Éducation Et Instruction

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  • 7/25/2019 ducation Et Instruction

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    ducation et instruction

    (ce texte est la version revue et corrige sur des points de dtail dun article paru enmars-avril 1994 dans la revue Lenseignement philosophique44eme anne Numro 4)

    duquer ou instruire, quelle est donc la fin de lcole ? Quon ne se hte pas derpondre quil sagit l dune vaine question ou dun faux problme! "l # a plut$t l unvrai problme qui est ordinairement mal pos parce que pos en des termes rhtoriques,cest%%dire en des termes tels que la question induit, voire m&me inclut la rponse!'elle%l inclura celle%ci ds lors quon assignera aux termes qui la composent desdfinitions rductrices ou caricaturales propres constituer en repoussoirs les concepts

    quils signifient! 'omme lcrit (ustement )! )uglioni, * le rapport entre instruction etducation dpend des variations qui affectent la comprhension de chacun des deuxtermes +-.! /ans doute linstruction se dfinit%elle nominalement comme latransmission de connaissances 0 mais que lon prenne cette dfinition nominale pour unedfinition relle, quon la comprenne comme inculcation autoritaire dun amas deconnaissances parses, quon lui associe quelques images rpulsives comme celles delentonnoir et du gavage des oies, et lon naura gure de peine dmontrer que lcolefaillirait sa tche en se donnant un tel idal! 1n peut ainsi dprcier linstruction au

    profit de lducation! Le rsultat oppos sera tout aussi aisment obtenu pour peu quonassimile lducation une sorte de dressage par lequel on amnerait lenfant adopterun certain nombre de comportements dtermins 2 si lon rduit lducation

    lacquisition de bonnes manires, on naura pas de mal non plus faire admettre quil #a tout de m&me dautres missions dont lcole doit sacquitter! )ais en vrit duquer nest pas dresser 3 cest m&me tout le contraire, comme on leverra un peu plus loin 3 et instruire ne consiste pas davantage gaver de connaissances!'ela ne consiste m&me pas transmettre le savoir, comme si le savoir pouvait setransmettre la fa4on dun hritage, ou comme un bton%relais qui passe dune main lautre, savoir%relais qui se dverserait dun esprit dans lautre, par capillarit, selonlimagerie ironiquement voque par 5laton au dbut du Banquet2 * 6lors 6gathon, quioccupait le dernier lit, scria 2 * 7iens tasseoir ici, /ocrate, prs de moi, afin quen tetouchant tu me communiques les sages penses qui te sont venues dans le vestibule .89:! 6lors /ocrate sassit et dit 2 * "l serait souhaiter, 6gathon, que la sagesse f;t

    quelque chose qui p;t couler dun homme qui en est plein dans un homme qui en estvide par leffet dun contact mutuel, comme leau passe par lintermdiaire du morceaude laine de la coupe pleine dans la coupe vide +estera alors rsoudre la question dela finalit de lcole, qui ne sen posera quavec plus dacuit!

    I. L'identit de l'ducation et de l'instruction

    http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/educationetinstruction.htm#_ftn1%23_ftn1http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/educationetinstruction.htm#_ftn2%23_ftn2http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/educationetinstruction.htm#_ftn1%23_ftn1http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/educationetinstruction.htm#_ftn2%23_ftn2
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    A Instruction et libert

    'omme lt#mologie lindique asse bien, instruire cest outiller, quiper, munir ouencore armer! 1n le voit sans peine, fournir quelquun les outils qui lui permettront defabriquer quelque chose est tout autre chose que lui procurer la chose toute faite 2 dans

    un cas il reste dpendant, dans lautre il devient autonome! /i donc sinstruire consistebien acqurir des connaissances, on ne peut acqurir des connaissances qu lacondition de les construire et cest pourquoi instruire quelquun, cest%%dire travailler ce quil acquire des connaissances, ne peut (amais consister lui transmettre celles%ci 2tout simplement parce quon ne peut transmettre une activit de construction! 1n peutseulement fournir certains des outils qui permettent de lexercer et peut%&tre, mais cestune autre histoire, veiller en lautre le dsir de lentreprendre!

    Que la nature de linstruction soit d&tre une auto%construction, que le sens delinstruction soit lautonomie, voil qui nest une nouveaut ni pdagogique, nipistmologique! @n double dtour, une incursion dans lAuvre de 5laton, uneexcursion dans celle de Bhomas d6quin nous permettront de nous en assurer!

