Élèves, sanctions et règlespedagogie.ac-toulouse.fr/ien09-pamiers/IMG/pdf/Gestion... · 2011-11-24 · dans la cour Les maîtres de service ils disent que ça passera avec le temps

Élèves, sanctions et règles

Franck MARTIN

IUFM Midi-Pyrénées

École interne de l'Université Toulouse II Le Mirail

Devenir élève :

• Réponse du BO hors-série n° 3 du 19 juin 2008– il devient progressivement un élève…– Devenir élève relève d’un processus progressif qui

demande à l’enseignant à la fois souplesse et rigueur.

• Vivre ensemble : apprendre les règles de civilité et les principes d’un comportement conforme à la morale

• Coopérer et devenir autonome• Comprendre ce qu’est l’école

Devenir élève :

• école• Instituteur-trice (PE)

Une école

• Une "Forme scolaire" (Vincent, 1980 ; Vincent, Lahire, Thin, 1994)

– Constitution d'un univers séparé pour l'enfance

– Importance des règles dans apprentissage– Organisation rationnelle du temps– Multiplication et répétition d'exercices n'ayant

d'autres fonctions que d'apprendre…– … et d'apprendre selon des règles

Une école

• Mise en place d'une relation spécifique entre maître et élèves– pratiques scolaires comme une forme

particulière de relations sociales

• Ce dispositif organise méthodiquement le rapport des enfants aux savoirs scolaires– cadre scolaire se présente comme une

"organisation cognitive" (Amigues & Zerbato-Poudou, 1996)

Un instituteur

• Professeur (des écoles) institue le milieu collectif de travail– garant du cadre fonctionnel pour faire la

classe et donner du sens aux apprentissages• le cadre qui contraint doit devenir une ressource

– le cadre correspond aux invariants qui structurent l'action pédagogique

– les invariants du cadre évoluent dans le temps et en fonction des objectifs pédagogiques, des visées éducatives

Un instituteur

• Dans le cadre on peut identifier– l'organisation matérielle

• disposition des tables, des différents lieux de travail, du rangement des travaux, des supports pédagogiques, etc.)

– l'organisation temporelle (planification des apprentissages, emplois du temps, rythmes journaliers, etc.), les instructions officielles, les règles de fonctionnement

– la gestion du matériel de l'élève, ses outils (cahiers, livres, documents, etc.)

– la gestion du groupe classe (rituels, règles de vie, modes de communication)

– la gestion des apprentissages, la préparation de la classe, l'organisation didactique pour chaque discipline, la mise au travail (collectif, en petit groupe, individuel), l'énoncé des consignes, le guidage, l'étayage, l'évaluation

Un enfant - élève• Apprendre des choses qu'il n'est pas prêt à faire

spontanément (rencontre de l'intention didactique du PE)• Utilisation de son savoir-faire pour répondre à des

questions qu'il ne se pose pas• Exercer de façon systématique et collective sa pensée

sur l'action (réfléchir ensemble)• Apprendre des techniques scolaires étranges (lever le

doigt, attendre son tour, rester assis, écouter les autres, obéir à des étrangers, repérer des territoires, retenir sa miction…) = schèmes comportementaux

– C'est parce que l'enfant est "enseigné" qu'il devient élève (Amigues et Zerbato-Poudou, 2007)

– Et qu'il devient une personne car il est pris dans une organisation sociale (classe, puis école) qui construit un milieu de travail pour conduire une activité collective de construction de connaissances

En réaction au statut d'élève :le métier d'élève ?

• Les enfants qui doivent devenir des élèves développent des routines et des stratagèmes qui constituent ce que Perrenoud nomme le métier d’élève (1994)

– des ruses, des raccourcis, des alliances, des entraides, des tactiques de camouflage qui leur permettent de survivre, d’échapper à certaines tâches ou de les alléger (sans se faire prendre !)

• Ce métier se construit pour protéger des élèves des attentes "exorbitantes" du système et des enseignants.

• Ce n’est pas le professeur qui le définit, il s’impose à lui

Devenir élève :

• enfant• école• Instituteur-trice (PE)

Et tout va bien ?

À l’école des enfants heureux• Enquête de victimation et climat scolaire auprès d’élèves du cycle 3

des écoles élémentaires – Debarbieux, mars 2011– 12 326 élèves du cycle 3 dans 157 écoles sur 8 académies

http://www.unicef.fr/userfiles/UNICEF_FRANCE_violences_scolaires_mars_2011.pdf

…Enfin presque•

• Nous estimons à environ 11-12% le taux d’élèves harcelés, ce harcèlement pouvant monter à 14% pour le seul harcèlement verbal et symbolique.

