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    Paul-mile GOSSELIN, P.D. (1909-1982)secrtaire du Conseil de la vie franaise en Amrique

    prtre, professeur, journaliste, crivain, historien, confrencieret un dfenseur de la langue franaise en Amrique du Nord

    et des minorits francophones hors-Qubec.

    (1963)

    LEMPIRE FRANAISDAMRIQUE

    Un document produit en version numrique par Diane Brunet, bnvole,Diane Brunet, bnvole, guide, Muse de La Pulperie, Chicoutimi

    Courriel:[email protected] webdans Les Classiques des sciences sociales

    Dans le cadre de: "Les classiques des sciences sociales"Une bibliothque numrique fonde et dirige par Jean-Marie Tremblay,

    professeur de sociologie au Cgep de ChicoutimiSite web:http://classiques.uqac.ca/

    Une collection dveloppe en collaboration avec la BibliothquePaul-mile-Boulet de l'Universit du Qubec Chicoutimi

    Site web:http://bibliotheque.uqac.ca/

    mailto:[email protected]://classiques.uqac.ca/inter/benevoles_equipe/liste_brunet_diane.htmlhttp://classiques.uqac.ca/http://bibliotheque.uqac.ca/http://bibliotheque.uqac.ca/http://classiques.uqac.ca/http://classiques.uqac.ca/inter/benevoles_equipe/liste_brunet_diane.htmlmailto:[email protected]
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    Jean-Marie Tremblay, sociologueFondateur et Prsident-directeur gnral,LES CLASSIQUES DES SCIENCES SOCIALES.

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    Cette dition lectronique a t ralise par mon pouse, Diane Brunet, bn-vole, guide retraite du Muse de la Pulperie de Chicoutimi partir de :

    Paul-mile GOSSELIN (1909-1982)

    LEMPIRE FRANAIS DAMRIQUE.

    Qubec : Les ditions Ferland, 1963, 144 pp.

    Polices de caractres utilise : Times New Roman 14 points.

    dition lectronique ralise avec le traitement de textes Microsoft Word2008 pour Macintosh.

    Mise en page sur papier format : LETTRE US, 8.5 x 11.

    dition numrique ralise le 28 septembre 2015 Chicoutimi,Ville de Saguenay, Qubec.

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    Paul-mile GOSSELIN (1909-1982)prtre, professeur, journaliste, crivain, historien, confrencier

    et un dfenseur de la langue franaise en Amrique du Nord

    et des minorits francophones hors-Qubec.

    LEMPIRE FRANAIS DAMRIQUE.

    Qubec : Les ditions Ferland, 1963, 144 pp.

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    Paul-mile GOSSELIN, P.D. (1909-1982)secrtaire du Conseil de la vie franaise en Amrique

    prtre, professeur, journaliste, crivain, historien, confrencieret un dfenseur de la langue franaise en Amrique du Nordet des minorits francophones hors-Qubec.

    L'EMPIRE FRANAISD'AMRIQUE

    Les ditions Ferland,

    Qubec

    1963.

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    Table des matires

    Introduction[3]

    I. Le Conseil de la vie franaise et les Franais en Amrique du Nord[7]

    Le Conseil de la vie franaise[9]

    Les Franais en Amrique du Nord[13]

    II. LAcadie[21]

    Prambule[23]

    Les Acadiens Terre-Neuve[24]

    Les Acadiens dans l'Ile du Prince-Edouard[26]

    Les Acadiens en Nouvelle-cosse[33]

    Les Acadiens au Nouveau-Brunswick[41]

    III. Les provinces centrales[53]

    Le Qubec franais[55]

    Les Franco-Ontariens[66]IV. LOuest canadien[83]

    Les Franco-Manitobains[85]

    Le groupe franais en Sasktachewan[93]

    Les Franco-Albertains[99]

    Le groupe franais en Colombie britannique[106]

    V. Les Franco-Amricains[115]

    La Franco-Amricanie[117]

    Le groupe franais en Louisiane[123]VI. Tableaux[127]

    VII. Bibliographie[139]

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    Table des cartes

    Carte de l'Amrique du Nord[8]

    Carte de Terre-Neuve[25]

    Carte de l'le du Prince-Edouard[27]

    Carte de la Nouvelle-cosse[34]

    Carte du Nouveau-Brunswick[43]

    Carte du Canada[52]

    Carte du Qubec[59]

    Carte de l'Ontario[69]

    Carte de l'Ouest canadien[82]

    Carte de la Colombie canadienne[108]

    Carte ancienne des tats-Unis[116]

    Carte de la Nouvelle-Angleterre[121]

    Carte de la Louisiane[124]

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    Avec la permissionde l'Ordinaire de Qubec

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    LEMPIRE FRANAIS DAMRIQUE

    INTRODUCTION

    Retour la table des matires

    Le secrtariat du Conseil de la Vie franaise doit fournir frquem-ment des renseignements sur le peuple canadien-franais, sur les Aca-diens, sur les Franco-Amricains. Les publications d'ensemble fontdfaut. Il faut colliger dans les journaux, les revues, certains chapitresde volumes, les prcisions dsires. C'est un labeur parfois consid-rable, sans cesse reprendre.

    Cette exigence a donn naissance une publication, l'an dernier :Le Bottin des Socits patriotiques au Canada franais et en Nou-velle-Angleterre. Une premire dition a t diffuse rapidement. Il afallu procder un second tirage. Le Conseil se propose de rditer leBottin chaque anne afin de le tenir jour, d'en faire un instrument detravail efficace. Les monographies de nos groupes franais veulentrpondre au mme besoin que le Bottin en dessinant une physionomieque celui-ci n'avait fait qu'esquisser : celle de l'empire franais enAmrique du Nord.

    A la veille de la Guerre de Sept Ans, les Franais tenaient les troisquarts du continent nord-amricain. Ils avaient colonis les rives duSaint-Laurent, s'y taient implants. De l ils rayonnaient travers unimmense pays o leur prsence s'affirmait par un prestige, celui dunom franais, et se concrtisait dans une mince chane de forts et de

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    postes de traite. Deux sicles d'histoire ont-ils apport beaucoup dechangements ce tableau ? Du ct franais, non. Le nouveau a t lacroissance d'autres peuples sur les dbris des antiques [4] civilisa-

    tions indiennes. La prsence franaise se perd dans la rumeur desgrandes villes, des provinces, des tats en pleine expansion ethnique,conomique, sociale et culturelle.

    Nous cessons nous-mmes de nous en apercevoir. Nous sommesenclins penser que les rves de grandeur d'un Talon, d'un Cavelierde La Salle ou d'un La Vrendrye sont jamais vanouis. Nous ou-

    blions que cette prsence franaise est toujours relle, toujours agis-sante. Nous nous rendons plus ou moins compte du prestige du Qu-

    bec sur ce continent qui fut ntre et qui s'en souvient.

    La prsente publication voque cette permanence franaise d'unefaon plus ou moins sommaire. Elle a t conue au lendemain de laparution du recensement canadien de 1961 et rdige en hte afin deconserver aux donnes statistiques un peu de leur valeur d'actualit.Celles-ci ne sont pas tout. Elles peuvent mme prter controverse.S'il est relativement facile de dfinir le type canadien-franais, il est

    parfois complexe de dterminer dans l'enchevtrement des gnrationssi monsieur X est un Canadien franais ou un Franco-Amricain, s'ildoit tre considr comme un parlant franais. Les deux ralits, eth-nique et linguistique, sont d'ailleurs loin de se recouvrir. Des Franaisd'origine ignore leur langue. Celle-ci par contre est familire des

    personnes d'autres origines. De plus, aux tats-Unis, les recensementsne donnent aucune indication au point de vue de la langue ou de larace.

    La confrontation du national et du religieux est toujours dlicate.L'Eglise respecte les particularismes. Elle ne s'identifie pas avec eux.Cela se reflte dans les statistiques diocsaines, dans les structuresadministratives, dans les proccupations pastorales.

    Assez synthtiques au niveau administratif, que ce soit dans le do-maine civil ou dans le domaine ecclsiastique, les donnes deviennentparses ds que l'on touche l'conomique, au social, au culturel.Dans ce dernier cas, il faut faire [5] une exception pour la situationscolaire. Ces possibilits et ces difficults laissent entrevoir la struc-ture du prsent aperu, structure conditionne en bonne partie par lesmatriaux immdiatement utilisables.

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    Autre conditionnement. Il ne s'agit pas d'une publication acheve,immobilise, tableau complet d'un groupe humain une poque don-ne, pour le bnfice des historiens. Le Conseil de la Vie franaise a

    voulu un instrument de travail qu'il faudra remettre au point priodi-quement. Ce qui rend l'uvre forcment trs incomplte et provisoire.

    Enfin c'est un essai en collaboration. La bibliographie en fin de vo-lume laisse entrevoir cette collaboration. Il convient d'ajouter que lesmonographies des groupes franais ont t revises par des membresou des amis du Conseil de la Vie franaise : messieurs Henri Blan-chard, Alphonse Comeau, Emery Le Blanc, J. Grard DeGrace pourl'Acadie ; Ernest Desormeaux et Roger Charbonneau, en Ontario ;Paul-Emile Laflche, au Manitoba ; l'abb Roger Ducharme, en Sas-katchewan ; le R. P. Jean Patoine, O.M.I., en Alberta ; Georges Berge-ron, en Colombie canadienne ; l'abb Adrien Verrette, pour la Nou-velle-Angleterre.

    Ce volume s'insre dans la liste dj longue des publications duConseil de la Vie franaise, publications peu prs toutes consacres la dfense ou au rayonnement du Fait franais en Amrique du

    Nord. Elles tmoignent ainsi de la fidlit de ce Conseil la missionqui lui a t confie lors du deuxime Congrs de la langue franaise,en 1937 : Conserver notre hritage franaise.

    Paul-E. Gosselin,

    prtre, secrtaire.

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    LEMPIRE FRANAIS DAMRIQUE

    I

    Le Conseil de la vie franaiseLes Franais

    en Amrique du Nord

    Retour la table des matires

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    [8]

    Carte de lAmrique du Nord

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    L E CONSEI LDE L A VI E F RANAI SE

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    Le premier juillet 1937, les participants au deuxime Congrs de laLangue franaise tenaient leur troisime et dernire assemble gn-rale en la Salle des Promotions de l'Universit Laval. Au cours de ces

    assembles, ils avaient entendu les rsums des travaux prsents dansles sections d'tude du Congrs et adopt nombre de vux dcoulantde ces travaux.

    la fin de cette runion du premier juillet, M. l'avocat Eugne Jal-bert, de Woonsocket, Rhode Island, appuy par M. Paul-Emile Ro-chon, prsident le l'Association canadienne-franaise d'Education del'Ontario, prsenta une rsolution l'effet d'tablir un Comit perma-nent du Congrs, charg de donner suite au travail commenc. Les

    proposeurs spcifiaient que le Comit en question comprendrait vingt-deux membres : neuf reprsentant le Qubec, deux l'Ontario et deux le

    Nouveau-Brunswick, un chacune des autres provinces du Canada, unla Nouvelle-Angleterre, un la Louisiane, un enfin le centre et l'ouestdes tats-Unis. Il tait prcis que ce Comit tablirait le plus tt pos-sible un secrtariat permanent. La premire tche assigne au secr-taire tait de se mettre en contact avec tous les groupes franais duCanada et des tats-Unis.

