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PROCÉDÉS & TECHNOLOGIE 46 | V9N6 EMBALLAGE ALIMENTAIRE : un partenaire actif ! LES EMBALLAGES ACTIFS ENTRENT EN INTERACTION AVEC L’ALIMENT OU S’ADAPTENT à SON ENVIRONNEMENT POUR PRéSERVER, LE PLUS LONGTEMPS POSSIBLE, ET DE FAçON OPTIMALE, SES QUALITéS ORGANOLEPTIQUES ET NUTRITIONNELLES. LES POSSIBILITéS OFFERTES PAR LES EMBALLAGES ACTIFS SONT PROMETTEUSES. CERTAINES DE CES APPLICATIONS SONT DéJà COMMERCIALISéES, MAIS PLUSIEURS D'ENTRE ELLES EN SONT ENCORE AU STADE DU DéVELOPPEMENT. L es consommateurs deviennent de plus en plus exigeants. Aujourd’hui, ils veulent des aliments sains, aussi naturels que possible, et conditionnés de ma- nière attrayante. Les industriels alimentaires, tout comme les fabricants de machines et de matériaux d’emballage, doivent donc réagir en apportant des réponses appropriées. Par ailleurs, les consommateurs bien in- formés sont sensibilisés au problème des additifs artificiels, comme les agents de conservation. La durée de vie de l’aliment est également un enjeu majeur autant sur le plan de la sécurité alimentaire que du point de vue de l’économie. Une nouvelle génération d’emballages émerge aujourd’hui en affichant des propriétés tout à fait ori- ginales, qui s’écartent des deux grandes caractéristiques de l’emballage, que sont la protection de l’aliment par effet barrière (vis-à-vis des gaz, de la vapeur d’eau, des micro-organismes, des chocs, etc.) et l’iner- tie de l’emballage vis-à-vis de l’aliment (pas de migration de constituants de l’emballa- ge vers l’aliment). Ces nouvelles techniques d’emballage permettent de ralentir considé- rablement le processus de dégradation, tout en améliorant le contrôle de la fraîcheur. Emballage alimentaire : de passif à actif Auparavant passif, l’emballage devient actif, en agissant sur le produit, et même intelli- gent, en informant et communiquant des renseignements sur l’état du produit. Ces emballages sont regroupés sous l’appellation Smart Packaging. L’emballage traditionnel est inerte : il ne modifie ni les caractéristiques ni la composition des aliments emballés. Il joue un rôle de préservation-conservation de la qualité et assure aussi une qualité d’hy- giène. Selon la terminologie validée par la réglementation européenne : « Un emballage dit actif modifie les conditions d'un produit alimentaire conditionné en vue d'étendre sa durée de conservation ou d'améliorer les aspects de sécurité alimentaire ou de qualité organoleptique/sensorielle, sans dénaturer la qualité du produit. » Dans la gamme des emballages actifs, nous pouvons distinguer deux catégories : 01 Les absorbeurs : ces emballages ont pour objectif de retirer les éléments indésirables qui viendraient nuire à la qualité du produit contenu. 02 Les « relargueurs » d’additifs : cette catégorie permet d’ajouter, d’introduire des éléments bénéfiques à l’ensemble clos – par exemple, des émetteurs d’éthanol, de gaz carbonique, d’agents de conservation, d’arômes, d’agents antimicrobiens, etc. Marchés et tendances Les emballages actifs permettent de mieux répondre aux évolutions du marché et aux exigences des consommateurs et des indus- triels. Par exemple, les produits frais sont de plus en plus recherchés, et leurs circuits de commercialisation nécessitent des emballa- ges adaptés pour les maintenir dans des conditions optimales de conservation en réduisant au maximum l’utilisation d’addi- tifs. L’emballage actif joue ainsi un rôle dans la protection des aliments, et s’avère inté- ressant contre le gaspillage de la nourriture. L’utilisation des emballages actifs touche plusieurs secteurs : la bière, les boissons chaudes, les viandes fraîches et charcute- ries, le poisson frais, les fruits et légumes frais, les plats cuisinés, les produits laitiers, les produits de boulangerie, les grignotines, ainsi que les aliments secs et surgelés. Ces emballages sont en plein développement au Japon, en Europe, aux États-Unis et en Aus- tralie. Depuis un peu moins de 10 ans, ils font également une apparition remarquée mais encore timide, au Canada. « La durée de vie de l’aliment est également un enjeu majeur autant sur le plan de la sécurité alimentaire que du point de vue de l’économie. » Enjeux, défis et cadre réglementaire L’intérêt pour les emballages actifs s’est considérablement accru ces dernières an- nées. Malgré un nombre impressionnant de brevets, les applications commerciales au Canada demeurent limitées. Plusieurs facteurs restreignent la croissance de ce mar- ché : un coût relativement élevé, la résistance des consommateurs et des restrictions impo- sées par la législation portant sur la sécurité alimentaire. PAR ISLEM YEZZA Directeur technique et développement des affaires, Cascades

Emballage Alimentaire: Un Partenaire Actif !

