10
Journal de thérapie comportementale et cognitive (2012) 22, 151—160 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com ARTICLE ORIGINAL Effets de la rétrospective de vie sur la détresse psychologique et le bien-être subjectif de personnes âgées institutionnalisées étude pilote Effects of life review psychotherapy on distress and subjective well-being in the elderly in long-term institutional care pilot study Claire Maillard a , Pascal Antoine a,, Caroline Billiet b a URECA EA 1059, université Lille Nord de France, université Charles-de-Gaulle Lille 3, domaine universitaire du « Pont de Bois », rue du Barreau, BP 60149, 59653 Villeneuve d’Ascq, France b Centre intercommunal Le Molinel, 59290 Wasquehal, France Rec ¸u le 6 mai 2012 ; rec ¸u sous la forme révisée le 20 juillet 2012 ; accepté le 21 juillet 2012 Disponible sur Internet le 18 octobre 2012 MOTS CLÉS Personnes âgées ; Rétrospective de vie ; Troubles dépressifs ; Détresse psychologique ; Bien-être subjectif Résumé L’objectif principal est d’examiner les effets de la thérapie de rétrospective de vie sur les troubles dépressifs, la détresse psychologique et le bien-être subjectif de personnes âgées institutionnalisées. Vingt personnes institutionnalisées âgées de 65 ans et plus ont été recrutées et aléatoirement réparties dans deux groupes (rétrospective de vie et accompagnement usuel). Les participants du groupe rétrospective de vie ont bénéficié de cinq séances individuelles de rétrospective de vie afin d’en examiner les effets. Le recueil des données a eu lieu avant et après l’intervention. Après avoir fait bénéficier les participants du groupe expérimental de la thérapie de rétrospective de vie, un effet positif significatif sur les niveaux de dépression, de détresse psychologique et de bien-être subjectif a été observé. Aucune amélioration significative n’a été constatée parmi les participants du groupe d’accompagnement usuel. La thérapie individuelle de rétrospective de vie peut être considérée comme une approche potentiellement efficace qui vise à améliorer l’état psychologique de la personne âgée et à favoriser son adaptation à son lieu de vie. © 2012 Association franc ¸aise de thérapie comportementale et cognitive. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. KEYWORDS Elderly people; Life review; Summary Introduction. For some residents, life in a nursing home is associated with deterioration of quality of life and psychological well-being as well as increased risk of depression and anxiety symptoms. Identifying sub-depressive states in institutions is therefore important in order to Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (P. Antoine). 1155-1704/$ see front matter © 2012 Association franc ¸aise de thérapie comportementale et cognitive. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. http://dx.doi.org/10.1016/j.jtcc.2012.07.007

Effets de la rétrospective de vie sur la détresse psychologique et le bien-être subjectif de personnes âgées institutionnalisées – étude pilote

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Effets de la rétrospective de vie sur la détresse psychologique et le bien-être subjectif de personnes âgées institutionnalisées – étude pilote

Journal de thérapie comportementale et cognitive (2012) 22, 151—160

Disponible en ligne sur

www.sciencedirect.com

ARTICLE ORIGINAL

Effets de la rétrospective de vie sur la détressepsychologique et le bien-être subjectif de personnesâgées institutionnalisées — étude piloteEffects of life review psychotherapy on distress and subjective well-beingin the elderly in long-term institutional care — pilot study

Claire Maillarda, Pascal Antoinea,∗, Caroline Billietb

a URECA EA 1059, université Lille Nord de France, université Charles-de-Gaulle — Lille 3, domaine universitaire du « Pont deBois », rue du Barreau, BP 60149, 59653 Villeneuve d’Ascq, Franceb Centre intercommunal Le Molinel, 59290 Wasquehal, France

Recu le 6 mai 2012 ; recu sous la forme révisée le 20 juillet 2012 ; accepté le 21 juillet 2012Disponible sur Internet le 18 octobre 2012

MOTS CLÉSPersonnes âgées ;Rétrospective de vie ;Troubles dépressifs ;Détressepsychologique ;Bien-être subjectif

Résumé L’objectif principal est d’examiner les effets de la thérapie de rétrospective de vie surles troubles dépressifs, la détresse psychologique et le bien-être subjectif de personnes âgéesinstitutionnalisées. Vingt personnes institutionnalisées âgées de 65 ans et plus ont été recrutéeset aléatoirement réparties dans deux groupes (rétrospective de vie et accompagnement usuel).Les participants du groupe rétrospective de vie ont bénéficié de cinq séances individuelles derétrospective de vie afin d’en examiner les effets. Le recueil des données a eu lieu avant et aprèsl’intervention. Après avoir fait bénéficier les participants du groupe expérimental de la thérapiede rétrospective de vie, un effet positif significatif sur les niveaux de dépression, de détressepsychologique et de bien-être subjectif a été observé. Aucune amélioration significative n’a étéconstatée parmi les participants du groupe d’accompagnement usuel. La thérapie individuellede rétrospective de vie peut être considérée comme une approche potentiellement efficacequi vise à améliorer l’état psychologique de la personne âgée et à favoriser son adaptation àson lieu de vie.© 2012 Association francaise de thérapie comportementale et cognitive. Publié par ElsevierMasson SAS. Tous droits réservés.

KEYWORDSElderly people;Life review;

SummaryIntroduction. — For some residents, life in a nursing home is associated with deterioration ofquality of life and psychological well-being as well as increased risk of depression and anxietysymptoms. Identifying sub-depressive states in institutions is therefore important in order to

∗ Auteur correspondant.Adresse e-mail : [email protected] (P. Antoine).

1155-1704/$ – see front matter © 2012 Association francaise de thérapie comportementale et cognitive. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.http://dx.doi.org/10.1016/j.jtcc.2012.07.007

Page 2: Effets de la rétrospective de vie sur la détresse psychologique et le bien-être subjectif de personnes âgées institutionnalisées – étude pilote

152 C. Maillard et al.

Depressive disorders;Psychologicaldistress;Subjective well-being

offer appropriate interventions to alleviate the suffering of these people as well as to preventthe onset of a depressive disorder (Antoine et al. [13]). Psychotherapy adapted to elderly peoplewith depressive and subthreshold depressive disorders generally receives positive reviews.Cognitive-behavioral and life review therapies are more beneficial to this population (Pinquartet al. [18], Cuijpers et al. [21]). One of the main goals of life review therapy is to foster thekinds of reminiscences generating positive emotional states (Cappeliez et al. [27]): integrativeand instrumental reminiscences are associated with indices of positive adjustment. People withbetter mental and physical health make more use of these two types of reminiscence comparedto individuals with signs of poor mental and physical health. Integrative and narrative reminis-cences induce, prolong and/or amplify a positive emotional state (Cappeliez P, et al. [27]).Although numerous studies show the benefits of interventions based on life review in NorthAmerica, this type of intervention remains marginal in France.Objective. — The aim of this pilot study was therefore to exam the efficiency of life reviewtherapy on the intensity of depressive moods and on psychological distress characteristic insub-depressive states, as well as on subjective well-being of elderly people living in nursinghomes in France. More precisely, the hypothesis was that people who participate in individuallife review sessions would experience a significant clinical improvement on a number of thesevariables immediately after the intervention, and that these changes would not be seen in acomparison group who received normal care.Method. — The 20 volunteers, residents in a nursing home, were randomly assigned to one of twogroups: ‘‘life review’’ or ‘‘usual care’’ (10 in each group). In addition to activities organizedby the nursing home, the participants in the ‘‘life review’’ group took part in five weeklyindividual life review sessions lasting 45 minutes. The participants in the ‘‘usual care’’ grouptook part in the usual activities organized by the nursing home. A series of questionnaires wasdistributed to the 20 participants at the start of the study and then six weeks later duringindividual interviews: Montgomery and Asberg Depression Rating Scale to evaluate the levelof depression, the Cognitive Inventory of Subjective Distress to explore specific psychologicaldistress in elderly people (Antoine P, et al. [13]) and a subjective well-being questionnaire tomeasure life satisfaction as well as the positive and negative effects of living in a geriatricinstitution.Results. — The ‘‘life review’’ group improved clinically. The level of depression decreased andthe changes in responses generally concerned sadness and suicidal thoughts. The majority ofdistress scores lowered, showing the scale of the improvements on cognitive schemas of aban-donment, dependence, lack of interest, loss of individuality and vulnerability. The increase insubjective well-being revealed another aspect of the intervention: the improvement in indica-tors of life satisfaction. This impact was more limited in the emotional field as only the scoreon the anxiety-depression scale improved. In contrast, no clinical improvement was observedfor the ‘‘usual care’’ group. The only two clinical changes were negative.Conclusion. — Life review therapy had a double positive impact reducing psychological distresswhilst improving life satisfaction of the residents in the nursing home. In contrast, life review,applied individually, did not seem to lead to an improvement in positive emotions, which arelargely associated with social life according to the residents. Integrative life review implies arecall of past experiences, which give a feeling of meaning and purpose in life. It also impliesthe acceptance of negative past experiences, commitment to a positive reevaluation of perso-nal successes, reconciliation between ideals and reality, and aims to reinforce the feeling ofcontinuity between the past and the present.© 2012 Association francaise de thérapie comportementale et cognitive. Published by ElsevierMasson SAS. All rights reserved.

