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0123 E conomie Mardi 15 janvier 2008 D ix ans après la crise asiatique de juillet 1997 qui avait désta- bilisé les monnaies et les marchés locaux, la défiance a changé de continent. Le dollar vacille même s’il demeure la principale monnaie de réserve internationale –, le sec- teur bancaire américain inquiète, et il apparaît que les Etats-Unis vivent au-des- sus de leurs moyens, entretenus par le reste du monde, et notam- ment l’Asie. Ce retournement de situation présage-t-il un déplace- ment du centre de gravité de la finance mondiale vers cette région ? Selon une note du cabinet McKinsey publiée en décembre, l’Asie pourrait, au cours de la décennie à venir, s’affirmer com- me « un véritable troisième partenai- re de la triade mondiale, aux côtés de l’Europe et des Etats-Unis » dans le domaine financier. Sa part dans cette activité « pourrait facilement passer de 20 % en 2005 à 25 % en 2015 ». Elle devrait en effet capter 27 % de la croissance attendue des services financiers dans le monde d’ici à 2015. L’auteur de la note, Dominic Barton, directeur du bureau de Shanghaï du cabinet, pointe une série de facteurs favora- bles comme « la montée de la Chine et de l’Inde, la réémergence du Japon, un commerce intrarégional robuste, d’énormes besoins de finan- cement d’infrastructures, et les oppor- tunités présentées par des sources de capitaux asiatiques à la puissance croissante ». A terme, si les places de Hon- gkong, Shanghaï et Singapour continuent sur leur lancée, « il n’y a pas de raison pour que les hubs de l’Asie ne puissent pas finalement défier Lon- dres et New York », esti- me M. Barton. Mais il pose certaines condi- tions, comme la réo- rientation des échan- ges de capitaux, aujourd’hui principa- lement tournés vers les places financières occidentales, au profit de la région. Les deux tiers des exportations de capitaux asiatiques vers les Etats-Unis et la zone euro sont le fait des banques centrales, qui financent ainsi massivement l’en- dettement américain, auxquels s’ajoutent les placements des fonds souverains chinois, singa- pouriens ou émiratis. Toutefois, McKinsey souligne qu’il serait « téméraire » de croire l’Asie « immunisée contre les désé- quilibres, les chocs et les bouleverse- ments ». Il estime que des améliora- tions doivent encore être apportées aux systèmes financiers locaux et que des « signes inquiétants de bul- les d’actifs sont en train d’émerger en Chine, à Hongkong, en Indonésie, à Singapour et au Vietnam ». Rien n’est gagné d’avance… a Ingénieurs Grandes Ecoles et Universités h/f L’avenir est un choix de tous les jours On peut rêver d’un monde avec moins de CO2, et aussi décider de le concevoir. Rejoindre le leader européen des énergies de demain, c’est décider d’agir. Chaque jour, EDF concilie progrès et environnement. Une exigence de chaque instant, pour laquelle nous mobilisons et accompagnons des hommes et des femmes ayant fait le choix de l’excellence. Le choix d’agir pour le bien-être de tous. E = moins de CO2 est l’enjeu d’avenir : rejoignez-nous dès maintenant sur www.edfrecrute.com – La Médiathèque EDF/C. Pauquet - Getty Images EMPLOI ÉTRANGER Le volontariat international en entreprise séduit de plus en plus Page VII LA VIE AU TRAVAIL Aider les salariés à concilier vie privée et vie professionnelle Page VIII ANNONCES PAROLES D’EXPERTS Page X Dirigeants a Finance, administration, juridique, RH a Banque, assurance a Conseil, audit a Marketing, commercial, communication a Santé a Industries et technologies a Carrières internationales a Multiposte a Collectivités territoriales Pages IX à XVI Consultez notre site : www.lemonde.fr CHRONIQUE ADRIEN DE TRICORNOT DANS CE NUMÉRO ZOOM Un partenariat avec « Rue des entrepreneurs » de France Inter L’essor des fonds souverains inquiète Page IV BOUSSOLE L’Islande affronte la baisse des quotas de cabillaud Page V TRIBUNES Le FMI doit gérer les réserves financières de la planète, par Harold James Comment expliquer les faibles performances des PME françaises ?, par Nadine Levratto Page VI Source : UbiFrance NOMBRE DE VOLONTAIRES INTERNATIONAUX EN ENTREPRISE (VIE) EN POSTE 2002 2007 2 000 3 000 4 000 5 000 5 346 L’Asie, place financière Du 11 au 13 janvier s’est tenu à New York un symposium réunissant le gratin de la recherche mondiale en « neuroéconomie ». Cette discipline, née aux Etats-Unis il y a dix ans, prétend utiliser les progrès de l’imagerie cérébrale pour expliquer, modéliser, voire prédire, le comportement des agents économiques. Une approche qui a séduit des universités américaines et quelques-unes de leurs homologues européennes. Mais des économistes résistent à ce qu’ils considèrent comme un « réductionnisme biologique » appliqué à une matière avant tout sociale Pages II et III L’exploration du cerveau se développe de plus en plus. REUTERS/HO NEW DOSSIER Neuroéconomie : les émotions dictent-elles nos décisions ? CAHIER DU « MONDE » DATÉ MARDI 15 JANVIER 2008, N O 19588. NE PEUT ÊTRE VENDU SÉPARÉMENT

