Cie Des elles au bout des doigtsClaire Chevalier

Siège social : 49 rue de fréland 67100 StrasbourgTél. 0679683377/ Email chevaliercm@wanadoo.fr

TexteClaire Chevalier

Conception fabrication des décorsJaime Olivares

Objets, Ombres et graphismeAurore Petit

Création –fabrication des éclairagesPascal Grussner

Création des CostumesAgathe Laemmel

Habillage ThéièreRita Tatai

Musique originalesMichel Ott

Direction des actricesPatrick Chevalier

ChorégraphieNathalie Boudet

AvecClaire Chevalier

Isabelle Eisenstein

2

Alice sous la théière

L’histoire des aventures d’Alice au pays des merveilles

Alice au pays des merveilles est le premier des deux récits écrit par Lewis Carroll. Il date de1865. De l’autre côté du miroir est la suite des aventures de la petite Alice. Il date de 1871. Le premier récit est l’histoire d’un rêve : animaux fantastiques, changements de taille, animations d’objets s’y déploient. Dans le second, la petite fille accomplit un voyage derrière le miroir, dans un pays fabriqué comme un échiquier, et où elle devient une figure dans le rêve d’un rêveur, avant d’être la reine du jeu d’échec. Alice est en vérité un voyage initiatique qui permet de découvrir le monde et soi –même.

Lewis Carroll

Eléments biographiquesLewis Carroll de son vrai nom Charles Lutwidge Dogson est né en 1832 à Daresbury, dans une petite bourgade près de Manchester. C’est là qu’il passe la majeure partie de son enfance. On sait que Charles aimait inventer pour ses frères et sœurs des spectacles de marionnettes et des jeux. La mère de Lewis Carroll meurt en 1851. Il est très affecté par cette mort soudaine. Il travaille beaucoup et obtient son diplôme de mathématiques en 1854 et ne commence à écrire que vers cette époque : des poèmes et des nouvelles. Lors d’une promenade en barque avec des amis, il raconte à leurs enfants, deux petites filles, l’histoire qui deviendra « Les aventures d’Alice au pays des merveilles. « 

L’ouvrage est publié en 1865 et connaît tout de suite le succès En 1867 paraissent la suite des aventures de la petite Alice sous le titre «  De l’autre côté du miroir ».

Lewis Carroll meurt le 14 janvier 1898 à l’age de soixante six ans. Il aura été professeur de mathématiques et prêtre.

3

Dans notre pièce, Alice sous la théière, nous avons fait le choix de raconter quatre histoires toutes situées dans le récit « Des aventures d’Alice au pays des merveilles ». Notre histoire s’est écrite autour de ses principaux récits : Dans le terrier du lapin ; Le lapin envoie pierres et pierre ; Un thé extravagant ; Le terrain de croquet de la reine.

Tous les récits qui sont contés dans notre pièce, mettent en relation la petite Alice au pays de l’imaginaire. Toutes les aventures qui arrivent à la petite fille sont des aventures initiatiques qui l’aident à grandir.

Les thèmes qui marquent la pièce

Il faut trembler pour grandir. René Char

En écrivant l’adaptation de ce récit, je me suis rendu compte qu’il parlait d’un thème majeur pour l’enfant. Grandir. C’est une des principales motivations d’un enfant grandir, devenir un grand. Mais avant de devenir grand, nous devons passer par plusieurs étapes décisives. Avant de devenir adultes, nous devons surtout jouer, être entouré de personnages imaginaires qui nous entraînent ailleurs, hors du temps, hors du monde.

Claire Chevalier

La petite Alice croise un lapin, un chat, un tricheur, une reine. Elle dialogue avec des personnages qui ne sont pas humains. Il est intéressant de noter en effet, que seule la petite Alice à l’apparence humaine dans Les aventures d’Alice au pays des merveilles. Tous les personnages qu’elle croise ont l’apparence animale ou sortent d’un jeu de cartes à jouer.

Les personnages que croisent Alice ne sont jamais amis avec elle. Ils se montrent plutôt hostile vis-à-vis de cette enfant. Ils se moquent d’elle. Ils la montrent du doigts, comme le font peut être ses camarades à l’école, ou ses parents…

4

Grandir au pays des merveilles

« L’enfance qui peut nous dire quand ça finitQui peut nous dire quand ça commence »

Jacques Brel

Avant de devenir une reine, la petite Alice doit comprendre qui elle est ? Elle traverse le miroir et de l’autre côté apparaissent l’ombre d’un chat, l’ombre d’un puit, l’ombre d’une reine, l’ombre d’un lièvre. Ils ont tous rendez vous ensemble pour boire un thé. La petite Alice est convié à ce rendez vous. Elle ne pourra arriver à l’heure à ce rendez vous que si elle passe par le jardin des merveilles, par le jardin des vérités.

