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FAO /COWNIESA /NORWAY rDIPA/WP/36 September 19Dt1 MIGI1 ATION DES PECHEURS EN AFRIQUE DE L'OUEST

EN AFRIQUE DE L'OUEST FAO LIBRARY AN: 317579-623

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FAO /COWNIESA /NORWAY

rDIPA/WP/36 September 19Dt1

MIGI1 ATION DES PECHEURSEN

AFRIQUE DE L'OUEST

FAO LIBRARY AN: 317579-623
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DIPA/WP/36 September 1991

MIGRATION DES PECBEURS ENAFRIQUE DE L'OUEST

Edité par

Jan M. HAAKONSEN & M. Chimère DIAN

Programme de DéveloppementIntégré des Péches Artisanalesen Afrique de l'Ouest - DIPA.

Programme for IntegratedDevelopment of ArtisanalFisheries in West Africa-IDAF.

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En cooperation avec le Danemark et la Norvége et encollaboration avec la Republique du Bénin, le Département desPéches de la FAO realise depuis Juin 1983 un programme dedéveloppement s'adressant aux communautés de péches artisanalesen Afrique de l'Ouest. Ce programme est base sur une approcheintégrée qui tient compte à la fois des aspects techniques dudéveloppement et des besoins socio-économiques des communautés depecheurs.

Ce rapport est un document de travail et les conclusions etrecommendations données dans ce rapport et dans les autresrapports du DIPA (Développement Intégré des Péches Artisanales)sont jugées appropriées au moment de la preparation Lesdocuments de travail n'ont pas été nécessairement approuvés pourpublication par le(s) Gouvernment(s) concerne(s) ni par la FAO.Le rapport peut are modifié au fur et à mesure que nosconnaissances s'élargissent.

Les designations employees et la presentation des elementsdans cette publication n'impliquent pas l'expression de quelqueopinion que ce soit de la part de la FAO en ce qui concerne lestatut légal de tout pays, territoire, ville ou zone ou en ce quiconcerne la delimitation des frontières ou limites.

Projet DIPAFAO

Boite Postale 1369Cotonou, R. Benin

Telex : 5291 FOODAGRI Tél. 33.09.25Fax : (229) 313649 33.06.24

Mr. Haakonsen est socio-économiste/anthropologue auProgramme DIPA a Cotonou. Il était le responsable chargé del'organisation de la table Ronde sur les migrations des pécheursen Afrique de l'Ouest. Mr. Diaw, qui a participé à cette reunion,suit présentement un stage a l'Université Laval au Quebec maisest normalement base au CRODT, Dakar. Il a été engage commeconsultant par la FAO pour assister à la redaction de cedocument.

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Préface

Liste des auteurs

VERS UNE MEILLEURE COMPREHENSION DES MIGRATIONSDES PECHEURS EN AFRIQUE DE L'OUEST, parJ.M. Haakonsen

GEOGRAPHIE HISTORIQUE DES MIGRATIONS DE PECHEDANS LA ZONE DU COPACE (fin XIXa siècle - années1980), par J.P. Chauveau

QUELQUES ASPECTS DES MIGRATIONS DE PECHEURS DUSECTEUR ARTISANAL MARITIME EN MAURITANIE,par H. Diop et I. Thiam

LES MIGRATIONS DE PECHE MARITIME AU SENEGALEssai d'approche quantitative, par C. Chaboudet M. Kébé

Table des matières

Page

iii

iv

1

13

39

56

LES MIGRATIONS DES PECHEURS ANLO EWE, par G.K. 221Nukunya

LA PECHE ARTISANALE EN GAMBIE ET LES MOVEMENTS DESPECHEURS, par G.V. Everett 76

PECHEURS MIGRANTS DE LA CASAMANCE ET "DES RIVIERESDU SUD", par M.C. Diaw 78

NOTES SUR LES PECHEURS MIGRANTS EN GUINEE, 99par S. Bouju

LES MIGRATIONS DES PECHEURS EN SIERRA LEONEUne étude du cas du village de Tombo, par K. Wagner 128

LA PECHE ARTISANALE ET LES MIGRATIONS DES PECHEURSAU LIBERIA, par J.M. Haakonsen 150

LES MIGRATIONS DE PECHEURS EN COTE D'IVOIRE,par K. Delaunay 169

MIGRATION DES PECHEURS FANTE, par I. Odotei 182

LES MIGRATIONS EN PECHE MARITIME ARTISANALE PARMILES PECHEURS GA-ADANGBE ET LES FEMMES AUGHANA, par E. Bortei-Doku 194

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NOTE SUR QUELQUES SPECIFIQUES DES TECHNIQUES DEPECHES ARTISANALES DU GHANA ET LEUR FAIBLEDIFFUSION PAR LA VOIE DES PECHEURS MIGRANTS, 238

par E. Charles-Dominique

FLUX ET MOUVEMENTS DANS LE SECTEUR ARTISANAL DEFABRICATION DES PIROGUES AU GHANA, par 248

G.T. Sheves

MIGRATION DES PECHEURS AU BENIN ET AU TOGO,par C. Atti-Mama 259

LES MIGRATIONS EN PECHE MARITIME AU NIGERIA,par A. 17ff 274

RAPPORT SUR LA PECHE ARTISANALE AU CAMEROUN ETMOUVEMENTS DES PECHEURS, par G.V. Everett 286

RAPPORT SUR LA GUINEE EQUATORIALE ET LES MIGRATIONSDES PECHEURS, par G.V. Everett 288

LA MIGRATION EN PECHE ARTISANALE AU GABON,par A. IJff. 290

LES MIGRATIONS DES PECHEURS AU CONGOLes pêcheurs dits "Popo", par J. G. Nguinguiri 303

MIGRATION DES FEMMES GHANEENNES TRAVAILLANT DANSLES ENTREPRISES DE PECHE EN PIROGUE, 321par I. Odotei.

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PREFACE

Ce volume est le recueil des communications presentees à laTable Ronde sur les migrations des pécheurs, Table-Ronde quis'est tenue à Kokrobite (Ghana) du 6 au 9 Novembre 90.

Les participants avaient été spécifiquement choisis enfonction de leurs connaissances "première main" (acquises pareux-mémes sur le terrain) sur la péche artisanale en Afrique del'Ouest et il avait été demandé à cheque participant de presenterune communication sur les migrations de pécheurs dens une regionou pays donnés de l'Afrique de l'Ouest ou bien sur les migrationsd'un groupe ethnique spécifique.

Quelques unes de ces communications n'entrent pas danscette catégorie, comme la première qui est en quelque sorte uncompte-rendu de la Table-Ronde, la seconde dont on avait demandé

l'auteur de presenter un apergu historique des migrations depécheurs en Afrique de l'Ouest et la dernière pour laquellel'auteur s'est gentiment propose de presenter une étude supple.-mentaire sur le rale très important des femmes dans lesmigrations, aspect souvent negligé lors de l'étude des phénomènesde migration. Deux autres publications ont été des contributionsde dernière minute, se rapportant à des sujets plus techniques(péche à la seine et fabrication de pirogues) tandis que G.V.Everett a eu l'amabilité d'apporter les complements d'informationsur les pays où pour une raison ou une autre, nous n'avions puidentifier à temps la personne qualifiée pour préparer unecommunication.

Certaines des communications de cet ouvrage ont étél'origine presentees en anglais et nous nous excusons pour touteéventuelle infidélité dans la traduction. La version anglaise detous les documents est de toutes fagons désormais égalementdisponible.

Je saisis l'occasion encore une fois pour remercier lesdifférents auteurs de leurs contributions qui, je l'espere,permettra d'avoir une meilleure comprehension de la pécheartisanale dans son ensemble en Afrique de l'Ouest et desmigrations des pécheurs en particulier.

Cotonou, Juillet 1991

J. M. H.

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iv

Iciste rims anteurs

(Les noms avec un * sont ceux des personnes n'ayant pas prispart à la reunion de Kokrobite).

Cyriaque ATTI-MAMA* Sociologue au Projet pilote Benin,Cotonou actuellement en stagel'Université du Quebec Rimousky, Canada.

Stéphane BOUJU Anthropologue à l'ORSTOM/Centre derecherches halieutiques de Boussoura,Conakry

Emmanuel CHARLES- Biologiste à l'ORSTOM/Montpellier précé-DOMINIQUE dement au CRO d'Abidjan plusieurs

années.

Karine DELAUNAY Historien - Allocataire de Recherche auCRA, Université de Paris I.

Hamady DIOP Economiste au C.N.R.O.P. à Nouadhibou,Mauritanie.

J.M. HAAKONSEN Socio-économiste/Anthropologue FAO auProgramme DIPA e, Cotonou

Dr. Ellen BORTEI-DOKU Sociologue rural - Chercheur al'Institut des Etudes sociales et derecherches économiques (ISSER)Université du Ghana Accra-Legon.

Christian CHABOUD * Economiste ORSTOM au Centre derecherches océanographiques de Dakar-Thiaroye (CRODT).

Jean-Pierre CHAUVEAU Sociologue; Directeur de Laboratoirel'ORSTOM de Montpellier, précédemment enposte à Abidjan et Dakar.

M. Chimère DIAW Sociologue-Anthropologue, Coordonnateurdu Projet Casamance au CRODT,actuellement en stage & l'Université deLevel Quebec.

Georges V. EVERETT Biologiste, Coordonnateur du ProgrammeFAO pour le Développement Intégré de lapeche artisanale en Afrique de 1-Ouest(DIPA) dont le siege est à Cotonou.

Annet M. IJff Anthropologue - Expert associé FAO auProgramme DIPA à Cotonou.

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V

Moustapha KEBE Economiste l'Institut Sénégalais deRecherches Agronomiques (ISRA) auCRODT/DAKAR.

Dr. G.K. NUKUNYA Sociologue - Professeur au Départementde Sociologie de l'Université du Ghana.

Dr. Gordon T. SHEVES Economiste-Géographe, Expert FAO pour lapêche, Ancien conseiller techniqueprincipal Projet Pilote Bénin (DIPA)

Dr. Kurt WAGNER Sociologue au Projet de développementdes pêchee de Tombo financé par la GTZ,Sierra Léone.

Jean-Claude NGUINGUIRI Ingénieur Agronome/Socio-économistel'ORSTOM/Pointe Noire CONGO.

Dr. Irêne ODOTEI Historien - Maitre de conférencesl'Institut des Etudes Africaines del'Université du Ghana.

Ismaila THIAM * Economiste au CNROP de Nouadhibou.

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VERB UNE MEILLEURE COMPREHENSION DES MIGRATIONS

DES PECHEURS EN AHRIQUE DE L'OUEST*

Par Jan M. Haakonsen

1. Généralités

C'est pratiquement depuis son démarrage. en 1983 que leProgramme pour le développement intégré de la pêche artisanaleDIPA a compris l'impact très important des migrations ou desdéplacements des pêcheurs sur la plupart des différentes formesde pêcheries artisanales de la région. Le premier projet associédu DIPA, le projet pilote du Bénin, avait considéré ce phénoménecomme une entrave inattendue à ses efforts de développement.Etant donné que l'approche du projet était entièrement basée surla participation communautaire et la consultation des populationsde la zone cötière pour lesquelles le Gouvernement avait demandéune assistance au développement, le projet pilote a été amend aconsulter les communautés qui s'y sont prêtés volontiers.

Sans tarder, il est apparu cependant, qu'en dépit de leurtaille moyenne de 500 individus environ, de nombreusescommunautés" étaient loin d'être des entités homogénes vu que

certaines d'entre elles comprenaient des immigrants "temporaires"sans aucune possibilité d'être propriétaires de plein droit etdonc considérés comme des "étrangers" (bien que nombre d'entreeux soient de nationalité béninoise). Le fait additionnel que laplupart des pêcheurs eux-mêmes, principal groupe cible d'unprojet de pêche, appartenaient à cette collectivité "étrangère"qui avait peu ou pas du tout droit à la parole dans les affairesde leur communauté höte prise dans son ensemble, a constitué unproblème particulier au Projet. Ainsi, un grand nombre desbesoins prioritaires pour le développement des villages,présentés lors des enquêtes communautaires avait peu de rapportavec la pêche ou autres activités s'y rapportant.

Cet exemple brièvement résumé est inclu ici juste pourdonner une idée des problèmes que les agents de développement despêches rencontrent en Afrique de l'Ouest si le facteur migrationn'est pas bien pris en compte. A plus grande échelle, le faitd'ignorer l'importance des pécheurs migrants peut conduire lesgouvernements à prendre des décisions politiques débouchant surune réduction draconienne de la production nationale de poissonet une dépendance accrue des importations comme cela s'est révélédans plusieurs cas dans la sous-région depuis 1960.

C'est sur ces bases qu'un organisme de développement commela FAO et un programme régional de coordination des pêches

* Traduit de l'Anglais

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artisanales comme le DIPA, ont mis l'accent sur le phénomène desmigrations des pecheurs ouest-africains. Parmi les premiersefforts dans cette direction, il y a eu le recrutement du socio-économiste DIPA precedent pour une etude de deux mois sur lesmigrations dans le golfe de Guinée. Cependant, on s'est viterendu compte que deux mois étaient à peine suffisants pourentrevoir un phénomène d'une telle envergure.

Pour avoir une vue globale de ce qui avait déjà été écritsur le sujet, deux chercheurs ORSTOM ont été engages pourpréparer une bibliographie annotée sur les migrations despécheurs. Cela s'est avéré une 'Cache difficile étant donne quepeu de publications traitent les migrations de fagon spécifique,bien qu'un grand nombre de sources en parlent de fagon indirecte

travers des commentaires plus généraux sur les sociétés depecheurs ouest-africains. Il en est résulté une bibliographiedétaillée et tres complete de plus de 1600 titres classes suivantles groupes ethniques et/ou par pays, publiés par le DIPA etconstitue le document de travail N°25.

Cependant, une bibliographie n'était pas suffisante en elle-méme pour avoir une meilleure comprehension du phénomène demigrations et l'étape suivante a été de réunir les personnestravaillant sur les migrations des pécheurs ou s'y intéressantafin qu'ils puissent confronter leurs différents points de vue.La première occasion se présente en Juillet 89 pendant le grandsymposium "Recherche et péches artisanales" organise par l'ORSTOMet l'IFREMER a Montpellier. Le DIPA prit alors l'initiatived'organiser un forum sur les migrations des pécheurs qui devintla base d'un réseau informel sur la migration afin de maintenirun lien entre les personnes intéressées par le sujet.

Le réseau a ainsi contribué à jeter les grandes lignes pourune rencontre autour du theme des migrations des pécheurs ouest-africains qui serait organisée par le DIPA. L'idée n'était pasd'avoir simplement un échange general de points de vue entreindividus s'intéressant au problème mais d'avoir des spécialistespour presenter tous les faits connus concernant les migrationsdans les différents pays ea-tiers de l'Afrique de l'Ouest et del'Afrique Centrale. Ainsi, ce devait are une reunion technique,si l'on peut utiliser ce terme pour des questions essentiel-lement socio-économiques, de la mame flagon que les biologistesocéanographes se rencontrent périodiquement pour discuter del'état des stocks d'une certaine variété de poisson ou bien commeles techniciens des péches échangent leurs experiences à proposdes performances de certains types d'engins de péche.

Cette rencontre avait été programmée pour Novembre 1990 etdevait se presenter comme une consultation d'experts, ayant lecaractère d'une table-ronde informelle. Les participants avaientété sélectionnés pour presenter une communication sur les

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migrations observées sur une certaine aire géographique ou dansun groupe ethnique donne, et suivant certaines lignes directricesgénérales. Les réponses se sont révélées positives et l'enthou-siasme soulevé a dépassé nos espérances. Ces communications ontété rédigées, envoyées le plus souvent bien avant la rencontre,et malgré quelques difficultés de communication et de retardsadministratifs, tous les participants étaient présents quand laréunion a commencé le 6 Novembre sous la présidence du Dr. KoffiAfful de l'Université de Cape Coast.

2. La table ronde sur les migrations de pêcheurs en Afrigue del'Ouest.

La pache artisanale a toujours été d'une très grandeimportance au Ghana. Ces dernières années, les pacheurs à lapirogue ont régulièrement débarqué plus de 200,000 tonnes depoisson chaque année, ce qui représente 70-80% de la productiontotale de poisson de ce pays. De plus, le Ghana est le principalexportateur" de pécheurs de la région. On rencontre ces derniers

régulièrement au moins dans une douzaine de pays.

C'est pour cette raison que le Ghana avait été choisi comeétant le lieu le plus approprié pour l'organisation d'une tableronde sur les migrations des pécheurs. Par pure coincidence, ils'est trouvé que l'emplacement mame de la réunion, l'AcadémieAfricaine des Arts et de la Musique (AAMA) près du village deKokrobite à quelque 25 km d'Accra, était un endroit tout à faithistorique dans la mesure où il s'agit de péche. Come il l'a étésouligné dans le discours d'ouverture du Représentant Régionalde la FAO pour l'Afrique, des indices révèlent que Kokrobitepourrait are "Cabo des Redes" ainsi dénommé par l'explorateurportuguais Duarte Pacheco Perreira a cause du grand nombre defilets qu'il avait pu observer à cet endroit la, il y a de celapresque 500 ans.

C'est donc dans ce cadre historique et avec le bruit desvagues venant s'échouer sur les rochers et la plage quelquesmètres plus loin que 18 participants et 2 observateurs ontentrepris pour 4 jours des échanges intenses sur le thane desmigrations de pécheurs. Les discussions ont porté sur toute lacOte, du Cap Blanc jusqu'a la rivière Zaire, quoique lesinformations disponibles varient considérablement d'une zonegéographique a l'autre ou suivant les différents groupesethniques se déplagant de fagon périodique par de-la lesfrontières ou à l'intérieur de leurs propres pays.

La masse et la qualité des données figurant dans lesdocuments n'est donc pas nécessairement un reflet des capacitésou compétences d'auteurs. Au contraire, ces documents sont letémoignage des efforts considérables de chaque auteur pouressayer de recueillir, extraire et déduire quelques informationsqui existaient, d'en tirer des conclusions afin de les rassembler

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en une sorte de tableau descriptif des migrations des pécheursdans leurs zones spécifiques respectives. Ce faisant, ilscontribuent à réaliser l'objectif principal des discussions de latable ronde.

Très brièvement, il s'agissait de recueillir desinformations aussi complètes que possible sur tous les aspectsdes migrations des pécheurs en Afrique de l'Ouest, afin de savoirde quelles données on pouvait disposer et celles qui manquaientencore. Il avait été demandé aux auteurs de rester plusdescriptifs que théoriques et d'essayer de mettre l'accent surles données quantitatives quand cela était possible. La questionfondamentale à se poser dans tous ces exercices était: Quel estréellement l'impact des pécheurs migrants, à la fois du point devue des pays et des communautés d'accueil et de celui descommunautés et pays d'origine.

Il faut souligner également que le terme de migration lui-méme dans les directives des auteurs et à travers lesdiscussions était pris dans un sens très large. En d'autrestermes, il pouvait signifier guantités de formes de déplacementsdes pécheurs entre un ou plusieurs lieux, c'est à dire les plagesdébarcadère ou les ports, permanents ou temporaires, à longterme ou a court terme.

Le deuxième objectif majeur de cette rencontre était lapossibilité pour les participants de combler des lacunesconcernant "leurn domaine particulier grace a la contribution desautres participants. Cela était peut-ètre particulièrement utilepour un sujet comme les migrations inter-frontières où il estpossible qu'un des participants ait pu étudier un groupe depécheurs donné dans son pays d'origine, tandis qu'un autre a pusuivre le méme groupe dans le pays d'accueil: les points de vueet les types de données collectées peuvent varierconsidérablement.

Il a été, de plus, très intéressant de noter combien le seulpécheur migrant présent avait apporté de complémentsd'informations au cours de cette table ronde qui réunissait parailleurs des universitaires, certains travaillant commechercheurs, d'autres engagés dans l'aide au développement. Cepécheur, William Batch Kwofie, originaire de Komenda au Ghana, aété rencontré pour la première fois par l'auteur à Sassandra,Cate d'Ivoire, en Décembre 87. La rencontre suivante a eu lieusur la plage d'un petit village du Nigéria, dans l'état de Lagospour enfin se retrouver fortuitement au port de péche de Cotonou.Autrement dit, un très bon exemple de pécheur migrant, et unparticipant du plus grand intérét à la réunion de Kokrobite.

cet échange d'informations complémentaires n'a pas étél'unigue raison de la mise en place de la table ronde, untroisième objectif majeur a été bien sür celui de réunir des

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participants discutant du "probleme" des migrations de pécheursdans sa totalité, en se basant sur les experiences vécues dansles différents coins de la region et également sous l'angle deleurs différentes disciplines universitaires et formationsprofessionnelles. Bien que les participants aient d'abord étéchoisis en fonction de leurs connaissances personnelles sur lesujet des migrations de pécheurs d'un point de vue généralementsocio-économique, leurs formations pluri-disciplinaires ontapporté une dimension supplémentaire positive à la rencontre. Onpeut dire la ;Ilene chose s'agissant de l'heureuse association dechercheurs à plein temps avec des personnes concrètement engagesdans des activités de développement. Ensemble, ces deux types departicipants ont permis la presentation des différentesperspectives d'un méme phénomène.

3. Principales conclusions de la rencontre et propositions pour1' avenir.

Il est peut ate superflu de se mettre à commenter lesconclusions d'une rencontre dont l'objectif principal était defaire le point de nos connaissances ainsi que de nos lacunes ausujet d'un aspect si important de la péche artisanale en Afriquede l'Ouest. Cette publication en est de toute fagon le résultatessentiel et permettra à cheque lecteur de tirer lui-méme sespropres conclusions a partir des données presentees dans lescommunications et sa partir des opinions des différents auteurs.

Néanmoins, on a pu dégager de ces rapports certains pointscapitaux ainsi que des schemes qui ont été repris et élaborésplus en profondeur dans les discussions. Il serait bon de lessouligner, spécialement à l'intention de tous ceux qui n'ont pasparticipé a la table ronde. Ce qui suit n'est naturellement qu'unrésumé sommaire de certains aspects des migrations des pécheursqui ont été au premier plan des contributions écrites ou oralespresentees a la reunion.

A propos du phénomène des migrations de pédheurs en Afrigue del'Ouest

Il ne doit pas étre vu isolément ; les migrations humainesont lieu en Afrique depuis des temps immémoriaux, elles sontliées pa de nombreux facteurs socio-politiques qui vont durale de la famille africaine jusqu'a la mise en place defrontières artificielles.

On ne doit pas oublier non plus le contexte globalhistorique avec ses consequences politiques: la distributiondans le temps et les directions de la plupart des grandsmouvements de population au cours du temps sont directement

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liés 6. des événements historiques et à leur impact sur lesdécisions politiques du colonisateur et plus tard sur lesdécisions politiques et économiques nationales.

Les migrations ne sont un aspect important de la péche

artisanale dans son ensemble, secteur qui prendraprobablement encore de l'importance dans les années à veniren Afrique de l'Ouest étant donné l'accroissement de lapopulation entrainant une pression croissante desressources naturelles.

Les migrations se présentent sous de nombreuses formes,depuis les mouvements à court terme sur des distancesmoyennes à l'intérieur méme du pays jusqu'aux"installations" à long terme dans des pays bien éloignés dupays d'origine. D'autres migrations prennent plus la formede nomadisme avec des déplacements constants mais pas

forcément réguliers entre plusieurs lieux: il est doncimportant d'identifier et de distinguer les modes dedéplacements souvent considérablement différents.

A propos des pécheurs migrants eux-mames et de leur motivations.

Généralement, les pécheurs migrants ont de grandesdispositions pour s'adapter b. de nouvelles situations tantsur le plan physique que sur celui de l'environnementhumain. Ils trouvent le plus souvent des solutions méme dansles pires conditions et continuent leurs opérations de pécheméme lorsque des problèmes tels que l'accès à l'équipementpeuvent se poser. De la méme manière, ils sont capables desurvivre aux pires crises politiques méme celles quidébouchent sur des expulsions en masse.

La communication entre les pécheurs migrants en des lieuxdivers et leurs familles restées au pays se faitgénéralement suivant des réseaux sociaux. La cohésionl'intérieur des différents groupes, à des degrés diversdepuis la famille large jusqu'au groupe ethnique du villaged'origine, seMble élevée malgré une compétition individuelleau sein des activités de péche proprement dites.

Les pécheurs migrants sont généralement mieux équipés queles pécheurs des communautés d'accueil au moins pour lesmigrants sur de longues distances qui ont généralement degrandes pirogues et un matériel mieux adapté à la 'Ache enhaute mer Ils ont aussi tendance à are de grandsspécialistes de la péche n'utilisant essentiellement qu'uneou deux techniques.

Les causes des migrations des pécheurs sont variables maissont généralement d'ordre économiques, répondant enparticulier au désir d'accumuler un capital. La péche loin

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de chez soi n'est pas nécessairement simplement motivée pardes facteurs "attractifs" comme des ressources naturellesplus abondantes, un meilleur accès des zones commerciales,des prix plus élevés du poisson, l'accès à une devise forte,la disponibilité d'équipements... etc..., mais aussi par desfacteurs "répulsifs" comme les crises économiques nationalesau niveau macro et de lourdes obligations sociales (et doncéconomiques) à un niveau micro.

Ce sont les hommes, a quelques exceptions près, quis'occupent de toute la pêche en Afrique de l'Ouest, ce sonteux qui migrent. Cependant, les femmes les suivent souventet peuvent jouer au moins un rôle aussi important dans latransformation et le commerce du poisson, situationparticulièrement prédominante dans les pays du golfe deGuinea.

A propos de leurs relations avec les communautés et/ou paysd'accuell:

Les pêcheurs migrants vivent habituellement en harmonie oudu moins en coexistence pacifique avec les communautés lesaccueillant et sont le plus souvent bien intégrés à la vieéconomique de ces populations, mais ils le sont beaucoupplus rarement sur le plan social et culturel et leurinfluence sur les affaires politiques locales estgénéralement limité.

Les conflits entre pêcheurs immigrants et pêcheurs locauxsont relativement peu frequents et surviennent surtoutlorsqu'ils exploitent les mêmes ressources (les mêmesespèces de poisson) avec le même type d'équipement de pêcheou quand il arrive que le materiel de l'un des groupesendommage celui de l'autre; par exemple les filets dérivantsqui s'enchevêtrent dans les filets maillants (ou autressituations équivalentes) Des conflits peuvent égalementsurvenir plus facilement si les pêcheurs migrants emmènentles produits de leur pêche chez eux au lieu de lescommercialiser sur place.

Les communautés de pêcheurs migrants se fixant pluslongtemps sont la plupart du temps très organisées,respectant des règles strictes de conduite à tenir enversles communautés et/0u les pays d'accueil. Des efforts sontfaits pour respecter exactement les usages de la region (parexemple, offrir traditionnellement des cadeaux aux chefsavant d'être autorisé à s'installer) et pour être enharmonie avec la loi et éviter des heurts avec les autoritésofficielles.

Néanmoins, les pécheurs migrants restent un groupe trèsvulnerable, aux droits limités comparativement aux

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autochtones, ce qui peut expliquer le dénuement descampements des pécheurs migrants, qui sont généralement defacture provisoire méme quand ces derniers les ont occupéspendant des années, voire Mine des generations. Comme lesont souvent exposés les immigrants étrangers, ils sontfréquemment rendus coupables de crimes qu'ils n'ont pascommis et sont généralement à la merci des decisionspolitiques qui peuvent leur étre défavorables, ou victimesdes caprices des autorités locales.

A propos de l'impact des pécheurs migrants tant sur lescommunautéS d'accueil que chez eux-

L'impact technologique des pécheurs migrants varieconsidérablement d'un endroit à un autre et depend de lavolonté de la communauté d'accueil ou de ses capacitésd'adaptation b. de nouvelles méthodes ainsi qu'à de nouvellesformes d'organisation de travail liées à certainestechniques de péche. Cependant, les pêcheurs migrants engeneral, les Sénégalais et les Ghanéens en particulier, ontété de tout temps des propagateurs de technologie.

Ce n'est pas seulement les nouvelles méthodes de 'the quisont introduites par les pécheurs migrants mais aussi unsavoir-faire connexe tel que la manoeuvre en mer, lescompétences techniques, la construction des canots etc...mais peut-étre, tout aussi importantes sont les technologiespost-récoltes introduites en particulier par les femmes despécheurs, et qui jouent un rede dans la conservation duproduit (fumage, séchage, salaison, etc...)

Les produits de la péche des pécheurs migrants sont le plussouvent la plus grande source de protéines animales qu'onpuisse trouver dans les pays où ils opèrent, une source quine peut normalement étre remplacée par les captures despécheurs locauk sans provoquer des importationssupplémentaires nécessairement au detriment des reservesnationales de devises étrangeres. En d'autres termes, lespécheurs migrants participent à une substitution de produitsimportés qui peut atteindre une valeur considerable tandisqu'il utilisent souvent des canots et équipement achetésdans leur propres pays.

Les pecheurs migrants, par le biais de leur presence et deleurs activités qui, on doit le rappeler, sont des activitéséconomiques essentielles générent un grand nombre d'emploisau niveau local méme lorsque, dans certains cas, il y a peude transfert de technologie ou que ce sont leurs femmes quis'occupent presque totalement de la transformation desproduits. Les emplois dans les secteurs secondaires ettertiaires sont de plus en plus entièrement assures par leslocaux comme la vente au detail du poisson frais, la vente

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en gros du poisson transformé, le transport,l'approvisionnement en carburant, bois de chauffage etc...plus tous les autres petits métiers et services nondirectement du domaine de la péche mais qui sontinévitablement nécessaires dans une communauté de pécheurs,comme la preparation de nourriture, la confection devétements, la coiffure, la vente de boissons, d'habits,d'équipements domestiques etc... etc...

Les communautés d' origine de ces pècheurs migrants, entirent également profit, d'abord par les envois de fonds auxfamilles mais aussi, grâce a la constante identification despécheurs avec leur groupes d'origine que l'on peut constaterdans la plupart des cas, par leurs séjours périodiques aupays avec leurs contributions aux ceremonies et festivités.Les pécheurs migrants ont tendance également a investir unegrande partie de leurs gains dans leur village d'origine,principalement dans la construction des maisons permanentesmais aussi dans divers secteurs économiques.

Ainsi, les pécheurs migrants ont généralement un impactpositif h la fois chez eux et hors de chez eux. Ce n'est pascontradictoire vu que les pécheurs migrants en tant quepécheurs artisanaux sont en general générateurs de richesseset de plus, ils le sont avec relativement peud'investissements et un minimum de dépendance vis à vis del'extérieur, tout au moins si on compare avec des activitéséconomiques primaires à forte demande de capital telles quela péche industrielle ou l'agriculture fortement mécanisée.

A propos de l'avenir des pacheurs migrants

on s'attend à ce que les migrations des pécheurs sepoursuivent a grande échelle en Afrique de l'Ouest pendantles années a venir malgré de récentes crises politiquescome le conflit Sénégalo-Mauritanien et la guerre civile auLiberia qui ont conduit au rapatriement de milliers depécheurs. De plus, les gouvernements font preuve d'attitudesdiverses, les uns considérant les étrangers comme despilleurs de ressources nationales, les autres comme étantprofitables a l'économie locale.

Il y a certaines tendances qui laissent à penser que le röledes pécheurs migrants pourrait changer quelque peu, étantdonne que certains gouvernements insistent sur un röle plusactif des migrants pour la formation des pécheurs locaux parexemple en leur demandant de recruter localement un ou deuxmembres d'équipage; dans d'autres endroits, il est possibleque les pécheurs étrangers soient autorisés à pécher etdébarquer leur production mais leurs femmes ne sont pasautorisées a la fumer, ceci étant reserve aux femmes du pays(bien qu'il ne soit pas clair que cette situation puisse se

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répandre dans toute la region).

Dans plusieurs pays, il y a aussi une tendance croissantedes investisseurs locaux ayant peu ou rien a voir avec lapeche, à acheter et équiper une pirogue (apportée le plussouvent par un pecheur migrant) et a employer des pécheursmigrants come equipage sur contrat de type habituel patron-employe et des indices donnent à penser que ce genre derapport ira croissant, réduisant peut-étre éventuellementle r6le des propriétaires de pirogues ou chefs d'équipagemigrants.

La dernière question que les participants à la table rondese sont adressée a été de savoir dans quelle directions'orienter a partir de ces constats. 11 y a eu un accordgeneral pour dire qu'il restait encore beaucoup de travailfaire avant de pouvoir vraiment prétendre a une totalecomprehension des migrations de pécheurs en Afrique del'Ouest et tandis que nous disposons d'une base de donnéesraisonnable sur les captures, le nombre des pécheurs, lestaux de motorisation etc... concernant certains pays de laregion, d'autres se distinguent par le manque de donnéesstatistiques les plus élémentaires, ce qui rend touterecherche plus approfondie extrémement difficile maisd'autant plus nécessaire.

Il a été convenu que les etudes ultérieures se feraient avecune approche plus dynandque et systématique et qu'il faudraitfaire plus qu'un travail inter-disciplinaire. Au moins, ceux quitravaillent dans différentes disciplines devraient se consulterplus souvent, puisqu'ils en tireraient un benefice mutuel: Parexemple, un historien a beaucoup a apprendre d'un économiste oud'un anthropologue et vice-versa.

En méme temps, il a été également conseillé de ne paséloigner du contexte le probléme des migrations lors d'études oude recherches ultérieure, la question doit étre prise dans lecontexte plus large des péches artisanales. En fait, les etudessur les migrations sont une bonne introduction à l'ensemble dusujet des péches artisanales, secteur économique de grandeimportance dans la region. Les etudes et recherches sur le mondeactuel de la 'Ache artisanale seront probablement d'uneimportance vitale pour les décennies a venir.

En ce qui concerne les actions futures que devraientaccomplir dans la region un organisms de développement comme laFAO ou le programme regional du DIPA, il y a eu plusieurssuggestions dont les plus importantes sont résumées ci-dessous:

1. ASSISTANCE POUR LA CONSCIENTISATION DES GOUVERNEMENTS: Lesparticipants avaient la très nette impression que lesgouvernements et les autorités du secteur péche avaient très

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peu conscience de l'importance des migrations des pécheurset la FAO et le DIPA devraient jouer le r6le de leurtransmettre les connaissances acquises jusqu'ici. Ceciaiderait à trouver une solution aux incompréhensions qui ontconduit à des mesures très dures vis a vis des pécheursmigrants dans le passé, mesures dont les consequences ontété au detriment des pécheurs eux-mémes, des communautésd'accueil et des pays hikes.

ASSISTANCE POUR LA FORMULATION DE POLITIQUES: Tres peu degouvernements ont des lois ou des politiques concernant lespécheurs migrants et au niveau inter-régional, elles sontpratiquement inexistantes. Etant un organisme international,et les migrations des pécheurs étant un phenomena largementmultinational, la FAO devrait donner son appui auxgouvernements pour l'élaboration de decisions politiquesconcernant ces migrations et aider à leur standardisationde manière qu'elles puissent étre appliquées régionalement.

RECOMMANDATIONS AUX AUTRES ORGANISMES DE DEVELOPPEMENT: Cen'est pas seulement les gouvernements qui ont besoin deprendre conscience des phénomènes de migrations, beaucoupd'organismes de développement sont engages actuellement dansdes projets de développement de la péche en Afrique del'Ouest et nombre d'entre eux pourraient avoir besoinégalement de plus amples informations sur la question.

ASSURER DES CONSULTATIONS REGULIERES ENTRE CEUX QUI ETUDIENTLES MIGRATIONS. La FAO n'est pas un organisme de recherchemais est représentée dans cheque pays de la region cevtièreainsi que le DIPA et est donc en bonne position pour dirigeret suivre les ètudes et recherches faites sur les migrationsdes pécheurs qui ne sont pas forcément toujours publiées.faudrait de toute fagon maintenir le contact entre lesparticipants de la reunion de Kokrobite et peut-étreorganiser une rencontre similaire de remise a jour d'iciquelques années.

Voila manifestement des propositions raisonnablesconstructives pour lesquelles on devrait oeuvrer. En fait,certaines initiatives ont été déjà prises. La première &tape pourune conscientisation des autorités gouvernementales seraient deporter a leur connaissance ces informations accompagnées desrécentes conclusions et recommandations sur ce sujet et parexemple de mettre à leur disposition les communicationspresentees à la reunion de Kokrobite, comme elles peuvent yaccéder à travers cette publication. Cheque département ouministers des péches de la cète ouest ou d'Afrique centralerecevront des copies de ce document de travail. De plus, lesprincipales conclusions de cette consultation d'experts deKokrobite seront certainement reprises et discutées dans descommissions régionales sur la péche artisanale auxquelles

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prendront part des représentants de différents gouvernements.

Quant à la proposition plus spécifique d'aider lesgouvernements à élaborer une politique concernant les migrationsdes pécheurs, on devra la considérer comme un objectif à pluslong terme nécessitant peut-étre un projet spécifique ou mameplusieurs. Toutefois, rien ne pourra étre realise sans l'étroiteparticipation des gouvernements concernés et la première étapefaisant suite à la diffusion des documents de Kokrobite pourraitétre de réunir les autorités des secteurs péche des différentspays afin de procéder à l'étude des politiques actuellement encours et de tracer les lignes possibles du déroulement desactions a venir.

Ce qui a été dit a propos de la conscientisation desgouvernements s'applique en effet également pour le pointconseil aux autres organismes de développement". Ici aussi, la

diffusion de la présente publication est un premier pas qui serafacilité par des contacts étroits entre le DIPA et les autresprojets de développement des péches en place dans la region.

Enfin, en réponse à la dernière proposition, il faut direque la FAO en general et le DIPA en particulier, essaieront desuivre toute evolution concernant les etudes de migrations dansla region. Par le biais d'une reactivation du "Réseau Migrations"le DIPA peut contribuer à faire connaitre les travaux récentstous les chercheurs mais, en fin de compte, c'est aux chercheurseux-mémes de suivre les progrès des travaux des uns et desautres. Le DIPA est un programme de développement à durée de vielimitée mais les migrations des pécheurs et les recherches surcelles-ci continueront bien longtemps après que le programme aurapris fin. Ainsi, la continuation des échanges d'informationsdevra are assurée par d'autres et peut-étre que l'un desnombreux instituts de recherches de la region représentés à lareunion pourrait assurer cette fonction.

Ceci étant dit, ce sera en premier lieu aux lecteursindividuels des articles ci-joints de développer leurs opinionssur les conclusions générales presentees dans cette introductionou sur les points particuliers soulevés par les auteurs, tout engardant à l'esprit que ceci n'est qu'un point de depart pour lacomprehension de ce phénomène extrémement important et trèsrépandu qu'est la migration en Afrique de l'Ouest. Nous avonsseulement effleuré le problems, il reste beaucoup de travaildevant nous, mais les premières grandes lignes pour savoir dansquelles directions ce travail doit se faire ont au moins étédéfinies. Toute suggestion nouvelle serait, bien silt-, toutfait bienvenue.

Cotonou, Mars 91.

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GEOGRAPHIE HISTORIQGE DES MIGRATIONS DE PECHEDMS LA ZONE DU COPACE

(fin XIX& siècle - années 1980)

par Jean-Pierre Chauveau

1. INTRODUCTION

Je propose une tentative de reconstitution des principauxmouvements migratoires attestés, depuis la fin du XIX siècle,une échelle géographique assez petite - c'est à dire impliquantdes distances assez grandes comparables aux frontières actuellesdes Etats africains. La grande région considérée ici correspond ala zone du C.O.P.A.C.E.

Les limites de cette reconstitution sont les suivantes

Le dépouillement du matériel historique est loin d'étreexhaustif

Les informations ignorant souvent (ou ne retiennent pas) lesmouvements saisonniers de faible distance, inséparables despratiques halieutiques ; elles ne distinguent pas en général, lesmigrations de faible durée, de longue durée et d'installationquasi-définitive

Nous ne disposons pas de séries de données quantitatives surune telle p6riode

Enfin les données sont biaisées par un a priori Hétatiste"dans l'identification de la trame géographique des migrations depécheurs : cette trame est très tart assimilée aux limitesterritoriales des colonies et, aujourd'hui encore, laconnaissance et l'enrégistrement des migrations demeurentétroitement dépendantes du passage ou non de frontières, auxdépens de la prise en compte d'échelles et d'unités spatialesplus conformes a la logique halieutique et à l'histoireéconomique ou sociale.

En dépit de ses limites, cette reconstitution historique peut-étre utile pour replacer la réflexion sur les migrationsd'aujourd'hui dans le contexte des grandes tendances (pastoujours linéaires) décelables sur un siècle. On doit donc enattendre surtout un éclairage sur les grandes variablescontextuelles qui ont contribué à modeler l'aspect de cesmigrations : conjoncture macro-économique, relations de la péchemaritime avec d'autres activités (1), diversité des sociétéslittorales et différences dans l'intensité de leur implicationdans la péche.

1. Il sera essentiellement question de la 'Dacha maritime,l'exclusion de la péche continentale, et des /Aches estuarienneet lagunaire.

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Nous procèderons à un essai de périodisation qui permettrad'avancer lors de la discussion quelques propositions relativesaux différents points soulevés par J. Haakonsen dans son "Guideaux auteurs" et que nous n'avons pu développer ici.

Les documents consultés (voir bibliographie) permettent en effetde distinguer quelques grandes périodes dans les migrations de/the. Nous avancerons une interprétaion à propos de chacuned'entre elles et, dans la conclusion, une interpretation généralesur l'espace halieutique de l'Atlantique africain.

2. ESSAI DE PERIODISNTION

2.1. Il n'est pas possible d'exposer dans le detail lecontexte historigue antérieur aux années 1880. Trois faitsdoivent are cependant rappelés.

2.1.1. Bien avant cette période, le littoral atlantiqueafricain a connu des mouvements de population paralléles à lacdte, notarnment dans les regions littorales soumises auxpressions d'Etats de l'intérieur. Par exemple, les actuellescötes de Sierra Leone et de Guinée ont connu en commun plusieursrecompositions de leur paysage ethnique. Autre exemple frappantle littoral du Golfe de Guinée qui s'étend des royaumes akan (al'est de la cite ivoirienne) au royaume du Benin (jouxtant ledelta du Niger) a été le theatre de migrations cötières, venantd'abord surtout de l'est et de l'Hinterland, puis de micro-migrations de peuplement fanti et ga (Ghana actuel) vers lelittoral actuel du Togo et du Benin. Un autre exemple de zonelittorale soumise à des mouvements continus de population est lazone couverte par les royaumes Ndongo, Kongo et Loango entre lelittoral nord de l'Angola et le littoral sud du Gabon. Il estcertain que, en dépit des tournures conflictuelles qu'elle a puprendre, ncette histoire partagee" a produit des espareks socio-culturels littoraux assez vast/es et très anciens. Ce n'est quetardivement, somme toute, que se sont superposes à ces espacesreconnus les limites territoriales coloniales puis nationales.Dans le cas du Senegal, cependant, la territorialisationcoloniale a joué au contraire dans le sens de l'intégrationadmini.'strative de zones littorales économiquement, socialement etculturellement différentes (ensembles wolof-lebu, serer-niominka,diola). Mais dans aucun cas, la colonisation n'a interrompu lamobilité des agents et des activités le long du littoralatlantique africain, notamrnent en matière de navigation et depéche (Chauveau, 1986).

2.1.2. La configuration générale des migrations de péche, estliée aux grandes transformations des economies africainesinitiées a partir du deuxième quart du XIXe avec le processus dereconversion d'une économie d'échange à dominante esclavagisteune économie d'exportation de produits primaires (gomme et huilede palme, puis arachide, caoutchouc sauvage et cacao). En toute

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hypothèse, et à partir des mouvements de population et des fluxd'échanges littoraux antérieurs (cf. exemples du pointprecedent), on peut situer dans la deuxiame moitid du XIXe sièclela mise en place des migrations de péche "modernes",canjointement avec le développement de la petite productionpaysanne d'exportation des produits primaires à partir desregions de l'intérieur (Chauveau, à paraitre). Le type demigration de péche sur lequel on possède du materiel historiqueest typiquement associé à des motifs de transactions en nature oumonetaires représentatifs cl' une forme d'action économigue de typemarchand (cela n'étant pas incompatible avec une logique desubsistance).

2.3.1. Dans le contexte de l'économie marchandecaractéristique de la deuxième moitié du XIXe siècle, la péche,les pécheurs et les agents intervenants dans la filière ont ététrès tat confrontés aux fluctuations des conditions économiguesdans l'espace littoral et dans le temps. Par exemple, l'évolutiondes différents foyers de navigation et de péche maritime montrela diversité des situations au sein du milieu littoral et leschangements (quelquefois discontinus et non linéaires) qui ontaffecté chacun d'entre eux dans le temps (Chauveau 1986 etparaitre). Ces facteurs de variabilité dans l'intensité et lesformes de péche ont donc, des le XIX pesé sur la configurationdes migrations de péche (par exemple la phase d'expansion deséchanges des années 1830-1890) Les pacheurs migrants ont doncune experience ancienne de changements de lieux de migration.

2 2 TPS décennies 1880 à 1910

2.2.1. Les informations suggèrent gu'est déjà en place latrame spatiale des migrations de pache contemporaines. On peutdistinguer

Un espace de migration allant de Port-Etienne en MauritanieFreetown en Sierra Leone, centre sur le foyer de migrationsénégalais, lui-méme decomposable en sous-foyers (guet-ndar,lebu, serer-nyominka) et secondairement sur le foyer sierra-léonals.

Un espace de migration compris entre l'ouest ivoirien et leBenin actuel, dominé par le foyer de migration ghanden et sessous-foyers (principalement fanti, ga et anlo) (2).

Un espace de migration propre à l'Afrique atlantique ducentre-ouest, entre le nord de l'Angola et le sud du Gabon, avecla preeminence des foyers de migrations de la région de Luanda etdu littoral vili.

2. Le sous foyer nzima étant orienté principalement versl'exploitation du milieu lagunaire.

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2.2.2. On peut faire certaines observations complémentaires

1) Certaines zones du littoral ne paraissent pas (ou très peu)concernées par les migrations de peche. Il faut cependantdistinguer

les zones qui manifestement n'attirent pas de migrations depécheurs : Liberia, Guinée Espagnole (actuelle Guinéeéquatoriale), Gabon. On peut remarquer que ces zones littoralessont peu peuplées et sont peu concernées par le développement dela "petite production marchande" qui se fait jour ailleurs.

Les zones qui semblent attirer depuis peu des pécheursmigrants : Congo français (sénégalais et sierra léonais sur lefleuve, dahoméens sur la façade maritime) et Cameroun pécheursd'Accra).

la zone nigériane, pour laquelle ne sont pas signalées desmigrations importantes de péche ; mais elles existent trésprobablement à l'intérieur des frontières coloniales (biais"étatiste"). Les migrations de pécheurs internes au littoralnigérian semblent constituer en elles-mémes un espace demobilité. Les migrations de pécheurs de la Gold Coast signaléesdans la période précédente se poursuivent.

2) Des cette époque, et sans doute avant, il existe un certainnombre de micro-regions littorales où sont amenés a se rencontrerdes pécheurs-migrants d' origines différentes. (I1 s'agit engeneral de littoraux "protégés", où la pache autochtone estrarement maritime : estuaires de Gambie et de la Guinée ; lagunesdu Togo et du Benin ; estuaires et bas-fleuve du Congo). C'est lecas en Guinée pour les pécheurs lebu et wolof du Senegal, et despécheurs sierra-léonais (sans doute sherbro et temne), sur lelittoral situé entre la Volta et l'actuel Benin pour les fanti,ewe et ga de l'actuel Ghana ; au Congo pour les pécheurscabindais et vili d'Angola et les pécheurs de Ouidah, du Senegalet de Sierra Leone.