Ehrenberg - Neuroeconomie

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Page 1: Ehrenberg  - Neuroeconomie

0123EconomieMardi 15 janvier 2008

Dix ans après lacrise asiatiquede juillet 1997qui avait désta-

bilisé les monnaies etles marchés locaux, ladéfiance a changé decontinent. Le dollarvacille – même s’ildemeure la principalemonnaie de réserveinternationale –, le sec-teur bancaire américaininquiète, et il apparaîtque les Etats-Unis vivent au-des-sus de leurs moyens, entretenuspar le reste du monde, et notam-ment l’Asie. Ce retournement desituation présage-t-il un déplace-ment du centre de gravité de lafinance mondiale vers cetterégion ?

Selon une note du cabinetMcKinsey publiée en décembre,l’Asie pourrait, au cours de ladécennie à venir, s’affirmer com-me« unvéritable troisièmepartenai-re de la triade mondiale, aux côtés del’Europe et des Etats-Unis » dans ledomaine financier. Sa part danscette activité « pourrait facilementpasser de 20 % en 2005 à 25 % en2015 ». Elle devrait en effet capter27 % de la croissance attendue des

services financiers dans le monded’ici à 2015. L’auteur de la note,Dominic Barton, directeur dubureau de Shanghaï du cabinet,pointe une série de facteurs favora-bles comme « la montée de la Chineet de l’Inde, la réémergence duJapon, un commerce intrarégionalrobuste, d’énormes besoins de finan-cementd’infrastructures, et les oppor-tunités présentées par des sources decapitaux asiatiques à la puissancecroissante ».

A terme, si les places de Hon-gkong, Shanghaï et Singapourcontinuent sur leur lancée, « il n’ya pas de raison pour que les hubs de

l’Asie ne puissent pasfinalement défier Lon-dresetNewYork »,esti-me M. Barton. Mais ilpose certaines condi-tions, comme la réo-rientation des échan-ges de capitaux,aujourd’hui principa-lement tournés versles places financièresoccidentales, au profitde la région. Les deuxtiers des exportations

de capitaux asiatiques vers lesEtats-Unis et la zone euro sont lefait des banques centrales, quifinancent ainsi massivement l’en-dettement américain, auxquelss’ajoutent les placements desfonds souverains chinois, singa-pouriens ou émiratis.

Toutefois, McKinsey soulignequ’il serait « téméraire » de croirel’Asie « immunisée contre les désé-quilibres, les chocs et les bouleverse-ments ». Il estimeque desaméliora-tionsdoivent encore être apportéesaux systèmes financiers locaux etque des « signes inquiétants de bul-les d’actifs sont en train d’émerger enChine, à Hongkong, en Indonésie, àSingapour et au Vietnam ». Rienn’est gagné d’avance… a

Ingénieurs Grandes Ecoles et Universités h/f

L’avenir est un choix de tous les jours

On peut rêver d’un monde avec moins de CO2,et aussi décider de le concevoir.

Rejoindre le leader européen des énergies de demain, c’est décider d’agir. Chaque jour, EDF concilie progrès etenvironnement. Une exigence de chaque instant, pour laquelle nous mobilisons et accompagnons des hommeset des femmes ayant fait le choix de l’excellence. Le choix d’agir pour le bien-être de tous.E = moins de CO2 est l’enjeu d’avenir : rejoignez-nous dès maintenant sur www.edfrecrute.com

–La

Méd

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C.Pa

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EMPLOI

ÉTRANGER

Le volontariatinternational en entreprise

séduit de plus en plusPage VII

LA VIE AU TRAVAILAider les salariés

à concilier vie privéeet vie professionnelle

Page VIII

ANNONCES

PAROLES D’EXPERTSPage X

Dirigeants a Finance,administration, juridique,RH a Banque, assurance

a Conseil, audita Marketing, commercial,

communication a Santéa Industries et

technologies a Carrièresinternationales

a Multipostea Collectivités territoriales

Pages IX à XVI

Consultez notre site : www.lemonde.fr

CHRONIQUEADRIEN DE TRICORNOT

DANS CE NUMÉRO

ZOOM

Un partenariat avec« Rue des entrepreneurs »

