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AU AUVERGNE RA RHÔNE - ALPES UN ÉCLAIRAGE AUTOUR DES RÉGIONALES PARTAGE DES COMPÉTENCES, COMPLÉMENTARITÉ DES TERROIRS, ÉQUILIBRE ECONOMIQUE, TRANSPORTS, AMÉNAGEMENT D’UN TERRITOIRE DE 70 000 KM 2 , COMPRENDRE LES ENJEUX DES ELECTIONS RÉGIONALES SUPER - RÉGION N° 1 DÉCEMBRE 2015 UN HORS-SÉRIE À DÉVORER AVANT LE 6 DÉCEMBRE A QUELLE SAUCE ALLEZ-VOUS ÊTRE MANGÉS ?

Elections régionales "Aura" Magazine de l'ISCPA Lyon

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Les 6 et 13 décembre prochains, les Auvergnats et Rhônalpins doivent se rendre aux urnes. Difficile pourtant de faire un choix éclairé quand les enjeux des régionales sont flous. Pour les inciter à se déplacer, les quatorze journalistes de la rédaction ISCPA Lyon du magazine Aura jouent carte sur table. Pour que ce hors-série ne soit pas indigeste, nous avons décidé d’accorder une place importante à la vie quotidienne. Au menu, un grand dossier sur les talents culinaires de notre région, de la culture, du sport, du tourisme, de l’environnement, et bien sûr, de la politique. Une carte « découverte », à consommer sans modération. Auvergne-Rhône-Alpes, élections régionales, fusion, régions, politique, AuRA, réforme territoriale

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Page 1: Elections régionales "Aura" Magazine de l'ISCPA Lyon

A U

AUVERGNE R ARHÔNE -

ALPESUN ÉCLAIRAGE AUTOUR DES RÉGIONALES

PARTAGE DES COMPÉTENCES, COMPLÉMENTARITÉ DES TERROIRS, ÉQUILIBRE ECONOMIQUE, TRANSPORTS, AMÉNAGEMENT D’UN TERRITOIRE DE 70 000 KM2, COMPRENDRE LES ENJEUX DES ELECTIONS RÉGIONALES

SUPER-RÉGION

N° 1 DÉCEMBRE 2015

UN HORS-SÉRIE À DÉVORER AVANT LE 6 DÉCEMBRE

A QUELLE SAUCE ALLEZ-VOUS ÊTRE MANGÉS ?

Page 2: Elections régionales "Aura" Magazine de l'ISCPA Lyon

RÉDACTION

47 rue Sergent Michel Berthet - 69258 Lyon - FranceDirecteur de la rédaction : Alexandre Buisine

Rédacteurs en chef : Claire Tholozan et Louis-May JarrierJournalistes : Hélène Serbes, Florentin Perrier, Léa

Masseguin, Axel Poulain, Vincent Burki, Cynthia Lauvergeon, Johanne-Eva Desvages, Hadrien Jame, Charlène Ravella,

Lucas Chapiteau, Elisabeth Brun, et Mélany Marfella.

Secrétaires de la rédaction : Johanne-Eva Desvages et Axel Poulain

Conception graphique : Mélany MarfellaImprimeur :

Directeur de la publication : Isabelle [email protected]

ÉDITEUR

Aura est un magazine gratuit édité par les éditions ISCPA LYON.

Siège social : 47 rue Sergent Michel Berthet - 69258 Lyon - France / [email protected]

La reproduction, même partielle, des articles et illustrations parus dans Aura, nécessite l’accord de la rédaction.

Crédit photo de couverture : © Mélany Marfella

L es élections régionales du 6 décembre ? Des fiançailles. Le 1er janvier prochain, Auvergne et Rhône-Alpes seront unies par les liens sacrés de la réforme territoriale. Entre négocia-tions autour du plan de table et choix des dragées, l’inquié-

tude de la famille auvergnate se fait sentir. « L’Auvergne n’est pas prête », estimait Jérôme Gaumet, Auvergnat et maire de Pionsat à l’annonce de la fusion, l’année dernière. Selon lui le mariage est disparate. Certains estiment que la jeune promise Auvergne pour-rait se retrouver rapidement recluse au foyer tellement le déséqui-libre avec Rhône-Alpes est grand. Une affaire de gros sous. Rhô-ne-Alpes compte presque cinq fois plus d’habitants que l’Auvergne et possède un PIB quasiment six fois supérieur. Clermont-Ferrand, aînée et capitale de l’Auvergne, ne sera que la cinquième ville de la nouvelle région. Eloignée d’une partie des centres décisionnels, voire isolée, elle devra mettre ses ressources au pot commun. Les termes de l’union sont, selon une partie de la famille auvergnate, à discuter.

Pour les présidents des deux régions en revanche, rapidement tombés d’accord, le champagne est de sortie. Mariage de raison pour l’Auvergne ? Il faut dire que la dot de Rhône-Alpes est grande. Les deux régions vont unir leurs richesses et se renforcer économiquement. Un dispositif sera mis en place pour encourager l’Auvergne à exporter, sa grande faiblesse. Les habitants de Rhône-Alpes se verront rajouter des céréales à leur menu, jusqu’alors principalement composé à base de culture maraîchère. L’Auvergne ne sera plus sous le joug de ses deux entreprises capitalisées majeures, Michelin et Limagrain. Ajoutées à la longue liste des firmes rhonalpines, elles perdront de leur pouvoir d’influence sur les décideurs locaux une fois le mariage consommé.

L’union est prometteuse. Que du bonheur en perspective ? Reste tout de même à établir des règles de vie claires pour cette famille recomposée. Certains rejetons parmi les agglomérations cherchent à gagner en autonomie. Il faudra éviter qu’un enfant turbulent comme la Métropole de Lyon ne s’approprie tout l’argent de poche. La nouvelle collectivité a vu ses pouvoirs accrus avec la loi Maptam (modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation des Métropoles) et dispute les compétences économiques à la région. En tirant la couverture du budget à elle, la Métropole pourrait mettre à mal la nécessité d’aménagement du territoire et de péréquation des moyens défendue par le couple Auvergne Rhône-Alpes. Le contrat de mariage établi avec le vote du budget nous donnera une idée des intentions de chacun. Rappelons que le mariage est censé protéger le plus faible des deux époux, en l’occurrence l’Auvergne. Mais nul doute que la question se reposera chaque année quand il faudra attribuer les crédits. Ne dit-on pas que le mariage est une longue conversation ?

UNE FAMILLE QUI CRIE EST UNE FAMILLE UNIE

ÉDITORETROUVEZ LES JOURNALISTES DE LA RÉDACTION SUR TWITTER

@HlneSerbes

@AxelPOULAIN

@CynthiaTHI

@vincentburki

@charella18

@Lucaestlibre

@MelanyMarfella

@Florentin_Pe

@leou2z

@lmjlink

@DesvagesEva

@hadrienjames

@ElisabethBrun

@clairetholozan

Claire Tholozan

Hélène Serbes

Axel Poulain

Cynthia Lauvergeon

Vincent Burki

Charlène Ravella

Luca Chapiteau

Mélany Marfella

Florentin Perrier

Léa Masseguin

Louis-May Jarrier

Johanne-Eva Desvages

Hadrien Jame

Elisabeth Brun

Claire Tholozan

Page 3: Elections régionales "Aura" Magazine de l'ISCPA Lyon

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SOMMAIREVOTEZP. 4 à 12

DÉGUSTEZP. 13 à 17

CHIFFREZP. 18 à 21

RESPIREZP. 22 à 23

VOYAGEZP. 24

SURVOLEZP. 25

BOUGEZP. 26 à 27

SORTEZP. 28 à 29

TRANSPIREZP. 30

MILITEZP. 31

Page 4: Elections régionales "Aura" Magazine de l'ISCPA Lyon

4

VOTEZ

LES COMPÉTENCES LA RÉGION

ENTRE LA RÉGION ET LES DÉPARTEMENTS

Développement économique• monopole de la distribution des aides directes aux entreprises• schéma régional de développement économique, d’innovation et d’inter-nationalisation (SRDEII) qui devra associer les intercommunalités et chambres consulaires

Aménagement du territoire & environnement

• schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires (Sraddet).• protection du patrimoine

Rôle limité : Pôle Emploi conserve ses prérogatives et travaillera en lien avec la région, qui pourra coordonner les actions de l’organisme.Emploi :

Culture

• soutien au spectacle vivant, aux artistes, aux équipements culturels et auxenseignements artistiques • promotion de l’accès à la culture pour tous • aide et financement des manifestations culturelles

Le 16 juillet 2015 a été adoptée la loi NOTRe (Nou-velle organisation territoriale de la république). Elle constitue le troisième volet de la réforme des territoires qu'a souhaité François Hollande, après

la loi de modernisation de l'action publique territo-riale et d'affirmation des métropoles (MAPTAM) et la loi relative à la délimitation des régions. L'objectif ? Clarifier et redistribuer les compétences entre les ter-ritoires à différentes échelles (régions, départements, communes, etc.). Car si les 22 régions pré-existantes passent dorénavant à 13 super-régions, les modifi-cations de compétences vont de pair. D'autant plus que cette croissance de taille et de poids économique compte influer grandement sur sa présence dans le cercle européen. Avec un pareil champ de compé-tences, les « super-régions » disposent alors d'un réel pouvoir.

L'infographie présente les principales compétences ac-cordées à la super-région Auvergne-Rhône-Alpes. Les élections régionales des 6 et 13 décembre 2015 nous per-mettront, par la suite, de constater la réelle application des compétences mentionnées. Point important cepen-dant : la clause de compétences générale des régions et des départements a été supprimée. Ainsi, ces collectivi-tés n'auront plus le droit d'agir dans tous les domaines de la vie publique, au nom de l'intérêt public local.

POUR NOTRe NOUVELLECOLLECTIVITÉ !

Axel Poulain

Page 5: Elections régionales "Aura" Magazine de l'ISCPA Lyon

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DE LA SUPER-RÉGION

Formation professionnelle• actions de formation professionnelle allant des compétences premières à l’obtention d’un diplôme• actions d’information, d’orientation et d’accès à l’emploi • accompagnement à la validation des acquis de l’expérience (VAE)

Gestion des lycées• construction, réhabilitation & entretien• équipement et fonctionnement• restauration scolaire, internats• soutien aux projets éducatifs• aide à l’orientation, à la connaissance des métiers

TransportsY compris ceux scolaires, et hormis ceux de personnes handicapées et dans les grandes agglomérations. Cela concerne :• les transports interurbains par cars• les gares routières • les transports ferroviaires en TER

Rôle limité : Pôle Emploi conserve ses prérogatives et travaillera en lien avec la région, qui pourra coordonner les actions de l’organisme.

Tourisme• définit les objectifs à moyen terme du développement touristique régional • coordonne les initiatives publiques et privées dans le développement, la promotion et l’information touristiques• fixe le statut du comité régional du tourisme, qui élabore le schéma régional du tourisme et des loisirs...

Education populaire

Son action se décline en trois axes : • accompagnement à la structuration des associations• formation des bénévoles et valorisation du bénévolat• soutien à l'emploi au service du projet associatif

Sport

• développement de la pratique sportive• financement des équipements• soutien aux grands événements et aux sportifs de haut niveau • soutien aux bénévoles

Page 6: Elections régionales "Aura" Magazine de l'ISCPA Lyon

PROGRAMMES

Avec la gauche, un slogan : « l’humain d’abord ». Une des priorités du Parti commu-niste français (PCF) est l’emploi. Il soutient notamment l’innovation technologique et sociale des PME et promet d’investir dans la recherche ainsi que de valoriser les industries de la région. Le travail des agriculteurs sera également soutenu. Le parti souhaite aussi fa-voriser l’entreprenariat en créant un fonds fi-nancier pour permettre aux salariés de rache-ter leur entreprise. Un des grands axes du PCF sera également d’empêcher l’application de la loi Macron dans la région Auvergne-Rhô-ne-Alpes. Le nombre et la fréquence des trains seront augmentés et les transports seront gra-tuits pour certaines catégories de personnes (chômeurs, étudiants etc.) En ce qui concerne la santé, « la région œuvrera pour maintenir les hôpitaux de proximité et la médecine rurale ». Elle contribuera aussi « à la gratuité effective des études au lycée  » et les lycéens non régula-risés seront protégés. Le budget culture de la région, quant à lui sera augmenté. L’autre en-jeu sera aussi de faire participer les citoyens, par le biais notamment de conférences dont les participants seront tirés au sort.

Sa campagne est essentiellement fondée sur le respect de l’environnement. Pour cela, plu-sieurs grands points sont abordés tels que «  mettre fin aux abus des multinationales » en mettant notamment la Région hors traité de libre échange avec les Etats-Unis, « réduire la consommation énergétique de l’habitat de 35% d’ici 2021 » ou encore « intégrer la pollution au prix de vente », c’est-à-dire désengorger les routes des camions pour favoriser les trans-ports fluviaux ou bien financer la mise aux normes des chauffages à bois pour réduire les émissions polluantes « nocives pour la santé ». Le programme d’Europe Ecologie Les Verts (EELV) reflète certainement l’idée que tous les citoyens devraient penser au réchauffe-ment climatique et à l’avenir de la planète. En effet, leur principal objectif est de « garder sa couleur bleue à la Terre » donc préserver les zones humides et bassins de rivières ou encore mettre le fleuve Rhône au cœur de la région Auvergne-Rhône-Alpes : l’objectif est qu’il devienne une « priorité régionale afin d’harmoniser le développement économique et la protection de la biodiversité ».

La liste socialiste s’engage pour la gratuité des transports scolaires, qui serait appliquée à compter du 1er septembre 2017. Elle prévoit également de faire du Cantal une région 100% connectée au très haut débit. Cette mesure, prévue pour 2017, devrait créer davantage d’emplois grâce à la formation d’installateurs en fibre optique. Le numérique trouvera également sa place dans le secteur de la san-té puisque le Parti socialiste (PS) prévoit de développer la télémédecine en Auvergne Rhône-Alpes. 100 maisons de santé supplé-mentaires seraient également créées dans la région. Autre point clé de la campagne : dé-velopper un enseignement du modèle d’agri-culture agro-écologique avec la création no-tamment d’un campus agroalimentaire. La liste socialiste apporte également son soutien à l’agriculture paysanne et au développement durable. De ce fait, elle souhaite accompagner des projets d’amélioration énergétique. La liste socialiste s’engage également à « accorder à la culture et à l’éducation toute la place qui est la sienne dans l’action régionale », en pour-suivant par exemple la rénovation et l’équipe-ment des lycées.

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JEAN-CHARLES KOHLHAAS - EELV

JEAN-CHARLES KOHLHAAS

JEAN-JACK QUEYRANNE

CÉCILE CUKIERMANCHANTAL GOMEZ ÉRIC LAFOND

CÉCILE CUKIERMAN - PCF JEAN-JACK QUEYRANNE - PS

Johanne-Eva Desvages et Elisabeth Brun

Pour en savoir plus sur ses intentions politiques et son parcours, avancez

de 4 PAGES.

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Parmi ses principaux axes de campagne, l’ap-prentissage et un pacte : « une entreprise, un apprenti ». Il permettrait d’alléger les normes en vigueur, trop contraignantes pour les employeurs, afin de les inciter à prendre da-vantage d’apprentis. Les entreprises en pos-sédant seraient également privilégiées dans l’accès aux marchés publics de la région. Le programme de Laurent Wauquiez prévoit ainsi l’insertion de 10.000 apprentis supplé-mentaires en six ans dans les entreprises de la région Auvergne-Rhône-Alpes. La liste républicaine veut également lutter contre le travail détaché (ce qui consiste, pour une du-rée limitée, à exécuter son travail « sur le ter-ritoire d’un État membre autre que l’État sur le territoire duquel il travaille habituellement »). Il s’engage par ailleurs auprès des agriculteurs à privilégier les produits d’Auvergne-Rhô-ne-Alpes. L’objectif ? Freiner les « normes en tous genres qui empoisonnent le quotidien de nos agriculteurs ». Des aides pourraient égale-ment être établies pour les accompagner dans leur démarche de production. Des mesures qui devraient être mises en oeuvre « dans les six mois suivant l’élection », a indiqué le parti.

Son programme politique est fondé sur celui de son homologue en Île de France, Nicolas Dupont-Aignan. L’un des objectifs principaux est de mettre fin au gaspillage et de moraliser la vie politique. Pour cela, la liste de DLF veut modifier le quotidien de la Région en «  pé-riode de crise économique » en « stoppant les dépenses inutiles », et ne pas penser de trop gros projets « irréalisables ». D’autres idées sont évoquées telles qu’investir dans les trans-ports régionaux afin d’éviter l’annulation trop fréquente des trains, ou encore renforcer la sécurité sur les routes. L’une des priorités va également à l’aide des entreprises notamment aux artisans et aux PME de la région : les ai-der dans leur développement et mise en place d’une politique de formation mieux adap-tée pour les salariés. Debout la France veut aussi également rendre le vote obligatoire et reconnaître le vote blanc. Puis, des objectifs qui rejoignent directement le national avec notamment la maîtrise de l’immigration, la clarification des conditions de citoyenneté, la redéfinition du principe de laïcité et enfin, la lutte contre l’insécurité avec « impunité 0 pour les délinquants  ».

« Prenez le pouvoir dans votre région », c’est le slogan de la tête de liste. Pour « faire des économies et baisser les impôts », le Front na-tional (FN) s’engage à réduire ou supprimer certaines subventions ainsi que le budget de coopération internationale et celui de la po-litique de la ville. Le FN s’attaque également au train de vie du Conseil régional avec une révision du budget dédié aux frais de récep-tion, voitures de fonction etc. « La région doit également faciliter l’activité économique de nos PME ». Le budget agricole sera triplé et la préférence régionale sera imposée dans les cantines d’Auvergne Rhône-Alpes. Il s’agit aussi de « combattre l’insécurité » en donnant plus de moyens à la police et aux brigades de surveillance générale. La lutte contre l’immi-gration se fera par la suppression des dons d’argent public aux associations communau-taristes et par le refus d’accueillir des clandes-tins dans la région. Quant aux délinquants étrangers présents sur son sol, ils seront ex-pulsés. Internet sera accessible sur l’ensemble du territoire et des investissements se feront aussi dans les transports routiers et ferro-viaires. Le FN prévoit également de lutter contre la désertification médicale.

