Cultiveacutee en ha 138 113Kg S cultiveacutee 1 558 2 627

apregraves le riz et pour lesquelles la capitale nationale assure des deacuteboucheacutes A Mandoto ce taux de mise en valeur nrsquoest que de 93 avec tregraves peu de cultures maraichegraveres et une part un peu plus importante de jachegraveres avec 11 de la SAU ce qui ne signifie pas qursquoil nrsquoy a pas de jachegravere agrave Arivonimamo ougrave elles repreacutesentent tout de mecircme 8 de la SAU crsquoest lrsquoimportance des cultures maraichegraveres qui impacte le plus le taux de mise en valeur

Il faut rappeler que ces moyennes cachent une grande variabiliteacute Celle-ci a eacuteteacute traiteacutee dans le JAE ndeg9 pour la FO et ci-dessus pour les engrais Crsquoest pourquoi nous nrsquoy reviendrons pas ici la variabiliteacute sera analyseacutee seulement pour lrsquoutilisation

Mais quand on ramegravene ces quantiteacutes disponibles moyennes aux superficies cultiveacutees annuellement lrsquoeacutecart se reacuteduit car dans la zone drsquoArivonimamo les EAF intensifient lrsquoutilisation de la terre avec un taux de mise valeur de 125 (crsquoest-agrave-dire qursquoune parcelle est cultiveacutee une fois en totaliteacute au cours de lrsquoanneacutee agricole et que 25 de sa surface sont cultiveacutes une deuxiegraveme fois) Cette intensification est rendue possible notamment par les productions maraichegraveres que les producteurs cultivent en double culture

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

24

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

La question que lrsquoon peut se poser agrave ce stade est est-ce que ceux qui achegravetent des engrais commerciaux sont ceux qui nrsquoont pas de FO A Mandoto lrsquoanalyse des correacutelations indique qursquoil nrsquoy pas de relation lineacuteaire entre la quantiteacute drsquoengrais acheteacutee et la quantiteacute de fumier produite A Arivonimamo cette relation existe Elle est significative (au seuil de 001) mecircme si le coefficient est faible (03) et surtout elle est positive ce qui indique que ceux qui achegravetent le plus drsquoengrais sont souvent ceux qui produisent le plus de fumier Ainsi il nrsquoy aurait pas un seuil de disponibiliteacute en fumier qui ferait que lrsquoagriculteur ne cherche plus agrave acqueacuterir des engrais consideacuterant qursquoil a assez de matiegraveres fertilisantes La raison des faibles quantiteacutes drsquoengrais acheteacutees est sans doute plus agrave rechercher dans la disponibiliteacute et des contraintes eacuteconomiques

22 Reacutepartition des matiegraveres fertilisantes selon les cultures

Avant de preacutesenter la reacutepartition par culture on peut appreacutecier la part des parcelles et de la superficie selon le type de fertilisation (Tableau 3) Les parcelles et la superficie sans aucun apport agrave Arivonimamo sont moindres (environ un tiers) qursquoagrave Mandoto (41 des parcelles et 52 de la superficie)

Tableau 3 Parts des parcelles et de la superficie selon le type de fertilisation dans les terroirs

ApportsMandoto Arivonimamo

des parcelles

de la surface

des parcelles

de la surface

Sans FO Sans Engrais 41 52 35 33Avec FO seulement 38 33 38 40Avec Engrais seulement 3 2 3 3Avec FO + Engrais 19 13 25 24Ensemble 100 100 100 100

Ainsi mecircme agrave Mandoto plus drsquoune parcelle sur deux reccediloit de la FO et globalement dans les deux terroirs il y a une reacutepartition qui laisse la possibiliteacute pour qursquoune parcelle soit fertiliseacutee plus drsquoune fois tous les deux ans sans preacutejuger ni des doses utiliseacutees ni des cultures privileacutegieacutees Les eacutecarts entre les pourcentages des parcelles et des superficies indiquent qursquoagrave Mandoto ce sont les parcelles en moyenne plus petites qui sont fertiliseacutees ce qui nrsquoest pas le cas agrave Arivonimamo Tregraves rares sont les parcelles qui ne reccediloivent que de lrsquoengrais (quelques parcelles en maraichage mais aussi en riz pluvial et maiumls agrave Mandoto) Ainsi les producteurs qui achegravetent de lrsquoengrais chimique lrsquoutilisent presque toujours sur des parcelles en compleacutement drsquoun apport de fumure organique

Lrsquoutilisation des fertilisants est en lien avec les quantiteacutes disponibles mais aussi les cultures pratiqueacutees Or les exploitations agricoles familiales des deux zones ont des assolements1 sensiblement diffeacuterents comme le montre la premiegravere colonne des deux figures suivantes (Figure 3 et Figure 4) Dans les deux zones le riz irrigueacute de bas-fonds occupe une place importante avec des parts dans lrsquoassolement qui sont relativement proches (29 agrave Mandoto et 32 agrave Arivonimamo) Ainsi mecircme si le Moyen Ouest du Vakinankaratra a la reacuteputation drsquoune zone de cultures pluviales le riz irrigueacute de bas-fonds occupe une place preacutepondeacuterante en terme de superficie (mais aussi en terme de revenu comme on le verra dans le prochain numeacutero de JAE) Les tubercules et les leacutegumineuses occupent agrave peu pregraves la mecircme part de la surface cultiveacutee annuellement dans les deux zones de lrsquoordre de 25 pour les tubercules et 10 pour

1 Ces pourcentages ont eacuteteacute calculeacutes sur la superficie effectivement cultiveacutee crsquoest-agrave-dire sans les jachegraveres Si on integravegre les ja-chegraveres celles-ci repreacutesentent 10 de la surface totale (cultiveacutee + jachegravere) agrave Mandoto et 6 agrave Arivonimamo

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

25

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

les leacutegumineuses mais les espegraveces cultiveacutees sont diffeacuterentes La part des autres cultures est speacutecifique et caracteacuterise la zone

A Mandoto les ceacutereacuteales pluviales occupent pregraves du tiers de la surface (176 en riz pluvial et 15 en maiumls hors jachegravere) Alors qursquoagrave Arivonimamo ces deux cultures occupent seulement 86 de la surface et le maiumls y est vraiment marginal Dans cette zone ce sont les cultures maraichegraveres qui sont importantes avec 224 de la surface Les cultures autres constitueacutees essentiellement par lrsquoagroforesterie avec des fruitiers nrsquoest pas neacutegligeable avec 3 de la surface A Mandoto ces deux types de cultures sont tregraves peu pratiqueacutees (18 de la surface sont consacreacutes aux cultures maraichegraveres et les autres cultures avec 01 sont quasiment inexistantes)

Les donneacutees extrapoleacutees agrave lrsquoensemble des fokontany permettent de connaicirctre sur quelles cultures les matiegraveres fertilisantes disponibles ont eacuteteacute eacutepandues1 Lrsquoeacutechantillon est constitueacute de 2 427 parcelles2 Elles sont plus nombreuses agrave Arivonimamo ougrave lrsquoeacutechantillon drsquoEAF est plus grand mais aussi ougrave la taille moyenne des champs est plus petite et ougrave les doubles cultures sont freacutequentes La deuxiegraveme colonne de chaque figure preacutesente la reacutepartition de la FO (fumier compost et autre matiegraveres organiques) la troisiegraveme colonne est celle des engrais commerciaux Les quantiteacutes disponibles sont diffeacuterentes entre les zones Les pourcentages repreacutesentent la reacutepartition et traduisent la strateacutegie des EAF A Mandoto les EAF privileacutegient le riz pluvial et le maiumls qui reccediloivent 74 de la FO disponible (Figure 3) et 40 des engrais acheteacutes

Figure 3 Reacutepartitions de la superficie cultiveacutee annuellement de la FO et des engrais commerciaux agrave Mandoto

Les autres cultures comme les leacutegumineuses et les tubercules reccediloivent un peu de FO mais le plus souvent parce qursquoelles sont cultiveacutees en association avec du riz pluvial ou du maiumls Le riz irrigueacute qui repreacutesente 29 de la superficie reccediloit moins de 5 de la FO et 14 des engrais Le maraichage pourtant tregraves peu preacutesent (18 des surfaces) reccediloit une part conseacutequente de la FO (54) et surtout des engrais (38 des quantiteacutes disponibles)

Ainsi dans cette zone les producteurs ont une strateacutegie de fertilisation des ceacutereacuteales pluviales sur tanety avec un transfert de fertiliteacute des riziegraveres vers les tanety puisque le fumier integravegre la plus grande partie des pailles du riz des riziegraveres Cette fertilisation profite aussi aux autres cultures pluviales soit avec les associations soit via les rotations qui sont quasiment systeacutematiques en pluvial

1 Les difficulteacutes sont cependant nombreuses et notamment en raison de lrsquoimportance et de la diversiteacute des associations de cultures et des regroupements que nous avons opeacutereacutes pour faciliter la collecte notamment pour le maraichage Nous avons pris lrsquooption comme pour les surfaces de reacutepartir agrave eacutegaliteacute les quantiteacutes entre les diffeacuterentes cultures Ainsi pour une parcelle avec une association riz pluvial et arachide les quantiteacutes drsquointrants ont eacuteteacute reacuteparties pour moitieacute pour le riz pluvial et pour moitieacute pour lrsquoarachide Il en est de mecircme pour une parcelle ougrave ont eacuteteacute regroupeacutees une planche de tomate et une planche drsquooignon alors que peut-ecirctre le producteur avait fait des apports diffeacuterentieacutes2 Au total 2 680 parcelles une fois les parcelles regroupeacutees deacutesagreacutegeacutees On rappellera que les parcelles en jachegravere ne sont pas comprises ici

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

26

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Le riz irrigueacute ne reccediloit pratiquement pas de FO et tregraves peu drsquoengrais avec une strateacutegie drsquoallocation des FO sur les tanety milieu naturellement bien moins fertile que les bas-fonds A Arivonimamo la situation du riz irrigueacute est approximativement la mecircme alors que la surface cultiveacutee repreacutesente 32 cette culture ne reccediloit que 7 de la FO disponible et 4 des engrais Les ceacutereacuteales pluviales sont tregraves peu fertiliseacutees contrairement agrave Mandoto Dans les deux situations les cultures vivriegraveres beacuteneacuteficient des arriegraveres-effets des cultures maraicircchegraveres beaucoup plus fortement fertiliseacutees

Figure 4 Reacutepartitions de la superficie cultiveacutee annuellement de la FO et des engrais commerciaux agrave Arivonimamo

Les cultures privileacutegieacutees sont les cultures maraichegraveres qui reccediloivent 46 de la FO et 77 des engrais mais aussi les tubercules autres que le manioc (patate douce taro et pomme de terre) qui reccediloivent 25 de la FO mais peu drsquoengrais et les leacutegumineuses (haricots) qui reccediloivent un peu plus de FO et drsquoengrais (respectivement 11 et 12) que la part qursquoelles occupent dans lrsquoassolement (9)

Ce sont les cultures exigeantes en fumure mais aussi et surtout fortement commercialiseacutees (maraichage pomme

de terre patate douce taro et haricot) qui reccediloivent lrsquoessentiel de la fertilisation Les rotations permettent aux cultures peu fertiliseacutees de beacuteneacuteficier des arriegraveres effets de la fertilisation des cultures produites drsquoabord pour les marcheacutes Le riz irrigueacute qui nrsquoest pas fertiliseacute beacuteneacutefice des arriegraveres effets des cultures de contre saison sur les riziegraveres

Ainsi les strateacutegies de fertilisation des EAF sont tregraves diffeacuterentes selon les zones en lien avec les cultures produites leur exigence mais surtout en lien avec des objectifs technico-eacuteconomiques et le marcheacute des produits agricoles

23 Les doses apporteacutees

Lrsquoanalyse des quantiteacutes de fumure apporteacutees est faite par culture1 et en tenant compte des associations

A Mandoto (tableau 4) les superficies en culture pure repreacutesentent 71 des parcelles et de la superficie Comme deacutejagrave indiqueacute le riz irrigueacute occupe une place importante mais il est peu fertiliseacute avec seulement 20 des parcelles et 18 de la superficie qui reccediloivent de la fumure organique agrave des doses faibles (moins de 2 tonnes par hectare) et seulement 4 des parcelles reccediloivent de lrsquoengrais (agrave une dose de pregraves de 60 kgha)

1 Seuls les reacutesultats pour les cultures avec un effectif non pondeacutereacute de plus de 15 parcelles sont preacutesenteacutes ici On notera que pour les principales cultures la taille de lrsquoeacutechantillon est conseacutequente

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

27

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Tableau 4 Apports de FO et dengrais sur les cultures cultiveacutees pures agrave Mandoto en (kg)

Cultures pures Nbre de parcelles

Surface ha

Parcelle avec Superficie avec Superficie avec Dose moy FO

en kghaDose moy

Engrais kgha

FO Engrais FO EngraisToutes

les parcelles

Parcelles avec

Toutes les

parcelles

Parcelles avec

Riz bas-fond 242 5834 20 4 18 4 377 1 901 241 5825Riz Pluvial 90 2353 91 37 90 29 4 022 4 415 1011 2677Maiumls 30 646 97 37 98 43 3 923 4 059 1669 4553Manioc 117 3689 8 0 4 0 414 4 843 000 000Autres tuber 19 236 47 47 35 42 3 041 6 420 1857 3920Leacutegumineuses 78 1156 45 18 38 18 1 776 3 958 870 4850Maraichage 112 264 90 61 80 74 31 829 35 296

Les moyennes sont calculeacutees par parcelle et sans pondeacuteration

Crsquoest le manioc qui est le moins fertiliseacute pas drsquoengrais et seulement 4 des parcelles avec de la fumure organique Le riz pluvial et le maiumls sont les cultures pures qui reccediloivent le plus systeacutematiquement de la fumure plus de 90 des parcelles et de la superficie reccediloivent de la FO agrave des doses eacuteleveacutees de plus de 4 tha et 30 agrave 40 des parcelles et de la surface reccediloivent de lrsquoengrais mais agrave des doses qui restent faibles (26 kgha pour le riz pluvial et 45 kgha pour le maiumls) Les autres tubercules reccediloivent engrais et FO mais ce sont essentiellement les pommes de terre Les leacutegumineuses sont eacutegalement fertiliseacutees avec 45 des parcelles qui reccediloivent de la FO et 18 de lrsquoengrais agrave des doses moyennes pour la zone Enfin les cultures maraichegraveres ont eacuteteacute regroupeacutees les parcelles sont nombreuses mais la superficie tregraves petite elles reccediloivent agrave 90 de la FO et agrave 61 des engrais agrave des doses importantes (plus de 30 tha pour la FO)

A Arivonimamo la part des cultures pures est plus importante qursquoagrave Mandoto avec 86 des parcelles et 89 de la superficie Ainsi le nombre de parcelles de lrsquoeacutechantillon est nettement plus important (mais il ne fait pas oublier que lrsquoeacutechantillon compte plus drsquoEAF)

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

28

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Tableau 5 Apports de FO et dengrais sur les cultures cultiveacutees pures agrave Arivonimamo (en kg)

Cultures pures Nbre parcelles

Surface ha

Parcelle avecSuperficie avec Superficie avec Dose moy FO en

kghaDose moy Engrais

kgha

FO Engrais FO Engrais Toutes les parcelles

Parcelles avec

Toutes les parcelles

Parcelles avec

Riz bas-fond 363 6078 39 9 39 8 633 1 643 459 5206

Riz Pluvial 72 1051 83 0 93 0 2 902 3 482 000 000

Maiumls 17 112 94 11 96 9 3 501 3 720 131 2222

Manioc 201 2020 24 1 23 0 1 253 5 249 038 3833

Autres tuber 232 2327 70 5 78 4 4 461 6 350 367 7748

Haricots 61 765 95 65 96 73 4 132 4 346 4824 7545

Autre Leacutegum 46 352 20 0 18 0 779 3 981 000 000

Tomates 90 955 97 95 98 97 7 614 7 877 12791 13543

Haricot verts 132 1088 95 87 96 90 5 079 5 321 8090 9286

Autres Maraich 155 1293 95 76 101 73 4 311 4 546 9126 12089 Les moyennes sont calculeacutees par parcelle et sans pondeacuteration

A Arivonimamo la fertilisation du riz irrigueacute est un peu plus freacutequente avec 39 des parcelles qui reccediloivent de la FO et 9 de lrsquoengrais mais agrave des doses plus faibles qursquoagrave Mandoto 16 tha pour la FO et 52 kgha drsquoengrais La fertilisation du riz irrigueacute nrsquoest pas une prioriteacute pour le plus grand nombre des producteurs Les cultures les moins fertiliseacutees sont le manioc et les leacutegumineuses autres que le haricot avec respectivement 23 et 18 des parcelles seulement qui reccediloivent de la FO et quasiment aucune qui reccediloit de lrsquoengrais Mais de maniegravere assez eacutetonnante les parcelles avec FO reccediloivent des doses assez importantes (plus de 5 tha pour le manioc) certainement en lien avec des strateacutegies de gestion ou de restauration de la fertiliteacute des sols En ce qui concerne la FO toutes les autres cultures sont tregraves freacutequemment fertiliseacutees plus de 90 des parcelles de riz pluvial maiumls haricot et maraichage les autres tubercules le sont agrave pregraves de 80 Et si pour le riz pluvial et le maiumls les doses moyennes sont modestes car infeacuterieures agrave 4 tha elles sont supeacuterieures agrave 4 tha pour les haricots et supeacuterieures agrave 5 tha pour les autres avec notamment pour les tomates un apport de plus de 7 tha Pour les engrais tregraves peu drsquoapports pour le maiumls (6 des parcelles) et pas drsquoapport pour le riz pluvial (observations pour 72 parcelles) Lrsquoengrais est reacuteserveacute au maraichage (plus de 75 des parcelles) et aux haricots (64 des parcelles) Avec des doses moyennes relativement importantes plus de 90 kgha pour les haricots verts 135 kgha pour la tomate et 120 kgha pour les autres cultures maraichegraveres

Ainsi drsquoune maniegravere geacuteneacuterale agrave Arivonimamo lrsquoapport de fertilisants est conseacutequent agrave la fois en termes de parcelles concerneacutees et de doses eacutepandues Riz irrigueacute manioc et leacutegumineuses autres que haricot sont les parents pauvres de la fertilisation mais avec les rotations ces cultures beacuteneacuteficient aussi des apports en particulier pour le riz irrigueacute car une part importante du maraichage est cultiveacutee sur les riziegraveres

Les associations de culture sont plus freacutequentes agrave Mandoto ougrave lrsquoassociation riz pluvial + maiumls domine tregraves largement La superficie avec cette association est eacutequivalente agrave la superficie totale en culture pure Et le maiumls est la culture que lrsquoon associe le plus avec le riz pluvial mais aussi le manioc et les leacutegumineuses Les parcelles avec une association de ces trois cultures ne sont pas rares Les pratiques de fertilisation en culture associeacutee rejoignent celles en culture pure Ainsi 91 des parcelles avec lrsquoassociation riz + maiumls reccediloivent de la FO et 32 de lrsquoengrais cependant les doses de FO sont tregraves infeacuterieures (de 700 kgha alors qursquoen culture pure elles eacutetaient de plus de 4 tha) et il en est de mecircme pour lrsquoengrais

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

29

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Pour les parcelles avec des cultures associeacutees au maiumls un apport en FO est freacutequent (plus de 80 des parcelles pour manioc ou leacutegumineuse et plus de 75 quand il y a les trois cultures) Lrsquoengrais est plus rare et surtout les doses de FO et engrais sont faibles A ce stade on peut eacutemettre lrsquohypothegravese que les EAF qui pratiquent lrsquoassociation sont moins bien doteacutees en matiegravere fertilisante Mais lrsquoanalyse montre que ce nrsquoest pas le cas il existe bien un coefficient de correacutelation neacutegatif entre la quantiteacute de fumure organique disponible au niveau de lrsquoEAF et le pourcentage de culture associeacutees mais il est tregraves faible (-011) et si lrsquoon creacutee des classes de pourcentage de culture associeacutees il nrsquoy a pas de diffeacuterence significative entre les classes pour la dose moyenne de FO Il semble donc que cela soit la pratique qui soit ainsi agrave Mandoto sur des cultures associeacutees (grandes cultures riz maiumls leacutegumineuse ou tubercule) les apports de FO sont moindres que sur les cultures pures

Tableau 6 Apports de FO et dengrais sur les cultures associeacutees les plus freacutequentes (en kg)

District 1Mandoto Nbre parcelles

Surface ha

Parcelle avec Dose moy FO en kgha

Dose moy Engrais kgha

FO Engrais Toutes les parcelles

Parcelles avec

Toutes les parcelles

Parcelles avec

Riz Pluvial + Maiumls 114 2577 91 32 656 719 26 83Mais + Manioc 50 1149 88 2 420 477 01 30Mais + Leacutegumineuse 57 975 84 16 428 508 02 15Mais + Manioc + Leacutegum 24 482 75 13 242 323 02 18Manioc + Leacutegumineuse 24 587 4 0 11 250 00 002 ArivonimamoRiz Pluvial + Maiumls 14 182 86 0 366 427 00 00Mais + Leacutegumineuse 25 228 84 24 188 224 15 62Manioc + Leacutegumineuse 13 126 54 0 280 521 00 00Tubercules + Fruitiers 34 270 62 12 224 363 03 28Autre cult + Fruitiers 90 671 91 52 5 414 255 30 58

Les moyennes sont calculeacutees par parcelle et sans pondeacuteration

A Arivonimamo les cultures associeacutees pour les grandes cultures sont moins importantes en nombre et les superficies sont tregraves petites Mais on peut tirer les mecircmes conclusions que pour Mandoto Ce qui est remarquable dans cette zone crsquoest le nombre de parcelles en agroforesterie avec un meacutelange drsquoarbres fruitiers et de cultures avec plus de 120 parcelles Les cultures sont de tous les types mais beaucoup de cultures maraichegraveres ce qui explique les fortes doses de FO ou drsquoengrais Les fruitiers sont essentiellement des agrumes et sont le reacutesultat drsquoopeacuterations de deacuteveloppement qui ont vulgariseacute la plantation de ces arbres La plupart de ces plantations nrsquoest pas encore en pleine production (trop reacutecentes)

24 Les strateacutegies des EAF pour lrsquoutilisation de la FO disponible

Dans le JAE ndeg 9 nous avions eacutemis lrsquohypothegravese qursquoagrave Arivonimamo il y avait deux types drsquoEAF lrsquoun avec des strateacutegies de fortes disponibiliteacutes en FO soutenues par des ambitions de cultures maraichegraveres et un autre avec des strateacutegies de moindre disponibiliteacute en FO avec des systegravemes de culture plus classiques Pour repreacutesenter les strateacutegies nous avons eacutetabli des classes selon le pourcentage de la FO utiliseacutee sur ceacutereacuteales pluviales et sur cultures commerciales Les reacutesultats sont preacutesenteacutes dans le tableau 8

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

30

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Tableau 7 Reacutepartition des EAF selon des classes de quantiteacutes utiliseacutees de FO

Classes utilisation FO MandotoArivonimamo Arivonimamo

FO utiliseacutes sur ceacutereacuteales pluviales des EA

S cultiveacutee moyenne

(ares)CV des EA

S cultiveacutee moyenne

(ares)CV

lt=25 8 89 72 76 113 7625 agrave 75 18 93 93 20 88 57gt75 74 144 88 4 37 49 FO utiliseacutes sur cultures commercialeslt=25 88 136 91 12 63 7725 agrave 75 9 90 58 42 102 60gt75 3 75 85 46 118 81

Les strateacutegies des EAF vis-agrave-vis de lrsquoutilisation de la FO sont tregraves nettement diffeacuterentes selon les zones comme on lrsquoa deacutejagrave vu la premiegravere partie du tableau montre qursquoagrave Mandoto 74 des EAF mettent plus des frac34 de leur FO disponible sur les parcelles avec ceacutereacuteales pluviales (seules ou associeacutees) et ce sont les EAF avec la plus grande superficie qui font cela Alors qursquoagrave Arivonimamo seules 4 des EAF mettent plus de 75 de leur FO sur des parcelles avec ceacutereacuteales pluviales et ce sont les plus petites EAF (superficie cultiveacutee moyenne de 37 ares) avec certainement des strateacutegies de seacutecuriteacute alimentaire

La deuxiegraveme partie du tableau nous permet de constater qursquoagrave Arivonimamo 46 des EAF mettent plus de 75 de leur FO sur les cultures commerciales (cultures maraichegraveres pomme de terre taro patate douce et haricot) et ces EAF ont en moyenne une superficie cultiveacutee supeacuterieure aux autres Cette classe est importante mais il y a aussi une classe drsquoEAF avec des strateacutegies baseacutees sur une meilleure reacutepartition

A Mandoto les EAF qui mettent plus de 75 de leur FO sur ce type de cultures commerciales (essentiellement le maraichage) sont peu nombreuses (3 des EAF) et ce sont des EAF avec des superficies plus faibles que les autres Ce nrsquoest donc pas la strateacutegie utiliseacutee par les EAF qui ne donnent pas la quasi exclusiviteacute (lt75) de la FO aux ceacutereacuteales pluviales Il existe un groupe drsquoEAF dans les deux zones qui ne donnent pas lrsquoexclusiviteacute de la FO (gt75) aux ceacutereacuteales pluviales agrave Mandoto ou aux cultures commerciales agrave Arivonimamo Ce groupe regroupe 23 des EAF agrave Mandoto et 49 agrave Arivonimamo Ce sont des EAF un peu plus petites que la moyenne de la zone avec une disponibiliteacute en FO infeacuterieure agrave la moyenne de la zone et une reacutepartition de la FO marqueacutee par la strateacutegie dominante de la zone mais avec une reacutepartition plus eacutequilibreacutee et notamment un eacutepandage sur le riz irrigueacute

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

31

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Tableau 8 Les EAF avec une strateacutegie drsquoutilisation de la FO diffeacuterente de la strateacutegie dominante de la zone

EAF Sup moy (ares)

FO (tonnes)

FO sur Ceacutereacuteales Pluviales

FO sur Cuture

commerciales

FO sur Riz irrigueacute

FO sur Autres

cultures

Mandoto 23 94 131 48 21 20 4

Arivonimamo 49 99 223 20 45 16 1

Il existerait ainsi 3 grandes strateacutegies drsquoutilisation de la FO avec agrave Mandoto la quasi exclusiviteacute de la FO sur les ceacutereacuteales pluviales (74 des EAF de la zone) agrave Arivonimamo la quasi exclusiviteacute de la FO sur les cultures commerciales (46 des EAF) et un groupe avec une reacutepartition plus eacutequilibreacutee entre les diffeacuterentes cultures y compris sur le riz irrigueacute

3 Conclusions et implications pour le deacuteveloppement

La gestion de la fertiliteacute des sols dans ces deux reacutegions contrasteacutees des plateaux drsquoaltitude malagasy passe drsquoabord par la production etou lrsquoacquisition de fumure organique il nrsquoy a quasiment aucune EAF sans apport sur au moins une parcelle cultiveacutee1 Les reacutesultats montrent qursquoenviron la moitieacute de la superficie cultiveacutee annuellement reccediloit de la FO agrave Mandoto et plus des deux tiers agrave Arivonimamo Mecircme si les doses potentielles sont en dessous des recommandions avec la rotation des cultures cela signifie que lrsquoensemble du terroir pourrait ecirctre fumeacute plus drsquoune fois tous les deux ans Les riziegraveres quand elles sont cultiveacutees en riz irrigueacute ne reccediloivent que tregraves rarement de la fumure dans ces zones La strateacutegie est lrsquoinverse de ce qursquoon rencontre dans drsquoautres zones qui priorisent les bas-fonds notamment dans les zones des peacuterimegravetres irrigueacutes (Lac Alaotra peacuterimegravetres sur les Hautes terres Ambondromisotrahellip)

Les strateacutegies de gestion de la fertiliteacute des sols sont logiquement de fertiliser en prioriteacute les cultures les plus exigeantes et les plus reacutemuneacuteratrices ceacutereacuteales pluviales agrave Mandoto (riz et maiumls) et les cultures maraichegraveres mais qui sont tregraves marginales dans cette zone cultures pour le marcheacute agrave Arivonimamo maraichage pomme de terre haricots patates douces taros Et pour les producteurs qui achegravetent des engrais commerciaux (essentiellement engrais mineacuteral) la pratique est drsquoassocier aux fumures organiques des compleacutements drsquoengrais et ceci tregraves prioritairement sur les cultures les plus reacutemuneacuteratrices et aussi les plus exigentes A quelques rares exceptions pregraves lrsquoapport drsquoengrais mineacuteral vient toujours compleacuteter un apport de fumure organique et crsquoest pregraves drsquoun quart de la superficie qui reccediloit engrais et FO agrave Arivonimamo et seulement 13 agrave Mandoto

Deux principaux engrais mineacuteraux sont utiliseacutes dans les deux zones le NPK et lrsquoureacutee En reacutealisant les apports au voisinage des plants il y a une concentration des eacuteleacutements nutritifs qui permet agrave la fois drsquooptimiser leur utilisation et de deacutevelopper des synergies entre produits organiques et mineacuteraux Cette efficience des ressources garantie par une compleacutementariteacute des apports incluant une base organique avec un compleacutement mineacuteral a deacutejagrave eacuteteacute releveacutee dans de nombreuses autres situations tropicales (Bekunda et al 1997) Drsquoautres eacutetudes sur ces mecircmes zones mettent en eacutevidence que la majoriteacute des fumures organiques utiliseacutees preacutesentent certaines deacuteficiences en eacuteleacutements majeurs comme le N et le P et que lrsquoutilisation des engrais de synthegravese est susceptible de lever (Ben Naacircmane et al 2020 notre article dans le JAE preacuteceacutedent) Cette pratique est donc agrave encourager notamment agrave travers des messages

1 Dans notre eacutechantillon seules 2 EAF nrsquoont pas apporteacute de FO lrsquoune extrecircmement petite (moins de 5 are de SAU) agrave Arivonimamo et tregraves pauvre qui a vendu sa FO une autre agrave Mandoto qui prend en meacutetayage la terre qursquoil cultive

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

32

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

de vulgarisation adapteacutes et compleacutementaires des messages laquo classiques raquo qui procircnent des doses importantes drsquoengrais

Lrsquoanalyse compareacutee des deux zones montre des diffeacuterences dans le recours aux engrais de synthegravese avec agrave Arivonimamo une quasi geacuteneacuteralisation de lrsquoengrais (pregraves de 90 des EAF) et une utilisation moyenne de 30 kg par ha de SAU plus freacutequemment sur les cultures maraichegraveres et presque toujours en compleacutement de la fumure organique contre environ une exploitation sur deux agrave Mandoto et une utilisation de 6 kg par ha Sur ce premier site une plus grande diversiteacute drsquoengrais et une utilisation plus importante de cendres sous-produit de briqueteries sont releveacutees Eacutegalement une strateacutegie drsquoallocation de ressources diffeacuterencieacutee apparaicirct tregraves clairement au niveau des fumures organiques sur le riz de bas-fonds beaucoup plus amendeacute agrave Arivonimamo car cette ressource est agrave la fois moins limitante et mieux valoriseacutee par les cultures maraicircchegraveres A Mandoto la fumure organique est moins disponible et moins valorisable autrement que par les ceacutereacuteales pluviales aussi moins indispensable pour la productiviteacute de ces cultures et est beaucoup mieux valoriseacutee sur le domaine pluvial sans laquelle aucune mise en valeur de culture exigeante ne serait envisageable Ainsi la recherche doit affiner ses connaissances agrave lrsquoeacutechelle du systegraveme de culture pour mieux eacutevaluer performances et durabiliteacute agrave court et long termes et accompagner lrsquointensification eacutecologique promue par divers opeacuterateurs de deacuteveloppement agricoles (notamment ONG de deacuteveloppement)

Cette communication plaide encore une fois pour une bonne compreacutehension des EAF de leur fonctionnement et de leurs strateacutegies avant de proposer des ameacuteliorations adapteacutees La fertilisation telle que pratiqueacutee par les producteurs est un acquis important pour comprendre la durabiliteacute de lrsquoagriculture familiale et pour renforcer la durabiliteacute des EAF Cela montre agrave la fois la techniciteacute des paysans leur connaissance des intrants existants et de leur utilisation Les propositions drsquoinnovations pour le deacuteveloppement doivent srsquoappuyer sur lrsquoexistant contrairement agrave

ce qui est souvent fait (Razanakoto et al 2018) Drsquoabord les orientations vont certainement vers des techniques qui permettent drsquoaugmenter la fumure organique disponible en quantiteacute et en qualiteacute (eacutetable ameacutelioreacutee compostage lombricompost etc) notamment avec des matiegraveres premiegraveres disponibles localement plutocirct que sur la base drsquoachats Les agriculteurs investissent moins en moneacutetaire et optent pour une strateacutegie drsquointensification en main drsquoœuvre (ce qui est le cas pour les systegravemes de compostage) Ensuite il est important de mieux valoriser ces diffeacuterents types de fertilisation agrave travers des combinaisons de pratiques

Ce dont il faut ecirctre sucircr crsquoest que les producteurs dans leur tregraves grande majoriteacute deacuteveloppent des strateacutegies de gestion de la fertiliteacute des sols et les adaptent sur la base de leurs connaissances et savoir-faire et en fonction des conditions biophysiques et de lrsquoenvironnement socioeacuteconomique Si les conditions eacuteconomiques sont favorables (deacuteboucheacutes prix suffisamment reacutemuneacuterateurs) ils ont recours aux engrais commerciaux comme le montre cette eacutetude mais aussi drsquoautres (voir par exemple en zone peacuteriurbaine drsquoAntananarivo NDienor et al 2011) Or le plus souvent dans les actions de deacuteveloppement et les propositions techniques les fertilisations sont proposeacutees par filiegravere comme une sorte de manuel technique (fiche technique par filiegravere) et reacutefleacutechies par rapport aux besoins propres de la plante cibleacutee Ces propositions vont ainsi agrave lrsquoencontre des strateacutegies paysannes et leur diffusion reste mitigeacutee

Enfin dans les propositions actuelles pour le deacuteveloppement rizicole notamment sur bas-fonds les acteurs de deacuteveloppement misent sur une intensification rizicole de type reacutevolution verte (semences ameacutelioreacutees voire hybrides avec des doses importantes drsquoengrais acheteacute) Les donneacutees montrent que les strateacutegies des paysans integravegrent les rotations avec le riz et les investissements en fertilisation se passent autrement (cultures de contre saison autres cultures) Les deacutepenses en semences et surtout si on enlegraveve la valorisation de lrsquoautoproduction restent tregraves faibles Ces

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

33

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

propositions techniques srsquoeacuteloignent encore une fois des strateacutegies paysannes

Mais cette analyse des strateacutegies drsquoutilisation des fertilisants dans la gestion de la fertiliteacute des sols reste encore incomplegravete car si les aspects techniques (quantiteacutes et modaliteacutes) ont eacuteteacute traiteacutes les aspects eacuteconomiques ne lrsquoont pas eacuteteacute Cela sera le thegraveme du prochain et dernier article qui mettra en relation les pratiques de gestion de la fertiliteacute et les performances notamment en terme de marge brute aux niveaux parcelles et cultures et de revenu au niveau EAF

BIBLIOGRAPHIE

Bekunda MA Bationo A Ssali H 1997 Soil fertility management in Africa a review of selecterd research trials In Replenishing Soil Fertility in Africa SSSA Special Publication Nomber 51 63-79

Ben Naacircmane CK Autfray P Audouin S Beacuteliegraveres JF Blanchart E Razafimahatratra M Razanakoto OR Salgado P 2020 Gestion compareacutee de la fertiliteacute au niveau des exploitations agricoles familiales du Moyen-Ouest de la reacutegion Vakinankaratra et des Hautes-Terres de la reacutegion Itasy agrave Madagascar Projet Secure 24 p httpswwwsecuremgsitesdefaultfiles2020-04Livret_Secure_2020pdf

Liniger H Mekdaschi Studer R Hauert C et Gurtner M 2011 La pratique de la gestion durable des terres Directives et bonnes pratiques pour lrsquoAfrique subsaharienne WOCAT FAO TerrAfrica Rome (Italie) 243 p httpwwwfaoorg3i1861fi1861fpdf

MAEP 2006 Strateacutegie nationale pour le deacuteveloppement de lrsquoutilisation de lrsquoengrais Ministegravere de lAgriculture de lElevage et de la Pecircche Antananarivo Mai 2006 48 p + annexes p httpwwwmpaegovmgcommunicationwp-contentuploadssites2201611strategie_dvlpt_utilisation_engrais_1pdf

NDieacutenor M Aubry C et Rabeharisoa L 2011 Strateacutegies de construction de la fertiliteacute des terres par les agriculteurs dans les systegravemes maraicircchers peacuteriurbains dAntananarivo (Madagascar) Cahiers Agricultures Vol 20 No 4 (2011) doihttpsdoiorg101684agr20110497

Poirier N et Nuninger L 2012 Techniques damendement agraire et teacutemoins mateacuteriels Pour une approche archeacuteologique des espaces agraires anciens Histoire amp Socieacuteteacutes Rurales 38 (2) 11-50 doi103917hsr0380011

Pierre-Bernard A Ramboarison R Randrianarison L et Rondro-Harisoa L 2007 Les implications structurelles de la libeacuteralisation sur lrsquoagriculture et le deacuteveloppement rural Programme Ruralstruc Madagascar Phase I EPP PADR APB Consulting Antananarivo Janvier 2007 303 p httpdocumentsbanquemondialeorgcuratedfr 184371468091191021pdf779810WP0madag00250for0the0abstractpdf

Razanakoto O Razafindraibe R Andriamananjara A Razafimanantsoa M-P Rakotoson T Smolders E et Rabeharisoa L 2018 Failures in agricultural innovation due to poor understanding of farmersrsquo predispositions Development in Practice 28 (5) 691-704 doi1010800961452420181471124

Sanginga N et Woomer P L (Ed) 2009 Integrated Soil Fertility Management in Africa Principles Practices and Developmental Process Nairobi (Kenya) Tropical Soil Biology and Fertility Institute of the International Centre for Tropical Agriculture 263 p

Leacutetude a eacuteteacute reacutealiseacutee dans le cadre du projet SECuRE

(Soil ecological function resto-ration to enhance agrosystem ser-vices in rainfed rice cropping sys-tems in agroecological transition) financeacute par Agropolis Foundation sous la reacutefeacuterence ID 1605-007 agrave travers le programme Investisse-ments dAvenir (Labex Agro ANR-10-LABX-0001-01) dans le cadre du I-SITE MUSE (ANR-16-IDEX-0006)

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

34

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Lucien Seacuteguy 1944-2020 agronome du geacutenie veacutegeacutetal

Premiers pas

Lucien Seacuteguy est neacute dans une famille de petits paysans du nord Dordogne fiers de leurs racines et durs agrave la tacircche Il sera le

seul de sa fratrie de quatre fregraveres et sœurs agrave acceacuteder agrave lrsquouniversiteacute Diplocircme drsquoingeacutenieur agronome de lrsquoENSA Toulouse en poche suivi drsquoune speacutecialisation en peacutedologie agrave lrsquoORSTOM (ex IRDhellip) de Bondy il eacutepouse Jacqueline qui lrsquoaccompagnera durant toute sa carriegravere Son service civil se deacuteroule au Seacuteneacutegal de 1967 agrave 1969 agrave la grande station IRAT (Institut de Recherche Agronomique Tropicale) de Bambey il preacutefegravere une affectation en brousse Sefa Il y refait une carte peacutedologique et srsquoattaque agrave lrsquoameacutelioration du travail du sol en traction animale des riziegraveres de Casamance

En 1969 lrsquoIRAT lrsquoaffecte dans lrsquoOuest Cameroun agrave Dschang ougrave il monte et accompagne des projets rizicoles sur les plaines des MrsquoBos et de NrsquoDop Il y conduit des travaux sur les systegravemes de culture et lrsquoameacutelioration varieacutetale du riz pluvial et irrigueacute Ses analyses des interactions entre geacutenotype et environnement soulignant lrsquoinfluence majeure de la fertiliteacute des sols sur les attaques de pyriculariose le font remarquer et sont toujours citeacutees

Ses travaux et reacutealisations alliant recherche et deacuteveloppement interpellent des responsables de la recherche agronomique breacutesilienne et fin 1977 il devient le premier expert IRAT en poste au Breacutesil affecteacute aupregraves de LrsquoEMAPA de lrsquoeacutetat du Maranhatildeo Il travaillera au Breacutesil jusqursquoagrave sa retraite en 2009 et au-delagrave De 1977 agrave 1982 il monte avec lrsquoaide de Serge Bouzinac des eacutetudes sur la culture du riz pluvial pour chez et avec des petits paysans sans terre Les systegravemes de deacutefriche-brucirclis manuelle sur ces savanes secondaires agrave Palmiers Babaccedilu sont compareacutes agrave des systegravemes en traction animale Immeacutediatement abandonneacutes en raison des eacuterosions catastrophiques qursquoils induisent Premier signal sur la neacutecessiteacute du semis direct dans ces eacutecologies tropicales Mais Lucien et Serge sont informeacutes que leurs activiteacutes avec les sans terres du Nordeste ne sont pas du goucirct de tous Dans ces reacutegions du Breacutesil agrave cette eacutepoque le message est sans ambiguiumlteacute il faut partir vite LrsquoEMBRAPA - CNPAF (Centre National Riz amp Haricot) de Goiacircnia inteacuteresseacute par leurs reacutesultats les accueille

1982 nouveau milieu donc Les Cerrados du Centre Ouest breacutesilien (Mato Grosso Goiaacutes Tocantinshellip) un biome de savanes arboreacutees plus de 200 millions drsquohectares sur lequel avance un irreacutepressible front pionnier drsquoeacutelevage extensif et drsquoagriculture meacutecaniseacutee Des sols lateacuteritiques acides vides de nutrimentshellip longtemps consideacutereacutes comme impropres agrave toute forme drsquoagriculture rentable Peu importe la conquecircte de la terre est en marche deacutefriche riz pluvial monoculture de soja sur travail du sol simplifieacute avec des outils agrave disques hellip semelle de labour eacuterosion Une deacutevastation agrave eacutechelle industrielle Le diagnostic est vite poseacute les premiegraveres recommandations simples adapteacutees suivent combiner rotation de cultures commerciales (sojariz sojamaiumls) et succession annuelle ougrave agrave la culture commerciale succegravede une safrinha secondaire (maiumls sorgho ou mil) avec des preacuteparations de sols profondes (labour dresseacute aux socs scarification avec des outils agrave dents) Ces systegravemes de travail du sol profond ont du succegraves et sont tregraves largement diffuseacutes Mais lrsquoavegravenement du Semis Direct dans les reacutegions subtropicales du sud du Breacutesil va venir changer le paradigme des travaux de Lucien et Serge

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

35

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Lrsquoinvention le Semis direct sur Couverture Veacutegeacutetal (SCV) en milieu tropical

1984 visite agrave la Coopeacuterative laitiegravere centrale du Paranaacute agrave

1984 visite agrave la Coopeacuterative laitiegravere centrale du Paranaacute agrave Carambeiacute reacutegion des Campos Gerais premiers eacutechanges avec les agronomes Hans Peeten Josueacute Nelson Pavei hellip et les agriculteurs Nonocirc Perereira et Franke Dijkstra pionniers du semis direct dans cette reacutegion du Sud

1985 un producteur eacuteclaireacute du Mato Grosso Munefumi Matsubara leur ouvre grand les portes de sa fazenda hellip et sa bourse Des alternatives en semis direct sont rigoureusement compareacutees aux systegravemes avec travail du sol profond ou superficiel Au cours de ces cinq anneacutees deacutecisives les

systegravemes en semis direct sont plus productifs et rentables que les systegravemes conventionnels ils sont aussi et avant tout les seuls agrave permettre une augmentation de plus de 20 des teneurs de matiegravere organique des sols Les systegravemes sous couvert veacutegeacutetal (SCV) sont lanceacutes des eacutetapes cruciales sont franchies avec lrsquoinsertion en succession en association des cultures commerciales drsquoespegraveces telles que le sorgho mil les crotalaires le Brachiariahellip qui produisent de fortes biomasses valorisant des pluies marginales et surtout lrsquoeau du sol Les principes techniques des systegravemes SCV permettant de respecter les lois de fonctionnement des agroeacutecosystegravemes tropicaux sont poseacutes formaliseacutes dans des documents scientifiques et didactiques Lrsquoanalogie centrale avec le fonctionnement drsquoun eacutecosystegraveme forestier tropical se nourrissant sur lui-mecircme dans des recyclages continus entre biomasses vivantes et mortes gracircce agrave lrsquoactiviteacute biologiques des sols offre un cadre feacutecond agrave la creacuteativiteacute agronomique de Lucien Seacuteguy Les couverts veacutegeacutetaux se preacutesentent comme des pompes biologiques recyclant les eacuteleacutements mineacuteraux proteacutegeant le sol des pluies tropicales preacuteservant une tempeacuterature optimale pour lrsquoactiviteacute biologique et lrsquoabsorption racinaire hellip tout le contraire des sols mis agrave nu par le labour ou des techniques culturales simplifieacutees incompatibles avec une gestion durable de la ressource sol

Ces travaux sont conduits via de multiples partenariats en interaction avec une diffusion active de ses reacutesultats par les fondations et associations de producteurs Avant lrsquoan 2000 les SCV couvrent deacutejagrave -et ont sauveacute- des millions drsquohectares de terres agricoles dans les eacutetats de Goias Mato Grosso Tocantins Maranhatildeo Piauiuml hellip recoupant une vaste diversiteacute peacutedoclimatique tropicale dans laquelle les SCV se diversifient Ils inventent de nouvelles alternatives sur des couvertures veacutegeacutetales maintenues vivantes sous la culture encore plus efficientes comme le soja sur couvert permanent de chiendent ( Cynodon dactylon) ou le maiumls sur arachide peacuterenne ( Arachis pintoiuml) Avec le groupe Maeda les SCV sont adapteacutes agrave la culture cotonniegravere le preacutealable agrave son essor rapide dans le Mato Grosso

En parallegravele ils deacuteveloppent avec James Taillebois un seacutelectionneur du CIRAD un programme de seacutelection geacuteneacutetique de riz avec pour objectif premier drsquoeacutelargir lrsquoadaptabiliteacute des varieacuteteacutes creacuteeacutees et leurs toleacuterances aux maladies fongiques en seacutelectionnant en conditions pluviales de lrsquoeacutequateur jusqursquoau subtropical des croisements entre pools drsquoorigines pluviales et irrigueacutees Ces varieacuteteacutes vont voyager dans de nombreux pays tropicaux et subtropicaux faisant montre de leur grande plasticiteacute qursquoelles tirent de leur base geacuteneacutetique et des systegravemes SCV dans et pour lesquelles elles sont seacutelectionneacutees

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

36

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Lucien et Serge ont inspireacute des milliers drsquoagriculteurs agronomes et chercheurs breacutesiliens sur la base de leurs travaux preacutecurseurs et visionnaires sur les systegravemes sous couvert veacutegeacutetal pour les eacutecologies tropicales du Breacutesil Ils ont accueilli des visites de tous pays et continents se faisant les premiers et les meilleurs ambassadeurs des SCV du Breacutesil

Informer et former le monde

A partir de 1984 et jusqursquoagrave sa retraite Lucien reacutealise tous les ans des missions drsquoappui aupregraves de collegravegues chercheurs agronomes et de projets de deacuteveloppement publics et priveacutes dans de nombreux pays tropicaux drsquoAfrique drsquoAsie du Sud-Est Madagascar icircle continent aux innombrables eacutecosystegravemes tropicaux sera gracircce aux partenariats tisseacutes et aux financements de nombreux projets par lrsquoAgence Franccedilaise de Deacuteveloppement (AFD) une antichambre pour les petites paysanneries de ces techniques neacutees dans les dynamiques agro-industrielles du Breacutesil Drsquoautres projets suivront principalement sur financements de lrsquoAFD en Cocircte drsquoIvoire Gabon Cameroun Seacuteneacutegal Tunisie Vietnam Laos Cambodgehellip permettant de deacutecliner les

principes des SCV en pratiques adapteacutees aux conditions sociales drsquoagricultures familiales parmi les plusdeacutemunies de la planegravete Avec le Pr Joatildeo Carlos Saacute de lrsquoUniversiteacute de Ponta Grossa (Parana Breacutesil) ils organiseront toujours gracircce aux financements de lrsquoAFD de 2006 agrave 2011 six eacuteditions drsquoune formation internationale sur les SCV et la dynamique de matiegravere organique du sol rassemblant plus de 90 agronomes vulgarisateurs et chercheurs travaillant en partenariat avec le CIRAD dans plus de 13 pays du Sud Tous ces pays et drsquoautres ne peuvent plus ignorer cette information clef pour lrsquohumaniteacute on sait doreacutenavant faire pousser sous les tropiques les grandes cultures annuelles pluviales de faccedilon durable rentable et accessible Un nouveau pilier est disponible pour renforcer la seacutecuriteacute alimentaire mondiale et lrsquoautonomie des pays du Sud En 2009 agrave sa retraite du Cirad il poursuit ses appuis agrave travers la planegravete aupregraves des acteurs convaincus par la pertinence des voies agronomiques qursquoil continue drsquoouvrir Des reacuteseaux se montent qursquoil anime partageant sa vision ses ideacutees sa creacuteativiteacute et son humour A lrsquoinvitation drsquoun agronome du Queacutebec Louis Peacuterusse il se lance dans lrsquoadaptation des SCV aux conditions continentales ils remettent agrave lrsquohonneur les bleacutes drsquohiver semeacutes agrave la voleacutee dans le soja trois semaines avant la reacutecolte gagnant un mois de croissance avant lrsquohiver et avanccedilant la reacutecolte drsquoun mois Ce calendrier profondeacutement remanieacute par rapport aux scheacutemas baseacutes exclusivement sur les cultures de printemps ouvre une fenecirctre pour implanter agrave la voleacutee dans les bleacutes murissant des meacutelanges de plantes de couverture Ces derniers apportent alors ici comme partout de faccedilon inteacutegreacutee par et pour le biologique recharge en matiegravere organique et de multiples fonctions eacutecosysteacutemiques telles que la fixation azoteacutee par les leacutegumineuses la stimulation de fonctions microbiennes symbiotiques et non symbiotiques la creacuteation et lrsquoentretien drsquoune forte macroporositeacute par les effets combineacutes de puissants systegravemes racinaires et la stimulation drsquoune forte activiteacute des vers de terre le controcircle des adventices par la couverture du solhellip

Au Sud du Breacutesil dans les Eacutetats de Santa Catarina et du Rio Grande do Sul il travaille avec de jeunes agronomes breacutesiliens agrave la conception et agrave la diffusion sur des centaines de milliers drsquohectares des couverts multifonctionnels agrave base de meacutelanges complexes composeacutes de 10 espegraveces et plus Il est inviteacute en 2009 en Argentine et en Uruguay par Jean Waymel agriculteur drsquoorigine franccedilaise avec qui il deacuteveloppe des SCV diversifieacutes inteacutegrant le semis agrave la voleacutee sur couvert veacutegeacutetal y compris de culture agrave grosses graines comme le soja

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

37

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Ces techniques pratiqueacutees agrave tregraves grande eacutechelle accroissent les vitesses drsquoimplantation des cultures et la reacutesilience des systegravemes de production dans un climat de plus en plus variable

Sa passion pour la diversiteacute veacutegeacutetale ses talents de naturaliste lrsquoont ameneacute agrave explorer inlassablement de nombreuses espegraveces veacutegeacutetales tempeacutereacutees et tropicales agrave proposer des meacutelanges de plus en plus efficaces alliant cultures annuelles et peacuterennes et aux fonctionnaliteacutes et morphologies aeacuteriennes et racinaires diversifieacutees le cœur des SCV

Mecircme en France

Il initie eacutegalement degraves le milieu des anneacutees 1990 des eacutechanges avec quelques agriculteurs franccedilais en meacutetropole et plus tard dans des deacutepartements et territoires drsquoOutre-Mer (Reacuteunion Antilles Nouvelle Caleacutedonie)

Avec ces pionniers des SCV en France [1] il expeacuterimente dans des eacutecologies aussi diverses que les rives et coteaux de la Loire la Champagne berrichonne les collines du Gers la Camargue les versants de la Montagne Peleacuteehellip dans des systegravemes ceacutereacutealiers de polyculture eacutelevage des bananeraies en conditions pluviales ou irrigueacutees

Quelles espegraveces et associations drsquoespegraveces pour les couverts drsquohiver drsquoeacuteteacute en fonction des conditions de milieuxhellip Comment les semer dans les diffeacuterentes cultures en deacuterobeacutee en succession agrave quelle date agrave quelle dosehellip Ce savoir-faire et ces connaissances sont agrave deacutefricher et organiser par des essais Tous ces agriculteurs rallongent diversifient leurs rotations integravegrent des leacutegumineuses via les cultures (pois drsquohiver de printemps sojahellip) et les couverts eacuteventuellement fourragers (vesce feacuteverole gesse tregravefleshellip) Les fermes drsquoeacutelevage conquiegraverent par-lagrave leur autonomie en proteacuteines Aux techniques de couvertures mortes tueacutees avant semis de la culture viennent ici aussi srsquoajouter des couverts vivants de luzerne sur argilo-calcaire de tregravefle ou de lotier sur les sols plus acides ou hydromorphes faisant encore gagner en coucirct et en flexibiliteacute face aux aleacuteas du climat et des marcheacutes

Ils testent et mettent en commun les acquis sur leurs fonds propres un reacuteseau se coopte pour avancer Lucien lrsquoanime en structurant les essais et en maintenant le cap agrologique des SCV mecircme quand les reacutesultats escompteacutes ne sont pas immeacutediatement au rendez-vous

Les SCV de mieux en mieux maicirctriseacutes integravegrent progressivement lrsquoensemble des terres cultiveacutees sur ces fermes remaniant profondeacutement leur systegraveme drsquoexploitation Les parcs mateacuteriels se simplifient les grosses puissances de traction pour les preacuteparations de sol nrsquoont plus lieu drsquoecirctre Il faut aussi ecirctre autonome pour ses productions de semences de couverts la leacutegislation interdisant dons eacutechanges ou ventes entre agriculteurs mecircme pour des espegraveces et varieacuteteacutes libres de droit drsquoobtenteurs ou plus disponibles sur le marcheacute les semences commerciales ne sont pas forceacutement optimales pour les systegravemes et restent oneacutereuses utiliseacutees agrave bonne dose

Plus aucune de ces fermes nrsquoutilise drsquoinsecticides que ce soit en foliaire au sol ou en traitement de semences sur quelques cultures que ce soient ni drsquoanti-limaces Des fongicides ne sont appliqueacutes qursquoexceptionnellement sur les ceacutereacuteales agrave paille et colza au quart ou agrave la moitieacute des doses preacuteconiseacutees lorsque des conditions climatiques propices au deacuteveloppement des champignons pathogegravenes surviennent agrave un stade critique de ces cultures Les herbicides demeurent agrave faible dose principalement

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

38

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

pour le controcircle des couverts Les apports drsquoazote mineacuteral sur ceacutereacuteales agrave paille et maiumls diminuent progressivement pour atteindre 10 agrave 12 uniteacutes par tonne de grains une efficience quasi doubleacutee en comparaison des exploitations avoisinantes Toutes ces fermes qui pratiquent les SCV depuis plus de 15 ans obtiennent les meilleures performances techniques (rendement qualiteacute nutritive et sanitaire des grains) dans leurs reacutegions respectives elles ont dans le mecircme temps reacuteduit leurs charges en intrant et carburant de 39 par rapport agrave des itineacuteraires dits raisonneacutes (travail du sol simplifieacute dose drsquointrants modeacutereacutee) agrave 58 par rapport agrave des reacutefeacuterences ayant recours au travail du sol conventionnel et aux pleines doses drsquointrants

Sur tous ces reacutesultats Lucien communique beaucoup avec fougue et passion hellip mecircme si apregraves une vie au contact des acteurs du deacuteveloppement et de la recherche au Breacutesil lrsquoinertie parfois bavarde et suffisante de lrsquoagriculture franccedilaise ne cesse de le surprendre au vue de la crise dans laquelle se deacutebat une immense majoriteacute de producteurs et lrsquoeacutetat geacuteneacuteral de nos sols

Quels enseignements pour lrsquoavenir de notre agriculture

Il y a tant agrave retenir de ce parcours immense pour qui voudrait continuer le travail de Lucien Seacuteguy sur les chemins du deacuteveloppement et de la connaissance des CV agrave travers le monde

Pratiquer les SCV crsquoest vouloir orchestrer la transformation des milieux que lrsquoon cultive par et pour la puissance du veacutegeacutetal Crsquoest penser et organiser des flux puissants de biomasses continu lrsquoeacutenergie solaire par les plantes et la vie du sol Nous savons aujourdrsquohui que cela neacutecessite de maintenir les sols couverts en permanence de mobiliser une grande diversiteacute veacutegeacutetale diversifieacutees pour capter stocker et restituer en au sein des rotations via des couverts multi-speacutecifiques et de reacuteussir

agrave abandonner toute forme de travail du sol Ce dernier point est tregraves deacutebattu peut-ecirctre car il est le symbole le plus embleacutematique drsquoun changement de modegravele radical sucircrement parce qursquoil est celui qui pose le plus de problegravemes de mise en oeuvre dans les phases de transition et pour certaines cultures pour lesquelles des reacutefeacuterentiels techniques solides manquent encore Il est pourtant celui pour lequel la connaissance scientifique est la plus solidement eacutetablie travailler le sol mecircme de faccedilon superficielle et eacutepisodique nuit partout que lrsquoon soit dans la Niegravevre au Queacutebec ou au cœur du Mato Grosso agrave la vie du sol et aux capaciteacutes de stockage et de restitution de lrsquoeacutenergie qursquoelle construit Travailler le sol crsquoest se condamner agrave faire un travail de Peacuteneacutelope toujours deacute faire dans la nuit du sol ce que les plantes photosyntheacutetis(s)ent le jour Crsquoest se condamner agrave rester dans un entre-deux technique agrave se couper drsquoune effectiviteacute pleine entiegravere et continue des processus naturels qui viennent organiser la fertiliteacute des sols et contribuer au controcircle des bio-agresseurs de nos cultures Crsquoest par le respect de ces 3 principes pratiques des SCV que les apports importants et continus de matiegravere organique nourrissent une biodiversiteacute microbienne et inverteacutebreacutee de plus en plus riche complexe et foisonnante et que peuvent srsquoauto-organiser nos sols cultiveacutes

Deacutevelopper des systegravemes de culture et de production en SCV requiert tout drsquoabord drsquoabandonner lrsquoideacutee de recette applicable pour se lancer dans lrsquoexploration libre mais meacutethodique drsquoun immense champ de possibles Cela demande drsquoimaginer et apprendre agrave mener des rotations reacutepondant agrave nos objectifs de

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

39

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

production ougrave cultures et couverts veacutegeacutetaux se relaient pour tendre vers des sols couverts 365 jours sur 365 Cela demande aussi au deacutebut de lrsquoaudace pour rompre les amarres avec le confort rassurant des pratiques conventionnelles institueacutees Crsquoest accepter drsquoen passer par des deacutecisions contraires agrave ce que lrsquoon nous a appris agrave ce que lrsquoon nous recommande Crsquoest refuser de voir un salut dans la laquo high tech raquo preacutetendument reacutevolutionnaire que lrsquoon impose agrave des agriculteurs surendetteacutes pour oser la complexiteacute du vivant et lrsquoautonomie Crsquoest entrer pour la premiegravere fois avec le semoir dans un laquo gros raquo couvert veacutegeacutetal plus tard preacutefeacuterer semer agrave la voleacutee dans des couverts vivants ou par-dessus des cultures murissantes hellip en se demandant tout de mecircme pour une fois agrave lrsquounisson avec les voisins si lrsquoon nrsquoest pas devenu un peu dingo Crsquoest aussi se retenir de faire cet insecticide en acceptant lrsquoideacutee qursquoil y a plus agrave terme agrave y perdre qursquoagrave y gagner preacutefeacuterer nourrir des ravageurs en les leurrant plutocirct que de les tuer et renoncer agrave leurs ennemis naturels etc Toutes ces remises en questions des pratiques courantes dissolvent lrsquoun apregraves lrsquoautre les repegraveres en vigueur et srsquoapparentent au franchissement drsquoun miroir derriegravere lequel se cueillent les beacuteneacutefices que nous servent les processus naturels activeacutes un miroir derriegravere lequel aussi les systegravemes avec travail du sol apparaissent pour ce qursquoils sont absurdes et contre-nature Cette transformation de nos faccedilons de cultiver nous a transformeacute autant que nos sols et nos exploitations et pourtant nous sommes conscients drsquoecirctre agrave lrsquooreacutee drsquoun immense territoire que nous commenccedilons agrave peine agrave explorer source de confiance en lrsquoavenir et drsquoune humiliteacute heureuse Lucien Seacuteguy voulait avancer sans relacircche dans ce territoire de la biodiversiteacute et du geacutenie veacutegeacutetal au service drsquoune agriculture toujours plus propre et performante La recherche eacuteprouve aussi des difficulteacutes pour srsquoemparer de ces eacutetranges objets techniques que sont les systegravemes de culture agrave base de semis direct sur couverture veacutegeacutetale ces objets techniques deacuteroutent car ils tirent leur efficience des processus naturels qursquoils activent des processus naturels qui dans la dureacutee organisent nos sols et donnent aux eacutecosystegravemes que nous cultivons leurs grandes fonctions de gestion de la fertiliteacute et drsquoautoreacutegulation des nuisibles divers adventices phytophages maladies hellip

Cette meacutediation essentielle du naturel creacutee une distance entre le geste pratique et lrsquoeffectiviteacute associeacutee mesurable dans nos parcelles et nos fermes Elle rend ainsi les approches factorielles de lrsquoagronomie classique fondeacutees sur les analyses des liens preacutesupposeacutes entre pratique et effet impropres agrave lrsquoeacutetude et agrave la conception de ces systegravemes Car ceux-ci ne reacutesultent pas drsquoune combinaison de facteurs mais sont creacuteation eacutemergente drsquoun milieu cultiveacute complexe et transformation concomitante des perceptions et connaissances de celles et ceux qui les pratiquent

Crsquoest pour nous avoir aideacutes agrave nous engager dans cette double transformation que nous tenions ici agrave te remercier Lucien Puisse ton formidable legs ecirctre compris et repris par des acteurs et politiques clairvoyants courageux et ambitieux

[1]Jean-Claude Quillet Hubert Charpentier Christian Abadie Sandrine Gallon amp Alain Coudrillier Noeumll amp Lydie Deneuville Bertrand et Patrick Aubeacutery hellipArticle publieacute sous une autre mise en page dans la revue TCS (Techniques Culturales Simplifieacutees) - laquo Agronomie Eacutecologie et Innovation - TCS Ndeg 108 Juin-Juillet-Aoucirct 2020 raquoArticle reacutedigeacute avec les sources de httpopen-libraryciradfr

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

40

Trimestrielle - Edition N

deg 10

SUCCESS STORIESJO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

Lrsquoapproche laquo paysan agrave paysan raquo par le projet MANITATRA II rocircles des Paysans Leaders (ou paysans relais)

TOKIHERINIONJA Tanjonarilesa Fernand Chef de ProjetRAKOTONDRAMANANA Directeur Exeacutecutif du GSDM

Contexte

Depuis le 20 juillet 2018 le GSDM assure la mise en œuvre du projet intituleacute laquo

MANITATRA II raquo Ce projet est financeacute par lrsquoUE par lrsquointermeacutediaire du COMESA dans le cadre du programme Global Climate Change Alliance Plus (GCCA+) des pays drsquoAfrique des Caraiumlbes et du Pacifique (Intra ACP) conformeacutement agrave lrsquoaccord de subvention NdegCC000418 signeacute par le COMESA et le GSDM Le projet est preacutevu pour couvrir une dureacutee de 3 ans

Lrsquoobjectif geacuteneacuteral du projet eacutetant de soutenir la mise agrave lrsquoeacutechelle de lrsquoAgriculture Climato-Intelligente (ACI) pour atteacutenuer les changements Climatiques et ameacuteliorer la seacutecuriteacute alimentaire agrave Madagascar Pour cela il cible la reacutegion de Vakinankaratra et couvre deux eacutecosystegravemes diffeacuterentes le Moyen-Ouest et les Hautes Terres en intervenant successivement au niveau de 07 et 10 Communes Rurales Et pour atteindre ces objectifs le projet a opteacute pour une approche de diffusion laquo paysan agrave paysan raquo Cette approche a eacuteteacute deacutejagrave testeacutee durant la peacuteriode du projet MANITATRA I (2014 -2015) dans les reacutegions du Vakinankaratra et du Sud - Est

Les paysans leaders (ou paysans relais) sont les pierres angulaires de lrsquoapproche de diffusion de paysan agrave paysan Ils ont eacuteteacute choisis et formeacutes par les techniciens du projet lrsquoeacutequipe du GSDM central et drsquoautres partenaires (Ceffel ADTRMAPDRA DRAEP Vakinankaratra) afin drsquoacqueacuterir les bagages neacutecessaires agrave la transmission des connaissances agro-eacutecologiques agrave leurs paires

Pourquoi cette eacutethodologie

La proximiteacute des paysans leaders avec les producteurs autour permet de corriger les limites de lrsquoapproche laquo technicien agrave paysan raquo qui ne garantit pas toujours une peacuterenniteacute des actions

initieacutees par les projets et qui coucircte nettement plus cher aux projets En effet le fait que les paysans leaders soient issus du lieu drsquointervention leur permet de parler le mecircme langage alors que les techniciens se heurtent geacuteneacuteralement aux barriegraveres des logiques paysannes qui peuvent ecirctre difficiles agrave percer Par ailleurs lrsquoapproche laquo paysan agrave paysan raquo preacutesente un coucirct nettement reacuteduit par rapport agrave lrsquoapproche laquo technicien agrave paysan raquo De plus les paysans leaders resteront toujours dans leur village une fois le projet termineacute Ainsi ils resteront des personnes ressources et continueront agrave donner des conseils aux paysans autour

Choix des paysans leaders

Lrsquoidentification des paysans leaders constituait la premiegravere mission de lrsquoeacutequipe au tout deacutebut du projet Crsquoest une eacutetape cruciale car un mauvais choix de paysan leader fait perdre beaucoup de temps au projet Un certain nombre de critegraveres a eacuteteacute mis en place afin de reacuteduire au maximum ce risquebull Ecirctre paysan de profession (agriculteur

eacuteleveur hellip)bull Possession drsquoune parcelle individuelle drsquoune

surface de 05 agrave 1ha deacutedieacutee agrave la pratique personnelle de lrsquoagro-eacutecologie

bull Ecirctre majeurbull Savoir compter lire et eacutecrirebull Ayant des expeacuteriences en matiegravere drsquoanimation

etou vulgarisation des techniques innovantesbull Ayant une sorte de leadership naturel aupregraves

des villageoisbull Habitant dans la zone drsquointervention du

projetbull De bonne reacuteputationbull Sans affiliation directe avec un parti politiquebull Non engageacute avec drsquoautres organismes

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

41

Trimestrielle - Edition N

deg 10

SUCCESS STORIES

Rocircle des paysans leaders et fonctionnement dun CEP

Les responsabiliteacutes des paysans leaders consistent agrave appuyer les techniciens dans le processus de diffusion de lrsquoagro-eacutecologie Ils doivent obligatoirement geacuterer au sein de leur exploitation un Champ Ecole Paysanne (CEP) individuel ougrave ils vont pratiquer les diffeacuterentes pratiques agro-eacutecologiques promues par le projet Les mises en place au niveau du CEP permet aux techniciens du projet de former et dassurer le recyclage des diverses pratiques agro-eacutecologiques Les formations des paysans leaders sont alors beaucoup plus pratiques que theacuteoriques Ce qui est plus approprieacutee pour ces paysans leaders Ils doivent pour ce faire appliquer rigoureusement les directives fournies par les techniciens Les paysans leaders assurent lrsquointeacutegraliteacute des charges lors des mises en place et entretiens des cultures au niveau du CEP que ce soit en intrants ou main drsquoœuvre Seules les semences de plantes de couvertures qui ne sont pas disponibles dans la zone que le projet leur fourni

Les CEP servent de lieu de formation et de visites eacutechanges organiseacutees par les paysans leaders pour leurs paires A la suite de ces sessions les paysans inteacuteresseacutes par une ou plusieurs pratiques agro-eacutecologiques au niveau des CEP seront accompagneacutes par les paysans leaders afin de les dupliquer au sein de leur exploitation respective Les paysans leaders couvrent geacuteneacuteralement une zone dans un rayon de cinq agrave dix kilomegravetres autour de leur lieu de reacutesidence soit trois agrave quatre fokontany en moyenne Ils sont agrave cet effet eacutequipeacutes drsquoune bicyclette comme moyen de locomotion et des bacircches de formation comme outils lors des seacuteances drsquoanimation Le projet leur dote aussi des bonbonnes et des pulveacuterisateurs leur permettant drsquoappliquer certaine techniques particuliegraveres comme la fabrication de compost liquide et les laquo ady gasy raquo

Engager les paysans leaders dans le processus de diffusion de lrsquoagro-eacutecologie ne signifie pas pour

autant les deacuterouter de leur vocation de paysan Ils ne sont pas des salarieacutes du projet Crsquoest drsquoailleurs pour cette raison que le GSDM a fixeacute par contrat une dureacutee effective de travail maximal de sept jours par mois Par contre le projet leur accorde une compensation journaliegravere de 10000Ar pour leurs interventions

Rocircles des techiciens

Pour MANITATRA II ce sont les paysans leaders qui assurent la diffusion des techniques agro-eacutecologiques promues par le projet Les techniciens jouent le rocircle de facilitateur afin que les paysans leaders puissent atteindre leurs objectifs Ainsi les techniciens encadrent techniquement les paysans leaders Ils ont dans ce sens la responsabiliteacute de faire des suivis des actions meneacutees par les paysans leaders et de les appuyer durant les seacuteances de conseil drsquoanimation et de formation Ils effectuent eacutegalement des appuis sur la mise en place des champs eacutecoles paysans (CEP) sur lesquels les riverains vont pouvoir appreacutecier les eacutetendues de lrsquoapplication des techniques appliqueacutes en agro-eacutecologie Les techniciens fixent les objectifs agrave atteindre selon les attentes du projet Pour MANITATRA II le ratio moyen est drsquoun technicien pour 7 paysans leaders encadreacutes

Perspectives pour les paysans leaders

Ces paysans leaders sont formeacutes reacuteguliegraverement sur diverses theacutematiques par le GSDM Cela afin qursquoils puissent assumer pleinement leurs responsabiliteacutes Lrsquoobjectif eacutetant qursquoils puissent agrave plus long terme devenir prestataire en tant que paysan formateur au niveau des entiteacutes qui auront besoin de leurs services agrave lrsquoinstar du FDA

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

42

Trimestrielle - Edition N

deg 10

SUCCESS STORIES

Laissons parler les paysans

Rindra Sandratriniaina Assitant Chef de projet RAKOTONDRAMANANA Directeur Exeacutecutif du GSDM

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Les reacutesultats obtenus de la deuxiegraveme anneacutee du projet MANITATRA II ont fournis des

enseignements conseacutequents quant aux techniques adopteacutees par les paysans et des inteacuterecircts que ces derniers avaient tireacute de ces adoptions Dans le moyen ouest comme sur la haute terre du Vakinankaratra la pratique du riz pluvial sur mulch de mucuna ont vraiment fait ses preuves Le riz pluvial associeacute au cajanus quoiqursquoen cours drsquoessais a deacutejagrave fourni des reacutesultats probants Les diffeacuterents niveaux drsquoameacutenagement coupleacutes avec les reboisements et la gestion des matiegraveres organiques sont tout autant de techniques que les quelques paysans des communes de Fidirana drsquoAntohobe et de Soavina vont nous deacutelivrer dans ce numeacutero 10 du journal de lrsquoagro-eacutecologie

Drsquoabord M Rakotomanantsoa Modeste drsquoAmbohibolakely de la commune rurale de Fidirana teacutemoigne de son inteacuterecirct quant agrave la pratique du riz pluvial sur mulch de mucuna

Avant cette pratique nous ne pouvions produire qursquoautour de 1tha pour le riz pluvial Actuellement le rendement peut aller jusqursquoagrave 5tha Le mucuna nrsquoagit pas seulement sur la restauration de la fertiliteacute du sol mais aussi sur le nettoyage des parcelles par rapport aux diffeacuterentes pestes veacutegeacutetales qui envahissaient nos parcelles Il srsquoest aveacutereacute que le mucuna permet aussi de lutter contre certains ravageurs de culture Pour nous loin fut le temps ougrave nous eacutetions frustreacutes de la plantation de cette leacutegumineuse non comestible qui accaparait nos surfaces cultivables car vu lrsquointeacuterecirct qursquoy portent le grand nombre la plantation de celle-ci nous engendre deacutesormais des revenus drsquoappoints

En outre je produits aussi du lombricomposte Lrsquoobjectif est toujours eacuteteacute de sevrer notre exploitation de lrsquoutilisation drsquoengrais chimique Avec lrsquoavegravenement des techniques de seacuteparations

de vers drsquoavec le composte la production nrsquoest plus peacutenible comme avant Il nous faut juste surveiller lrsquohumiditeacute la tempeacuterature lrsquoeacutetat du lombricomposteur et enfin veiller agrave ce que les lombrics aient toujours du preacutecomposte precirct agrave lrsquoemploi Je lrsquoutilise surtout dans la production de riz pluvial le maiumls et la production de plants drsquoarbre en peacutepiniegravere ou ccedila mrsquoa permis non seulement de produire des beaux plants mais aussi de beaucoup reacuteduire lrsquoinvasion des ravageurs

Ensuite Razafindrakoto Edouard drsquoAmbohibolakely de la commune de Fidirana stipule que parmi toutes les techniques vulgariseacutees par le GSDM agrave travers le projet MANITATRA II la plantation de mucuna et celle qui apporte le plus drsquointeacuterecircts

Quand je nrsquoavais utiliseacute que des fumiers de parc les fano (heteronicus) et ses vers blancs ont causeacute beaucoup de deacutegacirct sur mes riz et mes maiumls Actuellement en combinant mulch de mucuna et utilisation du lombricomposte nous avons pu doubler notre production Elle permet en effet drsquoeacuteliminer les menaces dues aux attaques des ravageurs de culture et entretien la fertiliteacute du sol

De son cocircteacute Rakotoarijaona Alfred affirme que donner lrsquoexemple sur ses habitudes culturales mis en pratique au niveau de son champ eacutecole paysan (CEP) fait partie de son quotidien de paysan leader (PL)

Il propose entre autre lrsquoameacutenagement en courbe de niveau des parcelles en pente et les techniques de fabrication des diffeacuterents types de compost

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

43

Trimestrielle - Edition N

deg 10

SUCCESS STORIESJO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

comme moyen de gestion durable du sol Lrsquoassociation du riz pluvial avec le cajanus lui a donneacute un excellent reacutesultat Semeacute au moment de la montaison le cajanus associeacute au riz pluvial nrsquoa manifesteacute aucune sorte de concurrence Il ne se ramifie qursquoapregraves la reacutecolte du riz Durant lrsquointersaison il se deacuteveloppent de maniegravere agrave couvrir les parcelles et les preacuteservent des invasions drsquoadventices Le cajanus est connu pour son travail naturel du sol et une production de biomasse pouvant servir au compostage En fin de cycle il fournit aussi drsquoeacutenorme quantiteacute bois pour les cuissons

Pour M Ralaisa Pierre Solofoniaina lrsquoapplication de lrsquoagriculture de conservation a permis de mieux geacuterer ses parcelles surtout vis-agrave-vis des pheacutenomegravenes drsquoeacuterosion

Jrsquoavais mis en place des courbes de niveau sur mes parcelles puis jrsquoai installeacute de couverture veacutegeacutetale comme le mucuna Depuis je ne travaille plus mes terres et les sarclages sont deacutesormais moins contraignants Je me suis eacutegalement aperccedilu que les effets du striga se sont beaucoup amoindris Comme reacutesultats si avant pour le riz pluvial nous ne pouvons obtenir qursquoenviron 1tha maintenant nous arrivons agrave produire 40kg de paddy par are soit dans les 4tha Jrsquoai entrepris ces travaux car je vise surtout lrsquoavenir de mes enfants Je dois ecirctre en mesure de leur leacuteguer de la bonne terre) raquo

Rabemanantsoa Gilbert drsquoAnkily du Fokontany drsquoAntampondravola un alevineur professionnel avait beacuteneacuteficieacute des appuis sur la protection des bassins versants autour de ses bassins piscicoles

Les appuis du projet MANITATRA II mrsquoa permis de mettre agrave jour mes techniques drsquoalevinage Mais le plus important eacutetait ces ameacutenagements

des versants autour de mes bassins piscicoles Nous nous y sommes mis pour combattre le fleacuteau drsquoeacuterosion qui agrave chaque peacuteriode de pluie menacent drsquoensabler nos bassins Les versants ameacutenageacutes sont actuellement stabiliseacutes avec des haies vives de cajanus renforceacutes avec du brachiaria et diverses plantes de couverture

Depuis longtemps je pratique aussi le lombricompostage Il mrsquoa permis de reacuteduire lrsquoutilisation des produits chimiques et surtout drsquoalleacuteger les peines relatives au transport vers les parcelles Quand la population de lombrics augmente il mrsquoarrive de les reacuteguler en preacutelevant une certaine quantiteacute pour nourrir mes poissons

Du cocircteacute de la commune drsquoAntohobe Mme Rafanjanirina Jeanne Philomegravene a entrepris la restauration de la fertiliteacute de ses parcelles apregraves quelque heacutesitation

Il y a 2 ans le technicien du projet Manitatra travaillant dans notre commune nous a animeacute sur les techniques de restauration de la fertiliteacute du sol Au deacutebut je nrsquoeacutetais pas vraiment convaincue du bien-fondeacute de ces techniques mais apregraves avoir assisteacute agrave une visite eacutechange au niveau du site drsquoIvory et apregraves avoir constateacute la reacuteussite de mon fregravere sur le reboisement jrsquoai deacutecideacute de mrsquoy mettre Nous avons adopteacute le lombricompostage et la fabrication de biopesticide Reacutecemment nous avons constateacute que lrsquoassociation de mucuna avec le maiumls permet de proteacuteger ces derniers contre les attaques de chenilles

Avant nous avons comme habitude drsquoutiliser du cendre du riz pluvial et nous nrsquoavons pu obtenir que 240kg de paddy par are Apregraves lrsquoutilisation du lombricompost la mecircme surface nous a donneacute 320kg agrave 400kg Sur la production de tomate avant nous ne pouvons faire que 4 reacutecoltes maintenant avec le lombricompost ccedila peut aller jusqursquoagrave 6 voire 7 reacutecoltes

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

44

Trimestrielle - Edition N

deg 10

SUCCESS STORIESJO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

A Soavina Rasoanindrina Wivine eacutetait pris drsquoeacutetau par une grande parcelle qursquoelle avait preacutevu drsquoabandonner car elle ne lui permettait plus de produire grand-chose

En effet ladite parcelle eacutetait non seulement deacutegradeacute mais eacutetait aussi envahi par le striga et le kidoronrsquoalika (Acantospermum austral) A la suite drsquoune reacuteunion de sensibilisation organiseacutee par le technicien posteacute agrave Soavina jrsquoavais deacutecideacute drsquoy planter du mucuna et du Stylosanthes associeacute avec un peu de maiumls et du riz pluvial Degraves la premiegravere anneacutee une ameacutelioration du rendement en riz srsquoeacutetait fait ressentir A la

deuxiegraveme anneacutee malgreacute la seacutecheresse le riz eacutetait drsquoune tregraves bonne veacutegeacutetation mais lrsquoinsuffisance de pluie au moment de la floraison dans notre reacutegion ne nous a pas permis drsquoobtenir des graines

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

45

Trimestrielle - Edition N

deg 10

ACTUALITES

Dans le cadre du Projet MANITATRA II sur financement du COMESAUnion

Europeacuteenne (11egraveme FED agrave destination des pays ACP dans le cadre de lrsquoAlliance Mondiale pour le Climat) le GSDM srsquoest lanceacute dans la production et la reacutealisation drsquoun film drsquoanimation 3D sur la base de son livret ludique un guide de formation conccedilu pour lrsquoapprentissage de lrsquoAgro-eacutecologie et de lrsquoeacuteducation environnementale en milieu scolaire Lrsquoobjectif eacutetant de renforcer la promotion de lrsquoAgriculture Climato-Intelligente au niveau national et drsquoappuyer la prise en compte de lrsquoAgro-eacutecologie dans les politiques publiques et les projetsprogrammes Dans ce sens ce film drsquoanimation 3D constitue un outil de plaidoyer mais eacutegalement un support de formation drsquoanimationsensibilisation

Lrsquoideacutee drsquointeacutegrer lrsquoAgro-eacutecologie dans tous types de formation essentiellement dans lrsquoenseignement de base agrave Madagascar a eacuteteacute eacutevoqueacutee depuis bien des anneacutees lors des diffeacuterents ateliers et eacutevegravenements

organiseacutes par le GSDM Cette reacuteflexion a eacuteteacute soutenue aussi bien par lrsquoAdministration que par les partenaires techniques et financiers mais eacutegalement par les diffeacuterents acteurs de deacuteveloppement impliqueacutes œuvrant dans le secteur du deacuteveloppement durable

Lrsquointeacutegration de lrsquoAgro-eacutecologie en milieu scolaire a eacuteteacute initieacutee par le GSDM en 2017 au travers du projet PAPAM sur financement de lrsquoAFD Il eacutetait preacutevu de seacutelectionner 6 eacutetablissements publics etou priveacutes de niveau collegravege dans la reacutegion du Vakinankaratra Au travers des activiteacutes parascolaires lrsquoideacutee eacutetait de former des enseignants pour assurer le transfert de connaissances aux eacutelegraveves de 6egraveme et 5egraveme Avec les acquis de WWF membre du GSDM et la collaboration de lrsquoOEMC aupregraves du Ministegravere de lrsquoEducation Nationale de lrsquoEnseignement Technique et Professionnel un document de concept note a eacuteteacute eacutelaboreacute pour la mise en œuvre drsquoune phase pilote De la

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Un film drsquoanimation 3D sur lrsquointeacutegration de lrsquoAgro-eacutecologie en milieu scolaire pour la vulgarisation de lrsquoAgro-eacutecologie au niveau national

LrsquoEducation agrave lrsquoinverse une maniegravere de diffuser lrsquoAgro-eacutecologiehelliphelliplrsquoAgro-eacutecologie pour les geacuteneacuterations futures

Equipe GSDM

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

46

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

mission de diagnostic visant lrsquoidentification des eacutetablissements beacuteneacuteficiaires aux missions de formation de conception de supports et de

suivi les eacutetapes de la mise en œuvre ont eacuteteacute reacutealiseacutees sous lrsquoeacutegide de la Direction Reacutegionale de lrsquoAgriculture de lrsquoElevage et de la Pecircche et de la Direction Reacutegionale de

lrsquoEducation Nationale de lrsquoEnseignement Technique et Professionnel Un atelier bilan a eacuteteacute organiseacute agrave la fin de lrsquoanneacutee scolaire 2017-2018 pour eacutevaluer et mesurer les impacts de ce

mode laquo drsquoeacuteducation agrave lrsquoinverse raquo ougrave les enfants forment leurs parents pour un changement de paradigme

Le succegraves de la phase pilote a tout particuliegraverement susciteacute lrsquoattention de nombreux partenaires techniques et financiers souhaitant investir dans lrsquoeacuteducation des jeunes dans le cadre du deacuteveloppement durable Une extension des activiteacutes a eacuteteacute ainsi programmeacutee au travers du projet MANITATRA II sur financement du COMESAUnion Europeacuteenne pour 3 anneacutees scolaires conseacutecutives 20182019 - 20192020 et 20202021 Six (6) nouveaux eacutetablissements ont eacuteteacute seacutelectionneacutes selon les critegraveres du projet Pour la peacuterennisation des actions le projet MANITATRA II a maintenu lrsquoappui technique au niveau des eacutecoles PAPAM A lrsquoissu de lrsquoatelier bilan organiseacute agrave la fin de lrsquoanneacutee scolaire 2018-2019 la sollicitation du GIZProSol sur financement de la Coopeacuteration Allemande a emmeneacute agrave lrsquoextension des activiteacutes au profit de 8 nouveaux eacutetablissements dans la Reacutegion Boeny

Les beacuteneacuteficiaires directes sont actuellement au nombre de 3897 eacutelegraveves reacutepartis au niveau de 20 eacutetablissements dont 3 047 dans la reacutegion de Vakinankaratra et 850 dans la reacutegion

Boeny Cette eacuteducation agrave lrsquoinverse touche eacutegalement les parents le corps eacuteducatif les paysans aux alentours mais aussi les acteurs de deacuteveloppement et les deacutecideurs

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

47

Trimestrielle - Edition N

deg 10

AGRO-ECOLOGIE EN PHOTOJO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

Le Comiteacute de pilotage du Projet MANITATRA II sest reacuteuni pour la 2egraveme fois le 24 septembre

2020 pour lexamen du rapport dactiviteacute de lanneacutee 2 et de la programmation des activiteacutes de lanneacutee 3

Ont reacutepondu preacutesent le DGA du MAEP en sa qualiteacute de Peacutersident du Comiteacute le PCA du GSDM le Vice-Preacutesident

du CA du GSDM le Directeur du Deacuteveloppement Reacutegional du Vakinankaratra le DRAEP Vakinankaratra le DREDD Vakinankaratra et le Repreacutesentant du MEDD par le biais de son Conseiller Technique

Reacuteunion du comiteacute de Pilotage du projet Manitatra II le 24 Septembre 2020

Les journeacutees Agro-eacutecologiques du Vakinankaratra se sont tenues les 19 et 20 mars 2020 Ces

2 journeacutees ont eacuteteacute consacreacutees pour le partage des acquis et expeacuteriences en Agro-eacutecologie face au deacutefis du changement climatique et de linseacutecuriteacute alimentaire On a vu la participation de lAdministration au travers du Ministegravere de lAgriculture de lElevage et de la Pecircche du Ministegravere de lEnvironnement et du Deacuteveloppement Durable du Ministegravere de lEducation Nationale de la Direction de la meacuteteacuteorologie des autoriteacutes locales des partenaires techniques et financiers des beacuteneacuteficiaires et des journalistes

La premiegravere journeacutee a eacuteteacute deacutedieacutee agrave la visite des reacutealisations en Agro-eacutecologie suivie dun atelier de restitution le 2egraveme jour Tant sur le terrain quau travers des teacutemoignages en salle lactiviteacute lieacutee agrave linteacutegration de lAgro-eacutecologie en milieu scolaire a succiteacute lattention des participants Cette mode deacuteducation agrave linverse ougrave les enfants forment leurs parents a tout particuliegraverement toucheacute de nombreux meacutenages Desormais les parents souhaitent ecirctre formeacutes sur diffeacuterents theacutematiques en Agro-eacutecologie tels que le compsotage lAgriculture de conservation et lAgroforesterie

Objectif atteint pour le GSDM la reacuteussite de cet eacutevenement est ducirc agrave la participation active des diffeacuterents intervenants En vue dune agriculture durable la peacutereacutenisation des acquis et limportance de la prise en compte de lAgro-eacutecologie dans les politiques publiques a eacuteteacute souleveacutee et approuveacutee

Journeacutees Agro-eacutecologiques du Vakinankaratra les 19 et 20 mars 2020

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

48

Trimestrielle - Edition N

deg 10

Deacutecembre2020

Octobre 2020

Septembre 2020

Novembre 2020

Ont participeacute agrave ce numeacutero bull Mireille RAZAKA - Responsable Communication du GSDMbull Vololoniraisana RANDRIAMIARANA - Agronome du GSDMbull Martin RANDRIAMITANTSOA - Consultant Agronome du GSDMbull Tahina RAHARISON - Consultant Agronome Socio-eacuteconomiste du GSDMbull TOKIHERINIONJA Tanjonarilesa Fernand - Chef de Projet MANITATRA IIbull RAKOTONDRAMANANA - Directeur Exeacutecutif du GSDM

Rubrique laquoLAgro-eacutecologie au niveau nationalraquo WWH - DURRELL - CEFFEL membre du GSDM - GIZProSol Partenaire Technique et FinancierRubrique laquoDossierraquo Collegravegues rapprocheacutes de Lucien SEGUYRubrique laquoRechercheraquo FOFIFA - Dp SPAD - Partenaires techniques Rubrique laquoSuccess Storiesraquo GSDM Vakinankaratra (MANITATRA II)Entiteacute de validation Comiteacute de lecture les membres du GSDM GSDM Copyrigth septembre2020

Site WebFacebook YoutubeRoute drsquoAmbohipo

Lot VA 26 Y AmbatorokaBP 6039 Ambanidia Antananarivo 101 Madagascar

Teacutel (+261) 20 22 276 27

CALENDRIER DIVERS CONTACTS

Site WebFacebook

Teacutel (261 20) 22 200 46 agrave 48Fax (261 20) 22 347 94

afdantananarivoafdfr

23 rue RazanakombanaAmbohijatovo BP 557

AntananarivoMADAGASCAR

Pour de plus amples informations etou pour toutes ameacuteliorations contacter nous au

Ce journal a eacuteteacute financeacute au deacutepart par lrsquoAFD (projet PAPAM) et par le COMESAUE (projet MANITATRA 2) agrave partir de leacutedition Ndeg8

Les membres du GSDM

Direacutecteur Exeacutecutif gsdmdemoovmgResponsable communication razakamireilleyahoofr

Evegravenements

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

- Mission de suivi Alaotra - Mission de suivi Sud-Est- Mission drsquoevaluation et bilan de campagne ATASEF - Formation des techniciens des ONGencadreacutes par ECO-CONSULT - GIZProSol

- Preacutesentation officielle du film drsquoanimation 3D Ny Fambolena maharitraho anny taranaka mifandimby- Atelier bilan eacutecole Manitatra II- Expertise OSDRM dans la Diana

Directeur de publication RAKOTONDRAMANANA DL imprimeur Ndeg - Editeacute en 140 exemplaires

Facebook Site Web

- Atelier recherche et deacuteveloppement - Emission FIVOHY sur la RNM tous les 3egraveme samedis du mois de 08h15 agrave 08h30 du matin

- Campagne culturale grande saison- Journeacutees Agro-eacutecologiques du Sud-Est

Open library

  • Signet 1
Page 3: Edito - gsdm-mg.org

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

3

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IELrsquoAGRO-ECOLOGIE

AU NIVEAU NATIONALDes perspectives drsquoameacuteliorationshellip

En 2020 elle a deacutecideacute drsquoutiliser un fucirct plastique de 150 l pour avoir plus de compost liquideady gasy Bien que ce ne soit pas encore assez pour son exploitation Lrsquoutilisation de produit insecticide pour les cultures diminue et se tend vers 0 Elle utilise aussi ces intrants agroeacutecologiques sur drsquoautres cultures comme lrsquoail lrsquooignon et la production de semences Elle a obtenu des bons bouquets de fleurs drsquooignon sur les parcelles traiteacutees avec le compost liquide par rapport aux parcelles conduites de faccedilon conventionnelle

Reacuteduction drsquoengrais chimiquehellip

La quantiteacute drsquoengrais chimiques qursquoelle utilise pour la production de tomates dont 5 apports durant le cycle de culture et agrave raison de 3 agrave 4 kgare NPK et 1 kgare Ureacutee agrave chaque apport engagent beaucoup de charges Tafitasoa et sa famille commencent agrave essayer plusieurs alternatives comme lrsquoutilisation de Biochar (fabriqueacute agrave partir de balle de riz facilement accessible agrave Betafo surtout hors saison de fabrication de briques) des engrais verts (principalement agrave base de tithonia tregraves reacutepandu dans la zone) sans parler des composts classiques et du lombricomposthellipA suivrehellip

bull Vovonanrsquony Fikambananrsquony Tantsaha eto Vankinankaratra bull FIkambana FAmpivoarana ny TAntsaha

Tomate produite avec compost liquide et ady gasy

Tomate produite sur la parcelle conventionnelle (avec des traces drsquoattaque

des insectes)

Les produits sur la parcelle traiteacutee avec du compost liquideady gasy

Fabrication de compost liquide dans un fucirct plastique

et bidon jaune 20 l

Tafitasoa et sa famille devant sa parcelle de production de

semence drsquooignon

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

4

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IELrsquoAGRO-ECOLOGIE

AU NIVEAU NATIONALIntroduction de lrsquoinnovation agro-eacutecologie pour ameacuteliorer la seacutecuriteacute

alimentaire et la nutrition des communauteacutes villageoises aux alentours de la Nouvelle Aire Proteacutegeacutee drsquoAlaotra

Hanitra RAKOTOJAONA Brinah RAZAFIHARIMIANDO - DURRELL

Durrell Madagascar travaille aux alentours de la Nouvelle Aire Proteacutegeacutee drsquoAlaotra (NAP Alaotra) pour assurer la preacuteservation de lrsquoespegravece de leacutemurien endeacutemique de la zone qui est le Bandro (Hapalemur

alaotrensis) ainsi que son habitat naturel Etant le promoteur de lrsquoAire Proteacutegeacutee (AP) drsquoAlaotra Durrell collabore eacutetroitement avec les communauteacutes locales pour promouvoir la bonne gestion de lrsquoaire proteacutegeacutee de ses biodiversiteacutes et de ses ressources naturelles

Diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques sont eacutegalement mises en œuvre dont les principaux objectifs sont de pouvoir reacuteduire les menaces et les pressions sur les ressources naturelles et la biodiversiteacute mais aussi drsquoameacuteliorer les conditions de vie et le bien-ecirctre de la population rurale deacutependante de ces ressources naturelles

A cet effet le projet laquo Enabling Change raquo financeacute par Jersey Overseas Aid est mis en œuvre dans quelques villages aux alentours de la NAP Alaotra pour ameacuteliorer la seacutecuriteacute alimentaire la nutrition et les revenus de meacutenages agrave travers des activiteacutes de productions agricoles respectueuses de lrsquoenvironnement Des pratiques culturales durables et reacutesilientes au changement climatique (Agriculture Climato-Intelligente Agriculture de Conservation) ont eacuteteacute identifieacutees et promues par le projet autour de 5 villages speacutecifiques La diffusion de ces techniques se fait agrave travers les champs eacutecoles paysans (CEP) pour permettre aux paysans drsquoobserver drsquoapprendre ensemble les techniques et par la suite de pouvoir les pratiquer dans leur propre parcelle

Vingt six (26) champs eacutecoles paysans (carte ci-dessous) engageant 270 paysans beacuteneacuteficiaires ont eacuteteacute mis en place durant la grande saison agricole de 2019-2020 Les producteurs ont eacuteteacute formeacutes sur les principes de base en agro-eacutecologie et en agriculture climato-intelligente telles que lrsquoassociation et la rotation culturale lrsquoutilisation drsquoengrais verts le compostage et la lutte biologique (ady gasy)

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

5

Trimestrielle - Edition N

deg 10

LrsquoAGRO-ECOLOGIE AU NIVEAU NATIONAL

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

6

Trimestrielle - Edition N

deg 10

LrsquoAGRO-ECOLOGIE AU NIVEAU NATIONAL

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Suivant les toposequences les quelques techniques promues et adopteacutees sont

1 Bas de pente

Photo 1 Association maiumls et nieacutebeacute cv David EPP Ambodivoaracommune Ambohitsilaozana

Photo 2 Association de maiumls et haricot dans le fokontany Andreba Gare commune Ambatosoratra

Photo 3 Association de maiumls et arachide dans le fokontany Anororo

commune Anororo

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

7

Trimestrielle - Edition N

deg 10

LrsquoAGRO-ECOLOGIE AU NIVEAU NATIONAL

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

2 Bas-fonds

Photo 4 Riz pluvial sous paillage de Stylosanthes dans le fokontany Andilana Sud commune Amparafaravola

Photo 5 Patate douce agrave chaire orange dans le fokontany

Ambodivoara commune Ambohitsilaozana

Photo 5 Association arachide + Cajanus Andilana sud

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

8

Trimestrielle - Edition N

deg 10

LrsquoAGRO-ECOLOGIE AU NIVEAU NATIONAL

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIEPar ailleurs ces pratiques culturales reacutesilientes au changement climatique ont eacuteteacute deacutemontreacutees au

niveau des parcelles des eacutecoles primaires publiques dans le but drsquoameacuteliorer la nutrition scolaire des eacutelegraveves et de sensibiliser les eacutecoliers et leurs parents sur le systegraveme

Enfin des eacutechanges entre les producteurs dans les groupements CEP seront ulteacuterieurement organiseacutes pour ameacuteliorer le mode de gestion du sol Ceci permettra de limiter la deacutegradation des sols et des couverts veacutegeacutetaux Le projet continuera aussi agrave identifier et agrave promouvoir les innovations adapteacutees aux reacutealiteacutes sociales et eacuteconomiques afin dassurer lefficaciteacute de ces pratiques agro-eacutecologiques autour de la NAP Alaotra

Photo 7 Rotation Riz (Riziculture agrave mauvaise maitrise drsquoeau) avec de la

vesce dans le fokontany Andilana Sud commune Amparafaravola

Photo 8 Systegraveme de riziculture ameacutelioreacute en rotation avec du haricot en contre saison sous paillage dans

le fokontany de Antsapananefatra commune Ambatomainty

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

9

Trimestrielle - Edition N

deg 10

LrsquoAGRO-ECOLOGIE AU NIVEAU NATIONAL

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Intensification des techniques agro-eacutecologiques et de restauration de la fertiliteacute de sol par lrsquoapproche terroir dans les reacutegions Anosy

et Atsimo Atsinanana

Jocelyn RAVELOSON Angola RANDRIANANTOANDRO - WHH Madagascar

laquo Un monde dans lequel tous les peuples peuvent exercer leur droit agrave mener une vie autodeacutetermineacutee dans la digniteacute et la justice agrave labri de la faim et de la pauvreteacute raquo telle est la vision globale de Welthungerhilfe (WHH) La reacutealisation de cet objectif deacutepend neacuteanmoins des facteurs environnementaux favorables dont la disponibiliteacute des moyens de production adeacutequats et leur accessibiliteacute par chaque meacutenage

Dans les Reacutegions Anosy et Atsimo Atsinanana notamment des districts de Taolagnaro Vangaindrano Farafangana et Vondrozo WHH travaille en eacutetroite collaboration avec des ONG nationales telles que Action Intercoopeacuteration Madagascar (AIM) et FIANTSO Madagascar pour donner des appuis aux paysans dans la lutte contre la pauvreteacute agrave travers lrsquoameacutelioration du fonctionnement de leur systegraveme de production Il srsquoagit entre-autre des deux grands programmes de renforcement de la seacutecuriteacute alimentaire et nutritionnelle durable SILVER (Renforcement des revenus et des moyens drsquoexistence des meacutenages vulneacuterables dans le Sud-Est) et AFAFI Sud (Appui au Financement de lAgriculture et aux Filiegraveres Inclusives dans le Sud et Le Sud-Est de Madagascar) Ces programmes sont financeacutes respectivement par la Coopeacuteration Allemande (BMZ) et lrsquoUnion Europeacuteenne (UE) agrave hauteur totale de 8 689 109 EUR SILVER srsquoeacutetale de novembre 2019 agrave avril 2022 tandis que le programme AFAFI Sud de janvier 2020 jusqursquoen avril 2024 Le nombre de beacuteneacuteficiaires finaux est estimeacute agrave pregraves de 608 000 individus dont 60 hommes et 40 femmes

Lrsquoapproche terroir pour une meilleure concentration des efforts au niveau des beacuteneacuteficiaires cibleacutes

En matiegravere de vulgarisation agricole les interventions consistent agrave diffuser des techniques ameacutelioreacutees adapteacutees aux groupes cibles et agrave leurs

contraintes pour leur permettre drsquoaugmenter leurs revenus La diffusion du systegravemes de culture eacuteconomes en intrants face au faible pouvoir drsquoachat des paysans aussi bien pour les cultures pluviales sur pente qursquoau niveau des peacuterimegravetres irrigueacutes et au bas fond revalorisation des connaissances et savoir-faire des paysans en matiegravere de techniques agro-eacutecologiques pour un meilleure rendement en quantiteacute et qualiteacute de production appui cibleacute des femmes marieacutees et megraveres ceacutelibataires agrave lrsquoeacutelevage avicole pisciculture ou apiculture et enfin de deacuteveloppement de capaciteacutes drsquoinvestissement dans des activiteacutes geacuteneacuteratrices de revenus gracircce agrave lrsquoappui aux Associations Villageoises drsquoEpargne et de Creacutedit Auto-geacutereacutes (AVECA)

La mise en œuvre des activiteacutes au niveau de chaque site terroir preacutedeacutetermineacute se complegravete et est meneacutee systeacutematiquement de maniegravere participative en incluant les autoriteacutes locales lrsquoorganisation des producteurs les hommes femmes et jeunes agriculteurs La creacuteation de Centre drsquoAccueil des Enfants et des Megraveres (CAEM) par chef-lieu de fokontany contribue agrave lrsquoenseignement des megraveres voire des parents agrave faire le lien entre utilisation adeacutequate des produits agricoles seacutelectionneacutes pour lrsquoalimentation et lrsquoeacutepanouissement de la santeacute nutritionnelle de tous les membres du meacutenage Lrsquoaccompagnement des associations communautaires aux actions de reboisement mais aussi lrsquoameacutenagement de pistes rurales de points drsquoeau potable et de peacuterimegravetres agricoles assure la viabiliteacute des activiteacutes de production agricole Les opeacuterateurs eacuteconomiques de proximiteacute y sont aussi appeleacutes et soutenus pour le deacuteveloppement des filiegraveres de niche marquant chaque district et commune le gingembre le curcuma la cannelle le cafeacute la baie rose lrsquoapiculture la pisciculture etc

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

10

Trimestrielle - Edition N

deg 10

LrsquoAGRO-ECOLOGIE AU NIVEAU NATIONAL

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Accompagnement de la communauteacute agrave la restauration de la fertiliteacute du bassin versant

De faccedilon participative les eacutequipes drsquointervention deacutefinissent des reacutefeacuterentiels techniques pertinents susceptibles drsquoecirctre diffuseacutes aupregraves de la population cible sur la base du diagnostic foncier du site-terroir et de la typologie de leurs systegravemes drsquoexploitation Pour ce faire et pour assurer par la suite leur large diffusion il est preacutevu pour ces programmes de renforcer de faccedilon tregraves pratique et concregravete les paysans relais aux concepts agronomiques fondamentaux afin de compleacuteter leur savoir et expeacuteriences en matiegravere de fertiliteacute des sols lrsquoimportance de la matiegravere organique pour le sol et les plantes et le cycle des mineacuteraux Le champs-eacutecole constitue le moyen le plus efficace pour assurer lrsquoenseignement pratique et lrsquoattraction des intentions des masses paysannes Les techniciens organisent peacuteriodiquement

des eacutevegravenements drsquoeacutechanges laquo formaliseacutes raquo sous forme de visite de la parcelle par les producteurs villageois agrave des peacuteriodes et moments cleacutes de lrsquoitineacuteraire technique

Dans lrsquoobjectif de proteacuteger par la suite ces sols et garantir la conservation peacuterenne des bassins versants les deux programmes SILVER et AFAFI Sud accompagnent les Communes et le Service Technique Deacutecentraliseacute de lrsquoEnvironnement dans la planification participative du reboisement au niveau des terroirs Afin de rendre disponible les jeunes plants sur place des actions de diffusion aupregraves des villageois des techniques de confection de peacutepiniegraveres et des peacutepiniegravere eacutecole paysanne ndash au mecircme titre que les champs eacutecoles paysans ndash sont preacutevus pour les deux premiegraveres anneacutees de travaux

Formation des femmes sur les cultures maraichegraveres et lrsquoarboriculture fruitiegravere

Fabrice LHERITEAU Chef drsquoeacutequipe ProSol Boeny

Le projet global Prosol est un projet de la Coopeacuteration allemande commissionneacute dans

le cadre de lrsquoinitiative laquo Un seul monde sans faim raquo par le Ministegravere de la Coopeacuteration Economique et du deacuteveloppement allemand Il est mis en œuvre dans huit pays diffeacuterents dont Madagascar ougrave la reacutegion drsquointervention est Boeny

Dans la mise en œuvre des activiteacutes de protection et reacutehabilitation des sols dans la reacutegion Boeny le ProSol Madagascar place les communauteacutes de producteurs au cœur de son approche en insistant sur la valorisation des activiteacutes speacutecifiques aux femmes Le projet dispose mecircme drsquoun indicateur speacutecifique pour le comptage de ces reacutealisations au niveau des meacutenages orienteacute sur lrsquoameacutelioration des conditions de vie des femmes

Or dans la reacutegion Boeny au Nord-Ouest de Madagascar la seule activiteacute agricole qui peut ecirctre pratiqueacutee sur la plupart des terres durant la

saison segraveche qui commence vers le mois drsquoavril et finit en octobre est le maraichage Cette activiteacute est souvent pratiqueacutee par les femmes et est essentielle pour lrsquoeacuteconomie des meacutenages puisquen son absence les familles doivent se deacuteplacer pour trouver un emploi ou encore srsquoadonner agrave la fabrication de charbon de bois malheureusement sans toujours respecter les regravegles en vigueur pour proteacuteger lrsquoenvironnement

Par conseacutequent dans les communes drsquointerventions de ProSol les demandes eacutemanant des femmes mettent en avant des besoins en termes de renforcement de capaciteacute sur les activiteacutes de maraichage et de plantation drsquoarbre fruitier Pour reacutepondre agrave ce besoin ProSol a octroyeacute une formation sur les cultures maraichegraveres et lrsquoarboriculture fruitiegravere en collaboration avec CEFFEL Puis des formations en cascades ont eacuteteacute organiseacutees par les ONG partenaires de ProSol sur le terrain A lrsquoissue des seacuteries de formations

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

11

Trimestrielle - Edition N

deg 10

LrsquoAGRO-ECOLOGIE AU NIVEAU NATIONAL

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

373 femmes ont eacuteteacute formeacutees agrave la culture drsquoune large gamme de leacutegumes et ont pu obtenir agrave la fois des semences et quelques petits eacutequipements pour les aider agrave se lancer dans le maraichage ou se perfectionner Un manuel de formation pratique et adapteacutes aux communauteacutes agriculteurs sur la plantation des arbres fruitiers a eacutegalement eacuteteacute eacutelaboreacute pour ecirctre utiliseacute agrave large diffusion et reacutepandre encore davantage les bonnes pratiques

La principale innovation diffuseacutee lors de ces formations a eacuteteacute de proposer un large ensemble de traitements biologiques reacutealisables agrave partir des produits locaux Habituellement les paysans encourageacutes par les commerccedilants de produits phytosanitaires utilisaient les traitements chimiques Les effets sur lrsquoenvironnement et les sols eacutetaient tregraves neacutegatifs mais les meacutethodes traditionnelles eacutetant jugeacutees inefficaces les paysans faisaient le choix du pragmatisme

Mais apregraves la formation certaines femmes ont pu concevoir leurs propres remegravedes et obtenir des reacutesultats concluants en combinant diverses solutions Crsquoest le cas notamment de madame RAZAFINDRAFARA Mampiandra Marie megravere de famille drsquoune cinquantaine drsquoanneacutee de la commune drsquoAnkijabe qui fabrique du ady-gasy

pour proteacuteger les cultures et du compost agrave base de feuilles drsquoacacia de feuilles de neem et de bemaimbo pour les fertiliser Elle se montre tregraves satisfaite des reacutesultats obtenus et teacutemoigne

laquo Le reacutesultat est maintenant vraiment diffeacuterent de ce que jrsquoai obtenu auparavant Les leacutegumes agrave feuilles verdissent bien et elles ont une bonne taille Le fait de voir mes leacutegumes qui poussent bien me motive chaque jour agrave bien entretenir mes maraicircchages et en faire encore davantage Pour mon cas jrsquoai multiplieacute par trois la surface de mes terres pour le maraicircchage et elle comprend actuellement 30 plates-bandes raquo

Lrsquoagrandissement des parcelles de maraichage et la vente de la reacutecolte de carottes salade morelle et oignons sur le marcheacute pour de bons prix a eacutegalement permis agrave Mme RAZAFINDRAFARA de commencer une petite eacutepargne et de srsquoacheter un nouveau teacuteleacutephone

Le projet ProSol souhaite en collaboration avec ses partenaires poursuivre ses activiteacutes de formation sur le maraicircchage et lrsquoutilisation de compost par les paysans afin de promouvoir une source de revenu respectueuse des sols et contribuant agrave restaurer leur fertiliteacute Pour toutes informations compleacutementaires nrsquoheacutesitez pas agrave vous adresser agrave Tahiry Rarivonandrasana (TahiryRARIVONANDRASANAeco-consultcom)

Illustration Mme RAZAFINDRAFARA preacutepare

de lrsquoady gasy pour ses cultures

La recette du compost de Mme RAZAFINDRAFARA

laquo Pour preacuteparer le compost je meacutelange un volume de bouse de vache fraicircche avec deux volumes de feuilles drsquoacacia de feuilles de neem et de bemaimbo Les feuilles doivent ecirctre entrecoupeacutees et lrsquoensemble devra agrave peu pregraves avoir le tiers de la contenance drsquoun fut de 200 litres Il faut ajouter ensuite de lrsquoeau jusqursquoagrave ce que le fut soit plein La preacuteparation est agrave meacutelanger tous les 2 jours et le compost liquide peut ecirctre utiliseacute apregraves 7 jours de fermentation Jrsquoai apporteacute le compost liquide agrave mes maraicircchages une agrave deux fois par

semaine raquo

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

12

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Reacutesumeacute

La croissance deacutemographique affecte le secteur eacutelevage qui doit aujourdhui assurer le triple de la production en viande drsquoil y avait cinquante ans De plus les terres ceacutereacutealiegraveres destineacutees agrave

lalimentation animale ont diminueacute alors que la demande en produits dorigine animale na cesseacute daugmenter Pour y remeacutedier il savegravere indispensable de valoriser les ressources alimentaires non conventionnelles qui sont en abondance mais ne sont pas en compeacutetition avec lrsquoalimentation humaine Dans cette optique le FOFIFA-DRZVP a investi plusieurs anneacutees sur lrsquoexploitation de la graine de mucuna dans lalimentation animale Des analyses chimiques de la graine ont montreacute ses qualiteacutes nutritionnelles mais eacutegalement la preacutesence du L-dopamine qui est un facteur antinutritionnel Par ailleurs plusieurs traitements de cette graine ont eacuteteacute testeacutes pour diminuer la teneur en L-Dopamine sans pour autant affecter sa valeur nutritionnelle Des tests sur diffeacuterents types danimaux ont eacuteteacute effectueacutes pour deacuteterminer le traitement le plus efficient pour chaque animal le taux dincorporation du mucuna dans la ration et lefficaciteacute de son utilisation dans lalimentation animale Les reacutesultats ont montreacute que le mucuna est une alternative inteacuteressante pour ameacuteliorer la production animale tant sur le plan social que sur le plan eacuteconomique

Valorisation du mucuna pour lalimentation des animaux de rente agrave Madagascar

RAZAFINARIVO Tsirinirina Donnah RAKOTOMANANA Olga Rachel RAPATSALAHY SabineFOFIFA - DRZVP (Deacutepartement de recherches Zootechniques Veacuteteacuterinaires et Piscicoles )

Introduction

Ces six derniegraveres deacutecennies la consommation globale de viande nrsquoa cesseacute drsquoaugmenter Elle a mecircme tripleacute en un demi-siegravecle En 2018 elle a atteint les 342 millions de tonnes (FAO) Cette tendance est tregraves marqueacutee dans les pays en deacuteveloppement comme Madagascar car elle srsquoest accrue de plus de 5 durant ces derniegraveres deacutecennies et devrait augmenter de 14 an agrave travers le monde jusqursquoen 2030 (FAO 2014) Les raisons principales en sont la forte croissance deacutemographique lurbanisation et leacuteleacutevation du niveau de vie Selon toujours le FAO (2011) la consommation en viande de volailles sera multiplieacutee de 23 en 2050 contre 14 agrave 18 pour les autres produits animaux Ceci neacutecessite 27 millions de tonnes drsquoaliments suppleacutementaires et 24 millions drsquohectares de terres ceacutereacutealiegraveres additionnelles agrave moins que la proportion de sous-produits et de ressources alimentaires non conventionnelles augmente substantiellement Dans cette optique le laboratoire de nutrition animale du FOFIFA-DRZVP srsquoest investi depuis plusieurs anneacutees sur la valorisation des ressources

non conventionnelles pour lrsquoalimentation animale Ainsi depuis 2012 la graine de mucuna a eacuteteacute valoriseacutee pour lrsquoalimentation des porcs agrave Madagascar dans le cadre drsquoun partenariat entre le FOFIFA et le GSDM Cette valorisation du mucuna srsquoest eacutelargie sur drsquoautres animaux de rente telle effectueacutee dans le partenariat entre le GRET lAVSF et le FOFIFA dans le cadre du projet HOBA ASARA Cet article reacutesume six anneacutees de recherches sur la valorisation du mucuna pour lrsquoalimentation animale agrave Madagascar

Contexte

Le pois mascate (Mucuna pruriens ou Dolichos pruriens) est une plante annuelle quon retrouve dans les reacutegions tropicales de lInde et de lAfrique (Figure 1) Le mucuna est surtout connu pour ses vertus en meacutedecine (plante revitalisante et aphrodisiaque action sur la production de testosteacuterone de dopamine etc)

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

13

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Derniegraverement ses inteacuterecircts en agronomie sur lrsquoameacutelioration du rendement du riz pluvial sur reacutesidus de maiumls + mucuna et ceux du maiumls en association avec le mucuna ont eacuteteacute publieacutes par le GSDM Ces rendements repreacutesentent 3 agrave 4 fois les rendements obtenus sur labour en sol nu (sans couvert veacutegeacutetal) avec les mecircmes doses de fertilisation (GSDM 2020) Cette capaciteacute des systegravemes agrave base de mucuna sur le rendement en plus de ses effets contre les mauvaises herbes et contre les insectes observeacutee sur plusieurs anneacutees justifie sa large diffusion actuelle chez les paysans De plus contrairement aux autres leacutegumineuses comme le nieacutebeacute (Vigna unguculata) le haricot le soja ou le Vigna umbellata (tsiasisa) le mucuna nrsquoest pas attaqueacute par les chenilles (Helicoverpa armigera) ou les chenilles leacutegionnaires drsquoautomne (Spodoptera frugiperda) (RAKOTONDRAMANA et al 2018) Ainsi suite agrave des anneacutees de production les graines de mucuna issue de ce systegraveme deviennent de plus en plus nombreuses Par ailleurs il srsquoavegravere judicieux de les valoriser dans lrsquoalimentation animale En tant que leacutegumineuse les graines de mucuna sont relativement riches en proteacuteine (composant le plus couteux dans la formulation alimentaire

des animaux) Cette pratique est lrsquoune des bases de lrsquointeacutegration agriculture-eacutelevage (IAE) agrave lrsquoeacutechelle de lrsquoexploitation sur lrsquointensification de la production par la valorisation des produits et reacutesidus pour lrsquoeacutelaboration de rations eacutequilibreacutees aux animaux (Lhoste 2008)

Figure 1 Les varieacuteteacutes de mucuna agrave Madagascar

Analyses en laboratoire

Pour pouvoir utiliser le mucuna dans lalimentation animale il est primordial de deacuteterminer ses valeurs nutritionnelles Ainsi les reacutesultats danalyses ont confirmeacute sa richesse en proteacuteine Cependant malgreacute un taux inteacuteressant en proteacuteine sa valeur biologique est reacuteduite par la preacutesence de la L-Dopa (34- dihydroxyphenylalanine qui est un acide amineacute non proteacuteique) qui est une substance anti-nutritionnelle preacutesente dans la graine de mucuna La L-Dopa est une moleacutecule thermolabile et hydrosoluble Ainsi des hypothegraveses ont eacuteteacute apporteacutees sur les possibiliteacutes de reacuteduire la teneur en L-Dopa dans la graine sans pour autant reacuteduire la teneur en proteacuteine qui est deacutenatureacutee par la chaleur Par ailleurs plusieurs traitements et combinaison de traitements ont eacuteteacute testeacutes (Figure 2) Ces traitements sont suivis drsquoanalyses nutritionnelle et toxicologique (Tableau 1) afin drsquoeacutevaluer le traitement le plus efficient cest-agrave-dire le moins toxique et ayant une valeur nutritionnelle inteacuteressante

Mucuna pruriens utilis jaune

Mucuna pruriens utilis noir

Mucuna pruriens yardghana

Mucuna pruriens IRZ

Mucuna pruriens rajada Mucuna pruriens Mucuna pruriens

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

14

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

MB T1 T2 T3 E1 E2 TE D1 D2 D3 TBic MTMatiegravere Segraveche () 938 949 952 959 945 944 984 828 995 991 939 946Matiegravere Mineacuterale () 35 415 38 40 42 39 41 27 27 19 41 44Cendre Insoluble () 01 01 01 00 01 01 01 01 01 01 01 01Calcium () 04 05 05 04 02 03 02 012 02 156 03 015Phosphore () 07 08 07 07 08 07 08 109 07 052 07 097Proteacuteine Brute () 263 242 235 226 257 238 214 270 217 248 242 243Matiegravere Grasse () 42 44 42 45 50 42 48 - 50 62 52 30L-dopa () 66 595 523 291 315 202 22 - 079 075 296 -

bull Mucuna non traiteacute (MB)bull Mucuna traiteacute trempage (T1 24h T2 48h et T3 72h)bull Mucuna traiteacute par eacutebullition (sur diffeacuterents temps drsquoeacutebullition E1 30min et E2 60min)bull Mucuna traiteacute par trempage suivi drsquoeacutebullition (TE)bull Mucuna deacutepelliculeacute (sur diffeacuterents temps de trempage D1 24h D2 48h et D3 72h) bull Mucuna traiteacute par eacutebullition dans une solution contenant 02 de bicarbonate (TBic)bull Mucuna traiteacute par torreacutefaction (MT)

Figure 2 Traitements du Mucuna

Expeacuterimentations en milieu controcircleacute

Des formulations alimentaires (Provende) agrave base de mucuna ont eacuteteacute effectueacutees puis testeacutees sur des animaux en milieu controcircleacute dans la station de recherche du FOFIFA agrave Kianjasoa Il srsquoagit de comparer les performances zootechniques des porcs et des volailles nourris avec des rations contenant un pourcentage deacutetermineacute de mucuna sur un traitement deacutetermineacute contre des lots teacutemoins de ces mecircmes animaux mais alimenteacutes avec des rations agrave 0 mucuna

RECHERCHES

Tableau 1 Valeurs nutritionnelles et teneur en L-Dopa du mucuna suivant diffeacuterents traitements (en pourcentage de la matiegravere segraveche)

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

15

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Expeacuterimentation sur les porcelets

Les expeacuterimentations ont eacuteteacute reacutealiseacutees sur diffeacuterents taux drsquoincorporation de mucuna (5 10 20 et 40) mais les gains de poids consideacutereacutes comme plus efficaces sont ceux enregistreacutes agrave une incorporation de 20 Par ailleurs le test sur animaux sur trois lots de porcelets recevant respectivement une ration agrave 0 de mucuna 20 mucuna torreacutefieacute et 20 de mucuna traiteacutee par le bicarbonate a eacuteteacute effectueacute Apregraves un mois et demi dexpeacuterimentation sans compter la peacuteriode dadaptation Le Gain moyen quotidien (GMQ) du lot teacutemoin est de 305 g contre 355g pour le lot recevant 20 de mucuna torreacutefieacute et 319 g pour le lot recevant 20 de mucuna traiteacutee au bicarbonate (Figure 3)

Figure 3 Gain moyen quotidien (en gramme) durant 45 jours de 3 lots de porcelets recevant une provende agrave base de mucuna

Ces expeacuterimentations nous montrent que les graines de mucuna peuvent bien ecirctre utiliseacutees dans lrsquoalimentation des porcs malgreacute la preacutesence de la L-Dopa qui nrsquoest pas totalement eacutelimineacutee par les traitements thermiques etou chimiques La comparaison drsquoune ration iso-proteacuteique et iso-eacutenergeacutetique du mucuna traiteacute au bicarbonate nrsquoa montreacute aucune diffeacuterence significative par rapport agrave une ration normale Par ailleurs le traitement par torreacutefaction est consideacutereacute comme efficace pour la ration des porcs La libeacuteration dacide gras durant la torreacutefaction ameacuteliore la palatabiliteacute de la ration et a un effet beacuteneacutefique sur lrsquoindice de conversion alimentaire

Expeacuterimentations sur les volailles

Les volailles repreacutesentent une source preacutecieuse de proteacuteines animales drsquoune grande valeur biologique Son eacutelevage se fait partout dans le monde dans des conditions tregraves variables Mais lrsquoobjectif principal est toujours drsquoavoir une production maximum agrave un coucirct minimum tout en eacutevitant les risques Par ailleurs la compleacutementation des aliments de volailles par le mucuna a eacuteteacute entreprise pour ameacuteliorer la productiviteacute (viande et œufs) Cette ameacutelioration a eacuteteacute entreprise sur les diffeacuterentes races existantes agrave Madagascar poulets de chair poule pondeuse et poulet de races locales Ainsi plusieurs lots de volailles recevant diffeacuterents taux drsquoincorporation de mucuna ont eacuteteacute compareacutes

Pour les poulets de chair quarante poussins de chair vaccineacutes et deacuteparasiteacutes ont eacuteteacute subdiviseacutes en 4 lots de 10 poussins 3 lots recevant respectivement un aliment incorporeacute de 0 10 et 20 de mucuna traiteacute par le bicarbonate 02 et le 4egraveme lot recevant du mucuna traiteacute par le proceacutedeacute D1 agrave 10 Au cours des 45 jours drsquoexpeacuterimentations des peseacutes hebdomadaires ont permis de suivre les performances de croissances de chaque poulet

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

16

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Figure 4 Poids des poulets de chair (en gramme) apregraves 45 jours drsquoexpeacuterimentations

En geacuteneacuteral lrsquoaugmentation du taux drsquoincorporation du mucuna dans la ration affecte la productiviteacute moyenne des poulets de chair qui est inversement proportionnelle agrave ce dernier Les poids finaux sont respectivement 1300g 1100g et 850g pour les 3 lots agrave 0 10 et 20 de Mucuna Il est eacutevident que malgreacute le taux inteacuteressant en proteacuteine et dacide amineacute dans le mucuna sa valeur biologique est reacuteduite par la preacutesence de la L-Dopa et cela affecte consideacuterablement la productiviteacute des poulets de chair Par contre lrsquoincorporation agrave 10 de mucuna deacutepelliculeacute dans la ration des poulets de chair ne preacutesente aucune diffeacuterence significative aux reacutesultats obtenus par la ration agrave 0 de mucuna (Figure 4) Par ailleurs il est donc indispensable de deacutepelliculer le mucuna avant de lintroduire dans la ration des poulets de chair

Pour les poules pondeuses

Trente poulettes precirctes agrave pondre (45 mois) de race Hulyn sp (Figure 6) ont eacuteteacute choisies pour mener lexpeacuterimentation Trois lots de 10 poulettes ont eacuteteacute formeacutes pour recevoir une ration contenant respectivement 0 10 et 20 de Mucuna traiteacutes par le Bicarbonate 02 Ce mecircme dispositif a eacuteteacute utiliseacute pour le test avec le mucuna deacutepelliculeacute Dans cette cateacutegorie le produit principal est lrsquoœuf drsquoougrave notre paramegravetre eacutetudieacute est le taux de ponte ainsi que le calibre des œufs

Figure 5 Performance zootechnique des poules pondeuses

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

17

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Lrsquoenregistrement des donneacutees journaliegraveres de ponte indique qursquoil nrsquoy a pas de diffeacuterences significatives entre les taux de ponte des poulettes recevant 0 et 10 de mucuna Par contre les poulettes nourries avec du mucuna agrave 20 nrsquoont jamais atteint un taux de ponte de 100 ceci pour dire que la teneur eacuteleveacutee en mucuna dans la ration affecte la ponte (Figure 5) Il est donc recommandeacute de ne pas deacutepasser les 10 dincorporation de mucuna dans la ration des poules pondeuses Pour les poules pondeuses nourris avec le mucuna deacutepelliculeacute les reacutesultats enregistreacutes nont pas de diffeacuterence significative avec ceux obtenus par le traitement preacuteceacutedant Par ailleurs nous pouvons opter pour le traitement avec le bicarbonate car ce traitement est moins couteux en termes de travail de temps ainsi que de faciliteacute de preacuteparation Cependant en ce qui concerne la taille des œufs les calibres des œufs des poules alimenteacutes avec une ration agrave 10 de mucuna deacutepelliculeacute sont leacutegegraverement supeacuterieurs agrave ceux des poules nourries avec du mucuna bicarbonateacute 10 (Figure 5) ainsi que ceux du lot teacutemoins agrave 0 Nous pouvons donc tirer une conclusion que le mucuna a un leacuteger effet positif sur les performances des poules pondeuses Le taux dincorporation (infeacuterieur agrave 10) et le traitement (deacutepelliculage) jouent un rocircle important

Figure 6 Introduction du mucuna dans la ration des poules pondeuses

Pour les poulets de races locales (akoho gasy)

Six lots de 20 tecirctes ont eacuteteacute constitueacutes pour recevoir une ration contenant respectivement 0 15 et de 30 de mucuna bicarbonateacute et 0 15 et de 30 de mucuna torreacutefieacute Des traitements sanitaires ont eacuteteacute effectueacutes au preacutealable tels que les vaccinations et les deacuteparasitages Ensuite les performances zootechniques (Poids) ont eacuteteacute mesureacutees toutes les semaines afin de calculer les gains de poids moyens quotidiens (GMQ) Leacutevolution du poids des poulets de races locales Akoho gasy durant 3 mois sur les 6 lots recevant des rations diffeacuterentes agrave base de mucuna nous indiquent quil ny a pas de diffeacuterence significative entre chaque lot Cependant nous pouvons constater que les poulets de races locales peuvent tregraves bien supporter une incorporation de mucuna jusquagrave 30 Pailleurs une vulgarisation de ces reacutesultats en milieu reacuteel au niveau des paysans a eacuteteacute effectueacutee Pour cela deux groupes deacuteleveurs de poulets de race locale ont eacuteteacute seacutelectionneacutes pour tester leur appreacuteciation sur ces deux types de traitement (bicarbonateacute et deacutepelliculeacute) agrave 30 de mucuna

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

18

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Figure 7 Comparaison en milieu reacuteel des performances des poulets de race locale alimenteacute au Mucuna

bull MT1 Mucuna cuit avec du Bicarbonate bull MT2 Mucuna torreacutefieacute bull SM Ration sans mucuna

Apregraves trois mois deacutevaluation coupleacutee de visites de pesage hebdomadaire Il a eacuteteacute constateacute que le gain de poids des poulets nourris par le mucuna bicarbonateacute est plus eacuteleveacute que ceux nourris avec le mucuna torreacutefieacute (Figure 7) Malheureusement face au travail que demande le traitement par le bicarbonate aucun des eacuteleveurs na adopteacute ce traitement apregraves lexpeacuterimentation Selon ces eacuteleveurs la diffeacuterence entre les performances est moindre alors que le traitement au bicarbonate demande beaucoup de travail

Conclusion

Agrave Madagascar le mucuna est principalement cultiveacutee pour ses qualiteacutes dameacutelioration du sol en tant que plante de couverture Cette eacutetude a permis de mettre en eacutevidence la possibiliteacute de lincorporer dans lalimentation des animaux de rente Cependant des traitements preacutealables de la graine doivent ecirctre effectueacutes pour pouvoir le valoriser dans lalimentation animale Ces traitements doivent ecirctre accoupleacutes au taux dincorporation adeacutequate pour que ce dernier ne puisse preacutesenter drsquoeffets neacutegatifs sur la croissance des animaux ni sur lrsquoappeacutetibiliteacute des aliments Les graines de mucuna repreacutesentent donc une opportuniteacute pour les petits producteurs agrave Madagascar Ceci permet drsquoatteindre des objectifs de production eacuteconomiquement inteacuteressants dans le cas drsquoun eacutelevage ameacutelioreacute Au vu de ces reacutesultats lrsquoutilisation des ressources non conventionnelles locales parfois en abondance et nrsquoentrant pas en compeacutetition avec lrsquoalimentation humaine est une alternative inteacuteressante pour ameacuteliorer la production animale Par ailleurs il permet ainsi de reacuteduire consideacuterablement les deacutepenses en eacutelevage constitueacutees en grande partie par le coucirct des aliments

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

19

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

bull bull bull bull bull bull

Utilisation des fumures organiques et des engrais dans les strateacutegies de gestion de la fertiliteacute des sols des exploitations agricoles du Moyen-Ouest de la reacutegion

Vakinankaratra et de la zone Est de la reacutegion drsquoItasy Madagascar

RAZAFIMAHATRATRA Hanitriniaina Mamy (FOFIFA) BEacuteLIEgraveRES Jean-Franccedilois (CIRADART-Dev et FOFIFA) RAHARIMALALA Sitrakiniaina (FOFIFAESSA) RANDRIAMIHARY FETRA SAROBIDY Eddy Josephson (FOFIFAESSA) AUTFRAY Patrice

(CIRADAIDA) RAZANAKOTO Onjaherilanto Rakotovao (ESSA) RAHARISON Tahina Solofoniaina (GSDMMontpellier SupAgro)

Introduction

Dans chacun des numeacuteros 8 et 9 du Journal de lrsquoAgroeacutecologie un article preacutesentait

des reacutesultats sur les pratiques de gestion de la fertiliteacute des sols des exploitations agricoles familiales (EAF) obtenus dans le cadre du projet de recherche SECuRE (Soil ECological function REstoration to enhance agrosystem services in rainfed rice cropping systems in agroecological transition) financeacute par la fondation Agropolis Le premier traitait de la diversiteacute et de lrsquoimportance des pratiques dans les EAF le second preacutesentait les quantiteacutes et la qualiteacute des fumures organiques disponibles en lien avec les pratiques de production et drsquoeacutechanges Ce troisiegraveme article est consacreacute agrave lrsquoutilisation des fumures organiques et des engrais acheteacutes une maniegravere de caracteacuteriser en partie tout au moins les strateacutegies de gestion de la fertiliteacute des sols deacuteveloppeacutees par les EAF

bull Parmi les nombreuses pratiques pour une gestion inteacutegreacutee de la fertiliteacute des sols (Sanginga et Woomer 2009 Liniger et al

2011) lrsquoutilisation de fumure organique et drsquoengrais occupe une place preacutepondeacuterante car les effets agrave court et moyen termes sur la productiviteacute des cultures sont importants Lrsquoanalyse des donneacutees collecteacutees1 dans le cadre de Secure permet de caracteacuteriser les pratiques drsquoutilisation de ces intrants (et drsquoune maniegravere plus large de lrsquoensemble des intrants) notamment par rapport aux cultures pratiqueacutees et aux superficies cultiveacutees annuellement Lrsquoarticle est structureacute en trois parties la premiegravere concerne lrsquoacquisition de fertilisants suppleacutementaires avec les engrais commerciaux et les cendres la seconde preacutesente les pratiques quantifieacutees drsquoutilisation de la fertilisation disponible (fumure organique locale cendres et engrais commerciaux) en fonction des cultures enfin la derniegravere partie conclue avec quelques recommandations pour le deacuteveloppement

1 Ces reacutesultats ont eacuteteacute obtenus avec un eacutechantillon drsquoEAF localiseacutees dans le Moyen-Ouest de la reacutegion Vakinankaratra et dans la zone Est de la reacutegion Itasy Pour plus drsquoinformations le lecteur est inviteacute agrave se reporter au ndeg8 de JAE ou sur le site du projet (httpswwwsecuremgle-projet-secure) Il faut rappeler que les reacutesultats sont repreacutesentatifs des fokontany dans les zones drsquoeacutetude car lrsquoeacutechantillonnage des EAF a eacuteteacute fait par tirage au sort

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

20

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

1 Les achats drsquoengrais commerciauxsup2et de cendres

Malgreacute les politiques mises en œuvre depuis des deacutecennies1 les EAF achegravetent peu drsquoengrais chimiques Pour lrsquoensemble de Madagascar au cours des 20 derniegraveres anneacutees la quantiteacute moyenne utiliseacutee varie entre 2 et 6 kg par hectare cultiveacute et par an2

11 Quantiteacutes acheteacutees drsquoengrais commerciaux par EAF et par hectare SAU

Les EAF ont des comportements diffeacuterents selon les zones (tableau 1)

A Mandoto un peu moins drsquoune EAF sur 2 (45) achegravete de lrsquoengrais en faible quantiteacute avec en moyenne 14 kg par an pour un montant moyen de moins de 30 000 Ar Rameneacute agrave lrsquoensemble des EAF de la zone la quantiteacute moyenne acheteacutee est de lrsquoordre de 6 kg par EAF et par an Et quand on ramegravene ces achats drsquoengrais agrave la surface agricole utile (SAU) disponible par EAF on a des valeurs moyennes eacutequivalentes (14 et 6 kgha SAU)

Dans la zone drsquoArivonimamo la consommation drsquoengrais est plus importante 88 des EAF en achegravetent une quantiteacute moyenne de presque 28 kg pour un peu plus de 60 000 Ar ce qui rameneacute agrave lrsquoensemble des EAF fait une moyenne geacuteneacuterale de presque 25 kgEAF Comme la SAU moyenne par EAF est faible les quantiteacutes drsquoengrais disponibles sont de plus de 35 kgha pour les EAF qui en achegravetent et de presque 31 kgha pour lrsquoensemble des EAF

La variabiliteacute est tregraves forte agrave Mandoto et moindre dans la zone drsquoArivonimamo (tableau 1)

Tableau 1 Part des EAF qui achegravetent de lrsquoengrais et quantiteacutes acheteacutees

Mandoto ArivonimamoMoyenne CV Moyenne CV

des EAF qui achegravetent 45 88

Pour les EAF qui achegravetent

Quantiteacute en kgEAF 143 155 279 112

Valeur achat en ArEAF 27 884 153 61 058 117

Quantiteacute par SAU en kgha 140 195 352 101

Pour Quantiteacute en kgEAF 64 257 245 125

Pour lensemble des EAF

Valeur achat en ArEAF 12 490 254 53 707 131

Quantiteacute par SAU en kgha 63 312 309 114

1 On peut simplement rappeler la laquo strateacutegie nationale pour le deacuteveloppement de lrsquoutilisation de lrsquoengrais raquo MAEP 20062 Source httpsdatabankbanquemondialeorghome Ce que Pierre-Bernard et al traduisaient ainsi en 2007 laquo engrais un produit cher et peu utiliseacute raquo agrave Madagascar

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

21

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

On peut srsquoeacutetonner de la faible variation entre la quantiteacute moyenne par EAF et la quantiteacute par SAU agrave Mandoto sachant que dans cette zone la superficie SAU moyenne est de lrsquoordre de 15 ha (voir tableau 2) Ceci provient du fait que les moyennes sont calculeacutees pour les EAF et ne sont pas pondeacutereacutees par les superficies Quand on pondegravere par la superficie la quantiteacute moyenne par hectare SAU pour lrsquoensemble des EAF de Mandoto diminue et passe de 63 agrave 43 kg par hectare On constate la mecircme chose agrave Arivo-nimamo avec la quantiteacute moyenne par hectare SAU qui passe de 309 agrave 271 kgha Ceci signifie que ce ne sont pas les plus grandes EAF (celles qui ont le plus de SAU) qui achegravetent le plus drsquoengrais chimiques Le coefficient de correacutelation entre superficie SAU par EAF et quantiteacute acheteacutee drsquoengrais par hectare est significatif agrave 001 et neacutegatif mais drsquoune valeur faible (-02)

Figure 1 Nuage de point entre SAU par EAF et quantiteacute drsquoengrais par ha de SAU

La Figure 1 ci-contre illustre cela avec les quantiteacutes par hectare SAU (axe vertical) les plus eacuteleveacutees qui correspondent agrave des SAU (axe horizontal) faibles (infeacuterieures agrave 2 hectares) Les EAF de grandes taille (gt2 ha) achegravetent peu drsquoengrais chimiques et en quantiteacute relativement faible par rapport agrave la SAU dont elles disposent On verra plus loin que ce sont des strateacutegies diffeacuterentes de mise en culture (systegraveme de culture) qui expliquent cette situationOn rappellera que 60 des EAF agrave Mandoto et 88 agrave Arivonimamo eacutechangent (achegravetent vendent ou troquent) de la fumure organique (voir JAE ndeg9) et que les pourcentages sont respectivement de 30 et 74 pour les EAF qui achegravetent de la FO Ainsi quand on prend en compte tous les types de fertilisants une

grande majoriteacute des EAF a recours au marcheacute pour acqueacuterir des matiegraveres fertilisantes et geacuterer la fertiliteacute de leurs sols

Enfin par rapport agrave lrsquoutilisation de produits phytosanitaires on observe deux situations diffeacuterentes agrave Mandoto la proportion des EAF qui achegravetent des produits phytosanitaires est de 63 et donc supeacuterieure agrave celles qui achegravetent des engrais commerciaux (45) alors qursquoagrave Arivonimamo dans notre eacutechantillon 75 des EAF utilisent des produits phytosanitaires alors que 88 achegravetent des engrais

12 Types drsquoengrais commerciaux acheteacutes

Les engrais acheteacutes sont essentiellement de type NPK (le plus courant est composeacute de 11 N 22 P2O5 16 K2O) et de lrsquoureacutee (46) ces deux types repreacutesentent en cumuleacute plus de 95 des quantiteacutes agrave Mandoto et 77 agrave Arivonimamo ougrave lrsquoon observe une plus grande diversiteacute (figure 2) en rapport avec une plus grande consommation et aussi drsquoune offre plus importante avec la proximiteacute de la capitale

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

22

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Figure 2 Types dengrais acheteacutes en des quantiteacutes totales

A Arivonimamo le Blaukorn (nom commercial) est bien repreacutesenteacute avec plus de 16 des quantiteacutes Crsquoest un engrais composeacute (NPK) avec drsquoautres eacuteleacutements (magneacutesium soufre bore zinc) laquo agrave action rapide qui assure un effet-starter important raquo notamment sur les cultures maraichegraveres Le DAP (18 N 46 P2O5) est eacutegalement repreacutesenteacute avec 6 des quantiteacutes Les autres produits comme la dolomie (amendement calcaire) et le guano de chauvesouris (Guanomad) riche en phosphates naturels sont tregraves faiblement repreacutesenteacutes (mecircme si Guanomad repreacutesente tout de mecircme un peu plus de 3 dans la zone de Mandoto)

Les prix moyens drsquoachat deacuteclareacutes par les producteurs et pondeacutereacutes par les quantiteacutes diffegraverent peu entre les deux zones (contrairement aux prix de la fumure organique qui sont tregraves diffeacuterents voir JAE ndeg9) Les prix moyens (pour la plupart prix de 2016) sont de 2 100 Arkg pour NPK 1 900 Arkg pour lrsquoureacutee 2 400 Arkg pour le DAP 3 100 Arkg pour le Blaukorn et 1100 Akkg pour le Guanomad

En moyenne une EAF a acheteacute au cours de lrsquoanneacutee pour 12 500 Ar drsquoengrais agrave Mandoto et 54 000 Ar drsquoengrais agrave Arivonimamo Ces montants indiquent un recours tregraves limiteacute aux engrais commerciaux dans les strateacutegies de gestion de la fertiliteacute

13 Le cas particulier des cendres

Les cendres peuvent ecirctre consideacutereacutees comme un engrais ou comme un amendement Elles sont utiliseacutees depuis le deacutebut de lrsquoagriculture pour enrichir les terres cultiveacutees en sels mineacuteraux notamment en potasse et oligo-eacuteleacutements (Poirier et Nuninger 2012) Elles ont un pouvoir alcalinisant et augmentent le pH du sol Elles peuvent ecirctre inteacutegreacutees aux composts ou aux fumiers (voir JAE ndeg9) ou utiliseacutees seules en apport localiseacute ou eacutepandues sur le champ Cette sous partie traite des cendres utiliseacutees directement sur les parcelles

Si la pratique est rare agrave Mandoto (2 des EAF) elle est reacutepandue agrave Arivonimamo ougrave ce sont 19 des EAF qui eacutepandent des cendres acheteacutees Celles-ci proviennent pour lrsquoessentiel des balles de riz utiliseacutees comme eacutenergie pour la fabrication des briques Crsquoest donc le sous-produit drsquoun autre sous-produit agricole (la balle de riz)

Lrsquoeacutevaluation des quantiteacutes en kilogramme est tregraves approximative les producteurs ne connaissant pas les eacutequivalences Les EAF qui eacutepandent directement les cendres ont estimeacute avoir utiliseacute lrsquoanneacutee de lrsquoenquecircte en moyenne environ 250 kgEAF ce qui repreacutesente rameneacute agrave lrsquoensemble des EAF environ 4 kgEAF agrave Mandoto et un peu moins de 50 kg par EAF agrave Arivonimamo

Si les quantiteacutes semblent conseacutequentes (presque le double des quantiteacutes drsquoengrais) la valeur moneacutetaire de ces cendres est faible avec un prix moyen estimeacute entre 30 et 35 Arkilogramme Ainsi les cendres utiliseacutees directement par les EAF sur les cultures repreacutesenteraient une valeur de 8 000 agrave 9 000 Ar pour les EAF qui ont cette pratique et rameneacutees agrave lrsquoensemble des EAF des zones concerneacutees agrave moins de 200 Ar agrave Mandoto et de lrsquoordre de 1 600 Ar agrave Arivonimamo

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

23

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Lrsquoutilisation des cendres directement sur la parcelle sans passer par le compost ou le fumier est une pratique assez courante dans la zone de Arivonimamo Elle participe au recyclage de certains sous-produits et en particulier de la balle de riz utiliseacutee comme combustible pour la fabrication des briques En plus de lrsquoapport en eacuteleacutements fertilisants les cendres ont drsquoautres proprieacuteteacutes selon certains producteurs qui les utilisent dans la lutte contre les ravageurs et les maladies

2 Utilisation de la fumure organique et des engrais commerciaux

Lrsquoenquecircte a permis de collecter les informations neacutecessaires pour reconstituer lrsquoitineacuteraire technique et le budget de culture pour toutes les parcelles cultiveacutees au cours de lrsquoanneacutee agricole enquecircteacutee (201617) soit trois saisons de culture grande saison 201617 saison intermeacutediaire 2017 contre saison 2017 (soit de novembre 2016 agrave octobre 2017) Ainsi les quantiteacutes et la valeur des intrants utiliseacutes pour la fertilisation sont connues par culture et par saison

21 Fertilisation disponible et superficies fertiliseacutees

Le tableau 2 reacutecapitule des quantiteacutes moyennes de matiegraveres fertilisantes disponibles par EAF en additionnant les quantiteacutes de fumure organique (voir JAE ndeg9) et les engrais commerciaux acheteacutes Les EAF de la zone drsquoArivonimamo produisent plus de FO et achegravetent plus drsquoengrais que celles de la zone de Mandoto et en final la disponibiliteacute moyenne en kilogramme est nettement supeacuterieure Rameneacutes agrave la SAU les eacutecarts entre les deux zones augmentent puisque la taille moyenne des EAF de Mandoto est plus grande la quantiteacute disponible par ha SAU va du simple au double

Tableau 2 Quantiteacutes moyennes de fertilisants disponibles par EAF (en kg)

Types de fertilisants Mandoto ArivonimamoFumier 1 676 2 573Compost et autre 458 324Engrais acheteacutes 6 25Cendres acheteacutees 4 48Total (kg) 2 144 2 969SAU (ha) 148 091KgSAU 1 448 3 279S Cultiveacutee en ha 138 113Kg S cultiveacutee 1 558 2 627

apregraves le riz et pour lesquelles la capitale nationale assure des deacuteboucheacutes A Mandoto ce taux de mise en valeur nrsquoest que de 93 avec tregraves peu de cultures maraichegraveres et une part un peu plus importante de jachegraveres avec 11 de la SAU ce qui ne signifie pas qursquoil nrsquoy a pas de jachegravere agrave Arivonimamo ougrave elles repreacutesentent tout de mecircme 8 de la SAU crsquoest lrsquoimportance des cultures maraichegraveres qui impacte le plus le taux de mise en valeur

Il faut rappeler que ces moyennes cachent une grande variabiliteacute Celle-ci a eacuteteacute traiteacutee dans le JAE ndeg9 pour la FO et ci-dessus pour les engrais Crsquoest pourquoi nous nrsquoy reviendrons pas ici la variabiliteacute sera analyseacutee seulement pour lrsquoutilisation

Mais quand on ramegravene ces quantiteacutes disponibles moyennes aux superficies cultiveacutees annuellement lrsquoeacutecart se reacuteduit car dans la zone drsquoArivonimamo les EAF intensifient lrsquoutilisation de la terre avec un taux de mise valeur de 125 (crsquoest-agrave-dire qursquoune parcelle est cultiveacutee une fois en totaliteacute au cours de lrsquoanneacutee agricole et que 25 de sa surface sont cultiveacutes une deuxiegraveme fois) Cette intensification est rendue possible notamment par les productions maraichegraveres que les producteurs cultivent en double culture

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

24

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

La question que lrsquoon peut se poser agrave ce stade est est-ce que ceux qui achegravetent des engrais commerciaux sont ceux qui nrsquoont pas de FO A Mandoto lrsquoanalyse des correacutelations indique qursquoil nrsquoy pas de relation lineacuteaire entre la quantiteacute drsquoengrais acheteacutee et la quantiteacute de fumier produite A Arivonimamo cette relation existe Elle est significative (au seuil de 001) mecircme si le coefficient est faible (03) et surtout elle est positive ce qui indique que ceux qui achegravetent le plus drsquoengrais sont souvent ceux qui produisent le plus de fumier Ainsi il nrsquoy aurait pas un seuil de disponibiliteacute en fumier qui ferait que lrsquoagriculteur ne cherche plus agrave acqueacuterir des engrais consideacuterant qursquoil a assez de matiegraveres fertilisantes La raison des faibles quantiteacutes drsquoengrais acheteacutees est sans doute plus agrave rechercher dans la disponibiliteacute et des contraintes eacuteconomiques

22 Reacutepartition des matiegraveres fertilisantes selon les cultures

Avant de preacutesenter la reacutepartition par culture on peut appreacutecier la part des parcelles et de la superficie selon le type de fertilisation (Tableau 3) Les parcelles et la superficie sans aucun apport agrave Arivonimamo sont moindres (environ un tiers) qursquoagrave Mandoto (41 des parcelles et 52 de la superficie)

Tableau 3 Parts des parcelles et de la superficie selon le type de fertilisation dans les terroirs

ApportsMandoto Arivonimamo

des parcelles

de la surface

des parcelles

de la surface

Sans FO Sans Engrais 41 52 35 33Avec FO seulement 38 33 38 40Avec Engrais seulement 3 2 3 3Avec FO + Engrais 19 13 25 24Ensemble 100 100 100 100

Ainsi mecircme agrave Mandoto plus drsquoune parcelle sur deux reccediloit de la FO et globalement dans les deux terroirs il y a une reacutepartition qui laisse la possibiliteacute pour qursquoune parcelle soit fertiliseacutee plus drsquoune fois tous les deux ans sans preacutejuger ni des doses utiliseacutees ni des cultures privileacutegieacutees Les eacutecarts entre les pourcentages des parcelles et des superficies indiquent qursquoagrave Mandoto ce sont les parcelles en moyenne plus petites qui sont fertiliseacutees ce qui nrsquoest pas le cas agrave Arivonimamo Tregraves rares sont les parcelles qui ne reccediloivent que de lrsquoengrais (quelques parcelles en maraichage mais aussi en riz pluvial et maiumls agrave Mandoto) Ainsi les producteurs qui achegravetent de lrsquoengrais chimique lrsquoutilisent presque toujours sur des parcelles en compleacutement drsquoun apport de fumure organique

Lrsquoutilisation des fertilisants est en lien avec les quantiteacutes disponibles mais aussi les cultures pratiqueacutees Or les exploitations agricoles familiales des deux zones ont des assolements1 sensiblement diffeacuterents comme le montre la premiegravere colonne des deux figures suivantes (Figure 3 et Figure 4) Dans les deux zones le riz irrigueacute de bas-fonds occupe une place importante avec des parts dans lrsquoassolement qui sont relativement proches (29 agrave Mandoto et 32 agrave Arivonimamo) Ainsi mecircme si le Moyen Ouest du Vakinankaratra a la reacuteputation drsquoune zone de cultures pluviales le riz irrigueacute de bas-fonds occupe une place preacutepondeacuterante en terme de superficie (mais aussi en terme de revenu comme on le verra dans le prochain numeacutero de JAE) Les tubercules et les leacutegumineuses occupent agrave peu pregraves la mecircme part de la surface cultiveacutee annuellement dans les deux zones de lrsquoordre de 25 pour les tubercules et 10 pour

1 Ces pourcentages ont eacuteteacute calculeacutes sur la superficie effectivement cultiveacutee crsquoest-agrave-dire sans les jachegraveres Si on integravegre les ja-chegraveres celles-ci repreacutesentent 10 de la surface totale (cultiveacutee + jachegravere) agrave Mandoto et 6 agrave Arivonimamo

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

25

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

les leacutegumineuses mais les espegraveces cultiveacutees sont diffeacuterentes La part des autres cultures est speacutecifique et caracteacuterise la zone

A Mandoto les ceacutereacuteales pluviales occupent pregraves du tiers de la surface (176 en riz pluvial et 15 en maiumls hors jachegravere) Alors qursquoagrave Arivonimamo ces deux cultures occupent seulement 86 de la surface et le maiumls y est vraiment marginal Dans cette zone ce sont les cultures maraichegraveres qui sont importantes avec 224 de la surface Les cultures autres constitueacutees essentiellement par lrsquoagroforesterie avec des fruitiers nrsquoest pas neacutegligeable avec 3 de la surface A Mandoto ces deux types de cultures sont tregraves peu pratiqueacutees (18 de la surface sont consacreacutes aux cultures maraichegraveres et les autres cultures avec 01 sont quasiment inexistantes)

Les donneacutees extrapoleacutees agrave lrsquoensemble des fokontany permettent de connaicirctre sur quelles cultures les matiegraveres fertilisantes disponibles ont eacuteteacute eacutepandues1 Lrsquoeacutechantillon est constitueacute de 2 427 parcelles2 Elles sont plus nombreuses agrave Arivonimamo ougrave lrsquoeacutechantillon drsquoEAF est plus grand mais aussi ougrave la taille moyenne des champs est plus petite et ougrave les doubles cultures sont freacutequentes La deuxiegraveme colonne de chaque figure preacutesente la reacutepartition de la FO (fumier compost et autre matiegraveres organiques) la troisiegraveme colonne est celle des engrais commerciaux Les quantiteacutes disponibles sont diffeacuterentes entre les zones Les pourcentages repreacutesentent la reacutepartition et traduisent la strateacutegie des EAF A Mandoto les EAF privileacutegient le riz pluvial et le maiumls qui reccediloivent 74 de la FO disponible (Figure 3) et 40 des engrais acheteacutes

Figure 3 Reacutepartitions de la superficie cultiveacutee annuellement de la FO et des engrais commerciaux agrave Mandoto

Les autres cultures comme les leacutegumineuses et les tubercules reccediloivent un peu de FO mais le plus souvent parce qursquoelles sont cultiveacutees en association avec du riz pluvial ou du maiumls Le riz irrigueacute qui repreacutesente 29 de la superficie reccediloit moins de 5 de la FO et 14 des engrais Le maraichage pourtant tregraves peu preacutesent (18 des surfaces) reccediloit une part conseacutequente de la FO (54) et surtout des engrais (38 des quantiteacutes disponibles)

Ainsi dans cette zone les producteurs ont une strateacutegie de fertilisation des ceacutereacuteales pluviales sur tanety avec un transfert de fertiliteacute des riziegraveres vers les tanety puisque le fumier integravegre la plus grande partie des pailles du riz des riziegraveres Cette fertilisation profite aussi aux autres cultures pluviales soit avec les associations soit via les rotations qui sont quasiment systeacutematiques en pluvial

1 Les difficulteacutes sont cependant nombreuses et notamment en raison de lrsquoimportance et de la diversiteacute des associations de cultures et des regroupements que nous avons opeacutereacutes pour faciliter la collecte notamment pour le maraichage Nous avons pris lrsquooption comme pour les surfaces de reacutepartir agrave eacutegaliteacute les quantiteacutes entre les diffeacuterentes cultures Ainsi pour une parcelle avec une association riz pluvial et arachide les quantiteacutes drsquointrants ont eacuteteacute reacuteparties pour moitieacute pour le riz pluvial et pour moitieacute pour lrsquoarachide Il en est de mecircme pour une parcelle ougrave ont eacuteteacute regroupeacutees une planche de tomate et une planche drsquooignon alors que peut-ecirctre le producteur avait fait des apports diffeacuterentieacutes2 Au total 2 680 parcelles une fois les parcelles regroupeacutees deacutesagreacutegeacutees On rappellera que les parcelles en jachegravere ne sont pas comprises ici

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

26

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Le riz irrigueacute ne reccediloit pratiquement pas de FO et tregraves peu drsquoengrais avec une strateacutegie drsquoallocation des FO sur les tanety milieu naturellement bien moins fertile que les bas-fonds A Arivonimamo la situation du riz irrigueacute est approximativement la mecircme alors que la surface cultiveacutee repreacutesente 32 cette culture ne reccediloit que 7 de la FO disponible et 4 des engrais Les ceacutereacuteales pluviales sont tregraves peu fertiliseacutees contrairement agrave Mandoto Dans les deux situations les cultures vivriegraveres beacuteneacuteficient des arriegraveres-effets des cultures maraicircchegraveres beaucoup plus fortement fertiliseacutees

Figure 4 Reacutepartitions de la superficie cultiveacutee annuellement de la FO et des engrais commerciaux agrave Arivonimamo

Les cultures privileacutegieacutees sont les cultures maraichegraveres qui reccediloivent 46 de la FO et 77 des engrais mais aussi les tubercules autres que le manioc (patate douce taro et pomme de terre) qui reccediloivent 25 de la FO mais peu drsquoengrais et les leacutegumineuses (haricots) qui reccediloivent un peu plus de FO et drsquoengrais (respectivement 11 et 12) que la part qursquoelles occupent dans lrsquoassolement (9)

Ce sont les cultures exigeantes en fumure mais aussi et surtout fortement commercialiseacutees (maraichage pomme

de terre patate douce taro et haricot) qui reccediloivent lrsquoessentiel de la fertilisation Les rotations permettent aux cultures peu fertiliseacutees de beacuteneacuteficier des arriegraveres effets de la fertilisation des cultures produites drsquoabord pour les marcheacutes Le riz irrigueacute qui nrsquoest pas fertiliseacute beacuteneacutefice des arriegraveres effets des cultures de contre saison sur les riziegraveres

Ainsi les strateacutegies de fertilisation des EAF sont tregraves diffeacuterentes selon les zones en lien avec les cultures produites leur exigence mais surtout en lien avec des objectifs technico-eacuteconomiques et le marcheacute des produits agricoles

23 Les doses apporteacutees

Lrsquoanalyse des quantiteacutes de fumure apporteacutees est faite par culture1 et en tenant compte des associations

A Mandoto (tableau 4) les superficies en culture pure repreacutesentent 71 des parcelles et de la superficie Comme deacutejagrave indiqueacute le riz irrigueacute occupe une place importante mais il est peu fertiliseacute avec seulement 20 des parcelles et 18 de la superficie qui reccediloivent de la fumure organique agrave des doses faibles (moins de 2 tonnes par hectare) et seulement 4 des parcelles reccediloivent de lrsquoengrais (agrave une dose de pregraves de 60 kgha)

1 Seuls les reacutesultats pour les cultures avec un effectif non pondeacutereacute de plus de 15 parcelles sont preacutesenteacutes ici On notera que pour les principales cultures la taille de lrsquoeacutechantillon est conseacutequente

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

27

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Tableau 4 Apports de FO et dengrais sur les cultures cultiveacutees pures agrave Mandoto en (kg)

Cultures pures Nbre de parcelles

Surface ha

Parcelle avec Superficie avec Superficie avec Dose moy FO

en kghaDose moy

Engrais kgha

FO Engrais FO EngraisToutes

les parcelles

Parcelles avec

Toutes les

parcelles

Parcelles avec

Riz bas-fond 242 5834 20 4 18 4 377 1 901 241 5825Riz Pluvial 90 2353 91 37 90 29 4 022 4 415 1011 2677Maiumls 30 646 97 37 98 43 3 923 4 059 1669 4553Manioc 117 3689 8 0 4 0 414 4 843 000 000Autres tuber 19 236 47 47 35 42 3 041 6 420 1857 3920Leacutegumineuses 78 1156 45 18 38 18 1 776 3 958 870 4850Maraichage 112 264 90 61 80 74 31 829 35 296

Les moyennes sont calculeacutees par parcelle et sans pondeacuteration

Crsquoest le manioc qui est le moins fertiliseacute pas drsquoengrais et seulement 4 des parcelles avec de la fumure organique Le riz pluvial et le maiumls sont les cultures pures qui reccediloivent le plus systeacutematiquement de la fumure plus de 90 des parcelles et de la superficie reccediloivent de la FO agrave des doses eacuteleveacutees de plus de 4 tha et 30 agrave 40 des parcelles et de la surface reccediloivent de lrsquoengrais mais agrave des doses qui restent faibles (26 kgha pour le riz pluvial et 45 kgha pour le maiumls) Les autres tubercules reccediloivent engrais et FO mais ce sont essentiellement les pommes de terre Les leacutegumineuses sont eacutegalement fertiliseacutees avec 45 des parcelles qui reccediloivent de la FO et 18 de lrsquoengrais agrave des doses moyennes pour la zone Enfin les cultures maraichegraveres ont eacuteteacute regroupeacutees les parcelles sont nombreuses mais la superficie tregraves petite elles reccediloivent agrave 90 de la FO et agrave 61 des engrais agrave des doses importantes (plus de 30 tha pour la FO)

A Arivonimamo la part des cultures pures est plus importante qursquoagrave Mandoto avec 86 des parcelles et 89 de la superficie Ainsi le nombre de parcelles de lrsquoeacutechantillon est nettement plus important (mais il ne fait pas oublier que lrsquoeacutechantillon compte plus drsquoEAF)

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

28

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Tableau 5 Apports de FO et dengrais sur les cultures cultiveacutees pures agrave Arivonimamo (en kg)

Cultures pures Nbre parcelles

Surface ha

Parcelle avecSuperficie avec Superficie avec Dose moy FO en

kghaDose moy Engrais

kgha

FO Engrais FO Engrais Toutes les parcelles

Parcelles avec

Toutes les parcelles

Parcelles avec

Riz bas-fond 363 6078 39 9 39 8 633 1 643 459 5206

Riz Pluvial 72 1051 83 0 93 0 2 902 3 482 000 000

Maiumls 17 112 94 11 96 9 3 501 3 720 131 2222

Manioc 201 2020 24 1 23 0 1 253 5 249 038 3833

Autres tuber 232 2327 70 5 78 4 4 461 6 350 367 7748

Haricots 61 765 95 65 96 73 4 132 4 346 4824 7545

Autre Leacutegum 46 352 20 0 18 0 779 3 981 000 000

Tomates 90 955 97 95 98 97 7 614 7 877 12791 13543

Haricot verts 132 1088 95 87 96 90 5 079 5 321 8090 9286

Autres Maraich 155 1293 95 76 101 73 4 311 4 546 9126 12089 Les moyennes sont calculeacutees par parcelle et sans pondeacuteration

A Arivonimamo la fertilisation du riz irrigueacute est un peu plus freacutequente avec 39 des parcelles qui reccediloivent de la FO et 9 de lrsquoengrais mais agrave des doses plus faibles qursquoagrave Mandoto 16 tha pour la FO et 52 kgha drsquoengrais La fertilisation du riz irrigueacute nrsquoest pas une prioriteacute pour le plus grand nombre des producteurs Les cultures les moins fertiliseacutees sont le manioc et les leacutegumineuses autres que le haricot avec respectivement 23 et 18 des parcelles seulement qui reccediloivent de la FO et quasiment aucune qui reccediloit de lrsquoengrais Mais de maniegravere assez eacutetonnante les parcelles avec FO reccediloivent des doses assez importantes (plus de 5 tha pour le manioc) certainement en lien avec des strateacutegies de gestion ou de restauration de la fertiliteacute des sols En ce qui concerne la FO toutes les autres cultures sont tregraves freacutequemment fertiliseacutees plus de 90 des parcelles de riz pluvial maiumls haricot et maraichage les autres tubercules le sont agrave pregraves de 80 Et si pour le riz pluvial et le maiumls les doses moyennes sont modestes car infeacuterieures agrave 4 tha elles sont supeacuterieures agrave 4 tha pour les haricots et supeacuterieures agrave 5 tha pour les autres avec notamment pour les tomates un apport de plus de 7 tha Pour les engrais tregraves peu drsquoapports pour le maiumls (6 des parcelles) et pas drsquoapport pour le riz pluvial (observations pour 72 parcelles) Lrsquoengrais est reacuteserveacute au maraichage (plus de 75 des parcelles) et aux haricots (64 des parcelles) Avec des doses moyennes relativement importantes plus de 90 kgha pour les haricots verts 135 kgha pour la tomate et 120 kgha pour les autres cultures maraichegraveres

Ainsi drsquoune maniegravere geacuteneacuterale agrave Arivonimamo lrsquoapport de fertilisants est conseacutequent agrave la fois en termes de parcelles concerneacutees et de doses eacutepandues Riz irrigueacute manioc et leacutegumineuses autres que haricot sont les parents pauvres de la fertilisation mais avec les rotations ces cultures beacuteneacuteficient aussi des apports en particulier pour le riz irrigueacute car une part importante du maraichage est cultiveacutee sur les riziegraveres

Les associations de culture sont plus freacutequentes agrave Mandoto ougrave lrsquoassociation riz pluvial + maiumls domine tregraves largement La superficie avec cette association est eacutequivalente agrave la superficie totale en culture pure Et le maiumls est la culture que lrsquoon associe le plus avec le riz pluvial mais aussi le manioc et les leacutegumineuses Les parcelles avec une association de ces trois cultures ne sont pas rares Les pratiques de fertilisation en culture associeacutee rejoignent celles en culture pure Ainsi 91 des parcelles avec lrsquoassociation riz + maiumls reccediloivent de la FO et 32 de lrsquoengrais cependant les doses de FO sont tregraves infeacuterieures (de 700 kgha alors qursquoen culture pure elles eacutetaient de plus de 4 tha) et il en est de mecircme pour lrsquoengrais

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

29

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Pour les parcelles avec des cultures associeacutees au maiumls un apport en FO est freacutequent (plus de 80 des parcelles pour manioc ou leacutegumineuse et plus de 75 quand il y a les trois cultures) Lrsquoengrais est plus rare et surtout les doses de FO et engrais sont faibles A ce stade on peut eacutemettre lrsquohypothegravese que les EAF qui pratiquent lrsquoassociation sont moins bien doteacutees en matiegravere fertilisante Mais lrsquoanalyse montre que ce nrsquoest pas le cas il existe bien un coefficient de correacutelation neacutegatif entre la quantiteacute de fumure organique disponible au niveau de lrsquoEAF et le pourcentage de culture associeacutees mais il est tregraves faible (-011) et si lrsquoon creacutee des classes de pourcentage de culture associeacutees il nrsquoy a pas de diffeacuterence significative entre les classes pour la dose moyenne de FO Il semble donc que cela soit la pratique qui soit ainsi agrave Mandoto sur des cultures associeacutees (grandes cultures riz maiumls leacutegumineuse ou tubercule) les apports de FO sont moindres que sur les cultures pures

Tableau 6 Apports de FO et dengrais sur les cultures associeacutees les plus freacutequentes (en kg)

District 1Mandoto Nbre parcelles

Surface ha

Parcelle avec Dose moy FO en kgha

Dose moy Engrais kgha

FO Engrais Toutes les parcelles

Parcelles avec

Toutes les parcelles

Parcelles avec

Riz Pluvial + Maiumls 114 2577 91 32 656 719 26 83Mais + Manioc 50 1149 88 2 420 477 01 30Mais + Leacutegumineuse 57 975 84 16 428 508 02 15Mais + Manioc + Leacutegum 24 482 75 13 242 323 02 18Manioc + Leacutegumineuse 24 587 4 0 11 250 00 002 ArivonimamoRiz Pluvial + Maiumls 14 182 86 0 366 427 00 00Mais + Leacutegumineuse 25 228 84 24 188 224 15 62Manioc + Leacutegumineuse 13 126 54 0 280 521 00 00Tubercules + Fruitiers 34 270 62 12 224 363 03 28Autre cult + Fruitiers 90 671 91 52 5 414 255 30 58

Les moyennes sont calculeacutees par parcelle et sans pondeacuteration

A Arivonimamo les cultures associeacutees pour les grandes cultures sont moins importantes en nombre et les superficies sont tregraves petites Mais on peut tirer les mecircmes conclusions que pour Mandoto Ce qui est remarquable dans cette zone crsquoest le nombre de parcelles en agroforesterie avec un meacutelange drsquoarbres fruitiers et de cultures avec plus de 120 parcelles Les cultures sont de tous les types mais beaucoup de cultures maraichegraveres ce qui explique les fortes doses de FO ou drsquoengrais Les fruitiers sont essentiellement des agrumes et sont le reacutesultat drsquoopeacuterations de deacuteveloppement qui ont vulgariseacute la plantation de ces arbres La plupart de ces plantations nrsquoest pas encore en pleine production (trop reacutecentes)

24 Les strateacutegies des EAF pour lrsquoutilisation de la FO disponible

Dans le JAE ndeg 9 nous avions eacutemis lrsquohypothegravese qursquoagrave Arivonimamo il y avait deux types drsquoEAF lrsquoun avec des strateacutegies de fortes disponibiliteacutes en FO soutenues par des ambitions de cultures maraichegraveres et un autre avec des strateacutegies de moindre disponibiliteacute en FO avec des systegravemes de culture plus classiques Pour repreacutesenter les strateacutegies nous avons eacutetabli des classes selon le pourcentage de la FO utiliseacutee sur ceacutereacuteales pluviales et sur cultures commerciales Les reacutesultats sont preacutesenteacutes dans le tableau 8

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

30

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Tableau 7 Reacutepartition des EAF selon des classes de quantiteacutes utiliseacutees de FO

Classes utilisation FO MandotoArivonimamo Arivonimamo

FO utiliseacutes sur ceacutereacuteales pluviales des EA

S cultiveacutee moyenne

(ares)CV des EA

S cultiveacutee moyenne

(ares)CV

lt=25 8 89 72 76 113 7625 agrave 75 18 93 93 20 88 57gt75 74 144 88 4 37 49 FO utiliseacutes sur cultures commercialeslt=25 88 136 91 12 63 7725 agrave 75 9 90 58 42 102 60gt75 3 75 85 46 118 81

Les strateacutegies des EAF vis-agrave-vis de lrsquoutilisation de la FO sont tregraves nettement diffeacuterentes selon les zones comme on lrsquoa deacutejagrave vu la premiegravere partie du tableau montre qursquoagrave Mandoto 74 des EAF mettent plus des frac34 de leur FO disponible sur les parcelles avec ceacutereacuteales pluviales (seules ou associeacutees) et ce sont les EAF avec la plus grande superficie qui font cela Alors qursquoagrave Arivonimamo seules 4 des EAF mettent plus de 75 de leur FO sur des parcelles avec ceacutereacuteales pluviales et ce sont les plus petites EAF (superficie cultiveacutee moyenne de 37 ares) avec certainement des strateacutegies de seacutecuriteacute alimentaire

La deuxiegraveme partie du tableau nous permet de constater qursquoagrave Arivonimamo 46 des EAF mettent plus de 75 de leur FO sur les cultures commerciales (cultures maraichegraveres pomme de terre taro patate douce et haricot) et ces EAF ont en moyenne une superficie cultiveacutee supeacuterieure aux autres Cette classe est importante mais il y a aussi une classe drsquoEAF avec des strateacutegies baseacutees sur une meilleure reacutepartition

A Mandoto les EAF qui mettent plus de 75 de leur FO sur ce type de cultures commerciales (essentiellement le maraichage) sont peu nombreuses (3 des EAF) et ce sont des EAF avec des superficies plus faibles que les autres Ce nrsquoest donc pas la strateacutegie utiliseacutee par les EAF qui ne donnent pas la quasi exclusiviteacute (lt75) de la FO aux ceacutereacuteales pluviales Il existe un groupe drsquoEAF dans les deux zones qui ne donnent pas lrsquoexclusiviteacute de la FO (gt75) aux ceacutereacuteales pluviales agrave Mandoto ou aux cultures commerciales agrave Arivonimamo Ce groupe regroupe 23 des EAF agrave Mandoto et 49 agrave Arivonimamo Ce sont des EAF un peu plus petites que la moyenne de la zone avec une disponibiliteacute en FO infeacuterieure agrave la moyenne de la zone et une reacutepartition de la FO marqueacutee par la strateacutegie dominante de la zone mais avec une reacutepartition plus eacutequilibreacutee et notamment un eacutepandage sur le riz irrigueacute

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

31

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Tableau 8 Les EAF avec une strateacutegie drsquoutilisation de la FO diffeacuterente de la strateacutegie dominante de la zone

EAF Sup moy (ares)

FO (tonnes)

FO sur Ceacutereacuteales Pluviales

FO sur Cuture

commerciales

FO sur Riz irrigueacute

FO sur Autres

cultures

Mandoto 23 94 131 48 21 20 4

Arivonimamo 49 99 223 20 45 16 1

Il existerait ainsi 3 grandes strateacutegies drsquoutilisation de la FO avec agrave Mandoto la quasi exclusiviteacute de la FO sur les ceacutereacuteales pluviales (74 des EAF de la zone) agrave Arivonimamo la quasi exclusiviteacute de la FO sur les cultures commerciales (46 des EAF) et un groupe avec une reacutepartition plus eacutequilibreacutee entre les diffeacuterentes cultures y compris sur le riz irrigueacute

3 Conclusions et implications pour le deacuteveloppement

La gestion de la fertiliteacute des sols dans ces deux reacutegions contrasteacutees des plateaux drsquoaltitude malagasy passe drsquoabord par la production etou lrsquoacquisition de fumure organique il nrsquoy a quasiment aucune EAF sans apport sur au moins une parcelle cultiveacutee1 Les reacutesultats montrent qursquoenviron la moitieacute de la superficie cultiveacutee annuellement reccediloit de la FO agrave Mandoto et plus des deux tiers agrave Arivonimamo Mecircme si les doses potentielles sont en dessous des recommandions avec la rotation des cultures cela signifie que lrsquoensemble du terroir pourrait ecirctre fumeacute plus drsquoune fois tous les deux ans Les riziegraveres quand elles sont cultiveacutees en riz irrigueacute ne reccediloivent que tregraves rarement de la fumure dans ces zones La strateacutegie est lrsquoinverse de ce qursquoon rencontre dans drsquoautres zones qui priorisent les bas-fonds notamment dans les zones des peacuterimegravetres irrigueacutes (Lac Alaotra peacuterimegravetres sur les Hautes terres Ambondromisotrahellip)

Les strateacutegies de gestion de la fertiliteacute des sols sont logiquement de fertiliser en prioriteacute les cultures les plus exigeantes et les plus reacutemuneacuteratrices ceacutereacuteales pluviales agrave Mandoto (riz et maiumls) et les cultures maraichegraveres mais qui sont tregraves marginales dans cette zone cultures pour le marcheacute agrave Arivonimamo maraichage pomme de terre haricots patates douces taros Et pour les producteurs qui achegravetent des engrais commerciaux (essentiellement engrais mineacuteral) la pratique est drsquoassocier aux fumures organiques des compleacutements drsquoengrais et ceci tregraves prioritairement sur les cultures les plus reacutemuneacuteratrices et aussi les plus exigentes A quelques rares exceptions pregraves lrsquoapport drsquoengrais mineacuteral vient toujours compleacuteter un apport de fumure organique et crsquoest pregraves drsquoun quart de la superficie qui reccediloit engrais et FO agrave Arivonimamo et seulement 13 agrave Mandoto

Deux principaux engrais mineacuteraux sont utiliseacutes dans les deux zones le NPK et lrsquoureacutee En reacutealisant les apports au voisinage des plants il y a une concentration des eacuteleacutements nutritifs qui permet agrave la fois drsquooptimiser leur utilisation et de deacutevelopper des synergies entre produits organiques et mineacuteraux Cette efficience des ressources garantie par une compleacutementariteacute des apports incluant une base organique avec un compleacutement mineacuteral a deacutejagrave eacuteteacute releveacutee dans de nombreuses autres situations tropicales (Bekunda et al 1997) Drsquoautres eacutetudes sur ces mecircmes zones mettent en eacutevidence que la majoriteacute des fumures organiques utiliseacutees preacutesentent certaines deacuteficiences en eacuteleacutements majeurs comme le N et le P et que lrsquoutilisation des engrais de synthegravese est susceptible de lever (Ben Naacircmane et al 2020 notre article dans le JAE preacuteceacutedent) Cette pratique est donc agrave encourager notamment agrave travers des messages

1 Dans notre eacutechantillon seules 2 EAF nrsquoont pas apporteacute de FO lrsquoune extrecircmement petite (moins de 5 are de SAU) agrave Arivonimamo et tregraves pauvre qui a vendu sa FO une autre agrave Mandoto qui prend en meacutetayage la terre qursquoil cultive

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

32

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

de vulgarisation adapteacutes et compleacutementaires des messages laquo classiques raquo qui procircnent des doses importantes drsquoengrais

Lrsquoanalyse compareacutee des deux zones montre des diffeacuterences dans le recours aux engrais de synthegravese avec agrave Arivonimamo une quasi geacuteneacuteralisation de lrsquoengrais (pregraves de 90 des EAF) et une utilisation moyenne de 30 kg par ha de SAU plus freacutequemment sur les cultures maraichegraveres et presque toujours en compleacutement de la fumure organique contre environ une exploitation sur deux agrave Mandoto et une utilisation de 6 kg par ha Sur ce premier site une plus grande diversiteacute drsquoengrais et une utilisation plus importante de cendres sous-produit de briqueteries sont releveacutees Eacutegalement une strateacutegie drsquoallocation de ressources diffeacuterencieacutee apparaicirct tregraves clairement au niveau des fumures organiques sur le riz de bas-fonds beaucoup plus amendeacute agrave Arivonimamo car cette ressource est agrave la fois moins limitante et mieux valoriseacutee par les cultures maraicircchegraveres A Mandoto la fumure organique est moins disponible et moins valorisable autrement que par les ceacutereacuteales pluviales aussi moins indispensable pour la productiviteacute de ces cultures et est beaucoup mieux valoriseacutee sur le domaine pluvial sans laquelle aucune mise en valeur de culture exigeante ne serait envisageable Ainsi la recherche doit affiner ses connaissances agrave lrsquoeacutechelle du systegraveme de culture pour mieux eacutevaluer performances et durabiliteacute agrave court et long termes et accompagner lrsquointensification eacutecologique promue par divers opeacuterateurs de deacuteveloppement agricoles (notamment ONG de deacuteveloppement)

Cette communication plaide encore une fois pour une bonne compreacutehension des EAF de leur fonctionnement et de leurs strateacutegies avant de proposer des ameacuteliorations adapteacutees La fertilisation telle que pratiqueacutee par les producteurs est un acquis important pour comprendre la durabiliteacute de lrsquoagriculture familiale et pour renforcer la durabiliteacute des EAF Cela montre agrave la fois la techniciteacute des paysans leur connaissance des intrants existants et de leur utilisation Les propositions drsquoinnovations pour le deacuteveloppement doivent srsquoappuyer sur lrsquoexistant contrairement agrave

ce qui est souvent fait (Razanakoto et al 2018) Drsquoabord les orientations vont certainement vers des techniques qui permettent drsquoaugmenter la fumure organique disponible en quantiteacute et en qualiteacute (eacutetable ameacutelioreacutee compostage lombricompost etc) notamment avec des matiegraveres premiegraveres disponibles localement plutocirct que sur la base drsquoachats Les agriculteurs investissent moins en moneacutetaire et optent pour une strateacutegie drsquointensification en main drsquoœuvre (ce qui est le cas pour les systegravemes de compostage) Ensuite il est important de mieux valoriser ces diffeacuterents types de fertilisation agrave travers des combinaisons de pratiques

Ce dont il faut ecirctre sucircr crsquoest que les producteurs dans leur tregraves grande majoriteacute deacuteveloppent des strateacutegies de gestion de la fertiliteacute des sols et les adaptent sur la base de leurs connaissances et savoir-faire et en fonction des conditions biophysiques et de lrsquoenvironnement socioeacuteconomique Si les conditions eacuteconomiques sont favorables (deacuteboucheacutes prix suffisamment reacutemuneacuterateurs) ils ont recours aux engrais commerciaux comme le montre cette eacutetude mais aussi drsquoautres (voir par exemple en zone peacuteriurbaine drsquoAntananarivo NDienor et al 2011) Or le plus souvent dans les actions de deacuteveloppement et les propositions techniques les fertilisations sont proposeacutees par filiegravere comme une sorte de manuel technique (fiche technique par filiegravere) et reacutefleacutechies par rapport aux besoins propres de la plante cibleacutee Ces propositions vont ainsi agrave lrsquoencontre des strateacutegies paysannes et leur diffusion reste mitigeacutee

Enfin dans les propositions actuelles pour le deacuteveloppement rizicole notamment sur bas-fonds les acteurs de deacuteveloppement misent sur une intensification rizicole de type reacutevolution verte (semences ameacutelioreacutees voire hybrides avec des doses importantes drsquoengrais acheteacute) Les donneacutees montrent que les strateacutegies des paysans integravegrent les rotations avec le riz et les investissements en fertilisation se passent autrement (cultures de contre saison autres cultures) Les deacutepenses en semences et surtout si on enlegraveve la valorisation de lrsquoautoproduction restent tregraves faibles Ces

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

33

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

propositions techniques srsquoeacuteloignent encore une fois des strateacutegies paysannes

Mais cette analyse des strateacutegies drsquoutilisation des fertilisants dans la gestion de la fertiliteacute des sols reste encore incomplegravete car si les aspects techniques (quantiteacutes et modaliteacutes) ont eacuteteacute traiteacutes les aspects eacuteconomiques ne lrsquoont pas eacuteteacute Cela sera le thegraveme du prochain et dernier article qui mettra en relation les pratiques de gestion de la fertiliteacute et les performances notamment en terme de marge brute aux niveaux parcelles et cultures et de revenu au niveau EAF

BIBLIOGRAPHIE

Bekunda MA Bationo A Ssali H 1997 Soil fertility management in Africa a review of selecterd research trials In Replenishing Soil Fertility in Africa SSSA Special Publication Nomber 51 63-79

Ben Naacircmane CK Autfray P Audouin S Beacuteliegraveres JF Blanchart E Razafimahatratra M Razanakoto OR Salgado P 2020 Gestion compareacutee de la fertiliteacute au niveau des exploitations agricoles familiales du Moyen-Ouest de la reacutegion Vakinankaratra et des Hautes-Terres de la reacutegion Itasy agrave Madagascar Projet Secure 24 p httpswwwsecuremgsitesdefaultfiles2020-04Livret_Secure_2020pdf

Liniger H Mekdaschi Studer R Hauert C et Gurtner M 2011 La pratique de la gestion durable des terres Directives et bonnes pratiques pour lrsquoAfrique subsaharienne WOCAT FAO TerrAfrica Rome (Italie) 243 p httpwwwfaoorg3i1861fi1861fpdf

MAEP 2006 Strateacutegie nationale pour le deacuteveloppement de lrsquoutilisation de lrsquoengrais Ministegravere de lAgriculture de lElevage et de la Pecircche Antananarivo Mai 2006 48 p + annexes p httpwwwmpaegovmgcommunicationwp-contentuploadssites2201611strategie_dvlpt_utilisation_engrais_1pdf

NDieacutenor M Aubry C et Rabeharisoa L 2011 Strateacutegies de construction de la fertiliteacute des terres par les agriculteurs dans les systegravemes maraicircchers peacuteriurbains dAntananarivo (Madagascar) Cahiers Agricultures Vol 20 No 4 (2011) doihttpsdoiorg101684agr20110497

Poirier N et Nuninger L 2012 Techniques damendement agraire et teacutemoins mateacuteriels Pour une approche archeacuteologique des espaces agraires anciens Histoire amp Socieacuteteacutes Rurales 38 (2) 11-50 doi103917hsr0380011

Pierre-Bernard A Ramboarison R Randrianarison L et Rondro-Harisoa L 2007 Les implications structurelles de la libeacuteralisation sur lrsquoagriculture et le deacuteveloppement rural Programme Ruralstruc Madagascar Phase I EPP PADR APB Consulting Antananarivo Janvier 2007 303 p httpdocumentsbanquemondialeorgcuratedfr 184371468091191021pdf779810WP0madag00250for0the0abstractpdf

Razanakoto O Razafindraibe R Andriamananjara A Razafimanantsoa M-P Rakotoson T Smolders E et Rabeharisoa L 2018 Failures in agricultural innovation due to poor understanding of farmersrsquo predispositions Development in Practice 28 (5) 691-704 doi1010800961452420181471124

Sanginga N et Woomer P L (Ed) 2009 Integrated Soil Fertility Management in Africa Principles Practices and Developmental Process Nairobi (Kenya) Tropical Soil Biology and Fertility Institute of the International Centre for Tropical Agriculture 263 p

Leacutetude a eacuteteacute reacutealiseacutee dans le cadre du projet SECuRE

(Soil ecological function resto-ration to enhance agrosystem ser-vices in rainfed rice cropping sys-tems in agroecological transition) financeacute par Agropolis Foundation sous la reacutefeacuterence ID 1605-007 agrave travers le programme Investisse-ments dAvenir (Labex Agro ANR-10-LABX-0001-01) dans le cadre du I-SITE MUSE (ANR-16-IDEX-0006)

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

34

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Lucien Seacuteguy 1944-2020 agronome du geacutenie veacutegeacutetal

Premiers pas

Lucien Seacuteguy est neacute dans une famille de petits paysans du nord Dordogne fiers de leurs racines et durs agrave la tacircche Il sera le

seul de sa fratrie de quatre fregraveres et sœurs agrave acceacuteder agrave lrsquouniversiteacute Diplocircme drsquoingeacutenieur agronome de lrsquoENSA Toulouse en poche suivi drsquoune speacutecialisation en peacutedologie agrave lrsquoORSTOM (ex IRDhellip) de Bondy il eacutepouse Jacqueline qui lrsquoaccompagnera durant toute sa carriegravere Son service civil se deacuteroule au Seacuteneacutegal de 1967 agrave 1969 agrave la grande station IRAT (Institut de Recherche Agronomique Tropicale) de Bambey il preacutefegravere une affectation en brousse Sefa Il y refait une carte peacutedologique et srsquoattaque agrave lrsquoameacutelioration du travail du sol en traction animale des riziegraveres de Casamance

En 1969 lrsquoIRAT lrsquoaffecte dans lrsquoOuest Cameroun agrave Dschang ougrave il monte et accompagne des projets rizicoles sur les plaines des MrsquoBos et de NrsquoDop Il y conduit des travaux sur les systegravemes de culture et lrsquoameacutelioration varieacutetale du riz pluvial et irrigueacute Ses analyses des interactions entre geacutenotype et environnement soulignant lrsquoinfluence majeure de la fertiliteacute des sols sur les attaques de pyriculariose le font remarquer et sont toujours citeacutees

Ses travaux et reacutealisations alliant recherche et deacuteveloppement interpellent des responsables de la recherche agronomique breacutesilienne et fin 1977 il devient le premier expert IRAT en poste au Breacutesil affecteacute aupregraves de LrsquoEMAPA de lrsquoeacutetat du Maranhatildeo Il travaillera au Breacutesil jusqursquoagrave sa retraite en 2009 et au-delagrave De 1977 agrave 1982 il monte avec lrsquoaide de Serge Bouzinac des eacutetudes sur la culture du riz pluvial pour chez et avec des petits paysans sans terre Les systegravemes de deacutefriche-brucirclis manuelle sur ces savanes secondaires agrave Palmiers Babaccedilu sont compareacutes agrave des systegravemes en traction animale Immeacutediatement abandonneacutes en raison des eacuterosions catastrophiques qursquoils induisent Premier signal sur la neacutecessiteacute du semis direct dans ces eacutecologies tropicales Mais Lucien et Serge sont informeacutes que leurs activiteacutes avec les sans terres du Nordeste ne sont pas du goucirct de tous Dans ces reacutegions du Breacutesil agrave cette eacutepoque le message est sans ambiguiumlteacute il faut partir vite LrsquoEMBRAPA - CNPAF (Centre National Riz amp Haricot) de Goiacircnia inteacuteresseacute par leurs reacutesultats les accueille

1982 nouveau milieu donc Les Cerrados du Centre Ouest breacutesilien (Mato Grosso Goiaacutes Tocantinshellip) un biome de savanes arboreacutees plus de 200 millions drsquohectares sur lequel avance un irreacutepressible front pionnier drsquoeacutelevage extensif et drsquoagriculture meacutecaniseacutee Des sols lateacuteritiques acides vides de nutrimentshellip longtemps consideacutereacutes comme impropres agrave toute forme drsquoagriculture rentable Peu importe la conquecircte de la terre est en marche deacutefriche riz pluvial monoculture de soja sur travail du sol simplifieacute avec des outils agrave disques hellip semelle de labour eacuterosion Une deacutevastation agrave eacutechelle industrielle Le diagnostic est vite poseacute les premiegraveres recommandations simples adapteacutees suivent combiner rotation de cultures commerciales (sojariz sojamaiumls) et succession annuelle ougrave agrave la culture commerciale succegravede une safrinha secondaire (maiumls sorgho ou mil) avec des preacuteparations de sols profondes (labour dresseacute aux socs scarification avec des outils agrave dents) Ces systegravemes de travail du sol profond ont du succegraves et sont tregraves largement diffuseacutes Mais lrsquoavegravenement du Semis Direct dans les reacutegions subtropicales du sud du Breacutesil va venir changer le paradigme des travaux de Lucien et Serge

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

35

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Lrsquoinvention le Semis direct sur Couverture Veacutegeacutetal (SCV) en milieu tropical

1984 visite agrave la Coopeacuterative laitiegravere centrale du Paranaacute agrave

1984 visite agrave la Coopeacuterative laitiegravere centrale du Paranaacute agrave Carambeiacute reacutegion des Campos Gerais premiers eacutechanges avec les agronomes Hans Peeten Josueacute Nelson Pavei hellip et les agriculteurs Nonocirc Perereira et Franke Dijkstra pionniers du semis direct dans cette reacutegion du Sud

1985 un producteur eacuteclaireacute du Mato Grosso Munefumi Matsubara leur ouvre grand les portes de sa fazenda hellip et sa bourse Des alternatives en semis direct sont rigoureusement compareacutees aux systegravemes avec travail du sol profond ou superficiel Au cours de ces cinq anneacutees deacutecisives les

systegravemes en semis direct sont plus productifs et rentables que les systegravemes conventionnels ils sont aussi et avant tout les seuls agrave permettre une augmentation de plus de 20 des teneurs de matiegravere organique des sols Les systegravemes sous couvert veacutegeacutetal (SCV) sont lanceacutes des eacutetapes cruciales sont franchies avec lrsquoinsertion en succession en association des cultures commerciales drsquoespegraveces telles que le sorgho mil les crotalaires le Brachiariahellip qui produisent de fortes biomasses valorisant des pluies marginales et surtout lrsquoeau du sol Les principes techniques des systegravemes SCV permettant de respecter les lois de fonctionnement des agroeacutecosystegravemes tropicaux sont poseacutes formaliseacutes dans des documents scientifiques et didactiques Lrsquoanalogie centrale avec le fonctionnement drsquoun eacutecosystegraveme forestier tropical se nourrissant sur lui-mecircme dans des recyclages continus entre biomasses vivantes et mortes gracircce agrave lrsquoactiviteacute biologiques des sols offre un cadre feacutecond agrave la creacuteativiteacute agronomique de Lucien Seacuteguy Les couverts veacutegeacutetaux se preacutesentent comme des pompes biologiques recyclant les eacuteleacutements mineacuteraux proteacutegeant le sol des pluies tropicales preacuteservant une tempeacuterature optimale pour lrsquoactiviteacute biologique et lrsquoabsorption racinaire hellip tout le contraire des sols mis agrave nu par le labour ou des techniques culturales simplifieacutees incompatibles avec une gestion durable de la ressource sol

Ces travaux sont conduits via de multiples partenariats en interaction avec une diffusion active de ses reacutesultats par les fondations et associations de producteurs Avant lrsquoan 2000 les SCV couvrent deacutejagrave -et ont sauveacute- des millions drsquohectares de terres agricoles dans les eacutetats de Goias Mato Grosso Tocantins Maranhatildeo Piauiuml hellip recoupant une vaste diversiteacute peacutedoclimatique tropicale dans laquelle les SCV se diversifient Ils inventent de nouvelles alternatives sur des couvertures veacutegeacutetales maintenues vivantes sous la culture encore plus efficientes comme le soja sur couvert permanent de chiendent ( Cynodon dactylon) ou le maiumls sur arachide peacuterenne ( Arachis pintoiuml) Avec le groupe Maeda les SCV sont adapteacutes agrave la culture cotonniegravere le preacutealable agrave son essor rapide dans le Mato Grosso

En parallegravele ils deacuteveloppent avec James Taillebois un seacutelectionneur du CIRAD un programme de seacutelection geacuteneacutetique de riz avec pour objectif premier drsquoeacutelargir lrsquoadaptabiliteacute des varieacuteteacutes creacuteeacutees et leurs toleacuterances aux maladies fongiques en seacutelectionnant en conditions pluviales de lrsquoeacutequateur jusqursquoau subtropical des croisements entre pools drsquoorigines pluviales et irrigueacutees Ces varieacuteteacutes vont voyager dans de nombreux pays tropicaux et subtropicaux faisant montre de leur grande plasticiteacute qursquoelles tirent de leur base geacuteneacutetique et des systegravemes SCV dans et pour lesquelles elles sont seacutelectionneacutees

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

36

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Lucien et Serge ont inspireacute des milliers drsquoagriculteurs agronomes et chercheurs breacutesiliens sur la base de leurs travaux preacutecurseurs et visionnaires sur les systegravemes sous couvert veacutegeacutetal pour les eacutecologies tropicales du Breacutesil Ils ont accueilli des visites de tous pays et continents se faisant les premiers et les meilleurs ambassadeurs des SCV du Breacutesil

Informer et former le monde

A partir de 1984 et jusqursquoagrave sa retraite Lucien reacutealise tous les ans des missions drsquoappui aupregraves de collegravegues chercheurs agronomes et de projets de deacuteveloppement publics et priveacutes dans de nombreux pays tropicaux drsquoAfrique drsquoAsie du Sud-Est Madagascar icircle continent aux innombrables eacutecosystegravemes tropicaux sera gracircce aux partenariats tisseacutes et aux financements de nombreux projets par lrsquoAgence Franccedilaise de Deacuteveloppement (AFD) une antichambre pour les petites paysanneries de ces techniques neacutees dans les dynamiques agro-industrielles du Breacutesil Drsquoautres projets suivront principalement sur financements de lrsquoAFD en Cocircte drsquoIvoire Gabon Cameroun Seacuteneacutegal Tunisie Vietnam Laos Cambodgehellip permettant de deacutecliner les

principes des SCV en pratiques adapteacutees aux conditions sociales drsquoagricultures familiales parmi les plusdeacutemunies de la planegravete Avec le Pr Joatildeo Carlos Saacute de lrsquoUniversiteacute de Ponta Grossa (Parana Breacutesil) ils organiseront toujours gracircce aux financements de lrsquoAFD de 2006 agrave 2011 six eacuteditions drsquoune formation internationale sur les SCV et la dynamique de matiegravere organique du sol rassemblant plus de 90 agronomes vulgarisateurs et chercheurs travaillant en partenariat avec le CIRAD dans plus de 13 pays du Sud Tous ces pays et drsquoautres ne peuvent plus ignorer cette information clef pour lrsquohumaniteacute on sait doreacutenavant faire pousser sous les tropiques les grandes cultures annuelles pluviales de faccedilon durable rentable et accessible Un nouveau pilier est disponible pour renforcer la seacutecuriteacute alimentaire mondiale et lrsquoautonomie des pays du Sud En 2009 agrave sa retraite du Cirad il poursuit ses appuis agrave travers la planegravete aupregraves des acteurs convaincus par la pertinence des voies agronomiques qursquoil continue drsquoouvrir Des reacuteseaux se montent qursquoil anime partageant sa vision ses ideacutees sa creacuteativiteacute et son humour A lrsquoinvitation drsquoun agronome du Queacutebec Louis Peacuterusse il se lance dans lrsquoadaptation des SCV aux conditions continentales ils remettent agrave lrsquohonneur les bleacutes drsquohiver semeacutes agrave la voleacutee dans le soja trois semaines avant la reacutecolte gagnant un mois de croissance avant lrsquohiver et avanccedilant la reacutecolte drsquoun mois Ce calendrier profondeacutement remanieacute par rapport aux scheacutemas baseacutes exclusivement sur les cultures de printemps ouvre une fenecirctre pour implanter agrave la voleacutee dans les bleacutes murissant des meacutelanges de plantes de couverture Ces derniers apportent alors ici comme partout de faccedilon inteacutegreacutee par et pour le biologique recharge en matiegravere organique et de multiples fonctions eacutecosysteacutemiques telles que la fixation azoteacutee par les leacutegumineuses la stimulation de fonctions microbiennes symbiotiques et non symbiotiques la creacuteation et lrsquoentretien drsquoune forte macroporositeacute par les effets combineacutes de puissants systegravemes racinaires et la stimulation drsquoune forte activiteacute des vers de terre le controcircle des adventices par la couverture du solhellip

Au Sud du Breacutesil dans les Eacutetats de Santa Catarina et du Rio Grande do Sul il travaille avec de jeunes agronomes breacutesiliens agrave la conception et agrave la diffusion sur des centaines de milliers drsquohectares des couverts multifonctionnels agrave base de meacutelanges complexes composeacutes de 10 espegraveces et plus Il est inviteacute en 2009 en Argentine et en Uruguay par Jean Waymel agriculteur drsquoorigine franccedilaise avec qui il deacuteveloppe des SCV diversifieacutes inteacutegrant le semis agrave la voleacutee sur couvert veacutegeacutetal y compris de culture agrave grosses graines comme le soja

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

37

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Ces techniques pratiqueacutees agrave tregraves grande eacutechelle accroissent les vitesses drsquoimplantation des cultures et la reacutesilience des systegravemes de production dans un climat de plus en plus variable

Sa passion pour la diversiteacute veacutegeacutetale ses talents de naturaliste lrsquoont ameneacute agrave explorer inlassablement de nombreuses espegraveces veacutegeacutetales tempeacutereacutees et tropicales agrave proposer des meacutelanges de plus en plus efficaces alliant cultures annuelles et peacuterennes et aux fonctionnaliteacutes et morphologies aeacuteriennes et racinaires diversifieacutees le cœur des SCV

Mecircme en France

Il initie eacutegalement degraves le milieu des anneacutees 1990 des eacutechanges avec quelques agriculteurs franccedilais en meacutetropole et plus tard dans des deacutepartements et territoires drsquoOutre-Mer (Reacuteunion Antilles Nouvelle Caleacutedonie)

Avec ces pionniers des SCV en France [1] il expeacuterimente dans des eacutecologies aussi diverses que les rives et coteaux de la Loire la Champagne berrichonne les collines du Gers la Camargue les versants de la Montagne Peleacuteehellip dans des systegravemes ceacutereacutealiers de polyculture eacutelevage des bananeraies en conditions pluviales ou irrigueacutees

Quelles espegraveces et associations drsquoespegraveces pour les couverts drsquohiver drsquoeacuteteacute en fonction des conditions de milieuxhellip Comment les semer dans les diffeacuterentes cultures en deacuterobeacutee en succession agrave quelle date agrave quelle dosehellip Ce savoir-faire et ces connaissances sont agrave deacutefricher et organiser par des essais Tous ces agriculteurs rallongent diversifient leurs rotations integravegrent des leacutegumineuses via les cultures (pois drsquohiver de printemps sojahellip) et les couverts eacuteventuellement fourragers (vesce feacuteverole gesse tregravefleshellip) Les fermes drsquoeacutelevage conquiegraverent par-lagrave leur autonomie en proteacuteines Aux techniques de couvertures mortes tueacutees avant semis de la culture viennent ici aussi srsquoajouter des couverts vivants de luzerne sur argilo-calcaire de tregravefle ou de lotier sur les sols plus acides ou hydromorphes faisant encore gagner en coucirct et en flexibiliteacute face aux aleacuteas du climat et des marcheacutes

Ils testent et mettent en commun les acquis sur leurs fonds propres un reacuteseau se coopte pour avancer Lucien lrsquoanime en structurant les essais et en maintenant le cap agrologique des SCV mecircme quand les reacutesultats escompteacutes ne sont pas immeacutediatement au rendez-vous

Les SCV de mieux en mieux maicirctriseacutes integravegrent progressivement lrsquoensemble des terres cultiveacutees sur ces fermes remaniant profondeacutement leur systegraveme drsquoexploitation Les parcs mateacuteriels se simplifient les grosses puissances de traction pour les preacuteparations de sol nrsquoont plus lieu drsquoecirctre Il faut aussi ecirctre autonome pour ses productions de semences de couverts la leacutegislation interdisant dons eacutechanges ou ventes entre agriculteurs mecircme pour des espegraveces et varieacuteteacutes libres de droit drsquoobtenteurs ou plus disponibles sur le marcheacute les semences commerciales ne sont pas forceacutement optimales pour les systegravemes et restent oneacutereuses utiliseacutees agrave bonne dose

Plus aucune de ces fermes nrsquoutilise drsquoinsecticides que ce soit en foliaire au sol ou en traitement de semences sur quelques cultures que ce soient ni drsquoanti-limaces Des fongicides ne sont appliqueacutes qursquoexceptionnellement sur les ceacutereacuteales agrave paille et colza au quart ou agrave la moitieacute des doses preacuteconiseacutees lorsque des conditions climatiques propices au deacuteveloppement des champignons pathogegravenes surviennent agrave un stade critique de ces cultures Les herbicides demeurent agrave faible dose principalement

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

38

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

pour le controcircle des couverts Les apports drsquoazote mineacuteral sur ceacutereacuteales agrave paille et maiumls diminuent progressivement pour atteindre 10 agrave 12 uniteacutes par tonne de grains une efficience quasi doubleacutee en comparaison des exploitations avoisinantes Toutes ces fermes qui pratiquent les SCV depuis plus de 15 ans obtiennent les meilleures performances techniques (rendement qualiteacute nutritive et sanitaire des grains) dans leurs reacutegions respectives elles ont dans le mecircme temps reacuteduit leurs charges en intrant et carburant de 39 par rapport agrave des itineacuteraires dits raisonneacutes (travail du sol simplifieacute dose drsquointrants modeacutereacutee) agrave 58 par rapport agrave des reacutefeacuterences ayant recours au travail du sol conventionnel et aux pleines doses drsquointrants

Sur tous ces reacutesultats Lucien communique beaucoup avec fougue et passion hellip mecircme si apregraves une vie au contact des acteurs du deacuteveloppement et de la recherche au Breacutesil lrsquoinertie parfois bavarde et suffisante de lrsquoagriculture franccedilaise ne cesse de le surprendre au vue de la crise dans laquelle se deacutebat une immense majoriteacute de producteurs et lrsquoeacutetat geacuteneacuteral de nos sols

Quels enseignements pour lrsquoavenir de notre agriculture

Il y a tant agrave retenir de ce parcours immense pour qui voudrait continuer le travail de Lucien Seacuteguy sur les chemins du deacuteveloppement et de la connaissance des CV agrave travers le monde

Pratiquer les SCV crsquoest vouloir orchestrer la transformation des milieux que lrsquoon cultive par et pour la puissance du veacutegeacutetal Crsquoest penser et organiser des flux puissants de biomasses continu lrsquoeacutenergie solaire par les plantes et la vie du sol Nous savons aujourdrsquohui que cela neacutecessite de maintenir les sols couverts en permanence de mobiliser une grande diversiteacute veacutegeacutetale diversifieacutees pour capter stocker et restituer en au sein des rotations via des couverts multi-speacutecifiques et de reacuteussir

agrave abandonner toute forme de travail du sol Ce dernier point est tregraves deacutebattu peut-ecirctre car il est le symbole le plus embleacutematique drsquoun changement de modegravele radical sucircrement parce qursquoil est celui qui pose le plus de problegravemes de mise en oeuvre dans les phases de transition et pour certaines cultures pour lesquelles des reacutefeacuterentiels techniques solides manquent encore Il est pourtant celui pour lequel la connaissance scientifique est la plus solidement eacutetablie travailler le sol mecircme de faccedilon superficielle et eacutepisodique nuit partout que lrsquoon soit dans la Niegravevre au Queacutebec ou au cœur du Mato Grosso agrave la vie du sol et aux capaciteacutes de stockage et de restitution de lrsquoeacutenergie qursquoelle construit Travailler le sol crsquoest se condamner agrave faire un travail de Peacuteneacutelope toujours deacute faire dans la nuit du sol ce que les plantes photosyntheacutetis(s)ent le jour Crsquoest se condamner agrave rester dans un entre-deux technique agrave se couper drsquoune effectiviteacute pleine entiegravere et continue des processus naturels qui viennent organiser la fertiliteacute des sols et contribuer au controcircle des bio-agresseurs de nos cultures Crsquoest par le respect de ces 3 principes pratiques des SCV que les apports importants et continus de matiegravere organique nourrissent une biodiversiteacute microbienne et inverteacutebreacutee de plus en plus riche complexe et foisonnante et que peuvent srsquoauto-organiser nos sols cultiveacutes

Deacutevelopper des systegravemes de culture et de production en SCV requiert tout drsquoabord drsquoabandonner lrsquoideacutee de recette applicable pour se lancer dans lrsquoexploration libre mais meacutethodique drsquoun immense champ de possibles Cela demande drsquoimaginer et apprendre agrave mener des rotations reacutepondant agrave nos objectifs de

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

39

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

production ougrave cultures et couverts veacutegeacutetaux se relaient pour tendre vers des sols couverts 365 jours sur 365 Cela demande aussi au deacutebut de lrsquoaudace pour rompre les amarres avec le confort rassurant des pratiques conventionnelles institueacutees Crsquoest accepter drsquoen passer par des deacutecisions contraires agrave ce que lrsquoon nous a appris agrave ce que lrsquoon nous recommande Crsquoest refuser de voir un salut dans la laquo high tech raquo preacutetendument reacutevolutionnaire que lrsquoon impose agrave des agriculteurs surendetteacutes pour oser la complexiteacute du vivant et lrsquoautonomie Crsquoest entrer pour la premiegravere fois avec le semoir dans un laquo gros raquo couvert veacutegeacutetal plus tard preacutefeacuterer semer agrave la voleacutee dans des couverts vivants ou par-dessus des cultures murissantes hellip en se demandant tout de mecircme pour une fois agrave lrsquounisson avec les voisins si lrsquoon nrsquoest pas devenu un peu dingo Crsquoest aussi se retenir de faire cet insecticide en acceptant lrsquoideacutee qursquoil y a plus agrave terme agrave y perdre qursquoagrave y gagner preacutefeacuterer nourrir des ravageurs en les leurrant plutocirct que de les tuer et renoncer agrave leurs ennemis naturels etc Toutes ces remises en questions des pratiques courantes dissolvent lrsquoun apregraves lrsquoautre les repegraveres en vigueur et srsquoapparentent au franchissement drsquoun miroir derriegravere lequel se cueillent les beacuteneacutefices que nous servent les processus naturels activeacutes un miroir derriegravere lequel aussi les systegravemes avec travail du sol apparaissent pour ce qursquoils sont absurdes et contre-nature Cette transformation de nos faccedilons de cultiver nous a transformeacute autant que nos sols et nos exploitations et pourtant nous sommes conscients drsquoecirctre agrave lrsquooreacutee drsquoun immense territoire que nous commenccedilons agrave peine agrave explorer source de confiance en lrsquoavenir et drsquoune humiliteacute heureuse Lucien Seacuteguy voulait avancer sans relacircche dans ce territoire de la biodiversiteacute et du geacutenie veacutegeacutetal au service drsquoune agriculture toujours plus propre et performante La recherche eacuteprouve aussi des difficulteacutes pour srsquoemparer de ces eacutetranges objets techniques que sont les systegravemes de culture agrave base de semis direct sur couverture veacutegeacutetale ces objets techniques deacuteroutent car ils tirent leur efficience des processus naturels qursquoils activent des processus naturels qui dans la dureacutee organisent nos sols et donnent aux eacutecosystegravemes que nous cultivons leurs grandes fonctions de gestion de la fertiliteacute et drsquoautoreacutegulation des nuisibles divers adventices phytophages maladies hellip

Cette meacutediation essentielle du naturel creacutee une distance entre le geste pratique et lrsquoeffectiviteacute associeacutee mesurable dans nos parcelles et nos fermes Elle rend ainsi les approches factorielles de lrsquoagronomie classique fondeacutees sur les analyses des liens preacutesupposeacutes entre pratique et effet impropres agrave lrsquoeacutetude et agrave la conception de ces systegravemes Car ceux-ci ne reacutesultent pas drsquoune combinaison de facteurs mais sont creacuteation eacutemergente drsquoun milieu cultiveacute complexe et transformation concomitante des perceptions et connaissances de celles et ceux qui les pratiquent

Crsquoest pour nous avoir aideacutes agrave nous engager dans cette double transformation que nous tenions ici agrave te remercier Lucien Puisse ton formidable legs ecirctre compris et repris par des acteurs et politiques clairvoyants courageux et ambitieux

[1]Jean-Claude Quillet Hubert Charpentier Christian Abadie Sandrine Gallon amp Alain Coudrillier Noeumll amp Lydie Deneuville Bertrand et Patrick Aubeacutery hellipArticle publieacute sous une autre mise en page dans la revue TCS (Techniques Culturales Simplifieacutees) - laquo Agronomie Eacutecologie et Innovation - TCS Ndeg 108 Juin-Juillet-Aoucirct 2020 raquoArticle reacutedigeacute avec les sources de httpopen-libraryciradfr

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

40

Trimestrielle - Edition N

deg 10

SUCCESS STORIESJO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

Lrsquoapproche laquo paysan agrave paysan raquo par le projet MANITATRA II rocircles des Paysans Leaders (ou paysans relais)

TOKIHERINIONJA Tanjonarilesa Fernand Chef de ProjetRAKOTONDRAMANANA Directeur Exeacutecutif du GSDM

Contexte

Depuis le 20 juillet 2018 le GSDM assure la mise en œuvre du projet intituleacute laquo

MANITATRA II raquo Ce projet est financeacute par lrsquoUE par lrsquointermeacutediaire du COMESA dans le cadre du programme Global Climate Change Alliance Plus (GCCA+) des pays drsquoAfrique des Caraiumlbes et du Pacifique (Intra ACP) conformeacutement agrave lrsquoaccord de subvention NdegCC000418 signeacute par le COMESA et le GSDM Le projet est preacutevu pour couvrir une dureacutee de 3 ans

Lrsquoobjectif geacuteneacuteral du projet eacutetant de soutenir la mise agrave lrsquoeacutechelle de lrsquoAgriculture Climato-Intelligente (ACI) pour atteacutenuer les changements Climatiques et ameacuteliorer la seacutecuriteacute alimentaire agrave Madagascar Pour cela il cible la reacutegion de Vakinankaratra et couvre deux eacutecosystegravemes diffeacuterentes le Moyen-Ouest et les Hautes Terres en intervenant successivement au niveau de 07 et 10 Communes Rurales Et pour atteindre ces objectifs le projet a opteacute pour une approche de diffusion laquo paysan agrave paysan raquo Cette approche a eacuteteacute deacutejagrave testeacutee durant la peacuteriode du projet MANITATRA I (2014 -2015) dans les reacutegions du Vakinankaratra et du Sud - Est

Les paysans leaders (ou paysans relais) sont les pierres angulaires de lrsquoapproche de diffusion de paysan agrave paysan Ils ont eacuteteacute choisis et formeacutes par les techniciens du projet lrsquoeacutequipe du GSDM central et drsquoautres partenaires (Ceffel ADTRMAPDRA DRAEP Vakinankaratra) afin drsquoacqueacuterir les bagages neacutecessaires agrave la transmission des connaissances agro-eacutecologiques agrave leurs paires

Pourquoi cette eacutethodologie

La proximiteacute des paysans leaders avec les producteurs autour permet de corriger les limites de lrsquoapproche laquo technicien agrave paysan raquo qui ne garantit pas toujours une peacuterenniteacute des actions

initieacutees par les projets et qui coucircte nettement plus cher aux projets En effet le fait que les paysans leaders soient issus du lieu drsquointervention leur permet de parler le mecircme langage alors que les techniciens se heurtent geacuteneacuteralement aux barriegraveres des logiques paysannes qui peuvent ecirctre difficiles agrave percer Par ailleurs lrsquoapproche laquo paysan agrave paysan raquo preacutesente un coucirct nettement reacuteduit par rapport agrave lrsquoapproche laquo technicien agrave paysan raquo De plus les paysans leaders resteront toujours dans leur village une fois le projet termineacute Ainsi ils resteront des personnes ressources et continueront agrave donner des conseils aux paysans autour

Choix des paysans leaders

Lrsquoidentification des paysans leaders constituait la premiegravere mission de lrsquoeacutequipe au tout deacutebut du projet Crsquoest une eacutetape cruciale car un mauvais choix de paysan leader fait perdre beaucoup de temps au projet Un certain nombre de critegraveres a eacuteteacute mis en place afin de reacuteduire au maximum ce risquebull Ecirctre paysan de profession (agriculteur

eacuteleveur hellip)bull Possession drsquoune parcelle individuelle drsquoune

surface de 05 agrave 1ha deacutedieacutee agrave la pratique personnelle de lrsquoagro-eacutecologie

bull Ecirctre majeurbull Savoir compter lire et eacutecrirebull Ayant des expeacuteriences en matiegravere drsquoanimation

etou vulgarisation des techniques innovantesbull Ayant une sorte de leadership naturel aupregraves

des villageoisbull Habitant dans la zone drsquointervention du

projetbull De bonne reacuteputationbull Sans affiliation directe avec un parti politiquebull Non engageacute avec drsquoautres organismes

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

41

Trimestrielle - Edition N

deg 10

SUCCESS STORIES

Rocircle des paysans leaders et fonctionnement dun CEP

Les responsabiliteacutes des paysans leaders consistent agrave appuyer les techniciens dans le processus de diffusion de lrsquoagro-eacutecologie Ils doivent obligatoirement geacuterer au sein de leur exploitation un Champ Ecole Paysanne (CEP) individuel ougrave ils vont pratiquer les diffeacuterentes pratiques agro-eacutecologiques promues par le projet Les mises en place au niveau du CEP permet aux techniciens du projet de former et dassurer le recyclage des diverses pratiques agro-eacutecologiques Les formations des paysans leaders sont alors beaucoup plus pratiques que theacuteoriques Ce qui est plus approprieacutee pour ces paysans leaders Ils doivent pour ce faire appliquer rigoureusement les directives fournies par les techniciens Les paysans leaders assurent lrsquointeacutegraliteacute des charges lors des mises en place et entretiens des cultures au niveau du CEP que ce soit en intrants ou main drsquoœuvre Seules les semences de plantes de couvertures qui ne sont pas disponibles dans la zone que le projet leur fourni