…Enfin presque

• Étude de Carra, 2004-2006 (Département du Nord)

• Population élèves et enseignants• Publication 2009

…Enfin presque• Cette année, dans ton école, quelqu'un a-t-il été violent avec toi ?

41,3 % des élèves répondent positivement

• Cette année,

est-ce qu'il

t'est arrivé

d'être toi-

même violent

dans ton

école?

• 28,3 %

répondent par

l'affirmative.

…Enfin presque

• On peut donc dire que la distribution de coups participe de la construction de l’expérience scolaire des enfants, qu’ils se déclarent victimes ou auteurs, et surtout quand il s’agit d’élèves de sexe masculin

L'ampleur du

phénomène est peu

influencée par le

classement social

des écoles alors que

les disparités

peuvent être très

fortes d'une école à

une autre

…Enfin presque

• L'analyse des déclarations des élèves fait apparaître les logiques sous-jacentes à de telles confrontations : – montrer sa supériorité– régler un désaccord (en particulier sur le déroulement

de jeux)– répondre à une agression verbale– réagir à une règle de vie bafouée (frapper un petit)

…Enfin presque

• Ce qui est en jeu bien souvent c'est l'appartenance à un groupe – J'ai reçu des coups de pied parce que je jouais au

foot et que les autres ne voulaient pas

• Mais c'est aussi sous l'impulsion de la colère, l'énervement que l'on rend coup pour coup, insulte pour insulte : – j'ai frappé des élèves de ma classe parce qu'elles

m'embêtaient, elles me disaient n'importe quoi– il a commencé à m'énerver, je l'ai tapé

…Enfin presque

• Décalage entre enfants et enseignants sur la question – Y a-t-il de la violence dans ton école ?

• Sans doute parce

que ce sont surtout

les élèves qui sont

impliqués

• De plus les PE

portent beaucoup

d'attention à la

violence verbale et

les élèves à la

violence physique

…Enfin presque

• Décalage entre enfants et enseignants– Sans doute aussi, la "bagarre", la "confrontation physique" dans

les cours de récréation ont tendance à ne pas être vues comme des violences par les adultes

• formes traditionnelles de la sociabilité enfantine dans des espaces de violences tolérées = hors classe, entre élèves

– 72 % des faits (victimation et violence autodéclarée) se déroulent dans la cour

Les maîtres de service ils disent

que ça passera avec le temps

et qu'après on sera amis, ce

qui nous est jamais arrivé

…Enfin presque

• Décalage entre enfants et enseignants mais

– la fréquentation de l’école par des élèves de milieux populaires

encourage la qualification en violences par les enseignants

• la proportion d’élèves estimant qu’il y a "beaucoup" de violences

n’augmente que de 4,6 points dans les écoles en "éducation

prioritaire" par rapport aux écoles "ordinaires"

• la proportion d’enseignants estimant qu’il y a "beaucoup" de

violences augmente que de 11,8 points dans les écoles en

"éducation prioritaire" par rapport aux écoles "ordinaires"

…Enfin presque

• Les caractéristiques des élèves se déclarant auteurs de violences ou victimes sont partagées – sexe masculin

– appartenance à une famille monoparentale ou recomposée

– une fratrie de quatre frères et/ou sœurs

– un âge égal ou supérieur à 11 ans (les taux augmentent avec l'âge)

Attention ce sont les pratiques familiales (conflits familiaux, style de supervision parentale, clarté des rôles, existence de règles claires, qualité de la communication…) qui ont un impact pas la structure de la famille (Armstrong, 2005 ; Debarbieux, 2000 ; Blaya, 2006 ; Osborne, 2004 ; Turcotte et Lamonde, 2004)

Et les enseignants ?