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FAITES VOS JEUX

TOUS LES CANDIDATS

GERBERT RAMBAUD - DEBOUT LA FRANCE

LAURENT WAUQUIEZ

GERBERT RAMBAUD

ALAIN FÉDÈLE CHRISTOPHE BOUDOT

CHRISTOPHE BOUDOT - FNLAURENT WAUQUIEZ - LES RÉPUBLICAINS

Pour en savoir plus sur ses intentions politiques et son parcours, avancez

de 4 PAGES.

Pour en savoir plus sur ses intentions politiques et son parcours, avancez

de 5 PAGES.

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A méliorer les transports, aider les agriculteurs et entreprises de la région ou encore faciliter l’accès aux soins médicaux, ce sont les points communs des différents programmes. Si le Parti so-cialiste prévoit l’installation de la fibre optique dans le Cantal,

le Front national accorde également de l’importance au numérique. En ce qui concerne la préférence régionale des produits et l’aide aux agriculteurs, Debout la France et EELV ne l’incluent pas dans leurs axes principaux, contrairement aux autres programmes. Dans celui du Front national, une meilleure utilisation de l’argent public dédié au Conseil régional est prévue. Les élus, habitués notamment aux voi-tures de fonction et à des frais de réception considérés parfois comme déraisonnables verront donc leur budget en baisse pour ces artifices. Avec 204 conseillers régionaux, cette réduction des privilèges semble intéressante pour le porte-monnaie des concitoyens, bien qu’une fois élus, il pourrait être difficile pour les politiques de se restreindre eux-mêmes. La vraie originalité serait donc que cette mesure soit réelle-ment appliquée. Autre idée originale, du Parti communiste cette fois : créer un fonds financier pour permettre aux salariés de racheter leur entreprise. Une mesure attrayante qui ne manquera pas d’attirer l’atten-tion du lectorat concerné.

DES MESURES IDÉALISTES

Le Parti communiste et le Front national défendent dans leurs pro-grammes des idées contraires. Alors que l’un souhaite subventionner davantage les associations communautaristes (de personnes issues de minorités), l’autre souhaite supprimer leurs aides, toujours dans l’op-tique de lutter contre l’immigration. Si ces mesures semblent réali-sables ce n’est pourtant pas le cas de toutes celles proposées. Des idées parfois utopistes se glissent dans les programmes, quels qu’ils soient. Le Front national refuse clairement d’accueillir des clandestins dans la région mais ce sont les communes qui, sous couvert de l’Etat, décident d’accueillir ou non des immigrés. La région n’a aucun pouvoir sur cela. Quant au Parti communiste qui envisage de régulariser les lycéens sans-papiers, il ne pourra le faire non plus. Le Front national, lui, sou-haite « expulser les délinquants étrangers », mais s’il est élu à la tête de la région, ce ne sera pas de son ressort, mais de celui du ministère de l’In-térieur. Aucune brigade ou police ne dépend du Conseil régional, donc elles ne pourront pas non plus recevoir « plus de moyens » de la part du FN, comme le promettait Christophe Boudot dans son programme.

DLF, FN, PCF, EELV… DES PROGRAMMES AU-DESSUS DES LOIS

En aucun cas les régions ont le pouvoir de définir et d’établir des lois, ni

de les contourner. Ainsi, plusieurs objectifs de Debout la France sont irréalisables en Auvergne-Rhône-Alpes. Gerbert Rambaud souhaite-rait rendre le vote obligatoire et reconnaître le vote blanc, mais pour cela une loi devrait être votée, ce qui ne peut être décidé par la région. Il en est de même pour ses idées de maîtrise de l’immigration, ainsi que la clarification des conditions de citoyenneté et la redéfinition du prin-cipe de laïcité. Pour ces deux dernières mesures, il faudrait modifier des textes de lois, votés par le Sénat et l’Assemblée nationale à Paris, donc aucunement par la région elle-même. Il en est de même pour la lutte contre l’impunité des délinquants, qui relève du domaine de la justice, et non de la région.

Mettre Auvergne-Rhône-Alpes hors traité de libre échange avec les Etats-Unis n’est également qu’un fantasme. D’autant plus que ce trai-té n’a toujours pas été instauré. Il est encore en cours de négociation et ne sera sûrement pas finalisé avant fin 2016. EELV s’engage donc à lutter contre un fantôme. En tant que parti écolo, il propose différentes mesures dans le sens du respect environnemental, ce qui est certes un enjeu important dans le contexte de réchauffement climatique que nous connaissons aujourd’hui. Mais le fait qu’il se limite aux problèmes environnementaux pourrait lui porter préjudice. Il n’est pas sûr que ses promesses de désengorger les routes ou de réduire la consommation énergétique suffisent à convaincre en masse les Français de voter pour lui. Son électorat semble encore trop limité.

DES CLAUSES POUR CONTOURNER LES INTERDICTIONS

Alors que le Front national propose d’instaurer une préférence régio-nale alimentaire, les Républicains et le Parti communiste prévoient également de soutenir les agriculteurs de la région. Mais cette mesure serait difficile à appliquer puisqu’elle est contraire aux normes euro-péennes. Imposer une législation privilégiant les produits de la région pourrait être perçu comme une concurrence déloyale. Mais il existe des moyens de contourner le problème. Tout dépend des outils utilisés par les partis pour appliquer leurs mesures. Car la mise en place d’un circuit court n’est, elle, pas interdite. Ainsi, des clauses peuvent être établies dans les marchés publics, stipulant que les produits doivent avoir au maximum un intermédiaire entre le producteur et le consom-mateur. Il en est de même pour la lutte contre le travail détaché, qui constitue un des grands axes du programme des Républicains. Laurent Wauquiez ne peut pas l’interdire mais il peut faire de la prévention. Et puisque les programmes ne stipulent pas clairement de quelle manière ils prévoient de lutter contre les mesures évoquées, on peut imaginer qu’il s’agira, par exemple, de campagnes de publicités.

LES DÉS SONT JETÉS. C’EST MAINTENANT AUX ÉLECTEURS DE FAIRE LEURS JEUX. LES CANDIDATS ONT DÉVOILÉ LEUR PROGRAMME, PARFOIS UN PEU TROP UTOPIQUE. CERTAINES MESURES PROPOSÉES SONT IRRÉALISABLES CAR ELLES NE DÉPENDENT TOUT SIMPLEMENT PAS DE LA RÉGION. RETOUR SUR CES PARTIS QUI SE CROIENT AU-DESSUS DES LOIS.

PROGRAMMES : QUAND L’UTOPIE DÉPASSE LE RÉALISME

ÉCHEC ET MAT POUR L’ABSTENTION ?

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VOTEZ

Johanne-Eva Desvages

Page 9: Elections régionales "Aura" Magazine de l'ISCPA Lyon

LE PREMIER TOUR APPROCHE ET PLUSIEURS SONDAGES ANNONCENT DÉJÀ UNE ABSTENTION RECORD. PARMI LES VOTANTS, NOMBREUX SERONT CEUX QUI SE DÉPLACERONT AUX URNES POUR Y DÉPOSER UN VOTE SANCTION CONTRE LE GOUVERNEMENT ACTUEL.

ÉCHEC ET MAT POUR L’ABSTENTION ?

9

S’ i l y a bien une élection qui ne pas-sionne pas les foules, ce sont les régionales. Avec moins de 50% de participation lors du dernier scrutin

en 2010, l’événement est plus que touché par le phénomène de l’abstention. Dans un sondage paru la semaine dernière, l’institut Ipsos évalue à seulement 40% le taux de participation pro-bable pour le premier tour de l’élection le 6 dé-cembre prochain. Si les prévisions de l’institut se révèlaient exactes, les élections régionales de 2015 verraient le taux d’abstention battre un nouveau record après celui de 2010 (53,6%).

UNE ÉLECTION QUI NE PASSIONNE PAS

Le désintérêt de beaucoup de Français pour la vie politique est désormais un phénomène connu mais pourquoi les régionales sont elles plus que toute autre élection, victime de l’abs-tention ? Les élections régionales sont souvent perçues comme un scrutin secondaire pour les Français qui n’en distinguent pas clairement les enjeux. Les actions des conseillers régionaux sont peu visibles pour les citoyens. Lorsque dans la même enquête, l’Ipsos les interroge sur le bilan de leur Conseil régional sortant, 35% des sondés avouent ne pas en savoir assez pour

se prononcer. De plus, les médias évoquent souvent les élections régionales comme un baromètre de la présidentielle, et les sujets sur les intentions de vote ou encore les bons mots que se jettent les candidats à la figure sont om-niprésents au détriment de sujets plus sérieux comme leurs programmes. Autre facteur, la fusion des régions qui prendra effet en début d’année prochaine n’enchante pas les Français, toujours selon le sondage de l’Ipsos : 52% des personnes interrogées perçoivent la réforme territoriale comme une mauvaise chose. Ces nombreux facteurs font que cette élection lo-cale qui devrait concerner une grande majori-té des Français est perçue comme inutile par beaucoup. Depuis l’instauration de ce scrutin en 1986, l’abstention a presque systématique-ment augmenté à chaque nouvelle élection.

DES VOTES DE MÉCONTENTEMENT

Pour beaucoup de citoyens, les régionales se-ront une occasion d’exprimer leur méconten-tement vis-à-vis du gouvernement en place. Ce phénomène de « vote-sanction » contre le gou-vernement lors d’élections locales récemment illustré par la large débâcle du Parti socialiste au profit de la droite et du Front national lors des départementales de mars dernier risque

d’être une fois de plus au rendez-vous. Pour Ipsos, 55% des électeurs comptent mettre un bulletin dans l’urne pour exprimer leur « op-position à François Hollande » lors du premier tour. La gauche pourrait ainsi perdre de nom-breuses régions où elle était installée. La région Rhône-Alpes, actuellement dirigée par le so-cialiste Jean-Jack Queyranne qui se représente pour prendre la tête de la nouvelle région Au-vergne-Rhône-Alpes, est directement concer-née par ce phénomène.

Cependant, les événements tragiques du 13 novembre dernier pourraient réduire le vote sanction. Lors des attentats survenus en jan-vier dernier, la bonne gestion de la crise par le président de la République lui avait valu un regain de popularité dans l’opinion publique. Face à l’émotion des citoyens, ses décisions de prolonger l’état d’urgence et d’intensifier l’effort de guerre en Syrie renforceront certainement la confiance des Français en leur président. Reste à savoir ci cela se traduira dans les urnes en décembre prochain.

Vincent Burki

MODE D’EMPLOI

LE MODE DE SCRUTIN DES RÉGIONALES EST UN SCRUTIN PROPORTIONNEL À PRIME MAJORITAIRE À UN OU DEUX TOURS. L’ÉLECTEUR A LE CHOIX ENTRE PLUSIEURS LISTES QUI SE DOIVENT D’ALTERNER UN HOMME ET UNE FEMME DE FAÇON PARITAIRE.

g1 er Tour

g

Une liste obtient

la majorité absolue

Pasde majorité

absolueg 2e Tour g

gSeules les

listes qui ontobtenu

10%ou plus peuvent

se présenter

Les listesqui ontobtenu

au moins 5%peuvent

fusionneravec une liste à

10% ou plus

gCalcul des sièges

g g

1re étape

Calcul du nombre de conseillers obtenu pour chaque liste.

La liste arrivée en tête obtient d’office

25% des sièges.Le reste des sièges est

attribué à la proportionnelle

aux listes ayant obtenu au moins

5% des voix

2e étape

Pour chaque liste:

Répartitionproportionnelle

des siègesen fonctiondes scores

obtenus dans chaque

département de la région

2E TOUR

1ER TOUR

Page 10: Elections régionales "Aura" Magazine de l'ISCPA Lyon

© Christophe Pouget

Jean-Jack Queyranne, 70 ans

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VOTEZ

« Faire d’Auvergne-Rhône-Alpes, une des régions les plus dynamiques d’Europe »

Depuis 2004 : président du conseil régional de Rhône-Alpes, réélu en 2010

2000-2002 : ministre des relations avec le Parlement (2000-2002)

1998 (4 mois) : ministre de l’Intérieur par intérim

1997-2000 : secrétaire d’Etat à

l’Outre-mer

1989-1997 : Maire de Bron

1988-1990 : Secrétaire national à la culture du PS

1981-1993 / 1997 / 2002-2012 : Député du Rhône

1977-1988 : adjoint au maire de Villeurbanne

SON PARCOURS

PRÉSIDENT DU CONSEIL RÉGIONAL DE RHÔNE-ALPES DEPUIS 2004 : « Je suis convaincu d’être le plus à même de servir la future grande région et ses habitants. Je connais bien Rhône-Alpes. Depuis dix ans, je suis au quotidien dans ces territoires, aux côtés des acteurs. Tous les jours, mon rôle est d’in-venter des solutions innovantes pour améliorer le quotidien des ha-bitants. Je connais aussi bien l’Auvergne. Depuis l’annonce de l’union des deux régions, je m’y rends très régulièrement, aux côtés de René Souchon, président de la région Auvergne. Je pense que l’expérience ré-gionale est un atout dans ce contexte de réforme territoriale, qui donne à la région une dimension et des responsabilités nouvelles. »

DÉVELOPPEMENT ET INTERNATIONALISATION DES ENTREPRISES : « Demain, notre ré-gion sera aussi vaste que l’Irlande, aussi peuplée que la Suisse, aussi puissante que la Finlande. C’est une chance formidable pour soutenir l’attractivité des territoires, mais aussi le développement et l’interna-tionalisation des entreprises. Je veux faire d’Auvergne-Rhône-Alpes, une des régions les plus dynamiques et les plus attractives d’Europe. Mais surtout, que cela soit en faveur de tous les territoires, ruraux et urbains. »

ENVISAGER SEREINEMENT LA FUTURE GRANDE RÉGION : « Dès que cette union a été décidée, nous avons (avec René Souchon, N.D.L.R) tout mis en œuvre pour qu’elle se réalise dans les meilleures conditions. Nos deux régions ont été les premières à s’engager dans une telle démarche. Aujourd’hui, nous pouvons envisager sereinement le 1er janvier 2016, date à laquelle l’union sera effective. La question de l’efficacité économique a été une de nos premières préoccupations. Si nous faisons jouer les synergies, je crois que cela peut profiter à toutes les entreprises de la nouvelle région. »

RASSEMBLER LES HABITANTS AUTOUR DE VALEURS COMMUNES : « Je peux apporter mon expérience et ma connaissance de Rhône-Alpes et d’Auvergne, de leurs territoires et de leurs acteurs. J’apporte également mon entière disponibilité puisque j’ai abandonné mes autres mandats et n’ai pas d’autres ambitions. Je crois également que j’ai une plus grande capa-cité (que Laurent Wauquiez, N.D.L.R) à rassembler les habitants de la région autour de valeurs communes et d’objectifs partagés. Mon projet est fondé sur les valeurs de l’humanisme social, sur un projet positif pour la future grande région ».