    1 La nature de linstruction : instruire, construire, gurir

    @n homme peut%il en instruire un autre en produisant en lui la science ? Belle est laquestion laquelle se propose de rpondre larticle de la question C de la Prima

    primae de la Somme tologique +D-! 5ourquoi une telle question ? /ans doute parce quil faut discuter les thories de laconnaissance qui, linstar de celle de 5laton 8la rminiscence: et d6verros 8lunicitou non%multiplication de lintellect:, impliquent une rponse ngative 0 mais aussi etcorrlativement parce quune rponse positive est loin de simposer avec videncelorsque, comme saint Bhomas, on se reprsente lintelligence comme une puissanceactive, constructive et personnelle! Quest%ce en effet que conna=tre ? 6u sens le plus large, conna=tre cest se reprsenter!Quant la reprsentation, comme son nom lindique, elle est la prsence en moi de cequi est pourtant hors de moi +E-! Boutefois ce nest videmment pas la chose elle%m&mequi est prsente dans mon esprit lorsque (e la connais, mais quelque chose qui luiressemble, une * similitude .! 'elle%ci peut &tre une image singulire de la chose 2 onest alors au niveau de la connaissance sensible, commune tous les &tres dous desensation! )ais outre le sens, facult du singulier, les hommes disposent dun intellect,facult de luniversel, qui les rend aptes la connaissance intellectuelle, capables doncdavoir de la chose une ide et pas seulement une image, capables par consquent

    datteindre sa quiddit et pas seulement tel ou tel de ses accidents extrieurs! 'onna=trepour eux nest pas seulement sentir, mais accueillir en eux la forme intelligible de lachose! "nstruire un autre homme consistera donc faire en sorte quil accueille des formesintelligibles! )ais comment cela peut%il se faire ? Fst%il possible que la forme qui rsidedans lesprit du ma=tre soit dune manire ou dune autre la cause de celle qui va na=tredans lesprit de llve ? Ft si oui, de quelle manire ? Belle est la position thomiste du

    problme! 5our penser lacte dinstruire, un premier modle est exclure, celui%l m&me qui estsuggr par la notion de * transmission des connaissances . 2 il est impossible que laforme qui est dans lesprit du ma=tre passe dans lesprit de llve! 'hacun sait, et les

    professeurs le savent mieux que les autres, quon ne perd pas son savoir en letransmettant, bien au contraire! /aint Bhomas a(oute que la science qui est dans le

    http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/educationetinstruction.htm#_ftn3%23_ftn3http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/educationetinstruction.htm#_ftn3%23_ftn3http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/educationetinstruction.htm#_ftn4%23_ftn4http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/educationetinstruction.htm#_ftn3%23_ftn3http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/educationetinstruction.htm#_ftn4%23_ftn4
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    ma=tre nest pas * numriquement parlant +G-. la m&me que celle qui est engendre dansle disciple! )ais pourquoi ? 6vant tout parce que lintelligence est personnelle 2 l est levritable en(eu de la polmique contre 6verros dont la thse, lunicit de lintellect,aboutit cette double consquence que tous les hommes ont les m&mes formesintelligibles et que le ma=tre ne peut causer dans lesprit de llve une science autre que

    celle quil possde 2 cest linnovation qui se trouve frappe dinterdit! 5ourtant laconception averroHste nest pas totalement fausse! Flle met en vidence que la scienceest une, et une la vrit 2 sil # avait plusieurs vrits, il n# aurait pas de vrit! Lorsque5ierre et 5aul comprennent que le plus court chemin dun point un autre est la lignedroite, cest bien la m&me vrit quils comprennent! )ais ceci ne vaut qu * au point devue de lunit de la chose connue +I-. 2 lunit de lob(et connu nimplique pas quil #ait unit des su(ets connaissants dans leur manire de conna=tre! 6utrement dit, il fautdistinguer le concept formel et le concept ob(ectif! Fn effet les concepts sont la foisdes in!ormations denotre pense 8nous avons tous un concept du cheval ou du trianglequi est une certaine organisation de notre intellect: et des in!ormations sur quelquechose 8les concepts visent des ob(ets:! Le concept formel est ce qui vise, le concept

    ob(ectif est le visdu concept formel, son contenu! 1r nous avons tous des conceptsformels diffrents parce que, contrairement ce que soutient 6verros, nous avons tousdes intellects diffrents! 6insi nos concepts formels sont individuels et singuliers, situset dats 2 mon concept du cheval ou du triangle est n quand (e lai form et il ne mesurvivra pas! Fntre temps, il aura pu voluer au fur et mesure que (aurai progress engomtrie ou en oologie9 )ais le concept ob(ectif est, lui, universel 2 la disparition delide, plus ou moins correcte, que (e me fais du cheval naffectera en rien lide decheval! /i le vis du concept ntait pas commun, nous ne pourrions pas communiquer0nous ne pourrions pas nous comprendre en parlant du triangle ou du cheval parce quenous ne parlerions pas de la m&me chose! Lensemble des traits communs tous leschevaux et aux seuls chevaux est quelque chose dimmuable, m&me sil # a desdiffrences dans la fa4on dont les uns et les autres nous les pensons, parce que nous enavons form le concept avec des intellects divers, partir dexpriences qui ne furent

