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Eduquer pour l'avenir Éducation pour les enfants de pays touchés par des conflits

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L’International Save the Children Alliance est l’organisationindépendante pour les droits de l’enfant dans le monde avec desmembres dans 28 pays et des programmes opérant dans plus de 100pays. Nous avons pour mission la défense des droits de l’enfant ainsique l’amélioration durable des conditions de vie des enfants dumonde.

Vision

Save the Children vise à instaurer un monde:• où les enfants sont appréciés et respectés, • à l’écoute des enfants et de ce qu’ils ont à nous apprendre,• qui offre aux enfants de l’espoir et des perspectives d’avenir.

Mission

Aide à l’enfance a pour mission la défense des droits de l’enfant ainsique l’amélioration immédiate et durable des conditions de vie desenfants du monde.

Publié parInternational Save the Children Alliance Cambridge HouseCambridge GroveLondres W6 0LEGB

Première édition 20066

© International Save the Children Alliance 2006

Organisme de bienfaisance enregistré No 10768220

Cette publication est protégée par le droit d'auteur; toutefois, elle peut être reproduite parn'importe quel moyen, gratuitement et sans en avoir obtenu au préalable la permission, aux finsde l'enseignement, mais non pour la revente. Dans tous les autres cas, il faut auparavant obtenirla permission écrite de l'éditeur et des droits pourront alors être exigés.

Composition par Grasshopper Design Company

Photo de la couverture: Angelina, 13 ans, avec l’agente d’éducation d’Aide à l’enfance, NyanjurBilal, à une école appuyée par Aide à l’enfance au camp pour IDP Mayo, au nord du Soudan.(Felicia Webb)

Imprimé par Park Communications Limited

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Abréviations iv

Avant-propos v

Introduction 1

1 Les répercussions des conflits sur les enfants et sur leur éducation 5

2 Pourquoi nous devons relever le défi 11

3 Relever le défi – c’est possible 17

4 Combler les manques de financement 25

5 Eduquer de l’avenir - recommandations 33

Notes de fin 37

Table des matières

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APD Aide publique au développement

BCHA Bureau de la coordination des affaires humanitaires (ONU)

CAD Comité d’aide au développement

CSLP Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté

DFID Department for International Development (GB)

EDPF Education Program Development Fund

EFTC États fragiles touches par des conflits

EPT Éducation pour tous

FTS Services de surveillance financière

ITA Initiative de traitement accéléré

IDP Personne déplacée

OMD Les objectifs du Millénaire pour le développement

ONG Organisation non gouvernementale

ONU Organisation des Nations Unies

PAG Processus d’appel global

PIB Produit intérieur brut

PNB Produit national brut

RDC République démocratique du Congo

RIEU Réseau interagences d’éducation d’urgence

SWAP Approche sectorielle

UNESCO Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture

Abréviations

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Aucun enfant ne devrait payer le prix pour les guerres des adultes, mais c’est de plus enplus le cas. Des millions d’enfants sont tués, des millions d’autres sont blessés et desmillions encore passent toute leur enfance dans les camps et d’autres abris temporaires.Les enfants ne peuvent pas attendre que les conflits cessent avant que nous commencionsà répondre à leurs besoins en éducation.

C’est honteux qu’en 2006, il y ait encore 115 millions d’enfants partout dans le mondequi se voient refuser leur droit à l’enseignement primaire. Il est encore plus perturbantqu’un tiers de ces enfants ne va pas à l’école en raison des répercussions des conflits. Sanséducation et sans protection, on leur refuse leur enfance et leur espoir pour l’avenir.

L’éducation joue un rôle essentiel pour le soutien des générations à venir. Tout enpermettant le développement individuel, elle contribue également au développementéconomique et social. C’est notre responsabilité à tous de nous assurer que tous lesenfants ont accès à l’éducation. Une attention particulière doit être mise afin depromouvoir l’éducation pour les filles. Nous devons également favoriser ledéveloppement des programmes de formation en éducation afin de promouvoirl’ouverture, la pensée critique et la créativité.

Les chances d’épanouissement des générations à venir dépendent des façons dont noustraitons les problèmes contemporains. Nous félicitons Aide à l’enfance qui gère le défi dechanger l’avenir pour des millions d’enfants qui ne reçoivent pas d’éducation parce qu’ilsvivent dans des pays touchés par des conflits.

Jan Eliasson Haya Rashed Al KhalifaPrésident de la 60e session de Présidente de la 61e session de l’Assemblée générale des Nations Unies l’Assemblée générale des Nations Unies

Avant-propos

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“Je rêve d’un pays qui n’est pas en guerre”

Mirwais, 14 ans,Afghanistan

Karin Beate N

østerud/Save the Children

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1

Aujourd’hui, 115 millions d’enfants qui devraient être à l’école primaire ne le sont pas. Celareprésente un pourcentage incroyable de 18 p. 100 des enfants en âge d’aller à l’écoleprimaire. Ces enfants n’ont pas droit à l’éducation, à une chance égale dans la vie, à avoiraccès à des compétences et à des connaissances et au chemin vers une vie meilleure pour euxet pour leur pays. Chaque jour, ces enfants font face à une vie caractérisée par les difficultéset le travail, et à une vision sombre de leur avenir.

Divers facteurs empêchent ces enfants d’aller à l’école, mais l’un de plus gros obstacles, et leplus difficile à surmonter, sont les conflits. En plus de tuer et de blesser des millionsd’enfants, les conflits perturbent la vie normale, forcent des millions de familles à fuir leurmaison, séparent des enfants de leur famille et réduisent les écoles à des ruines. Aide àl’enfance a calculé que, des 115 millions d’enfants en âge d’aller à l’école primaire qui n’yvont pas, au moins 43 millions (1 sur 3) vivent dans des États fragiles touchés par desconflits armés.1

Dans les situations de conflits, les systèmes tendent à s’arrêter. La réponse traditionnelle dela collectivité internationale est de mettre en œuvre une intervention d’urgence ciblant l’aided’urgence telle que les abris, la nourriture, l’eau, les installations sanitaires et les soins desanté. L’éducation est souvent laissée pour compte dans les interventions d’urgence, que cesoit en situation de catastrophes naturelles ou de conflits. Quand des signes de normalitéapparaissent, et que l’intervention internationale commence à mettre l’accent sur undéveloppement à plus long terme, on donne une priorité accrue à l’éducation, et on laconsidère comme élément clé afin d’aider le pays à retrouver une stabilité.

Le problème avec cette approche est que le monde et ses conflits ne suivent pas un chemindéfini et linéaire. Les pays entrent en conflit et en émergent, passent des états d’urgence auxétapes de développement, comme nous l’avons vu récemment au Timor Leste et au SriLanka. Les enfants passent toute leur enfance dans une situation d’urgence, recevant, aumieux, seulement une aide d’urgence, tel qu’en Somalie et dans des parties de la Républiquedémocratique du Congo (RCD). Jusqu’à ce que l’on juge qu’un pays est entré dans l’étapede développement, il est possible qu’il n’y ait plus de fondations sur lesquelles bâtir. Parexemple, au nord du Soudan, il y a peu d’écoles, un programme de formation incomplet,un besoin criant de professeurs formés et aucun système scolaire en place.

Aide à l’enfance a été créé à la fin de la Première Guerre mondiale afin de répondre auxbesoins d’enfants souffrant à la suite de la guerre, des deux côtés des belligérants. Elle a éténommée la guerre pour arrêter toutes les guerres, mais près d’un siècle plus tard, le mondeest déchiré par les conflits. La différence la plus terrifiante est qu’aujourd’hui, la majorité desvictimes sont des civils, et non des soldats, et ceux laissés dans la misère sont les enfants. Lemonde a gravement manqué à ses devoirs envers ces enfants, les laissant sans éducation etsans espoir ou perspective d’avenir, dans certains cas, pour des générations.

Introduction

Un enfant sur trois en âged’aller à l’école primairenon scolarisé vit dans unÉtat fragile touché par des conflits.

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EDUQUER POUR L 'AVENIR

L’éducation est reconnue comme un droit fondamental pour chacun des enfants, peuimporte les circonstances. Par contre, au rythme où les progrès sont réalisés, même sil’on respecte les promesses, l’objectif de l’éducation primaire universelle d’ici 2015 nesera pas atteint. C’est parce que les enjeux liés aux conflits, ou des solutions proposéesafin d’éduquer les enfants touchés par les conflits, brillent par leur absence dans lesdocuments de planification de l’enseignement, des conférences internationales surl’enseignement et des débats à propos de l’éducation pour tous. Des mesures urgenteset efficaces doivent être prises si l’on veut atteindre Les objectifs du Millénaire pour ledéveloppement (OMD) en éducation et les objectifs d’« éducation pour tous » adoptéspar le Forum mondial sur l’éducation à Dakar en 2000.

À moins que les enfants touchés par les conflits soient protégés et éduqués, leur aveniret l’avenir de leur pays sont sérieusement mis en péril. Mais, le monde serait meilleurpour tous si tous les enfants recevaient une éducation et avaient une chance égale dansla vie. C’est la raison pour laquelle 28 organisations de l’International Save theChildren Alliance du monde entier ont uni leurs forces afin de changer l’avenir pourdes millions d’enfants qui n’ont pas droit à une éducation parce que leur pays est enconflit, et que la collectivité internationale manque à ses devoirs envers eux.

Nous collaborerons avec des enfants et leur collectivité afin d’envoyer à l’école troismillions d’enfants non scolarisés d’ici 2010 et d’améliorer la qualité de l’enseignementpour un total de huit millions d’enfants. Nous faisons également appel à la collectivitéinternationale et aux gouvernements nationaux afin de nous assurer que les 43 millionsd’enfants de pays touchés par des conflits reçoivent l’éducation de qualité à laquelle ilsont droit.

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“Nous en avions assez de leurs attaques et de la guerre. Des

enfants sont morts. Des parents sont morts. Il n’y avait pas

d’école. Tout allait mal et était en chaos.”

Sifa*, 15 ans, République démocratique du Congo*nom fictif

Anna K

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Depuis 1990, 90 p. 100 des décès liés aux conflits armés ont été des civils, et 80 p. 100d’entre eux étaient des enfants et des femmes.2 Au cours de la dernière décennie, deuxmillions d’enfants ont été tués dans des conflits armés. Trois fois plus ont été gravementblessés ou handicapés de façon permanente.3 Des millions d’autres ont été forcés d’êtretémoins d’actes de violence terrifiants ou d’y participer.4 Dans des situations de conflits,les enfants sont souvent séparés de leur famille, déplacés ou abandonnés, et sontsouvent à risque d’être recrutés dans les forces armées. La grande majorité des conflitsarmés comprend l’utilisation d’enfants combattants âgés de moins de 18 ans.5 En 2003,plus de la moitié des conflits armés utilisaient des combattants de moins de 15 ans.6 Enraison de la division des familles et de l’effondrement des structures communautaires,les enfants sont également vulnérables à l’exploitation sexuelle et au trafic, et unnombre beaucoup plus élevé que la normale est forcé de travailler afin de soutenir leur famille.

Les 19 conflits enregistrés comme conflits armés importants en 2004 ont été classéscomme conflits intraétatiques.7 Par contre, dans un contexte de mondialisation, lesconflits intraétatiques sont de plus en plus de nature et d’effets internationaux. Laplupart sont des conflits prolongés. Seulement trois, ceux en Irak, au Darfour (Soudan)et ceux contre al-Qaida, durent depuis moins de dix ans.

Même si, à l’échelle mondiale, le nombre de réfugiés est descendu à 8,4 millions8, lenombre de personnes déplacées a augmenté. En 2005, 24 millions de personnesvivaient dans des camps pour personnes déplacées ou des abris temporaires dans leurpropre pays.9 Depuis, beaucoup de personnes sont déplacées pour des années; on peutdifficilement qualifier de « temporaire » le déplacement de millions d’enfants quigrandissent dans les conflits.

Aide à l’enfance a ciblé un groupe de pays fragiles et touchés par des conflits (voir lacarte ci-contre). De ces 30 pays, il y en a actuellement 18 où des combats ont lieu.Ensemble, ils représentent 13 p. 100 de la population mondiale et comprennent lespays les moins susceptibles d’atteindre un enseignement primaire universel.

