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ROBERTIENS & CAPETIENS - LE DEBUT D’UNE DYNASTIE DE 33 ROIS DE FRANCE En 987, lorsque Hugues Capet ceint la couronne de France, la royauté a petite mine et son pouvoir est précaire. Il est à l’ombre de certains grands vassaux. Au nord, les grandes puissances sont l’Anjou, la Flandre, la Normandie (la mieux organisée). La Lorraine est divisée en deux, la Bretagne est repliée sur elle-même, la Bourgogne est fidèle au roi, toujours en manque d’argent et d’une unité géographique. Au sud il y a quatre suzerainetés principales : ducs d’Aquitaine, ducs de Gascogne, Comte de Toulouse, Comte de Barcelone sur lesquelles le roi n’a aucune influence. Le domaine Capétien est petit, autour de Paris, centré sur Etampes- Orléans. Les Capétiens vont bâtir une patrie. Cette réussite tient du miracle et du bon sens. Le premier souci d’Hugues Capet est de durer. A ce titre, il désigne son fils comme successeur et il le fait couronner de son vivant ! Pragmatiques, les Capétiens vont abolir le partage du royaume entre enfants, afin d’éviter tout éclatement ou guerre fratricide. Ils vont donc adopter la transmission par primogéniture. Cette dynastie va s’avérer vigoureuse et saine, avec des règnes longs. Lorsqu’un roi est médiocre, il est généralement servi par un grand ministre. Tandis que nombre de chevaliers vont guerroyer pour repousser les Maures et vont partir en Croisade, le Capétien typique ne bouge pas et il se construit : il agrandit doucement son empire par acquisitions modestes. La France à la fin du règne des Carolingiens, au début du règne capétien Louis V n’a jamais réellement réussi à étendre son domaine royal. Pratiquement, il termine sa vie en étant comte de Laon ! La féodalité s’est avérée fatale aux Carolingiens car ils n’ont jamais réussi à dominer leurs vassaux, ni à faire tomber les différents duchés et comtés dans leur giron. Les Carolingiens laissent une France sans domaine royal et totalement partitionnée… A l’est, la Lorraine est sous vassalité impériale, de même que le royaume de Bourgogne (dont la partie nord deviendra le comté de Bourgogne puis la Franche Comté). Ces deux territoires de l’ancienne Francie médiane sont donc tombés sous l’emprise des empereurs germaniques. Aucun Carolingien de Francie occidentale n’a réussi à récupérer ces terres, notamment lors des différentes partitions liées à la déliquescence de la Francie médiane. Tout au plus, les Carolingiens ont réussi à ne pas céder aux puissances étrangères les territoires de la Francie occidentale occidentale issue du partage de Verdun. Néanmoins, cette Francie occidentale est devenue une constellation de duchés et de comtés plus ou moins autonomistes et surtout plus puissants que ceux du roi ! A sa prise de pouvoir en 987, Hugues Capet possède un domaine royal minuscule. Disséminés autour de Paris, ses fiefs sont certes riches, mais ils ne représentent pas grand-chose au regard des autres duchés et comtés. Si le duché de Bourgogne est dans le giron capétien, les autres territoires échappent grandement au contrôle du nouveau roi.

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ROBERTIENS & CAPETIENS - LE DEBUT D’UNE DYNASTIE DE 33 ROIS DE FRANCE

En 987, lorsque Hugues Capet ceint la couronne de France, la royauté a petite mine et son pouvoir est précaire. Il est à l’ombre de certains grands vassaux. Au nord,

les grandes puissances sont l’Anjou, la Flandre, la Normandie (la mieux organisée). La Lorraine est divisée en deux, la Bretagne est repliée sur elle-même, la

Bourgogne est fidèle au roi, toujours en manque d’argent et d’une unité géographique. Au sud il y a quatre suzerainetés principales : ducs d’Aquitaine, ducs de

Gascogne, Comte de Toulouse, Comte de Barcelone sur lesquelles le roi n’a aucune influence. Le domaine Capétien est petit, autour de Paris, centré sur Etampes-

Orléans. Les Capétiens vont bâtir une patrie. Cette réussite tient du miracle et du bon sens. Le premier souci d’Hugues Capet est de durer. A ce titre, il désigne son

fils comme successeur et il le fait couronner de son vivant ! Pragmatiques, les Capétiens vont abolir le partage du royaume entre enfants, afin d’éviter tout

éclatement ou guerre fratricide. Ils vont donc adopter la transmission par primogéniture. Cette dynastie va s’avérer vigoureuse et saine, avec des règnes longs.

Lorsqu’un roi est médiocre, il est généralement servi par un grand ministre. Tandis que nombre de chevaliers vont guerroyer pour repousser les Maures et vont partir

en Croisade, le Capétien typique ne bouge pas et il se construit : il agrandit doucement son empire par acquisitions modestes.

La France à la fin du règne des Carolingiens, au début du règne capétien

Louis V n’a jamais réellement réussi à étendre son domaine royal. Pratiquement, il

termine sa vie en étant comte de Laon ! La féodalité s’est avérée fatale aux

Carolingiens car ils n’ont jamais réussi à dominer leurs vassaux, ni à faire tomber

les différents duchés et comtés dans leur giron. Les Carolingiens laissent une

France sans domaine royal et totalement partitionnée…

A l’est, la Lorraine est sous vassalité impériale, de même que le royaume de

Bourgogne (dont la partie nord deviendra le comté de Bourgogne puis la Franche

Comté). Ces deux territoires de l’ancienne Francie médiane sont donc tombés sous

l’emprise des empereurs germaniques. Aucun Carolingien de Francie occidentale

n’a réussi à récupérer ces terres, notamment lors des différentes partitions liées à la

déliquescence de la Francie médiane.

Tout au plus, les Carolingiens ont réussi à ne pas céder aux puissances étrangères

les territoires de la Francie occidentale occidentale issue du partage de Verdun.

Néanmoins, cette Francie occidentale est devenue une constellation de duchés et de

comtés plus ou moins autonomistes et surtout plus puissants que ceux du roi !

A sa prise de pouvoir en 987, Hugues Capet possède un domaine royal minuscule.

Disséminés autour de Paris, ses fiefs sont certes riches, mais ils ne représentent pas

grand-chose au regard des autres duchés et comtés. Si le duché de Bourgogne est

dans le giron capétien, les autres territoires échappent grandement au contrôle du

nouveau roi.

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HUGUES CAPET, SA DESCENDANCE, SES PROCHES :

Hugues le Grand 898-956

Comte de Paris et marquis de Neustrie (923-956)

Duc des Francs et duc de Bourgogne en 936 Ep Hedwige de Saxe, fille d’Henri 1er l’Oiseleur (937)

33 - Hugues Capet

940-987-996 Roi de France

Emma

894-923-934 Reine de France

Ep Raoul duc de Bourgogne (921)

29 - Raoul (ou Rodolphe)

890-923-936 Roi de France

Duc de Bourgogne (921-923)

Neveu de Charles II le Chauve

Sans postérité

28 - Robert 1er 865-922-923

Comte de Paris et marquis de Paris (888)

Roi de France à la place de Charles III déposé Ep Béatrice de Vermandois

26 - Eudes

852-888-898

Comte de Paris et marquis de Neustrie Roi de France (1er roi Robertien)

Robert le Fort 815-866

Marquis de Neustrie

Comte d’Anjou et deTours Point de départ de la famille des

Robertiens, ancêtres des Capétiens

Eudes (Otton)

v945-965 Duc de Bourgogne en 956

Henri-Eudes

v948-1002 Duc de Bourgogne en 965

+

34 - Robert II le Pieux

972-996-1031

Roi de France Ep3 Constance d’Arles

35 - Henri 1er

1006-1031-1060 Roi de France

Ep3 Anne de Kiev

Robert

Duc de Bourgogne

36 - Philippe 1er

1052-1060-1108 Roi de France

Ep Berthe

Hugues

Comte de Vermandois mort en 1102 (Croisade)

Richard II de Bourgogne « Le Justicier »

Premier duc de Bourgogne

Ep Adélaïde de Bourgogne, sœur du roi

Rodolphe 1er de Bourgogne

Eudes

4 fils dont

Béatrice ou Béatrix

Ep Frédéric 1er comte de

Bar et duc de Haute Lotharingie

Emma

Ep Richard 1er duc de

Normandie

Adèle de France Ep Hébert II de Vermandois (921)

ROBERTIENS

CAPETIENS

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Hugues Capet : 940-987-996 : il est le fils aîné d’Hugues le Grand. A la mort de son père en 956, Hugues Capet est encore jeune alors il est placé sous la tutelle de

son oncle Brunon de Cologne. Il devient tout de même duc des Francs et comte de Paris et il prend possession des comtés de Paris, d’Orléans, de Dreux et de Senlis.

Le rayonnement extraordinaire et la gloire de son père Hugues le Grand occultent les débuts d’Hugues Capet. Il n’a pas d’action d’éclat mais il est patient. Il fait un

bout de chemin sous le règne du roi Lothaire, son cousin germain. Durant cette période les vassaux robertiens s’émancipent et une éclipse robertienne est indéniable.

Hugues Capet est plus soumis que son père, il se comporte en vassal exact et semble satisfait de son état de cousin du roi Lothaire. Il paraît terne, sans fierté

particulière, ni ambition débordante. Mais il trompe son monde… Bien qu’un peu lent, il est tenace et encore plus affuté que son père ! Il maîtrise ses nerfs et il a le

goût du secret. Personne ne connait le fond de sa pensée, il progresse dans l’ombre et avance furtivement. Lothaire mettra des années avant de comprendre qu’il est

son ennemi irréductible et qu’il manœuvre supérieurement. Hugues Capet est raisonnable : pas de requête inaccessible, pas de chantage, apparemment un allié, du

moins un vassal correct. Les alliances d’Hugues Capet et sa puissance finissent par inquièter Lothaire. Il possède neuf comtés, de nombreuses seigneuries et des

abbayes fort riches. Depuis que la maison de Vermandois a éclaté en 943 à la mort d’Herbert II, celle des comtes de Paris est de loin la plus puissante. Cependant,

Hugues Capet ne contrôle pas bien les comtes de la Neustrie. S’il administre bien son royaume, il n’a de pouvoir réel que sur l’Ile de France et l’Orléanais ! Hugues

Capet a le mérite de s’appuyer sur un clergé fort, car il se pose en défenseur de l’Eglise. Il se marie avec Adélaïde, fille de Guillaume III d’Aquitaine, qui lui donne

un fils unique (Robert, futur roi de France) et trois filles. A la mort du dernier roi carolingien Louis V en 987, Adalbéron est redevable de Hugues Capet qui l’a

sauvé de la disgrâce (voir chapitre sur Louis V). Adalbéron milite alors pour Hugues Capet mais il souhaite en faire un roi temporaire, avant de placer Otton III à la

tête d’un empire incluant la France. Hugues Capet le sait mais il joue le jeu. D’une position d’accusé honteusement acquité, Adalbéron se retrouve membre le plus

influent d’un conseil regroupant les Grands. Ce conseil écarte Charles de Lorraine de la succession à Louis V, son neveu. Cette éviction du dernier Carolingien fait

débat – même chez les Grands. Finalement, ils voient en Hugues Capet un féodal proche d’eux, malgré le despotisme qu’avait affiché son père Hugues le Grand.

Défendu par Adalbéron sur l’argument que le trône n’est pas héréditaire, en 987 Hugues Capet est élu roi à l’unanimité par une assemblée d’évêques et de grands

seigneurs réunis à Senlis (fief d’Hugues Capet !). Cette élection est le point final à une rivalité dommageable pour le peuple, entre Carolingiens chancelants (ils

n’ont presque plus rien) et Robertiens, grands féodaux dont la puissance n’a cessé de croître. A ce titre, Hugues Capet est chef de la vassalité française. Il est riche, il

possède des territoires prospères, il est très puissant et il a sa propre armée. Son élection n’est pas fortuite : deux Robertiens ont reçu la couronne avant lui et son

père aurait pu régner mais il avait préféré s’abstenir car la poire n’était pas mûre… Manifestement, Hugues Capet attendait le discrédit et l’exténuation complète des

Carolingiens. Néanmoins, ceux-ci ont montré des qualités d’intelligence et de courage, une activité débordante et ils ont défendu ce qu’il restait de leur pouvoir et de

leurs biens. Après avoir assuré l’élection d’Hugues Capet, c’est encore Adalbéron qui couronne et sacre Hugues Capet quelques jours plus tard, à Noyon. Celui-ci

reçoit l’hommage de l’ensemble des Grands, sauf Vermandois qui se fait tirer l’oreille, puis se soumet. Hugues Capet restitue Verdun (annexée par Lothaire) à

l’empire et il rétablit la paix avec l’empereur germanique Otton III qui considère Hugues comme son vassal. Hugues Capet n’a qu’un but, qui est de réduire les

derniers opposants internes (prélats, comtes…) pour protéger son trône et pour durer le plus longtemps possible. Pour pérenniser sa position, il souhaite associer son

fils Robert au trône dès que possible. Si les Grands ne s’y opposent pas, c’est Adalbéron qui y met un véto ! Mais Hugues Capet est patient. Il convoque Adalbéron

et il le convaint sous prétexte que ce couronnement écartera définitivement Charles de Lorraine (qui est un véritable épouvantail). En 988, Hugues Capet organise le

mariage de son fils Robert qui épouse la veuve du comte de Flandre. C’est alors qu’Hugues Capet apprend que Charles de Lorraine s’est emparé de Laon sans coup

férir, grâce à une collusion, épaulé par quelques seigneurs. Il a jeté en prison Emma (femme de Lothaire) et l’évêque Ascelin, qu’il avait naguère accusés d’adultère.

Bien que relativement couard, Charles de Lorraine est un excellent organisateur : il prépare Laon à soutenir un siège. Après quelques hésitations, Hugues Capet se

décide à mener une contre attaque. Il assiège Laon, mais le siège s’éternise et les royaux subissent de lourdes pertes. Hugues Capet abandonne le siège et il cherche

des alliés qu’il ne trouve pas. Sans appui, il re-assiège Laon mais il échoue de nouveau. 989 voit le décès d’Adalbéron, principal allié d’Hugues Capet, et menacé

jusqu’à Reims par Charles de Lorraine. Hugues Capet lui fait des funérails d’une solennité exceptionnelle. Il subit alors un nouveau coup dur : malgré des serments

de fidélité envers Hugues Capet, Arnoul, archevêque de Reims, Carolingien, fils illégitime de Lothaire, remet les clés de la ville à son oncle Charles de Lorraine,

avec qui il avait pactisé ! Celui-ci est maintenant maître de Laon, Soissons et Reims ! Hugues Capet est affaibli et ses échecs entâchent sa légitimité. Lorsque

Herbert de Troyes et Eudes 1er (comte de Blois, comte de Tours, de Châteaudun, de Chartres, de Beauvais et de Dreux, seigneur de Chinon et de Saumur) se

déclarent alliés à Charles de Lorraine, Hugues Capet se retrouve totalement enclavé et en danger. Le pape ayant refusé son appui, Hugues Capet doit passer à

l’action. Il dévaste le Soissonnais, le Laonnais et le Reimois, mais il n’attaque pas l’armée de Charles de Lorraine. Ses représailles sont stériles... L’homme

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providentiel sera l’évêque de Laon, Ascelin. Celui-ci amadoue Arnoul puis Charles de Lorraine. Profitant d’une beuverie, il les trahit, les fait prisonnier et les remet

à Hugues Capet. Celui-ci les fait jeter en prison ! Il récupère alors Reims et Laon, ville dans laquelle il rentre en vainqueur en 991. Charles de Lorraine mourra

finalement en prison peu après (vers 993), de rage et de chagrin. Son fils Otton, duc de Basse Lorraine, mourra prématurément en 1012, sans descendance. Arnoul

est maintenu en prison. Descendant carolingien et ultime rameau d’une dynastie prestigieuse, il est jugé par un concile impressionnant, destitué puis il est mis en

résidence surveillée avec interdiction de fuir (il mourra en captivité en 1021). S’en est fini des derniers Carolingiens ! Hugues Capet est délivré d’une véritable

obsession ! Eudes 1er reste le vassal le plus turbulent. Il s’empare de Melun, lui, le vassal du roi ! Hugues Capet reçoit le support des Normands. Il met Eudes 1er en

déroute et il récupère la ville. Sur ces entrefaits, Eudes 1er met au point une conspiration contre Hugues et son fils, avec la collaboration d’Otton III. Cependant, le

complot est éventé. Eudes 1er est radié des vassaux et il devient alors ennemi irréconciliable d’Hugues. Début 996, Eudes 1er décède ! Hugues Capet vaint sans

gloire, mais il dure - c’est sa principale ambition. Si la royauté reste quelque peu soumise à la féodalité, les principaux vassaux respectent relativement la révérence

due au roi. Alors qu’il atteint la fin de sa vie, Hugues Capet doit faire face à la rebellion de son fils Robert qui tombe follement amoureux de la veuve d’Eudes 1er !

Cette discorde brouille le père et le fils. Devant l’immense puissance des empereurs germaniques qui va se diluer dans le mirage italien, Hugues Capet se contente de

maintenir les bases d’une dynastie. Il sait que son autorité est encore incertaine mais la mort de Charles de Lorraine a finalement assuré son règne. Fin 996, Hugues

Capet sent ses forces décliner. Probablement atteint de la variole, il décède lors d’un court pélerinage. En tant que Robertien, Hugues Capet a affiché la mentalité

d’un grand seigneur féodal mais sans en avoir les défauts. Il s’est montré sans arrogance ni prétention, et moins emporté que son père qui obtenait beaucoup par la

tyrannie et par l’étalage de sa puissance. Hugues Capet a subtilement utilisé Adalbéron, alors que lui-même croyait se servir d’Hugues. De même, il a su tirer profit

des conflits entre seigneurs grands féodaux (Eudes 1er vs Foulques Nerra). Il n’a jamais eu les moyens de lever une grande armée mais il devait compter avec ses

alliés féodaux, dont la plupart agissait parfois à leur guise. Son fils lui succède sous le nom de Robert II. Contrairement aux Carolingiens, Hugues n’a pas accédé au

pouvoir par la force ou un coup d’état : il a été élu ! Il a eu l’idée géniale d’associer rapidement son fils au trône, tout en étant assez adroit pour apaiser les soupçons

des Grands et pour obtenir leur accord. Il a, par cette idée, assuré à sa race la pérénité du pouvoir pendant 32 règnes ! Sa vraie gloire est ici. Hugues Capet avait les

qualités qu’on a retrouvées chez presque tous ses successeurs : pragmatisme, prudence, esprit de calcul, patience, tenacité, courage. Contrairement à de nombreux

pays européens et malgré des apparences trompeuses, la France est alors dans une certaine stabilité. Elle couve tranquilement une unité politique et une culture qui

vont s’épanouir sous la dynastie capétienne.

En Juillet 987, peu après son

élection comme roi de France,

Hugues Capet est couronné et

sacré par Adalbéron à Noyon.

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Henri le Grand – appelé aussi Eudes-Henri : fils d’Hugues le Grand et frère d’Hugues Capet, il épouse l’héritière du duché de Bourgogne et devient duc de

Bourgogne de 965 à 1002. Le duché de Bourgogne entre dans la maison capétienne. Il meurt en 1002 sans progéniture, alors son neveu Robert II (fils d’Hugues

Capet) réunit le duché à la couronne.

Charles de Lorraine (de Basse Lotharingie) : 953-v993 :

Il est prince carolingien, fils de Louis IV d’Outremer et de Gerberge de Saxe, frère de Lothaire. A la mort de son père, Charles n’est pas roi car c’est Lothaire hérite

du trône : c’est une nouveauté dans la succession royale héréditaire. En 976, Charles participe à une bataille contre Otton II. Il cherche à établir sa situation en

Lotharingie. Il pousse Lothaire contre la maison d’Ardenne, très puissante en Lotharingie et favorable à Otton II. En 977, il accuse l'épouse de Lothaire, la reine

Emma d'Italie, d'infidélité avec l'évêque de Laon Adalbéron (Ascelin). Un concile absout les accusés, faute de preuve, mais Charles, qui entretient les rumeurs, est

chassé du royaume par son frère Lothaire. La famille d'Ardenne et le parti Lotharingien favorables à l'entente avec Otton II semblent tous puissants à la cour du roi

Lothaire. Charles s’est réfugié chez Otton II qui commet alors une maladresse en nommant Charles duc de Basse-Lotharingie. Honorer celui qui a voulu jeter le

déshonneur sur l'épouse du roi des Francs, c'est offenser le roi des Francs lui-même. En 978, Lothaire monte une expédition contre Otton II avec Hugues Capet et

son frère Henri de Bourgogne, et prend Aix-la-Chapelle. En représailles, Otton II, accompagné de Charles, envahit la France obligeant Lothaire à fuir. Bloqués

devant Paris, Otton et Charles doivent s’enfuir car poursuivis par l’ost royal. En 984, Otton II meurt. Lothaire tente de mettre la main sur la Lotharingie alors que

Charles espère obtenir la Haute Lotharingie gouvernée par Béatrice – sœur de Hugues Capet. Lothaire espère alors passer de la garde de la Lotharingie à la

souveraineté sur cette terre en s'appuyant sur Charles qui en deviendrait le duc. Hugues Capet tente de dissuader Lothaire et Charles d'entreprendre une action contre

la haute Lotharingie, affaiblie par la capture de son jeune duc Thierry (neveu d’Hugues Capet). Après la mort imprévue de Lothaire en 986, Charles semble chercher

à dissuader son neveu Louis V d'engager une politique trop agressive à l'égard de la maison d'Ardenne. Charles est motivé par la volonté de ne pas heurter la cour de

Germanie, pour conserver son duché de Basse-Lotharingie. À la mort de Louis V, Charles se rapproche vainement d'Adalbéron de Reims pour obtenir son soutien

avant que la réunion de l'assemblée des Grands du royaume franc et l'élection du nouveau roi. Mais les alliances malheureuses de Charles lui donne l’image d’un

traître : il est éliminé de l’élection et ne se rend même pas à l’assemblée. Mais ce n'est qu'en 988 que Charles passe à l'action et s'empare de Laon, la capitale royale

des derniers Carolingiens. Par la même occasion, il fait arrêter deux de ses plus farouches adversaires, la reine Emma et l'évêque Adalbéron de Laon (Ascelin).

30 - Louis IV d’Outremer

920-936-954 Roi de France

(936-954)

31 - Lothaire

941-986 Roi de France

(954-986)

Charles de Lorraine 953-991

Duc de Basse Lotharingie

(977-991)

De Gerberge de Saxe

32 - Louis V le Fainéant

967-987

Roi de France (986-987)

Dernier Carolingien régnant en

Francie occidentale

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Hugues Capet réunit alors un synode d'évêques qui excommunie Charles. Hugues réunit une armée pour assiéger Laon. Charles, assiégé dans la ville, réalise une

sortie qui aboutit à la débandade de l'armée royale. Charles tient fermement le Laonnois. Il libère la reine Emma, puis lance une série d'offensives qui lui permettent,

d'envahir le Soissonnais et de se rapprocher de Reims. Hugues Capet, soucieux d'arriver à un accord avec Charles, fait nommer archevêque de Reims, le neveu de ce

derier, Arnoul, fils naturel du roi Lothaire à condition que celui-ci reconnaisse sa royauté. Or, Arnoul s'empresse de livrer Reims à son oncle (989). Charles tient

alors Laon et Reims et a rallié à sa personne les comtes de Vermandois, de Rethel, de Soissons, de Roucy et de Troyes. Ce sont les évêques qui sauvent alors la

jeune royauté capétienne : aucun d'entre eux ne soutient Charles, empêchant celui-ci de se faire sacrer. La lutte entre Hugues Capet et Charles est tranchée par une

ruse d'Adalbéron de Laon. Celui-ci fait croire à Charles qu'il rejoint son camp. Après avoir juré sa fidélité à Charles, il profite du sommeil de ce dernier pour faire

pénétrer dans son logis ses partisans armés qui se saisissent de lui alors qu'il est dans son lit ainsi que de sa femme et de ses enfants. Hugues Capet fait enfermer

Charles à Orléans, où il serait mort peu après (v993). Son fils Otton lui succède comme duc de Basse Lotharingie mais il décède en 1012 sans descendance. La

lignée Carolingienne est moribonde : il ne reste qu’Arnoul ! Louis VIII est le premier roi de France descendant de Charles de Basse-Lotharingie et unissant en lui le

sang d'Hugues Capet et celui de son compétiteur. En effet, si presque toutes les épouses des rois capétiens descendaient de Charlemagne, Isabelle de Hainaut, épouse

de Philippe Auguste, descendait du duc Charles de Basse-Lotharingie par ses deux parents. C'est d'ailleurs à partir de Louis VIII que le prénom Charles fut

couramment utilisé par les Capétiens.