Le recouvrement des aires de migration des principaux centres depéche maritime semble donc s'opérer sur des zones intérieures ouproches des aires de migrations anciennes. Les foyers demigrations distingués plus haut (cf. 31) demeurent bienindividualises et séparés entre eux par des zones littorales peuconcernées par les migrations de 'Deane.

2.2.3. On peut tenter d'intexpréter la configuration desmigrations de péche au tournant du siècle (années 1880 aux années1910) par son contexte politico-économigue. Durant cette période,se met en place le dispositif colonial, qui se greffe sur (plusqu'il ne conduit) une profonde transformation économique. Lesstructures sociales associées aux Etats précoloniaux et au "faitesclavagiste" déclinent, tandis que commencent a se répandre dans

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l'Hinterland de petites exploitations familiales écoulantdirectement leur production vers le secteur d'exportation. Cettepériode représente l'aboutissement d'une phase de reconversion,celle qui fait succéder à l'ère de la traite des esclaves cellede l'exportation de produits primaires. C'est maintenant lesstructures de production et de répartition des revenus qui, deplus en plus, s'en trouvent affectées. La "petite productionmarchande" gagne à elle un nombre croissant de micro-sociétés,contraintes de se reconvertir dans la "voie paysane". Celaprovoque un incontestable développement d'entreprises que l'onqualifierait aujourd'hui d'informelles.

Parmi ces entreprises, certaines ont à coup sûr concerné la 'Achemaritime Les aires de migration de péche illustrent notamment lamanière dont cette activité s'integre au mouvement économiquegeneral : elles sont centrées sur les littoraux où l'activitééconomique est la plus intense et qui servent de zones de transitpour les produits d'exportation de l'intérieur ; mais cesmigrations de 'Ache alimentent aussi un flux d'échange de poissontransformé vers les colonies d'où proviennent souvent lesmigrants (Sierra léone, Togo, Nigeria et surtout Ghana actuel).Notons que les migrations de péche suivent souvent des migrationsde travail le long du littoral ouest-africain, notamment lesmigrations de bateliers (passeurs de barre, petit transport parpirogue ou baleinières), de main-d'oeuvre (notamment les kru,embarqués sur les navires européens ou utilises comme hommes depeine à terre) et commerciales (traitants, boutiquiers). Cesréseaux migratoires non halieutiques ont fourni des informations,des sollicitations et des garanties d'accueil aux pécheursmigrants.

2 3 Les décennies 1920 et 1930

La periods de l'entre-deux-guerres ne révèle pas de grandschangements. Les aires de migration conservent leur configurationantérieure. Le materiel historique utilise cependant est moinsinformatif sur cette période. Il apparait une certainecontraction des aires de migrations mais on peut penser qu'ils'agit la d'un biais dans les informations pour une periods assezcomplexe (développement important des échanges dans les années1920, crise des années 1930 suivi d'une forte reprise à partir de1937.

2.3.1. On peut observer une complexification des migrationsl'intérieur des principales aires de migration, notamment dans lazone comprise entre la Cexte d'Ivoire et le Nigeria. Cettecomplexification se manifests par le fait que certaines partiesdu littoral sont simultanément des foyers de depart et d'accueilde pécheurs migrants. De la COte d'Ivoire à Lagos, le littoralsemble en particulier soumis à un veritable "mouvement brownien"de pécheurs.

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2.3.2. En dépit de l'absence de données quantitatives, on peutnéanmoins avancer que cette période connait dans l'ensemble uneintensification des migrations de péche consecutive audéveloppement de l'économie d'échange sur les cftes,intensification concentrée dans les principaux foyers de pecheoù, antérieurement déjà, sont le mieux diffusées les techniquesmaritimes nouvelles (épervier d'abord, puis senne de plage etfilet maillant dérivant de mer).

On peut noter que la crise économique des années 1939 ne semblepas avoir affecté les activités de péche maritime et lesmigrations de pécheurs. C'est peut-étre l'inverse qui s'est mémeproduit : le secteur de production et d'échanges dits "informels"a sans doute amorti l'impact de la crise des produitsd'exportation dans les economies littorales locales, avecquelquefois l'appui des autorités coloniales (exemple de l'appelde pécheurs migrants ewe en Côte d'Ivoire).

2 4 Les décennies 1940 et 1950

2.4.1. L'élément caractéristique de cette période est latendance au recouvrement des aires de migration antérieures par,notamment

l'extension des migrations sénégalaises wolof et lebu vers leGolfe de Guinée (Cate d'Ivoire) renforcée par les migrations desNiominka vers la Guinée portugaise

l'extension des migrations fanti vers le Liberia et la SierraLeone à l'ouest.

l'individualisation vers un foyer de migration sur le littoralallant du pays ewe a l'actuel Benin. Les pécheurs de cette partiedu littoral, souvent eux-mémes anciens (ou fils de) pécheursmigrants iristallés dans la zone, seront appelés, par la suite,"Popo" dans les nouvelles zones d'accueil temporaire ou permanentdu Liberia, du Gabon et du Congo.

les migrations de péche originaires du Nigeria vers leCameroun et peut-étre déjà vers le Gabon.

2.4.2. La nouvelle configuration des migrations de péche danscette période peut s'expliquer par la convergence de plusieursfacteurs

le développement de l'infrastructure urbaine littorale et dela demande de consommation qui s'ensuit (généralement en produitfrais);

la reprise après la guerre de l'économie paysane d'exportationdans l'intérieur et la demande de consommation induite(généralement en produits transformés);

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3) l'apparition de nouvelles techniques favorables à la mobilitédes pécheurs et du produit : début de la motorisation despirogues, utilisation de véhicules pour le mareyage etdéveloppement de l'infrastructure routière.

2.5. Des années 1960 aux années 1980

Cette période, marquee par l'accession à l'indépendance de laplupart des colonies du littoral, voit s'amplifier la tendancenée précédemment du recouvrement des grandes aires de migrations.Elle correspond cependant à des variations régionales asseznettes.

2.5.1. Le très important et ancien foyer sénégalais connaitune stabilisation voire une regression de son aire de migration.Celle-ci semble atteindre sa plus grande amplitude dans lesannées 1960. Mais la péche par des marins sénégalais attestéedans le Golfe de Guinée concerne plutert des petits groupes ouindividus considérés comme établis dans les zones d'accueil (Cated'Ivoire, Congo), ou bien résulte de circonstances particulièreset momentanées (convention sénégalo-dahoméenne d'assistancetechnique par des pécheurs sénégalais à Seme-plage et Ouidah).Par la suite, il semble que les migrations de péche sénégalaisesse limitent au sud a la Guinée. Parallèlement, ouconsécutivement, on observe au nord une reprise des migrationssénégalaises vers la Mauritanie. Il est d'ailleurs probable quecelles-ci mobilisent un effectif de pécheurs sensiblement plusimportant que les anciennes migrations vers les pays du Golfe deGuinée.

Le resserrement de l'aire des migrations sénégalaises corresponddonc a un déplacement géographique de sa localisation maiségalement à une forte croissance de la production piroguière auSenegal méme, a cause notamment de la motorisation des piroguesentreprise déjà dans les années 1950 (en 1958, 400 pirogues sontdéjà motorisées). Peut étre l'avance du Senegal dans ce domainea-t-elle contribué à rendre sans attrait les migrationslointaines au profit d'une extension locale des zones de péche etdes migrations internes au littoral sénégalais.

Une autre raison du resserrement géographique des migrationssénégalaises est liées aux indépendances, la constitution debarriere douanière ou tout au moins, d'un contrale administratifsur les étrangers. Après que furent dissoutes les federations del'A.O.F. et l'A.E.F., les Sénégalais ne bénéficièrent plus de laprotection administrative coloniale antérieure.

Par la suite, les debauches offerts à la 'Ache piroguière enMauritanie se sont développés (croissance de Nouakchott créé en1957, unites de conditionnement pour l'exportation à Nouadhibou,utilisation récente de pirogues sénégalaises par des "bateauxramasseurs" industriels). La proximité de ce déhouché,

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correspondant en outre à une zone de péche plus productive,contribua à dévaloriser les migrations lointaines du sud. Peut-are les récents et malheureux évenements sénégalo-mauritaniensvont-ils les relancer...

2.5.2. L'autre foyer de migration, le foyer ghanéen, connait uneevolution différente. Son aire d'extension tend à l'inverse des'amplifier en dépit des mesures politiques qui ont frappe sesressortissants dans différents pays d'accueil depuis la fin desannées 1950 (C6te d'Ivoire, Sierra Léone, Congo, plus rarementNigeria, aujourd'hui Liberia ). Malgré cela, l'aire de migrationdes pécheurs ghanéens (surtout f anti et ewe) dépassesystématiquement la Sierra Leone (Guinée, Gambie et méme Senegalvers le Nord) et concerne régulièrement le littoral du Nigeria auCongo. L'aire de migration ghanéenne couvre aujourd'hui la quasi-totalité de l'aire des migrations de péche ouest-africaines,l'exception de la Mauritanie qui &bait, il y a peu encore,monopolisée par les migrations sénégalaises.

On peut avancer plusieurs elements d'explication à cetteexpansion géographique. L'un concerne la situation macro-économique d' ensemble du Ghana, qui s'est considérablementdégradée à partir du milieu des années 1960. Cet argument n'estpas cependant suffisant. Comparée à la situation ghanéenne, lasituation sénégalaise n'est pas beaucoup plus brillante à partirdes années 1970, sans pour autant susciter une extension del'aire de migration, sinon vers la Mauritanie.

D'autres elements doivent donc étre pris en compte comme la chutede certaines pécheries littorales ewe après la construction dubarrage d'Akosombo sur la Volta et la reconversion partielle versla péche continentale sur le lac de retenue ; ou comme laconcurrence, bien plus forte qu'au Senegal, de la pécherie "semi-industrielle" sur la péche piroguière. D'autres facteurs,verifier, resident dans une politique d'aide à la péchepiroguière moins favorable qu'au Senegal (où en outre les projetsde pécherie semi-industrielle ont toujours échoué), notamment enmatière de motorisation. Les migrations de pécheurs ghanéenspeuvent étre renforcées par le motif d'équipement ( moteur,engins, carburant) et orientées vers des pays où la disponibilitéen materiel et son coût en monnaie locale sont plus favorables.Dans ce contexte, loin de décourager les migrations de 'Ache, lesmesures politiques prises à l'encontre des pécheurs ghanéens danscertains pays les incitent peut are à prospecter et exploiter denouvelles zones côtières.

2.5.3. A càté de ces deux foyers traditionnels de migration, onconstate l'individualisation durant les 30 dernières années denouveaux foyers de migration dans des zones jusqu'alorsprincipalement accueillantes de migrants.

C'est notamment le cas du foyer que l'on peut qualifier de

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"popo". Bien que ce terme désigne stricto-sensu les populationsde pécheurs d'une micro-region du littoral béninois, il sertdesigner, dans les zones d'accueil du Liberia du Cameroun, duGabon et du Congo, divers pécheurs migrants : xwla, xweda et popodu Benin, ewe et mina togolais, ewe du Ghana et mame quelquefoisfanti. Comme on l'a vu, beaucoup de pécheurs togolais et béninoisimpliqués dans ce foyer "popo" sont eux mama originairesd'implantations étrangéres anciennes (ewe-anlo au Togo, fanti etga au Togo et au Benin).L'autre cas notable est celui des pécheurs nigérians (par exempleijaw et surtout yoruba-ilaje) qui migrent du Cameroun au Congo.

Dans les deux cas, il faut se garder d'y voir une rupture brutaledans la trame géographique des foyers de migration antérieurs.Les migrations popo et nigériane prolongent plus qu'elles nemodifient les processus de longue durée. Le foyer "popo" relèveen grande partie d'un réaménagement de l'ancien foyer ghanéen,avec l'automatisation de ses composantes "mina" et ewe-anlo(depuis longtemps émigrées hors du Ghana) et leur associationavec les composantes locales ewe au Togo et xwla et xweda auBenin. De meme, les migrations des pécheurs nigérians relèventplutft d'une extension d'une aire de migration ancienne. Cesmigrations n'apparaissent probablement nouvelles que parcequ'elles traversent la frontière nigériane orientale en seprolongeant maintenant vers les cates du Centre-Ouest africain.

Le littoral du Cameroun au Congo apparait aujourd'hui une zoned'accueil de migrants d'origines diverses, comme l'ancienne "Catedes esclaves" au début du siècle -celle-ci étant devenu entre-temps un foyer de migration autonome. Dans cette zone, ghanéens,"popo" et nigérians ne semblent pas cependant migrer toujoursensemble. Dans une zone donnée, telle composante semble admise ouattirée au detriment d'une autre, en fonction de conjonctures quirestent à élucider (par exempla implantation des pécheursnigérians et simultanément depart des "popo" au Gabon, migrations"popo" et retrait des ghanéens au Congo).

3. INTERPRETATION GENERALE : LE LITTORAL AFRICAIN ATLANTIQUECOME SYSTEME SPATIAL

3.1. Interprétations générales

L'évolution des aires de migration au cours du siècle écoulésouligne un certain nombre de traits distinctifs. Ces traitsdemeurent presents dans la situation contemporaine des migrationsde péche dans la zone du COPACE.

Un résultat remarquable de l'analyse dans la longue période estle fait que, des la fin du XIXe siècle, les migrations despécheurs piroguiers s'inscrivent à l'échelle du littoralatlantigue africaim tout entier. Celui-ci constitue un systeme

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englobant au sein duquel la combinaison des conditions bio-environnementales et des conditions socio-économiques dessinentdes configurations historiques et des aires de migrationorganisées et fluctuantes.

3.1. Du point de vue des conditions bio-environnementales, cen'est certainement pas un hasard si les aires de migration (adistance appreciable) les plus anciennement attestées sontsituées dans les zones d'upwelling (sénégalo-mauritanien, ivoiro-ghanden, courant de Benguela). Entre ces aires de migrations, leslittoraux sont principalement occupés par des réseaux estuairienslacustres et lagunaires : la péche maritime y est fortementconcurrencée par la péche en eau saumatre ; la consommationlocale est fournie principalement par celle-ci (Chauveau,paraitre).

Le "système" de migrations qui relie tout le littoral atlantiqueest structure autour de foyer anciens de migrations de péche dontl'activité semble are principalement d'exploiter les zonesproches d'un upwelling donne (cf infra 4.1). En general, il setrouve que ces zones proches sont peu exploitées par lespopulations cftières, davantage tournées vers l'exploitation dumilieu paralique (Cate d'Ivoire, "Rivière du Sud" du Senegal,Gabon), ce qui facilite l'implantation locale des migrants. Lesdéplaccements périodiques des pécheurs au sein d'une meme zoned'upwelling sont particulièrement adaptés et adaptables auxmouvements saisonniers de certaines especes, notamment les

especes pélagiques catières, qui fournissent la partieprincipale de la production commercialisée (en volume), que cesoit sur le lieu de migration ou, sous forme conditionnée, dansles regions d'origine des migrants.

D'autres indications sur les determinants bio-environnementauxsont fournies par le cas d'un foyer secondaire de migration commela Sierra Leone ou par les nouveaux foyers "popo" et nigérian.Ils sont tous essentiellement issus de zones hors upwelling etdirigés vers des zones d'upwelling relativement peu exploitées-du moins commercialement - par les populations locales.

Cependant, l'explication des migrations de péche par ces seulesconsiderations bio-écologiques est très insuffisante pourexpliquer l'ensemble des cas typiques.

3.2. Il faut faire intervenir la variabilité (dans l'espace etdans le temps) des conditions socio-économigues pour interpreterla mise en place et l'agencement du système de migration qui, defoyers de migration en campements saisonniers, unit l'ensemble dulittoral atlantique.

1) D'abord, les foyers de migration les plus anciennementattestées correspondent aussi h des zones précocement livréesla "petite" production marcbande" comme forme économique

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dominante. C'est dans les foyers anciens, et surtout au Senegalet au Ghana, que la péche maritime piroguière s'est d'aborddéveloppée, à l'ombre du "secteur informel" de l'époque (les

politiques coloniales ignorèrent longtemps la péche piroguièredans ses programmes de développement).

Ensuite, la très forte extension de l'aire des migrationssénégalaises et ghandennes, à l'intérieur d'une zone d'upwellingou entre des zones différentes, suit étroitement les lignesd'évolution du contexte économique de tout le littoralatlantique. Des le milieu du XIXe siècle comme on l'a vu, lesmigrations de péche suivent l'implantation antérieure de migrantsde méme origine occupés dans les secteurs lies à l'économie detraite ; commergants, traitants de caoutchouc, employes,planteurs, passeurs de barre, bateliers, transporteurs... Par lasuite, c'est l'intensification de cette activité de traite et ledéveloppement parallèle de l'économie monetaire locale quimodèlent les aires de migration. Les aires senégalaise etghanéenne suivent les lignes géographiques de cetteintensification, d'abord à l'intérieur d'une zone d'upwellingdonnée, puis dans l'ensemble du système littoral. Au contraire,le foyer angolais-cabindais de migrations de péche s'estquasiment efface pour des raisons qui tiennent sans doute auxpolitiques coloniales dans cette region (notamment l'immigrationsystématique de pécheurs-artisans portugais en Angola) puis auxcirconstances politiques (queue de liberation et queue civile).

Chaque foyer de migration demeure donc sujet à des"pulsations" propres correspondant à un nombre assez élevé devariables. Mais il faut en outre souligner l'importance desrelations entre aires de migration qui relativisent lesconditions locales de débouché. De ce point de vue, lerecouvrement partiel des aires de migration doit étre interprétécomme une articulation de réseaux socio-économiques dont laregulation seopere dans le temps à l'édhelle atlantique toutentière. On peut en donner comme exemple les rythmes d'expansionet de contraction des foyers de migration les uns par rapport auxautres en fonction des conditions relatives d'abondance de laressource, des conditions d'accès à la ressource des conditionséconomiques locales.

On ne peut ici que souligner, sans pouvoir le décrire,l'importance de l'apport des migrations de pécheurs cantinentauxdans l'évolution de la péche catière (notamment Niominka duSaloum, Somono, Bozo, SUbalbe). Les migrations de pécheurscontinentaux vers la péche côtière ou en milieu paralique est unelement à ne pas négliger dans l'analyse sur système spatialmaritime, notamment par leurs effets technologiques.

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5) L'articulation de la péche et des migrations de pécheurs auxréseaux socio-économiques d'ensemble s'effectue à travers des

relations intersectorielles gui précèdent ou accompagnent lesmigrations. Notamment

relations péche-agriculture. On peut avancer à titred'hypothese générale que les migrations de péche à distance, dontil est surtout question ici, relève du développement de laproduction marchande dans le cadre d'économies "paysanes". Laspecialisation de certains foyers de migrations, anciens ou

nouveaux, n'est pas la consequence logique et linéaire dudéveloppement des pécheries locales mais le résultat d'unereconversion rendue nécessaire (cf. conclusion 4.1).

les migrations de péche requièrent l'organisation locale desfilières d'avitaillement, de commercialisation, de tranformation(éventuellement de réexportation du produit transformé) etl'institutionnalisation de relations avec les populations localeslittorales. Autant que de l'organisation des migrations depécheurs elles-mémes, la regularisation du système de migrations

l'échelle du littoral atlantique depend de la mise en place del'évolution et de l'état des autres elements de la filière avecce que cela suppose de relations interprofessionnelles etinterculturelles.

Les relations padhe artisanale-péche industrielle (ou semi-industrielle). On ne peut ici encore entrer dans les detailsd'une question d'ailleurs mal connue. Il faut souligner que cesrelations different d'une zone à une autre et que c'estprécisément ce différentiel qui contribue à structurer lesmigrations sur l'ensemble du littoral (par exemple le poids despecheries semi-industrielles au Ghana et peut-étre au Nigeria,compare à la situation sénégalaise ; le poids des pécheursartisanaux canariens en Mauritanie ou portugais en Angola a unecertaine époque).

4. CONCLUSION : ESPACE MARIN BALIEUTIQUE, CONDITIONS ECONOMIQUES

ET TERRITORIALISATION POLITIQUE.

4.1. Génèse des migrations lointaines ou durables

Des le début du siècle, le littoral atlantique, du Senegal auCongo, &bait vraisemblablement pergu comme un ensemble d'espacesde péche organises. Certains groupes, du moins, possédalentl'information nécessaire à cette perception d'ensemble. Ils'agissait essentiellement de groupes (sénégalais et ghanéens)qui possédaient un double avantage, halieutique et économique.

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En metiere de péche, ces groupes étaient originaires de regionscOtières soumises aux effets de l'upwelling, ce qui avait deuxconsequences importantes. D'abord la presence d'une ressourceabondante encourageait l'activité de péche (si d'autresconditions, d'ordre socio-économique, étaient réunies, comme onl'a vu). Ensuite, il est très probable que les déplacementsd'especes abondantes, determines par les conditions d'upwellingdans ces zones, avaient engage depuis longtemps les pécheurs dansdes déplacements saisonniers et leur avait donne la pratique desmigrations de péche et fait entrevoir leurs avantages en termeséconomiques et sociaux (3).

Du point de vue éconcmique, les groupes précocement engages dansles migrations les plus lointaines ou les plus durables étaientaussi les plus précocement intégrés dans le circuit de la"petite production marchande", dont le moteur &bait l'économied'exportation de produits agricoles (4). Dans à peu près tout lescas importants,ces groupes furent en outre contraints de sespécialiser dans la péche. Ces contraintes ont pu are de diversordres : dotation relativement mauvaise en ressources agricoles(cas des fanti de la C6te), rupture déja ancienne avec lesactivités agricoles et faible accès à un patrimoine foncier (GuetNdar, lebu du Cap-Vert et ga de la région d'Accra avec ledéveloppement de l'urbanisation, fanti des anciens comptoirseuropéens les plus importants), pejoration des conditionsagricoles associée à une forte croissance de la population ewe duGhana, Mina et Popo du Togo et du Benin) ou à des problèmesparticuliers (disponibilité en eau douce dans le cas des

3 Bien que les biologistes ne soient pas tous d'accord sur lesujet, on peut penser que la mobilité des poissons est déterminéepar la quéte de leur ressource alimentaire plus que par uncomportement "migratoire" programme. Dans les zones d'upwelling(Stretta, 1989 et Stretta et al., sous presse) cette quéte estconditionnée par l'intensité et la forme du phénomène d'upwellingsoumis à une variabilité interannuelle. Une orientation utile derecherche serait l'étude des savoirs des pécheurs non seulementsur la biologie des espèces mais aussi sur la variabilité del'environnement conditionnant la mobilité des poissons. Peut -onpar example expliquer par ces connaissances locales la differencemorphologique des migrations entre, d'une part, les zones del'upwelling sénégalo-mauritanien et angolo-congolais (migrations

distance, avec une orientation dominante des migrations) etcelle de l'upwelling Ivoiro-ghanéen (migrations plus complexes,multi-orientées)?

4. Rappelons que la genese des migrations h grande distance oudurables est associée a la preexistence de réseaux migratoiresextra-halieutiques qui ont fourni les sollicitations et lesgaranties d'accueil aux pécheurs migrants.

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Niominka). De maniere générale, l'hypothese de Jorion (1988) surl'émergence d'une peche maritime spécialisée est confortée : lesmigrations de péche lointaines ou durables correspondent a undegré déja élevé de specialisation dans la péche (vis-a-visnotamment de l'agriculture pluviale), et cette specialisationrésulte moins d'un choix délibéré de la part des pécheurs qued'une stratégie de reconversion h l'égard de l'agriculture. Cen'est semble-t-il que lorsque les contraintes et les risquesagricoles ne paraissent plus maitrisables que l'activité de péchedevient dominante et encourage la mise en place de migrationsrégulières, avec ce que cela implique dans l'organisation socialeinterne des communautés de pécheurs (relation entre classesd'age, entre hommes et femmes, entre villages).

4.2. L'histoire des migrations de péche invite donc à considérerle littoral atlantique comme un ensemble virtuel de foyers et deréseaux congu comme tel par les groupes des pècheurs qui sont misen situation de l'explorer, de le reconnaitre et de l'actualiser.L'actualisation de ce "systeme" spatial halieutique englobantrésulte de la prise en compte par les pécheurs de la coMbinalsonfluctuante des facteurs bio-écologiques, économiques etpolitiques Les contraintes évoquées plus haut pour expliquer laspecialisation dans la peche maritime et les migrations ne sontpas exclusives de la possibilité, par la suite, de choix destrategies de péche et de migration.

1) sur le plan bio-écologique, l'histoire des migrations de péchesemble montrer que l'espace halieutique atlantique est pergucomme compose de zones de péche particulières, discrètes maisnéanmoins en relation les unes avec les autres. On peut parlerd'un continum de "technotopes" marins, par analogiel'organisation de l'espace halieutique continental (Fay 1989). Un"technotope" est la combinaison d'un lieu et d'une technique depéche determines, pour une période donnée des cycles biologiquesdu poisson et des cycles écologiques du milieu. L'espace c6tierest ainsi reconnu comme l'emboitement spatio-temporel de"technotopes", offrant la double possibilité d'une mobilité entreles technotopes localises, d'une part, et de la coexistence detedhnotopes différents à l'intérieur d'une méme zone géographiquede peche d'autre part. Dans cette perspective, des etudes plusfines préciseraient les conditions bio-écologiques de laspecialisation non seulement entre pécheurs migrants et nonmigrants mais encore entre pécheurs migrants (par exemple entrega, fanti et ewe, ou entre wolof, lebu et niominka, ou encoreentre ewe, "mina" et "popo"). La specialisation dans unetechnique de péche (ligne, senne de plage, filet en mer parexemple est un aspect particulier de l'exploitation detechnotopes diversifies ; mais elle n'épuise pas la question dela specialisation en termes de technotopes, qui fait interveniraussi des périodes et surtout des lieux particuliers.

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Sur le plan économique, l'histoire des migrations semble eneffet montrer que l'exploitation de l'espace halieutiqueatlantique est fortement déterminée par les transformations ducontexte économique d'ensemble depuis le XIX siècle et par lessources de variabilité dans le temps et dans l'espace de cecontexte. L'actualisation de l'espace halieutique, pergu comme unsystème englobant virtuel, depend de ces variations quiexpliquent la mise en relation des technotopes et des espaceséconomiques particuliers par les migrations de péche (extension,regression ou apparition des foyers de migration considérés dansleurs relations les unes avec les autres)(5).

Il est clair que, d'emblée, la reconnaissance, la perceptionet l'actualisation de cet espace halieutique ont été modelées pardes facteurs que l'on peut qualifier de "politiques". L'histoiredu peuplement du littoral atlantique et l'essaimage decommunautés littorales le long de la ante d'abord, la mise enplace de l'infrastructure administrative et économique colonialeensuite, ont notamment structure ce système et expliquent la miseen place et les fluctuations des migrations de pêche al'intérieur de celui-ci.

Il est tout aussi clair que la superposition des eepaces fondéessur la logique halieutique (les "technotopes", du point de vue dela production), la logique de la "petite production marchande"(du point de vue des debauches) et la logique de laterritorialisation politique (la constitution des territoirescoloniaux, puis des frontières actuelles) demeure toujoursl'oeuvre aujourd'hui T.Pis migrations de péche se nourrissent dela complexité de ce systame et demeurent largement soumise à lacontingence qui en résulte. Toute réflexion sur l'état et sur lagestion du système de migration doit Intégrer ces différentsniveaux et par consequent prendre en compte le caractère partielde la seule logique nationale ou étatique. Il conviént en outrede rappeler que l'enrégistrement des migrations de peche estsoumis à un biais important du fait de la preeminence de lalogique politique ou étatiste dans les institutions de rechercheou d'aménagement. La transgression ou non de frontière fait ainsiapparattre sous des aspects différents des migrations qui sont deméme nature du seul point de vue halieutique, mais qui sontaffectés de commutations politiques.

Il faut souligner ici l'importance de mesures circonstancielles,de nature politique ou justifiées par des considerationséconomiques purement nationales, sur les migrations de péche.

5. De la mame manière que, sur une plus longue période, lesprincipaux foyers de pèche maritime sont determines par lesconditions économiques différentielles sur l'ensemble du littoral(Chauveau, à paraître).

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Evident déjà à l'époque précoloniale et coloniale(6), leurimpact demeure très fort même si ces mesures sont évidemmentarbitraires du point de vue de la logique halieutique(7). Demême, la diffdrence des politiques économiques ou d'équipement enmateriel de pêche suscite de véritables "migrations d'équipement"(8) de pêcheurs étrangers (notamment vers la Gambie, le Togo oule Nigéria) et stimule l'association aux migrations de pêched'activités spéculatives sur des produits de consommation que lamorale dtatique réprouve mais que les conditions socio-politiquesimposées aux pêcheurs migrants peuvent justifier (taxesdouanidres, problèmes de convertibilitd des monnaies etc...).

Sur bien des points, ce panorama général exige d'être precise oucorrigé par des recherches plus approfondies (ce que fontd'ailleurs les autres contributions à cette Table Ronde). Ilpermet cependant de montrer ce que les migrations actuellesddrivent à une histoire ancienne et la permanence de certainsfacteurs décisifs que les politiques nationales doivent connattreet reconnaitre.

Par exemple, les troubles lids aux relations antagonistesentre nations européennes et entre l'Ashanti et les Etats Ceitierssur la Cête de l'or, la suspiscion à l'égard des sujets anglaisdans les colonies frangaises, les systèmes fiscaux territoriaux,la situation de guerre anti -coloniale en Guinde Bissau (qui adétourné vers la Casamance un réseau de revendeuses de poisson)et en Angola etc...

Par exdmple les expulsions de pêcheurs ghandens dans plusieurspays, la guerre du Biaffra, les fermetures de frontidres entre leGhana et le Nigéria ou entre le Ghana et le Togo, la fermeture dela ligue de navigation entre la Guinée et le Ghana, la situationactuelle au Liberia etc...

Pour se procurer des moteurs, des engins ou du carburant dbas prix.

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CARTE I. Environnement écologique et localisation des princiPaux foyers historiquesde pêche maritime du XV6 siècle ê l'époque contemporaine.

Zone d'Upwelling

Forte barreRéseau estuarien ou deltaique (1)Réseau lagunaire (2)

Foyer de pêches maritime ancien en expansion(3)Foyer de pêche maritime ancien en déclin (4)

Foyer de Oche récent en expansion (5)

Limite des zones agroclimatiques

(Source : Rapport ILTA1984)Utilisation pastorale permanenteAgriculture précaire

Agriculture très sensible a la sécheresse

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CARTE 2. Principaux foyers économ ques de l'hinterland c6tier

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Limite de la zone particulièrement considérée (du Sénégal au Nigéria)

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CARTE 3. Principal flux concernant la Oche marit me (XX& siècle)

( Ill i Pays traditionnellement importateurs de poisson

oays traditionnellement gros importateurs de poisson

- .. Pays traditionnellement exportateurs de poisson vers d'autres pays Africains

ee. o Pays ayant connu à partir des années 1960 une politique d'industrialisationdes Oches

gera Migrations notables de pêcheurs piroguiers

Principales migrations de Ocheurs piroguiers (les fléches indiquant lesdirections de migrations ne sont pas proportionnelles aux effectifs de lamigration.)

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Ouelques aspects des migrations de pécheurs du secteur

artisanal maritime en Mauritanie

par

Diop Hamady et Thiam Ismaila

Résumé

Impliqués dans une péche de subsistence depuis le 15èmesiècle, c'est seulement aux indépendances que les peuplementslittoraux qui s'adonnent à la pache artisanale en Mauritaniecommencent à le faire dans le cadre d'une économie de marché.Grace aux flux migratoires, on note alors une présence depécheurs étrangers et des flux migratoires qui contribuent audéveloppement de ce secteur en introduisant des techniques(engins, eMbarcation) et des formes d'organisation nouvelles. Cespécheurs (Mauritaniens et étrangers), en majorité Wolofs,composent l'essentiel des effectifs présents sur la façademaritime mauritanienne. Avec les Imraquen, ils travaillent encomplémentarité car n'exploitent pas les mames espèces depoisson.

Introduction

La péche artisanale maritime mauritanienne fait partie dessecteurs prioritaires retenus dans le cadre de la Déclaration dePolitique de Développement du Secteur de la Péche adoptée par leGouvernement en 1987. Elle représentait 5,4 % en valeurs desquantités débarquées en 1988 et employait directement plus de3.500 pêcheurs. Ces derniers ne travaillent pas toujours dansleur lieu d'origine. Il sera étudié le phénomène de migration deces pécheurs le long de la façade maritime mauritanienne, sesraisons, ses aspects socio-culturels, ses implications micro-économiques et macro -économiques, etc...

Aperçu historique

C'est au 15ème siècle que l'on observa pour la première foisdes sites littoraux sur la cate Mauritanienne (ARNAUD, 1977).Ceux-ci étaient des comptoirs de commerce étrangers : Arguin aunord et Portendick au centre. Ces établissements ont entramé uncertain fléchissement des itinéraires des commerçants Maures versces comptoirs, sans que l'on puisse parler d'une occupation dulittoral, ni d'une économie maritime autochtone (ARNAUD, Opt.

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cit.). Le manque d'eau douce et les difficultés d'accès à la c6temauritanierme mal abritée ont constitué un frein à la valori-sation de cette dernière par la colonisation. C'est pourquoil'influence des activités coloniales est restée très limitée surles populations autochtones. Un decoupage de la c6te en fonctiondes populations qui l'occupaient avait été realise par Trotignon(1981) de la fagon suivante

certe Trarza, de N'diago à la pointe de Thilla

c6te Barikalla, sur les rives de la baie de Saint Jean

c6te Oulad Bou Seba, de Rgueihet Thilla au Cap d'Arguin

c6te El Gr.& et Oulad Delim au nord du Cap d'Arguin.

Au moment de l'indépendance (1960), on n'observe que deuxfoyers traditionnels de peuplement c6tier qui n'ont guèreprospéré depuis : les pécheurs Imraguen* au nord du Cap Timiriset les agriculteurs pécheurs Wolofs dans le delta du fleuve ausud du pays. Un glissement de l'activité agricole vers uneactivité de péche a continué durant ces dernières années.

En dehors de ces deux groupes sédentaires, la c6te n'estatteinte épisodiquement que par quelques elements nomades quiconduisent les troupeaux pour une cure de "paturage sale", oupour une modeste exploitation du sel des sebkhas littorales.

A partir de 1958, quelque chose change : des chantierss'ouvrent à Nouakchott et à Nouadhibou, qui vont amorcer uncourant migratoire vers le littoral jadis déserté et dont ondécouvre soudain les ressources et possibilités.

3. Origine des pécheurs migrants

Les mouvements de migration des pecheurs en Mauritanieconcernent essentiellement des Mauritaniens depuis une année(1989) et sont en totalité internes. Les ethnies de pécheurstouches par ce phénomène sont les Wolofs originaires de N'diago,des "pular" Subaibé de la vallée du fleuve, des pécheurs Imraguentributaires des Barikalla, de Ehel Bouhoubeyni, de Oulad AbdoulWahid, de Oulad Bou Seba Cependant on note la presence depécheurs étrangers. Il s'agit de pécheurs Bambara et Sonink

* Imraguen est le pluriel de Amrig c'est pourquoi il ne s'écritpas avec "s" à la fin.

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originaires du Mali, des Wolofs originaires de la Gambie, desPeulhs et Balantas originaires de la Guinée-Bissau. On rencontreégalement des Coréens qui s'adonnent à la péche artisanale àNouadhibou. Certains des pécheurs étrangers sont propriétairesd'embarcations dont l'acquisition s'est faite sur place. Seulsles pécheurs de N'guet N'dar (Sénégal) venaient en Mauritanieavec leurs unités de production. Les embarcations rencontréessont constituées de pirogues en bois et en plastique, de vedettesen bois et en plastique, de canots en bois et en plastique et delanches. Les pirogues en bois sont surtout utilisées par despécheurs wolofs. Les Imraguen utilisent quant à eux des lanches àvoile et des embarcations en plastique.

4. Description des unités de production

4.1. Les eMbarcations *

Dite pirogue simple, la pirogue en bois est une embarcationdont la longueur varie entre 7 et 18 m (Chaboud et Al., 1988). Lefond de la pirogue ou "opine" est taillée a partir d'un troncd'arbre ou de madrier (Weber, 1980). Des planches servent debordés. L'embarcation présente une ouverture dans la quille versl'arrière pour la fixation du moteur et est étancheifiée par delarges bandes de tissu goudronnées. .Elle présente plusieurscompartiments et peut recevoir un équipage de 3 a 4 pécheurs.Leur prix d'acquisition y compris celui du moteur est en moyennede 500.000 ouguiyas**

La pirogue en plastique, quant a elle, a des dimensions quivarient entre 10 et 12 mètres. Bloc unique avec une quille qui seprolonge en bordées donnant ainsi à l'embarcation un creux de1,20 m, elle présente plusieurs compartiments. Son prix d'acqui-sition y compris celui du moteur est estimé à 1.500.000 UN.

Les vedettes en plastique sont caractérisées par unelongueUr qui varie entre 9 et 12 m. La coque et les bordésextérieurs sont fabriqués à partir de la résine de polyesterrenforcée avec de la fibre de \Terre. Nous avons plusieurscompartiments dont une cabine et une cale isolée avec de lamousse de polyméthane afin de maintenir une températureconstante. Ces vedettes embarquent en moyenne 4 a 6 personnes.Leur valeur moyenne d'acquisition y compris le prix du moteur estde 4.500.000 UN.

* Résultats d'une enquéte socio-économique réalisée sur lapéche du poulpe au moyen des pots en 1988 à Nouadhibou.

** 82 oUguiyas (UN) = 1 dollar US (8).

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Les vedettes en bois sont des embarcations artisanales dontla longueur varie entre 7 et 11 m. Elles embarquent en moyenne

jusqu'a 5 pécheurs. Plusieurs cloisons compartimententl'ernbarcation et renforcent la coque. Ces embarcations sont

inportées de l'Espagne. Leur prix moyen d'acquisition y compriscelui du moteur est de 3.000.000 UM.

Les canots en plastique sont des embarcations dont lalongueur varie entre 8 et 10 m et l'équipage de 4 h 5 pècheurs.Elle est contituée d'un coqueron avant dans lequel on note lapresence d'un dispositif pour l'évacuation des eaux, d'uncoqueron arrière où est logé le gouvernail et d'autrescompartiments. Le prix moyen comprenant celui du moteur est de1.000.000 UM.

Les canots en bois ne présentent pas de differences notablesavec les canots en plastique, sinon la matière dans laquelle ilssont fabriqués. Le prix moyen d'acquisition y compris celui dumoteur est de 650.000 UN.

La lanche est une embarcation traditionnelle en bois qui ala forme d'un canot non ponté. Elle est originaire des ilescanaries et mesure 6 à 9 metres. Elle est grée d'une voile latineet est trés hgée.

Toutes les embarcations enquétées sont motorisées exceptionfaite des lanches. Les puissances motrices installées varient de25 CV a 40 CV. Ces moteurs appartiennent a des marquesdifférentes. Près de 58 % parmi eux sont de marque YAMAHA. Nousrencontrons d'autres marques comme : SOLE DIESEL, RUGGERINI,PERKINGS, MARINER, ARAMIS. Les prix d'acquisition des moteurssont inlcus dans ceux des embarcations car le plus souventl'achat se fait en mime temps.

4.2. Engins de péche

Les engins de péche utilises sont nombreux et varies(tableau 7). Dans les zones 1 et 2 (figure 1), les enginsdominants sont des filets dormants poissons et langoustes suivisdes lignes a main. Dans la zone 3, nous rencontrons des filetsnépaule" utilises pour la péche de la courbine. Dans la zone 4 cesont surtout des pots utilises pour la pèche du poulpe que nousrencontrons en plus des engins rencontrés dans les autres zones.

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5. Système d'exploitation (mode d'organisation des pécheurs)

Les systèmes d'exploitation varient d'une communauté depécheurs à une autre

Les pécheurs wolofs ont dans leur grande majorité un systemed'exploitation familial avec un responsable pour la prise dedecision. Il s'agit souvent du responsable de la famille quitrès souvent est le propriétaire des moyens de production. Leproduit des ventes est géré par ce dernier qui fixe les prioritésde la famille et les obligations de chaque pécheur vis a vis dela famille. Seulement à Nouadhibou, nous rencontrons desexploitants qui pratiquent un système de remuneration salariale.Cette exception s'explique par les structures mises en place(infrastructures de congélation, de stockage, etc...) donnantpossibilité aux pécheurs une certaine indépendance dansl'écoulement de leurs produits qui sont fortement valorises ; lepoulpe constituant l'essentiel des captures (6.000 $ US la tonneen Février 1989).

Les systemes de partage dependent des types de 'Achepratiqués. En general, le solde restant après deduction de lavaleur des mises à terre des charges communes supportées par lepropriétaire, et l'équipage (carburant, entretien courant,nourriture, the, cigarettes) est partagé selon des modalitésvariables en fonction des types de 'Ache pratiqués (CHABOUD etal, 1988).

Chez les Wolofs

Le produit de la péche à la ligne est partagé en partségales : une part par pécheur, une part pour lapirogue, une part pour le moteur.

Le produit des sennes tournantes est redistribué de lafagon suivante : 1/3 est reserve au propriétaire, les2/3 restant sont répartis en parts &gales pour chaquepécheur, moteur et pirogue.

Pour les filets dormants, il n'existe pas de systèmeunique de partage. Souvent des primes sont octroyéescertains pécheurs. Une a plusieurs parts peuvent areallouées aux engins en fonction de leur dimension ou deleur nombre.

Les Imraguen et les pécheurs étrangers utilisent dessystèmes de partage semblables à ceux en vigueur chez les Wolofs.

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6. Les modèles de migrations

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Les pécheurs Mauritaniens contrairement aux autres pécheursde la sous-région jouissent d'une plus grande richesse des eauxmaritimes en ressources halieutiques, ce qui explique l'absencede migration vers l'extérieur du pays de ces pécheurs. Le type demigration le plus répandu en Mauritanie est plut5t celui pratiqué

l'intérieur du pays donc interne. Ce phénomène se déroule surune bande ceytière de plus de 500 km allant pratiquement duvillage de N'Diago (a l'extrémité sud de la Mauritanie) )

Nouadhibou situé au nord du pays. Cette zone certière est trésriche en poisson et autres especes dont certaines sont fortementvalorisées (langoustes, poulpes, etc...). Il est donc normal queles cates mauritaniennes attirent de plus en plus de pécheursnationaux et étrangers. La colonie étrangère se composait surtoutde pécheurs wolofs venus du Senegal (jusqu'en avril 1989) maisaussi quelques Maliens, Bissau-Guinéens et Gambiens.

Les migrations des pécheurs suivent très fréquemment cellesdes espèces de poissons pechées (poulpe, langouste, courbine,mulet, etc...). Le tableau 7 nous renseigne sur les types de',ache pratiqués, les engins utilises, les principales espècescibles, leur période de péche, les types d'embarcation, les zonesd'activité et les différentes ethnies concernées. Au mois defévrier 1989, 48 % des effectifs des pécheurs étrangers presentssur le littoral mauritanien étaient des Wolofs venus du Senegal(tableau 4). Ceux de N'diago représentaient 36 % seulement desmigrants.

Suite aux événements intervenus en Avril 1989 entre laMauritanie et le Senegal, la structure des migrations enMauritanie a profondément change. On note une presence de plus enplus forte de Mauritaniens venus des regions intérieures n'ayantpas de façade maritime. Ces derniers représentaient 12 % despécheurs en migration en février 1989 contre 45 % de l'effectifdes migrants en aott de la méme année soit une augmentation depits de 33 %. Cette augmentation s'explique en partie par lareinsertion de beaucoup de mauritaniens rapatriés du Senegal dansle secteur de la péche artisanale. Les pécheurs de N'diago quiconstituaient l'essentiel du mouvement migratoire en Mauritaniepassent à pre's de 50 % des effectifs. Cette augmentation doitétre relativisée compte tenu d'un depart massif de pecheursétrangers.

Les fortes concentrations de pécheurs migrants se situentNouakchott et à Noudhibou (tableaux 1, 2 et 3 ; figures 2, 3 et4). L'importance de ces effectifs (près de 90 % du total) s'yjustifie par la meilleure valorisaiton de la force de travail.

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7. Les aspects socio-culturels

Deux types de migration existaient en Mauritanie

Une migration de pécheurs étrangers de leur paysd'origine vers la Mauritanie

Une migration de pécheurs Mauritaniens le long de leurfacade maritime.

Concernant les pécheurs wolofs les individus vivent encommunauté avec un chef de famille qui s'occupe de la gestion detous les biens. Cette communauté de pécheurs connait la réalitédes castes*. Celle -ci engendre une distinction entre hommeslibres et castes, ce qui influence les différents rapports socio-économiques de la communauté parmi lesquels il faut inclure lesmariages. Les pécheurs sont respectés pour leur appartenance auxhommes libres.

Les p8cheurs Imraguen, tous tributaires, font partie d'unecaste servile, qui constitue, avec les nombreux "serviteurs" del'intérieur et divers groupes socio-professionnels (N'madi,forgerons), le bas de l'échelle sociale en Mauritanie (TROTIGNON,1981). Selon cet auteur ces Imraguen payent un tribut à leursmaitres. Ces derniers exercent une influence capitale sur lespécheurs qui voient en eux des chefs spirituels respectésauxquels ils attribuent tous les pouvoirs Les Imraguen fondentleur communauté sur la base de la péche. Toute personne quis'adonne à cette activité devient pécheur. C'est ce qui expliquel'indifférenciation sociale de cette communauté. L'autorité ausein de cette communauté revient a un chef de village, choisiparmi les moins asservis, les plus 'ages (TROTIGNON, opt cit.).Ce chef conseille, tranche les litiges et règle tous les detailsde la vie intérieure. Cela ne lui donne ni l'autorité, ni leprestige du maitre. Les Imraguen se déplacent rarement avec leurfamille.

On entend par caste des classes sociales hermétiquementfermées, basées sur des liens de sang, la hiérarchiesociale, la specialisation professionnelle (DIEUDONNE,1989).

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Les effets micro -économique

Avec l'existence a Nouakchott et a Nouadhibou d'infras-tructures de traitement et de commercialisation des produits dela mer, se développe une activité de péche artisanale qui attirede plus en plus de pécheurs. Les difficultés d'accès aux devisesne constituent pas un facteur de blocage de l'activité despécheurs étrangers. Pour le retour aux pays d'origine, lespécheurs achètent des produits (tissus, produits alimentairestomates, thé, etc...) très recherchés chez eux pour les revendre.L'achat de devises se fait a la fois à la banque (pour un montantdetermine) et au marché noir. Les obligations familiales restentpresque les mémes quand on connait les rapports de solidarité quirégissent les familles africaines. Pour certains étrangers, lamigration en Mauritanie est temporaire dans la mesure où l'acti-vité de péche est juste un moyen de gagner de l'argent pourpouvoir aller en Europe ; Nouadhibou étant a moins d'une heure devol des Iles Canaries.

Les effets macro-économiques

La flotille artisanale présente sur la cöte mauritanienne estpassée de 770 embarcations en février 1990 Les embarcations enmigration représentaient respectivement 80 %, 70 % et 81 % de ceseffectifs. Une etude realises par la Cellule Economique d'Appuiau Ministère des Péches de la Mauritanie et de l'EconomieMaritime (CEAMP/MPEM) en 1987 a donne les performances écono-miques du sous-secteur de la péche artisanale en terme de valeurajoutée (creation de richesse), d'importations incluses,d'effets induits et d'emploi. Pour la totalité de la pécheartisanale, une tonne débarquée crée 37.000 UN de valeur ajoutée,genera 13.000 UN d'importation (coût en devises) et crée 7 foisplus d'emplois que la filière chalutiers congélateurs.