    Il tait impossible de procder sance tenante l'organisation d'untel Comit. Les congressistes adoptrent la rsolution avec enthou-siasme. Ils confirent un comit provisoire le soin de choisir lesmembres de cet organisme, d'en laborer les rglements et d'en tablirle secrtariat. Quelques mois plus tard, ce groupement provisoire serunissait l'Universit Laval. Pendant ces quelques mois, un Excu-tif avait travaill ferme pour rdiger des rglements et dresser une listede candidats, de sorte qu'on put, assez rapidement, mettre sur pied leComit du deuxime Congrs de la Langue franaise. Celui-ci tint sa

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    premire sance l'Universit Laval, en la Salle de la Socit du Par-ler franais, le 31 janvier 1938. Dsireux d'tablir un lien entre les as-sises de 1937 et celles [10] de 1912, les membres prsents dcidrent

    que le nouvel organisme porterait le nom de Comit permanent desCongrs de la Langue franaise en Amrique. Ils en tablirent le se-crtariat l'Universit Laval.

    Il est important de prciser le rle qui fut confi alors la nouvellesocit. Dans la phrasologie officielle, celle-ci est charge de la mise excution des vux adopts lors des Congrs de la Langue franaisede 1912 et de 1937. En marge des textes, il y eut des rencontres, deschanges de vues avant, pendant et aprs la formation du Comit per-manent des Congrs de la Langue franaise.

    Les groupes franais hors du Qubec sentaient depuis longtemps lebesoin de s'unir dans un organisme qui prendrait dans le Qubec sonpoint d'appui, mais qui rayonnerait surtout l'extrieur de cette Pro-vince. Des approches avaient t faites auprs de socits existantes.Elles n'avaient pas abouti et les chefs des minorits finirent par envi-sager la fondation d'une association consacre uniquement au servicede ces groupes et des intrts trs gnraux de la race franaise enAmrique du Nord.

    Deux d'entre eux proposrent la rsolution instituant le Comit

    permanent des Congrs de la Langue franaise, devenu successive-ment Comit de la Survivance franaise et Conseil de la Vie franaise.Le deuxime de ces vocables indique clairement que les membres ontsans cesse l'esprit nos compatriotes de la Dispersion toujours en p-ril d'assimilation. Ces membres viennent en bonne partie de l'extrieurdu Qubec : 18 sur 39 en 1963. La plupart des questions qui sont dis-cutes aux runions sont des problmes confrontant les groupes fran-ais hors du Qubec.

    Ce faisant les membres restent fidles au mandat qui leur a t con-

    fi en 1937-38. En effet, l'un des buts principaux du nouvel organismeest le suivant : Se tenir en contact avec tous les groupes franais duCanada et des tats-Unis . Conformment ce mandat, le Conseil dela Vie franaise s'est toujours gard d'empiter sur le terrain des asso-ciations patriotiques provinciales, qu'il s'agisse de Socits Saint-Jean-Baptiste, [11] d'Associations d'ducation. Il s'est appliqu jouer unrle d'agent coordonnateur entre les groupes franais et assurer aux

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    ntres en difficult l'appui des autres groupements, notamment desCanadiens franais du Qubec.

    Sa premire initiative fut l'envoi d'une mission pdagogique dans

    l'Ile du Prince-Edouard l't 1938. Le financement en fut assur parun appel que lana, dans le journal Le Devoir, cet infatigable cham-

    pion des minorits qu'tait M. Orner Hroux. Le geste pos en faveurdes Acadiens de l'Ile devait tre suivi de plusieurs autres au bnficedes divers groupements franais tant aux tats-Unis qu'au Canada.Signalons les plus spectaculaires : la campagne pour la presse aca-dienne, en 1943, qui devait aboutir la fondation du quotidienlEvangline Moncton, la campagne pour les postes radiophoniquesfranais de l'Ouest canadien qui se poursuivit pendant plusieurs an-nes sur le plan politique d'abord, ensuite sur les plans technique etfinancier, pour amener l'rection des stations radiophoniques de Saint-Boniface, de Gravelbourg, de Saskatoon et d'Edmonton.

    Dans ce domaine de l'appui matriel, le Conseil de la Vie franaisea vers aux minorits, depuis sa fondation en 1937, prs d'un millionde dollars, fruits de souscriptions populaires, de bourses obtenues desinstitutions d'enseignement du Qubec, de contributions gouverne-mentales, etc. Il convient de rendre hommage ici aux Instituts fami-liaux du Qubec qui ont rpondu un appel lanc par Mgr Albert Tes-sier et M. Franois G. J. Comeau, il y a un quart de sicle, et qui ac-cueillent depuis, chaque anne, gratuitement, une vingtaine de bour-sires. Les dons faits par le Conseil mme ses revenus dpassent lequart de million. Ces largesses ont t possibles grce principalementau Sou de la Vie franaise, contribution des tudiants des coles pu-

    bliques du Qubec au Conseil et ses uvres.

    Le Conseil de la Vie franaise a accompli un travail considrablepour permettre aux groupes franais de se connatre entre eux. Il a te-nu un troisime Congrs de la Langue franaise et un Congrs de laRefrancisation. Il a utilis largement les mdiums de publicit comme

    la presse, la radio, la tlvision. [12] Pendant quinze ans, il a alimentune chronique mensuelle sur le rseau franais de Radio-Canada. Il a

    publi plus d'une centaine de volumes, tracts et brochures consacrsen grande partie nos compatriotes disperss. Il convient de rendrehommage ici un collaborateur particulirement actif : le R. F. An-toine Bernard, C.S.V., l'historien de l'Acadie. Le calendrier patrio-tique, dit depuis 1940, diffuse chaque anne douze illustrations de la

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    vie franaise au Canada et aux tats-Unis. Il est complt depuis1946 par une revue.

    Sa russite la plus considrable ce point de vue a t celle des

    voyages, des contacts directs. Il faut d'abord signaler les nombreusesdlgations aux manifestations patriotiques travers le Canada, la

    Nouvelle-Angleterre et la Louisiane. Les membres du Conseil en as-sument chaque anne un bon nombre. Les voyages de groupes remon-tent vingt ans. Commencs sous les auspices de l'Institut Camille-Roy, ils ont pris une telle ampleur qu'ils ont donn naissance unefiliale du Conseil de la vie franaise : La Liaison franaise. Celle-ci aconduit travers l'ancien empire franais d'Amrique et jusqu'aux An-tilles environ dix mille voyageurs depuis sa fondation.

    Le Conseil est en relation constante avec les groupes par son secr-tariat et par les Associations patriotiques rgionales. Ses propresmembres assurent ce contact de faon permanente et la runion an-nuelle constitue une revue critique des positions de la race franaiseen Amrique du Nord et une tude des problmes d'o jaillit le pro-gramme d'activit pour les mois venir. Le Conseil de la Vie fran-aise a plusieurs fondations son crdit. La plus connue est l'Associa-tion canadienne des Educateurs de Langue franaise. La premire endate fut l'Union des Mutuelles-vie franaises d'Amrique, qui existetoujours et qui tmoigne de l'intrt du Conseil pour les problmesconomiques. Celui-ci a provoqu et appuy fortement l'tablissementdu Conseil d'Orientation franco-amricaine, de la Fdration fmininefranco-amricaine, de la Socit nationale des Acadiens.

    Les relations entre la Vie franaise et les Socits Saint-Jean-Baptiste du Qubec ont toujours t harmonieuses. Elle [13] se sontconcrtises en ces dernires annes dans une entreprise commune :Fraternit franaise. Cet organisme de souscription en faveur desuvres culturelles franaises a recueilli, en huit campagnes, un demimillion et aid une cinquantaine d'uvres au Canada et en Nouvelle-

    Angleterre.Le Conseil de la Vie franaise a milit sans cesse pour la recon-

    naissance des droits du franais et pour le rayonnement de la culturefranaise. Il a multipli les interventions Ottawa pour ce qui est dudomaine constitutionnel. Il a prsent des mmoires plusieurs com-missions d'enqute sur le bilinguisme et sur la culture franaise. Ds

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    ses dbuts, il avait nonc ses positions dans un volume intitul Lavocation de la race franaise en Amrique.

    Il faudrait un volume pour dcrire son activit depuis un quart de

    sicle. Il a souvent, par ncessit, travaill dans le secret. Les archivesdemeurent et il sera possible, avec le recul du temps, d'en faire con-natre le contenu. Sait-on par exemple que le timbre bilingue a faillidisparatre et qu'une intervention du Conseil de la Vie franaise a em-

    pch ce recul ? L'un des facteurs de l'tablissement de la hirarchieacadienne a t probablement un mmoire document transmis auxautorits romaines par le regrett cardinal Villeneuve la demande duConseil de la Vie franaise.

    La prsente publication dcrit le champ d'action du Conseil de la

    Vie franaise. Ce champ dborde largement ses possibilits. L'cartconstitue une invitation un labeur plus intense pour les membres duConseil et un appui encore plus grand de la part du public.

    L ES F RANAI SEN AM RI QUE DU NORD

    Retour la table des matires

    Les titres sont souvent imprcis, donc inexacts. C'est le cas ici.L'Amrique du Nord dont il est question est ramene deux pays : LeCanada et les tats-Unis. Non que la prsence franaise soit inexis-tante au Mexique. Mais elle est extrieure l'histoire de la colonisa-tion franaise qui, de Port-Royal

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    Explorateurs et missionnaires.

    et de Qubec, a rayonn sur la majeure partie du territoire canadien ettats-unien. Pour cette raison, elle ne nous intresse pas immdiate-ment.

