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Éditorial / Editorial S. CULINE 1 , M. SOULIÉ 2 1 Hôpital Saint-Louis, 1, avenue Claude-Vellefaux, F-75010 Paris, France 2 Hôpital de Rangueil, service durologie, CHU de Toulouse, université Paul Sabatier, 1 avenue du Professeur Jean Pouhlès F-31059 Toulouse Cedex 9, France Nul doute que le cancer de la prostate, premier cancer en termes dincidence en France, avec plus de 70 000 cas diagnostiqués par an, a connu au cours des derniers mois une évolution importante, marquée par de nouvelles approches thérapeutiques médicales prometteuses. Paradoxalement, alors que le début des années 2000 avait été dominé par le débat loin dêtre clos sur la pertinence dun dépistage organisé, cest la phase avancée de la maladie, métastatique, qui est actuellement sous le feu des projecteurs. Une meilleure compréhension des mécanismes de résistance à la castration cest-à-dire des phéno- mènes biologiques qui permettent à la cellule tumorale de sadapter à la suppression androgénique a en effet permis de développer des armes thérapeutiques efficaces. Dans la mesure où le récepteur aux androgènes demeure dans la majorité des cas le moteur de cette résistance, il est logique que de nouvelles hormonothérapies ciblant ce récepteur, comme le MDV3100 ou ses ligands, comme lacétate dabiraté- rone, aient été développées avec succès, rendant caduque le terme historique dhormonorésistance. Mais il ne faut pas oublier que la phase de résistance à la castration saccompagne également dun chan- gement de programme transcriptionnel du récepteur aux androgènes, clairement orienté vers la proliféra- tion cellulaire. Cest sans doute la raison pour laquelle la chimiothérapie na jusquà présent démontré son intérêt que dans cette phase de la maladie et que lutilisation de nouvelles molécules cytotoxiques, comme le cabazitaxel, continue dêtre pertinente. Qui dit métastase dans le cancer de la prostate dit os, et là encore, le développement de thérapies ciblées visant à interrompre le dialogue entre cellules tumorales et matrice osseuse sest avéré intéressant, quil sagisse de retarder les événements osseux, comme avec le dénosumab, inhibiteur monoclonal anti- Rank ligand, ou surtout daugmenter la survie globale, comme avec le radium-223. Nous ne pouvons exprimer quun souhait que les traitements médicaux développés aujourdhui dans la phase de résistance à la castration permettent daugmenter demain les taux de guérison dans les phases plus précoces de la maladie. Et nous navons justement pas oublié que des progrès se poursuivent parallèlement dans des phases moins évoluées : les attitudes de surveillance active dans les tumeurs localisées de faible risque, la recherche dune meilleure stratégie pluridisciplinaire dans les formes à haut risque ou encore la gestion optimale des effets indésirables liés à la suppression androgénique. Nous souhaitons remercier lensemble des rédacteurs qui vont vous permettre, tout au long de ce numéro thématique, de découvrir lampleur des progrès réalisés au cours des derniers mois dans le domaine. Bonne lecture à tous ! Correspondance : [email protected] Éditorial Editorial Oncologie (2012) 14: 73 © Springer-Verlag France 2012 DOI 10.1007/s10269-012-2127-z 73

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Éditorial / EditorialS. CULINE

1, M. SOULIÉ2

1 Hôpital Saint-Louis, 1, avenue Claude-Vellefaux, F-75010 Paris, France2Hôpital de Rangueil, service d’urologie, CHU de Toulouse, université Paul Sabatier,

1 avenue du Professeur Jean Pouhlès F-31059 Toulouse Cedex 9, France

■ Nul doute que le cancer de la prostate, premier cancer en termes d’incidence en France, avec plus de

70 000 cas diagnostiqués par an, a connu au cours des derniers mois une évolution importante, marquée

par de nouvelles approches thérapeutiques médicales prometteuses.

Paradoxalement, alors que le début des années 2000 avait été dominé par le débat — loin d’être clos —

sur la pertinence d’un dépistage organisé, c’est la phase avancée de la maladie, métastatique, qui est

actuellement sous le feu des projecteurs.

Une meilleure compréhension des mécanismes de résistance à la castration — c’est-à-dire des phéno-

mènes biologiques qui permettent à la cellule tumorale de s’adapter à la suppression androgénique — a

en effet permis de développer des armes thérapeutiques efficaces. Dans la mesure où le récepteur aux

androgènes demeure dans la majorité des cas le moteur de cette résistance, il est logique que de nouvelles

hormonothérapies ciblant ce récepteur, comme le MDV3100 ou ses ligands, comme l’acétate d’abiraté-

rone, aient été développées avec succès, rendant caduque le terme historique d’hormonorésistance.

Mais il ne faut pas oublier que la phase de résistance à la castration s’accompagne également d’un chan-

gement de programme transcriptionnel du récepteur aux androgènes, clairement orienté vers la proliféra-

tion cellulaire. C’est sans doute la raison pour laquelle la chimiothérapie n’a jusqu’à présent démontré son

intérêt que dans cette phase de la maladie et que l’utilisation de nouvelles molécules cytotoxiques,

comme le cabazitaxel, continue d’être pertinente.

Qui dit métastase dans le cancer de la prostate dit os, et là encore, le développement de thérapies ciblées

visant à interrompre le dialogue entre cellules tumorales et matrice osseuse s’est avéré intéressant, qu’il

s’agisse de retarder les événements osseux, comme avec le dénosumab, inhibiteur monoclonal anti-

Rank ligand, ou surtout d’augmenter la survie globale, comme avec le radium-223.

Nous ne pouvons exprimer qu’un souhait que les traitements médicaux développés aujourd’hui dans la

phase de résistance à la castration permettent d’augmenter demain les taux de guérison dans les phases

plus précoces de la maladie.

Et nous n’avons justement pas oublié que des progrès se poursuivent parallèlement dans des phases

moins évoluées : les attitudes de surveillance active dans les tumeurs localisées de faible risque, la

recherche d’une meilleure stratégie pluridisciplinaire dans les formes à haut risque ou encore la gestion

optimale des effets indésirables liés à la suppression androgénique.

Nous souhaitons remercier l’ensemble des rédacteurs qui vont vous permettre, tout au long de ce numéro

thématique, de découvrir l’ampleur des progrès réalisés au cours des derniers mois dans le domaine.

Bonne lecture à tous ! ■

Correspondance : [email protected]

Éditorial

Editorial

■Oncologie (2012) 14: 73© Springer-Verlag France 2012DOI 10.1007/s10269-012-2127-z

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