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ET DANS LE TENDANCES DE L’EMPLOI DES FEMMES FEMMES

EMOI Q ESS - Social Protection and Human Rights...C1. Liste des variables 56 C2. Coefficients estimés 56 E1. Evolution du chômage par sexe, 1997, 2007 et 2017 60 E2. Evolution du

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  • MONDESOCIALESQUESTIONSEMPLOI

    ET

    DANS LE

    TENDANCES DE L’EMPLOI DES FEMMES

    FEMMES

  • Bureau international du Travail • Genève

    TENDANCES POUR LES FEMMES 2017

    EMPLOIQUESTIONSSOCIALESMONDE

    ET

    DANS LE

  • Emploi et questions sociales dans le monde – Tendances pour les femmes 2017 Genève, Bureau international du Travail, 2017

    ISBN 978-92-2-231313-6 imprimé ISBN 978-92-2-231314-3 Web pdf ISBN 978-92-2-231315-0 epub ISBN 978-92-2-231316-7 mobi ISBN 978-92-2-231317-4 kindle

    emploi / chômage / politique du travail / genre / discrimination fondée sur le sexe / division du travail basée sur le sexe

    13.01.3

    Egalement disponible en espagnol: Perspectivas Sociales y del Empleo en el Mundo – Tendencias del empleo femenino 2017 (ISBN 978-92-2-330861-2 (imprimé)), Genève, 2017; et en anglais: World Employment and Social Outlook: Trends for women 2017 (ISBN 978-92-2-130833-1 (imprimé)), Genève, 2017.

    Les désignations utilisées dans les publications du BIT, qui sont conformes à la pratique des Nations Unies, et la présentation des données qui y figurent n’impliquent de la part du Bureau international du Travail aucune prise de position quant au statut juridique de tel ou tel pays, zone ou territoire, ou de ses autorités, ni quant au tracé de ses frontières.

    Les articles, études et autres textes signés n’engagent que leurs auteurs, et leur publication ne signifie pas que le Bureau international du Travail souscrit aux opinions qui y sont exprimées.

    La mention ou la non-mention de telle ou telle entreprise ou de tel ou tel produit ou procédé commercial n’implique de la part du Bureau international du Travail aucune appréciation favorable ou défavorable.

    Les publications et les produits numériques du Bureau international du Travail peuvent être obtenus dans les principales librairies ou auprès des plates-formes de distribution numérique. On peut aussi se les procurer directement en passant commande auprès de [email protected]. Pour plus d’information, consultez notre site internet www.ilo.org/publns ou écrivez à l’adresse [email protected].

    Copyright © Organisation internationale du Travail 2017

    Première édition 2017

    Les publications du Bureau international du Travail jouissent de la protection du droit d’auteur en vertu du protocole nº 2, annexe à la Convention universelle pour la protection du droit d’auteur. Toutefois, de courts passages pourront être reproduits sans autorisation, à la condition que leur source soit dûment mentionnée. Toute demande d’autorisation de reproduction ou de traduction devra être adressée au Bureau des publications (Droits et licences), Bureau international du Travail, CH-1211 Genève 22, Suisse, ou par courriel: [email protected]. Ces demandes seront toujours les bienvenues.

    Bibliothèques, institutions et autres utilisateurs enregistrés auprès d’un organisme de gestion des droits de reproduction ne peuvent faire des copies qu’en accord avec les conditions et droits qui leur ont été octroyés. Visitez le site www.ifrro.org afin de trouver l’organisme responsable de la gestion des droits de reproduction dans votre pays.

    Données de catalogage du BIT

    Cette publication a été réalisée par le Service de production, impression et distribution des documents et publications (PRODOC) du BIT.

    Création graphique, conception typographique, mise en pages, préparation de manuscrits, lecture et correction d’épreuves, impression, édition électronique et distribution.

    PRODOC veille à utiliser du papier provenant de forêts gérées d’une façon qui est respectueuse de l’environnement et socialement responsable.

    Code: DTP-CORR-WEI-ICA

  • Remerciements iii

    Remerciements

    Le rapport Emploi et questions sociales dans le monde – Tendances pour les femmes 2017 a été préparé par l’Unité de l’analyse des tendances et de l’évaluation des politiques (dirigée par Steven Tobin) du Département de la recherche du BIT. Il a été élaboré par Stefan Kühn, Richard Horne et Sheena Yoon. Judy Rafferty a fourni une aide précieuse aux travaux de recherche.

    Les données prévisionnelles sont issues des Modèles économétriques des tendances du BIT, gérés par Stefan Kühn et Steven Kapsos. Ce rapport n’aurait pas vu le jour sans les informations et les données de base sur le marché du travail apportées par l’équipe dirigée par Steven Kapsos, en particulier David Bescond, Rosina Gammarano, Roger Gomis, Yves Perardel et Marie-Claire Sodergren du Département de statistique du BIT.

    Le rapport a également bénéficié des recommandations de Sangheon Lee, directeur par intérim du Département de la recherche, et des commentaires de L. Jeff Johnson, son directeur adjoint. L’équipe souhaite aussi remercier Deborah Greenfield, directrice générale adjointe pour les politiques, et James Howard, conseiller principal au Cabinet du Directeur général, pour leurs excellentes suggestions. Les auteurs remercient le Service des questions de genre, de l’égalité et de la diversité du BIT et d’autres collègues pour leurs retours et leurs contributions, notamment Laura Addati, Antonia Asenjo, Florence Bonnet, Marva Corley-Coulibaly, Fernanda Dutra, Elizabeth Echeverria Manrique, Sara Elder, Ekkehard Ernst, Michela Esposito, Valeria Esquivel, Andre Gama, Carla Henry, Phu Huynh, Steven Kapsos, Takaaki Kizu, Santo Milasi, Guillermo Montt, Louise Nennen, Shauna Olney, Ira Postolachi, Uma Rani, Claudia Ruiz, Pelin Sekerler-Richiardi, Isabel Valarino, Christian Viegelahn et Zheng Wang.

  • Table des matières v

    Table des matières

    Remerciements iii

    Résumé analytique 1

    1. Ecarts entre les sexes sur le marché du travail: tendances et conséquences d’une amélioration des résultats pour les femmes 7

    Introduction 7

    1.1 Taux d’activité 7

    1.2 Chômage 10

    1.3 Inégalité des chances dans les secteurs et les professions 12

    1.4 Statut dans l’emploi 15

    1.5 Ecarts de revenu 19

    1.6 Avantages économiques d’une résorption des écarts entre les sexes 21

    2. Evaluer les facteurs à l’origine des inégalités entre les sexes sur le marché du travail 25

    Introduction 25

    2.1 Comprendre les écarts entre les sexes: données descriptives et cadre d’analyse 25

    2.2 Préférences, conformité aux rôles sexospécifiques et contraintes socio-économiques: évaluation empirique 30

    2.3 Décomposition des écarts entre les sexes sur le lieu de travail 34

    2.4 Conclusions 36

    3. Considérations sur la politique à mener 39

    3.1 Redéfinir les rôles dévolus à chaque sexe et les préférences personnelles 39

    3.2 Lever les contraintes socio-économiques 42

    3.3 Améliorer l’égalité de conditions sur le marché du travail 45

    3.4 Pour aller de l’avant 46

    Annexes 49

    A. Classification des pays par région et niveau de revenu 49

    B. Estimations, projections et scénarios relatifs au marché du travail 51

    C. Estimer le taux d’activité féminine 55

    D. Décomposer les écarts entre les sexes dans les relations d’emploi 59

    E. Les indicateurs clés du marché du travail ventilés par sexe 60

    Références 71

  • vi Emploi et questions sociales dans le monde – Tendances pour les femmes 2017

    Encadrés

    1. Mesurer la ségrégation sexuelle dans la distribution de l’emploi 132. L’emploi à temps partiel subi dans l’Union européenne des 28 173. Inégalités de temps de travail et de couverture de protection sociale 184. Aspects sexospécifiques de la pauvreté au travail dans les pays développés 215. Répercussions économiques du scénario «25 d’ici à 25» 236. La valeur du travail invisible 277. Transformer les normes sociales et les préférences personnelles 418. Alléger les contraintes socio-économiques pesant sur les femmes 439. Rendre les femmes autonomes pour garantir une amélioration des conditions

    du marché du travail 46

    Figures

    1. Décomposition de la ségrégation sectorielle totale par région, 1997 et 2017 132. Concentration professionnelle relative par sexe et par groupe de revenu des pays,

    dernière année disponible 153. Statut d’emploi par sexe et par région, 2017 164. Taux d’activité moyen des femmes et revenu par habitant, 2016 265. Cadre d’analyse des résultats du marché du travail 286. Effets cumulatifs estimés des vecteurs essentiels 337. Décomposition des écarts entre les sexes par type de relation d’emploi 35

    Tableaux

    1. Taux d’activité par sexe et écart entre les sexes, 1997-2021 82. Taux de chômage par sexe et écart entre les sexes, 1997-2021 113. Emploi par classe économique et par sexe, 2017 204. Effets d’une réduction des inégalités sur le marché du travail d’ici à 2025 235. Préférences des femmes et obstacles à leur participation au marché du travail, 2016 266. Effet marginal des vecteurs sur la probabilité de participer au marché du travail 317. Cadre de mesures à prendre contre les inégalités entre les sexes sur le marché du travail 40C1. Liste des variables 56C2. Coefficients estimés 56E1. Evolution du chômage par sexe, 1997, 2007 et 2017 60E2. Evolution du chômage par sexe, 1997, 2007 et 2017 60E3. Evolution du taux d’activité par sexe, 1997, 2007 et 2017 61E4. Evolution du taux d’activité par sexe, 1997, 2007 et 2017 61E5a. Statut d’emploi par sexe, 1997 62E5b. Statut d’emploi par sexe, 2007 62E5c. Statut d’emploi par sexe, 2017 63E6a. Emploi par classe économique et par sexe, 1997 63E6b. Emploi par classe économique et par sexe, 2007 64E6c. Emploi par classe économique et par sexe, 2017 64E7a. Part de l’emploi par secteur et par sexe, 1997 65E7b. Part de l’emploi par secteur et par sexe, 2007 66E7c. Part de l’emploi par secteur et par sexe, 2017 67E8. Répartition professionnelle par sexe, 2015 68

  • Résumé analytique 1

    Résumé analytique

    Les écarts entre les hommes et les femmes dans le monde du travail restent considérables et sont dus tout d’abord à l’accès limité des femmes au marché du travail…

    Les écarts entre les sexes sur le marché du travail sont l’une des questions les plus urgentes à régler pour la communauté internationale. Les femmes ont en effet nettement moins de chances que les hommes de participer au marché du travail, qu’il s’agisse d’avoir un emploi ou d’en rechercher un: en 2017, le taux d’activité mondial des femmes – un peu plus de 49 pour cent – est inférieur de presque 27 points de pourcentage à celui des hommes (aucun progrès n’est attendu pour 2018). Il est préoccupant de constater que cet écart s’inscrit dans une tendance à la baisse des taux d’activité tant pour les hommes que pour les femmes: entre 1997 et 2017, ils ont diminué d’environ 3 points de pourcentage. Si l’écart se résorbe dans certains pays, c’est en raison d’une baisse du taux d’activité plus prononcée pour les hommes que pour les femmes.