de France Inter

L’essor des fondssouverains inquiète

Page IV

BOUSSOLE

L’Islande affrontela baisse des quotas

de cabillaudPage V

TRIBUNES

Le FMI doit gérer lesréserves financières

de la planète,par Harold James

Comment expliquerles faibles

performancesdes PME françaises ?,par Nadine Levratto

Page VI

Source : UbiFrance

NOMBRE DE VOLONTAIRESINTERNATIONAUX EN ENTREPRISE (VIE) EN POSTE

2002 2007

2 000

3 000

4 000

5 000

5 346

L’Asie, place financière

Du 11 au 13 janvier s’est tenuà New York un symposiumréunissant le gratinde la recherche mondialeen « neuroéconomie ».Cette discipline, néeaux Etats-Unis il y a dix ans,prétend utiliser les progrèsde l’imagerie cérébralepour expliquer, modéliser,voire prédire,le comportementdes agents économiques.Une approche qui a séduitdes universités américaineset quelques-unes de leurshomologues européennes.Mais des économistesrésistent à cequ’ils considèrent commeun « réductionnismebiologique » appliquéà une matière avant toutsociale Pages II et III L’exploration du cerveau se développe de plus en plus. REUTERS/HO NEW

DOSSIER

Neuroéconomie : les émotionsdictent-elles nos décisions ?

CAHIER DU « MONDE » DATÉ MARDI 15 JANVIER 2008, NO 19588. NE PEUT ÊTRE VENDU SÉPARÉMENT

Page 2: Ehrenberg  - Neuroeconomie

Le logo de la plaquette du sympo-sium réunissant à New York, du 11au 13 janvier, les plus éminents spé-

cialistes mondiaux de la neuroéconomie– une balance portant sur un plateau uncerveau, sur l’autre le « S » barré du dol-lar – est éloquent… et ambigu. En quel-ques années, cette nouvelle discipline,résultat du mariage entre la science ducerveau et la science économique, aconquis les bancs et les pupitres desdépartements d’économie ou de psycho-logie de grandes universités américaines– Princeton, Caltech, New York Universi-ty, Massachusetts Institute of Technolo-gy (MIT) – mais aussi européennes –Zurich, Lausanne, London UniversityCollege, Cambridge, Rome, Parme. L’uni-versité de Singapour en fera même le thè-me dominant du quatrième Forum Asie-Pacifique des sciences économiques, du22 au 24 février.

La neuroéconomie, explique ChristianSchmidt, professeur à Paris-Dauphine etmilitant d’un déploiement de cette nou-velle approche en France, est née du croi-sement entre un questionnement des éco-nomistes – qui constatent depuis long-temps que les investisseurs, les consom-mateurs, etc., ne prennent pas forcémentles décisions que la théorie prescrit – etl’intérêt des neurologues – qui se sontaperçus que certaines modélisationsissues d’expériences d’économie compor-tementale (consistant à placer descobayes humains dans des situations dechoix) pouvaient servir à l’analyse desconnexions neuronales, désormais visi-bles grâce aux nouvelles techniquesd’imagerie cérébrale, essentiellementpar résonance magnétique (IRM), déve-loppées depuis quinze ans.

Modèles prédictifsCes images ont permis de faire des pro-

grès considérables dans l’observationdes phénomènes électriques et chimi-ques qui se déroulent dans le cerveauhumain, et des pathologies qui s’y mani-festent. Les économistes comportemen-talistes ont aussitôt utilisé ce fantastiqueprogrès médical pour affiner leurs expé-riences. « Le mérite de la neuroéconomieest d’avoir démontré scientifiquement quel’émotion jouait un rôle aussi importantque la rationalité dans la prise de décision,explique M. Schmidt. C’est une révolutionpour les économistes, qui s’acharnaient àfonder leurs modèles sur la rationalité d’unHomo economicus guidé par la recherchedu choix le plus utile à sa satisfaction, uncomportement qui se vérifiait rarementdans la vie réelle. La neuroéconomie nousindique au contraire que, si les décisionssont logiques, elles sont le résultat d’arbi-trages entre émotions et raisonnements. »

Les chercheurs n’en sont qu’au débutde longues séries d’expériences et d’ob-servations, d’ailleurs souvent contradic-toires. Il y aura un long chemin à parcou-rir avant d’atteindre le but que M. Sch-midt, ou le neurobiologiste Jean-PierreChangeux, fait miroiter (« Construireune théorie matérialiste plausible des fonc-tions supérieures du cerveau », revue Ris-

que no 71) qui permettrait aux économis-tes d’élaborer des modèles prédictifs dela prise de décision sur la base du fonc-tionnement du cerveau.

Le caractère spectaculaire de l’image-rie cérébrale a poussé certains cher-cheurs à croire (ou à faire croire) que l’ontenait d’ores et déjà une explication descomportements, et non plus seulementune image technique d’un phénomène,alors qu’il manque encore (qu’il manque-ra toujours ?) une connaissance de l’arti-culation entre les phénomènes observés.