Grandir c’est passer de l’autre côté du miroir. C’est ouvrir la porte du jardin des vérités. Avant d’être grand on tremble. On cherche à savoir qui on est. Comment on est. On regarde le monde dans un miroir. Un peu comme au théâtre. Le lieu ou magie et histoires d’hommes se rejoignent.

Sous une théière géante qui a grossit l’espace d’une nuit, la petite est devenue la grande. Une petite fille prénommée Alice tombe sous la grande théière. Elle réveille la grande qui n’a pas sentie qu’elle était passé de l’autre côté. La vie nous joue parfois de bien étranges surprises…

Alice sous la théière « extraits de texte ».Chanson : L’enfance passéeSe perdre dans le mondeDes adultesSans visageSans souvenirsSans rêvesSans souffle

L’enfance passéePerdre son cœurDans le miroirQui fait briller dans le ciel les étoiles mortesLes filets de pêche abandonnés

Perdre ses brasPerdre son corpsPerdre son passéEt perdre la vie

AliceTu n’es pas encore néeSe perdreSans âgeDans le monde

AliceOuvre la porte du jardin des vérités.

Claire Chevalier

5

Alice sous la théière

Résumé

Dessin Aurore Petit

Prologue : À une heure incertaine, la grande Alice sert le thé aux spectateurs qu’elle a invités sous sa grande théière, lorsque subitement la petite Alice tombe au fond. Etonnement de la grande quand la petite se présente. Elle sert à cette « intruse » une boisson qui fait tomber le rideau des rêves. Le monde bascule. Alice part en voyage…

Scène une : Alice a besoin d’un réveil, pour rythmer son existence. Bazar, un lapin pressé, en vend. La petite n’a pas de quoi payé et Bazar a autre chose à faire. Il laisse Alice seule avec le Temps. Un Temps déréglé après être tombé lui aussi au fond de la théière. La confrontation est délicate. Le Temps devient fou. Ses aiguilles tournent trop vite. Pour Alice il serait déjà l’heure de mourir  ?... Heureusement Bazar, le lapin pressé réapparaît.

Scène deux et trois : Alice et un « nouveau » Temps se rencontrent. Alice veut absolument retrouver son âge. Le Temps n’est pas d’accord, mais lui aussi se dérègle. Le réveil sonne, Alice se réveille. La grande est à ses côtés. La petite peut se rendormir.

Scène quatre : Alice est tombée au fond d’un puits qui se moque d’elle parce qu’elle à les jambes à l’envers. Le réveil sonne, elle est à nouveau ailleurs. Rencontre avec Bazar qui vend la clef ouvrant le jardin des merveilles. La petite en a besoin, le lapin finit par la lui donner. Alice essaye la clef devant la porte de ce jardin. Une porte coriace… Il n’est pas encore l’heure pour Alice de voir ce qu’il y a de l’autre côté. Elle est un peu perdue.

Scène cinq et six : Alice rencontre un magicien, joueur de bonneteau. Elle n’a plus sa clef. Lui l’a, mais il triche, c’est d’ailleurs son nom. Alice pleure. Ses larmes inondent toute la théière. Le magicien finit par céder la clef à la petite. Mais sous la grande théière, c’est la panique, on n’a jamais vu une inondation pareille. La grande intervient et donne à la petite un remontant.

6

Scène sept : La petite se laisse hypnotiser par cette clef magique. Au fond de son « œil », on voit tout se qui se passe au jardin des merveilles. Des cartes à jouer avec leur reine, un chat nommé Beau Sourire, des personnages assez inquiétants. Et Alice est bien candide ! Heureusement le réveil sonne à temps !...

Scène huit : La petite raconte à la grande ses aventures au jardin du pays des merveilles. La grande lui explique ce qui s’est passé hors de la théière dans le monde, pendant qu’elle dormait. La petite Alice voudrait bien assister à un thé auquel Bazar l’a conviée, mais elle est malade. Bazar lui donne des cachets qui lui font un drôle d’effet.