    pas les m&mes, et que demeure en notre esprit la trace de cette origine! 5arce que lintelligence est personnelle, linstruction ne saurait &tre une donation!5arce que lintelligence est active, linstruction ne peut pas davantage &tre unefabrication! * 5armi les effets drivant dun principe extrieur, crit saint Bhomas, il #en a qui drivent seulement de ce principe 2 ainsi la forme dune maison est produitedans la matire uniquement par lart de larchitecte +C-.! Fn effet la forme de la maisonne rside aucunement dans les briques qui la composent 2 elle a pour cause lart delarchitecte qui a assembl la matire selon une forme quil avait en t&te, la

    ressemblance de cette forme! Jira%t%on que le ma=tre fabrique dans lesprit de llveune forme semblable celle qui existe dans le sien ? 6rchitecte des mes, il instruiraitles autres en fa4onnant leurs esprits! )ais voil qui est encore impossible car lespritnest pas une matire quon pourrait modeler 2 * il # a dans llve un principe naturelde science, savoir lintellect agent .+K-! 'est que lintellect est la fois etindissolublement agent et patient 2 il ne peut * porter . et appliquer que les conceptsquil a lui%m&me fabriqus! 'est donc llve lui%m&me qui va devoir faire na=tre laforme! "l en rsulte que le modle adquat pour penser lenseignement est celui de lartmdical 2 il en va dinstruire comme de gurir! Le mdecin a%t%il le pouvoir de gurir lemalade ? 6 vrai dire la gurison est un de ces effets double principe 2 le malade qui

    consulte un mdecin sera guri par laction con(ointe de lart de celui%ci et de sespropres dfenses naturelles! Boutefois ces deux principes ne peuvent &tre mis sur le

    http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/educationetinstruction.htm#_ftn5%23_ftn5http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/educationetinstruction.htm#_ftn6%23_ftn6http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/educationetinstruction.htm#_ftn7%23_ftn7http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/educationetinstruction.htm#_ftn8%23_ftn8http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/educationetinstruction.htm#_ftn5%23_ftn5http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/educationetinstruction.htm#_ftn6%23_ftn6http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/educationetinstruction.htm#_ftn7%23_ftn7http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/educationetinstruction.htm#_ftn8%23_ftn8
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    m&me plan! /i en effet le malade peut gurir tout seul, sans lintervention de ce principeextrieur quest lart du mdecin 8ce qui se produit chaque fois quenrhums ou grippsnous laissons faire, comme on dit, la bonne nature:, linverse nest pas vrai 2 lart dumdecin est impuissant gurir le malade sans la collaboration active de lorganisme dece dernier! Les mdicaments quil prescrit vont stimuler les dfenses naturelles de

    lorganisme, mais il n# a que celui%ci qui puisse chasser llment pathogne! Fn cesens, on ne peut que se gurir soi%m&me, avec ventuellement laide du mdecin dontlart, en ce cas, imite la nature! 'est donc le principe intrieur qui est lagent principalet le principe extrieur lauxiliaire de cet agent principal! Bel est le rapport du ma=tre llve dans lacte dinstruire 2 * le ma=tre ne produit pasla lumire intelligible dans son disciple, ni ne lui communique directement les formesintelligibles 0 mais par son enseignement il pousse son disciple former lui%m&me par la

    puissance de son esprit les conceptions intelligibles dont le ma=tre lui propose des signesextrieurs .+-! 'est donc lintellect agent de llve qui fait lessentiel du travail! Lema=tre ne peut que laider et il le fait de deux fa4ons 2 dune part en lui proposant* quelques exemples sensibles ou semblables ou opposs, ou dautres choses

    analogues .+M-, cest%%dire en lui fournissant la matire partir de laquelle il va lui%m&me construire les formes intelligibles 0 dautre part en * fortifiant +-. sonintelligence, cest%%dire en le faisant raisonner! Jans luniversit mdivale, la facultdes arts, cest la lectio, explication par le ma=tre dun texte mmorable, qui remplit la

    premire fonction! La seconde est assure par la disputatio, non pas dispute maisdiscussion, examen exhaustif de toutes les difficults qui peuvent surgir propos dunequestion, dialogue exigeant oN lthique du ma=tre ordonnait quil ne se drobt aucune ob(ection, quelque farfelue quelle f;t, et lon devine que les coliers duO"""me sicle ntaient pas en peine den formuler 9

    2 Le sens de linstruction : instruire et dlivrer

    Quon ne puisse sinstruire que par soi%m&me et que le dialogue qui oblige chacun fonder ce quil dit soit le mo#en privilgi de cette instruction, telle tait d( la le4onde 5laton! Fn tmoigne exemplairement ce passage de l"lci#iade oN /ocrate demande son interlocuteur de lui dmontrer que ce qui est (uste nest pas tou(ours avantageux etoN celui%ci se fait tirer loreille pour satisfaire cette exigence 2

    "lci#iade2 7o#ons, parle!