    En 2017, ce sont les femmes des pays émergents qui souffrent du plus grand écart entre les sexes des taux d’activité, de presque 31 points de pourcentage, suivies par celles des pays développés, d’un peu plus de 16 points de pourcentage, et celles des pays en développement, de 12 points de pourcentage. En ce qui concerne la localisation, les écarts sont plus importants dans les Etats arabes, en Afrique du Nord et en Asie du Sud, où ils dépassent 50 points de pourcentage. Ces trois régions enregistrent également les plus faibles taux d’activité des femmes (moins de 30 pour cent, contre une moyenne mondiale de 49 pour cent).

    A l’horizon 2021, l’écart devrait se réduire dans seulement six des onze sous-régions pour lesquelles des données sont disponibles. Dans les autres, il devrait s’élargir ou rester stable.

    Compte tenu du manque persistant de progrès suffisants concernant la situation des femmes sur le marché du travail, le Directeur général du BIT a lancé l’initiative du centenaire sur les femmes au travail. Elle vise à identifier les mesures novatrices susceptibles de donner un nouvel élan au travail du BIT sur l’égalité entre hommes et femmes et sur la non-discrimination avant et après le centenaire de l’OIT, en 2019. Les informations présentées dans ce rapport constituent une composante essentielle dans l’avancée de ce programme.

    … et, une fois sur le marché du travail, les femmes ont un accès restreint aux possibilités d’emploi de qualité

    Lorsque les femmes accèdent au marché du travail, elles ont moins de chance de trouver un emploi que les hommes. Globalement, le taux de chômage des femmes se situe à 6,2 pour cent et celui des hommes à 5,5 pour cent en 2017, ce qui représente un écart de 0,7 point de pourcentage. En 2018, ces taux devraient rester relativement inchangés, ce qui signifie que l’écart va se maintenir à son niveau actuel (aucun progrès n’est attendu avant 2021 si l’on s’en tient aux tendances récentes). Au plan mondial, cet écart n’a pas enregistré de changement significatif ces dernières années, malgré des variations considérables selon les groupes de revenu des pays. Par exemple, l’écart s’est accru dans les pays émergents au cours de la dernière décennie: de 0,5 point de pourcentage en 2007 à 0,7 point en 2017. En revanche, les écarts dans les pays en développement et dans les pays développés se sont réduits pour atteindre 1,8 et 0,5 point de pourcentage, respectivement.

    Dans les Etats arabes et en Afrique du Nord, le taux de chômage des femmes dépasse 20 pour cent, soit plus du double de celui des hommes. En conséquence, l’écart est supérieur à 10 points de pour-centage en 2017 (l’écart a augmenté dans les deux régions au cours de la dernière décennie).

  • 2 Emploi et questions sociales dans le monde – Tendances pour les femmes 2017

    Quand elles sont dans l’emploi, près de 15 pour cent des femmes sont des travailleurs familiaux (c’est-à-dire des travailleurs indépendants accomplissant des tâches dans un établissement géré par un parent), alors que ce statut ne concerne que 5,5 pour cent des hommes. C’est dans les pays en dé-veloppement, où près de 36,6 pour cent des femmes sont des travailleurs familiaux, contre seulement 17,2 pour cent des hommes, que l’écart – de plus de 19 points de pourcentage – est le plus grand. En outre, il s’est élargi de plus de 2 points de pourcentage au cours de la dernière décennie.

    Les femmes risquent également de travailler un plus grand nombre d’heures non rémunérées en raison du temps passé à des tâches domestiques et à des activités de soins. Si l’on tient compte de la totalité du travail effectué, rémunéré ou pas, elles sont dans l’ensemble susceptibles de travailler un plus grand nombre d’heures que les hommes. Par ailleurs, lorsque les femmes sont dans l’emploi rémunéré, elles travaillent en moyenne moins d’heures, soit parce qu’elles choisissent de travailler à temps partiel, soit parce que c’est la seule possibilité qui leur est offerte. Dans les pays en développement pour lesquels des données sont disponibles, le sous-emploi lié à la durée du travail (mesuré en fonction du nombre de personnes travaillant moins que ce qu’elles souhaiteraient) peut concerner 40 à 50 pour cent des femmes. Dans le même ordre d’idées, le travail à temps partiel subi (de moins de trente heures par semaine) représentait 8,2 pour cent de l’emploi total pour les femmes de l’Union européenne des 28 en 2015, contre 2,6 pour cent pour les hommes.

    De plus, la distribution sectorielle de l’emploi selon le sexe montre une forte ségrégation, avec une concentration relativement élevée de femmes dans les secteurs de l’éducation, de la santé et du travail social, suivis du commerce de gros et de détail. En outre, ce degré de ségrégation sur une base sec-torielle a augmenté d’un tiers au cours des deux dernières décennies. La ségrégation professionnelle existe tant dans les pays émergents que dans les pays développés, où les femmes sont relativement concentrées dans les secteurs des services et de la vente, ainsi que dans les emplois de bureau (dans les pays développés) et parmi les ouvriers qualifiés de l’agriculture, de la foresterie et de la pêche (dans les pays émergents).

    Résorber ces écarts procurerait des bénéfices économiques et améliorerait le bien-être des individus

    En 2014, les responsables du G20 se sont engagés à réaliser l’objectif «25 d’ici à 25», c’est-à-dire à réduire l’écart des taux d’activité entre les hommes et les femmes de 25 pour cent d’ici à 2025. Les estimations figurant dans ce rapport indiquent que, sous certaines conditions, atteindre cet objectif dans tous les pays permettrait d’augmenter l’emploi mondial de 189 millions de postes ou 5,3 pour cent. La grande majorité des emplois gagnés (162 millions) le seraient dans les pays émergents en raison de leur taille relative et aussi parce qu’ils présentent les plus forts écarts entre les sexes. Les répercussions dans les pays en développement et dans les pays développés seraient moindres, que ce soit en chiffres absolus ou en pourcentage des niveaux d’emploi actuels (principalement en raison d’écarts de taux d’activité comparativement plus faibles). Cela étant, l’emploi augmenterait de 2 pour cent dans les pays en développement et de 3,3 pour cent dans les pays développés.

    Un tel résultat procurerait des bénéfices économiques significatifs, avec une hausse du PIB mondial de 3,9 pour cent en 2025, ou 5 800 milliards de dollars des Etats-Unis (représentant une hausse de près d’un demi-point de pourcentage de la croissance moyenne du PIB mondial au cours des huit prochaines années). Les régions qui présentent les plus forts écarts entre hommes et femmes, à savoir l’Afrique du Nord, les Etats arabes et l’Asie du Sud, engrangeraient les plus gros bénéfices. Toutefois, même la croissance moyenne annuelle du PIB de l’Amérique du Nord et de certaines parties de l’Europe gagnerait un quart de point de pourcentage, ce qui n’est pas négligeable à une époque de faible croissance économique. La réalisation de cet objectif pourrait entraîner une forte hausse des recettes fiscales, qui pourraient à leur tour servir à financer des mesures pour s’attaquer aux écarts entre les sexes sur le marché du travail évoqués ci-après. En effet, ces recettes pourraient augmenter de 1 500 milliards de dollars au niveau mondial.

    Intégrer plus de femmes sur le marché du travail induit d’évidents avantages économiques mais aussi d’autres effets positifs importants. A cet égard, il faut souligner l’amélioration du bien-être des femmes et en conséquence la possibilité d’atteindre leurs objectifs: indépendamment de leur statut d’emploi, 70 pour cent des femmes préfèrent occuper un emploi rémunéré. Le fait que plus de la moitié des femmes soient exclues de la population active au niveau mondial indique que des obstacles sérieux restreignent leur capacité et leur liberté d’en faire partie.

  • Résumé analytique 3

    Pour aller plus loin, résorber les écarts entre les sexes exige des efforts concertés dans plusieurs domaines d’action. A ce propos, la première préoccupation des responsables politiques devrait être d’alléger les contraintes qui pèsent sur la liberté des femmes de choisir d’entrer sur le marché du travail ou pas et de lever les obstacles auxquels elles se trouvent confrontées lorsqu’elles travaillent.

    Les femmes qui souhaitent améliorer leur situation sur le marché du travail sont freinées par des normes sociales et des contraintes socio-économiques

    Une condition pour entrer sur le marché du travail est bien évidemment de préférer et de désirer le faire. Si l’aspiration est nécessaire, elle n’est toutefois pas suffisante. En effet, plusieurs autres facteurs peuvent dissuader les femmes d’être actives. La préférence et la décision d’une femme (même la li-berté de choisir) de participer au marché du travail ou d’améliorer sa qualité d’emploi (par exemple en termes de salaire, de profession ou de statut d’emploi) peuvent être entravées par diverses contraintes.

    En réalité, les chances d’une femme d’entrer sur le marché du travail dépendent bien moins de la décision de le faire que des contraintes socio-économiques dans presque tous les groupes de pays (jusqu’à 30 points de pourcentage de la probabilité de participer). Les contraintes les plus fréquentes sont l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée, le statut marital et le manque de transport.

    La conformité aux rôles sexospécifiques – les préférences et les attentes des hommes comme des femmes sur le marché du travail – explique également les contraintes pesant sur le taux d’activité des femmes. C’est le cas dans tous les groupes de pays, mais dans une moindre mesure dans les pays émergents. Les facteurs les plus importants à cet égard, encore qu’à des niveaux variables, concernent le degré d’acceptation du travail rémunéré des femmes par les membres de la famille et par la société dans son ensemble.

    L’analyse des écarts entre les sexes au travail, c’est-à-dire des écarts entre hommes et femmes par rapport au type d’emploi (par exemple les travailleurs familiaux, le travail à temps partiel, etc.), montre que le principal vecteur de ces différences ne repose pas sur la profession ni sur le secteur dans lequel les femmes travaillent, mais sur d’autres facteurs (tels que la discrimination ou l’éducation). Cela constitue un indicateur probant de l’impact significatif direct des normes sociales sur l’écart entre hommes et femmes dans l’emploi.