I

LrddDi8

étptpd

ntroduction

a vie en maison de retraite est associée pour certainsésidents à une détérioration de la qualité de vie [1] etu bien-être psychologique [2] ainsi qu’à une majorationu risque de symptômes dépressifs [3,4] et anxieux [5].

ans une étude portant sur 350 personnes âgées vivant en

nstitution, la prévalence de dépression majeure est de,1 % et celle de dépression mineure de 14,1 % [6]. Un

ddd

tat « subdépressif » est identifié dans 24 % de cet échan-illon, ce qui est trois à quatre fois plus élevé que dans laopulation âgée vivant à domicile [6]. La présence de symp-ômes dépressifs s’associe à une diminution du bien-êtresychologique chez les personnes âgées vivant en maisone retraite [7]. Plusieurs facteurs participent à l’émergence

’un état subdépressif : un mauvais état de santé somatique,es limitations fonctionnelles, une détérioration cognitive,es antécédents dépressifs, des événements de vie négatifs
Page 3: Effets de la rétrospective de vie sur la détresse psychologique et le bien-être subjectif de personnes âgées institutionnalisées – étude pilote

tre d

tDndttmpsspuolmqsaldcésqLaelécéldsbcrt[duiprdomtuÀsnmodd[ed

Effets de la rétrospective de vie sur la détresse et le bien-ê

ou un manque de soutien social [6,8]. Par rapport à despersonnes n’ayant aucun symptôme dépressif, ces patientsont cinq fois plus de risques de développer une dépres-sion majeure [9]. Au risque dépressif s’associe celui dedévelopper un trouble anxieux : près de la moitié des per-sonnes âgées dépressives présentent un trouble anxieux,et plus d’un quart des personnes avec un trouble anxieuxont des symptômes dépressifs [10]. Ces troubles partagentdes facteurs de risque tels que des antécédents de troublesdépressifs et/ou anxieux, une maladie chronique [11], deslimitations fonctionnelles ou un locus de contrôle externe[10]. Enfin, une telle comorbidité est associée à des symp-tômes plus sévères, à un plus mauvais fonctionnement socialainsi qu’à davantage d’idéations suicidaires [12]. Le repé-rage des états subdépressifs en institution est donc un enjeuimportant tant pour proposer des interventions adaptéespermettant d’apaiser la souffrance de ces personnes quepour prévenir l’apparition d’un trouble dépressif ou anxio-dépressif [13]. La détresse psychologique est au cœur destroubles subdépressifs. Elle se définit comme une réactionface à des situations de vie et se caractérise par un ensemblede symptômes psychologiques tels qu’une faible estime desoi, des sentiments de désespoir, d’impuissance, de tris-tesse et de peur [14]. Les patients âgés sont envahis pardes préoccupations caractéristiques telles que l’abandon,la dépendance, le désengagement, la peur de perte decontrôle, la perte d’individualité, le refus de l’assistance etle sentiment de vulnérabilité [15]. L’évaluation de ces pré-occupations participe au repérage des états subdépressifs.

Psychothérapies et personnes âgées

L’étude par méta-analyse de l’efficacité des psychothé-rapies destinées aux adultes présentant des troublessubdepressifs ou des dépressions légères à modérées est enfaveur de ces interventions [16] : elles diminuent l’intensitédes symptômes dépressifs, permettent de prévenir l’entréedans une dépression majeure et constituent un traite-ment de choix dans les cas de troubles dépressifs légersà modérés [17]. Ces effets sont toutefois moindres auprèsdes personnes présentant également une pathologie orga-nique grave ou une détérioration cognitive sévère [18].Les psychothérapies adaptées aux personnes âgées présen-tant des troubles dépressifs et subdépressifs font l’objetd’évaluations globalement positives [4,18—20]. Les formesles plus connues d’interventions ont été comparées, notam-ment la thérapie cognitive et comportementale, la thérapiede rétrospective de vie, la thérapie interpersonnelle, larésolution de problèmes, le soutien psychologique, et lespsychothérapies d’inspiration analytique [21]. La majoritédes psychothérapies proposées réduisent significativementles symptômes dépressifs, excepté la thérapie interperson-nelle. Les thérapies cognitives et comportementales et lathérapie de rétrospective de vie ont davantage d’effetsbénéfiques auprès de cette population [18,21].

Processus de réminiscence et thérapie derétrospective de vie

Dans les années 1960, Butler est l’un des premiersà s’intéresser à la réminiscence en tant qu’outil

pd[

u sujet âgé 153

hérapeutique pour personnes âgées dépressives [22].’après lui, il s’agit d’un phénomène mental universel etaturel existant à tout âge. Il est important de faire laistinction entre la réminiscence et la rétrospective de vie,ermes longtemps interchangeables mais présentant pour-ant des différences non négligeables au niveau de leursodes d’intervention [23]. La réminiscence représente unrocessus de rappel libre d’expériences et d’événementsignificatifs personnels du passé [23]. Elle peut se faireeul ou en groupe, spontanément ou en étant provoquée,ar exemple en réponse à une odeur, un son, une image,n objet ou une vidéo du passé. La réminiscence a pourbjectif d’améliorer l’humeur de l’individu, de favorisera communication entre personnes âgées ou tout simple-ent de procurer une activité sociale agréable. On laualifie généralement de réminiscence « simple » ou « nontructurée ». À l’inverse, la rétrospective de vie est unepproche plus structurée, plus intense et plus active quea réminiscence simple. Elle est généralement utiliséeans des moments particuliers de la vie, par exemple derise ou de préparation à la mort. Il s’agit d’une révisionvaluative de la vie entière de la personne qui se focaliseur les événements de vie majeurs positifs et négatifs, telsue les prises de décisions importantes ou les conflits [24].ors des séances de rétrospective de vie, le patient va êtrectivement encouragé par le thérapeute à évaluer le senst l’impact de ces événements de vie, ainsi qu’à résoudrees conflits résiduels. Après la révision de ces différentsvénements, le thérapeute va aider le patient à réintégreres expériences passées sans regret ni amertume et àlaborer une histoire de vie cohérente afin de renforcera continuité entre le passé et le présent. L’objectif estonc de favoriser l’acceptation du vécu personnel aveces réussites et ses échecs afin, à terme, d’améliorer leien-être psychologique de la personne [24]. La réminis-ence représente donc le processus cognitif, tandis que laétrospective de vie est considérée en tant qu’applicationhérapeutique [25]. Il existe six types de réminiscence26] : intégrative, instrumentale, narrative, instructive,’évasion, ruminative. Chaque forme de réminiscence ane fonction particulière. Les réminiscences intégrative etnstrumentale seraient associées à des indices d’adaptationositive chez les personnes âgées [26]. En effet, cellesapportant une meilleure santé mentale et physique ontavantage recours à ces deux types de réminiscence parpposition aux individus présentant des signes d’une santéentale et physique dégradée. Les réminiscences intégra-

ive et narrative induisent, prolongent et/ou amplifientn état émotionnel positif (joie, fierté, sérénité) [27].