    Socrate2 >ponds seulement mes questions!"lci#iade2 6h P 5oint de questions, (e ten prie, mais parle, toi, tout seul!Socrate 2 Fh bien quoi ? Bon souhait le plus ardent nest%il pas d&tre convaincu ?

    "lci#iade2 1h, oui P 6ssurment PSocrate2 Ft nest%ce pas quand tu dclareras 2 * il en est bien ainsi . que tu seras le plus

    pleinement convaincu ?"lci#iade2 "l me semble que si!Socrate2 6lors, rponds moi donc 0 et si tu napprends pas de toi%m&me que ce qui est

    (uste est avantageux, ne le crois (amais sur la foi dun autre!+

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    apporte la vrit toute faite, sur le modle agathonien! 'e que /ocrate essaie de lui fairecomprendre, cest quil n# a pas dautre mo#en daccder la connaissance que de

    penser par soi%m&me! 'e qui ne signifie videmment pas que la vrit soit individuelle,mais quon ne peut avancer vers le vrai universel quau prix dun effort personnel!

    Fn effet, si /ocrate faisait droit la requ&te d6lcibiade, celui%ci aurait une ide

    * re4ue .! @ne ide re4ue peut bien &tre vraie, elle ne fait pas pour autant la science decelui qui, la#ant re4ue de lextrieur sans lassimiler, sans se lapproprier, sans la fairesienne, ne sera pas capable de la lgitimer, cest%%dire de la fonder dans sa vrit! e

    peux bien rpter un propos sorti de la bouche de quelquun dont (e reconnais lautorit8homme de Jieu, homme de loi, homme de science, ou encore /ocrate soi%m&me: et ce

    propos peut bien &tre vrai 2 ne sachant pas pourquoi et en quoi il est vrai, (e ne sais rien,de sorte que, face au premier beau parleur venu, habile homme qui me persuadera ducontraire, (e naurai plus qu changer dopinion, cest%%dire troquer une ide re4uecontre une autre ide re4ue! 1n ne possde que les ides quon forme soi%m&me! 1r nos penses sont dabord et invitablement des ides re4ues! 'e que nous prenonsspontanment pour des penses personnelles sont la plupart du temps des opinions

    communes qui traduisent notre htronomie, des ides qui sont en noussans pour autant&tre n$tres, penses que nous navons pas penses, mais que nous a imposes laviolence dautrui 8largument dautorit, la propagande, les divers conditionnementssociaux:, ou, plus subtile et secrte, mais non moins redoutable, la violence intrieure denos dsirs, de nos passions, de nos intr&ts! Rardons nos pr(ugs, disait Sarrs, ils noustiennent chaud P 1n comprend ds lors quel est le sens de linstruction socratique 2 cest une entreprisede libration, ou mieux encore de dlivrance, aux deux sens de ce terme! /on premiermoment, lironie, cette interrogation qu6lcibiade tente desquiver, vise nous librerde nos pr(ugs, de nos ides toutes faites, faire table rase de ces ides re4ues qui nousemp&chent de penser! 'et art tait d( celui du /ophiste auquel ltranger accorde,dans le dialogue du m&me nom, quil est un * purificateur des opinions qui font obstacle la science dans lme .+D-! )ais lironie socratique nest ni gratuite, ni strile, ni

    purement et simplement dvastatrice 2 elle re4oit son sens de ce dont elle est lacondition, la maHeutique, lart daccoucher les esprits de la vrit qui g=t au fond deux%m&mes, lart par consquent de faire en sorte que lautre pense par lui%m&me et quildevienne lui%m&me enfin en pensant par lui%m&me, cest%%dire en pensant librement! e

    pense librement, en effet, quand (e peux fonder sur la raison et sur elle seule ce que (edis! 6lors, soumis la seule raison, (e suis libre parce que libr de la puissance desautres et de mes propres passions! L encore cest une comparaison mdicale, 5laton aussi les affectionne, qui simpose