Absentéisme scolaireAujourd’hui, 43 millions d’enfants sont non scolarisés dans les États fragiles touchés pardes conflits. Au moment où les enfants tireraient le plus avantage de la structure, desperspectives, de l’espoir, de la protection, des compétences et des choix offerts parl’éducation, il est très probable qu’ils en seront privés. Lorsque l’éducation est nécessaireafin de briser le cycle de la pauvreté, de la destruction et des conflits, c’est à ce momentqu’elle est le moins accessible. Par exemple, plus de cinq millions d’enfants en âged’aller à l’école primaire (de 6 à 11 ans) sont non scolarisés dans la Républiquedémocratique du Congo (RDC), et plus de six millions d’adolescents de 12 à 17 ans nesont jamais allés à l’école.10 Au Darfour, dans le nord du Soudan, seulement 39 p. 100des enfants en âge d’aller à l’école primaire sont inscrits à l’école.11

Les répercussions des conflits surles enfants et sur leur éducation

1

« Au cours de laPremière Guerremondiale, les civils ontcompté pour 5 p. 100des victimes. Au cours dela Deuxième Guerremondiale, ces chiffres ontatteint 48 p. 100.Aujourd’hui, jusqu’à 90 p.100 des victimes sontdes civils, dont un nombrecroissant sont desfemmes et des enfants. »Olara Otunnu, Représentantespéciale des Nations Uniespour les Enfants et les conflits armés1

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EDUQUER POUR L 'AVENIR

Comme il faut s’y attendre, les familles ne veulent pas nécessairement envoyer leurs enfants à l’écoles’il y a des risques d’une attaque armée, d’enlèvement ou de recrutement par les milices. Au Népal,entre janvier et août 2005, plus de 11 800 élèves ont été enlevés d’écoles rurales pour unendoctrinement ou un recrutement forcé dans la milice.12 Les enseignants sont également souventune cible étant donné qu’ils sont considérés comme des membres importants de la collectivité etdes employés du gouvernement. Beaucoup sont tués ou fuient afin d’échapper à la violence. Parconséquent, il y a souvent un manque d’enseignants qualifiés. Les nouveaux enseignants, nonqualifiés, amenés afin de combler les manques sont souvent non rémunérés et non qualifiés. EnAfghanistan, la plupart des enseignants qualifiés ont fui afin d’échapper aux conflits. Maintenant,un peu moins de 15 p. 100 des enseignants ont des qualifications professionnelles.13 En Ouganda,jusqu’à 46 p. 100 des enseignants ne sont pas qualifiés, mais doivent gérer des classes allant jusqu’à200 élèves.14

Les écoles sont détruites ou réquisitionnées par les forces armées et utilisées comme abri pour lespersonnes qui ont fui ou ont perdu leur maison. Au Libéria, environ 80 p. 100 des écoles ont étédétruites pendant la guerre civile de 1989 à 1997, et la guerre de 2004 a entraîné d’autresdommages.15 Au Népal, les rebelles maoïstes et les forces du gouvernement ont utilisé les écolescomme champs clos et ont également réquisitionné les écoles afin de les utiliser commecasernements et à d’autres fins.16

Comme les enfants de pays touchés par les conflits n’ont pas la possibilité d’aller à l’école avantd’être plus âgés, il y a souvent une population scolaire au-dessus de la moyenne. Au Libéria, après14 ans de conflits, on estime que 60 p. 100 des élèves de l’école primaire sont surâgés.17 Cela peutmener à des taux d’abandon accrus, surtout s’il n’y a aucune perspective d’études ou de formationpostprimaires, étant donné que les enfants plus âgés doivent consacrer leur temps à d’autresresponsabilités. Cela décourage également les familles d’envoyer leurs enfants plus jeunes à l’école,surtout leurs filles, s’il y a des garçons surâgés à l’école.

Comme dans les situations où il n’y a pas de conflit, l’accès à l’éducation pour les filles est unproblème plus grave. Les mentalités culturelles traditionnelles peuvent désapprouver ou dévaloriserl’éducation des filles, alors elles sont plus susceptibles d’être gardées à la maison afin de s’occuper deleurs plus jeunes frères et sœurs et d’effectuer les tâches ménagères. Il existe également un risque deharcèlement sexuel, lors du trajet vers l’école ou par d’enseignants ou d’élèves mâles quand elles sontà l’école. Les filles risquent d’être enlevées par des groupes armés et forcées de devenir les « épouses »des combattants, menant à des grossesses non voulues et à une infection au VIH.

Plus le conflit se prolonge, plus il devient difficile de maintenir un financement et un soutienadministratif pour l’éducation. L’échec partiel ou total de la gestion et de l’administration del’enseignement signifie que le matériel et les salaires des enseignants n’arrivent pas à l’école danscertaines régions ou dans la majorité du pays. Il devient de plus en plus difficile de procéder auxexamens de fin d’études à l’échelle nationale, ce qui entraîne des années d’études incomplètes ounon accréditées. La guerre et les mesures anti-insurrectionnelles engloutissent un montant de plusen plus élevé des budgets du gouvernement, laissant moins de fonds pour l’éducation et touchanttout le système. Les moyens de subsistance sont touchés, les revenus sont moins assurés et le soutiendes enfants à la famille est de plus en plus urgent. Il devient alors plus difficile pour les enfants d’êtreprésents dans un système scolaire, même quand il en existe un.

Les conflits, en particulier ceux qui se prolongent, touchent inévitablement la qualité del’enseignement, et une mauvaise qualité reste l’une des principales raisons pour laquelle les enfants

Comme dans lessituations où il n’y a pasde conflit, l’accès àl’éducation pour les filles est un problèmeplus grave.

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LES EFFETS DES CONFLITS SUR LES ENFANTS ET SUR LEUR ÉDUCATION 1

ne vont pas à l’école ou abandonnent. Garder les enfants à l’école est peut-être le plus gros défi. Aunord du Soudan, le taux d’inscription scolaire n’est que de 20 p. 100, dont seulement 2 p. 100 ontterminé leurs études primaires. Dans le nord de l’Ouganda, 70 p. 100 des enfants qui s’inscriventen première année ne terminent pas leurs études primaires. En Angola, l’enseignement de mauvaisequalité, et l’apprentissage, est à l’origine des 27 p. 100 d’enfants qui doivent redoubler une année.20

Les enfants eux-mêmes mentionnent souvent les châtiments corporels et la discipline sévère commeraison d’abandonner, et le soutien affectif et psychologique dont les enfants ont besoin, surtout ceuxqui ont été traumatisés par la guerre, est souvent ignoré.

Au fur et à mesure que les situations se détériorent et qu’il y a moins d’enseignants qualifiés, lesméthodes d’enseignement sont susceptibles de devenir moins efficaces. Il est possible que lecontenu essentiel manque ou que du matériel ne soit pas disponible. Il devient de plus en plusdifficile pour les enfants de terminer leurs études primaires, ce qui les laisse sans même une maîtriseminimale des compétences essentielles afin de gagner leur vie.

Dans plusieurs situations de conflits graves ou chroniques, la collectivité devient le principalfournisseur d’éducation. Les collectivités construisent des écoles, ciblent des enseignants, négocientavec les autorités qui existent ou avec les organisations non gouvernementales (ONG) nationales ouinternationales, pour les salaires des enseignants, et complètent souvent ces salaires avec un abri etde la nourriture. Dans certains cas, elles paient même le salaire de l’enseignant elles-mêmes. Mais, ilexiste des limites à ce que les collectivités sont en mesure de fournir dans ces circonstances difficiles.

Prévenir ou alimenter les conflitsUn réseau scolaire de bonne qualité peut avoir des avantages cumulatifs qui atténuent les effets desconflits sur les enfants et aident à prévenir les conflits. Mais, le contraire est aussi vrai. L’éducationpeut être utilisée afin de diviser et mène à d’autres conflits. L’éducation, et l’inaccessibilité de celle-ci,ont été utilisées comme moyen d’oppression sous le régime d’apartheid en Afrique du Sud. Uneinégalité d’accès à l’éducation était une source de friction et une cause profonde des conflits lors dugénocide du Rwanda et des conflits au Kosovo. Si, pendant le conflit, on refuse à des jeunes l’accèsà l’éducation, il est possible qu’ils fassent face à un risque plus élevé de recrutement militaire, deviolence sexuelle, de prostitution et de contracter des maladies transmissibles sexuellement (MTS).Ils peuvent être amenés à devenir une force déstabilisatrice et destructive, poursuivant les cycles deviolence et de vulnérabilité.21

L’éducation joue un rôle essentiel dans la formation d’une identité nationale et peut être utiliséecomme promoteur de la paix ou comme arme. Le contenu pédagogique peut être récupéré afin deservir une fonction politique, les enseignants imposant des idées subjectives sur la langue, la religionet l’histoire. Les stéréotypes et le processus du bouc émissaire sur des groupes dans des manuelspeuvent contribuer aux tensions sociales en justifiant les inégalités, et le programme éducatif peutêtre utilisé afin de perpétuer des idéologies d’intolérance. Un enseignement médiocre et inappropriéet des milieux scolaires inadéquats mènent à un rendement scolaire peu élevé, à un absentéisme et àl’abandon, ce qui peut mener à des comportements antisociaux et violents.

L’éducation peut s’avérer une force positive pour la paix et contribuer à la prévention d’autresconflits, mais seulement si elle est intégratrice et de bonne qualité. Pourtant, l’éducation (saprestation et sa qualité) est négligée dans les interventions humanitaires dans les conflits. Puis, dansles situations après les conflits, même s’il existe un intérêt accru pour l’éducation et que davantagede ressources y sont consacrées, elle est dans plusieurs cas ni appropriée ni de bonne qualité.

L’éducation joue un rôleessentiel dans laformation d’une identiténationale et peut êtreutilisée commepromoteur de la paix oucomme arme.

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EDUQUER POUR L 'AVENIR

L’éducation réhabilite

Une série de guerres dans la RDC,de 1996 à 2003, a appauvrile pays et traumatisé les enfants. Plus de 3,5 millions depersonnes ont été tuées et des millions d’autres ont étédéplacées.Malgré un cessez-le-feu en 2006, les conflits durenttoujours dans certaines provinces.

Plus de cinq millions d’enfants en âge d’aller à l’école primairene reçoivent toujours pas d’éducation, et plus de six millionsd’adolescents de 12 à 17 ans ne sont jamais allés à l’école. Lesenfants sont forcés d’entrer au service de la milice, violés etenlevés de l’école.Des écoles ont été brûlées ou transforméesen bases militaires ou en abris pour les gens forcés de quitterleur maison. Les enseignants n’ont pas été rémunérés depuisplus de 10 ans.

Au début des années 1970, les taux d’inscription scolaireétaient élevés dans la région,mais depuis, le système scolaire aété gravement perturbé. Les parents financent non seulementles écoles,mais également tout le système administratif. Parconséquent, dans les régions de l’Est touchées par les conflits, lamoitié de la population ne peut se permettre d’envoyer sesenfants à l’école. Beaucoup d’enfants non scolarisés étaient ousont associés à des groupes armés, et beaucoup, surtout desfilles, désespèrent de ne jamais recevoir une éducation.

Les provinces de l’Est sont isolées des routes du reste du payset font face à des conflits continus, y compris l’invasion de paysvoisins. Les villageois sont toujours forcés de quitter leurmaison, et des interruptions du cycle de la plantation et de larécolte signifient que plusieurs souffrent de faim extrême.Beaucoup d’enfants sont encore recrutés dans les groupesarmés, parfois de force,mais également de façon volontaire enl’absence d’autres possibilités.Au-delà de l’école, l’autoritéscolaire est très faible.Même s’il y a un inspecteur d’école dansun district, il n’a aucun bureau ni moyen de transport.

L’expérience d’Aide à l’enfanceAide à l’enfance vise à accroître le nombre d’enfants qui vont àl’école dans les provinces éloignées du Nord-Kivu et du Sud-Kivu dans l’est de la RDC.Collaborant avec six écoles danstrois districts, que nous avons aidées à remettre à neuf, nousfournissons un programme d’apprentissage accéléré pour lesenfants plus âgés qui n’ont pas reçu d’enseignement primaireet offrons une formation professionnelle.

En collaboration avec les collectivités locales, nous avons formédes comités afin de repérer les enfants les plus vulnérables.L’une des tâches initiales a été de convaincre la collectivitélocale de l’importance de l’éducation et du fait que tous lesenfants y ont droit.Nous avons réuni des directeurs d’école,des enseignants, des parents et des enfants afin d’encouragerles responsables des écoles d’accepter des enfants sans frais.Audépart, les enseignants étaient réticents étant donné qu’ilscomptent sur les frais pour leur salaire,mais la réhabilitation desécoles, l’approvisionnement de fournitures scolaires et laformation des enseignants ont aidé à les convaincre.Toutes lesécoles étaient prêtes à accepter sans frais les enfants jugésparticulièrement vulnérables.

Une force réelle de notre travail a été l’apport de différentstypes de programmes d’éducation afin de répondre auxdifférents besoins ciblés dans les ateliers communautaires.Nousdéveloppons actuellement le programme afin que les filles quiont eu des bébés à la suite d’une participation aux groupesarmés puissent suivre les cours. L’éducation est une façonimportante de fournir une protection, spécialement pour lesenfants qui seraient autrement mis à l’écart par leur collectivitéparce qu’ils ont été associés à des groupes armés.Une fois queles enfants sont acceptés à l’école, ils sont acceptés dans lacollectivité.

Ce qui est nécessaireAide à l’enfance continuera d’appuyer les collectivités afind’améliorer l’accès à une éducation de bonne qualité etd’accroître la protection pour les enfants les plus vulnérables, ycompris ceux qui ont été associés à des groupes armés.Notreobjectif est d’aider 79 000 enfants non scolarisés à aller àl’école d’ici 2010, et d’offrir à ces 184 000 autres une meilleureéducation plus appropriée.Nous appuierons également le gouvernement afind’augmenter son financement pour l’éducation du 6 p. 100actuel à 25 p. 100 du budget national, afin de ramener à l’écoleet dans leur collectivité les enfants auparavant associés à desgroupes armés, et d’éliminer les disparités entre les genres enéducation.

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“Si tout le monde reçoit une éducation,

cela aidera les gens à arrêter de se battre”

Deborah, 10 ans, sud du Soudan

Felic

ia W

ebb

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Gamesh, 16 ans, Népal

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Nous ne pouvons ignorer les souffrances des enfants dont les droits ont étésérieusement limités ou totalement réduits parce qu’ils habitent des pays touchés pardes conflits. Ce n’est par parce qu’il est plus difficile de donner une éducation dans cespays qu’on ne doit pas le faire. En effet, il existe plusieurs raisons urgentes pourlesquelles le monde devrait tourner son attention vers l’éducation des enfants touchéspar les conflits.