    Quel est le chiffre de la population franaise au Canada et auxtats-Unis ? La rponse peut varier considrablement selon qu'on se

    base sur le seul critre ethnique ou qu'on y ajoute le critre linguis-tique et culturel. Dans le cas du Canada, le recensement fdral nousfournit des chiffres prcis, mme s'ils n'ont pas une valeur absolue. En1961, la population globale de ce pays s'levait 18,238,247 per-sonnes. Le groupe d'origine franaise reprsentait 30.4% de ce total,soit 5,540,346 personnes. De 65,000 au moment de la Conqute, ce

    groupe est pass un million en 1871, au lendemain de la Confdra-tion, deux millions en 1911, enfin cinq millions en 1961. Cela

    peu prs uniquement par son accroissement naturel et en dpit d'uneforte dperdition d'effectifs au profit des tats-Unis.

    Cette population est concentre surtout dans le Qubec : 4,241,354personnes. On la retrouve cependant dans toutes les provinces du Ca-

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    nada, y compris Terre-Neuve et les Territoires du Nord-Ouest ainsique le Yukon. Le groupe franco-canadien hors du Qubec se chiffreactuellement 1,300,000. [15] Les dplacements de population

    l'intrieur du pays pour des motifs avant tout conomiques ne ferontque l'augmenter. Aprs avoir vcu longtemps repli sur lui-mme, lelong des rives du Saint-Laurent, le groupe franais recommencel'aventure des coureurs des bois, ses anctres, mais il devient un cou-reur de villes et cela comporte des risques infiniment plus grands au

    point de vue assimilation.

    Historiquement et sociologiquement, ce groupe se divise en deuxlments : les Canadiens franais et les Acadiens. Ceux-ci habitent

    principalement les provinces de l'Atlantique, dont ils furent les pion-niers, mais ils ont de plus en plus tendance gagner l'Ontario et mmel'Ouest canadien pour y trouver une aisance que leur pays d'origineleur assure avec parcimonie. Les Canadiens franais se scindent de

    plus en plus en deux types sociologiques : le Qubcois et... l'autre,qu'il soit Franco-Ontarien ou qu'il vive dans l'Ouest canadien. Ce sontdes particularits dont il faut tenir compte si on veut viter d'abord deterribles malentendus et positivement orienter l'avenir de ce petit

    peuple canadien-franais qui est partout chez lui au Canada, mais quin'est pas partout exactement le mme ni plac dans les mmes condi-tions d'existence.

    En dpit des prdictions pessimistes, le groupe franais a progressde faon remarquable et il a maintenu son coefficient dmographiquedepuis la Confdration par rapport l'ensemble de la population. Cecoefficient a toujours oscill entre 31.1% en 1871 et 30.4% en 1961.En a-t-il t de mme au point de vue linguistique ? Il semble que ouisi on s'en tient au nombre de personnes qui parlent le franais. Noussubissons des pertes mais, par contre, nous faisons des gains. En 1931,la proportion des parlants franais tait de 29.8%. Elle a mont 31.9% en 1951 pour descendre 31.4%. Notons que les parlants fran-

    ais sont 31.4% alors que les Canadiens franais ne sont que 30.4%.Ces chiffres ne doivent pas nous masquer des situations tragiques.

    On en trouvera le dtail dans les monographies des groupes provin-ciaux. Il nous manque l'heure actuelle certaines donnes du recen-sement de 1961. On peut cependant, sans crainte d'errer, affirmer quela situation de la langue [16] franaise au Canada devient de plus en

    plus paradoxale. Un nombre croissant des descendants des pionniers

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    franais la dlaissent alors qu'elle se rpand dans les milieux anglo-phones. Bientt les bilingues ne seront plus exclusivement chez nous.Ce peut tre un bien ou un mal pour notre groupe ethnique. Pour l'ins-

    tant, le bilinguisme des anglophones demeure confin une lite ou selimite, au niveau populaire, quelques bribes de franais acadmiqueappris l'cole et assez vite oubli.

    Nous en sommes rduits des conjectures lorsqu'il s'agit de la po-pulation d'origine ou de langue franaise aux tats-Unis. Originaire-ment, c'est--dire avant 1763, les Franais et les Canadiens franaisont occup la plaine centrale amricaine et La Louisiane. Un sicleaprs la Conqute, les Qubcois ont migr massivement en Nou-velle-Angleterre. En mme temps, des groupes sont descendus desterritoires de l'Ouest canadien vers ceux de l'Ouest amricain jusqu'la Cte du Pacifique.

    Que reste-t-il de ce peuplement franais ? On peut soutenir qu'aumoins cinq millions de descendants des Franais du Canada et deFrance vivent l'heure actuelle aux tats-Unis. Les groupes du Centreamricain et de la Cte du Pacifique sont largement assimils. Notrelangue ne s'y parle que dans les familles lorsqu'on la parle encore.Sauf de trs rares exceptions, elle n'est plus entendue l'glise ni en-seigne l'cole. En Louisiane et en Nouvelle-Angleterre, le franaisdemeure une langue d'usage courant et l'on peut fixer plus d'un mil-lion le nombre de ces parlants franais.

    La situation volue rapidement aux tats-Unis au point de vue lin-guistique. Pendant longtemps la nation fut farouchement unilingue :one country, one flag, one language. Elle s'ouvre de plus en plus auxhorizons internationaux. Ses dirigeants et ses lites comprennent demieux en mieux l'utilit des langues. Ils encouragent aujourd'hui lesgroupes franais et espagnols cultiver les leurs en plus de l'anglais.Mais ce progrs ne doit pas nous faire illusion. De plus en plus lesdonnes ethniques et les donnes linguistiques diffreront. Des anglo-

    phones apprendront le franais pour des motifs utilitaires [17] ou pu-rement culturels pendant que les Amricains d'ascendance franaisengligeront leur langue maternelle au profit de l'anglais.

    Si l'on passe du domaine ethnique et linguistique au domaine reli-gieux, on constate que les Canadiens franais constituent 65% environde la population catholique du Canada. Aux tats-Unis, les Francos

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    reprsentent environ 5% des catholiques. Il y a au Canada quinze pro-vinces ecclsiastiques : sept franaises, sept anglaises, une de riteoriental. De plus un archevch, Winnipeg, dpend directement du

    Saint-Sige. Les diocses sont au nombre de 68, dont quatre de riteoriental, 37 dont les vques sont Franais, 26 dirigs par des vquesanglo-canadiens, un dont le chef spirituel est allemand. Quelques mil-liers de Canadiens franais sont de foi protestante ou sont agnostiques.Il y a dans ce groupe des descendants de huguenots.

    Aux tats-Unis, les ntres sont groups dans les tats du Massa-chussets, du Rhode Island, du Maine, du Vermont, du Connecticut etdu New Hampshire ainsi qu'en Louisiane. Ils ont des paroisses natio-nales. L'vque du New Hampshire est un des leurs : S. Exc. MgrPrimeau. Les auxiliaires des diocses de la Nouvelle-Orlans et deLafayette sont d'ascendance acadienne. Ce sont NosseigneursCaiouette et Boudreau. Enfin l'vque de Cleveland, S. Exc. MgrFloyd Bgin, est d'origine franco-amricaine.

    Les Franco-Amricains ont t reprsents dans tous les postes dela vie publique aux tats-Unis, sauf la prsidence et la vice-

    prsidence. L'un d'eux a failli devenir prsident des tats-Unis. Unautre a t juge la Cour Suprme. Au Canada, depuis les dernireslections fdrales, l'lment franais compte dix ministres sur vingt-six dans le cabinet fdral, soit une proportion de 36%. Fait noter lesAcadiens, les Franco-Ontariens et les Canadiens franais de l'Ouestsont reprsents dans le cabinet. Le gouverneur gnral du Canada etle juge en chef sont galement Canadiens franais. Notre dputationau Parlement fdral compte 77 reprsentants sur 265, soit 29%. Deces reprsentants, 65 viennent du Qubec, 8 de l'Ontario, 2 du Nou-veau-Brunswick, 1 du Manitoba et 1 de

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    [18]

    Le rayonnement de la Nouvelle-France sous Talon

    l'Alberta. Le nombre des snateurs canadiens-franais est de 29 sur102, soit 28.8%.

    Nous sommes moins bien reprsents au niveau du fonctionna-risme fdral. Malgr certaines nominations rcentes, nous ne comp-tons que 13 fonctionnaires ayant rang de sous-ministres sur un total de69, soit 20%. Nous ne comptions, en 1960, que 10% des ntres parmiles fonctionnaires recevant un salaire de cinq mille dollars et plus.

    Nous sommes absents peu prs compltement du secteur financier,en particulier des grandes entreprises de la Couronne. Le prsent gou-vernement a pos quelques gestes pour remdier la situation, maisc'est tout le climat du fonctionnarisme fdral qu'il faudra transformer

    pour le rendre respirable aux employs canadiens-franais. Unevaste enqute sur le biculturalisme est amorce. En attendant sesconclusions peut tre lointaines, le Gouvernement canadien pourrait

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    donner suite au rapport de l'enqute Glassco, en particulier aux re-commandations dissidentes du commissaire Eugne Therrien.

    [19]

    La position de l'lment canadien-franais est particulirement d-favorable dans l'ordre conomique. Il est cart pratiquement de ladirection des compagnies d'utilit publique, de la haute finance et dela grande industrie. Constituant 30% de la population du Canada, ilcommande peine 5% de son activit conomique. Dans la provincemme de Qubec, le groupe canadien-franais reprsente 82.6% de la

    population. Cependant il ne dirige que 10% de l'activit conomiqueet il ne dtient que 20% des postes-clefs. Le standard de vie du ci-toyen qubcois est infrieur de 28% celui de l'Ontario. 1 Des fac-

    teurs historiques peuvent expliquer cette infriorit. Ils sont loin d'enrendre compte totalement. Le groupe franais se heurte un vritableostracisme dans certains secteurs de la vie conomique de la nation.

    La production littraire et artistique du Canada franais est en pleinessor. Certains artistes ont acquis une renomme internationale. Cette

    production, de l'aveu mme des Anglo-Canadiens, dpasse en quantitet en qualit l'apport anglophone. Le manque de ressources financiresa longtemps paralys l'expansion de l'enseignement suprieur au Ca-nada franais. En ce moment les universits existantes connaissent un

    dveloppement considrable. Trois de ces tablissements viennent des'ajouter Laval, Montral et Ottawa. Ce sont Sherbrooke, Sudbury etMoncton. Les collges classiques se multiplient, l'enseignement se-condaire s'organise, les coles spcialises augmentent en nombre.Longtemps indiffrents aux carrires commerciales et scientifiques,les jeunes Canadiens franais y entrent maintenant avec une ardeurqui autorise de solides espoirs pour le relvement conomique de lanation canadienne-franaise.