l’inverse, les réminiscences ruminative et d’évasionont associées de facon significative à un état émotionnelégatif (regrets, tristesse, amertume), ainsi qu’à uneoins bonne satisfaction de la vie [28]. L’un des principaux

bjectifs de la thérapie de la rétrospective de vie auprèses personnes âgées dépressives est de favoriser les typese réminiscences engendrant des états émotionnels positifs29]. La thérapie de rétrospective de vie connait un grandssor depuis quelques années, particulièrement auprèses personnes âgées fragiles. De nombreuses études ont

ermis de montrer son utilité pour réduire les symptômesépressifs [24,29,30], améliorer le bien-être psychologique31], augmenter l’estime de soi [32,33] et la satisfaction
Page 4: Effets de la rétrospective de vie sur la détresse psychologique et le bien-être subjectif de personnes âgées institutionnalisées – étude pilote

1

depialsvivl

éottpdlsspdalngpsgtttccllcprmlmd

O

SddElaprlpâsdr

acc

M

P

Ld

•••

••

P

C2cpaopaoh4umas

M

L[sedpued

(co

54

e la vie [34,35], réduire les sentiments de désespoir [35]t de solitude [36] et enfin, améliorer l’état de santéercu [37]. La thérapie de rétrospective de vie est unentervention assez souple que les thérapeutes peuventdapter au contexte de soin et dont ils peuvent moduleres objectifs. Ainsi, certains ont recours à la réminiscenceimple tandis que d’autres utilisent la rétrospective deie, plus structurée. Les séances peuvent se dérouler enndividuel ou en groupe. Enfin, la durée des séances peutarier de 30 à 90 minutes et leur nombre de cinq à 12 selones études.

La thérapie de rétrospective de vie a le plus souventté utilisée auprès de personnes âgées, institutionnaliséesu non, présentant une symptomatologie dépressive. Unehérapie individuelle basée sur la réminiscence non struc-urée réduit l’intensité des troubles dépressifs auprès deersonnes âgées vivant en institution [37]. Les deux typese réminiscence, non structurée et structurée, permettent’amélioration de l’état clinique de personnes âgées dépres-ives et cette amélioration est supérieure pour le typetructuré [38]. En prise en charge de groupe, la rétros-ective de vie permet de réduire les symptômes dépressifse personnes âgées vivant en maison de retraite, cettemélioration étant maintenue trois mois après la fin de’intervention [36]. La rétrospective de vie peut être combi-ée à des approches cognitives et proposée à des petitroupes de personnes âgées fragiles ou dépressives. Ainsi,ar comparaison avec une condition contrôle visant uneocialisation active, des formes de rétrospective de vie inté-rative, d’une part, et instrumentale, d’autre part, ontoutes deux montré leur supériorité pour réduire les symp-ômes dépressifs, évolution qui est encore plus marquéerois mois après l’intervention [24,29]. La combinaison dees deux formes de rétrospective de vie a montré son intérêtlinique auprès de personnes âgées hospitalisées en soins deongue durée rapportant des troubles dépressifs [39]. Paral-èlement des travaux ont été menés pour évaluer l’impact dees différentes formes d’interventions sur le bien-être desersonnes âgées. Une méta-analyse d’études basées majo-itairement sur la réminiscence simple conclut à l’efficacitéodérée de cette forme particulière d’intervention sur

e bien-être [40]. Une intervention structurée de groupeenée en maison de retraite permet une nette amélioratione la satisfaction de la vie des résidents [34].

bjectifs

i de nombreuses études témoignent en Amérique du Norde l’intérêt des interventions basées sur la rétrospectivee vie, ce type d’intervention reste marginal en France.n particulier il manque des travaux de recherche éva-uant l’impact de ces approches auprès de personnes âgéesvec des symptômes dépressifs. L’objectif de cette étudeilote est donc d’examiner l’efficacité de la thérapie deétrospective de vie sur l’intensité de l’humeur dépressive,a détresse psychologique caractéristique des états subdé-ressifs ainsi que sur le bien-être subjectif de personnes

gées vivant en maison de retraite en France. Plus préci-ément, l’hypothèse est que des personnes participant àes séances individuelles de rétrospective de vie rapporte-ont une amélioration clinique significative immédiatement

drrf

C. Maillard et al.

près l’intervention sur l’ensemble de ces variables, et quees changements ne seront pas observés pour un groupe deomparaison bénéficiant de l’accompagnement usuel.

éthode

opulation

es participants ont été recrutés dans une maison de retraiteu Nord de la France. Les critères d’inclusion étaient :

comprendre et parler le francais ; être âgé de 65 ans et plus ;

être capable de communiquer verbalement sur sespropres ressentis et souvenirs.

L’étude n’était pas proposée aux résidents présentant :

un niveau élevé de détérioration cognitive (score inférieurà 10 au MMSE) ;

un trouble psychiatrique autre que la dépression ; et/ou étant déjà suivis actuellement en psychothérapie.

rocédure

es critères de participation ont permis d’identifier5 résidents. L’étude a été présentée individuellement àhacun et 20 résidents ont donné leur consentement pourarticiper. Ces 20 participants ont été assignés de faconléatoire dans l’un des deux groupes, « rétrospective de vie »u « accompagnement usuel » (10 dans chaque groupe). Lesarticipants du groupe « rétrospective de vie », en plus desctivités d’animation organisées par la maison de retraite,nt été rencontrés individuellement lors de cinq séancesebdomadaires de rétrospective de vie d’une durée de5 minutes. Les participants du groupe « accompagnementsuel » ont bénéficié des activités mises en place habituelle-ent par la maison de retraite. Une série de questionnaires

été administrée aux 20 participants, en début d’étude puisix semaines plus tard, au cours d’entrevues individuelles.

esures

a Montgomery and Asberg Depression Rating Scale (MADRS)41] est une échelle d’hétéro-évaluation de la dépres-ion en 10 items-symptômes : tristesse apparente, tristessexprimée, tension intérieure, insomnie, perte d’appétit,ifficultés de concentration, lassitude, perte de sentiments,essimisme, idées de suicide. Chacun des items comportene définition générale et six degrés de gravité. Plus le scorest élevé, plus le sujet est déprimé. Le score maximum este 60 et la note-seuil est fixée à 15.

L’échelle Cognitive Inventory of Subjective DistressCISD) [13] permet d’explorer la détresse psychologique spé-ifique des personnes âgées. Elle comprend 29 propositionsrganisées en sept dimensions : abandon, dépendance,

ésengagement, perte de contrôle, perte d’individualité,efus de l’assistance, et vulnérabilité. Quatre choix deéponses sont possibles, allant de « non, c’est tout à faitaux » à « oui, c’est tout à fait vrai ». Plus le score est élevé,
Page 5: Effets de la rétrospective de vie sur la détresse psychologique et le bien-être subjectif de personnes âgées institutionnalisées – étude pilote

tre d

rààpscddtcdlmbtdedgdqmdtstptdtlvutdc«c

A

L1clttdcl

R

D

Effets de la rétrospective de vie sur la détresse et le bien-ê

plus le schéma de détresse est activé. Cet inventaire prenden compte la fatigabilité et l’hétérogénéité cognitive de lapopulation concernée. Il peut également être utilisé commeoutil d’évaluation clinique et servir de référence pour suivreles patients en cours de traitement psychothérapeutique.