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Les emballages actifs entrent en interaction avec l’aliment ou s’adaptent à son environnement pour préserver, le plus longtemps possible, et de façon optimale, ses qualités organoleptiques et nutritionnelles. Les possibilités offertes par les emballages actifs sont prometteuses. Certaines de ces applications sont déjà commercialisées, mais plusieurs d'entre elles en sont encore au stade du développement.

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EmballagE alimEntairE : un partenaire actif !Les embaLLages actifs entrent en interaction avec L’aLiment ou s’adaptent à son environnement pour préserver, Le pLus Longtemps possibLe, et de façon optimaLe, ses quaLités organoLeptiques et nutritionneLLes. Les possibiLités offertes par Les embaLLages actifs sont prometteuses. certaines de ces appLications sont déjà commerciaLisées, mais pLusieurs d'entre eLLes en sont encore au stade du déveLoppement.

Les consommateurs deviennent de plus en plus exigeants. Aujourd’hui, ils veulent des aliments sains, aussi

naturels que possible, et conditionnés de ma-nière attrayante. Les industriels alimentaires, tout comme les fabricants de machines et de matériaux d’emballage, doivent donc réagir en apportant des réponses appropriées.

Par ailleurs, les consommateurs bien in-formés sont sensibilisés au problème des additifs artificiels, comme les agents de conservation. La durée de vie de l’aliment est également un enjeu majeur autant sur le plan de la sécurité alimentaire que du point de vue de l’économie. Une nouvelle génération d’emballages émerge aujourd’hui en affichant des propriétés tout à fait ori-ginales, qui s’écartent des deux grandes caractéristiques de l’emballage, que sont la protection de l’aliment par effet barrière (vis-à-vis des gaz, de la vapeur d’eau, des micro-organismes, des chocs, etc.) et l’iner-tie de l’emballage vis-à-vis de l’aliment (pas de migration de constituants de l’emballa- ge vers l’aliment). Ces nouvelles techniques d’emballage permettent de ralentir considé-rablement le processus de dégradation, tout en améliorant le contrôle de la fraîcheur.

emballage alimentaire : de passif à actif Auparavant passif, l’emballage devient actif, en agissant sur le produit, et même intelli-gent, en informant et communiquant des renseignements sur l’état du produit. Ces emballages sont regroupés sous l’appellation Smart Packaging. L’emballage traditionnel est inerte : il ne modifie ni les caractéristiques

ni la composition des aliments emballés. Il joue un rôle de préservation-conservation de la qualité et assure aussi une qualité d’hy-giène. Selon la terminologie validée par la réglementation européenne : « Un emballage dit actif modifie les conditions d'un produit alimentaire conditionné en vue d'étendre sa durée de conservation ou d'améliorer les aspects de sécurité alimentaire ou de qualité organoleptique/sensorielle, sans dénaturer la qualité du produit. »

Dans la gamme des emballages actifs, nous pouvons distinguer deux catégories :

01 Les absorbeurs : ces emballages ont pour objectif de retirer les éléments indésirables qui viendraient nuire à la qualité du produit contenu.

02 Les « relargueurs » d’additifs : cette catégorie permet d’ajouter, d’introduire des éléments bénéfiques à l’ensemble clos – par exemple, des émetteurs d’éthanol, de gaz carbonique, d’agents de conservation, d’arômes, d’agents antimicrobiens, etc.

marchés et tendancesLes emballages actifs permettent de mieux répondre aux évolutions du marché et aux exigences des consommateurs et des indus-triels. Par exemple, les produits frais sont de plus en plus recherchés, et leurs circuits de commercialisation nécessitent des emballa- ges adaptés pour les maintenir dans des conditions optimales de conservation en réduisant au maximum l’utilisation d’addi-

tifs. L’emballage actif joue ainsi un rôle dans la protection des aliments, et s’avère inté- ressant contre le gaspillage de la nourriture. L’utilisation des emballages actifs touche plusieurs secteurs : la bière, les boissons chaudes, les viandes fraîches et charcute-ries, le poisson frais, les fruits et légumes frais, les plats cuisinés, les produits laitiers, les produits de boulangerie, les grignotines, ainsi que les aliments secs et surgelés. Ces emballages sont en plein développement au Japon, en Europe, aux États-Unis et en Aus-tralie. Depuis un peu moins de 10 ans, ils font également une apparition remarquée mais encore timide, au Canada.