    pour clairer lart dinstruire 2 de m&me que le mdecin ne peut quaider le malade gurir en stimulant les dfenses naturelles de son organisme, de m&me la sage%femme nepeut quaider la parturiente accoucher, non faire le travail sa place! "nstruire consiste donc librer lautre en laidant penser par lui%m&me et, ce faisant, construire une connaissance vraie qui sera en m&me temps une vraie connaissance,

    parce que ce sera une connaissance que son auteur, pas son simple possesseur, seracapable de fonder! /i telle est bien la vritable nature de lacte dinstruire, on comprendra enfin quendpit dune fcheuse homon#mie particulire la langue fran4aise, le rapport du ma=tre llve soit diamtralement oppos au rapport du ma=tre lesclave! 'elui%ci est unrapport de domination et de dpendance rciproque 2 asservissant lesclave pour

    satisfaire ses propres intr&ts, le ma=tre se rend par l m&me dpendant de lesclave quilasservit! Jans le premier cas, au contraire, cest le ma=tre qui se fait le serviteur de son

    http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/educationetinstruction.htm#_ftn13%23_ftn13http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/educationetinstruction.htm#_ftn13%23_ftn13
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    lve (usqu ce que, pensant par lui%m&me, llve puisse se passer du ma=tre, renduautonome et libre!

    B Education et libert

    1n peut voir dsormais comment linstruction et lducation se re(oignent dans leurfinalit la plus haute qui est de rendre libre! duquer cest lever, comme nouslenseigne aussi lt#mologie! 'ertes educatio se rapporte dabord llevage desanimaux 2 lever signifie alors nourrir ou engraisser! Le rapport entre lleveur etlanimal lev sapparente alors celui du ma=tre et de lesclave puisque, dans les deuxcas, le second est un simple mo#en au service des intr&ts du premier! 6u contraire,lever un enfant cest le faire grandir, non pour lutiliser, mais pour quil puisse se

    passer de ses ducateurs et devenir autonome, cest%%dire se donner lui%m&me la loi! 'est pourquoi lducation ne peut consister donner lenfant des habitudes grce

    auxquelles il serait adapt des situations sociales prdtermines! /i ctait le cas, ellene se distinguerait pas du dressage qui consiste crer des rflexes conditionnels dont ledclenchement est utile non lanimal lui%m&me, mais ceux qui le dressent, et qui necontinueront se dclencher que sils sont entretenus 2 par oN lanimal dress demeuredoublement htronome! Lhomme, selon la fameuse formule de Tant, est le seul animal qui ait besoindducation parce quil est le seul animal qui nait pas dinstinct, cest%%dire qui ne soit

    pas dtermin par la seule nature &tre ce quil est 2 * @n animal est par son instinctm&me tout ce quil peut &tre 0 une raison trangre a pris par avance pour lui tous lessoins indispensables! )ais lhomme a besoin de sa propre raison! "l na pasdinstinct9 .+E-! Lhomme a besoin dducation parce quil a besoin de sa propreraison et parce quil est seulement raisonna#le, cest%%dire capable de raison 2 raison en

    puissance, non raison pleinement actualise! duquer consistera donc faire passercette puissance lacte! /ans doute lducation comporte%t%elle un premier moment qui semble lapparenter audressage! 'e premier moment, purement ngatif, est ce que Tant appelle la* discipline . et qui consiste * emp&cher que ce quil # a danimal en eux 8leshommes: ntouffe ce quil # a dhumain 89:! La discipline consiste donc simplement les dpouiller de leur sauvagerie +G-.! )ais il ne sagit pas seulement de combattreune passion 8lavidit: par une autre passion 8la peur, par exemple: 2 lanimal dressnest pas * lev., mais dtermin par laction humaine autrement quil ne ltait

    primitivement par la nature! 5our lever lenfant, cest%%dire pour faire na=tre lhommeen lui, il ne faut pas substituer une dtermination sociale une dtermination naturelle,mais proposer sa libert les valeurs qui fondent la possibilit dune vie humaine,valeurs quil pourra choisir dautant plus librement quelles sont * celles qui sontncessairement approuves par chacun, et qui peuvent &tre en m&me temps des fins pourchacun +I-.! Je telles fins, ncessaires et universelles, ne peuvent &tre que celles de laraison, donc les siennes, de telle sorte quen les choisissant, cest lui%m&me quilchoisira, cest lui%m&me quil dcidera d&tre fidle! )ais un tel choix, une telledcision, nul dressage ne saurait le contraindre pour lvidente raison quil seraitcontradictoire de contraindre une libert! duquer consiste donc conduire de la nature la libert! 'est guider lenfant vers