L'impact technologique des pécheurs migrants

Jusqu'en 1989 (mars - avril), l'essentiel des pécheursmigrants en Mauritanie étaient des Wolofs venus de N'diago(Mauritanie) ou du Senegal, qui poussés par le désir de fairedavantage fortune, n'hésitent pas à sillonner toute la façademaritime toute l'année durant, ne repartant chez eux qu'al'occasion des grandes fêtes -Tabaski (fête du mouton), Korité(marquant la fin du jeûne), Maouloud (celebration de la naissancedu prophète). Méme les Imraguen reputes étre trés fermés sur eux-mémes et peu mobiles ne migrant qu'a l'intérieur de leur zone serencontrent maintenant dans la zone Nord (Nouadhibou).

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Il faut noter que la rencontre de ces pêcheurs venus d'horizondivers a des effets bénéfiques dans le cadre des échangesculturels, techniques et technologiques Les pêcheurs étrangersont contribué pour une grande partie au développement de la pêcheartisanale en Mauritanie. En effet les migrants venus del'extérieur et particulièrement du Senegal ont introduit enMauritanie des engins de pêche nouveaux tels que les sennestournantes et les lignes dont les prises contribuent de faconassez significative aux ravitaillements en poisson frais despopulations des regions de l'intérieur. Seuls les pêcheursImraguen'sont restés attachés à une pêche traditionnelle de muletjaune au moyen des filets "épaule, et de courbine au moyen defilets roits. Les pêcheurs canariens ont introduit chez lesImarguarn des lanches à voile qui leur permettent de travaillerdans les hauts fonds du Banc d'Arguin. Ces embarcations sont entrain d'être délaissées au profit des embarcations en plastique.Les pêcheurs wolofs ont diffuse l'usage en Mauritanie del'embarcation en bois. Chez la communauté Wolof a Nouakchottcomme à Nouadhibou, il y avait toujours une différenciation quis'opérait entre les pêcheurs sur le lieu de débarquement. Ils nefréquentaient pas les mêmes hangars, et n'amarraient pas leursembarcations sur les mêmes places.

12. Conclusion

Les richesses en ressources ichtyologiques des cetesMauritaniennes font de ce pays, un pays d'accueil privilégié despêcheurs en migration. L' examen des données disponibles a permisde constater que les migrants composent l'essentiel des effectifsdes pêcheurs operant en Mauritanie. Ces pêcheurs viennentd'horizons divers. Les migrations les plus courantes cesdernières périodes sont de type interne concernant lesdéplacements de pêcheurs Mauritaniens de leur lieu d'origine versd'autres lieux. Les plus grandes concentrations de pêcheurs sontnotées à Nouakchott et Nouadhibou, villes dans lesquellesexistent des facilités d'écoulement des produits. Ces migrationsde pêcheurs sont d'un apport considerable pour l'économiemauritanienne car elles permettent de rendre disponible une maind'oeuvre et un savoir faire dans certains points de débarquementcomme Noukchott et Nouadhibou, ce qui a pour consequenceimmediate l'approvisionnement des marches locaux en poissonfrais exception faite de Nouadhibou où les industries rachètenttoute la production débarquée. La complexité de la pêcheartisanale et l'importance que lui accorde le GouvernementMauritanien dans le cadre de sa declaration de politique dedéveloppement du secteur de la pêche d'Avril 1987 impose un suivirégulier de cette activad. Le développement de ce secteur devraêtre favorisé compte tenu de ses retombées socio économiquesgeneration de plus de richesse, creation d'emplois.

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Page 60: EN AFRIQUE DE L'OUEST FAO LIBRARY AN: 317579-623

50

1eau 4 Effectifs des embarcations en migration selon l'origine des oromriètaires.

(enouéte-cadre, février 1989)

source

pleau 5 Effect'fs des embarcations en migration selon l'origine des oropriètaires.(enouête-cadre, août 1989)

(source ONROP)

bleau 6. Effectifs des embarcations en migration selon l'origine des proori6taires.(enquête-cadre. février 1990)

(source ONPOP)

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Page 61: EN AFRIQUE DE L'OUEST FAO LIBRARY AN: 317579-623

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Page 62: EN AFRIQUE DE L'OUEST FAO LIBRARY AN: 317579-623

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>0414, Echange de poissons

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BouhoubeyniOulad Abdoul WahidBarikallaHaloularsAutresSud 3 : Imraguen

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Page 63: EN AFRIQUE DE L'OUEST FAO LIBRARY AN: 317579-623

Figure 2 1

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Page 64: EN AFRIQUE DE L'OUEST FAO LIBRARY AN: 317579-623

Figure 3

Migration des péo'heurs(Aolat 1449)

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Figure 4

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56

LES MIGRATIONS DE PECHE MARITIME AU SENEGALIMF'ACT SUR LA DYNAMIQUE DE LA PECHE PIROCUIERE

ESSAI D'APPROCHE QUANTITATIVE

Par Christian CHABOUD et Moustapha KEBE

INTRODUCTION

La peche piroguiere constitue l'élément le plus dynamiquedu secteur halieutique maritime au Senegal. Activité humainelargement ouverte a l'innovation technologique etorganisationnelle, elle a connu depuis l'indépendance un reelbouleversement souligné par l'évolution des mises A terre (de80 000 t en 1965 A 200 000 t en 1988). L'adoption de nouvellestechniques de peche (notamment la senne tournante coulissante,la palangre démersale, le casier A seiche), la motorisation duparc piroguier et l'amélioration des conditions de conservationdes prises (cales A glace) sont aujourd'hui des elements bienconnus et largement documentés de la ¡Ache piroguièresénégalaise (CHABOUD et KEBE, 1986). Un autre aspectremarquable de cette activité est l'existence, attestée depuislongtemps, de mouvements migratoires à diverses échelles lelong du littoral sénégalais ou vers les pays voisins (Gamble,Guinée Bissau, Republique de Guinée, Mauritanie (CHABOUD et al,1988) jusqu'en 1989. On peut sans risque affirmer qu'apres leGhana le Senegal constitue le second foyer de migrations depéche en Afrique de l'Ouest (CHABOUD, 1989).

Dans la communication qui va suivre, nous tenterons toutd'abord de quantifier le phénomene de migration interne le plusfinement possible pour une année de reference en faisantressortir son profil saisonnier, les techniques de pecheconcernées, les points d'origine et de destination. Dans uneseconde partie, on s'attachera à l'analyser en en soulignantles particularités significatives telles que les strategiesethniques différentielles, l'impact sur la diffusion detechniques de péche et de savoir-faire halieutique, lesconsequences sur les relations entre communautés de pecheurs.En conclusion nous proposerons quelques idées sur les etudes Aentreprendre pour mieux comprendre le phénomene des migrationsde 'Ache maritime en Afrique de l'Ouest.

1. AMRLEUR DU PHENOMENE MIGRATOTRE AU SENEGAL

1.1. ASPECTS METHODOLOGIQUES.

Quantifier les migrations de péche n'est pas aisé. Lesrecensements administratifs ne sont pas d'un grand secours dansla mesure où ils fournissent des informations sur la population-de draft-(s). Ils ne peuvent donc pas aider A mesurer desmigrations de faible durée. Par ailleurs les pécheurs n'yfigurent pas en tant que catégorie socio-professionnelleparticulière: ils sont intégrés dans l'ensemble pécheurs-agriculteurs-éleveurs. D'autre part les pécheurs migrantsvivent souvent en marge des villages de sédentaires, dans des

(3) C'est 6 dire l'ensemble des individus recenses 6 leur lieu de

residence habitue77e, y compris les residents absents pour moins de sixmois.

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57

conditions précaires et "informelles" et leur effectif risqued'étre sous-évaloé dans les dénombrements par village(4).

Confronté A ce manque de données sur un phénoméne dontl'importance était déjA admise et face A la nécessité d'enmesurer l'ampleur(5), le CRODT/ISRA effectue depuis 1980 deuxrecensements par an du parc piroguier ; durant ces opérationssont prises en compte les origines des embarcations afin depouvoir cartographier les flux migratoires (SOCECO-PECHART,1982 ; 1983 ; 1985 ; 1990a ; 1990b ; 1990c).

Les migrations sont donc saisies A travers les mouvementsdes pirogues. Des informations complémentaires sont collectéessur l'activité(5),le type de pdche pratiqué, la motorisation.

L'enquéte se déroule durant un laps de temps minimum (del'ordre d'une semaine) afin de réduire les risques de doublecomptage(7).

L'estimation des migrations de main d'oeuvre directementemployée dans la péche ne peut donc étre immédiate. Ellesuppose une estimation des équipages moyens par type d'unité depéche. Les emplois indirects liés A la migration ne peuvent, enl'état de nos connaissances, ne faire l'objet que decommentaires qualitatifs.

1.2. CARTOGRAPHIE DES MIGRATIONS POUR UNE ANNEE DEREFERENCE (1983)

Nous avons choisi l'année 1983 pour laquelle nousdisposons de données exhaustives sur les migrations de piroguespour l'ensemble du littoral au cours des mois de mai et deseptembre.

Les figures 1 et 2 sont des représentationscartographiques des flux migratoires mis en évidence. Elles ensoulignent l'orientation dominante Nord-Sud.

Le nombre total de pirogues migrantes s'élève A 1110 enmai et A 800 en Septembre, ce qui montre une diminution del'amplitude des migrations au cours de l'hivernage. Pour cesdeux périodes le taux de migration du parc piroguier passe de25 A 17% .

La méfiance (souvent justifiée) des pacheurs à l'égard desdénombrements administratifs est bien connue. Les nombreuses tentativesinfructueuses d'immatriculation des pirogues en sont la preuve.

Notamment afin de pouvoir extrapoler les statistiques de pache 6rensemble du littoral.

Est considérée comme active toute embarcation ayant paché au coursdu mois précédant l'enguate.

On ne dispose pas de moyen efficace permettant d'individualiser lesembarcations. L'immatriculation des pirogues serait du plus grandsecours pour améliorer les dispositifs d'enguate sur la [Acheartisanale.

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58

Le tableau annexe 1 présente le schema migratoire de

saison froide au Senegal. Pour chaque lieu enquété et chaqueregion littorale on a calculé des taux d'émigration etd'immigration afin de faire ressortir les spécificités propresA cheque village et region:

effectif de pirogues m grantesoriginaires du lieu ou de la region

Taux d'émigration =effectif de pirogues originaires

du lieu ou de la region

effectif des pirogues venuesd'autres lieux ou regions

Taux d'immigration -

effectif de pirogues présentesdans le lieu ou la region.

Un premier examen du tableau 1 montre que les mouvementsmigratoires ont comme principale consequence une concentrationdu parc d'embarcations: on compte 47 lieux d'origine pour 26lieux de destination.

Les dix principaux lieux d'orig ne sont (par ordredécroissant)

Le poids de Guet-Ndar (Saint-Louis) dans la migrationreprésente pres de 50% du flux migratoire total. Les autreslieux d'origine ont une importance absolue beaucoup plusmodeste ; il faut cependant noter que pour la plupart d'entreeux le taux d'émigration est plus important qu'A Saint-Louis.

LIEU

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(%)

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de piroguesmigrantesau Senegal

Regions

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DIONEWAR 66 3,4 Sine SaloumNDAYANE 60 3,2 Petite Cote

GUEREO 61 2,2 Petite OteBASSAR 100 2,2 Sine SaloumTASSINERE 91 1,8 Grande Cote

PILOTE 78 1,6 Grande Cate

Page 69: EN AFRIQUE DE L'OUEST FAO LIBRARY AN: 317579-623

59

Les dix principaux lieux de destination sont lessuivants

Deux lieux (Kayar et Joal) regoivent ainsi 65 % despirogues migrantes. Parmi les autres points de destination,notons la spécificité de quelques centres maritimes etestuariens de la Casamance pour lesquels les taux d'immigrationsont supérieurs A 90%.

L'analyse des migrations intra et inter-régionales permetde mettre en relief les spécificités des mouvements selon leurdistance et de faire ressortir les particularités desdifférentes regions maritimes. Les données absolues sontpresentees au tableau 2 (mois de mai) et sur la figure 2 (maiet septembre). Sur cette figure sont également indiqués lestypes d'engins concernés par les migrat ons.

Dans le tableau 3 figurent les taux d'immigration etd'émigration intra et inter-régionaux(a). Une typologierégionale semble ainsi se dessiner.

La Grande 06te est sans conteste la region où la vocationmigratoire des pecheurs est la plus affirmée : 40% desembarcations originaires de cette region partent en migration.Cette migration reste en grande partie interne à la region (28%des embarcations). Au Cap vert les pécheurs partent peu enmigration (8%) mais cette migration est orientée vers d'autresregions (Casamance et surtout Petite-C6te). Les migrationspartir de la Petite C6te sont d'ampleur moyenne (22%) et sontplut6t locales. Enfin la region du Sine Saloum est caractériséepar des migrations amples (30%) essentiellement orientées versd'autres regions (Petite C8te: 18%, Casamance: 7%). Les

(8) Ces taux sont définis comme précédemment. Les taux intra-régionauxsont relatifs aux flux internes aux régions littorales, les taux inter -régionaux aux flux entre régions.

Lieux

Taux d'immigration

(%)

Pourcentagedu nombre totalde piroguesmigrantes

au Senegal

Regions

KAYAR 68 35 Grande C6teJOAL 63 30 Petite C6teKAFOUNTINE 84 5 CasamanceBOUCOTTE 100 5 CasamanceMBOUR 12 4,7 Petite C6teMISSIRAH 92 3,1 Sine SaloumPIE ST GEORGES 100 2,1 CasamanceYOFF 7 2,1 Cap VertSOUMBEDIOUNE 10 1,9 Cap VertHANN 17 1,8 Cap Vert

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60

migrations A partir de la Casamance (32%) restent totalementinternes A cette region.

Si l'on s'intéresse A la vocation d'accueil des regionslittorales, c'est sans conteste la Casamance, avec un tauxd'immigration global de 78% et inter-regional de 68%, quidepend relativement le plus des pécheurs migrants.

Les deux autres regions où les taux d'immigration globauxsont élevés sont la Petite C6te (34%) et la Grande C6te (32%).Une difference nette apparait cependant entre ces deux zonesdans la seconde les migrations sont essentiellement d'origineinterne tandis pour la première elles proviennent de l'ensembledes autres regions du littoral (A l'exception de la Casamance)

Tous les types de péche presents au Senegal sont concernéspar les migrations A des titres cependant variables. En mai1983 le pourcentage de pirogues migrantes par type de péche&bait le suivant

Seuls deux types de peche semblent donc se singulariserla senne de plage et le filet maillant encerclant. Ce dernierengin est surtout utilise par les pécheurs nyominka des Iles duSaloum lorsqu'ils partent en migration sur la Petite Côte. Lepourcentage faible obtenu pour la senne de plage doit étreinterprété avec prudence car cet engin est plutSt utilise ensaison chaude. On observe cependant qu'un nombre important desennes de plage restent A demeure, notamment dans la region duCap Vert.

Une estimation indirecte des migrations de main d'ouvredirecte (c'est A dire des equipages) peut étre proposée enutilisant la taille moyenne des equipages par type de péche(9).Sur 23148 emplois directs totaux en mai 1983, 5214 (22%)&talent en migration.

(9) L'équipage moyen est de 4 pécheurs pour 7es pirogues lignes-filetsdormants-casiers, de 28 pour les sennes tournantes, de 30 pour les

sennes de plage et de 8 pour les filets maillants encerclants.

Type de Oche % piroguesmigrantes

Senne tournante (pirogue filet) 24

Senne tournante (pirogue poisson) 23

Filet maillant encerclant 67

Senne de plage 11

Lignes-filets dormants-casiers 24

Tous engins confondus 25

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61

1.3. DYNAMIQUE DES MIGRATIONS A MOYEN TERME (DE 1981 A 1990)

Pour les trois principales régions littorales (GrandeCOte, Cap-Vert , Petite-C6te), nous avons cherché si destendances d'évolution du schéma migratoire de saison sécheétaient visibles A moyen terme. Pour ce faire, nous avonscalculé, pour les années pour lesquelles les informations sontdisponibles, les taux d'immigration globaux, intra et inter-régionaux pour chacune de ces regions (tabl. 4).

L'examen des résultats souligne nettement la grandestabilité des effectifs des parcs piroguiers régionaux jusqu'en1989. Les taux d'immigration apparaissent relativementconstants sur la Grande C6te et la Petite C6te, avec une légéreaugmentation pour cette dernière région. Seule la région du CapVert connait une augmentation significative du taux globald'immigration. Cette croissance est due surtout aux apports depirogues d'autres régions (taux d'immigration inter-régionalpassant de 3,5 % en 1983 A 13,5 % en 1989). Cette augmentationest à mettre en relation avec la dynamique des débouchéscommerciaux dans cette région qui a connu une forte croissancedes prix au débarquement.

Pour l'année 1990 on observe une nette augmentation desparcs piroguiers régionaux et des flux migratoires. Prés de 150pirogues supplémentaires sont ainsi venues dans la région duCap-Vert. Cette augmentation s'explique par le retour despécheurs sénégalais de Mauritanie au cours de l'annéeprécedente. En 1987, 307 pirogues d'origine Saint-Louisienneavaient été recensées an Mauritanie. L'augmentation du parcpiroguier originaire de la Grande C6te entre mars 1989 et mars1990 est d'environ 400 pirogues. La différence (une centaine depirogues) pouvant s'expliquer peut-étre par une intensificationdes migrations du sénégal vers la Mauritanie en 1988, hypothésevérifier

2. ANALYSE DU PNENOMENE MIDRATOMRE

2.1. COMMUNAUTES DE PECHEURS MIGRANTS ET STRATEGIES MIGRATOIRESDIFFERENTIELLES.

Les mouvements migratoires le long du littoral sénégalaissont déja mentionnés dés le début du siécle lors des premièrestentatives scientifiques d'étude de la péche et des ressourceshalieutiques par le naturaliste Abel GRUVEL(10).

Il note A cette époque la présence importante de pécheurswo7of de Guet-Ndar (Saint-Louis) dans la région du Cap Vert(notamment A Rufisque) où ils tirent partie des débouchéscommerciaux permis par le développement de l'économie de traite(GRUVEL, 1908). Sur la Petite Cdte où les pécheurs sédentairess6rère sont encore peu nombreux viennent pécher des 76bou duCap Vert et les wo7or de Guet-Ndar. En Casamance, la péche estactive en milieu estuarien, mais n'est pratiquée de fagon

(10) Chargé de "l'étude et de l'organisation des pécheries de PA.O.F."par décision du Gouverneur Généra7 Roume en 1906.

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62

significative que par des migrants. Parmi ces derniers on notela présence de walo-walo (du Nord du Sénégal), de lébou et dewo7of de Saint-Louis. Quelques groupes migrants marginauxprovenant du Mali doivent également étre mentionnés comme lesbozo et les somono originaires du Delta intérieur du Niger(11).

Si la situation de la péche a radicalement changé depuiscette époque il est cependant remarquable d'observer que leswolof de Guet-Ndar et les lébou du Cap Vert continuent depratiquer les schémas migratoires décrits par GRUVEL. Cependantla situation actuelle différe sensiblement en raison del'apparition de nouveaux migrants (serer& nyominka des Iles duSaloum), du développement de grands centres de péche encore peuimportants au début du siécle(12), du développement puis del'hégémonie de l'économie monétaire.

Ainsi les migrations de péche maritime sont aujourd'hui lefait de trois communautés principales(13) que l'on vasuccessivement présenter en essayant de souligner le

particularisme de leurs pratiques migratoires.

Les pêcheurs de Guet-Ndar constituent la communauté de

pécheurs la plus spécialisée du Sénégal. Les aléas del'histoire les ont amené A retirer de la p6che l'essentiel deleurs ressources(14). L'abondance du poisson au large de Saint-

Ces groupes semblent cependant s'étre cantonnés dans des zones

d'interface entre milieux maritime et continental (Sine Saloum,

Casamance). Les somono sont également presents sur 7e Haut F7euve

Senegal (en amont de Matam) depuis une période assez 7ongue comma

l'atteste la confusion souvent faite par les pécheurs 51core du Sine

Sa7oum entre les slibalbe d'ethnie tpacoileur et les smOn0.

Parmi lesquels on peut citer Kayar Gruvel ne mentionne que

quelques pirogues) sur 7a Grande C6te, Hann (Varakh) au Cap Vert, Mbouret Joal sur 7a Petite Cate, Kafountine en Casamance.

Le terme de communauté paraft en effet plus adapté que ce7ui

d'ethnie pour designer les pécheurs de Guet Ndar dont l'origine

historique indique des apports de différentes ethnies qui se sont

fondues au sein d'un rite groupe.

Les guet-ndariens n'ont pas toujours été des pécheurs exclusifs.

Lorsque Saínt-Louis était le débouché vers 7e commerce atlantique des

produits collectés sur le Fleuve (gomme arabique, cuirs, ivoire etc...)

ils assuraient (en tant que 7aptots) le passage de la barre souvent

impraticable pour les navires de fort tonnage, ils servaient également

dans 7a bate77erie sur 7e f7euve. Avec 7e déclin du commerce maritime,

ils se sont reconvertis dans 7a Oche fluviale puis maritime. A 7a

différence des autres groupes, ils n'ont plus l'acas A 7a terre et

auraient totalement abandonné Pagriculture au siècle dernier (CHAUVEAU,

1984).

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63

Louis conditionnée par les rythmes des saisons maritimes(15)est insuffisante pour leur garantir des ressources suffisantes.La population de Guet-Ndar est également confrontée A un

phénomene de sur-densité: la croissance démographique tresrapide devant étre absorbes au sein d'un village dont l'aired'extension est limites.

Face a ses contraintes les guet-ndariens ont développé unestratégie migratoire opportuniste visant A valoriser leursavoir faire halieutique partout où les conditions économiques,sociales et naturelles le permettent. L'éventail des techniquesde peche maitrisées par ces pecheurs est remarquable par sadiversité, il leur permet de s'adapter a des conditions tresdiverses: A une certaine époque les pécheurs de Guet-Ndar sedispersaient sur une zone s'étendant de Dakhla (Saharaoccidental, 24° N) aux iles bissagos (Guinée Bissau, 11° N)avec des incursions dans le Golfe de Guinée jusqu'a San Pedro(DIAW, com. pers.)

Les lébou constituent un groupe plus hétérogene quant auxstratégies migratoires. Celles-ci semblent conditionnées parles rapports péche-agriculture ainsi que par l'acces relatifaux débouchés commerciaux lucratifs au Cap Vert.

Les lébou du nord du Cap-Vert (village de Kayar) semblenttres peu attirés par la migration. Quelques mouvementsexistaient (vers Yoff) ou existent encore (vers Mboro) mais ilssont d'amplitude tres limitée. Ceci semble pouvoir s'expliquerpar la complémentarité de la peche et du maraichage dans lesNiayes(16) .

Les lébou du Cap Vert stricto-sensu (de Dakar A Bargny) nepratiquent également pas de migrations significatives. Leslébou de Dakar semblent de moins en moins impliques dans lapeche tandis que ceux habitant les villages s'étendant de HannA Bargny profitent du débouché commercial de la plage de Hannoù les prix sont significativement plus eleves que dans lescentres de débarquement situés plus au sud (CHABOUD et KEBE,1989).

Les lébou du sud de la reglan du Cap Vert et de la PetiteC6te ont par contre une vocation migratoire plus affirmée.Seule l'agriculture pluviale est pratiquée dans leurs villages:les migrations de saison séche sont donc complémentaires ducalendrier agricole. Ils ont profité du développement de Mbouret de Joal, relativement peu éloignés de leurs villagesd'origine. Ils pratiquent également des migrations plus

Certaines espèces sont présentes en saison froide (novembre 4 mai)

lorsque l'upwelling généré par les alizés du Nord Est est présent.

D'autres sont par contre plus abondantes en hivernage forsque les

apports d'eau douce du f7euve augmentent. Le principal facteur

d'abondance de la ressource (au sein de laquelle les poissons pélagipuesdominent) reste cependant Pupwelling en saison froide (Roy, 1990).

C'est une zone de dépressions dunaires s'étendant le long de 7a

Grande Date. La présence de nappes d'eau peu profondes ou de mares

permet la cu7ture marafchére toute Uannée 4 l'exception des derniers

mois d'hivernage.

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64

lointaines vers le Sine Saloum(17) et vers la Casamance où ilsutilisent des techniques de 'Ache tres selectives (filetsdormants 6 soles et A langoustes(16)).

Les nyominka des iles du Saloum semblent s'etre tournesplus récemment vers les migrations de peche. La 'Ache maritimecommerciale n'est devenue importante que tardivement pour leshabitants des -Ties du Gandoun. Les migrations de peche ne sontqu'un volet particulier des migrations multiformes (NGUYEN VANCHI BONNARDEL, 1977) qu'lls ont entrepris lorsque lesconditions d'existence se sont détériorées dans leurs villages6 la suite de la regression de l'agriculture et de la pénuried'eau douce(19). Les nyominka ont cependant une pratique plusancienne de la navigation estuarienne et maritime qui remonte 6l'époque où leurs grandes pirogues de transport pratiquaient uncabotage très actif dans les "rivieres du Sud" (PELISSIER,1966) et meme , semble-t-il, jusqu'en COte d'Ivoire. Lestechniques de peche qu'ils pratiquent (CHABOUD et LALOE, 1983)et, dans une moindre mesure, les sites de migration qu'ilsfrequentent, semblent largement determines par le contexteparticulier de leurs Ties d'origine. Lorsqu'ils migrent sur lePetite C6te (surtout A Joal), c'est essentiellement pour y

pratiquer la !Ache au filet maillant encerclant(20) (safma), Ala senne tournante, au filet maillant derivant de fond (yolal),au filet dormant 6 Yett(21). Leurs zones de peche seconcentrent au large de la Pointe de Sangomar, devantl'embouchure du Saloum. Il apparait donc que la migration desnyominka vers la Petite C6te repond avant tout à desmotivations commerciales et à l'enclavement des riles. Larecherche de ressources halieutiques ne peut étre avancée commefacteur determinant : leurs zones de peche étant souvent plus

Les migrations des jgbou vers le Sine Saloum sont anciennes. Ellessont mentionnées par Gruvel et attestée par l'emploi du terme "Abu"par les pécheurs des fles pour désigner les pirogues de Oche en mer.

Aujourd'hui les pécheurs Lkou sont essentiellement basés 6 Missirah enraison de 7'existence d'infrastructures et de facilités commerciales.

La péche de la langouste au filet dormant en Casamance remonte 6l'arrivée des pécheurs du village de Feline qui avaient passé des

contrats d'approvisionnement avec une société d'exportation du Cap Vert

(Grands Viviers de Dakar) et s'étaient regroupés au sein d'unecoopérative des pécheurs de langoustes de Yenne.

La riziculture qui constituait un élément important de /Bur systémede production agrico7e est abandonnée depuis prés de 15 ans, les

variétés céréaliéres 6 cycle long semblent avoir régressé au profit de

celles 6 cycle court, la superficie exploitable des terroirs régressepar salinisat ion des sols. Enfin l'eau douce est de plus en plus rare.

Technique dont ils semblent détenir le quasi-monopole.

Mollusque gastéropode (Cymblum_pepo) consommé comme condiment aprésavoir été fermenté et séché. Sa Oche est trés active sur 7a Petite Cateet A Oionewar (f les du Saloum).

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65

proches de leurs villages d'origine que de leurs lieux demigration. Les migrations vers la Casamance semblent répondre Ad'autres motivations. On observe en effet que les nyominka s'ysont implantés de preference dans des sites estuariens (PontaBassoul, Ponta Diogane) ou bien A l'embouchure de bo7ons(22)débouchant sur le littoral (Saloulou) qu'ils sont souvent lesseuls A occuper. Il est également frappant de noter lasimilitude des sites choisis avec ceux de leurs villagesd'origine : zones de mangroves abritées en retrait du littoral,permettant un mouillage des embarcations sans échouageterre(22). Ces migrations semblent plutOt correspondre à unschema de colonisation halieutique de certaines composantes dumilieu casamangais pour lesquelles les techniques pratiquéesdans les iles nyominka semblaient bien adaptées (senne deplage, filet maillant dérivant). Cette hypothese sembleconfortée par un certain nombre d'éléments: les lieuxd'implantation les plus anciens (Ponta Bassoul, Ponta Dioganepres de la Pointe Saint Georges) sont désignés par les noms desvillages d'origine de leurs fondateurs(24). Ces implantationscorrespondent A des sites ou remontent A une époque oùl'exploitation des ressources par des pecheurs dio7a(25) étaitencore peu importante et où les interactions avec d'autrescommunautés de migrants semblaient minimales(26). La recherched'une ressource encore abondante semble etre ici le facteurdeterminant, l'enclavement commercial étant résolu de diversesfagons(22).

Terme d'origine fundjogme désignant les bras de mar communiquantavec 7e littoral ou les estuaires.

Les pirogues de mer nygminka sont differentes des pirogues 10bou ousaint-louisiennes. Elles sont plus 7ourdes (quille et bordes "en bois

rouge"), mains relevées e l'étrave et d'un bau plus important. Ces

caracteristiques les rendent impropres au passage de la barre et 4

l'échouement dans des zones agitées.

La fondation de Ponta Bassoul remontrait 6 1928 d'apres les

informations que nous ont fournies des pécheurs de Bassoul.

Notons que les er4re_nyomjaka, pourtant riziculteurs dans leurs

villages d'origine, se sont strictement restreints aux activités de¡Ache en Casamance. Faut-i7 y voir la volonte de ne pas entrer en

concurrence avec les paysans dIgla ou bien 7e choix d'une specialisationdans la peche associée 4 la migration 2 Nous ne pouvons pas pourl'instant repondre 4 cette question. Force est cependant de constaterque jusqu'e une époque récente les ressources halieutiques en BesseCasamance semblaient subir une pression anthropique bien moindre que lesressources en sol utilisables pour 7a culture.

Les autres communautes de migrante dans la region (Jidboy, guet-

ndariens) exploitaient d'autres ressources.

(27) Parmi lesquelles 7a transformation des prises de sennes de plage(composées essentiellement de mulets) en tambadiang écoule ensuite e

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2.2. L'IMPACT DES MIGRATIONS.

L'analyse des effets de ces mouvements de population estparticuliérement intéressante pour comprendre la dynamiquehistorique et socio-économique des pécheries artisanales(LAWSON, 1983).

L'impact sur la technologie et sur le savoir fairehalieutique est évident : les populations spécialisées dans lesmigrations sont aussi celles qui maitrisent le mieux les

techniques halieutiques. Il est généralement admis que leur

présence est favorable A leur diffusion auprés des populationsd'accueil.

Ainsi la diffusion des types d'embarcations artisanalesles plus représentées (pirogue saint-louisienne et piroguenyominka) est directement liée aux migrations des pécheurs. Deméme l'adoption de techniques de 'Ache comme la senne de plage,l'épervier, le yo7a7, le fé7é-félé( 28) au sein de certainescommunautés est incontestablement en relation avec l'arrivée depécheurs migrants pratiquant déjà ces techniques (CHABOUD etLALOE, 1983; DIAW, 1985).

Les mouvements migratoires sont A l'origine de fluxmonétaires et économiques importants, contribuant de façonsignificative à l'économie locale (offre de poisson, achatsaupres des artisans, participation A l'économie villageoise).

Il ne faut cependant pas ignorer les situations de

concurrence, de tensions, voire de conflits qui peuvent surgirquand les intérèts des migrants sont en contradiction avec ceuxdes pécheurs locaux.

L'exemple des relations conflictuelles entre pêcheurssédentaires de Kayar et migrants originaires de Guet-Ndar ausujet de l'emploi des filets dormants est caractéristique deces difficultés

"En 1985, un conflit éclate entre pacheurs 100,041 du village de Kayar at les

migrants guet-ndariens a l'occasion du non respect d'une ancienne reglementation

limitant l'usage des filets dormants. C'est un example caractéristique combinant,

d'une part, des incompatibilities technologiques entre engins fixes et actifs (les

migrants en cause utilisaient des filets dormants de fond dont les orins ganaient

l'usage des sennes tournantes et des lignes à main); d'autre part des conceptions

communautaires antagonistes quant aux drafts d'acces A l'espace et aux ressources

halieutiques. Les paysans pacheurs 'Ahoy desirent garder le °antral& des types

d'exploitation dans 7eur "terroir maritime"; les migrants incrimines clamant haut et

fort que le libre accès aux ressources de 7a mer est un droit pour tout pacheur

sénégalais et quill s'agit pour eux d'une condition de la pérennite de leurs

activités et de leur mode de vie- (CHABOUD, 1989).

Des conflits ont également été observés A Hann et sur laPetite-C6te, mettant en cause des pécheurs locaux et migrants.Ils sont le plus souvent relatifs A l'usage d'engins de 'Acheincompatibles (filets fixes et filets dérivants par exemple).

66

Ziguinchor ; 7e transport des poissons nobles en pirogues glacières versZiguinchor ou mieux encore vers Ndangane au Sine Sa7oum d'où ils sont

expédiés par route vers Dakar.

(28) filitmalt : filet maillant dérivant de surface.

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67

CONCLUSION

Dans ce texte nous n'avons pas prétendu aborder l'ensembledes aspects socio-économiques des migrations de péche au

Sénégal. Nombre de questions importantes restent A analysermieux saisir ce phénoméne, notamment

les migrations de main d'oeuvre ne peuvent étrecomprises A travers le seul schéma migratoire des embarcations.Certaines migrations saisonnières de force de travail seréalisent entre l'intérieur de pays et le littoral et non pasle long du littoral. Les migrations de 'Ache ne concernent pasque les pécheurs mais aussi les commer9ants, les artisans, lestransformateurs

y-a-t-il une spécificité des unités de 'Ache migrantesdu point de vue de leur organisation économique, sont-ellesplus performantes que les autres ?

quel est le déterminisme des migrations de péche? Est-iléconomique (recherche de débouchés), social (la migration commestratégie échappatoire aux contraintes du milieu d'origine) ou"naturel" (recherche du poisson) ?

qyelles sont les répercussions des migrations ?quels sont les processus sous-jacents aux migrations de

pèche : constitution de réseaux migratoires, schémasmigratoires individuels des pêcheurs et des unités de péche,durée et répétitivité de ces déplacements individuels etcollectifs ?

Des réponses ne pourront étre proposées que si des étudesspécifiques sont entreprises sur les migrations de péche,études nécessairement pluridisciplinaires en raison des aspectsdivers a prendre en compte pour arriver a un schéma explicatifpertinent.

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(Source : SOCECO-PECHART, 1985)

MAI SEPTEMBRE

Figure 1.- Mouvements des pirogues le long du littoralsénégalais : mai et septembre 1983.

(échelle 1/1 000 000)

70

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CA P -VER T troc

PETIT E

CÓ T E

71

(Source : SOCECO-PECHART, 1985)

MAI SEPTEMBRE

Figure 2.- Mouvements intra et inter-régionauxpar type de peche : mai et septembre 1983.

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72

Tableau 1.- Shéma migratoire de saison froidedes pirogues au Sénégal

1 z 3 4 3 tpirogues pirogues pirogues effectif solde taux L3UX

LIEUX presentes orioinairesexterieures pirogues migratoire d emigration d immiora-parties venues originaires(2-31

1

tion

(3/1(en en i1i,4-3.I

(2141

migration m1gration

grg17[0-GIT 576 27 .1-)». AG;

DOUNE-B. 2 2 4 2 50.00%

PILOTE 5 18 23 18 75.26%

TASSINIERE h. ' 2163 21 91.10%

DIOGO 9 9 100.80%MBOUMBAYE I I 0

MOUIT 2 1 0

TARE 14 i4 0

THIOUGOUNE 8

FASS BOYE 70 14 56 -14 20,00%!

MBORO 38

0 J 100,00%!

KAYAR 579 1 396 184 -395 0.54% 68.39%!

GRTUE-661T nb 413 14'LI ILL: 4U.3 62,,6T!(FLUX INTER-REGIONS)

r2tL170 5 1427 165 il 21

CAMBERENE 3

YOFF 319NGOR 79

OUAISAM 83

SOUMBEDIOUNE 218

ANSE BERNARD 71

BEL AIR 74

HANN 112 6

THIAROYE 54 li

MBAO 19 4

RUFISOUE 108 '

BARGNY 62 11

SENDHOU 42 3

YENNE 31 49

NDITAKH 17

NIANGAL 41 15

KEEL l E

TOU8A8 DIALAW 17

NDAYANE 24 36

POPENGUINE 10 3

GUEREO 20 32

SOMONE 10

NGAPAROU 19 14

SALI 27 9

MBOUR 407 90

TROPICAL 10

NIANING 28 17

PONE SARENE 52 2

HOMBRE 1

WARANG ILMAL 524 4

: 6ETT1T-CUT.

! (FLUX INTER-REGIONS)

Source des donnees: SOCECO PECHART, 1985

10179

80197

71

50

4

1.98%

3.42%

0.5i% 10.02%!

il 13

44 61.25%

26.79%

17

60 h 60.0M13 3 23.08%52 31 61.54%10

33 14 42,42%

36 9 25.00%52 445 38 20.22% 12.78%:

1 9 -1 10.00%:

38 10 44,74% 25.00%.1141 1.70%100,00%!

333 19!: -328 1.05% 63.55%!

ITS7 71 -17) zz.ruy.

84 263 71 -179 8.63%

66R-7EFT 1133 IT6 /6 1777 TO

(FLUX INTER-REGIONSi 93 47 1378 46

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73

Tableau 1.- Sherrie migratoire de saison froidedes pirogues au Senegal

(Suite)

r 2- T b 6 /pirogues pirogues pirogues effectif solde taux taux

LIEUX presentes originaires extérieures pirogues migratoire d'émigration d immigra-parties venues originaires (2-3) (2/4) tion

en en (1+2-3) (3/1)migration migration

FERARIF T7 47NDANGANE 47 47DJIFERE 25 25FOUNDIOUGNE 28 28NDOLETTE 4 4

!

SOKONE 2 2 0 -2 100,00%1MEDINA SANKOLI 7 7

SANDIKOLI 7 7

TOUBACOUTA 2 1 3 1 33.33%DIRNDA 3 3 3 10000%BASSAR 25 25 25 100.00%BASSOUL 55 55 55 10000%THIALANE e 8 8 100,00%DASSILAM 1 1

NEMABA 8 8

SOUKOUTA 7 7

MISSIRAH 38 35 3 -35 92.11%1FALIA 1 1 0 -1 100;00%1DIOGANE 6 10 16 10 62.50%

!DIONEWAR 19 38 57 38 66:67%!NIODIOR 33 10 43 10 23,26%!NGADIOR 8 8 8 100.00%

DIOFANDOR 7 1 6 -1 14,29%1BETANTI 60 2 62 2 3,23%SIWO 11 11 11 100,00%MAR-F. 1 1 1 100.00%GUISWAR 1 1 1 100.00%DIOGAYE 10 10DJINACK 23 23BAOUT 21 21

FAMBINE 19 19

DIAMENIADIO S 8

mr-vrauff T75 rm 15- 557 74- TU:75T 4,11%(FLUX INTER-REGIONS) 149 5 569 134 26;65%

4REffE 5 T 7 T -5 T5U,5b1

1.18%

177171DIANNAH 2 2 2 100.00%KAFOUNTINE 65 11 55 21 -44 52.38% 84,62%1KAYELO 1 1 I 100.00%

1BON 1 1 1 100.00%SALOULDU 16 14 2 -14 87.50%1BOUNE 1 iiMAMIE 2

SANKOYE 7 7 100,00%1KARABANE 2

DIOGUE 11 7 63,64%1KACNOUANE 2

OURONG 4

POINTE SAINT GEORGES 24 24 -24 100,00%!

NIKINE 4 4 100.00%25.00%1ELINKINE 12 3 -3

2IGUINCHOR 9 1 1 1 10,00%DIONGUE K. 4

BOUDIEDIETE 4

CAP SKIRRING 9 9

DIEMBERING 8 8

BOUCOTTE 54 54

UMPTCE 7TE- 74-77 17 77

(FLUX INTER-REGIONS) 0 166 77

-9 100.00%!

-8 100.00%!-54 100;00%1

-1-6E sr.77f ra-,791.'

-166 0;00% 68,31%!

i

TOTAL 4415 1106 1106

Source des données: SOCECO PECHAR!, 1985

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1

1DESTINATION

1GRANDE COTE

1CAP VERT

:PETITE COTE

ISINE SALOUM

1CASAMANCE

'TOTAL

Tableau 2.- Migrations intra et intra-régionalesde pirogues au Sénégal en mai 1983

TURIgIffr GAUL CAP PETITE gINE--CUARARCE-T----TOTAE-rCOTE VERT COTE SALOUM

l Pi roquesiorig1naires 1427 1379 973 559 73

1

4415

1Pirogues niorantes

1262 408 4 1 0 0 413

1333 12 23 35 0 0 70

1152 102 55 131 106 0 I 3941

425 0 0 15 24 0 1 39

243 56 34 33 43 24 ! 190

Piroouesprésentes

Source des donnees: SOCECO PECHART. 1985

Tableau 3.- Taux d'émigration et d'immigrationrégionaux des pirogues au Sénégal en mai 1983

74

4415 , 578 116 215 173 24 1 1106

GRIME UAW CA15- -PEITTL ENE C4347-T laux d immigrationCOTE VERT COTE SALOUM HANCE' global Intra ìnter

!régional *aerial

1

lDtEI1

1 !

1GRANDE COTE tx *gr. 1 28.59% 0.29% 0,10% 0.00% 0,00%1 1

tx loner. 32.33% 0.32% 0.08% 0,00% 0.00%. 32,73% 32.33% 0,40%!- 1

1CAP VERT tx *gr. 0.84% 1.67% 3,60% 0,00% 0.00%1tx mug. 0.90% 1.73% 2.63% 0,00% 0.00%1 5,25% 1,73% 3,53%1

1PETITE COTE tx *gr. 7.15% 3,99% 13,46% 18.96% 0,00%1 I

tx immigri 8.85% 4.77% 11,37% 9.20% 0,00%1 34,20% 11,37% 22,93%1

1SINE SALOUM tx Sign 0.00% 0.00% 1.54% 4,29% 0.00%;,,: 1

tx inoigr. 0.00% 0.00% 3.53% 5,65% 0.00%1 9.18% 5.65% 3,53%1

ICASAMANCE tx enligr. 3,92% 2,47% 3.39% 7.69% 32.88%1!

t

tx immigri 23,05% 13.99% 13.58% 17,70% 9,89%1 78,19% 9,88% 69 31 ,

,

ilaux a effilgrition gIoUaT dáT5in RAW" 77710i 3675% 727M:

!intra-régional 28,59% 1,67% 13.46% 4,29% 32.88%1

linter-régional 11,91% 6,74% 8.63% 26,65% 0,00%1: 1

Source des donnees. SOCECO PECHART. 1985

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75

Tableau 4.- Evolution des taux d'immigrationrégionaux des pirogues au Sénégal

entre 1981 et 1989 (saison froide).

REGIONS ANNEES

GRANDE COTEPirogues présentesPirogues venues en migrationTaux global d immigrationPirogues de la meme region

1981

1072376

35,07%

1983

1262413

32,73%408

1985

1297393

30,30%384

1987

1210383

31,65%376

1988

1025438

42,73%438

1989

1187423

35,64%412

1990

1393478

34,31%475

Tux d immigration intra-regional 32,33% 29,61% 31,07% 42,73% 34,71% 34,10%Pirogues d autres regions 5 9 7 0 2 3Faux d immigration inter-regional 0,40% 0,69% 0,58% 0,00% 0,17% 0,22%

CAP VERTPirogues présentes 1372 1333 1360 1309 1412 1386 1627Pirogues venues en migration 127 70 171 214 273 266 430Taux global d immigration 9,26% 5,25% 12,57% 16,35% 19,33% 19,19% 26,43%Pirogugs de la meme region 23 58 76 65 79 99Taux d immigration intra-regional 1,73% 4,26% 581% 460% 5,70% 6,08%Pirogugs d autres regions 47 113 138 08 187 331Taux d immigration inter-régional 3,53% 8,31% 10,54% 14,73% 13,49% 20,34%

PETITE COTEPirogues présentes 1007 1152 1242 1105 1334 1189 1448Pirogues venues en migration 335 394 554 476 541 453 537Taux global d immigration 33,27% 3420% 44,61% 43,08% 40,55% 38,10% 3709%Pirogues de la méme region 131 175 162 153 141 155Taux d immigration inter-régional 11,37% 14,09% 14,66% 11,47% 11,86% 10,70%Pirogues d autres regions 263 379 314 388 312 382Taux d immigration inter-regional 22,83% 30,52% 28,42% 29,09% 26,24% 26,38%

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* Traduit de l'anglais

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La méche artisanale en Cambie etles mouvements des pécheurs*

Par G.V. Everett

La cate Atlantique de la Gambie a environ 70 km de longueuret est dominée par l'estuaire du fleuve Gambie. La capitaleBanjul est du côté sud, à l'entrée du fleuve. On estime lapopulation à environ 800.000 habitants. La Gambie est entouréepar le Senegal.

Il y a environ 1.300 pirogues, dont le quart d'entre ellesenviron sont motorisées. A peu prés la moitié des piroguesappartiennent aux étrangers et l'effort de péche le long de lac6te Atlantique est dominé par les Sénégalais. Dans la plupartdes cas, ces Sénégalais sont bien intégrés dans le secteur de lapéche; certains restent pendant de longues périodes dans lesvillages de péche où ils ont une residence et payent des taxes auconseil municipal. Ils conservent toujours cependant, uneidentité séparée et n'ont pas droit théoriquement aux préts etautres avantages destines aux pecheurs Gambiens.

Il y a aussi une communauté de pecheurs ghanéens à Brufut;on dit qu'ils sont arrives en 1948 avec leurs pirogues monoxylestraditionnelles; ils utilisent à present la pirogue de typesénégalais et transforment le plus souvent leurs prises, avantde les exporter au Ghana.

Tableau 1: Nombre de pirogues - Etude de 1984

MOTORISEES NON-MOTORISEES

De laGambie

C6te Atlanti-que 72

En aval dufleuve 86

En amont dufleuve 1

159

Total

147

606

235

988

Source: Robinson (1985)

D'autresRegionsEtrange-res

Total De laGambie

D'autresRegionsEtrangé-res

171 243 95 52

21 107 474 132

- 1 92 143

192 351 611 327

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Les statistiques gouvernementales montrent que laproduction du poisson en aval du fleuve et le long de la ci5teAtlantique est d'environ 8.000 tonnes par an. Les pécheurspiroguiers sont aussi impliqués dans la péche crevettière dans lefleuve, qui produit quelque 250 tonnes par an. Cette productionde crevettes approvisionne les usines de traitement qui exportentaussi bien les crustacés que des produits comme les filets desole (produits par les bateaux étrangers et locaux).

C'est pendant la saison sèche que les pécheurs sénégalaissont les plus actifs, de juin à novembre; ils se déplacent alorsvers la côte, essentiellement pour pécher des petits pélagiquescomme la sardinelle avec la senne tournante. Pendant la saisonfraiche de décembre à mai, la plupart des campements certiers sontdéserts, étant donna que les pécheurs retournent à leur base dansleurs villages natals du Sénégal. Certains Sénégalais (LesLebon/Wolof) descendent en Gambie spécialement pour pécher degros mollusques (cymbium sp.) qui sont ensuite séchés et venduscomme condiment au Sénégal en principe. D'autres pacheurs (lestoucouleurs) viennent du fleuve Sénégal pour péchersaisonnièrement la crevette d'estuaire avec leurs techniquestraditionnelles.

Depuis une dizaine d'années, la CEE apporte un soutienfinancier à la péche maritime artisanale. Elle a réussi avecquelque succès à faciliter l'entrée de nombreux agriculteurs dansle secteur de la péche. La coopération bilatérale avec l'Italie apermis d'aider au développement de la péche piroguière en avaldans la région fluvio-estuarienne.