• Les enseignants victimes de violences (33 %)– Surtout des violences verbales provenant, pour la plus grande part, de

parents d'élèves

• relations conflictuelles et plus rarement menaces et insultesJ'ai donné une observation à une élève. La maman l’a très mal pris. Elle n’était pas d’accord ! Une maman qui a menacé d’enlever ses enfants de l’école car j’avais fait sport dehors début

décembre. L’élève aurait attrapé un rhumeUne maman a trouvé que j'étais injuste avec son filsConflits avec un parent d'élève soutenant l'enfant (le premier trimestre)"Des altercations verbales avec des parents qui n'étaient pas d'accord et nous en ont fait part, en

direct ou au téléphoneMère d'élève mécontente au début de l'année et frustrée de l'échec de son fis en CP avec la collègue

de l'an passé

• conflits de territoire opposant parents et enseignants– Ces victimations concernent surtout les enseignantes et les plus jeunes

dans le métier

Et les enseignants ?

• Les enseignants auteurs de violences (13 %)– les principales raisons données

• exaspération• épuisement• Saturation

"j'ai attrapé un élève par les vêtements et je l'ai jeté dehors avec force"• Voire réponse nécessaire à la violence des élèves

J'ai "stoppé deux élèves qui se battent" parce que : "Il faut bien arrêter, les petits boxeurs ou karateka qui veulent faire la loi comme chez eux !"

"Un enfant particulièrement difficile dans ma classe avait dépassé les bornes

Pourquoi des perturbations voire des violences ?

Augmentation du

risque de

perturbations

scolaires mais la

communauté

éducative a

peu d’impact

– Les facteurs personnels (sexe, hyperactivité,

anxiété, précocité des conduites violentes, niveau d’estime de soi…)

– Les facteurs familiaux (manque de supervision

parentale, trop autoritaire, manque de communication, existence de nombreux conflits familiaux … mais peu de différences significatives entre les résultats des élèves qui vivent avec les parents naturels vs monoparentalité ou recomposition)

– Les facteurs sociaux (faible niveau socio-

économique, vivre dans un quartier exposé à la violence, sentiment d’insécurité, sentiment d’abandon par les services publics…)

• Les facteurs scolaires négatifs : fonctionnement des écoles (Joing et al., 2010)

– Fonctionnement incertain dans lequel le niveau de clarification et de formalisation écrite est assez faible

• Les projets n'ont qu'une valeur administrative• Fonctionnement basé sur "le bon sens" sensé être partagé par tous• Pas de clarification et de formalisation écrite des éléments qui structurent le

fonctionnement

– Existence de réflexions, voire d'actions mais pas d'évaluation de leurs efficacités éventuelles

Influence de l'école

• Les facteurs scolaires protecteurs : ouverture au contexte scolaire– Développement des liens avec la famille

• Liaison forte et constructive élèves-école-parents réduits les risques de délinquance (Hawkins, 1999, 2000), le harcèlement entre pairs (Murray-Harven & Slee, 2005 ; Slee, 2006) et diminuent les comportements antisociaux (Cunnigham & Sandhu, 2000)

– Relations avec les associations et des institutions (Debarbieux, 2008)

• Rôle de proximité de la police (contacts, réunions)• Ouvertures sur les associations d'habitants du quartier


• Effet protecteur (Galand, 2009)

– Pratiques qui minimisent la comparaison et la différentiation entres élèves

– Attentes élevées à l'égard des élèves– Relations positives entre enseignants et élèves

– Engagement professionnel des enseignants• Adhésion au principe d'éducabilité

Influence de l'écoleP

rati

qu

es

pé

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go

giq

ue

s

Carra (2009) Analyse factorielle des correspondances réalisée à partir du tri croisé

Sens de l'école (pour les élèves) et violences


• Les facteurs scolaires : effet protecteur (Galand, 2009)

– Cohésion des équipes• Impact de la stabilité mais aussi de la qualité de la cohésion

– Leadership clair• Distribution efficace des ressources, bonne communication

des informations

– Règles explicites et appliquées de manière consistante et équitable

• Gestion de la discipline avec des règles claires où les comportements négatifs sont sanctionnés et où les adultes modèlent et renforcent les comportements prosociaux


Influence de l'école : le climat• Carra (2009), montre l'impact du climat scolaire sur l'indiscipline = impact de ce

que les élèves perçoivent, ressentent

Climat éducatif

Climat de travail

Score de violenceScore de violence

0,66

0,62

0,64

Climat de justice

perception positive de son travail + du

travail du groupe + professionnel

compétent

perception d'un traitement égalitaire

perception d'un traitement juste

Ce qui semble important pour les élèves c'est que le règlement soit appliqué de la même manière pour tous et que chacun bénéficie du même type de relations avec les enseignants (climat éducatif) et que les sanctions, qu’elles portent sur le comportement ou le travail scolaire, soient perçues comme justes (climat justice)