    cette ma=trise de soi qui lui permet de devenir lui%m&me en larrachant la fois lalination naturelle et lalination sociale 2 lalination sociale puisquen

    http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/educationetinstruction.htm#_ftn14%23_ftn14http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/educationetinstruction.htm#_ftn15%23_ftn15http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/educationetinstruction.htm#_ftn16%23_ftn16http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/educationetinstruction.htm#_ftn16%23_ftn16http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/educationetinstruction.htm#_ftn14%23_ftn14http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/educationetinstruction.htm#_ftn15%23_ftn15http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/educationetinstruction.htm#_ftn16%23_ftn16
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    lduquant on le rend capable de se passer dducateurs, autonome et indpendant desautres 0 lalination naturelle puisquon laide aussi sarracher la servitude de ses

    propres passions et se gouverner lui%m&me en choisissant librement la raison, ralisantainsi sa destination thique!

    II. La distinction de l'ducation et de l'instruction

    Loin donc de se contredire ou de sexclure, le pro(et dinstruire et celui dduquer sere(oignent en profondeur! 'ependant notre question initiale, celle de la fin de lcole,nen est pas pour autant rsolue! "nstruire ou duquer, cest tou(ours librer! Quant lcole on conviendra sans doute quelle doit &tre libratrice! )ais doit%elle librer enduquant ou en instruisant ? Flle doit videmment faire les deux! "l serait tout aussi absurde de lui interdiredduquer que de dnier la famille le droit dinstruire, quand elle le peut! 6ucun pre,aucune mre ne refusera, si cest en son pouvoir, dexpliquer son enfant un thormede gomtrie ou le sens dune locution anglaise sous prtexte que ce serait faire lcole une concurrence dlo#ale9 >ciproquement, un professeur qui invite un lve rfrner ses passions afin de respecter une de ces rgles qui rendent possible la vie encommun nest pas seulement dans son droit 2 il fait son devoir! La vritable question est donc de savoir quelle est la mission essentielle de lcole! Fndautres termes, il sagit de savoir si la tradition qui confie lducation la famille etlinstruction lcole est fonde en raison! La famille peut%elle instruire ? Flle le peut accidentellement, comme on la vu plushaut, mais sa nature m&me ne la prdispose aucunement accomplir cette tche, bien au

    contraire 2 * Les parents, crit 6lain, instruisent asse mal leurs enfants, quand ilsveulent sen m&ler! ai vu un bon pre, qui tait aussi un bon violoniste, tomber dansdes accs de colre ridicule, et enfin remettre son fils quelque professeur moins

    passionn! Lamour est sans patience! 5eut%&tre il espre trop 0 peut%&tre la moindrengligence lui appara=t%elle comme une sorte dinsulte +C-.! 'e que la famille fait mal, peu prs invitablement, parce que les liens du cAur suscitent des exigences quicontrarient les dmarches de lesprit, lcole peut le raliser parce que, loin d&tre unegrande famille, elle est, comme Uegel lavait bien vu, la transition entre les liensfamiliaux, troits et chaleureux, rassurants mais touffants, et les liens sociaux et

    politiques, plus froids, plus lointains, plus abstraits 2 * lcole se situe, en effet, entre lafamille et le monde effectif et constitue le mo#en terme, assurant la liaison du passage

    de celle%l en celui%ci +K-.!>este savoir si lcole doit duquer! 'est ici quil faut indiquer ce qui distinguelducation de linstruction! 'elle%ci sadresse exclusivement lesprit quelle vise former par lacquisition des savoirs et le libre exercice du (ugement 0 celle%l sadresse l&tre tout entier 3 non seulement raison, mais sensibilit, affectivit, sexualit, sensmoral, sens civique 3 quelle appelle spanouir, se raliser, en conformant saconduite, tant prive que publique, des valeurs! Lcole a%t%elle le devoir daccomplir cette tche ? Flle ne peut en avoir le devoir quesi elle en a dune part le pouvoir, dautre part le droit! 'est ce quil sagit dexaminer

    prsent!

    A Le pouvoir dduquer : ducation et totalit

    http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/educationetinstruction.htm#_ftn17%23_ftn17http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/educationetinstruction.htm#_ftn18%23_ftn18http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/educationetinstruction.htm#_ftn17%23_ftn17http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/educationetinstruction.htm#_ftn18%23_ftn18
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    Lducation concerne lhomme total dont elle veut lpanouissement intgral! /elonlexpression de ean%'laude )ilner, elle est le * processus par lequel un su(et est censsaccomplir entirement 2 une perfection absolue dans tous les domaines importants+-.! 'onfier lcole le ministre de ce processus, cest lui assigner une tche lafois infinie et indfinie! @ne tche infinie, cest une mission impossible 2 face elle,