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ROBERT II, SA DESCENDANCE, SES PROCHES :

Robert II – Le Pieux : 972-996-1031 : il est le fils d’Hugues Capet et d’Adélaïde de Guyenne. En 987, il est sacré roi de France associé.

Robert II s’est marié à 3 femmes. Il épouse en 1ière noce Rozala, fille de Bérenger II roi d’Italie, descendante Carolingienne d’une dynastie définitivement éteinte en

France avec Louis V misérablement. Il a 16 ans, et elle 35 ans. Mariés en 988, il la répudie en 989 ! Ils n’ont pas d’enfant. Robert II se lie avec Berthe de

Bourgogne, veuve d’Eudes de Chartres qui était ennemi d’Hugues Capet. Cette relation est rejetée par Hugues, qui se brouille avec son fils. Bien que consanguins,

Robert et Berthe se marient presque clandestinement en 997, grâce à un évêque complaisant. Le début de règne de Robert II contraste avec le pacifisme d’Hugues : il

réunit une armée et bat Foulques Nerra (ennemi de l’ex-marin de Berthe). Il récupère la Touraine puis le Poitou. Puis il tue l’opposant Audebert de Périgord ! Robert

II et Berthe ont bravé les injonctions du pape, mais menacés d’excommunication, ils doivent se séparer en 1001 sans enfant. En 1003 : mariage de Robert II avec

Constance d’Arles qui lui donnera 4 fils : Hugues, Henri, Robert et Eudes. Constance arrive à Paris sans comprendre son entourage, ni les usages locaux, ni la

condition de son état. Elle arrive à la cour sans consultations, sans conseils, sans égards, amenant avec elle une invasion de provencaux. Robert II subit son épouse

avec humilité et patience, comme pour expier ses 2 liaisons précédentes mais son mariage est pénible. Henri, fils n°2 de Robert II est nommé duc de Bourgogne

après que Robert ait mis 12 ans à la conquérir. Robert II est roi de France, duc de Francie et duc de Bourgogne, mais celle-ci reste à soumettre. Malgré cette jonction

de la Bourgogne dans le domaine royal, la dynastie capétienne reste instable et menacée : il y a encore peu, 7 rois de 2 dynasties se sont entrecroisés ! Robert II veut

faire sacrer son fils, mais il hésite, craignant une révolte des Grands. 1017 : il franchit le pas : Hugues est sacré et associé officiellement au trône. Constance préfère

son 3ième fils Robert : elle est austère et avare pour les autres fils. Elle est injuste avec Hugues et tente de le dominer en l’humiliant. Lorsque Hugues se rebelle contre

son père, Robert II n’intervient pas et le laisse revenir à la raison et trouve un accord avec lui. Hugues devient l’espoir du royaume mais il meurt de maladie en 1025.

Constance reprend sa lutte pour couronner Robert, dénigrant Henri par écrit et par oral : incapacité, sans caractère… Elle est réputée irréfléchie, impulsive,

intrigante. 1027 : Henri est tout de même sacré : Constance s’enfuit à l’issue de la cérémonie (mais elle reviendra…). Pendant ce temps, Robert II Le Pieux se voit

Hugues le Grand 898-956

Comte de Paris et marquis de Neustrie (923-956)

Duc des Francs et duc de Bourgogne en 936 Ep Hedwige de Saxe, fille d’Henri 1er l’Oiseleur (937)

33 - Hugues Capet

940-987-996 Roi de France

Ep Adélaïde d’Aquitaine

Emma

894-923-934

Reine de France

Ep Raoul duc de Bourgogne (921)

29 - Raoul ou Rodolphe

890-923-936

Roi de France Duc de Bourgogne (921-923)

Neveu de Charles II le Chauve

Sans postérité

Eudes (Otton)

v945-965

Duc de Bourgogne en 956

Henri-Eudes

v948-1002 Duc de Bourgogne en 965

+

34 - Robert II le Pieux 972-996-1031

Duc de Bourgogne (1005-1016)

puis roi de France Ep3 Constance d’Arles

35 - Henri 1er

1006-1031-1060

Duc de Bourgogne (1016-1032)

puis roi de France

Ep3 Anne de Kiev

Robert v1011-1076

Duc de Bourgogne 1032-1076

Eudes

4 fils dont

Béatrice ou Béatrix Ep Frédéric 1er comte de

Bar et duc de Haute

Lotharingie

Emma Ep Richard 1er duc de

Normandie

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offrir le trône impérial par le pape après la mort de l’empereur. Mais l’empire est en pleine anarchie. L’Eglise souhaite un nouvel empire de Charlemagne mais

Robert refuse de nouveau : la paix conclue avec l’empereur met Robert en sérénité. Il y a relativement peu d’évènements importants sur la fin du règne de Robert II.

Il s’emploie à maîtriser ses vassaux entreprenants. L’un d’eux est Eudes II comte de Blois, de Chartres, de Tours, seigneur de Chinon, Dreux, Vierzon, Sancerre. Il

s’empare de Troyes et Meaux, malgré l’interdiction de Robert II (1027). Pendant ce temps, Henri 1er ronge son frein et est voué à l’inaction par son père. Il pactise

avec Eudes II contre Foulques Nerra et ils lui font la guerre. Mécontents de leur père, Henri et Robert s’unissent contre lui (1030). Poussé par sa mère Constance,

Robert convoite finalement le duché de Bourgogne voué à Henri. Il réunit une armée partiellement financée par Constance (Robert a toujours été son préféré) !

Après une période de guerre d’escarmouches, Robert II se sent fatigué et vieux alors il refuse tout combat. Vaincus par la lassitude, ses fils finissent par rentrer dans

le rang. Robert II décide de faire un pèlerinage à travers la France. En 1031, il revient et décède. Il laisse à son fils Henri un royaume avec un certain morcellement

de l’autorité, dans lequel trois maisons vont se distinguer par leur puissance supérieure à celle du roi : le comte de Blois, le duc de Normandie et le duc de

Bourgogne.

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HENRI 1er, SA DESCENDANCE, SES PROCHES :

Henri 1er : 1006 – 1031 – 1060 : il est le fils de Robert II le Pieux et de Constance d’Arles – 3ième femme de Robert II. En 1031, la mort de Robert II entraîne

l’avènement d’Henri 1er. Son règne commence mal car des catastrophes naturelles ont désolé le royaume. Des pluies diluviennes ont englouti les récoltes et elles ont

provoqué la famine, avec son cortège de morts. C’est pourtant dans ce même temps qu’une guerre féroce oppose Henri 1er à son frère Robert. Le comte de Blois

s’oppose à Henri 1er en faveur de Robert, qui poursuit Henri de sa haine et qui bénéficie des faveurs sans limite de leur mère Constance. Celle-ci a réuni nombre de

vassaux rebelles et elle proclame alors Robert roi de France, sous le nom de Robert III ! Celui-ci lance ses troupes et il conquiert des places, armes à la main. Henri

1er , qui n’a pas d’armée, trouve refuge auprès de Robert II, duc de Normandie (Robert le Magnifique), fidèle vassal. En 1032, le duc de Normandie attaque les

rebelles. Constance doit fuir. En 1033, Henri 1er s’allie avec l’Empereur Conrad II. Eudes II de Blois forme une coaliscion contre Conrad et Henri, dont le frère cadet

Eudes de France combat avec les Blésois ! En 1034, Constance d’Arles décède. Robert perd une alliée de choix ! Avec l’aide de Robert le Magnifique, Henri 1er

remporte une victoire contre les rebelles. En remerciement, Henri 1er donne le Vexin français à Robert le Magnifique. Henri 1er pardonne finalement à son frère

rebelle, il transmet à Robert le duché de Bourgogne amputé de quelques comtés. C’est un cadeau empoisonné de 3 siècles ! La guerre entre Eudes II de Blois et

Conrad continue pendant deux ans en Bourgogne suisse, mais en 1037 Eudes II de Blois est vaincu et tué par les Lorrains qu’il tentait d’envahir. En 1035, Robert le

Magnifique part en Terre Sainte. Il meurt à Nicée. Guillaume « le Batard », son fils et futur Guillaume le Conquérant, est le nouveau duc de Normandie. Henri 1er est

son tuteur mais des guerres éclatent dans son duché de Normandie. Guillaume « le Batard » est victime de complots, il voit ses proches assassinés. Henri 1er se

permet de poster des garnisons à l’entrée de la Normandie, afin de récupérer le Vexin naguère cédé au Magnifique... 1036 voit le mariage d’Henri 1er et Mathilde de

Frise. En 1038, le royaume est déchiré par l’anarchie. En 1039, Eudes de France et les Blésois s’opposent toujours à Henri 1er. Henri 1er capture son jeune frère et il

l’enferme à Orléans. La Touraine est donnée au comte d’Anjou allié du roi. L’essoufflement est général. En 1040, la Paix de Dieu est proclamée, sous peine

d’excommunication, poussée par l’abbé de Cluny. Grâce à elle, les guerres privées vont un peu se raréfier. 1042 est une année de terrible famine. En 1043, Henri 1er

rencontre Henri III empereur d’Allemagne, qui vient d’épouser Agnès d’Aquitaine. En 1044, la reine Mathilde de Frise décède presqu’en même temps que sa fille

(probablement de maladie). En 1045-1046, les relations avec Henri III se dégradent, la guerre menace. Néanmoins, Henri 1er est obligé de soutenir Guillaume le

Batard contre ses seigneurs révoltés en Basse Normandie. Ceux-ci sont menés par Gui de Brionne - neveu du Magnifique qui pensait lui succéder à la place du

« Batard ». Henri 1er a une dette envers le Magnifique alors il réunit une maigre armée et il soutient Guillaume qui a dû fuir. En 1047, Henri 1er et Guillaume sont

34 - Robert II le Pieux 972-996-1031

Roi de France

Ep3 Constance d’Arles

35 - Henri 1er

1006-1031-1060

Duc de Bourgogne (1016-1032)

Roi de France

Ep3 Anne de Kiev

36 - Philippe 1er

1052-1060-1108 Roi de France

Ep Berthe

Hugues

1057-1102 Comte de Vermandois mort

en croisade

Eudes de France

4 fils dont

Robert v1011-1076

Duc de Bourgogne 1032-1076

Page 10: En 987, lorsque Hugues Capet ceint la couronne de France, la … · 2019-06-12 · ROBERTIENS & CAPETIENS - LE DEBUT D’UNE DYNASTIE DE 33 ROIS DE FRANCE En 987, lorsque Hugues Capet

vainqueurs après une terrible bataille au Val-Es-Dunes (près de Caen) durant laquelle Henri 1er frôle la mort. Les rebelles sont vaincus, à part Gui de Brionne qui

résistera encore trois ans. 1049 marque une opposition entre Henri 1er et le pape qui a convoqué un concile à Reims, sans l’autorisation d’Henri 1er, avec des pontifes

qui sont majoritairement allemands. Henri 1er n’est pas profondément religieux. Pour destabiliser le pape, Henri 1er commence alors à soutenir l’émergence d’un

hérétique aux thèses protestantes : Bérenger. Celui-ci est désavoué publiquement et Henri 1er l’est avec lui ! Henri 1er est peu intelligent et peu éduqué. Il est

rapidement décrédibilisé spirituellement. En 1051, après sept ans de veuvage, Henri n’est toujours pas remarié. Sur les conseils de l’empereur Henri III, Henri 1er

choisit Anne de Kiev comme épouse – au moins il est sûr qu’il n’y aura pas de consanguinité ! Après deux ambassades et un an d’hésitations, Anne de Kiev vient en

France et épouse Henri 1er. Les noces sont fastueuses. En1051, Henri 1er se doit d’intervenir contre Geoffroy II « Martel », comte d’Anjou. Celui-ci s’est emparé du

Mans après avoir acquis la Saintonge. Il convoite dorénavant la Tourraine, le Maine et une partie de la Normandie ! Guillaume de Normandie et Henri 1er

interviennent mais Henri 1er décide de rentrer et il laisse Guillaume seul ! Celui-ci parvient à contrer les vélléités de Geoffroy II « Martel » puis il assiège la garnison

de Domfront (en Basse Normandie). Au prix d’atrocités (pieds et mains coupés, incendies, destructions…) Guillaume fait tomber la ville et il met fin à l’expansion

de Geoffroy II « Martel » Normandie. 1052, voit la naissance de Philippe - futur roi de France. Henri 1er va dès lors renverser ses alliances : il fait la paix avec

Geoffroy II « Martel ». Les deux s’allient aussi à des seigneurs normands frondeurs, dont l’irréconciliable oncle Gui de Brionne (ennemi juré de Guillaume le

Conquérant). Puis en 1053, c’est la rupture de l’alliance entre Henri 1er et Guillaume de Normandie, devenu très (trop) puissant et dont Henri 1er soutient de plus en

plus les ennemis. Quelques batailles ont lieu mais Henri 1er laisse ses vassaux lutter contre les troupes du Conquérant.

Après la piteuse défaite de Mortemer, l’autorité d’Henri 1er est de plus en plus réduite et la monarchie semble bien faible. Roi querelleur et batailleur, son règne

ressemble à une longue suite de luttes sanglantes. Outre cette défaite, l’année 1054 marque aussi la rupture entre l’Eglise Romaine et l’Eglise d’Orient. C’est le

début du grand schisme. Geoffroy II « Martel » est plus courageux qu’Henri 1er. Il a refusé de remettre ses places à Guillaume le Conquérant. Il s’allie au seigneur

de Mayenne et au duc de Bretagne mais les alliés sont conjointement battus de nouveau par Guillaume. Mayenne se soumet et la signature d’une trève franco-

La défaite de Mortemer en 1054 :

En 1054, Henri 1er entraîne son frère Eudes, Geoffroy II « Martel » et

une coalition (duc d’Aquitaine, duc de Bourgogne, comte de

Champagne, comte de Chartres…) dans une attaque insensée contre le

Guillaume « le Batard », futur Conquérant. Henri 1er promet à son jeune

frère le duché de Normandie ! L’armée franco-angevine est commandée

par Henri 1er, Eudes de France et Geoffroy II « Martel » comte d’Anjou.

Ils ravagent la région d’Evreux et les différents corps d’armée planifient

de se regrouper à Rouen, capitale du duché de Normandie. Profitant de

la négligence des Français, les Normands attaquent pendant la nuit le

camp français, mettant le feu au village. Surpris dans leur sommeil les

Français sont anéantis et les Normands remportent une victoire facile.

Voyant les troupes françaises mises en déroute et dispersées, le frère et

le chambellan du roi prennent la fuite ! A cette nouvelle, Henri 1er , aussi

couard que son frère, lève le camp et laisse Geoffroy II « Martel » aux

prises avec Guillaume. Grand vainqueur, celui-ci envoie à Henri 1er un

émissaire qui apprend au roi la pitoyable défaite de Mortemer. Henri 1er

abandonne alors la coalition et il est contraint de céder à Guillaume (à

titre perpétuel) de nombreuses places, dont certaines ont été enlevées à

Geoffroy II « Martel » !

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normande intervient. Néanmoins, en 1058, trois ans après avoir engendré l’anarchie aux portes de son royaume, Henri 1er rompt la trève et retourne auprès de

Geoffroy II « Martel » afin de créer une nouvelle alliance contre Guillaume. Ils attaquent Bayeux, puis Caen et ils mènent une campagne de guéguerres et

dévastations. Néanmoins, la campagne tourne de nouveau à la catastrophe : surpris par une armée mobile de Guillaume lors du passage d’un pont, celui-ci s’écroule

et coupe l’armée franco-angevine en deux ! Henri 1er préfère fuir en laissant ses alliés prisonniers ou massacrés ! Le pouvoir du roi s’affaiblit, les devoirs des

vassaux sont outrepassés. Henri 1er, roi hargneux, rompt donc systématiquement les traîtés de paix… Inconséquent, il semble ignorer que chacune de ses

interventions est vouée à un désastre. 1059 : Henri 1er n’a plus goût à la lutte. Peu brave, il a presque toujours été vaincu et il arrive à 50 ans. Devant l’avis positif

des Grands, de sa femme Anne de Kiev et du pape, il associe son fils Philippe au trône et le fait sacrer. Philippe 1er est alors agé de sept ans. S’il ne souhaite plus

guerroyer, Henri 1er continue de s’adonner à la chasse. En 1060, pris d’un malaise, il semble qu’il décède des suites du remède administré par son medecin ! Anne de

Kiev et le comte de Flandre sont dès lors chargés de la tutelle de Philippe 1er. Henri 1er a été le moins respectable des Capétiens. Politique indécis, suzerain infidèle,

stratège incohérent, administrateur incapable, il a renouvelé dans sa personne les défauts qui avaient fait la ruine de la dynastie carolingienne. De plus, sous son

règne, le duché de Bourgogne sort du domaine royal puisqu’il devient un apanage quand Henri 1er le cède à son frère Robert !

Robert 1er de Bourgogne « Le Vieux » : 1011-1076 : il est le troisième fils de Robert II le Pieux et de Constance d’Arles. Frère d’Henri 1er il est le préféré absolu de

sa mère. En 1023 et en 1030, il se révolte contre son père, avec l’appui de sa mère. Vaincu, il doit s’assagir. A la mort de son père, il se fait proclamer roi par sa

mère (Robert III) et quelques arrières vassaux. Il est vaincu par le duc de Normandie Robert le Magnifique qui est venu en soutien à Henri 1er. Pardonné par son

frère, il reçoit le duché de Bourgogne en 1032. Il fait un mauvais mariage et finit par tuer son beau-père (1032). On connait peu de choses de la fin de sa vie mais

celle-ci n’est faite que de violences de brigandages, si bien qu’il est excommunié. Après un voyage de pénitence à Rome, il meurt de façon honteuse et tragique,

mort sur laquelle on n’a aucun détail.

Anne de Kiev : 1030-1051-1060-v1065 : elle est reine de France de 1051 à 1060. Fille de Iaroslav le Grand, grand-prince de Kiev, elle devient en 1051 la 2ième

épouse d’Henri 1er. Elle devient mère de Philippe 1er, de Robert (mort en bas âge) et de Hugues le Grand comte de Vermandois. C’est elle qui introduit le prénom

« Philippe » à la cour de France en le donnant au fils aîné de son premier mariage. Après la mort d’Henri 1er, elle se retire dans une abbaye à Senlis mais elle en est

tirée par Raoul de Crépy (dit aussi Raoul IV de Vexin ou Raoul III de Valois) qui l’épouse peu après. Le comte étant déjà marié, les deux époux illicites sont

excommuniés (1064). Elle se brouille aussi avec son fils Philippe 1er qu’elle n’a jamais revu. On a peu de détail sur la fin de sa vie : Anne meurt obscurément .

Baudouin V de Lille : comte de Flandre de 1035 à 1067, il épouse Adélaïde de France, sœur d’Henri 1er : il est donc son beau-frère. Tuteur de Philippe 1er son neveu,

et régent (1060-1067) à la mort d’Henri 1er, il tient en respect les grands vassaux de la couronne et les petits vassaux du domaine royal. Il marie sa fille aînée

Mathilde à Guillaume de Normandie (« le Batard », futur « le Conquérant »).

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PHILIPPE 1er, SA DESCENDANCE, SES PROCHES :

Philippe 1er – : 1052 – 1060 – 1108 : il est le fils de Henri 1er et d’Anne de Kiev. Il a pour frère cadet Hugues le Grand, comte de Vermandois. Le régne de Philippe

1er est le plus long des régnes capétiens : 48 ans. Il aurait pu être fatal à la couronne... Roi intéressé, égoïste, indolent, négligent, porté aux plaisirs et non à

l’administration, il accumule les fautes entraînant une perte d’autorité dans son domaine, auprès de ses vassaux et des souverains étrangers. Orphelin à huit ans

(1060), son père lui a laissé un héritage médiocre. Henri 1er était mauvais politique, sans projet, sans bravoure. Il a mené des guerres médiocres contre ses vassaux,

sans résultat probant. La mère de Philippe ne s’est pas occupée de lui et dès la mort d’Henri 1er en 1060, elle est devenue l’amante du comte de Valois ! Indignation

et excommunication s’en suivent logiquement… Après sa séparation d’avec son amant, Anne de Kiev s’en va sans essayer de revoir son fils ! Elle lui a finalement

apporté une éducation médiocre. Philippe 1er a un tuteur valeureux en la personne de son oncle Beaudoin V comte de Flandre. Il est l’époux d’Adélaïde, sœur d’

Henri 1er. Il a su préserver Philippe 1er des grands feudataires mais il ne lui a pas vraiment enseigné la politique et son futur métier de roi. A ce titre, Philippe 1er est

et restera non pas maître mais spectateur de la politique. Durant les années 1060 et 1061, Philippe 1er et le régent sillonnent le royaume. En 1063, ils parcourent la

Flandre. Philippe 1er a 14 ans quand Beaudoin meurt. A cet instant, Philippe 1er ne pèse pas lourd, notamment devant Guillaume le Conquérant. Il a la chance que

Guillaume se soit concentré sur l’Angleterre – à ce titre Philippe avait approuvé l’action de Guillaume contre les Anglais. Si la victoire de Guillaume le Conquérant

en Angleterre est positive, elle inquiète cependant Philippe 1er. Il est tout de même chanceux d’être le voisin d’un Henri IV – roi de Germanie – incapable, qui ne

cesse de s’opposer militairement au Saint Siège. Philippe 1er est sensuel, gourmand et devient fort corpulent. Il n’a pas bonne réputation et il loue ses services au

seigneur le plus offrant. A ce titre, le pape l’accusera même de brigandage ! Philippe 1er s’oppose à son tour au Saint Siège. En 1068, lorsqu’il prend l’Anjou à son

frère, Foulques achète le silence de Philippe 1er en lui donnant le Gâtinais qui devient domaine royal. Alors que ses grands vassaux s’entretuent, Philippe ne réagit

pas et il préfère marchander ! En 1069, à 17 ans, Philippe 1er est entraîné dans la lutte de succession de Flandre, entre Robert de Flandre et son neveu Arnoul.

Philippe 1er soutient militairement Arnoul, mais ils sont taillés en pièce par Robert le Frison, comte usurpé de Flandre. Arnoul est tué et Philippe 1er s’est enfui !