    Aux tats-Unis, les ntres ont bti des entreprises florissantes dans

    le domaine commercial et industriel. Ils ont domin certains mo-ments la vie conomique de villes comme Manchester et Woonsocket.Malheureusement cet effort est demeur anarchique. Le niveau d'exis-tence des individus et des familles s'est lev. Le groupe n'y a gure

    1 Maurice Allard : La dernire chance, Vie franaise de mai-juin 1963, page271

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    gagn en prestige [20] ni en influence. Il existe une production litt-raire franco-amricaine. Un auteur a consacr un volume de troiscents pages la description de cette littrature.

    Ces quelques notations d'ensemble sont une introduction aux pagesqui suivent. La situation qu'elles dcrivent se retrouve avec des va-riantes considrables au sein de chaque groupe franais. Une des con-clusions qui en dcoule est la solidarit de ces groupes. Le dvelop-

    pement, le rayonnement du Qubec bnficie toute la race franaiseen Amrique du Nord. Par ailleurs la permanence de l'empire franaisrepose, comme en 1759, sur ces avant-postes de la vie franaise, surces sentinelles avances dont la prsence est un rappel d'un pass quifut grand et l'vocation d'un avenir qui pourrait tre magnifique si,selon le mot d'Edmond de Nevers, chaque descendant des soixantemille vaincus de 1760 tait rsolu compter pour un.

    Femmes missionnaires en Nouvelle-France.

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    LEMPIRE FRANAIS DAMRIQUE

    II

    LACADIE

    Retour la table des matires

    [22]

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    [23]

    PRAM BU L E

    Retour la table des matires

    L'origine du mot Acadie et la dtermination du territoire qu'il d-signe demeurent un sujet de discussion entre historiens. Selon le R.P.Pacifique, O.M.Cap., le terme viendrait de la langue micmaque, une

    tribu indienne qui occupait la Nouvelle-Ecosse, l'le du Prince-Edouard et une partie du Nouveau-Brunswick. Il signifierait campe-ment. Des cartes de 1548 et 1566 dsignent la Nouvelle-Ecosse sousle nom de Lacardia. Un des pionniers de la colonie, Samuel de Cham-

    plain, parle de l'Arcadie et de l'Accadie.2

    Au dbut du rgime franais, on appelait gnralement Acadie leterritoire form par la Nouvelle-Ecosse, le Nouveau-Brunswick, l'ledu Prince-Edouard, les les de la Madeleine, une portion de l'tat duMaine. Les interprtations devaient fluctuer par la suite au hasard des

    explorations, des conqutes et des traits de paix.Cependant jamais Terre-Neuve ne fut comprise dans l'Acadie.

    C'est que l'histoire de cette le et sa population ont toujours diffr decelle des autres provinces atlantiques sous le rgime franais. Un mo-tif de mise en pages a fait rattacher Terre-Neuve aux autres provincesacadiennes dans le prsent volume. Cette annexion pourrait, la ri-gueur, se justifier par les origines acadiennes d'une bonne partie de la

    population franaise actuelle de l'le mme de Terre-Neuve.

    2 L'Acadie des anctrespar Bona Arsenault. Le Conseil de la vie franaise enAmrique, Qubec, 1955.

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    L ES ACADI ENS TERRE-NEUVE

    Historique

    Portugais, Espagnols, Normands, Bretons, Basques, Anglais sedisputent l'honneur d'avoir dcouvert Terre-Neuve. Il est aussi diffi-cile de dterminer quel peuple y fit un premier tablissement dequelque dure. Vers 1650, les Franais s'installent de faon perma-

    nente. Un Breton est nomm gouverneur de Plaisance en 1655. Lesgouverneurs franais se succderont jusqu' ce que le trait d'Utrech,en 1713, assure dfinitivement Terre-Neuve l'Angleterre. Une exp-dition franaise, en 1762, s'empara de Saint-Jean la capitale, mais cesuccs n'eut aucun lendemain. La colonisation franaise se continuaavec des apports venus de l'Acadie la faveur de la pche.

    Population fr anaise actuelle

    Le recensement de 1951 avait dnombr 9,841 citoyens d'ascen-dance franaise. Celui de 1961 en a recens presque le double :17,171, soit autant que dans l'Ile du Prince-Edouard. Sur ce nombre,5,821 parleraient le franais. La population totale tait de 361,416 en1951 et elle aurait augment de cent mille en dix ans : 457,853. Cescarts de chiffres laissent planer de srieux doutes sur la valeur du re-censement de 1951. La population franaise est surtout fixe dans largion de Saint-Georges et de Baie Saint-Georges. Elle est absolumentdpourvue d'organisation comme groupe ethnique et au point de vue

    religieux et au point de vue civil. Aucun prtre d'origine franaise.Quelques prtres irlandais parlent le franais. Le franais n'est pas en-seign l'cole. Pratiquement pas de radio et pas du tout de tlvisionfranaises. Aussi la jeune gnration est-elle anglicise.

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    Situation juridique

    La langue franaise n'est reconnue d'aucune faon Terre-Neuve.Dans le domaine scolaire, l'enseignement est nettement confessionnel.L'enseignement religieux n'est pas

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    Carte de Terre-Neuve.

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    impos mais fortement encourag par le ministre de l'ducation. Lescomits scolaires locaux jouissent de pouvoirs trs tendus sous ce

    rapport. Le surintendant est choisi alternativement parmi les troisprincipales dnominations religieuses de l'Ile, y compris les Catho-liques, qui sont 35% de la population. Le ministre actuel de l'duca-tion, M. Alain Frecker, est un catholique d'ascendance franaise qui

    parle couramment le franais.

    Il n'y a cependant pas d'coles franaises. L'anglais est la seulelangue officielle l'cole. L'enseignement du franais est tolr auxdegrs suprieurs.

    L ESAC AD I EN SD AN SL ' I L E DU PRI NCE-DOUARD

    Historique

    Les Acadiens furent les premiers Blancs s'tablir dans l'le duPrince-Edouard, en 1720. Celle-ci portait alors le nom d'le Saint-Jean.

    Us y prosprrent grce leur esprit de travail et d'entraide. En 1758,ils taient cinq mille rpartis dans trente-quatre villages. Us avaientmis en culture une bonne partie de l'le : douze mille acres. Us taientgroups dans les cinq paroisses suivantes : Saint-Jean l'Evangliste Port Lajoie : cur, Fr. Gratien Raoul ; Saint-Pierre du nord (St. Peter'sHarbour) : cur, Jean Biscarat, vicaire, Jean Perronnel ; Saint-Louis(Scotchfort) : cur, Pierre Cassiet ; Saint-Paul (Pointe Prime) : cur,Jacques Girard ; La Sainte-Famille (Malpque) : cur, Joseph-Sylvestre Dosque, plus tard cur de la cathdrale de Qubec.

    Aprs la prise de Louisbourg, le 26 juillet 1758, quatre vaisseauxde guerre avec cinq cents soldats vinrent mouiller devant le fort dePort Lajoie. Les soldats descendirent, s'emparrent du fort, dtruisi-rent les tablissements et firent monter la population de l'le sur dixtransports. Ces proscrits furent conduits en Angleterre et finalementen France, aprs le trait de paix de 1763.

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    Cette mme anne 1763, une trentaine de familles, qui avaient pus'chapper, regagnrent l'le. La reprise de la co-

    [27]

    Carte de lle du Prince-Edward.

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    [28]

    lonisation fut lente et pnible. Un recensement fait en 1798 ne d-nombra que cent deux familles acadiennes. De ces familles descen-

    dent la presque totalit des 17,148 Acadiens recenss en 1961. Il fautajouter ce dernier chiffre des milliers d'Acadiens qui ont migr surla terre ferme, au Canada, aux tats-Unis, pour avoir une ide de lafcondit des berceaux acadiens. Un seul exemple. Michel (Hach)Gallant, le premier Acadien Port Lajoie en 1721, eut sept fils. Fran-ois, un de ses fils, en eut dix (les dix frres de Rustico). Cyprien, pe-tit-fils de Michel, en eut dix lui aussi (les dix frres de Cascum-

    pque).

    Relevdmographique

    Population totale de la province : 104,629 habitantsPopulation d'origine franaise : 17,418, soit 16.64% du total.Acadiens et autres parlant le franais : 9,157, soit 8.8% de la popu-

    lation.

    La population totale de l'Ile a atteint le sommet de 109,073 en1891. Elle est descendue 88,038 en 1931, priode de dpressionconomique. Elle augmente lentement depuis ce temps. Les Acadiens,eux, n'ont cess de s'accrotre numriquement, passant de 10,751 en1881 17,418 en 1961. Ils constituent actuellement 16.64% de la po-

    pulation de l'Ile contre 9.9% ; en 1881. Par contre ils s'anglicisentconstamment. En 1931, 10,137 personnes avaient dclar aux recen-seurs qu'elles parlaient franais, sur un total de 12,962. En 1961, cenombre des parlants franais est tomb 9,157 sur 17,418.

    L'Ile est divise en trois comts fdraux. Le comt de Queens adeux dputs. Dans la ville de Charlottetown, la capitale, les Acadiensne sont que 1,904 sur 18,318. Ils sont aussi en petit nombre dans lescomts de Kings (1,838 sur 17,893) et de Queen's (4,507 sur 45,842).Par contre ils sont 11,073 sur 40,894 dans le comt de Prince, qui ren-ferme la majorit des paroisses acadiennes. Cette dispersion expliquequ'ils ne puissent se faire reprsenter aux Communes d'Ottawa et quele gouvernement canadien leur ferme systmatiquement les portes dusnat depuis 1897.

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    Premire rcolte en Acadie

    Domaine religieux

    Les Acadiens, sauf une centaine, sont catholiques. Ces derniersforment 44.3% de la population totale, soit environ 46,000 mes. LesAcadiens constituent donc prs de 40% de la population catholique.Cependant ils sont loin d'avoir dans le diocse de Charlottetown unesituation conforme ce pourcentage.

    Le Canada ecclsiastique de 1962 donne une population catholique

    de 42,474 mes, d'aprs le recensement paroissial. Il numre 45 pa-roisses et 16 missions. L'organisation diocsaine ne contient que deuxnoms franais sur une trentaine de directeurs diocsains, consulteurs,examinateurs, etc... l'Universit Saint-Dunstan, trois professeursacadiens sur un personnel acadmique de 22. Sept paroisses seulementont des curs acadiens. Cependant les Acadiens sont la majorit dansau moins dix paroisses, y compris Summerside, o ils constituent 61%

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    des catholiques et 33% de la population [30] de 8,000 habitants. Leclerg acadien est trs peu nombreux : douze prtres seulement surcent. De faon gnrale et depuis trs longtemps, l'organisation pa-

    roissiale et diocsaine a t un puissant facteur d'anglicisation de lapopulation catholique acadienne. Des contingences historiques peu-vent expliquer en partie cette situation pour le moins anormale dansun pays officiellement bilingue.