L’échelle de bien-être subjectif (BES) [42] composéede deux sous-échelles sert à mesurer le niveau de bien-être subjectif des personnes âgées institutionnalisées. Lapremière est une échelle de « satisfaction de la vie » quicomprend 21 items organisés en trois dimensions : satis-faction actuelle, satisfaction fondamentale, et satisfactionsociale et active. Quatre choix de réponses sont possibles,allant de « non, c’est tout à fait faux » à « oui, c’est tout àfait vrai ». Plus le score est élevé, plus la satisfaction estélevée. La seconde échelle appelée « émotions » évalue lafréquence des affects positifs et négatifs et est constituéede quatre dimensions : amour, anxiété-dépression, bien-êtreet colère-hostilité. Chaque item représente une émotion ouun état d’esprit et quatre choix de réponses sont possibles(jamais, rarement, parfois, souvent). Plus le score est élevé,plus la fréquence des émotions est forte.

Le Mini Mental State Examination (MMSE) [43] a été admi-nistré à chaque participant en début d’étude afin d’évaluerle niveau de détérioration cognitive. Le score maximum estde 30. Plus le score est faible, plus la détérioration cognitiveest importante.

Des données sociodémographiques telles que l’âge, lestatut marital, la durée du séjour dans la maison de retraiteont été recueillies.

Intervention

Les séances de rétrospective de vie se déroulaientdans la chambre du résident. Un thème différent étaitabordé à chaque séance, dérivé de ceux proposés pourl’autobiographie guidée [44] : l’enfance et la jeunesse, lemariage et la vie familiale, les moments « clés » dans la vie,les expériences stressantes et les accomplissements person-nels. Chaque séance commencait par un bref rappel de laprécédente, puis le thérapeute abordait le thème prédé-fini sous forme de questions ouvertes. Par exemple, pour lethème « enfance et adolescence », ce type de questions étaitposé : « Quelle est la première chose dont vous vous souve-nez étant enfant ? » ou « À quoi ressemblait votre vie lorsquevous étiez enfant ? ». Les rétrospectives de vie intégrative etinstrumentale ont été combinées [39] et utilisées en fonc-tion des objectifs et des effets recherchés par le thérapeute.Certains participants se sont révélés être plus « sensibles »à une forme de rétrospective de vie plutôt qu’à l’autre.La rétrospective de vie intégrative implique une réévalua-tion constructive des expériences passées, positives commenégatives, dans l’ensemble des domaines de vie [25]. Le butest de favoriser l’acceptation et l’intégration des événe-ments négatifs passés, la réconciliation entre les idéaux et laréalité, la reconnaissance de la continuité entre le passé etle présent, la réévaluation positive de ses accomplissementspersonnels, et l’attribution de sens à l’existence. Ainsi, l’un

des objectifs de la thérapie est d’enclencher une réinterpré-tation de certaines expériences négatives, de leurs causeset de leurs conséquences. Le thérapeute va aider la per-sonne à développer une vision plus nuancée de l’événement

snma

u sujet âgé 155

appelé, à contextualiser le rappel, à prendre de la distance, remettre en question les pensées et attitudes négatives et élargir le champ des interprétations. De plus, le partici-ant est amené à déterminer l’impact de ces événementsur sa vie actuelle et à leur attribuer une nouvelle signifi-ation en vue d’une meilleure adaptation. La rétrospectivee vie instrumentale vise à profiter des expériences passéese résolution de problèmes afin de s’adapter à la situa-ion présente [25]. Le but est de se rappeler la facon dontertaines situations problématiques passées ont été abor-ées et résolues, afin d’utiliser ces ressources-là pour régleres problèmes actuels. Elle favorise également la remé-oration d’objectifs de vie, d’activités dirigées vers desuts, et d’épisodes d’adaptation à des difficultés. Concrè-ement, le thérapeute va amener le participant à rappeleres situations du passé qui ont nécessité une adaptation (parxemple une maladie, le décès d’un proche). Les étapese la démarche de résolution de problèmes lui servent deuide : rappel de la nature de la situation problématique,es plans envisagés, des solutions adaptées et des consé-uences à court et long termes [45]. Cette réactivation desoyens et des plans d’actions vise à raviver le sentiment’estime de soi, d’auto-efficacité et de contrôle du par-icipant et ainsi, lui donner une plus grande confiance ena capacité de trouver une solution adaptée à ses difficul-és. Les objectifs de vie sont également revisités, ce quiermet au participant de se rendre compte de leur évolu-ion et de leur modification en fonction des circonstancese la vie. Il peut également s’apercevoir que ses objec-ifs de vie constituent généralement un « fil rouge » reliantes étapes importantes de sa vie. L’expérience stressanteécue actuellement pourra ainsi être considérée commene autre occasion de réviser ses objectifs de vie en fonc-ion des besoins et ressources actuels. Si la rétrospectivee vie intégrative vise plus la restructuration cognitive,elle instrumentale stimule davantage le sentiment d’être

en capacité de » des participants et par conséquent, leuronfiance en eux.

nalyse des données

es données ont été analysées à l’aide du logiciel Statistica0.0. Elles ont d’abord été soumises à une analyse des-riptive (moyennes, écart-types) afin d’obtenir un profil de’échantillon. Étant donnée la taille des deux groupes, desests statistiques non paramétriques ont été effectués : leest U de Mann-Whitney pour échantillons indépendants afine comparer les deux groupes en pré-test, et le test de Wil-oxon pour comparer les évaluations cliniques avant et après’intervention.

ésultats

escription de l’échantillon global

’échantillon est composé de 19 femmes et un homme,gés de 65 à 94 ans (84,3 ± 7,4 ans) et résidant en mai-

on de retraite. Tous sont veufs ou célibataires, 17 sont deiveau culturel primaire et 3 de niveau secondaire. La duréeoyenne de résidence est de 17,2 ± 20 mois. Le score moyen

u MMSE est de 23,3 ± 4,3. Le score moyen à l’échelle de

Page 6: Effets de la rétrospective de vie sur la détresse psychologique et le bien-être subjectif de personnes âgées institutionnalisées – étude pilote

156 C. Maillard et al.

Tableau 1 Comparaison des lignes de base et évolution clinique des groupes de rétrospective de vie (RdVie) et accompagnementusuel (AU).

RdVie (avant) AU (avant) Comp. (1) RdVie (après) Comp. (2) AU (après) Comp. (3)

Intensité des affects dépressifs (MADRS)Dépression 23,9 (10,9) 14,1 (13,1) 0,07 15,4 (8,9) < 0,01 ( ) 16,6 (14,6) 0,25

Détresse subjective (CISD)Abandon 10,1 (3,9) 7,5 (2,8) 0,16 6,1 (2,1) < 0,01 ( ) 6,4 (2,9) 0,06Dépendance 10,5 (3,6) 9,8 (2,3) 0,25 7,7 (3,2) < 0,02 ( ) 9,6 (3,6) 0,87Désengagement 14,9 (4,1) 11,6 (3,1) 0,16 12,4 (4,0) < 0,02 ( ) 12,4 (4,7) 0,53Perte de contrôle 8,6 (3,4) 8,2 (2,9) 0,68 7,6 (3,2) 0,21 8,2 (3,6) 0,93Perte d’individualité 11,6 (3,3) 9,8 (2,5) 0,53 9,5 (3,1) < 0,04 ( ) 9,6 (3,9) 0,54Refus d’assistance 11,6 (3,4) 9,5 (2,1) 0,16 10,5 (4,5) 0,14 11,9 (3,9) < 0,03 ( )Vulnérabilité 10,5 (4,6) 7,7 (3,5) 0,22 7,9 (2,5) < 0,03 ( ) 8,4 (3,2) 0,44