Pour faire la paix et sauver la face, Philippe 1er épouse en 1071/1072 Berthe de Hollande, fille de Robert de Flandre. Philippe 1er est débordé par ses vassaux sans foi

ni loi, qui se proclament comte à tour de bras et qui dévastent les campagnes lors de leurs guerres meurtrières. En 1074, Philippe 1er acquiert le Vexin français, puis

Amiens après la mort de Simon de Valois. Il arme le prince anglais Edgar Aetheling contre Guillaume le Conquérant, mais Aetheling est vaincu. En 1076, Philippe

1er assiste passivement à la lutte pour la conquête du Maine par Guillaume le Conquérant. Ce vassal l’inquiète néanmoins. Souhaitant limiter la puissance de son

nouveau rival, Philippe 1er subit quelques revers mais il parvient à délivrer Dol assiégée par Guillaume Le Conquérant. 1077 marque une période de paix avec

5 enfants dont

Constance 1078-1126

Ep Hugues 1er de Champagne

Ep 1106 Bohémond 1er de

Tarente puis d’Antioche

37 - Louis VI Le Gros

1081-1108-1137

Roi de France

Ep Adèle de Savoie

Philippe 1093-1133

Comte de Mantes

Ep 1104 la fille de Gui II de Montlhéry

36 - Philippe 1er Roi de France

1052-1060-1108

Berthe de Hollande (de Frise)

1072-1092

1er mariage 2ème mariage

Cécile de France 1097-1145

Ep Tancrède de Hauteville

Ep Pons de Tripoli

4 enfants dont

Adèle de Savoie (Alix de Maurienne) 1100-1115-1154

Fille de Humbert II de Savoie et

descendante des Bourgognes

+

35 - Henri 1er

1006-1031-1060

Duc de Bourgogne (1016-1032) Roi de France

Ep3 Anne de Kiev

Hugues le Grand 1057-1102

Comte de Vermandois

mort en croisade

Bertrade de Monfort 1070-1092-1117

Ep Foulques IV d’Anjou dont Foulques V Ep Philippe 1er (1092)

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Guillaume qui n’a pas pu s’attribuer la Bretagne. Philippe 1er se montre de plus en plus préoccupé par son enrichissement personnel. Il pratique ouvertement la

simonie et il dépouille l’Eglise. Blamé par le pape, il ne daigne pas se rendre à un concile à Paris et il est désormais passible d’excommunication. Sa passivité devant

les guerres féodales encourage l’anarchie qui atteint son comble. En 1079, Philippe 1er contrecarre les visées de Guillaume Le Conquérant en soutenant son fils

Robert Courteheuse, qui réclame à son père une partie de l’héritage. Une guerre éclate entre Guillaume le Conquérant et son fils. Guillaume le Conqu érant achète la

neutralité de Philippe 1er qui obtient aussi de Robert Courteheuse la ville de Gisors (Vexin). Philippe 1er touche des deux mains ! En 1081, naît Louis, héritier

présomptif de la couronne (et futur Louis VI). Trois frères viendront ensuite mais ils meurent jeunes. Cette année marque la défaite humiliante de Philippe 1er contre

Hugues du Puiset, vassal rebelle. En 1087, les relations entre Philippe 1er et Guillaume le Conquérant sont orageuses. Entre railleries et provocations, la guerre

menace. Celle-ci éclate finalement peu après. Guillaume le Conquérant ravage le Vexin royal, sans réaction de la part de Philippe 1er ! 1088 est une année de

délivrance pour Philippe 1er, avec la mort accidentelle de Guillaume Le Conquérant qui s’est perforé le ventre en sautant à cheval. En 1091, Philippe 1er soutient

Courteheuse contre son frère Guillaume Le Roux, mais celui-ci soudoie Philippe 1er par de l’argent. C’est une grave erreur : la Normandie de Guillaume Le Roux va

empoisonner Philippe 1er pendant tout son règne… Philippe 1er reste célêbre pour sa libido prononcée envers des femmes de petite condition. Mais une de ses

maîtresses va être à l’origine d’un grand scandale : Bertrade de Montfort, comtesse d’Anjou par son mariage avec Foulques d’Anjou. Alors que Philippe 1er souhaite

répudier sa femme Berthe, il tombe amoureux de Bertrade et il souhaite l’épouser. Sûr de trouver un pretexte à l’annulation de son mariage avec Berthe (lien de

parenté…), Philippe 1er la fait enfermer dans un monastère et il enlève à son mari une Bertrade conscentante. Philippe 1er répudie Berthe en 1092. Il prive donc sans

scrupule ses enfants de leur mère, comme lui l’a été – sauf que c’est elle qui était partie ! Au mépris de la sainteté du mariage, une reine de sang royal est répudiée et

la femme légitime d’un comte est « enlevée ». Le roi supposé très chrétien trahit ainsi son vassal, il foule du pied toutes les lois divines et humaines, il déshonore ses

propres enfants et il met au service de l’adultère son épée royale ! Le plus grave est que tout ceci se fait avec la complicité de plusieurs évêques… Philippe 1er et

Bertrade se marient malgré la désapprobation générale et de certains évêques en particulier – dont un sera tout de même incarcéré ! Bertrade est une intrigante

usurpatrice du trône. Elle se pose en reine et elle prend ombrage de la présence des enfants royaux. Elle-même étant enceinte, elle rend la vie impossible aux enfans

de Berthe. Philippe 1er décide d’éloigner son fils Louis (futur Louis VI), afin de le préserver de Bertrade. Louis part donc étudier dans une abbaye, en attendant des

jours meilleurs. Peu après la reine Berthe meurt à Montreuil – de chagrin ou de poison ? Cet évènement permet à Philippe 1er de respirer mais il reste le problème de

Bertrade qui est déjà mariée à un autre. L’union du roi avec Bertrade est et reste donc adultère. Le pape en personne refuse cette union et il s’oppose gravement à

Philippe 1er (1094). Le sujet fait débat. Pape et évêques s’opposent en palabres pendant que Philippe 1er et Bertrade coulent des jours heureux. Philippe 1er demeure

indolent et sensuel, pendant que Bertrade, ambitieuse et calculatrice, tient à capter le pouvoir pour sa descendance. Un enfant naît de cette union : Philippe. Bertrade

souhaite qu’il soit prince royal et héritier de la couronne ! Pour transiger et ne pas la decevoir, Philippe 1er octroie au fils de Bertrade le comté de Mantes par une

alliance bien trouvée. La haine de Bertrade envers Louis - héritier du trône - va devenir sournoise. Elle met au monde un 2ième fils (Fleury), puis 2 filles. En 1096,

durant le concile d’Auvergne, le pape annonce la croisade contre l’Infidèle mais aussi l’excommunication de Philippe 1er et de Bertrade. Philippe 1er est hors du

coup : il ne pourra pas même participer à l’immense élan engendré par la croisade ! Peu à peu, certains fidèles se désolidarisent du couple royal. Philippe 1er et

Bertrade sont isolés. Par ruse, mais aussi par conviction, Philippe 1er décide de se soumettre car il craint de perdre le pouvoir. Bertrade quitte la cour en 1096,

partagée entre résignation et fureur, mais Philippe 1er lui a laissé de grands espoirs. Autant Philippe 1er est méprisé, autant son fils Louis est admiré. Son éducation

auprès des moines de Saint Denis lui profite. Noble, brave, de bonnes mœurs, vigoureux, actif, courageux et intrépide, il est l’antithèse de son père, et le petit peuple

le sait. Philippe 1er le sait aussi. Celui-ci s’est de nouveau rapproché de Bertrade… Il subit immédiatement la déchéance auprès de son entourage. Il est sous

l’ascendant de Bertrade et il décide de quitter Paris avec elle. A Sens, ils sont rejetés ! La monarchie est méprisée, en danger. Le territoire est à l’abandon.

Heureusement, l’Empereur est focalisé sur l’Italie, les anglais sont empêtrés dans les querelles entre les fils de Guillaume le Conquérant (voir annexe) et les grands

vassaux français se sont tournés vers la croisade. Quelques barons suggèrent alors à Philippe 1er qu’il associe Louis à sa gouvernance. Or Philippe 1er, qui reconnaît

ses propres faiblesses et ses manquements, voue une grande admiration à son fils. Malgré la rage de Bertrade, Philippe 1er ne fléchit pas et Louis est intronisé en

1100. A 19 ans, Louis a les pleins pouvoirs. Bertrade tente alors d’empoisonner Louis qui faillit mourir ! Elle est découverte mais elle est pardonnée par

Philippe 1er… Celui-ci se repose totalement sur Louis qui intervient pour régler les problèmes du royaume, notamment en Vexin (depuis 1097) et en Normandie. Là,

il doit faire face à Guillaume Le Roux et les barons qui se sont ralliés à lui. Alors que Philippe 1er et Bertrade, toujours excommuniés, se débattent avec l’Eglise pour

faire entendre leur cause, contre toute attente Bertrade décide de tout abandonner et de se retirer sans rien. Elle a été convertie par un sermon d’un sage, elle

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abandonne ses rêves de gloire et de puissance. Philippe 1er est extrêmement touché et peiné par sa décision, mais il l’accepte. Fin 1104, ils se présentent devant un

concile. Philippe 1er est absous, le couple illégitime se sépare à tout jamais. Bertrade part à Frontevault puis elle part en pénitence, jusqu’à sa mort en 1115. Entre

excommunication et traffic d’investitures, Philippe 1er a perdu treize ans de son règne, treize années pendant lesquelles, intéressé par sa seule passion, il a abandonné

les affaires du royaume (1091-1104). Il retrouve alors le goût aux affaires du royaume et il va relancer Louis dans son rôle de « gardien du royaume ». Alors que

Philippe 1er avait arrangé en 1104 les fiancailles de Louis avec Lucienne (fille du Sénéchal Gui de Rochefort ), en 1107 une délégation de barons opposés à Gui

s’oppose au mariage, sous pretexte que la mariée n’est pas de famille assez noble et ne représente pas une union d’intérêt pour le royaume. Philippe 1er est

finalement contraint d’annuler le serment de mariage ! Heureux et fier de constater la valeur de son héritier, il laisse Louis intervenir contre Hugues du Crécy, puis

contre Humbaud - deux seigneurs malfaisants. Il ne daigne pas intervenir dans la guerre qui oppose Robert Courteheuse et son frère Henri Beauclerc – alors que

Robert est proche de lui et que Henri Beauclerc, roi d’Angleterre, est un ennemi commun. Henri Beauclerc gagne finalement cette lutte sur les terres du roi de

France... Le roi d’Angleterre fait comme chez lui, en toute impunité ! En 1106, alors que le pape se rend en France, Philippe 1er ne souhaite pas aller à ses devants.

Finalement arrivé à Saint Denis, le pape voit Philippe 1er et Louis venir à sa rencontre. Après un mensonge de promesse de défense de la papauté contre l’Empereur,

Philippe 1er est tout heureux de s’en retourner à son oisiveté. Il confirme qu’il n’a jamais été fait pour la royauté. Indifférent aux affaires politiques, fuyant les

champs de bataille, sans soucis des relations avec les puissances étrangères, jetant sur le trône la suspicion à cause de ses traffics financiers et le déshonneur par son

inconduite, il ne mérite ni ne reçoit aucune considération. Bien qu’usé, dégoutté et réfugié dans une méprisable paresse, il a le souci de la réussite de Louis dans ses

entreprises et il lui voue un grand amour, craignant pour la vie son son fils. Par Louis, il réussit ce qu’il n’a pas fait lui-même. Philippe 1er abandonne finalement le

palais royal à son fils et il se retire à Melun. Il y meurt en 1108 à l’âge de 56 ans. Son règne a été interminable, ponctué de scandales et de non-évènements à

l’intérieur – hormis la naissance des communes (Le Mans, Cambrai…). N’exercant que peu d’autorité et montrant une faible personnalité, il n’a aucunement pris

partie à deux grands évènements de son règne : la conquête de l’Angleterre par Guillaume Le Conquérant (1066) et la première Croisade (1096-1099). Les désordres

commencés sous le règne de son père n’ont jamais cessé sous le règne de Philippe 1er. L’arrivée de Louis VI sur le trône est vécue comme un véritable soulagement.

S’il a fait piêtre figure à côté de ses grands voisins ardents, dominateurs et guerriers, Philippe 1er a tout de même réussi à développer le petit domaine royal en y

ajoutant la vicomté de Bourges (1101), le Vexin (1077) et le Gâtinais avec une partie du Vermandois (1068). Il a néanmoins laissé s’installer un chaos féodal

menaçant la monarchie. Roi d’opérette, il convenait à une noblesse sans culte de l’honneur et du devoir, ainsi qu’à un haut clergé dont trop de membres étaient

intéressés, cupides et arrivistes, bref, peu propices à lui donner l’exemple. Si son règne fut le plus long, Philippe 1er fut probablement un des rois les moins

conséquents.

Hugues « Le Grand » : 1057-1102 : comte de Vermandois de 1097 à 1102, il est le fils cadet d’Henri 1er et d’Anne de Kiev, donc le frère de Philippe 1er. Il devient

comte de Vermandois par son mariage avec Adélaïde, héritière du comté. Contrairement à son frère Philippe (mou et irrésolu), Hugues a un comportement héroïque.

Il commande l’armée du nord durant la première croisade, alors que son frère n’y participe pas tandis qu’il est excommunié pour adultère ! Il combat avec bravoure

et il cumule les succès mais il meurt des suites d’une blessure lors de cette croisade. Son fils Raoul de Vermandois lui succède dans son fief. Raoul de Vermandois

sera le support inébranlable de Louis VI – son cousin – durant son règne.

Bohémond 1er : 1050-1111 : duc de Pouille et de Tarente, c’est un guerrier aussi intrépide que son père Robert Guisca rd, fils de Trancrède de Hauteville et le plus

célèbre aventurier normand de cette époque. Fidèle à la tradition des conquérants normands d’Italie, il mène une vie de combats. Il livre une lutte acharnée contre

Byzance et ses alliés, il prend Courfou aux Vénitiens, il gagne avec 50 cavaliers la bataille de Durazzo, il écrase les armées d’Alexis Comnène, il conquiert la

Théssalie. Il participe ensuite ardemment à la première croisade, et il s’empare, à la tête des chrétiens, d’Antioche, dont il se proclame prince. Venu en France en

1106 pour y enroler de nouveaux croisés, il y épouse la princesse Constance, fille de Philippe 1er. Ce risque tout, qui a 100 fois affronté la mort dans les combats,

meurt de maladie durant un voyage dans son duché de Pouille.

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LOUIS VI, SA DESCENDANCE, SES PROCHES :

Louis VI – « Le Gros » ou « Le Batailleur » : 1081-1108-1137 : il est le fils de Berthe de Hollande et de Philippe 1er. Lorsque sa mère décède en 1092, il n’a que 11

ans et la nouvelle compagne de son père (Bertrade de Montfort) devient vite menaçante pour lui (voir chapitre précédent). Afin de le protéger, Philippe 1er décide de

l’éloigner du pouvoir. Il part donc étudier dans une abbaye afin de se préserver de sa belle mère Bertrade. Il y rencontre un fils de paysans, très intelligent, Suger,

avec qui il sympatise. A cette même période, Louis est nommé par son père Comte du Vexin, comté qui est très convoité par les Anglais et les Normands. Cette

nomination montre la couardise de Philippe 1er qui préfére que ce soit son fils qui défende cette zone explosive, plutôt que lui-même ! En 1097, de retour sur Paris,

Louis est adoubé chevalier sans en référer à son père avec qui il n’a pas de très bonnes relations. Les Grands souhaiteraient que Louis soit couronné du vivant de son

père. Devant l’agression de Guillaume le Roux (fils de Guillaume le Conquérant, roi d’Angleterre et nouvellement en charge de la Normandie depuis le départ de

son frère Courteheuse à la croisade), Louis s’oppose férocement à son armée et il défend le Vexin ainsi que les villes de Mantes et de Pontoise dont il est en charge.

Cette guerre d’escarmouches dure 18 mois. Elle est sans réelle utilité mais couteuse et meurtrière. Elle s’arrête en 1100 lorsque Guillaume le Roux est tué en forêt

lors d’une partie de chasse. Autant Philippe 1er est méprisé, autant Louis est admiré : son éducation auprès des moines de Saint Denis lui profite. Noble, brave, de

bonnes mœurs et intrépide, il est l’antithèse de son père, et le petit peuple le sait. En 1100, Philippe 1er se réconcilie avec son fils et il commence à associer Louis à

la couronne. Alors que son père se complait dans l’oisiveté, Louis ne profite pas de la fin de la guerre du Vexin pour se reposer. Exploitant l’anarchie en Angleterre

et la guerre de succession entre Robert Courteheuse et Henri Beauclerc (voir annexe 3), Louis décide de reprendre le contrôle des vassaux qui ne rendent plus

compte, rançonnent, détroussent et brigandent. Les barons indociles et insolents avec le pouvoir royal profitent de l’anarchie qui règne en France durant le règne

lamentable de Philippe 1er. Aussi, il part mater trois barons qui sévissent dans l’Oise, mais il bute sur le 3ième qui lui inflige une défaite. Afin d’éviter une sanglante

répression, le baron rebelle décide de se soumettre tout en étant exempté de sanctions. Peu après, Louis est alerté que Ebles II, comte de Roucy, ne cesse de piller les

terres de l’archevêque de Reims. Philippe 1er ne répond pas aux supplications, donc Louis prend son ost d’élite et pendant deux mois il ravage tout sur les terres

d’Ebles II. Celui-ci finit par plier et par se soumettre (1102). En 1103, Philippe 1er confie à Louis le gouvernement effectif du royaume en tant que « roi désigné » et

il l’investit du comté de Vermandois. Puis Louis intervient ainsi durant trois années, en sillonnant les routes de France, où il pourfend les seigneurs indignes. En trois

ans, Louis réduit à la soumission cinq des plus intraitables vassaux. En 1107, Louis doit faire face à une alliance entre Thibaut IV de Blois (fils d’Etienne de Blois et

d’Adèle - voir annexe 3), le comte de Montlhéry, et Hugues de Crécy (fils de Rochefort). En 1108, Philippe 1er décède. Louis devient roi de France sous le nom de

5 enfants dont

Constance 1078-1126

Ep Hugues 1er de Champagne

Ep 1106 Bohémond 1er de

Tarente puis d’Antioche

37 - Louis VI Le Gros

1081-1108-1137

Roi de France

Ep Adèle de Savoie

Philippe 1093-1133

Comte de Mantes

Ep 1104 la fille de Gui II de Montlhéry

38 - Louis VII Le Jeune

1120-1137-1180

Roi de France

Bertrade de Monfort

1070-1092-1117

Ep Foulques IV d’Anjou dont Foulques V Ep Philippe 1er (1092)

36 - Philippe 1er Roi de France

1052-1060-1108

9 enfants dont

Berthe de Hollande (de Frise)

1072-1092

1er mariage 2ème mariage

Cécile 1097-1145

Ep Tancrède de Hauteville

Ep Pons de Tripoli

4 enfants dont

Adèle de Savoie (Alix de Maurienne) 1100-1115-1154

Fille de Humbert II de Savoie et

descendante des Bourgognes

+

Philippe 1116-1131

(accident de cheval)

Sacré en 1129.

Henri 1121-1175 Archevêque

Sans postérité

Robert 1er de Dreux 1124-1188

Comte de Dreux

Comte du Perche

Pierre 1er de Courtenay 1126-1182

Ep Elisabeth de Courtenay

Constance de France

1128-1177 Ep Eustache de Blois

Ep Raymond VI Comte de Toulouse

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Louis VI. A 28 ans, il apparaît ardent et incorruptible. Les grands vassaux craignent qu’il restaure une monarchie forte après le débonnaire Philippe 1er. Les conjurés

croient pouvoir attaquer Louis à Gournay, sur son chemin de sacre. Or Louis est au courant de la conjuration. Il ne veut pas attendre plus longtemps pour se faire

sacrer car il sait que son demi-frère Philippe de Mantes et de Montlhery (fils de Bertrade) convoite le trône. Louis VI se fait finalement sacrer à Orléans - et non à

Reims ! Pour ne pas être en reste, Hugues de Crécy – qui est un pirate notoire – fait prisonnier le comte de Corbeil et le Sénéchal. Il est soutenu par Rochefort et ses

seigneurs vassaux. Devant cette défiance, Louis est contraint d’intervenir contre Hugues de Crécy. Après un interminable siège de la forteresse du comte, il l’attaque

et il se saisit de lui. Il peut ensuite distribuer certaines de ses terres. Sitôt cette mission finie, il débarrasse les Bérichons de Humbaud, brigand féroce. La réputation

de Louis VI est née. En 1109, Henri Beauclerc (roi d’Angleterre mais aussi duc de Normandie) refuse de prêter hommage au roi de France. Une guerre de 25 ans va

se déclencher aux portes de Gisors, entre Louis VI et Henri Beauclerc qui s’allie à son neuveu Thibaut IV de Blois (fils d’Etienne-Henri de Blois et d’Adèle, sœur de

Beauclerc). En 1110, lassé des intrigues et du comportement indigne (dépradations contre les pauvres, désordre, tort aux Eglises…) de son demi-frère Philippe de

Mantes et de Montlhéry, Louis VI décide d’attaquer son château comtal de Mantes. Il le vainc et il donnera ce comté à Guillaume Cliton (fils de Robert Courteheuse

vaincu par Beauclerc). En 1111, Louis VI souhaite intervenir contre Hugues du Puiset – cousin germain d’Hugues de Crécy – qui sévit aux alentours de Chartres. Il

dépouille, détruit et il montre une rapacité rare. Son armée est puissante alors Louis VI doit être vigilant. Le roi de France est secondé par Thibaut IV de Blois

(ancien félon de 1107). Louis VI vient à bout de la forteresse de Puiset et il le fait incarcérer. Pas récompensé par Louis VI, Thibaut IV de Blois décide de signer une

nouvelle alliance avec son oncle Henri Beauclerc. Ils planifient une double attaque contre le roi de France : à l’est par Thibaut IV et depuis la Normandie par Henri

Beauclerc. Louis VI fond sur la ville de Meaux mais il recule. Il décide finalement de châtier Thibaut IV à Lagny, sur ses fiefs. La bataille fait rage et Robert comte

de Flandre y est tué. Il était cousin de Louis VI et un de ses plus fidèles vassaux. Alors qu’Hugues du Puiset avait été libéré contre des territoires, celui-ci rejoint

Thibaut IV pour attaquer Toury (ville forteresse aux mains de Suger, située à côté du Puiset). Mais Louis VI est informé et il se doit d’intervenir ! Après une série de

batailles, il fait le blocus du Puiset, ville forteresse défendue par Montlhéry, Rochefort et Crécy. Thibaut IV et Hugues du Puiset, secondés par les précédents

attaquent le roi mais celui-ci les défait, épaulé par le comte de Vermandois – son cousin germain. Thibaut IV de Blois doit livrer ses chateaux ; Puiset retourne en

incarcération et son château est démoli. Heureusement, pendant ce temps Henri Beauclerc ne peut pas attaquer car il est victime d’une rébellion conduite par des

insoumis normands, fidèles à Robert de Courteheuse qui croupit en prison. En 1112, Henri Beauclerc fait incarcérer son principal opposant, le comte de Bellême. En

1113, Henri Beauclerc et Louis VI se rencontrent à Gisors. Louis VI est obligé de lui céder les suzerainetés de la Bretagne et du Maine. En 1114, Louis VI fait la

guerre aux brigands féodaux et aux tyranneaux assoiffés de rapines. Il remporte des victoires sur les seigneurs de la Beauce, de Chartres, de la Loire. On commernce

à pouvoir circuler dans nombre d’endroits sans se faire massacrer. Peu après, Foulques V d’Anjou et Thibaut IV s’emparent de la forteresse de Bellême mais Louis

ne peut pas intervenir. En effet, il doit stopper un récidiviste - Thomas de Marle qui sévit à Amiens, Laon, Reims. C’est un véritable monstre adepte de tortures,

emprisonnements, massacres, vols, rançons, exécutions, enlèvements… Une véritable croisade va s’organiser contre lui. Louis VI lui enlève deux de ses chateaux, il

ruine les forts érigés sur ses terres puis il assiège la tour de Castillon qu’il rase après deux ans de siège. Finalement, Thomas de Marle fait la paix avec le roi, contre

une grande somme d’argent et la promesse de réparer tous les dommages faits à l'église. En 1115, Adélaïde, surnommée Alix, fille du Comte Humbert II de

Maurienne, épouse Louis VI déjà passablement ventru. Elle est extrêmement laide mais Louis VI lui restera fidèle – à la grande surprise de ses contemporains. En

1116, la nouvelle union enre Henri Beauclerc et Thibaut IV de Blois inquiète Louis VI. Contre cette union, le roi de France s’est allié avec Baudouin VII de Flandre,

Foulques V d’Anjou et Guillaume Cliton, fils de Courteheuse. L’alliance attaque Henri Beauclerc en Normandie (Vexin), par le nord et par le sud, destabilisant les

troupes d’Henri Beauclerc et pratiquant une guerilla meurtrière. Bien que la guerre se soit enlisée, Foulques V est tout même parvenu à mettre en déroute l’armée

d’Henri Beauclerc. En 1118, Louis VI part de nouveau châtier Hugues du Puiset qui avait déjà été capturé, puis relâché après serment. Son château est pris, et le

félon est tué. En 1119, Baudouin VII meurt et Foulques V fait alliance avec Henri Beauclerc. Il donne sa fille Mathilde en mariage à Adelin (Guillaume Aetheling –

fils aîné d’Henri), héritier du trône d’Angleterre. La Normandie est donc unie à l’Anjou ! Peu après, l’armée royale et celle d’Henri Beauclerc s’affrontent dans

l’Eure. Néanmoins, celle de Louis VI est en nette infériorité numérique. Les actes de bravoure ne suffisent pas… Louis VI perd ses hommes et il doit reculer. Il

conquiert tout de même Ivry et Chartres mais Henri Beauclerc est à Evreux et il brule la ville. Apprenant cette nouvelle, Louis VI se précipite sur l’armée d’Henri

Beauclerc et il charge avec 400 chevaliers. Logiquement, Henri l’emporte. Le roi de France a pu fuir, mais ses principaux barons sont prisonniers. Devant ces luttes

stériles, le pape négocie la paix entre les deux belligérants. Henri Beauclerc repart alors en Angleterre. Alors que sa nef est suivie par celle de son fils (Blanche Nef),

celle-ci coule et seul un rescapé survit – mais le fils d’Henri (Guillaume Aetheling) décède (1120). Terrassé par l’émotion, Henri Beauclerc restera muré dans la

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tristesse jusqu’à la fin de sa vie. Devant cette guerre stupide et futile (mais meurtrière), le pape intervient et se rend à Reims mais il meurt en chemin d’une pleurésie.