La plupart des pécheurs sont mandingues, bien que trés peusoient des pécheurs à plein-temps. Il y a beaucoup de femmessénégalaises qui traitent le poisson produit par le projetitalien. D'autres transformateurs spécialisées sont des Sousou deGuinée qui emmènent le poisson fumé a Conakry.

Une autre information intéressante concerne l'importantecommunauté de pécheurs ghanéens travaillant dans le secteur de lapéche industrielle, le plus souvent dans la 'Ache aux sardinesdestinées à l'exportation vers le Ghana. Il est aussi intéressantde noter la présence d'une douzaine de Sri Lankais venus aider audémarrage de l'élevage commercial de crevettes en Gambie.

L'institution gouvernementale, responsable de ce secteur estle Département des Péches.

Référence

Robinson, M.A. The Gambian Fisheries Sector. Rome: FAO1989 FI: GCP/INT/198/NOR.

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PECHEURS MIGRANTS DE LA CASAMANCE

ET "DES RIVIERES DU SUD"

par

Maritew Chink:ere Diaw

INTRODUCTION

L'importance des pécheurs migrants dans la peche artisanaleouest-africaine n'est plus à démontrer. Pays de forte traditionhalieutique dans lequel la péche artisanale représentait près de62 % des 324.000 tonnes de poisson débarquées en 1987, le Senegalest généralement considéré comme un pays "exportateur" depécheurs migrants plutert que l'inverse. L'importance desmigrations internationales des pécheurs sénégalais, maiségalement la densité de leurs mouvements de courte ou de moyennedistance à l'intérieur meme du pays exige donc que, dans le cadred'une evaluation des migrations de peche artisanale en Afrique del'Ouest, il leur soit accordée une place particulière. Le presentarticle qui reprend de fagon synthétique une série de travauxeffectués entre 1984 et 1989, se propose dans cette optique, defaire l'économie d'une facette particulière de ces migrationsles déplacements en direction ou en provenance de la Casamance.Qu'il s'agisse de marées de moyenne durée ou de moyenne distance,ou encore de migrations saisonnières, temporaires ou définitives,ces mouvements concernent autant les échanges entre diversesregions du pays que celles liant la Casamance au payslimitrophes, notemment la Gambie et la Guinée Bissau.

Avec près de 9.470 personnes réparties dans 4.358 unites depeche, les pécheurs de Casamance représentent plus du cinquièmede la force de travail du secteur halieutique national(1). Cettedonnée tranche radicalement avec la faiblesse des débarquementsde la peche artisanale casamangaise qui constitue moins de 10 %en volume, des débarquements totaux de la péche artisanalesénégalaise. Cette disproportion qui est un indice du caractèrelargement occasionnel et "paysan" de la peche dans la region, estde la méme nature que la difference structurelle entre péche

1. Voir Diaw & alii, 1989 - Rapport technique 4, pp 36-37.

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maritime et péche estuarienne (2). Elle reflète égalementl'inégale implication des paysans-pécheurs autochtones (3) et desmigrants professionnels dans l'économie halieutique.

2 Globalement et à la difference des unites estuariennesen effet, les unites maritimes ont des performancestrès proches des moyennes nationales ainsi qu'uncoefficient d'utilisation de main d'oeuvre troisquatre fois plus élevé que la moyenne régionale quin'est que de deux pécheurs par unite. Voir Diaw & alii,1989, Rapport technique 2.

3. Quatre chefs d'unités sur cinq en Casamance, sont desautochtones, mais leur prises sont moins importantes,leur equipages moins grands et leurs spécialisationshalieutiques plus faibles que ceux des migrants. DIAW &alii, ibid.

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Diaw & alii, 1989

C'est ce que nous avons appelé le lidéterminismegéographique" dans les spécialisations techniques descommunautds de pécheurs autochtones. DIAW, 1989 ; p 46.

80

1. LES PECHEURS AUTOCHTONES DE CASAMANCE : AUTOCHTONIESEDENTARITE ET MIGRATIONS

Nous avons déja attiré l'attention (4) sur l'ambiguité duconcept d'autochtonie qui inclut autant les propridtaireshistoriques du sol que les populations originaires de la Guinde-Bissau, auxquels celles-ci sont lides par de multiples liens deparentd ethno-linguistique et culturelle. Pour des raisons à lafois pratiques et sociologiques, nous incluons dans ce conceptl'ensemble des populations autochtones et immigrants issues del'espace historique Casamance-Guinée-Bissau.

1.1. Les pécheurs mandingues

Massivement présents en Moyenne Casamance, les paysans-pécheurs mandingues sont les plus nombreux dans le secteurhalieutique casamangais. Ils representent 36 % des chefs d'unitéde la région et près de la moitid des effectifs autochtones. Laprdsence mandingue est dominante au sein des pécheries les plusimportantes de leurs zones ; d'habitat naturel(5). C'est le casen particulier des types de pdche à l'épervier (46 % deseffectifs régionaux), au filet a crevette (41 %) et au filetdérivant de surface, féld-féld (34 %). Mis à part une minoritéd'unités crédes à l'aide de financements publiques (Groupe Copecde Marsasum) ou extdrieurs et que nous avons rencontrées dans levillage frontalier du Bujejet (Guinée-Bissau) ou au Cap-Skiring,les pécheurs mandingues sont des sédentaires n'effectuant que desmarées de faible amplitude à l'intérieur de l'estuaire.

1.2. Les pécheurs joola

Avec près de 30 % de la flottille régionale, les paysansjoola de Basse Casamance constituent le second groupe dominant lesecteur. A eux deux, les groupes joola et mandingues reprdsententune masse de 2.855 pécheurs responsables de près de 66 % de laflottille rdgionale et de 83 % des unitds autochtones.

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A la difference de la communauté mandingue, la presencejoola est très forte non seulement dans les pécheries typiquement"estuariennes" (11 à 53 % des unites) mais également dans lestypes de péche "fluvio-marins qu'ils dominent. C'est le cas enparticulier de la péche au filet dérivant de fond "yolal" (64 %des unites), barrage au "Kaye (91 % des unites), a la palangrearmandinga (77 %) et a la ligne (6). Mame dans la péche au filetdormant, domaine de predilection des pacheurs migrants, les chefsd'unité joola font jeu égal avec les pécheurs lébu, en contredantle tiers (29 %) de ce type d'unité (7).

Les pécheurs joola constituent également le groupeautochtone le plus fortement représenté dans les centresmaritimes (15 % de la population de péche). L'importancecroissante des pécheurs autochtones parmi les unites de péche dulittoral constitue une des evolutions les plus marquantes de lapache maritime dans les années 80.

1.3 Les pécheurs balant

Avec 8,4 % de la flottille régionale, les chefs d'unitébalant constituent la troisieme communauté autochtone impliquéedans la péche et la quatrieme, après les migrants tukulér,l'échelle de toute la region. Comme les mandingues, les pécheursbalant sont des sédentaires dont la presence sur le littoralmaritime est négligeable et ne dépasse pas celle des autresminorités bambara ou pél par exemple. Leur confinement dans lespacheries estuariennes est encore plus marque que pour lespacheurs mandingues. Ce sont en effet, 99 % des unites balant quisont réparties entre les différents types de péche pratiqués enestuaire.

Sept unites sur quatorze au recensement 1985, comptenon tenu des unites get-ndariennes d'apparition récentequi sont de véritables pirogues de mer alors que lesunites de lignes courantes en milieu joola sont deslignes d'estuaire dont les incursions en mer selimitent aux abords del'eMbouchure.

Comme pour la pache a la ligne cependant, ce type depéche est pratiqué surtout à l'intérieur de l'estuaireet ne correspond que dans des cas encore minoritaires,a une 'Dacha active en mer.

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1.4 Les immigrants Bissau-Guindens Hassimilésu.

La première caractéristique des immigrants-pécheurs venus deGuinée Bissau dans le courant du siècle est que leur insertiondans le secteur halieutique casamangais reflate des mouvements depopulation qui ddbordent largement le cadre de la péche.s'agit de "migrations de peuples" et non de "migrations depéchen (8) et ces populations qui, pour la plupart, ont apprispécher en Casamance méme, ne sont pas des "nomades de la meru (9)ou du milieu fluvio-estuarien.

Sous l'angle sociologique, cette inmtigration est fondde surdes affinitds ethno-culturelles essentielles avec les troisgroupes principaux-mandingue, balant et joola - de pécheurscasamangais. En ce qui concerne les deux premiers, l'immigrationbissau-guinéenne est une inuifigration de udeuxième générationu(10) qui se confond avec les fonds de peuplement mandingue etbalant. Comme nous avons pu le constater dans de nombreuxvillages de péche de Moyenne Casamance, l'implication de cesgroupes dans l'économie halieutique présente les mamescaractdristiques que celle des populations autochtones au seindesquelles ils se sont insérds.

Les pécheurs joola originaires de Guinée-Bissau quanteux, appartiennent pratiguement tous au sous-groupe joola-ramé etsont originaires de villages comme Niabane, Eramé, Elya Sisama ouKaward en Guinde. Les enguétes que nous avons faites en 1984 eten 1985 auprès de 11 cueilleuses d'huitres puis de 13 pécheursjoola-ramé des points de débarquement de Ziguinchor, donnentleur propos des indications intdressantes. Il en ressort que lesfemmes, dont la moyenne d'age est de 42 ans, sont pour la plupartdes réfugiées venues à pieds entre 1959 et 1974, durant la guerrede libération contre le portugal. Presque toutes avaient déjà latrentaine lors de leur arrivée en Casamance et se considèrentaujourd'hui comme des résidentes permanentes de Ziguinchor.

Voir Diaw, 1983 pour une typologie des diffdrents typesde mouvements migratoires et DIAN, 1985 pour l'analysedes mouvements de population entre la Guinée-Bissau etla Casamance.

Selon l'expression de M. C. Cormier, 1985.

Voir Diaw, 1985, pp. 79-89.

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N'ayant que de faibles revenus et généralement pas d'assisefoncière, ces femmes ne bénéficient cependant pas des mémesconditions que les joola du terroir et sont obligdes la plupartdu temps, de louer leurs pirogues pour la cueillette ainsi queleurs rizières en hivernage.

Les pécheurs proprement dits appartiennent quant à eux a uneautre génération et pourraient étre les enfants des cueilleuses.Agds de 27 ans de moyenne, ils sont venus eux aussi durant laguerre mais dtaient en bas age (8-10 ans) à ce moment. Certainssont nds à Ziguinchor après que leurs familles s'y soientinstallées. Tous se considérent également comma des rdsidentspermanents. Fait notable, ils sont tous de confession catholique

l'encontre des cueilleuses qui se disent animistes. Comme cesdernières toutefois, ces pécheurs joola-ramd sont des riziculti-vateurs qui sont obligés de louer leurs pirogues de péche a 200CFA la journde, mame s'ils sont en général propridtaires desengins de péche. Leur économie est marqude par leurs liaisons etquelquefois leur dépendance, vis h vis des mareyeurs nyominka deZiguinchor.

2. LES COMMUNAUTES MIGRANTES ET LEUR ROLE HISTORIQUE DANS LEDEVELOPPEMENT DE LA PECHE EN CASAMANCE

Sept communautés migrantes ont historiquement dominé lapéche casamangaise. Il s'agit des pécheurs nyominka del'embouchure et des zones ambivalentes, des pécheurs d'estuairetukuldr, waalo-waalo et somono, des pacheurs maritimes wolof,sereer et lébu originaires de Saint Louis, de la Petite Cate etdu Cap Vert. Nous soulignerons rapidement leur reile dansl'expansion considérable de la péche au 204me siècle ainsi queleurs principales caractdristiques à l'époque contemporaine.

2.1. Les pacheurs migrants nyominka

Excellents navigateurs et commergants, les marins nyominkaoriginaires des iles du Salum, entretenaient des dchangescommerciaux avec la Casamance et la Guinde Bissau dès le premiermilldnaire (700 AD) (11). Jusqu'au milieu du 20éme siècle, cesactivitds de transport et de commerce les portaient tout le longde la Cate Atlantique, aussi loin que le Nigéria (12). Ce n'est

Selon Linares de Sapir, 1971

Selon Van Chi Bonnardel, 1977

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13. Voir Diaw 1986-a

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qu'à partir de la fin du 19ème siècle cependant, que leurscampagnes de péche proprement dites prennent une réelle impor-tance a cause du manque d'eau douce, de l'exiguité des terroirsdans leurs iles et de l'insuffisance de la production vivrièrelocale.

C'est a. partir des années 1880 (entre 1890 et 1924) que lespremiers migrants nyominka et lébu introduisent la pratique del'épervier dans les villages de Basse, puis de Moyenne Casamance,dans le cadre de campagne saisonnières de saison sèche. Jusquela, les paysan-pécheurs joola de Basse Casamance avait garde ledos tourné à la mer, en se concentrant sur des techniquesintelligentes, parfaitement adaptées au fonctionnement del'estuaire et aux priorités rizicoles de leur économie (13)tandis que l'implication des autres groupes autochtones dans lapéche n'était que marginale.

A partir de la fin des années 30, les migrants nyominkaélargissent leur presence en Basse Casamance, dans la zonefluvio-marine qui est leur domaine de predilection. Ilss'installent ainsi à Elinkin, Joge, Ziguinchor et fondent lescampements saisonniers de la Pointe St. Georges et le village depéche permanent de Bujejet à la frontière bissau-guinéenne. Leshommes péchent a la senne de plage (mulets transformés entambadiang) ainsi qu'au filet maillant et à l'épervier. Certainsont acquis depuis peu des pirogues glacières et tendents'orienter vers la péche des grosses espèces pour les écouler-fraiches à Ziguinchor Les femmes s'occupent de la cuisine ettransforment les grosses espèces invendues en gejj (poissonfermenté séché).

Du point de vue des pratiques sociologiques, il importe dedistinguer deux sous groupes nyominka dont les strategiesmigratoires divergent depuis peut-étre le début du siècle. Eneffet, les migrations des pécheurs originaires de Basul etJogaan, malgré près de 30 années de presence en Casamance, sontrestées des mouvements rythmées par l'alternance entre la saisonde péche en Casamance et la saison agricole dans les lies dusalum. Leurs deux campements de la Pointe St Georges, fondés il ya trente ans par un pecheur qui faisait des campagnes aussi bienen Guinée qu'en Casamance sont encore des établissementssaisonniers occupés par près de 800 personnes qui les quittentmassivement h l'approche de l'hivernage.

Par contre, les migrations des pécheurs nyominka originairesde villages comme Jonewaar, Jinda, Tubakuta, Niojoor et Sam, sefont essentiellement en direction de villages sédentaires

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Casamangais. Elles s'inscrivent dans des mouvements de longuedurée à la recherche de poisson et de nouveau point d'implan-tation et ont, par conséquent tendance à devenir permanentes. Uneunité que nous avons rencontrée à Bujejet par exemple estconstituée de pacheurs présente en Casamance (Bodé, puis Sancaba-Manjak) depuis trois à quatre générations. De mame, à Elinkin, oùils représentent plus de la moitié des effectifs, les migrantsnyominka sont sédentarisés a 78 % depuis au moins treize ans. Lesseuls saisonniers nyominka du village sont en fait des pécheursde Basul. Les mamas tendances se retrouvent dans les autrespoints de l'estuaire.

2.2. Tukular waalo-waalo et somono : de la péchefluviale intinéraire à l'immigration sédentaire

Les pacheurs tukular et waal-waalo, originaire de la valléedu fleuve Sénégal seraient d'abord venus en Casamance avant lesannées 40 b. la recherche de peaux de lamentins et de crocodiles,alors chassés au harpon, et également de pirogues taillées enCasamance. Ces dernières étaient alors transportées par bateaux,puis par train et pas voie fluviale suivant l'itinéraireZiguinchor-Dakar-St-Louis-Futa ou waalo. Les mouvements despécheurs de la vallée du fleuve s'insèrent donc clairementcette époque dans un type de migrations individelles, de naturesaisonnière ou temporaire centrées sur le point d'origine.

A partir de la fin des années 40, les migrations originairesde la vallée du Fleuve Sénégal se systématisent. L'arrivée depécheurs tukulér puis waalo-waalo coincide alors avec ledéveloppement, a partir de 1948, d'une industrie florissante detransformation et de commercialisation du poisson fumé endirection de la Guinée Conakry. Basée dans le Balantakunda, cetteindustrie va susciter des activités intenses de péche etd'échange, jusqu'a la fermeture de la frontière sénégalo-guinéenne en 1988. Elle encourage le développement del'immigration de péche, mais aussi l'insertion de nouvellescatégories sociales (transformateurs Susu et commergants Pal,Malinke, Jula ou Jaxanke) dans une économie estuarienne enexpansion.

Entre 1950 et 1960, les pécheurs tukuldr subalbe vontmarquer de fagon décisive la physionomie de la /Dacha estuariennepar la diffusion active du modèle de félé-félé en usage dans lavallée du fleuve. Les félé-félé à trachymote, à ethmalose,mulet et a tilapie sont ainsi introduits dans le Balantakunda etmame le buluf où ils sont présents, à Conk-Esil et Tendouk, &es1953.

Par ailleurs, et en dépit de l'antériorité nyominka danslhestuaire, c'est aux wolof waalo-waalo, originaires de Gaya etde Jawaar dans le waalo (Bas Fleuve Sénégal), que revient

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Incontestablement la paternité de la diffusion de la pêche 6. lasenne de plage en moyenne Casamance, à cette époque. Ces pêcheursde senne qui commencent à s'établir dans la region en 1951,s'installent d'abord sur les rives du Soungrougrou dans le cadrede campagnes de pêche saisonnières menées en Casamance deJanvier à Mai puis sur la Petite Cate (14) le reste de l'année.Ce rythme migratoire leur est alors vraisemblablement impose pardes contraintes techniques (15).

Avec l'expension rapide de la pêche crevettière 6 la suitede l'installation entre 1950 et 1961 de trois usines detraitement europeennes, puis la generalisation tardive du fil denylon introduit entre 1971 et 1973, le pattern des migrationstukulér d'une part et waalo-waalo d'autre part est bouleversé.

La pêche 6. la senne devient techniquement possible tout lelong de l'année pour les waalo-waalo qui developpent à partir dece moment une nette tendance h la sédentarisation. Les campagnesde pêche à la senne en Casamance s'étendent sur l'ensemble del'année et les pêcheurs construisent des maisons en dur dans descentres comae Gudomp, Jatakunda. Bambandi Brassu, Marsasum,Sedhiou où ils deviennent des residents permaments. Ils gardentcependant des liens avec leur village d'origine, dans lequel ilsretournent à l'occasion des fêtes.

L'économie crevettière quant à elle, prend rapidement lepas sur toutes les autres formes de production halieutique et lespêcheurs subalbe s'y reconvertissent massivement. Des réseauxactifs dont les objectifs sont d'encourager une immigrationtoujours plus importante et d'organiser des structures d'accueilpour les groupes familiaux venant du Futa, se mettent en place.Le nouveau secteur s'organise autour d'un complexe mettant en jeuusiniers, "ramasseurs" et pécheurs Les rapports domestiques quiregissent la sphere de production directe sont articulés etsubordonnés aux rapports marchands qui lient celle-ci 6 laproduction des usines Les intermédiaires tukulér passentprogressivement d'un rcile de mareyeur à un rale de "ramasseur"et de "chef de balance" et les usines preferent traiter aveceux.

La sédentarisation en Casamance des migrants somonooriginaires du Mali, precede quant h elle, celle des migrants dela Vallee du Fleuve et s'amorce entre 1930 et 1950. Ils s'ins-

OU ils vont s'engager sur les sennes de mer waalo-waaloen campagne à Dibouk.

Les bobines de coton et de lin alors employees,pourrissaient rapidement au cours de la saison humidecasamangaise.

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tallent alors dans les villages ou villes (Séju) de Moyenne, etméme de Basse Casamance (Bodé), ou ils forment de petitesunités familiales distinctes. C'est à eux que revient lapaternité de l'introduction, au début des années 30, du félé-félémalien qui est le premier filet dérivant à étre utilisé dans larégion (16).

A partir de Séju, les migrants Somono faisaient alors descampagnes de 4-5mois, à bord de pirogues a voile, le long del'estuaire. Le poisson frais, (carpe, capitaine, brochet,ethmalose) &bait écoulé h Séju et Kolda et à partir del'acquisition d'un véhicule en 1949, jusqu'à Vélingara en hauteCasamance. Ces migrations internes semblent s'étre tariesaujourd'hui et le poisson frais est désormais vendu à desmareyeurs venant de Kilda ou est transformé par les épouses despacheurs et des femmes de Seju.

La nouvelle génération a également tendance à se détournerde la péche à cause de la concurrence et de la pénibilité liéesce métier et s'implique de plus en plus dans des migrations detravail vers Dakar.

2.3 Les oécheurs nomades maritimes et le développementdes centres de péche du littoral

2.3.1 Les pécheurs lebu du Cap-Vert

Ce n'est qu'a partir du début des années 50, après plus d'undemi-siècle d'exploitation intense de l'estuaire que les plagesdu littoral casamangais commencent à étre fréquentées saisonniè-rement par des pécheurs migrants venus du Nord-Sénégal. Lespécheurs lébu dont on connait le rôle historique dans l'estuaire

partir des années 1880-1890, sont les premiers à coloniser lelittoral atlantique Abéné et Kafuntin où on trouve encore un deces pionniers qui y vient de facon ininterrompue depuis 34 ans,sont leur première base de péche. Ceci est conforme au schémagénéral, Nord-Sud, de leurs migrations qui, dans cette période,les mènent d'abord sur la Petite Cate puis en Gambie, avantd'atteindre le Nord de la Casamance. A partir du début des années60, en liaison a la fois avec la bio-écologie de la langouste etle développement d'un marché lucratif pour cette espèce au Sud dela Casamance (17); le centre de ces migrations lebu cap-ver-diennes se déplace en direction de Jembereng et du Cap Skiringqui prennent alors le pas sur les campements de la rive Nord.

Selon M.C. Cormier-Salem. (cf Diaw et alii, 1989), lespremiers migrants Somono auraient pû &bra présents en Casa-mance dès 1885.

Voir Diaw, 1985.

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18. Gruvel, 1907

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D'une manière générale, cependant, l'exploitation dulittoral reste encore tits timide durant cette période. Pendantprès de 20 ans, les plages ne sont que faiblement fréquentées,d'autant que les pécheurs de leen qui en sont pratiquement lesseuls occupants, ne viennent pas tous systématiquement au mémeendroit et changent quelquefois leur lieu de campagne pour allersur la Petite C6te, en Gambie et méme en Mauritanie. Ce n'estqu'a partir de la fin des années 60 que des populationsnouvelles, originaires du Ganjool et de Get-ndar, commencentfaire leur apparition au côté des pêcheurs lébu, dans lescampements saisonniers de la certe, particulièrement à Kafuntin.Les lébu quant à eux diversifient leurs points d'implantation.Venant toujours en grande majorité (91%) du village de Yeen(Yeen-Kaw, yeen-geej), ils sont presents dans tous les centres dela façade maritime et constituent la seconde minorité ethnique dulittoral, après les Saint-Louisiens.

2 3 2 Les pécheurs wolof de la region de St Louis

Presents en Casamance depuis la première guerre mondiale,les Get-ndariens sont responsables de l'introduction du filetdormant à capitaines dans les villages limitrophes duBalantakunda. Malgré leur experience maritime, ces saisonniers nevont pas en mer et ne restent méme pas au niveau de l'embouchure.Leur séjour dans les différents centres de l'estuaire se limitentalors à des campagnes de saison sèche qui durent jusqu'enAvril(18). Ce type de migrations reste significatif pendant unevingtaine d'années, et à partir de la 2ème guerre mondiale, lesGuet-ndariens se retirent de la péche estuarienne casamançaise.On les retrouve alors en Guinée où ils alimentent jusqu'en 1944,le marché de Conakry. A la suite d'un conflit avec l'adminis-trateur colonial de l'époque autour de la determination des prixdu poisson, les pécheurs saint-louisiens quittent Conakry où ilslaissent une situation grave de pénurie, pour aller en SierraLeone alors sous contrae britanique. Cette poussée migratoire endirection du Sud atteint la C6te d'Ivoire (Abidjan) au début desannées 50.

Revenu en Casamance dans le courant des années 60, maisexclusivement cette fois-ci dans la frange maritime, les pécheurssaint-louisiens originaires du Ganjool (18 %) et de Get -ndar (24%) représentent ensemble aujourd'hui, la plus forte communautéethnique du littoral. Du point de vue de leur distribution dansl'espace, il est a noter que ces pecheurs ne sont presentsaujourd'hui que dans deux centres (Kafuntin et le Cap-Skiring) où

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leur présence est inversement parallèle. C'est à Kafuntin eneffet que sont concentrées la grande majorité (82 %) des unitésganjool-ganjool, contre seulement 18 % au Cap-Skiring, tandis quela majorité des pirogues de get-ndar (80 %) sont au contraire,basées dans ce centre de péche contre seulement 20 % à Kafutin.Ceci reflate le phénomène de "grappe" (ou cluster) qui marquel'organisation spatiale des mouvements migratoires Guest-Africains.

2.3.3 Les pécheurs migrants de la Petite Cate

Les pêcheurs lebu (19), sereer et wolof, originaires de laPetite Cate sont également présent, globalement, dans tous lescentres actifs du littoral. Venus de villes ou de villages telsque Nianing, Nqaparu, Mbuur, Joal ou Pointe Sareen, les pécheursde la Petite Cate sont, sereer en majorité (près de 61 %) etcomptent un petit nombre (a peu près 15 %) de wolof. Cette année,alors que les pécheurs sereer, originaires de Naning et Mbuur,ont limité leur campagne à Jembereng, les pacheurs lébu et wolof-mains nombreux ont évolué au Cap Skiring ainsi qu'à Kafuntin pourles premiers et Sembereng pour les seconds Les pécheurs sereerde la Petite Cate se retrouvent également en estuaire, parmi lafraction migrante sédentarisée du village d'Elinkin où ils sontinstallés depuis prés de 35 ans.

3. PECHE ET STRATEGIES MIGRATOIRES

3.1. Dvnamisme et croissance de la flotille maritime

Il y a en résumé quatre moments a distinguer dans ledéveloppement de la flotille maritime

1) Le premier concerne ce qu'on pourrait appeler la phased'installation des pêcheurs migrants sur les cates casamangaises(cf section 2.3). Il n'y a pas de données statistiques globalescouvrant cette période. Cependant, l'analyse des informationsfournies par notre échantillon (20) montre que cette phase dure

A caté des pécheurs cap-verdiens, il y a en effet, unepetite minorité de pêcheurs lébu représentant moins de10 % des unités lébu et moins du quart des pirogues dela Petite Cate.

cf 100 pécheurs en 1988. cf Diaw, 1989.

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vraisemblablement tout le long des années 60 et déborde jusqu'audébut des années 70. C'est pendant cette période d'a peu pitsquinze ans que 31 % des migrants que nous avons interrogés en1988 commencent leurs campagnes de péche en Casamance. Cesarrivées sont bien étalées dans le temps selon un rythme moyen de2 % de l'échantillon par an.

Le premier bond dans la croissance de la flottillemaritime a lieu durant la deuxième moitié des années 70 ets'etend jusqu'en 1982. C'est pendant cette période que, dansnotre échantillon, la croissance annuelle moyenne des arrivées enCasamance passe à 5 %, avec un saut qui se situe probablemententre 1975 et 1978 (10 % de l'échantillon) Les donnéesdisponibles a partir du centre de Kafuntin où la flottille estmultipliée par 8 en neuf ans (1973-1982) confirment les élémentsde cette périodisation. En 1973, il n'y a d'ailleurs dans cevillage, pas plus de huit pirogues de loathe maritime, originairesde Get-ndar, Tasineer et Dun Baba Jeey dans la région de St Louiset des communautés lébu de leen au Cap-Vert et de Sali sur laPetite C6te. A partir de cette période, quelques résidentsmandingues du village et de Janna, commencent à s'initier à lapêche maritime auprès de ces pécheurs migrants. Ilsconstitueront, dans les années qui suivent, les premières unitésautochtones de Kafuntin Les années 70, à partir surtout de 1973,marquent ainsi le premier bond de la péche maritime en Casamancegrace à une croissance rapidement le premier centre de péche dela région, est le pivot d'une telle évolution.

Le troisième moment dans la croissance de la pèchemaritime est marqué par le grand bond de la flotille en 1983. Lesdonnées statistiques obtenues grace aux recensements semestrielsdu CRODT qui commencent à étre faits sur toute la c8tesénégalaise a partir de l'année précédente (1982), révèlentclairement ce phénomène. A l'échelle du littoral dans sonensemble en effet, la flotille passe de 80 à 135 unités entre cesdeux saisons, soit une augmentation de ses effectifs de l'ordrede 60 %. Les effets résiduels de ce phonomène se font encoresentir l'année suivante car la flotille passe en 1984, à 150unités - soit une croissance de 11 %.

Entre temps, des unités autochtones encore trèsminoritaires, créées sur financement extérieur sont venues sejoindre aux unités migrantes traditionnelles déjà présentes surles plages. Ce phénomène représente une des tendances les plusremarquables des années 80 qu'il y a d'ailleurs lieu de mettre enrapport avec la situation dans l'estuaire.

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4. Depuis cette date, la flottille, après avoir atteint unmaximum de 158 unités en 1985, stagne aux alentours du niveaude 1984 (155 unités en 1988). La stagnation de la flottille estest la caractéristique principale de la période actuelle.

3.2. Mobilité spatiale et variation inter et intra-annuelle de la flottille

Une des caractéristiques essentielles des centres maritimesréside dans la grande variabilité de leur flottille d'une annéeou d'une période de l'année a une autre. Cette caractéristiquedes campements maritimes tranche avec la relative stabilité deseffectifs dans les centres d'estuaire. Elle est indubitablementnée a la mobilité de leur composante allogène et aux qualitésadaptatives des stratégies de péche mises en oeuvre par cettepopulation migrante.

Dans les centres d'estuaire, la relative stabilité inter-annuelle des effectifs est liée à la faible présence des migrantsoriginaires du Nord et opérant en Casamance sur une basesaisonnière. Cette stabilité cependant ne signifie pas que laflottille reste statique. A Elinkin (21) par exemple, le parcpiroguier a connu une croissance de 50 % entre Avril 1984 (18unités recensées) et Avril 1985 (27 unités), après avoir stagnéentre 1982 et 1984. Ces chiffres devraient cependant aremanipulds avec précaution puisqu'ils ne prennent pas en compteles variations intra-annuelles du parc piroguier. Entre les moisd'Avril et de Mai 1985 par exemple, la flottille à Elinkin étaitpassée de 27 à. 33 unités, soit une évolution de 18 p/cent. Lefait que cette année (1988) celle-ci ne soit encore forte que de35 unités (pour 26 chefs d'unités) tend cependant à confirmerla fois la lenteur de la progression de la flottille ainsi que sastabilité relative.

Il est d'ailleurs remarquable à cet égard que tous lespécheurs migrants échantillonnés en estuaire péchent sansinterruption dans leurs centres d'accueil depuis qu'ils s'y sontinstallés. En outre, l'analyse de la durée de séjour des chefsd'unité dans leurs centres respectifs en 1988, montre que 95 %des chefs d'unités estuariennes sont restés ou escomptent resterdans ceux-ci pour des durdes supérieures a 12 mois. Enfin, 82 %de ceux-ci escomptaient, au moment de l'enquéte, y effectuer unséjour supplémentaire illimité.

21. Village pour lequel des données statistiques existentsur la flotille depuis 1982, a la différence de laplupart des villages de péche de l'estuaire.

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Dans les centres maritimes, la situation est plus complexe.D' une part, l'enquéte revéle que les mouvements de pécheurs dansles centres maritimes présentent globalement une certainerégularité. En effet, 87 % des pécheurs migrants y viennent defagon ininterrompue depuis le début de leurs migrations enCasamance tandis que 85 % des chefs d'unités prévoyaient d'yeffectuer, en 1988, un séjour total de 9 a 11 mois (entre débutOctobre et Aoùt). Lorsqu'on y ajoute ceux declarant étre venuspour de trés long séjours (12 mois à illimité) ce pourcentagemonte jusqu'à 95 % des chefs d'unités maritimes.

L'analyse des informations statistiques ou qualitativesrecueillies sur plusieurs armées tendent toutefois à montrerl'autre facette des migrations maritimes : leur grandevariabilité intra et inter-annuelle ainsi que leur flexibilité.L'étude de l'évolution de la flottille par centre entre 1982 et1985 est, à cet égard, pleine d'enseignements. Durant cettepériode un centre tel que le Cap Skiring par exemple, s'est vidéde toutes ses unites de péche au poisson (8 filets dormants asole/langouste en 1983 et en 1984) sous la pression du milieuhOtelier qui affirmait are gene par la transformation artisanaleet qui bénéficiait du soutien de l'administration. Dans le memetemps, le village de Bukot émergeait de fagon spectaculaire (54filets dormants en 1983) comme un centre d'implantationprivilégié des pécheurs de Get-Ndar, de Tasineer, Dun Baba Jeeyet Pilot dans le Ganjool, de Wakam (Ouakam) au Cap Vert etJonewaar sur la Petite Cfte. Contrairement à ce qu'on pourraitcroire, cette nouvelle implantation - beaucoup plus importanteque ne l'a jamais été le Cap-Skiring - n'était pas né du simpletransfert des activités de ce centre vers un nouveau pointd'accueil. Les pecheurs de Buket venaient aussi bien du Cap quede Kafuntin et de la Cambie où la campagne de péche avait maldémarrée cette année la. On y trouvait méme des pirogues dugroupe COPEC de Kafuntin ainsi que des unites ghanaéennes.

En 1984, a la suite des difficultés multiples rencontrées dufait de l'enclavement de Bukot et des dangers lies auxdifficultés de navigation dans cette zone, la population de péchedu nouveau campement chute de fagon drastique. On n'y trouve pluscette année la que 25 unites saint-louisiennes, toutesoriginaires de Tasineer. C'est par contre Jembereng, dont laflottille était restée insignifiante jusque La (4 filets dormantsen Avril 82, 8 en Mars 83, 1 seule en Avril 83), qui va exploserentre Mars 84 (11 unites) et Mai 84 (49 filets dormants). Cettecroissance rapide de Jembereng est directement liée à l'arrivéemassive de pecheurs lébu originaires de Yeen et de Naning, PointeSareen et Ngaparu sur la Petite CO-be précédemment installésKafuntin et qui quittent ce campement h la poursuite de bancsimportants de sole et de langouste répérés plus au Sud. Il va desoit que dans la meme periods, la flottille de Kafuntindiminuait fortement et passait en fait de 106 unites en Avril75 en Mai.

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En Avril 1985, la flottille de Jembereng chute de nouveauvers son niveau le plus bas (2 unites seulement), tandis que, ala suite d'un accord avec l'administration, les pécheurs depoisson reviennent au Cap Skiring où la flottille passe à unecinquantaine d'unités. Des exemples du méme type pourraient étrerépétés à loisir (22). Leur mérite est de montrer clairementl'énorme capacité d'adaptation des pécheurs de mer au faisceau decontraintes écologiques et socio-économique dans le but demaintenir leur niveau de production ainsi que la rentabilité deleurs operations. Ils montrent également le caractère fondamen-talement nomade de la 'the en mer : "mool dekkul fenn (23).

Le rayon d'action des pécheurs maritimes de Casamance estainsi trés large. Venant pour la plupart en pirogue dans le cadrede longs trajets Nord-Sud, l'aire de péche de ces migrantss'étend de la Gambie a la Guinée-Bissau. Parmi les unitesmigrantes qui se sont approvisionnées en carburant à Kafuntin en1988 (24), 88 (soit 58 % étaient basées en Gambie. Il s'agit depécheurs lébu établis, par ordre d'importance, a Sanan, Katon,Burfut et Gunjur ; de Saint-louisiens, presque tous bases aGunjur ; de pécheurs de la Petite C6te (Gunjur, Katon) et depécheurs du village de Tare dans la region de Louga, totalementabsent de la Casamance et tous établis à Gunjur pour la saison depéche.

La Guinée-Bissau est également très fréquentée par lespécheurs de Casamance. Comme la Gambie, elle sert à la fois delieu de péche pour des marées de un b. plusieurs jours (filetsmaillants du Cap et de Bujejet, lignes-glacières get-ndariennesde Ziguinchor...) et de point d'implantation saisonnière pour uncertain nombre d'unités de péche. Parmi celles-ci une mention

22 Les itinéraires personnels sont également pleinsd'enseignements. A titre d'exemple, celui de ce pécheurlébude Yeen qui vient régulièrementll au Cap Skiringdepuis 1965 (en passant brièvement à Abéné au début dela saison deslangoustes) qui a tendance depuisplusieurs années b. rester au Cap bien au del& de lasaison sèche - "tant qu'il y a des langoustescapturer et à vendre" et qui fait des maréesJembereng comme en Guinée -Bissau. On pourraitégalement mentionner cet autre pécheur lébu établiJembereng depuis 1975 et qui entre 1963 et 1974 a faitses campagnes successivement, au Cap puis a Joal,Abend, Jembereng, Mauritanie, Mbour et de nouveau,Joal.

"Le pécheur est un éternel errant".

Données recueillies au niveau du poste de contr6le dela DOPM, à Kafuntin.

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Voir Diaw, 1983

Voir pour la Casamance : Diaw, 1985, 1986b ; Cormier1984.

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La Guinée-Bissau est également très fréquentée par lespécheurs de Casamance. Comme la Gambie, elle sert à la fois delieu de péche pour des marées de un à plusieurs jours (filetsmaillants du Cap et de Bujejet, lignes-glacières get-ndariennesde Ziguinchor...) et de point d'implantation saisonnière pour uncertain nombre d'unités de péche. Parral celles-ci une mentionparticulière doit are faite des migrants nyominka, maiségalement des unites joola originaires de Conk-Esil qui, dés lemois d'Octobre, c'est à dire avant la fin des récoltes, vont versles environs du Rio Cacheu ou elles restent jusqu'au moisd'Avril. A l'aller come au retour, ces unites transitent parBujejet où elles restent quelquefois pendant quelques semaines.En Mai, les unites esiliennes se retrouvent pratiquement toutesau niveau de l'embouchure (Joge) ou elles restent jusqu'a lasaison des pluies et quelquefois :Rene pendant une bonne périodede celle-ci. Le caractére actif et élaboré des migrationsmaritimes des pécheurs de Conk-Esil est un des meilleursindicateurs des possibilités de transition de la péche enestuaire à la péche en mer pour les unités autochtonescasamangaises.

CONCLUSION

Le present article s'est volontairement limité à lacaractérisation des formes de mobilité induites par lesmigrations de peche en Casamance et à l'identification destendances et des périodes majeures qui en ont marque l'évolution.Or nous savons que les phénomènes migratoires ne sont pas desimples déplacements dans l'espace, mais impliquent un changementde conditions sociales (25). En Casamance comme ailleurs enAfrique de l'Ouest, ces migrations impliquent ainsi diversarrangements sociaux-économiques et culturels qui varient enfonction du type de migration, des contraintes d'implantationdans les campements et villages d'accueil, de l'origine ethniqueet géographique des pecheurs migrants, du dégré de specialisationde ceux-ci et des rapports qu'ils entretiennent entre la 'the etles activités non-halieutiques. Ces divers arrangements couvrentun vaste domaine de recherche qui va des phénomènes d'adaptationaux contraintes techno-écologiques, aux formes d'organisationdomestiques, en passant par la reorganisation des rapports deproduction et d'échange, des rapports entre hommes et femmes, dusystème de partage et d'accumulation, ou de la vie quotidienne engénéral(26).

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L'impact de ces migrations sur les sociétés autochtones estégalement considérable. En Casamance, où elles ont enclenché lesmutations techniques fondamentales du siècle courant, la présencemassive des "campagnards" a entramé une accélération deséchanges - économiques, mais aussi culturels et sociaux - ainsiqu'une nouvelle perception de l'espace maritime désormais pergucomme une énorMe source de richesse a exploiter. Depuis les dixdernières années, on observe ainsi, une implication croissantedes pacheurs du terroir dans la péche maritime et dans lesmigrations internes et internationales, notamment en Guinée-Bissau. Nous avons souligné ailleurs (27), les limites d'unetelle implication qui se situent pour l'essentiel : 1) dans lespossibilités de péche en estuaire en dépit d'une pressioncroissante sur les ressources ; 2) dans la plus grandecompatibilité de cette péche d'estuaire avec le caractaremultiforme-intégré des systèmes de production autochtones ; 3)dans les difficultés de reconversion à la pache en mer ; 4) dansles limites des projets de développement de la pache ; 5) dans lafaiblesse de l'intégration autochtones/migrants au sein deséquipages qui sont les lieux privilégiés d'acquisition du savoirtechnique et du savoir-faire.

L'avenir de la péche et des migrations de péche enCasamance, qui s'inscrivent, il faut le rappeler, dans unemouvance globale Nord-Sud des communautés professionnelles venuesdu Nord -Sénégal, sera donc détermind par l'évolution d'uncomplexe contradictoire aussi dépendant des contextes politiques(crise sénégalo-mauritanienne, crise sénégalo-bissao-guinéenne)des politiques de développement (projets), que de l'évolution desmarchés, des sociétés ou encore du climat (agriculture).

27. Diaw, 1989

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Tableau des Mutations technologiques dans la peche en Casamance

Diaw et alii,1989

NATURE DES MUTATIONSTECHNIQUES

DATE DEREFERENCES

POPULATIONSMOTRICES

Techniques précoloniales depéche & la nasse, au filetet aux engins de jetbassins piscicoles, barrageset palissades-piècespaniers et accessoires.

Avant 15&s.-196s. Joola BasseCasamance

Eperviers 1880 Lebu, Nyominka

Filet dormant (capitaine) 1ere-2ème guerremondiale

Guet-ndariens

Féld-félé malien 1930 Somono

Félé-félé tukuler 1945-1950 Cubalo-tukulèr

Sennes de plage d'estuaire 1951 Waalo-waalo

Sennes de plage embouchure 1950-1960 Nyominka

Motorisation Fin d'années50-60

Pécheurs mi-grants mer etestuaire

Péche crevettière 1960 Cubalo-tukulerindustriesfranyaises

Generalisation fil de nylon(sennes de plage)

1971-1973 Waalo-waalo

enne tournante 1 1980-1982 Guet-ndariensManjak - échec

Senne tournante 1986 Pro jets-Autochtones

Péche ligne en mer 1980-1982 et 87 Guet-ndariens

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NOTES SUR LES PECHEURS MIGRANTS EN GU1NEE

par Stéphane Bouju

INTRODUCTION

La Guinée ayant été fermée à la recherche durant 26 ans,très peu de données sont disponibles sur les pécheurs Guinéens etsur les pécheurs étrangers travaillant dans la ZEE (zoneeconomique exclusive). Lors de notre premier séjour en Guinée,nous avons été amenés à nous intéresser à ces groupes de pécheursétrangers afin de mieux comprendre les différentes stratégies depéche mises en oeuvre par les pécheurs nationaux, lesspécificités respectives et l'importance des capacitésadaptatives des pécheurs Guinéens aux apports techniques ettechnologiques extérieurs.

Nous reprenons à notre compte la définition du terme"migration" de P. Jorion (1988)*. Liauteur distingue deux typesde phénomènes

les mouvements saisonniers,

les migrations proprement dites qui conduisentl'installation dans une région ou un pays d'accueilpendant une période prolongée (plusieurs années).

Nous nous proposons d'étudier pour cette table ronde deuxcommunautés de pécheurs migrants répondant à cette définition.

La première note concerne deux groupes de pécheurssénégalais effectuant des campagnes saisonnières de péche depuisplusieurs années sur le littoral nord de la Guinée. Nous avonseffectué deux courtes missions, en avril et mai 1990, juste avantleur retour en Casamance, sur les campements qu'ils ont installéprès des villages de Sakama et Dobiré.

La seconde note est un recueil d'informations obtenues lorsde nos enquétes sur les débarcadères de Conakry. Ces enquétes hpassages répétés, commencées en janvier 1990, ne concernaient passpécifiquement les pécheurs migrants mais l'ensemble des acteursimpliqués dans la péche artisanale. Il y a dans la capitale uneimportante communauté Sierra Léonaise qui pratique la péche de

* P. Jorion "Going out or staying at home. Seasonalmovement and migration strategies among Xwala and Anlo-Ewe fisherman "MAST vol 1 n° 2.

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manière intensive et dont les unités de production sont trèsdynamiques. Ces pécheurs jouent un rôle fondamental dansl'évolution de la péche piroguière en Guinée, et sont impliquéstrbs diversement dans les phénomènes migratoires.

Dans ces notes nous avons abordé -méme si parfois de fagonsommaire- les thèmes suivants

la composition ethnique des groupements de pécheurs,

les différentes unités de péche (type de pirogue,motorisation, importance de l'équipage),

les techniques utilisées (type de filet, organisationdu travail, espbces cibles, techniques de péche),

l'organisation sociale des communautés (structurationsocio-hiérachique, organisation économique del'activité, croyances et pratiques culturelles),

les types de relations entre pécheurs autochtones etpécheurs allochtones (conflits, coopération,transmission des savoirs et savoirs-faire).

NOTE N° J. : ORGANISATION SOCIO-ECONOMIOUE DES PECHEURS SENEGALAISEN CAMPAGNE DE PECHE SUR LES COTES GU1NEENES L'EXEMPLE DESCAMPEMENTS DE SAKAMA ET DOBIRE

Au nord de Conakry, la préfecture de Boffa est traversée parle Rio Pongo (Fatala). Ce fleuve se jette quelques dizaines dekilombtres plus loin dans l'océan après avoir contourné lesmultiples iles qui encombrent son estuaire.

Sur deux de ces iles, des pécheurs migrants sénégalaisoriginaires de Casamance viennent s'installer depuis plusieursannées pour des campagnes de péche. Pendant 7 à 8 mois, ilshabitent les campements qu'ils ont dressés à la périphérie desvillages de Sakama et Dobiré. La campagne de péche en Guinéecommence en décembre/janvier pour se terminer en juin/juillet.

Nous nous trouvons en face de deux groupes, à la fois trèsproches par certains aspects (engins de péche, embarcations,mise en oeuvre des techniques de capture) et différents pard'autres (religion, ancienneté dans la péche, relation de parenté

l'intérieur des unités de péche, organisation sociale ducampement).

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1. BISTORIOUE

Aux dires du plus ancien pécheur migrant -Mohamed Saar-,'Jere de l'actuel chef de campement de Sakama, les migrations depècheurs Sénégalais en Guinée sont antérieures à la périodecoloniale.

A cette époque, les pirogues étaient propulsées à la voileet pa la pagaie et les engins utilises pour pécher l'ethmalose surles plages étaient le filet encerclant à trés petit maillage etun filet du méme type que le filet épervier actuel. Cette péchec6tière exigeait le travail simultané de deux groupes d'hommes.

Les campagnes en Guinée se sont totalement arrétées pendantla Première Republique. Certains pêcheurs restaient au Senegal,d'autres partaient en Guinée-Bissau ou en Mauritanie. Des que lenouveau regime a été mis en place (1984), les migrations vers laGuinée ont repris. La première année, les pécheurs se sontinstallés vers Kamsar et près de la frontière de la Guinea-Bissau, mais d'autres Sénégalais venaient à Sakama. Cela faitmaintenant trois ans qu'ils ont quit-be Kamsar pour venirSakama.