« La popularité des expériences neurolo-giques pourrait s’expliquer par l’obsessionde beaucoup d’économistes à devenir desscientifiques. [Mais] comment des cher-cheurs sérieux peuvent-ils tirer des conclu-sions aussi définitives d’un aussi faible

nombre de données ? », écrit ironique-ment Ariel Rubinstein (New York Uni-versity). D’autres économistes voientdans l’engouement de leurs collèguespour la neuroéconomie un risque deréductionnisme biologique. C’est la thè-se de base d’un livre de Roman Frydmanet Michael Goldberg, Imperfect Knowled-ge Economics («Un savoir économiqueimparfait », Princeton UniversityPress). Selon les auteurs, la clé de la déci-sion des acteurs économiques n’est pasà trouver dans les émotions qui affectentleur fonctionnement cérébral, maisdans l’imperfection intrinsèque de laconnaissance de la complexité du mon-de qui les entoure. Pour M. Frydman,c’est plutôt du côté de l’analyse anthro-pologique des sociétés humaines qu’il

convient de chercher, comme le mon-trent les travaux de l’anthropologue etsociologue canadien Joseph Henrich(université de Colombie-Britannique,Vancouver, auteur de Foundations ofHuman Sociality : Economic Experimentsand Ethnographic Evidence in FifteenSmall-Scale Societies, Oxford UniversityPress, 2004), qui a fait jouer différentespopulations du globe aux jeux des écono-mistes comportementalistes. « A cetégard, dit le Pr Frydman, l’imagerie céré-brale montre que les émotions nées dansun contexte culturel et social donné affec-tent l’expression neuronale des décisionséconomiques, et non, comme on voudraitle croire, l’explication biologique de notreirrationalité ». a

Antoine Reverchon

1 Y a-t-il eu d’autres rapprochementsentre biologie et économie avantl’apparition de la neuroéconomie ?

A la fin du XIXe siècle, les théoriciensbritanniques de la décision rationnelle(Jevons et Edgeworth) s’inspiraient del’école psychophysiologiste allemande(Fechner et Wundt), pour qui la penséeétait le résultat d’une fonctionphysiologique, explique ChristianSchmidt, professeur à l’universitéParis-Dauphine. Mais cette conceptions’efface progressivement des scienceséconomiques lorsque les modèlesmathématiques s’imposent comme outilsd’analyse du raisonnement logique. EnFrance, la voie naturaliste n’aura guère desuccès, la plupart des économistes étantingénieurs.

2 Quels sont les principaux centresd’enseignement et de recherche dela neuroéconomie dans le monde ?

Aux Etats-Unis, pionniers de ladiscipline, les principaux centres sontPrinceton avec Jonathan Cohen (Centerfor the Study of Brain, Mind andBehavior) ; New York University avecPaul Glimcher (Center forNeuroeconomics) ; California Institute ofTechnology avec Colin Camerer(Neuroeconomics at Caltech – TheCamerer Lab) ; Massachusetts Institute ofTechnology avec Drazen Prelec (SloanSchool of Management) ; Baylor Collegeof Medicine (Houston) avec ReadMontague (Human Neuroimaging Lab) ;George Mason University (Virginie) avecKevin McCabe (Center for the Study ofNeuroeconomics) ; Carnegie MellonUniversity avec George Loewenstein(Department of Social and DecisionSciences), etc.

En Suisse, ce sont l’université de Zürichavec Ernst Fehr et Tania Singer (Centerfor Social Neuroscience andNeuroeconomics) et l’Ecolepolytechnique fédérale de Lausanne avecPeter Bossaerts (Swiss FinanceInstitute) ; au Royaume-Uni, UniversityCollege de Londres, avec Peter Dayan etR. Dolan (Gatsby ComputationalNeuroscience Unit et Wellcome TrustCentre for Neuroimaging).

En France, ce sont Lyon-I avecJean-René Duhamel (Institut des sciencescognitives), l’Ecole normale supérieureavec Etienne Koechlin (départementd’études cognitives) et Aix-Marseille avecOlivier Oullier (laboratoire deneurobiologie de la cognition).

En Italie, ce sont les universités deRome avec Fabio Babiloni (Faculté dephysiologie humaine), Trente avecMassimo Egidi (Computable andExperimental Economics Laboratory) etParme avec Giacomo Rizzolatti et VittorioGallese (département de neurosciences).

3 Comment s’est développéela neuroéconomie en France ?

La convergence entreneurosciences et économie se manifestepour la première fois en France en 2004lorsqu’un économiste du CNRS, GiorgioCoricelli, est recruté au sein de l’institutdes sciences cognitives de Lyon-I, quiacquiert une renommée internationalepar ses publications dans Science sur leremords (2004).