    Un ensemble complet de mesures est nécessaire tout d’abord pour redéfinir les rôles dévolus à chaque sexe et pour améliorer l’égalité dans les conditions de travail…

    Compte tenu de l’importance des normes sociales et de la conformité aux rôles dévolus à chaque sexe pour expliquer les écarts entre hommes et femmes dans le monde du travail, des mesures adé-quates doivent être prises pour s’attaquer aux causes profondes de la ségrégation et pour diversifier les possibilités d’emploi traditionnelles pour les femmes et pour les hommes. C’est la seule façon de lever les contraintes pesant sur le rôle des femmes au travail. Ces mesures impliquent de lutter contre la discrimination à l’intérieur et à l’extérieur du milieu du travail. Dans le but d’atteindre les cibles des objectifs de développement durable (notamment l’objectif 5, égalité entre les sexes), les mesures appropriées doivent s’attacher principalement au traitement différentiel et à la perception de la place des femmes dans le monde du travail et plus généralement dans la société, notamment, mais non exclusivement, en:

    • Favorisant l’égalité de rémunération pour un travail de valeur égale: Le principe d’égalité de rému-nération pour un travail de valeur égale doit être intégré dans la législation et dans les processus de négociation collective. Cette obligation s’accompagne de prérequis, tels qu’une meilleure transpa-rence salariale et une évaluation des emplois exempte de sexisme, et devrait également s’appuyer sur les outils disponibles, tels que les systèmes de détermination des salaires minima, et renforcer la négociation collective. Atteindre cet objectif encouragera aussi un traitement égal pour d’autres catégories de travailleurs, notamment ceux de l’économie informelle.

    • S’attaquant aux causes profondes de la ségrégation professionnelle et sectorielle: Contester les normes sociales et accorder plus de valeur aux compétences liées aux activités de soins aidera à casser les stéréotypes sexistes. Ce processus commence dès l’enfance, par l’éducation et la sensibi-lisation, par exemple en garantissant un accès égal aux possibilités éducatives et en se préoccupant

  • 4 Emploi et questions sociales dans le monde – Tendances pour les femmes 2017

    des différences entre les sexes dans le domaine d’études choisi par les individus. Récompenser le travail de soin par une rémunération appropriée sera également un pas en avant. Soutenir la re-présentation et la participation active des femmes aux processus décisionnels aidera aussi à lutter contre la ségrégation professionnelle et sectorielle. Cela s’applique à l’appareil d’Etat dans tous les domaines, au sein des groupes d’employeurs et de travailleurs, ainsi que des entreprises.

    • Transformant les institutions pour prévenir et éliminer la discrimination, la violence et le harcèlement envers les femmes comme envers les hommes: La législation destinée à prévenir et éliminer la discrimination fondée sur le sexe est un premier pas important. Néanmoins, les lois seules sont in-suffisantes, même strictement appliquées et encadrées, pour prévenir et éliminer la discrimination, la violence et le harcèlement dans le monde du travail. Les sanctions dissuasives, les organismes spécialisés en matière d’égalité et les campagnes d’information publiques sont d’utiles mesures complémentaires pour changer les mentalités et les normes sociales.

    … et ensuite pour s’attaquer aux facteurs socio-économiques, notamment les activités de soins, qui ont une influence sur le taux d’activité des femmes

    Les femmes font une contribution disproportionnée à la société et aux ménages en fournissant un tra-vail en grande partie invisible et souvent sous-évalué. Ce type de travail – qui comprend, entre autres, le soin apporté aux membres de la famille – est nécessaire à la survie des foyers et contribue de manière significative au bien-être multidimensionnel des sociétés, au développement des communautés et à l’amélioration des capacités de toutes les vies humaines. Par conséquent, reconnaître et valoriser cet apport des femmes, qui occupent souvent également un emploi rémunéré, jouera un rôle essentiel et complémentaire pour libérer le potentiel de leur travail et reconnaître la valeur de celui-ci. Des mesures dans ce sens pourraient consister à:

    • Introduire de meilleures politiques en faveur de l’équilibre travail-famille: Des millions de femmes et d’hommes dans le monde ne disposent pas du droit fondamental à une protection parentale adéquate et à d’autres dispositifs de protection sociale de base. Des efforts doivent être faits pour parvenir à un équilibre harmonieux entre travail et famille et, partant, pour offrir aux femmes et aux hommes de bonnes conditions de travail compatibles avec la vie familiale. Parallèlement, le travail à des horaires atypiques et à temps partiel médiocre pénalise les femmes de manière dispropor-tionnée dans la population active. Aussi, une protection sociale adéquate doit inclure la dimension du genre dans la conception, la mise en place et l’évaluation des systèmes de protection sociale, d’une façon adaptée aux caractéristiques et aux besoins des hommes comme des femmes, notam-ment la maternité et la part inégale attribuée aux femmes de ce qui est traditionnellement considéré comme un travail féminin, à savoir l’aide non rémunérée aux familles et les tâches ménagères, tout en intégrant des dispositions non sexistes afin d’éviter d’entretenir la ségrégation.

    • Créer et protéger les emplois de qualité dans le secteur des soins à la personne: Les femmes sont surreprésentées dans certains domaines d’activité, notamment dans ceux des soins à la personne – qui souffrent souvent de régulation et de protection inadéquates. Par conséquent, il est néces-saire de favoriser le travail décent pour les professionnels des soins, notamment les travailleurs domestiques et migrants, afin de combler les déficits dans ce secteur d’activité. Dans le même temps, il est impératif de reconnaître, réduire et redistribuer les activités de soins non rémunérées par l’intermédiaire des services publics et en modifiant l’infrastructure sociale.

    • Cibler l’environnement macroéconomique et l’économie informelle: Les politiques macroécono-miques peuvent constituer des leviers pour l’égalité entre les sexes. Néanmoins, en raison de leur risque accru d’être engagées dans un emploi informel ou dans des secteurs précaires, les femmes peuvent être affectées de manière disproportionnée par les baisses et annulations d’en-gagements budgétaires en faveur d’importants dispositifs sociaux. Par conséquent, des politiques macroéconomiques plus inclusives sont un prérequis nécessaire et doivent être complétées par des mesures attentives aux différences entre les sexes, notamment la formalisation des emplois dans l’économie informelle.

  • 1. Ecarts entre les sexes sur le marché du travail 7

    1

    Introduction

    Les inégalités entre les sexes dans le monde du travail sont l’une des questions sociales les plus ur-gentes à régler pour la communauté internationale. Les femmes ont en effet moins de chances que les hommes de participer au marché du travail, et celles qui y accèdent courent un plus grand risque de ne pas trouver un emploi. En outre, lorsqu’elles réussissent à obtenir un emploi, les femmes souffrent fréquemment d’autres inégalités sur le lieu de travail. Cela étant, ce chapitre quantifie l’ampleur des inégalités entre les sexes dans le monde du travail et en fait la comparaison d’une région à l’autre.

    Il présente tout d’abord en détail les écarts entre les taux d’activité féminine et masculine, et donne un aperçu des importantes différences régionales concernant l’accès des femmes au marché du travail. Puis le chapitre analyse les écarts entre les taux de chômage. Il se penche également sur certaines inégalités sur le lieu de travail, notamment le statut dans l’emploi, les salaires et revenus, et les op-portunités professionnelles et sectorielles. Enfin, il tente de quantifier les répercussions économiques potentielles d’une élimination des inégalités entre hommes et femmes sur le marché du travail.

    1.1 Taux d’activité

    Les écarts entre les taux d’activité des hommes et des femmes restent importants, notamment dans les pays émergents

    Au niveau mondial, le taux d’activité des femmes – 49,4 pour cent – est de 26,7 points de pourcentage inférieur à celui des hommes en 2017 et il restera probablement identique en 2018 (tableau 1). Cet écart s’inscrit dans une tendance à la baisse du taux d’activité tant pour les hommes que pour les femmes sur le long terme, le taux d’activité global ayant baissé de 65,7 pour cent en 1997 à 62,9 pour cent en 2017. Entre 1997 et 2007, le taux d’activité des hommes a nettement plus reculé que celui des femmes, réduisant ainsi l’écart entre les sexes, mais les deux sont restés relativement stables au cours de la dernière décennie, de même que l’écart.

    C’est dans les pays émergents que les femmes font face aux inégalités les plus marquées dans les taux d’activité, avec un écart de 30,6 points de pourcentage 1. L’écart le plus important se trouve en-suite dans les pays développés, à 16,1 points de pourcentage, mais il s’est toutefois réduit de plus de 5 points au cours des deux dernières décennies et il devrait continuer à se résorber. Ce sont les pays en développement qui présentent le plus faible écart entre les taux d’activité féminine et masculine, le taux d’activité élevé des femmes étant souvent poussé par la nécessité économique.

    1. Voir l’annexe A pour les détails sur la classification des pays par région et niveau de revenu.

    Ecarts entre les sexes sur le marché du travailTendances et conséquences d’une amélioration des résultats pour les femmes

  • 8 Emploi et questions sociales dans le monde – Tendances pour les femmes 2017

    Les écarts devraient se creuser ou rester inchangés dans la plupart des régions

    A l’exception de l’Asie de l’Est et de l’Asie du Sud, l’écart de taux d’activité entre hommes et femmes s’est réduit dans toutes les régions au cours des deux dernières décennies, bien qu’à des degrés divers. Ce resserrement est largement dû à des progrès accomplis en ce qui concerne le taux d’activité féminine. La seule exception concerne l’Amérique du Nord, où le taux d’activité des hommes baisse plus vite que celui des femmes, ce qui se traduit par une apparente «amélioration» en termes d’écart.

    Afrique

    L’Afrique du Nord présente l’un des écarts les plus importants, à 51,2 points de pourcentage (derrière les Etats arabes, à 55,2 points). La diminution du taux d’activité des hommes et la relative stabilité de celui des femmes ont réduit l’écart de 2,2 points de pourcentage entre 1997 et 2007. Le terrain gagné a toutefois été peu à peu perdu au cours de la dernière décennie et l’écart s’est élargi de 0,2 point, même si les taux d’activité ont augmenté pour les deux sexes (mais dans des proportions différentes). La région enregistre toujours l’un des plus faibles taux d’activité féminine, à 22,9 pour cent en 2017, mais une baisse soutenue des inégalités est attendue d’ici à 2021.