En 1990, des délégués de 155 pays ainsi que des représentants de quelque 150organisations se sont entendus à la Conférence mondiale sur l’éducation pour tous àJomtien, en Thaïlande, sur l’universalisation des études primaires et la réductionmassive de l’analphabétisme avant la fin de la décennie.2 En 2000, les dirigeants dumonde ont adopté les OMD en tant que stratégie internationale afin d’éliminer lapauvreté dans le monde. Deux de ces objectifs sont précisément liés à l’éducation, maisla prestation de l’enseignement est au cœur du cadre. De plus, en 2000, le Cadred’action de Dakar énonçait qu’afin de réaliser l’éducation pour tous, la collectivitéinternationale doit répondre aux besoins des systèmes d’éducation touchés par lesconflits, les catastrophes naturelles et l’instabilité. On a pressé les partenairesinternationaux et bilatéraux de collaborer avec les partenaires gouvernementaux et nongouvernementaux afin de restaurer et de fournir une éducation lors de toute crise ousituation après un conflit en tant que droit de la personne pour les enfants, les jeunes etles adultes. Néanmoins, dans le monde entier, 43 millions d’enfants ne reçoivent pasd’éducation parce qu’ils vivent dans des États fragiles touchés par des conflits. En Haïti,presque un enfant sur deux en âge d’aller à l’école primaire n’y va pas, ce qui se chiffre à570 000 enfants.4

Le droit à l’éducationL’éducation pour tous signifie l’éducation pour tous. Tous les enfants du monde ontdroit à l’éducation, tel qu’il est prévu dans les normes internationales telles que laDéclaration universelle des droits de l’homme de 1948 et la Déclaration des droits del’enfant des Nations Unies de 1959, et tel qu’il est stipulé dans les traités ayant forceobligatoire tels que la Convention concernant la lutte contre la discrimination dans ledomaine de l’enseignement de 1962 et la Convention relative aux droits de l’enfant desNations Unies de 1989.

D’autres lois existent pour les enfants les plus vulnérables du monde entier. LaConvention relative au statut des réfugiés des Nations Unies de 1951 énonce que lesenfants réfugiés devraient avoir les mêmes possibilités d’études primaires à titre deressortissants du pays hôte, et la Convention de Genève relative à la protection despersonnes civiles en temps de guerre de 1949 déclare qu’en temps d’hostilités, l’État estresponsable de s’assurer de la prestation de l’éducation aux orphelins ou aux enfantsnon accompagnés, et qu’on garantisse que les écoles sont protégées d’attaques militaires.

Pourquoi nous devons relever le défi 2

« Il existe un grandnombre de problèmes dedroits de la personne, quine peuvent être résolus àmoins qu’on aborde ledroit à l’éducationcomme la clé donnantaccès aux autres droitsde la personne.L’éducation agit commemultiplicateur »Katerina Tomasevski, ancienneRapporteur spécial sur lesdroits à l’éducation1

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EDUQUER POUR L 'AVENIR

L’éducation reste un droit de la personne fondamental pour tous les enfants, peu importe lescirconstances, même pendant un conflit. Pourtant, chaque jour, des millions d'enfants se voientrefuser ce droit parce qu'ils vivent dans des pays en conflit ou en émergeant.

Une priorité pour les enfants, les parents et les collectivitésL’éducation est une demande constante et persistante des enfants et des parents en situation deconflits. Les enfants et les parents croient que de poursuivre les études est important pour ledéveloppement futur des enfants et de la société. Les parents montrent une volonté impressionnanted'appuyer les activités d'éducation. Ils participent aux comités d'éducation et aux associations deparents d’élèves et d'enseignants, et sont souvent prêts à faire don de leur temps, de leur travail et deleurs ressources limitées. S'il s'agit de la priorité d'enfants et de parents de pays touchés par lesconflits, livrant bataille comme ils le font dans des circonstances exceptionnellement difficiles, cedevrait également être la priorité de tous ceux et celles qui travaillent avec eux.

Protection et préventionDans un continuum de crise à stabilité, les programmes d’éducation bien conçus peuvent protégerles enfants d'un point de vue cognitif, psychologique, social et physique. Ces programmes peuventégalement favoriser la résolution de conflits, la tolérance, les droits de la personne et la citoyenneté.Les résultats préliminaires d’une étude au Népal ont révélé que les enfants qui avaient reçu uneéducation de qualité dans les écoles soutenues par Aide à l'enfance présentaient des niveaux de stressplus bas et des niveaux plus élevés d'apprentissage que des enfants d'autres écoles.5 De plus, lesenfants qui restent à l'école au fur et à mesure que la situation passe de la crise à la stabilité sont plussusceptibles de jouer un rôle constructif dans la reconstruction des collectivités et de prévenir que lepays retombent dans un conflit. Dans les situations de conflits et après un conflit, les écoles peuvent être un refuge et offrir un certaindegré de normalité dans un monde autrement chaotique. La prestation d’une éducation de qualitépeut aider à protéger les enfants de blessures physiques, d’exploitation et de violence et d’abus liés audéplacement forcé. Les écoles et d'autres lieux d’apprentissage peuvent fournir un soutien et uneguérison psychologiques.

Rétablir un service éducatif pendant et après un conflit montre un retour à la normalité et à lastabilité. C'est important afin d'aider les enfants à gérer les traumatismes qu'ils ont eus et àdévelopper leurs compétences et leur estime de soi. Les enfants qui vont à l'école sont moinsvulnérables au recrutement dans des groupes armés, au travail abusif et au trafic. Des « endroitssécuritaires » spécialement établis, des écoles temporaires ou des écoles publiques peuvent protégerles enfants en introduisant des notions de vie pratiques, la sensibilisation aux mines antipersonnel,des renseignements sur le VIH et le sida, l’éducation pour la paix et les compétences pour larésolution de conflits. Les collectivités peuvent s'engager à protéger les enfants qui vont à l'école et enreviennent, et à s'assurer que les enfants sont protégés de l'enlèvement et du recrutement militaire.

L’éducation donne également aux enfants et à leur famille un l’espoir pour l’avenir. Elle réduit lapauvreté et l’inégalité, et jette les bases d'une gouvernance solide et d'institutions efficaces.6 Lesétudes secondaires peuvent être spécialement intéressantes afin de favoriser un « revirement » dans lesÉtats fragiles.7 Elles aident à fournir la capacité nécessaire dans les secteurs structuré et non structuréafin d’ériger des institutions nationales solides et de relancer l’économie. Les pays ayant des niveauxd’études plus élevés ont une meilleure stabilité politique et des droits démocratiques plus forts. 8 Nonseulement l'éducation exerce une influence sur les chances de l'enfant d'avoir un meilleur avenir, elleinfluence également les chances du pays de briser le cycle de pauvreté, de violence et d’insécurité.

La prestation d’unenseignement de qualitépeut aider à protégerles enfants de blessuresphysiques, del’exploitation et de la violence.

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POURQUOI NOUS DEVONS RELEVER LE DÉFI 2

Un investissement rapide en éducation protège les enfants des aspects les plus dommageables duconflit et joue un rôle important dans la consolidation de la paix, la remise du pays sur un cheminde développement positif et la réparation des dommages causés par le conflit. Malgré tout, laprotection et l'éducation des enfants sont toujours considérées comme une préoccupationsecondaire dans la plupart des interventions dans les pays touchés par des conflits graves ouchroniques.

Investir dans les enfantsL’éducation peut être un élément essentiel du processus de guérison pour les enfants qui ont vécu unconflit armé. L’éducation de qualité peut favoriser les valeurs humanitaires telles que l’équité, latolérance et la paix. Elle peut apprendre aux enfants à respecter leurs valeurs et leur identité et cellesdes autres. Le développement des compétences en pensée critique dans les écoles peut encourager lesélèves à remettre en question les normes et les mythes sociaux qui favorisent l'intolérance et lesconflits, comme c'est le cas au Rwanda à la suite du génocide. La consolidation de la paix axée sur lacollectivité et qui s'étend aux écoles peut contribuer à la création d'un milieu de paix et aider auprocessus de réconciliation.

En ce qui concerne les populations déplacées par les conflits telles que les réfugiés et les personnesdéplacées, l’éducation peut restaurer un sens de structure et d’organisation, transmettre des messagesde survie et des notions de vie pratiques et contribuer au développement social et économique de lacollectivité de réfugiés.9 Cela est particulièrement important si les populations déplacées retournent àla maison, étant donné qu’ils emportent avec eux les connaissances, les compétences et les valeurs.L’éducation peut accroître le capital humain de la collectivité déplacée de retour (et de toutepopulation touchée par les conflits), lui permettant d’être productive pendant et après le conflit et decontribuer davantage à la réconciliation et à la reconstruction nationales.

La prestation de l'éducation pendant l’étape d’urgence ou grave d’un conflit peut aider à établir uncadre à long terme pouvant être mis en œuvre dans les systèmes d'éducation après le conflit. Ellepeut agir à la fois comme prévention du conflit et mesure de réconciliation, et comme pont del'urgence au développement. La reconstruction du système d’éducation dans une situation à la suited’un conflit peut restaurer la confiance et l’espoir des populations touchées par la guerre. Lessystèmes d’éducation reconstruits fondés sur l’accès ouvert et intégrateur et qui utilisent unprogramme éducatif approprié peuvent aider à éradiquer les griefs fondés sur l'exclusion sociale.Pour les populations touchées par les conflits, l'éducation peut bâtir un capital social en établissantdes liens entre les écoles et les collectivités, par exemple en faisant participer la collectivité à la gestionde l’école.

L’éducation offre un point d’entrée afin de déclencher des changements sociaux, économiques etpolitiques à long terme, spécialement pour les familles les plus pauvres. C’est l’un des ingrédients clésd’instauration de la démocratie, étant donné que l’alphabétisme est essentiel à la création de citoyenspolitiquement actifs et de sociétés solides. Par l’éducation, les enfants deviennent des citoyens plusefficaces et plus engagés et prêts à défendre leurs droits et ceux des autres. La prestation del’éducation peut jouer un rôle essentiel afin de prévenir les états fragiles de ranimer un conflit et deles aider à atteindre une meilleure stabilité.

Aucun pays n’a connu une croissance économique soutenue sans atteindre un enseignementprimaire presque universel.10 L’éducation est un investissement à long terme présentant des avantagesintergénérationnels. Elle aide les personnes à améliorer leurs possibilités de gagner leur vie et

Une éducation de qualitépeut favoriser des valeurshumanitaires telles quel’équité, la tolérance et la paix.

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EDUQUER POUR L 'AVENIR

d’augmenter leur productivité. Chaque année d’études augmente le salaire individueldes hommes et des femmes d’une moyenne mondiale d’environ 10 p. 100.11

L’éducation contribue à des foyers plus sains et à des familles moins nombreuses,lesquels ont des répercussions positives sur la croissance, le développement et laréduction de la pauvreté à l’échelle nationale. Alors que dans les pays développés lescaractéristiques et les niveaux du patrimoine de la famille et du statut social sont desfacteurs de réussite plus déterminants que les études, dans les pays en développement,les études sont souvent le facteur déterminant du travail et du succès.

L’investissement dans l’éducation des filles donne certains des rendements les plusélevés de tous les investissements dans le développement, ce qui entraîne des avantagesprivés et sociaux pour les personnes, les familles et la société dans son ensemble.L’éducation peut accroître les taux de participation et les gains de la main-d’œuvreféminine. Elle crée également des avantages intergénérationnels. L’éducation d’une mèreest une variable importante touchant la survie de ses enfants ainsi que leur rendementscolaire et leurs possibilités d’instruction.12

Atteindre Les objectifs du Millénaire pour le développementLa prestation de l’éducation est au cœur du cadre général des OMD. Deux des objectifstraitent précisément de l’éducation, l’un concernant l’enseignement primaire universel d’ici2015, l’autre, la parité entre les filles et les garçons, l’éducation peut également apporter unecontribution essentielle à l’atteinte de tous les objectifs.13 Les études ont manifestement unerépercussion sur la réduction de la pauvreté, l’amélioration de l’égalité entre les genres et destaux de mortalité juvénile et de fécondité. Aucun pays n’a atteint une stabilité économiquesans avoir d’abord atteint un enseignement primaire universel. La pauvreté et les conflits sontégalement très corrélés. Des 20 pays du monde les plus pauvres, 16 ont subi une guerre civileimportante au cours des 20 dernières années. Par conséquent, la prévention et la résolutionde conflits, l’éducation et la réduction de la pauvreté doivent être vues comme mutuellementfavorables (et leur absence comme mutuellement destructive). L’éducation fournit égalementune protection accrue contre le VIH et le sida, et une sensibilisation accrue aux enjeuxenvironnementaux.

Tant et aussi longtemps que les pays touchés par des conflits restent des États fragiles, avec lestaux de scolarisation les plus bas (67,8 p. 100 comparés à 83,2 p. 100 dans d’autres pays endéveloppement14), les OMD ne pourront être atteints.

L’investissement dansl’éducation des fillesdonne certains desrendements les plusélevés de tous lesinvestissements dans ledéveloppement.

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POURQUOI NOUS DEVONS RELEVER LE DÉFI 2

L’éducation protège

La Colombie est éprouvée par des conflits armésinternes depuis un demi-siècle et a l’une des cinqpopulations de personnes déplacées les plus élevées.Au cours des 15 dernières années, plus de troismillions de personnes ont été forcées de quitter leurmaison; 83 p. 100 d’entre elles sont des enfants. LaColombie se classe également au quatrième rang en cequi concerne le nombre de mines antipersonnelposées sur le territoire national. Les personnes les plustouchées par les conflits, à la fois comme auteurs etvictimes, sont les jeunes âgés de 12 à 24 ans. Près de11 000 agissent à titre de combattants dans desgroupes armés. D’autres enfants et jeunes travaillent àplanter, à traiter et à vendre des drogues. La lutte pourle contrôle du territoire des zones urbaines entre lesrebelles et les groupes paramilitaires a augmenté lesdifficultés économiques et détruit le tissu social descollectivités. On estime que 43 p. 100 de la populationa besoin de soins pour maladie mentale.

Même si tous les enfants en Colombie ont un droitprévu par la loi à un enseignement gratuit, et que lestaux d’inscription sont de 82 p. 100, les taux d’abandonsont élevés. Beaucoup de parents ne peuvent sepermettre de payer les fournitures scolaires, lesuniformes et les frais de scolarité, et les jeunestrouvent difficile de combiner l’école au travail. D’autresabandonnent parce qu’elles sont enceintes ou parcequ’ils font partie de bandes.