Scène neuf et dix : Dans ce dernier « voyage » d’Alice, on redécouvre Tricheur et un lézard, l’Endormi, en train d’attendre Bazar pour fêter son anniversaire. Mais le lapin n’est jamais à l’heure. Les deux amis boivent l’apéro pour passer le temps. Le Temps, justement, se mêle à la fête, ivre comme les deux autres. Ses aiguilles tournent à l’envers. Une vengeance sur Alice ? Bazar n’arrive pas et les bouteilles sont vides. Tricheur disparaît. L’endormi s’endort. Alice, elle, se réveille. Une petite fille est tombée au fond de la théière. Elle dit s’appeler Alice…

Présentation générale de la pièce

Dessin Aurore Petit

Alice sous la théière est une création librement adaptée à partir d’Alice au pays des merveilles, l’œuvre illustre de Lewis Carroll. Ce spectacle de petite forme, destiné à être présenté à de jeunes publics en appartements, salles de classe ou petits lieux pas forcément équipés, mêlera deux techniques : le théâtre d’acteurs et le théâtre d’ombres. Les parents accompagnant les enfants seront les bienvenus !

Un jeune personnage féminin, la grande Alice, sortie de nulle part, fait pénétrer le jeune public sous une grande théière, lieu dans lequel se déroule toute notre histoire. Cette grande théière verra peu après la petite Alice tomber dedans, un jour qu’elle buvait un thé.

7

«  A un moment, j’avais tellement bu de ce thé dont je ne devais surtout pas boire….

On me l’avait bien dit !

J’ai vu des choses étranges au fond de la théière.

Il y avait un lapin, un lézard, un chat, une reine qui discutaient entre eux autour d’un gros gâteau.  »

Quand la petite tombe au fond de la théière, la grande s’étonne. Toutes deux s’appellent Alice. Elles semblent pourtant n’avoir rien en commun.

Qui est exactement la vraie Alice ? La grande ? La petite ? Les deux ? Les rencontres de ce double personnage donneront peut-être la réponse…

Tomber au fond de la théière c’est passer de l’autre côté du miroir, c’est rejoindre le pays des êtres imaginaires. Dans notre spectacle, la petite Alice croise tous les êtres qu’elle voit lorsqu’elle rêve. Un lapin, un chat, une reine… Ils l’emmènent ailleurs, dans un monde où tout est à l’envers. Au pays des rêves qui nous aident à grandir et qui façonnent notre personnalité.

Réflexion autour de la grande théière…

Dessin Aurore Petit

Le monde ressemble un peu à cette théière sous laquelle nous devons vivre tous ensemble. Hommes, femmes, enfants, ombres. Il est aussi fragile que de la porcelaine. Il parait ébréché. Les parois de la théière ne laissent voir que des ombres, qui sont tombées dedans et qui ne peuvent plus en sortir.

On est au théâtre, tombé au fond d’une théière entaillée. Nous même nous retournons alors au pays des ombres, de l’autre côté. Nous comprenons que le monde est fragile comme cette théière, comme les rêves de la petite Alice, qui doit « trembler pour grandir. » 

Claire Chevalier

8

La petite et la grande…Les deux personnages, la petite et la grande, s’appellent Alice toutes les deux. Elles représentent la même personne, mais à différents âges de sa vie. Elles ne prendront toutes deux conscience de ce phénomène qu’à la fin de la pièce, lorsque la petite est devenue la grande.

Dans « Alice au pays des merveilles », la petite Alice est tantôt grande, tantôt toute petite. Elle est sûre d’être plusieurs à la fois. Elle se demande qui elle est. Dans notre spectacle, la petite se retrouve face à elle-même, peut-être dix ans plus tard. Elle peut parler avec son double qui lui explique comment marche le monde, ce qui se passe hors de la grande théière lorsque la petite dort.

Ces deux personnages, qui ne se ressemblent même pas physiquement – si ce n’est par quelques points communs : certains de leurs goûts, leur façon d’être, de s’habiller - sont donc Alice l’une et l’autre, mais mues par les préoccupations qui sont celles de leurs âges respectifs. Toutes deux nous poussent à notre tour à nous demander qui nous sommes, qui nous avons été, qui nous serons…

Il nous a paru essentiel que les aventures « d’Alice au pays des merveilles » nous soient racontées par une enfant. Quelqu’un qui cherche à comprendre qui elle est. Quelqu’un qui se projette dans le temps. Comme les événements sont souvent assez étranges dans « Alice au pays des merveilles », nous avons décidé que nos personnages le seraient aussi : deux Alice pour une même personne, cela peut paraître troublant mais cela contribue à la magie !...

Il n’y a décidément qu’au théâtre que l’on puisse se retrouver face à face à son double plus âgé.