    L’écart des taux d’activité en Afrique subsaharienne reste pratiquement inchangé par rapport à la décennie précédente, à 11,7 points de pourcentage. En outre, peu d’évolution est attendue d’ici à 2021. La proportion de femmes actives dans cette région est la plus élevée au monde, avec un taux de 64,6 pour cent. Ce résultat s’explique à la fois par la prévalence de la pauvreté et par le manque d’accès à la protection sociale, ce qui ne laisse guère d’autre choix aux hommes comme aux femmes que de travailler par nécessité. Cette réalité – outre l’accès limité à l’éducation et à la formation profes-sionnelle – explique également que plus de femmes se trouvent dans des formes d’emploi vulnérables, en l’occurrence à leur propre compte2 ou dans le travail familial 3 (voir section 1.4).

    2. Travaillant pour leur propre compte ou avec un ou plusieurs associés, occupent un type d’emploi défini comme indépendant, et n’ont pas engagé de salarié de façon continue durant la période de référence.

    3. Occupant un emploi indépendant dans une entreprise orientée vers le marché et exploitée par un parent vivant dans le même ménage, mais avec un degré limité d’implication qui ne permet pas de les considérer comme des associés.

    Taux d’activité par sexe (pour cent) et écart entre les sexes (points de pourcentage), 1997-2021

    Pays/région 1997-2017 2017 2018 2018-2021

    Ecart Ecart Ecart Ecart

    Monde 76,1 49,4 26,7 76,0 49,3 26,7 ÆPays en développement 82,6 70,3 12,3 82,6 70,3 12,3 ÆPays émergents 77,5 46,9 30,6 77,4 46,7 30,7 ÇPays développés 68,0 51,9 16,1 67,9 51,8 16,1 ÈAfrique du Nord 74,1 22,9 51,2 74,1 22,9 51,2 ÈAfrique subsaharienne 76,3 64,6 11,7 76,4 64,7 11,7 ÆAmérique latine et Caraïbes 78,3 52,7 25,6 78,3 52,7 25,6 ÈAmérique du Nord 68,3 56,2 12,1 68,1 56,1 12,0 ÆAsie de l’Est 76,8 61,3 15,5 76,6 60,9 15,7 ÇAsie du Sud-Est et Pacifique 81,2 58,8 22,4 81,1 58,8 22,3 ÆAsie du Sud 79,4 28,6 50,8 79,5 28,7 50,8 ÈEtats arabes 76,4 21,2 55,2 76,3 21,3 55,0 ÈEurope du Nord, du Sud et de l’Ouest 63,8 51,3 12,5 63,6 51,2 12,4 ÈEurope de l’Est 68,1 53,0 15,1 67,9 52,9 15,0 ÈAsie centrale et occidentale 73,5 44,1 29,4 73,5 44,1 29,4 Æ

    Notes: Dans ce rapport, les chiffres pour 2017 et les années suivantes sont des projections. L’évolution pour la période 2018-2021 est signalée par une flèche rouge orientée vers le haut s’il est prévu que l’écart se creuse de plus de 0,1 point de pourcentage, par une flèche verte orientée vers le bas s’il est prévu que l’écart se réduise de plus de 0,1 point de pourcentage, et par une flèche noire horizontale si des écarts intermédiaires sont prévus. Les chiffres des colonnes «Ecart», qui se réfèrent à la différence en points de pourcentage entre les taux d’activité des hommes et des femmes, et les évolutions peuvent ne pas correspondre exactement en raison de l’arrondi.

    Source: Modèles économétriques des tendances, BIT, novembre 2016.

    Tableau 1

  • 1. Ecarts entre les sexes sur le marché du travail 9

    Amériques

    Au cours des deux dernières décennies, l’Amérique latine et les Caraïbes ont enregistré la plus forte résorption de l’écart entre les taux d’activité masculine et féminine au monde. L’écart s’est réduit de 9,5 points de pourcentage sur la période, pour atteindre 25,6 points en 2017, l’essentiel de ce résultat ayant été obtenu entre 1997 et 2007 (7 points). Cette tendance s’explique par une baisse constante du taux d’activité des hommes et par une hausse de celui des femmes entrant dans la vie active. Entre 1997 et 2007, le taux d’activité féminine a bondi de 5,3 points de pourcentage, puis de 0,8 point en-suite, pour atteindre 52,7 pour cent en 2017. Un nouveau resserrement modéré de l’écart est prévu entre 2018 et 2021.

    En Amérique du Nord, l’écart s’est réduit de 3,4 points de pourcentage au cours de vingt dernières années, pour atteindre 12,1 pour cent en 2017. Depuis 2007, le taux d’activité des hommes a reculé de 3,8 points de pourcentage et celui des femmes de 2,5 points, ce qui situe ce dernier à 56,2 pour cent en 2017. Les taux d’activité féminine et masculine devraient baisser de façon marginale en 2018, mais au même rythme, ce qui fait que l’écart devrait rester inchangé d’ici à 2021.

    Asie et Pacifique

    L’Asie de l’Est est l’une des deux seules régions (avec l’Asie du Sud) où le taux d’activité féminine a nettement reculé depuis 1997, ce qui s’est traduit par un creusement de l’écart entre les sexes de 15,5 points de pourcentage en 2017. En fait, le taux d’activité des femmes et celui des hommes ont baissé de manière significative entre 1997 et 2007, mais celui des hommes a reculé de 1,3 point au cours de la dernière décennie, tandis que celui des femmes a diminué de 2 points, ce qui explique le creusement de l’écart. Malgré tout, le taux d’activité des femmes de la région reste le deuxième le plus élevé au monde, à 61,3 pour cent. Une nouvelle baisse de ce taux d’ici à 2021 devrait encore creuser les inégalités.

    En Asie du Sud-Est et dans le Pacifique, l’écart a légèrement diminué – de 1,6 point de pourcen-tage – au cours des deux dernières décennies, pour se situer à 22,4 points en 2017. Ce resserrement s’explique avant tout par une légère hausse du taux d’activité des femmes et une baisse de celui des hommes. Le taux d’activité des femmes de la région est relativement élevé, 58,8 pour cent, et celui des hommes est le plus élevé au monde, 81,2 pour cent. L’accès limité à la protection sociale et le niveau relativement bas des revenus justifient ces performances. L’écart devrait rester inchangé entre 2018 et 2021.

    L’Asie du Sud est la région où l’écart s’est le plus creusé au cours de la dernière décennie. Il a augmenté d’environ 2,1 points de pourcentage entre 2007 et 2017, pour atteindre 50,8 points. A partir de 2007, la tendance à la hausse du taux d’activité des femmes observée entre 1997 et 2007 a commencé à s’inverser et le taux d’activité a enregistré une baisse de 4,5 points, pour se situer à 28,6 pour cent en 2017. Une légère hausse et un resserrement de l’écart sont attendus entre 2018 et 2021.

    Etats arabes

    L’écart le plus important entre les taux d’activité masculine et féminine – de 55,2 points de pourcen-tage – reste l’apanage des Etats arabes. Le taux d’activité des femmes est toujours le plus faible au monde, mais il a augmenté régulièrement – pour atteindre 21,2 pour cent en 2017. Les progrès ont néanmoins été trop faibles pour combler l’écart et rattraper le taux d’activité des hommes, qui est de 76,4 pour cent. Ils ont même ralenti au cours des vingt dernières années et l’écart ne s’est réduit que de 0,2 point de pourcentage depuis 2007, contre 2,6 points entre 1997 et 2007. L’écart devrait continuer à se résorber d’ici à 2021.

    Europe et Asie centrale

    En Europe du Nord, du Sud et de l’Ouest, l’écart s’est résorbé de 8,3 points de pourcentage au cours des vingt dernières années, pour atteindre 12,5 points en 2017. Cette tendance, qui s’est amplifiée au lendemain de la crise financière mondiale, s’explique par une baisse du taux d’activité des hommes et une hausse de celui des femmes, qui a atteint 51,3 pour cent en 2017. Un resserrement modéré de l’écart est attendu entre 2018 et 2021, étant donné que les taux d’activité devraient diminuer pour les femmes comme pour les hommes.

  • 10 Emploi et questions sociales dans le monde – Tendances pour les femmes 2017

    C’est en Europe de l’Est que la plus forte inversion de tendance a été enregistrée entre les périodes 1997-2007 et 2007-2017. La baisse du taux d’activité tant des femmes que des hommes entre 1997 et 2007 explique la réduction de l’écart de 1,5 point de pourcentage sur la période. L’écart s’est en-suite élargi de 1,5 point entre 2007 et 2017, pour atteindre 15,1 points en 2017. Le taux d’activité des femmes, de 53,0 pour cent en 2017, et celui des hommes, de 68,1 pour cent, devraient légèrement diminuer en 2018, ce qui contribuera à réduire l’écart d’ici à 2021.

    En Asie centrale et occidentale, l’écart s’est régulièrement résorbé au cours des vingt dernières années, de 2,3 points de pourcentage, étant donné que plus de femmes que d’hommes sont entrées dans la vie active. Les taux d’activité se situent en 2017 à environ 44,1 pour cent pour les femmes et 73,5 pour cent pour les hommes, ce qui donne un écart de 29,4 points de pourcentage. Peu de changements sont attendus d’ici à 2021 en ce qui concerne les taux d’activité, et donc l’écart.

    1.2 Chômage

    Les femmes actives ont moins de chance que les hommes de trouver un emploi…

    Les femmes ont moins de chance d’accéder au marché du travail que les hommes et, lorsqu’elles y parviennent, elles ont plus de chance de se retrouver au chômage. Globalement, le taux de chômage des femmes se situe à 6,2 pour cent et celui des hommes à 5,5 pour cent en 2017, ce qui représente un écart de 0,7 point de pourcentage (tableau 2). Ces taux devraient rester relativement stables entre 2018 et 2021.

    Depuis 1997, cet écart s’est maintenu autour de 0,8 point de pourcentage au plan mondial. Il s’est toutefois creusé dans les pays émergents au cours de la dernière décennie: de 0,5 point en 2007 à 0,7 point en 2017. En revanche, les écarts dans les pays en développement et dans les pays déve-loppés se sont résorbés depuis 1997, de 0,2 et 0,8 point, respectivement. Ce sont les pays développés qui présentent le plus faible écart de taux de chômage entre hommes et femmes en 2017, de 0,5 point.

    … un problème particulièrement important dans certaines régions

    Afrique

    En Afrique du Nord, les femmes actives souffrent du deuxième taux de chômage au monde, à 20 pour cent, soit plus du double de celui des hommes. Un resserrement significatif de 2,5 points de pourcen-tage de l’écart de chômage a été enregistré entre 1997 et 2007, mais la tendance s’est ensuite inversée et l’écart s’est creusé de 0,7 point entre 2007 et 2017, ce qui devrait perdurer, même marginalement, jusqu’en 2021. Cette inversion est en grande partie attribuée à la hausse du taux de chômage des femmes, qui dépasse largement celle enregistrée par les hommes.