Le nouveau pape Calixte est élu et après une courte période il vient à Paris. Après le concile de Reims, Calixte se rend dans le Vexin et il parvient à décider Henri

Beauclerc de renoncer à la guerre. En 1123, Philippe, demi-frère de Louis, fait sa soumission définitive au roi. Mais un nouveau protagoniste va rentrer en scène :

Henri V Hohenstaufen, Empereur Allemand. Il est hostile à la France. Il avait été excommunié au concile de Reims, appuyé par Louis VI. Il a épousé Mathilde, la

fille d’Henri Beauclerc – donc il est pro-Anglais. Il veut frapper un coup décisif contre la France et il cherche à rallier les vassaux « anti-Louis VI ». Celui-ci se

rentrouve isolé entre les deux Henri, le beau-père et le beau-fils, ses ennemis féroces. En 1124, l’armée formidable d’Henri V est massée à l’est. Mais Louis VI

arrive à rassembler la grande majorité de ses vassaux qui, bien que souvent favorables à Henri d’Angleterre, ne souhaitent pas être dominés par l’Empereur

allemand. Le roi de France compte de nombreux soutiens : son cousin, le comte de Vermandois Raoul le Borgne, le duc Hugues II de Bourgogne, le duc Guillaume

IX d’Aquitaine, le comte Charles Ier de Flandre, le duc Conan III de Bretagne, le comte Foulques V d'Anjou, le comte de Champagne Hugues de Troyes, le comte

Guillaume II de Nevers et même Thibaut IV (le comte de Blois pourtant en conflit ouvert avec le roi). Louis VI prend l’oriflamme à Saint Denis et il emmène son

armée à Reims. L’armée française n’a jamais été aussi nombreuse ! 250 000 ou 300 000 hommes sont prêts à en découdre pour sauver la France. Devant cette marée

humaine survoltée, Henri V fait demi tour. Pendant ce temps, Henri Beauclerc attaque à l’ouest. Il envahit le comté de Meulan. Apprenant la déconfiture de son

gendre, il ravage la frontière franco-normande. Cependant, Amaury de Montfort le tient en respect, aidé par l’ost du Vexin. Henri Beauclerc préfère finalement

repartir en Normandie. Quant à Henri V, il meurt complètement décridibilisé un an plus tard, en 1125. Après cet épisode, Louis VI part mater le comte d’Auvergne

pour la deuxième fois, car celui-ci a spolié la ville de Clermont à l’évêque en place. Louis VI met le siège devant le chateau de Montferrand. Il coupe

systématiquement la main des prisonniers qu’il capture, puis il les libère mutilés ! Terrifiée, la garnison se rend et le comte se soumet. Cette mission accomplie,

Louis VI se trouve confronté à l’affaire de Flandre. Charles le Bon est assassiné en 1127 par la famille Grembald. Or Charles était estimé du roi et apparenté à lui.

Louis VI nomme Guillaume Cliton nouveau comte de Flandre et il part avec lui pour punir les instigateurs, qui sont retrouvés, exécutés et brûlés. Malheureusement,

Guillaume Cliton meurt peu après, des suites d’une blessure au pied mal soignée. Louis VI doit reconnaître Thierry d’Alsace qui devient comte de Flandre. En 1128,

la veuve de l’Empereur Henri V Hohenstaufen, Mathilde « l’Emperesse », fille d’Henri Beauclerc, se remarie avec Geoffroy Plantagenêt, comte d’Anjou et fils de

Foulques V. Après l’échec du mariage entre Guillaume Aetheling, décédé prématurément, et Mathilde, fille de Foulques V, l’Anjou est de nouveau uni à

l’Angleterre… Cette fois, l’empire anglo-angevin des Plantagenêt est en marche ! En 1129, Etienne de Garlande, favori de Louis VI est disgracié. C’est Suger,

épaulé par Raoul de Vermandois, qui devient ministre. En 1130, après une traque de plusieurs années et après que Thomas de Marle ait assassiné le frère de Raoul

de Vermandois, Louis VI localise Thomas de Marle et il organise une expédition punitive, que rien ne pourra faire reculer. Lors d’une sortie de sa forteresse,

Thomas de Marle est tué par Raoul de Vermandois. En 1131, Philippe, fils aîné de Louis VI, succombe à un accident stupide. Se promenant dans Paris, son cheval

trébuche, tombe et l’écrase malencontreusement. Né en 1116, il avait 14 ans et il avait été associé à la royauté dès 1120, puis sacré en 1129. Il donnait de belles

espérances. Intelligent, de conversation agréable, il était excellent cavalier. En 1131, profitant de la visite du pape, Louis VI fait perdurer la coutume capétienne : son

second fils Louis (VII) est sacré par le pape à l’âge de 11 ans. Ses vertues sont proches de celles de son aîné, mais il a la dévotion en plus. A 50 ans, Louis VI est

devenu obèse et il passe la majeure partie du temps étendu sur son lit. Néanmoins, il garde la même accuité d’esprit. La situation de la Normandie le tourmente.En

1135, Henri Beauclerc meurt à côté de Rouen. Etienne de Blois usurpe le trône à sa cousine Mathilde, fille d’Henri et femme de Geoffroy « Plantagenêt ». Une lutte

impitoyable va s’ouvrir entre ces descendants de Guillaume le Conquérant, pour la succession au trône d’Angleterre (lire annexe 3). La dernière chevauchée de

Louis VI a lieu en 1135, malgré son obésité handicapante. Après avoir châtié un seigneur brigand, Louis VI est pris de maux de ventre à son retour. Il est transporté

à Paris par courtes étapes et ses maux sont tels qu’il pense bientôt mourir. Malgré son état, il garde sa douceur et sa bienveillance, il continue à recevoir les rapports

politiques. Il demeure inquiet par Thibaut IV de Blois qui combat pour la succession de son frère à la courronne d’Angleterre. Touchée par les problèmes de

succession d’Angleterre, la Normandie traverse une période d’instabilité. En 1136, une lutte entre les pro-Louis et les pro-Etienne d’Angleterre a lieu à Meulan et en

Vexin. Les partisans de Mathilde (opposée à Etienne) s’en mêlent et Geoffroy « Plantagenêt », comte d’Anjou, attaque Thibaut IV frère d’Etienne. Geoffroy

« Plantagenêt » est gravement blessé, alors les Angevins décident de capituler et de quitter la Normandie. Néanmoins, la guerre de Normandie devient atroce entre

Etienne de Blois et Mathilde. En 1137, Louis VI conclut la paix avec Étienne de Blois, roi usurpé d'Angleterre, et il reçoit l'hommage d'Eustache (fils de ce dernier),

pour la Normandie. Cette manœuvre lui garantit une certaine protection par rapport à toute velléité de la part de Thibaut IV de Blois, le propre frère d’Etienne... En

Aout 1137, transporté par eau jusqu’à Melun, Louis VI agonise. Il a cependant le temps de mettre en place le mariage entre son fils et Aliénor d’Aquitaine. Après

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une longue agonie, Louis VI s’éteint, terrassé par ses maux de ventre. Vrai roi-chevalier (il essayait d’envoyer un héraut à son adversaire avant le combat), il était un

colosse aux idées simples, mais énergique et brave. « Louis qui ne dort » ou « Louis le batailleur » a écrasé toutes les résistances le temps d’un règne. A ce titre,

l’accession au trône de son fils ne souffre d’aucune contestation. Il peut être fier de son œuvre. Il a passé la plus grande partie de sa vie à guerroyer contre les

vassaux et à se défendre contre eux lorsqu’il était attaqué comme un vulgaire larron. Louis VI n’a pas blamé la conduite de son père par les paroles mais il l’a

démentie par les actions. Philippe 1er a mené une vie dissolue alors que son fils a provoqué le respect par sa rectitude. Philippe 1er avait laissé l’anarchie s’installer

dans le domaine royal, préférant ignorer l’inconduite des grands seigneurs rapaces. Louis VI les a poursuivis, renversés, accablés et il les a contraint à cesser leurs

crimes. Il aura mis dix ans à mater Hugues du Puiset, treize ans à battre et capturer Thomas de Marle. Philippe 1er était paresseux et timoré. Il craignait la vie des

camps et les dangers des combats. Louis VI a attaqué partout où il fallait, à la tête de son ost, méprisant les fatigues, les intempéries et les blessures. Philippe 1er

s’était désintéressé de son peuple, de ses progrès, de ses aspirations. Louis VI est intervenu dans de nombreuses successions et il s’est fait protecteur des communes.

Il a montré des vertues de foi, de rigueur, de devouement et de dévotion au devoir de l’Etat. Son fils Louis VII va pouvoir suivre la voie tracée par son père. Il lui

doit de lui avoir aplani les chemins du pouvoir, en lui laissant un royaume pacifié, des vassaux soumis et respectueux, un ost prestigieux et surtout l’estime du

peuple pour la monarchie. Ainsi, Louis VI a été le restaurateur de la monarchie capétienne : celle-ci est maîtresse chez elle. Souverain sérieux, rigoureux, chaste,

respectueux du Saint Siège, dévoué ardemment à son métier de roi, il a été protecteur des faibles et justicier. Passant la majeure partie de sa vie à assurer des

communications paisibles entre les villes et les villages, il a su soumettre ses vassaux dans les rêgles de la féodalité, alors que ses prédécesseurs se comportaient

comme l’un ou l’autre de ces vassaux. Le droit est devenu réalité : les vassaux aident le roi alors que sous Philippe 1er le lien vassalique était très lâche et plus

théorique qu’effectif. Un sentiment d’unité nationale est né. Cette unité a permis le plus grand fait d’arme de son règne, à savoir la superbe victoire remportée sans

combattre par Louis VI face à l’Empereur Henri V. Le roi de France s’est alors retrouvé entouré d’une armée d’une importance jamais vue jusqu’alors, regroupant

presque tous les contingents de France, unis pour la sauvergarde du royaume.

La création des Communes : c’est l’instauration de sorte de petites républiques, en donnant droit aux bourgeois (gens du bourg) de « faire commune » et ainsi faire

contrepoids à la redoutable féodalité et à la puissance ecclésiastique. L’aristocratie cléricale est mise à raison et on réfrène la brutalité de certains féodaux. Les

communes s’arment, lèvent les impôts et rendent la justice. Les communes qui sont situées à des points stratégiques (frontières, ports…) élèvent la puissance

défensive du roi. Elles obéissent à une charte (différente pour chaque ville !) et peuvent rendre justice jusqu’à un certain niveau. La commune gère les intérêts

collectifs moraux ou matériels. Les communes achètent cette relative autonomie au roi, lui permettent ainsi de renflouer les caisses du trésor royal.

Suger : 1081-1151 : il est le fils d’un pauvre paysan. Il étudie avec le futur Louis VI lorsqu’ils sont tous jeunes. Il devient proche de Louis VI vers 1122 et il est

chargé de missions diplomatiques. En tant que ministre, il conseille Louis VI pour l’ensemble de la politique. Il devient alors abbé de Saint Denis (1122-1151). Il

administre de vastes domaines et il est dévoué à l’église et à la royauté. Petit, frêle, d’une intelligence vive, précise, concrète, c’est un esprit juste, pondéré, plein de

bon sens. Travailleur infatigable, il suit son abbaye de Saint Denis et le roi. Conseiller prudent, il pousse Louis VI à combattre brigands et vassaux infidèles, afin de

restaurer la paix dans le royaume. Il combat lui-même Hugues du Puiset. A l’extérieur, il réconcilie Louis VI avec ses ennemis extérieurs : Henri Beauclerc ou

Thibaut IV de Blois, tous 2 redoutables. A la mort de Louis VI, il assure la prise de pouvoir de Louis VII et il refuse qu’il soit mis sous tutelle. Il écarte la mère de

Louis VII, Alix. En effet, celle-ci souhaite que Raoul de Vermandois, 1er prince du sang, soit le tuteur de Louis VII – qu’elle juge immature. Ecartée, Alix part en

1154 épouser le connétable Montmorency et Raoul de Vermandois se retire dans ses terres. Louis VII garde Suger comme conseiller et il le nomme régent lors de

son départ pour la 2ième croisade (1147-1149). Suger fait fructifier le domaine royal qui est riche, malgré l’argent nécessaire pour la croisade. Il doit lutter contre le

propre frère du roi (Robert 1er, Comte de Dreux) qui est poussé vers le trône par des seigneurs mécontents et qui fomente une conspiration. Epuisé par sa tâche

religieuse et politique, il s’éteint en 1151 en laissant des écrits précieux sur Louis VI et Louis VII. Il fut surnommé posthume « le Père de la Patrie ». Conseiller de

Louis VI et de Louis VII, mais avant tout homme d’église, il reste l’une des plus brillantes figures politiques de l’époque.

Bernard de Clairvaux (saint) : né en 1090 près de Dijon, il prend l’habit cistercien en 1112 et il fonde en 1115 l’abbaye de Clairvaux, dont il reste abbé jusqu’à sa

mort en 1153. Génie spirituel, il fonde 68 monastères, il écrit une œuvre gigantesque, il influe sur la reconnaissance d’Innocent II, sur l’entreprise de la 2ième

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croisade, sur la conversion des hérétiques du Midi. Conseiller de quatre papes successifs, il soumet nombre de villes rebelles à la papauté. En France, il lutte

verbalement contre Louis VII après le désastre de Vitry de Perthois (voir chapitre suivant). Il est l’âme de plusieurs conciles, il lutte pour des libérations de

prisonniers et il intervient notamment pour prononcer la nullité du mariage de Louis VII. Ce mystique, théologien et orateur prestigieux, politique avisé et déterminé,

compte parmi les les personnages les plus éminents de son siècle. Il a été canonisé en 1174.

Philippe de Mantes : 1093-1130 : il fils de Philippe 1er et de Bertrade de Montfort, donc le frère consanguin de Louis VI. Philippe 1er lui fait épouser Elisabeth, fille

de Gui de Montlhéry, comte de Mantes et recueillir ainsi le comté. A la mort de Philippe 1er, il se révolte contre le roi Louis VI, son demi-frère. Il est vaincu, son

comté confisqué et donné quelques années plus tard à Guillaume Cliton, duc de Normandie.

Gui « Le Rouge » de Rochefort : comte de Rochefort, seigneur de Chevreuse, seigneur du domaine royal, il est rebelle au pouvoir royal mais est vaincu par Louis

VI. Il devient finalement favori de de Philippe 1er qui, pour se le concilier, fait de lui son Sénéchal. En 1105 il donne sa fille Lucienne en fiancailles au futur Louis

VI, mais ceux-ci sont annulés pour une prétendue consanguinité, empêchement trouvé par des barons jaloux. Il rompt avec le roi et il seconde les révoltes des petits

vassaux. Il est le père de Gui II et de Hugues de Crécy. Gui II comte de Rochefort est allié à Thibaut IV de Blois et il lutte contre Louis VI qui le défait en 1112.

Hugues de Crécy est seigneur de Pomponne, de Gometz, de Bures et de Chateaufort, chatelain de Gournay sur Marne. Battu par Louis VI en 1107, celui-ci s’empare

de Gournay. En 1108, Hugues de Crécy s’empare du château de la Ferté Baudoin mais la place est emportée par Louis VI. Allié à Thibaut IV de Blois, ils sont

finalement vaincus par Louis VI à Toury (1112).

Hugues III du Puiset : cousin de Hugues de Crécy, il appartient aussi à la Maison de Rochefort et de Montlhéry. Vassal du domaine royal, il est le type même du

seigneur brigand féroce et cupide. Son grand-père Hugues 1er avait vaincu Philippe 1er. Après maints pillages et appropriations illégitimes, sommé par le roi, il

s’enferme dans le château de Toury (1111). Pris après un siège rigoureux, il est enfermé. Libéré par la grâce du roi, il s’allie avec Henri Beauclerc contre Louis VI, il

reprend le Puiset, mais il est à nouveau vaincu et pris (1112). Finalement, tenant à expier tant de méfaits, il part pour Jérusalem où il meurt.

Milon de Montlhéry : cousin de Hugues de Crécy, il appartient aussi à la Maison de Rochefort et de Montlhéry. Il s’empare en 1105 du château de Montlhéry mais il

en est délogé par Louis VI. Allié à Thibaut IV de Blois, il reprend en 1113 la guerre contre le roi mais il est de nouveau vaincu. Il se tiendra désormais tranquille.

Thibaut IV de Blois ou Thibaut II de Champagne ou Thibaut « Le Grand » : comte de Blois, de Chartres, de Meaux, de Chateaudun, de Troyes et de Champagne, il

est le fils d’Etienne-Henri et d’Adèle (fille du Conquérant - voir généalogie en page suivante). En 1107, il se joint à une révolte contre Louis VI. En 1113, il forme

une coalition avec son oncle Henri Beauclerc et, ensemble, ils battent une armée de Capétiens et d’Angevins. En 1135, à la mort d’Henri Beauclerc, les barons du

duché de Normandie lui proposent de devenir leur suzerain, mais il apprend que son frère cadet (Etienne de Blois) vient de se faire couronner roi d’Angleterre !

Celui-ci donnera de fortes sommes d’argent à Thibaut pour garder son support. De plus, il vient régulirement en aide à Thibaut, notamment contre Foulques V.

Thibaut IV étend son comté de Troyes à toute la Champagne et une partie de la Bourgogne. Il fait de Troyes sa capitale et il devient l’un des plus grands vassaux de

France. Il a dix enfants dont Henri qui épouse Marie (fille de Louis VII), Thibaud VI qui épouse Alix (fille de Louis VII) et Alix - ou Adèle - qui épouse Louis VII

(donc elle est mère de Philippe Auguste). Thibaut IV est donc grand-père de Philippe Auguste par sa fille !

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Le règne de Louis VI est rythmé par les descendants de Guillaume le Conquérant : durant le régne de Philippe 1er (1052-1060-1108), père de Louis VI, les trois fils

de Guillaume le Conquérant (voir généalogie ci-dessous) commencent à s’opposer pour la succession au trône d’Angleterre. Cette lutte va continuer sous le règne de

Louis VI (1081-1108-1137). Néanmoins, la situation devient plus complexe encore, lorsque Etienne de Blois usurpe le trône d’Angleterre à sa cousine Mathilde

après la mort d’Henri Beauclerc. Cette lutte de succession (lire en annexe 3 pour plus de détails) va destabiliser la Normandie mais aussi une partie de la féodalité

Française. En effet, Thibaut IV de Blois intervient en faveur de son frère Etienne, alors que Mathilde épouse Geoffroy V « Plantagenêt », fils de Foulques V

d’Anjou. Ces vassaux sont parmi les plus puissants de France. Entre coalitions providentielles avec ou contre Louis VI, et entre guerres de succession, ces

protagonistes animent le règne de Louis VI. Malgré ces remous, celui-ci parviendra a dominer ses vassaux et à pacifier le royaume de France.

10 enfants dont

Robert Courteheuse

1050-1134 Duc de Normandie (dépossédé en

1106 par son frère Henri Beauclerc)

Guillaume le Roux

1060-1100 Roi d’Angleterre (1087-1100)

Ep Mahaut de Brabant

Adèle d’Angleterre 1062-1138

Epouse en 1084 Etienne-Henri de Blois, de Chartres et de Meaux

(mort en 1102 en croisade)

Henri « Beauclerc »

1068-1135 Roi d’Angleterre (1100-1135)

Duc de Normandie (1106-1135)

Ep Edith d’Ecosse (1100) Ep Adélaïde de Louvain

Guillaume « le Conquérant »

1027-1087 (Mantes)

Duc de Normandie (1035-1087)

Roi d’Angleterre (1066-1087)

Etienne de Blois 1092-1154

Roi d’Angleterre (1135-1154)

Trône usurpé à Mathilde « l’Emperesse »

Ep Mathilde de Boulogne (1125) Mathilde « l’Emperesse » 1102-1167

Impératrice du Saint Empire Romain Germanique

Comtesse d’Anjou (1128) Duchesse de Normandie (1141 – conquête de Geoffroy)

Héritière du trône d’Angleterre

mais trône usurpé par Etienne de Blois Ep Henri V du Saint Empire (1114)

Ep Geoffroy V « Plantagenêt », Comte d’Anjou, de Normandie,

fils de Foulques V (1128)

Plusieurs enfants dont

Guillaume Adelin

1103-1120 Héritier du trône d’Angleterre

Mort dans le naufrage de la Blanche Nef

Ep Mathilde, une fille de Foulques V

d’Anjou Eustache IV de Boulogne

1129-1153

Héritier du trône d’Angleterre usurpé par son père. Epouse Constance, fille de Louis

VI. Décède prématurément

Henri II d’Angleterre « Plantagenêt »

1133 (Le Mans) -1189 (Chinon)

Roi d’Angleterre

Geoffroy VI d’Anjou

1134-1158 Comte d’Anjou, du Maine, de Nantes

Sans postérité

Henri évêque de Winchester

Thibaut IV Le Grand v1090-1152

Comte de Blois, de Chartres, de

Champage (Thibaut II) et de Brie

Plusieurs enfants dont

Adèle de Champagne

v1140-1206

Reine de France Ep Louis VII (1160)

39 – Philippe II « Auguste »

ou « Le Conquérant » 1165-1180-1223 (Mantes)

Roi de France

CAPETIENS PLANTAGENETS

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LOUIS VII, SA DESCENDANCE, SES PROCHES :

Louis VII : 1120–1137–1180 : il est le fils de Louis VI et d’Adèle de Savoie. Physiquement chétif, blond avec un grand nez, il se montre tranquille, réfléchi et très

pieux. Né cadet, il est voué à l’Eglise jusqu’à ce que son frère aîné Philippe décède accidentellement écrasé par son cheval en 1131. Louis VII est sacré cette même

année, mais il est n’a pas de pouvoir royal pour autant. Louis VI négocie le mariage de son fils avec Aliénor d’Aquitaine, seule héritière de l’Aquitaine, dont le

territoire est trois fois plus grand que le domaine royal. Pourraient rentrer dans la mouvance capétienne : le Poitou, l’Auvergne, le Limousin, le Périgord et la

Gascogne. Le mariage de Louis et Aliénor est célébré à Bordeaux en 1137, alors que Louis VI est à l’agonie et ne peut y assister. Les fêtes sont écourtées car Louis

VI décède. Son fils devient alors roi de France sous le nom de Louis VII. Louis VII est jeune, mais Suger - déjà conseiller chevroné de Louis VI - l’aide à assoir son

pouvoir. La France devient la première puissance européenne, si on considère les conflits dynastiques qui affaiblissent l’Allemagne et l’Angleterre (voir chapitre

précédent et annexe 3). Néanmoins, Louis VII est plongé dans des difficultés politiques et écclesiastiques. Il doit faire face à l’émancipation de certaines villes qui se

proclament communes, ainsi qu’à des élections d’archevêques truffées de traffics et de conflits armés. Louis VII est en froid avec le pape car il a voulu interférer

dans une élection, puis il a été dédit par le pape qui le considère comme un gamin mal élevé... Geoffroy V le Bel « Plantagenêt », comte d’Anjou (voir généalogie en

page précédente), profite du chaos en Angleterre pour assoir sa domination sur la Normandie qu’il a conquis peu à peu. Dès lors, il rivalise de puissance avec Louis

VII et il devient le vassal le plus puissant du roi de France. En 1142, Louis VII entre en guerre contre Thibaut de Champagne (qui avait naguère vaincu Louis VI)

pour une sombre histoire de mariage consanguin et car ce dernier abriterait un évêque indésirable pour le roi de France. Le pape excommunie Louis VII. Celui-ci

retire ses troupes de Champagne mais il commet une grave erreur lorsqu’il ordonne le massacre de Vitry en Perthois (1300 habitants brûlés vifs dans une église

début 1143). En 1145, Louis annonce qu’il va se croiser. Est-il pris de remords ? Veut-il réparer ses inconduites durant la guerre de Champagne ? Est-ce la chute

d’Edesse qui est un détonnateur ? Néanmoins, cette décision est une erreur quand on considère les difficultés qu’il rencontre face aux autres grands feudataires ! Les

barons ne sont pas motivés pour partir. En effet, la première croisade a été positive mais très meurtrière. Faute de support, Louis VII retarde son départ jusqu’au

discours retentissant de Bernard de Clairveaux lors de l’assemblée de Vézelay : la deuxième croisade est en marche !