Ainsi, à la fin de notre pièce, la petite est-elle devenue la grande, sans s’en rendre compte.

Et voilà qu’une petite fille tombe au fond de la théière ! Qui est-elle ?

Elle a vu un lapin, un chat, une reine. Des êtres qui semblent vivre de l’autre côté du miroir.

Et elle dit s’appeler Alice…

9

Alice sous la théière extrait de scène entre le personnage la petite et la grande :

La petite : Vous allez m’aider à sortir de cette théière ?

La grande : Il faut demander à la grande.

La petite : La grande, ce n’est pas toi ?

La grande : Ben non. Tu t’appelles comment, petite ?

La petite : Alice.

La grande : Alice ? J’ai jamais rien entendu d’aussi drôle. Alice, c’est moi !

La petite : Menteuse ! T’as vu ta taille ?...

La grande : J’ai l’impression que c’était hier.

La petite  : Hier ? C’était quand ?...

La grande : Parfois le temps nous joue des tours !...

La petite  : Le temps ?

La petite  : Vous lui avez déjà parlé, au temps ?

La grande : Oh oui, très souvent !

La petite : Moi, il ne m’écoute jamais.

La grande : Ca viendra.

10

Histoire du surréalisme ; Ses influences sur l’œuvre de Lewis Carroll

Comme si la nuitÉtait la terre des couleursComme si la verdure et l’automneNaissaient du gel fixé aux branchesComme si ces vivants que l’on nommeSel de la terre ou lumière de nuitNe pouvaient pas se contrefaireNe pas avoir un ventre déférentDes seins décents aimables complaisantsOù en es-tu je vis j’ai vécu je vivraiJe crée je t’ai créée je te transformeraiPourtant je suis toujours par toi l’enfant sans ombreJe t’ai imaginée.

Paul Eluard

Le terme surréalisme à été crée en 1917 par le poète Guillaume Apollinaire. Le mot désigne un mouvement littéraire et artistique fondé en 1924 par André Breton.

Le surréalisme cherche de nouvelles formes d'expression de l'inconscient, de l'irréel et du fantastique. La toute puissance du rêve et le libre jeu de la pensée émancipant l'artiste des formes traditionnelles ; il recourt aux associations libres, à l'inconscient au fantastique.

Cela se manifeste par des techniques nouvelles comme le collage (technique consistant à utiliser les matériaux les plus divers: papier, tissu, carton, fil etc.. .et à créer une oeuvre en les collants sur un support) et le frottage (procédé dont l'utilisation artistique - qui a été révélée par Max Ernst en 1925 - consiste à transposer sur la toile les structures d'un objet par pression métallique à l'aide d'une mine de graphite) et par l'abandon à un automatisme incontrôlé. Stylistiquement, le surréalisme réunit des courants très divers depuis les images abstraites et symboliques de J. Miro, Dali, Magritte. Autres représentants : P. Delvaux, M. Ernst, A. Masson, Y. Tanguy.

Les mouvements surréalistes naquirent non seulement en Europe mais aux État unis et en Amérique latine et ils eurent une grande influence sur l'art moderne après la seconde guerre mondiale. Des techniques comme l'action Painting (terme crée en 1952). Il s'agit d'une peinture abstraite privilégiant l'automatisme: les couleurs sont jetées, déversées, projetées sur la toile ou elles provoquent des coulures et des taches aléatoires, de sorte que le tableau devient un champs d'action ou s'exprime un processus dynamique

11

Images et surréalisme Les images du surréalisme sont fondées sur le subconscient , le rêve, le fantastique mais ces images sont exprimées avec un maximum de détail et réalisme. En surréalisme tout est possible à la manière du théâtre et de la poésie.

Les images photographiques surréalistes peuvent donner une réalité à l'impossible. De nombreux photographes utilisent des techniques de montage combinées avec le collage à la main ou l'aérographe d'autre découvrent et isolent des situations surréalistes qui communiquent de manière directe. Les images surréalistes peuvent être pleines d'humour, profondes, inquiétantes ou représenter des jeux d'esprit visuel. Dans le surréalisme c'est l'idée qui l'emporte...

Qu’est ce que le surréalisme ?

Le surréalisme est un mouvement artistique qu'André Breton définit comme un "automatisme psychique pur, par lequel on se propose d'exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée.

Dictée de la pensée, en l'absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale.