Donc :

le règlement et les sanctions

Règlement et sanction - officiel

Règlementairement, il existe un système disciplinaire dans la monde scolaire :

• Le système disciplinaire fixé sur le plan national, est explicité par Le Bulletin officiel spécial n°6 du 25 août 2011 où est précisée l’organisation des procédures disciplinaires dans les EPLE :

RAPPEL DES PRINCIPES GÉNÉRAUX DU DROIT

– principe de légalité des fautes et des sanctions– règle non bis in idem (aucun élève ne peut faire l'objet de plusieurs sanctions

à raison des mêmes faits)

– principe du contradictoire– principe de proportionnalité (chaque procédure disciplinaire doit être à la

mesure de la gravité du manquement à la règle)

– principe de l'individualisation

Règlement et sanction - officiel

• Ce système disciplinaire ne s’applique donc pas aux écoles primaires du fait qu’elles ne relèvent pas de la catégorie juridique des établissements publics locaux d’enseignement– Art. R 411-5 . — Un règlement type des écoles maternelles et des écoles

élémentaires publiques de chaque département est arrêté par l'inspecteur d'académie, directeur des services départementaux de l'éducation nationale, après avis du conseil départemental de l'éducation nationale.

– Art. D 411-6 . — Le règlement intérieur de chaque école est établi par le conseil d'école compte tenu des dispositions du règlement type du département. Il est affiché dans l'école et remis aux parents d'élèves

• Ces dispositions remplacent la référence à la Circulaire n° 91-124 du 6 juin 1991 - Règlement type départemental des écoles élémentaires et des écoles maternelles publiques

Règlement et sanction - officiel• Il y a une variabilité inter-départementale du cadrage institutionnel celle-ci

pouvant être décuplée à l'échelon de chaque école lors de la rédaction du règlement intérieur.

• Le plus souvent, le règlement type départemental comprend une section intitulée "Vie scolaire" où sont mentionnées les mesures à prendre pour traiter les perturbations scolaires

Les mesures d'encouragement appropriées seront définies par chaque école en relation étroite avec son projet d'école et en y associant l'ensemble des membres de la communauté éducative.Mesures conservatoires susceptibles d'être prononcées à l'école maternelle : aucune sanction ne peut lui être infligée mais isolement sous surveillance

– Sur le 82 il y a une distinction entre maternelle et élémentaire mais pas aucune sanction ne peut lui être infligée (ni sur le 31)

Chaque école peut prévoir, des mesures d'encouragement au travail dans le règlement intérieur de l'école. Toute sanction visant un élève doit conserver une dimension éducative et être inscrite dans le règlement intérieur de l’école. Aucune sanction ou mesure conservatoire ne peut aboutir à la déscolarisation d’un élève.Maternelle = aucune sanction ne peut être infligée.

– Dans le 65 et le 32 = Maternelle = aucune sanction ne peut être infligée et reprise de la terminologie punition sanction du BO d'aôut 2011

12

46

Règlement type départemental des écoles maternelles et élémentaires publiques de l'Ariège (décembre 2009)

VIE SCOLAIRE

Dispositions générales

• Le maître s’interdit tout comportement, geste ou parole qui traduirait indifférence ou mépris à l’égard de l’élève ou de sa famille, ou qui serait susceptible de blesser la sensibilité des enfants.

• De même, les élèves, comme leurs familles, doivent s’interdire tout comportement, geste ou parole, qui porterait atteinte à la fonction ou à la personne du maître et au respect dû à leurs camarades ou aux familles de ceux-ci.

• L’école doit offrir à tous les enfants des chances égales et une intégration réussie dans la société. Sa mission est donc aussi de promouvoir l’égalité entre les hommes et les femmes, de permettre une prise de conscience des discriminations, de faire disparaître les préjugés, de changer les mentalités et les pratiques. Au sein des établissements, une importance particulière devra être accordée aux actions visant à prévenir les atteintes à l’intégrité physique et à la dignité de la personne : violences racistes et antisémites, violences envers les filles, violences à caractère sexuel, notamment l’homophobie. Par tous les moyens, prévention et sanction, la lutte contre la violence dans et autour des établissements demeure une priorité absolue.