UN ANCIEN MEMBRE DU GOUVERNEMENT : « Être ancien ministre, et notamment de l’Intérieur, est une expérience qui compte pour pouvoir gérer une grande région comme Auvergne-Rhône-Alpes. Et puis, cela me donne aussi un accès aux réseaux parisiens. »

LUTTER CONTRE L’ABSTENTION : « Je crois que c’est surtout dans l’abstention que vont se jouer les élections. Il faut aller chercher chacune des voix et c’est ce que nous faisons. Après les attentats de Paris, voter prend aussi un tout autre sens. »

DÉFAITE DE LA GAUCHE LORS DES DÉPARTEMENTALES EN MARS 2015 : « Je ne pense pas que le résultat de ces élections soit lié à celui des élections départemen-tales. Les enjeux sont différents, tout comme la personnalité des candi-dats, et notamment des têtes de listes. Et je crois que cela, les électeurs le savent très bien. »

DÉSACCORD AVEC LAURENT WAUQUIEZ : « Nous n’entretenons aucune relation. Je le respecte en tant qu’adversaire politique, mais je suis en désaccord profond avec lui sur le terrain des valeurs comme sur l’analyse qu’il fait de la région Auvergne-Rhône-Alpes. »

© ELABE

Propos recueillis par écrit le 20 et 24 novembre 2015

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ON L’IMAGINAIT GAGNER HAUT-LA-MAIN LES ÉLECTIONS RÉGIONALES DE LAURENT WAUQUIEZ EST ENCORE TRÈS INCERTAINE. LES DERNIERS SONDAGES

SON ADVERSAIRE SOCIALISTE JEAN-JACK QUEYRANNE ARRIVERAIENT

Page 11: Elections régionales "Aura" Magazine de l'ISCPA Lyon

11Léa Masseguin

Laurent Wauquiez, 40 ans

« J’en suis convaincu, notre région a plus que jamais besoin d’un nouveau souffle ! »

REDONNER CONFIANCE AUX CITOYENS : « Chaque jour, sur le terrain, je mesure l’ampleur du fossé qui s’est creusé entre les responsables politiques et nos concitoyens. Et ma conviction, c’est que pour renouer ce fil de confiance aujourd’hui rompu, nous devons repartir de la proximité. Par ailleurs, l’union des régions Auvergne et Rhône-Alpes est un for-midable défi à relever. Notre région est forte, elle a de la personnalité. Mais pour que cette union soit une réussite, elle devra concrètement se traduire par des économies. Notre responsabilité est de réduire la dépense publique. Il est grand temps que les élus s’imposent les efforts qu’ils demandent à nos concitoyens. »

SE CONSACRER PLEINEMENT À SA RÉGION : « Si je suis élu, je quitterai mes fonc-tions de maire du Puy-en-Velay. Par ailleurs, si ma famille politique revenait au pouvoir au niveau national en 2017 j’ai d’ores et déjà précisé que je refuserai tout poste de ministre. Je veux me consacrer pleine-ment à ma région. »

TROIS ENJEUX, ÉCONOMIE, EMPLOI ET SÉCURITÉ : « Je veux faire d’Auvergne-Rhô-ne-Alpes la région leader en France et moteur en Europe. Dans ce territoire, nous avons aujourd’hui de l’or dans les mains (grandes mé-tropoles, entreprises de qualité, paysages, image de marque touristique etc.) Le grand enjeu de la région, c’est l’économie et l’emploi. Par ail-leurs, je veux défendre une vision du social axée sur le travail, et pla-cer les classes moyennes au cœur de mon projet avec le rétablissement des bourses au mérite injustement supprimées par le gouvernement. Enfin, je veux faire de notre région un bouclier de sécurité pour nos concitoyens. Nous avons tous été durement touchés et éprouvés par les terribles attentats de Paris le 13 novembre. Face à la menace terroriste, nous devons agir pour assurer la sécurité de tous. »

UNE NOUVELLE GÉNÉRATION D’HOMMES POLITIQUES : « Ma première volonté est de travailler sur le terrain, aux côtés des acteurs locaux. Les Français ne

font plus confiance à des politiques déconnectés de la réalité, enfermés dans des cénacles parisiens et incapables de tenir une promesse sur le terrain. Je souhaite changer cela et incarner une nouvelle génération. »

UNE DISTANCE AVEC LE FRONT NATIONAL : « J’ai toujours été très clair : je ne partage pas les mêmes valeurs, et je n’ai pas la même conception de la République que le Front national qui se nourrit de nos lâchetés. En revanche, j’assume d’avoir des convictions affirmées, ce qui ne m’a pas empêché de réussir à rassembler l’ensemble de la droite et du centre et de nombreuses personnalités de la société civile, là où mon adversaire a été incapable de fédérer les composantes de sa propre majorité. »

LE SOCIALISME EN LIGNE DE MIRE : « En Auvergne-Rhône-Alpes, les onze an-nées de gestion socialiste ont profondément abîmé notre région. Les gaspillages d’argent public se sont multipliés, comme la construction de deux palais de région pour un montant de 260 millions d’euros. Alors oui, il est grand temps de rompre avec cette gestion. En tant que maire du Puy-en-Velay, j’ai démontré ma capacité à faire des économies et depuis 3 ans, je baisse les impôts locaux. C’est une vraie différence avec mon adversaire qui, en 40 ans de vie publique, n’a jamais voté une seule baisse d’impôts ! »

UNE VOLONTÉ DE CHANGEMENT : « Sur le terrain, lors de mes très nombreux déplacements, je ressens une réelle volonté de changement de la part de nos concitoyens, lassés par tous ces gaspillages d’argent public, et qui sont bien souvent incapables de citer une seule réalisation de la Région utile pour eux, alors qu’elle dispose pourtant d’un budget de près de 3 milliards d’euros par an. Alors oui, j’en suis convaincu, notre région a plus que jamais besoin d’un nouveau souffle ! »

Depuis décembre 2014 : Secrétaire général de l’UMP puis des Républicains.

2013-2014 : Vice-président de l’UMP.

2010-2011 : Ministre des Affaires européennes.

Depuis 2008 : Maire du Puy-en-Velay.

2008-2010 : Secrétaire d’Etat chargé de l’Emploi.

2007-2008 : Secrétaire d’Etat, porte-parole du gouvernement.

Depuis 2004 : Député de la 1ère circonscription de la Haute-Loire.

SON PARCOURS

COUDE-À-COUDED’AUVERGNE-RHÔNE-ALPES. POURTANT, LA VICTOIRE MONTRENT QUE LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DES RÉPUBLICAINS ET

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LE RAPPORT DE FORCE POLITIQUE DANS LA PERSPECTIVE

DU 1ER (À GAUCHE) ET DU 2ND TOUR (À DROITE) EN %

© Vincent Burki

À ÉGALITÉ (37%) AU SECOND TOUR DES ÉLECTIONS.

Sondage Elabe publié le 23 novembre pour Les Echos, Radio Clas-sique et Alila. Il a été réalisé sur internet du 18 au 21 novembre au-près de 904 personnes inscrites sur les listes électorales de la future région Auvergne-Rhô-ne-Alpes.

Page 12: Elections régionales "Aura" Magazine de l'ISCPA Lyon

FN : POURQUOI SÉDUIT-IL AUTANT ?

D epuis l’arrivée en 2010 de Marine Le Pen à la tête du parti, le Front natio-nal obtient des résultats à la fois « sa-tisfaisants » et « inquiétants » avec

par exemple 18,01% des voix lors des prési-dentielles 2012. En Auvergne-Rhône-Alpes, la présence du FN est mitigée. Le parti d’ex-trême droite compte davantage de partisans en Rhône-Alpes qu’en Auvergne (voir encadré ci-contre). D’ailleurs, Bruno Gollnisch, parle-mentaire et représentant FN rhônalpin pen-dant 30 ans, a été élu député du Rhône en 1986, à la stupéfaction générale. Le parti faisait donc une entrée fracassante à l’Assemblée nationale avec 35 députés dont 2 issus de la région Rhô-ne-Alpes. Bruno Gollnisch est en même temps élu conseiller régional. Pour Frédéric Poignard, journaliste politique depuis 1987 au Figaro no-tamment et spécialiste politique Rhône Alpes, nous sommes dans une vague d’ascension du FN par défiance. Un vote « sanction » envers les partis traditionnels qui permet au FN d’élargir son électorat. « Lors des élections municipales de 1995, le candidat du Front national avait ras-semblé 35,89% des voix au 2e tour à Saint Priest. Une surprise. Un vote véritablement de sanc-tion envers le maire de gauche en place, rejeté massivement. Le candidat FN, lui, était inconnu du public électoral », se souvient le journaliste politique. En Auvergne, le Front national ob-tient de moins bons résultats, généralement inférieurs à 10% lors des régionales 2010 par exemple.

VERS UN BASCULEMENT DE LA RÉGION ?

Pour Frédéric Poignard, plusieurs facteurs empêchent d’analyser la présence du FN en Auvergne-Rhône-Alpes et ses chances de l’emporter début décembre. En effet, la fusion des deux régions, le changement du mode de scrutin et l’inaccoutumance du vote ne laissent place à aucune comparaison ou étude puisque ce sera une première. Une première aussi pour Christophe Boudot, nouvelle tête de liste FN en Auvergne-Rhône-Alpes, remplaçant du fi-dèle Bruno Gollnisch. L’ignorance de l’électorat sur le programme du FN peut offrir quelques surprises selon le journaliste du Figaro. « Vous avez plus tendance à voter pour un homme, une figure que vous connaissez que pour une étiquette partisane. Là on est sur une échéance où les trois-quarts des gens ne savent pas ce que fait la région, les pouvoirs de la région personne ne les connaît, le président de la région encore moins. Donc nous sommes dans un contexte flou et abstrait pour l’électeur qui va aller majoritai-rement vers les trucs qui lui parlent ». Le Front national a conscience de son électorat protesta-taire et a su en profiter pour créer sa véritable

marque de fabrique. Ainsi, le changement de l’électorat et son rejet des autres partis lui per-met d’obtenir de gros scores avec bien souvent un candidat inconnu du public. « Saint-Jacques-Des-Arrêts, petite commune des monts du Beaujolais. Au 1er tour des prési-den-tielles 1995, Jean-Marie Le Pen récolte 60% des suffrages. Quelques jours auparavant, la fête du village avait dégénéré en bagarre générale. Un évènement à la faveur du parti bleu blanc rouge. C’était un épiphénomène », raconte le journa-liste politique avant de poursuivre « Ils n’ont même pas besoin de programme ni de discours. Les faits leur donnent objectivement raison qu’on le veuille ou non. Le FN surfe sur les tabous de la société ». « Lors du déjeuner de presse du club de la presse, Christophe Boudot devait présen-ter son programme. On l’attend toujours… », s’amuse Frédéric Poignard en rajoutant « Der-nier exemple en date, il y a 3 semaines, Marine Le Pen refusait l’accueil des migrants et mettait en garde sur le fait que des djihadistes pouvaient passer. Regardez ce qu’il s’est passé depuis… Dans l’esprit des gens, elle disait la vérité ».

LE COUP DE POKER DE CHRISTOPHE BOUDOT

La plus grande force du Front national est in-contestablement sa stratégie de communica-tion. Notamment avec un discours vulgarisé qui parle au peuple, mais aussi en jouant avec les tabous. « Parler de l’étranger est très tabou dans notre société. Tout comme fumer en public désormais. Les membres du FN le font naturel-lement et sans complexes », commente Frédéric Poignard. En outre, la mouvance identitaire offre au FN une pépinière de recrues, de cadres et d’activistes. Si la ligne tracée par Marine Le Pen entre les identitaires et le FN reste officiel-lement infranchissable, en coulisses, les liens semblent se développer, notamment en région lyonnaise où le petit mouvement est bien im-planté. Le 24 octobre dernier, des militants du mouvement d’extrême droite Génération Identitaire ont pris d’assaut un bâtiment de Saint-Genis-les-Ollières pour protester contre « l’occupation Roms ». Christophe Boudot a su tirer profit de cette opération. Le FN voulant se démarginaliser, la tête de liste ne souhaite pas, pour autant, se coller à leur image mais simplement leur apporter son soutien en se rendant sur place et en relayant l’opération sur le réseau social Twitter. « Ce sont des jeunes », a-t-il déclaré. Une stratégie de communication qui montre aussi son soutien aux jeunes, cette catégorie d’âge souvent oubliée des politiques. Après la dédiabolisation du parti, la nouvelle tête de liste rhônalpine suit alors la commu-nication imposée en polissant son discours. Au vestiaire le discours contestataire, les ar-

guments économiques voient alors le jour. « Avant, c’était les Arabes dehors. Désormais, l’argument de la paupérisation de la classe fran-çaise est plus fort que la peur de l’étranger. Le discours s’est donc amélioré pour pouvoir séduire davantage d’électeurs. Les propos irrationnels et racistes n’attirent pas les personnes réalistes », explique le journaliste politique. « Alexandre Gabriac a d’ailleurs été exclu en 2011 suite à l’af-faire de la photo où il faisait un salut nazi devant un drapeau à croix gammée. Idem pour Yvan Benedetti, jugé trop extrémiste », se souvient Frédéric Poignard. Christophe Boudot surfe alors sur la vague du nouveau profil de l’élec-torat. « Avec la génération Boudot, on boucle la boucle. Il ne s’agit plus des anciens de l’Algérie française qui ne leur parlent plus. Le passé colo-nial n’intéresse plus le jeune électorat. Le Front national est donc sur un modèle politique plus soft », constate le journaliste du Figaro. La per-méabilité entre le mouvement identitaire et le parti de Marine Le Pen ne fait aucun doute. Reste à savoir si l’opération de communication de Christophe Boudot a fonctionné sur la com-mune de Saint-Genis-les-Ollières. Réponse le 6 décembre prochain.

LE FRONT NATIONAL MARQUE DAVANTAGE DE POINT AUPRÈS DU PUBLIC ÉLECTORAL. COMMENT S’EXPLIQUE CET ENGOUEMENT POUR LE PARTI D’EXTRÊME DROITE ? DÉCRYPTAGE AVEC FRÉDÉRIC POIGNARD, JOURNALISTE POLITIQUE AU FIGARO.

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AUVERGNE-RHÔNE-ALPES : A QUELLE SAUCE ALLEZ-VOUS MANGER ?

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1ER TOUR DE LA PRÉSIDENTIELLE 2012 : en Rhône-Alpes (18,38%) et en Auvergne (7,07%)

RÉGIONALES 2010 RHÔNE ALPES, CANDIDAT FN : BRUNO GOLLNISCH

Loire : 16,95% Ain : 15,60% Drome : 14,92% Rhône : 13,32% Haute-Savoie : 13,20% Isère : 13,12% Ardèche : 13,11% Savoie : 12,73%

RÉGIONALES 2010 AUVERGNE, CANDIDAT FN : ERIC FAUROT

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DÉPARTEMENTALES 2015, DÉPARTEMENTS PAR DÉPAR-TEMENTS :

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EN CHIFFRES

Page 13: Elections régionales "Aura" Magazine de l'ISCPA Lyon

FN : POURQUOI SÉDUIT-IL AUTANT ?

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DOSSIER

AUVERGNE-RHÔNE-ALPES : A QUELLE SAUCE ALLEZ-VOUS MANGER ?

« Est-il un plaisir plus savoureux que celui d’avoir à sa table deux amis gourmands et gais ? »

SACHA GUITRY

© Mélany Marfella

Page 14: Elections régionales "Aura" Magazine de l'ISCPA Lyon

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DÉGUSTEZ

D es hommes au foulard rouge et jaune et à la veste assortie à la robe de leur épouse qui porte gracieusement le châle et la coiffe, défilent dans les allées

du salon. Accordéons et cornemuses résonnent dans les quatre halls. Ce sont les producteurs auvergnats qui se sont déplacés, non pas pour défendre leurs produits mais leur identité culturelle. Renée Liogier, productrice auver-gnate « pure souche » comme elle se plait à le dire, s’inquiète du partage des savoirs-faire que pourrait entraîner la fusion d’Auvergne et Rhô-ne-Alpes. Elle ne porte pas le costume tradi-tionnel mais elle prévient : « Il faut que chacun garde son identité et sa gastronomie et continue de transmettre à ses enfants le patrimoine de nos deux régions ». Cependant, difficile d’identifier les différents terroirs de chacune des ex-ré-gions dans un territoire qui représente désor-mais 69 711 km2. Pour les définir, force est de se demander : mais c’est quoi la gastronomie rhonalpine et auvergnate ?

Tartiflette, quenelles à la béchamel, volaille de Bresse, gratin dauphinois, ravioles de Romans, saucisson chaud à la lyonnaise, Saint-Marcel-lin, Tomme de Savoie, bugnes, praline et nou-gat de Montélimar, Rhône-Alpes ne compte

plus ses spécialités. En Auvergne, on est plutôt chou farci, farinade, pansette de Gerzat, potée auvergnate, truffade, Cantal, Saint-Nectaire, fourme d’Ambert, pâtes de fruits, pompe aux pommes du Bourbonnais et tarte de Paulhac. A priori, les deux régions ont chacune leurs spécialités. Alors qu’on s’attendait à des débats autour de l’identité culturelle et du patrimoine des deux régions au rendez-vous annuel de la gastronomie de Bourg, là-bas, tout le monde s’accorde pour dire que leurs spécialités se complètent bien. Pour Gilbert Limandas, Pré-sident de la chambre d’agriculture de l’Ain, l’Auvergne a plutôt intérêt à s’allier à la région Rhône-Alpes « reconnue à l’international grâce à ses produits d’excellence et à ses fins gastro-nomes ». L’ingrédient-phare qui les réunit ? Le fromage.

DES SPÉCIALITÉS QUI SE RASSEMBLENT AUTOUR DU FROMAGE ET DE LA CHARCUTERIE

Qu’il soit à pâte molle et à croûte fleurie, à croûte lavée, à pâte persillée, à pâte pressée cuite ou non, ou de chèvre, le fromage est un ingré-dient indispensable de la gastronomie des deux

régions. En Rhône-Alpes la fondue savoyarde sera essentiellement composée d’Emmental et de Beaufort. Dans le bourriol d’Auvergne il sera question de bleu d’Auvergne, de Cantal ou de Saint-Nectaire. Dans les différentes spéciali-tés, les plats sont riches satisfaisant les papilles des partisans du « bien manger  ». D’ailleurs, Sacha Guitry disait déjà au XXe siècle : « Est-il un plaisir plus savoureux que celui d’avoir à sa table deux amis gourmands et gais ? » Si les visiteurs Auvergnats étaient absents du salon, probablement à cause de la distance entre l’Au-vergne et la ville de Bourg-en-Bresse, c’était toutefois l’objectif de l’évènement que de réunir les gastronomes de nos deux régions à la même table. Et ça commence dès l’apéritif avec la charcuterie. Saucisse sèche de canard, jambon d’Auvergne, boudin noir, cervelle de Canuts, les mets se ressemblent et se mélangent mais le débat n’est pas loin. A qui donc appartient la cochonaille ? D’un côté, on affirme qu’elle est auvergnate ; de l’autre qu’elle est la figure de Lyon, métropole de la nouvelle super-région. Nous n’avons pas trouvé une réponse précise et exacte mais nous avons vérifié, une chose est sûre, elle est bien française !

LES ROIS DE L’APÉRITIF RÉUNIS DANS UN SALON,ÇA DONNE FAIM !

DU 7 AU 11 NOVEMBRE, LE SALON DE LA GASTRONOMIE DE BOURG-EN-BRESSE, DANS L’AIN, A MIS À L’HONNEUR LA FUSION D’AUVERGNE ET RHÔNE-ALPES, MAIS AUSSI LES PRODUCTEURS, COMME AMBASSADEURS DU GOÛT. LE SALON RÉUNIT ALORS DEUX TERRITOIRES GASTRONOMIQUES COMPLÉMENTAIRES.