    Au cours de la dernière décennie, l’Afrique subsaharienne a enregistré une baisse des taux de chô-mage des hommes et des femmes, mais l’écart n’a pas beaucoup évolué. Avec 2,1 points de pourcen-tage, il s’agit du quatrième écart au monde. De légères hausses des taux de chômage pour les deux sexes sont prévus en 2018, mais l’écart devrait rester le même.

    Amériques

    En Amérique latine et dans les Caraïbes, l’écart s’est nettement amélioré depuis 1997, diminuant de 1,1 point de pourcentage jusqu’en 2017. Il reste néanmoins élevé, à 3,4 points en 2017, inférieur seulement à celui des Etats arabes et à celui de l’Afrique du Nord. Entre 1997 et 2007, des progrès ont été enregistrés en raison d’une plus forte baisse du taux de chômage des femmes que de celui des hommes. En revanche, ces taux ont augmenté au cours de la dernière décennie, et plus vite pour les hommes que pour les femmes. Une nouvelle hausse modérée est prévue en 2018, ainsi qu’un écart inchangé.

  • 1. Ecarts entre les sexes sur le marché du travail 11

    L’Amérique du Nord est l’une des trois régions au monde où les femmes actives ont plus de chance de trouver un emploi que les hommes. Le taux de chômage des femmes, de 4,9 pour cent, est de 0,4 point de pourcentage inférieur à celui des hommes, de 5,3 pour cent. L’écart s’est creusé au cours de la dernière décennie, en partie en raison des conséquences démesurées de la crise financière sur les secteurs à dominante masculine, ce qui a entraîné une hausse du taux de chômage plus importante pour les hommes que pour les femmes. En 2017, les taux de chômage féminin comme masculin sont néanmoins inférieurs à ceux enregistrés avant la crise, à 5,0 et 5,4 pour cent, respectivement. Une légère augmentation est prévue pour 2018.

    Asie et Pacifique

    En Asie de l’Est, le taux de chômage des femmes, de 3,7 pour cent en 2017, est de 1,4 point de pour-centage inférieur à celui des hommes, 5,1 pour cent. Depuis 1997, le taux de chômage féminin s’est maintenu autour de 3,7 pour cent, le plus faible au monde, alors que le taux de chômage masculin a régulièrement augmenté. Par conséquent, l’écart s’est creusé depuis 1997, quand le taux de chômage des hommes était de 0,9 point de pourcentage supérieur à celui des femmes.

    En Asie du Sud-Est et dans le Pacifique, le faible écart – 0,1 point de pourcentage – s’explique par un faible taux de chômage pour les hommes comme pour les femmes, à 3,8 et 3,9 pour cent res-pectivement. Il est resté relativement stable au cours des deux dernières décennies, avec un taux de chômage des hommes dépassant occasionnellement celui des femmes. Peu d’évolution est attendue d’ici à 2021.

    En Asie du Sud, les taux de chômage sont relativement faibles, au-dessous de la moyenne mondiale, à 5,0 pour cent pour les femmes et 3,8 pour cent pour les hommes en 2017, soit un écart de 1,2 point de pourcentage. Entre 1997 et 2007, l’écart a diminué de 0,5 point, mais la tendance s’est inversée en-suite, en raison d’une hausse du taux de chômage des femmes et d’une baisse de celui des hommes. Peu de changements sont prévus d’ici à 2021.

    Etats arabes

    Dans les Etats arabes, les femmes souffrent du plus fort taux de chômage au monde, de 21,2 pour cent en 2017. Il est plus de deux fois supérieur à celui des hommes, à 8,3 pour cent, et l’écart entre les sexes est également le plus grand, avec 12,9 points de pourcentage. Il s’est nettement creusé depuis 2007, de 1,8 point, notamment en raison de la hausse du taux de chômage féminin. Il est prévu qu’il se réduise quelque peu entre 2018 et 2021.

    Taux de chômage par sexe (pour cent) et écart entre les sexes (points de pourcentage), 1997-2021

    Pays/région 1997-2017 2017 2018 2018-2021

    Ecart Ecart Ecart EcartMonde 5,5 6,2 0,7 5,5 6,2 0,7 ÆPays en développement 4,7 6,5 1,8 4,7 6,5 1,8 ÆPays émergents 5,4 6,1 0,7 5,5 6,1 0,6 ÆPays développés 5,9 6,4 0,5 5,9 6,4 0,5 ÆAfrique du Nord 9,5 20,0 10,5 9,3 20,0 10,7 ÇAfrique subsaharienne 6,2 8,3 2,1 6,3 8,4 2,1 ÆAmérique latine et Caraïbes 7,0 10,4 3,4 7,1 10,5 3,4 ÆAmérique du Nord 5,3 4,9 –0,4 5,4 5,1 –0,3 ÆAsie de l’Est 5,1 3,7 –1,4 5,2 3,7 –1,5 ÆAsie du Sud-Est et Pacifique 3,8 3,9 0,1 3,8 3,9 0,1 ÆAsie du Sud 3,8 5,0 1,2 3,8 4,9 1,1 ÆEtats arabes 8,3 21,2 12,9 8,2 20,7 12,5 ÈEurope du Nord, du Sud et de l’Ouest 8,8 9,3 0,5 8,7 9,2 0,5 ÇEurope de l’Est 6,4 5,8 –0,6 6,2 5,7 –0,5 ÆAsie centrale et occidentale 8,9 9,6 0,7 9,1 9,6 0,5 È

    Notes: L’évolution pour la période 2017-2021 est signalée par une flèche rouge orientée vers le haut s’il est prévu que l’écart se creuse de plus de 0,1 point de pourcentage, par une flèche verte orientée vers le bas s’il est prévu que l’écart se réduise de plus de 0,1 point de pourcentage, et par une flèche noire horizontale si des écarts intermédiaires sont prévus. Les chiffres des colonnes «Ecart» se réfèrent à la différence en points de pourcentage et peuvent ne pas correspondre exactement aux calculs en raison de l’arrondi.

    Source: Modèles économétriques des tendances, BIT, novembre 2016.

    Tableau 2

  • 12 Emploi et questions sociales dans le monde – Tendances pour les femmes 2017

    Europe et Asie centrale

    En Europe du Nord, du Sud et de l’Ouest, le taux de chômage des femmes, 9,3 pour cent en 2017, est de 0,5 point de pourcentage supérieur à celui des hommes, 8,8 pour cent. L’écart s’est resserré par rapport au 1,3 point de 2007, notamment parce que le taux de chômage masculin a augmenté plus rapidement que le taux de chômage féminin. L’écart s’est néanmoins de nouveau creusé depuis 2010 et cette tendance devrait perdurer jusqu’en 2021.

    En Europe de l’Est, le taux de chômage des femmes a constamment été inférieur à celui des hommes au cours des deux dernières décennies. En 2017, il est de 5,8 pour cent pour les premières et de 6,4 pour cent pour les seconds, soit un écart de 0,6 point de pourcentage. Malgré une légère baisse des taux pour les deux sexes prévue en 2018, l’écart ne devrait pas enregistrer de grands changements.

    En Asie centrale et occidentale, le taux de chômage des femmes, à 9,6 pour cent en 2017, est de 0,7 point de pourcentage supérieur à celui des hommes, 8,9 pour cent. L’écart s’est nettement réduit entre 1997 et 2007, passant de 1,8 à 0,2 point. Mais le taux de chômage des femmes a régulièrement augmenté au cours de la dernière décennie, alors que celui des hommes est resté stable. Peu d’évo-lution est attendue d’ici à 2021.

    1.3 Inégalité des chances dans les secteurs et les professions

    Comme nous l’avons vu, les femmes ont moins de chance que les hommes d’accéder au marché du travail et, lorsqu’elles sont actives, elles courent plus de risques d’être au chômage. Cette section montre que les femmes qui ont un emploi font en outre face à des différences ou à des écarts par secteur et par profession. Ce type de ségrégation reste fréquent et est souvent le symptôme de diffé-rences fondamentales dans les opportunités offertes aux femmes et aux hommes, en particulier en termes d’accès à divers types d’emploi.

    Cette section présente donc les estimations mondiales et régionales sur la ségrégation sectorielle et professionnelle fondée sur le genre (voir l’encadré 1 sur l’outil de mesure de la ségrégation sexuelle).

    Des inégalités en hausse dans l’emploi sectoriel

    La comparaison de la distribution sectorielle de l’emploi par sexe indique qu’il existe une ségrégation. La figure 1 montre que la ségrégation moyenne mondiale dans tous les secteurs a augmenté entre 1997 et 2017, de 15,0 à 20,5 points de pourcentage. En d’autres termes, une répartition équivalente des hommes et des femmes dans chaque secteur impliquerait le transfert d’un homme ou d’une femme sur cinq dans d’autres secteurs. Au niveau mondial, l’éducation, la santé et l’action sociale constituent le secteur présentant la plus forte concentration relative de femmes, suivi du commerce de gros et de détail. De l’autre côté, les secteurs de la construction et du transport, du stockage et de la communication ont généralement la plus forte concentration relative d’hommes.

    La concentration relative élevée de femmes dans le commerce de gros et de détail en moyenne mon-diale est largement due aux régions Asie du Sud et Asie du Sud-Est et Pacifique (et, dans une moindre mesure, à l’Afrique subsaharienne). Ces deux régions asiatiques, ainsi que l’Afrique du Nord, enregistrent également une surreprésentation de femmes dans les activités de fabrication, ce qui s’explique par la prédominance féminine dans certains secteurs comme la confection de vêtements. La concentration relative élevée de femmes dans l’agriculture est caractéristique de l’Asie du Sud et, dans une moindre mesure, des Etats arabes, de l’Asie centrale et occidentale, de l’Asie de l’Est et de l’Afrique subsaha-rienne. Elle est révélatrice des rôles traditionnellement dévolus aux femmes et aux hommes dans les mé-nages à faible revenu des zones rurales. La construction, le transport, le stockage et la communication, l’administration publique et la défense présentent des concentrations relativement élevées d’hommes dans toutes les régions (les forces armées sont intégrées dans ce secteur dans la classification).

  • 1. Ecarts entre les sexes sur le marché du travail 13

    Dans ce rapport, la ségrégation sexuelle est mesurée en additionnant la concentration de femmes par rapport à celle des hommes dans un secteur ou une profession. C’est l’une des mesures de la ségrégation propo-sées par la Commission européenne (CE, 2009), qui l’appelle «indice de dissimilarité» (voir également BIT, 2012). Les femmes (ou les hommes) sont relativement plus concen-trées dans des secteurs ou des professions quand la proportion de femmes (hommes) actives dans ce secteur ou profession est

    supérieure à celle des hommes (femmes). Il convient de noter que la relative concentra-tion de femmes dans un secteur particulier, par exemple, ne signifie pas nécessairement que plus de femmes que d’hommes y tra-vaillent, étant donné que l’emploi féminin total peut être moins important que l’em-ploi masculin. L’indice reflète néanmoins la contribution de chaque secteur ou pro-fession aux disparités cumulatives entre les sexes dans la distribution, comme l’indique la hauteur des barres dans la figure 1.