37 - Louis VI Le Gros

1081-1108-1137

Roi de France

Ep Adèle de Savoie

38 - Louis VII Le Jeune

1120-1137-1180

Roi de France

Ep Aliénor d’Aquitaine 1137

Ep Constance de Castille 1154

Ep Adèle de Champagne 1160 - Fille du Comte de Champagne et de Blois

Thibaut IV

9 enfants dont

Adèle de Savoie (Alix de Maurienne)

1100-1115-1154 Fille de Humbert II de Savoie et

descendante des Bourgognes

+

Philippe 1116-1131 (accident de cheval)

Sacré en 1129.

Henri 1121-1175

Archevêque

Sans postérité

Robert 1er de Dreux

1124-1188 Comte de Dreux

Comte du Perche

Pierre 1er de Courtenay

1126-1182 Ep Elisabeth de Courtenay

Constance de France

1128-1177

Ep Eustache de Blois

Ep Raymond VI Comte de Toulouse

39 – Philippe II « Auguste » ou « Le Conquérant »

1165-1180-1223 (Mantes)

Roi de France

Marie

Ep Henri 1er Comte de

Champagne, fils de

Thibaut IV le Grand

Alix

Ep Thibaut V Comte de Blois

Marguerite

Ep Henri Plantagenêt « le Jeune » - fils d’Henri II Plantagenêt

Agnès

Ep Andronic Comnène Empereur de Constantinople

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En 1147, Louis et Aliénor partent en croisade mais une fois arrivés, la relation entre Aliénor (qui n’est pas pieuse) et son jeune oncle Raymond fait jaser. La croisade

tourne au cauchemar. Les pertes sont innombrables, l’armée Allemande a été décimée car trahie par les Byzantins, Damas est assiégée mais restituée moyenant une

rançon, méfiance et ambitions se sont installées, les forces s’éparpillent, les croisés se comportent en petits potentats dans les conquêtes de leurs pères. Alors que

l’empereur Conrad repart, Louis VII agit à titre privé et décide de partir vénérer des lieux saints. En France, Suger est régent. Malgré une certaine agitation de

Robert de Dreux (frère de Louis VII), le royaume est calme et le trésor est plein. En 1149, Suger demande à Louis VII de rentrer. Celui-ci revient sur un bateau

différent d’Aliénor. Louis VII qui est rentré de croisade sans les honneurs est méconnaissable. Il fait face à une réprobation générale, du fait de l’échec de la

croisade, résultat à la fois d’erreurs de stratégie, d’un manque d’unité de commandement, de trahisons des Grecs et de l’inertie des vassaux de Jérusalem. Entre 1151

et 1153 intervient une série de décès importants : Raoul de Vermandois (fidèle allié qui avait gardé le royaume lors de la croisade), Suger (fidèle conseiller), et

l’abbé de Clairveaux (support éminent du roi). Aliénor et Louis VII décident de se séparer d’un commun accord, en invoquant une soit-disante cause de

consanguinité. Ils n’ont pas de descendance mâle, mais deux filles. Le roi de France ne voit pas le danger de cette séparation. Pense-t-il que les territoires d’Aliénor

passeront à ses deux filles, héritières ? C’est une erreur ! Aliénior est belle et elle n’a que 29 ans donc elle peut se remarier ! En 1152, environ deux mois après la

séparation, la situation de Louis VII se complique lorsqu’Aliénor épouse le fils de Geoffroy V le Bel « Plantagenêt » qui n’est autre qu’Henri « Plantagenêt », futur

héritier de l’Anjou, du Maine, de la Tourraine, de la Normandie, et surtout du trône d’Angleterre ! C’est un coup de tonnerre ! Les Plantagenêt joignent l’Aquitaine

d’Aliénor à leurs nombreuses possessions ! Ce remariage est d’autant plus malvenu qu’Aliénor et Henri ont aussi un lien de consanguinité (voir généalogie chapitre

suivant) ! Louis VII n’avait bien sûr pas autorisé ce mariage mais ils n’en ont que faire : l’autorité du roi de France est faible ! En 1154, à la mort d’Etienne de Blois

(roi d’Angleterre usurpé - lire chapitre prédédent), Henri « Plantagenêt » passe la manche et, sous le nom d’Henri II, il devient roi d’Angleterre par l’accord passé

entre sa mère Mathilde et Etienne de Blois. L’empire Plantagenêt (ou Anglo-Angevin) est né : il s’étend de Cherbourg à Bayonne ! Louis VII constate alors son

Prédication de la deuxième

croisade par Bernard de Clairvaux

Prise de la croix par Louis VII le Jeune, en même

temps que de nombreux barons - dont certains en

quête de rédemption…

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double échec au niveau conjugal et surtout au niveau politique. La détermination d’Henri II « Plantagenêt » contraste avec les entreprises hésitantes de Louis VII,

qui a perdu ses alliés inébranlables, dont Suger. Louis VII réagit timidement. En 1154, il épouse Constance d’Espagne, afin de contrer l’expansion Plantagenêt vers

le sud. Mais il n’en demeure pas moins que Louis VII est un roi timide, partisan de la paix et prêt à tout moment aux concessions. A contrario, Henri II

« Plantagenêt » est une sorte d’aventurier sans scrupules et diplomate retors. En 1158, Marguerite de France – fille de Louis VII et sœur de Philippe Auguste -

épouse le fils aîné d’Henri II « Plantagenêt » : Henri le Jeune Roi, qui co-règne avec son père. Louis VII n’est pas en mesure de réagir lorsqu’Henri II

« Plantagenêt » s’empare de la Bretagne. Lorsque ce dernier envahit le Languedoc et réclame la suzeraineté de Toulouse, Louis VII le stoppe : la royauté capétienne

est menacée ! En effet, outre ses possessions, Henri II « Plantagenêt » est devenu plus populaire que Louis VII, même en Ile de France. En 1160, alors que

Constance vient de décéder le lendemain de la naissance de sa fille Alix, Louis VII se marie un mois plus tard avec Adèle de Champagne (tout juste nubile…). Il

gagne ainsi un appui important car la maison de Champagne est très puissante, ainsi qu’une éventuelle descendance mâle à venir. Les années 1159 à 1163 sont

marquées par la lutte diplomatique et quasi-militaire entre Louis VII allié à Henri II « Plantagenêt », contre l’Empereur Barberousse. Les deux rois soutiennent le

pape Alexandre II, alors que l’empereur soutient l’antipape Victor IV. Louis VII et Henri II « Plantagenêt » ont le dessus mais Alexandre II est exilé en France et il

ne peut pas rejoindre Rome où l’empereur sème la désolation. En 1163, Thomas Becket, archevêque de Canterbory et primat d’Angleterre, se brouille avec son ami

Henri II « Plantagenêt ». Il doit s’exiler et Louis VII l’accueille malgré l’interdiction proférée par le roi d’Angleterre. En 1165, alors que Louis VII n’a eu que des

filles de ses deux femmes précédentes, il a enfin un fils d’Adèle de Champagne ! La malédiction est vaincue, Louis VII attendait un héritier depuis 28 ans (1137-

1165) !… Né en Aout, son fils Philippe sera surnomé Philippe « Auguste ». Il sera son unique descendance mâle ! En 1168, suite à une rencontre entre les deux

souverains, Henri II « Plantagenêt » obtient l’autorisation de Louis VII de nommer son fils aîné (Henri le Jeune) duc de Normandie et comte d’Anjou, son deuxième

fils (Richard « Cœur de Lion ») duc d’Aquitaine et son troisième fils (Geoffroy) duc de Bretagne (car il est marié à Constance, héritière de Bretagne). En 1169,

Louis VII fiance sa fille Alix avec Richard « Cœur de Lion », fils d’Henri II « Plantagenêt ». La pauvre verra son mariage sans cesse retardé par son beau-père qui la

désohonorera en abusant d’elle ! 1170 voit la mort de Thomas Becket, assassiné en pleine office par des opposants. Henri II « Plantagenêt », Louis VII et le pape en

seront grandement affectés. La lutte entre Becket et le roi d’Angleterre aura duré neuf ans et elle aura tenu en haleine l’Eglise entière. Durant les années 1172-1173,

Louis VII pousse les fils d’Henri II « Plantagenêt » à entrer en conflit contre leur père. Le roi de France tente de profiter de cette rébellion en attaquant la Normandie

mais il y subit un cuisant échec. Louis VII demande piteusement la paix à Henri II « Plantagenêt ». De même, incapables d’agir et de triompher, les fils révoltés

abandonnent Louis VII et se soumettent à leur père. En 1177, Louis VII et Henri II « Plantagenêt » signent un traîté de paix à Nonancourt. En 1179, Louis VII est

atteint de paralysie, alors il décide d’assoir son fils Philippe « Auguste » sur le trône en annonçant qu’il sera son successeur. Alors que Philippe « Auguste » est sacré

et couronné roi, Louis VII est trop malade pour assister à la cérémonie, ainsi qu’Adèle restée à son chevet. Louis VII est devenu complètement grabataire. Il décède

en 1180. Le règne de Louis VII aura été pénible, avec des humiliations mais avec certains points positifs : ébauche d’une structure d’un pouvoir centralisé ; autorité

sur les grands fiefs qui entourent le domaine royal ; gestion humaine et tolérance des juifs. Louis VII a hérité de la couronne alors que son frère aîné semblait plus

taillé pour la gérer. Les Grands n’auraient-ils pas dû donner cette couronne à Robert de Dreux, qui a fondé une dynastie glorieuse ? Comble de malchance, Louis VII

a épousé une femme qui a entâché son honneur – fait très rare à l’époque – et qui ne lui a donné que des filles. Louis VII avait un peu une âme de colombe mais il ne

manquait pas d’humour ni de finesse. Il s’est toutefois montré naïf en n’imaginant pas qu’Aliénor épouserait Henri II « Plantagenêt ». Surtout, il pensait qu’il

pourrait y mettre un veto, mais son pouvoir était trop faible. Il faudra le travail acharné de trois grands rois successeurs (Philippe Auguste, Louis VIII et Saint Louis)

pour arriver à réduire les conséquences de cette lourde erreur. Néanmoins, avec Adèle et Philippe « Auguste », la France y a gagné au change, par rapport à Alienor

et Jean Sans Terre ! Sa pureté d’âme l’a desservi. Il y a du Saint Louis dans Louis VII, avec une grandeur morale qui contraste avec celle de ses ennemis.

Contrairement à son père et à son fils, Louis VII n’a jamais mis d’enthousiasme dans l’exercice de son métier de roi. Il l’a accepté comme un devoir difficile et

ennuyeux – hormis lors de sa croisade qu’il a accomplie avec courage et dévouement.

Aliénor d’Aquitaine : 1122-1137-1204 : son père est le duc Guillaume X d’Aquitaine. Malgré la puissance de Guillaume X et celle des seigneurs aquitains, tous se

reconnaissent vassaux du roi de France. Aliénor devient duchesse d’Aquitaine à la mort de son père en 1127 – elle a 5 ans. Très jeune elle se pose en régente, s’initie

à la politique et les hommes ne lui font pas peur. Pour obéir aux volontés de son père, elle épouse dix ans plus tard, en 1137, Louis héritier du trône de France (il

deviendra roi quelques jours après leur mariage). Elle lui apporte en dot toute l’Aquitaine, qui représente environ un quart de la surface de l’ancienne Gaule !...

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Elevée en Languedoc, elle est à l’opposée de son mari : artiste, gracieuse, cultivée, sensuelle, élégante, hardie au sang chaud, jolie, fine, charmante, lettrée, hautaine,

avec un certain goût pour les chansons d’amour et pour l’aventure. Ces caractéristiques s’accordent mal à l’austérité de son mari chétif, tranquille, réfléchi, très

pieux. Louis est tout de même amoureux de cette femme, qu’il vénère jusqu’à tomber sous son ascendant. Les fêtes post-mariage sont interrompues par la mort de

Louis VI. Aliénor devient donc reine de France en 1137. Elle convaint Louis VII de mener campagne contre Toulouse, ville pour laquelle Aliénor fait valoir ses

droits, prétendument tenus de sa grand-mère. Cette campagne est un échec qu’Aliénor impute à la défection de Thibaut IV de Blois et de Champagne. Lorsque Louis

VII décide de se croiser, Aliénor part avec lui (c’est la 2ième croisade). L’expédition part par voie terrestre en 1147 et, après quelques mois, Constantinople est

atteinte. Alors que Louis VII va d’églises en églises s’agenouiller devant des reliques, Aliénor ne cesse de faire la fête. Les langues se délient : « c’est une reine bien

gaie ! ». Aliénor préfère incontestablement les charmes de Constantinople, aux rudesses des déplacements réalisés dans des conditions très difficiles. En 1148,

Antioche (en Syrie) est finalement atteinte par voie maritime, mais là, Aliénor s’accroche durement avec Louis VII. Elle a probablement été séduite par son jeune

oncle (Raymond de Poitiers), qui est le stéréotype du grand et beau chevalier. Celui-ci la manipule car il s’oppose lui-même à Louis VII. A-t-elle aussi été séduite

par Saladin ? Aliénor est lasse de suivre Louis VII. Lorsqu’elle le lui signifie, il la violente et il l’amène par la force à Jérusalem. C’est alors qu’elle annonce son

intention de divorcer : « j’ai cru épouser un homme, non un moine ». Son goût du luxe ne peut plus s’accomoder de l’austérité de Louis VII. Le couple est divisé, il

n’y a pas d’héritier mâle – seulement deux filles. La croisade est un sanglant échec et le retour en Europe est un cauchemar. La mésentente est totale entre le roi et la

reine, ils ne voyagent même pas dans la même nef. Le pape à Rome les remarie solennellement, les adjurant de demeurer unis. Invoquant un lien de consanguinité

(voir généalogie chapitre suivant), Aliénor a gain de cause et Louis VII doit se résoudre à la séparation – et à la perte de l’Aquitaine (1152). Libre de ne pas avoir eu

de fils de Louis VII, Aliénor regagne ses états pour y vivre en souveraine. Alors qu’Henri « Plantagenêt » (pas encore roi d’Angleterre) est venu prêter hommage au

roi de France (en tant que comte d’Anjou et de Normandie), Aliénor tombe amoureuse et elle l’épouse deux mois après son divorce !! Henri « Plantagenêt » devient

devient donc duc d’Aquitaine (1152). En 1154, ils deviennent roi et reine d’Angleterre. Ils règnent sur un empire « angevin » qui s’étend de l’Ecosse aux

Pyrennées ! Ce territoire est dix fois plus étendu que le domaine capétien de Louis VII !! Alors qu’Henri II « Plantagenêt » bataille sans cesse, Aliénor administre

seule son duché. Elle y tient une cour brillante, riche, pleine d’arts et de finesse. Attirée par les gentilshommes, elle n’en demeure pas moins une souveraine

préoccupée de la chose publique, elle juge et elle légifère. Elle aide aussi son mari à la gestion de l’Angleterre car il est difficile pour les deux époux de gérer et

maîtriser cet immense empire, aux seigneurs parfois turbulents. Entre 1153 et 1166, Aliénor donne naissance à cinq fils et trois filles. En 1166, elle découvre que son

mari a une maîtresse. Bafouée, elle se détâche de lui et, à partir de 1167, elle vit séparée de lui. Elle va alors peu à peu devenir sa pire ennemie... Elle se voue à son

fils aîné « Henri Court Mantel» qui veut se libérer du joug de son père. Poussé par sa mère, il se révolte contre son père. De son côté Aliénor soulève le Poitou

contre son mari, l’Aquitaine flambe. Devant le despotisme de leur père, ses trois autres fils Richard, Geoffroy et Jean, se révoltent à leur tour. Aliénor prend la

décision de les soutenir, par amour maternel, épaulée par Louis VII qui sait où trouver ses intérêts. Ceci causera la perte d’Aliénor : alors qu’elle remonte sur Paris,

elle est capturée à Chinon et elle est livrée à son mari qui se venge en l’emprisonnant derrière les murailles d’un monastère, puis d’un château. Cet emprisonnement

durera neuf ans ! La révolte se disloque, les fils s’inclinent. Pendant l’emprisonnement d’Aliénor, Henri II « Plantagenêt » confie l’Aquitaine à son fils Richard

« Cœur de Lion » (qui a été conçu à Bordeaux). Durant ces années, l’Aquitaine est en proie aux luttes entre Richard « Cœur de Lion » et son frère aîné Henri « Court

Mantel ». Ce dernier meurt en 1183. Henri II « Plantagenêt » libère sa femme assagie qui tente dès lors d’unir de nouveau sa famille. Mais Aliénor est confrontée à

la ruse de Philippe « Auguste » qui a succédé à Louis VII, et qui sème à merveille la discorde dans cette famille turbulente. En 1186, Aliénor perd de nouveau un

enfant, puisque c’est Geoffroy qui meurt accidentellement à la Cour de Philippe « Auguste ». Il ne reste à Aliénor que Richard « Cœur de Lion » (allié à cet instant

au roi de France) et l’incommode Jean, dernier né surnommé Jean « Sans Terre ». Ceux-ci sont manipulés par Philippe « Auguste » contre leur père qui finit par

mourir d’une crise cardiaque en 1189. Cette date signe le début de la liberté totale retrouvée par Aliénor, après seize années de captivité puis de semi-captivité.

Aliénor ne pleurt pas cet époux violent et infidèle. Elle continue à vouer sa vie à la conservation de l’héritage des Plantagenêts et de l’héritage de son sang. Lorsque

Richard « Cœur de Lion » part en Croisade, c’est Aliénor qui régente l’Aquitaine en son nom. En 1192, alors que Richard est prisonnier de l’Empereur à son retour

de croisade, Aliénor convoie elle-même la rançon faramineuse qu’elle remet personnellement à l’empereur. Elle parvient ainsi à faire libérer son fils. Elle a 71 ans !

Dès lors, Aliénor s’emploie à réconcilier ses fils, Richard « Cœur de Lion » auréolé de gloire et Jean « Sans Terre », perpétuel insoumis. Alors qu’elle coule ses

vieux jours, elle est de nouveau endeuillée : Richard est touché par une flèche et se meurt lentement de la gangrène (1199). Malgré son âge avancé, Aliénor accourt à

son chevet mais rien ne peut sauver son fils. Sitôt Richard « Cœur de Lion » décédé, elle soutient les droits contestables de son fils Jean « Sans Terre » face à Arthur

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de Bretagne, son petit fils (voir généalogie ci-après). Pourchassée par les partisans d’Arthur, elle quitte sa résidence de Frontevault (près de Tours) pour être sauvée

in extremis par Jean « Sans Terre » accouru en hâte. Dotée d’une personnalité exceptionnelle, elle s’efforce de maintenir l’unité du double royaume, tombé entre les

mains de son fils incapable, qu’elle se doit de soutenir. Ainsi, depuis Frontevault elle continue de gouverner activement l’Aquitaine et, à presque 80 ans, elle rend

l’hommage à Philippe « Auguste » – fils de son premier mari ! Puis l’indomptable vieille dame descend en Espagne, afin de rendre visite à son gendre (Alphonse

VIII Roi de Castille) et sa fille (Aliénor d’Angleterre). Ils ont trois filles, dont Blanche de Castille (voir généalogie ci-après), qu’Aliénor doit ramener en France, afin

de la fiancer à Louis de France (futur Louis VIII). Ce projet d’alliance devait mettre un terme provisoire à l’affrontement entre la France et l’Angleterre...

Finalement Aliénor se fixe à l’abbaye de Frontevrault qui deviendra la nécropole des Plantagenêts. La guerre intestine qui déchire les terres angevines et bretonnes,

la perversité du cruel et instable Jean « Sans Terre » et la conquête de la Normandie par le roi de France assombrissent les dernières années de la vieille dame. Elle

décède peu après en 1204 à 82 ans. Elle repose entre Henri II « Plantagenêt » et Richard « Cœur de Lion » qui auront été les deux amours de sa vie. Deux ans après

la mort d’Aliénor, Philippe Auguste rentre à Poitiers et il reçoit l’hommage des principaux seigneurs du Poitou, de la Saintonge, du Limousin et du Perigord.

L’Aquitaine (appelée aussi Guyenne) ne s’étend plus que de Bayonne à la Dordogne, avec Bordeaux comme capitale. Aliénor a eu une vie incroyablement dense et

riche. Elle fut une femme politique exceptionnelle. Elle fut l’animatrice de la vie intellectuelle de son temps. L’âme des troubadours, de la duchesse et cette province

d’Aquitaine font dorénavant partie du patrimoine français.

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Henri II d’Angleterre « Plantagenêt » : 1133-1154-1189 : il est le fils de Mathilde « l’Emperesse » (surnommée ainsi car elle est la jeune veuve de l’empereur Henri

V) et de Geoffroy V « Plantagenêt », comte d’Anjou et de Normandie très puissant. Il est né en France, et il mourra en France : c’est un souverain anglais très

français ! Il participe aux efforts de sa mère pour reprendre le trône d’Angleterre usurpé par Etienne de Blois (voir chapitre précédent et annexe 3). A l’âge de 17

ans, il est fait duc de Normandie. Il hérite de l’Anjou en 1151, à la mort de son père. En 1152, il épouse Aliénor d’Aquitaine fraîchement divorcée de Louis VII.

Deux ans plus tard, à la mort d’Etienne de Blois, il hérite du trône d’Angleterre conformément à l’accord que sa mère avait obtenu afin de cesser la guerre de

succession qui ensanglantait la famille. L’empire d’Henri II « Plantagenêt » est immense. Cette puissance crée une tension avec l’empereur Frédéric Barberousse.