Expérience d’Aide à l’enfanceIl y a 15 ans, Soacha était une communauté ruralepaisible. Au cours des quatre dernières années, sapopulation a augmenté de 62 p. 100, et c’estmaintenant un mitage aux abords de la ville de Bogotá.Chaque jour, une moyenne de cinq familles arrivent afind’échapper à la violence des régions ruralesenvironnantes. Aide à l’enfance travaille avec les enfantset les jeunes de Soacha afin de leur fournir uneéducation et de réduire le risque qu’ils soient recrutésdans les groupes armés. Semillas de Mostaza (graines

de moutarde) est une école communautaire duquartier de Loma Linda à Soacha. Les parents qui nepeuvent se permettre d’envoyer leurs enfants auxécoles publiques les envoient à Semillas de Mostazaparce qu’à cet endroit, il n’y a ni uniforme, ni frais pourles manuels et autres fournitures scolaires. Étant donnéque les enfants souffrent de malnutrition, l’école fournitégalement des repas.

Les enseignants communautaires, dont la plupartviennent de la région locale et ont vécu les mêmesproblèmes que leurs élèves, sont formés sur laprotection de l’enfance, les droits de l’enfant et ledépistage et la prévention de la violence sexuelle. Lesresponsables du projet enseignent le sport, la musique,l’art dramatique, l’écriture et des numéros de cirque, etfournissent un milieu sûr où les enfants et les jeunespeuvent gagner une confiance en soi afin de seprotéger contre les mauvais traitements. Les activitésavec les enfants et les jeunes sont complétées par desséances avec les parents et d’autres adultes afin de lesencourager à devenir des tuteurs communautaires.

Ce qui est nécessaireLe Plan Sectorial de Educación 2002–2006 dugouvernement de la Colombie énonce qu’il existe unbesoin d’établissements d’enseignement plusautonomes et souples capables de s’adapter auxintérêts et aux attentes des élèves et de stimuler lapassion pour la connaissance, la pensée critique et lesrelations positives et constructives avec les autres. Aideà l’enfance continue de collaborer avec legouvernement, le Bureau national du protecteur ducitoyen et les organisations partenaires afin d’appuyeret de renforcer les initiatives d’éducation nonstructurée. Nous continuerons également d’élaborer dumatériel didactique afin de favoriser la résolution deconflit, la gestion scolaire démocratique et desalternatives à la violence dans les écoles.

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“Je me suis jointe à eux parce que je voulais me battre, porter un

uniforme et tenir des armes. Maintenant, ma famille veut que

je me concentre sur mon travail scolaire, et je le ferai”

Geetha*, 17 ans, Sri Lanka*Nom fictif

Olav U

rdahl/Save the Children

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Chacun des pays touchés par les conflits est différent, et les niveaux de conflits varient. À certainsendroits, comme au Darfour, au Soudan, le niveau de conflits est tel qu’au mieux, seule une aided'urgence peut être apportée. Dans d'autres pays, comme la RDC et la Somalie, les conflitschroniques qui durent depuis plusieurs années ont détruit les systèmes et l'infrastructured'éducation. D'autres pays comme le Libéria, la Serbie et le Cambodge, émergent d'une période deguerre, récupérant d’années de guerre civile. On tend à aborder ces différentes circonstances par unesérie d’approches séparées, d'une démarche de secours humanitaire au développement après leconflit, puis aux programmes de développement à long terme. Cependant, les approches devraientêtre coordonnées et cohérentes, fondées sur l’objectif ultime d’un développement à long termeéquitable. Une prestation de services efficients et efficaces est tout ce qui compte dans l'ensemble deces contextes; s'assurer d'une éducation de qualité et pertinente, fondée sur une analyse du contextelocal et faisant participer les autorités nationales et les collectivités locales.

La plupart des systèmes d’éducation sont fondés sur un modèle similaire, établi pour les enfantsvivant dans des contextes comparables avec des systèmes de gouvernement communs et avec unerégularité sociale et financière. Ce modèle suppose l’existence de conditions essentielles, y comprisun ministère de l’Éducation fonctionnel, une prestation de services assez efficace, des enseignantsrémunérés régulièrement et des services de soutien, qui ne sont pas présents dans les pays touchéspar les conflits. Même s'il est possible que des problèmes existent dans les pays en développement, ledécrochage et le taux de doublage, par exemple, peuvent être élevés et le rendement scolaire bas, et lesecteur miné par une insuffisance de fonds constante, au fil du temps, ce modèle atteindraprobablement les enfants non scolarisés du monde. Mais, il n'atteindra jamais les enfants les plusmarginalisés, y compris ceux vivant dans des pays touchés par des conflits. Afin de les rejoindre, lessystèmes doivent être modifiés et souples.

Réaliser une éducation pour tous les enfants du monde entier, y compris ceux de pays en conflits ouémergeant de ceux-ci, s'avère effectivement un défi. Quoiqu'il en soit, c'est un défi qui peut êtrerelevé si tout le monde fait sa part.

Responsabilités du gouvernementDans les pays touchés par les conflits, les structures et les ministères du gouvernement fonctionnentsouvent sous des pressions accrues et, dans certains cas, avec une capacité limitée. Par contre, lesgouvernements sont les principaux sujets d’obligations du respect des droits de leurs citoyens. Afinde s’assurer que tous les enfants se prévalent des droits énoncés dans les normes internationales, lesgouvernements doivent mettre en place des politiques et des plans afin de réaliser une éducationpour tous.

Les donateurs internationaux ont eu rôle essentiel à jouer afin d'appuyer les gouvernements, mêmeceux de pays touchés par des conflits, en fournissant une aide directe afin de permettre lefonctionnement de services essentiels tels que l’éducation et de fournir un soutien technique pour les

Relever le défi, c’est possible 3

Avec la campagne d’Aideà l’enfance afin d’aiderles enfants à recevoir uneéducation et à êtreprotégés en situation deconflits armés, nousfaisons un grand pas versl’avant. Nous devrionsredoubler nos efforts.Jan Egeland, Secrétaire généraladjoint aux affaireshumanitaires et coordonnateurdes secours d’urgence desNations Unies

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orienter. De leur côté, les gouvernements nationaux doivent avoir des mécanismes enplace pour l’affectation des fonds en éducation, fondée sur le besoin et sansdiscrimination à des fins politiques. D’autres organismes internationaux, agences desNations Unies et ONG, ont également un rôle essentiel à jouer. Par leurs programmes,ces organismes peuvent rejoindre les enfants des régions les plus difficiles à rejoindre,que ce soit en crises humanitaires ou pendant la reconstruction après le conflit. Lesresponsables des organismes peuvent travailler directement avec les enfants, leurcollectivité et leurs autorités de facto ou leurs nouvelles autorités, déterminer les besoinset les désirs locaux, appuyer les initiatives locales, explorer des solutions innovatrices,établir une capacité locale et augmenter les services.

Faire de l'éducation une partie de l'interventionhumanitaireJusqu’à récemment, l’éducation n’était ni complètement négligée, ni une priorité trèsfaible dans les interventions humanitaires aux urgences. En reconnaissance de cela, leRéseau interagences d’éducation d’urgence (RIEU) a été créé en 2000. Le RIEU aréussi à relever le profil de l’éducation dans les urgences et a mené à l’élaboration denormes minimales pour la prestation de l’éducation dans les urgences, les criseschroniques et la reconstruction. L'éducation devient un élément plus familier desinterventions d'urgence dans les catastrophes naturelles, telles que le tsunami de 2004et les séismes en Iran, en Inde, au Pakistan et en Indonésie, mais elle manque toujoursaux situations d’urgence causées par les conflits. L'éducation est une partie et devrait faire partie de toutes les interventionshumanitaires, y compris celles en situation de conflits. Par exemple, en 2001-2002,Aide à l'enfance a été capable de mettre en œuvre une éducation d’urgence et un projetde protection pour les enfants afghans déplacés vivant sur les îles du Piandj, entrel’Afghanistan et le Tadjikistan. Pendant six mois, le projet a mis l’accent sur laprestation d’activités éducatives et a ciblé et appuyé les enfants vulnérables, tels queceux qui avaient été séparés de leur famille et ceux ayant un handicap. À partir de lastructure que nous avons établie, les collectivités locales ont ensuite continué de fournirdes activités éducatives, et d'autres organismes ont utilisé le modèle dans d'autresparties de l'Afghanistan.

Le fait que l'on juge une activité comme humanitaire est habituellement déterminé parle contexte plutôt que par l'activité elle-même. Par exemple, la construction et lefonctionnement d’une installation de soins de santé primaires est une activité dedéveloppement en l’absence d’une crise, mais est considérée une interventionhumanitaire vitale en temps de crise. Il devrait en être de même pour l'éducation. Unevisibilité rapide de prestation de l'éducation est signe d'un investissement dans l'avenir.

L’education est unepartie et devrait fairepartie de toutes lesinterventionhumanitaires.

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RELEVER LE DÉFI , C'EST POSSIBLE 3

Lier l’éducation à la protectionDans les pays touchés par des conflits, les risques augmentent pour les enfants, etl'éducation peut jouer un rôle vital afin de les protéger. Des aires de jeux sécuritaires etdes centres d'apprentissage temporaires peuvent fournir un moyen efficace de repérer etde réunir des enfants séparés de leur famille. Quand la distance, des questions desécurité ou le travail empêchent les enfants d'aller aux écoles régulières, des programmesd'enseignement alternatif de base qui comprennent des centres scolaires locaux, desprogrammes extrascolaires et des études à horaire flexible peuvent fournir une sécuritéet une protection, ainsi que permettre aux enfants de poursuivre leurs études. Dansl’ouest du Darfour, au Soudan, par exemple, Aide à l’enfance a établi plus de 20 centrespour enfants, rejoignant 55 000 enfants dans 11 camps. Les centres fournissent auxenfants un endroit sécuritaire pour jouer avec d’autres enfants, et on leur apprendl’alphabétisation et les notions de calcul de base.

Les milieux scolaires bien gérés peuvent aider à protéger les enfants de blessuresphysiques, de stress psychologique et émotionnel, du recrutement dans les groupesarmés, de la séparation de la famille et d'autres abus. Les classes fournissent unsentiment de normalité, de routine et d'espoir pour l’avenir, qui sont tous essentiels aubien-être émotionnel des enfants. Les programmes d’éducation peuvent égalementfournir des techniques de survie, en apprenant aux enfants la façon d’éviter les minesantipersonnel, à se protéger des abus sexuels et à faire face à la peur et à la colère.

L’éducation peut aider à stabiliser des pays qui font face à des crises prolongées ou quiémergent d’un conflit en augmentant la cohésion sociale. Les clubs d’enfants peuventaccroître l’estime de soi des enfants et donner le plus tôt possible une compréhensiondes droits de la personne, de la justice sociale, du travail d’équipe et du processus deconsolidation de la paix et de réconciliation. Sur les Territoires palestiniens occupés, lesenfants ont ciblé la violence à l’école et autour de celle-ci comme l'une des plus grandesmenaces à leur protection. Dans le cadre du projet « L'éducation qui protège » d'Aide àl'enfance, les enfants et les membres du personnel ont formé des comités de protectionscolaire dans six écoles publiques. Avec ceux--ci, les enfants et les membres dupersonnel ont élaboré des façons créatives d'établir de meilleures relations entre lesenfants et entre les enfants et leurs enseignants. Il existe des plans, avec le ministère del'Éducation, de former ces comités dans toutes les écoles.

S'assurer de l’accès et de la qualitéDans des situations de conflits, où les ressources et les sources d’éducation sontlimitées, les personnes typiquement marginalisées le sont encore plus. Mais, les crisescréent une conjoncture favorable afin d'aborder les faiblesses déjà existantes et d'établirde nouveaux systèmes d'éducation. Les fournisseurs non étatiques et les ONG sontsouvent les seuls groupes engagés à fournir les services essentiels et démontrent souventdes mécanismes innovateurs de prestation des services. Au Darfour, Aide à l'enfanceconstruit 16 écoles temporaires avec 155 salles de cours, et remet en état 13 écolesexistantes. On prévoit que cela augmentera énormément les taux d'inscription.

L’éducation peut aider àstabiliser des pays quifont face à des crisesprolongées ou à serelever à la suite d’unconflit en augmentant lacohésion sociale.

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Au Somaliland et en Somalie, Aide à l’enfance améliore l’accès à l’éducation pour plus de 20 000enfants, particulièrement les filles et les enfants de groupes ethniques minoritaires. En plus desenfants en âge d’aller à l’école, le programme profite aux groupes surâgés tels que les jeunes femmesmariées qui n’avaient pas eu accès à un enseignement primaire. En vivant dans un milieu quiaccepte plus l’éducation des filles et en ayant des modèles de rôle féminin au sein du personnelenseignant, les jeunes femmes sont encouragées à chercher de meilleures perspectives d’emploi et departiciper plus pleinement à la société.

Pour les enfants plus âgés qui ne sont pas allés à l'école primaire et qui sont réticents à apprendredans une salle de classe avec des enfants plus jeunes, les programmes alternatifs peuvent fournir uneéducation accélérée non structurée qui leur permet de rattraper leurs études et éventuellementd'entrer à l'école régulière publique. Des approches d'enseignement et un horaire flexibles peuventégalement permettre aux enfants qui travaillent de continuer à gagner leur vie et à soutenir leurfamille tout en recevant une éducation.

Par contre, sans enseignant qualifié, il est impossible de donner une éducation de bonne qualité.Dans les pays vivant un conflit prolongé et des situations après un conflit où des enseignantsqualifiés ont été tués ou ont fui, de nouveaux enseignants doivent être formés. Dans le sud duSoudan, par exemple, Aide à l'enfance a formé 100 enseignants au niveau primaire; certains d'entreeux n'avaient terminé que trois années d'études primaires. De plus, étant donné que beaucoupd'enseignants de retour après des années de déplacement dans le nord du pays ne parlent que trèspeu anglais, la langue dans laquelle on enseigne le programme de formation au sud, nous avonsappuyé des cours d’anglais intensifs pour les enseignants.