    Mesurer la ségrégation sexuelle dans la distribution de l’emploi

    Encadré 1

    20

    40

    60

    60

    40

    20

    Con

    cent

    rati

    on r

    elat

    ive

    par

    sect

    eur

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    0 =

    hom

    mes

    , au

    -des

    sus

    = f

    emm

    es

    53,449,6

    29,235,4 33,0 35,1

    23,1

    31,2 30,4 30,1 28,625,2 23,6 22,3 20,5

    14,3

    28,8 27,223,6 24,8

    16,7 16,1 15,011,5

    1997 1997 1997 1997 1997 1997 1997 1997 1997 1997 1997 19972017 2017 2017 2017 2017 2017 2017 2017 2017 2017 2017 2017

    Secteurs avec une concentration relativement plus élevée de femmes

    Secteurs avec une concentration relativement plus élevée d’hommes

    Etatsarabes

    Afriquedu Nord

    Amérique latineet Caraïbes

    Europede l’Est

    Europe du Nord,du Sud

    et de l’Ouest

    Amériquedu Nord

    Asiedu Sud

    Asie centraleet occidentale

    Asiede l’Est

    Asiedu Sud-Estet Pacifique

    Monde Afriquesubsaharienne

    0

    Commerce de gros et de détail, réparation

    Construction

    Activités de fabrication

    Agriculture, sylviculture, chasse et pêche

    Education, santé et action sociale

    Autres secteurs surreprésentés

    Autres secteurs sous-représentés

    Administration publique et défense

    Transport, stockage et communication

    Décomposition de la ségrégation sectorielle totale par région, 1997 et 2017

    Figure 1

    Notes: Voir l’annexe E pour les détails concernant les données de l’emploi sectoriel. La figure montre la différence pour chaque sexe entre la part de l’emploi dans un secteur par rapport à l’emploi total. Elle montre donc dans quels secteurs les femmes sont relativement surreprésentées par rapport aux hommes. Les barres au-dessous ou au-dessus de l’axe 0 doivent être d’égale hauteur, car tout secteur surreprésenté renvoie à un secteur sous-représenté. La hauteur totale d’une colonne indique la ségrégation sectorielle totale entre les sexes. Le résultat agrégé pour le monde entier est inférieur à celui de la plupart des régions, car les surreprésentations d’une région à l’autre se compensent. Le calcul est basé sur 14 secteurs.

    Source: Modèles économétriques des tendances, BIT, novembre 2016.

  • 14 Emploi et questions sociales dans le monde – Tendances pour les femmes 2017

    En ce qui concerne la ségrégation sectorielle totale (signalée par la hauteur totale des colonnes dans la figure 1), ce sont les Etats arabes qui enregistrent la plus forte en 2017, à 49,6 points de pourcentage. Elle est néanmoins en léger recul par rapport aux 53,4 points de 1997, en raison d’une baisse de la surreprésentation féminine dans l’agriculture. Vient ensuite l’Afrique du Nord, avec une ségrégation sectorielle totale de 35,4 points de pourcentage, en hausse par rapport aux 29,2 points de 1997, en partie en raison d’une hausse de la surreprésentation féminine dans l’éducation, la santé et l’action sociale. En Amérique latine et dans les Caraïbes, la ségrégation sectorielle totale se situe à 35,1 points de pourcentage, en hausse par rapport aux 33,0 points de 1997.

    D’un autre côté, l’Afrique subsaharienne enregistre la plus faible ségrégation sectorielle totale, à 14,3 points de pourcentage, même si elle a légèrement augmenté par rapport aux 11,5 points de 1997. La concentration relative de femmes dans l’agriculture a pourtant diminué mais elle a été contreba-lancée par une hausse dans le commerce de gros et de détail. L’Amérique du Nord ainsi que l’Europe du Nord, du Sud et de l’Ouest présentent des secteurs et des niveaux de ségrégation par secteur assez similaires, avec une concentration relative des femmes dans l’éducation, la santé et l’action sociale, et une concentration relative des hommes dans les activités de fabrication, la construction et le secteur du transport, du stockage et de la communication.

    Forte ségrégation professionnelle

    Outre la ségrégation sexuelle par secteur, il existe également une ségrégation sexuelle par caté-gorie professionnelle. En 2017, la ségrégation professionnelle totale dans les pays développés est, à 30,4 points de pourcentage, près de deux fois plus élevée que dans les pays émergents, à 17,0 points.

    Comme le montre la figure 2, les schémas de ségrégation sont relativement similaires entre pays émergents et pays développés, malgré des variations d’ampleur. Dans les deux groupes de revenus, les hommes sont plus concentrés dans les catégories professionnelles suivantes: métiers qualifiés de l’industrie et de l’artisanat, conducteurs d’installations et de machines et ouvriers de l’assemblage, directeurs, cadres de direction et gérants. Et, dans les deux groupes de pays, les femmes sont rela-tivement plus concentrées dans la catégorie du personnel des services directs aux particuliers, des commerçants et des vendeurs et dans celle des professions intellectuelles et scientifiques.

    Dans les pays développés, les femmes sont également relativement plus concentrées dans les em-plois de type administratif et, dans une certaine mesure, dans les professions élémentaires. Si les hommes sont généralement plus concentrés dans la catégorie des agriculteurs et ouvriers qualifiés de l’agriculture, de la sylviculture et de la pêche dans les pays développés, ce sont les femmes qui sont relativement concentrées dans ces professions dans les pays émergents4.

    La ségrégation est à la fois un symptôme et une cause d’autres inégalités sur le marché du travail

    La ségrégation sur le marché du travail aux niveaux sectoriel et professionnel peut s’autoalimenter parce qu’il y a des professions qui sont plus courantes dans certains secteurs que dans d’autres. En outre, cette ségrégation a également des répercussions sur les écarts entre les sexes en termes de revenus et de conditions de travail, voire sur les écarts de taux d’activité et de chômage. Autrement dit, si les femmes sont cantonnées dans certaines professions et que celles-ci n’enregistrent pas de croissance, ce phénomène peut avoir de graves conséquences sur les résultats du marché du travail 5.

    4. Selon la classification CITP-08, la catégorie des agriculteurs et ouvriers qualifiés de l’agriculture comprend l’agriculture de subsistance, qui compte une proportion élevée de femmes.

    5. Par exemple, Kapsos, Silberman et Bourmpoula (2014) ont calculé que la forte ségrégation professionnelle a coûté leur travail à 20,7 millions de femmes en Inde de 1994 à 2010.

  • 1. Ecarts entre les sexes sur le marché du travail 15

    1.4 Statut dans l’emploi

    Cette section montre que si les femmes ont plus de chance que les hommes de travailler dans cer-taines professions et certains secteurs, elles ont également moins de chance d’occuper un emploi salarié et risquent plus de se trouver dans des formes d’emploi vulnérables.

    Avec le développement économique, plus de femmes que d’hommes font la transition vers l’emploi salarié

    Au niveau mondial, la part de l’emploi salarié dans l’emploi total a augmenté de 48,4 pour cent en 1997 à 54,8 pour cent en 2017 (figure 3). Au cours de cette période, la part des femmes a progressé de 8,9 points de pourcentage, de 46,5 à 55,4 pour cent, et celle des hommes de 6 points, de 48,4 à 54,4 pour cent. L’écart s’est donc inversé et, en 2017, la part de l’emploi salarié est plus élevée pour les femmes que pour les hommes.

    Pour les femmes, la part de l’emploi salarié a tendance à grimper avec le niveau de développement économique d’un pays6. Dans les pays en développement par exemple, seulement 13,6 pour cent des femmes disposent d’un emploi salarié, contre 24,3 pour cent des hommes. A l’opposé, 89,1 pour cent des femmes et 83,7 pour cent des hommes ont un emploi salarié dans les pays développés. La différence est marginale dans les pays émergents (environ 51 pour cent pour les deux sexes).

    6. L’écart entre les parts d’emploi salarié féminin et masculin dans l’emploi total diminue de 0,6 point de pourcentage pour chaque hausse de 10 pour cent du PIB par habitant. En moyenne mondiale, l’écart est à zéro à environ 20 700 dollars E.-U. de PIB par habitant (en parité de pouvoir d’achat (PPA)).

    51015 5 1020 15

    Métiers qualifiés de l’industrie et de l’artisanat

    Conducteurs d’installations et de machines,ouvriers de l’assemblage

    Directeurs, cadres de direction et gérants

    Professions élémentaires

    Non classés ailleurs

    Professions intermédiaires

    Employés de type administratif

    Professions intellectuelles et scientifiques

    Agriculteurs et ouvriers qualifiés de l’agriculture,de la sylviculture et de la pêche

    Personnel des services directs aux particuliers,commerçants et vendeurs

    Pays émergents

    Pays développés

    0

    Con

    cent

    rati

    on r

    elat

    ivem

    ent

    élev

    éede

    fem

    mes

    Con

    cent

    rati

    on r

    elat

    ivem

    ent

    élev

    éed’

    hom

    mes

    Concentration professionnelle relative par sexe (points de pourcentage)Gauche de l’axe 0 = hommes; droite de l’axe = femmes

    Concentration professionnelle relative par sexe et par groupe de revenu des pays, dernière année disponible

    Figure 2

    Notes: La figure montre la différence pour chaque sexe entre la part de l’emploi dans une catégorie professionnelle par rapport à l’emploi total. Elle fait ainsi apparaître dans quelles professions les femmes sont relativement surreprésentées par rapport aux hommes. L’échantillon comprend 68 pays émergents et 54 pays développés. La dernière année disponible est au moins 2004 et 67 pour cent des données concernent 2014 ou une année ultérieure. Le calcul est basé sur neuf catégories professionnelles.

    Source: Calculs du BIT à partir des données d’ILOSTAT.

  • 16 Emploi et questions sociales dans le monde – Tendances pour les femmes 2017

    Si l’on considère seulement la dernière décennie, la part de l’emploi salarié a augmenté pour les deux sexes dans le monde: de 3 points de pourcentage pour les hommes et de 3,7 points pour les femmes. Entre 2007 et 2017, les progrès les plus notables ont été observés dans les pays émergents, où la part de l’emploi salarié a crû de 4,3 points pour les hommes et de 5,7 points pour les femmes, ce qui équivaut à un resserrement de l’écart entre les sexes de 1,4 point sur la période. Les pays en dévelop-pement ont également enregistré des améliorations – de 3,6 points pour les hommes et de 2,6 points pour les femmes – mais l’écart s’est creusé.