En 2005 est créé le premier cours deneuroéconomie dans le cadre du masterde neurosciences de l’universitéd’Aix-Marseille. En février 2006, unséminaire sur la neuroéconomie s’est tenuau Collège de France, avec ChristianSchmidt, Jean-Pierre Changeux, StanislasDehaene. La neuroéconomie fait pour lapremière fois l’objet d’une session aucongrès annuel de l’Association françaisede sciences économiques, enseptembre 2007. Elle figure auprogramme des 3es Journées de neurologiecomportementale qui se tiendront les 7 et8 février à Paris. Un numéro spécial de laRevue d’économie politique sera consacré àce thème cette année. a

Le jeu de l’ultimatum consiste àoffrir à un joueur une sommed’argent, à condition qu’il la

partage avec un autre joueur, selon unmode de répartition qu’il est libre dechoisir. Mais si le second joueur refuse laproposition, aucun des deux participantsne touche d’argent. Logiquement, lepremier joueur devrait proposer d’offrir àson partenaire le minimum afin demaximiser ses gains, et le second devraitl’accepter pour éviter de tout perdre. Dansla réalité, l’expérience montre que le refusest quasi systématique lorsque la sommeproposée est inférieure au tiers du total(même si elle est élevée !), le partage étantjugé inéquitable par le second joueur.

Si l’on place maintenant les joueursdans un appareil IRM (imagerie par

résonance magnétique), comme l’ontfait des chercheurs américains(A. G. Sanfey, J.K. Rilling, J.A. Aronson,L.E. Nystrom et J.D. Cohen, 2003), ils’avère que les offres inéquitablessuscitent une activité plus forte que lesoffres équitables dans les zonescérébrales stimulées par des émotions,alors que les offres équitables activentdans une plus forte proportion les zonesmobilisées lors d’un raisonnement.Même si, dans les deux cas, les deuxzones sont activées simultanément.

Des chercheurs suisses (D. Knoch,A. Pascual-Leone, K. Meyer, V. Treyer etE. Fehr, 2006) ont eu l’idée d’inhiberpar des impulsions électriques les zonesde raisonnement du second joueur.Celui-ci a alors accepté plus souvent des

offres inéquitables, alors même qu’il lesjugeait comme telles lorsqu’on lui posaitla question.

Mais d’autres expériences menéesdans les mêmes conditions, ou avec despersonnes souffrant d’affectionscérébrales semblables à celles recrééesartificiellement, ont donné des résultatsdifférents, certains joueurs rejetant plussouvent des offres inéquitables.

Conclusion ? « Il nous manque encoreun cadre cohérent d’explication de la façondont les informations sont échangées entreles différentes zones du cerveau impliquéesdans la prise de décision », admet OlivierOullier, professeur de neurobiologie auxuniversités d’Aix-Marseille et deFloride. a

A. R.

L’application des neurosciences audomaine économique a déjà eu sonheure de gloire à travers le « neuro-

marketing ». La presse s’était fait l’échodes expériences menées à coups d’IRM surle cerveau de consommateurs sollicités pardes parfums ou des boissons gazeuses,publicitaires et « marketeurs » se faisantfort d’en tirer les enseignements nécessai-res au succès de leurs futures campagnes.Au point de donner naissance à des agen-ces de conseil spécialisées, comme Neuro-sense au Royaume-Uni et Impact Mémoireen France, ainsi qu’à des ouvrages de« recettes », comme Neuro-marketing, leNerfde la vente, de Patrick Renvoisé etChri-tophe Morin (De Boek). Mais pour OlivierOullier, professeur de neurobiologiehumaine aux universités de Provence et deFloride, « prétendre localiser le siègedes déci-sions d’achat dans le cerveau humain est jsu-te un argument de vente que beaucoup de« marketeurs » utilisent pour renouveler ouembellir leur argumentaire auprès de leursclients et justifier l’augmentation de leurs

tarifs ».La neuroéconomie a trouvé une autre

application dans le conseil aux investis-seurs, comme en témoigne Pascal Bovay,de Bovay et Partenaires, gestionnaire depatrimoine à Lausanne (Suisse). « Nousattendons des avancées de l’observation neu-rologique de la décision financière qu’ellesconfirment ce que nous avons déjà appris desexpériences de finance comportementale »,pratiquées à partir de questionnaires et dejeux de simulation. A l’instar de l’Uniondes Banques suisses (UBS) et du Créditsuisse – qui l’a introduit dès 2003 à la suitede l’éclatement de la bulle Internet –,Bovay et Partenaires établit une « courbed’utilité » pour chaque nouveau client.« Lors du premier entretien, nous le plaçons,selon une procédure formalisée, face à des scé-narios de pertes ou de gains, afin de tracer sonprofil et de lui proposer des placements adap-tés. Par exemple, la finance comportementalemontre qu’une personne qui suit au jour lejour l’évolution de son portefeuille réagitdeux fois plus fortement à une baisse, même

faible, qu’à une hausse, alors qu’une person-nequi jetteunœil de tempsen tempsàses posi-tions n’y prête pas attention. Nous allonsdoncproposer àquelqu’unqui fait une insom-nie à l’annonce d’une baisse d’un demi-pointdu CAC 40 un portefeuille “défensif”, peu ris-qué en cas de baisse, mais peu rémunérateuren cas de hausse. » A l’inverse, le diagnosticd’un client un peu trop sûr de lui offre lapossibilité de l’avertir sur les risques qu’ilencourt.