VIE SCOLAIRE

Régulation du comportement des élèves

• L’école joue un rôle primordial dans la socialisation de l’enfant : tout doit être mis en œuvre pour que son épanouissement y soit favorisé. C’est pourquoi aucune sanction ne peut être infligée.

• Un enfant momentanément difficile pourra, cependant, être isolé pendant le temps, très court, nécessaire à lui faire retrouver un comportement compatible avec la vie de groupe. Il ne devra à aucun moment être laissé sans surveillance.

• Toutefois, quand le comportement d’un enfant perturbe gravement et de façon durable le fonctionnement de la classe et traduit une évidente inadaptation au milieu scolaire, la situation de cet enfant doit être soumise à l’examen de l’équipe éducative à laquelle participent le médecin scolaire ou un membre du réseau d’aides spécialisées, ou les deux dans toute la mesure du possible.


VIE SCOLAIRE


• Le maître ou l’équipe pédagogique de cycle doit obtenir de chaque élève un travail à la mesure de ses capacités. En cas de travail insuffisant, après s’être interrogé sur ses causes, le maître ou l’équipe pédagogique de cycle décidera des mesures appropriées.

• Tout châtiment corporel est strictement interdit, de même qu’un élève ne peut être privé de la totalité de la récréation à titre de sanction. Les manquements au règlement intérieur de l’école, et, en particulier, toute atteinte à l’intégrité physique ou morale des autres élèves ou des maîtres, peuvent donner lieu à des réprimandes qui sont, le cas échéant, portées à la connaissance des familles.


VIE SCOLAIRE


• A l’école élémentaire, s’il apparaît, après une période probatoire d’un mois, qu’aucune amélioration n’a pu être apportée au comportement de l’enfant, une décision de changement d’école pourra être prise par l’inspecteur de l’Education nationale, sur proposition du directeur et après avis du conseil des maîtres. La famille doit être consultée sur le choix de la nouvelle école et l’avis de la collectivité d’accueil, préalablement sollicité. Elle peut faire appel de la décision de transfert devant l’inspecteur d’académie, directeur des services départementaux de l’Education nationale.

Règlement et sanction• L’article Art. D 411-6 du code de l’éducation donne une grande latitude au conseil

d’école pour adapter la réglementation type aux nécessités locales. – Les pratiques des professeurs des écoles, en matière de discipline, sont donc peu

encadrées. Baldet (2004). • Nous pouvons même ajouter que l’abandon d’un cadrage national ouvre les

possibilités de disparité entre les départements (en plus des disparités entre écoles même si impact de l’IEN)

– Or : nous sommes tous soumis au droit, à la même règle de droit (qui protège ou

contraint)

– Or : La question de la responsabilité et du droit devient une préoccupation majeure de

toutes les sociétés développées. La question de la responsabilité et du droit a une

résonance particulière dans l’institution scolaire. Pendant longtemps, l’école a été une

zone placée en dehors du droit commun, soumise à ses propres règles

Extraits de : Brutalités et harcèlement physique et psychologique exercés sur des enfants par des

personnels du ministère. Rapport présenté par Nicole Baldet Inspectrice de l’académie de Paris Chargée de mission d’inspection générale Octobre 2004

Punition et sanction définitions pédagogiques

• La punition, c'est le châtiment, "tu as fait souffrir, tu souffriras".– Punir vient du mot latin punire "châtier" et "venger".

• Le verbe a conservé son sens de base "infliger un châtiment" ; il signifie d'abord "faire subir une peine à quelqu'un, en expiation d'une faute".– Au 17ème siècle, punition renvoyait à "la peine infligé par Dieu" –

punition du ciel ou punition divine, voir par exemple la punition de Don Juan. C'est une vision très religieuse

• En France, la punition physique est interdite dans les écoles (depuis le 19ème) mais l'humiliation perdure.


• La sanction, même issue d'un usage religieux, renvoie à l'idée de loi, de règle– Au 18ème siècle, sous l'influence du droit, sanction se dit d'une

conséquence résultant d'une façon d'agir"

• La sanction fonctionne sur l'idée de conséquence (positive ou négative) puis de réparation. Il y a même une double réparation :– réparer ce qui a été altéré ou dégradé– me réparer, moi le coupable (dissoudre la culpabilité).

• Une fois la sanction été appliquée : l'élève redevient un élève comme les autres. Il ne doit pas y avoir de stigmatisation.

• A l'école (espace éducatif) les sanctions doivent avoir une vertu pédagogique– une sanction est d'autant plus éducative quelle a un lien avec la

transgression commise.