Mélany Marfella

© Mélany Marfella

Page 15: Elections régionales "Aura" Magazine de l'ISCPA Lyon

UN AMOUR COMMUN POUR LE VIN

c’ est à l’époque gallo-romaine, lorsque César conquit la Gaule, que l’on découvre ce qui nous paraît au-jourd’hui comme un élément indis-

pensable de notre gastronomie. A l’époque (1er

siècle après J-C), l’Auvergne ne produit pas et le Puy de Corent fait venir ses vins d’Italie. Pendant ce temps, la région Rhône-Alpes concurrence les vignobles italiens. L’Auvergne, elle, dévelop-pera le travail des vignobles quatre siècles plus tard, au Moyen-Age. Si la région Rhône-Alpes compte aujourd’hui 41 AOC (Appellations d’ori-gine contrôlée) dans le domaine des vins selon la DRAAF (Direction régionale de l’agriculture, de l’alimentation et de la forêt), l’Auvergne reven-dique tout de même son attachement au vin avec seulement quatre AOC recensées à la DRAAF. Pour Éric Angelot, président des vins du Bu-gey, ce n’est pas le nombre d’AOC qui compte mais l’histoire commune qui réunit les deux régions autour du vin. Exposant sur le salon, il se souvient : « Nous avons été reconnus comme AOC du Bugey le même après-midi que l’auver-gnate Saint-Pourcain et ensemble, avec mon ami Jean-Michel Ferrier [président du syndicat des viticulteurs] on a conduit notre meilleur vin vers l’AOC ». C’était en 2009 et voilà dix ans que les deux amoureux de la vigne travaillent ensemble.

Et pour cause, « les Auvergnats savent produire du vin de qualité », affirme Stéphane Bonjean, Président de l’AOC des Côtes-d’Auvergne-Châ-teaugay, « mais nous ne savons simplement pas communiquer », se désole le producteur. Pour lui c’est donc « tout l’intérêt de s’allier à une région qui, elle, le fait très bien ». D’autres espèrent bien profiter de la fusion pour s’ouvrir à de nouveaux marchés comme Aurélie et Frédéric Bayer, qui considèrent que « Rhône-Alpes fait partie des régions riches, proche de la Suisse et de l’Italie et [que] ça c’est intéressant ». En attendant une éventuelle création de marchés, Stéphane Bon-jean vante avec fierté la popularité du salon des vins de Clermont-Ferrand « qui figure quand même parmi les cinq plus grands de France », s’en-thousiasme-t-il, parlant du Vinidôme. Celui-ci est déjà annoncé du 5 au 8 février 2016. L’occa-sion, pour vous, si vous avez manqué le salon de la gastronomie, de vous défaire de vos préjugés sur le vin auvergnat. Néanmoins, sachez que Rhône-Alpes compte deux cépages différents de l’Auvergne : « ce sont des cépages de montagne », explique Clément Metge, vigneron au Caveau bugiste, « l’Altesse en blanc et la Mondeuse en rouge ». A savoir que ceux-ci sont cultivés en Sa-voie ou en Bugey, côté Rhône-Alpes donc.

ALORS QUE CERTAINS LYONNAIS CONTINUENT DE TOURNER LE DOS AUX VINS AUVERGNATS, DEPUIS LE DÉPÔT DE L’AOC DES CÔTES D’AUVERGNE EN 2011, ILS JOUENT DÉSORMAIS DANS LA COUR DES GRANDS.

ON A OSÉ LEUR POSER LA QUESTION...Avez-vous peur de perdre votre identité

avec la fusion des régions ?

Le shopping de la rédaction

LE JAMBON D’AUVERGNE

M. M

VALENTIN GILLOT, 23 ANS (CLERMONT-FERRAND)

« Ce n’est pas parce que les deux régions fusionnent qu’on fait disparaître l’Auvergne et ses traditions culinaires. Le Saint-Nectaire appartiendra toujours à l’Auvergne. Ce qui fait peur c’est si dans 10-15 ans nous ne sommes pas parvenus à transmettre notre patrimoine. »

ALEXANDRA POUPON, 42 ANS (BOURG-EN-BRESSE)

« Il faut dire que nous avons deux régions très diversifiées en matière de gastronomie. Entre les spécialités de Montélimar, de Drôme et d’Ardèche, du Rhône, de Savoie, de l’Isère, je ne crois pas que l’identité se situe dans la région, mais plutôt au niveau du département. »

SIMON PONSOT, 23 ANS (BOURG-EN-BRESSE)

« La fusion des régions, c’est peut-être bien pour le gouvernement, mais une fois que les anciens ne seront plus là pour faire perdurer les coutumes, on perdra tout ce qu’on a. Car, qui dit fusion, dit mélange des gastronomies, et ça c’est triste pour une région reconnue pour sa cuisine. »

HYPOCRAS DES VIEILLES TERRES

TOMME DE SAVOIE

PRALINE DE LYON

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Pour les débats identi-taires, avancez de 16 PAGES.

Page 16: Elections régionales "Aura" Magazine de l'ISCPA Lyon

LA BATAILLE DES CHEFS

16

DÉGUSTEZ

Y A-T-IL UNE GUERRE CULINAIRE ENTRE RHÔNE-ALPES ET L'AUVERGNE ? POUR LE SAVOIR, NOUS SOMMES PARTIS À LA RENCONTRE DE DEUX CHEFS : JEAN RUBINI, RHÔNALPIN ET PIERRE ARTIGE, AUVERGNAT.

JEAN RUBINI : « À LYON, IL Y A QUAND MÊME BEAUCOUP DE L’AUVERGNE ! »

U ne andouillette maison, un saucisson chaud lyonnais ou encore la fameuse quenelle sauce Saint-Marcellin : ce sont quelques délicieux plats que l’on peut

savourer au Pailleron. C’est dans ce restaurant situé dans le quartier de la Croix-Rousse à Lyon, que nous nous sommes arrêtés afin de rencon-trer le chef Jean Rubini. Tout d’abord, qui est-il ? Directeur général du Pailleron, ce chef de 33 ans ne se prédestinait pas à faire ce métier. C’est seu-lement au bout de quelques années de pratique que l’art culinaire s’est révélé être une véritable passion pour lui. Après quelques temps passés à

parcourir plusieurs restaurants en France, Jean Rubini « pose ses valises » au Pailleron, il y a 8 ans. Selon lui, le restaurant propose une cuisine traditionnelle et « chaleureuse ». Mais quand on lui demande si l’arrivée de la super région va changer les habitudes de l’établissement, le chef reste sceptique. « Revoir la carte ? Je ne suis pas sûr. Nous, on fait plus de la cuisine typiquement lyonnaise ou du sud-ouest, on est pas vraiment dans l’élaboration de plats de la région entière. Et puis je ne suis pas certain que la nouvelle région Auvergne Rhône-Alpes aide à ouvrir des portes aux plats auvergnats ! » En effet, d’après le chef, « les produits auvergnats, il y en a de partout ! » Le canard par exemple, il leur vient d’Auvergne. Oui, cela peut paraître étrange, étant donné que la réputation du canard du sud-ouest est bien meilleure que le reste. Jean Rubini nous livre d’ailleurs une anecdote assez particulière. «  Le canard d’Auvergne est bien meilleur que celui du Périgord. (...) On les élève à Chappes près de Cler-mont. La particularité du terroir de l’Auvergne c’est la couche de sédiment due au volcan. C’est une couche épaisse et noire qui donne un goût particulier au maïs et par conséquent au canard ». C’est donc du domaine de Limagne que viennent

PIERRE ARTIGE : « JE ME SENS AVANT TOUT AUVERGNAT »

l’intégralité des canards cuisinés au Pailleron. Que ce soient les jus, les magrets, les cuisses, les gésiers ou encore les manchons. « Quand je travaillais dans la distribution, j’ai essayé de vendre ce fameux canard d’Auvergne dans des Intermarché, mais personne n’en voulait  ! Ils ne juraient que par les canards du sud-ouest ! C’est fou de voir que l’on privilégie la quantité à la qualité ! », ajoute le chef.

« MA SPÉCIALITÉ ? C’EST LA CUISINE TOUT SIMPLEMENT »

Lorsque l’on lui demande qu’elle est sa spécialité, il nous répond «  la cuisine, tout simplement ». Une phrase simple, qui veut pourtant tout dire. Le chef du Pailleron ne voit aucune frontière dans sa cui-sine. « Tant que les plats sont bien réalisés et avec de bons produits, j’aime tout, que ce soit auvergnat ou rhonalpin ! ». La fusion des régions, le cuisinier n’y avait pas spécialement pensé. «  Vous savez, pour moi, ces deux régions sont complémentaires. C’est comme si elles avaient toujours été ensemble. À Lyon, il y a quand même beaucoup de l’Auvergne ! Là-bas, on retrouve la bonne cuisine de grand mère, à l’an-cienne et c’est un peu le même schéma à Lyon  ! La preuve chez nous c’est ce que nous essayons de parta-ger avec nos clients... »

À Clermont-Ferrand, non seulement on défend mais on est fier de la gastronomie locale. Pierre Artige fait partie des grands chefs en cuisine. Il se qualifie comme un

« pur produit d’Auvergne ». « Je suis né dans cette région. J’ai fait mon école à Chamalières et je ne suis jamais parti. J’ai fait l’école hôtelière avant d’aller travailler dans des restaurants gastrono-miques ». Lui qui a fréquenté les plus grands du métier, Régis Marcon en tête, il a décidé de se lancer dans sa propre affaire. « J’ai fait mes armes dans la région avant de pouvoir m’amuser en so-

litaire ». Il monte ce qu’il appelle modestement son «  bistrot de quartier  ». Le restaurant Les Kancres est proche de la Place de la Victoire. La décoration du lieu est atypique. Vous retombez en enfance grâce aux tableaux noirs sur les murs, aux tables d’écoliers ça et là. Le gastronome ne vise certainement pas une étoile, vie de famille oblige, il cherche simplement à cuisiner des pro-duits frais, locaux, à des prix corrects.

« ON NE VEUT PAS SE FAIRE MANGER PAR LYON ET SA CUISINE ! »

Contrairement au chef du Pailleron, Pierre Ar-tige imagine déjà ce que pourrait changer cette fusion des deux régions. Il est partagé entre un sentiment de peur et d’excitation. « Je ne vais pas pouvoir occulter tous les produits de cette nouvelle grande région. J’ajouterai, de temps à autre, des petites touches de cuisine lyonnaise, mais je ne ressens pas une demande spécialement forte de la part de mes clients. Quelques-uns me demandent si je vais m’adapter, mais ils sont peu  ». Le dis-cours semble être le même lorsqu’il discute avec d’autres chefs. « Oui, on en parle et nous avons

un peu peur. L’Auvergne est une terre gastromoni-quement complète, mais nous n’avons ni la force ni la réputation de nos voisins. Nous craignons de perdre nos spécificités dans l’assiette au profit d’établissement comme des bouchons  ». Le chef est engagé, le chef aime sa région, le chef ne veut pas se coucher... « J’ai-merais que l’on connaisse l’Auvergne pour sa cuisine. J’ai l’impression qu’elle ne trouve pas un écho très im-portant ailleurs. Nos canards, nos fromages,... » S’il ne fallait citer qu’un regret, ce sont les vins. « La page vin sur ma carte est la moins lue. Personnellement, je ne suis vraiment pas un fan du vin d’Auvergne ». Son chef de salle et caviste, Sébastien, arrive tout de même à dénicher quelques petites pépites ou grands crus. Mais la tâche est délicate. « J’espère as-sister à une révolution viticole dans notre région dans quelques années  ». Demandez à Pierre Artige son plat rhônalpin préféré, il hésite et ne sait pas trop quoi nous répondre. « Je n’ai pas de plat préféré. Non, moi je travaille un plat avec mes ingrédients préférés. J’irai piocher dans cette nouvelle grande région sans oublier ma terre d’origine. Je l’aime trop pour m’en passer », dit-il très fier de son velouté de cèpes, rele-vé d’un pistou roquette, et petit foie gras poêlé.

Elisabeth Brun

Luca Chapiteau

© La Fourchette

© Pierre Artige

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LE DÉBUT DE LA FAIM

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AFIN D’ASSURER SA PROMOTION, SON SUCCÈS BIEN AU-DELÀ DES FRONTIÈRES, LA RÉGION VA DEVOIR S’ORGANISER. ET QUOI DE PLUS PERTINENT QUE D’EXPORTER ? EXPORTER SES TRADITIONS, SON SAVOIR-FAIRE, SA GASTRONOMIE. À CE PETIT JEU, LA RÉGION PEUT COMPTER SUR LYON.

L’EXPORTATION DU TALENT L'EXPORTATION DES PRODUITSS i les vins, fromages, viandes et charcuteries

de la région figurent sur les plus grandes tables du monde, c’est parce que des chefs talentueux savent les sublimer. Jérémy Gal-

van tient son restaurant éponyme dans le 5e arrondis-sement de Lyon, Rue du Bœuf. Il compose et crée ces propres assemblages : « Il faut être créatif, renouveler sa carte chaque jour en fonction de son humeur et des arrivages ». Ce jeune chef travaille avec des produits du terroir dans un rayon maximal de 200 kilomètres. «  Chaque matin, j’observe mon boucher car je veux cuisiner le meilleur ».

Pour le moment, Lyon rayonne plus que la région elle-même. Christophe Marguin, lui aussi chef du restaurant qui porte son nom, est président des To-ques blanches lyonnaises. Il s’occupe entre autre de la branche internationale. Et pour lui, «  nous nous exportons parce que nous savons jouer sur tous les ta-bleaux. Le bouchon est un lieu unique, le symbole de Lyon. C’est là que l’on trouve les plats généreux et ty-piques de la ville. D’un autre côté, nous arrivons à faire de la grande cuisine avec nos produits. La complémen-tarité et la solidarité font la renommée de notre savoir culinaire ». Avant de poursuivre : « Tous les chefs vont

dans le même sens, on ne se fait pas la guerre, on tra-vaille ensemble car tout le monde veut réussir. Nous sommes vraiment fier que notre modèle soit jalousé en France. »Le modèle est visiblement une réussite puisque dans chaque capitale, on retrouve un bout de la région. Londres, Moscou, Chine,... «  Donnez-moi une ca-pitale, je vous donnerai le nom du chef  », assure le président des Toques blanches. Jérémy Galvan lui confirme ces dires : « notre cuisine s’exporte très bien. Même dans le monde arabe, je connais un chef qui propose pendant une semaine des repas lyonnais, c’est vous dire. » Cette goûteuse réputation n’a de cesse de se confirmer. Pierre Orsi, Mathieu Viannay et Chris-tophe Marguin étaient à Paris pour une conférence. Et lorsqu’ils parlent de Lyon, « les yeux des étrangers brillent, Lyon fait rêver ».Et l’Auvergne alors ? Pour Jérémy Galvan, elle ne doit pas être oubliée. Son canard notamment, vient d’Auvergne, «  la diversité des produits est parfaite ». Selon lui, les deux régions sont complémentaires et au niveau culinaire en tout cas vont dans le même sens. Maintenant, il semble inévitable que le nom de l’Auvergne se fera en grande partie grâce à Lyon et sa gastronomie.

Obtenir des chiffres dans ce do-maine relève du parcours du com-battant. Entre des secrets industriels et concurrentiels bien gardés et des services qui se rejettent la balle, per-sonne ne semble savoir si les produits de la région cartonne à l’étranger. Tout le monde l’affirme pourtant. En Rhône-Alpes comme en Auvergne, impossible de quantifier ce succès. Les derniers chiffres disponibles datent de 2012. De tous les produits exportés 21,1  % sont concernaient des produits agroalimentaires. Parmi les produits phares, on retrouve bien évidemment le Saint Marcellin, la vo-laille de Bresse ou encore la charcu-terie. Toujours en 2012, les secteurs de la transformation de la viande et de la fabrication de produits laitiers représentaient 37  % du chiffre d’af-faires et 41 % de l’emploi des indus-tries agroalimentaires selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee)

LYON : PHARE GASTRONOMIQUE DE LA RÉGION

L yon, capitale mondiale de la gastronomie ? C’est ce que Curnonsky, célèbre critique gastronomique évoquait déjà il y a quatre-vingts ans. Connue pour ses fameuses que-

nelles, andouillettes ou encore sa cervelle de ca-nut, la ville de Lyon donne naissance à de grands cuisiniers, et ce depuis plus d’un siècle. Paul Bo-cuse, « le père des cuisiniers », a d’ailleurs été élu cuisinier du siècle par Gault et Millau.

Désormais célèbre dans le monde entier, il est le maître de la cuisine traditionnelle et le précur-seur de la nouvelle cuisine (Trois étoiles au Guide Michelin depuis cinquante ans, un titre de pape de la gastronomie en 1989 puis chef du siècle en 2011 par The Culinary Institute of America sont à inscrire à son palmarès). Il est aujourd’hui à la tête de nombreux établissements. Il possède trois écoles dont l’Institut Paul Bocuse basé à Ecully, deux restaurants gastronomiques (l’Auberge du Pont de Collonges ainsi que l’Abbaye, toujours à Collonges), neuf brasseries et cinq restaurants de service rapide. 20 millions de chiffres d’af-faires sont générés par les plats commercialisés à son nom. Autant dire que Monsieur Paul a su se faire sa place et cela pour toujours. Il a renforcé la stature de Lyon sur la carte de la gastronomie mondiale et forme les grands chefs en devenir à travers son institut.

RESTAURATEURS LYONNAIS À L’ÉTRANGER, ON EN PARLE ?

Être restaurateur lyonnais à Lyon, c’est bien, mais à l’étranger, c’est encore mieux ! C’est ce que laissent entendre de nombreux chefs ayant fait leurs armes dans cette ville. Paul Bocuse a donné le top départ avec ses deux restaurants à l’étran-ger - l’un en Asie, l’autre en Floride. D’autres se prêtent à cette aventure. Le plus célèbre d’entre eux, c’est Daniel Boulud. Ce chef cuisinier a d’abord travaillé avec Georges Blanc et Roger Vergé avant de se lancer à l’international. Son but : conquérir New-York. Objectif atteint. L’homme est devenu l’ambassadeur de la cuisine lyonnaise au cœur de Manhattan. Il y a quelques années Bruno Dellinger, de l’association les Lyonnais à New York expliquait à nos confrères de l’Express « Il fait beaucoup pour le rayonnement de la cui-sine lyonnaise même si les Lyonnais le connaissent très peu. Son restaurant est devenu incontournable à Manhattan et il a su faire évoluer sa cuisine au contact de l’environnement américain  ». Malgré son net succès aux États-Unis, Daniel Boulud a perdu en 2014 sa troisième étoile qui lui avait été accordée par le Guide Michelin. Parmi les ex-portés on compte évidemment des étoilés mais d’autres chefs ont tenté leur chance en dehors des frontières françaises. On peut notamment citer

la toque blanche, Jean-Christophe Poinard, au-jourd’hui installé en Floride.