Les CEP servent de lieu de formation et de visites eacutechanges organiseacutees par les paysans leaders pour leurs paires A la suite de ces sessions les paysans inteacuteresseacutes par une ou plusieurs pratiques agro-eacutecologiques au niveau des CEP seront accompagneacutes par les paysans leaders afin de les dupliquer au sein de leur exploitation respective Les paysans leaders couvrent geacuteneacuteralement une zone dans un rayon de cinq agrave dix kilomegravetres autour de leur lieu de reacutesidence soit trois agrave quatre fokontany en moyenne Ils sont agrave cet effet eacutequipeacutes drsquoune bicyclette comme moyen de locomotion et des bacircches de formation comme outils lors des seacuteances drsquoanimation Le projet leur dote aussi des bonbonnes et des pulveacuterisateurs leur permettant drsquoappliquer certaine techniques particuliegraveres comme la fabrication de compost liquide et les laquo ady gasy raquo

Engager les paysans leaders dans le processus de diffusion de lrsquoagro-eacutecologie ne signifie pas pour

autant les deacuterouter de leur vocation de paysan Ils ne sont pas des salarieacutes du projet Crsquoest drsquoailleurs pour cette raison que le GSDM a fixeacute par contrat une dureacutee effective de travail maximal de sept jours par mois Par contre le projet leur accorde une compensation journaliegravere de 10000Ar pour leurs interventions

Rocircles des techiciens

Pour MANITATRA II ce sont les paysans leaders qui assurent la diffusion des techniques agro-eacutecologiques promues par le projet Les techniciens jouent le rocircle de facilitateur afin que les paysans leaders puissent atteindre leurs objectifs Ainsi les techniciens encadrent techniquement les paysans leaders Ils ont dans ce sens la responsabiliteacute de faire des suivis des actions meneacutees par les paysans leaders et de les appuyer durant les seacuteances de conseil drsquoanimation et de formation Ils effectuent eacutegalement des appuis sur la mise en place des champs eacutecoles paysans (CEP) sur lesquels les riverains vont pouvoir appreacutecier les eacutetendues de lrsquoapplication des techniques appliqueacutes en agro-eacutecologie Les techniciens fixent les objectifs agrave atteindre selon les attentes du projet Pour MANITATRA II le ratio moyen est drsquoun technicien pour 7 paysans leaders encadreacutes

Perspectives pour les paysans leaders

Ces paysans leaders sont formeacutes reacuteguliegraverement sur diverses theacutematiques par le GSDM Cela afin qursquoils puissent assumer pleinement leurs responsabiliteacutes Lrsquoobjectif eacutetant qursquoils puissent agrave plus long terme devenir prestataire en tant que paysan formateur au niveau des entiteacutes qui auront besoin de leurs services agrave lrsquoinstar du FDA

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

42

Trimestrielle - Edition N

deg 10

SUCCESS STORIES

Laissons parler les paysans

Rindra Sandratriniaina Assitant Chef de projet RAKOTONDRAMANANA Directeur Exeacutecutif du GSDM

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Les reacutesultats obtenus de la deuxiegraveme anneacutee du projet MANITATRA II ont fournis des

enseignements conseacutequents quant aux techniques adopteacutees par les paysans et des inteacuterecircts que ces derniers avaient tireacute de ces adoptions Dans le moyen ouest comme sur la haute terre du Vakinankaratra la pratique du riz pluvial sur mulch de mucuna ont vraiment fait ses preuves Le riz pluvial associeacute au cajanus quoiqursquoen cours drsquoessais a deacutejagrave fourni des reacutesultats probants Les diffeacuterents niveaux drsquoameacutenagement coupleacutes avec les reboisements et la gestion des matiegraveres organiques sont tout autant de techniques que les quelques paysans des communes de Fidirana drsquoAntohobe et de Soavina vont nous deacutelivrer dans ce numeacutero 10 du journal de lrsquoagro-eacutecologie

Drsquoabord M Rakotomanantsoa Modeste drsquoAmbohibolakely de la commune rurale de Fidirana teacutemoigne de son inteacuterecirct quant agrave la pratique du riz pluvial sur mulch de mucuna

Avant cette pratique nous ne pouvions produire qursquoautour de 1tha pour le riz pluvial Actuellement le rendement peut aller jusqursquoagrave 5tha Le mucuna nrsquoagit pas seulement sur la restauration de la fertiliteacute du sol mais aussi sur le nettoyage des parcelles par rapport aux diffeacuterentes pestes veacutegeacutetales qui envahissaient nos parcelles Il srsquoest aveacutereacute que le mucuna permet aussi de lutter contre certains ravageurs de culture Pour nous loin fut le temps ougrave nous eacutetions frustreacutes de la plantation de cette leacutegumineuse non comestible qui accaparait nos surfaces cultivables car vu lrsquointeacuterecirct qursquoy portent le grand nombre la plantation de celle-ci nous engendre deacutesormais des revenus drsquoappoints

En outre je produits aussi du lombricomposte Lrsquoobjectif est toujours eacuteteacute de sevrer notre exploitation de lrsquoutilisation drsquoengrais chimique Avec lrsquoavegravenement des techniques de seacuteparations

de vers drsquoavec le composte la production nrsquoest plus peacutenible comme avant Il nous faut juste surveiller lrsquohumiditeacute la tempeacuterature lrsquoeacutetat du lombricomposteur et enfin veiller agrave ce que les lombrics aient toujours du preacutecomposte precirct agrave lrsquoemploi Je lrsquoutilise surtout dans la production de riz pluvial le maiumls et la production de plants drsquoarbre en peacutepiniegravere ou ccedila mrsquoa permis non seulement de produire des beaux plants mais aussi de beaucoup reacuteduire lrsquoinvasion des ravageurs

Ensuite Razafindrakoto Edouard drsquoAmbohibolakely de la commune de Fidirana stipule que parmi toutes les techniques vulgariseacutees par le GSDM agrave travers le projet MANITATRA II la plantation de mucuna et celle qui apporte le plus drsquointeacuterecircts

Quand je nrsquoavais utiliseacute que des fumiers de parc les fano (heteronicus) et ses vers blancs ont causeacute beaucoup de deacutegacirct sur mes riz et mes maiumls Actuellement en combinant mulch de mucuna et utilisation du lombricomposte nous avons pu doubler notre production Elle permet en effet drsquoeacuteliminer les menaces dues aux attaques des ravageurs de culture et entretien la fertiliteacute du sol

De son cocircteacute Rakotoarijaona Alfred affirme que donner lrsquoexemple sur ses habitudes culturales mis en pratique au niveau de son champ eacutecole paysan (CEP) fait partie de son quotidien de paysan leader (PL)

Il propose entre autre lrsquoameacutenagement en courbe de niveau des parcelles en pente et les techniques de fabrication des diffeacuterents types de compost

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

43

Trimestrielle - Edition N

deg 10

SUCCESS STORIESJO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

comme moyen de gestion durable du sol Lrsquoassociation du riz pluvial avec le cajanus lui a donneacute un excellent reacutesultat Semeacute au moment de la montaison le cajanus associeacute au riz pluvial nrsquoa manifesteacute aucune sorte de concurrence Il ne se ramifie qursquoapregraves la reacutecolte du riz Durant lrsquointersaison il se deacuteveloppent de maniegravere agrave couvrir les parcelles et les preacuteservent des invasions drsquoadventices Le cajanus est connu pour son travail naturel du sol et une production de biomasse pouvant servir au compostage En fin de cycle il fournit aussi drsquoeacutenorme quantiteacute bois pour les cuissons

Pour M Ralaisa Pierre Solofoniaina lrsquoapplication de lrsquoagriculture de conservation a permis de mieux geacuterer ses parcelles surtout vis-agrave-vis des pheacutenomegravenes drsquoeacuterosion

Jrsquoavais mis en place des courbes de niveau sur mes parcelles puis jrsquoai installeacute de couverture veacutegeacutetale comme le mucuna Depuis je ne travaille plus mes terres et les sarclages sont deacutesormais moins contraignants Je me suis eacutegalement aperccedilu que les effets du striga se sont beaucoup amoindris Comme reacutesultats si avant pour le riz pluvial nous ne pouvons obtenir qursquoenviron 1tha maintenant nous arrivons agrave produire 40kg de paddy par are soit dans les 4tha Jrsquoai entrepris ces travaux car je vise surtout lrsquoavenir de mes enfants Je dois ecirctre en mesure de leur leacuteguer de la bonne terre) raquo

Rabemanantsoa Gilbert drsquoAnkily du Fokontany drsquoAntampondravola un alevineur professionnel avait beacuteneacuteficieacute des appuis sur la protection des bassins versants autour de ses bassins piscicoles

Les appuis du projet MANITATRA II mrsquoa permis de mettre agrave jour mes techniques drsquoalevinage Mais le plus important eacutetait ces ameacutenagements

des versants autour de mes bassins piscicoles Nous nous y sommes mis pour combattre le fleacuteau drsquoeacuterosion qui agrave chaque peacuteriode de pluie menacent drsquoensabler nos bassins Les versants ameacutenageacutes sont actuellement stabiliseacutes avec des haies vives de cajanus renforceacutes avec du brachiaria et diverses plantes de couverture

Depuis longtemps je pratique aussi le lombricompostage Il mrsquoa permis de reacuteduire lrsquoutilisation des produits chimiques et surtout drsquoalleacuteger les peines relatives au transport vers les parcelles Quand la population de lombrics augmente il mrsquoarrive de les reacuteguler en preacutelevant une certaine quantiteacute pour nourrir mes poissons

Du cocircteacute de la commune drsquoAntohobe Mme Rafanjanirina Jeanne Philomegravene a entrepris la restauration de la fertiliteacute de ses parcelles apregraves quelque heacutesitation

Il y a 2 ans le technicien du projet Manitatra travaillant dans notre commune nous a animeacute sur les techniques de restauration de la fertiliteacute du sol Au deacutebut je nrsquoeacutetais pas vraiment convaincue du bien-fondeacute de ces techniques mais apregraves avoir assisteacute agrave une visite eacutechange au niveau du site drsquoIvory et apregraves avoir constateacute la reacuteussite de mon fregravere sur le reboisement jrsquoai deacutecideacute de mrsquoy mettre Nous avons adopteacute le lombricompostage et la fabrication de biopesticide Reacutecemment nous avons constateacute que lrsquoassociation de mucuna avec le maiumls permet de proteacuteger ces derniers contre les attaques de chenilles

Avant nous avons comme habitude drsquoutiliser du cendre du riz pluvial et nous nrsquoavons pu obtenir que 240kg de paddy par are Apregraves lrsquoutilisation du lombricompost la mecircme surface nous a donneacute 320kg agrave 400kg Sur la production de tomate avant nous ne pouvons faire que 4 reacutecoltes maintenant avec le lombricompost ccedila peut aller jusqursquoagrave 6 voire 7 reacutecoltes

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

44

Trimestrielle - Edition N

deg 10

SUCCESS STORIESJO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

A Soavina Rasoanindrina Wivine eacutetait pris drsquoeacutetau par une grande parcelle qursquoelle avait preacutevu drsquoabandonner car elle ne lui permettait plus de produire grand-chose

En effet ladite parcelle eacutetait non seulement deacutegradeacute mais eacutetait aussi envahi par le striga et le kidoronrsquoalika (Acantospermum austral) A la suite drsquoune reacuteunion de sensibilisation organiseacutee par le technicien posteacute agrave Soavina jrsquoavais deacutecideacute drsquoy planter du mucuna et du Stylosanthes associeacute avec un peu de maiumls et du riz pluvial Degraves la premiegravere anneacutee une ameacutelioration du rendement en riz srsquoeacutetait fait ressentir A la

deuxiegraveme anneacutee malgreacute la seacutecheresse le riz eacutetait drsquoune tregraves bonne veacutegeacutetation mais lrsquoinsuffisance de pluie au moment de la floraison dans notre reacutegion ne nous a pas permis drsquoobtenir des graines

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

45

Trimestrielle - Edition N

deg 10

ACTUALITES

Dans le cadre du Projet MANITATRA II sur financement du COMESAUnion

Europeacuteenne (11egraveme FED agrave destination des pays ACP dans le cadre de lrsquoAlliance Mondiale pour le Climat) le GSDM srsquoest lanceacute dans la production et la reacutealisation drsquoun film drsquoanimation 3D sur la base de son livret ludique un guide de formation conccedilu pour lrsquoapprentissage de lrsquoAgro-eacutecologie et de lrsquoeacuteducation environnementale en milieu scolaire Lrsquoobjectif eacutetant de renforcer la promotion de lrsquoAgriculture Climato-Intelligente au niveau national et drsquoappuyer la prise en compte de lrsquoAgro-eacutecologie dans les politiques publiques et les projetsprogrammes Dans ce sens ce film drsquoanimation 3D constitue un outil de plaidoyer mais eacutegalement un support de formation drsquoanimationsensibilisation

Lrsquoideacutee drsquointeacutegrer lrsquoAgro-eacutecologie dans tous types de formation essentiellement dans lrsquoenseignement de base agrave Madagascar a eacuteteacute eacutevoqueacutee depuis bien des anneacutees lors des diffeacuterents ateliers et eacutevegravenements

organiseacutes par le GSDM Cette reacuteflexion a eacuteteacute soutenue aussi bien par lrsquoAdministration que par les partenaires techniques et financiers mais eacutegalement par les diffeacuterents acteurs de deacuteveloppement impliqueacutes œuvrant dans le secteur du deacuteveloppement durable

Lrsquointeacutegration de lrsquoAgro-eacutecologie en milieu scolaire a eacuteteacute initieacutee par le GSDM en 2017 au travers du projet PAPAM sur financement de lrsquoAFD Il eacutetait preacutevu de seacutelectionner 6 eacutetablissements publics etou priveacutes de niveau collegravege dans la reacutegion du Vakinankaratra Au travers des activiteacutes parascolaires lrsquoideacutee eacutetait de former des enseignants pour assurer le transfert de connaissances aux eacutelegraveves de 6egraveme et 5egraveme Avec les acquis de WWF membre du GSDM et la collaboration de lrsquoOEMC aupregraves du Ministegravere de lrsquoEducation Nationale de lrsquoEnseignement Technique et Professionnel un document de concept note a eacuteteacute eacutelaboreacute pour la mise en œuvre drsquoune phase pilote De la

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Un film drsquoanimation 3D sur lrsquointeacutegration de lrsquoAgro-eacutecologie en milieu scolaire pour la vulgarisation de lrsquoAgro-eacutecologie au niveau national

LrsquoEducation agrave lrsquoinverse une maniegravere de diffuser lrsquoAgro-eacutecologiehelliphelliplrsquoAgro-eacutecologie pour les geacuteneacuterations futures

Equipe GSDM

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

46

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

mission de diagnostic visant lrsquoidentification des eacutetablissements beacuteneacuteficiaires aux missions de formation de conception de supports et de

suivi les eacutetapes de la mise en œuvre ont eacuteteacute reacutealiseacutees sous lrsquoeacutegide de la Direction Reacutegionale de lrsquoAgriculture de lrsquoElevage et de la Pecircche et de la Direction Reacutegionale de

lrsquoEducation Nationale de lrsquoEnseignement Technique et Professionnel Un atelier bilan a eacuteteacute organiseacute agrave la fin de lrsquoanneacutee scolaire 2017-2018 pour eacutevaluer et mesurer les impacts de ce

mode laquo drsquoeacuteducation agrave lrsquoinverse raquo ougrave les enfants forment leurs parents pour un changement de paradigme

Le succegraves de la phase pilote a tout particuliegraverement susciteacute lrsquoattention de nombreux partenaires techniques et financiers souhaitant investir dans lrsquoeacuteducation des jeunes dans le cadre du deacuteveloppement durable Une extension des activiteacutes a eacuteteacute ainsi programmeacutee au travers du projet MANITATRA II sur financement du COMESAUnion Europeacuteenne pour 3 anneacutees scolaires conseacutecutives 20182019 - 20192020 et 20202021 Six (6) nouveaux eacutetablissements ont eacuteteacute seacutelectionneacutes selon les critegraveres du projet Pour la peacuterennisation des actions le projet MANITATRA II a maintenu lrsquoappui technique au niveau des eacutecoles PAPAM A lrsquoissu de lrsquoatelier bilan organiseacute agrave la fin de lrsquoanneacutee scolaire 2018-2019 la sollicitation du GIZProSol sur financement de la Coopeacuteration Allemande a emmeneacute agrave lrsquoextension des activiteacutes au profit de 8 nouveaux eacutetablissements dans la Reacutegion Boeny

Les beacuteneacuteficiaires directes sont actuellement au nombre de 3897 eacutelegraveves reacutepartis au niveau de 20 eacutetablissements dont 3 047 dans la reacutegion de Vakinankaratra et 850 dans la reacutegion

Boeny Cette eacuteducation agrave lrsquoinverse touche eacutegalement les parents le corps eacuteducatif les paysans aux alentours mais aussi les acteurs de deacuteveloppement et les deacutecideurs

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

47

Trimestrielle - Edition N

deg 10

AGRO-ECOLOGIE EN PHOTOJO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

Le Comiteacute de pilotage du Projet MANITATRA II sest reacuteuni pour la 2egraveme fois le 24 septembre

2020 pour lexamen du rapport dactiviteacute de lanneacutee 2 et de la programmation des activiteacutes de lanneacutee 3

Ont reacutepondu preacutesent le DGA du MAEP en sa qualiteacute de Peacutersident du Comiteacute le PCA du GSDM le Vice-Preacutesident

du CA du GSDM le Directeur du Deacuteveloppement Reacutegional du Vakinankaratra le DRAEP Vakinankaratra le DREDD Vakinankaratra et le Repreacutesentant du MEDD par le biais de son Conseiller Technique

Reacuteunion du comiteacute de Pilotage du projet Manitatra II le 24 Septembre 2020

Les journeacutees Agro-eacutecologiques du Vakinankaratra se sont tenues les 19 et 20 mars 2020 Ces

2 journeacutees ont eacuteteacute consacreacutees pour le partage des acquis et expeacuteriences en Agro-eacutecologie face au deacutefis du changement climatique et de linseacutecuriteacute alimentaire On a vu la participation de lAdministration au travers du Ministegravere de lAgriculture de lElevage et de la Pecircche du Ministegravere de lEnvironnement et du Deacuteveloppement Durable du Ministegravere de lEducation Nationale de la Direction de la meacuteteacuteorologie des autoriteacutes locales des partenaires techniques et financiers des beacuteneacuteficiaires et des journalistes

La premiegravere journeacutee a eacuteteacute deacutedieacutee agrave la visite des reacutealisations en Agro-eacutecologie suivie dun atelier de restitution le 2egraveme jour Tant sur le terrain quau travers des teacutemoignages en salle lactiviteacute lieacutee agrave linteacutegration de lAgro-eacutecologie en milieu scolaire a succiteacute lattention des participants Cette mode deacuteducation agrave linverse ougrave les enfants forment leurs parents a tout particuliegraverement toucheacute de nombreux meacutenages Desormais les parents souhaitent ecirctre formeacutes sur diffeacuterents theacutematiques en Agro-eacutecologie tels que le compsotage lAgriculture de conservation et lAgroforesterie

Objectif atteint pour le GSDM la reacuteussite de cet eacutevenement est ducirc agrave la participation active des diffeacuterents intervenants En vue dune agriculture durable la peacutereacutenisation des acquis et limportance de la prise en compte de lAgro-eacutecologie dans les politiques publiques a eacuteteacute souleveacutee et approuveacutee

Journeacutees Agro-eacutecologiques du Vakinankaratra les 19 et 20 mars 2020

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

48

Trimestrielle - Edition N

deg 10

Deacutecembre2020

Octobre 2020

Septembre 2020

Novembre 2020

Ont participeacute agrave ce numeacutero bull Mireille RAZAKA - Responsable Communication du GSDMbull Vololoniraisana RANDRIAMIARANA - Agronome du GSDMbull Martin RANDRIAMITANTSOA - Consultant Agronome du GSDMbull Tahina RAHARISON - Consultant Agronome Socio-eacuteconomiste du GSDMbull TOKIHERINIONJA Tanjonarilesa Fernand - Chef de Projet MANITATRA IIbull RAKOTONDRAMANANA - Directeur Exeacutecutif du GSDM

Rubrique laquoLAgro-eacutecologie au niveau nationalraquo WWH - DURRELL - CEFFEL membre du GSDM - GIZProSol Partenaire Technique et FinancierRubrique laquoDossierraquo Collegravegues rapprocheacutes de Lucien SEGUYRubrique laquoRechercheraquo FOFIFA - Dp SPAD - Partenaires techniques Rubrique laquoSuccess Storiesraquo GSDM Vakinankaratra (MANITATRA II)Entiteacute de validation Comiteacute de lecture les membres du GSDM GSDM Copyrigth septembre2020

Site WebFacebook YoutubeRoute drsquoAmbohipo

Lot VA 26 Y AmbatorokaBP 6039 Ambanidia Antananarivo 101 Madagascar

Teacutel (+261) 20 22 276 27

CALENDRIER DIVERS CONTACTS

Site WebFacebook

Teacutel (261 20) 22 200 46 agrave 48Fax (261 20) 22 347 94

afdantananarivoafdfr

23 rue RazanakombanaAmbohijatovo BP 557

AntananarivoMADAGASCAR

Pour de plus amples informations etou pour toutes ameacuteliorations contacter nous au

Ce journal a eacuteteacute financeacute au deacutepart par lrsquoAFD (projet PAPAM) et par le COMESAUE (projet MANITATRA 2) agrave partir de leacutedition Ndeg8

Les membres du GSDM

Direacutecteur Exeacutecutif gsdmdemoovmgResponsable communication razakamireilleyahoofr

Evegravenements

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

- Mission de suivi Alaotra - Mission de suivi Sud-Est- Mission drsquoevaluation et bilan de campagne ATASEF - Formation des techniciens des ONGencadreacutes par ECO-CONSULT - GIZProSol

- Preacutesentation officielle du film drsquoanimation 3D Ny Fambolena maharitraho anny taranaka mifandimby- Atelier bilan eacutecole Manitatra II- Expertise OSDRM dans la Diana

Directeur de publication RAKOTONDRAMANANA DL imprimeur Ndeg - Editeacute en 140 exemplaires

Facebook Site Web

- Atelier recherche et deacuteveloppement - Emission FIVOHY sur la RNM tous les 3egraveme samedis du mois de 08h15 agrave 08h30 du matin

- Campagne culturale grande saison- Journeacutees Agro-eacutecologiques du Sud-Est

Open library

  • Signet 1
Page 4: Edito - gsdm-mg.org

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

4

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IELrsquoAGRO-ECOLOGIE

AU NIVEAU NATIONALIntroduction de lrsquoinnovation agro-eacutecologie pour ameacuteliorer la seacutecuriteacute

alimentaire et la nutrition des communauteacutes villageoises aux alentours de la Nouvelle Aire Proteacutegeacutee drsquoAlaotra

Hanitra RAKOTOJAONA Brinah RAZAFIHARIMIANDO - DURRELL

Durrell Madagascar travaille aux alentours de la Nouvelle Aire Proteacutegeacutee drsquoAlaotra (NAP Alaotra) pour assurer la preacuteservation de lrsquoespegravece de leacutemurien endeacutemique de la zone qui est le Bandro (Hapalemur

alaotrensis) ainsi que son habitat naturel Etant le promoteur de lrsquoAire Proteacutegeacutee (AP) drsquoAlaotra Durrell collabore eacutetroitement avec les communauteacutes locales pour promouvoir la bonne gestion de lrsquoaire proteacutegeacutee de ses biodiversiteacutes et de ses ressources naturelles

Diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques sont eacutegalement mises en œuvre dont les principaux objectifs sont de pouvoir reacuteduire les menaces et les pressions sur les ressources naturelles et la biodiversiteacute mais aussi drsquoameacuteliorer les conditions de vie et le bien-ecirctre de la population rurale deacutependante de ces ressources naturelles

A cet effet le projet laquo Enabling Change raquo financeacute par Jersey Overseas Aid est mis en œuvre dans quelques villages aux alentours de la NAP Alaotra pour ameacuteliorer la seacutecuriteacute alimentaire la nutrition et les revenus de meacutenages agrave travers des activiteacutes de productions agricoles respectueuses de lrsquoenvironnement Des pratiques culturales durables et reacutesilientes au changement climatique (Agriculture Climato-Intelligente Agriculture de Conservation) ont eacuteteacute identifieacutees et promues par le projet autour de 5 villages speacutecifiques La diffusion de ces techniques se fait agrave travers les champs eacutecoles paysans (CEP) pour permettre aux paysans drsquoobserver drsquoapprendre ensemble les techniques et par la suite de pouvoir les pratiquer dans leur propre parcelle

Vingt six (26) champs eacutecoles paysans (carte ci-dessous) engageant 270 paysans beacuteneacuteficiaires ont eacuteteacute mis en place durant la grande saison agricole de 2019-2020 Les producteurs ont eacuteteacute formeacutes sur les principes de base en agro-eacutecologie et en agriculture climato-intelligente telles que lrsquoassociation et la rotation culturale lrsquoutilisation drsquoengrais verts le compostage et la lutte biologique (ady gasy)

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

5

Trimestrielle - Edition N

deg 10

LrsquoAGRO-ECOLOGIE AU NIVEAU NATIONAL

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

6

Trimestrielle - Edition N

deg 10

LrsquoAGRO-ECOLOGIE AU NIVEAU NATIONAL

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Suivant les toposequences les quelques techniques promues et adopteacutees sont

1 Bas de pente

Photo 1 Association maiumls et nieacutebeacute cv David EPP Ambodivoaracommune Ambohitsilaozana

Photo 2 Association de maiumls et haricot dans le fokontany Andreba Gare commune Ambatosoratra

Photo 3 Association de maiumls et arachide dans le fokontany Anororo

commune Anororo

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

7

Trimestrielle - Edition N

deg 10

LrsquoAGRO-ECOLOGIE AU NIVEAU NATIONAL

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

2 Bas-fonds

Photo 4 Riz pluvial sous paillage de Stylosanthes dans le fokontany Andilana Sud commune Amparafaravola

Photo 5 Patate douce agrave chaire orange dans le fokontany

Ambodivoara commune Ambohitsilaozana

Photo 5 Association arachide + Cajanus Andilana sud

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

8

Trimestrielle - Edition N

deg 10

LrsquoAGRO-ECOLOGIE AU NIVEAU NATIONAL

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIEPar ailleurs ces pratiques culturales reacutesilientes au changement climatique ont eacuteteacute deacutemontreacutees au

niveau des parcelles des eacutecoles primaires publiques dans le but drsquoameacuteliorer la nutrition scolaire des eacutelegraveves et de sensibiliser les eacutecoliers et leurs parents sur le systegraveme

Enfin des eacutechanges entre les producteurs dans les groupements CEP seront ulteacuterieurement organiseacutes pour ameacuteliorer le mode de gestion du sol Ceci permettra de limiter la deacutegradation des sols et des couverts veacutegeacutetaux Le projet continuera aussi agrave identifier et agrave promouvoir les innovations adapteacutees aux reacutealiteacutes sociales et eacuteconomiques afin dassurer lefficaciteacute de ces pratiques agro-eacutecologiques autour de la NAP Alaotra

Photo 7 Rotation Riz (Riziculture agrave mauvaise maitrise drsquoeau) avec de la

vesce dans le fokontany Andilana Sud commune Amparafaravola

Photo 8 Systegraveme de riziculture ameacutelioreacute en rotation avec du haricot en contre saison sous paillage dans

le fokontany de Antsapananefatra commune Ambatomainty

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

9

Trimestrielle - Edition N

deg 10

LrsquoAGRO-ECOLOGIE AU NIVEAU NATIONAL

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Intensification des techniques agro-eacutecologiques et de restauration de la fertiliteacute de sol par lrsquoapproche terroir dans les reacutegions Anosy

et Atsimo Atsinanana

Jocelyn RAVELOSON Angola RANDRIANANTOANDRO - WHH Madagascar

laquo Un monde dans lequel tous les peuples peuvent exercer leur droit agrave mener une vie autodeacutetermineacutee dans la digniteacute et la justice agrave labri de la faim et de la pauvreteacute raquo telle est la vision globale de Welthungerhilfe (WHH) La reacutealisation de cet objectif deacutepend neacuteanmoins des facteurs environnementaux favorables dont la disponibiliteacute des moyens de production adeacutequats et leur accessibiliteacute par chaque meacutenage

Dans les Reacutegions Anosy et Atsimo Atsinanana notamment des districts de Taolagnaro Vangaindrano Farafangana et Vondrozo WHH travaille en eacutetroite collaboration avec des ONG nationales telles que Action Intercoopeacuteration Madagascar (AIM) et FIANTSO Madagascar pour donner des appuis aux paysans dans la lutte contre la pauvreteacute agrave travers lrsquoameacutelioration du fonctionnement de leur systegraveme de production Il srsquoagit entre-autre des deux grands programmes de renforcement de la seacutecuriteacute alimentaire et nutritionnelle durable SILVER (Renforcement des revenus et des moyens drsquoexistence des meacutenages vulneacuterables dans le Sud-Est) et AFAFI Sud (Appui au Financement de lAgriculture et aux Filiegraveres Inclusives dans le Sud et Le Sud-Est de Madagascar) Ces programmes sont financeacutes respectivement par la Coopeacuteration Allemande (BMZ) et lrsquoUnion Europeacuteenne (UE) agrave hauteur totale de 8 689 109 EUR SILVER srsquoeacutetale de novembre 2019 agrave avril 2022 tandis que le programme AFAFI Sud de janvier 2020 jusqursquoen avril 2024 Le nombre de beacuteneacuteficiaires finaux est estimeacute agrave pregraves de 608 000 individus dont 60 hommes et 40 femmes

Lrsquoapproche terroir pour une meilleure concentration des efforts au niveau des beacuteneacuteficiaires cibleacutes

En matiegravere de vulgarisation agricole les interventions consistent agrave diffuser des techniques ameacutelioreacutees adapteacutees aux groupes cibles et agrave leurs

contraintes pour leur permettre drsquoaugmenter leurs revenus La diffusion du systegravemes de culture eacuteconomes en intrants face au faible pouvoir drsquoachat des paysans aussi bien pour les cultures pluviales sur pente qursquoau niveau des peacuterimegravetres irrigueacutes et au bas fond revalorisation des connaissances et savoir-faire des paysans en matiegravere de techniques agro-eacutecologiques pour un meilleure rendement en quantiteacute et qualiteacute de production appui cibleacute des femmes marieacutees et megraveres ceacutelibataires agrave lrsquoeacutelevage avicole pisciculture ou apiculture et enfin de deacuteveloppement de capaciteacutes drsquoinvestissement dans des activiteacutes geacuteneacuteratrices de revenus gracircce agrave lrsquoappui aux Associations Villageoises drsquoEpargne et de Creacutedit Auto-geacutereacutes (AVECA)

La mise en œuvre des activiteacutes au niveau de chaque site terroir preacutedeacutetermineacute se complegravete et est meneacutee systeacutematiquement de maniegravere participative en incluant les autoriteacutes locales lrsquoorganisation des producteurs les hommes femmes et jeunes agriculteurs La creacuteation de Centre drsquoAccueil des Enfants et des Megraveres (CAEM) par chef-lieu de fokontany contribue agrave lrsquoenseignement des megraveres voire des parents agrave faire le lien entre utilisation adeacutequate des produits agricoles seacutelectionneacutes pour lrsquoalimentation et lrsquoeacutepanouissement de la santeacute nutritionnelle de tous les membres du meacutenage Lrsquoaccompagnement des associations communautaires aux actions de reboisement mais aussi lrsquoameacutenagement de pistes rurales de points drsquoeau potable et de peacuterimegravetres agricoles assure la viabiliteacute des activiteacutes de production agricole Les opeacuterateurs eacuteconomiques de proximiteacute y sont aussi appeleacutes et soutenus pour le deacuteveloppement des filiegraveres de niche marquant chaque district et commune le gingembre le curcuma la cannelle le cafeacute la baie rose lrsquoapiculture la pisciculture etc

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

10

Trimestrielle - Edition N

deg 10

LrsquoAGRO-ECOLOGIE AU NIVEAU NATIONAL

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Accompagnement de la communauteacute agrave la restauration de la fertiliteacute du bassin versant

De faccedilon participative les eacutequipes drsquointervention deacutefinissent des reacutefeacuterentiels techniques pertinents susceptibles drsquoecirctre diffuseacutes aupregraves de la population cible sur la base du diagnostic foncier du site-terroir et de la typologie de leurs systegravemes drsquoexploitation Pour ce faire et pour assurer par la suite leur large diffusion il est preacutevu pour ces programmes de renforcer de faccedilon tregraves pratique et concregravete les paysans relais aux concepts agronomiques fondamentaux afin de compleacuteter leur savoir et expeacuteriences en matiegravere de fertiliteacute des sols lrsquoimportance de la matiegravere organique pour le sol et les plantes et le cycle des mineacuteraux Le champs-eacutecole constitue le moyen le plus efficace pour assurer lrsquoenseignement pratique et lrsquoattraction des intentions des masses paysannes Les techniciens organisent peacuteriodiquement

des eacutevegravenements drsquoeacutechanges laquo formaliseacutes raquo sous forme de visite de la parcelle par les producteurs villageois agrave des peacuteriodes et moments cleacutes de lrsquoitineacuteraire technique

Dans lrsquoobjectif de proteacuteger par la suite ces sols et garantir la conservation peacuterenne des bassins versants les deux programmes SILVER et AFAFI Sud accompagnent les Communes et le Service Technique Deacutecentraliseacute de lrsquoEnvironnement dans la planification participative du reboisement au niveau des terroirs Afin de rendre disponible les jeunes plants sur place des actions de diffusion aupregraves des villageois des techniques de confection de peacutepiniegraveres et des peacutepiniegravere eacutecole paysanne ndash au mecircme titre que les champs eacutecoles paysans ndash sont preacutevus pour les deux premiegraveres anneacutees de travaux

Formation des femmes sur les cultures maraichegraveres et lrsquoarboriculture fruitiegravere

Fabrice LHERITEAU Chef drsquoeacutequipe ProSol Boeny

Le projet global Prosol est un projet de la Coopeacuteration allemande commissionneacute dans

le cadre de lrsquoinitiative laquo Un seul monde sans faim raquo par le Ministegravere de la Coopeacuteration Economique et du deacuteveloppement allemand Il est mis en œuvre dans huit pays diffeacuterents dont Madagascar ougrave la reacutegion drsquointervention est Boeny

Dans la mise en œuvre des activiteacutes de protection et reacutehabilitation des sols dans la reacutegion Boeny le ProSol Madagascar place les communauteacutes de producteurs au cœur de son approche en insistant sur la valorisation des activiteacutes speacutecifiques aux femmes Le projet dispose mecircme drsquoun indicateur speacutecifique pour le comptage de ces reacutealisations au niveau des meacutenages orienteacute sur lrsquoameacutelioration des conditions de vie des femmes

Or dans la reacutegion Boeny au Nord-Ouest de Madagascar la seule activiteacute agricole qui peut ecirctre pratiqueacutee sur la plupart des terres durant la

saison segraveche qui commence vers le mois drsquoavril et finit en octobre est le maraichage Cette activiteacute est souvent pratiqueacutee par les femmes et est essentielle pour lrsquoeacuteconomie des meacutenages puisquen son absence les familles doivent se deacuteplacer pour trouver un emploi ou encore srsquoadonner agrave la fabrication de charbon de bois malheureusement sans toujours respecter les regravegles en vigueur pour proteacuteger lrsquoenvironnement

Par conseacutequent dans les communes drsquointerventions de ProSol les demandes eacutemanant des femmes mettent en avant des besoins en termes de renforcement de capaciteacute sur les activiteacutes de maraichage et de plantation drsquoarbre fruitier Pour reacutepondre agrave ce besoin ProSol a octroyeacute une formation sur les cultures maraichegraveres et lrsquoarboriculture fruitiegravere en collaboration avec CEFFEL Puis des formations en cascades ont eacuteteacute organiseacutees par les ONG partenaires de ProSol sur le terrain A lrsquoissue des seacuteries de formations

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

11

Trimestrielle - Edition N

deg 10

LrsquoAGRO-ECOLOGIE AU NIVEAU NATIONAL

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

373 femmes ont eacuteteacute formeacutees agrave la culture drsquoune large gamme de leacutegumes et ont pu obtenir agrave la fois des semences et quelques petits eacutequipements pour les aider agrave se lancer dans le maraichage ou se perfectionner Un manuel de formation pratique et adapteacutes aux communauteacutes agriculteurs sur la plantation des arbres fruitiers a eacutegalement eacuteteacute eacutelaboreacute pour ecirctre utiliseacute agrave large diffusion et reacutepandre encore davantage les bonnes pratiques

La principale innovation diffuseacutee lors de ces formations a eacuteteacute de proposer un large ensemble de traitements biologiques reacutealisables agrave partir des produits locaux Habituellement les paysans encourageacutes par les commerccedilants de produits phytosanitaires utilisaient les traitements chimiques Les effets sur lrsquoenvironnement et les sols eacutetaient tregraves neacutegatifs mais les meacutethodes traditionnelles eacutetant jugeacutees inefficaces les paysans faisaient le choix du pragmatisme

Mais apregraves la formation certaines femmes ont pu concevoir leurs propres remegravedes et obtenir des reacutesultats concluants en combinant diverses solutions Crsquoest le cas notamment de madame RAZAFINDRAFARA Mampiandra Marie megravere de famille drsquoune cinquantaine drsquoanneacutee de la commune drsquoAnkijabe qui fabrique du ady-gasy

pour proteacuteger les cultures et du compost agrave base de feuilles drsquoacacia de feuilles de neem et de bemaimbo pour les fertiliser Elle se montre tregraves satisfaite des reacutesultats obtenus et teacutemoigne

laquo Le reacutesultat est maintenant vraiment diffeacuterent de ce que jrsquoai obtenu auparavant Les leacutegumes agrave feuilles verdissent bien et elles ont une bonne taille Le fait de voir mes leacutegumes qui poussent bien me motive chaque jour agrave bien entretenir mes maraicircchages et en faire encore davantage Pour mon cas jrsquoai multiplieacute par trois la surface de mes terres pour le maraicircchage et elle comprend actuellement 30 plates-bandes raquo

Lrsquoagrandissement des parcelles de maraichage et la vente de la reacutecolte de carottes salade morelle et oignons sur le marcheacute pour de bons prix a eacutegalement permis agrave Mme RAZAFINDRAFARA de commencer une petite eacutepargne et de srsquoacheter un nouveau teacuteleacutephone

Le projet ProSol souhaite en collaboration avec ses partenaires poursuivre ses activiteacutes de formation sur le maraicircchage et lrsquoutilisation de compost par les paysans afin de promouvoir une source de revenu respectueuse des sols et contribuant agrave restaurer leur fertiliteacute Pour toutes informations compleacutementaires nrsquoheacutesitez pas agrave vous adresser agrave Tahiry Rarivonandrasana (TahiryRARIVONANDRASANAeco-consultcom)

Illustration Mme RAZAFINDRAFARA preacutepare

de lrsquoady gasy pour ses cultures

La recette du compost de Mme RAZAFINDRAFARA

laquo Pour preacuteparer le compost je meacutelange un volume de bouse de vache fraicircche avec deux volumes de feuilles drsquoacacia de feuilles de neem et de bemaimbo Les feuilles doivent ecirctre entrecoupeacutees et lrsquoensemble devra agrave peu pregraves avoir le tiers de la contenance drsquoun fut de 200 litres Il faut ajouter ensuite de lrsquoeau jusqursquoagrave ce que le fut soit plein La preacuteparation est agrave meacutelanger tous les 2 jours et le compost liquide peut ecirctre utiliseacute apregraves 7 jours de fermentation Jrsquoai apporteacute le compost liquide agrave mes maraicircchages une agrave deux fois par

semaine raquo

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

12

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Reacutesumeacute

La croissance deacutemographique affecte le secteur eacutelevage qui doit aujourdhui assurer le triple de la production en viande drsquoil y avait cinquante ans De plus les terres ceacutereacutealiegraveres destineacutees agrave

lalimentation animale ont diminueacute alors que la demande en produits dorigine animale na cesseacute daugmenter Pour y remeacutedier il savegravere indispensable de valoriser les ressources alimentaires non conventionnelles qui sont en abondance mais ne sont pas en compeacutetition avec lrsquoalimentation humaine Dans cette optique le FOFIFA-DRZVP a investi plusieurs anneacutees sur lrsquoexploitation de la graine de mucuna dans lalimentation animale Des analyses chimiques de la graine ont montreacute ses qualiteacutes nutritionnelles mais eacutegalement la preacutesence du L-dopamine qui est un facteur antinutritionnel Par ailleurs plusieurs traitements de cette graine ont eacuteteacute testeacutes pour diminuer la teneur en L-Dopamine sans pour autant affecter sa valeur nutritionnelle Des tests sur diffeacuterents types danimaux ont eacuteteacute effectueacutes pour deacuteterminer le traitement le plus efficient pour chaque animal le taux dincorporation du mucuna dans la ration et lefficaciteacute de son utilisation dans lalimentation animale Les reacutesultats ont montreacute que le mucuna est une alternative inteacuteressante pour ameacuteliorer la production animale tant sur le plan social que sur le plan eacuteconomique

Valorisation du mucuna pour lalimentation des animaux de rente agrave Madagascar

RAZAFINARIVO Tsirinirina Donnah RAKOTOMANANA Olga Rachel RAPATSALAHY SabineFOFIFA - DRZVP (Deacutepartement de recherches Zootechniques Veacuteteacuterinaires et Piscicoles )

Introduction

Ces six derniegraveres deacutecennies la consommation globale de viande nrsquoa cesseacute drsquoaugmenter Elle a mecircme tripleacute en un demi-siegravecle En 2018 elle a atteint les 342 millions de tonnes (FAO) Cette tendance est tregraves marqueacutee dans les pays en deacuteveloppement comme Madagascar car elle srsquoest accrue de plus de 5 durant ces derniegraveres deacutecennies et devrait augmenter de 14 an agrave travers le monde jusqursquoen 2030 (FAO 2014) Les raisons principales en sont la forte croissance deacutemographique lurbanisation et leacuteleacutevation du niveau de vie Selon toujours le FAO (2011) la consommation en viande de volailles sera multiplieacutee de 23 en 2050 contre 14 agrave 18 pour les autres produits animaux Ceci neacutecessite 27 millions de tonnes drsquoaliments suppleacutementaires et 24 millions drsquohectares de terres ceacutereacutealiegraveres additionnelles agrave moins que la proportion de sous-produits et de ressources alimentaires non conventionnelles augmente substantiellement Dans cette optique le laboratoire de nutrition animale du FOFIFA-DRZVP srsquoest investi depuis plusieurs anneacutees sur la valorisation des ressources

non conventionnelles pour lrsquoalimentation animale Ainsi depuis 2012 la graine de mucuna a eacuteteacute valoriseacutee pour lrsquoalimentation des porcs agrave Madagascar dans le cadre drsquoun partenariat entre le FOFIFA et le GSDM Cette valorisation du mucuna srsquoest eacutelargie sur drsquoautres animaux de rente telle effectueacutee dans le partenariat entre le GRET lAVSF et le FOFIFA dans le cadre du projet HOBA ASARA Cet article reacutesume six anneacutees de recherches sur la valorisation du mucuna pour lrsquoalimentation animale agrave Madagascar

Contexte

Le pois mascate (Mucuna pruriens ou Dolichos pruriens) est une plante annuelle quon retrouve dans les reacutegions tropicales de lInde et de lAfrique (Figure 1) Le mucuna est surtout connu pour ses vertus en meacutedecine (plante revitalisante et aphrodisiaque action sur la production de testosteacuterone de dopamine etc)

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

13

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Derniegraverement ses inteacuterecircts en agronomie sur lrsquoameacutelioration du rendement du riz pluvial sur reacutesidus de maiumls + mucuna et ceux du maiumls en association avec le mucuna ont eacuteteacute publieacutes par le GSDM Ces rendements repreacutesentent 3 agrave 4 fois les rendements obtenus sur labour en sol nu (sans couvert veacutegeacutetal) avec les mecircmes doses de fertilisation (GSDM 2020) Cette capaciteacute des systegravemes agrave base de mucuna sur le rendement en plus de ses effets contre les mauvaises herbes et contre les insectes observeacutee sur plusieurs anneacutees justifie sa large diffusion actuelle chez les paysans De plus contrairement aux autres leacutegumineuses comme le nieacutebeacute (Vigna unguculata) le haricot le soja ou le Vigna umbellata (tsiasisa) le mucuna nrsquoest pas attaqueacute par les chenilles (Helicoverpa armigera) ou les chenilles leacutegionnaires drsquoautomne (Spodoptera frugiperda) (RAKOTONDRAMANA et al 2018) Ainsi suite agrave des anneacutees de production les graines de mucuna issue de ce systegraveme deviennent de plus en plus nombreuses Par ailleurs il srsquoavegravere judicieux de les valoriser dans lrsquoalimentation animale En tant que leacutegumineuse les graines de mucuna sont relativement riches en proteacuteine (composant le plus couteux dans la formulation alimentaire

des animaux) Cette pratique est lrsquoune des bases de lrsquointeacutegration agriculture-eacutelevage (IAE) agrave lrsquoeacutechelle de lrsquoexploitation sur lrsquointensification de la production par la valorisation des produits et reacutesidus pour lrsquoeacutelaboration de rations eacutequilibreacutees aux animaux (Lhoste 2008)

Figure 1 Les varieacuteteacutes de mucuna agrave Madagascar

Analyses en laboratoire

Pour pouvoir utiliser le mucuna dans lalimentation animale il est primordial de deacuteterminer ses valeurs nutritionnelles Ainsi les reacutesultats danalyses ont confirmeacute sa richesse en proteacuteine Cependant malgreacute un taux inteacuteressant en proteacuteine sa valeur biologique est reacuteduite par la preacutesence de la L-Dopa (34- dihydroxyphenylalanine qui est un acide amineacute non proteacuteique) qui est une substance anti-nutritionnelle preacutesente dans la graine de mucuna La L-Dopa est une moleacutecule thermolabile et hydrosoluble Ainsi des hypothegraveses ont eacuteteacute apporteacutees sur les possibiliteacutes de reacuteduire la teneur en L-Dopa dans la graine sans pour autant reacuteduire la teneur en proteacuteine qui est deacutenatureacutee par la chaleur Par ailleurs plusieurs traitements et combinaison de traitements ont eacuteteacute testeacutes (Figure 2) Ces traitements sont suivis drsquoanalyses nutritionnelle et toxicologique (Tableau 1) afin drsquoeacutevaluer le traitement le plus efficient cest-agrave-dire le moins toxique et ayant une valeur nutritionnelle inteacuteressante

Mucuna pruriens utilis jaune

Mucuna pruriens utilis noir

Mucuna pruriens yardghana

Mucuna pruriens IRZ

Mucuna pruriens rajada Mucuna pruriens Mucuna pruriens

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

14

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

MB T1 T2 T3 E1 E2 TE D1 D2 D3 TBic MTMatiegravere Segraveche () 938 949 952 959 945 944 984 828 995 991 939 946Matiegravere Mineacuterale () 35 415 38 40 42 39 41 27 27 19 41 44Cendre Insoluble () 01 01 01 00 01 01 01 01 01 01 01 01Calcium () 04 05 05 04 02 03 02 012 02 156 03 015Phosphore () 07 08 07 07 08 07 08 109 07 052 07 097Proteacuteine Brute () 263 242 235 226 257 238 214 270 217 248 242 243Matiegravere Grasse () 42 44 42 45 50 42 48 - 50 62 52 30L-dopa () 66 595 523 291 315 202 22 - 079 075 296 -

bull Mucuna non traiteacute (MB)bull Mucuna traiteacute trempage (T1 24h T2 48h et T3 72h)bull Mucuna traiteacute par eacutebullition (sur diffeacuterents temps drsquoeacutebullition E1 30min et E2 60min)bull Mucuna traiteacute par trempage suivi drsquoeacutebullition (TE)bull Mucuna deacutepelliculeacute (sur diffeacuterents temps de trempage D1 24h D2 48h et D3 72h) bull Mucuna traiteacute par eacutebullition dans une solution contenant 02 de bicarbonate (TBic)bull Mucuna traiteacute par torreacutefaction (MT)

Figure 2 Traitements du Mucuna

Expeacuterimentations en milieu controcircleacute

Des formulations alimentaires (Provende) agrave base de mucuna ont eacuteteacute effectueacutees puis testeacutees sur des animaux en milieu controcircleacute dans la station de recherche du FOFIFA agrave Kianjasoa Il srsquoagit de comparer les performances zootechniques des porcs et des volailles nourris avec des rations contenant un pourcentage deacutetermineacute de mucuna sur un traitement deacutetermineacute contre des lots teacutemoins de ces mecircmes animaux mais alimenteacutes avec des rations agrave 0 mucuna

RECHERCHES

Tableau 1 Valeurs nutritionnelles et teneur en L-Dopa du mucuna suivant diffeacuterents traitements (en pourcentage de la matiegravere segraveche)

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

15

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Expeacuterimentation sur les porcelets

Les expeacuterimentations ont eacuteteacute reacutealiseacutees sur diffeacuterents taux drsquoincorporation de mucuna (5 10 20 et 40) mais les gains de poids consideacutereacutes comme plus efficaces sont ceux enregistreacutes agrave une incorporation de 20 Par ailleurs le test sur animaux sur trois lots de porcelets recevant respectivement une ration agrave 0 de mucuna 20 mucuna torreacutefieacute et 20 de mucuna traiteacutee par le bicarbonate a eacuteteacute effectueacute Apregraves un mois et demi dexpeacuterimentation sans compter la peacuteriode dadaptation Le Gain moyen quotidien (GMQ) du lot teacutemoin est de 305 g contre 355g pour le lot recevant 20 de mucuna torreacutefieacute et 319 g pour le lot recevant 20 de mucuna traiteacutee au bicarbonate (Figure 3)

Figure 3 Gain moyen quotidien (en gramme) durant 45 jours de 3 lots de porcelets recevant une provende agrave base de mucuna

Ces expeacuterimentations nous montrent que les graines de mucuna peuvent bien ecirctre utiliseacutees dans lrsquoalimentation des porcs malgreacute la preacutesence de la L-Dopa qui nrsquoest pas totalement eacutelimineacutee par les traitements thermiques etou chimiques La comparaison drsquoune ration iso-proteacuteique et iso-eacutenergeacutetique du mucuna traiteacute au bicarbonate nrsquoa montreacute aucune diffeacuterence significative par rapport agrave une ration normale Par ailleurs le traitement par torreacutefaction est consideacutereacute comme efficace pour la ration des porcs La libeacuteration dacide gras durant la torreacutefaction ameacuteliore la palatabiliteacute de la ration et a un effet beacuteneacutefique sur lrsquoindice de conversion alimentaire

Expeacuterimentations sur les volailles

Les volailles repreacutesentent une source preacutecieuse de proteacuteines animales drsquoune grande valeur biologique Son eacutelevage se fait partout dans le monde dans des conditions tregraves variables Mais lrsquoobjectif principal est toujours drsquoavoir une production maximum agrave un coucirct minimum tout en eacutevitant les risques Par ailleurs la compleacutementation des aliments de volailles par le mucuna a eacuteteacute entreprise pour ameacuteliorer la productiviteacute (viande et œufs) Cette ameacutelioration a eacuteteacute entreprise sur les diffeacuterentes races existantes agrave Madagascar poulets de chair poule pondeuse et poulet de races locales Ainsi plusieurs lots de volailles recevant diffeacuterents taux drsquoincorporation de mucuna ont eacuteteacute compareacutes

Pour les poulets de chair quarante poussins de chair vaccineacutes et deacuteparasiteacutes ont eacuteteacute subdiviseacutes en 4 lots de 10 poussins 3 lots recevant respectivement un aliment incorporeacute de 0 10 et 20 de mucuna traiteacute par le bicarbonate 02 et le 4egraveme lot recevant du mucuna traiteacute par le proceacutedeacute D1 agrave 10 Au cours des 45 jours drsquoexpeacuterimentations des peseacutes hebdomadaires ont permis de suivre les performances de croissances de chaque poulet

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

16

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Figure 4 Poids des poulets de chair (en gramme) apregraves 45 jours drsquoexpeacuterimentations

En geacuteneacuteral lrsquoaugmentation du taux drsquoincorporation du mucuna dans la ration affecte la productiviteacute moyenne des poulets de chair qui est inversement proportionnelle agrave ce dernier Les poids finaux sont respectivement 1300g 1100g et 850g pour les 3 lots agrave 0 10 et 20 de Mucuna Il est eacutevident que malgreacute le taux inteacuteressant en proteacuteine et dacide amineacute dans le mucuna sa valeur biologique est reacuteduite par la preacutesence de la L-Dopa et cela affecte consideacuterablement la productiviteacute des poulets de chair Par contre lrsquoincorporation agrave 10 de mucuna deacutepelliculeacute dans la ration des poulets de chair ne preacutesente aucune diffeacuterence significative aux reacutesultats obtenus par la ration agrave 0 de mucuna (Figure 4) Par ailleurs il est donc indispensable de deacutepelliculer le mucuna avant de lintroduire dans la ration des poulets de chair

Pour les poules pondeuses

Trente poulettes precirctes agrave pondre (45 mois) de race Hulyn sp (Figure 6) ont eacuteteacute choisies pour mener lexpeacuterimentation Trois lots de 10 poulettes ont eacuteteacute formeacutes pour recevoir une ration contenant respectivement 0 10 et 20 de Mucuna traiteacutes par le Bicarbonate 02 Ce mecircme dispositif a eacuteteacute utiliseacute pour le test avec le mucuna deacutepelliculeacute Dans cette cateacutegorie le produit principal est lrsquoœuf drsquoougrave notre paramegravetre eacutetudieacute est le taux de ponte ainsi que le calibre des œufs

Figure 5 Performance zootechnique des poules pondeuses

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

17

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Lrsquoenregistrement des donneacutees journaliegraveres de ponte indique qursquoil nrsquoy a pas de diffeacuterences significatives entre les taux de ponte des poulettes recevant 0 et 10 de mucuna Par contre les poulettes nourries avec du mucuna agrave 20 nrsquoont jamais atteint un taux de ponte de 100 ceci pour dire que la teneur eacuteleveacutee en mucuna dans la ration affecte la ponte (Figure 5) Il est donc recommandeacute de ne pas deacutepasser les 10 dincorporation de mucuna dans la ration des poules pondeuses Pour les poules pondeuses nourris avec le mucuna deacutepelliculeacute les reacutesultats enregistreacutes nont pas de diffeacuterence significative avec ceux obtenus par le traitement preacuteceacutedant Par ailleurs nous pouvons opter pour le traitement avec le bicarbonate car ce traitement est moins couteux en termes de travail de temps ainsi que de faciliteacute de preacuteparation Cependant en ce qui concerne la taille des œufs les calibres des œufs des poules alimenteacutes avec une ration agrave 10 de mucuna deacutepelliculeacute sont leacutegegraverement supeacuterieurs agrave ceux des poules nourries avec du mucuna bicarbonateacute 10 (Figure 5) ainsi que ceux du lot teacutemoins agrave 0 Nous pouvons donc tirer une conclusion que le mucuna a un leacuteger effet positif sur les performances des poules pondeuses Le taux dincorporation (infeacuterieur agrave 10) et le traitement (deacutepelliculage) jouent un rocircle important

Figure 6 Introduction du mucuna dans la ration des poules pondeuses

Pour les poulets de races locales (akoho gasy)

Six lots de 20 tecirctes ont eacuteteacute constitueacutes pour recevoir une ration contenant respectivement 0 15 et de 30 de mucuna bicarbonateacute et 0 15 et de 30 de mucuna torreacutefieacute Des traitements sanitaires ont eacuteteacute effectueacutes au preacutealable tels que les vaccinations et les deacuteparasitages Ensuite les performances zootechniques (Poids) ont eacuteteacute mesureacutees toutes les semaines afin de calculer les gains de poids moyens quotidiens (GMQ) Leacutevolution du poids des poulets de races locales Akoho gasy durant 3 mois sur les 6 lots recevant des rations diffeacuterentes agrave base de mucuna nous indiquent quil ny a pas de diffeacuterence significative entre chaque lot Cependant nous pouvons constater que les poulets de races locales peuvent tregraves bien supporter une incorporation de mucuna jusquagrave 30 Pailleurs une vulgarisation de ces reacutesultats en milieu reacuteel au niveau des paysans a eacuteteacute effectueacutee Pour cela deux groupes deacuteleveurs de poulets de race locale ont eacuteteacute seacutelectionneacutes pour tester leur appreacuteciation sur ces deux types de traitement (bicarbonateacute et deacutepelliculeacute) agrave 30 de mucuna

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

18

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Figure 7 Comparaison en milieu reacuteel des performances des poulets de race locale alimenteacute au Mucuna

bull MT1 Mucuna cuit avec du Bicarbonate bull MT2 Mucuna torreacutefieacute bull SM Ration sans mucuna

Apregraves trois mois deacutevaluation coupleacutee de visites de pesage hebdomadaire Il a eacuteteacute constateacute que le gain de poids des poulets nourris par le mucuna bicarbonateacute est plus eacuteleveacute que ceux nourris avec le mucuna torreacutefieacute (Figure 7) Malheureusement face au travail que demande le traitement par le bicarbonate aucun des eacuteleveurs na adopteacute ce traitement apregraves lexpeacuterimentation Selon ces eacuteleveurs la diffeacuterence entre les performances est moindre alors que le traitement au bicarbonate demande beaucoup de travail

Conclusion

Agrave Madagascar le mucuna est principalement cultiveacutee pour ses qualiteacutes dameacutelioration du sol en tant que plante de couverture Cette eacutetude a permis de mettre en eacutevidence la possibiliteacute de lincorporer dans lalimentation des animaux de rente Cependant des traitements preacutealables de la graine doivent ecirctre effectueacutes pour pouvoir le valoriser dans lalimentation animale Ces traitements doivent ecirctre accoupleacutes au taux dincorporation adeacutequate pour que ce dernier ne puisse preacutesenter drsquoeffets neacutegatifs sur la croissance des animaux ni sur lrsquoappeacutetibiliteacute des aliments Les graines de mucuna repreacutesentent donc une opportuniteacute pour les petits producteurs agrave Madagascar Ceci permet drsquoatteindre des objectifs de production eacuteconomiquement inteacuteressants dans le cas drsquoun eacutelevage ameacutelioreacute Au vu de ces reacutesultats lrsquoutilisation des ressources non conventionnelles locales parfois en abondance et nrsquoentrant pas en compeacutetition avec lrsquoalimentation humaine est une alternative inteacuteressante pour ameacuteliorer la production animale Par ailleurs il permet ainsi de reacuteduire consideacuterablement les deacutepenses en eacutelevage constitueacutees en grande partie par le coucirct des aliments

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

19

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

bull bull bull bull bull bull

Utilisation des fumures organiques et des engrais dans les strateacutegies de gestion de la fertiliteacute des sols des exploitations agricoles du Moyen-Ouest de la reacutegion

Vakinankaratra et de la zone Est de la reacutegion drsquoItasy Madagascar

RAZAFIMAHATRATRA Hanitriniaina Mamy (FOFIFA) BEacuteLIEgraveRES Jean-Franccedilois (CIRADART-Dev et FOFIFA) RAHARIMALALA Sitrakiniaina (FOFIFAESSA) RANDRIAMIHARY FETRA SAROBIDY Eddy Josephson (FOFIFAESSA) AUTFRAY Patrice

(CIRADAIDA) RAZANAKOTO Onjaherilanto Rakotovao (ESSA) RAHARISON Tahina Solofoniaina (GSDMMontpellier SupAgro)

Introduction

Dans chacun des numeacuteros 8 et 9 du Journal de lrsquoAgroeacutecologie un article preacutesentait

des reacutesultats sur les pratiques de gestion de la fertiliteacute des sols des exploitations agricoles familiales (EAF) obtenus dans le cadre du projet de recherche SECuRE (Soil ECological function REstoration to enhance agrosystem services in rainfed rice cropping systems in agroecological transition) financeacute par la fondation Agropolis Le premier traitait de la diversiteacute et de lrsquoimportance des pratiques dans les EAF le second preacutesentait les quantiteacutes et la qualiteacute des fumures organiques disponibles en lien avec les pratiques de production et drsquoeacutechanges Ce troisiegraveme article est consacreacute agrave lrsquoutilisation des fumures organiques et des engrais acheteacutes une maniegravere de caracteacuteriser en partie tout au moins les strateacutegies de gestion de la fertiliteacute des sols deacuteveloppeacutees par les EAF

bull Parmi les nombreuses pratiques pour une gestion inteacutegreacutee de la fertiliteacute des sols (Sanginga et Woomer 2009 Liniger et al

2011) lrsquoutilisation de fumure organique et drsquoengrais occupe une place preacutepondeacuterante car les effets agrave court et moyen termes sur la productiviteacute des cultures sont importants Lrsquoanalyse des donneacutees collecteacutees1 dans le cadre de Secure permet de caracteacuteriser les pratiques drsquoutilisation de ces intrants (et drsquoune maniegravere plus large de lrsquoensemble des intrants) notamment par rapport aux cultures pratiqueacutees et aux superficies cultiveacutees annuellement Lrsquoarticle est structureacute en trois parties la premiegravere concerne lrsquoacquisition de fertilisants suppleacutementaires avec les engrais commerciaux et les cendres la seconde preacutesente les pratiques quantifieacutees drsquoutilisation de la fertilisation disponible (fumure organique locale cendres et engrais commerciaux) en fonction des cultures enfin la derniegravere partie conclue avec quelques recommandations pour le deacuteveloppement

1 Ces reacutesultats ont eacuteteacute obtenus avec un eacutechantillon drsquoEAF localiseacutees dans le Moyen-Ouest de la reacutegion Vakinankaratra et dans la zone Est de la reacutegion Itasy Pour plus drsquoinformations le lecteur est inviteacute agrave se reporter au ndeg8 de JAE ou sur le site du projet (httpswwwsecuremgle-projet-secure) Il faut rappeler que les reacutesultats sont repreacutesentatifs des fokontany dans les zones drsquoeacutetude car lrsquoeacutechantillonnage des EAF a eacuteteacute fait par tirage au sort

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

20

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

1 Les achats drsquoengrais commerciauxsup2et de cendres

Malgreacute les politiques mises en œuvre depuis des deacutecennies1 les EAF achegravetent peu drsquoengrais chimiques Pour lrsquoensemble de Madagascar au cours des 20 derniegraveres anneacutees la quantiteacute moyenne utiliseacutee varie entre 2 et 6 kg par hectare cultiveacute et par an2

11 Quantiteacutes acheteacutees drsquoengrais commerciaux par EAF et par hectare SAU

Les EAF ont des comportements diffeacuterents selon les zones (tableau 1)

A Mandoto un peu moins drsquoune EAF sur 2 (45) achegravete de lrsquoengrais en faible quantiteacute avec en moyenne 14 kg par an pour un montant moyen de moins de 30 000 Ar Rameneacute agrave lrsquoensemble des EAF de la zone la quantiteacute moyenne acheteacutee est de lrsquoordre de 6 kg par EAF et par an Et quand on ramegravene ces achats drsquoengrais agrave la surface agricole utile (SAU) disponible par EAF on a des valeurs moyennes eacutequivalentes (14 et 6 kgha SAU)

Dans la zone drsquoArivonimamo la consommation drsquoengrais est plus importante 88 des EAF en achegravetent une quantiteacute moyenne de presque 28 kg pour un peu plus de 60 000 Ar ce qui rameneacute agrave lrsquoensemble des EAF fait une moyenne geacuteneacuterale de presque 25 kgEAF Comme la SAU moyenne par EAF est faible les quantiteacutes drsquoengrais disponibles sont de plus de 35 kgha pour les EAF qui en achegravetent et de presque 31 kgha pour lrsquoensemble des EAF

La variabiliteacute est tregraves forte agrave Mandoto et moindre dans la zone drsquoArivonimamo (tableau 1)

Tableau 1 Part des EAF qui achegravetent de lrsquoengrais et quantiteacutes acheteacutees

Mandoto ArivonimamoMoyenne CV Moyenne CV

des EAF qui achegravetent 45 88

Pour les EAF qui achegravetent

Quantiteacute en kgEAF 143 155 279 112

Valeur achat en ArEAF 27 884 153 61 058 117

Quantiteacute par SAU en kgha 140 195 352 101

Pour Quantiteacute en kgEAF 64 257 245 125

Pour lensemble des EAF

Valeur achat en ArEAF 12 490 254 53 707 131

Quantiteacute par SAU en kgha 63 312 309 114

1 On peut simplement rappeler la laquo strateacutegie nationale pour le deacuteveloppement de lrsquoutilisation de lrsquoengrais raquo MAEP 20062 Source httpsdatabankbanquemondialeorghome Ce que Pierre-Bernard et al traduisaient ainsi en 2007 laquo engrais un produit cher et peu utiliseacute raquo agrave Madagascar

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

21

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

On peut srsquoeacutetonner de la faible variation entre la quantiteacute moyenne par EAF et la quantiteacute par SAU agrave Mandoto sachant que dans cette zone la superficie SAU moyenne est de lrsquoordre de 15 ha (voir tableau 2) Ceci provient du fait que les moyennes sont calculeacutees pour les EAF et ne sont pas pondeacutereacutees par les superficies Quand on pondegravere par la superficie la quantiteacute moyenne par hectare SAU pour lrsquoensemble des EAF de Mandoto diminue et passe de 63 agrave 43 kg par hectare On constate la mecircme chose agrave Arivo-nimamo avec la quantiteacute moyenne par hectare SAU qui passe de 309 agrave 271 kgha Ceci signifie que ce ne sont pas les plus grandes EAF (celles qui ont le plus de SAU) qui achegravetent le plus drsquoengrais chimiques Le coefficient de correacutelation entre superficie SAU par EAF et quantiteacute acheteacutee drsquoengrais par hectare est significatif agrave 001 et neacutegatif mais drsquoune valeur faible (-02)

Figure 1 Nuage de point entre SAU par EAF et quantiteacute drsquoengrais par ha de SAU

La Figure 1 ci-contre illustre cela avec les quantiteacutes par hectare SAU (axe vertical) les plus eacuteleveacutees qui correspondent agrave des SAU (axe horizontal) faibles (infeacuterieures agrave 2 hectares) Les EAF de grandes taille (gt2 ha) achegravetent peu drsquoengrais chimiques et en quantiteacute relativement faible par rapport agrave la SAU dont elles disposent On verra plus loin que ce sont des strateacutegies diffeacuterentes de mise en culture (systegraveme de culture) qui expliquent cette situationOn rappellera que 60 des EAF agrave Mandoto et 88 agrave Arivonimamo eacutechangent (achegravetent vendent ou troquent) de la fumure organique (voir JAE ndeg9) et que les pourcentages sont respectivement de 30 et 74 pour les EAF qui achegravetent de la FO Ainsi quand on prend en compte tous les types de fertilisants une

grande majoriteacute des EAF a recours au marcheacute pour acqueacuterir des matiegraveres fertilisantes et geacuterer la fertiliteacute de leurs sols

Enfin par rapport agrave lrsquoutilisation de produits phytosanitaires on observe deux situations diffeacuterentes agrave Mandoto la proportion des EAF qui achegravetent des produits phytosanitaires est de 63 et donc supeacuterieure agrave celles qui achegravetent des engrais commerciaux (45) alors qursquoagrave Arivonimamo dans notre eacutechantillon 75 des EAF utilisent des produits phytosanitaires alors que 88 achegravetent des engrais

12 Types drsquoengrais commerciaux acheteacutes

Les engrais acheteacutes sont essentiellement de type NPK (le plus courant est composeacute de 11 N 22 P2O5 16 K2O) et de lrsquoureacutee (46) ces deux types repreacutesentent en cumuleacute plus de 95 des quantiteacutes agrave Mandoto et 77 agrave Arivonimamo ougrave lrsquoon observe une plus grande diversiteacute (figure 2) en rapport avec une plus grande consommation et aussi drsquoune offre plus importante avec la proximiteacute de la capitale

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

22

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Figure 2 Types dengrais acheteacutes en des quantiteacutes totales

A Arivonimamo le Blaukorn (nom commercial) est bien repreacutesenteacute avec plus de 16 des quantiteacutes Crsquoest un engrais composeacute (NPK) avec drsquoautres eacuteleacutements (magneacutesium soufre bore zinc) laquo agrave action rapide qui assure un effet-starter important raquo notamment sur les cultures maraichegraveres Le DAP (18 N 46 P2O5) est eacutegalement repreacutesenteacute avec 6 des quantiteacutes Les autres produits comme la dolomie (amendement calcaire) et le guano de chauvesouris (Guanomad) riche en phosphates naturels sont tregraves faiblement repreacutesenteacutes (mecircme si Guanomad repreacutesente tout de mecircme un peu plus de 3 dans la zone de Mandoto)

Les prix moyens drsquoachat deacuteclareacutes par les producteurs et pondeacutereacutes par les quantiteacutes diffegraverent peu entre les deux zones (contrairement aux prix de la fumure organique qui sont tregraves diffeacuterents voir JAE ndeg9) Les prix moyens (pour la plupart prix de 2016) sont de 2 100 Arkg pour NPK 1 900 Arkg pour lrsquoureacutee 2 400 Arkg pour le DAP 3 100 Arkg pour le Blaukorn et 1100 Akkg pour le Guanomad

En moyenne une EAF a acheteacute au cours de lrsquoanneacutee pour 12 500 Ar drsquoengrais agrave Mandoto et 54 000 Ar drsquoengrais agrave Arivonimamo Ces montants indiquent un recours tregraves limiteacute aux engrais commerciaux dans les strateacutegies de gestion de la fertiliteacute

13 Le cas particulier des cendres

Les cendres peuvent ecirctre consideacutereacutees comme un engrais ou comme un amendement Elles sont utiliseacutees depuis le deacutebut de lrsquoagriculture pour enrichir les terres cultiveacutees en sels mineacuteraux notamment en potasse et oligo-eacuteleacutements (Poirier et Nuninger 2012) Elles ont un pouvoir alcalinisant et augmentent le pH du sol Elles peuvent ecirctre inteacutegreacutees aux composts ou aux fumiers (voir JAE ndeg9) ou utiliseacutees seules en apport localiseacute ou eacutepandues sur le champ Cette sous partie traite des cendres utiliseacutees directement sur les parcelles

Si la pratique est rare agrave Mandoto (2 des EAF) elle est reacutepandue agrave Arivonimamo ougrave ce sont 19 des EAF qui eacutepandent des cendres acheteacutees Celles-ci proviennent pour lrsquoessentiel des balles de riz utiliseacutees comme eacutenergie pour la fabrication des briques Crsquoest donc le sous-produit drsquoun autre sous-produit agricole (la balle de riz)

Lrsquoeacutevaluation des quantiteacutes en kilogramme est tregraves approximative les producteurs ne connaissant pas les eacutequivalences Les EAF qui eacutepandent directement les cendres ont estimeacute avoir utiliseacute lrsquoanneacutee de lrsquoenquecircte en moyenne environ 250 kgEAF ce qui repreacutesente rameneacute agrave lrsquoensemble des EAF environ 4 kgEAF agrave Mandoto et un peu moins de 50 kg par EAF agrave Arivonimamo

Si les quantiteacutes semblent conseacutequentes (presque le double des quantiteacutes drsquoengrais) la valeur moneacutetaire de ces cendres est faible avec un prix moyen estimeacute entre 30 et 35 Arkilogramme Ainsi les cendres utiliseacutees directement par les EAF sur les cultures repreacutesenteraient une valeur de 8 000 agrave 9 000 Ar pour les EAF qui ont cette pratique et rameneacutees agrave lrsquoensemble des EAF des zones concerneacutees agrave moins de 200 Ar agrave Mandoto et de lrsquoordre de 1 600 Ar agrave Arivonimamo

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

23

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Lrsquoutilisation des cendres directement sur la parcelle sans passer par le compost ou le fumier est une pratique assez courante dans la zone de Arivonimamo Elle participe au recyclage de certains sous-produits et en particulier de la balle de riz utiliseacutee comme combustible pour la fabrication des briques En plus de lrsquoapport en eacuteleacutements fertilisants les cendres ont drsquoautres proprieacuteteacutes selon certains producteurs qui les utilisent dans la lutte contre les ravageurs et les maladies

2 Utilisation de la fumure organique et des engrais commerciaux

Lrsquoenquecircte a permis de collecter les informations neacutecessaires pour reconstituer lrsquoitineacuteraire technique et le budget de culture pour toutes les parcelles cultiveacutees au cours de lrsquoanneacutee agricole enquecircteacutee (201617) soit trois saisons de culture grande saison 201617 saison intermeacutediaire 2017 contre saison 2017 (soit de novembre 2016 agrave octobre 2017) Ainsi les quantiteacutes et la valeur des intrants utiliseacutes pour la fertilisation sont connues par culture et par saison

21 Fertilisation disponible et superficies fertiliseacutees

Le tableau 2 reacutecapitule des quantiteacutes moyennes de matiegraveres fertilisantes disponibles par EAF en additionnant les quantiteacutes de fumure organique (voir JAE ndeg9) et les engrais commerciaux acheteacutes Les EAF de la zone drsquoArivonimamo produisent plus de FO et achegravetent plus drsquoengrais que celles de la zone de Mandoto et en final la disponibiliteacute moyenne en kilogramme est nettement supeacuterieure Rameneacutes agrave la SAU les eacutecarts entre les deux zones augmentent puisque la taille moyenne des EAF de Mandoto est plus grande la quantiteacute disponible par ha SAU va du simple au double

Tableau 2 Quantiteacutes moyennes de fertilisants disponibles par EAF (en kg)

Types de fertilisants Mandoto ArivonimamoFumier 1 676 2 573Compost et autre 458 324Engrais acheteacutes 6 25Cendres acheteacutees 4 48Total (kg) 2 144 2 969SAU (ha) 148 091KgSAU 1 448 3 279S Cultiveacutee en ha 138 113Kg S cultiveacutee 1 558 2 627

apregraves le riz et pour lesquelles la capitale nationale assure des deacuteboucheacutes A Mandoto ce taux de mise en valeur nrsquoest que de 93 avec tregraves peu de cultures maraichegraveres et une part un peu plus importante de jachegraveres avec 11 de la SAU ce qui ne signifie pas qursquoil nrsquoy a pas de jachegravere agrave Arivonimamo ougrave elles repreacutesentent tout de mecircme 8 de la SAU crsquoest lrsquoimportance des cultures maraichegraveres qui impacte le plus le taux de mise en valeur

Il faut rappeler que ces moyennes cachent une grande variabiliteacute Celle-ci a eacuteteacute traiteacutee dans le JAE ndeg9 pour la FO et ci-dessus pour les engrais Crsquoest pourquoi nous nrsquoy reviendrons pas ici la variabiliteacute sera analyseacutee seulement pour lrsquoutilisation

Mais quand on ramegravene ces quantiteacutes disponibles moyennes aux superficies cultiveacutees annuellement lrsquoeacutecart se reacuteduit car dans la zone drsquoArivonimamo les EAF intensifient lrsquoutilisation de la terre avec un taux de mise valeur de 125 (crsquoest-agrave-dire qursquoune parcelle est cultiveacutee une fois en totaliteacute au cours de lrsquoanneacutee agricole et que 25 de sa surface sont cultiveacutes une deuxiegraveme fois) Cette intensification est rendue possible notamment par les productions maraichegraveres que les producteurs cultivent en double culture

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

24

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

La question que lrsquoon peut se poser agrave ce stade est est-ce que ceux qui achegravetent des engrais commerciaux sont ceux qui nrsquoont pas de FO A Mandoto lrsquoanalyse des correacutelations indique qursquoil nrsquoy pas de relation lineacuteaire entre la quantiteacute drsquoengrais acheteacutee et la quantiteacute de fumier produite A Arivonimamo cette relation existe Elle est significative (au seuil de 001) mecircme si le coefficient est faible (03) et surtout elle est positive ce qui indique que ceux qui achegravetent le plus drsquoengrais sont souvent ceux qui produisent le plus de fumier Ainsi il nrsquoy aurait pas un seuil de disponibiliteacute en fumier qui ferait que lrsquoagriculteur ne cherche plus agrave acqueacuterir des engrais consideacuterant qursquoil a assez de matiegraveres fertilisantes La raison des faibles quantiteacutes drsquoengrais acheteacutees est sans doute plus agrave rechercher dans la disponibiliteacute et des contraintes eacuteconomiques

22 Reacutepartition des matiegraveres fertilisantes selon les cultures

Avant de preacutesenter la reacutepartition par culture on peut appreacutecier la part des parcelles et de la superficie selon le type de fertilisation (Tableau 3) Les parcelles et la superficie sans aucun apport agrave Arivonimamo sont moindres (environ un tiers) qursquoagrave Mandoto (41 des parcelles et 52 de la superficie)

Tableau 3 Parts des parcelles et de la superficie selon le type de fertilisation dans les terroirs

ApportsMandoto Arivonimamo

des parcelles

de la surface

des parcelles

de la surface

Sans FO Sans Engrais 41 52 35 33Avec FO seulement 38 33 38 40Avec Engrais seulement 3 2 3 3Avec FO + Engrais 19 13 25 24Ensemble 100 100 100 100

Ainsi mecircme agrave Mandoto plus drsquoune parcelle sur deux reccediloit de la FO et globalement dans les deux terroirs il y a une reacutepartition qui laisse la possibiliteacute pour qursquoune parcelle soit fertiliseacutee plus drsquoune fois tous les deux ans sans preacutejuger ni des doses utiliseacutees ni des cultures privileacutegieacutees Les eacutecarts entre les pourcentages des parcelles et des superficies indiquent qursquoagrave Mandoto ce sont les parcelles en moyenne plus petites qui sont fertiliseacutees ce qui nrsquoest pas le cas agrave Arivonimamo Tregraves rares sont les parcelles qui ne reccediloivent que de lrsquoengrais (quelques parcelles en maraichage mais aussi en riz pluvial et maiumls agrave Mandoto) Ainsi les producteurs qui achegravetent de lrsquoengrais chimique lrsquoutilisent presque toujours sur des parcelles en compleacutement drsquoun apport de fumure organique

Lrsquoutilisation des fertilisants est en lien avec les quantiteacutes disponibles mais aussi les cultures pratiqueacutees Or les exploitations agricoles familiales des deux zones ont des assolements1 sensiblement diffeacuterents comme le montre la premiegravere colonne des deux figures suivantes (Figure 3 et Figure 4) Dans les deux zones le riz irrigueacute de bas-fonds occupe une place importante avec des parts dans lrsquoassolement qui sont relativement proches (29 agrave Mandoto et 32 agrave Arivonimamo) Ainsi mecircme si le Moyen Ouest du Vakinankaratra a la reacuteputation drsquoune zone de cultures pluviales le riz irrigueacute de bas-fonds occupe une place preacutepondeacuterante en terme de superficie (mais aussi en terme de revenu comme on le verra dans le prochain numeacutero de JAE) Les tubercules et les leacutegumineuses occupent agrave peu pregraves la mecircme part de la surface cultiveacutee annuellement dans les deux zones de lrsquoordre de 25 pour les tubercules et 10 pour

1 Ces pourcentages ont eacuteteacute calculeacutes sur la superficie effectivement cultiveacutee crsquoest-agrave-dire sans les jachegraveres Si on integravegre les ja-chegraveres celles-ci repreacutesentent 10 de la surface totale (cultiveacutee + jachegravere) agrave Mandoto et 6 agrave Arivonimamo

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

25

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

les leacutegumineuses mais les espegraveces cultiveacutees sont diffeacuterentes La part des autres cultures est speacutecifique et caracteacuterise la zone

A Mandoto les ceacutereacuteales pluviales occupent pregraves du tiers de la surface (176 en riz pluvial et 15 en maiumls hors jachegravere) Alors qursquoagrave Arivonimamo ces deux cultures occupent seulement 86 de la surface et le maiumls y est vraiment marginal Dans cette zone ce sont les cultures maraichegraveres qui sont importantes avec 224 de la surface Les cultures autres constitueacutees essentiellement par lrsquoagroforesterie avec des fruitiers nrsquoest pas neacutegligeable avec 3 de la surface A Mandoto ces deux types de cultures sont tregraves peu pratiqueacutees (18 de la surface sont consacreacutes aux cultures maraichegraveres et les autres cultures avec 01 sont quasiment inexistantes)

Les donneacutees extrapoleacutees agrave lrsquoensemble des fokontany permettent de connaicirctre sur quelles cultures les matiegraveres fertilisantes disponibles ont eacuteteacute eacutepandues1 Lrsquoeacutechantillon est constitueacute de 2 427 parcelles2 Elles sont plus nombreuses agrave Arivonimamo ougrave lrsquoeacutechantillon drsquoEAF est plus grand mais aussi ougrave la taille moyenne des champs est plus petite et ougrave les doubles cultures sont freacutequentes La deuxiegraveme colonne de chaque figure preacutesente la reacutepartition de la FO (fumier compost et autre matiegraveres organiques) la troisiegraveme colonne est celle des engrais commerciaux Les quantiteacutes disponibles sont diffeacuterentes entre les zones Les pourcentages repreacutesentent la reacutepartition et traduisent la strateacutegie des EAF A Mandoto les EAF privileacutegient le riz pluvial et le maiumls qui reccediloivent 74 de la FO disponible (Figure 3) et 40 des engrais acheteacutes

Figure 3 Reacutepartitions de la superficie cultiveacutee annuellement de la FO et des engrais commerciaux agrave Mandoto

Les autres cultures comme les leacutegumineuses et les tubercules reccediloivent un peu de FO mais le plus souvent parce qursquoelles sont cultiveacutees en association avec du riz pluvial ou du maiumls Le riz irrigueacute qui repreacutesente 29 de la superficie reccediloit moins de 5 de la FO et 14 des engrais Le maraichage pourtant tregraves peu preacutesent (18 des surfaces) reccediloit une part conseacutequente de la FO (54) et surtout des engrais (38 des quantiteacutes disponibles)

Ainsi dans cette zone les producteurs ont une strateacutegie de fertilisation des ceacutereacuteales pluviales sur tanety avec un transfert de fertiliteacute des riziegraveres vers les tanety puisque le fumier integravegre la plus grande partie des pailles du riz des riziegraveres Cette fertilisation profite aussi aux autres cultures pluviales soit avec les associations soit via les rotations qui sont quasiment systeacutematiques en pluvial

1 Les difficulteacutes sont cependant nombreuses et notamment en raison de lrsquoimportance et de la diversiteacute des associations de cultures et des regroupements que nous avons opeacutereacutes pour faciliter la collecte notamment pour le maraichage Nous avons pris lrsquooption comme pour les surfaces de reacutepartir agrave eacutegaliteacute les quantiteacutes entre les diffeacuterentes cultures Ainsi pour une parcelle avec une association riz pluvial et arachide les quantiteacutes drsquointrants ont eacuteteacute reacuteparties pour moitieacute pour le riz pluvial et pour moitieacute pour lrsquoarachide Il en est de mecircme pour une parcelle ougrave ont eacuteteacute regroupeacutees une planche de tomate et une planche drsquooignon alors que peut-ecirctre le producteur avait fait des apports diffeacuterentieacutes2 Au total 2 680 parcelles une fois les parcelles regroupeacutees deacutesagreacutegeacutees On rappellera que les parcelles en jachegravere ne sont pas comprises ici

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

26

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Le riz irrigueacute ne reccediloit pratiquement pas de FO et tregraves peu drsquoengrais avec une strateacutegie drsquoallocation des FO sur les tanety milieu naturellement bien moins fertile que les bas-fonds A Arivonimamo la situation du riz irrigueacute est approximativement la mecircme alors que la surface cultiveacutee repreacutesente 32 cette culture ne reccediloit que 7 de la FO disponible et 4 des engrais Les ceacutereacuteales pluviales sont tregraves peu fertiliseacutees contrairement agrave Mandoto Dans les deux situations les cultures vivriegraveres beacuteneacuteficient des arriegraveres-effets des cultures maraicircchegraveres beaucoup plus fortement fertiliseacutees

Figure 4 Reacutepartitions de la superficie cultiveacutee annuellement de la FO et des engrais commerciaux agrave Arivonimamo

Les cultures privileacutegieacutees sont les cultures maraichegraveres qui reccediloivent 46 de la FO et 77 des engrais mais aussi les tubercules autres que le manioc (patate douce taro et pomme de terre) qui reccediloivent 25 de la FO mais peu drsquoengrais et les leacutegumineuses (haricots) qui reccediloivent un peu plus de FO et drsquoengrais (respectivement 11 et 12) que la part qursquoelles occupent dans lrsquoassolement (9)

Ce sont les cultures exigeantes en fumure mais aussi et surtout fortement commercialiseacutees (maraichage pomme

de terre patate douce taro et haricot) qui reccediloivent lrsquoessentiel de la fertilisation Les rotations permettent aux cultures peu fertiliseacutees de beacuteneacuteficier des arriegraveres effets de la fertilisation des cultures produites drsquoabord pour les marcheacutes Le riz irrigueacute qui nrsquoest pas fertiliseacute beacuteneacutefice des arriegraveres effets des cultures de contre saison sur les riziegraveres

Ainsi les strateacutegies de fertilisation des EAF sont tregraves diffeacuterentes selon les zones en lien avec les cultures produites leur exigence mais surtout en lien avec des objectifs technico-eacuteconomiques et le marcheacute des produits agricoles

23 Les doses apporteacutees

Lrsquoanalyse des quantiteacutes de fumure apporteacutees est faite par culture1 et en tenant compte des associations

A Mandoto (tableau 4) les superficies en culture pure repreacutesentent 71 des parcelles et de la superficie Comme deacutejagrave indiqueacute le riz irrigueacute occupe une place importante mais il est peu fertiliseacute avec seulement 20 des parcelles et 18 de la superficie qui reccediloivent de la fumure organique agrave des doses faibles (moins de 2 tonnes par hectare) et seulement 4 des parcelles reccediloivent de lrsquoengrais (agrave une dose de pregraves de 60 kgha)

1 Seuls les reacutesultats pour les cultures avec un effectif non pondeacutereacute de plus de 15 parcelles sont preacutesenteacutes ici On notera que pour les principales cultures la taille de lrsquoeacutechantillon est conseacutequente

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

27

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Tableau 4 Apports de FO et dengrais sur les cultures cultiveacutees pures agrave Mandoto en (kg)

Cultures pures Nbre de parcelles

Surface ha

Parcelle avec Superficie avec Superficie avec Dose moy FO

en kghaDose moy

Engrais kgha

FO Engrais FO EngraisToutes

les parcelles

Parcelles avec

Toutes les

parcelles

Parcelles avec

Riz bas-fond 242 5834 20 4 18 4 377 1 901 241 5825Riz Pluvial 90 2353 91 37 90 29 4 022 4 415 1011 2677Maiumls 30 646 97 37 98 43 3 923 4 059 1669 4553Manioc 117 3689 8 0 4 0 414 4 843 000 000Autres tuber 19 236 47 47 35 42 3 041 6 420 1857 3920Leacutegumineuses 78 1156 45 18 38 18 1 776 3 958 870 4850Maraichage 112 264 90 61 80 74 31 829 35 296

Les moyennes sont calculeacutees par parcelle et sans pondeacuteration

Crsquoest le manioc qui est le moins fertiliseacute pas drsquoengrais et seulement 4 des parcelles avec de la fumure organique Le riz pluvial et le maiumls sont les cultures pures qui reccediloivent le plus systeacutematiquement de la fumure plus de 90 des parcelles et de la superficie reccediloivent de la FO agrave des doses eacuteleveacutees de plus de 4 tha et 30 agrave 40 des parcelles et de la surface reccediloivent de lrsquoengrais mais agrave des doses qui restent faibles (26 kgha pour le riz pluvial et 45 kgha pour le maiumls) Les autres tubercules reccediloivent engrais et FO mais ce sont essentiellement les pommes de terre Les leacutegumineuses sont eacutegalement fertiliseacutees avec 45 des parcelles qui reccediloivent de la FO et 18 de lrsquoengrais agrave des doses moyennes pour la zone Enfin les cultures maraichegraveres ont eacuteteacute regroupeacutees les parcelles sont nombreuses mais la superficie tregraves petite elles reccediloivent agrave 90 de la FO et agrave 61 des engrais agrave des doses importantes (plus de 30 tha pour la FO)

A Arivonimamo la part des cultures pures est plus importante qursquoagrave Mandoto avec 86 des parcelles et 89 de la superficie Ainsi le nombre de parcelles de lrsquoeacutechantillon est nettement plus important (mais il ne fait pas oublier que lrsquoeacutechantillon compte plus drsquoEAF)

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

28

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Tableau 5 Apports de FO et dengrais sur les cultures cultiveacutees pures agrave Arivonimamo (en kg)

Cultures pures Nbre parcelles

Surface ha

Parcelle avecSuperficie avec Superficie avec Dose moy FO en

kghaDose moy Engrais

kgha

FO Engrais FO Engrais Toutes les parcelles

Parcelles avec

Toutes les parcelles

Parcelles avec

Riz bas-fond 363 6078 39 9 39 8 633 1 643 459 5206

Riz Pluvial 72 1051 83 0 93 0 2 902 3 482 000 000

Maiumls 17 112 94 11 96 9 3 501 3 720 131 2222

Manioc 201 2020 24 1 23 0 1 253 5 249 038 3833

Autres tuber 232 2327 70 5 78 4 4 461 6 350 367 7748

Haricots 61 765 95 65 96 73 4 132 4 346 4824 7545

Autre Leacutegum 46 352 20 0 18 0 779 3 981 000 000

Tomates 90 955 97 95 98 97 7 614 7 877 12791 13543

Haricot verts 132 1088 95 87 96 90 5 079 5 321 8090 9286

Autres Maraich 155 1293 95 76 101 73 4 311 4 546 9126 12089 Les moyennes sont calculeacutees par parcelle et sans pondeacuteration

A Arivonimamo la fertilisation du riz irrigueacute est un peu plus freacutequente avec 39 des parcelles qui reccediloivent de la FO et 9 de lrsquoengrais mais agrave des doses plus faibles qursquoagrave Mandoto 16 tha pour la FO et 52 kgha drsquoengrais La fertilisation du riz irrigueacute nrsquoest pas une prioriteacute pour le plus grand nombre des producteurs Les cultures les moins fertiliseacutees sont le manioc et les leacutegumineuses autres que le haricot avec respectivement 23 et 18 des parcelles seulement qui reccediloivent de la FO et quasiment aucune qui reccediloit de lrsquoengrais Mais de maniegravere assez eacutetonnante les parcelles avec FO reccediloivent des doses assez importantes (plus de 5 tha pour le manioc) certainement en lien avec des strateacutegies de gestion ou de restauration de la fertiliteacute des sols En ce qui concerne la FO toutes les autres cultures sont tregraves freacutequemment fertiliseacutees plus de 90 des parcelles de riz pluvial maiumls haricot et maraichage les autres tubercules le sont agrave pregraves de 80 Et si pour le riz pluvial et le maiumls les doses moyennes sont modestes car infeacuterieures agrave 4 tha elles sont supeacuterieures agrave 4 tha pour les haricots et supeacuterieures agrave 5 tha pour les autres avec notamment pour les tomates un apport de plus de 7 tha Pour les engrais tregraves peu drsquoapports pour le maiumls (6 des parcelles) et pas drsquoapport pour le riz pluvial (observations pour 72 parcelles) Lrsquoengrais est reacuteserveacute au maraichage (plus de 75 des parcelles) et aux haricots (64 des parcelles) Avec des doses moyennes relativement importantes plus de 90 kgha pour les haricots verts 135 kgha pour la tomate et 120 kgha pour les autres cultures maraichegraveres

Ainsi drsquoune maniegravere geacuteneacuterale agrave Arivonimamo lrsquoapport de fertilisants est conseacutequent agrave la fois en termes de parcelles concerneacutees et de doses eacutepandues Riz irrigueacute manioc et leacutegumineuses autres que haricot sont les parents pauvres de la fertilisation mais avec les rotations ces cultures beacuteneacuteficient aussi des apports en particulier pour le riz irrigueacute car une part importante du maraichage est cultiveacutee sur les riziegraveres

Les associations de culture sont plus freacutequentes agrave Mandoto ougrave lrsquoassociation riz pluvial + maiumls domine tregraves largement La superficie avec cette association est eacutequivalente agrave la superficie totale en culture pure Et le maiumls est la culture que lrsquoon associe le plus avec le riz pluvial mais aussi le manioc et les leacutegumineuses Les parcelles avec une association de ces trois cultures ne sont pas rares Les pratiques de fertilisation en culture associeacutee rejoignent celles en culture pure Ainsi 91 des parcelles avec lrsquoassociation riz + maiumls reccediloivent de la FO et 32 de lrsquoengrais cependant les doses de FO sont tregraves infeacuterieures (de 700 kgha alors qursquoen culture pure elles eacutetaient de plus de 4 tha) et il en est de mecircme pour lrsquoengrais

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

29

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Pour les parcelles avec des cultures associeacutees au maiumls un apport en FO est freacutequent (plus de 80 des parcelles pour manioc ou leacutegumineuse et plus de 75 quand il y a les trois cultures) Lrsquoengrais est plus rare et surtout les doses de FO et engrais sont faibles A ce stade on peut eacutemettre lrsquohypothegravese que les EAF qui pratiquent lrsquoassociation sont moins bien doteacutees en matiegravere fertilisante Mais lrsquoanalyse montre que ce nrsquoest pas le cas il existe bien un coefficient de correacutelation neacutegatif entre la quantiteacute de fumure organique disponible au niveau de lrsquoEAF et le pourcentage de culture associeacutees mais il est tregraves faible (-011) et si lrsquoon creacutee des classes de pourcentage de culture associeacutees il nrsquoy a pas de diffeacuterence significative entre les classes pour la dose moyenne de FO Il semble donc que cela soit la pratique qui soit ainsi agrave Mandoto sur des cultures associeacutees (grandes cultures riz maiumls leacutegumineuse ou tubercule) les apports de FO sont moindres que sur les cultures pures

Tableau 6 Apports de FO et dengrais sur les cultures associeacutees les plus freacutequentes (en kg)

District 1Mandoto Nbre parcelles

Surface ha

Parcelle avec Dose moy FO en kgha

Dose moy Engrais kgha

FO Engrais Toutes les parcelles

Parcelles avec

Toutes les parcelles

Parcelles avec

Riz Pluvial + Maiumls 114 2577 91 32 656 719 26 83Mais + Manioc 50 1149 88 2 420 477 01 30Mais + Leacutegumineuse 57 975 84 16 428 508 02 15Mais + Manioc + Leacutegum 24 482 75 13 242 323 02 18Manioc + Leacutegumineuse 24 587 4 0 11 250 00 002 ArivonimamoRiz Pluvial + Maiumls 14 182 86 0 366 427 00 00Mais + Leacutegumineuse 25 228 84 24 188 224 15 62Manioc + Leacutegumineuse 13 126 54 0 280 521 00 00Tubercules + Fruitiers 34 270 62 12 224 363 03 28Autre cult + Fruitiers 90 671 91 52 5 414 255 30 58

Les moyennes sont calculeacutees par parcelle et sans pondeacuteration

A Arivonimamo les cultures associeacutees pour les grandes cultures sont moins importantes en nombre et les superficies sont tregraves petites Mais on peut tirer les mecircmes conclusions que pour Mandoto Ce qui est remarquable dans cette zone crsquoest le nombre de parcelles en agroforesterie avec un meacutelange drsquoarbres fruitiers et de cultures avec plus de 120 parcelles Les cultures sont de tous les types mais beaucoup de cultures maraichegraveres ce qui explique les fortes doses de FO ou drsquoengrais Les fruitiers sont essentiellement des agrumes et sont le reacutesultat drsquoopeacuterations de deacuteveloppement qui ont vulgariseacute la plantation de ces arbres La plupart de ces plantations nrsquoest pas encore en pleine production (trop reacutecentes)

24 Les strateacutegies des EAF pour lrsquoutilisation de la FO disponible

Dans le JAE ndeg 9 nous avions eacutemis lrsquohypothegravese qursquoagrave Arivonimamo il y avait deux types drsquoEAF lrsquoun avec des strateacutegies de fortes disponibiliteacutes en FO soutenues par des ambitions de cultures maraichegraveres et un autre avec des strateacutegies de moindre disponibiliteacute en FO avec des systegravemes de culture plus classiques Pour repreacutesenter les strateacutegies nous avons eacutetabli des classes selon le pourcentage de la FO utiliseacutee sur ceacutereacuteales pluviales et sur cultures commerciales Les reacutesultats sont preacutesenteacutes dans le tableau 8

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

30

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Tableau 7 Reacutepartition des EAF selon des classes de quantiteacutes utiliseacutees de FO

Classes utilisation FO MandotoArivonimamo Arivonimamo

FO utiliseacutes sur ceacutereacuteales pluviales des EA

S cultiveacutee moyenne

(ares)CV des EA

S cultiveacutee moyenne

(ares)CV

lt=25 8 89 72 76 113 7625 agrave 75 18 93 93 20 88 57gt75 74 144 88 4 37 49 FO utiliseacutes sur cultures commercialeslt=25 88 136 91 12 63 7725 agrave 75 9 90 58 42 102 60gt75 3 75 85 46 118 81

Les strateacutegies des EAF vis-agrave-vis de lrsquoutilisation de la FO sont tregraves nettement diffeacuterentes selon les zones comme on lrsquoa deacutejagrave vu la premiegravere partie du tableau montre qursquoagrave Mandoto 74 des EAF mettent plus des frac34 de leur FO disponible sur les parcelles avec ceacutereacuteales pluviales (seules ou associeacutees) et ce sont les EAF avec la plus grande superficie qui font cela Alors qursquoagrave Arivonimamo seules 4 des EAF mettent plus de 75 de leur FO sur des parcelles avec ceacutereacuteales pluviales et ce sont les plus petites EAF (superficie cultiveacutee moyenne de 37 ares) avec certainement des strateacutegies de seacutecuriteacute alimentaire

La deuxiegraveme partie du tableau nous permet de constater qursquoagrave Arivonimamo 46 des EAF mettent plus de 75 de leur FO sur les cultures commerciales (cultures maraichegraveres pomme de terre taro patate douce et haricot) et ces EAF ont en moyenne une superficie cultiveacutee supeacuterieure aux autres Cette classe est importante mais il y a aussi une classe drsquoEAF avec des strateacutegies baseacutees sur une meilleure reacutepartition

A Mandoto les EAF qui mettent plus de 75 de leur FO sur ce type de cultures commerciales (essentiellement le maraichage) sont peu nombreuses (3 des EAF) et ce sont des EAF avec des superficies plus faibles que les autres Ce nrsquoest donc pas la strateacutegie utiliseacutee par les EAF qui ne donnent pas la quasi exclusiviteacute (lt75) de la FO aux ceacutereacuteales pluviales Il existe un groupe drsquoEAF dans les deux zones qui ne donnent pas lrsquoexclusiviteacute de la FO (gt75) aux ceacutereacuteales pluviales agrave Mandoto ou aux cultures commerciales agrave Arivonimamo Ce groupe regroupe 23 des EAF agrave Mandoto et 49 agrave Arivonimamo Ce sont des EAF un peu plus petites que la moyenne de la zone avec une disponibiliteacute en FO infeacuterieure agrave la moyenne de la zone et une reacutepartition de la FO marqueacutee par la strateacutegie dominante de la zone mais avec une reacutepartition plus eacutequilibreacutee et notamment un eacutepandage sur le riz irrigueacute

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

31

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Tableau 8 Les EAF avec une strateacutegie drsquoutilisation de la FO diffeacuterente de la strateacutegie dominante de la zone

EAF Sup moy (ares)

FO (tonnes)

FO sur Ceacutereacuteales Pluviales

FO sur Cuture

commerciales

FO sur Riz irrigueacute

FO sur Autres

cultures

Mandoto 23 94 131 48 21 20 4

Arivonimamo 49 99 223 20 45 16 1

Il existerait ainsi 3 grandes strateacutegies drsquoutilisation de la FO avec agrave Mandoto la quasi exclusiviteacute de la FO sur les ceacutereacuteales pluviales (74 des EAF de la zone) agrave Arivonimamo la quasi exclusiviteacute de la FO sur les cultures commerciales (46 des EAF) et un groupe avec une reacutepartition plus eacutequilibreacutee entre les diffeacuterentes cultures y compris sur le riz irrigueacute

3 Conclusions et implications pour le deacuteveloppement

La gestion de la fertiliteacute des sols dans ces deux reacutegions contrasteacutees des plateaux drsquoaltitude malagasy passe drsquoabord par la production etou lrsquoacquisition de fumure organique il nrsquoy a quasiment aucune EAF sans apport sur au moins une parcelle cultiveacutee1 Les reacutesultats montrent qursquoenviron la moitieacute de la superficie cultiveacutee annuellement reccediloit de la FO agrave Mandoto et plus des deux tiers agrave Arivonimamo Mecircme si les doses potentielles sont en dessous des recommandions avec la rotation des cultures cela signifie que lrsquoensemble du terroir pourrait ecirctre fumeacute plus drsquoune fois tous les deux ans Les riziegraveres quand elles sont cultiveacutees en riz irrigueacute ne reccediloivent que tregraves rarement de la fumure dans ces zones La strateacutegie est lrsquoinverse de ce qursquoon rencontre dans drsquoautres zones qui priorisent les bas-fonds notamment dans les zones des peacuterimegravetres irrigueacutes (Lac Alaotra peacuterimegravetres sur les Hautes terres Ambondromisotrahellip)

Les strateacutegies de gestion de la fertiliteacute des sols sont logiquement de fertiliser en prioriteacute les cultures les plus exigeantes et les plus reacutemuneacuteratrices ceacutereacuteales pluviales agrave Mandoto (riz et maiumls) et les cultures maraichegraveres mais qui sont tregraves marginales dans cette zone cultures pour le marcheacute agrave Arivonimamo maraichage pomme de terre haricots patates douces taros Et pour les producteurs qui achegravetent des engrais commerciaux (essentiellement engrais mineacuteral) la pratique est drsquoassocier aux fumures organiques des compleacutements drsquoengrais et ceci tregraves prioritairement sur les cultures les plus reacutemuneacuteratrices et aussi les plus exigentes A quelques rares exceptions pregraves lrsquoapport drsquoengrais mineacuteral vient toujours compleacuteter un apport de fumure organique et crsquoest pregraves drsquoun quart de la superficie qui reccediloit engrais et FO agrave Arivonimamo et seulement 13 agrave Mandoto

Deux principaux engrais mineacuteraux sont utiliseacutes dans les deux zones le NPK et lrsquoureacutee En reacutealisant les apports au voisinage des plants il y a une concentration des eacuteleacutements nutritifs qui permet agrave la fois drsquooptimiser leur utilisation et de deacutevelopper des synergies entre produits organiques et mineacuteraux Cette efficience des ressources garantie par une compleacutementariteacute des apports incluant une base organique avec un compleacutement mineacuteral a deacutejagrave eacuteteacute releveacutee dans de nombreuses autres situations tropicales (Bekunda et al 1997) Drsquoautres eacutetudes sur ces mecircmes zones mettent en eacutevidence que la majoriteacute des fumures organiques utiliseacutees preacutesentent certaines deacuteficiences en eacuteleacutements majeurs comme le N et le P et que lrsquoutilisation des engrais de synthegravese est susceptible de lever (Ben Naacircmane et al 2020 notre article dans le JAE preacuteceacutedent) Cette pratique est donc agrave encourager notamment agrave travers des messages

1 Dans notre eacutechantillon seules 2 EAF nrsquoont pas apporteacute de FO lrsquoune extrecircmement petite (moins de 5 are de SAU) agrave Arivonimamo et tregraves pauvre qui a vendu sa FO une autre agrave Mandoto qui prend en meacutetayage la terre qursquoil cultive

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

32

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

de vulgarisation adapteacutes et compleacutementaires des messages laquo classiques raquo qui procircnent des doses importantes drsquoengrais

Lrsquoanalyse compareacutee des deux zones montre des diffeacuterences dans le recours aux engrais de synthegravese avec agrave Arivonimamo une quasi geacuteneacuteralisation de lrsquoengrais (pregraves de 90 des EAF) et une utilisation moyenne de 30 kg par ha de SAU plus freacutequemment sur les cultures maraichegraveres et presque toujours en compleacutement de la fumure organique contre environ une exploitation sur deux agrave Mandoto et une utilisation de 6 kg par ha Sur ce premier site une plus grande diversiteacute drsquoengrais et une utilisation plus importante de cendres sous-produit de briqueteries sont releveacutees Eacutegalement une strateacutegie drsquoallocation de ressources diffeacuterencieacutee apparaicirct tregraves clairement au niveau des fumures organiques sur le riz de bas-fonds beaucoup plus amendeacute agrave Arivonimamo car cette ressource est agrave la fois moins limitante et mieux valoriseacutee par les cultures maraicircchegraveres A Mandoto la fumure organique est moins disponible et moins valorisable autrement que par les ceacutereacuteales pluviales aussi moins indispensable pour la productiviteacute de ces cultures et est beaucoup mieux valoriseacutee sur le domaine pluvial sans laquelle aucune mise en valeur de culture exigeante ne serait envisageable Ainsi la recherche doit affiner ses connaissances agrave lrsquoeacutechelle du systegraveme de culture pour mieux eacutevaluer performances et durabiliteacute agrave court et long termes et accompagner lrsquointensification eacutecologique promue par divers opeacuterateurs de deacuteveloppement agricoles (notamment ONG de deacuteveloppement)

Cette communication plaide encore une fois pour une bonne compreacutehension des EAF de leur fonctionnement et de leurs strateacutegies avant de proposer des ameacuteliorations adapteacutees La fertilisation telle que pratiqueacutee par les producteurs est un acquis important pour comprendre la durabiliteacute de lrsquoagriculture familiale et pour renforcer la durabiliteacute des EAF Cela montre agrave la fois la techniciteacute des paysans leur connaissance des intrants existants et de leur utilisation Les propositions drsquoinnovations pour le deacuteveloppement doivent srsquoappuyer sur lrsquoexistant contrairement agrave

ce qui est souvent fait (Razanakoto et al 2018) Drsquoabord les orientations vont certainement vers des techniques qui permettent drsquoaugmenter la fumure organique disponible en quantiteacute et en qualiteacute (eacutetable ameacutelioreacutee compostage lombricompost etc) notamment avec des matiegraveres premiegraveres disponibles localement plutocirct que sur la base drsquoachats Les agriculteurs investissent moins en moneacutetaire et optent pour une strateacutegie drsquointensification en main drsquoœuvre (ce qui est le cas pour les systegravemes de compostage) Ensuite il est important de mieux valoriser ces diffeacuterents types de fertilisation agrave travers des combinaisons de pratiques

Ce dont il faut ecirctre sucircr crsquoest que les producteurs dans leur tregraves grande majoriteacute deacuteveloppent des strateacutegies de gestion de la fertiliteacute des sols et les adaptent sur la base de leurs connaissances et savoir-faire et en fonction des conditions biophysiques et de lrsquoenvironnement socioeacuteconomique Si les conditions eacuteconomiques sont favorables (deacuteboucheacutes prix suffisamment reacutemuneacuterateurs) ils ont recours aux engrais commerciaux comme le montre cette eacutetude mais aussi drsquoautres (voir par exemple en zone peacuteriurbaine drsquoAntananarivo NDienor et al 2011) Or le plus souvent dans les actions de deacuteveloppement et les propositions techniques les fertilisations sont proposeacutees par filiegravere comme une sorte de manuel technique (fiche technique par filiegravere) et reacutefleacutechies par rapport aux besoins propres de la plante cibleacutee Ces propositions vont ainsi agrave lrsquoencontre des strateacutegies paysannes et leur diffusion reste mitigeacutee

Enfin dans les propositions actuelles pour le deacuteveloppement rizicole notamment sur bas-fonds les acteurs de deacuteveloppement misent sur une intensification rizicole de type reacutevolution verte (semences ameacutelioreacutees voire hybrides avec des doses importantes drsquoengrais acheteacute) Les donneacutees montrent que les strateacutegies des paysans integravegrent les rotations avec le riz et les investissements en fertilisation se passent autrement (cultures de contre saison autres cultures) Les deacutepenses en semences et surtout si on enlegraveve la valorisation de lrsquoautoproduction restent tregraves faibles Ces

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

33

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

propositions techniques srsquoeacuteloignent encore une fois des strateacutegies paysannes

Mais cette analyse des strateacutegies drsquoutilisation des fertilisants dans la gestion de la fertiliteacute des sols reste encore incomplegravete car si les aspects techniques (quantiteacutes et modaliteacutes) ont eacuteteacute traiteacutes les aspects eacuteconomiques ne lrsquoont pas eacuteteacute Cela sera le thegraveme du prochain et dernier article qui mettra en relation les pratiques de gestion de la fertiliteacute et les performances notamment en terme de marge brute aux niveaux parcelles et cultures et de revenu au niveau EAF

BIBLIOGRAPHIE

Bekunda MA Bationo A Ssali H 1997 Soil fertility management in Africa a review of selecterd research trials In Replenishing Soil Fertility in Africa SSSA Special Publication Nomber 51 63-79

Ben Naacircmane CK Autfray P Audouin S Beacuteliegraveres JF Blanchart E Razafimahatratra M Razanakoto OR Salgado P 2020 Gestion compareacutee de la fertiliteacute au niveau des exploitations agricoles familiales du Moyen-Ouest de la reacutegion Vakinankaratra et des Hautes-Terres de la reacutegion Itasy agrave Madagascar Projet Secure 24 p httpswwwsecuremgsitesdefaultfiles2020-04Livret_Secure_2020pdf

Liniger H Mekdaschi Studer R Hauert C et Gurtner M 2011 La pratique de la gestion durable des terres Directives et bonnes pratiques pour lrsquoAfrique subsaharienne WOCAT FAO TerrAfrica Rome (Italie) 243 p httpwwwfaoorg3i1861fi1861fpdf

MAEP 2006 Strateacutegie nationale pour le deacuteveloppement de lrsquoutilisation de lrsquoengrais Ministegravere de lAgriculture de lElevage et de la Pecircche Antananarivo Mai 2006 48 p + annexes p httpwwwmpaegovmgcommunicationwp-contentuploadssites2201611strategie_dvlpt_utilisation_engrais_1pdf

NDieacutenor M Aubry C et Rabeharisoa L 2011 Strateacutegies de construction de la fertiliteacute des terres par les agriculteurs dans les systegravemes maraicircchers peacuteriurbains dAntananarivo (Madagascar) Cahiers Agricultures Vol 20 No 4 (2011) doihttpsdoiorg101684agr20110497

Poirier N et Nuninger L 2012 Techniques damendement agraire et teacutemoins mateacuteriels Pour une approche archeacuteologique des espaces agraires anciens Histoire amp Socieacuteteacutes Rurales 38 (2) 11-50 doi103917hsr0380011

Pierre-Bernard A Ramboarison R Randrianarison L et Rondro-Harisoa L 2007 Les implications structurelles de la libeacuteralisation sur lrsquoagriculture et le deacuteveloppement rural Programme Ruralstruc Madagascar Phase I EPP PADR APB Consulting Antananarivo Janvier 2007 303 p httpdocumentsbanquemondialeorgcuratedfr 184371468091191021pdf779810WP0madag00250for0the0abstractpdf

Razanakoto O Razafindraibe R Andriamananjara A Razafimanantsoa M-P Rakotoson T Smolders E et Rabeharisoa L 2018 Failures in agricultural innovation due to poor understanding of farmersrsquo predispositions Development in Practice 28 (5) 691-704 doi1010800961452420181471124

Sanginga N et Woomer P L (Ed) 2009 Integrated Soil Fertility Management in Africa Principles Practices and Developmental Process Nairobi (Kenya) Tropical Soil Biology and Fertility Institute of the International Centre for Tropical Agriculture 263 p

Leacutetude a eacuteteacute reacutealiseacutee dans le cadre du projet SECuRE

(Soil ecological function resto-ration to enhance agrosystem ser-vices in rainfed rice cropping sys-tems in agroecological transition) financeacute par Agropolis Foundation sous la reacutefeacuterence ID 1605-007 agrave travers le programme Investisse-ments dAvenir (Labex Agro ANR-10-LABX-0001-01) dans le cadre du I-SITE MUSE (ANR-16-IDEX-0006)

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

34

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Lucien Seacuteguy 1944-2020 agronome du geacutenie veacutegeacutetal

Premiers pas

Lucien Seacuteguy est neacute dans une famille de petits paysans du nord Dordogne fiers de leurs racines et durs agrave la tacircche Il sera le

seul de sa fratrie de quatre fregraveres et sœurs agrave acceacuteder agrave lrsquouniversiteacute Diplocircme drsquoingeacutenieur agronome de lrsquoENSA Toulouse en poche suivi drsquoune speacutecialisation en peacutedologie agrave lrsquoORSTOM (ex IRDhellip) de Bondy il eacutepouse Jacqueline qui lrsquoaccompagnera durant toute sa carriegravere Son service civil se deacuteroule au Seacuteneacutegal de 1967 agrave 1969 agrave la grande station IRAT (Institut de Recherche Agronomique Tropicale) de Bambey il preacutefegravere une affectation en brousse Sefa Il y refait une carte peacutedologique et srsquoattaque agrave lrsquoameacutelioration du travail du sol en traction animale des riziegraveres de Casamance

En 1969 lrsquoIRAT lrsquoaffecte dans lrsquoOuest Cameroun agrave Dschang ougrave il monte et accompagne des projets rizicoles sur les plaines des MrsquoBos et de NrsquoDop Il y conduit des travaux sur les systegravemes de culture et lrsquoameacutelioration varieacutetale du riz pluvial et irrigueacute Ses analyses des interactions entre geacutenotype et environnement soulignant lrsquoinfluence majeure de la fertiliteacute des sols sur les attaques de pyriculariose le font remarquer et sont toujours citeacutees

Ses travaux et reacutealisations alliant recherche et deacuteveloppement interpellent des responsables de la recherche agronomique breacutesilienne et fin 1977 il devient le premier expert IRAT en poste au Breacutesil affecteacute aupregraves de LrsquoEMAPA de lrsquoeacutetat du Maranhatildeo Il travaillera au Breacutesil jusqursquoagrave sa retraite en 2009 et au-delagrave De 1977 agrave 1982 il monte avec lrsquoaide de Serge Bouzinac des eacutetudes sur la culture du riz pluvial pour chez et avec des petits paysans sans terre Les systegravemes de deacutefriche-brucirclis manuelle sur ces savanes secondaires agrave Palmiers Babaccedilu sont compareacutes agrave des systegravemes en traction animale Immeacutediatement abandonneacutes en raison des eacuterosions catastrophiques qursquoils induisent Premier signal sur la neacutecessiteacute du semis direct dans ces eacutecologies tropicales Mais Lucien et Serge sont informeacutes que leurs activiteacutes avec les sans terres du Nordeste ne sont pas du goucirct de tous Dans ces reacutegions du Breacutesil agrave cette eacutepoque le message est sans ambiguiumlteacute il faut partir vite LrsquoEMBRAPA - CNPAF (Centre National Riz amp Haricot) de Goiacircnia inteacuteresseacute par leurs reacutesultats les accueille

1982 nouveau milieu donc Les Cerrados du Centre Ouest breacutesilien (Mato Grosso Goiaacutes Tocantinshellip) un biome de savanes arboreacutees plus de 200 millions drsquohectares sur lequel avance un irreacutepressible front pionnier drsquoeacutelevage extensif et drsquoagriculture meacutecaniseacutee Des sols lateacuteritiques acides vides de nutrimentshellip longtemps consideacutereacutes comme impropres agrave toute forme drsquoagriculture rentable Peu importe la conquecircte de la terre est en marche deacutefriche riz pluvial monoculture de soja sur travail du sol simplifieacute avec des outils agrave disques hellip semelle de labour eacuterosion Une deacutevastation agrave eacutechelle industrielle Le diagnostic est vite poseacute les premiegraveres recommandations simples adapteacutees suivent combiner rotation de cultures commerciales (sojariz sojamaiumls) et succession annuelle ougrave agrave la culture commerciale succegravede une safrinha secondaire (maiumls sorgho ou mil) avec des preacuteparations de sols profondes (labour dresseacute aux socs scarification avec des outils agrave dents) Ces systegravemes de travail du sol profond ont du succegraves et sont tregraves largement diffuseacutes Mais lrsquoavegravenement du Semis Direct dans les reacutegions subtropicales du sud du Breacutesil va venir changer le paradigme des travaux de Lucien et Serge

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

35

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Lrsquoinvention le Semis direct sur Couverture Veacutegeacutetal (SCV) en milieu tropical

1984 visite agrave la Coopeacuterative laitiegravere centrale du Paranaacute agrave

1984 visite agrave la Coopeacuterative laitiegravere centrale du Paranaacute agrave Carambeiacute reacutegion des Campos Gerais premiers eacutechanges avec les agronomes Hans Peeten Josueacute Nelson Pavei hellip et les agriculteurs Nonocirc Perereira et Franke Dijkstra pionniers du semis direct dans cette reacutegion du Sud

1985 un producteur eacuteclaireacute du Mato Grosso Munefumi Matsubara leur ouvre grand les portes de sa fazenda hellip et sa bourse Des alternatives en semis direct sont rigoureusement compareacutees aux systegravemes avec travail du sol profond ou superficiel Au cours de ces cinq anneacutees deacutecisives les

systegravemes en semis direct sont plus productifs et rentables que les systegravemes conventionnels ils sont aussi et avant tout les seuls agrave permettre une augmentation de plus de 20 des teneurs de matiegravere organique des sols Les systegravemes sous couvert veacutegeacutetal (SCV) sont lanceacutes des eacutetapes cruciales sont franchies avec lrsquoinsertion en succession en association des cultures commerciales drsquoespegraveces telles que le sorgho mil les crotalaires le Brachiariahellip qui produisent de fortes biomasses valorisant des pluies marginales et surtout lrsquoeau du sol Les principes techniques des systegravemes SCV permettant de respecter les lois de fonctionnement des agroeacutecosystegravemes tropicaux sont poseacutes formaliseacutes dans des documents scientifiques et didactiques Lrsquoanalogie centrale avec le fonctionnement drsquoun eacutecosystegraveme forestier tropical se nourrissant sur lui-mecircme dans des recyclages continus entre biomasses vivantes et mortes gracircce agrave lrsquoactiviteacute biologiques des sols offre un cadre feacutecond agrave la creacuteativiteacute agronomique de Lucien Seacuteguy Les couverts veacutegeacutetaux se preacutesentent comme des pompes biologiques recyclant les eacuteleacutements mineacuteraux proteacutegeant le sol des pluies tropicales preacuteservant une tempeacuterature optimale pour lrsquoactiviteacute biologique et lrsquoabsorption racinaire hellip tout le contraire des sols mis agrave nu par le labour ou des techniques culturales simplifieacutees incompatibles avec une gestion durable de la ressource sol

Ces travaux sont conduits via de multiples partenariats en interaction avec une diffusion active de ses reacutesultats par les fondations et associations de producteurs Avant lrsquoan 2000 les SCV couvrent deacutejagrave -et ont sauveacute- des millions drsquohectares de terres agricoles dans les eacutetats de Goias Mato Grosso Tocantins Maranhatildeo Piauiuml hellip recoupant une vaste diversiteacute peacutedoclimatique tropicale dans laquelle les SCV se diversifient Ils inventent de nouvelles alternatives sur des couvertures veacutegeacutetales maintenues vivantes sous la culture encore plus efficientes comme le soja sur couvert permanent de chiendent ( Cynodon dactylon) ou le maiumls sur arachide peacuterenne ( Arachis pintoiuml) Avec le groupe Maeda les SCV sont adapteacutes agrave la culture cotonniegravere le preacutealable agrave son essor rapide dans le Mato Grosso

En parallegravele ils deacuteveloppent avec James Taillebois un seacutelectionneur du CIRAD un programme de seacutelection geacuteneacutetique de riz avec pour objectif premier drsquoeacutelargir lrsquoadaptabiliteacute des varieacuteteacutes creacuteeacutees et leurs toleacuterances aux maladies fongiques en seacutelectionnant en conditions pluviales de lrsquoeacutequateur jusqursquoau subtropical des croisements entre pools drsquoorigines pluviales et irrigueacutees Ces varieacuteteacutes vont voyager dans de nombreux pays tropicaux et subtropicaux faisant montre de leur grande plasticiteacute qursquoelles tirent de leur base geacuteneacutetique et des systegravemes SCV dans et pour lesquelles elles sont seacutelectionneacutees

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

36

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Lucien et Serge ont inspireacute des milliers drsquoagriculteurs agronomes et chercheurs breacutesiliens sur la base de leurs travaux preacutecurseurs et visionnaires sur les systegravemes sous couvert veacutegeacutetal pour les eacutecologies tropicales du Breacutesil Ils ont accueilli des visites de tous pays et continents se faisant les premiers et les meilleurs ambassadeurs des SCV du Breacutesil

Informer et former le monde

A partir de 1984 et jusqursquoagrave sa retraite Lucien reacutealise tous les ans des missions drsquoappui aupregraves de collegravegues chercheurs agronomes et de projets de deacuteveloppement publics et priveacutes dans de nombreux pays tropicaux drsquoAfrique drsquoAsie du Sud-Est Madagascar icircle continent aux innombrables eacutecosystegravemes tropicaux sera gracircce aux partenariats tisseacutes et aux financements de nombreux projets par lrsquoAgence Franccedilaise de Deacuteveloppement (AFD) une antichambre pour les petites paysanneries de ces techniques neacutees dans les dynamiques agro-industrielles du Breacutesil Drsquoautres projets suivront principalement sur financements de lrsquoAFD en Cocircte drsquoIvoire Gabon Cameroun Seacuteneacutegal Tunisie Vietnam Laos Cambodgehellip permettant de deacutecliner les

principes des SCV en pratiques adapteacutees aux conditions sociales drsquoagricultures familiales parmi les plusdeacutemunies de la planegravete Avec le Pr Joatildeo Carlos Saacute de lrsquoUniversiteacute de Ponta Grossa (Parana Breacutesil) ils organiseront toujours gracircce aux financements de lrsquoAFD de 2006 agrave 2011 six eacuteditions drsquoune formation internationale sur les SCV et la dynamique de matiegravere organique du sol rassemblant plus de 90 agronomes vulgarisateurs et chercheurs travaillant en partenariat avec le CIRAD dans plus de 13 pays du Sud Tous ces pays et drsquoautres ne peuvent plus ignorer cette information clef pour lrsquohumaniteacute on sait doreacutenavant faire pousser sous les tropiques les grandes cultures annuelles pluviales de faccedilon durable rentable et accessible Un nouveau pilier est disponible pour renforcer la seacutecuriteacute alimentaire mondiale et lrsquoautonomie des pays du Sud En 2009 agrave sa retraite du Cirad il poursuit ses appuis agrave travers la planegravete aupregraves des acteurs convaincus par la pertinence des voies agronomiques qursquoil continue drsquoouvrir Des reacuteseaux se montent qursquoil anime partageant sa vision ses ideacutees sa creacuteativiteacute et son humour A lrsquoinvitation drsquoun agronome du Queacutebec Louis Peacuterusse il se lance dans lrsquoadaptation des SCV aux conditions continentales ils remettent agrave lrsquohonneur les bleacutes drsquohiver semeacutes agrave la voleacutee dans le soja trois semaines avant la reacutecolte gagnant un mois de croissance avant lrsquohiver et avanccedilant la reacutecolte drsquoun mois Ce calendrier profondeacutement remanieacute par rapport aux scheacutemas baseacutes exclusivement sur les cultures de printemps ouvre une fenecirctre pour implanter agrave la voleacutee dans les bleacutes murissant des meacutelanges de plantes de couverture Ces derniers apportent alors ici comme partout de faccedilon inteacutegreacutee par et pour le biologique recharge en matiegravere organique et de multiples fonctions eacutecosysteacutemiques telles que la fixation azoteacutee par les leacutegumineuses la stimulation de fonctions microbiennes symbiotiques et non symbiotiques la creacuteation et lrsquoentretien drsquoune forte macroporositeacute par les effets combineacutes de puissants systegravemes racinaires et la stimulation drsquoune forte activiteacute des vers de terre le controcircle des adventices par la couverture du solhellip

Au Sud du Breacutesil dans les Eacutetats de Santa Catarina et du Rio Grande do Sul il travaille avec de jeunes agronomes breacutesiliens agrave la conception et agrave la diffusion sur des centaines de milliers drsquohectares des couverts multifonctionnels agrave base de meacutelanges complexes composeacutes de 10 espegraveces et plus Il est inviteacute en 2009 en Argentine et en Uruguay par Jean Waymel agriculteur drsquoorigine franccedilaise avec qui il deacuteveloppe des SCV diversifieacutes inteacutegrant le semis agrave la voleacutee sur couvert veacutegeacutetal y compris de culture agrave grosses graines comme le soja

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

37

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Ces techniques pratiqueacutees agrave tregraves grande eacutechelle accroissent les vitesses drsquoimplantation des cultures et la reacutesilience des systegravemes de production dans un climat de plus en plus variable

Sa passion pour la diversiteacute veacutegeacutetale ses talents de naturaliste lrsquoont ameneacute agrave explorer inlassablement de nombreuses espegraveces veacutegeacutetales tempeacutereacutees et tropicales agrave proposer des meacutelanges de plus en plus efficaces alliant cultures annuelles et peacuterennes et aux fonctionnaliteacutes et morphologies aeacuteriennes et racinaires diversifieacutees le cœur des SCV

Mecircme en France

Il initie eacutegalement degraves le milieu des anneacutees 1990 des eacutechanges avec quelques agriculteurs franccedilais en meacutetropole et plus tard dans des deacutepartements et territoires drsquoOutre-Mer (Reacuteunion Antilles Nouvelle Caleacutedonie)

Avec ces pionniers des SCV en France [1] il expeacuterimente dans des eacutecologies aussi diverses que les rives et coteaux de la Loire la Champagne berrichonne les collines du Gers la Camargue les versants de la Montagne Peleacuteehellip dans des systegravemes ceacutereacutealiers de polyculture eacutelevage des bananeraies en conditions pluviales ou irrigueacutees

Quelles espegraveces et associations drsquoespegraveces pour les couverts drsquohiver drsquoeacuteteacute en fonction des conditions de milieuxhellip Comment les semer dans les diffeacuterentes cultures en deacuterobeacutee en succession agrave quelle date agrave quelle dosehellip Ce savoir-faire et ces connaissances sont agrave deacutefricher et organiser par des essais Tous ces agriculteurs rallongent diversifient leurs rotations integravegrent des leacutegumineuses via les cultures (pois drsquohiver de printemps sojahellip) et les couverts eacuteventuellement fourragers (vesce feacuteverole gesse tregravefleshellip) Les fermes drsquoeacutelevage conquiegraverent par-lagrave leur autonomie en proteacuteines Aux techniques de couvertures mortes tueacutees avant semis de la culture viennent ici aussi srsquoajouter des couverts vivants de luzerne sur argilo-calcaire de tregravefle ou de lotier sur les sols plus acides ou hydromorphes faisant encore gagner en coucirct et en flexibiliteacute face aux aleacuteas du climat et des marcheacutes

Ils testent et mettent en commun les acquis sur leurs fonds propres un reacuteseau se coopte pour avancer Lucien lrsquoanime en structurant les essais et en maintenant le cap agrologique des SCV mecircme quand les reacutesultats escompteacutes ne sont pas immeacutediatement au rendez-vous

Les SCV de mieux en mieux maicirctriseacutes integravegrent progressivement lrsquoensemble des terres cultiveacutees sur ces fermes remaniant profondeacutement leur systegraveme drsquoexploitation Les parcs mateacuteriels se simplifient les grosses puissances de traction pour les preacuteparations de sol nrsquoont plus lieu drsquoecirctre Il faut aussi ecirctre autonome pour ses productions de semences de couverts la leacutegislation interdisant dons eacutechanges ou ventes entre agriculteurs mecircme pour des espegraveces et varieacuteteacutes libres de droit drsquoobtenteurs ou plus disponibles sur le marcheacute les semences commerciales ne sont pas forceacutement optimales pour les systegravemes et restent oneacutereuses utiliseacutees agrave bonne dose

Plus aucune de ces fermes nrsquoutilise drsquoinsecticides que ce soit en foliaire au sol ou en traitement de semences sur quelques cultures que ce soient ni drsquoanti-limaces Des fongicides ne sont appliqueacutes qursquoexceptionnellement sur les ceacutereacuteales agrave paille et colza au quart ou agrave la moitieacute des doses preacuteconiseacutees lorsque des conditions climatiques propices au deacuteveloppement des champignons pathogegravenes surviennent agrave un stade critique de ces cultures Les herbicides demeurent agrave faible dose principalement

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

38

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

pour le controcircle des couverts Les apports drsquoazote mineacuteral sur ceacutereacuteales agrave paille et maiumls diminuent progressivement pour atteindre 10 agrave 12 uniteacutes par tonne de grains une efficience quasi doubleacutee en comparaison des exploitations avoisinantes Toutes ces fermes qui pratiquent les SCV depuis plus de 15 ans obtiennent les meilleures performances techniques (rendement qualiteacute nutritive et sanitaire des grains) dans leurs reacutegions respectives elles ont dans le mecircme temps reacuteduit leurs charges en intrant et carburant de 39 par rapport agrave des itineacuteraires dits raisonneacutes (travail du sol simplifieacute dose drsquointrants modeacutereacutee) agrave 58 par rapport agrave des reacutefeacuterences ayant recours au travail du sol conventionnel et aux pleines doses drsquointrants

Sur tous ces reacutesultats Lucien communique beaucoup avec fougue et passion hellip mecircme si apregraves une vie au contact des acteurs du deacuteveloppement et de la recherche au Breacutesil lrsquoinertie parfois bavarde et suffisante de lrsquoagriculture franccedilaise ne cesse de le surprendre au vue de la crise dans laquelle se deacutebat une immense majoriteacute de producteurs et lrsquoeacutetat geacuteneacuteral de nos sols

Quels enseignements pour lrsquoavenir de notre agriculture

Il y a tant agrave retenir de ce parcours immense pour qui voudrait continuer le travail de Lucien Seacuteguy sur les chemins du deacuteveloppement et de la connaissance des CV agrave travers le monde

Pratiquer les SCV crsquoest vouloir orchestrer la transformation des milieux que lrsquoon cultive par et pour la puissance du veacutegeacutetal Crsquoest penser et organiser des flux puissants de biomasses continu lrsquoeacutenergie solaire par les plantes et la vie du sol Nous savons aujourdrsquohui que cela neacutecessite de maintenir les sols couverts en permanence de mobiliser une grande diversiteacute veacutegeacutetale diversifieacutees pour capter stocker et restituer en au sein des rotations via des couverts multi-speacutecifiques et de reacuteussir

agrave abandonner toute forme de travail du sol Ce dernier point est tregraves deacutebattu peut-ecirctre car il est le symbole le plus embleacutematique drsquoun changement de modegravele radical sucircrement parce qursquoil est celui qui pose le plus de problegravemes de mise en oeuvre dans les phases de transition et pour certaines cultures pour lesquelles des reacutefeacuterentiels techniques solides manquent encore Il est pourtant celui pour lequel la connaissance scientifique est la plus solidement eacutetablie travailler le sol mecircme de faccedilon superficielle et eacutepisodique nuit partout que lrsquoon soit dans la Niegravevre au Queacutebec ou au cœur du Mato Grosso agrave la vie du sol et aux capaciteacutes de stockage et de restitution de lrsquoeacutenergie qursquoelle construit Travailler le sol crsquoest se condamner agrave faire un travail de Peacuteneacutelope toujours deacute faire dans la nuit du sol ce que les plantes photosyntheacutetis(s)ent le jour Crsquoest se condamner agrave rester dans un entre-deux technique agrave se couper drsquoune effectiviteacute pleine entiegravere et continue des processus naturels qui viennent organiser la fertiliteacute des sols et contribuer au controcircle des bio-agresseurs de nos cultures Crsquoest par le respect de ces 3 principes pratiques des SCV que les apports importants et continus de matiegravere organique nourrissent une biodiversiteacute microbienne et inverteacutebreacutee de plus en plus riche complexe et foisonnante et que peuvent srsquoauto-organiser nos sols cultiveacutes

Deacutevelopper des systegravemes de culture et de production en SCV requiert tout drsquoabord drsquoabandonner lrsquoideacutee de recette applicable pour se lancer dans lrsquoexploration libre mais meacutethodique drsquoun immense champ de possibles Cela demande drsquoimaginer et apprendre agrave mener des rotations reacutepondant agrave nos objectifs de

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

39

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

production ougrave cultures et couverts veacutegeacutetaux se relaient pour tendre vers des sols couverts 365 jours sur 365 Cela demande aussi au deacutebut de lrsquoaudace pour rompre les amarres avec le confort rassurant des pratiques conventionnelles institueacutees Crsquoest accepter drsquoen passer par des deacutecisions contraires agrave ce que lrsquoon nous a appris agrave ce que lrsquoon nous recommande Crsquoest refuser de voir un salut dans la laquo high tech raquo preacutetendument reacutevolutionnaire que lrsquoon impose agrave des agriculteurs surendetteacutes pour oser la complexiteacute du vivant et lrsquoautonomie Crsquoest entrer pour la premiegravere fois avec le semoir dans un laquo gros raquo couvert veacutegeacutetal plus tard preacutefeacuterer semer agrave la voleacutee dans des couverts vivants ou par-dessus des cultures murissantes hellip en se demandant tout de mecircme pour une fois agrave lrsquounisson avec les voisins si lrsquoon nrsquoest pas devenu un peu dingo Crsquoest aussi se retenir de faire cet insecticide en acceptant lrsquoideacutee qursquoil y a plus agrave terme agrave y perdre qursquoagrave y gagner preacutefeacuterer nourrir des ravageurs en les leurrant plutocirct que de les tuer et renoncer agrave leurs ennemis naturels etc Toutes ces remises en questions des pratiques courantes dissolvent lrsquoun apregraves lrsquoautre les repegraveres en vigueur et srsquoapparentent au franchissement drsquoun miroir derriegravere lequel se cueillent les beacuteneacutefices que nous servent les processus naturels activeacutes un miroir derriegravere lequel aussi les systegravemes avec travail du sol apparaissent pour ce qursquoils sont absurdes et contre-nature Cette transformation de nos faccedilons de cultiver nous a transformeacute autant que nos sols et nos exploitations et pourtant nous sommes conscients drsquoecirctre agrave lrsquooreacutee drsquoun immense territoire que nous commenccedilons agrave peine agrave explorer source de confiance en lrsquoavenir et drsquoune humiliteacute heureuse Lucien Seacuteguy voulait avancer sans relacircche dans ce territoire de la biodiversiteacute et du geacutenie veacutegeacutetal au service drsquoune agriculture toujours plus propre et performante La recherche eacuteprouve aussi des difficulteacutes pour srsquoemparer de ces eacutetranges objets techniques que sont les systegravemes de culture agrave base de semis direct sur couverture veacutegeacutetale ces objets techniques deacuteroutent car ils tirent leur efficience des processus naturels qursquoils activent des processus naturels qui dans la dureacutee organisent nos sols et donnent aux eacutecosystegravemes que nous cultivons leurs grandes fonctions de gestion de la fertiliteacute et drsquoautoreacutegulation des nuisibles divers adventices phytophages maladies hellip

Cette meacutediation essentielle du naturel creacutee une distance entre le geste pratique et lrsquoeffectiviteacute associeacutee mesurable dans nos parcelles et nos fermes Elle rend ainsi les approches factorielles de lrsquoagronomie classique fondeacutees sur les analyses des liens preacutesupposeacutes entre pratique et effet impropres agrave lrsquoeacutetude et agrave la conception de ces systegravemes Car ceux-ci ne reacutesultent pas drsquoune combinaison de facteurs mais sont creacuteation eacutemergente drsquoun milieu cultiveacute complexe et transformation concomitante des perceptions et connaissances de celles et ceux qui les pratiquent

Crsquoest pour nous avoir aideacutes agrave nous engager dans cette double transformation que nous tenions ici agrave te remercier Lucien Puisse ton formidable legs ecirctre compris et repris par des acteurs et politiques clairvoyants courageux et ambitieux

[1]Jean-Claude Quillet Hubert Charpentier Christian Abadie Sandrine Gallon amp Alain Coudrillier Noeumll amp Lydie Deneuville Bertrand et Patrick Aubeacutery hellipArticle publieacute sous une autre mise en page dans la revue TCS (Techniques Culturales Simplifieacutees) - laquo Agronomie Eacutecologie et Innovation - TCS Ndeg 108 Juin-Juillet-Aoucirct 2020 raquoArticle reacutedigeacute avec les sources de httpopen-libraryciradfr

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

40

Trimestrielle - Edition N

deg 10

SUCCESS STORIESJO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

Lrsquoapproche laquo paysan agrave paysan raquo par le projet MANITATRA II rocircles des Paysans Leaders (ou paysans relais)

TOKIHERINIONJA Tanjonarilesa Fernand Chef de ProjetRAKOTONDRAMANANA Directeur Exeacutecutif du GSDM

Contexte

Depuis le 20 juillet 2018 le GSDM assure la mise en œuvre du projet intituleacute laquo

MANITATRA II raquo Ce projet est financeacute par lrsquoUE par lrsquointermeacutediaire du COMESA dans le cadre du programme Global Climate Change Alliance Plus (GCCA+) des pays drsquoAfrique des Caraiumlbes et du Pacifique (Intra ACP) conformeacutement agrave lrsquoaccord de subvention NdegCC000418 signeacute par le COMESA et le GSDM Le projet est preacutevu pour couvrir une dureacutee de 3 ans

Lrsquoobjectif geacuteneacuteral du projet eacutetant de soutenir la mise agrave lrsquoeacutechelle de lrsquoAgriculture Climato-Intelligente (ACI) pour atteacutenuer les changements Climatiques et ameacuteliorer la seacutecuriteacute alimentaire agrave Madagascar Pour cela il cible la reacutegion de Vakinankaratra et couvre deux eacutecosystegravemes diffeacuterentes le Moyen-Ouest et les Hautes Terres en intervenant successivement au niveau de 07 et 10 Communes Rurales Et pour atteindre ces objectifs le projet a opteacute pour une approche de diffusion laquo paysan agrave paysan raquo Cette approche a eacuteteacute deacutejagrave testeacutee durant la peacuteriode du projet MANITATRA I (2014 -2015) dans les reacutegions du Vakinankaratra et du Sud - Est

Les paysans leaders (ou paysans relais) sont les pierres angulaires de lrsquoapproche de diffusion de paysan agrave paysan Ils ont eacuteteacute choisis et formeacutes par les techniciens du projet lrsquoeacutequipe du GSDM central et drsquoautres partenaires (Ceffel ADTRMAPDRA DRAEP Vakinankaratra) afin drsquoacqueacuterir les bagages neacutecessaires agrave la transmission des connaissances agro-eacutecologiques agrave leurs paires

Pourquoi cette eacutethodologie

La proximiteacute des paysans leaders avec les producteurs autour permet de corriger les limites de lrsquoapproche laquo technicien agrave paysan raquo qui ne garantit pas toujours une peacuterenniteacute des actions

initieacutees par les projets et qui coucircte nettement plus cher aux projets En effet le fait que les paysans leaders soient issus du lieu drsquointervention leur permet de parler le mecircme langage alors que les techniciens se heurtent geacuteneacuteralement aux barriegraveres des logiques paysannes qui peuvent ecirctre difficiles agrave percer Par ailleurs lrsquoapproche laquo paysan agrave paysan raquo preacutesente un coucirct nettement reacuteduit par rapport agrave lrsquoapproche laquo technicien agrave paysan raquo De plus les paysans leaders resteront toujours dans leur village une fois le projet termineacute Ainsi ils resteront des personnes ressources et continueront agrave donner des conseils aux paysans autour

Choix des paysans leaders

Lrsquoidentification des paysans leaders constituait la premiegravere mission de lrsquoeacutequipe au tout deacutebut du projet Crsquoest une eacutetape cruciale car un mauvais choix de paysan leader fait perdre beaucoup de temps au projet Un certain nombre de critegraveres a eacuteteacute mis en place afin de reacuteduire au maximum ce risquebull Ecirctre paysan de profession (agriculteur

eacuteleveur hellip)bull Possession drsquoune parcelle individuelle drsquoune

surface de 05 agrave 1ha deacutedieacutee agrave la pratique personnelle de lrsquoagro-eacutecologie

bull Ecirctre majeurbull Savoir compter lire et eacutecrirebull Ayant des expeacuteriences en matiegravere drsquoanimation

etou vulgarisation des techniques innovantesbull Ayant une sorte de leadership naturel aupregraves

des villageoisbull Habitant dans la zone drsquointervention du

projetbull De bonne reacuteputationbull Sans affiliation directe avec un parti politiquebull Non engageacute avec drsquoautres organismes

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

41

Trimestrielle - Edition N

deg 10

SUCCESS STORIES

Rocircle des paysans leaders et fonctionnement dun CEP

Les responsabiliteacutes des paysans leaders consistent agrave appuyer les techniciens dans le processus de diffusion de lrsquoagro-eacutecologie Ils doivent obligatoirement geacuterer au sein de leur exploitation un Champ Ecole Paysanne (CEP) individuel ougrave ils vont pratiquer les diffeacuterentes pratiques agro-eacutecologiques promues par le projet Les mises en place au niveau du CEP permet aux techniciens du projet de former et dassurer le recyclage des diverses pratiques agro-eacutecologiques Les formations des paysans leaders sont alors beaucoup plus pratiques que theacuteoriques Ce qui est plus approprieacutee pour ces paysans leaders Ils doivent pour ce faire appliquer rigoureusement les directives fournies par les techniciens Les paysans leaders assurent lrsquointeacutegraliteacute des charges lors des mises en place et entretiens des cultures au niveau du CEP que ce soit en intrants ou main drsquoœuvre Seules les semences de plantes de couvertures qui ne sont pas disponibles dans la zone que le projet leur fourni

Les CEP servent de lieu de formation et de visites eacutechanges organiseacutees par les paysans leaders pour leurs paires A la suite de ces sessions les paysans inteacuteresseacutes par une ou plusieurs pratiques agro-eacutecologiques au niveau des CEP seront accompagneacutes par les paysans leaders afin de les dupliquer au sein de leur exploitation respective Les paysans leaders couvrent geacuteneacuteralement une zone dans un rayon de cinq agrave dix kilomegravetres autour de leur lieu de reacutesidence soit trois agrave quatre fokontany en moyenne Ils sont agrave cet effet eacutequipeacutes drsquoune bicyclette comme moyen de locomotion et des bacircches de formation comme outils lors des seacuteances drsquoanimation Le projet leur dote aussi des bonbonnes et des pulveacuterisateurs leur permettant drsquoappliquer certaine techniques particuliegraveres comme la fabrication de compost liquide et les laquo ady gasy raquo

Engager les paysans leaders dans le processus de diffusion de lrsquoagro-eacutecologie ne signifie pas pour

autant les deacuterouter de leur vocation de paysan Ils ne sont pas des salarieacutes du projet Crsquoest drsquoailleurs pour cette raison que le GSDM a fixeacute par contrat une dureacutee effective de travail maximal de sept jours par mois Par contre le projet leur accorde une compensation journaliegravere de 10000Ar pour leurs interventions

Rocircles des techiciens

Pour MANITATRA II ce sont les paysans leaders qui assurent la diffusion des techniques agro-eacutecologiques promues par le projet Les techniciens jouent le rocircle de facilitateur afin que les paysans leaders puissent atteindre leurs objectifs Ainsi les techniciens encadrent techniquement les paysans leaders Ils ont dans ce sens la responsabiliteacute de faire des suivis des actions meneacutees par les paysans leaders et de les appuyer durant les seacuteances de conseil drsquoanimation et de formation Ils effectuent eacutegalement des appuis sur la mise en place des champs eacutecoles paysans (CEP) sur lesquels les riverains vont pouvoir appreacutecier les eacutetendues de lrsquoapplication des techniques appliqueacutes en agro-eacutecologie Les techniciens fixent les objectifs agrave atteindre selon les attentes du projet Pour MANITATRA II le ratio moyen est drsquoun technicien pour 7 paysans leaders encadreacutes

Perspectives pour les paysans leaders

Ces paysans leaders sont formeacutes reacuteguliegraverement sur diverses theacutematiques par le GSDM Cela afin qursquoils puissent assumer pleinement leurs responsabiliteacutes Lrsquoobjectif eacutetant qursquoils puissent agrave plus long terme devenir prestataire en tant que paysan formateur au niveau des entiteacutes qui auront besoin de leurs services agrave lrsquoinstar du FDA

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

42

Trimestrielle - Edition N

deg 10

SUCCESS STORIES

Laissons parler les paysans

Rindra Sandratriniaina Assitant Chef de projet RAKOTONDRAMANANA Directeur Exeacutecutif du GSDM

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Les reacutesultats obtenus de la deuxiegraveme anneacutee du projet MANITATRA II ont fournis des

enseignements conseacutequents quant aux techniques adopteacutees par les paysans et des inteacuterecircts que ces derniers avaient tireacute de ces adoptions Dans le moyen ouest comme sur la haute terre du Vakinankaratra la pratique du riz pluvial sur mulch de mucuna ont vraiment fait ses preuves Le riz pluvial associeacute au cajanus quoiqursquoen cours drsquoessais a deacutejagrave fourni des reacutesultats probants Les diffeacuterents niveaux drsquoameacutenagement coupleacutes avec les reboisements et la gestion des matiegraveres organiques sont tout autant de techniques que les quelques paysans des communes de Fidirana drsquoAntohobe et de Soavina vont nous deacutelivrer dans ce numeacutero 10 du journal de lrsquoagro-eacutecologie

Drsquoabord M Rakotomanantsoa Modeste drsquoAmbohibolakely de la commune rurale de Fidirana teacutemoigne de son inteacuterecirct quant agrave la pratique du riz pluvial sur mulch de mucuna

Avant cette pratique nous ne pouvions produire qursquoautour de 1tha pour le riz pluvial Actuellement le rendement peut aller jusqursquoagrave 5tha Le mucuna nrsquoagit pas seulement sur la restauration de la fertiliteacute du sol mais aussi sur le nettoyage des parcelles par rapport aux diffeacuterentes pestes veacutegeacutetales qui envahissaient nos parcelles Il srsquoest aveacutereacute que le mucuna permet aussi de lutter contre certains ravageurs de culture Pour nous loin fut le temps ougrave nous eacutetions frustreacutes de la plantation de cette leacutegumineuse non comestible qui accaparait nos surfaces cultivables car vu lrsquointeacuterecirct qursquoy portent le grand nombre la plantation de celle-ci nous engendre deacutesormais des revenus drsquoappoints

En outre je produits aussi du lombricomposte Lrsquoobjectif est toujours eacuteteacute de sevrer notre exploitation de lrsquoutilisation drsquoengrais chimique Avec lrsquoavegravenement des techniques de seacuteparations

de vers drsquoavec le composte la production nrsquoest plus peacutenible comme avant Il nous faut juste surveiller lrsquohumiditeacute la tempeacuterature lrsquoeacutetat du lombricomposteur et enfin veiller agrave ce que les lombrics aient toujours du preacutecomposte precirct agrave lrsquoemploi Je lrsquoutilise surtout dans la production de riz pluvial le maiumls et la production de plants drsquoarbre en peacutepiniegravere ou ccedila mrsquoa permis non seulement de produire des beaux plants mais aussi de beaucoup reacuteduire lrsquoinvasion des ravageurs

Ensuite Razafindrakoto Edouard drsquoAmbohibolakely de la commune de Fidirana stipule que parmi toutes les techniques vulgariseacutees par le GSDM agrave travers le projet MANITATRA II la plantation de mucuna et celle qui apporte le plus drsquointeacuterecircts

Quand je nrsquoavais utiliseacute que des fumiers de parc les fano (heteronicus) et ses vers blancs ont causeacute beaucoup de deacutegacirct sur mes riz et mes maiumls Actuellement en combinant mulch de mucuna et utilisation du lombricomposte nous avons pu doubler notre production Elle permet en effet drsquoeacuteliminer les menaces dues aux attaques des ravageurs de culture et entretien la fertiliteacute du sol

De son cocircteacute Rakotoarijaona Alfred affirme que donner lrsquoexemple sur ses habitudes culturales mis en pratique au niveau de son champ eacutecole paysan (CEP) fait partie de son quotidien de paysan leader (PL)

Il propose entre autre lrsquoameacutenagement en courbe de niveau des parcelles en pente et les techniques de fabrication des diffeacuterents types de compost

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

43

Trimestrielle - Edition N

deg 10

SUCCESS STORIESJO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

comme moyen de gestion durable du sol Lrsquoassociation du riz pluvial avec le cajanus lui a donneacute un excellent reacutesultat Semeacute au moment de la montaison le cajanus associeacute au riz pluvial nrsquoa manifesteacute aucune sorte de concurrence Il ne se ramifie qursquoapregraves la reacutecolte du riz Durant lrsquointersaison il se deacuteveloppent de maniegravere agrave couvrir les parcelles et les preacuteservent des invasions drsquoadventices Le cajanus est connu pour son travail naturel du sol et une production de biomasse pouvant servir au compostage En fin de cycle il fournit aussi drsquoeacutenorme quantiteacute bois pour les cuissons

Pour M Ralaisa Pierre Solofoniaina lrsquoapplication de lrsquoagriculture de conservation a permis de mieux geacuterer ses parcelles surtout vis-agrave-vis des pheacutenomegravenes drsquoeacuterosion

Jrsquoavais mis en place des courbes de niveau sur mes parcelles puis jrsquoai installeacute de couverture veacutegeacutetale comme le mucuna Depuis je ne travaille plus mes terres et les sarclages sont deacutesormais moins contraignants Je me suis eacutegalement aperccedilu que les effets du striga se sont beaucoup amoindris Comme reacutesultats si avant pour le riz pluvial nous ne pouvons obtenir qursquoenviron 1tha maintenant nous arrivons agrave produire 40kg de paddy par are soit dans les 4tha Jrsquoai entrepris ces travaux car je vise surtout lrsquoavenir de mes enfants Je dois ecirctre en mesure de leur leacuteguer de la bonne terre) raquo

Rabemanantsoa Gilbert drsquoAnkily du Fokontany drsquoAntampondravola un alevineur professionnel avait beacuteneacuteficieacute des appuis sur la protection des bassins versants autour de ses bassins piscicoles

Les appuis du projet MANITATRA II mrsquoa permis de mettre agrave jour mes techniques drsquoalevinage Mais le plus important eacutetait ces ameacutenagements

des versants autour de mes bassins piscicoles Nous nous y sommes mis pour combattre le fleacuteau drsquoeacuterosion qui agrave chaque peacuteriode de pluie menacent drsquoensabler nos bassins Les versants ameacutenageacutes sont actuellement stabiliseacutes avec des haies vives de cajanus renforceacutes avec du brachiaria et diverses plantes de couverture

Depuis longtemps je pratique aussi le lombricompostage Il mrsquoa permis de reacuteduire lrsquoutilisation des produits chimiques et surtout drsquoalleacuteger les peines relatives au transport vers les parcelles Quand la population de lombrics augmente il mrsquoarrive de les reacuteguler en preacutelevant une certaine quantiteacute pour nourrir mes poissons

Du cocircteacute de la commune drsquoAntohobe Mme Rafanjanirina Jeanne Philomegravene a entrepris la restauration de la fertiliteacute de ses parcelles apregraves quelque heacutesitation

Il y a 2 ans le technicien du projet Manitatra travaillant dans notre commune nous a animeacute sur les techniques de restauration de la fertiliteacute du sol Au deacutebut je nrsquoeacutetais pas vraiment convaincue du bien-fondeacute de ces techniques mais apregraves avoir assisteacute agrave une visite eacutechange au niveau du site drsquoIvory et apregraves avoir constateacute la reacuteussite de mon fregravere sur le reboisement jrsquoai deacutecideacute de mrsquoy mettre Nous avons adopteacute le lombricompostage et la fabrication de biopesticide Reacutecemment nous avons constateacute que lrsquoassociation de mucuna avec le maiumls permet de proteacuteger ces derniers contre les attaques de chenilles

Avant nous avons comme habitude drsquoutiliser du cendre du riz pluvial et nous nrsquoavons pu obtenir que 240kg de paddy par are Apregraves lrsquoutilisation du lombricompost la mecircme surface nous a donneacute 320kg agrave 400kg Sur la production de tomate avant nous ne pouvons faire que 4 reacutecoltes maintenant avec le lombricompost ccedila peut aller jusqursquoagrave 6 voire 7 reacutecoltes

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

44

Trimestrielle - Edition N

deg 10

SUCCESS STORIESJO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

A Soavina Rasoanindrina Wivine eacutetait pris drsquoeacutetau par une grande parcelle qursquoelle avait preacutevu drsquoabandonner car elle ne lui permettait plus de produire grand-chose

En effet ladite parcelle eacutetait non seulement deacutegradeacute mais eacutetait aussi envahi par le striga et le kidoronrsquoalika (Acantospermum austral) A la suite drsquoune reacuteunion de sensibilisation organiseacutee par le technicien posteacute agrave Soavina jrsquoavais deacutecideacute drsquoy planter du mucuna et du Stylosanthes associeacute avec un peu de maiumls et du riz pluvial Degraves la premiegravere anneacutee une ameacutelioration du rendement en riz srsquoeacutetait fait ressentir A la

deuxiegraveme anneacutee malgreacute la seacutecheresse le riz eacutetait drsquoune tregraves bonne veacutegeacutetation mais lrsquoinsuffisance de pluie au moment de la floraison dans notre reacutegion ne nous a pas permis drsquoobtenir des graines

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

45

Trimestrielle - Edition N

deg 10

ACTUALITES

Dans le cadre du Projet MANITATRA II sur financement du COMESAUnion

Europeacuteenne (11egraveme FED agrave destination des pays ACP dans le cadre de lrsquoAlliance Mondiale pour le Climat) le GSDM srsquoest lanceacute dans la production et la reacutealisation drsquoun film drsquoanimation 3D sur la base de son livret ludique un guide de formation conccedilu pour lrsquoapprentissage de lrsquoAgro-eacutecologie et de lrsquoeacuteducation environnementale en milieu scolaire Lrsquoobjectif eacutetant de renforcer la promotion de lrsquoAgriculture Climato-Intelligente au niveau national et drsquoappuyer la prise en compte de lrsquoAgro-eacutecologie dans les politiques publiques et les projetsprogrammes Dans ce sens ce film drsquoanimation 3D constitue un outil de plaidoyer mais eacutegalement un support de formation drsquoanimationsensibilisation

Lrsquoideacutee drsquointeacutegrer lrsquoAgro-eacutecologie dans tous types de formation essentiellement dans lrsquoenseignement de base agrave Madagascar a eacuteteacute eacutevoqueacutee depuis bien des anneacutees lors des diffeacuterents ateliers et eacutevegravenements

organiseacutes par le GSDM Cette reacuteflexion a eacuteteacute soutenue aussi bien par lrsquoAdministration que par les partenaires techniques et financiers mais eacutegalement par les diffeacuterents acteurs de deacuteveloppement impliqueacutes œuvrant dans le secteur du deacuteveloppement durable

Lrsquointeacutegration de lrsquoAgro-eacutecologie en milieu scolaire a eacuteteacute initieacutee par le GSDM en 2017 au travers du projet PAPAM sur financement de lrsquoAFD Il eacutetait preacutevu de seacutelectionner 6 eacutetablissements publics etou priveacutes de niveau collegravege dans la reacutegion du Vakinankaratra Au travers des activiteacutes parascolaires lrsquoideacutee eacutetait de former des enseignants pour assurer le transfert de connaissances aux eacutelegraveves de 6egraveme et 5egraveme Avec les acquis de WWF membre du GSDM et la collaboration de lrsquoOEMC aupregraves du Ministegravere de lrsquoEducation Nationale de lrsquoEnseignement Technique et Professionnel un document de concept note a eacuteteacute eacutelaboreacute pour la mise en œuvre drsquoune phase pilote De la

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Un film drsquoanimation 3D sur lrsquointeacutegration de lrsquoAgro-eacutecologie en milieu scolaire pour la vulgarisation de lrsquoAgro-eacutecologie au niveau national

LrsquoEducation agrave lrsquoinverse une maniegravere de diffuser lrsquoAgro-eacutecologiehelliphelliplrsquoAgro-eacutecologie pour les geacuteneacuterations futures

Equipe GSDM

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

46

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

mission de diagnostic visant lrsquoidentification des eacutetablissements beacuteneacuteficiaires aux missions de formation de conception de supports et de

suivi les eacutetapes de la mise en œuvre ont eacuteteacute reacutealiseacutees sous lrsquoeacutegide de la Direction Reacutegionale de lrsquoAgriculture de lrsquoElevage et de la Pecircche et de la Direction Reacutegionale de

lrsquoEducation Nationale de lrsquoEnseignement Technique et Professionnel Un atelier bilan a eacuteteacute organiseacute agrave la fin de lrsquoanneacutee scolaire 2017-2018 pour eacutevaluer et mesurer les impacts de ce

mode laquo drsquoeacuteducation agrave lrsquoinverse raquo ougrave les enfants forment leurs parents pour un changement de paradigme

Le succegraves de la phase pilote a tout particuliegraverement susciteacute lrsquoattention de nombreux partenaires techniques et financiers souhaitant investir dans lrsquoeacuteducation des jeunes dans le cadre du deacuteveloppement durable Une extension des activiteacutes a eacuteteacute ainsi programmeacutee au travers du projet MANITATRA II sur financement du COMESAUnion Europeacuteenne pour 3 anneacutees scolaires conseacutecutives 20182019 - 20192020 et 20202021 Six (6) nouveaux eacutetablissements ont eacuteteacute seacutelectionneacutes selon les critegraveres du projet Pour la peacuterennisation des actions le projet MANITATRA II a maintenu lrsquoappui technique au niveau des eacutecoles PAPAM A lrsquoissu de lrsquoatelier bilan organiseacute agrave la fin de lrsquoanneacutee scolaire 2018-2019 la sollicitation du GIZProSol sur financement de la Coopeacuteration Allemande a emmeneacute agrave lrsquoextension des activiteacutes au profit de 8 nouveaux eacutetablissements dans la Reacutegion Boeny

Les beacuteneacuteficiaires directes sont actuellement au nombre de 3897 eacutelegraveves reacutepartis au niveau de 20 eacutetablissements dont 3 047 dans la reacutegion de Vakinankaratra et 850 dans la reacutegion

Boeny Cette eacuteducation agrave lrsquoinverse touche eacutegalement les parents le corps eacuteducatif les paysans aux alentours mais aussi les acteurs de deacuteveloppement et les deacutecideurs

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

47

Trimestrielle - Edition N

deg 10

AGRO-ECOLOGIE EN PHOTOJO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

Le Comiteacute de pilotage du Projet MANITATRA II sest reacuteuni pour la 2egraveme fois le 24 septembre

2020 pour lexamen du rapport dactiviteacute de lanneacutee 2 et de la programmation des activiteacutes de lanneacutee 3

Ont reacutepondu preacutesent le DGA du MAEP en sa qualiteacute de Peacutersident du Comiteacute le PCA du GSDM le Vice-Preacutesident

du CA du GSDM le Directeur du Deacuteveloppement Reacutegional du Vakinankaratra le DRAEP Vakinankaratra le DREDD Vakinankaratra et le Repreacutesentant du MEDD par le biais de son Conseiller Technique

Reacuteunion du comiteacute de Pilotage du projet Manitatra II le 24 Septembre 2020

Les journeacutees Agro-eacutecologiques du Vakinankaratra se sont tenues les 19 et 20 mars 2020 Ces

2 journeacutees ont eacuteteacute consacreacutees pour le partage des acquis et expeacuteriences en Agro-eacutecologie face au deacutefis du changement climatique et de linseacutecuriteacute alimentaire On a vu la participation de lAdministration au travers du Ministegravere de lAgriculture de lElevage et de la Pecircche du Ministegravere de lEnvironnement et du Deacuteveloppement Durable du Ministegravere de lEducation Nationale de la Direction de la meacuteteacuteorologie des autoriteacutes locales des partenaires techniques et financiers des beacuteneacuteficiaires et des journalistes

La premiegravere journeacutee a eacuteteacute deacutedieacutee agrave la visite des reacutealisations en Agro-eacutecologie suivie dun atelier de restitution le 2egraveme jour Tant sur le terrain quau travers des teacutemoignages en salle lactiviteacute lieacutee agrave linteacutegration de lAgro-eacutecologie en milieu scolaire a succiteacute lattention des participants Cette mode deacuteducation agrave linverse ougrave les enfants forment leurs parents a tout particuliegraverement toucheacute de nombreux meacutenages Desormais les parents souhaitent ecirctre formeacutes sur diffeacuterents theacutematiques en Agro-eacutecologie tels que le compsotage lAgriculture de conservation et lAgroforesterie

Objectif atteint pour le GSDM la reacuteussite de cet eacutevenement est ducirc agrave la participation active des diffeacuterents intervenants En vue dune agriculture durable la peacutereacutenisation des acquis et limportance de la prise en compte de lAgro-eacutecologie dans les politiques publiques a eacuteteacute souleveacutee et approuveacutee

Journeacutees Agro-eacutecologiques du Vakinankaratra les 19 et 20 mars 2020

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

48

Trimestrielle - Edition N

deg 10

Deacutecembre2020

Octobre 2020

Septembre 2020

Novembre 2020

Ont participeacute agrave ce numeacutero bull Mireille RAZAKA - Responsable Communication du GSDMbull Vololoniraisana RANDRIAMIARANA - Agronome du GSDMbull Martin RANDRIAMITANTSOA - Consultant Agronome du GSDMbull Tahina RAHARISON - Consultant Agronome Socio-eacuteconomiste du GSDMbull TOKIHERINIONJA Tanjonarilesa Fernand - Chef de Projet MANITATRA IIbull RAKOTONDRAMANANA - Directeur Exeacutecutif du GSDM

Rubrique laquoLAgro-eacutecologie au niveau nationalraquo WWH - DURRELL - CEFFEL membre du GSDM - GIZProSol Partenaire Technique et FinancierRubrique laquoDossierraquo Collegravegues rapprocheacutes de Lucien SEGUYRubrique laquoRechercheraquo FOFIFA - Dp SPAD - Partenaires techniques Rubrique laquoSuccess Storiesraquo GSDM Vakinankaratra (MANITATRA II)Entiteacute de validation Comiteacute de lecture les membres du GSDM GSDM Copyrigth septembre2020

Site WebFacebook YoutubeRoute drsquoAmbohipo

Lot VA 26 Y AmbatorokaBP 6039 Ambanidia Antananarivo 101 Madagascar

Teacutel (+261) 20 22 276 27

CALENDRIER DIVERS CONTACTS

Site WebFacebook

Teacutel (261 20) 22 200 46 agrave 48Fax (261 20) 22 347 94

afdantananarivoafdfr

23 rue RazanakombanaAmbohijatovo BP 557

AntananarivoMADAGASCAR

Pour de plus amples informations etou pour toutes ameacuteliorations contacter nous au

Ce journal a eacuteteacute financeacute au deacutepart par lrsquoAFD (projet PAPAM) et par le COMESAUE (projet MANITATRA 2) agrave partir de leacutedition Ndeg8

Les membres du GSDM

Direacutecteur Exeacutecutif gsdmdemoovmgResponsable communication razakamireilleyahoofr

Evegravenements

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

- Mission de suivi Alaotra - Mission de suivi Sud-Est- Mission drsquoevaluation et bilan de campagne ATASEF - Formation des techniciens des ONGencadreacutes par ECO-CONSULT - GIZProSol

- Preacutesentation officielle du film drsquoanimation 3D Ny Fambolena maharitraho anny taranaka mifandimby- Atelier bilan eacutecole Manitatra II- Expertise OSDRM dans la Diana

Directeur de publication RAKOTONDRAMANANA DL imprimeur Ndeg - Editeacute en 140 exemplaires

Facebook Site Web

- Atelier recherche et deacuteveloppement - Emission FIVOHY sur la RNM tous les 3egraveme samedis du mois de 08h15 agrave 08h30 du matin

- Campagne culturale grande saison- Journeacutees Agro-eacutecologiques du Sud-Est

Open library

  • Signet 1
Page 5: Edito - gsdm-mg.org

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

5

Trimestrielle - Edition N

deg 10

LrsquoAGRO-ECOLOGIE AU NIVEAU NATIONAL

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

6

Trimestrielle - Edition N

deg 10

LrsquoAGRO-ECOLOGIE AU NIVEAU NATIONAL

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Suivant les toposequences les quelques techniques promues et adopteacutees sont

1 Bas de pente

Photo 1 Association maiumls et nieacutebeacute cv David EPP Ambodivoaracommune Ambohitsilaozana

Photo 2 Association de maiumls et haricot dans le fokontany Andreba Gare commune Ambatosoratra

Photo 3 Association de maiumls et arachide dans le fokontany Anororo

commune Anororo

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

7

Trimestrielle - Edition N

deg 10

LrsquoAGRO-ECOLOGIE AU NIVEAU NATIONAL

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

2 Bas-fonds

Photo 4 Riz pluvial sous paillage de Stylosanthes dans le fokontany Andilana Sud commune Amparafaravola

Photo 5 Patate douce agrave chaire orange dans le fokontany

Ambodivoara commune Ambohitsilaozana

Photo 5 Association arachide + Cajanus Andilana sud

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

8

Trimestrielle - Edition N

deg 10

LrsquoAGRO-ECOLOGIE AU NIVEAU NATIONAL

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIEPar ailleurs ces pratiques culturales reacutesilientes au changement climatique ont eacuteteacute deacutemontreacutees au

niveau des parcelles des eacutecoles primaires publiques dans le but drsquoameacuteliorer la nutrition scolaire des eacutelegraveves et de sensibiliser les eacutecoliers et leurs parents sur le systegraveme

Enfin des eacutechanges entre les producteurs dans les groupements CEP seront ulteacuterieurement organiseacutes pour ameacuteliorer le mode de gestion du sol Ceci permettra de limiter la deacutegradation des sols et des couverts veacutegeacutetaux Le projet continuera aussi agrave identifier et agrave promouvoir les innovations adapteacutees aux reacutealiteacutes sociales et eacuteconomiques afin dassurer lefficaciteacute de ces pratiques agro-eacutecologiques autour de la NAP Alaotra

Photo 7 Rotation Riz (Riziculture agrave mauvaise maitrise drsquoeau) avec de la

vesce dans le fokontany Andilana Sud commune Amparafaravola

Photo 8 Systegraveme de riziculture ameacutelioreacute en rotation avec du haricot en contre saison sous paillage dans

le fokontany de Antsapananefatra commune Ambatomainty

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

9

Trimestrielle - Edition N

deg 10

LrsquoAGRO-ECOLOGIE AU NIVEAU NATIONAL

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Intensification des techniques agro-eacutecologiques et de restauration de la fertiliteacute de sol par lrsquoapproche terroir dans les reacutegions Anosy

et Atsimo Atsinanana

Jocelyn RAVELOSON Angola RANDRIANANTOANDRO - WHH Madagascar

laquo Un monde dans lequel tous les peuples peuvent exercer leur droit agrave mener une vie autodeacutetermineacutee dans la digniteacute et la justice agrave labri de la faim et de la pauvreteacute raquo telle est la vision globale de Welthungerhilfe (WHH) La reacutealisation de cet objectif deacutepend neacuteanmoins des facteurs environnementaux favorables dont la disponibiliteacute des moyens de production adeacutequats et leur accessibiliteacute par chaque meacutenage

Dans les Reacutegions Anosy et Atsimo Atsinanana notamment des districts de Taolagnaro Vangaindrano Farafangana et Vondrozo WHH travaille en eacutetroite collaboration avec des ONG nationales telles que Action Intercoopeacuteration Madagascar (AIM) et FIANTSO Madagascar pour donner des appuis aux paysans dans la lutte contre la pauvreteacute agrave travers lrsquoameacutelioration du fonctionnement de leur systegraveme de production Il srsquoagit entre-autre des deux grands programmes de renforcement de la seacutecuriteacute alimentaire et nutritionnelle durable SILVER (Renforcement des revenus et des moyens drsquoexistence des meacutenages vulneacuterables dans le Sud-Est) et AFAFI Sud (Appui au Financement de lAgriculture et aux Filiegraveres Inclusives dans le Sud et Le Sud-Est de Madagascar) Ces programmes sont financeacutes respectivement par la Coopeacuteration Allemande (BMZ) et lrsquoUnion Europeacuteenne (UE) agrave hauteur totale de 8 689 109 EUR SILVER srsquoeacutetale de novembre 2019 agrave avril 2022 tandis que le programme AFAFI Sud de janvier 2020 jusqursquoen avril 2024 Le nombre de beacuteneacuteficiaires finaux est estimeacute agrave pregraves de 608 000 individus dont 60 hommes et 40 femmes

Lrsquoapproche terroir pour une meilleure concentration des efforts au niveau des beacuteneacuteficiaires cibleacutes

En matiegravere de vulgarisation agricole les interventions consistent agrave diffuser des techniques ameacutelioreacutees adapteacutees aux groupes cibles et agrave leurs

contraintes pour leur permettre drsquoaugmenter leurs revenus La diffusion du systegravemes de culture eacuteconomes en intrants face au faible pouvoir drsquoachat des paysans aussi bien pour les cultures pluviales sur pente qursquoau niveau des peacuterimegravetres irrigueacutes et au bas fond revalorisation des connaissances et savoir-faire des paysans en matiegravere de techniques agro-eacutecologiques pour un meilleure rendement en quantiteacute et qualiteacute de production appui cibleacute des femmes marieacutees et megraveres ceacutelibataires agrave lrsquoeacutelevage avicole pisciculture ou apiculture et enfin de deacuteveloppement de capaciteacutes drsquoinvestissement dans des activiteacutes geacuteneacuteratrices de revenus gracircce agrave lrsquoappui aux Associations Villageoises drsquoEpargne et de Creacutedit Auto-geacutereacutes (AVECA)

La mise en œuvre des activiteacutes au niveau de chaque site terroir preacutedeacutetermineacute se complegravete et est meneacutee systeacutematiquement de maniegravere participative en incluant les autoriteacutes locales lrsquoorganisation des producteurs les hommes femmes et jeunes agriculteurs La creacuteation de Centre drsquoAccueil des Enfants et des Megraveres (CAEM) par chef-lieu de fokontany contribue agrave lrsquoenseignement des megraveres voire des parents agrave faire le lien entre utilisation adeacutequate des produits agricoles seacutelectionneacutes pour lrsquoalimentation et lrsquoeacutepanouissement de la santeacute nutritionnelle de tous les membres du meacutenage Lrsquoaccompagnement des associations communautaires aux actions de reboisement mais aussi lrsquoameacutenagement de pistes rurales de points drsquoeau potable et de peacuterimegravetres agricoles assure la viabiliteacute des activiteacutes de production agricole Les opeacuterateurs eacuteconomiques de proximiteacute y sont aussi appeleacutes et soutenus pour le deacuteveloppement des filiegraveres de niche marquant chaque district et commune le gingembre le curcuma la cannelle le cafeacute la baie rose lrsquoapiculture la pisciculture etc

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

10

Trimestrielle - Edition N

deg 10

LrsquoAGRO-ECOLOGIE AU NIVEAU NATIONAL

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Accompagnement de la communauteacute agrave la restauration de la fertiliteacute du bassin versant

De faccedilon participative les eacutequipes drsquointervention deacutefinissent des reacutefeacuterentiels techniques pertinents susceptibles drsquoecirctre diffuseacutes aupregraves de la population cible sur la base du diagnostic foncier du site-terroir et de la typologie de leurs systegravemes drsquoexploitation Pour ce faire et pour assurer par la suite leur large diffusion il est preacutevu pour ces programmes de renforcer de faccedilon tregraves pratique et concregravete les paysans relais aux concepts agronomiques fondamentaux afin de compleacuteter leur savoir et expeacuteriences en matiegravere de fertiliteacute des sols lrsquoimportance de la matiegravere organique pour le sol et les plantes et le cycle des mineacuteraux Le champs-eacutecole constitue le moyen le plus efficace pour assurer lrsquoenseignement pratique et lrsquoattraction des intentions des masses paysannes Les techniciens organisent peacuteriodiquement

des eacutevegravenements drsquoeacutechanges laquo formaliseacutes raquo sous forme de visite de la parcelle par les producteurs villageois agrave des peacuteriodes et moments cleacutes de lrsquoitineacuteraire technique

Dans lrsquoobjectif de proteacuteger par la suite ces sols et garantir la conservation peacuterenne des bassins versants les deux programmes SILVER et AFAFI Sud accompagnent les Communes et le Service Technique Deacutecentraliseacute de lrsquoEnvironnement dans la planification participative du reboisement au niveau des terroirs Afin de rendre disponible les jeunes plants sur place des actions de diffusion aupregraves des villageois des techniques de confection de peacutepiniegraveres et des peacutepiniegravere eacutecole paysanne ndash au mecircme titre que les champs eacutecoles paysans ndash sont preacutevus pour les deux premiegraveres anneacutees de travaux

Formation des femmes sur les cultures maraichegraveres et lrsquoarboriculture fruitiegravere

Fabrice LHERITEAU Chef drsquoeacutequipe ProSol Boeny

Le projet global Prosol est un projet de la Coopeacuteration allemande commissionneacute dans

le cadre de lrsquoinitiative laquo Un seul monde sans faim raquo par le Ministegravere de la Coopeacuteration Economique et du deacuteveloppement allemand Il est mis en œuvre dans huit pays diffeacuterents dont Madagascar ougrave la reacutegion drsquointervention est Boeny

Dans la mise en œuvre des activiteacutes de protection et reacutehabilitation des sols dans la reacutegion Boeny le ProSol Madagascar place les communauteacutes de producteurs au cœur de son approche en insistant sur la valorisation des activiteacutes speacutecifiques aux femmes Le projet dispose mecircme drsquoun indicateur speacutecifique pour le comptage de ces reacutealisations au niveau des meacutenages orienteacute sur lrsquoameacutelioration des conditions de vie des femmes

Or dans la reacutegion Boeny au Nord-Ouest de Madagascar la seule activiteacute agricole qui peut ecirctre pratiqueacutee sur la plupart des terres durant la

saison segraveche qui commence vers le mois drsquoavril et finit en octobre est le maraichage Cette activiteacute est souvent pratiqueacutee par les femmes et est essentielle pour lrsquoeacuteconomie des meacutenages puisquen son absence les familles doivent se deacuteplacer pour trouver un emploi ou encore srsquoadonner agrave la fabrication de charbon de bois malheureusement sans toujours respecter les regravegles en vigueur pour proteacuteger lrsquoenvironnement

Par conseacutequent dans les communes drsquointerventions de ProSol les demandes eacutemanant des femmes mettent en avant des besoins en termes de renforcement de capaciteacute sur les activiteacutes de maraichage et de plantation drsquoarbre fruitier Pour reacutepondre agrave ce besoin ProSol a octroyeacute une formation sur les cultures maraichegraveres et lrsquoarboriculture fruitiegravere en collaboration avec CEFFEL Puis des formations en cascades ont eacuteteacute organiseacutees par les ONG partenaires de ProSol sur le terrain A lrsquoissue des seacuteries de formations

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

11

Trimestrielle - Edition N

deg 10

LrsquoAGRO-ECOLOGIE AU NIVEAU NATIONAL

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

373 femmes ont eacuteteacute formeacutees agrave la culture drsquoune large gamme de leacutegumes et ont pu obtenir agrave la fois des semences et quelques petits eacutequipements pour les aider agrave se lancer dans le maraichage ou se perfectionner Un manuel de formation pratique et adapteacutes aux communauteacutes agriculteurs sur la plantation des arbres fruitiers a eacutegalement eacuteteacute eacutelaboreacute pour ecirctre utiliseacute agrave large diffusion et reacutepandre encore davantage les bonnes pratiques

La principale innovation diffuseacutee lors de ces formations a eacuteteacute de proposer un large ensemble de traitements biologiques reacutealisables agrave partir des produits locaux Habituellement les paysans encourageacutes par les commerccedilants de produits phytosanitaires utilisaient les traitements chimiques Les effets sur lrsquoenvironnement et les sols eacutetaient tregraves neacutegatifs mais les meacutethodes traditionnelles eacutetant jugeacutees inefficaces les paysans faisaient le choix du pragmatisme

Mais apregraves la formation certaines femmes ont pu concevoir leurs propres remegravedes et obtenir des reacutesultats concluants en combinant diverses solutions Crsquoest le cas notamment de madame RAZAFINDRAFARA Mampiandra Marie megravere de famille drsquoune cinquantaine drsquoanneacutee de la commune drsquoAnkijabe qui fabrique du ady-gasy

pour proteacuteger les cultures et du compost agrave base de feuilles drsquoacacia de feuilles de neem et de bemaimbo pour les fertiliser Elle se montre tregraves satisfaite des reacutesultats obtenus et teacutemoigne

laquo Le reacutesultat est maintenant vraiment diffeacuterent de ce que jrsquoai obtenu auparavant Les leacutegumes agrave feuilles verdissent bien et elles ont une bonne taille Le fait de voir mes leacutegumes qui poussent bien me motive chaque jour agrave bien entretenir mes maraicircchages et en faire encore davantage Pour mon cas jrsquoai multiplieacute par trois la surface de mes terres pour le maraicircchage et elle comprend actuellement 30 plates-bandes raquo

Lrsquoagrandissement des parcelles de maraichage et la vente de la reacutecolte de carottes salade morelle et oignons sur le marcheacute pour de bons prix a eacutegalement permis agrave Mme RAZAFINDRAFARA de commencer une petite eacutepargne et de srsquoacheter un nouveau teacuteleacutephone

Le projet ProSol souhaite en collaboration avec ses partenaires poursuivre ses activiteacutes de formation sur le maraicircchage et lrsquoutilisation de compost par les paysans afin de promouvoir une source de revenu respectueuse des sols et contribuant agrave restaurer leur fertiliteacute Pour toutes informations compleacutementaires nrsquoheacutesitez pas agrave vous adresser agrave Tahiry Rarivonandrasana (TahiryRARIVONANDRASANAeco-consultcom)

Illustration Mme RAZAFINDRAFARA preacutepare

de lrsquoady gasy pour ses cultures

La recette du compost de Mme RAZAFINDRAFARA

laquo Pour preacuteparer le compost je meacutelange un volume de bouse de vache fraicircche avec deux volumes de feuilles drsquoacacia de feuilles de neem et de bemaimbo Les feuilles doivent ecirctre entrecoupeacutees et lrsquoensemble devra agrave peu pregraves avoir le tiers de la contenance drsquoun fut de 200 litres Il faut ajouter ensuite de lrsquoeau jusqursquoagrave ce que le fut soit plein La preacuteparation est agrave meacutelanger tous les 2 jours et le compost liquide peut ecirctre utiliseacute apregraves 7 jours de fermentation Jrsquoai apporteacute le compost liquide agrave mes maraicircchages une agrave deux fois par

semaine raquo

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

12

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Reacutesumeacute

La croissance deacutemographique affecte le secteur eacutelevage qui doit aujourdhui assurer le triple de la production en viande drsquoil y avait cinquante ans De plus les terres ceacutereacutealiegraveres destineacutees agrave

lalimentation animale ont diminueacute alors que la demande en produits dorigine animale na cesseacute daugmenter Pour y remeacutedier il savegravere indispensable de valoriser les ressources alimentaires non conventionnelles qui sont en abondance mais ne sont pas en compeacutetition avec lrsquoalimentation humaine Dans cette optique le FOFIFA-DRZVP a investi plusieurs anneacutees sur lrsquoexploitation de la graine de mucuna dans lalimentation animale Des analyses chimiques de la graine ont montreacute ses qualiteacutes nutritionnelles mais eacutegalement la preacutesence du L-dopamine qui est un facteur antinutritionnel Par ailleurs plusieurs traitements de cette graine ont eacuteteacute testeacutes pour diminuer la teneur en L-Dopamine sans pour autant affecter sa valeur nutritionnelle Des tests sur diffeacuterents types danimaux ont eacuteteacute effectueacutes pour deacuteterminer le traitement le plus efficient pour chaque animal le taux dincorporation du mucuna dans la ration et lefficaciteacute de son utilisation dans lalimentation animale Les reacutesultats ont montreacute que le mucuna est une alternative inteacuteressante pour ameacuteliorer la production animale tant sur le plan social que sur le plan eacuteconomique

Valorisation du mucuna pour lalimentation des animaux de rente agrave Madagascar

RAZAFINARIVO Tsirinirina Donnah RAKOTOMANANA Olga Rachel RAPATSALAHY SabineFOFIFA - DRZVP (Deacutepartement de recherches Zootechniques Veacuteteacuterinaires et Piscicoles )

Introduction

Ces six derniegraveres deacutecennies la consommation globale de viande nrsquoa cesseacute drsquoaugmenter Elle a mecircme tripleacute en un demi-siegravecle En 2018 elle a atteint les 342 millions de tonnes (FAO) Cette tendance est tregraves marqueacutee dans les pays en deacuteveloppement comme Madagascar car elle srsquoest accrue de plus de 5 durant ces derniegraveres deacutecennies et devrait augmenter de 14 an agrave travers le monde jusqursquoen 2030 (FAO 2014) Les raisons principales en sont la forte croissance deacutemographique lurbanisation et leacuteleacutevation du niveau de vie Selon toujours le FAO (2011) la consommation en viande de volailles sera multiplieacutee de 23 en 2050 contre 14 agrave 18 pour les autres produits animaux Ceci neacutecessite 27 millions de tonnes drsquoaliments suppleacutementaires et 24 millions drsquohectares de terres ceacutereacutealiegraveres additionnelles agrave moins que la proportion de sous-produits et de ressources alimentaires non conventionnelles augmente substantiellement Dans cette optique le laboratoire de nutrition animale du FOFIFA-DRZVP srsquoest investi depuis plusieurs anneacutees sur la valorisation des ressources

non conventionnelles pour lrsquoalimentation animale Ainsi depuis 2012 la graine de mucuna a eacuteteacute valoriseacutee pour lrsquoalimentation des porcs agrave Madagascar dans le cadre drsquoun partenariat entre le FOFIFA et le GSDM Cette valorisation du mucuna srsquoest eacutelargie sur drsquoautres animaux de rente telle effectueacutee dans le partenariat entre le GRET lAVSF et le FOFIFA dans le cadre du projet HOBA ASARA Cet article reacutesume six anneacutees de recherches sur la valorisation du mucuna pour lrsquoalimentation animale agrave Madagascar

Contexte

Le pois mascate (Mucuna pruriens ou Dolichos pruriens) est une plante annuelle quon retrouve dans les reacutegions tropicales de lInde et de lAfrique (Figure 1) Le mucuna est surtout connu pour ses vertus en meacutedecine (plante revitalisante et aphrodisiaque action sur la production de testosteacuterone de dopamine etc)

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

13

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Derniegraverement ses inteacuterecircts en agronomie sur lrsquoameacutelioration du rendement du riz pluvial sur reacutesidus de maiumls + mucuna et ceux du maiumls en association avec le mucuna ont eacuteteacute publieacutes par le GSDM Ces rendements repreacutesentent 3 agrave 4 fois les rendements obtenus sur labour en sol nu (sans couvert veacutegeacutetal) avec les mecircmes doses de fertilisation (GSDM 2020) Cette capaciteacute des systegravemes agrave base de mucuna sur le rendement en plus de ses effets contre les mauvaises herbes et contre les insectes observeacutee sur plusieurs anneacutees justifie sa large diffusion actuelle chez les paysans De plus contrairement aux autres leacutegumineuses comme le nieacutebeacute (Vigna unguculata) le haricot le soja ou le Vigna umbellata (tsiasisa) le mucuna nrsquoest pas attaqueacute par les chenilles (Helicoverpa armigera) ou les chenilles leacutegionnaires drsquoautomne (Spodoptera frugiperda) (RAKOTONDRAMANA et al 2018) Ainsi suite agrave des anneacutees de production les graines de mucuna issue de ce systegraveme deviennent de plus en plus nombreuses Par ailleurs il srsquoavegravere judicieux de les valoriser dans lrsquoalimentation animale En tant que leacutegumineuse les graines de mucuna sont relativement riches en proteacuteine (composant le plus couteux dans la formulation alimentaire

des animaux) Cette pratique est lrsquoune des bases de lrsquointeacutegration agriculture-eacutelevage (IAE) agrave lrsquoeacutechelle de lrsquoexploitation sur lrsquointensification de la production par la valorisation des produits et reacutesidus pour lrsquoeacutelaboration de rations eacutequilibreacutees aux animaux (Lhoste 2008)

Figure 1 Les varieacuteteacutes de mucuna agrave Madagascar

Analyses en laboratoire

Pour pouvoir utiliser le mucuna dans lalimentation animale il est primordial de deacuteterminer ses valeurs nutritionnelles Ainsi les reacutesultats danalyses ont confirmeacute sa richesse en proteacuteine Cependant malgreacute un taux inteacuteressant en proteacuteine sa valeur biologique est reacuteduite par la preacutesence de la L-Dopa (34- dihydroxyphenylalanine qui est un acide amineacute non proteacuteique) qui est une substance anti-nutritionnelle preacutesente dans la graine de mucuna La L-Dopa est une moleacutecule thermolabile et hydrosoluble Ainsi des hypothegraveses ont eacuteteacute apporteacutees sur les possibiliteacutes de reacuteduire la teneur en L-Dopa dans la graine sans pour autant reacuteduire la teneur en proteacuteine qui est deacutenatureacutee par la chaleur Par ailleurs plusieurs traitements et combinaison de traitements ont eacuteteacute testeacutes (Figure 2) Ces traitements sont suivis drsquoanalyses nutritionnelle et toxicologique (Tableau 1) afin drsquoeacutevaluer le traitement le plus efficient cest-agrave-dire le moins toxique et ayant une valeur nutritionnelle inteacuteressante

Mucuna pruriens utilis jaune

Mucuna pruriens utilis noir

Mucuna pruriens yardghana

Mucuna pruriens IRZ

Mucuna pruriens rajada Mucuna pruriens Mucuna pruriens

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

14

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

MB T1 T2 T3 E1 E2 TE D1 D2 D3 TBic MTMatiegravere Segraveche () 938 949 952 959 945 944 984 828 995 991 939 946Matiegravere Mineacuterale () 35 415 38 40 42 39 41 27 27 19 41 44Cendre Insoluble () 01 01 01 00 01 01 01 01 01 01 01 01Calcium () 04 05 05 04 02 03 02 012 02 156 03 015Phosphore () 07 08 07 07 08 07 08 109 07 052 07 097Proteacuteine Brute () 263 242 235 226 257 238 214 270 217 248 242 243Matiegravere Grasse () 42 44 42 45 50 42 48 - 50 62 52 30L-dopa () 66 595 523 291 315 202 22 - 079 075 296 -

bull Mucuna non traiteacute (MB)bull Mucuna traiteacute trempage (T1 24h T2 48h et T3 72h)bull Mucuna traiteacute par eacutebullition (sur diffeacuterents temps drsquoeacutebullition E1 30min et E2 60min)bull Mucuna traiteacute par trempage suivi drsquoeacutebullition (TE)bull Mucuna deacutepelliculeacute (sur diffeacuterents temps de trempage D1 24h D2 48h et D3 72h) bull Mucuna traiteacute par eacutebullition dans une solution contenant 02 de bicarbonate (TBic)bull Mucuna traiteacute par torreacutefaction (MT)

Figure 2 Traitements du Mucuna

Expeacuterimentations en milieu controcircleacute

Des formulations alimentaires (Provende) agrave base de mucuna ont eacuteteacute effectueacutees puis testeacutees sur des animaux en milieu controcircleacute dans la station de recherche du FOFIFA agrave Kianjasoa Il srsquoagit de comparer les performances zootechniques des porcs et des volailles nourris avec des rations contenant un pourcentage deacutetermineacute de mucuna sur un traitement deacutetermineacute contre des lots teacutemoins de ces mecircmes animaux mais alimenteacutes avec des rations agrave 0 mucuna

RECHERCHES

Tableau 1 Valeurs nutritionnelles et teneur en L-Dopa du mucuna suivant diffeacuterents traitements (en pourcentage de la matiegravere segraveche)

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

15

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Expeacuterimentation sur les porcelets

Les expeacuterimentations ont eacuteteacute reacutealiseacutees sur diffeacuterents taux drsquoincorporation de mucuna (5 10 20 et 40) mais les gains de poids consideacutereacutes comme plus efficaces sont ceux enregistreacutes agrave une incorporation de 20 Par ailleurs le test sur animaux sur trois lots de porcelets recevant respectivement une ration agrave 0 de mucuna 20 mucuna torreacutefieacute et 20 de mucuna traiteacutee par le bicarbonate a eacuteteacute effectueacute Apregraves un mois et demi dexpeacuterimentation sans compter la peacuteriode dadaptation Le Gain moyen quotidien (GMQ) du lot teacutemoin est de 305 g contre 355g pour le lot recevant 20 de mucuna torreacutefieacute et 319 g pour le lot recevant 20 de mucuna traiteacutee au bicarbonate (Figure 3)

Figure 3 Gain moyen quotidien (en gramme) durant 45 jours de 3 lots de porcelets recevant une provende agrave base de mucuna

Ces expeacuterimentations nous montrent que les graines de mucuna peuvent bien ecirctre utiliseacutees dans lrsquoalimentation des porcs malgreacute la preacutesence de la L-Dopa qui nrsquoest pas totalement eacutelimineacutee par les traitements thermiques etou chimiques La comparaison drsquoune ration iso-proteacuteique et iso-eacutenergeacutetique du mucuna traiteacute au bicarbonate nrsquoa montreacute aucune diffeacuterence significative par rapport agrave une ration normale Par ailleurs le traitement par torreacutefaction est consideacutereacute comme efficace pour la ration des porcs La libeacuteration dacide gras durant la torreacutefaction ameacuteliore la palatabiliteacute de la ration et a un effet beacuteneacutefique sur lrsquoindice de conversion alimentaire

Expeacuterimentations sur les volailles

Les volailles repreacutesentent une source preacutecieuse de proteacuteines animales drsquoune grande valeur biologique Son eacutelevage se fait partout dans le monde dans des conditions tregraves variables Mais lrsquoobjectif principal est toujours drsquoavoir une production maximum agrave un coucirct minimum tout en eacutevitant les risques Par ailleurs la compleacutementation des aliments de volailles par le mucuna a eacuteteacute entreprise pour ameacuteliorer la productiviteacute (viande et œufs) Cette ameacutelioration a eacuteteacute entreprise sur les diffeacuterentes races existantes agrave Madagascar poulets de chair poule pondeuse et poulet de races locales Ainsi plusieurs lots de volailles recevant diffeacuterents taux drsquoincorporation de mucuna ont eacuteteacute compareacutes

Pour les poulets de chair quarante poussins de chair vaccineacutes et deacuteparasiteacutes ont eacuteteacute subdiviseacutes en 4 lots de 10 poussins 3 lots recevant respectivement un aliment incorporeacute de 0 10 et 20 de mucuna traiteacute par le bicarbonate 02 et le 4egraveme lot recevant du mucuna traiteacute par le proceacutedeacute D1 agrave 10 Au cours des 45 jours drsquoexpeacuterimentations des peseacutes hebdomadaires ont permis de suivre les performances de croissances de chaque poulet

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

16

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Figure 4 Poids des poulets de chair (en gramme) apregraves 45 jours drsquoexpeacuterimentations

En geacuteneacuteral lrsquoaugmentation du taux drsquoincorporation du mucuna dans la ration affecte la productiviteacute moyenne des poulets de chair qui est inversement proportionnelle agrave ce dernier Les poids finaux sont respectivement 1300g 1100g et 850g pour les 3 lots agrave 0 10 et 20 de Mucuna Il est eacutevident que malgreacute le taux inteacuteressant en proteacuteine et dacide amineacute dans le mucuna sa valeur biologique est reacuteduite par la preacutesence de la L-Dopa et cela affecte consideacuterablement la productiviteacute des poulets de chair Par contre lrsquoincorporation agrave 10 de mucuna deacutepelliculeacute dans la ration des poulets de chair ne preacutesente aucune diffeacuterence significative aux reacutesultats obtenus par la ration agrave 0 de mucuna (Figure 4) Par ailleurs il est donc indispensable de deacutepelliculer le mucuna avant de lintroduire dans la ration des poulets de chair

Pour les poules pondeuses

Trente poulettes precirctes agrave pondre (45 mois) de race Hulyn sp (Figure 6) ont eacuteteacute choisies pour mener lexpeacuterimentation Trois lots de 10 poulettes ont eacuteteacute formeacutes pour recevoir une ration contenant respectivement 0 10 et 20 de Mucuna traiteacutes par le Bicarbonate 02 Ce mecircme dispositif a eacuteteacute utiliseacute pour le test avec le mucuna deacutepelliculeacute Dans cette cateacutegorie le produit principal est lrsquoœuf drsquoougrave notre paramegravetre eacutetudieacute est le taux de ponte ainsi que le calibre des œufs

Figure 5 Performance zootechnique des poules pondeuses

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

17

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Lrsquoenregistrement des donneacutees journaliegraveres de ponte indique qursquoil nrsquoy a pas de diffeacuterences significatives entre les taux de ponte des poulettes recevant 0 et 10 de mucuna Par contre les poulettes nourries avec du mucuna agrave 20 nrsquoont jamais atteint un taux de ponte de 100 ceci pour dire que la teneur eacuteleveacutee en mucuna dans la ration affecte la ponte (Figure 5) Il est donc recommandeacute de ne pas deacutepasser les 10 dincorporation de mucuna dans la ration des poules pondeuses Pour les poules pondeuses nourris avec le mucuna deacutepelliculeacute les reacutesultats enregistreacutes nont pas de diffeacuterence significative avec ceux obtenus par le traitement preacuteceacutedant Par ailleurs nous pouvons opter pour le traitement avec le bicarbonate car ce traitement est moins couteux en termes de travail de temps ainsi que de faciliteacute de preacuteparation Cependant en ce qui concerne la taille des œufs les calibres des œufs des poules alimenteacutes avec une ration agrave 10 de mucuna deacutepelliculeacute sont leacutegegraverement supeacuterieurs agrave ceux des poules nourries avec du mucuna bicarbonateacute 10 (Figure 5) ainsi que ceux du lot teacutemoins agrave 0 Nous pouvons donc tirer une conclusion que le mucuna a un leacuteger effet positif sur les performances des poules pondeuses Le taux dincorporation (infeacuterieur agrave 10) et le traitement (deacutepelliculage) jouent un rocircle important

Figure 6 Introduction du mucuna dans la ration des poules pondeuses

Pour les poulets de races locales (akoho gasy)

Six lots de 20 tecirctes ont eacuteteacute constitueacutes pour recevoir une ration contenant respectivement 0 15 et de 30 de mucuna bicarbonateacute et 0 15 et de 30 de mucuna torreacutefieacute Des traitements sanitaires ont eacuteteacute effectueacutes au preacutealable tels que les vaccinations et les deacuteparasitages Ensuite les performances zootechniques (Poids) ont eacuteteacute mesureacutees toutes les semaines afin de calculer les gains de poids moyens quotidiens (GMQ) Leacutevolution du poids des poulets de races locales Akoho gasy durant 3 mois sur les 6 lots recevant des rations diffeacuterentes agrave base de mucuna nous indiquent quil ny a pas de diffeacuterence significative entre chaque lot Cependant nous pouvons constater que les poulets de races locales peuvent tregraves bien supporter une incorporation de mucuna jusquagrave 30 Pailleurs une vulgarisation de ces reacutesultats en milieu reacuteel au niveau des paysans a eacuteteacute effectueacutee Pour cela deux groupes deacuteleveurs de poulets de race locale ont eacuteteacute seacutelectionneacutes pour tester leur appreacuteciation sur ces deux types de traitement (bicarbonateacute et deacutepelliculeacute) agrave 30 de mucuna

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

18

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Figure 7 Comparaison en milieu reacuteel des performances des poulets de race locale alimenteacute au Mucuna

bull MT1 Mucuna cuit avec du Bicarbonate bull MT2 Mucuna torreacutefieacute bull SM Ration sans mucuna

Apregraves trois mois deacutevaluation coupleacutee de visites de pesage hebdomadaire Il a eacuteteacute constateacute que le gain de poids des poulets nourris par le mucuna bicarbonateacute est plus eacuteleveacute que ceux nourris avec le mucuna torreacutefieacute (Figure 7) Malheureusement face au travail que demande le traitement par le bicarbonate aucun des eacuteleveurs na adopteacute ce traitement apregraves lexpeacuterimentation Selon ces eacuteleveurs la diffeacuterence entre les performances est moindre alors que le traitement au bicarbonate demande beaucoup de travail

Conclusion

Agrave Madagascar le mucuna est principalement cultiveacutee pour ses qualiteacutes dameacutelioration du sol en tant que plante de couverture Cette eacutetude a permis de mettre en eacutevidence la possibiliteacute de lincorporer dans lalimentation des animaux de rente Cependant des traitements preacutealables de la graine doivent ecirctre effectueacutes pour pouvoir le valoriser dans lalimentation animale Ces traitements doivent ecirctre accoupleacutes au taux dincorporation adeacutequate pour que ce dernier ne puisse preacutesenter drsquoeffets neacutegatifs sur la croissance des animaux ni sur lrsquoappeacutetibiliteacute des aliments Les graines de mucuna repreacutesentent donc une opportuniteacute pour les petits producteurs agrave Madagascar Ceci permet drsquoatteindre des objectifs de production eacuteconomiquement inteacuteressants dans le cas drsquoun eacutelevage ameacutelioreacute Au vu de ces reacutesultats lrsquoutilisation des ressources non conventionnelles locales parfois en abondance et nrsquoentrant pas en compeacutetition avec lrsquoalimentation humaine est une alternative inteacuteressante pour ameacuteliorer la production animale Par ailleurs il permet ainsi de reacuteduire consideacuterablement les deacutepenses en eacutelevage constitueacutees en grande partie par le coucirct des aliments

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

19

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

bull bull bull bull bull bull

Utilisation des fumures organiques et des engrais dans les strateacutegies de gestion de la fertiliteacute des sols des exploitations agricoles du Moyen-Ouest de la reacutegion

Vakinankaratra et de la zone Est de la reacutegion drsquoItasy Madagascar

RAZAFIMAHATRATRA Hanitriniaina Mamy (FOFIFA) BEacuteLIEgraveRES Jean-Franccedilois (CIRADART-Dev et FOFIFA) RAHARIMALALA Sitrakiniaina (FOFIFAESSA) RANDRIAMIHARY FETRA SAROBIDY Eddy Josephson (FOFIFAESSA) AUTFRAY Patrice

(CIRADAIDA) RAZANAKOTO Onjaherilanto Rakotovao (ESSA) RAHARISON Tahina Solofoniaina (GSDMMontpellier SupAgro)

Introduction

Dans chacun des numeacuteros 8 et 9 du Journal de lrsquoAgroeacutecologie un article preacutesentait

des reacutesultats sur les pratiques de gestion de la fertiliteacute des sols des exploitations agricoles familiales (EAF) obtenus dans le cadre du projet de recherche SECuRE (Soil ECological function REstoration to enhance agrosystem services in rainfed rice cropping systems in agroecological transition) financeacute par la fondation Agropolis Le premier traitait de la diversiteacute et de lrsquoimportance des pratiques dans les EAF le second preacutesentait les quantiteacutes et la qualiteacute des fumures organiques disponibles en lien avec les pratiques de production et drsquoeacutechanges Ce troisiegraveme article est consacreacute agrave lrsquoutilisation des fumures organiques et des engrais acheteacutes une maniegravere de caracteacuteriser en partie tout au moins les strateacutegies de gestion de la fertiliteacute des sols deacuteveloppeacutees par les EAF

bull Parmi les nombreuses pratiques pour une gestion inteacutegreacutee de la fertiliteacute des sols (Sanginga et Woomer 2009 Liniger et al

2011) lrsquoutilisation de fumure organique et drsquoengrais occupe une place preacutepondeacuterante car les effets agrave court et moyen termes sur la productiviteacute des cultures sont importants Lrsquoanalyse des donneacutees collecteacutees1 dans le cadre de Secure permet de caracteacuteriser les pratiques drsquoutilisation de ces intrants (et drsquoune maniegravere plus large de lrsquoensemble des intrants) notamment par rapport aux cultures pratiqueacutees et aux superficies cultiveacutees annuellement Lrsquoarticle est structureacute en trois parties la premiegravere concerne lrsquoacquisition de fertilisants suppleacutementaires avec les engrais commerciaux et les cendres la seconde preacutesente les pratiques quantifieacutees drsquoutilisation de la fertilisation disponible (fumure organique locale cendres et engrais commerciaux) en fonction des cultures enfin la derniegravere partie conclue avec quelques recommandations pour le deacuteveloppement

1 Ces reacutesultats ont eacuteteacute obtenus avec un eacutechantillon drsquoEAF localiseacutees dans le Moyen-Ouest de la reacutegion Vakinankaratra et dans la zone Est de la reacutegion Itasy Pour plus drsquoinformations le lecteur est inviteacute agrave se reporter au ndeg8 de JAE ou sur le site du projet (httpswwwsecuremgle-projet-secure) Il faut rappeler que les reacutesultats sont repreacutesentatifs des fokontany dans les zones drsquoeacutetude car lrsquoeacutechantillonnage des EAF a eacuteteacute fait par tirage au sort

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

20

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

1 Les achats drsquoengrais commerciauxsup2et de cendres

Malgreacute les politiques mises en œuvre depuis des deacutecennies1 les EAF achegravetent peu drsquoengrais chimiques Pour lrsquoensemble de Madagascar au cours des 20 derniegraveres anneacutees la quantiteacute moyenne utiliseacutee varie entre 2 et 6 kg par hectare cultiveacute et par an2

11 Quantiteacutes acheteacutees drsquoengrais commerciaux par EAF et par hectare SAU

Les EAF ont des comportements diffeacuterents selon les zones (tableau 1)

A Mandoto un peu moins drsquoune EAF sur 2 (45) achegravete de lrsquoengrais en faible quantiteacute avec en moyenne 14 kg par an pour un montant moyen de moins de 30 000 Ar Rameneacute agrave lrsquoensemble des EAF de la zone la quantiteacute moyenne acheteacutee est de lrsquoordre de 6 kg par EAF et par an Et quand on ramegravene ces achats drsquoengrais agrave la surface agricole utile (SAU) disponible par EAF on a des valeurs moyennes eacutequivalentes (14 et 6 kgha SAU)

Dans la zone drsquoArivonimamo la consommation drsquoengrais est plus importante 88 des EAF en achegravetent une quantiteacute moyenne de presque 28 kg pour un peu plus de 60 000 Ar ce qui rameneacute agrave lrsquoensemble des EAF fait une moyenne geacuteneacuterale de presque 25 kgEAF Comme la SAU moyenne par EAF est faible les quantiteacutes drsquoengrais disponibles sont de plus de 35 kgha pour les EAF qui en achegravetent et de presque 31 kgha pour lrsquoensemble des EAF

La variabiliteacute est tregraves forte agrave Mandoto et moindre dans la zone drsquoArivonimamo (tableau 1)

Tableau 1 Part des EAF qui achegravetent de lrsquoengrais et quantiteacutes acheteacutees

Mandoto ArivonimamoMoyenne CV Moyenne CV

des EAF qui achegravetent 45 88

Pour les EAF qui achegravetent

Quantiteacute en kgEAF 143 155 279 112

Valeur achat en ArEAF 27 884 153 61 058 117

Quantiteacute par SAU en kgha 140 195 352 101

Pour Quantiteacute en kgEAF 64 257 245 125

Pour lensemble des EAF

Valeur achat en ArEAF 12 490 254 53 707 131

Quantiteacute par SAU en kgha 63 312 309 114

1 On peut simplement rappeler la laquo strateacutegie nationale pour le deacuteveloppement de lrsquoutilisation de lrsquoengrais raquo MAEP 20062 Source httpsdatabankbanquemondialeorghome Ce que Pierre-Bernard et al traduisaient ainsi en 2007 laquo engrais un produit cher et peu utiliseacute raquo agrave Madagascar

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

21

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

On peut srsquoeacutetonner de la faible variation entre la quantiteacute moyenne par EAF et la quantiteacute par SAU agrave Mandoto sachant que dans cette zone la superficie SAU moyenne est de lrsquoordre de 15 ha (voir tableau 2) Ceci provient du fait que les moyennes sont calculeacutees pour les EAF et ne sont pas pondeacutereacutees par les superficies Quand on pondegravere par la superficie la quantiteacute moyenne par hectare SAU pour lrsquoensemble des EAF de Mandoto diminue et passe de 63 agrave 43 kg par hectare On constate la mecircme chose agrave Arivo-nimamo avec la quantiteacute moyenne par hectare SAU qui passe de 309 agrave 271 kgha Ceci signifie que ce ne sont pas les plus grandes EAF (celles qui ont le plus de SAU) qui achegravetent le plus drsquoengrais chimiques Le coefficient de correacutelation entre superficie SAU par EAF et quantiteacute acheteacutee drsquoengrais par hectare est significatif agrave 001 et neacutegatif mais drsquoune valeur faible (-02)

Figure 1 Nuage de point entre SAU par EAF et quantiteacute drsquoengrais par ha de SAU

La Figure 1 ci-contre illustre cela avec les quantiteacutes par hectare SAU (axe vertical) les plus eacuteleveacutees qui correspondent agrave des SAU (axe horizontal) faibles (infeacuterieures agrave 2 hectares) Les EAF de grandes taille (gt2 ha) achegravetent peu drsquoengrais chimiques et en quantiteacute relativement faible par rapport agrave la SAU dont elles disposent On verra plus loin que ce sont des strateacutegies diffeacuterentes de mise en culture (systegraveme de culture) qui expliquent cette situationOn rappellera que 60 des EAF agrave Mandoto et 88 agrave Arivonimamo eacutechangent (achegravetent vendent ou troquent) de la fumure organique (voir JAE ndeg9) et que les pourcentages sont respectivement de 30 et 74 pour les EAF qui achegravetent de la FO Ainsi quand on prend en compte tous les types de fertilisants une

grande majoriteacute des EAF a recours au marcheacute pour acqueacuterir des matiegraveres fertilisantes et geacuterer la fertiliteacute de leurs sols

Enfin par rapport agrave lrsquoutilisation de produits phytosanitaires on observe deux situations diffeacuterentes agrave Mandoto la proportion des EAF qui achegravetent des produits phytosanitaires est de 63 et donc supeacuterieure agrave celles qui achegravetent des engrais commerciaux (45) alors qursquoagrave Arivonimamo dans notre eacutechantillon 75 des EAF utilisent des produits phytosanitaires alors que 88 achegravetent des engrais

12 Types drsquoengrais commerciaux acheteacutes

Les engrais acheteacutes sont essentiellement de type NPK (le plus courant est composeacute de 11 N 22 P2O5 16 K2O) et de lrsquoureacutee (46) ces deux types repreacutesentent en cumuleacute plus de 95 des quantiteacutes agrave Mandoto et 77 agrave Arivonimamo ougrave lrsquoon observe une plus grande diversiteacute (figure 2) en rapport avec une plus grande consommation et aussi drsquoune offre plus importante avec la proximiteacute de la capitale

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

22

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Figure 2 Types dengrais acheteacutes en des quantiteacutes totales

A Arivonimamo le Blaukorn (nom commercial) est bien repreacutesenteacute avec plus de 16 des quantiteacutes Crsquoest un engrais composeacute (NPK) avec drsquoautres eacuteleacutements (magneacutesium soufre bore zinc) laquo agrave action rapide qui assure un effet-starter important raquo notamment sur les cultures maraichegraveres Le DAP (18 N 46 P2O5) est eacutegalement repreacutesenteacute avec 6 des quantiteacutes Les autres produits comme la dolomie (amendement calcaire) et le guano de chauvesouris (Guanomad) riche en phosphates naturels sont tregraves faiblement repreacutesenteacutes (mecircme si Guanomad repreacutesente tout de mecircme un peu plus de 3 dans la zone de Mandoto)

Les prix moyens drsquoachat deacuteclareacutes par les producteurs et pondeacutereacutes par les quantiteacutes diffegraverent peu entre les deux zones (contrairement aux prix de la fumure organique qui sont tregraves diffeacuterents voir JAE ndeg9) Les prix moyens (pour la plupart prix de 2016) sont de 2 100 Arkg pour NPK 1 900 Arkg pour lrsquoureacutee 2 400 Arkg pour le DAP 3 100 Arkg pour le Blaukorn et 1100 Akkg pour le Guanomad

En moyenne une EAF a acheteacute au cours de lrsquoanneacutee pour 12 500 Ar drsquoengrais agrave Mandoto et 54 000 Ar drsquoengrais agrave Arivonimamo Ces montants indiquent un recours tregraves limiteacute aux engrais commerciaux dans les strateacutegies de gestion de la fertiliteacute

13 Le cas particulier des cendres

Les cendres peuvent ecirctre consideacutereacutees comme un engrais ou comme un amendement Elles sont utiliseacutees depuis le deacutebut de lrsquoagriculture pour enrichir les terres cultiveacutees en sels mineacuteraux notamment en potasse et oligo-eacuteleacutements (Poirier et Nuninger 2012) Elles ont un pouvoir alcalinisant et augmentent le pH du sol Elles peuvent ecirctre inteacutegreacutees aux composts ou aux fumiers (voir JAE ndeg9) ou utiliseacutees seules en apport localiseacute ou eacutepandues sur le champ Cette sous partie traite des cendres utiliseacutees directement sur les parcelles

Si la pratique est rare agrave Mandoto (2 des EAF) elle est reacutepandue agrave Arivonimamo ougrave ce sont 19 des EAF qui eacutepandent des cendres acheteacutees Celles-ci proviennent pour lrsquoessentiel des balles de riz utiliseacutees comme eacutenergie pour la fabrication des briques Crsquoest donc le sous-produit drsquoun autre sous-produit agricole (la balle de riz)

Lrsquoeacutevaluation des quantiteacutes en kilogramme est tregraves approximative les producteurs ne connaissant pas les eacutequivalences Les EAF qui eacutepandent directement les cendres ont estimeacute avoir utiliseacute lrsquoanneacutee de lrsquoenquecircte en moyenne environ 250 kgEAF ce qui repreacutesente rameneacute agrave lrsquoensemble des EAF environ 4 kgEAF agrave Mandoto et un peu moins de 50 kg par EAF agrave Arivonimamo

Si les quantiteacutes semblent conseacutequentes (presque le double des quantiteacutes drsquoengrais) la valeur moneacutetaire de ces cendres est faible avec un prix moyen estimeacute entre 30 et 35 Arkilogramme Ainsi les cendres utiliseacutees directement par les EAF sur les cultures repreacutesenteraient une valeur de 8 000 agrave 9 000 Ar pour les EAF qui ont cette pratique et rameneacutees agrave lrsquoensemble des EAF des zones concerneacutees agrave moins de 200 Ar agrave Mandoto et de lrsquoordre de 1 600 Ar agrave Arivonimamo

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

23

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Lrsquoutilisation des cendres directement sur la parcelle sans passer par le compost ou le fumier est une pratique assez courante dans la zone de Arivonimamo Elle participe au recyclage de certains sous-produits et en particulier de la balle de riz utiliseacutee comme combustible pour la fabrication des briques En plus de lrsquoapport en eacuteleacutements fertilisants les cendres ont drsquoautres proprieacuteteacutes selon certains producteurs qui les utilisent dans la lutte contre les ravageurs et les maladies