Il est également important que le programme soit pertinent à la vie et aux expériences des enfants, etqu’il réponde à leurs besoins particuliers. En Indonésie, Aide à l'enfance a élaboré un « Cadred'apprentissage pour les enfants touchés par les situations d'urgence » qui expose les grandes lignesde trois secteurs d'apprentissage important pour les enfants dont la vie et l'éducation ont étéperturbées. Le premier traite des techniques de survie afin d'aider les enfants à vivre en toute sécuritédans les camps et d'autres endroits temporaires. Le deuxième met l'accent sur le perfectionnementindividuel et le développement social afin d'aider les enfants à surmonter les expériences négativesqu'ils ont vécues à la suite d'un conflit. Le troisième aide les enfants à développer des aptitudes àapprendre et fournit aux enseignants des activités afin d’aider les enfants à reprendre avecl'apprentissage quand leur éducation a été perturbé.

Mettre les enfants et les collectivités locales au centreÉcouter vraiment les enfants et leurs besoins doit être un élément central del'élaboration de politiques, de stratégies, de plans et de programmes qui rejoindront lesenfants touchés par les conflits. Dans les Territoires palestiniens occupés, on a demandéaux enfants la raison pour laquelle ils se tenaient loin de l'école. La raison principaleétait le trafic. Les enfants avaient le sentiment qu'ils risquaient leur vie pendant lamarche quotidienne pour aller à l'école. Si l'on n'avait pas consulté les enfants, cetenjeu aurait probablement été négligé.

Les clubs d’enfants se sont avérés un catalyseur remarquable pour le changement et ledéveloppement dans les collectivités. Les clubs aident les enfants à gagner une estime de

Écouter vraiment lesenfants et leurs besoinsdoit être un élémentcentral de l’élaborationde politiques, destratégies, de plans etde programmes.20

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RELEVER LE DÉFI – C’EST POSSIBLE 3

soi et une confiance en soi, augmentent leur accès à l'information, développent leursolidarité et leurs qualités de chef et fournissent des possibilités de divertissement etd'apprentissage. Aide à l'enfance a appuyé des clubs au Népal et en Angola, deux paysse relevant après des annéesde guerre civile. Nous avons fourni de la formation afin queles enfants puissent gérer les clubs eux-mêmes, ainsi qu’une formation en journalisme,en création littéraire et en art oratoire.

Où elles ont survécu, les écoles locales sont souvent le point de référence principal pourl'action collective à l'échelle de la collectivité. L'école Fe y Esperanza (foi et espérance) àAltos de Cazucá, en Colombie, dessert 200 enfants qui ont été déplacés à l'interne enraison du conflit continu dans le pays. Les enfants eux-mêmes organisent lefonctionnement au jour le jour de l'école, et on encourage les parents et d'autresmembres de la collectivité à participer. Au milieu de la violence et de l'insécurité, l'écoledonne aux enfants et aux adultes un certain sentiment de sécurité et de contrôle surleur propre vie.1

Coordonner l'éducation et la planification pour l’avenirDes initiatives réussies en éducation, entreprises par les collectivités, les groupes fondés sur la foi oules ONG, possèdent habituellement les ingrédients essentiels de contexte local, d'innovation et debonne qualité (selon le concept de l'enfant au centre). De bons exemples de prestation de servicesdoivent être augmentés afin de traiter toute l'étendue du problème. Il est essentiel qu’on fasseparticiper les autorités nationales, même si elles sont faibles, afin d’appuyer et d’aider lamultiplication éventuelle des innovations. Dans l’étape à la suite du conflit, le défi pour toutes lesparties, autorités de l'État, donateurs et ONG, est de tirer profit de ces innovations et de lesmultiplier de la façon la plus efficace possible et de les intégrer dans un système d’éducation rétabli.

Habituellement, les infrastructures physiques et humaines des pays touchés par les conflits sontdétruites et doivent élaborer un plan complet. Des approches à court terme devraient correspondreaux perspectives à long terme. Le but ultime doit être une nation fonctionnelle (peu importecombien loin ce but peut sembler au moment présent), avec des besoins du secteur de l'éducationétablis dans le contexte d'un développement général national. L'éducation ne peut être vueséparément d'autres services publics tels que la santé, l'eau, les installations sanitaires et la sécurité.

Beaucoup de bonnes initiatives à petite échelle (par exemple, utiliser les enseignants bénévoles) nepeuvent être soutenues au fil du temps. Il est alors nécessaire de s’engager avec les autorités nationaleset de traiter les enjeux dans l’ensemble du système. On peut s'efforcer inutilement de former desenseignants si leur salaire est si bas qu'ils n'entrent pas (ou ne restent pas) au service del'enseignement. Les enseignants ont besoin de salaires réguliers, d’un parcours professionnelconstruit sur des compétences professionnelles et d’un système de soutien afin de renforcer leurcapacité de s’assurer d’un enseignement et d’un apprentissage efficaces et créatifs. Cela signifieexaminer les coûts renouvelables et les coûts de développement. Cela signifie également d'examinerla prestation d'enseignement secondaire, parce que moins il y a de prestation d'études postprimaires,plus il y aura de décrochage à l'école primaire (diminuant ainsi les taux de réussite). Les étudessecondaires ne peuvent être fournies que par l’État, pas nécessairement comme unique fournisseur,mais il doit au moins jouer un rôle prépondérant. Étant donné qu’au bout du compte la réduction continue de la pauvreté doit être la responsabilité des gouvernements nationaux, l’intervention la plus efficace est probablement de développer les capacités de directiondu gouvernement.

Le but ultime doit êtreune nation fonctionnelle,avec des besoins dusecteur de l’éducationétablis dans le contexted’un développementgénéral national.

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L'éducation consolide la paix

La guerre civile qui a déchiré le Népal depuis les dix dernièresannées a coûté la vie à 12 000 personnes. Les rebellesmaoïstes, dévoués à renverser ce qu’ils voient comme unemonarchie surannée et répressive, contrôlent la majeure partiede la région rurale. La formation scolaire dans les régionsrurales a été grandement touchée, les écoles étant visées aumême titre que les autres installations gouvernementales. Lesécoles sont réquisitionnées à la fois par les rebelles maoïstes etl'armée, et les élèves et les enseignants sont enlevés afin dejoindre les forces rebelles. Entre janvier et août 2005,11 800enfants ont été enlevés. Les écoles sont souvent fermées enraison de bandhs (frappes) déclenchées par les rebelles.

Les taux de présence, qui ne sont déjà pas élevés,ont baissé.Un cinquième de tous les enfants en âge d'aller à l'école n'yvont pas. Plus de la moitié des filles et 80 p. 100 des enfantsdalits de « basses classes » ne reçoivent pas un enseignementprimaire de base parce qu’ils n’ont pas les formulairesd’enregistrement de la naissance nécessaires parce que lesregistraires locaux ne se risqueront pas à se déplacer dans lesvillages éloignés.Quoiqu’il en soit, les classes sont surpeuplées,et beaucoup n’ont pratiquement pas de matériel oud’équipement. Seulement un tiers des enseignants au niveauprimaire a été formé. Il existe des tensions entre le personnelde toutes les installations soutenues par le gouvernement, ycompris les enseignants, et les rebelles maoïstes. Les écolessont en principe la responsabilité des bureaux de l’éducationdu district,mais dans plusieurs secteurs, les rebelles sontdevenus le gouvernement local de facto.

Expérience d’Aide à l’enfanceAide à l’enfance œuvre au Népal depuis 22 ans.Au cours desdix dernières années, notre travail est de plus en plus touchépar le conflit. Il a impliqué de travailler à la fois avec legouvernement et les rebelles maoïstes, et d’établir la confiancedes collectivités locales. En travaillant à l’échelle locale, nousavons été en mesure de montrer que les enfants peuventdevenir la cible d’une collaboration constructive,même dansune zone de conflits.Dans l’un des districts durement touchéspar la guerre civile, nous avons encouragé des familles à établirdes comités sur l’éducation formés de représentants de 30ménages d’un hameau. Ils ont d’abord effectué des rechercheslocales afin de repérer quels enfants n’allaient pas à l’école etpourquoi.Ces renseignements ont ensuite été intégrés à unplan d’amélioration de l’école, et chacun des comités a pris laresponsabilité d’envoyer tous les enfants de plus de six ans àl’école, de façon régulière.

Nous avons été en mesure d’amener le bureau de l’éducationdu district à appuyer le plan d’amélioration de l’école.Cela aéveillé les soupçons chez les rebelles,mais à l’aide des comités,

les membres de la collectivité ont expliqué aux rebelles ques’ils ne les appuyaient pas, ils n’auraient pas le droit de venirdans les villages et demander un abri et de la nourriture. LesMaoïstes ont finalement accepté et ont participé aux écolesplutôt que les détruire. Le taux d’inscription dépasse 90 p. 100dans ces collectivités.Toutes les écoles ont des classes remises àneuf ou de nouvelles classes, et les enseignants adoptent desapproches d’apprentissage plus actives et interactives. En deuxans, le taux de réussite est passé de 39 p. 100 à 68 p. 100, et letaux d’abandon est passé de 23 p. 100 à 2 p. 100. Les parentsretirent même leurs enfants d’écoles privées des plus grandesvilles afin de les inscrire à l’école publique.

Avec autant d’enfants obtenant leur diplôme d’étudesprimaires, il y a une demande croissante d’agrandir l’écolelocale afin d’inclure les années d’études secondaires.Après denombreuses discussions, les membres de la collectivité ontdécidé d’inviter l’agent d’éducation du district à visiter leurvillage, par l’entremise d’Aide à l’enfance. Il a d’abord refusé enraison de la possibilité d’être enlevé,mais les rebelles ontpromis de ne pas lui causer de tort.Quand il est venu, ils’agissait de la première visite de la sorte en 32 années, depuisque l’école avait été ouverte. Il a accepté que l’école soitagrandie.

Aide à l’enfance a engagé 10 000 dollars pour la construction;l’agent d’éducation du district a accepté de fournir lesenseignants et les fournitures nécessaires, et la collectivité afourni la main-d’œuvre.Ayant d’abord refusé d’appuyer unprojet parrainé par le gouvernement, les rebelles ontfinalement recueilli des fonds, donné des matériaux tels que dubéton et contribué à la main-d’œuvre.

Ce qui est nécessaireAide à l’enfance continuera de collaborer avec legouvernement du Népal, les rebelles maoïstes, d’autrespartenaires et collectivités locales afin de reproduire notreexpérience dans d’autres districts.Nous appuierons legouvernement afin d’accroître les inscriptions scolaires à 90 p.100 dans l’ensemble du pays et d’augmenter le taux deréussite des études primaires.D’ici 2010, nous visonsd’augmenter l’alphabétisme de 57 p. 100 à 70 p. 100, et que 40p. 100 des enfants aient des possibilités de développement del’enfance.

Même si le Népal a un plan et des objectifs précis enéducation, le gouvernement n’affecte pas assez de ressourceset a de faibles systèmes de suivi et d’évaluation. La collectivitéinternationale doit donc créer un climat dans lequel le Népaldoit accepter qu’il doit, et peut, atteindre ses objectifs enéducation.

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“Si j’avais une baguette magique, je ferais deux choses :

j’agrandirais l’école avec des briques et plus d’espace, et je

construirais un patio où nous pourrions jouer en toute sécurité”

Freddy, 6 ans, Colombie

Save the Childr en

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Junior, 13 ans, Côte d’Ivoire

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Combler les manques definancement

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Afin d’atteindre l’éducation pour tous, les gouvernements nationaux ont besoin definancement adéquat et prévisible pour l’éducation, ainsi qu’avoir les mécanismes enplace afin de verser les fonds selon les besoins et sans discrimination à des finspolitiques. Le Cadre d’action de Dakar a mis l’accent sur les rôles des gouvernementsnationaux et de la collectivité internationale afin d’atteindre l’éducation pour tous enénonçant qu’« aucun pays ayant sérieusement entrepris d’assurer l’éducation pour tousne voit ses efforts compromis par un manque de ressources »1

Financement national pour l’éducationOn a soutenu que les gouvernements devraient investir au moins 6 p. 100 de leurproduit national brut (PNB) en éducation.2 Aucun des États fragiles touchés par desconflits pour lesquels des données étaient disponibles n’atteint ce niveaud’investissement. En terme d’affectation budgétaire, on a également laissé entendre quepour qu’un pays réussisse, il doit dépenser environ 20 p. 100 de son budget total enéducation.3 Seulement deux États fragiles touchés par des conflits ont atteint ce niveaude dépenses (la Côte d’Ivoire et la Guinée).4 Le montant dépensé en éducation estinfluencé par la situation dans chacun des pays et des priorités concurrentielles. Il estpossible que les gouvernements d’États fragiles touchés par des conflits ne voient pasl’éducation comme leur principale priorité, et les ressources peuvent être affectées aufinancement d’activités militaires. Au nord du Soudan, seulement 1,8 p. 100 duproduit intérieur brut (PIB) est affecté à l’éducation.5 En Éthiopie, pendant la guerreavec l’Érythrée en 1999-2000, il y a eu une baisse importante des dépenses enéducation. Par contre, quand l’accord de paix a été signé, le gouvernement a détournéson attention des dépenses militaires et a augmenté de façon importante le budget pour l’éducation.6

Quand les gouvernements ne sont pas en mesure de fournir des ressources adéquates àl’éducation ou qu’ils ne veulent pas le faire, la charge de financer les écoles sera celle descollectivités et des parents. Afin de combler le manque à gagner de leurs budgets, lesécoles prélèvent des frais afin de payer les salaires des enseignants, l’entretien et lesmanuels. Les frais peuvent être le seul moyen qu’ont les écoles de continuer àfonctionner, mais cela signifie également que les enfants les plus pauvres, surtout lesfilles, sont exclus de l’école. La RDC dépense 4 dollars américains par élève par annéeen éducation, alors que les parents doivent payer entre 14 et 32 dollars américains parenfant, ce que plusieurs ne peuvent se permettre.7

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Financement international pour l’éducationDeux réunions internationales importantes en 2005, le Sommet du Groupe des huit etle Sommet des Nations Unies, ont renforcé l’engagement du monde à aborder lapauvreté et à atteindre les OMD adoptés en 2000. Au G8, les dirigeants du monde sesont engagés à trouver un autre 50 milliards de dollars américains par année d’ici 2010,nécessaires afin d’atteindre les OMD. Peu après, les participants au Sommet desNations Unies ont promis que « les enfants vivant dans des situations de conflits armés[recevraient] une aide humanitaire opportune et efficace, y compris une éducation,pour leur réhabilitation et leur réinsertion dans la société. »8 Par contre, ce financementne rejoint pas les enfants vivant dans États fragiles touchés par des conflits. Malgré unengagement international croissant afin de réduire la pauvreté, d’appuyer l’éducation etd’augmenter les apports d’aide, les pays les plus en besoin et ceux qui sont les moinsprès d’atteindre les OMD, ne reçoivent toujours pas l’aide financière dont a besoin leursystème d’éducation.9 Les personnes vivant dans des États fragiles touchés par desconflits sont particulièrement désavantagées en ce qui concerne le montant qu’ellesreçoivent, la partie de ce montant affecté à l’éducation, la façon dont il est dépensé etleur accès à des mécanismes internationaux de financement.