    lcole risque de se retrouver comme le cro#ant devant la loi divine au regard delaquelle nul nest (uste +appelons donc ce que signifie duquer 2veiller lhomme en lenfant en lui proposant dadhrer librement aux valeurs quifondent la vie humaine et qui sont des fins * ncessairement approuves par chacun et

    qui peuvent &tre en m&me temps des fins pour chacun +

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    &tre quune morale universellement valable, cest%%dire une morale fonde sur la seuleraison! La seconde exigence dcoule de la premire! /i les valeurs que lducation scolaire

    peut lgitimement proposer sont fondes sur la seule raison, elles doivent &tre proposes la raison et elle seule 2 cela nexclut pas seulement quon leur donne un fondement

    religieux, mais encore quon cherche les imposer en faisant appel aux sentiments ouen suscitant des motions! Le dbat nest pas nouveau! 1n sait quil opposa 'ondorcet ceux de sescontemporains qui, tels >abaut /aint%tienne ou Le 5eletier de /aint%Vargeau, prfrentlducation nationale linstruction publique dans les pro(ets rvolutionnaires quils

    prsentent partir de C! 'ondorcet, comme le rappelle opportunment 'atherineTintler, nexclut pas toute ducation de linstruction publique 2 il admet unenseignement de la morale naturelle fond sur la raison +

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    expliquer des enfants quil ne faut ni tuer ni voler excderait les pouvoirs de la raisonet exigerait qu lexercice de celle%ci on substitut linvocation de la transcendance ? /ila part irrductible de transcendance que recle la loi morale ne dsigne pas latranscendance de la raison par rapport la nature, sil sagit dun principe extrieur etsuprieur la raison humaine, on voit mal ce que ce pourrait &tre dautre que le 7erbe

    divin 2 faut%il alors, fondant la morale sur la religion, expliquer aux lves des* banlieues . que sil ne faut ni tuer ni voler, cest parce que la volont de Jieu s#oppose ? 1utre que lusage dun tel argument semble difficilement compatible avec lesexigences de la laHcit, f;t%elle * ouverte ., on peut douter quil savre duneredoutable efficacit auprs de ceux auxquels il sadresserait9

    @n peu plus loin, les auteurs d&ser duquersen prennent nouveau * ceux quiprtendent que lcole ne doit pas ou plus duquer, qui prtendent fonder lcole dedemain sur la seule raison par linstruction . et ils proclament 2 * Les savoirs et lessavoir%faire ne peuvent suffire construire la cohsion sociale! Le sens moral,ladhsion des valeurs partages et les qualits de cAur sont tout autant ncessairesque la raison pour refonder sans cesse, gnration aprs gnration, une socit solidaire

    et fraternelle .! 6prs la transcendance, voil le cAur, les bons sentiments etlenthousiasme fdrateur qui sont convoqus pour suppler la raison dfaillante 2 de'ondorcet 5hilippe )eirieu, et retour >abaut /aint%Ftienne P "l est vrai quun peu

    plus haut la raison avait t un court instant rtablie dans ses droits puisquon pouvaitlire 2 * Jans notre tradition qui est celle des Lumires, cest par lducation 3 et non parle sang de la race ou le sol de la mre%patrie 3 que se transmet lidentit nationale, etcest par un mouvement de la raison que lon choisit dadhrer aux valeurs qui lafondent .! "ncohrence peut%&tre imputable ce quil sagit dun texte crit cinqmains, ce qui tendrait prouver que le travail dquipe na pas toutes les vertus quonlui pr&te9

    "l sagissait de savoir si la fin de lcole tait dduquer ou dinstruire! Je ce quiprcde on sera en droit de dduire que, m&me si cette double responsabilit luiincombe, il importe de lui reconna=tre au premier chef la charge dinstruire! June part

    parce quelle doit dabord assumer la tche quelle seule est capable daccomplir et quenulle autre institution naccomplira sa place si elle la nglige! )ais aussi et plus

    profondment peut%&tre parce que, sil est possible dduquer sans instruire, ce que desgnrations de parents illettrs ont fait, linverse nest pas vrai 2 il # a dans linstructioncomprise en sa vrit une dimension ducative! Lcole qui instruit est en effet le lieu

    oN les esprits apprennent se librer de toutes les puissances et de toutes les contraintesen se soumettant librement la seule puissance de la raison et la seule contrainte de lavrit 2 quoi de plus ducatif que de saccoutumer subordonner ses passions, sesdsirs, ses intr&ts, ses pr(ugs, toutes ces penses qui nous flattent ou nous arrangent, lexigence du vrai ? Ft celle%ci nest%elle pas la valeur qui fonde toutes les autres ?Jissocie de lide de vrit, la distinction du bien et du mal se rduit celle de lutileet du nuisible, de ce qui est momentanment avantageux ou dsavantageux, voil ce quenous savons depuis vingt%cinq sicles! /ur quoi les hommes, par%del leurs singularitset leurs diffrences, pourraient%ils bien saccorder si ce nest sur ce qui vautindpendamment de la singularit de chacun, cest%%dire sur ce que tous peuvent, lhorion de leur rflexion, reconna=tre comme vrai ? Le principe vrai dune

    communaut fraternelle, cest lgalit des uns et des autres devant la vrit, que nul ne