2 Utilisation de la fumure organique et des engrais commerciaux

Lrsquoenquecircte a permis de collecter les informations neacutecessaires pour reconstituer lrsquoitineacuteraire technique et le budget de culture pour toutes les parcelles cultiveacutees au cours de lrsquoanneacutee agricole enquecircteacutee (201617) soit trois saisons de culture grande saison 201617 saison intermeacutediaire 2017 contre saison 2017 (soit de novembre 2016 agrave octobre 2017) Ainsi les quantiteacutes et la valeur des intrants utiliseacutes pour la fertilisation sont connues par culture et par saison

21 Fertilisation disponible et superficies fertiliseacutees

Le tableau 2 reacutecapitule des quantiteacutes moyennes de matiegraveres fertilisantes disponibles par EAF en additionnant les quantiteacutes de fumure organique (voir JAE ndeg9) et les engrais commerciaux acheteacutes Les EAF de la zone drsquoArivonimamo produisent plus de FO et achegravetent plus drsquoengrais que celles de la zone de Mandoto et en final la disponibiliteacute moyenne en kilogramme est nettement supeacuterieure Rameneacutes agrave la SAU les eacutecarts entre les deux zones augmentent puisque la taille moyenne des EAF de Mandoto est plus grande la quantiteacute disponible par ha SAU va du simple au double

Tableau 2 Quantiteacutes moyennes de fertilisants disponibles par EAF (en kg)

Types de fertilisants Mandoto ArivonimamoFumier 1 676 2 573Compost et autre 458 324Engrais acheteacutes 6 25Cendres acheteacutees 4 48Total (kg) 2 144 2 969SAU (ha) 148 091KgSAU 1 448 3 279S Cultiveacutee en ha 138 113Kg S cultiveacutee 1 558 2 627

apregraves le riz et pour lesquelles la capitale nationale assure des deacuteboucheacutes A Mandoto ce taux de mise en valeur nrsquoest que de 93 avec tregraves peu de cultures maraichegraveres et une part un peu plus importante de jachegraveres avec 11 de la SAU ce qui ne signifie pas qursquoil nrsquoy a pas de jachegravere agrave Arivonimamo ougrave elles repreacutesentent tout de mecircme 8 de la SAU crsquoest lrsquoimportance des cultures maraichegraveres qui impacte le plus le taux de mise en valeur

Il faut rappeler que ces moyennes cachent une grande variabiliteacute Celle-ci a eacuteteacute traiteacutee dans le JAE ndeg9 pour la FO et ci-dessus pour les engrais Crsquoest pourquoi nous nrsquoy reviendrons pas ici la variabiliteacute sera analyseacutee seulement pour lrsquoutilisation

Mais quand on ramegravene ces quantiteacutes disponibles moyennes aux superficies cultiveacutees annuellement lrsquoeacutecart se reacuteduit car dans la zone drsquoArivonimamo les EAF intensifient lrsquoutilisation de la terre avec un taux de mise valeur de 125 (crsquoest-agrave-dire qursquoune parcelle est cultiveacutee une fois en totaliteacute au cours de lrsquoanneacutee agricole et que 25 de sa surface sont cultiveacutes une deuxiegraveme fois) Cette intensification est rendue possible notamment par les productions maraichegraveres que les producteurs cultivent en double culture

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

24

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

La question que lrsquoon peut se poser agrave ce stade est est-ce que ceux qui achegravetent des engrais commerciaux sont ceux qui nrsquoont pas de FO A Mandoto lrsquoanalyse des correacutelations indique qursquoil nrsquoy pas de relation lineacuteaire entre la quantiteacute drsquoengrais acheteacutee et la quantiteacute de fumier produite A Arivonimamo cette relation existe Elle est significative (au seuil de 001) mecircme si le coefficient est faible (03) et surtout elle est positive ce qui indique que ceux qui achegravetent le plus drsquoengrais sont souvent ceux qui produisent le plus de fumier Ainsi il nrsquoy aurait pas un seuil de disponibiliteacute en fumier qui ferait que lrsquoagriculteur ne cherche plus agrave acqueacuterir des engrais consideacuterant qursquoil a assez de matiegraveres fertilisantes La raison des faibles quantiteacutes drsquoengrais acheteacutees est sans doute plus agrave rechercher dans la disponibiliteacute et des contraintes eacuteconomiques

22 Reacutepartition des matiegraveres fertilisantes selon les cultures

Avant de preacutesenter la reacutepartition par culture on peut appreacutecier la part des parcelles et de la superficie selon le type de fertilisation (Tableau 3) Les parcelles et la superficie sans aucun apport agrave Arivonimamo sont moindres (environ un tiers) qursquoagrave Mandoto (41 des parcelles et 52 de la superficie)

Tableau 3 Parts des parcelles et de la superficie selon le type de fertilisation dans les terroirs

ApportsMandoto Arivonimamo

des parcelles

de la surface

des parcelles

de la surface

Sans FO Sans Engrais 41 52 35 33Avec FO seulement 38 33 38 40Avec Engrais seulement 3 2 3 3Avec FO + Engrais 19 13 25 24Ensemble 100 100 100 100

Ainsi mecircme agrave Mandoto plus drsquoune parcelle sur deux reccediloit de la FO et globalement dans les deux terroirs il y a une reacutepartition qui laisse la possibiliteacute pour qursquoune parcelle soit fertiliseacutee plus drsquoune fois tous les deux ans sans preacutejuger ni des doses utiliseacutees ni des cultures privileacutegieacutees Les eacutecarts entre les pourcentages des parcelles et des superficies indiquent qursquoagrave Mandoto ce sont les parcelles en moyenne plus petites qui sont fertiliseacutees ce qui nrsquoest pas le cas agrave Arivonimamo Tregraves rares sont les parcelles qui ne reccediloivent que de lrsquoengrais (quelques parcelles en maraichage mais aussi en riz pluvial et maiumls agrave Mandoto) Ainsi les producteurs qui achegravetent de lrsquoengrais chimique lrsquoutilisent presque toujours sur des parcelles en compleacutement drsquoun apport de fumure organique

Lrsquoutilisation des fertilisants est en lien avec les quantiteacutes disponibles mais aussi les cultures pratiqueacutees Or les exploitations agricoles familiales des deux zones ont des assolements1 sensiblement diffeacuterents comme le montre la premiegravere colonne des deux figures suivantes (Figure 3 et Figure 4) Dans les deux zones le riz irrigueacute de bas-fonds occupe une place importante avec des parts dans lrsquoassolement qui sont relativement proches (29 agrave Mandoto et 32 agrave Arivonimamo) Ainsi mecircme si le Moyen Ouest du Vakinankaratra a la reacuteputation drsquoune zone de cultures pluviales le riz irrigueacute de bas-fonds occupe une place preacutepondeacuterante en terme de superficie (mais aussi en terme de revenu comme on le verra dans le prochain numeacutero de JAE) Les tubercules et les leacutegumineuses occupent agrave peu pregraves la mecircme part de la surface cultiveacutee annuellement dans les deux zones de lrsquoordre de 25 pour les tubercules et 10 pour

1 Ces pourcentages ont eacuteteacute calculeacutes sur la superficie effectivement cultiveacutee crsquoest-agrave-dire sans les jachegraveres Si on integravegre les ja-chegraveres celles-ci repreacutesentent 10 de la surface totale (cultiveacutee + jachegravere) agrave Mandoto et 6 agrave Arivonimamo

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

25

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

les leacutegumineuses mais les espegraveces cultiveacutees sont diffeacuterentes La part des autres cultures est speacutecifique et caracteacuterise la zone

A Mandoto les ceacutereacuteales pluviales occupent pregraves du tiers de la surface (176 en riz pluvial et 15 en maiumls hors jachegravere) Alors qursquoagrave Arivonimamo ces deux cultures occupent seulement 86 de la surface et le maiumls y est vraiment marginal Dans cette zone ce sont les cultures maraichegraveres qui sont importantes avec 224 de la surface Les cultures autres constitueacutees essentiellement par lrsquoagroforesterie avec des fruitiers nrsquoest pas neacutegligeable avec 3 de la surface A Mandoto ces deux types de cultures sont tregraves peu pratiqueacutees (18 de la surface sont consacreacutes aux cultures maraichegraveres et les autres cultures avec 01 sont quasiment inexistantes)

Les donneacutees extrapoleacutees agrave lrsquoensemble des fokontany permettent de connaicirctre sur quelles cultures les matiegraveres fertilisantes disponibles ont eacuteteacute eacutepandues1 Lrsquoeacutechantillon est constitueacute de 2 427 parcelles2 Elles sont plus nombreuses agrave Arivonimamo ougrave lrsquoeacutechantillon drsquoEAF est plus grand mais aussi ougrave la taille moyenne des champs est plus petite et ougrave les doubles cultures sont freacutequentes La deuxiegraveme colonne de chaque figure preacutesente la reacutepartition de la FO (fumier compost et autre matiegraveres organiques) la troisiegraveme colonne est celle des engrais commerciaux Les quantiteacutes disponibles sont diffeacuterentes entre les zones Les pourcentages repreacutesentent la reacutepartition et traduisent la strateacutegie des EAF A Mandoto les EAF privileacutegient le riz pluvial et le maiumls qui reccediloivent 74 de la FO disponible (Figure 3) et 40 des engrais acheteacutes

Figure 3 Reacutepartitions de la superficie cultiveacutee annuellement de la FO et des engrais commerciaux agrave Mandoto

Les autres cultures comme les leacutegumineuses et les tubercules reccediloivent un peu de FO mais le plus souvent parce qursquoelles sont cultiveacutees en association avec du riz pluvial ou du maiumls Le riz irrigueacute qui repreacutesente 29 de la superficie reccediloit moins de 5 de la FO et 14 des engrais Le maraichage pourtant tregraves peu preacutesent (18 des surfaces) reccediloit une part conseacutequente de la FO (54) et surtout des engrais (38 des quantiteacutes disponibles)

Ainsi dans cette zone les producteurs ont une strateacutegie de fertilisation des ceacutereacuteales pluviales sur tanety avec un transfert de fertiliteacute des riziegraveres vers les tanety puisque le fumier integravegre la plus grande partie des pailles du riz des riziegraveres Cette fertilisation profite aussi aux autres cultures pluviales soit avec les associations soit via les rotations qui sont quasiment systeacutematiques en pluvial

1 Les difficulteacutes sont cependant nombreuses et notamment en raison de lrsquoimportance et de la diversiteacute des associations de cultures et des regroupements que nous avons opeacutereacutes pour faciliter la collecte notamment pour le maraichage Nous avons pris lrsquooption comme pour les surfaces de reacutepartir agrave eacutegaliteacute les quantiteacutes entre les diffeacuterentes cultures Ainsi pour une parcelle avec une association riz pluvial et arachide les quantiteacutes drsquointrants ont eacuteteacute reacuteparties pour moitieacute pour le riz pluvial et pour moitieacute pour lrsquoarachide Il en est de mecircme pour une parcelle ougrave ont eacuteteacute regroupeacutees une planche de tomate et une planche drsquooignon alors que peut-ecirctre le producteur avait fait des apports diffeacuterentieacutes2 Au total 2 680 parcelles une fois les parcelles regroupeacutees deacutesagreacutegeacutees On rappellera que les parcelles en jachegravere ne sont pas comprises ici

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

26

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Le riz irrigueacute ne reccediloit pratiquement pas de FO et tregraves peu drsquoengrais avec une strateacutegie drsquoallocation des FO sur les tanety milieu naturellement bien moins fertile que les bas-fonds A Arivonimamo la situation du riz irrigueacute est approximativement la mecircme alors que la surface cultiveacutee repreacutesente 32 cette culture ne reccediloit que 7 de la FO disponible et 4 des engrais Les ceacutereacuteales pluviales sont tregraves peu fertiliseacutees contrairement agrave Mandoto Dans les deux situations les cultures vivriegraveres beacuteneacuteficient des arriegraveres-effets des cultures maraicircchegraveres beaucoup plus fortement fertiliseacutees

Figure 4 Reacutepartitions de la superficie cultiveacutee annuellement de la FO et des engrais commerciaux agrave Arivonimamo

Les cultures privileacutegieacutees sont les cultures maraichegraveres qui reccediloivent 46 de la FO et 77 des engrais mais aussi les tubercules autres que le manioc (patate douce taro et pomme de terre) qui reccediloivent 25 de la FO mais peu drsquoengrais et les leacutegumineuses (haricots) qui reccediloivent un peu plus de FO et drsquoengrais (respectivement 11 et 12) que la part qursquoelles occupent dans lrsquoassolement (9)

Ce sont les cultures exigeantes en fumure mais aussi et surtout fortement commercialiseacutees (maraichage pomme

de terre patate douce taro et haricot) qui reccediloivent lrsquoessentiel de la fertilisation Les rotations permettent aux cultures peu fertiliseacutees de beacuteneacuteficier des arriegraveres effets de la fertilisation des cultures produites drsquoabord pour les marcheacutes Le riz irrigueacute qui nrsquoest pas fertiliseacute beacuteneacutefice des arriegraveres effets des cultures de contre saison sur les riziegraveres

Ainsi les strateacutegies de fertilisation des EAF sont tregraves diffeacuterentes selon les zones en lien avec les cultures produites leur exigence mais surtout en lien avec des objectifs technico-eacuteconomiques et le marcheacute des produits agricoles

23 Les doses apporteacutees

Lrsquoanalyse des quantiteacutes de fumure apporteacutees est faite par culture1 et en tenant compte des associations

A Mandoto (tableau 4) les superficies en culture pure repreacutesentent 71 des parcelles et de la superficie Comme deacutejagrave indiqueacute le riz irrigueacute occupe une place importante mais il est peu fertiliseacute avec seulement 20 des parcelles et 18 de la superficie qui reccediloivent de la fumure organique agrave des doses faibles (moins de 2 tonnes par hectare) et seulement 4 des parcelles reccediloivent de lrsquoengrais (agrave une dose de pregraves de 60 kgha)

1 Seuls les reacutesultats pour les cultures avec un effectif non pondeacutereacute de plus de 15 parcelles sont preacutesenteacutes ici On notera que pour les principales cultures la taille de lrsquoeacutechantillon est conseacutequente

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

27

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Tableau 4 Apports de FO et dengrais sur les cultures cultiveacutees pures agrave Mandoto en (kg)

Cultures pures Nbre de parcelles

Surface ha

Parcelle avec Superficie avec Superficie avec Dose moy FO

en kghaDose moy

Engrais kgha

FO Engrais FO EngraisToutes

les parcelles

Parcelles avec

Toutes les

parcelles

Parcelles avec

Riz bas-fond 242 5834 20 4 18 4 377 1 901 241 5825Riz Pluvial 90 2353 91 37 90 29 4 022 4 415 1011 2677Maiumls 30 646 97 37 98 43 3 923 4 059 1669 4553Manioc 117 3689 8 0 4 0 414 4 843 000 000Autres tuber 19 236 47 47 35 42 3 041 6 420 1857 3920Leacutegumineuses 78 1156 45 18 38 18 1 776 3 958 870 4850Maraichage 112 264 90 61 80 74 31 829 35 296

Les moyennes sont calculeacutees par parcelle et sans pondeacuteration

Crsquoest le manioc qui est le moins fertiliseacute pas drsquoengrais et seulement 4 des parcelles avec de la fumure organique Le riz pluvial et le maiumls sont les cultures pures qui reccediloivent le plus systeacutematiquement de la fumure plus de 90 des parcelles et de la superficie reccediloivent de la FO agrave des doses eacuteleveacutees de plus de 4 tha et 30 agrave 40 des parcelles et de la surface reccediloivent de lrsquoengrais mais agrave des doses qui restent faibles (26 kgha pour le riz pluvial et 45 kgha pour le maiumls) Les autres tubercules reccediloivent engrais et FO mais ce sont essentiellement les pommes de terre Les leacutegumineuses sont eacutegalement fertiliseacutees avec 45 des parcelles qui reccediloivent de la FO et 18 de lrsquoengrais agrave des doses moyennes pour la zone Enfin les cultures maraichegraveres ont eacuteteacute regroupeacutees les parcelles sont nombreuses mais la superficie tregraves petite elles reccediloivent agrave 90 de la FO et agrave 61 des engrais agrave des doses importantes (plus de 30 tha pour la FO)

A Arivonimamo la part des cultures pures est plus importante qursquoagrave Mandoto avec 86 des parcelles et 89 de la superficie Ainsi le nombre de parcelles de lrsquoeacutechantillon est nettement plus important (mais il ne fait pas oublier que lrsquoeacutechantillon compte plus drsquoEAF)

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

28

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Tableau 5 Apports de FO et dengrais sur les cultures cultiveacutees pures agrave Arivonimamo (en kg)

Cultures pures Nbre parcelles

Surface ha

Parcelle avecSuperficie avec Superficie avec Dose moy FO en

kghaDose moy Engrais

kgha

FO Engrais FO Engrais Toutes les parcelles

Parcelles avec

Toutes les parcelles

Parcelles avec

Riz bas-fond 363 6078 39 9 39 8 633 1 643 459 5206

Riz Pluvial 72 1051 83 0 93 0 2 902 3 482 000 000

Maiumls 17 112 94 11 96 9 3 501 3 720 131 2222

Manioc 201 2020 24 1 23 0 1 253 5 249 038 3833

Autres tuber 232 2327 70 5 78 4 4 461 6 350 367 7748

Haricots 61 765 95 65 96 73 4 132 4 346 4824 7545

Autre Leacutegum 46 352 20 0 18 0 779 3 981 000 000

Tomates 90 955 97 95 98 97 7 614 7 877 12791 13543

Haricot verts 132 1088 95 87 96 90 5 079 5 321 8090 9286

Autres Maraich 155 1293 95 76 101 73 4 311 4 546 9126 12089 Les moyennes sont calculeacutees par parcelle et sans pondeacuteration

A Arivonimamo la fertilisation du riz irrigueacute est un peu plus freacutequente avec 39 des parcelles qui reccediloivent de la FO et 9 de lrsquoengrais mais agrave des doses plus faibles qursquoagrave Mandoto 16 tha pour la FO et 52 kgha drsquoengrais La fertilisation du riz irrigueacute nrsquoest pas une prioriteacute pour le plus grand nombre des producteurs Les cultures les moins fertiliseacutees sont le manioc et les leacutegumineuses autres que le haricot avec respectivement 23 et 18 des parcelles seulement qui reccediloivent de la FO et quasiment aucune qui reccediloit de lrsquoengrais Mais de maniegravere assez eacutetonnante les parcelles avec FO reccediloivent des doses assez importantes (plus de 5 tha pour le manioc) certainement en lien avec des strateacutegies de gestion ou de restauration de la fertiliteacute des sols En ce qui concerne la FO toutes les autres cultures sont tregraves freacutequemment fertiliseacutees plus de 90 des parcelles de riz pluvial maiumls haricot et maraichage les autres tubercules le sont agrave pregraves de 80 Et si pour le riz pluvial et le maiumls les doses moyennes sont modestes car infeacuterieures agrave 4 tha elles sont supeacuterieures agrave 4 tha pour les haricots et supeacuterieures agrave 5 tha pour les autres avec notamment pour les tomates un apport de plus de 7 tha Pour les engrais tregraves peu drsquoapports pour le maiumls (6 des parcelles) et pas drsquoapport pour le riz pluvial (observations pour 72 parcelles) Lrsquoengrais est reacuteserveacute au maraichage (plus de 75 des parcelles) et aux haricots (64 des parcelles) Avec des doses moyennes relativement importantes plus de 90 kgha pour les haricots verts 135 kgha pour la tomate et 120 kgha pour les autres cultures maraichegraveres

Ainsi drsquoune maniegravere geacuteneacuterale agrave Arivonimamo lrsquoapport de fertilisants est conseacutequent agrave la fois en termes de parcelles concerneacutees et de doses eacutepandues Riz irrigueacute manioc et leacutegumineuses autres que haricot sont les parents pauvres de la fertilisation mais avec les rotations ces cultures beacuteneacuteficient aussi des apports en particulier pour le riz irrigueacute car une part importante du maraichage est cultiveacutee sur les riziegraveres

Les associations de culture sont plus freacutequentes agrave Mandoto ougrave lrsquoassociation riz pluvial + maiumls domine tregraves largement La superficie avec cette association est eacutequivalente agrave la superficie totale en culture pure Et le maiumls est la culture que lrsquoon associe le plus avec le riz pluvial mais aussi le manioc et les leacutegumineuses Les parcelles avec une association de ces trois cultures ne sont pas rares Les pratiques de fertilisation en culture associeacutee rejoignent celles en culture pure Ainsi 91 des parcelles avec lrsquoassociation riz + maiumls reccediloivent de la FO et 32 de lrsquoengrais cependant les doses de FO sont tregraves infeacuterieures (de 700 kgha alors qursquoen culture pure elles eacutetaient de plus de 4 tha) et il en est de mecircme pour lrsquoengrais

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

29

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Pour les parcelles avec des cultures associeacutees au maiumls un apport en FO est freacutequent (plus de 80 des parcelles pour manioc ou leacutegumineuse et plus de 75 quand il y a les trois cultures) Lrsquoengrais est plus rare et surtout les doses de FO et engrais sont faibles A ce stade on peut eacutemettre lrsquohypothegravese que les EAF qui pratiquent lrsquoassociation sont moins bien doteacutees en matiegravere fertilisante Mais lrsquoanalyse montre que ce nrsquoest pas le cas il existe bien un coefficient de correacutelation neacutegatif entre la quantiteacute de fumure organique disponible au niveau de lrsquoEAF et le pourcentage de culture associeacutees mais il est tregraves faible (-011) et si lrsquoon creacutee des classes de pourcentage de culture associeacutees il nrsquoy a pas de diffeacuterence significative entre les classes pour la dose moyenne de FO Il semble donc que cela soit la pratique qui soit ainsi agrave Mandoto sur des cultures associeacutees (grandes cultures riz maiumls leacutegumineuse ou tubercule) les apports de FO sont moindres que sur les cultures pures

Tableau 6 Apports de FO et dengrais sur les cultures associeacutees les plus freacutequentes (en kg)

District 1Mandoto Nbre parcelles

Surface ha

Parcelle avec Dose moy FO en kgha

Dose moy Engrais kgha

FO Engrais Toutes les parcelles

Parcelles avec

Toutes les parcelles

Parcelles avec

Riz Pluvial + Maiumls 114 2577 91 32 656 719 26 83Mais + Manioc 50 1149 88 2 420 477 01 30Mais + Leacutegumineuse 57 975 84 16 428 508 02 15Mais + Manioc + Leacutegum 24 482 75 13 242 323 02 18Manioc + Leacutegumineuse 24 587 4 0 11 250 00 002 ArivonimamoRiz Pluvial + Maiumls 14 182 86 0 366 427 00 00Mais + Leacutegumineuse 25 228 84 24 188 224 15 62Manioc + Leacutegumineuse 13 126 54 0 280 521 00 00Tubercules + Fruitiers 34 270 62 12 224 363 03 28Autre cult + Fruitiers 90 671 91 52 5 414 255 30 58

Les moyennes sont calculeacutees par parcelle et sans pondeacuteration

A Arivonimamo les cultures associeacutees pour les grandes cultures sont moins importantes en nombre et les superficies sont tregraves petites Mais on peut tirer les mecircmes conclusions que pour Mandoto Ce qui est remarquable dans cette zone crsquoest le nombre de parcelles en agroforesterie avec un meacutelange drsquoarbres fruitiers et de cultures avec plus de 120 parcelles Les cultures sont de tous les types mais beaucoup de cultures maraichegraveres ce qui explique les fortes doses de FO ou drsquoengrais Les fruitiers sont essentiellement des agrumes et sont le reacutesultat drsquoopeacuterations de deacuteveloppement qui ont vulgariseacute la plantation de ces arbres La plupart de ces plantations nrsquoest pas encore en pleine production (trop reacutecentes)

24 Les strateacutegies des EAF pour lrsquoutilisation de la FO disponible

Dans le JAE ndeg 9 nous avions eacutemis lrsquohypothegravese qursquoagrave Arivonimamo il y avait deux types drsquoEAF lrsquoun avec des strateacutegies de fortes disponibiliteacutes en FO soutenues par des ambitions de cultures maraichegraveres et un autre avec des strateacutegies de moindre disponibiliteacute en FO avec des systegravemes de culture plus classiques Pour repreacutesenter les strateacutegies nous avons eacutetabli des classes selon le pourcentage de la FO utiliseacutee sur ceacutereacuteales pluviales et sur cultures commerciales Les reacutesultats sont preacutesenteacutes dans le tableau 8

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

30

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Tableau 7 Reacutepartition des EAF selon des classes de quantiteacutes utiliseacutees de FO

Classes utilisation FO MandotoArivonimamo Arivonimamo

FO utiliseacutes sur ceacutereacuteales pluviales des EA

S cultiveacutee moyenne

(ares)CV des EA

S cultiveacutee moyenne

(ares)CV

lt=25 8 89 72 76 113 7625 agrave 75 18 93 93 20 88 57gt75 74 144 88 4 37 49 FO utiliseacutes sur cultures commercialeslt=25 88 136 91 12 63 7725 agrave 75 9 90 58 42 102 60gt75 3 75 85 46 118 81

Les strateacutegies des EAF vis-agrave-vis de lrsquoutilisation de la FO sont tregraves nettement diffeacuterentes selon les zones comme on lrsquoa deacutejagrave vu la premiegravere partie du tableau montre qursquoagrave Mandoto 74 des EAF mettent plus des frac34 de leur FO disponible sur les parcelles avec ceacutereacuteales pluviales (seules ou associeacutees) et ce sont les EAF avec la plus grande superficie qui font cela Alors qursquoagrave Arivonimamo seules 4 des EAF mettent plus de 75 de leur FO sur des parcelles avec ceacutereacuteales pluviales et ce sont les plus petites EAF (superficie cultiveacutee moyenne de 37 ares) avec certainement des strateacutegies de seacutecuriteacute alimentaire

La deuxiegraveme partie du tableau nous permet de constater qursquoagrave Arivonimamo 46 des EAF mettent plus de 75 de leur FO sur les cultures commerciales (cultures maraichegraveres pomme de terre taro patate douce et haricot) et ces EAF ont en moyenne une superficie cultiveacutee supeacuterieure aux autres Cette classe est importante mais il y a aussi une classe drsquoEAF avec des strateacutegies baseacutees sur une meilleure reacutepartition

A Mandoto les EAF qui mettent plus de 75 de leur FO sur ce type de cultures commerciales (essentiellement le maraichage) sont peu nombreuses (3 des EAF) et ce sont des EAF avec des superficies plus faibles que les autres Ce nrsquoest donc pas la strateacutegie utiliseacutee par les EAF qui ne donnent pas la quasi exclusiviteacute (lt75) de la FO aux ceacutereacuteales pluviales Il existe un groupe drsquoEAF dans les deux zones qui ne donnent pas lrsquoexclusiviteacute de la FO (gt75) aux ceacutereacuteales pluviales agrave Mandoto ou aux cultures commerciales agrave Arivonimamo Ce groupe regroupe 23 des EAF agrave Mandoto et 49 agrave Arivonimamo Ce sont des EAF un peu plus petites que la moyenne de la zone avec une disponibiliteacute en FO infeacuterieure agrave la moyenne de la zone et une reacutepartition de la FO marqueacutee par la strateacutegie dominante de la zone mais avec une reacutepartition plus eacutequilibreacutee et notamment un eacutepandage sur le riz irrigueacute

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

31

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Tableau 8 Les EAF avec une strateacutegie drsquoutilisation de la FO diffeacuterente de la strateacutegie dominante de la zone

EAF Sup moy (ares)

FO (tonnes)

FO sur Ceacutereacuteales Pluviales

FO sur Cuture

commerciales

FO sur Riz irrigueacute

FO sur Autres

cultures

Mandoto 23 94 131 48 21 20 4

Arivonimamo 49 99 223 20 45 16 1

Il existerait ainsi 3 grandes strateacutegies drsquoutilisation de la FO avec agrave Mandoto la quasi exclusiviteacute de la FO sur les ceacutereacuteales pluviales (74 des EAF de la zone) agrave Arivonimamo la quasi exclusiviteacute de la FO sur les cultures commerciales (46 des EAF) et un groupe avec une reacutepartition plus eacutequilibreacutee entre les diffeacuterentes cultures y compris sur le riz irrigueacute

3 Conclusions et implications pour le deacuteveloppement

La gestion de la fertiliteacute des sols dans ces deux reacutegions contrasteacutees des plateaux drsquoaltitude malagasy passe drsquoabord par la production etou lrsquoacquisition de fumure organique il nrsquoy a quasiment aucune EAF sans apport sur au moins une parcelle cultiveacutee1 Les reacutesultats montrent qursquoenviron la moitieacute de la superficie cultiveacutee annuellement reccediloit de la FO agrave Mandoto et plus des deux tiers agrave Arivonimamo Mecircme si les doses potentielles sont en dessous des recommandions avec la rotation des cultures cela signifie que lrsquoensemble du terroir pourrait ecirctre fumeacute plus drsquoune fois tous les deux ans Les riziegraveres quand elles sont cultiveacutees en riz irrigueacute ne reccediloivent que tregraves rarement de la fumure dans ces zones La strateacutegie est lrsquoinverse de ce qursquoon rencontre dans drsquoautres zones qui priorisent les bas-fonds notamment dans les zones des peacuterimegravetres irrigueacutes (Lac Alaotra peacuterimegravetres sur les Hautes terres Ambondromisotrahellip)

Les strateacutegies de gestion de la fertiliteacute des sols sont logiquement de fertiliser en prioriteacute les cultures les plus exigeantes et les plus reacutemuneacuteratrices ceacutereacuteales pluviales agrave Mandoto (riz et maiumls) et les cultures maraichegraveres mais qui sont tregraves marginales dans cette zone cultures pour le marcheacute agrave Arivonimamo maraichage pomme de terre haricots patates douces taros Et pour les producteurs qui achegravetent des engrais commerciaux (essentiellement engrais mineacuteral) la pratique est drsquoassocier aux fumures organiques des compleacutements drsquoengrais et ceci tregraves prioritairement sur les cultures les plus reacutemuneacuteratrices et aussi les plus exigentes A quelques rares exceptions pregraves lrsquoapport drsquoengrais mineacuteral vient toujours compleacuteter un apport de fumure organique et crsquoest pregraves drsquoun quart de la superficie qui reccediloit engrais et FO agrave Arivonimamo et seulement 13 agrave Mandoto

Deux principaux engrais mineacuteraux sont utiliseacutes dans les deux zones le NPK et lrsquoureacutee En reacutealisant les apports au voisinage des plants il y a une concentration des eacuteleacutements nutritifs qui permet agrave la fois drsquooptimiser leur utilisation et de deacutevelopper des synergies entre produits organiques et mineacuteraux Cette efficience des ressources garantie par une compleacutementariteacute des apports incluant une base organique avec un compleacutement mineacuteral a deacutejagrave eacuteteacute releveacutee dans de nombreuses autres situations tropicales (Bekunda et al 1997) Drsquoautres eacutetudes sur ces mecircmes zones mettent en eacutevidence que la majoriteacute des fumures organiques utiliseacutees preacutesentent certaines deacuteficiences en eacuteleacutements majeurs comme le N et le P et que lrsquoutilisation des engrais de synthegravese est susceptible de lever (Ben Naacircmane et al 2020 notre article dans le JAE preacuteceacutedent) Cette pratique est donc agrave encourager notamment agrave travers des messages

1 Dans notre eacutechantillon seules 2 EAF nrsquoont pas apporteacute de FO lrsquoune extrecircmement petite (moins de 5 are de SAU) agrave Arivonimamo et tregraves pauvre qui a vendu sa FO une autre agrave Mandoto qui prend en meacutetayage la terre qursquoil cultive

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

32

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

de vulgarisation adapteacutes et compleacutementaires des messages laquo classiques raquo qui procircnent des doses importantes drsquoengrais

Lrsquoanalyse compareacutee des deux zones montre des diffeacuterences dans le recours aux engrais de synthegravese avec agrave Arivonimamo une quasi geacuteneacuteralisation de lrsquoengrais (pregraves de 90 des EAF) et une utilisation moyenne de 30 kg par ha de SAU plus freacutequemment sur les cultures maraichegraveres et presque toujours en compleacutement de la fumure organique contre environ une exploitation sur deux agrave Mandoto et une utilisation de 6 kg par ha Sur ce premier site une plus grande diversiteacute drsquoengrais et une utilisation plus importante de cendres sous-produit de briqueteries sont releveacutees Eacutegalement une strateacutegie drsquoallocation de ressources diffeacuterencieacutee apparaicirct tregraves clairement au niveau des fumures organiques sur le riz de bas-fonds beaucoup plus amendeacute agrave Arivonimamo car cette ressource est agrave la fois moins limitante et mieux valoriseacutee par les cultures maraicircchegraveres A Mandoto la fumure organique est moins disponible et moins valorisable autrement que par les ceacutereacuteales pluviales aussi moins indispensable pour la productiviteacute de ces cultures et est beaucoup mieux valoriseacutee sur le domaine pluvial sans laquelle aucune mise en valeur de culture exigeante ne serait envisageable Ainsi la recherche doit affiner ses connaissances agrave lrsquoeacutechelle du systegraveme de culture pour mieux eacutevaluer performances et durabiliteacute agrave court et long termes et accompagner lrsquointensification eacutecologique promue par divers opeacuterateurs de deacuteveloppement agricoles (notamment ONG de deacuteveloppement)

Cette communication plaide encore une fois pour une bonne compreacutehension des EAF de leur fonctionnement et de leurs strateacutegies avant de proposer des ameacuteliorations adapteacutees La fertilisation telle que pratiqueacutee par les producteurs est un acquis important pour comprendre la durabiliteacute de lrsquoagriculture familiale et pour renforcer la durabiliteacute des EAF Cela montre agrave la fois la techniciteacute des paysans leur connaissance des intrants existants et de leur utilisation Les propositions drsquoinnovations pour le deacuteveloppement doivent srsquoappuyer sur lrsquoexistant contrairement agrave

ce qui est souvent fait (Razanakoto et al 2018) Drsquoabord les orientations vont certainement vers des techniques qui permettent drsquoaugmenter la fumure organique disponible en quantiteacute et en qualiteacute (eacutetable ameacutelioreacutee compostage lombricompost etc) notamment avec des matiegraveres premiegraveres disponibles localement plutocirct que sur la base drsquoachats Les agriculteurs investissent moins en moneacutetaire et optent pour une strateacutegie drsquointensification en main drsquoœuvre (ce qui est le cas pour les systegravemes de compostage) Ensuite il est important de mieux valoriser ces diffeacuterents types de fertilisation agrave travers des combinaisons de pratiques

Ce dont il faut ecirctre sucircr crsquoest que les producteurs dans leur tregraves grande majoriteacute deacuteveloppent des strateacutegies de gestion de la fertiliteacute des sols et les adaptent sur la base de leurs connaissances et savoir-faire et en fonction des conditions biophysiques et de lrsquoenvironnement socioeacuteconomique Si les conditions eacuteconomiques sont favorables (deacuteboucheacutes prix suffisamment reacutemuneacuterateurs) ils ont recours aux engrais commerciaux comme le montre cette eacutetude mais aussi drsquoautres (voir par exemple en zone peacuteriurbaine drsquoAntananarivo NDienor et al 2011) Or le plus souvent dans les actions de deacuteveloppement et les propositions techniques les fertilisations sont proposeacutees par filiegravere comme une sorte de manuel technique (fiche technique par filiegravere) et reacutefleacutechies par rapport aux besoins propres de la plante cibleacutee Ces propositions vont ainsi agrave lrsquoencontre des strateacutegies paysannes et leur diffusion reste mitigeacutee

Enfin dans les propositions actuelles pour le deacuteveloppement rizicole notamment sur bas-fonds les acteurs de deacuteveloppement misent sur une intensification rizicole de type reacutevolution verte (semences ameacutelioreacutees voire hybrides avec des doses importantes drsquoengrais acheteacute) Les donneacutees montrent que les strateacutegies des paysans integravegrent les rotations avec le riz et les investissements en fertilisation se passent autrement (cultures de contre saison autres cultures) Les deacutepenses en semences et surtout si on enlegraveve la valorisation de lrsquoautoproduction restent tregraves faibles Ces

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

33

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

propositions techniques srsquoeacuteloignent encore une fois des strateacutegies paysannes

Mais cette analyse des strateacutegies drsquoutilisation des fertilisants dans la gestion de la fertiliteacute des sols reste encore incomplegravete car si les aspects techniques (quantiteacutes et modaliteacutes) ont eacuteteacute traiteacutes les aspects eacuteconomiques ne lrsquoont pas eacuteteacute Cela sera le thegraveme du prochain et dernier article qui mettra en relation les pratiques de gestion de la fertiliteacute et les performances notamment en terme de marge brute aux niveaux parcelles et cultures et de revenu au niveau EAF

BIBLIOGRAPHIE

Bekunda MA Bationo A Ssali H 1997 Soil fertility management in Africa a review of selecterd research trials In Replenishing Soil Fertility in Africa SSSA Special Publication Nomber 51 63-79

Ben Naacircmane CK Autfray P Audouin S Beacuteliegraveres JF Blanchart E Razafimahatratra M Razanakoto OR Salgado P 2020 Gestion compareacutee de la fertiliteacute au niveau des exploitations agricoles familiales du Moyen-Ouest de la reacutegion Vakinankaratra et des Hautes-Terres de la reacutegion Itasy agrave Madagascar Projet Secure 24 p httpswwwsecuremgsitesdefaultfiles2020-04Livret_Secure_2020pdf

Liniger H Mekdaschi Studer R Hauert C et Gurtner M 2011 La pratique de la gestion durable des terres Directives et bonnes pratiques pour lrsquoAfrique subsaharienne WOCAT FAO TerrAfrica Rome (Italie) 243 p httpwwwfaoorg3i1861fi1861fpdf

MAEP 2006 Strateacutegie nationale pour le deacuteveloppement de lrsquoutilisation de lrsquoengrais Ministegravere de lAgriculture de lElevage et de la Pecircche Antananarivo Mai 2006 48 p + annexes p httpwwwmpaegovmgcommunicationwp-contentuploadssites2201611strategie_dvlpt_utilisation_engrais_1pdf

NDieacutenor M Aubry C et Rabeharisoa L 2011 Strateacutegies de construction de la fertiliteacute des terres par les agriculteurs dans les systegravemes maraicircchers peacuteriurbains dAntananarivo (Madagascar) Cahiers Agricultures Vol 20 No 4 (2011) doihttpsdoiorg101684agr20110497

Poirier N et Nuninger L 2012 Techniques damendement agraire et teacutemoins mateacuteriels Pour une approche archeacuteologique des espaces agraires anciens Histoire amp Socieacuteteacutes Rurales 38 (2) 11-50 doi103917hsr0380011

Pierre-Bernard A Ramboarison R Randrianarison L et Rondro-Harisoa L 2007 Les implications structurelles de la libeacuteralisation sur lrsquoagriculture et le deacuteveloppement rural Programme Ruralstruc Madagascar Phase I EPP PADR APB Consulting Antananarivo Janvier 2007 303 p httpdocumentsbanquemondialeorgcuratedfr 184371468091191021pdf779810WP0madag00250for0the0abstractpdf

Razanakoto O Razafindraibe R Andriamananjara A Razafimanantsoa M-P Rakotoson T Smolders E et Rabeharisoa L 2018 Failures in agricultural innovation due to poor understanding of farmersrsquo predispositions Development in Practice 28 (5) 691-704 doi1010800961452420181471124

Sanginga N et Woomer P L (Ed) 2009 Integrated Soil Fertility Management in Africa Principles Practices and Developmental Process Nairobi (Kenya) Tropical Soil Biology and Fertility Institute of the International Centre for Tropical Agriculture 263 p

Leacutetude a eacuteteacute reacutealiseacutee dans le cadre du projet SECuRE

(Soil ecological function resto-ration to enhance agrosystem ser-vices in rainfed rice cropping sys-tems in agroecological transition) financeacute par Agropolis Foundation sous la reacutefeacuterence ID 1605-007 agrave travers le programme Investisse-ments dAvenir (Labex Agro ANR-10-LABX-0001-01) dans le cadre du I-SITE MUSE (ANR-16-IDEX-0006)

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

34

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Lucien Seacuteguy 1944-2020 agronome du geacutenie veacutegeacutetal

Premiers pas

Lucien Seacuteguy est neacute dans une famille de petits paysans du nord Dordogne fiers de leurs racines et durs agrave la tacircche Il sera le

seul de sa fratrie de quatre fregraveres et sœurs agrave acceacuteder agrave lrsquouniversiteacute Diplocircme drsquoingeacutenieur agronome de lrsquoENSA Toulouse en poche suivi drsquoune speacutecialisation en peacutedologie agrave lrsquoORSTOM (ex IRDhellip) de Bondy il eacutepouse Jacqueline qui lrsquoaccompagnera durant toute sa carriegravere Son service civil se deacuteroule au Seacuteneacutegal de 1967 agrave 1969 agrave la grande station IRAT (Institut de Recherche Agronomique Tropicale) de Bambey il preacutefegravere une affectation en brousse Sefa Il y refait une carte peacutedologique et srsquoattaque agrave lrsquoameacutelioration du travail du sol en traction animale des riziegraveres de Casamance

En 1969 lrsquoIRAT lrsquoaffecte dans lrsquoOuest Cameroun agrave Dschang ougrave il monte et accompagne des projets rizicoles sur les plaines des MrsquoBos et de NrsquoDop Il y conduit des travaux sur les systegravemes de culture et lrsquoameacutelioration varieacutetale du riz pluvial et irrigueacute Ses analyses des interactions entre geacutenotype et environnement soulignant lrsquoinfluence majeure de la fertiliteacute des sols sur les attaques de pyriculariose le font remarquer et sont toujours citeacutees

Ses travaux et reacutealisations alliant recherche et deacuteveloppement interpellent des responsables de la recherche agronomique breacutesilienne et fin 1977 il devient le premier expert IRAT en poste au Breacutesil affecteacute aupregraves de LrsquoEMAPA de lrsquoeacutetat du Maranhatildeo Il travaillera au Breacutesil jusqursquoagrave sa retraite en 2009 et au-delagrave De 1977 agrave 1982 il monte avec lrsquoaide de Serge Bouzinac des eacutetudes sur la culture du riz pluvial pour chez et avec des petits paysans sans terre Les systegravemes de deacutefriche-brucirclis manuelle sur ces savanes secondaires agrave Palmiers Babaccedilu sont compareacutes agrave des systegravemes en traction animale Immeacutediatement abandonneacutes en raison des eacuterosions catastrophiques qursquoils induisent Premier signal sur la neacutecessiteacute du semis direct dans ces eacutecologies tropicales Mais Lucien et Serge sont informeacutes que leurs activiteacutes avec les sans terres du Nordeste ne sont pas du goucirct de tous Dans ces reacutegions du Breacutesil agrave cette eacutepoque le message est sans ambiguiumlteacute il faut partir vite LrsquoEMBRAPA - CNPAF (Centre National Riz amp Haricot) de Goiacircnia inteacuteresseacute par leurs reacutesultats les accueille

1982 nouveau milieu donc Les Cerrados du Centre Ouest breacutesilien (Mato Grosso Goiaacutes Tocantinshellip) un biome de savanes arboreacutees plus de 200 millions drsquohectares sur lequel avance un irreacutepressible front pionnier drsquoeacutelevage extensif et drsquoagriculture meacutecaniseacutee Des sols lateacuteritiques acides vides de nutrimentshellip longtemps consideacutereacutes comme impropres agrave toute forme drsquoagriculture rentable Peu importe la conquecircte de la terre est en marche deacutefriche riz pluvial monoculture de soja sur travail du sol simplifieacute avec des outils agrave disques hellip semelle de labour eacuterosion Une deacutevastation agrave eacutechelle industrielle Le diagnostic est vite poseacute les premiegraveres recommandations simples adapteacutees suivent combiner rotation de cultures commerciales (sojariz sojamaiumls) et succession annuelle ougrave agrave la culture commerciale succegravede une safrinha secondaire (maiumls sorgho ou mil) avec des preacuteparations de sols profondes (labour dresseacute aux socs scarification avec des outils agrave dents) Ces systegravemes de travail du sol profond ont du succegraves et sont tregraves largement diffuseacutes Mais lrsquoavegravenement du Semis Direct dans les reacutegions subtropicales du sud du Breacutesil va venir changer le paradigme des travaux de Lucien et Serge

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

35

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Lrsquoinvention le Semis direct sur Couverture Veacutegeacutetal (SCV) en milieu tropical

1984 visite agrave la Coopeacuterative laitiegravere centrale du Paranaacute agrave

1984 visite agrave la Coopeacuterative laitiegravere centrale du Paranaacute agrave Carambeiacute reacutegion des Campos Gerais premiers eacutechanges avec les agronomes Hans Peeten Josueacute Nelson Pavei hellip et les agriculteurs Nonocirc Perereira et Franke Dijkstra pionniers du semis direct dans cette reacutegion du Sud

1985 un producteur eacuteclaireacute du Mato Grosso Munefumi Matsubara leur ouvre grand les portes de sa fazenda hellip et sa bourse Des alternatives en semis direct sont rigoureusement compareacutees aux systegravemes avec travail du sol profond ou superficiel Au cours de ces cinq anneacutees deacutecisives les

systegravemes en semis direct sont plus productifs et rentables que les systegravemes conventionnels ils sont aussi et avant tout les seuls agrave permettre une augmentation de plus de 20 des teneurs de matiegravere organique des sols Les systegravemes sous couvert veacutegeacutetal (SCV) sont lanceacutes des eacutetapes cruciales sont franchies avec lrsquoinsertion en succession en association des cultures commerciales drsquoespegraveces telles que le sorgho mil les crotalaires le Brachiariahellip qui produisent de fortes biomasses valorisant des pluies marginales et surtout lrsquoeau du sol Les principes techniques des systegravemes SCV permettant de respecter les lois de fonctionnement des agroeacutecosystegravemes tropicaux sont poseacutes formaliseacutes dans des documents scientifiques et didactiques Lrsquoanalogie centrale avec le fonctionnement drsquoun eacutecosystegraveme forestier tropical se nourrissant sur lui-mecircme dans des recyclages continus entre biomasses vivantes et mortes gracircce agrave lrsquoactiviteacute biologiques des sols offre un cadre feacutecond agrave la creacuteativiteacute agronomique de Lucien Seacuteguy Les couverts veacutegeacutetaux se preacutesentent comme des pompes biologiques recyclant les eacuteleacutements mineacuteraux proteacutegeant le sol des pluies tropicales preacuteservant une tempeacuterature optimale pour lrsquoactiviteacute biologique et lrsquoabsorption racinaire hellip tout le contraire des sols mis agrave nu par le labour ou des techniques culturales simplifieacutees incompatibles avec une gestion durable de la ressource sol

Ces travaux sont conduits via de multiples partenariats en interaction avec une diffusion active de ses reacutesultats par les fondations et associations de producteurs Avant lrsquoan 2000 les SCV couvrent deacutejagrave -et ont sauveacute- des millions drsquohectares de terres agricoles dans les eacutetats de Goias Mato Grosso Tocantins Maranhatildeo Piauiuml hellip recoupant une vaste diversiteacute peacutedoclimatique tropicale dans laquelle les SCV se diversifient Ils inventent de nouvelles alternatives sur des couvertures veacutegeacutetales maintenues vivantes sous la culture encore plus efficientes comme le soja sur couvert permanent de chiendent ( Cynodon dactylon) ou le maiumls sur arachide peacuterenne ( Arachis pintoiuml) Avec le groupe Maeda les SCV sont adapteacutes agrave la culture cotonniegravere le preacutealable agrave son essor rapide dans le Mato Grosso

En parallegravele ils deacuteveloppent avec James Taillebois un seacutelectionneur du CIRAD un programme de seacutelection geacuteneacutetique de riz avec pour objectif premier drsquoeacutelargir lrsquoadaptabiliteacute des varieacuteteacutes creacuteeacutees et leurs toleacuterances aux maladies fongiques en seacutelectionnant en conditions pluviales de lrsquoeacutequateur jusqursquoau subtropical des croisements entre pools drsquoorigines pluviales et irrigueacutees Ces varieacuteteacutes vont voyager dans de nombreux pays tropicaux et subtropicaux faisant montre de leur grande plasticiteacute qursquoelles tirent de leur base geacuteneacutetique et des systegravemes SCV dans et pour lesquelles elles sont seacutelectionneacutees

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

36

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Lucien et Serge ont inspireacute des milliers drsquoagriculteurs agronomes et chercheurs breacutesiliens sur la base de leurs travaux preacutecurseurs et visionnaires sur les systegravemes sous couvert veacutegeacutetal pour les eacutecologies tropicales du Breacutesil Ils ont accueilli des visites de tous pays et continents se faisant les premiers et les meilleurs ambassadeurs des SCV du Breacutesil

Informer et former le monde

A partir de 1984 et jusqursquoagrave sa retraite Lucien reacutealise tous les ans des missions drsquoappui aupregraves de collegravegues chercheurs agronomes et de projets de deacuteveloppement publics et priveacutes dans de nombreux pays tropicaux drsquoAfrique drsquoAsie du Sud-Est Madagascar icircle continent aux innombrables eacutecosystegravemes tropicaux sera gracircce aux partenariats tisseacutes et aux financements de nombreux projets par lrsquoAgence Franccedilaise de Deacuteveloppement (AFD) une antichambre pour les petites paysanneries de ces techniques neacutees dans les dynamiques agro-industrielles du Breacutesil Drsquoautres projets suivront principalement sur financements de lrsquoAFD en Cocircte drsquoIvoire Gabon Cameroun Seacuteneacutegal Tunisie Vietnam Laos Cambodgehellip permettant de deacutecliner les

principes des SCV en pratiques adapteacutees aux conditions sociales drsquoagricultures familiales parmi les plusdeacutemunies de la planegravete Avec le Pr Joatildeo Carlos Saacute de lrsquoUniversiteacute de Ponta Grossa (Parana Breacutesil) ils organiseront toujours gracircce aux financements de lrsquoAFD de 2006 agrave 2011 six eacuteditions drsquoune formation internationale sur les SCV et la dynamique de matiegravere organique du sol rassemblant plus de 90 agronomes vulgarisateurs et chercheurs travaillant en partenariat avec le CIRAD dans plus de 13 pays du Sud Tous ces pays et drsquoautres ne peuvent plus ignorer cette information clef pour lrsquohumaniteacute on sait doreacutenavant faire pousser sous les tropiques les grandes cultures annuelles pluviales de faccedilon durable rentable et accessible Un nouveau pilier est disponible pour renforcer la seacutecuriteacute alimentaire mondiale et lrsquoautonomie des pays du Sud En 2009 agrave sa retraite du Cirad il poursuit ses appuis agrave travers la planegravete aupregraves des acteurs convaincus par la pertinence des voies agronomiques qursquoil continue drsquoouvrir Des reacuteseaux se montent qursquoil anime partageant sa vision ses ideacutees sa creacuteativiteacute et son humour A lrsquoinvitation drsquoun agronome du Queacutebec Louis Peacuterusse il se lance dans lrsquoadaptation des SCV aux conditions continentales ils remettent agrave lrsquohonneur les bleacutes drsquohiver semeacutes agrave la voleacutee dans le soja trois semaines avant la reacutecolte gagnant un mois de croissance avant lrsquohiver et avanccedilant la reacutecolte drsquoun mois Ce calendrier profondeacutement remanieacute par rapport aux scheacutemas baseacutes exclusivement sur les cultures de printemps ouvre une fenecirctre pour implanter agrave la voleacutee dans les bleacutes murissant des meacutelanges de plantes de couverture Ces derniers apportent alors ici comme partout de faccedilon inteacutegreacutee par et pour le biologique recharge en matiegravere organique et de multiples fonctions eacutecosysteacutemiques telles que la fixation azoteacutee par les leacutegumineuses la stimulation de fonctions microbiennes symbiotiques et non symbiotiques la creacuteation et lrsquoentretien drsquoune forte macroporositeacute par les effets combineacutes de puissants systegravemes racinaires et la stimulation drsquoune forte activiteacute des vers de terre le controcircle des adventices par la couverture du solhellip

Au Sud du Breacutesil dans les Eacutetats de Santa Catarina et du Rio Grande do Sul il travaille avec de jeunes agronomes breacutesiliens agrave la conception et agrave la diffusion sur des centaines de milliers drsquohectares des couverts multifonctionnels agrave base de meacutelanges complexes composeacutes de 10 espegraveces et plus Il est inviteacute en 2009 en Argentine et en Uruguay par Jean Waymel agriculteur drsquoorigine franccedilaise avec qui il deacuteveloppe des SCV diversifieacutes inteacutegrant le semis agrave la voleacutee sur couvert veacutegeacutetal y compris de culture agrave grosses graines comme le soja

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

37

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Ces techniques pratiqueacutees agrave tregraves grande eacutechelle accroissent les vitesses drsquoimplantation des cultures et la reacutesilience des systegravemes de production dans un climat de plus en plus variable

Sa passion pour la diversiteacute veacutegeacutetale ses talents de naturaliste lrsquoont ameneacute agrave explorer inlassablement de nombreuses espegraveces veacutegeacutetales tempeacutereacutees et tropicales agrave proposer des meacutelanges de plus en plus efficaces alliant cultures annuelles et peacuterennes et aux fonctionnaliteacutes et morphologies aeacuteriennes et racinaires diversifieacutees le cœur des SCV

Mecircme en France

Il initie eacutegalement degraves le milieu des anneacutees 1990 des eacutechanges avec quelques agriculteurs franccedilais en meacutetropole et plus tard dans des deacutepartements et territoires drsquoOutre-Mer (Reacuteunion Antilles Nouvelle Caleacutedonie)

Avec ces pionniers des SCV en France [1] il expeacuterimente dans des eacutecologies aussi diverses que les rives et coteaux de la Loire la Champagne berrichonne les collines du Gers la Camargue les versants de la Montagne Peleacuteehellip dans des systegravemes ceacutereacutealiers de polyculture eacutelevage des bananeraies en conditions pluviales ou irrigueacutees

Quelles espegraveces et associations drsquoespegraveces pour les couverts drsquohiver drsquoeacuteteacute en fonction des conditions de milieuxhellip Comment les semer dans les diffeacuterentes cultures en deacuterobeacutee en succession agrave quelle date agrave quelle dosehellip Ce savoir-faire et ces connaissances sont agrave deacutefricher et organiser par des essais Tous ces agriculteurs rallongent diversifient leurs rotations integravegrent des leacutegumineuses via les cultures (pois drsquohiver de printemps sojahellip) et les couverts eacuteventuellement fourragers (vesce feacuteverole gesse tregravefleshellip) Les fermes drsquoeacutelevage conquiegraverent par-lagrave leur autonomie en proteacuteines Aux techniques de couvertures mortes tueacutees avant semis de la culture viennent ici aussi srsquoajouter des couverts vivants de luzerne sur argilo-calcaire de tregravefle ou de lotier sur les sols plus acides ou hydromorphes faisant encore gagner en coucirct et en flexibiliteacute face aux aleacuteas du climat et des marcheacutes

Ils testent et mettent en commun les acquis sur leurs fonds propres un reacuteseau se coopte pour avancer Lucien lrsquoanime en structurant les essais et en maintenant le cap agrologique des SCV mecircme quand les reacutesultats escompteacutes ne sont pas immeacutediatement au rendez-vous

Les SCV de mieux en mieux maicirctriseacutes integravegrent progressivement lrsquoensemble des terres cultiveacutees sur ces fermes remaniant profondeacutement leur systegraveme drsquoexploitation Les parcs mateacuteriels se simplifient les grosses puissances de traction pour les preacuteparations de sol nrsquoont plus lieu drsquoecirctre Il faut aussi ecirctre autonome pour ses productions de semences de couverts la leacutegislation interdisant dons eacutechanges ou ventes entre agriculteurs mecircme pour des espegraveces et varieacuteteacutes libres de droit drsquoobtenteurs ou plus disponibles sur le marcheacute les semences commerciales ne sont pas forceacutement optimales pour les systegravemes et restent oneacutereuses utiliseacutees agrave bonne dose

Plus aucune de ces fermes nrsquoutilise drsquoinsecticides que ce soit en foliaire au sol ou en traitement de semences sur quelques cultures que ce soient ni drsquoanti-limaces Des fongicides ne sont appliqueacutes qursquoexceptionnellement sur les ceacutereacuteales agrave paille et colza au quart ou agrave la moitieacute des doses preacuteconiseacutees lorsque des conditions climatiques propices au deacuteveloppement des champignons pathogegravenes surviennent agrave un stade critique de ces cultures Les herbicides demeurent agrave faible dose principalement

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

38

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

pour le controcircle des couverts Les apports drsquoazote mineacuteral sur ceacutereacuteales agrave paille et maiumls diminuent progressivement pour atteindre 10 agrave 12 uniteacutes par tonne de grains une efficience quasi doubleacutee en comparaison des exploitations avoisinantes Toutes ces fermes qui pratiquent les SCV depuis plus de 15 ans obtiennent les meilleures performances techniques (rendement qualiteacute nutritive et sanitaire des grains) dans leurs reacutegions respectives elles ont dans le mecircme temps reacuteduit leurs charges en intrant et carburant de 39 par rapport agrave des itineacuteraires dits raisonneacutes (travail du sol simplifieacute dose drsquointrants modeacutereacutee) agrave 58 par rapport agrave des reacutefeacuterences ayant recours au travail du sol conventionnel et aux pleines doses drsquointrants

Sur tous ces reacutesultats Lucien communique beaucoup avec fougue et passion hellip mecircme si apregraves une vie au contact des acteurs du deacuteveloppement et de la recherche au Breacutesil lrsquoinertie parfois bavarde et suffisante de lrsquoagriculture franccedilaise ne cesse de le surprendre au vue de la crise dans laquelle se deacutebat une immense majoriteacute de producteurs et lrsquoeacutetat geacuteneacuteral de nos sols

Quels enseignements pour lrsquoavenir de notre agriculture

Il y a tant agrave retenir de ce parcours immense pour qui voudrait continuer le travail de Lucien Seacuteguy sur les chemins du deacuteveloppement et de la connaissance des CV agrave travers le monde

Pratiquer les SCV crsquoest vouloir orchestrer la transformation des milieux que lrsquoon cultive par et pour la puissance du veacutegeacutetal Crsquoest penser et organiser des flux puissants de biomasses continu lrsquoeacutenergie solaire par les plantes et la vie du sol Nous savons aujourdrsquohui que cela neacutecessite de maintenir les sols couverts en permanence de mobiliser une grande diversiteacute veacutegeacutetale diversifieacutees pour capter stocker et restituer en au sein des rotations via des couverts multi-speacutecifiques et de reacuteussir

agrave abandonner toute forme de travail du sol Ce dernier point est tregraves deacutebattu peut-ecirctre car il est le symbole le plus embleacutematique drsquoun changement de modegravele radical sucircrement parce qursquoil est celui qui pose le plus de problegravemes de mise en oeuvre dans les phases de transition et pour certaines cultures pour lesquelles des reacutefeacuterentiels techniques solides manquent encore Il est pourtant celui pour lequel la connaissance scientifique est la plus solidement eacutetablie travailler le sol mecircme de faccedilon superficielle et eacutepisodique nuit partout que lrsquoon soit dans la Niegravevre au Queacutebec ou au cœur du Mato Grosso agrave la vie du sol et aux capaciteacutes de stockage et de restitution de lrsquoeacutenergie qursquoelle construit Travailler le sol crsquoest se condamner agrave faire un travail de Peacuteneacutelope toujours deacute faire dans la nuit du sol ce que les plantes photosyntheacutetis(s)ent le jour Crsquoest se condamner agrave rester dans un entre-deux technique agrave se couper drsquoune effectiviteacute pleine entiegravere et continue des processus naturels qui viennent organiser la fertiliteacute des sols et contribuer au controcircle des bio-agresseurs de nos cultures Crsquoest par le respect de ces 3 principes pratiques des SCV que les apports importants et continus de matiegravere organique nourrissent une biodiversiteacute microbienne et inverteacutebreacutee de plus en plus riche complexe et foisonnante et que peuvent srsquoauto-organiser nos sols cultiveacutes

Deacutevelopper des systegravemes de culture et de production en SCV requiert tout drsquoabord drsquoabandonner lrsquoideacutee de recette applicable pour se lancer dans lrsquoexploration libre mais meacutethodique drsquoun immense champ de possibles Cela demande drsquoimaginer et apprendre agrave mener des rotations reacutepondant agrave nos objectifs de

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

39

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

production ougrave cultures et couverts veacutegeacutetaux se relaient pour tendre vers des sols couverts 365 jours sur 365 Cela demande aussi au deacutebut de lrsquoaudace pour rompre les amarres avec le confort rassurant des pratiques conventionnelles institueacutees Crsquoest accepter drsquoen passer par des deacutecisions contraires agrave ce que lrsquoon nous a appris agrave ce que lrsquoon nous recommande Crsquoest refuser de voir un salut dans la laquo high tech raquo preacutetendument reacutevolutionnaire que lrsquoon impose agrave des agriculteurs surendetteacutes pour oser la complexiteacute du vivant et lrsquoautonomie Crsquoest entrer pour la premiegravere fois avec le semoir dans un laquo gros raquo couvert veacutegeacutetal plus tard preacutefeacuterer semer agrave la voleacutee dans des couverts vivants ou par-dessus des cultures murissantes hellip en se demandant tout de mecircme pour une fois agrave lrsquounisson avec les voisins si lrsquoon nrsquoest pas devenu un peu dingo Crsquoest aussi se retenir de faire cet insecticide en acceptant lrsquoideacutee qursquoil y a plus agrave terme agrave y perdre qursquoagrave y gagner preacutefeacuterer nourrir des ravageurs en les leurrant plutocirct que de les tuer et renoncer agrave leurs ennemis naturels etc Toutes ces remises en questions des pratiques courantes dissolvent lrsquoun apregraves lrsquoautre les repegraveres en vigueur et srsquoapparentent au franchissement drsquoun miroir derriegravere lequel se cueillent les beacuteneacutefices que nous servent les processus naturels activeacutes un miroir derriegravere lequel aussi les systegravemes avec travail du sol apparaissent pour ce qursquoils sont absurdes et contre-nature Cette transformation de nos faccedilons de cultiver nous a transformeacute autant que nos sols et nos exploitations et pourtant nous sommes conscients drsquoecirctre agrave lrsquooreacutee drsquoun immense territoire que nous commenccedilons agrave peine agrave explorer source de confiance en lrsquoavenir et drsquoune humiliteacute heureuse Lucien Seacuteguy voulait avancer sans relacircche dans ce territoire de la biodiversiteacute et du geacutenie veacutegeacutetal au service drsquoune agriculture toujours plus propre et performante La recherche eacuteprouve aussi des difficulteacutes pour srsquoemparer de ces eacutetranges objets techniques que sont les systegravemes de culture agrave base de semis direct sur couverture veacutegeacutetale ces objets techniques deacuteroutent car ils tirent leur efficience des processus naturels qursquoils activent des processus naturels qui dans la dureacutee organisent nos sols et donnent aux eacutecosystegravemes que nous cultivons leurs grandes fonctions de gestion de la fertiliteacute et drsquoautoreacutegulation des nuisibles divers adventices phytophages maladies hellip

Cette meacutediation essentielle du naturel creacutee une distance entre le geste pratique et lrsquoeffectiviteacute associeacutee mesurable dans nos parcelles et nos fermes Elle rend ainsi les approches factorielles de lrsquoagronomie classique fondeacutees sur les analyses des liens preacutesupposeacutes entre pratique et effet impropres agrave lrsquoeacutetude et agrave la conception de ces systegravemes Car ceux-ci ne reacutesultent pas drsquoune combinaison de facteurs mais sont creacuteation eacutemergente drsquoun milieu cultiveacute complexe et transformation concomitante des perceptions et connaissances de celles et ceux qui les pratiquent

Crsquoest pour nous avoir aideacutes agrave nous engager dans cette double transformation que nous tenions ici agrave te remercier Lucien Puisse ton formidable legs ecirctre compris et repris par des acteurs et politiques clairvoyants courageux et ambitieux

[1]Jean-Claude Quillet Hubert Charpentier Christian Abadie Sandrine Gallon amp Alain Coudrillier Noeumll amp Lydie Deneuville Bertrand et Patrick Aubeacutery hellipArticle publieacute sous une autre mise en page dans la revue TCS (Techniques Culturales Simplifieacutees) - laquo Agronomie Eacutecologie et Innovation - TCS Ndeg 108 Juin-Juillet-Aoucirct 2020 raquoArticle reacutedigeacute avec les sources de httpopen-libraryciradfr

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

40

Trimestrielle - Edition N

deg 10

SUCCESS STORIESJO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

Lrsquoapproche laquo paysan agrave paysan raquo par le projet MANITATRA II rocircles des Paysans Leaders (ou paysans relais)

TOKIHERINIONJA Tanjonarilesa Fernand Chef de ProjetRAKOTONDRAMANANA Directeur Exeacutecutif du GSDM

Contexte

Depuis le 20 juillet 2018 le GSDM assure la mise en œuvre du projet intituleacute laquo

MANITATRA II raquo Ce projet est financeacute par lrsquoUE par lrsquointermeacutediaire du COMESA dans le cadre du programme Global Climate Change Alliance Plus (GCCA+) des pays drsquoAfrique des Caraiumlbes et du Pacifique (Intra ACP) conformeacutement agrave lrsquoaccord de subvention NdegCC000418 signeacute par le COMESA et le GSDM Le projet est preacutevu pour couvrir une dureacutee de 3 ans

Lrsquoobjectif geacuteneacuteral du projet eacutetant de soutenir la mise agrave lrsquoeacutechelle de lrsquoAgriculture Climato-Intelligente (ACI) pour atteacutenuer les changements Climatiques et ameacuteliorer la seacutecuriteacute alimentaire agrave Madagascar Pour cela il cible la reacutegion de Vakinankaratra et couvre deux eacutecosystegravemes diffeacuterentes le Moyen-Ouest et les Hautes Terres en intervenant successivement au niveau de 07 et 10 Communes Rurales Et pour atteindre ces objectifs le projet a opteacute pour une approche de diffusion laquo paysan agrave paysan raquo Cette approche a eacuteteacute deacutejagrave testeacutee durant la peacuteriode du projet MANITATRA I (2014 -2015) dans les reacutegions du Vakinankaratra et du Sud - Est

Les paysans leaders (ou paysans relais) sont les pierres angulaires de lrsquoapproche de diffusion de paysan agrave paysan Ils ont eacuteteacute choisis et formeacutes par les techniciens du projet lrsquoeacutequipe du GSDM central et drsquoautres partenaires (Ceffel ADTRMAPDRA DRAEP Vakinankaratra) afin drsquoacqueacuterir les bagages neacutecessaires agrave la transmission des connaissances agro-eacutecologiques agrave leurs paires

Pourquoi cette eacutethodologie

La proximiteacute des paysans leaders avec les producteurs autour permet de corriger les limites de lrsquoapproche laquo technicien agrave paysan raquo qui ne garantit pas toujours une peacuterenniteacute des actions

initieacutees par les projets et qui coucircte nettement plus cher aux projets En effet le fait que les paysans leaders soient issus du lieu drsquointervention leur permet de parler le mecircme langage alors que les techniciens se heurtent geacuteneacuteralement aux barriegraveres des logiques paysannes qui peuvent ecirctre difficiles agrave percer Par ailleurs lrsquoapproche laquo paysan agrave paysan raquo preacutesente un coucirct nettement reacuteduit par rapport agrave lrsquoapproche laquo technicien agrave paysan raquo De plus les paysans leaders resteront toujours dans leur village une fois le projet termineacute Ainsi ils resteront des personnes ressources et continueront agrave donner des conseils aux paysans autour

Choix des paysans leaders

Lrsquoidentification des paysans leaders constituait la premiegravere mission de lrsquoeacutequipe au tout deacutebut du projet Crsquoest une eacutetape cruciale car un mauvais choix de paysan leader fait perdre beaucoup de temps au projet Un certain nombre de critegraveres a eacuteteacute mis en place afin de reacuteduire au maximum ce risquebull Ecirctre paysan de profession (agriculteur

eacuteleveur hellip)bull Possession drsquoune parcelle individuelle drsquoune

surface de 05 agrave 1ha deacutedieacutee agrave la pratique personnelle de lrsquoagro-eacutecologie

bull Ecirctre majeurbull Savoir compter lire et eacutecrirebull Ayant des expeacuteriences en matiegravere drsquoanimation

etou vulgarisation des techniques innovantesbull Ayant une sorte de leadership naturel aupregraves

des villageoisbull Habitant dans la zone drsquointervention du

projetbull De bonne reacuteputationbull Sans affiliation directe avec un parti politiquebull Non engageacute avec drsquoautres organismes

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

41

Trimestrielle - Edition N

deg 10

SUCCESS STORIES

Rocircle des paysans leaders et fonctionnement dun CEP

Les responsabiliteacutes des paysans leaders consistent agrave appuyer les techniciens dans le processus de diffusion de lrsquoagro-eacutecologie Ils doivent obligatoirement geacuterer au sein de leur exploitation un Champ Ecole Paysanne (CEP) individuel ougrave ils vont pratiquer les diffeacuterentes pratiques agro-eacutecologiques promues par le projet Les mises en place au niveau du CEP permet aux techniciens du projet de former et dassurer le recyclage des diverses pratiques agro-eacutecologiques Les formations des paysans leaders sont alors beaucoup plus pratiques que theacuteoriques Ce qui est plus approprieacutee pour ces paysans leaders Ils doivent pour ce faire appliquer rigoureusement les directives fournies par les techniciens Les paysans leaders assurent lrsquointeacutegraliteacute des charges lors des mises en place et entretiens des cultures au niveau du CEP que ce soit en intrants ou main drsquoœuvre Seules les semences de plantes de couvertures qui ne sont pas disponibles dans la zone que le projet leur fourni

Les CEP servent de lieu de formation et de visites eacutechanges organiseacutees par les paysans leaders pour leurs paires A la suite de ces sessions les paysans inteacuteresseacutes par une ou plusieurs pratiques agro-eacutecologiques au niveau des CEP seront accompagneacutes par les paysans leaders afin de les dupliquer au sein de leur exploitation respective Les paysans leaders couvrent geacuteneacuteralement une zone dans un rayon de cinq agrave dix kilomegravetres autour de leur lieu de reacutesidence soit trois agrave quatre fokontany en moyenne Ils sont agrave cet effet eacutequipeacutes drsquoune bicyclette comme moyen de locomotion et des bacircches de formation comme outils lors des seacuteances drsquoanimation Le projet leur dote aussi des bonbonnes et des pulveacuterisateurs leur permettant drsquoappliquer certaine techniques particuliegraveres comme la fabrication de compost liquide et les laquo ady gasy raquo

Engager les paysans leaders dans le processus de diffusion de lrsquoagro-eacutecologie ne signifie pas pour

autant les deacuterouter de leur vocation de paysan Ils ne sont pas des salarieacutes du projet Crsquoest drsquoailleurs pour cette raison que le GSDM a fixeacute par contrat une dureacutee effective de travail maximal de sept jours par mois Par contre le projet leur accorde une compensation journaliegravere de 10000Ar pour leurs interventions

Rocircles des techiciens

Pour MANITATRA II ce sont les paysans leaders qui assurent la diffusion des techniques agro-eacutecologiques promues par le projet Les techniciens jouent le rocircle de facilitateur afin que les paysans leaders puissent atteindre leurs objectifs Ainsi les techniciens encadrent techniquement les paysans leaders Ils ont dans ce sens la responsabiliteacute de faire des suivis des actions meneacutees par les paysans leaders et de les appuyer durant les seacuteances de conseil drsquoanimation et de formation Ils effectuent eacutegalement des appuis sur la mise en place des champs eacutecoles paysans (CEP) sur lesquels les riverains vont pouvoir appreacutecier les eacutetendues de lrsquoapplication des techniques appliqueacutes en agro-eacutecologie Les techniciens fixent les objectifs agrave atteindre selon les attentes du projet Pour MANITATRA II le ratio moyen est drsquoun technicien pour 7 paysans leaders encadreacutes

Perspectives pour les paysans leaders

Ces paysans leaders sont formeacutes reacuteguliegraverement sur diverses theacutematiques par le GSDM Cela afin qursquoils puissent assumer pleinement leurs responsabiliteacutes Lrsquoobjectif eacutetant qursquoils puissent agrave plus long terme devenir prestataire en tant que paysan formateur au niveau des entiteacutes qui auront besoin de leurs services agrave lrsquoinstar du FDA

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

42

Trimestrielle - Edition N

deg 10

SUCCESS STORIES

Laissons parler les paysans

Rindra Sandratriniaina Assitant Chef de projet RAKOTONDRAMANANA Directeur Exeacutecutif du GSDM

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Les reacutesultats obtenus de la deuxiegraveme anneacutee du projet MANITATRA II ont fournis des

enseignements conseacutequents quant aux techniques adopteacutees par les paysans et des inteacuterecircts que ces derniers avaient tireacute de ces adoptions Dans le moyen ouest comme sur la haute terre du Vakinankaratra la pratique du riz pluvial sur mulch de mucuna ont vraiment fait ses preuves Le riz pluvial associeacute au cajanus quoiqursquoen cours drsquoessais a deacutejagrave fourni des reacutesultats probants Les diffeacuterents niveaux drsquoameacutenagement coupleacutes avec les reboisements et la gestion des matiegraveres organiques sont tout autant de techniques que les quelques paysans des communes de Fidirana drsquoAntohobe et de Soavina vont nous deacutelivrer dans ce numeacutero 10 du journal de lrsquoagro-eacutecologie

Drsquoabord M Rakotomanantsoa Modeste drsquoAmbohibolakely de la commune rurale de Fidirana teacutemoigne de son inteacuterecirct quant agrave la pratique du riz pluvial sur mulch de mucuna

Avant cette pratique nous ne pouvions produire qursquoautour de 1tha pour le riz pluvial Actuellement le rendement peut aller jusqursquoagrave 5tha Le mucuna nrsquoagit pas seulement sur la restauration de la fertiliteacute du sol mais aussi sur le nettoyage des parcelles par rapport aux diffeacuterentes pestes veacutegeacutetales qui envahissaient nos parcelles Il srsquoest aveacutereacute que le mucuna permet aussi de lutter contre certains ravageurs de culture Pour nous loin fut le temps ougrave nous eacutetions frustreacutes de la plantation de cette leacutegumineuse non comestible qui accaparait nos surfaces cultivables car vu lrsquointeacuterecirct qursquoy portent le grand nombre la plantation de celle-ci nous engendre deacutesormais des revenus drsquoappoints

En outre je produits aussi du lombricomposte Lrsquoobjectif est toujours eacuteteacute de sevrer notre exploitation de lrsquoutilisation drsquoengrais chimique Avec lrsquoavegravenement des techniques de seacuteparations

de vers drsquoavec le composte la production nrsquoest plus peacutenible comme avant Il nous faut juste surveiller lrsquohumiditeacute la tempeacuterature lrsquoeacutetat du lombricomposteur et enfin veiller agrave ce que les lombrics aient toujours du preacutecomposte precirct agrave lrsquoemploi Je lrsquoutilise surtout dans la production de riz pluvial le maiumls et la production de plants drsquoarbre en peacutepiniegravere ou ccedila mrsquoa permis non seulement de produire des beaux plants mais aussi de beaucoup reacuteduire lrsquoinvasion des ravageurs

Ensuite Razafindrakoto Edouard drsquoAmbohibolakely de la commune de Fidirana stipule que parmi toutes les techniques vulgariseacutees par le GSDM agrave travers le projet MANITATRA II la plantation de mucuna et celle qui apporte le plus drsquointeacuterecircts

Quand je nrsquoavais utiliseacute que des fumiers de parc les fano (heteronicus) et ses vers blancs ont causeacute beaucoup de deacutegacirct sur mes riz et mes maiumls Actuellement en combinant mulch de mucuna et utilisation du lombricomposte nous avons pu doubler notre production Elle permet en effet drsquoeacuteliminer les menaces dues aux attaques des ravageurs de culture et entretien la fertiliteacute du sol

De son cocircteacute Rakotoarijaona Alfred affirme que donner lrsquoexemple sur ses habitudes culturales mis en pratique au niveau de son champ eacutecole paysan (CEP) fait partie de son quotidien de paysan leader (PL)

Il propose entre autre lrsquoameacutenagement en courbe de niveau des parcelles en pente et les techniques de fabrication des diffeacuterents types de compost

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

43

Trimestrielle - Edition N

deg 10

SUCCESS STORIESJO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

comme moyen de gestion durable du sol Lrsquoassociation du riz pluvial avec le cajanus lui a donneacute un excellent reacutesultat Semeacute au moment de la montaison le cajanus associeacute au riz pluvial nrsquoa manifesteacute aucune sorte de concurrence Il ne se ramifie qursquoapregraves la reacutecolte du riz Durant lrsquointersaison il se deacuteveloppent de maniegravere agrave couvrir les parcelles et les preacuteservent des invasions drsquoadventices Le cajanus est connu pour son travail naturel du sol et une production de biomasse pouvant servir au compostage En fin de cycle il fournit aussi drsquoeacutenorme quantiteacute bois pour les cuissons

Pour M Ralaisa Pierre Solofoniaina lrsquoapplication de lrsquoagriculture de conservation a permis de mieux geacuterer ses parcelles surtout vis-agrave-vis des pheacutenomegravenes drsquoeacuterosion

Jrsquoavais mis en place des courbes de niveau sur mes parcelles puis jrsquoai installeacute de couverture veacutegeacutetale comme le mucuna Depuis je ne travaille plus mes terres et les sarclages sont deacutesormais moins contraignants Je me suis eacutegalement aperccedilu que les effets du striga se sont beaucoup amoindris Comme reacutesultats si avant pour le riz pluvial nous ne pouvons obtenir qursquoenviron 1tha maintenant nous arrivons agrave produire 40kg de paddy par are soit dans les 4tha Jrsquoai entrepris ces travaux car je vise surtout lrsquoavenir de mes enfants Je dois ecirctre en mesure de leur leacuteguer de la bonne terre) raquo

Rabemanantsoa Gilbert drsquoAnkily du Fokontany drsquoAntampondravola un alevineur professionnel avait beacuteneacuteficieacute des appuis sur la protection des bassins versants autour de ses bassins piscicoles

Les appuis du projet MANITATRA II mrsquoa permis de mettre agrave jour mes techniques drsquoalevinage Mais le plus important eacutetait ces ameacutenagements

des versants autour de mes bassins piscicoles Nous nous y sommes mis pour combattre le fleacuteau drsquoeacuterosion qui agrave chaque peacuteriode de pluie menacent drsquoensabler nos bassins Les versants ameacutenageacutes sont actuellement stabiliseacutes avec des haies vives de cajanus renforceacutes avec du brachiaria et diverses plantes de couverture

Depuis longtemps je pratique aussi le lombricompostage Il mrsquoa permis de reacuteduire lrsquoutilisation des produits chimiques et surtout drsquoalleacuteger les peines relatives au transport vers les parcelles Quand la population de lombrics augmente il mrsquoarrive de les reacuteguler en preacutelevant une certaine quantiteacute pour nourrir mes poissons

Du cocircteacute de la commune drsquoAntohobe Mme Rafanjanirina Jeanne Philomegravene a entrepris la restauration de la fertiliteacute de ses parcelles apregraves quelque heacutesitation

Il y a 2 ans le technicien du projet Manitatra travaillant dans notre commune nous a animeacute sur les techniques de restauration de la fertiliteacute du sol Au deacutebut je nrsquoeacutetais pas vraiment convaincue du bien-fondeacute de ces techniques mais apregraves avoir assisteacute agrave une visite eacutechange au niveau du site drsquoIvory et apregraves avoir constateacute la reacuteussite de mon fregravere sur le reboisement jrsquoai deacutecideacute de mrsquoy mettre Nous avons adopteacute le lombricompostage et la fabrication de biopesticide Reacutecemment nous avons constateacute que lrsquoassociation de mucuna avec le maiumls permet de proteacuteger ces derniers contre les attaques de chenilles

Avant nous avons comme habitude drsquoutiliser du cendre du riz pluvial et nous nrsquoavons pu obtenir que 240kg de paddy par are Apregraves lrsquoutilisation du lombricompost la mecircme surface nous a donneacute 320kg agrave 400kg Sur la production de tomate avant nous ne pouvons faire que 4 reacutecoltes maintenant avec le lombricompost ccedila peut aller jusqursquoagrave 6 voire 7 reacutecoltes

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

44

Trimestrielle - Edition N

deg 10

SUCCESS STORIESJO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

A Soavina Rasoanindrina Wivine eacutetait pris drsquoeacutetau par une grande parcelle qursquoelle avait preacutevu drsquoabandonner car elle ne lui permettait plus de produire grand-chose

En effet ladite parcelle eacutetait non seulement deacutegradeacute mais eacutetait aussi envahi par le striga et le kidoronrsquoalika (Acantospermum austral) A la suite drsquoune reacuteunion de sensibilisation organiseacutee par le technicien posteacute agrave Soavina jrsquoavais deacutecideacute drsquoy planter du mucuna et du Stylosanthes associeacute avec un peu de maiumls et du riz pluvial Degraves la premiegravere anneacutee une ameacutelioration du rendement en riz srsquoeacutetait fait ressentir A la

deuxiegraveme anneacutee malgreacute la seacutecheresse le riz eacutetait drsquoune tregraves bonne veacutegeacutetation mais lrsquoinsuffisance de pluie au moment de la floraison dans notre reacutegion ne nous a pas permis drsquoobtenir des graines

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

45

Trimestrielle - Edition N

deg 10

ACTUALITES

Dans le cadre du Projet MANITATRA II sur financement du COMESAUnion

Europeacuteenne (11egraveme FED agrave destination des pays ACP dans le cadre de lrsquoAlliance Mondiale pour le Climat) le GSDM srsquoest lanceacute dans la production et la reacutealisation drsquoun film drsquoanimation 3D sur la base de son livret ludique un guide de formation conccedilu pour lrsquoapprentissage de lrsquoAgro-eacutecologie et de lrsquoeacuteducation environnementale en milieu scolaire Lrsquoobjectif eacutetant de renforcer la promotion de lrsquoAgriculture Climato-Intelligente au niveau national et drsquoappuyer la prise en compte de lrsquoAgro-eacutecologie dans les politiques publiques et les projetsprogrammes Dans ce sens ce film drsquoanimation 3D constitue un outil de plaidoyer mais eacutegalement un support de formation drsquoanimationsensibilisation

Lrsquoideacutee drsquointeacutegrer lrsquoAgro-eacutecologie dans tous types de formation essentiellement dans lrsquoenseignement de base agrave Madagascar a eacuteteacute eacutevoqueacutee depuis bien des anneacutees lors des diffeacuterents ateliers et eacutevegravenements

organiseacutes par le GSDM Cette reacuteflexion a eacuteteacute soutenue aussi bien par lrsquoAdministration que par les partenaires techniques et financiers mais eacutegalement par les diffeacuterents acteurs de deacuteveloppement impliqueacutes œuvrant dans le secteur du deacuteveloppement durable

Lrsquointeacutegration de lrsquoAgro-eacutecologie en milieu scolaire a eacuteteacute initieacutee par le GSDM en 2017 au travers du projet PAPAM sur financement de lrsquoAFD Il eacutetait preacutevu de seacutelectionner 6 eacutetablissements publics etou priveacutes de niveau collegravege dans la reacutegion du Vakinankaratra Au travers des activiteacutes parascolaires lrsquoideacutee eacutetait de former des enseignants pour assurer le transfert de connaissances aux eacutelegraveves de 6egraveme et 5egraveme Avec les acquis de WWF membre du GSDM et la collaboration de lrsquoOEMC aupregraves du Ministegravere de lrsquoEducation Nationale de lrsquoEnseignement Technique et Professionnel un document de concept note a eacuteteacute eacutelaboreacute pour la mise en œuvre drsquoune phase pilote De la

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Un film drsquoanimation 3D sur lrsquointeacutegration de lrsquoAgro-eacutecologie en milieu scolaire pour la vulgarisation de lrsquoAgro-eacutecologie au niveau national

LrsquoEducation agrave lrsquoinverse une maniegravere de diffuser lrsquoAgro-eacutecologiehelliphelliplrsquoAgro-eacutecologie pour les geacuteneacuterations futures

Equipe GSDM

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

46

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

mission de diagnostic visant lrsquoidentification des eacutetablissements beacuteneacuteficiaires aux missions de formation de conception de supports et de

suivi les eacutetapes de la mise en œuvre ont eacuteteacute reacutealiseacutees sous lrsquoeacutegide de la Direction Reacutegionale de lrsquoAgriculture de lrsquoElevage et de la Pecircche et de la Direction Reacutegionale de

lrsquoEducation Nationale de lrsquoEnseignement Technique et Professionnel Un atelier bilan a eacuteteacute organiseacute agrave la fin de lrsquoanneacutee scolaire 2017-2018 pour eacutevaluer et mesurer les impacts de ce

mode laquo drsquoeacuteducation agrave lrsquoinverse raquo ougrave les enfants forment leurs parents pour un changement de paradigme

Le succegraves de la phase pilote a tout particuliegraverement susciteacute lrsquoattention de nombreux partenaires techniques et financiers souhaitant investir dans lrsquoeacuteducation des jeunes dans le cadre du deacuteveloppement durable Une extension des activiteacutes a eacuteteacute ainsi programmeacutee au travers du projet MANITATRA II sur financement du COMESAUnion Europeacuteenne pour 3 anneacutees scolaires conseacutecutives 20182019 - 20192020 et 20202021 Six (6) nouveaux eacutetablissements ont eacuteteacute seacutelectionneacutes selon les critegraveres du projet Pour la peacuterennisation des actions le projet MANITATRA II a maintenu lrsquoappui technique au niveau des eacutecoles PAPAM A lrsquoissu de lrsquoatelier bilan organiseacute agrave la fin de lrsquoanneacutee scolaire 2018-2019 la sollicitation du GIZProSol sur financement de la Coopeacuteration Allemande a emmeneacute agrave lrsquoextension des activiteacutes au profit de 8 nouveaux eacutetablissements dans la Reacutegion Boeny

Les beacuteneacuteficiaires directes sont actuellement au nombre de 3897 eacutelegraveves reacutepartis au niveau de 20 eacutetablissements dont 3 047 dans la reacutegion de Vakinankaratra et 850 dans la reacutegion

Boeny Cette eacuteducation agrave lrsquoinverse touche eacutegalement les parents le corps eacuteducatif les paysans aux alentours mais aussi les acteurs de deacuteveloppement et les deacutecideurs

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

47

Trimestrielle - Edition N

deg 10

AGRO-ECOLOGIE EN PHOTOJO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

Le Comiteacute de pilotage du Projet MANITATRA II sest reacuteuni pour la 2egraveme fois le 24 septembre

2020 pour lexamen du rapport dactiviteacute de lanneacutee 2 et de la programmation des activiteacutes de lanneacutee 3

Ont reacutepondu preacutesent le DGA du MAEP en sa qualiteacute de Peacutersident du Comiteacute le PCA du GSDM le Vice-Preacutesident

du CA du GSDM le Directeur du Deacuteveloppement Reacutegional du Vakinankaratra le DRAEP Vakinankaratra le DREDD Vakinankaratra et le Repreacutesentant du MEDD par le biais de son Conseiller Technique

Reacuteunion du comiteacute de Pilotage du projet Manitatra II le 24 Septembre 2020

Les journeacutees Agro-eacutecologiques du Vakinankaratra se sont tenues les 19 et 20 mars 2020 Ces

2 journeacutees ont eacuteteacute consacreacutees pour le partage des acquis et expeacuteriences en Agro-eacutecologie face au deacutefis du changement climatique et de linseacutecuriteacute alimentaire On a vu la participation de lAdministration au travers du Ministegravere de lAgriculture de lElevage et de la Pecircche du Ministegravere de lEnvironnement et du Deacuteveloppement Durable du Ministegravere de lEducation Nationale de la Direction de la meacuteteacuteorologie des autoriteacutes locales des partenaires techniques et financiers des beacuteneacuteficiaires et des journalistes

La premiegravere journeacutee a eacuteteacute deacutedieacutee agrave la visite des reacutealisations en Agro-eacutecologie suivie dun atelier de restitution le 2egraveme jour Tant sur le terrain quau travers des teacutemoignages en salle lactiviteacute lieacutee agrave linteacutegration de lAgro-eacutecologie en milieu scolaire a succiteacute lattention des participants Cette mode deacuteducation agrave linverse ougrave les enfants forment leurs parents a tout particuliegraverement toucheacute de nombreux meacutenages Desormais les parents souhaitent ecirctre formeacutes sur diffeacuterents theacutematiques en Agro-eacutecologie tels que le compsotage lAgriculture de conservation et lAgroforesterie

Objectif atteint pour le GSDM la reacuteussite de cet eacutevenement est ducirc agrave la participation active des diffeacuterents intervenants En vue dune agriculture durable la peacutereacutenisation des acquis et limportance de la prise en compte de lAgro-eacutecologie dans les politiques publiques a eacuteteacute souleveacutee et approuveacutee

Journeacutees Agro-eacutecologiques du Vakinankaratra les 19 et 20 mars 2020

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

48

Trimestrielle - Edition N

deg 10

Deacutecembre2020

Octobre 2020

Septembre 2020

Novembre 2020

Ont participeacute agrave ce numeacutero bull Mireille RAZAKA - Responsable Communication du GSDMbull Vololoniraisana RANDRIAMIARANA - Agronome du GSDMbull Martin RANDRIAMITANTSOA - Consultant Agronome du GSDMbull Tahina RAHARISON - Consultant Agronome Socio-eacuteconomiste du GSDMbull TOKIHERINIONJA Tanjonarilesa Fernand - Chef de Projet MANITATRA IIbull RAKOTONDRAMANANA - Directeur Exeacutecutif du GSDM

Rubrique laquoLAgro-eacutecologie au niveau nationalraquo WWH - DURRELL - CEFFEL membre du GSDM - GIZProSol Partenaire Technique et FinancierRubrique laquoDossierraquo Collegravegues rapprocheacutes de Lucien SEGUYRubrique laquoRechercheraquo FOFIFA - Dp SPAD - Partenaires techniques Rubrique laquoSuccess Storiesraquo GSDM Vakinankaratra (MANITATRA II)Entiteacute de validation Comiteacute de lecture les membres du GSDM GSDM Copyrigth septembre2020

Site WebFacebook YoutubeRoute drsquoAmbohipo

Lot VA 26 Y AmbatorokaBP 6039 Ambanidia Antananarivo 101 Madagascar

Teacutel (+261) 20 22 276 27

CALENDRIER DIVERS CONTACTS

Site WebFacebook

Teacutel (261 20) 22 200 46 agrave 48Fax (261 20) 22 347 94

afdantananarivoafdfr

23 rue RazanakombanaAmbohijatovo BP 557

AntananarivoMADAGASCAR

Pour de plus amples informations etou pour toutes ameacuteliorations contacter nous au

Ce journal a eacuteteacute financeacute au deacutepart par lrsquoAFD (projet PAPAM) et par le COMESAUE (projet MANITATRA 2) agrave partir de leacutedition Ndeg8

Les membres du GSDM

Direacutecteur Exeacutecutif gsdmdemoovmgResponsable communication razakamireilleyahoofr

Evegravenements

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

- Mission de suivi Alaotra - Mission de suivi Sud-Est- Mission drsquoevaluation et bilan de campagne ATASEF - Formation des techniciens des ONGencadreacutes par ECO-CONSULT - GIZProSol

- Preacutesentation officielle du film drsquoanimation 3D Ny Fambolena maharitraho anny taranaka mifandimby- Atelier bilan eacutecole Manitatra II- Expertise OSDRM dans la Diana

Directeur de publication RAKOTONDRAMANANA DL imprimeur Ndeg - Editeacute en 140 exemplaires

Facebook Site Web

- Atelier recherche et deacuteveloppement - Emission FIVOHY sur la RNM tous les 3egraveme samedis du mois de 08h15 agrave 08h30 du matin

- Campagne culturale grande saison- Journeacutees Agro-eacutecologiques du Sud-Est

Open library

  • Signet 1
Page 6: Edito - gsdm-mg.org

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

6

Trimestrielle - Edition N

deg 10

LrsquoAGRO-ECOLOGIE AU NIVEAU NATIONAL

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Suivant les toposequences les quelques techniques promues et adopteacutees sont

1 Bas de pente

Photo 1 Association maiumls et nieacutebeacute cv David EPP Ambodivoaracommune Ambohitsilaozana

Photo 2 Association de maiumls et haricot dans le fokontany Andreba Gare commune Ambatosoratra

Photo 3 Association de maiumls et arachide dans le fokontany Anororo

commune Anororo

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

7

Trimestrielle - Edition N

deg 10

LrsquoAGRO-ECOLOGIE AU NIVEAU NATIONAL

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

2 Bas-fonds

Photo 4 Riz pluvial sous paillage de Stylosanthes dans le fokontany Andilana Sud commune Amparafaravola

Photo 5 Patate douce agrave chaire orange dans le fokontany

Ambodivoara commune Ambohitsilaozana

Photo 5 Association arachide + Cajanus Andilana sud

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

8

Trimestrielle - Edition N

deg 10

LrsquoAGRO-ECOLOGIE AU NIVEAU NATIONAL

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIEPar ailleurs ces pratiques culturales reacutesilientes au changement climatique ont eacuteteacute deacutemontreacutees au

niveau des parcelles des eacutecoles primaires publiques dans le but drsquoameacuteliorer la nutrition scolaire des eacutelegraveves et de sensibiliser les eacutecoliers et leurs parents sur le systegraveme

Enfin des eacutechanges entre les producteurs dans les groupements CEP seront ulteacuterieurement organiseacutes pour ameacuteliorer le mode de gestion du sol Ceci permettra de limiter la deacutegradation des sols et des couverts veacutegeacutetaux Le projet continuera aussi agrave identifier et agrave promouvoir les innovations adapteacutees aux reacutealiteacutes sociales et eacuteconomiques afin dassurer lefficaciteacute de ces pratiques agro-eacutecologiques autour de la NAP Alaotra

Photo 7 Rotation Riz (Riziculture agrave mauvaise maitrise drsquoeau) avec de la

vesce dans le fokontany Andilana Sud commune Amparafaravola

Photo 8 Systegraveme de riziculture ameacutelioreacute en rotation avec du haricot en contre saison sous paillage dans

le fokontany de Antsapananefatra commune Ambatomainty

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

9

Trimestrielle - Edition N

deg 10

LrsquoAGRO-ECOLOGIE AU NIVEAU NATIONAL

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Intensification des techniques agro-eacutecologiques et de restauration de la fertiliteacute de sol par lrsquoapproche terroir dans les reacutegions Anosy

et Atsimo Atsinanana

Jocelyn RAVELOSON Angola RANDRIANANTOANDRO - WHH Madagascar

laquo Un monde dans lequel tous les peuples peuvent exercer leur droit agrave mener une vie autodeacutetermineacutee dans la digniteacute et la justice agrave labri de la faim et de la pauvreteacute raquo telle est la vision globale de Welthungerhilfe (WHH) La reacutealisation de cet objectif deacutepend neacuteanmoins des facteurs environnementaux favorables dont la disponibiliteacute des moyens de production adeacutequats et leur accessibiliteacute par chaque meacutenage

Dans les Reacutegions Anosy et Atsimo Atsinanana notamment des districts de Taolagnaro Vangaindrano Farafangana et Vondrozo WHH travaille en eacutetroite collaboration avec des ONG nationales telles que Action Intercoopeacuteration Madagascar (AIM) et FIANTSO Madagascar pour donner des appuis aux paysans dans la lutte contre la pauvreteacute agrave travers lrsquoameacutelioration du fonctionnement de leur systegraveme de production Il srsquoagit entre-autre des deux grands programmes de renforcement de la seacutecuriteacute alimentaire et nutritionnelle durable SILVER (Renforcement des revenus et des moyens drsquoexistence des meacutenages vulneacuterables dans le Sud-Est) et AFAFI Sud (Appui au Financement de lAgriculture et aux Filiegraveres Inclusives dans le Sud et Le Sud-Est de Madagascar) Ces programmes sont financeacutes respectivement par la Coopeacuteration Allemande (BMZ) et lrsquoUnion Europeacuteenne (UE) agrave hauteur totale de 8 689 109 EUR SILVER srsquoeacutetale de novembre 2019 agrave avril 2022 tandis que le programme AFAFI Sud de janvier 2020 jusqursquoen avril 2024 Le nombre de beacuteneacuteficiaires finaux est estimeacute agrave pregraves de 608 000 individus dont 60 hommes et 40 femmes

Lrsquoapproche terroir pour une meilleure concentration des efforts au niveau des beacuteneacuteficiaires cibleacutes

En matiegravere de vulgarisation agricole les interventions consistent agrave diffuser des techniques ameacutelioreacutees adapteacutees aux groupes cibles et agrave leurs

contraintes pour leur permettre drsquoaugmenter leurs revenus La diffusion du systegravemes de culture eacuteconomes en intrants face au faible pouvoir drsquoachat des paysans aussi bien pour les cultures pluviales sur pente qursquoau niveau des peacuterimegravetres irrigueacutes et au bas fond revalorisation des connaissances et savoir-faire des paysans en matiegravere de techniques agro-eacutecologiques pour un meilleure rendement en quantiteacute et qualiteacute de production appui cibleacute des femmes marieacutees et megraveres ceacutelibataires agrave lrsquoeacutelevage avicole pisciculture ou apiculture et enfin de deacuteveloppement de capaciteacutes drsquoinvestissement dans des activiteacutes geacuteneacuteratrices de revenus gracircce agrave lrsquoappui aux Associations Villageoises drsquoEpargne et de Creacutedit Auto-geacutereacutes (AVECA)

La mise en œuvre des activiteacutes au niveau de chaque site terroir preacutedeacutetermineacute se complegravete et est meneacutee systeacutematiquement de maniegravere participative en incluant les autoriteacutes locales lrsquoorganisation des producteurs les hommes femmes et jeunes agriculteurs La creacuteation de Centre drsquoAccueil des Enfants et des Megraveres (CAEM) par chef-lieu de fokontany contribue agrave lrsquoenseignement des megraveres voire des parents agrave faire le lien entre utilisation adeacutequate des produits agricoles seacutelectionneacutes pour lrsquoalimentation et lrsquoeacutepanouissement de la santeacute nutritionnelle de tous les membres du meacutenage Lrsquoaccompagnement des associations communautaires aux actions de reboisement mais aussi lrsquoameacutenagement de pistes rurales de points drsquoeau potable et de peacuterimegravetres agricoles assure la viabiliteacute des activiteacutes de production agricole Les opeacuterateurs eacuteconomiques de proximiteacute y sont aussi appeleacutes et soutenus pour le deacuteveloppement des filiegraveres de niche marquant chaque district et commune le gingembre le curcuma la cannelle le cafeacute la baie rose lrsquoapiculture la pisciculture etc

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

10

Trimestrielle - Edition N

deg 10

LrsquoAGRO-ECOLOGIE AU NIVEAU NATIONAL

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Accompagnement de la communauteacute agrave la restauration de la fertiliteacute du bassin versant

De faccedilon participative les eacutequipes drsquointervention deacutefinissent des reacutefeacuterentiels techniques pertinents susceptibles drsquoecirctre diffuseacutes aupregraves de la population cible sur la base du diagnostic foncier du site-terroir et de la typologie de leurs systegravemes drsquoexploitation Pour ce faire et pour assurer par la suite leur large diffusion il est preacutevu pour ces programmes de renforcer de faccedilon tregraves pratique et concregravete les paysans relais aux concepts agronomiques fondamentaux afin de compleacuteter leur savoir et expeacuteriences en matiegravere de fertiliteacute des sols lrsquoimportance de la matiegravere organique pour le sol et les plantes et le cycle des mineacuteraux Le champs-eacutecole constitue le moyen le plus efficace pour assurer lrsquoenseignement pratique et lrsquoattraction des intentions des masses paysannes Les techniciens organisent peacuteriodiquement

des eacutevegravenements drsquoeacutechanges laquo formaliseacutes raquo sous forme de visite de la parcelle par les producteurs villageois agrave des peacuteriodes et moments cleacutes de lrsquoitineacuteraire technique

Dans lrsquoobjectif de proteacuteger par la suite ces sols et garantir la conservation peacuterenne des bassins versants les deux programmes SILVER et AFAFI Sud accompagnent les Communes et le Service Technique Deacutecentraliseacute de lrsquoEnvironnement dans la planification participative du reboisement au niveau des terroirs Afin de rendre disponible les jeunes plants sur place des actions de diffusion aupregraves des villageois des techniques de confection de peacutepiniegraveres et des peacutepiniegravere eacutecole paysanne ndash au mecircme titre que les champs eacutecoles paysans ndash sont preacutevus pour les deux premiegraveres anneacutees de travaux

Formation des femmes sur les cultures maraichegraveres et lrsquoarboriculture fruitiegravere

Fabrice LHERITEAU Chef drsquoeacutequipe ProSol Boeny

Le projet global Prosol est un projet de la Coopeacuteration allemande commissionneacute dans

le cadre de lrsquoinitiative laquo Un seul monde sans faim raquo par le Ministegravere de la Coopeacuteration Economique et du deacuteveloppement allemand Il est mis en œuvre dans huit pays diffeacuterents dont Madagascar ougrave la reacutegion drsquointervention est Boeny

Dans la mise en œuvre des activiteacutes de protection et reacutehabilitation des sols dans la reacutegion Boeny le ProSol Madagascar place les communauteacutes de producteurs au cœur de son approche en insistant sur la valorisation des activiteacutes speacutecifiques aux femmes Le projet dispose mecircme drsquoun indicateur speacutecifique pour le comptage de ces reacutealisations au niveau des meacutenages orienteacute sur lrsquoameacutelioration des conditions de vie des femmes

Or dans la reacutegion Boeny au Nord-Ouest de Madagascar la seule activiteacute agricole qui peut ecirctre pratiqueacutee sur la plupart des terres durant la

saison segraveche qui commence vers le mois drsquoavril et finit en octobre est le maraichage Cette activiteacute est souvent pratiqueacutee par les femmes et est essentielle pour lrsquoeacuteconomie des meacutenages puisquen son absence les familles doivent se deacuteplacer pour trouver un emploi ou encore srsquoadonner agrave la fabrication de charbon de bois malheureusement sans toujours respecter les regravegles en vigueur pour proteacuteger lrsquoenvironnement

Par conseacutequent dans les communes drsquointerventions de ProSol les demandes eacutemanant des femmes mettent en avant des besoins en termes de renforcement de capaciteacute sur les activiteacutes de maraichage et de plantation drsquoarbre fruitier Pour reacutepondre agrave ce besoin ProSol a octroyeacute une formation sur les cultures maraichegraveres et lrsquoarboriculture fruitiegravere en collaboration avec CEFFEL Puis des formations en cascades ont eacuteteacute organiseacutees par les ONG partenaires de ProSol sur le terrain A lrsquoissue des seacuteries de formations

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

11

Trimestrielle - Edition N

deg 10

LrsquoAGRO-ECOLOGIE AU NIVEAU NATIONAL

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

373 femmes ont eacuteteacute formeacutees agrave la culture drsquoune large gamme de leacutegumes et ont pu obtenir agrave la fois des semences et quelques petits eacutequipements pour les aider agrave se lancer dans le maraichage ou se perfectionner Un manuel de formation pratique et adapteacutes aux communauteacutes agriculteurs sur la plantation des arbres fruitiers a eacutegalement eacuteteacute eacutelaboreacute pour ecirctre utiliseacute agrave large diffusion et reacutepandre encore davantage les bonnes pratiques

La principale innovation diffuseacutee lors de ces formations a eacuteteacute de proposer un large ensemble de traitements biologiques reacutealisables agrave partir des produits locaux Habituellement les paysans encourageacutes par les commerccedilants de produits phytosanitaires utilisaient les traitements chimiques Les effets sur lrsquoenvironnement et les sols eacutetaient tregraves neacutegatifs mais les meacutethodes traditionnelles eacutetant jugeacutees inefficaces les paysans faisaient le choix du pragmatisme

Mais apregraves la formation certaines femmes ont pu concevoir leurs propres remegravedes et obtenir des reacutesultats concluants en combinant diverses solutions Crsquoest le cas notamment de madame RAZAFINDRAFARA Mampiandra Marie megravere de famille drsquoune cinquantaine drsquoanneacutee de la commune drsquoAnkijabe qui fabrique du ady-gasy

pour proteacuteger les cultures et du compost agrave base de feuilles drsquoacacia de feuilles de neem et de bemaimbo pour les fertiliser Elle se montre tregraves satisfaite des reacutesultats obtenus et teacutemoigne

laquo Le reacutesultat est maintenant vraiment diffeacuterent de ce que jrsquoai obtenu auparavant Les leacutegumes agrave feuilles verdissent bien et elles ont une bonne taille Le fait de voir mes leacutegumes qui poussent bien me motive chaque jour agrave bien entretenir mes maraicircchages et en faire encore davantage Pour mon cas jrsquoai multiplieacute par trois la surface de mes terres pour le maraicircchage et elle comprend actuellement 30 plates-bandes raquo

Lrsquoagrandissement des parcelles de maraichage et la vente de la reacutecolte de carottes salade morelle et oignons sur le marcheacute pour de bons prix a eacutegalement permis agrave Mme RAZAFINDRAFARA de commencer une petite eacutepargne et de srsquoacheter un nouveau teacuteleacutephone

Le projet ProSol souhaite en collaboration avec ses partenaires poursuivre ses activiteacutes de formation sur le maraicircchage et lrsquoutilisation de compost par les paysans afin de promouvoir une source de revenu respectueuse des sols et contribuant agrave restaurer leur fertiliteacute Pour toutes informations compleacutementaires nrsquoheacutesitez pas agrave vous adresser agrave Tahiry Rarivonandrasana (TahiryRARIVONANDRASANAeco-consultcom)

Illustration Mme RAZAFINDRAFARA preacutepare

de lrsquoady gasy pour ses cultures

La recette du compost de Mme RAZAFINDRAFARA

laquo Pour preacuteparer le compost je meacutelange un volume de bouse de vache fraicircche avec deux volumes de feuilles drsquoacacia de feuilles de neem et de bemaimbo Les feuilles doivent ecirctre entrecoupeacutees et lrsquoensemble devra agrave peu pregraves avoir le tiers de la contenance drsquoun fut de 200 litres Il faut ajouter ensuite de lrsquoeau jusqursquoagrave ce que le fut soit plein La preacuteparation est agrave meacutelanger tous les 2 jours et le compost liquide peut ecirctre utiliseacute apregraves 7 jours de fermentation Jrsquoai apporteacute le compost liquide agrave mes maraicircchages une agrave deux fois par

semaine raquo

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

12

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Reacutesumeacute

La croissance deacutemographique affecte le secteur eacutelevage qui doit aujourdhui assurer le triple de la production en viande drsquoil y avait cinquante ans De plus les terres ceacutereacutealiegraveres destineacutees agrave

lalimentation animale ont diminueacute alors que la demande en produits dorigine animale na cesseacute daugmenter Pour y remeacutedier il savegravere indispensable de valoriser les ressources alimentaires non conventionnelles qui sont en abondance mais ne sont pas en compeacutetition avec lrsquoalimentation humaine Dans cette optique le FOFIFA-DRZVP a investi plusieurs anneacutees sur lrsquoexploitation de la graine de mucuna dans lalimentation animale Des analyses chimiques de la graine ont montreacute ses qualiteacutes nutritionnelles mais eacutegalement la preacutesence du L-dopamine qui est un facteur antinutritionnel Par ailleurs plusieurs traitements de cette graine ont eacuteteacute testeacutes pour diminuer la teneur en L-Dopamine sans pour autant affecter sa valeur nutritionnelle Des tests sur diffeacuterents types danimaux ont eacuteteacute effectueacutes pour deacuteterminer le traitement le plus efficient pour chaque animal le taux dincorporation du mucuna dans la ration et lefficaciteacute de son utilisation dans lalimentation animale Les reacutesultats ont montreacute que le mucuna est une alternative inteacuteressante pour ameacuteliorer la production animale tant sur le plan social que sur le plan eacuteconomique

Valorisation du mucuna pour lalimentation des animaux de rente agrave Madagascar

RAZAFINARIVO Tsirinirina Donnah RAKOTOMANANA Olga Rachel RAPATSALAHY SabineFOFIFA - DRZVP (Deacutepartement de recherches Zootechniques Veacuteteacuterinaires et Piscicoles )

Introduction

Ces six derniegraveres deacutecennies la consommation globale de viande nrsquoa cesseacute drsquoaugmenter Elle a mecircme tripleacute en un demi-siegravecle En 2018 elle a atteint les 342 millions de tonnes (FAO) Cette tendance est tregraves marqueacutee dans les pays en deacuteveloppement comme Madagascar car elle srsquoest accrue de plus de 5 durant ces derniegraveres deacutecennies et devrait augmenter de 14 an agrave travers le monde jusqursquoen 2030 (FAO 2014) Les raisons principales en sont la forte croissance deacutemographique lurbanisation et leacuteleacutevation du niveau de vie Selon toujours le FAO (2011) la consommation en viande de volailles sera multiplieacutee de 23 en 2050 contre 14 agrave 18 pour les autres produits animaux Ceci neacutecessite 27 millions de tonnes drsquoaliments suppleacutementaires et 24 millions drsquohectares de terres ceacutereacutealiegraveres additionnelles agrave moins que la proportion de sous-produits et de ressources alimentaires non conventionnelles augmente substantiellement Dans cette optique le laboratoire de nutrition animale du FOFIFA-DRZVP srsquoest investi depuis plusieurs anneacutees sur la valorisation des ressources

non conventionnelles pour lrsquoalimentation animale Ainsi depuis 2012 la graine de mucuna a eacuteteacute valoriseacutee pour lrsquoalimentation des porcs agrave Madagascar dans le cadre drsquoun partenariat entre le FOFIFA et le GSDM Cette valorisation du mucuna srsquoest eacutelargie sur drsquoautres animaux de rente telle effectueacutee dans le partenariat entre le GRET lAVSF et le FOFIFA dans le cadre du projet HOBA ASARA Cet article reacutesume six anneacutees de recherches sur la valorisation du mucuna pour lrsquoalimentation animale agrave Madagascar

Contexte

Le pois mascate (Mucuna pruriens ou Dolichos pruriens) est une plante annuelle quon retrouve dans les reacutegions tropicales de lInde et de lAfrique (Figure 1) Le mucuna est surtout connu pour ses vertus en meacutedecine (plante revitalisante et aphrodisiaque action sur la production de testosteacuterone de dopamine etc)

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

13

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Derniegraverement ses inteacuterecircts en agronomie sur lrsquoameacutelioration du rendement du riz pluvial sur reacutesidus de maiumls + mucuna et ceux du maiumls en association avec le mucuna ont eacuteteacute publieacutes par le GSDM Ces rendements repreacutesentent 3 agrave 4 fois les rendements obtenus sur labour en sol nu (sans couvert veacutegeacutetal) avec les mecircmes doses de fertilisation (GSDM 2020) Cette capaciteacute des systegravemes agrave base de mucuna sur le rendement en plus de ses effets contre les mauvaises herbes et contre les insectes observeacutee sur plusieurs anneacutees justifie sa large diffusion actuelle chez les paysans De plus contrairement aux autres leacutegumineuses comme le nieacutebeacute (Vigna unguculata) le haricot le soja ou le Vigna umbellata (tsiasisa) le mucuna nrsquoest pas attaqueacute par les chenilles (Helicoverpa armigera) ou les chenilles leacutegionnaires drsquoautomne (Spodoptera frugiperda) (RAKOTONDRAMANA et al 2018) Ainsi suite agrave des anneacutees de production les graines de mucuna issue de ce systegraveme deviennent de plus en plus nombreuses Par ailleurs il srsquoavegravere judicieux de les valoriser dans lrsquoalimentation animale En tant que leacutegumineuse les graines de mucuna sont relativement riches en proteacuteine (composant le plus couteux dans la formulation alimentaire

des animaux) Cette pratique est lrsquoune des bases de lrsquointeacutegration agriculture-eacutelevage (IAE) agrave lrsquoeacutechelle de lrsquoexploitation sur lrsquointensification de la production par la valorisation des produits et reacutesidus pour lrsquoeacutelaboration de rations eacutequilibreacutees aux animaux (Lhoste 2008)

Figure 1 Les varieacuteteacutes de mucuna agrave Madagascar

Analyses en laboratoire

Pour pouvoir utiliser le mucuna dans lalimentation animale il est primordial de deacuteterminer ses valeurs nutritionnelles Ainsi les reacutesultats danalyses ont confirmeacute sa richesse en proteacuteine Cependant malgreacute un taux inteacuteressant en proteacuteine sa valeur biologique est reacuteduite par la preacutesence de la L-Dopa (34- dihydroxyphenylalanine qui est un acide amineacute non proteacuteique) qui est une substance anti-nutritionnelle preacutesente dans la graine de mucuna La L-Dopa est une moleacutecule thermolabile et hydrosoluble Ainsi des hypothegraveses ont eacuteteacute apporteacutees sur les possibiliteacutes de reacuteduire la teneur en L-Dopa dans la graine sans pour autant reacuteduire la teneur en proteacuteine qui est deacutenatureacutee par la chaleur Par ailleurs plusieurs traitements et combinaison de traitements ont eacuteteacute testeacutes (Figure 2) Ces traitements sont suivis drsquoanalyses nutritionnelle et toxicologique (Tableau 1) afin drsquoeacutevaluer le traitement le plus efficient cest-agrave-dire le moins toxique et ayant une valeur nutritionnelle inteacuteressante

Mucuna pruriens utilis jaune

Mucuna pruriens utilis noir

Mucuna pruriens yardghana

Mucuna pruriens IRZ

Mucuna pruriens rajada Mucuna pruriens Mucuna pruriens

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

14

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

MB T1 T2 T3 E1 E2 TE D1 D2 D3 TBic MTMatiegravere Segraveche () 938 949 952 959 945 944 984 828 995 991 939 946Matiegravere Mineacuterale () 35 415 38 40 42 39 41 27 27 19 41 44Cendre Insoluble () 01 01 01 00 01 01 01 01 01 01 01 01Calcium () 04 05 05 04 02 03 02 012 02 156 03 015Phosphore () 07 08 07 07 08 07 08 109 07 052 07 097Proteacuteine Brute () 263 242 235 226 257 238 214 270 217 248 242 243Matiegravere Grasse () 42 44 42 45 50 42 48 - 50 62 52 30L-dopa () 66 595 523 291 315 202 22 - 079 075 296 -

bull Mucuna non traiteacute (MB)bull Mucuna traiteacute trempage (T1 24h T2 48h et T3 72h)bull Mucuna traiteacute par eacutebullition (sur diffeacuterents temps drsquoeacutebullition E1 30min et E2 60min)bull Mucuna traiteacute par trempage suivi drsquoeacutebullition (TE)bull Mucuna deacutepelliculeacute (sur diffeacuterents temps de trempage D1 24h D2 48h et D3 72h) bull Mucuna traiteacute par eacutebullition dans une solution contenant 02 de bicarbonate (TBic)bull Mucuna traiteacute par torreacutefaction (MT)

Figure 2 Traitements du Mucuna

Expeacuterimentations en milieu controcircleacute

Des formulations alimentaires (Provende) agrave base de mucuna ont eacuteteacute effectueacutees puis testeacutees sur des animaux en milieu controcircleacute dans la station de recherche du FOFIFA agrave Kianjasoa Il srsquoagit de comparer les performances zootechniques des porcs et des volailles nourris avec des rations contenant un pourcentage deacutetermineacute de mucuna sur un traitement deacutetermineacute contre des lots teacutemoins de ces mecircmes animaux mais alimenteacutes avec des rations agrave 0 mucuna

RECHERCHES

Tableau 1 Valeurs nutritionnelles et teneur en L-Dopa du mucuna suivant diffeacuterents traitements (en pourcentage de la matiegravere segraveche)

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

15

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Expeacuterimentation sur les porcelets

Les expeacuterimentations ont eacuteteacute reacutealiseacutees sur diffeacuterents taux drsquoincorporation de mucuna (5 10 20 et 40) mais les gains de poids consideacutereacutes comme plus efficaces sont ceux enregistreacutes agrave une incorporation de 20 Par ailleurs le test sur animaux sur trois lots de porcelets recevant respectivement une ration agrave 0 de mucuna 20 mucuna torreacutefieacute et 20 de mucuna traiteacutee par le bicarbonate a eacuteteacute effectueacute Apregraves un mois et demi dexpeacuterimentation sans compter la peacuteriode dadaptation Le Gain moyen quotidien (GMQ) du lot teacutemoin est de 305 g contre 355g pour le lot recevant 20 de mucuna torreacutefieacute et 319 g pour le lot recevant 20 de mucuna traiteacutee au bicarbonate (Figure 3)

Figure 3 Gain moyen quotidien (en gramme) durant 45 jours de 3 lots de porcelets recevant une provende agrave base de mucuna

Ces expeacuterimentations nous montrent que les graines de mucuna peuvent bien ecirctre utiliseacutees dans lrsquoalimentation des porcs malgreacute la preacutesence de la L-Dopa qui nrsquoest pas totalement eacutelimineacutee par les traitements thermiques etou chimiques La comparaison drsquoune ration iso-proteacuteique et iso-eacutenergeacutetique du mucuna traiteacute au bicarbonate nrsquoa montreacute aucune diffeacuterence significative par rapport agrave une ration normale Par ailleurs le traitement par torreacutefaction est consideacutereacute comme efficace pour la ration des porcs La libeacuteration dacide gras durant la torreacutefaction ameacuteliore la palatabiliteacute de la ration et a un effet beacuteneacutefique sur lrsquoindice de conversion alimentaire

Expeacuterimentations sur les volailles

Les volailles repreacutesentent une source preacutecieuse de proteacuteines animales drsquoune grande valeur biologique Son eacutelevage se fait partout dans le monde dans des conditions tregraves variables Mais lrsquoobjectif principal est toujours drsquoavoir une production maximum agrave un coucirct minimum tout en eacutevitant les risques Par ailleurs la compleacutementation des aliments de volailles par le mucuna a eacuteteacute entreprise pour ameacuteliorer la productiviteacute (viande et œufs) Cette ameacutelioration a eacuteteacute entreprise sur les diffeacuterentes races existantes agrave Madagascar poulets de chair poule pondeuse et poulet de races locales Ainsi plusieurs lots de volailles recevant diffeacuterents taux drsquoincorporation de mucuna ont eacuteteacute compareacutes

Pour les poulets de chair quarante poussins de chair vaccineacutes et deacuteparasiteacutes ont eacuteteacute subdiviseacutes en 4 lots de 10 poussins 3 lots recevant respectivement un aliment incorporeacute de 0 10 et 20 de mucuna traiteacute par le bicarbonate 02 et le 4egraveme lot recevant du mucuna traiteacute par le proceacutedeacute D1 agrave 10 Au cours des 45 jours drsquoexpeacuterimentations des peseacutes hebdomadaires ont permis de suivre les performances de croissances de chaque poulet

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

16

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Figure 4 Poids des poulets de chair (en gramme) apregraves 45 jours drsquoexpeacuterimentations

En geacuteneacuteral lrsquoaugmentation du taux drsquoincorporation du mucuna dans la ration affecte la productiviteacute moyenne des poulets de chair qui est inversement proportionnelle agrave ce dernier Les poids finaux sont respectivement 1300g 1100g et 850g pour les 3 lots agrave 0 10 et 20 de Mucuna Il est eacutevident que malgreacute le taux inteacuteressant en proteacuteine et dacide amineacute dans le mucuna sa valeur biologique est reacuteduite par la preacutesence de la L-Dopa et cela affecte consideacuterablement la productiviteacute des poulets de chair Par contre lrsquoincorporation agrave 10 de mucuna deacutepelliculeacute dans la ration des poulets de chair ne preacutesente aucune diffeacuterence significative aux reacutesultats obtenus par la ration agrave 0 de mucuna (Figure 4) Par ailleurs il est donc indispensable de deacutepelliculer le mucuna avant de lintroduire dans la ration des poulets de chair

Pour les poules pondeuses

Trente poulettes precirctes agrave pondre (45 mois) de race Hulyn sp (Figure 6) ont eacuteteacute choisies pour mener lexpeacuterimentation Trois lots de 10 poulettes ont eacuteteacute formeacutes pour recevoir une ration contenant respectivement 0 10 et 20 de Mucuna traiteacutes par le Bicarbonate 02 Ce mecircme dispositif a eacuteteacute utiliseacute pour le test avec le mucuna deacutepelliculeacute Dans cette cateacutegorie le produit principal est lrsquoœuf drsquoougrave notre paramegravetre eacutetudieacute est le taux de ponte ainsi que le calibre des œufs

Figure 5 Performance zootechnique des poules pondeuses

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

17

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Lrsquoenregistrement des donneacutees journaliegraveres de ponte indique qursquoil nrsquoy a pas de diffeacuterences significatives entre les taux de ponte des poulettes recevant 0 et 10 de mucuna Par contre les poulettes nourries avec du mucuna agrave 20 nrsquoont jamais atteint un taux de ponte de 100 ceci pour dire que la teneur eacuteleveacutee en mucuna dans la ration affecte la ponte (Figure 5) Il est donc recommandeacute de ne pas deacutepasser les 10 dincorporation de mucuna dans la ration des poules pondeuses Pour les poules pondeuses nourris avec le mucuna deacutepelliculeacute les reacutesultats enregistreacutes nont pas de diffeacuterence significative avec ceux obtenus par le traitement preacuteceacutedant Par ailleurs nous pouvons opter pour le traitement avec le bicarbonate car ce traitement est moins couteux en termes de travail de temps ainsi que de faciliteacute de preacuteparation Cependant en ce qui concerne la taille des œufs les calibres des œufs des poules alimenteacutes avec une ration agrave 10 de mucuna deacutepelliculeacute sont leacutegegraverement supeacuterieurs agrave ceux des poules nourries avec du mucuna bicarbonateacute 10 (Figure 5) ainsi que ceux du lot teacutemoins agrave 0 Nous pouvons donc tirer une conclusion que le mucuna a un leacuteger effet positif sur les performances des poules pondeuses Le taux dincorporation (infeacuterieur agrave 10) et le traitement (deacutepelliculage) jouent un rocircle important

Figure 6 Introduction du mucuna dans la ration des poules pondeuses

Pour les poulets de races locales (akoho gasy)

Six lots de 20 tecirctes ont eacuteteacute constitueacutes pour recevoir une ration contenant respectivement 0 15 et de 30 de mucuna bicarbonateacute et 0 15 et de 30 de mucuna torreacutefieacute Des traitements sanitaires ont eacuteteacute effectueacutes au preacutealable tels que les vaccinations et les deacuteparasitages Ensuite les performances zootechniques (Poids) ont eacuteteacute mesureacutees toutes les semaines afin de calculer les gains de poids moyens quotidiens (GMQ) Leacutevolution du poids des poulets de races locales Akoho gasy durant 3 mois sur les 6 lots recevant des rations diffeacuterentes agrave base de mucuna nous indiquent quil ny a pas de diffeacuterence significative entre chaque lot Cependant nous pouvons constater que les poulets de races locales peuvent tregraves bien supporter une incorporation de mucuna jusquagrave 30 Pailleurs une vulgarisation de ces reacutesultats en milieu reacuteel au niveau des paysans a eacuteteacute effectueacutee Pour cela deux groupes deacuteleveurs de poulets de race locale ont eacuteteacute seacutelectionneacutes pour tester leur appreacuteciation sur ces deux types de traitement (bicarbonateacute et deacutepelliculeacute) agrave 30 de mucuna

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

18

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Figure 7 Comparaison en milieu reacuteel des performances des poulets de race locale alimenteacute au Mucuna

bull MT1 Mucuna cuit avec du Bicarbonate bull MT2 Mucuna torreacutefieacute bull SM Ration sans mucuna

Apregraves trois mois deacutevaluation coupleacutee de visites de pesage hebdomadaire Il a eacuteteacute constateacute que le gain de poids des poulets nourris par le mucuna bicarbonateacute est plus eacuteleveacute que ceux nourris avec le mucuna torreacutefieacute (Figure 7) Malheureusement face au travail que demande le traitement par le bicarbonate aucun des eacuteleveurs na adopteacute ce traitement apregraves lexpeacuterimentation Selon ces eacuteleveurs la diffeacuterence entre les performances est moindre alors que le traitement au bicarbonate demande beaucoup de travail

Conclusion

Agrave Madagascar le mucuna est principalement cultiveacutee pour ses qualiteacutes dameacutelioration du sol en tant que plante de couverture Cette eacutetude a permis de mettre en eacutevidence la possibiliteacute de lincorporer dans lalimentation des animaux de rente Cependant des traitements preacutealables de la graine doivent ecirctre effectueacutes pour pouvoir le valoriser dans lalimentation animale Ces traitements doivent ecirctre accoupleacutes au taux dincorporation adeacutequate pour que ce dernier ne puisse preacutesenter drsquoeffets neacutegatifs sur la croissance des animaux ni sur lrsquoappeacutetibiliteacute des aliments Les graines de mucuna repreacutesentent donc une opportuniteacute pour les petits producteurs agrave Madagascar Ceci permet drsquoatteindre des objectifs de production eacuteconomiquement inteacuteressants dans le cas drsquoun eacutelevage ameacutelioreacute Au vu de ces reacutesultats lrsquoutilisation des ressources non conventionnelles locales parfois en abondance et nrsquoentrant pas en compeacutetition avec lrsquoalimentation humaine est une alternative inteacuteressante pour ameacuteliorer la production animale Par ailleurs il permet ainsi de reacuteduire consideacuterablement les deacutepenses en eacutelevage constitueacutees en grande partie par le coucirct des aliments

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

19

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

bull bull bull bull bull bull

Utilisation des fumures organiques et des engrais dans les strateacutegies de gestion de la fertiliteacute des sols des exploitations agricoles du Moyen-Ouest de la reacutegion

Vakinankaratra et de la zone Est de la reacutegion drsquoItasy Madagascar

RAZAFIMAHATRATRA Hanitriniaina Mamy (FOFIFA) BEacuteLIEgraveRES Jean-Franccedilois (CIRADART-Dev et FOFIFA) RAHARIMALALA Sitrakiniaina (FOFIFAESSA) RANDRIAMIHARY FETRA SAROBIDY Eddy Josephson (FOFIFAESSA) AUTFRAY Patrice

(CIRADAIDA) RAZANAKOTO Onjaherilanto Rakotovao (ESSA) RAHARISON Tahina Solofoniaina (GSDMMontpellier SupAgro)

Introduction

Dans chacun des numeacuteros 8 et 9 du Journal de lrsquoAgroeacutecologie un article preacutesentait

des reacutesultats sur les pratiques de gestion de la fertiliteacute des sols des exploitations agricoles familiales (EAF) obtenus dans le cadre du projet de recherche SECuRE (Soil ECological function REstoration to enhance agrosystem services in rainfed rice cropping systems in agroecological transition) financeacute par la fondation Agropolis Le premier traitait de la diversiteacute et de lrsquoimportance des pratiques dans les EAF le second preacutesentait les quantiteacutes et la qualiteacute des fumures organiques disponibles en lien avec les pratiques de production et drsquoeacutechanges Ce troisiegraveme article est consacreacute agrave lrsquoutilisation des fumures organiques et des engrais acheteacutes une maniegravere de caracteacuteriser en partie tout au moins les strateacutegies de gestion de la fertiliteacute des sols deacuteveloppeacutees par les EAF

bull Parmi les nombreuses pratiques pour une gestion inteacutegreacutee de la fertiliteacute des sols (Sanginga et Woomer 2009 Liniger et al

2011) lrsquoutilisation de fumure organique et drsquoengrais occupe une place preacutepondeacuterante car les effets agrave court et moyen termes sur la productiviteacute des cultures sont importants Lrsquoanalyse des donneacutees collecteacutees1 dans le cadre de Secure permet de caracteacuteriser les pratiques drsquoutilisation de ces intrants (et drsquoune maniegravere plus large de lrsquoensemble des intrants) notamment par rapport aux cultures pratiqueacutees et aux superficies cultiveacutees annuellement Lrsquoarticle est structureacute en trois parties la premiegravere concerne lrsquoacquisition de fertilisants suppleacutementaires avec les engrais commerciaux et les cendres la seconde preacutesente les pratiques quantifieacutees drsquoutilisation de la fertilisation disponible (fumure organique locale cendres et engrais commerciaux) en fonction des cultures enfin la derniegravere partie conclue avec quelques recommandations pour le deacuteveloppement

1 Ces reacutesultats ont eacuteteacute obtenus avec un eacutechantillon drsquoEAF localiseacutees dans le Moyen-Ouest de la reacutegion Vakinankaratra et dans la zone Est de la reacutegion Itasy Pour plus drsquoinformations le lecteur est inviteacute agrave se reporter au ndeg8 de JAE ou sur le site du projet (httpswwwsecuremgle-projet-secure) Il faut rappeler que les reacutesultats sont repreacutesentatifs des fokontany dans les zones drsquoeacutetude car lrsquoeacutechantillonnage des EAF a eacuteteacute fait par tirage au sort

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

20

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

1 Les achats drsquoengrais commerciauxsup2et de cendres

Malgreacute les politiques mises en œuvre depuis des deacutecennies1 les EAF achegravetent peu drsquoengrais chimiques Pour lrsquoensemble de Madagascar au cours des 20 derniegraveres anneacutees la quantiteacute moyenne utiliseacutee varie entre 2 et 6 kg par hectare cultiveacute et par an2

11 Quantiteacutes acheteacutees drsquoengrais commerciaux par EAF et par hectare SAU

Les EAF ont des comportements diffeacuterents selon les zones (tableau 1)

A Mandoto un peu moins drsquoune EAF sur 2 (45) achegravete de lrsquoengrais en faible quantiteacute avec en moyenne 14 kg par an pour un montant moyen de moins de 30 000 Ar Rameneacute agrave lrsquoensemble des EAF de la zone la quantiteacute moyenne acheteacutee est de lrsquoordre de 6 kg par EAF et par an Et quand on ramegravene ces achats drsquoengrais agrave la surface agricole utile (SAU) disponible par EAF on a des valeurs moyennes eacutequivalentes (14 et 6 kgha SAU)

Dans la zone drsquoArivonimamo la consommation drsquoengrais est plus importante 88 des EAF en achegravetent une quantiteacute moyenne de presque 28 kg pour un peu plus de 60 000 Ar ce qui rameneacute agrave lrsquoensemble des EAF fait une moyenne geacuteneacuterale de presque 25 kgEAF Comme la SAU moyenne par EAF est faible les quantiteacutes drsquoengrais disponibles sont de plus de 35 kgha pour les EAF qui en achegravetent et de presque 31 kgha pour lrsquoensemble des EAF

La variabiliteacute est tregraves forte agrave Mandoto et moindre dans la zone drsquoArivonimamo (tableau 1)

Tableau 1 Part des EAF qui achegravetent de lrsquoengrais et quantiteacutes acheteacutees

Mandoto ArivonimamoMoyenne CV Moyenne CV

des EAF qui achegravetent 45 88

Pour les EAF qui achegravetent

Quantiteacute en kgEAF 143 155 279 112

Valeur achat en ArEAF 27 884 153 61 058 117

Quantiteacute par SAU en kgha 140 195 352 101

Pour Quantiteacute en kgEAF 64 257 245 125

Pour lensemble des EAF

Valeur achat en ArEAF 12 490 254 53 707 131

Quantiteacute par SAU en kgha 63 312 309 114

1 On peut simplement rappeler la laquo strateacutegie nationale pour le deacuteveloppement de lrsquoutilisation de lrsquoengrais raquo MAEP 20062 Source httpsdatabankbanquemondialeorghome Ce que Pierre-Bernard et al traduisaient ainsi en 2007 laquo engrais un produit cher et peu utiliseacute raquo agrave Madagascar

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

21

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

On peut srsquoeacutetonner de la faible variation entre la quantiteacute moyenne par EAF et la quantiteacute par SAU agrave Mandoto sachant que dans cette zone la superficie SAU moyenne est de lrsquoordre de 15 ha (voir tableau 2) Ceci provient du fait que les moyennes sont calculeacutees pour les EAF et ne sont pas pondeacutereacutees par les superficies Quand on pondegravere par la superficie la quantiteacute moyenne par hectare SAU pour lrsquoensemble des EAF de Mandoto diminue et passe de 63 agrave 43 kg par hectare On constate la mecircme chose agrave Arivo-nimamo avec la quantiteacute moyenne par hectare SAU qui passe de 309 agrave 271 kgha Ceci signifie que ce ne sont pas les plus grandes EAF (celles qui ont le plus de SAU) qui achegravetent le plus drsquoengrais chimiques Le coefficient de correacutelation entre superficie SAU par EAF et quantiteacute acheteacutee drsquoengrais par hectare est significatif agrave 001 et neacutegatif mais drsquoune valeur faible (-02)

Figure 1 Nuage de point entre SAU par EAF et quantiteacute drsquoengrais par ha de SAU

La Figure 1 ci-contre illustre cela avec les quantiteacutes par hectare SAU (axe vertical) les plus eacuteleveacutees qui correspondent agrave des SAU (axe horizontal) faibles (infeacuterieures agrave 2 hectares) Les EAF de grandes taille (gt2 ha) achegravetent peu drsquoengrais chimiques et en quantiteacute relativement faible par rapport agrave la SAU dont elles disposent On verra plus loin que ce sont des strateacutegies diffeacuterentes de mise en culture (systegraveme de culture) qui expliquent cette situationOn rappellera que 60 des EAF agrave Mandoto et 88 agrave Arivonimamo eacutechangent (achegravetent vendent ou troquent) de la fumure organique (voir JAE ndeg9) et que les pourcentages sont respectivement de 30 et 74 pour les EAF qui achegravetent de la FO Ainsi quand on prend en compte tous les types de fertilisants une

grande majoriteacute des EAF a recours au marcheacute pour acqueacuterir des matiegraveres fertilisantes et geacuterer la fertiliteacute de leurs sols

Enfin par rapport agrave lrsquoutilisation de produits phytosanitaires on observe deux situations diffeacuterentes agrave Mandoto la proportion des EAF qui achegravetent des produits phytosanitaires est de 63 et donc supeacuterieure agrave celles qui achegravetent des engrais commerciaux (45) alors qursquoagrave Arivonimamo dans notre eacutechantillon 75 des EAF utilisent des produits phytosanitaires alors que 88 achegravetent des engrais

12 Types drsquoengrais commerciaux acheteacutes

Les engrais acheteacutes sont essentiellement de type NPK (le plus courant est composeacute de 11 N 22 P2O5 16 K2O) et de lrsquoureacutee (46) ces deux types repreacutesentent en cumuleacute plus de 95 des quantiteacutes agrave Mandoto et 77 agrave Arivonimamo ougrave lrsquoon observe une plus grande diversiteacute (figure 2) en rapport avec une plus grande consommation et aussi drsquoune offre plus importante avec la proximiteacute de la capitale

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

22

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Figure 2 Types dengrais acheteacutes en des quantiteacutes totales

A Arivonimamo le Blaukorn (nom commercial) est bien repreacutesenteacute avec plus de 16 des quantiteacutes Crsquoest un engrais composeacute (NPK) avec drsquoautres eacuteleacutements (magneacutesium soufre bore zinc) laquo agrave action rapide qui assure un effet-starter important raquo notamment sur les cultures maraichegraveres Le DAP (18 N 46 P2O5) est eacutegalement repreacutesenteacute avec 6 des quantiteacutes Les autres produits comme la dolomie (amendement calcaire) et le guano de chauvesouris (Guanomad) riche en phosphates naturels sont tregraves faiblement repreacutesenteacutes (mecircme si Guanomad repreacutesente tout de mecircme un peu plus de 3 dans la zone de Mandoto)

Les prix moyens drsquoachat deacuteclareacutes par les producteurs et pondeacutereacutes par les quantiteacutes diffegraverent peu entre les deux zones (contrairement aux prix de la fumure organique qui sont tregraves diffeacuterents voir JAE ndeg9) Les prix moyens (pour la plupart prix de 2016) sont de 2 100 Arkg pour NPK 1 900 Arkg pour lrsquoureacutee 2 400 Arkg pour le DAP 3 100 Arkg pour le Blaukorn et 1100 Akkg pour le Guanomad

En moyenne une EAF a acheteacute au cours de lrsquoanneacutee pour 12 500 Ar drsquoengrais agrave Mandoto et 54 000 Ar drsquoengrais agrave Arivonimamo Ces montants indiquent un recours tregraves limiteacute aux engrais commerciaux dans les strateacutegies de gestion de la fertiliteacute

13 Le cas particulier des cendres

Les cendres peuvent ecirctre consideacutereacutees comme un engrais ou comme un amendement Elles sont utiliseacutees depuis le deacutebut de lrsquoagriculture pour enrichir les terres cultiveacutees en sels mineacuteraux notamment en potasse et oligo-eacuteleacutements (Poirier et Nuninger 2012) Elles ont un pouvoir alcalinisant et augmentent le pH du sol Elles peuvent ecirctre inteacutegreacutees aux composts ou aux fumiers (voir JAE ndeg9) ou utiliseacutees seules en apport localiseacute ou eacutepandues sur le champ Cette sous partie traite des cendres utiliseacutees directement sur les parcelles

Si la pratique est rare agrave Mandoto (2 des EAF) elle est reacutepandue agrave Arivonimamo ougrave ce sont 19 des EAF qui eacutepandent des cendres acheteacutees Celles-ci proviennent pour lrsquoessentiel des balles de riz utiliseacutees comme eacutenergie pour la fabrication des briques Crsquoest donc le sous-produit drsquoun autre sous-produit agricole (la balle de riz)

Lrsquoeacutevaluation des quantiteacutes en kilogramme est tregraves approximative les producteurs ne connaissant pas les eacutequivalences Les EAF qui eacutepandent directement les cendres ont estimeacute avoir utiliseacute lrsquoanneacutee de lrsquoenquecircte en moyenne environ 250 kgEAF ce qui repreacutesente rameneacute agrave lrsquoensemble des EAF environ 4 kgEAF agrave Mandoto et un peu moins de 50 kg par EAF agrave Arivonimamo

Si les quantiteacutes semblent conseacutequentes (presque le double des quantiteacutes drsquoengrais) la valeur moneacutetaire de ces cendres est faible avec un prix moyen estimeacute entre 30 et 35 Arkilogramme Ainsi les cendres utiliseacutees directement par les EAF sur les cultures repreacutesenteraient une valeur de 8 000 agrave 9 000 Ar pour les EAF qui ont cette pratique et rameneacutees agrave lrsquoensemble des EAF des zones concerneacutees agrave moins de 200 Ar agrave Mandoto et de lrsquoordre de 1 600 Ar agrave Arivonimamo

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

23

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Lrsquoutilisation des cendres directement sur la parcelle sans passer par le compost ou le fumier est une pratique assez courante dans la zone de Arivonimamo Elle participe au recyclage de certains sous-produits et en particulier de la balle de riz utiliseacutee comme combustible pour la fabrication des briques En plus de lrsquoapport en eacuteleacutements fertilisants les cendres ont drsquoautres proprieacuteteacutes selon certains producteurs qui les utilisent dans la lutte contre les ravageurs et les maladies

2 Utilisation de la fumure organique et des engrais commerciaux

Lrsquoenquecircte a permis de collecter les informations neacutecessaires pour reconstituer lrsquoitineacuteraire technique et le budget de culture pour toutes les parcelles cultiveacutees au cours de lrsquoanneacutee agricole enquecircteacutee (201617) soit trois saisons de culture grande saison 201617 saison intermeacutediaire 2017 contre saison 2017 (soit de novembre 2016 agrave octobre 2017) Ainsi les quantiteacutes et la valeur des intrants utiliseacutes pour la fertilisation sont connues par culture et par saison

21 Fertilisation disponible et superficies fertiliseacutees

Le tableau 2 reacutecapitule des quantiteacutes moyennes de matiegraveres fertilisantes disponibles par EAF en additionnant les quantiteacutes de fumure organique (voir JAE ndeg9) et les engrais commerciaux acheteacutes Les EAF de la zone drsquoArivonimamo produisent plus de FO et achegravetent plus drsquoengrais que celles de la zone de Mandoto et en final la disponibiliteacute moyenne en kilogramme est nettement supeacuterieure Rameneacutes agrave la SAU les eacutecarts entre les deux zones augmentent puisque la taille moyenne des EAF de Mandoto est plus grande la quantiteacute disponible par ha SAU va du simple au double

Tableau 2 Quantiteacutes moyennes de fertilisants disponibles par EAF (en kg)

Types de fertilisants Mandoto ArivonimamoFumier 1 676 2 573Compost et autre 458 324Engrais acheteacutes 6 25Cendres acheteacutees 4 48Total (kg) 2 144 2 969SAU (ha) 148 091KgSAU 1 448 3 279S Cultiveacutee en ha 138 113Kg S cultiveacutee 1 558 2 627

apregraves le riz et pour lesquelles la capitale nationale assure des deacuteboucheacutes A Mandoto ce taux de mise en valeur nrsquoest que de 93 avec tregraves peu de cultures maraichegraveres et une part un peu plus importante de jachegraveres avec 11 de la SAU ce qui ne signifie pas qursquoil nrsquoy a pas de jachegravere agrave Arivonimamo ougrave elles repreacutesentent tout de mecircme 8 de la SAU crsquoest lrsquoimportance des cultures maraichegraveres qui impacte le plus le taux de mise en valeur

Il faut rappeler que ces moyennes cachent une grande variabiliteacute Celle-ci a eacuteteacute traiteacutee dans le JAE ndeg9 pour la FO et ci-dessus pour les engrais Crsquoest pourquoi nous nrsquoy reviendrons pas ici la variabiliteacute sera analyseacutee seulement pour lrsquoutilisation

Mais quand on ramegravene ces quantiteacutes disponibles moyennes aux superficies cultiveacutees annuellement lrsquoeacutecart se reacuteduit car dans la zone drsquoArivonimamo les EAF intensifient lrsquoutilisation de la terre avec un taux de mise valeur de 125 (crsquoest-agrave-dire qursquoune parcelle est cultiveacutee une fois en totaliteacute au cours de lrsquoanneacutee agricole et que 25 de sa surface sont cultiveacutes une deuxiegraveme fois) Cette intensification est rendue possible notamment par les productions maraichegraveres que les producteurs cultivent en double culture

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

24

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

La question que lrsquoon peut se poser agrave ce stade est est-ce que ceux qui achegravetent des engrais commerciaux sont ceux qui nrsquoont pas de FO A Mandoto lrsquoanalyse des correacutelations indique qursquoil nrsquoy pas de relation lineacuteaire entre la quantiteacute drsquoengrais acheteacutee et la quantiteacute de fumier produite A Arivonimamo cette relation existe Elle est significative (au seuil de 001) mecircme si le coefficient est faible (03) et surtout elle est positive ce qui indique que ceux qui achegravetent le plus drsquoengrais sont souvent ceux qui produisent le plus de fumier Ainsi il nrsquoy aurait pas un seuil de disponibiliteacute en fumier qui ferait que lrsquoagriculteur ne cherche plus agrave acqueacuterir des engrais consideacuterant qursquoil a assez de matiegraveres fertilisantes La raison des faibles quantiteacutes drsquoengrais acheteacutees est sans doute plus agrave rechercher dans la disponibiliteacute et des contraintes eacuteconomiques

22 Reacutepartition des matiegraveres fertilisantes selon les cultures

Avant de preacutesenter la reacutepartition par culture on peut appreacutecier la part des parcelles et de la superficie selon le type de fertilisation (Tableau 3) Les parcelles et la superficie sans aucun apport agrave Arivonimamo sont moindres (environ un tiers) qursquoagrave Mandoto (41 des parcelles et 52 de la superficie)

Tableau 3 Parts des parcelles et de la superficie selon le type de fertilisation dans les terroirs

ApportsMandoto Arivonimamo

des parcelles

de la surface

des parcelles

de la surface

Sans FO Sans Engrais 41 52 35 33Avec FO seulement 38 33 38 40Avec Engrais seulement 3 2 3 3Avec FO + Engrais 19 13 25 24Ensemble 100 100 100 100

Ainsi mecircme agrave Mandoto plus drsquoune parcelle sur deux reccediloit de la FO et globalement dans les deux terroirs il y a une reacutepartition qui laisse la possibiliteacute pour qursquoune parcelle soit fertiliseacutee plus drsquoune fois tous les deux ans sans preacutejuger ni des doses utiliseacutees ni des cultures privileacutegieacutees Les eacutecarts entre les pourcentages des parcelles et des superficies indiquent qursquoagrave Mandoto ce sont les parcelles en moyenne plus petites qui sont fertiliseacutees ce qui nrsquoest pas le cas agrave Arivonimamo Tregraves rares sont les parcelles qui ne reccediloivent que de lrsquoengrais (quelques parcelles en maraichage mais aussi en riz pluvial et maiumls agrave Mandoto) Ainsi les producteurs qui achegravetent de lrsquoengrais chimique lrsquoutilisent presque toujours sur des parcelles en compleacutement drsquoun apport de fumure organique

Lrsquoutilisation des fertilisants est en lien avec les quantiteacutes disponibles mais aussi les cultures pratiqueacutees Or les exploitations agricoles familiales des deux zones ont des assolements1 sensiblement diffeacuterents comme le montre la premiegravere colonne des deux figures suivantes (Figure 3 et Figure 4) Dans les deux zones le riz irrigueacute de bas-fonds occupe une place importante avec des parts dans lrsquoassolement qui sont relativement proches (29 agrave Mandoto et 32 agrave Arivonimamo) Ainsi mecircme si le Moyen Ouest du Vakinankaratra a la reacuteputation drsquoune zone de cultures pluviales le riz irrigueacute de bas-fonds occupe une place preacutepondeacuterante en terme de superficie (mais aussi en terme de revenu comme on le verra dans le prochain numeacutero de JAE) Les tubercules et les leacutegumineuses occupent agrave peu pregraves la mecircme part de la surface cultiveacutee annuellement dans les deux zones de lrsquoordre de 25 pour les tubercules et 10 pour

1 Ces pourcentages ont eacuteteacute calculeacutes sur la superficie effectivement cultiveacutee crsquoest-agrave-dire sans les jachegraveres Si on integravegre les ja-chegraveres celles-ci repreacutesentent 10 de la surface totale (cultiveacutee + jachegravere) agrave Mandoto et 6 agrave Arivonimamo

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

25

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

les leacutegumineuses mais les espegraveces cultiveacutees sont diffeacuterentes La part des autres cultures est speacutecifique et caracteacuterise la zone

A Mandoto les ceacutereacuteales pluviales occupent pregraves du tiers de la surface (176 en riz pluvial et 15 en maiumls hors jachegravere) Alors qursquoagrave Arivonimamo ces deux cultures occupent seulement 86 de la surface et le maiumls y est vraiment marginal Dans cette zone ce sont les cultures maraichegraveres qui sont importantes avec 224 de la surface Les cultures autres constitueacutees essentiellement par lrsquoagroforesterie avec des fruitiers nrsquoest pas neacutegligeable avec 3 de la surface A Mandoto ces deux types de cultures sont tregraves peu pratiqueacutees (18 de la surface sont consacreacutes aux cultures maraichegraveres et les autres cultures avec 01 sont quasiment inexistantes)

Les donneacutees extrapoleacutees agrave lrsquoensemble des fokontany permettent de connaicirctre sur quelles cultures les matiegraveres fertilisantes disponibles ont eacuteteacute eacutepandues1 Lrsquoeacutechantillon est constitueacute de 2 427 parcelles2 Elles sont plus nombreuses agrave Arivonimamo ougrave lrsquoeacutechantillon drsquoEAF est plus grand mais aussi ougrave la taille moyenne des champs est plus petite et ougrave les doubles cultures sont freacutequentes La deuxiegraveme colonne de chaque figure preacutesente la reacutepartition de la FO (fumier compost et autre matiegraveres organiques) la troisiegraveme colonne est celle des engrais commerciaux Les quantiteacutes disponibles sont diffeacuterentes entre les zones Les pourcentages repreacutesentent la reacutepartition et traduisent la strateacutegie des EAF A Mandoto les EAF privileacutegient le riz pluvial et le maiumls qui reccediloivent 74 de la FO disponible (Figure 3) et 40 des engrais acheteacutes

Figure 3 Reacutepartitions de la superficie cultiveacutee annuellement de la FO et des engrais commerciaux agrave Mandoto

Les autres cultures comme les leacutegumineuses et les tubercules reccediloivent un peu de FO mais le plus souvent parce qursquoelles sont cultiveacutees en association avec du riz pluvial ou du maiumls Le riz irrigueacute qui repreacutesente 29 de la superficie reccediloit moins de 5 de la FO et 14 des engrais Le maraichage pourtant tregraves peu preacutesent (18 des surfaces) reccediloit une part conseacutequente de la FO (54) et surtout des engrais (38 des quantiteacutes disponibles)

Ainsi dans cette zone les producteurs ont une strateacutegie de fertilisation des ceacutereacuteales pluviales sur tanety avec un transfert de fertiliteacute des riziegraveres vers les tanety puisque le fumier integravegre la plus grande partie des pailles du riz des riziegraveres Cette fertilisation profite aussi aux autres cultures pluviales soit avec les associations soit via les rotations qui sont quasiment systeacutematiques en pluvial

1 Les difficulteacutes sont cependant nombreuses et notamment en raison de lrsquoimportance et de la diversiteacute des associations de cultures et des regroupements que nous avons opeacutereacutes pour faciliter la collecte notamment pour le maraichage Nous avons pris lrsquooption comme pour les surfaces de reacutepartir agrave eacutegaliteacute les quantiteacutes entre les diffeacuterentes cultures Ainsi pour une parcelle avec une association riz pluvial et arachide les quantiteacutes drsquointrants ont eacuteteacute reacuteparties pour moitieacute pour le riz pluvial et pour moitieacute pour lrsquoarachide Il en est de mecircme pour une parcelle ougrave ont eacuteteacute regroupeacutees une planche de tomate et une planche drsquooignon alors que peut-ecirctre le producteur avait fait des apports diffeacuterentieacutes2 Au total 2 680 parcelles une fois les parcelles regroupeacutees deacutesagreacutegeacutees On rappellera que les parcelles en jachegravere ne sont pas comprises ici

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

26

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Le riz irrigueacute ne reccediloit pratiquement pas de FO et tregraves peu drsquoengrais avec une strateacutegie drsquoallocation des FO sur les tanety milieu naturellement bien moins fertile que les bas-fonds A Arivonimamo la situation du riz irrigueacute est approximativement la mecircme alors que la surface cultiveacutee repreacutesente 32 cette culture ne reccediloit que 7 de la FO disponible et 4 des engrais Les ceacutereacuteales pluviales sont tregraves peu fertiliseacutees contrairement agrave Mandoto Dans les deux situations les cultures vivriegraveres beacuteneacuteficient des arriegraveres-effets des cultures maraicircchegraveres beaucoup plus fortement fertiliseacutees

Figure 4 Reacutepartitions de la superficie cultiveacutee annuellement de la FO et des engrais commerciaux agrave Arivonimamo

Les cultures privileacutegieacutees sont les cultures maraichegraveres qui reccediloivent 46 de la FO et 77 des engrais mais aussi les tubercules autres que le manioc (patate douce taro et pomme de terre) qui reccediloivent 25 de la FO mais peu drsquoengrais et les leacutegumineuses (haricots) qui reccediloivent un peu plus de FO et drsquoengrais (respectivement 11 et 12) que la part qursquoelles occupent dans lrsquoassolement (9)

Ce sont les cultures exigeantes en fumure mais aussi et surtout fortement commercialiseacutees (maraichage pomme

de terre patate douce taro et haricot) qui reccediloivent lrsquoessentiel de la fertilisation Les rotations permettent aux cultures peu fertiliseacutees de beacuteneacuteficier des arriegraveres effets de la fertilisation des cultures produites drsquoabord pour les marcheacutes Le riz irrigueacute qui nrsquoest pas fertiliseacute beacuteneacutefice des arriegraveres effets des cultures de contre saison sur les riziegraveres

Ainsi les strateacutegies de fertilisation des EAF sont tregraves diffeacuterentes selon les zones en lien avec les cultures produites leur exigence mais surtout en lien avec des objectifs technico-eacuteconomiques et le marcheacute des produits agricoles

23 Les doses apporteacutees

Lrsquoanalyse des quantiteacutes de fumure apporteacutees est faite par culture1 et en tenant compte des associations

A Mandoto (tableau 4) les superficies en culture pure repreacutesentent 71 des parcelles et de la superficie Comme deacutejagrave indiqueacute le riz irrigueacute occupe une place importante mais il est peu fertiliseacute avec seulement 20 des parcelles et 18 de la superficie qui reccediloivent de la fumure organique agrave des doses faibles (moins de 2 tonnes par hectare) et seulement 4 des parcelles reccediloivent de lrsquoengrais (agrave une dose de pregraves de 60 kgha)

1 Seuls les reacutesultats pour les cultures avec un effectif non pondeacutereacute de plus de 15 parcelles sont preacutesenteacutes ici On notera que pour les principales cultures la taille de lrsquoeacutechantillon est conseacutequente

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

27

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Tableau 4 Apports de FO et dengrais sur les cultures cultiveacutees pures agrave Mandoto en (kg)

Cultures pures Nbre de parcelles

Surface ha

Parcelle avec Superficie avec Superficie avec Dose moy FO

en kghaDose moy

Engrais kgha

FO Engrais FO EngraisToutes

les parcelles

Parcelles avec

Toutes les

parcelles

Parcelles avec

Riz bas-fond 242 5834 20 4 18 4 377 1 901 241 5825Riz Pluvial 90 2353 91 37 90 29 4 022 4 415 1011 2677Maiumls 30 646 97 37 98 43 3 923 4 059 1669 4553Manioc 117 3689 8 0 4 0 414 4 843 000 000Autres tuber 19 236 47 47 35 42 3 041 6 420 1857 3920Leacutegumineuses 78 1156 45 18 38 18 1 776 3 958 870 4850Maraichage 112 264 90 61 80 74 31 829 35 296

Les moyennes sont calculeacutees par parcelle et sans pondeacuteration

Crsquoest le manioc qui est le moins fertiliseacute pas drsquoengrais et seulement 4 des parcelles avec de la fumure organique Le riz pluvial et le maiumls sont les cultures pures qui reccediloivent le plus systeacutematiquement de la fumure plus de 90 des parcelles et de la superficie reccediloivent de la FO agrave des doses eacuteleveacutees de plus de 4 tha et 30 agrave 40 des parcelles et de la surface reccediloivent de lrsquoengrais mais agrave des doses qui restent faibles (26 kgha pour le riz pluvial et 45 kgha pour le maiumls) Les autres tubercules reccediloivent engrais et FO mais ce sont essentiellement les pommes de terre Les leacutegumineuses sont eacutegalement fertiliseacutees avec 45 des parcelles qui reccediloivent de la FO et 18 de lrsquoengrais agrave des doses moyennes pour la zone Enfin les cultures maraichegraveres ont eacuteteacute regroupeacutees les parcelles sont nombreuses mais la superficie tregraves petite elles reccediloivent agrave 90 de la FO et agrave 61 des engrais agrave des doses importantes (plus de 30 tha pour la FO)

A Arivonimamo la part des cultures pures est plus importante qursquoagrave Mandoto avec 86 des parcelles et 89 de la superficie Ainsi le nombre de parcelles de lrsquoeacutechantillon est nettement plus important (mais il ne fait pas oublier que lrsquoeacutechantillon compte plus drsquoEAF)

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

28

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Tableau 5 Apports de FO et dengrais sur les cultures cultiveacutees pures agrave Arivonimamo (en kg)

Cultures pures Nbre parcelles

Surface ha

Parcelle avecSuperficie avec Superficie avec Dose moy FO en

kghaDose moy Engrais

kgha

FO Engrais FO Engrais Toutes les parcelles

Parcelles avec

Toutes les parcelles

Parcelles avec

Riz bas-fond 363 6078 39 9 39 8 633 1 643 459 5206

Riz Pluvial 72 1051 83 0 93 0 2 902 3 482 000 000

Maiumls 17 112 94 11 96 9 3 501 3 720 131 2222

Manioc 201 2020 24 1 23 0 1 253 5 249 038 3833

Autres tuber 232 2327 70 5 78 4 4 461 6 350 367 7748

Haricots 61 765 95 65 96 73 4 132 4 346 4824 7545

Autre Leacutegum 46 352 20 0 18 0 779 3 981 000 000

Tomates 90 955 97 95 98 97 7 614 7 877 12791 13543

Haricot verts 132 1088 95 87 96 90 5 079 5 321 8090 9286

Autres Maraich 155 1293 95 76 101 73 4 311 4 546 9126 12089 Les moyennes sont calculeacutees par parcelle et sans pondeacuteration

A Arivonimamo la fertilisation du riz irrigueacute est un peu plus freacutequente avec 39 des parcelles qui reccediloivent de la FO et 9 de lrsquoengrais mais agrave des doses plus faibles qursquoagrave Mandoto 16 tha pour la FO et 52 kgha drsquoengrais La fertilisation du riz irrigueacute nrsquoest pas une prioriteacute pour le plus grand nombre des producteurs Les cultures les moins fertiliseacutees sont le manioc et les leacutegumineuses autres que le haricot avec respectivement 23 et 18 des parcelles seulement qui reccediloivent de la FO et quasiment aucune qui reccediloit de lrsquoengrais Mais de maniegravere assez eacutetonnante les parcelles avec FO reccediloivent des doses assez importantes (plus de 5 tha pour le manioc) certainement en lien avec des strateacutegies de gestion ou de restauration de la fertiliteacute des sols En ce qui concerne la FO toutes les autres cultures sont tregraves freacutequemment fertiliseacutees plus de 90 des parcelles de riz pluvial maiumls haricot et maraichage les autres tubercules le sont agrave pregraves de 80 Et si pour le riz pluvial et le maiumls les doses moyennes sont modestes car infeacuterieures agrave 4 tha elles sont supeacuterieures agrave 4 tha pour les haricots et supeacuterieures agrave 5 tha pour les autres avec notamment pour les tomates un apport de plus de 7 tha Pour les engrais tregraves peu drsquoapports pour le maiumls (6 des parcelles) et pas drsquoapport pour le riz pluvial (observations pour 72 parcelles) Lrsquoengrais est reacuteserveacute au maraichage (plus de 75 des parcelles) et aux haricots (64 des parcelles) Avec des doses moyennes relativement importantes plus de 90 kgha pour les haricots verts 135 kgha pour la tomate et 120 kgha pour les autres cultures maraichegraveres

Ainsi drsquoune maniegravere geacuteneacuterale agrave Arivonimamo lrsquoapport de fertilisants est conseacutequent agrave la fois en termes de parcelles concerneacutees et de doses eacutepandues Riz irrigueacute manioc et leacutegumineuses autres que haricot sont les parents pauvres de la fertilisation mais avec les rotations ces cultures beacuteneacuteficient aussi des apports en particulier pour le riz irrigueacute car une part importante du maraichage est cultiveacutee sur les riziegraveres

Les associations de culture sont plus freacutequentes agrave Mandoto ougrave lrsquoassociation riz pluvial + maiumls domine tregraves largement La superficie avec cette association est eacutequivalente agrave la superficie totale en culture pure Et le maiumls est la culture que lrsquoon associe le plus avec le riz pluvial mais aussi le manioc et les leacutegumineuses Les parcelles avec une association de ces trois cultures ne sont pas rares Les pratiques de fertilisation en culture associeacutee rejoignent celles en culture pure Ainsi 91 des parcelles avec lrsquoassociation riz + maiumls reccediloivent de la FO et 32 de lrsquoengrais cependant les doses de FO sont tregraves infeacuterieures (de 700 kgha alors qursquoen culture pure elles eacutetaient de plus de 4 tha) et il en est de mecircme pour lrsquoengrais

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

29

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Pour les parcelles avec des cultures associeacutees au maiumls un apport en FO est freacutequent (plus de 80 des parcelles pour manioc ou leacutegumineuse et plus de 75 quand il y a les trois cultures) Lrsquoengrais est plus rare et surtout les doses de FO et engrais sont faibles A ce stade on peut eacutemettre lrsquohypothegravese que les EAF qui pratiquent lrsquoassociation sont moins bien doteacutees en matiegravere fertilisante Mais lrsquoanalyse montre que ce nrsquoest pas le cas il existe bien un coefficient de correacutelation neacutegatif entre la quantiteacute de fumure organique disponible au niveau de lrsquoEAF et le pourcentage de culture associeacutees mais il est tregraves faible (-011) et si lrsquoon creacutee des classes de pourcentage de culture associeacutees il nrsquoy a pas de diffeacuterence significative entre les classes pour la dose moyenne de FO Il semble donc que cela soit la pratique qui soit ainsi agrave Mandoto sur des cultures associeacutees (grandes cultures riz maiumls leacutegumineuse ou tubercule) les apports de FO sont moindres que sur les cultures pures

Tableau 6 Apports de FO et dengrais sur les cultures associeacutees les plus freacutequentes (en kg)

District 1Mandoto Nbre parcelles

Surface ha

Parcelle avec Dose moy FO en kgha

Dose moy Engrais kgha

FO Engrais Toutes les parcelles

Parcelles avec

Toutes les parcelles

Parcelles avec

Riz Pluvial + Maiumls 114 2577 91 32 656 719 26 83Mais + Manioc 50 1149 88 2 420 477 01 30Mais + Leacutegumineuse 57 975 84 16 428 508 02 15Mais + Manioc + Leacutegum 24 482 75 13 242 323 02 18Manioc + Leacutegumineuse 24 587 4 0 11 250 00 002 ArivonimamoRiz Pluvial + Maiumls 14 182 86 0 366 427 00 00Mais + Leacutegumineuse 25 228 84 24 188 224 15 62Manioc + Leacutegumineuse 13 126 54 0 280 521 00 00Tubercules + Fruitiers 34 270 62 12 224 363 03 28Autre cult + Fruitiers 90 671 91 52 5 414 255 30 58

Les moyennes sont calculeacutees par parcelle et sans pondeacuteration

A Arivonimamo les cultures associeacutees pour les grandes cultures sont moins importantes en nombre et les superficies sont tregraves petites Mais on peut tirer les mecircmes conclusions que pour Mandoto Ce qui est remarquable dans cette zone crsquoest le nombre de parcelles en agroforesterie avec un meacutelange drsquoarbres fruitiers et de cultures avec plus de 120 parcelles Les cultures sont de tous les types mais beaucoup de cultures maraichegraveres ce qui explique les fortes doses de FO ou drsquoengrais Les fruitiers sont essentiellement des agrumes et sont le reacutesultat drsquoopeacuterations de deacuteveloppement qui ont vulgariseacute la plantation de ces arbres La plupart de ces plantations nrsquoest pas encore en pleine production (trop reacutecentes)

24 Les strateacutegies des EAF pour lrsquoutilisation de la FO disponible

Dans le JAE ndeg 9 nous avions eacutemis lrsquohypothegravese qursquoagrave Arivonimamo il y avait deux types drsquoEAF lrsquoun avec des strateacutegies de fortes disponibiliteacutes en FO soutenues par des ambitions de cultures maraichegraveres et un autre avec des strateacutegies de moindre disponibiliteacute en FO avec des systegravemes de culture plus classiques Pour repreacutesenter les strateacutegies nous avons eacutetabli des classes selon le pourcentage de la FO utiliseacutee sur ceacutereacuteales pluviales et sur cultures commerciales Les reacutesultats sont preacutesenteacutes dans le tableau 8

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

30

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Tableau 7 Reacutepartition des EAF selon des classes de quantiteacutes utiliseacutees de FO

Classes utilisation FO MandotoArivonimamo Arivonimamo

FO utiliseacutes sur ceacutereacuteales pluviales des EA

S cultiveacutee moyenne

(ares)CV des EA

S cultiveacutee moyenne

(ares)CV

lt=25 8 89 72 76 113 7625 agrave 75 18 93 93 20 88 57gt75 74 144 88 4 37 49 FO utiliseacutes sur cultures commercialeslt=25 88 136 91 12 63 7725 agrave 75 9 90 58 42 102 60gt75 3 75 85 46 118 81

Les strateacutegies des EAF vis-agrave-vis de lrsquoutilisation de la FO sont tregraves nettement diffeacuterentes selon les zones comme on lrsquoa deacutejagrave vu la premiegravere partie du tableau montre qursquoagrave Mandoto 74 des EAF mettent plus des frac34 de leur FO disponible sur les parcelles avec ceacutereacuteales pluviales (seules ou associeacutees) et ce sont les EAF avec la plus grande superficie qui font cela Alors qursquoagrave Arivonimamo seules 4 des EAF mettent plus de 75 de leur FO sur des parcelles avec ceacutereacuteales pluviales et ce sont les plus petites EAF (superficie cultiveacutee moyenne de 37 ares) avec certainement des strateacutegies de seacutecuriteacute alimentaire

La deuxiegraveme partie du tableau nous permet de constater qursquoagrave Arivonimamo 46 des EAF mettent plus de 75 de leur FO sur les cultures commerciales (cultures maraichegraveres pomme de terre taro patate douce et haricot) et ces EAF ont en moyenne une superficie cultiveacutee supeacuterieure aux autres Cette classe est importante mais il y a aussi une classe drsquoEAF avec des strateacutegies baseacutees sur une meilleure reacutepartition

A Mandoto les EAF qui mettent plus de 75 de leur FO sur ce type de cultures commerciales (essentiellement le maraichage) sont peu nombreuses (3 des EAF) et ce sont des EAF avec des superficies plus faibles que les autres Ce nrsquoest donc pas la strateacutegie utiliseacutee par les EAF qui ne donnent pas la quasi exclusiviteacute (lt75) de la FO aux ceacutereacuteales pluviales Il existe un groupe drsquoEAF dans les deux zones qui ne donnent pas lrsquoexclusiviteacute de la FO (gt75) aux ceacutereacuteales pluviales agrave Mandoto ou aux cultures commerciales agrave Arivonimamo Ce groupe regroupe 23 des EAF agrave Mandoto et 49 agrave Arivonimamo Ce sont des EAF un peu plus petites que la moyenne de la zone avec une disponibiliteacute en FO infeacuterieure agrave la moyenne de la zone et une reacutepartition de la FO marqueacutee par la strateacutegie dominante de la zone mais avec une reacutepartition plus eacutequilibreacutee et notamment un eacutepandage sur le riz irrigueacute

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

31

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Tableau 8 Les EAF avec une strateacutegie drsquoutilisation de la FO diffeacuterente de la strateacutegie dominante de la zone

EAF Sup moy (ares)

FO (tonnes)

FO sur Ceacutereacuteales Pluviales

FO sur Cuture

commerciales

FO sur Riz irrigueacute

FO sur Autres

cultures

Mandoto 23 94 131 48 21 20 4

Arivonimamo 49 99 223 20 45 16 1

Il existerait ainsi 3 grandes strateacutegies drsquoutilisation de la FO avec agrave Mandoto la quasi exclusiviteacute de la FO sur les ceacutereacuteales pluviales (74 des EAF de la zone) agrave Arivonimamo la quasi exclusiviteacute de la FO sur les cultures commerciales (46 des EAF) et un groupe avec une reacutepartition plus eacutequilibreacutee entre les diffeacuterentes cultures y compris sur le riz irrigueacute

3 Conclusions et implications pour le deacuteveloppement

La gestion de la fertiliteacute des sols dans ces deux reacutegions contrasteacutees des plateaux drsquoaltitude malagasy passe drsquoabord par la production etou lrsquoacquisition de fumure organique il nrsquoy a quasiment aucune EAF sans apport sur au moins une parcelle cultiveacutee1 Les reacutesultats montrent qursquoenviron la moitieacute de la superficie cultiveacutee annuellement reccediloit de la FO agrave Mandoto et plus des deux tiers agrave Arivonimamo Mecircme si les doses potentielles sont en dessous des recommandions avec la rotation des cultures cela signifie que lrsquoensemble du terroir pourrait ecirctre fumeacute plus drsquoune fois tous les deux ans Les riziegraveres quand elles sont cultiveacutees en riz irrigueacute ne reccediloivent que tregraves rarement de la fumure dans ces zones La strateacutegie est lrsquoinverse de ce qursquoon rencontre dans drsquoautres zones qui priorisent les bas-fonds notamment dans les zones des peacuterimegravetres irrigueacutes (Lac Alaotra peacuterimegravetres sur les Hautes terres Ambondromisotrahellip)

Les strateacutegies de gestion de la fertiliteacute des sols sont logiquement de fertiliser en prioriteacute les cultures les plus exigeantes et les plus reacutemuneacuteratrices ceacutereacuteales pluviales agrave Mandoto (riz et maiumls) et les cultures maraichegraveres mais qui sont tregraves marginales dans cette zone cultures pour le marcheacute agrave Arivonimamo maraichage pomme de terre haricots patates douces taros Et pour les producteurs qui achegravetent des engrais commerciaux (essentiellement engrais mineacuteral) la pratique est drsquoassocier aux fumures organiques des compleacutements drsquoengrais et ceci tregraves prioritairement sur les cultures les plus reacutemuneacuteratrices et aussi les plus exigentes A quelques rares exceptions pregraves lrsquoapport drsquoengrais mineacuteral vient toujours compleacuteter un apport de fumure organique et crsquoest pregraves drsquoun quart de la superficie qui reccediloit engrais et FO agrave Arivonimamo et seulement 13 agrave Mandoto

Deux principaux engrais mineacuteraux sont utiliseacutes dans les deux zones le NPK et lrsquoureacutee En reacutealisant les apports au voisinage des plants il y a une concentration des eacuteleacutements nutritifs qui permet agrave la fois drsquooptimiser leur utilisation et de deacutevelopper des synergies entre produits organiques et mineacuteraux Cette efficience des ressources garantie par une compleacutementariteacute des apports incluant une base organique avec un compleacutement mineacuteral a deacutejagrave eacuteteacute releveacutee dans de nombreuses autres situations tropicales (Bekunda et al 1997) Drsquoautres eacutetudes sur ces mecircmes zones mettent en eacutevidence que la majoriteacute des fumures organiques utiliseacutees preacutesentent certaines deacuteficiences en eacuteleacutements majeurs comme le N et le P et que lrsquoutilisation des engrais de synthegravese est susceptible de lever (Ben Naacircmane et al 2020 notre article dans le JAE preacuteceacutedent) Cette pratique est donc agrave encourager notamment agrave travers des messages

1 Dans notre eacutechantillon seules 2 EAF nrsquoont pas apporteacute de FO lrsquoune extrecircmement petite (moins de 5 are de SAU) agrave Arivonimamo et tregraves pauvre qui a vendu sa FO une autre agrave Mandoto qui prend en meacutetayage la terre qursquoil cultive

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

32

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

de vulgarisation adapteacutes et compleacutementaires des messages laquo classiques raquo qui procircnent des doses importantes drsquoengrais

Lrsquoanalyse compareacutee des deux zones montre des diffeacuterences dans le recours aux engrais de synthegravese avec agrave Arivonimamo une quasi geacuteneacuteralisation de lrsquoengrais (pregraves de 90 des EAF) et une utilisation moyenne de 30 kg par ha de SAU plus freacutequemment sur les cultures maraichegraveres et presque toujours en compleacutement de la fumure organique contre environ une exploitation sur deux agrave Mandoto et une utilisation de 6 kg par ha Sur ce premier site une plus grande diversiteacute drsquoengrais et une utilisation plus importante de cendres sous-produit de briqueteries sont releveacutees Eacutegalement une strateacutegie drsquoallocation de ressources diffeacuterencieacutee apparaicirct tregraves clairement au niveau des fumures organiques sur le riz de bas-fonds beaucoup plus amendeacute agrave Arivonimamo car cette ressource est agrave la fois moins limitante et mieux valoriseacutee par les cultures maraicircchegraveres A Mandoto la fumure organique est moins disponible et moins valorisable autrement que par les ceacutereacuteales pluviales aussi moins indispensable pour la productiviteacute de ces cultures et est beaucoup mieux valoriseacutee sur le domaine pluvial sans laquelle aucune mise en valeur de culture exigeante ne serait envisageable Ainsi la recherche doit affiner ses connaissances agrave lrsquoeacutechelle du systegraveme de culture pour mieux eacutevaluer performances et durabiliteacute agrave court et long termes et accompagner lrsquointensification eacutecologique promue par divers opeacuterateurs de deacuteveloppement agricoles (notamment ONG de deacuteveloppement)

Cette communication plaide encore une fois pour une bonne compreacutehension des EAF de leur fonctionnement et de leurs strateacutegies avant de proposer des ameacuteliorations adapteacutees La fertilisation telle que pratiqueacutee par les producteurs est un acquis important pour comprendre la durabiliteacute de lrsquoagriculture familiale et pour renforcer la durabiliteacute des EAF Cela montre agrave la fois la techniciteacute des paysans leur connaissance des intrants existants et de leur utilisation Les propositions drsquoinnovations pour le deacuteveloppement doivent srsquoappuyer sur lrsquoexistant contrairement agrave

ce qui est souvent fait (Razanakoto et al 2018) Drsquoabord les orientations vont certainement vers des techniques qui permettent drsquoaugmenter la fumure organique disponible en quantiteacute et en qualiteacute (eacutetable ameacutelioreacutee compostage lombricompost etc) notamment avec des matiegraveres premiegraveres disponibles localement plutocirct que sur la base drsquoachats Les agriculteurs investissent moins en moneacutetaire et optent pour une strateacutegie drsquointensification en main drsquoœuvre (ce qui est le cas pour les systegravemes de compostage) Ensuite il est important de mieux valoriser ces diffeacuterents types de fertilisation agrave travers des combinaisons de pratiques

Ce dont il faut ecirctre sucircr crsquoest que les producteurs dans leur tregraves grande majoriteacute deacuteveloppent des strateacutegies de gestion de la fertiliteacute des sols et les adaptent sur la base de leurs connaissances et savoir-faire et en fonction des conditions biophysiques et de lrsquoenvironnement socioeacuteconomique Si les conditions eacuteconomiques sont favorables (deacuteboucheacutes prix suffisamment reacutemuneacuterateurs) ils ont recours aux engrais commerciaux comme le montre cette eacutetude mais aussi drsquoautres (voir par exemple en zone peacuteriurbaine drsquoAntananarivo NDienor et al 2011) Or le plus souvent dans les actions de deacuteveloppement et les propositions techniques les fertilisations sont proposeacutees par filiegravere comme une sorte de manuel technique (fiche technique par filiegravere) et reacutefleacutechies par rapport aux besoins propres de la plante cibleacutee Ces propositions vont ainsi agrave lrsquoencontre des strateacutegies paysannes et leur diffusion reste mitigeacutee

Enfin dans les propositions actuelles pour le deacuteveloppement rizicole notamment sur bas-fonds les acteurs de deacuteveloppement misent sur une intensification rizicole de type reacutevolution verte (semences ameacutelioreacutees voire hybrides avec des doses importantes drsquoengrais acheteacute) Les donneacutees montrent que les strateacutegies des paysans integravegrent les rotations avec le riz et les investissements en fertilisation se passent autrement (cultures de contre saison autres cultures) Les deacutepenses en semences et surtout si on enlegraveve la valorisation de lrsquoautoproduction restent tregraves faibles Ces

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

33

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

propositions techniques srsquoeacuteloignent encore une fois des strateacutegies paysannes

Mais cette analyse des strateacutegies drsquoutilisation des fertilisants dans la gestion de la fertiliteacute des sols reste encore incomplegravete car si les aspects techniques (quantiteacutes et modaliteacutes) ont eacuteteacute traiteacutes les aspects eacuteconomiques ne lrsquoont pas eacuteteacute Cela sera le thegraveme du prochain et dernier article qui mettra en relation les pratiques de gestion de la fertiliteacute et les performances notamment en terme de marge brute aux niveaux parcelles et cultures et de revenu au niveau EAF

BIBLIOGRAPHIE

Bekunda MA Bationo A Ssali H 1997 Soil fertility management in Africa a review of selecterd research trials In Replenishing Soil Fertility in Africa SSSA Special Publication Nomber 51 63-79

Ben Naacircmane CK Autfray P Audouin S Beacuteliegraveres JF Blanchart E Razafimahatratra M Razanakoto OR Salgado P 2020 Gestion compareacutee de la fertiliteacute au niveau des exploitations agricoles familiales du Moyen-Ouest de la reacutegion Vakinankaratra et des Hautes-Terres de la reacutegion Itasy agrave Madagascar Projet Secure 24 p httpswwwsecuremgsitesdefaultfiles2020-04Livret_Secure_2020pdf

Liniger H Mekdaschi Studer R Hauert C et Gurtner M 2011 La pratique de la gestion durable des terres Directives et bonnes pratiques pour lrsquoAfrique subsaharienne WOCAT FAO TerrAfrica Rome (Italie) 243 p httpwwwfaoorg3i1861fi1861fpdf

MAEP 2006 Strateacutegie nationale pour le deacuteveloppement de lrsquoutilisation de lrsquoengrais Ministegravere de lAgriculture de lElevage et de la Pecircche Antananarivo Mai 2006 48 p + annexes p httpwwwmpaegovmgcommunicationwp-contentuploadssites2201611strategie_dvlpt_utilisation_engrais_1pdf

NDieacutenor M Aubry C et Rabeharisoa L 2011 Strateacutegies de construction de la fertiliteacute des terres par les agriculteurs dans les systegravemes maraicircchers peacuteriurbains dAntananarivo (Madagascar) Cahiers Agricultures Vol 20 No 4 (2011) doihttpsdoiorg101684agr20110497

Poirier N et Nuninger L 2012 Techniques damendement agraire et teacutemoins mateacuteriels Pour une approche archeacuteologique des espaces agraires anciens Histoire amp Socieacuteteacutes Rurales 38 (2) 11-50 doi103917hsr0380011

Pierre-Bernard A Ramboarison R Randrianarison L et Rondro-Harisoa L 2007 Les implications structurelles de la libeacuteralisation sur lrsquoagriculture et le deacuteveloppement rural Programme Ruralstruc Madagascar Phase I EPP PADR APB Consulting Antananarivo Janvier 2007 303 p httpdocumentsbanquemondialeorgcuratedfr 184371468091191021pdf779810WP0madag00250for0the0abstractpdf

Razanakoto O Razafindraibe R Andriamananjara A Razafimanantsoa M-P Rakotoson T Smolders E et Rabeharisoa L 2018 Failures in agricultural innovation due to poor understanding of farmersrsquo predispositions Development in Practice 28 (5) 691-704 doi1010800961452420181471124

Sanginga N et Woomer P L (Ed) 2009 Integrated Soil Fertility Management in Africa Principles Practices and Developmental Process Nairobi (Kenya) Tropical Soil Biology and Fertility Institute of the International Centre for Tropical Agriculture 263 p

Leacutetude a eacuteteacute reacutealiseacutee dans le cadre du projet SECuRE

(Soil ecological function resto-ration to enhance agrosystem ser-vices in rainfed rice cropping sys-tems in agroecological transition) financeacute par Agropolis Foundation sous la reacutefeacuterence ID 1605-007 agrave travers le programme Investisse-ments dAvenir (Labex Agro ANR-10-LABX-0001-01) dans le cadre du I-SITE MUSE (ANR-16-IDEX-0006)

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

34

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Lucien Seacuteguy 1944-2020 agronome du geacutenie veacutegeacutetal

Premiers pas

Lucien Seacuteguy est neacute dans une famille de petits paysans du nord Dordogne fiers de leurs racines et durs agrave la tacircche Il sera le

seul de sa fratrie de quatre fregraveres et sœurs agrave acceacuteder agrave lrsquouniversiteacute Diplocircme drsquoingeacutenieur agronome de lrsquoENSA Toulouse en poche suivi drsquoune speacutecialisation en peacutedologie agrave lrsquoORSTOM (ex IRDhellip) de Bondy il eacutepouse Jacqueline qui lrsquoaccompagnera durant toute sa carriegravere Son service civil se deacuteroule au Seacuteneacutegal de 1967 agrave 1969 agrave la grande station IRAT (Institut de Recherche Agronomique Tropicale) de Bambey il preacutefegravere une affectation en brousse Sefa Il y refait une carte peacutedologique et srsquoattaque agrave lrsquoameacutelioration du travail du sol en traction animale des riziegraveres de Casamance

En 1969 lrsquoIRAT lrsquoaffecte dans lrsquoOuest Cameroun agrave Dschang ougrave il monte et accompagne des projets rizicoles sur les plaines des MrsquoBos et de NrsquoDop Il y conduit des travaux sur les systegravemes de culture et lrsquoameacutelioration varieacutetale du riz pluvial et irrigueacute Ses analyses des interactions entre geacutenotype et environnement soulignant lrsquoinfluence majeure de la fertiliteacute des sols sur les attaques de pyriculariose le font remarquer et sont toujours citeacutees

Ses travaux et reacutealisations alliant recherche et deacuteveloppement interpellent des responsables de la recherche agronomique breacutesilienne et fin 1977 il devient le premier expert IRAT en poste au Breacutesil affecteacute aupregraves de LrsquoEMAPA de lrsquoeacutetat du Maranhatildeo Il travaillera au Breacutesil jusqursquoagrave sa retraite en 2009 et au-delagrave De 1977 agrave 1982 il monte avec lrsquoaide de Serge Bouzinac des eacutetudes sur la culture du riz pluvial pour chez et avec des petits paysans sans terre Les systegravemes de deacutefriche-brucirclis manuelle sur ces savanes secondaires agrave Palmiers Babaccedilu sont compareacutes agrave des systegravemes en traction animale Immeacutediatement abandonneacutes en raison des eacuterosions catastrophiques qursquoils induisent Premier signal sur la neacutecessiteacute du semis direct dans ces eacutecologies tropicales Mais Lucien et Serge sont informeacutes que leurs activiteacutes avec les sans terres du Nordeste ne sont pas du goucirct de tous Dans ces reacutegions du Breacutesil agrave cette eacutepoque le message est sans ambiguiumlteacute il faut partir vite LrsquoEMBRAPA - CNPAF (Centre National Riz amp Haricot) de Goiacircnia inteacuteresseacute par leurs reacutesultats les accueille

1982 nouveau milieu donc Les Cerrados du Centre Ouest breacutesilien (Mato Grosso Goiaacutes Tocantinshellip) un biome de savanes arboreacutees plus de 200 millions drsquohectares sur lequel avance un irreacutepressible front pionnier drsquoeacutelevage extensif et drsquoagriculture meacutecaniseacutee Des sols lateacuteritiques acides vides de nutrimentshellip longtemps consideacutereacutes comme impropres agrave toute forme drsquoagriculture rentable Peu importe la conquecircte de la terre est en marche deacutefriche riz pluvial monoculture de soja sur travail du sol simplifieacute avec des outils agrave disques hellip semelle de labour eacuterosion Une deacutevastation agrave eacutechelle industrielle Le diagnostic est vite poseacute les premiegraveres recommandations simples adapteacutees suivent combiner rotation de cultures commerciales (sojariz sojamaiumls) et succession annuelle ougrave agrave la culture commerciale succegravede une safrinha secondaire (maiumls sorgho ou mil) avec des preacuteparations de sols profondes (labour dresseacute aux socs scarification avec des outils agrave dents) Ces systegravemes de travail du sol profond ont du succegraves et sont tregraves largement diffuseacutes Mais lrsquoavegravenement du Semis Direct dans les reacutegions subtropicales du sud du Breacutesil va venir changer le paradigme des travaux de Lucien et Serge

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

35

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Lrsquoinvention le Semis direct sur Couverture Veacutegeacutetal (SCV) en milieu tropical

1984 visite agrave la Coopeacuterative laitiegravere centrale du Paranaacute agrave

1984 visite agrave la Coopeacuterative laitiegravere centrale du Paranaacute agrave Carambeiacute reacutegion des Campos Gerais premiers eacutechanges avec les agronomes Hans Peeten Josueacute Nelson Pavei hellip et les agriculteurs Nonocirc Perereira et Franke Dijkstra pionniers du semis direct dans cette reacutegion du Sud

1985 un producteur eacuteclaireacute du Mato Grosso Munefumi Matsubara leur ouvre grand les portes de sa fazenda hellip et sa bourse Des alternatives en semis direct sont rigoureusement compareacutees aux systegravemes avec travail du sol profond ou superficiel Au cours de ces cinq anneacutees deacutecisives les

systegravemes en semis direct sont plus productifs et rentables que les systegravemes conventionnels ils sont aussi et avant tout les seuls agrave permettre une augmentation de plus de 20 des teneurs de matiegravere organique des sols Les systegravemes sous couvert veacutegeacutetal (SCV) sont lanceacutes des eacutetapes cruciales sont franchies avec lrsquoinsertion en succession en association des cultures commerciales drsquoespegraveces telles que le sorgho mil les crotalaires le Brachiariahellip qui produisent de fortes biomasses valorisant des pluies marginales et surtout lrsquoeau du sol Les principes techniques des systegravemes SCV permettant de respecter les lois de fonctionnement des agroeacutecosystegravemes tropicaux sont poseacutes formaliseacutes dans des documents scientifiques et didactiques Lrsquoanalogie centrale avec le fonctionnement drsquoun eacutecosystegraveme forestier tropical se nourrissant sur lui-mecircme dans des recyclages continus entre biomasses vivantes et mortes gracircce agrave lrsquoactiviteacute biologiques des sols offre un cadre feacutecond agrave la creacuteativiteacute agronomique de Lucien Seacuteguy Les couverts veacutegeacutetaux se preacutesentent comme des pompes biologiques recyclant les eacuteleacutements mineacuteraux proteacutegeant le sol des pluies tropicales preacuteservant une tempeacuterature optimale pour lrsquoactiviteacute biologique et lrsquoabsorption racinaire hellip tout le contraire des sols mis agrave nu par le labour ou des techniques culturales simplifieacutees incompatibles avec une gestion durable de la ressource sol

Ces travaux sont conduits via de multiples partenariats en interaction avec une diffusion active de ses reacutesultats par les fondations et associations de producteurs Avant lrsquoan 2000 les SCV couvrent deacutejagrave -et ont sauveacute- des millions drsquohectares de terres agricoles dans les eacutetats de Goias Mato Grosso Tocantins Maranhatildeo Piauiuml hellip recoupant une vaste diversiteacute peacutedoclimatique tropicale dans laquelle les SCV se diversifient Ils inventent de nouvelles alternatives sur des couvertures veacutegeacutetales maintenues vivantes sous la culture encore plus efficientes comme le soja sur couvert permanent de chiendent ( Cynodon dactylon) ou le maiumls sur arachide peacuterenne ( Arachis pintoiuml) Avec le groupe Maeda les SCV sont adapteacutes agrave la culture cotonniegravere le preacutealable agrave son essor rapide dans le Mato Grosso

En parallegravele ils deacuteveloppent avec James Taillebois un seacutelectionneur du CIRAD un programme de seacutelection geacuteneacutetique de riz avec pour objectif premier drsquoeacutelargir lrsquoadaptabiliteacute des varieacuteteacutes creacuteeacutees et leurs toleacuterances aux maladies fongiques en seacutelectionnant en conditions pluviales de lrsquoeacutequateur jusqursquoau subtropical des croisements entre pools drsquoorigines pluviales et irrigueacutees Ces varieacuteteacutes vont voyager dans de nombreux pays tropicaux et subtropicaux faisant montre de leur grande plasticiteacute qursquoelles tirent de leur base geacuteneacutetique et des systegravemes SCV dans et pour lesquelles elles sont seacutelectionneacutees

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

36

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Lucien et Serge ont inspireacute des milliers drsquoagriculteurs agronomes et chercheurs breacutesiliens sur la base de leurs travaux preacutecurseurs et visionnaires sur les systegravemes sous couvert veacutegeacutetal pour les eacutecologies tropicales du Breacutesil Ils ont accueilli des visites de tous pays et continents se faisant les premiers et les meilleurs ambassadeurs des SCV du Breacutesil

Informer et former le monde

A partir de 1984 et jusqursquoagrave sa retraite Lucien reacutealise tous les ans des missions drsquoappui aupregraves de collegravegues chercheurs agronomes et de projets de deacuteveloppement publics et priveacutes dans de nombreux pays tropicaux drsquoAfrique drsquoAsie du Sud-Est Madagascar icircle continent aux innombrables eacutecosystegravemes tropicaux sera gracircce aux partenariats tisseacutes et aux financements de nombreux projets par lrsquoAgence Franccedilaise de Deacuteveloppement (AFD) une antichambre pour les petites paysanneries de ces techniques neacutees dans les dynamiques agro-industrielles du Breacutesil Drsquoautres projets suivront principalement sur financements de lrsquoAFD en Cocircte drsquoIvoire Gabon Cameroun Seacuteneacutegal Tunisie Vietnam Laos Cambodgehellip permettant de deacutecliner les

principes des SCV en pratiques adapteacutees aux conditions sociales drsquoagricultures familiales parmi les plusdeacutemunies de la planegravete Avec le Pr Joatildeo Carlos Saacute de lrsquoUniversiteacute de Ponta Grossa (Parana Breacutesil) ils organiseront toujours gracircce aux financements de lrsquoAFD de 2006 agrave 2011 six eacuteditions drsquoune formation internationale sur les SCV et la dynamique de matiegravere organique du sol rassemblant plus de 90 agronomes vulgarisateurs et chercheurs travaillant en partenariat avec le CIRAD dans plus de 13 pays du Sud Tous ces pays et drsquoautres ne peuvent plus ignorer cette information clef pour lrsquohumaniteacute on sait doreacutenavant faire pousser sous les tropiques les grandes cultures annuelles pluviales de faccedilon durable rentable et accessible Un nouveau pilier est disponible pour renforcer la seacutecuriteacute alimentaire mondiale et lrsquoautonomie des pays du Sud En 2009 agrave sa retraite du Cirad il poursuit ses appuis agrave travers la planegravete aupregraves des acteurs convaincus par la pertinence des voies agronomiques qursquoil continue drsquoouvrir Des reacuteseaux se montent qursquoil anime partageant sa vision ses ideacutees sa creacuteativiteacute et son humour A lrsquoinvitation drsquoun agronome du Queacutebec Louis Peacuterusse il se lance dans lrsquoadaptation des SCV aux conditions continentales ils remettent agrave lrsquohonneur les bleacutes drsquohiver semeacutes agrave la voleacutee dans le soja trois semaines avant la reacutecolte gagnant un mois de croissance avant lrsquohiver et avanccedilant la reacutecolte drsquoun mois Ce calendrier profondeacutement remanieacute par rapport aux scheacutemas baseacutes exclusivement sur les cultures de printemps ouvre une fenecirctre pour implanter agrave la voleacutee dans les bleacutes murissant des meacutelanges de plantes de couverture Ces derniers apportent alors ici comme partout de faccedilon inteacutegreacutee par et pour le biologique recharge en matiegravere organique et de multiples fonctions eacutecosysteacutemiques telles que la fixation azoteacutee par les leacutegumineuses la stimulation de fonctions microbiennes symbiotiques et non symbiotiques la creacuteation et lrsquoentretien drsquoune forte macroporositeacute par les effets combineacutes de puissants systegravemes racinaires et la stimulation drsquoune forte activiteacute des vers de terre le controcircle des adventices par la couverture du solhellip

Au Sud du Breacutesil dans les Eacutetats de Santa Catarina et du Rio Grande do Sul il travaille avec de jeunes agronomes breacutesiliens agrave la conception et agrave la diffusion sur des centaines de milliers drsquohectares des couverts multifonctionnels agrave base de meacutelanges complexes composeacutes de 10 espegraveces et plus Il est inviteacute en 2009 en Argentine et en Uruguay par Jean Waymel agriculteur drsquoorigine franccedilaise avec qui il deacuteveloppe des SCV diversifieacutes inteacutegrant le semis agrave la voleacutee sur couvert veacutegeacutetal y compris de culture agrave grosses graines comme le soja

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

37

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Ces techniques pratiqueacutees agrave tregraves grande eacutechelle accroissent les vitesses drsquoimplantation des cultures et la reacutesilience des systegravemes de production dans un climat de plus en plus variable

Sa passion pour la diversiteacute veacutegeacutetale ses talents de naturaliste lrsquoont ameneacute agrave explorer inlassablement de nombreuses espegraveces veacutegeacutetales tempeacutereacutees et tropicales agrave proposer des meacutelanges de plus en plus efficaces alliant cultures annuelles et peacuterennes et aux fonctionnaliteacutes et morphologies aeacuteriennes et racinaires diversifieacutees le cœur des SCV

Mecircme en France

Il initie eacutegalement degraves le milieu des anneacutees 1990 des eacutechanges avec quelques agriculteurs franccedilais en meacutetropole et plus tard dans des deacutepartements et territoires drsquoOutre-Mer (Reacuteunion Antilles Nouvelle Caleacutedonie)

Avec ces pionniers des SCV en France [1] il expeacuterimente dans des eacutecologies aussi diverses que les rives et coteaux de la Loire la Champagne berrichonne les collines du Gers la Camargue les versants de la Montagne Peleacuteehellip dans des systegravemes ceacutereacutealiers de polyculture eacutelevage des bananeraies en conditions pluviales ou irrigueacutees

Quelles espegraveces et associations drsquoespegraveces pour les couverts drsquohiver drsquoeacuteteacute en fonction des conditions de milieuxhellip Comment les semer dans les diffeacuterentes cultures en deacuterobeacutee en succession agrave quelle date agrave quelle dosehellip Ce savoir-faire et ces connaissances sont agrave deacutefricher et organiser par des essais Tous ces agriculteurs rallongent diversifient leurs rotations integravegrent des leacutegumineuses via les cultures (pois drsquohiver de printemps sojahellip) et les couverts eacuteventuellement fourragers (vesce feacuteverole gesse tregravefleshellip) Les fermes drsquoeacutelevage conquiegraverent par-lagrave leur autonomie en proteacuteines Aux techniques de couvertures mortes tueacutees avant semis de la culture viennent ici aussi srsquoajouter des couverts vivants de luzerne sur argilo-calcaire de tregravefle ou de lotier sur les sols plus acides ou hydromorphes faisant encore gagner en coucirct et en flexibiliteacute face aux aleacuteas du climat et des marcheacutes

Ils testent et mettent en commun les acquis sur leurs fonds propres un reacuteseau se coopte pour avancer Lucien lrsquoanime en structurant les essais et en maintenant le cap agrologique des SCV mecircme quand les reacutesultats escompteacutes ne sont pas immeacutediatement au rendez-vous

Les SCV de mieux en mieux maicirctriseacutes integravegrent progressivement lrsquoensemble des terres cultiveacutees sur ces fermes remaniant profondeacutement leur systegraveme drsquoexploitation Les parcs mateacuteriels se simplifient les grosses puissances de traction pour les preacuteparations de sol nrsquoont plus lieu drsquoecirctre Il faut aussi ecirctre autonome pour ses productions de semences de couverts la leacutegislation interdisant dons eacutechanges ou ventes entre agriculteurs mecircme pour des espegraveces et varieacuteteacutes libres de droit drsquoobtenteurs ou plus disponibles sur le marcheacute les semences commerciales ne sont pas forceacutement optimales pour les systegravemes et restent oneacutereuses utiliseacutees agrave bonne dose

Plus aucune de ces fermes nrsquoutilise drsquoinsecticides que ce soit en foliaire au sol ou en traitement de semences sur quelques cultures que ce soient ni drsquoanti-limaces Des fongicides ne sont appliqueacutes qursquoexceptionnellement sur les ceacutereacuteales agrave paille et colza au quart ou agrave la moitieacute des doses preacuteconiseacutees lorsque des conditions climatiques propices au deacuteveloppement des champignons pathogegravenes surviennent agrave un stade critique de ces cultures Les herbicides demeurent agrave faible dose principalement

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

38

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

pour le controcircle des couverts Les apports drsquoazote mineacuteral sur ceacutereacuteales agrave paille et maiumls diminuent progressivement pour atteindre 10 agrave 12 uniteacutes par tonne de grains une efficience quasi doubleacutee en comparaison des exploitations avoisinantes Toutes ces fermes qui pratiquent les SCV depuis plus de 15 ans obtiennent les meilleures performances techniques (rendement qualiteacute nutritive et sanitaire des grains) dans leurs reacutegions respectives elles ont dans le mecircme temps reacuteduit leurs charges en intrant et carburant de 39 par rapport agrave des itineacuteraires dits raisonneacutes (travail du sol simplifieacute dose drsquointrants modeacutereacutee) agrave 58 par rapport agrave des reacutefeacuterences ayant recours au travail du sol conventionnel et aux pleines doses drsquointrants

Sur tous ces reacutesultats Lucien communique beaucoup avec fougue et passion hellip mecircme si apregraves une vie au contact des acteurs du deacuteveloppement et de la recherche au Breacutesil lrsquoinertie parfois bavarde et suffisante de lrsquoagriculture franccedilaise ne cesse de le surprendre au vue de la crise dans laquelle se deacutebat une immense majoriteacute de producteurs et lrsquoeacutetat geacuteneacuteral de nos sols

Quels enseignements pour lrsquoavenir de notre agriculture

Il y a tant agrave retenir de ce parcours immense pour qui voudrait continuer le travail de Lucien Seacuteguy sur les chemins du deacuteveloppement et de la connaissance des CV agrave travers le monde

Pratiquer les SCV crsquoest vouloir orchestrer la transformation des milieux que lrsquoon cultive par et pour la puissance du veacutegeacutetal Crsquoest penser et organiser des flux puissants de biomasses continu lrsquoeacutenergie solaire par les plantes et la vie du sol Nous savons aujourdrsquohui que cela neacutecessite de maintenir les sols couverts en permanence de mobiliser une grande diversiteacute veacutegeacutetale diversifieacutees pour capter stocker et restituer en au sein des rotations via des couverts multi-speacutecifiques et de reacuteussir

agrave abandonner toute forme de travail du sol Ce dernier point est tregraves deacutebattu peut-ecirctre car il est le symbole le plus embleacutematique drsquoun changement de modegravele radical sucircrement parce qursquoil est celui qui pose le plus de problegravemes de mise en oeuvre dans les phases de transition et pour certaines cultures pour lesquelles des reacutefeacuterentiels techniques solides manquent encore Il est pourtant celui pour lequel la connaissance scientifique est la plus solidement eacutetablie travailler le sol mecircme de faccedilon superficielle et eacutepisodique nuit partout que lrsquoon soit dans la Niegravevre au Queacutebec ou au cœur du Mato Grosso agrave la vie du sol et aux capaciteacutes de stockage et de restitution de lrsquoeacutenergie qursquoelle construit Travailler le sol crsquoest se condamner agrave faire un travail de Peacuteneacutelope toujours deacute faire dans la nuit du sol ce que les plantes photosyntheacutetis(s)ent le jour Crsquoest se condamner agrave rester dans un entre-deux technique agrave se couper drsquoune effectiviteacute pleine entiegravere et continue des processus naturels qui viennent organiser la fertiliteacute des sols et contribuer au controcircle des bio-agresseurs de nos cultures Crsquoest par le respect de ces 3 principes pratiques des SCV que les apports importants et continus de matiegravere organique nourrissent une biodiversiteacute microbienne et inverteacutebreacutee de plus en plus riche complexe et foisonnante et que peuvent srsquoauto-organiser nos sols cultiveacutes

Deacutevelopper des systegravemes de culture et de production en SCV requiert tout drsquoabord drsquoabandonner lrsquoideacutee de recette applicable pour se lancer dans lrsquoexploration libre mais meacutethodique drsquoun immense champ de possibles Cela demande drsquoimaginer et apprendre agrave mener des rotations reacutepondant agrave nos objectifs de

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

39

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

production ougrave cultures et couverts veacutegeacutetaux se relaient pour tendre vers des sols couverts 365 jours sur 365 Cela demande aussi au deacutebut de lrsquoaudace pour rompre les amarres avec le confort rassurant des pratiques conventionnelles institueacutees Crsquoest accepter drsquoen passer par des deacutecisions contraires agrave ce que lrsquoon nous a appris agrave ce que lrsquoon nous recommande Crsquoest refuser de voir un salut dans la laquo high tech raquo preacutetendument reacutevolutionnaire que lrsquoon impose agrave des agriculteurs surendetteacutes pour oser la complexiteacute du vivant et lrsquoautonomie Crsquoest entrer pour la premiegravere fois avec le semoir dans un laquo gros raquo couvert veacutegeacutetal plus tard preacutefeacuterer semer agrave la voleacutee dans des couverts vivants ou par-dessus des cultures murissantes hellip en se demandant tout de mecircme pour une fois agrave lrsquounisson avec les voisins si lrsquoon nrsquoest pas devenu un peu dingo Crsquoest aussi se retenir de faire cet insecticide en acceptant lrsquoideacutee qursquoil y a plus agrave terme agrave y perdre qursquoagrave y gagner preacutefeacuterer nourrir des ravageurs en les leurrant plutocirct que de les tuer et renoncer agrave leurs ennemis naturels etc Toutes ces remises en questions des pratiques courantes dissolvent lrsquoun apregraves lrsquoautre les repegraveres en vigueur et srsquoapparentent au franchissement drsquoun miroir derriegravere lequel se cueillent les beacuteneacutefices que nous servent les processus naturels activeacutes un miroir derriegravere lequel aussi les systegravemes avec travail du sol apparaissent pour ce qursquoils sont absurdes et contre-nature Cette transformation de nos faccedilons de cultiver nous a transformeacute autant que nos sols et nos exploitations et pourtant nous sommes conscients drsquoecirctre agrave lrsquooreacutee drsquoun immense territoire que nous commenccedilons agrave peine agrave explorer source de confiance en lrsquoavenir et drsquoune humiliteacute heureuse Lucien Seacuteguy voulait avancer sans relacircche dans ce territoire de la biodiversiteacute et du geacutenie veacutegeacutetal au service drsquoune agriculture toujours plus propre et performante La recherche eacuteprouve aussi des difficulteacutes pour srsquoemparer de ces eacutetranges objets techniques que sont les systegravemes de culture agrave base de semis direct sur couverture veacutegeacutetale ces objets techniques deacuteroutent car ils tirent leur efficience des processus naturels qursquoils activent des processus naturels qui dans la dureacutee organisent nos sols et donnent aux eacutecosystegravemes que nous cultivons leurs grandes fonctions de gestion de la fertiliteacute et drsquoautoreacutegulation des nuisibles divers adventices phytophages maladies hellip

Cette meacutediation essentielle du naturel creacutee une distance entre le geste pratique et lrsquoeffectiviteacute associeacutee mesurable dans nos parcelles et nos fermes Elle rend ainsi les approches factorielles de lrsquoagronomie classique fondeacutees sur les analyses des liens preacutesupposeacutes entre pratique et effet impropres agrave lrsquoeacutetude et agrave la conception de ces systegravemes Car ceux-ci ne reacutesultent pas drsquoune combinaison de facteurs mais sont creacuteation eacutemergente drsquoun milieu cultiveacute complexe et transformation concomitante des perceptions et connaissances de celles et ceux qui les pratiquent

Crsquoest pour nous avoir aideacutes agrave nous engager dans cette double transformation que nous tenions ici agrave te remercier Lucien Puisse ton formidable legs ecirctre compris et repris par des acteurs et politiques clairvoyants courageux et ambitieux

[1]Jean-Claude Quillet Hubert Charpentier Christian Abadie Sandrine Gallon amp Alain Coudrillier Noeumll amp Lydie Deneuville Bertrand et Patrick Aubeacutery hellipArticle publieacute sous une autre mise en page dans la revue TCS (Techniques Culturales Simplifieacutees) - laquo Agronomie Eacutecologie et Innovation - TCS Ndeg 108 Juin-Juillet-Aoucirct 2020 raquoArticle reacutedigeacute avec les sources de httpopen-libraryciradfr

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

40

Trimestrielle - Edition N

deg 10

SUCCESS STORIESJO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

Lrsquoapproche laquo paysan agrave paysan raquo par le projet MANITATRA II rocircles des Paysans Leaders (ou paysans relais)

TOKIHERINIONJA Tanjonarilesa Fernand Chef de ProjetRAKOTONDRAMANANA Directeur Exeacutecutif du GSDM

Contexte

Depuis le 20 juillet 2018 le GSDM assure la mise en œuvre du projet intituleacute laquo

MANITATRA II raquo Ce projet est financeacute par lrsquoUE par lrsquointermeacutediaire du COMESA dans le cadre du programme Global Climate Change Alliance Plus (GCCA+) des pays drsquoAfrique des Caraiumlbes et du Pacifique (Intra ACP) conformeacutement agrave lrsquoaccord de subvention NdegCC000418 signeacute par le COMESA et le GSDM Le projet est preacutevu pour couvrir une dureacutee de 3 ans

Lrsquoobjectif geacuteneacuteral du projet eacutetant de soutenir la mise agrave lrsquoeacutechelle de lrsquoAgriculture Climato-Intelligente (ACI) pour atteacutenuer les changements Climatiques et ameacuteliorer la seacutecuriteacute alimentaire agrave Madagascar Pour cela il cible la reacutegion de Vakinankaratra et couvre deux eacutecosystegravemes diffeacuterentes le Moyen-Ouest et les Hautes Terres en intervenant successivement au niveau de 07 et 10 Communes Rurales Et pour atteindre ces objectifs le projet a opteacute pour une approche de diffusion laquo paysan agrave paysan raquo Cette approche a eacuteteacute deacutejagrave testeacutee durant la peacuteriode du projet MANITATRA I (2014 -2015) dans les reacutegions du Vakinankaratra et du Sud - Est

Les paysans leaders (ou paysans relais) sont les pierres angulaires de lrsquoapproche de diffusion de paysan agrave paysan Ils ont eacuteteacute choisis et formeacutes par les techniciens du projet lrsquoeacutequipe du GSDM central et drsquoautres partenaires (Ceffel ADTRMAPDRA DRAEP Vakinankaratra) afin drsquoacqueacuterir les bagages neacutecessaires agrave la transmission des connaissances agro-eacutecologiques agrave leurs paires

Pourquoi cette eacutethodologie

La proximiteacute des paysans leaders avec les producteurs autour permet de corriger les limites de lrsquoapproche laquo technicien agrave paysan raquo qui ne garantit pas toujours une peacuterenniteacute des actions

initieacutees par les projets et qui coucircte nettement plus cher aux projets En effet le fait que les paysans leaders soient issus du lieu drsquointervention leur permet de parler le mecircme langage alors que les techniciens se heurtent geacuteneacuteralement aux barriegraveres des logiques paysannes qui peuvent ecirctre difficiles agrave percer Par ailleurs lrsquoapproche laquo paysan agrave paysan raquo preacutesente un coucirct nettement reacuteduit par rapport agrave lrsquoapproche laquo technicien agrave paysan raquo De plus les paysans leaders resteront toujours dans leur village une fois le projet termineacute Ainsi ils resteront des personnes ressources et continueront agrave donner des conseils aux paysans autour

Choix des paysans leaders

Lrsquoidentification des paysans leaders constituait la premiegravere mission de lrsquoeacutequipe au tout deacutebut du projet Crsquoest une eacutetape cruciale car un mauvais choix de paysan leader fait perdre beaucoup de temps au projet Un certain nombre de critegraveres a eacuteteacute mis en place afin de reacuteduire au maximum ce risquebull Ecirctre paysan de profession (agriculteur

eacuteleveur hellip)bull Possession drsquoune parcelle individuelle drsquoune

surface de 05 agrave 1ha deacutedieacutee agrave la pratique personnelle de lrsquoagro-eacutecologie

bull Ecirctre majeurbull Savoir compter lire et eacutecrirebull Ayant des expeacuteriences en matiegravere drsquoanimation

etou vulgarisation des techniques innovantesbull Ayant une sorte de leadership naturel aupregraves

des villageoisbull Habitant dans la zone drsquointervention du

projetbull De bonne reacuteputationbull Sans affiliation directe avec un parti politiquebull Non engageacute avec drsquoautres organismes

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

41

Trimestrielle - Edition N

deg 10

SUCCESS STORIES

Rocircle des paysans leaders et fonctionnement dun CEP

Les responsabiliteacutes des paysans leaders consistent agrave appuyer les techniciens dans le processus de diffusion de lrsquoagro-eacutecologie Ils doivent obligatoirement geacuterer au sein de leur exploitation un Champ Ecole Paysanne (CEP) individuel ougrave ils vont pratiquer les diffeacuterentes pratiques agro-eacutecologiques promues par le projet Les mises en place au niveau du CEP permet aux techniciens du projet de former et dassurer le recyclage des diverses pratiques agro-eacutecologiques Les formations des paysans leaders sont alors beaucoup plus pratiques que theacuteoriques Ce qui est plus approprieacutee pour ces paysans leaders Ils doivent pour ce faire appliquer rigoureusement les directives fournies par les techniciens Les paysans leaders assurent lrsquointeacutegraliteacute des charges lors des mises en place et entretiens des cultures au niveau du CEP que ce soit en intrants ou main drsquoœuvre Seules les semences de plantes de couvertures qui ne sont pas disponibles dans la zone que le projet leur fourni

Les CEP servent de lieu de formation et de visites eacutechanges organiseacutees par les paysans leaders pour leurs paires A la suite de ces sessions les paysans inteacuteresseacutes par une ou plusieurs pratiques agro-eacutecologiques au niveau des CEP seront accompagneacutes par les paysans leaders afin de les dupliquer au sein de leur exploitation respective Les paysans leaders couvrent geacuteneacuteralement une zone dans un rayon de cinq agrave dix kilomegravetres autour de leur lieu de reacutesidence soit trois agrave quatre fokontany en moyenne Ils sont agrave cet effet eacutequipeacutes drsquoune bicyclette comme moyen de locomotion et des bacircches de formation comme outils lors des seacuteances drsquoanimation Le projet leur dote aussi des bonbonnes et des pulveacuterisateurs leur permettant drsquoappliquer certaine techniques particuliegraveres comme la fabrication de compost liquide et les laquo ady gasy raquo

Engager les paysans leaders dans le processus de diffusion de lrsquoagro-eacutecologie ne signifie pas pour

autant les deacuterouter de leur vocation de paysan Ils ne sont pas des salarieacutes du projet Crsquoest drsquoailleurs pour cette raison que le GSDM a fixeacute par contrat une dureacutee effective de travail maximal de sept jours par mois Par contre le projet leur accorde une compensation journaliegravere de 10000Ar pour leurs interventions

Rocircles des techiciens

Pour MANITATRA II ce sont les paysans leaders qui assurent la diffusion des techniques agro-eacutecologiques promues par le projet Les techniciens jouent le rocircle de facilitateur afin que les paysans leaders puissent atteindre leurs objectifs Ainsi les techniciens encadrent techniquement les paysans leaders Ils ont dans ce sens la responsabiliteacute de faire des suivis des actions meneacutees par les paysans leaders et de les appuyer durant les seacuteances de conseil drsquoanimation et de formation Ils effectuent eacutegalement des appuis sur la mise en place des champs eacutecoles paysans (CEP) sur lesquels les riverains vont pouvoir appreacutecier les eacutetendues de lrsquoapplication des techniques appliqueacutes en agro-eacutecologie Les techniciens fixent les objectifs agrave atteindre selon les attentes du projet Pour MANITATRA II le ratio moyen est drsquoun technicien pour 7 paysans leaders encadreacutes

Perspectives pour les paysans leaders

Ces paysans leaders sont formeacutes reacuteguliegraverement sur diverses theacutematiques par le GSDM Cela afin qursquoils puissent assumer pleinement leurs responsabiliteacutes Lrsquoobjectif eacutetant qursquoils puissent agrave plus long terme devenir prestataire en tant que paysan formateur au niveau des entiteacutes qui auront besoin de leurs services agrave lrsquoinstar du FDA

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

42

Trimestrielle - Edition N

deg 10

SUCCESS STORIES

Laissons parler les paysans

Rindra Sandratriniaina Assitant Chef de projet RAKOTONDRAMANANA Directeur Exeacutecutif du GSDM