LE SALON INTERNATIONAL DE LA RESTAURATION ET DE L’ALIMENTATION : UNE IMPORTANTE VITRINE POUR LYON ET SA RÉGION

Le Sirha (Salon international de la restauration, de l’hôtellerie et de l’alimentation) a lieu tous les deux ans sur le site d’Eurexpo, à Lyon. Ce salon a rassemblé en 2015, 19 715 chefs. À l’issue de ce rassemblement sont décernés des prix prestigieux tels que le Bocuse d’Or (prix officieux du meilleur cuisinier du monde), le champion européen du sucre, ainsi que le prix du meilleur vigneron cui-sinier. Ironie du sort, cette manifestation n’est pas très connue en France. Alors qu’aux États-Unis, comme dans certains pays nordiques, les candi-dats s’entraînent aux concours de présélection jusqu’à trois ans avant la date prévue.

Lyon, ville des lumières, brille par la qualité de sa gastronomie. Réputée mondialement, elle at-tire les amateurs de bonne chaire mais également tous ces apprentis cuisiniers venus de tous les continents qui rêvent eux aussi un jour de briller, dans cet art qu’est la cuisine...

L.C

E.B

E.B

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L’EUROPE EN LIGNE DE MIRE

P révue par la réforme territoriale de 2014, l’Auvergne-Rhône-Alpes est une des treize futures régions administratives française. Avec 7 808 300 habitants (chiffres 2014), cette nouvelle fusion fera de cette région inédite la deuxième de France en nombre d’adminis-

trés. Des chiffres la plaçant derrière l’Île-de-France qui compte, quant à elle, 11 852 851 habitants. Pourtant, l’Auvergne est une des régions françaises qui détient la plus faible population en France. Seules la Franche-Comté, le Limousin et la Corse sont inférieures en nombre. Sur ce point, c’est grâce à la région Rhône-Alpes - qui dénombre 6,4 millions d’habitants - que l’Auvergne se hisse sur la deuxième marche du podium. Toutefois, « la région Auvergne apportera beaucoup à Rhône-Alpes en termes d’agri-culture », affirmait René Souchon, le président de la région Auvergne lors d’une interview accordée à Lyon Capitale. Une déclaration valable puisque Rhône-Alpes est bien moins agricole que sa future conjointe. L’Auvergne compte en effet 56 % du foncier de son territoire consacré à l’agriculture contre seulement 36,3 % pour la région de la capitale des Gaules. Mais Rhône-Alpes se rattrape dans le domaine de la formation. Dans le sil-lon rhodanien, on ne compte pas moins de 250 000 étudiants alors que l’Auvergne en dénombre 40 000. La future région est ainsi attractive pour les chercheurs et les étudiants. 15 % des ingénieurs formés en France, le sont entre Lyon, Grenoble, Clermont-Ferrand et Saint-Étienne. De bons résultats puisque chaque année, 6,5 milliards d’euros - soit 2,7 % du PIB régional - sont investis dans la recherche.

UNE RÉGION AU RAYONNEMENT EUROPÉEN

Avec ses 7,8 millions d’habitants, la nouvelle région pèsera peu ou prou l’équivalent de la Catalogne ou de l’Andalousie. Mais du point de vue eu-ropéen, le duo Auvergne-Rhône-Alpes a plusieurs arguments à faire va-loir. Comme par exemple son produit intérieur brut (PIB) s’élevant à 240 milliards d’euros. Un chiffre conséquent qui lui vaut sa place dans le clas-sement des huit régions européennes les plus riches, devant la Catalogne (Espagne) et la Vénétie (Italie) mais derrière la Lombardie (Italie) et la Ba-vière (Allemagne). Une place bien venue, surtout pour Gérard Collomb, maire de Lyon, qui a souvent vu sa ville comparée à celle de Barcelone. L’Auvergne-Rhône-Alpes détient également un atout de taille : son indus-trie solide notamment dans le caoutchouc, la métallurgie, l’aéronautique, la chimie et la pharmacie. Cependant, lors de ces quinze dernières an-nées, l’emploi industriel a diminué plus que dans les grandes régions alle-mandes. La part des grands groupes comme Sanofi, Somfy, Michelin ou encore Casino est évidemment prépondérante. À titre d’exemple, environ 50 % des salariés sont employés par ces grandes entreprises. Une part qui contribue en grande partie à l’excédent de la balance commerciale régio-nale. Mais la nouvelle région pourra également s’appuyer sur ses quinze pôles de compétitivité et ses dix-neuf clusters afin d’étoffer sa visibilité européenne. Rappelons que la future région sera la deuxième plus grande de France, aussi grande que l’Irlande, aussi peuplée que la Suisse et aussi riche que la Finlande. C’est donc par sa taille et par son poids démogra-phique et économique que l’Auvergne - Rhône-Alpes est appelée à devenir une des toutes premières régions d’Europe.

240 / 203Le PIB d’Auvergne Rhône-Alpes s’élève à 240 milliards d’euros contre 203 pour la Catalogne. À titre de comparaison, sans la fusion avec l’Auvergne, le PIB de la région Rhône-Alpes at-teint les 196 milliards d’euros.

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CHIFFREZ

LE 25 NOVEMBRE 2014, L’ASSEMBLÉE NATIONALE A VOTÉ EN SECONDE LECTURE UNE NOUVELLE CARTE DE FRANCE COMPOSÉE DE TREIZE RÉGIONS. LES DÉPUTÉS ONT ACTÉ L’UNION DES RÉGIONS RHÔNE-ALPES ET AUVERGNE. RESTE À SAVOIR CE QUE CHACUNE DE CES DEUX RÉGIONS APPORTERA L’UNE À L’AUTRE ET LE POIDS QUE CETTE UNION AURA, DU POINT DE VUE EUROPÉEN.

7,8 / 7,5Malgré la différence de PIB entre les deux régions, la popula-tion de la Catalogne (7,5) reste globalement similaire à celle d’Auvergne-Rhône-Alpes (7,8), 2e région de France la plus peuplée derrière l’Île-de-France (12 millions). La Catalogne est également la deuxième région de l’Espagne derrière l’An-dalousie (8,4 millions).

8,8 / 7,4Même si cette statistique apparaît importante pour la région Auvergne-Rhône-Alpes , il s’agit en fait du plus faible taux de chômage en France. Quant à la région lombarde, elle aussi détient le plus faible taux du territoire italien. La crise écono-mique ayant sévèrement frappé, 7,4 % de sa population active est au chômage. Plus d’un point sépare donc la Lombardie de l’Auvergne – Rhône-Alpes.

4E D’EUROPELa région Auvergne-Rhône-Apes est la quatrième région de l’Union Européenne par son nombre de brevets communau-taires. Preuve d’une dynamique économique conséquente.

EUROPE

30,9 %Ce pourcentage représente la part des moins de 25 ans. Dans les régions européennes des pays voisins, seules le Nord Pas de Calais Picardie et la région de Bruxelles ont un taux plus élevé (respectivement 33,3 et 31,4 %).

Florentin Perrier

Page 19: Elections régionales "Aura" Magazine de l'ISCPA Lyon

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4 126 800 LOGEMENTS

19 % des logements sont issus de l’ancienne région Auvergne et 81 %, de Rhône-Alpes.

INTERRÉGIONAL

3,3 VACHES POUR 10 HABITANTS

1,17 vache par habitant en Auvergne contre 0,15 vache par habitant en Rhône-Alpes.

+ DE 8 %8,9 % du PIB de Rhône-Alpes et 8,3 % du PIB pour l’Au-vergne. Il s’agit ici de la part du PIB provenant du tourisme, pour chacune des deux régions.

NATIONAL

Le taux de la richesse nationale que produit cette nouvelle région Auvergne–Rhône-Alpes s’élève à 11,4%, représentant un PIB de 31.500 euros par habitant. Par comparaison, cette fusion concerne 11,9 % de la population française, soit un PIB de 32.227 euros par habitant.

11,4 / 11,9 %

30.120 / 25.956 €Il s’agit ici du salaire annuel moyen par ménage. Celui de la région Rhône-Alpes dépasse les 30.000 euros alors que celui de l’Auvergne est en dessous de 26.000. À savoir que le salaire annuel moyen en France s’élève à 28.920 euros.

330.982 / 64.523En région Rhône-Alpes, le nombre de demandeurs d’emploi inscrits à Pôle Emploi en catégorie A (c’est-à-dire sans au-cune activité) fin septembre 2015 s’établit à plus de 330.000 (8,6%).  En Auvergne, ce nombre s’élève à plus de 64.000 (8,7%). En France, toujours fin septembre 2015, ce chiffre atteignait les 3.457.000(10,5%) demandeurs d’emploi de caté-gorie A.

13 %La nouvelle région Auvergne-Rhône-Alpes atteindra une su-perficie proche de 69.711 kilomètres carrés, soit l’équivalent de 13 % du territoire métropolitain national. En France mé-tropolitaine, seules l’Aquitaine Limousin Poitou-Charentes et le Languedoc-Roussillon Midi-Pyrénées détiennent une part plus importante du territoire. Les deux détenant respective-ment 84.000 et 73.000 kilomètres carrés.

109 / 116La densité de la future région Auvergne – Rhône-Alpes s’élè-vera à 109 habitants au kilomètre carré contre 116 en France métropolitaine.

25 / 21En Auvergne-Rhône-Alpes, l’industrie, l’agriculture et la construction concentrent 25 % des employés. Au niveau na-tional, ce taux s’élève à 21 %.

15 %Cette nouvelle région représentera 15 % de l’industrie fran-çaise. Elle occupe la deuxième place avec 500.000 emplois concernés. La Bourgogne Franche-Comté, quant à elle, est en tête de ce classement avec 20 % de l’industriel national.

© Lyon Capitale

Page 20: Elections régionales "Aura" Magazine de l'ISCPA Lyon

BUDGETS 2015 : DEUX REGIONS AUX PRIORITES COMMUNES

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CHIFFREZ

D’ un côté il y a le budget de la région Rhône-Alpes, évalué à 2,48 milliards d’euros en 2015. De l’autre, celui de l’Au-vergne, qui se chiffre à 671 millions d’euros. Des écarts considérables et d’évidentes disparités, en apparence. Car

en s’y penchant de plus près, on constate que les deux régions ont finalement de nombreux points communs en termes de répartition de leur budget. Et un an avant leur union officielle, les deux régions ont vu certaines de leurs compétences se renforcer. L’accent a été mis sur les transports, la jeunesse et l’emploi durable.Les trois grands postes de dépenses en 2015 sont les mêmes dans les deux régions. Plus de la moitié de leur budget respectif est consa-crée aux prérogatives obligatoires : les transports représentent 632 millions d’euros en Rhône-Alpes (25%) et 138 millions en Auvergne (20%). La part du budget allouée aux lycéens et étudiants rhônalpins est de 549 millions d’euros (24%) et celle consacrée aux apprentis est dédiée de 489 millions d’euros (20%). Ces deux dernières orienta-tions se retrouvent du côté de l’Auvergne, mais la région privilégie la formation professionnelle et l’apprentissage (114,8 millions soit 17%) par rapport à l’enseignement (97 millions d’euros soit 14%). Au regard de la situation économique actuelle, les deux régions ont en effet renforcé leur budget destiné à la formation et à l’appren-tissage : la lutte contre l’illettrisme, la rémunération de personnes handicapées en formation, le maintien de bourses étudiantes d’au-tonomie ou la mise en œuvre d’un Service public régional de l’orien-tation sont autant de volets auxquels une grande partie des budgets des régions a été destinée en 2015.

Afin de répondre aux nouveaux enjeux de cette fusion, on constate du côté de l’Auvergne l’augmentation de ses moyens en termes de développement économique. Ainsi, son budget consacré à l’action économique est passé de 51 à 55 millions en un an, et ce, grâce aux dispositifs régionaux et aux fonds européens. A l’instar de la région Rhône-Alpes, qui confirme depuis quelques années son engage-ment pour l’internationalisation de ses entreprises, des efforts sup-plémentaires ont été fait par l’Auvergne pour favoriser l’ouverture des entreprises aux marchés mondiaux, notamment grâce à un Plan régional d’internationalisation des entreprises (PRIE). Mais l’action internationale, dont la part est minime, n’apparaît pas distinctement dans le budget de l’Auvergne. Si en termes d’économie, d’aménagement du territoire et d’environ-nement, le budget accordé par les Conseils régionaux reste équi-table, ce n’est pas le cas pour les dépenses liées au fonctionnement des services généraux et à la charge de la dette : ces dernières re-présentent près d’un quart du budget de l’Auvergne, environ 167 millions d’euros, contre seulement 12 % en Rhône-Alpes. Toutefois, ces chiffres sont à nuancer : le budget de Rhône-Alpes consacré aux services généraux et à la dette ne prend pas en compte la rémuné-ration du personnel des lycées, incluse dans leur politique « lycées et universités ».

Au vu de ces statistiques relativement homogènes, le futur budget du Conseil de la région Auvergne-Rhône-Alpes devrait ressembler à ceux de 2015. Mais comme le veut la loi, les élus se décideront au plus tard le 31 mars 2016.

LA FUSION DES RÉGIONS SONNE LE GLAS DES BUDGETS RESPECTIFS DE RHÔNE-ALPES ET D’AUVERGNE. EN REGROUPANT À LA FOIS SA POPULATION, SON TERRITOIRE ET SES COMPÉTENCES, C’EST ÉGALEMENT SON BUDGET QUE LA NOUVELLE RÉGION SE DEVRA DE MUTUALISER. C’EST DANS CE CONTEXTE INSTITUTIONNEL INÉDIT QUE SE SONT INSCRITS LES DEUX DERNIERS BUDGETS 2015 DE RHÔNE-ALPES ET D’AUVERGNE.

RÉPARTITION DU BUDGET EN RHÔNE-ALPES (2015)

RÉPARTITION DU BUDGET EN AUVERGNE (2015)

Charlène Ravella

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LA MÉTROPOLE, TERREAU DES START-UP DU NUMÉRIQUE

E n janvier dernier la Métropole de Lyon absorbait à sa naissance toutes les préro-gatives du conseil général du Rhône - à savoir : le RSA, les personnes âgées… –

sur le territoire de métropolitain. Elle devenait par là même une collectivité territoriale à part entière, au même titre que la Région, de ce fait la Métropole pouvait prétendre au pilotage des politiques économiques sur son territoire. Pendant de longs mois Gérard Collomb, pré-sident PS de la Métropole et Jean-Jack Quey-ranne, président PS de la région Rhône-Alpes, se sont disputés ce fameux pilotage des poli-tiques économiques. Cependant, sous l’ère du Grand Lyon le développement économique était une compétence partagée entre les deux entités. Sur de nombreux projets d’investisse-ments, les deux collectivités territoriales ont travaillé main dans la main, la Région appor-tant alors des financements à des projets portés par le Grand Lyon et inversement. C’est le cas notamment du projet TOTEM qui devrait d’ici 2017 donner naissance à une Silicon Valley à la lyonnaise, où seront regroupées des start-ups

évoluant dans le secteur du numérique.

UNE GUÉGUERRE INTERNE AU PS Ce n’est pas la mue du Grand Lyon en Métro-pole (collectivité territoriale) ou la prochaine fusion des régions Auvergne et Rhône-Alpes, qui ont initié cette guéguerre entre les deux dirigeants PS. Mais le souhait des régions, au niveau national, de s’accaparer la compétence économique, qui est évoqué comme déclen-cheur à la Métropole. Car « même si fonciè-rement la Métropole a besoin de la région, sans pouvoir de décision nous n’aurions plus eu notre destin en main » - « on ne peut pas laisser la deuxième agglomération de France se laisser dicter ses choix par une entité régionale ». La prise de position de Gérard Collomb semblait donc nécessaire pour permettre à la Métropole de garder un pouvoir décisionnaire afin que le pouvoir local puisse pousser les projets qui lui importent. Le président Hollande rappelait au Congrès des régions de France que celles-ci sont les chefs de file du développement éco-

nomique. À la Région Rhône-Alpes lorsque l’on pose la question « du rôle de la Région en matière d’économie », on se réfère au texte de loi et plus précisément aux articles 2 et 3 qui stipulent que « la Région sera responsable, sur son territoire, de la définition des orientations en matière de développement économique » et on rajoute que « les actions de la Métropole seront adoptées conjointement et après concer-tation avec la Région ». Cependant, outre le développement économique il semble au-jourd’hui quasi certain que la Métropole de Lyon cherchera à être associée aux autres sché-mas économiques, à savoir l’aménagement du territoire et le développement durable, l’inves-tissement immobilier, le copilotage des pôles de compétitivité ou encore le soutien à la poli-tique universitaire. Le schéma économique de la Métropole de Lyon qui fixera ses positions, devrait être fixé au début de l’année 2016 « il va donc y avoir des co-discussions avec la Région », évoque t’on à la Métropole.

D epuis quelques années, la métropole lyonnaise s’est rendue maîtresse dans un secteur : celui du numérique, rapi-dement devenu un moteur d’emplois.

Deuxième centre névralgique du numérique en France, avec près de 42 000 emplois et 7 000 entreprises, la collectivité territoriale lyonnaise a fait de ce pôle, son 3e secteur d’excellence se-lon ses dires, après les sciences de la vie et les biotechnologies.