    Par région, on observe les plus fortes disparités en Afrique subsaharienne, où la part des hommes dans l’emploi salarié, 36,3 pour cent, est de 13,7 points de pourcentage supérieure à celle des femmes, 22,6 pour cent. L’écart s’est élargi au cours de la dernière décennie, passant de 12,9 à 13,7 points de pourcentage. L’Asie du Sud présente également de fortes inégalités, avec une part des hommes dans l’emploi salarié supérieure de 8,6 points à celle des femmes en 2017, à 26,8 contre 18,2 pour cent. L’écart s’est creusé de 0,5 point depuis 2007.

    En revanche, la part des femmes dans l’emploi salarié est plus élevée que celle des hommes dans quatre régions sur onze en 2017 – la différence la plus importante étant observée en Europe du Nord, du Sud et de l’Ouest, où la part des femmes est de 88,6 pour cent, supérieure de 7,7 points de pour-centage à celle des hommes, 80,9 pour cent (voir l’encadré 2 sur l’emploi à temps partiel subi dans l’Union européenne des 28). La hausse depuis 2007 a été assez proportionnelle et l’écart ne s’est que marginalement resserré. De la même manière, la part des femmes en Amérique du Nord, 92,4 pour cent en 2017, est supérieure de 4,8 points à celle des hommes, 87,6 pour cent. L’écart s’est toutefois nettement plus resserré dans cette région, 0,8 point de pourcentage.

    60

    80

    20

    40

    %

    Etatsarabes

    Afriquedu Nord

    Amériquelatine

    et Caraïbes

    Europede l’Est

    Europe du Nord,du Sud

    et de l’Ouest

    Amériquedu Nord

    Asiedu Sud

    Asie centraleet occidentale

    Asiede l’Est

    Asiedu Sud-Estet Pacifique

    Monde Afriquesub-

    saharienne

    Travailleurs salariés Employeurs Travailleurs à leur propre compte Travailleurs familiaux

    100

    0

    Statut d’emploi par sexe et par région, 2017

    Figure 3

    Source: Modèles économétriques des tendances, BIT, novembre 2016.

  • 1. Ecarts entre les sexes sur le marché du travail 17

    La baisse des inégalités dans l’emploi vulnérable représente un progrès pour les travailleurs à leur propre compte et pour les travailleurs familiaux

    Plus de 42 pour cent des travailleurs dans le monde sont classés dans la catégorie «emploi vulné-rable» – ce sont des travailleurs à leur propre compte ou des travailleurs familiaux. Ils courent plus de risques d’être mal payé, d’avoir un contrat insuffisant ou pas de contrat du tout, de disposer d’une faible protection ou aide sociale ou de ne pas en avoir, d’être employé dans le secteur informel, d’avoir un accès réduit aux systèmes de protection sociale et de vivre dans la pauvreté (encadré 3). Le taux d’emploi vulnérable féminin, de 43,3 pour cent en 2017, n’est que légèrement plus élevé que celui des hommes, 42,5 pour cent, ce qui représente un écart de 0,8 point de pourcentage (qui a baissé de 3,4 points depuis 1997).

    On peut toutefois observer d’importantes disparités de genre au sein des sous-catégories d’emploi vulnérable. Le travail à compte propre représente environ 37 pour cent de l’emploi masculin, contre 28,4 pour cent de l’emploi féminin. L’écart est de 8,6 points de pourcentage, en baisse par rapport aux 11,2 points une décennie auparavant. En revanche, les femmes ont plus de chance d’être travailleurs familiaux que les hommes.

    Au niveau mondial, 14,9 pour cent des femmes actives sont des travailleuses familiales, contre 5,5 pour cent des hommes actifs. En ce qui concerne le travail à compte propre, la part d’emploi masculin est plus importante que celle des femmes dans tous les groupes de revenu des pays. Entre 2007 et 2017, cet écart entre les sexes s’est resserré dans les pays émergents et développés, de 3,7 et 0,6 points de pourcentage, respectivement, mais il s’est légèrement élargi, de 1,2 point dans les pays en développement.

    Par ailleurs, les progrès pour réduire le taux d’emploi vulnérable dans les pays émergents et en déve-loppement peuvent être sapés par la transition des femmes du travail familial vers le travail à compte propre plutôt que vers l’emploi salarié. Cela signifie que ces travailleuses évoluent d’une forme d’emploi précaire à une autre.

    L’écart entre les sexes est relativement faible en ce qui concerne les taux d’activité et de chômage en Europe du Nord, du Sud et de l’Ouest. Ce résultat masque néanmoins le fait que la part des femmes dans l’emploi à temps partiel, de 32,1 pour cent en 2015, est considérablement plus importante que celle des hommes, de 8,9 pour cent. Le travail à temps partiel peut bien sûr offrir de la flexibilité et permettre d’entrer dans l’emploi à plein temps pour les hommes comme pour les femmes, mais il peut aussi refléter des contraintes, en particulier pour les femmes. Par exemple, le rôle tradition-nellement dévolu aux femmes pour la prestation de soins augmente l’écart entre les sexes dans l’emploi à temps partiel. En 2015, 42,4 pour cent des femmes à temps partiel ont cité les «respon-sabilités familiales ou personnelles» ou «s’occuper

    des enfants ou des adultes handicapés» comme les raisons expliquant leur temps partiel, contre 11,8  pour cent des hommes. Cela souligne combien les plus grandes responsabilités qui incombent aux femmes en matière de soins ont des conséquences démesurées sur leur temps de travail.

    Par ailleurs, les inégalités dans l’emploi à temps partiel subi sont plus fréquentes, car l’écart s’est creusé depuis 2007. La part de travail à temps par-tiel subi dans l’emploi total était en effet de 8,2 pour cent pour les femmes en 2015, contre 2,6 pour cent pour les hommes, ce qui représente un écart de 5,6 points de pourcentage, contre 4,0 points en 2007 (6,1 pour cent pour les femmes et 2,1 pour cent pour les hommes).

    Source: Calculs du BIT basés sur les données d’Eurostat.

    L’emploi à temps partiel subi dans l’Union européenne des 28

    Encadré 2

  • 18 Emploi et questions sociales dans le monde – Tendances pour les femmes 2017

    En général, les femmes courent davantage de risques de travailler moins d’heures contre rémunération et plus d’heures dans un emploi non rémunéré. La dimension du temps de travail reflète d’autres inégalités entre les sexes correspondant à des fac-teurs tels que le sous-emploi lié à la durée du travail (qui concerne les actifs souhaitant travailler davantage d’heures, et qui sont disponibles pour le faire, mais qui travaillent moins que le plafond fixé par un pays) et le temps passé en tâches ménagères et de soins.

    • Sous-emploi lié à la durée du travail: Les femmes risquent de travailler moins d’heures que les hommes, et moins qu’elles ne le souhaiteraient. Le sous-em-ploi féminin lié à la durée du travail peut en effet atteindre 40 à 50 pour cent de l’emploi total dans les pays en dévelop-pement qui ont des données disponibles (voir également l’encadré 2).

    • Heures de travail non rémunéré: En moyenne, les femmes passent environ 2,5 fois plus de temps en tâches ména-gères et familiales non rémunérées que les hommes. Elles consacrent néanmoins de moins en moins de temps à ce type d’activités, car elles sont plus nom-breuses à entrer sur le marché du travail, elles réduisent la taille de leur famille et gagnent du temps grâce à de meilleures technologies et infrastructures.

    La réduction du temps consacré par les femmes au travail familial non rémunéré s’explique en partie par un meilleur accès à la protection sociale, notamment à la couver-ture maternité. Elles ont néanmoins toujours moins de chance d’accéder à la protection sociale et, quand c’est le cas, elles n’ont

    souvent droit qu’à de moindres prestations, dues notamment à un salaire inférieur et à une durée de cotisation plus courte.

    • Emploi informel: En ce qui concerne la part de l’emploi informel dans l’emploi total, les inégalités dépendent beaucoup du groupe de revenu des pays. Parmi 107 pays avec des données disponibles, les femmes sont par exemple sous-re-présentées dans l’emploi informel dans les pays émergents (que l’agriculture soit comprise ou non). En revanche, elles sont surreprésentées de 4,9 et 8,7 points de pourcentage (avec ou sans l’agricul-ture, respectivement) dans les pays en développement.

    • Accès à la retraite: Les femmes sont gé-néralement moins bien couvertes par les régimes de retraite, car elles ont moins cotisé en raison d’un salaire inférieur et d’une plus forte présence dans le travail informel ou dans des formes d’emploi atypiques. La proportion de femmes ayant dépassé l’âge de la retraite qui re-çoivent une pension est en moyenne de 10,6 points de pourcentage inférieure à celle des hommes.

    • Couverture maternité: Si la plupart des pays accordent une protection de la ma-ternité aux femmes employées, près de 60 pour cent des femmes ne bénéficient d’aucun droit légal au congé de mater-nité et 65,9 pour cent d’aucun revenu de remplacement durant ce congé. Et, même quand les femmes bénéficient d’une couverture, elles n’ont souvent pas connaissance de leurs droits et se heurtent à des problèmes de mise en application des textes et de capacité contributive insuffisante.

    Source: BIT, 2016a.

    Inégalités de temps de travail et de couverture de protection sociale

    Encadré 3

  • 1. Ecarts entre les sexes sur le marché du travail 19

    Les progrès pour réduire les inégalités dans le travail familial peuvent être sapés par la transition vers le travail à compte propre

    Au niveau mondial, la proportion de travailleuses familiales a chuté de 20,6 pour cent en 2007 à 14,9 pour cent en 2017. En termes relatifs, l’écart entre les sexes pour le travail familial s’est resserré de 13 points de pourcentage en 1997 à 9,4 points en 2017. Comme évoqué précédemment, il est probable que cela soit en partie dû à la transition des femmes vers le travail à compte propre, ce qui ne leur accorde pas les droits et les protections habituellement réservés aux travailleurs salariés.

    Les inégalités sont plus importantes dans les pays en développement, où 36,6 pour cent des femmes et 17,2 pour cent des hommes sont engagés comme travailleurs familiaux. Cela équivaut à un écart de 19,4 points de pourcentage, soit une dégradation par rapport à l’écart de 17,0 points enregistré en 2007. Dans les pays émergents, 15,6 pour cent des femmes employées se trouvent dans cette caté-gorie, contre 5,4 pour cent des hommes, ce qui représente un resserrement de l’écart de 5,4 points de pourcentage depuis 2007. Les pays développés ont enregistré un resserrement marginal de 0,7 point, avec 1,6 pour cent des femmes dans cette catégorie et 0,4 pour cent des hommes.