Aide au développement et éducationEn règle générale, les donateurs et les organismes d’aide reconnaissent qu’il est plusdifficile d’aider les États fragiles touchés par des conflits que les autres pays endéveloppement. Dans les pays à la fois fragiles et touchés par des conflits, la volontépolitique est souvent faible ou absente, les institutions nationales en sont souvent àdifférents stades de délabrement, et la capacité nationale est détruite. Beaucoup dedonateurs dans le passé ont été réticents à prendre les risques associés du financementaux États fragiles touchés par des conflits, souvent parce qu’il n’y a pas de véritablesgouvernements en place avec lesquels les donateurs peuvent faire affaire, ou parce qu’oùils sont, il peut y avoir une responsabilité limitée, et les fonds peuvent être réaffectésaux dépenses militaires.

N’ayant qu’une très basse ou faible capacité comme ils sont, les États fragiles touchéspar des conflits ont besoin de meilleurs apports d’aide sur une plus longue période afind’établir des institutions plus solides et plus durables. Par contre, étant donné que lesdonateurs utilisent des critères de sélection afin de cibler leur aide sur les pays ayant debonnes politiques ou qui sont jugés bons producteurs10, les États fragiles touchés pardes conflits reçoivent moins d’aide. Même si l’Aide publique au développement (APD)pour l’éducation dans les pays en développement est passée de 5 milliards de dollarsaméricains en 1999 à 8,5 milliards de dollars américains en 2004, les États fragilestouchés par des conflits reçoivent une portion beaucoup plus petite comparativement àd’autres pays à faible revenu.11 En 2004, les 30 pays classés comme États fragilestouchés par les conflits12 ont reçu moins d’un tiers de l’aide à l’éducation destinée auxpays à faible revenu, alors que les deux tiers de l’aide à l’éducation sont allés aux 33autres pays à faible revenu. Lorsqu’on calcule l’aide à l’éducation par personne, les Étatstouchés par les conflits s’en tirent également moins bien que d’autres pays à faiblerevenu, recevant une moyenne de seulement 1,6 dollar américain par personne parannée entre 1999 et 2003, comparativement à 3,3 dollars américains par année pourd’autres pays à faible revenu.13

N’ayant qu’une trèsbasse ou faible capacitécomme ils ont, les Étatsfragiles touchés par desconflits ont besoin demeilleurs apports d’aidesur une plus longuepériode afin d’établirdes institutions plussolides et plus durables.

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Total des engagements pour aide au développement à l'étranger en matièred'éducation de 1999-2004*

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COMBLER LES MANQUES DE FINANCEMENT 4

L’Initiative accélérée – Éducation pour tous

L’Initiative accélérée – Éducation pour tous a été lancée en 2002 en tant que mécanismeinternational principal afin de mobiliser des fonds pour l’éducation et « pacte entre les payset les donateurs ».14 Pour que les pays soient approuvés par l’Initiative accélérée, ils doiventavoir une stratégie de réduction de la pauvreté ou l’équivalent en place et un plan dusecteur de l’éducation convaincant approuvé par les donateurs du pays. À la suite del’approbation, le financement peut être obtenu soit par les donateurs du pays ou lefinancement catalytique.15 De plus, l’Education Program Development Fund (EPDF) a étéétabli à la fin de 2003 afin de fournir une aide technique et un renforcement des capacitésafin d’aider les pays à préparer et à mettre en œuvre un plan d’éducation solide.

Même si l’Initiative accélérée a galvanisé l’appui pour l’éducation à l’échelle internationale,elle n’a pas été en mesure de répondre aux besoins de financement des 20 pays qui ont étéapprouvés. De plus, beaucoup d’États fragiles touchés par des conflits ont été exclus d’uneapprobation totale de l’Initiative accélérée parce qu’ils n’avaient pas rédigé un cadrestratégique de lutte contre la pauvreté (CSLP) ou l’équivalent, et qu’ils n’avaient pas de plansur l’éducation.16 Par contre, la rencontre de partenariat de l’Initiative accélérée ennovembre 2005 à Beijing a appuyé la notion que l’Initiative accélérée devrait accroître sonappui aux États fragiles, et il y a un consensus général que l’EPDF pourrait fournir unmécanisme afin d’appuyer les états fragiles afin d’élaborer des programmes d’éducation.Actuellement, le groupe de travail de l’Initiative accélérée sur les États fragiles examinecomment cela pourrait être réalisé. Par contre, l’Initiative accélérée ne fonctionnera bien que si les donateurs respectent leur engagement sur le financement. Sans cela, les payspourraient être peu enclins à s’engager au travail analytique nécessaire afin de recevoir un appui.

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1999 2000 2001 2002 2003 2004

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*Les chiffres sont calculés selon les milliards de dollars américains constants de 2003

États fragiles touchés pardes conflits

Autres pays à faible revenu non touchés par des conflits

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Aide humanitaire et éducationPour les pays touchés par des conflits et des crises prolongées, l’aide humanitaire estsouvent la forme principale d’appui pour un certain temps. De 1993-1994 à 2003-2004, par exemple, 73 p. 100 de l’aide du Royaume-Uni au Libéria et à laSomalie était composée d’une aide d’urgence. L’aide humanitaire est fondée sur lesprincipes de l’impartialité, de l’indépendance et de la neutralité, et est vue commedistincte de par son objet de la majorité de l’aide au développement. Elle est parfoisconsidérée comme une façon de travailler autour de l’État plutôt que dans celui-ci. Lesdémarches humanitaires comptent depuis toujours sur les acteurs non étatiques tels queles ONG, les organisations communautaires, le secteur privé et les groupes à caractèreconfessionnel afin de fournir de l’aide.

Par contre, seulement une petite partie de l’aide humanitaire est axée sur l’éducation.Une grande partie de l’aide humanitaire est coordonnée par le processus d’appel global(PAG) qui n’alloue que 2 p. 100 des contributions à l’éducation en situationd’urgence.18 Au cours des dernières années, la quantité de contributions humanitairespour l’éducation a commencé à augmenter. Mais, le financement ne répond toujourspas aux besoins en éducation déterminés dans les appels, et est assez minimecomparativement à celui d’autres secteurs. Par exemple, dans un examen des archives etdes rapports sommaires de 2001 à 2005 du Service de centralisation des ressourcesfinancières (FTS) du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (BACH) desNations Unies, on a conclu que seulement 42 p. 100 des besoins en éducation étaientsatisfaits comparativement à 66 p. 100 de ceux de tous les secteurs.

Faire correspondre les promesses au paiementBeaucoup de donateurs promettent une aide et s’engagent, mais par la suite ne versentpas l’argent ou le montant total, ou le versent plus tard. Encore une fois, les Étatsfragiles touchés par des conflits sont dans une situation nettement moins bonne qued’autres pays. De 2002 à 2004, seulement 56 p. 100 de l’aide bilatérale en éducationdestinée aux États fragiles touchés par des conflits a réellement été versée,comparativement à 65 p. 100 pour les pays en développement en général. En fait, lesapports d’aide aux États fragiles sont au moins deux fois plus instables que les apportsd’aide aux autres pays à faible revenu.19 Les répercussions positives potentielles de l’aidedestinée aux États fragiles touchés par des conflits sont réduites de façon importantepar son imprévisibilité, étant donné que les pays ne peuvent l’utiliser afin de s’engagerdans des plans à long terme, de s’engager à payer les salaires régulièrement ou àeffectuer des versements réguliers.20 Les répercussions de cette instabilité sont plusgraves dans les pays touchés par des conflits ou fragiles qu’elles le seraient dans des paysplus stables en raison de leurs besoins initiaux plus élevés.21

De 2002 à 2004,seulement 56 p. 100 del’aide bilatérale enéducation destinée auxÉtats fragiles touchéspar des conflits aréellement été versée.

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COMBLER LES MANQUES DE FINANCEMENT 4

Modes de versement de l’aideLa plupart des modes de versement de l’aide favorisent toujours les pays ayant au moins desniveaux de capacités minimums de bonne gouvernance ou d’administration, ce qui met denouveau les États fragiles touchés par des conflits en situation de désavantage. Les sources defonds sont variées, provenant directement des donateurs ou de fonds communs tels que lefonds en fiducie regroupant plusieurs donateurs. Il existe également plusieurs modes deversement de l’aide, dont l’appui budgétaire direct, le soutien aux projets et les caisses desecours, lesquels peuvent être utilisés en combinaison afin de permettre que les fonds soientacheminés aux gouvernements et à l’éducation.

L’appui budgétaire direct, par exemple, fournit de l’argent non affecté directement dans lebudget national. Il est rarement utilisé dans les situations d’urgence ou pour les États fragiles,mais le Rwanda et la Sierra Leone sont des exemples de l’utilisation de l’appui budgétairedirect dans des situations peu après un conflit.

L’appui budgétaire sectoriel affecte de l’argent à un secteur précis tel que l’éducation. Lesdonateurs approuvent un plan de développement sectoriel et font correspondre les fonds etl’aide technique à celui-ci. Les donateurs peuvent utiliser une approche sectorielle (SWAP)afin d’harmoniser leurs ressources (financières et techniques) à un secteur particulier. Parcontre, l’appui budgétaire sectoriel ne garantit pas nécessairement que les fonds s’ajoutent àun budget du secteur, mais ne sont pas utilisés la plupart du temps dans des pays ayant desgouvernements fragiles en raison des difficultés de transparence et d’établissement derapports.

Les projets individuels sont le mécanisme le plus commun de versement. Les fonds sontversés soit à l’État, soit à des acteurs non étatiques afin de mettre en œuvre un projet précislimité dans le temps. Un exemple à plus grande échelle a été au sud du Soudan, où en 2003,un consortium d’ONG a été financé afin d’appuyer le développement d’un systèmed’éducation, en particulier la formation des enseignants et l’infrastructure. Cependant, on ditque les projets qui sont surutilisés afin de fournir des services peuvent doubler les processusexistants, ajouter à la charge bureaucratique et rarement financer les charges récurrentes.

Les caisses de secours ou fonds de protection sociale) sont établies à l’intérieur, ou enparallèle, des structures du gouvernement avec l’intention de verser de l’argent directementaux collectivités. On peut demander aux collectivités de fournir un appui équivalent,particulièrement en nature (p. ex. la main-d’œuvre). Au Rwanda et au Timor Lesteémergeant d’un conflit, les collectivités ont utilisé une partie de ces fonds afin de financerl’éducation et de construire des écoles. Les fonds sont habituellement utilisés de façon plusgénérale afin de réduire la pauvreté, augmentant ainsi l’accès à l’éducation.

Quand ils utilisent l’un ou l’autre de ces modes de versement, les donateurs devraientreconnaître le rôle de la société civile à titre de défenseur d’intérêts publics et d’intervenants etnon au seul titre de fournisseurs de service, et devraient fournir un soutien financier etpolitique approprié..

Quand ils utilisent l’un oul’autre de ces modes deversement, les donateursdevraient reconnaître lerôle de la société civile àtitre de défenseurd’intérêts publics etd’intervenants et non auseul titre de fournisseursde service.

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EDUQUER POUR L 'AVENIR

Établir une capacité techniqueÀ long terme, un gouvernement stable devrait être l’agent de coordination afin de gérerl’augmentation graduelle des apports d’aide aux États fragiles touchés par des conflits.Ainsi, il est important de ne pas créer de systèmes parallèles si les fonds sont acheminéstemporairement par des ONG et d’autres acteurs non étatiques, et que la capacité del’État soit renforcée au même moment où les acteurs non étatiques fournissent unmode de versement temporaire pour les fonds. Cela comprend de fournir un soutientechnique simple et efficace afin de s’assurer que l’aide à l’éducation peut être versée àl’échelle régionale et locale.

Il est essentiel au renouvellement du système de fournir une aide technique et d’établirla capacité d’autorités scolaires à tous les niveaux. Il s’avère également essentield’élaborer un enseignement de bonne qualité qui ne reproduit pas les faiblesses quipourraient avoir contribué aux conflits et à la fragilité. Cela nécessite des engagementsfinanciers afin d’appuyer le renouvellement du programme de formation, lamodernisation de la formation et de la supervision des enseignants ainsi qu’uninvestissement important dans l’établissement d’une capacité technique. Les écolesbombardées peuvent être reconstruites, et de nouveaux cahiers d’exercices peuvent êtreachetés, mais s’il existe un manque d’expertise technique, si un plan d’« Éducation pourtous » doit être ébauché, si un programme de formation doit être revu, si lesenseignants, les planificateurs ou les administrateurs ont fui, alors les ressources seulesne pourront combler le manque. L’aide technique est également requise, offerte par uneformation et du matériel, et appuyée par des placements et des assignations.

