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ÉDITORIAL / EDITORIAL Éditorial Editorial P. Denormandie © Springer-Verlag France 2013 Un nombre important de personnes âgées présentent des déformations des membres supérieurs ou inférieurs. Ces déformations peuvent avoir des causes variées, soit dorigine neurologique, dans le cadre de pathologies acquises (AVC) ou dégénératives (maladie de Parkinson, démence), soit dorigine articulaire, soit simplement dues à des immobilisa- tions prolongées avec attitudes vicieuses. Un travail récent a montré quenviron 25 % des personnes âgées en établissement, que ce soit en EHPAD ou en USLD, présentaient au moins une déformation avec un retentisse- ment significatif dans la vie quotidienne, tant pour la per- sonne âgée elle-même que pour les aidants et les équipes qui prennent en charge ces personnes. La gêne principale apparaît être lhygiène et le nursing mais aussi les conséquences fonctionnelles, en particulier linstallation au fauteuil et les possibilités de verticalisation. Enfin ces déformations ont une répercussion directe sur limage du corps et dans les relations inter-personnelles. Ces déformations sont également sources de douleurs très importantes, quasiment toujours sous-évaluées et qui ont un retentissement cognitif. L ensemble des équipes se sentent actuellement démunies vis-à-vis de ces déformations. Il nous a donc paru important de pouvoir faire le point sur les possibilités thérapeutiques. En effet, ces déformations ne sont pas une fatalité. Il y a des possibilités de prévention en traitant bien sûr les épines irri- tatives mais aussi les hypertonies dorigine neurologique (par injection de toxine ou de phénol). En cas de déformation fixée, la chirurgie peut être un recours en adaptant les gestes à la vulnérabilité de ces personnes âgées. Enfin la qualité de linstallation au fauteuil est un des éléments déterminants dans la qualité de vie et lautonomie des personnes. Il nous a semblé donc indispensable de faire le point sur les innovations qui assurent un positionnement au fauteuil satisfaisant pour ces personnes âgées. Avec lensemble des auteurs, nous avons souhaité montrer que ces déformations ne sont pas une fatalité, quun certain nom- bre de solutions existent, quelles peuvent être adaptées à ces patients, mais quelles nont de sens que dans le cadre dob- jectifs extrêmement bien définis, contractualisés, avec bien sûr le patient et son environnement. La mise en place progressive déquipes pluridisciplinaires de gériatres, de médecins de médecine physique et réadapta- tion et de chirurgiens doit nous permettre doffrir des répon- ses à ces déformations et den éviter limpact sur la qualité de vie. P. Denormandie (*) Service de chirurgie orthopédique, hôpital Raymond Poincaré, 104 boulevard Raymond Poincaré, F-92380 Garches e-mail : [email protected] Lett. Méd. Phys. Réadapt. (2013) 29:3 DOI 10.1007/s11659-013-0345-4

Éditorial

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ÉDITORIAL / EDITORIAL

Éditorial

Editorial

P. Denormandie

© Springer-Verlag France 2013

Un nombre important de personnes âgées présentent desdéformations des membres supérieurs ou inférieurs. Cesdéformations peuvent avoir des causes variées, soit d’origineneurologique, dans le cadre de pathologies acquises (AVC)ou dégénératives (maladie de Parkinson, démence…), soitd’origine articulaire, soit simplement dues à des immobilisa-tions prolongées avec attitudes vicieuses.

Un travail récent a montré qu’environ 25 % des personnesâgées en établissement, que ce soit en EHPAD ou en USLD,présentaient au moins une déformation avec un retentisse-ment significatif dans la vie quotidienne, tant pour la per-sonne âgée elle-même que pour les aidants et les équipesqui prennent en charge ces personnes.

La gêne principale apparaît être l’hygiène et le nursingmais aussi les conséquences fonctionnelles, en particulierl’installation au fauteuil et les possibilités de verticalisation.Enfin ces déformations ont une répercussion directe surl’image du corps et dans les relations inter-personnelles.Ces déformations sont également sources de douleurs trèsimportantes, quasiment toujours sous-évaluées et qui ontun retentissement cognitif.

L’ensemble des équipes se sentent actuellement démuniesvis-à-vis de ces déformations. Il nous a donc paru important

de pouvoir faire le point sur les possibilités thérapeutiques.En effet, ces déformations ne sont pas une fatalité. Il y a despossibilités de prévention en traitant bien sûr les épines irri-tatives mais aussi les hypertonies d’origine neurologique(par injection de toxine ou de phénol). En cas de déformationfixée, la chirurgie peut être un recours en adaptant les gestesà la vulnérabilité de ces personnes âgées.

Enfin la qualité de l’installation au fauteuil est un deséléments déterminants dans la qualité de vie et l’autonomiedes personnes. Il nous a semblé donc indispensable de fairele point sur les innovations qui assurent un positionnementau fauteuil satisfaisant pour ces personnes âgées. Avecl’ensemble des auteurs, nous avons souhaité montrer queces déformations ne sont pas une fatalité, qu’un certain nom-bre de solutions existent, qu’elles peuvent être adaptées à cespatients, mais qu’elles n’ont de sens que dans le cadre d’ob-jectifs extrêmement bien définis, contractualisés, avec biensûr le patient et son environnement.

La mise en place progressive d’équipes pluridisciplinairesde gériatres, de médecins de médecine physique et réadapta-tion et de chirurgiens doit nous permettre d’offrir des répon-ses à ces déformations et d’en éviter l’impact sur la qualité devie.

P. Denormandie (*)Service de chirurgie orthopédique, hôpital Raymond Poincaré,104 boulevard Raymond Poincaré, F-92380 Garchese-mail : [email protected]

Lett. Méd. Phys. Réadapt. (2013) 29:3DOI 10.1007/s11659-013-0345-4