• La sanction arrive comme conséquence d'une infraction à une règle : elle est donc prévisible pour les élèves (d'où le travail sur les règles) et doit être proportionnée .– Elle ne s'adresse qu'à l'auteur d'une perturbation (notion de

culpabilité) et elle concerne un acte pas un sujet.

• Pas de pratique de la sanction sous l'emprise de la colère mais plutôt report de la nature de la sanction avec signalement qu'il va y en avoir une.– Il faut, en général, éviter la négociation devant le groupe et ouvrir

un espace de parole après la classe.

Punition et sanction études

• Longue tradition et multiplicité des approches normatives : philosophie, morale, pédagogie– L’idée d’améliorer apparaît généralement associée à l’idée de châtier

(Buisson, 1911)

• Très peu de connaissances objectives, de résultats empiriques– Les recherches empiriques anglo-saxonnes récentes (Owen, 2005 ; Osler et Hill,

1999 ; Wright, Weekes et McGlaug hlin, 2000 ; Skiba et al., 2002 ; Verdugo, 2002) portent essentiellement sur la question des châtiments corporels et sur les politiques de tolérance zéro (APA, 2008) à l’origine de la multiplication des exclusions d’élèves des établissements

• Manque d’efficacité de ces pratiques

• Caractère discriminatoire, notamment à l'encontre des garçons issus de milieu défavorisé et des minorités ethniques.


• Type des punitions et les raisons

Type de punition Fréquence

Je suis allé au coin 9,2 %

J'ai fait des lignes 37,4 %

J'ai eu du travail en plus 10,1 %

J'ai copié le règlement 11,6 %

J'ai été privé de récréation 15,6 %

Je suis allé chez le directeur 5,1 %

J'ai été exclu de l'école 0,1 %

Mon maître m'a tapé 1,9 %

NSP 4,2 %

autres 4,8 %

Raison de la punition Fréquence

NSP 13,1 %

Obligations scolaires non remplies (j'ai pas fait mes devoirs, j'ai oublié

mes affaires de piscine, mon livre,

j'ai oublié de faire signer…)

14,3 %

Comportements non conformes (j'ai couru dans le couloir, chewing-

gum, je n'étais pas rangé…)

34,3 %

Violences (surtout physique) 17,5 %

Atteintes à institution (j'ai répondu,

j'ai arraché des pages, je me suis

moqué de la dame de la cantine…)

3,9 %

Punitions collectives (j'ai été puni à

cause de la classe…)

7,7 %

Autres, généralités 9,3 %


Très peu de connaissances objectives, de résultats empiriques– Ce n'est pas propre à l'EN, car il y a en général une faible

visibilité des sanctions à l’intérieur des organisations et un enregistrement statistique aléatoire

– S’intéresser aux sanctions revient à :• s’interroger sur les relations de pouvoir à l’intérieur de l’institution

éducative

• à étudier les pratiques des enseignants et plus largement, celles des adultes– pas uniquement les pratiques valorisées d'enseignement et d'apprentissage

(didactique)

– mais celles, plus obscures, qui concourent au maintien de l’ordre dans l’enceinte de la classe, de l'école.

– Or le traitement de l'indiscipline est une préoccupation importante pour les personnels

Punition et sanction

• Quasi absence de références à la sanction dans la définition des compétences à acquérir par les professeurs, documentalistes et conseillers principaux d'éducation pour l'exercice de leur métier des compétences professionnelles (Bulletin officiel n° 29 du 22 juillet 2010 ). Une seule occurrence :

– Agir en fonctionnaire de l’État et de façon éthique et responsable

• Capacités :– Le professeur est capable :

» de se faire respecter et d’utiliser la sanction avec discernement et dans le respect du droit

• Convention internationale des droits de l'enfant ONU : 20 novembre 1989– Article 28 : Les États parties prennent toutes les mesures appropriées pour veiller à ce

que la discipline scolaire soit appliquée d'une manière compatible avec la dignité de l'enfant en tant qu'être humain et conformément à la présente Convention.