MÉTROPOLE ET RÉGION MAIN DANS LA MAIN

Les projets entrepris sous l’ère de la commu-nauté urbaine se poursuivent, depuis la mue de ce dernier en métropole au 1er janvier der-nier. Le territoire de la métropole est strié de quartiers dédiés au numérique et aux petites entreprises, à l’image du quartier de la Part-Dieu qui regroupe pas moins de 7 000 emplois dans les télécoms et le numérique. Ou encore le Pôle Pixel de Villeurbanne qui accueille plus

de 70 entreprises spécialisées dans le son et l’image. Cependant, ces derniers temps, le nom d’un projet est dans toutes les bouches dans le milieu du numérique : le Lieu Totem. Après le Blend Web Mix, la conférence « tech » que Lyon accueille depuis 2013 et qui l’a fait connaître en Europe, la ville devrait, d’ici 2017, avoir sa vitrine internationale en terme de numérique grâce au projet Totem - co-financé par la Mé-tropole de Lyon et la Région Rhône-Alpes à hauteur de 10 millions d’euros. Malgré sa pe-tite taille, cette Silicon Valley à la lyonnaise a de grandes ambitions. À terme, le but est de faire de ce lieu, une référence européenne en ma-tière de création numérique en accueillant des start-up avec un fort potentiel de croissance.

« FRENCH TECH », LE SYMBOLE DE SUCCÈS

Nombreuses sont les associations et les réseaux qui contribuent au succès de ces start-up. La métropole a, quant à elle, mis en place six accé-lérateurs, huit incubateurs ainsi qu’une quin-

zaine d’espaces de co-working afin de favoriser la croissance de ces jeunes pousses. Le label métropole French Tech, que le Grand Lyon s’est vu attribué en 2014, est venu confirmer la bonne santé de l’écosystème numérique du territoire de la collectivité. Cette labellisation a pour but de mettre en réseau les différents pôles numériques français afin de créer un col-lectif national capable d’accompagner les en-treprises et start-up dans leur expansion inter-nationale. La métropole s’impose donc comme le fer de lance du numérique dans la nouvelle région Auvergne Rhône-Alpes.

DEPUIS PLUSIEURS MOIS MAINTENANT LA MÉTROPOLE DE LYON ET LA RÉGION SE LIVRAIENT À UN BRAS DE FER AFIN DE SAVOIR QUI DES DEUX COLLECTIVITÉS TERRITORIALES OBTIENDRAIT LE LEADERSHIP ÉCONOMIQUE. COMPÉTENCE QUI PERMETTRAIT À L’UNE OU L’AUTRE D’AFFIRMER SA PUISSANCE POLITIQUE.

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DEPUIS QUELQUES ANNÉES LYON FAIT PARTIE DES VILLES LES PLUS ATTRACTIVES AU MONDE EN TERMES D’INVESTISSEMENTS INTERNATIO-NAUX. SITUÉE AU 19E RANG MONDIAL, ELLE DEVANCE MÊME DES MÉGALOPOLES COMME NEW-YORK.

H. J

Hadrien Jame

GESTION DE L’ÉCONOMIE : TENTIONS ENTRE LA MÉTROPOLE ET LA RÉGION

Pour connaître les chiffres du chômage, retournez

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Page 22: Elections régionales "Aura" Magazine de l'ISCPA Lyon

S’ il est un domaine qui met tous les élus d’accord, c’est l’exploitation des forêts et ce pour deux raisons. La super ré-gion est particulièrement en retard

«l’exploitation est insignifiante et la forêt gagne du territoire» confie Jeannie Tremblay, conseil-lère régionale EELV. L’accumulation des terres en friche due à l’expansion géographique des forêts engendre un risque environnemental. « Avec l’invasion de certains parasites, les ma-ladies du bois se répandent et font des ravages, cela fragilise les racines et peut entraîner des glissements de terrain », ajoute la conseillère régionale écologiste Claude Comet. Outre l’as-pect environnemental, l’exploitation des forêts donnerait à AURA un nouveau rayonnement économique et la qualité du bois de montagne (ex : labellisation bois des Alpes) offrirait un accès facilité sur les marchés. Mais ce chantier de grande ampleur représente un investisse-ment en amont très important.

POURQUOI UN TEL RETARD ?

Pour André Collas, administrateur pour l’asso-ciation FRAPNA* Savoie, ce projet d’exploita-tion est loin d’être gagné. « Les grands projets

fourmillent, mais concrètement il ne se passe pas grand-chose, les frais d’exploitation sont trop im-portants et la gestion du foncier est un véritable chemin de croix ». Il faut savoir qu’en dehors des zones protégées, seulement un quart des forêts de la région appartient à l’ONF*, le reste est réparti entre d’innombrables propriétaires privés. Pour pouvoir avoir une gestion unifiée de ces parcelles, il faut contacter chaque pro-priétaire, ce qui représente un travail colossal. « Une même parcelle appartient souvent à plu-sieurs propriétaires qui en ont hérité et ne s’en occupent pas », ajoute Jeannie Tramblay. En outre dans certaines zones de haute altitude, les pentes raides rendent très difficile l’accès aux engins. « Dans les Bauges (Haute-Savoie) l’exploitation telle qu’elle se pratique majoritai-rement en France est impossible, il faut prendre exemple sur l’Autriche qui exploite très bien ses forêts de haute altitude grâce au débardage par câble », explique madame Tremblay. Cette mé-thode consiste à accrocher la charge de bois à un chariot qui roule sur un câble fixe. Cette forme de débardage vise à limiter les impacts sur le sol puisqu’elle évite le recours aux engins pour l’extraction du bois. L’exploitation via le débardage par câble est en cours d’expérimen-

tation dans les Bauges « mais il y a encore du travail », précise J. Tremblay. Pour Olivier Kel-ler, conseiller régional EELV, le potentiel d’AU-RA pour l’exploitation du bois est indéniable mais il faut penser local : « il est primordial que ces tâches d’exploitation soient confiées à de toutes petites unités, nous devons absolument éviter l’exploitation par des grosses centrales qui mènerait à une déforestation massive ».

Entre énormes frais en amont, gestion foncière très difficile et enjeu environnemental, étendre l’exploitation forestière en AURA ne sera pas tâche aisée. Mais certaines initiatives déjà en cours permettront d’ouvrir la voie aux pro-chaines.

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RESPIREZ

QUEL AVENIR POUR

NOS MONTAGNES ?

DES FORÊTS SOUS-EXPLOITÉES

AURA EST LA PLUS GRANDE RÉGION EUROPÉENNE DE MONTAGNES, ET POSSÈDE D’IMMENSES RESSOURCES NATURELLES. DANS LE CADRE DE LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE, IL EST DU DEVOIR DE CHAQUE RÉGION DE MODIFIER SON MODE DE CONSOMMATION EN ÉNERGIE EN RÉDUISANT L’UTILISATION DU NUCLÉAIRE ET DES ÉNERGIES FOSSILES AUX PROFITS DES ÉNERGIES RENOUVELABLES. C’EST POURQUOI L’UTILISATION RAISONNÉE DU BOIS POUR LA CONSTRUCTION ET LE CHAUFFAGE REPRÉSENTE UN PROJET DE GRANDE AMPLEUR POUR AURA.

LEXIQUE *

FRAPNA : Fédération Rhône-Alpes de la pro-tection de la nature

ONF : Office national des forêtsNATURA 2000 : Ensemble des sites naturels

européens PNR (EXISTANTS) : Baronnies provençales,

Chartreuse, Haut-Jura, Livradois Forez, Massif des Bauges, Monts d’Ardèche, Pilat, Vercors,

Volcans d’Auvergne

Page 23: Elections régionales "Aura" Magazine de l'ISCPA Lyon

P our nous, écologistes, le nouveau modèle économique des stations de ski phares comme Courchevel est plutôt positif, dans le sens où l’exten-

sion des domaines skiables n’est plus ou peu envisagée », explique Jeannie Tramblay. Etendre une station de ski représente des frais pharaoniques et des procédures ad-ministratives sans fin, c’est pourquoi les grandes stations alpines ont adopté depuis plusieurs années une nouvelle stratégie de développement économique, « plutôt que d’agrandir les domaines skiables, ils préfèrent augmenter le prix des forfaits et ainsi toucher une clientèle plus aisée, cela leur permet de rentrer dans leurs frais sans investir dans d’énormes chantiers très cou-teux ». Avec des prix avoisinant 50 euros la journée, le ski alpin est désormais le loisir d’une tranche de population plutôt aisée. « Le problème c’est que les locaux ne peuvent plus profiter de leurs montagnes en hiver malgré les initiatives solidaires des muni-cipalités (bons de réduction, offres promo-tionnelles...). Ce modèle économique n’est pas équilibré », insiste Claude Comet.

En revanche, pour les stations de moyenne montagne dont les prix sont plus abor-

dables, cette stratégie ne peut fonctionner. Pour assurer la pérennité économique de ces stations, beaucoup misent encore sur la solution classique : celle de l’extension. Mais depuis l’émergence des réflexions écologistes de ces dix dernières années, les législations se sont durcies et il est au-jourd’hui très difficile d’obtenir les auto-risations d’extension. Le domaine skiable de Chamrousse (Massif de Belledonne) est un bon exemple : le projet d’exten-sion existe depuis plusieurs années mais se heurte à une réglementation sévère. « Le domaine des Vans (localité choisie pour l’extension) est une zone classée Natura 2000*, un projet d’extension est donc tout à fait illusoire », explique André Collas. Pour Jeannie Tremblay, la solution réside dans la diversification des activités de montagne : « Il faut développer un tou-risme quatre saisons en diversifiant les acti-vités de pleine nature comme le parapente, le canyoning, la randonnée ou le vélo tout en respectant scrupuleusement l’équilibre écologique de ces zones. La montagne est le dernier espace sauvage qu’il nous reste ».

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SI RIEN NE PEUT ÊTRE AFFIRMÉ QUANT À L’AVENIR DE NOS MONTAGNES, QUI REPRÉSENTENT 67% DU TERRITOIRE DE LA SUPER-RÉGION, LES PREMIERS TRAITS DE GRANDS PROJETS

SE DESSINENT DÉJÀ. ENTRE EXPLOITATION ET PRÉSERVATION DE L’ENVIRONNEMENT, LES ENJEUX SONT DE TAILLE. LES FUTURS REPRÉSENTANTS D’AURA AURONT POUR MISSION DE

TROUVER UN JUSTE ÉQUILIBRE POUR VALORISER LES TERRES D’ALTITUDE D’AUVERGNE-RHÔNE-ALPES.

LES STATIONS DE SKI CHANGENT LEUR MODÈLE DE DÉVELOPPEMENT

LES STATIONS DE SKI EN HAUTE ET MOYENNE MONTAGNE REPRÉSENTENT UN FORT ATTRAIT TOURISTIQUE EN AURA ET BIEN SÛR PLUS PARTICULIÈREMENT EN RHÔNE-ALPES. MAIS DEPUIS QUELQUES ANNÉES,

QUATRE PARCS NATURELS RÉGIONAUX (PNR)

EN PROJET

Parmi les projets phares d’AURA, la créa-tion de quatre nouveaux PNR* (Belledonne, Dombes, Aubrac et Sources et Gorges de l’Allier), qui viendront s’ajouter aux neuf* déjà existants. Mais concrètement, quelles sont les législations qui encadrent la gestion d’un parc régional ?Contrairement aux idées reçues la labellisa-tion Parc naturel régional n’est pas associée à des règles particulières de protection de la faune et de la flore mais consiste en la créa-tion d’une charte des communes contigües au parc. La labellisation PNR a deux voca-tions : fortifier le développement écono-mique d’une zone tout en conservant sa va-leur patrimoniale et son milieu naturel. Mais dans les faits, le développement économique prime souvent sur la protection de l’environ-nement. C’est notamment ce que dénonce le chercheur Jean-Christophe Mathias : « les PNR ont tendance à devenir de simples outils d’aménagement du territoire, oubliant leur di-mension naturelle ».

«ON CONSTATE UN REVIREMENT DE SITUATION QUANT AUX STRATÉGIES DE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE DES STATIONS.

Hélène Serbes

© Hélène Serbes

Page 24: Elections régionales "Aura" Magazine de l'ISCPA Lyon

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VOYAGEZ

20 milliards d’euros de consom-mation touristique, 56 millions de nuitées marchandes, 1,5 mil-liard d’euros d’investissement,

138 000 emplois salariés… Ces chiffres suf-fisent à comprendre la dimension particulière qu’occupe le tourisme dans l’économie de la future grande région Auvergne-Rhône-Alpes. Ce secteur clé représente en effet 8,9 % du PIB pour la région Rhône-Alpes et 8,3% pour l’Au-vergne. Si Rhône-Alpes s’affirme déjà comme la deuxième destination touristique de France, la région des volcans entend bien profiter de cette grandeur. Pour faire face à ce secteur en pleine mutation, Rhône-Alpes tourisme et le Comité régional de développement tou-ristique d’Auvergne (CRDTA) travaillent déjà de concert depuis 2011. Ce partenariat se tra-duit notamment par des actions de promotion communes. « Les deux régions préfigurent déjà une entité régionale unique », témoigne Ra-phael Bautista, directeur adjoint du CRDTA. C’est le cas lors du salon international « Ren-dez-vous en France » qui se tient chaque année début avril. Les deux régions s’y associent pour séduire plus de 800 tours opérateurs étrangers venus chercher de nouveaux hébergements pour leurs catalogues. Car si l’Auvergne enre-gistre ces dernières années une progression de sa clientèle étrangère, la grande majorité reste hexagonale. 20% des touristes sont même Rhô-nalpins. Pour l’Auvergne plus que pour Rhô-

ne-Alpes, l’objectif est d’accentuer les efforts et de capter davantage de clients étrangers : « Rhône-Alpes travaille déjà sur des marchés lointains comme le Japon, les Etats-Unis ou le Canada. Comme il se positionne déjà sur la scène internationale, c’est une manière pour l’Auvergne de s’appuyer sur ses connaissances », explique Raphaël Bautista.

DES REGIONS CONCURRENTIELLES OU COM-PLEMENTAIRES ?

N’en déplaise aux plus sceptiques, l’Auvergne s’affirme également sur le plan touristique. La région a fait une entrée remarquable dans le Best of 2016 du voyage de Lonely Planet. En prenant la 6ème position du classement des ré-gions à visiter dans le monde, la région des vol-cans s’est faite une publicité inédite. La région a mis en place depuis 2008 des hébergements « Nattitude », combinant à la fois un environ-nement de qualité et des logements éco-res-ponsables. Un label que les Auvergnats ont déjà exporté hors de leurs frontières et qui intéresse aujourd’hui les Rhônalpins. Pour Marc Béchet, directeur général de Rhône-Alpes Tourisme, c’est une évidence : « dans le tourisme, il n’y a ja-mais de concurrence. Plus nous sommes concen-trés, plus nous travaillons ensemble et plus nous renforçons notre attractivité. L’Auvergne propose davantage d’activités estivales tandis qu’elles sont plus hivernales en Rhône-Alpes. C’est un

bon équilibre que les deux régions recherchaient depuis longtemps ». Cette complémentarité se retrouvera dès 2016 dans un pôle de forma-tions professionnelles, « Trajectoire tourisme », organisé par les comités régionaux. Depuis janvier 2015, les services concernés travaillent main dans la main pour transmettre leurs sa-voirs aux professionnels du tourisme. Il s’agit par-là de mutualiser leurs outils de travail, lors de formations consacrées au marketing, au e-tourisme, aux langues étrangères, etc. L’ob-servation touristique constitue également un autre centre d’intérêt partagé. En s’appuyant sur la mise en commun de ses offres, de ses chiffres et de ses effectifs, « la nouvelle région est plus puissante, plus forte ». Selon Marc Bé-chet, la seule véritable crainte réside dans le fait que certains territoires puissent se sentir éloi-gnés des centres de décision. Et par conséquent qu’ils se renferment sur eux-mêmes. Pour pal-lier à ce danger, les comités soutiennent no-tamment la plateforme de travail collaborative « Apidae », qui met en relation les profession-nels du tourisme (des offices de tourisme par exemple) de toute la nouvelle super-région et les accompagnent dans la réussite de leurs projets numériques. Quant aux deux comités régionaux, ils devraient fusionner au 1er janvier 2017. Sans grande difficulté d’homogénéisa-tion, les deux régions auront toute l’année pro-chaine pour adopter une perspective unique.

Avec ses 811 000 visi-teurs, le téléphérique de l’Aiguille du Midi, situé dans le massif du Mont-Blanc en Haute-Savoie,

est de loin le site rhônal-pin le plus fréquenté de l’année 2014. Un succès

dû notamment à une attraction : son plancher de verre et son vide de 1000 mètres, inauguré

en décembre 2013.

Inauguré en 1909, le che-min de fer du Montenvers – Mer de Glace, situé en

Haute-Savoie, a attiré 693 000 visiteurs en 2014.

Départ de la gare de Chamonix–Mont Blanc et arrivée à la Gare de

Montenvers vingt minutes plus tard. Un petit train

rouge tout droit sorti d’un autre temps parcourt, été comme hiver, sept kilomètres au rythme des sublimes paysages

hauts-savoyards.

En combinant parc ani-malier et parc d’attrac-tions, le PAL, implanté

sur la commune de Saint-Pourçain-sur-Besbre

dans l’allier, décroche la palme du site touristique le plus visité d’Auvergne. Créé en 1973, le PAL a vu son nombre de touristes doubler en moins de 20 ans: en 1998, ils étaient

288 000 visiteurs, aujourd’hui le parc en

accueille plus de 512 000 par an.

À 15 kilomètres au nord de Clermont-Ferrand

(Puy-de-Dôme) se trouve le Parc européen du volca-nisme, plus connu sous le nom de Vulcania. 334 000 visiteurs se sont rendus en 2014 dans ce parc à thème au cœur de la chaîne des

Puys. Mais depuis son ouverture, sa fréquenta-tion n’a cessé de baisser :

ils étaient plus de 600 000 visiteurs en 2002.