Possibilités de changementLes États fragiles touchés par des conflits sont nettement désavantagés à tous les coupsquand on en vient à l’accès à une aide extérieure pour l’éducation, mais ils ne sont pastous les mêmes et font face à des difficultés très différentes. Certains, comme la RDC,ont une richesse naturelle importante, mais une gouvernance très faible. D’autres ontde bons systèmes en place, mais deviennent inefficaces en raison d’un conflitchronique, comme c’est le cas au nord-est du Sri Lanka. Par contre, une chose estclaire. Les finances rendues disponibles pour l’éducation ne rejoignent pas les enfantsdes pays le plus dans le besoin et ceux gravement touchés par des conflits.

Il est possible de changer les cycles de financement. En raison surtout despréoccupations en ce qui concerne la sécurité après le 11 septembre, il y a eu un regaind’intérêts envers les États fragiles touchés par des conflits, surtout dans la déterminationde mécanismes de financement et de mise en œuvre de programmes qui peuventfournir des services essentiels, favoriser une bonne gouvernance et augmenter lastabilité. Ainsi, les donateurs doivent ouvrir le chemin et être innovateurs dans laconception et l’utilisation de combinaisons de mécanismes de versement quipermettent d’acheminer les ressources aux enfants les plus pauvres des États fragilestouchés par des conflits.

« Il est très importantque d’autres pays nousaident. Je ne parle passeulement d’argent,étant donné que nousavons beaucoup deressources. Je parleaussi de connaissances;de ça, nous n’en avonspas assez. »Moises Samuel, directeurd’une organisation nationaledes droits de l’enfant en Angola.

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COMBLER LES MANQUES DE FINANCEMENT 4

L’éducation amène lapossibilité

Depuis 20 ans, Haïti est affligé par desbouleversements politiques et un manque degouvernance. Il possède peu d’enseignants qualifiés, àune mauvaise infrastructure et un manque de matériel.Plus de 500 000 enfants n’ont pas accès à uneéducation de base, et seulement les deux tiers desenfants âgés entre 6 et 12 ans du pays vont à l’école.Moins du tiers de tous les enfants terminent leursétudes primaires. Près de la moitié de la population estâgée de moins de 18 ans, et la population pourraitdoubler d’ici l’an 2030, ce qui créerait un besoin sansprécédent pour des services éducatifs.

En Haïti, 90 p. 100 de toutes les écoles primaires sontgérées par le secteur privé. Étant donné que 80 p. 100de la population vit sous le seuil de la pauvreté,beaucoup de parents ne peuvent se permettred’envoyer leurs enfants à l’école. Les parents dans lesrégions rurales encouragent leurs enfants à êtretravailleurs domestiques, croyant que cela leurpermettra d’avoir une éducation. Il y a environ 300 000enfants qui effectuent du travail domestique, dontcertains finissent comme enfants de la rue, ayant fuileurs employeurs afin d’échapper à l’abus. Le nouveaugouvernement, élu en février 2006, a fait de l’éducationuniverselle et des cantines scolaires une priorité. Cettedernière est importante en raison des taux élevés defaim et de malnutrition. Il a également promis decontinuer à mettre en œuvre le Plan national surl’éducation et la formation, élaboré en 1996, quicomporte quatre priorités : accès, qualité, gouvernanceet efficacité.

Expérience d’Aide à l’enfanceAide à l’enfance travaille avec 94 collectivités,gouvernements, missions et écoles privées dans deuxdistricts ruraux, rejoignant plus de 20 000 enfants.Nous fournissons également des livres et del’équipement; nous avons construit huit écoles et offertune formation aux enseignants, aux directeurs d’école,aux comités de gestion scolaire et aux associations deparents.

Aide à l’enfance travaille avec certains des 2 000enfants de la rue dans la capitale, dont beaucoup nesont jamais allés à l’école. Nous avons établi descentres d’accueil et des écoles non structurées où lesenfants peuvent apprendre à lire et à écrire, afin qu’ils puissent ensuite entrer dans le systèmed’éducation régulier. Quand ils sont prêts à y entrer,nous leur fournissons des uniformes et payons leursfrais scolaires.

Ce qui est nécessaireAide à l’enfance poursuivra son travail avec les secteurspublic et privé, et les organisations partenaires afin derépéter notre travail et d’accroître l’accès à l’éducationpour 40 000 enfants. Nous collaborerons égalementavec le gouvernement afin d’appuyer les écolescommunautaires dans les régions éloignées, et nousexercerons des pressions pour une transparence del’agrément institutionnel. La législation existante sur ledroit à la gratuité scolaire devrait être exécutée danstoute la mesure du possible. Le financement accru dugouvernement pour l’éducation devrait encore êtreaxé sur l’éducation de base, tout en reconnaissant lebesoin d’améliorations dans l’ensemble du secteur.

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“J’ai un message pour d’autres enfants : s.v.p., ne quittez

pas l’école parce que plus tard, vous devez compter sur vous et

non sur d’autres personnes”

Hijazi, 12 ans, nord du Soudan

Felicia Webb

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Aide à l’enfance met le monde au défi de s’assurer que les 43 millions d’enfants nonscolarisés vivant dans des États fragiles touchés par des conflits ont accès à l’éducationde qualité à laquelle tous les enfants méritent et ont droit. Nous ferons notre part afinde relever le défi. Par notre présence sur le terrain et en nous fondant sur notreexpérience dans le domaine des droits de l’enfant et de l’éducation, nous nousassurerons que trois millions d’enfants non scolarisés de pays en conflit aillent à l’écoled’ici 2010, tout en améliorant la qualité de l’éducation pour un total de huit millionsd’enfants. Par la promotion de cette campagne et les partenariats actifs, nousencouragerons d’autres ONG et organisations communautaires à habiliter les enfants,leur famille et leur collectivité à demander et à obtenir leur droit à une éducation dequalité.

Aide à l’enfance reconnaît que, même si les gouvernements sont les principaux sujetsd’obligations afin de s’assurer que les droits de leurs citoyens sont respectés, dans despays en conflit, les gouvernements peuvent être affaiblis et incapables de remplir leursobligations essentielles sans appui. Par conséquent, nous croyons que la collectivitéinternationale (gouvernements donateurs, institutions financières internationales etagences de l’ONU) ont une obligation de s’assurer que tous les enfants, y compris ceuxde pays en conflit, jouissent de leur droit à l’éducation. Si le monde atteint les objectifsen éducation tel qu’il a été entendu dans les OMD et les objectifs d’Éducation pourtous établis à Dakar, alors des mesures urgentes et efficaces doivent être prises.

Aide à l’enfance fait appel aux dirigeants du monde, aux organisations, auxgouvernements et aux personnes afin qu’ils s’engagent publiquement à appuyer le droità l’éducation pour tous les enfants et à prendre des mesures immédiates et soutenuesafin de mettre en œuvre les changements qui suivent et de s’assurer que ces 43 millionsd’enfants ont accès à une éducation de qualité.

Ceux qui détiennent le pouvoir (les gouvernements, les donateurs et les organisationsinternationales) ne font preuve ni de volonté politique ni d’engagement à rejoindre ces43 millions d’enfants. La collectivité internationale doit agir rapidement afin deprévenir les conflits, répondre plus rapidement aux conflits qui éclatent et fournir l’aidefinancière et l’aide à l’établissement des capacités nécessaires afin de préserver la paix aumoment où les pays émergeant d’un conflit amorcent le processus de la reconstructionnationale.

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Eduquer pour l'avenir –Recommandations

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Aide à l’enfance fait appelaux dirigeants du monde,aux organisations, auxgouvernements et auxpersonnes afin qu’ilss’engagent publiquement àappuyer le droit àl’éducation pour tous les enfants..

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EDUQUER POUR L 'AVENIR

L’éducation change l’avenir

L’éducation au sud du Soudan est quasi inexistante en raisonde près de deux décennies de guerre. Plus de 1,5 million depersonnes ont été tuées, et environ quatre millions ont étéforcées de fuir au nord ou dans d’autres pays. Beaucoupd’entre elles n’ont toujours pas pu retourner. Le systèmed’éducation et l’infrastructure ont été entièrement détruits.

Au cours des dix dernières années, des programmesd’éducation ad hoc ont été établis par des collectivités locales,des ONG et des organismes à caractère confessionnel,mais leministère de l’Éducation est géré par des bénévoles, et lesenseignants ne sont pas qualifiés, non rémunérés et n’ontsouvent que très peu d’études eux-mêmes.Aller à l’école, pourceux qui y vont, signifie s’asseoir sous un arbre ou dans unehutte à toit de paille, sans eau ni toilettes, sans même lematériel didactique et d’apprentissage le plus élémentaire.

Les enfants du sud du Soudan sont ceux qui ont le moinsaccès à l’enseignement primaire dans le monde.Près de 20 p.100 des enfants s’inscrivent à l’école, et seulement 2 p. 100terminent leurs études primaires. La situation est même pirepour les filles.Dans une population d’entre six et sept millions,500 filles terminent leurs études primaires chaque année. .

Maintenant qu’un gouvernement distinct a été établi et qu’unepaix fragile a été négociée, les gens commencent à retournerau sud, ce qui impose une contrainte encore plus forte à unsystème d’éducation non fonctionnel.

Expérience d’Aide à l’enfanceAide à l’enfance œuvre au Soudan depuis 12 ans, et nousappliquons notre programme d’éducation actuel depuis 2001.Nous œuvrons maintenant dans cinq régions qui ont ététouchées de façon chronique par la guerre; nous les aidons àrestaurer le système d’éducation délabré du pays.

Notre plus grand défi est d’encourager davantage de filles àaller à l’école. Beaucoup de filles sont gardées à la maison afinde s’occuper des enfants et de la maison. Les filles sontconsidérées comme une source précieuse de revenus, étantdonné que la famille reçoit une dot de vaches quand une fillese marie. Par conséquent, souvent, les parents n’envoient pasleurs filles à l’école par peur qu’elles soient « gâchées », c’est-à-dire qu’elles perdront leur virginité avec des compagnonsd’école, et qu’elles ne vaudront plus une grosse dot.

Afin d’aider à encourager l’inscription des filles et de prévenirqu’elles abandonnent,Aide à l’enfance appuie des équipes dedéfense d’intérêts sociaux dans les écoles. Formées de six filleset de six garçons, les équipes vont dans leur collectivité localeafin de parler aux parents qui n’envoient pas leurs filles à l’écoleet d’essayer de changer leur mentalité. Se portant volontaires

pour joindre les équipes, les enfants utilisent la danse, le théâtreet des chansons afin de montrer l’importance de l’éducationdes filles et d’attirer l’attention de la collectivité. Ils utilisent l’artoratoire et les débats afin de déclencher des discussions surdes opinions en éducation, et visitent les parentsindividuellement dans leur maison et font des présentationsaux rencontres communautaires.À l’école, les équipes utilisentles sports tels que le volley-ball afin d’encourager laparticipation des filles, organisant des tournois entre les classes.

Aide à l’enfance a déjà formé 31 équipes de défense d’intérêtssociaux, et 15 autres seront formées.Afin de préparer lesmembres à s’exprimer dans leur collectivité, nous les formonsen art oratoire ainsi que sur des sujets tels que les droits del’enfant. Les équipes prennent également part à des ateliers afinde discuter des enjeux en éducation et de la prise de décisionsen ce qui concerne leur propre éducation.

Ce qui est nécessaireIl n’existe aucune politique globale en éducation au sud duSoudan, et le ministère de l’Éducation manque gravement deressources.Aide à l’enfance aide à accroître les connaissanceset les capacités des autorités scolaires locales et encourage legouvernement du sud du Soudan à augmenter son budget enéducation de 15 p. 100 de ses dépenses totales.La réticence à envoyer les filles à l’école est encore forte. Enplus d’augmenter les inscriptions scolaires de 60 000 à 250000, notre but est que 40 p. 100 des nouveaux élèves soientdes filles.Nous poursuivrons notre travail avec les associationsde parents et d’enseignants et les équipes de défense desintérêts menées par des enfants afin de changer les modes depensée dans les collectivités, et nous nous efforçonsd’augmenter la proportion d’enseignantes à 10 p. 100. Peud’écoles ont des bâtiments permanents, et nous participonsactuellement à la construction de 50 bâtiments.Nouscontinuerons à fournir du matériel scolaire et à aider àélaborer le nouveau programme de formation.Nous avonsjusqu’ici formé 1 040 enseignants (y compris pour notreprogramme d’apprentissage avancé et les projets dedéveloppement de l’enfance) et nous prenons des mesuresafin que 60 p. 100 des enseignants utilisent des méthodesaxées sur l’enfant et le genre d’ici 2009.Nous fournissonségalement un appui depuis 2006 au nouveau système deformation des enseignants au sud du Soudan.

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CHANGER L’AVENIR – RECOMMANDATIONS 5

Recommandations

Les gouvernements nationaux devront prendre des mesures afin de:

• rédiger un plan limité dans le temps afin de respecter les engagements à abolir les frais scolairesà l’école primaire, tout en prenant les mesures appropriées afin de protéger et d’améliorer laqualité de l’éducation,

• s’assurer d’un nombre adéquat de membres du personnel enseignant qualifiés en effectuantune réforme des systèmes de perfectionnement des enseignants et en mettant à jour le salaireet les conditions de service des enseignants,

• rédiger un programme de formation scolaire qui donne le plus tôt possible unecompréhension des droits de la personne, de la justice sociale, du travail d’équipe et duprocessus de paix et de réconciliation, et qui aide les enfants à se protéger des dangers liés auxconflits, tels que le risque accru de mines antipersonnel, du VIH et du sida,

• fournir des ressources aux écoles et aux centres d’éducation alternative,• protéger les enfants et les enseignants de la violence des forces du gouvernement et de la milice

armée en s’assurant que les auteurs feront l’objet d’une poursuite en vertu de la loi nationale,• favoriser la compréhension du droit à l’éducation et de la valeur de celle-ci chez les parents, les

enfants et la collectivité dans son ensemble.