Henri II « Plantagenêt » se montre énergique et parfois brutal. Il cherche à récupérer les terres et les privilèges de son grand-père Henri 1er. Il restaure

l’administration royale devastée par la guerre civile et il rétablit l’autorité de la couronne sur le Pays de Galles et sur ses possessions continentales. Son règne se

Henri II d’Angleterre « Plantagenêt »

1133 (Le Mans) -1189 (Chinon)

Comte d’Anjou, du Maine, à la mort de son père (1151)

Comte de Tourraine

Duc de Normandie (1150 – apanage de son père) Duc d’Aquitaine (1152- mariage avec Aliénor)

Roi d’Angleterre (1154-1189) par accord entre Etienne et Mathilde

Ep Aliénor d’Aquitaine (1152) dite Eléonore de Guyenne

Geoffroy VI d’Anjou

1134-1158

Comte d’Anjou, du Maine, de Nantes Sans postérité

8 enfants dont

Henri le Jeune Roi « Court Mantel » 1155-1183

Roi d’Angleterre adjoint à son père

(1170-1183)

Ep Marguerite de France – fille de Louis VII (1158)

Richard 1er « Cœur de Lion »

1157-1199 Roi d’Angleterre (1189-1199)

Duc de Normandie (1189-1199)

Duc d’Aquitaine (1189-1199) Comte de Poitiers, du Maine, d’Anjou

Ep Bérengère – fille du roi de Navarre Sanche VI (1191)

Geoffroy « Plantagenêt »

ou Geoffroy II de Bretagne

1158-1186 Duc de Bretagne (fiancailles 1169)

Ep Constance de Bretagne (1181)

Aliénor d’Angleterre 1161-1214

Ep Alphonse VIII de Castille (1177)

Blanche de Castille

1188-1252

Reine de France (1200-1252) Ep Louis VIII roi de France

Mère de Louis IX roi de France

Jeanne d’Angleterre

1165-1199

Reine de Sicile Comtesse de Toulouse

Ep Guillaume II roi de Sicile (1177)

Ep Raymond VI de Toulouse (1196)

Jean d’Angleterre dit Jean « Sans Terre »

1166-1216

Roi d’Angleterre (1199-1216)

Duc de Normandie (1199-1204)

Ep Isabelle de Gloucester (1189)

Ep Isabelle d’Angoulême (1200)

Henri III « Plantagenêt »

1207-1272 Roi d’Angleterre (1216-1272)

Duc d’Aquitaine (1216-1272)

Ep Eléonore de Provence

Aliénor d’Aquitaine ou Eléonore de Guyenne

1122-1204 (Poitiers)

Duchesse d’Aquitaine (1137-1204) Reine de France (1137-1152)

Reine d’Angleterre (1154-1189)

Ep Louis VII roi de France (1137) Ep Henri II d’Angleterre « Plantagenêt » (1152)

Arthur 1er de Bretagne

Plantagenêt 1187-1203

Duc de Bretagne (1201-1203)

Héritier du trône d’Angleterre Assassiné sur ordre de Jean

Sans Terre

Mathilde « l’Emperesse » 1102-1167

Petite fille de Guillaume le Conquérant Impératrice du Saint Empire Romain Germanique

Comtesse d’Anjou (1128)

Duchesse de Normandie (1141 – conquête de Geoffroy) Héritière du trône d’Angleterre mais trône usurpé par Etienne de Blois

Ep Henri V du Saint Empire (1114)

Ep Geoffroy V « Plantagenêt », Comte d’Anjou, de Normandie, fils de Foulques V (1128)

3 enfants dont

CAPETIENS PLANTAGENETS

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complique lorsqu’Henri II « Plantagenêt » se fâche avec son chancelier et ami Thomas Becket qui fuit en France. De plus, une « guerre froide » est ouverte avec

Louis VII qui voit la puissance Plantagenêt d’un mauvais œil. Les ennuis du monarque anglais vont s’accroître. Le temps passant, son despotisme et sa rapacité

deviennent insupportables. Son empire a moins de solidité que d’étendue : il n’y a aucune identité d’intérêt entre l’Angleterre et les prolongements de la France qui

constituent une accumulation de vastes fiefs hétérogènes. Henri II « Plantagenêt » est un organisateur remarquable, un stratège de talent, un diplomate averti. Mais

enivré de son omnipotence, aveuglé par sa réussite constante et habitué à aucune resistance, il va accumuler deux erreurs : la mort de Thomas Becket et sa séparation

avec Aliénor. Il humilie Aliénor qui fut toujours pour lui une alliée et une maîtresse. Elle va devenir son pire ennemi, d’autant plus qu’elle va se montrer excellent

« homme d’état ». Concernant le conflit avec Thomas Becket, Louis VII joue les médiateurs mais Becket est finalement assassiné par quatre hommes qui ont voulu

plaire à Henri II « Plantagenêt ». Thomas Becket devient un Saint, un martyr. Le souverain anglais, quant à lui, continue à tyraniser sa famille et ses proches. Ses fils

haïssent leur père et ils se detestent entre eux. En 1173, Aliénor et ses fils (alliés à Louis VII) s’insurgent contre leur père. Celui-ci mate ses fils, capture Aliénor puis

il l’envoie en lieu sûr. En 1177, il se montre menaçant envers la monarchie capétienne : le pape le menace d’interdit alors Henri II « Plantagenêt » calme ses

prétentions. En 1180, Louis VII décède. Henri II « Plantagenêt » va se retrouver confronté à son plus jeune rival : Philippe « Auguste ». Etre abjecte, il avait promis

Alix, soeur de Philippe « Auguste », à son fils Richard « Cœur de Lion ». Lorsque celle-ci arrive à Londres, le mariage est sans cesse retardé et le roi finit par la

violer puis par la séquestrer ! Par le traité d'Azay-le-Rideau en 1189, Henri II « Plantagenêt » doit reconnaître son fils Richard « Cœur de Lion » comme seul

héritier. Il meurt seul, quelques jours plus tard, dans son château de Chinon.

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Consanguinité entre Henri II Plantagenêt, Alienor d’Aquitaine et Louis VII – La triple descendance de Robert II le Pieux :

Aliénor d’Aquitaine et Louis VII ont divorcé en 1152, en invoquant une clause de consanguinité. En fait, leur mésentente ne faisait plus de doute à leur retour de

croisade. Aliénor se remarie deux mois plus tard avec le plus grand ennemi de Louis VII. Poutant Henri II « Plantangenêt » et Aliénor ont aussi un lien de

consanguinité d’un degré tel que leur mariage aurait dû être interdit ! Les deux cousins n’en ont que faire et ils défient le roi français – leur cousin aussi. Néanmoins,

leur union ne sera pas de tout repos : séparation, emprisonnement et même guerre, par l’intermédiaire de leurs fils !

34 - Robert II le Pieux

972-996-1031

Roi de France Ep3 Constance d’Arles

35 - Henri 1er

1006-1031-1060 Roi de France

Ep3 Anne de Kiev

Robert 1er 1032-1076

Duc de Bourgogne en 1075

Adélaïde

Ep Baudouin V Comte de

Flandre 1036-1067

37 - Louis VI Le Gros

1081-1108-1137

Roi de France Ep Adèle de Savoie

38 - Louis VII Le Jeune

1120-1137-1180

Roi de France Ep Aliénor d’Aquitaine 1137

Ep Constance de Castille 1154

Ep Adèle de Champagne 1160 - Fille du Comte de Champagne et de Blois

Thibaut IV

36 - Philippe 1er

1052-1060-1108 Roi de France

Ep Berthe

Alcarède

Ep Guillaume VIII d’Aquitaine

1058-1086

Guillaume IX

Duc d’Aquitaine 1086-1127

Guillaume X

Duc d’Aquitaine

1127-1137

Aliénor Duchesse d’Aquitaine

1137-1204

Mathilde

Ep Guillaume Le Conquérant

Roi d’Angleterre 1066-1087

Henri 1er

Roi d’Angleterre 1100-1135

Mathilde

Reine d’Angleterre

1135-1137

Ep Geoffroy V « Plantagenêt »

Henri II « Plantagenet »

Duc d’Anjou

Roi d’Angleterre 1154-1189

BRANCHE

CAPETIENNE

BRANCHE

ANGLAISE

BRANCHE AQUITAINE

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PHILIPPE II « AUGUSTE », SA DESCENDANCE, SES PROCHES :

Philippe II dit « Auguste » ou « Le Conquérant » : 1165-1180-1223 : sa mère est Adèle de Champagne (fille du puissant Thibaut IV de Blois et de Champagne - voir

chapitre précédent) et Louis VII est son père (troisième et dernier mariage). Philippe est leur fils unique. Né au mois d’Août, il sera surnommé « Auguste ». Sa

naissance est presque miraculeuse car Louis VII attendait ce fils depuis près de trente ans ! En 1179, son père Louis VII est mourant (paralytique) et il ne peut plus

régner. Il décide alors d’associer son fils au trône et il annonce qu’il sera son successeur. Lors d’une chasse, Philippe se perd en forêt de Compiègne et il erre

plusieurs heures dans la nuit. Ce moment dramatique de sa vie et la frayeur qu’il a eue auront probablement des répercutions toute sa vie sur son anxiété et sa

nervosité. Philippe Auguste est couronné à la Toussaint et il devient Philippe II. Son père est tellement malade qu’il ne peut pas être présent et Adèle est restée à son

chevet ! Philippe II co-règne avec son père devenu grabataire. Louis VII meurt en 1180. Il laisse à son fils un royaume relativement prospère, mais ridiculement

petit, composé de l’Ile de France, l’Orléanais, une partie du Berry et quelques autres fiefs éparses sur lequels le pouvoir de Philippe II est restreint. Ce royaume est

directement menacé par la Flandre (au nord), la Champagne (à l’est), la Normandie (à l’ouest), la Bourgogne (au sud). Philippe II tente de maintenir ces forces les

unes contre les autres, mais l’empire Plantagenêt (au sud-ouest) est très dangereux. Champenois de la famille d’Adèle et Flamands de la famille du comte de Flandre

(son parrain) se disputent la tutelle du jeune roi, dont les débuts sont terribles. Il est peu lettré, mais réaliste, perspicace, avec un certain sens politique. Il montre très

vite un caractère hors du commun, où intelligence rivalise avec volonté. Afin de renflouer les caisses de l’Etat, en 1180, il spolie les juifs sous l’excuse qu’ils

pratiquent l’usure aux détriments des chrétiens. Il leur confisque leurs biens et leur argent. Afin de se libérer du joug familial, il organise en secret son mariage avec

Isabelle (écrit aussi « Ysabelle ») de Hainaut, fille de Beaudoin de Hainaut et nièce de Philippe d’Alsace comte de Flandre. Le mariage clandestin est prononcé.

Isabelle n’a que neuf ans mais elle lui apporte l’Artois en dot ! Adèle et ses frères (clan Champenois, oncles de Philippe II) sont outrés. Ils percoivent dans cette

« surprise » la volonté du jeune roi de France (qui est encore mineur !) de s’émanciper et de ne pas tomber sous leur joug. Philippe II et Isabelle se font recouronner,

afin d’officialiser leur statu de roi et de reine. Adèle souhaite réagir mais pour cela elle doit s’éloigner momentanément. Or son fils perçoit cette manœuvre. Il lui

interdit tout déplacement et il lui confisque ses revenus ! Adèle doit alors compter sur le roi d’Angleterre, Henri II « Plantagenêt », pour l’aider à soumettre ce fils

indomptable et écarter les Flamands qui l’entourent. Le souverain anglais arrive en Normandie pour une entrevue avec Philippe II qui n’a que quinze ans.

39 – Philippe II « Auguste »

ou « Le Conquérant »

1165-1180-1223 (Mantes)

40 – Louis VIII

1187-1223-1226 Ep Blanche de Castille 1200,

fille d’Alphonse VIII de Castille et petite-fille d’Aliénor d’Aquitaine

Marie 1198-1224

Ep Philippe 1er Comte de Namur puis

Henri 1er Duc de Brabant

Philippe Hurepel 1201-1234

Comte de Clermont de de Boulogne

Ep en 1216 Mathilde de Dammartin, fille du Comte de Dammartin rebelle

Ingeburge de Danemark 1176-1193-1236

Isabelle de Hainaut

Comtesse d’Artois

1170-1180-1190

1er mariage 2eme mariage

Sans postérité

Agnès de Méranie

1172-1196-1201

3eme mariage

38 – Louis VII Le Jeune

1120-1137-1180 Ep Aliénor d’Aquitaine 1137

Ep Constance de Castille 1154

Ep Adèle de Champagne 1160

Adèle de Champagne 1140-1160-1206

Ep Louis VII en 1160

Fille du Comte de Champagne et de Blois Thibaut IV

NB1 : de ce mariage nait de plus une fille : Agnes de France, sœur de

Philippe Auguste, mariée à l’empereur de Byzance puis de Constantinople.

NB2 : des 2 premiers mariages de son père Louis VII, Philippe Auguste a 4

demi-sœurs et aucun demi-frère.

NB3 : comme son père, Philippe Auguste s’est marié 3 fois. La principale

différence est qu’il a eu un héritier mâle de son premier mariage.

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L’intelligence, le respect et la conciliation sont de mise. Les deux rois signent un traîté de paix et ils scellent le mariage de Philippe II ! Le comte de Flandre souhaite

profiter de son influence sur sa nièce et son filleul, mais celui-ci se désolidarise de lui. Tous ont dorénavant compris que Philippe II joue seul ! Une alliance

naît entre comtes de Flandre, de Champagne, de Bourgogne et de Hainaut (beau père de Philippe II !). Quelques batailles ont lieu entre cette alliance et Philippe II,

Henri II intervenant en arbitre. Philippe II arrive à détâcher les Champenois et le comte de Hainaut de l’alliance. Philippe d’Alsace, comte de Flandre, prend les

armes et il défie le roi qui le vainc et le soumet (1185). Suit le comte de Bourgogne, qu’il soumet aussi à son tour par des amendes et des confiscations. Alors que

son chancelier meurt, Philippe II refuse de le remplacer, à la stupéfaction générale. Le roi a moins de vingt ans et déjà sa réputation de chef est faite. Les hautains

Plantagenêts et les feudataires indomptés de Champagne, de Flandre et de Bourgogne acceptent sa supériorité. Philippe II « Auguste » plaît déjà au pleuple car

l’exécution suit la décision. Il y a en lui une parfaite fusion entre l’intérêt publique et le profit personnel. Il aime la bonne chère, les femmes et le vin. Il montre une

grande sévérité avec les grands mais une bienveillance envers les humbles. Il montre des qualités remarquables : absence de cruauté, générosité, fidélité à la parole

donnée, jugement rapide et sûr, ambition, goût de l’intrigue, obstination dans ses desseins, duplicité, absence de scrupules, très grande émotivité (séquelle de la nuit

en forêt de Compiègne ?) mais encore une certaine propension à la colère. Philippe II a pour capitale Paris qui est la ville des Capétiens. Il fait entamer la

construction de Notre Dame, du Louvre ainsi que divers aménagements (pavages, approvisionnements d’eau…). Philippe II rêve de s’attaquer à Henri II

« Plantagenêt » en jouant sur le droit, ou sur ses fils (Geoffroy est mort mais restent Richard « Cœur de Lion » et Jean « Sans Terre »), afin de trouver un « casus

belli » légitime. De son côté, Adèle prépare la perte de sa brue qui tiraillée entre son royal mari et son père Thibaut IV qui a signé un traîté avec le comte de Flandre.

Alors que le pape souhaite croiser Philippe II et Henri II, une guerre tripartite reprend en Languedoc, entre Philippe II allié à Richard « Cœur de Lion » contre Henri

II. En effet, le fils a trahi le père ! Henri II « Plantagenêt » est vieux et usé. Il est aux abois car il est poursuivi par Philippe II et Richard « Cœur de Lion ».

Finalement rattrappé, il doit se soumettre et il promet d’honorer la suzeraineté capétienne sur ses possessions ! De plus, il cède quelques territoires et il reconnaît son

fils Richard comme seul héritier. Henri II « Plantagenêt » décède peu après (en 1189) d’une gangrêne sèche. Richard 1er « Cœur de Lion » récupère intégralement les

territoires se son père, alors que Philippe II aurait préféré que les deux s’entretuent… C’est un semi échec car les deux alliés d’hier vont devenir rivaux. En 1190,

Isabelle du Hainaut, femme de Philippe Auguste et mère de Louis (futur Louis VIII, qui n’a que trois ans) décède. Pendant ce temps, la perte des Lieux Saints

retentit comme un coup de tonnerre en Occident. Philippe II se tourne vers Richard 1er (son nouveau meilleur ennemi !) pour établir un traîté de collaboration et de

paix en vue d’une prochaine croisade à laquelle l’Empereur Barberousse est déjà parti. Si Richard 1er rêve d’y briller, Philippe II y va à contre cœur. Il nomme deux

régents : sa mère Adèle et son oncle l’archevêque de Reims, alors qu’ils s’étaient dressés contre lui quelques années auparavant. Philippe II et Richard 1er partent en

croisade en 1190, en séjournant en Italie. Là, un scandale éclate : Richard 1er refuse d’épouser Alix, sœur de Philippe II, car il avoue que son père Henri II a eu un

fils illégitime d’elle ! Honte pour le Capétien ! Celui-ci propose cependant à Richard 1er d’épouser sa sœur Jeanne, mais ce dernier refuse ! Nouvelle humiliation…

En Italie, la situation est explosive entre Français, Anglais et Siciliens. En 1191, bien que malades, Philippe II et Richard 1er arrivent à prendre Saint Jean d’Acre.

Philippe d’Alsace meurt au combat. Ses fiefs (l’Artois et le Vermandois) vont revenir à la couronne. Trop faible pour rester car il est atteint de la typhoïde, Philippe

II quitte la Terre Sainte après seulement trois mois. Il revient fin 1191 mais Richard 1er, par contre, reste en Orient. Ce retour est quelque peu déshonorant pour le roi

de France qui est critiqué par Richard 1er. Philippe II avait-il peur de finir empoisoné ou victime d’un attentat commandité par Richard 1er ? Craignait-il la conivence

entre Richard 1er et Saladin ? Philippe II donne l’instruction à ses hommes restés sur place de nuire à Richard 1er, plus qu’autrechose !... Il souhaite secrètement

dépouiller le souverain anglais de ses terres en France, alors qu’il avait prêté serment sur l’Evangile avant de se croiser ! Dès lors, il profite de l’absence de Richard

1er pour se rapprocher de Jean « Sans Terre » qui rêve de s’émanciper de son frère. Alors que Richard 1er rentre de la croisade, il est fait prisonnier par l’empereur

Henri VI. Philippe II soudoie l’empereur pour qu’il maintienne Richard en captivité ! Alors qu’il va se marier avec Ingeburge, Philippe II obtient de son futur beau

frère Knud le prêt de sa flotte pour transporter l’armée française, en vue d’une conquête de l’Angleterre. Malheureusement, le plan échoue puisque Richard 1er

achète sa liberté : grâce à la rançon récoltée par sa mère Aliénor, il est libéré et il peut rentrer. Il pardonne à son frère mais il veut en finir avec Philippe II. Pour cela,

il agit en coulisse en liguant les barons contre leur roi, notamment Dammartin, comte de Boulogne. Philippe II décide d’attaquer Richard 1er en Normandie mais il

subit de lourdes pertes, notamment contre Beaudoin Comte de Flandre et de Hainaut. En 1195, après quelques escarmouches et des traîtés plus ou moins humiliants,

une trêve est signée mais elle est cassée en 1196. Par certains décès de proches et des passassions de pouvoir défavorables, Philippe II se retrouve de plus en plus

isolé, et moins soutenu. Le royaume est de nouveau menacé de toute part. Philippe II doit alors faire face à une ligue menée par Richard Cœur de Lion, Boulogne,

Flandre, Brionne, Guines, Perche, Blois, Toulouse et Louvrain. La situation est grave, les luttes tournent à la faveur des Anglais alliées à de nombreux barons alliés.

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Philippe II manque d’être capturé par Richard 1er mais il parvient à signer une trêve, qui lui est cependant très défavorable. Il est presque ruiné, les Capétiens

regressent ! En 1099, alors que Philippe II est en mauvaise posture, menacé de toute part, Richard Cœur de Lion est touché par une flèche d’arbalète alors qu’il

assiègeait une forteresse dans le Limousin. Il meurt de la gangrène dans les bras de sa mère Aliénor d’Aquitaine accourue à son chevet. Cette mort inéspérée est

comme une deuxième naissance pour Philippe II ! Les prétendants à la succession sont Jean « Sans terre » et Arthur de Bretagne (son neveu - voir généalogie au

chapitre précédent), mais les barons anglais écartent Arthur car il est dans la main de Philippe II. Jean succède donc à son frère en 1199. Ame vile et caractère de

basse intrigue, il malmène ses vassaux d’Aquitaine, d’Anjou et de Poitou. Les barons d’Aquitaine refusent de le reconnaître et ils se regroupent, encouragés par

Philippe II qui soutient Arthur de Bretagne. Menacé, Jean signe en 1200 un traîté de paix laissant à Philippe II quelques terres et la suzeraineté sur les possessions

plantagenèses. Le roi de France profite de la trêve signée pour lui faire sournoisement tous les honneurs propres à son mariage honteux avec la fiancée volée à

Lusignan… Sur la demande de Lusignan, Philippe II assigne peu après Jean à comparaître pour donner réparation à Lusignan, mais aussi sous les griefs de vassal

félon. Jean ne vient pas ! Philippe II décrète alors la confiscation des terres du monarque anglais. Pire : Jean fait enlever Arthur de Bretagne, qui est retrouvé mort

peu après (1203). La Bretagne est furieuse, l’opinion indignée. Jean s’enfuit en Angleterre. 1203 est marquée par de nombreuses campagnes victorieuses pour

Philippe dans les fiefs de Jean. En 1204, Philippe II prend la forteresse de Château Gaillard, réputée imprenable, aux portes de la Normandie et il envahit le duché,

sans que Jean ne réagisse !! Alors que Philippe II reconquiert le Poitou, la Tourraine et la Saintonge, les barons anglais commencent à redouter une invasion

française ! Par la force mais aussi par l’argent (à Rouen, par exemple), Philippe reconquiert les possessions anglaises : Anjou, Normandie, Aquitaine Touraine puis,

en 1206, la Bretagne. En 1206, afin d’endiguer cette reconquête, Jean intervient enfin dans le Poitevin. Il se retrouve face à Philippe II mais il capitule. En 1208, il

ne lui reste plus que la Gascogne et La Rochelle ! Néanmoins, Philippe II doit faire face à l’hérésie albigeoise (voir ci-après) mais il ne participe pas à la croisade

anti-Cathare où se joignent nombre de seigneurs de toute l’Europe. Philippe II reste attentif aux affaires internes. Il attend son heure mais il voit d’un mauvais œil

l’élection de l’Empereur Othon, allié à Jean Sans Terre. Le pape, menacé par l’Empereur, destitue Othon et il nomme Frédéric de Hohenstaufen Empereur, qui

s’empresse de s’allier à Philippe II. Ce dernier sanctionne Renaud de Dammartin comte de Boulogne, pour ses contacts malsaints avec Jean. Son duché lui est

confisqué. Pour se venger, le comte de Boulogne coalise avec le comte de Bar, des Flamands, Ferrand comte de Flandre, ainsi que les comtes de Hollande et de

Lorraine. Puis il rencontre l’empereur Othon qui le mandate auprès de Jean, son allié. Une alliance européenne hostile à Philippe II est signée en 1212. Le projet est

d’attaquer Philippe II, simultanément, sur tous les fronts !! Philippe II se décide à agir. Avec le support du pape, il organise une expédition contre Jean Sans Terre

afin d’envahir l’Angleterre, mais celle-ci est annulée à la dernière minute par le pape ! Ce revirement rend Philippe II furieux. A la tête de cette immense armée, il

décide d’aller mater Ferrand en Flandre donc il longe les côtes du nord. Ferrand feint de se soumettre, mais il coalise avec Dammartin et Jean Sans Terre, dont les

troupes basées dans le sud-ouest remontent vers celles du roi de France. Epaulé par son fils Louis, Philippe II est face à Damartin et à Ferrand en Flandre où de

nombreuses villes sont dévastées et pillées, les habitants massacrés. Louis échappe lui-même de peu à la mort ! Pendant ce temps, Jean poursuit sa montée en ralliant

les villes d’Aquitaine. La puissante coalition rassemblée par Dammartin lors de l’alliance de 1212 planifie son attaque. Les forces en présence sont inégales : 10000

chevaux et 30000 fantassins du côté confédérés contre 5000 chevaux et 20000 fantassins du côté royal. L’Aragon et le Portugal se joignent à cette coalition pour

attaquer les fiefs de Philippe II dans le sud. La défaite française semble inéluctable. A ce titre, le partage des terres royales a déjà été prévu dans le traîté d’alliance

de 1212 ! La France est menacée d’un véritable dépeçage ! Philippe II décide d’envoyer Louis vers le sud-ouest pour contrer la remontée anglaise en Poitou. Louis

se montre vaillant et il repousse Jean Sans Terre lors de la bataille de la Roche Aux Moines. Jean s’enfuit et Louis le bloque dans le Sud-Ouest, pour empêcher toute

jonction avec les troupes de l’empereur Othon. Les troupes de Philippe II rencontrent celles de la coalition en 1214, lors de la grande bataille de Bouvines. L’avenir

de l’Occident va se jouer, dans un combat qui dure tout un jour, où le rapport de force est de un contre trois. Durant ce terrible combat, Philippe II frôle la mort. Il est

sauvé par un de ses hommes, alors qu’il est tombé de cheval. Le roi de France ressort vainqueur contre Othon qui fuit à la fin des combats (il perdra son trône et

finira par mourir en déchéance en 1218). Ferrand et Dammartin sont faits prisonniers. Le premier restera captif pendant treize ans, le second jusqu’à sa mort en

1227.

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Après le succès de Bouvines, l’aura de Philippe II « Auguste » atteint son apogée. Il a probablement sauvé la France, son royaume ! Il part rejoindre Louis vers le

sud-ouest, afin d’en finir avec Jean. Celui-ci est de nouveau sauvé par une intervention du pape ! Il a juste le temps de signer un traîté de paix, dans lequel il renonce

à toutes ses possessions françaises – excepté Saintonge et Gascogne. Puis il s’enfuit de Bordeaux vers l’Angleterre ! Cette même année, dans le sud à Muret, le Roi

Pierre II d’Aragon est vaincu et tué par Simon de Montfort, parti en croisade contre les Cathares et demeuré fidèle au roi de France. Les trois principales menaces de

Philippe II (l’empereur Othon, Pierre d’Aragon, Jean « Sans Terre ») sont balayées ! La terrible bataille de Bouvines est la dernière pour Philippe II. Il ne revêtra

plus l’armure, mais il coordonne, supervise et s’informe depuis Paris. Il suit en particulier les agissements de Simon de Montfort qui est en train de conquérir le sud-

ouest, région qui pourrait éventuellement retomber à terme dans le domaine royal. Philippe Hurepel (fils d’Agnès de Méranie, demi-frère de Louis) se voit attribué le

titre de comte de Boulogne à la place de Dammartin, en épousant sa fille qui est héritière du Comté. En 1216, Philippe II assiste à l’expédition anglaise de son fils

Louis contre Jean Sans Terre qui est désavoué par les barons anglais. Il feint de désapprouver cette manœuvre pour cacher ses ambitions, mais un succès de son fils

pourrait concrétiser la suprématie capétienne. Malheureusement, ce plan se solde par un échec : Jean Sans Terre meurt au moment où Louis part, et les barons

anglais approuvent l’avènement d’Henri III à la place du capétien ! L’Angleterre lui échappe mais Philippe II salue tout de même le retour de son fils en France.