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Les reacutesultats obtenus de la deuxiegraveme anneacutee du projet MANITATRA II ont fournis des

enseignements conseacutequents quant aux techniques adopteacutees par les paysans et des inteacuterecircts que ces derniers avaient tireacute de ces adoptions Dans le moyen ouest comme sur la haute terre du Vakinankaratra la pratique du riz pluvial sur mulch de mucuna ont vraiment fait ses preuves Le riz pluvial associeacute au cajanus quoiqursquoen cours drsquoessais a deacutejagrave fourni des reacutesultats probants Les diffeacuterents niveaux drsquoameacutenagement coupleacutes avec les reboisements et la gestion des matiegraveres organiques sont tout autant de techniques que les quelques paysans des communes de Fidirana drsquoAntohobe et de Soavina vont nous deacutelivrer dans ce numeacutero 10 du journal de lrsquoagro-eacutecologie

Drsquoabord M Rakotomanantsoa Modeste drsquoAmbohibolakely de la commune rurale de Fidirana teacutemoigne de son inteacuterecirct quant agrave la pratique du riz pluvial sur mulch de mucuna

Avant cette pratique nous ne pouvions produire qursquoautour de 1tha pour le riz pluvial Actuellement le rendement peut aller jusqursquoagrave 5tha Le mucuna nrsquoagit pas seulement sur la restauration de la fertiliteacute du sol mais aussi sur le nettoyage des parcelles par rapport aux diffeacuterentes pestes veacutegeacutetales qui envahissaient nos parcelles Il srsquoest aveacutereacute que le mucuna permet aussi de lutter contre certains ravageurs de culture Pour nous loin fut le temps ougrave nous eacutetions frustreacutes de la plantation de cette leacutegumineuse non comestible qui accaparait nos surfaces cultivables car vu lrsquointeacuterecirct qursquoy portent le grand nombre la plantation de celle-ci nous engendre deacutesormais des revenus drsquoappoints

En outre je produits aussi du lombricomposte Lrsquoobjectif est toujours eacuteteacute de sevrer notre exploitation de lrsquoutilisation drsquoengrais chimique Avec lrsquoavegravenement des techniques de seacuteparations

de vers drsquoavec le composte la production nrsquoest plus peacutenible comme avant Il nous faut juste surveiller lrsquohumiditeacute la tempeacuterature lrsquoeacutetat du lombricomposteur et enfin veiller agrave ce que les lombrics aient toujours du preacutecomposte precirct agrave lrsquoemploi Je lrsquoutilise surtout dans la production de riz pluvial le maiumls et la production de plants drsquoarbre en peacutepiniegravere ou ccedila mrsquoa permis non seulement de produire des beaux plants mais aussi de beaucoup reacuteduire lrsquoinvasion des ravageurs

Ensuite Razafindrakoto Edouard drsquoAmbohibolakely de la commune de Fidirana stipule que parmi toutes les techniques vulgariseacutees par le GSDM agrave travers le projet MANITATRA II la plantation de mucuna et celle qui apporte le plus drsquointeacuterecircts

Quand je nrsquoavais utiliseacute que des fumiers de parc les fano (heteronicus) et ses vers blancs ont causeacute beaucoup de deacutegacirct sur mes riz et mes maiumls Actuellement en combinant mulch de mucuna et utilisation du lombricomposte nous avons pu doubler notre production Elle permet en effet drsquoeacuteliminer les menaces dues aux attaques des ravageurs de culture et entretien la fertiliteacute du sol

De son cocircteacute Rakotoarijaona Alfred affirme que donner lrsquoexemple sur ses habitudes culturales mis en pratique au niveau de son champ eacutecole paysan (CEP) fait partie de son quotidien de paysan leader (PL)

Il propose entre autre lrsquoameacutenagement en courbe de niveau des parcelles en pente et les techniques de fabrication des diffeacuterents types de compost

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

43

Trimestrielle - Edition N

deg 10

SUCCESS STORIESJO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

comme moyen de gestion durable du sol Lrsquoassociation du riz pluvial avec le cajanus lui a donneacute un excellent reacutesultat Semeacute au moment de la montaison le cajanus associeacute au riz pluvial nrsquoa manifesteacute aucune sorte de concurrence Il ne se ramifie qursquoapregraves la reacutecolte du riz Durant lrsquointersaison il se deacuteveloppent de maniegravere agrave couvrir les parcelles et les preacuteservent des invasions drsquoadventices Le cajanus est connu pour son travail naturel du sol et une production de biomasse pouvant servir au compostage En fin de cycle il fournit aussi drsquoeacutenorme quantiteacute bois pour les cuissons

Pour M Ralaisa Pierre Solofoniaina lrsquoapplication de lrsquoagriculture de conservation a permis de mieux geacuterer ses parcelles surtout vis-agrave-vis des pheacutenomegravenes drsquoeacuterosion

Jrsquoavais mis en place des courbes de niveau sur mes parcelles puis jrsquoai installeacute de couverture veacutegeacutetale comme le mucuna Depuis je ne travaille plus mes terres et les sarclages sont deacutesormais moins contraignants Je me suis eacutegalement aperccedilu que les effets du striga se sont beaucoup amoindris Comme reacutesultats si avant pour le riz pluvial nous ne pouvons obtenir qursquoenviron 1tha maintenant nous arrivons agrave produire 40kg de paddy par are soit dans les 4tha Jrsquoai entrepris ces travaux car je vise surtout lrsquoavenir de mes enfants Je dois ecirctre en mesure de leur leacuteguer de la bonne terre) raquo

Rabemanantsoa Gilbert drsquoAnkily du Fokontany drsquoAntampondravola un alevineur professionnel avait beacuteneacuteficieacute des appuis sur la protection des bassins versants autour de ses bassins piscicoles

Les appuis du projet MANITATRA II mrsquoa permis de mettre agrave jour mes techniques drsquoalevinage Mais le plus important eacutetait ces ameacutenagements

des versants autour de mes bassins piscicoles Nous nous y sommes mis pour combattre le fleacuteau drsquoeacuterosion qui agrave chaque peacuteriode de pluie menacent drsquoensabler nos bassins Les versants ameacutenageacutes sont actuellement stabiliseacutes avec des haies vives de cajanus renforceacutes avec du brachiaria et diverses plantes de couverture

Depuis longtemps je pratique aussi le lombricompostage Il mrsquoa permis de reacuteduire lrsquoutilisation des produits chimiques et surtout drsquoalleacuteger les peines relatives au transport vers les parcelles Quand la population de lombrics augmente il mrsquoarrive de les reacuteguler en preacutelevant une certaine quantiteacute pour nourrir mes poissons

Du cocircteacute de la commune drsquoAntohobe Mme Rafanjanirina Jeanne Philomegravene a entrepris la restauration de la fertiliteacute de ses parcelles apregraves quelque heacutesitation

Il y a 2 ans le technicien du projet Manitatra travaillant dans notre commune nous a animeacute sur les techniques de restauration de la fertiliteacute du sol Au deacutebut je nrsquoeacutetais pas vraiment convaincue du bien-fondeacute de ces techniques mais apregraves avoir assisteacute agrave une visite eacutechange au niveau du site drsquoIvory et apregraves avoir constateacute la reacuteussite de mon fregravere sur le reboisement jrsquoai deacutecideacute de mrsquoy mettre Nous avons adopteacute le lombricompostage et la fabrication de biopesticide Reacutecemment nous avons constateacute que lrsquoassociation de mucuna avec le maiumls permet de proteacuteger ces derniers contre les attaques de chenilles

Avant nous avons comme habitude drsquoutiliser du cendre du riz pluvial et nous nrsquoavons pu obtenir que 240kg de paddy par are Apregraves lrsquoutilisation du lombricompost la mecircme surface nous a donneacute 320kg agrave 400kg Sur la production de tomate avant nous ne pouvons faire que 4 reacutecoltes maintenant avec le lombricompost ccedila peut aller jusqursquoagrave 6 voire 7 reacutecoltes

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

44

Trimestrielle - Edition N

deg 10

SUCCESS STORIESJO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

A Soavina Rasoanindrina Wivine eacutetait pris drsquoeacutetau par une grande parcelle qursquoelle avait preacutevu drsquoabandonner car elle ne lui permettait plus de produire grand-chose

En effet ladite parcelle eacutetait non seulement deacutegradeacute mais eacutetait aussi envahi par le striga et le kidoronrsquoalika (Acantospermum austral) A la suite drsquoune reacuteunion de sensibilisation organiseacutee par le technicien posteacute agrave Soavina jrsquoavais deacutecideacute drsquoy planter du mucuna et du Stylosanthes associeacute avec un peu de maiumls et du riz pluvial Degraves la premiegravere anneacutee une ameacutelioration du rendement en riz srsquoeacutetait fait ressentir A la

deuxiegraveme anneacutee malgreacute la seacutecheresse le riz eacutetait drsquoune tregraves bonne veacutegeacutetation mais lrsquoinsuffisance de pluie au moment de la floraison dans notre reacutegion ne nous a pas permis drsquoobtenir des graines

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

45

Trimestrielle - Edition N

deg 10

ACTUALITES

Dans le cadre du Projet MANITATRA II sur financement du COMESAUnion

Europeacuteenne (11egraveme FED agrave destination des pays ACP dans le cadre de lrsquoAlliance Mondiale pour le Climat) le GSDM srsquoest lanceacute dans la production et la reacutealisation drsquoun film drsquoanimation 3D sur la base de son livret ludique un guide de formation conccedilu pour lrsquoapprentissage de lrsquoAgro-eacutecologie et de lrsquoeacuteducation environnementale en milieu scolaire Lrsquoobjectif eacutetant de renforcer la promotion de lrsquoAgriculture Climato-Intelligente au niveau national et drsquoappuyer la prise en compte de lrsquoAgro-eacutecologie dans les politiques publiques et les projetsprogrammes Dans ce sens ce film drsquoanimation 3D constitue un outil de plaidoyer mais eacutegalement un support de formation drsquoanimationsensibilisation

Lrsquoideacutee drsquointeacutegrer lrsquoAgro-eacutecologie dans tous types de formation essentiellement dans lrsquoenseignement de base agrave Madagascar a eacuteteacute eacutevoqueacutee depuis bien des anneacutees lors des diffeacuterents ateliers et eacutevegravenements

organiseacutes par le GSDM Cette reacuteflexion a eacuteteacute soutenue aussi bien par lrsquoAdministration que par les partenaires techniques et financiers mais eacutegalement par les diffeacuterents acteurs de deacuteveloppement impliqueacutes œuvrant dans le secteur du deacuteveloppement durable

Lrsquointeacutegration de lrsquoAgro-eacutecologie en milieu scolaire a eacuteteacute initieacutee par le GSDM en 2017 au travers du projet PAPAM sur financement de lrsquoAFD Il eacutetait preacutevu de seacutelectionner 6 eacutetablissements publics etou priveacutes de niveau collegravege dans la reacutegion du Vakinankaratra Au travers des activiteacutes parascolaires lrsquoideacutee eacutetait de former des enseignants pour assurer le transfert de connaissances aux eacutelegraveves de 6egraveme et 5egraveme Avec les acquis de WWF membre du GSDM et la collaboration de lrsquoOEMC aupregraves du Ministegravere de lrsquoEducation Nationale de lrsquoEnseignement Technique et Professionnel un document de concept note a eacuteteacute eacutelaboreacute pour la mise en œuvre drsquoune phase pilote De la

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Un film drsquoanimation 3D sur lrsquointeacutegration de lrsquoAgro-eacutecologie en milieu scolaire pour la vulgarisation de lrsquoAgro-eacutecologie au niveau national

LrsquoEducation agrave lrsquoinverse une maniegravere de diffuser lrsquoAgro-eacutecologiehelliphelliplrsquoAgro-eacutecologie pour les geacuteneacuterations futures

Equipe GSDM

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

46

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

mission de diagnostic visant lrsquoidentification des eacutetablissements beacuteneacuteficiaires aux missions de formation de conception de supports et de

suivi les eacutetapes de la mise en œuvre ont eacuteteacute reacutealiseacutees sous lrsquoeacutegide de la Direction Reacutegionale de lrsquoAgriculture de lrsquoElevage et de la Pecircche et de la Direction Reacutegionale de

lrsquoEducation Nationale de lrsquoEnseignement Technique et Professionnel Un atelier bilan a eacuteteacute organiseacute agrave la fin de lrsquoanneacutee scolaire 2017-2018 pour eacutevaluer et mesurer les impacts de ce

mode laquo drsquoeacuteducation agrave lrsquoinverse raquo ougrave les enfants forment leurs parents pour un changement de paradigme

Le succegraves de la phase pilote a tout particuliegraverement susciteacute lrsquoattention de nombreux partenaires techniques et financiers souhaitant investir dans lrsquoeacuteducation des jeunes dans le cadre du deacuteveloppement durable Une extension des activiteacutes a eacuteteacute ainsi programmeacutee au travers du projet MANITATRA II sur financement du COMESAUnion Europeacuteenne pour 3 anneacutees scolaires conseacutecutives 20182019 - 20192020 et 20202021 Six (6) nouveaux eacutetablissements ont eacuteteacute seacutelectionneacutes selon les critegraveres du projet Pour la peacuterennisation des actions le projet MANITATRA II a maintenu lrsquoappui technique au niveau des eacutecoles PAPAM A lrsquoissu de lrsquoatelier bilan organiseacute agrave la fin de lrsquoanneacutee scolaire 2018-2019 la sollicitation du GIZProSol sur financement de la Coopeacuteration Allemande a emmeneacute agrave lrsquoextension des activiteacutes au profit de 8 nouveaux eacutetablissements dans la Reacutegion Boeny

Les beacuteneacuteficiaires directes sont actuellement au nombre de 3897 eacutelegraveves reacutepartis au niveau de 20 eacutetablissements dont 3 047 dans la reacutegion de Vakinankaratra et 850 dans la reacutegion

Boeny Cette eacuteducation agrave lrsquoinverse touche eacutegalement les parents le corps eacuteducatif les paysans aux alentours mais aussi les acteurs de deacuteveloppement et les deacutecideurs

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

47

Trimestrielle - Edition N

deg 10

AGRO-ECOLOGIE EN PHOTOJO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

Le Comiteacute de pilotage du Projet MANITATRA II sest reacuteuni pour la 2egraveme fois le 24 septembre

2020 pour lexamen du rapport dactiviteacute de lanneacutee 2 et de la programmation des activiteacutes de lanneacutee 3

Ont reacutepondu preacutesent le DGA du MAEP en sa qualiteacute de Peacutersident du Comiteacute le PCA du GSDM le Vice-Preacutesident

du CA du GSDM le Directeur du Deacuteveloppement Reacutegional du Vakinankaratra le DRAEP Vakinankaratra le DREDD Vakinankaratra et le Repreacutesentant du MEDD par le biais de son Conseiller Technique

Reacuteunion du comiteacute de Pilotage du projet Manitatra II le 24 Septembre 2020

Les journeacutees Agro-eacutecologiques du Vakinankaratra se sont tenues les 19 et 20 mars 2020 Ces

2 journeacutees ont eacuteteacute consacreacutees pour le partage des acquis et expeacuteriences en Agro-eacutecologie face au deacutefis du changement climatique et de linseacutecuriteacute alimentaire On a vu la participation de lAdministration au travers du Ministegravere de lAgriculture de lElevage et de la Pecircche du Ministegravere de lEnvironnement et du Deacuteveloppement Durable du Ministegravere de lEducation Nationale de la Direction de la meacuteteacuteorologie des autoriteacutes locales des partenaires techniques et financiers des beacuteneacuteficiaires et des journalistes

La premiegravere journeacutee a eacuteteacute deacutedieacutee agrave la visite des reacutealisations en Agro-eacutecologie suivie dun atelier de restitution le 2egraveme jour Tant sur le terrain quau travers des teacutemoignages en salle lactiviteacute lieacutee agrave linteacutegration de lAgro-eacutecologie en milieu scolaire a succiteacute lattention des participants Cette mode deacuteducation agrave linverse ougrave les enfants forment leurs parents a tout particuliegraverement toucheacute de nombreux meacutenages Desormais les parents souhaitent ecirctre formeacutes sur diffeacuterents theacutematiques en Agro-eacutecologie tels que le compsotage lAgriculture de conservation et lAgroforesterie

Objectif atteint pour le GSDM la reacuteussite de cet eacutevenement est ducirc agrave la participation active des diffeacuterents intervenants En vue dune agriculture durable la peacutereacutenisation des acquis et limportance de la prise en compte de lAgro-eacutecologie dans les politiques publiques a eacuteteacute souleveacutee et approuveacutee

Journeacutees Agro-eacutecologiques du Vakinankaratra les 19 et 20 mars 2020

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

48

Trimestrielle - Edition N

deg 10

Deacutecembre2020

Octobre 2020

Septembre 2020

Novembre 2020

Ont participeacute agrave ce numeacutero bull Mireille RAZAKA - Responsable Communication du GSDMbull Vololoniraisana RANDRIAMIARANA - Agronome du GSDMbull Martin RANDRIAMITANTSOA - Consultant Agronome du GSDMbull Tahina RAHARISON - Consultant Agronome Socio-eacuteconomiste du GSDMbull TOKIHERINIONJA Tanjonarilesa Fernand - Chef de Projet MANITATRA IIbull RAKOTONDRAMANANA - Directeur Exeacutecutif du GSDM

Rubrique laquoLAgro-eacutecologie au niveau nationalraquo WWH - DURRELL - CEFFEL membre du GSDM - GIZProSol Partenaire Technique et FinancierRubrique laquoDossierraquo Collegravegues rapprocheacutes de Lucien SEGUYRubrique laquoRechercheraquo FOFIFA - Dp SPAD - Partenaires techniques Rubrique laquoSuccess Storiesraquo GSDM Vakinankaratra (MANITATRA II)Entiteacute de validation Comiteacute de lecture les membres du GSDM GSDM Copyrigth septembre2020

Site WebFacebook YoutubeRoute drsquoAmbohipo

Lot VA 26 Y AmbatorokaBP 6039 Ambanidia Antananarivo 101 Madagascar

Teacutel (+261) 20 22 276 27

CALENDRIER DIVERS CONTACTS

Site WebFacebook

Teacutel (261 20) 22 200 46 agrave 48Fax (261 20) 22 347 94

afdantananarivoafdfr

23 rue RazanakombanaAmbohijatovo BP 557

AntananarivoMADAGASCAR

Pour de plus amples informations etou pour toutes ameacuteliorations contacter nous au

Ce journal a eacuteteacute financeacute au deacutepart par lrsquoAFD (projet PAPAM) et par le COMESAUE (projet MANITATRA 2) agrave partir de leacutedition Ndeg8

Les membres du GSDM

Direacutecteur Exeacutecutif gsdmdemoovmgResponsable communication razakamireilleyahoofr

Evegravenements

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

- Mission de suivi Alaotra - Mission de suivi Sud-Est- Mission drsquoevaluation et bilan de campagne ATASEF - Formation des techniciens des ONGencadreacutes par ECO-CONSULT - GIZProSol

- Preacutesentation officielle du film drsquoanimation 3D Ny Fambolena maharitraho anny taranaka mifandimby- Atelier bilan eacutecole Manitatra II- Expertise OSDRM dans la Diana

Directeur de publication RAKOTONDRAMANANA DL imprimeur Ndeg - Editeacute en 140 exemplaires

Facebook Site Web

- Atelier recherche et deacuteveloppement - Emission FIVOHY sur la RNM tous les 3egraveme samedis du mois de 08h15 agrave 08h30 du matin

- Campagne culturale grande saison- Journeacutees Agro-eacutecologiques du Sud-Est

Open library

  • Signet 1
Page 7: Edito - gsdm-mg.org

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

7

Trimestrielle - Edition N

deg 10

LrsquoAGRO-ECOLOGIE AU NIVEAU NATIONAL

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

2 Bas-fonds

Photo 4 Riz pluvial sous paillage de Stylosanthes dans le fokontany Andilana Sud commune Amparafaravola

Photo 5 Patate douce agrave chaire orange dans le fokontany

Ambodivoara commune Ambohitsilaozana

Photo 5 Association arachide + Cajanus Andilana sud

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

8

Trimestrielle - Edition N

deg 10

LrsquoAGRO-ECOLOGIE AU NIVEAU NATIONAL

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIEPar ailleurs ces pratiques culturales reacutesilientes au changement climatique ont eacuteteacute deacutemontreacutees au

niveau des parcelles des eacutecoles primaires publiques dans le but drsquoameacuteliorer la nutrition scolaire des eacutelegraveves et de sensibiliser les eacutecoliers et leurs parents sur le systegraveme

Enfin des eacutechanges entre les producteurs dans les groupements CEP seront ulteacuterieurement organiseacutes pour ameacuteliorer le mode de gestion du sol Ceci permettra de limiter la deacutegradation des sols et des couverts veacutegeacutetaux Le projet continuera aussi agrave identifier et agrave promouvoir les innovations adapteacutees aux reacutealiteacutes sociales et eacuteconomiques afin dassurer lefficaciteacute de ces pratiques agro-eacutecologiques autour de la NAP Alaotra

Photo 7 Rotation Riz (Riziculture agrave mauvaise maitrise drsquoeau) avec de la

vesce dans le fokontany Andilana Sud commune Amparafaravola

Photo 8 Systegraveme de riziculture ameacutelioreacute en rotation avec du haricot en contre saison sous paillage dans

le fokontany de Antsapananefatra commune Ambatomainty

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

9

Trimestrielle - Edition N

deg 10

LrsquoAGRO-ECOLOGIE AU NIVEAU NATIONAL

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Intensification des techniques agro-eacutecologiques et de restauration de la fertiliteacute de sol par lrsquoapproche terroir dans les reacutegions Anosy

et Atsimo Atsinanana

Jocelyn RAVELOSON Angola RANDRIANANTOANDRO - WHH Madagascar

laquo Un monde dans lequel tous les peuples peuvent exercer leur droit agrave mener une vie autodeacutetermineacutee dans la digniteacute et la justice agrave labri de la faim et de la pauvreteacute raquo telle est la vision globale de Welthungerhilfe (WHH) La reacutealisation de cet objectif deacutepend neacuteanmoins des facteurs environnementaux favorables dont la disponibiliteacute des moyens de production adeacutequats et leur accessibiliteacute par chaque meacutenage

Dans les Reacutegions Anosy et Atsimo Atsinanana notamment des districts de Taolagnaro Vangaindrano Farafangana et Vondrozo WHH travaille en eacutetroite collaboration avec des ONG nationales telles que Action Intercoopeacuteration Madagascar (AIM) et FIANTSO Madagascar pour donner des appuis aux paysans dans la lutte contre la pauvreteacute agrave travers lrsquoameacutelioration du fonctionnement de leur systegraveme de production Il srsquoagit entre-autre des deux grands programmes de renforcement de la seacutecuriteacute alimentaire et nutritionnelle durable SILVER (Renforcement des revenus et des moyens drsquoexistence des meacutenages vulneacuterables dans le Sud-Est) et AFAFI Sud (Appui au Financement de lAgriculture et aux Filiegraveres Inclusives dans le Sud et Le Sud-Est de Madagascar) Ces programmes sont financeacutes respectivement par la Coopeacuteration Allemande (BMZ) et lrsquoUnion Europeacuteenne (UE) agrave hauteur totale de 8 689 109 EUR SILVER srsquoeacutetale de novembre 2019 agrave avril 2022 tandis que le programme AFAFI Sud de janvier 2020 jusqursquoen avril 2024 Le nombre de beacuteneacuteficiaires finaux est estimeacute agrave pregraves de 608 000 individus dont 60 hommes et 40 femmes

Lrsquoapproche terroir pour une meilleure concentration des efforts au niveau des beacuteneacuteficiaires cibleacutes

En matiegravere de vulgarisation agricole les interventions consistent agrave diffuser des techniques ameacutelioreacutees adapteacutees aux groupes cibles et agrave leurs

contraintes pour leur permettre drsquoaugmenter leurs revenus La diffusion du systegravemes de culture eacuteconomes en intrants face au faible pouvoir drsquoachat des paysans aussi bien pour les cultures pluviales sur pente qursquoau niveau des peacuterimegravetres irrigueacutes et au bas fond revalorisation des connaissances et savoir-faire des paysans en matiegravere de techniques agro-eacutecologiques pour un meilleure rendement en quantiteacute et qualiteacute de production appui cibleacute des femmes marieacutees et megraveres ceacutelibataires agrave lrsquoeacutelevage avicole pisciculture ou apiculture et enfin de deacuteveloppement de capaciteacutes drsquoinvestissement dans des activiteacutes geacuteneacuteratrices de revenus gracircce agrave lrsquoappui aux Associations Villageoises drsquoEpargne et de Creacutedit Auto-geacutereacutes (AVECA)

La mise en œuvre des activiteacutes au niveau de chaque site terroir preacutedeacutetermineacute se complegravete et est meneacutee systeacutematiquement de maniegravere participative en incluant les autoriteacutes locales lrsquoorganisation des producteurs les hommes femmes et jeunes agriculteurs La creacuteation de Centre drsquoAccueil des Enfants et des Megraveres (CAEM) par chef-lieu de fokontany contribue agrave lrsquoenseignement des megraveres voire des parents agrave faire le lien entre utilisation adeacutequate des produits agricoles seacutelectionneacutes pour lrsquoalimentation et lrsquoeacutepanouissement de la santeacute nutritionnelle de tous les membres du meacutenage Lrsquoaccompagnement des associations communautaires aux actions de reboisement mais aussi lrsquoameacutenagement de pistes rurales de points drsquoeau potable et de peacuterimegravetres agricoles assure la viabiliteacute des activiteacutes de production agricole Les opeacuterateurs eacuteconomiques de proximiteacute y sont aussi appeleacutes et soutenus pour le deacuteveloppement des filiegraveres de niche marquant chaque district et commune le gingembre le curcuma la cannelle le cafeacute la baie rose lrsquoapiculture la pisciculture etc

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

10

Trimestrielle - Edition N

deg 10

LrsquoAGRO-ECOLOGIE AU NIVEAU NATIONAL

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Accompagnement de la communauteacute agrave la restauration de la fertiliteacute du bassin versant

De faccedilon participative les eacutequipes drsquointervention deacutefinissent des reacutefeacuterentiels techniques pertinents susceptibles drsquoecirctre diffuseacutes aupregraves de la population cible sur la base du diagnostic foncier du site-terroir et de la typologie de leurs systegravemes drsquoexploitation Pour ce faire et pour assurer par la suite leur large diffusion il est preacutevu pour ces programmes de renforcer de faccedilon tregraves pratique et concregravete les paysans relais aux concepts agronomiques fondamentaux afin de compleacuteter leur savoir et expeacuteriences en matiegravere de fertiliteacute des sols lrsquoimportance de la matiegravere organique pour le sol et les plantes et le cycle des mineacuteraux Le champs-eacutecole constitue le moyen le plus efficace pour assurer lrsquoenseignement pratique et lrsquoattraction des intentions des masses paysannes Les techniciens organisent peacuteriodiquement

des eacutevegravenements drsquoeacutechanges laquo formaliseacutes raquo sous forme de visite de la parcelle par les producteurs villageois agrave des peacuteriodes et moments cleacutes de lrsquoitineacuteraire technique

Dans lrsquoobjectif de proteacuteger par la suite ces sols et garantir la conservation peacuterenne des bassins versants les deux programmes SILVER et AFAFI Sud accompagnent les Communes et le Service Technique Deacutecentraliseacute de lrsquoEnvironnement dans la planification participative du reboisement au niveau des terroirs Afin de rendre disponible les jeunes plants sur place des actions de diffusion aupregraves des villageois des techniques de confection de peacutepiniegraveres et des peacutepiniegravere eacutecole paysanne ndash au mecircme titre que les champs eacutecoles paysans ndash sont preacutevus pour les deux premiegraveres anneacutees de travaux

Formation des femmes sur les cultures maraichegraveres et lrsquoarboriculture fruitiegravere

Fabrice LHERITEAU Chef drsquoeacutequipe ProSol Boeny

Le projet global Prosol est un projet de la Coopeacuteration allemande commissionneacute dans

le cadre de lrsquoinitiative laquo Un seul monde sans faim raquo par le Ministegravere de la Coopeacuteration Economique et du deacuteveloppement allemand Il est mis en œuvre dans huit pays diffeacuterents dont Madagascar ougrave la reacutegion drsquointervention est Boeny

Dans la mise en œuvre des activiteacutes de protection et reacutehabilitation des sols dans la reacutegion Boeny le ProSol Madagascar place les communauteacutes de producteurs au cœur de son approche en insistant sur la valorisation des activiteacutes speacutecifiques aux femmes Le projet dispose mecircme drsquoun indicateur speacutecifique pour le comptage de ces reacutealisations au niveau des meacutenages orienteacute sur lrsquoameacutelioration des conditions de vie des femmes

Or dans la reacutegion Boeny au Nord-Ouest de Madagascar la seule activiteacute agricole qui peut ecirctre pratiqueacutee sur la plupart des terres durant la

saison segraveche qui commence vers le mois drsquoavril et finit en octobre est le maraichage Cette activiteacute est souvent pratiqueacutee par les femmes et est essentielle pour lrsquoeacuteconomie des meacutenages puisquen son absence les familles doivent se deacuteplacer pour trouver un emploi ou encore srsquoadonner agrave la fabrication de charbon de bois malheureusement sans toujours respecter les regravegles en vigueur pour proteacuteger lrsquoenvironnement

Par conseacutequent dans les communes drsquointerventions de ProSol les demandes eacutemanant des femmes mettent en avant des besoins en termes de renforcement de capaciteacute sur les activiteacutes de maraichage et de plantation drsquoarbre fruitier Pour reacutepondre agrave ce besoin ProSol a octroyeacute une formation sur les cultures maraichegraveres et lrsquoarboriculture fruitiegravere en collaboration avec CEFFEL Puis des formations en cascades ont eacuteteacute organiseacutees par les ONG partenaires de ProSol sur le terrain A lrsquoissue des seacuteries de formations

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

11

Trimestrielle - Edition N

deg 10

LrsquoAGRO-ECOLOGIE AU NIVEAU NATIONAL

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

373 femmes ont eacuteteacute formeacutees agrave la culture drsquoune large gamme de leacutegumes et ont pu obtenir agrave la fois des semences et quelques petits eacutequipements pour les aider agrave se lancer dans le maraichage ou se perfectionner Un manuel de formation pratique et adapteacutes aux communauteacutes agriculteurs sur la plantation des arbres fruitiers a eacutegalement eacuteteacute eacutelaboreacute pour ecirctre utiliseacute agrave large diffusion et reacutepandre encore davantage les bonnes pratiques

La principale innovation diffuseacutee lors de ces formations a eacuteteacute de proposer un large ensemble de traitements biologiques reacutealisables agrave partir des produits locaux Habituellement les paysans encourageacutes par les commerccedilants de produits phytosanitaires utilisaient les traitements chimiques Les effets sur lrsquoenvironnement et les sols eacutetaient tregraves neacutegatifs mais les meacutethodes traditionnelles eacutetant jugeacutees inefficaces les paysans faisaient le choix du pragmatisme

Mais apregraves la formation certaines femmes ont pu concevoir leurs propres remegravedes et obtenir des reacutesultats concluants en combinant diverses solutions Crsquoest le cas notamment de madame RAZAFINDRAFARA Mampiandra Marie megravere de famille drsquoune cinquantaine drsquoanneacutee de la commune drsquoAnkijabe qui fabrique du ady-gasy

pour proteacuteger les cultures et du compost agrave base de feuilles drsquoacacia de feuilles de neem et de bemaimbo pour les fertiliser Elle se montre tregraves satisfaite des reacutesultats obtenus et teacutemoigne

laquo Le reacutesultat est maintenant vraiment diffeacuterent de ce que jrsquoai obtenu auparavant Les leacutegumes agrave feuilles verdissent bien et elles ont une bonne taille Le fait de voir mes leacutegumes qui poussent bien me motive chaque jour agrave bien entretenir mes maraicircchages et en faire encore davantage Pour mon cas jrsquoai multiplieacute par trois la surface de mes terres pour le maraicircchage et elle comprend actuellement 30 plates-bandes raquo

Lrsquoagrandissement des parcelles de maraichage et la vente de la reacutecolte de carottes salade morelle et oignons sur le marcheacute pour de bons prix a eacutegalement permis agrave Mme RAZAFINDRAFARA de commencer une petite eacutepargne et de srsquoacheter un nouveau teacuteleacutephone

Le projet ProSol souhaite en collaboration avec ses partenaires poursuivre ses activiteacutes de formation sur le maraicircchage et lrsquoutilisation de compost par les paysans afin de promouvoir une source de revenu respectueuse des sols et contribuant agrave restaurer leur fertiliteacute Pour toutes informations compleacutementaires nrsquoheacutesitez pas agrave vous adresser agrave Tahiry Rarivonandrasana (TahiryRARIVONANDRASANAeco-consultcom)

Illustration Mme RAZAFINDRAFARA preacutepare

de lrsquoady gasy pour ses cultures

La recette du compost de Mme RAZAFINDRAFARA

laquo Pour preacuteparer le compost je meacutelange un volume de bouse de vache fraicircche avec deux volumes de feuilles drsquoacacia de feuilles de neem et de bemaimbo Les feuilles doivent ecirctre entrecoupeacutees et lrsquoensemble devra agrave peu pregraves avoir le tiers de la contenance drsquoun fut de 200 litres Il faut ajouter ensuite de lrsquoeau jusqursquoagrave ce que le fut soit plein La preacuteparation est agrave meacutelanger tous les 2 jours et le compost liquide peut ecirctre utiliseacute apregraves 7 jours de fermentation Jrsquoai apporteacute le compost liquide agrave mes maraicircchages une agrave deux fois par

semaine raquo

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

12

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Reacutesumeacute

La croissance deacutemographique affecte le secteur eacutelevage qui doit aujourdhui assurer le triple de la production en viande drsquoil y avait cinquante ans De plus les terres ceacutereacutealiegraveres destineacutees agrave

lalimentation animale ont diminueacute alors que la demande en produits dorigine animale na cesseacute daugmenter Pour y remeacutedier il savegravere indispensable de valoriser les ressources alimentaires non conventionnelles qui sont en abondance mais ne sont pas en compeacutetition avec lrsquoalimentation humaine Dans cette optique le FOFIFA-DRZVP a investi plusieurs anneacutees sur lrsquoexploitation de la graine de mucuna dans lalimentation animale Des analyses chimiques de la graine ont montreacute ses qualiteacutes nutritionnelles mais eacutegalement la preacutesence du L-dopamine qui est un facteur antinutritionnel Par ailleurs plusieurs traitements de cette graine ont eacuteteacute testeacutes pour diminuer la teneur en L-Dopamine sans pour autant affecter sa valeur nutritionnelle Des tests sur diffeacuterents types danimaux ont eacuteteacute effectueacutes pour deacuteterminer le traitement le plus efficient pour chaque animal le taux dincorporation du mucuna dans la ration et lefficaciteacute de son utilisation dans lalimentation animale Les reacutesultats ont montreacute que le mucuna est une alternative inteacuteressante pour ameacuteliorer la production animale tant sur le plan social que sur le plan eacuteconomique

Valorisation du mucuna pour lalimentation des animaux de rente agrave Madagascar

RAZAFINARIVO Tsirinirina Donnah RAKOTOMANANA Olga Rachel RAPATSALAHY SabineFOFIFA - DRZVP (Deacutepartement de recherches Zootechniques Veacuteteacuterinaires et Piscicoles )

Introduction

Ces six derniegraveres deacutecennies la consommation globale de viande nrsquoa cesseacute drsquoaugmenter Elle a mecircme tripleacute en un demi-siegravecle En 2018 elle a atteint les 342 millions de tonnes (FAO) Cette tendance est tregraves marqueacutee dans les pays en deacuteveloppement comme Madagascar car elle srsquoest accrue de plus de 5 durant ces derniegraveres deacutecennies et devrait augmenter de 14 an agrave travers le monde jusqursquoen 2030 (FAO 2014) Les raisons principales en sont la forte croissance deacutemographique lurbanisation et leacuteleacutevation du niveau de vie Selon toujours le FAO (2011) la consommation en viande de volailles sera multiplieacutee de 23 en 2050 contre 14 agrave 18 pour les autres produits animaux Ceci neacutecessite 27 millions de tonnes drsquoaliments suppleacutementaires et 24 millions drsquohectares de terres ceacutereacutealiegraveres additionnelles agrave moins que la proportion de sous-produits et de ressources alimentaires non conventionnelles augmente substantiellement Dans cette optique le laboratoire de nutrition animale du FOFIFA-DRZVP srsquoest investi depuis plusieurs anneacutees sur la valorisation des ressources

non conventionnelles pour lrsquoalimentation animale Ainsi depuis 2012 la graine de mucuna a eacuteteacute valoriseacutee pour lrsquoalimentation des porcs agrave Madagascar dans le cadre drsquoun partenariat entre le FOFIFA et le GSDM Cette valorisation du mucuna srsquoest eacutelargie sur drsquoautres animaux de rente telle effectueacutee dans le partenariat entre le GRET lAVSF et le FOFIFA dans le cadre du projet HOBA ASARA Cet article reacutesume six anneacutees de recherches sur la valorisation du mucuna pour lrsquoalimentation animale agrave Madagascar

Contexte

Le pois mascate (Mucuna pruriens ou Dolichos pruriens) est une plante annuelle quon retrouve dans les reacutegions tropicales de lInde et de lAfrique (Figure 1) Le mucuna est surtout connu pour ses vertus en meacutedecine (plante revitalisante et aphrodisiaque action sur la production de testosteacuterone de dopamine etc)

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

13

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Derniegraverement ses inteacuterecircts en agronomie sur lrsquoameacutelioration du rendement du riz pluvial sur reacutesidus de maiumls + mucuna et ceux du maiumls en association avec le mucuna ont eacuteteacute publieacutes par le GSDM Ces rendements repreacutesentent 3 agrave 4 fois les rendements obtenus sur labour en sol nu (sans couvert veacutegeacutetal) avec les mecircmes doses de fertilisation (GSDM 2020) Cette capaciteacute des systegravemes agrave base de mucuna sur le rendement en plus de ses effets contre les mauvaises herbes et contre les insectes observeacutee sur plusieurs anneacutees justifie sa large diffusion actuelle chez les paysans De plus contrairement aux autres leacutegumineuses comme le nieacutebeacute (Vigna unguculata) le haricot le soja ou le Vigna umbellata (tsiasisa) le mucuna nrsquoest pas attaqueacute par les chenilles (Helicoverpa armigera) ou les chenilles leacutegionnaires drsquoautomne (Spodoptera frugiperda) (RAKOTONDRAMANA et al 2018) Ainsi suite agrave des anneacutees de production les graines de mucuna issue de ce systegraveme deviennent de plus en plus nombreuses Par ailleurs il srsquoavegravere judicieux de les valoriser dans lrsquoalimentation animale En tant que leacutegumineuse les graines de mucuna sont relativement riches en proteacuteine (composant le plus couteux dans la formulation alimentaire

des animaux) Cette pratique est lrsquoune des bases de lrsquointeacutegration agriculture-eacutelevage (IAE) agrave lrsquoeacutechelle de lrsquoexploitation sur lrsquointensification de la production par la valorisation des produits et reacutesidus pour lrsquoeacutelaboration de rations eacutequilibreacutees aux animaux (Lhoste 2008)

Figure 1 Les varieacuteteacutes de mucuna agrave Madagascar

Analyses en laboratoire

Pour pouvoir utiliser le mucuna dans lalimentation animale il est primordial de deacuteterminer ses valeurs nutritionnelles Ainsi les reacutesultats danalyses ont confirmeacute sa richesse en proteacuteine Cependant malgreacute un taux inteacuteressant en proteacuteine sa valeur biologique est reacuteduite par la preacutesence de la L-Dopa (34- dihydroxyphenylalanine qui est un acide amineacute non proteacuteique) qui est une substance anti-nutritionnelle preacutesente dans la graine de mucuna La L-Dopa est une moleacutecule thermolabile et hydrosoluble Ainsi des hypothegraveses ont eacuteteacute apporteacutees sur les possibiliteacutes de reacuteduire la teneur en L-Dopa dans la graine sans pour autant reacuteduire la teneur en proteacuteine qui est deacutenatureacutee par la chaleur Par ailleurs plusieurs traitements et combinaison de traitements ont eacuteteacute testeacutes (Figure 2) Ces traitements sont suivis drsquoanalyses nutritionnelle et toxicologique (Tableau 1) afin drsquoeacutevaluer le traitement le plus efficient cest-agrave-dire le moins toxique et ayant une valeur nutritionnelle inteacuteressante

Mucuna pruriens utilis jaune

Mucuna pruriens utilis noir

Mucuna pruriens yardghana

Mucuna pruriens IRZ

Mucuna pruriens rajada Mucuna pruriens Mucuna pruriens

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

14

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

MB T1 T2 T3 E1 E2 TE D1 D2 D3 TBic MTMatiegravere Segraveche () 938 949 952 959 945 944 984 828 995 991 939 946Matiegravere Mineacuterale () 35 415 38 40 42 39 41 27 27 19 41 44Cendre Insoluble () 01 01 01 00 01 01 01 01 01 01 01 01Calcium () 04 05 05 04 02 03 02 012 02 156 03 015Phosphore () 07 08 07 07 08 07 08 109 07 052 07 097Proteacuteine Brute () 263 242 235 226 257 238 214 270 217 248 242 243Matiegravere Grasse () 42 44 42 45 50 42 48 - 50 62 52 30L-dopa () 66 595 523 291 315 202 22 - 079 075 296 -

bull Mucuna non traiteacute (MB)bull Mucuna traiteacute trempage (T1 24h T2 48h et T3 72h)bull Mucuna traiteacute par eacutebullition (sur diffeacuterents temps drsquoeacutebullition E1 30min et E2 60min)bull Mucuna traiteacute par trempage suivi drsquoeacutebullition (TE)bull Mucuna deacutepelliculeacute (sur diffeacuterents temps de trempage D1 24h D2 48h et D3 72h) bull Mucuna traiteacute par eacutebullition dans une solution contenant 02 de bicarbonate (TBic)bull Mucuna traiteacute par torreacutefaction (MT)

Figure 2 Traitements du Mucuna

Expeacuterimentations en milieu controcircleacute

Des formulations alimentaires (Provende) agrave base de mucuna ont eacuteteacute effectueacutees puis testeacutees sur des animaux en milieu controcircleacute dans la station de recherche du FOFIFA agrave Kianjasoa Il srsquoagit de comparer les performances zootechniques des porcs et des volailles nourris avec des rations contenant un pourcentage deacutetermineacute de mucuna sur un traitement deacutetermineacute contre des lots teacutemoins de ces mecircmes animaux mais alimenteacutes avec des rations agrave 0 mucuna

RECHERCHES

Tableau 1 Valeurs nutritionnelles et teneur en L-Dopa du mucuna suivant diffeacuterents traitements (en pourcentage de la matiegravere segraveche)

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

15

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Expeacuterimentation sur les porcelets

Les expeacuterimentations ont eacuteteacute reacutealiseacutees sur diffeacuterents taux drsquoincorporation de mucuna (5 10 20 et 40) mais les gains de poids consideacutereacutes comme plus efficaces sont ceux enregistreacutes agrave une incorporation de 20 Par ailleurs le test sur animaux sur trois lots de porcelets recevant respectivement une ration agrave 0 de mucuna 20 mucuna torreacutefieacute et 20 de mucuna traiteacutee par le bicarbonate a eacuteteacute effectueacute Apregraves un mois et demi dexpeacuterimentation sans compter la peacuteriode dadaptation Le Gain moyen quotidien (GMQ) du lot teacutemoin est de 305 g contre 355g pour le lot recevant 20 de mucuna torreacutefieacute et 319 g pour le lot recevant 20 de mucuna traiteacutee au bicarbonate (Figure 3)

Figure 3 Gain moyen quotidien (en gramme) durant 45 jours de 3 lots de porcelets recevant une provende agrave base de mucuna

Ces expeacuterimentations nous montrent que les graines de mucuna peuvent bien ecirctre utiliseacutees dans lrsquoalimentation des porcs malgreacute la preacutesence de la L-Dopa qui nrsquoest pas totalement eacutelimineacutee par les traitements thermiques etou chimiques La comparaison drsquoune ration iso-proteacuteique et iso-eacutenergeacutetique du mucuna traiteacute au bicarbonate nrsquoa montreacute aucune diffeacuterence significative par rapport agrave une ration normale Par ailleurs le traitement par torreacutefaction est consideacutereacute comme efficace pour la ration des porcs La libeacuteration dacide gras durant la torreacutefaction ameacuteliore la palatabiliteacute de la ration et a un effet beacuteneacutefique sur lrsquoindice de conversion alimentaire

Expeacuterimentations sur les volailles

Les volailles repreacutesentent une source preacutecieuse de proteacuteines animales drsquoune grande valeur biologique Son eacutelevage se fait partout dans le monde dans des conditions tregraves variables Mais lrsquoobjectif principal est toujours drsquoavoir une production maximum agrave un coucirct minimum tout en eacutevitant les risques Par ailleurs la compleacutementation des aliments de volailles par le mucuna a eacuteteacute entreprise pour ameacuteliorer la productiviteacute (viande et œufs) Cette ameacutelioration a eacuteteacute entreprise sur les diffeacuterentes races existantes agrave Madagascar poulets de chair poule pondeuse et poulet de races locales Ainsi plusieurs lots de volailles recevant diffeacuterents taux drsquoincorporation de mucuna ont eacuteteacute compareacutes

Pour les poulets de chair quarante poussins de chair vaccineacutes et deacuteparasiteacutes ont eacuteteacute subdiviseacutes en 4 lots de 10 poussins 3 lots recevant respectivement un aliment incorporeacute de 0 10 et 20 de mucuna traiteacute par le bicarbonate 02 et le 4egraveme lot recevant du mucuna traiteacute par le proceacutedeacute D1 agrave 10 Au cours des 45 jours drsquoexpeacuterimentations des peseacutes hebdomadaires ont permis de suivre les performances de croissances de chaque poulet

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

16

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Figure 4 Poids des poulets de chair (en gramme) apregraves 45 jours drsquoexpeacuterimentations

En geacuteneacuteral lrsquoaugmentation du taux drsquoincorporation du mucuna dans la ration affecte la productiviteacute moyenne des poulets de chair qui est inversement proportionnelle agrave ce dernier Les poids finaux sont respectivement 1300g 1100g et 850g pour les 3 lots agrave 0 10 et 20 de Mucuna Il est eacutevident que malgreacute le taux inteacuteressant en proteacuteine et dacide amineacute dans le mucuna sa valeur biologique est reacuteduite par la preacutesence de la L-Dopa et cela affecte consideacuterablement la productiviteacute des poulets de chair Par contre lrsquoincorporation agrave 10 de mucuna deacutepelliculeacute dans la ration des poulets de chair ne preacutesente aucune diffeacuterence significative aux reacutesultats obtenus par la ration agrave 0 de mucuna (Figure 4) Par ailleurs il est donc indispensable de deacutepelliculer le mucuna avant de lintroduire dans la ration des poulets de chair

Pour les poules pondeuses

Trente poulettes precirctes agrave pondre (45 mois) de race Hulyn sp (Figure 6) ont eacuteteacute choisies pour mener lexpeacuterimentation Trois lots de 10 poulettes ont eacuteteacute formeacutes pour recevoir une ration contenant respectivement 0 10 et 20 de Mucuna traiteacutes par le Bicarbonate 02 Ce mecircme dispositif a eacuteteacute utiliseacute pour le test avec le mucuna deacutepelliculeacute Dans cette cateacutegorie le produit principal est lrsquoœuf drsquoougrave notre paramegravetre eacutetudieacute est le taux de ponte ainsi que le calibre des œufs

Figure 5 Performance zootechnique des poules pondeuses

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

17

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Lrsquoenregistrement des donneacutees journaliegraveres de ponte indique qursquoil nrsquoy a pas de diffeacuterences significatives entre les taux de ponte des poulettes recevant 0 et 10 de mucuna Par contre les poulettes nourries avec du mucuna agrave 20 nrsquoont jamais atteint un taux de ponte de 100 ceci pour dire que la teneur eacuteleveacutee en mucuna dans la ration affecte la ponte (Figure 5) Il est donc recommandeacute de ne pas deacutepasser les 10 dincorporation de mucuna dans la ration des poules pondeuses Pour les poules pondeuses nourris avec le mucuna deacutepelliculeacute les reacutesultats enregistreacutes nont pas de diffeacuterence significative avec ceux obtenus par le traitement preacuteceacutedant Par ailleurs nous pouvons opter pour le traitement avec le bicarbonate car ce traitement est moins couteux en termes de travail de temps ainsi que de faciliteacute de preacuteparation Cependant en ce qui concerne la taille des œufs les calibres des œufs des poules alimenteacutes avec une ration agrave 10 de mucuna deacutepelliculeacute sont leacutegegraverement supeacuterieurs agrave ceux des poules nourries avec du mucuna bicarbonateacute 10 (Figure 5) ainsi que ceux du lot teacutemoins agrave 0 Nous pouvons donc tirer une conclusion que le mucuna a un leacuteger effet positif sur les performances des poules pondeuses Le taux dincorporation (infeacuterieur agrave 10) et le traitement (deacutepelliculage) jouent un rocircle important

Figure 6 Introduction du mucuna dans la ration des poules pondeuses

Pour les poulets de races locales (akoho gasy)

Six lots de 20 tecirctes ont eacuteteacute constitueacutes pour recevoir une ration contenant respectivement 0 15 et de 30 de mucuna bicarbonateacute et 0 15 et de 30 de mucuna torreacutefieacute Des traitements sanitaires ont eacuteteacute effectueacutes au preacutealable tels que les vaccinations et les deacuteparasitages Ensuite les performances zootechniques (Poids) ont eacuteteacute mesureacutees toutes les semaines afin de calculer les gains de poids moyens quotidiens (GMQ) Leacutevolution du poids des poulets de races locales Akoho gasy durant 3 mois sur les 6 lots recevant des rations diffeacuterentes agrave base de mucuna nous indiquent quil ny a pas de diffeacuterence significative entre chaque lot Cependant nous pouvons constater que les poulets de races locales peuvent tregraves bien supporter une incorporation de mucuna jusquagrave 30 Pailleurs une vulgarisation de ces reacutesultats en milieu reacuteel au niveau des paysans a eacuteteacute effectueacutee Pour cela deux groupes deacuteleveurs de poulets de race locale ont eacuteteacute seacutelectionneacutes pour tester leur appreacuteciation sur ces deux types de traitement (bicarbonateacute et deacutepelliculeacute) agrave 30 de mucuna

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

18

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Figure 7 Comparaison en milieu reacuteel des performances des poulets de race locale alimenteacute au Mucuna

bull MT1 Mucuna cuit avec du Bicarbonate bull MT2 Mucuna torreacutefieacute bull SM Ration sans mucuna

Apregraves trois mois deacutevaluation coupleacutee de visites de pesage hebdomadaire Il a eacuteteacute constateacute que le gain de poids des poulets nourris par le mucuna bicarbonateacute est plus eacuteleveacute que ceux nourris avec le mucuna torreacutefieacute (Figure 7) Malheureusement face au travail que demande le traitement par le bicarbonate aucun des eacuteleveurs na adopteacute ce traitement apregraves lexpeacuterimentation Selon ces eacuteleveurs la diffeacuterence entre les performances est moindre alors que le traitement au bicarbonate demande beaucoup de travail

Conclusion

Agrave Madagascar le mucuna est principalement cultiveacutee pour ses qualiteacutes dameacutelioration du sol en tant que plante de couverture Cette eacutetude a permis de mettre en eacutevidence la possibiliteacute de lincorporer dans lalimentation des animaux de rente Cependant des traitements preacutealables de la graine doivent ecirctre effectueacutes pour pouvoir le valoriser dans lalimentation animale Ces traitements doivent ecirctre accoupleacutes au taux dincorporation adeacutequate pour que ce dernier ne puisse preacutesenter drsquoeffets neacutegatifs sur la croissance des animaux ni sur lrsquoappeacutetibiliteacute des aliments Les graines de mucuna repreacutesentent donc une opportuniteacute pour les petits producteurs agrave Madagascar Ceci permet drsquoatteindre des objectifs de production eacuteconomiquement inteacuteressants dans le cas drsquoun eacutelevage ameacutelioreacute Au vu de ces reacutesultats lrsquoutilisation des ressources non conventionnelles locales parfois en abondance et nrsquoentrant pas en compeacutetition avec lrsquoalimentation humaine est une alternative inteacuteressante pour ameacuteliorer la production animale Par ailleurs il permet ainsi de reacuteduire consideacuterablement les deacutepenses en eacutelevage constitueacutees en grande partie par le coucirct des aliments

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

19

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

bull bull bull bull bull bull

Utilisation des fumures organiques et des engrais dans les strateacutegies de gestion de la fertiliteacute des sols des exploitations agricoles du Moyen-Ouest de la reacutegion

Vakinankaratra et de la zone Est de la reacutegion drsquoItasy Madagascar

RAZAFIMAHATRATRA Hanitriniaina Mamy (FOFIFA) BEacuteLIEgraveRES Jean-Franccedilois (CIRADART-Dev et FOFIFA) RAHARIMALALA Sitrakiniaina (FOFIFAESSA) RANDRIAMIHARY FETRA SAROBIDY Eddy Josephson (FOFIFAESSA) AUTFRAY Patrice

(CIRADAIDA) RAZANAKOTO Onjaherilanto Rakotovao (ESSA) RAHARISON Tahina Solofoniaina (GSDMMontpellier SupAgro)

Introduction

Dans chacun des numeacuteros 8 et 9 du Journal de lrsquoAgroeacutecologie un article preacutesentait

des reacutesultats sur les pratiques de gestion de la fertiliteacute des sols des exploitations agricoles familiales (EAF) obtenus dans le cadre du projet de recherche SECuRE (Soil ECological function REstoration to enhance agrosystem services in rainfed rice cropping systems in agroecological transition) financeacute par la fondation Agropolis Le premier traitait de la diversiteacute et de lrsquoimportance des pratiques dans les EAF le second preacutesentait les quantiteacutes et la qualiteacute des fumures organiques disponibles en lien avec les pratiques de production et drsquoeacutechanges Ce troisiegraveme article est consacreacute agrave lrsquoutilisation des fumures organiques et des engrais acheteacutes une maniegravere de caracteacuteriser en partie tout au moins les strateacutegies de gestion de la fertiliteacute des sols deacuteveloppeacutees par les EAF

bull Parmi les nombreuses pratiques pour une gestion inteacutegreacutee de la fertiliteacute des sols (Sanginga et Woomer 2009 Liniger et al

2011) lrsquoutilisation de fumure organique et drsquoengrais occupe une place preacutepondeacuterante car les effets agrave court et moyen termes sur la productiviteacute des cultures sont importants Lrsquoanalyse des donneacutees collecteacutees1 dans le cadre de Secure permet de caracteacuteriser les pratiques drsquoutilisation de ces intrants (et drsquoune maniegravere plus large de lrsquoensemble des intrants) notamment par rapport aux cultures pratiqueacutees et aux superficies cultiveacutees annuellement Lrsquoarticle est structureacute en trois parties la premiegravere concerne lrsquoacquisition de fertilisants suppleacutementaires avec les engrais commerciaux et les cendres la seconde preacutesente les pratiques quantifieacutees drsquoutilisation de la fertilisation disponible (fumure organique locale cendres et engrais commerciaux) en fonction des cultures enfin la derniegravere partie conclue avec quelques recommandations pour le deacuteveloppement

1 Ces reacutesultats ont eacuteteacute obtenus avec un eacutechantillon drsquoEAF localiseacutees dans le Moyen-Ouest de la reacutegion Vakinankaratra et dans la zone Est de la reacutegion Itasy Pour plus drsquoinformations le lecteur est inviteacute agrave se reporter au ndeg8 de JAE ou sur le site du projet (httpswwwsecuremgle-projet-secure) Il faut rappeler que les reacutesultats sont repreacutesentatifs des fokontany dans les zones drsquoeacutetude car lrsquoeacutechantillonnage des EAF a eacuteteacute fait par tirage au sort

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

20

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

1 Les achats drsquoengrais commerciauxsup2et de cendres

Malgreacute les politiques mises en œuvre depuis des deacutecennies1 les EAF achegravetent peu drsquoengrais chimiques Pour lrsquoensemble de Madagascar au cours des 20 derniegraveres anneacutees la quantiteacute moyenne utiliseacutee varie entre 2 et 6 kg par hectare cultiveacute et par an2

11 Quantiteacutes acheteacutees drsquoengrais commerciaux par EAF et par hectare SAU

Les EAF ont des comportements diffeacuterents selon les zones (tableau 1)

A Mandoto un peu moins drsquoune EAF sur 2 (45) achegravete de lrsquoengrais en faible quantiteacute avec en moyenne 14 kg par an pour un montant moyen de moins de 30 000 Ar Rameneacute agrave lrsquoensemble des EAF de la zone la quantiteacute moyenne acheteacutee est de lrsquoordre de 6 kg par EAF et par an Et quand on ramegravene ces achats drsquoengrais agrave la surface agricole utile (SAU) disponible par EAF on a des valeurs moyennes eacutequivalentes (14 et 6 kgha SAU)

Dans la zone drsquoArivonimamo la consommation drsquoengrais est plus importante 88 des EAF en achegravetent une quantiteacute moyenne de presque 28 kg pour un peu plus de 60 000 Ar ce qui rameneacute agrave lrsquoensemble des EAF fait une moyenne geacuteneacuterale de presque 25 kgEAF Comme la SAU moyenne par EAF est faible les quantiteacutes drsquoengrais disponibles sont de plus de 35 kgha pour les EAF qui en achegravetent et de presque 31 kgha pour lrsquoensemble des EAF

La variabiliteacute est tregraves forte agrave Mandoto et moindre dans la zone drsquoArivonimamo (tableau 1)

Tableau 1 Part des EAF qui achegravetent de lrsquoengrais et quantiteacutes acheteacutees

Mandoto ArivonimamoMoyenne CV Moyenne CV

des EAF qui achegravetent 45 88

Pour les EAF qui achegravetent

Quantiteacute en kgEAF 143 155 279 112

Valeur achat en ArEAF 27 884 153 61 058 117

Quantiteacute par SAU en kgha 140 195 352 101

Pour Quantiteacute en kgEAF 64 257 245 125

Pour lensemble des EAF

Valeur achat en ArEAF 12 490 254 53 707 131

Quantiteacute par SAU en kgha 63 312 309 114

1 On peut simplement rappeler la laquo strateacutegie nationale pour le deacuteveloppement de lrsquoutilisation de lrsquoengrais raquo MAEP 20062 Source httpsdatabankbanquemondialeorghome Ce que Pierre-Bernard et al traduisaient ainsi en 2007 laquo engrais un produit cher et peu utiliseacute raquo agrave Madagascar

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

21

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

On peut srsquoeacutetonner de la faible variation entre la quantiteacute moyenne par EAF et la quantiteacute par SAU agrave Mandoto sachant que dans cette zone la superficie SAU moyenne est de lrsquoordre de 15 ha (voir tableau 2) Ceci provient du fait que les moyennes sont calculeacutees pour les EAF et ne sont pas pondeacutereacutees par les superficies Quand on pondegravere par la superficie la quantiteacute moyenne par hectare SAU pour lrsquoensemble des EAF de Mandoto diminue et passe de 63 agrave 43 kg par hectare On constate la mecircme chose agrave Arivo-nimamo avec la quantiteacute moyenne par hectare SAU qui passe de 309 agrave 271 kgha Ceci signifie que ce ne sont pas les plus grandes EAF (celles qui ont le plus de SAU) qui achegravetent le plus drsquoengrais chimiques Le coefficient de correacutelation entre superficie SAU par EAF et quantiteacute acheteacutee drsquoengrais par hectare est significatif agrave 001 et neacutegatif mais drsquoune valeur faible (-02)

Figure 1 Nuage de point entre SAU par EAF et quantiteacute drsquoengrais par ha de SAU

La Figure 1 ci-contre illustre cela avec les quantiteacutes par hectare SAU (axe vertical) les plus eacuteleveacutees qui correspondent agrave des SAU (axe horizontal) faibles (infeacuterieures agrave 2 hectares) Les EAF de grandes taille (gt2 ha) achegravetent peu drsquoengrais chimiques et en quantiteacute relativement faible par rapport agrave la SAU dont elles disposent On verra plus loin que ce sont des strateacutegies diffeacuterentes de mise en culture (systegraveme de culture) qui expliquent cette situationOn rappellera que 60 des EAF agrave Mandoto et 88 agrave Arivonimamo eacutechangent (achegravetent vendent ou troquent) de la fumure organique (voir JAE ndeg9) et que les pourcentages sont respectivement de 30 et 74 pour les EAF qui achegravetent de la FO Ainsi quand on prend en compte tous les types de fertilisants une

grande majoriteacute des EAF a recours au marcheacute pour acqueacuterir des matiegraveres fertilisantes et geacuterer la fertiliteacute de leurs sols

Enfin par rapport agrave lrsquoutilisation de produits phytosanitaires on observe deux situations diffeacuterentes agrave Mandoto la proportion des EAF qui achegravetent des produits phytosanitaires est de 63 et donc supeacuterieure agrave celles qui achegravetent des engrais commerciaux (45) alors qursquoagrave Arivonimamo dans notre eacutechantillon 75 des EAF utilisent des produits phytosanitaires alors que 88 achegravetent des engrais

12 Types drsquoengrais commerciaux acheteacutes

Les engrais acheteacutes sont essentiellement de type NPK (le plus courant est composeacute de 11 N 22 P2O5 16 K2O) et de lrsquoureacutee (46) ces deux types repreacutesentent en cumuleacute plus de 95 des quantiteacutes agrave Mandoto et 77 agrave Arivonimamo ougrave lrsquoon observe une plus grande diversiteacute (figure 2) en rapport avec une plus grande consommation et aussi drsquoune offre plus importante avec la proximiteacute de la capitale

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

22

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Figure 2 Types dengrais acheteacutes en des quantiteacutes totales

A Arivonimamo le Blaukorn (nom commercial) est bien repreacutesenteacute avec plus de 16 des quantiteacutes Crsquoest un engrais composeacute (NPK) avec drsquoautres eacuteleacutements (magneacutesium soufre bore zinc) laquo agrave action rapide qui assure un effet-starter important raquo notamment sur les cultures maraichegraveres Le DAP (18 N 46 P2O5) est eacutegalement repreacutesenteacute avec 6 des quantiteacutes Les autres produits comme la dolomie (amendement calcaire) et le guano de chauvesouris (Guanomad) riche en phosphates naturels sont tregraves faiblement repreacutesenteacutes (mecircme si Guanomad repreacutesente tout de mecircme un peu plus de 3 dans la zone de Mandoto)

Les prix moyens drsquoachat deacuteclareacutes par les producteurs et pondeacutereacutes par les quantiteacutes diffegraverent peu entre les deux zones (contrairement aux prix de la fumure organique qui sont tregraves diffeacuterents voir JAE ndeg9) Les prix moyens (pour la plupart prix de 2016) sont de 2 100 Arkg pour NPK 1 900 Arkg pour lrsquoureacutee 2 400 Arkg pour le DAP 3 100 Arkg pour le Blaukorn et 1100 Akkg pour le Guanomad

En moyenne une EAF a acheteacute au cours de lrsquoanneacutee pour 12 500 Ar drsquoengrais agrave Mandoto et 54 000 Ar drsquoengrais agrave Arivonimamo Ces montants indiquent un recours tregraves limiteacute aux engrais commerciaux dans les strateacutegies de gestion de la fertiliteacute

13 Le cas particulier des cendres

Les cendres peuvent ecirctre consideacutereacutees comme un engrais ou comme un amendement Elles sont utiliseacutees depuis le deacutebut de lrsquoagriculture pour enrichir les terres cultiveacutees en sels mineacuteraux notamment en potasse et oligo-eacuteleacutements (Poirier et Nuninger 2012) Elles ont un pouvoir alcalinisant et augmentent le pH du sol Elles peuvent ecirctre inteacutegreacutees aux composts ou aux fumiers (voir JAE ndeg9) ou utiliseacutees seules en apport localiseacute ou eacutepandues sur le champ Cette sous partie traite des cendres utiliseacutees directement sur les parcelles

Si la pratique est rare agrave Mandoto (2 des EAF) elle est reacutepandue agrave Arivonimamo ougrave ce sont 19 des EAF qui eacutepandent des cendres acheteacutees Celles-ci proviennent pour lrsquoessentiel des balles de riz utiliseacutees comme eacutenergie pour la fabrication des briques Crsquoest donc le sous-produit drsquoun autre sous-produit agricole (la balle de riz)

Lrsquoeacutevaluation des quantiteacutes en kilogramme est tregraves approximative les producteurs ne connaissant pas les eacutequivalences Les EAF qui eacutepandent directement les cendres ont estimeacute avoir utiliseacute lrsquoanneacutee de lrsquoenquecircte en moyenne environ 250 kgEAF ce qui repreacutesente rameneacute agrave lrsquoensemble des EAF environ 4 kgEAF agrave Mandoto et un peu moins de 50 kg par EAF agrave Arivonimamo

Si les quantiteacutes semblent conseacutequentes (presque le double des quantiteacutes drsquoengrais) la valeur moneacutetaire de ces cendres est faible avec un prix moyen estimeacute entre 30 et 35 Arkilogramme Ainsi les cendres utiliseacutees directement par les EAF sur les cultures repreacutesenteraient une valeur de 8 000 agrave 9 000 Ar pour les EAF qui ont cette pratique et rameneacutees agrave lrsquoensemble des EAF des zones concerneacutees agrave moins de 200 Ar agrave Mandoto et de lrsquoordre de 1 600 Ar agrave Arivonimamo

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

23

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Lrsquoutilisation des cendres directement sur la parcelle sans passer par le compost ou le fumier est une pratique assez courante dans la zone de Arivonimamo Elle participe au recyclage de certains sous-produits et en particulier de la balle de riz utiliseacutee comme combustible pour la fabrication des briques En plus de lrsquoapport en eacuteleacutements fertilisants les cendres ont drsquoautres proprieacuteteacutes selon certains producteurs qui les utilisent dans la lutte contre les ravageurs et les maladies

2 Utilisation de la fumure organique et des engrais commerciaux

Lrsquoenquecircte a permis de collecter les informations neacutecessaires pour reconstituer lrsquoitineacuteraire technique et le budget de culture pour toutes les parcelles cultiveacutees au cours de lrsquoanneacutee agricole enquecircteacutee (201617) soit trois saisons de culture grande saison 201617 saison intermeacutediaire 2017 contre saison 2017 (soit de novembre 2016 agrave octobre 2017) Ainsi les quantiteacutes et la valeur des intrants utiliseacutes pour la fertilisation sont connues par culture et par saison

21 Fertilisation disponible et superficies fertiliseacutees

Le tableau 2 reacutecapitule des quantiteacutes moyennes de matiegraveres fertilisantes disponibles par EAF en additionnant les quantiteacutes de fumure organique (voir JAE ndeg9) et les engrais commerciaux acheteacutes Les EAF de la zone drsquoArivonimamo produisent plus de FO et achegravetent plus drsquoengrais que celles de la zone de Mandoto et en final la disponibiliteacute moyenne en kilogramme est nettement supeacuterieure Rameneacutes agrave la SAU les eacutecarts entre les deux zones augmentent puisque la taille moyenne des EAF de Mandoto est plus grande la quantiteacute disponible par ha SAU va du simple au double

Tableau 2 Quantiteacutes moyennes de fertilisants disponibles par EAF (en kg)

Types de fertilisants Mandoto ArivonimamoFumier 1 676 2 573Compost et autre 458 324Engrais acheteacutes 6 25Cendres acheteacutees 4 48Total (kg) 2 144 2 969SAU (ha) 148 091KgSAU 1 448 3 279S Cultiveacutee en ha 138 113Kg S cultiveacutee 1 558 2 627

apregraves le riz et pour lesquelles la capitale nationale assure des deacuteboucheacutes A Mandoto ce taux de mise en valeur nrsquoest que de 93 avec tregraves peu de cultures maraichegraveres et une part un peu plus importante de jachegraveres avec 11 de la SAU ce qui ne signifie pas qursquoil nrsquoy a pas de jachegravere agrave Arivonimamo ougrave elles repreacutesentent tout de mecircme 8 de la SAU crsquoest lrsquoimportance des cultures maraichegraveres qui impacte le plus le taux de mise en valeur

Il faut rappeler que ces moyennes cachent une grande variabiliteacute Celle-ci a eacuteteacute traiteacutee dans le JAE ndeg9 pour la FO et ci-dessus pour les engrais Crsquoest pourquoi nous nrsquoy reviendrons pas ici la variabiliteacute sera analyseacutee seulement pour lrsquoutilisation

Mais quand on ramegravene ces quantiteacutes disponibles moyennes aux superficies cultiveacutees annuellement lrsquoeacutecart se reacuteduit car dans la zone drsquoArivonimamo les EAF intensifient lrsquoutilisation de la terre avec un taux de mise valeur de 125 (crsquoest-agrave-dire qursquoune parcelle est cultiveacutee une fois en totaliteacute au cours de lrsquoanneacutee agricole et que 25 de sa surface sont cultiveacutes une deuxiegraveme fois) Cette intensification est rendue possible notamment par les productions maraichegraveres que les producteurs cultivent en double culture

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

24

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

La question que lrsquoon peut se poser agrave ce stade est est-ce que ceux qui achegravetent des engrais commerciaux sont ceux qui nrsquoont pas de FO A Mandoto lrsquoanalyse des correacutelations indique qursquoil nrsquoy pas de relation lineacuteaire entre la quantiteacute drsquoengrais acheteacutee et la quantiteacute de fumier produite A Arivonimamo cette relation existe Elle est significative (au seuil de 001) mecircme si le coefficient est faible (03) et surtout elle est positive ce qui indique que ceux qui achegravetent le plus drsquoengrais sont souvent ceux qui produisent le plus de fumier Ainsi il nrsquoy aurait pas un seuil de disponibiliteacute en fumier qui ferait que lrsquoagriculteur ne cherche plus agrave acqueacuterir des engrais consideacuterant qursquoil a assez de matiegraveres fertilisantes La raison des faibles quantiteacutes drsquoengrais acheteacutees est sans doute plus agrave rechercher dans la disponibiliteacute et des contraintes eacuteconomiques

22 Reacutepartition des matiegraveres fertilisantes selon les cultures

Avant de preacutesenter la reacutepartition par culture on peut appreacutecier la part des parcelles et de la superficie selon le type de fertilisation (Tableau 3) Les parcelles et la superficie sans aucun apport agrave Arivonimamo sont moindres (environ un tiers) qursquoagrave Mandoto (41 des parcelles et 52 de la superficie)

Tableau 3 Parts des parcelles et de la superficie selon le type de fertilisation dans les terroirs

ApportsMandoto Arivonimamo

des parcelles

de la surface

des parcelles

de la surface

Sans FO Sans Engrais 41 52 35 33Avec FO seulement 38 33 38 40Avec Engrais seulement 3 2 3 3Avec FO + Engrais 19 13 25 24Ensemble 100 100 100 100

Ainsi mecircme agrave Mandoto plus drsquoune parcelle sur deux reccediloit de la FO et globalement dans les deux terroirs il y a une reacutepartition qui laisse la possibiliteacute pour qursquoune parcelle soit fertiliseacutee plus drsquoune fois tous les deux ans sans preacutejuger ni des doses utiliseacutees ni des cultures privileacutegieacutees Les eacutecarts entre les pourcentages des parcelles et des superficies indiquent qursquoagrave Mandoto ce sont les parcelles en moyenne plus petites qui sont fertiliseacutees ce qui nrsquoest pas le cas agrave Arivonimamo Tregraves rares sont les parcelles qui ne reccediloivent que de lrsquoengrais (quelques parcelles en maraichage mais aussi en riz pluvial et maiumls agrave Mandoto) Ainsi les producteurs qui achegravetent de lrsquoengrais chimique lrsquoutilisent presque toujours sur des parcelles en compleacutement drsquoun apport de fumure organique

Lrsquoutilisation des fertilisants est en lien avec les quantiteacutes disponibles mais aussi les cultures pratiqueacutees Or les exploitations agricoles familiales des deux zones ont des assolements1 sensiblement diffeacuterents comme le montre la premiegravere colonne des deux figures suivantes (Figure 3 et Figure 4) Dans les deux zones le riz irrigueacute de bas-fonds occupe une place importante avec des parts dans lrsquoassolement qui sont relativement proches (29 agrave Mandoto et 32 agrave Arivonimamo) Ainsi mecircme si le Moyen Ouest du Vakinankaratra a la reacuteputation drsquoune zone de cultures pluviales le riz irrigueacute de bas-fonds occupe une place preacutepondeacuterante en terme de superficie (mais aussi en terme de revenu comme on le verra dans le prochain numeacutero de JAE) Les tubercules et les leacutegumineuses occupent agrave peu pregraves la mecircme part de la surface cultiveacutee annuellement dans les deux zones de lrsquoordre de 25 pour les tubercules et 10 pour

1 Ces pourcentages ont eacuteteacute calculeacutes sur la superficie effectivement cultiveacutee crsquoest-agrave-dire sans les jachegraveres Si on integravegre les ja-chegraveres celles-ci repreacutesentent 10 de la surface totale (cultiveacutee + jachegravere) agrave Mandoto et 6 agrave Arivonimamo

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

25

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

les leacutegumineuses mais les espegraveces cultiveacutees sont diffeacuterentes La part des autres cultures est speacutecifique et caracteacuterise la zone

A Mandoto les ceacutereacuteales pluviales occupent pregraves du tiers de la surface (176 en riz pluvial et 15 en maiumls hors jachegravere) Alors qursquoagrave Arivonimamo ces deux cultures occupent seulement 86 de la surface et le maiumls y est vraiment marginal Dans cette zone ce sont les cultures maraichegraveres qui sont importantes avec 224 de la surface Les cultures autres constitueacutees essentiellement par lrsquoagroforesterie avec des fruitiers nrsquoest pas neacutegligeable avec 3 de la surface A Mandoto ces deux types de cultures sont tregraves peu pratiqueacutees (18 de la surface sont consacreacutes aux cultures maraichegraveres et les autres cultures avec 01 sont quasiment inexistantes)

Les donneacutees extrapoleacutees agrave lrsquoensemble des fokontany permettent de connaicirctre sur quelles cultures les matiegraveres fertilisantes disponibles ont eacuteteacute eacutepandues1 Lrsquoeacutechantillon est constitueacute de 2 427 parcelles2 Elles sont plus nombreuses agrave Arivonimamo ougrave lrsquoeacutechantillon drsquoEAF est plus grand mais aussi ougrave la taille moyenne des champs est plus petite et ougrave les doubles cultures sont freacutequentes La deuxiegraveme colonne de chaque figure preacutesente la reacutepartition de la FO (fumier compost et autre matiegraveres organiques) la troisiegraveme colonne est celle des engrais commerciaux Les quantiteacutes disponibles sont diffeacuterentes entre les zones Les pourcentages repreacutesentent la reacutepartition et traduisent la strateacutegie des EAF A Mandoto les EAF privileacutegient le riz pluvial et le maiumls qui reccediloivent 74 de la FO disponible (Figure 3) et 40 des engrais acheteacutes

Figure 3 Reacutepartitions de la superficie cultiveacutee annuellement de la FO et des engrais commerciaux agrave Mandoto

Les autres cultures comme les leacutegumineuses et les tubercules reccediloivent un peu de FO mais le plus souvent parce qursquoelles sont cultiveacutees en association avec du riz pluvial ou du maiumls Le riz irrigueacute qui repreacutesente 29 de la superficie reccediloit moins de 5 de la FO et 14 des engrais Le maraichage pourtant tregraves peu preacutesent (18 des surfaces) reccediloit une part conseacutequente de la FO (54) et surtout des engrais (38 des quantiteacutes disponibles)

Ainsi dans cette zone les producteurs ont une strateacutegie de fertilisation des ceacutereacuteales pluviales sur tanety avec un transfert de fertiliteacute des riziegraveres vers les tanety puisque le fumier integravegre la plus grande partie des pailles du riz des riziegraveres Cette fertilisation profite aussi aux autres cultures pluviales soit avec les associations soit via les rotations qui sont quasiment systeacutematiques en pluvial

1 Les difficulteacutes sont cependant nombreuses et notamment en raison de lrsquoimportance et de la diversiteacute des associations de cultures et des regroupements que nous avons opeacutereacutes pour faciliter la collecte notamment pour le maraichage Nous avons pris lrsquooption comme pour les surfaces de reacutepartir agrave eacutegaliteacute les quantiteacutes entre les diffeacuterentes cultures Ainsi pour une parcelle avec une association riz pluvial et arachide les quantiteacutes drsquointrants ont eacuteteacute reacuteparties pour moitieacute pour le riz pluvial et pour moitieacute pour lrsquoarachide Il en est de mecircme pour une parcelle ougrave ont eacuteteacute regroupeacutees une planche de tomate et une planche drsquooignon alors que peut-ecirctre le producteur avait fait des apports diffeacuterentieacutes2 Au total 2 680 parcelles une fois les parcelles regroupeacutees deacutesagreacutegeacutees On rappellera que les parcelles en jachegravere ne sont pas comprises ici

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

26

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Le riz irrigueacute ne reccediloit pratiquement pas de FO et tregraves peu drsquoengrais avec une strateacutegie drsquoallocation des FO sur les tanety milieu naturellement bien moins fertile que les bas-fonds A Arivonimamo la situation du riz irrigueacute est approximativement la mecircme alors que la surface cultiveacutee repreacutesente 32 cette culture ne reccediloit que 7 de la FO disponible et 4 des engrais Les ceacutereacuteales pluviales sont tregraves peu fertiliseacutees contrairement agrave Mandoto Dans les deux situations les cultures vivriegraveres beacuteneacuteficient des arriegraveres-effets des cultures maraicircchegraveres beaucoup plus fortement fertiliseacutees

Figure 4 Reacutepartitions de la superficie cultiveacutee annuellement de la FO et des engrais commerciaux agrave Arivonimamo

Les cultures privileacutegieacutees sont les cultures maraichegraveres qui reccediloivent 46 de la FO et 77 des engrais mais aussi les tubercules autres que le manioc (patate douce taro et pomme de terre) qui reccediloivent 25 de la FO mais peu drsquoengrais et les leacutegumineuses (haricots) qui reccediloivent un peu plus de FO et drsquoengrais (respectivement 11 et 12) que la part qursquoelles occupent dans lrsquoassolement (9)

Ce sont les cultures exigeantes en fumure mais aussi et surtout fortement commercialiseacutees (maraichage pomme

de terre patate douce taro et haricot) qui reccediloivent lrsquoessentiel de la fertilisation Les rotations permettent aux cultures peu fertiliseacutees de beacuteneacuteficier des arriegraveres effets de la fertilisation des cultures produites drsquoabord pour les marcheacutes Le riz irrigueacute qui nrsquoest pas fertiliseacute beacuteneacutefice des arriegraveres effets des cultures de contre saison sur les riziegraveres

Ainsi les strateacutegies de fertilisation des EAF sont tregraves diffeacuterentes selon les zones en lien avec les cultures produites leur exigence mais surtout en lien avec des objectifs technico-eacuteconomiques et le marcheacute des produits agricoles

23 Les doses apporteacutees

Lrsquoanalyse des quantiteacutes de fumure apporteacutees est faite par culture1 et en tenant compte des associations

A Mandoto (tableau 4) les superficies en culture pure repreacutesentent 71 des parcelles et de la superficie Comme deacutejagrave indiqueacute le riz irrigueacute occupe une place importante mais il est peu fertiliseacute avec seulement 20 des parcelles et 18 de la superficie qui reccediloivent de la fumure organique agrave des doses faibles (moins de 2 tonnes par hectare) et seulement 4 des parcelles reccediloivent de lrsquoengrais (agrave une dose de pregraves de 60 kgha)

1 Seuls les reacutesultats pour les cultures avec un effectif non pondeacutereacute de plus de 15 parcelles sont preacutesenteacutes ici On notera que pour les principales cultures la taille de lrsquoeacutechantillon est conseacutequente

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

27

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Tableau 4 Apports de FO et dengrais sur les cultures cultiveacutees pures agrave Mandoto en (kg)

Cultures pures Nbre de parcelles

Surface ha

Parcelle avec Superficie avec Superficie avec Dose moy FO

en kghaDose moy

Engrais kgha

FO Engrais FO EngraisToutes

les parcelles

Parcelles avec

Toutes les

parcelles

Parcelles avec

Riz bas-fond 242 5834 20 4 18 4 377 1 901 241 5825Riz Pluvial 90 2353 91 37 90 29 4 022 4 415 1011 2677Maiumls 30 646 97 37 98 43 3 923 4 059 1669 4553Manioc 117 3689 8 0 4 0 414 4 843 000 000Autres tuber 19 236 47 47 35 42 3 041 6 420 1857 3920Leacutegumineuses 78 1156 45 18 38 18 1 776 3 958 870 4850Maraichage 112 264 90 61 80 74 31 829 35 296

Les moyennes sont calculeacutees par parcelle et sans pondeacuteration

Crsquoest le manioc qui est le moins fertiliseacute pas drsquoengrais et seulement 4 des parcelles avec de la fumure organique Le riz pluvial et le maiumls sont les cultures pures qui reccediloivent le plus systeacutematiquement de la fumure plus de 90 des parcelles et de la superficie reccediloivent de la FO agrave des doses eacuteleveacutees de plus de 4 tha et 30 agrave 40 des parcelles et de la surface reccediloivent de lrsquoengrais mais agrave des doses qui restent faibles (26 kgha pour le riz pluvial et 45 kgha pour le maiumls) Les autres tubercules reccediloivent engrais et FO mais ce sont essentiellement les pommes de terre Les leacutegumineuses sont eacutegalement fertiliseacutees avec 45 des parcelles qui reccediloivent de la FO et 18 de lrsquoengrais agrave des doses moyennes pour la zone Enfin les cultures maraichegraveres ont eacuteteacute regroupeacutees les parcelles sont nombreuses mais la superficie tregraves petite elles reccediloivent agrave 90 de la FO et agrave 61 des engrais agrave des doses importantes (plus de 30 tha pour la FO)

A Arivonimamo la part des cultures pures est plus importante qursquoagrave Mandoto avec 86 des parcelles et 89 de la superficie Ainsi le nombre de parcelles de lrsquoeacutechantillon est nettement plus important (mais il ne fait pas oublier que lrsquoeacutechantillon compte plus drsquoEAF)

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

28

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Tableau 5 Apports de FO et dengrais sur les cultures cultiveacutees pures agrave Arivonimamo (en kg)

Cultures pures Nbre parcelles

Surface ha

Parcelle avecSuperficie avec Superficie avec Dose moy FO en

kghaDose moy Engrais

kgha

FO Engrais FO Engrais Toutes les parcelles

Parcelles avec

Toutes les parcelles

Parcelles avec

Riz bas-fond 363 6078 39 9 39 8 633 1 643 459 5206

Riz Pluvial 72 1051 83 0 93 0 2 902 3 482 000 000

Maiumls 17 112 94 11 96 9 3 501 3 720 131 2222

Manioc 201 2020 24 1 23 0 1 253 5 249 038 3833

Autres tuber 232 2327 70 5 78 4 4 461 6 350 367 7748

Haricots 61 765 95 65 96 73 4 132 4 346 4824 7545

Autre Leacutegum 46 352 20 0 18 0 779 3 981 000 000

Tomates 90 955 97 95 98 97 7 614 7 877 12791 13543

Haricot verts 132 1088 95 87 96 90 5 079 5 321 8090 9286

Autres Maraich 155 1293 95 76 101 73 4 311 4 546 9126 12089 Les moyennes sont calculeacutees par parcelle et sans pondeacuteration

A Arivonimamo la fertilisation du riz irrigueacute est un peu plus freacutequente avec 39 des parcelles qui reccediloivent de la FO et 9 de lrsquoengrais mais agrave des doses plus faibles qursquoagrave Mandoto 16 tha pour la FO et 52 kgha drsquoengrais La fertilisation du riz irrigueacute nrsquoest pas une prioriteacute pour le plus grand nombre des producteurs Les cultures les moins fertiliseacutees sont le manioc et les leacutegumineuses autres que le haricot avec respectivement 23 et 18 des parcelles seulement qui reccediloivent de la FO et quasiment aucune qui reccediloit de lrsquoengrais Mais de maniegravere assez eacutetonnante les parcelles avec FO reccediloivent des doses assez importantes (plus de 5 tha pour le manioc) certainement en lien avec des strateacutegies de gestion ou de restauration de la fertiliteacute des sols En ce qui concerne la FO toutes les autres cultures sont tregraves freacutequemment fertiliseacutees plus de 90 des parcelles de riz pluvial maiumls haricot et maraichage les autres tubercules le sont agrave pregraves de 80 Et si pour le riz pluvial et le maiumls les doses moyennes sont modestes car infeacuterieures agrave 4 tha elles sont supeacuterieures agrave 4 tha pour les haricots et supeacuterieures agrave 5 tha pour les autres avec notamment pour les tomates un apport de plus de 7 tha Pour les engrais tregraves peu drsquoapports pour le maiumls (6 des parcelles) et pas drsquoapport pour le riz pluvial (observations pour 72 parcelles) Lrsquoengrais est reacuteserveacute au maraichage (plus de 75 des parcelles) et aux haricots (64 des parcelles) Avec des doses moyennes relativement importantes plus de 90 kgha pour les haricots verts 135 kgha pour la tomate et 120 kgha pour les autres cultures maraichegraveres

Ainsi drsquoune maniegravere geacuteneacuterale agrave Arivonimamo lrsquoapport de fertilisants est conseacutequent agrave la fois en termes de parcelles concerneacutees et de doses eacutepandues Riz irrigueacute manioc et leacutegumineuses autres que haricot sont les parents pauvres de la fertilisation mais avec les rotations ces cultures beacuteneacuteficient aussi des apports en particulier pour le riz irrigueacute car une part importante du maraichage est cultiveacutee sur les riziegraveres

Les associations de culture sont plus freacutequentes agrave Mandoto ougrave lrsquoassociation riz pluvial + maiumls domine tregraves largement La superficie avec cette association est eacutequivalente agrave la superficie totale en culture pure Et le maiumls est la culture que lrsquoon associe le plus avec le riz pluvial mais aussi le manioc et les leacutegumineuses Les parcelles avec une association de ces trois cultures ne sont pas rares Les pratiques de fertilisation en culture associeacutee rejoignent celles en culture pure Ainsi 91 des parcelles avec lrsquoassociation riz + maiumls reccediloivent de la FO et 32 de lrsquoengrais cependant les doses de FO sont tregraves infeacuterieures (de 700 kgha alors qursquoen culture pure elles eacutetaient de plus de 4 tha) et il en est de mecircme pour lrsquoengrais

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

29

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Pour les parcelles avec des cultures associeacutees au maiumls un apport en FO est freacutequent (plus de 80 des parcelles pour manioc ou leacutegumineuse et plus de 75 quand il y a les trois cultures) Lrsquoengrais est plus rare et surtout les doses de FO et engrais sont faibles A ce stade on peut eacutemettre lrsquohypothegravese que les EAF qui pratiquent lrsquoassociation sont moins bien doteacutees en matiegravere fertilisante Mais lrsquoanalyse montre que ce nrsquoest pas le cas il existe bien un coefficient de correacutelation neacutegatif entre la quantiteacute de fumure organique disponible au niveau de lrsquoEAF et le pourcentage de culture associeacutees mais il est tregraves faible (-011) et si lrsquoon creacutee des classes de pourcentage de culture associeacutees il nrsquoy a pas de diffeacuterence significative entre les classes pour la dose moyenne de FO Il semble donc que cela soit la pratique qui soit ainsi agrave Mandoto sur des cultures associeacutees (grandes cultures riz maiumls leacutegumineuse ou tubercule) les apports de FO sont moindres que sur les cultures pures

Tableau 6 Apports de FO et dengrais sur les cultures associeacutees les plus freacutequentes (en kg)

District 1Mandoto Nbre parcelles

Surface ha

Parcelle avec Dose moy FO en kgha

Dose moy Engrais kgha

FO Engrais Toutes les parcelles

Parcelles avec

Toutes les parcelles

Parcelles avec

Riz Pluvial + Maiumls 114 2577 91 32 656 719 26 83Mais + Manioc 50 1149 88 2 420 477 01 30Mais + Leacutegumineuse 57 975 84 16 428 508 02 15Mais + Manioc + Leacutegum 24 482 75 13 242 323 02 18Manioc + Leacutegumineuse 24 587 4 0 11 250 00 002 ArivonimamoRiz Pluvial + Maiumls 14 182 86 0 366 427 00 00Mais + Leacutegumineuse 25 228 84 24 188 224 15 62Manioc + Leacutegumineuse 13 126 54 0 280 521 00 00Tubercules + Fruitiers 34 270 62 12 224 363 03 28Autre cult + Fruitiers 90 671 91 52 5 414 255 30 58

Les moyennes sont calculeacutees par parcelle et sans pondeacuteration

A Arivonimamo les cultures associeacutees pour les grandes cultures sont moins importantes en nombre et les superficies sont tregraves petites Mais on peut tirer les mecircmes conclusions que pour Mandoto Ce qui est remarquable dans cette zone crsquoest le nombre de parcelles en agroforesterie avec un meacutelange drsquoarbres fruitiers et de cultures avec plus de 120 parcelles Les cultures sont de tous les types mais beaucoup de cultures maraichegraveres ce qui explique les fortes doses de FO ou drsquoengrais Les fruitiers sont essentiellement des agrumes et sont le reacutesultat drsquoopeacuterations de deacuteveloppement qui ont vulgariseacute la plantation de ces arbres La plupart de ces plantations nrsquoest pas encore en pleine production (trop reacutecentes)

24 Les strateacutegies des EAF pour lrsquoutilisation de la FO disponible

Dans le JAE ndeg 9 nous avions eacutemis lrsquohypothegravese qursquoagrave Arivonimamo il y avait deux types drsquoEAF lrsquoun avec des strateacutegies de fortes disponibiliteacutes en FO soutenues par des ambitions de cultures maraichegraveres et un autre avec des strateacutegies de moindre disponibiliteacute en FO avec des systegravemes de culture plus classiques Pour repreacutesenter les strateacutegies nous avons eacutetabli des classes selon le pourcentage de la FO utiliseacutee sur ceacutereacuteales pluviales et sur cultures commerciales Les reacutesultats sont preacutesenteacutes dans le tableau 8

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

30

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Tableau 7 Reacutepartition des EAF selon des classes de quantiteacutes utiliseacutees de FO

Classes utilisation FO MandotoArivonimamo Arivonimamo

FO utiliseacutes sur ceacutereacuteales pluviales des EA

S cultiveacutee moyenne

(ares)CV des EA

S cultiveacutee moyenne

(ares)CV

lt=25 8 89 72 76 113 7625 agrave 75 18 93 93 20 88 57gt75 74 144 88 4 37 49 FO utiliseacutes sur cultures commercialeslt=25 88 136 91 12 63 7725 agrave 75 9 90 58 42 102 60gt75 3 75 85 46 118 81

Les strateacutegies des EAF vis-agrave-vis de lrsquoutilisation de la FO sont tregraves nettement diffeacuterentes selon les zones comme on lrsquoa deacutejagrave vu la premiegravere partie du tableau montre qursquoagrave Mandoto 74 des EAF mettent plus des frac34 de leur FO disponible sur les parcelles avec ceacutereacuteales pluviales (seules ou associeacutees) et ce sont les EAF avec la plus grande superficie qui font cela Alors qursquoagrave Arivonimamo seules 4 des EAF mettent plus de 75 de leur FO sur des parcelles avec ceacutereacuteales pluviales et ce sont les plus petites EAF (superficie cultiveacutee moyenne de 37 ares) avec certainement des strateacutegies de seacutecuriteacute alimentaire

La deuxiegraveme partie du tableau nous permet de constater qursquoagrave Arivonimamo 46 des EAF mettent plus de 75 de leur FO sur les cultures commerciales (cultures maraichegraveres pomme de terre taro patate douce et haricot) et ces EAF ont en moyenne une superficie cultiveacutee supeacuterieure aux autres Cette classe est importante mais il y a aussi une classe drsquoEAF avec des strateacutegies baseacutees sur une meilleure reacutepartition

A Mandoto les EAF qui mettent plus de 75 de leur FO sur ce type de cultures commerciales (essentiellement le maraichage) sont peu nombreuses (3 des EAF) et ce sont des EAF avec des superficies plus faibles que les autres Ce nrsquoest donc pas la strateacutegie utiliseacutee par les EAF qui ne donnent pas la quasi exclusiviteacute (lt75) de la FO aux ceacutereacuteales pluviales Il existe un groupe drsquoEAF dans les deux zones qui ne donnent pas lrsquoexclusiviteacute de la FO (gt75) aux ceacutereacuteales pluviales agrave Mandoto ou aux cultures commerciales agrave Arivonimamo Ce groupe regroupe 23 des EAF agrave Mandoto et 49 agrave Arivonimamo Ce sont des EAF un peu plus petites que la moyenne de la zone avec une disponibiliteacute en FO infeacuterieure agrave la moyenne de la zone et une reacutepartition de la FO marqueacutee par la strateacutegie dominante de la zone mais avec une reacutepartition plus eacutequilibreacutee et notamment un eacutepandage sur le riz irrigueacute

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

31

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Tableau 8 Les EAF avec une strateacutegie drsquoutilisation de la FO diffeacuterente de la strateacutegie dominante de la zone

EAF Sup moy (ares)

FO (tonnes)

FO sur Ceacutereacuteales Pluviales

FO sur Cuture

commerciales

FO sur Riz irrigueacute

FO sur Autres

cultures

Mandoto 23 94 131 48 21 20 4

Arivonimamo 49 99 223 20 45 16 1

Il existerait ainsi 3 grandes strateacutegies drsquoutilisation de la FO avec agrave Mandoto la quasi exclusiviteacute de la FO sur les ceacutereacuteales pluviales (74 des EAF de la zone) agrave Arivonimamo la quasi exclusiviteacute de la FO sur les cultures commerciales (46 des EAF) et un groupe avec une reacutepartition plus eacutequilibreacutee entre les diffeacuterentes cultures y compris sur le riz irrigueacute

3 Conclusions et implications pour le deacuteveloppement

La gestion de la fertiliteacute des sols dans ces deux reacutegions contrasteacutees des plateaux drsquoaltitude malagasy passe drsquoabord par la production etou lrsquoacquisition de fumure organique il nrsquoy a quasiment aucune EAF sans apport sur au moins une parcelle cultiveacutee1 Les reacutesultats montrent qursquoenviron la moitieacute de la superficie cultiveacutee annuellement reccediloit de la FO agrave Mandoto et plus des deux tiers agrave Arivonimamo Mecircme si les doses potentielles sont en dessous des recommandions avec la rotation des cultures cela signifie que lrsquoensemble du terroir pourrait ecirctre fumeacute plus drsquoune fois tous les deux ans Les riziegraveres quand elles sont cultiveacutees en riz irrigueacute ne reccediloivent que tregraves rarement de la fumure dans ces zones La strateacutegie est lrsquoinverse de ce qursquoon rencontre dans drsquoautres zones qui priorisent les bas-fonds notamment dans les zones des peacuterimegravetres irrigueacutes (Lac Alaotra peacuterimegravetres sur les Hautes terres Ambondromisotrahellip)

Les strateacutegies de gestion de la fertiliteacute des sols sont logiquement de fertiliser en prioriteacute les cultures les plus exigeantes et les plus reacutemuneacuteratrices ceacutereacuteales pluviales agrave Mandoto (riz et maiumls) et les cultures maraichegraveres mais qui sont tregraves marginales dans cette zone cultures pour le marcheacute agrave Arivonimamo maraichage pomme de terre haricots patates douces taros Et pour les producteurs qui achegravetent des engrais commerciaux (essentiellement engrais mineacuteral) la pratique est drsquoassocier aux fumures organiques des compleacutements drsquoengrais et ceci tregraves prioritairement sur les cultures les plus reacutemuneacuteratrices et aussi les plus exigentes A quelques rares exceptions pregraves lrsquoapport drsquoengrais mineacuteral vient toujours compleacuteter un apport de fumure organique et crsquoest pregraves drsquoun quart de la superficie qui reccediloit engrais et FO agrave Arivonimamo et seulement 13 agrave Mandoto

Deux principaux engrais mineacuteraux sont utiliseacutes dans les deux zones le NPK et lrsquoureacutee En reacutealisant les apports au voisinage des plants il y a une concentration des eacuteleacutements nutritifs qui permet agrave la fois drsquooptimiser leur utilisation et de deacutevelopper des synergies entre produits organiques et mineacuteraux Cette efficience des ressources garantie par une compleacutementariteacute des apports incluant une base organique avec un compleacutement mineacuteral a deacutejagrave eacuteteacute releveacutee dans de nombreuses autres situations tropicales (Bekunda et al 1997) Drsquoautres eacutetudes sur ces mecircmes zones mettent en eacutevidence que la majoriteacute des fumures organiques utiliseacutees preacutesentent certaines deacuteficiences en eacuteleacutements majeurs comme le N et le P et que lrsquoutilisation des engrais de synthegravese est susceptible de lever (Ben Naacircmane et al 2020 notre article dans le JAE preacuteceacutedent) Cette pratique est donc agrave encourager notamment agrave travers des messages

1 Dans notre eacutechantillon seules 2 EAF nrsquoont pas apporteacute de FO lrsquoune extrecircmement petite (moins de 5 are de SAU) agrave Arivonimamo et tregraves pauvre qui a vendu sa FO une autre agrave Mandoto qui prend en meacutetayage la terre qursquoil cultive

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

32

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

de vulgarisation adapteacutes et compleacutementaires des messages laquo classiques raquo qui procircnent des doses importantes drsquoengrais

Lrsquoanalyse compareacutee des deux zones montre des diffeacuterences dans le recours aux engrais de synthegravese avec agrave Arivonimamo une quasi geacuteneacuteralisation de lrsquoengrais (pregraves de 90 des EAF) et une utilisation moyenne de 30 kg par ha de SAU plus freacutequemment sur les cultures maraichegraveres et presque toujours en compleacutement de la fumure organique contre environ une exploitation sur deux agrave Mandoto et une utilisation de 6 kg par ha Sur ce premier site une plus grande diversiteacute drsquoengrais et une utilisation plus importante de cendres sous-produit de briqueteries sont releveacutees Eacutegalement une strateacutegie drsquoallocation de ressources diffeacuterencieacutee apparaicirct tregraves clairement au niveau des fumures organiques sur le riz de bas-fonds beaucoup plus amendeacute agrave Arivonimamo car cette ressource est agrave la fois moins limitante et mieux valoriseacutee par les cultures maraicircchegraveres A Mandoto la fumure organique est moins disponible et moins valorisable autrement que par les ceacutereacuteales pluviales aussi moins indispensable pour la productiviteacute de ces cultures et est beaucoup mieux valoriseacutee sur le domaine pluvial sans laquelle aucune mise en valeur de culture exigeante ne serait envisageable Ainsi la recherche doit affiner ses connaissances agrave lrsquoeacutechelle du systegraveme de culture pour mieux eacutevaluer performances et durabiliteacute agrave court et long termes et accompagner lrsquointensification eacutecologique promue par divers opeacuterateurs de deacuteveloppement agricoles (notamment ONG de deacuteveloppement)

Cette communication plaide encore une fois pour une bonne compreacutehension des EAF de leur fonctionnement et de leurs strateacutegies avant de proposer des ameacuteliorations adapteacutees La fertilisation telle que pratiqueacutee par les producteurs est un acquis important pour comprendre la durabiliteacute de lrsquoagriculture familiale et pour renforcer la durabiliteacute des EAF Cela montre agrave la fois la techniciteacute des paysans leur connaissance des intrants existants et de leur utilisation Les propositions drsquoinnovations pour le deacuteveloppement doivent srsquoappuyer sur lrsquoexistant contrairement agrave

ce qui est souvent fait (Razanakoto et al 2018) Drsquoabord les orientations vont certainement vers des techniques qui permettent drsquoaugmenter la fumure organique disponible en quantiteacute et en qualiteacute (eacutetable ameacutelioreacutee compostage lombricompost etc) notamment avec des matiegraveres premiegraveres disponibles localement plutocirct que sur la base drsquoachats Les agriculteurs investissent moins en moneacutetaire et optent pour une strateacutegie drsquointensification en main drsquoœuvre (ce qui est le cas pour les systegravemes de compostage) Ensuite il est important de mieux valoriser ces diffeacuterents types de fertilisation agrave travers des combinaisons de pratiques

Ce dont il faut ecirctre sucircr crsquoest que les producteurs dans leur tregraves grande majoriteacute deacuteveloppent des strateacutegies de gestion de la fertiliteacute des sols et les adaptent sur la base de leurs connaissances et savoir-faire et en fonction des conditions biophysiques et de lrsquoenvironnement socioeacuteconomique Si les conditions eacuteconomiques sont favorables (deacuteboucheacutes prix suffisamment reacutemuneacuterateurs) ils ont recours aux engrais commerciaux comme le montre cette eacutetude mais aussi drsquoautres (voir par exemple en zone peacuteriurbaine drsquoAntananarivo NDienor et al 2011) Or le plus souvent dans les actions de deacuteveloppement et les propositions techniques les fertilisations sont proposeacutees par filiegravere comme une sorte de manuel technique (fiche technique par filiegravere) et reacutefleacutechies par rapport aux besoins propres de la plante cibleacutee Ces propositions vont ainsi agrave lrsquoencontre des strateacutegies paysannes et leur diffusion reste mitigeacutee

Enfin dans les propositions actuelles pour le deacuteveloppement rizicole notamment sur bas-fonds les acteurs de deacuteveloppement misent sur une intensification rizicole de type reacutevolution verte (semences ameacutelioreacutees voire hybrides avec des doses importantes drsquoengrais acheteacute) Les donneacutees montrent que les strateacutegies des paysans integravegrent les rotations avec le riz et les investissements en fertilisation se passent autrement (cultures de contre saison autres cultures) Les deacutepenses en semences et surtout si on enlegraveve la valorisation de lrsquoautoproduction restent tregraves faibles Ces

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

33

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

propositions techniques srsquoeacuteloignent encore une fois des strateacutegies paysannes

Mais cette analyse des strateacutegies drsquoutilisation des fertilisants dans la gestion de la fertiliteacute des sols reste encore incomplegravete car si les aspects techniques (quantiteacutes et modaliteacutes) ont eacuteteacute traiteacutes les aspects eacuteconomiques ne lrsquoont pas eacuteteacute Cela sera le thegraveme du prochain et dernier article qui mettra en relation les pratiques de gestion de la fertiliteacute et les performances notamment en terme de marge brute aux niveaux parcelles et cultures et de revenu au niveau EAF

BIBLIOGRAPHIE

Bekunda MA Bationo A Ssali H 1997 Soil fertility management in Africa a review of selecterd research trials In Replenishing Soil Fertility in Africa SSSA Special Publication Nomber 51 63-79

Ben Naacircmane CK Autfray P Audouin S Beacuteliegraveres JF Blanchart E Razafimahatratra M Razanakoto OR Salgado P 2020 Gestion compareacutee de la fertiliteacute au niveau des exploitations agricoles familiales du Moyen-Ouest de la reacutegion Vakinankaratra et des Hautes-Terres de la reacutegion Itasy agrave Madagascar Projet Secure 24 p httpswwwsecuremgsitesdefaultfiles2020-04Livret_Secure_2020pdf

Liniger H Mekdaschi Studer R Hauert C et Gurtner M 2011 La pratique de la gestion durable des terres Directives et bonnes pratiques pour lrsquoAfrique subsaharienne WOCAT FAO TerrAfrica Rome (Italie) 243 p httpwwwfaoorg3i1861fi1861fpdf

MAEP 2006 Strateacutegie nationale pour le deacuteveloppement de lrsquoutilisation de lrsquoengrais Ministegravere de lAgriculture de lElevage et de la Pecircche Antananarivo Mai 2006 48 p + annexes p httpwwwmpaegovmgcommunicationwp-contentuploadssites2201611strategie_dvlpt_utilisation_engrais_1pdf

NDieacutenor M Aubry C et Rabeharisoa L 2011 Strateacutegies de construction de la fertiliteacute des terres par les agriculteurs dans les systegravemes maraicircchers peacuteriurbains dAntananarivo (Madagascar) Cahiers Agricultures Vol 20 No 4 (2011) doihttpsdoiorg101684agr20110497

Poirier N et Nuninger L 2012 Techniques damendement agraire et teacutemoins mateacuteriels Pour une approche archeacuteologique des espaces agraires anciens Histoire amp Socieacuteteacutes Rurales 38 (2) 11-50 doi103917hsr0380011

Pierre-Bernard A Ramboarison R Randrianarison L et Rondro-Harisoa L 2007 Les implications structurelles de la libeacuteralisation sur lrsquoagriculture et le deacuteveloppement rural Programme Ruralstruc Madagascar Phase I EPP PADR APB Consulting Antananarivo Janvier 2007 303 p httpdocumentsbanquemondialeorgcuratedfr 184371468091191021pdf779810WP0madag00250for0the0abstractpdf

Razanakoto O Razafindraibe R Andriamananjara A Razafimanantsoa M-P Rakotoson T Smolders E et Rabeharisoa L 2018 Failures in agricultural innovation due to poor understanding of farmersrsquo predispositions Development in Practice 28 (5) 691-704 doi1010800961452420181471124

Sanginga N et Woomer P L (Ed) 2009 Integrated Soil Fertility Management in Africa Principles Practices and Developmental Process Nairobi (Kenya) Tropical Soil Biology and Fertility Institute of the International Centre for Tropical Agriculture 263 p

Leacutetude a eacuteteacute reacutealiseacutee dans le cadre du projet SECuRE

(Soil ecological function resto-ration to enhance agrosystem ser-vices in rainfed rice cropping sys-tems in agroecological transition) financeacute par Agropolis Foundation sous la reacutefeacuterence ID 1605-007 agrave travers le programme Investisse-ments dAvenir (Labex Agro ANR-10-LABX-0001-01) dans le cadre du I-SITE MUSE (ANR-16-IDEX-0006)

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

34

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Lucien Seacuteguy 1944-2020 agronome du geacutenie veacutegeacutetal

Premiers pas

Lucien Seacuteguy est neacute dans une famille de petits paysans du nord Dordogne fiers de leurs racines et durs agrave la tacircche Il sera le

seul de sa fratrie de quatre fregraveres et sœurs agrave acceacuteder agrave lrsquouniversiteacute Diplocircme drsquoingeacutenieur agronome de lrsquoENSA Toulouse en poche suivi drsquoune speacutecialisation en peacutedologie agrave lrsquoORSTOM (ex IRDhellip) de Bondy il eacutepouse Jacqueline qui lrsquoaccompagnera durant toute sa carriegravere Son service civil se deacuteroule au Seacuteneacutegal de 1967 agrave 1969 agrave la grande station IRAT (Institut de Recherche Agronomique Tropicale) de Bambey il preacutefegravere une affectation en brousse Sefa Il y refait une carte peacutedologique et srsquoattaque agrave lrsquoameacutelioration du travail du sol en traction animale des riziegraveres de Casamance

En 1969 lrsquoIRAT lrsquoaffecte dans lrsquoOuest Cameroun agrave Dschang ougrave il monte et accompagne des projets rizicoles sur les plaines des MrsquoBos et de NrsquoDop Il y conduit des travaux sur les systegravemes de culture et lrsquoameacutelioration varieacutetale du riz pluvial et irrigueacute Ses analyses des interactions entre geacutenotype et environnement soulignant lrsquoinfluence majeure de la fertiliteacute des sols sur les attaques de pyriculariose le font remarquer et sont toujours citeacutees

Ses travaux et reacutealisations alliant recherche et deacuteveloppement interpellent des responsables de la recherche agronomique breacutesilienne et fin 1977 il devient le premier expert IRAT en poste au Breacutesil affecteacute aupregraves de LrsquoEMAPA de lrsquoeacutetat du Maranhatildeo Il travaillera au Breacutesil jusqursquoagrave sa retraite en 2009 et au-delagrave De 1977 agrave 1982 il monte avec lrsquoaide de Serge Bouzinac des eacutetudes sur la culture du riz pluvial pour chez et avec des petits paysans sans terre Les systegravemes de deacutefriche-brucirclis manuelle sur ces savanes secondaires agrave Palmiers Babaccedilu sont compareacutes agrave des systegravemes en traction animale Immeacutediatement abandonneacutes en raison des eacuterosions catastrophiques qursquoils induisent Premier signal sur la neacutecessiteacute du semis direct dans ces eacutecologies tropicales Mais Lucien et Serge sont informeacutes que leurs activiteacutes avec les sans terres du Nordeste ne sont pas du goucirct de tous Dans ces reacutegions du Breacutesil agrave cette eacutepoque le message est sans ambiguiumlteacute il faut partir vite LrsquoEMBRAPA - CNPAF (Centre National Riz amp Haricot) de Goiacircnia inteacuteresseacute par leurs reacutesultats les accueille

1982 nouveau milieu donc Les Cerrados du Centre Ouest breacutesilien (Mato Grosso Goiaacutes Tocantinshellip) un biome de savanes arboreacutees plus de 200 millions drsquohectares sur lequel avance un irreacutepressible front pionnier drsquoeacutelevage extensif et drsquoagriculture meacutecaniseacutee Des sols lateacuteritiques acides vides de nutrimentshellip longtemps consideacutereacutes comme impropres agrave toute forme drsquoagriculture rentable Peu importe la conquecircte de la terre est en marche deacutefriche riz pluvial monoculture de soja sur travail du sol simplifieacute avec des outils agrave disques hellip semelle de labour eacuterosion Une deacutevastation agrave eacutechelle industrielle Le diagnostic est vite poseacute les premiegraveres recommandations simples adapteacutees suivent combiner rotation de cultures commerciales (sojariz sojamaiumls) et succession annuelle ougrave agrave la culture commerciale succegravede une safrinha secondaire (maiumls sorgho ou mil) avec des preacuteparations de sols profondes (labour dresseacute aux socs scarification avec des outils agrave dents) Ces systegravemes de travail du sol profond ont du succegraves et sont tregraves largement diffuseacutes Mais lrsquoavegravenement du Semis Direct dans les reacutegions subtropicales du sud du Breacutesil va venir changer le paradigme des travaux de Lucien et Serge

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

35

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Lrsquoinvention le Semis direct sur Couverture Veacutegeacutetal (SCV) en milieu tropical

1984 visite agrave la Coopeacuterative laitiegravere centrale du Paranaacute agrave

1984 visite agrave la Coopeacuterative laitiegravere centrale du Paranaacute agrave Carambeiacute reacutegion des Campos Gerais premiers eacutechanges avec les agronomes Hans Peeten Josueacute Nelson Pavei hellip et les agriculteurs Nonocirc Perereira et Franke Dijkstra pionniers du semis direct dans cette reacutegion du Sud

1985 un producteur eacuteclaireacute du Mato Grosso Munefumi Matsubara leur ouvre grand les portes de sa fazenda hellip et sa bourse Des alternatives en semis direct sont rigoureusement compareacutees aux systegravemes avec travail du sol profond ou superficiel Au cours de ces cinq anneacutees deacutecisives les

systegravemes en semis direct sont plus productifs et rentables que les systegravemes conventionnels ils sont aussi et avant tout les seuls agrave permettre une augmentation de plus de 20 des teneurs de matiegravere organique des sols Les systegravemes sous couvert veacutegeacutetal (SCV) sont lanceacutes des eacutetapes cruciales sont franchies avec lrsquoinsertion en succession en association des cultures commerciales drsquoespegraveces telles que le sorgho mil les crotalaires le Brachiariahellip qui produisent de fortes biomasses valorisant des pluies marginales et surtout lrsquoeau du sol Les principes techniques des systegravemes SCV permettant de respecter les lois de fonctionnement des agroeacutecosystegravemes tropicaux sont poseacutes formaliseacutes dans des documents scientifiques et didactiques Lrsquoanalogie centrale avec le fonctionnement drsquoun eacutecosystegraveme forestier tropical se nourrissant sur lui-mecircme dans des recyclages continus entre biomasses vivantes et mortes gracircce agrave lrsquoactiviteacute biologiques des sols offre un cadre feacutecond agrave la creacuteativiteacute agronomique de Lucien Seacuteguy Les couverts veacutegeacutetaux se preacutesentent comme des pompes biologiques recyclant les eacuteleacutements mineacuteraux proteacutegeant le sol des pluies tropicales preacuteservant une tempeacuterature optimale pour lrsquoactiviteacute biologique et lrsquoabsorption racinaire hellip tout le contraire des sols mis agrave nu par le labour ou des techniques culturales simplifieacutees incompatibles avec une gestion durable de la ressource sol

Ces travaux sont conduits via de multiples partenariats en interaction avec une diffusion active de ses reacutesultats par les fondations et associations de producteurs Avant lrsquoan 2000 les SCV couvrent deacutejagrave -et ont sauveacute- des millions drsquohectares de terres agricoles dans les eacutetats de Goias Mato Grosso Tocantins Maranhatildeo Piauiuml hellip recoupant une vaste diversiteacute peacutedoclimatique tropicale dans laquelle les SCV se diversifient Ils inventent de nouvelles alternatives sur des couvertures veacutegeacutetales maintenues vivantes sous la culture encore plus efficientes comme le soja sur couvert permanent de chiendent ( Cynodon dactylon) ou le maiumls sur arachide peacuterenne ( Arachis pintoiuml) Avec le groupe Maeda les SCV sont adapteacutes agrave la culture cotonniegravere le preacutealable agrave son essor rapide dans le Mato Grosso

En parallegravele ils deacuteveloppent avec James Taillebois un seacutelectionneur du CIRAD un programme de seacutelection geacuteneacutetique de riz avec pour objectif premier drsquoeacutelargir lrsquoadaptabiliteacute des varieacuteteacutes creacuteeacutees et leurs toleacuterances aux maladies fongiques en seacutelectionnant en conditions pluviales de lrsquoeacutequateur jusqursquoau subtropical des croisements entre pools drsquoorigines pluviales et irrigueacutees Ces varieacuteteacutes vont voyager dans de nombreux pays tropicaux et subtropicaux faisant montre de leur grande plasticiteacute qursquoelles tirent de leur base geacuteneacutetique et des systegravemes SCV dans et pour lesquelles elles sont seacutelectionneacutees

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

36

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Lucien et Serge ont inspireacute des milliers drsquoagriculteurs agronomes et chercheurs breacutesiliens sur la base de leurs travaux preacutecurseurs et visionnaires sur les systegravemes sous couvert veacutegeacutetal pour les eacutecologies tropicales du Breacutesil Ils ont accueilli des visites de tous pays et continents se faisant les premiers et les meilleurs ambassadeurs des SCV du Breacutesil

Informer et former le monde

A partir de 1984 et jusqursquoagrave sa retraite Lucien reacutealise tous les ans des missions drsquoappui aupregraves de collegravegues chercheurs agronomes et de projets de deacuteveloppement publics et priveacutes dans de nombreux pays tropicaux drsquoAfrique drsquoAsie du Sud-Est Madagascar icircle continent aux innombrables eacutecosystegravemes tropicaux sera gracircce aux partenariats tisseacutes et aux financements de nombreux projets par lrsquoAgence Franccedilaise de Deacuteveloppement (AFD) une antichambre pour les petites paysanneries de ces techniques neacutees dans les dynamiques agro-industrielles du Breacutesil Drsquoautres projets suivront principalement sur financements de lrsquoAFD en Cocircte drsquoIvoire Gabon Cameroun Seacuteneacutegal Tunisie Vietnam Laos Cambodgehellip permettant de deacutecliner les

principes des SCV en pratiques adapteacutees aux conditions sociales drsquoagricultures familiales parmi les plusdeacutemunies de la planegravete Avec le Pr Joatildeo Carlos Saacute de lrsquoUniversiteacute de Ponta Grossa (Parana Breacutesil) ils organiseront toujours gracircce aux financements de lrsquoAFD de 2006 agrave 2011 six eacuteditions drsquoune formation internationale sur les SCV et la dynamique de matiegravere organique du sol rassemblant plus de 90 agronomes vulgarisateurs et chercheurs travaillant en partenariat avec le CIRAD dans plus de 13 pays du Sud Tous ces pays et drsquoautres ne peuvent plus ignorer cette information clef pour lrsquohumaniteacute on sait doreacutenavant faire pousser sous les tropiques les grandes cultures annuelles pluviales de faccedilon durable rentable et accessible Un nouveau pilier est disponible pour renforcer la seacutecuriteacute alimentaire mondiale et lrsquoautonomie des pays du Sud En 2009 agrave sa retraite du Cirad il poursuit ses appuis agrave travers la planegravete aupregraves des acteurs convaincus par la pertinence des voies agronomiques qursquoil continue drsquoouvrir Des reacuteseaux se montent qursquoil anime partageant sa vision ses ideacutees sa creacuteativiteacute et son humour A lrsquoinvitation drsquoun agronome du Queacutebec Louis Peacuterusse il se lance dans lrsquoadaptation des SCV aux conditions continentales ils remettent agrave lrsquohonneur les bleacutes drsquohiver semeacutes agrave la voleacutee dans le soja trois semaines avant la reacutecolte gagnant un mois de croissance avant lrsquohiver et avanccedilant la reacutecolte drsquoun mois Ce calendrier profondeacutement remanieacute par rapport aux scheacutemas baseacutes exclusivement sur les cultures de printemps ouvre une fenecirctre pour implanter agrave la voleacutee dans les bleacutes murissant des meacutelanges de plantes de couverture Ces derniers apportent alors ici comme partout de faccedilon inteacutegreacutee par et pour le biologique recharge en matiegravere organique et de multiples fonctions eacutecosysteacutemiques telles que la fixation azoteacutee par les leacutegumineuses la stimulation de fonctions microbiennes symbiotiques et non symbiotiques la creacuteation et lrsquoentretien drsquoune forte macroporositeacute par les effets combineacutes de puissants systegravemes racinaires et la stimulation drsquoune forte activiteacute des vers de terre le controcircle des adventices par la couverture du solhellip

Au Sud du Breacutesil dans les Eacutetats de Santa Catarina et du Rio Grande do Sul il travaille avec de jeunes agronomes breacutesiliens agrave la conception et agrave la diffusion sur des centaines de milliers drsquohectares des couverts multifonctionnels agrave base de meacutelanges complexes composeacutes de 10 espegraveces et plus Il est inviteacute en 2009 en Argentine et en Uruguay par Jean Waymel agriculteur drsquoorigine franccedilaise avec qui il deacuteveloppe des SCV diversifieacutes inteacutegrant le semis agrave la voleacutee sur couvert veacutegeacutetal y compris de culture agrave grosses graines comme le soja

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

37

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Ces techniques pratiqueacutees agrave tregraves grande eacutechelle accroissent les vitesses drsquoimplantation des cultures et la reacutesilience des systegravemes de production dans un climat de plus en plus variable

Sa passion pour la diversiteacute veacutegeacutetale ses talents de naturaliste lrsquoont ameneacute agrave explorer inlassablement de nombreuses espegraveces veacutegeacutetales tempeacutereacutees et tropicales agrave proposer des meacutelanges de plus en plus efficaces alliant cultures annuelles et peacuterennes et aux fonctionnaliteacutes et morphologies aeacuteriennes et racinaires diversifieacutees le cœur des SCV

Mecircme en France

Il initie eacutegalement degraves le milieu des anneacutees 1990 des eacutechanges avec quelques agriculteurs franccedilais en meacutetropole et plus tard dans des deacutepartements et territoires drsquoOutre-Mer (Reacuteunion Antilles Nouvelle Caleacutedonie)

Avec ces pionniers des SCV en France [1] il expeacuterimente dans des eacutecologies aussi diverses que les rives et coteaux de la Loire la Champagne berrichonne les collines du Gers la Camargue les versants de la Montagne Peleacuteehellip dans des systegravemes ceacutereacutealiers de polyculture eacutelevage des bananeraies en conditions pluviales ou irrigueacutees

Quelles espegraveces et associations drsquoespegraveces pour les couverts drsquohiver drsquoeacuteteacute en fonction des conditions de milieuxhellip Comment les semer dans les diffeacuterentes cultures en deacuterobeacutee en succession agrave quelle date agrave quelle dosehellip Ce savoir-faire et ces connaissances sont agrave deacutefricher et organiser par des essais Tous ces agriculteurs rallongent diversifient leurs rotations integravegrent des leacutegumineuses via les cultures (pois drsquohiver de printemps sojahellip) et les couverts eacuteventuellement fourragers (vesce feacuteverole gesse tregravefleshellip) Les fermes drsquoeacutelevage conquiegraverent par-lagrave leur autonomie en proteacuteines Aux techniques de couvertures mortes tueacutees avant semis de la culture viennent ici aussi srsquoajouter des couverts vivants de luzerne sur argilo-calcaire de tregravefle ou de lotier sur les sols plus acides ou hydromorphes faisant encore gagner en coucirct et en flexibiliteacute face aux aleacuteas du climat et des marcheacutes

Ils testent et mettent en commun les acquis sur leurs fonds propres un reacuteseau se coopte pour avancer Lucien lrsquoanime en structurant les essais et en maintenant le cap agrologique des SCV mecircme quand les reacutesultats escompteacutes ne sont pas immeacutediatement au rendez-vous

Les SCV de mieux en mieux maicirctriseacutes integravegrent progressivement lrsquoensemble des terres cultiveacutees sur ces fermes remaniant profondeacutement leur systegraveme drsquoexploitation Les parcs mateacuteriels se simplifient les grosses puissances de traction pour les preacuteparations de sol nrsquoont plus lieu drsquoecirctre Il faut aussi ecirctre autonome pour ses productions de semences de couverts la leacutegislation interdisant dons eacutechanges ou ventes entre agriculteurs mecircme pour des espegraveces et varieacuteteacutes libres de droit drsquoobtenteurs ou plus disponibles sur le marcheacute les semences commerciales ne sont pas forceacutement optimales pour les systegravemes et restent oneacutereuses utiliseacutees agrave bonne dose

Plus aucune de ces fermes nrsquoutilise drsquoinsecticides que ce soit en foliaire au sol ou en traitement de semences sur quelques cultures que ce soient ni drsquoanti-limaces Des fongicides ne sont appliqueacutes qursquoexceptionnellement sur les ceacutereacuteales agrave paille et colza au quart ou agrave la moitieacute des doses preacuteconiseacutees lorsque des conditions climatiques propices au deacuteveloppement des champignons pathogegravenes surviennent agrave un stade critique de ces cultures Les herbicides demeurent agrave faible dose principalement

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

38

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

pour le controcircle des couverts Les apports drsquoazote mineacuteral sur ceacutereacuteales agrave paille et maiumls diminuent progressivement pour atteindre 10 agrave 12 uniteacutes par tonne de grains une efficience quasi doubleacutee en comparaison des exploitations avoisinantes Toutes ces fermes qui pratiquent les SCV depuis plus de 15 ans obtiennent les meilleures performances techniques (rendement qualiteacute nutritive et sanitaire des grains) dans leurs reacutegions respectives elles ont dans le mecircme temps reacuteduit leurs charges en intrant et carburant de 39 par rapport agrave des itineacuteraires dits raisonneacutes (travail du sol simplifieacute dose drsquointrants modeacutereacutee) agrave 58 par rapport agrave des reacutefeacuterences ayant recours au travail du sol conventionnel et aux pleines doses drsquointrants

Sur tous ces reacutesultats Lucien communique beaucoup avec fougue et passion hellip mecircme si apregraves une vie au contact des acteurs du deacuteveloppement et de la recherche au Breacutesil lrsquoinertie parfois bavarde et suffisante de lrsquoagriculture franccedilaise ne cesse de le surprendre au vue de la crise dans laquelle se deacutebat une immense majoriteacute de producteurs et lrsquoeacutetat geacuteneacuteral de nos sols

Quels enseignements pour lrsquoavenir de notre agriculture

Il y a tant agrave retenir de ce parcours immense pour qui voudrait continuer le travail de Lucien Seacuteguy sur les chemins du deacuteveloppement et de la connaissance des CV agrave travers le monde

Pratiquer les SCV crsquoest vouloir orchestrer la transformation des milieux que lrsquoon cultive par et pour la puissance du veacutegeacutetal Crsquoest penser et organiser des flux puissants de biomasses continu lrsquoeacutenergie solaire par les plantes et la vie du sol Nous savons aujourdrsquohui que cela neacutecessite de maintenir les sols couverts en permanence de mobiliser une grande diversiteacute veacutegeacutetale diversifieacutees pour capter stocker et restituer en au sein des rotations via des couverts multi-speacutecifiques et de reacuteussir

agrave abandonner toute forme de travail du sol Ce dernier point est tregraves deacutebattu peut-ecirctre car il est le symbole le plus embleacutematique drsquoun changement de modegravele radical sucircrement parce qursquoil est celui qui pose le plus de problegravemes de mise en oeuvre dans les phases de transition et pour certaines cultures pour lesquelles des reacutefeacuterentiels techniques solides manquent encore Il est pourtant celui pour lequel la connaissance scientifique est la plus solidement eacutetablie travailler le sol mecircme de faccedilon superficielle et eacutepisodique nuit partout que lrsquoon soit dans la Niegravevre au Queacutebec ou au cœur du Mato Grosso agrave la vie du sol et aux capaciteacutes de stockage et de restitution de lrsquoeacutenergie qursquoelle construit Travailler le sol crsquoest se condamner agrave faire un travail de Peacuteneacutelope toujours deacute faire dans la nuit du sol ce que les plantes photosyntheacutetis(s)ent le jour Crsquoest se condamner agrave rester dans un entre-deux technique agrave se couper drsquoune effectiviteacute pleine entiegravere et continue des processus naturels qui viennent organiser la fertiliteacute des sols et contribuer au controcircle des bio-agresseurs de nos cultures Crsquoest par le respect de ces 3 principes pratiques des SCV que les apports importants et continus de matiegravere organique nourrissent une biodiversiteacute microbienne et inverteacutebreacutee de plus en plus riche complexe et foisonnante et que peuvent srsquoauto-organiser nos sols cultiveacutes

Deacutevelopper des systegravemes de culture et de production en SCV requiert tout drsquoabord drsquoabandonner lrsquoideacutee de recette applicable pour se lancer dans lrsquoexploration libre mais meacutethodique drsquoun immense champ de possibles Cela demande drsquoimaginer et apprendre agrave mener des rotations reacutepondant agrave nos objectifs de

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

39

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

production ougrave cultures et couverts veacutegeacutetaux se relaient pour tendre vers des sols couverts 365 jours sur 365 Cela demande aussi au deacutebut de lrsquoaudace pour rompre les amarres avec le confort rassurant des pratiques conventionnelles institueacutees Crsquoest accepter drsquoen passer par des deacutecisions contraires agrave ce que lrsquoon nous a appris agrave ce que lrsquoon nous recommande Crsquoest refuser de voir un salut dans la laquo high tech raquo preacutetendument reacutevolutionnaire que lrsquoon impose agrave des agriculteurs surendetteacutes pour oser la complexiteacute du vivant et lrsquoautonomie Crsquoest entrer pour la premiegravere fois avec le semoir dans un laquo gros raquo couvert veacutegeacutetal plus tard preacutefeacuterer semer agrave la voleacutee dans des couverts vivants ou par-dessus des cultures murissantes hellip en se demandant tout de mecircme pour une fois agrave lrsquounisson avec les voisins si lrsquoon nrsquoest pas devenu un peu dingo Crsquoest aussi se retenir de faire cet insecticide en acceptant lrsquoideacutee qursquoil y a plus agrave terme agrave y perdre qursquoagrave y gagner preacutefeacuterer nourrir des ravageurs en les leurrant plutocirct que de les tuer et renoncer agrave leurs ennemis naturels etc Toutes ces remises en questions des pratiques courantes dissolvent lrsquoun apregraves lrsquoautre les repegraveres en vigueur et srsquoapparentent au franchissement drsquoun miroir derriegravere lequel se cueillent les beacuteneacutefices que nous servent les processus naturels activeacutes un miroir derriegravere lequel aussi les systegravemes avec travail du sol apparaissent pour ce qursquoils sont absurdes et contre-nature Cette transformation de nos faccedilons de cultiver nous a transformeacute autant que nos sols et nos exploitations et pourtant nous sommes conscients drsquoecirctre agrave lrsquooreacutee drsquoun immense territoire que nous commenccedilons agrave peine agrave explorer source de confiance en lrsquoavenir et drsquoune humiliteacute heureuse Lucien Seacuteguy voulait avancer sans relacircche dans ce territoire de la biodiversiteacute et du geacutenie veacutegeacutetal au service drsquoune agriculture toujours plus propre et performante La recherche eacuteprouve aussi des difficulteacutes pour srsquoemparer de ces eacutetranges objets techniques que sont les systegravemes de culture agrave base de semis direct sur couverture veacutegeacutetale ces objets techniques deacuteroutent car ils tirent leur efficience des processus naturels qursquoils activent des processus naturels qui dans la dureacutee organisent nos sols et donnent aux eacutecosystegravemes que nous cultivons leurs grandes fonctions de gestion de la fertiliteacute et drsquoautoreacutegulation des nuisibles divers adventices phytophages maladies hellip

Cette meacutediation essentielle du naturel creacutee une distance entre le geste pratique et lrsquoeffectiviteacute associeacutee mesurable dans nos parcelles et nos fermes Elle rend ainsi les approches factorielles de lrsquoagronomie classique fondeacutees sur les analyses des liens preacutesupposeacutes entre pratique et effet impropres agrave lrsquoeacutetude et agrave la conception de ces systegravemes Car ceux-ci ne reacutesultent pas drsquoune combinaison de facteurs mais sont creacuteation eacutemergente drsquoun milieu cultiveacute complexe et transformation concomitante des perceptions et connaissances de celles et ceux qui les pratiquent

Crsquoest pour nous avoir aideacutes agrave nous engager dans cette double transformation que nous tenions ici agrave te remercier Lucien Puisse ton formidable legs ecirctre compris et repris par des acteurs et politiques clairvoyants courageux et ambitieux

[1]Jean-Claude Quillet Hubert Charpentier Christian Abadie Sandrine Gallon amp Alain Coudrillier Noeumll amp Lydie Deneuville Bertrand et Patrick Aubeacutery hellipArticle publieacute sous une autre mise en page dans la revue TCS (Techniques Culturales Simplifieacutees) - laquo Agronomie Eacutecologie et Innovation - TCS Ndeg 108 Juin-Juillet-Aoucirct 2020 raquoArticle reacutedigeacute avec les sources de httpopen-libraryciradfr

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

40

Trimestrielle - Edition N

deg 10

SUCCESS STORIESJO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

Lrsquoapproche laquo paysan agrave paysan raquo par le projet MANITATRA II rocircles des Paysans Leaders (ou paysans relais)

TOKIHERINIONJA Tanjonarilesa Fernand Chef de ProjetRAKOTONDRAMANANA Directeur Exeacutecutif du GSDM

Contexte

Depuis le 20 juillet 2018 le GSDM assure la mise en œuvre du projet intituleacute laquo

MANITATRA II raquo Ce projet est financeacute par lrsquoUE par lrsquointermeacutediaire du COMESA dans le cadre du programme Global Climate Change Alliance Plus (GCCA+) des pays drsquoAfrique des Caraiumlbes et du Pacifique (Intra ACP) conformeacutement agrave lrsquoaccord de subvention NdegCC000418 signeacute par le COMESA et le GSDM Le projet est preacutevu pour couvrir une dureacutee de 3 ans

Lrsquoobjectif geacuteneacuteral du projet eacutetant de soutenir la mise agrave lrsquoeacutechelle de lrsquoAgriculture Climato-Intelligente (ACI) pour atteacutenuer les changements Climatiques et ameacuteliorer la seacutecuriteacute alimentaire agrave Madagascar Pour cela il cible la reacutegion de Vakinankaratra et couvre deux eacutecosystegravemes diffeacuterentes le Moyen-Ouest et les Hautes Terres en intervenant successivement au niveau de 07 et 10 Communes Rurales Et pour atteindre ces objectifs le projet a opteacute pour une approche de diffusion laquo paysan agrave paysan raquo Cette approche a eacuteteacute deacutejagrave testeacutee durant la peacuteriode du projet MANITATRA I (2014 -2015) dans les reacutegions du Vakinankaratra et du Sud - Est

Les paysans leaders (ou paysans relais) sont les pierres angulaires de lrsquoapproche de diffusion de paysan agrave paysan Ils ont eacuteteacute choisis et formeacutes par les techniciens du projet lrsquoeacutequipe du GSDM central et drsquoautres partenaires (Ceffel ADTRMAPDRA DRAEP Vakinankaratra) afin drsquoacqueacuterir les bagages neacutecessaires agrave la transmission des connaissances agro-eacutecologiques agrave leurs paires

Pourquoi cette eacutethodologie

La proximiteacute des paysans leaders avec les producteurs autour permet de corriger les limites de lrsquoapproche laquo technicien agrave paysan raquo qui ne garantit pas toujours une peacuterenniteacute des actions

initieacutees par les projets et qui coucircte nettement plus cher aux projets En effet le fait que les paysans leaders soient issus du lieu drsquointervention leur permet de parler le mecircme langage alors que les techniciens se heurtent geacuteneacuteralement aux barriegraveres des logiques paysannes qui peuvent ecirctre difficiles agrave percer Par ailleurs lrsquoapproche laquo paysan agrave paysan raquo preacutesente un coucirct nettement reacuteduit par rapport agrave lrsquoapproche laquo technicien agrave paysan raquo De plus les paysans leaders resteront toujours dans leur village une fois le projet termineacute Ainsi ils resteront des personnes ressources et continueront agrave donner des conseils aux paysans autour

Choix des paysans leaders

Lrsquoidentification des paysans leaders constituait la premiegravere mission de lrsquoeacutequipe au tout deacutebut du projet Crsquoest une eacutetape cruciale car un mauvais choix de paysan leader fait perdre beaucoup de temps au projet Un certain nombre de critegraveres a eacuteteacute mis en place afin de reacuteduire au maximum ce risquebull Ecirctre paysan de profession (agriculteur

eacuteleveur hellip)bull Possession drsquoune parcelle individuelle drsquoune

surface de 05 agrave 1ha deacutedieacutee agrave la pratique personnelle de lrsquoagro-eacutecologie

bull Ecirctre majeurbull Savoir compter lire et eacutecrirebull Ayant des expeacuteriences en matiegravere drsquoanimation

etou vulgarisation des techniques innovantesbull Ayant une sorte de leadership naturel aupregraves

des villageoisbull Habitant dans la zone drsquointervention du

projetbull De bonne reacuteputationbull Sans affiliation directe avec un parti politiquebull Non engageacute avec drsquoautres organismes

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

41

Trimestrielle - Edition N

deg 10

SUCCESS STORIES

Rocircle des paysans leaders et fonctionnement dun CEP

Les responsabiliteacutes des paysans leaders consistent agrave appuyer les techniciens dans le processus de diffusion de lrsquoagro-eacutecologie Ils doivent obligatoirement geacuterer au sein de leur exploitation un Champ Ecole Paysanne (CEP) individuel ougrave ils vont pratiquer les diffeacuterentes pratiques agro-eacutecologiques promues par le projet Les mises en place au niveau du CEP permet aux techniciens du projet de former et dassurer le recyclage des diverses pratiques agro-eacutecologiques Les formations des paysans leaders sont alors beaucoup plus pratiques que theacuteoriques Ce qui est plus approprieacutee pour ces paysans leaders Ils doivent pour ce faire appliquer rigoureusement les directives fournies par les techniciens Les paysans leaders assurent lrsquointeacutegraliteacute des charges lors des mises en place et entretiens des cultures au niveau du CEP que ce soit en intrants ou main drsquoœuvre Seules les semences de plantes de couvertures qui ne sont pas disponibles dans la zone que le projet leur fourni

Les CEP servent de lieu de formation et de visites eacutechanges organiseacutees par les paysans leaders pour leurs paires A la suite de ces sessions les paysans inteacuteresseacutes par une ou plusieurs pratiques agro-eacutecologiques au niveau des CEP seront accompagneacutes par les paysans leaders afin de les dupliquer au sein de leur exploitation respective Les paysans leaders couvrent geacuteneacuteralement une zone dans un rayon de cinq agrave dix kilomegravetres autour de leur lieu de reacutesidence soit trois agrave quatre fokontany en moyenne Ils sont agrave cet effet eacutequipeacutes drsquoune bicyclette comme moyen de locomotion et des bacircches de formation comme outils lors des seacuteances drsquoanimation Le projet leur dote aussi des bonbonnes et des pulveacuterisateurs leur permettant drsquoappliquer certaine techniques particuliegraveres comme la fabrication de compost liquide et les laquo ady gasy raquo

Engager les paysans leaders dans le processus de diffusion de lrsquoagro-eacutecologie ne signifie pas pour

autant les deacuterouter de leur vocation de paysan Ils ne sont pas des salarieacutes du projet Crsquoest drsquoailleurs pour cette raison que le GSDM a fixeacute par contrat une dureacutee effective de travail maximal de sept jours par mois Par contre le projet leur accorde une compensation journaliegravere de 10000Ar pour leurs interventions

Rocircles des techiciens

Pour MANITATRA II ce sont les paysans leaders qui assurent la diffusion des techniques agro-eacutecologiques promues par le projet Les techniciens jouent le rocircle de facilitateur afin que les paysans leaders puissent atteindre leurs objectifs Ainsi les techniciens encadrent techniquement les paysans leaders Ils ont dans ce sens la responsabiliteacute de faire des suivis des actions meneacutees par les paysans leaders et de les appuyer durant les seacuteances de conseil drsquoanimation et de formation Ils effectuent eacutegalement des appuis sur la mise en place des champs eacutecoles paysans (CEP) sur lesquels les riverains vont pouvoir appreacutecier les eacutetendues de lrsquoapplication des techniques appliqueacutes en agro-eacutecologie Les techniciens fixent les objectifs agrave atteindre selon les attentes du projet Pour MANITATRA II le ratio moyen est drsquoun technicien pour 7 paysans leaders encadreacutes

Perspectives pour les paysans leaders

Ces paysans leaders sont formeacutes reacuteguliegraverement sur diverses theacutematiques par le GSDM Cela afin qursquoils puissent assumer pleinement leurs responsabiliteacutes Lrsquoobjectif eacutetant qursquoils puissent agrave plus long terme devenir prestataire en tant que paysan formateur au niveau des entiteacutes qui auront besoin de leurs services agrave lrsquoinstar du FDA

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

42

Trimestrielle - Edition N

deg 10

SUCCESS STORIES

Laissons parler les paysans

Rindra Sandratriniaina Assitant Chef de projet RAKOTONDRAMANANA Directeur Exeacutecutif du GSDM

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Les reacutesultats obtenus de la deuxiegraveme anneacutee du projet MANITATRA II ont fournis des

enseignements conseacutequents quant aux techniques adopteacutees par les paysans et des inteacuterecircts que ces derniers avaient tireacute de ces adoptions Dans le moyen ouest comme sur la haute terre du Vakinankaratra la pratique du riz pluvial sur mulch de mucuna ont vraiment fait ses preuves Le riz pluvial associeacute au cajanus quoiqursquoen cours drsquoessais a deacutejagrave fourni des reacutesultats probants Les diffeacuterents niveaux drsquoameacutenagement coupleacutes avec les reboisements et la gestion des matiegraveres organiques sont tout autant de techniques que les quelques paysans des communes de Fidirana drsquoAntohobe et de Soavina vont nous deacutelivrer dans ce numeacutero 10 du journal de lrsquoagro-eacutecologie

Drsquoabord M Rakotomanantsoa Modeste drsquoAmbohibolakely de la commune rurale de Fidirana teacutemoigne de son inteacuterecirct quant agrave la pratique du riz pluvial sur mulch de mucuna

Avant cette pratique nous ne pouvions produire qursquoautour de 1tha pour le riz pluvial Actuellement le rendement peut aller jusqursquoagrave 5tha Le mucuna nrsquoagit pas seulement sur la restauration de la fertiliteacute du sol mais aussi sur le nettoyage des parcelles par rapport aux diffeacuterentes pestes veacutegeacutetales qui envahissaient nos parcelles Il srsquoest aveacutereacute que le mucuna permet aussi de lutter contre certains ravageurs de culture Pour nous loin fut le temps ougrave nous eacutetions frustreacutes de la plantation de cette leacutegumineuse non comestible qui accaparait nos surfaces cultivables car vu lrsquointeacuterecirct qursquoy portent le grand nombre la plantation de celle-ci nous engendre deacutesormais des revenus drsquoappoints

En outre je produits aussi du lombricomposte Lrsquoobjectif est toujours eacuteteacute de sevrer notre exploitation de lrsquoutilisation drsquoengrais chimique Avec lrsquoavegravenement des techniques de seacuteparations

de vers drsquoavec le composte la production nrsquoest plus peacutenible comme avant Il nous faut juste surveiller lrsquohumiditeacute la tempeacuterature lrsquoeacutetat du lombricomposteur et enfin veiller agrave ce que les lombrics aient toujours du preacutecomposte precirct agrave lrsquoemploi Je lrsquoutilise surtout dans la production de riz pluvial le maiumls et la production de plants drsquoarbre en peacutepiniegravere ou ccedila mrsquoa permis non seulement de produire des beaux plants mais aussi de beaucoup reacuteduire lrsquoinvasion des ravageurs

Ensuite Razafindrakoto Edouard drsquoAmbohibolakely de la commune de Fidirana stipule que parmi toutes les techniques vulgariseacutees par le GSDM agrave travers le projet MANITATRA II la plantation de mucuna et celle qui apporte le plus drsquointeacuterecircts

Quand je nrsquoavais utiliseacute que des fumiers de parc les fano (heteronicus) et ses vers blancs ont causeacute beaucoup de deacutegacirct sur mes riz et mes maiumls Actuellement en combinant mulch de mucuna et utilisation du lombricomposte nous avons pu doubler notre production Elle permet en effet drsquoeacuteliminer les menaces dues aux attaques des ravageurs de culture et entretien la fertiliteacute du sol

De son cocircteacute Rakotoarijaona Alfred affirme que donner lrsquoexemple sur ses habitudes culturales mis en pratique au niveau de son champ eacutecole paysan (CEP) fait partie de son quotidien de paysan leader (PL)

Il propose entre autre lrsquoameacutenagement en courbe de niveau des parcelles en pente et les techniques de fabrication des diffeacuterents types de compost

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

43

Trimestrielle - Edition N

deg 10

SUCCESS STORIESJO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

comme moyen de gestion durable du sol Lrsquoassociation du riz pluvial avec le cajanus lui a donneacute un excellent reacutesultat Semeacute au moment de la montaison le cajanus associeacute au riz pluvial nrsquoa manifesteacute aucune sorte de concurrence Il ne se ramifie qursquoapregraves la reacutecolte du riz Durant lrsquointersaison il se deacuteveloppent de maniegravere agrave couvrir les parcelles et les preacuteservent des invasions drsquoadventices Le cajanus est connu pour son travail naturel du sol et une production de biomasse pouvant servir au compostage En fin de cycle il fournit aussi drsquoeacutenorme quantiteacute bois pour les cuissons

Pour M Ralaisa Pierre Solofoniaina lrsquoapplication de lrsquoagriculture de conservation a permis de mieux geacuterer ses parcelles surtout vis-agrave-vis des pheacutenomegravenes drsquoeacuterosion

Jrsquoavais mis en place des courbes de niveau sur mes parcelles puis jrsquoai installeacute de couverture veacutegeacutetale comme le mucuna Depuis je ne travaille plus mes terres et les sarclages sont deacutesormais moins contraignants Je me suis eacutegalement aperccedilu que les effets du striga se sont beaucoup amoindris Comme reacutesultats si avant pour le riz pluvial nous ne pouvons obtenir qursquoenviron 1tha maintenant nous arrivons agrave produire 40kg de paddy par are soit dans les 4tha Jrsquoai entrepris ces travaux car je vise surtout lrsquoavenir de mes enfants Je dois ecirctre en mesure de leur leacuteguer de la bonne terre) raquo

Rabemanantsoa Gilbert drsquoAnkily du Fokontany drsquoAntampondravola un alevineur professionnel avait beacuteneacuteficieacute des appuis sur la protection des bassins versants autour de ses bassins piscicoles

Les appuis du projet MANITATRA II mrsquoa permis de mettre agrave jour mes techniques drsquoalevinage Mais le plus important eacutetait ces ameacutenagements

des versants autour de mes bassins piscicoles Nous nous y sommes mis pour combattre le fleacuteau drsquoeacuterosion qui agrave chaque peacuteriode de pluie menacent drsquoensabler nos bassins Les versants ameacutenageacutes sont actuellement stabiliseacutes avec des haies vives de cajanus renforceacutes avec du brachiaria et diverses plantes de couverture

Depuis longtemps je pratique aussi le lombricompostage Il mrsquoa permis de reacuteduire lrsquoutilisation des produits chimiques et surtout drsquoalleacuteger les peines relatives au transport vers les parcelles Quand la population de lombrics augmente il mrsquoarrive de les reacuteguler en preacutelevant une certaine quantiteacute pour nourrir mes poissons

Du cocircteacute de la commune drsquoAntohobe Mme Rafanjanirina Jeanne Philomegravene a entrepris la restauration de la fertiliteacute de ses parcelles apregraves quelque heacutesitation

Il y a 2 ans le technicien du projet Manitatra travaillant dans notre commune nous a animeacute sur les techniques de restauration de la fertiliteacute du sol Au deacutebut je nrsquoeacutetais pas vraiment convaincue du bien-fondeacute de ces techniques mais apregraves avoir assisteacute agrave une visite eacutechange au niveau du site drsquoIvory et apregraves avoir constateacute la reacuteussite de mon fregravere sur le reboisement jrsquoai deacutecideacute de mrsquoy mettre Nous avons adopteacute le lombricompostage et la fabrication de biopesticide Reacutecemment nous avons constateacute que lrsquoassociation de mucuna avec le maiumls permet de proteacuteger ces derniers contre les attaques de chenilles

Avant nous avons comme habitude drsquoutiliser du cendre du riz pluvial et nous nrsquoavons pu obtenir que 240kg de paddy par are Apregraves lrsquoutilisation du lombricompost la mecircme surface nous a donneacute 320kg agrave 400kg Sur la production de tomate avant nous ne pouvons faire que 4 reacutecoltes maintenant avec le lombricompost ccedila peut aller jusqursquoagrave 6 voire 7 reacutecoltes

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

44

Trimestrielle - Edition N

deg 10

SUCCESS STORIESJO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

A Soavina Rasoanindrina Wivine eacutetait pris drsquoeacutetau par une grande parcelle qursquoelle avait preacutevu drsquoabandonner car elle ne lui permettait plus de produire grand-chose

En effet ladite parcelle eacutetait non seulement deacutegradeacute mais eacutetait aussi envahi par le striga et le kidoronrsquoalika (Acantospermum austral) A la suite drsquoune reacuteunion de sensibilisation organiseacutee par le technicien posteacute agrave Soavina jrsquoavais deacutecideacute drsquoy planter du mucuna et du Stylosanthes associeacute avec un peu de maiumls et du riz pluvial Degraves la premiegravere anneacutee une ameacutelioration du rendement en riz srsquoeacutetait fait ressentir A la

deuxiegraveme anneacutee malgreacute la seacutecheresse le riz eacutetait drsquoune tregraves bonne veacutegeacutetation mais lrsquoinsuffisance de pluie au moment de la floraison dans notre reacutegion ne nous a pas permis drsquoobtenir des graines

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

45

Trimestrielle - Edition N

deg 10

ACTUALITES

Dans le cadre du Projet MANITATRA II sur financement du COMESAUnion

Europeacuteenne (11egraveme FED agrave destination des pays ACP dans le cadre de lrsquoAlliance Mondiale pour le Climat) le GSDM srsquoest lanceacute dans la production et la reacutealisation drsquoun film drsquoanimation 3D sur la base de son livret ludique un guide de formation conccedilu pour lrsquoapprentissage de lrsquoAgro-eacutecologie et de lrsquoeacuteducation environnementale en milieu scolaire Lrsquoobjectif eacutetant de renforcer la promotion de lrsquoAgriculture Climato-Intelligente au niveau national et drsquoappuyer la prise en compte de lrsquoAgro-eacutecologie dans les politiques publiques et les projetsprogrammes Dans ce sens ce film drsquoanimation 3D constitue un outil de plaidoyer mais eacutegalement un support de formation drsquoanimationsensibilisation

Lrsquoideacutee drsquointeacutegrer lrsquoAgro-eacutecologie dans tous types de formation essentiellement dans lrsquoenseignement de base agrave Madagascar a eacuteteacute eacutevoqueacutee depuis bien des anneacutees lors des diffeacuterents ateliers et eacutevegravenements

organiseacutes par le GSDM Cette reacuteflexion a eacuteteacute soutenue aussi bien par lrsquoAdministration que par les partenaires techniques et financiers mais eacutegalement par les diffeacuterents acteurs de deacuteveloppement impliqueacutes œuvrant dans le secteur du deacuteveloppement durable

Lrsquointeacutegration de lrsquoAgro-eacutecologie en milieu scolaire a eacuteteacute initieacutee par le GSDM en 2017 au travers du projet PAPAM sur financement de lrsquoAFD Il eacutetait preacutevu de seacutelectionner 6 eacutetablissements publics etou priveacutes de niveau collegravege dans la reacutegion du Vakinankaratra Au travers des activiteacutes parascolaires lrsquoideacutee eacutetait de former des enseignants pour assurer le transfert de connaissances aux eacutelegraveves de 6egraveme et 5egraveme Avec les acquis de WWF membre du GSDM et la collaboration de lrsquoOEMC aupregraves du Ministegravere de lrsquoEducation Nationale de lrsquoEnseignement Technique et Professionnel un document de concept note a eacuteteacute eacutelaboreacute pour la mise en œuvre drsquoune phase pilote De la

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Un film drsquoanimation 3D sur lrsquointeacutegration de lrsquoAgro-eacutecologie en milieu scolaire pour la vulgarisation de lrsquoAgro-eacutecologie au niveau national

LrsquoEducation agrave lrsquoinverse une maniegravere de diffuser lrsquoAgro-eacutecologiehelliphelliplrsquoAgro-eacutecologie pour les geacuteneacuterations futures

Equipe GSDM

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

46

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

mission de diagnostic visant lrsquoidentification des eacutetablissements beacuteneacuteficiaires aux missions de formation de conception de supports et de

suivi les eacutetapes de la mise en œuvre ont eacuteteacute reacutealiseacutees sous lrsquoeacutegide de la Direction Reacutegionale de lrsquoAgriculture de lrsquoElevage et de la Pecircche et de la Direction Reacutegionale de

lrsquoEducation Nationale de lrsquoEnseignement Technique et Professionnel Un atelier bilan a eacuteteacute organiseacute agrave la fin de lrsquoanneacutee scolaire 2017-2018 pour eacutevaluer et mesurer les impacts de ce

mode laquo drsquoeacuteducation agrave lrsquoinverse raquo ougrave les enfants forment leurs parents pour un changement de paradigme

Le succegraves de la phase pilote a tout particuliegraverement susciteacute lrsquoattention de nombreux partenaires techniques et financiers souhaitant investir dans lrsquoeacuteducation des jeunes dans le cadre du deacuteveloppement durable Une extension des activiteacutes a eacuteteacute ainsi programmeacutee au travers du projet MANITATRA II sur financement du COMESAUnion Europeacuteenne pour 3 anneacutees scolaires conseacutecutives 20182019 - 20192020 et 20202021 Six (6) nouveaux eacutetablissements ont eacuteteacute seacutelectionneacutes selon les critegraveres du projet Pour la peacuterennisation des actions le projet MANITATRA II a maintenu lrsquoappui technique au niveau des eacutecoles PAPAM A lrsquoissu de lrsquoatelier bilan organiseacute agrave la fin de lrsquoanneacutee scolaire 2018-2019 la sollicitation du GIZProSol sur financement de la Coopeacuteration Allemande a emmeneacute agrave lrsquoextension des activiteacutes au profit de 8 nouveaux eacutetablissements dans la Reacutegion Boeny

Les beacuteneacuteficiaires directes sont actuellement au nombre de 3897 eacutelegraveves reacutepartis au niveau de 20 eacutetablissements dont 3 047 dans la reacutegion de Vakinankaratra et 850 dans la reacutegion

Boeny Cette eacuteducation agrave lrsquoinverse touche eacutegalement les parents le corps eacuteducatif les paysans aux alentours mais aussi les acteurs de deacuteveloppement et les deacutecideurs

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

47

Trimestrielle - Edition N

deg 10

AGRO-ECOLOGIE EN PHOTOJO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

Le Comiteacute de pilotage du Projet MANITATRA II sest reacuteuni pour la 2egraveme fois le 24 septembre

2020 pour lexamen du rapport dactiviteacute de lanneacutee 2 et de la programmation des activiteacutes de lanneacutee 3

Ont reacutepondu preacutesent le DGA du MAEP en sa qualiteacute de Peacutersident du Comiteacute le PCA du GSDM le Vice-Preacutesident

du CA du GSDM le Directeur du Deacuteveloppement Reacutegional du Vakinankaratra le DRAEP Vakinankaratra le DREDD Vakinankaratra et le Repreacutesentant du MEDD par le biais de son Conseiller Technique

Reacuteunion du comiteacute de Pilotage du projet Manitatra II le 24 Septembre 2020

Les journeacutees Agro-eacutecologiques du Vakinankaratra se sont tenues les 19 et 20 mars 2020 Ces

2 journeacutees ont eacuteteacute consacreacutees pour le partage des acquis et expeacuteriences en Agro-eacutecologie face au deacutefis du changement climatique et de linseacutecuriteacute alimentaire On a vu la participation de lAdministration au travers du Ministegravere de lAgriculture de lElevage et de la Pecircche du Ministegravere de lEnvironnement et du Deacuteveloppement Durable du Ministegravere de lEducation Nationale de la Direction de la meacuteteacuteorologie des autoriteacutes locales des partenaires techniques et financiers des beacuteneacuteficiaires et des journalistes

La premiegravere journeacutee a eacuteteacute deacutedieacutee agrave la visite des reacutealisations en Agro-eacutecologie suivie dun atelier de restitution le 2egraveme jour Tant sur le terrain quau travers des teacutemoignages en salle lactiviteacute lieacutee agrave linteacutegration de lAgro-eacutecologie en milieu scolaire a succiteacute lattention des participants Cette mode deacuteducation agrave linverse ougrave les enfants forment leurs parents a tout particuliegraverement toucheacute de nombreux meacutenages Desormais les parents souhaitent ecirctre formeacutes sur diffeacuterents theacutematiques en Agro-eacutecologie tels que le compsotage lAgriculture de conservation et lAgroforesterie

Objectif atteint pour le GSDM la reacuteussite de cet eacutevenement est ducirc agrave la participation active des diffeacuterents intervenants En vue dune agriculture durable la peacutereacutenisation des acquis et limportance de la prise en compte de lAgro-eacutecologie dans les politiques publiques a eacuteteacute souleveacutee et approuveacutee

Journeacutees Agro-eacutecologiques du Vakinankaratra les 19 et 20 mars 2020

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

48

Trimestrielle - Edition N

deg 10

Deacutecembre2020

Octobre 2020

Septembre 2020

Novembre 2020

Ont participeacute agrave ce numeacutero bull Mireille RAZAKA - Responsable Communication du GSDMbull Vololoniraisana RANDRIAMIARANA - Agronome du GSDMbull Martin RANDRIAMITANTSOA - Consultant Agronome du GSDMbull Tahina RAHARISON - Consultant Agronome Socio-eacuteconomiste du GSDMbull TOKIHERINIONJA Tanjonarilesa Fernand - Chef de Projet MANITATRA IIbull RAKOTONDRAMANANA - Directeur Exeacutecutif du GSDM

Rubrique laquoLAgro-eacutecologie au niveau nationalraquo WWH - DURRELL - CEFFEL membre du GSDM - GIZProSol Partenaire Technique et FinancierRubrique laquoDossierraquo Collegravegues rapprocheacutes de Lucien SEGUYRubrique laquoRechercheraquo FOFIFA - Dp SPAD - Partenaires techniques Rubrique laquoSuccess Storiesraquo GSDM Vakinankaratra (MANITATRA II)Entiteacute de validation Comiteacute de lecture les membres du GSDM GSDM Copyrigth septembre2020

Site WebFacebook YoutubeRoute drsquoAmbohipo

Lot VA 26 Y AmbatorokaBP 6039 Ambanidia Antananarivo 101 Madagascar

Teacutel (+261) 20 22 276 27

CALENDRIER DIVERS CONTACTS

Site WebFacebook

Teacutel (261 20) 22 200 46 agrave 48Fax (261 20) 22 347 94

afdantananarivoafdfr

23 rue RazanakombanaAmbohijatovo BP 557

AntananarivoMADAGASCAR

Pour de plus amples informations etou pour toutes ameacuteliorations contacter nous au

Ce journal a eacuteteacute financeacute au deacutepart par lrsquoAFD (projet PAPAM) et par le COMESAUE (projet MANITATRA 2) agrave partir de leacutedition Ndeg8

Les membres du GSDM

Direacutecteur Exeacutecutif gsdmdemoovmgResponsable communication razakamireilleyahoofr

Evegravenements

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

- Mission de suivi Alaotra - Mission de suivi Sud-Est- Mission drsquoevaluation et bilan de campagne ATASEF - Formation des techniciens des ONGencadreacutes par ECO-CONSULT - GIZProSol

- Preacutesentation officielle du film drsquoanimation 3D Ny Fambolena maharitraho anny taranaka mifandimby- Atelier bilan eacutecole Manitatra II- Expertise OSDRM dans la Diana

Directeur de publication RAKOTONDRAMANANA DL imprimeur Ndeg - Editeacute en 140 exemplaires

Facebook Site Web

- Atelier recherche et deacuteveloppement - Emission FIVOHY sur la RNM tous les 3egraveme samedis du mois de 08h15 agrave 08h30 du matin

- Campagne culturale grande saison- Journeacutees Agro-eacutecologiques du Sud-Est

Open library

  • Signet 1
Page 8: Edito - gsdm-mg.org

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

8

Trimestrielle - Edition N

deg 10

LrsquoAGRO-ECOLOGIE AU NIVEAU NATIONAL

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIEPar ailleurs ces pratiques culturales reacutesilientes au changement climatique ont eacuteteacute deacutemontreacutees au

niveau des parcelles des eacutecoles primaires publiques dans le but drsquoameacuteliorer la nutrition scolaire des eacutelegraveves et de sensibiliser les eacutecoliers et leurs parents sur le systegraveme

Enfin des eacutechanges entre les producteurs dans les groupements CEP seront ulteacuterieurement organiseacutes pour ameacuteliorer le mode de gestion du sol Ceci permettra de limiter la deacutegradation des sols et des couverts veacutegeacutetaux Le projet continuera aussi agrave identifier et agrave promouvoir les innovations adapteacutees aux reacutealiteacutes sociales et eacuteconomiques afin dassurer lefficaciteacute de ces pratiques agro-eacutecologiques autour de la NAP Alaotra

Photo 7 Rotation Riz (Riziculture agrave mauvaise maitrise drsquoeau) avec de la

vesce dans le fokontany Andilana Sud commune Amparafaravola

Photo 8 Systegraveme de riziculture ameacutelioreacute en rotation avec du haricot en contre saison sous paillage dans

le fokontany de Antsapananefatra commune Ambatomainty

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

9

Trimestrielle - Edition N

deg 10

LrsquoAGRO-ECOLOGIE AU NIVEAU NATIONAL

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Intensification des techniques agro-eacutecologiques et de restauration de la fertiliteacute de sol par lrsquoapproche terroir dans les reacutegions Anosy

et Atsimo Atsinanana

Jocelyn RAVELOSON Angola RANDRIANANTOANDRO - WHH Madagascar

laquo Un monde dans lequel tous les peuples peuvent exercer leur droit agrave mener une vie autodeacutetermineacutee dans la digniteacute et la justice agrave labri de la faim et de la pauvreteacute raquo telle est la vision globale de Welthungerhilfe (WHH) La reacutealisation de cet objectif deacutepend neacuteanmoins des facteurs environnementaux favorables dont la disponibiliteacute des moyens de production adeacutequats et leur accessibiliteacute par chaque meacutenage

Dans les Reacutegions Anosy et Atsimo Atsinanana notamment des districts de Taolagnaro Vangaindrano Farafangana et Vondrozo WHH travaille en eacutetroite collaboration avec des ONG nationales telles que Action Intercoopeacuteration Madagascar (AIM) et FIANTSO Madagascar pour donner des appuis aux paysans dans la lutte contre la pauvreteacute agrave travers lrsquoameacutelioration du fonctionnement de leur systegraveme de production Il srsquoagit entre-autre des deux grands programmes de renforcement de la seacutecuriteacute alimentaire et nutritionnelle durable SILVER (Renforcement des revenus et des moyens drsquoexistence des meacutenages vulneacuterables dans le Sud-Est) et AFAFI Sud (Appui au Financement de lAgriculture et aux Filiegraveres Inclusives dans le Sud et Le Sud-Est de Madagascar) Ces programmes sont financeacutes respectivement par la Coopeacuteration Allemande (BMZ) et lrsquoUnion Europeacuteenne (UE) agrave hauteur totale de 8 689 109 EUR SILVER srsquoeacutetale de novembre 2019 agrave avril 2022 tandis que le programme AFAFI Sud de janvier 2020 jusqursquoen avril 2024 Le nombre de beacuteneacuteficiaires finaux est estimeacute agrave pregraves de 608 000 individus dont 60 hommes et 40 femmes

Lrsquoapproche terroir pour une meilleure concentration des efforts au niveau des beacuteneacuteficiaires cibleacutes

En matiegravere de vulgarisation agricole les interventions consistent agrave diffuser des techniques ameacutelioreacutees adapteacutees aux groupes cibles et agrave leurs

contraintes pour leur permettre drsquoaugmenter leurs revenus La diffusion du systegravemes de culture eacuteconomes en intrants face au faible pouvoir drsquoachat des paysans aussi bien pour les cultures pluviales sur pente qursquoau niveau des peacuterimegravetres irrigueacutes et au bas fond revalorisation des connaissances et savoir-faire des paysans en matiegravere de techniques agro-eacutecologiques pour un meilleure rendement en quantiteacute et qualiteacute de production appui cibleacute des femmes marieacutees et megraveres ceacutelibataires agrave lrsquoeacutelevage avicole pisciculture ou apiculture et enfin de deacuteveloppement de capaciteacutes drsquoinvestissement dans des activiteacutes geacuteneacuteratrices de revenus gracircce agrave lrsquoappui aux Associations Villageoises drsquoEpargne et de Creacutedit Auto-geacutereacutes (AVECA)

La mise en œuvre des activiteacutes au niveau de chaque site terroir preacutedeacutetermineacute se complegravete et est meneacutee systeacutematiquement de maniegravere participative en incluant les autoriteacutes locales lrsquoorganisation des producteurs les hommes femmes et jeunes agriculteurs La creacuteation de Centre drsquoAccueil des Enfants et des Megraveres (CAEM) par chef-lieu de fokontany contribue agrave lrsquoenseignement des megraveres voire des parents agrave faire le lien entre utilisation adeacutequate des produits agricoles seacutelectionneacutes pour lrsquoalimentation et lrsquoeacutepanouissement de la santeacute nutritionnelle de tous les membres du meacutenage Lrsquoaccompagnement des associations communautaires aux actions de reboisement mais aussi lrsquoameacutenagement de pistes rurales de points drsquoeau potable et de peacuterimegravetres agricoles assure la viabiliteacute des activiteacutes de production agricole Les opeacuterateurs eacuteconomiques de proximiteacute y sont aussi appeleacutes et soutenus pour le deacuteveloppement des filiegraveres de niche marquant chaque district et commune le gingembre le curcuma la cannelle le cafeacute la baie rose lrsquoapiculture la pisciculture etc

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

10

Trimestrielle - Edition N

deg 10

LrsquoAGRO-ECOLOGIE AU NIVEAU NATIONAL

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Accompagnement de la communauteacute agrave la restauration de la fertiliteacute du bassin versant

De faccedilon participative les eacutequipes drsquointervention deacutefinissent des reacutefeacuterentiels techniques pertinents susceptibles drsquoecirctre diffuseacutes aupregraves de la population cible sur la base du diagnostic foncier du site-terroir et de la typologie de leurs systegravemes drsquoexploitation Pour ce faire et pour assurer par la suite leur large diffusion il est preacutevu pour ces programmes de renforcer de faccedilon tregraves pratique et concregravete les paysans relais aux concepts agronomiques fondamentaux afin de compleacuteter leur savoir et expeacuteriences en matiegravere de fertiliteacute des sols lrsquoimportance de la matiegravere organique pour le sol et les plantes et le cycle des mineacuteraux Le champs-eacutecole constitue le moyen le plus efficace pour assurer lrsquoenseignement pratique et lrsquoattraction des intentions des masses paysannes Les techniciens organisent peacuteriodiquement

des eacutevegravenements drsquoeacutechanges laquo formaliseacutes raquo sous forme de visite de la parcelle par les producteurs villageois agrave des peacuteriodes et moments cleacutes de lrsquoitineacuteraire technique

Dans lrsquoobjectif de proteacuteger par la suite ces sols et garantir la conservation peacuterenne des bassins versants les deux programmes SILVER et AFAFI Sud accompagnent les Communes et le Service Technique Deacutecentraliseacute de lrsquoEnvironnement dans la planification participative du reboisement au niveau des terroirs Afin de rendre disponible les jeunes plants sur place des actions de diffusion aupregraves des villageois des techniques de confection de peacutepiniegraveres et des peacutepiniegravere eacutecole paysanne ndash au mecircme titre que les champs eacutecoles paysans ndash sont preacutevus pour les deux premiegraveres anneacutees de travaux

Formation des femmes sur les cultures maraichegraveres et lrsquoarboriculture fruitiegravere

Fabrice LHERITEAU Chef drsquoeacutequipe ProSol Boeny

Le projet global Prosol est un projet de la Coopeacuteration allemande commissionneacute dans

le cadre de lrsquoinitiative laquo Un seul monde sans faim raquo par le Ministegravere de la Coopeacuteration Economique et du deacuteveloppement allemand Il est mis en œuvre dans huit pays diffeacuterents dont Madagascar ougrave la reacutegion drsquointervention est Boeny

Dans la mise en œuvre des activiteacutes de protection et reacutehabilitation des sols dans la reacutegion Boeny le ProSol Madagascar place les communauteacutes de producteurs au cœur de son approche en insistant sur la valorisation des activiteacutes speacutecifiques aux femmes Le projet dispose mecircme drsquoun indicateur speacutecifique pour le comptage de ces reacutealisations au niveau des meacutenages orienteacute sur lrsquoameacutelioration des conditions de vie des femmes

Or dans la reacutegion Boeny au Nord-Ouest de Madagascar la seule activiteacute agricole qui peut ecirctre pratiqueacutee sur la plupart des terres durant la

saison segraveche qui commence vers le mois drsquoavril et finit en octobre est le maraichage Cette activiteacute est souvent pratiqueacutee par les femmes et est essentielle pour lrsquoeacuteconomie des meacutenages puisquen son absence les familles doivent se deacuteplacer pour trouver un emploi ou encore srsquoadonner agrave la fabrication de charbon de bois malheureusement sans toujours respecter les regravegles en vigueur pour proteacuteger lrsquoenvironnement

Par conseacutequent dans les communes drsquointerventions de ProSol les demandes eacutemanant des femmes mettent en avant des besoins en termes de renforcement de capaciteacute sur les activiteacutes de maraichage et de plantation drsquoarbre fruitier Pour reacutepondre agrave ce besoin ProSol a octroyeacute une formation sur les cultures maraichegraveres et lrsquoarboriculture fruitiegravere en collaboration avec CEFFEL Puis des formations en cascades ont eacuteteacute organiseacutees par les ONG partenaires de ProSol sur le terrain A lrsquoissue des seacuteries de formations

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

11

Trimestrielle - Edition N

deg 10

LrsquoAGRO-ECOLOGIE AU NIVEAU NATIONAL

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

373 femmes ont eacuteteacute formeacutees agrave la culture drsquoune large gamme de leacutegumes et ont pu obtenir agrave la fois des semences et quelques petits eacutequipements pour les aider agrave se lancer dans le maraichage ou se perfectionner Un manuel de formation pratique et adapteacutes aux communauteacutes agriculteurs sur la plantation des arbres fruitiers a eacutegalement eacuteteacute eacutelaboreacute pour ecirctre utiliseacute agrave large diffusion et reacutepandre encore davantage les bonnes pratiques

La principale innovation diffuseacutee lors de ces formations a eacuteteacute de proposer un large ensemble de traitements biologiques reacutealisables agrave partir des produits locaux Habituellement les paysans encourageacutes par les commerccedilants de produits phytosanitaires utilisaient les traitements chimiques Les effets sur lrsquoenvironnement et les sols eacutetaient tregraves neacutegatifs mais les meacutethodes traditionnelles eacutetant jugeacutees inefficaces les paysans faisaient le choix du pragmatisme

Mais apregraves la formation certaines femmes ont pu concevoir leurs propres remegravedes et obtenir des reacutesultats concluants en combinant diverses solutions Crsquoest le cas notamment de madame RAZAFINDRAFARA Mampiandra Marie megravere de famille drsquoune cinquantaine drsquoanneacutee de la commune drsquoAnkijabe qui fabrique du ady-gasy

pour proteacuteger les cultures et du compost agrave base de feuilles drsquoacacia de feuilles de neem et de bemaimbo pour les fertiliser Elle se montre tregraves satisfaite des reacutesultats obtenus et teacutemoigne

laquo Le reacutesultat est maintenant vraiment diffeacuterent de ce que jrsquoai obtenu auparavant Les leacutegumes agrave feuilles verdissent bien et elles ont une bonne taille Le fait de voir mes leacutegumes qui poussent bien me motive chaque jour agrave bien entretenir mes maraicircchages et en faire encore davantage Pour mon cas jrsquoai multiplieacute par trois la surface de mes terres pour le maraicircchage et elle comprend actuellement 30 plates-bandes raquo

Lrsquoagrandissement des parcelles de maraichage et la vente de la reacutecolte de carottes salade morelle et oignons sur le marcheacute pour de bons prix a eacutegalement permis agrave Mme RAZAFINDRAFARA de commencer une petite eacutepargne et de srsquoacheter un nouveau teacuteleacutephone

Le projet ProSol souhaite en collaboration avec ses partenaires poursuivre ses activiteacutes de formation sur le maraicircchage et lrsquoutilisation de compost par les paysans afin de promouvoir une source de revenu respectueuse des sols et contribuant agrave restaurer leur fertiliteacute Pour toutes informations compleacutementaires nrsquoheacutesitez pas agrave vous adresser agrave Tahiry Rarivonandrasana (TahiryRARIVONANDRASANAeco-consultcom)

Illustration Mme RAZAFINDRAFARA preacutepare

de lrsquoady gasy pour ses cultures

La recette du compost de Mme RAZAFINDRAFARA

laquo Pour preacuteparer le compost je meacutelange un volume de bouse de vache fraicircche avec deux volumes de feuilles drsquoacacia de feuilles de neem et de bemaimbo Les feuilles doivent ecirctre entrecoupeacutees et lrsquoensemble devra agrave peu pregraves avoir le tiers de la contenance drsquoun fut de 200 litres Il faut ajouter ensuite de lrsquoeau jusqursquoagrave ce que le fut soit plein La preacuteparation est agrave meacutelanger tous les 2 jours et le compost liquide peut ecirctre utiliseacute apregraves 7 jours de fermentation Jrsquoai apporteacute le compost liquide agrave mes maraicircchages une agrave deux fois par

semaine raquo

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

12

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Reacutesumeacute

La croissance deacutemographique affecte le secteur eacutelevage qui doit aujourdhui assurer le triple de la production en viande drsquoil y avait cinquante ans De plus les terres ceacutereacutealiegraveres destineacutees agrave

lalimentation animale ont diminueacute alors que la demande en produits dorigine animale na cesseacute daugmenter Pour y remeacutedier il savegravere indispensable de valoriser les ressources alimentaires non conventionnelles qui sont en abondance mais ne sont pas en compeacutetition avec lrsquoalimentation humaine Dans cette optique le FOFIFA-DRZVP a investi plusieurs anneacutees sur lrsquoexploitation de la graine de mucuna dans lalimentation animale Des analyses chimiques de la graine ont montreacute ses qualiteacutes nutritionnelles mais eacutegalement la preacutesence du L-dopamine qui est un facteur antinutritionnel Par ailleurs plusieurs traitements de cette graine ont eacuteteacute testeacutes pour diminuer la teneur en L-Dopamine sans pour autant affecter sa valeur nutritionnelle Des tests sur diffeacuterents types danimaux ont eacuteteacute effectueacutes pour deacuteterminer le traitement le plus efficient pour chaque animal le taux dincorporation du mucuna dans la ration et lefficaciteacute de son utilisation dans lalimentation animale Les reacutesultats ont montreacute que le mucuna est une alternative inteacuteressante pour ameacuteliorer la production animale tant sur le plan social que sur le plan eacuteconomique

Valorisation du mucuna pour lalimentation des animaux de rente agrave Madagascar

RAZAFINARIVO Tsirinirina Donnah RAKOTOMANANA Olga Rachel RAPATSALAHY SabineFOFIFA - DRZVP (Deacutepartement de recherches Zootechniques Veacuteteacuterinaires et Piscicoles )

Introduction

Ces six derniegraveres deacutecennies la consommation globale de viande nrsquoa cesseacute drsquoaugmenter Elle a mecircme tripleacute en un demi-siegravecle En 2018 elle a atteint les 342 millions de tonnes (FAO) Cette tendance est tregraves marqueacutee dans les pays en deacuteveloppement comme Madagascar car elle srsquoest accrue de plus de 5 durant ces derniegraveres deacutecennies et devrait augmenter de 14 an agrave travers le monde jusqursquoen 2030 (FAO 2014) Les raisons principales en sont la forte croissance deacutemographique lurbanisation et leacuteleacutevation du niveau de vie Selon toujours le FAO (2011) la consommation en viande de volailles sera multiplieacutee de 23 en 2050 contre 14 agrave 18 pour les autres produits animaux Ceci neacutecessite 27 millions de tonnes drsquoaliments suppleacutementaires et 24 millions drsquohectares de terres ceacutereacutealiegraveres additionnelles agrave moins que la proportion de sous-produits et de ressources alimentaires non conventionnelles augmente substantiellement Dans cette optique le laboratoire de nutrition animale du FOFIFA-DRZVP srsquoest investi depuis plusieurs anneacutees sur la valorisation des ressources

non conventionnelles pour lrsquoalimentation animale Ainsi depuis 2012 la graine de mucuna a eacuteteacute valoriseacutee pour lrsquoalimentation des porcs agrave Madagascar dans le cadre drsquoun partenariat entre le FOFIFA et le GSDM Cette valorisation du mucuna srsquoest eacutelargie sur drsquoautres animaux de rente telle effectueacutee dans le partenariat entre le GRET lAVSF et le FOFIFA dans le cadre du projet HOBA ASARA Cet article reacutesume six anneacutees de recherches sur la valorisation du mucuna pour lrsquoalimentation animale agrave Madagascar

Contexte

Le pois mascate (Mucuna pruriens ou Dolichos pruriens) est une plante annuelle quon retrouve dans les reacutegions tropicales de lInde et de lAfrique (Figure 1) Le mucuna est surtout connu pour ses vertus en meacutedecine (plante revitalisante et aphrodisiaque action sur la production de testosteacuterone de dopamine etc)

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

13

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Derniegraverement ses inteacuterecircts en agronomie sur lrsquoameacutelioration du rendement du riz pluvial sur reacutesidus de maiumls + mucuna et ceux du maiumls en association avec le mucuna ont eacuteteacute publieacutes par le GSDM Ces rendements repreacutesentent 3 agrave 4 fois les rendements obtenus sur labour en sol nu (sans couvert veacutegeacutetal) avec les mecircmes doses de fertilisation (GSDM 2020) Cette capaciteacute des systegravemes agrave base de mucuna sur le rendement en plus de ses effets contre les mauvaises herbes et contre les insectes observeacutee sur plusieurs anneacutees justifie sa large diffusion actuelle chez les paysans De plus contrairement aux autres leacutegumineuses comme le nieacutebeacute (Vigna unguculata) le haricot le soja ou le Vigna umbellata (tsiasisa) le mucuna nrsquoest pas attaqueacute par les chenilles (Helicoverpa armigera) ou les chenilles leacutegionnaires drsquoautomne (Spodoptera frugiperda) (RAKOTONDRAMANA et al 2018) Ainsi suite agrave des anneacutees de production les graines de mucuna issue de ce systegraveme deviennent de plus en plus nombreuses Par ailleurs il srsquoavegravere judicieux de les valoriser dans lrsquoalimentation animale En tant que leacutegumineuse les graines de mucuna sont relativement riches en proteacuteine (composant le plus couteux dans la formulation alimentaire

des animaux) Cette pratique est lrsquoune des bases de lrsquointeacutegration agriculture-eacutelevage (IAE) agrave lrsquoeacutechelle de lrsquoexploitation sur lrsquointensification de la production par la valorisation des produits et reacutesidus pour lrsquoeacutelaboration de rations eacutequilibreacutees aux animaux (Lhoste 2008)

Figure 1 Les varieacuteteacutes de mucuna agrave Madagascar

Analyses en laboratoire

Pour pouvoir utiliser le mucuna dans lalimentation animale il est primordial de deacuteterminer ses valeurs nutritionnelles Ainsi les reacutesultats danalyses ont confirmeacute sa richesse en proteacuteine Cependant malgreacute un taux inteacuteressant en proteacuteine sa valeur biologique est reacuteduite par la preacutesence de la L-Dopa (34- dihydroxyphenylalanine qui est un acide amineacute non proteacuteique) qui est une substance anti-nutritionnelle preacutesente dans la graine de mucuna La L-Dopa est une moleacutecule thermolabile et hydrosoluble Ainsi des hypothegraveses ont eacuteteacute apporteacutees sur les possibiliteacutes de reacuteduire la teneur en L-Dopa dans la graine sans pour autant reacuteduire la teneur en proteacuteine qui est deacutenatureacutee par la chaleur Par ailleurs plusieurs traitements et combinaison de traitements ont eacuteteacute testeacutes (Figure 2) Ces traitements sont suivis drsquoanalyses nutritionnelle et toxicologique (Tableau 1) afin drsquoeacutevaluer le traitement le plus efficient cest-agrave-dire le moins toxique et ayant une valeur nutritionnelle inteacuteressante

Mucuna pruriens utilis jaune

Mucuna pruriens utilis noir

Mucuna pruriens yardghana

Mucuna pruriens IRZ

Mucuna pruriens rajada Mucuna pruriens Mucuna pruriens

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

14

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

MB T1 T2 T3 E1 E2 TE D1 D2 D3 TBic MTMatiegravere Segraveche () 938 949 952 959 945 944 984 828 995 991 939 946Matiegravere Mineacuterale () 35 415 38 40 42 39 41 27 27 19 41 44Cendre Insoluble () 01 01 01 00 01 01 01 01 01 01 01 01Calcium () 04 05 05 04 02 03 02 012 02 156 03 015Phosphore () 07 08 07 07 08 07 08 109 07 052 07 097Proteacuteine Brute () 263 242 235 226 257 238 214 270 217 248 242 243Matiegravere Grasse () 42 44 42 45 50 42 48 - 50 62 52 30L-dopa () 66 595 523 291 315 202 22 - 079 075 296 -

bull Mucuna non traiteacute (MB)bull Mucuna traiteacute trempage (T1 24h T2 48h et T3 72h)bull Mucuna traiteacute par eacutebullition (sur diffeacuterents temps drsquoeacutebullition E1 30min et E2 60min)bull Mucuna traiteacute par trempage suivi drsquoeacutebullition (TE)bull Mucuna deacutepelliculeacute (sur diffeacuterents temps de trempage D1 24h D2 48h et D3 72h) bull Mucuna traiteacute par eacutebullition dans une solution contenant 02 de bicarbonate (TBic)bull Mucuna traiteacute par torreacutefaction (MT)

Figure 2 Traitements du Mucuna

Expeacuterimentations en milieu controcircleacute

Des formulations alimentaires (Provende) agrave base de mucuna ont eacuteteacute effectueacutees puis testeacutees sur des animaux en milieu controcircleacute dans la station de recherche du FOFIFA agrave Kianjasoa Il srsquoagit de comparer les performances zootechniques des porcs et des volailles nourris avec des rations contenant un pourcentage deacutetermineacute de mucuna sur un traitement deacutetermineacute contre des lots teacutemoins de ces mecircmes animaux mais alimenteacutes avec des rations agrave 0 mucuna

RECHERCHES

Tableau 1 Valeurs nutritionnelles et teneur en L-Dopa du mucuna suivant diffeacuterents traitements (en pourcentage de la matiegravere segraveche)

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

15

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Expeacuterimentation sur les porcelets

Les expeacuterimentations ont eacuteteacute reacutealiseacutees sur diffeacuterents taux drsquoincorporation de mucuna (5 10 20 et 40) mais les gains de poids consideacutereacutes comme plus efficaces sont ceux enregistreacutes agrave une incorporation de 20 Par ailleurs le test sur animaux sur trois lots de porcelets recevant respectivement une ration agrave 0 de mucuna 20 mucuna torreacutefieacute et 20 de mucuna traiteacutee par le bicarbonate a eacuteteacute effectueacute Apregraves un mois et demi dexpeacuterimentation sans compter la peacuteriode dadaptation Le Gain moyen quotidien (GMQ) du lot teacutemoin est de 305 g contre 355g pour le lot recevant 20 de mucuna torreacutefieacute et 319 g pour le lot recevant 20 de mucuna traiteacutee au bicarbonate (Figure 3)

Figure 3 Gain moyen quotidien (en gramme) durant 45 jours de 3 lots de porcelets recevant une provende agrave base de mucuna

Ces expeacuterimentations nous montrent que les graines de mucuna peuvent bien ecirctre utiliseacutees dans lrsquoalimentation des porcs malgreacute la preacutesence de la L-Dopa qui nrsquoest pas totalement eacutelimineacutee par les traitements thermiques etou chimiques La comparaison drsquoune ration iso-proteacuteique et iso-eacutenergeacutetique du mucuna traiteacute au bicarbonate nrsquoa montreacute aucune diffeacuterence significative par rapport agrave une ration normale Par ailleurs le traitement par torreacutefaction est consideacutereacute comme efficace pour la ration des porcs La libeacuteration dacide gras durant la torreacutefaction ameacuteliore la palatabiliteacute de la ration et a un effet beacuteneacutefique sur lrsquoindice de conversion alimentaire

Expeacuterimentations sur les volailles

Les volailles repreacutesentent une source preacutecieuse de proteacuteines animales drsquoune grande valeur biologique Son eacutelevage se fait partout dans le monde dans des conditions tregraves variables Mais lrsquoobjectif principal est toujours drsquoavoir une production maximum agrave un coucirct minimum tout en eacutevitant les risques Par ailleurs la compleacutementation des aliments de volailles par le mucuna a eacuteteacute entreprise pour ameacuteliorer la productiviteacute (viande et œufs) Cette ameacutelioration a eacuteteacute entreprise sur les diffeacuterentes races existantes agrave Madagascar poulets de chair poule pondeuse et poulet de races locales Ainsi plusieurs lots de volailles recevant diffeacuterents taux drsquoincorporation de mucuna ont eacuteteacute compareacutes

Pour les poulets de chair quarante poussins de chair vaccineacutes et deacuteparasiteacutes ont eacuteteacute subdiviseacutes en 4 lots de 10 poussins 3 lots recevant respectivement un aliment incorporeacute de 0 10 et 20 de mucuna traiteacute par le bicarbonate 02 et le 4egraveme lot recevant du mucuna traiteacute par le proceacutedeacute D1 agrave 10 Au cours des 45 jours drsquoexpeacuterimentations des peseacutes hebdomadaires ont permis de suivre les performances de croissances de chaque poulet

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

16

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Figure 4 Poids des poulets de chair (en gramme) apregraves 45 jours drsquoexpeacuterimentations

En geacuteneacuteral lrsquoaugmentation du taux drsquoincorporation du mucuna dans la ration affecte la productiviteacute moyenne des poulets de chair qui est inversement proportionnelle agrave ce dernier Les poids finaux sont respectivement 1300g 1100g et 850g pour les 3 lots agrave 0 10 et 20 de Mucuna Il est eacutevident que malgreacute le taux inteacuteressant en proteacuteine et dacide amineacute dans le mucuna sa valeur biologique est reacuteduite par la preacutesence de la L-Dopa et cela affecte consideacuterablement la productiviteacute des poulets de chair Par contre lrsquoincorporation agrave 10 de mucuna deacutepelliculeacute dans la ration des poulets de chair ne preacutesente aucune diffeacuterence significative aux reacutesultats obtenus par la ration agrave 0 de mucuna (Figure 4) Par ailleurs il est donc indispensable de deacutepelliculer le mucuna avant de lintroduire dans la ration des poulets de chair

Pour les poules pondeuses

Trente poulettes precirctes agrave pondre (45 mois) de race Hulyn sp (Figure 6) ont eacuteteacute choisies pour mener lexpeacuterimentation Trois lots de 10 poulettes ont eacuteteacute formeacutes pour recevoir une ration contenant respectivement 0 10 et 20 de Mucuna traiteacutes par le Bicarbonate 02 Ce mecircme dispositif a eacuteteacute utiliseacute pour le test avec le mucuna deacutepelliculeacute Dans cette cateacutegorie le produit principal est lrsquoœuf drsquoougrave notre paramegravetre eacutetudieacute est le taux de ponte ainsi que le calibre des œufs

Figure 5 Performance zootechnique des poules pondeuses

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

17

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Lrsquoenregistrement des donneacutees journaliegraveres de ponte indique qursquoil nrsquoy a pas de diffeacuterences significatives entre les taux de ponte des poulettes recevant 0 et 10 de mucuna Par contre les poulettes nourries avec du mucuna agrave 20 nrsquoont jamais atteint un taux de ponte de 100 ceci pour dire que la teneur eacuteleveacutee en mucuna dans la ration affecte la ponte (Figure 5) Il est donc recommandeacute de ne pas deacutepasser les 10 dincorporation de mucuna dans la ration des poules pondeuses Pour les poules pondeuses nourris avec le mucuna deacutepelliculeacute les reacutesultats enregistreacutes nont pas de diffeacuterence significative avec ceux obtenus par le traitement preacuteceacutedant Par ailleurs nous pouvons opter pour le traitement avec le bicarbonate car ce traitement est moins couteux en termes de travail de temps ainsi que de faciliteacute de preacuteparation Cependant en ce qui concerne la taille des œufs les calibres des œufs des poules alimenteacutes avec une ration agrave 10 de mucuna deacutepelliculeacute sont leacutegegraverement supeacuterieurs agrave ceux des poules nourries avec du mucuna bicarbonateacute 10 (Figure 5) ainsi que ceux du lot teacutemoins agrave 0 Nous pouvons donc tirer une conclusion que le mucuna a un leacuteger effet positif sur les performances des poules pondeuses Le taux dincorporation (infeacuterieur agrave 10) et le traitement (deacutepelliculage) jouent un rocircle important

Figure 6 Introduction du mucuna dans la ration des poules pondeuses

Pour les poulets de races locales (akoho gasy)

Six lots de 20 tecirctes ont eacuteteacute constitueacutes pour recevoir une ration contenant respectivement 0 15 et de 30 de mucuna bicarbonateacute et 0 15 et de 30 de mucuna torreacutefieacute Des traitements sanitaires ont eacuteteacute effectueacutes au preacutealable tels que les vaccinations et les deacuteparasitages Ensuite les performances zootechniques (Poids) ont eacuteteacute mesureacutees toutes les semaines afin de calculer les gains de poids moyens quotidiens (GMQ) Leacutevolution du poids des poulets de races locales Akoho gasy durant 3 mois sur les 6 lots recevant des rations diffeacuterentes agrave base de mucuna nous indiquent quil ny a pas de diffeacuterence significative entre chaque lot Cependant nous pouvons constater que les poulets de races locales peuvent tregraves bien supporter une incorporation de mucuna jusquagrave 30 Pailleurs une vulgarisation de ces reacutesultats en milieu reacuteel au niveau des paysans a eacuteteacute effectueacutee Pour cela deux groupes deacuteleveurs de poulets de race locale ont eacuteteacute seacutelectionneacutes pour tester leur appreacuteciation sur ces deux types de traitement (bicarbonateacute et deacutepelliculeacute) agrave 30 de mucuna

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

18

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Figure 7 Comparaison en milieu reacuteel des performances des poulets de race locale alimenteacute au Mucuna

bull MT1 Mucuna cuit avec du Bicarbonate bull MT2 Mucuna torreacutefieacute bull SM Ration sans mucuna

Apregraves trois mois deacutevaluation coupleacutee de visites de pesage hebdomadaire Il a eacuteteacute constateacute que le gain de poids des poulets nourris par le mucuna bicarbonateacute est plus eacuteleveacute que ceux nourris avec le mucuna torreacutefieacute (Figure 7) Malheureusement face au travail que demande le traitement par le bicarbonate aucun des eacuteleveurs na adopteacute ce traitement apregraves lexpeacuterimentation Selon ces eacuteleveurs la diffeacuterence entre les performances est moindre alors que le traitement au bicarbonate demande beaucoup de travail

Conclusion

Agrave Madagascar le mucuna est principalement cultiveacutee pour ses qualiteacutes dameacutelioration du sol en tant que plante de couverture Cette eacutetude a permis de mettre en eacutevidence la possibiliteacute de lincorporer dans lalimentation des animaux de rente Cependant des traitements preacutealables de la graine doivent ecirctre effectueacutes pour pouvoir le valoriser dans lalimentation animale Ces traitements doivent ecirctre accoupleacutes au taux dincorporation adeacutequate pour que ce dernier ne puisse preacutesenter drsquoeffets neacutegatifs sur la croissance des animaux ni sur lrsquoappeacutetibiliteacute des aliments Les graines de mucuna repreacutesentent donc une opportuniteacute pour les petits producteurs agrave Madagascar Ceci permet drsquoatteindre des objectifs de production eacuteconomiquement inteacuteressants dans le cas drsquoun eacutelevage ameacutelioreacute Au vu de ces reacutesultats lrsquoutilisation des ressources non conventionnelles locales parfois en abondance et nrsquoentrant pas en compeacutetition avec lrsquoalimentation humaine est une alternative inteacuteressante pour ameacuteliorer la production animale Par ailleurs il permet ainsi de reacuteduire consideacuterablement les deacutepenses en eacutelevage constitueacutees en grande partie par le coucirct des aliments

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

19

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

bull bull bull bull bull bull

Utilisation des fumures organiques et des engrais dans les strateacutegies de gestion de la fertiliteacute des sols des exploitations agricoles du Moyen-Ouest de la reacutegion

Vakinankaratra et de la zone Est de la reacutegion drsquoItasy Madagascar

RAZAFIMAHATRATRA Hanitriniaina Mamy (FOFIFA) BEacuteLIEgraveRES Jean-Franccedilois (CIRADART-Dev et FOFIFA) RAHARIMALALA Sitrakiniaina (FOFIFAESSA) RANDRIAMIHARY FETRA SAROBIDY Eddy Josephson (FOFIFAESSA) AUTFRAY Patrice

(CIRADAIDA) RAZANAKOTO Onjaherilanto Rakotovao (ESSA) RAHARISON Tahina Solofoniaina (GSDMMontpellier SupAgro)

Introduction

Dans chacun des numeacuteros 8 et 9 du Journal de lrsquoAgroeacutecologie un article preacutesentait

des reacutesultats sur les pratiques de gestion de la fertiliteacute des sols des exploitations agricoles familiales (EAF) obtenus dans le cadre du projet de recherche SECuRE (Soil ECological function REstoration to enhance agrosystem services in rainfed rice cropping systems in agroecological transition) financeacute par la fondation Agropolis Le premier traitait de la diversiteacute et de lrsquoimportance des pratiques dans les EAF le second preacutesentait les quantiteacutes et la qualiteacute des fumures organiques disponibles en lien avec les pratiques de production et drsquoeacutechanges Ce troisiegraveme article est consacreacute agrave lrsquoutilisation des fumures organiques et des engrais acheteacutes une maniegravere de caracteacuteriser en partie tout au moins les strateacutegies de gestion de la fertiliteacute des sols deacuteveloppeacutees par les EAF

bull Parmi les nombreuses pratiques pour une gestion inteacutegreacutee de la fertiliteacute des sols (Sanginga et Woomer 2009 Liniger et al

2011) lrsquoutilisation de fumure organique et drsquoengrais occupe une place preacutepondeacuterante car les effets agrave court et moyen termes sur la productiviteacute des cultures sont importants Lrsquoanalyse des donneacutees collecteacutees1 dans le cadre de Secure permet de caracteacuteriser les pratiques drsquoutilisation de ces intrants (et drsquoune maniegravere plus large de lrsquoensemble des intrants) notamment par rapport aux cultures pratiqueacutees et aux superficies cultiveacutees annuellement Lrsquoarticle est structureacute en trois parties la premiegravere concerne lrsquoacquisition de fertilisants suppleacutementaires avec les engrais commerciaux et les cendres la seconde preacutesente les pratiques quantifieacutees drsquoutilisation de la fertilisation disponible (fumure organique locale cendres et engrais commerciaux) en fonction des cultures enfin la derniegravere partie conclue avec quelques recommandations pour le deacuteveloppement

1 Ces reacutesultats ont eacuteteacute obtenus avec un eacutechantillon drsquoEAF localiseacutees dans le Moyen-Ouest de la reacutegion Vakinankaratra et dans la zone Est de la reacutegion Itasy Pour plus drsquoinformations le lecteur est inviteacute agrave se reporter au ndeg8 de JAE ou sur le site du projet (httpswwwsecuremgle-projet-secure) Il faut rappeler que les reacutesultats sont repreacutesentatifs des fokontany dans les zones drsquoeacutetude car lrsquoeacutechantillonnage des EAF a eacuteteacute fait par tirage au sort

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

20

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

1 Les achats drsquoengrais commerciauxsup2et de cendres

Malgreacute les politiques mises en œuvre depuis des deacutecennies1 les EAF achegravetent peu drsquoengrais chimiques Pour lrsquoensemble de Madagascar au cours des 20 derniegraveres anneacutees la quantiteacute moyenne utiliseacutee varie entre 2 et 6 kg par hectare cultiveacute et par an2

11 Quantiteacutes acheteacutees drsquoengrais commerciaux par EAF et par hectare SAU

Les EAF ont des comportements diffeacuterents selon les zones (tableau 1)

A Mandoto un peu moins drsquoune EAF sur 2 (45) achegravete de lrsquoengrais en faible quantiteacute avec en moyenne 14 kg par an pour un montant moyen de moins de 30 000 Ar Rameneacute agrave lrsquoensemble des EAF de la zone la quantiteacute moyenne acheteacutee est de lrsquoordre de 6 kg par EAF et par an Et quand on ramegravene ces achats drsquoengrais agrave la surface agricole utile (SAU) disponible par EAF on a des valeurs moyennes eacutequivalentes (14 et 6 kgha SAU)

Dans la zone drsquoArivonimamo la consommation drsquoengrais est plus importante 88 des EAF en achegravetent une quantiteacute moyenne de presque 28 kg pour un peu plus de 60 000 Ar ce qui rameneacute agrave lrsquoensemble des EAF fait une moyenne geacuteneacuterale de presque 25 kgEAF Comme la SAU moyenne par EAF est faible les quantiteacutes drsquoengrais disponibles sont de plus de 35 kgha pour les EAF qui en achegravetent et de presque 31 kgha pour lrsquoensemble des EAF

La variabiliteacute est tregraves forte agrave Mandoto et moindre dans la zone drsquoArivonimamo (tableau 1)

Tableau 1 Part des EAF qui achegravetent de lrsquoengrais et quantiteacutes acheteacutees

Mandoto ArivonimamoMoyenne CV Moyenne CV

des EAF qui achegravetent 45 88

Pour les EAF qui achegravetent

Quantiteacute en kgEAF 143 155 279 112

Valeur achat en ArEAF 27 884 153 61 058 117

Quantiteacute par SAU en kgha 140 195 352 101

Pour Quantiteacute en kgEAF 64 257 245 125

Pour lensemble des EAF

Valeur achat en ArEAF 12 490 254 53 707 131

Quantiteacute par SAU en kgha 63 312 309 114

1 On peut simplement rappeler la laquo strateacutegie nationale pour le deacuteveloppement de lrsquoutilisation de lrsquoengrais raquo MAEP 20062 Source httpsdatabankbanquemondialeorghome Ce que Pierre-Bernard et al traduisaient ainsi en 2007 laquo engrais un produit cher et peu utiliseacute raquo agrave Madagascar

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

21

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

On peut srsquoeacutetonner de la faible variation entre la quantiteacute moyenne par EAF et la quantiteacute par SAU agrave Mandoto sachant que dans cette zone la superficie SAU moyenne est de lrsquoordre de 15 ha (voir tableau 2) Ceci provient du fait que les moyennes sont calculeacutees pour les EAF et ne sont pas pondeacutereacutees par les superficies Quand on pondegravere par la superficie la quantiteacute moyenne par hectare SAU pour lrsquoensemble des EAF de Mandoto diminue et passe de 63 agrave 43 kg par hectare On constate la mecircme chose agrave Arivo-nimamo avec la quantiteacute moyenne par hectare SAU qui passe de 309 agrave 271 kgha Ceci signifie que ce ne sont pas les plus grandes EAF (celles qui ont le plus de SAU) qui achegravetent le plus drsquoengrais chimiques Le coefficient de correacutelation entre superficie SAU par EAF et quantiteacute acheteacutee drsquoengrais par hectare est significatif agrave 001 et neacutegatif mais drsquoune valeur faible (-02)

Figure 1 Nuage de point entre SAU par EAF et quantiteacute drsquoengrais par ha de SAU

La Figure 1 ci-contre illustre cela avec les quantiteacutes par hectare SAU (axe vertical) les plus eacuteleveacutees qui correspondent agrave des SAU (axe horizontal) faibles (infeacuterieures agrave 2 hectares) Les EAF de grandes taille (gt2 ha) achegravetent peu drsquoengrais chimiques et en quantiteacute relativement faible par rapport agrave la SAU dont elles disposent On verra plus loin que ce sont des strateacutegies diffeacuterentes de mise en culture (systegraveme de culture) qui expliquent cette situationOn rappellera que 60 des EAF agrave Mandoto et 88 agrave Arivonimamo eacutechangent (achegravetent vendent ou troquent) de la fumure organique (voir JAE ndeg9) et que les pourcentages sont respectivement de 30 et 74 pour les EAF qui achegravetent de la FO Ainsi quand on prend en compte tous les types de fertilisants une

grande majoriteacute des EAF a recours au marcheacute pour acqueacuterir des matiegraveres fertilisantes et geacuterer la fertiliteacute de leurs sols

Enfin par rapport agrave lrsquoutilisation de produits phytosanitaires on observe deux situations diffeacuterentes agrave Mandoto la proportion des EAF qui achegravetent des produits phytosanitaires est de 63 et donc supeacuterieure agrave celles qui achegravetent des engrais commerciaux (45) alors qursquoagrave Arivonimamo dans notre eacutechantillon 75 des EAF utilisent des produits phytosanitaires alors que 88 achegravetent des engrais

12 Types drsquoengrais commerciaux acheteacutes

Les engrais acheteacutes sont essentiellement de type NPK (le plus courant est composeacute de 11 N 22 P2O5 16 K2O) et de lrsquoureacutee (46) ces deux types repreacutesentent en cumuleacute plus de 95 des quantiteacutes agrave Mandoto et 77 agrave Arivonimamo ougrave lrsquoon observe une plus grande diversiteacute (figure 2) en rapport avec une plus grande consommation et aussi drsquoune offre plus importante avec la proximiteacute de la capitale

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

22

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Figure 2 Types dengrais acheteacutes en des quantiteacutes totales

A Arivonimamo le Blaukorn (nom commercial) est bien repreacutesenteacute avec plus de 16 des quantiteacutes Crsquoest un engrais composeacute (NPK) avec drsquoautres eacuteleacutements (magneacutesium soufre bore zinc) laquo agrave action rapide qui assure un effet-starter important raquo notamment sur les cultures maraichegraveres Le DAP (18 N 46 P2O5) est eacutegalement repreacutesenteacute avec 6 des quantiteacutes Les autres produits comme la dolomie (amendement calcaire) et le guano de chauvesouris (Guanomad) riche en phosphates naturels sont tregraves faiblement repreacutesenteacutes (mecircme si Guanomad repreacutesente tout de mecircme un peu plus de 3 dans la zone de Mandoto)

Les prix moyens drsquoachat deacuteclareacutes par les producteurs et pondeacutereacutes par les quantiteacutes diffegraverent peu entre les deux zones (contrairement aux prix de la fumure organique qui sont tregraves diffeacuterents voir JAE ndeg9) Les prix moyens (pour la plupart prix de 2016) sont de 2 100 Arkg pour NPK 1 900 Arkg pour lrsquoureacutee 2 400 Arkg pour le DAP 3 100 Arkg pour le Blaukorn et 1100 Akkg pour le Guanomad

En moyenne une EAF a acheteacute au cours de lrsquoanneacutee pour 12 500 Ar drsquoengrais agrave Mandoto et 54 000 Ar drsquoengrais agrave Arivonimamo Ces montants indiquent un recours tregraves limiteacute aux engrais commerciaux dans les strateacutegies de gestion de la fertiliteacute

13 Le cas particulier des cendres

Les cendres peuvent ecirctre consideacutereacutees comme un engrais ou comme un amendement Elles sont utiliseacutees depuis le deacutebut de lrsquoagriculture pour enrichir les terres cultiveacutees en sels mineacuteraux notamment en potasse et oligo-eacuteleacutements (Poirier et Nuninger 2012) Elles ont un pouvoir alcalinisant et augmentent le pH du sol Elles peuvent ecirctre inteacutegreacutees aux composts ou aux fumiers (voir JAE ndeg9) ou utiliseacutees seules en apport localiseacute ou eacutepandues sur le champ Cette sous partie traite des cendres utiliseacutees directement sur les parcelles

Si la pratique est rare agrave Mandoto (2 des EAF) elle est reacutepandue agrave Arivonimamo ougrave ce sont 19 des EAF qui eacutepandent des cendres acheteacutees Celles-ci proviennent pour lrsquoessentiel des balles de riz utiliseacutees comme eacutenergie pour la fabrication des briques Crsquoest donc le sous-produit drsquoun autre sous-produit agricole (la balle de riz)

Lrsquoeacutevaluation des quantiteacutes en kilogramme est tregraves approximative les producteurs ne connaissant pas les eacutequivalences Les EAF qui eacutepandent directement les cendres ont estimeacute avoir utiliseacute lrsquoanneacutee de lrsquoenquecircte en moyenne environ 250 kgEAF ce qui repreacutesente rameneacute agrave lrsquoensemble des EAF environ 4 kgEAF agrave Mandoto et un peu moins de 50 kg par EAF agrave Arivonimamo

Si les quantiteacutes semblent conseacutequentes (presque le double des quantiteacutes drsquoengrais) la valeur moneacutetaire de ces cendres est faible avec un prix moyen estimeacute entre 30 et 35 Arkilogramme Ainsi les cendres utiliseacutees directement par les EAF sur les cultures repreacutesenteraient une valeur de 8 000 agrave 9 000 Ar pour les EAF qui ont cette pratique et rameneacutees agrave lrsquoensemble des EAF des zones concerneacutees agrave moins de 200 Ar agrave Mandoto et de lrsquoordre de 1 600 Ar agrave Arivonimamo

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

23

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Lrsquoutilisation des cendres directement sur la parcelle sans passer par le compost ou le fumier est une pratique assez courante dans la zone de Arivonimamo Elle participe au recyclage de certains sous-produits et en particulier de la balle de riz utiliseacutee comme combustible pour la fabrication des briques En plus de lrsquoapport en eacuteleacutements fertilisants les cendres ont drsquoautres proprieacuteteacutes selon certains producteurs qui les utilisent dans la lutte contre les ravageurs et les maladies

2 Utilisation de la fumure organique et des engrais commerciaux

Lrsquoenquecircte a permis de collecter les informations neacutecessaires pour reconstituer lrsquoitineacuteraire technique et le budget de culture pour toutes les parcelles cultiveacutees au cours de lrsquoanneacutee agricole enquecircteacutee (201617) soit trois saisons de culture grande saison 201617 saison intermeacutediaire 2017 contre saison 2017 (soit de novembre 2016 agrave octobre 2017) Ainsi les quantiteacutes et la valeur des intrants utiliseacutes pour la fertilisation sont connues par culture et par saison

21 Fertilisation disponible et superficies fertiliseacutees

Le tableau 2 reacutecapitule des quantiteacutes moyennes de matiegraveres fertilisantes disponibles par EAF en additionnant les quantiteacutes de fumure organique (voir JAE ndeg9) et les engrais commerciaux acheteacutes Les EAF de la zone drsquoArivonimamo produisent plus de FO et achegravetent plus drsquoengrais que celles de la zone de Mandoto et en final la disponibiliteacute moyenne en kilogramme est nettement supeacuterieure Rameneacutes agrave la SAU les eacutecarts entre les deux zones augmentent puisque la taille moyenne des EAF de Mandoto est plus grande la quantiteacute disponible par ha SAU va du simple au double

Tableau 2 Quantiteacutes moyennes de fertilisants disponibles par EAF (en kg)

Types de fertilisants Mandoto ArivonimamoFumier 1 676 2 573Compost et autre 458 324Engrais acheteacutes 6 25Cendres acheteacutees 4 48Total (kg) 2 144 2 969SAU (ha) 148 091KgSAU 1 448 3 279S Cultiveacutee en ha 138 113Kg S cultiveacutee 1 558 2 627

apregraves le riz et pour lesquelles la capitale nationale assure des deacuteboucheacutes A Mandoto ce taux de mise en valeur nrsquoest que de 93 avec tregraves peu de cultures maraichegraveres et une part un peu plus importante de jachegraveres avec 11 de la SAU ce qui ne signifie pas qursquoil nrsquoy a pas de jachegravere agrave Arivonimamo ougrave elles repreacutesentent tout de mecircme 8 de la SAU crsquoest lrsquoimportance des cultures maraichegraveres qui impacte le plus le taux de mise en valeur

Il faut rappeler que ces moyennes cachent une grande variabiliteacute Celle-ci a eacuteteacute traiteacutee dans le JAE ndeg9 pour la FO et ci-dessus pour les engrais Crsquoest pourquoi nous nrsquoy reviendrons pas ici la variabiliteacute sera analyseacutee seulement pour lrsquoutilisation

Mais quand on ramegravene ces quantiteacutes disponibles moyennes aux superficies cultiveacutees annuellement lrsquoeacutecart se reacuteduit car dans la zone drsquoArivonimamo les EAF intensifient lrsquoutilisation de la terre avec un taux de mise valeur de 125 (crsquoest-agrave-dire qursquoune parcelle est cultiveacutee une fois en totaliteacute au cours de lrsquoanneacutee agricole et que 25 de sa surface sont cultiveacutes une deuxiegraveme fois) Cette intensification est rendue possible notamment par les productions maraichegraveres que les producteurs cultivent en double culture

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

24

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

La question que lrsquoon peut se poser agrave ce stade est est-ce que ceux qui achegravetent des engrais commerciaux sont ceux qui nrsquoont pas de FO A Mandoto lrsquoanalyse des correacutelations indique qursquoil nrsquoy pas de relation lineacuteaire entre la quantiteacute drsquoengrais acheteacutee et la quantiteacute de fumier produite A Arivonimamo cette relation existe Elle est significative (au seuil de 001) mecircme si le coefficient est faible (03) et surtout elle est positive ce qui indique que ceux qui achegravetent le plus drsquoengrais sont souvent ceux qui produisent le plus de fumier Ainsi il nrsquoy aurait pas un seuil de disponibiliteacute en fumier qui ferait que lrsquoagriculteur ne cherche plus agrave acqueacuterir des engrais consideacuterant qursquoil a assez de matiegraveres fertilisantes La raison des faibles quantiteacutes drsquoengrais acheteacutees est sans doute plus agrave rechercher dans la disponibiliteacute et des contraintes eacuteconomiques

22 Reacutepartition des matiegraveres fertilisantes selon les cultures

Avant de preacutesenter la reacutepartition par culture on peut appreacutecier la part des parcelles et de la superficie selon le type de fertilisation (Tableau 3) Les parcelles et la superficie sans aucun apport agrave Arivonimamo sont moindres (environ un tiers) qursquoagrave Mandoto (41 des parcelles et 52 de la superficie)

Tableau 3 Parts des parcelles et de la superficie selon le type de fertilisation dans les terroirs

ApportsMandoto Arivonimamo

des parcelles

de la surface

des parcelles

de la surface

Sans FO Sans Engrais 41 52 35 33Avec FO seulement 38 33 38 40Avec Engrais seulement 3 2 3 3Avec FO + Engrais 19 13 25 24Ensemble 100 100 100 100

Ainsi mecircme agrave Mandoto plus drsquoune parcelle sur deux reccediloit de la FO et globalement dans les deux terroirs il y a une reacutepartition qui laisse la possibiliteacute pour qursquoune parcelle soit fertiliseacutee plus drsquoune fois tous les deux ans sans preacutejuger ni des doses utiliseacutees ni des cultures privileacutegieacutees Les eacutecarts entre les pourcentages des parcelles et des superficies indiquent qursquoagrave Mandoto ce sont les parcelles en moyenne plus petites qui sont fertiliseacutees ce qui nrsquoest pas le cas agrave Arivonimamo Tregraves rares sont les parcelles qui ne reccediloivent que de lrsquoengrais (quelques parcelles en maraichage mais aussi en riz pluvial et maiumls agrave Mandoto) Ainsi les producteurs qui achegravetent de lrsquoengrais chimique lrsquoutilisent presque toujours sur des parcelles en compleacutement drsquoun apport de fumure organique

Lrsquoutilisation des fertilisants est en lien avec les quantiteacutes disponibles mais aussi les cultures pratiqueacutees Or les exploitations agricoles familiales des deux zones ont des assolements1 sensiblement diffeacuterents comme le montre la premiegravere colonne des deux figures suivantes (Figure 3 et Figure 4) Dans les deux zones le riz irrigueacute de bas-fonds occupe une place importante avec des parts dans lrsquoassolement qui sont relativement proches (29 agrave Mandoto et 32 agrave Arivonimamo) Ainsi mecircme si le Moyen Ouest du Vakinankaratra a la reacuteputation drsquoune zone de cultures pluviales le riz irrigueacute de bas-fonds occupe une place preacutepondeacuterante en terme de superficie (mais aussi en terme de revenu comme on le verra dans le prochain numeacutero de JAE) Les tubercules et les leacutegumineuses occupent agrave peu pregraves la mecircme part de la surface cultiveacutee annuellement dans les deux zones de lrsquoordre de 25 pour les tubercules et 10 pour

1 Ces pourcentages ont eacuteteacute calculeacutes sur la superficie effectivement cultiveacutee crsquoest-agrave-dire sans les jachegraveres Si on integravegre les ja-chegraveres celles-ci repreacutesentent 10 de la surface totale (cultiveacutee + jachegravere) agrave Mandoto et 6 agrave Arivonimamo

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

25

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

les leacutegumineuses mais les espegraveces cultiveacutees sont diffeacuterentes La part des autres cultures est speacutecifique et caracteacuterise la zone

