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ELOQUENTIA L’éloquence est l’art de parler et de convaincre un auditoire. A Rome, sous la République, le rôle de l’éloquence est important, car la parole publique est omniprésente : sur le forum, vaste espace public où le peuple se réunit tous les après-midi sous un climat particulièrement favorable, les occasions sont nombreuses de prêter l’oreille à des discours : les avocats y plaident en public; perchés sur les Rostres, les orateurs s’adressent à la foule; au Comitium, puis sur le forum sont réunies les assemblées du peuple (comitia) pour débattre de questions judiciaires ou politiques; dans la Curie, les sénateurs délibèrent. Autant d’occasions pour les orateurs de faire valoir leur talent et de remporter l’adhésion du peuple pour gravir les échelons du cursus honorum; c’est grâce au pouvoir de l’éloquence qu’un homme peut réussir dans les domaines judiciaire et politique, intimement liés. L’éloquence s’appuie sur la rhétorique (ars bene dicendi). La rhétorique est l’art théorique de la parole : cette science est très élaborée et très technique. Elle vient des Grecs, mais à partir du IIème siècle avant JC, des orateurs romains prennent le relai des maîtres de rhétorique grecs immigrés à Rome. Grâce aux ouvrages de Cicéron et de Quintilien, nous connaissons les théories de l’art oratoire. Pour être efficace, l’orateur doit parvenir à démontrer (docere) par la rigueur de son argumentation, plaire (placere) par la qualité de son style, et émouvoir (movere) par l’humour et le pathétique. Pour réussir son discours, il doit accomplir cinq tâches : l’inventio (trouver de quoi dire), la dispositio (composer avec rigueur), l’elocutio (travailler le style), la memoria (recourir à la mémoire) et l’actio (mettre en voix et jouer le discours). Selon Cicéron, un bon orateur doit posséder la rhétorique, mais aussi une culture solide et un grand sens moral. Il doit être sensible au sens des problèmes humains et aux problématiques philosophiques (humanitas) : pour devenir un moyen politique, ses discours doivent mettre en œuvre une harmonie parfaite entre la forme et le fond. Sous l’Empire, les empereurs, devenus seuls maîtres des Vocabulaire - audio, is, ire : écouter - contio, onis, f. : l’assemblée du peuple - declamatio, onis, f. : la déclamation - dico, is, ere, dixi, dictum : dire - doceo, es, ere, cui, ctum : enseigner - eloquentia, ae, f. : l’éloquence, le talent de la parole - exordium, ii, n. : l’exorde - loquor, eris, eri, losui, locutus sum : parler - moveo, es, ere, movi, motum : émouvoir - orator, oris, m. : l’orateur - placeo, es, ere, cui, citum : plaire - rhetor, oris, m. : le rhéteur - sententia, ae, f. : l’opinion - verbum, i, n. : le mot, l’expression - vox, vocis, f. : la voix Qu’appelle-t-on les figures de rhétorique ? Cette statue grandeur nature représente un magistrat étrusque en action qui met en scène la théorie de l’actio : l’orateur joue son discours dans le but de convaincre. Dans l’un de ses traités, Cicéron donne une multitude de conseils pour dire convenablement ses discours. Calliope, en grec ancien Καλλιόπη, « belle voix »), est la muse de la grande éloquence et de la poésie épique. Elle est souvent représentée un volumen à la main. Les avocats prononcent leurs plaidoyers (actiones) en public, au forum, ou dans les basiliques en cas d’intempéries. Les orateurs s’expriment aussi depuis les Rostres, tribune aux harangues située sur le forum. La curie (curia) est un des plus anciens monuments élevés sur le forum. C’est dans ce bâtiment que les sénateurs exposent leur point de vue et délibèrent. Les généraux s’expriment parfois devant leurs soldats. Ils déclament des contiones. Sur ce bas- relief, l’empereur harangue ses troupes. La rhétorique est un art né en Grande-Grèce au Vème siècle avant JC. : les orateurs s’en servent alors pour assurer leur promotion sociale. Démosthène, homme d’Etat athénien, choisit d’employer ses talents d’orateur pour lutter contre les ambitions de Philippe II de Macédoine en déclamant ses Philippiques . Admirateur du talent Cicéron, Marcus Tullius Cicero, homme politique et philosophe, est reconnu comme le plus grand orateur de son époque. Il est à la fois praticien et théoricien de l’éloquence. L’orateur a rédigé des traités théoriques sur la rhétorique: il expose la théorie pure, mais s’interroge aussi sur la figure intellectuelle et morale de l’orateur idéal, dans le De Oratore par exemple. Ses discours ont une force politique incroyable. En prononçant ses Catilinaires, Cicéron parvient à déjouer le Les plus grands hommes de la République ont été orateurs : Caton le Censeur, C. Gracchus. L’importance de l’éloquence à Rome se retrouve dans les textes des historiens : dans leurs ouvrages, les discours reconstitués ou fictifs abondent. Sur cette tabula, le texte authentique du discours prononcé par

ELOQUENTIA Léloquence est lart de parler et de convaincre un auditoire. A Rome, sous la République, le rôle de léloquence est important, car la parole