Néanmoins, il devine que la santé fragile de Louis va lui jouer des tours et il devient soucieux de la transition royale. Il prend son petit fils Louis (futur IX) sous sa

coupe et il lui enseigne certains fondamentaux du pouvoir. Son petit fils est né en 1215, un an après Bouvines. Il aura huit ans à la mort de son grand-père, qui l’a

beaucoup marqué. Philippe II envoie son fils superviser les agissements de Simon de Montfort, puis de son fils Amaury de Montfort qui lui succède dès son décès.

En 1222, Philippe II récupère les terres du sud-ouest abandonnées par Amaury de Montfort qui souhaite se retirer. Le royaume capétien s’étend dorénavant

jusqu’aux Pyrénnées ! Génie politique, patience, manœuvre : épaulé par son fils, Philippe II a réussi à renverser une situation qui paraissait totalement compromise.

Cette même année, Philippe II tombe malade. Il fait probablement une rechute du paludisme qui l’avait frappé à Saint Jean d’Acre. Il décline lentement, en

surveillant ses derniers ouvrages. En 1223, il est pris de fièvre et bien qu’essayant de ne rien changer à ses habitudes (activité, bonne chère, grosse alimentation) son

état empire. Ses dernières paroles sont adressées à son fils Louis qui n’est pas encore roi, et pour Ingeburge qu’il a trop fait souffrir (voir ci-après). Il décède

La bataille de Bouvines en 1214 - un moment clé de notre histoire :

Ce village, jadis appelé Pont-à-Bouvines, est situé entre Lille et Tournai, à quelques kilomètres de la frontière franco-belge.

Une puissante coalition s’était formée contre Philippe II, ce « roitelet », comme le nommaient ses ennemis. Elle regroupe les

plus puissants princes d’Europe : Othon IV de Brunswick, Jean Sans Terre, roi d’Angleterre, Ferrand de Portugal, comte de

Flandres, Renaud de Damartin, comte de Boulogne. Elle attire également d’influents barons français, mécontents de

l’autoritarisme du roi. Le dimanche 27 juillet 1214, l’armée française doit emprunter le pont de Bouvines. Othon décide de

lancer l’agression sur l’arrière-garde française. Philippe II est dans l’obligation d’engager la bataille. La victoire du roi, dont

les troupes sont pourtant en nombre inférieur et moins aguerries, est sans doute remportée par la supériorité stratégique, la

cohésion des soldats et de leurs chefs, par les prouesses techniques des chevaliers français qui étaient considérés comme les

meilleurs tournoyeurs de leur temps. L’effet de surprise joue aussi un grand rôle dans ce succès presque miraculeux, au cours

duquel le roi de France est désarçonné et sauvé in extremis de l’égorgement (image ci-contre).

Cette bataille évite le dépeçage de la France. Elle a des conséquences déterminantes à l’étranger et en France. Otton perd sa

couronne, les comtes de Flandres et de Boulogne sont emprisonnés et Jean sans Terre, dépossédé de ses territoires, cesse les

hostilités contre la France pour regagner l’Angleterre, totalement déconsidéré.

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finalement à Mantes, en 1223, à 58 ans, après 43 ans de règne. Il laisse des legs considérables aux Hospitaliers, aux Templiers, à Ingeburge, à Philippe Hurepel, et au

roi de Jérusalem (pour se faire pardonner d’avoir dû abandonner sa croisade ?). L’héritage de Philippe II « Auguste » est lourd à porter. Roi glorieux, il a étendu ses

possessions au détriment de l’empire Plantagenêt dont il ne reste en France que la Gascogne. Grâce à leur génie politique les Capétiens ont réussi à gagner de

nombreuses provinces qui étaient passées sous contrôle anglais. Il laisse à son successeur un trésor royal décuplé, une population croissante, un essor industriel,

commercial et agricole. En 1223, le royaume n’est plus une mosaïque de fiefs qui risquaient l’envahissement et sans accès à la mer. Le domaine royal est agrandi du

Vexin, du Berry, de l’Auvergne, des comtés d’Artois, d’Evreux, de Melun, de Normandie, de la Tourraine, du Maine, de l’Anjou, du Poitou, du Vermandois, du

Valois, d’Alençon et d’une partie du sud-ouest. L’empire anglo-angevin est disloqué et les fiefs vassaux subsistants dépendent directement du roi de France. Celui-ci

possède dorénavant un vrai pouvoir central et il représente l’Etat, sans toutefois tomber dans le despotisme. Philippe II s’est efforcé de règner avec un grand réalisme

constamment en éveil, sans chimère, avec intelligence, obstination, ruse, voire cynisme. Il a fait de Paris sa capitale. De ville ouverte et prenable, il en a fait une

ruche bourdonnante et prospère, renforcée, protégée, surplombée par Notre Dame qui est sortie de terre grâce à lui.

Philippe II « Le Conquérant » :

Philippe II « Auguste » mérite bien son autre surnom de

« Conquérant ». Il est couronné en 1180 dans un pays coupé en

deux, dont une moitié est vassale de la couronne mais sous la

suzeraineté des Plantagenêts. Les fiefs royaux sont ridiculement

petits.

Par ses alliances mais surtout par ses reconquêtes armées, il

parvient à considérablement agrandir le domaine royal mais il

ramène aussi de nombreux fiefs dans la mouvance de la

couronne. Il récupère entre autres :

- des fiefs des Plantagenêts (dont la Normandie, le Poitevin,

l’Anjou, le Maine, la Touraine), le Vexin et l’Artois qui

dorénavant lui appartiennent

- la Bretagne, l’Auvergne, le Berry, le Comté de Toulouse et

une partie du Sud-Ouest qui deviennent vassaux de la

couronne

Seuls quelques domaines Plantagenêts subsistent dans le sud-

ouest. La mort prématurée de Richard « Cœur de Lion », la

faiblesse de Jean « Sans Terre » et de son successeur Henri III

ont aidé Philippe Auguste qui a frôlé la catastrophe avant et

pendant Bouvines. Cette victoire de Bouvines en 1214 a été le

grand succès territorial de Philippe II « Auguste » qui a repris

nombre des domaines de ses ennemis vaincus. Il a, en fin de

compte, quadruplé la superficie du domaine royal !

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La vie sentimentale cahotique de Philippe II « Auguste » :

Philippe épouse Ysabelle (ou Isabelle) de Hainaut – comtesse d’Arois - en cachette en 1180, juste après avoir pris la couronne. A cause de la position ambigüe du

père d’Ysabelle qui menace la couronne, la situation entre les époux dégénère, d’autant plus qu’ils n’ont pas d’enfant. La malheureuse Ysabelle n’a que 14 ans !!

Elle arrive à obtenir la rupture entre son père et le dérangeant comte de Flandre, mais ce dernier envahit le Hainaut ! De par la situation plus claire de son père, la

situation s’assainit et l’amour renaît tout de même entre Philippe II et Ysabelle. En 1187 naît le futur Louis VIII. Ysabelle meurt en 1189 en mettant au monde des

jumeaux qui ne survivent pas. Elle n’avait pas vingt ans. Philippe II songe à se remarier avec Ingeburge, la sœur du roi de Danemark. Elle semble être un bon parti.

Elle a 18 ans, Philippe II en a 28. Ils se rencontrent à Amiens en 1193 et ils se marient immédiatement. Rapidement, Philippe II souhaite la séparation car il se sent

mal à l’aise avec elle. Il aurait eu des défaillances sexuelles qu’il assimile à de la sorcellerie ! Il obtient presqu’immédiatement la séparation par une assemblée

d’évêques complaisants, même si le pape n’a pas accordé le divorce. Le dévolu de Philippe II tombe sur Agnès de Méranie, fille de Berthold de Méranie

(Allemagne). Philippe II et Agnès se rencontrent alors qu’il a 31 ans. Ils se marient en 1196. Néanmoins, le pape n’a toujours pas annulé le mariage précédent de

Philippe II avec Ingeburge qui vit reclue, sans droits, sans liberté, mais qui demeure toujours officiellement reine. En 1200, un interdit est jeté sur le royaume par le

pape, du fait de cette séparation. Le roi de France se sent responsable de la douleur de son peuple, frappé par l’interdit. Il décide alors à contre cœur de se séparer

d’Agnès de Méranie qui est enceinte (fin 1200). En 1201, naît Philippe de Hurepel, fils d’Agnès et du roi de France. Philippe II revoit finalement Ingeburge après

sept ans de séparation. Il ne l’aime pas mais la problématique change lorsqu’Agnès de Méranie meurt en mettant au monde son troisième enfant. Philippe II est fou

de douleur et il traite Ingeburge en prisonnière. Il obtient tout de même la légitimation des deux enfants qu’il a eus avec Agnès. La vie d’Ingeburge est un enfer mais

les années vont passer, entrecoupées de menaces d’excommunication pour Philippe II. Il finit par reprendre Ingeburge auprès de lui. Il a 50 ans, elle en a 40, leur

relation est devenue plus saine. Après la mort de Philippe II, elle continue à suivre la famille royale et Louis VIII lui accorde divers avantages. Elle reste digne du

deuil de Philippe II et se montre très discrète. Obstination, mérite et lutte contre l’adversité ont été finalement payants. Elle qui a traversé l’enfer de la réclusion, elle

vit jusqu’à 60 ans et peut voir Louis IX arriver sur le trône de France puisqu’elle décède en 1236.

Richard « Cœur de Lion » : 1157-1189-1199 : il est le deuxième fils d’Henri II « Plantagenêt » et d’Aliénor d’Aquitaine. Il n’est pas voué à règner car son frère

Henri « le jeune Roi » co-régne avec son père. Il est impétueux mais il possède un réel talent de diplomate. Il est d’une impulsivité maladive. Philippe II le connait

parfaitement. Manipulé par Philippe II lors de sa jeunesse, Richard se révolte contre son père, ennemi du roi de France. Richard est fiancé à une sœur de Philippe II

(Alix) dont son père finit par s’amouracher, rendant le mariage impossible. Peu après son accession au trône en 1189, Richard souhaite se croiser. Géré par sa

puissance, il est assoiffé de gloire et il compte sur la troisième croisade pour assouvir ses ambitions. Cette troisième croisade est placée sous le signe de la désunion

avec Philippe II qui s’est croisé en même temps le roi d’Angleterre. Richard est insolent, railleur, omnipotent et il méconsidère ses partenaires français. Lorsque

Philippe II doit quitter la croisade, l’outrecuidance de Richard n’a plus de limites. Il reste en Terre Sainte et il se montre un guerrier valeureux, brave, tactique. Il

déjoue les attaques de Saladin et il mène les croisés jusqu’en vue de Jérusalem. Il est très cruel : il fait exécuter 3000 prisonniers après le départ de Philippe II car les

négociations avec Saladin sur leur rachat n’en finissaient plus. Il n’arrive pas à reprendre Jérusalem et, comble du malheur, il apprend que son frère Jean « Sans

Terre » est de conivence avec le roi de France qui profite de son absence. Il signe une paix baclée avec Saladin et il s’empresse de rentrer en Angleterre. Mais durant

son retour en 1192, il est capturé et livré à l’empereur Henri VI qui l’emprisonne. Alors que Philippe II soudoie l’empereur pour qu’il retienne Richard captif,

Alienor s’emploie à réunir l’argent nécessaire pour le faire libérer. La liberté de Richard est source d’enchères ! Aliénor obtient finalement sa libération en 1194,

contre 34 tonnes d’argent versées à Henri VI ! Peu après son retour en Angleterre où Jean Sans Terre fut près de conquérir le trône, Richard repart en France pour

défendre ses fiefs convoités par Philippe II. Il ne reviendra plus en Angleterre. Durant plusieurs années de guerres, il parvient à redresser la situation et il défend

efficacement la Normandie. Alors que Richard donne de plus de plus de fil à retordre à Philippe II, il est touché par une flèche alors qu’il assaille un château dans le

Limousin. Il décède quelques jours plus tard de la gangrêne.

Jean Sans Terre : 1166-1199-1216 : il est le fils cadet d’Henri II « Plantagenêt » et Aliénor d’Aquitaine. Il a de l’esprit, une conversation brillante, un charme

certain, une intelligence vive mais superficielle et anihilée par un manque de courage. Il est voluptueux, esclave des femmes et de la table, adonné à tous les plaisirs,

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amoureux de chasse où ses instincts cruels peuvent s’exprimer. Sceptique sur la foi, il se moque ouvertement des prêtres. Mélange de gentillesse et de perfidie, il a

des sautes d‘humeur inexplicables mais un mot suffit à les apaiser. Couard et faux, son regard se dérobe, il a recueilli de nombreuses tares de ses aieux. Ce fut un

malheur pour l’Angleterre de l’avoir comme roi. Il n’avait pas été élevé pour règner, il ne fut rien, il a partagé les haines de ses frères pour leur père et il les a haïs

pour lui avoir volé son héritage. Etre cadet a été une humiliation qui l’a gâté. Jean a trahi son père avec Philippe II puis il s’est écrasé devant lui. Durant la croisade

de Richard, il n’a pas été régent, ni même au conseil ! Toujours en conivence avec Philippe II, il trahit alors son frère puis il s’écrase devant lui, en s’excusant.

Comme Richard le considère comme un enfant, il lui pardonne. Après la mort de son frère en 1199, ses débuts de roi sont difficiles mais il finit par être reconnu. Au

lieu de relever les finances de son pays et de bâtir une armée, il va montrer autant d’ingéniosité à nuire aux autres qu’à se nuire à lui-même. Jean répudie sa femme

et en 1200 il vole la fiancée de Hugues Lusignan, pourtant son fidèle vassal du Poitevin. Jean n’aura de cesse de s’affaiblir par rapport à Philippe II : les ressources

de Richard étaient deux fois supérieures à celles du roi de France, alors que celles de Jean sont équivalentes à celles de Philippe II ! Menacé par Arthur de Bretagne

protégé par Philippe II, Jean l’enlève et le fait tuer. Il est discrédité à tout jamais auprès de l’opinion et notamment auprès des bretons. Toujours plus cruel, Jean est

définitivement irrécupérable. Il perd de nombreux alliés. Alors que Philippe II conquiert la Normandie qui avait été si bien défendue par Richard, Jean ne bouge pas,

occupé par ses petites affaires en Angleterre. Sa mère Aliénor décède, témoin de ce triste spectacle. Face à Philippe II en 1206, il capitule, laissant ses possessions

reprises une à une par le roi de France. Il ne lui reste plus que la Gascogne et une partie de la Saintonge, avec La Rochelle. Incapable, il tyranise les plus faibles et il

dégoutte ses proches. En 1209, Jean remarque que Dammartin est hostile à son roi. Il le manipule et le laisse devenir leader d’une alliance anti-Philippe. Jean est un

rapace sanguinaire, qui ne se soucie dès lors que de politique extérieure et qui néglige son royaume. L’action simultanée de l’alliance débouche sur la bataille de

Bouvines en 1214, pendant laquelle Jean se retrouve bloqué par Louis dans le sud ouest, après avoir lamentablement fuit en abandonnant toutes ses richesses à ses

poursuivants. Alors qu’il va être capturé par Louis et Philippe II vainqueur de Bouvines, le pape le sauve et Jean peut s’enfuir de Bordeaux vers l’Angleterre ! Là-

bas, les barons veulent l’abdication de ce roi déshonoré et ils demandent la création d’une monarchie constitutionnelle. Ils s’emparent de Londres et, plutôt que de

satisfaire son peuple, Jean préfère engager des mercenaires et déclencher une guerre civile. Les barons Anglais appellent Louis afin de lui proposer le trône

d’Angleterre s’il parvient à renverser Jean Sans Terre. Néanmoins, celui-ci décède en 1216, laissant sa place au jeune Henri III, son fils.

Saladin : il laisse un renom fait de bravoure et d’esprit chevaleresque. Il anéantit l’armée franque à Tibériade et s’empare de Jérusalem, que ni Frédéric Barberousse,

ni Philippe Auguste, ni Richard Cœur de Lion ne purent lui reprendre. En 1187, à Hattin, il anéantit l’armée menée par Guy de Lusignan et Ridefort qui seront

épargnés mais il décapite lui-même Renaud de Chatillon pour l’ensemble de son œuvre.

L’hérésie Cathare – la Croisade contre les Albigeois :

Le catharisme vient du grec « catharos » qui veut dire « pur ». C’est une hérésie très ancienne qui se fondait sur une théorie apparue avant même le christianisme, au

VIième siècle avec JC en Perse. Elle est basée sur un dualisme absolu, un univers double, composé de deux mondes incompatibles : le bien et le mal. Cette doctrine

est récupérée au IIIième siècle par le perse Manès (d’où le manichéisme) mais revue et corrigée en pronant un ascétisme extrême. Le manichéisme s’éteint puis

renaît au XIIième siècle : la secte Vaudois sépare les adhérents en Parfaits/Elus et croyants. Divers leaders et prédicateurs se succèdent, plus ou moins centrés sur la

région d’Albi. Les Cathares constituent vite une société cohérente et organisée avec une hiérarchie qui nie l’autorité des évêques. A la place des prêtres, on trouve

les Parfaits ou les Elus. La doctrine est toujours basée sur le dualisme bien/mal mais aussi sur l’abstinence des biens terrestres, la proscription du mariage (entraînant

une libération des mœurs). Certaines débauches et refus de l’autorité civile et religieuse sont exploités par la noblesse qui se soustrait à l’autorité royale et qui se

permet de plus de confisquer les biens du clergé. Depuis 1150, cette hérésie Cathare se répand en Languedoc. Certains grands comtes la protègent contre les foudres

de la papauté : Roger Trencavel, Gaston de Béarn, Raymond VI de Toulouse…. Leur exemple est suivi par une union sacrée de petits barons. D’excommunications

inutiles en promesses non tenues, Innocent III finit par réclamer une croisade contre les Albigeois. Néanmoins, Philippe II Auguste refuse systématiquement,

notamment en 1204 puis en 1207. Cependant, en 1208, un prélat du pape Innocent III est tué par un écuyer du comte de Toulouse. Les barons de langue d’oïl suivent

l’appel du pape et se préparent pour la croisade. Ils vont y chercher réparation mais ils comptent aussi y faire fortune... De nombreux seigneurs d’Europe se joignent

à cette armée, mais Simon de Montfort s’érige rapidement en leader de cette croisade. Les troupes arrivent à Bézier en 1209. Elles y massacrent hommes, femmes,

enfants, vieillards, brûlés, éventrés, violées, dans un flot de sang : « tuez les tous, Dieu reconnaîtra les siens ». De même à Castres et à Carcassonne. Les massacres

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donnent lieu à des bains de sang, femmes enceintes éventrées, bébés brûlés vifs… De nombreux barons, écoeurés par tant de cruauté, quittent la croisade mais

Simon de Montfort persiste et signe en 1210 à Albi, en 1211 à Castelnaudary. Roger Trencavel qui avait été capturé est tué en prison. En 1212, Simon de Montfort

menace Toulouse et il apparaît dès lors que cette croisade devient la sienne, à son seul profit, outrepassant sa mission. Philippe II Auguste ne réagit pas car il est

englué dans ses affaires anglaises face aux Plantagenêts. Le pape demande l’arrêt des massacres. Devant la menace de Simon, Pierre II d’Aragon s’allie avec

Raymond de Toulouse et avec le Comte de Foix. En 1213, Simon remporte la victoire de Muret où il tue Pierre II d’Aragon, malgré une armée en nette infériorité

numérique. Rarement bataille n’a été aussi sanglante… Il soumet l’imprenable Toulouse ! Raymond VI et Raymond VII s’enfuient en Angleterre. Simon est en

phase d’emporter tout le sud et le sud-ouest ! Philippe II Auguste envoie son fils Louis pour superviser ces conquêtes, car il souhaiterait se les approprier à terme…

Raymond VII succède à son père et les populations se révoltent devant Simon. Celui-ci a reperdu Toulouse, alors il tente de la reconquérir en l’assiègeant, mais il

meurt la tête écrasée par une de ses catapultes (1218).

Amaury de Montfort, son fils, lui succède. Louis soutient Amaury mais Raymond VII résiste au prix de massacres épouvatables qui dévastent la région. Incapacité

d’Amaury, coups de boutoir des Cathares, l’ensemble est supervisé par Philippe II Auguste depuis Paris. Finalement Amaury craque et il résilie ses terres au profit

de Philippe II Auguste ! En 1222, à la veille de la mort du roi de France, les frontières de la France vont jusqu’aux Pyrénnées ! Devant les soubresauts cathares,

pressé par l’Eglise et par certains vassaux du nord, Louis VIII part en croisade anti-cathare en 1226. Après le siège d’Avignon qui fut un calvaire, la ville tombe. Les

soumissions vont s’enchaîner et les vassaux du sud s’inclinent. Le Languedoc finit par tomber. Alors Louis VIII prend des dispositions contre les hérétiques

(ordonnances, confiscations…) : l’hérésie cathare est presque éteinte. La lutte contre les derniers nids de Cathares se termine par la tragédie de Montségur en 1244

où des centaines de Parfaits sont brûlés vifs dans un gigantesque bûcher allumé au pied de la forteresse (voir chapitre suivant).

Simon de Montfort - Bourreau des Cathares

Simon de Montfort est issu de la maison de Montfort-l'Amaury, une famille des Yvelines. En fait, il n'apparaît

dans la vie politique qu'en 1188, au cours de l'entrevue de Gisors entre Philippe II Auguste et Henri II

d'Angleterre. Il participe à la quatrième croisade durant laquelle il montre sa bravoure et une droiture

remarquable qui ne le détourne pas de ses objectifs. De retour, son ami et voisin Guy, abbé des Vaux de Cernay

est appelé pour prêcher dans l'Occitanie contre l'hérésie cathare, avec d'autres religieux. Incité par son ami, Simon

de Montfort s'engage dans la croisade anti-Cathare. Après le massacre de Bézier et la chute de Trencavel, Simon

est nommé successeur de tous ses domaines. Il subit une révolte sanglante des seigneurs Occitans, à laquelle il

répond avec une cruauté équivalente. Après la reprise du contrôle de la région, il décide de s’attaquer au comte

Raymond VI de Toulouse. Inquiet de ses progrès, le roi Pierre II d'Aragon franchit les pyrénnées et il rejoint des

comtes alliés contre Simon de Montfort. Celui-ci attaque l'alliance et la défait le 12 septembre 1213 au cours de la

bataille de Muret où est tué le roi Pierre II d'Aragon. En 1215, le pape Innocent III lui attribue définitivement le

comté de Toulouse, le duché de Narbonne et les vicomtés de Carcassonne et de Béziers. Alors que Raymond VII

a réussi à prendre possession de Toulouse qui lui a ouvert ses portes, Simon de Montfort met le siège devant la

ville. En 1218, il meurt écrasé par une pierre lancée par une catapulte. Simon de Montfort aura été le bourreau de

la conquête de l’Occitanie. Il se considère comme le bras armé de l’Église, mais il n'en demeure pas moins vrai

qu’il favorise également ses ambitions personnelles, utilisant la croisade contre les Albigeois pour tenter de

s'approprier des territoires importants du sud du royaume et pour en devenir un important seigneur.

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LOUIS VIII « LE LION », SA DESCENDANCE, SES PROCHES :

Louis VIII – Le Lion : 1187-1223-1226 : il est le fils de Philippe II Auguste et d’Isabelle de Hainaut. Il a trois ans lorsqu’il perd sa mère. Il est il est surnommé « Le

Lion » en raison de ses talents militaires. En 1200, à l’occasion du traîté de paix entre Philippe Auguste et Jean Sans Terre, il épouse Blanche De Castille (nièce de

Jean Sans Terre - voir généalogie ci-après). Blanche et Louis auont douze enfants dont six morts prématurément. Les accords signés lors de ce mariage affaiblissent

les Plantagenêts (Jean Sans Terre en l’ocurrence) alors que le royaume de France est en train de devenir le plus puissant. En 1209, Louis est proclamé chevalier.