A Mandoto les ceacutereacuteales pluviales occupent pregraves du tiers de la surface (176 en riz pluvial et 15 en maiumls hors jachegravere) Alors qursquoagrave Arivonimamo ces deux cultures occupent seulement 86 de la surface et le maiumls y est vraiment marginal Dans cette zone ce sont les cultures maraichegraveres qui sont importantes avec 224 de la surface Les cultures autres constitueacutees essentiellement par lrsquoagroforesterie avec des fruitiers nrsquoest pas neacutegligeable avec 3 de la surface A Mandoto ces deux types de cultures sont tregraves peu pratiqueacutees (18 de la surface sont consacreacutes aux cultures maraichegraveres et les autres cultures avec 01 sont quasiment inexistantes)

Les donneacutees extrapoleacutees agrave lrsquoensemble des fokontany permettent de connaicirctre sur quelles cultures les matiegraveres fertilisantes disponibles ont eacuteteacute eacutepandues1 Lrsquoeacutechantillon est constitueacute de 2 427 parcelles2 Elles sont plus nombreuses agrave Arivonimamo ougrave lrsquoeacutechantillon drsquoEAF est plus grand mais aussi ougrave la taille moyenne des champs est plus petite et ougrave les doubles cultures sont freacutequentes La deuxiegraveme colonne de chaque figure preacutesente la reacutepartition de la FO (fumier compost et autre matiegraveres organiques) la troisiegraveme colonne est celle des engrais commerciaux Les quantiteacutes disponibles sont diffeacuterentes entre les zones Les pourcentages repreacutesentent la reacutepartition et traduisent la strateacutegie des EAF A Mandoto les EAF privileacutegient le riz pluvial et le maiumls qui reccediloivent 74 de la FO disponible (Figure 3) et 40 des engrais acheteacutes

Figure 3 Reacutepartitions de la superficie cultiveacutee annuellement de la FO et des engrais commerciaux agrave Mandoto

Les autres cultures comme les leacutegumineuses et les tubercules reccediloivent un peu de FO mais le plus souvent parce qursquoelles sont cultiveacutees en association avec du riz pluvial ou du maiumls Le riz irrigueacute qui repreacutesente 29 de la superficie reccediloit moins de 5 de la FO et 14 des engrais Le maraichage pourtant tregraves peu preacutesent (18 des surfaces) reccediloit une part conseacutequente de la FO (54) et surtout des engrais (38 des quantiteacutes disponibles)

Ainsi dans cette zone les producteurs ont une strateacutegie de fertilisation des ceacutereacuteales pluviales sur tanety avec un transfert de fertiliteacute des riziegraveres vers les tanety puisque le fumier integravegre la plus grande partie des pailles du riz des riziegraveres Cette fertilisation profite aussi aux autres cultures pluviales soit avec les associations soit via les rotations qui sont quasiment systeacutematiques en pluvial

1 Les difficulteacutes sont cependant nombreuses et notamment en raison de lrsquoimportance et de la diversiteacute des associations de cultures et des regroupements que nous avons opeacutereacutes pour faciliter la collecte notamment pour le maraichage Nous avons pris lrsquooption comme pour les surfaces de reacutepartir agrave eacutegaliteacute les quantiteacutes entre les diffeacuterentes cultures Ainsi pour une parcelle avec une association riz pluvial et arachide les quantiteacutes drsquointrants ont eacuteteacute reacuteparties pour moitieacute pour le riz pluvial et pour moitieacute pour lrsquoarachide Il en est de mecircme pour une parcelle ougrave ont eacuteteacute regroupeacutees une planche de tomate et une planche drsquooignon alors que peut-ecirctre le producteur avait fait des apports diffeacuterentieacutes2 Au total 2 680 parcelles une fois les parcelles regroupeacutees deacutesagreacutegeacutees On rappellera que les parcelles en jachegravere ne sont pas comprises ici

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

26

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Le riz irrigueacute ne reccediloit pratiquement pas de FO et tregraves peu drsquoengrais avec une strateacutegie drsquoallocation des FO sur les tanety milieu naturellement bien moins fertile que les bas-fonds A Arivonimamo la situation du riz irrigueacute est approximativement la mecircme alors que la surface cultiveacutee repreacutesente 32 cette culture ne reccediloit que 7 de la FO disponible et 4 des engrais Les ceacutereacuteales pluviales sont tregraves peu fertiliseacutees contrairement agrave Mandoto Dans les deux situations les cultures vivriegraveres beacuteneacuteficient des arriegraveres-effets des cultures maraicircchegraveres beaucoup plus fortement fertiliseacutees

Figure 4 Reacutepartitions de la superficie cultiveacutee annuellement de la FO et des engrais commerciaux agrave Arivonimamo

Les cultures privileacutegieacutees sont les cultures maraichegraveres qui reccediloivent 46 de la FO et 77 des engrais mais aussi les tubercules autres que le manioc (patate douce taro et pomme de terre) qui reccediloivent 25 de la FO mais peu drsquoengrais et les leacutegumineuses (haricots) qui reccediloivent un peu plus de FO et drsquoengrais (respectivement 11 et 12) que la part qursquoelles occupent dans lrsquoassolement (9)

Ce sont les cultures exigeantes en fumure mais aussi et surtout fortement commercialiseacutees (maraichage pomme

de terre patate douce taro et haricot) qui reccediloivent lrsquoessentiel de la fertilisation Les rotations permettent aux cultures peu fertiliseacutees de beacuteneacuteficier des arriegraveres effets de la fertilisation des cultures produites drsquoabord pour les marcheacutes Le riz irrigueacute qui nrsquoest pas fertiliseacute beacuteneacutefice des arriegraveres effets des cultures de contre saison sur les riziegraveres

Ainsi les strateacutegies de fertilisation des EAF sont tregraves diffeacuterentes selon les zones en lien avec les cultures produites leur exigence mais surtout en lien avec des objectifs technico-eacuteconomiques et le marcheacute des produits agricoles

23 Les doses apporteacutees

Lrsquoanalyse des quantiteacutes de fumure apporteacutees est faite par culture1 et en tenant compte des associations

A Mandoto (tableau 4) les superficies en culture pure repreacutesentent 71 des parcelles et de la superficie Comme deacutejagrave indiqueacute le riz irrigueacute occupe une place importante mais il est peu fertiliseacute avec seulement 20 des parcelles et 18 de la superficie qui reccediloivent de la fumure organique agrave des doses faibles (moins de 2 tonnes par hectare) et seulement 4 des parcelles reccediloivent de lrsquoengrais (agrave une dose de pregraves de 60 kgha)

1 Seuls les reacutesultats pour les cultures avec un effectif non pondeacutereacute de plus de 15 parcelles sont preacutesenteacutes ici On notera que pour les principales cultures la taille de lrsquoeacutechantillon est conseacutequente

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

27

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Tableau 4 Apports de FO et dengrais sur les cultures cultiveacutees pures agrave Mandoto en (kg)

Cultures pures Nbre de parcelles

Surface ha

Parcelle avec Superficie avec Superficie avec Dose moy FO

en kghaDose moy

Engrais kgha

FO Engrais FO EngraisToutes

les parcelles

Parcelles avec

Toutes les

parcelles

Parcelles avec

Riz bas-fond 242 5834 20 4 18 4 377 1 901 241 5825Riz Pluvial 90 2353 91 37 90 29 4 022 4 415 1011 2677Maiumls 30 646 97 37 98 43 3 923 4 059 1669 4553Manioc 117 3689 8 0 4 0 414 4 843 000 000Autres tuber 19 236 47 47 35 42 3 041 6 420 1857 3920Leacutegumineuses 78 1156 45 18 38 18 1 776 3 958 870 4850Maraichage 112 264 90 61 80 74 31 829 35 296

Les moyennes sont calculeacutees par parcelle et sans pondeacuteration

Crsquoest le manioc qui est le moins fertiliseacute pas drsquoengrais et seulement 4 des parcelles avec de la fumure organique Le riz pluvial et le maiumls sont les cultures pures qui reccediloivent le plus systeacutematiquement de la fumure plus de 90 des parcelles et de la superficie reccediloivent de la FO agrave des doses eacuteleveacutees de plus de 4 tha et 30 agrave 40 des parcelles et de la surface reccediloivent de lrsquoengrais mais agrave des doses qui restent faibles (26 kgha pour le riz pluvial et 45 kgha pour le maiumls) Les autres tubercules reccediloivent engrais et FO mais ce sont essentiellement les pommes de terre Les leacutegumineuses sont eacutegalement fertiliseacutees avec 45 des parcelles qui reccediloivent de la FO et 18 de lrsquoengrais agrave des doses moyennes pour la zone Enfin les cultures maraichegraveres ont eacuteteacute regroupeacutees les parcelles sont nombreuses mais la superficie tregraves petite elles reccediloivent agrave 90 de la FO et agrave 61 des engrais agrave des doses importantes (plus de 30 tha pour la FO)

A Arivonimamo la part des cultures pures est plus importante qursquoagrave Mandoto avec 86 des parcelles et 89 de la superficie Ainsi le nombre de parcelles de lrsquoeacutechantillon est nettement plus important (mais il ne fait pas oublier que lrsquoeacutechantillon compte plus drsquoEAF)

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

28

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Tableau 5 Apports de FO et dengrais sur les cultures cultiveacutees pures agrave Arivonimamo (en kg)

Cultures pures Nbre parcelles

Surface ha

Parcelle avecSuperficie avec Superficie avec Dose moy FO en

kghaDose moy Engrais

kgha

FO Engrais FO Engrais Toutes les parcelles

Parcelles avec

Toutes les parcelles

Parcelles avec

Riz bas-fond 363 6078 39 9 39 8 633 1 643 459 5206

Riz Pluvial 72 1051 83 0 93 0 2 902 3 482 000 000

Maiumls 17 112 94 11 96 9 3 501 3 720 131 2222

Manioc 201 2020 24 1 23 0 1 253 5 249 038 3833

Autres tuber 232 2327 70 5 78 4 4 461 6 350 367 7748

Haricots 61 765 95 65 96 73 4 132 4 346 4824 7545

Autre Leacutegum 46 352 20 0 18 0 779 3 981 000 000

Tomates 90 955 97 95 98 97 7 614 7 877 12791 13543

Haricot verts 132 1088 95 87 96 90 5 079 5 321 8090 9286

Autres Maraich 155 1293 95 76 101 73 4 311 4 546 9126 12089 Les moyennes sont calculeacutees par parcelle et sans pondeacuteration

A Arivonimamo la fertilisation du riz irrigueacute est un peu plus freacutequente avec 39 des parcelles qui reccediloivent de la FO et 9 de lrsquoengrais mais agrave des doses plus faibles qursquoagrave Mandoto 16 tha pour la FO et 52 kgha drsquoengrais La fertilisation du riz irrigueacute nrsquoest pas une prioriteacute pour le plus grand nombre des producteurs Les cultures les moins fertiliseacutees sont le manioc et les leacutegumineuses autres que le haricot avec respectivement 23 et 18 des parcelles seulement qui reccediloivent de la FO et quasiment aucune qui reccediloit de lrsquoengrais Mais de maniegravere assez eacutetonnante les parcelles avec FO reccediloivent des doses assez importantes (plus de 5 tha pour le manioc) certainement en lien avec des strateacutegies de gestion ou de restauration de la fertiliteacute des sols En ce qui concerne la FO toutes les autres cultures sont tregraves freacutequemment fertiliseacutees plus de 90 des parcelles de riz pluvial maiumls haricot et maraichage les autres tubercules le sont agrave pregraves de 80 Et si pour le riz pluvial et le maiumls les doses moyennes sont modestes car infeacuterieures agrave 4 tha elles sont supeacuterieures agrave 4 tha pour les haricots et supeacuterieures agrave 5 tha pour les autres avec notamment pour les tomates un apport de plus de 7 tha Pour les engrais tregraves peu drsquoapports pour le maiumls (6 des parcelles) et pas drsquoapport pour le riz pluvial (observations pour 72 parcelles) Lrsquoengrais est reacuteserveacute au maraichage (plus de 75 des parcelles) et aux haricots (64 des parcelles) Avec des doses moyennes relativement importantes plus de 90 kgha pour les haricots verts 135 kgha pour la tomate et 120 kgha pour les autres cultures maraichegraveres

Ainsi drsquoune maniegravere geacuteneacuterale agrave Arivonimamo lrsquoapport de fertilisants est conseacutequent agrave la fois en termes de parcelles concerneacutees et de doses eacutepandues Riz irrigueacute manioc et leacutegumineuses autres que haricot sont les parents pauvres de la fertilisation mais avec les rotations ces cultures beacuteneacuteficient aussi des apports en particulier pour le riz irrigueacute car une part importante du maraichage est cultiveacutee sur les riziegraveres

Les associations de culture sont plus freacutequentes agrave Mandoto ougrave lrsquoassociation riz pluvial + maiumls domine tregraves largement La superficie avec cette association est eacutequivalente agrave la superficie totale en culture pure Et le maiumls est la culture que lrsquoon associe le plus avec le riz pluvial mais aussi le manioc et les leacutegumineuses Les parcelles avec une association de ces trois cultures ne sont pas rares Les pratiques de fertilisation en culture associeacutee rejoignent celles en culture pure Ainsi 91 des parcelles avec lrsquoassociation riz + maiumls reccediloivent de la FO et 32 de lrsquoengrais cependant les doses de FO sont tregraves infeacuterieures (de 700 kgha alors qursquoen culture pure elles eacutetaient de plus de 4 tha) et il en est de mecircme pour lrsquoengrais

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

29

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Pour les parcelles avec des cultures associeacutees au maiumls un apport en FO est freacutequent (plus de 80 des parcelles pour manioc ou leacutegumineuse et plus de 75 quand il y a les trois cultures) Lrsquoengrais est plus rare et surtout les doses de FO et engrais sont faibles A ce stade on peut eacutemettre lrsquohypothegravese que les EAF qui pratiquent lrsquoassociation sont moins bien doteacutees en matiegravere fertilisante Mais lrsquoanalyse montre que ce nrsquoest pas le cas il existe bien un coefficient de correacutelation neacutegatif entre la quantiteacute de fumure organique disponible au niveau de lrsquoEAF et le pourcentage de culture associeacutees mais il est tregraves faible (-011) et si lrsquoon creacutee des classes de pourcentage de culture associeacutees il nrsquoy a pas de diffeacuterence significative entre les classes pour la dose moyenne de FO Il semble donc que cela soit la pratique qui soit ainsi agrave Mandoto sur des cultures associeacutees (grandes cultures riz maiumls leacutegumineuse ou tubercule) les apports de FO sont moindres que sur les cultures pures

Tableau 6 Apports de FO et dengrais sur les cultures associeacutees les plus freacutequentes (en kg)

District 1Mandoto Nbre parcelles

Surface ha

Parcelle avec Dose moy FO en kgha

Dose moy Engrais kgha

FO Engrais Toutes les parcelles

Parcelles avec

Toutes les parcelles

Parcelles avec

Riz Pluvial + Maiumls 114 2577 91 32 656 719 26 83Mais + Manioc 50 1149 88 2 420 477 01 30Mais + Leacutegumineuse 57 975 84 16 428 508 02 15Mais + Manioc + Leacutegum 24 482 75 13 242 323 02 18Manioc + Leacutegumineuse 24 587 4 0 11 250 00 002 ArivonimamoRiz Pluvial + Maiumls 14 182 86 0 366 427 00 00Mais + Leacutegumineuse 25 228 84 24 188 224 15 62Manioc + Leacutegumineuse 13 126 54 0 280 521 00 00Tubercules + Fruitiers 34 270 62 12 224 363 03 28Autre cult + Fruitiers 90 671 91 52 5 414 255 30 58

Les moyennes sont calculeacutees par parcelle et sans pondeacuteration

A Arivonimamo les cultures associeacutees pour les grandes cultures sont moins importantes en nombre et les superficies sont tregraves petites Mais on peut tirer les mecircmes conclusions que pour Mandoto Ce qui est remarquable dans cette zone crsquoest le nombre de parcelles en agroforesterie avec un meacutelange drsquoarbres fruitiers et de cultures avec plus de 120 parcelles Les cultures sont de tous les types mais beaucoup de cultures maraichegraveres ce qui explique les fortes doses de FO ou drsquoengrais Les fruitiers sont essentiellement des agrumes et sont le reacutesultat drsquoopeacuterations de deacuteveloppement qui ont vulgariseacute la plantation de ces arbres La plupart de ces plantations nrsquoest pas encore en pleine production (trop reacutecentes)

24 Les strateacutegies des EAF pour lrsquoutilisation de la FO disponible

Dans le JAE ndeg 9 nous avions eacutemis lrsquohypothegravese qursquoagrave Arivonimamo il y avait deux types drsquoEAF lrsquoun avec des strateacutegies de fortes disponibiliteacutes en FO soutenues par des ambitions de cultures maraichegraveres et un autre avec des strateacutegies de moindre disponibiliteacute en FO avec des systegravemes de culture plus classiques Pour repreacutesenter les strateacutegies nous avons eacutetabli des classes selon le pourcentage de la FO utiliseacutee sur ceacutereacuteales pluviales et sur cultures commerciales Les reacutesultats sont preacutesenteacutes dans le tableau 8

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

30

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Tableau 7 Reacutepartition des EAF selon des classes de quantiteacutes utiliseacutees de FO

Classes utilisation FO MandotoArivonimamo Arivonimamo

FO utiliseacutes sur ceacutereacuteales pluviales des EA

S cultiveacutee moyenne

(ares)CV des EA

S cultiveacutee moyenne

(ares)CV

lt=25 8 89 72 76 113 7625 agrave 75 18 93 93 20 88 57gt75 74 144 88 4 37 49 FO utiliseacutes sur cultures commercialeslt=25 88 136 91 12 63 7725 agrave 75 9 90 58 42 102 60gt75 3 75 85 46 118 81

Les strateacutegies des EAF vis-agrave-vis de lrsquoutilisation de la FO sont tregraves nettement diffeacuterentes selon les zones comme on lrsquoa deacutejagrave vu la premiegravere partie du tableau montre qursquoagrave Mandoto 74 des EAF mettent plus des frac34 de leur FO disponible sur les parcelles avec ceacutereacuteales pluviales (seules ou associeacutees) et ce sont les EAF avec la plus grande superficie qui font cela Alors qursquoagrave Arivonimamo seules 4 des EAF mettent plus de 75 de leur FO sur des parcelles avec ceacutereacuteales pluviales et ce sont les plus petites EAF (superficie cultiveacutee moyenne de 37 ares) avec certainement des strateacutegies de seacutecuriteacute alimentaire

La deuxiegraveme partie du tableau nous permet de constater qursquoagrave Arivonimamo 46 des EAF mettent plus de 75 de leur FO sur les cultures commerciales (cultures maraichegraveres pomme de terre taro patate douce et haricot) et ces EAF ont en moyenne une superficie cultiveacutee supeacuterieure aux autres Cette classe est importante mais il y a aussi une classe drsquoEAF avec des strateacutegies baseacutees sur une meilleure reacutepartition

A Mandoto les EAF qui mettent plus de 75 de leur FO sur ce type de cultures commerciales (essentiellement le maraichage) sont peu nombreuses (3 des EAF) et ce sont des EAF avec des superficies plus faibles que les autres Ce nrsquoest donc pas la strateacutegie utiliseacutee par les EAF qui ne donnent pas la quasi exclusiviteacute (lt75) de la FO aux ceacutereacuteales pluviales Il existe un groupe drsquoEAF dans les deux zones qui ne donnent pas lrsquoexclusiviteacute de la FO (gt75) aux ceacutereacuteales pluviales agrave Mandoto ou aux cultures commerciales agrave Arivonimamo Ce groupe regroupe 23 des EAF agrave Mandoto et 49 agrave Arivonimamo Ce sont des EAF un peu plus petites que la moyenne de la zone avec une disponibiliteacute en FO infeacuterieure agrave la moyenne de la zone et une reacutepartition de la FO marqueacutee par la strateacutegie dominante de la zone mais avec une reacutepartition plus eacutequilibreacutee et notamment un eacutepandage sur le riz irrigueacute

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

31

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Tableau 8 Les EAF avec une strateacutegie drsquoutilisation de la FO diffeacuterente de la strateacutegie dominante de la zone

EAF Sup moy (ares)

FO (tonnes)

FO sur Ceacutereacuteales Pluviales

FO sur Cuture

commerciales

FO sur Riz irrigueacute

FO sur Autres

cultures

Mandoto 23 94 131 48 21 20 4

Arivonimamo 49 99 223 20 45 16 1

Il existerait ainsi 3 grandes strateacutegies drsquoutilisation de la FO avec agrave Mandoto la quasi exclusiviteacute de la FO sur les ceacutereacuteales pluviales (74 des EAF de la zone) agrave Arivonimamo la quasi exclusiviteacute de la FO sur les cultures commerciales (46 des EAF) et un groupe avec une reacutepartition plus eacutequilibreacutee entre les diffeacuterentes cultures y compris sur le riz irrigueacute

3 Conclusions et implications pour le deacuteveloppement

La gestion de la fertiliteacute des sols dans ces deux reacutegions contrasteacutees des plateaux drsquoaltitude malagasy passe drsquoabord par la production etou lrsquoacquisition de fumure organique il nrsquoy a quasiment aucune EAF sans apport sur au moins une parcelle cultiveacutee1 Les reacutesultats montrent qursquoenviron la moitieacute de la superficie cultiveacutee annuellement reccediloit de la FO agrave Mandoto et plus des deux tiers agrave Arivonimamo Mecircme si les doses potentielles sont en dessous des recommandions avec la rotation des cultures cela signifie que lrsquoensemble du terroir pourrait ecirctre fumeacute plus drsquoune fois tous les deux ans Les riziegraveres quand elles sont cultiveacutees en riz irrigueacute ne reccediloivent que tregraves rarement de la fumure dans ces zones La strateacutegie est lrsquoinverse de ce qursquoon rencontre dans drsquoautres zones qui priorisent les bas-fonds notamment dans les zones des peacuterimegravetres irrigueacutes (Lac Alaotra peacuterimegravetres sur les Hautes terres Ambondromisotrahellip)

Les strateacutegies de gestion de la fertiliteacute des sols sont logiquement de fertiliser en prioriteacute les cultures les plus exigeantes et les plus reacutemuneacuteratrices ceacutereacuteales pluviales agrave Mandoto (riz et maiumls) et les cultures maraichegraveres mais qui sont tregraves marginales dans cette zone cultures pour le marcheacute agrave Arivonimamo maraichage pomme de terre haricots patates douces taros Et pour les producteurs qui achegravetent des engrais commerciaux (essentiellement engrais mineacuteral) la pratique est drsquoassocier aux fumures organiques des compleacutements drsquoengrais et ceci tregraves prioritairement sur les cultures les plus reacutemuneacuteratrices et aussi les plus exigentes A quelques rares exceptions pregraves lrsquoapport drsquoengrais mineacuteral vient toujours compleacuteter un apport de fumure organique et crsquoest pregraves drsquoun quart de la superficie qui reccediloit engrais et FO agrave Arivonimamo et seulement 13 agrave Mandoto

Deux principaux engrais mineacuteraux sont utiliseacutes dans les deux zones le NPK et lrsquoureacutee En reacutealisant les apports au voisinage des plants il y a une concentration des eacuteleacutements nutritifs qui permet agrave la fois drsquooptimiser leur utilisation et de deacutevelopper des synergies entre produits organiques et mineacuteraux Cette efficience des ressources garantie par une compleacutementariteacute des apports incluant une base organique avec un compleacutement mineacuteral a deacutejagrave eacuteteacute releveacutee dans de nombreuses autres situations tropicales (Bekunda et al 1997) Drsquoautres eacutetudes sur ces mecircmes zones mettent en eacutevidence que la majoriteacute des fumures organiques utiliseacutees preacutesentent certaines deacuteficiences en eacuteleacutements majeurs comme le N et le P et que lrsquoutilisation des engrais de synthegravese est susceptible de lever (Ben Naacircmane et al 2020 notre article dans le JAE preacuteceacutedent) Cette pratique est donc agrave encourager notamment agrave travers des messages

1 Dans notre eacutechantillon seules 2 EAF nrsquoont pas apporteacute de FO lrsquoune extrecircmement petite (moins de 5 are de SAU) agrave Arivonimamo et tregraves pauvre qui a vendu sa FO une autre agrave Mandoto qui prend en meacutetayage la terre qursquoil cultive

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

32

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

de vulgarisation adapteacutes et compleacutementaires des messages laquo classiques raquo qui procircnent des doses importantes drsquoengrais

Lrsquoanalyse compareacutee des deux zones montre des diffeacuterences dans le recours aux engrais de synthegravese avec agrave Arivonimamo une quasi geacuteneacuteralisation de lrsquoengrais (pregraves de 90 des EAF) et une utilisation moyenne de 30 kg par ha de SAU plus freacutequemment sur les cultures maraichegraveres et presque toujours en compleacutement de la fumure organique contre environ une exploitation sur deux agrave Mandoto et une utilisation de 6 kg par ha Sur ce premier site une plus grande diversiteacute drsquoengrais et une utilisation plus importante de cendres sous-produit de briqueteries sont releveacutees Eacutegalement une strateacutegie drsquoallocation de ressources diffeacuterencieacutee apparaicirct tregraves clairement au niveau des fumures organiques sur le riz de bas-fonds beaucoup plus amendeacute agrave Arivonimamo car cette ressource est agrave la fois moins limitante et mieux valoriseacutee par les cultures maraicircchegraveres A Mandoto la fumure organique est moins disponible et moins valorisable autrement que par les ceacutereacuteales pluviales aussi moins indispensable pour la productiviteacute de ces cultures et est beaucoup mieux valoriseacutee sur le domaine pluvial sans laquelle aucune mise en valeur de culture exigeante ne serait envisageable Ainsi la recherche doit affiner ses connaissances agrave lrsquoeacutechelle du systegraveme de culture pour mieux eacutevaluer performances et durabiliteacute agrave court et long termes et accompagner lrsquointensification eacutecologique promue par divers opeacuterateurs de deacuteveloppement agricoles (notamment ONG de deacuteveloppement)

Cette communication plaide encore une fois pour une bonne compreacutehension des EAF de leur fonctionnement et de leurs strateacutegies avant de proposer des ameacuteliorations adapteacutees La fertilisation telle que pratiqueacutee par les producteurs est un acquis important pour comprendre la durabiliteacute de lrsquoagriculture familiale et pour renforcer la durabiliteacute des EAF Cela montre agrave la fois la techniciteacute des paysans leur connaissance des intrants existants et de leur utilisation Les propositions drsquoinnovations pour le deacuteveloppement doivent srsquoappuyer sur lrsquoexistant contrairement agrave

ce qui est souvent fait (Razanakoto et al 2018) Drsquoabord les orientations vont certainement vers des techniques qui permettent drsquoaugmenter la fumure organique disponible en quantiteacute et en qualiteacute (eacutetable ameacutelioreacutee compostage lombricompost etc) notamment avec des matiegraveres premiegraveres disponibles localement plutocirct que sur la base drsquoachats Les agriculteurs investissent moins en moneacutetaire et optent pour une strateacutegie drsquointensification en main drsquoœuvre (ce qui est le cas pour les systegravemes de compostage) Ensuite il est important de mieux valoriser ces diffeacuterents types de fertilisation agrave travers des combinaisons de pratiques

Ce dont il faut ecirctre sucircr crsquoest que les producteurs dans leur tregraves grande majoriteacute deacuteveloppent des strateacutegies de gestion de la fertiliteacute des sols et les adaptent sur la base de leurs connaissances et savoir-faire et en fonction des conditions biophysiques et de lrsquoenvironnement socioeacuteconomique Si les conditions eacuteconomiques sont favorables (deacuteboucheacutes prix suffisamment reacutemuneacuterateurs) ils ont recours aux engrais commerciaux comme le montre cette eacutetude mais aussi drsquoautres (voir par exemple en zone peacuteriurbaine drsquoAntananarivo NDienor et al 2011) Or le plus souvent dans les actions de deacuteveloppement et les propositions techniques les fertilisations sont proposeacutees par filiegravere comme une sorte de manuel technique (fiche technique par filiegravere) et reacutefleacutechies par rapport aux besoins propres de la plante cibleacutee Ces propositions vont ainsi agrave lrsquoencontre des strateacutegies paysannes et leur diffusion reste mitigeacutee

Enfin dans les propositions actuelles pour le deacuteveloppement rizicole notamment sur bas-fonds les acteurs de deacuteveloppement misent sur une intensification rizicole de type reacutevolution verte (semences ameacutelioreacutees voire hybrides avec des doses importantes drsquoengrais acheteacute) Les donneacutees montrent que les strateacutegies des paysans integravegrent les rotations avec le riz et les investissements en fertilisation se passent autrement (cultures de contre saison autres cultures) Les deacutepenses en semences et surtout si on enlegraveve la valorisation de lrsquoautoproduction restent tregraves faibles Ces

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

33

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

propositions techniques srsquoeacuteloignent encore une fois des strateacutegies paysannes

Mais cette analyse des strateacutegies drsquoutilisation des fertilisants dans la gestion de la fertiliteacute des sols reste encore incomplegravete car si les aspects techniques (quantiteacutes et modaliteacutes) ont eacuteteacute traiteacutes les aspects eacuteconomiques ne lrsquoont pas eacuteteacute Cela sera le thegraveme du prochain et dernier article qui mettra en relation les pratiques de gestion de la fertiliteacute et les performances notamment en terme de marge brute aux niveaux parcelles et cultures et de revenu au niveau EAF

BIBLIOGRAPHIE

Bekunda MA Bationo A Ssali H 1997 Soil fertility management in Africa a review of selecterd research trials In Replenishing Soil Fertility in Africa SSSA Special Publication Nomber 51 63-79

Ben Naacircmane CK Autfray P Audouin S Beacuteliegraveres JF Blanchart E Razafimahatratra M Razanakoto OR Salgado P 2020 Gestion compareacutee de la fertiliteacute au niveau des exploitations agricoles familiales du Moyen-Ouest de la reacutegion Vakinankaratra et des Hautes-Terres de la reacutegion Itasy agrave Madagascar Projet Secure 24 p httpswwwsecuremgsitesdefaultfiles2020-04Livret_Secure_2020pdf

Liniger H Mekdaschi Studer R Hauert C et Gurtner M 2011 La pratique de la gestion durable des terres Directives et bonnes pratiques pour lrsquoAfrique subsaharienne WOCAT FAO TerrAfrica Rome (Italie) 243 p httpwwwfaoorg3i1861fi1861fpdf

MAEP 2006 Strateacutegie nationale pour le deacuteveloppement de lrsquoutilisation de lrsquoengrais Ministegravere de lAgriculture de lElevage et de la Pecircche Antananarivo Mai 2006 48 p + annexes p httpwwwmpaegovmgcommunicationwp-contentuploadssites2201611strategie_dvlpt_utilisation_engrais_1pdf

NDieacutenor M Aubry C et Rabeharisoa L 2011 Strateacutegies de construction de la fertiliteacute des terres par les agriculteurs dans les systegravemes maraicircchers peacuteriurbains dAntananarivo (Madagascar) Cahiers Agricultures Vol 20 No 4 (2011) doihttpsdoiorg101684agr20110497

Poirier N et Nuninger L 2012 Techniques damendement agraire et teacutemoins mateacuteriels Pour une approche archeacuteologique des espaces agraires anciens Histoire amp Socieacuteteacutes Rurales 38 (2) 11-50 doi103917hsr0380011

Pierre-Bernard A Ramboarison R Randrianarison L et Rondro-Harisoa L 2007 Les implications structurelles de la libeacuteralisation sur lrsquoagriculture et le deacuteveloppement rural Programme Ruralstruc Madagascar Phase I EPP PADR APB Consulting Antananarivo Janvier 2007 303 p httpdocumentsbanquemondialeorgcuratedfr 184371468091191021pdf779810WP0madag00250for0the0abstractpdf

Razanakoto O Razafindraibe R Andriamananjara A Razafimanantsoa M-P Rakotoson T Smolders E et Rabeharisoa L 2018 Failures in agricultural innovation due to poor understanding of farmersrsquo predispositions Development in Practice 28 (5) 691-704 doi1010800961452420181471124

Sanginga N et Woomer P L (Ed) 2009 Integrated Soil Fertility Management in Africa Principles Practices and Developmental Process Nairobi (Kenya) Tropical Soil Biology and Fertility Institute of the International Centre for Tropical Agriculture 263 p

Leacutetude a eacuteteacute reacutealiseacutee dans le cadre du projet SECuRE

(Soil ecological function resto-ration to enhance agrosystem ser-vices in rainfed rice cropping sys-tems in agroecological transition) financeacute par Agropolis Foundation sous la reacutefeacuterence ID 1605-007 agrave travers le programme Investisse-ments dAvenir (Labex Agro ANR-10-LABX-0001-01) dans le cadre du I-SITE MUSE (ANR-16-IDEX-0006)

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

34

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Lucien Seacuteguy 1944-2020 agronome du geacutenie veacutegeacutetal

Premiers pas

Lucien Seacuteguy est neacute dans une famille de petits paysans du nord Dordogne fiers de leurs racines et durs agrave la tacircche Il sera le

seul de sa fratrie de quatre fregraveres et sœurs agrave acceacuteder agrave lrsquouniversiteacute Diplocircme drsquoingeacutenieur agronome de lrsquoENSA Toulouse en poche suivi drsquoune speacutecialisation en peacutedologie agrave lrsquoORSTOM (ex IRDhellip) de Bondy il eacutepouse Jacqueline qui lrsquoaccompagnera durant toute sa carriegravere Son service civil se deacuteroule au Seacuteneacutegal de 1967 agrave 1969 agrave la grande station IRAT (Institut de Recherche Agronomique Tropicale) de Bambey il preacutefegravere une affectation en brousse Sefa Il y refait une carte peacutedologique et srsquoattaque agrave lrsquoameacutelioration du travail du sol en traction animale des riziegraveres de Casamance

En 1969 lrsquoIRAT lrsquoaffecte dans lrsquoOuest Cameroun agrave Dschang ougrave il monte et accompagne des projets rizicoles sur les plaines des MrsquoBos et de NrsquoDop Il y conduit des travaux sur les systegravemes de culture et lrsquoameacutelioration varieacutetale du riz pluvial et irrigueacute Ses analyses des interactions entre geacutenotype et environnement soulignant lrsquoinfluence majeure de la fertiliteacute des sols sur les attaques de pyriculariose le font remarquer et sont toujours citeacutees

Ses travaux et reacutealisations alliant recherche et deacuteveloppement interpellent des responsables de la recherche agronomique breacutesilienne et fin 1977 il devient le premier expert IRAT en poste au Breacutesil affecteacute aupregraves de LrsquoEMAPA de lrsquoeacutetat du Maranhatildeo Il travaillera au Breacutesil jusqursquoagrave sa retraite en 2009 et au-delagrave De 1977 agrave 1982 il monte avec lrsquoaide de Serge Bouzinac des eacutetudes sur la culture du riz pluvial pour chez et avec des petits paysans sans terre Les systegravemes de deacutefriche-brucirclis manuelle sur ces savanes secondaires agrave Palmiers Babaccedilu sont compareacutes agrave des systegravemes en traction animale Immeacutediatement abandonneacutes en raison des eacuterosions catastrophiques qursquoils induisent Premier signal sur la neacutecessiteacute du semis direct dans ces eacutecologies tropicales Mais Lucien et Serge sont informeacutes que leurs activiteacutes avec les sans terres du Nordeste ne sont pas du goucirct de tous Dans ces reacutegions du Breacutesil agrave cette eacutepoque le message est sans ambiguiumlteacute il faut partir vite LrsquoEMBRAPA - CNPAF (Centre National Riz amp Haricot) de Goiacircnia inteacuteresseacute par leurs reacutesultats les accueille

1982 nouveau milieu donc Les Cerrados du Centre Ouest breacutesilien (Mato Grosso Goiaacutes Tocantinshellip) un biome de savanes arboreacutees plus de 200 millions drsquohectares sur lequel avance un irreacutepressible front pionnier drsquoeacutelevage extensif et drsquoagriculture meacutecaniseacutee Des sols lateacuteritiques acides vides de nutrimentshellip longtemps consideacutereacutes comme impropres agrave toute forme drsquoagriculture rentable Peu importe la conquecircte de la terre est en marche deacutefriche riz pluvial monoculture de soja sur travail du sol simplifieacute avec des outils agrave disques hellip semelle de labour eacuterosion Une deacutevastation agrave eacutechelle industrielle Le diagnostic est vite poseacute les premiegraveres recommandations simples adapteacutees suivent combiner rotation de cultures commerciales (sojariz sojamaiumls) et succession annuelle ougrave agrave la culture commerciale succegravede une safrinha secondaire (maiumls sorgho ou mil) avec des preacuteparations de sols profondes (labour dresseacute aux socs scarification avec des outils agrave dents) Ces systegravemes de travail du sol profond ont du succegraves et sont tregraves largement diffuseacutes Mais lrsquoavegravenement du Semis Direct dans les reacutegions subtropicales du sud du Breacutesil va venir changer le paradigme des travaux de Lucien et Serge

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

35

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Lrsquoinvention le Semis direct sur Couverture Veacutegeacutetal (SCV) en milieu tropical

1984 visite agrave la Coopeacuterative laitiegravere centrale du Paranaacute agrave

1984 visite agrave la Coopeacuterative laitiegravere centrale du Paranaacute agrave Carambeiacute reacutegion des Campos Gerais premiers eacutechanges avec les agronomes Hans Peeten Josueacute Nelson Pavei hellip et les agriculteurs Nonocirc Perereira et Franke Dijkstra pionniers du semis direct dans cette reacutegion du Sud

1985 un producteur eacuteclaireacute du Mato Grosso Munefumi Matsubara leur ouvre grand les portes de sa fazenda hellip et sa bourse Des alternatives en semis direct sont rigoureusement compareacutees aux systegravemes avec travail du sol profond ou superficiel Au cours de ces cinq anneacutees deacutecisives les

systegravemes en semis direct sont plus productifs et rentables que les systegravemes conventionnels ils sont aussi et avant tout les seuls agrave permettre une augmentation de plus de 20 des teneurs de matiegravere organique des sols Les systegravemes sous couvert veacutegeacutetal (SCV) sont lanceacutes des eacutetapes cruciales sont franchies avec lrsquoinsertion en succession en association des cultures commerciales drsquoespegraveces telles que le sorgho mil les crotalaires le Brachiariahellip qui produisent de fortes biomasses valorisant des pluies marginales et surtout lrsquoeau du sol Les principes techniques des systegravemes SCV permettant de respecter les lois de fonctionnement des agroeacutecosystegravemes tropicaux sont poseacutes formaliseacutes dans des documents scientifiques et didactiques Lrsquoanalogie centrale avec le fonctionnement drsquoun eacutecosystegraveme forestier tropical se nourrissant sur lui-mecircme dans des recyclages continus entre biomasses vivantes et mortes gracircce agrave lrsquoactiviteacute biologiques des sols offre un cadre feacutecond agrave la creacuteativiteacute agronomique de Lucien Seacuteguy Les couverts veacutegeacutetaux se preacutesentent comme des pompes biologiques recyclant les eacuteleacutements mineacuteraux proteacutegeant le sol des pluies tropicales preacuteservant une tempeacuterature optimale pour lrsquoactiviteacute biologique et lrsquoabsorption racinaire hellip tout le contraire des sols mis agrave nu par le labour ou des techniques culturales simplifieacutees incompatibles avec une gestion durable de la ressource sol

Ces travaux sont conduits via de multiples partenariats en interaction avec une diffusion active de ses reacutesultats par les fondations et associations de producteurs Avant lrsquoan 2000 les SCV couvrent deacutejagrave -et ont sauveacute- des millions drsquohectares de terres agricoles dans les eacutetats de Goias Mato Grosso Tocantins Maranhatildeo Piauiuml hellip recoupant une vaste diversiteacute peacutedoclimatique tropicale dans laquelle les SCV se diversifient Ils inventent de nouvelles alternatives sur des couvertures veacutegeacutetales maintenues vivantes sous la culture encore plus efficientes comme le soja sur couvert permanent de chiendent ( Cynodon dactylon) ou le maiumls sur arachide peacuterenne ( Arachis pintoiuml) Avec le groupe Maeda les SCV sont adapteacutes agrave la culture cotonniegravere le preacutealable agrave son essor rapide dans le Mato Grosso

En parallegravele ils deacuteveloppent avec James Taillebois un seacutelectionneur du CIRAD un programme de seacutelection geacuteneacutetique de riz avec pour objectif premier drsquoeacutelargir lrsquoadaptabiliteacute des varieacuteteacutes creacuteeacutees et leurs toleacuterances aux maladies fongiques en seacutelectionnant en conditions pluviales de lrsquoeacutequateur jusqursquoau subtropical des croisements entre pools drsquoorigines pluviales et irrigueacutees Ces varieacuteteacutes vont voyager dans de nombreux pays tropicaux et subtropicaux faisant montre de leur grande plasticiteacute qursquoelles tirent de leur base geacuteneacutetique et des systegravemes SCV dans et pour lesquelles elles sont seacutelectionneacutees

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

36

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Lucien et Serge ont inspireacute des milliers drsquoagriculteurs agronomes et chercheurs breacutesiliens sur la base de leurs travaux preacutecurseurs et visionnaires sur les systegravemes sous couvert veacutegeacutetal pour les eacutecologies tropicales du Breacutesil Ils ont accueilli des visites de tous pays et continents se faisant les premiers et les meilleurs ambassadeurs des SCV du Breacutesil

Informer et former le monde

A partir de 1984 et jusqursquoagrave sa retraite Lucien reacutealise tous les ans des missions drsquoappui aupregraves de collegravegues chercheurs agronomes et de projets de deacuteveloppement publics et priveacutes dans de nombreux pays tropicaux drsquoAfrique drsquoAsie du Sud-Est Madagascar icircle continent aux innombrables eacutecosystegravemes tropicaux sera gracircce aux partenariats tisseacutes et aux financements de nombreux projets par lrsquoAgence Franccedilaise de Deacuteveloppement (AFD) une antichambre pour les petites paysanneries de ces techniques neacutees dans les dynamiques agro-industrielles du Breacutesil Drsquoautres projets suivront principalement sur financements de lrsquoAFD en Cocircte drsquoIvoire Gabon Cameroun Seacuteneacutegal Tunisie Vietnam Laos Cambodgehellip permettant de deacutecliner les

principes des SCV en pratiques adapteacutees aux conditions sociales drsquoagricultures familiales parmi les plusdeacutemunies de la planegravete Avec le Pr Joatildeo Carlos Saacute de lrsquoUniversiteacute de Ponta Grossa (Parana Breacutesil) ils organiseront toujours gracircce aux financements de lrsquoAFD de 2006 agrave 2011 six eacuteditions drsquoune formation internationale sur les SCV et la dynamique de matiegravere organique du sol rassemblant plus de 90 agronomes vulgarisateurs et chercheurs travaillant en partenariat avec le CIRAD dans plus de 13 pays du Sud Tous ces pays et drsquoautres ne peuvent plus ignorer cette information clef pour lrsquohumaniteacute on sait doreacutenavant faire pousser sous les tropiques les grandes cultures annuelles pluviales de faccedilon durable rentable et accessible Un nouveau pilier est disponible pour renforcer la seacutecuriteacute alimentaire mondiale et lrsquoautonomie des pays du Sud En 2009 agrave sa retraite du Cirad il poursuit ses appuis agrave travers la planegravete aupregraves des acteurs convaincus par la pertinence des voies agronomiques qursquoil continue drsquoouvrir Des reacuteseaux se montent qursquoil anime partageant sa vision ses ideacutees sa creacuteativiteacute et son humour A lrsquoinvitation drsquoun agronome du Queacutebec Louis Peacuterusse il se lance dans lrsquoadaptation des SCV aux conditions continentales ils remettent agrave lrsquohonneur les bleacutes drsquohiver semeacutes agrave la voleacutee dans le soja trois semaines avant la reacutecolte gagnant un mois de croissance avant lrsquohiver et avanccedilant la reacutecolte drsquoun mois Ce calendrier profondeacutement remanieacute par rapport aux scheacutemas baseacutes exclusivement sur les cultures de printemps ouvre une fenecirctre pour implanter agrave la voleacutee dans les bleacutes murissant des meacutelanges de plantes de couverture Ces derniers apportent alors ici comme partout de faccedilon inteacutegreacutee par et pour le biologique recharge en matiegravere organique et de multiples fonctions eacutecosysteacutemiques telles que la fixation azoteacutee par les leacutegumineuses la stimulation de fonctions microbiennes symbiotiques et non symbiotiques la creacuteation et lrsquoentretien drsquoune forte macroporositeacute par les effets combineacutes de puissants systegravemes racinaires et la stimulation drsquoune forte activiteacute des vers de terre le controcircle des adventices par la couverture du solhellip

Au Sud du Breacutesil dans les Eacutetats de Santa Catarina et du Rio Grande do Sul il travaille avec de jeunes agronomes breacutesiliens agrave la conception et agrave la diffusion sur des centaines de milliers drsquohectares des couverts multifonctionnels agrave base de meacutelanges complexes composeacutes de 10 espegraveces et plus Il est inviteacute en 2009 en Argentine et en Uruguay par Jean Waymel agriculteur drsquoorigine franccedilaise avec qui il deacuteveloppe des SCV diversifieacutes inteacutegrant le semis agrave la voleacutee sur couvert veacutegeacutetal y compris de culture agrave grosses graines comme le soja

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

37

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Ces techniques pratiqueacutees agrave tregraves grande eacutechelle accroissent les vitesses drsquoimplantation des cultures et la reacutesilience des systegravemes de production dans un climat de plus en plus variable

Sa passion pour la diversiteacute veacutegeacutetale ses talents de naturaliste lrsquoont ameneacute agrave explorer inlassablement de nombreuses espegraveces veacutegeacutetales tempeacutereacutees et tropicales agrave proposer des meacutelanges de plus en plus efficaces alliant cultures annuelles et peacuterennes et aux fonctionnaliteacutes et morphologies aeacuteriennes et racinaires diversifieacutees le cœur des SCV

Mecircme en France

Il initie eacutegalement degraves le milieu des anneacutees 1990 des eacutechanges avec quelques agriculteurs franccedilais en meacutetropole et plus tard dans des deacutepartements et territoires drsquoOutre-Mer (Reacuteunion Antilles Nouvelle Caleacutedonie)

Avec ces pionniers des SCV en France [1] il expeacuterimente dans des eacutecologies aussi diverses que les rives et coteaux de la Loire la Champagne berrichonne les collines du Gers la Camargue les versants de la Montagne Peleacuteehellip dans des systegravemes ceacutereacutealiers de polyculture eacutelevage des bananeraies en conditions pluviales ou irrigueacutees

Quelles espegraveces et associations drsquoespegraveces pour les couverts drsquohiver drsquoeacuteteacute en fonction des conditions de milieuxhellip Comment les semer dans les diffeacuterentes cultures en deacuterobeacutee en succession agrave quelle date agrave quelle dosehellip Ce savoir-faire et ces connaissances sont agrave deacutefricher et organiser par des essais Tous ces agriculteurs rallongent diversifient leurs rotations integravegrent des leacutegumineuses via les cultures (pois drsquohiver de printemps sojahellip) et les couverts eacuteventuellement fourragers (vesce feacuteverole gesse tregravefleshellip) Les fermes drsquoeacutelevage conquiegraverent par-lagrave leur autonomie en proteacuteines Aux techniques de couvertures mortes tueacutees avant semis de la culture viennent ici aussi srsquoajouter des couverts vivants de luzerne sur argilo-calcaire de tregravefle ou de lotier sur les sols plus acides ou hydromorphes faisant encore gagner en coucirct et en flexibiliteacute face aux aleacuteas du climat et des marcheacutes

Ils testent et mettent en commun les acquis sur leurs fonds propres un reacuteseau se coopte pour avancer Lucien lrsquoanime en structurant les essais et en maintenant le cap agrologique des SCV mecircme quand les reacutesultats escompteacutes ne sont pas immeacutediatement au rendez-vous

Les SCV de mieux en mieux maicirctriseacutes integravegrent progressivement lrsquoensemble des terres cultiveacutees sur ces fermes remaniant profondeacutement leur systegraveme drsquoexploitation Les parcs mateacuteriels se simplifient les grosses puissances de traction pour les preacuteparations de sol nrsquoont plus lieu drsquoecirctre Il faut aussi ecirctre autonome pour ses productions de semences de couverts la leacutegislation interdisant dons eacutechanges ou ventes entre agriculteurs mecircme pour des espegraveces et varieacuteteacutes libres de droit drsquoobtenteurs ou plus disponibles sur le marcheacute les semences commerciales ne sont pas forceacutement optimales pour les systegravemes et restent oneacutereuses utiliseacutees agrave bonne dose

Plus aucune de ces fermes nrsquoutilise drsquoinsecticides que ce soit en foliaire au sol ou en traitement de semences sur quelques cultures que ce soient ni drsquoanti-limaces Des fongicides ne sont appliqueacutes qursquoexceptionnellement sur les ceacutereacuteales agrave paille et colza au quart ou agrave la moitieacute des doses preacuteconiseacutees lorsque des conditions climatiques propices au deacuteveloppement des champignons pathogegravenes surviennent agrave un stade critique de ces cultures Les herbicides demeurent agrave faible dose principalement

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

38

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

pour le controcircle des couverts Les apports drsquoazote mineacuteral sur ceacutereacuteales agrave paille et maiumls diminuent progressivement pour atteindre 10 agrave 12 uniteacutes par tonne de grains une efficience quasi doubleacutee en comparaison des exploitations avoisinantes Toutes ces fermes qui pratiquent les SCV depuis plus de 15 ans obtiennent les meilleures performances techniques (rendement qualiteacute nutritive et sanitaire des grains) dans leurs reacutegions respectives elles ont dans le mecircme temps reacuteduit leurs charges en intrant et carburant de 39 par rapport agrave des itineacuteraires dits raisonneacutes (travail du sol simplifieacute dose drsquointrants modeacutereacutee) agrave 58 par rapport agrave des reacutefeacuterences ayant recours au travail du sol conventionnel et aux pleines doses drsquointrants

Sur tous ces reacutesultats Lucien communique beaucoup avec fougue et passion hellip mecircme si apregraves une vie au contact des acteurs du deacuteveloppement et de la recherche au Breacutesil lrsquoinertie parfois bavarde et suffisante de lrsquoagriculture franccedilaise ne cesse de le surprendre au vue de la crise dans laquelle se deacutebat une immense majoriteacute de producteurs et lrsquoeacutetat geacuteneacuteral de nos sols

Quels enseignements pour lrsquoavenir de notre agriculture

Il y a tant agrave retenir de ce parcours immense pour qui voudrait continuer le travail de Lucien Seacuteguy sur les chemins du deacuteveloppement et de la connaissance des CV agrave travers le monde

Pratiquer les SCV crsquoest vouloir orchestrer la transformation des milieux que lrsquoon cultive par et pour la puissance du veacutegeacutetal Crsquoest penser et organiser des flux puissants de biomasses continu lrsquoeacutenergie solaire par les plantes et la vie du sol Nous savons aujourdrsquohui que cela neacutecessite de maintenir les sols couverts en permanence de mobiliser une grande diversiteacute veacutegeacutetale diversifieacutees pour capter stocker et restituer en au sein des rotations via des couverts multi-speacutecifiques et de reacuteussir

agrave abandonner toute forme de travail du sol Ce dernier point est tregraves deacutebattu peut-ecirctre car il est le symbole le plus embleacutematique drsquoun changement de modegravele radical sucircrement parce qursquoil est celui qui pose le plus de problegravemes de mise en oeuvre dans les phases de transition et pour certaines cultures pour lesquelles des reacutefeacuterentiels techniques solides manquent encore Il est pourtant celui pour lequel la connaissance scientifique est la plus solidement eacutetablie travailler le sol mecircme de faccedilon superficielle et eacutepisodique nuit partout que lrsquoon soit dans la Niegravevre au Queacutebec ou au cœur du Mato Grosso agrave la vie du sol et aux capaciteacutes de stockage et de restitution de lrsquoeacutenergie qursquoelle construit Travailler le sol crsquoest se condamner agrave faire un travail de Peacuteneacutelope toujours deacute faire dans la nuit du sol ce que les plantes photosyntheacutetis(s)ent le jour Crsquoest se condamner agrave rester dans un entre-deux technique agrave se couper drsquoune effectiviteacute pleine entiegravere et continue des processus naturels qui viennent organiser la fertiliteacute des sols et contribuer au controcircle des bio-agresseurs de nos cultures Crsquoest par le respect de ces 3 principes pratiques des SCV que les apports importants et continus de matiegravere organique nourrissent une biodiversiteacute microbienne et inverteacutebreacutee de plus en plus riche complexe et foisonnante et que peuvent srsquoauto-organiser nos sols cultiveacutes

Deacutevelopper des systegravemes de culture et de production en SCV requiert tout drsquoabord drsquoabandonner lrsquoideacutee de recette applicable pour se lancer dans lrsquoexploration libre mais meacutethodique drsquoun immense champ de possibles Cela demande drsquoimaginer et apprendre agrave mener des rotations reacutepondant agrave nos objectifs de

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

39

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

production ougrave cultures et couverts veacutegeacutetaux se relaient pour tendre vers des sols couverts 365 jours sur 365 Cela demande aussi au deacutebut de lrsquoaudace pour rompre les amarres avec le confort rassurant des pratiques conventionnelles institueacutees Crsquoest accepter drsquoen passer par des deacutecisions contraires agrave ce que lrsquoon nous a appris agrave ce que lrsquoon nous recommande Crsquoest refuser de voir un salut dans la laquo high tech raquo preacutetendument reacutevolutionnaire que lrsquoon impose agrave des agriculteurs surendetteacutes pour oser la complexiteacute du vivant et lrsquoautonomie Crsquoest entrer pour la premiegravere fois avec le semoir dans un laquo gros raquo couvert veacutegeacutetal plus tard preacutefeacuterer semer agrave la voleacutee dans des couverts vivants ou par-dessus des cultures murissantes hellip en se demandant tout de mecircme pour une fois agrave lrsquounisson avec les voisins si lrsquoon nrsquoest pas devenu un peu dingo Crsquoest aussi se retenir de faire cet insecticide en acceptant lrsquoideacutee qursquoil y a plus agrave terme agrave y perdre qursquoagrave y gagner preacutefeacuterer nourrir des ravageurs en les leurrant plutocirct que de les tuer et renoncer agrave leurs ennemis naturels etc Toutes ces remises en questions des pratiques courantes dissolvent lrsquoun apregraves lrsquoautre les repegraveres en vigueur et srsquoapparentent au franchissement drsquoun miroir derriegravere lequel se cueillent les beacuteneacutefices que nous servent les processus naturels activeacutes un miroir derriegravere lequel aussi les systegravemes avec travail du sol apparaissent pour ce qursquoils sont absurdes et contre-nature Cette transformation de nos faccedilons de cultiver nous a transformeacute autant que nos sols et nos exploitations et pourtant nous sommes conscients drsquoecirctre agrave lrsquooreacutee drsquoun immense territoire que nous commenccedilons agrave peine agrave explorer source de confiance en lrsquoavenir et drsquoune humiliteacute heureuse Lucien Seacuteguy voulait avancer sans relacircche dans ce territoire de la biodiversiteacute et du geacutenie veacutegeacutetal au service drsquoune agriculture toujours plus propre et performante La recherche eacuteprouve aussi des difficulteacutes pour srsquoemparer de ces eacutetranges objets techniques que sont les systegravemes de culture agrave base de semis direct sur couverture veacutegeacutetale ces objets techniques deacuteroutent car ils tirent leur efficience des processus naturels qursquoils activent des processus naturels qui dans la dureacutee organisent nos sols et donnent aux eacutecosystegravemes que nous cultivons leurs grandes fonctions de gestion de la fertiliteacute et drsquoautoreacutegulation des nuisibles divers adventices phytophages maladies hellip

Cette meacutediation essentielle du naturel creacutee une distance entre le geste pratique et lrsquoeffectiviteacute associeacutee mesurable dans nos parcelles et nos fermes Elle rend ainsi les approches factorielles de lrsquoagronomie classique fondeacutees sur les analyses des liens preacutesupposeacutes entre pratique et effet impropres agrave lrsquoeacutetude et agrave la conception de ces systegravemes Car ceux-ci ne reacutesultent pas drsquoune combinaison de facteurs mais sont creacuteation eacutemergente drsquoun milieu cultiveacute complexe et transformation concomitante des perceptions et connaissances de celles et ceux qui les pratiquent

Crsquoest pour nous avoir aideacutes agrave nous engager dans cette double transformation que nous tenions ici agrave te remercier Lucien Puisse ton formidable legs ecirctre compris et repris par des acteurs et politiques clairvoyants courageux et ambitieux

[1]Jean-Claude Quillet Hubert Charpentier Christian Abadie Sandrine Gallon amp Alain Coudrillier Noeumll amp Lydie Deneuville Bertrand et Patrick Aubeacutery hellipArticle publieacute sous une autre mise en page dans la revue TCS (Techniques Culturales Simplifieacutees) - laquo Agronomie Eacutecologie et Innovation - TCS Ndeg 108 Juin-Juillet-Aoucirct 2020 raquoArticle reacutedigeacute avec les sources de httpopen-libraryciradfr

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

40

Trimestrielle - Edition N

deg 10

SUCCESS STORIESJO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

Lrsquoapproche laquo paysan agrave paysan raquo par le projet MANITATRA II rocircles des Paysans Leaders (ou paysans relais)

TOKIHERINIONJA Tanjonarilesa Fernand Chef de ProjetRAKOTONDRAMANANA Directeur Exeacutecutif du GSDM

Contexte

Depuis le 20 juillet 2018 le GSDM assure la mise en œuvre du projet intituleacute laquo

MANITATRA II raquo Ce projet est financeacute par lrsquoUE par lrsquointermeacutediaire du COMESA dans le cadre du programme Global Climate Change Alliance Plus (GCCA+) des pays drsquoAfrique des Caraiumlbes et du Pacifique (Intra ACP) conformeacutement agrave lrsquoaccord de subvention NdegCC000418 signeacute par le COMESA et le GSDM Le projet est preacutevu pour couvrir une dureacutee de 3 ans

Lrsquoobjectif geacuteneacuteral du projet eacutetant de soutenir la mise agrave lrsquoeacutechelle de lrsquoAgriculture Climato-Intelligente (ACI) pour atteacutenuer les changements Climatiques et ameacuteliorer la seacutecuriteacute alimentaire agrave Madagascar Pour cela il cible la reacutegion de Vakinankaratra et couvre deux eacutecosystegravemes diffeacuterentes le Moyen-Ouest et les Hautes Terres en intervenant successivement au niveau de 07 et 10 Communes Rurales Et pour atteindre ces objectifs le projet a opteacute pour une approche de diffusion laquo paysan agrave paysan raquo Cette approche a eacuteteacute deacutejagrave testeacutee durant la peacuteriode du projet MANITATRA I (2014 -2015) dans les reacutegions du Vakinankaratra et du Sud - Est

Les paysans leaders (ou paysans relais) sont les pierres angulaires de lrsquoapproche de diffusion de paysan agrave paysan Ils ont eacuteteacute choisis et formeacutes par les techniciens du projet lrsquoeacutequipe du GSDM central et drsquoautres partenaires (Ceffel ADTRMAPDRA DRAEP Vakinankaratra) afin drsquoacqueacuterir les bagages neacutecessaires agrave la transmission des connaissances agro-eacutecologiques agrave leurs paires

Pourquoi cette eacutethodologie

La proximiteacute des paysans leaders avec les producteurs autour permet de corriger les limites de lrsquoapproche laquo technicien agrave paysan raquo qui ne garantit pas toujours une peacuterenniteacute des actions

initieacutees par les projets et qui coucircte nettement plus cher aux projets En effet le fait que les paysans leaders soient issus du lieu drsquointervention leur permet de parler le mecircme langage alors que les techniciens se heurtent geacuteneacuteralement aux barriegraveres des logiques paysannes qui peuvent ecirctre difficiles agrave percer Par ailleurs lrsquoapproche laquo paysan agrave paysan raquo preacutesente un coucirct nettement reacuteduit par rapport agrave lrsquoapproche laquo technicien agrave paysan raquo De plus les paysans leaders resteront toujours dans leur village une fois le projet termineacute Ainsi ils resteront des personnes ressources et continueront agrave donner des conseils aux paysans autour

Choix des paysans leaders

Lrsquoidentification des paysans leaders constituait la premiegravere mission de lrsquoeacutequipe au tout deacutebut du projet Crsquoest une eacutetape cruciale car un mauvais choix de paysan leader fait perdre beaucoup de temps au projet Un certain nombre de critegraveres a eacuteteacute mis en place afin de reacuteduire au maximum ce risquebull Ecirctre paysan de profession (agriculteur

eacuteleveur hellip)bull Possession drsquoune parcelle individuelle drsquoune

surface de 05 agrave 1ha deacutedieacutee agrave la pratique personnelle de lrsquoagro-eacutecologie

bull Ecirctre majeurbull Savoir compter lire et eacutecrirebull Ayant des expeacuteriences en matiegravere drsquoanimation

etou vulgarisation des techniques innovantesbull Ayant une sorte de leadership naturel aupregraves

des villageoisbull Habitant dans la zone drsquointervention du

projetbull De bonne reacuteputationbull Sans affiliation directe avec un parti politiquebull Non engageacute avec drsquoautres organismes

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

41

Trimestrielle - Edition N

deg 10

SUCCESS STORIES

Rocircle des paysans leaders et fonctionnement dun CEP

Les responsabiliteacutes des paysans leaders consistent agrave appuyer les techniciens dans le processus de diffusion de lrsquoagro-eacutecologie Ils doivent obligatoirement geacuterer au sein de leur exploitation un Champ Ecole Paysanne (CEP) individuel ougrave ils vont pratiquer les diffeacuterentes pratiques agro-eacutecologiques promues par le projet Les mises en place au niveau du CEP permet aux techniciens du projet de former et dassurer le recyclage des diverses pratiques agro-eacutecologiques Les formations des paysans leaders sont alors beaucoup plus pratiques que theacuteoriques Ce qui est plus approprieacutee pour ces paysans leaders Ils doivent pour ce faire appliquer rigoureusement les directives fournies par les techniciens Les paysans leaders assurent lrsquointeacutegraliteacute des charges lors des mises en place et entretiens des cultures au niveau du CEP que ce soit en intrants ou main drsquoœuvre Seules les semences de plantes de couvertures qui ne sont pas disponibles dans la zone que le projet leur fourni

Les CEP servent de lieu de formation et de visites eacutechanges organiseacutees par les paysans leaders pour leurs paires A la suite de ces sessions les paysans inteacuteresseacutes par une ou plusieurs pratiques agro-eacutecologiques au niveau des CEP seront accompagneacutes par les paysans leaders afin de les dupliquer au sein de leur exploitation respective Les paysans leaders couvrent geacuteneacuteralement une zone dans un rayon de cinq agrave dix kilomegravetres autour de leur lieu de reacutesidence soit trois agrave quatre fokontany en moyenne Ils sont agrave cet effet eacutequipeacutes drsquoune bicyclette comme moyen de locomotion et des bacircches de formation comme outils lors des seacuteances drsquoanimation Le projet leur dote aussi des bonbonnes et des pulveacuterisateurs leur permettant drsquoappliquer certaine techniques particuliegraveres comme la fabrication de compost liquide et les laquo ady gasy raquo

Engager les paysans leaders dans le processus de diffusion de lrsquoagro-eacutecologie ne signifie pas pour

autant les deacuterouter de leur vocation de paysan Ils ne sont pas des salarieacutes du projet Crsquoest drsquoailleurs pour cette raison que le GSDM a fixeacute par contrat une dureacutee effective de travail maximal de sept jours par mois Par contre le projet leur accorde une compensation journaliegravere de 10000Ar pour leurs interventions

Rocircles des techiciens

Pour MANITATRA II ce sont les paysans leaders qui assurent la diffusion des techniques agro-eacutecologiques promues par le projet Les techniciens jouent le rocircle de facilitateur afin que les paysans leaders puissent atteindre leurs objectifs Ainsi les techniciens encadrent techniquement les paysans leaders Ils ont dans ce sens la responsabiliteacute de faire des suivis des actions meneacutees par les paysans leaders et de les appuyer durant les seacuteances de conseil drsquoanimation et de formation Ils effectuent eacutegalement des appuis sur la mise en place des champs eacutecoles paysans (CEP) sur lesquels les riverains vont pouvoir appreacutecier les eacutetendues de lrsquoapplication des techniques appliqueacutes en agro-eacutecologie Les techniciens fixent les objectifs agrave atteindre selon les attentes du projet Pour MANITATRA II le ratio moyen est drsquoun technicien pour 7 paysans leaders encadreacutes

Perspectives pour les paysans leaders

Ces paysans leaders sont formeacutes reacuteguliegraverement sur diverses theacutematiques par le GSDM Cela afin qursquoils puissent assumer pleinement leurs responsabiliteacutes Lrsquoobjectif eacutetant qursquoils puissent agrave plus long terme devenir prestataire en tant que paysan formateur au niveau des entiteacutes qui auront besoin de leurs services agrave lrsquoinstar du FDA

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

42

Trimestrielle - Edition N

deg 10

SUCCESS STORIES

Laissons parler les paysans

Rindra Sandratriniaina Assitant Chef de projet RAKOTONDRAMANANA Directeur Exeacutecutif du GSDM

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Les reacutesultats obtenus de la deuxiegraveme anneacutee du projet MANITATRA II ont fournis des

enseignements conseacutequents quant aux techniques adopteacutees par les paysans et des inteacuterecircts que ces derniers avaient tireacute de ces adoptions Dans le moyen ouest comme sur la haute terre du Vakinankaratra la pratique du riz pluvial sur mulch de mucuna ont vraiment fait ses preuves Le riz pluvial associeacute au cajanus quoiqursquoen cours drsquoessais a deacutejagrave fourni des reacutesultats probants Les diffeacuterents niveaux drsquoameacutenagement coupleacutes avec les reboisements et la gestion des matiegraveres organiques sont tout autant de techniques que les quelques paysans des communes de Fidirana drsquoAntohobe et de Soavina vont nous deacutelivrer dans ce numeacutero 10 du journal de lrsquoagro-eacutecologie

Drsquoabord M Rakotomanantsoa Modeste drsquoAmbohibolakely de la commune rurale de Fidirana teacutemoigne de son inteacuterecirct quant agrave la pratique du riz pluvial sur mulch de mucuna

Avant cette pratique nous ne pouvions produire qursquoautour de 1tha pour le riz pluvial Actuellement le rendement peut aller jusqursquoagrave 5tha Le mucuna nrsquoagit pas seulement sur la restauration de la fertiliteacute du sol mais aussi sur le nettoyage des parcelles par rapport aux diffeacuterentes pestes veacutegeacutetales qui envahissaient nos parcelles Il srsquoest aveacutereacute que le mucuna permet aussi de lutter contre certains ravageurs de culture Pour nous loin fut le temps ougrave nous eacutetions frustreacutes de la plantation de cette leacutegumineuse non comestible qui accaparait nos surfaces cultivables car vu lrsquointeacuterecirct qursquoy portent le grand nombre la plantation de celle-ci nous engendre deacutesormais des revenus drsquoappoints

En outre je produits aussi du lombricomposte Lrsquoobjectif est toujours eacuteteacute de sevrer notre exploitation de lrsquoutilisation drsquoengrais chimique Avec lrsquoavegravenement des techniques de seacuteparations

de vers drsquoavec le composte la production nrsquoest plus peacutenible comme avant Il nous faut juste surveiller lrsquohumiditeacute la tempeacuterature lrsquoeacutetat du lombricomposteur et enfin veiller agrave ce que les lombrics aient toujours du preacutecomposte precirct agrave lrsquoemploi Je lrsquoutilise surtout dans la production de riz pluvial le maiumls et la production de plants drsquoarbre en peacutepiniegravere ou ccedila mrsquoa permis non seulement de produire des beaux plants mais aussi de beaucoup reacuteduire lrsquoinvasion des ravageurs

Ensuite Razafindrakoto Edouard drsquoAmbohibolakely de la commune de Fidirana stipule que parmi toutes les techniques vulgariseacutees par le GSDM agrave travers le projet MANITATRA II la plantation de mucuna et celle qui apporte le plus drsquointeacuterecircts

Quand je nrsquoavais utiliseacute que des fumiers de parc les fano (heteronicus) et ses vers blancs ont causeacute beaucoup de deacutegacirct sur mes riz et mes maiumls Actuellement en combinant mulch de mucuna et utilisation du lombricomposte nous avons pu doubler notre production Elle permet en effet drsquoeacuteliminer les menaces dues aux attaques des ravageurs de culture et entretien la fertiliteacute du sol

De son cocircteacute Rakotoarijaona Alfred affirme que donner lrsquoexemple sur ses habitudes culturales mis en pratique au niveau de son champ eacutecole paysan (CEP) fait partie de son quotidien de paysan leader (PL)

Il propose entre autre lrsquoameacutenagement en courbe de niveau des parcelles en pente et les techniques de fabrication des diffeacuterents types de compost

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

43

Trimestrielle - Edition N

deg 10

SUCCESS STORIESJO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

comme moyen de gestion durable du sol Lrsquoassociation du riz pluvial avec le cajanus lui a donneacute un excellent reacutesultat Semeacute au moment de la montaison le cajanus associeacute au riz pluvial nrsquoa manifesteacute aucune sorte de concurrence Il ne se ramifie qursquoapregraves la reacutecolte du riz Durant lrsquointersaison il se deacuteveloppent de maniegravere agrave couvrir les parcelles et les preacuteservent des invasions drsquoadventices Le cajanus est connu pour son travail naturel du sol et une production de biomasse pouvant servir au compostage En fin de cycle il fournit aussi drsquoeacutenorme quantiteacute bois pour les cuissons

Pour M Ralaisa Pierre Solofoniaina lrsquoapplication de lrsquoagriculture de conservation a permis de mieux geacuterer ses parcelles surtout vis-agrave-vis des pheacutenomegravenes drsquoeacuterosion

Jrsquoavais mis en place des courbes de niveau sur mes parcelles puis jrsquoai installeacute de couverture veacutegeacutetale comme le mucuna Depuis je ne travaille plus mes terres et les sarclages sont deacutesormais moins contraignants Je me suis eacutegalement aperccedilu que les effets du striga se sont beaucoup amoindris Comme reacutesultats si avant pour le riz pluvial nous ne pouvons obtenir qursquoenviron 1tha maintenant nous arrivons agrave produire 40kg de paddy par are soit dans les 4tha Jrsquoai entrepris ces travaux car je vise surtout lrsquoavenir de mes enfants Je dois ecirctre en mesure de leur leacuteguer de la bonne terre) raquo

Rabemanantsoa Gilbert drsquoAnkily du Fokontany drsquoAntampondravola un alevineur professionnel avait beacuteneacuteficieacute des appuis sur la protection des bassins versants autour de ses bassins piscicoles

Les appuis du projet MANITATRA II mrsquoa permis de mettre agrave jour mes techniques drsquoalevinage Mais le plus important eacutetait ces ameacutenagements

des versants autour de mes bassins piscicoles Nous nous y sommes mis pour combattre le fleacuteau drsquoeacuterosion qui agrave chaque peacuteriode de pluie menacent drsquoensabler nos bassins Les versants ameacutenageacutes sont actuellement stabiliseacutes avec des haies vives de cajanus renforceacutes avec du brachiaria et diverses plantes de couverture

Depuis longtemps je pratique aussi le lombricompostage Il mrsquoa permis de reacuteduire lrsquoutilisation des produits chimiques et surtout drsquoalleacuteger les peines relatives au transport vers les parcelles Quand la population de lombrics augmente il mrsquoarrive de les reacuteguler en preacutelevant une certaine quantiteacute pour nourrir mes poissons

Du cocircteacute de la commune drsquoAntohobe Mme Rafanjanirina Jeanne Philomegravene a entrepris la restauration de la fertiliteacute de ses parcelles apregraves quelque heacutesitation

Il y a 2 ans le technicien du projet Manitatra travaillant dans notre commune nous a animeacute sur les techniques de restauration de la fertiliteacute du sol Au deacutebut je nrsquoeacutetais pas vraiment convaincue du bien-fondeacute de ces techniques mais apregraves avoir assisteacute agrave une visite eacutechange au niveau du site drsquoIvory et apregraves avoir constateacute la reacuteussite de mon fregravere sur le reboisement jrsquoai deacutecideacute de mrsquoy mettre Nous avons adopteacute le lombricompostage et la fabrication de biopesticide Reacutecemment nous avons constateacute que lrsquoassociation de mucuna avec le maiumls permet de proteacuteger ces derniers contre les attaques de chenilles

Avant nous avons comme habitude drsquoutiliser du cendre du riz pluvial et nous nrsquoavons pu obtenir que 240kg de paddy par are Apregraves lrsquoutilisation du lombricompost la mecircme surface nous a donneacute 320kg agrave 400kg Sur la production de tomate avant nous ne pouvons faire que 4 reacutecoltes maintenant avec le lombricompost ccedila peut aller jusqursquoagrave 6 voire 7 reacutecoltes

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

44

Trimestrielle - Edition N

deg 10

SUCCESS STORIESJO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

A Soavina Rasoanindrina Wivine eacutetait pris drsquoeacutetau par une grande parcelle qursquoelle avait preacutevu drsquoabandonner car elle ne lui permettait plus de produire grand-chose

En effet ladite parcelle eacutetait non seulement deacutegradeacute mais eacutetait aussi envahi par le striga et le kidoronrsquoalika (Acantospermum austral) A la suite drsquoune reacuteunion de sensibilisation organiseacutee par le technicien posteacute agrave Soavina jrsquoavais deacutecideacute drsquoy planter du mucuna et du Stylosanthes associeacute avec un peu de maiumls et du riz pluvial Degraves la premiegravere anneacutee une ameacutelioration du rendement en riz srsquoeacutetait fait ressentir A la

deuxiegraveme anneacutee malgreacute la seacutecheresse le riz eacutetait drsquoune tregraves bonne veacutegeacutetation mais lrsquoinsuffisance de pluie au moment de la floraison dans notre reacutegion ne nous a pas permis drsquoobtenir des graines

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

45

Trimestrielle - Edition N

deg 10

ACTUALITES

Dans le cadre du Projet MANITATRA II sur financement du COMESAUnion

Europeacuteenne (11egraveme FED agrave destination des pays ACP dans le cadre de lrsquoAlliance Mondiale pour le Climat) le GSDM srsquoest lanceacute dans la production et la reacutealisation drsquoun film drsquoanimation 3D sur la base de son livret ludique un guide de formation conccedilu pour lrsquoapprentissage de lrsquoAgro-eacutecologie et de lrsquoeacuteducation environnementale en milieu scolaire Lrsquoobjectif eacutetant de renforcer la promotion de lrsquoAgriculture Climato-Intelligente au niveau national et drsquoappuyer la prise en compte de lrsquoAgro-eacutecologie dans les politiques publiques et les projetsprogrammes Dans ce sens ce film drsquoanimation 3D constitue un outil de plaidoyer mais eacutegalement un support de formation drsquoanimationsensibilisation

Lrsquoideacutee drsquointeacutegrer lrsquoAgro-eacutecologie dans tous types de formation essentiellement dans lrsquoenseignement de base agrave Madagascar a eacuteteacute eacutevoqueacutee depuis bien des anneacutees lors des diffeacuterents ateliers et eacutevegravenements

organiseacutes par le GSDM Cette reacuteflexion a eacuteteacute soutenue aussi bien par lrsquoAdministration que par les partenaires techniques et financiers mais eacutegalement par les diffeacuterents acteurs de deacuteveloppement impliqueacutes œuvrant dans le secteur du deacuteveloppement durable

Lrsquointeacutegration de lrsquoAgro-eacutecologie en milieu scolaire a eacuteteacute initieacutee par le GSDM en 2017 au travers du projet PAPAM sur financement de lrsquoAFD Il eacutetait preacutevu de seacutelectionner 6 eacutetablissements publics etou priveacutes de niveau collegravege dans la reacutegion du Vakinankaratra Au travers des activiteacutes parascolaires lrsquoideacutee eacutetait de former des enseignants pour assurer le transfert de connaissances aux eacutelegraveves de 6egraveme et 5egraveme Avec les acquis de WWF membre du GSDM et la collaboration de lrsquoOEMC aupregraves du Ministegravere de lrsquoEducation Nationale de lrsquoEnseignement Technique et Professionnel un document de concept note a eacuteteacute eacutelaboreacute pour la mise en œuvre drsquoune phase pilote De la

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Un film drsquoanimation 3D sur lrsquointeacutegration de lrsquoAgro-eacutecologie en milieu scolaire pour la vulgarisation de lrsquoAgro-eacutecologie au niveau national

LrsquoEducation agrave lrsquoinverse une maniegravere de diffuser lrsquoAgro-eacutecologiehelliphelliplrsquoAgro-eacutecologie pour les geacuteneacuterations futures

Equipe GSDM

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

46

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

mission de diagnostic visant lrsquoidentification des eacutetablissements beacuteneacuteficiaires aux missions de formation de conception de supports et de

suivi les eacutetapes de la mise en œuvre ont eacuteteacute reacutealiseacutees sous lrsquoeacutegide de la Direction Reacutegionale de lrsquoAgriculture de lrsquoElevage et de la Pecircche et de la Direction Reacutegionale de

lrsquoEducation Nationale de lrsquoEnseignement Technique et Professionnel Un atelier bilan a eacuteteacute organiseacute agrave la fin de lrsquoanneacutee scolaire 2017-2018 pour eacutevaluer et mesurer les impacts de ce

mode laquo drsquoeacuteducation agrave lrsquoinverse raquo ougrave les enfants forment leurs parents pour un changement de paradigme

Le succegraves de la phase pilote a tout particuliegraverement susciteacute lrsquoattention de nombreux partenaires techniques et financiers souhaitant investir dans lrsquoeacuteducation des jeunes dans le cadre du deacuteveloppement durable Une extension des activiteacutes a eacuteteacute ainsi programmeacutee au travers du projet MANITATRA II sur financement du COMESAUnion Europeacuteenne pour 3 anneacutees scolaires conseacutecutives 20182019 - 20192020 et 20202021 Six (6) nouveaux eacutetablissements ont eacuteteacute seacutelectionneacutes selon les critegraveres du projet Pour la peacuterennisation des actions le projet MANITATRA II a maintenu lrsquoappui technique au niveau des eacutecoles PAPAM A lrsquoissu de lrsquoatelier bilan organiseacute agrave la fin de lrsquoanneacutee scolaire 2018-2019 la sollicitation du GIZProSol sur financement de la Coopeacuteration Allemande a emmeneacute agrave lrsquoextension des activiteacutes au profit de 8 nouveaux eacutetablissements dans la Reacutegion Boeny

Les beacuteneacuteficiaires directes sont actuellement au nombre de 3897 eacutelegraveves reacutepartis au niveau de 20 eacutetablissements dont 3 047 dans la reacutegion de Vakinankaratra et 850 dans la reacutegion

Boeny Cette eacuteducation agrave lrsquoinverse touche eacutegalement les parents le corps eacuteducatif les paysans aux alentours mais aussi les acteurs de deacuteveloppement et les deacutecideurs

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

47

Trimestrielle - Edition N

deg 10

AGRO-ECOLOGIE EN PHOTOJO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

Le Comiteacute de pilotage du Projet MANITATRA II sest reacuteuni pour la 2egraveme fois le 24 septembre

2020 pour lexamen du rapport dactiviteacute de lanneacutee 2 et de la programmation des activiteacutes de lanneacutee 3

Ont reacutepondu preacutesent le DGA du MAEP en sa qualiteacute de Peacutersident du Comiteacute le PCA du GSDM le Vice-Preacutesident

du CA du GSDM le Directeur du Deacuteveloppement Reacutegional du Vakinankaratra le DRAEP Vakinankaratra le DREDD Vakinankaratra et le Repreacutesentant du MEDD par le biais de son Conseiller Technique

Reacuteunion du comiteacute de Pilotage du projet Manitatra II le 24 Septembre 2020

Les journeacutees Agro-eacutecologiques du Vakinankaratra se sont tenues les 19 et 20 mars 2020 Ces

2 journeacutees ont eacuteteacute consacreacutees pour le partage des acquis et expeacuteriences en Agro-eacutecologie face au deacutefis du changement climatique et de linseacutecuriteacute alimentaire On a vu la participation de lAdministration au travers du Ministegravere de lAgriculture de lElevage et de la Pecircche du Ministegravere de lEnvironnement et du Deacuteveloppement Durable du Ministegravere de lEducation Nationale de la Direction de la meacuteteacuteorologie des autoriteacutes locales des partenaires techniques et financiers des beacuteneacuteficiaires et des journalistes

La premiegravere journeacutee a eacuteteacute deacutedieacutee agrave la visite des reacutealisations en Agro-eacutecologie suivie dun atelier de restitution le 2egraveme jour Tant sur le terrain quau travers des teacutemoignages en salle lactiviteacute lieacutee agrave linteacutegration de lAgro-eacutecologie en milieu scolaire a succiteacute lattention des participants Cette mode deacuteducation agrave linverse ougrave les enfants forment leurs parents a tout particuliegraverement toucheacute de nombreux meacutenages Desormais les parents souhaitent ecirctre formeacutes sur diffeacuterents theacutematiques en Agro-eacutecologie tels que le compsotage lAgriculture de conservation et lAgroforesterie

Objectif atteint pour le GSDM la reacuteussite de cet eacutevenement est ducirc agrave la participation active des diffeacuterents intervenants En vue dune agriculture durable la peacutereacutenisation des acquis et limportance de la prise en compte de lAgro-eacutecologie dans les politiques publiques a eacuteteacute souleveacutee et approuveacutee

Journeacutees Agro-eacutecologiques du Vakinankaratra les 19 et 20 mars 2020

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

48

Trimestrielle - Edition N

deg 10

Deacutecembre2020

Octobre 2020

Septembre 2020

Novembre 2020

Ont participeacute agrave ce numeacutero bull Mireille RAZAKA - Responsable Communication du GSDMbull Vololoniraisana RANDRIAMIARANA - Agronome du GSDMbull Martin RANDRIAMITANTSOA - Consultant Agronome du GSDMbull Tahina RAHARISON - Consultant Agronome Socio-eacuteconomiste du GSDMbull TOKIHERINIONJA Tanjonarilesa Fernand - Chef de Projet MANITATRA IIbull RAKOTONDRAMANANA - Directeur Exeacutecutif du GSDM

Rubrique laquoLAgro-eacutecologie au niveau nationalraquo WWH - DURRELL - CEFFEL membre du GSDM - GIZProSol Partenaire Technique et FinancierRubrique laquoDossierraquo Collegravegues rapprocheacutes de Lucien SEGUYRubrique laquoRechercheraquo FOFIFA - Dp SPAD - Partenaires techniques Rubrique laquoSuccess Storiesraquo GSDM Vakinankaratra (MANITATRA II)Entiteacute de validation Comiteacute de lecture les membres du GSDM GSDM Copyrigth septembre2020

Site WebFacebook YoutubeRoute drsquoAmbohipo

Lot VA 26 Y AmbatorokaBP 6039 Ambanidia Antananarivo 101 Madagascar

Teacutel (+261) 20 22 276 27

CALENDRIER DIVERS CONTACTS

Site WebFacebook

Teacutel (261 20) 22 200 46 agrave 48Fax (261 20) 22 347 94

afdantananarivoafdfr

23 rue RazanakombanaAmbohijatovo BP 557

AntananarivoMADAGASCAR

Pour de plus amples informations etou pour toutes ameacuteliorations contacter nous au

Ce journal a eacuteteacute financeacute au deacutepart par lrsquoAFD (projet PAPAM) et par le COMESAUE (projet MANITATRA 2) agrave partir de leacutedition Ndeg8

Les membres du GSDM

Direacutecteur Exeacutecutif gsdmdemoovmgResponsable communication razakamireilleyahoofr

Evegravenements

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

- Mission de suivi Alaotra - Mission de suivi Sud-Est- Mission drsquoevaluation et bilan de campagne ATASEF - Formation des techniciens des ONGencadreacutes par ECO-CONSULT - GIZProSol

- Preacutesentation officielle du film drsquoanimation 3D Ny Fambolena maharitraho anny taranaka mifandimby- Atelier bilan eacutecole Manitatra II- Expertise OSDRM dans la Diana

Directeur de publication RAKOTONDRAMANANA DL imprimeur Ndeg - Editeacute en 140 exemplaires

Facebook Site Web

- Atelier recherche et deacuteveloppement - Emission FIVOHY sur la RNM tous les 3egraveme samedis du mois de 08h15 agrave 08h30 du matin

- Campagne culturale grande saison- Journeacutees Agro-eacutecologiques du Sud-Est

Open library

  • Signet 1
Page 9: Edito - gsdm-mg.org

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

9

Trimestrielle - Edition N

deg 10

LrsquoAGRO-ECOLOGIE AU NIVEAU NATIONAL

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Intensification des techniques agro-eacutecologiques et de restauration de la fertiliteacute de sol par lrsquoapproche terroir dans les reacutegions Anosy

et Atsimo Atsinanana

Jocelyn RAVELOSON Angola RANDRIANANTOANDRO - WHH Madagascar

laquo Un monde dans lequel tous les peuples peuvent exercer leur droit agrave mener une vie autodeacutetermineacutee dans la digniteacute et la justice agrave labri de la faim et de la pauvreteacute raquo telle est la vision globale de Welthungerhilfe (WHH) La reacutealisation de cet objectif deacutepend neacuteanmoins des facteurs environnementaux favorables dont la disponibiliteacute des moyens de production adeacutequats et leur accessibiliteacute par chaque meacutenage

Dans les Reacutegions Anosy et Atsimo Atsinanana notamment des districts de Taolagnaro Vangaindrano Farafangana et Vondrozo WHH travaille en eacutetroite collaboration avec des ONG nationales telles que Action Intercoopeacuteration Madagascar (AIM) et FIANTSO Madagascar pour donner des appuis aux paysans dans la lutte contre la pauvreteacute agrave travers lrsquoameacutelioration du fonctionnement de leur systegraveme de production Il srsquoagit entre-autre des deux grands programmes de renforcement de la seacutecuriteacute alimentaire et nutritionnelle durable SILVER (Renforcement des revenus et des moyens drsquoexistence des meacutenages vulneacuterables dans le Sud-Est) et AFAFI Sud (Appui au Financement de lAgriculture et aux Filiegraveres Inclusives dans le Sud et Le Sud-Est de Madagascar) Ces programmes sont financeacutes respectivement par la Coopeacuteration Allemande (BMZ) et lrsquoUnion Europeacuteenne (UE) agrave hauteur totale de 8 689 109 EUR SILVER srsquoeacutetale de novembre 2019 agrave avril 2022 tandis que le programme AFAFI Sud de janvier 2020 jusqursquoen avril 2024 Le nombre de beacuteneacuteficiaires finaux est estimeacute agrave pregraves de 608 000 individus dont 60 hommes et 40 femmes

Lrsquoapproche terroir pour une meilleure concentration des efforts au niveau des beacuteneacuteficiaires cibleacutes

En matiegravere de vulgarisation agricole les interventions consistent agrave diffuser des techniques ameacutelioreacutees adapteacutees aux groupes cibles et agrave leurs

contraintes pour leur permettre drsquoaugmenter leurs revenus La diffusion du systegravemes de culture eacuteconomes en intrants face au faible pouvoir drsquoachat des paysans aussi bien pour les cultures pluviales sur pente qursquoau niveau des peacuterimegravetres irrigueacutes et au bas fond revalorisation des connaissances et savoir-faire des paysans en matiegravere de techniques agro-eacutecologiques pour un meilleure rendement en quantiteacute et qualiteacute de production appui cibleacute des femmes marieacutees et megraveres ceacutelibataires agrave lrsquoeacutelevage avicole pisciculture ou apiculture et enfin de deacuteveloppement de capaciteacutes drsquoinvestissement dans des activiteacutes geacuteneacuteratrices de revenus gracircce agrave lrsquoappui aux Associations Villageoises drsquoEpargne et de Creacutedit Auto-geacutereacutes (AVECA)

La mise en œuvre des activiteacutes au niveau de chaque site terroir preacutedeacutetermineacute se complegravete et est meneacutee systeacutematiquement de maniegravere participative en incluant les autoriteacutes locales lrsquoorganisation des producteurs les hommes femmes et jeunes agriculteurs La creacuteation de Centre drsquoAccueil des Enfants et des Megraveres (CAEM) par chef-lieu de fokontany contribue agrave lrsquoenseignement des megraveres voire des parents agrave faire le lien entre utilisation adeacutequate des produits agricoles seacutelectionneacutes pour lrsquoalimentation et lrsquoeacutepanouissement de la santeacute nutritionnelle de tous les membres du meacutenage Lrsquoaccompagnement des associations communautaires aux actions de reboisement mais aussi lrsquoameacutenagement de pistes rurales de points drsquoeau potable et de peacuterimegravetres agricoles assure la viabiliteacute des activiteacutes de production agricole Les opeacuterateurs eacuteconomiques de proximiteacute y sont aussi appeleacutes et soutenus pour le deacuteveloppement des filiegraveres de niche marquant chaque district et commune le gingembre le curcuma la cannelle le cafeacute la baie rose lrsquoapiculture la pisciculture etc

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

10

Trimestrielle - Edition N

deg 10

LrsquoAGRO-ECOLOGIE AU NIVEAU NATIONAL

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Accompagnement de la communauteacute agrave la restauration de la fertiliteacute du bassin versant

De faccedilon participative les eacutequipes drsquointervention deacutefinissent des reacutefeacuterentiels techniques pertinents susceptibles drsquoecirctre diffuseacutes aupregraves de la population cible sur la base du diagnostic foncier du site-terroir et de la typologie de leurs systegravemes drsquoexploitation Pour ce faire et pour assurer par la suite leur large diffusion il est preacutevu pour ces programmes de renforcer de faccedilon tregraves pratique et concregravete les paysans relais aux concepts agronomiques fondamentaux afin de compleacuteter leur savoir et expeacuteriences en matiegravere de fertiliteacute des sols lrsquoimportance de la matiegravere organique pour le sol et les plantes et le cycle des mineacuteraux Le champs-eacutecole constitue le moyen le plus efficace pour assurer lrsquoenseignement pratique et lrsquoattraction des intentions des masses paysannes Les techniciens organisent peacuteriodiquement

des eacutevegravenements drsquoeacutechanges laquo formaliseacutes raquo sous forme de visite de la parcelle par les producteurs villageois agrave des peacuteriodes et moments cleacutes de lrsquoitineacuteraire technique

Dans lrsquoobjectif de proteacuteger par la suite ces sols et garantir la conservation peacuterenne des bassins versants les deux programmes SILVER et AFAFI Sud accompagnent les Communes et le Service Technique Deacutecentraliseacute de lrsquoEnvironnement dans la planification participative du reboisement au niveau des terroirs Afin de rendre disponible les jeunes plants sur place des actions de diffusion aupregraves des villageois des techniques de confection de peacutepiniegraveres et des peacutepiniegravere eacutecole paysanne ndash au mecircme titre que les champs eacutecoles paysans ndash sont preacutevus pour les deux premiegraveres anneacutees de travaux

Formation des femmes sur les cultures maraichegraveres et lrsquoarboriculture fruitiegravere

Fabrice LHERITEAU Chef drsquoeacutequipe ProSol Boeny

Le projet global Prosol est un projet de la Coopeacuteration allemande commissionneacute dans

le cadre de lrsquoinitiative laquo Un seul monde sans faim raquo par le Ministegravere de la Coopeacuteration Economique et du deacuteveloppement allemand Il est mis en œuvre dans huit pays diffeacuterents dont Madagascar ougrave la reacutegion drsquointervention est Boeny

Dans la mise en œuvre des activiteacutes de protection et reacutehabilitation des sols dans la reacutegion Boeny le ProSol Madagascar place les communauteacutes de producteurs au cœur de son approche en insistant sur la valorisation des activiteacutes speacutecifiques aux femmes Le projet dispose mecircme drsquoun indicateur speacutecifique pour le comptage de ces reacutealisations au niveau des meacutenages orienteacute sur lrsquoameacutelioration des conditions de vie des femmes

Or dans la reacutegion Boeny au Nord-Ouest de Madagascar la seule activiteacute agricole qui peut ecirctre pratiqueacutee sur la plupart des terres durant la

saison segraveche qui commence vers le mois drsquoavril et finit en octobre est le maraichage Cette activiteacute est souvent pratiqueacutee par les femmes et est essentielle pour lrsquoeacuteconomie des meacutenages puisquen son absence les familles doivent se deacuteplacer pour trouver un emploi ou encore srsquoadonner agrave la fabrication de charbon de bois malheureusement sans toujours respecter les regravegles en vigueur pour proteacuteger lrsquoenvironnement

Par conseacutequent dans les communes drsquointerventions de ProSol les demandes eacutemanant des femmes mettent en avant des besoins en termes de renforcement de capaciteacute sur les activiteacutes de maraichage et de plantation drsquoarbre fruitier Pour reacutepondre agrave ce besoin ProSol a octroyeacute une formation sur les cultures maraichegraveres et lrsquoarboriculture fruitiegravere en collaboration avec CEFFEL Puis des formations en cascades ont eacuteteacute organiseacutees par les ONG partenaires de ProSol sur le terrain A lrsquoissue des seacuteries de formations

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

11

Trimestrielle - Edition N

deg 10

LrsquoAGRO-ECOLOGIE AU NIVEAU NATIONAL

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

373 femmes ont eacuteteacute formeacutees agrave la culture drsquoune large gamme de leacutegumes et ont pu obtenir agrave la fois des semences et quelques petits eacutequipements pour les aider agrave se lancer dans le maraichage ou se perfectionner Un manuel de formation pratique et adapteacutes aux communauteacutes agriculteurs sur la plantation des arbres fruitiers a eacutegalement eacuteteacute eacutelaboreacute pour ecirctre utiliseacute agrave large diffusion et reacutepandre encore davantage les bonnes pratiques

La principale innovation diffuseacutee lors de ces formations a eacuteteacute de proposer un large ensemble de traitements biologiques reacutealisables agrave partir des produits locaux Habituellement les paysans encourageacutes par les commerccedilants de produits phytosanitaires utilisaient les traitements chimiques Les effets sur lrsquoenvironnement et les sols eacutetaient tregraves neacutegatifs mais les meacutethodes traditionnelles eacutetant jugeacutees inefficaces les paysans faisaient le choix du pragmatisme

Mais apregraves la formation certaines femmes ont pu concevoir leurs propres remegravedes et obtenir des reacutesultats concluants en combinant diverses solutions Crsquoest le cas notamment de madame RAZAFINDRAFARA Mampiandra Marie megravere de famille drsquoune cinquantaine drsquoanneacutee de la commune drsquoAnkijabe qui fabrique du ady-gasy

pour proteacuteger les cultures et du compost agrave base de feuilles drsquoacacia de feuilles de neem et de bemaimbo pour les fertiliser Elle se montre tregraves satisfaite des reacutesultats obtenus et teacutemoigne

laquo Le reacutesultat est maintenant vraiment diffeacuterent de ce que jrsquoai obtenu auparavant Les leacutegumes agrave feuilles verdissent bien et elles ont une bonne taille Le fait de voir mes leacutegumes qui poussent bien me motive chaque jour agrave bien entretenir mes maraicircchages et en faire encore davantage Pour mon cas jrsquoai multiplieacute par trois la surface de mes terres pour le maraicircchage et elle comprend actuellement 30 plates-bandes raquo

Lrsquoagrandissement des parcelles de maraichage et la vente de la reacutecolte de carottes salade morelle et oignons sur le marcheacute pour de bons prix a eacutegalement permis agrave Mme RAZAFINDRAFARA de commencer une petite eacutepargne et de srsquoacheter un nouveau teacuteleacutephone

Le projet ProSol souhaite en collaboration avec ses partenaires poursuivre ses activiteacutes de formation sur le maraicircchage et lrsquoutilisation de compost par les paysans afin de promouvoir une source de revenu respectueuse des sols et contribuant agrave restaurer leur fertiliteacute Pour toutes informations compleacutementaires nrsquoheacutesitez pas agrave vous adresser agrave Tahiry Rarivonandrasana (TahiryRARIVONANDRASANAeco-consultcom)

Illustration Mme RAZAFINDRAFARA preacutepare

de lrsquoady gasy pour ses cultures

La recette du compost de Mme RAZAFINDRAFARA

laquo Pour preacuteparer le compost je meacutelange un volume de bouse de vache fraicircche avec deux volumes de feuilles drsquoacacia de feuilles de neem et de bemaimbo Les feuilles doivent ecirctre entrecoupeacutees et lrsquoensemble devra agrave peu pregraves avoir le tiers de la contenance drsquoun fut de 200 litres Il faut ajouter ensuite de lrsquoeau jusqursquoagrave ce que le fut soit plein La preacuteparation est agrave meacutelanger tous les 2 jours et le compost liquide peut ecirctre utiliseacute apregraves 7 jours de fermentation Jrsquoai apporteacute le compost liquide agrave mes maraicircchages une agrave deux fois par

semaine raquo

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

12

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Reacutesumeacute

La croissance deacutemographique affecte le secteur eacutelevage qui doit aujourdhui assurer le triple de la production en viande drsquoil y avait cinquante ans De plus les terres ceacutereacutealiegraveres destineacutees agrave

lalimentation animale ont diminueacute alors que la demande en produits dorigine animale na cesseacute daugmenter Pour y remeacutedier il savegravere indispensable de valoriser les ressources alimentaires non conventionnelles qui sont en abondance mais ne sont pas en compeacutetition avec lrsquoalimentation humaine Dans cette optique le FOFIFA-DRZVP a investi plusieurs anneacutees sur lrsquoexploitation de la graine de mucuna dans lalimentation animale Des analyses chimiques de la graine ont montreacute ses qualiteacutes nutritionnelles mais eacutegalement la preacutesence du L-dopamine qui est un facteur antinutritionnel Par ailleurs plusieurs traitements de cette graine ont eacuteteacute testeacutes pour diminuer la teneur en L-Dopamine sans pour autant affecter sa valeur nutritionnelle Des tests sur diffeacuterents types danimaux ont eacuteteacute effectueacutes pour deacuteterminer le traitement le plus efficient pour chaque animal le taux dincorporation du mucuna dans la ration et lefficaciteacute de son utilisation dans lalimentation animale Les reacutesultats ont montreacute que le mucuna est une alternative inteacuteressante pour ameacuteliorer la production animale tant sur le plan social que sur le plan eacuteconomique

Valorisation du mucuna pour lalimentation des animaux de rente agrave Madagascar

RAZAFINARIVO Tsirinirina Donnah RAKOTOMANANA Olga Rachel RAPATSALAHY SabineFOFIFA - DRZVP (Deacutepartement de recherches Zootechniques Veacuteteacuterinaires et Piscicoles )

Introduction

Ces six derniegraveres deacutecennies la consommation globale de viande nrsquoa cesseacute drsquoaugmenter Elle a mecircme tripleacute en un demi-siegravecle En 2018 elle a atteint les 342 millions de tonnes (FAO) Cette tendance est tregraves marqueacutee dans les pays en deacuteveloppement comme Madagascar car elle srsquoest accrue de plus de 5 durant ces derniegraveres deacutecennies et devrait augmenter de 14 an agrave travers le monde jusqursquoen 2030 (FAO 2014) Les raisons principales en sont la forte croissance deacutemographique lurbanisation et leacuteleacutevation du niveau de vie Selon toujours le FAO (2011) la consommation en viande de volailles sera multiplieacutee de 23 en 2050 contre 14 agrave 18 pour les autres produits animaux Ceci neacutecessite 27 millions de tonnes drsquoaliments suppleacutementaires et 24 millions drsquohectares de terres ceacutereacutealiegraveres additionnelles agrave moins que la proportion de sous-produits et de ressources alimentaires non conventionnelles augmente substantiellement Dans cette optique le laboratoire de nutrition animale du FOFIFA-DRZVP srsquoest investi depuis plusieurs anneacutees sur la valorisation des ressources

non conventionnelles pour lrsquoalimentation animale Ainsi depuis 2012 la graine de mucuna a eacuteteacute valoriseacutee pour lrsquoalimentation des porcs agrave Madagascar dans le cadre drsquoun partenariat entre le FOFIFA et le GSDM Cette valorisation du mucuna srsquoest eacutelargie sur drsquoautres animaux de rente telle effectueacutee dans le partenariat entre le GRET lAVSF et le FOFIFA dans le cadre du projet HOBA ASARA Cet article reacutesume six anneacutees de recherches sur la valorisation du mucuna pour lrsquoalimentation animale agrave Madagascar

Contexte

Le pois mascate (Mucuna pruriens ou Dolichos pruriens) est une plante annuelle quon retrouve dans les reacutegions tropicales de lInde et de lAfrique (Figure 1) Le mucuna est surtout connu pour ses vertus en meacutedecine (plante revitalisante et aphrodisiaque action sur la production de testosteacuterone de dopamine etc)

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

13

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Derniegraverement ses inteacuterecircts en agronomie sur lrsquoameacutelioration du rendement du riz pluvial sur reacutesidus de maiumls + mucuna et ceux du maiumls en association avec le mucuna ont eacuteteacute publieacutes par le GSDM Ces rendements repreacutesentent 3 agrave 4 fois les rendements obtenus sur labour en sol nu (sans couvert veacutegeacutetal) avec les mecircmes doses de fertilisation (GSDM 2020) Cette capaciteacute des systegravemes agrave base de mucuna sur le rendement en plus de ses effets contre les mauvaises herbes et contre les insectes observeacutee sur plusieurs anneacutees justifie sa large diffusion actuelle chez les paysans De plus contrairement aux autres leacutegumineuses comme le nieacutebeacute (Vigna unguculata) le haricot le soja ou le Vigna umbellata (tsiasisa) le mucuna nrsquoest pas attaqueacute par les chenilles (Helicoverpa armigera) ou les chenilles leacutegionnaires drsquoautomne (Spodoptera frugiperda) (RAKOTONDRAMANA et al 2018) Ainsi suite agrave des anneacutees de production les graines de mucuna issue de ce systegraveme deviennent de plus en plus nombreuses Par ailleurs il srsquoavegravere judicieux de les valoriser dans lrsquoalimentation animale En tant que leacutegumineuse les graines de mucuna sont relativement riches en proteacuteine (composant le plus couteux dans la formulation alimentaire

des animaux) Cette pratique est lrsquoune des bases de lrsquointeacutegration agriculture-eacutelevage (IAE) agrave lrsquoeacutechelle de lrsquoexploitation sur lrsquointensification de la production par la valorisation des produits et reacutesidus pour lrsquoeacutelaboration de rations eacutequilibreacutees aux animaux (Lhoste 2008)

Figure 1 Les varieacuteteacutes de mucuna agrave Madagascar

Analyses en laboratoire

Pour pouvoir utiliser le mucuna dans lalimentation animale il est primordial de deacuteterminer ses valeurs nutritionnelles Ainsi les reacutesultats danalyses ont confirmeacute sa richesse en proteacuteine Cependant malgreacute un taux inteacuteressant en proteacuteine sa valeur biologique est reacuteduite par la preacutesence de la L-Dopa (34- dihydroxyphenylalanine qui est un acide amineacute non proteacuteique) qui est une substance anti-nutritionnelle preacutesente dans la graine de mucuna La L-Dopa est une moleacutecule thermolabile et hydrosoluble Ainsi des hypothegraveses ont eacuteteacute apporteacutees sur les possibiliteacutes de reacuteduire la teneur en L-Dopa dans la graine sans pour autant reacuteduire la teneur en proteacuteine qui est deacutenatureacutee par la chaleur Par ailleurs plusieurs traitements et combinaison de traitements ont eacuteteacute testeacutes (Figure 2) Ces traitements sont suivis drsquoanalyses nutritionnelle et toxicologique (Tableau 1) afin drsquoeacutevaluer le traitement le plus efficient cest-agrave-dire le moins toxique et ayant une valeur nutritionnelle inteacuteressante

Mucuna pruriens utilis jaune

Mucuna pruriens utilis noir

Mucuna pruriens yardghana

Mucuna pruriens IRZ

Mucuna pruriens rajada Mucuna pruriens Mucuna pruriens

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

14

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

MB T1 T2 T3 E1 E2 TE D1 D2 D3 TBic MTMatiegravere Segraveche () 938 949 952 959 945 944 984 828 995 991 939 946Matiegravere Mineacuterale () 35 415 38 40 42 39 41 27 27 19 41 44Cendre Insoluble () 01 01 01 00 01 01 01 01 01 01 01 01Calcium () 04 05 05 04 02 03 02 012 02 156 03 015Phosphore () 07 08 07 07 08 07 08 109 07 052 07 097Proteacuteine Brute () 263 242 235 226 257 238 214 270 217 248 242 243Matiegravere Grasse () 42 44 42 45 50 42 48 - 50 62 52 30L-dopa () 66 595 523 291 315 202 22 - 079 075 296 -

bull Mucuna non traiteacute (MB)bull Mucuna traiteacute trempage (T1 24h T2 48h et T3 72h)bull Mucuna traiteacute par eacutebullition (sur diffeacuterents temps drsquoeacutebullition E1 30min et E2 60min)bull Mucuna traiteacute par trempage suivi drsquoeacutebullition (TE)bull Mucuna deacutepelliculeacute (sur diffeacuterents temps de trempage D1 24h D2 48h et D3 72h) bull Mucuna traiteacute par eacutebullition dans une solution contenant 02 de bicarbonate (TBic)bull Mucuna traiteacute par torreacutefaction (MT)

Figure 2 Traitements du Mucuna

Expeacuterimentations en milieu controcircleacute

Des formulations alimentaires (Provende) agrave base de mucuna ont eacuteteacute effectueacutees puis testeacutees sur des animaux en milieu controcircleacute dans la station de recherche du FOFIFA agrave Kianjasoa Il srsquoagit de comparer les performances zootechniques des porcs et des volailles nourris avec des rations contenant un pourcentage deacutetermineacute de mucuna sur un traitement deacutetermineacute contre des lots teacutemoins de ces mecircmes animaux mais alimenteacutes avec des rations agrave 0 mucuna

RECHERCHES

Tableau 1 Valeurs nutritionnelles et teneur en L-Dopa du mucuna suivant diffeacuterents traitements (en pourcentage de la matiegravere segraveche)

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

15

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Expeacuterimentation sur les porcelets

Les expeacuterimentations ont eacuteteacute reacutealiseacutees sur diffeacuterents taux drsquoincorporation de mucuna (5 10 20 et 40) mais les gains de poids consideacutereacutes comme plus efficaces sont ceux enregistreacutes agrave une incorporation de 20 Par ailleurs le test sur animaux sur trois lots de porcelets recevant respectivement une ration agrave 0 de mucuna 20 mucuna torreacutefieacute et 20 de mucuna traiteacutee par le bicarbonate a eacuteteacute effectueacute Apregraves un mois et demi dexpeacuterimentation sans compter la peacuteriode dadaptation Le Gain moyen quotidien (GMQ) du lot teacutemoin est de 305 g contre 355g pour le lot recevant 20 de mucuna torreacutefieacute et 319 g pour le lot recevant 20 de mucuna traiteacutee au bicarbonate (Figure 3)

Figure 3 Gain moyen quotidien (en gramme) durant 45 jours de 3 lots de porcelets recevant une provende agrave base de mucuna

Ces expeacuterimentations nous montrent que les graines de mucuna peuvent bien ecirctre utiliseacutees dans lrsquoalimentation des porcs malgreacute la preacutesence de la L-Dopa qui nrsquoest pas totalement eacutelimineacutee par les traitements thermiques etou chimiques La comparaison drsquoune ration iso-proteacuteique et iso-eacutenergeacutetique du mucuna traiteacute au bicarbonate nrsquoa montreacute aucune diffeacuterence significative par rapport agrave une ration normale Par ailleurs le traitement par torreacutefaction est consideacutereacute comme efficace pour la ration des porcs La libeacuteration dacide gras durant la torreacutefaction ameacuteliore la palatabiliteacute de la ration et a un effet beacuteneacutefique sur lrsquoindice de conversion alimentaire

Expeacuterimentations sur les volailles

Les volailles repreacutesentent une source preacutecieuse de proteacuteines animales drsquoune grande valeur biologique Son eacutelevage se fait partout dans le monde dans des conditions tregraves variables Mais lrsquoobjectif principal est toujours drsquoavoir une production maximum agrave un coucirct minimum tout en eacutevitant les risques Par ailleurs la compleacutementation des aliments de volailles par le mucuna a eacuteteacute entreprise pour ameacuteliorer la productiviteacute (viande et œufs) Cette ameacutelioration a eacuteteacute entreprise sur les diffeacuterentes races existantes agrave Madagascar poulets de chair poule pondeuse et poulet de races locales Ainsi plusieurs lots de volailles recevant diffeacuterents taux drsquoincorporation de mucuna ont eacuteteacute compareacutes

Pour les poulets de chair quarante poussins de chair vaccineacutes et deacuteparasiteacutes ont eacuteteacute subdiviseacutes en 4 lots de 10 poussins 3 lots recevant respectivement un aliment incorporeacute de 0 10 et 20 de mucuna traiteacute par le bicarbonate 02 et le 4egraveme lot recevant du mucuna traiteacute par le proceacutedeacute D1 agrave 10 Au cours des 45 jours drsquoexpeacuterimentations des peseacutes hebdomadaires ont permis de suivre les performances de croissances de chaque poulet

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

16

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Figure 4 Poids des poulets de chair (en gramme) apregraves 45 jours drsquoexpeacuterimentations

En geacuteneacuteral lrsquoaugmentation du taux drsquoincorporation du mucuna dans la ration affecte la productiviteacute moyenne des poulets de chair qui est inversement proportionnelle agrave ce dernier Les poids finaux sont respectivement 1300g 1100g et 850g pour les 3 lots agrave 0 10 et 20 de Mucuna Il est eacutevident que malgreacute le taux inteacuteressant en proteacuteine et dacide amineacute dans le mucuna sa valeur biologique est reacuteduite par la preacutesence de la L-Dopa et cela affecte consideacuterablement la productiviteacute des poulets de chair Par contre lrsquoincorporation agrave 10 de mucuna deacutepelliculeacute dans la ration des poulets de chair ne preacutesente aucune diffeacuterence significative aux reacutesultats obtenus par la ration agrave 0 de mucuna (Figure 4) Par ailleurs il est donc indispensable de deacutepelliculer le mucuna avant de lintroduire dans la ration des poulets de chair

Pour les poules pondeuses

Trente poulettes precirctes agrave pondre (45 mois) de race Hulyn sp (Figure 6) ont eacuteteacute choisies pour mener lexpeacuterimentation Trois lots de 10 poulettes ont eacuteteacute formeacutes pour recevoir une ration contenant respectivement 0 10 et 20 de Mucuna traiteacutes par le Bicarbonate 02 Ce mecircme dispositif a eacuteteacute utiliseacute pour le test avec le mucuna deacutepelliculeacute Dans cette cateacutegorie le produit principal est lrsquoœuf drsquoougrave notre paramegravetre eacutetudieacute est le taux de ponte ainsi que le calibre des œufs

Figure 5 Performance zootechnique des poules pondeuses

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

17

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Lrsquoenregistrement des donneacutees journaliegraveres de ponte indique qursquoil nrsquoy a pas de diffeacuterences significatives entre les taux de ponte des poulettes recevant 0 et 10 de mucuna Par contre les poulettes nourries avec du mucuna agrave 20 nrsquoont jamais atteint un taux de ponte de 100 ceci pour dire que la teneur eacuteleveacutee en mucuna dans la ration affecte la ponte (Figure 5) Il est donc recommandeacute de ne pas deacutepasser les 10 dincorporation de mucuna dans la ration des poules pondeuses Pour les poules pondeuses nourris avec le mucuna deacutepelliculeacute les reacutesultats enregistreacutes nont pas de diffeacuterence significative avec ceux obtenus par le traitement preacuteceacutedant Par ailleurs nous pouvons opter pour le traitement avec le bicarbonate car ce traitement est moins couteux en termes de travail de temps ainsi que de faciliteacute de preacuteparation Cependant en ce qui concerne la taille des œufs les calibres des œufs des poules alimenteacutes avec une ration agrave 10 de mucuna deacutepelliculeacute sont leacutegegraverement supeacuterieurs agrave ceux des poules nourries avec du mucuna bicarbonateacute 10 (Figure 5) ainsi que ceux du lot teacutemoins agrave 0 Nous pouvons donc tirer une conclusion que le mucuna a un leacuteger effet positif sur les performances des poules pondeuses Le taux dincorporation (infeacuterieur agrave 10) et le traitement (deacutepelliculage) jouent un rocircle important

Figure 6 Introduction du mucuna dans la ration des poules pondeuses

Pour les poulets de races locales (akoho gasy)

Six lots de 20 tecirctes ont eacuteteacute constitueacutes pour recevoir une ration contenant respectivement 0 15 et de 30 de mucuna bicarbonateacute et 0 15 et de 30 de mucuna torreacutefieacute Des traitements sanitaires ont eacuteteacute effectueacutes au preacutealable tels que les vaccinations et les deacuteparasitages Ensuite les performances zootechniques (Poids) ont eacuteteacute mesureacutees toutes les semaines afin de calculer les gains de poids moyens quotidiens (GMQ) Leacutevolution du poids des poulets de races locales Akoho gasy durant 3 mois sur les 6 lots recevant des rations diffeacuterentes agrave base de mucuna nous indiquent quil ny a pas de diffeacuterence significative entre chaque lot Cependant nous pouvons constater que les poulets de races locales peuvent tregraves bien supporter une incorporation de mucuna jusquagrave 30 Pailleurs une vulgarisation de ces reacutesultats en milieu reacuteel au niveau des paysans a eacuteteacute effectueacutee Pour cela deux groupes deacuteleveurs de poulets de race locale ont eacuteteacute seacutelectionneacutes pour tester leur appreacuteciation sur ces deux types de traitement (bicarbonateacute et deacutepelliculeacute) agrave 30 de mucuna

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

18

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Figure 7 Comparaison en milieu reacuteel des performances des poulets de race locale alimenteacute au Mucuna

bull MT1 Mucuna cuit avec du Bicarbonate bull MT2 Mucuna torreacutefieacute bull SM Ration sans mucuna

Apregraves trois mois deacutevaluation coupleacutee de visites de pesage hebdomadaire Il a eacuteteacute constateacute que le gain de poids des poulets nourris par le mucuna bicarbonateacute est plus eacuteleveacute que ceux nourris avec le mucuna torreacutefieacute (Figure 7) Malheureusement face au travail que demande le traitement par le bicarbonate aucun des eacuteleveurs na adopteacute ce traitement apregraves lexpeacuterimentation Selon ces eacuteleveurs la diffeacuterence entre les performances est moindre alors que le traitement au bicarbonate demande beaucoup de travail

Conclusion

Agrave Madagascar le mucuna est principalement cultiveacutee pour ses qualiteacutes dameacutelioration du sol en tant que plante de couverture Cette eacutetude a permis de mettre en eacutevidence la possibiliteacute de lincorporer dans lalimentation des animaux de rente Cependant des traitements preacutealables de la graine doivent ecirctre effectueacutes pour pouvoir le valoriser dans lalimentation animale Ces traitements doivent ecirctre accoupleacutes au taux dincorporation adeacutequate pour que ce dernier ne puisse preacutesenter drsquoeffets neacutegatifs sur la croissance des animaux ni sur lrsquoappeacutetibiliteacute des aliments Les graines de mucuna repreacutesentent donc une opportuniteacute pour les petits producteurs agrave Madagascar Ceci permet drsquoatteindre des objectifs de production eacuteconomiquement inteacuteressants dans le cas drsquoun eacutelevage ameacutelioreacute Au vu de ces reacutesultats lrsquoutilisation des ressources non conventionnelles locales parfois en abondance et nrsquoentrant pas en compeacutetition avec lrsquoalimentation humaine est une alternative inteacuteressante pour ameacuteliorer la production animale Par ailleurs il permet ainsi de reacuteduire consideacuterablement les deacutepenses en eacutelevage constitueacutees en grande partie par le coucirct des aliments

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

19

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

bull bull bull bull bull bull

Utilisation des fumures organiques et des engrais dans les strateacutegies de gestion de la fertiliteacute des sols des exploitations agricoles du Moyen-Ouest de la reacutegion

Vakinankaratra et de la zone Est de la reacutegion drsquoItasy Madagascar

RAZAFIMAHATRATRA Hanitriniaina Mamy (FOFIFA) BEacuteLIEgraveRES Jean-Franccedilois (CIRADART-Dev et FOFIFA) RAHARIMALALA Sitrakiniaina (FOFIFAESSA) RANDRIAMIHARY FETRA SAROBIDY Eddy Josephson (FOFIFAESSA) AUTFRAY Patrice

(CIRADAIDA) RAZANAKOTO Onjaherilanto Rakotovao (ESSA) RAHARISON Tahina Solofoniaina (GSDMMontpellier SupAgro)

Introduction

Dans chacun des numeacuteros 8 et 9 du Journal de lrsquoAgroeacutecologie un article preacutesentait

des reacutesultats sur les pratiques de gestion de la fertiliteacute des sols des exploitations agricoles familiales (EAF) obtenus dans le cadre du projet de recherche SECuRE (Soil ECological function REstoration to enhance agrosystem services in rainfed rice cropping systems in agroecological transition) financeacute par la fondation Agropolis Le premier traitait de la diversiteacute et de lrsquoimportance des pratiques dans les EAF le second preacutesentait les quantiteacutes et la qualiteacute des fumures organiques disponibles en lien avec les pratiques de production et drsquoeacutechanges Ce troisiegraveme article est consacreacute agrave lrsquoutilisation des fumures organiques et des engrais acheteacutes une maniegravere de caracteacuteriser en partie tout au moins les strateacutegies de gestion de la fertiliteacute des sols deacuteveloppeacutees par les EAF

bull Parmi les nombreuses pratiques pour une gestion inteacutegreacutee de la fertiliteacute des sols (Sanginga et Woomer 2009 Liniger et al

2011) lrsquoutilisation de fumure organique et drsquoengrais occupe une place preacutepondeacuterante car les effets agrave court et moyen termes sur la productiviteacute des cultures sont importants Lrsquoanalyse des donneacutees collecteacutees1 dans le cadre de Secure permet de caracteacuteriser les pratiques drsquoutilisation de ces intrants (et drsquoune maniegravere plus large de lrsquoensemble des intrants) notamment par rapport aux cultures pratiqueacutees et aux superficies cultiveacutees annuellement Lrsquoarticle est structureacute en trois parties la premiegravere concerne lrsquoacquisition de fertilisants suppleacutementaires avec les engrais commerciaux et les cendres la seconde preacutesente les pratiques quantifieacutees drsquoutilisation de la fertilisation disponible (fumure organique locale cendres et engrais commerciaux) en fonction des cultures enfin la derniegravere partie conclue avec quelques recommandations pour le deacuteveloppement

1 Ces reacutesultats ont eacuteteacute obtenus avec un eacutechantillon drsquoEAF localiseacutees dans le Moyen-Ouest de la reacutegion Vakinankaratra et dans la zone Est de la reacutegion Itasy Pour plus drsquoinformations le lecteur est inviteacute agrave se reporter au ndeg8 de JAE ou sur le site du projet (httpswwwsecuremgle-projet-secure) Il faut rappeler que les reacutesultats sont repreacutesentatifs des fokontany dans les zones drsquoeacutetude car lrsquoeacutechantillonnage des EAF a eacuteteacute fait par tirage au sort

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

20

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

1 Les achats drsquoengrais commerciauxsup2et de cendres

Malgreacute les politiques mises en œuvre depuis des deacutecennies1 les EAF achegravetent peu drsquoengrais chimiques Pour lrsquoensemble de Madagascar au cours des 20 derniegraveres anneacutees la quantiteacute moyenne utiliseacutee varie entre 2 et 6 kg par hectare cultiveacute et par an2

11 Quantiteacutes acheteacutees drsquoengrais commerciaux par EAF et par hectare SAU

Les EAF ont des comportements diffeacuterents selon les zones (tableau 1)

A Mandoto un peu moins drsquoune EAF sur 2 (45) achegravete de lrsquoengrais en faible quantiteacute avec en moyenne 14 kg par an pour un montant moyen de moins de 30 000 Ar Rameneacute agrave lrsquoensemble des EAF de la zone la quantiteacute moyenne acheteacutee est de lrsquoordre de 6 kg par EAF et par an Et quand on ramegravene ces achats drsquoengrais agrave la surface agricole utile (SAU) disponible par EAF on a des valeurs moyennes eacutequivalentes (14 et 6 kgha SAU)

Dans la zone drsquoArivonimamo la consommation drsquoengrais est plus importante 88 des EAF en achegravetent une quantiteacute moyenne de presque 28 kg pour un peu plus de 60 000 Ar ce qui rameneacute agrave lrsquoensemble des EAF fait une moyenne geacuteneacuterale de presque 25 kgEAF Comme la SAU moyenne par EAF est faible les quantiteacutes drsquoengrais disponibles sont de plus de 35 kgha pour les EAF qui en achegravetent et de presque 31 kgha pour lrsquoensemble des EAF

La variabiliteacute est tregraves forte agrave Mandoto et moindre dans la zone drsquoArivonimamo (tableau 1)

Tableau 1 Part des EAF qui achegravetent de lrsquoengrais et quantiteacutes acheteacutees

Mandoto ArivonimamoMoyenne CV Moyenne CV

des EAF qui achegravetent 45 88

Pour les EAF qui achegravetent

Quantiteacute en kgEAF 143 155 279 112

Valeur achat en ArEAF 27 884 153 61 058 117

Quantiteacute par SAU en kgha 140 195 352 101

Pour Quantiteacute en kgEAF 64 257 245 125

Pour lensemble des EAF

Valeur achat en ArEAF 12 490 254 53 707 131

Quantiteacute par SAU en kgha 63 312 309 114

1 On peut simplement rappeler la laquo strateacutegie nationale pour le deacuteveloppement de lrsquoutilisation de lrsquoengrais raquo MAEP 20062 Source httpsdatabankbanquemondialeorghome Ce que Pierre-Bernard et al traduisaient ainsi en 2007 laquo engrais un produit cher et peu utiliseacute raquo agrave Madagascar

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

21

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

On peut srsquoeacutetonner de la faible variation entre la quantiteacute moyenne par EAF et la quantiteacute par SAU agrave Mandoto sachant que dans cette zone la superficie SAU moyenne est de lrsquoordre de 15 ha (voir tableau 2) Ceci provient du fait que les moyennes sont calculeacutees pour les EAF et ne sont pas pondeacutereacutees par les superficies Quand on pondegravere par la superficie la quantiteacute moyenne par hectare SAU pour lrsquoensemble des EAF de Mandoto diminue et passe de 63 agrave 43 kg par hectare On constate la mecircme chose agrave Arivo-nimamo avec la quantiteacute moyenne par hectare SAU qui passe de 309 agrave 271 kgha Ceci signifie que ce ne sont pas les plus grandes EAF (celles qui ont le plus de SAU) qui achegravetent le plus drsquoengrais chimiques Le coefficient de correacutelation entre superficie SAU par EAF et quantiteacute acheteacutee drsquoengrais par hectare est significatif agrave 001 et neacutegatif mais drsquoune valeur faible (-02)

Figure 1 Nuage de point entre SAU par EAF et quantiteacute drsquoengrais par ha de SAU

La Figure 1 ci-contre illustre cela avec les quantiteacutes par hectare SAU (axe vertical) les plus eacuteleveacutees qui correspondent agrave des SAU (axe horizontal) faibles (infeacuterieures agrave 2 hectares) Les EAF de grandes taille (gt2 ha) achegravetent peu drsquoengrais chimiques et en quantiteacute relativement faible par rapport agrave la SAU dont elles disposent On verra plus loin que ce sont des strateacutegies diffeacuterentes de mise en culture (systegraveme de culture) qui expliquent cette situationOn rappellera que 60 des EAF agrave Mandoto et 88 agrave Arivonimamo eacutechangent (achegravetent vendent ou troquent) de la fumure organique (voir JAE ndeg9) et que les pourcentages sont respectivement de 30 et 74 pour les EAF qui achegravetent de la FO Ainsi quand on prend en compte tous les types de fertilisants une

grande majoriteacute des EAF a recours au marcheacute pour acqueacuterir des matiegraveres fertilisantes et geacuterer la fertiliteacute de leurs sols

Enfin par rapport agrave lrsquoutilisation de produits phytosanitaires on observe deux situations diffeacuterentes agrave Mandoto la proportion des EAF qui achegravetent des produits phytosanitaires est de 63 et donc supeacuterieure agrave celles qui achegravetent des engrais commerciaux (45) alors qursquoagrave Arivonimamo dans notre eacutechantillon 75 des EAF utilisent des produits phytosanitaires alors que 88 achegravetent des engrais

12 Types drsquoengrais commerciaux acheteacutes

Les engrais acheteacutes sont essentiellement de type NPK (le plus courant est composeacute de 11 N 22 P2O5 16 K2O) et de lrsquoureacutee (46) ces deux types repreacutesentent en cumuleacute plus de 95 des quantiteacutes agrave Mandoto et 77 agrave Arivonimamo ougrave lrsquoon observe une plus grande diversiteacute (figure 2) en rapport avec une plus grande consommation et aussi drsquoune offre plus importante avec la proximiteacute de la capitale

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

22

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Figure 2 Types dengrais acheteacutes en des quantiteacutes totales

A Arivonimamo le Blaukorn (nom commercial) est bien repreacutesenteacute avec plus de 16 des quantiteacutes Crsquoest un engrais composeacute (NPK) avec drsquoautres eacuteleacutements (magneacutesium soufre bore zinc) laquo agrave action rapide qui assure un effet-starter important raquo notamment sur les cultures maraichegraveres Le DAP (18 N 46 P2O5) est eacutegalement repreacutesenteacute avec 6 des quantiteacutes Les autres produits comme la dolomie (amendement calcaire) et le guano de chauvesouris (Guanomad) riche en phosphates naturels sont tregraves faiblement repreacutesenteacutes (mecircme si Guanomad repreacutesente tout de mecircme un peu plus de 3 dans la zone de Mandoto)

Les prix moyens drsquoachat deacuteclareacutes par les producteurs et pondeacutereacutes par les quantiteacutes diffegraverent peu entre les deux zones (contrairement aux prix de la fumure organique qui sont tregraves diffeacuterents voir JAE ndeg9) Les prix moyens (pour la plupart prix de 2016) sont de 2 100 Arkg pour NPK 1 900 Arkg pour lrsquoureacutee 2 400 Arkg pour le DAP 3 100 Arkg pour le Blaukorn et 1100 Akkg pour le Guanomad

En moyenne une EAF a acheteacute au cours de lrsquoanneacutee pour 12 500 Ar drsquoengrais agrave Mandoto et 54 000 Ar drsquoengrais agrave Arivonimamo Ces montants indiquent un recours tregraves limiteacute aux engrais commerciaux dans les strateacutegies de gestion de la fertiliteacute

13 Le cas particulier des cendres

Les cendres peuvent ecirctre consideacutereacutees comme un engrais ou comme un amendement Elles sont utiliseacutees depuis le deacutebut de lrsquoagriculture pour enrichir les terres cultiveacutees en sels mineacuteraux notamment en potasse et oligo-eacuteleacutements (Poirier et Nuninger 2012) Elles ont un pouvoir alcalinisant et augmentent le pH du sol Elles peuvent ecirctre inteacutegreacutees aux composts ou aux fumiers (voir JAE ndeg9) ou utiliseacutees seules en apport localiseacute ou eacutepandues sur le champ Cette sous partie traite des cendres utiliseacutees directement sur les parcelles

Si la pratique est rare agrave Mandoto (2 des EAF) elle est reacutepandue agrave Arivonimamo ougrave ce sont 19 des EAF qui eacutepandent des cendres acheteacutees Celles-ci proviennent pour lrsquoessentiel des balles de riz utiliseacutees comme eacutenergie pour la fabrication des briques Crsquoest donc le sous-produit drsquoun autre sous-produit agricole (la balle de riz)

Lrsquoeacutevaluation des quantiteacutes en kilogramme est tregraves approximative les producteurs ne connaissant pas les eacutequivalences Les EAF qui eacutepandent directement les cendres ont estimeacute avoir utiliseacute lrsquoanneacutee de lrsquoenquecircte en moyenne environ 250 kgEAF ce qui repreacutesente rameneacute agrave lrsquoensemble des EAF environ 4 kgEAF agrave Mandoto et un peu moins de 50 kg par EAF agrave Arivonimamo

Si les quantiteacutes semblent conseacutequentes (presque le double des quantiteacutes drsquoengrais) la valeur moneacutetaire de ces cendres est faible avec un prix moyen estimeacute entre 30 et 35 Arkilogramme Ainsi les cendres utiliseacutees directement par les EAF sur les cultures repreacutesenteraient une valeur de 8 000 agrave 9 000 Ar pour les EAF qui ont cette pratique et rameneacutees agrave lrsquoensemble des EAF des zones concerneacutees agrave moins de 200 Ar agrave Mandoto et de lrsquoordre de 1 600 Ar agrave Arivonimamo

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

23

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Lrsquoutilisation des cendres directement sur la parcelle sans passer par le compost ou le fumier est une pratique assez courante dans la zone de Arivonimamo Elle participe au recyclage de certains sous-produits et en particulier de la balle de riz utiliseacutee comme combustible pour la fabrication des briques En plus de lrsquoapport en eacuteleacutements fertilisants les cendres ont drsquoautres proprieacuteteacutes selon certains producteurs qui les utilisent dans la lutte contre les ravageurs et les maladies

2 Utilisation de la fumure organique et des engrais commerciaux

Lrsquoenquecircte a permis de collecter les informations neacutecessaires pour reconstituer lrsquoitineacuteraire technique et le budget de culture pour toutes les parcelles cultiveacutees au cours de lrsquoanneacutee agricole enquecircteacutee (201617) soit trois saisons de culture grande saison 201617 saison intermeacutediaire 2017 contre saison 2017 (soit de novembre 2016 agrave octobre 2017) Ainsi les quantiteacutes et la valeur des intrants utiliseacutes pour la fertilisation sont connues par culture et par saison

21 Fertilisation disponible et superficies fertiliseacutees

Le tableau 2 reacutecapitule des quantiteacutes moyennes de matiegraveres fertilisantes disponibles par EAF en additionnant les quantiteacutes de fumure organique (voir JAE ndeg9) et les engrais commerciaux acheteacutes Les EAF de la zone drsquoArivonimamo produisent plus de FO et achegravetent plus drsquoengrais que celles de la zone de Mandoto et en final la disponibiliteacute moyenne en kilogramme est nettement supeacuterieure Rameneacutes agrave la SAU les eacutecarts entre les deux zones augmentent puisque la taille moyenne des EAF de Mandoto est plus grande la quantiteacute disponible par ha SAU va du simple au double

Tableau 2 Quantiteacutes moyennes de fertilisants disponibles par EAF (en kg)

Types de fertilisants Mandoto ArivonimamoFumier 1 676 2 573Compost et autre 458 324Engrais acheteacutes 6 25Cendres acheteacutees 4 48Total (kg) 2 144 2 969SAU (ha) 148 091KgSAU 1 448 3 279S Cultiveacutee en ha 138 113Kg S cultiveacutee 1 558 2 627

apregraves le riz et pour lesquelles la capitale nationale assure des deacuteboucheacutes A Mandoto ce taux de mise en valeur nrsquoest que de 93 avec tregraves peu de cultures maraichegraveres et une part un peu plus importante de jachegraveres avec 11 de la SAU ce qui ne signifie pas qursquoil nrsquoy a pas de jachegravere agrave Arivonimamo ougrave elles repreacutesentent tout de mecircme 8 de la SAU crsquoest lrsquoimportance des cultures maraichegraveres qui impacte le plus le taux de mise en valeur

Il faut rappeler que ces moyennes cachent une grande variabiliteacute Celle-ci a eacuteteacute traiteacutee dans le JAE ndeg9 pour la FO et ci-dessus pour les engrais Crsquoest pourquoi nous nrsquoy reviendrons pas ici la variabiliteacute sera analyseacutee seulement pour lrsquoutilisation

Mais quand on ramegravene ces quantiteacutes disponibles moyennes aux superficies cultiveacutees annuellement lrsquoeacutecart se reacuteduit car dans la zone drsquoArivonimamo les EAF intensifient lrsquoutilisation de la terre avec un taux de mise valeur de 125 (crsquoest-agrave-dire qursquoune parcelle est cultiveacutee une fois en totaliteacute au cours de lrsquoanneacutee agricole et que 25 de sa surface sont cultiveacutes une deuxiegraveme fois) Cette intensification est rendue possible notamment par les productions maraichegraveres que les producteurs cultivent en double culture

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

24

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

La question que lrsquoon peut se poser agrave ce stade est est-ce que ceux qui achegravetent des engrais commerciaux sont ceux qui nrsquoont pas de FO A Mandoto lrsquoanalyse des correacutelations indique qursquoil nrsquoy pas de relation lineacuteaire entre la quantiteacute drsquoengrais acheteacutee et la quantiteacute de fumier produite A Arivonimamo cette relation existe Elle est significative (au seuil de 001) mecircme si le coefficient est faible (03) et surtout elle est positive ce qui indique que ceux qui achegravetent le plus drsquoengrais sont souvent ceux qui produisent le plus de fumier Ainsi il nrsquoy aurait pas un seuil de disponibiliteacute en fumier qui ferait que lrsquoagriculteur ne cherche plus agrave acqueacuterir des engrais consideacuterant qursquoil a assez de matiegraveres fertilisantes La raison des faibles quantiteacutes drsquoengrais acheteacutees est sans doute plus agrave rechercher dans la disponibiliteacute et des contraintes eacuteconomiques

22 Reacutepartition des matiegraveres fertilisantes selon les cultures

Avant de preacutesenter la reacutepartition par culture on peut appreacutecier la part des parcelles et de la superficie selon le type de fertilisation (Tableau 3) Les parcelles et la superficie sans aucun apport agrave Arivonimamo sont moindres (environ un tiers) qursquoagrave Mandoto (41 des parcelles et 52 de la superficie)

Tableau 3 Parts des parcelles et de la superficie selon le type de fertilisation dans les terroirs

ApportsMandoto Arivonimamo

des parcelles

de la surface

des parcelles

de la surface

Sans FO Sans Engrais 41 52 35 33Avec FO seulement 38 33 38 40Avec Engrais seulement 3 2 3 3Avec FO + Engrais 19 13 25 24Ensemble 100 100 100 100

Ainsi mecircme agrave Mandoto plus drsquoune parcelle sur deux reccediloit de la FO et globalement dans les deux terroirs il y a une reacutepartition qui laisse la possibiliteacute pour qursquoune parcelle soit fertiliseacutee plus drsquoune fois tous les deux ans sans preacutejuger ni des doses utiliseacutees ni des cultures privileacutegieacutees Les eacutecarts entre les pourcentages des parcelles et des superficies indiquent qursquoagrave Mandoto ce sont les parcelles en moyenne plus petites qui sont fertiliseacutees ce qui nrsquoest pas le cas agrave Arivonimamo Tregraves rares sont les parcelles qui ne reccediloivent que de lrsquoengrais (quelques parcelles en maraichage mais aussi en riz pluvial et maiumls agrave Mandoto) Ainsi les producteurs qui achegravetent de lrsquoengrais chimique lrsquoutilisent presque toujours sur des parcelles en compleacutement drsquoun apport de fumure organique

Lrsquoutilisation des fertilisants est en lien avec les quantiteacutes disponibles mais aussi les cultures pratiqueacutees Or les exploitations agricoles familiales des deux zones ont des assolements1 sensiblement diffeacuterents comme le montre la premiegravere colonne des deux figures suivantes (Figure 3 et Figure 4) Dans les deux zones le riz irrigueacute de bas-fonds occupe une place importante avec des parts dans lrsquoassolement qui sont relativement proches (29 agrave Mandoto et 32 agrave Arivonimamo) Ainsi mecircme si le Moyen Ouest du Vakinankaratra a la reacuteputation drsquoune zone de cultures pluviales le riz irrigueacute de bas-fonds occupe une place preacutepondeacuterante en terme de superficie (mais aussi en terme de revenu comme on le verra dans le prochain numeacutero de JAE) Les tubercules et les leacutegumineuses occupent agrave peu pregraves la mecircme part de la surface cultiveacutee annuellement dans les deux zones de lrsquoordre de 25 pour les tubercules et 10 pour

1 Ces pourcentages ont eacuteteacute calculeacutes sur la superficie effectivement cultiveacutee crsquoest-agrave-dire sans les jachegraveres Si on integravegre les ja-chegraveres celles-ci repreacutesentent 10 de la surface totale (cultiveacutee + jachegravere) agrave Mandoto et 6 agrave Arivonimamo

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

25

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

les leacutegumineuses mais les espegraveces cultiveacutees sont diffeacuterentes La part des autres cultures est speacutecifique et caracteacuterise la zone

A Mandoto les ceacutereacuteales pluviales occupent pregraves du tiers de la surface (176 en riz pluvial et 15 en maiumls hors jachegravere) Alors qursquoagrave Arivonimamo ces deux cultures occupent seulement 86 de la surface et le maiumls y est vraiment marginal Dans cette zone ce sont les cultures maraichegraveres qui sont importantes avec 224 de la surface Les cultures autres constitueacutees essentiellement par lrsquoagroforesterie avec des fruitiers nrsquoest pas neacutegligeable avec 3 de la surface A Mandoto ces deux types de cultures sont tregraves peu pratiqueacutees (18 de la surface sont consacreacutes aux cultures maraichegraveres et les autres cultures avec 01 sont quasiment inexistantes)

Les donneacutees extrapoleacutees agrave lrsquoensemble des fokontany permettent de connaicirctre sur quelles cultures les matiegraveres fertilisantes disponibles ont eacuteteacute eacutepandues1 Lrsquoeacutechantillon est constitueacute de 2 427 parcelles2 Elles sont plus nombreuses agrave Arivonimamo ougrave lrsquoeacutechantillon drsquoEAF est plus grand mais aussi ougrave la taille moyenne des champs est plus petite et ougrave les doubles cultures sont freacutequentes La deuxiegraveme colonne de chaque figure preacutesente la reacutepartition de la FO (fumier compost et autre matiegraveres organiques) la troisiegraveme colonne est celle des engrais commerciaux Les quantiteacutes disponibles sont diffeacuterentes entre les zones Les pourcentages repreacutesentent la reacutepartition et traduisent la strateacutegie des EAF A Mandoto les EAF privileacutegient le riz pluvial et le maiumls qui reccediloivent 74 de la FO disponible (Figure 3) et 40 des engrais acheteacutes

Figure 3 Reacutepartitions de la superficie cultiveacutee annuellement de la FO et des engrais commerciaux agrave Mandoto

Les autres cultures comme les leacutegumineuses et les tubercules reccediloivent un peu de FO mais le plus souvent parce qursquoelles sont cultiveacutees en association avec du riz pluvial ou du maiumls Le riz irrigueacute qui repreacutesente 29 de la superficie reccediloit moins de 5 de la FO et 14 des engrais Le maraichage pourtant tregraves peu preacutesent (18 des surfaces) reccediloit une part conseacutequente de la FO (54) et surtout des engrais (38 des quantiteacutes disponibles)

Ainsi dans cette zone les producteurs ont une strateacutegie de fertilisation des ceacutereacuteales pluviales sur tanety avec un transfert de fertiliteacute des riziegraveres vers les tanety puisque le fumier integravegre la plus grande partie des pailles du riz des riziegraveres Cette fertilisation profite aussi aux autres cultures pluviales soit avec les associations soit via les rotations qui sont quasiment systeacutematiques en pluvial

1 Les difficulteacutes sont cependant nombreuses et notamment en raison de lrsquoimportance et de la diversiteacute des associations de cultures et des regroupements que nous avons opeacutereacutes pour faciliter la collecte notamment pour le maraichage Nous avons pris lrsquooption comme pour les surfaces de reacutepartir agrave eacutegaliteacute les quantiteacutes entre les diffeacuterentes cultures Ainsi pour une parcelle avec une association riz pluvial et arachide les quantiteacutes drsquointrants ont eacuteteacute reacuteparties pour moitieacute pour le riz pluvial et pour moitieacute pour lrsquoarachide Il en est de mecircme pour une parcelle ougrave ont eacuteteacute regroupeacutees une planche de tomate et une planche drsquooignon alors que peut-ecirctre le producteur avait fait des apports diffeacuterentieacutes2 Au total 2 680 parcelles une fois les parcelles regroupeacutees deacutesagreacutegeacutees On rappellera que les parcelles en jachegravere ne sont pas comprises ici

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

26

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Le riz irrigueacute ne reccediloit pratiquement pas de FO et tregraves peu drsquoengrais avec une strateacutegie drsquoallocation des FO sur les tanety milieu naturellement bien moins fertile que les bas-fonds A Arivonimamo la situation du riz irrigueacute est approximativement la mecircme alors que la surface cultiveacutee repreacutesente 32 cette culture ne reccediloit que 7 de la FO disponible et 4 des engrais Les ceacutereacuteales pluviales sont tregraves peu fertiliseacutees contrairement agrave Mandoto Dans les deux situations les cultures vivriegraveres beacuteneacuteficient des arriegraveres-effets des cultures maraicircchegraveres beaucoup plus fortement fertiliseacutees

Figure 4 Reacutepartitions de la superficie cultiveacutee annuellement de la FO et des engrais commerciaux agrave Arivonimamo

Les cultures privileacutegieacutees sont les cultures maraichegraveres qui reccediloivent 46 de la FO et 77 des engrais mais aussi les tubercules autres que le manioc (patate douce taro et pomme de terre) qui reccediloivent 25 de la FO mais peu drsquoengrais et les leacutegumineuses (haricots) qui reccediloivent un peu plus de FO et drsquoengrais (respectivement 11 et 12) que la part qursquoelles occupent dans lrsquoassolement (9)

Ce sont les cultures exigeantes en fumure mais aussi et surtout fortement commercialiseacutees (maraichage pomme

de terre patate douce taro et haricot) qui reccediloivent lrsquoessentiel de la fertilisation Les rotations permettent aux cultures peu fertiliseacutees de beacuteneacuteficier des arriegraveres effets de la fertilisation des cultures produites drsquoabord pour les marcheacutes Le riz irrigueacute qui nrsquoest pas fertiliseacute beacuteneacutefice des arriegraveres effets des cultures de contre saison sur les riziegraveres

Ainsi les strateacutegies de fertilisation des EAF sont tregraves diffeacuterentes selon les zones en lien avec les cultures produites leur exigence mais surtout en lien avec des objectifs technico-eacuteconomiques et le marcheacute des produits agricoles

23 Les doses apporteacutees

Lrsquoanalyse des quantiteacutes de fumure apporteacutees est faite par culture1 et en tenant compte des associations

A Mandoto (tableau 4) les superficies en culture pure repreacutesentent 71 des parcelles et de la superficie Comme deacutejagrave indiqueacute le riz irrigueacute occupe une place importante mais il est peu fertiliseacute avec seulement 20 des parcelles et 18 de la superficie qui reccediloivent de la fumure organique agrave des doses faibles (moins de 2 tonnes par hectare) et seulement 4 des parcelles reccediloivent de lrsquoengrais (agrave une dose de pregraves de 60 kgha)

1 Seuls les reacutesultats pour les cultures avec un effectif non pondeacutereacute de plus de 15 parcelles sont preacutesenteacutes ici On notera que pour les principales cultures la taille de lrsquoeacutechantillon est conseacutequente

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

27

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Tableau 4 Apports de FO et dengrais sur les cultures cultiveacutees pures agrave Mandoto en (kg)

Cultures pures Nbre de parcelles

Surface ha

Parcelle avec Superficie avec Superficie avec Dose moy FO

en kghaDose moy

Engrais kgha

FO Engrais FO EngraisToutes

les parcelles

Parcelles avec

Toutes les

parcelles

Parcelles avec

Riz bas-fond 242 5834 20 4 18 4 377 1 901 241 5825Riz Pluvial 90 2353 91 37 90 29 4 022 4 415 1011 2677Maiumls 30 646 97 37 98 43 3 923 4 059 1669 4553Manioc 117 3689 8 0 4 0 414 4 843 000 000Autres tuber 19 236 47 47 35 42 3 041 6 420 1857 3920Leacutegumineuses 78 1156 45 18 38 18 1 776 3 958 870 4850Maraichage 112 264 90 61 80 74 31 829 35 296

Les moyennes sont calculeacutees par parcelle et sans pondeacuteration

Crsquoest le manioc qui est le moins fertiliseacute pas drsquoengrais et seulement 4 des parcelles avec de la fumure organique Le riz pluvial et le maiumls sont les cultures pures qui reccediloivent le plus systeacutematiquement de la fumure plus de 90 des parcelles et de la superficie reccediloivent de la FO agrave des doses eacuteleveacutees de plus de 4 tha et 30 agrave 40 des parcelles et de la surface reccediloivent de lrsquoengrais mais agrave des doses qui restent faibles (26 kgha pour le riz pluvial et 45 kgha pour le maiumls) Les autres tubercules reccediloivent engrais et FO mais ce sont essentiellement les pommes de terre Les leacutegumineuses sont eacutegalement fertiliseacutees avec 45 des parcelles qui reccediloivent de la FO et 18 de lrsquoengrais agrave des doses moyennes pour la zone Enfin les cultures maraichegraveres ont eacuteteacute regroupeacutees les parcelles sont nombreuses mais la superficie tregraves petite elles reccediloivent agrave 90 de la FO et agrave 61 des engrais agrave des doses importantes (plus de 30 tha pour la FO)

A Arivonimamo la part des cultures pures est plus importante qursquoagrave Mandoto avec 86 des parcelles et 89 de la superficie Ainsi le nombre de parcelles de lrsquoeacutechantillon est nettement plus important (mais il ne fait pas oublier que lrsquoeacutechantillon compte plus drsquoEAF)

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

28

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Tableau 5 Apports de FO et dengrais sur les cultures cultiveacutees pures agrave Arivonimamo (en kg)

Cultures pures Nbre parcelles

Surface ha

Parcelle avecSuperficie avec Superficie avec Dose moy FO en

kghaDose moy Engrais

kgha

FO Engrais FO Engrais Toutes les parcelles

Parcelles avec

Toutes les parcelles

Parcelles avec

Riz bas-fond 363 6078 39 9 39 8 633 1 643 459 5206

Riz Pluvial 72 1051 83 0 93 0 2 902 3 482 000 000

Maiumls 17 112 94 11 96 9 3 501 3 720 131 2222

Manioc 201 2020 24 1 23 0 1 253 5 249 038 3833

Autres tuber 232 2327 70 5 78 4 4 461 6 350 367 7748

Haricots 61 765 95 65 96 73 4 132 4 346 4824 7545

Autre Leacutegum 46 352 20 0 18 0 779 3 981 000 000

Tomates 90 955 97 95 98 97 7 614 7 877 12791 13543

Haricot verts 132 1088 95 87 96 90 5 079 5 321 8090 9286

Autres Maraich 155 1293 95 76 101 73 4 311 4 546 9126 12089 Les moyennes sont calculeacutees par parcelle et sans pondeacuteration

A Arivonimamo la fertilisation du riz irrigueacute est un peu plus freacutequente avec 39 des parcelles qui reccediloivent de la FO et 9 de lrsquoengrais mais agrave des doses plus faibles qursquoagrave Mandoto 16 tha pour la FO et 52 kgha drsquoengrais La fertilisation du riz irrigueacute nrsquoest pas une prioriteacute pour le plus grand nombre des producteurs Les cultures les moins fertiliseacutees sont le manioc et les leacutegumineuses autres que le haricot avec respectivement 23 et 18 des parcelles seulement qui reccediloivent de la FO et quasiment aucune qui reccediloit de lrsquoengrais Mais de maniegravere assez eacutetonnante les parcelles avec FO reccediloivent des doses assez importantes (plus de 5 tha pour le manioc) certainement en lien avec des strateacutegies de gestion ou de restauration de la fertiliteacute des sols En ce qui concerne la FO toutes les autres cultures sont tregraves freacutequemment fertiliseacutees plus de 90 des parcelles de riz pluvial maiumls haricot et maraichage les autres tubercules le sont agrave pregraves de 80 Et si pour le riz pluvial et le maiumls les doses moyennes sont modestes car infeacuterieures agrave 4 tha elles sont supeacuterieures agrave 4 tha pour les haricots et supeacuterieures agrave 5 tha pour les autres avec notamment pour les tomates un apport de plus de 7 tha Pour les engrais tregraves peu drsquoapports pour le maiumls (6 des parcelles) et pas drsquoapport pour le riz pluvial (observations pour 72 parcelles) Lrsquoengrais est reacuteserveacute au maraichage (plus de 75 des parcelles) et aux haricots (64 des parcelles) Avec des doses moyennes relativement importantes plus de 90 kgha pour les haricots verts 135 kgha pour la tomate et 120 kgha pour les autres cultures maraichegraveres

Ainsi drsquoune maniegravere geacuteneacuterale agrave Arivonimamo lrsquoapport de fertilisants est conseacutequent agrave la fois en termes de parcelles concerneacutees et de doses eacutepandues Riz irrigueacute manioc et leacutegumineuses autres que haricot sont les parents pauvres de la fertilisation mais avec les rotations ces cultures beacuteneacuteficient aussi des apports en particulier pour le riz irrigueacute car une part importante du maraichage est cultiveacutee sur les riziegraveres

Les associations de culture sont plus freacutequentes agrave Mandoto ougrave lrsquoassociation riz pluvial + maiumls domine tregraves largement La superficie avec cette association est eacutequivalente agrave la superficie totale en culture pure Et le maiumls est la culture que lrsquoon associe le plus avec le riz pluvial mais aussi le manioc et les leacutegumineuses Les parcelles avec une association de ces trois cultures ne sont pas rares Les pratiques de fertilisation en culture associeacutee rejoignent celles en culture pure Ainsi 91 des parcelles avec lrsquoassociation riz + maiumls reccediloivent de la FO et 32 de lrsquoengrais cependant les doses de FO sont tregraves infeacuterieures (de 700 kgha alors qursquoen culture pure elles eacutetaient de plus de 4 tha) et il en est de mecircme pour lrsquoengrais

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

29

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Pour les parcelles avec des cultures associeacutees au maiumls un apport en FO est freacutequent (plus de 80 des parcelles pour manioc ou leacutegumineuse et plus de 75 quand il y a les trois cultures) Lrsquoengrais est plus rare et surtout les doses de FO et engrais sont faibles A ce stade on peut eacutemettre lrsquohypothegravese que les EAF qui pratiquent lrsquoassociation sont moins bien doteacutees en matiegravere fertilisante Mais lrsquoanalyse montre que ce nrsquoest pas le cas il existe bien un coefficient de correacutelation neacutegatif entre la quantiteacute de fumure organique disponible au niveau de lrsquoEAF et le pourcentage de culture associeacutees mais il est tregraves faible (-011) et si lrsquoon creacutee des classes de pourcentage de culture associeacutees il nrsquoy a pas de diffeacuterence significative entre les classes pour la dose moyenne de FO Il semble donc que cela soit la pratique qui soit ainsi agrave Mandoto sur des cultures associeacutees (grandes cultures riz maiumls leacutegumineuse ou tubercule) les apports de FO sont moindres que sur les cultures pures

Tableau 6 Apports de FO et dengrais sur les cultures associeacutees les plus freacutequentes (en kg)

District 1Mandoto Nbre parcelles

Surface ha

Parcelle avec Dose moy FO en kgha

Dose moy Engrais kgha

FO Engrais Toutes les parcelles

Parcelles avec

Toutes les parcelles

Parcelles avec

Riz Pluvial + Maiumls 114 2577 91 32 656 719 26 83Mais + Manioc 50 1149 88 2 420 477 01 30Mais + Leacutegumineuse 57 975 84 16 428 508 02 15Mais + Manioc + Leacutegum 24 482 75 13 242 323 02 18Manioc + Leacutegumineuse 24 587 4 0 11 250 00 002 ArivonimamoRiz Pluvial + Maiumls 14 182 86 0 366 427 00 00Mais + Leacutegumineuse 25 228 84 24 188 224 15 62Manioc + Leacutegumineuse 13 126 54 0 280 521 00 00Tubercules + Fruitiers 34 270 62 12 224 363 03 28Autre cult + Fruitiers 90 671 91 52 5 414 255 30 58

Les moyennes sont calculeacutees par parcelle et sans pondeacuteration

A Arivonimamo les cultures associeacutees pour les grandes cultures sont moins importantes en nombre et les superficies sont tregraves petites Mais on peut tirer les mecircmes conclusions que pour Mandoto Ce qui est remarquable dans cette zone crsquoest le nombre de parcelles en agroforesterie avec un meacutelange drsquoarbres fruitiers et de cultures avec plus de 120 parcelles Les cultures sont de tous les types mais beaucoup de cultures maraichegraveres ce qui explique les fortes doses de FO ou drsquoengrais Les fruitiers sont essentiellement des agrumes et sont le reacutesultat drsquoopeacuterations de deacuteveloppement qui ont vulgariseacute la plantation de ces arbres La plupart de ces plantations nrsquoest pas encore en pleine production (trop reacutecentes)

24 Les strateacutegies des EAF pour lrsquoutilisation de la FO disponible

Dans le JAE ndeg 9 nous avions eacutemis lrsquohypothegravese qursquoagrave Arivonimamo il y avait deux types drsquoEAF lrsquoun avec des strateacutegies de fortes disponibiliteacutes en FO soutenues par des ambitions de cultures maraichegraveres et un autre avec des strateacutegies de moindre disponibiliteacute en FO avec des systegravemes de culture plus classiques Pour repreacutesenter les strateacutegies nous avons eacutetabli des classes selon le pourcentage de la FO utiliseacutee sur ceacutereacuteales pluviales et sur cultures commerciales Les reacutesultats sont preacutesenteacutes dans le tableau 8

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

30

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Tableau 7 Reacutepartition des EAF selon des classes de quantiteacutes utiliseacutees de FO

Classes utilisation FO MandotoArivonimamo Arivonimamo

FO utiliseacutes sur ceacutereacuteales pluviales des EA

S cultiveacutee moyenne

(ares)CV des EA

S cultiveacutee moyenne

(ares)CV

lt=25 8 89 72 76 113 7625 agrave 75 18 93 93 20 88 57gt75 74 144 88 4 37 49 FO utiliseacutes sur cultures commercialeslt=25 88 136 91 12 63 7725 agrave 75 9 90 58 42 102 60gt75 3 75 85 46 118 81

Les strateacutegies des EAF vis-agrave-vis de lrsquoutilisation de la FO sont tregraves nettement diffeacuterentes selon les zones comme on lrsquoa deacutejagrave vu la premiegravere partie du tableau montre qursquoagrave Mandoto 74 des EAF mettent plus des frac34 de leur FO disponible sur les parcelles avec ceacutereacuteales pluviales (seules ou associeacutees) et ce sont les EAF avec la plus grande superficie qui font cela Alors qursquoagrave Arivonimamo seules 4 des EAF mettent plus de 75 de leur FO sur des parcelles avec ceacutereacuteales pluviales et ce sont les plus petites EAF (superficie cultiveacutee moyenne de 37 ares) avec certainement des strateacutegies de seacutecuriteacute alimentaire

La deuxiegraveme partie du tableau nous permet de constater qursquoagrave Arivonimamo 46 des EAF mettent plus de 75 de leur FO sur les cultures commerciales (cultures maraichegraveres pomme de terre taro patate douce et haricot) et ces EAF ont en moyenne une superficie cultiveacutee supeacuterieure aux autres Cette classe est importante mais il y a aussi une classe drsquoEAF avec des strateacutegies baseacutees sur une meilleure reacutepartition

A Mandoto les EAF qui mettent plus de 75 de leur FO sur ce type de cultures commerciales (essentiellement le maraichage) sont peu nombreuses (3 des EAF) et ce sont des EAF avec des superficies plus faibles que les autres Ce nrsquoest donc pas la strateacutegie utiliseacutee par les EAF qui ne donnent pas la quasi exclusiviteacute (lt75) de la FO aux ceacutereacuteales pluviales Il existe un groupe drsquoEAF dans les deux zones qui ne donnent pas lrsquoexclusiviteacute de la FO (gt75) aux ceacutereacuteales pluviales agrave Mandoto ou aux cultures commerciales agrave Arivonimamo Ce groupe regroupe 23 des EAF agrave Mandoto et 49 agrave Arivonimamo Ce sont des EAF un peu plus petites que la moyenne de la zone avec une disponibiliteacute en FO infeacuterieure agrave la moyenne de la zone et une reacutepartition de la FO marqueacutee par la strateacutegie dominante de la zone mais avec une reacutepartition plus eacutequilibreacutee et notamment un eacutepandage sur le riz irrigueacute

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

31

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Tableau 8 Les EAF avec une strateacutegie drsquoutilisation de la FO diffeacuterente de la strateacutegie dominante de la zone

EAF Sup moy (ares)

FO (tonnes)

FO sur Ceacutereacuteales Pluviales

FO sur Cuture

commerciales

FO sur Riz irrigueacute

FO sur Autres

cultures

Mandoto 23 94 131 48 21 20 4

Arivonimamo 49 99 223 20 45 16 1

Il existerait ainsi 3 grandes strateacutegies drsquoutilisation de la FO avec agrave Mandoto la quasi exclusiviteacute de la FO sur les ceacutereacuteales pluviales (74 des EAF de la zone) agrave Arivonimamo la quasi exclusiviteacute de la FO sur les cultures commerciales (46 des EAF) et un groupe avec une reacutepartition plus eacutequilibreacutee entre les diffeacuterentes cultures y compris sur le riz irrigueacute

3 Conclusions et implications pour le deacuteveloppement

La gestion de la fertiliteacute des sols dans ces deux reacutegions contrasteacutees des plateaux drsquoaltitude malagasy passe drsquoabord par la production etou lrsquoacquisition de fumure organique il nrsquoy a quasiment aucune EAF sans apport sur au moins une parcelle cultiveacutee1 Les reacutesultats montrent qursquoenviron la moitieacute de la superficie cultiveacutee annuellement reccediloit de la FO agrave Mandoto et plus des deux tiers agrave Arivonimamo Mecircme si les doses potentielles sont en dessous des recommandions avec la rotation des cultures cela signifie que lrsquoensemble du terroir pourrait ecirctre fumeacute plus drsquoune fois tous les deux ans Les riziegraveres quand elles sont cultiveacutees en riz irrigueacute ne reccediloivent que tregraves rarement de la fumure dans ces zones La strateacutegie est lrsquoinverse de ce qursquoon rencontre dans drsquoautres zones qui priorisent les bas-fonds notamment dans les zones des peacuterimegravetres irrigueacutes (Lac Alaotra peacuterimegravetres sur les Hautes terres Ambondromisotrahellip)

Les strateacutegies de gestion de la fertiliteacute des sols sont logiquement de fertiliser en prioriteacute les cultures les plus exigeantes et les plus reacutemuneacuteratrices ceacutereacuteales pluviales agrave Mandoto (riz et maiumls) et les cultures maraichegraveres mais qui sont tregraves marginales dans cette zone cultures pour le marcheacute agrave Arivonimamo maraichage pomme de terre haricots patates douces taros Et pour les producteurs qui achegravetent des engrais commerciaux (essentiellement engrais mineacuteral) la pratique est drsquoassocier aux fumures organiques des compleacutements drsquoengrais et ceci tregraves prioritairement sur les cultures les plus reacutemuneacuteratrices et aussi les plus exigentes A quelques rares exceptions pregraves lrsquoapport drsquoengrais mineacuteral vient toujours compleacuteter un apport de fumure organique et crsquoest pregraves drsquoun quart de la superficie qui reccediloit engrais et FO agrave Arivonimamo et seulement 13 agrave Mandoto

Deux principaux engrais mineacuteraux sont utiliseacutes dans les deux zones le NPK et lrsquoureacutee En reacutealisant les apports au voisinage des plants il y a une concentration des eacuteleacutements nutritifs qui permet agrave la fois drsquooptimiser leur utilisation et de deacutevelopper des synergies entre produits organiques et mineacuteraux Cette efficience des ressources garantie par une compleacutementariteacute des apports incluant une base organique avec un compleacutement mineacuteral a deacutejagrave eacuteteacute releveacutee dans de nombreuses autres situations tropicales (Bekunda et al 1997) Drsquoautres eacutetudes sur ces mecircmes zones mettent en eacutevidence que la majoriteacute des fumures organiques utiliseacutees preacutesentent certaines deacuteficiences en eacuteleacutements majeurs comme le N et le P et que lrsquoutilisation des engrais de synthegravese est susceptible de lever (Ben Naacircmane et al 2020 notre article dans le JAE preacuteceacutedent) Cette pratique est donc agrave encourager notamment agrave travers des messages

1 Dans notre eacutechantillon seules 2 EAF nrsquoont pas apporteacute de FO lrsquoune extrecircmement petite (moins de 5 are de SAU) agrave Arivonimamo et tregraves pauvre qui a vendu sa FO une autre agrave Mandoto qui prend en meacutetayage la terre qursquoil cultive

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

32

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

de vulgarisation adapteacutes et compleacutementaires des messages laquo classiques raquo qui procircnent des doses importantes drsquoengrais

Lrsquoanalyse compareacutee des deux zones montre des diffeacuterences dans le recours aux engrais de synthegravese avec agrave Arivonimamo une quasi geacuteneacuteralisation de lrsquoengrais (pregraves de 90 des EAF) et une utilisation moyenne de 30 kg par ha de SAU plus freacutequemment sur les cultures maraichegraveres et presque toujours en compleacutement de la fumure organique contre environ une exploitation sur deux agrave Mandoto et une utilisation de 6 kg par ha Sur ce premier site une plus grande diversiteacute drsquoengrais et une utilisation plus importante de cendres sous-produit de briqueteries sont releveacutees Eacutegalement une strateacutegie drsquoallocation de ressources diffeacuterencieacutee apparaicirct tregraves clairement au niveau des fumures organiques sur le riz de bas-fonds beaucoup plus amendeacute agrave Arivonimamo car cette ressource est agrave la fois moins limitante et mieux valoriseacutee par les cultures maraicircchegraveres A Mandoto la fumure organique est moins disponible et moins valorisable autrement que par les ceacutereacuteales pluviales aussi moins indispensable pour la productiviteacute de ces cultures et est beaucoup mieux valoriseacutee sur le domaine pluvial sans laquelle aucune mise en valeur de culture exigeante ne serait envisageable Ainsi la recherche doit affiner ses connaissances agrave lrsquoeacutechelle du systegraveme de culture pour mieux eacutevaluer performances et durabiliteacute agrave court et long termes et accompagner lrsquointensification eacutecologique promue par divers opeacuterateurs de deacuteveloppement agricoles (notamment ONG de deacuteveloppement)

Cette communication plaide encore une fois pour une bonne compreacutehension des EAF de leur fonctionnement et de leurs strateacutegies avant de proposer des ameacuteliorations adapteacutees La fertilisation telle que pratiqueacutee par les producteurs est un acquis important pour comprendre la durabiliteacute de lrsquoagriculture familiale et pour renforcer la durabiliteacute des EAF Cela montre agrave la fois la techniciteacute des paysans leur connaissance des intrants existants et de leur utilisation Les propositions drsquoinnovations pour le deacuteveloppement doivent srsquoappuyer sur lrsquoexistant contrairement agrave

ce qui est souvent fait (Razanakoto et al 2018) Drsquoabord les orientations vont certainement vers des techniques qui permettent drsquoaugmenter la fumure organique disponible en quantiteacute et en qualiteacute (eacutetable ameacutelioreacutee compostage lombricompost etc) notamment avec des matiegraveres premiegraveres disponibles localement plutocirct que sur la base drsquoachats Les agriculteurs investissent moins en moneacutetaire et optent pour une strateacutegie drsquointensification en main drsquoœuvre (ce qui est le cas pour les systegravemes de compostage) Ensuite il est important de mieux valoriser ces diffeacuterents types de fertilisation agrave travers des combinaisons de pratiques

Ce dont il faut ecirctre sucircr crsquoest que les producteurs dans leur tregraves grande majoriteacute deacuteveloppent des strateacutegies de gestion de la fertiliteacute des sols et les adaptent sur la base de leurs connaissances et savoir-faire et en fonction des conditions biophysiques et de lrsquoenvironnement socioeacuteconomique Si les conditions eacuteconomiques sont favorables (deacuteboucheacutes prix suffisamment reacutemuneacuterateurs) ils ont recours aux engrais commerciaux comme le montre cette eacutetude mais aussi drsquoautres (voir par exemple en zone peacuteriurbaine drsquoAntananarivo NDienor et al 2011) Or le plus souvent dans les actions de deacuteveloppement et les propositions techniques les fertilisations sont proposeacutees par filiegravere comme une sorte de manuel technique (fiche technique par filiegravere) et reacutefleacutechies par rapport aux besoins propres de la plante cibleacutee Ces propositions vont ainsi agrave lrsquoencontre des strateacutegies paysannes et leur diffusion reste mitigeacutee

Enfin dans les propositions actuelles pour le deacuteveloppement rizicole notamment sur bas-fonds les acteurs de deacuteveloppement misent sur une intensification rizicole de type reacutevolution verte (semences ameacutelioreacutees voire hybrides avec des doses importantes drsquoengrais acheteacute) Les donneacutees montrent que les strateacutegies des paysans integravegrent les rotations avec le riz et les investissements en fertilisation se passent autrement (cultures de contre saison autres cultures) Les deacutepenses en semences et surtout si on enlegraveve la valorisation de lrsquoautoproduction restent tregraves faibles Ces

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

33

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

propositions techniques srsquoeacuteloignent encore une fois des strateacutegies paysannes

Mais cette analyse des strateacutegies drsquoutilisation des fertilisants dans la gestion de la fertiliteacute des sols reste encore incomplegravete car si les aspects techniques (quantiteacutes et modaliteacutes) ont eacuteteacute traiteacutes les aspects eacuteconomiques ne lrsquoont pas eacuteteacute Cela sera le thegraveme du prochain et dernier article qui mettra en relation les pratiques de gestion de la fertiliteacute et les performances notamment en terme de marge brute aux niveaux parcelles et cultures et de revenu au niveau EAF

BIBLIOGRAPHIE

Bekunda MA Bationo A Ssali H 1997 Soil fertility management in Africa a review of selecterd research trials In Replenishing Soil Fertility in Africa SSSA Special Publication Nomber 51 63-79

Ben Naacircmane CK Autfray P Audouin S Beacuteliegraveres JF Blanchart E Razafimahatratra M Razanakoto OR Salgado P 2020 Gestion compareacutee de la fertiliteacute au niveau des exploitations agricoles familiales du Moyen-Ouest de la reacutegion Vakinankaratra et des Hautes-Terres de la reacutegion Itasy agrave Madagascar Projet Secure 24 p httpswwwsecuremgsitesdefaultfiles2020-04Livret_Secure_2020pdf

Liniger H Mekdaschi Studer R Hauert C et Gurtner M 2011 La pratique de la gestion durable des terres Directives et bonnes pratiques pour lrsquoAfrique subsaharienne WOCAT FAO TerrAfrica Rome (Italie) 243 p httpwwwfaoorg3i1861fi1861fpdf

MAEP 2006 Strateacutegie nationale pour le deacuteveloppement de lrsquoutilisation de lrsquoengrais Ministegravere de lAgriculture de lElevage et de la Pecircche Antananarivo Mai 2006 48 p + annexes p httpwwwmpaegovmgcommunicationwp-contentuploadssites2201611strategie_dvlpt_utilisation_engrais_1pdf

NDieacutenor M Aubry C et Rabeharisoa L 2011 Strateacutegies de construction de la fertiliteacute des terres par les agriculteurs dans les systegravemes maraicircchers peacuteriurbains dAntananarivo (Madagascar) Cahiers Agricultures Vol 20 No 4 (2011) doihttpsdoiorg101684agr20110497

Poirier N et Nuninger L 2012 Techniques damendement agraire et teacutemoins mateacuteriels Pour une approche archeacuteologique des espaces agraires anciens Histoire amp Socieacuteteacutes Rurales 38 (2) 11-50 doi103917hsr0380011

Pierre-Bernard A Ramboarison R Randrianarison L et Rondro-Harisoa L 2007 Les implications structurelles de la libeacuteralisation sur lrsquoagriculture et le deacuteveloppement rural Programme Ruralstruc Madagascar Phase I EPP PADR APB Consulting Antananarivo Janvier 2007 303 p httpdocumentsbanquemondialeorgcuratedfr 184371468091191021pdf779810WP0madag00250for0the0abstractpdf

Razanakoto O Razafindraibe R Andriamananjara A Razafimanantsoa M-P Rakotoson T Smolders E et Rabeharisoa L 2018 Failures in agricultural innovation due to poor understanding of farmersrsquo predispositions Development in Practice 28 (5) 691-704 doi1010800961452420181471124

Sanginga N et Woomer P L (Ed) 2009 Integrated Soil Fertility Management in Africa Principles Practices and Developmental Process Nairobi (Kenya) Tropical Soil Biology and Fertility Institute of the International Centre for Tropical Agriculture 263 p

Leacutetude a eacuteteacute reacutealiseacutee dans le cadre du projet SECuRE

(Soil ecological function resto-ration to enhance agrosystem ser-vices in rainfed rice cropping sys-tems in agroecological transition) financeacute par Agropolis Foundation sous la reacutefeacuterence ID 1605-007 agrave travers le programme Investisse-ments dAvenir (Labex Agro ANR-10-LABX-0001-01) dans le cadre du I-SITE MUSE (ANR-16-IDEX-0006)

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

34

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Lucien Seacuteguy 1944-2020 agronome du geacutenie veacutegeacutetal

Premiers pas

Lucien Seacuteguy est neacute dans une famille de petits paysans du nord Dordogne fiers de leurs racines et durs agrave la tacircche Il sera le

seul de sa fratrie de quatre fregraveres et sœurs agrave acceacuteder agrave lrsquouniversiteacute Diplocircme drsquoingeacutenieur agronome de lrsquoENSA Toulouse en poche suivi drsquoune speacutecialisation en peacutedologie agrave lrsquoORSTOM (ex IRDhellip) de Bondy il eacutepouse Jacqueline qui lrsquoaccompagnera durant toute sa carriegravere Son service civil se deacuteroule au Seacuteneacutegal de 1967 agrave 1969 agrave la grande station IRAT (Institut de Recherche Agronomique Tropicale) de Bambey il preacutefegravere une affectation en brousse Sefa Il y refait une carte peacutedologique et srsquoattaque agrave lrsquoameacutelioration du travail du sol en traction animale des riziegraveres de Casamance

En 1969 lrsquoIRAT lrsquoaffecte dans lrsquoOuest Cameroun agrave Dschang ougrave il monte et accompagne des projets rizicoles sur les plaines des MrsquoBos et de NrsquoDop Il y conduit des travaux sur les systegravemes de culture et lrsquoameacutelioration varieacutetale du riz pluvial et irrigueacute Ses analyses des interactions entre geacutenotype et environnement soulignant lrsquoinfluence majeure de la fertiliteacute des sols sur les attaques de pyriculariose le font remarquer et sont toujours citeacutees

Ses travaux et reacutealisations alliant recherche et deacuteveloppement interpellent des responsables de la recherche agronomique breacutesilienne et fin 1977 il devient le premier expert IRAT en poste au Breacutesil affecteacute aupregraves de LrsquoEMAPA de lrsquoeacutetat du Maranhatildeo Il travaillera au Breacutesil jusqursquoagrave sa retraite en 2009 et au-delagrave De 1977 agrave 1982 il monte avec lrsquoaide de Serge Bouzinac des eacutetudes sur la culture du riz pluvial pour chez et avec des petits paysans sans terre Les systegravemes de deacutefriche-brucirclis manuelle sur ces savanes secondaires agrave Palmiers Babaccedilu sont compareacutes agrave des systegravemes en traction animale Immeacutediatement abandonneacutes en raison des eacuterosions catastrophiques qursquoils induisent Premier signal sur la neacutecessiteacute du semis direct dans ces eacutecologies tropicales Mais Lucien et Serge sont informeacutes que leurs activiteacutes avec les sans terres du Nordeste ne sont pas du goucirct de tous Dans ces reacutegions du Breacutesil agrave cette eacutepoque le message est sans ambiguiumlteacute il faut partir vite LrsquoEMBRAPA - CNPAF (Centre National Riz amp Haricot) de Goiacircnia inteacuteresseacute par leurs reacutesultats les accueille

1982 nouveau milieu donc Les Cerrados du Centre Ouest breacutesilien (Mato Grosso Goiaacutes Tocantinshellip) un biome de savanes arboreacutees plus de 200 millions drsquohectares sur lequel avance un irreacutepressible front pionnier drsquoeacutelevage extensif et drsquoagriculture meacutecaniseacutee Des sols lateacuteritiques acides vides de nutrimentshellip longtemps consideacutereacutes comme impropres agrave toute forme drsquoagriculture rentable Peu importe la conquecircte de la terre est en marche deacutefriche riz pluvial monoculture de soja sur travail du sol simplifieacute avec des outils agrave disques hellip semelle de labour eacuterosion Une deacutevastation agrave eacutechelle industrielle Le diagnostic est vite poseacute les premiegraveres recommandations simples adapteacutees suivent combiner rotation de cultures commerciales (sojariz sojamaiumls) et succession annuelle ougrave agrave la culture commerciale succegravede une safrinha secondaire (maiumls sorgho ou mil) avec des preacuteparations de sols profondes (labour dresseacute aux socs scarification avec des outils agrave dents) Ces systegravemes de travail du sol profond ont du succegraves et sont tregraves largement diffuseacutes Mais lrsquoavegravenement du Semis Direct dans les reacutegions subtropicales du sud du Breacutesil va venir changer le paradigme des travaux de Lucien et Serge

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

35

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Lrsquoinvention le Semis direct sur Couverture Veacutegeacutetal (SCV) en milieu tropical

1984 visite agrave la Coopeacuterative laitiegravere centrale du Paranaacute agrave

1984 visite agrave la Coopeacuterative laitiegravere centrale du Paranaacute agrave Carambeiacute reacutegion des Campos Gerais premiers eacutechanges avec les agronomes Hans Peeten Josueacute Nelson Pavei hellip et les agriculteurs Nonocirc Perereira et Franke Dijkstra pionniers du semis direct dans cette reacutegion du Sud

1985 un producteur eacuteclaireacute du Mato Grosso Munefumi Matsubara leur ouvre grand les portes de sa fazenda hellip et sa bourse Des alternatives en semis direct sont rigoureusement compareacutees aux systegravemes avec travail du sol profond ou superficiel Au cours de ces cinq anneacutees deacutecisives les

systegravemes en semis direct sont plus productifs et rentables que les systegravemes conventionnels ils sont aussi et avant tout les seuls agrave permettre une augmentation de plus de 20 des teneurs de matiegravere organique des sols Les systegravemes sous couvert veacutegeacutetal (SCV) sont lanceacutes des eacutetapes cruciales sont franchies avec lrsquoinsertion en succession en association des cultures commerciales drsquoespegraveces telles que le sorgho mil les crotalaires le Brachiariahellip qui produisent de fortes biomasses valorisant des pluies marginales et surtout lrsquoeau du sol Les principes techniques des systegravemes SCV permettant de respecter les lois de fonctionnement des agroeacutecosystegravemes tropicaux sont poseacutes formaliseacutes dans des documents scientifiques et didactiques Lrsquoanalogie centrale avec le fonctionnement drsquoun eacutecosystegraveme forestier tropical se nourrissant sur lui-mecircme dans des recyclages continus entre biomasses vivantes et mortes gracircce agrave lrsquoactiviteacute biologiques des sols offre un cadre feacutecond agrave la creacuteativiteacute agronomique de Lucien Seacuteguy Les couverts veacutegeacutetaux se preacutesentent comme des pompes biologiques recyclant les eacuteleacutements mineacuteraux proteacutegeant le sol des pluies tropicales preacuteservant une tempeacuterature optimale pour lrsquoactiviteacute biologique et lrsquoabsorption racinaire hellip tout le contraire des sols mis agrave nu par le labour ou des techniques culturales simplifieacutees incompatibles avec une gestion durable de la ressource sol

Ces travaux sont conduits via de multiples partenariats en interaction avec une diffusion active de ses reacutesultats par les fondations et associations de producteurs Avant lrsquoan 2000 les SCV couvrent deacutejagrave -et ont sauveacute- des millions drsquohectares de terres agricoles dans les eacutetats de Goias Mato Grosso Tocantins Maranhatildeo Piauiuml hellip recoupant une vaste diversiteacute peacutedoclimatique tropicale dans laquelle les SCV se diversifient Ils inventent de nouvelles alternatives sur des couvertures veacutegeacutetales maintenues vivantes sous la culture encore plus efficientes comme le soja sur couvert permanent de chiendent ( Cynodon dactylon) ou le maiumls sur arachide peacuterenne ( Arachis pintoiuml) Avec le groupe Maeda les SCV sont adapteacutes agrave la culture cotonniegravere le preacutealable agrave son essor rapide dans le Mato Grosso

En parallegravele ils deacuteveloppent avec James Taillebois un seacutelectionneur du CIRAD un programme de seacutelection geacuteneacutetique de riz avec pour objectif premier drsquoeacutelargir lrsquoadaptabiliteacute des varieacuteteacutes creacuteeacutees et leurs toleacuterances aux maladies fongiques en seacutelectionnant en conditions pluviales de lrsquoeacutequateur jusqursquoau subtropical des croisements entre pools drsquoorigines pluviales et irrigueacutees Ces varieacuteteacutes vont voyager dans de nombreux pays tropicaux et subtropicaux faisant montre de leur grande plasticiteacute qursquoelles tirent de leur base geacuteneacutetique et des systegravemes SCV dans et pour lesquelles elles sont seacutelectionneacutees

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

36

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Lucien et Serge ont inspireacute des milliers drsquoagriculteurs agronomes et chercheurs breacutesiliens sur la base de leurs travaux preacutecurseurs et visionnaires sur les systegravemes sous couvert veacutegeacutetal pour les eacutecologies tropicales du Breacutesil Ils ont accueilli des visites de tous pays et continents se faisant les premiers et les meilleurs ambassadeurs des SCV du Breacutesil

Informer et former le monde

A partir de 1984 et jusqursquoagrave sa retraite Lucien reacutealise tous les ans des missions drsquoappui aupregraves de collegravegues chercheurs agronomes et de projets de deacuteveloppement publics et priveacutes dans de nombreux pays tropicaux drsquoAfrique drsquoAsie du Sud-Est Madagascar icircle continent aux innombrables eacutecosystegravemes tropicaux sera gracircce aux partenariats tisseacutes et aux financements de nombreux projets par lrsquoAgence Franccedilaise de Deacuteveloppement (AFD) une antichambre pour les petites paysanneries de ces techniques neacutees dans les dynamiques agro-industrielles du Breacutesil Drsquoautres projets suivront principalement sur financements de lrsquoAFD en Cocircte drsquoIvoire Gabon Cameroun Seacuteneacutegal Tunisie Vietnam Laos Cambodgehellip permettant de deacutecliner les

principes des SCV en pratiques adapteacutees aux conditions sociales drsquoagricultures familiales parmi les plusdeacutemunies de la planegravete Avec le Pr Joatildeo Carlos Saacute de lrsquoUniversiteacute de Ponta Grossa (Parana Breacutesil) ils organiseront toujours gracircce aux financements de lrsquoAFD de 2006 agrave 2011 six eacuteditions drsquoune formation internationale sur les SCV et la dynamique de matiegravere organique du sol rassemblant plus de 90 agronomes vulgarisateurs et chercheurs travaillant en partenariat avec le CIRAD dans plus de 13 pays du Sud Tous ces pays et drsquoautres ne peuvent plus ignorer cette information clef pour lrsquohumaniteacute on sait doreacutenavant faire pousser sous les tropiques les grandes cultures annuelles pluviales de faccedilon durable rentable et accessible Un nouveau pilier est disponible pour renforcer la seacutecuriteacute alimentaire mondiale et lrsquoautonomie des pays du Sud En 2009 agrave sa retraite du Cirad il poursuit ses appuis agrave travers la planegravete aupregraves des acteurs convaincus par la pertinence des voies agronomiques qursquoil continue drsquoouvrir Des reacuteseaux se montent qursquoil anime partageant sa vision ses ideacutees sa creacuteativiteacute et son humour A lrsquoinvitation drsquoun agronome du Queacutebec Louis Peacuterusse il se lance dans lrsquoadaptation des SCV aux conditions continentales ils remettent agrave lrsquohonneur les bleacutes drsquohiver semeacutes agrave la voleacutee dans le soja trois semaines avant la reacutecolte gagnant un mois de croissance avant lrsquohiver et avanccedilant la reacutecolte drsquoun mois Ce calendrier profondeacutement remanieacute par rapport aux scheacutemas baseacutes exclusivement sur les cultures de printemps ouvre une fenecirctre pour implanter agrave la voleacutee dans les bleacutes murissant des meacutelanges de plantes de couverture Ces derniers apportent alors ici comme partout de faccedilon inteacutegreacutee par et pour le biologique recharge en matiegravere organique et de multiples fonctions eacutecosysteacutemiques telles que la fixation azoteacutee par les leacutegumineuses la stimulation de fonctions microbiennes symbiotiques et non symbiotiques la creacuteation et lrsquoentretien drsquoune forte macroporositeacute par les effets combineacutes de puissants systegravemes racinaires et la stimulation drsquoune forte activiteacute des vers de terre le controcircle des adventices par la couverture du solhellip

Au Sud du Breacutesil dans les Eacutetats de Santa Catarina et du Rio Grande do Sul il travaille avec de jeunes agronomes breacutesiliens agrave la conception et agrave la diffusion sur des centaines de milliers drsquohectares des couverts multifonctionnels agrave base de meacutelanges complexes composeacutes de 10 espegraveces et plus Il est inviteacute en 2009 en Argentine et en Uruguay par Jean Waymel agriculteur drsquoorigine franccedilaise avec qui il deacuteveloppe des SCV diversifieacutes inteacutegrant le semis agrave la voleacutee sur couvert veacutegeacutetal y compris de culture agrave grosses graines comme le soja

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

37

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Ces techniques pratiqueacutees agrave tregraves grande eacutechelle accroissent les vitesses drsquoimplantation des cultures et la reacutesilience des systegravemes de production dans un climat de plus en plus variable

Sa passion pour la diversiteacute veacutegeacutetale ses talents de naturaliste lrsquoont ameneacute agrave explorer inlassablement de nombreuses espegraveces veacutegeacutetales tempeacutereacutees et tropicales agrave proposer des meacutelanges de plus en plus efficaces alliant cultures annuelles et peacuterennes et aux fonctionnaliteacutes et morphologies aeacuteriennes et racinaires diversifieacutees le cœur des SCV

Mecircme en France

Il initie eacutegalement degraves le milieu des anneacutees 1990 des eacutechanges avec quelques agriculteurs franccedilais en meacutetropole et plus tard dans des deacutepartements et territoires drsquoOutre-Mer (Reacuteunion Antilles Nouvelle Caleacutedonie)

Avec ces pionniers des SCV en France [1] il expeacuterimente dans des eacutecologies aussi diverses que les rives et coteaux de la Loire la Champagne berrichonne les collines du Gers la Camargue les versants de la Montagne Peleacuteehellip dans des systegravemes ceacutereacutealiers de polyculture eacutelevage des bananeraies en conditions pluviales ou irrigueacutees

Quelles espegraveces et associations drsquoespegraveces pour les couverts drsquohiver drsquoeacuteteacute en fonction des conditions de milieuxhellip Comment les semer dans les diffeacuterentes cultures en deacuterobeacutee en succession agrave quelle date agrave quelle dosehellip Ce savoir-faire et ces connaissances sont agrave deacutefricher et organiser par des essais Tous ces agriculteurs rallongent diversifient leurs rotations integravegrent des leacutegumineuses via les cultures (pois drsquohiver de printemps sojahellip) et les couverts eacuteventuellement fourragers (vesce feacuteverole gesse tregravefleshellip) Les fermes drsquoeacutelevage conquiegraverent par-lagrave leur autonomie en proteacuteines Aux techniques de couvertures mortes tueacutees avant semis de la culture viennent ici aussi srsquoajouter des couverts vivants de luzerne sur argilo-calcaire de tregravefle ou de lotier sur les sols plus acides ou hydromorphes faisant encore gagner en coucirct et en flexibiliteacute face aux aleacuteas du climat et des marcheacutes

Ils testent et mettent en commun les acquis sur leurs fonds propres un reacuteseau se coopte pour avancer Lucien lrsquoanime en structurant les essais et en maintenant le cap agrologique des SCV mecircme quand les reacutesultats escompteacutes ne sont pas immeacutediatement au rendez-vous

Les SCV de mieux en mieux maicirctriseacutes integravegrent progressivement lrsquoensemble des terres cultiveacutees sur ces fermes remaniant profondeacutement leur systegraveme drsquoexploitation Les parcs mateacuteriels se simplifient les grosses puissances de traction pour les preacuteparations de sol nrsquoont plus lieu drsquoecirctre Il faut aussi ecirctre autonome pour ses productions de semences de couverts la leacutegislation interdisant dons eacutechanges ou ventes entre agriculteurs mecircme pour des espegraveces et varieacuteteacutes libres de droit drsquoobtenteurs ou plus disponibles sur le marcheacute les semences commerciales ne sont pas forceacutement optimales pour les systegravemes et restent oneacutereuses utiliseacutees agrave bonne dose

Plus aucune de ces fermes nrsquoutilise drsquoinsecticides que ce soit en foliaire au sol ou en traitement de semences sur quelques cultures que ce soient ni drsquoanti-limaces Des fongicides ne sont appliqueacutes qursquoexceptionnellement sur les ceacutereacuteales agrave paille et colza au quart ou agrave la moitieacute des doses preacuteconiseacutees lorsque des conditions climatiques propices au deacuteveloppement des champignons pathogegravenes surviennent agrave un stade critique de ces cultures Les herbicides demeurent agrave faible dose principalement

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

38

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

pour le controcircle des couverts Les apports drsquoazote mineacuteral sur ceacutereacuteales agrave paille et maiumls diminuent progressivement pour atteindre 10 agrave 12 uniteacutes par tonne de grains une efficience quasi doubleacutee en comparaison des exploitations avoisinantes Toutes ces fermes qui pratiquent les SCV depuis plus de 15 ans obtiennent les meilleures performances techniques (rendement qualiteacute nutritive et sanitaire des grains) dans leurs reacutegions respectives elles ont dans le mecircme temps reacuteduit leurs charges en intrant et carburant de 39 par rapport agrave des itineacuteraires dits raisonneacutes (travail du sol simplifieacute dose drsquointrants modeacutereacutee) agrave 58 par rapport agrave des reacutefeacuterences ayant recours au travail du sol conventionnel et aux pleines doses drsquointrants

Sur tous ces reacutesultats Lucien communique beaucoup avec fougue et passion hellip mecircme si apregraves une vie au contact des acteurs du deacuteveloppement et de la recherche au Breacutesil lrsquoinertie parfois bavarde et suffisante de lrsquoagriculture franccedilaise ne cesse de le surprendre au vue de la crise dans laquelle se deacutebat une immense majoriteacute de producteurs et lrsquoeacutetat geacuteneacuteral de nos sols

Quels enseignements pour lrsquoavenir de notre agriculture

Il y a tant agrave retenir de ce parcours immense pour qui voudrait continuer le travail de Lucien Seacuteguy sur les chemins du deacuteveloppement et de la connaissance des CV agrave travers le monde

Pratiquer les SCV crsquoest vouloir orchestrer la transformation des milieux que lrsquoon cultive par et pour la puissance du veacutegeacutetal Crsquoest penser et organiser des flux puissants de biomasses continu lrsquoeacutenergie solaire par les plantes et la vie du sol Nous savons aujourdrsquohui que cela neacutecessite de maintenir les sols couverts en permanence de mobiliser une grande diversiteacute veacutegeacutetale diversifieacutees pour capter stocker et restituer en au sein des rotations via des couverts multi-speacutecifiques et de reacuteussir

agrave abandonner toute forme de travail du sol Ce dernier point est tregraves deacutebattu peut-ecirctre car il est le symbole le plus embleacutematique drsquoun changement de modegravele radical sucircrement parce qursquoil est celui qui pose le plus de problegravemes de mise en oeuvre dans les phases de transition et pour certaines cultures pour lesquelles des reacutefeacuterentiels techniques solides manquent encore Il est pourtant celui pour lequel la connaissance scientifique est la plus solidement eacutetablie travailler le sol mecircme de faccedilon superficielle et eacutepisodique nuit partout que lrsquoon soit dans la Niegravevre au Queacutebec ou au cœur du Mato Grosso agrave la vie du sol et aux capaciteacutes de stockage et de restitution de lrsquoeacutenergie qursquoelle construit Travailler le sol crsquoest se condamner agrave faire un travail de Peacuteneacutelope toujours deacute faire dans la nuit du sol ce que les plantes photosyntheacutetis(s)ent le jour Crsquoest se condamner agrave rester dans un entre-deux technique agrave se couper drsquoune effectiviteacute pleine entiegravere et continue des processus naturels qui viennent organiser la fertiliteacute des sols et contribuer au controcircle des bio-agresseurs de nos cultures Crsquoest par le respect de ces 3 principes pratiques des SCV que les apports importants et continus de matiegravere organique nourrissent une biodiversiteacute microbienne et inverteacutebreacutee de plus en plus riche complexe et foisonnante et que peuvent srsquoauto-organiser nos sols cultiveacutes

Deacutevelopper des systegravemes de culture et de production en SCV requiert tout drsquoabord drsquoabandonner lrsquoideacutee de recette applicable pour se lancer dans lrsquoexploration libre mais meacutethodique drsquoun immense champ de possibles Cela demande drsquoimaginer et apprendre agrave mener des rotations reacutepondant agrave nos objectifs de

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

39

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

production ougrave cultures et couverts veacutegeacutetaux se relaient pour tendre vers des sols couverts 365 jours sur 365 Cela demande aussi au deacutebut de lrsquoaudace pour rompre les amarres avec le confort rassurant des pratiques conventionnelles institueacutees Crsquoest accepter drsquoen passer par des deacutecisions contraires agrave ce que lrsquoon nous a appris agrave ce que lrsquoon nous recommande Crsquoest refuser de voir un salut dans la laquo high tech raquo preacutetendument reacutevolutionnaire que lrsquoon impose agrave des agriculteurs surendetteacutes pour oser la complexiteacute du vivant et lrsquoautonomie Crsquoest entrer pour la premiegravere fois avec le semoir dans un laquo gros raquo couvert veacutegeacutetal plus tard preacutefeacuterer semer agrave la voleacutee dans des couverts vivants ou par-dessus des cultures murissantes hellip en se demandant tout de mecircme pour une fois agrave lrsquounisson avec les voisins si lrsquoon nrsquoest pas devenu un peu dingo Crsquoest aussi se retenir de faire cet insecticide en acceptant lrsquoideacutee qursquoil y a plus agrave terme agrave y perdre qursquoagrave y gagner preacutefeacuterer nourrir des ravageurs en les leurrant plutocirct que de les tuer et renoncer agrave leurs ennemis naturels etc Toutes ces remises en questions des pratiques courantes dissolvent lrsquoun apregraves lrsquoautre les repegraveres en vigueur et srsquoapparentent au franchissement drsquoun miroir derriegravere lequel se cueillent les beacuteneacutefices que nous servent les processus naturels activeacutes un miroir derriegravere lequel aussi les systegravemes avec travail du sol apparaissent pour ce qursquoils sont absurdes et contre-nature Cette transformation de nos faccedilons de cultiver nous a transformeacute autant que nos sols et nos exploitations et pourtant nous sommes conscients drsquoecirctre agrave lrsquooreacutee drsquoun immense territoire que nous commenccedilons agrave peine agrave explorer source de confiance en lrsquoavenir et drsquoune humiliteacute heureuse Lucien Seacuteguy voulait avancer sans relacircche dans ce territoire de la biodiversiteacute et du geacutenie veacutegeacutetal au service drsquoune agriculture toujours plus propre et performante La recherche eacuteprouve aussi des difficulteacutes pour srsquoemparer de ces eacutetranges objets techniques que sont les systegravemes de culture agrave base de semis direct sur couverture veacutegeacutetale ces objets techniques deacuteroutent car ils tirent leur efficience des processus naturels qursquoils activent des processus naturels qui dans la dureacutee organisent nos sols et donnent aux eacutecosystegravemes que nous cultivons leurs grandes fonctions de gestion de la fertiliteacute et drsquoautoreacutegulation des nuisibles divers adventices phytophages maladies hellip

Cette meacutediation essentielle du naturel creacutee une distance entre le geste pratique et lrsquoeffectiviteacute associeacutee mesurable dans nos parcelles et nos fermes Elle rend ainsi les approches factorielles de lrsquoagronomie classique fondeacutees sur les analyses des liens preacutesupposeacutes entre pratique et effet impropres agrave lrsquoeacutetude et agrave la conception de ces systegravemes Car ceux-ci ne reacutesultent pas drsquoune combinaison de facteurs mais sont creacuteation eacutemergente drsquoun milieu cultiveacute complexe et transformation concomitante des perceptions et connaissances de celles et ceux qui les pratiquent

Crsquoest pour nous avoir aideacutes agrave nous engager dans cette double transformation que nous tenions ici agrave te remercier Lucien Puisse ton formidable legs ecirctre compris et repris par des acteurs et politiques clairvoyants courageux et ambitieux

[1]Jean-Claude Quillet Hubert Charpentier Christian Abadie Sandrine Gallon amp Alain Coudrillier Noeumll amp Lydie Deneuville Bertrand et Patrick Aubeacutery hellipArticle publieacute sous une autre mise en page dans la revue TCS (Techniques Culturales Simplifieacutees) - laquo Agronomie Eacutecologie et Innovation - TCS Ndeg 108 Juin-Juillet-Aoucirct 2020 raquoArticle reacutedigeacute avec les sources de httpopen-libraryciradfr

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

40

Trimestrielle - Edition N

deg 10

SUCCESS STORIESJO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

Lrsquoapproche laquo paysan agrave paysan raquo par le projet MANITATRA II rocircles des Paysans Leaders (ou paysans relais)

TOKIHERINIONJA Tanjonarilesa Fernand Chef de ProjetRAKOTONDRAMANANA Directeur Exeacutecutif du GSDM

Contexte

Depuis le 20 juillet 2018 le GSDM assure la mise en œuvre du projet intituleacute laquo

MANITATRA II raquo Ce projet est financeacute par lrsquoUE par lrsquointermeacutediaire du COMESA dans le cadre du programme Global Climate Change Alliance Plus (GCCA+) des pays drsquoAfrique des Caraiumlbes et du Pacifique (Intra ACP) conformeacutement agrave lrsquoaccord de subvention NdegCC000418 signeacute par le COMESA et le GSDM Le projet est preacutevu pour couvrir une dureacutee de 3 ans

Lrsquoobjectif geacuteneacuteral du projet eacutetant de soutenir la mise agrave lrsquoeacutechelle de lrsquoAgriculture Climato-Intelligente (ACI) pour atteacutenuer les changements Climatiques et ameacuteliorer la seacutecuriteacute alimentaire agrave Madagascar Pour cela il cible la reacutegion de Vakinankaratra et couvre deux eacutecosystegravemes diffeacuterentes le Moyen-Ouest et les Hautes Terres en intervenant successivement au niveau de 07 et 10 Communes Rurales Et pour atteindre ces objectifs le projet a opteacute pour une approche de diffusion laquo paysan agrave paysan raquo Cette approche a eacuteteacute deacutejagrave testeacutee durant la peacuteriode du projet MANITATRA I (2014 -2015) dans les reacutegions du Vakinankaratra et du Sud - Est

Les paysans leaders (ou paysans relais) sont les pierres angulaires de lrsquoapproche de diffusion de paysan agrave paysan Ils ont eacuteteacute choisis et formeacutes par les techniciens du projet lrsquoeacutequipe du GSDM central et drsquoautres partenaires (Ceffel ADTRMAPDRA DRAEP Vakinankaratra) afin drsquoacqueacuterir les bagages neacutecessaires agrave la transmission des connaissances agro-eacutecologiques agrave leurs paires

Pourquoi cette eacutethodologie

La proximiteacute des paysans leaders avec les producteurs autour permet de corriger les limites de lrsquoapproche laquo technicien agrave paysan raquo qui ne garantit pas toujours une peacuterenniteacute des actions

initieacutees par les projets et qui coucircte nettement plus cher aux projets En effet le fait que les paysans leaders soient issus du lieu drsquointervention leur permet de parler le mecircme langage alors que les techniciens se heurtent geacuteneacuteralement aux barriegraveres des logiques paysannes qui peuvent ecirctre difficiles agrave percer Par ailleurs lrsquoapproche laquo paysan agrave paysan raquo preacutesente un coucirct nettement reacuteduit par rapport agrave lrsquoapproche laquo technicien agrave paysan raquo De plus les paysans leaders resteront toujours dans leur village une fois le projet termineacute Ainsi ils resteront des personnes ressources et continueront agrave donner des conseils aux paysans autour

Choix des paysans leaders

Lrsquoidentification des paysans leaders constituait la premiegravere mission de lrsquoeacutequipe au tout deacutebut du projet Crsquoest une eacutetape cruciale car un mauvais choix de paysan leader fait perdre beaucoup de temps au projet Un certain nombre de critegraveres a eacuteteacute mis en place afin de reacuteduire au maximum ce risquebull Ecirctre paysan de profession (agriculteur

eacuteleveur hellip)bull Possession drsquoune parcelle individuelle drsquoune

surface de 05 agrave 1ha deacutedieacutee agrave la pratique personnelle de lrsquoagro-eacutecologie

bull Ecirctre majeurbull Savoir compter lire et eacutecrirebull Ayant des expeacuteriences en matiegravere drsquoanimation

etou vulgarisation des techniques innovantesbull Ayant une sorte de leadership naturel aupregraves

des villageoisbull Habitant dans la zone drsquointervention du

projetbull De bonne reacuteputationbull Sans affiliation directe avec un parti politiquebull Non engageacute avec drsquoautres organismes

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

41

Trimestrielle - Edition N

deg 10

SUCCESS STORIES

Rocircle des paysans leaders et fonctionnement dun CEP

Les responsabiliteacutes des paysans leaders consistent agrave appuyer les techniciens dans le processus de diffusion de lrsquoagro-eacutecologie Ils doivent obligatoirement geacuterer au sein de leur exploitation un Champ Ecole Paysanne (CEP) individuel ougrave ils vont pratiquer les diffeacuterentes pratiques agro-eacutecologiques promues par le projet Les mises en place au niveau du CEP permet aux techniciens du projet de former et dassurer le recyclage des diverses pratiques agro-eacutecologiques Les formations des paysans leaders sont alors beaucoup plus pratiques que theacuteoriques Ce qui est plus approprieacutee pour ces paysans leaders Ils doivent pour ce faire appliquer rigoureusement les directives fournies par les techniciens Les paysans leaders assurent lrsquointeacutegraliteacute des charges lors des mises en place et entretiens des cultures au niveau du CEP que ce soit en intrants ou main drsquoœuvre Seules les semences de plantes de couvertures qui ne sont pas disponibles dans la zone que le projet leur fourni

Les CEP servent de lieu de formation et de visites eacutechanges organiseacutees par les paysans leaders pour leurs paires A la suite de ces sessions les paysans inteacuteresseacutes par une ou plusieurs pratiques agro-eacutecologiques au niveau des CEP seront accompagneacutes par les paysans leaders afin de les dupliquer au sein de leur exploitation respective Les paysans leaders couvrent geacuteneacuteralement une zone dans un rayon de cinq agrave dix kilomegravetres autour de leur lieu de reacutesidence soit trois agrave quatre fokontany en moyenne Ils sont agrave cet effet eacutequipeacutes drsquoune bicyclette comme moyen de locomotion et des bacircches de formation comme outils lors des seacuteances drsquoanimation Le projet leur dote aussi des bonbonnes et des pulveacuterisateurs leur permettant drsquoappliquer certaine techniques particuliegraveres comme la fabrication de compost liquide et les laquo ady gasy raquo

Engager les paysans leaders dans le processus de diffusion de lrsquoagro-eacutecologie ne signifie pas pour

autant les deacuterouter de leur vocation de paysan Ils ne sont pas des salarieacutes du projet Crsquoest drsquoailleurs pour cette raison que le GSDM a fixeacute par contrat une dureacutee effective de travail maximal de sept jours par mois Par contre le projet leur accorde une compensation journaliegravere de 10000Ar pour leurs interventions

Rocircles des techiciens

Pour MANITATRA II ce sont les paysans leaders qui assurent la diffusion des techniques agro-eacutecologiques promues par le projet Les techniciens jouent le rocircle de facilitateur afin que les paysans leaders puissent atteindre leurs objectifs Ainsi les techniciens encadrent techniquement les paysans leaders Ils ont dans ce sens la responsabiliteacute de faire des suivis des actions meneacutees par les paysans leaders et de les appuyer durant les seacuteances de conseil drsquoanimation et de formation Ils effectuent eacutegalement des appuis sur la mise en place des champs eacutecoles paysans (CEP) sur lesquels les riverains vont pouvoir appreacutecier les eacutetendues de lrsquoapplication des techniques appliqueacutes en agro-eacutecologie Les techniciens fixent les objectifs agrave atteindre selon les attentes du projet Pour MANITATRA II le ratio moyen est drsquoun technicien pour 7 paysans leaders encadreacutes

Perspectives pour les paysans leaders

Ces paysans leaders sont formeacutes reacuteguliegraverement sur diverses theacutematiques par le GSDM Cela afin qursquoils puissent assumer pleinement leurs responsabiliteacutes Lrsquoobjectif eacutetant qursquoils puissent agrave plus long terme devenir prestataire en tant que paysan formateur au niveau des entiteacutes qui auront besoin de leurs services agrave lrsquoinstar du FDA

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

42

Trimestrielle - Edition N

deg 10

SUCCESS STORIES

Laissons parler les paysans

Rindra Sandratriniaina Assitant Chef de projet RAKOTONDRAMANANA Directeur Exeacutecutif du GSDM

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Les reacutesultats obtenus de la deuxiegraveme anneacutee du projet MANITATRA II ont fournis des

enseignements conseacutequents quant aux techniques adopteacutees par les paysans et des inteacuterecircts que ces derniers avaient tireacute de ces adoptions Dans le moyen ouest comme sur la haute terre du Vakinankaratra la pratique du riz pluvial sur mulch de mucuna ont vraiment fait ses preuves Le riz pluvial associeacute au cajanus quoiqursquoen cours drsquoessais a deacutejagrave fourni des reacutesultats probants Les diffeacuterents niveaux drsquoameacutenagement coupleacutes avec les reboisements et la gestion des matiegraveres organiques sont tout autant de techniques que les quelques paysans des communes de Fidirana drsquoAntohobe et de Soavina vont nous deacutelivrer dans ce numeacutero 10 du journal de lrsquoagro-eacutecologie

Drsquoabord M Rakotomanantsoa Modeste drsquoAmbohibolakely de la commune rurale de Fidirana teacutemoigne de son inteacuterecirct quant agrave la pratique du riz pluvial sur mulch de mucuna

Avant cette pratique nous ne pouvions produire qursquoautour de 1tha pour le riz pluvial Actuellement le rendement peut aller jusqursquoagrave 5tha Le mucuna nrsquoagit pas seulement sur la restauration de la fertiliteacute du sol mais aussi sur le nettoyage des parcelles par rapport aux diffeacuterentes pestes veacutegeacutetales qui envahissaient nos parcelles Il srsquoest aveacutereacute que le mucuna permet aussi de lutter contre certains ravageurs de culture Pour nous loin fut le temps ougrave nous eacutetions frustreacutes de la plantation de cette leacutegumineuse non comestible qui accaparait nos surfaces cultivables car vu lrsquointeacuterecirct qursquoy portent le grand nombre la plantation de celle-ci nous engendre deacutesormais des revenus drsquoappoints

En outre je produits aussi du lombricomposte Lrsquoobjectif est toujours eacuteteacute de sevrer notre exploitation de lrsquoutilisation drsquoengrais chimique Avec lrsquoavegravenement des techniques de seacuteparations

de vers drsquoavec le composte la production nrsquoest plus peacutenible comme avant Il nous faut juste surveiller lrsquohumiditeacute la tempeacuterature lrsquoeacutetat du lombricomposteur et enfin veiller agrave ce que les lombrics aient toujours du preacutecomposte precirct agrave lrsquoemploi Je lrsquoutilise surtout dans la production de riz pluvial le maiumls et la production de plants drsquoarbre en peacutepiniegravere ou ccedila mrsquoa permis non seulement de produire des beaux plants mais aussi de beaucoup reacuteduire lrsquoinvasion des ravageurs

Ensuite Razafindrakoto Edouard drsquoAmbohibolakely de la commune de Fidirana stipule que parmi toutes les techniques vulgariseacutees par le GSDM agrave travers le projet MANITATRA II la plantation de mucuna et celle qui apporte le plus drsquointeacuterecircts

Quand je nrsquoavais utiliseacute que des fumiers de parc les fano (heteronicus) et ses vers blancs ont causeacute beaucoup de deacutegacirct sur mes riz et mes maiumls Actuellement en combinant mulch de mucuna et utilisation du lombricomposte nous avons pu doubler notre production Elle permet en effet drsquoeacuteliminer les menaces dues aux attaques des ravageurs de culture et entretien la fertiliteacute du sol

De son cocircteacute Rakotoarijaona Alfred affirme que donner lrsquoexemple sur ses habitudes culturales mis en pratique au niveau de son champ eacutecole paysan (CEP) fait partie de son quotidien de paysan leader (PL)

Il propose entre autre lrsquoameacutenagement en courbe de niveau des parcelles en pente et les techniques de fabrication des diffeacuterents types de compost

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

43

Trimestrielle - Edition N

deg 10

SUCCESS STORIESJO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

comme moyen de gestion durable du sol Lrsquoassociation du riz pluvial avec le cajanus lui a donneacute un excellent reacutesultat Semeacute au moment de la montaison le cajanus associeacute au riz pluvial nrsquoa manifesteacute aucune sorte de concurrence Il ne se ramifie qursquoapregraves la reacutecolte du riz Durant lrsquointersaison il se deacuteveloppent de maniegravere agrave couvrir les parcelles et les preacuteservent des invasions drsquoadventices Le cajanus est connu pour son travail naturel du sol et une production de biomasse pouvant servir au compostage En fin de cycle il fournit aussi drsquoeacutenorme quantiteacute bois pour les cuissons

Pour M Ralaisa Pierre Solofoniaina lrsquoapplication de lrsquoagriculture de conservation a permis de mieux geacuterer ses parcelles surtout vis-agrave-vis des pheacutenomegravenes drsquoeacuterosion

Jrsquoavais mis en place des courbes de niveau sur mes parcelles puis jrsquoai installeacute de couverture veacutegeacutetale comme le mucuna Depuis je ne travaille plus mes terres et les sarclages sont deacutesormais moins contraignants Je me suis eacutegalement aperccedilu que les effets du striga se sont beaucoup amoindris Comme reacutesultats si avant pour le riz pluvial nous ne pouvons obtenir qursquoenviron 1tha maintenant nous arrivons agrave produire 40kg de paddy par are soit dans les 4tha Jrsquoai entrepris ces travaux car je vise surtout lrsquoavenir de mes enfants Je dois ecirctre en mesure de leur leacuteguer de la bonne terre) raquo

Rabemanantsoa Gilbert drsquoAnkily du Fokontany drsquoAntampondravola un alevineur professionnel avait beacuteneacuteficieacute des appuis sur la protection des bassins versants autour de ses bassins piscicoles

Les appuis du projet MANITATRA II mrsquoa permis de mettre agrave jour mes techniques drsquoalevinage Mais le plus important eacutetait ces ameacutenagements

des versants autour de mes bassins piscicoles Nous nous y sommes mis pour combattre le fleacuteau drsquoeacuterosion qui agrave chaque peacuteriode de pluie menacent drsquoensabler nos bassins Les versants ameacutenageacutes sont actuellement stabiliseacutes avec des haies vives de cajanus renforceacutes avec du brachiaria et diverses plantes de couverture

Depuis longtemps je pratique aussi le lombricompostage Il mrsquoa permis de reacuteduire lrsquoutilisation des produits chimiques et surtout drsquoalleacuteger les peines relatives au transport vers les parcelles Quand la population de lombrics augmente il mrsquoarrive de les reacuteguler en preacutelevant une certaine quantiteacute pour nourrir mes poissons

Du cocircteacute de la commune drsquoAntohobe Mme Rafanjanirina Jeanne Philomegravene a entrepris la restauration de la fertiliteacute de ses parcelles apregraves quelque heacutesitation

Il y a 2 ans le technicien du projet Manitatra travaillant dans notre commune nous a animeacute sur les techniques de restauration de la fertiliteacute du sol Au deacutebut je nrsquoeacutetais pas vraiment convaincue du bien-fondeacute de ces techniques mais apregraves avoir assisteacute agrave une visite eacutechange au niveau du site drsquoIvory et apregraves avoir constateacute la reacuteussite de mon fregravere sur le reboisement jrsquoai deacutecideacute de mrsquoy mettre Nous avons adopteacute le lombricompostage et la fabrication de biopesticide Reacutecemment nous avons constateacute que lrsquoassociation de mucuna avec le maiumls permet de proteacuteger ces derniers contre les attaques de chenilles

Avant nous avons comme habitude drsquoutiliser du cendre du riz pluvial et nous nrsquoavons pu obtenir que 240kg de paddy par are Apregraves lrsquoutilisation du lombricompost la mecircme surface nous a donneacute 320kg agrave 400kg Sur la production de tomate avant nous ne pouvons faire que 4 reacutecoltes maintenant avec le lombricompost ccedila peut aller jusqursquoagrave 6 voire 7 reacutecoltes

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

44

Trimestrielle - Edition N

deg 10

SUCCESS STORIESJO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

A Soavina Rasoanindrina Wivine eacutetait pris drsquoeacutetau par une grande parcelle qursquoelle avait preacutevu drsquoabandonner car elle ne lui permettait plus de produire grand-chose

En effet ladite parcelle eacutetait non seulement deacutegradeacute mais eacutetait aussi envahi par le striga et le kidoronrsquoalika (Acantospermum austral) A la suite drsquoune reacuteunion de sensibilisation organiseacutee par le technicien posteacute agrave Soavina jrsquoavais deacutecideacute drsquoy planter du mucuna et du Stylosanthes associeacute avec un peu de maiumls et du riz pluvial Degraves la premiegravere anneacutee une ameacutelioration du rendement en riz srsquoeacutetait fait ressentir A la

deuxiegraveme anneacutee malgreacute la seacutecheresse le riz eacutetait drsquoune tregraves bonne veacutegeacutetation mais lrsquoinsuffisance de pluie au moment de la floraison dans notre reacutegion ne nous a pas permis drsquoobtenir des graines

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

45

Trimestrielle - Edition N

deg 10

ACTUALITES

Dans le cadre du Projet MANITATRA II sur financement du COMESAUnion

Europeacuteenne (11egraveme FED agrave destination des pays ACP dans le cadre de lrsquoAlliance Mondiale pour le Climat) le GSDM srsquoest lanceacute dans la production et la reacutealisation drsquoun film drsquoanimation 3D sur la base de son livret ludique un guide de formation conccedilu pour lrsquoapprentissage de lrsquoAgro-eacutecologie et de lrsquoeacuteducation environnementale en milieu scolaire Lrsquoobjectif eacutetant de renforcer la promotion de lrsquoAgriculture Climato-Intelligente au niveau national et drsquoappuyer la prise en compte de lrsquoAgro-eacutecologie dans les politiques publiques et les projetsprogrammes Dans ce sens ce film drsquoanimation 3D constitue un outil de plaidoyer mais eacutegalement un support de formation drsquoanimationsensibilisation