Bien-être subjectif (BES) — échelle émotionnelleAmour 10,2 (2,4) 9,4 (3,2) 0,53 11,4 (2,3) 0,21 8,8 (3,3) 0,48Anxiété/dépression 16,4 (4,0) 11,7 (4,4) < 0,02 13,4 (3,5) < 0,01 ( ) 11,2 (4,8) 0,68Bien-être 8,5 (2,4) 9 (2,9) 0,80 9,6 (2,8) 0,09 8,6 (2,6) 0,31Colère-hostilité 11,1 (3,3) 9,9 (3,1) 0,35 9,2 (3,3) 0,06 9,7 (4,0) 0,96

Bien-être subjectif (BES) — échelle de satisfaction de la vieActuelle 14,8 (4,9) 19,7 (3,5) < 0,05 18,3 (4,5) < 0,02 ( ) 17,1 (4,6) < 0,02 ( )Fondamentale 20,7 (2,2) 21,6 (2,5) 0,39 24,8 (2,5) < 0,01 ( ) 21,4 (3,6) 0,73Sociale et active 19,5 (4,1) 20,7 (5,2) 0,58 22,8 (3,8) < 0,02 ( ) 20,3 (5,0) 0,61

Moyennes (écart-type) des variables. (1) : niveau de significativité de la comparaison entre les groupes RdVie et AU avant la thérapie (testde Mann-Whitney) ; (2) : niveau de significativité de la comparaison avant/après pour le groupe RdVie (test de Wilcoxon) ; (3) : niveau

U (temp. :

due

C

Lernm

psntprs

drda

É

Acv

eg

sàcéclpEisét«éf

ésdp

D

de significativité de la comparaison avant/après pour le groupe Agras ; ( ) :amélioration clinique ; ( ) : détérioration clinique. Co

épression en pré-test est de 19 ± 12,8, ce qui correspond àn niveau de dépression légère. Il n’y a eu aucun abandonntre le début et la fin de l’étude.

omparaison initiale des deux groupes

es caractéristiques du groupe rétrospective de vie (n = 10)t du groupe accompagnement usuel (n = 10) ont été compa-ées avant l’intervention. Aucune différence significative’est notée concernant l’âge, le niveau culturel, le statutarital, la durée de résidence et le score au MMSE.De la même facon, les caractéristiques cliniques visées

ar la thérapie ont été comparées. Les deux groupes nee distinguent ni par le niveau de dépression à la MADRSi par les scores de détresse psychologique à la CISD. Il estoutefois notable sur le plan descriptif que le groupe accom-agnement usuel semble plus hétérogène que le groupeétrospective de vie pour la dépression : la dispersion descores (écart-type) est plus élevée.

Concernant le bien-être subjectif, les deux groupes seistinguent sur deux des sept sous-échelles : le groupeétrospective de vie rapporte un niveau d’émotions anxiété-épression plus élevé et un niveau de satisfaction de la viectuelle plus faible (Tableau 1).

volution des deux groupes

près six semaines au cours desquelles sont programmées lesinq séances individuelles de thérapie de rétrospective deie, les niveaux de dépression, de détresse psychologique

Ldpp

st de Wilcoxon) ; les différences significatives sont marquées en comparaison.

t de bien-être subjectif ont été réévalués dans les deuxroupes.

Globalement, le groupe rétrospective de vie s’amélioreur le plan clinique. Tout d’abord, le niveau de dépression

la MADRS a diminué de facon très significative. Ensuite,inq des 7 scores de détresse psychologique à la CISD ontgalement baissé : cette amélioration clinique est signifi-ative pour l’abandon, la dépendance, le désengagement,a perte de l’individualité et la vulnérabilité. Elle ne l’estas pour la perte de contrôle et le refus de l’assistance.nfin, concernant le bien-être subjectif, nous constatons unmpact positif de l’intervention marqué pour l’ensemble desous-échelles de satisfaction et plus limité dans la sphèremotionnelle. L’amélioration est significative pour les troisypes de satisfaction de la vie, c’est-à-dire « actuelle »,

fondamentale » et « sociale et active ». Concernant lesmotions, seule l’échelle anxiété-dépression s’améliore deacon significative.

Sur la même période, le groupe accompagnement usuelvolue peu. Sur les 15 variables cliniques prises en compte,eules deux évoluent : le refus d’assistance et la satisfactione la vie actuelle. Ces deux évolutions sont cliniquementéjoratives.

iscussion

’objectif était de tester l’efficacité de la rétrospectivee vie en tant qu’intervention thérapeutique auprès deersonnes âgées institutionnalisées. Cette étude pilote aermis d’évaluer l’impact que pouvaient avoir cinq séances

Page 7: Effets de la rétrospective de vie sur la détresse psychologique et le bien-être subjectif de personnes âgées institutionnalisées – étude pilote

tre d

ngpetlc«lstdlrtpa

depreeé

Dd

Cdoqo

gdteuescsssttvc

d«ê

ds

Effets de la rétrospective de vie sur la détresse et le bien-ê

de thérapie de réminiscence structurée individuelles ethebdomadaires sur les niveaux de dépression, de détressepsychologique et de bien-être subjectif de dix personnesâgées vivant en maison de retraite. L’hypothèse posée étaitque cette thérapie améliorerait l’ensemble des variablesparmi les participants de ce groupe, tandis qu’aucun chan-gement significatif ne serait observé parmi les participantsdu groupe bénéficiant des activités habituelles en maison deretraite. Les résultats obtenus dans les deux groupes sontglobalement cohérents avec cette hypothèse.

Améliorations cliniques

Une amélioration significative de la symptomatologiedépressive est observée dans le groupe de rétrospectivede vie. Ces résultats confirment ceux obtenus dans desétudes précédentes [24,29,38,39]. Sur un plan qualitatif,les changements de réponses concernent majoritairementles items portant sur la tristesse de l’humeur et les idéa-tions suicidaires. Sur un plan quantitatif, le score moyenà l’échelle MADRS passe du niveau de dépression légère àmodérée au seuil limite de dépression. L’intervention pro-posée semble donc être relativement efficace concernantla réduction des symptômes dépressifs de personnes âgéesinstitutionnalisées. L’évolution de la majorité des scores àl’échelle de détresse psychologique montre l’importanceet l’étendue des améliorations sur le plan cognitif : lesschémas d’abandon, de dépendance, de désengagement,de perte de l’individualité et de vulnérabilité deviennentmoins prégnants. Ces indicateurs témoignent de la capa-cité de cette forme d’intervention à soulager la détressedes participants. Parallèlement, l’évolution des indicateursde bien-être subjectif illustre une autre propriété de larétrospective de vie. Concernant la satisfaction de la vie,l’amélioration est significative pour l’ensemble des facettesprises en compte. Elle l’est d’autant plus pour la dimen-sion « satisfaction de la vie fondamentale » dont les itemsinvitent le participant à émettre un jugement sur sa vieentière et sur la personne qu’elle a été jusqu’alors. L’undes objectifs de la rétrospective de vie est précisément derevenir sur sa vie passée afin d’intégrer les bonnes commeles mauvaises expériences sans regret ou amertume. Lesrésultats sont plus nuancés pour les facettes émotionnellesdu bien-être subjectif. La seule évolution significative estune réduction de la fréquence des émotions de type anxiétéet dépression, ce qui est cohérent avec les résultats obte-nus avec les indicateurs de dépression et de détresse. Lesfacettes relatives aux émotions positives représentent desétats d’esprit qui se développent le plus souvent au contactd’autres personnes (« sympathie », « amitié », « complicité »,« bonheur », « joie »). Au cours des passations, tout en répon-dant à ces questions, de nombreux participants ont évoquéles visites des membres de la famille, témoignant de l’étroitlien entre cette gamme émotionnelle et la qualité des liensavec les proches à l’extérieur. Ces liens n’ont objectivementpas évolué durant la période de six semaines. De plus, lesséances de rétrospective étaient menées en individuel et