« Bon sens »Cette courbe d’utilité évolue bien sûr

dans le temps. « Quelqu’un qui encaisse1 000 euros de gains alors que son revenuest faible réagit avec plus d’enthousiasmeque quelqu’un pour qui ce gain est infimepar rapport à sa fortune. Mais le premierréagira tout à fait différemment lorsqu’ilfera de nouveau ce gain de 1 000 euros, par-ce qu’il l’estimera alors normal ! »

Tout cela ne confirme-t-il pas simple-ment les observations que n’importe quelbon professionnel peut faire ? « Il ne faut

jamais se départir de son bon sens, admetM. Bovay, mais ce type d’informations nouspermet de mettre en équation des observa-tions empiriques », ce qui se révèle utilepour le reporting dans le cadre d’une ges-tion de plus en plus centralisée des porte-feuilles par les banques et… pour discuteravec le client. Cantonné jusqu’ici aux plusfortunés d’entre eux, l’usage des courbesd’utilité est en train d’être généralisé àtous par les établissements suisses.

Mais cette approche peut aussi être uti-lisée de façon plus spectaculaire. Un jour-naliste américain, Jason Zweig, spécialisédans les manuels de conseil aux petitsépargnants, a publié au mois d’août 2007un livre intitulé Votre cerveau et votreargent – Comment la neuroéconomie peutvous aider à devenir riche (éditions Simon& Schuster), qui transforme sans vergo-gne les observations des neurologues enautant de « conseils » aux investisseursamateurs . Le livre est devenu un best-sel-ler outre-Atlantique… a

A. R.

Une approche séductriceL’imagerie cérébrale a montré que l’émotion est aussi importante que la rationalité dans la prise de décision

Les publicitaires pensent pouvoir identifier les centres neuronaux de la décision d’achat. MIKE BLAKE/REUTERS

Equitable ? Inéquitable ?… Les neurones hésitent

Usages professionnels et dérives lucratives

QUESTIONS-RÉPONSES

Recherches

DOSSIERII Economie 0123Mardi 15 janvier 2008

Page 3: Ehrenberg  - Neuroeconomie

A quelle conceptiondu fonctionnementsocial correspondl’émergence dela neuroéconomie ?

Au courant,classique dans lessciences sociales, del’individualismeméthodologique : lesfaits sociaux (ou lescomportementscollectifs) s’expliqueraient en lesrapportant aux comportementsindividuels. Les économistesespèrent ainsi améliorer leurséchelles de préférence enintégrant les émotions dans laprise de décision. Tout cela n’estdonc pas neuf, seuls les outils(IRM, etc.) le sont. Sont-ilsappropriés ? C’est la question.

La neuroéconomie fait partie dece que j’appelle « le programmegrandiose des neurosciences » quiidentifie connaissance du cerveau,connaissance de soi-même etconnaissance de la société. Lesubstrat biologique cérébral seraitla clé de tout. C’est une vieillemarchandise métaphysique ! Lavie sociale, les mœurs, les usages,les coutumes, les institutions neseraient qu’un reste. Mais il estvrai que les sociologues sont peuclairs sur ce qu’est le « social ».L’intérêt des neurosciencessociales est de nous obliger àclarifier ce que nous, sociologues,faisons. Et c’est une bonne chosedans la confusion qui règneaujourd’hui entre l’homme socialet l’homme biologique.

Les dispositifs expérimentaux uti-lisés en neuroéconomie ne permet-tent-ils pas de mieux comprendreles comportements sociaux ?

Il faut lire les articlesscientifiques pour évaluer ce quiest prouvé. Voilà l’essentiel.Quand un chercheur écrit qu’il adémontré « le rôle du cortexpariétal inférieur dans la distinctionentre soi et autrui », qu’est-ce qu’ilveut dire par « rôle » ? Cette airecérébrale est-elle l’agent causal ?Le mécanismeneurophysiologique est-ilimpliqué, ou dérivé, ou nécessaire,pour éprouver de la distinction ?Les expressions employées sont :« rôle, implication, sous-tendu,base, reposer sur ». Les méthodessont décrites le plus précisémentpossible, mais les mots à valeurinterprétative sont vagues. Deplus, aucun mécanismephysiologique n’a été découvertpour produire expérimentalementdes émotions : ce sont donc des

corrélations que l’onobserve, non desmécanismes. Or, leconstat d’unecorrélation ne lève pasl’ambiguïté entre« quand je fais X, moncerveau est dans l’étatE » et « si je fais X,c’est parce que moncerveau est dans l’étatE », c’est-à-dire entre

quelque chose qui se passe dansmon cerveau quand je fais uneaction et quelque chose que je faisparce que mon cerveau en est lacause. Les émotions sont iciconsidérées comme des entitésclaires aux contours précis, alorsque, dans la vie réelle, touts’enchevêtre chez l’individu. Nosraisons de faire et de désirer sontbien souvent contradictoires.