Les donateurs et les organisations internationales doivent s’assurer quel’éducation fait partie des mesures de secours humanitaire immédiates en:

• fournissant une éducation de qualité en tant que service de première ligne dans toutes lesinterventions humanitaires dans les 30 premiers jours en s’appuyant sur les normes minimalesrelatives à l’éducation pendant les situations d’urgence du RIEU comme point de référencepour la qualité1

• s'assurant que l'éducation en tant qu’intervention humanitaire reçoit les ressources nécessaireset est coordonnée, et qu’un pourcentage de fonds recueilli par l’entremise des appels éclairs desNations Unies pour les situations d’urgence est affecté spécialement au secteur de l’éducation.

S’assurer de la protection de l’enfance par et à l’intérieur d’une éducationde qualité en :

• appuyant l’établissement de milieux scolaires bien gérés afin de protéger les enfants deblessures physiques, de détresse psychologique et sociale, du recrutement dans les groupesarmés, de la séparation de la famille et des abus liés à leur déplacement,

• favorisant la création de programmes d’éducation alternative de base qui comprennent descentres locaux scolaires, de programmes extrascolaires et des études à horaire flexible, surtoutquand les questions de sécurité empêchent les enfants d’aller aux écoles régulières.

S’assurer d’un financement adéquat en éducation dans les pays en conflit ou émergeant d’un conflit en :

• renforçant leur engagement avec les États fragiles touchés par des conflits et en ouvrant lechemin à l’exploration de mécanismes de financement qui permettent que les fonds soientacheminés efficacement afin de répondre aux besoins essentiels, surtout en l’absence d’ungouvernement efficace,

• augmenter l’affectation d’une aide prévisible à long terme pour l’éducation dans les Étatsfragiles touchés par des conflits, avec une portion importante de cette aide destinée à fournirun enseignement de base,

• augmenter la portée de l’Initiative accélérée – Éducation pour tous afin de permettre aux Étatsfragiles touchés par des conflits de bénéficier d’une aide accrue et d’un soutien technique parl’entremise de l’Initiative accélérée, avec une augmentation correspondante de toutes lesressources de l’Initiative accélérée.

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“Étudier est le plus important dans ma vie”

Selestina, 14 ans,Angola

Louise Dyring N

ielsen/Save the Children

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Introduction

1 Il n’existe aucune liste officielle des pays touchés par des conflits. Aide à l’enfance a ciblé un groupede pays à la fois touchés par des conflits et fragiles en recoupant plusieurs listes. Les pays déterminéscomme États fragiles touchés par des conflits sont ceux qui apparaissent sur au moins deux des listesqui suivent : (1) la liste d’États du Project Ploughshares qui ont fait face à au moins un conflit armépendant la période de 1995 à 2005 www.ploughshares.ca/libraries/ACRText/Summary2004/pdf (2) leFailed States Index 2006 www.fundforpeace.org/programs/fsi/fsindex2006.php (3) le groupe WorldBank LICUS (pays à faible revenu en difficulté) 2004 http://siteresources.worldbank.org/IDA/Resources/2004CPIAweb1.pdf

Chapitre 1

1 http://www.bbc.co.uk/worldservice/people/features/childrensrights/childrenofconflict/wounded.shtml

2 UNICEF (2006) The State of the World’s Children 2006

3 UN Office of the Secretary-General for Children and Armed Conflict (2005) www.un.org/special-rep/children-armed-conflict/

4 Graça Machel (1994) Impact of Armed Conflict on Children, UNICEF www.unicef.org/graca/ a51-306_en.pdf

5 Un total de 300 000 enfants servent à titre d’enfants soldats dans les conflits armés; 40 p. 100d’entre eux sont des filles. UNICEF (2005) The State of the World’s Children 2005

6 Project Ploughshares http://www.ploughshares.ca/imagesarticles/ACR04/Child_Soldiers_Map.pdf

7 Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI) 2005 Yearbook définit les conflitsimportants comme ceux qui entraînent plus de 1 000 décès liés aux batailles pour une annéehttp://yearbook2005.sipri.org/ch2/ch2

8 United Nations High Commissioner for Refugees (UNHCR) www.unhcr.org/cgi-bin/texis/vtx/statistics

9 ibid

10 http://yearbook2005.sipri.org/ch2/ch2

11 Annual Education Statistical Report (2001/02), Ministry of Education, Khartoum, Sudan

12 Concern for Working Children in Nepal (2005) Children in Conflict Fact Sheet, CWIN,Kathmandu, Nepal

13 A Wirak et al (2005) Afghanistan–Norwegian Education Team Report (draft), www.deco.no

14 Uganda Ministry of Education and Sports (2004) Strategic Framework for Education for All in the Conflict and Post-Conflict Districts, April 2004

Notes de fin

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15 Watchlist on Children and Armed Conflict (2004) Nothing Left to Lose: The legacy of armed conflictand Liberia’s children http://www.watchlist.org/reports/liberia.report.pdf

16 Watchlist on Children and Armed Conflict (2005) Caught in the Middle: Mounting violationsagainst children in Nepal’s armed conflict http://www.watchlist.org/reports/nepal.report.20050120.pdf

17 Save the Children UK (2005) Education Assessment Liberia: Views of children, teachers and otheradults on education in post-conflict Liberia, Monrovia, Liberia

18 New Sudan Centre for Statistics and Evaluation in association with UNICEF (2004) Towards aBaseline: Best estimates of social indicators in South Sudan, May 2004

19 N Lanson (2004) Increasing Access and Quality of Education for Vulnerable and Drop-out Children

20 Indicadores Fundamentais de Educacao, Ministry of Education, Angola

21 J Lowicki (1999) Missing Out: Adolescents affected by armed conflict face few educational opportunitiesand increased protection risks, www.tc.columbia.edu/cice/archives/2.1/21lowicki.pdf

Chapitre 2

1 K Tomasevski (2003) Education Denied: Costs and remedies, Zed Press, London

2 UNESCO (1990) Education for All www.unesco.org/education/efa/ed-for-atl/faq.shtml

3 The Dakar Framework for Action, Education for All: Meeting our collective commitments, adopted bythe World Education Forum, Dakar, Senegal, 26–28 April, 2000

4 UNESCO/UNICEF (2005) Children Out of School: Measuring exclusion from primary education,UNESCO Institute for Statistics, Quebec. Data is from the 2001/02 school year.http://www.uis.unesco.org/template/pdf/educgeneral/OOSC_EN_WEB_FINAL.pdf

5 Save the Children (2006) Taking Positive Action for Children in Conflict: Save the Children’sprogramme schools in Nepal, unpublished research

6 World Bank, ‘Achieving Education for All by 2015’, quoted in E Hannum and C Buchmann (2003)The Consequences of Global Educational Expansion: Social science perspectives, American Academy ofArts and Sciences Cambridge, Massachusetts

7 L Chauvet and P Collier (2004) Development Effectiveness in Fragile States: Spillovers and turnarounds,Centre for the Study of African Economics, Department of Economics, Oxford University

8 Academy for Educational Development (2003) Facts about Basic Education in Developing Countries,Washington, http://www.aed.org/education/edu_facts.html

9 M Sinclair (1998) ‘Refugee education in the mid-1990s’, in G Retamal and R Aedo-Richmond(eds), Education as a Humanitarian Response, Cassell, London

10 E B Fiske (1993) Basic Education: Building blocks for global development, Academy for EducationalDevelopment, Washington

11 World Bank – Q&A http://web.worldbank.org/WBSITE/EXTERNAL/TOPICS/EXTEDUCATION/0,,contentMDK:20205793~menuPK:543217~pagePK:148956~piPK:216618~theSitePK:282386,00.html#5

12 World Bank – Education – Girls’ Education http://web.worldbank.org/WBSITE/EXTERNAL/TOPICS/EXTEDUCATION/0,,contentMDK:20298916~menuPK:617572~pagePK:148956~piPK:216618~theSitePK:282386,00.html#why

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EDUQUER POUR L 'AVENIR

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NOTES DE FIN

13 World Bank – Education – Overview http://web.worldbank.org/WBSITE/EXTERNAL/TOPICS/EXTEDUCATION/0,,menuPK:282393~pagePK:162100~piPK:159310~theSitePK:282386,00.html#education_development

14 UNESCO/UNICEF (2005) Children Out of School: Measuring exclusion from primary education,UNESCO Institute for Statistics, Quebec

Chapitre 3

1 V Cipolat (2003), Internally Displaced Children: The impact of displacement on the education ofchildren from 5 to 18 in Altos de Cazucá, Colombia

Chapitre 4

1 The Dakar Framework for Action, Education for All: Meeting our collective commitments, , adopté parles participants au Forum mondial sur l’éducation, à Dakar, au Sénégal 26–28 April 2000

2 Stated in 2006 UNESCO Global Monitoring Report with reference to Delors et al, 1996

3 The Education for All – Fast Track Initiative Indicative Framework déclare que 20 p. 100 est lepourcentage moyen de la partie du budget affecté à l’éducation dans certains pays prospères.

4 À partir de données de l’UNESCO Global Monitoring Report (2005)

5 Sudan Federal Ministry for Education (2003) National Education For All Plan

6 A Wood (2005) Financing Education in Ethiopia, Save the Children UK, unpublished report

7 DRC Ministry of Economic Planning (2005)

8 UN (2005) General Assembly 60th session. www.unep.org/greenroom/documents/outcome.pdf

9 The 2006 Education for All Global Monitoring Report explique qu’il est évident que les pays ayantl’Indice de développement de l’éducation (IDE) le plus bas ne se voient pas nécessairement accorder lapriorité dans l’aide à l’éducation et que cela confirme d’autres analyses qui révèlent que l’aide n’est pasnécessairement apportée aux pays les plus pauvres et les plus dans le besoin. Au lieu, des montantsdémesurés vont aux pays à revenu intermédiaire ayant des indicateurs sociaux relativement meilleursdont les taux d’inscription à l’école primaire. (Education for All Global Monitoring Report (2006:114).

10 Les « bons producteurs » selon les notes de la Country Policy and Institutional Assessment. (CPIA)de la Banque mondiale. Pour chacun de ses emprunteurs, la Banque mondiale effectue un classementannuel selon la CPIA qui donne un classement général du rendement pour chacun des gouvernementsemprunteurs. Les classements sont fondés sur les évaluations de chacune des gouvernances du paysainsi que sur ses politiques de réforme économique, structurale, sociale et publique.

11 Fondé sur les données de la On-line Database on Aid Activities du CAD de l’OCDE, qui comprendla présentation des statistiques officielles des membres de la CAD à l’OCDE ainsi que celles desorganisations internationales.

12 Les États touchés par des conflits comprennent également quatre pays à revenu intermédiaire(Angola, Colombie, Irak et Sri Lanka). Si on les enlevait, cela démontrait qu’une aide encore moinsélevée est destinée aux États à faible revenu touchés par des conflits.

13 Données tirées du Education for All Global Monitoring Report (2006)

14 EFA-FTI www1.worldbank.org/education/efafti/

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EDUQUER POUR L 'AVENIR

15 15 Les pays ayant moins de quatre donateurs au pays sont admissibles au financement catalytique.On fait souvent référence à ces pays comme orphelins de donateurs.

16 Au total, 19 États touchés par des conflits ont eu droit à l’EPDF. Par contre, jusqu’ici, en ce quiconcerne le financement, l’EPDF s’avère une somme d’argent relativement petite, avec un total deseulement 1,5 milliard de dollars américains dépensés jusqu’en mars 2006.

17 N Leader and P Colenso (2005) Aid Instruments in Fragile States, PRDE Working Paper 5 – March2005, Department for International Development, London. From 1993/94 to 2003/04, l’aide duRoyaume-Uni au Libéria et à la Somalie était composée d’une aide d’urgence (73 p. 100) et d’unecoopération technique (18 p. 100).

18 J Randel, M Cordeiro and T Mawjee (2004) ‘Financing countries in protracted humanitarian crises:An overview of new instruments and existing aid flows’ in A Harmer and J Macraw, Beyond theContinuum: The changing role of policy in protracted crises, ODI Humanitarian Policy Group, London

19 V Levin and D Dollar (2005) The Forgotten States: Aid volumes and volatility in difficult partnershipcountries (1992–2002), synthèse préparée pour le Learning Advisory Process on Difficult Partnerships,du CAD, polycopié.

20 Save the Children (2006) The Role of Aid Donors in Creating Aid Volatility and How to Reduce it

21 ibid

Chapitre 5

1 Les normes minimales relatives à l’éducation pendant les situations d’urgence ont été élaborées à lasuite de consultations par le Réseau interagences d’éducation d’urgence (RIEU) www.ineesite.org

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www.savethechildren.net/eduquerpourlavenir

Eduquer pour l'avenir

L'éducation pour les enfants de pays touchés par les conflits

Aide à l'enfance a calculé que 43 millions, un tiers, des 115millions d'enfants en âge d'aller à l'école qui n'y vont pasvivent dans des États fragiles touchés par des conflits. Enplus de tuer des millions d'enfants, les conflits perturbent la vie normale. Les familles sont forcées de fuir leur maison,et les écoles sont détruites. Les budgets nationaux sont réaffectés à autre chose que l'éducation, et l'interventioninternationale habituelle est de fournir une aide d'urgence,ce qui comprend rarement l'éducation.

Les dirigeants du monde ont promis que tous les enfantsiraient à l'école d'ici 2015. Mais, les promesses actuelles,même si elles sont respectées, ne rejoindront pas les enfants d'États fragiles touchés par des conflits, où desmesures spéciales sont requises.

Fondé sur ses 80 années d'expérience à travailler avec lesenfants en situation de conflits,Aide à l'enfance s'est engagéà ce que trois millions d'enfants non scolarisés d'États fragiles touchés par des conflits aillent à l'école d'ici 2010,et à améliorer la qualité de l'éducation pour un total de huit millions.

Changer l'avenir fait également appel aux gouvernements nationaux, aux donateurs et aux organisations internationales afin qu'ils prennent desmesures immédiates et soutenues pour s'assurer que les 43 millions d'enfants d'États fragiles touchés par des conflits ont accès à une éducation de bonne qualité.