Ce mouvement repose sur la croyance à la réalité supérieure de certaines formes d'associations négligées jusqu'à lui, à la toute-puissance du rêve, au jeu désintéressé de la pensée. Il tend à ruiner définitivement tous les autres mécanismes psychiques et à se substituer à eux dans la résolution des principaux problèmes de la vie.

C'est dans une lettre de Guillaume Apollinaire à Paul Dermée, de mars 1917, qu'apparaît pour la première fois le substantif "surréalisme" : "Tout bien examiné, je crois en effet qu'il vaut mieux adopter surréalisme que surnaturalisme que j'avais d'abord employé. Surréalisme n'existe pas encore dans les dictionnaires, et il sera plus commode à manier que surnaturalisme déjà employé par MM. les Philosophes."

Les origines de ce mouvement artistique

Le surréalisme trouve son origine dans de multiples démarches artistiques de la seconde moitié du XIXe siècle et du début du XXe siècle : le super naturalisme de Gérard de Nerval et des romantiques allemands, le surnaturalisme d'Emmanuel Swedenborg et de Charles Baudelaire, le symbolisme de Stéphane Mallarmé.

12

Quant aux premières œuvres plastiques, elles poursuivent les inventions du cubisme. Cette aventure («une attitude inexorable de sédition et de défi») passe par l'appropriation de la pensée du poète Arthur Rimbaud («changer la vie»), de celle du philosophe Karl Marx («transformer le monde») et des recherches de Sigmund Freud : Breton fut particulièrement influencé par l'essai « Le rêve et son interprétation », paru en France en 1900. Il en a retiré la conviction du lien profond unissant le monde réel et le monde sensible des rêves. Breton, l'analogie entre le rêveur et le poète, présente chez Baudelaire, est dépassée. Il considère le surréalisme comme une recherche de l'union du réel et l'imaginaire : "Je crois à la résolution future de ces deux états, en apparence si contradictoires, que sont le rêve et la réalité, en une sorte de réalité absolue." « Manifeste du surréalisme » (1924).

L’écriture automatiquePar l'écriture automatique, les surréalistes ont voulu donner une voix aux désirs profonds, refoulés par celle de la société, cette « violente et traîtresse maîtresse d'école », selon le mot de Michel de Montaigne.

L'objet surréaliste ainsi obtenu a d'abord pour effet de déconcerter l'esprit, donc de « le mettre en son tort ». Peut se produire alors la résurgence des forces profondes, l'esprit « revit avec exaltation la meilleure part de son enfance ». On saisit de tout son être la liaison qui unit les objets les plus opposés, l'image surréaliste authentiquement est un symbole.

Approfondissant la pensée de Baudelaire, André Breton compare, dans Arcane 17, la démarche du surréalisme et celle de l'ésotérisme : elle offre « l'immense intérêt de maintenir à l'état dynamique le système de comparaison, ce champ illimité, dont dispose l'homme, qui lui livre les rapports susceptibles de relier les objets en apparence les plus éloignés et lui découvre partiellement le symbolisme universel. »

Le peintre Max Ernst, de son côté, découvre pour son art une méthode analogue à l'écriture automatique, méthode que déjà Léonard de Vinci avait esquissée. Frappé par un plancher d'auberge dont les lavages avaient accentué les rainures, il pose sur elles au hasard une feuille et frotte à la mine de plomb. « En regardant attentivement les dessins ainsi obtenus, les parties sombres et les autres plus claires, je fus surpris de l'intensification subite de mes facultés visionnaires et de la succession hallucinante d'images contradictoires. »

13

De l’autre côté du miroir : Alice au pays des merveilles

«  Car Alice était elle aussi à la recherche de la vérité et elle l’a prouvé en passant de l’autre côté du miroir »

Henri Miller

«  D’abord il y a la pièce que tu peux voir dans le miroir… Elle est exactement pareille à notre salon, mais les choses sont en sens inverse »

Lewis Carroll

Dans notre spectacle nous pénétrons dans l’inconscient de la petite Alice. Nous passons de l’autre côté du miroir. De cet autre côté, la petite rêve.

Lors de ses promenades, elle croise un lapin nommé Bazar, un lézard, L’Endormi, un chat, Beau Sourire, d’autres personnages encore qui tous l’emmènent ailleurs.

Tous ces êtres que l’enfant croise dans ses rêves sont des ombres ou des démons qui la hantent. Ils n’ont pas vraiment forme humaine, ils sont tous des êtres imaginaires. Ces personnages son sans doute l’expression de rêves que l’enfant a refoulé. Ils ont quelques choses de monstrueux. Ils ont l’âme humaine et la forme animale.