ne permettaient pas de générer des interactions socialesentre résidents, contrairement aux séances de groupe quipourraient être plus propices au rapprochement entre par-ticipants. Par ailleurs, aucune de ces améliorations cliniques

rsaé

u sujet âgé 157

’est observée dans le groupe de résidents en accompa-nement habituel, ce qui indique que les gains rapportésour le groupe en rétrospective sont liés à l’interventionlle-même et non à d’autres facteurs temporels ou ins-itutionnels. Dans le groupe bénéficiant uniquement de’accompagnement habituel, les seuls changements signifi-atifs sont péjoratifs puisqu’il s’agit d’une aggravation du

refus de l’assistance » et d’une diminution du niveau dea satisfaction de la vie « actuelle ». Au vu des résultats, ilemblerait donc que la thérapie individuelle de rétrospec-ive de vie a un double impact positif diminuant les troublesépressifs et la détresse psychologique tout en améliorante bien-être subjectif, notamment la satisfaction de vie, desésidents en maison de retraite. En revanche, la rétrospec-ive de vie, dans son application individuelle, ne sembleas permettre d’améliorer les émotions positives, largementssociées à la vie sociale dans le discours des résidents.

La rétrospective de vie intégrative implique un rappel’expériences passées qui procurent un sentiment de senst de but dans la vie, implique d’accepter les expériencesassées négatives, engage une réévaluation positive de seséussites personnelles, une réconciliation entre ses idéauxt la réalité, et vise à renforcer le sentiment de continuiténtre le passé et le présent. Plusieurs axes de travail ontté marqués avec les résidents.

iminuer l’emprise des émotions pour penserifféremment la vie en institution

ertains résidents évoquent leur difficulté à vivre en maisone retraite car cela n’avait jamais fait partie ou était enpposition avec leur projet de vie : « Je me suis toujours ditue je ne voulais pas finir comme ca. Maintenant, je suisbligée de vivre ici et je ne le supporte pas ».

En suivant les principes de la rétrospective de vie inté-rative, l’objectif est que la personne puisse prendre de laistance sur ce type de pensée, travailler sur cette percep-ion de sa situation et analyser ses représentations de la vien maison de retraite et des autres résidents. L’adaptation àn nouvel environnement est un processus long et complexe,t l’enjeu de l’intervention n’était pas que cette résidentee sente « heureuse » de vivre en maison de retraite. Dans ceas, les séances ont permis une prise de conscience progres-ive que vivre en maison de retraite n’était pas une fin et quee formuler les choses en ces termes participaient à réduirea représentation des perspectives qui pourtant s’offraientoujours. Cette résidente a également commencé à accep-er le fait qu’elle était dépendante pour certains actes de laie quotidienne (pour la toilette par exemple) et ainsi vivrees moments de facon plus sereine.

Le sentiment d’abandon par les proches est une facettee la détresse de certains résidents en maison de retraite :

Mes filles m’ont mise ici pour se débarrasser de moi et pourtre tranquilles ».

La rétrospective explore différents moments importantse l’existence dont celui du départ du domicile vers la mai-on de retraite, abordé sous l’angle du vécu émotionnel. Ce

appel contextualisé a permis à la résidente de revenir sura vie à domicile et les difficultés qu’elle rencontrait alorsu quotidien. Il lui est alors apparu que la vie seule chez elletait devenue impossible. Au fil des séances, elle a pu mieux
Page 8: Effets de la rétrospective de vie sur la détresse psychologique et le bien-être subjectif de personnes âgées institutionnalisées – étude pilote

1

anvsm

Le

Pslrcrlmtpctjcccqsscclrjgdaaceeln

rcbn

L

Lsvécddcem

ae

lfut«e

laéuappll

R

McépmpmfcCqad

U

EàsEéfnlctêcptasédd

58

ccepter la décision de ses filles en lui donnant un sens plusuancé et plus cohérent avec ses propres valeurs : « C’estrai que je leur causais beaucoup de soucis quand j’étaiseule chez moi. Je ne peux pas leur en vouloir de m’avoirise ici, elles l’ont fait pour mon bien ».

e self face aux changements, entre réconciliationt continuité

armi les événements passés, des souvenirs désagréablesont rappelés par les participants : le décès d’un proche,’alcoolisme d’un parent ou l’infidélité d’un conjoint. Laétrospective de vie vise l’acceptation et l’intégration dees événements négatifs. Ce travail psychique implique uneéinterprétation de ces expériences, de leurs causes et deeurs conséquences. Ainsi, l’une des résidentes, évoquant laaltraitance verbale et physique de la part de son mari, jus-

ifiait cette situation de violence par le fait qu’elle était uneersonne « trop faible et trop gentille ». Cette situation aessé lorsqu’elle a quitté le domicile, ce qu’elle rapporte enermes de fuite, à laquelle elle associe son regret de n’avoiramais su « affronter » son mari. Le travail thérapeutique aonsisté en une exploration de ses souvenirs concernant lesirconstances des comportements violents de son époux, laroyance que ses propres comportements pouvaient expli-uer la maltraitance et l’impact que ces années avaient euur l’ensemble de sa vie. La participante a pu donner unens plus nuancé de son départ du domicile, en termes dehoix cette fois, et évoquer « l’immense soulagement » pro-uré par cette décision, de même qu’elle a pu rapportere courage qu’il lui avait alors fallu pour partir. Une autreésidente a abordé comment elle avait caché une jeune filleuive dans sa cave pendant plusieurs mois afin de la proté-er des rafles durant la seconde guerre mondiale. Réévaluere facon positive son histoire et constater l’impact que celavait eu sur ses valeurs personnelles tout au long de sa vie

permis d’induire un sentiment de valorisation et de fiertéhez cette dame qui s’est décrite comme ayant « toujoursu le cœur sur la main ». Enfin, plusieurs participants ontxprimé le sentiment qu’il s’était opéré une cassure entreeur « moi » passé et celui actuel : « Depuis que je vis ici, jee suis plus comme avant. Je ne me reconnais plus ».

Les échanges ont permis de travailler ce sentiment deupture. L’objectif était alors de resituer les ruptures et lesontinuités entre le passé et le présent, notamment en seasant sur le fait que si le contexte de vie avait changé, euxe changeaient pas profondément en tant que personne.

es ressources personnelles : d’hier à aujourd’hui

a rétrospective de vie instrumentale vise à rappeler desituations passées de résolution de problèmes afin de pou-oir appliquer ces stratégies aux difficultés actuelles. Elle agalement pour objectif la réévaluation des situations diffi-iles de la vie afin de les voir comme des défis, et non commees menaces ou des catastrophes à subir. Par exemple, l’une

es participantes, qui était persuadée que ses jours étaientomptés, reconnut après avoir raconté et analysé commentlle avait déjà fait face à plusieurs maladies potentielle-ent mortelles dans son passé : « Si je m’en suis sortie

llfE

C. Maillard et al.

uparavant, il n’y a pas de raisons pour que ca ne soit pasncore le cas aujourd’hui ».

L’une des participantes avait également naturellement’habitude de se remémorer des épisodes du passé afin deaire face aux problèmes actuels. Cette dame qui avait eune enfance très solitaire et s’était retrouvée veuve assezôt avec trois enfants à élever, affirmait à plusieurs reprises :

Je m’en suis toujours sortie, même en étant toute seule,t je continuerai à le faire ».