Inauguré en décembre 2014, le musée des

Confluences à Lyon est en passe de devenir le site le plus visité de la

région. En juin dernier, le mastodonte situé au

confluent du Rhône et de la Saône dépassait déjà

ses objectifs de fré-quentation prévus pour

l’année 2015. Plus de 500 000 visiteurs s’y sont

déjà pressés.

TOURISME : UNE SUPER-REGION COMPLEMENTAIRESECTEUR STRATÉGIQUE ET ESSENTIEL POUR LA RÉGION RHÔNE-ALPES, LE TOURISME N’EN RESTE PAS MOINS IMPORTANT EN AUVERGNE. A ELLES DEUX, ELLES RÉUNISSENT 20 MILLIARDS D’EUROS DE CONSOMMATION TOURISTIQUE PAR AN. LOIN DE SE SENTIR EN CONCURRENCE, LES DEUX RÉGIONS COOPÈRENT DÉJÀ DEPUIS QUELQUES ANNÉES ET COMPTENT BIEN FAVORISER LEUR COMPLÉMENTARITÉ. DÉCRYPTAGE.

Charlène Ravella

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SURVOLEZVOYAGEZ - L’Auvergne-Rhône Alpes est une région où il fait bon vivreA en croire le millier d’habitants de la région interrogé par l’institut de sondage BVA en octobre dernier, 92% d’entre eux s’y plaisent. Classée en 5ème position des régions préférées des Français, Auvergne Rhône-Alpes se place au-delà de la moyenne nationale en termes de satisfaction (86%). 21% estiment que la situation s’y est améliorée ces dernières années, et 54% se disent optimistes quant à l’avenir de leur région.

DEGUSTEZ - Ils se sont enfin dits oui ! En décembre 2014, l’association des Toques Blanches Lyonnaises qui fait rayonner la gastrono-mie dans le monde entier, a proposé à l’Auvergne de s’unir. Après un long silence, cette dernière vient à peine de répondre à l’affirmative, 11 mois après la demande. Il était temps... À quelques semaines de la fusion des deux régions, on ne parlera peut-être plus seulement de Lyon dans le monde, mais de la région Auvergne-Rhône-Alpes, en tout cas au niveau culinaire !

MILITEZ – Savoyards ou Savoisiens ?Les indépendantistes de Savoie et Haute Savoie se revendiquent savoisiens et non savoyards. Le terme est selon eux péjoratif. « Savoyards » désigne les habitants des départements devenus fran-çais après l’annexion de 1860, auquel ils ne s’identifient pas. Avant l’annexion, le territoire était habité par les « savoisiens ». Le dictionnaire Robert de 1989 donne la définition suivante « paysan grossier, ramoneur, employé comme injure au XIXe siècle ». La connotation est négative.

CHIFFREZ – Lyon ou Clermont Ferrand qui est la plus cool ? Récemment Merci Alfred tentait d’établir un palmarès des 32 villes de plus de 100 000 habi-tants les plus cools de l’hexagone. Sont mis en concurrence restaurants, bars et lieux pour sortir. Lyon termine en 3ème position des villes les plus cools, quand sa nouvelle sœur régionale Cler-mont-Ferrand flirte avec les derniers de classes à la 17ème place. Lyon est considérée comme la capitale des théâtres et concerts avec une salle de spectacle pour 6677 habitants.

VOTEZ - Quand Jean-Jack Queyranne méprise Laurent WauquiezLe 13 novembre, Jean-Jack Queyranne (PS) a refusé de serrer la main à Laurent Wauquiez (UMP), lors du Rendez-vous du Carnet de voyages à Clermont-Ferrand. Pour justifier son geste, le président sortant socialiste a utilisé l’humour sur Twitter : « Laurent Wauquiez n’avait pas mis sa parka rouge, je ne l’ai pas reconnu du coup ! » De son côté, le député de Haute-Loire a dénoncé le « manque total d’esprit républicain que de ne pas saluer le candidat de l’opposition ».

BOUGEZ – Lyon-Montréal, ce sera possible dès juinPlus question du Lyon New-York comme en 2000 et 2008, mais d’une liaison Lyon-Montréal. La compagnie aérienne Air Canada, qui dessert déjà Montréal et Toronto depuis Paris, débutera son activité sur Lyon le 17 juin prochain. Cinq vols hebdomadaires, puis trois en hiver. Les Canadiens développent leur hub de Montréal qui permet un transit facile vers des dizaines de destinations aux États-Unis dont New-York. C’est donc indirectement un Lyon-New York qui se met en place.

SORTEZ - Les musiciens de jazz clermontois formés à VilleurbanneMalgré son festival de grande qualité, Clermont-Ferrand ne dispose d’aucune structure diplô-mante pour les jazzmen. Josselin Hazard, batteur de génie des Blackstone Orchestra, s’est formé en partie à Clermont-Ferrand, mais a dû se rendre à l’École Nationale de Musique de Villeur-banne pour valider ses acquis en jazz et pour se perfectionner. Si les festivals de jazz risquent de rentrer en concurrence avec la fusion, les musiciens, eux, évoluent pour l’heure ensemble.

VOTEZ – La procuration, mode d’emploiSi vous ne pouvez pas vous déplacer ou si vous êtes absent le jour des élections régionales, les 6 et 13 décembre, établissez une procuration. Pour ce faire, il suffit de remplir le formulaire Cerfa n14952 sur le site du ministère de l’intérieur. Le formulaire doit être apporté dans un tribunal d’instance, un commissariat de police ou une ambassade, si vous êtes à l’étranger. Assurez-vous de désigner une personne de confiance comme mandataire afin qu’elle vote comme vous le souhaitez.

TRANSPIREZ - Décentraliser la « formation sportive »Créer un pôle de formation d’excellence dédié aux métiers du sport : c’est l’objectif assumé de la super-région pour étendre son rayonnement, pourtant bien établi à l’échelle nationale (Olym-pique Lyonnais, en football), voire à l’échelle internationale avec (ASM Clermont-Auvergne, en rugby). Ce pôle, issu d’un transfert de compétences du ministère des sports vers la région, offrira à l’AuRa, les moyens de ses ambitions.

RESPIREZ - Bientôt le haut-débit en montagneL’un des grands projets de la fusion Auvergne/Rhône-Alpes a pour but d’améliorer la qualité du réseau internet dans les zones montagneuses. Le Conseil montagne 2040 s’est réuni le samedi 27 juin dernier au Mont-Gerbier-de-Jonc en Ardèche autour du sujet du numérique. L’objectif, pla-cer AURA à la première place des régions 100% connectées. Jean-Jack Queyranne a promis lors du dévoilement de son programme le 24 octobre dernier qu’il ferait d‘Auvergne-Rhône-Alpes « la première région numérique d’Europe pour le très haut débit ».

Pour les musicos et les cinéphiles, allez directe-

ment à la PAGE 28

Pour en savoir plus sur l’avenir du sport en

AURA, sautez 5 PAGES.

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BOUGEZ

LYON-CLERMONT : UN PÉRIPLE ENTRE LES CAPITALES DES ANCIENNES RÉGIONS

C’ est au départ de la gare de Lyon Part Dieu que débute notre périple. Le trajet dure entre 2 h 30 et 3 heures en train, contre 1 h 45 et 2 h 15 en

voiture. Et contre toute attente, on prend déjà cinq minutes de retard avant même de sortir de Lyon. Entre Perrache et Part-Dieu visiblement, c’est la guerre. L’axe Lyon-Clermont est pour l’heure traversé par des TER qui dépendent des pouvoirs de la région, qui dispose d’un rôle im-portant dans les connexions intra régionales. Le prix de départ de ce trajet est de 35, 50 € contre 12 € en moyenne en covoiturage. Pour un Auvergnat, le choix est vite fait. Dans chaque wagon, on retrouve les mêmes complaintes. Gaëlle, 32 ans, déclare : « Pas assez de trains ». Eh oui, entre Lyon et Clermont-Ferrand, seule-ment quatre-cinq trains circulent à des heures décentes. « Et encore, il faut trouver des places assises », poursuit-elle. Pour ceux qui en dis-posent, la présence de prises électriques relève de l’exceptionnel, hormis en première classe où, pour le coup, l’électricité est un budget. Il est par ailleurs nécessaire d’être de petite taille, car l’espace entre les sièges demeure spartiate. L’accès au billet reste très traditionnel, au grand désespoir des amateurs de smartphones. Si à Moulins-sur-Allier, 5e ville d’Auvergne, l’uti-lisation du e-billet est monnaie courante, à Clermont-Ferrand, on fait la queue devant les distributeurs et les guichets.

UN VOYAGE INTERMINABLE

Les problèmes de confort sont une chose, mais les problèmes de retard et de temps de trajet sont indécents. Un aller-retour dans la jour-née peut vous prendre 6-7 heures de temps, en comptant les retards et les correspondances entre bus et train quasi-systématiques. Large-ment le temps de lire un ou deux bouquins. En effet, en ce moment, la ligne est en tra-vaux. Attention, il faut bien entendre travaux d’entretien; entre les voleurs de cuivre dans les campagnes et l’usure des rails d’une ligne ou-bliée, il y a visiblement du boulot. On est en-core loin des projets de TGV qui fleurissaient il y a quelques années ; encore une discussion de comptoir auvergnate qui s’est sûrement ter-miné à coup de poing dans une cour de ferme. C’est ainsi que pour vous rendre à Clermont de Lyon, il vous arrive de prendre un car à Saint-

Germain-des-Fossés ou à Roanne ou même de passer quatre heures dans un bus pour faire 186 bornes.

LE CHANGEMENT, CE N’EST PAS MAINTENANT

Du côté des chefs de bords et de la SNCF, au-cune amélioration ne semble être envisagée. Les contrôleurs et la hiérarchie, se renvoient la

balle. Tout paraît flou. Même si les promesses de campagne vont dans le bon sens, le budget ne sera sans doute pas prioritaire. Auvergne Rhône-Alpes se profile finalement comme une région mi-dynamique, mi-enclavée au grand désespoir de ces habitants qui ne demandent qu’à partager.

TER, TRAIN ÉVIDEMMENT RETARDÉ. ENTRE LES TRAVAUX À RÉPÉTITION ET LES PRIX EXORBITANTS, LES AXES DE TRANSPORTS DE LA RÉGION DEVRAIENT ÊTRE UN GROS ENJEU DES RÉGIONALES. ENQUÊTE.

Louis-May Jarrier

Pour les râleurs, retour-nez à la PAGE 9

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TRANSPORTS A TRAVERS LA SUPER-RÉGION : QU’EST-CE QUI VA CHANGER ?

LES TRAINS EXPRESS RÉGIONAUX SONT L’UN DES THÈMES DE CAMPAGNE PHARE DES CANDIDATS. FOCUS SUR LES NOUVEAUTÉS QU’OFFRENT LA FUSION AUVERGNE-RHÔNE-ALPES.

entre Clermont-Ferrand et Lyon sera créée. Ces trains ne marqueront pas d’arrêts intermé-diaires entre les deux villes afin de proposer un temps de parcours optimisé.

LES HORAIRES EN SONT LES SUIVANTS :

Départ Clermont-Ferrand : 7h05Arrivée Lyon Part-Dieu : 9h17Départ Lyon Part-Dieu : 19h40

Arrivée Clermont-Ferrand : 21h54

Par ailleurs, toujours dans le cadre du rappro-chement des deux régions, l’actuel président du conseil régional Rhône-Alpes, Jean-Jack Quey-ranne s’est engagé à financer la rénovation de la ligne Saint-Étienne - Clermont-Ferrand (via Boën, Noirétable, Thiers). Une rénovation pour que les TER puissent retrouver les temps de parcours qui étaient les leurs (2 heures) avant les ralentissements imposés sur certains secteurs par l’état de la voie. Ces limitations de vitesse imposent 40 minutes supplémentaires sur cet axe et réduisent le débit des circulations de façon significative.

En dehors de ces deux informations, il est diffi-cile de savoir ce qui va changer dans la fréquen-tation des gares ou les habitudes des usagers. A ce stade, peu sont ceux qui pourraient se pro-noncer avec certitude. On peut imaginer que les agents administratifs des services du futur conseil régional Auvergne – Rhône-Alpes, res-tés basés à Clermont-Ferrand, seront amenés à effectuer plus fréquemment le parcours entre les deux villes, pour des réunions par exemple. Mais cela relève de la spéculation.

En revanche, dans la mesure où il y aura un seul conseil régional, donc une seule autori-té organisatrice des transports régionaux au lieu de deux actuellement (et donc parallèle-ment une seule direction SNCF TER), ce qui va réellement changer, c’est l’harmonisation de la politique tarifaire des TER entre l’Auvergne et Rhône-Alpes. Sans oublier l’harmonisation des offres commerciales (actuellement les ser-vices marketing des deux directions TER sont indépendantes) et sans doute une dynamique nouvelle entre les deux « capitales ». Le contrat entre la région et la SNCF prend fin au 31 dé-cembre. Une nouvelle convention doit donc voir le jour. Cependant, Jean-Jack Queyranne a estimé que « les propositions faites par la SNCF n’étaient pas acceptables en matière de qualité de service et de besoins des usagers ». La société de transport prévoyait une réduction de l’offre des trains et une augmentation des charges appli-quées à la région. Faute d’accord, la signature de la nouvelle convention est repoussée à 2017 et sera effective à la future grande région Rhô-ne-Alpes Auvergne.

Ce mode de transports est utilisé chaque jour par 160 000 électeurs. En Rhône-Alpes, 650 millions d’euros sont consacrés aux TER chaque année. Grâce à une convention signée avec la SNCF, la circulation des trains régio-naux est financée à hauteur de 34 % par les re-cettes des achats de billets des usagers. Le reste, environ 450 millions d’euros, est assuré par le budget de la région. Dans le cadre de la fusion des régions Auvergne et Rhône-Alpes, la créa-tion d’une relation TER quotidienne directe

Cynthia Lauvergeon

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SORTEZ

JAZZ À VIENNE,UN FESTIVAL PRESTIGIEUX ET

GRANDISSANT

C haque année, Jazz à Vienne a ses énormes stars à la hau-teur de la solide réputation internationale du festival. Les pointures du jazz se bousculent pour venir se pro-duire sur la grande scène du Théâtre Antique. L’événe-

ment phare de la petite ville de Vienne a donc déjà vu de grands noms débarquer pour l’occasion. Chuck Berry, Ornette Coleman, Miles Davis, Eric Clapton, James Brown, Kool and the Gang, Ben Harper ou encore Marcus Miller, Jazz à Vienne ne se limite pas seulement aux musiciens professionnels et bourrés de talent. Le festival isérois se plaît à inviter, année après année, la crème de la crème, les légendes de la musique jazz. À chaque édition, la programmation est toujours plus grandiose et attise les convoi-tises. Lors de l’annonce des têtes d’affiches, les billets s’arrachent souvent en quelques heures.

UN ÉVÉNEMENT CAPITAL POUR VIENNE

Outre les nombreuses scènes consacrées aux géniaux jazzmen, le festival invite également le public à se retrouver sur d’autres scènes, cette fois-ci gratuites. Les jardins de Cybèle, une scène à ciel ouvert qui propose des concerts tous les jours le midi, les après-midis et le soir, permet à un un grand nombre de musi-ciens de la région de venir s’exprimer. Le JazzMix est également un lieu original où se retrouvent les amateurs de diverses ten-dances comme l’électro, le hip-hop, la soul et bien d’autres encore. Plusieurs autres infrastructures sont également mises en place pour permettre aux Viennois et aux visiteurs de déguster du jazz, d’une autre façon. Jazz à Vienne attire de ce fait un large public. La moitié vient depuis plus de dix ans au festival et un tiers du public, qui n’est pas fan de jazz, vient surtout pour l’ambiance. D’ailleurs, seul 12 % du public est originaire de l’agglomération viennoise, 30 % du Grand Lyon et 13 % habitent en dehors de la région Rhône-Alpes. Le festival attend tellement de monde chaque année que les retombées économiques globales de l’acti-vité de l’événement sont estimées à 17 millions d’euros.

JAZZ EN TÊTE,JAZZ BOUGNAT FESTIVAL

J azz en tête est un festival organisé par des bénévoles, mais qui n’a rien de « cheap », grâce à une programmation qui, pour la 5e ville d’Auvergne Rhône Alpes, en ferait pâlir plus d’un. Créé par Xavier Felgeyrolle en 1988, ce festival a at-

tiré plus de 4 000 spectateurs et plus de 40 artistes entre le 20 et le 24 octobre 2015. Car Jazz en tête a fait de son partenariat outre-Atlantique, une force. Le festival est devenu une référence dans la promotion de la scène new-yorkaise en France. Cler-mont-Ferrand accueille cette année encore, de grands noms du jazz comme « Ron Carter, un des membres du combo mythique de Miles Davis dans les années 60-70 », nous explique Fabien, coordi-nateur des 50 bénévoles. Mais le festival met un point d’honneur sur la convivialité de cet évènement et la promotion des jeunes talents comme le Blackstone Orchestra, le Big Band clermontois constitué de 17 jeunes artistes issus de la région. Qui dit convi-vialité, dit aussi accessibilité ; un sujet sur lequel Jazz à Vienne a encore du chemin à faire. En effet, 40 % du budget du festival cor-respond à la billetterie lors des concerts. Des billets qui n’excèdent pas 40 € hors abonnement, contre 50 à 60 € à Vienne.

CLERMONT EN ÉBULLITION

Jazz en tête, ce n’est pas seulement des concerts fabuleux à la mai-son de la culture, c’est aussi tout une ambiance qui transforme la ville en scène du jazz. Suivez l’artiste ! Dès 19 heures, on com-mence la soirée avec les apéros jazz : des concerts organisés dans tout bar de la ville noire qui se respecte, réveillent le petit monde clermontois. Vers 20 h 30, c’est l’heure du concert tant attendu et… Jazz en tête ne s’arrête pas là ! Après l’émotion de la scène, les artistes, les organisateurs, les spectateurs, mais aussi les musiciens amateurs se retrouvent dans l’hôtel juste en face de la maison de la culture pour une jam-session folle ! Un bœuf jazz clermontois qui poussera tous les amoureux du jazz jusqu’au petit matin. À Jazz à Vienne, vous verrez les artistes à 400 m ; au Jazz en tête, vous pourrez boire un verre avec eux.