Lrsquoideacutee drsquointeacutegrer lrsquoAgro-eacutecologie dans tous types de formation essentiellement dans lrsquoenseignement de base agrave Madagascar a eacuteteacute eacutevoqueacutee depuis bien des anneacutees lors des diffeacuterents ateliers et eacutevegravenements

organiseacutes par le GSDM Cette reacuteflexion a eacuteteacute soutenue aussi bien par lrsquoAdministration que par les partenaires techniques et financiers mais eacutegalement par les diffeacuterents acteurs de deacuteveloppement impliqueacutes œuvrant dans le secteur du deacuteveloppement durable

Lrsquointeacutegration de lrsquoAgro-eacutecologie en milieu scolaire a eacuteteacute initieacutee par le GSDM en 2017 au travers du projet PAPAM sur financement de lrsquoAFD Il eacutetait preacutevu de seacutelectionner 6 eacutetablissements publics etou priveacutes de niveau collegravege dans la reacutegion du Vakinankaratra Au travers des activiteacutes parascolaires lrsquoideacutee eacutetait de former des enseignants pour assurer le transfert de connaissances aux eacutelegraveves de 6egraveme et 5egraveme Avec les acquis de WWF membre du GSDM et la collaboration de lrsquoOEMC aupregraves du Ministegravere de lrsquoEducation Nationale de lrsquoEnseignement Technique et Professionnel un document de concept note a eacuteteacute eacutelaboreacute pour la mise en œuvre drsquoune phase pilote De la

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Un film drsquoanimation 3D sur lrsquointeacutegration de lrsquoAgro-eacutecologie en milieu scolaire pour la vulgarisation de lrsquoAgro-eacutecologie au niveau national

LrsquoEducation agrave lrsquoinverse une maniegravere de diffuser lrsquoAgro-eacutecologiehelliphelliplrsquoAgro-eacutecologie pour les geacuteneacuterations futures

Equipe GSDM

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

46

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

mission de diagnostic visant lrsquoidentification des eacutetablissements beacuteneacuteficiaires aux missions de formation de conception de supports et de

suivi les eacutetapes de la mise en œuvre ont eacuteteacute reacutealiseacutees sous lrsquoeacutegide de la Direction Reacutegionale de lrsquoAgriculture de lrsquoElevage et de la Pecircche et de la Direction Reacutegionale de

lrsquoEducation Nationale de lrsquoEnseignement Technique et Professionnel Un atelier bilan a eacuteteacute organiseacute agrave la fin de lrsquoanneacutee scolaire 2017-2018 pour eacutevaluer et mesurer les impacts de ce

mode laquo drsquoeacuteducation agrave lrsquoinverse raquo ougrave les enfants forment leurs parents pour un changement de paradigme

Le succegraves de la phase pilote a tout particuliegraverement susciteacute lrsquoattention de nombreux partenaires techniques et financiers souhaitant investir dans lrsquoeacuteducation des jeunes dans le cadre du deacuteveloppement durable Une extension des activiteacutes a eacuteteacute ainsi programmeacutee au travers du projet MANITATRA II sur financement du COMESAUnion Europeacuteenne pour 3 anneacutees scolaires conseacutecutives 20182019 - 20192020 et 20202021 Six (6) nouveaux eacutetablissements ont eacuteteacute seacutelectionneacutes selon les critegraveres du projet Pour la peacuterennisation des actions le projet MANITATRA II a maintenu lrsquoappui technique au niveau des eacutecoles PAPAM A lrsquoissu de lrsquoatelier bilan organiseacute agrave la fin de lrsquoanneacutee scolaire 2018-2019 la sollicitation du GIZProSol sur financement de la Coopeacuteration Allemande a emmeneacute agrave lrsquoextension des activiteacutes au profit de 8 nouveaux eacutetablissements dans la Reacutegion Boeny

Les beacuteneacuteficiaires directes sont actuellement au nombre de 3897 eacutelegraveves reacutepartis au niveau de 20 eacutetablissements dont 3 047 dans la reacutegion de Vakinankaratra et 850 dans la reacutegion

Boeny Cette eacuteducation agrave lrsquoinverse touche eacutegalement les parents le corps eacuteducatif les paysans aux alentours mais aussi les acteurs de deacuteveloppement et les deacutecideurs

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

47

Trimestrielle - Edition N

deg 10

AGRO-ECOLOGIE EN PHOTOJO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

Le Comiteacute de pilotage du Projet MANITATRA II sest reacuteuni pour la 2egraveme fois le 24 septembre

2020 pour lexamen du rapport dactiviteacute de lanneacutee 2 et de la programmation des activiteacutes de lanneacutee 3

Ont reacutepondu preacutesent le DGA du MAEP en sa qualiteacute de Peacutersident du Comiteacute le PCA du GSDM le Vice-Preacutesident

du CA du GSDM le Directeur du Deacuteveloppement Reacutegional du Vakinankaratra le DRAEP Vakinankaratra le DREDD Vakinankaratra et le Repreacutesentant du MEDD par le biais de son Conseiller Technique

Reacuteunion du comiteacute de Pilotage du projet Manitatra II le 24 Septembre 2020

Les journeacutees Agro-eacutecologiques du Vakinankaratra se sont tenues les 19 et 20 mars 2020 Ces

2 journeacutees ont eacuteteacute consacreacutees pour le partage des acquis et expeacuteriences en Agro-eacutecologie face au deacutefis du changement climatique et de linseacutecuriteacute alimentaire On a vu la participation de lAdministration au travers du Ministegravere de lAgriculture de lElevage et de la Pecircche du Ministegravere de lEnvironnement et du Deacuteveloppement Durable du Ministegravere de lEducation Nationale de la Direction de la meacuteteacuteorologie des autoriteacutes locales des partenaires techniques et financiers des beacuteneacuteficiaires et des journalistes

La premiegravere journeacutee a eacuteteacute deacutedieacutee agrave la visite des reacutealisations en Agro-eacutecologie suivie dun atelier de restitution le 2egraveme jour Tant sur le terrain quau travers des teacutemoignages en salle lactiviteacute lieacutee agrave linteacutegration de lAgro-eacutecologie en milieu scolaire a succiteacute lattention des participants Cette mode deacuteducation agrave linverse ougrave les enfants forment leurs parents a tout particuliegraverement toucheacute de nombreux meacutenages Desormais les parents souhaitent ecirctre formeacutes sur diffeacuterents theacutematiques en Agro-eacutecologie tels que le compsotage lAgriculture de conservation et lAgroforesterie

Objectif atteint pour le GSDM la reacuteussite de cet eacutevenement est ducirc agrave la participation active des diffeacuterents intervenants En vue dune agriculture durable la peacutereacutenisation des acquis et limportance de la prise en compte de lAgro-eacutecologie dans les politiques publiques a eacuteteacute souleveacutee et approuveacutee

Journeacutees Agro-eacutecologiques du Vakinankaratra les 19 et 20 mars 2020

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

48

Trimestrielle - Edition N

deg 10

Deacutecembre2020

Octobre 2020

Septembre 2020

Novembre 2020

Ont participeacute agrave ce numeacutero bull Mireille RAZAKA - Responsable Communication du GSDMbull Vololoniraisana RANDRIAMIARANA - Agronome du GSDMbull Martin RANDRIAMITANTSOA - Consultant Agronome du GSDMbull Tahina RAHARISON - Consultant Agronome Socio-eacuteconomiste du GSDMbull TOKIHERINIONJA Tanjonarilesa Fernand - Chef de Projet MANITATRA IIbull RAKOTONDRAMANANA - Directeur Exeacutecutif du GSDM

Rubrique laquoLAgro-eacutecologie au niveau nationalraquo WWH - DURRELL - CEFFEL membre du GSDM - GIZProSol Partenaire Technique et FinancierRubrique laquoDossierraquo Collegravegues rapprocheacutes de Lucien SEGUYRubrique laquoRechercheraquo FOFIFA - Dp SPAD - Partenaires techniques Rubrique laquoSuccess Storiesraquo GSDM Vakinankaratra (MANITATRA II)Entiteacute de validation Comiteacute de lecture les membres du GSDM GSDM Copyrigth septembre2020

Site WebFacebook YoutubeRoute drsquoAmbohipo

Lot VA 26 Y AmbatorokaBP 6039 Ambanidia Antananarivo 101 Madagascar

Teacutel (+261) 20 22 276 27

CALENDRIER DIVERS CONTACTS

Site WebFacebook

Teacutel (261 20) 22 200 46 agrave 48Fax (261 20) 22 347 94

afdantananarivoafdfr

23 rue RazanakombanaAmbohijatovo BP 557

AntananarivoMADAGASCAR

Pour de plus amples informations etou pour toutes ameacuteliorations contacter nous au

Ce journal a eacuteteacute financeacute au deacutepart par lrsquoAFD (projet PAPAM) et par le COMESAUE (projet MANITATRA 2) agrave partir de leacutedition Ndeg8

Les membres du GSDM

Direacutecteur Exeacutecutif gsdmdemoovmgResponsable communication razakamireilleyahoofr

Evegravenements

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

- Mission de suivi Alaotra - Mission de suivi Sud-Est- Mission drsquoevaluation et bilan de campagne ATASEF - Formation des techniciens des ONGencadreacutes par ECO-CONSULT - GIZProSol

- Preacutesentation officielle du film drsquoanimation 3D Ny Fambolena maharitraho anny taranaka mifandimby- Atelier bilan eacutecole Manitatra II- Expertise OSDRM dans la Diana

Directeur de publication RAKOTONDRAMANANA DL imprimeur Ndeg - Editeacute en 140 exemplaires

Facebook Site Web

- Atelier recherche et deacuteveloppement - Emission FIVOHY sur la RNM tous les 3egraveme samedis du mois de 08h15 agrave 08h30 du matin

- Campagne culturale grande saison- Journeacutees Agro-eacutecologiques du Sud-Est

Open library

  • Signet 1
Page 10: Edito - gsdm-mg.org

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

10

Trimestrielle - Edition N

deg 10

LrsquoAGRO-ECOLOGIE AU NIVEAU NATIONAL

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Accompagnement de la communauteacute agrave la restauration de la fertiliteacute du bassin versant

De faccedilon participative les eacutequipes drsquointervention deacutefinissent des reacutefeacuterentiels techniques pertinents susceptibles drsquoecirctre diffuseacutes aupregraves de la population cible sur la base du diagnostic foncier du site-terroir et de la typologie de leurs systegravemes drsquoexploitation Pour ce faire et pour assurer par la suite leur large diffusion il est preacutevu pour ces programmes de renforcer de faccedilon tregraves pratique et concregravete les paysans relais aux concepts agronomiques fondamentaux afin de compleacuteter leur savoir et expeacuteriences en matiegravere de fertiliteacute des sols lrsquoimportance de la matiegravere organique pour le sol et les plantes et le cycle des mineacuteraux Le champs-eacutecole constitue le moyen le plus efficace pour assurer lrsquoenseignement pratique et lrsquoattraction des intentions des masses paysannes Les techniciens organisent peacuteriodiquement

des eacutevegravenements drsquoeacutechanges laquo formaliseacutes raquo sous forme de visite de la parcelle par les producteurs villageois agrave des peacuteriodes et moments cleacutes de lrsquoitineacuteraire technique

Dans lrsquoobjectif de proteacuteger par la suite ces sols et garantir la conservation peacuterenne des bassins versants les deux programmes SILVER et AFAFI Sud accompagnent les Communes et le Service Technique Deacutecentraliseacute de lrsquoEnvironnement dans la planification participative du reboisement au niveau des terroirs Afin de rendre disponible les jeunes plants sur place des actions de diffusion aupregraves des villageois des techniques de confection de peacutepiniegraveres et des peacutepiniegravere eacutecole paysanne ndash au mecircme titre que les champs eacutecoles paysans ndash sont preacutevus pour les deux premiegraveres anneacutees de travaux

Formation des femmes sur les cultures maraichegraveres et lrsquoarboriculture fruitiegravere

Fabrice LHERITEAU Chef drsquoeacutequipe ProSol Boeny

Le projet global Prosol est un projet de la Coopeacuteration allemande commissionneacute dans

le cadre de lrsquoinitiative laquo Un seul monde sans faim raquo par le Ministegravere de la Coopeacuteration Economique et du deacuteveloppement allemand Il est mis en œuvre dans huit pays diffeacuterents dont Madagascar ougrave la reacutegion drsquointervention est Boeny

Dans la mise en œuvre des activiteacutes de protection et reacutehabilitation des sols dans la reacutegion Boeny le ProSol Madagascar place les communauteacutes de producteurs au cœur de son approche en insistant sur la valorisation des activiteacutes speacutecifiques aux femmes Le projet dispose mecircme drsquoun indicateur speacutecifique pour le comptage de ces reacutealisations au niveau des meacutenages orienteacute sur lrsquoameacutelioration des conditions de vie des femmes

Or dans la reacutegion Boeny au Nord-Ouest de Madagascar la seule activiteacute agricole qui peut ecirctre pratiqueacutee sur la plupart des terres durant la

saison segraveche qui commence vers le mois drsquoavril et finit en octobre est le maraichage Cette activiteacute est souvent pratiqueacutee par les femmes et est essentielle pour lrsquoeacuteconomie des meacutenages puisquen son absence les familles doivent se deacuteplacer pour trouver un emploi ou encore srsquoadonner agrave la fabrication de charbon de bois malheureusement sans toujours respecter les regravegles en vigueur pour proteacuteger lrsquoenvironnement

Par conseacutequent dans les communes drsquointerventions de ProSol les demandes eacutemanant des femmes mettent en avant des besoins en termes de renforcement de capaciteacute sur les activiteacutes de maraichage et de plantation drsquoarbre fruitier Pour reacutepondre agrave ce besoin ProSol a octroyeacute une formation sur les cultures maraichegraveres et lrsquoarboriculture fruitiegravere en collaboration avec CEFFEL Puis des formations en cascades ont eacuteteacute organiseacutees par les ONG partenaires de ProSol sur le terrain A lrsquoissue des seacuteries de formations

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

11

Trimestrielle - Edition N

deg 10

LrsquoAGRO-ECOLOGIE AU NIVEAU NATIONAL

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

373 femmes ont eacuteteacute formeacutees agrave la culture drsquoune large gamme de leacutegumes et ont pu obtenir agrave la fois des semences et quelques petits eacutequipements pour les aider agrave se lancer dans le maraichage ou se perfectionner Un manuel de formation pratique et adapteacutes aux communauteacutes agriculteurs sur la plantation des arbres fruitiers a eacutegalement eacuteteacute eacutelaboreacute pour ecirctre utiliseacute agrave large diffusion et reacutepandre encore davantage les bonnes pratiques

La principale innovation diffuseacutee lors de ces formations a eacuteteacute de proposer un large ensemble de traitements biologiques reacutealisables agrave partir des produits locaux Habituellement les paysans encourageacutes par les commerccedilants de produits phytosanitaires utilisaient les traitements chimiques Les effets sur lrsquoenvironnement et les sols eacutetaient tregraves neacutegatifs mais les meacutethodes traditionnelles eacutetant jugeacutees inefficaces les paysans faisaient le choix du pragmatisme

Mais apregraves la formation certaines femmes ont pu concevoir leurs propres remegravedes et obtenir des reacutesultats concluants en combinant diverses solutions Crsquoest le cas notamment de madame RAZAFINDRAFARA Mampiandra Marie megravere de famille drsquoune cinquantaine drsquoanneacutee de la commune drsquoAnkijabe qui fabrique du ady-gasy

pour proteacuteger les cultures et du compost agrave base de feuilles drsquoacacia de feuilles de neem et de bemaimbo pour les fertiliser Elle se montre tregraves satisfaite des reacutesultats obtenus et teacutemoigne

laquo Le reacutesultat est maintenant vraiment diffeacuterent de ce que jrsquoai obtenu auparavant Les leacutegumes agrave feuilles verdissent bien et elles ont une bonne taille Le fait de voir mes leacutegumes qui poussent bien me motive chaque jour agrave bien entretenir mes maraicircchages et en faire encore davantage Pour mon cas jrsquoai multiplieacute par trois la surface de mes terres pour le maraicircchage et elle comprend actuellement 30 plates-bandes raquo

Lrsquoagrandissement des parcelles de maraichage et la vente de la reacutecolte de carottes salade morelle et oignons sur le marcheacute pour de bons prix a eacutegalement permis agrave Mme RAZAFINDRAFARA de commencer une petite eacutepargne et de srsquoacheter un nouveau teacuteleacutephone

Le projet ProSol souhaite en collaboration avec ses partenaires poursuivre ses activiteacutes de formation sur le maraicircchage et lrsquoutilisation de compost par les paysans afin de promouvoir une source de revenu respectueuse des sols et contribuant agrave restaurer leur fertiliteacute Pour toutes informations compleacutementaires nrsquoheacutesitez pas agrave vous adresser agrave Tahiry Rarivonandrasana (TahiryRARIVONANDRASANAeco-consultcom)

Illustration Mme RAZAFINDRAFARA preacutepare

de lrsquoady gasy pour ses cultures

La recette du compost de Mme RAZAFINDRAFARA

laquo Pour preacuteparer le compost je meacutelange un volume de bouse de vache fraicircche avec deux volumes de feuilles drsquoacacia de feuilles de neem et de bemaimbo Les feuilles doivent ecirctre entrecoupeacutees et lrsquoensemble devra agrave peu pregraves avoir le tiers de la contenance drsquoun fut de 200 litres Il faut ajouter ensuite de lrsquoeau jusqursquoagrave ce que le fut soit plein La preacuteparation est agrave meacutelanger tous les 2 jours et le compost liquide peut ecirctre utiliseacute apregraves 7 jours de fermentation Jrsquoai apporteacute le compost liquide agrave mes maraicircchages une agrave deux fois par

semaine raquo

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

12

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Reacutesumeacute

La croissance deacutemographique affecte le secteur eacutelevage qui doit aujourdhui assurer le triple de la production en viande drsquoil y avait cinquante ans De plus les terres ceacutereacutealiegraveres destineacutees agrave

lalimentation animale ont diminueacute alors que la demande en produits dorigine animale na cesseacute daugmenter Pour y remeacutedier il savegravere indispensable de valoriser les ressources alimentaires non conventionnelles qui sont en abondance mais ne sont pas en compeacutetition avec lrsquoalimentation humaine Dans cette optique le FOFIFA-DRZVP a investi plusieurs anneacutees sur lrsquoexploitation de la graine de mucuna dans lalimentation animale Des analyses chimiques de la graine ont montreacute ses qualiteacutes nutritionnelles mais eacutegalement la preacutesence du L-dopamine qui est un facteur antinutritionnel Par ailleurs plusieurs traitements de cette graine ont eacuteteacute testeacutes pour diminuer la teneur en L-Dopamine sans pour autant affecter sa valeur nutritionnelle Des tests sur diffeacuterents types danimaux ont eacuteteacute effectueacutes pour deacuteterminer le traitement le plus efficient pour chaque animal le taux dincorporation du mucuna dans la ration et lefficaciteacute de son utilisation dans lalimentation animale Les reacutesultats ont montreacute que le mucuna est une alternative inteacuteressante pour ameacuteliorer la production animale tant sur le plan social que sur le plan eacuteconomique

Valorisation du mucuna pour lalimentation des animaux de rente agrave Madagascar

RAZAFINARIVO Tsirinirina Donnah RAKOTOMANANA Olga Rachel RAPATSALAHY SabineFOFIFA - DRZVP (Deacutepartement de recherches Zootechniques Veacuteteacuterinaires et Piscicoles )

Introduction

Ces six derniegraveres deacutecennies la consommation globale de viande nrsquoa cesseacute drsquoaugmenter Elle a mecircme tripleacute en un demi-siegravecle En 2018 elle a atteint les 342 millions de tonnes (FAO) Cette tendance est tregraves marqueacutee dans les pays en deacuteveloppement comme Madagascar car elle srsquoest accrue de plus de 5 durant ces derniegraveres deacutecennies et devrait augmenter de 14 an agrave travers le monde jusqursquoen 2030 (FAO 2014) Les raisons principales en sont la forte croissance deacutemographique lurbanisation et leacuteleacutevation du niveau de vie Selon toujours le FAO (2011) la consommation en viande de volailles sera multiplieacutee de 23 en 2050 contre 14 agrave 18 pour les autres produits animaux Ceci neacutecessite 27 millions de tonnes drsquoaliments suppleacutementaires et 24 millions drsquohectares de terres ceacutereacutealiegraveres additionnelles agrave moins que la proportion de sous-produits et de ressources alimentaires non conventionnelles augmente substantiellement Dans cette optique le laboratoire de nutrition animale du FOFIFA-DRZVP srsquoest investi depuis plusieurs anneacutees sur la valorisation des ressources

non conventionnelles pour lrsquoalimentation animale Ainsi depuis 2012 la graine de mucuna a eacuteteacute valoriseacutee pour lrsquoalimentation des porcs agrave Madagascar dans le cadre drsquoun partenariat entre le FOFIFA et le GSDM Cette valorisation du mucuna srsquoest eacutelargie sur drsquoautres animaux de rente telle effectueacutee dans le partenariat entre le GRET lAVSF et le FOFIFA dans le cadre du projet HOBA ASARA Cet article reacutesume six anneacutees de recherches sur la valorisation du mucuna pour lrsquoalimentation animale agrave Madagascar

Contexte

Le pois mascate (Mucuna pruriens ou Dolichos pruriens) est une plante annuelle quon retrouve dans les reacutegions tropicales de lInde et de lAfrique (Figure 1) Le mucuna est surtout connu pour ses vertus en meacutedecine (plante revitalisante et aphrodisiaque action sur la production de testosteacuterone de dopamine etc)

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

13

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Derniegraverement ses inteacuterecircts en agronomie sur lrsquoameacutelioration du rendement du riz pluvial sur reacutesidus de maiumls + mucuna et ceux du maiumls en association avec le mucuna ont eacuteteacute publieacutes par le GSDM Ces rendements repreacutesentent 3 agrave 4 fois les rendements obtenus sur labour en sol nu (sans couvert veacutegeacutetal) avec les mecircmes doses de fertilisation (GSDM 2020) Cette capaciteacute des systegravemes agrave base de mucuna sur le rendement en plus de ses effets contre les mauvaises herbes et contre les insectes observeacutee sur plusieurs anneacutees justifie sa large diffusion actuelle chez les paysans De plus contrairement aux autres leacutegumineuses comme le nieacutebeacute (Vigna unguculata) le haricot le soja ou le Vigna umbellata (tsiasisa) le mucuna nrsquoest pas attaqueacute par les chenilles (Helicoverpa armigera) ou les chenilles leacutegionnaires drsquoautomne (Spodoptera frugiperda) (RAKOTONDRAMANA et al 2018) Ainsi suite agrave des anneacutees de production les graines de mucuna issue de ce systegraveme deviennent de plus en plus nombreuses Par ailleurs il srsquoavegravere judicieux de les valoriser dans lrsquoalimentation animale En tant que leacutegumineuse les graines de mucuna sont relativement riches en proteacuteine (composant le plus couteux dans la formulation alimentaire

des animaux) Cette pratique est lrsquoune des bases de lrsquointeacutegration agriculture-eacutelevage (IAE) agrave lrsquoeacutechelle de lrsquoexploitation sur lrsquointensification de la production par la valorisation des produits et reacutesidus pour lrsquoeacutelaboration de rations eacutequilibreacutees aux animaux (Lhoste 2008)

Figure 1 Les varieacuteteacutes de mucuna agrave Madagascar

Analyses en laboratoire

Pour pouvoir utiliser le mucuna dans lalimentation animale il est primordial de deacuteterminer ses valeurs nutritionnelles Ainsi les reacutesultats danalyses ont confirmeacute sa richesse en proteacuteine Cependant malgreacute un taux inteacuteressant en proteacuteine sa valeur biologique est reacuteduite par la preacutesence de la L-Dopa (34- dihydroxyphenylalanine qui est un acide amineacute non proteacuteique) qui est une substance anti-nutritionnelle preacutesente dans la graine de mucuna La L-Dopa est une moleacutecule thermolabile et hydrosoluble Ainsi des hypothegraveses ont eacuteteacute apporteacutees sur les possibiliteacutes de reacuteduire la teneur en L-Dopa dans la graine sans pour autant reacuteduire la teneur en proteacuteine qui est deacutenatureacutee par la chaleur Par ailleurs plusieurs traitements et combinaison de traitements ont eacuteteacute testeacutes (Figure 2) Ces traitements sont suivis drsquoanalyses nutritionnelle et toxicologique (Tableau 1) afin drsquoeacutevaluer le traitement le plus efficient cest-agrave-dire le moins toxique et ayant une valeur nutritionnelle inteacuteressante

Mucuna pruriens utilis jaune

Mucuna pruriens utilis noir

Mucuna pruriens yardghana

Mucuna pruriens IRZ

Mucuna pruriens rajada Mucuna pruriens Mucuna pruriens

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

14

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

MB T1 T2 T3 E1 E2 TE D1 D2 D3 TBic MTMatiegravere Segraveche () 938 949 952 959 945 944 984 828 995 991 939 946Matiegravere Mineacuterale () 35 415 38 40 42 39 41 27 27 19 41 44Cendre Insoluble () 01 01 01 00 01 01 01 01 01 01 01 01Calcium () 04 05 05 04 02 03 02 012 02 156 03 015Phosphore () 07 08 07 07 08 07 08 109 07 052 07 097Proteacuteine Brute () 263 242 235 226 257 238 214 270 217 248 242 243Matiegravere Grasse () 42 44 42 45 50 42 48 - 50 62 52 30L-dopa () 66 595 523 291 315 202 22 - 079 075 296 -

bull Mucuna non traiteacute (MB)bull Mucuna traiteacute trempage (T1 24h T2 48h et T3 72h)bull Mucuna traiteacute par eacutebullition (sur diffeacuterents temps drsquoeacutebullition E1 30min et E2 60min)bull Mucuna traiteacute par trempage suivi drsquoeacutebullition (TE)bull Mucuna deacutepelliculeacute (sur diffeacuterents temps de trempage D1 24h D2 48h et D3 72h) bull Mucuna traiteacute par eacutebullition dans une solution contenant 02 de bicarbonate (TBic)bull Mucuna traiteacute par torreacutefaction (MT)

Figure 2 Traitements du Mucuna

Expeacuterimentations en milieu controcircleacute

Des formulations alimentaires (Provende) agrave base de mucuna ont eacuteteacute effectueacutees puis testeacutees sur des animaux en milieu controcircleacute dans la station de recherche du FOFIFA agrave Kianjasoa Il srsquoagit de comparer les performances zootechniques des porcs et des volailles nourris avec des rations contenant un pourcentage deacutetermineacute de mucuna sur un traitement deacutetermineacute contre des lots teacutemoins de ces mecircmes animaux mais alimenteacutes avec des rations agrave 0 mucuna

RECHERCHES

Tableau 1 Valeurs nutritionnelles et teneur en L-Dopa du mucuna suivant diffeacuterents traitements (en pourcentage de la matiegravere segraveche)

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

15

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Expeacuterimentation sur les porcelets

Les expeacuterimentations ont eacuteteacute reacutealiseacutees sur diffeacuterents taux drsquoincorporation de mucuna (5 10 20 et 40) mais les gains de poids consideacutereacutes comme plus efficaces sont ceux enregistreacutes agrave une incorporation de 20 Par ailleurs le test sur animaux sur trois lots de porcelets recevant respectivement une ration agrave 0 de mucuna 20 mucuna torreacutefieacute et 20 de mucuna traiteacutee par le bicarbonate a eacuteteacute effectueacute Apregraves un mois et demi dexpeacuterimentation sans compter la peacuteriode dadaptation Le Gain moyen quotidien (GMQ) du lot teacutemoin est de 305 g contre 355g pour le lot recevant 20 de mucuna torreacutefieacute et 319 g pour le lot recevant 20 de mucuna traiteacutee au bicarbonate (Figure 3)

Figure 3 Gain moyen quotidien (en gramme) durant 45 jours de 3 lots de porcelets recevant une provende agrave base de mucuna

Ces expeacuterimentations nous montrent que les graines de mucuna peuvent bien ecirctre utiliseacutees dans lrsquoalimentation des porcs malgreacute la preacutesence de la L-Dopa qui nrsquoest pas totalement eacutelimineacutee par les traitements thermiques etou chimiques La comparaison drsquoune ration iso-proteacuteique et iso-eacutenergeacutetique du mucuna traiteacute au bicarbonate nrsquoa montreacute aucune diffeacuterence significative par rapport agrave une ration normale Par ailleurs le traitement par torreacutefaction est consideacutereacute comme efficace pour la ration des porcs La libeacuteration dacide gras durant la torreacutefaction ameacuteliore la palatabiliteacute de la ration et a un effet beacuteneacutefique sur lrsquoindice de conversion alimentaire

Expeacuterimentations sur les volailles

Les volailles repreacutesentent une source preacutecieuse de proteacuteines animales drsquoune grande valeur biologique Son eacutelevage se fait partout dans le monde dans des conditions tregraves variables Mais lrsquoobjectif principal est toujours drsquoavoir une production maximum agrave un coucirct minimum tout en eacutevitant les risques Par ailleurs la compleacutementation des aliments de volailles par le mucuna a eacuteteacute entreprise pour ameacuteliorer la productiviteacute (viande et œufs) Cette ameacutelioration a eacuteteacute entreprise sur les diffeacuterentes races existantes agrave Madagascar poulets de chair poule pondeuse et poulet de races locales Ainsi plusieurs lots de volailles recevant diffeacuterents taux drsquoincorporation de mucuna ont eacuteteacute compareacutes

Pour les poulets de chair quarante poussins de chair vaccineacutes et deacuteparasiteacutes ont eacuteteacute subdiviseacutes en 4 lots de 10 poussins 3 lots recevant respectivement un aliment incorporeacute de 0 10 et 20 de mucuna traiteacute par le bicarbonate 02 et le 4egraveme lot recevant du mucuna traiteacute par le proceacutedeacute D1 agrave 10 Au cours des 45 jours drsquoexpeacuterimentations des peseacutes hebdomadaires ont permis de suivre les performances de croissances de chaque poulet

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

16

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Figure 4 Poids des poulets de chair (en gramme) apregraves 45 jours drsquoexpeacuterimentations

En geacuteneacuteral lrsquoaugmentation du taux drsquoincorporation du mucuna dans la ration affecte la productiviteacute moyenne des poulets de chair qui est inversement proportionnelle agrave ce dernier Les poids finaux sont respectivement 1300g 1100g et 850g pour les 3 lots agrave 0 10 et 20 de Mucuna Il est eacutevident que malgreacute le taux inteacuteressant en proteacuteine et dacide amineacute dans le mucuna sa valeur biologique est reacuteduite par la preacutesence de la L-Dopa et cela affecte consideacuterablement la productiviteacute des poulets de chair Par contre lrsquoincorporation agrave 10 de mucuna deacutepelliculeacute dans la ration des poulets de chair ne preacutesente aucune diffeacuterence significative aux reacutesultats obtenus par la ration agrave 0 de mucuna (Figure 4) Par ailleurs il est donc indispensable de deacutepelliculer le mucuna avant de lintroduire dans la ration des poulets de chair

Pour les poules pondeuses

Trente poulettes precirctes agrave pondre (45 mois) de race Hulyn sp (Figure 6) ont eacuteteacute choisies pour mener lexpeacuterimentation Trois lots de 10 poulettes ont eacuteteacute formeacutes pour recevoir une ration contenant respectivement 0 10 et 20 de Mucuna traiteacutes par le Bicarbonate 02 Ce mecircme dispositif a eacuteteacute utiliseacute pour le test avec le mucuna deacutepelliculeacute Dans cette cateacutegorie le produit principal est lrsquoœuf drsquoougrave notre paramegravetre eacutetudieacute est le taux de ponte ainsi que le calibre des œufs

Figure 5 Performance zootechnique des poules pondeuses

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

17

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Lrsquoenregistrement des donneacutees journaliegraveres de ponte indique qursquoil nrsquoy a pas de diffeacuterences significatives entre les taux de ponte des poulettes recevant 0 et 10 de mucuna Par contre les poulettes nourries avec du mucuna agrave 20 nrsquoont jamais atteint un taux de ponte de 100 ceci pour dire que la teneur eacuteleveacutee en mucuna dans la ration affecte la ponte (Figure 5) Il est donc recommandeacute de ne pas deacutepasser les 10 dincorporation de mucuna dans la ration des poules pondeuses Pour les poules pondeuses nourris avec le mucuna deacutepelliculeacute les reacutesultats enregistreacutes nont pas de diffeacuterence significative avec ceux obtenus par le traitement preacuteceacutedant Par ailleurs nous pouvons opter pour le traitement avec le bicarbonate car ce traitement est moins couteux en termes de travail de temps ainsi que de faciliteacute de preacuteparation Cependant en ce qui concerne la taille des œufs les calibres des œufs des poules alimenteacutes avec une ration agrave 10 de mucuna deacutepelliculeacute sont leacutegegraverement supeacuterieurs agrave ceux des poules nourries avec du mucuna bicarbonateacute 10 (Figure 5) ainsi que ceux du lot teacutemoins agrave 0 Nous pouvons donc tirer une conclusion que le mucuna a un leacuteger effet positif sur les performances des poules pondeuses Le taux dincorporation (infeacuterieur agrave 10) et le traitement (deacutepelliculage) jouent un rocircle important

Figure 6 Introduction du mucuna dans la ration des poules pondeuses

Pour les poulets de races locales (akoho gasy)

Six lots de 20 tecirctes ont eacuteteacute constitueacutes pour recevoir une ration contenant respectivement 0 15 et de 30 de mucuna bicarbonateacute et 0 15 et de 30 de mucuna torreacutefieacute Des traitements sanitaires ont eacuteteacute effectueacutes au preacutealable tels que les vaccinations et les deacuteparasitages Ensuite les performances zootechniques (Poids) ont eacuteteacute mesureacutees toutes les semaines afin de calculer les gains de poids moyens quotidiens (GMQ) Leacutevolution du poids des poulets de races locales Akoho gasy durant 3 mois sur les 6 lots recevant des rations diffeacuterentes agrave base de mucuna nous indiquent quil ny a pas de diffeacuterence significative entre chaque lot Cependant nous pouvons constater que les poulets de races locales peuvent tregraves bien supporter une incorporation de mucuna jusquagrave 30 Pailleurs une vulgarisation de ces reacutesultats en milieu reacuteel au niveau des paysans a eacuteteacute effectueacutee Pour cela deux groupes deacuteleveurs de poulets de race locale ont eacuteteacute seacutelectionneacutes pour tester leur appreacuteciation sur ces deux types de traitement (bicarbonateacute et deacutepelliculeacute) agrave 30 de mucuna

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

18

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Figure 7 Comparaison en milieu reacuteel des performances des poulets de race locale alimenteacute au Mucuna

bull MT1 Mucuna cuit avec du Bicarbonate bull MT2 Mucuna torreacutefieacute bull SM Ration sans mucuna

Apregraves trois mois deacutevaluation coupleacutee de visites de pesage hebdomadaire Il a eacuteteacute constateacute que le gain de poids des poulets nourris par le mucuna bicarbonateacute est plus eacuteleveacute que ceux nourris avec le mucuna torreacutefieacute (Figure 7) Malheureusement face au travail que demande le traitement par le bicarbonate aucun des eacuteleveurs na adopteacute ce traitement apregraves lexpeacuterimentation Selon ces eacuteleveurs la diffeacuterence entre les performances est moindre alors que le traitement au bicarbonate demande beaucoup de travail

Conclusion

Agrave Madagascar le mucuna est principalement cultiveacutee pour ses qualiteacutes dameacutelioration du sol en tant que plante de couverture Cette eacutetude a permis de mettre en eacutevidence la possibiliteacute de lincorporer dans lalimentation des animaux de rente Cependant des traitements preacutealables de la graine doivent ecirctre effectueacutes pour pouvoir le valoriser dans lalimentation animale Ces traitements doivent ecirctre accoupleacutes au taux dincorporation adeacutequate pour que ce dernier ne puisse preacutesenter drsquoeffets neacutegatifs sur la croissance des animaux ni sur lrsquoappeacutetibiliteacute des aliments Les graines de mucuna repreacutesentent donc une opportuniteacute pour les petits producteurs agrave Madagascar Ceci permet drsquoatteindre des objectifs de production eacuteconomiquement inteacuteressants dans le cas drsquoun eacutelevage ameacutelioreacute Au vu de ces reacutesultats lrsquoutilisation des ressources non conventionnelles locales parfois en abondance et nrsquoentrant pas en compeacutetition avec lrsquoalimentation humaine est une alternative inteacuteressante pour ameacuteliorer la production animale Par ailleurs il permet ainsi de reacuteduire consideacuterablement les deacutepenses en eacutelevage constitueacutees en grande partie par le coucirct des aliments

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

19

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

bull bull bull bull bull bull

Utilisation des fumures organiques et des engrais dans les strateacutegies de gestion de la fertiliteacute des sols des exploitations agricoles du Moyen-Ouest de la reacutegion

Vakinankaratra et de la zone Est de la reacutegion drsquoItasy Madagascar

RAZAFIMAHATRATRA Hanitriniaina Mamy (FOFIFA) BEacuteLIEgraveRES Jean-Franccedilois (CIRADART-Dev et FOFIFA) RAHARIMALALA Sitrakiniaina (FOFIFAESSA) RANDRIAMIHARY FETRA SAROBIDY Eddy Josephson (FOFIFAESSA) AUTFRAY Patrice

(CIRADAIDA) RAZANAKOTO Onjaherilanto Rakotovao (ESSA) RAHARISON Tahina Solofoniaina (GSDMMontpellier SupAgro)

Introduction

Dans chacun des numeacuteros 8 et 9 du Journal de lrsquoAgroeacutecologie un article preacutesentait

des reacutesultats sur les pratiques de gestion de la fertiliteacute des sols des exploitations agricoles familiales (EAF) obtenus dans le cadre du projet de recherche SECuRE (Soil ECological function REstoration to enhance agrosystem services in rainfed rice cropping systems in agroecological transition) financeacute par la fondation Agropolis Le premier traitait de la diversiteacute et de lrsquoimportance des pratiques dans les EAF le second preacutesentait les quantiteacutes et la qualiteacute des fumures organiques disponibles en lien avec les pratiques de production et drsquoeacutechanges Ce troisiegraveme article est consacreacute agrave lrsquoutilisation des fumures organiques et des engrais acheteacutes une maniegravere de caracteacuteriser en partie tout au moins les strateacutegies de gestion de la fertiliteacute des sols deacuteveloppeacutees par les EAF

bull Parmi les nombreuses pratiques pour une gestion inteacutegreacutee de la fertiliteacute des sols (Sanginga et Woomer 2009 Liniger et al

2011) lrsquoutilisation de fumure organique et drsquoengrais occupe une place preacutepondeacuterante car les effets agrave court et moyen termes sur la productiviteacute des cultures sont importants Lrsquoanalyse des donneacutees collecteacutees1 dans le cadre de Secure permet de caracteacuteriser les pratiques drsquoutilisation de ces intrants (et drsquoune maniegravere plus large de lrsquoensemble des intrants) notamment par rapport aux cultures pratiqueacutees et aux superficies cultiveacutees annuellement Lrsquoarticle est structureacute en trois parties la premiegravere concerne lrsquoacquisition de fertilisants suppleacutementaires avec les engrais commerciaux et les cendres la seconde preacutesente les pratiques quantifieacutees drsquoutilisation de la fertilisation disponible (fumure organique locale cendres et engrais commerciaux) en fonction des cultures enfin la derniegravere partie conclue avec quelques recommandations pour le deacuteveloppement

1 Ces reacutesultats ont eacuteteacute obtenus avec un eacutechantillon drsquoEAF localiseacutees dans le Moyen-Ouest de la reacutegion Vakinankaratra et dans la zone Est de la reacutegion Itasy Pour plus drsquoinformations le lecteur est inviteacute agrave se reporter au ndeg8 de JAE ou sur le site du projet (httpswwwsecuremgle-projet-secure) Il faut rappeler que les reacutesultats sont repreacutesentatifs des fokontany dans les zones drsquoeacutetude car lrsquoeacutechantillonnage des EAF a eacuteteacute fait par tirage au sort

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

20

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

1 Les achats drsquoengrais commerciauxsup2et de cendres

Malgreacute les politiques mises en œuvre depuis des deacutecennies1 les EAF achegravetent peu drsquoengrais chimiques Pour lrsquoensemble de Madagascar au cours des 20 derniegraveres anneacutees la quantiteacute moyenne utiliseacutee varie entre 2 et 6 kg par hectare cultiveacute et par an2

11 Quantiteacutes acheteacutees drsquoengrais commerciaux par EAF et par hectare SAU

Les EAF ont des comportements diffeacuterents selon les zones (tableau 1)

A Mandoto un peu moins drsquoune EAF sur 2 (45) achegravete de lrsquoengrais en faible quantiteacute avec en moyenne 14 kg par an pour un montant moyen de moins de 30 000 Ar Rameneacute agrave lrsquoensemble des EAF de la zone la quantiteacute moyenne acheteacutee est de lrsquoordre de 6 kg par EAF et par an Et quand on ramegravene ces achats drsquoengrais agrave la surface agricole utile (SAU) disponible par EAF on a des valeurs moyennes eacutequivalentes (14 et 6 kgha SAU)

Dans la zone drsquoArivonimamo la consommation drsquoengrais est plus importante 88 des EAF en achegravetent une quantiteacute moyenne de presque 28 kg pour un peu plus de 60 000 Ar ce qui rameneacute agrave lrsquoensemble des EAF fait une moyenne geacuteneacuterale de presque 25 kgEAF Comme la SAU moyenne par EAF est faible les quantiteacutes drsquoengrais disponibles sont de plus de 35 kgha pour les EAF qui en achegravetent et de presque 31 kgha pour lrsquoensemble des EAF

La variabiliteacute est tregraves forte agrave Mandoto et moindre dans la zone drsquoArivonimamo (tableau 1)

Tableau 1 Part des EAF qui achegravetent de lrsquoengrais et quantiteacutes acheteacutees

Mandoto ArivonimamoMoyenne CV Moyenne CV

des EAF qui achegravetent 45 88

Pour les EAF qui achegravetent

Quantiteacute en kgEAF 143 155 279 112

Valeur achat en ArEAF 27 884 153 61 058 117

Quantiteacute par SAU en kgha 140 195 352 101

Pour Quantiteacute en kgEAF 64 257 245 125

Pour lensemble des EAF

Valeur achat en ArEAF 12 490 254 53 707 131

Quantiteacute par SAU en kgha 63 312 309 114

1 On peut simplement rappeler la laquo strateacutegie nationale pour le deacuteveloppement de lrsquoutilisation de lrsquoengrais raquo MAEP 20062 Source httpsdatabankbanquemondialeorghome Ce que Pierre-Bernard et al traduisaient ainsi en 2007 laquo engrais un produit cher et peu utiliseacute raquo agrave Madagascar

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

21

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

On peut srsquoeacutetonner de la faible variation entre la quantiteacute moyenne par EAF et la quantiteacute par SAU agrave Mandoto sachant que dans cette zone la superficie SAU moyenne est de lrsquoordre de 15 ha (voir tableau 2) Ceci provient du fait que les moyennes sont calculeacutees pour les EAF et ne sont pas pondeacutereacutees par les superficies Quand on pondegravere par la superficie la quantiteacute moyenne par hectare SAU pour lrsquoensemble des EAF de Mandoto diminue et passe de 63 agrave 43 kg par hectare On constate la mecircme chose agrave Arivo-nimamo avec la quantiteacute moyenne par hectare SAU qui passe de 309 agrave 271 kgha Ceci signifie que ce ne sont pas les plus grandes EAF (celles qui ont le plus de SAU) qui achegravetent le plus drsquoengrais chimiques Le coefficient de correacutelation entre superficie SAU par EAF et quantiteacute acheteacutee drsquoengrais par hectare est significatif agrave 001 et neacutegatif mais drsquoune valeur faible (-02)

Figure 1 Nuage de point entre SAU par EAF et quantiteacute drsquoengrais par ha de SAU

La Figure 1 ci-contre illustre cela avec les quantiteacutes par hectare SAU (axe vertical) les plus eacuteleveacutees qui correspondent agrave des SAU (axe horizontal) faibles (infeacuterieures agrave 2 hectares) Les EAF de grandes taille (gt2 ha) achegravetent peu drsquoengrais chimiques et en quantiteacute relativement faible par rapport agrave la SAU dont elles disposent On verra plus loin que ce sont des strateacutegies diffeacuterentes de mise en culture (systegraveme de culture) qui expliquent cette situationOn rappellera que 60 des EAF agrave Mandoto et 88 agrave Arivonimamo eacutechangent (achegravetent vendent ou troquent) de la fumure organique (voir JAE ndeg9) et que les pourcentages sont respectivement de 30 et 74 pour les EAF qui achegravetent de la FO Ainsi quand on prend en compte tous les types de fertilisants une

grande majoriteacute des EAF a recours au marcheacute pour acqueacuterir des matiegraveres fertilisantes et geacuterer la fertiliteacute de leurs sols

Enfin par rapport agrave lrsquoutilisation de produits phytosanitaires on observe deux situations diffeacuterentes agrave Mandoto la proportion des EAF qui achegravetent des produits phytosanitaires est de 63 et donc supeacuterieure agrave celles qui achegravetent des engrais commerciaux (45) alors qursquoagrave Arivonimamo dans notre eacutechantillon 75 des EAF utilisent des produits phytosanitaires alors que 88 achegravetent des engrais

12 Types drsquoengrais commerciaux acheteacutes

Les engrais acheteacutes sont essentiellement de type NPK (le plus courant est composeacute de 11 N 22 P2O5 16 K2O) et de lrsquoureacutee (46) ces deux types repreacutesentent en cumuleacute plus de 95 des quantiteacutes agrave Mandoto et 77 agrave Arivonimamo ougrave lrsquoon observe une plus grande diversiteacute (figure 2) en rapport avec une plus grande consommation et aussi drsquoune offre plus importante avec la proximiteacute de la capitale

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

22

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Figure 2 Types dengrais acheteacutes en des quantiteacutes totales

A Arivonimamo le Blaukorn (nom commercial) est bien repreacutesenteacute avec plus de 16 des quantiteacutes Crsquoest un engrais composeacute (NPK) avec drsquoautres eacuteleacutements (magneacutesium soufre bore zinc) laquo agrave action rapide qui assure un effet-starter important raquo notamment sur les cultures maraichegraveres Le DAP (18 N 46 P2O5) est eacutegalement repreacutesenteacute avec 6 des quantiteacutes Les autres produits comme la dolomie (amendement calcaire) et le guano de chauvesouris (Guanomad) riche en phosphates naturels sont tregraves faiblement repreacutesenteacutes (mecircme si Guanomad repreacutesente tout de mecircme un peu plus de 3 dans la zone de Mandoto)

Les prix moyens drsquoachat deacuteclareacutes par les producteurs et pondeacutereacutes par les quantiteacutes diffegraverent peu entre les deux zones (contrairement aux prix de la fumure organique qui sont tregraves diffeacuterents voir JAE ndeg9) Les prix moyens (pour la plupart prix de 2016) sont de 2 100 Arkg pour NPK 1 900 Arkg pour lrsquoureacutee 2 400 Arkg pour le DAP 3 100 Arkg pour le Blaukorn et 1100 Akkg pour le Guanomad

En moyenne une EAF a acheteacute au cours de lrsquoanneacutee pour 12 500 Ar drsquoengrais agrave Mandoto et 54 000 Ar drsquoengrais agrave Arivonimamo Ces montants indiquent un recours tregraves limiteacute aux engrais commerciaux dans les strateacutegies de gestion de la fertiliteacute

13 Le cas particulier des cendres

Les cendres peuvent ecirctre consideacutereacutees comme un engrais ou comme un amendement Elles sont utiliseacutees depuis le deacutebut de lrsquoagriculture pour enrichir les terres cultiveacutees en sels mineacuteraux notamment en potasse et oligo-eacuteleacutements (Poirier et Nuninger 2012) Elles ont un pouvoir alcalinisant et augmentent le pH du sol Elles peuvent ecirctre inteacutegreacutees aux composts ou aux fumiers (voir JAE ndeg9) ou utiliseacutees seules en apport localiseacute ou eacutepandues sur le champ Cette sous partie traite des cendres utiliseacutees directement sur les parcelles

Si la pratique est rare agrave Mandoto (2 des EAF) elle est reacutepandue agrave Arivonimamo ougrave ce sont 19 des EAF qui eacutepandent des cendres acheteacutees Celles-ci proviennent pour lrsquoessentiel des balles de riz utiliseacutees comme eacutenergie pour la fabrication des briques Crsquoest donc le sous-produit drsquoun autre sous-produit agricole (la balle de riz)

Lrsquoeacutevaluation des quantiteacutes en kilogramme est tregraves approximative les producteurs ne connaissant pas les eacutequivalences Les EAF qui eacutepandent directement les cendres ont estimeacute avoir utiliseacute lrsquoanneacutee de lrsquoenquecircte en moyenne environ 250 kgEAF ce qui repreacutesente rameneacute agrave lrsquoensemble des EAF environ 4 kgEAF agrave Mandoto et un peu moins de 50 kg par EAF agrave Arivonimamo

Si les quantiteacutes semblent conseacutequentes (presque le double des quantiteacutes drsquoengrais) la valeur moneacutetaire de ces cendres est faible avec un prix moyen estimeacute entre 30 et 35 Arkilogramme Ainsi les cendres utiliseacutees directement par les EAF sur les cultures repreacutesenteraient une valeur de 8 000 agrave 9 000 Ar pour les EAF qui ont cette pratique et rameneacutees agrave lrsquoensemble des EAF des zones concerneacutees agrave moins de 200 Ar agrave Mandoto et de lrsquoordre de 1 600 Ar agrave Arivonimamo

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

23

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Lrsquoutilisation des cendres directement sur la parcelle sans passer par le compost ou le fumier est une pratique assez courante dans la zone de Arivonimamo Elle participe au recyclage de certains sous-produits et en particulier de la balle de riz utiliseacutee comme combustible pour la fabrication des briques En plus de lrsquoapport en eacuteleacutements fertilisants les cendres ont drsquoautres proprieacuteteacutes selon certains producteurs qui les utilisent dans la lutte contre les ravageurs et les maladies

2 Utilisation de la fumure organique et des engrais commerciaux

Lrsquoenquecircte a permis de collecter les informations neacutecessaires pour reconstituer lrsquoitineacuteraire technique et le budget de culture pour toutes les parcelles cultiveacutees au cours de lrsquoanneacutee agricole enquecircteacutee (201617) soit trois saisons de culture grande saison 201617 saison intermeacutediaire 2017 contre saison 2017 (soit de novembre 2016 agrave octobre 2017) Ainsi les quantiteacutes et la valeur des intrants utiliseacutes pour la fertilisation sont connues par culture et par saison

21 Fertilisation disponible et superficies fertiliseacutees

Le tableau 2 reacutecapitule des quantiteacutes moyennes de matiegraveres fertilisantes disponibles par EAF en additionnant les quantiteacutes de fumure organique (voir JAE ndeg9) et les engrais commerciaux acheteacutes Les EAF de la zone drsquoArivonimamo produisent plus de FO et achegravetent plus drsquoengrais que celles de la zone de Mandoto et en final la disponibiliteacute moyenne en kilogramme est nettement supeacuterieure Rameneacutes agrave la SAU les eacutecarts entre les deux zones augmentent puisque la taille moyenne des EAF de Mandoto est plus grande la quantiteacute disponible par ha SAU va du simple au double

Tableau 2 Quantiteacutes moyennes de fertilisants disponibles par EAF (en kg)

Types de fertilisants Mandoto ArivonimamoFumier 1 676 2 573Compost et autre 458 324Engrais acheteacutes 6 25Cendres acheteacutees 4 48Total (kg) 2 144 2 969SAU (ha) 148 091KgSAU 1 448 3 279S Cultiveacutee en ha 138 113Kg S cultiveacutee 1 558 2 627

apregraves le riz et pour lesquelles la capitale nationale assure des deacuteboucheacutes A Mandoto ce taux de mise en valeur nrsquoest que de 93 avec tregraves peu de cultures maraichegraveres et une part un peu plus importante de jachegraveres avec 11 de la SAU ce qui ne signifie pas qursquoil nrsquoy a pas de jachegravere agrave Arivonimamo ougrave elles repreacutesentent tout de mecircme 8 de la SAU crsquoest lrsquoimportance des cultures maraichegraveres qui impacte le plus le taux de mise en valeur

Il faut rappeler que ces moyennes cachent une grande variabiliteacute Celle-ci a eacuteteacute traiteacutee dans le JAE ndeg9 pour la FO et ci-dessus pour les engrais Crsquoest pourquoi nous nrsquoy reviendrons pas ici la variabiliteacute sera analyseacutee seulement pour lrsquoutilisation

Mais quand on ramegravene ces quantiteacutes disponibles moyennes aux superficies cultiveacutees annuellement lrsquoeacutecart se reacuteduit car dans la zone drsquoArivonimamo les EAF intensifient lrsquoutilisation de la terre avec un taux de mise valeur de 125 (crsquoest-agrave-dire qursquoune parcelle est cultiveacutee une fois en totaliteacute au cours de lrsquoanneacutee agricole et que 25 de sa surface sont cultiveacutes une deuxiegraveme fois) Cette intensification est rendue possible notamment par les productions maraichegraveres que les producteurs cultivent en double culture

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

24

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

La question que lrsquoon peut se poser agrave ce stade est est-ce que ceux qui achegravetent des engrais commerciaux sont ceux qui nrsquoont pas de FO A Mandoto lrsquoanalyse des correacutelations indique qursquoil nrsquoy pas de relation lineacuteaire entre la quantiteacute drsquoengrais acheteacutee et la quantiteacute de fumier produite A Arivonimamo cette relation existe Elle est significative (au seuil de 001) mecircme si le coefficient est faible (03) et surtout elle est positive ce qui indique que ceux qui achegravetent le plus drsquoengrais sont souvent ceux qui produisent le plus de fumier Ainsi il nrsquoy aurait pas un seuil de disponibiliteacute en fumier qui ferait que lrsquoagriculteur ne cherche plus agrave acqueacuterir des engrais consideacuterant qursquoil a assez de matiegraveres fertilisantes La raison des faibles quantiteacutes drsquoengrais acheteacutees est sans doute plus agrave rechercher dans la disponibiliteacute et des contraintes eacuteconomiques

22 Reacutepartition des matiegraveres fertilisantes selon les cultures

Avant de preacutesenter la reacutepartition par culture on peut appreacutecier la part des parcelles et de la superficie selon le type de fertilisation (Tableau 3) Les parcelles et la superficie sans aucun apport agrave Arivonimamo sont moindres (environ un tiers) qursquoagrave Mandoto (41 des parcelles et 52 de la superficie)

Tableau 3 Parts des parcelles et de la superficie selon le type de fertilisation dans les terroirs

ApportsMandoto Arivonimamo

des parcelles

de la surface

des parcelles

de la surface

Sans FO Sans Engrais 41 52 35 33Avec FO seulement 38 33 38 40Avec Engrais seulement 3 2 3 3Avec FO + Engrais 19 13 25 24Ensemble 100 100 100 100

Ainsi mecircme agrave Mandoto plus drsquoune parcelle sur deux reccediloit de la FO et globalement dans les deux terroirs il y a une reacutepartition qui laisse la possibiliteacute pour qursquoune parcelle soit fertiliseacutee plus drsquoune fois tous les deux ans sans preacutejuger ni des doses utiliseacutees ni des cultures privileacutegieacutees Les eacutecarts entre les pourcentages des parcelles et des superficies indiquent qursquoagrave Mandoto ce sont les parcelles en moyenne plus petites qui sont fertiliseacutees ce qui nrsquoest pas le cas agrave Arivonimamo Tregraves rares sont les parcelles qui ne reccediloivent que de lrsquoengrais (quelques parcelles en maraichage mais aussi en riz pluvial et maiumls agrave Mandoto) Ainsi les producteurs qui achegravetent de lrsquoengrais chimique lrsquoutilisent presque toujours sur des parcelles en compleacutement drsquoun apport de fumure organique

Lrsquoutilisation des fertilisants est en lien avec les quantiteacutes disponibles mais aussi les cultures pratiqueacutees Or les exploitations agricoles familiales des deux zones ont des assolements1 sensiblement diffeacuterents comme le montre la premiegravere colonne des deux figures suivantes (Figure 3 et Figure 4) Dans les deux zones le riz irrigueacute de bas-fonds occupe une place importante avec des parts dans lrsquoassolement qui sont relativement proches (29 agrave Mandoto et 32 agrave Arivonimamo) Ainsi mecircme si le Moyen Ouest du Vakinankaratra a la reacuteputation drsquoune zone de cultures pluviales le riz irrigueacute de bas-fonds occupe une place preacutepondeacuterante en terme de superficie (mais aussi en terme de revenu comme on le verra dans le prochain numeacutero de JAE) Les tubercules et les leacutegumineuses occupent agrave peu pregraves la mecircme part de la surface cultiveacutee annuellement dans les deux zones de lrsquoordre de 25 pour les tubercules et 10 pour

1 Ces pourcentages ont eacuteteacute calculeacutes sur la superficie effectivement cultiveacutee crsquoest-agrave-dire sans les jachegraveres Si on integravegre les ja-chegraveres celles-ci repreacutesentent 10 de la surface totale (cultiveacutee + jachegravere) agrave Mandoto et 6 agrave Arivonimamo

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

25

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

les leacutegumineuses mais les espegraveces cultiveacutees sont diffeacuterentes La part des autres cultures est speacutecifique et caracteacuterise la zone

A Mandoto les ceacutereacuteales pluviales occupent pregraves du tiers de la surface (176 en riz pluvial et 15 en maiumls hors jachegravere) Alors qursquoagrave Arivonimamo ces deux cultures occupent seulement 86 de la surface et le maiumls y est vraiment marginal Dans cette zone ce sont les cultures maraichegraveres qui sont importantes avec 224 de la surface Les cultures autres constitueacutees essentiellement par lrsquoagroforesterie avec des fruitiers nrsquoest pas neacutegligeable avec 3 de la surface A Mandoto ces deux types de cultures sont tregraves peu pratiqueacutees (18 de la surface sont consacreacutes aux cultures maraichegraveres et les autres cultures avec 01 sont quasiment inexistantes)

Les donneacutees extrapoleacutees agrave lrsquoensemble des fokontany permettent de connaicirctre sur quelles cultures les matiegraveres fertilisantes disponibles ont eacuteteacute eacutepandues1 Lrsquoeacutechantillon est constitueacute de 2 427 parcelles2 Elles sont plus nombreuses agrave Arivonimamo ougrave lrsquoeacutechantillon drsquoEAF est plus grand mais aussi ougrave la taille moyenne des champs est plus petite et ougrave les doubles cultures sont freacutequentes La deuxiegraveme colonne de chaque figure preacutesente la reacutepartition de la FO (fumier compost et autre matiegraveres organiques) la troisiegraveme colonne est celle des engrais commerciaux Les quantiteacutes disponibles sont diffeacuterentes entre les zones Les pourcentages repreacutesentent la reacutepartition et traduisent la strateacutegie des EAF A Mandoto les EAF privileacutegient le riz pluvial et le maiumls qui reccediloivent 74 de la FO disponible (Figure 3) et 40 des engrais acheteacutes

Figure 3 Reacutepartitions de la superficie cultiveacutee annuellement de la FO et des engrais commerciaux agrave Mandoto

Les autres cultures comme les leacutegumineuses et les tubercules reccediloivent un peu de FO mais le plus souvent parce qursquoelles sont cultiveacutees en association avec du riz pluvial ou du maiumls Le riz irrigueacute qui repreacutesente 29 de la superficie reccediloit moins de 5 de la FO et 14 des engrais Le maraichage pourtant tregraves peu preacutesent (18 des surfaces) reccediloit une part conseacutequente de la FO (54) et surtout des engrais (38 des quantiteacutes disponibles)

Ainsi dans cette zone les producteurs ont une strateacutegie de fertilisation des ceacutereacuteales pluviales sur tanety avec un transfert de fertiliteacute des riziegraveres vers les tanety puisque le fumier integravegre la plus grande partie des pailles du riz des riziegraveres Cette fertilisation profite aussi aux autres cultures pluviales soit avec les associations soit via les rotations qui sont quasiment systeacutematiques en pluvial

1 Les difficulteacutes sont cependant nombreuses et notamment en raison de lrsquoimportance et de la diversiteacute des associations de cultures et des regroupements que nous avons opeacutereacutes pour faciliter la collecte notamment pour le maraichage Nous avons pris lrsquooption comme pour les surfaces de reacutepartir agrave eacutegaliteacute les quantiteacutes entre les diffeacuterentes cultures Ainsi pour une parcelle avec une association riz pluvial et arachide les quantiteacutes drsquointrants ont eacuteteacute reacuteparties pour moitieacute pour le riz pluvial et pour moitieacute pour lrsquoarachide Il en est de mecircme pour une parcelle ougrave ont eacuteteacute regroupeacutees une planche de tomate et une planche drsquooignon alors que peut-ecirctre le producteur avait fait des apports diffeacuterentieacutes2 Au total 2 680 parcelles une fois les parcelles regroupeacutees deacutesagreacutegeacutees On rappellera que les parcelles en jachegravere ne sont pas comprises ici

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

26

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Le riz irrigueacute ne reccediloit pratiquement pas de FO et tregraves peu drsquoengrais avec une strateacutegie drsquoallocation des FO sur les tanety milieu naturellement bien moins fertile que les bas-fonds A Arivonimamo la situation du riz irrigueacute est approximativement la mecircme alors que la surface cultiveacutee repreacutesente 32 cette culture ne reccediloit que 7 de la FO disponible et 4 des engrais Les ceacutereacuteales pluviales sont tregraves peu fertiliseacutees contrairement agrave Mandoto Dans les deux situations les cultures vivriegraveres beacuteneacuteficient des arriegraveres-effets des cultures maraicircchegraveres beaucoup plus fortement fertiliseacutees

Figure 4 Reacutepartitions de la superficie cultiveacutee annuellement de la FO et des engrais commerciaux agrave Arivonimamo

Les cultures privileacutegieacutees sont les cultures maraichegraveres qui reccediloivent 46 de la FO et 77 des engrais mais aussi les tubercules autres que le manioc (patate douce taro et pomme de terre) qui reccediloivent 25 de la FO mais peu drsquoengrais et les leacutegumineuses (haricots) qui reccediloivent un peu plus de FO et drsquoengrais (respectivement 11 et 12) que la part qursquoelles occupent dans lrsquoassolement (9)

Ce sont les cultures exigeantes en fumure mais aussi et surtout fortement commercialiseacutees (maraichage pomme

de terre patate douce taro et haricot) qui reccediloivent lrsquoessentiel de la fertilisation Les rotations permettent aux cultures peu fertiliseacutees de beacuteneacuteficier des arriegraveres effets de la fertilisation des cultures produites drsquoabord pour les marcheacutes Le riz irrigueacute qui nrsquoest pas fertiliseacute beacuteneacutefice des arriegraveres effets des cultures de contre saison sur les riziegraveres

Ainsi les strateacutegies de fertilisation des EAF sont tregraves diffeacuterentes selon les zones en lien avec les cultures produites leur exigence mais surtout en lien avec des objectifs technico-eacuteconomiques et le marcheacute des produits agricoles

23 Les doses apporteacutees

Lrsquoanalyse des quantiteacutes de fumure apporteacutees est faite par culture1 et en tenant compte des associations

A Mandoto (tableau 4) les superficies en culture pure repreacutesentent 71 des parcelles et de la superficie Comme deacutejagrave indiqueacute le riz irrigueacute occupe une place importante mais il est peu fertiliseacute avec seulement 20 des parcelles et 18 de la superficie qui reccediloivent de la fumure organique agrave des doses faibles (moins de 2 tonnes par hectare) et seulement 4 des parcelles reccediloivent de lrsquoengrais (agrave une dose de pregraves de 60 kgha)

1 Seuls les reacutesultats pour les cultures avec un effectif non pondeacutereacute de plus de 15 parcelles sont preacutesenteacutes ici On notera que pour les principales cultures la taille de lrsquoeacutechantillon est conseacutequente

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

27

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Tableau 4 Apports de FO et dengrais sur les cultures cultiveacutees pures agrave Mandoto en (kg)

Cultures pures Nbre de parcelles

Surface ha

Parcelle avec Superficie avec Superficie avec Dose moy FO

en kghaDose moy

Engrais kgha

FO Engrais FO EngraisToutes

les parcelles

Parcelles avec

Toutes les

parcelles

Parcelles avec

Riz bas-fond 242 5834 20 4 18 4 377 1 901 241 5825Riz Pluvial 90 2353 91 37 90 29 4 022 4 415 1011 2677Maiumls 30 646 97 37 98 43 3 923 4 059 1669 4553Manioc 117 3689 8 0 4 0 414 4 843 000 000Autres tuber 19 236 47 47 35 42 3 041 6 420 1857 3920Leacutegumineuses 78 1156 45 18 38 18 1 776 3 958 870 4850Maraichage 112 264 90 61 80 74 31 829 35 296

Les moyennes sont calculeacutees par parcelle et sans pondeacuteration

Crsquoest le manioc qui est le moins fertiliseacute pas drsquoengrais et seulement 4 des parcelles avec de la fumure organique Le riz pluvial et le maiumls sont les cultures pures qui reccediloivent le plus systeacutematiquement de la fumure plus de 90 des parcelles et de la superficie reccediloivent de la FO agrave des doses eacuteleveacutees de plus de 4 tha et 30 agrave 40 des parcelles et de la surface reccediloivent de lrsquoengrais mais agrave des doses qui restent faibles (26 kgha pour le riz pluvial et 45 kgha pour le maiumls) Les autres tubercules reccediloivent engrais et FO mais ce sont essentiellement les pommes de terre Les leacutegumineuses sont eacutegalement fertiliseacutees avec 45 des parcelles qui reccediloivent de la FO et 18 de lrsquoengrais agrave des doses moyennes pour la zone Enfin les cultures maraichegraveres ont eacuteteacute regroupeacutees les parcelles sont nombreuses mais la superficie tregraves petite elles reccediloivent agrave 90 de la FO et agrave 61 des engrais agrave des doses importantes (plus de 30 tha pour la FO)

A Arivonimamo la part des cultures pures est plus importante qursquoagrave Mandoto avec 86 des parcelles et 89 de la superficie Ainsi le nombre de parcelles de lrsquoeacutechantillon est nettement plus important (mais il ne fait pas oublier que lrsquoeacutechantillon compte plus drsquoEAF)

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

28

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Tableau 5 Apports de FO et dengrais sur les cultures cultiveacutees pures agrave Arivonimamo (en kg)

Cultures pures Nbre parcelles

Surface ha

Parcelle avecSuperficie avec Superficie avec Dose moy FO en

kghaDose moy Engrais

kgha

FO Engrais FO Engrais Toutes les parcelles

Parcelles avec

Toutes les parcelles

Parcelles avec

Riz bas-fond 363 6078 39 9 39 8 633 1 643 459 5206

Riz Pluvial 72 1051 83 0 93 0 2 902 3 482 000 000

Maiumls 17 112 94 11 96 9 3 501 3 720 131 2222

Manioc 201 2020 24 1 23 0 1 253 5 249 038 3833

Autres tuber 232 2327 70 5 78 4 4 461 6 350 367 7748

Haricots 61 765 95 65 96 73 4 132 4 346 4824 7545

Autre Leacutegum 46 352 20 0 18 0 779 3 981 000 000

Tomates 90 955 97 95 98 97 7 614 7 877 12791 13543

Haricot verts 132 1088 95 87 96 90 5 079 5 321 8090 9286

Autres Maraich 155 1293 95 76 101 73 4 311 4 546 9126 12089 Les moyennes sont calculeacutees par parcelle et sans pondeacuteration

A Arivonimamo la fertilisation du riz irrigueacute est un peu plus freacutequente avec 39 des parcelles qui reccediloivent de la FO et 9 de lrsquoengrais mais agrave des doses plus faibles qursquoagrave Mandoto 16 tha pour la FO et 52 kgha drsquoengrais La fertilisation du riz irrigueacute nrsquoest pas une prioriteacute pour le plus grand nombre des producteurs Les cultures les moins fertiliseacutees sont le manioc et les leacutegumineuses autres que le haricot avec respectivement 23 et 18 des parcelles seulement qui reccediloivent de la FO et quasiment aucune qui reccediloit de lrsquoengrais Mais de maniegravere assez eacutetonnante les parcelles avec FO reccediloivent des doses assez importantes (plus de 5 tha pour le manioc) certainement en lien avec des strateacutegies de gestion ou de restauration de la fertiliteacute des sols En ce qui concerne la FO toutes les autres cultures sont tregraves freacutequemment fertiliseacutees plus de 90 des parcelles de riz pluvial maiumls haricot et maraichage les autres tubercules le sont agrave pregraves de 80 Et si pour le riz pluvial et le maiumls les doses moyennes sont modestes car infeacuterieures agrave 4 tha elles sont supeacuterieures agrave 4 tha pour les haricots et supeacuterieures agrave 5 tha pour les autres avec notamment pour les tomates un apport de plus de 7 tha Pour les engrais tregraves peu drsquoapports pour le maiumls (6 des parcelles) et pas drsquoapport pour le riz pluvial (observations pour 72 parcelles) Lrsquoengrais est reacuteserveacute au maraichage (plus de 75 des parcelles) et aux haricots (64 des parcelles) Avec des doses moyennes relativement importantes plus de 90 kgha pour les haricots verts 135 kgha pour la tomate et 120 kgha pour les autres cultures maraichegraveres

Ainsi drsquoune maniegravere geacuteneacuterale agrave Arivonimamo lrsquoapport de fertilisants est conseacutequent agrave la fois en termes de parcelles concerneacutees et de doses eacutepandues Riz irrigueacute manioc et leacutegumineuses autres que haricot sont les parents pauvres de la fertilisation mais avec les rotations ces cultures beacuteneacuteficient aussi des apports en particulier pour le riz irrigueacute car une part importante du maraichage est cultiveacutee sur les riziegraveres

Les associations de culture sont plus freacutequentes agrave Mandoto ougrave lrsquoassociation riz pluvial + maiumls domine tregraves largement La superficie avec cette association est eacutequivalente agrave la superficie totale en culture pure Et le maiumls est la culture que lrsquoon associe le plus avec le riz pluvial mais aussi le manioc et les leacutegumineuses Les parcelles avec une association de ces trois cultures ne sont pas rares Les pratiques de fertilisation en culture associeacutee rejoignent celles en culture pure Ainsi 91 des parcelles avec lrsquoassociation riz + maiumls reccediloivent de la FO et 32 de lrsquoengrais cependant les doses de FO sont tregraves infeacuterieures (de 700 kgha alors qursquoen culture pure elles eacutetaient de plus de 4 tha) et il en est de mecircme pour lrsquoengrais

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

29

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Pour les parcelles avec des cultures associeacutees au maiumls un apport en FO est freacutequent (plus de 80 des parcelles pour manioc ou leacutegumineuse et plus de 75 quand il y a les trois cultures) Lrsquoengrais est plus rare et surtout les doses de FO et engrais sont faibles A ce stade on peut eacutemettre lrsquohypothegravese que les EAF qui pratiquent lrsquoassociation sont moins bien doteacutees en matiegravere fertilisante Mais lrsquoanalyse montre que ce nrsquoest pas le cas il existe bien un coefficient de correacutelation neacutegatif entre la quantiteacute de fumure organique disponible au niveau de lrsquoEAF et le pourcentage de culture associeacutees mais il est tregraves faible (-011) et si lrsquoon creacutee des classes de pourcentage de culture associeacutees il nrsquoy a pas de diffeacuterence significative entre les classes pour la dose moyenne de FO Il semble donc que cela soit la pratique qui soit ainsi agrave Mandoto sur des cultures associeacutees (grandes cultures riz maiumls leacutegumineuse ou tubercule) les apports de FO sont moindres que sur les cultures pures

Tableau 6 Apports de FO et dengrais sur les cultures associeacutees les plus freacutequentes (en kg)

District 1Mandoto Nbre parcelles

Surface ha

Parcelle avec Dose moy FO en kgha

Dose moy Engrais kgha

FO Engrais Toutes les parcelles

Parcelles avec

Toutes les parcelles

Parcelles avec

Riz Pluvial + Maiumls 114 2577 91 32 656 719 26 83Mais + Manioc 50 1149 88 2 420 477 01 30Mais + Leacutegumineuse 57 975 84 16 428 508 02 15Mais + Manioc + Leacutegum 24 482 75 13 242 323 02 18Manioc + Leacutegumineuse 24 587 4 0 11 250 00 002 ArivonimamoRiz Pluvial + Maiumls 14 182 86 0 366 427 00 00Mais + Leacutegumineuse 25 228 84 24 188 224 15 62Manioc + Leacutegumineuse 13 126 54 0 280 521 00 00Tubercules + Fruitiers 34 270 62 12 224 363 03 28Autre cult + Fruitiers 90 671 91 52 5 414 255 30 58

Les moyennes sont calculeacutees par parcelle et sans pondeacuteration

A Arivonimamo les cultures associeacutees pour les grandes cultures sont moins importantes en nombre et les superficies sont tregraves petites Mais on peut tirer les mecircmes conclusions que pour Mandoto Ce qui est remarquable dans cette zone crsquoest le nombre de parcelles en agroforesterie avec un meacutelange drsquoarbres fruitiers et de cultures avec plus de 120 parcelles Les cultures sont de tous les types mais beaucoup de cultures maraichegraveres ce qui explique les fortes doses de FO ou drsquoengrais Les fruitiers sont essentiellement des agrumes et sont le reacutesultat drsquoopeacuterations de deacuteveloppement qui ont vulgariseacute la plantation de ces arbres La plupart de ces plantations nrsquoest pas encore en pleine production (trop reacutecentes)

24 Les strateacutegies des EAF pour lrsquoutilisation de la FO disponible

Dans le JAE ndeg 9 nous avions eacutemis lrsquohypothegravese qursquoagrave Arivonimamo il y avait deux types drsquoEAF lrsquoun avec des strateacutegies de fortes disponibiliteacutes en FO soutenues par des ambitions de cultures maraichegraveres et un autre avec des strateacutegies de moindre disponibiliteacute en FO avec des systegravemes de culture plus classiques Pour repreacutesenter les strateacutegies nous avons eacutetabli des classes selon le pourcentage de la FO utiliseacutee sur ceacutereacuteales pluviales et sur cultures commerciales Les reacutesultats sont preacutesenteacutes dans le tableau 8

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

30

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Tableau 7 Reacutepartition des EAF selon des classes de quantiteacutes utiliseacutees de FO

Classes utilisation FO MandotoArivonimamo Arivonimamo

FO utiliseacutes sur ceacutereacuteales pluviales des EA

S cultiveacutee moyenne

(ares)CV des EA

S cultiveacutee moyenne

(ares)CV

lt=25 8 89 72 76 113 7625 agrave 75 18 93 93 20 88 57gt75 74 144 88 4 37 49 FO utiliseacutes sur cultures commercialeslt=25 88 136 91 12 63 7725 agrave 75 9 90 58 42 102 60gt75 3 75 85 46 118 81

Les strateacutegies des EAF vis-agrave-vis de lrsquoutilisation de la FO sont tregraves nettement diffeacuterentes selon les zones comme on lrsquoa deacutejagrave vu la premiegravere partie du tableau montre qursquoagrave Mandoto 74 des EAF mettent plus des frac34 de leur FO disponible sur les parcelles avec ceacutereacuteales pluviales (seules ou associeacutees) et ce sont les EAF avec la plus grande superficie qui font cela Alors qursquoagrave Arivonimamo seules 4 des EAF mettent plus de 75 de leur FO sur des parcelles avec ceacutereacuteales pluviales et ce sont les plus petites EAF (superficie cultiveacutee moyenne de 37 ares) avec certainement des strateacutegies de seacutecuriteacute alimentaire

La deuxiegraveme partie du tableau nous permet de constater qursquoagrave Arivonimamo 46 des EAF mettent plus de 75 de leur FO sur les cultures commerciales (cultures maraichegraveres pomme de terre taro patate douce et haricot) et ces EAF ont en moyenne une superficie cultiveacutee supeacuterieure aux autres Cette classe est importante mais il y a aussi une classe drsquoEAF avec des strateacutegies baseacutees sur une meilleure reacutepartition

A Mandoto les EAF qui mettent plus de 75 de leur FO sur ce type de cultures commerciales (essentiellement le maraichage) sont peu nombreuses (3 des EAF) et ce sont des EAF avec des superficies plus faibles que les autres Ce nrsquoest donc pas la strateacutegie utiliseacutee par les EAF qui ne donnent pas la quasi exclusiviteacute (lt75) de la FO aux ceacutereacuteales pluviales Il existe un groupe drsquoEAF dans les deux zones qui ne donnent pas lrsquoexclusiviteacute de la FO (gt75) aux ceacutereacuteales pluviales agrave Mandoto ou aux cultures commerciales agrave Arivonimamo Ce groupe regroupe 23 des EAF agrave Mandoto et 49 agrave Arivonimamo Ce sont des EAF un peu plus petites que la moyenne de la zone avec une disponibiliteacute en FO infeacuterieure agrave la moyenne de la zone et une reacutepartition de la FO marqueacutee par la strateacutegie dominante de la zone mais avec une reacutepartition plus eacutequilibreacutee et notamment un eacutepandage sur le riz irrigueacute

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

31

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Tableau 8 Les EAF avec une strateacutegie drsquoutilisation de la FO diffeacuterente de la strateacutegie dominante de la zone

EAF Sup moy (ares)

FO (tonnes)

FO sur Ceacutereacuteales Pluviales

FO sur Cuture

commerciales

FO sur Riz irrigueacute

FO sur Autres

cultures

Mandoto 23 94 131 48 21 20 4

Arivonimamo 49 99 223 20 45 16 1

Il existerait ainsi 3 grandes strateacutegies drsquoutilisation de la FO avec agrave Mandoto la quasi exclusiviteacute de la FO sur les ceacutereacuteales pluviales (74 des EAF de la zone) agrave Arivonimamo la quasi exclusiviteacute de la FO sur les cultures commerciales (46 des EAF) et un groupe avec une reacutepartition plus eacutequilibreacutee entre les diffeacuterentes cultures y compris sur le riz irrigueacute

3 Conclusions et implications pour le deacuteveloppement

La gestion de la fertiliteacute des sols dans ces deux reacutegions contrasteacutees des plateaux drsquoaltitude malagasy passe drsquoabord par la production etou lrsquoacquisition de fumure organique il nrsquoy a quasiment aucune EAF sans apport sur au moins une parcelle cultiveacutee1 Les reacutesultats montrent qursquoenviron la moitieacute de la superficie cultiveacutee annuellement reccediloit de la FO agrave Mandoto et plus des deux tiers agrave Arivonimamo Mecircme si les doses potentielles sont en dessous des recommandions avec la rotation des cultures cela signifie que lrsquoensemble du terroir pourrait ecirctre fumeacute plus drsquoune fois tous les deux ans Les riziegraveres quand elles sont cultiveacutees en riz irrigueacute ne reccediloivent que tregraves rarement de la fumure dans ces zones La strateacutegie est lrsquoinverse de ce qursquoon rencontre dans drsquoautres zones qui priorisent les bas-fonds notamment dans les zones des peacuterimegravetres irrigueacutes (Lac Alaotra peacuterimegravetres sur les Hautes terres Ambondromisotrahellip)

Les strateacutegies de gestion de la fertiliteacute des sols sont logiquement de fertiliser en prioriteacute les cultures les plus exigeantes et les plus reacutemuneacuteratrices ceacutereacuteales pluviales agrave Mandoto (riz et maiumls) et les cultures maraichegraveres mais qui sont tregraves marginales dans cette zone cultures pour le marcheacute agrave Arivonimamo maraichage pomme de terre haricots patates douces taros Et pour les producteurs qui achegravetent des engrais commerciaux (essentiellement engrais mineacuteral) la pratique est drsquoassocier aux fumures organiques des compleacutements drsquoengrais et ceci tregraves prioritairement sur les cultures les plus reacutemuneacuteratrices et aussi les plus exigentes A quelques rares exceptions pregraves lrsquoapport drsquoengrais mineacuteral vient toujours compleacuteter un apport de fumure organique et crsquoest pregraves drsquoun quart de la superficie qui reccediloit engrais et FO agrave Arivonimamo et seulement 13 agrave Mandoto

Deux principaux engrais mineacuteraux sont utiliseacutes dans les deux zones le NPK et lrsquoureacutee En reacutealisant les apports au voisinage des plants il y a une concentration des eacuteleacutements nutritifs qui permet agrave la fois drsquooptimiser leur utilisation et de deacutevelopper des synergies entre produits organiques et mineacuteraux Cette efficience des ressources garantie par une compleacutementariteacute des apports incluant une base organique avec un compleacutement mineacuteral a deacutejagrave eacuteteacute releveacutee dans de nombreuses autres situations tropicales (Bekunda et al 1997) Drsquoautres eacutetudes sur ces mecircmes zones mettent en eacutevidence que la majoriteacute des fumures organiques utiliseacutees preacutesentent certaines deacuteficiences en eacuteleacutements majeurs comme le N et le P et que lrsquoutilisation des engrais de synthegravese est susceptible de lever (Ben Naacircmane et al 2020 notre article dans le JAE preacuteceacutedent) Cette pratique est donc agrave encourager notamment agrave travers des messages

1 Dans notre eacutechantillon seules 2 EAF nrsquoont pas apporteacute de FO lrsquoune extrecircmement petite (moins de 5 are de SAU) agrave Arivonimamo et tregraves pauvre qui a vendu sa FO une autre agrave Mandoto qui prend en meacutetayage la terre qursquoil cultive

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

32

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

de vulgarisation adapteacutes et compleacutementaires des messages laquo classiques raquo qui procircnent des doses importantes drsquoengrais

Lrsquoanalyse compareacutee des deux zones montre des diffeacuterences dans le recours aux engrais de synthegravese avec agrave Arivonimamo une quasi geacuteneacuteralisation de lrsquoengrais (pregraves de 90 des EAF) et une utilisation moyenne de 30 kg par ha de SAU plus freacutequemment sur les cultures maraichegraveres et presque toujours en compleacutement de la fumure organique contre environ une exploitation sur deux agrave Mandoto et une utilisation de 6 kg par ha Sur ce premier site une plus grande diversiteacute drsquoengrais et une utilisation plus importante de cendres sous-produit de briqueteries sont releveacutees Eacutegalement une strateacutegie drsquoallocation de ressources diffeacuterencieacutee apparaicirct tregraves clairement au niveau des fumures organiques sur le riz de bas-fonds beaucoup plus amendeacute agrave Arivonimamo car cette ressource est agrave la fois moins limitante et mieux valoriseacutee par les cultures maraicircchegraveres A Mandoto la fumure organique est moins disponible et moins valorisable autrement que par les ceacutereacuteales pluviales aussi moins indispensable pour la productiviteacute de ces cultures et est beaucoup mieux valoriseacutee sur le domaine pluvial sans laquelle aucune mise en valeur de culture exigeante ne serait envisageable Ainsi la recherche doit affiner ses connaissances agrave lrsquoeacutechelle du systegraveme de culture pour mieux eacutevaluer performances et durabiliteacute agrave court et long termes et accompagner lrsquointensification eacutecologique promue par divers opeacuterateurs de deacuteveloppement agricoles (notamment ONG de deacuteveloppement)

Cette communication plaide encore une fois pour une bonne compreacutehension des EAF de leur fonctionnement et de leurs strateacutegies avant de proposer des ameacuteliorations adapteacutees La fertilisation telle que pratiqueacutee par les producteurs est un acquis important pour comprendre la durabiliteacute de lrsquoagriculture familiale et pour renforcer la durabiliteacute des EAF Cela montre agrave la fois la techniciteacute des paysans leur connaissance des intrants existants et de leur utilisation Les propositions drsquoinnovations pour le deacuteveloppement doivent srsquoappuyer sur lrsquoexistant contrairement agrave

ce qui est souvent fait (Razanakoto et al 2018) Drsquoabord les orientations vont certainement vers des techniques qui permettent drsquoaugmenter la fumure organique disponible en quantiteacute et en qualiteacute (eacutetable ameacutelioreacutee compostage lombricompost etc) notamment avec des matiegraveres premiegraveres disponibles localement plutocirct que sur la base drsquoachats Les agriculteurs investissent moins en moneacutetaire et optent pour une strateacutegie drsquointensification en main drsquoœuvre (ce qui est le cas pour les systegravemes de compostage) Ensuite il est important de mieux valoriser ces diffeacuterents types de fertilisation agrave travers des combinaisons de pratiques

Ce dont il faut ecirctre sucircr crsquoest que les producteurs dans leur tregraves grande majoriteacute deacuteveloppent des strateacutegies de gestion de la fertiliteacute des sols et les adaptent sur la base de leurs connaissances et savoir-faire et en fonction des conditions biophysiques et de lrsquoenvironnement socioeacuteconomique Si les conditions eacuteconomiques sont favorables (deacuteboucheacutes prix suffisamment reacutemuneacuterateurs) ils ont recours aux engrais commerciaux comme le montre cette eacutetude mais aussi drsquoautres (voir par exemple en zone peacuteriurbaine drsquoAntananarivo NDienor et al 2011) Or le plus souvent dans les actions de deacuteveloppement et les propositions techniques les fertilisations sont proposeacutees par filiegravere comme une sorte de manuel technique (fiche technique par filiegravere) et reacutefleacutechies par rapport aux besoins propres de la plante cibleacutee Ces propositions vont ainsi agrave lrsquoencontre des strateacutegies paysannes et leur diffusion reste mitigeacutee

Enfin dans les propositions actuelles pour le deacuteveloppement rizicole notamment sur bas-fonds les acteurs de deacuteveloppement misent sur une intensification rizicole de type reacutevolution verte (semences ameacutelioreacutees voire hybrides avec des doses importantes drsquoengrais acheteacute) Les donneacutees montrent que les strateacutegies des paysans integravegrent les rotations avec le riz et les investissements en fertilisation se passent autrement (cultures de contre saison autres cultures) Les deacutepenses en semences et surtout si on enlegraveve la valorisation de lrsquoautoproduction restent tregraves faibles Ces

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

33

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

propositions techniques srsquoeacuteloignent encore une fois des strateacutegies paysannes

Mais cette analyse des strateacutegies drsquoutilisation des fertilisants dans la gestion de la fertiliteacute des sols reste encore incomplegravete car si les aspects techniques (quantiteacutes et modaliteacutes) ont eacuteteacute traiteacutes les aspects eacuteconomiques ne lrsquoont pas eacuteteacute Cela sera le thegraveme du prochain et dernier article qui mettra en relation les pratiques de gestion de la fertiliteacute et les performances notamment en terme de marge brute aux niveaux parcelles et cultures et de revenu au niveau EAF

BIBLIOGRAPHIE

Bekunda MA Bationo A Ssali H 1997 Soil fertility management in Africa a review of selecterd research trials In Replenishing Soil Fertility in Africa SSSA Special Publication Nomber 51 63-79

Ben Naacircmane CK Autfray P Audouin S Beacuteliegraveres JF Blanchart E Razafimahatratra M Razanakoto OR Salgado P 2020 Gestion compareacutee de la fertiliteacute au niveau des exploitations agricoles familiales du Moyen-Ouest de la reacutegion Vakinankaratra et des Hautes-Terres de la reacutegion Itasy agrave Madagascar Projet Secure 24 p httpswwwsecuremgsitesdefaultfiles2020-04Livret_Secure_2020pdf

Liniger H Mekdaschi Studer R Hauert C et Gurtner M 2011 La pratique de la gestion durable des terres Directives et bonnes pratiques pour lrsquoAfrique subsaharienne WOCAT FAO TerrAfrica Rome (Italie) 243 p httpwwwfaoorg3i1861fi1861fpdf

MAEP 2006 Strateacutegie nationale pour le deacuteveloppement de lrsquoutilisation de lrsquoengrais Ministegravere de lAgriculture de lElevage et de la Pecircche Antananarivo Mai 2006 48 p + annexes p httpwwwmpaegovmgcommunicationwp-contentuploadssites2201611strategie_dvlpt_utilisation_engrais_1pdf

NDieacutenor M Aubry C et Rabeharisoa L 2011 Strateacutegies de construction de la fertiliteacute des terres par les agriculteurs dans les systegravemes maraicircchers peacuteriurbains dAntananarivo (Madagascar) Cahiers Agricultures Vol 20 No 4 (2011) doihttpsdoiorg101684agr20110497

Poirier N et Nuninger L 2012 Techniques damendement agraire et teacutemoins mateacuteriels Pour une approche archeacuteologique des espaces agraires anciens Histoire amp Socieacuteteacutes Rurales 38 (2) 11-50 doi103917hsr0380011

Pierre-Bernard A Ramboarison R Randrianarison L et Rondro-Harisoa L 2007 Les implications structurelles de la libeacuteralisation sur lrsquoagriculture et le deacuteveloppement rural Programme Ruralstruc Madagascar Phase I EPP PADR APB Consulting Antananarivo Janvier 2007 303 p httpdocumentsbanquemondialeorgcuratedfr 184371468091191021pdf779810WP0madag00250for0the0abstractpdf

Razanakoto O Razafindraibe R Andriamananjara A Razafimanantsoa M-P Rakotoson T Smolders E et Rabeharisoa L 2018 Failures in agricultural innovation due to poor understanding of farmersrsquo predispositions Development in Practice 28 (5) 691-704 doi1010800961452420181471124

Sanginga N et Woomer P L (Ed) 2009 Integrated Soil Fertility Management in Africa Principles Practices and Developmental Process Nairobi (Kenya) Tropical Soil Biology and Fertility Institute of the International Centre for Tropical Agriculture 263 p

Leacutetude a eacuteteacute reacutealiseacutee dans le cadre du projet SECuRE

(Soil ecological function resto-ration to enhance agrosystem ser-vices in rainfed rice cropping sys-tems in agroecological transition) financeacute par Agropolis Foundation sous la reacutefeacuterence ID 1605-007 agrave travers le programme Investisse-ments dAvenir (Labex Agro ANR-10-LABX-0001-01) dans le cadre du I-SITE MUSE (ANR-16-IDEX-0006)

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

34

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Lucien Seacuteguy 1944-2020 agronome du geacutenie veacutegeacutetal

Premiers pas

Lucien Seacuteguy est neacute dans une famille de petits paysans du nord Dordogne fiers de leurs racines et durs agrave la tacircche Il sera le

seul de sa fratrie de quatre fregraveres et sœurs agrave acceacuteder agrave lrsquouniversiteacute Diplocircme drsquoingeacutenieur agronome de lrsquoENSA Toulouse en poche suivi drsquoune speacutecialisation en peacutedologie agrave lrsquoORSTOM (ex IRDhellip) de Bondy il eacutepouse Jacqueline qui lrsquoaccompagnera durant toute sa carriegravere Son service civil se deacuteroule au Seacuteneacutegal de 1967 agrave 1969 agrave la grande station IRAT (Institut de Recherche Agronomique Tropicale) de Bambey il preacutefegravere une affectation en brousse Sefa Il y refait une carte peacutedologique et srsquoattaque agrave lrsquoameacutelioration du travail du sol en traction animale des riziegraveres de Casamance

En 1969 lrsquoIRAT lrsquoaffecte dans lrsquoOuest Cameroun agrave Dschang ougrave il monte et accompagne des projets rizicoles sur les plaines des MrsquoBos et de NrsquoDop Il y conduit des travaux sur les systegravemes de culture et lrsquoameacutelioration varieacutetale du riz pluvial et irrigueacute Ses analyses des interactions entre geacutenotype et environnement soulignant lrsquoinfluence majeure de la fertiliteacute des sols sur les attaques de pyriculariose le font remarquer et sont toujours citeacutees

Ses travaux et reacutealisations alliant recherche et deacuteveloppement interpellent des responsables de la recherche agronomique breacutesilienne et fin 1977 il devient le premier expert IRAT en poste au Breacutesil affecteacute aupregraves de LrsquoEMAPA de lrsquoeacutetat du Maranhatildeo Il travaillera au Breacutesil jusqursquoagrave sa retraite en 2009 et au-delagrave De 1977 agrave 1982 il monte avec lrsquoaide de Serge Bouzinac des eacutetudes sur la culture du riz pluvial pour chez et avec des petits paysans sans terre Les systegravemes de deacutefriche-brucirclis manuelle sur ces savanes secondaires agrave Palmiers Babaccedilu sont compareacutes agrave des systegravemes en traction animale Immeacutediatement abandonneacutes en raison des eacuterosions catastrophiques qursquoils induisent Premier signal sur la neacutecessiteacute du semis direct dans ces eacutecologies tropicales Mais Lucien et Serge sont informeacutes que leurs activiteacutes avec les sans terres du Nordeste ne sont pas du goucirct de tous Dans ces reacutegions du Breacutesil agrave cette eacutepoque le message est sans ambiguiumlteacute il faut partir vite LrsquoEMBRAPA - CNPAF (Centre National Riz amp Haricot) de Goiacircnia inteacuteresseacute par leurs reacutesultats les accueille

1982 nouveau milieu donc Les Cerrados du Centre Ouest breacutesilien (Mato Grosso Goiaacutes Tocantinshellip) un biome de savanes arboreacutees plus de 200 millions drsquohectares sur lequel avance un irreacutepressible front pionnier drsquoeacutelevage extensif et drsquoagriculture meacutecaniseacutee Des sols lateacuteritiques acides vides de nutrimentshellip longtemps consideacutereacutes comme impropres agrave toute forme drsquoagriculture rentable Peu importe la conquecircte de la terre est en marche deacutefriche riz pluvial monoculture de soja sur travail du sol simplifieacute avec des outils agrave disques hellip semelle de labour eacuterosion Une deacutevastation agrave eacutechelle industrielle Le diagnostic est vite poseacute les premiegraveres recommandations simples adapteacutees suivent combiner rotation de cultures commerciales (sojariz sojamaiumls) et succession annuelle ougrave agrave la culture commerciale succegravede une safrinha secondaire (maiumls sorgho ou mil) avec des preacuteparations de sols profondes (labour dresseacute aux socs scarification avec des outils agrave dents) Ces systegravemes de travail du sol profond ont du succegraves et sont tregraves largement diffuseacutes Mais lrsquoavegravenement du Semis Direct dans les reacutegions subtropicales du sud du Breacutesil va venir changer le paradigme des travaux de Lucien et Serge

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

35

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Lrsquoinvention le Semis direct sur Couverture Veacutegeacutetal (SCV) en milieu tropical

1984 visite agrave la Coopeacuterative laitiegravere centrale du Paranaacute agrave

1984 visite agrave la Coopeacuterative laitiegravere centrale du Paranaacute agrave Carambeiacute reacutegion des Campos Gerais premiers eacutechanges avec les agronomes Hans Peeten Josueacute Nelson Pavei hellip et les agriculteurs Nonocirc Perereira et Franke Dijkstra pionniers du semis direct dans cette reacutegion du Sud

1985 un producteur eacuteclaireacute du Mato Grosso Munefumi Matsubara leur ouvre grand les portes de sa fazenda hellip et sa bourse Des alternatives en semis direct sont rigoureusement compareacutees aux systegravemes avec travail du sol profond ou superficiel Au cours de ces cinq anneacutees deacutecisives les

systegravemes en semis direct sont plus productifs et rentables que les systegravemes conventionnels ils sont aussi et avant tout les seuls agrave permettre une augmentation de plus de 20 des teneurs de matiegravere organique des sols Les systegravemes sous couvert veacutegeacutetal (SCV) sont lanceacutes des eacutetapes cruciales sont franchies avec lrsquoinsertion en succession en association des cultures commerciales drsquoespegraveces telles que le sorgho mil les crotalaires le Brachiariahellip qui produisent de fortes biomasses valorisant des pluies marginales et surtout lrsquoeau du sol Les principes techniques des systegravemes SCV permettant de respecter les lois de fonctionnement des agroeacutecosystegravemes tropicaux sont poseacutes formaliseacutes dans des documents scientifiques et didactiques Lrsquoanalogie centrale avec le fonctionnement drsquoun eacutecosystegraveme forestier tropical se nourrissant sur lui-mecircme dans des recyclages continus entre biomasses vivantes et mortes gracircce agrave lrsquoactiviteacute biologiques des sols offre un cadre feacutecond agrave la creacuteativiteacute agronomique de Lucien Seacuteguy Les couverts veacutegeacutetaux se preacutesentent comme des pompes biologiques recyclant les eacuteleacutements mineacuteraux proteacutegeant le sol des pluies tropicales preacuteservant une tempeacuterature optimale pour lrsquoactiviteacute biologique et lrsquoabsorption racinaire hellip tout le contraire des sols mis agrave nu par le labour ou des techniques culturales simplifieacutees incompatibles avec une gestion durable de la ressource sol

Ces travaux sont conduits via de multiples partenariats en interaction avec une diffusion active de ses reacutesultats par les fondations et associations de producteurs Avant lrsquoan 2000 les SCV couvrent deacutejagrave -et ont sauveacute- des millions drsquohectares de terres agricoles dans les eacutetats de Goias Mato Grosso Tocantins Maranhatildeo Piauiuml hellip recoupant une vaste diversiteacute peacutedoclimatique tropicale dans laquelle les SCV se diversifient Ils inventent de nouvelles alternatives sur des couvertures veacutegeacutetales maintenues vivantes sous la culture encore plus efficientes comme le soja sur couvert permanent de chiendent ( Cynodon dactylon) ou le maiumls sur arachide peacuterenne ( Arachis pintoiuml) Avec le groupe Maeda les SCV sont adapteacutes agrave la culture cotonniegravere le preacutealable agrave son essor rapide dans le Mato Grosso

En parallegravele ils deacuteveloppent avec James Taillebois un seacutelectionneur du CIRAD un programme de seacutelection geacuteneacutetique de riz avec pour objectif premier drsquoeacutelargir lrsquoadaptabiliteacute des varieacuteteacutes creacuteeacutees et leurs toleacuterances aux maladies fongiques en seacutelectionnant en conditions pluviales de lrsquoeacutequateur jusqursquoau subtropical des croisements entre pools drsquoorigines pluviales et irrigueacutees Ces varieacuteteacutes vont voyager dans de nombreux pays tropicaux et subtropicaux faisant montre de leur grande plasticiteacute qursquoelles tirent de leur base geacuteneacutetique et des systegravemes SCV dans et pour lesquelles elles sont seacutelectionneacutees

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

36

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Lucien et Serge ont inspireacute des milliers drsquoagriculteurs agronomes et chercheurs breacutesiliens sur la base de leurs travaux preacutecurseurs et visionnaires sur les systegravemes sous couvert veacutegeacutetal pour les eacutecologies tropicales du Breacutesil Ils ont accueilli des visites de tous pays et continents se faisant les premiers et les meilleurs ambassadeurs des SCV du Breacutesil

Informer et former le monde

A partir de 1984 et jusqursquoagrave sa retraite Lucien reacutealise tous les ans des missions drsquoappui aupregraves de collegravegues chercheurs agronomes et de projets de deacuteveloppement publics et priveacutes dans de nombreux pays tropicaux drsquoAfrique drsquoAsie du Sud-Est Madagascar icircle continent aux innombrables eacutecosystegravemes tropicaux sera gracircce aux partenariats tisseacutes et aux financements de nombreux projets par lrsquoAgence Franccedilaise de Deacuteveloppement (AFD) une antichambre pour les petites paysanneries de ces techniques neacutees dans les dynamiques agro-industrielles du Breacutesil Drsquoautres projets suivront principalement sur financements de lrsquoAFD en Cocircte drsquoIvoire Gabon Cameroun Seacuteneacutegal Tunisie Vietnam Laos Cambodgehellip permettant de deacutecliner les

principes des SCV en pratiques adapteacutees aux conditions sociales drsquoagricultures familiales parmi les plusdeacutemunies de la planegravete Avec le Pr Joatildeo Carlos Saacute de lrsquoUniversiteacute de Ponta Grossa (Parana Breacutesil) ils organiseront toujours gracircce aux financements de lrsquoAFD de 2006 agrave 2011 six eacuteditions drsquoune formation internationale sur les SCV et la dynamique de matiegravere organique du sol rassemblant plus de 90 agronomes vulgarisateurs et chercheurs travaillant en partenariat avec le CIRAD dans plus de 13 pays du Sud Tous ces pays et drsquoautres ne peuvent plus ignorer cette information clef pour lrsquohumaniteacute on sait doreacutenavant faire pousser sous les tropiques les grandes cultures annuelles pluviales de faccedilon durable rentable et accessible Un nouveau pilier est disponible pour renforcer la seacutecuriteacute alimentaire mondiale et lrsquoautonomie des pays du Sud En 2009 agrave sa retraite du Cirad il poursuit ses appuis agrave travers la planegravete aupregraves des acteurs convaincus par la pertinence des voies agronomiques qursquoil continue drsquoouvrir Des reacuteseaux se montent qursquoil anime partageant sa vision ses ideacutees sa creacuteativiteacute et son humour A lrsquoinvitation drsquoun agronome du Queacutebec Louis Peacuterusse il se lance dans lrsquoadaptation des SCV aux conditions continentales ils remettent agrave lrsquohonneur les bleacutes drsquohiver semeacutes agrave la voleacutee dans le soja trois semaines avant la reacutecolte gagnant un mois de croissance avant lrsquohiver et avanccedilant la reacutecolte drsquoun mois Ce calendrier profondeacutement remanieacute par rapport aux scheacutemas baseacutes exclusivement sur les cultures de printemps ouvre une fenecirctre pour implanter agrave la voleacutee dans les bleacutes murissant des meacutelanges de plantes de couverture Ces derniers apportent alors ici comme partout de faccedilon inteacutegreacutee par et pour le biologique recharge en matiegravere organique et de multiples fonctions eacutecosysteacutemiques telles que la fixation azoteacutee par les leacutegumineuses la stimulation de fonctions microbiennes symbiotiques et non symbiotiques la creacuteation et lrsquoentretien drsquoune forte macroporositeacute par les effets combineacutes de puissants systegravemes racinaires et la stimulation drsquoune forte activiteacute des vers de terre le controcircle des adventices par la couverture du solhellip

Au Sud du Breacutesil dans les Eacutetats de Santa Catarina et du Rio Grande do Sul il travaille avec de jeunes agronomes breacutesiliens agrave la conception et agrave la diffusion sur des centaines de milliers drsquohectares des couverts multifonctionnels agrave base de meacutelanges complexes composeacutes de 10 espegraveces et plus Il est inviteacute en 2009 en Argentine et en Uruguay par Jean Waymel agriculteur drsquoorigine franccedilaise avec qui il deacuteveloppe des SCV diversifieacutes inteacutegrant le semis agrave la voleacutee sur couvert veacutegeacutetal y compris de culture agrave grosses graines comme le soja

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

37

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Ces techniques pratiqueacutees agrave tregraves grande eacutechelle accroissent les vitesses drsquoimplantation des cultures et la reacutesilience des systegravemes de production dans un climat de plus en plus variable

Sa passion pour la diversiteacute veacutegeacutetale ses talents de naturaliste lrsquoont ameneacute agrave explorer inlassablement de nombreuses espegraveces veacutegeacutetales tempeacutereacutees et tropicales agrave proposer des meacutelanges de plus en plus efficaces alliant cultures annuelles et peacuterennes et aux fonctionnaliteacutes et morphologies aeacuteriennes et racinaires diversifieacutees le cœur des SCV

Mecircme en France

Il initie eacutegalement degraves le milieu des anneacutees 1990 des eacutechanges avec quelques agriculteurs franccedilais en meacutetropole et plus tard dans des deacutepartements et territoires drsquoOutre-Mer (Reacuteunion Antilles Nouvelle Caleacutedonie)

Avec ces pionniers des SCV en France [1] il expeacuterimente dans des eacutecologies aussi diverses que les rives et coteaux de la Loire la Champagne berrichonne les collines du Gers la Camargue les versants de la Montagne Peleacuteehellip dans des systegravemes ceacutereacutealiers de polyculture eacutelevage des bananeraies en conditions pluviales ou irrigueacutees

Quelles espegraveces et associations drsquoespegraveces pour les couverts drsquohiver drsquoeacuteteacute en fonction des conditions de milieuxhellip Comment les semer dans les diffeacuterentes cultures en deacuterobeacutee en succession agrave quelle date agrave quelle dosehellip Ce savoir-faire et ces connaissances sont agrave deacutefricher et organiser par des essais Tous ces agriculteurs rallongent diversifient leurs rotations integravegrent des leacutegumineuses via les cultures (pois drsquohiver de printemps sojahellip) et les couverts eacuteventuellement fourragers (vesce feacuteverole gesse tregravefleshellip) Les fermes drsquoeacutelevage conquiegraverent par-lagrave leur autonomie en proteacuteines Aux techniques de couvertures mortes tueacutees avant semis de la culture viennent ici aussi srsquoajouter des couverts vivants de luzerne sur argilo-calcaire de tregravefle ou de lotier sur les sols plus acides ou hydromorphes faisant encore gagner en coucirct et en flexibiliteacute face aux aleacuteas du climat et des marcheacutes

Ils testent et mettent en commun les acquis sur leurs fonds propres un reacuteseau se coopte pour avancer Lucien lrsquoanime en structurant les essais et en maintenant le cap agrologique des SCV mecircme quand les reacutesultats escompteacutes ne sont pas immeacutediatement au rendez-vous

Les SCV de mieux en mieux maicirctriseacutes integravegrent progressivement lrsquoensemble des terres cultiveacutees sur ces fermes remaniant profondeacutement leur systegraveme drsquoexploitation Les parcs mateacuteriels se simplifient les grosses puissances de traction pour les preacuteparations de sol nrsquoont plus lieu drsquoecirctre Il faut aussi ecirctre autonome pour ses productions de semences de couverts la leacutegislation interdisant dons eacutechanges ou ventes entre agriculteurs mecircme pour des espegraveces et varieacuteteacutes libres de droit drsquoobtenteurs ou plus disponibles sur le marcheacute les semences commerciales ne sont pas forceacutement optimales pour les systegravemes et restent oneacutereuses utiliseacutees agrave bonne dose

Plus aucune de ces fermes nrsquoutilise drsquoinsecticides que ce soit en foliaire au sol ou en traitement de semences sur quelques cultures que ce soient ni drsquoanti-limaces Des fongicides ne sont appliqueacutes qursquoexceptionnellement sur les ceacutereacuteales agrave paille et colza au quart ou agrave la moitieacute des doses preacuteconiseacutees lorsque des conditions climatiques propices au deacuteveloppement des champignons pathogegravenes surviennent agrave un stade critique de ces cultures Les herbicides demeurent agrave faible dose principalement

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

38

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

pour le controcircle des couverts Les apports drsquoazote mineacuteral sur ceacutereacuteales agrave paille et maiumls diminuent progressivement pour atteindre 10 agrave 12 uniteacutes par tonne de grains une efficience quasi doubleacutee en comparaison des exploitations avoisinantes Toutes ces fermes qui pratiquent les SCV depuis plus de 15 ans obtiennent les meilleures performances techniques (rendement qualiteacute nutritive et sanitaire des grains) dans leurs reacutegions respectives elles ont dans le mecircme temps reacuteduit leurs charges en intrant et carburant de 39 par rapport agrave des itineacuteraires dits raisonneacutes (travail du sol simplifieacute dose drsquointrants modeacutereacutee) agrave 58 par rapport agrave des reacutefeacuterences ayant recours au travail du sol conventionnel et aux pleines doses drsquointrants

Sur tous ces reacutesultats Lucien communique beaucoup avec fougue et passion hellip mecircme si apregraves une vie au contact des acteurs du deacuteveloppement et de la recherche au Breacutesil lrsquoinertie parfois bavarde et suffisante de lrsquoagriculture franccedilaise ne cesse de le surprendre au vue de la crise dans laquelle se deacutebat une immense majoriteacute de producteurs et lrsquoeacutetat geacuteneacuteral de nos sols

Quels enseignements pour lrsquoavenir de notre agriculture

Il y a tant agrave retenir de ce parcours immense pour qui voudrait continuer le travail de Lucien Seacuteguy sur les chemins du deacuteveloppement et de la connaissance des CV agrave travers le monde

Pratiquer les SCV crsquoest vouloir orchestrer la transformation des milieux que lrsquoon cultive par et pour la puissance du veacutegeacutetal Crsquoest penser et organiser des flux puissants de biomasses continu lrsquoeacutenergie solaire par les plantes et la vie du sol Nous savons aujourdrsquohui que cela neacutecessite de maintenir les sols couverts en permanence de mobiliser une grande diversiteacute veacutegeacutetale diversifieacutees pour capter stocker et restituer en au sein des rotations via des couverts multi-speacutecifiques et de reacuteussir

agrave abandonner toute forme de travail du sol Ce dernier point est tregraves deacutebattu peut-ecirctre car il est le symbole le plus embleacutematique drsquoun changement de modegravele radical sucircrement parce qursquoil est celui qui pose le plus de problegravemes de mise en oeuvre dans les phases de transition et pour certaines cultures pour lesquelles des reacutefeacuterentiels techniques solides manquent encore Il est pourtant celui pour lequel la connaissance scientifique est la plus solidement eacutetablie travailler le sol mecircme de faccedilon superficielle et eacutepisodique nuit partout que lrsquoon soit dans la Niegravevre au Queacutebec ou au cœur du Mato Grosso agrave la vie du sol et aux capaciteacutes de stockage et de restitution de lrsquoeacutenergie qursquoelle construit Travailler le sol crsquoest se condamner agrave faire un travail de Peacuteneacutelope toujours deacute faire dans la nuit du sol ce que les plantes photosyntheacutetis(s)ent le jour Crsquoest se condamner agrave rester dans un entre-deux technique agrave se couper drsquoune effectiviteacute pleine entiegravere et continue des processus naturels qui viennent organiser la fertiliteacute des sols et contribuer au controcircle des bio-agresseurs de nos cultures Crsquoest par le respect de ces 3 principes pratiques des SCV que les apports importants et continus de matiegravere organique nourrissent une biodiversiteacute microbienne et inverteacutebreacutee de plus en plus riche complexe et foisonnante et que peuvent srsquoauto-organiser nos sols cultiveacutes

Deacutevelopper des systegravemes de culture et de production en SCV requiert tout drsquoabord drsquoabandonner lrsquoideacutee de recette applicable pour se lancer dans lrsquoexploration libre mais meacutethodique drsquoun immense champ de possibles Cela demande drsquoimaginer et apprendre agrave mener des rotations reacutepondant agrave nos objectifs de

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

39

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

production ougrave cultures et couverts veacutegeacutetaux se relaient pour tendre vers des sols couverts 365 jours sur 365 Cela demande aussi au deacutebut de lrsquoaudace pour rompre les amarres avec le confort rassurant des pratiques conventionnelles institueacutees Crsquoest accepter drsquoen passer par des deacutecisions contraires agrave ce que lrsquoon nous a appris agrave ce que lrsquoon nous recommande Crsquoest refuser de voir un salut dans la laquo high tech raquo preacutetendument reacutevolutionnaire que lrsquoon impose agrave des agriculteurs surendetteacutes pour oser la complexiteacute du vivant et lrsquoautonomie Crsquoest entrer pour la premiegravere fois avec le semoir dans un laquo gros raquo couvert veacutegeacutetal plus tard preacutefeacuterer semer agrave la voleacutee dans des couverts vivants ou par-dessus des cultures murissantes hellip en se demandant tout de mecircme pour une fois agrave lrsquounisson avec les voisins si lrsquoon nrsquoest pas devenu un peu dingo Crsquoest aussi se retenir de faire cet insecticide en acceptant lrsquoideacutee qursquoil y a plus agrave terme agrave y perdre qursquoagrave y gagner preacutefeacuterer nourrir des ravageurs en les leurrant plutocirct que de les tuer et renoncer agrave leurs ennemis naturels etc Toutes ces remises en questions des pratiques courantes dissolvent lrsquoun apregraves lrsquoautre les repegraveres en vigueur et srsquoapparentent au franchissement drsquoun miroir derriegravere lequel se cueillent les beacuteneacutefices que nous servent les processus naturels activeacutes un miroir derriegravere lequel aussi les systegravemes avec travail du sol apparaissent pour ce qursquoils sont absurdes et contre-nature Cette transformation de nos faccedilons de cultiver nous a transformeacute autant que nos sols et nos exploitations et pourtant nous sommes conscients drsquoecirctre agrave lrsquooreacutee drsquoun immense territoire que nous commenccedilons agrave peine agrave explorer source de confiance en lrsquoavenir et drsquoune humiliteacute heureuse Lucien Seacuteguy voulait avancer sans relacircche dans ce territoire de la biodiversiteacute et du geacutenie veacutegeacutetal au service drsquoune agriculture toujours plus propre et performante La recherche eacuteprouve aussi des difficulteacutes pour srsquoemparer de ces eacutetranges objets techniques que sont les systegravemes de culture agrave base de semis direct sur couverture veacutegeacutetale ces objets techniques deacuteroutent car ils tirent leur efficience des processus naturels qursquoils activent des processus naturels qui dans la dureacutee organisent nos sols et donnent aux eacutecosystegravemes que nous cultivons leurs grandes fonctions de gestion de la fertiliteacute et drsquoautoreacutegulation des nuisibles divers adventices phytophages maladies hellip

Cette meacutediation essentielle du naturel creacutee une distance entre le geste pratique et lrsquoeffectiviteacute associeacutee mesurable dans nos parcelles et nos fermes Elle rend ainsi les approches factorielles de lrsquoagronomie classique fondeacutees sur les analyses des liens preacutesupposeacutes entre pratique et effet impropres agrave lrsquoeacutetude et agrave la conception de ces systegravemes Car ceux-ci ne reacutesultent pas drsquoune combinaison de facteurs mais sont creacuteation eacutemergente drsquoun milieu cultiveacute complexe et transformation concomitante des perceptions et connaissances de celles et ceux qui les pratiquent

Crsquoest pour nous avoir aideacutes agrave nous engager dans cette double transformation que nous tenions ici agrave te remercier Lucien Puisse ton formidable legs ecirctre compris et repris par des acteurs et politiques clairvoyants courageux et ambitieux

[1]Jean-Claude Quillet Hubert Charpentier Christian Abadie Sandrine Gallon amp Alain Coudrillier Noeumll amp Lydie Deneuville Bertrand et Patrick Aubeacutery hellipArticle publieacute sous une autre mise en page dans la revue TCS (Techniques Culturales Simplifieacutees) - laquo Agronomie Eacutecologie et Innovation - TCS Ndeg 108 Juin-Juillet-Aoucirct 2020 raquoArticle reacutedigeacute avec les sources de httpopen-libraryciradfr

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

40

Trimestrielle - Edition N

deg 10

SUCCESS STORIESJO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

Lrsquoapproche laquo paysan agrave paysan raquo par le projet MANITATRA II rocircles des Paysans Leaders (ou paysans relais)

TOKIHERINIONJA Tanjonarilesa Fernand Chef de ProjetRAKOTONDRAMANANA Directeur Exeacutecutif du GSDM

Contexte

Depuis le 20 juillet 2018 le GSDM assure la mise en œuvre du projet intituleacute laquo

MANITATRA II raquo Ce projet est financeacute par lrsquoUE par lrsquointermeacutediaire du COMESA dans le cadre du programme Global Climate Change Alliance Plus (GCCA+) des pays drsquoAfrique des Caraiumlbes et du Pacifique (Intra ACP) conformeacutement agrave lrsquoaccord de subvention NdegCC000418 signeacute par le COMESA et le GSDM Le projet est preacutevu pour couvrir une dureacutee de 3 ans

Lrsquoobjectif geacuteneacuteral du projet eacutetant de soutenir la mise agrave lrsquoeacutechelle de lrsquoAgriculture Climato-Intelligente (ACI) pour atteacutenuer les changements Climatiques et ameacuteliorer la seacutecuriteacute alimentaire agrave Madagascar Pour cela il cible la reacutegion de Vakinankaratra et couvre deux eacutecosystegravemes diffeacuterentes le Moyen-Ouest et les Hautes Terres en intervenant successivement au niveau de 07 et 10 Communes Rurales Et pour atteindre ces objectifs le projet a opteacute pour une approche de diffusion laquo paysan agrave paysan raquo Cette approche a eacuteteacute deacutejagrave testeacutee durant la peacuteriode du projet MANITATRA I (2014 -2015) dans les reacutegions du Vakinankaratra et du Sud - Est

Les paysans leaders (ou paysans relais) sont les pierres angulaires de lrsquoapproche de diffusion de paysan agrave paysan Ils ont eacuteteacute choisis et formeacutes par les techniciens du projet lrsquoeacutequipe du GSDM central et drsquoautres partenaires (Ceffel ADTRMAPDRA DRAEP Vakinankaratra) afin drsquoacqueacuterir les bagages neacutecessaires agrave la transmission des connaissances agro-eacutecologiques agrave leurs paires

Pourquoi cette eacutethodologie

La proximiteacute des paysans leaders avec les producteurs autour permet de corriger les limites de lrsquoapproche laquo technicien agrave paysan raquo qui ne garantit pas toujours une peacuterenniteacute des actions

initieacutees par les projets et qui coucircte nettement plus cher aux projets En effet le fait que les paysans leaders soient issus du lieu drsquointervention leur permet de parler le mecircme langage alors que les techniciens se heurtent geacuteneacuteralement aux barriegraveres des logiques paysannes qui peuvent ecirctre difficiles agrave percer Par ailleurs lrsquoapproche laquo paysan agrave paysan raquo preacutesente un coucirct nettement reacuteduit par rapport agrave lrsquoapproche laquo technicien agrave paysan raquo De plus les paysans leaders resteront toujours dans leur village une fois le projet termineacute Ainsi ils resteront des personnes ressources et continueront agrave donner des conseils aux paysans autour

Choix des paysans leaders

Lrsquoidentification des paysans leaders constituait la premiegravere mission de lrsquoeacutequipe au tout deacutebut du projet Crsquoest une eacutetape cruciale car un mauvais choix de paysan leader fait perdre beaucoup de temps au projet Un certain nombre de critegraveres a eacuteteacute mis en place afin de reacuteduire au maximum ce risquebull Ecirctre paysan de profession (agriculteur

eacuteleveur hellip)bull Possession drsquoune parcelle individuelle drsquoune

surface de 05 agrave 1ha deacutedieacutee agrave la pratique personnelle de lrsquoagro-eacutecologie

bull Ecirctre majeurbull Savoir compter lire et eacutecrirebull Ayant des expeacuteriences en matiegravere drsquoanimation

etou vulgarisation des techniques innovantesbull Ayant une sorte de leadership naturel aupregraves

des villageoisbull Habitant dans la zone drsquointervention du

projetbull De bonne reacuteputationbull Sans affiliation directe avec un parti politiquebull Non engageacute avec drsquoautres organismes

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

41

Trimestrielle - Edition N

deg 10

SUCCESS STORIES

Rocircle des paysans leaders et fonctionnement dun CEP

Les responsabiliteacutes des paysans leaders consistent agrave appuyer les techniciens dans le processus de diffusion de lrsquoagro-eacutecologie Ils doivent obligatoirement geacuterer au sein de leur exploitation un Champ Ecole Paysanne (CEP) individuel ougrave ils vont pratiquer les diffeacuterentes pratiques agro-eacutecologiques promues par le projet Les mises en place au niveau du CEP permet aux techniciens du projet de former et dassurer le recyclage des diverses pratiques agro-eacutecologiques Les formations des paysans leaders sont alors beaucoup plus pratiques que theacuteoriques Ce qui est plus approprieacutee pour ces paysans leaders Ils doivent pour ce faire appliquer rigoureusement les directives fournies par les techniciens Les paysans leaders assurent lrsquointeacutegraliteacute des charges lors des mises en place et entretiens des cultures au niveau du CEP que ce soit en intrants ou main drsquoœuvre Seules les semences de plantes de couvertures qui ne sont pas disponibles dans la zone que le projet leur fourni

Les CEP servent de lieu de formation et de visites eacutechanges organiseacutees par les paysans leaders pour leurs paires A la suite de ces sessions les paysans inteacuteresseacutes par une ou plusieurs pratiques agro-eacutecologiques au niveau des CEP seront accompagneacutes par les paysans leaders afin de les dupliquer au sein de leur exploitation respective Les paysans leaders couvrent geacuteneacuteralement une zone dans un rayon de cinq agrave dix kilomegravetres autour de leur lieu de reacutesidence soit trois agrave quatre fokontany en moyenne Ils sont agrave cet effet eacutequipeacutes drsquoune bicyclette comme moyen de locomotion et des bacircches de formation comme outils lors des seacuteances drsquoanimation Le projet leur dote aussi des bonbonnes et des pulveacuterisateurs leur permettant drsquoappliquer certaine techniques particuliegraveres comme la fabrication de compost liquide et les laquo ady gasy raquo

Engager les paysans leaders dans le processus de diffusion de lrsquoagro-eacutecologie ne signifie pas pour

autant les deacuterouter de leur vocation de paysan Ils ne sont pas des salarieacutes du projet Crsquoest drsquoailleurs pour cette raison que le GSDM a fixeacute par contrat une dureacutee effective de travail maximal de sept jours par mois Par contre le projet leur accorde une compensation journaliegravere de 10000Ar pour leurs interventions

Rocircles des techiciens

Pour MANITATRA II ce sont les paysans leaders qui assurent la diffusion des techniques agro-eacutecologiques promues par le projet Les techniciens jouent le rocircle de facilitateur afin que les paysans leaders puissent atteindre leurs objectifs Ainsi les techniciens encadrent techniquement les paysans leaders Ils ont dans ce sens la responsabiliteacute de faire des suivis des actions meneacutees par les paysans leaders et de les appuyer durant les seacuteances de conseil drsquoanimation et de formation Ils effectuent eacutegalement des appuis sur la mise en place des champs eacutecoles paysans (CEP) sur lesquels les riverains vont pouvoir appreacutecier les eacutetendues de lrsquoapplication des techniques appliqueacutes en agro-eacutecologie Les techniciens fixent les objectifs agrave atteindre selon les attentes du projet Pour MANITATRA II le ratio moyen est drsquoun technicien pour 7 paysans leaders encadreacutes

Perspectives pour les paysans leaders

Ces paysans leaders sont formeacutes reacuteguliegraverement sur diverses theacutematiques par le GSDM Cela afin qursquoils puissent assumer pleinement leurs responsabiliteacutes Lrsquoobjectif eacutetant qursquoils puissent agrave plus long terme devenir prestataire en tant que paysan formateur au niveau des entiteacutes qui auront besoin de leurs services agrave lrsquoinstar du FDA

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

42

Trimestrielle - Edition N

deg 10

SUCCESS STORIES

Laissons parler les paysans

Rindra Sandratriniaina Assitant Chef de projet RAKOTONDRAMANANA Directeur Exeacutecutif du GSDM

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Les reacutesultats obtenus de la deuxiegraveme anneacutee du projet MANITATRA II ont fournis des

enseignements conseacutequents quant aux techniques adopteacutees par les paysans et des inteacuterecircts que ces derniers avaient tireacute de ces adoptions Dans le moyen ouest comme sur la haute terre du Vakinankaratra la pratique du riz pluvial sur mulch de mucuna ont vraiment fait ses preuves Le riz pluvial associeacute au cajanus quoiqursquoen cours drsquoessais a deacutejagrave fourni des reacutesultats probants Les diffeacuterents niveaux drsquoameacutenagement coupleacutes avec les reboisements et la gestion des matiegraveres organiques sont tout autant de techniques que les quelques paysans des communes de Fidirana drsquoAntohobe et de Soavina vont nous deacutelivrer dans ce numeacutero 10 du journal de lrsquoagro-eacutecologie

Drsquoabord M Rakotomanantsoa Modeste drsquoAmbohibolakely de la commune rurale de Fidirana teacutemoigne de son inteacuterecirct quant agrave la pratique du riz pluvial sur mulch de mucuna

Avant cette pratique nous ne pouvions produire qursquoautour de 1tha pour le riz pluvial Actuellement le rendement peut aller jusqursquoagrave 5tha Le mucuna nrsquoagit pas seulement sur la restauration de la fertiliteacute du sol mais aussi sur le nettoyage des parcelles par rapport aux diffeacuterentes pestes veacutegeacutetales qui envahissaient nos parcelles Il srsquoest aveacutereacute que le mucuna permet aussi de lutter contre certains ravageurs de culture Pour nous loin fut le temps ougrave nous eacutetions frustreacutes de la plantation de cette leacutegumineuse non comestible qui accaparait nos surfaces cultivables car vu lrsquointeacuterecirct qursquoy portent le grand nombre la plantation de celle-ci nous engendre deacutesormais des revenus drsquoappoints

En outre je produits aussi du lombricomposte Lrsquoobjectif est toujours eacuteteacute de sevrer notre exploitation de lrsquoutilisation drsquoengrais chimique Avec lrsquoavegravenement des techniques de seacuteparations

de vers drsquoavec le composte la production nrsquoest plus peacutenible comme avant Il nous faut juste surveiller lrsquohumiditeacute la tempeacuterature lrsquoeacutetat du lombricomposteur et enfin veiller agrave ce que les lombrics aient toujours du preacutecomposte precirct agrave lrsquoemploi Je lrsquoutilise surtout dans la production de riz pluvial le maiumls et la production de plants drsquoarbre en peacutepiniegravere ou ccedila mrsquoa permis non seulement de produire des beaux plants mais aussi de beaucoup reacuteduire lrsquoinvasion des ravageurs

Ensuite Razafindrakoto Edouard drsquoAmbohibolakely de la commune de Fidirana stipule que parmi toutes les techniques vulgariseacutees par le GSDM agrave travers le projet MANITATRA II la plantation de mucuna et celle qui apporte le plus drsquointeacuterecircts

Quand je nrsquoavais utiliseacute que des fumiers de parc les fano (heteronicus) et ses vers blancs ont causeacute beaucoup de deacutegacirct sur mes riz et mes maiumls Actuellement en combinant mulch de mucuna et utilisation du lombricomposte nous avons pu doubler notre production Elle permet en effet drsquoeacuteliminer les menaces dues aux attaques des ravageurs de culture et entretien la fertiliteacute du sol

De son cocircteacute Rakotoarijaona Alfred affirme que donner lrsquoexemple sur ses habitudes culturales mis en pratique au niveau de son champ eacutecole paysan (CEP) fait partie de son quotidien de paysan leader (PL)

Il propose entre autre lrsquoameacutenagement en courbe de niveau des parcelles en pente et les techniques de fabrication des diffeacuterents types de compost

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

43

Trimestrielle - Edition N

deg 10

SUCCESS STORIESJO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

comme moyen de gestion durable du sol Lrsquoassociation du riz pluvial avec le cajanus lui a donneacute un excellent reacutesultat Semeacute au moment de la montaison le cajanus associeacute au riz pluvial nrsquoa manifesteacute aucune sorte de concurrence Il ne se ramifie qursquoapregraves la reacutecolte du riz Durant lrsquointersaison il se deacuteveloppent de maniegravere agrave couvrir les parcelles et les preacuteservent des invasions drsquoadventices Le cajanus est connu pour son travail naturel du sol et une production de biomasse pouvant servir au compostage En fin de cycle il fournit aussi drsquoeacutenorme quantiteacute bois pour les cuissons

Pour M Ralaisa Pierre Solofoniaina lrsquoapplication de lrsquoagriculture de conservation a permis de mieux geacuterer ses parcelles surtout vis-agrave-vis des pheacutenomegravenes drsquoeacuterosion

Jrsquoavais mis en place des courbes de niveau sur mes parcelles puis jrsquoai installeacute de couverture veacutegeacutetale comme le mucuna Depuis je ne travaille plus mes terres et les sarclages sont deacutesormais moins contraignants Je me suis eacutegalement aperccedilu que les effets du striga se sont beaucoup amoindris Comme reacutesultats si avant pour le riz pluvial nous ne pouvons obtenir qursquoenviron 1tha maintenant nous arrivons agrave produire 40kg de paddy par are soit dans les 4tha Jrsquoai entrepris ces travaux car je vise surtout lrsquoavenir de mes enfants Je dois ecirctre en mesure de leur leacuteguer de la bonne terre) raquo

Rabemanantsoa Gilbert drsquoAnkily du Fokontany drsquoAntampondravola un alevineur professionnel avait beacuteneacuteficieacute des appuis sur la protection des bassins versants autour de ses bassins piscicoles

Les appuis du projet MANITATRA II mrsquoa permis de mettre agrave jour mes techniques drsquoalevinage Mais le plus important eacutetait ces ameacutenagements

des versants autour de mes bassins piscicoles Nous nous y sommes mis pour combattre le fleacuteau drsquoeacuterosion qui agrave chaque peacuteriode de pluie menacent drsquoensabler nos bassins Les versants ameacutenageacutes sont actuellement stabiliseacutes avec des haies vives de cajanus renforceacutes avec du brachiaria et diverses plantes de couverture

Depuis longtemps je pratique aussi le lombricompostage Il mrsquoa permis de reacuteduire lrsquoutilisation des produits chimiques et surtout drsquoalleacuteger les peines relatives au transport vers les parcelles Quand la population de lombrics augmente il mrsquoarrive de les reacuteguler en preacutelevant une certaine quantiteacute pour nourrir mes poissons

Du cocircteacute de la commune drsquoAntohobe Mme Rafanjanirina Jeanne Philomegravene a entrepris la restauration de la fertiliteacute de ses parcelles apregraves quelque heacutesitation

Il y a 2 ans le technicien du projet Manitatra travaillant dans notre commune nous a animeacute sur les techniques de restauration de la fertiliteacute du sol Au deacutebut je nrsquoeacutetais pas vraiment convaincue du bien-fondeacute de ces techniques mais apregraves avoir assisteacute agrave une visite eacutechange au niveau du site drsquoIvory et apregraves avoir constateacute la reacuteussite de mon fregravere sur le reboisement jrsquoai deacutecideacute de mrsquoy mettre Nous avons adopteacute le lombricompostage et la fabrication de biopesticide Reacutecemment nous avons constateacute que lrsquoassociation de mucuna avec le maiumls permet de proteacuteger ces derniers contre les attaques de chenilles

Avant nous avons comme habitude drsquoutiliser du cendre du riz pluvial et nous nrsquoavons pu obtenir que 240kg de paddy par are Apregraves lrsquoutilisation du lombricompost la mecircme surface nous a donneacute 320kg agrave 400kg Sur la production de tomate avant nous ne pouvons faire que 4 reacutecoltes maintenant avec le lombricompost ccedila peut aller jusqursquoagrave 6 voire 7 reacutecoltes

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

44

Trimestrielle - Edition N

deg 10

SUCCESS STORIESJO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

A Soavina Rasoanindrina Wivine eacutetait pris drsquoeacutetau par une grande parcelle qursquoelle avait preacutevu drsquoabandonner car elle ne lui permettait plus de produire grand-chose

En effet ladite parcelle eacutetait non seulement deacutegradeacute mais eacutetait aussi envahi par le striga et le kidoronrsquoalika (Acantospermum austral) A la suite drsquoune reacuteunion de sensibilisation organiseacutee par le technicien posteacute agrave Soavina jrsquoavais deacutecideacute drsquoy planter du mucuna et du Stylosanthes associeacute avec un peu de maiumls et du riz pluvial Degraves la premiegravere anneacutee une ameacutelioration du rendement en riz srsquoeacutetait fait ressentir A la

deuxiegraveme anneacutee malgreacute la seacutecheresse le riz eacutetait drsquoune tregraves bonne veacutegeacutetation mais lrsquoinsuffisance de pluie au moment de la floraison dans notre reacutegion ne nous a pas permis drsquoobtenir des graines

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

45

Trimestrielle - Edition N

deg 10

ACTUALITES

Dans le cadre du Projet MANITATRA II sur financement du COMESAUnion

Europeacuteenne (11egraveme FED agrave destination des pays ACP dans le cadre de lrsquoAlliance Mondiale pour le Climat) le GSDM srsquoest lanceacute dans la production et la reacutealisation drsquoun film drsquoanimation 3D sur la base de son livret ludique un guide de formation conccedilu pour lrsquoapprentissage de lrsquoAgro-eacutecologie et de lrsquoeacuteducation environnementale en milieu scolaire Lrsquoobjectif eacutetant de renforcer la promotion de lrsquoAgriculture Climato-Intelligente au niveau national et drsquoappuyer la prise en compte de lrsquoAgro-eacutecologie dans les politiques publiques et les projetsprogrammes Dans ce sens ce film drsquoanimation 3D constitue un outil de plaidoyer mais eacutegalement un support de formation drsquoanimationsensibilisation

Lrsquoideacutee drsquointeacutegrer lrsquoAgro-eacutecologie dans tous types de formation essentiellement dans lrsquoenseignement de base agrave Madagascar a eacuteteacute eacutevoqueacutee depuis bien des anneacutees lors des diffeacuterents ateliers et eacutevegravenements

organiseacutes par le GSDM Cette reacuteflexion a eacuteteacute soutenue aussi bien par lrsquoAdministration que par les partenaires techniques et financiers mais eacutegalement par les diffeacuterents acteurs de deacuteveloppement impliqueacutes œuvrant dans le secteur du deacuteveloppement durable

Lrsquointeacutegration de lrsquoAgro-eacutecologie en milieu scolaire a eacuteteacute initieacutee par le GSDM en 2017 au travers du projet PAPAM sur financement de lrsquoAFD Il eacutetait preacutevu de seacutelectionner 6 eacutetablissements publics etou priveacutes de niveau collegravege dans la reacutegion du Vakinankaratra Au travers des activiteacutes parascolaires lrsquoideacutee eacutetait de former des enseignants pour assurer le transfert de connaissances aux eacutelegraveves de 6egraveme et 5egraveme Avec les acquis de WWF membre du GSDM et la collaboration de lrsquoOEMC aupregraves du Ministegravere de lrsquoEducation Nationale de lrsquoEnseignement Technique et Professionnel un document de concept note a eacuteteacute eacutelaboreacute pour la mise en œuvre drsquoune phase pilote De la

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Un film drsquoanimation 3D sur lrsquointeacutegration de lrsquoAgro-eacutecologie en milieu scolaire pour la vulgarisation de lrsquoAgro-eacutecologie au niveau national

LrsquoEducation agrave lrsquoinverse une maniegravere de diffuser lrsquoAgro-eacutecologiehelliphelliplrsquoAgro-eacutecologie pour les geacuteneacuterations futures

Equipe GSDM

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

46

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

mission de diagnostic visant lrsquoidentification des eacutetablissements beacuteneacuteficiaires aux missions de formation de conception de supports et de

suivi les eacutetapes de la mise en œuvre ont eacuteteacute reacutealiseacutees sous lrsquoeacutegide de la Direction Reacutegionale de lrsquoAgriculture de lrsquoElevage et de la Pecircche et de la Direction Reacutegionale de

lrsquoEducation Nationale de lrsquoEnseignement Technique et Professionnel Un atelier bilan a eacuteteacute organiseacute agrave la fin de lrsquoanneacutee scolaire 2017-2018 pour eacutevaluer et mesurer les impacts de ce

mode laquo drsquoeacuteducation agrave lrsquoinverse raquo ougrave les enfants forment leurs parents pour un changement de paradigme

Le succegraves de la phase pilote a tout particuliegraverement susciteacute lrsquoattention de nombreux partenaires techniques et financiers souhaitant investir dans lrsquoeacuteducation des jeunes dans le cadre du deacuteveloppement durable Une extension des activiteacutes a eacuteteacute ainsi programmeacutee au travers du projet MANITATRA II sur financement du COMESAUnion Europeacuteenne pour 3 anneacutees scolaires conseacutecutives 20182019 - 20192020 et 20202021 Six (6) nouveaux eacutetablissements ont eacuteteacute seacutelectionneacutes selon les critegraveres du projet Pour la peacuterennisation des actions le projet MANITATRA II a maintenu lrsquoappui technique au niveau des eacutecoles PAPAM A lrsquoissu de lrsquoatelier bilan organiseacute agrave la fin de lrsquoanneacutee scolaire 2018-2019 la sollicitation du GIZProSol sur financement de la Coopeacuteration Allemande a emmeneacute agrave lrsquoextension des activiteacutes au profit de 8 nouveaux eacutetablissements dans la Reacutegion Boeny

Les beacuteneacuteficiaires directes sont actuellement au nombre de 3897 eacutelegraveves reacutepartis au niveau de 20 eacutetablissements dont 3 047 dans la reacutegion de Vakinankaratra et 850 dans la reacutegion

Boeny Cette eacuteducation agrave lrsquoinverse touche eacutegalement les parents le corps eacuteducatif les paysans aux alentours mais aussi les acteurs de deacuteveloppement et les deacutecideurs

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

47

Trimestrielle - Edition N

deg 10

AGRO-ECOLOGIE EN PHOTOJO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

Le Comiteacute de pilotage du Projet MANITATRA II sest reacuteuni pour la 2egraveme fois le 24 septembre

2020 pour lexamen du rapport dactiviteacute de lanneacutee 2 et de la programmation des activiteacutes de lanneacutee 3

Ont reacutepondu preacutesent le DGA du MAEP en sa qualiteacute de Peacutersident du Comiteacute le PCA du GSDM le Vice-Preacutesident

du CA du GSDM le Directeur du Deacuteveloppement Reacutegional du Vakinankaratra le DRAEP Vakinankaratra le DREDD Vakinankaratra et le Repreacutesentant du MEDD par le biais de son Conseiller Technique

Reacuteunion du comiteacute de Pilotage du projet Manitatra II le 24 Septembre 2020

Les journeacutees Agro-eacutecologiques du Vakinankaratra se sont tenues les 19 et 20 mars 2020 Ces

2 journeacutees ont eacuteteacute consacreacutees pour le partage des acquis et expeacuteriences en Agro-eacutecologie face au deacutefis du changement climatique et de linseacutecuriteacute alimentaire On a vu la participation de lAdministration au travers du Ministegravere de lAgriculture de lElevage et de la Pecircche du Ministegravere de lEnvironnement et du Deacuteveloppement Durable du Ministegravere de lEducation Nationale de la Direction de la meacuteteacuteorologie des autoriteacutes locales des partenaires techniques et financiers des beacuteneacuteficiaires et des journalistes

La premiegravere journeacutee a eacuteteacute deacutedieacutee agrave la visite des reacutealisations en Agro-eacutecologie suivie dun atelier de restitution le 2egraveme jour Tant sur le terrain quau travers des teacutemoignages en salle lactiviteacute lieacutee agrave linteacutegration de lAgro-eacutecologie en milieu scolaire a succiteacute lattention des participants Cette mode deacuteducation agrave linverse ougrave les enfants forment leurs parents a tout particuliegraverement toucheacute de nombreux meacutenages Desormais les parents souhaitent ecirctre formeacutes sur diffeacuterents theacutematiques en Agro-eacutecologie tels que le compsotage lAgriculture de conservation et lAgroforesterie

Objectif atteint pour le GSDM la reacuteussite de cet eacutevenement est ducirc agrave la participation active des diffeacuterents intervenants En vue dune agriculture durable la peacutereacutenisation des acquis et limportance de la prise en compte de lAgro-eacutecologie dans les politiques publiques a eacuteteacute souleveacutee et approuveacutee

Journeacutees Agro-eacutecologiques du Vakinankaratra les 19 et 20 mars 2020

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

48

Trimestrielle - Edition N

deg 10

Deacutecembre2020

Octobre 2020

Septembre 2020

Novembre 2020

Ont participeacute agrave ce numeacutero bull Mireille RAZAKA - Responsable Communication du GSDMbull Vololoniraisana RANDRIAMIARANA - Agronome du GSDMbull Martin RANDRIAMITANTSOA - Consultant Agronome du GSDMbull Tahina RAHARISON - Consultant Agronome Socio-eacuteconomiste du GSDMbull TOKIHERINIONJA Tanjonarilesa Fernand - Chef de Projet MANITATRA IIbull RAKOTONDRAMANANA - Directeur Exeacutecutif du GSDM

Rubrique laquoLAgro-eacutecologie au niveau nationalraquo WWH - DURRELL - CEFFEL membre du GSDM - GIZProSol Partenaire Technique et FinancierRubrique laquoDossierraquo Collegravegues rapprocheacutes de Lucien SEGUYRubrique laquoRechercheraquo FOFIFA - Dp SPAD - Partenaires techniques Rubrique laquoSuccess Storiesraquo GSDM Vakinankaratra (MANITATRA II)Entiteacute de validation Comiteacute de lecture les membres du GSDM GSDM Copyrigth septembre2020

Site WebFacebook YoutubeRoute drsquoAmbohipo

Lot VA 26 Y AmbatorokaBP 6039 Ambanidia Antananarivo 101 Madagascar

Teacutel (+261) 20 22 276 27

CALENDRIER DIVERS CONTACTS

Site WebFacebook

Teacutel (261 20) 22 200 46 agrave 48Fax (261 20) 22 347 94

afdantananarivoafdfr

23 rue RazanakombanaAmbohijatovo BP 557

AntananarivoMADAGASCAR

Pour de plus amples informations etou pour toutes ameacuteliorations contacter nous au

Ce journal a eacuteteacute financeacute au deacutepart par lrsquoAFD (projet PAPAM) et par le COMESAUE (projet MANITATRA 2) agrave partir de leacutedition Ndeg8

Les membres du GSDM

Direacutecteur Exeacutecutif gsdmdemoovmgResponsable communication razakamireilleyahoofr

Evegravenements

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

- Mission de suivi Alaotra - Mission de suivi Sud-Est- Mission drsquoevaluation et bilan de campagne ATASEF - Formation des techniciens des ONGencadreacutes par ECO-CONSULT - GIZProSol

- Preacutesentation officielle du film drsquoanimation 3D Ny Fambolena maharitraho anny taranaka mifandimby- Atelier bilan eacutecole Manitatra II- Expertise OSDRM dans la Diana

Directeur de publication RAKOTONDRAMANANA DL imprimeur Ndeg - Editeacute en 140 exemplaires

Facebook Site Web

- Atelier recherche et deacuteveloppement - Emission FIVOHY sur la RNM tous les 3egraveme samedis du mois de 08h15 agrave 08h30 du matin

- Campagne culturale grande saison- Journeacutees Agro-eacutecologiques du Sud-Est

Open library

  • Signet 1
Page 11: Edito - gsdm-mg.org

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

11

Trimestrielle - Edition N

deg 10

LrsquoAGRO-ECOLOGIE AU NIVEAU NATIONAL

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

373 femmes ont eacuteteacute formeacutees agrave la culture drsquoune large gamme de leacutegumes et ont pu obtenir agrave la fois des semences et quelques petits eacutequipements pour les aider agrave se lancer dans le maraichage ou se perfectionner Un manuel de formation pratique et adapteacutes aux communauteacutes agriculteurs sur la plantation des arbres fruitiers a eacutegalement eacuteteacute eacutelaboreacute pour ecirctre utiliseacute agrave large diffusion et reacutepandre encore davantage les bonnes pratiques

La principale innovation diffuseacutee lors de ces formations a eacuteteacute de proposer un large ensemble de traitements biologiques reacutealisables agrave partir des produits locaux Habituellement les paysans encourageacutes par les commerccedilants de produits phytosanitaires utilisaient les traitements chimiques Les effets sur lrsquoenvironnement et les sols eacutetaient tregraves neacutegatifs mais les meacutethodes traditionnelles eacutetant jugeacutees inefficaces les paysans faisaient le choix du pragmatisme

Mais apregraves la formation certaines femmes ont pu concevoir leurs propres remegravedes et obtenir des reacutesultats concluants en combinant diverses solutions Crsquoest le cas notamment de madame RAZAFINDRAFARA Mampiandra Marie megravere de famille drsquoune cinquantaine drsquoanneacutee de la commune drsquoAnkijabe qui fabrique du ady-gasy

pour proteacuteger les cultures et du compost agrave base de feuilles drsquoacacia de feuilles de neem et de bemaimbo pour les fertiliser Elle se montre tregraves satisfaite des reacutesultats obtenus et teacutemoigne

laquo Le reacutesultat est maintenant vraiment diffeacuterent de ce que jrsquoai obtenu auparavant Les leacutegumes agrave feuilles verdissent bien et elles ont une bonne taille Le fait de voir mes leacutegumes qui poussent bien me motive chaque jour agrave bien entretenir mes maraicircchages et en faire encore davantage Pour mon cas jrsquoai multiplieacute par trois la surface de mes terres pour le maraicircchage et elle comprend actuellement 30 plates-bandes raquo

Lrsquoagrandissement des parcelles de maraichage et la vente de la reacutecolte de carottes salade morelle et oignons sur le marcheacute pour de bons prix a eacutegalement permis agrave Mme RAZAFINDRAFARA de commencer une petite eacutepargne et de srsquoacheter un nouveau teacuteleacutephone

Le projet ProSol souhaite en collaboration avec ses partenaires poursuivre ses activiteacutes de formation sur le maraicircchage et lrsquoutilisation de compost par les paysans afin de promouvoir une source de revenu respectueuse des sols et contribuant agrave restaurer leur fertiliteacute Pour toutes informations compleacutementaires nrsquoheacutesitez pas agrave vous adresser agrave Tahiry Rarivonandrasana (TahiryRARIVONANDRASANAeco-consultcom)

Illustration Mme RAZAFINDRAFARA preacutepare

de lrsquoady gasy pour ses cultures

La recette du compost de Mme RAZAFINDRAFARA

laquo Pour preacuteparer le compost je meacutelange un volume de bouse de vache fraicircche avec deux volumes de feuilles drsquoacacia de feuilles de neem et de bemaimbo Les feuilles doivent ecirctre entrecoupeacutees et lrsquoensemble devra agrave peu pregraves avoir le tiers de la contenance drsquoun fut de 200 litres Il faut ajouter ensuite de lrsquoeau jusqursquoagrave ce que le fut soit plein La preacuteparation est agrave meacutelanger tous les 2 jours et le compost liquide peut ecirctre utiliseacute apregraves 7 jours de fermentation Jrsquoai apporteacute le compost liquide agrave mes maraicircchages une agrave deux fois par

semaine raquo

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

12

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Reacutesumeacute

La croissance deacutemographique affecte le secteur eacutelevage qui doit aujourdhui assurer le triple de la production en viande drsquoil y avait cinquante ans De plus les terres ceacutereacutealiegraveres destineacutees agrave

lalimentation animale ont diminueacute alors que la demande en produits dorigine animale na cesseacute daugmenter Pour y remeacutedier il savegravere indispensable de valoriser les ressources alimentaires non conventionnelles qui sont en abondance mais ne sont pas en compeacutetition avec lrsquoalimentation humaine Dans cette optique le FOFIFA-DRZVP a investi plusieurs anneacutees sur lrsquoexploitation de la graine de mucuna dans lalimentation animale Des analyses chimiques de la graine ont montreacute ses qualiteacutes nutritionnelles mais eacutegalement la preacutesence du L-dopamine qui est un facteur antinutritionnel Par ailleurs plusieurs traitements de cette graine ont eacuteteacute testeacutes pour diminuer la teneur en L-Dopamine sans pour autant affecter sa valeur nutritionnelle Des tests sur diffeacuterents types danimaux ont eacuteteacute effectueacutes pour deacuteterminer le traitement le plus efficient pour chaque animal le taux dincorporation du mucuna dans la ration et lefficaciteacute de son utilisation dans lalimentation animale Les reacutesultats ont montreacute que le mucuna est une alternative inteacuteressante pour ameacuteliorer la production animale tant sur le plan social que sur le plan eacuteconomique

Valorisation du mucuna pour lalimentation des animaux de rente agrave Madagascar

RAZAFINARIVO Tsirinirina Donnah RAKOTOMANANA Olga Rachel RAPATSALAHY SabineFOFIFA - DRZVP (Deacutepartement de recherches Zootechniques Veacuteteacuterinaires et Piscicoles )

Introduction

Ces six derniegraveres deacutecennies la consommation globale de viande nrsquoa cesseacute drsquoaugmenter Elle a mecircme tripleacute en un demi-siegravecle En 2018 elle a atteint les 342 millions de tonnes (FAO) Cette tendance est tregraves marqueacutee dans les pays en deacuteveloppement comme Madagascar car elle srsquoest accrue de plus de 5 durant ces derniegraveres deacutecennies et devrait augmenter de 14 an agrave travers le monde jusqursquoen 2030 (FAO 2014) Les raisons principales en sont la forte croissance deacutemographique lurbanisation et leacuteleacutevation du niveau de vie Selon toujours le FAO (2011) la consommation en viande de volailles sera multiplieacutee de 23 en 2050 contre 14 agrave 18 pour les autres produits animaux Ceci neacutecessite 27 millions de tonnes drsquoaliments suppleacutementaires et 24 millions drsquohectares de terres ceacutereacutealiegraveres additionnelles agrave moins que la proportion de sous-produits et de ressources alimentaires non conventionnelles augmente substantiellement Dans cette optique le laboratoire de nutrition animale du FOFIFA-DRZVP srsquoest investi depuis plusieurs anneacutees sur la valorisation des ressources

non conventionnelles pour lrsquoalimentation animale Ainsi depuis 2012 la graine de mucuna a eacuteteacute valoriseacutee pour lrsquoalimentation des porcs agrave Madagascar dans le cadre drsquoun partenariat entre le FOFIFA et le GSDM Cette valorisation du mucuna srsquoest eacutelargie sur drsquoautres animaux de rente telle effectueacutee dans le partenariat entre le GRET lAVSF et le FOFIFA dans le cadre du projet HOBA ASARA Cet article reacutesume six anneacutees de recherches sur la valorisation du mucuna pour lrsquoalimentation animale agrave Madagascar

Contexte

Le pois mascate (Mucuna pruriens ou Dolichos pruriens) est une plante annuelle quon retrouve dans les reacutegions tropicales de lInde et de lAfrique (Figure 1) Le mucuna est surtout connu pour ses vertus en meacutedecine (plante revitalisante et aphrodisiaque action sur la production de testosteacuterone de dopamine etc)

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

13

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Derniegraverement ses inteacuterecircts en agronomie sur lrsquoameacutelioration du rendement du riz pluvial sur reacutesidus de maiumls + mucuna et ceux du maiumls en association avec le mucuna ont eacuteteacute publieacutes par le GSDM Ces rendements repreacutesentent 3 agrave 4 fois les rendements obtenus sur labour en sol nu (sans couvert veacutegeacutetal) avec les mecircmes doses de fertilisation (GSDM 2020) Cette capaciteacute des systegravemes agrave base de mucuna sur le rendement en plus de ses effets contre les mauvaises herbes et contre les insectes observeacutee sur plusieurs anneacutees justifie sa large diffusion actuelle chez les paysans De plus contrairement aux autres leacutegumineuses comme le nieacutebeacute (Vigna unguculata) le haricot le soja ou le Vigna umbellata (tsiasisa) le mucuna nrsquoest pas attaqueacute par les chenilles (Helicoverpa armigera) ou les chenilles leacutegionnaires drsquoautomne (Spodoptera frugiperda) (RAKOTONDRAMANA et al 2018) Ainsi suite agrave des anneacutees de production les graines de mucuna issue de ce systegraveme deviennent de plus en plus nombreuses Par ailleurs il srsquoavegravere judicieux de les valoriser dans lrsquoalimentation animale En tant que leacutegumineuse les graines de mucuna sont relativement riches en proteacuteine (composant le plus couteux dans la formulation alimentaire

des animaux) Cette pratique est lrsquoune des bases de lrsquointeacutegration agriculture-eacutelevage (IAE) agrave lrsquoeacutechelle de lrsquoexploitation sur lrsquointensification de la production par la valorisation des produits et reacutesidus pour lrsquoeacutelaboration de rations eacutequilibreacutees aux animaux (Lhoste 2008)

Figure 1 Les varieacuteteacutes de mucuna agrave Madagascar

Analyses en laboratoire

Pour pouvoir utiliser le mucuna dans lalimentation animale il est primordial de deacuteterminer ses valeurs nutritionnelles Ainsi les reacutesultats danalyses ont confirmeacute sa richesse en proteacuteine Cependant malgreacute un taux inteacuteressant en proteacuteine sa valeur biologique est reacuteduite par la preacutesence de la L-Dopa (34- dihydroxyphenylalanine qui est un acide amineacute non proteacuteique) qui est une substance anti-nutritionnelle preacutesente dans la graine de mucuna La L-Dopa est une moleacutecule thermolabile et hydrosoluble Ainsi des hypothegraveses ont eacuteteacute apporteacutees sur les possibiliteacutes de reacuteduire la teneur en L-Dopa dans la graine sans pour autant reacuteduire la teneur en proteacuteine qui est deacutenatureacutee par la chaleur Par ailleurs plusieurs traitements et combinaison de traitements ont eacuteteacute testeacutes (Figure 2) Ces traitements sont suivis drsquoanalyses nutritionnelle et toxicologique (Tableau 1) afin drsquoeacutevaluer le traitement le plus efficient cest-agrave-dire le moins toxique et ayant une valeur nutritionnelle inteacuteressante

Mucuna pruriens utilis jaune

Mucuna pruriens utilis noir

Mucuna pruriens yardghana

Mucuna pruriens IRZ

Mucuna pruriens rajada Mucuna pruriens Mucuna pruriens

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

14

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

MB T1 T2 T3 E1 E2 TE D1 D2 D3 TBic MTMatiegravere Segraveche () 938 949 952 959 945 944 984 828 995 991 939 946Matiegravere Mineacuterale () 35 415 38 40 42 39 41 27 27 19 41 44Cendre Insoluble () 01 01 01 00 01 01 01 01 01 01 01 01Calcium () 04 05 05 04 02 03 02 012 02 156 03 015Phosphore () 07 08 07 07 08 07 08 109 07 052 07 097Proteacuteine Brute () 263 242 235 226 257 238 214 270 217 248 242 243Matiegravere Grasse () 42 44 42 45 50 42 48 - 50 62 52 30L-dopa () 66 595 523 291 315 202 22 - 079 075 296 -

bull Mucuna non traiteacute (MB)bull Mucuna traiteacute trempage (T1 24h T2 48h et T3 72h)bull Mucuna traiteacute par eacutebullition (sur diffeacuterents temps drsquoeacutebullition E1 30min et E2 60min)bull Mucuna traiteacute par trempage suivi drsquoeacutebullition (TE)bull Mucuna deacutepelliculeacute (sur diffeacuterents temps de trempage D1 24h D2 48h et D3 72h) bull Mucuna traiteacute par eacutebullition dans une solution contenant 02 de bicarbonate (TBic)bull Mucuna traiteacute par torreacutefaction (MT)

Figure 2 Traitements du Mucuna

Expeacuterimentations en milieu controcircleacute

Des formulations alimentaires (Provende) agrave base de mucuna ont eacuteteacute effectueacutees puis testeacutees sur des animaux en milieu controcircleacute dans la station de recherche du FOFIFA agrave Kianjasoa Il srsquoagit de comparer les performances zootechniques des porcs et des volailles nourris avec des rations contenant un pourcentage deacutetermineacute de mucuna sur un traitement deacutetermineacute contre des lots teacutemoins de ces mecircmes animaux mais alimenteacutes avec des rations agrave 0 mucuna

RECHERCHES

Tableau 1 Valeurs nutritionnelles et teneur en L-Dopa du mucuna suivant diffeacuterents traitements (en pourcentage de la matiegravere segraveche)

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

15

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Expeacuterimentation sur les porcelets

Les expeacuterimentations ont eacuteteacute reacutealiseacutees sur diffeacuterents taux drsquoincorporation de mucuna (5 10 20 et 40) mais les gains de poids consideacutereacutes comme plus efficaces sont ceux enregistreacutes agrave une incorporation de 20 Par ailleurs le test sur animaux sur trois lots de porcelets recevant respectivement une ration agrave 0 de mucuna 20 mucuna torreacutefieacute et 20 de mucuna traiteacutee par le bicarbonate a eacuteteacute effectueacute Apregraves un mois et demi dexpeacuterimentation sans compter la peacuteriode dadaptation Le Gain moyen quotidien (GMQ) du lot teacutemoin est de 305 g contre 355g pour le lot recevant 20 de mucuna torreacutefieacute et 319 g pour le lot recevant 20 de mucuna traiteacutee au bicarbonate (Figure 3)

Figure 3 Gain moyen quotidien (en gramme) durant 45 jours de 3 lots de porcelets recevant une provende agrave base de mucuna

Ces expeacuterimentations nous montrent que les graines de mucuna peuvent bien ecirctre utiliseacutees dans lrsquoalimentation des porcs malgreacute la preacutesence de la L-Dopa qui nrsquoest pas totalement eacutelimineacutee par les traitements thermiques etou chimiques La comparaison drsquoune ration iso-proteacuteique et iso-eacutenergeacutetique du mucuna traiteacute au bicarbonate nrsquoa montreacute aucune diffeacuterence significative par rapport agrave une ration normale Par ailleurs le traitement par torreacutefaction est consideacutereacute comme efficace pour la ration des porcs La libeacuteration dacide gras durant la torreacutefaction ameacuteliore la palatabiliteacute de la ration et a un effet beacuteneacutefique sur lrsquoindice de conversion alimentaire

Expeacuterimentations sur les volailles

Les volailles repreacutesentent une source preacutecieuse de proteacuteines animales drsquoune grande valeur biologique Son eacutelevage se fait partout dans le monde dans des conditions tregraves variables Mais lrsquoobjectif principal est toujours drsquoavoir une production maximum agrave un coucirct minimum tout en eacutevitant les risques Par ailleurs la compleacutementation des aliments de volailles par le mucuna a eacuteteacute entreprise pour ameacuteliorer la productiviteacute (viande et œufs) Cette ameacutelioration a eacuteteacute entreprise sur les diffeacuterentes races existantes agrave Madagascar poulets de chair poule pondeuse et poulet de races locales Ainsi plusieurs lots de volailles recevant diffeacuterents taux drsquoincorporation de mucuna ont eacuteteacute compareacutes

Pour les poulets de chair quarante poussins de chair vaccineacutes et deacuteparasiteacutes ont eacuteteacute subdiviseacutes en 4 lots de 10 poussins 3 lots recevant respectivement un aliment incorporeacute de 0 10 et 20 de mucuna traiteacute par le bicarbonate 02 et le 4egraveme lot recevant du mucuna traiteacute par le proceacutedeacute D1 agrave 10 Au cours des 45 jours drsquoexpeacuterimentations des peseacutes hebdomadaires ont permis de suivre les performances de croissances de chaque poulet

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

16

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Figure 4 Poids des poulets de chair (en gramme) apregraves 45 jours drsquoexpeacuterimentations

En geacuteneacuteral lrsquoaugmentation du taux drsquoincorporation du mucuna dans la ration affecte la productiviteacute moyenne des poulets de chair qui est inversement proportionnelle agrave ce dernier Les poids finaux sont respectivement 1300g 1100g et 850g pour les 3 lots agrave 0 10 et 20 de Mucuna Il est eacutevident que malgreacute le taux inteacuteressant en proteacuteine et dacide amineacute dans le mucuna sa valeur biologique est reacuteduite par la preacutesence de la L-Dopa et cela affecte consideacuterablement la productiviteacute des poulets de chair Par contre lrsquoincorporation agrave 10 de mucuna deacutepelliculeacute dans la ration des poulets de chair ne preacutesente aucune diffeacuterence significative aux reacutesultats obtenus par la ration agrave 0 de mucuna (Figure 4) Par ailleurs il est donc indispensable de deacutepelliculer le mucuna avant de lintroduire dans la ration des poulets de chair

Pour les poules pondeuses

Trente poulettes precirctes agrave pondre (45 mois) de race Hulyn sp (Figure 6) ont eacuteteacute choisies pour mener lexpeacuterimentation Trois lots de 10 poulettes ont eacuteteacute formeacutes pour recevoir une ration contenant respectivement 0 10 et 20 de Mucuna traiteacutes par le Bicarbonate 02 Ce mecircme dispositif a eacuteteacute utiliseacute pour le test avec le mucuna deacutepelliculeacute Dans cette cateacutegorie le produit principal est lrsquoœuf drsquoougrave notre paramegravetre eacutetudieacute est le taux de ponte ainsi que le calibre des œufs

Figure 5 Performance zootechnique des poules pondeuses

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

17

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Lrsquoenregistrement des donneacutees journaliegraveres de ponte indique qursquoil nrsquoy a pas de diffeacuterences significatives entre les taux de ponte des poulettes recevant 0 et 10 de mucuna Par contre les poulettes nourries avec du mucuna agrave 20 nrsquoont jamais atteint un taux de ponte de 100 ceci pour dire que la teneur eacuteleveacutee en mucuna dans la ration affecte la ponte (Figure 5) Il est donc recommandeacute de ne pas deacutepasser les 10 dincorporation de mucuna dans la ration des poules pondeuses Pour les poules pondeuses nourris avec le mucuna deacutepelliculeacute les reacutesultats enregistreacutes nont pas de diffeacuterence significative avec ceux obtenus par le traitement preacuteceacutedant Par ailleurs nous pouvons opter pour le traitement avec le bicarbonate car ce traitement est moins couteux en termes de travail de temps ainsi que de faciliteacute de preacuteparation Cependant en ce qui concerne la taille des œufs les calibres des œufs des poules alimenteacutes avec une ration agrave 10 de mucuna deacutepelliculeacute sont leacutegegraverement supeacuterieurs agrave ceux des poules nourries avec du mucuna bicarbonateacute 10 (Figure 5) ainsi que ceux du lot teacutemoins agrave 0 Nous pouvons donc tirer une conclusion que le mucuna a un leacuteger effet positif sur les performances des poules pondeuses Le taux dincorporation (infeacuterieur agrave 10) et le traitement (deacutepelliculage) jouent un rocircle important

Figure 6 Introduction du mucuna dans la ration des poules pondeuses

Pour les poulets de races locales (akoho gasy)

Six lots de 20 tecirctes ont eacuteteacute constitueacutes pour recevoir une ration contenant respectivement 0 15 et de 30 de mucuna bicarbonateacute et 0 15 et de 30 de mucuna torreacutefieacute Des traitements sanitaires ont eacuteteacute effectueacutes au preacutealable tels que les vaccinations et les deacuteparasitages Ensuite les performances zootechniques (Poids) ont eacuteteacute mesureacutees toutes les semaines afin de calculer les gains de poids moyens quotidiens (GMQ) Leacutevolution du poids des poulets de races locales Akoho gasy durant 3 mois sur les 6 lots recevant des rations diffeacuterentes agrave base de mucuna nous indiquent quil ny a pas de diffeacuterence significative entre chaque lot Cependant nous pouvons constater que les poulets de races locales peuvent tregraves bien supporter une incorporation de mucuna jusquagrave 30 Pailleurs une vulgarisation de ces reacutesultats en milieu reacuteel au niveau des paysans a eacuteteacute effectueacutee Pour cela deux groupes deacuteleveurs de poulets de race locale ont eacuteteacute seacutelectionneacutes pour tester leur appreacuteciation sur ces deux types de traitement (bicarbonateacute et deacutepelliculeacute) agrave 30 de mucuna

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

18

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Figure 7 Comparaison en milieu reacuteel des performances des poulets de race locale alimenteacute au Mucuna

bull MT1 Mucuna cuit avec du Bicarbonate bull MT2 Mucuna torreacutefieacute bull SM Ration sans mucuna

Apregraves trois mois deacutevaluation coupleacutee de visites de pesage hebdomadaire Il a eacuteteacute constateacute que le gain de poids des poulets nourris par le mucuna bicarbonateacute est plus eacuteleveacute que ceux nourris avec le mucuna torreacutefieacute (Figure 7) Malheureusement face au travail que demande le traitement par le bicarbonate aucun des eacuteleveurs na adopteacute ce traitement apregraves lexpeacuterimentation Selon ces eacuteleveurs la diffeacuterence entre les performances est moindre alors que le traitement au bicarbonate demande beaucoup de travail

Conclusion

Agrave Madagascar le mucuna est principalement cultiveacutee pour ses qualiteacutes dameacutelioration du sol en tant que plante de couverture Cette eacutetude a permis de mettre en eacutevidence la possibiliteacute de lincorporer dans lalimentation des animaux de rente Cependant des traitements preacutealables de la graine doivent ecirctre effectueacutes pour pouvoir le valoriser dans lalimentation animale Ces traitements doivent ecirctre accoupleacutes au taux dincorporation adeacutequate pour que ce dernier ne puisse preacutesenter drsquoeffets neacutegatifs sur la croissance des animaux ni sur lrsquoappeacutetibiliteacute des aliments Les graines de mucuna repreacutesentent donc une opportuniteacute pour les petits producteurs agrave Madagascar Ceci permet drsquoatteindre des objectifs de production eacuteconomiquement inteacuteressants dans le cas drsquoun eacutelevage ameacutelioreacute Au vu de ces reacutesultats lrsquoutilisation des ressources non conventionnelles locales parfois en abondance et nrsquoentrant pas en compeacutetition avec lrsquoalimentation humaine est une alternative inteacuteressante pour ameacuteliorer la production animale Par ailleurs il permet ainsi de reacuteduire consideacuterablement les deacutepenses en eacutelevage constitueacutees en grande partie par le coucirct des aliments

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

19

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

bull bull bull bull bull bull

Utilisation des fumures organiques et des engrais dans les strateacutegies de gestion de la fertiliteacute des sols des exploitations agricoles du Moyen-Ouest de la reacutegion

Vakinankaratra et de la zone Est de la reacutegion drsquoItasy Madagascar

RAZAFIMAHATRATRA Hanitriniaina Mamy (FOFIFA) BEacuteLIEgraveRES Jean-Franccedilois (CIRADART-Dev et FOFIFA) RAHARIMALALA Sitrakiniaina (FOFIFAESSA) RANDRIAMIHARY FETRA SAROBIDY Eddy Josephson (FOFIFAESSA) AUTFRAY Patrice

(CIRADAIDA) RAZANAKOTO Onjaherilanto Rakotovao (ESSA) RAHARISON Tahina Solofoniaina (GSDMMontpellier SupAgro)

Introduction

Dans chacun des numeacuteros 8 et 9 du Journal de lrsquoAgroeacutecologie un article preacutesentait

des reacutesultats sur les pratiques de gestion de la fertiliteacute des sols des exploitations agricoles familiales (EAF) obtenus dans le cadre du projet de recherche SECuRE (Soil ECological function REstoration to enhance agrosystem services in rainfed rice cropping systems in agroecological transition) financeacute par la fondation Agropolis Le premier traitait de la diversiteacute et de lrsquoimportance des pratiques dans les EAF le second preacutesentait les quantiteacutes et la qualiteacute des fumures organiques disponibles en lien avec les pratiques de production et drsquoeacutechanges Ce troisiegraveme article est consacreacute agrave lrsquoutilisation des fumures organiques et des engrais acheteacutes une maniegravere de caracteacuteriser en partie tout au moins les strateacutegies de gestion de la fertiliteacute des sols deacuteveloppeacutees par les EAF

bull Parmi les nombreuses pratiques pour une gestion inteacutegreacutee de la fertiliteacute des sols (Sanginga et Woomer 2009 Liniger et al

2011) lrsquoutilisation de fumure organique et drsquoengrais occupe une place preacutepondeacuterante car les effets agrave court et moyen termes sur la productiviteacute des cultures sont importants Lrsquoanalyse des donneacutees collecteacutees1 dans le cadre de Secure permet de caracteacuteriser les pratiques drsquoutilisation de ces intrants (et drsquoune maniegravere plus large de lrsquoensemble des intrants) notamment par rapport aux cultures pratiqueacutees et aux superficies cultiveacutees annuellement Lrsquoarticle est structureacute en trois parties la premiegravere concerne lrsquoacquisition de fertilisants suppleacutementaires avec les engrais commerciaux et les cendres la seconde preacutesente les pratiques quantifieacutees drsquoutilisation de la fertilisation disponible (fumure organique locale cendres et engrais commerciaux) en fonction des cultures enfin la derniegravere partie conclue avec quelques recommandations pour le deacuteveloppement

1 Ces reacutesultats ont eacuteteacute obtenus avec un eacutechantillon drsquoEAF localiseacutees dans le Moyen-Ouest de la reacutegion Vakinankaratra et dans la zone Est de la reacutegion Itasy Pour plus drsquoinformations le lecteur est inviteacute agrave se reporter au ndeg8 de JAE ou sur le site du projet (httpswwwsecuremgle-projet-secure) Il faut rappeler que les reacutesultats sont repreacutesentatifs des fokontany dans les zones drsquoeacutetude car lrsquoeacutechantillonnage des EAF a eacuteteacute fait par tirage au sort

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

20

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

1 Les achats drsquoengrais commerciauxsup2et de cendres

Malgreacute les politiques mises en œuvre depuis des deacutecennies1 les EAF achegravetent peu drsquoengrais chimiques Pour lrsquoensemble de Madagascar au cours des 20 derniegraveres anneacutees la quantiteacute moyenne utiliseacutee varie entre 2 et 6 kg par hectare cultiveacute et par an2

11 Quantiteacutes acheteacutees drsquoengrais commerciaux par EAF et par hectare SAU

Les EAF ont des comportements diffeacuterents selon les zones (tableau 1)

A Mandoto un peu moins drsquoune EAF sur 2 (45) achegravete de lrsquoengrais en faible quantiteacute avec en moyenne 14 kg par an pour un montant moyen de moins de 30 000 Ar Rameneacute agrave lrsquoensemble des EAF de la zone la quantiteacute moyenne acheteacutee est de lrsquoordre de 6 kg par EAF et par an Et quand on ramegravene ces achats drsquoengrais agrave la surface agricole utile (SAU) disponible par EAF on a des valeurs moyennes eacutequivalentes (14 et 6 kgha SAU)

Dans la zone drsquoArivonimamo la consommation drsquoengrais est plus importante 88 des EAF en achegravetent une quantiteacute moyenne de presque 28 kg pour un peu plus de 60 000 Ar ce qui rameneacute agrave lrsquoensemble des EAF fait une moyenne geacuteneacuterale de presque 25 kgEAF Comme la SAU moyenne par EAF est faible les quantiteacutes drsquoengrais disponibles sont de plus de 35 kgha pour les EAF qui en achegravetent et de presque 31 kgha pour lrsquoensemble des EAF

La variabiliteacute est tregraves forte agrave Mandoto et moindre dans la zone drsquoArivonimamo (tableau 1)

Tableau 1 Part des EAF qui achegravetent de lrsquoengrais et quantiteacutes acheteacutees

Mandoto ArivonimamoMoyenne CV Moyenne CV

des EAF qui achegravetent 45 88

Pour les EAF qui achegravetent

Quantiteacute en kgEAF 143 155 279 112

Valeur achat en ArEAF 27 884 153 61 058 117

Quantiteacute par SAU en kgha 140 195 352 101

Pour Quantiteacute en kgEAF 64 257 245 125

Pour lensemble des EAF

Valeur achat en ArEAF 12 490 254 53 707 131

Quantiteacute par SAU en kgha 63 312 309 114

1 On peut simplement rappeler la laquo strateacutegie nationale pour le deacuteveloppement de lrsquoutilisation de lrsquoengrais raquo MAEP 20062 Source httpsdatabankbanquemondialeorghome Ce que Pierre-Bernard et al traduisaient ainsi en 2007 laquo engrais un produit cher et peu utiliseacute raquo agrave Madagascar

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

21

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

On peut srsquoeacutetonner de la faible variation entre la quantiteacute moyenne par EAF et la quantiteacute par SAU agrave Mandoto sachant que dans cette zone la superficie SAU moyenne est de lrsquoordre de 15 ha (voir tableau 2) Ceci provient du fait que les moyennes sont calculeacutees pour les EAF et ne sont pas pondeacutereacutees par les superficies Quand on pondegravere par la superficie la quantiteacute moyenne par hectare SAU pour lrsquoensemble des EAF de Mandoto diminue et passe de 63 agrave 43 kg par hectare On constate la mecircme chose agrave Arivo-nimamo avec la quantiteacute moyenne par hectare SAU qui passe de 309 agrave 271 kgha Ceci signifie que ce ne sont pas les plus grandes EAF (celles qui ont le plus de SAU) qui achegravetent le plus drsquoengrais chimiques Le coefficient de correacutelation entre superficie SAU par EAF et quantiteacute acheteacutee drsquoengrais par hectare est significatif agrave 001 et neacutegatif mais drsquoune valeur faible (-02)

Figure 1 Nuage de point entre SAU par EAF et quantiteacute drsquoengrais par ha de SAU

La Figure 1 ci-contre illustre cela avec les quantiteacutes par hectare SAU (axe vertical) les plus eacuteleveacutees qui correspondent agrave des SAU (axe horizontal) faibles (infeacuterieures agrave 2 hectares) Les EAF de grandes taille (gt2 ha) achegravetent peu drsquoengrais chimiques et en quantiteacute relativement faible par rapport agrave la SAU dont elles disposent On verra plus loin que ce sont des strateacutegies diffeacuterentes de mise en culture (systegraveme de culture) qui expliquent cette situationOn rappellera que 60 des EAF agrave Mandoto et 88 agrave Arivonimamo eacutechangent (achegravetent vendent ou troquent) de la fumure organique (voir JAE ndeg9) et que les pourcentages sont respectivement de 30 et 74 pour les EAF qui achegravetent de la FO Ainsi quand on prend en compte tous les types de fertilisants une

grande majoriteacute des EAF a recours au marcheacute pour acqueacuterir des matiegraveres fertilisantes et geacuterer la fertiliteacute de leurs sols

Enfin par rapport agrave lrsquoutilisation de produits phytosanitaires on observe deux situations diffeacuterentes agrave Mandoto la proportion des EAF qui achegravetent des produits phytosanitaires est de 63 et donc supeacuterieure agrave celles qui achegravetent des engrais commerciaux (45) alors qursquoagrave Arivonimamo dans notre eacutechantillon 75 des EAF utilisent des produits phytosanitaires alors que 88 achegravetent des engrais

12 Types drsquoengrais commerciaux acheteacutes

Les engrais acheteacutes sont essentiellement de type NPK (le plus courant est composeacute de 11 N 22 P2O5 16 K2O) et de lrsquoureacutee (46) ces deux types repreacutesentent en cumuleacute plus de 95 des quantiteacutes agrave Mandoto et 77 agrave Arivonimamo ougrave lrsquoon observe une plus grande diversiteacute (figure 2) en rapport avec une plus grande consommation et aussi drsquoune offre plus importante avec la proximiteacute de la capitale

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

22

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Figure 2 Types dengrais acheteacutes en des quantiteacutes totales

A Arivonimamo le Blaukorn (nom commercial) est bien repreacutesenteacute avec plus de 16 des quantiteacutes Crsquoest un engrais composeacute (NPK) avec drsquoautres eacuteleacutements (magneacutesium soufre bore zinc) laquo agrave action rapide qui assure un effet-starter important raquo notamment sur les cultures maraichegraveres Le DAP (18 N 46 P2O5) est eacutegalement repreacutesenteacute avec 6 des quantiteacutes Les autres produits comme la dolomie (amendement calcaire) et le guano de chauvesouris (Guanomad) riche en phosphates naturels sont tregraves faiblement repreacutesenteacutes (mecircme si Guanomad repreacutesente tout de mecircme un peu plus de 3 dans la zone de Mandoto)

Les prix moyens drsquoachat deacuteclareacutes par les producteurs et pondeacutereacutes par les quantiteacutes diffegraverent peu entre les deux zones (contrairement aux prix de la fumure organique qui sont tregraves diffeacuterents voir JAE ndeg9) Les prix moyens (pour la plupart prix de 2016) sont de 2 100 Arkg pour NPK 1 900 Arkg pour lrsquoureacutee 2 400 Arkg pour le DAP 3 100 Arkg pour le Blaukorn et 1100 Akkg pour le Guanomad

En moyenne une EAF a acheteacute au cours de lrsquoanneacutee pour 12 500 Ar drsquoengrais agrave Mandoto et 54 000 Ar drsquoengrais agrave Arivonimamo Ces montants indiquent un recours tregraves limiteacute aux engrais commerciaux dans les strateacutegies de gestion de la fertiliteacute

13 Le cas particulier des cendres

Les cendres peuvent ecirctre consideacutereacutees comme un engrais ou comme un amendement Elles sont utiliseacutees depuis le deacutebut de lrsquoagriculture pour enrichir les terres cultiveacutees en sels mineacuteraux notamment en potasse et oligo-eacuteleacutements (Poirier et Nuninger 2012) Elles ont un pouvoir alcalinisant et augmentent le pH du sol Elles peuvent ecirctre inteacutegreacutees aux composts ou aux fumiers (voir JAE ndeg9) ou utiliseacutees seules en apport localiseacute ou eacutepandues sur le champ Cette sous partie traite des cendres utiliseacutees directement sur les parcelles

Si la pratique est rare agrave Mandoto (2 des EAF) elle est reacutepandue agrave Arivonimamo ougrave ce sont 19 des EAF qui eacutepandent des cendres acheteacutees Celles-ci proviennent pour lrsquoessentiel des balles de riz utiliseacutees comme eacutenergie pour la fabrication des briques Crsquoest donc le sous-produit drsquoun autre sous-produit agricole (la balle de riz)

Lrsquoeacutevaluation des quantiteacutes en kilogramme est tregraves approximative les producteurs ne connaissant pas les eacutequivalences Les EAF qui eacutepandent directement les cendres ont estimeacute avoir utiliseacute lrsquoanneacutee de lrsquoenquecircte en moyenne environ 250 kgEAF ce qui repreacutesente rameneacute agrave lrsquoensemble des EAF environ 4 kgEAF agrave Mandoto et un peu moins de 50 kg par EAF agrave Arivonimamo

Si les quantiteacutes semblent conseacutequentes (presque le double des quantiteacutes drsquoengrais) la valeur moneacutetaire de ces cendres est faible avec un prix moyen estimeacute entre 30 et 35 Arkilogramme Ainsi les cendres utiliseacutees directement par les EAF sur les cultures repreacutesenteraient une valeur de 8 000 agrave 9 000 Ar pour les EAF qui ont cette pratique et rameneacutees agrave lrsquoensemble des EAF des zones concerneacutees agrave moins de 200 Ar agrave Mandoto et de lrsquoordre de 1 600 Ar agrave Arivonimamo

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

23

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Lrsquoutilisation des cendres directement sur la parcelle sans passer par le compost ou le fumier est une pratique assez courante dans la zone de Arivonimamo Elle participe au recyclage de certains sous-produits et en particulier de la balle de riz utiliseacutee comme combustible pour la fabrication des briques En plus de lrsquoapport en eacuteleacutements fertilisants les cendres ont drsquoautres proprieacuteteacutes selon certains producteurs qui les utilisent dans la lutte contre les ravageurs et les maladies

2 Utilisation de la fumure organique et des engrais commerciaux

Lrsquoenquecircte a permis de collecter les informations neacutecessaires pour reconstituer lrsquoitineacuteraire technique et le budget de culture pour toutes les parcelles cultiveacutees au cours de lrsquoanneacutee agricole enquecircteacutee (201617) soit trois saisons de culture grande saison 201617 saison intermeacutediaire 2017 contre saison 2017 (soit de novembre 2016 agrave octobre 2017) Ainsi les quantiteacutes et la valeur des intrants utiliseacutes pour la fertilisation sont connues par culture et par saison

21 Fertilisation disponible et superficies fertiliseacutees

Le tableau 2 reacutecapitule des quantiteacutes moyennes de matiegraveres fertilisantes disponibles par EAF en additionnant les quantiteacutes de fumure organique (voir JAE ndeg9) et les engrais commerciaux acheteacutes Les EAF de la zone drsquoArivonimamo produisent plus de FO et achegravetent plus drsquoengrais que celles de la zone de Mandoto et en final la disponibiliteacute moyenne en kilogramme est nettement supeacuterieure Rameneacutes agrave la SAU les eacutecarts entre les deux zones augmentent puisque la taille moyenne des EAF de Mandoto est plus grande la quantiteacute disponible par ha SAU va du simple au double

Tableau 2 Quantiteacutes moyennes de fertilisants disponibles par EAF (en kg)

Types de fertilisants Mandoto ArivonimamoFumier 1 676 2 573Compost et autre 458 324Engrais acheteacutes 6 25Cendres acheteacutees 4 48Total (kg) 2 144 2 969SAU (ha) 148 091KgSAU 1 448 3 279S Cultiveacutee en ha 138 113Kg S cultiveacutee 1 558 2 627

apregraves le riz et pour lesquelles la capitale nationale assure des deacuteboucheacutes A Mandoto ce taux de mise en valeur nrsquoest que de 93 avec tregraves peu de cultures maraichegraveres et une part un peu plus importante de jachegraveres avec 11 de la SAU ce qui ne signifie pas qursquoil nrsquoy a pas de jachegravere agrave Arivonimamo ougrave elles repreacutesentent tout de mecircme 8 de la SAU crsquoest lrsquoimportance des cultures maraichegraveres qui impacte le plus le taux de mise en valeur

Il faut rappeler que ces moyennes cachent une grande variabiliteacute Celle-ci a eacuteteacute traiteacutee dans le JAE ndeg9 pour la FO et ci-dessus pour les engrais Crsquoest pourquoi nous nrsquoy reviendrons pas ici la variabiliteacute sera analyseacutee seulement pour lrsquoutilisation

Mais quand on ramegravene ces quantiteacutes disponibles moyennes aux superficies cultiveacutees annuellement lrsquoeacutecart se reacuteduit car dans la zone drsquoArivonimamo les EAF intensifient lrsquoutilisation de la terre avec un taux de mise valeur de 125 (crsquoest-agrave-dire qursquoune parcelle est cultiveacutee une fois en totaliteacute au cours de lrsquoanneacutee agricole et que 25 de sa surface sont cultiveacutes une deuxiegraveme fois) Cette intensification est rendue possible notamment par les productions maraichegraveres que les producteurs cultivent en double culture

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

24

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

La question que lrsquoon peut se poser agrave ce stade est est-ce que ceux qui achegravetent des engrais commerciaux sont ceux qui nrsquoont pas de FO A Mandoto lrsquoanalyse des correacutelations indique qursquoil nrsquoy pas de relation lineacuteaire entre la quantiteacute drsquoengrais acheteacutee et la quantiteacute de fumier produite A Arivonimamo cette relation existe Elle est significative (au seuil de 001) mecircme si le coefficient est faible (03) et surtout elle est positive ce qui indique que ceux qui achegravetent le plus drsquoengrais sont souvent ceux qui produisent le plus de fumier Ainsi il nrsquoy aurait pas un seuil de disponibiliteacute en fumier qui ferait que lrsquoagriculteur ne cherche plus agrave acqueacuterir des engrais consideacuterant qursquoil a assez de matiegraveres fertilisantes La raison des faibles quantiteacutes drsquoengrais acheteacutees est sans doute plus agrave rechercher dans la disponibiliteacute et des contraintes eacuteconomiques

22 Reacutepartition des matiegraveres fertilisantes selon les cultures

Avant de preacutesenter la reacutepartition par culture on peut appreacutecier la part des parcelles et de la superficie selon le type de fertilisation (Tableau 3) Les parcelles et la superficie sans aucun apport agrave Arivonimamo sont moindres (environ un tiers) qursquoagrave Mandoto (41 des parcelles et 52 de la superficie)

Tableau 3 Parts des parcelles et de la superficie selon le type de fertilisation dans les terroirs

ApportsMandoto Arivonimamo

des parcelles

de la surface

des parcelles

de la surface

Sans FO Sans Engrais 41 52 35 33Avec FO seulement 38 33 38 40Avec Engrais seulement 3 2 3 3Avec FO + Engrais 19 13 25 24Ensemble 100 100 100 100

Ainsi mecircme agrave Mandoto plus drsquoune parcelle sur deux reccediloit de la FO et globalement dans les deux terroirs il y a une reacutepartition qui laisse la possibiliteacute pour qursquoune parcelle soit fertiliseacutee plus drsquoune fois tous les deux ans sans preacutejuger ni des doses utiliseacutees ni des cultures privileacutegieacutees Les eacutecarts entre les pourcentages des parcelles et des superficies indiquent qursquoagrave Mandoto ce sont les parcelles en moyenne plus petites qui sont fertiliseacutees ce qui nrsquoest pas le cas agrave Arivonimamo Tregraves rares sont les parcelles qui ne reccediloivent que de lrsquoengrais (quelques parcelles en maraichage mais aussi en riz pluvial et maiumls agrave Mandoto) Ainsi les producteurs qui achegravetent de lrsquoengrais chimique lrsquoutilisent presque toujours sur des parcelles en compleacutement drsquoun apport de fumure organique

Lrsquoutilisation des fertilisants est en lien avec les quantiteacutes disponibles mais aussi les cultures pratiqueacutees Or les exploitations agricoles familiales des deux zones ont des assolements1 sensiblement diffeacuterents comme le montre la premiegravere colonne des deux figures suivantes (Figure 3 et Figure 4) Dans les deux zones le riz irrigueacute de bas-fonds occupe une place importante avec des parts dans lrsquoassolement qui sont relativement proches (29 agrave Mandoto et 32 agrave Arivonimamo) Ainsi mecircme si le Moyen Ouest du Vakinankaratra a la reacuteputation drsquoune zone de cultures pluviales le riz irrigueacute de bas-fonds occupe une place preacutepondeacuterante en terme de superficie (mais aussi en terme de revenu comme on le verra dans le prochain numeacutero de JAE) Les tubercules et les leacutegumineuses occupent agrave peu pregraves la mecircme part de la surface cultiveacutee annuellement dans les deux zones de lrsquoordre de 25 pour les tubercules et 10 pour

1 Ces pourcentages ont eacuteteacute calculeacutes sur la superficie effectivement cultiveacutee crsquoest-agrave-dire sans les jachegraveres Si on integravegre les ja-chegraveres celles-ci repreacutesentent 10 de la surface totale (cultiveacutee + jachegravere) agrave Mandoto et 6 agrave Arivonimamo

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

25

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

les leacutegumineuses mais les espegraveces cultiveacutees sont diffeacuterentes La part des autres cultures est speacutecifique et caracteacuterise la zone

A Mandoto les ceacutereacuteales pluviales occupent pregraves du tiers de la surface (176 en riz pluvial et 15 en maiumls hors jachegravere) Alors qursquoagrave Arivonimamo ces deux cultures occupent seulement 86 de la surface et le maiumls y est vraiment marginal Dans cette zone ce sont les cultures maraichegraveres qui sont importantes avec 224 de la surface Les cultures autres constitueacutees essentiellement par lrsquoagroforesterie avec des fruitiers nrsquoest pas neacutegligeable avec 3 de la surface A Mandoto ces deux types de cultures sont tregraves peu pratiqueacutees (18 de la surface sont consacreacutes aux cultures maraichegraveres et les autres cultures avec 01 sont quasiment inexistantes)

Les donneacutees extrapoleacutees agrave lrsquoensemble des fokontany permettent de connaicirctre sur quelles cultures les matiegraveres fertilisantes disponibles ont eacuteteacute eacutepandues1 Lrsquoeacutechantillon est constitueacute de 2 427 parcelles2 Elles sont plus nombreuses agrave Arivonimamo ougrave lrsquoeacutechantillon drsquoEAF est plus grand mais aussi ougrave la taille moyenne des champs est plus petite et ougrave les doubles cultures sont freacutequentes La deuxiegraveme colonne de chaque figure preacutesente la reacutepartition de la FO (fumier compost et autre matiegraveres organiques) la troisiegraveme colonne est celle des engrais commerciaux Les quantiteacutes disponibles sont diffeacuterentes entre les zones Les pourcentages repreacutesentent la reacutepartition et traduisent la strateacutegie des EAF A Mandoto les EAF privileacutegient le riz pluvial et le maiumls qui reccediloivent 74 de la FO disponible (Figure 3) et 40 des engrais acheteacutes

Figure 3 Reacutepartitions de la superficie cultiveacutee annuellement de la FO et des engrais commerciaux agrave Mandoto

Les autres cultures comme les leacutegumineuses et les tubercules reccediloivent un peu de FO mais le plus souvent parce qursquoelles sont cultiveacutees en association avec du riz pluvial ou du maiumls Le riz irrigueacute qui repreacutesente 29 de la superficie reccediloit moins de 5 de la FO et 14 des engrais Le maraichage pourtant tregraves peu preacutesent (18 des surfaces) reccediloit une part conseacutequente de la FO (54) et surtout des engrais (38 des quantiteacutes disponibles)

Ainsi dans cette zone les producteurs ont une strateacutegie de fertilisation des ceacutereacuteales pluviales sur tanety avec un transfert de fertiliteacute des riziegraveres vers les tanety puisque le fumier integravegre la plus grande partie des pailles du riz des riziegraveres Cette fertilisation profite aussi aux autres cultures pluviales soit avec les associations soit via les rotations qui sont quasiment systeacutematiques en pluvial

1 Les difficulteacutes sont cependant nombreuses et notamment en raison de lrsquoimportance et de la diversiteacute des associations de cultures et des regroupements que nous avons opeacutereacutes pour faciliter la collecte notamment pour le maraichage Nous avons pris lrsquooption comme pour les surfaces de reacutepartir agrave eacutegaliteacute les quantiteacutes entre les diffeacuterentes cultures Ainsi pour une parcelle avec une association riz pluvial et arachide les quantiteacutes drsquointrants ont eacuteteacute reacuteparties pour moitieacute pour le riz pluvial et pour moitieacute pour lrsquoarachide Il en est de mecircme pour une parcelle ougrave ont eacuteteacute regroupeacutees une planche de tomate et une planche drsquooignon alors que peut-ecirctre le producteur avait fait des apports diffeacuterentieacutes2 Au total 2 680 parcelles une fois les parcelles regroupeacutees deacutesagreacutegeacutees On rappellera que les parcelles en jachegravere ne sont pas comprises ici

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

26

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Le riz irrigueacute ne reccediloit pratiquement pas de FO et tregraves peu drsquoengrais avec une strateacutegie drsquoallocation des FO sur les tanety milieu naturellement bien moins fertile que les bas-fonds A Arivonimamo la situation du riz irrigueacute est approximativement la mecircme alors que la surface cultiveacutee repreacutesente 32 cette culture ne reccediloit que 7 de la FO disponible et 4 des engrais Les ceacutereacuteales pluviales sont tregraves peu fertiliseacutees contrairement agrave Mandoto Dans les deux situations les cultures vivriegraveres beacuteneacuteficient des arriegraveres-effets des cultures maraicircchegraveres beaucoup plus fortement fertiliseacutees

Figure 4 Reacutepartitions de la superficie cultiveacutee annuellement de la FO et des engrais commerciaux agrave Arivonimamo

Les cultures privileacutegieacutees sont les cultures maraichegraveres qui reccediloivent 46 de la FO et 77 des engrais mais aussi les tubercules autres que le manioc (patate douce taro et pomme de terre) qui reccediloivent 25 de la FO mais peu drsquoengrais et les leacutegumineuses (haricots) qui reccediloivent un peu plus de FO et drsquoengrais (respectivement 11 et 12) que la part qursquoelles occupent dans lrsquoassolement (9)

Ce sont les cultures exigeantes en fumure mais aussi et surtout fortement commercialiseacutees (maraichage pomme

de terre patate douce taro et haricot) qui reccediloivent lrsquoessentiel de la fertilisation Les rotations permettent aux cultures peu fertiliseacutees de beacuteneacuteficier des arriegraveres effets de la fertilisation des cultures produites drsquoabord pour les marcheacutes Le riz irrigueacute qui nrsquoest pas fertiliseacute beacuteneacutefice des arriegraveres effets des cultures de contre saison sur les riziegraveres

Ainsi les strateacutegies de fertilisation des EAF sont tregraves diffeacuterentes selon les zones en lien avec les cultures produites leur exigence mais surtout en lien avec des objectifs technico-eacuteconomiques et le marcheacute des produits agricoles

23 Les doses apporteacutees

Lrsquoanalyse des quantiteacutes de fumure apporteacutees est faite par culture1 et en tenant compte des associations

A Mandoto (tableau 4) les superficies en culture pure repreacutesentent 71 des parcelles et de la superficie Comme deacutejagrave indiqueacute le riz irrigueacute occupe une place importante mais il est peu fertiliseacute avec seulement 20 des parcelles et 18 de la superficie qui reccediloivent de la fumure organique agrave des doses faibles (moins de 2 tonnes par hectare) et seulement 4 des parcelles reccediloivent de lrsquoengrais (agrave une dose de pregraves de 60 kgha)

1 Seuls les reacutesultats pour les cultures avec un effectif non pondeacutereacute de plus de 15 parcelles sont preacutesenteacutes ici On notera que pour les principales cultures la taille de lrsquoeacutechantillon est conseacutequente

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

27

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Tableau 4 Apports de FO et dengrais sur les cultures cultiveacutees pures agrave Mandoto en (kg)

Cultures pures Nbre de parcelles

Surface ha

Parcelle avec Superficie avec Superficie avec Dose moy FO

en kghaDose moy

Engrais kgha

FO Engrais FO EngraisToutes

les parcelles

Parcelles avec

Toutes les

parcelles

Parcelles avec

Riz bas-fond 242 5834 20 4 18 4 377 1 901 241 5825Riz Pluvial 90 2353 91 37 90 29 4 022 4 415 1011 2677Maiumls 30 646 97 37 98 43 3 923 4 059 1669 4553Manioc 117 3689 8 0 4 0 414 4 843 000 000Autres tuber 19 236 47 47 35 42 3 041 6 420 1857 3920Leacutegumineuses 78 1156 45 18 38 18 1 776 3 958 870 4850Maraichage 112 264 90 61 80 74 31 829 35 296

Les moyennes sont calculeacutees par parcelle et sans pondeacuteration

Crsquoest le manioc qui est le moins fertiliseacute pas drsquoengrais et seulement 4 des parcelles avec de la fumure organique Le riz pluvial et le maiumls sont les cultures pures qui reccediloivent le plus systeacutematiquement de la fumure plus de 90 des parcelles et de la superficie reccediloivent de la FO agrave des doses eacuteleveacutees de plus de 4 tha et 30 agrave 40 des parcelles et de la surface reccediloivent de lrsquoengrais mais agrave des doses qui restent faibles (26 kgha pour le riz pluvial et 45 kgha pour le maiumls) Les autres tubercules reccediloivent engrais et FO mais ce sont essentiellement les pommes de terre Les leacutegumineuses sont eacutegalement fertiliseacutees avec 45 des parcelles qui reccediloivent de la FO et 18 de lrsquoengrais agrave des doses moyennes pour la zone Enfin les cultures maraichegraveres ont eacuteteacute regroupeacutees les parcelles sont nombreuses mais la superficie tregraves petite elles reccediloivent agrave 90 de la FO et agrave 61 des engrais agrave des doses importantes (plus de 30 tha pour la FO)

A Arivonimamo la part des cultures pures est plus importante qursquoagrave Mandoto avec 86 des parcelles et 89 de la superficie Ainsi le nombre de parcelles de lrsquoeacutechantillon est nettement plus important (mais il ne fait pas oublier que lrsquoeacutechantillon compte plus drsquoEAF)

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

28

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Tableau 5 Apports de FO et dengrais sur les cultures cultiveacutees pures agrave Arivonimamo (en kg)

Cultures pures Nbre parcelles

Surface ha

Parcelle avecSuperficie avec Superficie avec Dose moy FO en

kghaDose moy Engrais

kgha

FO Engrais FO Engrais Toutes les parcelles

Parcelles avec

Toutes les parcelles

Parcelles avec

Riz bas-fond 363 6078 39 9 39 8 633 1 643 459 5206

Riz Pluvial 72 1051 83 0 93 0 2 902 3 482 000 000

Maiumls 17 112 94 11 96 9 3 501 3 720 131 2222

Manioc 201 2020 24 1 23 0 1 253 5 249 038 3833

Autres tuber 232 2327 70 5 78 4 4 461 6 350 367 7748

Haricots 61 765 95 65 96 73 4 132 4 346 4824 7545

Autre Leacutegum 46 352 20 0 18 0 779 3 981 000 000

Tomates 90 955 97 95 98 97 7 614 7 877 12791 13543

Haricot verts 132 1088 95 87 96 90 5 079 5 321 8090 9286

Autres Maraich 155 1293 95 76 101 73 4 311 4 546 9126 12089 Les moyennes sont calculeacutees par parcelle et sans pondeacuteration

A Arivonimamo la fertilisation du riz irrigueacute est un peu plus freacutequente avec 39 des parcelles qui reccediloivent de la FO et 9 de lrsquoengrais mais agrave des doses plus faibles qursquoagrave Mandoto 16 tha pour la FO et 52 kgha drsquoengrais La fertilisation du riz irrigueacute nrsquoest pas une prioriteacute pour le plus grand nombre des producteurs Les cultures les moins fertiliseacutees sont le manioc et les leacutegumineuses autres que le haricot avec respectivement 23 et 18 des parcelles seulement qui reccediloivent de la FO et quasiment aucune qui reccediloit de lrsquoengrais Mais de maniegravere assez eacutetonnante les parcelles avec FO reccediloivent des doses assez importantes (plus de 5 tha pour le manioc) certainement en lien avec des strateacutegies de gestion ou de restauration de la fertiliteacute des sols En ce qui concerne la FO toutes les autres cultures sont tregraves freacutequemment fertiliseacutees plus de 90 des parcelles de riz pluvial maiumls haricot et maraichage les autres tubercules le sont agrave pregraves de 80 Et si pour le riz pluvial et le maiumls les doses moyennes sont modestes car infeacuterieures agrave 4 tha elles sont supeacuterieures agrave 4 tha pour les haricots et supeacuterieures agrave 5 tha pour les autres avec notamment pour les tomates un apport de plus de 7 tha Pour les engrais tregraves peu drsquoapports pour le maiumls (6 des parcelles) et pas drsquoapport pour le riz pluvial (observations pour 72 parcelles) Lrsquoengrais est reacuteserveacute au maraichage (plus de 75 des parcelles) et aux haricots (64 des parcelles) Avec des doses moyennes relativement importantes plus de 90 kgha pour les haricots verts 135 kgha pour la tomate et 120 kgha pour les autres cultures maraichegraveres

Ainsi drsquoune maniegravere geacuteneacuterale agrave Arivonimamo lrsquoapport de fertilisants est conseacutequent agrave la fois en termes de parcelles concerneacutees et de doses eacutepandues Riz irrigueacute manioc et leacutegumineuses autres que haricot sont les parents pauvres de la fertilisation mais avec les rotations ces cultures beacuteneacuteficient aussi des apports en particulier pour le riz irrigueacute car une part importante du maraichage est cultiveacutee sur les riziegraveres

Les associations de culture sont plus freacutequentes agrave Mandoto ougrave lrsquoassociation riz pluvial + maiumls domine tregraves largement La superficie avec cette association est eacutequivalente agrave la superficie totale en culture pure Et le maiumls est la culture que lrsquoon associe le plus avec le riz pluvial mais aussi le manioc et les leacutegumineuses Les parcelles avec une association de ces trois cultures ne sont pas rares Les pratiques de fertilisation en culture associeacutee rejoignent celles en culture pure Ainsi 91 des parcelles avec lrsquoassociation riz + maiumls reccediloivent de la FO et 32 de lrsquoengrais cependant les doses de FO sont tregraves infeacuterieures (de 700 kgha alors qursquoen culture pure elles eacutetaient de plus de 4 tha) et il en est de mecircme pour lrsquoengrais

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

29

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Pour les parcelles avec des cultures associeacutees au maiumls un apport en FO est freacutequent (plus de 80 des parcelles pour manioc ou leacutegumineuse et plus de 75 quand il y a les trois cultures) Lrsquoengrais est plus rare et surtout les doses de FO et engrais sont faibles A ce stade on peut eacutemettre lrsquohypothegravese que les EAF qui pratiquent lrsquoassociation sont moins bien doteacutees en matiegravere fertilisante Mais lrsquoanalyse montre que ce nrsquoest pas le cas il existe bien un coefficient de correacutelation neacutegatif entre la quantiteacute de fumure organique disponible au niveau de lrsquoEAF et le pourcentage de culture associeacutees mais il est tregraves faible (-011) et si lrsquoon creacutee des classes de pourcentage de culture associeacutees il nrsquoy a pas de diffeacuterence significative entre les classes pour la dose moyenne de FO Il semble donc que cela soit la pratique qui soit ainsi agrave Mandoto sur des cultures associeacutees (grandes cultures riz maiumls leacutegumineuse ou tubercule) les apports de FO sont moindres que sur les cultures pures

Tableau 6 Apports de FO et dengrais sur les cultures associeacutees les plus freacutequentes (en kg)

District 1Mandoto Nbre parcelles

Surface ha

Parcelle avec Dose moy FO en kgha

Dose moy Engrais kgha

FO Engrais Toutes les parcelles

Parcelles avec

Toutes les parcelles

Parcelles avec

Riz Pluvial + Maiumls 114 2577 91 32 656 719 26 83Mais + Manioc 50 1149 88 2 420 477 01 30Mais + Leacutegumineuse 57 975 84 16 428 508 02 15Mais + Manioc + Leacutegum 24 482 75 13 242 323 02 18Manioc + Leacutegumineuse 24 587 4 0 11 250 00 002 ArivonimamoRiz Pluvial + Maiumls 14 182 86 0 366 427 00 00Mais + Leacutegumineuse 25 228 84 24 188 224 15 62Manioc + Leacutegumineuse 13 126 54 0 280 521 00 00Tubercules + Fruitiers 34 270 62 12 224 363 03 28Autre cult + Fruitiers 90 671 91 52 5 414 255 30 58

Les moyennes sont calculeacutees par parcelle et sans pondeacuteration

A Arivonimamo les cultures associeacutees pour les grandes cultures sont moins importantes en nombre et les superficies sont tregraves petites Mais on peut tirer les mecircmes conclusions que pour Mandoto Ce qui est remarquable dans cette zone crsquoest le nombre de parcelles en agroforesterie avec un meacutelange drsquoarbres fruitiers et de cultures avec plus de 120 parcelles Les cultures sont de tous les types mais beaucoup de cultures maraichegraveres ce qui explique les fortes doses de FO ou drsquoengrais Les fruitiers sont essentiellement des agrumes et sont le reacutesultat drsquoopeacuterations de deacuteveloppement qui ont vulgariseacute la plantation de ces arbres La plupart de ces plantations nrsquoest pas encore en pleine production (trop reacutecentes)

24 Les strateacutegies des EAF pour lrsquoutilisation de la FO disponible

Dans le JAE ndeg 9 nous avions eacutemis lrsquohypothegravese qursquoagrave Arivonimamo il y avait deux types drsquoEAF lrsquoun avec des strateacutegies de fortes disponibiliteacutes en FO soutenues par des ambitions de cultures maraichegraveres et un autre avec des strateacutegies de moindre disponibiliteacute en FO avec des systegravemes de culture plus classiques Pour repreacutesenter les strateacutegies nous avons eacutetabli des classes selon le pourcentage de la FO utiliseacutee sur ceacutereacuteales pluviales et sur cultures commerciales Les reacutesultats sont preacutesenteacutes dans le tableau 8

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

30

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Tableau 7 Reacutepartition des EAF selon des classes de quantiteacutes utiliseacutees de FO

Classes utilisation FO MandotoArivonimamo Arivonimamo

FO utiliseacutes sur ceacutereacuteales pluviales des EA

S cultiveacutee moyenne

(ares)CV des EA

S cultiveacutee moyenne

(ares)CV

lt=25 8 89 72 76 113 7625 agrave 75 18 93 93 20 88 57gt75 74 144 88 4 37 49 FO utiliseacutes sur cultures commercialeslt=25 88 136 91 12 63 7725 agrave 75 9 90 58 42 102 60gt75 3 75 85 46 118 81

Les strateacutegies des EAF vis-agrave-vis de lrsquoutilisation de la FO sont tregraves nettement diffeacuterentes selon les zones comme on lrsquoa deacutejagrave vu la premiegravere partie du tableau montre qursquoagrave Mandoto 74 des EAF mettent plus des frac34 de leur FO disponible sur les parcelles avec ceacutereacuteales pluviales (seules ou associeacutees) et ce sont les EAF avec la plus grande superficie qui font cela Alors qursquoagrave Arivonimamo seules 4 des EAF mettent plus de 75 de leur FO sur des parcelles avec ceacutereacuteales pluviales et ce sont les plus petites EAF (superficie cultiveacutee moyenne de 37 ares) avec certainement des strateacutegies de seacutecuriteacute alimentaire

La deuxiegraveme partie du tableau nous permet de constater qursquoagrave Arivonimamo 46 des EAF mettent plus de 75 de leur FO sur les cultures commerciales (cultures maraichegraveres pomme de terre taro patate douce et haricot) et ces EAF ont en moyenne une superficie cultiveacutee supeacuterieure aux autres Cette classe est importante mais il y a aussi une classe drsquoEAF avec des strateacutegies baseacutees sur une meilleure reacutepartition

A Mandoto les EAF qui mettent plus de 75 de leur FO sur ce type de cultures commerciales (essentiellement le maraichage) sont peu nombreuses (3 des EAF) et ce sont des EAF avec des superficies plus faibles que les autres Ce nrsquoest donc pas la strateacutegie utiliseacutee par les EAF qui ne donnent pas la quasi exclusiviteacute (lt75) de la FO aux ceacutereacuteales pluviales Il existe un groupe drsquoEAF dans les deux zones qui ne donnent pas lrsquoexclusiviteacute de la FO (gt75) aux ceacutereacuteales pluviales agrave Mandoto ou aux cultures commerciales agrave Arivonimamo Ce groupe regroupe 23 des EAF agrave Mandoto et 49 agrave Arivonimamo Ce sont des EAF un peu plus petites que la moyenne de la zone avec une disponibiliteacute en FO infeacuterieure agrave la moyenne de la zone et une reacutepartition de la FO marqueacutee par la strateacutegie dominante de la zone mais avec une reacutepartition plus eacutequilibreacutee et notamment un eacutepandage sur le riz irrigueacute

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

31

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Tableau 8 Les EAF avec une strateacutegie drsquoutilisation de la FO diffeacuterente de la strateacutegie dominante de la zone

EAF Sup moy (ares)

FO (tonnes)

FO sur Ceacutereacuteales Pluviales

FO sur Cuture

commerciales

FO sur Riz irrigueacute

FO sur Autres

cultures

Mandoto 23 94 131 48 21 20 4

Arivonimamo 49 99 223 20 45 16 1

Il existerait ainsi 3 grandes strateacutegies drsquoutilisation de la FO avec agrave Mandoto la quasi exclusiviteacute de la FO sur les ceacutereacuteales pluviales (74 des EAF de la zone) agrave Arivonimamo la quasi exclusiviteacute de la FO sur les cultures commerciales (46 des EAF) et un groupe avec une reacutepartition plus eacutequilibreacutee entre les diffeacuterentes cultures y compris sur le riz irrigueacute

3 Conclusions et implications pour le deacuteveloppement

La gestion de la fertiliteacute des sols dans ces deux reacutegions contrasteacutees des plateaux drsquoaltitude malagasy passe drsquoabord par la production etou lrsquoacquisition de fumure organique il nrsquoy a quasiment aucune EAF sans apport sur au moins une parcelle cultiveacutee1 Les reacutesultats montrent qursquoenviron la moitieacute de la superficie cultiveacutee annuellement reccediloit de la FO agrave Mandoto et plus des deux tiers agrave Arivonimamo Mecircme si les doses potentielles sont en dessous des recommandions avec la rotation des cultures cela signifie que lrsquoensemble du terroir pourrait ecirctre fumeacute plus drsquoune fois tous les deux ans Les riziegraveres quand elles sont cultiveacutees en riz irrigueacute ne reccediloivent que tregraves rarement de la fumure dans ces zones La strateacutegie est lrsquoinverse de ce qursquoon rencontre dans drsquoautres zones qui priorisent les bas-fonds notamment dans les zones des peacuterimegravetres irrigueacutes (Lac Alaotra peacuterimegravetres sur les Hautes terres Ambondromisotrahellip)

Les strateacutegies de gestion de la fertiliteacute des sols sont logiquement de fertiliser en prioriteacute les cultures les plus exigeantes et les plus reacutemuneacuteratrices ceacutereacuteales pluviales agrave Mandoto (riz et maiumls) et les cultures maraichegraveres mais qui sont tregraves marginales dans cette zone cultures pour le marcheacute agrave Arivonimamo maraichage pomme de terre haricots patates douces taros Et pour les producteurs qui achegravetent des engrais commerciaux (essentiellement engrais mineacuteral) la pratique est drsquoassocier aux fumures organiques des compleacutements drsquoengrais et ceci tregraves prioritairement sur les cultures les plus reacutemuneacuteratrices et aussi les plus exigentes A quelques rares exceptions pregraves lrsquoapport drsquoengrais mineacuteral vient toujours compleacuteter un apport de fumure organique et crsquoest pregraves drsquoun quart de la superficie qui reccediloit engrais et FO agrave Arivonimamo et seulement 13 agrave Mandoto

Deux principaux engrais mineacuteraux sont utiliseacutes dans les deux zones le NPK et lrsquoureacutee En reacutealisant les apports au voisinage des plants il y a une concentration des eacuteleacutements nutritifs qui permet agrave la fois drsquooptimiser leur utilisation et de deacutevelopper des synergies entre produits organiques et mineacuteraux Cette efficience des ressources garantie par une compleacutementariteacute des apports incluant une base organique avec un compleacutement mineacuteral a deacutejagrave eacuteteacute releveacutee dans de nombreuses autres situations tropicales (Bekunda et al 1997) Drsquoautres eacutetudes sur ces mecircmes zones mettent en eacutevidence que la majoriteacute des fumures organiques utiliseacutees preacutesentent certaines deacuteficiences en eacuteleacutements majeurs comme le N et le P et que lrsquoutilisation des engrais de synthegravese est susceptible de lever (Ben Naacircmane et al 2020 notre article dans le JAE preacuteceacutedent) Cette pratique est donc agrave encourager notamment agrave travers des messages

1 Dans notre eacutechantillon seules 2 EAF nrsquoont pas apporteacute de FO lrsquoune extrecircmement petite (moins de 5 are de SAU) agrave Arivonimamo et tregraves pauvre qui a vendu sa FO une autre agrave Mandoto qui prend en meacutetayage la terre qursquoil cultive

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

32

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

de vulgarisation adapteacutes et compleacutementaires des messages laquo classiques raquo qui procircnent des doses importantes drsquoengrais

Lrsquoanalyse compareacutee des deux zones montre des diffeacuterences dans le recours aux engrais de synthegravese avec agrave Arivonimamo une quasi geacuteneacuteralisation de lrsquoengrais (pregraves de 90 des EAF) et une utilisation moyenne de 30 kg par ha de SAU plus freacutequemment sur les cultures maraichegraveres et presque toujours en compleacutement de la fumure organique contre environ une exploitation sur deux agrave Mandoto et une utilisation de 6 kg par ha Sur ce premier site une plus grande diversiteacute drsquoengrais et une utilisation plus importante de cendres sous-produit de briqueteries sont releveacutees Eacutegalement une strateacutegie drsquoallocation de ressources diffeacuterencieacutee apparaicirct tregraves clairement au niveau des fumures organiques sur le riz de bas-fonds beaucoup plus amendeacute agrave Arivonimamo car cette ressource est agrave la fois moins limitante et mieux valoriseacutee par les cultures maraicircchegraveres A Mandoto la fumure organique est moins disponible et moins valorisable autrement que par les ceacutereacuteales pluviales aussi moins indispensable pour la productiviteacute de ces cultures et est beaucoup mieux valoriseacutee sur le domaine pluvial sans laquelle aucune mise en valeur de culture exigeante ne serait envisageable Ainsi la recherche doit affiner ses connaissances agrave lrsquoeacutechelle du systegraveme de culture pour mieux eacutevaluer performances et durabiliteacute agrave court et long termes et accompagner lrsquointensification eacutecologique promue par divers opeacuterateurs de deacuteveloppement agricoles (notamment ONG de deacuteveloppement)