La stratégie de résolution de problèmes (évocation dea nature du problème, des plans envisagés, des solutionsdoptées et des conséquences à court et long termes)tait utilisée avec les participants se trouvant bloqués dansne situation. Ainsi, le rappel de situations passées faceuxquelles ils avaient su faire face de facon efficace aermis d’augmenter leur sentiment d’auto-efficacité et au les aider à affronter des moments difficiles tels que’adaptation à leur nouveau lieu de vie ou des conflits aveceurs proches.

estaurer le principe de plaisir

ême si cela ne fait pas directement partie des prin-ipes de la rétrospective de vie, les résidents rencontréstaient encouragés à maintenir les plaisirs simples qu’ilsouvaient avoir auparavant, tels que lire un bon livre, seaquiller ou se parfumer, etc. Une résidente qui disait nelus « avoir aucun projet dans la vie » et avoir « hâte deourir » en début d’intervention, a pu évoquer avec satis-

action les prochaines vacances qu’elle s’apprêtait à passerhez son fils à la campagne, lors de la dernière séance.ette dame aimait beaucoup voyager et avait l’impressionue le fait de vivre en maison de retraite l’en empêchait,lors qu’elle était autonome et capable de prendre soin’elle.

ne thérapie brève et flexible

n pratique, la rétrospective de vie est une thérapie facile mettre en place, notamment auprès des personnes âgéesouvent enclines à se remémorer des souvenirs du passé.lle ne paraît pas être trop intrusive et les résidents ontté à l’aise durant les séances. De plus, comme les autresormes de thérapie, elle offre un espace de parole ce qui’est pas négligeable pour ces personnes qui ont souvent’impression de ne plus avoir leur mot à dire sur ce qui lesoncerne. Il était parfois difficile de suivre une démarcherès structurée, notamment par rapport aux thèmes censéstre abordés dans un ordre précis. Il n’était pas toujoursohérent d’opérer de facon aussi rigide et il a parfois étéréférable de laisser les résidents amener librement tel ouel thème, le principal étant que l’ensemble des thèmesient été abordés durant la thérapie et que le résident seente à l’aise dans la relation. De plus, certains thèmestaient plus sensibles que d’autres et il a paru importante ne pas insister lorsque le résident le faisait compren-re. Certaines personnes étaient plus attirées par l’une ou

’autre forme de rétrospective de vie, que ce soit tout auong de la thérapie ou d’une séance à une autre. Il a doncallu être flexible et ne pas chercher à « forcer » les choses.nfin, certains résident étaient davantage préoccupés par
Page 9: Effets de la rétrospective de vie sur la détresse psychologique et le bien-être subjectif de personnes âgées institutionnalisées – étude pilote

tre d

C

Cpbllccsdditmdlp

D

Lr

R

[

Effets de la rétrospective de vie sur la détresse et le bien-ê

l’ici et le maintenant que par leur passé. Il a donc fallus’adapter aux besoins de ces personnes et ne pas chercherà remonter aux souvenirs trop anciens. Ainsi, une disputemal vécue avec un membre de l’équipe, même une semaineauparavant, constituait un événement passé tout à fait inté-ressant du moment qu’il permettait de mobiliser le résident.Ainsi, en plus de témoigner de l’intérêt clinique de la rétros-pective de vie dans la population francaise, cette étudea permis d’apprécier sa faisabilité en maison de retraiteet les conditions de sa mise en œuvre. Cette recherche autilisé des mesures spécialement adaptées aux personnesâgées vivant en institution, dans les domaines de la détressepsychologique et du bien-être subjectif. Les résidents ontsu répondre facilement aux questions car celles-ci étaientadaptées à leur situation et abordaient des problématiquesqui les concernaient directement (le sentiment d’abandon,la satisfaction de la vie actuelle, la situation de dépendance,etc.).

Limites et améliorations

Cette étude présente également des limites dont unemajeure est la faible taille des deux groupes. S’agissantd’une étude pilote, les résultats sont très encourageants etappellent désormais un essai clinique de grande enverguretant en maison de retraite qu’auprès de personnes âgéesisolées à domicile. Un plus grand effectif permettra cer-tainement de constituer des groupes encore plus prochescar la randomisation n’a pas permis avec le présent effec-tif d’assurer cette stricte équivalence. De plus le niveaumoyen de dépression était léger. Il serait intéressant detester la rétrospective de vie à différents niveaux de dépres-sion afin d’affiner les indications de ce type d’approches.L’évaluation des résultats a été relevée immédiatementet il manque désormais des informations sur le maintiendes améliorations cliniques à divers intervalles de temps.En effet, plusieurs auteurs ont constaté que les effets surl’amélioration de la symptomatologie dépressive étaientmaintenus trois mois après la fin de l’intervention [29,36],voire qu’ils augmentaient [24]. Pour ce faire, Watt et Cap-peliez (2000) ont notamment mis en place des séances derappel un mois après la fin de l’intervention afin de garantirun maintien des effets de la thérapie dans le temps [29].L’expérience de rétrospective de vie a permis d’identifierdes évolutions en termes de diminution de l’emprise desémotions, de travail sur le self, sur les ressources person-nelles ou sur les principes de plaisir. Il serait intéressantde développer une recherche plus qualitative afin de mieuxcomprendre la facon dont agit la rétrospective de vie chezle patient. Cela nécessiterait la mise en place d’entretiensindividuels durant lesquels on explorerait le vécu des per-sonnes ayant bénéficié de séances de rétrospective devie. La présente recherche indique que les émotions posi-tives n’évoluent pas, ce qui a été interprété en lien avecl’absence d’impact sur les investissements sociaux des rési-dents. Il serait intéressant de comparer la rétrospective de

vie à des thérapies visant explicitement des modificationsrelationnelles. De même, la référence au bien-être subjec-tif implique d’intégrer des éléments de formes de thérapiesvisant directement les émotions positives et issues de lapsychologie positive.

[

u sujet âgé 159

onclusion

ette étude pilote montre qu’une forme brève de théra-ie de rétrospective de vie, sur cinq séances, peut êtreénéfique pour des résidents en maison de retraite, en amé-iorant le niveau de dépression, la détresse subjective eta satisfaction de vie. Cette étude a pour originalité deombiner des indices d’efficacité « négatifs » (détresse psy-hologique) et « positifs » (bien-être subjectif) et de porterur des participants avec des troubles subdépressifs ou enépression légère. Les troubles subdépressifs touchent pluse 20 % des personnes âgées institutionnalisées [6]. Il estmportant d’agir dès l’apparition de ces troubles car ils mul-iplient par cinq le risque de développer une dépressionajeure [9]. La thérapie de la rétrospective de vie pourraitonc constituer un dispositif intéressant tant pour améliorer’humeur de résidents à un stade de subdépressif que pourrévenir une évolution vers un état dépressif majeur.

éclaration d’intérêts

es auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts enelation avec cet article.

éférences

[1] Scocco P, Rapattoni M, Fantoni G. Nursing home institutiona-lization: a source of eustress or distress for the elderly? Int JGeriatr Psychiatry 2006;21:281—7.

[2] Cummings SM. Predictors of psychological well-being amongassisted living residents. Health Soc Work 2002;27:293—302.

[3] Ames D. Epidemiological studies of depression among theelderly in residential and nursing homes. Int J Geriatr Psychia-try 1991;6:347—54.

[4] Llewellyn-Jones RH, Snowdon J. Depression in nursing homes.Ensuring adequate treatment. CNS Drugs 2007;21:627—40.

[5] Cheok A, Snowdon J, Miller R, Vaughan R. The prevalence ofanxiety disorders in nursing homes. Int J Geriatr Psychiatry1996;11:405—10.

[6] Jongenelis K, Pot AM, Eisses AMH, Beekman ATF, Kluiter H,Ribbe MW. Prevalence and risk indicators of depression inelderly nursing home patients: the AGED study. J Affect Disord2004;83:135—42.

[7] Smalbrugge M, Pot AM, Jongenelis L, Gundy CM, Beekman ATF,Eefsting JA. The impact of depression and anxiety on well-being, disability and use of health care services in nursing homepatients. Int J Geriatr Psychiatry 2006;21:325—32.