De quels risques ce biologisme est-il porteur ?

La capacité à agir par soi-mêmecomme individu autonome étant,dans la société d’aujourd’hui, lacondition de la socialisationréussie, la maîtrise de l’inhibition,de la honte, de la culpabilité, del’angoisse ou de la dépression sontdes soucis majeurs. En donnantune valeur sociale, et passeulement médicale, au cerveau,les neurosciences sont la réponsescientifique à l’explosion de cettedemande de santé mentale.

Le risque serait de croire que lessolutions vont sortir deslaboratoires. Hors de laneuropathologie, les retombéespratiques sont des plus faibles (iln’y en a aucune pour les patientsschizophrènes, par exemple). Leproblème est l’insuffisance descapacités d’accueil et de prise encharge psychiatrique des patients.Ce ne sont pas d’hypothétiquesrésultats futurs qui compenserontune politique de santé publiqueinexistante en la matière. a

Propos recueillis parAntoine Reverchon

La Society forNeuroeconomics regroupeplus de 400 membres

NEW YORK,CORRESPONDANCE

A u tout début des années1990, les universitairesamé-ricains faisaient de la neuro-

économiesans le savoir.Paul Glim-cher,professeur à la NewYork Uni-versity (NYU) et l’un des pères fon-dateurs de la discipline, avait trou-vé son bonheur dans une étude duneurologiste William Newsomesur les difficiles modes de déci-sion…dessinges. Unautre neurolo-giste, Antonio Damasio, de l’uni-versité d’Iowa, étudiait la décisionchez lesvictimes de lésionscérébra-les. A l’époque, les scientifiquesparlaient tout juste de « psychophy-sique ».

Cen’est qu’en 1998que laneuro-économie fait son apparition sousla plume de Kevin McCabe, profes-seur à la George Mason University.Celui-ci invente lemotneuroécono-mie pour convaincre l’agence gou-vernementale de la recherche,National Science Foundation, delui accorder une subvention. Trèspeu de temps après, en 1999,Paul Glimcher et Michael Prattpublient dans la revue Nature leurétudesur le comportement des sin-ges lié aux récompenses espérées.Pour Paul Zak, directeur du Center

for Neuroeconomics Studies à laClaremont Graduate University(Californie), c’est le premier vraiarticle de neuroéconomie, car ilmène l’enquête sur une allocationoptimale de ressources rares. Peuimporte que la vedette de l’étudesoit un singe et non pas Homo eco-nomicus !

Les pionniers des années 1990privilégient le travail interdiscipli-naire : ils sont médecins, psycholo-gues, biologistes, économistes…Du côté des neurosciences, « onouvre la boîte noire qui génère lescomportements, mais on n’a guèrede comportements intéressants à étu-dier : j’étais frustré », explique PaulZak, à l’époque jeune biologiste,pour expliquer son intérêt pourl’économie qui, de son côté, « testedes tas de modèles de comportementssans savoir ce qui produit ces compor-tements », affirme-t-il.

CautionLarencontreentre lesdeuxdisci-

plines, qu’il juge « inéluctable », seréalise au cours de réunions clés. Ily eut à l’origine une entrevue en1997à laCarnegieMellon Universi-ty ; puis deux rencontres en 2001,l’une à la Fondation Gruter, l’autreà l’université Princeton. Deux ansplus tard, 30 chercheurs convain-cus se retrouvent à Martha’sVineyard, lieu de villégiature de lajet-set américaine au large de CapeCod, sur la côte du Massachusetts.Et, en 2004, ils sont 83 sur l’île de

Kiawah, une station balnéaire deCaroline du Sud. Vernon Smith,Prix Nobel d’économie, apporte sacaution à la réunion. Et les neuro-conspirateurs,deplusen plusnom-breux, décident alors de créer laSociety for Neuroeconomics.

L’association, installée à NewYork, tout près de la NYU, revendi-que plus de 400 membres auxEtats-Unis et dans le monde. Seschercheursontcrééde solides labo-ratoires sur l’ensemble du territoi-re américain. Le champ d’étudesn’a pas de limites. L’outil de l’ima-gerie par résonance magnétique(IRM)doitaiderM. Zakàcompren-dre « pourquoi les gens sont bons oumauvais ». Il l’applique aux hom-mes, aux singes et autres animaux.