    Domaine scolair e

    L'Ile possde trois institutions d'enseignement suprieur : l'Univer-

    sit catholique de Saint Dunstan, tablissement priv, le CollgePrince of Wales et l'Ecole normale provinciale, institutions d'tat. Cestrois tablissements acadmiques sont officiellement et pratiquementanglais, mme si le franais y est enseign comme matire secondaireet s'il se trouve des Acadiens parmi le personnel enseignant. A l'Ecolenormale en particulier, aucune formation spciale n'est donne auxfuturs professeurs acadiens pendant l'anne scolaire.

    un niveau infrieur, les Acadiens ont une Ecole rgionale sup-rieure depuis septembre 1960, l'cole vangline. Les religieuses dela Congrgation Notre-Dame de Montral ont huit couvents dans l'Iledu Prince-Edouard. Ces religieuses taient venues dans l'Ile entre1857 et 1868 pour instruire la population acadienne. Pendant long-temps l'enseignement se donna peu prs exclusivement en franais.En 1900, six de ces maisons devinrent, pour des raisons financires,coles publiques. Puis ces maisons furent rattaches la vice-provinceanglaise d'Antigonish pour des motifs administratifs. L'anglicisationse poursuivit alors vive allure. Depuis, des dmarches pressantes ontfait adjoindre au provincialat de Saint-Pascal de Kamouraska les cou-vents de Rustico et de Miscouche. Il devrait en tre de mme des cou-

    vents de Tignish (66% d'Acadiens), de Summerside (61% d'Acadiensparmi les catholiques), de Rustico-Nord (93% d'Acadiens). Les reli-gieuses du Sacr-Cur viennent de s'tablir Mont-Carmel.

    Au degr lmentaire, le nombre des classes dans les centres aca-diens est de 86. Le franais y est enseign dans une cinquantaine. Unetrentaine de ces classes sont diriges par des titulaires de langue an-

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    glaise. Un inspecteur, M. J.-Albert [31] Gallant, a juridiction surtoutes les coles acadiennes. Dans un rcent rapport la Socit St-Thomas d'Aquin, il signalait les louables efforts des professeurs pour

    maintenir le franais et prconisait une plus grande uniformit desmanuels employs. Le recrutement des professeurs est trs difficile.En vertu d'une entente entre les gouvernements de l'Ile et du Qubec,quelques jeunes Acadiennes ont suivi rcemment les cours du brevet"B" l'Ecole normale de Havre-aux-Maisons, dans les Iles de la Ma-deleine. Le dpartement de l'ducation de l'Ile reconnat ce brevet et ilaccorde mme une bourse de deux cents dollars par anne aux tu-diantes qui s'engagent enseigner au moins deux ans dans les colesde l'Ile du Prince-Edouard. C'est une initiative prometteuse, qui t-moigne du bon esprit qui rgne dans ce dpartement.

    Signalons enfin que de nombreux jeunes gens tudient commeboursiers dans les collges classiques du Nouveau-Brunswick et duQubec. Malheureusement la plupart d'entre eux quittent l'Ile aprsleurs tudes universitaires, faute de situations lucratives. Plusieurs

    jeunes filles tudient dans les Instituts familiaux du Qubec.

    Domai ne conomi que

    La plupart des Acadiens s'occupent de la culture de la terre ou de lapche. Quelques-uns se sont taills des situations enviables dans ledomaine des affaires. Le magasin gnral des messieurs Arsenault etGaudet, Wellington, est un des plus importants de la province. Il futtabli il y a prs d'un sicle. La Eastern Packing, de Souris, la plusimportante entreprise de pche de l'le, est la proprit des deux frresGallant, Paul et Edouard, ainsi que de leurs familles. Pendant la saisonde pche, cette entreprise emploie de deux trois cents personnes.Elle met en conserve le poisson que lui apportent dix chalutiers trs

    modernes.Les Acadiens sont de fervents cooprateurs. Ils possdent les

    caisses populaires les plus importantes de l'le. La cooprative de p-cheurslAcadienne, de Abram Village, fait un chiffre d'affaires d'undemi million chaque anne. Cette cooprative et celle de Rustico-

    Nord, dont tous les membres sont Acadiens, sont les deux plus consi-

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    drables dans l'le. La [32] Socit mutuelle l'Assomption compteneuf succursales et 975 membres. Tignish possde une Socit aca-dienne mutuelle de secours en maladie, qui remonte 1903.

    Domaine public

    Les Acadiens ne sont aucunement reprsents Ottawa. Ils consti-tuent cependant un sixime de la population de la province. Le gou-vernement canadien devrait leur accorder un sige snatorial. Ils ontun juge sur sept. Un prtre acadien, l'abb Adrien Arseneau, de l'Uni-versit Saint Dunstan, vient d'tre nomm membre du Conseil des

    Arts du Canada. Une quinzaine d'Acadiens sont fonctionnaires fd-raux dans l'le : postes, chemin de fer, bureau d'impts. L'un d'eux,l'avocat Elmer Blanchard, de Charlottetown, a t dsign rcemmentcomme secrtaire du lieutenant-gouverneur.

    Au parlement provincial, ils lisent seulement deux dputs surtrente. L'un d'eux, l'honorable Henri Wedge, est ministre du Travail etdu Bien-tre social. Il dirige un important commerce Summerside,ville dont il a t le maire pendant six ans. Il est bien acadien d'origineet de sentiments en dpit de son nom anglicis. Ils sont reprsentsdans le fonctionnarisme par quelques uns des leurs. La vie culturelle

    L'loignement des grands centres de culture, le peu d'intrt queportent la langue franaise les institutions suprieures d'enseigne-ment dans l'Ile du Prince-Edouard, ne favorisent gure la vie culturellechez les Acadiens. Ceux-ci peuvent capter certaines missions fran-aises de radio et de tlvision venant de Moncton ou de New Car-lisle. Ils n'ont plus de journal franais. Le quotidien l'Evangline necompte qu'une centaine d'abonns.

    Ce sont principalement les socits culturelles qui entretiennent la

    flamme de la pense franaise dans l'Ile. Les principales sont la Soci-t Saint-Thomas d'Aquin, fonde en 1919 afin d'aider les jeunes Aca-diens poursuivre des tudes suprieures et qui a une trentaine desuccursales ; l'Association des Instituteurs et Institutrices acadiens, quidate de 1893 et qui a tenu chaque anne son congrs pdagogique, laSocit historique acadienne, fonde en 1955.

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    [33]

    L es droits de la l angue fr anaise

    La langue franaise n'est reconnue officiellement ni au parlementde Charlottetown ni dans les cours de justice non plus que dans l'ad-ministration municipale.

    Il existait, en 1867, une trentaine d'coles catholiques, en bonnepartie acadiennes. Dix ans plus tard, la lgislature de l'Ile introduisit lesystme des coles publiques non-confessionnelles. Depuis, lgale-ment, l'enseignement de la religion est interdit l'cole. Celui du fran-

    ais est permis comme langue seconde partir de la septime anne.En pratique, le dpartement de l'instruction publique se montre tol-rant au point de vue religieux et au point de vue franais. Dans plu-sieurs coles, lavant-midi est consacre au franais. Le Gouverne-ment donne des cours d't en franais au personnel enseignant.

    LESACADIENSEN NOU VEL L E-COSSE

    Historique

    L'histoire de l'Ancienne Acadie commence avec la fondation dePort Royal par Pierre de Guast, sieur de Monts, en 1603. En dpit desguerres et de rivalits intestines, la colonisation fit des progrs cons-tants. En 1713, date de la cession de la colonie l'Angleterre, les Aca-diens taient 2,528. Ils atteindront le chiffre de 13,000 en 1755, au

    moment de la Dispersion.Celle-ci fut fatale la colonisation franaise. Dj la fondation

    d'Halifax avait amorc la prpondrance de llment anglais dans lacolonie. La Dispersion va la conserver. Les Acadiens ne commence-ront revenir que vers 1760. La seule paroisse de l'ancienne Acadieo ils pourront reprendre racine sera celle de Pubnico ouest, dans ledomaine seigneurial des D'entremont. Partout ailleurs le Conqurant

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    se sera install. Ils iront dfricher la baie Sainte-Marie et se dirigerontvers le Cap Breton.

    [34]

    Carte de la Nouvelle-cosse.

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    Relevdmographique

    Population totale : 737,000Population franaise : 87,883, soit 12.0% du total.Population parlant le franais : 50,925, soit 6.9%.

    Le recensement canadien de 1961 a dnombr 87,883 Acadiens enNouvelle-Ecosse contre 73,760 en 1915. Ce groupe acadien a tripldepuis 1867 alors que la population a doubl. Il est concentr plus

    particulirement dans la ville d'Halifax, au Cap Breton et dans lescomts de Richmond et de Yarmouth. Il forme la majorit absoluedans Richmond et il est presque majoritaire dans Yarmouth. Malheu-reusement prs de la moiti de la population acadienne est anglicise,

    particulirement Halifax, Sydney, New Glasgow. Le groupe semaintient assez bien la baie Sainte-Marie o il est fortement homo-gne dans les cadres du diocse de Yarmouth. Il subsiste prs du d-troit de Canso ainsi qu' Chticamp, l'extrmit nord du Cap Breton.Ailleurs la situation est catastrophique.

    Domaine religieux

    La population catholique de la Nouvelle-Ecosse est de 230,000mes. Elle est rpartie en trois diocses : Halifax et Antigonish an-glais, Yarmouth franais. Les Acadiens forment le tiers de cette popu-lation. On estime 17% le nombre des Acadiens non catholiques maisce chiffre inclut des descendants de huguenots. Leur situation varie

    beaucoup selon les diocses.

    Le diocse d'Halifax compte 85,000 mes selon le Canada eccl-siastique de 1962. De ce nombre de catholiques, 15,000 sont Aca-diens. Ces derniers n'ont, pour les desservir, que cinq prtres acadiens(sur 130 sculiers et rguliers), dont un seul dans une paroisse forte-ment acadienne, Chezzetcook. Ils n'ont aucune paroisse dans la villed'Halifax bien qu'ils atteignent une dizaine de mille. La paroisse aca-

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    dienne de Joggins Mines a un cur anglophone alors que deux curs[36] acadiens sont la tte de paroisses irlandaises. Tous les couventssont confis aux religieuses anglophones de la Charit d'Halifax.