Jusqu'en 1989, seul le campement de Sakama existait,quelques pécheurs de Sakama allaient sur les lieux de péche deDobiré Cette année-la, Ansou Diata, l'actuel chef du campementde Dobiré, a demandé au chef de village Baga l'autorisation des'installer sur le territoire villageois, puis il a contacté lechef de port. Aprés l'accord de ces deux personnes, il est andvoir le préfet de Boffa pour avoir l'autorisation definitive.Quatre embarcations constituaient alors la flotte des Sénégalaisde Dobiré et ils ont construit, en 1989, sept cases sur unterrain défriche en bordure de la plage. En 1990, il y a dixcases et six embarcations. Le campement de Dobiré, contrairement

celui de Sakama, est isolé du village guinéen par unevegetation très dense de type mangrove. Il y a un accès a la merindependent et direct.

Les pécheurs de Dobiré venant de Sakama ont effectué leurpremière campagne guinéenne en 1987. En 1981 et 1982, ils étaienten Guinée Bissau, aux alentours de Bissau. Pendant les amides1984, 1985, 1986, ils sont restés au Senegal, près de chez eux.En 1987, ils sont arrives à Sakama.

L'hypothétique épuisement des stocks de poisson du paysd' origine comme explication principale du phénomene migratoiredes pécheurs sénégalais est remis en cause par l'historique descampagnes de péches. La baisse de la productivité de la péchepiroguière au Senegal n'est pas encore prouvée, si cela était, ceserait une donnée relativement récente qui ne pourrait expliquerles phénomènes migratoires du début du siècle. Il est vrai que

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les pècheurs sénégalais déclarent qu'il y a plus de poissons enGuinea que dans leur pays mais cela n'était sûrement pas aussiflagrant il y a cent ans. En effet, les Sénégalais venaient enGuinée du temps de la colonisation et d'après certainsinformateurs depuis bien avant les colons.

Il serait intéressant de savoir qui venait (des gens de laCasamance, cela est sûr mais de quelle ethnie ?) et d'étudier lerôle de ces migrations du point de vue des positions socio-hiérachiques dans la société globale d'origine. Par exemple lestatut de chef de campement en campagne est-il correlé avec unstatut spécifique dans la société globale ? Est -il reconnu parles membres de la communauté restés au village ?

Comment le produit de la campagne, loin du village et de sesobligations sociales, est ensuite réparti dans la familleétendue ? Est-ce réapproprié par le chef de famille ? Y a -tdes dépenses ostentatoires visant à acquérir du prestige social ?

Toutes ces interrogations restent pour ma part sans réponse.Enfin étant donne l'ancienneté des migrations des Sénégalais enGuinée, il est essentiel de prendre en compte l'aspect"tradition sociale" de ces phénomènes migratoires et non pas defocaliser uniquement, comme c'est souvent le cas, surl'opportunisme économique visant un stock qui n'a pas étéoptimalement exploité durant les vingt dernières années.

2. PREPARATION DE LA CANPAGNE

Au Senegal, la preparation de la campagne dure un mois, ellecommence juste après l'hivernage (octobre/novembre). Les piroguessont réparées, calfatées, repeintes et les moteurs sont revises.

Les pécheurs de Sakama ont fait le voyage par groupe de deuxou trois pirogues tandis que les pécheurs de Dobiré ont fait levoyage ensemble afin de pouvoir s'entraider en cas de problème.Ces derniers ont mis 3 jours et 3 nuits pour le faire. Lapremière escale a eu lieu sur les iles Bijagos en Guinée Bissauet la seconde, à Kamsar/Kachek au nord de la Guinée.

Les Sénégalais viennent avec leur essence (qu'ilsconsidèrent de meilleure qualité et moins chère), un stock de rizet leur sel qu'il préfèrent au sel guinéen. Ils prévoient aussiune somme d'argent pour payer toutes les dépenses afférentesleur installation. Tous gardent 2 fûts d'essence en reserve pourle retour au Senegal (400 litres par pirogue).

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3. ORCANISATION DE LA PECHE

3.1. les pirogues

Les pirogues utilisées sont des "yolis". Ces eMbarcationsont comme caractéristique immédiatement visible, le double éperona la poupe et à la proue qui leur confère un excellentcomportement marin.

Le bois utilise est du "Kaicedra", bois rouge qui est débitéen longues planches à la machine dont l'épaisseur et la largeursont régulières. Quelques planches transversales font office debancs.

Un puits central arrière accueille un moteur hors-bord de 15a 40 cv. Le gouvernail amovible est excentré à l'arrière gauche.Les "Niominka" sont les charpentiers specialises dans laconstruction de ces embarcations, lesquelles semblent avoir unelongévité et des capacités marines très supérieures aux piroguesguinéennes.

3 2 Les filets

Les filets appelés "yolal" (Wolof), d'environ 900 metres,sont des engins maillants dérivants, ayant un poids (une brique)tous les 8 metres sur la ralingue inférieure.

Les flotteurs ne sont pas circulaires mais ont la formed'une tranche de melon. Des bouées tous les 20 à 30 metressignalent le filet en surface. Ce filet est place en pleine eauenviron 2 metres de la surface. Le maillage est généralement de80 mm.

3 3 idais especes cibles

Ce sont les grosses espèces qui sont visées

des requins de taille moyenne (1,50 à 3 metres)(Rhizoprionodon acutus),

des requins-marteau africains (Sphyrna couardi),

raies-guitare (Rhinobatos spp.),

raies-pastenague (Dasyatis margarita),

machoiron (Aris spp.),

carangues du Senegal (Caranx Senegallus),

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otolithes (Pseudolithus senegalensis, P Typus, P.

Brachaygnatus),

barracudas à bande dorée (Sphyraena guachancho),

capitaines-plexiglas (Galeoides decadatylus),

capitaines (Ploydactylus quadrifilis).

3.4 L'organisation de l'unité de production

L'unité de production de base se compose

d'un propriétaire (toujours présent au campement),

de son ou ses embarcations motorisées

de 4 marins par embarcation

d'un ou deux deux filets a bord qui sont mis bout about en mer.

Sur les quatre hommes d'équipage, seul trois embarquent pourla péche, le quatrième reste à terre pour se reposer et ils'occupera du poisson lors du débarquement. C'est à tour de röleque les marins occupent cette fonction. Le propriétairen' embarque pas sur la pirogue lors de la péche sauf en cas deproblame à régler.

Selon les pécheurs sénégalais il n'y aurait pas dehiérarchie vraiment marquée entre eux lors de la péche. Lecapitaine ne sera la que pour coordonner les manoeuvres etchacun peut suggérer le lieu de péche et le moment où il fautmettre le filet à l'eau. S'il n'y a pas d'opposition, le premierayant fait son choix sera suivi par les autres.

En pratique, lors de nos ernbarquements, un des pécheurs, depar son expériences et sans doute aussi de par sa personnalitédirigeait de fagon très informelle toutes les opérations depéche.

La hiérarchie socio-professionnelle à l'intérieur d'uneunité de péche sénégalaise est donc distincte de celle que nousavons pu étudier chez les pécheurs Guinéens ou Léonais. Parailleurs, cette hiérarchie ne semble pas formalisée dans lediscours des pécheurs sénégalais qui valorisent une certaineforme d'égalitarisme dans les -Caches et les responsabilités, bienque dans les faits, il s'avère que le plus ancien, celui ayantune plus grande expérience, et généralement le leader génère unehiérarchie des ràles et des statuts tras diversifiée et complexe.Il me semble important de ne pas tirer de conclusion sur cetaspect de l'étude d'autant plus que les propriétaires interrogés,

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qui n'embarquent pas, nous ont tous donne le nom du capítainepour chaque barque, celui-ci étant leur interlocuteur privilegielors des conflits avec les Guinéens ou des problèmes rencontrésdans l'exercice de l'activité. Il faudrait donc approfondir lerede et le statut de ces capitaines.

3.5. L'action de péche

Les Sénégalais pratiquent une péche nocturne : lesembarcations quittent le campement vers 16 h et arrivent sur leslieux de péche entre 18 h et 18 h 30. Tous les pécheurs ont ungilet de sauvetage et dans chaque pirogue il y a un compas.

L'opération de mise h l'eau du filet se termine au plus tardquand le soleil se couche. Lorsqu'il fait nuit les diversesembarcations se signalent les unes aux autres à l'aide de lampesde poche puis les pécheurs s'installent pour la nuit en seservant des gilets de sauvetage comme matelas. Le filet faisantoffice d'ancre flottante, la pirogue a toujours la proue face auvent et au courant, l'ensemble dérive avec la marée. La levée dufilet n'a lieu qu'aux premières lueurs du jour.

Il faut une heure et demie pour remonter le filet endémaillant le poisson. Tout le monde participe à la manoeuvre.Puis les pécheurs reviennent au campement, fatigués car ils n'ontdormi que quelques heures durant la nuit.

Des l'arrivée, le marin "de repos" s'occupe du poissonpendant que les propriétaries assistent au débarquement. Unepartie de la production est vendue sur place et se composeessentiellement de machoirons et requins (cas de Sakama) ou eststockée pour étre vendue le matin méme à Boffa (cas de Dobiré).Le restant est laissé tel quel au soleil, puis, des que ladecomposition est entamée, il est vidé, sale et laissé à sécher.Cette transformation lui confère un attrait gustatif très prisepar la population sénégalaise.

Ce sont les mardes a fortSénégalais, les plus favorables.alors une grande amplitude, lepoisson ne peut plus échapper audans lequel il se maille.

coefficient qui sont, pour lesLe mouvement de l'eau atteintcourant est plus fort et le

filet qui lui barre la route et

De fagon générale, les Sénégalais considèrent les eauxguinéennes comme beaucoup plus poisonneuses que celle du Senegalmais plus dangereuses en raison de nombreux hauts fonds.

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3.6. La commercialisation en cours de campagne

Lorsque les pécheurs migrants font une bonne campagne et que laquantité de poisson prepare est importante, comme ce fut le casles années précédentes, ils organisent entre eux, par campement,un transport vers le Senegal.

Une pirogue et son equipage sont choisis pour transporter latotalité de la production de poisson transformé afin de la vendre

Ziguinchor (1 kg vendu entre 650 et 950 F CFA). Avant de fairele voyage l'embarcation est soumise à une visite de partance parles autorités guinéennes (coût : 13.000 FG) et les armateursdoivent s'acquiter d'une taxe d'exportation (coût : 5.000 FG pour1.000 kg de poisson).

L'équipage et l'armateur de la pirogue de transport sontdédommagés par les autres armateurs qui continuent à pécher (lesfrais étant partagés entre tous les armateurs). Cette année aucundes campements n'a fait le transport en cours de campagne du faitde leur arrivée tardive en Guinée, de l'augmentation des fraisd'accueil et des sommes versées aux Guinéens lors des conflits enmer.

Cet aspect de la campagne me parait intéressantapprofondir dans la mesure où la commercialisation en cours decampagne demande une organisation très complexe afin de partagerles cotts de transport, déléguer la vente à ceux qui se chargentde ce transport et dédommager la non-activité de péche de cesderniers (l'unité de péche est absente 8 jours au moins ducampement).

Ainsi serait-il important, entre autres d'étudier quels sontles critères de choix de l'unité de transport, comment est évaluéle manque à gagner, comment est réparti le dédommagement entreles armateurs, à partir de quelle masse de production le voyagedevient indispensable.

4. COMPOSITION HUMAINE ET ORGANISATION SOCIALE DES CAMPEMENTS

A Sakama les equipages et les armateurs des neufembarcations sont Sérère et Diola, tous chrétiens. Parmi lesDiola, 3 ont appris la peche auprés d'un parent, les autres, quireprésentent la grande majorité, n'ont méme pas plus de deuxannées d'expérience dans cette activité. Quelques-uns n'ont pasl'intention de continuer. Ils se font un peu d'argent avant detrouver un autre travail.

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Il y a très peu de relation de parenté entre les Diola d'unemame pirogue et entre les equipages des autres pirogues. Il y apar contre de forts liens de parenté entre les Serère composantl'équipage d'une mame embarcation.

Tous les jeunes hommes (17 à 35 ans) sont célibatairesseuls les pécheurs confirmés sont mariés, leurs femmes restent auSenegal.

La majorité des pécheurs sénégalais de Sakama est constituéeessentiellement de Diola, il est décrit comme Serère, l'ethnie duchef de campement.

A Sakama, l'appartenance religieuse (chrétienne) semble étrele facteur constitutif autour duquel s'organise le campement.Elle domine la mixité de l'appartenance ethnique et la disparitéde l'ancienneté dans la péche. Les relations de parenté, bienqu'elles soient importantes dans les unites de péche Serère, nesemblent pas fonder le critère préférentiel dans l'engagement despécheurs. De plus, la parenté dans l'activité est un facteurdiversement répandu. Les Serère semblent à ce sujet plushomogènes que les Diola du campement qui abordent l'activité defagon très diverses. Pour les jeunes pécheurs Diola de Sakamal'opportunisme d'une activité rentable à court terme leur auraitpermis de sortir de l'inactivité ou du manque de débouchés post-scolaires.

Dans le discours des pécheurs de Sakama, où les Serèresemblent plus élevés dans la hiérarchie sociale du campement, ilssont considérés comme pécheurs professionnels specialises alorsque les Diola auraient appris le métier auprès d'eux et sontreconnus comme des "novices" dans la profession. Les Serère neferaient qu'une agriculture de subsistance durant la saison despluies alors que les Diola seraient des agriculteurs deprofession venus récemment dans l'activité de péche. A Dobird,par centre, les pécheurs Diola se considerent comme des pécheursprofessionnels et non pas comme des agriculteurs ayant changed'activité.

Le campement de Dobird est exclusivement compose de Diola.Tous sont musulmans, originaires du méme village de Thionckessylen Casamance. Les Diola de Dobiré se disent tous parents entrepropriétaires et equipages, et marins entre eux. De plus, tousont dans leur famille des parents qui pratiquent ou qui ontpratiqué la péche. Dans ce campement la preference est donnéela parenté come facteur constitutif de la composition desequipages. L'organisation du campement de Dobiré estparticulièrement intéressante. Cela est sans doute dû à sonhomogénéité ethnique et au fait que tous les pécheurs sont natifsdu mame village. Le chef de campement a, comme à Sakama, un ralede médiateur entre les Sénégalais du campement et les autorités

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locales ainsi qu'avec la population du village d'accueil. Il estpécheur depuis longtemps : il a appris le métier avec son frèrequi avait lui-méme été initié a la péche par leur père. A Dobiré,il est le seul à étre accompagné de sa femme (qui est l'uniquefemme du campement). L'épouse du chef de campement, après unemise en commun de l'argent nécessaire à l'achat de nourriture,prépare le repas collectif.

Les dépenses et les charges sont réparties entre lespropriétaires. Ce sont eux qui payent la nourriture. Ils doiventfournir un sac de riz par semaine et donner 500 FG par jour pourles condiments et l'huile. L'argent est donné à l'économe(personnage non identifié) qui, sur la demande de la cuisinière,fournit une somme quotidienne à un des jeunes qui se charge del'approvisionnement à Boffa Les denrées ainsi achetées sontprésentées à l'économe qui rend compte des dépenses au reste dela communauté et remet à la cuisinière ce dont elle a besoin pourfaire les repas. Le lavage du linge est effectué individuellementpar chaque marin.

Tous les jours la partie de la production commercialisableen Guinée est mise en commun dans une des pirogues qui fait letrajet jusqu'a Bof fa. La vente a lieu et celui qui est chargé desachats en profite pour aller au marché. La pirogue choisieutilise de l'essence achetée avec la caisse commune.

Quand les pécheurs des deux campements repartent au Sénégal,ils continuent la 'Ache jusqu'a la fin juillet, ensuite pendantaoût et septembre, ils s'occupent de l'agriculture (riziculture,huile de palme et arachides).

5. CROYANCES ET ACTIVITES CULTURELLES

Les "grigris" et autres "médicaments" visant à protéger labarque et ses occupants, à prodiguer une bonne péche etcoMbattre les jeteurs de sorts sont tous faits au Sénégal. Leskaramoko (marabouts) pilent des feuilles dans une calebasse,regardent le fond de celle-ci et déterminent le sacrifice à fairepour que la campagne se passe bien. Au dire des pécheurs, aucunrituel n'est fait en Guinée.

Cet élément nous parait révélateur du type de relation entrepécheur migrant étranger et pécheur autochtone. Le manque deconfiance envers les karamoko guinées (marabouts), s' expliqueessentiellment par les effets attribués à ces médicaments(protection contre les mauvais sorts, incidents en mer, perte dufilet etc...) et de l'implication personnelle de ceux qui lesélaborent. Ce n'est pas à n'importe quel karamoko que l'ons'adresse, car leurs actions sont intra-spécifiques à lalocalité notamment en raison des esprits qui y habitent.

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En poussant prudemment l'analyse, cela ne voudrait-il pasdire que les pécheurs migrants viennent avec leurs proprescroyances sur le milieu, les esprits qui y habitent, les dangersqu'ils peuvent représenter Ces croyances seraient spécifiquesaux migrants qui les projetteraient sur le milieu guinéen. Leskaramoko locaux seraient alors incapables de combattre ou deprotéger les pécheurs de quelque chose quills ne connaissent pas.

Cette hypothese est à verifier et il serait intéressant devoir si les pècheurs migrants saisonniers adoptent les croyanceslocales comme le font les pécheurs étrangers sédentaires tels queles Sierra Léonais de Conakry qui connaissent et craignentMansabö, genie maléfique du Nord de la presqu'ile. A cela il fautajouter la méfiance des Sénégalais à l'encontre des Guinéens quin'ont à priori aucune raison de prodiguer a des étrangers lefruit de leur savoir occulte.

Bien que dans toute société il y ait une separation sexuelledu travail qui se formalise a travers une specialisation destaches a l'intérieur d'une méme activité, la separation sexuelledu travail trouve généralement ses légitimations dans les mythesd'origine et englobent chaque activité. Ces discours sontintériorisés et reproduits à travers les generations par lesystème d'initiation qui fixe l'individu dans son genre et danssa place dans la société. Mais l'initiation est aussi unapprentissage des régles sociales de la vie quotidienne, ellefixe chez l'homme, ses droits, ses devoirs, ses obligations, sesinterdits. Ce qu'il est intéressant de noter chez les pécheursDiola de Sakama qui sont venus très récemment dans l'activité depéche, c'est leur fagon d'appréhender l'activité. Dans beaucoup,pour ne pas dire presque toutes les sociétés de pécheurs, lafemme est généralement interdite d'embarquement lors des actionsde péche. Pour les pécheurs guinéens et les pécheurs Serère deSakama et Diola de Dobird, il en de Sate.

Les Diola de Sakama avec qui nous avons embarqué ne pensentpas qu'une femme porte malheur si elle monte dans l'embarcationet si elle participe a la péche, mais ils savent que les autrespécheurs Serère et Guinéens observent cet interdit. Ils s'yplient plus par crainte de la sanction sociale que par peur de latransgression de l'interdit lui-méme. Pour eux, la péche estavant tout une question de chance.

Le fait qu'une femme puisse participer a une action de 'thenous semble révélateur de leur noviciat et des types destrategies qui oat preside au choix d'intégration dans cetteactivité.

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6. RELATIONS ENTRE PECHEURS MIGRANTS ET POPULATIONS AUTOCHTONES

6.1. Offrandes et taxes

Quand le chef du campement de Dobiré est arrive en 1989, leparrain du chef de campement et le chef de village n'avaientdemandé qu'une offrande de cola de 6.000 FG pour que lesSénégalais défrichent l'emplacement et construisent les cases. En1990, ils ont demandé 12.500 FG pour le campement plus de 2.000FG (Pimp& par personne présente.

En plus de ces offrandes les pécheurs sénégalais doivents'acquitter d'un certain nombre de taxes prélevées parl'administration guinéenne qui se décomposent ainsi

Marine marchande

Visite de mise en serviceVisite de sécurité marineVisite technique exeptionnellePermis de navigationPermis de conduireCarte professionnelleVisite de partance

Service de péche

Licence de pécheCarte professionnellePermis de requinImpert sur le moteur

15.00030.00013.0005.0005.0009.00013.000

90.000 FG

FG/PirogueFG/FG/FG/FG/FG/FG/Pirogue/voyage

1.000 FG/Pirogue2.000 FG/ "

1.000 FG/ it

25.000 FG 25 cv40.000 FG 40 cv

69.000 FG

Total general 159.000 FG

6.2. Conflits de peche

Au cours de la campagne, il arrive très souvent qu'il y aitdes conflits en mer. En effet, les pécheurs sénégalais pechantavec des filets maillants dérivants d'environ 900 metres de long,généralement en bon état et ayant des ralingues solides.

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La péche qui s'effectue de nuit passe par une phase dereconnaissance du lieu. La pirogue traverse sa zone de péche et ala tombée de la nuit, les pécheurs placent le filet qui estensuite à la merci du courant.

Les pécheurs guinéens partent beaucoup plus tard et calentleur engins dans l'obscurité. Ce sont des légotines fixes d'unmaillage de 60 m, et des palangres (ligne de fond a laquelle estaccrochée une multitude d'hamegons).

Parfois les filets sénégalais dérivent et viennents'accrocher soit aux palangres, soit aux filets cAlés desGuinéens. Ces incidents sont réglés à l'amiable chez le chef deport du village du plaignant et le pécheur sénégalais remboursele materiel endommagé.

Mais, d'après les pécheurs sénégalais, il y a aussi d'autrestypes de conflits soit les pécheurs guinéens coupent volontai-rement les filets sénégalais et les réemploient à leur compte ouutilisent les matières premières pour réparer les leurs (nousavons été témoins de ce type d'exaction) : soit ils exagèrentconsidérablement le damage subi et se font rembourser unmateriel qu'ils n'avaient jamais possédé.

Voici un autre exempla de pression subie par les Sénégalais:lorsque la péche est bonne, les habitants du village de Dobiréviennent au campement et quémandent du poisson, qu'ils emportentalors chez eux gratuitement.

L'année 1990 semble étre un tournant pour les pécheurssénégalais migrants. D'une part, la pression fiscale est trèslourde et d'autre part les conflits de 'Ache se sont multiplies.Leur resolution est généralement défavorable aux migrants, à telpoint que les pecheurs de Dobiré ne savent pas s'ils reviendronten Guinée pour la campagne de 1991. Certains parlent de migrervers la Sierra Leone où le poisson est moins abondant mais où lestracasseries et les taxes administratives semblent étre moinslourdes.

Conscient de ce problème de coexistence des techniquesguinéennes et sénégalaises, le Directeur des Péches de Boffaproposait une réglementation des engins utilises. Les filetsmaillants devraient étre fixes lors de la campagne de 1991, cequi limiterait fortement les accrochages et la perte des engins.

Quand nous avons fait part de cette proposition aux pécheursde Dobiré, leur réponse a été catégorique. Pour eux une légotinefixe ne peut faire plus de 70 a 80 metres de long autrement ellene peut supporter la force des courants, il leur faudrait doncdiviser leurs filets. Or, disent-ils, "on se fait déja voler despans entiers du filet quand nous sommes amarrés à lui, mais si

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l'on cale plusieurs filets en différents endroits, méme puéloignés les uns des autres, la nuit, il nous sera impossibled'éviter le vol soit du filet, soit des captures".

Pourtant les légotines guinéennes font en moyenne 800 metresde long et sont ealées. On se trouve donc devant une intério-risation des techniques de péche totalement différentes. LesSénégalais connaissent la technique et la longueur des filetsguinéens mais ne congoivent pas d'utiliser eux-mémes ce type defilet calé.

En fait, face à la multiplicité des conflits, nous nousdemandons s'ils ne sont pas le reflet d'un processus visant,plus ou moins longue échéance, à chasser les Sénégalais de cesdeux campements. L'exemple de Bougolon est aussi révélateur. Cevillage a abrité pendant de nombreuses années des pécheurssénégalais migrants. Cette année, ils ne sont pas revenus maisles séchoirs, dont le modèle a été introduit par les pécheursmigrants, sont pleins et les Guinéens travaillant avec lalégotine, font du poisson séché, salé qu'ils vont vendrerégulièrement à Ziguinchor. Cette pratique semble étre d'un trèsbon rapport économique !

6.3. Aspects positifs de la presence des pédheurs migrants

Si les rapports entre pécheurs migrants sénégalais etpécheurs guinéens sont emprunts de relations conflictuelles,n'en est pas moins vrai qu'ils apportent beaucoup aux deuxparties. Les Sénégalais ont en Guinée une zone de péche trèsfavorable aux techniques qu'ils emploient et les Guinéens ontappris et continuent à apprendre beaucoup de ces bons pécheurs.

L'exemple de Bongolon est plein d'enseignements quant aurale de formation des pécheurs migrants étrangers. Les Guinéensont acquis de nouvelles techniques de capture et de transforma-tion du poisson tout en gardant leur propre type d'embarcation(flimbote et salan).

Les deux capitaines sénégalais travaillant à Sakama sur desbarques guinéennes avec un equipage guinden et des filetsguinéens de type légotine mais ayant une technique sénégalaise(Art mobile), constituent un autre exemple du r6le joué par lespécheurs migrants.

La cooperation et la transmission des techniques et savoirs,qu'elles soient directes à travers un apprentissage comme ledémontre l'exemple ci-dessus, ou indirectes par imitation etréappropriation, sont des atouts très favorables pour ledéveloppement de la pêche.

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La Guinée perdrait beaucoup à laisser les pécheurs Guinéensexercer une pression financiers immodérée qui pousserait lesSénégalais à ne plus revenir. Elle perdrait un apport nonnégligeable de protéines animales directement mis sur le marchéguinden (il ne faut pas oublier qu'une partie de la productionest vendue aux commergantes locales car des poissons comme lemAchoiron, le requin, la raie pour ne citer que les plusimportants, semblent mal se préter à la transformationqu'affectionnent les Sénégalais). Par ailleurs, les pacheurssénégalais qui ont une tradition maritime de longue date et unsavoir-f aire trés professionnel, sont de bons exemples pouraméliorer les techniques de péche des Guinéens, ce qui sembledéjà entamé.

NOTE N° 2 INFORMATION SUR LES PECHEORS SIERRA LEONA'S EN GUINEE

Le groupe le plus important de pacheurs migrants étrangerspratiquant la péche en Guinée est representé par les SierraLéonais.

Ces pacheurs, quelles que soit leurs caractéristiquesmigratoires, sont presents sur l'ensemble du littoral guinéen(voir tableau) où ils pratiquent, en grande majorité, la péche dejour du petit pélagique à l'aide de filets encerclants de typeregae.

Tous les pécheurs Sierra Léonais que nous avons enquétésl'ont été à Conakry et plus particulierement à Dixin Port III. Cedébarcadère abrite une importante communauté Léonaise et est lecentre de l'organisation des pécheurs Léonais en Guinée.

I. IMPORTANCE ET LOCALISATION DES PECHEURS SIERRA LEONAISSUR LE LITTORAL GUINEEN

Le recensement mené en 1987 par Gilles Domalien (C.R.H.B.,O.R.S.T.O.M.) ne denombrait qu'une vingtaine d'armateurs léonaisà Conakry. Nous pensons que ce nombre a été largement sous-évalué, en raison, d'une part de difficultés d'enguate sur lespacheurs migrants et d'autre part de la méfiance de ceux-ci&avers les agents administratifs parfois charges de la collectedes données.

Néanmoins sur la population enquatée, les Sierra Léonaisreprésentaient alors 10 % des propriétaires de pirogues et 30 %des effectifs de marins a Conakry.

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Lors du recensement effectu6 par Gilles Domalian et LionelMalais entre le 15/12/88 et le 07/01/89, sur 685 propriétaires debarque, il y avait 648 Guinéens et 23 Sierra Léonais serépartissant en 10 propriétaires de salans (sur 436), 11propriétaires de flimbotes (sur 77) et 2 propriétaires depirogue monoxyle.

TABLEAU

LOCALISATION DES PECHEURS SIERRA LEONAIS EN MIGRATION SAISONNIERESUR LE LITTORAL GUINEEN

Débarcad6res Préfectures Observations

Bonfi Conakry III toute saisonBoulbinet Conakry IDixin II Conakry II saison sécheDixin III Conakry II toute saisonLandreah Conakry IIKakompass BokéKatchek Boké saison sècheTaboriah Koba octobre a janvierKoukoudé BoffaTugnifilidy Tugnifily novembre-décembreKondeyre Tugnifily avril-mai 1 moisKonimodia ForecariahKhuny ForecariahMatakang Forecariah saison sècheRominkine Benty saison sècheSalatougou Benty saison sécheSibkoby Kalia tous les mois aux

fortes mardes.

2. DIFTENENTES TYPES DE MIGRANTS

Dans l'état actuel de nos travaux nous pouvons dégager troisgrands profils de pécheurs dans l'activité

les propriétaires installés de longue date en Guinée

les marins séjournant plusieurs années consécutives sanspresque jamais retourner en Sierra Leone

les propriétaires et pécheurs en campagne de péche.

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2 1 Les propriétaires installés de longue date

Les propriétaires résidant en Guinée depuis 10 à 20 ans sontsouvent assimilés a la population. Parmi eux, certains se sontmariés ; a des femmes guinéennes (Sousou et Baga). D'autres ontconstruit leur propre concession et logent en partie leursequipages.

La famille nucléaire -femme (s) et enfants- est présenteleurs cötés et ils ne se déplacent en Sierra Leone que pour desévènements familiaux importants (décès, mariage).

Nous avons à faire ici des groupes segmentaires qui fontleur vie définitivement à l'étranger. Leurs equipages sontrecrutés parmi les pécheurs léonais séjournant plusieurs annéesen Guinée. Certains de ce propriétaires font venir de SierraLeone des jeunes marins qui à la longue apprennent ou seperfectionnent dans le métier.

La parenté ne joue ici qu'un très faible réle et a pourseule fonction de preserver les intéréts du propriétaire. Lepropriétaire met sur l'embarcation un parent proche qui n'a pasobligatoirement un statut élevé dans l'unité de production maisqui empéche les débarquements pirates ou les détournements ,depoissons par le capitaine.

L'équipage travaillant sur ces propriétaires est pluri-ethnique. Lors des premières enquétes les marins interrogésdéclaraient appartenir presque exclusivement à l'ethnie Temne ouTemine. Les enquates ultérieures, plus fines, ont nuance lespremiers résultats. Environ 50 % des marins Sierra Léonais sontTemne, les autres sont : Lökö, Menis, Manden, Ancou, Liban (ouLibandy), Kono.

2 2 Les marins séjournant plusieurs annnes

Les pécheurs célibataires constituent la majorité de cegroupe. Quant aux rares pécheurs mariés, très peu font venirleurs familles - femme (s) et enfants - de Sierra Léone.Dans la plupart des cas ces simples pécheurs sont arrives enGuinée à l'occasion d'un embarquement et sont restés quand leurpirogue est repartie.

Ils foment l'équipage des propriétaires residents etchangent périodiquement d'embarcation, effectuant desremplacements et s'engagent en fonction des occasions de travail.

Les capitaines et les simples pacheurs se connaissent d'undébarcadaire à l'autre. Il y a peu de relations de parenté entreeux mais il existe par contre des relations amicales dûes auvoisinage des lieux de residences, à des experiences en commun de

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l'activité, à l'appartenance h une méme ethnie ou tout simplementa une meme appartenance nationale.

Beaucoup parmi eux logent dans la concession du propriétaireou chez la mareyeuse de ce dernier à qui ils payent le loyer parun don en poisson. Toute leur famille se trouve en Sierra Leoneet ils comptent y retourner quand ils auront "terminé le travailici". C'est pourquoi ils effectuent régulièrement des voyages enSierra Léone.

2 3 Les marins en campagne - Migrants saisonniers

Ils sont de passage pendant 1 a 2 mois sur un débarcadairepuis repartent sur d'autres lieux de péche (Koukoude parexemple). Ils sont tres mobiles et se déplacent aussi en fonctiondes ententes avec les Guinéens qui les hébergent, ou qui leurachetent la production.

Il est très difficile de les recenser et de connaitre leuritinéraire. Du jour au lendemain ils peuvent decider de sedéplacer d'un lieu de peche à l'autre afin de suivre le poisson,en fonction des saisons, du niveau des prix de vente, etc...).

A Kaback par exemple une mareyeuse une entente particulièreavec un pécheur léonais qu'elle est allé chercher elle-méme enSierra Leone et qu'elle a engage" pour venir pecher au large del'ile. Elle accueille l'équipage à Matakang, donne des avancespour l'essence et parfois pour l'entretien de la barque. Encontrepartie, elle se reserve la production. Dans ce memedébarcadere, du fait de la presence régulière de migrants, unquartier leur a été reserve en periphérie du village(Téminétay). Il y a unite ethnique dans les embarcations despécheurs en migration saisonniere, et les membres d'équipage sontlids entre eux par de très fortes relations de parenté.

3. LES TEIHNIGUES

L'embarcation caractéristique des Sierra Léonais est laflimbote ou flimbotine. Ces embarcations de grande dimension (de10 à 20 metres de long, 2 metres de large et 1.25 de profondeur)sont construites en planches de framiné et les membrures sontgénéralement tailless dans les branches d'iroko ou de linguier.Leur double étrave leur donne une ligne élancée, un puitsarrière excentré abrite le moteur de 15 à 40 cv. Une longue rame,ligaturée sur la poupe de la pirogue est utilisée commegouvernail. Sur ce type d'embarcation l'équipage est compose de13 à 25 pécheurs.

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Cette pirogue, à des rares exceptions près, est orientéevers la péche du petit pélagique et le filet utilise est le filetregae (originaire de Sierra Leone et introduit en Guinée dans lesannées 84-85). Ce filet diffère essentiellement des sennescoulissantes par l'absence de coulisses. Mais cette differencen' implique pas obligatoirement que ce filet soit moins preneurque les sennes coulissantes.

En effet, en raison de la faible profondeur des eauxc6tières (10 % de la surface du plateau continental guinéen estsituée à une profondeur inférieure à 15 metres et cela jusqu'a15 milles des c6tes) et de la chute de ces filets (qui est de 40

42m), la ralingue plombée repose toujours sur le fond et lacapacité de fermeture de la poche est moins cruciale que pour lessennes péchant en pleine eau. Une fois l'encerclement du banceffectué, les pécheurs ferment la poche en tirant sur la ralingueplombée.

Ce filet est compose de plusieurs alèzes de maillagedifférents (généralement deux, au maximum trois, de 50 a 60 mm,le plus petit maillage étant placé en haut sur touts la longueurde la ralingue de flotteurs). La longueur moyenne de ce filet estde 1000 metres mais certains atteignent 1500 metres.

Le gros des prises ne se maille pas, la poche est amenée surle flanc de la pirogue pour étre transvasée à bord ou vidéel'épuisette.

4. L'ORCANISATION DU TRAVAIL

La specialisation du travail est très poussée, les r6les sedistribuent et s'échangent au fur et à mesure de l'action depéche. Ils correspondent tous à une tache particulière et peuventse décrire ainsi

4.1 Raes et statuts

Capitaine (1) : Responsable de la barque.Legoman (1) : Gardien de la barque, il est chargé de la

nettoyer et de veiller sur elle quand elle est audébarcadere. Il modifie le mouillage en fonctiondes marées, écope pendant la navigation et dirigela barque à l'aide d'une grande gaffe lors del'accostage. Il dort à bord ou à ceté de labarque quand elle est au port.

Capini (1 ou 2) : dirige la barque à l'aide d'une longue rame.Il se tient debout à l'arrière de la pirogue.

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Opreto (1) : Chargé du moteur (de son fonctionnement en mer etde son entretien à terre), de l'installation etde la manipulation. Il est responsable devant lecapitaine du bon fonctionnement du moteur.

Pullman (3 à 6) : En équipes de 3, ils sont chargé's de guiderle filet sur leurs bras lorsqu'il se dévide.

Lin a coke ou cokmen (6 a 8) : Tire sur la ralingue de flotteurlors de la remontée du filet.

Lin a lede (4 à 5) : Tire sur la ralingue de plomb lors de laremontée du filet.

Robaman (1) : Charge et décharge l'essence et les pagaies.

Selman (1) : Chargé de remplir les bassines de poissons lorsdu débarquement.

Waper (1) Chargé de transporter le poisson de la barqueau débarcadère.

Il est évident que l'effectif est variable selon la grandeurde la pirogue et la longueur du filet. Certains ralles nes'échangent ni ne se modifient : Capitaine; Legoman, Oproto etCapini gardent leur r6le et n'interviennent que si l'on a besoind'eux. Pullman, lin a coke, lin a lede, robaman et belman sontdes rales interchangeables. Des statuts spécifiques se calquentsur ces ràles. En ordre décroissant d'iraportance

capitaine, capini, opreto, sont classés dans lesstatuts supérieurs;lin a coke ou cokemen, lin a lede, pullman, sont égauxdans les statuts intermédiaires;logeman est un statut inférieur (il désigne aussi laplace de l'apprenti).

4.2. Action de pédhe

La péche du pélagique sur les flimbotes est diurne, lesembarcations passent toute la journée en mer Si le premier"lancer" de filet n'a pas été pleinement satisfaisant, lecapitaine peut donner l'ordre d'effectuer jusqu'a deux autres"lancers".

La pirogue prend la mer le matin aprés que le legoman l'aitamenée le plus près possible de la cate et ait écopé l'eau quis'est infiltrée durant la nuit. Le moteur est mis en place et lapirogue se dirige vers le lieu de péche décidé par le capitaine.

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Pendant le trajet, les pécheurs discutent et mangent lepetit déjeuner qu'ils ont emend individuellement Les lieux depéche sont diversement éloignés des cates, il suffit parfois de3/4 d'heure pour arriver dans la zone pour l'ethmalose et parfois2 à 4 heures de trajet pour la sardinelle.

Dan S la zone de 'Ache, les hommes s'installent auxdifférents postes. Les pullman se placent à l'arrière du filet etse mettent en position, préts à dévider les 1000 mètres deralingues sur leurs bras tendus. Tous les autres pécheurs sontdebout sur les bancs. Le capitaine, à la proue, essaye dedistinguer le frémis- sement du poisson à la surface. Nous avonsassisté à deux types d'approche de bancs de poissons d'espècesdifférentes

la première approche consiste, dès que le bancd'ethmaloses a été répéré, à couper le moteur et afaire l'approche finale h la pagaie. Au signal ducapitaine, le moteur est mis en marche, la premièrebouée est jetée à l'eau et l'encerclement est effectuéau moteur

la deuxième approche se fait entièrement au moteur, lebanc de sardinelle est abordé et encerclé le plusrapidement possible. La pirogue achève son encerclementen venant s'arrimer à la première bouée mise à l'eau.

Les lin a lede commencent alors le travail et raménent laralingue de plomb, ce qui forme une poche dans laquelle lepoisson se concentre. Les pullman deviennent link a coke. Lecapitaine supervise le tout puis participe au premier démaillage.Le filet est directement rangé à l'arrière de l'embarcation etest prat pour un deuxième "lancer".

A l'arrivée du débarcadére, la pirogue est assaillie par lesjeunes gargons qui essaient tous de se procurer un ou deuxpoissons "pour la sauce".

4.3 Systèmes de rémunération

Le caPitaine surveille les pécheurs sur le chemin du retourcar chacun essaye de mettre de caté quelques kilossupplémentaires. Quand la pache est bonne, le capitaine ferme lesyeux mais'efiland elle est mauvaise, il refuse systématiquement cegenre de "prélévements".

Les, systèmes de rémunération sont très complexes etvariables. Le modèle le plus répandu sur les unités de pécheayant un équipage léonais est le suivant :

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part duCapin'

part de1-opréto

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Le capitaine donne une part au capini, à l'opreto, etquelques poissons au legoman. Ces parts de poissonssont spécifiquement localisées sur la pirogue. Ensuiteun espace entre deux membrures est consacrée à la partde l'équipage. Le reste va au proprié- taire, a l'avantde la pirogue. Les espèces nobles sont mises à part

Dans certains cas, le capitaine a sa part dans celle dupropriétaire. Quand il commercialise la production et aprèsconsultation du propriétaire qui assiste généralement audébarquement, il prélève une somme d'argent qui lui paraltcorrespondre à sa remuneration.

Beaucoup d'autres systèmes de remuneration ont étéidentifies (remuneration en numéraire en fin de semaine, un jourde péche dans la semaine consacrée à l'équipage, etc...), maisnous n'avons pas encore analyse la diversité de ces systemes. Uneequipe du CRHB (Centre de Recherche Halieutique de Boussoura)travaille actuellement sur ce sujet. Par contre nous n'avons paspu observer de système de remuneration à la part tel qu'on lepratique chez certains groupes de pécheurs (part pour le moteur,pour le filet, pour la barque, pour la main d'oeuvre, etc...).

Les différents modes de remuneration peuvent dépendre engeneral de l'entente entre le propriétaire et l'équipage et de labonne ou mauvaise péche. Par exemple si la péche couvre à peinele prix de la dépense en essence, l'équipage ne gagnera que leprix des cigarettes.

Malgré ces diversités, il est evident que le capini etl'opréto sont, en dehors du capitaine, les pécheurs les mieuxrémunérés, le capini faisant office de second. Cette remunerationest individuelle alors que celle du reste de l'équipage par lecapitaine est générale.

Les parts de poissons sur la pirogue

part del'éguipage

espécesnobles

part del'armateuret du capitaine

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ORGANISATION SOCIALE EN GUINEE

Tous les Sierra Léonais de Guinée reconnaissent un chef quiest M'Baiye Camara. Il est considéré comme le plus ancien migrantléonais de Guinée, le plus sage, le plus instruit des "chosessecretes". Il est secondé par Moussa Conteh. Tous deux sontTemnés, ont été élus par les pécheurs et sont de grands"initiés".

Un troisième personnage, Fode Nosta, également de l'ethnietema-té, est le représentant désigné par l'aMbassade de SierraLeone. Moussa Conteh et Fode Nosta travaillent en collaborationet veillent à ce que tout se passe bien. Ils peuvent mobiliser lacommunauté léonaise en cas de décès ou de grave maladie enrecueillant les aides et en organisant les ceremonies. Cetteorganisation, basée à Conakry et plus particulièrement à DixinPort III porte le nom d'"Union Léonaise". Ses compétencess'étendent sur tout le littoral guinéen.

Fode Nosta intervient quand le recours aux autoritésadminis- tratives deviant indispensable.

Il y a reunion de tous les armateurs léonais le derniervendredi de chaque mois de 8h à 15h chez le réprésentant M'BaiyeCamara. A travers les discussions, il y a un compte-rendu desfaits marquants du mois. Si le besoin se fait sentir lors decette reunion, une reunion genérale regroupant tous lesressortissants léonais engages dans l'activité est alorsorganisée.

Ces trois personnalités forment parfois une delegation pourrendre visite aux autres communautés léonaises du littoral.

ANCIENNETE DANS LA PECHE

En general les pécheurs léonais reconnaissent que leursavoir-faire vient, en grande partie, des pécheurs Ghanaéensauprès desquels nombre d'entre eux ont été apprentie. Tous ont dela parenté proche dans l'activité.

L'apprentissage dans la famille se fait en premier lieu surles mares et cours d'eau. Le filet épervier, les flèches, lefilet barrage et l'empoisonnement ont été leurs premièresapproches de l'activité. Certains sont passes directement à lapéche piroguière maritime sur des flimbiotes, d'autres se sontcontentés de faire une petite péche catière sur des piroguesmonoxyles, en complement de leurs activités agricoles, avantd'avoir l'occasion d'un embarquement sur des unites plusimportantes.

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Dès le début de la colonisation frangaise en Guinée, laprésence des Sierra Léonais est attestée. Ils étaient alorsspécialisés dans la construction inunobilière, dans le commerce etdans la péche. Un quartier de Conakry portait un nom inspiréd'une de leur ethnie (Teminetay). Certains sont depuis plusieursgénérations en Guinée et les mariages entre Léonais et Guinéensne sont pas rares.

CROYANCES ET ACTIVITES CULTORELLES

Des interdits sont communs aux différentes ethniesléonaises, tels qu'embarquer des ananas, des arachides nondécortiquées et des bananes.

Les animaux tabous, interdits de péche, sont le dauphin, latortue et le poisson lime (en ce qui concerne la tortue celasemble très récent et lié à la loi guinéenne, renforcée par lasensibilisation d'une association de protection de la nature).Ces interdits sont aussi respectés par certains pécheursnationaux et ne correspondent pas aux interdits classiques.

Les Léonais qui se sont installés définitivement font lessacrifices propitiatoires en Guinée auprès des vieux de lafamille qui les a accueillis alors que tous les autres seprocurent leurs "médicaments" et font les sacrifices en SierraLeone soit dans leur village d'origine, soit auprés de certainesethnies renommées pour leur savoir en ce domaine.

Par contre, les croyances aux "génies" localisés sur lelittoral sont parfaitement connus des Sierra Léonais et ilspartagent ces croyances avec les populations autochtones. Despetits sacrifices individuels sont effectués régulièrement (donde cola, pain blanc, huile rouge et parfois coq rouge) pourprotéger les pécheurs du mauvais sort et leur eviter larencontre avec les génies maléfiques des localités danslesquelles ils pratiquent la péche.

RAPPORTS ENTRE PECBEURS GOTNEENS ET PECHEURS SIERRA LEONAIS

Les Sierra Leonais pratiquant la péche en Guinée sont dansleur grande majorité spécialisés dans la péche de petitspélagiques à l'aide de filets encerclants. Un nombre beaucoupplus restreint de ce pécheurs utilise des filets maillants calésou dérivants de type légotine. Certains pécheurs migrants ayantde petits salans à voile ou de petites pirogues monoxyles péchent

l'aide de palangres (région de Kaback).

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Un nombre de techniques ont été importées par les SierraLéonais. Si l'on prend l'exemple des salans et de flimbotes, cesdeux embarcations à membrures se sont répandues sur tout lelittoral guinéen, le salan en particulier est devenu la piroguede base du pécheur guinéen. Il faut noter, a propos deconstruction de pirogue, qu'a Conakry, d'après les travaux de B.Lootvoet et M. J.Veiga Coutinho (1990), 14 patrons charpentierssur 24, 9 associés sur 11 et 49 apprentis sur 100 sont SierraLéonais. Ces chiffres sont révélateurs de l'importance du rolejoué par les léonais dans la péche artisanale piroguière et del'importance de leurs savoirs faire dans les métiers de la mer

Si les embarcations ont fait l'objet d'un transfert detechnologies rapides, il n'en a pas été de méme pour les enginsde péche exigeant une organisation du travail plus complexe et unnombre important d'homme d'équipage. En effet, les filets mettenten oeuvre une organisation du travail et savoir-faire quidemandent une participation active lors de l'apprentissage et unsavoir spécifique sur les espèces convoitées. Par tradition, lespécheurs guinéens Baga, Sousou, Madenyi et Nalu pratiquent unepetite péche cötière à l'aide de pirogues monoxyles creusée dansun tronc de fromager et une péche à pieds en utilisant deséperviers (kassi nete) ou des filets coniques (tete yele). Lap6che piroguière non cötière n'est que très récente, elle nes'est pas développée sous l'ancien régime, bien au contraire etce n'est que depuis une quinzaine d'années qu'elle tend aprendre la place qu'elle mérite. Les pécheurs guinéenspratiquent, de nos jours, une péche du petit pélagique, près descötes, sur des salans de moyennes dimensions (6 8 mètres), ilsutilisent des filets maillants encerclants ou maillants dérivantsqui ne nécessitent pas plus de trois personnes à bord de lapirogue. Les chaines opératoires dans ces différentes actions depéche sont très dissemblables d'un engin de péche a un autre.

Il n'est donc pas étonnant que les traditions de péchemaritime, les savoirs et savoirs-faire sont en pleine évolution.La Guinée fait preuve à cet égard d'un dynamisme bouillonnant. Onpeut observer des changements significatifs sur de très courtespériodes d'observation. Il parait évident que les Guinéens ont lavolonté de combler le retard accumuld dans le secteur de la pachepiroguière à l'aide d'unités de production plus importantes.Cette situation se trouve illustrée dans la pache à l'ethmaloseet à la sardinelle à Conakry.