« la durée de vie de l’aliment est également un enjeu majeur autant sur le plan de la sécurité alimentaire que du point de vue de l’économie. »

enjeux, défis et cadre réglementaire L’intérêt pour les emballages actifs s’est considérablement accru ces dernières an-nées. Malgré un nombre impressionnant de brevets, les applications commerciales au Canada demeurent limitées. Plusieurs facteurs restreignent la croissance de ce mar-ché : un coût relativement élevé, la résistance des consommateurs et des restrictions impo-sées par la législation portant sur la sécurité alimentaire.

Par isLem YezzaDirecteur technique et développement des affaires, Cascades

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D'un point de vue règlementaire, les embal-lages actifs sont de mieux en mieux encadrés. Au Canada, pour les nouveaux emballages, il est nécessaire que toutes les composantes de ceux-ci soient analysées par l’Agence cana-dienne d’inspection des aliments (ACIA), afin qu’elle émette un certificat de conformi-té qui permettra leur utilisation. L'utilisation d’un emballage actif doit satisfaire tout ins-pecteur de l'ACIA : d’une part, il ne doit causer ni contamination directe ou conta-mination indirecte des produits alimentaires au cours de son utilisation ou de son entre-posage, et, d’autre part, il ne doit pas être entreposé dans une aire où sont manipulés des aliments.

Finalement, comme bien d’autres aspects reliés aux emballages alimentaires, les em-ballages actifs demandent une réflexion de fond. Pour le moment, elle est tout juste en-gagée. Dans le foisonnement de propositions d’emballages actifs, il convient de trouver les applications pertinentes, de déterminer le rapport entre le coût et la performance, et de rester logique. Il y a assurément des limites à tenter d’augmenter la durée de vie d’un aliment, sans être certain que sa valeur nutritionnelle n’en est pas affectée.

conclusionLes possibilités offertes par les emballages actifs sont prometteuses. La conservation prolongée des produits et la réduction au niveau des pertes dues à la dégradation des aliments procurent des avantages éco-nomiques considérables à l’industrie de l’alimentation. Au Québec, on s’en tient à quelques absorbeurs d’oxygène ou d’hu-midité et aux emballages sous atmosphère modifiée. Le marché est encore balbutiant et le principe de précaution, adopté dans plusieurs pays, demeure un frein majeur au développement des emballages actifs.

L’avenir des emballages actifs dans l’indus-trie alimentaire semble être conditionné par la réduction de leur prix, combiné à une plus grande acceptation de ces produits par tous les acteurs de la chaîne, et surtout augmenter la durée de vie de l’aliment sans compro-mettre ses propriétés organoleptiques.

embaLLages actifs

au-delà de l’effet barrière

Lesprincipalesapplicationsdesemballagesactifssontantimicrobiennes,organoleptiquesetdepréservation.(Source:BioTendance®,L’emballagealimentaire…depassifàactif.CQVB(Janvier2012),[www.cqvb.qc.ca]).

Les absorbeurs d’oxYgène : La plupart des piégeurs d’O2 sont des composés à base de fer ou de poudres de fer, et ils sont commercialisés sous forme de sachet. Leur fonctionnement repose sur l’oxydation du fer en milieu hydraté. Depuis quelques années, on assiste à une augmentation de produits alimentaires emballés dans des films incorporant directement l’absorbeur d'O2.

Les émetteurs d’éthanoL : Les plus récents développements se focalisent sur l’incorporation de l’éthanol dans les bouchons, emballages et contenants.

Les agents antimicrobiens : Certains films plastiques, actuellement utilisés pour emballer les aliments, renferment des produits antimicrobiens qui réduisent, empêchent ou freinent la prolifération des microorganismes (les levures, les moisissures et bactéries).

nanomatériaux antimicrobiens : Le recours à des nanoparticules synthétiques d'argent, de silice ou d'oxyde de titane dans les films ou barquettes alimentaires permet de réduire la formation de germes en surface.

Les fiLms à perméabiLité séLective (contrôLée) : Ils sont actuellement très recherchés pour le conditionnement sous atmosphère modifiée de végétaux frais ou faiblement transformés.

embaLLage sous atmosphère modifiée (modified atmosphere packaging ou map): C’est un procédé qui repose sur l’altération de la composition de gaz en contact avec la nourriture en remplaçant l’air par un seul gaz ou un mélange de gaz. Le ratio d’oxygène, d’azote, de dioxyde ou de monoxyde de carbone est modifié en fonction du produit alimentaire visé.

— Source : MultiSorb