    Le diocse d'Antigonish compte autant sinon plus d'Acadiens quele diocse de Yarmouth. Leur situation y est un peu meilleure qu'Halifax. Les prtres sculiers sont au nombre de 217, selon le Canadaecclsiastique de 1962, les rguliers 15 seulement. Bien que consti-tuant le quart des 121,763 fidles du diocse, les Acadiens sont repr-sents par un seul prtre dans l'administration diocsaine et celui-ci neremplit que des fonctions mineures : consulteur diocsain et directeurde la propagation de la foi. Neuf paroisses acadiennes sont diriges

    par des curs acadiens, dont celle de Chticamp, confie aux RR. PP.Eudistes. Il y a un vicaire acadien New Waterford, important centreouvrier acadien. Quatre autres paroisses au moins devraient tre diri-ges par des curs de langue franaise mais les candidats font dfaut.L'autorit diocsaine a fait un effort louable pour assurer des pasteursde leur langue aux Acadiens. Il convient de signaler aussi la prsencedes religieuses de la Congrgation Notre-Dame de Montral dans lediocse, bien que celles-ci soient trs largement anglophones, et celledes Filles de Jsus, qui sont restes bien franaises.

    Le diocse de Yarmouth a un vque acadien. S. Exc. Mgr AlbertLemnager. La chancellerie donne en dtail l'origine raciale des23,876 catholiques de ce diocse. Les familles franaises sont aunombre de 4,182, les familles anglaises 997. L'administration dioc-saine ne compte qu'un cur d'ascendance anglaise. Un vicaire estd'origine anglaise. Plusieurs communauts de religieuses s'occupentd'ducation. Trois sont strictement franaises.

    Domaine scolair e

    Le gouvernement est trs large en ce qui concerne l'enseignement.Au point de vue langue, il ne fixe pas de limite l'enseignement dufranais. Il demande seulement que celui de l'anglais ne soit pas ngli-g. Faute d'organisation malheureusement, les quelque douze millecoliers acadiens se [37] partagent peu prs galement entre lescoles acadiennes et les coles anglaises. Deux inspecteurs du Gou-

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    vernement ont la surveillance de toutes les coles bilingues de la Pro-vince, l'un pour l'est, l'autre pour l'ouest. Ce sont messieurs J.-Alphonse Comeau et Maurice Belliveau. Les Filles de Jsus, les Filles

    de Marie de l'Assomption et les religieuses de Notre-Dame du Sacr-Coeur sont des communauts bien franaises

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    [38]

    qui dirigent plusieurs coles la Baie Sainte-Marie et au Cap Breton.

    Au niveau secondaire, les Acadiens de la Nouvelle-cosse ontl'immense avantage de pouvoir recevoir une formation classique fran-aise au Collge Sainte-Anne de la Pointe-de-l'glise. Ils ne profitent

    pas autant qu'ils le pourraient de la science et du dvouement des RR.PP. Eudistes car une bonne partie des tudiants se recrutent dans la

    province de Qubec. Les jeunes filles sont maintenant admises auCollge Sainte-Anne. Les Instituts familiaux de la province de Qubecdonnent une formation trs apprcie de jeunes boursires aca-diennes depuis plus de vingt ans.

    La Nouvelle-cosse compte quatre universits. L'universit Dal-

    housie d'Halifax, institution gouvernementale, a un dpartement fran-ais dirig par quatre professeurs, qui groupe plus de trois cents tu-diants au niveau lmentaire, moyen et suprieur. Aux deux derniersniveaux, les cours se donnent uniquement en franais. C'est dire qu'ilne s'agit pas d'un franais purement livresque. Un Centre de rensei-gnements franais est la disposition des maisons d'enseignement etdes profanes des quatre provinces de l'Atlantique.

    Les catholiques anglais ont une universit dirige par les Jsuites Halifax. Plusieurs religieux portent un nom franais et parlent le fran-

    ais. Cependant la culture franaise est ignore dans cette institution.L'Universit Saint-Franois-Xavier d'Antigonish est bien connue parses initiatives dans le domaine coopratif. Elle compte au moins 125tudiants acadiens sur 1300. Trois professeurs y enseignent le fran-ais. L'Universit a nomm rcemment un directeur franais des Rela-tions extrieures : M. Rmi Chiasson.

    Domai ne conomi que

    Les occupations de la population acadienne de la Nouvelle-Ecossesont trs diversifies. Les dix milles Acadiens de la capitale, Halifax,sont ouvriers, commerants, restaurateurs, employs de bureau. Ceuxde la rgion de Sydney, Glace-Bay, New Glasgow travaillaient dansles mines et tentent maintenant de se trouver des emplois dans les in-dustries de la [39] rgion. Ceux de Chticamp, du dtroit de Canso, de

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    la Baie Sainte-Marie sont surtout pcheurs ou agriculteurs. Dans cettedernire rgion, les Acadiens possdent plusieurs petites industries

    plus ou moins connexes la pche. Ils comptent dans leurs rangs bon

    nombre de professionnels.Les Acadiens de la Nouvelle-Ecosse sont de fervents co-

    oprateurs. Cependant l'influence prdominante dans ce domaine estcelle d'Antigonish. Elle tend vers la neutralit au point de vue linguis-tique, ce qui signifie en pratique ignorance du franais dans beaucoupde cas.

    Domaine public

    Les Acadiens de la Nouvelle-Ecosse ont un reprsentant au snatcanadien : l'honorable Willie Comeau, ancien dput et ancien mi-nistre Halifax. Ils ont perdu leur reprsentant aux Communes lorsdes rcentes lections fdrales. Cependant son remplaant, bienqu'issu de parents anglais, a grandi dans un village acadien, frquentl'cole acadienne, pous une acadienne et est un membre actif d'asso-ciations acadiennes. Il parle franais et son commerce s'est surtoutorient parmi les Acadiens. Ils ont deux reprsentants Halifax sur 43dputs : le docteur Pierre Belliveau, de Clare, et M. Alfred Veniot, dePictou-ouest. Ce dernier est acadien de nom et d'ascendance. Le doc-teur Burridge, dput de Yarmouth, parle le franais et se considrecomme Acadien car il a t lev par une famille acadienne.

    Les Acadiens ont un reprsentant au sein de la magistrature : M. lejuge Pothier d'Halifax. Ils n'occupent malheureusement pas de posteslevs au sein de l'administration provinciale.

    La vie culturelle

    La Socit nationale des Acadiens et la Socit mutuelle l'Assomp-tion font sentir leur bienfaisante influence dans cette province commeau bnfice des Acadiens de l'Ile du Prince-Edouard. Cependant ceuxde la Nouvelle-Ecosse possdent quelques associations en propre. Ci-tons l'Association des Instituteurs acadiens, fonde en 1947, Saul-

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    nierville, l'Association acadienne d'Education, la Socit Saint-Pierredu Cap Breton. [40] Cette dernire s'intresse particulirement auxtudes suprieures des jeunes Acadiens et les aide par le moyen de

    bourses. Le Club Richelieu vient de s'tablir Yarmouth. La Fonda-tion Sigogne, qui date de mars 1961, remplit la Baie Sainte-Marie lemme rle que la Socit Saint-Pierre au Cap Breton.

    Le journal l'Evangline pntre dans plusieurs foyers. Les Aca-diens de la Baie Sainte-Marie ont leur disposition un hebdomadairele Petit Courrier. Quatre relais de Radio-Canada permettent la plu-

    part des Acadiens de la Baie Sainte-Marie d'couter des missionsfranaises. Le poste franais de New Carlisle est assez bien capt parles Acadiens de Chticamp. Radio-Canada vient d'annoncer que cesderniers bnficieront prochainement de la tlvision franaise. Lecollge Sainte-Anne est un foyer de rayonnement franais. Il a organi-s des cours pour les professeurs. Ces cours jouissent de la reconnais-sance du Dpartement de l'Education.

    Situation juridique

    La langue franaise n'est pas plus officielle ni moins en Nouvelle-Ecosse qu'elle ne l'est Terre-Neuve ou dans l'Ile du Prince-Edouard.Un discours en franais au parlement d'Halifax est un geste gentilmais qui n'a aucune porte pratique.

    Au point de vue scolaire, la loi ne reconnat pas d'coles spares.Cela veut dire qu'officiellement toutes les coles subventionnes parl'tat sont neutres au point de vue religieux et anglaises au point devue langue d'enseignement. La pratique diffre cependant sensible-ment de la loi. Dans les coles acadiennes, le dpartement tolre quela langue franaise soit la langue d'enseignement pour toutes les ma-tires, sauf l'arithmtique et l'anglais. Les deux langues sont em-

    ployes pour l'enseignement jusqu' la 9e annes. L'anglais devientensuite la seule langue d'enseignement, sauf pour la grammaire fran-aise, en 10e et l1e annes. Le dpartement est galement trs tolrant

    pour ce qui est de l'enseignement de la religion.

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    LESACADIENSAU NOUVEAU-BRUNSWICK

    Historique

    Les premiers colonisateurs franais au Nouveau-Brunswick sontCharles de Latour, qui construisit le fort Jemsek sur la rivire Saint-Jean vers 1630, et Nicolas Denys qui installa des postes de traite et

    des tablissements de pche Miscou, sur la Baies de Chaleurs, ainsiqu'a Nipisiguit, aujourd'hui Bathurst, galement dans la Baies desChaleurs. Cependant, les Rcollets, venus de Port Royal, avaient ta-

    bli une mission sur l'le Miscou ds 1620. En 1635, les Jsuites rem-placrent les Rcollets Miscou et y commencrent un tablissementavec 23 colons franais. Les Rcollets devaient revenir en 1673.

    La colonie franaise au Nouveau-Brunswick vgta au dbut durgime franais. Aprs le trait de Brda, en 1667, qui tablit claire-ment les droits de la France sur l'Acadie, celle-ci fut rattache au gou-

    vernement du Canada. Celui-ci y tablit une vingtaine de seigneurieset laissa les seigneurs se dbrouiller peu prs seuls en ce qui concer-nait le dveloppement du pays. Le 11 avril 1713, le trait d'Utrechtcdait l'Angleterre la Nouvelle-Ecosse moins l'le Royale (aujour-d'hui le Cap Breton) et Terre-Neuve.

    Un certain nombre d'Acadiens de la Nouvelle-Ecosse passrent auNouveau-Brunswick. Un recensement de 1752 tablit 2,586 lenombre d'habitants de l'Acadie franaise," i.e. le Nouveau-Brunswick.La chute des forts Beausjour et Gaspareau en juin 1755 marqua le

    commencement de la domination anglaise dans cette province. Lesmalheureux Acadiens gagnrent la rgion de la Miramichi. Les con-qurants organisrent une chasse l'homme qui devait durer de 1755 1760.