Construire des règles

Carra (2009)

Entre deux écoles comparables en termes d’effectifs, de classement

social et de localisation géographique, le règlement contribue à

l’instauration d’un ordre scolaire diffusant des normes explicites à la

production desquelles les élèves ont contribué

mais…

La participation des élèves à la production de règles à travers une

mécanique d’apprentissage très structurée ne peut produire les

mêmes effets qu’une séquence d’une demi-heure visant à susciter

l’établissement rapide de quelques règles de conduite dirigées par

l’enseignant

Dans une classe de CE1

IUFM Midi-Pyrénées 51

Dans une classe de CM2



La construction des règles

• Balises conceptuelles pour avoir une approche pédagogique de la sanction (Prairat, 2003).– Celle-ci est une des conséquences de l'établissement d'une

hiérarchie des règles• loi implique réciprocité PE-Elève sur les interdits : le vol, l'insulte…• règlement intérieur fixe droits et devoirs des uns et des autres avec

réciprocité (ponctualité) et dissymétrie (deux statut différents)• aux règles de vie de la classe qui sont du domaine de la norme

scolaire (la réciprocité n'est plus de mise, la prise de parole du PE n'exige pas qu'il lève le doigt)


• Les règles– Toutes les règles de l'espace scolaire doivent suivre

les principes du droit français– Les règles de la classe ne doivent pas être en

contradiction avec le règlement de l'école– Les règles des autres lieux-temps doivent être

cohérentes avec le règlement de l'école• La transgression des règles entraînera des sanctions.

– Ce qui fait la cohérence ce sont les valeurs qui servent de socle aux règles

L'espace et le temps de l'école

• L'enfant-élève passe du temps (7h30-18h30 =11h) dans l'espace école (avec plusieurs lieux)– Accueil du matin (CLAE ou autre dès 7h30)

– Temps de classe + récréation

– Cantine– Activités + récréation– Temps de classe + récréation

– AP, études et ou CLAE (18h30)

• Cour, CLAE, classe, cantine, salle d'activités, couloirs, BCD, salle de motricité, dortoir… les mêmes lieux peuvent accueillir des activités scolaires ou non-scolaires avec les mêmes ou des personnels différents

• C'est l'enfant-élève qui perçoit les ruptures et discontinuités (y compris par rapport aux pratiques de la sanction des divers adultes)

– Ce qui fait la cohérence ce sont les valeurs qui servent de socle aux règles


• Les valeurs– Commencer par construire le fondement des règles, les valeurs

de l'école, cela évite de mettre les élèves en situation de réciter des règles de vie. Ensuite seulement on pourra construire des règles afin de respecter ces valeurs et pas pour faire plaisir aux adultes

– Les adultes se doivent de partager ces valeurs • Impliquent un partenariat, un travail collectif

• Rappel : C1 impose un socle de valeurs républicaines à faire vivre dans la classe : liberté égalité, fraternité, laïcité, refus des discriminations…

• Travail avec des enfants : Convention internationale des droits de l'enfant ONU

• Les valeurs– "Selon vous a quelles conditions

y aura t'il une bonne ambiance ?" (travail à l'oral ou à l'écrit suivant le niveau et en groupe classe ou en petits groupes)

• "traitement identique des élèves" = égalité et justice

• "refus de la violence" = humanisme (étendre la notion de violence à celle de faire violence, moquerie, humiliation, insultes…)


La construction des règles• Les valeurs

– La forme scolaire idéale s’appuie sur quatre valeurs cardinales :

• Le respect de soi• Le respect de l’Autre• Le respect du milieu en tant qu’environnement• Le respect du travail en tant qu’activité

Prairat, E. (2002). Question de discipline à l ’école et ailleurs....


• Les règles– Plus les élèves participent à la construction des règles mieux ils

apprennent à assumer les conséquences de leurs actes (et pas forcement à mieux obéir !).

– Les élèves ont un rapport affectif à la sanction donc, plus les règles sont explicitées et plus ils ont participé à la construction et plus la desaffectivation de la sanction est engagée.

– Les règles de la classe sont un document pédagogique pas un document législatif. Il faut les mettre en action et les faire respecter, c'est de la responsabilité de l'enseignant de s'y reporter lorsqu'il y a perturbation et c'est aussi de sa responsabilité d'établir une échelle de sanctions.

– Ce document peut être remis à chaque élève et signé par les parents afin de signaler qu'ils en ont pris connaissance (et pas forcément qu'ils l'acceptent).