Sur 77 flimbotes en activité à Conakry en 1989, 11appartenaient pa des Sierra Léonais, les autres sont détenuesmajoritairement par les Guinéens qui engagent une main d'oeuvreSierra Léonaise spécialisée. Le savoir-faire et le professiona-lisme des Sierra Léonais est reconnu de tous. Se pose alors leproblème de l'organisation de l'unité de production. Le capitaine

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choisi est généralement Sierra Léonais. Il se charge durecrutement de l'équipage qu'il choisit en grande partie parmises compatriotes. L'armateur peut l'obliger à engager au moins unmembre de sa famille.

Un exemple typique de ce type d'organisation complexe,répéré à Dixin III (Conakry), illustre les difficultésrencontrées dans la gestion de ces unités plurinationales. Cesunités sont diffé- rentes de celles des pécheurs en migration quise caractérisent par une composition ethnique homogène. Seulesles pirogues appartenant à des Guinéens sont concernées par lesdifficultés d'organisation décrites ci-après.

Exemple d'organisation pluri-nationale

L'armateur d'une flirnbote ne faisant pas partie du milieu dela pêche a engagé un gestionnaire devant s'occuper de tous lesproblèmes de l'unité de péche pendant son absence. Cegestionnaire a été choisi pour sa connaissance de l'activité etest chargé de toutes les relations avec le capitaine qu'il auradésigné. Ensuite le capitaine est chargé du recrutement del'équipage. Il s'est avéré que ce type d'organisation n'était passuffisant. En effet, le gestionnaire étant Sousou guinéen et lecapitaine Temne sierra léonais, les relations de confiance et derespect mutuel ne se sont pas inunédiatement instaurés entre eux.Le problème a alors été posé a M'Baye Camara, représentant desSierra Léonais en Guinée, qui a proposé d'introduire un troisièmepersonnage faisant le lien entre le gestionnaire et le capitaine.Cet home ayant le statut de chef de pirogue n' embarque pas maisle capitaine est responsable devant lui de l'activité de lapirogue et lui en rend compte quotidiennement. Le chef de pirogueremet dans la main du gestionnaire la recette de la journée.

On se trouve donc devant une organisation où le contredesocial est fondamental pour la bonne marche de l'unité deproduction. La dichotomie ethnique et nationale ne pouvait secalquer sur la dichotomie terre/mer. A l'heure actuelle, cetteunité fonctionne parfaitement et les Guinéens (le propriétaire etle gestionnaire) travaillent en confiance avec les Sierra Léonais(le chef de pirogue et le capitaine).

Cette première phase correspondait pour l'armateur à unessai d'investissement dans l'activité de péche. On s'apergoitmaintenant que progressivement, lorsque les armateurs se trouventdans cette situation. Ils placent certains individus de leurparentèle en apprentissage sur la pirogue. C'est à travers ceprocessus participatif de transmission des savoirs et savoirs -faire que l'on se trouve devant des unités de production de typeflimbote à équipage mixte et méme parfois, dans de rares cas, oùseul le capitaine est Sierra Léonais.

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A n'en pas douter, nous nous trouverons dans quelques tempsavec des unités dont l'équipage et le capitaine serontexclusivement Guinéens mais utiliseront des barques, des filetset des techniques sierra léonaises, reproduisant ainsi le schémade transmission des savoirs qui s'était effectué entre ghanéenset sierra léonais.

En plus des transfers de savoirs et de technologies décritsplus haut, la Guinée est directement concernée par l'activité deces pécheurs étrangers qui débarquent la totalité de leurproduction sur des débarcadères guinéens. Ils fournissent unapprovisionnement en poisson régulier et important aux femmescommergantes et transfomatrices, qui sont presque exclusivementGuinéennes. De plus, les espèces cibles de ce pécheurs étrangersconsistent essentiellement en petits pélagiques très prisés parces dernières.

Les Sierra Léonais forment la communauté étrangére la plusimportante sur le littoral guinéen. Leur présence n'est pasrécente et beaucoup d'entre eux partagent la vie quotidienne avecles habitants des quartiers ou des villages d'accueil.Bien assimilés à la population, partageant certaines techniquesde péche, ayant des racines culturelles communes avec lesGuinéennes de la Cate sud de Conakry, ces pécheurs ne sont pasconsidérés comme des étrangers venus voler le stock de poissondes nationaux. Cela ne veut pas dire pour autant qu'il n'y a pasde conflit, mais ceux-ci sont moins systématiques que ceuxauxquels les Sénégalais sont confrontés.

Leur organisation plus structurée, leur plus grand nombre etle fait que beaucoup d'entre eux travaillent pour les nationaux,leur permet d'opposer un groupe de pression efficace en casd'accusations non fondées. Les principales techniques utiliséespar les Léonais (flimbote fortement motorisée, péches diurnes parréparage visuel des poissons) font que ces unités n'empiètent passur les lieux de péche exploités par des unités moyennesguinéennes Les risques d'accidents, d'accrochages de filets, deconcurrence sur un même banc de poissons sont fortement limités.

La présence des Sierra Léonais en Guinée ne pose pas deproblème spécifique, elle contribue pour beaucoup au volume deproduction de poissons mis sur le marché local et est un facteurde perfectionnement des techniques et d'évolution de technologiesindispensables au développement de la péche artisanale guinéenne.

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REMAROUE

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Ces deux notes nous ont amené a nous tnterroger sur lespossibilités d'une analyse globale du phénomène complexe quereprésentent les migrations.

Devant la complexité des facteurs explicicatifs de cephénomène et la divesité des formes rencontrées, nous pensonsqu'il est illusoire de faire "une" analyse tendant a rendrecompte, dans son intégralité, des migrants de pécheurs.

Au-delà des spécificités liées à cheque groupe de pécheurs,il est essentiel de considérer les phénomènes migratoires commeétant inscrits dans une dynamique de changement tout comme lesont les groupes sociaux entreprenant ces migrations. Il y aconvergence de facteurs économiques, politiques, écologiquesformant un agencement donnée, précisement localise dans le tempset que l'on peut appeler schema explicatif.

Il y aurait alors un schema explicatif spécifique à chequegroupe d'acteurs, dont l'étude comparative pourrait aider à mieuxappréhender les interactions de traditions, de strategiescollectives ou individuelles et d'influences de facteurs exogènesau groupe concerné qui caractérisent ces phénoménes.

L' exemple des pécheurs sénégalais et sierra léonais estcaractéristique des difficultés rencontrées dans l'analysesociologique de populations de pécheurs migrants.

Les Séréres de Sakama, les Diolas de Dobiré, les Diolas deSakama, les armateurs Sierra Léonais installés en Guinée, lesmarins en longue migration et les equipages en migrationssaisonnières venant pécher sur le littoral guinéen, ne sont pasengages de la méme fagon dans les faits migratoires. Le schemaexplicatif du type de migration dans lequel étaient engages lesascendants du chef de campement de Sakama n'est plus valable pource dernier. Non qu'ils soient étrangers l'un a l'autre, maisl'importance et l'agencement des facteurs intervenants ontchange. Il en est de méme entre les différents profils depêcheurs léonais et sénégalais. Cela est parfois observablel'intérieur d'un mame village (Sakama).

L'intérat de la recherche sociologique et anthropologiquesur ce type de phénomène est de dépasser la diversité des formes,des faits migratoires et de leurs schema explicatifs en lesétudiant dans leur perspective dynamique et en modélisant lesrationalités qui ont présidées à leur mise en place.

Conakry, Juin 1990

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BIBTNOGRAPHIE

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ETUDE DES MIGRATIONS DE PECHEURS EN SIERRA LEONE

Cas du village de Tombo.

Par K. Wagner

1. IWFRODUCTION

Comme indiqué en tete de chapitre, on peut observer unchangement considerable dans les motivations et les modes demigrations des pécheurs autochtones de la Sierra Leone, au coursde ces dernières années. Alors que, dans les premiers temps(vers les années 80 à Tombo), la cause principale des migrationsdes pécheurs était liée à celle des stocks de poissons pendant lasaison pluvieuse, elle est basée, de nos jours, principalementsur des facteurs liés a une evolution de la technologie et de lacommercialisation, par exemple la disponibilité et les prix dumateriel de péche, l'accès à des facilités de credits, lesinnovations techniques, les circuits commerciaux etc...

A ce point de vue, les projets de péche artisanale ont jouéun ràle très important et ont contribué à l'évolution d'uneimmigration qui a transformé les "banquilles et idylliquesvillages de pécheurs" en centres actifs de production, detransformation et commercialisation des produits de la pechedonnant lieu a un important cash-flow et à 'énormes etinextricables problèmes infrastructurels et sociaux.

Le village de pécheurs de Tombo en Sierra Leone estprobablement l'exemple le plus flagrant de ce type dedéveloppement en raison de l'existence assez ancienne du FPPT(depuis 10 ans) qui a contribué se une importante evolution versce changement brievement esquissé ci-dessus.

2 DEFINITION DU TERME nMIGRATION" ET PROBLEME DE DEFINITION.

Dans cette communication, le terme de "migration" estutilise principalement pour décrire un phénomene où, nonseulement les pécheurs de Sierra Leone et les gens ayant d'autresoccupations dans le passé, d'origine et d'ethnies différentes,mais aussi les pécheurs d'autres nationalités se sont déplacés etétablis é Tonto pour s'adonner à la péche pour un tas de raisonscomplexes.

Cet établissement, plus ou moins permanent, comprend desmigrations saisonnieres à court terme qui ont lieu pour toutessortes de raisons. L'immmigration de ceux qui sont directement ouindirectement en rapport avec la péche artisanale est aussi trèsimportante a Tombo mais est un sujet qui ne pourra étre traitédans le contexte limité de cette communication.

* Traduit de l'Anglais

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Cette communication est surtout centrée sur cet aspect del'immigration interne des pécheurs et de tout autre personne dontl'activité principale actuelle est la péche, avec un apergu duproblème sous différents angles:

Description des pécheurs migrantsCauses et justifications des migrations et leurs effetsmicro-économiquesTypes de migrationsProblémes socio-culturels lies aux migrationsEffets macro-économiques des migrationsMigrations des pécheurs comme source possible de conflitsImpact technologiques de la migration des pécheurs.

Les perspectives de depart des pécheurs migrants serontnégligés; l'auteur manquant des données chiffrées et desinformations de base nécessaires.

3. MOTHODOLOGIE.

En general, les données statistiques concernant le themementionné plus haut sont pratiquement inexistantes au niveaunational probablement parce qu'on n'accordait par le passé aucuneimportance au phénomene de migration des pécheurs ni à sesconsequences (I1 y a une enquéte-cadre menée par la Division desPéches et l'Institut de Biologie Marine avec l'assistance de tousles projets de développement des pèches, traitant du problèmecomme d'une question d'intérét secondaire).

Pour cette communication, les informations ont été réuniespar le biais d'interviews informelles, de questionnaires,d'observations des participants et par l'utilisation du FPPT etd'autres données de 2ème main. Certaines données et informationsdoivent étre traitées avec circonspection étant donne que lesdomaines et aspects concernés touchaient de trop près lesinformateurs et les réponses n'étaient donc pas faciles à obtenirpar les méthodes employees.

De plus, étant donne que Tombo n'est pas un terrain viergepour la recherche et les chercheurs, on devait prendre enconsideration qu'au moins certains parmi les informateursdonnaient leurs réponses et declarations d'une manière quianticipait probablement sur les preoccupations de la personne quiposait la question.

Mon precedent sondage portait sur 41 equipages de piroguesghanéennes et 14 equipages de pirogues Yelefufu operant à Tombo.La description et l'analyse suivantes traiteront essentiellementdes 41 equipages de pirogues ghanéennes parce qu'ellesétaient/sont d'une extreme importance pour le développementsodio-économique du village. De plus, j'utiliserai certainesdonnées provenant des "Péches de l'Ouest/Nord-ouest et du

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Programme de Développement Communautaire", finance par la CEEainsi que des données de l'enquete-cadre mentionnée précédemment.

Mes résultats et conclusions se limiteront à Tombo car lesinformations et données disponibles concernant le développementdans les autres villages de pécheurs ou au niveau national auSierra Leone n'ont pu étre contrelées dans les details.Néanmoins, certaines generalisations semblent possibles,spécialement pour les projets de péche artisanale qui ont uneapproche semblable.

4. APERCU HISTORIOUE DU DEVELOPPEMENT DES PECHES A TOMBO.

Tombo est un village(1) de péche artisanale situé sur lacate de la Sierra Léone. Il est localise près de l'extrémité Sudde la péninsule de Freetown sur la rive nord de la baie Yawri eta une population permanente avoisinnant 8.500 habitants.(SCHONECKER 1989).

On ne peut imaginer l'histoire de ce village de Tombo telqu'il est actuellement sans considérer le phénomène de cesmigrants s'établissant dans la region et organisant leurs moyensd'existence. Selon les archives et la tradition orale. Tombo aeté fondée et instaurée vers le 186 siècle, par des immigrantsSHERBRO qui tentaient d'échapper à une guerre inter ethniqueconnue sous le nom de "Guerre de l'homme noir".

Les Sherbros pratiquaient à la fois l'agriculture desubsistence et la péche en pirogue en utilisant comme techniquesde production l'hameçon ou l'épervier. Le village était établi enun endroit maintenant désigné sous le nom de Sherbro Town entre1812 et 1840.

Une seconde inunigration a eu lieu vers 1840 par les KREOLES(Africains libres) venant de Kent qui certainement tentaientd'échapper à l'administration coloniale anglaise de la partieNord de la péninsule de Freetown. Ces raisons mises ie part, ilsrecherchaient aussi un endroit où les disponibilitésalimentaires étaient plus assurées.

Il est probable qu'à cette époque, Tombo était déjà un sitede débarquement et commercialisation du poisson et que levillage recevait des bateaux en provenance de Shenge, de l'ile dePlantain et de la region de l'ile Banana et Cape Shilling. Il yavait aussi un commerce actif et illicite d'esclaves, de bois etd'huile de palme du côté de la region plus éloignée de la baieYawri mais aucune source ne nous permet de contrôler jusqu'aquel point Tombo y participait (HENDRIX 1982:13).

(1) Le terme de village est trompeur dans ce contexte si l'onconsidère les 8.500 habitants, le niveau de vie, l'étenduedes activités économiques, le cash-flow, lesinfrastructures en place etc..., il semble plus approprié deparler de ville de taille moyenne.

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D'importants changements sociaux sont apparus à Tombo aprèsla lère guerre mondiale (dans les années 1920) et étaient laconsequence de l'existence d'une excellente zone de péche, d'uneplage propice au débarquement et un niveau de vie croissant dansla péninsule toute entière.

A commence alors une nouvelle immigration de plusieursgroupes ethniques issus du Protectorat, les Temnés constituentle groupe le plus important. Selon la tradition orale, lespremiers Témnés sont arrives par la mer avec leurs grandespirogues en passant par la rivière Fogbo qui se jette dans labaie de Yawri près du village de Ribbi Ces Témnés migraient avecleurs familles par petits groupes de pécheurs et n'étaient pasacceptés en tant que nouveaux residents à Tonto. Ce n'estqu'après le mariage d'un premier Témné avec une femme Sherbroqu'ils ont été autorisés à rester et s'établir (Yamba Lemge,communication orale 1990). Ces Témnés ont eu une très grandeinfluence sur l'organisation sociale de Tombo par l'apport deleur langue, leurs coûtumes, et de la religion musulmane.

Un autre impact majeur pour le développement socio-économique de Tonto a été l'introduction de la "taxe de case" parl'administration coloniale anglaise des années 1890 pour laColonie et le Protectorat, ce qui obligeait les habitantsaccroitre la production et a commercialiser les produits de lapéche pour trouver les revenues nécessaires. Il en résulta unecommercialisation croissante des produits de la péche vers lesvilles de Kent, Waherloo et Freetown et encouragea les femmescommergantes a are plus mobiles. Cette orientation vers lecommerce renforga da nouveau la traditionnelle division dutravail selon le sena dans le domaine de la péche: Les hommesfournissaient le poisson tandis que sa conservation (cuisson,fumage) et sa commercialisation étaient le domaine des femmes.

A cet étape de développement, la rentabilité des unites depéche de Tombo est restée plutft faible au 19ème et au début du20ème siècle pour les raisons suivantes:

Techniques de production et technologies de transformationdu poisson inappropriées.

Insuffisance des infrastructures, en particulier les routesqui auraient été nécessaires pour l'intégration descommunautés de pécheurs dans l'économie de marché plusimportantes déja en place.

Manque d'un appui et de subventions gouvernementales a lapéche artisanale sous l'administration coloniale.

Grace a la construction de la route de la Péninsule justeavant que la 2è guerre mondiale n'éclate, l'accès à Tontodevenait nettement plus facile. Avant celle-ci, les habitants de

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Tambo arrivaient jusqu'a Freetown par bateau en passant par Kentou bien allaient à pied à Waterloo prendre le train. Cette routea donc intensifié les rapports avec le "monde extérieur",développé les échanges commerciaux avec Waterloo et Freetown etles fames ont passé plus de journées à vendre et acheter aumarché.

Un changement important dans le domaine de traitement dupoisson a pu se faire grace à l'introduction des grillesmétalliques dans certaines régions de la colonie et duProtectorat dans les années 1920 et qui eut pour conséquencel'am6lioration du four BANDA (plaque locale de fumage) du faitd'une surface de fumage plus durable.

Il n'y a eu aucun développement ni changement remarquableentre les années 1930 et 1950 au niveau des unités de péche deTambo. La production répondait aux besoins des villageois et lesurplus permettait aux résidents d'avoir assez d'argent liquidepour payer les taxes et d'acquérir des marchandises pour lesbesoins quotidiens, des outils, des équipements afin de maintenirle niveau de productivité de la péche. Le village a méme faitface à une baisse de l'économie qui s'est traduit par uneréduction de la population à Tombo:

1911 462 habitants 79 maisons1931 368 habitants 75 maisons (recensement 1911-1931)

Ce fait peut s'expliquer par le mode de migration despécheurs de Tombo qui s'est développé au tournant du siècle.Certains pécheurs étaient spécialisés par exemple dans la pécheau Bonga et migraient donc vers Shenge et Ile Plantain pendant lasaison pluvieuse en mdme temps que les bancs de poissons.

La technologie, le mode et le développement de la productionest resté plus ou moins au méme niveau peut are à cause d'unpouvoir d'achat limité et du manque de solutions de rechange.y avait aussi des facteurs externes comma ceux liés à lapolitique et à l'assistance du gouvernement qui n'étaient pasfavorable a la péche à petite échelle.

Le changement le plus important sur le plan socio-économiqueet technologique a en lieu à Tombo après l'arrivée au milieu desannées 50, des pécheurs MFANTSE du Ghana. On leur attribuel'introduction de presque toutes les innovations qui ont élevé lapéche à Tambo à son niveau semi-industriel actuel.

La période entre 1955 et 1965 s'est avérée axe un"décollage économique" pour la péche à Tombo. L'augmentation dela production a conduit à la création de marchés situés à unelongue distance, tout près des frontières du Liberia et de laGuinée. C'est depuis cette époque que des poissonniers sontapparus avec de gros routiers pour acheter le surplus de la

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production et le transporter vers les marches a travers le pays.

De ces activités économiques allant croissant, il résultaune nouvelle immigration ethnique, la plus importante, à savoirles Fullahs de Guinde. Au début, ils étaient engages comaetravailleurs occasionnels, se spécialisant par la suite dans lacoupe et l'approvisionnement de bois. Ce fait a créé un nouveausous-groupe actif dans la vie économique de Tambo où la pacheétait prédominante.

Les Mfantsé ont été expulsés par le gouvernement de laSierra Leone entre 1965 et 1967. Néanmoins, leur depart n'a pasentrainé une reduction de la production étant donne que lesnovuelles technologies et modes de production avaient déja étéadoptées parles Temnés et en partie par les Sherbros.

Pendant les années 70, il n'y eut aucun développementimportant dans le domaine de la technologie bien que laproductivité de la péche s'élevait toujours grace aux pécheursmigrants.

En dehors de ceux qui font l'objet du sondage, 18propriétaires de pirogues ghandennes et 5 propriétaires depirogues Yéléfufu ont migré vers Tombo entre 1971 et 1980.

De grands changements sont apparus encore depuisl'implantation du projet pilote de pache en 1980, actuellementdans sa 46 phase se poursuivant jusqu'a août 1993.

5. PECHEORS MIGRANTS: LEORS MOTIVATIONS, LEM'S TYPES DE MIGRATIONET LES EFFETS DES MIGRATIONS SUR L'ENVIRONNEMENT SOCIO-ECONO-MIODE

5.1 DESCRIPTION DES PECHEURS MIGRANTS

Selon les données obtenues à partir de l'engpate-cadrementionnée précédemment menée en 89/90 et d'après les donnéesd'un projet interne, il y a actuellement 50 pirogues ghanéennes(46 avec moteur hors-bord et 4 avec moteur "inbord") et 55pirogues Yelefufu(2); stationnées ou operant à Tombo.

Sur l'échantillonnage total des 41 pirogues ghandennes, 39appartiennent a des pécheurs qui sont (selon ma definition)"migrants", alors que 2 pirogues seulement appartiennent a despacheurs autochtones Sherbro. En dehors des pécheurs migrantspropriétaires, 40% ont migré à Tombo entre 1960 et 1969; 27,5%entre 1970 et 1979 et 32,5% de 1980 a ce jour, période couvrantla durée de vie du present projet.

(2) Le terme de Yelefufu inclut les types de pirogues suivants:pirogue Kru - Standard 1-3 et standard 3-5

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La plupart des migrants (80%) sont originaires d'autresregions catières de péche telles que le district de Kambia. Ledistrict de Port Loko et la Region Ouest. Seule une minoritéproviennent de l'arrière pays ou sont d'origine étrangère - 2

propriétaires de bateau sont ghanéens (voir carte en annexe).

La composition ethnique du groupe est plutat hétérogenecomprenant 7 différentes tribus avec en majorité les TEMNES quireprésentent 70% de tous les propriétaires de bateaux. Comme nousl'avons déjà mentionné, deux propriétaires de bateaux sont de latribu ghanéenne des Mfantse et un est Libanais avec un passeportSierra Léonais, resident à Freetown.

Les données sur les professions antérieures des actuelspropriétaires de pirogues ghanéennes montrent que la plupartd' entre eux étaient également pécheurs sur leur ancien lieu deresidence 54%, suivis par ceux qui étaient hommes d'affaires 27%,exploitants agricoles 7%, menuisier (constructeurs de pirogues)7% et autres 5%.

En ce qui concerne le type de bateau et de materiel de pecheactuellement en leur possession, le sondage montre lescaractéristiques suivantes

Toutes les embarcations sont des pirogues ghanéennesplanches de 15 à 20 metres de longueur et de 1,5 à 1,8metres de large, Quatre pirogues sont propulsées pardes moteurs diesel inboard 35 hp (Yamaha) alors que les37 autres embarcations utilisent des moteurs à pétrole25 ou 40 hp (Yamaha Tohatsu) comme mode de propulsion.

On a observe une difference importante au niveau des typesde bateaux possédés par les propriétaires à leur ancien lieu deresidence - 28% d'entre eux seulement possédaient déjà au Ghanades pirogues à planches tandis que 72% (15) n'avaient que despirogues Yelefufu (Standard 1-3 et 3-5).

Le seul type de materiel de péche utilise actuellement partous les equipages en pirogues ghanéennes est le filet encerclantavec des caractéristiques congues spécialement pour la péche auxkarengs ou à celle du Bonga ou une combinaison des deux. Ladifference observée pour le type de pirogues est constatée de laméme fagon pour le materiel de péche utilise auparavant. Il n'yavait que 30% (7) propriétaires de pirogues utilisant le filetencerclant tandis que 70% (16) utilisaient d'autres modèlesd'équipements de péche (filet maillant, filet dérivant,palangres, senne de plage, nasses etc...).

Aussi, le système de partage des benefices entre lepropriétaire du bateau et l'équipage est semblable pour toutesles pirogues de l'échantillonnage. 80% (34) des equipages ont unsystème de partage de benefices par lequel l'equipage peut

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disposer de produits d'un jour de 'the par semaine et un "dailywhap qui équivaut à une part bien (Jennie de la prisejournalière, distribuée selon la position hiérarchique et lafonction au sein de l'équipage. Seuls, 10% (4) des equipages ont2 jours de péche libre par semaine mais en retour aucun dailywhap et 5% (2) ont 2 jours/semaine de peche libre divisés en 2parts (50% pour l'équipage et 50% pour le propriétaire du bateau)plus un "daily whap".

Un seul propriétaire de pirogue paye son equipage uniquementen argent liquide arguant ne plus vouloir étre trompé par lesmembres de l'équipage, la pratique du "daily whap" étantdifficile à contraler.

En general, on observe une tendance chez les propriétairesde bateau d'éviter de plus en plus le systeme de "daily whap etde le remplacer par le paiement en espèces. Les raisons de cechangement sont les moyens limités de contrale et le fait que lesmembres de l'équipage vendent leur part de prise immédiatementaprès le débarquement, très souvent a des prix bas pour pouvoirdisposer d'argent liquide pour les distractions nocturnes. Ceci aun effet négatif pour l'établissement des prix de l'ensemble dela prise de la journée, ces prix étant determines au jour le joursur la base de l'offre et de la demande.

Un autre facteur intéressant au sujet du contrale desequipages est le nombre des parents proches du propriétaire de lapirogue et leur position au sein du groupe. Sur un total de 1034membres, 24% (249) sont des parents proches, employes pour laplupart sur le bateau aux fonctions les importantes (capitaine,mécanicien, "legoman" - celui qui ancre et surveille le bateau lanuit, "rubberman" - celui qui s'occupe du carburant) afin degarantir au moins à un degré minimum les intéréts du propriétairedu bateau.

Pour la plupart des pécheurs migrants, l'accès aux creditsse fait dans le contexte familial ou celui des liens parentauxet amicaux, 68%, contre 29% qui s'en remettent au projet etseulement 3% qui utilisent les offres bancaires pour satisfaireleurs besoins essentiels.

Les groupes d'épargne USUSU avaient égalament joué un raleimportant dans le passé mais ils font face a des problemes deplus en plus nombreux en raison des taux élevés d'inflation et dutemps assez long de rotation que cheque membre doit attendreavant de recevoir sa propre part.(3)

(3) On observe une tendance des groupements USUSU à réagircontre cette evolution negative par le changement de leursobjectifs d'épargne en remplagant les parts en espéces parune dotation en nature (par example un moteur hors-bord).Pour garantir que tous les membres du groupe regoivent lemime type de moteur hors-bord, la contribution financière dechaque membre doit augmenter en fonction du taux d'inflationdurant la durée de vie du groupe.

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5.2 LES JUSTIFICATIONS ET MOTIVATIONS DES MIGRATIONS ET LEURSEFFETS MICRO -ECONOMIOUES

Les justifications données en ce qui concerne les migrationsTombo consistent en general en un ensemble de motivations qu'il

est difficile de séparer les unes des autres et de classer parordre hiérarchique selon la fréquence à laquelle ceux qui nousont informé les ont exprimées.

Notre questionnaire proposait un choix maximum de 3 réponseset a conduit à la presentation suivante des causes principales:

32% Richesse en poisson des zones de péche24% Possibilité de constituer un capital19% Des prix plus élevés pour les produits de la péche15% Existence de relations familiales ou parentales8% accès aux équipements de 'Ache2% méthodes améliorées pour la construction de bateaux

100% TOTAL

Il est très intéressant de noter la correlation existantentre les raisons données et leur ordre hiérarchique pour lapériode de migration à Tombo. Voici en bref le résultat: Plus lesmigrants sont arrives tat a Tombo (1960 à 1970) plus ils ontmentionné des raisons comme celles de l'abondance en poissons deszones de peche et l'existence de liens familiaux ou parentaux. Legroupe des pécheurs qui sont arrives à Tombo au cours des années80 (date de l'existence du projet) ont signalé comme raisonsprioritaires l'accès aux équipements de péche, les prix de venteplus élevés de la production et la possibilité de se constituerun capital.

A caté du fait que les projets de péche sont a coup sûr vuscomme des garants pour l'acquisition de moteurs et de materielsde peche fiable, ces arguments montrent clairement que les péchesartisanales sont passées par un processus complexe decommercialisation et de monétarisation au cours de la ditepériode.

Une des réponses possibles proposée dans le questionnairemais qui n'a pas été une seule fois choisie était: "moinsd'obligations familiales". Cela ne veut pas dire nécessairementque ce fait n'ait joué aucun rale dans les motivations desInterviewés mais montre clairement que répondre librement sur unpoint si sensible est pratiquement impossible dans unenvironnement social fermé.

Au cours de discussions informelles, cet argument a étémentionné assez souvent mais exprimé de fawn plus indirecte outravers l'explication de situations oil l'on sentait la dependencede la "famille" pergue comme une charge.

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En ce qui concerne les migrations à court terme a partir deTombo vers d'autres localités, on a mentionné les motivationssuivantes:

accès aux équipements de péche (moins chers dans d'autresprojets ou pays)migration des bancs de poissons (surtout pendant la saisonpluvieuse)problème de disponibilité du carburant ou autres effets dela crisede meilleurs prix journaliers.

Pour l'accès aux équipements de ',ache et au carburant, c'estsurtout la Guinée que l'on a mentionnée, en dehors des autresprojets de péche, seulement la Guinée alors que pour lamigration des stocks et les prix plus élevés, une série deregions a l'intérieur de la Sierra Leone a été mentionnée(Goderich. Ile Plantain, Shenge, Yelibuya, Mboki, Tissana, Kattaetc...). Il est important d'observer que cette migration a lieusur la base d'une journée ou d'une semaine et n'est donc pascomparable aux anciennes formes de migrations saisonnières quiexistaient également à Tombo jusqu'aux années 80 et qui serontdécrites au chapitre suivant.

5.3 TYPES DE MIGRATIONS

En dehors du fait que l'actuel Tombo ne serait pasimaginable sans l'importante immigration de pécheurs durant lesdécennies 60, 70 et 80, il y a aussi le phénomene d'uneemigration basée sur différents motifs fondamentaux.

La forme spécifique des migrations saisonnières s'estdéveloppée brutalement vers le tournant du siècle avec laspecialisation des pécheurs dans la péche au Bonga. Pendant lasaison pluvieuse, les bancs de Bonga s'éloignent des lignescdtières manifestement parce qu'une trop grande quantité d'eaufroide se mélange aux eaux marines Les suivant jusqu'en hautemer, les pécheurs migrent à Shenge et line Plantain, cesétablissements étant en relation directe avec les zonespoissonneuses de la saison des pluies.

Le nombre des pirogues ghanéennes spécialisées dans lapéche aux karengs et les pirogues Yéléfufu (standard 3.5) resteplus ou moins stable pendant cette période. Quelques donnéesdatant du début des années 80 illustrent ce phénoméne demigrations saisonnières à Tombo.

Evolution de la population

Population totale pendant la saison sèche 7026 (1981)Population totale pendant la saison pluvieuse 5342 (1981)

Difference : 1674 24%

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"Sexe Ratio" des migrants

Sur 1674 indiyidus ayant guitté TOMBO, 65% (1088) &talentdes hommes, 25% (418) des femmes et 10% (168) des enfants.

Evolution des types de bateaux.

Type/N° des bateaux Saison Saison Reductionsèche pluvieuse

Pirogues ghaneennes(karengs) : 35 31 4 11Pirogues Bonga : 61 30 31 51Standard 3-5 (manpower): 75 56 19 25

TOTAL : 171 117 54 32(Kotnik 1981)

On avait donne comme causes principales de ces migrations:

Les equipages des pirogues Bonga suivent les Bonga quimigrent vers d'autres zones, au nord et au sud de la baieYawri.

Les activités de péche sont généralement en baisse en raisondes conditions climatiques peu favorables ce qui conduit lespropriétaires à mettre en congé les membres de l'équipage(selon Kotnik 33% des equipages avaient requ leur congé).

Bien que je doute de la validité du chiffre de la populationtotale qui m'a été communiqué (qui selon mes observations a étésurestimé), la reduction du nombre de personnes resident à Tombopendant la saison des pluies révèle nettement l'existence d'unphénomene de migration saisonnière pendant cette période. Lareduction de 32% du nombre total de pirogues stationnant ouoperant a. Tombo et particulierement la reduction de 1% du nombredes bateaux Bonga indique aussi la forte influence des facteurstels que les facteurs climatiques, la migration des bancs depoissons sur les activités de péche, ce qui pousse les pécheursréagir. Selon les informations orales, des zones de la ville deTombo sont virtuellement vides durant la saison des pluiescause du grand nombre des habitants qui ebandonnent leur maisonpour une période de 3 a 4 mois. Le phénomène de migrationsaisonnière est materialise aussi par le caractère provisoire desmaisons occupées par les familles de pecheurs migrants, maisonsessentiellement construites avec la superstructure des murs enargile brute et le toit couvert de chaume.

Les sources orales indiquent que cette forme de migrationsaisonnière de cette importance n'existe plus à Tombo, un faitqui coincide avec mes observations durant les quatre denier-esannées. L'enquete-cadre a recensé pour les aruiées 89-90, 10

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pacheurs migrants pour Tombo mais ne spécifie pas le type demigration et les raisons qui ont motive ces mouvements, ce quirend difficile l'exploitation de ces données. Je pourrais avancerque ces migrations sont principalement basées sur la recherche demeilleurs prix ou la recherche d'accès faciles et bon marchédes équipements de péche et ont un caractére journalier ouhebdomadaire.

Une autre indication qui montre que l'ancienne forme demigration saisonnière n'a plus cours est le type des maisonsconstruites par les migrants actuellement. Elles sont deconstruction plus durable et dans la plupart des cas couvertesavec des tales métalliques. Les raisons qui font que ces maisonsn'atteignent toujours pas le standard de celles des migrantsvivant à Tombo depuis 20 ou 30 ans ou à celles des autochtones,seront développés plus loin.

Les raisons pour lesquelles cette forme de migrationsaisonnière a diminué plus ou moins pendant ces 10 dernièresannées sont multiples mais tournent principalement autour deschangements technologiques.

Les pécheurs ne se spécialisent plus dans la péche au Bongaou au kareng mats pratique une combinaison des deux selon lessaisons de péche respectives. Ils fabriquent des filets adaptéspour la prise des deux espèces et remplacent les petits bateauxBonga traditionnels équipés d'un filet special pour le Bonga,avec un equipage de 5 à 8 hommes par les plus grands bateaux pourla péche au kareng équipé d'un immense filet encerclant pour lekareng ou le Bonga (environ 800 x 400 m) operant grâce à unequipage de 15 a 20 hommes.

Ces bateaux tiennent mieux la mer et le développement destechniques de propulsion - moteurs diesels inboard et moteurshors-bord plus puissants - accroissent la capacité opérationnelledes bateaux et le rayon dans lequel ils operant. Ils peuvent deslors couvrir des zones de péche plus lointaines en méme tempsqu'ils ont la possibilité de rentrer à leur base opérationnellechaque jour.

Un transfert de la base opérationnelle n'est plusnécessaire. En dehors de ces faits, Tombo offre aujourd'hui unlarge spectre d'aménagements et d'infrastructures fonctionnellestels que les services de suite, l'approvisionnement en eaucourante, des écoles, un site de débarquement favorable et desvoies d'un accès assez facile, enfin et surtout unapprovisionnement sûr des équipements de péche, des moteurs etlubrifiants grâce au FPPT faisant de Tomb° un site de péche trèsattractif comparativement à d'autres.

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5.4 ASSPECTS SOCIO-CULTURELS DES MIGRATIONS

Aux questions posées sur leur position sociale et leur ràlechez eux et dans la société d'accueil, les pécheurs ont répondude la fagon suivante : (le choix &bait possible entre plusieursréponses):

29% étaient chefs de famille dans leur pays d'origine27% appartiennent au groupe influent et dirigeant de la

famine44% étaient associés des organisations sociales de

notoriété publique (société secrete, clubs, groupesd'assistance mutuelle, groupes d'épargne).

S'en referent à leur position sociale et à leur statutTombo, les interviewés ont répondu sur la base de leur propreperception.

14% se définissent comme appartenant à une "classedirigeante locale" basée sur la richesse économique etl'influence personnelle.

17% définissent leur position comme "gros propriétaire debateau", pécheur migrant possédant 2 bateaux ou plus.

69% déclarent qu'ils sont associés à une organisationsociale de notoriété publique.

Une des réponses possibles non explicitement formulée en cequi concerne leur situation a Tombo est la position de chef defamille car cheque propriétaire de bateau se considere lui-mémecomme occupant naturellement cette position.

En regardant de plus près les types de réponses, il estintéressant de remarquer qu'un pourcentage assez élevé depropriétaires de bateaux s'associent a des organisations socialesinfluentes e la fois chez eux et méme en plus dans leur sociétéd'accueil. Cet aspect peut étre interprété comme une tentatived'intégration et une aspiration à se hisser dans les strates despositions dominantes au sein de leur nouvel environnementsocial.

Il y a une difference significative dans la perceptionpropre qu'ils ont d'appartenir à la classe dirigeante localetandis que 27% déclarent qu'ils appartiennent également auxorganes dirigeants à Tombo. Cela coincide avec mes observationspersonnelles, à savoir qu'aucune position officielle à Tommbon'est tenue par un pécheur migrant, méme pas par l'un de ceuxétablis e Tonto depuis plus de 15 ou 20 ans. Tous les postes oupositions considérés comme influents ou importants sont occupéspar ceux qu'on appelle "les natifs du terroir" soit grace à desnominations partant du haut vers la base, soit par des electionsqui ont un caractère très paternaliste.

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Au cours de discussions informelles, un bon nombre depecheurs migrants ont mentionné qu'ils ne se considérent pascomme des "Tombonais" mais comme des étrangers venant de x ou zméme apres une assez longue période passée à Tombo. Les raisonsde cette perception propre des choses sont encore nombreusesmais je peux voir deux facteurs de grande importance:

Les dénommés "natifs du terroir" n'encouragent pasl'intégration parce qu'ils voient ces étrangers comme étantun danger pour leur organisation sociale traditionnelle avecses mécanismes spécifiques de contrôle du pouvoir et dedistribution des postes et fonction selon la positionhiérarchique des chefs de famille dans l'édifice social duvillage depuis des generations.

Les migrants eux-mémes en dépit de leurs tentativesd'intégration sont mentalement et physiquement très lidsleurs villes ou villages natals ce qui se traduit par lefait que c'est chez eux que beaucoup d'entre euxinvestissent plus dans les maisons et aménagements plutatqu'a Tombo, se souvenant qu'ils comptent y passer leurvieillesse et y mourir.

Questionnés à ce propos, tous les interviewes ont declare'qu'ils investissent dans leurs villes ou villages natals d'unemanière ou d'une autre. 49% investissent dans desinfrastructures - maisons et concessions - 28% dans des affaires,18% y installent des fermes, et 5% ont mentionné d'autressecteurs d'investissement.

Quelques uns parmi les pécheurs migrants tentent de résoudre"le dilemne" social du statut d'étranger en formant leurs propresorganisations sociales qui peuvent étre également basées sur desconsiderations matérielles. Les clubs de football sont trés envogue dans ce contexte ainsi que les groupes d'épargne USUSU. Uneassez récente organisation, un club se dénommant "top twenty"réunit des gens qui se considèrent comme les étrangers les plusen vue de Tombo.

5.5 EFFETS MACRO ECONOMIOUES DES PECHEURS MIGRANTS

En prenant en considerationoperant à Tonto a augmenté de 32,5%années(4), la conclusion que lesaugmentées est évidente.

Le tonnage total a augmenté detonnes (mai -tonnes (janv. -tonnes (janv. -tonnes (janv. -

que le nombre des bateaux(13) pendant ces 10 dernièresprises ont nécessairement

décembre)décembre)décembre)décembre)(5)

(Statistiques FPPT)

Les données récentes devraient étre plus élevées puisquel'échantillonage ne porte que sur 41 bateaux contre unnombre total actuel de 50.

N'ayant pas été encore traitées, les données plus récentesne sont pas utilisables.

1984 - 17291985 - 42521986 - 48911987 - 7255

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Si on prend en consideration une production totale de 7000tonnes par an avec 50 bateaux en activité, chaque bateau effectueune prise annuelle de 140 tonnes actuellement, ce qui donne uneaugmentation de 1400 tonnes pour la production de 10 bateauxsupplémentaires par an. Ces chiffres ne sont pas absolument sûrsmais il ne fait aucun doute qu'au cours des années les prisessoient allées croissant, fait que l'on peut déduire à partird'autres indices comme le nombre croissant et la performance desfours Bandas, la consommation plus élevée de bois de feu pour letraitement du poisson, la fréquence des voyages commerciauxtravers le pays etc...

Un effet positif de l'augmentation du nombre des bateaux etde la production plus importante est le nombre d'emplois offertsdans les domaines de la péche, du traitement et de lacommercialisation du poisson, et autres occupations ayant rapportavec ces activités, telles la coupe du bois, la fabrication depaniers, les travaux de constructions etc...

On peut voir à partir du tableau que l'importance généralede la péche pour Tombo se traduit par l'engagement d'environ 50%de tous les chefs de famille dans la péche ou dans des activitésayant directement rapport avec celle-ci. (Schönecker 1989). Laproduction plus élevée conduit a un très important cash-flow qui,

son tour a un effet posistif sur la consommation et lesdispositions a investir. Tombo est aujourd'hui l'un des villagesles plus riches de la Sierra Leone, mais cette richessematérielle n'a pas que des cötés positifs comme nous allons levoir.

Les effets bénéfiques, certé materiel, du fait del'immigration à Tombo, ont en retour des consequences negativesdans les lieux d'origine des migrants. Les potentiels deproduction ayant été drainés hors du pays cela a conduit a unebaisse des activités de peche, du traitement et de lacommercialisation du poisson d'où une diminution des possibilitésd'emplois, de la productivité, et du cash-flow.

L'harmonie sociale est également souvent altérée par cetteemigration et on a une impression de mort dans les villes ou lesvillages qu'on traverse parce qu'on n'y trouve plus que les vieuxou les handicappés qui ne sont pas en mesure de donner unequelconque impulsion susceptible de promouvoir le développementsocio-économique.

5.6 MIGRATION DES PECHEURS COMME SOURCE POSSIBLE DE CONFLIT

Il semble evident que les relations entre les pécheursmigrants et les populations indigenes ne soient jamais dénuées detensions.

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Selon leur propre perception, les migrants caractérisentleurs relations avec les autochtones Tombonais ainsi: (plus d'uneréponse possible)

41% amicales27% compétitives14% emprunts d'un sentiment de jalousie13% rejet5% stimulantes.

Ont été identifiés les domaines de conflit suivants

41% Les coûtumes et croyance33% problèmes de possession de la terre11% problèmes de famille7% problèmes d'argent4% taxation illégale4% techniques de péche.

L'estimation des relations avec les Tombonais est dans plusde 50% des cas, exprimée avec des adjectifs de connotationnégative comme compétitives, rejet, jalousie alors que il n'y aque 3% des cas (stimulantes) qui expriment le sentiment d'avoirété vraiment intégré dans la population indigène.

L'adjectif "amicales" n'est pas assez spécifique pour qu'onpuisse tirer des conclusions claires parce qu'il sous entend a lafois la possibilité de donner a une personne assez d'espace pourson propre développement personnel et matériel et également unefagon d'étre où l'amitié peut rester absolument formelle sansaucune idée d'intégration.

Rechercher quels sont les domaines de conflit peut étreutile pour clarifier le tableau des sentiments exprimés autourdes extrames que sont l'intégration et le rejet.

Selon les informations regues, deux domaines sont d'uneimportance majeure en ce qui concerne les sources de conflits.

coûtumes et croyancesproblème de propriété roncière

Les coûtumes et croyances telles qu'elles sont mentionnéesdans ce contexte ne me paraissent pas claires car les formes etstructures des organisations sociales et les valeurs qui leursont liées comme les croyances et les rituels sont trèssemblables aussi bien a Tonto que dans leur pays d'origine.

Un point doit &tie noté, c'est que la présence etl'importance des sociétés secrètes à Tonto sont très limitéesalors que la plupart des migrants proviennent de régions où cessociétés jouent encore un rede très actif dans la vie de tous les

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jours des populations.

Une autre conclusion pourrait étre que cette formulation estutilisée pour décrire de fagon subtile le fait qu'aucun migrant afortiori aucun étranger n'a réussi jusqu'a ce jour a devenir unmembre actif de la classe dirigeante locale. De plus, cetteformulation est difficile à verifier car des conflits bases surde telles considerations ne sont normalement pas renduespubliques et, de ce fait, difficiles à percevoir par unobservateur extérieur.

Les conflits tournant autour des problèmes de propriétéfoncière sont par contre beaucoup plus ouvertement exprimés etpris en charge. Il y a quelques armées encore, les indigeneshésitaient à vendre quelque terre que ce soit aux migrants quidésiraient s'établir de fagon permanente ou semi-permanente aTombo. Les terres étaient seulement louées plutft sur la based'un contrat à court terme, souvent pas plus de cinq ans, ce quiavait pour consequence la construction de maisons d'un standardtrès bas qui s'écroulaient souvent aprés des pluies tropabondantes.

Durant mes quatre années de séjours à Tombo, j'ai observe unchangement considerable dans les attitudes en ce qui concerne leconsentement de la vente des terres aux étrangers . De nos jours,de plus en plus de "natifs du terroir" vendent des terres, étantattires par les prix élevés, n'ayant pas d'héritiers désirantvivre à Tombo ou influences par d'autres raisons. Cette tendancese manifeste au niveau des nombreuses nouvelles constructionsérigées avec un standard plus élevé (murs en dur, toit enfeuilles CI, etc...) et nous amene à conclure que cespropriétaires se considerent dorénavant comme des residentspermanents.

Un autre aspect mentionné comme source de conflit est latechnique de péche (14%). Ces conflits jouaient manifestement unrifle plus important dans le passé comme nous l'avons déjàsouligné dans le chapitre "Apergu historique du développement despéches à Tombo", particulièrement les Mfantsé du Ghana étaient enconf lit avec les Sherbros et les Témnés parce qu'ils craignaientces étrangers pour leur savoir-faire et leur haute productivitélies à l'utilisation de nouvelles technologies.

De nos jours, ces conflits réapparaissent de temps en temps,quand des filets a mailles trop petites sont utilises permettantla capture de poissons trop jeunes. Normalement, ces conflitspeuvent étre résolus localement si la cooperative ou unepersonnalité locale influente oblige le pécheur concernéchanger ses filets. Dans les cas où des dispositions pour réglerces conflits ne peuvent étre mis en oeuvre, le bateau ne peutplus étre autorisé à débarquer ses prises a Tombo.

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5.7 IMPACT TECHNOLOGIOUE DES PECHEURS MIGRANTS

L'arrivée des pécheurs Mfantsé du Ghana entre 1950 et ledébut des années 60 a eu, sans aucun doute, un impactconsiderable sur le développement des péches à Tombo. Parmi lesautres aspects, on leur attribue l'introduction de grands bateauxéquipés de lourds filets encerclants qui étaient adaptés à lapéche au Bonga et au kareng. Ceci a coincide avec les nouvellesidées en ce qui concerne la taille de l'équipage et la divisiondu travail à bord. (Ils manoeuvraient leurs grandes pirogues avec6 a 10 personnes) et, plus tard a conduit à l'adoptiond'innovations telles que les pirogues à planches avec hors-bord25 hp et un equipage de 10 à 14 hommes. Cet accroissement de lataille de l'équipage a rendu pratiquement impossible lerecrutement d'un equipage seulement sur la base de relationmatrilinéaire ou patrilinéaire, avec comme consequencel'introduction de la main-d'oeuvre salariée dans le secteurpeche.