    Quelques familles russirent chapper aux poursuites des soldatset aux misres de la vie dans la fort. Quelques unes d'entre elles pu-rent reprendre possession de leurs terres entre 1760 et 1766, dans la

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    rgion de la rivire Petitcoudiac et de Memramcook. Elles furent re-jointes en 1766 par 120 familles rapatries du Massachussets. Pendantce temps d'autres familles, venues de Qubec, s'installaient dans la

    rgion [42] du Madawaska en compagnie de familles canadiennes-franaises. Ainsi s'esquissait, avant 1800, la physionomie franaise duNouveau-Brunswick actuel.

    Relevdmographique

    Population totale : 597,936Population franaise : 232,127, soit 38.81% du total.

    Population parlant le franais : 225,549, soit 37.8%.

    La population globale a peine doubl depuis 1871 alors que legroupe franais a quintupl. Entre 1951 et 1961, l'lment britanniquea augment de 35,246 et l'lment franais de 34,496. La progressionde ce dernier a t beaucoup plus lente depuis une vingtaine d'annes.Par ailleurs le nombre des parlants franais a diminu lgrement. La

    proportion, qui tait de 35.89 en 1951 par rapport la population to-tale, est tombe 35.20.

    Le groupe franais constitue 93% de la population du Madawaska,85.2% de celle du comt de Gloucester, 82.0% dans Kent et 68.3%dans Restigouche. Il forme presque la moiti de la population deWestmorland, le tiers dans Moncton et Northumberland. Il est enfaible minorit dans les huit autres comts. Des sources srieuses es-timent plus de 7,985 la population acadienne de la ville de Saint-Jean, dont 5,000 parlent encore franais. A Lancaster, vivent 2,006Acadiens, dont 1491 parlent franais. Il y a enfin 2,224 Acadiens dansla banlieue de Saint-Jean, dont 669 parlent franais.

    Domaine religieux

    D'aprs le recensement canadien de 1961, les catholiques dpasse-raient lgrement 300,000 mes. Le Canada ecclsiastique de 1962donne 268,038 catholiques pour les quatre diocses. L'cart laisse

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    quelque peu pensif. Peut tre faut-il ajouter foi plutt au recensementdiocsain.

    Ces catholiques sont organiss fortement dans les cadres de quatre

    diocses. Trois de ces diocses sont franais : Moncton, Bathurst etEdmundston. Le quatrime, Saint-Jean, groupe la majorit des catho-liques anglophones.

    [43]

    Carte du Nouveau-Brunswick.

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    [44]

    L'archevque de Moncton est S. Exc. Mgr Norbert Robichaud. Lapopulation catholique du diocse est de 68,071 mes. Les familles

    franaises catholiques sont au nombre de 10,941, les anglophones aunombre de 1,922. Environ deux cents familles ont une autre languematernelle. Le clerg sculier compte 82 membres et les rguliers sontau nombre de 92. Le diocse compte neuf prtres de langue anglaise.Ils dirigent cinq paroisses anglophones, trois dans la ville de Monctonet deux la campagne. L'un de ces prtres est membre de l'administra-tion diocsaine.

    Le chef du diocse de Bathurst est S. Exc. Mgr Camille-AndrLeBlanc. Les catholiques sont au nombre de 88,634. On compte

    13,766 familles franaises, 1,617 anglaises, 512 mixtes. Les prtressculiers sont au nombre de 102, les rguliers 40. Les sculiersd'ascendance anglaise sont au nombre de dix.

    L'vque d'Edmundston est S. Exc. Mgr Romo Gagnon. Les fi-dles sont au nombre de 52,333. La statistique diocsaine ne donne

    pas de prcision quant leur origine raciale. Les prtres sculiers sontau nombre de 63 et les rguliers 29. Ceux-ci se partagent entre troiscommunauts : Franciscains, Eu-distes et Oblats. Le diocse necompte qu'un prtre d'origine anglaise.

    S. Exc. Mgr Bertram Leverman est le chef du diocse de Saint-Jean depuis 1953. Le nombre des catholiques est "d'environ 59,000".Aucune prcision quant leur origine raciale ou leur langue, mais ily a environ quinze mille Acadiens dans le diocse, dont la moiti rsi-dent dans la ville de Saint-Jean. Ils ne sont pas reprsents dans l'or-ganisation diocsaine et ils n'ont aucune paroisse pour les desservirdans la ville piscopale.

    Domaine scolair e

    Les Acadiens et les Canadiens franais sont assez bien pourvusd'institutions d'enseignement. A la suite de l'enqute et du rapport dela commission Deutsch, le gouvernement du Nouveau-Brunswick a

    provoqu l'tablissement d'une universit franaise Moncton. Cetteinstitution est prive mais elle sera reconnue par le ministre de l'Edu-

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    cation et recevra [45] des subventions importantes. Comme cons-quence, les universits de Bathurst et d'Edmundston se limiteront l'enseignement classique concurremment avec le Collge de

    l'Assomption Moncton, aussi d'autres maisons, dont trois pour lesjeunes filles. Il est assez probable qu'une cole normale franaise ver-ra le jour Moncton d'ici quelques annes.

    L'enseignement suprieur comprend des coles intermdiaires (7e 9e anne), une centaine d'coles secondaires donnant le cours de la10e la 12e annes, deux coles d'agriculture, une cole d'enseigne-ment mnager, trois collges classiques pour les garons, trois pourles filles : Maillet, Notre-Dame d'Acadie et Shippagan, cinq coles

    d'infirmires. De plus sept coles apostoliques ou petits sminairesgroupent des jeunes gens qui se destinent au sacerdoce et leur assu-rent, directement ou indirectement, la formation classique franaise

    jusqu'en rhtorique.

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    Au degr primaire, environ 70,000 lves frquentent 1,800 colesfranaises dans lesquelles enseignent 2,200 professeurs. Tout l'ensei-gnement se donne en franais de la premire la septime anne. Ce-

    pendant la loi impose l'enseignement de certaines matires en anglais partir de la septime. Les manuels de science et de mathmatiquessont en anglais, mais le professeur peut donner des explications enfranais. L'anglais est enseign dans cette langue ds la premire an-ne. Les coles sont rgies par des commissions scolaires locales ourgionales. Les commissions scolaires sont groupes en units decomt diriges par des surintendants. Ces surintendants sont acadiens

    dans les comts de Madawaska, Kent, Gloucester et Restigouche. UnAcadien, M. Grard De Grce, est adjoint au sous-ministre de l'Educa-tion et s'intresse particulirement aux programmes des tudes descoles franaises.

    L'enseignement technique franais est peu prs inexistant, qu'ils'agisse des arts et mtiers, de l'agriculture ou des pcheries. Les col-lges de Memramcook et de Bathurst ont mis sur pied certains courstechniques. Dans le domaine de l'enseignement, ces mmes institu-tions et celle d'Edmundston donnent des cours d't aux professeurs

    acadiens, cours dont les diplmes sont reconnus par le dpartement del'instruction publique. L'Ecole normale de Fredericton est officielle-ment bilingue. Une Acadienne, mademoiselle Marguerite Michaud,est assistante du principal. Le tiers des professeurs sont acadiens. Leclimat demeure anglais, la formation franaise, dficiente. Le seul v-ritable remde la situation serait la fondation d'une Ecole normalefranaise Moncton.

    Bien que les catholiques soient la majorit absolue du Nouveau-Brunswick, l'cole publique est encore non-confessionnelle. La plus

    grave lacune est dans la rpartition des subsides. Le mcanisme de laloi favorise les coles anglaises au dtriment des coles acadiennes.

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    Domai ne conomi que

    La grande institution conomique des Acadiens demeure encore laSocit mutuelle l'Assomption, fonde Waltham, Massachussets, en1903 et dmnage Moncton en 1913. Elle [47] a maintenant unactif de vingt-trois millions de dollars. Les assurances en vigueur d-

    passent 130 millions de dollars. Une de ses uvres les plus fcondes at la caisse colire. Elle a choisi son millime protg en 1960 et avers date prs d'un million de dollars pour l'ducation des jeunesacadiens. La Mutuelle rayonne dans trois provinces maritimes et dans

    plusieurs tats de la Nouvelle-Angleterre. Elle a tent de s'implanter

    en Louisiane, il y a plusieurs annes, mais sans succs malheureuse-ment. Elle est maintenant installe dans un magnifique immeuble, surla rue Saint-Georges Moncton, prs de la cathdrale du Souvenir.Signalons enfin qu'elle a contribu largement au dveloppement reli-gieux et culturel de l'Acadie par des prts dont le total dpasse onzemillions. Elle a aid financer la construction de nombreux difices

    paroissiaux et acadmiques.

    Les caisses populaires ont connu un remarquable essor au Nou-veau-Brunswick depuis quelques annes, comme d'ailleurs tout le sec-

    teur coopratif. La premire caisse acadienne date de 1936 seulement,mais les Acadiens ont largement rattrap le temps depuis. Le nombredes caisses atteint la centaine, celui des socitaires s'lve plus de70,000. L'actif des caisses dpasse 15 millions et elles ont consentides prts pour plus de cinquante millions de dollars. Les caisses sontmaintenant fdres et elles ont leur sige social Caraquet. Elles ontlanc depuis quelques annes leur service d'assurance.

    Pendant longtemps l'assurance a t une affaire strictement aca-dienne. Les compagnies canadiennes-franaises n'ont pas voulu entra-

    ver le dveloppement des entreprises acadiennes une poque o lemarch tait encore restreint. Devant les possibilits accrues de vente,elles sont entres au Nouveau-Brunswick depuis quelques annes etelles contribuent maintenant renforcer l'conomie acadienne.

    L'Union cooprative acadienne groupe une cinquantaine de coop-ratives ; magasins, coopratives de pcheurs ou d'agriculteurs. Son

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    chiffre d'affaires atteindra bientt les dix millions. Son sige socialest aussi Caraquet.

    [48]

    Les Acadiens se sont lancs galement dans les socits de finan-cement et de petits prts. Le succs remport date est remarquable.Signalons aussi la cration d'une agence de voyages acadienne Moncton.

    Les Acadiens du Nouveau-Brunswick prennent position peu peudans tous les secteurs de l'conomie de leur province. Ils sont surtoutagriculteurs dans la valle de la rivire Saint-Jean, dans les comts deKent et de Gloucester, pcheurs sur le littoral de la Baie des Chaleurs,dans le golfe Saint-Laurent et le dtroit de Northumberland. Ils jouent

    un rle important dans la vie conomique des villes comme Moncton,Campbellton, Dalhousie, Bathurst, Edmundston, aids au nord par uneimportante migration canadienne-franaise venue des comts limi-trophes du Qubec. Cette dernire s'adonne l'agriculture dans Resti-gouche.