• Les règles– Mêlent le normatif (on ne se moque pas) et le

fonctionnel (on range sa table), les règles de vie et les règles pratiques

– Un règlement de classe comprend d’un côté, un pôle des contraintes et des interdits et de l’autre côté le pôle des autorisations et des droits

– La construction des règles est un chantier tout au long de l’année

– Les règles prévoient les transgressions par les élèves = sanctions


• Les règles– On peut par exemple partir de :

• Quatre grands types d’activités– Les activités dirigés par l’enseignant (travail collectif)– Les activités individuelles– Les travaux de groupe– Les temps libres

• Différents domaines constitutifs de l’apprendre-ensemble– Gestion de la parole– Gestion du matériel– Déplacements– …

Sanctions

• Niveau -4 : regard• Niveau -3 : se rapprocher• Niveau -2 : contact• Niveau -1 : rappel à l’ordre

• 1er niveau : les excuses– Pas en public pour les plus grands. Celui qui a fait un acte doit

entendre l'effet que cela a produit avec le professeur comme médiateur.

• 2ème niveau : le changement de place– isoler ou séparer les élèves perturbateurs

Sanctions

• 3ème niveau : travail supplémentaire– Attention le travail supplémentaire autre que

celui que l'élève n'a pas fait ou a délibérément bâclé donne une vision doloriste (utilité de la douleur) de la discipline (les maths sont une peine

– Le travail supplémentaire peut faire réparation si il rentre dans un cadre pédagogique : aide à la préparation d'une séquence (chercher des mots, faire un exposé…). Il devient utile à la classe.

– Il peut aussi prendre la forme d'une fiche de réflexion (à préparer avec la classe). Possibilité de faire ce travail à l'oral avec des plus jeunes.

• Je nomme ce que j'ai fait• J'explique ce que j'ai fait• J'explique en quoi mon comportement a dérangé le groupe ? Le professeur ? Les

pairs ?• Comment je me sens (triste, gêné, seul, indifférent, coupable, en colère, bien, autre) ?• Pourquoi je me sens ainsi ?• Je réparerais mon geste de la façon suivante :• La solution pour éviter que je refasse ce geste c'est

Sanctions• 4ème niveau : communication avec les parents

– De la signature du travail supplémentaire à la fiche de réflexion. Ce qui suppose d'avoir établi un créneau pertinent de communication avec les parents (ouvrir l'école, la classe, dialogue professionnel…)

• 5ème niveau : communication avec la direction– Utiliser la fonction de direction

pour institutionnaliser les sanctions et augmenter la stratification (le directeur peut aussi avoir à signer, il peut aussi recevoir l'élève pour un rappel des normes de discipline, il peut accueillir un élève pour un temps d'isolement…)

Sanctions• 6ème niveau : exclusion de la classe vers une autre

classe– Le travail d'équipe avec les collègues permet de prévoir cette

possibilité. Ils prennent un élève qui vient faire une activité dans leur classe. Placer cet élève dans une classe supérieure évite l'humiliation de le mettre avec les petits.

• 7ème niveau : travail d'intérêt général– L'élève répare les dégradations qu'il a faite (salissure,

bris…) avec du personnel volontaire qui veuille aux conditions de sécurité. Si la dégradation n'est pas réparable il doit faire quelque chose d'utile à la communauté scolaire.

• 8ème niveau : contrat de comportement de l'élève avec rencontre de la famille– Une fiche de suivi sur 7 voire 15 jours de son comportement

hebdomadaire. Elle est rempli par le professeur et signer le soir par les parents. L'élève la ramène le matin au directeur(rice) et en prend une nouvelle à donner au professeur.

Sanctions

9ème niveau un conseil éducatif– Le directeur(rice) convoque l'élève et lui annonce qu'il va passer en

conseil éducatif.– C'est un tribunal. C'est une procédure d'admonestation avec un

président qui réprimande et des représentants de la communauté scolaire et des parents d'élèves qui observent. Cela doit être très ritualisé.

• vers un contrat de comportement signé par l'ensemble des membres• vers une fiche de suivi du comportement de l'élève. Le directeur gère les fiches

mais l'ensemble de la communauté observe son comportement et peut venir écrire ses remarques et observations datées.

• vers un tutorat. Un adulte référent est choisi par l'élève afin de l'aider a trouver des comportements alternatifs et servir de médiateur avec les autres adultes.

Documents

Élèves, sanctions et règlespedagogie.ac-toulouse.fr/ien09-pamiers/IMG/pdf/Gestion... · 2011-11-24 · dans la cour Les maîtres de service ils disent que ça passera avec le temps