Stacy Wood, directrice du Cen-ter for Neuroeconomic Research à

l’université de Caroline du Sud,s’intéresse quant à elle aux déci-sions des consommateurs. Ellefouille le cerveau de personnes quiont une alimentation de bon goût,mais mauvaise pour la santé…D’autres s’intéressent aux investis-seurs en Bourse.

Ces études diverses et variéescoûtentcher.Le Center forNeuroe-conomics Studies de l’universitéClaremont emploie 14 chercheurset affiche un budget de fonctionne-ment annuel de 800 000 dollars.Les agences de l’Etat – les NationalInstitutes of Health –, souventappelées à la rescousse, soutien-nent volontiers cette science émer-gente.Ellesviennentainsid’annon-cer une subvention de 1,5 milliondedollarspourétudier lesmécanis-mes neurobiologiques du compor-tement économique des adultesvieillissants.

Les fondations InternationalFoundationfor Research inExperi-mental Economics (Ifree), MacAr-thur, Templeton, Mercatus, GruterInstitute sont sollicitées. La fonda-tion MacArthur, dont l’objectif est« d’améliorer la condition humai-ne », a promis une aide sur troisans de 10 millions de dollars auxneuroéconomistes qui planchentsur le droit. « D’ici dix ans, la neuro-économie sera une matière classiqueau même titre que la macroécono-mie », prédit M. Zak. a

Caroline Talbot

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POUR EN SAVOIR PLUS

« La refondation de l’analyse du risque à la lumière des neuros-ciences », de Jean-Pierre Changeux et Christian Schmidt, Risquesn˚ 71, septembre 2007.La Neuroéconomie, de Christian Schmidt, Odile Jacob (à paraître enmars-avril 2008).Les neurosciences et l’économie. Perspectives de la neuroécono-mie. Mémoire, Bruno-Yves Martin Gauthier, université du Québec, Mon-tréal (2006), 178 p. (http://www.irec.net/publications/626.pdf).Emergences du neuromarketing : apports et perspectives pourles praticiens et les chercheurs, par Olivier Droulers, et Olivier Roulet(http://prism.univ-paris1.fr).Documents, actualités, revue de presse (www.neuroeconomie.fr).Site de la Society of Neuroeconomics à New York(www.neuro-economics.org).

Alain Ehrenberg : « Attentionà la confusion entre l’hommesocial et l’homme biologique »

ALAIN EHRENBERG

CV

2008 Alain Ehrenberg, directeurdu Centre de recherche psycho-tropes, santé mentale, société(Cesames, CNRS/Paris-V/Inserm),publie « Le Cerveau “social ”.Chimère épistémologique et véri-té sociologique », paru dans larevue Esprit (numéro de janvier).2001 Il crée le Cesames à l’univer-sité René-Descartes (Paris-V).1998 Il est l’auteur de La Fatigued'être soi. Dépression et société(éd. Odile Jacob Poche).

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E-mail : [email protected]

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Sources : PUBMED ; estimation 2006 ; The Society for Neuroeconomics et Olivier Oullier

Publications d’articles académiquescomportant des études d’imagerie en IRM fonctionnelle

Publications académiques dans le domaine « prise de décisionet activité du cerveau »

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Descartes Error, par Antonio Damasio(L’Erreur de Descartes, Odile Jacob 1997)

Article de M.L. Platt et P. Glimcher dans Nature, sur les connexions neuronales dans la prise de décision.

Premier article sur un jeu de confiance et de réciprocité par Kevin McCabe et al.dans la revue de la National Academy of Sciences

Prix Nobel d’Economie attribué à Daniel Kahneman et Vernon Smithpour leurs travaux et expérimentations sur la prise de décision.Premier article dans NeuroImage sur l’analyse par IRMd’un jeu de coopération, par Read Montague et al.

Article de Colin Camerer dans Science sur l’élaboration de stratégiesdans le cerveau. Decisions, Uncertainty, and the Brain : The Science of Neuroeconomics, premier livre mentionnant la neuroéconomie, de Paul Glimcher (MIT Press)

Article de Brian Knutson dans Neuron sur un effet des amphétamines sur l’anticipation des gains et des pertes.

Création et première conférence de la Society for Neuroeconomics.Article de Camerer, Loewenstein & Prelec, dans le Journal of Economic Literature, « Neuroeconomics: How Neuroscience Can Inform Economics ».Numéro spéciaux de Games and Economic Behaviour sur la neuroéconomieet de Nature sur les neurosciences.

How We Make Decisions, par Read Montague (Ed. Dutton Adult)

Numéros spéciaux de Science et de Trends in Cognitive Science sur la neuroéconomie

Une « science » en pleine ascension

mais déjà contestée

Le cerveau de la nouvelle écoleest en Amérique

Le 21 octobre 2005, le neurologiste Antonio Damasio a reçu le prix Prince desAsturies des mains de Philippe de Bourbon . RAFA RIVAS/AFP

DOSSIER0123Mardi 15 janvier 2008 Economie III