    Domaine public

    La population francophone du Nouveau-Brunswick n'est pas ad-quatement reprsente Ottawa. Elle constitue prs de 40% de la pro-vince. Elle devrait avoir quatre snateurs Ottawa au lieu de trois etquatre dputs au lieu de deux. Cependant l'entre de l'honorable H.-J.Robichaud, dput de Gloucester, dans le cabinet fdral comme mi-nistre des pcheries, renforcera probablement la reprsentation aca-dienne dans l'administration fdrale.

    Au provincial, l'lection de l'honorable Louis Robichaud commepremier ministre, il y a trois ans, et sa rcente rlection ont chang

    compltement la situation. Les Acadiens ont pu faire lire seize desleurs sur 52 dputs Fredericton. Comme dans le prcdent cabinetRobichaud, ils ont reu la moiti des postes ministriels et le prsidentde la Chambre est un des leurs. Signalons aussi que le juge en chef dela Cour du Banc de la Reine est un Canadien franais, l'honorableEnoil Michaud, ancien ministre Ottawa.

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    Le remaniement de la carte lectorale s'impose de plus en plus divers points de vue, notamment au point de vue franais. Les Aca-diens devraient lire vingt des leurs Fredericton. Ils en sont emp-

    chs pour la simple raison que tel [49] dput anglais dans le comt deCharlotte reprsente seulement 5,657 personnes alors que tel dputacadien en reprsente 13,658. Les Anglophones redoutent cette rpar-tition qui pourrait consacrer l'mancipation politique des Acadiens.An lendemain de la rcente lection provinciale, une srie de contesta-tions lectorales n'ont eu qu'un rsultat : celui de faire clater la nces-sit d'une refonte de la loi lectorale.

    Le prsent gouvernement devra s'attaquer courageusement cettequestion comme celle du fonctionnarisme provincial. Les Acadiensne constituent pas 20% des fonctionnaires. C'est dire la perte de reve-nus et d'influence que constitue cette situation pour le groupe acadien.Celui-ci est intress au fonctionnarisme, mais le climat (glises etcoles) de la Capitale le rebute.

    La vie culturelle

    Les groupements patriotiques et culturels sont nombreux au Nou-veau-Brunswick franais. La Socit mutuelle l'Assomption a joulongtemps un rle de premier plan dans le domaine patriotique. L'ex-

    pansion qu'elle a prise depuis quelques annes l'oblige de plus en plus restreindre son activit au domaine conomique.

    En 1957, les Acadiens ont fond la Socit nationale des Acadiens.Elle est appels jouer le rle d'une fdration des nombreux grou-

    pements spcialiss et rgionaux. Son sige social est Moncton,mais elle rayonne sur les trois provinces maritimes et en Nouvelle-Angleterre. Elle se prpare mme reprendre contact de faon directeavec les Acadiens de la Louisiane.

    L'Association acadienne d'Education concentre ses efforts dans ledomaine scolaire. Elle a obtenu des succs remarquables pour l'am-lioration des manuels scolaires, pour les conditions faites au personnelenseignant et aux commissions scolaires par le gouvernement. Signa-lons encore l'Association des Instituteurs, l'uvre des Foyers-coles,les clubs Richelieu qui se dveloppent remarquablement.

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    La presse franaise est bien reprsente au Nouveau-Brunswick.Le quotidienl'Evangline, publi Moncton, a douze mille abonns et

    rayonne un peu partout en Acadie. Le Madawaska possde un hebdo-madaire qui porte le nom de la rgion. Le groupe acadien de Camp-

    bellton publie un hebdol'Aviron. Ces journaux, surtout l'Evangline,devraient compter un nombre beaucoup plus considrable de lecteurs.Esprons que la prosprit viendra et dcuplera l'influence de cette

    presse franaise.

    Le groupe francophone est assez bien desservi au point de vue ra-diophonique. Radio-Canada rayonne largement de Moncton et a des

    postes satellites Saint-Quentin et Kedgwick. Il y a un poste priv

    franais de radio Edmundston, au Madawaska. Enfin, le poste deNew Carlisle, sur la Baie des Chaleurs, a un rayonnement extraordi-naire et couvre une bonne partie du Nouveau-Brunswick.

    La situation est moins satisfaisante dans le domaine de la tlvi-sion. Le poste de Radio-Canada Moncton n'atteint qu'un territoirerestreint. Un poste est galement en opration Edmundston. Denombreux centres acadiens sont totalement dpourvus de tlvisionfranaise.

    Situation juridique

    Le Nouveau-Brunswick devrait tre bilingue officiellement. Ilcompte en effet 40% de francophones alors que le Qubec bilingue nerenferme que 20% d'anglophones. Cependant le franais n'a aucunstatut lgal dans cette province. Tous les actes officiels, qu'il s'agissede l'administration provinciale ou municipale, des cours de justice

    provinciales, doivent tre rdigs en anglais.

    L'enseignement du franais est permis tous les degrs dans lescoles bilingues. Celui de l'anglais y est obligatoire. Rcemment l'en-seignement de la langue franaise a t permis dans les coles pu-

    bliques partir de la troisime anne et est devenu obligatoire aprs lacinquime.

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    Au point de vue religieux, l'cole publique est "non-confessionelle" (non sectarian). Les emblmes et l'habit religieux [51]y sont permis. Au commencement et la fin des classes, le professeur

    peut rciter une prire comme le Notre Pre et lire des extraits desSaintes Ecritures. Les professeurs sont invits s'inspirer, pour leurconduite et leur enseignement, des principes chrtiens en matire demoralit. L'enseignement du catchisme demeure interdit pendant lesheures de classe. En dehors de ces heures, la commission scolaire lo-cale peut permettre l'enseignement d'une religion en particulier.

    Terre d'lection

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    Carte du Canada

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    LEMPIRE FRANAIS DAMRIQUE

    III

    LES PROVINCESCENTRALES

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    L E QUBE C F RANAI S

    Historique

    Retour la table des matires

    La premire prsence franaise au Qubec fut celle de JacquesCartier en 1534. Un essai de colonisation ne donna aucun rsultat. Il

    fallut attendre prs d'un sicle un tablissement durable. Ce fut la fon-dation de Qubec, le trois juillet 1608 par Samuel de Champlain. En1634, La Violette tablit un poste Trois-Rivires. Enfin, en 1642,Maisonneuve et ses compagnons s'installaient hardiment Ville-Marie en dpit de la menace iroquoise.

    La colonie avait alors pris son aspect peu prs dfinitif, qu'elledevait conserver pendant tout le rgime franais : celui d'un minceruban de paroisses et de postes de traite qui allait de Tadoussac Montral, sur les deux rives du Saint-Laurent. Le licenciement du r-

    giment de Carignan amena, en 1665, une expansion du ct de la ri-vire Richelieu. la fin du rgime franais, la population totale nedpassait pas 65,000 mes, mais Qubec tait devenue la capitale reli-gieuse et civile d'un empire qui s'tendait de l'Ile Saint-Jean, dans legolfe Saint-Laurent, aux contreforts des Rocheuses, des rivages de laBaie d'Hudson l'embouchure du Mississipi.

    La Conqute l'amputa de cet immense arrire pays. Ce fut le re-pliement sur le Saint-Laurent et la lutte tenace contre l'assimilation. Aun moment, la population anglaise de la ville de Qubec dpassait en

    nombre les descendants des pionniers franais. La forte natalit rta-blit la situation en faveur de ces derniers. Une nouvelle tentatived'assimilation fut l'Union des Deux Canadas en 1841. Ce rgime pritfin avec la Confdration canadienne en 1867.

    Le Qubec revint ses limites premires et recouvra une grandepartie de son indpendance. Il put alors organiser sa vie propre, prin-cipalement dans le domaine politique, social et scolaire. L'annexion

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    du Nouveau-Qubec en 1911 en [56] fit la province la plus tendue duCanada et lui rendit une portion de son empire.

    Relevdmographique

    Population totale : 5,259,211Population franaise : 4,241,354, soit 80.63% du totalPopulation parlant le franais : 4,593,723, soit 87.3%

    La population de la province double tous les quarante ans. Cetteaugmentation va s'acclrant depuis 1921. moins d'imprvu, le

    Qubec comptera plus de dix millions d'habitants en l'an 2000. Ce-pendant l'Ontario accrot sa population encore plus rapidement grceprincipalement l'immigration.

    La premire communaut canadienne.

    Au point de vue ethnique, la proportion de l'lment franais, a su-bi un lger recul. Elle tait passe de 78% en 1871 81.89% en 1951.Elle est tombe 80.63% en 1961. L'lment britannique, lui, n'a ces-s de diminuer. Il tait de 20.4% en 1871. Il n'est plus que de 10.78%

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    en 1961. L'cart est au profit des autres nationalits. C'est la cons-quence de l'immigration [57] massive qui a suivi en Europe la deu-xime guerre mondiale.

    Au Qubec comme ailleurs, la population, surtout anglophone, seconcentre de plus en plus dans les villes, en particulier Montral etdans les agglomrations priphriques. Au moment de la Confdra-tion, douze comts ruraux taient considrs comme anglophones. La

    population franaise est maintenant en majorit dans toutes ces cir-conscriptions. La pousse la plus spectaculaire de l'lment franaiss'est faite dans les Cantons de l'Est qui, en l'espace d'un sicle, sontdevenus francophones d'anglophones qu'ils taient.

    La situation est diffrente dans les villes. La population franaise

    augmente sans cesse et la population anglaise se maintient ou diminuedans les agglomrations comme Qubec, Trois-Rivires, Sherbrooke,Chicoutimi, Drummondville, Rimouski, Granby, etc. Montral, la

    proportion de l'lment franais demeure stationnaire et tourne autourdes deux tiers depuis vingt ans. Par contre les Britanniques sont tom-

    bs de 43% en 1871 12.6% en 1961. Beaucoup d'entre eux s'tablis-sent aux environs de Montral : Westmount, Mont Royal, Dorval,Pointe-Claire, Saint-Laurent, Verdun, qui s'anglicisent au point de vuedmographique. Pendant ce temps Montral devient une ville de plusen plus cosmopolite avec une quarantaine de nationalits constituant28.5% de sa population. La groupe juif en particulier, fix depuislongtemps au pays, prdomine maintenant dans Cte Saint-Luc et lefera peut tre avant longtemps dans Outremont.

    Le Qubec est un monstre au point de vue dmographique. La moi-ti de sa population est concentre Montral et dans les environs. Leclimat y est cosmopolite. La langue anglaise prdomine dans de largessecteurs avec le rsultat que des centaines de Canadiens franais s'an-glicisent. Une enqute rcente a rvl une situation effarante dans ledomaine scolaire. La majorit franaise ne russit pas attirer elle

    les No-Canadiens et un bon nombre d'tudiants canadi