[8] McCusker J, Cole M, Dufouil C, Dendukuri N, Latimer E, Wind-holz S, et al. The prevalence and correlates of major andminor depression in older medical inpatients. J Am Geriatr Soc2005;53:1344—53.

[9] Lyness J, Heo M, Datto CJ, Ten Have TR, Katz IR, DrayerR, et al. Outcomes of minor and subsyndromal depressionamong elderly patients in primary care settings. Ann InternMed 2006;144:496—504.

10] Beekman ATF, de Beurs E, van Balkom AJLM, Deeg DJH, vanDyck R, van Tilburg W. Anxiety and depression in later life: co-occurrence and communality of risk factors. Am J Psychiatry2000;157:89—95.

11] Schoevers RA, Beekman ATF, Deeg DJH, Jonker C, van Tilburg

W. Comorbidity and risk-patterns of depression, generali-sed anxiety disorder and mixed anxiety-depression in laterlife: results from the AMSTEL study. Int J Geriatr Psychiatry2003;18:994—1001.
Page 10: Effets de la rétrospective de vie sur la détresse psychologique et le bien-être subjectif de personnes âgées institutionnalisées – étude pilote

1

[

[

[

[

[

[

[

[

[

[

[

[

[

[

[

[

[

[

[

[

[

[

[

[

[

[

[

[

[

[

[

[

[

60

12] Lenze EJ, Mulsant BH, Shear MK, Schulberg HC, Dew MA, BegleyAE, et al. Comorbid anxiety disorders in depressed elderlypatients. Am J Psychiatry 2000;157:722—8.

13] Antoine P, Antoine C, Nandrino JL. Development and validationof the Cognitive Inventory of Subjective Distress. Int J GeriatrPsychiatry 2008;23:1175—81.

14] Dohrenwend BP, Shrout PE, Egri G, Mendelsohn FS. Nonspecificpsychological distress and other dimensions of psychopatho-logy. Measures for use in the general population. Arch GenPsychiatry 1980;37:1229—36.

15] Antoine P, Antoine C, Poinsot R. Détresse du sujet âgé : iden-tification des schémas cognitifs. Psychol Neuropsychiatr Vieil2007;5:305—14.

16] Cuijpers P, van Straten A, Smit F. Psychological treatmentsof subthreshold depression: a meta-analytic review. Acta Psy-chiatr Scand 2007;115:434—41.

17] Laidlaw K, Davidson K, Toner H, Jackson G, Clark S, Law J, et al.A randomised controlled trial of cognitive behaviour therapy vstreatment as usual in the treatment of mild to moderate latelife depression. Int J Geriatr Psychiatry 2008;23:843—50.

18] Pinquart M, Duberstein PR, Lyness JM. Effects of psycho-therapy and other behavioral interventions on clinicallydepressed older adults: A meta-analysis. Aging Ment Health2007;11:645—57.

19] Mackin RS, Arean PA. Evidence-based psychotherapeutic inter-ventions for geriatric depression. Psychiatr Clin North Am2005;28:805—20.

20] Scogin F, McElreath L. Efficacy of psychosocial treatments forgeriatric depression: a quantitative review. J Consult Clin Psy-chol 1994;62:69—74.

21] Cuijpers P, van Straten A, Smit F. Psychological treatment oflate-life depression: a meta-analysis of randomized controlledtrials. Int J Geriatr Psychiatry 2006;21:1139—49.

22] Butler RN. The life review: an interpretation of reminiscencein the aged. Psychiatry 1963;26:65—76.

23] Burnside I, Haight BK. Reminiscence and life review: analysingeach concept. J Adv Nurs 1992;17:855—62.

24] Watt LM, Cappeliez P. Efficacité de la rétrospective de vie inté-grative et de la rétrospective de vie instrumentale en tantqu’interventions pour des personnes âgées dépressives. RevQue Psychol 1996;17:97—109.

25] Cappeliez P, Watt LM. L’intégration de la rétrospective de vieet de la thérapie cognitive de la dépression avec des personnesâgées. Rev Francoph Comport Cogn 2003;3:20—7.

26] Wong PT, Watt LM. What types of reminiscence are associatedwith successful aging? Psychol Aging 1991;6:272—9.

27] Cappeliez P, Guindon M, Robitaille A. Functions of reminis-cence and emotional regulation among older adults. J AgingStud 2008;22:266—72.

28] Cappeliez P, O’Rourke N, Chaudhury H. Functions of remi-

niscence and mental health in later life. Aging Ment Health2005;9:295—301.

29] Watt LM, Cappeliez P. Integrative and instrumental reminis-cence therapies for depression in older adults: intervention

[

C. Maillard et al.

strategies and treatment effectiveness. Aging Ment Health2000;4:166—77.

30] Arean PA, Perri MG, Nezu AM, Schein SL, Christopher L, JosephTX. Comparative effectiveness of social problem-solving the-rapy and reminiscence therapy as treatments for depression inolder adults. J Consult Clin Psychol 1993;61:1003—10.

31] Jonsdottir H, Jonsdottir G, Steingrimsdottir E, Tryggvadottir B.Group reminiscence among people with end-stage chronic lungdiseases. J Adv Nurs 2001;35:79—87.

32] Chao SY, Liu HY, Wu CY, Jin SF, Chu TL, Huang TS, et al.The effects of group reminiscence therapy on depression, selfesteem, and life satisfaction of elderly nursing home residents.J Nurs Res 2006;14:36—44.

33] Chiang KJ, Lu RB, Chu H, Chang YC, Chou KR. Evaluationof the effect of a life review group program on self-esteemand life satisfaction in the elderly. Int J Geriatr Psychiatry2008;23:7—10.

34] Cook EA. Effects of reminiscence on life satisfaction ofelderly female nursing home residents. Health Care Women Int1998;19:109—18.

35] Serrano JP, Latorre JM, Gatz M, Montanes J. Life review therapyusing autobiographical retrieval practice for older adults withdepressive symptomatology. Psychol Aging 2004;19:272—7.

36] Chiang KJ, Chu H, Chang HJ, Chung MH, Chen CH, Chiou HY,et al. The effects of reminiscence therapy on psychologicalwell-being, depression, and loneliness among the institutiona-lized aged. Int J Geriatr Psychiatry 2010;25:380—8.

37] Wang JJ. The comparative effectiveness among institutiona-lized and no institutionalized elderly people in Taiwan ofreminiscence therapy as a psychological measure. J Nurs Res2004;12:237—44.

38] Fry PS. Structured and unstructured reminiscence training anddepression among the elderly. Clin Gerontol 1983;1:15—37.

39] Cappeliez P. Cognitive-reminiscence therapy for depressedolder adults in day hospital and long-term care. In: Webs-ter JD, Haight BK, editors. Critical advances in reminiscencework: from theory to application. New York: Springer; 2002. p.300—13.

40] Bohlmeijer E, Roemer M, Cuijpers P, Smit F. The effects ofreminiscence on psychological well-being in older adults: ameta-analysis. Aging Ment Health 2007;11:291—300.

41] Montgomery SA, Äsberg M. A new depression scale designed tobe sensitive to change. Br J Psychiatry 1979;134:382—9.

42] Antoine P, Poinsot R, Congard A. Évaluer le bien-être subjec-tif : la place des émotions dans les psychothérapies positives.J Ther Comport Cogn 2007;17:170—80.

43] Folstein MF, Folstein SE, McHugh PR. Mini-Mental State: a prac-tical method for grading the state of patients for the clinician.J Psychiatr Res 1975;12:189—98.

44] Birren JE, Dutchman DE. Guiding autobiography groups for

older adults: exploring the fabric of life. Baltimore, MD: TheJohn Hopkins University Press; 1991.

45] Poinsot R, Antoine P. La résolution de problème en psychothé-rapie. Paris: Dunod; 2008.