Dans Alice au pays des merveilles, l’enfant voit les choses à l’envers une fois qu’elle a traversé le miroir. Le monde qui l’entoure sort d’un livre, d’un rêve. Il n’est pas cohérent. Comme lorsqu’on rêve et que les images réelles et imaginaires se superposent.

Lewis Carroll sans le savoir peut être a été influencé par le surréalisme en écrivant ce récit. La petite Alice se retrouve dans un pays imaginaire, elle parle avec des ombres. Elle voit au-delà du miroir. Cette fable transcende la réalité. L’enfant se retrouve au pays des ombres. Elle voyage à travers le

14

temps, change de taille. Elle passe des portes qui cachent des secrets. On est bien au pays du surréalisme.

Mais que voit-on au fond de cette théière ?

Une fois tombés au fond de la théière, nous voyons le monde autrement. Tout y est à l’envers. On est au théâtre, à l’abri du vent, on est hors temps. La petite y découvre comment va le monde. La grande l’y aide. Elle lui raconte ce qui se passe dans ce monde, des faits pas toujours éloignés de ce qui se passe dans les rêves de la petite.

Courir après le temps…La question du temps est au centre de la pièce. C’est lui, le temps, qui décide si on est grand ou petit. C’est lui qui impose d’être mort ou vivant. Lors d’un rêve, la petite à ce privilège unique de croiser le temps, un être complexe et capricieux qui n’en fait qu’à sa tête !

Dans notre spectacle, La figure du temps sera représenté sous forme d’ombres, il apparaîtra aussi en vrai. Ce Temps sera tour à tour ennemi et ami de la petite Alice. Il semble que se soit lui qui gouverne tous ce petit monde au pays des merveilles. Il arrive qu’il se détracte, alors il n’est plus maître de lui-même. Ses aiguilles se mettent à tourner à l’envers, la terre se renverse. Alice change de taille.

L’enfance ne dure que le temps d’un songe. Quand la petite aura croisé tous les personnages qui vont l’aider à grandir, elle sera devenu une grande personne. Que restera-t-il alors de la petite Alice tombé au fond de la théière ? C’est peut être une autre petite Alice qui nous l’apprendra…

15

Histoire du théâtre d’ombres sous la lanterne

Le théâtre d’ombres est un Art millénaire, qui occupe une place importante dans l’expression culturelle de nombreux pays, en Asie principalement où il est encore très présent. On connaît tous les marionnettes, les jeux d’ombres qu’on réalise avec les doigts sur un mur, mais qu’est-ce que le "théâtre d’ombres" ?

La marionnette, réduite à deux dimensions, se meut derrière un écran éclairé par des lanternes de lampes à huile suspendues (Chine), des rampes de lanternes à huile et à mèches (Inde), ou une lampe centrale (Java, Turquie, Grèce), qui seront petit à petit supplantées par l’électricité, sauf en Inde et à Java. Selon les légendes, elles étaient en feuilles de palmier, de bananier ou de platane, et placées derrière une feuille de papier.

Plus tard elles seront en carton, cuir, bois ; articulées et fixées à des baguettes que manipule l’acteur chanteur musicien manipulateur. Le théâtre lui-même peut-être des plus rudimentaires, et se placer en pleine campagne, sur une place, devant un temple… Quelques troncs de bambou, quelques tissus et un coffre pour ranger les personnages et instruments de musique…

Le théâtre d’ombres est encore appelé" Théâtre d’ombres sous la Lanterne " en Chine, où il s’est particulièrement développé, il y apparu au II e millénaire avant J.C.

Il semble qu’il aurait été répandu en Europe grâce à Gangis Khan, qui appréciait ce genre de spectacle entre deux batailles et faisait suivre son armée par des troupes de théâtre d’ombres.

Cet art serait arrivé ainsi en Perse, en Arabie, en Turquie, en Egypte puis dans le Sud-est Asiatique. En 1617 on le remarque à Marseille et à Paris, en 1776 en Grande-Bretagne. Paradoxalement, la technique des marionnettes de théâtre d’ombres s’étend jusqu’à la décoration très sophistiquée des ombres, peinture, application de tissus colorés, etc.…

En Chine, ses personnages étonnants, ses techniques de représentation pleine de finesse, ses fortes couleurs en font un spectacle qui a toujours été très apprécié tant dans les campagnes même par les plus nantis, jusqu’aux cours impériales.