Ces changements technologiques (des bateaux plus grands, desnouveaux filets et moteurs pour la propulsion) ont nécessité uninvestissement initial plus important et des coûts plus élevéspour le fonctionnement et la maintenance.

Dans leurs capacités innovatrices, les Mfantsé ne se sontpas limités a la pèche mais ont aussi introduit le foyer amélioré"Fante Banda" encore en usage, qui est construit avec des murs enbriques d'argile surmontés de barres de fer et de grillesmétalliques. Il en a résulté une construction durable avec unaccroissement de la taille de la plateforme de fumage, deuxinnovations prérequises pour un développement de la production.

A cause de la supériorité des Mfantsé sur le plan de latechnologie et de l'organisation du travail, les pécheursoriginaires de Tombo ont été obliges d'adopter leurs nouvellestechnologies et d'assimiler les savoir-faire correspondents pourpouvoir supporter la competition dans le contexte local. Ceprocessus était plus ou moins achevé au début des années 60,principalement en ce qui concerne les Témnés. Seulement trés peud'indigènes Sherbros sont passes aux nouvelles techniques deproduction.

Selon la tradition orale, les Sherbros se contentaient deleurs prises tant que leur subsistance était assurée et qu'unsurplus était disponible pour s'offir leurs boissons habituelles.Cone consequence de cette option pour une économie desubsistance, les Sherbros n'ont pas adopté les types detechnologies de péche introduites par les Ghanéens probablementparce qu'ils avaient peur du haut risque financier lié à cettenouvelle technique et de l'incertitude générale d'une pécheorientée essentiellement sur l'économie de marché.

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Comme nous l'enseigne la tradition orale, les Mfantsé n'ontpas été acceptés aussit6t par les Sherbros et les Témnés à causede la crainte qu'ils avaient de leurs méthodes de péche quiprivaient les pêcheurs de leurs lignes et éperviers, et épuisentles stocks des zones habituelles de péche. Des bagarres en mer etsur la plage ont été signalées.

Le r6le de guide des Mfantsé comme "agents de progrès nepeut pas are sous-estimé, parce que l'actuel état dedéveloppement semi-industriel de la péche est inconcevable sansle r6le constructif qu'ils ont joué dans l'introduction et ladissémination des nouvelles technologies et savoir-faire.

Bien que cela ne soit pas intentionnel au départ, ils ontété capables de diffuser leur technologie et savoir-faire, parcequ'après une courte période de rejet, les autochtones ontcommencé à adopter les nouvelles technologies réalisant que celaserait leur seule chance de supporter la concurrence avec lesétrangers. Mais tous les groupes ethniques n'ont pas été attiréspar ce changement méme quand leur propre mode de péche ne leurgarantissait qu'une minime part de ce qu'un propriétaire debateau ghanéen réussit à rapporter de la pêche au Bonga et aukareng.

EN GUISE DE CONCLUSION.

La contribution importante des pécheurs migrants audéveloppement de la pêche et à tout le développement de la villede Tonto ne peut étre sous-estimé dans le contexte de ce quej'essaie d'écrire, d'analyser, d'interpréter ici. Le fait queTonto ne puisse are imaginé sans migrants est seulement posédans ce contexte come une métaphore. Il n'est pas nécessaire derésumer les étapes et les aspects et développements qui ont déjàété faits et je soulèverai donc brièvement ici un problème auquelje dois faire face tous les jours dans les conditions concrètesde travail à Tombo. Le problème est le suivant: Comment amenerceux qu'on appelle migrants à s'intéresser et à s'intégrer auprogramme de développement communautaire d'un projet dedéveloppement comme le FPPT?

Méme si je prends en considération qu'en partie le problèmea une source endogène lié au comportement des populationsindigènes surtout caractérisé par le rejet, le problème demeureparce que le nombre de migrants qui ne souhaitent pas s'intégrerpar leurs propres efforts est aussi non négligeable. Cespersonnes disent directement ou indirectement qu'elles sontseulement intéressées par l'utilisation des infrastructures etagréments qu'offre Tombo, mais ils ne sont pas pits à contribuerde quelque fagon que ce soit aussi longtemps qu'ils ne seront pasdans l'obligation de le faire.

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Le schema du comportement de base est: "s'enrichirrapidement" ce qui implique qu'ils ne doivent pas investir dansle secteur publique à Tombo aussi bien matériellementqu'intellectuellement parce qu'ils constituent un fortpourcentage de l'ensemble de la population et parce que legouvernement local est inexistent, ils constituent une chargepour les infrastructures de la ville de Tambo vu qu'ils secontentent seulement de prélever et d'user. Leur disponibilitépour donner et contribuer restera limitée aussi longtemps qu'ilsne seront pas obliges de payer des taxes et redevances ou decontribuer en terme d'apport de travail.

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LA PECHE ARTISANALE ET LES MIGRATIONS DES PECHEURS AU LIBERIA*

Par

Jan M. HAAKONSEN.

1. Introduction: Survol de la padhe au Liberia

Le Libéria à l'une des plus longue c6te en Afrique del'Ouest, 590 km, un peu plus longue que celle du Ghana ou duSénégal. Cependant, les ressources halieutiques sont plus pauvres

cause d'une combinaison de conditions défavorables a lareproduction des espèces sur une grande échelle: plateaucontinental étroit, pas d'importants upwellings et un manque degradients de température à long terme (Smart et Sheves 1979).Pourtant, si les ressources disponibles étaient entièrementexploitées, cera suffirait pour satisfaire la grande partie de lademande en poisson de la modeste population.

Un problème lié à cet état de chose est la faibleconnaissance que nous avons au sujet des ressources libériennesqui sont basées sur des études rapidement menées par des bateauxde recherche. Des estimations sur la production varient beaucoupmais restent normalement dans les intervalles de 9.000 - 15.000tonnes pour les espèces démersales, 19.400 - 41.000 tonnes pourles espbsces pélagiques et 1200 - 1600 tonnes pour lescrevettes. (Ssentongo 1987).

La faiblesse sur plusieurs années des statistiques deproduction ne nous aident pas à éclaircir la situation Cependantces statistiques indiquent le rdle très important que la pécheartisanale a joué dans l'approvisionnement en poisson du pays, dumoins jusqu'à cette année-ci au cours de laquelle toutes lesactivités maritimes ont été interrompues du fait de la guerrecivile qui faisait toujours rage dans le pays au moment de larédaction de ce document.

Il fut un temps où le Libéria possédait une assez largeflotte industrielle qui atteignait en particulier les ressourcesde crevettes à l'extréme Nord des eaux territoriales et aussiquelque peu, en territoire Sierra Léonais (Smart et Sheves 1979).Liépoque de la péche industrielle au Libéria a commencé en 1955et a été marquée par le développement d'une compagnieparticulièrement grande, le Mensurado, qui comprenait jusqu'a 30bateaux à la fin des années 1970 (EPPLER 1986). Cette compagnie afait faillite après avoir été nationalisée à la suite du coupd'état de Samuel K. DOE. Bien que d'autres compagnies continuentd'exister, au moins de nom, et que de nouvelles aient émergé, laproduction totale des bateaux Libériens a été constammentinférieure à celle de la pêche artisanale durant toute la périodedes années 1980, selon les données officielles du tableau 1 ci-dessous.

* Traduit de l'anglais

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Source: Flowers 1986, for years 1980-85; Bureau of Fisheries1989, (partly processed data sheets) for 1986-88.

On doit faire ici quelques remarques additionnelles:

Tout d'abord, la °Naiad des données statistiques est tellequ'elles doivent étre traitées avec beaucoup d'attention.

La production industrielle des crevettes a officiellementchute de fagon dramatique de 1970 b. 1980. (De 1973 laproduction était de 300 tonne par an au moins)

Une estimation bien fondée et récente (Radcliffe et Lindley1988) porte la production à environ deux fois les donnéesofficielles de ces dernières années c'est-&-dire environ15000 tonnes, alors que les productions industrielles sontseulement de 3700 tonnes environs.

2. Le développement de la péche artisanale et les premièresmigrations

Les premiers rapports sur la péche et les pécheurs auLiberia, ou plutöt sur ce qui était connu sous le nom de la cötede Mallaguette par les premiers explorateurs européens, sontceux de Duarte Pacheco PERRE1RA (Voir par ex .de Surgy 1969;CHAUVEAU 1986). Dans son fameux périple le long de la cöte OuestAfricaine 1506-1508 il mentionne "les nègres" qui habitent au-del& de "RIOCESTOS" (Cess River ou Rivercess) et ceux de "GRANDSESTERS" (Grand Cess) auxquels il fait reference comme

"De grands pécheurs qui vont pécher è 2 ou 3 lieues dans lamer avec des pirogues ressemblant A des navettes de tisseran"(de Surgy 1969:1)

Il y a peu de doute que ces gens sont ceux qui sont devenusles KRU ou les KROUMEN et qui sont toujours bases sur la Sluezone cötière. Certaines sources affirment une origine plusrécente des KRU, par exemple HAYDEN, qui fait reference à quatre

Tahle 1. Total des débarguements par secteur au Libériatonnes)1980-88 (en

1980 1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988

lnd. Fishery, ahrimp n.a. 280 601 844 502 622 181 222 213

lnd. Fiahery, other n.a. 2,416 3,643 4,592 4,169 1,087 7,158 6,543 4.957

lnd. Fiahery, total 5,473 2,693 4,244 5,436 4,671 1,710 7,339 6,765 5,175

Art. Fishery, total 8,318 6,578 5,909 6,280 6,766 6,367 7,108 7,966 6,870

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sources pour affirmer que les KRU ont Hatteint la cate, il y apeut étre seulement 200 ans, après une série d'arretsintermittents au cours d'un voyage commence dans une region al'Ouest du Soudan (1971:2). Cependant, la plupart des sourceshistoriques et anthropologiques suggérent autre chose.

Il y a tout de méme une grande confusion autour du terme KRUou KROU puisqu'il désigne une ensemble de region culturelle ou unassemblage de groupes ethniques, 6 au Liberia et 12 h 15 en Cated'Ivoire (Schwartz 1974; Massing 1980). Le KRU est ainsi appeléNanakru en Cate d'Ivoire alors qu'au Liberia et en Sierra Leoneil est simplement appelé Kru, tandis que les autres sous-groupes ont des noms différents (par ex.: Grébo, Krah, Bassa etc.voir la carte).

Les premiers européens en Afrique de l'Ouest &talent trèsimpressionnés par ces gens qui s'aventuraient en haute mer dansde minuscules pirogues, et les Portuguais, les Hollandais lesFrangais et les Anglais les engageaient aussi bien comme marinsque comme débarcadeurs pour transporter les gens et lesmerchandises à travers la redoutable barre. La citation suivantefaite par un capitaine du 196 siècle donne un exemple de laconsideration que les Européens avaient pour les Kru.

PLAN I. La région culturelle de kru.

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"Je ne dois pas oublier les gargons KRU - bons,naturels, instinctivement marins, presque amphibiens.Leur origine est la region de Sinou dans la partiecentrale de la Republique du Liberia. On les trouvetout le long de la cate. Au fait je ne sais pas cequ'aurait fait la cöte sans eux. Ils sont d'une valeurinestimable, et représentent généralement la tribu dela cöte Ouest Africaine la plus utile et la plusimportante aussi bien à terre qu'en mer. Sans euxserait difficile de travailler, sur cette ditepaludéenne, nos hommes-de-guerre, bateaux à vapeur,bateaux étrangers, tout le chargement et déchargementétant effectué par eux". (Maloney 1883:20)

Leur association avec les bateaux et leur travail actuelcomme membre d'équipage, ont conduit beaucoup de gens a croireque le vrai nom KRU (ou KROU) vient du mot anglais CREW. Maiscette appelation precede l'expansion anglaise en Afrique del'Ouest. Schwartz retragant l'utilisation du nom dans sa premièreversion portuguaise, KRAO, à la fin du 166 siècle appelle saressemblance avec le mot CREW une simple "coincidence phonétique"(1974:1)

Il est peut-étre curieux qu'un groupe de personnes ayant unefamiliarité aussi evidente avec la mer, sans consideration pourses dangers, et sans rivaux en tent que marins ne se soit jamaisdéveloppé en un ensemble de pécheurs également compétents. Lapéche a toujours été une importante activité chez les KRU,spécialement certains clans comme les KLE-PO, ou "hommes-poisson"(MASSING-1980:240). En effets plusieurs récits de voyage de ladöte libérienne en particulier au 196 siècle se referentspécialement a ces "hommes-poisson". Cependant, méme aujourd'hui,leurs méthodes de péche et leur embarcation sont restéesinchangées depuis que PERREIRA a rencontré pour la première foisleurs pirogues "en forme de navettes", il y a pres d'un demimillénaire.

Cela n'a pas empéché les pécheurs KRU de migrer hors del'étroite cöte des comités actuels de SINOE et GRANDKRU. Toutd'abord, ils se sont répandus le long de la cote libérienne etont établi des communautés de péche distinctes dans les villesditières en expansion et aujourd'hui, il y a des quartiersnommés "Kru town" a Monrovia, Robertsport, Buchanan (Zetterstrom1969) et Harper. Ils dominent aussi la bande dötière de SASSTOWNjusqu'a l'intérieur dans la region de MARYLAND.

La migration A travers les frontières nationales a étéprécoce à cause probablement de l'importante demande de Kruspour servir de débardeurs. A Freetown, il y avait une communautéKru établie depuis le début du 18è siècle, et comprenant à unmoment 2000 individus. Bien qu'ils aient pu are utilisesd'autres tAches, de Surgy à certainement raison en suggérant

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qu'il devait y avoir des "Nanakrou" c'est-a-dire des pécheurs,parmi eux (1969:133). La migration des pacheurs KRU vers leursétablissements de l'Ouest de la Cate d'Ivoire a certainement eulieu a la fin du dernier siècle avec l'installation officiellede ports de commerce à Tabou, Bérébi, San Pédro et Sassandra bienque l'installation de communautés de péche plus ou moinspermanentes s'est faite beaucoup plus tard. De Surgy (ibid)suggère 1940 pour Tabou et 1952 pour Sassandra.

Cependant, au Libéria l'arrivée de migrants ghanéens, fantiet anlo-ewe a été encore plus importante pour la production depoisson du pays.

Selon la communauté fanti à Harper, les pécheurs fanti ontd'abord commencé à arriver dans les armées 1920. GRUVEL (citépar de Surgy 1965 et 1969) mentionne la présence de pécheursfanti dans les environs de Tabou et du caté Ivoirien de laFrontière en 1912. Les informations provenant de Harper sont doncvraisemblables, considérant l'expansion des Fantis vers l'Ouestet, a partir de Harper (Cape Palmas), vers le Nord-Ouest au débutde ce siècle. VON GNIELINSKI (1972) dit cependant que les Fantisont arrivés en 1930 seulement mais il n'est pas clair surl'origine de cette information.

Dans les années 1940 il semble qu'il n'y avait presque pasde pécheurs Fanti au Libéria, peut étre à cause de la guerre;quand ils repartirent on les considera avec suspicion supposantqu'ils avaient kidnapé des enfants pour des cérémoniesrituelles. Il est intéressant de savoir que, comme l'a dit deSurgy (1969), de telles accusations sont aussi faites à l'égarddes Ewe en Cate d'Ivoire et sont probablement non fondées. Il estpossible que les fanti aient été utilisées comme boucsémissaires pour couvrir des sacrifices humains commis par dessociétés secrètes Américo-Libériennes, comme c'est arrivé en1986.(4). En 1952, en tout cas, un maitre pacheur de la FAOenregistrait 110 pirogues ghanéennes de 8m de long en moyenne lelong de la cate Libérienne, la moitié d'entre elles étantMonrovia (Van Pel 1954). Il estimerait aussi la productionarmuelle des pécheurs fanti et des "popoh" à 2640 tonnes. Deuxans plus tard, un de ses collègues rapportait que "plusieurs"fanti étaient en train d'opérer en dthors de Rivercess et que"d'autres" étaient à Sinoe (Geinville). Il n'a fait cependantaucune mention de Monrovia (Fredriksen 1957).

On en sait moins au sujet des origines des migrations Anlo-Ewé mais il semble qu'elle soit de date plus récente,probablement aprés la seconde guerre mondiale. Il estintéressant qu'on les appelle Popoh au Libéria, bien qu'il soitétabli sans aucun doute qu'ils sont Anlo-Ewé malgré le faitqu'ils aient vécu au Togo et au Bénin où ils sont peut étre nés.

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3. Structure et répartition actuelles des pecheurs artisans auLiberia.

a) Les pécheurs nationaux: Les KRU

Plusieurs estimations officielles donnent le nombre total de700-900 pirogues, le dernier recensement en 1985 donne le nombrede 859 (THORNES 1986) travaillant à partir de quelque 35débercaderes dans 7 regions. Cependant au cours d'une etudeextensive de la c6te Libérienne sponsorisée par la CEE en 1988,Ratcliffe et Lindley ont dénombré pas mains de 1000 pirogues(1988:22). Les productions correspondantes des KRU étaient moinsimpressionnantes, une moyenne de 1 tonne par an par pirogue soitun total d'environ 1000 tonnes.

La raison en est que beaucoup de pecheurs KRU continuent detravailler de la méme manière que depuis toujours à savoirpartir de petites pirogues d'une a deux personnes (le plussouvent une seule) et presque exclusivement à la ligne de main.La pirogue standard KRU a 3 à 6m de long, environ 40 à 50 cm delarge avec une bordée extremement basse. Elle est équipée d'unevoile rudimentaire le plus souvent faite de vieux sacs et quis'élève lorsqu'un petit vent souffle de la terre le matin et versla terre le soir. Ceci influence aussi le type de peche: lespécheurs Kru vont d'habitude tres t6t en mer et reviennent dansl'apres midi.

Quand il n'y a pas les voiles, les pagaies restent leprincipal moyen de propulsion des pirogues kru et c'est un durtravail pour les pecheurs que d'atteindre les fonds rocheux oùils préfèrent pécher. Ainsi, il est rare que les pécheurs fassentplus d'une marée tous les deux ou trois jours, l'effort physiqueétant tel qu'ils ne peuvent pas sortir tous les jours.

L'engin de péche utilise est le plus souvent limité a laligne de main avec des hamegons appatés de différentes tailles:la ligne pour pecher la dorade sur les fonds rocheux est souventcomposée de trois hamegons N° 6-8, la ligne pour le mérou surles fonds plus marécageux, de deux hamegons 2-4, et la ligne pourpecher les mackerels et petites dorades sur les fonds sableux de7 hamegons N° 9-10. Une ligne avec un hamegon N° 2-4 estutilisée pour la péche de surface et entre deux eaux, (Anum Doyi1987:7). Les pecheurs emportent avec eux une selection d'hamegonset de lignes. Ils utilisent aussi parfois la ligne de trainel'aller comme au retour de péche.

Les filets sont rarement utilises, les Kru se plaignant dene pas pouvoir les ramender. A Harper un certain nombre de filetsavait été introduit chez les Kru dans les années 1940 (Wentholt1987) mais leur utilisation n'a pas eu plus de longévité que lesfilets. Un autre facteur limitant pour l'utilisation des filetsest la taille des pirogues: avec la plus petite pirogue, il est

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pratiquement impossible de mouiller et de relever le plus petitfilet maillant. Ce n'est pas la méme chose avec les plus grandespirogues de 2 a 4 personnes qui peuvent avoir jusqu'a 8 metres delong avec une grande largeur et un bordé assez haut quiréflètent l'influence de la pirogue ghanéenne. Quelques unes,(moins de 20 dans tout le pays) sont équipées d'un puits pourrecevoir des moteurs de 10-25cv et sont utilisées pour desméthodes de péche plus avancées comme la 'the au filet maillant.Au cours de leur recherche, Ratcliffe et Lindley ont identifié"moins d'une douzaine de pécheurs Kru qui aient fait un progrèsremarquable" (1988:21); c'était des exceptions, "des gens motivesqui ont rompu avec les attitudes sociales communautaires desKrus" (ibid:23), c'est peut-étre la une affirmation un peuemphatique et européocentrique.

Néanmoins Ratcliffe et Lindley sont en train de travaillersur un facteur qui ne peut étre négligé: l'organisation socio-culturelle de la société Kru qui pourrait étre un vrai obstacle aune péche technologiquement plus développée que celled'aujourd'hui. Trop souvent les pécheurs Kru sont traités depécheurs a mi-temps peu qualifies (par ex. Jorion 1986, Eppler1986 et méme Ratcliffe et Lindley 1988). Ceci peut-étre remis encause. En ce qui concerne leur competence en matière péche, untechnologiste des péches experimenté du Ghana, élevé dans unecommunauté typique de ligneurs Adan a fait ce commentaire:

"Les pécheurs Kru sont généralement décrits comme étantgrossiers et incompetents, mais selon mes observationsa Harper, je suis convaincu que ces pécheurs a la lignesont hautement expérimentés dans leur travail". (AnumDoyi 1987:9).

En ce qui concerne la péche a mi-temps, il est vrai quecertains pécheurs Kru (mais pas tous) dans les villes, Monroviaen particulier, adherent à leurs traditions en ce qui concerneles bateaux et travaillent maintenant le plus souvent commedockers ou débardeurs péchant pendant leur temps libre quandn'y a pas de travail au port. Dans les campagnes cependant ilss'adonnent à peu d'activités économiques autres que la peche.Meme chez eux où ils possèdent des terres, peu de temps estconsacré a la ferme. Dans le système traditionnel Kru, base surla technique du brûlis, les hommes sont seulement responsables dunettoyage de la terre qui pourrait prendre seulement quelquessemaines dans l'année. Toutes les autres activités commel'ensemencement, la récolte restent les occupations des femmes.Ainsi les hommes sont bien libres de continuer la peche qu'ils nepeuvent cependant pas pratiquer aussi souvent que les autrespécheurs a cause des efforts physiques et du besoin d'avoir desjours de repos.

Un autre facteur est le revenu relativement faible tire dela péche a. la ligne en dehors des centres principaux

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d'habitation. Bien que les Kru produisent du poisson de hautequalité, cela leur rapporte rarement beaucoup d'argent en dehorsde Monrovia ou de Buchanan. De rapides etudes de marché mendes àHARPER en 1986 et en 1987 (Haakonsen et Sheves 1986, Wentholt1987) indiquent que les prix des espèces comme le mérou et lacarpe rouge étaient seulement 25 a 50% plus élevés que ceux descarangues et des brochets et dens la fourchette de 1-1,50$Libérien par kg (6).

Les prises aussi sont modestes le plus souvent. Au coursd'une visite à Grand Cess en Novembre 1986, toute la productionde 24 pirogues a été observes. A part deux pirogues qui ont péchéchacune un grand requin, et une autre un espadon de 20 kg, lamajeure partie de la production était des poissons d'un poids endessous de 10 kg et quelques uns entre 10 et 15kg. Il est peuprobable que la production totale de l'ensemble des 24 piroguesqui avaient débarqué ce jour là, dépassent $200 Libériens, lesprix du marché de Grand Cess étant plus bas que ceux de Harper(Haakonsen et Sheves 1986).

La production au cours de trois marées de 18 pirogues Kru àGreenville au cours du mame mois en 1986 avait été légèrementmeilleure Les prises assez hétérogènes, atteignaient ici untotal de 591 kg pour une moyenne de 10,9 kg par pirogue et pardébarquement. En comparaison, la production de 6 pécheurs fantiutilisant des filets maillants de maille de 2 - 3,5 pouces, àbord de grandes pirogues de type Kru était en moyenne de 18,1 kgde Polydactylus etiou de Pseudotolithus).

On doit se rappeler cependant que le coût d'investissementet d'opération des Kru est très bas. Une petite pirogue qui coûtede 50 à 150 dollars une longévité de plusieurs années; la voileet les pagaies ne sont pas coûteuses de méme que les lignes, leshamegons et les lests. Les seuls coûts d'opération auxquels lesKru font face sont ceux des spits qui sont de preference lasardine qu'ils achètent chez les fanti mais qu'ils peuventpécher eux-mémes avec des éperviers.

b) Les pécheurs nationaux: les Grebo

Les Grebo sont apparentés aux Kru (Massing 1980, suggérantqu'ils soient appelés les Kru orientaux) mais n'ont pas la mémetradition maritime. Néanmoins, ils pratiquent la pache cftière,avec souvent de bons résultats. Ratcliffe et Lindley ontmentionné des pécheurs à l'épervier à Harper (la plupart étaientprobablement Grebo mais ce n'est pas confirmé à 100%) attrapantjusqu'a un panier de petits mulets en un jet; prises qu'ilsdisent, avec raison, étre "plus élevé que la production deplusieurs pécheurs Kru en une journée" (1988:21 en appendix 3).

Les Grebo sont par ailleurs connus pour deux spécialitésdans la péche. L'une est la plongée pour la péche aux huitres

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géantes de 15 cm qu'ils détachent du fond rocheux avec un marteauet un burin. La seconde, hélas, est l'utilisation de la dynamite,l'un des rares exemples en Afrique de l'Ouest. Cette méthode nonseulement détruit les zones de frayère, mais elle est en outretrês peu économique étant donne que c'est seulement une toutepetite partie du poisson étourdi qui est recupérée. L'utilisationde la dynamite est très dangereuse, ce dont témoignent quelquespêcheurs aveugles ou manchots. En gros la contribution des Grebeà la production nationale est insignifiante.

e) Les pêcheurs immigrants: les Fanti.

De bonnes descriptions des pêcheurs fanti ont été faitesdans d'autres publications (par ex. de Surgy 1985 et 1969,Vercrujsse 1984, Christensen 1978: etc.) et seront débattues endetail dans d'autres documents au cours de ce forum. Ainsi seulesleurs caractéristiques principales jugées pertinentes parrapport au Liberia seront traitées ici.

Nous avons vu que les Fanti ont été actifs au Liberiapendant une longue période avec une interruption possible aucours de la deuxième guerre mondiale. Aujourd'hui la plupart despécheurs fanti viennent de Komenda, le Komenda anglais enparticulier (oppose au Komenda Hollandais à quelques km). Cetteaffirmation confirme les observations de Surgy (1969:241) de laCete d'Ivoire qui conclue que les pêcheurs Fanti à l'extérieur seregroupent en fonction de la zone ou du village d'origine.

Aujourd'hui il semble que les fanti soit fermement installéset presque absorbés dans la société Libérienne (tout en gardantleurs caractéristiques socio-culturelles fanti). Probablementcause de la longue distance qui les sépare du Ghana, les contratsavec les compagnies sont plus longs, (3-7 années) que ceux desautres pays où les fanti immigrent. Seul un homme important, lepropriétaire de pirogue, peut se permettre d'aller en visite à lamaison au cours du contrat. Les membres d'équipage doiventattendre la fin du contrat. Beaucoup d'entre eux peuvent ainsisigner un second, un troisième ou un quatrième contrat auLiberia. L'intégration apparente ne fait pas encore de cespécheurs des citoyens libériens a part entière, même ceux qui ontvécu là-bas pendant 20 ans ou plus, conservent leur citoyennetéghanéenne. Beaucoup vivent aussi dans de pauvres conditionsd'habitation n'osant pas investir dans une veritable maison etdans des meubles de peur de tout perdre brutalement un jour. Detels investissements sont faits dans leur village natal au Ghana.

Les données sur le développement du nombre de piroguesfanti comprenant ici quelques pirogues Popoh - ont poussécertaines personnes à dire que la péche artisanale a étéstagnante ou même en déclin en particulier dans les années 1980(par ex. Ssentongo 1987, Eppler 1986). Le problems peut residercependant encore dans de mauvaises statistiques. Les données

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officielles et les estimations les plus citées sont ci-dessous:

Tableau II. Les pirogues Ghanéennes au Liberia.

Haakonsen et Sheves 1986; Ratcliffe et Lindley 1988(7)

Une attention particulière doit étre accordée aux données de1988 tirées de l'étude de Ratcliffe et de Lindley qui est sansdoute l'enquéte-cadre la plus fiable des dernieres années.L'étude donne aussi les chiffres les plus importants depuispresque quatre décenies, indiquant tout sauf le déclin de lapéche au Liberia. Par ailleurs, on doit se rappeler que, alorsque les pirogues comptées par Van Pel en 1954 avaient en moyenne8 metres de long, celles comptées en 1988 étaient entre 9 et 17met étaient équipées de moteurs hors-bord de 25, 40 et 50 cv.

Ne connaissant pas la distribution exacte de ces piroguespar type ou par taille, aucune estimation exacte ne peut étrefaite du nombre des pécheurs Fanti au Liberia. Mais une bonneestimation basée sur une moyenne de 12 hommes par pirogue (y

compris les apprentis) donnerait le nombre total d'environ 3000pécheurs. En plus, il y a les familles, la plupart fantiégalement. Comme au pays les épouses et autres femmes fanti sontdes fumeuses, des commergantes et dans certains cas, desbanquières. Quelques pécheurs fanti ont épousé des femmesautochtones, le plus souvent des Kru, mats cela a peu d'impactsur le modèle traditionnel.

La plupart des pirogues fanti sont exploitées à partir desquelques bases protegees la cate Libérienne, offertes par unfacteur contribuant à la longévité des pirogues(8). Ceci peut&tie important &tent donne que les pirogues ne peuvent êtreachetées qu'au Ghana et amenées par voie maritime. Bien que leTriplochyton Sclerexiton qui est l'arbre dans lequel on 'bailie lapirogue, existe quelque peu au Liberia, il n'y a pas, dans cepays, de tradition pour la construction des pirogues de ce type.

1950 - 1960 44 1970 86 1980 1671951 - 1961 42 1971 65 1981 1821952 - 1962 80 1972 50 1982 2061953 - 1963 52 1973 48 1983 1921954 110 1964 65 1974 54 1984 1881955 - 1965 91 1975 88 1985 1471956 - 1966 26 1976 83 1986 246*1957 - 1967 53 1977 77 1987 -

1958 - 1968 43 1978 179 1988 2681959 - 1969 63 1979 252

Sources: Van Pel 1954; Eppler 1986; Flowers 1986; Ssetongo 1987;

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Les pécheurs utilisent fondamentalement le méme engin qu'auGhana, parmi les plus importants le WATSA (senne tournante) et leAli (filet dérivant à sardinelle (filet encerclant) qui sontutilises pour pécher les principales ressources de la pécherieartisanale, come les sardinelles (AURITA et MADERENSIS) et lebonga (Ethmalosa Fimbriata). L'engin utilise en saison creuse etdestine aux plus petites pirogues est principalement le Tonga quiest un filet dormant (50-65 m/m maillage étiré, 2m de chute), leTengof qui est un filet dormant (100 m/m maillage étiré, 2m dechute) le épabua ikafani qui est le filet à requin (180 m/m - 270m/m maillage étiré 9-10m de chute) et le Cedi filet dérivant (100m/m maillage étiré 10 m de chute) (Anum Doyi 1987:5). On doitaussi rappeler que certains pecheurs utilisant le filet dormantont adopté des pirogues construites localement qui pourraientétre les plus larges pirogues Kru avec des bordées plus hautes,observées par Ratcliffe et Lindley.

La commercialisation et les debauches ne constituent pas unproblème pour les pécheurs fanti étant donné que le poisson fumeest apprécié dans tout le Liberia et qu'il est envoyé en partieau dela de la frontière Guinéenne. Les femmes des pécheurssuivent la méme procedure qu'au Ghana pour fumer le poisson,spécialement les petits pelagiques. Ce n'est seulement quandelles ne peuvent pas traiter tout le poisson qu'elles en donnentune partie à fumer aux femmes Kru. Sinon les femmes Krou vendentle poisson au detail, en particulier, le poisson frais dans lesvilles c6tières, tandis que la grande partie du poisson fumedestine au marché interieur est prise en compte par lescommercants Mandigues et d'origine autre. (Akérélé 1979).

La principale contrainte que rencontrent les pécheurs fantiau Liberia ces dernières années se resume au manque de moteurs,de pieces détachées et de filets de toutes sortes, en plus duprobleme de remplacement des pirogues.

d) Les pécheurs Immigrants: Les "Popoh"

Comme on l'avait expliqué plus tft, les "Popoh" sont en faitdes pécheurs de senne anlo-ewe. Ils sont tous concentrés dansdeux endroits, les plages popoh de Monrovia et de Robertsport.Les compagnies de senne de plage sont probablement au nombre de 7ou 8 certaines utilisant de tres vieilles pirogues monoxylesghanéennes, d'autres, de grandes "pirogues Kru" construiteslocalement. Les compagnies ont des equipages de pas plus de 8personnes (Jorion 1986:9) et les sennes de plage observées sontpetites et en mauvais état habituellement. Certains Kru sontembauchés journalièrement pour le halage des sennes.

Les "Popoh" semblent s'étre installés il y a longtemps auLiberia, le chef pécheur à Robertsport par exemple, bien qu'étantné sur la péninsule Anlo, est arrive en 1960 apres avoir quittéle Benin et le Togo. Les "Popoh" se plaignent aussi du manque de

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materiel de pêche mais semble étre dans un état de déclingeneral, contrairement a la communauté fanti. Leur contribution ala production du poisson dans le pays est extrémement modeste.

e) Les autres pêcheurs immigrants

Il y a encore une catégorie de pêcheurs artisans étrangersqu'il ne serait pas juste d'appeler immigrants, étant donnequ'ils restent seulement quelques jours dans les eaux libériennessans jamais toucher la terre. Ce sont les Lebou et les ligneursGa bases à San Pedro (Cote d'Ivoire) à quelque 120 km de lafrontière, équipés de 600 litres de carburant et de glace pourune semaine, ils s'aventurent dans les eaux au Sud du Liberia oùde nombreux fonds rocheux offrent des poissons de haute qualitéqui sont vendus a de très bons prix en COte d'Ivoire. Dire quecette activité est illégale se passe de commentaire, mais elleest incontrOlable et probablement moins préjudiciable auxressources libériennes que le déversement dans les eaux deproduits indésirés par plusieurs crevettiers.

Il est intéressant de noter que il y a eu des tentativesd'installation des ligneurs à Harper, mais ceci a entrainé uneindignation et une opposition locale vigoureuse: la pêche a laligne a toujours été et restera une activité des km du Liberia.C'est un domaine où les pêcheurs étrangers ne sont pas du toutacceptés.

4. La_politique gouvernementale et l'impact des pêcheursimmigrants au Liberia.

La politique des pêches au Liberia est en general inadequateou inexistante et en tout cas faiblement appliquée, exceptéepeut-être, au niveau local. Le gouvernement a généralement ététolerant avec les pêcheurs immigrants comme les fanti parexemple, mais ceci semble être dû a un "laissez-faire" plutftqu'à une politique établie.

La règlementation qui affecte les pêcheurs artisans le plusdirectement est la licence annuelle qui est de $40 ou de 50 pourles grandes pirogues fanti et de $10 ou 15 pour les petitespirogues (km). Il n'y a pas de doute que les pêcheursspécialement les pêcheurs immigrants paient effectivement cestaxes aux employes du département des péches, bien qu'ellesn'apparaissent pas toujours dans les documents du bureau despêches a Monrovia.

Plus obscure encore est l'application du règlement qui ditque seules sont autorisées à pécher des compagnies de pêcheétrangères ayant une association libérienne de 51%; une régleapparemment congue pour les compagnies industrielles. Cependant,Sinou, ceci est (ou était en 1986 au moins) sur le point d'être

appliqué aussi aux compagnies fanti. Celles-ci ont résolu le

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problème en employant les services d'un "partenaire" local quis'engage sur papier a étre le responsable libérien encontrepartie d'une taxe initiale et un certain pourcentage de laproduction journalière. Des applications locales similairesd'autres règlements reels ou imaginaires, semblent ne pas étreune cause de chagrin pour les pecheurs.

Il semble qu'il n'y ait pas de legislation concernant leszones de péche artisanale et industrielle, méme si celle-ciexistait, elle serait probablement inapplicable également. Cecientraine parfois des conflits entre les deux secteurs souventparce que les engins artisanaux sont détruits par les grandsbateaux et leur chalut. Ces conflits se limitent pourtant dans lapartie Nord du pays où il y a de bonnes zones de chalutage. Ausud les fonds rocheux limitent la zone d'opération deschalutiers.

Au sujet de l'impact des pécheurs artisans migrants dans lespecheries du Liberia, il faut distinguer deux niveaux; le niveaude l'impact technique (Education transfert de technologie) et leniveau du secteur de la péche et de l'économie d'ensemble.

Au premier niveau, l'impact doit are considéré comme étantmodeste. En terme de technologie des péches, près de 3/4 desiècle de contact intime et de cohabitation (les fantis souventhabitent dans ou près des villes Kru) n'ont pas suffit au Fantipour apprendre à leur homologue les innovations techniques lesplus simples, comme par exemple le ramendage. Ce n'est pas qu'ilsn'aient pas essayé; la plupart des fanti se moqueraient de l'idéed'embaucher un Kru comme membre d'équipage. Mais de l'autre côté,un Kru n'accepterait jamais de se rabaisser a se faire commanderni d'adhérer a un contrat de compagnie. Il semble cependant qu'ily ait peu d'animosité entre les les deux groupes. Chacun pratiquesa propre peche et les deux se complètent.

Par ailleurs, l'impact des pécheurs immigrants sur laproduction du poisson au Liberia est grand et très positif engeneral, de notre point de vue. Tout d'abord ceux-ci fournissent

la population autochtone du poisson localement péché, la plusgrande partie de la production &tent absorbee sur place. Leurcontribution à la production totale du poisson pourrait étrebeaucoup plus élevée que ce qui est mentionné au tableau 1.Ratcliffe et Lindley pensent que la production artisanale seraitdeux fois plus grande que ce qui est officiellement rapporté etsuggèrent les données suivantes pour la production réelle depoisson.

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Tableau 3. Estimation de la composition de la production aupoisson au Liberia

Fournisseur Tonnes/an

Pécheur Fanti 14.000

Pécheurs Kru 1.000

Chalutiers locaux 1.200

Chalutiers étrangers (non prévu) 2.500

Importation (congelés) 13.200

Total 31.900

Source: Ratcliffe et Lindley 1988:30)

Cela veut dire que les Fanti produisent 93% de la productionartisanale 76% de la production domestique totale et 44% del'approvisionnement total dans le pays.

Les mémes auteurs calculent aussi certains beneficesdirects de l'activité des pécheurs immigrants pour l'économielibérienne: D'abord, les fanti introduisent des investissementsconsidérables, une estimation conservatrice de la valeur de laflotte et des engins fanti étant de US$8 millions (la plupartvenu de l'extérieur); ensuite la production des Fanti (quin'aurait certainement pas pu étre fournie par les Kru ou laflotte de chalutiers locaux) représente une substitution b.

l'importation d'une valeur "d'au moins" $10 millions (1988:2). Cesont la des chiffres importants pour un pays défavorisé de 2millions d'habitants seulement.

L'impact économique indirect sur les libériens est plusdifficile à estimer. Bien que la plus grande partie du poissonproduit par les fanti soit traitée par les femmes fanti, lacommercialisation du produit transformé est l'affaire desLibériens. Des milliers de personnes doivent dépendre directementde ce commerce et un millier d'autres plus indirectement (parexemple les chauffeurs, les mécaniciens, ceux qui préparent lanourriture ou qui logent les commergants de longues distanceetc.). Pour prendre un autre exemple, le bois utilise pour lefumage du poisson et les transformatrices, est généralementtransporté à $150 par chargement, par des camions. Il est coupepar des btcherons libériens et transporté par des chauffeurslibériens: combien de chargements de camion sont-ils nécessairespour fumer près de 14.000 tonnes de poisson? Combien d'emploislocaux créés juste pour cette operation?

La réponse exacte ne peut étre évidemment donnée, mais les

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/

0 50 100km

Buchanan

164

exemples présentés devait suffire à illustrer le fait quel'impact global des pécheurs immigrants au Liberia est

probablement profitable pour le pays, sans mentionner lespécheurs eux-mémes. Actuellement, à cause des circonstancestragiques au Liberia, la p6che n'est plus pratiquée dans le pays.Beaucoup de pécheurs ont été évacués au Ghana(9) et des gensmeurent de faim. On espere que la guerre va bient6t finir et queles pécheurs fanti pourront de nouveau, aider à nourrir lapopulation Libérienne.

PLAN II. Communautés de pacheurs artisans - Libéria.

12" 1 70' o 8'

O ComounautésFanti. ."1. ...01 .Ç__'' I., Cominunautés Krut ....lb,

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165

NOTESLe département des péches admet (officieusement) que sesstatistiques sont basées sur des données de terraininadéquates et douteuses. Ceci peut étre confirmé par nostentatives pour obtenir les statistiques locales en 1986 et1987 à Harper à Greenville et Robertsport. Malgré quatrevisites et plusieurs promesses, pas un seul cbiffre n'a étéobtenu à Harper. A Greenville la prise de statistique d'unejournée sur le production de 7 pirogues a montré unedistribution plus ou moins equitable des espèces comme, lebarracuda, la Sardinelle, ilisha, caranx, le requin,l'espadon, le capitaine, le maquereau, et le bonga: toutesles pirogues sauf une ayant débarqué au mains 15 kg decheque espèce. Enfin à Robertsport, les productionsenregistrées, toutes espèces confondues étaient de 45 kg parpirogue, é l'exception de quelques cas qui ont péché 35 kgavec une grande variété dans la composition de laproduction.

Selon des statistiques officielles qui n'ont pas étépubliées, (Bureau des 'Aches 1989) il y avait jusqu'à 45chalutiers Liberians dans le pays dont la plupart étaient de150-500 tonnes. Cela semble étre un peu excessif compare auxannées précédentes comme le montre le tableau ci-dessous.Ces statistiques pourraient avoir pris en compte les bateauxbattant pavillon de complaisance, enregistrés au Liberia etutilises en Afrique de l'Ouest, mais en dehors des eauxLibériennes.

Nombre de Chalutiers industriels au Liberia

Sources : données de base FAO pour 1979-1987 bureau des péchespour 1988.

Un point pertinent ici au sujet des bateaux de pécheindustrielle en exploitation au Liberia est que beaucoup sontactuellement dans des compagnies étrangtres et des compagnies co-gérées. Les officiers sont souvent des Européens, Grecs enparticulier, alors que les membres d'équipage sont en grandepartie des Ghanéens, habituellement: un autre exemple demigrations des pécheurs.

1 liène est égal a 3 milles marins ou 5,556 km.

Au début du mois de Novembre 1986, les corps mutilés de deuxjeunes garcons ont été retrouvés a la périférie de Harper:c'étaient évidemment des victimes de sacrifices rituels. 33

1971 1980 1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 198823 13 11 18 24 25 13 34 79 45

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pécheurs fanti ont été immédiatement arrétés comme

"suspects" mais ceci a entrainé de violentes réactions de la

part des étudiants de l'école polytechnique locale et

d'autres membres de la population qui soupgonnaient, à justetitre les membres de l'élite de la ville comme étant lescoupables. Après de grandes manifestations, le 5 Novembre,le gouvernement accepte de mener une enquéte a la fin de

laquelle des personnages de marque de la province de

Maryland, y compris le juge et les representant du parti aupouvoir, ont été jugés coupables et condamnés à mort.

"Aujourd'hui" désigne la situation précédant la guerrecivile dévastatrice.

C'était juste après l'introduction de la monnaie appelée"Doe dollar" qui était à ce moment la 25-30% en dessous dutaux officiel du dollar Libérien $1 = US$1.

Thornes (1986) donne le chiffre de 317 grandes pirogues pourl'année 1985, mais ceci va en contradiction avec toutes lesdonnées de son ministère.

Ratcliffe et Lindley rapportent une longévité allant jusqu'à35 années pour les pirogues ghanéennes au Libéria (1988:11)mais il est clair que ceci n'est pas réel.

En rapport avec l'évacuation du Libéria par bateau demilliers d'Africains de l'Ouest par bateau au début du moisde Septembre 1990. ceux-ci comprenaient 780 Ghanéens deBritish Komenda. Ce village a été visité le 21/9 et le 23/9pour s'enquérir du sort des pécheurs Ghanéens au Libéria.Voici des extraits du rapport (Haakonsen 1990):

La condition des pécheurs ghanéens était meilleure quecelles d'autres groupes durant la guerre civile bien qu'ilsn'aient pas été autorisés à pécher depuis Mai/Juin.

Les seuls accidents confirmés au sein des fantis se sontdéroulés à BUCHANAN où quatre Rantis ont été tués quand lesrebelles ont occupé la ville. A Monrovia, certains pécheurset leur families ont été blessés par des éclats d'obus maisleur principale zone de résidence (Westpoint) est restéehors des fronts de bataille.

Les pécheurs basés à Capemount (Robertsport) ont réussi à seglisser à travers la frontière pour aller en Sierra Léoneavec leurs pirogues et leur engin. De la même manière,quelques pécheurs basés a Harper ont pu traverser pour alleren Cate d'Ivoire bien que certains pécheurs aient étéarrêtés par les forces rebelles dans leur "tentative defuite". Toutes les autres pirogues fanti sont encore dans lepays.

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Akerele,01979

Anum-Doyi1989

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LES MIGRATIONS DE PECHEURS EN COTE D'IVOIRE:Cas des pecheurs mariti mes gbanéens

(Fanti et Etge)

Par R. Delaunay

I. LA PECHE ARTISANALE EN COTE D'IVOIRE : Predominance et vitali-té des pécheurs d'origine ghandenne.

1.1 Les pécheurs

En Cote d'Ivoire, la péche artisanale maritime estactuellement trés largement dominée par des pécheurs originairesd'autres pays tandis que les Ivoiriens sont représentés seulementpar quelques équipes Alladian de péche a la ligne, établiesproximité d'Abidjan ; sur le reste du littoral, la péche maritimen'est plus pratiquée que dans certains villages à titreoccasionnel ou pour assurer un complément alimentaire.

Pourtant, méme si l'on considere souvent que la Coted'Ivoire n'a pas de tradition maritime et si les lagunes ont pueffectivement constituer un milieu protégé plus favorable auxactivités halieutiques, la péche maritime parait are uneactivité ancienne ; dans le cas des Alladian, elle a d'ailleursdonné lieu très tat à des échanges et a connu au début du XXèmesiècle un développement important. Cependant, dans l'Est et dansle centre ivoiriens, l'expansion de l'économie de plantation etl'essor de la péche industrielle a partir de 1950 ont contribuédétourner les cötiers de la péche individuelle "traditionnelle",en méme temps que se développait l'exode des jeunes en villedans l'ouest ivoirien, l'enclavement de la région jusque dans lesannées 1970 et l'essor du "phénoméne Kroumen" (embarquement deshommes sur les navires européens) n'ont pas favorisé ledéveloppement de la péche au delà d'une activité de subsistance,a petite échelle.

Ainsi, parmi les quelques 10.000 pécheurs artisans opérantsur le littoral ivoirien en 1989, on peut estimer que 8.000 a9.000 sont d'origine ghanéenne, notamment Fanti et Ewe, lesautres étant pour la plupart Libériens et Sénégalais(1).

Les pécheurs fanti, originaires de la partie centrale dulittoral ghanéen, sont actuellement implantés sur l'ensemble dela cöte ivoirienne ; leur expansion, amorcée au début du XX &mesiècle en divers points du littoral, est marquée par une grandecapacité d'adaptation aux conjonctures écologiques et/ouéconomiques tant du point de vue des lieux d'implantationprivilégiés que de celui des techniques utilisées. Les pécheursewe (Anlo/Awlan)(2), originaires de l'est du Ghana (rarement du

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Togo), sont quant à eux établis principalement dans le secteurd'Abidjan depuis les années 1930 ; leur implantation en Cated'Ivoire se caractérise par une certaine permanence dans leslieux d'établissement comme dans les strategies de péche. (cf.

tableau 1).