Cette communication plaide encore une fois pour une bonne compreacutehension des EAF de leur fonctionnement et de leurs strateacutegies avant de proposer des ameacuteliorations adapteacutees La fertilisation telle que pratiqueacutee par les producteurs est un acquis important pour comprendre la durabiliteacute de lrsquoagriculture familiale et pour renforcer la durabiliteacute des EAF Cela montre agrave la fois la techniciteacute des paysans leur connaissance des intrants existants et de leur utilisation Les propositions drsquoinnovations pour le deacuteveloppement doivent srsquoappuyer sur lrsquoexistant contrairement agrave

ce qui est souvent fait (Razanakoto et al 2018) Drsquoabord les orientations vont certainement vers des techniques qui permettent drsquoaugmenter la fumure organique disponible en quantiteacute et en qualiteacute (eacutetable ameacutelioreacutee compostage lombricompost etc) notamment avec des matiegraveres premiegraveres disponibles localement plutocirct que sur la base drsquoachats Les agriculteurs investissent moins en moneacutetaire et optent pour une strateacutegie drsquointensification en main drsquoœuvre (ce qui est le cas pour les systegravemes de compostage) Ensuite il est important de mieux valoriser ces diffeacuterents types de fertilisation agrave travers des combinaisons de pratiques

Ce dont il faut ecirctre sucircr crsquoest que les producteurs dans leur tregraves grande majoriteacute deacuteveloppent des strateacutegies de gestion de la fertiliteacute des sols et les adaptent sur la base de leurs connaissances et savoir-faire et en fonction des conditions biophysiques et de lrsquoenvironnement socioeacuteconomique Si les conditions eacuteconomiques sont favorables (deacuteboucheacutes prix suffisamment reacutemuneacuterateurs) ils ont recours aux engrais commerciaux comme le montre cette eacutetude mais aussi drsquoautres (voir par exemple en zone peacuteriurbaine drsquoAntananarivo NDienor et al 2011) Or le plus souvent dans les actions de deacuteveloppement et les propositions techniques les fertilisations sont proposeacutees par filiegravere comme une sorte de manuel technique (fiche technique par filiegravere) et reacutefleacutechies par rapport aux besoins propres de la plante cibleacutee Ces propositions vont ainsi agrave lrsquoencontre des strateacutegies paysannes et leur diffusion reste mitigeacutee

Enfin dans les propositions actuelles pour le deacuteveloppement rizicole notamment sur bas-fonds les acteurs de deacuteveloppement misent sur une intensification rizicole de type reacutevolution verte (semences ameacutelioreacutees voire hybrides avec des doses importantes drsquoengrais acheteacute) Les donneacutees montrent que les strateacutegies des paysans integravegrent les rotations avec le riz et les investissements en fertilisation se passent autrement (cultures de contre saison autres cultures) Les deacutepenses en semences et surtout si on enlegraveve la valorisation de lrsquoautoproduction restent tregraves faibles Ces

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

33

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

propositions techniques srsquoeacuteloignent encore une fois des strateacutegies paysannes

Mais cette analyse des strateacutegies drsquoutilisation des fertilisants dans la gestion de la fertiliteacute des sols reste encore incomplegravete car si les aspects techniques (quantiteacutes et modaliteacutes) ont eacuteteacute traiteacutes les aspects eacuteconomiques ne lrsquoont pas eacuteteacute Cela sera le thegraveme du prochain et dernier article qui mettra en relation les pratiques de gestion de la fertiliteacute et les performances notamment en terme de marge brute aux niveaux parcelles et cultures et de revenu au niveau EAF

BIBLIOGRAPHIE

Bekunda MA Bationo A Ssali H 1997 Soil fertility management in Africa a review of selecterd research trials In Replenishing Soil Fertility in Africa SSSA Special Publication Nomber 51 63-79

Ben Naacircmane CK Autfray P Audouin S Beacuteliegraveres JF Blanchart E Razafimahatratra M Razanakoto OR Salgado P 2020 Gestion compareacutee de la fertiliteacute au niveau des exploitations agricoles familiales du Moyen-Ouest de la reacutegion Vakinankaratra et des Hautes-Terres de la reacutegion Itasy agrave Madagascar Projet Secure 24 p httpswwwsecuremgsitesdefaultfiles2020-04Livret_Secure_2020pdf

Liniger H Mekdaschi Studer R Hauert C et Gurtner M 2011 La pratique de la gestion durable des terres Directives et bonnes pratiques pour lrsquoAfrique subsaharienne WOCAT FAO TerrAfrica Rome (Italie) 243 p httpwwwfaoorg3i1861fi1861fpdf

MAEP 2006 Strateacutegie nationale pour le deacuteveloppement de lrsquoutilisation de lrsquoengrais Ministegravere de lAgriculture de lElevage et de la Pecircche Antananarivo Mai 2006 48 p + annexes p httpwwwmpaegovmgcommunicationwp-contentuploadssites2201611strategie_dvlpt_utilisation_engrais_1pdf

NDieacutenor M Aubry C et Rabeharisoa L 2011 Strateacutegies de construction de la fertiliteacute des terres par les agriculteurs dans les systegravemes maraicircchers peacuteriurbains dAntananarivo (Madagascar) Cahiers Agricultures Vol 20 No 4 (2011) doihttpsdoiorg101684agr20110497

Poirier N et Nuninger L 2012 Techniques damendement agraire et teacutemoins mateacuteriels Pour une approche archeacuteologique des espaces agraires anciens Histoire amp Socieacuteteacutes Rurales 38 (2) 11-50 doi103917hsr0380011

Pierre-Bernard A Ramboarison R Randrianarison L et Rondro-Harisoa L 2007 Les implications structurelles de la libeacuteralisation sur lrsquoagriculture et le deacuteveloppement rural Programme Ruralstruc Madagascar Phase I EPP PADR APB Consulting Antananarivo Janvier 2007 303 p httpdocumentsbanquemondialeorgcuratedfr 184371468091191021pdf779810WP0madag00250for0the0abstractpdf

Razanakoto O Razafindraibe R Andriamananjara A Razafimanantsoa M-P Rakotoson T Smolders E et Rabeharisoa L 2018 Failures in agricultural innovation due to poor understanding of farmersrsquo predispositions Development in Practice 28 (5) 691-704 doi1010800961452420181471124

Sanginga N et Woomer P L (Ed) 2009 Integrated Soil Fertility Management in Africa Principles Practices and Developmental Process Nairobi (Kenya) Tropical Soil Biology and Fertility Institute of the International Centre for Tropical Agriculture 263 p

Leacutetude a eacuteteacute reacutealiseacutee dans le cadre du projet SECuRE

(Soil ecological function resto-ration to enhance agrosystem ser-vices in rainfed rice cropping sys-tems in agroecological transition) financeacute par Agropolis Foundation sous la reacutefeacuterence ID 1605-007 agrave travers le programme Investisse-ments dAvenir (Labex Agro ANR-10-LABX-0001-01) dans le cadre du I-SITE MUSE (ANR-16-IDEX-0006)

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

34

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Lucien Seacuteguy 1944-2020 agronome du geacutenie veacutegeacutetal

Premiers pas

Lucien Seacuteguy est neacute dans une famille de petits paysans du nord Dordogne fiers de leurs racines et durs agrave la tacircche Il sera le

seul de sa fratrie de quatre fregraveres et sœurs agrave acceacuteder agrave lrsquouniversiteacute Diplocircme drsquoingeacutenieur agronome de lrsquoENSA Toulouse en poche suivi drsquoune speacutecialisation en peacutedologie agrave lrsquoORSTOM (ex IRDhellip) de Bondy il eacutepouse Jacqueline qui lrsquoaccompagnera durant toute sa carriegravere Son service civil se deacuteroule au Seacuteneacutegal de 1967 agrave 1969 agrave la grande station IRAT (Institut de Recherche Agronomique Tropicale) de Bambey il preacutefegravere une affectation en brousse Sefa Il y refait une carte peacutedologique et srsquoattaque agrave lrsquoameacutelioration du travail du sol en traction animale des riziegraveres de Casamance

En 1969 lrsquoIRAT lrsquoaffecte dans lrsquoOuest Cameroun agrave Dschang ougrave il monte et accompagne des projets rizicoles sur les plaines des MrsquoBos et de NrsquoDop Il y conduit des travaux sur les systegravemes de culture et lrsquoameacutelioration varieacutetale du riz pluvial et irrigueacute Ses analyses des interactions entre geacutenotype et environnement soulignant lrsquoinfluence majeure de la fertiliteacute des sols sur les attaques de pyriculariose le font remarquer et sont toujours citeacutees

Ses travaux et reacutealisations alliant recherche et deacuteveloppement interpellent des responsables de la recherche agronomique breacutesilienne et fin 1977 il devient le premier expert IRAT en poste au Breacutesil affecteacute aupregraves de LrsquoEMAPA de lrsquoeacutetat du Maranhatildeo Il travaillera au Breacutesil jusqursquoagrave sa retraite en 2009 et au-delagrave De 1977 agrave 1982 il monte avec lrsquoaide de Serge Bouzinac des eacutetudes sur la culture du riz pluvial pour chez et avec des petits paysans sans terre Les systegravemes de deacutefriche-brucirclis manuelle sur ces savanes secondaires agrave Palmiers Babaccedilu sont compareacutes agrave des systegravemes en traction animale Immeacutediatement abandonneacutes en raison des eacuterosions catastrophiques qursquoils induisent Premier signal sur la neacutecessiteacute du semis direct dans ces eacutecologies tropicales Mais Lucien et Serge sont informeacutes que leurs activiteacutes avec les sans terres du Nordeste ne sont pas du goucirct de tous Dans ces reacutegions du Breacutesil agrave cette eacutepoque le message est sans ambiguiumlteacute il faut partir vite LrsquoEMBRAPA - CNPAF (Centre National Riz amp Haricot) de Goiacircnia inteacuteresseacute par leurs reacutesultats les accueille

1982 nouveau milieu donc Les Cerrados du Centre Ouest breacutesilien (Mato Grosso Goiaacutes Tocantinshellip) un biome de savanes arboreacutees plus de 200 millions drsquohectares sur lequel avance un irreacutepressible front pionnier drsquoeacutelevage extensif et drsquoagriculture meacutecaniseacutee Des sols lateacuteritiques acides vides de nutrimentshellip longtemps consideacutereacutes comme impropres agrave toute forme drsquoagriculture rentable Peu importe la conquecircte de la terre est en marche deacutefriche riz pluvial monoculture de soja sur travail du sol simplifieacute avec des outils agrave disques hellip semelle de labour eacuterosion Une deacutevastation agrave eacutechelle industrielle Le diagnostic est vite poseacute les premiegraveres recommandations simples adapteacutees suivent combiner rotation de cultures commerciales (sojariz sojamaiumls) et succession annuelle ougrave agrave la culture commerciale succegravede une safrinha secondaire (maiumls sorgho ou mil) avec des preacuteparations de sols profondes (labour dresseacute aux socs scarification avec des outils agrave dents) Ces systegravemes de travail du sol profond ont du succegraves et sont tregraves largement diffuseacutes Mais lrsquoavegravenement du Semis Direct dans les reacutegions subtropicales du sud du Breacutesil va venir changer le paradigme des travaux de Lucien et Serge

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

35

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Lrsquoinvention le Semis direct sur Couverture Veacutegeacutetal (SCV) en milieu tropical

1984 visite agrave la Coopeacuterative laitiegravere centrale du Paranaacute agrave

1984 visite agrave la Coopeacuterative laitiegravere centrale du Paranaacute agrave Carambeiacute reacutegion des Campos Gerais premiers eacutechanges avec les agronomes Hans Peeten Josueacute Nelson Pavei hellip et les agriculteurs Nonocirc Perereira et Franke Dijkstra pionniers du semis direct dans cette reacutegion du Sud

1985 un producteur eacuteclaireacute du Mato Grosso Munefumi Matsubara leur ouvre grand les portes de sa fazenda hellip et sa bourse Des alternatives en semis direct sont rigoureusement compareacutees aux systegravemes avec travail du sol profond ou superficiel Au cours de ces cinq anneacutees deacutecisives les

systegravemes en semis direct sont plus productifs et rentables que les systegravemes conventionnels ils sont aussi et avant tout les seuls agrave permettre une augmentation de plus de 20 des teneurs de matiegravere organique des sols Les systegravemes sous couvert veacutegeacutetal (SCV) sont lanceacutes des eacutetapes cruciales sont franchies avec lrsquoinsertion en succession en association des cultures commerciales drsquoespegraveces telles que le sorgho mil les crotalaires le Brachiariahellip qui produisent de fortes biomasses valorisant des pluies marginales et surtout lrsquoeau du sol Les principes techniques des systegravemes SCV permettant de respecter les lois de fonctionnement des agroeacutecosystegravemes tropicaux sont poseacutes formaliseacutes dans des documents scientifiques et didactiques Lrsquoanalogie centrale avec le fonctionnement drsquoun eacutecosystegraveme forestier tropical se nourrissant sur lui-mecircme dans des recyclages continus entre biomasses vivantes et mortes gracircce agrave lrsquoactiviteacute biologiques des sols offre un cadre feacutecond agrave la creacuteativiteacute agronomique de Lucien Seacuteguy Les couverts veacutegeacutetaux se preacutesentent comme des pompes biologiques recyclant les eacuteleacutements mineacuteraux proteacutegeant le sol des pluies tropicales preacuteservant une tempeacuterature optimale pour lrsquoactiviteacute biologique et lrsquoabsorption racinaire hellip tout le contraire des sols mis agrave nu par le labour ou des techniques culturales simplifieacutees incompatibles avec une gestion durable de la ressource sol

Ces travaux sont conduits via de multiples partenariats en interaction avec une diffusion active de ses reacutesultats par les fondations et associations de producteurs Avant lrsquoan 2000 les SCV couvrent deacutejagrave -et ont sauveacute- des millions drsquohectares de terres agricoles dans les eacutetats de Goias Mato Grosso Tocantins Maranhatildeo Piauiuml hellip recoupant une vaste diversiteacute peacutedoclimatique tropicale dans laquelle les SCV se diversifient Ils inventent de nouvelles alternatives sur des couvertures veacutegeacutetales maintenues vivantes sous la culture encore plus efficientes comme le soja sur couvert permanent de chiendent ( Cynodon dactylon) ou le maiumls sur arachide peacuterenne ( Arachis pintoiuml) Avec le groupe Maeda les SCV sont adapteacutes agrave la culture cotonniegravere le preacutealable agrave son essor rapide dans le Mato Grosso

En parallegravele ils deacuteveloppent avec James Taillebois un seacutelectionneur du CIRAD un programme de seacutelection geacuteneacutetique de riz avec pour objectif premier drsquoeacutelargir lrsquoadaptabiliteacute des varieacuteteacutes creacuteeacutees et leurs toleacuterances aux maladies fongiques en seacutelectionnant en conditions pluviales de lrsquoeacutequateur jusqursquoau subtropical des croisements entre pools drsquoorigines pluviales et irrigueacutees Ces varieacuteteacutes vont voyager dans de nombreux pays tropicaux et subtropicaux faisant montre de leur grande plasticiteacute qursquoelles tirent de leur base geacuteneacutetique et des systegravemes SCV dans et pour lesquelles elles sont seacutelectionneacutees

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

36

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Lucien et Serge ont inspireacute des milliers drsquoagriculteurs agronomes et chercheurs breacutesiliens sur la base de leurs travaux preacutecurseurs et visionnaires sur les systegravemes sous couvert veacutegeacutetal pour les eacutecologies tropicales du Breacutesil Ils ont accueilli des visites de tous pays et continents se faisant les premiers et les meilleurs ambassadeurs des SCV du Breacutesil

Informer et former le monde

A partir de 1984 et jusqursquoagrave sa retraite Lucien reacutealise tous les ans des missions drsquoappui aupregraves de collegravegues chercheurs agronomes et de projets de deacuteveloppement publics et priveacutes dans de nombreux pays tropicaux drsquoAfrique drsquoAsie du Sud-Est Madagascar icircle continent aux innombrables eacutecosystegravemes tropicaux sera gracircce aux partenariats tisseacutes et aux financements de nombreux projets par lrsquoAgence Franccedilaise de Deacuteveloppement (AFD) une antichambre pour les petites paysanneries de ces techniques neacutees dans les dynamiques agro-industrielles du Breacutesil Drsquoautres projets suivront principalement sur financements de lrsquoAFD en Cocircte drsquoIvoire Gabon Cameroun Seacuteneacutegal Tunisie Vietnam Laos Cambodgehellip permettant de deacutecliner les

principes des SCV en pratiques adapteacutees aux conditions sociales drsquoagricultures familiales parmi les plusdeacutemunies de la planegravete Avec le Pr Joatildeo Carlos Saacute de lrsquoUniversiteacute de Ponta Grossa (Parana Breacutesil) ils organiseront toujours gracircce aux financements de lrsquoAFD de 2006 agrave 2011 six eacuteditions drsquoune formation internationale sur les SCV et la dynamique de matiegravere organique du sol rassemblant plus de 90 agronomes vulgarisateurs et chercheurs travaillant en partenariat avec le CIRAD dans plus de 13 pays du Sud Tous ces pays et drsquoautres ne peuvent plus ignorer cette information clef pour lrsquohumaniteacute on sait doreacutenavant faire pousser sous les tropiques les grandes cultures annuelles pluviales de faccedilon durable rentable et accessible Un nouveau pilier est disponible pour renforcer la seacutecuriteacute alimentaire mondiale et lrsquoautonomie des pays du Sud En 2009 agrave sa retraite du Cirad il poursuit ses appuis agrave travers la planegravete aupregraves des acteurs convaincus par la pertinence des voies agronomiques qursquoil continue drsquoouvrir Des reacuteseaux se montent qursquoil anime partageant sa vision ses ideacutees sa creacuteativiteacute et son humour A lrsquoinvitation drsquoun agronome du Queacutebec Louis Peacuterusse il se lance dans lrsquoadaptation des SCV aux conditions continentales ils remettent agrave lrsquohonneur les bleacutes drsquohiver semeacutes agrave la voleacutee dans le soja trois semaines avant la reacutecolte gagnant un mois de croissance avant lrsquohiver et avanccedilant la reacutecolte drsquoun mois Ce calendrier profondeacutement remanieacute par rapport aux scheacutemas baseacutes exclusivement sur les cultures de printemps ouvre une fenecirctre pour implanter agrave la voleacutee dans les bleacutes murissant des meacutelanges de plantes de couverture Ces derniers apportent alors ici comme partout de faccedilon inteacutegreacutee par et pour le biologique recharge en matiegravere organique et de multiples fonctions eacutecosysteacutemiques telles que la fixation azoteacutee par les leacutegumineuses la stimulation de fonctions microbiennes symbiotiques et non symbiotiques la creacuteation et lrsquoentretien drsquoune forte macroporositeacute par les effets combineacutes de puissants systegravemes racinaires et la stimulation drsquoune forte activiteacute des vers de terre le controcircle des adventices par la couverture du solhellip

Au Sud du Breacutesil dans les Eacutetats de Santa Catarina et du Rio Grande do Sul il travaille avec de jeunes agronomes breacutesiliens agrave la conception et agrave la diffusion sur des centaines de milliers drsquohectares des couverts multifonctionnels agrave base de meacutelanges complexes composeacutes de 10 espegraveces et plus Il est inviteacute en 2009 en Argentine et en Uruguay par Jean Waymel agriculteur drsquoorigine franccedilaise avec qui il deacuteveloppe des SCV diversifieacutes inteacutegrant le semis agrave la voleacutee sur couvert veacutegeacutetal y compris de culture agrave grosses graines comme le soja

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

37

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Ces techniques pratiqueacutees agrave tregraves grande eacutechelle accroissent les vitesses drsquoimplantation des cultures et la reacutesilience des systegravemes de production dans un climat de plus en plus variable

Sa passion pour la diversiteacute veacutegeacutetale ses talents de naturaliste lrsquoont ameneacute agrave explorer inlassablement de nombreuses espegraveces veacutegeacutetales tempeacutereacutees et tropicales agrave proposer des meacutelanges de plus en plus efficaces alliant cultures annuelles et peacuterennes et aux fonctionnaliteacutes et morphologies aeacuteriennes et racinaires diversifieacutees le cœur des SCV

Mecircme en France

Il initie eacutegalement degraves le milieu des anneacutees 1990 des eacutechanges avec quelques agriculteurs franccedilais en meacutetropole et plus tard dans des deacutepartements et territoires drsquoOutre-Mer (Reacuteunion Antilles Nouvelle Caleacutedonie)

Avec ces pionniers des SCV en France [1] il expeacuterimente dans des eacutecologies aussi diverses que les rives et coteaux de la Loire la Champagne berrichonne les collines du Gers la Camargue les versants de la Montagne Peleacuteehellip dans des systegravemes ceacutereacutealiers de polyculture eacutelevage des bananeraies en conditions pluviales ou irrigueacutees

Quelles espegraveces et associations drsquoespegraveces pour les couverts drsquohiver drsquoeacuteteacute en fonction des conditions de milieuxhellip Comment les semer dans les diffeacuterentes cultures en deacuterobeacutee en succession agrave quelle date agrave quelle dosehellip Ce savoir-faire et ces connaissances sont agrave deacutefricher et organiser par des essais Tous ces agriculteurs rallongent diversifient leurs rotations integravegrent des leacutegumineuses via les cultures (pois drsquohiver de printemps sojahellip) et les couverts eacuteventuellement fourragers (vesce feacuteverole gesse tregravefleshellip) Les fermes drsquoeacutelevage conquiegraverent par-lagrave leur autonomie en proteacuteines Aux techniques de couvertures mortes tueacutees avant semis de la culture viennent ici aussi srsquoajouter des couverts vivants de luzerne sur argilo-calcaire de tregravefle ou de lotier sur les sols plus acides ou hydromorphes faisant encore gagner en coucirct et en flexibiliteacute face aux aleacuteas du climat et des marcheacutes

Ils testent et mettent en commun les acquis sur leurs fonds propres un reacuteseau se coopte pour avancer Lucien lrsquoanime en structurant les essais et en maintenant le cap agrologique des SCV mecircme quand les reacutesultats escompteacutes ne sont pas immeacutediatement au rendez-vous

Les SCV de mieux en mieux maicirctriseacutes integravegrent progressivement lrsquoensemble des terres cultiveacutees sur ces fermes remaniant profondeacutement leur systegraveme drsquoexploitation Les parcs mateacuteriels se simplifient les grosses puissances de traction pour les preacuteparations de sol nrsquoont plus lieu drsquoecirctre Il faut aussi ecirctre autonome pour ses productions de semences de couverts la leacutegislation interdisant dons eacutechanges ou ventes entre agriculteurs mecircme pour des espegraveces et varieacuteteacutes libres de droit drsquoobtenteurs ou plus disponibles sur le marcheacute les semences commerciales ne sont pas forceacutement optimales pour les systegravemes et restent oneacutereuses utiliseacutees agrave bonne dose

Plus aucune de ces fermes nrsquoutilise drsquoinsecticides que ce soit en foliaire au sol ou en traitement de semences sur quelques cultures que ce soient ni drsquoanti-limaces Des fongicides ne sont appliqueacutes qursquoexceptionnellement sur les ceacutereacuteales agrave paille et colza au quart ou agrave la moitieacute des doses preacuteconiseacutees lorsque des conditions climatiques propices au deacuteveloppement des champignons pathogegravenes surviennent agrave un stade critique de ces cultures Les herbicides demeurent agrave faible dose principalement

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

38

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

pour le controcircle des couverts Les apports drsquoazote mineacuteral sur ceacutereacuteales agrave paille et maiumls diminuent progressivement pour atteindre 10 agrave 12 uniteacutes par tonne de grains une efficience quasi doubleacutee en comparaison des exploitations avoisinantes Toutes ces fermes qui pratiquent les SCV depuis plus de 15 ans obtiennent les meilleures performances techniques (rendement qualiteacute nutritive et sanitaire des grains) dans leurs reacutegions respectives elles ont dans le mecircme temps reacuteduit leurs charges en intrant et carburant de 39 par rapport agrave des itineacuteraires dits raisonneacutes (travail du sol simplifieacute dose drsquointrants modeacutereacutee) agrave 58 par rapport agrave des reacutefeacuterences ayant recours au travail du sol conventionnel et aux pleines doses drsquointrants

Sur tous ces reacutesultats Lucien communique beaucoup avec fougue et passion hellip mecircme si apregraves une vie au contact des acteurs du deacuteveloppement et de la recherche au Breacutesil lrsquoinertie parfois bavarde et suffisante de lrsquoagriculture franccedilaise ne cesse de le surprendre au vue de la crise dans laquelle se deacutebat une immense majoriteacute de producteurs et lrsquoeacutetat geacuteneacuteral de nos sols

Quels enseignements pour lrsquoavenir de notre agriculture

Il y a tant agrave retenir de ce parcours immense pour qui voudrait continuer le travail de Lucien Seacuteguy sur les chemins du deacuteveloppement et de la connaissance des CV agrave travers le monde

Pratiquer les SCV crsquoest vouloir orchestrer la transformation des milieux que lrsquoon cultive par et pour la puissance du veacutegeacutetal Crsquoest penser et organiser des flux puissants de biomasses continu lrsquoeacutenergie solaire par les plantes et la vie du sol Nous savons aujourdrsquohui que cela neacutecessite de maintenir les sols couverts en permanence de mobiliser une grande diversiteacute veacutegeacutetale diversifieacutees pour capter stocker et restituer en au sein des rotations via des couverts multi-speacutecifiques et de reacuteussir

agrave abandonner toute forme de travail du sol Ce dernier point est tregraves deacutebattu peut-ecirctre car il est le symbole le plus embleacutematique drsquoun changement de modegravele radical sucircrement parce qursquoil est celui qui pose le plus de problegravemes de mise en oeuvre dans les phases de transition et pour certaines cultures pour lesquelles des reacutefeacuterentiels techniques solides manquent encore Il est pourtant celui pour lequel la connaissance scientifique est la plus solidement eacutetablie travailler le sol mecircme de faccedilon superficielle et eacutepisodique nuit partout que lrsquoon soit dans la Niegravevre au Queacutebec ou au cœur du Mato Grosso agrave la vie du sol et aux capaciteacutes de stockage et de restitution de lrsquoeacutenergie qursquoelle construit Travailler le sol crsquoest se condamner agrave faire un travail de Peacuteneacutelope toujours deacute faire dans la nuit du sol ce que les plantes photosyntheacutetis(s)ent le jour Crsquoest se condamner agrave rester dans un entre-deux technique agrave se couper drsquoune effectiviteacute pleine entiegravere et continue des processus naturels qui viennent organiser la fertiliteacute des sols et contribuer au controcircle des bio-agresseurs de nos cultures Crsquoest par le respect de ces 3 principes pratiques des SCV que les apports importants et continus de matiegravere organique nourrissent une biodiversiteacute microbienne et inverteacutebreacutee de plus en plus riche complexe et foisonnante et que peuvent srsquoauto-organiser nos sols cultiveacutes

Deacutevelopper des systegravemes de culture et de production en SCV requiert tout drsquoabord drsquoabandonner lrsquoideacutee de recette applicable pour se lancer dans lrsquoexploration libre mais meacutethodique drsquoun immense champ de possibles Cela demande drsquoimaginer et apprendre agrave mener des rotations reacutepondant agrave nos objectifs de

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

39

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

production ougrave cultures et couverts veacutegeacutetaux se relaient pour tendre vers des sols couverts 365 jours sur 365 Cela demande aussi au deacutebut de lrsquoaudace pour rompre les amarres avec le confort rassurant des pratiques conventionnelles institueacutees Crsquoest accepter drsquoen passer par des deacutecisions contraires agrave ce que lrsquoon nous a appris agrave ce que lrsquoon nous recommande Crsquoest refuser de voir un salut dans la laquo high tech raquo preacutetendument reacutevolutionnaire que lrsquoon impose agrave des agriculteurs surendetteacutes pour oser la complexiteacute du vivant et lrsquoautonomie Crsquoest entrer pour la premiegravere fois avec le semoir dans un laquo gros raquo couvert veacutegeacutetal plus tard preacutefeacuterer semer agrave la voleacutee dans des couverts vivants ou par-dessus des cultures murissantes hellip en se demandant tout de mecircme pour une fois agrave lrsquounisson avec les voisins si lrsquoon nrsquoest pas devenu un peu dingo Crsquoest aussi se retenir de faire cet insecticide en acceptant lrsquoideacutee qursquoil y a plus agrave terme agrave y perdre qursquoagrave y gagner preacutefeacuterer nourrir des ravageurs en les leurrant plutocirct que de les tuer et renoncer agrave leurs ennemis naturels etc Toutes ces remises en questions des pratiques courantes dissolvent lrsquoun apregraves lrsquoautre les repegraveres en vigueur et srsquoapparentent au franchissement drsquoun miroir derriegravere lequel se cueillent les beacuteneacutefices que nous servent les processus naturels activeacutes un miroir derriegravere lequel aussi les systegravemes avec travail du sol apparaissent pour ce qursquoils sont absurdes et contre-nature Cette transformation de nos faccedilons de cultiver nous a transformeacute autant que nos sols et nos exploitations et pourtant nous sommes conscients drsquoecirctre agrave lrsquooreacutee drsquoun immense territoire que nous commenccedilons agrave peine agrave explorer source de confiance en lrsquoavenir et drsquoune humiliteacute heureuse Lucien Seacuteguy voulait avancer sans relacircche dans ce territoire de la biodiversiteacute et du geacutenie veacutegeacutetal au service drsquoune agriculture toujours plus propre et performante La recherche eacuteprouve aussi des difficulteacutes pour srsquoemparer de ces eacutetranges objets techniques que sont les systegravemes de culture agrave base de semis direct sur couverture veacutegeacutetale ces objets techniques deacuteroutent car ils tirent leur efficience des processus naturels qursquoils activent des processus naturels qui dans la dureacutee organisent nos sols et donnent aux eacutecosystegravemes que nous cultivons leurs grandes fonctions de gestion de la fertiliteacute et drsquoautoreacutegulation des nuisibles divers adventices phytophages maladies hellip

Cette meacutediation essentielle du naturel creacutee une distance entre le geste pratique et lrsquoeffectiviteacute associeacutee mesurable dans nos parcelles et nos fermes Elle rend ainsi les approches factorielles de lrsquoagronomie classique fondeacutees sur les analyses des liens preacutesupposeacutes entre pratique et effet impropres agrave lrsquoeacutetude et agrave la conception de ces systegravemes Car ceux-ci ne reacutesultent pas drsquoune combinaison de facteurs mais sont creacuteation eacutemergente drsquoun milieu cultiveacute complexe et transformation concomitante des perceptions et connaissances de celles et ceux qui les pratiquent

Crsquoest pour nous avoir aideacutes agrave nous engager dans cette double transformation que nous tenions ici agrave te remercier Lucien Puisse ton formidable legs ecirctre compris et repris par des acteurs et politiques clairvoyants courageux et ambitieux

[1]Jean-Claude Quillet Hubert Charpentier Christian Abadie Sandrine Gallon amp Alain Coudrillier Noeumll amp Lydie Deneuville Bertrand et Patrick Aubeacutery hellipArticle publieacute sous une autre mise en page dans la revue TCS (Techniques Culturales Simplifieacutees) - laquo Agronomie Eacutecologie et Innovation - TCS Ndeg 108 Juin-Juillet-Aoucirct 2020 raquoArticle reacutedigeacute avec les sources de httpopen-libraryciradfr

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

40

Trimestrielle - Edition N

deg 10

SUCCESS STORIESJO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

Lrsquoapproche laquo paysan agrave paysan raquo par le projet MANITATRA II rocircles des Paysans Leaders (ou paysans relais)

TOKIHERINIONJA Tanjonarilesa Fernand Chef de ProjetRAKOTONDRAMANANA Directeur Exeacutecutif du GSDM

Contexte

Depuis le 20 juillet 2018 le GSDM assure la mise en œuvre du projet intituleacute laquo

MANITATRA II raquo Ce projet est financeacute par lrsquoUE par lrsquointermeacutediaire du COMESA dans le cadre du programme Global Climate Change Alliance Plus (GCCA+) des pays drsquoAfrique des Caraiumlbes et du Pacifique (Intra ACP) conformeacutement agrave lrsquoaccord de subvention NdegCC000418 signeacute par le COMESA et le GSDM Le projet est preacutevu pour couvrir une dureacutee de 3 ans

Lrsquoobjectif geacuteneacuteral du projet eacutetant de soutenir la mise agrave lrsquoeacutechelle de lrsquoAgriculture Climato-Intelligente (ACI) pour atteacutenuer les changements Climatiques et ameacuteliorer la seacutecuriteacute alimentaire agrave Madagascar Pour cela il cible la reacutegion de Vakinankaratra et couvre deux eacutecosystegravemes diffeacuterentes le Moyen-Ouest et les Hautes Terres en intervenant successivement au niveau de 07 et 10 Communes Rurales Et pour atteindre ces objectifs le projet a opteacute pour une approche de diffusion laquo paysan agrave paysan raquo Cette approche a eacuteteacute deacutejagrave testeacutee durant la peacuteriode du projet MANITATRA I (2014 -2015) dans les reacutegions du Vakinankaratra et du Sud - Est

Les paysans leaders (ou paysans relais) sont les pierres angulaires de lrsquoapproche de diffusion de paysan agrave paysan Ils ont eacuteteacute choisis et formeacutes par les techniciens du projet lrsquoeacutequipe du GSDM central et drsquoautres partenaires (Ceffel ADTRMAPDRA DRAEP Vakinankaratra) afin drsquoacqueacuterir les bagages neacutecessaires agrave la transmission des connaissances agro-eacutecologiques agrave leurs paires

Pourquoi cette eacutethodologie

La proximiteacute des paysans leaders avec les producteurs autour permet de corriger les limites de lrsquoapproche laquo technicien agrave paysan raquo qui ne garantit pas toujours une peacuterenniteacute des actions

initieacutees par les projets et qui coucircte nettement plus cher aux projets En effet le fait que les paysans leaders soient issus du lieu drsquointervention leur permet de parler le mecircme langage alors que les techniciens se heurtent geacuteneacuteralement aux barriegraveres des logiques paysannes qui peuvent ecirctre difficiles agrave percer Par ailleurs lrsquoapproche laquo paysan agrave paysan raquo preacutesente un coucirct nettement reacuteduit par rapport agrave lrsquoapproche laquo technicien agrave paysan raquo De plus les paysans leaders resteront toujours dans leur village une fois le projet termineacute Ainsi ils resteront des personnes ressources et continueront agrave donner des conseils aux paysans autour

Choix des paysans leaders

Lrsquoidentification des paysans leaders constituait la premiegravere mission de lrsquoeacutequipe au tout deacutebut du projet Crsquoest une eacutetape cruciale car un mauvais choix de paysan leader fait perdre beaucoup de temps au projet Un certain nombre de critegraveres a eacuteteacute mis en place afin de reacuteduire au maximum ce risquebull Ecirctre paysan de profession (agriculteur

eacuteleveur hellip)bull Possession drsquoune parcelle individuelle drsquoune

surface de 05 agrave 1ha deacutedieacutee agrave la pratique personnelle de lrsquoagro-eacutecologie

bull Ecirctre majeurbull Savoir compter lire et eacutecrirebull Ayant des expeacuteriences en matiegravere drsquoanimation

etou vulgarisation des techniques innovantesbull Ayant une sorte de leadership naturel aupregraves

des villageoisbull Habitant dans la zone drsquointervention du

projetbull De bonne reacuteputationbull Sans affiliation directe avec un parti politiquebull Non engageacute avec drsquoautres organismes

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

41

Trimestrielle - Edition N

deg 10

SUCCESS STORIES

Rocircle des paysans leaders et fonctionnement dun CEP

Les responsabiliteacutes des paysans leaders consistent agrave appuyer les techniciens dans le processus de diffusion de lrsquoagro-eacutecologie Ils doivent obligatoirement geacuterer au sein de leur exploitation un Champ Ecole Paysanne (CEP) individuel ougrave ils vont pratiquer les diffeacuterentes pratiques agro-eacutecologiques promues par le projet Les mises en place au niveau du CEP permet aux techniciens du projet de former et dassurer le recyclage des diverses pratiques agro-eacutecologiques Les formations des paysans leaders sont alors beaucoup plus pratiques que theacuteoriques Ce qui est plus approprieacutee pour ces paysans leaders Ils doivent pour ce faire appliquer rigoureusement les directives fournies par les techniciens Les paysans leaders assurent lrsquointeacutegraliteacute des charges lors des mises en place et entretiens des cultures au niveau du CEP que ce soit en intrants ou main drsquoœuvre Seules les semences de plantes de couvertures qui ne sont pas disponibles dans la zone que le projet leur fourni

Les CEP servent de lieu de formation et de visites eacutechanges organiseacutees par les paysans leaders pour leurs paires A la suite de ces sessions les paysans inteacuteresseacutes par une ou plusieurs pratiques agro-eacutecologiques au niveau des CEP seront accompagneacutes par les paysans leaders afin de les dupliquer au sein de leur exploitation respective Les paysans leaders couvrent geacuteneacuteralement une zone dans un rayon de cinq agrave dix kilomegravetres autour de leur lieu de reacutesidence soit trois agrave quatre fokontany en moyenne Ils sont agrave cet effet eacutequipeacutes drsquoune bicyclette comme moyen de locomotion et des bacircches de formation comme outils lors des seacuteances drsquoanimation Le projet leur dote aussi des bonbonnes et des pulveacuterisateurs leur permettant drsquoappliquer certaine techniques particuliegraveres comme la fabrication de compost liquide et les laquo ady gasy raquo

Engager les paysans leaders dans le processus de diffusion de lrsquoagro-eacutecologie ne signifie pas pour

autant les deacuterouter de leur vocation de paysan Ils ne sont pas des salarieacutes du projet Crsquoest drsquoailleurs pour cette raison que le GSDM a fixeacute par contrat une dureacutee effective de travail maximal de sept jours par mois Par contre le projet leur accorde une compensation journaliegravere de 10000Ar pour leurs interventions

Rocircles des techiciens

Pour MANITATRA II ce sont les paysans leaders qui assurent la diffusion des techniques agro-eacutecologiques promues par le projet Les techniciens jouent le rocircle de facilitateur afin que les paysans leaders puissent atteindre leurs objectifs Ainsi les techniciens encadrent techniquement les paysans leaders Ils ont dans ce sens la responsabiliteacute de faire des suivis des actions meneacutees par les paysans leaders et de les appuyer durant les seacuteances de conseil drsquoanimation et de formation Ils effectuent eacutegalement des appuis sur la mise en place des champs eacutecoles paysans (CEP) sur lesquels les riverains vont pouvoir appreacutecier les eacutetendues de lrsquoapplication des techniques appliqueacutes en agro-eacutecologie Les techniciens fixent les objectifs agrave atteindre selon les attentes du projet Pour MANITATRA II le ratio moyen est drsquoun technicien pour 7 paysans leaders encadreacutes

Perspectives pour les paysans leaders

Ces paysans leaders sont formeacutes reacuteguliegraverement sur diverses theacutematiques par le GSDM Cela afin qursquoils puissent assumer pleinement leurs responsabiliteacutes Lrsquoobjectif eacutetant qursquoils puissent agrave plus long terme devenir prestataire en tant que paysan formateur au niveau des entiteacutes qui auront besoin de leurs services agrave lrsquoinstar du FDA

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

42

Trimestrielle - Edition N

deg 10

SUCCESS STORIES

Laissons parler les paysans

Rindra Sandratriniaina Assitant Chef de projet RAKOTONDRAMANANA Directeur Exeacutecutif du GSDM

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Les reacutesultats obtenus de la deuxiegraveme anneacutee du projet MANITATRA II ont fournis des

enseignements conseacutequents quant aux techniques adopteacutees par les paysans et des inteacuterecircts que ces derniers avaient tireacute de ces adoptions Dans le moyen ouest comme sur la haute terre du Vakinankaratra la pratique du riz pluvial sur mulch de mucuna ont vraiment fait ses preuves Le riz pluvial associeacute au cajanus quoiqursquoen cours drsquoessais a deacutejagrave fourni des reacutesultats probants Les diffeacuterents niveaux drsquoameacutenagement coupleacutes avec les reboisements et la gestion des matiegraveres organiques sont tout autant de techniques que les quelques paysans des communes de Fidirana drsquoAntohobe et de Soavina vont nous deacutelivrer dans ce numeacutero 10 du journal de lrsquoagro-eacutecologie

Drsquoabord M Rakotomanantsoa Modeste drsquoAmbohibolakely de la commune rurale de Fidirana teacutemoigne de son inteacuterecirct quant agrave la pratique du riz pluvial sur mulch de mucuna

Avant cette pratique nous ne pouvions produire qursquoautour de 1tha pour le riz pluvial Actuellement le rendement peut aller jusqursquoagrave 5tha Le mucuna nrsquoagit pas seulement sur la restauration de la fertiliteacute du sol mais aussi sur le nettoyage des parcelles par rapport aux diffeacuterentes pestes veacutegeacutetales qui envahissaient nos parcelles Il srsquoest aveacutereacute que le mucuna permet aussi de lutter contre certains ravageurs de culture Pour nous loin fut le temps ougrave nous eacutetions frustreacutes de la plantation de cette leacutegumineuse non comestible qui accaparait nos surfaces cultivables car vu lrsquointeacuterecirct qursquoy portent le grand nombre la plantation de celle-ci nous engendre deacutesormais des revenus drsquoappoints

En outre je produits aussi du lombricomposte Lrsquoobjectif est toujours eacuteteacute de sevrer notre exploitation de lrsquoutilisation drsquoengrais chimique Avec lrsquoavegravenement des techniques de seacuteparations

de vers drsquoavec le composte la production nrsquoest plus peacutenible comme avant Il nous faut juste surveiller lrsquohumiditeacute la tempeacuterature lrsquoeacutetat du lombricomposteur et enfin veiller agrave ce que les lombrics aient toujours du preacutecomposte precirct agrave lrsquoemploi Je lrsquoutilise surtout dans la production de riz pluvial le maiumls et la production de plants drsquoarbre en peacutepiniegravere ou ccedila mrsquoa permis non seulement de produire des beaux plants mais aussi de beaucoup reacuteduire lrsquoinvasion des ravageurs

Ensuite Razafindrakoto Edouard drsquoAmbohibolakely de la commune de Fidirana stipule que parmi toutes les techniques vulgariseacutees par le GSDM agrave travers le projet MANITATRA II la plantation de mucuna et celle qui apporte le plus drsquointeacuterecircts

Quand je nrsquoavais utiliseacute que des fumiers de parc les fano (heteronicus) et ses vers blancs ont causeacute beaucoup de deacutegacirct sur mes riz et mes maiumls Actuellement en combinant mulch de mucuna et utilisation du lombricomposte nous avons pu doubler notre production Elle permet en effet drsquoeacuteliminer les menaces dues aux attaques des ravageurs de culture et entretien la fertiliteacute du sol

De son cocircteacute Rakotoarijaona Alfred affirme que donner lrsquoexemple sur ses habitudes culturales mis en pratique au niveau de son champ eacutecole paysan (CEP) fait partie de son quotidien de paysan leader (PL)

Il propose entre autre lrsquoameacutenagement en courbe de niveau des parcelles en pente et les techniques de fabrication des diffeacuterents types de compost

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

43

Trimestrielle - Edition N

deg 10

SUCCESS STORIESJO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

comme moyen de gestion durable du sol Lrsquoassociation du riz pluvial avec le cajanus lui a donneacute un excellent reacutesultat Semeacute au moment de la montaison le cajanus associeacute au riz pluvial nrsquoa manifesteacute aucune sorte de concurrence Il ne se ramifie qursquoapregraves la reacutecolte du riz Durant lrsquointersaison il se deacuteveloppent de maniegravere agrave couvrir les parcelles et les preacuteservent des invasions drsquoadventices Le cajanus est connu pour son travail naturel du sol et une production de biomasse pouvant servir au compostage En fin de cycle il fournit aussi drsquoeacutenorme quantiteacute bois pour les cuissons

Pour M Ralaisa Pierre Solofoniaina lrsquoapplication de lrsquoagriculture de conservation a permis de mieux geacuterer ses parcelles surtout vis-agrave-vis des pheacutenomegravenes drsquoeacuterosion

Jrsquoavais mis en place des courbes de niveau sur mes parcelles puis jrsquoai installeacute de couverture veacutegeacutetale comme le mucuna Depuis je ne travaille plus mes terres et les sarclages sont deacutesormais moins contraignants Je me suis eacutegalement aperccedilu que les effets du striga se sont beaucoup amoindris Comme reacutesultats si avant pour le riz pluvial nous ne pouvons obtenir qursquoenviron 1tha maintenant nous arrivons agrave produire 40kg de paddy par are soit dans les 4tha Jrsquoai entrepris ces travaux car je vise surtout lrsquoavenir de mes enfants Je dois ecirctre en mesure de leur leacuteguer de la bonne terre) raquo

Rabemanantsoa Gilbert drsquoAnkily du Fokontany drsquoAntampondravola un alevineur professionnel avait beacuteneacuteficieacute des appuis sur la protection des bassins versants autour de ses bassins piscicoles

Les appuis du projet MANITATRA II mrsquoa permis de mettre agrave jour mes techniques drsquoalevinage Mais le plus important eacutetait ces ameacutenagements

des versants autour de mes bassins piscicoles Nous nous y sommes mis pour combattre le fleacuteau drsquoeacuterosion qui agrave chaque peacuteriode de pluie menacent drsquoensabler nos bassins Les versants ameacutenageacutes sont actuellement stabiliseacutes avec des haies vives de cajanus renforceacutes avec du brachiaria et diverses plantes de couverture

Depuis longtemps je pratique aussi le lombricompostage Il mrsquoa permis de reacuteduire lrsquoutilisation des produits chimiques et surtout drsquoalleacuteger les peines relatives au transport vers les parcelles Quand la population de lombrics augmente il mrsquoarrive de les reacuteguler en preacutelevant une certaine quantiteacute pour nourrir mes poissons

Du cocircteacute de la commune drsquoAntohobe Mme Rafanjanirina Jeanne Philomegravene a entrepris la restauration de la fertiliteacute de ses parcelles apregraves quelque heacutesitation

Il y a 2 ans le technicien du projet Manitatra travaillant dans notre commune nous a animeacute sur les techniques de restauration de la fertiliteacute du sol Au deacutebut je nrsquoeacutetais pas vraiment convaincue du bien-fondeacute de ces techniques mais apregraves avoir assisteacute agrave une visite eacutechange au niveau du site drsquoIvory et apregraves avoir constateacute la reacuteussite de mon fregravere sur le reboisement jrsquoai deacutecideacute de mrsquoy mettre Nous avons adopteacute le lombricompostage et la fabrication de biopesticide Reacutecemment nous avons constateacute que lrsquoassociation de mucuna avec le maiumls permet de proteacuteger ces derniers contre les attaques de chenilles

Avant nous avons comme habitude drsquoutiliser du cendre du riz pluvial et nous nrsquoavons pu obtenir que 240kg de paddy par are Apregraves lrsquoutilisation du lombricompost la mecircme surface nous a donneacute 320kg agrave 400kg Sur la production de tomate avant nous ne pouvons faire que 4 reacutecoltes maintenant avec le lombricompost ccedila peut aller jusqursquoagrave 6 voire 7 reacutecoltes

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

44

Trimestrielle - Edition N

deg 10

SUCCESS STORIESJO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

A Soavina Rasoanindrina Wivine eacutetait pris drsquoeacutetau par une grande parcelle qursquoelle avait preacutevu drsquoabandonner car elle ne lui permettait plus de produire grand-chose

En effet ladite parcelle eacutetait non seulement deacutegradeacute mais eacutetait aussi envahi par le striga et le kidoronrsquoalika (Acantospermum austral) A la suite drsquoune reacuteunion de sensibilisation organiseacutee par le technicien posteacute agrave Soavina jrsquoavais deacutecideacute drsquoy planter du mucuna et du Stylosanthes associeacute avec un peu de maiumls et du riz pluvial Degraves la premiegravere anneacutee une ameacutelioration du rendement en riz srsquoeacutetait fait ressentir A la

deuxiegraveme anneacutee malgreacute la seacutecheresse le riz eacutetait drsquoune tregraves bonne veacutegeacutetation mais lrsquoinsuffisance de pluie au moment de la floraison dans notre reacutegion ne nous a pas permis drsquoobtenir des graines

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

45

Trimestrielle - Edition N

deg 10

ACTUALITES

Dans le cadre du Projet MANITATRA II sur financement du COMESAUnion

Europeacuteenne (11egraveme FED agrave destination des pays ACP dans le cadre de lrsquoAlliance Mondiale pour le Climat) le GSDM srsquoest lanceacute dans la production et la reacutealisation drsquoun film drsquoanimation 3D sur la base de son livret ludique un guide de formation conccedilu pour lrsquoapprentissage de lrsquoAgro-eacutecologie et de lrsquoeacuteducation environnementale en milieu scolaire Lrsquoobjectif eacutetant de renforcer la promotion de lrsquoAgriculture Climato-Intelligente au niveau national et drsquoappuyer la prise en compte de lrsquoAgro-eacutecologie dans les politiques publiques et les projetsprogrammes Dans ce sens ce film drsquoanimation 3D constitue un outil de plaidoyer mais eacutegalement un support de formation drsquoanimationsensibilisation

Lrsquoideacutee drsquointeacutegrer lrsquoAgro-eacutecologie dans tous types de formation essentiellement dans lrsquoenseignement de base agrave Madagascar a eacuteteacute eacutevoqueacutee depuis bien des anneacutees lors des diffeacuterents ateliers et eacutevegravenements

organiseacutes par le GSDM Cette reacuteflexion a eacuteteacute soutenue aussi bien par lrsquoAdministration que par les partenaires techniques et financiers mais eacutegalement par les diffeacuterents acteurs de deacuteveloppement impliqueacutes œuvrant dans le secteur du deacuteveloppement durable

Lrsquointeacutegration de lrsquoAgro-eacutecologie en milieu scolaire a eacuteteacute initieacutee par le GSDM en 2017 au travers du projet PAPAM sur financement de lrsquoAFD Il eacutetait preacutevu de seacutelectionner 6 eacutetablissements publics etou priveacutes de niveau collegravege dans la reacutegion du Vakinankaratra Au travers des activiteacutes parascolaires lrsquoideacutee eacutetait de former des enseignants pour assurer le transfert de connaissances aux eacutelegraveves de 6egraveme et 5egraveme Avec les acquis de WWF membre du GSDM et la collaboration de lrsquoOEMC aupregraves du Ministegravere de lrsquoEducation Nationale de lrsquoEnseignement Technique et Professionnel un document de concept note a eacuteteacute eacutelaboreacute pour la mise en œuvre drsquoune phase pilote De la

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Un film drsquoanimation 3D sur lrsquointeacutegration de lrsquoAgro-eacutecologie en milieu scolaire pour la vulgarisation de lrsquoAgro-eacutecologie au niveau national

LrsquoEducation agrave lrsquoinverse une maniegravere de diffuser lrsquoAgro-eacutecologiehelliphelliplrsquoAgro-eacutecologie pour les geacuteneacuterations futures

Equipe GSDM

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

46

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

mission de diagnostic visant lrsquoidentification des eacutetablissements beacuteneacuteficiaires aux missions de formation de conception de supports et de

suivi les eacutetapes de la mise en œuvre ont eacuteteacute reacutealiseacutees sous lrsquoeacutegide de la Direction Reacutegionale de lrsquoAgriculture de lrsquoElevage et de la Pecircche et de la Direction Reacutegionale de

lrsquoEducation Nationale de lrsquoEnseignement Technique et Professionnel Un atelier bilan a eacuteteacute organiseacute agrave la fin de lrsquoanneacutee scolaire 2017-2018 pour eacutevaluer et mesurer les impacts de ce

mode laquo drsquoeacuteducation agrave lrsquoinverse raquo ougrave les enfants forment leurs parents pour un changement de paradigme

Le succegraves de la phase pilote a tout particuliegraverement susciteacute lrsquoattention de nombreux partenaires techniques et financiers souhaitant investir dans lrsquoeacuteducation des jeunes dans le cadre du deacuteveloppement durable Une extension des activiteacutes a eacuteteacute ainsi programmeacutee au travers du projet MANITATRA II sur financement du COMESAUnion Europeacuteenne pour 3 anneacutees scolaires conseacutecutives 20182019 - 20192020 et 20202021 Six (6) nouveaux eacutetablissements ont eacuteteacute seacutelectionneacutes selon les critegraveres du projet Pour la peacuterennisation des actions le projet MANITATRA II a maintenu lrsquoappui technique au niveau des eacutecoles PAPAM A lrsquoissu de lrsquoatelier bilan organiseacute agrave la fin de lrsquoanneacutee scolaire 2018-2019 la sollicitation du GIZProSol sur financement de la Coopeacuteration Allemande a emmeneacute agrave lrsquoextension des activiteacutes au profit de 8 nouveaux eacutetablissements dans la Reacutegion Boeny

Les beacuteneacuteficiaires directes sont actuellement au nombre de 3897 eacutelegraveves reacutepartis au niveau de 20 eacutetablissements dont 3 047 dans la reacutegion de Vakinankaratra et 850 dans la reacutegion

Boeny Cette eacuteducation agrave lrsquoinverse touche eacutegalement les parents le corps eacuteducatif les paysans aux alentours mais aussi les acteurs de deacuteveloppement et les deacutecideurs

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

47

Trimestrielle - Edition N

deg 10

AGRO-ECOLOGIE EN PHOTOJO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

Le Comiteacute de pilotage du Projet MANITATRA II sest reacuteuni pour la 2egraveme fois le 24 septembre

2020 pour lexamen du rapport dactiviteacute de lanneacutee 2 et de la programmation des activiteacutes de lanneacutee 3

Ont reacutepondu preacutesent le DGA du MAEP en sa qualiteacute de Peacutersident du Comiteacute le PCA du GSDM le Vice-Preacutesident

du CA du GSDM le Directeur du Deacuteveloppement Reacutegional du Vakinankaratra le DRAEP Vakinankaratra le DREDD Vakinankaratra et le Repreacutesentant du MEDD par le biais de son Conseiller Technique

Reacuteunion du comiteacute de Pilotage du projet Manitatra II le 24 Septembre 2020

Les journeacutees Agro-eacutecologiques du Vakinankaratra se sont tenues les 19 et 20 mars 2020 Ces

2 journeacutees ont eacuteteacute consacreacutees pour le partage des acquis et expeacuteriences en Agro-eacutecologie face au deacutefis du changement climatique et de linseacutecuriteacute alimentaire On a vu la participation de lAdministration au travers du Ministegravere de lAgriculture de lElevage et de la Pecircche du Ministegravere de lEnvironnement et du Deacuteveloppement Durable du Ministegravere de lEducation Nationale de la Direction de la meacuteteacuteorologie des autoriteacutes locales des partenaires techniques et financiers des beacuteneacuteficiaires et des journalistes

La premiegravere journeacutee a eacuteteacute deacutedieacutee agrave la visite des reacutealisations en Agro-eacutecologie suivie dun atelier de restitution le 2egraveme jour Tant sur le terrain quau travers des teacutemoignages en salle lactiviteacute lieacutee agrave linteacutegration de lAgro-eacutecologie en milieu scolaire a succiteacute lattention des participants Cette mode deacuteducation agrave linverse ougrave les enfants forment leurs parents a tout particuliegraverement toucheacute de nombreux meacutenages Desormais les parents souhaitent ecirctre formeacutes sur diffeacuterents theacutematiques en Agro-eacutecologie tels que le compsotage lAgriculture de conservation et lAgroforesterie

Objectif atteint pour le GSDM la reacuteussite de cet eacutevenement est ducirc agrave la participation active des diffeacuterents intervenants En vue dune agriculture durable la peacutereacutenisation des acquis et limportance de la prise en compte de lAgro-eacutecologie dans les politiques publiques a eacuteteacute souleveacutee et approuveacutee

Journeacutees Agro-eacutecologiques du Vakinankaratra les 19 et 20 mars 2020

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

48

Trimestrielle - Edition N

deg 10

Deacutecembre2020

Octobre 2020

Septembre 2020

Novembre 2020

Ont participeacute agrave ce numeacutero bull Mireille RAZAKA - Responsable Communication du GSDMbull Vololoniraisana RANDRIAMIARANA - Agronome du GSDMbull Martin RANDRIAMITANTSOA - Consultant Agronome du GSDMbull Tahina RAHARISON - Consultant Agronome Socio-eacuteconomiste du GSDMbull TOKIHERINIONJA Tanjonarilesa Fernand - Chef de Projet MANITATRA IIbull RAKOTONDRAMANANA - Directeur Exeacutecutif du GSDM

Rubrique laquoLAgro-eacutecologie au niveau nationalraquo WWH - DURRELL - CEFFEL membre du GSDM - GIZProSol Partenaire Technique et FinancierRubrique laquoDossierraquo Collegravegues rapprocheacutes de Lucien SEGUYRubrique laquoRechercheraquo FOFIFA - Dp SPAD - Partenaires techniques Rubrique laquoSuccess Storiesraquo GSDM Vakinankaratra (MANITATRA II)Entiteacute de validation Comiteacute de lecture les membres du GSDM GSDM Copyrigth septembre2020

Site WebFacebook YoutubeRoute drsquoAmbohipo

Lot VA 26 Y AmbatorokaBP 6039 Ambanidia Antananarivo 101 Madagascar

Teacutel (+261) 20 22 276 27

CALENDRIER DIVERS CONTACTS

Site WebFacebook

Teacutel (261 20) 22 200 46 agrave 48Fax (261 20) 22 347 94

afdantananarivoafdfr

23 rue RazanakombanaAmbohijatovo BP 557

AntananarivoMADAGASCAR

Pour de plus amples informations etou pour toutes ameacuteliorations contacter nous au

Ce journal a eacuteteacute financeacute au deacutepart par lrsquoAFD (projet PAPAM) et par le COMESAUE (projet MANITATRA 2) agrave partir de leacutedition Ndeg8

Les membres du GSDM

Direacutecteur Exeacutecutif gsdmdemoovmgResponsable communication razakamireilleyahoofr

Evegravenements

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

- Mission de suivi Alaotra - Mission de suivi Sud-Est- Mission drsquoevaluation et bilan de campagne ATASEF - Formation des techniciens des ONGencadreacutes par ECO-CONSULT - GIZProSol

- Preacutesentation officielle du film drsquoanimation 3D Ny Fambolena maharitraho anny taranaka mifandimby- Atelier bilan eacutecole Manitatra II- Expertise OSDRM dans la Diana

Directeur de publication RAKOTONDRAMANANA DL imprimeur Ndeg - Editeacute en 140 exemplaires

Facebook Site Web

- Atelier recherche et deacuteveloppement - Emission FIVOHY sur la RNM tous les 3egraveme samedis du mois de 08h15 agrave 08h30 du matin

- Campagne culturale grande saison- Journeacutees Agro-eacutecologiques du Sud-Est

Open library

  • Signet 1
Page 12: Edito - gsdm-mg.org

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

12

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Reacutesumeacute

La croissance deacutemographique affecte le secteur eacutelevage qui doit aujourdhui assurer le triple de la production en viande drsquoil y avait cinquante ans De plus les terres ceacutereacutealiegraveres destineacutees agrave

lalimentation animale ont diminueacute alors que la demande en produits dorigine animale na cesseacute daugmenter Pour y remeacutedier il savegravere indispensable de valoriser les ressources alimentaires non conventionnelles qui sont en abondance mais ne sont pas en compeacutetition avec lrsquoalimentation humaine Dans cette optique le FOFIFA-DRZVP a investi plusieurs anneacutees sur lrsquoexploitation de la graine de mucuna dans lalimentation animale Des analyses chimiques de la graine ont montreacute ses qualiteacutes nutritionnelles mais eacutegalement la preacutesence du L-dopamine qui est un facteur antinutritionnel Par ailleurs plusieurs traitements de cette graine ont eacuteteacute testeacutes pour diminuer la teneur en L-Dopamine sans pour autant affecter sa valeur nutritionnelle Des tests sur diffeacuterents types danimaux ont eacuteteacute effectueacutes pour deacuteterminer le traitement le plus efficient pour chaque animal le taux dincorporation du mucuna dans la ration et lefficaciteacute de son utilisation dans lalimentation animale Les reacutesultats ont montreacute que le mucuna est une alternative inteacuteressante pour ameacuteliorer la production animale tant sur le plan social que sur le plan eacuteconomique

Valorisation du mucuna pour lalimentation des animaux de rente agrave Madagascar

RAZAFINARIVO Tsirinirina Donnah RAKOTOMANANA Olga Rachel RAPATSALAHY SabineFOFIFA - DRZVP (Deacutepartement de recherches Zootechniques Veacuteteacuterinaires et Piscicoles )

Introduction

Ces six derniegraveres deacutecennies la consommation globale de viande nrsquoa cesseacute drsquoaugmenter Elle a mecircme tripleacute en un demi-siegravecle En 2018 elle a atteint les 342 millions de tonnes (FAO) Cette tendance est tregraves marqueacutee dans les pays en deacuteveloppement comme Madagascar car elle srsquoest accrue de plus de 5 durant ces derniegraveres deacutecennies et devrait augmenter de 14 an agrave travers le monde jusqursquoen 2030 (FAO 2014) Les raisons principales en sont la forte croissance deacutemographique lurbanisation et leacuteleacutevation du niveau de vie Selon toujours le FAO (2011) la consommation en viande de volailles sera multiplieacutee de 23 en 2050 contre 14 agrave 18 pour les autres produits animaux Ceci neacutecessite 27 millions de tonnes drsquoaliments suppleacutementaires et 24 millions drsquohectares de terres ceacutereacutealiegraveres additionnelles agrave moins que la proportion de sous-produits et de ressources alimentaires non conventionnelles augmente substantiellement Dans cette optique le laboratoire de nutrition animale du FOFIFA-DRZVP srsquoest investi depuis plusieurs anneacutees sur la valorisation des ressources

non conventionnelles pour lrsquoalimentation animale Ainsi depuis 2012 la graine de mucuna a eacuteteacute valoriseacutee pour lrsquoalimentation des porcs agrave Madagascar dans le cadre drsquoun partenariat entre le FOFIFA et le GSDM Cette valorisation du mucuna srsquoest eacutelargie sur drsquoautres animaux de rente telle effectueacutee dans le partenariat entre le GRET lAVSF et le FOFIFA dans le cadre du projet HOBA ASARA Cet article reacutesume six anneacutees de recherches sur la valorisation du mucuna pour lrsquoalimentation animale agrave Madagascar

Contexte

Le pois mascate (Mucuna pruriens ou Dolichos pruriens) est une plante annuelle quon retrouve dans les reacutegions tropicales de lInde et de lAfrique (Figure 1) Le mucuna est surtout connu pour ses vertus en meacutedecine (plante revitalisante et aphrodisiaque action sur la production de testosteacuterone de dopamine etc)

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

13

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Derniegraverement ses inteacuterecircts en agronomie sur lrsquoameacutelioration du rendement du riz pluvial sur reacutesidus de maiumls + mucuna et ceux du maiumls en association avec le mucuna ont eacuteteacute publieacutes par le GSDM Ces rendements repreacutesentent 3 agrave 4 fois les rendements obtenus sur labour en sol nu (sans couvert veacutegeacutetal) avec les mecircmes doses de fertilisation (GSDM 2020) Cette capaciteacute des systegravemes agrave base de mucuna sur le rendement en plus de ses effets contre les mauvaises herbes et contre les insectes observeacutee sur plusieurs anneacutees justifie sa large diffusion actuelle chez les paysans De plus contrairement aux autres leacutegumineuses comme le nieacutebeacute (Vigna unguculata) le haricot le soja ou le Vigna umbellata (tsiasisa) le mucuna nrsquoest pas attaqueacute par les chenilles (Helicoverpa armigera) ou les chenilles leacutegionnaires drsquoautomne (Spodoptera frugiperda) (RAKOTONDRAMANA et al 2018) Ainsi suite agrave des anneacutees de production les graines de mucuna issue de ce systegraveme deviennent de plus en plus nombreuses Par ailleurs il srsquoavegravere judicieux de les valoriser dans lrsquoalimentation animale En tant que leacutegumineuse les graines de mucuna sont relativement riches en proteacuteine (composant le plus couteux dans la formulation alimentaire

des animaux) Cette pratique est lrsquoune des bases de lrsquointeacutegration agriculture-eacutelevage (IAE) agrave lrsquoeacutechelle de lrsquoexploitation sur lrsquointensification de la production par la valorisation des produits et reacutesidus pour lrsquoeacutelaboration de rations eacutequilibreacutees aux animaux (Lhoste 2008)

Figure 1 Les varieacuteteacutes de mucuna agrave Madagascar

Analyses en laboratoire

Pour pouvoir utiliser le mucuna dans lalimentation animale il est primordial de deacuteterminer ses valeurs nutritionnelles Ainsi les reacutesultats danalyses ont confirmeacute sa richesse en proteacuteine Cependant malgreacute un taux inteacuteressant en proteacuteine sa valeur biologique est reacuteduite par la preacutesence de la L-Dopa (34- dihydroxyphenylalanine qui est un acide amineacute non proteacuteique) qui est une substance anti-nutritionnelle preacutesente dans la graine de mucuna La L-Dopa est une moleacutecule thermolabile et hydrosoluble Ainsi des hypothegraveses ont eacuteteacute apporteacutees sur les possibiliteacutes de reacuteduire la teneur en L-Dopa dans la graine sans pour autant reacuteduire la teneur en proteacuteine qui est deacutenatureacutee par la chaleur Par ailleurs plusieurs traitements et combinaison de traitements ont eacuteteacute testeacutes (Figure 2) Ces traitements sont suivis drsquoanalyses nutritionnelle et toxicologique (Tableau 1) afin drsquoeacutevaluer le traitement le plus efficient cest-agrave-dire le moins toxique et ayant une valeur nutritionnelle inteacuteressante

Mucuna pruriens utilis jaune

Mucuna pruriens utilis noir

Mucuna pruriens yardghana

Mucuna pruriens IRZ

Mucuna pruriens rajada Mucuna pruriens Mucuna pruriens

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

14

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

MB T1 T2 T3 E1 E2 TE D1 D2 D3 TBic MTMatiegravere Segraveche () 938 949 952 959 945 944 984 828 995 991 939 946Matiegravere Mineacuterale () 35 415 38 40 42 39 41 27 27 19 41 44Cendre Insoluble () 01 01 01 00 01 01 01 01 01 01 01 01Calcium () 04 05 05 04 02 03 02 012 02 156 03 015Phosphore () 07 08 07 07 08 07 08 109 07 052 07 097Proteacuteine Brute () 263 242 235 226 257 238 214 270 217 248 242 243Matiegravere Grasse () 42 44 42 45 50 42 48 - 50 62 52 30L-dopa () 66 595 523 291 315 202 22 - 079 075 296 -

bull Mucuna non traiteacute (MB)bull Mucuna traiteacute trempage (T1 24h T2 48h et T3 72h)bull Mucuna traiteacute par eacutebullition (sur diffeacuterents temps drsquoeacutebullition E1 30min et E2 60min)bull Mucuna traiteacute par trempage suivi drsquoeacutebullition (TE)bull Mucuna deacutepelliculeacute (sur diffeacuterents temps de trempage D1 24h D2 48h et D3 72h) bull Mucuna traiteacute par eacutebullition dans une solution contenant 02 de bicarbonate (TBic)bull Mucuna traiteacute par torreacutefaction (MT)

Figure 2 Traitements du Mucuna

Expeacuterimentations en milieu controcircleacute

Des formulations alimentaires (Provende) agrave base de mucuna ont eacuteteacute effectueacutees puis testeacutees sur des animaux en milieu controcircleacute dans la station de recherche du FOFIFA agrave Kianjasoa Il srsquoagit de comparer les performances zootechniques des porcs et des volailles nourris avec des rations contenant un pourcentage deacutetermineacute de mucuna sur un traitement deacutetermineacute contre des lots teacutemoins de ces mecircmes animaux mais alimenteacutes avec des rations agrave 0 mucuna

RECHERCHES

Tableau 1 Valeurs nutritionnelles et teneur en L-Dopa du mucuna suivant diffeacuterents traitements (en pourcentage de la matiegravere segraveche)

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

15

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Expeacuterimentation sur les porcelets

Les expeacuterimentations ont eacuteteacute reacutealiseacutees sur diffeacuterents taux drsquoincorporation de mucuna (5 10 20 et 40) mais les gains de poids consideacutereacutes comme plus efficaces sont ceux enregistreacutes agrave une incorporation de 20 Par ailleurs le test sur animaux sur trois lots de porcelets recevant respectivement une ration agrave 0 de mucuna 20 mucuna torreacutefieacute et 20 de mucuna traiteacutee par le bicarbonate a eacuteteacute effectueacute Apregraves un mois et demi dexpeacuterimentation sans compter la peacuteriode dadaptation Le Gain moyen quotidien (GMQ) du lot teacutemoin est de 305 g contre 355g pour le lot recevant 20 de mucuna torreacutefieacute et 319 g pour le lot recevant 20 de mucuna traiteacutee au bicarbonate (Figure 3)

Figure 3 Gain moyen quotidien (en gramme) durant 45 jours de 3 lots de porcelets recevant une provende agrave base de mucuna

Ces expeacuterimentations nous montrent que les graines de mucuna peuvent bien ecirctre utiliseacutees dans lrsquoalimentation des porcs malgreacute la preacutesence de la L-Dopa qui nrsquoest pas totalement eacutelimineacutee par les traitements thermiques etou chimiques La comparaison drsquoune ration iso-proteacuteique et iso-eacutenergeacutetique du mucuna traiteacute au bicarbonate nrsquoa montreacute aucune diffeacuterence significative par rapport agrave une ration normale Par ailleurs le traitement par torreacutefaction est consideacutereacute comme efficace pour la ration des porcs La libeacuteration dacide gras durant la torreacutefaction ameacuteliore la palatabiliteacute de la ration et a un effet beacuteneacutefique sur lrsquoindice de conversion alimentaire

Expeacuterimentations sur les volailles

Les volailles repreacutesentent une source preacutecieuse de proteacuteines animales drsquoune grande valeur biologique Son eacutelevage se fait partout dans le monde dans des conditions tregraves variables Mais lrsquoobjectif principal est toujours drsquoavoir une production maximum agrave un coucirct minimum tout en eacutevitant les risques Par ailleurs la compleacutementation des aliments de volailles par le mucuna a eacuteteacute entreprise pour ameacuteliorer la productiviteacute (viande et œufs) Cette ameacutelioration a eacuteteacute entreprise sur les diffeacuterentes races existantes agrave Madagascar poulets de chair poule pondeuse et poulet de races locales Ainsi plusieurs lots de volailles recevant diffeacuterents taux drsquoincorporation de mucuna ont eacuteteacute compareacutes

Pour les poulets de chair quarante poussins de chair vaccineacutes et deacuteparasiteacutes ont eacuteteacute subdiviseacutes en 4 lots de 10 poussins 3 lots recevant respectivement un aliment incorporeacute de 0 10 et 20 de mucuna traiteacute par le bicarbonate 02 et le 4egraveme lot recevant du mucuna traiteacute par le proceacutedeacute D1 agrave 10 Au cours des 45 jours drsquoexpeacuterimentations des peseacutes hebdomadaires ont permis de suivre les performances de croissances de chaque poulet

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

16

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Figure 4 Poids des poulets de chair (en gramme) apregraves 45 jours drsquoexpeacuterimentations

En geacuteneacuteral lrsquoaugmentation du taux drsquoincorporation du mucuna dans la ration affecte la productiviteacute moyenne des poulets de chair qui est inversement proportionnelle agrave ce dernier Les poids finaux sont respectivement 1300g 1100g et 850g pour les 3 lots agrave 0 10 et 20 de Mucuna Il est eacutevident que malgreacute le taux inteacuteressant en proteacuteine et dacide amineacute dans le mucuna sa valeur biologique est reacuteduite par la preacutesence de la L-Dopa et cela affecte consideacuterablement la productiviteacute des poulets de chair Par contre lrsquoincorporation agrave 10 de mucuna deacutepelliculeacute dans la ration des poulets de chair ne preacutesente aucune diffeacuterence significative aux reacutesultats obtenus par la ration agrave 0 de mucuna (Figure 4) Par ailleurs il est donc indispensable de deacutepelliculer le mucuna avant de lintroduire dans la ration des poulets de chair

Pour les poules pondeuses

Trente poulettes precirctes agrave pondre (45 mois) de race Hulyn sp (Figure 6) ont eacuteteacute choisies pour mener lexpeacuterimentation Trois lots de 10 poulettes ont eacuteteacute formeacutes pour recevoir une ration contenant respectivement 0 10 et 20 de Mucuna traiteacutes par le Bicarbonate 02 Ce mecircme dispositif a eacuteteacute utiliseacute pour le test avec le mucuna deacutepelliculeacute Dans cette cateacutegorie le produit principal est lrsquoœuf drsquoougrave notre paramegravetre eacutetudieacute est le taux de ponte ainsi que le calibre des œufs

Figure 5 Performance zootechnique des poules pondeuses

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

17

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Lrsquoenregistrement des donneacutees journaliegraveres de ponte indique qursquoil nrsquoy a pas de diffeacuterences significatives entre les taux de ponte des poulettes recevant 0 et 10 de mucuna Par contre les poulettes nourries avec du mucuna agrave 20 nrsquoont jamais atteint un taux de ponte de 100 ceci pour dire que la teneur eacuteleveacutee en mucuna dans la ration affecte la ponte (Figure 5) Il est donc recommandeacute de ne pas deacutepasser les 10 dincorporation de mucuna dans la ration des poules pondeuses Pour les poules pondeuses nourris avec le mucuna deacutepelliculeacute les reacutesultats enregistreacutes nont pas de diffeacuterence significative avec ceux obtenus par le traitement preacuteceacutedant Par ailleurs nous pouvons opter pour le traitement avec le bicarbonate car ce traitement est moins couteux en termes de travail de temps ainsi que de faciliteacute de preacuteparation Cependant en ce qui concerne la taille des œufs les calibres des œufs des poules alimenteacutes avec une ration agrave 10 de mucuna deacutepelliculeacute sont leacutegegraverement supeacuterieurs agrave ceux des poules nourries avec du mucuna bicarbonateacute 10 (Figure 5) ainsi que ceux du lot teacutemoins agrave 0 Nous pouvons donc tirer une conclusion que le mucuna a un leacuteger effet positif sur les performances des poules pondeuses Le taux dincorporation (infeacuterieur agrave 10) et le traitement (deacutepelliculage) jouent un rocircle important

Figure 6 Introduction du mucuna dans la ration des poules pondeuses

Pour les poulets de races locales (akoho gasy)

Six lots de 20 tecirctes ont eacuteteacute constitueacutes pour recevoir une ration contenant respectivement 0 15 et de 30 de mucuna bicarbonateacute et 0 15 et de 30 de mucuna torreacutefieacute Des traitements sanitaires ont eacuteteacute effectueacutes au preacutealable tels que les vaccinations et les deacuteparasitages Ensuite les performances zootechniques (Poids) ont eacuteteacute mesureacutees toutes les semaines afin de calculer les gains de poids moyens quotidiens (GMQ) Leacutevolution du poids des poulets de races locales Akoho gasy durant 3 mois sur les 6 lots recevant des rations diffeacuterentes agrave base de mucuna nous indiquent quil ny a pas de diffeacuterence significative entre chaque lot Cependant nous pouvons constater que les poulets de races locales peuvent tregraves bien supporter une incorporation de mucuna jusquagrave 30 Pailleurs une vulgarisation de ces reacutesultats en milieu reacuteel au niveau des paysans a eacuteteacute effectueacutee Pour cela deux groupes deacuteleveurs de poulets de race locale ont eacuteteacute seacutelectionneacutes pour tester leur appreacuteciation sur ces deux types de traitement (bicarbonateacute et deacutepelliculeacute) agrave 30 de mucuna

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

18

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Figure 7 Comparaison en milieu reacuteel des performances des poulets de race locale alimenteacute au Mucuna

bull MT1 Mucuna cuit avec du Bicarbonate bull MT2 Mucuna torreacutefieacute bull SM Ration sans mucuna

Apregraves trois mois deacutevaluation coupleacutee de visites de pesage hebdomadaire Il a eacuteteacute constateacute que le gain de poids des poulets nourris par le mucuna bicarbonateacute est plus eacuteleveacute que ceux nourris avec le mucuna torreacutefieacute (Figure 7) Malheureusement face au travail que demande le traitement par le bicarbonate aucun des eacuteleveurs na adopteacute ce traitement apregraves lexpeacuterimentation Selon ces eacuteleveurs la diffeacuterence entre les performances est moindre alors que le traitement au bicarbonate demande beaucoup de travail

Conclusion

Agrave Madagascar le mucuna est principalement cultiveacutee pour ses qualiteacutes dameacutelioration du sol en tant que plante de couverture Cette eacutetude a permis de mettre en eacutevidence la possibiliteacute de lincorporer dans lalimentation des animaux de rente Cependant des traitements preacutealables de la graine doivent ecirctre effectueacutes pour pouvoir le valoriser dans lalimentation animale Ces traitements doivent ecirctre accoupleacutes au taux dincorporation adeacutequate pour que ce dernier ne puisse preacutesenter drsquoeffets neacutegatifs sur la croissance des animaux ni sur lrsquoappeacutetibiliteacute des aliments Les graines de mucuna repreacutesentent donc une opportuniteacute pour les petits producteurs agrave Madagascar Ceci permet drsquoatteindre des objectifs de production eacuteconomiquement inteacuteressants dans le cas drsquoun eacutelevage ameacutelioreacute Au vu de ces reacutesultats lrsquoutilisation des ressources non conventionnelles locales parfois en abondance et nrsquoentrant pas en compeacutetition avec lrsquoalimentation humaine est une alternative inteacuteressante pour ameacuteliorer la production animale Par ailleurs il permet ainsi de reacuteduire consideacuterablement les deacutepenses en eacutelevage constitueacutees en grande partie par le coucirct des aliments

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

19

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

bull bull bull bull bull bull

Utilisation des fumures organiques et des engrais dans les strateacutegies de gestion de la fertiliteacute des sols des exploitations agricoles du Moyen-Ouest de la reacutegion

Vakinankaratra et de la zone Est de la reacutegion drsquoItasy Madagascar

RAZAFIMAHATRATRA Hanitriniaina Mamy (FOFIFA) BEacuteLIEgraveRES Jean-Franccedilois (CIRADART-Dev et FOFIFA) RAHARIMALALA Sitrakiniaina (FOFIFAESSA) RANDRIAMIHARY FETRA SAROBIDY Eddy Josephson (FOFIFAESSA) AUTFRAY Patrice

(CIRADAIDA) RAZANAKOTO Onjaherilanto Rakotovao (ESSA) RAHARISON Tahina Solofoniaina (GSDMMontpellier SupAgro)

Introduction

Dans chacun des numeacuteros 8 et 9 du Journal de lrsquoAgroeacutecologie un article preacutesentait

des reacutesultats sur les pratiques de gestion de la fertiliteacute des sols des exploitations agricoles familiales (EAF) obtenus dans le cadre du projet de recherche SECuRE (Soil ECological function REstoration to enhance agrosystem services in rainfed rice cropping systems in agroecological transition) financeacute par la fondation Agropolis Le premier traitait de la diversiteacute et de lrsquoimportance des pratiques dans les EAF le second preacutesentait les quantiteacutes et la qualiteacute des fumures organiques disponibles en lien avec les pratiques de production et drsquoeacutechanges Ce troisiegraveme article est consacreacute agrave lrsquoutilisation des fumures organiques et des engrais acheteacutes une maniegravere de caracteacuteriser en partie tout au moins les strateacutegies de gestion de la fertiliteacute des sols deacuteveloppeacutees par les EAF

bull Parmi les nombreuses pratiques pour une gestion inteacutegreacutee de la fertiliteacute des sols (Sanginga et Woomer 2009 Liniger et al

2011) lrsquoutilisation de fumure organique et drsquoengrais occupe une place preacutepondeacuterante car les effets agrave court et moyen termes sur la productiviteacute des cultures sont importants Lrsquoanalyse des donneacutees collecteacutees1 dans le cadre de Secure permet de caracteacuteriser les pratiques drsquoutilisation de ces intrants (et drsquoune maniegravere plus large de lrsquoensemble des intrants) notamment par rapport aux cultures pratiqueacutees et aux superficies cultiveacutees annuellement Lrsquoarticle est structureacute en trois parties la premiegravere concerne lrsquoacquisition de fertilisants suppleacutementaires avec les engrais commerciaux et les cendres la seconde preacutesente les pratiques quantifieacutees drsquoutilisation de la fertilisation disponible (fumure organique locale cendres et engrais commerciaux) en fonction des cultures enfin la derniegravere partie conclue avec quelques recommandations pour le deacuteveloppement

1 Ces reacutesultats ont eacuteteacute obtenus avec un eacutechantillon drsquoEAF localiseacutees dans le Moyen-Ouest de la reacutegion Vakinankaratra et dans la zone Est de la reacutegion Itasy Pour plus drsquoinformations le lecteur est inviteacute agrave se reporter au ndeg8 de JAE ou sur le site du projet (httpswwwsecuremgle-projet-secure) Il faut rappeler que les reacutesultats sont repreacutesentatifs des fokontany dans les zones drsquoeacutetude car lrsquoeacutechantillonnage des EAF a eacuteteacute fait par tirage au sort

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

20

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

1 Les achats drsquoengrais commerciauxsup2et de cendres

Malgreacute les politiques mises en œuvre depuis des deacutecennies1 les EAF achegravetent peu drsquoengrais chimiques Pour lrsquoensemble de Madagascar au cours des 20 derniegraveres anneacutees la quantiteacute moyenne utiliseacutee varie entre 2 et 6 kg par hectare cultiveacute et par an2

11 Quantiteacutes acheteacutees drsquoengrais commerciaux par EAF et par hectare SAU

Les EAF ont des comportements diffeacuterents selon les zones (tableau 1)

A Mandoto un peu moins drsquoune EAF sur 2 (45) achegravete de lrsquoengrais en faible quantiteacute avec en moyenne 14 kg par an pour un montant moyen de moins de 30 000 Ar Rameneacute agrave lrsquoensemble des EAF de la zone la quantiteacute moyenne acheteacutee est de lrsquoordre de 6 kg par EAF et par an Et quand on ramegravene ces achats drsquoengrais agrave la surface agricole utile (SAU) disponible par EAF on a des valeurs moyennes eacutequivalentes (14 et 6 kgha SAU)

Dans la zone drsquoArivonimamo la consommation drsquoengrais est plus importante 88 des EAF en achegravetent une quantiteacute moyenne de presque 28 kg pour un peu plus de 60 000 Ar ce qui rameneacute agrave lrsquoensemble des EAF fait une moyenne geacuteneacuterale de presque 25 kgEAF Comme la SAU moyenne par EAF est faible les quantiteacutes drsquoengrais disponibles sont de plus de 35 kgha pour les EAF qui en achegravetent et de presque 31 kgha pour lrsquoensemble des EAF

La variabiliteacute est tregraves forte agrave Mandoto et moindre dans la zone drsquoArivonimamo (tableau 1)

Tableau 1 Part des EAF qui achegravetent de lrsquoengrais et quantiteacutes acheteacutees

Mandoto ArivonimamoMoyenne CV Moyenne CV

des EAF qui achegravetent 45 88

Pour les EAF qui achegravetent

Quantiteacute en kgEAF 143 155 279 112

Valeur achat en ArEAF 27 884 153 61 058 117

Quantiteacute par SAU en kgha 140 195 352 101

Pour Quantiteacute en kgEAF 64 257 245 125

Pour lensemble des EAF

Valeur achat en ArEAF 12 490 254 53 707 131

Quantiteacute par SAU en kgha 63 312 309 114

1 On peut simplement rappeler la laquo strateacutegie nationale pour le deacuteveloppement de lrsquoutilisation de lrsquoengrais raquo MAEP 20062 Source httpsdatabankbanquemondialeorghome Ce que Pierre-Bernard et al traduisaient ainsi en 2007 laquo engrais un produit cher et peu utiliseacute raquo agrave Madagascar

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

21

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

On peut srsquoeacutetonner de la faible variation entre la quantiteacute moyenne par EAF et la quantiteacute par SAU agrave Mandoto sachant que dans cette zone la superficie SAU moyenne est de lrsquoordre de 15 ha (voir tableau 2) Ceci provient du fait que les moyennes sont calculeacutees pour les EAF et ne sont pas pondeacutereacutees par les superficies Quand on pondegravere par la superficie la quantiteacute moyenne par hectare SAU pour lrsquoensemble des EAF de Mandoto diminue et passe de 63 agrave 43 kg par hectare On constate la mecircme chose agrave Arivo-nimamo avec la quantiteacute moyenne par hectare SAU qui passe de 309 agrave 271 kgha Ceci signifie que ce ne sont pas les plus grandes EAF (celles qui ont le plus de SAU) qui achegravetent le plus drsquoengrais chimiques Le coefficient de correacutelation entre superficie SAU par EAF et quantiteacute acheteacutee drsquoengrais par hectare est significatif agrave 001 et neacutegatif mais drsquoune valeur faible (-02)

Figure 1 Nuage de point entre SAU par EAF et quantiteacute drsquoengrais par ha de SAU

La Figure 1 ci-contre illustre cela avec les quantiteacutes par hectare SAU (axe vertical) les plus eacuteleveacutees qui correspondent agrave des SAU (axe horizontal) faibles (infeacuterieures agrave 2 hectares) Les EAF de grandes taille (gt2 ha) achegravetent peu drsquoengrais chimiques et en quantiteacute relativement faible par rapport agrave la SAU dont elles disposent On verra plus loin que ce sont des strateacutegies diffeacuterentes de mise en culture (systegraveme de culture) qui expliquent cette situationOn rappellera que 60 des EAF agrave Mandoto et 88 agrave Arivonimamo eacutechangent (achegravetent vendent ou troquent) de la fumure organique (voir JAE ndeg9) et que les pourcentages sont respectivement de 30 et 74 pour les EAF qui achegravetent de la FO Ainsi quand on prend en compte tous les types de fertilisants une

grande majoriteacute des EAF a recours au marcheacute pour acqueacuterir des matiegraveres fertilisantes et geacuterer la fertiliteacute de leurs sols

Enfin par rapport agrave lrsquoutilisation de produits phytosanitaires on observe deux situations diffeacuterentes agrave Mandoto la proportion des EAF qui achegravetent des produits phytosanitaires est de 63 et donc supeacuterieure agrave celles qui achegravetent des engrais commerciaux (45) alors qursquoagrave Arivonimamo dans notre eacutechantillon 75 des EAF utilisent des produits phytosanitaires alors que 88 achegravetent des engrais

12 Types drsquoengrais commerciaux acheteacutes

Les engrais acheteacutes sont essentiellement de type NPK (le plus courant est composeacute de 11 N 22 P2O5 16 K2O) et de lrsquoureacutee (46) ces deux types repreacutesentent en cumuleacute plus de 95 des quantiteacutes agrave Mandoto et 77 agrave Arivonimamo ougrave lrsquoon observe une plus grande diversiteacute (figure 2) en rapport avec une plus grande consommation et aussi drsquoune offre plus importante avec la proximiteacute de la capitale

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

22

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Figure 2 Types dengrais acheteacutes en des quantiteacutes totales

A Arivonimamo le Blaukorn (nom commercial) est bien repreacutesenteacute avec plus de 16 des quantiteacutes Crsquoest un engrais composeacute (NPK) avec drsquoautres eacuteleacutements (magneacutesium soufre bore zinc) laquo agrave action rapide qui assure un effet-starter important raquo notamment sur les cultures maraichegraveres Le DAP (18 N 46 P2O5) est eacutegalement repreacutesenteacute avec 6 des quantiteacutes Les autres produits comme la dolomie (amendement calcaire) et le guano de chauvesouris (Guanomad) riche en phosphates naturels sont tregraves faiblement repreacutesenteacutes (mecircme si Guanomad repreacutesente tout de mecircme un peu plus de 3 dans la zone de Mandoto)

Les prix moyens drsquoachat deacuteclareacutes par les producteurs et pondeacutereacutes par les quantiteacutes diffegraverent peu entre les deux zones (contrairement aux prix de la fumure organique qui sont tregraves diffeacuterents voir JAE ndeg9) Les prix moyens (pour la plupart prix de 2016) sont de 2 100 Arkg pour NPK 1 900 Arkg pour lrsquoureacutee 2 400 Arkg pour le DAP 3 100 Arkg pour le Blaukorn et 1100 Akkg pour le Guanomad

En moyenne une EAF a acheteacute au cours de lrsquoanneacutee pour 12 500 Ar drsquoengrais agrave Mandoto et 54 000 Ar drsquoengrais agrave Arivonimamo Ces montants indiquent un recours tregraves limiteacute aux engrais commerciaux dans les strateacutegies de gestion de la fertiliteacute

13 Le cas particulier des cendres

Les cendres peuvent ecirctre consideacutereacutees comme un engrais ou comme un amendement Elles sont utiliseacutees depuis le deacutebut de lrsquoagriculture pour enrichir les terres cultiveacutees en sels mineacuteraux notamment en potasse et oligo-eacuteleacutements (Poirier et Nuninger 2012) Elles ont un pouvoir alcalinisant et augmentent le pH du sol Elles peuvent ecirctre inteacutegreacutees aux composts ou aux fumiers (voir JAE ndeg9) ou utiliseacutees seules en apport localiseacute ou eacutepandues sur le champ Cette sous partie traite des cendres utiliseacutees directement sur les parcelles

Si la pratique est rare agrave Mandoto (2 des EAF) elle est reacutepandue agrave Arivonimamo ougrave ce sont 19 des EAF qui eacutepandent des cendres acheteacutees Celles-ci proviennent pour lrsquoessentiel des balles de riz utiliseacutees comme eacutenergie pour la fabrication des briques Crsquoest donc le sous-produit drsquoun autre sous-produit agricole (la balle de riz)

Lrsquoeacutevaluation des quantiteacutes en kilogramme est tregraves approximative les producteurs ne connaissant pas les eacutequivalences Les EAF qui eacutepandent directement les cendres ont estimeacute avoir utiliseacute lrsquoanneacutee de lrsquoenquecircte en moyenne environ 250 kgEAF ce qui repreacutesente rameneacute agrave lrsquoensemble des EAF environ 4 kgEAF agrave Mandoto et un peu moins de 50 kg par EAF agrave Arivonimamo

Si les quantiteacutes semblent conseacutequentes (presque le double des quantiteacutes drsquoengrais) la valeur moneacutetaire de ces cendres est faible avec un prix moyen estimeacute entre 30 et 35 Arkilogramme Ainsi les cendres utiliseacutees directement par les EAF sur les cultures repreacutesenteraient une valeur de 8 000 agrave 9 000 Ar pour les EAF qui ont cette pratique et rameneacutees agrave lrsquoensemble des EAF des zones concerneacutees agrave moins de 200 Ar agrave Mandoto et de lrsquoordre de 1 600 Ar agrave Arivonimamo

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

23

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Lrsquoutilisation des cendres directement sur la parcelle sans passer par le compost ou le fumier est une pratique assez courante dans la zone de Arivonimamo Elle participe au recyclage de certains sous-produits et en particulier de la balle de riz utiliseacutee comme combustible pour la fabrication des briques En plus de lrsquoapport en eacuteleacutements fertilisants les cendres ont drsquoautres proprieacuteteacutes selon certains producteurs qui les utilisent dans la lutte contre les ravageurs et les maladies

2 Utilisation de la fumure organique et des engrais commerciaux

Lrsquoenquecircte a permis de collecter les informations neacutecessaires pour reconstituer lrsquoitineacuteraire technique et le budget de culture pour toutes les parcelles cultiveacutees au cours de lrsquoanneacutee agricole enquecircteacutee (201617) soit trois saisons de culture grande saison 201617 saison intermeacutediaire 2017 contre saison 2017 (soit de novembre 2016 agrave octobre 2017) Ainsi les quantiteacutes et la valeur des intrants utiliseacutes pour la fertilisation sont connues par culture et par saison

21 Fertilisation disponible et superficies fertiliseacutees

Le tableau 2 reacutecapitule des quantiteacutes moyennes de matiegraveres fertilisantes disponibles par EAF en additionnant les quantiteacutes de fumure organique (voir JAE ndeg9) et les engrais commerciaux acheteacutes Les EAF de la zone drsquoArivonimamo produisent plus de FO et achegravetent plus drsquoengrais que celles de la zone de Mandoto et en final la disponibiliteacute moyenne en kilogramme est nettement supeacuterieure Rameneacutes agrave la SAU les eacutecarts entre les deux zones augmentent puisque la taille moyenne des EAF de Mandoto est plus grande la quantiteacute disponible par ha SAU va du simple au double

Tableau 2 Quantiteacutes moyennes de fertilisants disponibles par EAF (en kg)

Types de fertilisants Mandoto ArivonimamoFumier 1 676 2 573Compost et autre 458 324Engrais acheteacutes 6 25Cendres acheteacutees 4 48Total (kg) 2 144 2 969SAU (ha) 148 091KgSAU 1 448 3 279S Cultiveacutee en ha 138 113Kg S cultiveacutee 1 558 2 627

apregraves le riz et pour lesquelles la capitale nationale assure des deacuteboucheacutes A Mandoto ce taux de mise en valeur nrsquoest que de 93 avec tregraves peu de cultures maraichegraveres et une part un peu plus importante de jachegraveres avec 11 de la SAU ce qui ne signifie pas qursquoil nrsquoy a pas de jachegravere agrave Arivonimamo ougrave elles repreacutesentent tout de mecircme 8 de la SAU crsquoest lrsquoimportance des cultures maraichegraveres qui impacte le plus le taux de mise en valeur

Il faut rappeler que ces moyennes cachent une grande variabiliteacute Celle-ci a eacuteteacute traiteacutee dans le JAE ndeg9 pour la FO et ci-dessus pour les engrais Crsquoest pourquoi nous nrsquoy reviendrons pas ici la variabiliteacute sera analyseacutee seulement pour lrsquoutilisation

Mais quand on ramegravene ces quantiteacutes disponibles moyennes aux superficies cultiveacutees annuellement lrsquoeacutecart se reacuteduit car dans la zone drsquoArivonimamo les EAF intensifient lrsquoutilisation de la terre avec un taux de mise valeur de 125 (crsquoest-agrave-dire qursquoune parcelle est cultiveacutee une fois en totaliteacute au cours de lrsquoanneacutee agricole et que 25 de sa surface sont cultiveacutes une deuxiegraveme fois) Cette intensification est rendue possible notamment par les productions maraichegraveres que les producteurs cultivent en double culture

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

24

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

La question que lrsquoon peut se poser agrave ce stade est est-ce que ceux qui achegravetent des engrais commerciaux sont ceux qui nrsquoont pas de FO A Mandoto lrsquoanalyse des correacutelations indique qursquoil nrsquoy pas de relation lineacuteaire entre la quantiteacute drsquoengrais acheteacutee et la quantiteacute de fumier produite A Arivonimamo cette relation existe Elle est significative (au seuil de 001) mecircme si le coefficient est faible (03) et surtout elle est positive ce qui indique que ceux qui achegravetent le plus drsquoengrais sont souvent ceux qui produisent le plus de fumier Ainsi il nrsquoy aurait pas un seuil de disponibiliteacute en fumier qui ferait que lrsquoagriculteur ne cherche plus agrave acqueacuterir des engrais consideacuterant qursquoil a assez de matiegraveres fertilisantes La raison des faibles quantiteacutes drsquoengrais acheteacutees est sans doute plus agrave rechercher dans la disponibiliteacute et des contraintes eacuteconomiques

22 Reacutepartition des matiegraveres fertilisantes selon les cultures

Avant de preacutesenter la reacutepartition par culture on peut appreacutecier la part des parcelles et de la superficie selon le type de fertilisation (Tableau 3) Les parcelles et la superficie sans aucun apport agrave Arivonimamo sont moindres (environ un tiers) qursquoagrave Mandoto (41 des parcelles et 52 de la superficie)

Tableau 3 Parts des parcelles et de la superficie selon le type de fertilisation dans les terroirs

ApportsMandoto Arivonimamo

des parcelles

de la surface

des parcelles

de la surface

Sans FO Sans Engrais 41 52 35 33Avec FO seulement 38 33 38 40Avec Engrais seulement 3 2 3 3Avec FO + Engrais 19 13 25 24Ensemble 100 100 100 100

Ainsi mecircme agrave Mandoto plus drsquoune parcelle sur deux reccediloit de la FO et globalement dans les deux terroirs il y a une reacutepartition qui laisse la possibiliteacute pour qursquoune parcelle soit fertiliseacutee plus drsquoune fois tous les deux ans sans preacutejuger ni des doses utiliseacutees ni des cultures privileacutegieacutees Les eacutecarts entre les pourcentages des parcelles et des superficies indiquent qursquoagrave Mandoto ce sont les parcelles en moyenne plus petites qui sont fertiliseacutees ce qui nrsquoest pas le cas agrave Arivonimamo Tregraves rares sont les parcelles qui ne reccediloivent que de lrsquoengrais (quelques parcelles en maraichage mais aussi en riz pluvial et maiumls agrave Mandoto) Ainsi les producteurs qui achegravetent de lrsquoengrais chimique lrsquoutilisent presque toujours sur des parcelles en compleacutement drsquoun apport de fumure organique

Lrsquoutilisation des fertilisants est en lien avec les quantiteacutes disponibles mais aussi les cultures pratiqueacutees Or les exploitations agricoles familiales des deux zones ont des assolements1 sensiblement diffeacuterents comme le montre la premiegravere colonne des deux figures suivantes (Figure 3 et Figure 4) Dans les deux zones le riz irrigueacute de bas-fonds occupe une place importante avec des parts dans lrsquoassolement qui sont relativement proches (29 agrave Mandoto et 32 agrave Arivonimamo) Ainsi mecircme si le Moyen Ouest du Vakinankaratra a la reacuteputation drsquoune zone de cultures pluviales le riz irrigueacute de bas-fonds occupe une place preacutepondeacuterante en terme de superficie (mais aussi en terme de revenu comme on le verra dans le prochain numeacutero de JAE) Les tubercules et les leacutegumineuses occupent agrave peu pregraves la mecircme part de la surface cultiveacutee annuellement dans les deux zones de lrsquoordre de 25 pour les tubercules et 10 pour

1 Ces pourcentages ont eacuteteacute calculeacutes sur la superficie effectivement cultiveacutee crsquoest-agrave-dire sans les jachegraveres Si on integravegre les ja-chegraveres celles-ci repreacutesentent 10 de la surface totale (cultiveacutee + jachegravere) agrave Mandoto et 6 agrave Arivonimamo

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

25

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

les leacutegumineuses mais les espegraveces cultiveacutees sont diffeacuterentes La part des autres cultures est speacutecifique et caracteacuterise la zone

A Mandoto les ceacutereacuteales pluviales occupent pregraves du tiers de la surface (176 en riz pluvial et 15 en maiumls hors jachegravere) Alors qursquoagrave Arivonimamo ces deux cultures occupent seulement 86 de la surface et le maiumls y est vraiment marginal Dans cette zone ce sont les cultures maraichegraveres qui sont importantes avec 224 de la surface Les cultures autres constitueacutees essentiellement par lrsquoagroforesterie avec des fruitiers nrsquoest pas neacutegligeable avec 3 de la surface A Mandoto ces deux types de cultures sont tregraves peu pratiqueacutees (18 de la surface sont consacreacutes aux cultures maraichegraveres et les autres cultures avec 01 sont quasiment inexistantes)

Les donneacutees extrapoleacutees agrave lrsquoensemble des fokontany permettent de connaicirctre sur quelles cultures les matiegraveres fertilisantes disponibles ont eacuteteacute eacutepandues1 Lrsquoeacutechantillon est constitueacute de 2 427 parcelles2 Elles sont plus nombreuses agrave Arivonimamo ougrave lrsquoeacutechantillon drsquoEAF est plus grand mais aussi ougrave la taille moyenne des champs est plus petite et ougrave les doubles cultures sont freacutequentes La deuxiegraveme colonne de chaque figure preacutesente la reacutepartition de la FO (fumier compost et autre matiegraveres organiques) la troisiegraveme colonne est celle des engrais commerciaux Les quantiteacutes disponibles sont diffeacuterentes entre les zones Les pourcentages repreacutesentent la reacutepartition et traduisent la strateacutegie des EAF A Mandoto les EAF privileacutegient le riz pluvial et le maiumls qui reccediloivent 74 de la FO disponible (Figure 3) et 40 des engrais acheteacutes

Figure 3 Reacutepartitions de la superficie cultiveacutee annuellement de la FO et des engrais commerciaux agrave Mandoto

Les autres cultures comme les leacutegumineuses et les tubercules reccediloivent un peu de FO mais le plus souvent parce qursquoelles sont cultiveacutees en association avec du riz pluvial ou du maiumls Le riz irrigueacute qui repreacutesente 29 de la superficie reccediloit moins de 5 de la FO et 14 des engrais Le maraichage pourtant tregraves peu preacutesent (18 des surfaces) reccediloit une part conseacutequente de la FO (54) et surtout des engrais (38 des quantiteacutes disponibles)

Ainsi dans cette zone les producteurs ont une strateacutegie de fertilisation des ceacutereacuteales pluviales sur tanety avec un transfert de fertiliteacute des riziegraveres vers les tanety puisque le fumier integravegre la plus grande partie des pailles du riz des riziegraveres Cette fertilisation profite aussi aux autres cultures pluviales soit avec les associations soit via les rotations qui sont quasiment systeacutematiques en pluvial

1 Les difficulteacutes sont cependant nombreuses et notamment en raison de lrsquoimportance et de la diversiteacute des associations de cultures et des regroupements que nous avons opeacutereacutes pour faciliter la collecte notamment pour le maraichage Nous avons pris lrsquooption comme pour les surfaces de reacutepartir agrave eacutegaliteacute les quantiteacutes entre les diffeacuterentes cultures Ainsi pour une parcelle avec une association riz pluvial et arachide les quantiteacutes drsquointrants ont eacuteteacute reacuteparties pour moitieacute pour le riz pluvial et pour moitieacute pour lrsquoarachide Il en est de mecircme pour une parcelle ougrave ont eacuteteacute regroupeacutees une planche de tomate et une planche drsquooignon alors que peut-ecirctre le producteur avait fait des apports diffeacuterentieacutes2 Au total 2 680 parcelles une fois les parcelles regroupeacutees deacutesagreacutegeacutees On rappellera que les parcelles en jachegravere ne sont pas comprises ici

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

26

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Le riz irrigueacute ne reccediloit pratiquement pas de FO et tregraves peu drsquoengrais avec une strateacutegie drsquoallocation des FO sur les tanety milieu naturellement bien moins fertile que les bas-fonds A Arivonimamo la situation du riz irrigueacute est approximativement la mecircme alors que la surface cultiveacutee repreacutesente 32 cette culture ne reccediloit que 7 de la FO disponible et 4 des engrais Les ceacutereacuteales pluviales sont tregraves peu fertiliseacutees contrairement agrave Mandoto Dans les deux situations les cultures vivriegraveres beacuteneacuteficient des arriegraveres-effets des cultures maraicircchegraveres beaucoup plus fortement fertiliseacutees

Figure 4 Reacutepartitions de la superficie cultiveacutee annuellement de la FO et des engrais commerciaux agrave Arivonimamo

Les cultures privileacutegieacutees sont les cultures maraichegraveres qui reccediloivent 46 de la FO et 77 des engrais mais aussi les tubercules autres que le manioc (patate douce taro et pomme de terre) qui reccediloivent 25 de la FO mais peu drsquoengrais et les leacutegumineuses (haricots) qui reccediloivent un peu plus de FO et drsquoengrais (respectivement 11 et 12) que la part qursquoelles occupent dans lrsquoassolement (9)

Ce sont les cultures exigeantes en fumure mais aussi et surtout fortement commercialiseacutees (maraichage pomme

de terre patate douce taro et haricot) qui reccediloivent lrsquoessentiel de la fertilisation Les rotations permettent aux cultures peu fertiliseacutees de beacuteneacuteficier des arriegraveres effets de la fertilisation des cultures produites drsquoabord pour les marcheacutes Le riz irrigueacute qui nrsquoest pas fertiliseacute beacuteneacutefice des arriegraveres effets des cultures de contre saison sur les riziegraveres

Ainsi les strateacutegies de fertilisation des EAF sont tregraves diffeacuterentes selon les zones en lien avec les cultures produites leur exigence mais surtout en lien avec des objectifs technico-eacuteconomiques et le marcheacute des produits agricoles

23 Les doses apporteacutees

Lrsquoanalyse des quantiteacutes de fumure apporteacutees est faite par culture1 et en tenant compte des associations

A Mandoto (tableau 4) les superficies en culture pure repreacutesentent 71 des parcelles et de la superficie Comme deacutejagrave indiqueacute le riz irrigueacute occupe une place importante mais il est peu fertiliseacute avec seulement 20 des parcelles et 18 de la superficie qui reccediloivent de la fumure organique agrave des doses faibles (moins de 2 tonnes par hectare) et seulement 4 des parcelles reccediloivent de lrsquoengrais (agrave une dose de pregraves de 60 kgha)

1 Seuls les reacutesultats pour les cultures avec un effectif non pondeacutereacute de plus de 15 parcelles sont preacutesenteacutes ici On notera que pour les principales cultures la taille de lrsquoeacutechantillon est conseacutequente

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

27

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Tableau 4 Apports de FO et dengrais sur les cultures cultiveacutees pures agrave Mandoto en (kg)

Cultures pures Nbre de parcelles

Surface ha

Parcelle avec Superficie avec Superficie avec Dose moy FO

en kghaDose moy

Engrais kgha

FO Engrais FO EngraisToutes

les parcelles

Parcelles avec

Toutes les

parcelles

Parcelles avec

Riz bas-fond 242 5834 20 4 18 4 377 1 901 241 5825Riz Pluvial 90 2353 91 37 90 29 4 022 4 415 1011 2677Maiumls 30 646 97 37 98 43 3 923 4 059 1669 4553Manioc 117 3689 8 0 4 0 414 4 843 000 000Autres tuber 19 236 47 47 35 42 3 041 6 420 1857 3920Leacutegumineuses 78 1156 45 18 38 18 1 776 3 958 870 4850Maraichage 112 264 90 61 80 74 31 829 35 296

Les moyennes sont calculeacutees par parcelle et sans pondeacuteration

Crsquoest le manioc qui est le moins fertiliseacute pas drsquoengrais et seulement 4 des parcelles avec de la fumure organique Le riz pluvial et le maiumls sont les cultures pures qui reccediloivent le plus systeacutematiquement de la fumure plus de 90 des parcelles et de la superficie reccediloivent de la FO agrave des doses eacuteleveacutees de plus de 4 tha et 30 agrave 40 des parcelles et de la surface reccediloivent de lrsquoengrais mais agrave des doses qui restent faibles (26 kgha pour le riz pluvial et 45 kgha pour le maiumls) Les autres tubercules reccediloivent engrais et FO mais ce sont essentiellement les pommes de terre Les leacutegumineuses sont eacutegalement fertiliseacutees avec 45 des parcelles qui reccediloivent de la FO et 18 de lrsquoengrais agrave des doses moyennes pour la zone Enfin les cultures maraichegraveres ont eacuteteacute regroupeacutees les parcelles sont nombreuses mais la superficie tregraves petite elles reccediloivent agrave 90 de la FO et agrave 61 des engrais agrave des doses importantes (plus de 30 tha pour la FO)

A Arivonimamo la part des cultures pures est plus importante qursquoagrave Mandoto avec 86 des parcelles et 89 de la superficie Ainsi le nombre de parcelles de lrsquoeacutechantillon est nettement plus important (mais il ne fait pas oublier que lrsquoeacutechantillon compte plus drsquoEAF)

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

28

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Tableau 5 Apports de FO et dengrais sur les cultures cultiveacutees pures agrave Arivonimamo (en kg)

Cultures pures Nbre parcelles

Surface ha

Parcelle avecSuperficie avec Superficie avec Dose moy FO en

kghaDose moy Engrais

kgha

FO Engrais FO Engrais Toutes les parcelles

Parcelles avec

Toutes les parcelles

Parcelles avec

Riz bas-fond 363 6078 39 9 39 8 633 1 643 459 5206

Riz Pluvial 72 1051 83 0 93 0 2 902 3 482 000 000

Maiumls 17 112 94 11 96 9 3 501 3 720 131 2222

Manioc 201 2020 24 1 23 0 1 253 5 249 038 3833

Autres tuber 232 2327 70 5 78 4 4 461 6 350 367 7748

Haricots 61 765 95 65 96 73 4 132 4 346 4824 7545

Autre Leacutegum 46 352 20 0 18 0 779 3 981 000 000

Tomates 90 955 97 95 98 97 7 614 7 877 12791 13543

Haricot verts 132 1088 95 87 96 90 5 079 5 321 8090 9286

Autres Maraich 155 1293 95 76 101 73 4 311 4 546 9126 12089 Les moyennes sont calculeacutees par parcelle et sans pondeacuteration

A Arivonimamo la fertilisation du riz irrigueacute est un peu plus freacutequente avec 39 des parcelles qui reccediloivent de la FO et 9 de lrsquoengrais mais agrave des doses plus faibles qursquoagrave Mandoto 16 tha pour la FO et 52 kgha drsquoengrais La fertilisation du riz irrigueacute nrsquoest pas une prioriteacute pour le plus grand nombre des producteurs Les cultures les moins fertiliseacutees sont le manioc et les leacutegumineuses autres que le haricot avec respectivement 23 et 18 des parcelles seulement qui reccediloivent de la FO et quasiment aucune qui reccediloit de lrsquoengrais Mais de maniegravere assez eacutetonnante les parcelles avec FO reccediloivent des doses assez importantes (plus de 5 tha pour le manioc) certainement en lien avec des strateacutegies de gestion ou de restauration de la fertiliteacute des sols En ce qui concerne la FO toutes les autres cultures sont tregraves freacutequemment fertiliseacutees plus de 90 des parcelles de riz pluvial maiumls haricot et maraichage les autres tubercules le sont agrave pregraves de 80 Et si pour le riz pluvial et le maiumls les doses moyennes sont modestes car infeacuterieures agrave 4 tha elles sont supeacuterieures agrave 4 tha pour les haricots et supeacuterieures agrave 5 tha pour les autres avec notamment pour les tomates un apport de plus de 7 tha Pour les engrais tregraves peu drsquoapports pour le maiumls (6 des parcelles) et pas drsquoapport pour le riz pluvial (observations pour 72 parcelles) Lrsquoengrais est reacuteserveacute au maraichage (plus de 75 des parcelles) et aux haricots (64 des parcelles) Avec des doses moyennes relativement importantes plus de 90 kgha pour les haricots verts 135 kgha pour la tomate et 120 kgha pour les autres cultures maraichegraveres

Ainsi drsquoune maniegravere geacuteneacuterale agrave Arivonimamo lrsquoapport de fertilisants est conseacutequent agrave la fois en termes de parcelles concerneacutees et de doses eacutepandues Riz irrigueacute manioc et leacutegumineuses autres que haricot sont les parents pauvres de la fertilisation mais avec les rotations ces cultures beacuteneacuteficient aussi des apports en particulier pour le riz irrigueacute car une part importante du maraichage est cultiveacutee sur les riziegraveres

Les associations de culture sont plus freacutequentes agrave Mandoto ougrave lrsquoassociation riz pluvial + maiumls domine tregraves largement La superficie avec cette association est eacutequivalente agrave la superficie totale en culture pure Et le maiumls est la culture que lrsquoon associe le plus avec le riz pluvial mais aussi le manioc et les leacutegumineuses Les parcelles avec une association de ces trois cultures ne sont pas rares Les pratiques de fertilisation en culture associeacutee rejoignent celles en culture pure Ainsi 91 des parcelles avec lrsquoassociation riz + maiumls reccediloivent de la FO et 32 de lrsquoengrais cependant les doses de FO sont tregraves infeacuterieures (de 700 kgha alors qursquoen culture pure elles eacutetaient de plus de 4 tha) et il en est de mecircme pour lrsquoengrais

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

29

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Pour les parcelles avec des cultures associeacutees au maiumls un apport en FO est freacutequent (plus de 80 des parcelles pour manioc ou leacutegumineuse et plus de 75 quand il y a les trois cultures) Lrsquoengrais est plus rare et surtout les doses de FO et engrais sont faibles A ce stade on peut eacutemettre lrsquohypothegravese que les EAF qui pratiquent lrsquoassociation sont moins bien doteacutees en matiegravere fertilisante Mais lrsquoanalyse montre que ce nrsquoest pas le cas il existe bien un coefficient de correacutelation neacutegatif entre la quantiteacute de fumure organique disponible au niveau de lrsquoEAF et le pourcentage de culture associeacutees mais il est tregraves faible (-011) et si lrsquoon creacutee des classes de pourcentage de culture associeacutees il nrsquoy a pas de diffeacuterence significative entre les classes pour la dose moyenne de FO Il semble donc que cela soit la pratique qui soit ainsi agrave Mandoto sur des cultures associeacutees (grandes cultures riz maiumls leacutegumineuse ou tubercule) les apports de FO sont moindres que sur les cultures pures

Tableau 6 Apports de FO et dengrais sur les cultures associeacutees les plus freacutequentes (en kg)

District 1Mandoto Nbre parcelles

Surface ha

Parcelle avec Dose moy FO en kgha

Dose moy Engrais kgha

FO Engrais Toutes les parcelles

Parcelles avec

Toutes les parcelles

Parcelles avec

Riz Pluvial + Maiumls 114 2577 91 32 656 719 26 83Mais + Manioc 50 1149 88 2 420 477 01 30Mais + Leacutegumineuse 57 975 84 16 428 508 02 15Mais + Manioc + Leacutegum 24 482 75 13 242 323 02 18Manioc + Leacutegumineuse 24 587 4 0 11 250 00 002 ArivonimamoRiz Pluvial + Maiumls 14 182 86 0 366 427 00 00Mais + Leacutegumineuse 25 228 84 24 188 224 15 62Manioc + Leacutegumineuse 13 126 54 0 280 521 00 00Tubercules + Fruitiers 34 270 62 12 224 363 03 28Autre cult + Fruitiers 90 671 91 52 5 414 255 30 58

Les moyennes sont calculeacutees par parcelle et sans pondeacuteration

A Arivonimamo les cultures associeacutees pour les grandes cultures sont moins importantes en nombre et les superficies sont tregraves petites Mais on peut tirer les mecircmes conclusions que pour Mandoto Ce qui est remarquable dans cette zone crsquoest le nombre de parcelles en agroforesterie avec un meacutelange drsquoarbres fruitiers et de cultures avec plus de 120 parcelles Les cultures sont de tous les types mais beaucoup de cultures maraichegraveres ce qui explique les fortes doses de FO ou drsquoengrais Les fruitiers sont essentiellement des agrumes et sont le reacutesultat drsquoopeacuterations de deacuteveloppement qui ont vulgariseacute la plantation de ces arbres La plupart de ces plantations nrsquoest pas encore en pleine production (trop reacutecentes)

24 Les strateacutegies des EAF pour lrsquoutilisation de la FO disponible

Dans le JAE ndeg 9 nous avions eacutemis lrsquohypothegravese qursquoagrave Arivonimamo il y avait deux types drsquoEAF lrsquoun avec des strateacutegies de fortes disponibiliteacutes en FO soutenues par des ambitions de cultures maraichegraveres et un autre avec des strateacutegies de moindre disponibiliteacute en FO avec des systegravemes de culture plus classiques Pour repreacutesenter les strateacutegies nous avons eacutetabli des classes selon le pourcentage de la FO utiliseacutee sur ceacutereacuteales pluviales et sur cultures commerciales Les reacutesultats sont preacutesenteacutes dans le tableau 8

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

30

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Tableau 7 Reacutepartition des EAF selon des classes de quantiteacutes utiliseacutees de FO

Classes utilisation FO MandotoArivonimamo Arivonimamo

FO utiliseacutes sur ceacutereacuteales pluviales des EA

S cultiveacutee moyenne

(ares)CV des EA

S cultiveacutee moyenne

(ares)CV

lt=25 8 89 72 76 113 7625 agrave 75 18 93 93 20 88 57gt75 74 144 88 4 37 49 FO utiliseacutes sur cultures commercialeslt=25 88 136 91 12 63 7725 agrave 75 9 90 58 42 102 60gt75 3 75 85 46 118 81

Les strateacutegies des EAF vis-agrave-vis de lrsquoutilisation de la FO sont tregraves nettement diffeacuterentes selon les zones comme on lrsquoa deacutejagrave vu la premiegravere partie du tableau montre qursquoagrave Mandoto 74 des EAF mettent plus des frac34 de leur FO disponible sur les parcelles avec ceacutereacuteales pluviales (seules ou associeacutees) et ce sont les EAF avec la plus grande superficie qui font cela Alors qursquoagrave Arivonimamo seules 4 des EAF mettent plus de 75 de leur FO sur des parcelles avec ceacutereacuteales pluviales et ce sont les plus petites EAF (superficie cultiveacutee moyenne de 37 ares) avec certainement des strateacutegies de seacutecuriteacute alimentaire

La deuxiegraveme partie du tableau nous permet de constater qursquoagrave Arivonimamo 46 des EAF mettent plus de 75 de leur FO sur les cultures commerciales (cultures maraichegraveres pomme de terre taro patate douce et haricot) et ces EAF ont en moyenne une superficie cultiveacutee supeacuterieure aux autres Cette classe est importante mais il y a aussi une classe drsquoEAF avec des strateacutegies baseacutees sur une meilleure reacutepartition

A Mandoto les EAF qui mettent plus de 75 de leur FO sur ce type de cultures commerciales (essentiellement le maraichage) sont peu nombreuses (3 des EAF) et ce sont des EAF avec des superficies plus faibles que les autres Ce nrsquoest donc pas la strateacutegie utiliseacutee par les EAF qui ne donnent pas la quasi exclusiviteacute (lt75) de la FO aux ceacutereacuteales pluviales Il existe un groupe drsquoEAF dans les deux zones qui ne donnent pas lrsquoexclusiviteacute de la FO (gt75) aux ceacutereacuteales pluviales agrave Mandoto ou aux cultures commerciales agrave Arivonimamo Ce groupe regroupe 23 des EAF agrave Mandoto et 49 agrave Arivonimamo Ce sont des EAF un peu plus petites que la moyenne de la zone avec une disponibiliteacute en FO infeacuterieure agrave la moyenne de la zone et une reacutepartition de la FO marqueacutee par la strateacutegie dominante de la zone mais avec une reacutepartition plus eacutequilibreacutee et notamment un eacutepandage sur le riz irrigueacute

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

31

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Tableau 8 Les EAF avec une strateacutegie drsquoutilisation de la FO diffeacuterente de la strateacutegie dominante de la zone

EAF Sup moy (ares)

FO (tonnes)

FO sur Ceacutereacuteales Pluviales

FO sur Cuture

commerciales

FO sur Riz irrigueacute

FO sur Autres

cultures

Mandoto 23 94 131 48 21 20 4

Arivonimamo 49 99 223 20 45 16 1

Il existerait ainsi 3 grandes strateacutegies drsquoutilisation de la FO avec agrave Mandoto la quasi exclusiviteacute de la FO sur les ceacutereacuteales pluviales (74 des EAF de la zone) agrave Arivonimamo la quasi exclusiviteacute de la FO sur les cultures commerciales (46 des EAF) et un groupe avec une reacutepartition plus eacutequilibreacutee entre les diffeacuterentes cultures y compris sur le riz irrigueacute

3 Conclusions et implications pour le deacuteveloppement

La gestion de la fertiliteacute des sols dans ces deux reacutegions contrasteacutees des plateaux drsquoaltitude malagasy passe drsquoabord par la production etou lrsquoacquisition de fumure organique il nrsquoy a quasiment aucune EAF sans apport sur au moins une parcelle cultiveacutee1 Les reacutesultats montrent qursquoenviron la moitieacute de la superficie cultiveacutee annuellement reccediloit de la FO agrave Mandoto et plus des deux tiers agrave Arivonimamo Mecircme si les doses potentielles sont en dessous des recommandions avec la rotation des cultures cela signifie que lrsquoensemble du terroir pourrait ecirctre fumeacute plus drsquoune fois tous les deux ans Les riziegraveres quand elles sont cultiveacutees en riz irrigueacute ne reccediloivent que tregraves rarement de la fumure dans ces zones La strateacutegie est lrsquoinverse de ce qursquoon rencontre dans drsquoautres zones qui priorisent les bas-fonds notamment dans les zones des peacuterimegravetres irrigueacutes (Lac Alaotra peacuterimegravetres sur les Hautes terres Ambondromisotrahellip)

Les strateacutegies de gestion de la fertiliteacute des sols sont logiquement de fertiliser en prioriteacute les cultures les plus exigeantes et les plus reacutemuneacuteratrices ceacutereacuteales pluviales agrave Mandoto (riz et maiumls) et les cultures maraichegraveres mais qui sont tregraves marginales dans cette zone cultures pour le marcheacute agrave Arivonimamo maraichage pomme de terre haricots patates douces taros Et pour les producteurs qui achegravetent des engrais commerciaux (essentiellement engrais mineacuteral) la pratique est drsquoassocier aux fumures organiques des compleacutements drsquoengrais et ceci tregraves prioritairement sur les cultures les plus reacutemuneacuteratrices et aussi les plus exigentes A quelques rares exceptions pregraves lrsquoapport drsquoengrais mineacuteral vient toujours compleacuteter un apport de fumure organique et crsquoest pregraves drsquoun quart de la superficie qui reccediloit engrais et FO agrave Arivonimamo et seulement 13 agrave Mandoto

Deux principaux engrais mineacuteraux sont utiliseacutes dans les deux zones le NPK et lrsquoureacutee En reacutealisant les apports au voisinage des plants il y a une concentration des eacuteleacutements nutritifs qui permet agrave la fois drsquooptimiser leur utilisation et de deacutevelopper des synergies entre produits organiques et mineacuteraux Cette efficience des ressources garantie par une compleacutementariteacute des apports incluant une base organique avec un compleacutement mineacuteral a deacutejagrave eacuteteacute releveacutee dans de nombreuses autres situations tropicales (Bekunda et al 1997) Drsquoautres eacutetudes sur ces mecircmes zones mettent en eacutevidence que la majoriteacute des fumures organiques utiliseacutees preacutesentent certaines deacuteficiences en eacuteleacutements majeurs comme le N et le P et que lrsquoutilisation des engrais de synthegravese est susceptible de lever (Ben Naacircmane et al 2020 notre article dans le JAE preacuteceacutedent) Cette pratique est donc agrave encourager notamment agrave travers des messages

1 Dans notre eacutechantillon seules 2 EAF nrsquoont pas apporteacute de FO lrsquoune extrecircmement petite (moins de 5 are de SAU) agrave Arivonimamo et tregraves pauvre qui a vendu sa FO une autre agrave Mandoto qui prend en meacutetayage la terre qursquoil cultive

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

32

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

de vulgarisation adapteacutes et compleacutementaires des messages laquo classiques raquo qui procircnent des doses importantes drsquoengrais

Lrsquoanalyse compareacutee des deux zones montre des diffeacuterences dans le recours aux engrais de synthegravese avec agrave Arivonimamo une quasi geacuteneacuteralisation de lrsquoengrais (pregraves de 90 des EAF) et une utilisation moyenne de 30 kg par ha de SAU plus freacutequemment sur les cultures maraichegraveres et presque toujours en compleacutement de la fumure organique contre environ une exploitation sur deux agrave Mandoto et une utilisation de 6 kg par ha Sur ce premier site une plus grande diversiteacute drsquoengrais et une utilisation plus importante de cendres sous-produit de briqueteries sont releveacutees Eacutegalement une strateacutegie drsquoallocation de ressources diffeacuterencieacutee apparaicirct tregraves clairement au niveau des fumures organiques sur le riz de bas-fonds beaucoup plus amendeacute agrave Arivonimamo car cette ressource est agrave la fois moins limitante et mieux valoriseacutee par les cultures maraicircchegraveres A Mandoto la fumure organique est moins disponible et moins valorisable autrement que par les ceacutereacuteales pluviales aussi moins indispensable pour la productiviteacute de ces cultures et est beaucoup mieux valoriseacutee sur le domaine pluvial sans laquelle aucune mise en valeur de culture exigeante ne serait envisageable Ainsi la recherche doit affiner ses connaissances agrave lrsquoeacutechelle du systegraveme de culture pour mieux eacutevaluer performances et durabiliteacute agrave court et long termes et accompagner lrsquointensification eacutecologique promue par divers opeacuterateurs de deacuteveloppement agricoles (notamment ONG de deacuteveloppement)

Cette communication plaide encore une fois pour une bonne compreacutehension des EAF de leur fonctionnement et de leurs strateacutegies avant de proposer des ameacuteliorations adapteacutees La fertilisation telle que pratiqueacutee par les producteurs est un acquis important pour comprendre la durabiliteacute de lrsquoagriculture familiale et pour renforcer la durabiliteacute des EAF Cela montre agrave la fois la techniciteacute des paysans leur connaissance des intrants existants et de leur utilisation Les propositions drsquoinnovations pour le deacuteveloppement doivent srsquoappuyer sur lrsquoexistant contrairement agrave

ce qui est souvent fait (Razanakoto et al 2018) Drsquoabord les orientations vont certainement vers des techniques qui permettent drsquoaugmenter la fumure organique disponible en quantiteacute et en qualiteacute (eacutetable ameacutelioreacutee compostage lombricompost etc) notamment avec des matiegraveres premiegraveres disponibles localement plutocirct que sur la base drsquoachats Les agriculteurs investissent moins en moneacutetaire et optent pour une strateacutegie drsquointensification en main drsquoœuvre (ce qui est le cas pour les systegravemes de compostage) Ensuite il est important de mieux valoriser ces diffeacuterents types de fertilisation agrave travers des combinaisons de pratiques

Ce dont il faut ecirctre sucircr crsquoest que les producteurs dans leur tregraves grande majoriteacute deacuteveloppent des strateacutegies de gestion de la fertiliteacute des sols et les adaptent sur la base de leurs connaissances et savoir-faire et en fonction des conditions biophysiques et de lrsquoenvironnement socioeacuteconomique Si les conditions eacuteconomiques sont favorables (deacuteboucheacutes prix suffisamment reacutemuneacuterateurs) ils ont recours aux engrais commerciaux comme le montre cette eacutetude mais aussi drsquoautres (voir par exemple en zone peacuteriurbaine drsquoAntananarivo NDienor et al 2011) Or le plus souvent dans les actions de deacuteveloppement et les propositions techniques les fertilisations sont proposeacutees par filiegravere comme une sorte de manuel technique (fiche technique par filiegravere) et reacutefleacutechies par rapport aux besoins propres de la plante cibleacutee Ces propositions vont ainsi agrave lrsquoencontre des strateacutegies paysannes et leur diffusion reste mitigeacutee

Enfin dans les propositions actuelles pour le deacuteveloppement rizicole notamment sur bas-fonds les acteurs de deacuteveloppement misent sur une intensification rizicole de type reacutevolution verte (semences ameacutelioreacutees voire hybrides avec des doses importantes drsquoengrais acheteacute) Les donneacutees montrent que les strateacutegies des paysans integravegrent les rotations avec le riz et les investissements en fertilisation se passent autrement (cultures de contre saison autres cultures) Les deacutepenses en semences et surtout si on enlegraveve la valorisation de lrsquoautoproduction restent tregraves faibles Ces

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

33

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

propositions techniques srsquoeacuteloignent encore une fois des strateacutegies paysannes

Mais cette analyse des strateacutegies drsquoutilisation des fertilisants dans la gestion de la fertiliteacute des sols reste encore incomplegravete car si les aspects techniques (quantiteacutes et modaliteacutes) ont eacuteteacute traiteacutes les aspects eacuteconomiques ne lrsquoont pas eacuteteacute Cela sera le thegraveme du prochain et dernier article qui mettra en relation les pratiques de gestion de la fertiliteacute et les performances notamment en terme de marge brute aux niveaux parcelles et cultures et de revenu au niveau EAF

BIBLIOGRAPHIE

Bekunda MA Bationo A Ssali H 1997 Soil fertility management in Africa a review of selecterd research trials In Replenishing Soil Fertility in Africa SSSA Special Publication Nomber 51 63-79

Ben Naacircmane CK Autfray P Audouin S Beacuteliegraveres JF Blanchart E Razafimahatratra M Razanakoto OR Salgado P 2020 Gestion compareacutee de la fertiliteacute au niveau des exploitations agricoles familiales du Moyen-Ouest de la reacutegion Vakinankaratra et des Hautes-Terres de la reacutegion Itasy agrave Madagascar Projet Secure 24 p httpswwwsecuremgsitesdefaultfiles2020-04Livret_Secure_2020pdf

Liniger H Mekdaschi Studer R Hauert C et Gurtner M 2011 La pratique de la gestion durable des terres Directives et bonnes pratiques pour lrsquoAfrique subsaharienne WOCAT FAO TerrAfrica Rome (Italie) 243 p httpwwwfaoorg3i1861fi1861fpdf

MAEP 2006 Strateacutegie nationale pour le deacuteveloppement de lrsquoutilisation de lrsquoengrais Ministegravere de lAgriculture de lElevage et de la Pecircche Antananarivo Mai 2006 48 p + annexes p httpwwwmpaegovmgcommunicationwp-contentuploadssites2201611strategie_dvlpt_utilisation_engrais_1pdf

NDieacutenor M Aubry C et Rabeharisoa L 2011 Strateacutegies de construction de la fertiliteacute des terres par les agriculteurs dans les systegravemes maraicircchers peacuteriurbains dAntananarivo (Madagascar) Cahiers Agricultures Vol 20 No 4 (2011) doihttpsdoiorg101684agr20110497

Poirier N et Nuninger L 2012 Techniques damendement agraire et teacutemoins mateacuteriels Pour une approche archeacuteologique des espaces agraires anciens Histoire amp Socieacuteteacutes Rurales 38 (2) 11-50 doi103917hsr0380011

Pierre-Bernard A Ramboarison R Randrianarison L et Rondro-Harisoa L 2007 Les implications structurelles de la libeacuteralisation sur lrsquoagriculture et le deacuteveloppement rural Programme Ruralstruc Madagascar Phase I EPP PADR APB Consulting Antananarivo Janvier 2007 303 p httpdocumentsbanquemondialeorgcuratedfr 184371468091191021pdf779810WP0madag00250for0the0abstractpdf

Razanakoto O Razafindraibe R Andriamananjara A Razafimanantsoa M-P Rakotoson T Smolders E et Rabeharisoa L 2018 Failures in agricultural innovation due to poor understanding of farmersrsquo predispositions Development in Practice 28 (5) 691-704 doi1010800961452420181471124

Sanginga N et Woomer P L (Ed) 2009 Integrated Soil Fertility Management in Africa Principles Practices and Developmental Process Nairobi (Kenya) Tropical Soil Biology and Fertility Institute of the International Centre for Tropical Agriculture 263 p

Leacutetude a eacuteteacute reacutealiseacutee dans le cadre du projet SECuRE

(Soil ecological function resto-ration to enhance agrosystem ser-vices in rainfed rice cropping sys-tems in agroecological transition) financeacute par Agropolis Foundation sous la reacutefeacuterence ID 1605-007 agrave travers le programme Investisse-ments dAvenir (Labex Agro ANR-10-LABX-0001-01) dans le cadre du I-SITE MUSE (ANR-16-IDEX-0006)

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

34

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Lucien Seacuteguy 1944-2020 agronome du geacutenie veacutegeacutetal

Premiers pas

Lucien Seacuteguy est neacute dans une famille de petits paysans du nord Dordogne fiers de leurs racines et durs agrave la tacircche Il sera le

seul de sa fratrie de quatre fregraveres et sœurs agrave acceacuteder agrave lrsquouniversiteacute Diplocircme drsquoingeacutenieur agronome de lrsquoENSA Toulouse en poche suivi drsquoune speacutecialisation en peacutedologie agrave lrsquoORSTOM (ex IRDhellip) de Bondy il eacutepouse Jacqueline qui lrsquoaccompagnera durant toute sa carriegravere Son service civil se deacuteroule au Seacuteneacutegal de 1967 agrave 1969 agrave la grande station IRAT (Institut de Recherche Agronomique Tropicale) de Bambey il preacutefegravere une affectation en brousse Sefa Il y refait une carte peacutedologique et srsquoattaque agrave lrsquoameacutelioration du travail du sol en traction animale des riziegraveres de Casamance

En 1969 lrsquoIRAT lrsquoaffecte dans lrsquoOuest Cameroun agrave Dschang ougrave il monte et accompagne des projets rizicoles sur les plaines des MrsquoBos et de NrsquoDop Il y conduit des travaux sur les systegravemes de culture et lrsquoameacutelioration varieacutetale du riz pluvial et irrigueacute Ses analyses des interactions entre geacutenotype et environnement soulignant lrsquoinfluence majeure de la fertiliteacute des sols sur les attaques de pyriculariose le font remarquer et sont toujours citeacutees

Ses travaux et reacutealisations alliant recherche et deacuteveloppement interpellent des responsables de la recherche agronomique breacutesilienne et fin 1977 il devient le premier expert IRAT en poste au Breacutesil affecteacute aupregraves de LrsquoEMAPA de lrsquoeacutetat du Maranhatildeo Il travaillera au Breacutesil jusqursquoagrave sa retraite en 2009 et au-delagrave De 1977 agrave 1982 il monte avec lrsquoaide de Serge Bouzinac des eacutetudes sur la culture du riz pluvial pour chez et avec des petits paysans sans terre Les systegravemes de deacutefriche-brucirclis manuelle sur ces savanes secondaires agrave Palmiers Babaccedilu sont compareacutes agrave des systegravemes en traction animale Immeacutediatement abandonneacutes en raison des eacuterosions catastrophiques qursquoils induisent Premier signal sur la neacutecessiteacute du semis direct dans ces eacutecologies tropicales Mais Lucien et Serge sont informeacutes que leurs activiteacutes avec les sans terres du Nordeste ne sont pas du goucirct de tous Dans ces reacutegions du Breacutesil agrave cette eacutepoque le message est sans ambiguiumlteacute il faut partir vite LrsquoEMBRAPA - CNPAF (Centre National Riz amp Haricot) de Goiacircnia inteacuteresseacute par leurs reacutesultats les accueille

1982 nouveau milieu donc Les Cerrados du Centre Ouest breacutesilien (Mato Grosso Goiaacutes Tocantinshellip) un biome de savanes arboreacutees plus de 200 millions drsquohectares sur lequel avance un irreacutepressible front pionnier drsquoeacutelevage extensif et drsquoagriculture meacutecaniseacutee Des sols lateacuteritiques acides vides de nutrimentshellip longtemps consideacutereacutes comme impropres agrave toute forme drsquoagriculture rentable Peu importe la conquecircte de la terre est en marche deacutefriche riz pluvial monoculture de soja sur travail du sol simplifieacute avec des outils agrave disques hellip semelle de labour eacuterosion Une deacutevastation agrave eacutechelle industrielle Le diagnostic est vite poseacute les premiegraveres recommandations simples adapteacutees suivent combiner rotation de cultures commerciales (sojariz sojamaiumls) et succession annuelle ougrave agrave la culture commerciale succegravede une safrinha secondaire (maiumls sorgho ou mil) avec des preacuteparations de sols profondes (labour dresseacute aux socs scarification avec des outils agrave dents) Ces systegravemes de travail du sol profond ont du succegraves et sont tregraves largement diffuseacutes Mais lrsquoavegravenement du Semis Direct dans les reacutegions subtropicales du sud du Breacutesil va venir changer le paradigme des travaux de Lucien et Serge

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

35

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Lrsquoinvention le Semis direct sur Couverture Veacutegeacutetal (SCV) en milieu tropical

1984 visite agrave la Coopeacuterative laitiegravere centrale du Paranaacute agrave

1984 visite agrave la Coopeacuterative laitiegravere centrale du Paranaacute agrave Carambeiacute reacutegion des Campos Gerais premiers eacutechanges avec les agronomes Hans Peeten Josueacute Nelson Pavei hellip et les agriculteurs Nonocirc Perereira et Franke Dijkstra pionniers du semis direct dans cette reacutegion du Sud

1985 un producteur eacuteclaireacute du Mato Grosso Munefumi Matsubara leur ouvre grand les portes de sa fazenda hellip et sa bourse Des alternatives en semis direct sont rigoureusement compareacutees aux systegravemes avec travail du sol profond ou superficiel Au cours de ces cinq anneacutees deacutecisives les

systegravemes en semis direct sont plus productifs et rentables que les systegravemes conventionnels ils sont aussi et avant tout les seuls agrave permettre une augmentation de plus de 20 des teneurs de matiegravere organique des sols Les systegravemes sous couvert veacutegeacutetal (SCV) sont lanceacutes des eacutetapes cruciales sont franchies avec lrsquoinsertion en succession en association des cultures commerciales drsquoespegraveces telles que le sorgho mil les crotalaires le Brachiariahellip qui produisent de fortes biomasses valorisant des pluies marginales et surtout lrsquoeau du sol Les principes techniques des systegravemes SCV permettant de respecter les lois de fonctionnement des agroeacutecosystegravemes tropicaux sont poseacutes formaliseacutes dans des documents scientifiques et didactiques Lrsquoanalogie centrale avec le fonctionnement drsquoun eacutecosystegraveme forestier tropical se nourrissant sur lui-mecircme dans des recyclages continus entre biomasses vivantes et mortes gracircce agrave lrsquoactiviteacute biologiques des sols offre un cadre feacutecond agrave la creacuteativiteacute agronomique de Lucien Seacuteguy Les couverts veacutegeacutetaux se preacutesentent comme des pompes biologiques recyclant les eacuteleacutements mineacuteraux proteacutegeant le sol des pluies tropicales preacuteservant une tempeacuterature optimale pour lrsquoactiviteacute biologique et lrsquoabsorption racinaire hellip tout le contraire des sols mis agrave nu par le labour ou des techniques culturales simplifieacutees incompatibles avec une gestion durable de la ressource sol

Ces travaux sont conduits via de multiples partenariats en interaction avec une diffusion active de ses reacutesultats par les fondations et associations de producteurs Avant lrsquoan 2000 les SCV couvrent deacutejagrave -et ont sauveacute- des millions drsquohectares de terres agricoles dans les eacutetats de Goias Mato Grosso Tocantins Maranhatildeo Piauiuml hellip recoupant une vaste diversiteacute peacutedoclimatique tropicale dans laquelle les SCV se diversifient Ils inventent de nouvelles alternatives sur des couvertures veacutegeacutetales maintenues vivantes sous la culture encore plus efficientes comme le soja sur couvert permanent de chiendent ( Cynodon dactylon) ou le maiumls sur arachide peacuterenne ( Arachis pintoiuml) Avec le groupe Maeda les SCV sont adapteacutes agrave la culture cotonniegravere le preacutealable agrave son essor rapide dans le Mato Grosso

En parallegravele ils deacuteveloppent avec James Taillebois un seacutelectionneur du CIRAD un programme de seacutelection geacuteneacutetique de riz avec pour objectif premier drsquoeacutelargir lrsquoadaptabiliteacute des varieacuteteacutes creacuteeacutees et leurs toleacuterances aux maladies fongiques en seacutelectionnant en conditions pluviales de lrsquoeacutequateur jusqursquoau subtropical des croisements entre pools drsquoorigines pluviales et irrigueacutees Ces varieacuteteacutes vont voyager dans de nombreux pays tropicaux et subtropicaux faisant montre de leur grande plasticiteacute qursquoelles tirent de leur base geacuteneacutetique et des systegravemes SCV dans et pour lesquelles elles sont seacutelectionneacutees

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

36

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Lucien et Serge ont inspireacute des milliers drsquoagriculteurs agronomes et chercheurs breacutesiliens sur la base de leurs travaux preacutecurseurs et visionnaires sur les systegravemes sous couvert veacutegeacutetal pour les eacutecologies tropicales du Breacutesil Ils ont accueilli des visites de tous pays et continents se faisant les premiers et les meilleurs ambassadeurs des SCV du Breacutesil

Informer et former le monde

A partir de 1984 et jusqursquoagrave sa retraite Lucien reacutealise tous les ans des missions drsquoappui aupregraves de collegravegues chercheurs agronomes et de projets de deacuteveloppement publics et priveacutes dans de nombreux pays tropicaux drsquoAfrique drsquoAsie du Sud-Est Madagascar icircle continent aux innombrables eacutecosystegravemes tropicaux sera gracircce aux partenariats tisseacutes et aux financements de nombreux projets par lrsquoAgence Franccedilaise de Deacuteveloppement (AFD) une antichambre pour les petites paysanneries de ces techniques neacutees dans les dynamiques agro-industrielles du Breacutesil Drsquoautres projets suivront principalement sur financements de lrsquoAFD en Cocircte drsquoIvoire Gabon Cameroun Seacuteneacutegal Tunisie Vietnam Laos Cambodgehellip permettant de deacutecliner les

principes des SCV en pratiques adapteacutees aux conditions sociales drsquoagricultures familiales parmi les plusdeacutemunies de la planegravete Avec le Pr Joatildeo Carlos Saacute de lrsquoUniversiteacute de Ponta Grossa (Parana Breacutesil) ils organiseront toujours gracircce aux financements de lrsquoAFD de 2006 agrave 2011 six eacuteditions drsquoune formation internationale sur les SCV et la dynamique de matiegravere organique du sol rassemblant plus de 90 agronomes vulgarisateurs et chercheurs travaillant en partenariat avec le CIRAD dans plus de 13 pays du Sud Tous ces pays et drsquoautres ne peuvent plus ignorer cette information clef pour lrsquohumaniteacute on sait doreacutenavant faire pousser sous les tropiques les grandes cultures annuelles pluviales de faccedilon durable rentable et accessible Un nouveau pilier est disponible pour renforcer la seacutecuriteacute alimentaire mondiale et lrsquoautonomie des pays du Sud En 2009 agrave sa retraite du Cirad il poursuit ses appuis agrave travers la planegravete aupregraves des acteurs convaincus par la pertinence des voies agronomiques qursquoil continue drsquoouvrir Des reacuteseaux se montent qursquoil anime partageant sa vision ses ideacutees sa creacuteativiteacute et son humour A lrsquoinvitation drsquoun agronome du Queacutebec Louis Peacuterusse il se lance dans lrsquoadaptation des SCV aux conditions continentales ils remettent agrave lrsquohonneur les bleacutes drsquohiver semeacutes agrave la voleacutee dans le soja trois semaines avant la reacutecolte gagnant un mois de croissance avant lrsquohiver et avanccedilant la reacutecolte drsquoun mois Ce calendrier profondeacutement remanieacute par rapport aux scheacutemas baseacutes exclusivement sur les cultures de printemps ouvre une fenecirctre pour implanter agrave la voleacutee dans les bleacutes murissant des meacutelanges de plantes de couverture Ces derniers apportent alors ici comme partout de faccedilon inteacutegreacutee par et pour le biologique recharge en matiegravere organique et de multiples fonctions eacutecosysteacutemiques telles que la fixation azoteacutee par les leacutegumineuses la stimulation de fonctions microbiennes symbiotiques et non symbiotiques la creacuteation et lrsquoentretien drsquoune forte macroporositeacute par les effets combineacutes de puissants systegravemes racinaires et la stimulation drsquoune forte activiteacute des vers de terre le controcircle des adventices par la couverture du solhellip

Au Sud du Breacutesil dans les Eacutetats de Santa Catarina et du Rio Grande do Sul il travaille avec de jeunes agronomes breacutesiliens agrave la conception et agrave la diffusion sur des centaines de milliers drsquohectares des couverts multifonctionnels agrave base de meacutelanges complexes composeacutes de 10 espegraveces et plus Il est inviteacute en 2009 en Argentine et en Uruguay par Jean Waymel agriculteur drsquoorigine franccedilaise avec qui il deacuteveloppe des SCV diversifieacutes inteacutegrant le semis agrave la voleacutee sur couvert veacutegeacutetal y compris de culture agrave grosses graines comme le soja

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

37

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Ces techniques pratiqueacutees agrave tregraves grande eacutechelle accroissent les vitesses drsquoimplantation des cultures et la reacutesilience des systegravemes de production dans un climat de plus en plus variable

Sa passion pour la diversiteacute veacutegeacutetale ses talents de naturaliste lrsquoont ameneacute agrave explorer inlassablement de nombreuses espegraveces veacutegeacutetales tempeacutereacutees et tropicales agrave proposer des meacutelanges de plus en plus efficaces alliant cultures annuelles et peacuterennes et aux fonctionnaliteacutes et morphologies aeacuteriennes et racinaires diversifieacutees le cœur des SCV

Mecircme en France

Il initie eacutegalement degraves le milieu des anneacutees 1990 des eacutechanges avec quelques agriculteurs franccedilais en meacutetropole et plus tard dans des deacutepartements et territoires drsquoOutre-Mer (Reacuteunion Antilles Nouvelle Caleacutedonie)

Avec ces pionniers des SCV en France [1] il expeacuterimente dans des eacutecologies aussi diverses que les rives et coteaux de la Loire la Champagne berrichonne les collines du Gers la Camargue les versants de la Montagne Peleacuteehellip dans des systegravemes ceacutereacutealiers de polyculture eacutelevage des bananeraies en conditions pluviales ou irrigueacutees

Quelles espegraveces et associations drsquoespegraveces pour les couverts drsquohiver drsquoeacuteteacute en fonction des conditions de milieuxhellip Comment les semer dans les diffeacuterentes cultures en deacuterobeacutee en succession agrave quelle date agrave quelle dosehellip Ce savoir-faire et ces connaissances sont agrave deacutefricher et organiser par des essais Tous ces agriculteurs rallongent diversifient leurs rotations integravegrent des leacutegumineuses via les cultures (pois drsquohiver de printemps sojahellip) et les couverts eacuteventuellement fourragers (vesce feacuteverole gesse tregravefleshellip) Les fermes drsquoeacutelevage conquiegraverent par-lagrave leur autonomie en proteacuteines Aux techniques de couvertures mortes tueacutees avant semis de la culture viennent ici aussi srsquoajouter des couverts vivants de luzerne sur argilo-calcaire de tregravefle ou de lotier sur les sols plus acides ou hydromorphes faisant encore gagner en coucirct et en flexibiliteacute face aux aleacuteas du climat et des marcheacutes

Ils testent et mettent en commun les acquis sur leurs fonds propres un reacuteseau se coopte pour avancer Lucien lrsquoanime en structurant les essais et en maintenant le cap agrologique des SCV mecircme quand les reacutesultats escompteacutes ne sont pas immeacutediatement au rendez-vous

Les SCV de mieux en mieux maicirctriseacutes integravegrent progressivement lrsquoensemble des terres cultiveacutees sur ces fermes remaniant profondeacutement leur systegraveme drsquoexploitation Les parcs mateacuteriels se simplifient les grosses puissances de traction pour les preacuteparations de sol nrsquoont plus lieu drsquoecirctre Il faut aussi ecirctre autonome pour ses productions de semences de couverts la leacutegislation interdisant dons eacutechanges ou ventes entre agriculteurs mecircme pour des espegraveces et varieacuteteacutes libres de droit drsquoobtenteurs ou plus disponibles sur le marcheacute les semences commerciales ne sont pas forceacutement optimales pour les systegravemes et restent oneacutereuses utiliseacutees agrave bonne dose

Plus aucune de ces fermes nrsquoutilise drsquoinsecticides que ce soit en foliaire au sol ou en traitement de semences sur quelques cultures que ce soient ni drsquoanti-limaces Des fongicides ne sont appliqueacutes qursquoexceptionnellement sur les ceacutereacuteales agrave paille et colza au quart ou agrave la moitieacute des doses preacuteconiseacutees lorsque des conditions climatiques propices au deacuteveloppement des champignons pathogegravenes surviennent agrave un stade critique de ces cultures Les herbicides demeurent agrave faible dose principalement

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

38

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

pour le controcircle des couverts Les apports drsquoazote mineacuteral sur ceacutereacuteales agrave paille et maiumls diminuent progressivement pour atteindre 10 agrave 12 uniteacutes par tonne de grains une efficience quasi doubleacutee en comparaison des exploitations avoisinantes Toutes ces fermes qui pratiquent les SCV depuis plus de 15 ans obtiennent les meilleures performances techniques (rendement qualiteacute nutritive et sanitaire des grains) dans leurs reacutegions respectives elles ont dans le mecircme temps reacuteduit leurs charges en intrant et carburant de 39 par rapport agrave des itineacuteraires dits raisonneacutes (travail du sol simplifieacute dose drsquointrants modeacutereacutee) agrave 58 par rapport agrave des reacutefeacuterences ayant recours au travail du sol conventionnel et aux pleines doses drsquointrants

Sur tous ces reacutesultats Lucien communique beaucoup avec fougue et passion hellip mecircme si apregraves une vie au contact des acteurs du deacuteveloppement et de la recherche au Breacutesil lrsquoinertie parfois bavarde et suffisante de lrsquoagriculture franccedilaise ne cesse de le surprendre au vue de la crise dans laquelle se deacutebat une immense majoriteacute de producteurs et lrsquoeacutetat geacuteneacuteral de nos sols

Quels enseignements pour lrsquoavenir de notre agriculture

Il y a tant agrave retenir de ce parcours immense pour qui voudrait continuer le travail de Lucien Seacuteguy sur les chemins du deacuteveloppement et de la connaissance des CV agrave travers le monde

Pratiquer les SCV crsquoest vouloir orchestrer la transformation des milieux que lrsquoon cultive par et pour la puissance du veacutegeacutetal Crsquoest penser et organiser des flux puissants de biomasses continu lrsquoeacutenergie solaire par les plantes et la vie du sol Nous savons aujourdrsquohui que cela neacutecessite de maintenir les sols couverts en permanence de mobiliser une grande diversiteacute veacutegeacutetale diversifieacutees pour capter stocker et restituer en au sein des rotations via des couverts multi-speacutecifiques et de reacuteussir

agrave abandonner toute forme de travail du sol Ce dernier point est tregraves deacutebattu peut-ecirctre car il est le symbole le plus embleacutematique drsquoun changement de modegravele radical sucircrement parce qursquoil est celui qui pose le plus de problegravemes de mise en oeuvre dans les phases de transition et pour certaines cultures pour lesquelles des reacutefeacuterentiels techniques solides manquent encore Il est pourtant celui pour lequel la connaissance scientifique est la plus solidement eacutetablie travailler le sol mecircme de faccedilon superficielle et eacutepisodique nuit partout que lrsquoon soit dans la Niegravevre au Queacutebec ou au cœur du Mato Grosso agrave la vie du sol et aux capaciteacutes de stockage et de restitution de lrsquoeacutenergie qursquoelle construit Travailler le sol crsquoest se condamner agrave faire un travail de Peacuteneacutelope toujours deacute faire dans la nuit du sol ce que les plantes photosyntheacutetis(s)ent le jour Crsquoest se condamner agrave rester dans un entre-deux technique agrave se couper drsquoune effectiviteacute pleine entiegravere et continue des processus naturels qui viennent organiser la fertiliteacute des sols et contribuer au controcircle des bio-agresseurs de nos cultures Crsquoest par le respect de ces 3 principes pratiques des SCV que les apports importants et continus de matiegravere organique nourrissent une biodiversiteacute microbienne et inverteacutebreacutee de plus en plus riche complexe et foisonnante et que peuvent srsquoauto-organiser nos sols cultiveacutes

Deacutevelopper des systegravemes de culture et de production en SCV requiert tout drsquoabord drsquoabandonner lrsquoideacutee de recette applicable pour se lancer dans lrsquoexploration libre mais meacutethodique drsquoun immense champ de possibles Cela demande drsquoimaginer et apprendre agrave mener des rotations reacutepondant agrave nos objectifs de

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

39

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

production ougrave cultures et couverts veacutegeacutetaux se relaient pour tendre vers des sols couverts 365 jours sur 365 Cela demande aussi au deacutebut de lrsquoaudace pour rompre les amarres avec le confort rassurant des pratiques conventionnelles institueacutees Crsquoest accepter drsquoen passer par des deacutecisions contraires agrave ce que lrsquoon nous a appris agrave ce que lrsquoon nous recommande Crsquoest refuser de voir un salut dans la laquo high tech raquo preacutetendument reacutevolutionnaire que lrsquoon impose agrave des agriculteurs surendetteacutes pour oser la complexiteacute du vivant et lrsquoautonomie Crsquoest entrer pour la premiegravere fois avec le semoir dans un laquo gros raquo couvert veacutegeacutetal plus tard preacutefeacuterer semer agrave la voleacutee dans des couverts vivants ou par-dessus des cultures murissantes hellip en se demandant tout de mecircme pour une fois agrave lrsquounisson avec les voisins si lrsquoon nrsquoest pas devenu un peu dingo Crsquoest aussi se retenir de faire cet insecticide en acceptant lrsquoideacutee qursquoil y a plus agrave terme agrave y perdre qursquoagrave y gagner preacutefeacuterer nourrir des ravageurs en les leurrant plutocirct que de les tuer et renoncer agrave leurs ennemis naturels etc Toutes ces remises en questions des pratiques courantes dissolvent lrsquoun apregraves lrsquoautre les repegraveres en vigueur et srsquoapparentent au franchissement drsquoun miroir derriegravere lequel se cueillent les beacuteneacutefices que nous servent les processus naturels activeacutes un miroir derriegravere lequel aussi les systegravemes avec travail du sol apparaissent pour ce qursquoils sont absurdes et contre-nature Cette transformation de nos faccedilons de cultiver nous a transformeacute autant que nos sols et nos exploitations et pourtant nous sommes conscients drsquoecirctre agrave lrsquooreacutee drsquoun immense territoire que nous commenccedilons agrave peine agrave explorer source de confiance en lrsquoavenir et drsquoune humiliteacute heureuse Lucien Seacuteguy voulait avancer sans relacircche dans ce territoire de la biodiversiteacute et du geacutenie veacutegeacutetal au service drsquoune agriculture toujours plus propre et performante La recherche eacuteprouve aussi des difficulteacutes pour srsquoemparer de ces eacutetranges objets techniques que sont les systegravemes de culture agrave base de semis direct sur couverture veacutegeacutetale ces objets techniques deacuteroutent car ils tirent leur efficience des processus naturels qursquoils activent des processus naturels qui dans la dureacutee organisent nos sols et donnent aux eacutecosystegravemes que nous cultivons leurs grandes fonctions de gestion de la fertiliteacute et drsquoautoreacutegulation des nuisibles divers adventices phytophages maladies hellip

Cette meacutediation essentielle du naturel creacutee une distance entre le geste pratique et lrsquoeffectiviteacute associeacutee mesurable dans nos parcelles et nos fermes Elle rend ainsi les approches factorielles de lrsquoagronomie classique fondeacutees sur les analyses des liens preacutesupposeacutes entre pratique et effet impropres agrave lrsquoeacutetude et agrave la conception de ces systegravemes Car ceux-ci ne reacutesultent pas drsquoune combinaison de facteurs mais sont creacuteation eacutemergente drsquoun milieu cultiveacute complexe et transformation concomitante des perceptions et connaissances de celles et ceux qui les pratiquent

Crsquoest pour nous avoir aideacutes agrave nous engager dans cette double transformation que nous tenions ici agrave te remercier Lucien Puisse ton formidable legs ecirctre compris et repris par des acteurs et politiques clairvoyants courageux et ambitieux

[1]Jean-Claude Quillet Hubert Charpentier Christian Abadie Sandrine Gallon amp Alain Coudrillier Noeumll amp Lydie Deneuville Bertrand et Patrick Aubeacutery hellipArticle publieacute sous une autre mise en page dans la revue TCS (Techniques Culturales Simplifieacutees) - laquo Agronomie Eacutecologie et Innovation - TCS Ndeg 108 Juin-Juillet-Aoucirct 2020 raquoArticle reacutedigeacute avec les sources de httpopen-libraryciradfr

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

40

Trimestrielle - Edition N

deg 10

SUCCESS STORIESJO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

Lrsquoapproche laquo paysan agrave paysan raquo par le projet MANITATRA II rocircles des Paysans Leaders (ou paysans relais)

TOKIHERINIONJA Tanjonarilesa Fernand Chef de ProjetRAKOTONDRAMANANA Directeur Exeacutecutif du GSDM

Contexte

Depuis le 20 juillet 2018 le GSDM assure la mise en œuvre du projet intituleacute laquo

MANITATRA II raquo Ce projet est financeacute par lrsquoUE par lrsquointermeacutediaire du COMESA dans le cadre du programme Global Climate Change Alliance Plus (GCCA+) des pays drsquoAfrique des Caraiumlbes et du Pacifique (Intra ACP) conformeacutement agrave lrsquoaccord de subvention NdegCC000418 signeacute par le COMESA et le GSDM Le projet est preacutevu pour couvrir une dureacutee de 3 ans

Lrsquoobjectif geacuteneacuteral du projet eacutetant de soutenir la mise agrave lrsquoeacutechelle de lrsquoAgriculture Climato-Intelligente (ACI) pour atteacutenuer les changements Climatiques et ameacuteliorer la seacutecuriteacute alimentaire agrave Madagascar Pour cela il cible la reacutegion de Vakinankaratra et couvre deux eacutecosystegravemes diffeacuterentes le Moyen-Ouest et les Hautes Terres en intervenant successivement au niveau de 07 et 10 Communes Rurales Et pour atteindre ces objectifs le projet a opteacute pour une approche de diffusion laquo paysan agrave paysan raquo Cette approche a eacuteteacute deacutejagrave testeacutee durant la peacuteriode du projet MANITATRA I (2014 -2015) dans les reacutegions du Vakinankaratra et du Sud - Est

Les paysans leaders (ou paysans relais) sont les pierres angulaires de lrsquoapproche de diffusion de paysan agrave paysan Ils ont eacuteteacute choisis et formeacutes par les techniciens du projet lrsquoeacutequipe du GSDM central et drsquoautres partenaires (Ceffel ADTRMAPDRA DRAEP Vakinankaratra) afin drsquoacqueacuterir les bagages neacutecessaires agrave la transmission des connaissances agro-eacutecologiques agrave leurs paires

Pourquoi cette eacutethodologie

La proximiteacute des paysans leaders avec les producteurs autour permet de corriger les limites de lrsquoapproche laquo technicien agrave paysan raquo qui ne garantit pas toujours une peacuterenniteacute des actions

initieacutees par les projets et qui coucircte nettement plus cher aux projets En effet le fait que les paysans leaders soient issus du lieu drsquointervention leur permet de parler le mecircme langage alors que les techniciens se heurtent geacuteneacuteralement aux barriegraveres des logiques paysannes qui peuvent ecirctre difficiles agrave percer Par ailleurs lrsquoapproche laquo paysan agrave paysan raquo preacutesente un coucirct nettement reacuteduit par rapport agrave lrsquoapproche laquo technicien agrave paysan raquo De plus les paysans leaders resteront toujours dans leur village une fois le projet termineacute Ainsi ils resteront des personnes ressources et continueront agrave donner des conseils aux paysans autour

Choix des paysans leaders

Lrsquoidentification des paysans leaders constituait la premiegravere mission de lrsquoeacutequipe au tout deacutebut du projet Crsquoest une eacutetape cruciale car un mauvais choix de paysan leader fait perdre beaucoup de temps au projet Un certain nombre de critegraveres a eacuteteacute mis en place afin de reacuteduire au maximum ce risquebull Ecirctre paysan de profession (agriculteur

eacuteleveur hellip)bull Possession drsquoune parcelle individuelle drsquoune

surface de 05 agrave 1ha deacutedieacutee agrave la pratique personnelle de lrsquoagro-eacutecologie

bull Ecirctre majeurbull Savoir compter lire et eacutecrirebull Ayant des expeacuteriences en matiegravere drsquoanimation

etou vulgarisation des techniques innovantesbull Ayant une sorte de leadership naturel aupregraves

des villageoisbull Habitant dans la zone drsquointervention du

projetbull De bonne reacuteputationbull Sans affiliation directe avec un parti politiquebull Non engageacute avec drsquoautres organismes

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

41

Trimestrielle - Edition N

deg 10

SUCCESS STORIES

Rocircle des paysans leaders et fonctionnement dun CEP

Les responsabiliteacutes des paysans leaders consistent agrave appuyer les techniciens dans le processus de diffusion de lrsquoagro-eacutecologie Ils doivent obligatoirement geacuterer au sein de leur exploitation un Champ Ecole Paysanne (CEP) individuel ougrave ils vont pratiquer les diffeacuterentes pratiques agro-eacutecologiques promues par le projet Les mises en place au niveau du CEP permet aux techniciens du projet de former et dassurer le recyclage des diverses pratiques agro-eacutecologiques Les formations des paysans leaders sont alors beaucoup plus pratiques que theacuteoriques Ce qui est plus approprieacutee pour ces paysans leaders Ils doivent pour ce faire appliquer rigoureusement les directives fournies par les techniciens Les paysans leaders assurent lrsquointeacutegraliteacute des charges lors des mises en place et entretiens des cultures au niveau du CEP que ce soit en intrants ou main drsquoœuvre Seules les semences de plantes de couvertures qui ne sont pas disponibles dans la zone que le projet leur fourni

Les CEP servent de lieu de formation et de visites eacutechanges organiseacutees par les paysans leaders pour leurs paires A la suite de ces sessions les paysans inteacuteresseacutes par une ou plusieurs pratiques agro-eacutecologiques au niveau des CEP seront accompagneacutes par les paysans leaders afin de les dupliquer au sein de leur exploitation respective Les paysans leaders couvrent geacuteneacuteralement une zone dans un rayon de cinq agrave dix kilomegravetres autour de leur lieu de reacutesidence soit trois agrave quatre fokontany en moyenne Ils sont agrave cet effet eacutequipeacutes drsquoune bicyclette comme moyen de locomotion et des bacircches de formation comme outils lors des seacuteances drsquoanimation Le projet leur dote aussi des bonbonnes et des pulveacuterisateurs leur permettant drsquoappliquer certaine techniques particuliegraveres comme la fabrication de compost liquide et les laquo ady gasy raquo

Engager les paysans leaders dans le processus de diffusion de lrsquoagro-eacutecologie ne signifie pas pour

autant les deacuterouter de leur vocation de paysan Ils ne sont pas des salarieacutes du projet Crsquoest drsquoailleurs pour cette raison que le GSDM a fixeacute par contrat une dureacutee effective de travail maximal de sept jours par mois Par contre le projet leur accorde une compensation journaliegravere de 10000Ar pour leurs interventions

Rocircles des techiciens

Pour MANITATRA II ce sont les paysans leaders qui assurent la diffusion des techniques agro-eacutecologiques promues par le projet Les techniciens jouent le rocircle de facilitateur afin que les paysans leaders puissent atteindre leurs objectifs Ainsi les techniciens encadrent techniquement les paysans leaders Ils ont dans ce sens la responsabiliteacute de faire des suivis des actions meneacutees par les paysans leaders et de les appuyer durant les seacuteances de conseil drsquoanimation et de formation Ils effectuent eacutegalement des appuis sur la mise en place des champs eacutecoles paysans (CEP) sur lesquels les riverains vont pouvoir appreacutecier les eacutetendues de lrsquoapplication des techniques appliqueacutes en agro-eacutecologie Les techniciens fixent les objectifs agrave atteindre selon les attentes du projet Pour MANITATRA II le ratio moyen est drsquoun technicien pour 7 paysans leaders encadreacutes

Perspectives pour les paysans leaders

Ces paysans leaders sont formeacutes reacuteguliegraverement sur diverses theacutematiques par le GSDM Cela afin qursquoils puissent assumer pleinement leurs responsabiliteacutes Lrsquoobjectif eacutetant qursquoils puissent agrave plus long terme devenir prestataire en tant que paysan formateur au niveau des entiteacutes qui auront besoin de leurs services agrave lrsquoinstar du FDA

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

42

Trimestrielle - Edition N

deg 10

SUCCESS STORIES

Laissons parler les paysans

Rindra Sandratriniaina Assitant Chef de projet RAKOTONDRAMANANA Directeur Exeacutecutif du GSDM

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Les reacutesultats obtenus de la deuxiegraveme anneacutee du projet MANITATRA II ont fournis des

enseignements conseacutequents quant aux techniques adopteacutees par les paysans et des inteacuterecircts que ces derniers avaient tireacute de ces adoptions Dans le moyen ouest comme sur la haute terre du Vakinankaratra la pratique du riz pluvial sur mulch de mucuna ont vraiment fait ses preuves Le riz pluvial associeacute au cajanus quoiqursquoen cours drsquoessais a deacutejagrave fourni des reacutesultats probants Les diffeacuterents niveaux drsquoameacutenagement coupleacutes avec les reboisements et la gestion des matiegraveres organiques sont tout autant de techniques que les quelques paysans des communes de Fidirana drsquoAntohobe et de Soavina vont nous deacutelivrer dans ce numeacutero 10 du journal de lrsquoagro-eacutecologie

Drsquoabord M Rakotomanantsoa Modeste drsquoAmbohibolakely de la commune rurale de Fidirana teacutemoigne de son inteacuterecirct quant agrave la pratique du riz pluvial sur mulch de mucuna

Avant cette pratique nous ne pouvions produire qursquoautour de 1tha pour le riz pluvial Actuellement le rendement peut aller jusqursquoagrave 5tha Le mucuna nrsquoagit pas seulement sur la restauration de la fertiliteacute du sol mais aussi sur le nettoyage des parcelles par rapport aux diffeacuterentes pestes veacutegeacutetales qui envahissaient nos parcelles Il srsquoest aveacutereacute que le mucuna permet aussi de lutter contre certains ravageurs de culture Pour nous loin fut le temps ougrave nous eacutetions frustreacutes de la plantation de cette leacutegumineuse non comestible qui accaparait nos surfaces cultivables car vu lrsquointeacuterecirct qursquoy portent le grand nombre la plantation de celle-ci nous engendre deacutesormais des revenus drsquoappoints

En outre je produits aussi du lombricomposte Lrsquoobjectif est toujours eacuteteacute de sevrer notre exploitation de lrsquoutilisation drsquoengrais chimique Avec lrsquoavegravenement des techniques de seacuteparations

de vers drsquoavec le composte la production nrsquoest plus peacutenible comme avant Il nous faut juste surveiller lrsquohumiditeacute la tempeacuterature lrsquoeacutetat du lombricomposteur et enfin veiller agrave ce que les lombrics aient toujours du preacutecomposte precirct agrave lrsquoemploi Je lrsquoutilise surtout dans la production de riz pluvial le maiumls et la production de plants drsquoarbre en peacutepiniegravere ou ccedila mrsquoa permis non seulement de produire des beaux plants mais aussi de beaucoup reacuteduire lrsquoinvasion des ravageurs

Ensuite Razafindrakoto Edouard drsquoAmbohibolakely de la commune de Fidirana stipule que parmi toutes les techniques vulgariseacutees par le GSDM agrave travers le projet MANITATRA II la plantation de mucuna et celle qui apporte le plus drsquointeacuterecircts

Quand je nrsquoavais utiliseacute que des fumiers de parc les fano (heteronicus) et ses vers blancs ont causeacute beaucoup de deacutegacirct sur mes riz et mes maiumls Actuellement en combinant mulch de mucuna et utilisation du lombricomposte nous avons pu doubler notre production Elle permet en effet drsquoeacuteliminer les menaces dues aux attaques des ravageurs de culture et entretien la fertiliteacute du sol

De son cocircteacute Rakotoarijaona Alfred affirme que donner lrsquoexemple sur ses habitudes culturales mis en pratique au niveau de son champ eacutecole paysan (CEP) fait partie de son quotidien de paysan leader (PL)

Il propose entre autre lrsquoameacutenagement en courbe de niveau des parcelles en pente et les techniques de fabrication des diffeacuterents types de compost

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

43

Trimestrielle - Edition N

deg 10

SUCCESS STORIESJO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

comme moyen de gestion durable du sol Lrsquoassociation du riz pluvial avec le cajanus lui a donneacute un excellent reacutesultat Semeacute au moment de la montaison le cajanus associeacute au riz pluvial nrsquoa manifesteacute aucune sorte de concurrence Il ne se ramifie qursquoapregraves la reacutecolte du riz Durant lrsquointersaison il se deacuteveloppent de maniegravere agrave couvrir les parcelles et les preacuteservent des invasions drsquoadventices Le cajanus est connu pour son travail naturel du sol et une production de biomasse pouvant servir au compostage En fin de cycle il fournit aussi drsquoeacutenorme quantiteacute bois pour les cuissons

Pour M Ralaisa Pierre Solofoniaina lrsquoapplication de lrsquoagriculture de conservation a permis de mieux geacuterer ses parcelles surtout vis-agrave-vis des pheacutenomegravenes drsquoeacuterosion

Jrsquoavais mis en place des courbes de niveau sur mes parcelles puis jrsquoai installeacute de couverture veacutegeacutetale comme le mucuna Depuis je ne travaille plus mes terres et les sarclages sont deacutesormais moins contraignants Je me suis eacutegalement aperccedilu que les effets du striga se sont beaucoup amoindris Comme reacutesultats si avant pour le riz pluvial nous ne pouvons obtenir qursquoenviron 1tha maintenant nous arrivons agrave produire 40kg de paddy par are soit dans les 4tha Jrsquoai entrepris ces travaux car je vise surtout lrsquoavenir de mes enfants Je dois ecirctre en mesure de leur leacuteguer de la bonne terre) raquo

Rabemanantsoa Gilbert drsquoAnkily du Fokontany drsquoAntampondravola un alevineur professionnel avait beacuteneacuteficieacute des appuis sur la protection des bassins versants autour de ses bassins piscicoles

Les appuis du projet MANITATRA II mrsquoa permis de mettre agrave jour mes techniques drsquoalevinage Mais le plus important eacutetait ces ameacutenagements

des versants autour de mes bassins piscicoles Nous nous y sommes mis pour combattre le fleacuteau drsquoeacuterosion qui agrave chaque peacuteriode de pluie menacent drsquoensabler nos bassins Les versants ameacutenageacutes sont actuellement stabiliseacutes avec des haies vives de cajanus renforceacutes avec du brachiaria et diverses plantes de couverture

Depuis longtemps je pratique aussi le lombricompostage Il mrsquoa permis de reacuteduire lrsquoutilisation des produits chimiques et surtout drsquoalleacuteger les peines relatives au transport vers les parcelles Quand la population de lombrics augmente il mrsquoarrive de les reacuteguler en preacutelevant une certaine quantiteacute pour nourrir mes poissons

Du cocircteacute de la commune drsquoAntohobe Mme Rafanjanirina Jeanne Philomegravene a entrepris la restauration de la fertiliteacute de ses parcelles apregraves quelque heacutesitation

Il y a 2 ans le technicien du projet Manitatra travaillant dans notre commune nous a animeacute sur les techniques de restauration de la fertiliteacute du sol Au deacutebut je nrsquoeacutetais pas vraiment convaincue du bien-fondeacute de ces techniques mais apregraves avoir assisteacute agrave une visite eacutechange au niveau du site drsquoIvory et apregraves avoir constateacute la reacuteussite de mon fregravere sur le reboisement jrsquoai deacutecideacute de mrsquoy mettre Nous avons adopteacute le lombricompostage et la fabrication de biopesticide Reacutecemment nous avons constateacute que lrsquoassociation de mucuna avec le maiumls permet de proteacuteger ces derniers contre les attaques de chenilles

Avant nous avons comme habitude drsquoutiliser du cendre du riz pluvial et nous nrsquoavons pu obtenir que 240kg de paddy par are Apregraves lrsquoutilisation du lombricompost la mecircme surface nous a donneacute 320kg agrave 400kg Sur la production de tomate avant nous ne pouvons faire que 4 reacutecoltes maintenant avec le lombricompost ccedila peut aller jusqursquoagrave 6 voire 7 reacutecoltes

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

44

Trimestrielle - Edition N

deg 10

SUCCESS STORIESJO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

A Soavina Rasoanindrina Wivine eacutetait pris drsquoeacutetau par une grande parcelle qursquoelle avait preacutevu drsquoabandonner car elle ne lui permettait plus de produire grand-chose

En effet ladite parcelle eacutetait non seulement deacutegradeacute mais eacutetait aussi envahi par le striga et le kidoronrsquoalika (Acantospermum austral) A la suite drsquoune reacuteunion de sensibilisation organiseacutee par le technicien posteacute agrave Soavina jrsquoavais deacutecideacute drsquoy planter du mucuna et du Stylosanthes associeacute avec un peu de maiumls et du riz pluvial Degraves la premiegravere anneacutee une ameacutelioration du rendement en riz srsquoeacutetait fait ressentir A la

deuxiegraveme anneacutee malgreacute la seacutecheresse le riz eacutetait drsquoune tregraves bonne veacutegeacutetation mais lrsquoinsuffisance de pluie au moment de la floraison dans notre reacutegion ne nous a pas permis drsquoobtenir des graines

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

45

Trimestrielle - Edition N

deg 10

ACTUALITES

Dans le cadre du Projet MANITATRA II sur financement du COMESAUnion

Europeacuteenne (11egraveme FED agrave destination des pays ACP dans le cadre de lrsquoAlliance Mondiale pour le Climat) le GSDM srsquoest lanceacute dans la production et la reacutealisation drsquoun film drsquoanimation 3D sur la base de son livret ludique un guide de formation conccedilu pour lrsquoapprentissage de lrsquoAgro-eacutecologie et de lrsquoeacuteducation environnementale en milieu scolaire Lrsquoobjectif eacutetant de renforcer la promotion de lrsquoAgriculture Climato-Intelligente au niveau national et drsquoappuyer la prise en compte de lrsquoAgro-eacutecologie dans les politiques publiques et les projetsprogrammes Dans ce sens ce film drsquoanimation 3D constitue un outil de plaidoyer mais eacutegalement un support de formation drsquoanimationsensibilisation

Lrsquoideacutee drsquointeacutegrer lrsquoAgro-eacutecologie dans tous types de formation essentiellement dans lrsquoenseignement de base agrave Madagascar a eacuteteacute eacutevoqueacutee depuis bien des anneacutees lors des diffeacuterents ateliers et eacutevegravenements

organiseacutes par le GSDM Cette reacuteflexion a eacuteteacute soutenue aussi bien par lrsquoAdministration que par les partenaires techniques et financiers mais eacutegalement par les diffeacuterents acteurs de deacuteveloppement impliqueacutes œuvrant dans le secteur du deacuteveloppement durable

Lrsquointeacutegration de lrsquoAgro-eacutecologie en milieu scolaire a eacuteteacute initieacutee par le GSDM en 2017 au travers du projet PAPAM sur financement de lrsquoAFD Il eacutetait preacutevu de seacutelectionner 6 eacutetablissements publics etou priveacutes de niveau collegravege dans la reacutegion du Vakinankaratra Au travers des activiteacutes parascolaires lrsquoideacutee eacutetait de former des enseignants pour assurer le transfert de connaissances aux eacutelegraveves de 6egraveme et 5egraveme Avec les acquis de WWF membre du GSDM et la collaboration de lrsquoOEMC aupregraves du Ministegravere de lrsquoEducation Nationale de lrsquoEnseignement Technique et Professionnel un document de concept note a eacuteteacute eacutelaboreacute pour la mise en œuvre drsquoune phase pilote De la

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Un film drsquoanimation 3D sur lrsquointeacutegration de lrsquoAgro-eacutecologie en milieu scolaire pour la vulgarisation de lrsquoAgro-eacutecologie au niveau national

LrsquoEducation agrave lrsquoinverse une maniegravere de diffuser lrsquoAgro-eacutecologiehelliphelliplrsquoAgro-eacutecologie pour les geacuteneacuterations futures

Equipe GSDM

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

46

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

mission de diagnostic visant lrsquoidentification des eacutetablissements beacuteneacuteficiaires aux missions de formation de conception de supports et de

suivi les eacutetapes de la mise en œuvre ont eacuteteacute reacutealiseacutees sous lrsquoeacutegide de la Direction Reacutegionale de lrsquoAgriculture de lrsquoElevage et de la Pecircche et de la Direction Reacutegionale de

lrsquoEducation Nationale de lrsquoEnseignement Technique et Professionnel Un atelier bilan a eacuteteacute organiseacute agrave la fin de lrsquoanneacutee scolaire 2017-2018 pour eacutevaluer et mesurer les impacts de ce

mode laquo drsquoeacuteducation agrave lrsquoinverse raquo ougrave les enfants forment leurs parents pour un changement de paradigme

Le succegraves de la phase pilote a tout particuliegraverement susciteacute lrsquoattention de nombreux partenaires techniques et financiers souhaitant investir dans lrsquoeacuteducation des jeunes dans le cadre du deacuteveloppement durable Une extension des activiteacutes a eacuteteacute ainsi programmeacutee au travers du projet MANITATRA II sur financement du COMESAUnion Europeacuteenne pour 3 anneacutees scolaires conseacutecutives 20182019 - 20192020 et 20202021 Six (6) nouveaux eacutetablissements ont eacuteteacute seacutelectionneacutes selon les critegraveres du projet Pour la peacuterennisation des actions le projet MANITATRA II a maintenu lrsquoappui technique au niveau des eacutecoles PAPAM A lrsquoissu de lrsquoatelier bilan organiseacute agrave la fin de lrsquoanneacutee scolaire 2018-2019 la sollicitation du GIZProSol sur financement de la Coopeacuteration Allemande a emmeneacute agrave lrsquoextension des activiteacutes au profit de 8 nouveaux eacutetablissements dans la Reacutegion Boeny

Les beacuteneacuteficiaires directes sont actuellement au nombre de 3897 eacutelegraveves reacutepartis au niveau de 20 eacutetablissements dont 3 047 dans la reacutegion de Vakinankaratra et 850 dans la reacutegion

Boeny Cette eacuteducation agrave lrsquoinverse touche eacutegalement les parents le corps eacuteducatif les paysans aux alentours mais aussi les acteurs de deacuteveloppement et les deacutecideurs

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

47

Trimestrielle - Edition N

deg 10

AGRO-ECOLOGIE EN PHOTOJO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

Le Comiteacute de pilotage du Projet MANITATRA II sest reacuteuni pour la 2egraveme fois le 24 septembre

2020 pour lexamen du rapport dactiviteacute de lanneacutee 2 et de la programmation des activiteacutes de lanneacutee 3

Ont reacutepondu preacutesent le DGA du MAEP en sa qualiteacute de Peacutersident du Comiteacute le PCA du GSDM le Vice-Preacutesident

du CA du GSDM le Directeur du Deacuteveloppement Reacutegional du Vakinankaratra le DRAEP Vakinankaratra le DREDD Vakinankaratra et le Repreacutesentant du MEDD par le biais de son Conseiller Technique

Reacuteunion du comiteacute de Pilotage du projet Manitatra II le 24 Septembre 2020

Les journeacutees Agro-eacutecologiques du Vakinankaratra se sont tenues les 19 et 20 mars 2020 Ces

2 journeacutees ont eacuteteacute consacreacutees pour le partage des acquis et expeacuteriences en Agro-eacutecologie face au deacutefis du changement climatique et de linseacutecuriteacute alimentaire On a vu la participation de lAdministration au travers du Ministegravere de lAgriculture de lElevage et de la Pecircche du Ministegravere de lEnvironnement et du Deacuteveloppement Durable du Ministegravere de lEducation Nationale de la Direction de la meacuteteacuteorologie des autoriteacutes locales des partenaires techniques et financiers des beacuteneacuteficiaires et des journalistes

La premiegravere journeacutee a eacuteteacute deacutedieacutee agrave la visite des reacutealisations en Agro-eacutecologie suivie dun atelier de restitution le 2egraveme jour Tant sur le terrain quau travers des teacutemoignages en salle lactiviteacute lieacutee agrave linteacutegration de lAgro-eacutecologie en milieu scolaire a succiteacute lattention des participants Cette mode deacuteducation agrave linverse ougrave les enfants forment leurs parents a tout particuliegraverement toucheacute de nombreux meacutenages Desormais les parents souhaitent ecirctre formeacutes sur diffeacuterents theacutematiques en Agro-eacutecologie tels que le compsotage lAgriculture de conservation et lAgroforesterie

Objectif atteint pour le GSDM la reacuteussite de cet eacutevenement est ducirc agrave la participation active des diffeacuterents intervenants En vue dune agriculture durable la peacutereacutenisation des acquis et limportance de la prise en compte de lAgro-eacutecologie dans les politiques publiques a eacuteteacute souleveacutee et approuveacutee

Journeacutees Agro-eacutecologiques du Vakinankaratra les 19 et 20 mars 2020

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

48

Trimestrielle - Edition N

deg 10

Deacutecembre2020

Octobre 2020

Septembre 2020

Novembre 2020

Ont participeacute agrave ce numeacutero bull Mireille RAZAKA - Responsable Communication du GSDMbull Vololoniraisana RANDRIAMIARANA - Agronome du GSDMbull Martin RANDRIAMITANTSOA - Consultant Agronome du GSDMbull Tahina RAHARISON - Consultant Agronome Socio-eacuteconomiste du GSDMbull TOKIHERINIONJA Tanjonarilesa Fernand - Chef de Projet MANITATRA IIbull RAKOTONDRAMANANA - Directeur Exeacutecutif du GSDM

Rubrique laquoLAgro-eacutecologie au niveau nationalraquo WWH - DURRELL - CEFFEL membre du GSDM - GIZProSol Partenaire Technique et FinancierRubrique laquoDossierraquo Collegravegues rapprocheacutes de Lucien SEGUYRubrique laquoRechercheraquo FOFIFA - Dp SPAD - Partenaires techniques Rubrique laquoSuccess Storiesraquo GSDM Vakinankaratra (MANITATRA II)Entiteacute de validation Comiteacute de lecture les membres du GSDM GSDM Copyrigth septembre2020

Site WebFacebook YoutubeRoute drsquoAmbohipo

Lot VA 26 Y AmbatorokaBP 6039 Ambanidia Antananarivo 101 Madagascar

Teacutel (+261) 20 22 276 27

CALENDRIER DIVERS CONTACTS

Site WebFacebook

Teacutel (261 20) 22 200 46 agrave 48Fax (261 20) 22 347 94

afdantananarivoafdfr

23 rue RazanakombanaAmbohijatovo BP 557

AntananarivoMADAGASCAR

Pour de plus amples informations etou pour toutes ameacuteliorations contacter nous au

Ce journal a eacuteteacute financeacute au deacutepart par lrsquoAFD (projet PAPAM) et par le COMESAUE (projet MANITATRA 2) agrave partir de leacutedition Ndeg8

Les membres du GSDM

Direacutecteur Exeacutecutif gsdmdemoovmgResponsable communication razakamireilleyahoofr

Evegravenements

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

- Mission de suivi Alaotra - Mission de suivi Sud-Est- Mission drsquoevaluation et bilan de campagne ATASEF - Formation des techniciens des ONGencadreacutes par ECO-CONSULT - GIZProSol

- Preacutesentation officielle du film drsquoanimation 3D Ny Fambolena maharitraho anny taranaka mifandimby- Atelier bilan eacutecole Manitatra II- Expertise OSDRM dans la Diana

Directeur de publication RAKOTONDRAMANANA DL imprimeur Ndeg - Editeacute en 140 exemplaires

Facebook Site Web

- Atelier recherche et deacuteveloppement - Emission FIVOHY sur la RNM tous les 3egraveme samedis du mois de 08h15 agrave 08h30 du matin

- Campagne culturale grande saison- Journeacutees Agro-eacutecologiques du Sud-Est

Open library

  • Signet 1
Page 13: Edito - gsdm-mg.org

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

13

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Derniegraverement ses inteacuterecircts en agronomie sur lrsquoameacutelioration du rendement du riz pluvial sur reacutesidus de maiumls + mucuna et ceux du maiumls en association avec le mucuna ont eacuteteacute publieacutes par le GSDM Ces rendements repreacutesentent 3 agrave 4 fois les rendements obtenus sur labour en sol nu (sans couvert veacutegeacutetal) avec les mecircmes doses de fertilisation (GSDM 2020) Cette capaciteacute des systegravemes agrave base de mucuna sur le rendement en plus de ses effets contre les mauvaises herbes et contre les insectes observeacutee sur plusieurs anneacutees justifie sa large diffusion actuelle chez les paysans De plus contrairement aux autres leacutegumineuses comme le nieacutebeacute (Vigna unguculata) le haricot le soja ou le Vigna umbellata (tsiasisa) le mucuna nrsquoest pas attaqueacute par les chenilles (Helicoverpa armigera) ou les chenilles leacutegionnaires drsquoautomne (Spodoptera frugiperda) (RAKOTONDRAMANA et al 2018) Ainsi suite agrave des anneacutees de production les graines de mucuna issue de ce systegraveme deviennent de plus en plus nombreuses Par ailleurs il srsquoavegravere judicieux de les valoriser dans lrsquoalimentation animale En tant que leacutegumineuse les graines de mucuna sont relativement riches en proteacuteine (composant le plus couteux dans la formulation alimentaire

des animaux) Cette pratique est lrsquoune des bases de lrsquointeacutegration agriculture-eacutelevage (IAE) agrave lrsquoeacutechelle de lrsquoexploitation sur lrsquointensification de la production par la valorisation des produits et reacutesidus pour lrsquoeacutelaboration de rations eacutequilibreacutees aux animaux (Lhoste 2008)

Figure 1 Les varieacuteteacutes de mucuna agrave Madagascar

Analyses en laboratoire

Pour pouvoir utiliser le mucuna dans lalimentation animale il est primordial de deacuteterminer ses valeurs nutritionnelles Ainsi les reacutesultats danalyses ont confirmeacute sa richesse en proteacuteine Cependant malgreacute un taux inteacuteressant en proteacuteine sa valeur biologique est reacuteduite par la preacutesence de la L-Dopa (34- dihydroxyphenylalanine qui est un acide amineacute non proteacuteique) qui est une substance anti-nutritionnelle preacutesente dans la graine de mucuna La L-Dopa est une moleacutecule thermolabile et hydrosoluble Ainsi des hypothegraveses ont eacuteteacute apporteacutees sur les possibiliteacutes de reacuteduire la teneur en L-Dopa dans la graine sans pour autant reacuteduire la teneur en proteacuteine qui est deacutenatureacutee par la chaleur Par ailleurs plusieurs traitements et combinaison de traitements ont eacuteteacute testeacutes (Figure 2) Ces traitements sont suivis drsquoanalyses nutritionnelle et toxicologique (Tableau 1) afin drsquoeacutevaluer le traitement le plus efficient cest-agrave-dire le moins toxique et ayant une valeur nutritionnelle inteacuteressante

Mucuna pruriens utilis jaune

Mucuna pruriens utilis noir

Mucuna pruriens yardghana

Mucuna pruriens IRZ

Mucuna pruriens rajada Mucuna pruriens Mucuna pruriens

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

14

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

MB T1 T2 T3 E1 E2 TE D1 D2 D3 TBic MTMatiegravere Segraveche () 938 949 952 959 945 944 984 828 995 991 939 946Matiegravere Mineacuterale () 35 415 38 40 42 39 41 27 27 19 41 44Cendre Insoluble () 01 01 01 00 01 01 01 01 01 01 01 01Calcium () 04 05 05 04 02 03 02 012 02 156 03 015Phosphore () 07 08 07 07 08 07 08 109 07 052 07 097Proteacuteine Brute () 263 242 235 226 257 238 214 270 217 248 242 243Matiegravere Grasse () 42 44 42 45 50 42 48 - 50 62 52 30L-dopa () 66 595 523 291 315 202 22 - 079 075 296 -

bull Mucuna non traiteacute (MB)bull Mucuna traiteacute trempage (T1 24h T2 48h et T3 72h)bull Mucuna traiteacute par eacutebullition (sur diffeacuterents temps drsquoeacutebullition E1 30min et E2 60min)bull Mucuna traiteacute par trempage suivi drsquoeacutebullition (TE)bull Mucuna deacutepelliculeacute (sur diffeacuterents temps de trempage D1 24h D2 48h et D3 72h) bull Mucuna traiteacute par eacutebullition dans une solution contenant 02 de bicarbonate (TBic)bull Mucuna traiteacute par torreacutefaction (MT)

Figure 2 Traitements du Mucuna

Expeacuterimentations en milieu controcircleacute

Des formulations alimentaires (Provende) agrave base de mucuna ont eacuteteacute effectueacutees puis testeacutees sur des animaux en milieu controcircleacute dans la station de recherche du FOFIFA agrave Kianjasoa Il srsquoagit de comparer les performances zootechniques des porcs et des volailles nourris avec des rations contenant un pourcentage deacutetermineacute de mucuna sur un traitement deacutetermineacute contre des lots teacutemoins de ces mecircmes animaux mais alimenteacutes avec des rations agrave 0 mucuna

RECHERCHES

Tableau 1 Valeurs nutritionnelles et teneur en L-Dopa du mucuna suivant diffeacuterents traitements (en pourcentage de la matiegravere segraveche)

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

15

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Expeacuterimentation sur les porcelets

Les expeacuterimentations ont eacuteteacute reacutealiseacutees sur diffeacuterents taux drsquoincorporation de mucuna (5 10 20 et 40) mais les gains de poids consideacutereacutes comme plus efficaces sont ceux enregistreacutes agrave une incorporation de 20 Par ailleurs le test sur animaux sur trois lots de porcelets recevant respectivement une ration agrave 0 de mucuna 20 mucuna torreacutefieacute et 20 de mucuna traiteacutee par le bicarbonate a eacuteteacute effectueacute Apregraves un mois et demi dexpeacuterimentation sans compter la peacuteriode dadaptation Le Gain moyen quotidien (GMQ) du lot teacutemoin est de 305 g contre 355g pour le lot recevant 20 de mucuna torreacutefieacute et 319 g pour le lot recevant 20 de mucuna traiteacutee au bicarbonate (Figure 3)

Figure 3 Gain moyen quotidien (en gramme) durant 45 jours de 3 lots de porcelets recevant une provende agrave base de mucuna

Ces expeacuterimentations nous montrent que les graines de mucuna peuvent bien ecirctre utiliseacutees dans lrsquoalimentation des porcs malgreacute la preacutesence de la L-Dopa qui nrsquoest pas totalement eacutelimineacutee par les traitements thermiques etou chimiques La comparaison drsquoune ration iso-proteacuteique et iso-eacutenergeacutetique du mucuna traiteacute au bicarbonate nrsquoa montreacute aucune diffeacuterence significative par rapport agrave une ration normale Par ailleurs le traitement par torreacutefaction est consideacutereacute comme efficace pour la ration des porcs La libeacuteration dacide gras durant la torreacutefaction ameacuteliore la palatabiliteacute de la ration et a un effet beacuteneacutefique sur lrsquoindice de conversion alimentaire

Expeacuterimentations sur les volailles

Les volailles repreacutesentent une source preacutecieuse de proteacuteines animales drsquoune grande valeur biologique Son eacutelevage se fait partout dans le monde dans des conditions tregraves variables Mais lrsquoobjectif principal est toujours drsquoavoir une production maximum agrave un coucirct minimum tout en eacutevitant les risques Par ailleurs la compleacutementation des aliments de volailles par le mucuna a eacuteteacute entreprise pour ameacuteliorer la productiviteacute (viande et œufs) Cette ameacutelioration a eacuteteacute entreprise sur les diffeacuterentes races existantes agrave Madagascar poulets de chair poule pondeuse et poulet de races locales Ainsi plusieurs lots de volailles recevant diffeacuterents taux drsquoincorporation de mucuna ont eacuteteacute compareacutes

Pour les poulets de chair quarante poussins de chair vaccineacutes et deacuteparasiteacutes ont eacuteteacute subdiviseacutes en 4 lots de 10 poussins 3 lots recevant respectivement un aliment incorporeacute de 0 10 et 20 de mucuna traiteacute par le bicarbonate 02 et le 4egraveme lot recevant du mucuna traiteacute par le proceacutedeacute D1 agrave 10 Au cours des 45 jours drsquoexpeacuterimentations des peseacutes hebdomadaires ont permis de suivre les performances de croissances de chaque poulet

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

16

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Figure 4 Poids des poulets de chair (en gramme) apregraves 45 jours drsquoexpeacuterimentations

En geacuteneacuteral lrsquoaugmentation du taux drsquoincorporation du mucuna dans la ration affecte la productiviteacute moyenne des poulets de chair qui est inversement proportionnelle agrave ce dernier Les poids finaux sont respectivement 1300g 1100g et 850g pour les 3 lots agrave 0 10 et 20 de Mucuna Il est eacutevident que malgreacute le taux inteacuteressant en proteacuteine et dacide amineacute dans le mucuna sa valeur biologique est reacuteduite par la preacutesence de la L-Dopa et cela affecte consideacuterablement la productiviteacute des poulets de chair Par contre lrsquoincorporation agrave 10 de mucuna deacutepelliculeacute dans la ration des poulets de chair ne preacutesente aucune diffeacuterence significative aux reacutesultats obtenus par la ration agrave 0 de mucuna (Figure 4) Par ailleurs il est donc indispensable de deacutepelliculer le mucuna avant de lintroduire dans la ration des poulets de chair

Pour les poules pondeuses

Trente poulettes precirctes agrave pondre (45 mois) de race Hulyn sp (Figure 6) ont eacuteteacute choisies pour mener lexpeacuterimentation Trois lots de 10 poulettes ont eacuteteacute formeacutes pour recevoir une ration contenant respectivement 0 10 et 20 de Mucuna traiteacutes par le Bicarbonate 02 Ce mecircme dispositif a eacuteteacute utiliseacute pour le test avec le mucuna deacutepelliculeacute Dans cette cateacutegorie le produit principal est lrsquoœuf drsquoougrave notre paramegravetre eacutetudieacute est le taux de ponte ainsi que le calibre des œufs

Figure 5 Performance zootechnique des poules pondeuses

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

17

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Lrsquoenregistrement des donneacutees journaliegraveres de ponte indique qursquoil nrsquoy a pas de diffeacuterences significatives entre les taux de ponte des poulettes recevant 0 et 10 de mucuna Par contre les poulettes nourries avec du mucuna agrave 20 nrsquoont jamais atteint un taux de ponte de 100 ceci pour dire que la teneur eacuteleveacutee en mucuna dans la ration affecte la ponte (Figure 5) Il est donc recommandeacute de ne pas deacutepasser les 10 dincorporation de mucuna dans la ration des poules pondeuses Pour les poules pondeuses nourris avec le mucuna deacutepelliculeacute les reacutesultats enregistreacutes nont pas de diffeacuterence significative avec ceux obtenus par le traitement preacuteceacutedant Par ailleurs nous pouvons opter pour le traitement avec le bicarbonate car ce traitement est moins couteux en termes de travail de temps ainsi que de faciliteacute de preacuteparation Cependant en ce qui concerne la taille des œufs les calibres des œufs des poules alimenteacutes avec une ration agrave 10 de mucuna deacutepelliculeacute sont leacutegegraverement supeacuterieurs agrave ceux des poules nourries avec du mucuna bicarbonateacute 10 (Figure 5) ainsi que ceux du lot teacutemoins agrave 0 Nous pouvons donc tirer une conclusion que le mucuna a un leacuteger effet positif sur les performances des poules pondeuses Le taux dincorporation (infeacuterieur agrave 10) et le traitement (deacutepelliculage) jouent un rocircle important

Figure 6 Introduction du mucuna dans la ration des poules pondeuses

Pour les poulets de races locales (akoho gasy)

Six lots de 20 tecirctes ont eacuteteacute constitueacutes pour recevoir une ration contenant respectivement 0 15 et de 30 de mucuna bicarbonateacute et 0 15 et de 30 de mucuna torreacutefieacute Des traitements sanitaires ont eacuteteacute effectueacutes au preacutealable tels que les vaccinations et les deacuteparasitages Ensuite les performances zootechniques (Poids) ont eacuteteacute mesureacutees toutes les semaines afin de calculer les gains de poids moyens quotidiens (GMQ) Leacutevolution du poids des poulets de races locales Akoho gasy durant 3 mois sur les 6 lots recevant des rations diffeacuterentes agrave base de mucuna nous indiquent quil ny a pas de diffeacuterence significative entre chaque lot Cependant nous pouvons constater que les poulets de races locales peuvent tregraves bien supporter une incorporation de mucuna jusquagrave 30 Pailleurs une vulgarisation de ces reacutesultats en milieu reacuteel au niveau des paysans a eacuteteacute effectueacutee Pour cela deux groupes deacuteleveurs de poulets de race locale ont eacuteteacute seacutelectionneacutes pour tester leur appreacuteciation sur ces deux types de traitement (bicarbonateacute et deacutepelliculeacute) agrave 30 de mucuna

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

18

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Figure 7 Comparaison en milieu reacuteel des performances des poulets de race locale alimenteacute au Mucuna

bull MT1 Mucuna cuit avec du Bicarbonate bull MT2 Mucuna torreacutefieacute bull SM Ration sans mucuna

Apregraves trois mois deacutevaluation coupleacutee de visites de pesage hebdomadaire Il a eacuteteacute constateacute que le gain de poids des poulets nourris par le mucuna bicarbonateacute est plus eacuteleveacute que ceux nourris avec le mucuna torreacutefieacute (Figure 7) Malheureusement face au travail que demande le traitement par le bicarbonate aucun des eacuteleveurs na adopteacute ce traitement apregraves lexpeacuterimentation Selon ces eacuteleveurs la diffeacuterence entre les performances est moindre alors que le traitement au bicarbonate demande beaucoup de travail

Conclusion

Agrave Madagascar le mucuna est principalement cultiveacutee pour ses qualiteacutes dameacutelioration du sol en tant que plante de couverture Cette eacutetude a permis de mettre en eacutevidence la possibiliteacute de lincorporer dans lalimentation des animaux de rente Cependant des traitements preacutealables de la graine doivent ecirctre effectueacutes pour pouvoir le valoriser dans lalimentation animale Ces traitements doivent ecirctre accoupleacutes au taux dincorporation adeacutequate pour que ce dernier ne puisse preacutesenter drsquoeffets neacutegatifs sur la croissance des animaux ni sur lrsquoappeacutetibiliteacute des aliments Les graines de mucuna repreacutesentent donc une opportuniteacute pour les petits producteurs agrave Madagascar Ceci permet drsquoatteindre des objectifs de production eacuteconomiquement inteacuteressants dans le cas drsquoun eacutelevage ameacutelioreacute Au vu de ces reacutesultats lrsquoutilisation des ressources non conventionnelles locales parfois en abondance et nrsquoentrant pas en compeacutetition avec lrsquoalimentation humaine est une alternative inteacuteressante pour ameacuteliorer la production animale Par ailleurs il permet ainsi de reacuteduire consideacuterablement les deacutepenses en eacutelevage constitueacutees en grande partie par le coucirct des aliments

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

19

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

bull bull bull bull bull bull

Utilisation des fumures organiques et des engrais dans les strateacutegies de gestion de la fertiliteacute des sols des exploitations agricoles du Moyen-Ouest de la reacutegion

Vakinankaratra et de la zone Est de la reacutegion drsquoItasy Madagascar

RAZAFIMAHATRATRA Hanitriniaina Mamy (FOFIFA) BEacuteLIEgraveRES Jean-Franccedilois (CIRADART-Dev et FOFIFA) RAHARIMALALA Sitrakiniaina (FOFIFAESSA) RANDRIAMIHARY FETRA SAROBIDY Eddy Josephson (FOFIFAESSA) AUTFRAY Patrice

(CIRADAIDA) RAZANAKOTO Onjaherilanto Rakotovao (ESSA) RAHARISON Tahina Solofoniaina (GSDMMontpellier SupAgro)

Introduction

Dans chacun des numeacuteros 8 et 9 du Journal de lrsquoAgroeacutecologie un article preacutesentait

des reacutesultats sur les pratiques de gestion de la fertiliteacute des sols des exploitations agricoles familiales (EAF) obtenus dans le cadre du projet de recherche SECuRE (Soil ECological function REstoration to enhance agrosystem services in rainfed rice cropping systems in agroecological transition) financeacute par la fondation Agropolis Le premier traitait de la diversiteacute et de lrsquoimportance des pratiques dans les EAF le second preacutesentait les quantiteacutes et la qualiteacute des fumures organiques disponibles en lien avec les pratiques de production et drsquoeacutechanges Ce troisiegraveme article est consacreacute agrave lrsquoutilisation des fumures organiques et des engrais acheteacutes une maniegravere de caracteacuteriser en partie tout au moins les strateacutegies de gestion de la fertiliteacute des sols deacuteveloppeacutees par les EAF

bull Parmi les nombreuses pratiques pour une gestion inteacutegreacutee de la fertiliteacute des sols (Sanginga et Woomer 2009 Liniger et al

2011) lrsquoutilisation de fumure organique et drsquoengrais occupe une place preacutepondeacuterante car les effets agrave court et moyen termes sur la productiviteacute des cultures sont importants Lrsquoanalyse des donneacutees collecteacutees1 dans le cadre de Secure permet de caracteacuteriser les pratiques drsquoutilisation de ces intrants (et drsquoune maniegravere plus large de lrsquoensemble des intrants) notamment par rapport aux cultures pratiqueacutees et aux superficies cultiveacutees annuellement Lrsquoarticle est structureacute en trois parties la premiegravere concerne lrsquoacquisition de fertilisants suppleacutementaires avec les engrais commerciaux et les cendres la seconde preacutesente les pratiques quantifieacutees drsquoutilisation de la fertilisation disponible (fumure organique locale cendres et engrais commerciaux) en fonction des cultures enfin la derniegravere partie conclue avec quelques recommandations pour le deacuteveloppement

1 Ces reacutesultats ont eacuteteacute obtenus avec un eacutechantillon drsquoEAF localiseacutees dans le Moyen-Ouest de la reacutegion Vakinankaratra et dans la zone Est de la reacutegion Itasy Pour plus drsquoinformations le lecteur est inviteacute agrave se reporter au ndeg8 de JAE ou sur le site du projet (httpswwwsecuremgle-projet-secure) Il faut rappeler que les reacutesultats sont repreacutesentatifs des fokontany dans les zones drsquoeacutetude car lrsquoeacutechantillonnage des EAF a eacuteteacute fait par tirage au sort

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

20

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

1 Les achats drsquoengrais commerciauxsup2et de cendres

Malgreacute les politiques mises en œuvre depuis des deacutecennies1 les EAF achegravetent peu drsquoengrais chimiques Pour lrsquoensemble de Madagascar au cours des 20 derniegraveres anneacutees la quantiteacute moyenne utiliseacutee varie entre 2 et 6 kg par hectare cultiveacute et par an2

11 Quantiteacutes acheteacutees drsquoengrais commerciaux par EAF et par hectare SAU

Les EAF ont des comportements diffeacuterents selon les zones (tableau 1)

A Mandoto un peu moins drsquoune EAF sur 2 (45) achegravete de lrsquoengrais en faible quantiteacute avec en moyenne 14 kg par an pour un montant moyen de moins de 30 000 Ar Rameneacute agrave lrsquoensemble des EAF de la zone la quantiteacute moyenne acheteacutee est de lrsquoordre de 6 kg par EAF et par an Et quand on ramegravene ces achats drsquoengrais agrave la surface agricole utile (SAU) disponible par EAF on a des valeurs moyennes eacutequivalentes (14 et 6 kgha SAU)

Dans la zone drsquoArivonimamo la consommation drsquoengrais est plus importante 88 des EAF en achegravetent une quantiteacute moyenne de presque 28 kg pour un peu plus de 60 000 Ar ce qui rameneacute agrave lrsquoensemble des EAF fait une moyenne geacuteneacuterale de presque 25 kgEAF Comme la SAU moyenne par EAF est faible les quantiteacutes drsquoengrais disponibles sont de plus de 35 kgha pour les EAF qui en achegravetent et de presque 31 kgha pour lrsquoensemble des EAF

La variabiliteacute est tregraves forte agrave Mandoto et moindre dans la zone drsquoArivonimamo (tableau 1)

Tableau 1 Part des EAF qui achegravetent de lrsquoengrais et quantiteacutes acheteacutees

Mandoto ArivonimamoMoyenne CV Moyenne CV

des EAF qui achegravetent 45 88

Pour les EAF qui achegravetent

Quantiteacute en kgEAF 143 155 279 112

Valeur achat en ArEAF 27 884 153 61 058 117

Quantiteacute par SAU en kgha 140 195 352 101

Pour Quantiteacute en kgEAF 64 257 245 125

Pour lensemble des EAF

Valeur achat en ArEAF 12 490 254 53 707 131

Quantiteacute par SAU en kgha 63 312 309 114

1 On peut simplement rappeler la laquo strateacutegie nationale pour le deacuteveloppement de lrsquoutilisation de lrsquoengrais raquo MAEP 20062 Source httpsdatabankbanquemondialeorghome Ce que Pierre-Bernard et al traduisaient ainsi en 2007 laquo engrais un produit cher et peu utiliseacute raquo agrave Madagascar

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

21

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

On peut srsquoeacutetonner de la faible variation entre la quantiteacute moyenne par EAF et la quantiteacute par SAU agrave Mandoto sachant que dans cette zone la superficie SAU moyenne est de lrsquoordre de 15 ha (voir tableau 2) Ceci provient du fait que les moyennes sont calculeacutees pour les EAF et ne sont pas pondeacutereacutees par les superficies Quand on pondegravere par la superficie la quantiteacute moyenne par hectare SAU pour lrsquoensemble des EAF de Mandoto diminue et passe de 63 agrave 43 kg par hectare On constate la mecircme chose agrave Arivo-nimamo avec la quantiteacute moyenne par hectare SAU qui passe de 309 agrave 271 kgha Ceci signifie que ce ne sont pas les plus grandes EAF (celles qui ont le plus de SAU) qui achegravetent le plus drsquoengrais chimiques Le coefficient de correacutelation entre superficie SAU par EAF et quantiteacute acheteacutee drsquoengrais par hectare est significatif agrave 001 et neacutegatif mais drsquoune valeur faible (-02)

Figure 1 Nuage de point entre SAU par EAF et quantiteacute drsquoengrais par ha de SAU

La Figure 1 ci-contre illustre cela avec les quantiteacutes par hectare SAU (axe vertical) les plus eacuteleveacutees qui correspondent agrave des SAU (axe horizontal) faibles (infeacuterieures agrave 2 hectares) Les EAF de grandes taille (gt2 ha) achegravetent peu drsquoengrais chimiques et en quantiteacute relativement faible par rapport agrave la SAU dont elles disposent On verra plus loin que ce sont des strateacutegies diffeacuterentes de mise en culture (systegraveme de culture) qui expliquent cette situationOn rappellera que 60 des EAF agrave Mandoto et 88 agrave Arivonimamo eacutechangent (achegravetent vendent ou troquent) de la fumure organique (voir JAE ndeg9) et que les pourcentages sont respectivement de 30 et 74 pour les EAF qui achegravetent de la FO Ainsi quand on prend en compte tous les types de fertilisants une

grande majoriteacute des EAF a recours au marcheacute pour acqueacuterir des matiegraveres fertilisantes et geacuterer la fertiliteacute de leurs sols

Enfin par rapport agrave lrsquoutilisation de produits phytosanitaires on observe deux situations diffeacuterentes agrave Mandoto la proportion des EAF qui achegravetent des produits phytosanitaires est de 63 et donc supeacuterieure agrave celles qui achegravetent des engrais commerciaux (45) alors qursquoagrave Arivonimamo dans notre eacutechantillon 75 des EAF utilisent des produits phytosanitaires alors que 88 achegravetent des engrais

12 Types drsquoengrais commerciaux acheteacutes

Les engrais acheteacutes sont essentiellement de type NPK (le plus courant est composeacute de 11 N 22 P2O5 16 K2O) et de lrsquoureacutee (46) ces deux types repreacutesentent en cumuleacute plus de 95 des quantiteacutes agrave Mandoto et 77 agrave Arivonimamo ougrave lrsquoon observe une plus grande diversiteacute (figure 2) en rapport avec une plus grande consommation et aussi drsquoune offre plus importante avec la proximiteacute de la capitale

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

22

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Figure 2 Types dengrais acheteacutes en des quantiteacutes totales

A Arivonimamo le Blaukorn (nom commercial) est bien repreacutesenteacute avec plus de 16 des quantiteacutes Crsquoest un engrais composeacute (NPK) avec drsquoautres eacuteleacutements (magneacutesium soufre bore zinc) laquo agrave action rapide qui assure un effet-starter important raquo notamment sur les cultures maraichegraveres Le DAP (18 N 46 P2O5) est eacutegalement repreacutesenteacute avec 6 des quantiteacutes Les autres produits comme la dolomie (amendement calcaire) et le guano de chauvesouris (Guanomad) riche en phosphates naturels sont tregraves faiblement repreacutesenteacutes (mecircme si Guanomad repreacutesente tout de mecircme un peu plus de 3 dans la zone de Mandoto)

Les prix moyens drsquoachat deacuteclareacutes par les producteurs et pondeacutereacutes par les quantiteacutes diffegraverent peu entre les deux zones (contrairement aux prix de la fumure organique qui sont tregraves diffeacuterents voir JAE ndeg9) Les prix moyens (pour la plupart prix de 2016) sont de 2 100 Arkg pour NPK 1 900 Arkg pour lrsquoureacutee 2 400 Arkg pour le DAP 3 100 Arkg pour le Blaukorn et 1100 Akkg pour le Guanomad

En moyenne une EAF a acheteacute au cours de lrsquoanneacutee pour 12 500 Ar drsquoengrais agrave Mandoto et 54 000 Ar drsquoengrais agrave Arivonimamo Ces montants indiquent un recours tregraves limiteacute aux engrais commerciaux dans les strateacutegies de gestion de la fertiliteacute

13 Le cas particulier des cendres

Les cendres peuvent ecirctre consideacutereacutees comme un engrais ou comme un amendement Elles sont utiliseacutees depuis le deacutebut de lrsquoagriculture pour enrichir les terres cultiveacutees en sels mineacuteraux notamment en potasse et oligo-eacuteleacutements (Poirier et Nuninger 2012) Elles ont un pouvoir alcalinisant et augmentent le pH du sol Elles peuvent ecirctre inteacutegreacutees aux composts ou aux fumiers (voir JAE ndeg9) ou utiliseacutees seules en apport localiseacute ou eacutepandues sur le champ Cette sous partie traite des cendres utiliseacutees directement sur les parcelles

Si la pratique est rare agrave Mandoto (2 des EAF) elle est reacutepandue agrave Arivonimamo ougrave ce sont 19 des EAF qui eacutepandent des cendres acheteacutees Celles-ci proviennent pour lrsquoessentiel des balles de riz utiliseacutees comme eacutenergie pour la fabrication des briques Crsquoest donc le sous-produit drsquoun autre sous-produit agricole (la balle de riz)

Lrsquoeacutevaluation des quantiteacutes en kilogramme est tregraves approximative les producteurs ne connaissant pas les eacutequivalences Les EAF qui eacutepandent directement les cendres ont estimeacute avoir utiliseacute lrsquoanneacutee de lrsquoenquecircte en moyenne environ 250 kgEAF ce qui repreacutesente rameneacute agrave lrsquoensemble des EAF environ 4 kgEAF agrave Mandoto et un peu moins de 50 kg par EAF agrave Arivonimamo

Si les quantiteacutes semblent conseacutequentes (presque le double des quantiteacutes drsquoengrais) la valeur moneacutetaire de ces cendres est faible avec un prix moyen estimeacute entre 30 et 35 Arkilogramme Ainsi les cendres utiliseacutees directement par les EAF sur les cultures repreacutesenteraient une valeur de 8 000 agrave 9 000 Ar pour les EAF qui ont cette pratique et rameneacutees agrave lrsquoensemble des EAF des zones concerneacutees agrave moins de 200 Ar agrave Mandoto et de lrsquoordre de 1 600 Ar agrave Arivonimamo