    Depuis 2007, les inégalités entre les sexes dans le travail familial ont reculé de façon plus significative (de presque deux fois plus que la baisse mondiale de 5,6 points de pourcentage) en Asie de l’Est (10,8 points), en Asie du Sud-Est et dans le Pacifique (9,4 points) et en Asie du Sud (9,2 points). En re-vanche, l’Afrique du Nord et l’Afrique subsaharienne ont vu l’écart se creuser au cours de la dernière dé-cennie, en raison de baisses du taux d’activité des femmes dans le travail familial inférieures à celles des hommes. Les inégalités entre les sexes dans les deux régions en 2017 sont les plus fortes depuis 1997.

    1.5 Ecarts de revenu

    L’inégalité de rémunération entre hommes et femmes se maintient virtuellement partout

    Comme le souligne le Rapport mondial sur les salaires 2016/17 (BIT, 2017a), les écarts salariaux entre hommes et femmes varient considérablement d’un pays à l’autre, mais ils ont tendance à se maintenir presque partout. Les estimations figurant dans le rapport montrent que les écarts dans le taux de ré-munération horaire peuvent atteindre 40 pour cent dans certains pays. Autrement dit, la rémunération horaire d’une femme peut représenter seulement 60 pour cent de celle d’un homme. La ségrégation professionnelle et sectorielle est l’une des raisons de ces disparités (voir section 1.3).

    Les différences de rémunération entre hommes et femmes s’expliquent également par des caracté-ristiques individuelles telles que l’éducation, les compétences et l’expérience. D’autres estiment que l’écart est le résultat de la non-linéarité du travail, autrement dit parce que les femmes travaillent moins d’heures (préférant une organisation plus flexible), ce qui entraîne une baisse démesurée des revenus, en particulier dans certains secteurs (par exemple juridique et financier) (voir Goldin, 2014). Cependant, selon une étude récente qui analyse les microdonnées de 2010 des Etats-Unis et les facteurs observables tels que l’éducation, l’expérience et la profession, 38 pour cent de ces inégalités de rémunération restent sans explication (Blau et Kahn, 2016). En fait, plusieurs études qui ont dé-composé l’écart salarial en composantes structurelles déterminables ont attribué cet écart inexpliqué à la discrimination (Weichselbaumer et Winter-Ebmer, 2003).

    Dans les pays développés, l’écart se creuse aux niveaux de rémunération élevés

    Dans l’ensemble des pays développés, plus le salaire moyen est élevé, plus l’écart de rémunération est important. Les inégalités augmentent particulièrement au sein des professions les mieux rémunérées, telles que les cadres dirigeants et les PDG: c’est ce qu’on appelle la ségrégation verticale, ou le «pla-fond de verre». En Europe par exemple, l’écart salarial global atteint près de 20 pour cent, mais plus du double parmi les PDG, à presque 40 pour cent, et il s’élargit jusqu’à 50 pour cent parmi les 1 pour cent de salariés les mieux payés (BIT, 2017a).

  • 20 Emploi et questions sociales dans le monde – Tendances pour les femmes 2017

    La ségrégation horizontale, ou «murs de verre», qui est motivée par les normes sociales, contribue également aux écarts de rémunération en séparant les professions selon des caractéristiques féminines ou masculines (par exemple infirmières ou ingénieurs). Les préférences et les choix des femmes et des hommes sur le marché du travail sont déterminés par les normes sociétales dominantes, ce qui les confine dans certaines professions. Par conséquent, les femmes sont souvent concentrées dans des métiers et des secteurs moins bien payés, ce qui entretient les écarts salariaux (voir la figure 1 dans la section 1.3). En outre, les femmes font face à une pénalité salariale liée à la maternité lorsqu’elles reprennent un emploi après avoir eu un enfant. Ce désavantage s’explique par un ou plusieurs des éléments suivants: des salaires inférieurs en raison d’un temps de travail inférieur, une expérience pro-fessionnelle amputée, un travail plus flexible mais moins bien payé à la place d’un travail bien rémunéré et la discrimination de la part des employeurs (Budig et England, 2001).

    Dans les pays émergents et en développement, les ménages avec des femmes au travail vivent moins dans la pauvreté

    Dans les pays émergents et en développement, près d’un tiers des travailleuses et des travailleurs ne gagnent pas suffisamment pour sortir leur ménage de la pauvreté (BIT, 2017b). Cependant, 29,1 pour cent des hommes vivent au-dessous du seuil de pauvreté, contre 27 pour cent des femmes (tableau 3) 7. Cela ne signifie pas nécessairement que les femmes ont des revenus supérieurs et tient plutôt au fait qu’elles ont plus de chance de vivre dans un ménage comptant plusieurs salariés. A cet égard, l’Afrique subsaharienne et l’Asie du Sud font figure d’exceptions car les travailleuses y enregistrent des taux de pauvreté plus élevés que ceux des travailleurs. Dans ces deux régions, la proportion de femmes engagées dans le travail familial est extrêmement importante et elles ont donc moins de chances de se trouver dans une forme d’emploi de qualité. Par ailleurs, le taux d’activité y est poussé par la nécessité économique, et les femmes des ménages pauvres sont donc susceptibles de travailler.

    Inversement, les travailleuses des pays émergents et en développement ont plus de chance, 19,7 pour cent, que les hommes, 16,3 pour cent, de vivre dans un ménage avec un revenu supérieur à 13 dol-lars E.-U. par personne et par jour. Cet écart est particulièrement prononcé dans les Etats arabes et en Amérique latine et dans les Caraïbes, plus de 5 points de pourcentage. Cela montre l’importance de l’activité des femmes pour réduire la pauvreté, même si l’accès au travail décent dépend d’elles.

    Voir l’encadré 4 pour une brève analyse sur les aspects sexospécifiques de la pauvreté au travail dans les pays développés.

    7. Correspondant ici à un ménage vivant avec moins de 3,10 dollars E.-U. PPA par jour et par habitant, ce que l’on appelle le seuil de pauvreté modérée.

    Emploi par classe économique et par sexe, 2017

    Groupe de pays Part de l’emploi (%)

    Pauvreté au travail ( 13 dollars PPA par jour)

    Pays émergents et en développement 29,1 27,0 35,7 36,9 16,3 19,7

    Pays en développement 67,1 68,8 10,3 9,3 2,2 1,7

    Pays émergents 26,0 21,5 38,5 41,0 16,4 21,3

    Source: Modèles économétriques des tendances, BIT, novembre 2016.

    Tableau 3

  • 1. Ecarts entre les sexes sur le marché du travail 21

    La pauvreté au travail dans les pays dé-veloppés est liée à une série de facteurs, notamment la tranche d’âge, l’éducation, le type de ménage et sa taille, le temps de travail et le type de contrat (BIT, 2016a), qui présentent tous des aspects sexospé-cifiques sous-jacents. Les personnes ayant des enfants à charge ont par exemple plus de chance de travailler et d’être au-des-sous du seuil de risque de pauvreté – qui équivaut dans l’Union européenne des 28 (UE-28) à moins de 60 pour cent du revenu médian après transferts sociaux  – que

    celles qui n’en ont pas. Pour les parents isolés avec des enfants à charge – qui sont le plus souvent des femmes –, le taux de risque de pauvreté dans l’UE-28 est de 19,8 pour cent en 2015, soit presque le double de celui des parents non isolés, de 10,5 pour cent (Eurostat, 2017). Aux Etats-Unis (où la définition est une mesure ab-solue du revenu au-dessous du seuil officiel de pauvreté), les travailleuses risquent tou-jours plus que les travailleurs de se trouver en situation de pauvreté, 6,3 et 5 pour cent en 2015, respectivement (BLS, 2017).

    Aspects sexospécifiques de la pauvreté au travail dans les pays développés

    Encadré 4

    1.6 Avantages économiques d’une résorption des écarts entre les sexes

    Même s’il ne s’agit que d’un aspect du bien-être des individus, la possibilité de quantifier les avan-tages économiques de l’égalité entre hommes et femmes sur le marché du travail mérite l’analyse. L’éradication totale des inégalités dans la participation au marché du travail (qui équivaut à intégrer 742 millions de femmes dans la population active) est un objectif souhaitable à long terme, tandis que l’objectif «25 d’ici à 25» du G20, qui vise à réduire l’écart entre les taux d’activité masculine et féminine de 25 pour cent d’ici à 2025, est un jalon plus accessible à moyen terme (G20, 2014).

    Si cet objectif était atteint dans tous les pays, et pas seulement dans ceux du G20, la résorption des écarts sur le marché du travail pourrait faire augmenter la population active de 204 millions de per-sonnes (soit 5,4 pour cent) d’ici à 2025 (tableau 4). A taux d’activité et de chômage constants pour les hommes, cela ferait grimper l’emploi global de 189 millions de postes (ou 5,3 pour cent), ce qui entraînerait une augmentation du PIB mondial de 3,9 pour cent ou 5 800 milliards de dollars E.-U. (équivalant à une hausse de près d’un demi-point de pourcentage de la croissance moyenne du PIB mondial au cours des huit prochaines années) (encadré 5).

    La plupart des emplois gagnés, c’est-à-dire 162,4 millions (6,2 pour cent), le seraient dans les pays émergents (en raison de leur taille relative et aussi parce qu’ils présentent les plus fortes inégalités entre les sexes). Les répercussions dans les pays en développement et dans les pays développés seraient comparativement moindres en termes de pourcentage de hausse attendue de l’emploi (en raison d’écarts de taux d’activité plus faibles). Aussi l’analyse montre-t-elle que, si davantage de mesures sont nécessaires à tous les niveaux pour réduire la pauvreté dans les pays en développement, l’élimination des inégalités entre les sexes peut y contribuer de manière significative dans les pays émergents.

    Il n’est sans doute guère surprenant de constater que ce sont les régions qui présentent les plus fortes inégalités, à savoir l’Afrique du Nord, les Etats arabes et l’Asie du Sud, qui engrangeraient les plus gros bénéfices en termes de croissance. Toutefois, même l’Amérique du Nord et l’Europe du Nord, du Sud et de l’Ouest pourraient voir leur croissance moyenne annuelle du PIB augmenter d’un quart de point de pourcentage, ce qui n’est pas négligeable à une époque de croissance économique proche de zéro.

    La réalisation d’un tel objectif pourrait entraîner une forte hausse des recettes