AURA LE JAZZ : A CHAQUE RÉGION SON FESTIVAL !

AUVERGNE-RHÔNE-ALPES, LA SUPER RÉGION DU 7ÈME ART

ENTRE JAZZ EN TÊTE ET JAZZ À VIENNE, ON NE JOUE PAS DANS LA MÊME COUR. ENTRE LES RÉVÉLATEURS DE TALENTS D’UN CÔTÉ ET CEUX QUI MISENT SUR LES GRANDS NOMS DE L’AUTRE, IL Y EN A POUR TOUS LES GOÛTS, TOUS LES ÂGES ET TOUS LES BUDGETS. LE JAZZ EST EN TOUT

CAS DANS TOUS SES ÉTATS ET LA NOUVELLE RÉGION DEVRAIT LUI EMBOITER LE PAS.

Florentin Perrier

Louis-May Jarrier

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QUE LE FESTIVALLUMIÈRE SOIT

Q uentin Tarantino, Xavier Dolan, Pedro Almodóvar, Mar-tin Scorsese, Clint Eastwood… Tous se sont rendus dans la capitale des Gaules pour cet événement très attendu par les fans de cinéma. Chaque édition débute par une soirée

d’ouverture à la Halle Tony Garnier, deuxième plus grande salle de concert en France après Bercy. Lors de cette folle semaine, le « Nobel » du cinéma est délivré. Un moment très attendu, solennel et grandiose dont le festival tire sa réputation, fort de son origina-lité dans ses programmations et la qualité de ses choix artistiques. Lors de l’édition 2015, les organisateurs ont recensé 152.000 fes-tivaliers, un record. Mais malgré la grande notoriété du festival, celui-ci a su garder son côté authentique en restant fidèle à ses convictions d’origine : celles de proposer un évènement à la fois pour le grand public et pour les professionnels du milieu.

UN FESTIVAL QUI SUSCITE L’EMOTION

Le festival Lumière déplace les foules. Pour obtenir des places, il faut se préparer des mois à l’avance et faire la queue des heures durant pour obtenir le précieux sésame : le billet d’entrée. Au-jourd’hui, le festival Lumière a fait ses preuves et n’aurait plus besoin d’inviter des stars pour exister. Il s’agit avant tout d’un rendez-vous annuel qui permet au public de voir ou de revoir des classiques dans les meilleures conditions, celles d’une salle de cinéma. Et contrairement au Festival international du court métrage de Clermont-Ferrand, le public ne se déplace pas pour une projection d’un quart d’heure. De plus, à Lyon, les films sont présentés par les réalisateurs eux-mêmes. Pour assister aux pro-jections, il faut compter entre six et quinze euros selon les soirées. Une aubaine pour tous les fanas du grand écran. Le Festival lu-mière est aussi l’occasion pour les acteurs et les cinéastes de parler des films d’hier. Des moments privilégiés qui ont transformé Le festival Lumière en un lieu de référence mondial pour ce cinéma « de patrimoine ».

C lermont-Ferrand, centre de production de talent, orga-nise le festival international du court-métrage pour sa 38e édition. Créé en 1982 à l’initiative de l’association Sauve qui peut le court métrage, cet évènement attire

chaque année plus de 160 000 spectateurs. Amateurs comme pro-fessionnels se rassemblent donc dans la ville de Vercingétorix au début de chaque année ; non pas pour visionner d’anciens films cultes comme le font les Lyonnais au cours du Festival Lumière, mais davantage pour découvrir des nouveautés, voire révéler des monstres cinématographiques tel Cédric Klapisch pour n’en citer qu’un. Cette année, le festival se déroulera du 5 au 13 février 2016 et mettra la Suède à l’honneur. Trois programmations seront par ailleurs dédiées à la science-fiction. Les sélections, c’est la ruée. Pour l’édition 2015, le sélectionneur a reçu 1 846 films pour n’en garder que 210. Le court métrage provoque encore et toujours un réel engouement, aussi bien pour les jeunes en quête de recon-naissance que pour les réalisateurs chevronnés. En effet, pour ces derniers, ce format vidéo offre une certaine liberté et peut consti-tuer une pause entre deux longs métrages.

PARTICIPER POUR UNE BOUCHÉE DE PAIN

Au festival international du court-métrage de Clermont-Ferrand, il est possible d’assister à plus de 30 séances pour la modique somme de 60 €. Mais lors de cet évènement, le public ne fait pas que se poser dans un fauteuil rouge. Chaque abonnement donne le droit à son détenteur de voter pour son court-métrage préféré et donc, pour le prix du public qui sera attribué lors de la soirée de clôture. Le Off du festival met toute la ville de Clermont-Ferrand en ébullition : les restaurants sont bondés, tout comme les hôtels. Des concerts ainsi que des diffusions de films en tout genre sont réalisés dans la ville. Pour sa 7e édition, L’Electric Palace fait son retour et comme chaque année, des chapiteaux sont montés en plein centre-ville et une programmation musicale inédite sera ré-vélée. Ce lieu constitue désormais un des symboles du festival et regroupe festivaliers et professionnels pour une soirée déjantée.Le festival international du court-métrage a encore de beaux jours devant lui. Chaque évènement apporte une nouveauté, contraire-ment au festival Lumière qui fait l’éloge des vieux souvenirs.

FESTIVAL DU COURT MÉTRAGE : LE CANNES DU COURT

AURA LE JAZZ : A CHAQUE RÉGION SON FESTIVAL !

AUVERGNE-RHÔNE-ALPES, LA SUPER RÉGION DU 7ÈME ART

LE FESTIVAL LUMIÈRE ET LE FESTIVAL DU COURT MÉTRAGE FONT D’AUVERGNE RHÔNE ALPES UN CARREFOUR DE CINÉPHILES. QUAND LYON FAIT VENIR LES CÉLÉBRITÉS, CLERMONT-FERRAND LES DÉCOUVRE. DEUX FESTIVALS QUI SE COMPLÈTENT ET QUI FONT DE CETTE SUPER RÉGION,

UNE MINE D’OR CINÉMATOGRAPHIQUE. FOCUS SUR LES ÉVÈNEMENTS QUI EN FONT LA FIERTÉ.

Florentin Perrier

Louis-May Jarrier

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TRANSPIREZLE FOOTBALL AMATEUR,

VICTIME DE LA RÉFORME TERRITORIALE ?

AUJOURD’HUI RÉPARTIES EN 22 FÉDÉRATIONS, LES LIGUES DE FOOTBALL AMATEUR DEVRONT SE CONFORMER À LA RÉFORME TERRITORIALE D’ICI LE 31 DÉCEMBRE 2017. POUR L’INSTANT, LE PASSAGE À TREIZE RÉGIONS EST UN VÉRITABLE CASSE-TÊTE. SI AUCUNE DÉCISION N’A ENCORE ÉTÉ ACTÉE, LES SPÉCULATIONS SONT LÉGION.

I ls avaient l'air sereins et pourtant. Lors de la réunion de la Fédération française de football (FFF) il y a un peu moins d’un an, le président Noël Le Graët semblait

plutôt confiant quant au « non-impact » de la réforme territoriale. « Cette réforme ne sera ef-fective qu’en 2020 et ne nous concerne donc pas aujourd’hui », avait assuré l'homme pour qui réformer l’organisation des ligues et des dis-tricts semblait « stupide et insensé ». Seulement voilà, l’État ne l'entend pas de cette oreille et a fixé un ultimatum aux ligues, d'ici deux ans, pour la Saint-Sylvestre.

DES CONSÉQUENCES MALVENUES POUR LES JOUEURS ?

Avec la fusion des régions, les futures ligues couvriront forcément une surface territoriale bien plus importante qu’auparavant. Pour certaines comme l'Aquitaine, qui fusionne-ra avec le Limousin et le Poitou-Charentes, les déplacements les plus longs pourraient atteindre près de 1.000 km pour un simple match de division d'honneur (DH). Un dé-placement coûteux aussi bien en termes de temps que d’argent. De quoi décourager de nombreux passionnés. Dans le cas de la région Auvergne-Rhône-Alpes, les déplacements su-périeurs à 500 km pourraient être fréquents, ce qui déstabiliserait de nombreux acteurs du mi-lieu. La suppression de certains groupes de dis-tricts (instances départementales du football) pourrait également entraîner de nombreuses relégations administratives en 2e division et

de nombreux petits clubs pourraient donc être voués à disparaître. Paradoxalement, les dé-partements comptant le plus grand nombre de licenciés seront les plus touchés par ces chan-gements.

NUANCER L'IMPACT DE LA FUSION

En attendant les négociations prévues pour l'assemblée générale de la FFF qui se tiendra le 12 décembre, l'Auvergne-Rhône-Alpes tente, tant bien que mal, de se rassurer. C'est notam-ment le cas de Vincent Nolorgues, président de la ligue régionale d'Auvergne de football, qui déclare qu'« il n'y aura quasiment aucun changement dans la vie de tous les jours pour les joueurs et le personnel encadrant, si ce n'est peut-être au niveau division d'honneur (DH) dans sa région ». Un discours qui contraste avec les propos du secrétaire d'Etat délégué aux sports Thierry Braillard, qui annonçait, lors d'une réunion au bureau de la fédération, le 13 novembre dernier, que « toutes les ligues spor-tives devaient avoir comme limites, les limites territoriales des nouvelles régions ». A l'instar des joueurs, le corps arbitral (qui concentre le plus faible nombre de licenciés) ne sera pas vraiment impacté par la fusion. D'après Antoine Chopard, arbitre dans les divisions concernées, « il y a de fortes chances que les arbitres régionaux restent cantonnés à leur périmètre actuel, nos frais de déplacements étant pris en charge par la ligue et les clubs, des distances de plusieurs centaines de kilomètres seraient trop onéreuses et les clubs les plus dé-

munis ne pourraient plus assumer ces coûts ». Des propos qui vont dans le sens de Vincent Nolorgues, lequel estime qu' « une nouvelle or-ganisation arbitrale n'est pas à l'ordre du jour ». Dans les bureaux comme sur les terrains, la ré-forme n'est pas vraiment source d'inquiétudes.

LES SOLUTIONS POTENTIELLES IMAGINÉES PAR LES FÉDÉRATIONS

Une réorganisation des divisions est envisagée. Si les trois premières divisions (Ligue 1, Ligue 2 et National) ne subiront aucun changement, le Championnat de France amateur (CFA) pour-rait passer de quatre à trois groupes. Le CFA 2, quant à lui, évoluerait de huit à six poules dans le meilleur des cas. Mais beaucoup murmurent que cette division pourrait tout simplement être supprimée. Pour les niveaux de districts, la tâche s’annonce plus que compliquée ; en effet, l’adaptation forcera chaque département à ne posséder qu’un district. Or certains dé-partements comme le Rhône (trois districts) ou le Nord-Pas-de-Calais en possèdent plu-sieurs. Alors comment faire le tri ? Les ligues ont jusqu’à la fin 2017 pour s’organiser. D’ici là, la FFF devra tout mettre en œuvre pour trou-ver une solution pérenne et qui convienne au plus grand nombre. Si de nombreuses solu-tions sont à l’étude, il ne fait aucun doute que la prochaine assemblée générale sera plus que mouvementée.

Vincent Burki et Axel Poulain

© Pixabay

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LES INDÉPENDANTISTES SAVOISIENS A L’HEURE DE LA FUSION

L e gouvernement sait qu’il y a un fond électoral en Savoie, ils nous évincent des élections avec ces nouvelles règles du jeu », estime Joël Ducros, militant de la première heure. Ce pilier de la Ligue savoi-sienne, dissoute en 2012, explique à qui veut bien l’entendre que

la réforme territoriale est un vaste fiasco. « Comme tous les empires co-loniaux, quand les choses vont mal, la France se recentralise en parlant de décentralisation ». Ce pour lequel il se bat, le doux rêve qu’il caresse, c’est la reconnaissance de la colonisation de la Savoie par l’Etat français. Un combat juridique admirable mais surtout rocambolesque, auquel prennent part tous les indépendantistes du territoire, et ce depuis 1860.

RAPPROCHEMENT FORCÉ AVEC L’AUVERGNE

La route est longue, semée d’embûches. Ce n’est pas nouveau, l’indépen-dance de la Savoie n’est, à priori, pas pour demain. Ce qui l’est en re-vanche, c’est son rattachement à la région Auvergne-Rhône Alpes. Une aberration pour les indépendantistes qui ne veulent pas partager : « Ce qui arrange énormément la France, c’est de collecter les impôts en Savoie, c’est une poule aux œufs d’or, une esclave de luxe ». Calcul mathématique, ils estiment que les habitants de ces territoires se porteraient mieux sans la France et sans la fusion imposée avec l’Auvergne. Le débat de l’indé-pendance de ce territoire peut sembler extravagant voire dépassé dans le contexte politique français actuel. Pourtant les indépendantistes en sont convaincus, les départements de la Savoie et de la Haute-Savoie ont les moyens économiques, sociaux et culturels pour être indépendants. Leur revendication est légitime, la France s’est appropriée la Savoie, il faut rendre à César ce qui est à César.

UN ULTIME ESPOIR D’INDÉPENDANCE AVANT LA FUSION

Avocat en droit international, Fabrice Bonnard va peut-être apporter la solution au problème historique et juridique des Savoisiens en quête d’indépendance. A l’heure où tout espoir semblait envolé avec l’invalida-tion de la liste Les Voix de Savoie, il livre un dernier combat. Audacieux, le 20 novembre, il y a seulement quelques jours, il déposait une demande d’adhésion de la Savoie à l’ONU en qualité d’Etat membre observateur de plein droit. « La Savoie sera inscrite à la liste des territoires devant accéder à l’autodétermination, au même titre que l’archipel des Comores (Mayotte) ou l’Afrique du Sud durant l’Apartheid », déclarait-il. Tonnerre

diplomatique ou mise sous silence, l’homme espère que cette reconnais-sance conduira à l’organisation d’un référendum pour l’indépendance des Savoies. Tout est prévu pour le mieux, la date du dépôt du recours est symbolique. Le 20 novembre avait déjà déclenché un cataclysme po-litique… Il y a deux cents ans. A cette date, l’indépendance de la Sa-voie du premier Empire de Napoléon avait été déclarée. Une dernière tentative avant le rapprochement officiel des Savoies à la super-région Auvergne-Rhône Alpes.

SUR L’ÉCHIQUIER POLITIQUE DE CES PREMIÈRES ÉLECTIONS RÉGIONALES RÉFORMÉES, TOUS LES MOUVEMENTS NE SERONT PAS REPRÉSENTÉS. C’EST LE CAS DES INDÉPENDANTISTES SAVOISIENS. LE 6 DÉCEMBRE, ILS AURAIENT PU FAIRE VALOIR LEURS REVENDICATIONS AVEC LA LISTE LES VOIX DE SAVOIE, MAIS CELLE-CI A ÉTÉ INVALIDÉE PAR LE PRÉFET DE RÉGION. MANQUE DE DOCUMENTS, ERREURS, LA DÉCISION REFLÈTE LE MANQUE D’UNITÉ DES PARTISANS DE L’IDÉOLOGIE SAVOISIENNE, QUI S’ESTIMENT UNE NOUVELLE FOIS MIS À L’ÉCART.

«

Claire Tholozan

Blason de l’ancien duché de Savoie et symbole de la lutte indépendantiste savoisienne, situé eu col de la Croix, entre la Savoie et l’Isère © Cyril Bras

Pas de bulletins de vote cette année pour Les Voix de Savoie, pré-sentée par le parti indépendantiste savoisien Mouvement Citoyen de Savoie. Roger Sibuet, tête de liste, revient sur ce début de cam-pagne mouvementé. « Avec le nouveau mode de scrutin, nous avons dû recruter 230 personnes. Je dois dire que j’ai été agréablement surpris par l’en-gouement qu’a suscité notre liste : il y a un jour où nous avons re-cruté 30 personnes sur un événement et nous avons accueilli des candidatures jusqu’à la veille du dépôt de liste ». Le manque d’organisation se fait pourtant sentir. Erreurs dans les noms et les dates, absence de documents originaux... La liste est invalidée. Grosse déception pour les indépendantistes qui « ne rêvent qu’à une chose, la souveraineté du territoire » de Savoie. Mis à part ce rêve partagé, le programme politique du parti est plutôt flou et les mesures concrètes absentes. « L’idée n’est pas d’avoir un programme tout cru mais de mettre en place un espace où les citoyens peuvent s’exprimer », explique Ro-ger Sibuet. La reconnaissance du statut particulier des territoires savoisiens est le point de départ. Et ensuite ? Pour les élections à venir, pas de consignes de vote, peut-être une croix de Savoie, placée dans une enveloppe par ces savoisiens frustrés, pour re-vendiquer leur besoin d’être entendu.

SAVOIE MAL POUR LES INDÉPENDANTISTES

MILITEZ

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ON A TESTÉ POUR VOUS...

INGRÉDIENTS (pour 8 personnes)

400 g de Saint-Nectaire

400 g de cantal jeune

400g de Tomme de Savoie

5 verres de vin blanc Chignin (2014)

1 gousse d’ail

1kg de pommes de terre

Faire bouillir les pommes de terre. Éplucher l’ail et frotter le poëlon de l’appareil à fondue jusqu’à usure de l’ail. Râper le fromage dans sa totalité sans

oublier d’en retirer la croûte au préalable. Couper le pain et les pommes de terre en morceaux de la taille d’une bouchée. Faire

mousser quatre verres de vin dans le caquelon. Réduire le feu. Ajouter progressivement le fromage. Remuer avec une

cuillère en bois en dessinant un huit. Servir avec salade assai-

sonnée.

FONDUE

PRÉPARATION DE LA RECETTE

© Mélany Marfella