Proche de l’opéra, le spectacle est parlé, chanté, et un petit orchestre l’accompagne (cordes, gong, tambours) ; les musiciens prêtent aussi leur voix aux personnages. Nourri de nombreux éléments Bouddhistes et Taoïstes c’est un art très proche du peuple, qui est aussi à son origine. A Java, le théâtre d’ombres est aussi très lié à la religion, et en même temps profondément rattaché à la vie quotidienne. Traditionnellement les représentations se font en des circonstances particulières : à l’occasion d’un mariage, pour célébrer une naissance ou écarter les esprits malfaisants.

Les marionnettes sont faites en peau de buffle finement découpé, incisées avec art et peintes . Elles s’animeront ensuite entre les mains du dalang. C’est lui seul, qui donne vie à tout un spectacle qui peut durer (couramment) 9 heures.

Le dalang assume tous les rôles, parfois plusieurs à la fois et prête à toutes les ombres une voix particulière. Par son savoir et parce qu’il est l’intermédiaire entre les dieux et les hommes, le dalang est encore aujourd’hui l’objet d’une grande considération.

16

Ramayana et Mahabarata

Dans plusieurs états du sud de l’Inde, le théâtre d’ombres est essentiellement rattaché à l’Hindouisme et aux grandes épopées, le Mahabarata et le Ramayana (représentés aussi en Indonésie, où ces textes avaient été traduits en Javanais au XI siècle).

Longtemps patronnés par les temples, les marionnettes font partie de la vie religieuse comme la musique, la danse et autres arts. Au Kerala (extrême sud) encore aujourd’hui, un flamboyant pèlerinage réunit des théâtres d’ombres pendant 21 nuits !

Karagöz et KaraghiosisUn seul personnage se taille la part du lion en Turquie, de caractère populaire bien qu’apprécié par toutes les classes : Karagöz. Il aurait été apporté par des Tsiganes venus du nord-ouest de l’ Inde et de Java au Xe siècle, ou par des Juifs chassées d’ Espagne et du Portugal aux XVe, et XVIe siècle, ou encore importé d’ Egypte par le sultan Selim 1er au XVIe siècle.

Semblable aux personnages de marionnettes "Punch" en Angleterre et "Kasperl" en Allemagne, il fait rire mais dénonce le pouvoir, l’hypocrisie et l’injustice sociale, défend les démunis.

En Grèce, seul pays d’Europe où le théâtre d’ombres s’est implanté, Karagöz a donné naissance à Karaghiosis, héros populaire qui paradoxalement est devenu le symbole de la résistance grecque face à l’occupation turque !

D’où qu’il vienne, le théâtre d’ombres est un formidable moyen d’expression et de communication, reflet des aspirations du peuple, qu’on parle de religion, de critique sociale ou tout simplement de rire et de rêve…

17

Alice sous la théière

Théâtre d’ombres, théâtre d’acteurs

« De l’autre côtéMes rêves ont des jambesDes yeuxEt des brasIls m’emmènent loinSur les chemin de la vieDans les traces de l’enfance qui se regarde dans le miroir éteint »

Quand on pense à « Alice au pays des merveilles », on rêve à tous les personnages que la petite croise de l’autre côté du miroir. Ils sortent tous de l’imagination de l’enfant qui leur parle et vit des aventures avec eux. On pense aussi au double. Alice croit qu’elle est plusieurs à la fois et ses parents ne le comprennent pas.

Le théâtre d’ombres permet aisément de jouer avec les tailles des personnages. Les ombres nous échappent. Elles peuvent apparaître et disparaître subitement. Elles sont immatérielles, comme sorties d’un songe. Cette technique théâtrale permet de mettre en avant le côté surréaliste de cette histoire.

En effet le lapin, le chat, le lézard sont étranges, presque cauchemardesques. Ils se moquent d’Alice. Ils la laissent seule avec ses peurs d’enfants et ses doutes sur l’existence . Ils sont bien ces insaisissables silhouettes noires aux pouvoirs magiques, mais si utiles ici pour théâtraliser le rêve.

Il existe en effet plusieurs façons de théâtraliser le rêve. Il nous est apparu évident qu’ici il nous fallait jouer avec les ombres, comme le fait cette petite fille dans son imagination.

Mais pour ce qui est de la réalité, quoi de plus convaincant que deux actrices, bien campées sur leurs jambes au milieu de leur public, pour raconter, jouer, chanter cette histoire droit dans les yeux du spectateur ? Pour sentir aussi en direct si les enfants assis sagement là, en face d’elles, plongent à leur tour dans le rêve.