Philippe II Auguste le fait progresser très lentement pour éviter son émancipation et pour limiter son pouvoir. Louis souffre de l’autoritarisme de son père mais il est

patient (il n’est pas encore sacré !). Louis obtient sa renommée en remportant sur Jean sans Terre, roi d'Angleterre, la victoire de La Roche-aux Moines en 1214.

Sans cette victoire, la victoire de Bouvines remportée au même moment par son père aurait probablement été impossible ! La responsabilité que lui a laissée Philippe

II Auguste lors de cet épisode crucial de notre histoire montre la confiance qu’il avait envers Louis. Les barons anglais, révoltés contre Jean sans Terre, promettent

alors au prince Louis de lui donner la couronne d'Angleterre. Il est en effet l'époux de Blanche de Castille, petite-fille de feu Henri II Plantagenêt, roi d'Angleterre.

Cette demande est un cas de conscience. Philippe II Auguste et Louis sont sceptiques, d’autant que le pape est totalement opposé à cette ingérance dans un pays en

pleine guerre civile. Louis n’est que comte d’Artois en France : il a ici l’occasion de devenir roi plus tôt qu’il ne l’espérait. Acceptant finalement cette demande en

1216, Louis débarque sur les côtes anglaises. Il arrive à Londres et il prend rapidement le contrôle du sud du pays. Cependant, un évènement vient troubler ses

plans : Jean sans Terre vient de décèder. Plutôt que d'avoir affaire à un prince énergique comme Louis, qui risquerait de les entraver, les barons anglais décident de

se prononcer en faveur d'Henri III, fils de Jean sans Terre. Louis refuse cette fatalité et il continue la guerre, mais il est battu à Lincoln en 1217. Fin 1217, lors de la

signature du traité de Lambeth, il doit alors renoncer à ses prétentions, en contrepartie d'une forte somme d'argent. L’action de Louis est donc un échec. Il perd son

royaume et son honneur, et il doit rentrer en France au bout de deux ans (1216-1218). Cette action avait été fomentée par son père Philippe II Auguste qui avait feint

de la désapprouver. Peu après son retour, Louis est envoyé dans le sud de la France par son père afin de superviser l’action de Simon de Montfort et afin d’aller vers

Toulouse reconquise par Raymond VI, comte protecteur des Cathares. Lors de cette croisade anti-cathares, Louis reproduit à Marmande le massacre de Béziers

(première croisade de 1209) : hommes, femmes, enfants, vieillards massacrés, mutilés, la ville brûlée. La tuerie fait au moins 5000 morts, considérés hérétiques. En

cette année 1218, le fils aîné de Blanche et Louis décède à quatre ans. Louis (futur Louis IX) devient héritier présomptif de la couronne de France. Amaury de

Montfort (fils de de Simon de Montfort, décédé il y a peu lors du siège de Toulouse) continue la mission de son père à Toulouse mais en 1219 Louis se retire du

39 – Philippe II « Auguste »

ou « Le Conquérant »

1165-1180-1223 (Mantes)

40 – Louis VIII

1187-1223-1226

Ep Blanche de Castille 1200, fille d’Alphonse VIII de Castille et petite-fille d’Aliénor d’Aquitaine

Marie

1198-1224 Ep Philippe 1er Comte de Namur puis

Henri 1er Duc de Brabant

Philippe Hurepel

1201-1234 Comte de Clermont de de Boulogne

Ep en 1216 Mathilde de Dammartin,

fille du Comte de Dammartin rebelle

Ingeburge de Danemark

1176-1193-1238

Isabelle de Hainaut Comtesse d’Artois

1170-1180-1190

1er mariage 2eme mariage

Sans postérité

Agnès de Méranie 1172-1196-1201

3eme mariage

41 – Louis IX

1214-1226-1270 Ep Marguerite de

Provence

Charles 1er de Sicile 1227-1285 Fils posthume, puis apanagiste d’Anjou,

roi de Sicile, de Naples, de Jérusalem

Ep Béatrice de Provence (1246)

Ep Marguerite de Bourgogne (1268)

Philippe 1209-1218

Robert 1er d’Artois

1216-1250 (Mansourah)

Ep Mahaut de Brabant

Jean

1219-1232

Comte d’Anjou et du

Maine

Alphonse 1220-1271

Comte de Toulouse,

Poitiers

Ep Jeanne 1220-1271 SP

Isabelle

1225-1270

Fiancée à Hugues de Lusignan

Blanche de Castille

1188-1252

12 enfants dont

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siège de la ville. A la mort de Philippe II Auguste, Louis VIII est couronné et sacré Roi à Reims en 1223, il a 36 ans. Il est déterminé à continuer l’œuvre de son

père : « Pas un pouce de la terre que mon père m’a laissée en mourant ne sera rendue aux Anglais ! ». Louis VIII ne s’adonne pas à la bonne chère, ni à la boisson, ni

à la débauche car il aime Blanche. C’est un couple austère mais fidèle et tendre. Il garde les fidèles serviteurs de son père et il s’entoure de conseillers qualifiés qu’il

écoute activement (plus que le faisait son père). Néanmoins, affirmer son autorité lui est difficile car il a toujours été éclipsé par son père. Malgré les sollicitations de

la noblesse, il ne libère pas les traitres de Bouvines, en particulier les comtes de Flandre et de Boulogne. Louis VIII et Blanche de Castille partent pour une visite de

la France au cours d’une tournée royale (fin 1223-début 1224). Le roi d’Angleterre Henri III réclame à Louis VIII les fiefs qui avaient été retirés à son père Jean

Sans Terre, en 1202, par Philippe II Auguste. Ce suzerain avait été destitué, mais son fils ne l’est pas !... Parmi ces territoires, il y a l’Aquitaine où de nombreux

vassaux se déclarent fidèles et soumis au roi anglais (en particulier les Rochelais). Louis VIII profite de la minorité d’Henri III pour partir en campagne militaire

contre La Rochelle : il met le siège devant la ville qui capitule en trois semaines. Ceci fait, il annexe les dernières possessions anglaises : le Poitou, la Saintonge, le

Périgord, l’Angoulois et une partie du Bordelais. Il agrandit le royaume en reconquérant une partie de l’Aquitaine, notamment par l’argent (comme l’avait fait

Philippe II Auguste !). Après cette campagne, Henri III ne possède plus que Bordeaux et la Gascogne, qui ne furent pas attaquées. Cette mission achevée, Louis VIII

débarrasse la France d’environ 10000 routiers massacreurs. En 1226, Louis VIII intervient en Languedoc dans le cadre de la croisade contre les cathares Albigeois, à

laquelle il fut entraîné par le pape Honorius III et par Amaury de Montfort. L’objectif est la chute de Raymond VII, comte de Toulouse, qui est toujours soupçonné

par l'Église d'abriter des Cathares sur ses terres. La plupart des villes capitulent sans combattre. La ville d'Avignon, qui appartenait à Raymond VII, refuse cependant

d’ouvrir ses portes. Louis VIII met alors le siège devant la place forte qui était considérée alors comme la clef du Languedoc. Au bout de trois mois et après la

défection de Thibaud IV de Champagne (arrière petit fils de Thibaut IV le Grand) qui se brouille avec Louis VIII, la ville est prise, au prix de pertes conséquentes.

Elle est confiée à Guillaume d’Orange.

Aussitôt Nîmes, Castres, Carcassonne, Albi et Montpellier se rendent au roi de France. Celui-ci est en passe de réussir son action militaire et politique. Le

Languedoc est tombé, le catharisme est décimé, les petits vassaux du sud se sont inclinés et leur terres sont réunies à la couronne royale ! Louis VIII se voit offrir le

trône de Castille par des rebelles mais il décline leur offre. En effet, il ne veut pas revivre l’échec de l’opération anglaise, inutile et coûteuse, proposée par les barons

anglais. La seule ombre au tableau reste Toulouse… Raymond VII s’est enfermé dans la ville qui résiste (elle ne tombera que deux ans plus tard, en 1228). Les

Le siège d’Avignon en 1226 - la dernière conquête des terres d’Occitanie par Louis VIII :

Avignon est une ville impériale, même si elle appartient à Raymond VII de Toulouse. Afin d’éviter toute intervention impériale, le

roi Louis VIII prévient l’empereur que seul le châtiment des hérétiques l’intéresse. Le siège de la ville commence en Juin. Les

Avignonnais, qui craignent les exactions des soldats, montrent la même vaillance que les Toulousains en 1218 (le siège avait

entraîné la mort de Simon de Montfort). Raymond VII ne dispose pas de troupes suffisantes pour attaquer les croisés à revers,

mais il parvient à harceler les convois de ravitaillement en vivres et en fourrage. Le camp des croisés est rapidement frappé par la

dysenterie, et de nombreux soldats décèdent. Se plaignant de la longueur et de l’inutilité du siège, début août, le comte Thibaud IV

de Champagne invoque la fin de l'ost pour quitter le siège, malgré l’ordre du roi de rester. Craignant le départ d’autres féodaux, en

Août le roi ordonne un nouvel assaut, qui est repoussé comme les autres. Sur la demande des religieux, le siège est prolongé, et le

blocus de la ville renforcé. Il porte enfin ses fruits, car les vivres commencent à manquer dans la ville et les consuls commencent à

négocier la reddition de la ville. En Septembre, Louis VIII peut enfin entrer dans la ville. Avignon, conformément aux conditions

de reddition devra abattre ses fortifications. Après avoir été retardée de trois mois pendant ce siège, l’armée royale reprend la

route. Le roi reçoit la soumission sans combats de nombreuses villes et de plusieurs alliés du comte de Toulouse. Remettant le

siège de Toulouse à l’année suivante, Louis VIII repart vers le nord au mois d’octobre, mais il tombe malade et meurt peu après.

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croisés, frappés par les maladies hivernales et la défection de certains d'entre-eux, décident alors d'ajourner le siège qui s’éternise. Louis VIII rentre vers Paris. Il est

reclu de fatigue. Il se repose en Auvergne à Montpensier mais il entre dans une agonie similaire à celle de de son père. Il meurt quatre jours après, à 40 ans, de la

dysentrie et probablement de typhoïde. Au moment de sa mort, il demande que son fils Louis, qui a 12 ans, soit sacré au plus vite car certains seigneurs sont

menaçants : Hurepel (demi-frère de Louis VIII), Pierre de Dreux – dit Mauclerc, Thibault IV de Champagne, Hugues de Lusignan. Son testament de 1225 laisse la

régence à sa femme Blanche de Castille qui est tuteur de Louis IX. Ses fils recoivent des apanages : Robert reçoit l’Artois, Jean reçoit les Comtés du Maine et

d’Anjou, Alphonse reçoit le Poitou et l’Auvergne. Charles, le cadet, n’a rien car il doit rentrer dans les ordres (en fait il deviendra comte d’Anjou et roi de Naples !!).

Le règne de ce roi chétif, petit, maigre, pâle mais énergique, instruit et habile, très pénettré de la grandeur de sa race et de sa mission, fut en définitive brillant malgré

sa brièveté. Louis VIII a particulièrement brillé durant le règne de son père, envers qui il est toujours resté fidèle (ce qui était rare à l’époque). Laborieux incessant,

administratif et militaire, il n’a pas démérité. Sa bravoure, son intelligence, sa volonté, sa loyauté et sa sagesse ont largement contribué au grand règne de Philippe II

Auguste. Il a maintenu les rouages administratifs, qu’il controlait. En affaires étrangères, il est resté prudent, entreprenant mais sage. Il a réuni nombre de villes à la

couronne et il a obtenu l’hommage de terres autonomistes (Périgord). Il fut le digne fils de son père et, bien que mort trop jeune, ce fastueux personnage a tracé la

voie de Louis IX. Néanmoins, historiquement, son court règne de trois ans (sorte de trait d’union) fait pâle figure, éclipsé qu’il est par les règnes exceptionnels de

son père et de son fils, qui ont régné 43 ans chacun ! (86 ans cumulés !).

Blanche de Castille : 1188-1252 : elle arrive en Fance à douze ans (juste en 1200 pour son mariage avec Louis), sous la conduite de sa grand-mère Aliénor

d’Aquitaine. Elle est nièce du roi d’Angleterre Jean Sans Terre (voir généalogie ci-après). Son nouveau beau-père est Philippe II Auguste, ennemi des Plantagenêts.

Elle arrive d’Espagne, d’une cour très animée. Après la mort de Philippe II Auguste (en 1223), Louis VIII, mari de Blanche, monte sur le trône de France. Blanche

est couronnée reine en même temps que lui. Elle l’aime et lorsqu’il avait envahi l’Angleterre, elle lui avait fait envoyer des fonds contre l’avis de Philippe II

Auguste. Mais Louis VIII meurt prématurément trois ans après son sacre, lors de son retour d’une expédition en Languedoc contre l’hérésie cathare. Blanche est

veuve et folle de douleur, à en mourir (1226). Elle est alors enceinte de Charles (d’Anjou). Sur son lit de mort, Louis VIII a nommé Louis IX comme successeur et

Blanche comme tutrice et régente. Pleine d’énergie et de bon sens, elle semble capable de gouverner un royaume. Elle se retrouve néanmoins dans une situation

inconfortable, face à la guerre qui sévit dans le midi depuis vingt ans (atroce croisade contre les Albigeois puis épisode très dur du siège d’Avignon), devant les

guerres de barons intriguants, les contestations étudiantes et les mauvaises nouvelles qui parviennent de Jérusalem. Elle va alors faire couronner son fils le plus vite

possible. Vingt et un jours après la mort de son père, Louis IX est sacré roi de France ! Cette promptitude lui permet de couper court aux ambitions de certains

barons. Elle va dès lors exercer la régence au nom de son fils Louis IX. Blanche est une mère très tendre et émotive mais sa stature politique la retient dans

l’expression de ses sentiments. La chance veut que cette fille d’Alphonse VIII de Castille ait toutes les qualités d’intelligence et de caractère, nécessaires à son

nouveau rôle. Devant les plus grands problèmes, elle tient tête et elle va gagner sa réputation d’énergie. La régente gouverne avec sagesse, gardant près d’elle les

meilleurs conseillers du défunt roi. Elle sait faire face aux menées des grands féodaux avides d’acquérir de nouveaux territoires : Mauclerc duc de Bretagne,

Lusignan, Hurepel – fils illégitime de Philippe II Auguste. Elle les ménage et elle prévient les insoumissions et les rancoeurs en faisant libérer le Comte Ferrand de

Flandre, prisonnier depuis Bouvines. Par contre, elle maintient Dammartin en prison car Hurepel a pris contrôle de son comté de Boulogne. Elle tente ainsi d’assurer

la paix avec le nord mais aussi avec le Languedoc. Elle contient aussi les seigneurs de l’ouest : Poitou comme Bretagne faisaient partie de l’héritage d’Aliénor et

étaient vassaux d’Angleterre. Elle agrandit d’autre part le domaine royal après de la guerre contre les Albigeois, en se faisant céder en 1229 la moitié du Comté de

Toulouse. En 1234, elle obtient l’hommage du turbulent duc de Bretagne Pierre Mauclerc, qui fut toujours fidèle à Philippe II Auguste et à Louis VIII mais qui

s’était rebellé contre Blanche. Devenu majeur en 1235, Louis IX se gardera bien d’écarter sa mère des affaires. Blanche sait s’effacer quand il faut et réapparaître

pour se rendre utile. Elle redevient régente lorsque Louis IX part pour la septième croisade en 1248. Elle fait alors l’objet de calomnies mais, si elle fut proche de

certains personnages, l’amour éventuel est toujours resté courtois. Bien qu’elle ne cesse de renforcer le pouvoir royal, elle est accusée de pillage du trésor, d’asservir

son fils, d’espionnage au profit de l’Espagne, d’adultère, de léser les barons français... Sa relation privilégiée avec Thibaut de Champagne, puissant seigneur, lui a

énormément servi, car il s’est rangé aux côtés de Blanche alors que les apétits des barons et seigneurs mettaient en péril le royaume. Néanmoins, elle est une belle

mère quelque peu acariâtre. Elle accepte que son fils accorde ses nuits à sa femme, mais pas ses journées qui doivent rester focalisées sur l’Etat. Lors de la première

croisade de Louis IX, elle doit faire face à la révolte des pastoureaux en 1251. Elle meurt en 1252, pendant l’absence de son fils. Si les clichés la définissent comme

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une mère abusive, une femme acariâtre et une belle-mère redoutable, Blanche a dû faire face à la situation peut-être la plus tourmentée que la France ait connu

pendant la période féodale. « Courage d’homme – cœur de femme » ou « femme par le sexe – homme par les desseins », Blanche de Castille s’en est

remarquablement tirée en laissant le royaume à Louis IX dans les meilleures dispositions.

Le comte Thibaut de Champagne s’incline devant Blanche

de Castille. Leur relation a fait jaser leurs contemporains, en

particulier les barons qui voulaient profiter de la régence et

de la prétendue faiblesse de la reine.

40 - Louis VIII

Le Lion

1187-1223-1226 (Montpensier)

41 – Louis IX

1214-1226-1270

Ep Marguerite de

Provence

Charles 1er de Sicile 1227-1285

Fils posthume, puis apanagiste d’Anjou,

roi de Sicile, de Naples, de Jérusalem Ep Béatrice de Provence (1246)

Ep Marguerite de Bourgogne (1268)

Philippe 1209-1218

Robert 1er d’Artois

1216-1250 (Mansourah)

Ep Mahaut de Brabant

Jean

1219-1232

Comte d’Anjou et du

Maine

Alphonse 1220-1271

Comte de Toulouse,

Poitiers

Ep Jeanne 1220-1271 SP

Isabelle 1225-1270

Fiancée à Hugues de

Lusignan

Blanche de Castille

1188-1252

Aliénor d’Angleterre

1161-1214

Alphonse VIII de Castille

Aliénor d’Aquitaine 1124-1204

Reine de France puis d’Angleterre

Henri II Plantagenêt

1133-1189

Comte d’Anjou, du Maine, de Tourraine Duc de Normandie, Roi d’Angleterre

1er Roi Plantagenêt

Richard 1er

dit Cœur de Lion

1157-1199

Roi d’Angleterre (1189-1199)

Jean

dit Jean Sans Terre

1166-1216 Roi d’Angleterre (1199-1216)

Mariage, descendance et ascendance de Blanche de Castille :

Blanche de Castille est petite fille d’Henri II Plantagenêt et d’Aliénor d’Aquitaine. Elle a donc

du sang Anglais et Aquitain (par sa mère, Aliénor d’Angleterre) et du sang espagnol (par son

père, Alphonse IV de Castille). Durant l'hiver de 1199-1200, sa grand-mère Aliénor, quoique

octogénaire, se rend à la cour de Castille, où elle choisit Blanche pour épouser Louis de France ,

plutôt que sa sœur Urraca. Le mariage ne peut avoir lieu sur le domaine du roi de France. En

effet, suite aux démêlés matrimoniaux de Philippe II Auguste, le pape Innocent III avait lancé

l'interdit sur le royaume. Le mariage est donc célébré en 1200 en Normandie, alors sous

domination anglaise. Blanche a douze ans et Louis treize ans. Le couple aura une descendance

nombreuse : douze enfants. Les quatre frères enfants de Louis VIII et de Blanche de Castille se

ressemblent deux à deux : Louis IX et Alphonse sont caractérisés par la prudence, la pondération,

la réserve et une certaine fragilité physique. Robert d’Artois et Charles d’Anjou sont de robustes

chevaliers, impétueux et aventureux.

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La révolte des Pastoureaux : au moyen âge, le terme « pastoureaux » désignait des bergers. En 1251, un étranger d’origine hongroise parvient à interpeler des

bergers puis des centaines de personnes en mettant en doute la puissance du Christ qui a abandonné Louis IX et ses troupes lors de sa première croisade, à

Mansourah. De là, il n’y a qu’un pas à accuser le clergé d’inefficacité ! Lorsqu’une foule de 30000 personnes plus ou moins fanatisées se met à suivre un leader, la

situation devient dangereuse. A Amiens, les prêches anti-cléricales du leader font fureur et ce sont environ 60000 personnes qui viennent voir la reine Blanche de

Castille sur Paris. Blanche les voit comme les potentiels futurs libérateurs de la Terre Sainte et elle les traite avec hospitalité. Mais Pastoureaux et populace s’en

prennent au clergé et les massacres sont évités de justesse. Priés de quitter Paris, les Pastoureaux se divisent en trois groupes car ils sont trop nombreux. Ils partent

vers Orléans, vers Bourges et vers l’Ouest. A Orléans, une tuerie a lieu, avec un peuple qui est de conivence. Dans les villes traversées les Pastoureaux se présentent

de plus en plus en maîtres. A Bourges, les meneurs sont tués ainsi que nombre de Pastoureaux qui fuient et qui sont pris en chasse. Alors que le leader était descendu

sur Lyon pour prêcher, il y est refoulé et tué. Privées de leur chef, les quelques bandes qui déambulent sont refoulées de toutes parts et leurs chefs sont tués. Cette

escapade de cinq mois et de 60000 personnes aura marqué les esprits ! Elle a aussi montré que Blanche de Castille n’était plus vraiment à même de gérer une crise

peu avant sa mort.

Frédéric II : 1184-1250 : empereur d’Allemagne, roi de Sicile et de Jérusalem, il a des débuts difficiles et n’accède à l’Empire qu’à la suite de la défaite de son rival

Otton IV de Brunswick à Bouvines en 1214. Il est couronné Empereur en 1220 par le pape Honorius III mais il ne tient aucun de ses engagements et il tente

d’asservir les villes lombardes. Il est excommunié une première fois en 1226, puis en 1228 par Grégoire IX qui suscite contre lui la révolte de l’Italie méridionale.

Innocent IV le poursuit ensuite de sa vindicte.

Raymond VI : 1156-1222 : comte de Toulouse, duc de Narbonne et marquis de Provence, il est le protecteur des Albigeois et se retrouve excommunié par Innoncent

III, après le meurtre du légat Pierre de Castelnau. Sa réconciliation avec l’église n’empêche pas la croisade contre les Albigeois. Depossédé de ses biens par Simon

de Montfort, il les ressaisit brièvement après la mort de celui-ci.

Renaud de Dammartin : 1165-1227 : marié à Ide de Flandre, il devient comte de Boulogne. Dépouillé de ses biens après la bataille de Bouvines (1214), il est

condamné à la prison perpétuelle par Philippe II Auguste. Louis VIII et Blanche de Castille refusent sa libération. Sa fille unique Mahaut fut mariée à Philippe

Hurepel – fils illégitime de Philippe Auguste. La couronne royale récupère ainsi tous les fiefs de Dammartin.

Philippe Hurepel : 1200-1234 : il est le fils illégitime de Philippe II Auguste et d’Agnès de Méranie (voir arbre généalogique chapitre Louis VIII). Néanmoins, il est

légitimé par Innocent III dès sa naissance. Il épouse en 1216 Mahaut, fille et héritière de Renaud de Dammartin, comte de Boulogne et vaincu à Bouvines puis

emprisonné à vie. Philippe récupère alors tous les fiefs du captif et il comte de Dammartin et de Boulogne. Il montre une fidélité irréprochable envers son demi-frère

Louis VIII.

Raimond-Bérenger IV et ses quatre filles : ce comte de Provence (1198-1245) a marié ses filles royalement : Marguerite à Louis IX, Eléonore à Henri III

d’Angleterre, Sancie à Richard de Cornouailles (roi des Romains) et Béatrix à Charles d’Anjou, frère de Louis IX et roi de Naples.

Arthur 1er le Posthume : 1187-1203 (voir généalogie au chapitre Louis VII) : il est le fils de Geoffroy Plantagenêt (quatrième fils d’Henri II) et de Constance,

duchesse de Bretagne. Il est proclamé en 1196 duc des Bretons. A la mort de Richard Cœur de Lion en 1199 (sans postérité) ses partisans le désigne comme roi

d’Angleterre, car il est héritier dans l’ordre dynastique. Mais Jean Sans Terre, frère cadet de Richard Cœur de Lion, se fait couronner roi, capture Arthur et

l’assassine. Cet acte va jeter le discrédit sur Jean Sans Terre qui va subir les foudres de nombreux barons bretons et de Philippe II Auguste.