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ELOQUENTIAL’éloquence est l’art de parler et de convaincre un auditoire. A Rome, sous la République, le rôle de l’éloquence est important, car la parole publique est omniprésente : sur le forum, vaste espace public où le peuple se réunit tous les après-midi sous un climat particulièrement favorable, les occasions sont nombreuses de prêter l’oreille à des discours : les avocats y plaident en public; perchés sur les Rostres, les orateurs s’adressent à la foule; au Comitium, puis sur le forum sont réunies les assemblées du peuple (comitia) pour débattre de questions judiciaires ou politiques; dans la Curie, les sénateurs délibèrent. Autant d’occasions pour les orateurs de faire valoir leur talent et de remporter l’adhésion du peuple pour gravir les échelons du cursus honorum; c’est grâce au pouvoir de l’éloquence qu’un homme peut réussir dans les domaines judiciaire et politique, intimement liés.L’éloquence s’appuie sur la rhétorique (ars bene dicendi). La rhétorique est l’art théorique de la parole : cette science est très élaborée et très technique. Elle vient des Grecs, mais à partir du IIème siècle avant JC, des orateurs romains prennent le relai des maîtres de rhétorique grecs immigrés à Rome. Grâce aux ouvrages de Cicéron et de Quintilien, nous connaissons les théories de l’art oratoire. Pour être efficace, l’orateur doit parvenir à démontrer (docere) par la rigueur de son argumentation, plaire (placere) par la qualité de son style, et émouvoir (movere) par l’humour et le pathétique.Pour réussir son discours, il doit accomplir cinq tâches : l’inventio (trouver de quoi dire), la dispositio (composer avec rigueur), l’elocutio (travailler le style), la memoria (recourir à la mémoire) et l’actio (mettre en voix et jouer le discours). Selon Cicéron, un bon orateur doit posséder la rhétorique, mais aussi une culture solide et un grand sens moral. Il doit être sensible au sens des problèmes humains et aux problématiques philosophiques (humanitas) : pour devenir un moyen politique, ses discours doivent mettre en œuvre une harmonie parfaite entre la forme et le fond.Sous l’Empire, les empereurs, devenus seuls maîtres des décisions à prendre, imposent l’ordre et le silence : l’éloquence subit un déclin. La rhétorique reste alors un pilier de l’éducation, mais se réduit à une simple technique.

Vocabulaire- audio, is, ire : écouter- contio, onis, f. : l’assemblée du peuple- declamatio, onis, f. : la déclamation- dico, is, ere, dixi, dictum : dire- doceo, es, ere, cui, ctum : enseigner- eloquentia, ae, f. : l’éloquence, le talent de la parole- exordium, ii, n. : l’exorde- loquor, eris, eri, losui, locutus sum : parler- moveo, es, ere, movi, motum : émouvoir - orator, oris, m. : l’orateur- placeo, es, ere, cui, citum : plaire- rhetor, oris, m. : le rhéteur- sententia, ae, f. : l’opinion- verbum, i, n. : le mot, l’expression- vox, vocis, f. : la voix

Qu’appelle-t-on les figures de rhétorique ?

Cette statue grandeur nature représente un magistrat étrusque en action qui met en scène la théorie de l’actio : l’orateur joue son discours dans le but de convaincre. Dans l’un de ses traités, Cicéron donne une multitude de conseils pour dire convenablement ses discours.Calliope, en grec ancien Καλλιόπη, « belle voix »), est

la muse de la grande éloquence et de la poésie épique. Elle est souvent représentée un volumen à la main.

Les avocats prononcent leurs plaidoyers (actiones) en public, au forum, ou dans les basiliques en cas d’intempéries. Les orateurs s’expriment aussi depuis les Rostres, tribune aux harangues située sur le forum.

La curie (curia) est un des plus anciens monuments élevés sur le forum. C’est dans ce bâtiment que les sénateurs exposent leur point de vue et délibèrent.

Les généraux s’expriment parfois devant leurs soldats. Ils déclament des contiones. Sur ce bas-relief, l’empereur harangue ses troupes.

La rhétorique est un art né en Grande-Grèce au Vème siècle avant JC. : les orateurs s’en servent alors pour

assurer leur promotion sociale. Démosthène, homme d’Etat athénien, choisit d’employer ses talents

d’orateur pour lutter contre les ambitions de Philippe II de Macédoine en déclamant ses Philippiques.

Admirateur du talent et du courage de Démosthène, Cicéron donnera à ses discours contre Antoine le nom

de Philippiques.

Cicéron, Marcus Tullius Cicero, homme politique et philosophe, est reconnu comme le plus grand orateur de son époque. Il est à la fois praticien et théoricien de l’éloquence. L’orateur a rédigé des traités théoriques sur la rhétorique: il expose la théorie pure, mais s’interroge aussi sur la figure intellectuelle et morale de l’orateur idéal, dans le De Oratore par exemple.

Ses discours ont une force politique incroyable. En prononçant ses Catilinaires, Cicéron parvient à déjouer le complot de Catilina visant à détruire la République. Il triomphe des armes par la parole : « Arma togae cedant! »

Les plus grands hommes de la République ont été orateurs : Caton le Censeur, C. Gracchus. L’importance de l’éloquence à Rome se retrouve dans les textes des historiens : dans leurs ouvrages, les discours reconstitués ou fictifs abondent. Sur cette tabula, le texte authentique du discours prononcé par l’empereur Claude qui permet aux chefs gaulois d’accéder aux magistratures romaines.