18

Alice19

20

21

22

23

24

A toi de jouer…Fabrique ton livre au pays des merveilles

Chapitre un

La terre s’est renversée…Alice tombe au fond d’une théière.

« Le monde ressemble à une grande théière un peu ébréchée. Une théière qui s’est renversée. Une théière au fond de laquelle une petite fille nommée Alice tombe. Elle a vu un tricheur, un chat, une reine, au fond de cette théière alors qu’elle buvait une tasse de thé, en compagnie d’une très vieille dame, à une heure où d’habitude on en boit plus ».

Dans notre pièce de théâtre, les aventures de la petite fille Alice, se passe sous une théière, au théâtre. Alice croise un lapin, qui l’invite à boire un thé ».

Raconte à ta manière l’histoire entre le lapin et Alice.

Dessine la grande théière. Dessine L’ombre du lapin

Dessine l’ombre de la petite Alice.

Qu’est ce que cette histoire peut signifier encore ?

Chapitre II

Alice et son double.

Dans notre pièce, La petite Alice tombe au fond d’une théière sous laquelle vit une grande prénommée elle aussi Alice. Les deux personnages ont plusieurs ressemblances. A ton avis pourquoi ? C’est quoi un double ?

Dessine la grande tel que tu la voit sur une feuille de papier. Dessine la petite tel que tu la vois sur une feuille de papier.

Et si Alice c’était toi ?

Dessine ton double sur une page blanche.

Chapitre III

De l’autre côté ; le pays des merveilles…La place du théâtre d’ombres dans la pièce.

Dans notre pièce « Alice sous la théière », nous avons choisi de raconter des histoires qui sortent du livre Les aventures d’Alice au pays des merveilles. L’histoire d’Alice et du lapin. L’histoire d’Alice et du puit. L’histoire d’Alice et de la reine au jardin des merveilles. L’histoire du chat et D’Alice. L’histoire du thé de fou.

Quelle aventure penses tu qu’il arrive à la petite Alice dans la suite de ses aventures «  De l’autre côté du miroir ?

25

Si la terre se renversait, on verrait le monde à l’envers. On arriverait au pays des merveilles comme la petite Alice dans notre pièce.De l’autre côté, tout est à l’envers. Mes rêves ont des jambes, des yeux et des bras.

Dans notre pièce, tous les personnages que la petite fille croise apparaissent à la fois en vrai et en ombres Ce sont des personnages qui sortent des rêves de la petite Alice. On ne les voit que lorsque l’on regarde dans le miroir.

C’est quoi une ombre ? Avez-vous déjà vu du théâtre d’ombres ? Et vous comment est votre ombre ? Dessinez là ?

Si la terre se renverse tu peux devenir Alice. Comment verrais tu le monde si tu regardais dans un miroir ? Dessine le sur cette feuille blanche.

Chapitre IV

Le personnage du temps dans la pièce.

Dans les aventures d’Alice, la petite fille croise le personnage du temps. Le temps devient un être vivant. Il apparaît en vrai (théâtre d’acteur) et sous forme d’ombres.

Qui est le temps ? Dessine le.

Dans Alice au pays des merveilles, le temps aide l’enfant à avancer dans son histoire .Le temps nous fait devenir grand, puis vieux. Il peut s’arrêter aussi. Alors c’est qu’on est mort. La petite Alice et la grande Alice sont la même personne mais à différent age de leur vie. Elles se croisent sous la grande théière qui est un petit théâtre. Et toi, il serait comment le théâtre dans lequel tu voudrais que l’on raconte ton histoire ?

Dessine le sur une feuille blanche.

Chapitre V

Tu as maintenant autour de toi plusieurs dessins. Le dessin du personnage de la grande. Le dessin du personnage de la petite. Dessine le chat, la reine, le tricheur. Où découpent leurs ombres si tu n’y arrives pas. Tu peux maintenant te raconter toi-même l’histoire de la petite Alice. Ou de toi-même…Qu’est ce que tu vois lorsque tu regarde de l’autre côté du miroir ? Dessine le sur une page blanche.

Si tu veux, tu peux fabriquer ton livre des aventures d’Alice au pays des merveilles.

Colle toutes les ombres que tu as dessinées sur plusieurs feuilles. Tu peux écrire dans des bulles les paroles que prononcent les différents personnages de ton livre. Tu peux découper les numéros des différents chapitres de ta propre aventure au pays des merveilles. Tu auras certainement encore beaucoup d’autres idées plus folles encore…Voila, à ton tour de passer de l’autre côté du miroir.

Claire Chevalier et La CIE Des Elles au bout des doigts

26