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

23

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Lrsquoutilisation des cendres directement sur la parcelle sans passer par le compost ou le fumier est une pratique assez courante dans la zone de Arivonimamo Elle participe au recyclage de certains sous-produits et en particulier de la balle de riz utiliseacutee comme combustible pour la fabrication des briques En plus de lrsquoapport en eacuteleacutements fertilisants les cendres ont drsquoautres proprieacuteteacutes selon certains producteurs qui les utilisent dans la lutte contre les ravageurs et les maladies

2 Utilisation de la fumure organique et des engrais commerciaux

Lrsquoenquecircte a permis de collecter les informations neacutecessaires pour reconstituer lrsquoitineacuteraire technique et le budget de culture pour toutes les parcelles cultiveacutees au cours de lrsquoanneacutee agricole enquecircteacutee (201617) soit trois saisons de culture grande saison 201617 saison intermeacutediaire 2017 contre saison 2017 (soit de novembre 2016 agrave octobre 2017) Ainsi les quantiteacutes et la valeur des intrants utiliseacutes pour la fertilisation sont connues par culture et par saison

21 Fertilisation disponible et superficies fertiliseacutees

Le tableau 2 reacutecapitule des quantiteacutes moyennes de matiegraveres fertilisantes disponibles par EAF en additionnant les quantiteacutes de fumure organique (voir JAE ndeg9) et les engrais commerciaux acheteacutes Les EAF de la zone drsquoArivonimamo produisent plus de FO et achegravetent plus drsquoengrais que celles de la zone de Mandoto et en final la disponibiliteacute moyenne en kilogramme est nettement supeacuterieure Rameneacutes agrave la SAU les eacutecarts entre les deux zones augmentent puisque la taille moyenne des EAF de Mandoto est plus grande la quantiteacute disponible par ha SAU va du simple au double

Tableau 2 Quantiteacutes moyennes de fertilisants disponibles par EAF (en kg)

Types de fertilisants Mandoto ArivonimamoFumier 1 676 2 573Compost et autre 458 324Engrais acheteacutes 6 25Cendres acheteacutees 4 48Total (kg) 2 144 2 969SAU (ha) 148 091KgSAU 1 448 3 279S Cultiveacutee en ha 138 113Kg S cultiveacutee 1 558 2 627

apregraves le riz et pour lesquelles la capitale nationale assure des deacuteboucheacutes A Mandoto ce taux de mise en valeur nrsquoest que de 93 avec tregraves peu de cultures maraichegraveres et une part un peu plus importante de jachegraveres avec 11 de la SAU ce qui ne signifie pas qursquoil nrsquoy a pas de jachegravere agrave Arivonimamo ougrave elles repreacutesentent tout de mecircme 8 de la SAU crsquoest lrsquoimportance des cultures maraichegraveres qui impacte le plus le taux de mise en valeur

Il faut rappeler que ces moyennes cachent une grande variabiliteacute Celle-ci a eacuteteacute traiteacutee dans le JAE ndeg9 pour la FO et ci-dessus pour les engrais Crsquoest pourquoi nous nrsquoy reviendrons pas ici la variabiliteacute sera analyseacutee seulement pour lrsquoutilisation

Mais quand on ramegravene ces quantiteacutes disponibles moyennes aux superficies cultiveacutees annuellement lrsquoeacutecart se reacuteduit car dans la zone drsquoArivonimamo les EAF intensifient lrsquoutilisation de la terre avec un taux de mise valeur de 125 (crsquoest-agrave-dire qursquoune parcelle est cultiveacutee une fois en totaliteacute au cours de lrsquoanneacutee agricole et que 25 de sa surface sont cultiveacutes une deuxiegraveme fois) Cette intensification est rendue possible notamment par les productions maraichegraveres que les producteurs cultivent en double culture

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

24

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

La question que lrsquoon peut se poser agrave ce stade est est-ce que ceux qui achegravetent des engrais commerciaux sont ceux qui nrsquoont pas de FO A Mandoto lrsquoanalyse des correacutelations indique qursquoil nrsquoy pas de relation lineacuteaire entre la quantiteacute drsquoengrais acheteacutee et la quantiteacute de fumier produite A Arivonimamo cette relation existe Elle est significative (au seuil de 001) mecircme si le coefficient est faible (03) et surtout elle est positive ce qui indique que ceux qui achegravetent le plus drsquoengrais sont souvent ceux qui produisent le plus de fumier Ainsi il nrsquoy aurait pas un seuil de disponibiliteacute en fumier qui ferait que lrsquoagriculteur ne cherche plus agrave acqueacuterir des engrais consideacuterant qursquoil a assez de matiegraveres fertilisantes La raison des faibles quantiteacutes drsquoengrais acheteacutees est sans doute plus agrave rechercher dans la disponibiliteacute et des contraintes eacuteconomiques

22 Reacutepartition des matiegraveres fertilisantes selon les cultures

Avant de preacutesenter la reacutepartition par culture on peut appreacutecier la part des parcelles et de la superficie selon le type de fertilisation (Tableau 3) Les parcelles et la superficie sans aucun apport agrave Arivonimamo sont moindres (environ un tiers) qursquoagrave Mandoto (41 des parcelles et 52 de la superficie)

Tableau 3 Parts des parcelles et de la superficie selon le type de fertilisation dans les terroirs

ApportsMandoto Arivonimamo

des parcelles

de la surface

des parcelles

de la surface

Sans FO Sans Engrais 41 52 35 33Avec FO seulement 38 33 38 40Avec Engrais seulement 3 2 3 3Avec FO + Engrais 19 13 25 24Ensemble 100 100 100 100

Ainsi mecircme agrave Mandoto plus drsquoune parcelle sur deux reccediloit de la FO et globalement dans les deux terroirs il y a une reacutepartition qui laisse la possibiliteacute pour qursquoune parcelle soit fertiliseacutee plus drsquoune fois tous les deux ans sans preacutejuger ni des doses utiliseacutees ni des cultures privileacutegieacutees Les eacutecarts entre les pourcentages des parcelles et des superficies indiquent qursquoagrave Mandoto ce sont les parcelles en moyenne plus petites qui sont fertiliseacutees ce qui nrsquoest pas le cas agrave Arivonimamo Tregraves rares sont les parcelles qui ne reccediloivent que de lrsquoengrais (quelques parcelles en maraichage mais aussi en riz pluvial et maiumls agrave Mandoto) Ainsi les producteurs qui achegravetent de lrsquoengrais chimique lrsquoutilisent presque toujours sur des parcelles en compleacutement drsquoun apport de fumure organique

Lrsquoutilisation des fertilisants est en lien avec les quantiteacutes disponibles mais aussi les cultures pratiqueacutees Or les exploitations agricoles familiales des deux zones ont des assolements1 sensiblement diffeacuterents comme le montre la premiegravere colonne des deux figures suivantes (Figure 3 et Figure 4) Dans les deux zones le riz irrigueacute de bas-fonds occupe une place importante avec des parts dans lrsquoassolement qui sont relativement proches (29 agrave Mandoto et 32 agrave Arivonimamo) Ainsi mecircme si le Moyen Ouest du Vakinankaratra a la reacuteputation drsquoune zone de cultures pluviales le riz irrigueacute de bas-fonds occupe une place preacutepondeacuterante en terme de superficie (mais aussi en terme de revenu comme on le verra dans le prochain numeacutero de JAE) Les tubercules et les leacutegumineuses occupent agrave peu pregraves la mecircme part de la surface cultiveacutee annuellement dans les deux zones de lrsquoordre de 25 pour les tubercules et 10 pour

1 Ces pourcentages ont eacuteteacute calculeacutes sur la superficie effectivement cultiveacutee crsquoest-agrave-dire sans les jachegraveres Si on integravegre les ja-chegraveres celles-ci repreacutesentent 10 de la surface totale (cultiveacutee + jachegravere) agrave Mandoto et 6 agrave Arivonimamo

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

25

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

les leacutegumineuses mais les espegraveces cultiveacutees sont diffeacuterentes La part des autres cultures est speacutecifique et caracteacuterise la zone

A Mandoto les ceacutereacuteales pluviales occupent pregraves du tiers de la surface (176 en riz pluvial et 15 en maiumls hors jachegravere) Alors qursquoagrave Arivonimamo ces deux cultures occupent seulement 86 de la surface et le maiumls y est vraiment marginal Dans cette zone ce sont les cultures maraichegraveres qui sont importantes avec 224 de la surface Les cultures autres constitueacutees essentiellement par lrsquoagroforesterie avec des fruitiers nrsquoest pas neacutegligeable avec 3 de la surface A Mandoto ces deux types de cultures sont tregraves peu pratiqueacutees (18 de la surface sont consacreacutes aux cultures maraichegraveres et les autres cultures avec 01 sont quasiment inexistantes)

Les donneacutees extrapoleacutees agrave lrsquoensemble des fokontany permettent de connaicirctre sur quelles cultures les matiegraveres fertilisantes disponibles ont eacuteteacute eacutepandues1 Lrsquoeacutechantillon est constitueacute de 2 427 parcelles2 Elles sont plus nombreuses agrave Arivonimamo ougrave lrsquoeacutechantillon drsquoEAF est plus grand mais aussi ougrave la taille moyenne des champs est plus petite et ougrave les doubles cultures sont freacutequentes La deuxiegraveme colonne de chaque figure preacutesente la reacutepartition de la FO (fumier compost et autre matiegraveres organiques) la troisiegraveme colonne est celle des engrais commerciaux Les quantiteacutes disponibles sont diffeacuterentes entre les zones Les pourcentages repreacutesentent la reacutepartition et traduisent la strateacutegie des EAF A Mandoto les EAF privileacutegient le riz pluvial et le maiumls qui reccediloivent 74 de la FO disponible (Figure 3) et 40 des engrais acheteacutes

Figure 3 Reacutepartitions de la superficie cultiveacutee annuellement de la FO et des engrais commerciaux agrave Mandoto

Les autres cultures comme les leacutegumineuses et les tubercules reccediloivent un peu de FO mais le plus souvent parce qursquoelles sont cultiveacutees en association avec du riz pluvial ou du maiumls Le riz irrigueacute qui repreacutesente 29 de la superficie reccediloit moins de 5 de la FO et 14 des engrais Le maraichage pourtant tregraves peu preacutesent (18 des surfaces) reccediloit une part conseacutequente de la FO (54) et surtout des engrais (38 des quantiteacutes disponibles)

Ainsi dans cette zone les producteurs ont une strateacutegie de fertilisation des ceacutereacuteales pluviales sur tanety avec un transfert de fertiliteacute des riziegraveres vers les tanety puisque le fumier integravegre la plus grande partie des pailles du riz des riziegraveres Cette fertilisation profite aussi aux autres cultures pluviales soit avec les associations soit via les rotations qui sont quasiment systeacutematiques en pluvial

1 Les difficulteacutes sont cependant nombreuses et notamment en raison de lrsquoimportance et de la diversiteacute des associations de cultures et des regroupements que nous avons opeacutereacutes pour faciliter la collecte notamment pour le maraichage Nous avons pris lrsquooption comme pour les surfaces de reacutepartir agrave eacutegaliteacute les quantiteacutes entre les diffeacuterentes cultures Ainsi pour une parcelle avec une association riz pluvial et arachide les quantiteacutes drsquointrants ont eacuteteacute reacuteparties pour moitieacute pour le riz pluvial et pour moitieacute pour lrsquoarachide Il en est de mecircme pour une parcelle ougrave ont eacuteteacute regroupeacutees une planche de tomate et une planche drsquooignon alors que peut-ecirctre le producteur avait fait des apports diffeacuterentieacutes2 Au total 2 680 parcelles une fois les parcelles regroupeacutees deacutesagreacutegeacutees On rappellera que les parcelles en jachegravere ne sont pas comprises ici

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

26

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Le riz irrigueacute ne reccediloit pratiquement pas de FO et tregraves peu drsquoengrais avec une strateacutegie drsquoallocation des FO sur les tanety milieu naturellement bien moins fertile que les bas-fonds A Arivonimamo la situation du riz irrigueacute est approximativement la mecircme alors que la surface cultiveacutee repreacutesente 32 cette culture ne reccediloit que 7 de la FO disponible et 4 des engrais Les ceacutereacuteales pluviales sont tregraves peu fertiliseacutees contrairement agrave Mandoto Dans les deux situations les cultures vivriegraveres beacuteneacuteficient des arriegraveres-effets des cultures maraicircchegraveres beaucoup plus fortement fertiliseacutees

Figure 4 Reacutepartitions de la superficie cultiveacutee annuellement de la FO et des engrais commerciaux agrave Arivonimamo

Les cultures privileacutegieacutees sont les cultures maraichegraveres qui reccediloivent 46 de la FO et 77 des engrais mais aussi les tubercules autres que le manioc (patate douce taro et pomme de terre) qui reccediloivent 25 de la FO mais peu drsquoengrais et les leacutegumineuses (haricots) qui reccediloivent un peu plus de FO et drsquoengrais (respectivement 11 et 12) que la part qursquoelles occupent dans lrsquoassolement (9)

Ce sont les cultures exigeantes en fumure mais aussi et surtout fortement commercialiseacutees (maraichage pomme

de terre patate douce taro et haricot) qui reccediloivent lrsquoessentiel de la fertilisation Les rotations permettent aux cultures peu fertiliseacutees de beacuteneacuteficier des arriegraveres effets de la fertilisation des cultures produites drsquoabord pour les marcheacutes Le riz irrigueacute qui nrsquoest pas fertiliseacute beacuteneacutefice des arriegraveres effets des cultures de contre saison sur les riziegraveres

Ainsi les strateacutegies de fertilisation des EAF sont tregraves diffeacuterentes selon les zones en lien avec les cultures produites leur exigence mais surtout en lien avec des objectifs technico-eacuteconomiques et le marcheacute des produits agricoles

23 Les doses apporteacutees

Lrsquoanalyse des quantiteacutes de fumure apporteacutees est faite par culture1 et en tenant compte des associations

A Mandoto (tableau 4) les superficies en culture pure repreacutesentent 71 des parcelles et de la superficie Comme deacutejagrave indiqueacute le riz irrigueacute occupe une place importante mais il est peu fertiliseacute avec seulement 20 des parcelles et 18 de la superficie qui reccediloivent de la fumure organique agrave des doses faibles (moins de 2 tonnes par hectare) et seulement 4 des parcelles reccediloivent de lrsquoengrais (agrave une dose de pregraves de 60 kgha)

1 Seuls les reacutesultats pour les cultures avec un effectif non pondeacutereacute de plus de 15 parcelles sont preacutesenteacutes ici On notera que pour les principales cultures la taille de lrsquoeacutechantillon est conseacutequente

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

27

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Tableau 4 Apports de FO et dengrais sur les cultures cultiveacutees pures agrave Mandoto en (kg)

Cultures pures Nbre de parcelles

Surface ha

Parcelle avec Superficie avec Superficie avec Dose moy FO

en kghaDose moy

Engrais kgha

FO Engrais FO EngraisToutes

les parcelles

Parcelles avec

Toutes les

parcelles

Parcelles avec

Riz bas-fond 242 5834 20 4 18 4 377 1 901 241 5825Riz Pluvial 90 2353 91 37 90 29 4 022 4 415 1011 2677Maiumls 30 646 97 37 98 43 3 923 4 059 1669 4553Manioc 117 3689 8 0 4 0 414 4 843 000 000Autres tuber 19 236 47 47 35 42 3 041 6 420 1857 3920Leacutegumineuses 78 1156 45 18 38 18 1 776 3 958 870 4850Maraichage 112 264 90 61 80 74 31 829 35 296

Les moyennes sont calculeacutees par parcelle et sans pondeacuteration

Crsquoest le manioc qui est le moins fertiliseacute pas drsquoengrais et seulement 4 des parcelles avec de la fumure organique Le riz pluvial et le maiumls sont les cultures pures qui reccediloivent le plus systeacutematiquement de la fumure plus de 90 des parcelles et de la superficie reccediloivent de la FO agrave des doses eacuteleveacutees de plus de 4 tha et 30 agrave 40 des parcelles et de la surface reccediloivent de lrsquoengrais mais agrave des doses qui restent faibles (26 kgha pour le riz pluvial et 45 kgha pour le maiumls) Les autres tubercules reccediloivent engrais et FO mais ce sont essentiellement les pommes de terre Les leacutegumineuses sont eacutegalement fertiliseacutees avec 45 des parcelles qui reccediloivent de la FO et 18 de lrsquoengrais agrave des doses moyennes pour la zone Enfin les cultures maraichegraveres ont eacuteteacute regroupeacutees les parcelles sont nombreuses mais la superficie tregraves petite elles reccediloivent agrave 90 de la FO et agrave 61 des engrais agrave des doses importantes (plus de 30 tha pour la FO)

A Arivonimamo la part des cultures pures est plus importante qursquoagrave Mandoto avec 86 des parcelles et 89 de la superficie Ainsi le nombre de parcelles de lrsquoeacutechantillon est nettement plus important (mais il ne fait pas oublier que lrsquoeacutechantillon compte plus drsquoEAF)

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

28

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Tableau 5 Apports de FO et dengrais sur les cultures cultiveacutees pures agrave Arivonimamo (en kg)

Cultures pures Nbre parcelles

Surface ha

Parcelle avecSuperficie avec Superficie avec Dose moy FO en

kghaDose moy Engrais

kgha

FO Engrais FO Engrais Toutes les parcelles

Parcelles avec

Toutes les parcelles

Parcelles avec

Riz bas-fond 363 6078 39 9 39 8 633 1 643 459 5206

Riz Pluvial 72 1051 83 0 93 0 2 902 3 482 000 000

Maiumls 17 112 94 11 96 9 3 501 3 720 131 2222

Manioc 201 2020 24 1 23 0 1 253 5 249 038 3833

Autres tuber 232 2327 70 5 78 4 4 461 6 350 367 7748

Haricots 61 765 95 65 96 73 4 132 4 346 4824 7545

Autre Leacutegum 46 352 20 0 18 0 779 3 981 000 000

Tomates 90 955 97 95 98 97 7 614 7 877 12791 13543

Haricot verts 132 1088 95 87 96 90 5 079 5 321 8090 9286

Autres Maraich 155 1293 95 76 101 73 4 311 4 546 9126 12089 Les moyennes sont calculeacutees par parcelle et sans pondeacuteration

A Arivonimamo la fertilisation du riz irrigueacute est un peu plus freacutequente avec 39 des parcelles qui reccediloivent de la FO et 9 de lrsquoengrais mais agrave des doses plus faibles qursquoagrave Mandoto 16 tha pour la FO et 52 kgha drsquoengrais La fertilisation du riz irrigueacute nrsquoest pas une prioriteacute pour le plus grand nombre des producteurs Les cultures les moins fertiliseacutees sont le manioc et les leacutegumineuses autres que le haricot avec respectivement 23 et 18 des parcelles seulement qui reccediloivent de la FO et quasiment aucune qui reccediloit de lrsquoengrais Mais de maniegravere assez eacutetonnante les parcelles avec FO reccediloivent des doses assez importantes (plus de 5 tha pour le manioc) certainement en lien avec des strateacutegies de gestion ou de restauration de la fertiliteacute des sols En ce qui concerne la FO toutes les autres cultures sont tregraves freacutequemment fertiliseacutees plus de 90 des parcelles de riz pluvial maiumls haricot et maraichage les autres tubercules le sont agrave pregraves de 80 Et si pour le riz pluvial et le maiumls les doses moyennes sont modestes car infeacuterieures agrave 4 tha elles sont supeacuterieures agrave 4 tha pour les haricots et supeacuterieures agrave 5 tha pour les autres avec notamment pour les tomates un apport de plus de 7 tha Pour les engrais tregraves peu drsquoapports pour le maiumls (6 des parcelles) et pas drsquoapport pour le riz pluvial (observations pour 72 parcelles) Lrsquoengrais est reacuteserveacute au maraichage (plus de 75 des parcelles) et aux haricots (64 des parcelles) Avec des doses moyennes relativement importantes plus de 90 kgha pour les haricots verts 135 kgha pour la tomate et 120 kgha pour les autres cultures maraichegraveres

Ainsi drsquoune maniegravere geacuteneacuterale agrave Arivonimamo lrsquoapport de fertilisants est conseacutequent agrave la fois en termes de parcelles concerneacutees et de doses eacutepandues Riz irrigueacute manioc et leacutegumineuses autres que haricot sont les parents pauvres de la fertilisation mais avec les rotations ces cultures beacuteneacuteficient aussi des apports en particulier pour le riz irrigueacute car une part importante du maraichage est cultiveacutee sur les riziegraveres

Les associations de culture sont plus freacutequentes agrave Mandoto ougrave lrsquoassociation riz pluvial + maiumls domine tregraves largement La superficie avec cette association est eacutequivalente agrave la superficie totale en culture pure Et le maiumls est la culture que lrsquoon associe le plus avec le riz pluvial mais aussi le manioc et les leacutegumineuses Les parcelles avec une association de ces trois cultures ne sont pas rares Les pratiques de fertilisation en culture associeacutee rejoignent celles en culture pure Ainsi 91 des parcelles avec lrsquoassociation riz + maiumls reccediloivent de la FO et 32 de lrsquoengrais cependant les doses de FO sont tregraves infeacuterieures (de 700 kgha alors qursquoen culture pure elles eacutetaient de plus de 4 tha) et il en est de mecircme pour lrsquoengrais

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

29

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Pour les parcelles avec des cultures associeacutees au maiumls un apport en FO est freacutequent (plus de 80 des parcelles pour manioc ou leacutegumineuse et plus de 75 quand il y a les trois cultures) Lrsquoengrais est plus rare et surtout les doses de FO et engrais sont faibles A ce stade on peut eacutemettre lrsquohypothegravese que les EAF qui pratiquent lrsquoassociation sont moins bien doteacutees en matiegravere fertilisante Mais lrsquoanalyse montre que ce nrsquoest pas le cas il existe bien un coefficient de correacutelation neacutegatif entre la quantiteacute de fumure organique disponible au niveau de lrsquoEAF et le pourcentage de culture associeacutees mais il est tregraves faible (-011) et si lrsquoon creacutee des classes de pourcentage de culture associeacutees il nrsquoy a pas de diffeacuterence significative entre les classes pour la dose moyenne de FO Il semble donc que cela soit la pratique qui soit ainsi agrave Mandoto sur des cultures associeacutees (grandes cultures riz maiumls leacutegumineuse ou tubercule) les apports de FO sont moindres que sur les cultures pures

Tableau 6 Apports de FO et dengrais sur les cultures associeacutees les plus freacutequentes (en kg)

District 1Mandoto Nbre parcelles

Surface ha

Parcelle avec Dose moy FO en kgha

Dose moy Engrais kgha

FO Engrais Toutes les parcelles

Parcelles avec

Toutes les parcelles

Parcelles avec

Riz Pluvial + Maiumls 114 2577 91 32 656 719 26 83Mais + Manioc 50 1149 88 2 420 477 01 30Mais + Leacutegumineuse 57 975 84 16 428 508 02 15Mais + Manioc + Leacutegum 24 482 75 13 242 323 02 18Manioc + Leacutegumineuse 24 587 4 0 11 250 00 002 ArivonimamoRiz Pluvial + Maiumls 14 182 86 0 366 427 00 00Mais + Leacutegumineuse 25 228 84 24 188 224 15 62Manioc + Leacutegumineuse 13 126 54 0 280 521 00 00Tubercules + Fruitiers 34 270 62 12 224 363 03 28Autre cult + Fruitiers 90 671 91 52 5 414 255 30 58

Les moyennes sont calculeacutees par parcelle et sans pondeacuteration

A Arivonimamo les cultures associeacutees pour les grandes cultures sont moins importantes en nombre et les superficies sont tregraves petites Mais on peut tirer les mecircmes conclusions que pour Mandoto Ce qui est remarquable dans cette zone crsquoest le nombre de parcelles en agroforesterie avec un meacutelange drsquoarbres fruitiers et de cultures avec plus de 120 parcelles Les cultures sont de tous les types mais beaucoup de cultures maraichegraveres ce qui explique les fortes doses de FO ou drsquoengrais Les fruitiers sont essentiellement des agrumes et sont le reacutesultat drsquoopeacuterations de deacuteveloppement qui ont vulgariseacute la plantation de ces arbres La plupart de ces plantations nrsquoest pas encore en pleine production (trop reacutecentes)

24 Les strateacutegies des EAF pour lrsquoutilisation de la FO disponible

Dans le JAE ndeg 9 nous avions eacutemis lrsquohypothegravese qursquoagrave Arivonimamo il y avait deux types drsquoEAF lrsquoun avec des strateacutegies de fortes disponibiliteacutes en FO soutenues par des ambitions de cultures maraichegraveres et un autre avec des strateacutegies de moindre disponibiliteacute en FO avec des systegravemes de culture plus classiques Pour repreacutesenter les strateacutegies nous avons eacutetabli des classes selon le pourcentage de la FO utiliseacutee sur ceacutereacuteales pluviales et sur cultures commerciales Les reacutesultats sont preacutesenteacutes dans le tableau 8

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

30

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Tableau 7 Reacutepartition des EAF selon des classes de quantiteacutes utiliseacutees de FO

Classes utilisation FO MandotoArivonimamo Arivonimamo

FO utiliseacutes sur ceacutereacuteales pluviales des EA

S cultiveacutee moyenne

(ares)CV des EA

S cultiveacutee moyenne

(ares)CV

lt=25 8 89 72 76 113 7625 agrave 75 18 93 93 20 88 57gt75 74 144 88 4 37 49 FO utiliseacutes sur cultures commercialeslt=25 88 136 91 12 63 7725 agrave 75 9 90 58 42 102 60gt75 3 75 85 46 118 81

Les strateacutegies des EAF vis-agrave-vis de lrsquoutilisation de la FO sont tregraves nettement diffeacuterentes selon les zones comme on lrsquoa deacutejagrave vu la premiegravere partie du tableau montre qursquoagrave Mandoto 74 des EAF mettent plus des frac34 de leur FO disponible sur les parcelles avec ceacutereacuteales pluviales (seules ou associeacutees) et ce sont les EAF avec la plus grande superficie qui font cela Alors qursquoagrave Arivonimamo seules 4 des EAF mettent plus de 75 de leur FO sur des parcelles avec ceacutereacuteales pluviales et ce sont les plus petites EAF (superficie cultiveacutee moyenne de 37 ares) avec certainement des strateacutegies de seacutecuriteacute alimentaire

La deuxiegraveme partie du tableau nous permet de constater qursquoagrave Arivonimamo 46 des EAF mettent plus de 75 de leur FO sur les cultures commerciales (cultures maraichegraveres pomme de terre taro patate douce et haricot) et ces EAF ont en moyenne une superficie cultiveacutee supeacuterieure aux autres Cette classe est importante mais il y a aussi une classe drsquoEAF avec des strateacutegies baseacutees sur une meilleure reacutepartition

A Mandoto les EAF qui mettent plus de 75 de leur FO sur ce type de cultures commerciales (essentiellement le maraichage) sont peu nombreuses (3 des EAF) et ce sont des EAF avec des superficies plus faibles que les autres Ce nrsquoest donc pas la strateacutegie utiliseacutee par les EAF qui ne donnent pas la quasi exclusiviteacute (lt75) de la FO aux ceacutereacuteales pluviales Il existe un groupe drsquoEAF dans les deux zones qui ne donnent pas lrsquoexclusiviteacute de la FO (gt75) aux ceacutereacuteales pluviales agrave Mandoto ou aux cultures commerciales agrave Arivonimamo Ce groupe regroupe 23 des EAF agrave Mandoto et 49 agrave Arivonimamo Ce sont des EAF un peu plus petites que la moyenne de la zone avec une disponibiliteacute en FO infeacuterieure agrave la moyenne de la zone et une reacutepartition de la FO marqueacutee par la strateacutegie dominante de la zone mais avec une reacutepartition plus eacutequilibreacutee et notamment un eacutepandage sur le riz irrigueacute

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

31

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Tableau 8 Les EAF avec une strateacutegie drsquoutilisation de la FO diffeacuterente de la strateacutegie dominante de la zone

EAF Sup moy (ares)

FO (tonnes)

FO sur Ceacutereacuteales Pluviales

FO sur Cuture

commerciales

FO sur Riz irrigueacute

FO sur Autres

cultures

Mandoto 23 94 131 48 21 20 4

Arivonimamo 49 99 223 20 45 16 1

Il existerait ainsi 3 grandes strateacutegies drsquoutilisation de la FO avec agrave Mandoto la quasi exclusiviteacute de la FO sur les ceacutereacuteales pluviales (74 des EAF de la zone) agrave Arivonimamo la quasi exclusiviteacute de la FO sur les cultures commerciales (46 des EAF) et un groupe avec une reacutepartition plus eacutequilibreacutee entre les diffeacuterentes cultures y compris sur le riz irrigueacute

3 Conclusions et implications pour le deacuteveloppement

La gestion de la fertiliteacute des sols dans ces deux reacutegions contrasteacutees des plateaux drsquoaltitude malagasy passe drsquoabord par la production etou lrsquoacquisition de fumure organique il nrsquoy a quasiment aucune EAF sans apport sur au moins une parcelle cultiveacutee1 Les reacutesultats montrent qursquoenviron la moitieacute de la superficie cultiveacutee annuellement reccediloit de la FO agrave Mandoto et plus des deux tiers agrave Arivonimamo Mecircme si les doses potentielles sont en dessous des recommandions avec la rotation des cultures cela signifie que lrsquoensemble du terroir pourrait ecirctre fumeacute plus drsquoune fois tous les deux ans Les riziegraveres quand elles sont cultiveacutees en riz irrigueacute ne reccediloivent que tregraves rarement de la fumure dans ces zones La strateacutegie est lrsquoinverse de ce qursquoon rencontre dans drsquoautres zones qui priorisent les bas-fonds notamment dans les zones des peacuterimegravetres irrigueacutes (Lac Alaotra peacuterimegravetres sur les Hautes terres Ambondromisotrahellip)

Les strateacutegies de gestion de la fertiliteacute des sols sont logiquement de fertiliser en prioriteacute les cultures les plus exigeantes et les plus reacutemuneacuteratrices ceacutereacuteales pluviales agrave Mandoto (riz et maiumls) et les cultures maraichegraveres mais qui sont tregraves marginales dans cette zone cultures pour le marcheacute agrave Arivonimamo maraichage pomme de terre haricots patates douces taros Et pour les producteurs qui achegravetent des engrais commerciaux (essentiellement engrais mineacuteral) la pratique est drsquoassocier aux fumures organiques des compleacutements drsquoengrais et ceci tregraves prioritairement sur les cultures les plus reacutemuneacuteratrices et aussi les plus exigentes A quelques rares exceptions pregraves lrsquoapport drsquoengrais mineacuteral vient toujours compleacuteter un apport de fumure organique et crsquoest pregraves drsquoun quart de la superficie qui reccediloit engrais et FO agrave Arivonimamo et seulement 13 agrave Mandoto

Deux principaux engrais mineacuteraux sont utiliseacutes dans les deux zones le NPK et lrsquoureacutee En reacutealisant les apports au voisinage des plants il y a une concentration des eacuteleacutements nutritifs qui permet agrave la fois drsquooptimiser leur utilisation et de deacutevelopper des synergies entre produits organiques et mineacuteraux Cette efficience des ressources garantie par une compleacutementariteacute des apports incluant une base organique avec un compleacutement mineacuteral a deacutejagrave eacuteteacute releveacutee dans de nombreuses autres situations tropicales (Bekunda et al 1997) Drsquoautres eacutetudes sur ces mecircmes zones mettent en eacutevidence que la majoriteacute des fumures organiques utiliseacutees preacutesentent certaines deacuteficiences en eacuteleacutements majeurs comme le N et le P et que lrsquoutilisation des engrais de synthegravese est susceptible de lever (Ben Naacircmane et al 2020 notre article dans le JAE preacuteceacutedent) Cette pratique est donc agrave encourager notamment agrave travers des messages

1 Dans notre eacutechantillon seules 2 EAF nrsquoont pas apporteacute de FO lrsquoune extrecircmement petite (moins de 5 are de SAU) agrave Arivonimamo et tregraves pauvre qui a vendu sa FO une autre agrave Mandoto qui prend en meacutetayage la terre qursquoil cultive

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

32

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

de vulgarisation adapteacutes et compleacutementaires des messages laquo classiques raquo qui procircnent des doses importantes drsquoengrais

Lrsquoanalyse compareacutee des deux zones montre des diffeacuterences dans le recours aux engrais de synthegravese avec agrave Arivonimamo une quasi geacuteneacuteralisation de lrsquoengrais (pregraves de 90 des EAF) et une utilisation moyenne de 30 kg par ha de SAU plus freacutequemment sur les cultures maraichegraveres et presque toujours en compleacutement de la fumure organique contre environ une exploitation sur deux agrave Mandoto et une utilisation de 6 kg par ha Sur ce premier site une plus grande diversiteacute drsquoengrais et une utilisation plus importante de cendres sous-produit de briqueteries sont releveacutees Eacutegalement une strateacutegie drsquoallocation de ressources diffeacuterencieacutee apparaicirct tregraves clairement au niveau des fumures organiques sur le riz de bas-fonds beaucoup plus amendeacute agrave Arivonimamo car cette ressource est agrave la fois moins limitante et mieux valoriseacutee par les cultures maraicircchegraveres A Mandoto la fumure organique est moins disponible et moins valorisable autrement que par les ceacutereacuteales pluviales aussi moins indispensable pour la productiviteacute de ces cultures et est beaucoup mieux valoriseacutee sur le domaine pluvial sans laquelle aucune mise en valeur de culture exigeante ne serait envisageable Ainsi la recherche doit affiner ses connaissances agrave lrsquoeacutechelle du systegraveme de culture pour mieux eacutevaluer performances et durabiliteacute agrave court et long termes et accompagner lrsquointensification eacutecologique promue par divers opeacuterateurs de deacuteveloppement agricoles (notamment ONG de deacuteveloppement)

Cette communication plaide encore une fois pour une bonne compreacutehension des EAF de leur fonctionnement et de leurs strateacutegies avant de proposer des ameacuteliorations adapteacutees La fertilisation telle que pratiqueacutee par les producteurs est un acquis important pour comprendre la durabiliteacute de lrsquoagriculture familiale et pour renforcer la durabiliteacute des EAF Cela montre agrave la fois la techniciteacute des paysans leur connaissance des intrants existants et de leur utilisation Les propositions drsquoinnovations pour le deacuteveloppement doivent srsquoappuyer sur lrsquoexistant contrairement agrave

ce qui est souvent fait (Razanakoto et al 2018) Drsquoabord les orientations vont certainement vers des techniques qui permettent drsquoaugmenter la fumure organique disponible en quantiteacute et en qualiteacute (eacutetable ameacutelioreacutee compostage lombricompost etc) notamment avec des matiegraveres premiegraveres disponibles localement plutocirct que sur la base drsquoachats Les agriculteurs investissent moins en moneacutetaire et optent pour une strateacutegie drsquointensification en main drsquoœuvre (ce qui est le cas pour les systegravemes de compostage) Ensuite il est important de mieux valoriser ces diffeacuterents types de fertilisation agrave travers des combinaisons de pratiques

Ce dont il faut ecirctre sucircr crsquoest que les producteurs dans leur tregraves grande majoriteacute deacuteveloppent des strateacutegies de gestion de la fertiliteacute des sols et les adaptent sur la base de leurs connaissances et savoir-faire et en fonction des conditions biophysiques et de lrsquoenvironnement socioeacuteconomique Si les conditions eacuteconomiques sont favorables (deacuteboucheacutes prix suffisamment reacutemuneacuterateurs) ils ont recours aux engrais commerciaux comme le montre cette eacutetude mais aussi drsquoautres (voir par exemple en zone peacuteriurbaine drsquoAntananarivo NDienor et al 2011) Or le plus souvent dans les actions de deacuteveloppement et les propositions techniques les fertilisations sont proposeacutees par filiegravere comme une sorte de manuel technique (fiche technique par filiegravere) et reacutefleacutechies par rapport aux besoins propres de la plante cibleacutee Ces propositions vont ainsi agrave lrsquoencontre des strateacutegies paysannes et leur diffusion reste mitigeacutee

Enfin dans les propositions actuelles pour le deacuteveloppement rizicole notamment sur bas-fonds les acteurs de deacuteveloppement misent sur une intensification rizicole de type reacutevolution verte (semences ameacutelioreacutees voire hybrides avec des doses importantes drsquoengrais acheteacute) Les donneacutees montrent que les strateacutegies des paysans integravegrent les rotations avec le riz et les investissements en fertilisation se passent autrement (cultures de contre saison autres cultures) Les deacutepenses en semences et surtout si on enlegraveve la valorisation de lrsquoautoproduction restent tregraves faibles Ces

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

33

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

propositions techniques srsquoeacuteloignent encore une fois des strateacutegies paysannes

Mais cette analyse des strateacutegies drsquoutilisation des fertilisants dans la gestion de la fertiliteacute des sols reste encore incomplegravete car si les aspects techniques (quantiteacutes et modaliteacutes) ont eacuteteacute traiteacutes les aspects eacuteconomiques ne lrsquoont pas eacuteteacute Cela sera le thegraveme du prochain et dernier article qui mettra en relation les pratiques de gestion de la fertiliteacute et les performances notamment en terme de marge brute aux niveaux parcelles et cultures et de revenu au niveau EAF

BIBLIOGRAPHIE

Bekunda MA Bationo A Ssali H 1997 Soil fertility management in Africa a review of selecterd research trials In Replenishing Soil Fertility in Africa SSSA Special Publication Nomber 51 63-79

Ben Naacircmane CK Autfray P Audouin S Beacuteliegraveres JF Blanchart E Razafimahatratra M Razanakoto OR Salgado P 2020 Gestion compareacutee de la fertiliteacute au niveau des exploitations agricoles familiales du Moyen-Ouest de la reacutegion Vakinankaratra et des Hautes-Terres de la reacutegion Itasy agrave Madagascar Projet Secure 24 p httpswwwsecuremgsitesdefaultfiles2020-04Livret_Secure_2020pdf

Liniger H Mekdaschi Studer R Hauert C et Gurtner M 2011 La pratique de la gestion durable des terres Directives et bonnes pratiques pour lrsquoAfrique subsaharienne WOCAT FAO TerrAfrica Rome (Italie) 243 p httpwwwfaoorg3i1861fi1861fpdf

MAEP 2006 Strateacutegie nationale pour le deacuteveloppement de lrsquoutilisation de lrsquoengrais Ministegravere de lAgriculture de lElevage et de la Pecircche Antananarivo Mai 2006 48 p + annexes p httpwwwmpaegovmgcommunicationwp-contentuploadssites2201611strategie_dvlpt_utilisation_engrais_1pdf

NDieacutenor M Aubry C et Rabeharisoa L 2011 Strateacutegies de construction de la fertiliteacute des terres par les agriculteurs dans les systegravemes maraicircchers peacuteriurbains dAntananarivo (Madagascar) Cahiers Agricultures Vol 20 No 4 (2011) doihttpsdoiorg101684agr20110497

Poirier N et Nuninger L 2012 Techniques damendement agraire et teacutemoins mateacuteriels Pour une approche archeacuteologique des espaces agraires anciens Histoire amp Socieacuteteacutes Rurales 38 (2) 11-50 doi103917hsr0380011

Pierre-Bernard A Ramboarison R Randrianarison L et Rondro-Harisoa L 2007 Les implications structurelles de la libeacuteralisation sur lrsquoagriculture et le deacuteveloppement rural Programme Ruralstruc Madagascar Phase I EPP PADR APB Consulting Antananarivo Janvier 2007 303 p httpdocumentsbanquemondialeorgcuratedfr 184371468091191021pdf779810WP0madag00250for0the0abstractpdf

Razanakoto O Razafindraibe R Andriamananjara A Razafimanantsoa M-P Rakotoson T Smolders E et Rabeharisoa L 2018 Failures in agricultural innovation due to poor understanding of farmersrsquo predispositions Development in Practice 28 (5) 691-704 doi1010800961452420181471124

Sanginga N et Woomer P L (Ed) 2009 Integrated Soil Fertility Management in Africa Principles Practices and Developmental Process Nairobi (Kenya) Tropical Soil Biology and Fertility Institute of the International Centre for Tropical Agriculture 263 p

Leacutetude a eacuteteacute reacutealiseacutee dans le cadre du projet SECuRE

(Soil ecological function resto-ration to enhance agrosystem ser-vices in rainfed rice cropping sys-tems in agroecological transition) financeacute par Agropolis Foundation sous la reacutefeacuterence ID 1605-007 agrave travers le programme Investisse-ments dAvenir (Labex Agro ANR-10-LABX-0001-01) dans le cadre du I-SITE MUSE (ANR-16-IDEX-0006)

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

34

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Lucien Seacuteguy 1944-2020 agronome du geacutenie veacutegeacutetal

Premiers pas

Lucien Seacuteguy est neacute dans une famille de petits paysans du nord Dordogne fiers de leurs racines et durs agrave la tacircche Il sera le

seul de sa fratrie de quatre fregraveres et sœurs agrave acceacuteder agrave lrsquouniversiteacute Diplocircme drsquoingeacutenieur agronome de lrsquoENSA Toulouse en poche suivi drsquoune speacutecialisation en peacutedologie agrave lrsquoORSTOM (ex IRDhellip) de Bondy il eacutepouse Jacqueline qui lrsquoaccompagnera durant toute sa carriegravere Son service civil se deacuteroule au Seacuteneacutegal de 1967 agrave 1969 agrave la grande station IRAT (Institut de Recherche Agronomique Tropicale) de Bambey il preacutefegravere une affectation en brousse Sefa Il y refait une carte peacutedologique et srsquoattaque agrave lrsquoameacutelioration du travail du sol en traction animale des riziegraveres de Casamance

En 1969 lrsquoIRAT lrsquoaffecte dans lrsquoOuest Cameroun agrave Dschang ougrave il monte et accompagne des projets rizicoles sur les plaines des MrsquoBos et de NrsquoDop Il y conduit des travaux sur les systegravemes de culture et lrsquoameacutelioration varieacutetale du riz pluvial et irrigueacute Ses analyses des interactions entre geacutenotype et environnement soulignant lrsquoinfluence majeure de la fertiliteacute des sols sur les attaques de pyriculariose le font remarquer et sont toujours citeacutees

Ses travaux et reacutealisations alliant recherche et deacuteveloppement interpellent des responsables de la recherche agronomique breacutesilienne et fin 1977 il devient le premier expert IRAT en poste au Breacutesil affecteacute aupregraves de LrsquoEMAPA de lrsquoeacutetat du Maranhatildeo Il travaillera au Breacutesil jusqursquoagrave sa retraite en 2009 et au-delagrave De 1977 agrave 1982 il monte avec lrsquoaide de Serge Bouzinac des eacutetudes sur la culture du riz pluvial pour chez et avec des petits paysans sans terre Les systegravemes de deacutefriche-brucirclis manuelle sur ces savanes secondaires agrave Palmiers Babaccedilu sont compareacutes agrave des systegravemes en traction animale Immeacutediatement abandonneacutes en raison des eacuterosions catastrophiques qursquoils induisent Premier signal sur la neacutecessiteacute du semis direct dans ces eacutecologies tropicales Mais Lucien et Serge sont informeacutes que leurs activiteacutes avec les sans terres du Nordeste ne sont pas du goucirct de tous Dans ces reacutegions du Breacutesil agrave cette eacutepoque le message est sans ambiguiumlteacute il faut partir vite LrsquoEMBRAPA - CNPAF (Centre National Riz amp Haricot) de Goiacircnia inteacuteresseacute par leurs reacutesultats les accueille

1982 nouveau milieu donc Les Cerrados du Centre Ouest breacutesilien (Mato Grosso Goiaacutes Tocantinshellip) un biome de savanes arboreacutees plus de 200 millions drsquohectares sur lequel avance un irreacutepressible front pionnier drsquoeacutelevage extensif et drsquoagriculture meacutecaniseacutee Des sols lateacuteritiques acides vides de nutrimentshellip longtemps consideacutereacutes comme impropres agrave toute forme drsquoagriculture rentable Peu importe la conquecircte de la terre est en marche deacutefriche riz pluvial monoculture de soja sur travail du sol simplifieacute avec des outils agrave disques hellip semelle de labour eacuterosion Une deacutevastation agrave eacutechelle industrielle Le diagnostic est vite poseacute les premiegraveres recommandations simples adapteacutees suivent combiner rotation de cultures commerciales (sojariz sojamaiumls) et succession annuelle ougrave agrave la culture commerciale succegravede une safrinha secondaire (maiumls sorgho ou mil) avec des preacuteparations de sols profondes (labour dresseacute aux socs scarification avec des outils agrave dents) Ces systegravemes de travail du sol profond ont du succegraves et sont tregraves largement diffuseacutes Mais lrsquoavegravenement du Semis Direct dans les reacutegions subtropicales du sud du Breacutesil va venir changer le paradigme des travaux de Lucien et Serge

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

35

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Lrsquoinvention le Semis direct sur Couverture Veacutegeacutetal (SCV) en milieu tropical

1984 visite agrave la Coopeacuterative laitiegravere centrale du Paranaacute agrave

1984 visite agrave la Coopeacuterative laitiegravere centrale du Paranaacute agrave Carambeiacute reacutegion des Campos Gerais premiers eacutechanges avec les agronomes Hans Peeten Josueacute Nelson Pavei hellip et les agriculteurs Nonocirc Perereira et Franke Dijkstra pionniers du semis direct dans cette reacutegion du Sud

1985 un producteur eacuteclaireacute du Mato Grosso Munefumi Matsubara leur ouvre grand les portes de sa fazenda hellip et sa bourse Des alternatives en semis direct sont rigoureusement compareacutees aux systegravemes avec travail du sol profond ou superficiel Au cours de ces cinq anneacutees deacutecisives les

systegravemes en semis direct sont plus productifs et rentables que les systegravemes conventionnels ils sont aussi et avant tout les seuls agrave permettre une augmentation de plus de 20 des teneurs de matiegravere organique des sols Les systegravemes sous couvert veacutegeacutetal (SCV) sont lanceacutes des eacutetapes cruciales sont franchies avec lrsquoinsertion en succession en association des cultures commerciales drsquoespegraveces telles que le sorgho mil les crotalaires le Brachiariahellip qui produisent de fortes biomasses valorisant des pluies marginales et surtout lrsquoeau du sol Les principes techniques des systegravemes SCV permettant de respecter les lois de fonctionnement des agroeacutecosystegravemes tropicaux sont poseacutes formaliseacutes dans des documents scientifiques et didactiques Lrsquoanalogie centrale avec le fonctionnement drsquoun eacutecosystegraveme forestier tropical se nourrissant sur lui-mecircme dans des recyclages continus entre biomasses vivantes et mortes gracircce agrave lrsquoactiviteacute biologiques des sols offre un cadre feacutecond agrave la creacuteativiteacute agronomique de Lucien Seacuteguy Les couverts veacutegeacutetaux se preacutesentent comme des pompes biologiques recyclant les eacuteleacutements mineacuteraux proteacutegeant le sol des pluies tropicales preacuteservant une tempeacuterature optimale pour lrsquoactiviteacute biologique et lrsquoabsorption racinaire hellip tout le contraire des sols mis agrave nu par le labour ou des techniques culturales simplifieacutees incompatibles avec une gestion durable de la ressource sol

Ces travaux sont conduits via de multiples partenariats en interaction avec une diffusion active de ses reacutesultats par les fondations et associations de producteurs Avant lrsquoan 2000 les SCV couvrent deacutejagrave -et ont sauveacute- des millions drsquohectares de terres agricoles dans les eacutetats de Goias Mato Grosso Tocantins Maranhatildeo Piauiuml hellip recoupant une vaste diversiteacute peacutedoclimatique tropicale dans laquelle les SCV se diversifient Ils inventent de nouvelles alternatives sur des couvertures veacutegeacutetales maintenues vivantes sous la culture encore plus efficientes comme le soja sur couvert permanent de chiendent ( Cynodon dactylon) ou le maiumls sur arachide peacuterenne ( Arachis pintoiuml) Avec le groupe Maeda les SCV sont adapteacutes agrave la culture cotonniegravere le preacutealable agrave son essor rapide dans le Mato Grosso

En parallegravele ils deacuteveloppent avec James Taillebois un seacutelectionneur du CIRAD un programme de seacutelection geacuteneacutetique de riz avec pour objectif premier drsquoeacutelargir lrsquoadaptabiliteacute des varieacuteteacutes creacuteeacutees et leurs toleacuterances aux maladies fongiques en seacutelectionnant en conditions pluviales de lrsquoeacutequateur jusqursquoau subtropical des croisements entre pools drsquoorigines pluviales et irrigueacutees Ces varieacuteteacutes vont voyager dans de nombreux pays tropicaux et subtropicaux faisant montre de leur grande plasticiteacute qursquoelles tirent de leur base geacuteneacutetique et des systegravemes SCV dans et pour lesquelles elles sont seacutelectionneacutees

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

36

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Lucien et Serge ont inspireacute des milliers drsquoagriculteurs agronomes et chercheurs breacutesiliens sur la base de leurs travaux preacutecurseurs et visionnaires sur les systegravemes sous couvert veacutegeacutetal pour les eacutecologies tropicales du Breacutesil Ils ont accueilli des visites de tous pays et continents se faisant les premiers et les meilleurs ambassadeurs des SCV du Breacutesil

Informer et former le monde

A partir de 1984 et jusqursquoagrave sa retraite Lucien reacutealise tous les ans des missions drsquoappui aupregraves de collegravegues chercheurs agronomes et de projets de deacuteveloppement publics et priveacutes dans de nombreux pays tropicaux drsquoAfrique drsquoAsie du Sud-Est Madagascar icircle continent aux innombrables eacutecosystegravemes tropicaux sera gracircce aux partenariats tisseacutes et aux financements de nombreux projets par lrsquoAgence Franccedilaise de Deacuteveloppement (AFD) une antichambre pour les petites paysanneries de ces techniques neacutees dans les dynamiques agro-industrielles du Breacutesil Drsquoautres projets suivront principalement sur financements de lrsquoAFD en Cocircte drsquoIvoire Gabon Cameroun Seacuteneacutegal Tunisie Vietnam Laos Cambodgehellip permettant de deacutecliner les

principes des SCV en pratiques adapteacutees aux conditions sociales drsquoagricultures familiales parmi les plusdeacutemunies de la planegravete Avec le Pr Joatildeo Carlos Saacute de lrsquoUniversiteacute de Ponta Grossa (Parana Breacutesil) ils organiseront toujours gracircce aux financements de lrsquoAFD de 2006 agrave 2011 six eacuteditions drsquoune formation internationale sur les SCV et la dynamique de matiegravere organique du sol rassemblant plus de 90 agronomes vulgarisateurs et chercheurs travaillant en partenariat avec le CIRAD dans plus de 13 pays du Sud Tous ces pays et drsquoautres ne peuvent plus ignorer cette information clef pour lrsquohumaniteacute on sait doreacutenavant faire pousser sous les tropiques les grandes cultures annuelles pluviales de faccedilon durable rentable et accessible Un nouveau pilier est disponible pour renforcer la seacutecuriteacute alimentaire mondiale et lrsquoautonomie des pays du Sud En 2009 agrave sa retraite du Cirad il poursuit ses appuis agrave travers la planegravete aupregraves des acteurs convaincus par la pertinence des voies agronomiques qursquoil continue drsquoouvrir Des reacuteseaux se montent qursquoil anime partageant sa vision ses ideacutees sa creacuteativiteacute et son humour A lrsquoinvitation drsquoun agronome du Queacutebec Louis Peacuterusse il se lance dans lrsquoadaptation des SCV aux conditions continentales ils remettent agrave lrsquohonneur les bleacutes drsquohiver semeacutes agrave la voleacutee dans le soja trois semaines avant la reacutecolte gagnant un mois de croissance avant lrsquohiver et avanccedilant la reacutecolte drsquoun mois Ce calendrier profondeacutement remanieacute par rapport aux scheacutemas baseacutes exclusivement sur les cultures de printemps ouvre une fenecirctre pour implanter agrave la voleacutee dans les bleacutes murissant des meacutelanges de plantes de couverture Ces derniers apportent alors ici comme partout de faccedilon inteacutegreacutee par et pour le biologique recharge en matiegravere organique et de multiples fonctions eacutecosysteacutemiques telles que la fixation azoteacutee par les leacutegumineuses la stimulation de fonctions microbiennes symbiotiques et non symbiotiques la creacuteation et lrsquoentretien drsquoune forte macroporositeacute par les effets combineacutes de puissants systegravemes racinaires et la stimulation drsquoune forte activiteacute des vers de terre le controcircle des adventices par la couverture du solhellip

Au Sud du Breacutesil dans les Eacutetats de Santa Catarina et du Rio Grande do Sul il travaille avec de jeunes agronomes breacutesiliens agrave la conception et agrave la diffusion sur des centaines de milliers drsquohectares des couverts multifonctionnels agrave base de meacutelanges complexes composeacutes de 10 espegraveces et plus Il est inviteacute en 2009 en Argentine et en Uruguay par Jean Waymel agriculteur drsquoorigine franccedilaise avec qui il deacuteveloppe des SCV diversifieacutes inteacutegrant le semis agrave la voleacutee sur couvert veacutegeacutetal y compris de culture agrave grosses graines comme le soja

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

37

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Ces techniques pratiqueacutees agrave tregraves grande eacutechelle accroissent les vitesses drsquoimplantation des cultures et la reacutesilience des systegravemes de production dans un climat de plus en plus variable

Sa passion pour la diversiteacute veacutegeacutetale ses talents de naturaliste lrsquoont ameneacute agrave explorer inlassablement de nombreuses espegraveces veacutegeacutetales tempeacutereacutees et tropicales agrave proposer des meacutelanges de plus en plus efficaces alliant cultures annuelles et peacuterennes et aux fonctionnaliteacutes et morphologies aeacuteriennes et racinaires diversifieacutees le cœur des SCV

Mecircme en France

Il initie eacutegalement degraves le milieu des anneacutees 1990 des eacutechanges avec quelques agriculteurs franccedilais en meacutetropole et plus tard dans des deacutepartements et territoires drsquoOutre-Mer (Reacuteunion Antilles Nouvelle Caleacutedonie)

Avec ces pionniers des SCV en France [1] il expeacuterimente dans des eacutecologies aussi diverses que les rives et coteaux de la Loire la Champagne berrichonne les collines du Gers la Camargue les versants de la Montagne Peleacuteehellip dans des systegravemes ceacutereacutealiers de polyculture eacutelevage des bananeraies en conditions pluviales ou irrigueacutees

Quelles espegraveces et associations drsquoespegraveces pour les couverts drsquohiver drsquoeacuteteacute en fonction des conditions de milieuxhellip Comment les semer dans les diffeacuterentes cultures en deacuterobeacutee en succession agrave quelle date agrave quelle dosehellip Ce savoir-faire et ces connaissances sont agrave deacutefricher et organiser par des essais Tous ces agriculteurs rallongent diversifient leurs rotations integravegrent des leacutegumineuses via les cultures (pois drsquohiver de printemps sojahellip) et les couverts eacuteventuellement fourragers (vesce feacuteverole gesse tregravefleshellip) Les fermes drsquoeacutelevage conquiegraverent par-lagrave leur autonomie en proteacuteines Aux techniques de couvertures mortes tueacutees avant semis de la culture viennent ici aussi srsquoajouter des couverts vivants de luzerne sur argilo-calcaire de tregravefle ou de lotier sur les sols plus acides ou hydromorphes faisant encore gagner en coucirct et en flexibiliteacute face aux aleacuteas du climat et des marcheacutes

Ils testent et mettent en commun les acquis sur leurs fonds propres un reacuteseau se coopte pour avancer Lucien lrsquoanime en structurant les essais et en maintenant le cap agrologique des SCV mecircme quand les reacutesultats escompteacutes ne sont pas immeacutediatement au rendez-vous

Les SCV de mieux en mieux maicirctriseacutes integravegrent progressivement lrsquoensemble des terres cultiveacutees sur ces fermes remaniant profondeacutement leur systegraveme drsquoexploitation Les parcs mateacuteriels se simplifient les grosses puissances de traction pour les preacuteparations de sol nrsquoont plus lieu drsquoecirctre Il faut aussi ecirctre autonome pour ses productions de semences de couverts la leacutegislation interdisant dons eacutechanges ou ventes entre agriculteurs mecircme pour des espegraveces et varieacuteteacutes libres de droit drsquoobtenteurs ou plus disponibles sur le marcheacute les semences commerciales ne sont pas forceacutement optimales pour les systegravemes et restent oneacutereuses utiliseacutees agrave bonne dose

Plus aucune de ces fermes nrsquoutilise drsquoinsecticides que ce soit en foliaire au sol ou en traitement de semences sur quelques cultures que ce soient ni drsquoanti-limaces Des fongicides ne sont appliqueacutes qursquoexceptionnellement sur les ceacutereacuteales agrave paille et colza au quart ou agrave la moitieacute des doses preacuteconiseacutees lorsque des conditions climatiques propices au deacuteveloppement des champignons pathogegravenes surviennent agrave un stade critique de ces cultures Les herbicides demeurent agrave faible dose principalement

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

38

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

pour le controcircle des couverts Les apports drsquoazote mineacuteral sur ceacutereacuteales agrave paille et maiumls diminuent progressivement pour atteindre 10 agrave 12 uniteacutes par tonne de grains une efficience quasi doubleacutee en comparaison des exploitations avoisinantes Toutes ces fermes qui pratiquent les SCV depuis plus de 15 ans obtiennent les meilleures performances techniques (rendement qualiteacute nutritive et sanitaire des grains) dans leurs reacutegions respectives elles ont dans le mecircme temps reacuteduit leurs charges en intrant et carburant de 39 par rapport agrave des itineacuteraires dits raisonneacutes (travail du sol simplifieacute dose drsquointrants modeacutereacutee) agrave 58 par rapport agrave des reacutefeacuterences ayant recours au travail du sol conventionnel et aux pleines doses drsquointrants

Sur tous ces reacutesultats Lucien communique beaucoup avec fougue et passion hellip mecircme si apregraves une vie au contact des acteurs du deacuteveloppement et de la recherche au Breacutesil lrsquoinertie parfois bavarde et suffisante de lrsquoagriculture franccedilaise ne cesse de le surprendre au vue de la crise dans laquelle se deacutebat une immense majoriteacute de producteurs et lrsquoeacutetat geacuteneacuteral de nos sols

Quels enseignements pour lrsquoavenir de notre agriculture

Il y a tant agrave retenir de ce parcours immense pour qui voudrait continuer le travail de Lucien Seacuteguy sur les chemins du deacuteveloppement et de la connaissance des CV agrave travers le monde

Pratiquer les SCV crsquoest vouloir orchestrer la transformation des milieux que lrsquoon cultive par et pour la puissance du veacutegeacutetal Crsquoest penser et organiser des flux puissants de biomasses continu lrsquoeacutenergie solaire par les plantes et la vie du sol Nous savons aujourdrsquohui que cela neacutecessite de maintenir les sols couverts en permanence de mobiliser une grande diversiteacute veacutegeacutetale diversifieacutees pour capter stocker et restituer en au sein des rotations via des couverts multi-speacutecifiques et de reacuteussir

agrave abandonner toute forme de travail du sol Ce dernier point est tregraves deacutebattu peut-ecirctre car il est le symbole le plus embleacutematique drsquoun changement de modegravele radical sucircrement parce qursquoil est celui qui pose le plus de problegravemes de mise en oeuvre dans les phases de transition et pour certaines cultures pour lesquelles des reacutefeacuterentiels techniques solides manquent encore Il est pourtant celui pour lequel la connaissance scientifique est la plus solidement eacutetablie travailler le sol mecircme de faccedilon superficielle et eacutepisodique nuit partout que lrsquoon soit dans la Niegravevre au Queacutebec ou au cœur du Mato Grosso agrave la vie du sol et aux capaciteacutes de stockage et de restitution de lrsquoeacutenergie qursquoelle construit Travailler le sol crsquoest se condamner agrave faire un travail de Peacuteneacutelope toujours deacute faire dans la nuit du sol ce que les plantes photosyntheacutetis(s)ent le jour Crsquoest se condamner agrave rester dans un entre-deux technique agrave se couper drsquoune effectiviteacute pleine entiegravere et continue des processus naturels qui viennent organiser la fertiliteacute des sols et contribuer au controcircle des bio-agresseurs de nos cultures Crsquoest par le respect de ces 3 principes pratiques des SCV que les apports importants et continus de matiegravere organique nourrissent une biodiversiteacute microbienne et inverteacutebreacutee de plus en plus riche complexe et foisonnante et que peuvent srsquoauto-organiser nos sols cultiveacutes

Deacutevelopper des systegravemes de culture et de production en SCV requiert tout drsquoabord drsquoabandonner lrsquoideacutee de recette applicable pour se lancer dans lrsquoexploration libre mais meacutethodique drsquoun immense champ de possibles Cela demande drsquoimaginer et apprendre agrave mener des rotations reacutepondant agrave nos objectifs de

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

39

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

production ougrave cultures et couverts veacutegeacutetaux se relaient pour tendre vers des sols couverts 365 jours sur 365 Cela demande aussi au deacutebut de lrsquoaudace pour rompre les amarres avec le confort rassurant des pratiques conventionnelles institueacutees Crsquoest accepter drsquoen passer par des deacutecisions contraires agrave ce que lrsquoon nous a appris agrave ce que lrsquoon nous recommande Crsquoest refuser de voir un salut dans la laquo high tech raquo preacutetendument reacutevolutionnaire que lrsquoon impose agrave des agriculteurs surendetteacutes pour oser la complexiteacute du vivant et lrsquoautonomie Crsquoest entrer pour la premiegravere fois avec le semoir dans un laquo gros raquo couvert veacutegeacutetal plus tard preacutefeacuterer semer agrave la voleacutee dans des couverts vivants ou par-dessus des cultures murissantes hellip en se demandant tout de mecircme pour une fois agrave lrsquounisson avec les voisins si lrsquoon nrsquoest pas devenu un peu dingo Crsquoest aussi se retenir de faire cet insecticide en acceptant lrsquoideacutee qursquoil y a plus agrave terme agrave y perdre qursquoagrave y gagner preacutefeacuterer nourrir des ravageurs en les leurrant plutocirct que de les tuer et renoncer agrave leurs ennemis naturels etc Toutes ces remises en questions des pratiques courantes dissolvent lrsquoun apregraves lrsquoautre les repegraveres en vigueur et srsquoapparentent au franchissement drsquoun miroir derriegravere lequel se cueillent les beacuteneacutefices que nous servent les processus naturels activeacutes un miroir derriegravere lequel aussi les systegravemes avec travail du sol apparaissent pour ce qursquoils sont absurdes et contre-nature Cette transformation de nos faccedilons de cultiver nous a transformeacute autant que nos sols et nos exploitations et pourtant nous sommes conscients drsquoecirctre agrave lrsquooreacutee drsquoun immense territoire que nous commenccedilons agrave peine agrave explorer source de confiance en lrsquoavenir et drsquoune humiliteacute heureuse Lucien Seacuteguy voulait avancer sans relacircche dans ce territoire de la biodiversiteacute et du geacutenie veacutegeacutetal au service drsquoune agriculture toujours plus propre et performante La recherche eacuteprouve aussi des difficulteacutes pour srsquoemparer de ces eacutetranges objets techniques que sont les systegravemes de culture agrave base de semis direct sur couverture veacutegeacutetale ces objets techniques deacuteroutent car ils tirent leur efficience des processus naturels qursquoils activent des processus naturels qui dans la dureacutee organisent nos sols et donnent aux eacutecosystegravemes que nous cultivons leurs grandes fonctions de gestion de la fertiliteacute et drsquoautoreacutegulation des nuisibles divers adventices phytophages maladies hellip

Cette meacutediation essentielle du naturel creacutee une distance entre le geste pratique et lrsquoeffectiviteacute associeacutee mesurable dans nos parcelles et nos fermes Elle rend ainsi les approches factorielles de lrsquoagronomie classique fondeacutees sur les analyses des liens preacutesupposeacutes entre pratique et effet impropres agrave lrsquoeacutetude et agrave la conception de ces systegravemes Car ceux-ci ne reacutesultent pas drsquoune combinaison de facteurs mais sont creacuteation eacutemergente drsquoun milieu cultiveacute complexe et transformation concomitante des perceptions et connaissances de celles et ceux qui les pratiquent

Crsquoest pour nous avoir aideacutes agrave nous engager dans cette double transformation que nous tenions ici agrave te remercier Lucien Puisse ton formidable legs ecirctre compris et repris par des acteurs et politiques clairvoyants courageux et ambitieux

[1]Jean-Claude Quillet Hubert Charpentier Christian Abadie Sandrine Gallon amp Alain Coudrillier Noeumll amp Lydie Deneuville Bertrand et Patrick Aubeacutery hellipArticle publieacute sous une autre mise en page dans la revue TCS (Techniques Culturales Simplifieacutees) - laquo Agronomie Eacutecologie et Innovation - TCS Ndeg 108 Juin-Juillet-Aoucirct 2020 raquoArticle reacutedigeacute avec les sources de httpopen-libraryciradfr

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

40

Trimestrielle - Edition N

deg 10

SUCCESS STORIESJO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

Lrsquoapproche laquo paysan agrave paysan raquo par le projet MANITATRA II rocircles des Paysans Leaders (ou paysans relais)

TOKIHERINIONJA Tanjonarilesa Fernand Chef de ProjetRAKOTONDRAMANANA Directeur Exeacutecutif du GSDM

Contexte

Depuis le 20 juillet 2018 le GSDM assure la mise en œuvre du projet intituleacute laquo

MANITATRA II raquo Ce projet est financeacute par lrsquoUE par lrsquointermeacutediaire du COMESA dans le cadre du programme Global Climate Change Alliance Plus (GCCA+) des pays drsquoAfrique des Caraiumlbes et du Pacifique (Intra ACP) conformeacutement agrave lrsquoaccord de subvention NdegCC000418 signeacute par le COMESA et le GSDM Le projet est preacutevu pour couvrir une dureacutee de 3 ans

Lrsquoobjectif geacuteneacuteral du projet eacutetant de soutenir la mise agrave lrsquoeacutechelle de lrsquoAgriculture Climato-Intelligente (ACI) pour atteacutenuer les changements Climatiques et ameacuteliorer la seacutecuriteacute alimentaire agrave Madagascar Pour cela il cible la reacutegion de Vakinankaratra et couvre deux eacutecosystegravemes diffeacuterentes le Moyen-Ouest et les Hautes Terres en intervenant successivement au niveau de 07 et 10 Communes Rurales Et pour atteindre ces objectifs le projet a opteacute pour une approche de diffusion laquo paysan agrave paysan raquo Cette approche a eacuteteacute deacutejagrave testeacutee durant la peacuteriode du projet MANITATRA I (2014 -2015) dans les reacutegions du Vakinankaratra et du Sud - Est

Les paysans leaders (ou paysans relais) sont les pierres angulaires de lrsquoapproche de diffusion de paysan agrave paysan Ils ont eacuteteacute choisis et formeacutes par les techniciens du projet lrsquoeacutequipe du GSDM central et drsquoautres partenaires (Ceffel ADTRMAPDRA DRAEP Vakinankaratra) afin drsquoacqueacuterir les bagages neacutecessaires agrave la transmission des connaissances agro-eacutecologiques agrave leurs paires

Pourquoi cette eacutethodologie

La proximiteacute des paysans leaders avec les producteurs autour permet de corriger les limites de lrsquoapproche laquo technicien agrave paysan raquo qui ne garantit pas toujours une peacuterenniteacute des actions

initieacutees par les projets et qui coucircte nettement plus cher aux projets En effet le fait que les paysans leaders soient issus du lieu drsquointervention leur permet de parler le mecircme langage alors que les techniciens se heurtent geacuteneacuteralement aux barriegraveres des logiques paysannes qui peuvent ecirctre difficiles agrave percer Par ailleurs lrsquoapproche laquo paysan agrave paysan raquo preacutesente un coucirct nettement reacuteduit par rapport agrave lrsquoapproche laquo technicien agrave paysan raquo De plus les paysans leaders resteront toujours dans leur village une fois le projet termineacute Ainsi ils resteront des personnes ressources et continueront agrave donner des conseils aux paysans autour

Choix des paysans leaders

Lrsquoidentification des paysans leaders constituait la premiegravere mission de lrsquoeacutequipe au tout deacutebut du projet Crsquoest une eacutetape cruciale car un mauvais choix de paysan leader fait perdre beaucoup de temps au projet Un certain nombre de critegraveres a eacuteteacute mis en place afin de reacuteduire au maximum ce risquebull Ecirctre paysan de profession (agriculteur

eacuteleveur hellip)bull Possession drsquoune parcelle individuelle drsquoune

surface de 05 agrave 1ha deacutedieacutee agrave la pratique personnelle de lrsquoagro-eacutecologie

bull Ecirctre majeurbull Savoir compter lire et eacutecrirebull Ayant des expeacuteriences en matiegravere drsquoanimation

etou vulgarisation des techniques innovantesbull Ayant une sorte de leadership naturel aupregraves

des villageoisbull Habitant dans la zone drsquointervention du

projetbull De bonne reacuteputationbull Sans affiliation directe avec un parti politiquebull Non engageacute avec drsquoautres organismes

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

41

Trimestrielle - Edition N

deg 10

SUCCESS STORIES

Rocircle des paysans leaders et fonctionnement dun CEP

Les responsabiliteacutes des paysans leaders consistent agrave appuyer les techniciens dans le processus de diffusion de lrsquoagro-eacutecologie Ils doivent obligatoirement geacuterer au sein de leur exploitation un Champ Ecole Paysanne (CEP) individuel ougrave ils vont pratiquer les diffeacuterentes pratiques agro-eacutecologiques promues par le projet Les mises en place au niveau du CEP permet aux techniciens du projet de former et dassurer le recyclage des diverses pratiques agro-eacutecologiques Les formations des paysans leaders sont alors beaucoup plus pratiques que theacuteoriques Ce qui est plus approprieacutee pour ces paysans leaders Ils doivent pour ce faire appliquer rigoureusement les directives fournies par les techniciens Les paysans leaders assurent lrsquointeacutegraliteacute des charges lors des mises en place et entretiens des cultures au niveau du CEP que ce soit en intrants ou main drsquoœuvre Seules les semences de plantes de couvertures qui ne sont pas disponibles dans la zone que le projet leur fourni

Les CEP servent de lieu de formation et de visites eacutechanges organiseacutees par les paysans leaders pour leurs paires A la suite de ces sessions les paysans inteacuteresseacutes par une ou plusieurs pratiques agro-eacutecologiques au niveau des CEP seront accompagneacutes par les paysans leaders afin de les dupliquer au sein de leur exploitation respective Les paysans leaders couvrent geacuteneacuteralement une zone dans un rayon de cinq agrave dix kilomegravetres autour de leur lieu de reacutesidence soit trois agrave quatre fokontany en moyenne Ils sont agrave cet effet eacutequipeacutes drsquoune bicyclette comme moyen de locomotion et des bacircches de formation comme outils lors des seacuteances drsquoanimation Le projet leur dote aussi des bonbonnes et des pulveacuterisateurs leur permettant drsquoappliquer certaine techniques particuliegraveres comme la fabrication de compost liquide et les laquo ady gasy raquo

Engager les paysans leaders dans le processus de diffusion de lrsquoagro-eacutecologie ne signifie pas pour

autant les deacuterouter de leur vocation de paysan Ils ne sont pas des salarieacutes du projet Crsquoest drsquoailleurs pour cette raison que le GSDM a fixeacute par contrat une dureacutee effective de travail maximal de sept jours par mois Par contre le projet leur accorde une compensation journaliegravere de 10000Ar pour leurs interventions

Rocircles des techiciens

Pour MANITATRA II ce sont les paysans leaders qui assurent la diffusion des techniques agro-eacutecologiques promues par le projet Les techniciens jouent le rocircle de facilitateur afin que les paysans leaders puissent atteindre leurs objectifs Ainsi les techniciens encadrent techniquement les paysans leaders Ils ont dans ce sens la responsabiliteacute de faire des suivis des actions meneacutees par les paysans leaders et de les appuyer durant les seacuteances de conseil drsquoanimation et de formation Ils effectuent eacutegalement des appuis sur la mise en place des champs eacutecoles paysans (CEP) sur lesquels les riverains vont pouvoir appreacutecier les eacutetendues de lrsquoapplication des techniques appliqueacutes en agro-eacutecologie Les techniciens fixent les objectifs agrave atteindre selon les attentes du projet Pour MANITATRA II le ratio moyen est drsquoun technicien pour 7 paysans leaders encadreacutes

Perspectives pour les paysans leaders

Ces paysans leaders sont formeacutes reacuteguliegraverement sur diverses theacutematiques par le GSDM Cela afin qursquoils puissent assumer pleinement leurs responsabiliteacutes Lrsquoobjectif eacutetant qursquoils puissent agrave plus long terme devenir prestataire en tant que paysan formateur au niveau des entiteacutes qui auront besoin de leurs services agrave lrsquoinstar du FDA

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

42

Trimestrielle - Edition N

deg 10

SUCCESS STORIES

Laissons parler les paysans

Rindra Sandratriniaina Assitant Chef de projet RAKOTONDRAMANANA Directeur Exeacutecutif du GSDM

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Les reacutesultats obtenus de la deuxiegraveme anneacutee du projet MANITATRA II ont fournis des

enseignements conseacutequents quant aux techniques adopteacutees par les paysans et des inteacuterecircts que ces derniers avaient tireacute de ces adoptions Dans le moyen ouest comme sur la haute terre du Vakinankaratra la pratique du riz pluvial sur mulch de mucuna ont vraiment fait ses preuves Le riz pluvial associeacute au cajanus quoiqursquoen cours drsquoessais a deacutejagrave fourni des reacutesultats probants Les diffeacuterents niveaux drsquoameacutenagement coupleacutes avec les reboisements et la gestion des matiegraveres organiques sont tout autant de techniques que les quelques paysans des communes de Fidirana drsquoAntohobe et de Soavina vont nous deacutelivrer dans ce numeacutero 10 du journal de lrsquoagro-eacutecologie

Drsquoabord M Rakotomanantsoa Modeste drsquoAmbohibolakely de la commune rurale de Fidirana teacutemoigne de son inteacuterecirct quant agrave la pratique du riz pluvial sur mulch de mucuna

Avant cette pratique nous ne pouvions produire qursquoautour de 1tha pour le riz pluvial Actuellement le rendement peut aller jusqursquoagrave 5tha Le mucuna nrsquoagit pas seulement sur la restauration de la fertiliteacute du sol mais aussi sur le nettoyage des parcelles par rapport aux diffeacuterentes pestes veacutegeacutetales qui envahissaient nos parcelles Il srsquoest aveacutereacute que le mucuna permet aussi de lutter contre certains ravageurs de culture Pour nous loin fut le temps ougrave nous eacutetions frustreacutes de la plantation de cette leacutegumineuse non comestible qui accaparait nos surfaces cultivables car vu lrsquointeacuterecirct qursquoy portent le grand nombre la plantation de celle-ci nous engendre deacutesormais des revenus drsquoappoints

En outre je produits aussi du lombricomposte Lrsquoobjectif est toujours eacuteteacute de sevrer notre exploitation de lrsquoutilisation drsquoengrais chimique Avec lrsquoavegravenement des techniques de seacuteparations

de vers drsquoavec le composte la production nrsquoest plus peacutenible comme avant Il nous faut juste surveiller lrsquohumiditeacute la tempeacuterature lrsquoeacutetat du lombricomposteur et enfin veiller agrave ce que les lombrics aient toujours du preacutecomposte precirct agrave lrsquoemploi Je lrsquoutilise surtout dans la production de riz pluvial le maiumls et la production de plants drsquoarbre en peacutepiniegravere ou ccedila mrsquoa permis non seulement de produire des beaux plants mais aussi de beaucoup reacuteduire lrsquoinvasion des ravageurs

Ensuite Razafindrakoto Edouard drsquoAmbohibolakely de la commune de Fidirana stipule que parmi toutes les techniques vulgariseacutees par le GSDM agrave travers le projet MANITATRA II la plantation de mucuna et celle qui apporte le plus drsquointeacuterecircts

Quand je nrsquoavais utiliseacute que des fumiers de parc les fano (heteronicus) et ses vers blancs ont causeacute beaucoup de deacutegacirct sur mes riz et mes maiumls Actuellement en combinant mulch de mucuna et utilisation du lombricomposte nous avons pu doubler notre production Elle permet en effet drsquoeacuteliminer les menaces dues aux attaques des ravageurs de culture et entretien la fertiliteacute du sol

De son cocircteacute Rakotoarijaona Alfred affirme que donner lrsquoexemple sur ses habitudes culturales mis en pratique au niveau de son champ eacutecole paysan (CEP) fait partie de son quotidien de paysan leader (PL)

Il propose entre autre lrsquoameacutenagement en courbe de niveau des parcelles en pente et les techniques de fabrication des diffeacuterents types de compost

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

43

Trimestrielle - Edition N

deg 10

SUCCESS STORIESJO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

comme moyen de gestion durable du sol Lrsquoassociation du riz pluvial avec le cajanus lui a donneacute un excellent reacutesultat Semeacute au moment de la montaison le cajanus associeacute au riz pluvial nrsquoa manifesteacute aucune sorte de concurrence Il ne se ramifie qursquoapregraves la reacutecolte du riz Durant lrsquointersaison il se deacuteveloppent de maniegravere agrave couvrir les parcelles et les preacuteservent des invasions drsquoadventices Le cajanus est connu pour son travail naturel du sol et une production de biomasse pouvant servir au compostage En fin de cycle il fournit aussi drsquoeacutenorme quantiteacute bois pour les cuissons

Pour M Ralaisa Pierre Solofoniaina lrsquoapplication de lrsquoagriculture de conservation a permis de mieux geacuterer ses parcelles surtout vis-agrave-vis des pheacutenomegravenes drsquoeacuterosion

Jrsquoavais mis en place des courbes de niveau sur mes parcelles puis jrsquoai installeacute de couverture veacutegeacutetale comme le mucuna Depuis je ne travaille plus mes terres et les sarclages sont deacutesormais moins contraignants Je me suis eacutegalement aperccedilu que les effets du striga se sont beaucoup amoindris Comme reacutesultats si avant pour le riz pluvial nous ne pouvons obtenir qursquoenviron 1tha maintenant nous arrivons agrave produire 40kg de paddy par are soit dans les 4tha Jrsquoai entrepris ces travaux car je vise surtout lrsquoavenir de mes enfants Je dois ecirctre en mesure de leur leacuteguer de la bonne terre) raquo

Rabemanantsoa Gilbert drsquoAnkily du Fokontany drsquoAntampondravola un alevineur professionnel avait beacuteneacuteficieacute des appuis sur la protection des bassins versants autour de ses bassins piscicoles

Les appuis du projet MANITATRA II mrsquoa permis de mettre agrave jour mes techniques drsquoalevinage Mais le plus important eacutetait ces ameacutenagements

des versants autour de mes bassins piscicoles Nous nous y sommes mis pour combattre le fleacuteau drsquoeacuterosion qui agrave chaque peacuteriode de pluie menacent drsquoensabler nos bassins Les versants ameacutenageacutes sont actuellement stabiliseacutes avec des haies vives de cajanus renforceacutes avec du brachiaria et diverses plantes de couverture

Depuis longtemps je pratique aussi le lombricompostage Il mrsquoa permis de reacuteduire lrsquoutilisation des produits chimiques et surtout drsquoalleacuteger les peines relatives au transport vers les parcelles Quand la population de lombrics augmente il mrsquoarrive de les reacuteguler en preacutelevant une certaine quantiteacute pour nourrir mes poissons

Du cocircteacute de la commune drsquoAntohobe Mme Rafanjanirina Jeanne Philomegravene a entrepris la restauration de la fertiliteacute de ses parcelles apregraves quelque heacutesitation

Il y a 2 ans le technicien du projet Manitatra travaillant dans notre commune nous a animeacute sur les techniques de restauration de la fertiliteacute du sol Au deacutebut je nrsquoeacutetais pas vraiment convaincue du bien-fondeacute de ces techniques mais apregraves avoir assisteacute agrave une visite eacutechange au niveau du site drsquoIvory et apregraves avoir constateacute la reacuteussite de mon fregravere sur le reboisement jrsquoai deacutecideacute de mrsquoy mettre Nous avons adopteacute le lombricompostage et la fabrication de biopesticide Reacutecemment nous avons constateacute que lrsquoassociation de mucuna avec le maiumls permet de proteacuteger ces derniers contre les attaques de chenilles

Avant nous avons comme habitude drsquoutiliser du cendre du riz pluvial et nous nrsquoavons pu obtenir que 240kg de paddy par are Apregraves lrsquoutilisation du lombricompost la mecircme surface nous a donneacute 320kg agrave 400kg Sur la production de tomate avant nous ne pouvons faire que 4 reacutecoltes maintenant avec le lombricompost ccedila peut aller jusqursquoagrave 6 voire 7 reacutecoltes

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

44

Trimestrielle - Edition N

deg 10

SUCCESS STORIESJO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

A Soavina Rasoanindrina Wivine eacutetait pris drsquoeacutetau par une grande parcelle qursquoelle avait preacutevu drsquoabandonner car elle ne lui permettait plus de produire grand-chose

En effet ladite parcelle eacutetait non seulement deacutegradeacute mais eacutetait aussi envahi par le striga et le kidoronrsquoalika (Acantospermum austral) A la suite drsquoune reacuteunion de sensibilisation organiseacutee par le technicien posteacute agrave Soavina jrsquoavais deacutecideacute drsquoy planter du mucuna et du Stylosanthes associeacute avec un peu de maiumls et du riz pluvial Degraves la premiegravere anneacutee une ameacutelioration du rendement en riz srsquoeacutetait fait ressentir A la

deuxiegraveme anneacutee malgreacute la seacutecheresse le riz eacutetait drsquoune tregraves bonne veacutegeacutetation mais lrsquoinsuffisance de pluie au moment de la floraison dans notre reacutegion ne nous a pas permis drsquoobtenir des graines

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

45

Trimestrielle - Edition N

deg 10

ACTUALITES

Dans le cadre du Projet MANITATRA II sur financement du COMESAUnion

Europeacuteenne (11egraveme FED agrave destination des pays ACP dans le cadre de lrsquoAlliance Mondiale pour le Climat) le GSDM srsquoest lanceacute dans la production et la reacutealisation drsquoun film drsquoanimation 3D sur la base de son livret ludique un guide de formation conccedilu pour lrsquoapprentissage de lrsquoAgro-eacutecologie et de lrsquoeacuteducation environnementale en milieu scolaire Lrsquoobjectif eacutetant de renforcer la promotion de lrsquoAgriculture Climato-Intelligente au niveau national et drsquoappuyer la prise en compte de lrsquoAgro-eacutecologie dans les politiques publiques et les projetsprogrammes Dans ce sens ce film drsquoanimation 3D constitue un outil de plaidoyer mais eacutegalement un support de formation drsquoanimationsensibilisation

Lrsquoideacutee drsquointeacutegrer lrsquoAgro-eacutecologie dans tous types de formation essentiellement dans lrsquoenseignement de base agrave Madagascar a eacuteteacute eacutevoqueacutee depuis bien des anneacutees lors des diffeacuterents ateliers et eacutevegravenements

organiseacutes par le GSDM Cette reacuteflexion a eacuteteacute soutenue aussi bien par lrsquoAdministration que par les partenaires techniques et financiers mais eacutegalement par les diffeacuterents acteurs de deacuteveloppement impliqueacutes œuvrant dans le secteur du deacuteveloppement durable

Lrsquointeacutegration de lrsquoAgro-eacutecologie en milieu scolaire a eacuteteacute initieacutee par le GSDM en 2017 au travers du projet PAPAM sur financement de lrsquoAFD Il eacutetait preacutevu de seacutelectionner 6 eacutetablissements publics etou priveacutes de niveau collegravege dans la reacutegion du Vakinankaratra Au travers des activiteacutes parascolaires lrsquoideacutee eacutetait de former des enseignants pour assurer le transfert de connaissances aux eacutelegraveves de 6egraveme et 5egraveme Avec les acquis de WWF membre du GSDM et la collaboration de lrsquoOEMC aupregraves du Ministegravere de lrsquoEducation Nationale de lrsquoEnseignement Technique et Professionnel un document de concept note a eacuteteacute eacutelaboreacute pour la mise en œuvre drsquoune phase pilote De la

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Un film drsquoanimation 3D sur lrsquointeacutegration de lrsquoAgro-eacutecologie en milieu scolaire pour la vulgarisation de lrsquoAgro-eacutecologie au niveau national

LrsquoEducation agrave lrsquoinverse une maniegravere de diffuser lrsquoAgro-eacutecologiehelliphelliplrsquoAgro-eacutecologie pour les geacuteneacuterations futures

Equipe GSDM

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

46

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

mission de diagnostic visant lrsquoidentification des eacutetablissements beacuteneacuteficiaires aux missions de formation de conception de supports et de

suivi les eacutetapes de la mise en œuvre ont eacuteteacute reacutealiseacutees sous lrsquoeacutegide de la Direction Reacutegionale de lrsquoAgriculture de lrsquoElevage et de la Pecircche et de la Direction Reacutegionale de

lrsquoEducation Nationale de lrsquoEnseignement Technique et Professionnel Un atelier bilan a eacuteteacute organiseacute agrave la fin de lrsquoanneacutee scolaire 2017-2018 pour eacutevaluer et mesurer les impacts de ce

mode laquo drsquoeacuteducation agrave lrsquoinverse raquo ougrave les enfants forment leurs parents pour un changement de paradigme

Le succegraves de la phase pilote a tout particuliegraverement susciteacute lrsquoattention de nombreux partenaires techniques et financiers souhaitant investir dans lrsquoeacuteducation des jeunes dans le cadre du deacuteveloppement durable Une extension des activiteacutes a eacuteteacute ainsi programmeacutee au travers du projet MANITATRA II sur financement du COMESAUnion Europeacuteenne pour 3 anneacutees scolaires conseacutecutives 20182019 - 20192020 et 20202021 Six (6) nouveaux eacutetablissements ont eacuteteacute seacutelectionneacutes selon les critegraveres du projet Pour la peacuterennisation des actions le projet MANITATRA II a maintenu lrsquoappui technique au niveau des eacutecoles PAPAM A lrsquoissu de lrsquoatelier bilan organiseacute agrave la fin de lrsquoanneacutee scolaire 2018-2019 la sollicitation du GIZProSol sur financement de la Coopeacuteration Allemande a emmeneacute agrave lrsquoextension des activiteacutes au profit de 8 nouveaux eacutetablissements dans la Reacutegion Boeny

Les beacuteneacuteficiaires directes sont actuellement au nombre de 3897 eacutelegraveves reacutepartis au niveau de 20 eacutetablissements dont 3 047 dans la reacutegion de Vakinankaratra et 850 dans la reacutegion

Boeny Cette eacuteducation agrave lrsquoinverse touche eacutegalement les parents le corps eacuteducatif les paysans aux alentours mais aussi les acteurs de deacuteveloppement et les deacutecideurs

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

47

Trimestrielle - Edition N

deg 10

AGRO-ECOLOGIE EN PHOTOJO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

Le Comiteacute de pilotage du Projet MANITATRA II sest reacuteuni pour la 2egraveme fois le 24 septembre

2020 pour lexamen du rapport dactiviteacute de lanneacutee 2 et de la programmation des activiteacutes de lanneacutee 3

Ont reacutepondu preacutesent le DGA du MAEP en sa qualiteacute de Peacutersident du Comiteacute le PCA du GSDM le Vice-Preacutesident

du CA du GSDM le Directeur du Deacuteveloppement Reacutegional du Vakinankaratra le DRAEP Vakinankaratra le DREDD Vakinankaratra et le Repreacutesentant du MEDD par le biais de son Conseiller Technique

Reacuteunion du comiteacute de Pilotage du projet Manitatra II le 24 Septembre 2020

Les journeacutees Agro-eacutecologiques du Vakinankaratra se sont tenues les 19 et 20 mars 2020 Ces

2 journeacutees ont eacuteteacute consacreacutees pour le partage des acquis et expeacuteriences en Agro-eacutecologie face au deacutefis du changement climatique et de linseacutecuriteacute alimentaire On a vu la participation de lAdministration au travers du Ministegravere de lAgriculture de lElevage et de la Pecircche du Ministegravere de lEnvironnement et du Deacuteveloppement Durable du Ministegravere de lEducation Nationale de la Direction de la meacuteteacuteorologie des autoriteacutes locales des partenaires techniques et financiers des beacuteneacuteficiaires et des journalistes

La premiegravere journeacutee a eacuteteacute deacutedieacutee agrave la visite des reacutealisations en Agro-eacutecologie suivie dun atelier de restitution le 2egraveme jour Tant sur le terrain quau travers des teacutemoignages en salle lactiviteacute lieacutee agrave linteacutegration de lAgro-eacutecologie en milieu scolaire a succiteacute lattention des participants Cette mode deacuteducation agrave linverse ougrave les enfants forment leurs parents a tout particuliegraverement toucheacute de nombreux meacutenages Desormais les parents souhaitent ecirctre formeacutes sur diffeacuterents theacutematiques en Agro-eacutecologie tels que le compsotage lAgriculture de conservation et lAgroforesterie

Objectif atteint pour le GSDM la reacuteussite de cet eacutevenement est ducirc agrave la participation active des diffeacuterents intervenants En vue dune agriculture durable la peacutereacutenisation des acquis et limportance de la prise en compte de lAgro-eacutecologie dans les politiques publiques a eacuteteacute souleveacutee et approuveacutee

Journeacutees Agro-eacutecologiques du Vakinankaratra les 19 et 20 mars 2020

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

48

Trimestrielle - Edition N

deg 10

Deacutecembre2020

Octobre 2020

Septembre 2020

Novembre 2020

Ont participeacute agrave ce numeacutero bull Mireille RAZAKA - Responsable Communication du GSDMbull Vololoniraisana RANDRIAMIARANA - Agronome du GSDMbull Martin RANDRIAMITANTSOA - Consultant Agronome du GSDMbull Tahina RAHARISON - Consultant Agronome Socio-eacuteconomiste du GSDMbull TOKIHERINIONJA Tanjonarilesa Fernand - Chef de Projet MANITATRA IIbull RAKOTONDRAMANANA - Directeur Exeacutecutif du GSDM

Rubrique laquoLAgro-eacutecologie au niveau nationalraquo WWH - DURRELL - CEFFEL membre du GSDM - GIZProSol Partenaire Technique et FinancierRubrique laquoDossierraquo Collegravegues rapprocheacutes de Lucien SEGUYRubrique laquoRechercheraquo FOFIFA - Dp SPAD - Partenaires techniques Rubrique laquoSuccess Storiesraquo GSDM Vakinankaratra (MANITATRA II)Entiteacute de validation Comiteacute de lecture les membres du GSDM GSDM Copyrigth septembre2020

Site WebFacebook YoutubeRoute drsquoAmbohipo

Lot VA 26 Y AmbatorokaBP 6039 Ambanidia Antananarivo 101 Madagascar

Teacutel (+261) 20 22 276 27

CALENDRIER DIVERS CONTACTS

Site WebFacebook

Teacutel (261 20) 22 200 46 agrave 48Fax (261 20) 22 347 94

afdantananarivoafdfr

23 rue RazanakombanaAmbohijatovo BP 557

AntananarivoMADAGASCAR

Pour de plus amples informations etou pour toutes ameacuteliorations contacter nous au

Ce journal a eacuteteacute financeacute au deacutepart par lrsquoAFD (projet PAPAM) et par le COMESAUE (projet MANITATRA 2) agrave partir de leacutedition Ndeg8

Les membres du GSDM

Direacutecteur Exeacutecutif gsdmdemoovmgResponsable communication razakamireilleyahoofr

Evegravenements

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

- Mission de suivi Alaotra - Mission de suivi Sud-Est- Mission drsquoevaluation et bilan de campagne ATASEF - Formation des techniciens des ONGencadreacutes par ECO-CONSULT - GIZProSol

- Preacutesentation officielle du film drsquoanimation 3D Ny Fambolena maharitraho anny taranaka mifandimby- Atelier bilan eacutecole Manitatra II- Expertise OSDRM dans la Diana

Directeur de publication RAKOTONDRAMANANA DL imprimeur Ndeg - Editeacute en 140 exemplaires

Facebook Site Web

- Atelier recherche et deacuteveloppement - Emission FIVOHY sur la RNM tous les 3egraveme samedis du mois de 08h15 agrave 08h30 du matin

- Campagne culturale grande saison- Journeacutees Agro-eacutecologiques du Sud-Est

Open library

  • Signet 1
Page 14: Edito - gsdm-mg.org

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

14

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

MB T1 T2 T3 E1 E2 TE D1 D2 D3 TBic MTMatiegravere Segraveche () 938 949 952 959 945 944 984 828 995 991 939 946Matiegravere Mineacuterale () 35 415 38 40 42 39 41 27 27 19 41 44Cendre Insoluble () 01 01 01 00 01 01 01 01 01 01 01 01Calcium () 04 05 05 04 02 03 02 012 02 156 03 015Phosphore () 07 08 07 07 08 07 08 109 07 052 07 097Proteacuteine Brute () 263 242 235 226 257 238 214 270 217 248 242 243Matiegravere Grasse () 42 44 42 45 50 42 48 - 50 62 52 30L-dopa () 66 595 523 291 315 202 22 - 079 075 296 -

bull Mucuna non traiteacute (MB)bull Mucuna traiteacute trempage (T1 24h T2 48h et T3 72h)bull Mucuna traiteacute par eacutebullition (sur diffeacuterents temps drsquoeacutebullition E1 30min et E2 60min)bull Mucuna traiteacute par trempage suivi drsquoeacutebullition (TE)bull Mucuna deacutepelliculeacute (sur diffeacuterents temps de trempage D1 24h D2 48h et D3 72h) bull Mucuna traiteacute par eacutebullition dans une solution contenant 02 de bicarbonate (TBic)bull Mucuna traiteacute par torreacutefaction (MT)

Figure 2 Traitements du Mucuna

Expeacuterimentations en milieu controcircleacute

Des formulations alimentaires (Provende) agrave base de mucuna ont eacuteteacute effectueacutees puis testeacutees sur des animaux en milieu controcircleacute dans la station de recherche du FOFIFA agrave Kianjasoa Il srsquoagit de comparer les performances zootechniques des porcs et des volailles nourris avec des rations contenant un pourcentage deacutetermineacute de mucuna sur un traitement deacutetermineacute contre des lots teacutemoins de ces mecircmes animaux mais alimenteacutes avec des rations agrave 0 mucuna

RECHERCHES

Tableau 1 Valeurs nutritionnelles et teneur en L-Dopa du mucuna suivant diffeacuterents traitements (en pourcentage de la matiegravere segraveche)

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

15

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Expeacuterimentation sur les porcelets

Les expeacuterimentations ont eacuteteacute reacutealiseacutees sur diffeacuterents taux drsquoincorporation de mucuna (5 10 20 et 40) mais les gains de poids consideacutereacutes comme plus efficaces sont ceux enregistreacutes agrave une incorporation de 20 Par ailleurs le test sur animaux sur trois lots de porcelets recevant respectivement une ration agrave 0 de mucuna 20 mucuna torreacutefieacute et 20 de mucuna traiteacutee par le bicarbonate a eacuteteacute effectueacute Apregraves un mois et demi dexpeacuterimentation sans compter la peacuteriode dadaptation Le Gain moyen quotidien (GMQ) du lot teacutemoin est de 305 g contre 355g pour le lot recevant 20 de mucuna torreacutefieacute et 319 g pour le lot recevant 20 de mucuna traiteacutee au bicarbonate (Figure 3)

Figure 3 Gain moyen quotidien (en gramme) durant 45 jours de 3 lots de porcelets recevant une provende agrave base de mucuna

Ces expeacuterimentations nous montrent que les graines de mucuna peuvent bien ecirctre utiliseacutees dans lrsquoalimentation des porcs malgreacute la preacutesence de la L-Dopa qui nrsquoest pas totalement eacutelimineacutee par les traitements thermiques etou chimiques La comparaison drsquoune ration iso-proteacuteique et iso-eacutenergeacutetique du mucuna traiteacute au bicarbonate nrsquoa montreacute aucune diffeacuterence significative par rapport agrave une ration normale Par ailleurs le traitement par torreacutefaction est consideacutereacute comme efficace pour la ration des porcs La libeacuteration dacide gras durant la torreacutefaction ameacuteliore la palatabiliteacute de la ration et a un effet beacuteneacutefique sur lrsquoindice de conversion alimentaire

Expeacuterimentations sur les volailles

Les volailles repreacutesentent une source preacutecieuse de proteacuteines animales drsquoune grande valeur biologique Son eacutelevage se fait partout dans le monde dans des conditions tregraves variables Mais lrsquoobjectif principal est toujours drsquoavoir une production maximum agrave un coucirct minimum tout en eacutevitant les risques Par ailleurs la compleacutementation des aliments de volailles par le mucuna a eacuteteacute entreprise pour ameacuteliorer la productiviteacute (viande et œufs) Cette ameacutelioration a eacuteteacute entreprise sur les diffeacuterentes races existantes agrave Madagascar poulets de chair poule pondeuse et poulet de races locales Ainsi plusieurs lots de volailles recevant diffeacuterents taux drsquoincorporation de mucuna ont eacuteteacute compareacutes

Pour les poulets de chair quarante poussins de chair vaccineacutes et deacuteparasiteacutes ont eacuteteacute subdiviseacutes en 4 lots de 10 poussins 3 lots recevant respectivement un aliment incorporeacute de 0 10 et 20 de mucuna traiteacute par le bicarbonate 02 et le 4egraveme lot recevant du mucuna traiteacute par le proceacutedeacute D1 agrave 10 Au cours des 45 jours drsquoexpeacuterimentations des peseacutes hebdomadaires ont permis de suivre les performances de croissances de chaque poulet

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

16

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Figure 4 Poids des poulets de chair (en gramme) apregraves 45 jours drsquoexpeacuterimentations

En geacuteneacuteral lrsquoaugmentation du taux drsquoincorporation du mucuna dans la ration affecte la productiviteacute moyenne des poulets de chair qui est inversement proportionnelle agrave ce dernier Les poids finaux sont respectivement 1300g 1100g et 850g pour les 3 lots agrave 0 10 et 20 de Mucuna Il est eacutevident que malgreacute le taux inteacuteressant en proteacuteine et dacide amineacute dans le mucuna sa valeur biologique est reacuteduite par la preacutesence de la L-Dopa et cela affecte consideacuterablement la productiviteacute des poulets de chair Par contre lrsquoincorporation agrave 10 de mucuna deacutepelliculeacute dans la ration des poulets de chair ne preacutesente aucune diffeacuterence significative aux reacutesultats obtenus par la ration agrave 0 de mucuna (Figure 4) Par ailleurs il est donc indispensable de deacutepelliculer le mucuna avant de lintroduire dans la ration des poulets de chair

Pour les poules pondeuses

Trente poulettes precirctes agrave pondre (45 mois) de race Hulyn sp (Figure 6) ont eacuteteacute choisies pour mener lexpeacuterimentation Trois lots de 10 poulettes ont eacuteteacute formeacutes pour recevoir une ration contenant respectivement 0 10 et 20 de Mucuna traiteacutes par le Bicarbonate 02 Ce mecircme dispositif a eacuteteacute utiliseacute pour le test avec le mucuna deacutepelliculeacute Dans cette cateacutegorie le produit principal est lrsquoœuf drsquoougrave notre paramegravetre eacutetudieacute est le taux de ponte ainsi que le calibre des œufs

Figure 5 Performance zootechnique des poules pondeuses

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

17

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Lrsquoenregistrement des donneacutees journaliegraveres de ponte indique qursquoil nrsquoy a pas de diffeacuterences significatives entre les taux de ponte des poulettes recevant 0 et 10 de mucuna Par contre les poulettes nourries avec du mucuna agrave 20 nrsquoont jamais atteint un taux de ponte de 100 ceci pour dire que la teneur eacuteleveacutee en mucuna dans la ration affecte la ponte (Figure 5) Il est donc recommandeacute de ne pas deacutepasser les 10 dincorporation de mucuna dans la ration des poules pondeuses Pour les poules pondeuses nourris avec le mucuna deacutepelliculeacute les reacutesultats enregistreacutes nont pas de diffeacuterence significative avec ceux obtenus par le traitement preacuteceacutedant Par ailleurs nous pouvons opter pour le traitement avec le bicarbonate car ce traitement est moins couteux en termes de travail de temps ainsi que de faciliteacute de preacuteparation Cependant en ce qui concerne la taille des œufs les calibres des œufs des poules alimenteacutes avec une ration agrave 10 de mucuna deacutepelliculeacute sont leacutegegraverement supeacuterieurs agrave ceux des poules nourries avec du mucuna bicarbonateacute 10 (Figure 5) ainsi que ceux du lot teacutemoins agrave 0 Nous pouvons donc tirer une conclusion que le mucuna a un leacuteger effet positif sur les performances des poules pondeuses Le taux dincorporation (infeacuterieur agrave 10) et le traitement (deacutepelliculage) jouent un rocircle important

Figure 6 Introduction du mucuna dans la ration des poules pondeuses

Pour les poulets de races locales (akoho gasy)

Six lots de 20 tecirctes ont eacuteteacute constitueacutes pour recevoir une ration contenant respectivement 0 15 et de 30 de mucuna bicarbonateacute et 0 15 et de 30 de mucuna torreacutefieacute Des traitements sanitaires ont eacuteteacute effectueacutes au preacutealable tels que les vaccinations et les deacuteparasitages Ensuite les performances zootechniques (Poids) ont eacuteteacute mesureacutees toutes les semaines afin de calculer les gains de poids moyens quotidiens (GMQ) Leacutevolution du poids des poulets de races locales Akoho gasy durant 3 mois sur les 6 lots recevant des rations diffeacuterentes agrave base de mucuna nous indiquent quil ny a pas de diffeacuterence significative entre chaque lot Cependant nous pouvons constater que les poulets de races locales peuvent tregraves bien supporter une incorporation de mucuna jusquagrave 30 Pailleurs une vulgarisation de ces reacutesultats en milieu reacuteel au niveau des paysans a eacuteteacute effectueacutee Pour cela deux groupes deacuteleveurs de poulets de race locale ont eacuteteacute seacutelectionneacutes pour tester leur appreacuteciation sur ces deux types de traitement (bicarbonateacute et deacutepelliculeacute) agrave 30 de mucuna

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

18

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Figure 7 Comparaison en milieu reacuteel des performances des poulets de race locale alimenteacute au Mucuna

bull MT1 Mucuna cuit avec du Bicarbonate bull MT2 Mucuna torreacutefieacute bull SM Ration sans mucuna

Apregraves trois mois deacutevaluation coupleacutee de visites de pesage hebdomadaire Il a eacuteteacute constateacute que le gain de poids des poulets nourris par le mucuna bicarbonateacute est plus eacuteleveacute que ceux nourris avec le mucuna torreacutefieacute (Figure 7) Malheureusement face au travail que demande le traitement par le bicarbonate aucun des eacuteleveurs na adopteacute ce traitement apregraves lexpeacuterimentation Selon ces eacuteleveurs la diffeacuterence entre les performances est moindre alors que le traitement au bicarbonate demande beaucoup de travail

Conclusion

Agrave Madagascar le mucuna est principalement cultiveacutee pour ses qualiteacutes dameacutelioration du sol en tant que plante de couverture Cette eacutetude a permis de mettre en eacutevidence la possibiliteacute de lincorporer dans lalimentation des animaux de rente Cependant des traitements preacutealables de la graine doivent ecirctre effectueacutes pour pouvoir le valoriser dans lalimentation animale Ces traitements doivent ecirctre accoupleacutes au taux dincorporation adeacutequate pour que ce dernier ne puisse preacutesenter drsquoeffets neacutegatifs sur la croissance des animaux ni sur lrsquoappeacutetibiliteacute des aliments Les graines de mucuna repreacutesentent donc une opportuniteacute pour les petits producteurs agrave Madagascar Ceci permet drsquoatteindre des objectifs de production eacuteconomiquement inteacuteressants dans le cas drsquoun eacutelevage ameacutelioreacute Au vu de ces reacutesultats lrsquoutilisation des ressources non conventionnelles locales parfois en abondance et nrsquoentrant pas en compeacutetition avec lrsquoalimentation humaine est une alternative inteacuteressante pour ameacuteliorer la production animale Par ailleurs il permet ainsi de reacuteduire consideacuterablement les deacutepenses en eacutelevage constitueacutees en grande partie par le coucirct des aliments

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

19

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

bull bull bull bull bull bull

Utilisation des fumures organiques et des engrais dans les strateacutegies de gestion de la fertiliteacute des sols des exploitations agricoles du Moyen-Ouest de la reacutegion

Vakinankaratra et de la zone Est de la reacutegion drsquoItasy Madagascar

RAZAFIMAHATRATRA Hanitriniaina Mamy (FOFIFA) BEacuteLIEgraveRES Jean-Franccedilois (CIRADART-Dev et FOFIFA) RAHARIMALALA Sitrakiniaina (FOFIFAESSA) RANDRIAMIHARY FETRA SAROBIDY Eddy Josephson (FOFIFAESSA) AUTFRAY Patrice

(CIRADAIDA) RAZANAKOTO Onjaherilanto Rakotovao (ESSA) RAHARISON Tahina Solofoniaina (GSDMMontpellier SupAgro)

Introduction

Dans chacun des numeacuteros 8 et 9 du Journal de lrsquoAgroeacutecologie un article preacutesentait

des reacutesultats sur les pratiques de gestion de la fertiliteacute des sols des exploitations agricoles familiales (EAF) obtenus dans le cadre du projet de recherche SECuRE (Soil ECological function REstoration to enhance agrosystem services in rainfed rice cropping systems in agroecological transition) financeacute par la fondation Agropolis Le premier traitait de la diversiteacute et de lrsquoimportance des pratiques dans les EAF le second preacutesentait les quantiteacutes et la qualiteacute des fumures organiques disponibles en lien avec les pratiques de production et drsquoeacutechanges Ce troisiegraveme article est consacreacute agrave lrsquoutilisation des fumures organiques et des engrais acheteacutes une maniegravere de caracteacuteriser en partie tout au moins les strateacutegies de gestion de la fertiliteacute des sols deacuteveloppeacutees par les EAF

bull Parmi les nombreuses pratiques pour une gestion inteacutegreacutee de la fertiliteacute des sols (Sanginga et Woomer 2009 Liniger et al

2011) lrsquoutilisation de fumure organique et drsquoengrais occupe une place preacutepondeacuterante car les effets agrave court et moyen termes sur la productiviteacute des cultures sont importants Lrsquoanalyse des donneacutees collecteacutees1 dans le cadre de Secure permet de caracteacuteriser les pratiques drsquoutilisation de ces intrants (et drsquoune maniegravere plus large de lrsquoensemble des intrants) notamment par rapport aux cultures pratiqueacutees et aux superficies cultiveacutees annuellement Lrsquoarticle est structureacute en trois parties la premiegravere concerne lrsquoacquisition de fertilisants suppleacutementaires avec les engrais commerciaux et les cendres la seconde preacutesente les pratiques quantifieacutees drsquoutilisation de la fertilisation disponible (fumure organique locale cendres et engrais commerciaux) en fonction des cultures enfin la derniegravere partie conclue avec quelques recommandations pour le deacuteveloppement

1 Ces reacutesultats ont eacuteteacute obtenus avec un eacutechantillon drsquoEAF localiseacutees dans le Moyen-Ouest de la reacutegion Vakinankaratra et dans la zone Est de la reacutegion Itasy Pour plus drsquoinformations le lecteur est inviteacute agrave se reporter au ndeg8 de JAE ou sur le site du projet (httpswwwsecuremgle-projet-secure) Il faut rappeler que les reacutesultats sont repreacutesentatifs des fokontany dans les zones drsquoeacutetude car lrsquoeacutechantillonnage des EAF a eacuteteacute fait par tirage au sort

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

20

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

1 Les achats drsquoengrais commerciauxsup2et de cendres

Malgreacute les politiques mises en œuvre depuis des deacutecennies1 les EAF achegravetent peu drsquoengrais chimiques Pour lrsquoensemble de Madagascar au cours des 20 derniegraveres anneacutees la quantiteacute moyenne utiliseacutee varie entre 2 et 6 kg par hectare cultiveacute et par an2

11 Quantiteacutes acheteacutees drsquoengrais commerciaux par EAF et par hectare SAU

Les EAF ont des comportements diffeacuterents selon les zones (tableau 1)

A Mandoto un peu moins drsquoune EAF sur 2 (45) achegravete de lrsquoengrais en faible quantiteacute avec en moyenne 14 kg par an pour un montant moyen de moins de 30 000 Ar Rameneacute agrave lrsquoensemble des EAF de la zone la quantiteacute moyenne acheteacutee est de lrsquoordre de 6 kg par EAF et par an Et quand on ramegravene ces achats drsquoengrais agrave la surface agricole utile (SAU) disponible par EAF on a des valeurs moyennes eacutequivalentes (14 et 6 kgha SAU)

Dans la zone drsquoArivonimamo la consommation drsquoengrais est plus importante 88 des EAF en achegravetent une quantiteacute moyenne de presque 28 kg pour un peu plus de 60 000 Ar ce qui rameneacute agrave lrsquoensemble des EAF fait une moyenne geacuteneacuterale de presque 25 kgEAF Comme la SAU moyenne par EAF est faible les quantiteacutes drsquoengrais disponibles sont de plus de 35 kgha pour les EAF qui en achegravetent et de presque 31 kgha pour lrsquoensemble des EAF

La variabiliteacute est tregraves forte agrave Mandoto et moindre dans la zone drsquoArivonimamo (tableau 1)

Tableau 1 Part des EAF qui achegravetent de lrsquoengrais et quantiteacutes acheteacutees

Mandoto ArivonimamoMoyenne CV Moyenne CV

des EAF qui achegravetent 45 88

Pour les EAF qui achegravetent

Quantiteacute en kgEAF 143 155 279 112

Valeur achat en ArEAF 27 884 153 61 058 117

Quantiteacute par SAU en kgha 140 195 352 101

Pour Quantiteacute en kgEAF 64 257 245 125

Pour lensemble des EAF

Valeur achat en ArEAF 12 490 254 53 707 131

Quantiteacute par SAU en kgha 63 312 309 114

1 On peut simplement rappeler la laquo strateacutegie nationale pour le deacuteveloppement de lrsquoutilisation de lrsquoengrais raquo MAEP 20062 Source httpsdatabankbanquemondialeorghome Ce que Pierre-Bernard et al traduisaient ainsi en 2007 laquo engrais un produit cher et peu utiliseacute raquo agrave Madagascar

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

21

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

On peut srsquoeacutetonner de la faible variation entre la quantiteacute moyenne par EAF et la quantiteacute par SAU agrave Mandoto sachant que dans cette zone la superficie SAU moyenne est de lrsquoordre de 15 ha (voir tableau 2) Ceci provient du fait que les moyennes sont calculeacutees pour les EAF et ne sont pas pondeacutereacutees par les superficies Quand on pondegravere par la superficie la quantiteacute moyenne par hectare SAU pour lrsquoensemble des EAF de Mandoto diminue et passe de 63 agrave 43 kg par hectare On constate la mecircme chose agrave Arivo-nimamo avec la quantiteacute moyenne par hectare SAU qui passe de 309 agrave 271 kgha Ceci signifie que ce ne sont pas les plus grandes EAF (celles qui ont le plus de SAU) qui achegravetent le plus drsquoengrais chimiques Le coefficient de correacutelation entre superficie SAU par EAF et quantiteacute acheteacutee drsquoengrais par hectare est significatif agrave 001 et neacutegatif mais drsquoune valeur faible (-02)

Figure 1 Nuage de point entre SAU par EAF et quantiteacute drsquoengrais par ha de SAU

La Figure 1 ci-contre illustre cela avec les quantiteacutes par hectare SAU (axe vertical) les plus eacuteleveacutees qui correspondent agrave des SAU (axe horizontal) faibles (infeacuterieures agrave 2 hectares) Les EAF de grandes taille (gt2 ha) achegravetent peu drsquoengrais chimiques et en quantiteacute relativement faible par rapport agrave la SAU dont elles disposent On verra plus loin que ce sont des strateacutegies diffeacuterentes de mise en culture (systegraveme de culture) qui expliquent cette situationOn rappellera que 60 des EAF agrave Mandoto et 88 agrave Arivonimamo eacutechangent (achegravetent vendent ou troquent) de la fumure organique (voir JAE ndeg9) et que les pourcentages sont respectivement de 30 et 74 pour les EAF qui achegravetent de la FO Ainsi quand on prend en compte tous les types de fertilisants une

grande majoriteacute des EAF a recours au marcheacute pour acqueacuterir des matiegraveres fertilisantes et geacuterer la fertiliteacute de leurs sols

Enfin par rapport agrave lrsquoutilisation de produits phytosanitaires on observe deux situations diffeacuterentes agrave Mandoto la proportion des EAF qui achegravetent des produits phytosanitaires est de 63 et donc supeacuterieure agrave celles qui achegravetent des engrais commerciaux (45) alors qursquoagrave Arivonimamo dans notre eacutechantillon 75 des EAF utilisent des produits phytosanitaires alors que 88 achegravetent des engrais

12 Types drsquoengrais commerciaux acheteacutes

Les engrais acheteacutes sont essentiellement de type NPK (le plus courant est composeacute de 11 N 22 P2O5 16 K2O) et de lrsquoureacutee (46) ces deux types repreacutesentent en cumuleacute plus de 95 des quantiteacutes agrave Mandoto et 77 agrave Arivonimamo ougrave lrsquoon observe une plus grande diversiteacute (figure 2) en rapport avec une plus grande consommation et aussi drsquoune offre plus importante avec la proximiteacute de la capitale

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

22

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Figure 2 Types dengrais acheteacutes en des quantiteacutes totales

A Arivonimamo le Blaukorn (nom commercial) est bien repreacutesenteacute avec plus de 16 des quantiteacutes Crsquoest un engrais composeacute (NPK) avec drsquoautres eacuteleacutements (magneacutesium soufre bore zinc) laquo agrave action rapide qui assure un effet-starter important raquo notamment sur les cultures maraichegraveres Le DAP (18 N 46 P2O5) est eacutegalement repreacutesenteacute avec 6 des quantiteacutes Les autres produits comme la dolomie (amendement calcaire) et le guano de chauvesouris (Guanomad) riche en phosphates naturels sont tregraves faiblement repreacutesenteacutes (mecircme si Guanomad repreacutesente tout de mecircme un peu plus de 3 dans la zone de Mandoto)

Les prix moyens drsquoachat deacuteclareacutes par les producteurs et pondeacutereacutes par les quantiteacutes diffegraverent peu entre les deux zones (contrairement aux prix de la fumure organique qui sont tregraves diffeacuterents voir JAE ndeg9) Les prix moyens (pour la plupart prix de 2016) sont de 2 100 Arkg pour NPK 1 900 Arkg pour lrsquoureacutee 2 400 Arkg pour le DAP 3 100 Arkg pour le Blaukorn et 1100 Akkg pour le Guanomad

En moyenne une EAF a acheteacute au cours de lrsquoanneacutee pour 12 500 Ar drsquoengrais agrave Mandoto et 54 000 Ar drsquoengrais agrave Arivonimamo Ces montants indiquent un recours tregraves limiteacute aux engrais commerciaux dans les strateacutegies de gestion de la fertiliteacute

13 Le cas particulier des cendres

Les cendres peuvent ecirctre consideacutereacutees comme un engrais ou comme un amendement Elles sont utiliseacutees depuis le deacutebut de lrsquoagriculture pour enrichir les terres cultiveacutees en sels mineacuteraux notamment en potasse et oligo-eacuteleacutements (Poirier et Nuninger 2012) Elles ont un pouvoir alcalinisant et augmentent le pH du sol Elles peuvent ecirctre inteacutegreacutees aux composts ou aux fumiers (voir JAE ndeg9) ou utiliseacutees seules en apport localiseacute ou eacutepandues sur le champ Cette sous partie traite des cendres utiliseacutees directement sur les parcelles

Si la pratique est rare agrave Mandoto (2 des EAF) elle est reacutepandue agrave Arivonimamo ougrave ce sont 19 des EAF qui eacutepandent des cendres acheteacutees Celles-ci proviennent pour lrsquoessentiel des balles de riz utiliseacutees comme eacutenergie pour la fabrication des briques Crsquoest donc le sous-produit drsquoun autre sous-produit agricole (la balle de riz)

Lrsquoeacutevaluation des quantiteacutes en kilogramme est tregraves approximative les producteurs ne connaissant pas les eacutequivalences Les EAF qui eacutepandent directement les cendres ont estimeacute avoir utiliseacute lrsquoanneacutee de lrsquoenquecircte en moyenne environ 250 kgEAF ce qui repreacutesente rameneacute agrave lrsquoensemble des EAF environ 4 kgEAF agrave Mandoto et un peu moins de 50 kg par EAF agrave Arivonimamo

Si les quantiteacutes semblent conseacutequentes (presque le double des quantiteacutes drsquoengrais) la valeur moneacutetaire de ces cendres est faible avec un prix moyen estimeacute entre 30 et 35 Arkilogramme Ainsi les cendres utiliseacutees directement par les EAF sur les cultures repreacutesenteraient une valeur de 8 000 agrave 9 000 Ar pour les EAF qui ont cette pratique et rameneacutees agrave lrsquoensemble des EAF des zones concerneacutees agrave moins de 200 Ar agrave Mandoto et de lrsquoordre de 1 600 Ar agrave Arivonimamo

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

23

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Lrsquoutilisation des cendres directement sur la parcelle sans passer par le compost ou le fumier est une pratique assez courante dans la zone de Arivonimamo Elle participe au recyclage de certains sous-produits et en particulier de la balle de riz utiliseacutee comme combustible pour la fabrication des briques En plus de lrsquoapport en eacuteleacutements fertilisants les cendres ont drsquoautres proprieacuteteacutes selon certains producteurs qui les utilisent dans la lutte contre les ravageurs et les maladies

2 Utilisation de la fumure organique et des engrais commerciaux

Lrsquoenquecircte a permis de collecter les informations neacutecessaires pour reconstituer lrsquoitineacuteraire technique et le budget de culture pour toutes les parcelles cultiveacutees au cours de lrsquoanneacutee agricole enquecircteacutee (201617) soit trois saisons de culture grande saison 201617 saison intermeacutediaire 2017 contre saison 2017 (soit de novembre 2016 agrave octobre 2017) Ainsi les quantiteacutes et la valeur des intrants utiliseacutes pour la fertilisation sont connues par culture et par saison

21 Fertilisation disponible et superficies fertiliseacutees

Le tableau 2 reacutecapitule des quantiteacutes moyennes de matiegraveres fertilisantes disponibles par EAF en additionnant les quantiteacutes de fumure organique (voir JAE ndeg9) et les engrais commerciaux acheteacutes Les EAF de la zone drsquoArivonimamo produisent plus de FO et achegravetent plus drsquoengrais que celles de la zone de Mandoto et en final la disponibiliteacute moyenne en kilogramme est nettement supeacuterieure Rameneacutes agrave la SAU les eacutecarts entre les deux zones augmentent puisque la taille moyenne des EAF de Mandoto est plus grande la quantiteacute disponible par ha SAU va du simple au double

Tableau 2 Quantiteacutes moyennes de fertilisants disponibles par EAF (en kg)

Types de fertilisants Mandoto ArivonimamoFumier 1 676 2 573Compost et autre 458 324Engrais acheteacutes 6 25Cendres acheteacutees 4 48Total (kg) 2 144 2 969SAU (ha) 148 091KgSAU 1 448 3 279S Cultiveacutee en ha 138 113Kg S cultiveacutee 1 558 2 627

apregraves le riz et pour lesquelles la capitale nationale assure des deacuteboucheacutes A Mandoto ce taux de mise en valeur nrsquoest que de 93 avec tregraves peu de cultures maraichegraveres et une part un peu plus importante de jachegraveres avec 11 de la SAU ce qui ne signifie pas qursquoil nrsquoy a pas de jachegravere agrave Arivonimamo ougrave elles repreacutesentent tout de mecircme 8 de la SAU crsquoest lrsquoimportance des cultures maraichegraveres qui impacte le plus le taux de mise en valeur

Il faut rappeler que ces moyennes cachent une grande variabiliteacute Celle-ci a eacuteteacute traiteacutee dans le JAE ndeg9 pour la FO et ci-dessus pour les engrais Crsquoest pourquoi nous nrsquoy reviendrons pas ici la variabiliteacute sera analyseacutee seulement pour lrsquoutilisation

Mais quand on ramegravene ces quantiteacutes disponibles moyennes aux superficies cultiveacutees annuellement lrsquoeacutecart se reacuteduit car dans la zone drsquoArivonimamo les EAF intensifient lrsquoutilisation de la terre avec un taux de mise valeur de 125 (crsquoest-agrave-dire qursquoune parcelle est cultiveacutee une fois en totaliteacute au cours de lrsquoanneacutee agricole et que 25 de sa surface sont cultiveacutes une deuxiegraveme fois) Cette intensification est rendue possible notamment par les productions maraichegraveres que les producteurs cultivent en double culture

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

24

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

La question que lrsquoon peut se poser agrave ce stade est est-ce que ceux qui achegravetent des engrais commerciaux sont ceux qui nrsquoont pas de FO A Mandoto lrsquoanalyse des correacutelations indique qursquoil nrsquoy pas de relation lineacuteaire entre la quantiteacute drsquoengrais acheteacutee et la quantiteacute de fumier produite A Arivonimamo cette relation existe Elle est significative (au seuil de 001) mecircme si le coefficient est faible (03) et surtout elle est positive ce qui indique que ceux qui achegravetent le plus drsquoengrais sont souvent ceux qui produisent le plus de fumier Ainsi il nrsquoy aurait pas un seuil de disponibiliteacute en fumier qui ferait que lrsquoagriculteur ne cherche plus agrave acqueacuterir des engrais consideacuterant qursquoil a assez de matiegraveres fertilisantes La raison des faibles quantiteacutes drsquoengrais acheteacutees est sans doute plus agrave rechercher dans la disponibiliteacute et des contraintes eacuteconomiques

22 Reacutepartition des matiegraveres fertilisantes selon les cultures

Avant de preacutesenter la reacutepartition par culture on peut appreacutecier la part des parcelles et de la superficie selon le type de fertilisation (Tableau 3) Les parcelles et la superficie sans aucun apport agrave Arivonimamo sont moindres (environ un tiers) qursquoagrave Mandoto (41 des parcelles et 52 de la superficie)

Tableau 3 Parts des parcelles et de la superficie selon le type de fertilisation dans les terroirs

ApportsMandoto Arivonimamo

des parcelles

de la surface

des parcelles

de la surface

Sans FO Sans Engrais 41 52 35 33Avec FO seulement 38 33 38 40Avec Engrais seulement 3 2 3 3Avec FO + Engrais 19 13 25 24Ensemble 100 100 100 100

Ainsi mecircme agrave Mandoto plus drsquoune parcelle sur deux reccediloit de la FO et globalement dans les deux terroirs il y a une reacutepartition qui laisse la possibiliteacute pour qursquoune parcelle soit fertiliseacutee plus drsquoune fois tous les deux ans sans preacutejuger ni des doses utiliseacutees ni des cultures privileacutegieacutees Les eacutecarts entre les pourcentages des parcelles et des superficies indiquent qursquoagrave Mandoto ce sont les parcelles en moyenne plus petites qui sont fertiliseacutees ce qui nrsquoest pas le cas agrave Arivonimamo Tregraves rares sont les parcelles qui ne reccediloivent que de lrsquoengrais (quelques parcelles en maraichage mais aussi en riz pluvial et maiumls agrave Mandoto) Ainsi les producteurs qui achegravetent de lrsquoengrais chimique lrsquoutilisent presque toujours sur des parcelles en compleacutement drsquoun apport de fumure organique

Lrsquoutilisation des fertilisants est en lien avec les quantiteacutes disponibles mais aussi les cultures pratiqueacutees Or les exploitations agricoles familiales des deux zones ont des assolements1 sensiblement diffeacuterents comme le montre la premiegravere colonne des deux figures suivantes (Figure 3 et Figure 4) Dans les deux zones le riz irrigueacute de bas-fonds occupe une place importante avec des parts dans lrsquoassolement qui sont relativement proches (29 agrave Mandoto et 32 agrave Arivonimamo) Ainsi mecircme si le Moyen Ouest du Vakinankaratra a la reacuteputation drsquoune zone de cultures pluviales le riz irrigueacute de bas-fonds occupe une place preacutepondeacuterante en terme de superficie (mais aussi en terme de revenu comme on le verra dans le prochain numeacutero de JAE) Les tubercules et les leacutegumineuses occupent agrave peu pregraves la mecircme part de la surface cultiveacutee annuellement dans les deux zones de lrsquoordre de 25 pour les tubercules et 10 pour

1 Ces pourcentages ont eacuteteacute calculeacutes sur la superficie effectivement cultiveacutee crsquoest-agrave-dire sans les jachegraveres Si on integravegre les ja-chegraveres celles-ci repreacutesentent 10 de la surface totale (cultiveacutee + jachegravere) agrave Mandoto et 6 agrave Arivonimamo

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

25

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

les leacutegumineuses mais les espegraveces cultiveacutees sont diffeacuterentes La part des autres cultures est speacutecifique et caracteacuterise la zone

A Mandoto les ceacutereacuteales pluviales occupent pregraves du tiers de la surface (176 en riz pluvial et 15 en maiumls hors jachegravere) Alors qursquoagrave Arivonimamo ces deux cultures occupent seulement 86 de la surface et le maiumls y est vraiment marginal Dans cette zone ce sont les cultures maraichegraveres qui sont importantes avec 224 de la surface Les cultures autres constitueacutees essentiellement par lrsquoagroforesterie avec des fruitiers nrsquoest pas neacutegligeable avec 3 de la surface A Mandoto ces deux types de cultures sont tregraves peu pratiqueacutees (18 de la surface sont consacreacutes aux cultures maraichegraveres et les autres cultures avec 01 sont quasiment inexistantes)

Les donneacutees extrapoleacutees agrave lrsquoensemble des fokontany permettent de connaicirctre sur quelles cultures les matiegraveres fertilisantes disponibles ont eacuteteacute eacutepandues1 Lrsquoeacutechantillon est constitueacute de 2 427 parcelles2 Elles sont plus nombreuses agrave Arivonimamo ougrave lrsquoeacutechantillon drsquoEAF est plus grand mais aussi ougrave la taille moyenne des champs est plus petite et ougrave les doubles cultures sont freacutequentes La deuxiegraveme colonne de chaque figure preacutesente la reacutepartition de la FO (fumier compost et autre matiegraveres organiques) la troisiegraveme colonne est celle des engrais commerciaux Les quantiteacutes disponibles sont diffeacuterentes entre les zones Les pourcentages repreacutesentent la reacutepartition et traduisent la strateacutegie des EAF A Mandoto les EAF privileacutegient le riz pluvial et le maiumls qui reccediloivent 74 de la FO disponible (Figure 3) et 40 des engrais acheteacutes

Figure 3 Reacutepartitions de la superficie cultiveacutee annuellement de la FO et des engrais commerciaux agrave Mandoto

Les autres cultures comme les leacutegumineuses et les tubercules reccediloivent un peu de FO mais le plus souvent parce qursquoelles sont cultiveacutees en association avec du riz pluvial ou du maiumls Le riz irrigueacute qui repreacutesente 29 de la superficie reccediloit moins de 5 de la FO et 14 des engrais Le maraichage pourtant tregraves peu preacutesent (18 des surfaces) reccediloit une part conseacutequente de la FO (54) et surtout des engrais (38 des quantiteacutes disponibles)

Ainsi dans cette zone les producteurs ont une strateacutegie de fertilisation des ceacutereacuteales pluviales sur tanety avec un transfert de fertiliteacute des riziegraveres vers les tanety puisque le fumier integravegre la plus grande partie des pailles du riz des riziegraveres Cette fertilisation profite aussi aux autres cultures pluviales soit avec les associations soit via les rotations qui sont quasiment systeacutematiques en pluvial

1 Les difficulteacutes sont cependant nombreuses et notamment en raison de lrsquoimportance et de la diversiteacute des associations de cultures et des regroupements que nous avons opeacutereacutes pour faciliter la collecte notamment pour le maraichage Nous avons pris lrsquooption comme pour les surfaces de reacutepartir agrave eacutegaliteacute les quantiteacutes entre les diffeacuterentes cultures Ainsi pour une parcelle avec une association riz pluvial et arachide les quantiteacutes drsquointrants ont eacuteteacute reacuteparties pour moitieacute pour le riz pluvial et pour moitieacute pour lrsquoarachide Il en est de mecircme pour une parcelle ougrave ont eacuteteacute regroupeacutees une planche de tomate et une planche drsquooignon alors que peut-ecirctre le producteur avait fait des apports diffeacuterentieacutes2 Au total 2 680 parcelles une fois les parcelles regroupeacutees deacutesagreacutegeacutees On rappellera que les parcelles en jachegravere ne sont pas comprises ici

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

26

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Le riz irrigueacute ne reccediloit pratiquement pas de FO et tregraves peu drsquoengrais avec une strateacutegie drsquoallocation des FO sur les tanety milieu naturellement bien moins fertile que les bas-fonds A Arivonimamo la situation du riz irrigueacute est approximativement la mecircme alors que la surface cultiveacutee repreacutesente 32 cette culture ne reccediloit que 7 de la FO disponible et 4 des engrais Les ceacutereacuteales pluviales sont tregraves peu fertiliseacutees contrairement agrave Mandoto Dans les deux situations les cultures vivriegraveres beacuteneacuteficient des arriegraveres-effets des cultures maraicircchegraveres beaucoup plus fortement fertiliseacutees

Figure 4 Reacutepartitions de la superficie cultiveacutee annuellement de la FO et des engrais commerciaux agrave Arivonimamo

Les cultures privileacutegieacutees sont les cultures maraichegraveres qui reccediloivent 46 de la FO et 77 des engrais mais aussi les tubercules autres que le manioc (patate douce taro et pomme de terre) qui reccediloivent 25 de la FO mais peu drsquoengrais et les leacutegumineuses (haricots) qui reccediloivent un peu plus de FO et drsquoengrais (respectivement 11 et 12) que la part qursquoelles occupent dans lrsquoassolement (9)

Ce sont les cultures exigeantes en fumure mais aussi et surtout fortement commercialiseacutees (maraichage pomme

de terre patate douce taro et haricot) qui reccediloivent lrsquoessentiel de la fertilisation Les rotations permettent aux cultures peu fertiliseacutees de beacuteneacuteficier des arriegraveres effets de la fertilisation des cultures produites drsquoabord pour les marcheacutes Le riz irrigueacute qui nrsquoest pas fertiliseacute beacuteneacutefice des arriegraveres effets des cultures de contre saison sur les riziegraveres

Ainsi les strateacutegies de fertilisation des EAF sont tregraves diffeacuterentes selon les zones en lien avec les cultures produites leur exigence mais surtout en lien avec des objectifs technico-eacuteconomiques et le marcheacute des produits agricoles

23 Les doses apporteacutees

Lrsquoanalyse des quantiteacutes de fumure apporteacutees est faite par culture1 et en tenant compte des associations

A Mandoto (tableau 4) les superficies en culture pure repreacutesentent 71 des parcelles et de la superficie Comme deacutejagrave indiqueacute le riz irrigueacute occupe une place importante mais il est peu fertiliseacute avec seulement 20 des parcelles et 18 de la superficie qui reccediloivent de la fumure organique agrave des doses faibles (moins de 2 tonnes par hectare) et seulement 4 des parcelles reccediloivent de lrsquoengrais (agrave une dose de pregraves de 60 kgha)

1 Seuls les reacutesultats pour les cultures avec un effectif non pondeacutereacute de plus de 15 parcelles sont preacutesenteacutes ici On notera que pour les principales cultures la taille de lrsquoeacutechantillon est conseacutequente

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

27

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Tableau 4 Apports de FO et dengrais sur les cultures cultiveacutees pures agrave Mandoto en (kg)

Cultures pures Nbre de parcelles

Surface ha

Parcelle avec Superficie avec Superficie avec Dose moy FO

en kghaDose moy

Engrais kgha

FO Engrais FO EngraisToutes

les parcelles

Parcelles avec

Toutes les

parcelles

Parcelles avec

Riz bas-fond 242 5834 20 4 18 4 377 1 901 241 5825Riz Pluvial 90 2353 91 37 90 29 4 022 4 415 1011 2677Maiumls 30 646 97 37 98 43 3 923 4 059 1669 4553Manioc 117 3689 8 0 4 0 414 4 843 000 000Autres tuber 19 236 47 47 35 42 3 041 6 420 1857 3920Leacutegumineuses 78 1156 45 18 38 18 1 776 3 958 870 4850Maraichage 112 264 90 61 80 74 31 829 35 296

Les moyennes sont calculeacutees par parcelle et sans pondeacuteration

Crsquoest le manioc qui est le moins fertiliseacute pas drsquoengrais et seulement 4 des parcelles avec de la fumure organique Le riz pluvial et le maiumls sont les cultures pures qui reccediloivent le plus systeacutematiquement de la fumure plus de 90 des parcelles et de la superficie reccediloivent de la FO agrave des doses eacuteleveacutees de plus de 4 tha et 30 agrave 40 des parcelles et de la surface reccediloivent de lrsquoengrais mais agrave des doses qui restent faibles (26 kgha pour le riz pluvial et 45 kgha pour le maiumls) Les autres tubercules reccediloivent engrais et FO mais ce sont essentiellement les pommes de terre Les leacutegumineuses sont eacutegalement fertiliseacutees avec 45 des parcelles qui reccediloivent de la FO et 18 de lrsquoengrais agrave des doses moyennes pour la zone Enfin les cultures maraichegraveres ont eacuteteacute regroupeacutees les parcelles sont nombreuses mais la superficie tregraves petite elles reccediloivent agrave 90 de la FO et agrave 61 des engrais agrave des doses importantes (plus de 30 tha pour la FO)

A Arivonimamo la part des cultures pures est plus importante qursquoagrave Mandoto avec 86 des parcelles et 89 de la superficie Ainsi le nombre de parcelles de lrsquoeacutechantillon est nettement plus important (mais il ne fait pas oublier que lrsquoeacutechantillon compte plus drsquoEAF)

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

28

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Tableau 5 Apports de FO et dengrais sur les cultures cultiveacutees pures agrave Arivonimamo (en kg)

Cultures pures Nbre parcelles

Surface ha

Parcelle avecSuperficie avec Superficie avec Dose moy FO en

kghaDose moy Engrais

kgha

FO Engrais FO Engrais Toutes les parcelles

Parcelles avec

Toutes les parcelles

Parcelles avec

Riz bas-fond 363 6078 39 9 39 8 633 1 643 459 5206

Riz Pluvial 72 1051 83 0 93 0 2 902 3 482 000 000

Maiumls 17 112 94 11 96 9 3 501 3 720 131 2222

Manioc 201 2020 24 1 23 0 1 253 5 249 038 3833

Autres tuber 232 2327 70 5 78 4 4 461 6 350 367 7748

Haricots 61 765 95 65 96 73 4 132 4 346 4824 7545

Autre Leacutegum 46 352 20 0 18 0 779 3 981 000 000

Tomates 90 955 97 95 98 97 7 614 7 877 12791 13543

Haricot verts 132 1088 95 87 96 90 5 079 5 321 8090 9286

Autres Maraich 155 1293 95 76 101 73 4 311 4 546 9126 12089 Les moyennes sont calculeacutees par parcelle et sans pondeacuteration

A Arivonimamo la fertilisation du riz irrigueacute est un peu plus freacutequente avec 39 des parcelles qui reccediloivent de la FO et 9 de lrsquoengrais mais agrave des doses plus faibles qursquoagrave Mandoto 16 tha pour la FO et 52 kgha drsquoengrais La fertilisation du riz irrigueacute nrsquoest pas une prioriteacute pour le plus grand nombre des producteurs Les cultures les moins fertiliseacutees sont le manioc et les leacutegumineuses autres que le haricot avec respectivement 23 et 18 des parcelles seulement qui reccediloivent de la FO et quasiment aucune qui reccediloit de lrsquoengrais Mais de maniegravere assez eacutetonnante les parcelles avec FO reccediloivent des doses assez importantes (plus de 5 tha pour le manioc) certainement en lien avec des strateacutegies de gestion ou de restauration de la fertiliteacute des sols En ce qui concerne la FO toutes les autres cultures sont tregraves freacutequemment fertiliseacutees plus de 90 des parcelles de riz pluvial maiumls haricot et maraichage les autres tubercules le sont agrave pregraves de 80 Et si pour le riz pluvial et le maiumls les doses moyennes sont modestes car infeacuterieures agrave 4 tha elles sont supeacuterieures agrave 4 tha pour les haricots et supeacuterieures agrave 5 tha pour les autres avec notamment pour les tomates un apport de plus de 7 tha Pour les engrais tregraves peu drsquoapports pour le maiumls (6 des parcelles) et pas drsquoapport pour le riz pluvial (observations pour 72 parcelles) Lrsquoengrais est reacuteserveacute au maraichage (plus de 75 des parcelles) et aux haricots (64 des parcelles) Avec des doses moyennes relativement importantes plus de 90 kgha pour les haricots verts 135 kgha pour la tomate et 120 kgha pour les autres cultures maraichegraveres

Ainsi drsquoune maniegravere geacuteneacuterale agrave Arivonimamo lrsquoapport de fertilisants est conseacutequent agrave la fois en termes de parcelles concerneacutees et de doses eacutepandues Riz irrigueacute manioc et leacutegumineuses autres que haricot sont les parents pauvres de la fertilisation mais avec les rotations ces cultures beacuteneacuteficient aussi des apports en particulier pour le riz irrigueacute car une part importante du maraichage est cultiveacutee sur les riziegraveres

Les associations de culture sont plus freacutequentes agrave Mandoto ougrave lrsquoassociation riz pluvial + maiumls domine tregraves largement La superficie avec cette association est eacutequivalente agrave la superficie totale en culture pure Et le maiumls est la culture que lrsquoon associe le plus avec le riz pluvial mais aussi le manioc et les leacutegumineuses Les parcelles avec une association de ces trois cultures ne sont pas rares Les pratiques de fertilisation en culture associeacutee rejoignent celles en culture pure Ainsi 91 des parcelles avec lrsquoassociation riz + maiumls reccediloivent de la FO et 32 de lrsquoengrais cependant les doses de FO sont tregraves infeacuterieures (de 700 kgha alors qursquoen culture pure elles eacutetaient de plus de 4 tha) et il en est de mecircme pour lrsquoengrais

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

29

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Pour les parcelles avec des cultures associeacutees au maiumls un apport en FO est freacutequent (plus de 80 des parcelles pour manioc ou leacutegumineuse et plus de 75 quand il y a les trois cultures) Lrsquoengrais est plus rare et surtout les doses de FO et engrais sont faibles A ce stade on peut eacutemettre lrsquohypothegravese que les EAF qui pratiquent lrsquoassociation sont moins bien doteacutees en matiegravere fertilisante Mais lrsquoanalyse montre que ce nrsquoest pas le cas il existe bien un coefficient de correacutelation neacutegatif entre la quantiteacute de fumure organique disponible au niveau de lrsquoEAF et le pourcentage de culture associeacutees mais il est tregraves faible (-011) et si lrsquoon creacutee des classes de pourcentage de culture associeacutees il nrsquoy a pas de diffeacuterence significative entre les classes pour la dose moyenne de FO Il semble donc que cela soit la pratique qui soit ainsi agrave Mandoto sur des cultures associeacutees (grandes cultures riz maiumls leacutegumineuse ou tubercule) les apports de FO sont moindres que sur les cultures pures

Tableau 6 Apports de FO et dengrais sur les cultures associeacutees les plus freacutequentes (en kg)

District 1Mandoto Nbre parcelles

Surface ha

Parcelle avec Dose moy FO en kgha

Dose moy Engrais kgha

FO Engrais Toutes les parcelles

Parcelles avec

Toutes les parcelles

Parcelles avec

Riz Pluvial + Maiumls 114 2577 91 32 656 719 26 83Mais + Manioc 50 1149 88 2 420 477 01 30Mais + Leacutegumineuse 57 975 84 16 428 508 02 15Mais + Manioc + Leacutegum 24 482 75 13 242 323 02 18Manioc + Leacutegumineuse 24 587 4 0 11 250 00 002 ArivonimamoRiz Pluvial + Maiumls 14 182 86 0 366 427 00 00Mais + Leacutegumineuse 25 228 84 24 188 224 15 62Manioc + Leacutegumineuse 13 126 54 0 280 521 00 00Tubercules + Fruitiers 34 270 62 12 224 363 03 28Autre cult + Fruitiers 90 671 91 52 5 414 255 30 58

Les moyennes sont calculeacutees par parcelle et sans pondeacuteration

A Arivonimamo les cultures associeacutees pour les grandes cultures sont moins importantes en nombre et les superficies sont tregraves petites Mais on peut tirer les mecircmes conclusions que pour Mandoto Ce qui est remarquable dans cette zone crsquoest le nombre de parcelles en agroforesterie avec un meacutelange drsquoarbres fruitiers et de cultures avec plus de 120 parcelles Les cultures sont de tous les types mais beaucoup de cultures maraichegraveres ce qui explique les fortes doses de FO ou drsquoengrais Les fruitiers sont essentiellement des agrumes et sont le reacutesultat drsquoopeacuterations de deacuteveloppement qui ont vulgariseacute la plantation de ces arbres La plupart de ces plantations nrsquoest pas encore en pleine production (trop reacutecentes)

24 Les strateacutegies des EAF pour lrsquoutilisation de la FO disponible

Dans le JAE ndeg 9 nous avions eacutemis lrsquohypothegravese qursquoagrave Arivonimamo il y avait deux types drsquoEAF lrsquoun avec des strateacutegies de fortes disponibiliteacutes en FO soutenues par des ambitions de cultures maraichegraveres et un autre avec des strateacutegies de moindre disponibiliteacute en FO avec des systegravemes de culture plus classiques Pour repreacutesenter les strateacutegies nous avons eacutetabli des classes selon le pourcentage de la FO utiliseacutee sur ceacutereacuteales pluviales et sur cultures commerciales Les reacutesultats sont preacutesenteacutes dans le tableau 8

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

30

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Tableau 7 Reacutepartition des EAF selon des classes de quantiteacutes utiliseacutees de FO

Classes utilisation FO MandotoArivonimamo Arivonimamo

FO utiliseacutes sur ceacutereacuteales pluviales des EA

S cultiveacutee moyenne

(ares)CV des EA

S cultiveacutee moyenne

(ares)CV

lt=25 8 89 72 76 113 7625 agrave 75 18 93 93 20 88 57gt75 74 144 88 4 37 49 FO utiliseacutes sur cultures commercialeslt=25 88 136 91 12 63 7725 agrave 75 9 90 58 42 102 60gt75 3 75 85 46 118 81

Les strateacutegies des EAF vis-agrave-vis de lrsquoutilisation de la FO sont tregraves nettement diffeacuterentes selon les zones comme on lrsquoa deacutejagrave vu la premiegravere partie du tableau montre qursquoagrave Mandoto 74 des EAF mettent plus des frac34 de leur FO disponible sur les parcelles avec ceacutereacuteales pluviales (seules ou associeacutees) et ce sont les EAF avec la plus grande superficie qui font cela Alors qursquoagrave Arivonimamo seules 4 des EAF mettent plus de 75 de leur FO sur des parcelles avec ceacutereacuteales pluviales et ce sont les plus petites EAF (superficie cultiveacutee moyenne de 37 ares) avec certainement des strateacutegies de seacutecuriteacute alimentaire

La deuxiegraveme partie du tableau nous permet de constater qursquoagrave Arivonimamo 46 des EAF mettent plus de 75 de leur FO sur les cultures commerciales (cultures maraichegraveres pomme de terre taro patate douce et haricot) et ces EAF ont en moyenne une superficie cultiveacutee supeacuterieure aux autres Cette classe est importante mais il y a aussi une classe drsquoEAF avec des strateacutegies baseacutees sur une meilleure reacutepartition

A Mandoto les EAF qui mettent plus de 75 de leur FO sur ce type de cultures commerciales (essentiellement le maraichage) sont peu nombreuses (3 des EAF) et ce sont des EAF avec des superficies plus faibles que les autres Ce nrsquoest donc pas la strateacutegie utiliseacutee par les EAF qui ne donnent pas la quasi exclusiviteacute (lt75) de la FO aux ceacutereacuteales pluviales Il existe un groupe drsquoEAF dans les deux zones qui ne donnent pas lrsquoexclusiviteacute de la FO (gt75) aux ceacutereacuteales pluviales agrave Mandoto ou aux cultures commerciales agrave Arivonimamo Ce groupe regroupe 23 des EAF agrave Mandoto et 49 agrave Arivonimamo Ce sont des EAF un peu plus petites que la moyenne de la zone avec une disponibiliteacute en FO infeacuterieure agrave la moyenne de la zone et une reacutepartition de la FO marqueacutee par la strateacutegie dominante de la zone mais avec une reacutepartition plus eacutequilibreacutee et notamment un eacutepandage sur le riz irrigueacute

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

31

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

Tableau 8 Les EAF avec une strateacutegie drsquoutilisation de la FO diffeacuterente de la strateacutegie dominante de la zone

EAF Sup moy (ares)

FO (tonnes)

FO sur Ceacutereacuteales Pluviales

FO sur Cuture

commerciales

FO sur Riz irrigueacute

FO sur Autres

cultures

Mandoto 23 94 131 48 21 20 4

Arivonimamo 49 99 223 20 45 16 1

Il existerait ainsi 3 grandes strateacutegies drsquoutilisation de la FO avec agrave Mandoto la quasi exclusiviteacute de la FO sur les ceacutereacuteales pluviales (74 des EAF de la zone) agrave Arivonimamo la quasi exclusiviteacute de la FO sur les cultures commerciales (46 des EAF) et un groupe avec une reacutepartition plus eacutequilibreacutee entre les diffeacuterentes cultures y compris sur le riz irrigueacute

3 Conclusions et implications pour le deacuteveloppement

La gestion de la fertiliteacute des sols dans ces deux reacutegions contrasteacutees des plateaux drsquoaltitude malagasy passe drsquoabord par la production etou lrsquoacquisition de fumure organique il nrsquoy a quasiment aucune EAF sans apport sur au moins une parcelle cultiveacutee1 Les reacutesultats montrent qursquoenviron la moitieacute de la superficie cultiveacutee annuellement reccediloit de la FO agrave Mandoto et plus des deux tiers agrave Arivonimamo Mecircme si les doses potentielles sont en dessous des recommandions avec la rotation des cultures cela signifie que lrsquoensemble du terroir pourrait ecirctre fumeacute plus drsquoune fois tous les deux ans Les riziegraveres quand elles sont cultiveacutees en riz irrigueacute ne reccediloivent que tregraves rarement de la fumure dans ces zones La strateacutegie est lrsquoinverse de ce qursquoon rencontre dans drsquoautres zones qui priorisent les bas-fonds notamment dans les zones des peacuterimegravetres irrigueacutes (Lac Alaotra peacuterimegravetres sur les Hautes terres Ambondromisotrahellip)

Les strateacutegies de gestion de la fertiliteacute des sols sont logiquement de fertiliser en prioriteacute les cultures les plus exigeantes et les plus reacutemuneacuteratrices ceacutereacuteales pluviales agrave Mandoto (riz et maiumls) et les cultures maraichegraveres mais qui sont tregraves marginales dans cette zone cultures pour le marcheacute agrave Arivonimamo maraichage pomme de terre haricots patates douces taros Et pour les producteurs qui achegravetent des engrais commerciaux (essentiellement engrais mineacuteral) la pratique est drsquoassocier aux fumures organiques des compleacutements drsquoengrais et ceci tregraves prioritairement sur les cultures les plus reacutemuneacuteratrices et aussi les plus exigentes A quelques rares exceptions pregraves lrsquoapport drsquoengrais mineacuteral vient toujours compleacuteter un apport de fumure organique et crsquoest pregraves drsquoun quart de la superficie qui reccediloit engrais et FO agrave Arivonimamo et seulement 13 agrave Mandoto

Deux principaux engrais mineacuteraux sont utiliseacutes dans les deux zones le NPK et lrsquoureacutee En reacutealisant les apports au voisinage des plants il y a une concentration des eacuteleacutements nutritifs qui permet agrave la fois drsquooptimiser leur utilisation et de deacutevelopper des synergies entre produits organiques et mineacuteraux Cette efficience des ressources garantie par une compleacutementariteacute des apports incluant une base organique avec un compleacutement mineacuteral a deacutejagrave eacuteteacute releveacutee dans de nombreuses autres situations tropicales (Bekunda et al 1997) Drsquoautres eacutetudes sur ces mecircmes zones mettent en eacutevidence que la majoriteacute des fumures organiques utiliseacutees preacutesentent certaines deacuteficiences en eacuteleacutements majeurs comme le N et le P et que lrsquoutilisation des engrais de synthegravese est susceptible de lever (Ben Naacircmane et al 2020 notre article dans le JAE preacuteceacutedent) Cette pratique est donc agrave encourager notamment agrave travers des messages

1 Dans notre eacutechantillon seules 2 EAF nrsquoont pas apporteacute de FO lrsquoune extrecircmement petite (moins de 5 are de SAU) agrave Arivonimamo et tregraves pauvre qui a vendu sa FO une autre agrave Mandoto qui prend en meacutetayage la terre qursquoil cultive

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

32

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

de vulgarisation adapteacutes et compleacutementaires des messages laquo classiques raquo qui procircnent des doses importantes drsquoengrais

Lrsquoanalyse compareacutee des deux zones montre des diffeacuterences dans le recours aux engrais de synthegravese avec agrave Arivonimamo une quasi geacuteneacuteralisation de lrsquoengrais (pregraves de 90 des EAF) et une utilisation moyenne de 30 kg par ha de SAU plus freacutequemment sur les cultures maraichegraveres et presque toujours en compleacutement de la fumure organique contre environ une exploitation sur deux agrave Mandoto et une utilisation de 6 kg par ha Sur ce premier site une plus grande diversiteacute drsquoengrais et une utilisation plus importante de cendres sous-produit de briqueteries sont releveacutees Eacutegalement une strateacutegie drsquoallocation de ressources diffeacuterencieacutee apparaicirct tregraves clairement au niveau des fumures organiques sur le riz de bas-fonds beaucoup plus amendeacute agrave Arivonimamo car cette ressource est agrave la fois moins limitante et mieux valoriseacutee par les cultures maraicircchegraveres A Mandoto la fumure organique est moins disponible et moins valorisable autrement que par les ceacutereacuteales pluviales aussi moins indispensable pour la productiviteacute de ces cultures et est beaucoup mieux valoriseacutee sur le domaine pluvial sans laquelle aucune mise en valeur de culture exigeante ne serait envisageable Ainsi la recherche doit affiner ses connaissances agrave lrsquoeacutechelle du systegraveme de culture pour mieux eacutevaluer performances et durabiliteacute agrave court et long termes et accompagner lrsquointensification eacutecologique promue par divers opeacuterateurs de deacuteveloppement agricoles (notamment ONG de deacuteveloppement)

Cette communication plaide encore une fois pour une bonne compreacutehension des EAF de leur fonctionnement et de leurs strateacutegies avant de proposer des ameacuteliorations adapteacutees La fertilisation telle que pratiqueacutee par les producteurs est un acquis important pour comprendre la durabiliteacute de lrsquoagriculture familiale et pour renforcer la durabiliteacute des EAF Cela montre agrave la fois la techniciteacute des paysans leur connaissance des intrants existants et de leur utilisation Les propositions drsquoinnovations pour le deacuteveloppement doivent srsquoappuyer sur lrsquoexistant contrairement agrave

ce qui est souvent fait (Razanakoto et al 2018) Drsquoabord les orientations vont certainement vers des techniques qui permettent drsquoaugmenter la fumure organique disponible en quantiteacute et en qualiteacute (eacutetable ameacutelioreacutee compostage lombricompost etc) notamment avec des matiegraveres premiegraveres disponibles localement plutocirct que sur la base drsquoachats Les agriculteurs investissent moins en moneacutetaire et optent pour une strateacutegie drsquointensification en main drsquoœuvre (ce qui est le cas pour les systegravemes de compostage) Ensuite il est important de mieux valoriser ces diffeacuterents types de fertilisation agrave travers des combinaisons de pratiques

Ce dont il faut ecirctre sucircr crsquoest que les producteurs dans leur tregraves grande majoriteacute deacuteveloppent des strateacutegies de gestion de la fertiliteacute des sols et les adaptent sur la base de leurs connaissances et savoir-faire et en fonction des conditions biophysiques et de lrsquoenvironnement socioeacuteconomique Si les conditions eacuteconomiques sont favorables (deacuteboucheacutes prix suffisamment reacutemuneacuterateurs) ils ont recours aux engrais commerciaux comme le montre cette eacutetude mais aussi drsquoautres (voir par exemple en zone peacuteriurbaine drsquoAntananarivo NDienor et al 2011) Or le plus souvent dans les actions de deacuteveloppement et les propositions techniques les fertilisations sont proposeacutees par filiegravere comme une sorte de manuel technique (fiche technique par filiegravere) et reacutefleacutechies par rapport aux besoins propres de la plante cibleacutee Ces propositions vont ainsi agrave lrsquoencontre des strateacutegies paysannes et leur diffusion reste mitigeacutee

Enfin dans les propositions actuelles pour le deacuteveloppement rizicole notamment sur bas-fonds les acteurs de deacuteveloppement misent sur une intensification rizicole de type reacutevolution verte (semences ameacutelioreacutees voire hybrides avec des doses importantes drsquoengrais acheteacute) Les donneacutees montrent que les strateacutegies des paysans integravegrent les rotations avec le riz et les investissements en fertilisation se passent autrement (cultures de contre saison autres cultures) Les deacutepenses en semences et surtout si on enlegraveve la valorisation de lrsquoautoproduction restent tregraves faibles Ces

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

33

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

RECHERCHES

propositions techniques srsquoeacuteloignent encore une fois des strateacutegies paysannes

Mais cette analyse des strateacutegies drsquoutilisation des fertilisants dans la gestion de la fertiliteacute des sols reste encore incomplegravete car si les aspects techniques (quantiteacutes et modaliteacutes) ont eacuteteacute traiteacutes les aspects eacuteconomiques ne lrsquoont pas eacuteteacute Cela sera le thegraveme du prochain et dernier article qui mettra en relation les pratiques de gestion de la fertiliteacute et les performances notamment en terme de marge brute aux niveaux parcelles et cultures et de revenu au niveau EAF

BIBLIOGRAPHIE

Bekunda MA Bationo A Ssali H 1997 Soil fertility management in Africa a review of selecterd research trials In Replenishing Soil Fertility in Africa SSSA Special Publication Nomber 51 63-79

Ben Naacircmane CK Autfray P Audouin S Beacuteliegraveres JF Blanchart E Razafimahatratra M Razanakoto OR Salgado P 2020 Gestion compareacutee de la fertiliteacute au niveau des exploitations agricoles familiales du Moyen-Ouest de la reacutegion Vakinankaratra et des Hautes-Terres de la reacutegion Itasy agrave Madagascar Projet Secure 24 p httpswwwsecuremgsitesdefaultfiles2020-04Livret_Secure_2020pdf

Liniger H Mekdaschi Studer R Hauert C et Gurtner M 2011 La pratique de la gestion durable des terres Directives et bonnes pratiques pour lrsquoAfrique subsaharienne WOCAT FAO TerrAfrica Rome (Italie) 243 p httpwwwfaoorg3i1861fi1861fpdf

MAEP 2006 Strateacutegie nationale pour le deacuteveloppement de lrsquoutilisation de lrsquoengrais Ministegravere de lAgriculture de lElevage et de la Pecircche Antananarivo Mai 2006 48 p + annexes p httpwwwmpaegovmgcommunicationwp-contentuploadssites2201611strategie_dvlpt_utilisation_engrais_1pdf

NDieacutenor M Aubry C et Rabeharisoa L 2011 Strateacutegies de construction de la fertiliteacute des terres par les agriculteurs dans les systegravemes maraicircchers peacuteriurbains dAntananarivo (Madagascar) Cahiers Agricultures Vol 20 No 4 (2011) doihttpsdoiorg101684agr20110497

Poirier N et Nuninger L 2012 Techniques damendement agraire et teacutemoins mateacuteriels Pour une approche archeacuteologique des espaces agraires anciens Histoire amp Socieacuteteacutes Rurales 38 (2) 11-50 doi103917hsr0380011

Pierre-Bernard A Ramboarison R Randrianarison L et Rondro-Harisoa L 2007 Les implications structurelles de la libeacuteralisation sur lrsquoagriculture et le deacuteveloppement rural Programme Ruralstruc Madagascar Phase I EPP PADR APB Consulting Antananarivo Janvier 2007 303 p httpdocumentsbanquemondialeorgcuratedfr 184371468091191021pdf779810WP0madag00250for0the0abstractpdf

Razanakoto O Razafindraibe R Andriamananjara A Razafimanantsoa M-P Rakotoson T Smolders E et Rabeharisoa L 2018 Failures in agricultural innovation due to poor understanding of farmersrsquo predispositions Development in Practice 28 (5) 691-704 doi1010800961452420181471124

Sanginga N et Woomer P L (Ed) 2009 Integrated Soil Fertility Management in Africa Principles Practices and Developmental Process Nairobi (Kenya) Tropical Soil Biology and Fertility Institute of the International Centre for Tropical Agriculture 263 p

Leacutetude a eacuteteacute reacutealiseacutee dans le cadre du projet SECuRE

(Soil ecological function resto-ration to enhance agrosystem ser-vices in rainfed rice cropping sys-tems in agroecological transition) financeacute par Agropolis Foundation sous la reacutefeacuterence ID 1605-007 agrave travers le programme Investisse-ments dAvenir (Labex Agro ANR-10-LABX-0001-01) dans le cadre du I-SITE MUSE (ANR-16-IDEX-0006)

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

34

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Lucien Seacuteguy 1944-2020 agronome du geacutenie veacutegeacutetal

Premiers pas

Lucien Seacuteguy est neacute dans une famille de petits paysans du nord Dordogne fiers de leurs racines et durs agrave la tacircche Il sera le

seul de sa fratrie de quatre fregraveres et sœurs agrave acceacuteder agrave lrsquouniversiteacute Diplocircme drsquoingeacutenieur agronome de lrsquoENSA Toulouse en poche suivi drsquoune speacutecialisation en peacutedologie agrave lrsquoORSTOM (ex IRDhellip) de Bondy il eacutepouse Jacqueline qui lrsquoaccompagnera durant toute sa carriegravere Son service civil se deacuteroule au Seacuteneacutegal de 1967 agrave 1969 agrave la grande station IRAT (Institut de Recherche Agronomique Tropicale) de Bambey il preacutefegravere une affectation en brousse Sefa Il y refait une carte peacutedologique et srsquoattaque agrave lrsquoameacutelioration du travail du sol en traction animale des riziegraveres de Casamance

En 1969 lrsquoIRAT lrsquoaffecte dans lrsquoOuest Cameroun agrave Dschang ougrave il monte et accompagne des projets rizicoles sur les plaines des MrsquoBos et de NrsquoDop Il y conduit des travaux sur les systegravemes de culture et lrsquoameacutelioration varieacutetale du riz pluvial et irrigueacute Ses analyses des interactions entre geacutenotype et environnement soulignant lrsquoinfluence majeure de la fertiliteacute des sols sur les attaques de pyriculariose le font remarquer et sont toujours citeacutees

Ses travaux et reacutealisations alliant recherche et deacuteveloppement interpellent des responsables de la recherche agronomique breacutesilienne et fin 1977 il devient le premier expert IRAT en poste au Breacutesil affecteacute aupregraves de LrsquoEMAPA de lrsquoeacutetat du Maranhatildeo Il travaillera au Breacutesil jusqursquoagrave sa retraite en 2009 et au-delagrave De 1977 agrave 1982 il monte avec lrsquoaide de Serge Bouzinac des eacutetudes sur la culture du riz pluvial pour chez et avec des petits paysans sans terre Les systegravemes de deacutefriche-brucirclis manuelle sur ces savanes secondaires agrave Palmiers Babaccedilu sont compareacutes agrave des systegravemes en traction animale Immeacutediatement abandonneacutes en raison des eacuterosions catastrophiques qursquoils induisent Premier signal sur la neacutecessiteacute du semis direct dans ces eacutecologies tropicales Mais Lucien et Serge sont informeacutes que leurs activiteacutes avec les sans terres du Nordeste ne sont pas du goucirct de tous Dans ces reacutegions du Breacutesil agrave cette eacutepoque le message est sans ambiguiumlteacute il faut partir vite LrsquoEMBRAPA - CNPAF (Centre National Riz amp Haricot) de Goiacircnia inteacuteresseacute par leurs reacutesultats les accueille

1982 nouveau milieu donc Les Cerrados du Centre Ouest breacutesilien (Mato Grosso Goiaacutes Tocantinshellip) un biome de savanes arboreacutees plus de 200 millions drsquohectares sur lequel avance un irreacutepressible front pionnier drsquoeacutelevage extensif et drsquoagriculture meacutecaniseacutee Des sols lateacuteritiques acides vides de nutrimentshellip longtemps consideacutereacutes comme impropres agrave toute forme drsquoagriculture rentable Peu importe la conquecircte de la terre est en marche deacutefriche riz pluvial monoculture de soja sur travail du sol simplifieacute avec des outils agrave disques hellip semelle de labour eacuterosion Une deacutevastation agrave eacutechelle industrielle Le diagnostic est vite poseacute les premiegraveres recommandations simples adapteacutees suivent combiner rotation de cultures commerciales (sojariz sojamaiumls) et succession annuelle ougrave agrave la culture commerciale succegravede une safrinha secondaire (maiumls sorgho ou mil) avec des preacuteparations de sols profondes (labour dresseacute aux socs scarification avec des outils agrave dents) Ces systegravemes de travail du sol profond ont du succegraves et sont tregraves largement diffuseacutes Mais lrsquoavegravenement du Semis Direct dans les reacutegions subtropicales du sud du Breacutesil va venir changer le paradigme des travaux de Lucien et Serge

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

35

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Lrsquoinvention le Semis direct sur Couverture Veacutegeacutetal (SCV) en milieu tropical

1984 visite agrave la Coopeacuterative laitiegravere centrale du Paranaacute agrave

1984 visite agrave la Coopeacuterative laitiegravere centrale du Paranaacute agrave Carambeiacute reacutegion des Campos Gerais premiers eacutechanges avec les agronomes Hans Peeten Josueacute Nelson Pavei hellip et les agriculteurs Nonocirc Perereira et Franke Dijkstra pionniers du semis direct dans cette reacutegion du Sud

1985 un producteur eacuteclaireacute du Mato Grosso Munefumi Matsubara leur ouvre grand les portes de sa fazenda hellip et sa bourse Des alternatives en semis direct sont rigoureusement compareacutees aux systegravemes avec travail du sol profond ou superficiel Au cours de ces cinq anneacutees deacutecisives les

systegravemes en semis direct sont plus productifs et rentables que les systegravemes conventionnels ils sont aussi et avant tout les seuls agrave permettre une augmentation de plus de 20 des teneurs de matiegravere organique des sols Les systegravemes sous couvert veacutegeacutetal (SCV) sont lanceacutes des eacutetapes cruciales sont franchies avec lrsquoinsertion en succession en association des cultures commerciales drsquoespegraveces telles que le sorgho mil les crotalaires le Brachiariahellip qui produisent de fortes biomasses valorisant des pluies marginales et surtout lrsquoeau du sol Les principes techniques des systegravemes SCV permettant de respecter les lois de fonctionnement des agroeacutecosystegravemes tropicaux sont poseacutes formaliseacutes dans des documents scientifiques et didactiques Lrsquoanalogie centrale avec le fonctionnement drsquoun eacutecosystegraveme forestier tropical se nourrissant sur lui-mecircme dans des recyclages continus entre biomasses vivantes et mortes gracircce agrave lrsquoactiviteacute biologiques des sols offre un cadre feacutecond agrave la creacuteativiteacute agronomique de Lucien Seacuteguy Les couverts veacutegeacutetaux se preacutesentent comme des pompes biologiques recyclant les eacuteleacutements mineacuteraux proteacutegeant le sol des pluies tropicales preacuteservant une tempeacuterature optimale pour lrsquoactiviteacute biologique et lrsquoabsorption racinaire hellip tout le contraire des sols mis agrave nu par le labour ou des techniques culturales simplifieacutees incompatibles avec une gestion durable de la ressource sol

Ces travaux sont conduits via de multiples partenariats en interaction avec une diffusion active de ses reacutesultats par les fondations et associations de producteurs Avant lrsquoan 2000 les SCV couvrent deacutejagrave -et ont sauveacute- des millions drsquohectares de terres agricoles dans les eacutetats de Goias Mato Grosso Tocantins Maranhatildeo Piauiuml hellip recoupant une vaste diversiteacute peacutedoclimatique tropicale dans laquelle les SCV se diversifient Ils inventent de nouvelles alternatives sur des couvertures veacutegeacutetales maintenues vivantes sous la culture encore plus efficientes comme le soja sur couvert permanent de chiendent ( Cynodon dactylon) ou le maiumls sur arachide peacuterenne ( Arachis pintoiuml) Avec le groupe Maeda les SCV sont adapteacutes agrave la culture cotonniegravere le preacutealable agrave son essor rapide dans le Mato Grosso

En parallegravele ils deacuteveloppent avec James Taillebois un seacutelectionneur du CIRAD un programme de seacutelection geacuteneacutetique de riz avec pour objectif premier drsquoeacutelargir lrsquoadaptabiliteacute des varieacuteteacutes creacuteeacutees et leurs toleacuterances aux maladies fongiques en seacutelectionnant en conditions pluviales de lrsquoeacutequateur jusqursquoau subtropical des croisements entre pools drsquoorigines pluviales et irrigueacutees Ces varieacuteteacutes vont voyager dans de nombreux pays tropicaux et subtropicaux faisant montre de leur grande plasticiteacute qursquoelles tirent de leur base geacuteneacutetique et des systegravemes SCV dans et pour lesquelles elles sont seacutelectionneacutees

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

36

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Lucien et Serge ont inspireacute des milliers drsquoagriculteurs agronomes et chercheurs breacutesiliens sur la base de leurs travaux preacutecurseurs et visionnaires sur les systegravemes sous couvert veacutegeacutetal pour les eacutecologies tropicales du Breacutesil Ils ont accueilli des visites de tous pays et continents se faisant les premiers et les meilleurs ambassadeurs des SCV du Breacutesil

Informer et former le monde

A partir de 1984 et jusqursquoagrave sa retraite Lucien reacutealise tous les ans des missions drsquoappui aupregraves de collegravegues chercheurs agronomes et de projets de deacuteveloppement publics et priveacutes dans de nombreux pays tropicaux drsquoAfrique drsquoAsie du Sud-Est Madagascar icircle continent aux innombrables eacutecosystegravemes tropicaux sera gracircce aux partenariats tisseacutes et aux financements de nombreux projets par lrsquoAgence Franccedilaise de Deacuteveloppement (AFD) une antichambre pour les petites paysanneries de ces techniques neacutees dans les dynamiques agro-industrielles du Breacutesil Drsquoautres projets suivront principalement sur financements de lrsquoAFD en Cocircte drsquoIvoire Gabon Cameroun Seacuteneacutegal Tunisie Vietnam Laos Cambodgehellip permettant de deacutecliner les

principes des SCV en pratiques adapteacutees aux conditions sociales drsquoagricultures familiales parmi les plusdeacutemunies de la planegravete Avec le Pr Joatildeo Carlos Saacute de lrsquoUniversiteacute de Ponta Grossa (Parana Breacutesil) ils organiseront toujours gracircce aux financements de lrsquoAFD de 2006 agrave 2011 six eacuteditions drsquoune formation internationale sur les SCV et la dynamique de matiegravere organique du sol rassemblant plus de 90 agronomes vulgarisateurs et chercheurs travaillant en partenariat avec le CIRAD dans plus de 13 pays du Sud Tous ces pays et drsquoautres ne peuvent plus ignorer cette information clef pour lrsquohumaniteacute on sait doreacutenavant faire pousser sous les tropiques les grandes cultures annuelles pluviales de faccedilon durable rentable et accessible Un nouveau pilier est disponible pour renforcer la seacutecuriteacute alimentaire mondiale et lrsquoautonomie des pays du Sud En 2009 agrave sa retraite du Cirad il poursuit ses appuis agrave travers la planegravete aupregraves des acteurs convaincus par la pertinence des voies agronomiques qursquoil continue drsquoouvrir Des reacuteseaux se montent qursquoil anime partageant sa vision ses ideacutees sa creacuteativiteacute et son humour A lrsquoinvitation drsquoun agronome du Queacutebec Louis Peacuterusse il se lance dans lrsquoadaptation des SCV aux conditions continentales ils remettent agrave lrsquohonneur les bleacutes drsquohiver semeacutes agrave la voleacutee dans le soja trois semaines avant la reacutecolte gagnant un mois de croissance avant lrsquohiver et avanccedilant la reacutecolte drsquoun mois Ce calendrier profondeacutement remanieacute par rapport aux scheacutemas baseacutes exclusivement sur les cultures de printemps ouvre une fenecirctre pour implanter agrave la voleacutee dans les bleacutes murissant des meacutelanges de plantes de couverture Ces derniers apportent alors ici comme partout de faccedilon inteacutegreacutee par et pour le biologique recharge en matiegravere organique et de multiples fonctions eacutecosysteacutemiques telles que la fixation azoteacutee par les leacutegumineuses la stimulation de fonctions microbiennes symbiotiques et non symbiotiques la creacuteation et lrsquoentretien drsquoune forte macroporositeacute par les effets combineacutes de puissants systegravemes racinaires et la stimulation drsquoune forte activiteacute des vers de terre le controcircle des adventices par la couverture du solhellip

Au Sud du Breacutesil dans les Eacutetats de Santa Catarina et du Rio Grande do Sul il travaille avec de jeunes agronomes breacutesiliens agrave la conception et agrave la diffusion sur des centaines de milliers drsquohectares des couverts multifonctionnels agrave base de meacutelanges complexes composeacutes de 10 espegraveces et plus Il est inviteacute en 2009 en Argentine et en Uruguay par Jean Waymel agriculteur drsquoorigine franccedilaise avec qui il deacuteveloppe des SCV diversifieacutes inteacutegrant le semis agrave la voleacutee sur couvert veacutegeacutetal y compris de culture agrave grosses graines comme le soja

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

37

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Ces techniques pratiqueacutees agrave tregraves grande eacutechelle accroissent les vitesses drsquoimplantation des cultures et la reacutesilience des systegravemes de production dans un climat de plus en plus variable

Sa passion pour la diversiteacute veacutegeacutetale ses talents de naturaliste lrsquoont ameneacute agrave explorer inlassablement de nombreuses espegraveces veacutegeacutetales tempeacutereacutees et tropicales agrave proposer des meacutelanges de plus en plus efficaces alliant cultures annuelles et peacuterennes et aux fonctionnaliteacutes et morphologies aeacuteriennes et racinaires diversifieacutees le cœur des SCV

Mecircme en France

Il initie eacutegalement degraves le milieu des anneacutees 1990 des eacutechanges avec quelques agriculteurs franccedilais en meacutetropole et plus tard dans des deacutepartements et territoires drsquoOutre-Mer (Reacuteunion Antilles Nouvelle Caleacutedonie)

Avec ces pionniers des SCV en France [1] il expeacuterimente dans des eacutecologies aussi diverses que les rives et coteaux de la Loire la Champagne berrichonne les collines du Gers la Camargue les versants de la Montagne Peleacuteehellip dans des systegravemes ceacutereacutealiers de polyculture eacutelevage des bananeraies en conditions pluviales ou irrigueacutees

Quelles espegraveces et associations drsquoespegraveces pour les couverts drsquohiver drsquoeacuteteacute en fonction des conditions de milieuxhellip Comment les semer dans les diffeacuterentes cultures en deacuterobeacutee en succession agrave quelle date agrave quelle dosehellip Ce savoir-faire et ces connaissances sont agrave deacutefricher et organiser par des essais Tous ces agriculteurs rallongent diversifient leurs rotations integravegrent des leacutegumineuses via les cultures (pois drsquohiver de printemps sojahellip) et les couverts eacuteventuellement fourragers (vesce feacuteverole gesse tregravefleshellip) Les fermes drsquoeacutelevage conquiegraverent par-lagrave leur autonomie en proteacuteines Aux techniques de couvertures mortes tueacutees avant semis de la culture viennent ici aussi srsquoajouter des couverts vivants de luzerne sur argilo-calcaire de tregravefle ou de lotier sur les sols plus acides ou hydromorphes faisant encore gagner en coucirct et en flexibiliteacute face aux aleacuteas du climat et des marcheacutes

Ils testent et mettent en commun les acquis sur leurs fonds propres un reacuteseau se coopte pour avancer Lucien lrsquoanime en structurant les essais et en maintenant le cap agrologique des SCV mecircme quand les reacutesultats escompteacutes ne sont pas immeacutediatement au rendez-vous

Les SCV de mieux en mieux maicirctriseacutes integravegrent progressivement lrsquoensemble des terres cultiveacutees sur ces fermes remaniant profondeacutement leur systegraveme drsquoexploitation Les parcs mateacuteriels se simplifient les grosses puissances de traction pour les preacuteparations de sol nrsquoont plus lieu drsquoecirctre Il faut aussi ecirctre autonome pour ses productions de semences de couverts la leacutegislation interdisant dons eacutechanges ou ventes entre agriculteurs mecircme pour des espegraveces et varieacuteteacutes libres de droit drsquoobtenteurs ou plus disponibles sur le marcheacute les semences commerciales ne sont pas forceacutement optimales pour les systegravemes et restent oneacutereuses utiliseacutees agrave bonne dose

Plus aucune de ces fermes nrsquoutilise drsquoinsecticides que ce soit en foliaire au sol ou en traitement de semences sur quelques cultures que ce soient ni drsquoanti-limaces Des fongicides ne sont appliqueacutes qursquoexceptionnellement sur les ceacutereacuteales agrave paille et colza au quart ou agrave la moitieacute des doses preacuteconiseacutees lorsque des conditions climatiques propices au deacuteveloppement des champignons pathogegravenes surviennent agrave un stade critique de ces cultures Les herbicides demeurent agrave faible dose principalement

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

38

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

pour le controcircle des couverts Les apports drsquoazote mineacuteral sur ceacutereacuteales agrave paille et maiumls diminuent progressivement pour atteindre 10 agrave 12 uniteacutes par tonne de grains une efficience quasi doubleacutee en comparaison des exploitations avoisinantes Toutes ces fermes qui pratiquent les SCV depuis plus de 15 ans obtiennent les meilleures performances techniques (rendement qualiteacute nutritive et sanitaire des grains) dans leurs reacutegions respectives elles ont dans le mecircme temps reacuteduit leurs charges en intrant et carburant de 39 par rapport agrave des itineacuteraires dits raisonneacutes (travail du sol simplifieacute dose drsquointrants modeacutereacutee) agrave 58 par rapport agrave des reacutefeacuterences ayant recours au travail du sol conventionnel et aux pleines doses drsquointrants

Sur tous ces reacutesultats Lucien communique beaucoup avec fougue et passion hellip mecircme si apregraves une vie au contact des acteurs du deacuteveloppement et de la recherche au Breacutesil lrsquoinertie parfois bavarde et suffisante de lrsquoagriculture franccedilaise ne cesse de le surprendre au vue de la crise dans laquelle se deacutebat une immense majoriteacute de producteurs et lrsquoeacutetat geacuteneacuteral de nos sols

Quels enseignements pour lrsquoavenir de notre agriculture

Il y a tant agrave retenir de ce parcours immense pour qui voudrait continuer le travail de Lucien Seacuteguy sur les chemins du deacuteveloppement et de la connaissance des CV agrave travers le monde

Pratiquer les SCV crsquoest vouloir orchestrer la transformation des milieux que lrsquoon cultive par et pour la puissance du veacutegeacutetal Crsquoest penser et organiser des flux puissants de biomasses continu lrsquoeacutenergie solaire par les plantes et la vie du sol Nous savons aujourdrsquohui que cela neacutecessite de maintenir les sols couverts en permanence de mobiliser une grande diversiteacute veacutegeacutetale diversifieacutees pour capter stocker et restituer en au sein des rotations via des couverts multi-speacutecifiques et de reacuteussir

agrave abandonner toute forme de travail du sol Ce dernier point est tregraves deacutebattu peut-ecirctre car il est le symbole le plus embleacutematique drsquoun changement de modegravele radical sucircrement parce qursquoil est celui qui pose le plus de problegravemes de mise en oeuvre dans les phases de transition et pour certaines cultures pour lesquelles des reacutefeacuterentiels techniques solides manquent encore Il est pourtant celui pour lequel la connaissance scientifique est la plus solidement eacutetablie travailler le sol mecircme de faccedilon superficielle et eacutepisodique nuit partout que lrsquoon soit dans la Niegravevre au Queacutebec ou au cœur du Mato Grosso agrave la vie du sol et aux capaciteacutes de stockage et de restitution de lrsquoeacutenergie qursquoelle construit Travailler le sol crsquoest se condamner agrave faire un travail de Peacuteneacutelope toujours deacute faire dans la nuit du sol ce que les plantes photosyntheacutetis(s)ent le jour Crsquoest se condamner agrave rester dans un entre-deux technique agrave se couper drsquoune effectiviteacute pleine entiegravere et continue des processus naturels qui viennent organiser la fertiliteacute des sols et contribuer au controcircle des bio-agresseurs de nos cultures Crsquoest par le respect de ces 3 principes pratiques des SCV que les apports importants et continus de matiegravere organique nourrissent une biodiversiteacute microbienne et inverteacutebreacutee de plus en plus riche complexe et foisonnante et que peuvent srsquoauto-organiser nos sols cultiveacutes

Deacutevelopper des systegravemes de culture et de production en SCV requiert tout drsquoabord drsquoabandonner lrsquoideacutee de recette applicable pour se lancer dans lrsquoexploration libre mais meacutethodique drsquoun immense champ de possibles Cela demande drsquoimaginer et apprendre agrave mener des rotations reacutepondant agrave nos objectifs de

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

39

Trimestrielle - Edition N

deg 10

DOSSIER

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

production ougrave cultures et couverts veacutegeacutetaux se relaient pour tendre vers des sols couverts 365 jours sur 365 Cela demande aussi au deacutebut de lrsquoaudace pour rompre les amarres avec le confort rassurant des pratiques conventionnelles institueacutees Crsquoest accepter drsquoen passer par des deacutecisions contraires agrave ce que lrsquoon nous a appris agrave ce que lrsquoon nous recommande Crsquoest refuser de voir un salut dans la laquo high tech raquo preacutetendument reacutevolutionnaire que lrsquoon impose agrave des agriculteurs surendetteacutes pour oser la complexiteacute du vivant et lrsquoautonomie Crsquoest entrer pour la premiegravere fois avec le semoir dans un laquo gros raquo couvert veacutegeacutetal plus tard preacutefeacuterer semer agrave la voleacutee dans des couverts vivants ou par-dessus des cultures murissantes hellip en se demandant tout de mecircme pour une fois agrave lrsquounisson avec les voisins si lrsquoon nrsquoest pas devenu un peu dingo Crsquoest aussi se retenir de faire cet insecticide en acceptant lrsquoideacutee qursquoil y a plus agrave terme agrave y perdre qursquoagrave y gagner preacutefeacuterer nourrir des ravageurs en les leurrant plutocirct que de les tuer et renoncer agrave leurs ennemis naturels etc Toutes ces remises en questions des pratiques courantes dissolvent lrsquoun apregraves lrsquoautre les repegraveres en vigueur et srsquoapparentent au franchissement drsquoun miroir derriegravere lequel se cueillent les beacuteneacutefices que nous servent les processus naturels activeacutes un miroir derriegravere lequel aussi les systegravemes avec travail du sol apparaissent pour ce qursquoils sont absurdes et contre-nature Cette transformation de nos faccedilons de cultiver nous a transformeacute autant que nos sols et nos exploitations et pourtant nous sommes conscients drsquoecirctre agrave lrsquooreacutee drsquoun immense territoire que nous commenccedilons agrave peine agrave explorer source de confiance en lrsquoavenir et drsquoune humiliteacute heureuse Lucien Seacuteguy voulait avancer sans relacircche dans ce territoire de la biodiversiteacute et du geacutenie veacutegeacutetal au service drsquoune agriculture toujours plus propre et performante La recherche eacuteprouve aussi des difficulteacutes pour srsquoemparer de ces eacutetranges objets techniques que sont les systegravemes de culture agrave base de semis direct sur couverture veacutegeacutetale ces objets techniques deacuteroutent car ils tirent leur efficience des processus naturels qursquoils activent des processus naturels qui dans la dureacutee organisent nos sols et donnent aux eacutecosystegravemes que nous cultivons leurs grandes fonctions de gestion de la fertiliteacute et drsquoautoreacutegulation des nuisibles divers adventices phytophages maladies hellip

Cette meacutediation essentielle du naturel creacutee une distance entre le geste pratique et lrsquoeffectiviteacute associeacutee mesurable dans nos parcelles et nos fermes Elle rend ainsi les approches factorielles de lrsquoagronomie classique fondeacutees sur les analyses des liens preacutesupposeacutes entre pratique et effet impropres agrave lrsquoeacutetude et agrave la conception de ces systegravemes Car ceux-ci ne reacutesultent pas drsquoune combinaison de facteurs mais sont creacuteation eacutemergente drsquoun milieu cultiveacute complexe et transformation concomitante des perceptions et connaissances de celles et ceux qui les pratiquent

Crsquoest pour nous avoir aideacutes agrave nous engager dans cette double transformation que nous tenions ici agrave te remercier Lucien Puisse ton formidable legs ecirctre compris et repris par des acteurs et politiques clairvoyants courageux et ambitieux

[1]Jean-Claude Quillet Hubert Charpentier Christian Abadie Sandrine Gallon amp Alain Coudrillier Noeumll amp Lydie Deneuville Bertrand et Patrick Aubeacutery hellipArticle publieacute sous une autre mise en page dans la revue TCS (Techniques Culturales Simplifieacutees) - laquo Agronomie Eacutecologie et Innovation - TCS Ndeg 108 Juin-Juillet-Aoucirct 2020 raquoArticle reacutedigeacute avec les sources de httpopen-libraryciradfr

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

40

Trimestrielle - Edition N

deg 10

SUCCESS STORIESJO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

Lrsquoapproche laquo paysan agrave paysan raquo par le projet MANITATRA II rocircles des Paysans Leaders (ou paysans relais)

TOKIHERINIONJA Tanjonarilesa Fernand Chef de ProjetRAKOTONDRAMANANA Directeur Exeacutecutif du GSDM

Contexte

Depuis le 20 juillet 2018 le GSDM assure la mise en œuvre du projet intituleacute laquo

MANITATRA II raquo Ce projet est financeacute par lrsquoUE par lrsquointermeacutediaire du COMESA dans le cadre du programme Global Climate Change Alliance Plus (GCCA+) des pays drsquoAfrique des Caraiumlbes et du Pacifique (Intra ACP) conformeacutement agrave lrsquoaccord de subvention NdegCC000418 signeacute par le COMESA et le GSDM Le projet est preacutevu pour couvrir une dureacutee de 3 ans

Lrsquoobjectif geacuteneacuteral du projet eacutetant de soutenir la mise agrave lrsquoeacutechelle de lrsquoAgriculture Climato-Intelligente (ACI) pour atteacutenuer les changements Climatiques et ameacuteliorer la seacutecuriteacute alimentaire agrave Madagascar Pour cela il cible la reacutegion de Vakinankaratra et couvre deux eacutecosystegravemes diffeacuterentes le Moyen-Ouest et les Hautes Terres en intervenant successivement au niveau de 07 et 10 Communes Rurales Et pour atteindre ces objectifs le projet a opteacute pour une approche de diffusion laquo paysan agrave paysan raquo Cette approche a eacuteteacute deacutejagrave testeacutee durant la peacuteriode du projet MANITATRA I (2014 -2015) dans les reacutegions du Vakinankaratra et du Sud - Est

Les paysans leaders (ou paysans relais) sont les pierres angulaires de lrsquoapproche de diffusion de paysan agrave paysan Ils ont eacuteteacute choisis et formeacutes par les techniciens du projet lrsquoeacutequipe du GSDM central et drsquoautres partenaires (Ceffel ADTRMAPDRA DRAEP Vakinankaratra) afin drsquoacqueacuterir les bagages neacutecessaires agrave la transmission des connaissances agro-eacutecologiques agrave leurs paires

Pourquoi cette eacutethodologie

La proximiteacute des paysans leaders avec les producteurs autour permet de corriger les limites de lrsquoapproche laquo technicien agrave paysan raquo qui ne garantit pas toujours une peacuterenniteacute des actions

initieacutees par les projets et qui coucircte nettement plus cher aux projets En effet le fait que les paysans leaders soient issus du lieu drsquointervention leur permet de parler le mecircme langage alors que les techniciens se heurtent geacuteneacuteralement aux barriegraveres des logiques paysannes qui peuvent ecirctre difficiles agrave percer Par ailleurs lrsquoapproche laquo paysan agrave paysan raquo preacutesente un coucirct nettement reacuteduit par rapport agrave lrsquoapproche laquo technicien agrave paysan raquo De plus les paysans leaders resteront toujours dans leur village une fois le projet termineacute Ainsi ils resteront des personnes ressources et continueront agrave donner des conseils aux paysans autour

Choix des paysans leaders

Lrsquoidentification des paysans leaders constituait la premiegravere mission de lrsquoeacutequipe au tout deacutebut du projet Crsquoest une eacutetape cruciale car un mauvais choix de paysan leader fait perdre beaucoup de temps au projet Un certain nombre de critegraveres a eacuteteacute mis en place afin de reacuteduire au maximum ce risquebull Ecirctre paysan de profession (agriculteur

eacuteleveur hellip)bull Possession drsquoune parcelle individuelle drsquoune

surface de 05 agrave 1ha deacutedieacutee agrave la pratique personnelle de lrsquoagro-eacutecologie

bull Ecirctre majeurbull Savoir compter lire et eacutecrirebull Ayant des expeacuteriences en matiegravere drsquoanimation

etou vulgarisation des techniques innovantesbull Ayant une sorte de leadership naturel aupregraves

des villageoisbull Habitant dans la zone drsquointervention du

projetbull De bonne reacuteputationbull Sans affiliation directe avec un parti politiquebull Non engageacute avec drsquoautres organismes

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

41

Trimestrielle - Edition N

deg 10

SUCCESS STORIES

Rocircle des paysans leaders et fonctionnement dun CEP

Les responsabiliteacutes des paysans leaders consistent agrave appuyer les techniciens dans le processus de diffusion de lrsquoagro-eacutecologie Ils doivent obligatoirement geacuterer au sein de leur exploitation un Champ Ecole Paysanne (CEP) individuel ougrave ils vont pratiquer les diffeacuterentes pratiques agro-eacutecologiques promues par le projet Les mises en place au niveau du CEP permet aux techniciens du projet de former et dassurer le recyclage des diverses pratiques agro-eacutecologiques Les formations des paysans leaders sont alors beaucoup plus pratiques que theacuteoriques Ce qui est plus approprieacutee pour ces paysans leaders Ils doivent pour ce faire appliquer rigoureusement les directives fournies par les techniciens Les paysans leaders assurent lrsquointeacutegraliteacute des charges lors des mises en place et entretiens des cultures au niveau du CEP que ce soit en intrants ou main drsquoœuvre Seules les semences de plantes de couvertures qui ne sont pas disponibles dans la zone que le projet leur fourni

Les CEP servent de lieu de formation et de visites eacutechanges organiseacutees par les paysans leaders pour leurs paires A la suite de ces sessions les paysans inteacuteresseacutes par une ou plusieurs pratiques agro-eacutecologiques au niveau des CEP seront accompagneacutes par les paysans leaders afin de les dupliquer au sein de leur exploitation respective Les paysans leaders couvrent geacuteneacuteralement une zone dans un rayon de cinq agrave dix kilomegravetres autour de leur lieu de reacutesidence soit trois agrave quatre fokontany en moyenne Ils sont agrave cet effet eacutequipeacutes drsquoune bicyclette comme moyen de locomotion et des bacircches de formation comme outils lors des seacuteances drsquoanimation Le projet leur dote aussi des bonbonnes et des pulveacuterisateurs leur permettant drsquoappliquer certaine techniques particuliegraveres comme la fabrication de compost liquide et les laquo ady gasy raquo

Engager les paysans leaders dans le processus de diffusion de lrsquoagro-eacutecologie ne signifie pas pour

autant les deacuterouter de leur vocation de paysan Ils ne sont pas des salarieacutes du projet Crsquoest drsquoailleurs pour cette raison que le GSDM a fixeacute par contrat une dureacutee effective de travail maximal de sept jours par mois Par contre le projet leur accorde une compensation journaliegravere de 10000Ar pour leurs interventions

Rocircles des techiciens

Pour MANITATRA II ce sont les paysans leaders qui assurent la diffusion des techniques agro-eacutecologiques promues par le projet Les techniciens jouent le rocircle de facilitateur afin que les paysans leaders puissent atteindre leurs objectifs Ainsi les techniciens encadrent techniquement les paysans leaders Ils ont dans ce sens la responsabiliteacute de faire des suivis des actions meneacutees par les paysans leaders et de les appuyer durant les seacuteances de conseil drsquoanimation et de formation Ils effectuent eacutegalement des appuis sur la mise en place des champs eacutecoles paysans (CEP) sur lesquels les riverains vont pouvoir appreacutecier les eacutetendues de lrsquoapplication des techniques appliqueacutes en agro-eacutecologie Les techniciens fixent les objectifs agrave atteindre selon les attentes du projet Pour MANITATRA II le ratio moyen est drsquoun technicien pour 7 paysans leaders encadreacutes

Perspectives pour les paysans leaders

Ces paysans leaders sont formeacutes reacuteguliegraverement sur diverses theacutematiques par le GSDM Cela afin qursquoils puissent assumer pleinement leurs responsabiliteacutes Lrsquoobjectif eacutetant qursquoils puissent agrave plus long terme devenir prestataire en tant que paysan formateur au niveau des entiteacutes qui auront besoin de leurs services agrave lrsquoinstar du FDA

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

42

Trimestrielle - Edition N

deg 10

SUCCESS STORIES

Laissons parler les paysans

Rindra Sandratriniaina Assitant Chef de projet RAKOTONDRAMANANA Directeur Exeacutecutif du GSDM

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Les reacutesultats obtenus de la deuxiegraveme anneacutee du projet MANITATRA II ont fournis des

enseignements conseacutequents quant aux techniques adopteacutees par les paysans et des inteacuterecircts que ces derniers avaient tireacute de ces adoptions Dans le moyen ouest comme sur la haute terre du Vakinankaratra la pratique du riz pluvial sur mulch de mucuna ont vraiment fait ses preuves Le riz pluvial associeacute au cajanus quoiqursquoen cours drsquoessais a deacutejagrave fourni des reacutesultats probants Les diffeacuterents niveaux drsquoameacutenagement coupleacutes avec les reboisements et la gestion des matiegraveres organiques sont tout autant de techniques que les quelques paysans des communes de Fidirana drsquoAntohobe et de Soavina vont nous deacutelivrer dans ce numeacutero 10 du journal de lrsquoagro-eacutecologie

Drsquoabord M Rakotomanantsoa Modeste drsquoAmbohibolakely de la commune rurale de Fidirana teacutemoigne de son inteacuterecirct quant agrave la pratique du riz pluvial sur mulch de mucuna

Avant cette pratique nous ne pouvions produire qursquoautour de 1tha pour le riz pluvial Actuellement le rendement peut aller jusqursquoagrave 5tha Le mucuna nrsquoagit pas seulement sur la restauration de la fertiliteacute du sol mais aussi sur le nettoyage des parcelles par rapport aux diffeacuterentes pestes veacutegeacutetales qui envahissaient nos parcelles Il srsquoest aveacutereacute que le mucuna permet aussi de lutter contre certains ravageurs de culture Pour nous loin fut le temps ougrave nous eacutetions frustreacutes de la plantation de cette leacutegumineuse non comestible qui accaparait nos surfaces cultivables car vu lrsquointeacuterecirct qursquoy portent le grand nombre la plantation de celle-ci nous engendre deacutesormais des revenus drsquoappoints

En outre je produits aussi du lombricomposte Lrsquoobjectif est toujours eacuteteacute de sevrer notre exploitation de lrsquoutilisation drsquoengrais chimique Avec lrsquoavegravenement des techniques de seacuteparations

de vers drsquoavec le composte la production nrsquoest plus peacutenible comme avant Il nous faut juste surveiller lrsquohumiditeacute la tempeacuterature lrsquoeacutetat du lombricomposteur et enfin veiller agrave ce que les lombrics aient toujours du preacutecomposte precirct agrave lrsquoemploi Je lrsquoutilise surtout dans la production de riz pluvial le maiumls et la production de plants drsquoarbre en peacutepiniegravere ou ccedila mrsquoa permis non seulement de produire des beaux plants mais aussi de beaucoup reacuteduire lrsquoinvasion des ravageurs

Ensuite Razafindrakoto Edouard drsquoAmbohibolakely de la commune de Fidirana stipule que parmi toutes les techniques vulgariseacutees par le GSDM agrave travers le projet MANITATRA II la plantation de mucuna et celle qui apporte le plus drsquointeacuterecircts

Quand je nrsquoavais utiliseacute que des fumiers de parc les fano (heteronicus) et ses vers blancs ont causeacute beaucoup de deacutegacirct sur mes riz et mes maiumls Actuellement en combinant mulch de mucuna et utilisation du lombricomposte nous avons pu doubler notre production Elle permet en effet drsquoeacuteliminer les menaces dues aux attaques des ravageurs de culture et entretien la fertiliteacute du sol

De son cocircteacute Rakotoarijaona Alfred affirme que donner lrsquoexemple sur ses habitudes culturales mis en pratique au niveau de son champ eacutecole paysan (CEP) fait partie de son quotidien de paysan leader (PL)

Il propose entre autre lrsquoameacutenagement en courbe de niveau des parcelles en pente et les techniques de fabrication des diffeacuterents types de compost

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

43

Trimestrielle - Edition N

deg 10

SUCCESS STORIESJO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

comme moyen de gestion durable du sol Lrsquoassociation du riz pluvial avec le cajanus lui a donneacute un excellent reacutesultat Semeacute au moment de la montaison le cajanus associeacute au riz pluvial nrsquoa manifesteacute aucune sorte de concurrence Il ne se ramifie qursquoapregraves la reacutecolte du riz Durant lrsquointersaison il se deacuteveloppent de maniegravere agrave couvrir les parcelles et les preacuteservent des invasions drsquoadventices Le cajanus est connu pour son travail naturel du sol et une production de biomasse pouvant servir au compostage En fin de cycle il fournit aussi drsquoeacutenorme quantiteacute bois pour les cuissons

Pour M Ralaisa Pierre Solofoniaina lrsquoapplication de lrsquoagriculture de conservation a permis de mieux geacuterer ses parcelles surtout vis-agrave-vis des pheacutenomegravenes drsquoeacuterosion

Jrsquoavais mis en place des courbes de niveau sur mes parcelles puis jrsquoai installeacute de couverture veacutegeacutetale comme le mucuna Depuis je ne travaille plus mes terres et les sarclages sont deacutesormais moins contraignants Je me suis eacutegalement aperccedilu que les effets du striga se sont beaucoup amoindris Comme reacutesultats si avant pour le riz pluvial nous ne pouvons obtenir qursquoenviron 1tha maintenant nous arrivons agrave produire 40kg de paddy par are soit dans les 4tha Jrsquoai entrepris ces travaux car je vise surtout lrsquoavenir de mes enfants Je dois ecirctre en mesure de leur leacuteguer de la bonne terre) raquo

Rabemanantsoa Gilbert drsquoAnkily du Fokontany drsquoAntampondravola un alevineur professionnel avait beacuteneacuteficieacute des appuis sur la protection des bassins versants autour de ses bassins piscicoles

Les appuis du projet MANITATRA II mrsquoa permis de mettre agrave jour mes techniques drsquoalevinage Mais le plus important eacutetait ces ameacutenagements

des versants autour de mes bassins piscicoles Nous nous y sommes mis pour combattre le fleacuteau drsquoeacuterosion qui agrave chaque peacuteriode de pluie menacent drsquoensabler nos bassins Les versants ameacutenageacutes sont actuellement stabiliseacutes avec des haies vives de cajanus renforceacutes avec du brachiaria et diverses plantes de couverture

Depuis longtemps je pratique aussi le lombricompostage Il mrsquoa permis de reacuteduire lrsquoutilisation des produits chimiques et surtout drsquoalleacuteger les peines relatives au transport vers les parcelles Quand la population de lombrics augmente il mrsquoarrive de les reacuteguler en preacutelevant une certaine quantiteacute pour nourrir mes poissons

Du cocircteacute de la commune drsquoAntohobe Mme Rafanjanirina Jeanne Philomegravene a entrepris la restauration de la fertiliteacute de ses parcelles apregraves quelque heacutesitation

Il y a 2 ans le technicien du projet Manitatra travaillant dans notre commune nous a animeacute sur les techniques de restauration de la fertiliteacute du sol Au deacutebut je nrsquoeacutetais pas vraiment convaincue du bien-fondeacute de ces techniques mais apregraves avoir assisteacute agrave une visite eacutechange au niveau du site drsquoIvory et apregraves avoir constateacute la reacuteussite de mon fregravere sur le reboisement jrsquoai deacutecideacute de mrsquoy mettre Nous avons adopteacute le lombricompostage et la fabrication de biopesticide Reacutecemment nous avons constateacute que lrsquoassociation de mucuna avec le maiumls permet de proteacuteger ces derniers contre les attaques de chenilles

Avant nous avons comme habitude drsquoutiliser du cendre du riz pluvial et nous nrsquoavons pu obtenir que 240kg de paddy par are Apregraves lrsquoutilisation du lombricompost la mecircme surface nous a donneacute 320kg agrave 400kg Sur la production de tomate avant nous ne pouvons faire que 4 reacutecoltes maintenant avec le lombricompost ccedila peut aller jusqursquoagrave 6 voire 7 reacutecoltes

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

44

Trimestrielle - Edition N

deg 10

SUCCESS STORIESJO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

A Soavina Rasoanindrina Wivine eacutetait pris drsquoeacutetau par une grande parcelle qursquoelle avait preacutevu drsquoabandonner car elle ne lui permettait plus de produire grand-chose

En effet ladite parcelle eacutetait non seulement deacutegradeacute mais eacutetait aussi envahi par le striga et le kidoronrsquoalika (Acantospermum austral) A la suite drsquoune reacuteunion de sensibilisation organiseacutee par le technicien posteacute agrave Soavina jrsquoavais deacutecideacute drsquoy planter du mucuna et du Stylosanthes associeacute avec un peu de maiumls et du riz pluvial Degraves la premiegravere anneacutee une ameacutelioration du rendement en riz srsquoeacutetait fait ressentir A la

deuxiegraveme anneacutee malgreacute la seacutecheresse le riz eacutetait drsquoune tregraves bonne veacutegeacutetation mais lrsquoinsuffisance de pluie au moment de la floraison dans notre reacutegion ne nous a pas permis drsquoobtenir des graines

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

45

Trimestrielle - Edition N

deg 10

ACTUALITES

Dans le cadre du Projet MANITATRA II sur financement du COMESAUnion

Europeacuteenne (11egraveme FED agrave destination des pays ACP dans le cadre de lrsquoAlliance Mondiale pour le Climat) le GSDM srsquoest lanceacute dans la production et la reacutealisation drsquoun film drsquoanimation 3D sur la base de son livret ludique un guide de formation conccedilu pour lrsquoapprentissage de lrsquoAgro-eacutecologie et de lrsquoeacuteducation environnementale en milieu scolaire Lrsquoobjectif eacutetant de renforcer la promotion de lrsquoAgriculture Climato-Intelligente au niveau national et drsquoappuyer la prise en compte de lrsquoAgro-eacutecologie dans les politiques publiques et les projetsprogrammes Dans ce sens ce film drsquoanimation 3D constitue un outil de plaidoyer mais eacutegalement un support de formation drsquoanimationsensibilisation

Lrsquoideacutee drsquointeacutegrer lrsquoAgro-eacutecologie dans tous types de formation essentiellement dans lrsquoenseignement de base agrave Madagascar a eacuteteacute eacutevoqueacutee depuis bien des anneacutees lors des diffeacuterents ateliers et eacutevegravenements

organiseacutes par le GSDM Cette reacuteflexion a eacuteteacute soutenue aussi bien par lrsquoAdministration que par les partenaires techniques et financiers mais eacutegalement par les diffeacuterents acteurs de deacuteveloppement impliqueacutes œuvrant dans le secteur du deacuteveloppement durable

Lrsquointeacutegration de lrsquoAgro-eacutecologie en milieu scolaire a eacuteteacute initieacutee par le GSDM en 2017 au travers du projet PAPAM sur financement de lrsquoAFD Il eacutetait preacutevu de seacutelectionner 6 eacutetablissements publics etou priveacutes de niveau collegravege dans la reacutegion du Vakinankaratra Au travers des activiteacutes parascolaires lrsquoideacutee eacutetait de former des enseignants pour assurer le transfert de connaissances aux eacutelegraveves de 6egraveme et 5egraveme Avec les acquis de WWF membre du GSDM et la collaboration de lrsquoOEMC aupregraves du Ministegravere de lrsquoEducation Nationale de lrsquoEnseignement Technique et Professionnel un document de concept note a eacuteteacute eacutelaboreacute pour la mise en œuvre drsquoune phase pilote De la

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

Un film drsquoanimation 3D sur lrsquointeacutegration de lrsquoAgro-eacutecologie en milieu scolaire pour la vulgarisation de lrsquoAgro-eacutecologie au niveau national

LrsquoEducation agrave lrsquoinverse une maniegravere de diffuser lrsquoAgro-eacutecologiehelliphelliplrsquoAgro-eacutecologie pour les geacuteneacuterations futures

Equipe GSDM

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

46

Trimestrielle - Edition N

deg 10JO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

mission de diagnostic visant lrsquoidentification des eacutetablissements beacuteneacuteficiaires aux missions de formation de conception de supports et de

suivi les eacutetapes de la mise en œuvre ont eacuteteacute reacutealiseacutees sous lrsquoeacutegide de la Direction Reacutegionale de lrsquoAgriculture de lrsquoElevage et de la Pecircche et de la Direction Reacutegionale de

lrsquoEducation Nationale de lrsquoEnseignement Technique et Professionnel Un atelier bilan a eacuteteacute organiseacute agrave la fin de lrsquoanneacutee scolaire 2017-2018 pour eacutevaluer et mesurer les impacts de ce

mode laquo drsquoeacuteducation agrave lrsquoinverse raquo ougrave les enfants forment leurs parents pour un changement de paradigme

Le succegraves de la phase pilote a tout particuliegraverement susciteacute lrsquoattention de nombreux partenaires techniques et financiers souhaitant investir dans lrsquoeacuteducation des jeunes dans le cadre du deacuteveloppement durable Une extension des activiteacutes a eacuteteacute ainsi programmeacutee au travers du projet MANITATRA II sur financement du COMESAUnion Europeacuteenne pour 3 anneacutees scolaires conseacutecutives 20182019 - 20192020 et 20202021 Six (6) nouveaux eacutetablissements ont eacuteteacute seacutelectionneacutes selon les critegraveres du projet Pour la peacuterennisation des actions le projet MANITATRA II a maintenu lrsquoappui technique au niveau des eacutecoles PAPAM A lrsquoissu de lrsquoatelier bilan organiseacute agrave la fin de lrsquoanneacutee scolaire 2018-2019 la sollicitation du GIZProSol sur financement de la Coopeacuteration Allemande a emmeneacute agrave lrsquoextension des activiteacutes au profit de 8 nouveaux eacutetablissements dans la Reacutegion Boeny

Les beacuteneacuteficiaires directes sont actuellement au nombre de 3897 eacutelegraveves reacutepartis au niveau de 20 eacutetablissements dont 3 047 dans la reacutegion de Vakinankaratra et 850 dans la reacutegion

Boeny Cette eacuteducation agrave lrsquoinverse touche eacutegalement les parents le corps eacuteducatif les paysans aux alentours mais aussi les acteurs de deacuteveloppement et les deacutecideurs

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

47

Trimestrielle - Edition N

deg 10

AGRO-ECOLOGIE EN PHOTOJO

UR

NA

L D

E LrsquoA

GR

O-E

CO

LOG

IE

Le Comiteacute de pilotage du Projet MANITATRA II sest reacuteuni pour la 2egraveme fois le 24 septembre

2020 pour lexamen du rapport dactiviteacute de lanneacutee 2 et de la programmation des activiteacutes de lanneacutee 3

Ont reacutepondu preacutesent le DGA du MAEP en sa qualiteacute de Peacutersident du Comiteacute le PCA du GSDM le Vice-Preacutesident

du CA du GSDM le Directeur du Deacuteveloppement Reacutegional du Vakinankaratra le DRAEP Vakinankaratra le DREDD Vakinankaratra et le Repreacutesentant du MEDD par le biais de son Conseiller Technique

Reacuteunion du comiteacute de Pilotage du projet Manitatra II le 24 Septembre 2020

Les journeacutees Agro-eacutecologiques du Vakinankaratra se sont tenues les 19 et 20 mars 2020 Ces

2 journeacutees ont eacuteteacute consacreacutees pour le partage des acquis et expeacuteriences en Agro-eacutecologie face au deacutefis du changement climatique et de linseacutecuriteacute alimentaire On a vu la participation de lAdministration au travers du Ministegravere de lAgriculture de lElevage et de la Pecircche du Ministegravere de lEnvironnement et du Deacuteveloppement Durable du Ministegravere de lEducation Nationale de la Direction de la meacuteteacuteorologie des autoriteacutes locales des partenaires techniques et financiers des beacuteneacuteficiaires et des journalistes

La premiegravere journeacutee a eacuteteacute deacutedieacutee agrave la visite des reacutealisations en Agro-eacutecologie suivie dun atelier de restitution le 2egraveme jour Tant sur le terrain quau travers des teacutemoignages en salle lactiviteacute lieacutee agrave linteacutegration de lAgro-eacutecologie en milieu scolaire a succiteacute lattention des participants Cette mode deacuteducation agrave linverse ougrave les enfants forment leurs parents a tout particuliegraverement toucheacute de nombreux meacutenages Desormais les parents souhaitent ecirctre formeacutes sur diffeacuterents theacutematiques en Agro-eacutecologie tels que le compsotage lAgriculture de conservation et lAgroforesterie

Objectif atteint pour le GSDM la reacuteussite de cet eacutevenement est ducirc agrave la participation active des diffeacuterents intervenants En vue dune agriculture durable la peacutereacutenisation des acquis et limportance de la prise en compte de lAgro-eacutecologie dans les politiques publiques a eacuteteacute souleveacutee et approuveacutee

Journeacutees Agro-eacutecologiques du Vakinankaratra les 19 et 20 mars 2020

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

48

Trimestrielle - Edition N

deg 10

Deacutecembre2020

Octobre 2020

Septembre 2020

Novembre 2020

Ont participeacute agrave ce numeacutero bull Mireille RAZAKA - Responsable Communication du GSDMbull Vololoniraisana RANDRIAMIARANA - Agronome du GSDMbull Martin RANDRIAMITANTSOA - Consultant Agronome du GSDMbull Tahina RAHARISON - Consultant Agronome Socio-eacuteconomiste du GSDMbull TOKIHERINIONJA Tanjonarilesa Fernand - Chef de Projet MANITATRA IIbull RAKOTONDRAMANANA - Directeur Exeacutecutif du GSDM

Rubrique laquoLAgro-eacutecologie au niveau nationalraquo WWH - DURRELL - CEFFEL membre du GSDM - GIZProSol Partenaire Technique et FinancierRubrique laquoDossierraquo Collegravegues rapprocheacutes de Lucien SEGUYRubrique laquoRechercheraquo FOFIFA - Dp SPAD - Partenaires techniques Rubrique laquoSuccess Storiesraquo GSDM Vakinankaratra (MANITATRA II)Entiteacute de validation Comiteacute de lecture les membres du GSDM GSDM Copyrigth septembre2020

Site WebFacebook YoutubeRoute drsquoAmbohipo

Lot VA 26 Y AmbatorokaBP 6039 Ambanidia Antananarivo 101 Madagascar

Teacutel (+261) 20 22 276 27

CALENDRIER DIVERS CONTACTS

Site WebFacebook

Teacutel (261 20) 22 200 46 agrave 48Fax (261 20) 22 347 94

afdantananarivoafdfr

23 rue RazanakombanaAmbohijatovo BP 557

AntananarivoMADAGASCAR

Pour de plus amples informations etou pour toutes ameacuteliorations contacter nous au

Ce journal a eacuteteacute financeacute au deacutepart par lrsquoAFD (projet PAPAM) et par le COMESAUE (projet MANITATRA 2) agrave partir de leacutedition Ndeg8

Les membres du GSDM

Direacutecteur Exeacutecutif gsdmdemoovmgResponsable communication razakamireilleyahoofr

Evegravenements

JOU

RN

AL

DE

LrsquoAG

RO

-EC

OLO

GIE

- Mission de suivi Alaotra - Mission de suivi Sud-Est- Mission drsquoevaluation et bilan de campagne ATASEF - Formation des techniciens des ONGencadreacutes par ECO-CONSULT - GIZProSol

- Preacutesentation officielle du film drsquoanimation 3D Ny Fambolena maharitraho anny taranaka mifandimby- Atelier bilan eacutecole Manitatra II- Expertise OSDRM dans la Diana

Directeur de publication RAKOTONDRAMANANA DL imprimeur Ndeg - Editeacute en 140 exemplaires

Facebook Site Web

- Atelier recherche et deacuteveloppement - Emission FIVOHY sur la RNM tous les 3egraveme samedis du mois de 08h15 agrave 08h30 du matin

- Campagne culturale grande saison- Journeacutees Agro-eacutecologiques du Sud-Est

Open library

  • Signet 1
Page 15: Edito - gsdm-mg.org
Page 16: Edito - gsdm-mg.org
Page 17: Edito - gsdm-mg.org
Page 18: Edito - gsdm-mg.org
Page 19: Edito - gsdm-mg.org
Page 20: Edito - gsdm-mg.org
Page 21: Edito - gsdm-mg.org
Page 22: Edito - gsdm-mg.org
Page 23: Edito - gsdm-mg.org
Page 24: Edito - gsdm-mg.org
Page 25: Edito - gsdm-mg.org
Page 26: Edito - gsdm-mg.org
Page 27: Edito - gsdm-mg.org
Page 28: Edito - gsdm-mg.org
Page 29: Edito - gsdm-mg.org
Page 30: Edito - gsdm-mg.org
Page 31: Edito - gsdm-mg.org
Page 32: Edito - gsdm-mg.org
Page 33: Edito - gsdm-mg.org
Page 34: Edito - gsdm-mg.org
Page 35: Edito - gsdm-mg.org
Page 36: Edito - gsdm-mg.org
Page 37: Edito - gsdm-mg.org
Page 38: Edito - gsdm-mg.org
Page 39: Edito - gsdm-mg.org
Page 40: Edito - gsdm-mg.org
Page 41: Edito - gsdm-mg.org
Page 42: Edito - gsdm-mg.org
Page 43: Edito - gsdm-mg.org
Page 44: Edito - gsdm-mg.org
Page 45: Edito - gsdm-mg.org
Page 46: Edito - gsdm-mg.org
Page 47: Edito - gsdm-mg.org
Page 48: Edito - gsdm-mg.org