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    possde, mais aux exigences de laquelle tous sont disposs, si lcole les # dispose, sesoumettre!

    Andr Perrin

    +-acques )uglioni,'nstruction et ducation in 6ctes du 'olloque de /vres,Pilosopie colemme com#at, 5aris, 5resses @niversitaires, KE, p! ponse!+-'#id!+

    !

    http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/educationetinstruction.htm#_ftnref1%23_ftnref1http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/educationetinstruction.htm#_ftnref2%23_ftnref2http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/educationetinstruction.htm#_ftnref3%23_ftnref3http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/educationetinstruction.htm#_ftnref4%23_ftnref4http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/educationetinstruction.htm#_ftnref5%23_ftnref5http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/educationetinstruction.htm#_ftnref6%23_ftnref6http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/educationetinstruction.htm#_ftnref7%23_ftnref7http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/educationetinstruction.htm#_ftnref8%23_ftnref8http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/educationetinstruction.htm#_ftnref9%23_ftnref9http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/educationetinstruction.htm#_ftnref10%23_ftnref10http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/educationetinstruction.htm#_ftnref11%23_ftnref11http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/educationetinstruction.htm#_ftnref11%23_ftnref11http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/educationetinstruction.htm#_ftnref12%23_ftnref12http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/educationetinstruction.htm#_ftnref13%23_ftnref13http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/educationetinstruction.htm#_ftnref14%23_ftnref14http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/educationetinstruction.htm#_ftnref15%23_ftnref15http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/educationetinstruction.htm#_ftnref16%23_ftnref16http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/educationetinstruction.htm#_ftnref17%23_ftnref17http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/educationetinstruction.htm#_ftnref18%23_ftnref18http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/educationetinstruction.htm#_ftnref19%23_ftnref19http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/educationetinstruction.htm#_ftnref20%23_ftnref20http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/educationetinstruction.htm#_ftnref21%23_ftnref21http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/educationetinstruction.htm#_ftnref22%23_ftnref22http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/educationetinstruction.htm#_ftnref23%23_ftnref23http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/educationetinstruction.htm#_ftnref24%23_ftnref24http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/educationetinstruction.htm#_ftnref25%23_ftnref25http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/educationetinstruction.htm#_ftnref26%23_ftnref26http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/educationetinstruction.htm#_ftnref1%23_ftnref1http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/educationetinstruction.htm#_ftnref2%23_ftnref2http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/educationetinstruction.htm#_ftnref3%23_ftnref3http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/educationetinstruction.htm#_ftnref4%23_ftnref4http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/educationetinstruction.htm#_ftnref5%23_ftnref5http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/educationetinstruction.htm#_ftnref6%23_ftnref6http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/educationetinstruction.htm#_ftnref7%23_ftnref7http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/educationetinstruction.htm#_ftnref8%23_ftnref8http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/educationetinstruction.htm#_ftnref9%23_ftnref9http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/educationetinstruction.htm#_ftnref10%23_ftnref10http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/educationetinstruction.htm#_ftnref11%23_ftnref11http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/educationetinstruction.htm#_ftnref12%23_ftnref12http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/educationetinstruction.htm#_ftnref13%23_ftnref13http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/educationetinstruction.htm#_ftnref14%23_ftnref14http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/educationetinstruction.htm#_ftnref15%23_ftnref15http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/educationetinstruction.htm#_ftnref16%23_ftnref16http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/educationetinstruction.htm#_ftnref17%23_ftnref17http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/educationetinstruction.htm#_ftnref18%23_ftnref18http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/educationetinstruction.htm#_ftnref19%23_ftnref19http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/educationetinstruction.htm#_ftnref20%23_ftnref20http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/educationetinstruction.htm#_ftnref21%23_ftnref21http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/educationetinstruction.htm#_ftnref22%23_ftnref22http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/educationetinstruction.htm#_ftnref23%23_ftnref23http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/educationetinstruction.htm#_ftnref24%23_ftnref24http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/educationetinstruction.htm#_ftnref25%23_ftnref25http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Per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