Les Fanti et les Ewe forment les deux principaux groupesd' origine ghanéenne ; de plus, une communauté de pécheurs a laligne Ga, venant de la region d'Accra, est établie a Abidjandepuis les années 1970. Les Nanakrou, pécheurs à la ligne enpetites unites de une ou deux personnes venant du Liberia, commeles Sénégalais, pécheurs a la ligne en grandes piroguesmotorisées, sont pour leur part implantés dans l'Ouest ivoirien.

1.2. La production

Les statistiques officielles situent en general laproduction de la p&che artisanale maritime au niveau de 15 00020 000 T par an pour les armées 1980, soit moins du quart de laproduction nationale totale(3); cependant, d'autres estimationsportent ce chiffre à plus de 30 000 T par an pour les années1984-1985, donc un tonnage comparable h celui débarqué par laflotille industrielle basée au port d'Abidjan (ECOUTIN et al.,1990). Cette vitalité du secteur artisanal se traduit égalementpar le développement remarqué au cours de ces dix à quinzedernières années des campements du secteur d'Abidjan (aproximité du port) où les unites ghanéennes sont venuesconcurrencer la péche sardinière industrielle en mettant sur lemarché un produit de meilleure qualité et à plus bas prix(GUINGUENNO, 1986).

En effet, si dans un premier temps (années 1950 et 1960), ledéveloppement rapide de la péche industrielle semble étrel'origine d'une crise de la péche maritime artisanale, celle-ciconnait un essor remarquable depuis les années 1970 alors que laproduction industrielle a tendance à stagner, voire dimunier, etque les importations de poisson congelé connaissent unecroissance très importante (4).

2. ORGANISATION DES PECHEURS Fanti ET EWE: Structures des migra-tions en Cike d'Ivoire.

2.1. Les campements: structure d'établissement(5)

Les campements de pécheurs ghanéens, implantés actuellementsur toute la Cate ivoirienne, constituent en quelque sortel'armature des mouvements migratoires : ils forment une série depoints d'accueil fixes en fonction desquels s'organisent lesdéplacements saisonniers et les migrations proprement dites (6),a la fois entre le Ghana et la Cate d'Ivoire et le long dulittoral ivoirien.

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Retracer l'histoire des campements permet donc de saisir lesmigrations de pacheurs en tant que mouvement d'expansion ; il nes'agit pas d'un phénomène linéaire motive seulement par larecherche du poisson : des l'origine multipolaire, il estremarqué par des avancées et des replis liés à la fois auxconjonctures écologiques et a liévaluation des débouchéscommerciaux.

Parallèlement, les campements de pacheurs fanti et ewe ontdes modes de constitution différents, ces deux groupes ayantdéveloppé des schemes d'expansion propres. Il est d'ailleurs rarede voir des pacheurs fanti et ewe dans un mame campement ; dansles quelques cas où une telle situation se présente (Vridinotamment), ils forment des communautés séparées ayant chacuneleur chef, leur organisation, etc.

Les campements Fanti sont des groupements d'unités de 'thedont le nombre est très variable d'un campement à un autre etselon les périodes ; la structure permanente des campements estassures par un noyau de pécheurs pratiquement sédentarisés ausein duquel se transmettent les fonctions de chef de campement,chef des pécheurs et notables. Bien que cheque campement soitpluritechnique, certains regroupements par type-de productionpeuvent apparaitre entre campements d'un mame secteur.

Chez les pécheurs ewe, par contre, la specialisationtechnique par campement est très nette : le campement de Vridi,certé d'Abidjan, regroupe les unites utilisant la senne tournantetandis que les autres campements sont specialises dans la péchela senne de plage. Dans ce dernier cas, du fait d'unejuxtaposition des équipes le long du littoral, cheque unite tend

constituer une entité autonome; cependant une certainecohesion est assurée par secteur de cbte grâce à la presence d'unchef, à la fois juge pour les affaires internes et représentantde la communauté vis à vis de liextérieur.

2.2. Les unites de péche(7)

1) structure de production

Une enquéte quantitative mends en août et septembre 1989 surle littoral Alladian (pécheurs ewe à la senne de plage) et aSassandra (pécheurs fanti) complatée par divers entretiens avecdes chefs de campement et des propriétaires d'engins ont permisde saisir certaines caractéristiques du fonctionnement socio-économique des unites de péche.

En general, les engins de péche appartiennent a unpropriétaire, rarement à un groupe de propriétaires; il s'agitle plus souvent d'un homme d'origine ghanéenne, rarement d'unefemme ou d'un Ivoirien(8).

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L'équipe est recrutée au Ghana pour une durée déterminée,l'issue de laquelle a lieu, au pays, le partage des beneficesaprès calcul des dépenses et recettes; cependant, les pécheurspeuvent dans certains cas étre recrutés sur place, les partagesayant alors lieu tous les jours (en poisson) ou toutes lessemaines ou mois (en argent). Les pécheurs mariés viennentaccompagnés de leurs épouses, les celibataires venant quant à euxseuls ou avec une soeur (réelle ou assimilée) ; bien que nefaisant pas partie intégrante de l'unité de péche, ces femmes onten effet un ràle essentiel à jouer en tant que fumeuses etcommer9antes de poisson. Dans la plupart des cas, les femmesachètent le poisson aux pécheurs mais ne versent l'argent quel'orsqu'elles ont elles-méme écoulé leur produit au marché, lesbenefices realises lors de la vente leur revenant (les perteséventuelles étant également à leur charge). Ainsi, à chaque unitede péche est associé un groupe de femmes pour l'écoulement de laproduction.

Les enquétes ont en outre mis en evidence certainesdifferences entre unites fanti et ewe.

Les unites ewe sont spécialisées sur engin utilise tout aulong de l'année. Les unites de péche à la senne de plageconstituent de grosses unites d'une trentaine de pécheursrecrutés au Ghana sur la base d'un contrat de 5 ans ; ces unitesse caractérisent, d'une part, par un souci de preservation ducapital qui allie une gestion communautaire des dépenses(entretien, reparations, investissements) à un fonctionnementtrès capitaliste dans la répartition des remunerations (partageen 4 parts le plus frequent), et, d'autre part, par une duréed'existence très longue qui péut parfois couvrir plusieursgenerations par heritages successifs en ligne paternelle. Enoutre, les propriétaires ewe forment un groupe relativement ferriteau sein duquel se distinguent ceux qui ont "réussi", c'est à direqui sont parvenus a monter plusieurs filets et se trouvent ainsi

la t6te de plusieurs unites de péche.

Les filets utilises par les unites Fanti appartiennentplusieurs types; de plus, les unites de pêche à la sennetournante disposent souvent d'engins secondaires utilisessaisonnièrement. Les équipes comprennent de 3 à 15 pécheurs selonles engins utilises Les modes de constitution des équipes commeles systèmes de partage paraissent diversifies ; lorsqu'il y arecrutement, celui-ci ne s'accompagne pas forcément de lasignature d'un contrat et ne dépasse guère deux à trois ans. Dansle cas des unites de péche à la senne tournante de Sassandra parexemple, le système de partage qui semble le plus frequentaccorde trois parts a chacun des engins de péche (pirogue,moteur, filet) et une part à chaque pécheur, les frais decrburant et d'entretien quotidien du filet étant à la charge del'unité contrairement aux frais de reparation et derenouvellement et aux investissements supportés par le

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propriétaire seul (qui peut cependant emprunter à la caissecommune de l'unité). En général, de telles unités vendent leurproduction non seulement aux épouses des pécheurs, mais aussides femmes avec qui l'équipe s'est mise en contact sur place afind'obtenir desliquidités à chaque retour de pickle. Par ailleurs,si la plupart des unités reposent actuellement sur la propriétéindividuelle des engins, au début des années 1960 la propriétécollective était tits fréquente (cf. de SURGY). Enfin, la duréede vie d'une unité de péche paralt réduite et la concentration demoyens de production entre les mains d'un seul propriétaireparait &tie moins fréquente et moins importante que chez lespècheurs ewe du moins sur place.

2.3. Agent des migrations

Dans la majorité des cas, les unités de péche présentesactuellement à Sassandra et surtout sur le littoral Alladian ontété créées en Cöte d'Ivoire, bien que souvent les propriétairessoient venus d'abord dans le cadre d'unités créées au Ghana. Maisceci ne signifie pas que lesliens soient rompus avec le paysd'origine et que des déplacements périodiques ou définitifsn'aient pas lieu.

Au niveau des équipes elles-mémes, leur principe defonctionnement implique un éclatement périodique conduisant auretour des pécheurs-membres d'équipage dans leur pays d'origine.Cependant, les équipes se constituent fréquemment autour d'unnoyau de pècheurs permanents, souvent parents du propriétaire,notamment chez les pécheurs ewe ; en outre, le recrutement surplace pratiqué par certains chefs d'équipe et l'endettementpossible des pécheurs auprès du propriétaire sont des facteursd'allongement de la durée de séjour des "employés".

Au niveau des unités de péche, les migrations etimplantations sont à mettre en relation avec l'itinérairemigratoire de leurs propriétaires. De ce point de vue, les unitésEwe de 'the à la senne de plage se caractérisent par lapermanence sur le littoral ivoirien, au sein d'un espace limité,mame si certains propriétaires sur leurs vieux jours investissentdans un filet au pays en vue d'un retour éventuel au Ghana, ouont toujours des parts sur des filets "familiaux" fonctionnant auGhana.

Si l'on rencontre des noyaux plus ou mains importants depropriétaires fanti eux aussi presque sédentarisés danspratiquement tous les campements, la mobilité continue d'atre unélément du fonctionnement des unites de péche fanti; elles'exerce essentiellement entre le Ghana et la Cote d'Ivoire et lelong du littoral ivoirien. Ces déplacements temporaires ousaisonniers peuvent étre motivés par l'abondance du poisson, maisaussi par la perspective de prix plus rémunérateurs et larecherche de liquidités(9) elles peuvent are en outre

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l'occasion d'un achat de materiel a plus faible

L'implantation en Cate d'Ivoire a pu are en outre précédéede migrations antérieures dans d'autres pays, notamment au Benin'pour les Ewe et au Liberia pour les Fanti. Il ne m'a pas étépossible, par contre, de saisir de manière precise les departsdéfinitifs de Cate d'Ivoire.

3. PLACE DES PECREURS Fanti ET EWE EN COTE D'IVOIRE: migrants ouimmigrés?

3.1 Relations entre les bécheurs qhanéens et les Ivoiriens

Les relations établies entre pecheurs ghandens et Ivoiriens,tent au niveau des autorités qu'au niveau des villageois, sontcomplexes, pu ceité ivoirien, on insiste beaucoup sur le caracteremigrant des pécheurs ghandens qui forment une populationincontredée et donc suspecte; mais on ne peut nier non plusl'importance de cette population qui pese son poids dans la vieéconomique du littoral à la fois directement par la péche, etindirectement par les ressources financières qu'elle représenteet les activités parallèle qu'elle alimente. Du caté des pécheursghanéens, ce rale économique est mis en avant mais chacun saitaussi qu'il vit dans une situation precaire (les Ewe gardent enmémoire l'expulsion dont ils ont été l'objet en 1958 ; trèsrécemment des maisons de pécheurs ghandens ont été détruites enlagune Aby).

Si des rapports entre les communautés sont distants etméfiants, des liens interindividuels peuvent exister enreconnaissance de services mutuellement rendus (par exempleapprovisionnement en poisson facilité contre tolerance decertains trafics).

Cette complexité se retrouve dans la politique ivoiriennel'égard de la péche artisanale maritime et notanunent dans le rale-assigné aux centres des péches créés dans l'ouest ivoirien, l'unede leurs preoccupations doit étre l'intéressernent des autochtones

la péche afin que les ressources naturelles du pays n'aillentpas enrichir des étrangers(10). Un aspect de leurs activités aété la creation de Groupements à Vocation Cooperative (GVC) parlesquels les pécheurs ont pu avoir accès au credit bancaireivoirien et à des stations d'essence hors taxe; la mise en placede telles structures n'est pas allée partout sans problème, ayanten particulier a composer avec l'organisation interne descampements et correspondant a une volonté de moderniser la peche

* De plus, certains propriétaires Fanti ont pu adopter unepolitique de répartition spatiale des risques en ayant, parexemple, une pirogue dans un campement de Cate d'Ivoire et uneautre au Ghana.

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artisanale mais aussi de l'encadrer et de la contrOler.

Du point de vue de la diffusion des techniques de péche, lapresence de pécheurs ghanéens n'a eu pratiquement aucun effetaupres des Ivoiriens. Non pas tant que les Ivoiriens n'aient pascherché à adopter des techniques d'origine ghanéenne, parfoisavec l'appui du gouvernement qui y voyait une voie demodernisation, mais ces tentatives ont été des échecs.

Dans le cas des villages du littoral Alladian qui ont tentéd'adopter la senne de plage dans les années 1950 et 1960 (11), ilsemble bien que l'échec soit dû non pas a une quelconqueincapacité d'ordre technique ou a un manque de savoir-faire, maisplutöt a des problèmes d'ordre sociologiques. Ces tentativesapparaissent comme l'une des formes de realisation des nouveauxrapports sociaux induits par le développement des cultures deplantation ; leur échec semble provenir en particulier du faitque les détenteurs de filets (souvent de grands planteurs, chefsde lignage ou de village) ne sont parvenus à fixer la maind'oeuvre villageoise qu'ils entendaient pouvoir mobiliser du faitde leur situation dans la hiérarchie lignagère (les jeunes ontrefuse cette prolétarisation au village).

3.2. Motifs et logiques des migrations

D'une maniere générale, les pècheurs expliquent leurpresence en Cote d'Ivoire par le goût des voyages à volonté des'éloigner de leur famille afin de pouvoir constituer deseconomies, motivations déjà relevées il y a 25 ans par A. deSURGY.

Cependant, ces motivations individuelles explicitesparaissent insuffisantes pour rendre compte de la complexité desphénomènes en jeu dans le processus d'expansion des pécheursghanéens en Cote d'Ivoire.

Comme on a tenté de le montrer, migrations Ewe et migrationsFanti reposent sur des dynamiques différentes.

Pour les propriétaires ewe du littoral Alladian (senne deplage), la migration a conduit a une veritable implantation;celle-ci a permis la constitution d'un réseau hiérarchise derelations qui les lie entre eux, où la detention etl'accumulation de capital se traduit en terme de pouvoir socialpar l'accumulation de prestige.

En ce qui concerne les Fanti, la migration semble avoir étéa l'origine un moyen de trouver des sources de financement auGhana, hors des circuits "traditionnels", par la creationd'unités à propriété collective qui ont permis, ensuite,l'émergence sur place d'un groupe de propriétaires. Les formesprises par les migrations se sont alors trouvées modifiées, mais

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la recherche de profit et de rentabilité parait toujours plusforte que chez les Ewe et se traduit par une plus grande mobilitédes unites et une péche plus diversifiée. Ainsi, de méme que lemouvement d'expansion des pécheurs ghanéens en Cate d'Ivoiren'est pas linéaire, il n'est ni uniforme ni univoque.

Cependant, si la presence actuelle de pécheurs ghanéens enC6te d'Ivoire apparait bien comme le resultat d'un phénomèned'expansion et d'implantation sur le littoral ivoirien, il n'endeméure pas moins que ces pécheurs conservent des liens tresétroits avec le Ghana où ils construisent des maisons en dur etréalisent certains investissements (filets, plantations...). Parailleurs, ils affirment un &tat d'esprit de migrants lorsqu'ilsdéclarent étre prets à partir vers d'autres pays si la situationtendue que connait actuellement la C6te d'Ivoire se détériore.

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NOTES

D'après les chiffres avancés par le CRO d'Abidjan (J.KONAN)reposant sur les recensements des agents du CRO dans l'estet le centre ivoirien et ceux des Centres des Péches dansl'ouest. Malheureusement, les chiffres globaux ne précisentpas la répartition des pécheurs par ethnies et origines.

Ces pécheurs sont appelés "Awlan" en Côte d'Ivoire, termequi comporte de fortes connotations péjoratives (enparticulier on associe Awlan et pratique des sacrificeshumains). La confusion entre l'ethnonyme Anlo et le termeAwlan explique probablement que les pécheurs de ce groupeétablis en Certe d'Ivoire se disent plutôt Ewe. Parassimilation, ils sont aussi parfois appelés Béninois ouPopo, ayant été accueillis par des gens de cette originecomme par exemple à Tabou ou ayant eux-mémes effectué desmigrations antérieures au Benin.

Bien que les estgimations du volume des débarquements partype de production soient variables, on retiendra cellesavancées par J.P. WEIGEL pour 1984 afin de donner une idéede l'importance relative des différents types dans laproduction nationale

Péche industrielle 31.960 TPéche maritime artisanale 18.000 TPéche lagunaire 12.500 TPéche fluvio-lacustre 16.000 T (WEIGEL, 1989, p.16).

Ces importations auraient atteint en 1988 le chiffre recordde 140 000 T, représentant 20 Milliards de F.CFA (Directiondes Péches Abidjan).

Les lieux où s'installent les pècheurs ghanéens sont engeneral situés à la périphérie ou à l'extérieur des villeset villages autochtones ; bien que leurs habitations soientpour la plupart construites en matériaux précaires,s'agit d'établissements permanents. Ceux-ci ont leurspropres structures d'autorité (avec un chef et des notables)mais chacun est place dans la dependence de la ville/villagequi lui a donne l'autorisation de s'installer et qui le plussouvent prélève des taxes ou redevances. Ces différentescaractéristiques conduisent à parler de campements plutftque de villages ou quartiers.

Pour reprendre la diqtinction faite par JORION (1988).

L'unité de péche telle qu'on l'entend ici se compose d'uncapital technique appartenant a un ou des propriétaires, etd'une équipe (comprenant ou non le/les propriétaires).Chacun des elements pouvant évoluer ou changer dans leur

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constitution. A la fois unite de travail et unite degestion, elle est aussi l'expression et le lieu derealisation de certains rapports sociaux et, en ce sens,peut perdurer sur une longue période au dela de la sortieen mer et au dela de l'exercice comptable entre deuxpartages et recrutements.

Sans négliger pour autant le rede de ces agents, etnotamment des femmes, dans le financement des activités depéche.

Si les équipes qui viennent s'installer sont accompagnéesd'un groupe de femmes, les équipes fanti qui se déplacenttemporairement partent souvent seules. Ayant alorsécouler leur poisson auprès des femmes avec qui les pêcheursne sont pas en relation régulière, qui ne sont pasdirectement associées à l'équipe; le poisson est alors payécomptant et sans rabais.

Une idee très clairement affichée comme en témoignentcertains articles parus dans le quotidien national"Fraternité matin" l'un d'entre eux est intitulésignificativement "La peche dans le Sud Guest: une activitérentable qui échappe aux autochtones" et comporte un encart"Inciter les jeunes à la péche" (19.09.1989).

En general ces villages ont d'abord tenté d'adopter le filetencerclant à sardinelles mais le développement de la péchesardinière industrielle a contraint les Alladian a abandonnece type de filet.

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Périodeslère phase

:début xxèm

es-c.1950

2nde phase:c.1950-c.1970

3ème phase

:depuis C

.1970

Caractéristiques

généralesPrem

iers campem

ents de Ocheurs

ghanéens en divers points du litto-ral ivoirien.

n2;Lc.;

oeiezi0:1aHoetra'10tnntT

y

/-1zej=cn).-3pc!1-1

mrr

Ouverture du port d'A

bi-djan et développem

ent de lapêche industrielle. C

risede la O

che artisanale.

n.0JootiitoCHF.4i

up3"t1

0Z1-.'-'3H

iozcnatri

-croi-caca''

''

nozr

Stagnation de la production dela O

che industrielle. Croicsance

rapide des importations de pois-

son congelé. Nouvel élan de la

pêche artisanale et particuliè-rem

ent de la Oche artisanale

Fante.

PêcheursC

réation de campem

ents dans lesports de la cate

;principal pale

d'attraction:

Gd B

assam - A

bidjan.E

xportations de poisson vers leG

hana.

Fillet maillant encerclant a sar-

dinelles (adi) en pirogues non moto-

risées; filets m

aillants dormants

(the) en petites pirogues nonm

otorisées.

Repli num

érique et géographique

;désettion du sec-

teur d'Abidjan

;O

le deregroupem

ent dans l'ouestivoirien (Sassandra)

Fin des exportations depoisson vers le G

hana.Filets the en petites

pirogues non motorisées

;

filet adi en recul puisreprise liée (?) A

la moto-

risation des piroguesam

orcées v.1960.

Quelques tentatives d'a-

doption de la senne de plage

Nouvelle expansion num

ériqueet géographique avec occupationplus dense du littoral ivoirien.

Diffusion de la senne tournant.

coulissante (seef et watcha) en

grandes pirogues motorisées

filet adi reconverti en filetdérivant d'appoint.

Filets dérivants (boso) enpirogues m

otorisées - filetstéga en petites pirogues nonm

otorisées.

Fante

PêcheursE

we

Création d'un cam

pement 6 Port

Bouét qui s'étend vers l'E

st; petitscam

pements A

Tabou et G

rand Lahou.

Senne de plage (yevudo) de plu-sieurs types

:kpakpado ou fafado

"japons", deidosarcinelIe

I

Les unités tentent de se

maintenir m

ais grosse diffi-cultés financières et déser-tion de pêcheurs s'em

ployantau port.

Les fem

mes E

we de Port 7

Bouét- hase.--im

prennent en Frainla canw

ffclatisation des saniinel-les débarquées an port.

Senne de plage (yevudo)le type kpakpado tend A

disparaltre) en piropes non m

oto-risées A

bandon du filet ali.

La plupart des unités s'im

platent a l'O

uest du canal de Vridi

.0 détriment de Port B

ouêtL

es fames D

de tendent à perdre leur=

topple de cumergantes vis 6 vis des

sardiniers.te yevudo tend A

se confondre avec leabobido, les autres types ayant disparupirogues non m

otorisées. Adoption de la

tournante couliscante (watcha) en

grandes pimgues m

itorisées, limitées

au caTem

ent de Vridi.

ourpour

abobido pour anchois;

filet mail-

I

lant dérivant pour sardinelles (all)1Pirogues non m

otorisées,

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Les Fantis d'aujourd'hui sont composes des Efutu, des Etsiet des Fanti Borbor dont le territoire est bordé à l'ouest parles Ahantas et a l'Est par les Ga-Adangbe. Ils appartiennent augroupe ethnique Akan qui est la plus predominant au Ghana. Leursprincipales occupations traditionnelles sont la péche etl'agriculture. Parmi ces activités, la péche les a mend danstoute les regions catiéres du Ghana, et au-dela. Les pécheursfanti se trouvent pratiquement dans tous les pays de l'Afrique del'ouest surtout au Liberia, en Sierra Leone, en Gambie, en Cated'Ivoire, en Republique du Benin et au Nigeria. Les migrationsdes pécheurs fanti sont donc un phénomène qui ne peut areignore par quiconque s'interesse à la péche en Afrique del'ouest. De ce point de vue, les pécheurs fanti sont comme lesEwe qui ont été qualifies de Hpécheurs panafricainsu par PollyHILL (1963:64)

Fondements historiques

La migration constitue un therme central dans l'histoire desFanti. Selon leurs traditions orales les Fanti Borbor qui sontle dernier groupe à s'installer sur la cate fanti, ont émigré dela ville intérieure de Techiman, dans la region actuelle de BrongAhafo. Lorsqu'ils arrivent sur la cate, ils fondent des Etats,des villes et des villages. La péche et l'agriculture étaientconnues.

La peche était en plein développement sur la cate fantiavant l'arrivée des premiers européens en 1471. Ceci est confirmépar Pacheco Pereira, l'un des portugais qui ont fondé le châteauS. Jarze da Mina en 1482, et qui en fut le gouverneur de 1520 a1522. Dans son livre Esmeraldo de Situ Orbis, il declare:

A vingt lieus au dela de Cabe do Carco (Cape Coast) setrouve un promontoire que nous appelons Cabo das Redes

cause de la multitude de filets qui furent trouvésla lorsque cette terre fut découverte... Tout le payssitué entre ces deux promontoires est relativementélevé et montagneux; Entre ceux-ci, le long de la cate,se trouvent trois établissements de peche, Fanti leplus grand, Fanti le moins grand et Sabuu le moinsgrand.

(Pereira 1518 par Kimble 1937:122)

* Traduit de l'anglais

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MIGRATION DES PECBEURS FANTI*

par

Irene Odotei

Introduction

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Au moment où les européens arriverent sur la cöte fanti, lesactivités et les perspectives économiques leur semblentsuffisamment intéressantes pour les attirer et plus tard, pourinciter plusieurs autres nations européennes à se battre pourobtenir la possibilité de faire du commerce sur la cöte etd'installer de fagon permanente des forts des chateaux et deslogements qui ont survécu jusqu'a nos jours. A l'arrivée deseuropéens les Fanti avaient déjà établi des liens commerciauxallant de l'Afrique du nord au Benin, à l'est, et à la Cöted'Ivoire, à l'ouest.

Ils vendaient du sel et du poisson aux commergants del'intérieur contre de l'or et du tissu. Du Benin ils obtenaientaussi du tissu, des pertes et des esclaves; de la Cote d'Ivoireil recevaient des tissus contre de l'or (Dakar 1970). A la findu 15e siècle, les Fantis étaient engages dans l'exportation etl'importation par voie terrestre et maritime. L'arrivée desEuropéens a intensifié ces activités pour faire de la cöte fanti- qui était alors une partie de la "Cöte de l'or" - l'endroit leplus lucratif pour les européens dans toute l'Afrique de l'ouest.

Un groupe dont l'importance grandit rapidement fut le groupefanti quelques fois désignés sous le terme de "Pécheurs mina".Puisqu'il n'y avait pas de ports naturels, les européens devaientdépendre de ces pécheurs et de leurs,pirogues pour embarquer etdébarquer leur marchandises et les transporter à leurs magasinsau sol.

Les traditions orales indiquent également que la péchemaritime &bait une activité importante des fanti. Tous leursmatériaux étaient fabriqués localement. Leurs pirogues étaientmonoxyles tandis que leurs filets et leur cordes étaientfabriqués pa partir d'écorce d'arbres ou de plantes telles que lesisal, les hamegons étaient fabriqués par des forgerons locaux.Les pirogues étaient propulsées par des pagaies faites de bois etdes voiles faites de roseaux et de pailles. Comme les Fantisobservaient les saisons de péche et les habitudes migratoiresdes poissons, ils développerent alors une tendance à bouger avecceux-ci. L'abondance de poisson et le manque de savoir-faire dansla péche chez leurs voisins de la cöte rendaient cette migrationtrès attrayante et lucrative.

L'expertise fanti en matière de péche était reconnue a lafois par les européens et les africains et commenga a sepropager dans les autres parties de la Cöte de l'or (Ghana), etau-dela. Selon les traditions orales des Ga, la péche maritimesur la Cote Ga aurait été introduite par les pécheurs fanti.Ceux-ci s'installerent aussi à neho (Petit Popo), dansl'actuelle Republique du Togo au 176 siècle. Ceci signifiequ'autant la péche que les migrations chez les pécheurs fanti,sont fortes d'une experience plusieurs fois séculaire. Leseuropéens exploiterent l'habileté des pécheurs fanti en les

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employant pour travailler à leur compte dans des regions où ilsconstruisent ou avaient déja construit des forts ou des ports decommerce. Ce service devint encore plus important a l'époque dela traite esclavagiste, entre les 176 et 196 siecles, lorsque lesesclaves devaient étre nourris et transportés en mer.

Les facteurs politiques ont également été des causes demigration. De tels mouvements ont été provoqués par des guerresciviles entre fanti, et des conflits avec les européens des fortset des châteaux. Les européens qui revendiquaient la juridictionsur la population locale vivant a proximité de leurs forts etchâteaux et le monopole du commerce avec celles-ci, recouraientparfois a la force brutale et utilisaient leurs canons contre lesgens memes qu'ils prétendaient protéger.

Le résultat final de cette migration des pécheurs fanti aété la propagation de leur savoir-faire dans la péche à traversla cate. Il semble que, méme parmi les Fantis, les populationsd'Elmina, de Komenda ainsi que leurs voisins, aient développé unetendance à la migration plus forte que chez tout autre groupe.Sur une carte homonyme allemande de 1629, 'les pécheurs mina'étaient désignés comme ayant créé d'autres installations dans lesEtats a l'est de Eguafo où Komenda et Elmina étaient situés. Atravers leur commerce avec les européens, les fanti commencèrent

dépendre de matériaux et d'engins de pâche importés etadoptèrent rapidement de nouvelles techniques de péche.

Avec l'évolution de la Ceyte de l'Or (Ghana) à travers Perecoloniale britannique, de 1874 à 1957, les guerres mondiales,l'indépendance et les changements de gouvernements, lesdifficultés économiques et les programmes de reconstruction, lesformes, motivations et la destination des pécheurs Fantiscommencèrent a se modifier.

Formes de Migration

Les etudes faites à Senya Bereku, Winneba, Apam, Komenda,Elmina, Axim, Half Assini, en Côte d'Ivoire et en Republique duBenin, ont mis en lumière l'existence de trois formes demigration.

Les mouvements saisonniers de pécheurs et en qua-be depoisson pendant la saison de la sardinelle, de juilletseptembre, lorsque ces poissons quittent pour d'autres localité,est un caractère distinctif de la péche sur la ce)te fanti.

Il y avait auparavant, beaucoup de mouvements vers l'est endirection de la côte Ga, mais actuellement, le mouvement estessentiellement dirigé vers l'ouest, en direction surtout de Aximet de Half assini.

Dans cette situation particulière, les pécheurs sont

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totalement dependants des communautés hötes. Ils voyagent engeneral avec un jeune gargon ou une jeune fille de 12 a 16 anspour préparer leur nourriture, la plupart des cas sous lasupervision d'une hotesse locale qui s'occupe de leurinstallation et de la commercialisation de leurs prises. Cettehotesse joue le röle de "mere" - responsable du poisson pendantleur période de residence dans sa localité. Elle rend des comptesaux pécheurs a la fin de leur séjour. Ce type de migration est leméme pour toutes les villes fanti. Les pécheurs retournentgénéralement chez eux pour Noel, puis, repartent pendant lapetite saison avant de rentrer de nouveau pour leur festivalannuel et pour préparer la saison de sardinella dans leur proprelocalité. Ce type de migration a été grandement affecté parl'introduction du moteur hors-bord qui a permis aux pécheursd'aller dans des eaux jadis considérées comme éloignées, et derentrer le mime jour. Cela veut dire que les pécheurs qui neveulent pas émigrer mais qui étaient obliges de le faire, peuventmaintenant rester chez eux et pécher dans d'autres eaux.

Le second type de migrationdure plus qu'une saison de péche.est effectué à l'intérieur du Ghana. Les pécheurs continuent dedépendre d'hotesses autochtones mais regoivent cependant,occasionnellement, la visite de leurs femmes. Ils rentrent lorsde leur festival annuel ou d'importantes funérailles. Avec laconstruction du barrage de la Volta, certains pécheurs ontcommence a migrer vers l'intérieur, en direction de Yédji.

Ce type de migration a tendance a devenir semi permanent oupermanent, les femmes rejoignant finalement leurs maris. A partird'une residence secondaire, les pécheurs se déplacentsaisonnièrement vers d'autres endroits. Il y a, dans de tels cas,un processus d'intégration qui s'achève avec l'absorbtioncomplete des migrants au sein de la structure sociale de leurville hate. C'est le cas surtout lorsque la migration se faitdans d'autres villes fanti. Lorsque la migration a lieu dans lazone d'un groupe ethnique different, les origines fanti laissentdes traces qui peuvent étre décelées. Comme cela avait déjà étédit, les fanti ont été crédités de l'introduction de la péchemaritime sur la cöte Ga, une region d'ethnicité différente Lespopulations d' origine fanti se rencontrent dans pratiquementtoutes les villes Ga. A Labadi, les gens d'Abese fanti - un sousgroupe du segment Abese - sont supposes avoir émigré de la villefanti de Mores pour venir à Labadi au cours du 196 siècle. Lespécheurs sont venus avec leur soeur pour faire la cuisine. Celle-ci se maria a un autochtone et le groupe ne repartit jamais.Pleinement intégrés sur le plan linguistique et social, lesmembres de ce groupe ne sont plus identifiables que par certainsnoms fanti portés par des individus. Quelques uns parmi cesimmigrés occupent d'éminentes positions dans la société. Parexemple, le chef pécheur actuel de tout le peuple Ga s'appelleAbew Chiriquanda un nom qui indique une origine fanti.

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Ce type de migration est étroitement lié au troisième quiconcerne les migrations vers d'autres villes ouest Africaines.Dans ce cas, les migrants tendent à rester pour de plus longuespériodes qui se transforment quelquefois en une une residencepermamente.

Le cas des immigrés fanti d'Ezurretti, en Cote d'Ivoire enest un exemple. Ayant émigré d'Asaafa il y a plus de 60 ans, leurinstallation est devenue permanente. Le bois et les tales ontcédé la place à des batiments cimentés en dur. Ils ont aussileur propre chef et suivent les rites coutumiers fanti en serappelant leur histoire à travers des chants Asafo traditionnelscheque fois que l'occasion se présente. Selon les sines duvillage, ils se sont déplaces vers l'ouest depuis Asaafa, envoyageant par étapes Ils s'installérent à Nzima dans la regionouest du Ghana, puis se déplacèrent vers Ezurretti en Cöted'Ivoire. Bien que ces migrants fassent des visitesoccasionnelles à Asaafa quatre generations sont nées h Ezurettila, la plus jeune ne connaissant Asaafa que de nom. En fait, lesjeunes prétendent que leurs visites a Asaafa sont découragées desvieux. Il n'y a pas d'arrivée soutenue de nouveaux immigrants nide depart d'anciens consécutif a un séjour sur place. Ceci est dûau fait que, bien que Asaafa soit une communauté cötière, lapopulation pratique l'agriculture plus qu'elle ne pêche. La villedepend essentiellement des immigrants ewe pour sonapprovisionnement en poisson. Seulement deux personnes dans lacommunauté possèdent des pirogues et des engins de péche. Celle-ci n'est pas aussi développée à Azurretti que dans les autresétablissements de migrants ghanéens en Cate d'Ivoire. Lespécheurs utilisent des pirogues non motorisées dotées de filetsmaillants (Tonga).

Contrairement à Asaafa, le village de pécheurs d'Immuna sedéveloppe à travers la migration. Sa population migre aussi bien

l'intérieur qu'a l'extérieur du Ghana. Les pécheurs d'Imunavoyagent généralement en direction de Half Assini dans la regionde l'ouest et reviennent chez eux à l'occasion de leursfestivals. Au niveau international, les pécheurs d'Imuna se sontinstallés h Akpakpa Moo-dome en Republique du Benin. Il y a unmouvement constant entre Imuna et les différents lieux où ilspêchent. La ville quant à elle depend exclusivement des pêcheursimmigrants ewe pour lui fournir du poisson à certaines périodesde l'année. La raison avancée par les pécheurs, pour justifierleur depart d'Imuna en direction d'autres lieux est que la plagey est très dangereuse pour faire accoster leurs pirogues.

De toutes les villes fanti, la mieux connue et la plusorganise dans ses migrations est Komenda. Les pécheurs de Komendasont presents en Cate d'Ivoire, au Liberia et dans d'autres paysouest africains. La p6che à Komenda s'appuie sur des siéclesd'expertise. Tous les fanti reconnaissent les pécheurs de Komendacomme étant des experts en matière de migration.

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Causes de la Migration

La recherche d'un gain économique est la cause principale demigration. Les pécheurs migrent pour pouvoir accumuler ducapital. La structure de la société est telle que cetteaccumulation de capitaux y est difficile sinon impossible aréaliser. Le systems de famille élargie exige que les autresmembres de la famille bénéficient de l'argent que l'on gagne. Unhomme peut étre amené a payer pour la nourriture, la santé et lascolarisation non seulement de ses propres enfants, mais aussides neveux et des nieces, des frères et soeurs, des cousins, debeaux parents etc...

A ceci s'ajoutent les évènements sociaux tels que lesfunérailles, baptèmes, marriages et festivals, a l'occasiondesquels la respectabilité de toute la famille est en jeu. Unhomme doit faire état de ses capacités en de pareils occasions.Acheter à boire et a manger et donner de l'argent a des amis tantqu'on a de l'argent est aussi une pratique usitée parmi lespécheurs. Malheureusement pour le pêcheur, son revenu est unsecret publique. Il est donc impossible d'échapper à cetteobligation d'autant que les risques financiers dans la péche sonttels qu'on pourrait are oblige de dépendre des autres en cas debesoin. Dans le but d'accélérer l'accumulation de capitaux, lespécheurs se déplacent vers des regions à monnaie forte. C'est laraison pour laquelle le Liberia est une destination privilégiéepour les pécheurs fanti, notamment ceux de Komenda.

Certains pecheurs ont honnétement declare avoir émigré pouréchapper aux obligations familiales. D'autres sortent a cause dedettes et d'autres problèmes sociaux. La situation économiquegénérale du pays affecte aussi les migrations. Lorsque lesintrants nécessaires à la péche n'étaient pas disponibles auGhana, les pécheurs émigraient dans le but de remplacer ou deréparer leurs engins trop vieux ou endomagés. Hems lorsque ceux-ci sont disponibles sur place, le cott d'acquisition d'un nouvelengin est si élevé que les pécheurs sont obliges de suivre lepoisson pour s'assurer de pécher tout au long de l'année etacheter l'équipement. La crise alimentaire de 1983 au Ghana aaussi continuée à accrottre le nombre de pécheurs fanti qui ontémigré en direction d'autres pays ouest africains. Certainesvilles fanti comme Koramantse et Winneba ont cite 1983 commel'anné pendant laquelle les pécheurs ont commence à émigrer versd'autres pays ouest-africains.

En plus des phénomenes d'attraction économique, certainspécheurs migrent pour obtenir un statut dans la société. Ilspensent que l'expérience de changements culturels au cours de lamigration apporte clarté et refinement. Un bon exemple est celuid'un groupe de pécheurs de Komenda de retour de Monrovia. Vétusdu méme type d'habit prestigieux, tenant chacun une torche etportant des montres bracelets ces pécheurs ont parade dans les

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rues de Komenda, pendant la nuit, en chantant: "Nous sommes venusde Monrovia; qui ne porte pas de montre-bracelet?" et en faisantalors le geste ostentatoire et simultané de regarder l'heureleur montre. Ce que voulaient dire ces pécheurs c'est qu'ilss'étaient raffinés durant leur séjour à l'extérieur.

Il semble qu'une mentalité migratrice se soit développéesurtout à Komenda et Imuna au point que certains pécheursémigrent parce que d'autres ont émigré. La mentalité de migrationest accrue par l'existence, parmi les Fanti et les autres groupesAkan d'un système clanique qui transcendent les frontier-es deville ou des Etats. Un membre d'un clan est accueilli par unautre membre compte non tenu de son Etat ou de sa villed'origine.

Organisation

Il y a des migrations individuelles et des migrations degroupe. Dans certains cas des individus vont à l'extérieur à larecherche d'un emploi et, faute d'en trouver, sont détournésvers la péche en se joignant à un equipage. D'autres migrentspécifiquement pour aller pécher, mais en tant qu'individus. AAkpakpa Dodom& en Republique du Benin certains pecheurs fantiprétendent avoir d'abord travaillé dans des bateaux de peche. Enatteignant Cotonou et en s'apercevant que la péche y était bonne,ils déciderent de quitter les bateaux, d'acheter leur proprefilet et de s'y installer pour pécher au filet maillant (Tenga).

La migration de groupe est organisée sur la base de lafameuse "compagnie". La compagnie est un groupe de pécheurs ayantdecide, par contrat, de travailler ensemble pendant un certaintemps. Les comptes sont faits après la période de contrat,cheque pécheur recevant sa part du benefice. Celui peut alorsdecider de quitter la compagnie ou de continuer a travailler sousun contrat renouvelé. La durée de vie de la compagnie depend deson type et de l'objectif fixé par le groupe. Il y a deux typesde compagnies. Dans le premier type, la pirogue et l'engin sontdéjà disponibles, et appartiennent a un homme ou à une famille.Le propriétaire peut ou voyager ou non avec le groupe. Il estresponsable des reparations majeures et des rechanges. A la findu contrat, le propriétaire pergoit 50% des benefices etl'équipage prend le reste. A Komenda, le propriétaire pergoitquinze parts contre une pour chaque membre de l'équipage.Jusqu'ici, nous n'avons observe le second type de compagnie qu'aKomenda. Dans ce type de compagnie, la compagnie à la propriétéde l'engin.

Le groupe fait un emprunt pour acheter celui-ci et sesmembres travaillent ensemble jusqu'au remboursement de la dette.Ils peuvent après, decider de continuer à travailler ensemble.Il arrive cependant qu'un membre du groupe decide de le quitter.La valeur de l'engin est alors estimée et la part qui lui revient

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lui est payee. Lorsque c'est le groupe dans son ensemble quidecide d'éclater, l'équipement est vendu, avec une prioritéd'achat offerte au chef d'unité, le "bosum". Parfois, lapirogue, le moteur hors-bord ou le filet lui sont offerts commecadeau par le reste de l'équipage selon la maniére dont il a jouéson riöle de "bosum". Les emprunts sont ordinairement faits auprésd'individus à un taux d'intérêt de 50 à 100%. Ils peuvent quelquefois, être accordés sans intérêt selon la relation entretenue oulles services rendus ou susceptibles d'être rendus.

Les pêcheurs fanti voyagent à bord de leurs pirogueshabituellement munies d'un moteur hors-bord Yamaha de 40 c.v..Ils utilisent deux barils de carburant pour le voyage des deux outrois jours en Cote d'Ivoire, et quatre à cinq barils le voyagede quatre à cinq jours au Liberia ou en Sierra Leone. Leursépouses les rejoignent par voie terrestre ou aérienne. Ilsvivent, soit dans des chambres louées, comme à Vridi III en Cated'Ivoire et Plakondji en Republique du Benin, soit dans desstructures temporaires construites par eux-mémes, commeAkpakpa Dodomè en Republique du Benin et à Grand Bassam en Cöted'Ivoire.

Pendant que les pécheurs vivent à l'extérieur, une strictediscipline est maintenue. Ils ont leurs propres règles etréglémentation et essaient de leur mieux de ne pas entrer enconflit avec les populations locales. Ils travaillent plus fortque chez eux sans interruptions quotidiennes diles auxfunérailles, baptèmes, mariages et maladies de contractées pardes membres de leur famille qui gènent leur travail chez eux.Tous les problèmes professionnels ou personnels sont résolus parle "bosum" ou le propriétaire qui joue le röle de père. Celui-cisanctionne les mauvais comportements et recompense l'ardeur autravail. Il s'occupe de leur santé, et leur prête de l'argent encas de besoin. Il fait en sorte qu'un membre de l'équipage en Agede se marier trouve une épouse, venant de preference du lieud'origine. Il avance aussi l'argent nécessaire à l'achat dequelques effets personnels à rapporter au village. Pour éviter legaspillage et assurer le maintien de la discipline, cheque membrede la compagnie a un garant au village, souvent son pare. Legarant est tenu de payer les dettes contractées par son protégéet c'est à lui que la part du benefice est remise lors de lareunion qui se tient entre membres de la compagnie et garantsaprès le retour au village. Cheque pirogue a son trésorier quitient les comptes. Chez les fanti, la migration à l'étranger peutdurer trois à quinze ans, ou toujours. Certains pêcheurs sontdevenus des migrants professionnels ayant effectué des séjoursdans plusieurs pays et villes ouest africains a un moment ou unautre.

Pendant le séjour à l'extérieur des pêcheurs migrants, lesbenefices sont rapatriés de temps en temps par le biais decommergantes ou de quelqu'un spécialement envoyé à cette fin.

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Les pécheurs pensent qu'en tent qu'dmigrés, ils peuvent arerenvoyés du pays-hate à tout moment. Il leur faut donc s'assurerqu'ils ont leur argent chez eux, comme mesure de sécurité. Larécente guerre au Liberia et les troubles en Cate d'Ivoire ontprouvé que les pécheurs ont raison. La plupart des pécheursghanéens vivant au Liberia sont revenus les mains vides. Ils nepeuvent donc compter que sur l'argent qu'ils avaient rapatriépour faire leurs comptes.

Les Effets de la Migration

Les pecheurs fanti se targuent d'avoir introduit la péchemaritime dans certaines des regions où ils se sont établis. Mémelorsque les populations sont impliquées dans la péche maritime,comme au Liberia, les fanti revendiquent l'introduction deméthodes nouvelles dans ces lieux. Ils ont aussi introduit denouveaux produits alimentaires, de nouvelles modes et d'autrespratiques culturelles.

Lorsque les pécheurs rentrent, ils ont été affectés par lamigration, professionnellement, économiquement et socialement. Lapéche de longue distance à la ligne connue sous le nom de "AwamSea" ou "Lagaz" qui a été introduite sur la cöte fanti a étécopiée auprès des pècheurs sénégalais en Cate d'Ivoire, et plustard des GA-Adangbé. La différence entre pécheurs migrants etsédentaires est particulièrement remarquable durant les quatres

six premières semaines dans le lieu d'origine. Les premierss'assurent de porter des habits de méme fabrication et de mémemodèle pour étre identifiés en tant que groupe à certainesoccasions. Ils font des dépenses de luxe manifestes sur desaliments et de la boisson. Ils reviennent à la maison avec lesarticles comme des radio-cassettes qu'ils exposent devant leurmaison, tard dans l'après-midi et la soirée pour gagner lerespect des passants. Les migrants utilisent aussi leur argentpour acheter des meubles, construire leur propre maison, renover,achever ou étendre la maison familiale. Ceux qui n'ont pas assezd'argent pour construire leur propre maison participel'extension ou à la construction des maisons familiales. Ceci estfacilité à Komenda par la remise a leur père des revenus gagnéspar les jeunes à la suite de leur migration Les parents ontainsi la possibilité de combiner les resources de leurs filscet effet, en prévoyant l'aménagement d'une chambre pour chacund'entre eux. Comme les gains des pécheurs s'améliorent grace auxmigrations, les pécheurs sont capables de contribuer aux projetsde développement de leurs villes. Le chef des pécheurs envoie desémissaires aux communautés vivant à l'extérieur du Ghana chaquefois que leur contribution est nécessaire.

L'effet de la migration sur l'individu est donc étroitementlié au développement de la ville toute entière. Etant donné queles pécheurs quittent leur ville d'origine pour rester ailleurs,la surpopulation est également évitée. La guerre du Libéria qui a

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entrainé le retour des migrants a Komenda rend ce facteurevident. Avec le retour des migrants, le logement est devenu unproblème dans la ville. Les migrants qui étaient restésl'extérieur pendant des années sont revenus avec leurs enfantset doivent être loges maintenant par des membres de leursfamilles.

Comme dans toute entreprise, les migrants ont aussi leurséchecs. Dans de tels cas, les migrants se résignent à resterdans le pays hôte de peur d'affronter le mépris de leurs parentset amis, à leur retour chez eux. Dans certains cas, même lemoyens de rentrer constitue un problème. Par exemple, quelquesfanti à Akpakpa Dodome m'ont informé de leur désir de rentrer auGhana et ont demandé, si possible, qu'un bateau leur soit envoyé

cette fin.

Conclusion

Les migrations de pêcheurs fanti qui se pratiquent depuisdes siècles, ont été et continuent d'être d'un immense beneficepour les fanti eux-mêmes et pour les sociétés dans lesquelles ilsimmigrent. Elle a conduit à la diffusion des techniques de pêchenon seulement au Ghana, mais également dans le reste de l'Afriquede l'ouest. Les fanti, tout comme les poissons qu'ils attrappentne sont pas bloqués par les frontières nationales en dépit desdifficultés qu'ils ont quelques fois avec les agents de sécuritéde leur pays hfte. Leur preoccupation majeure reside dans ledanger que contitue la pêche industrielle et l'épuisement desstocks de poissons dans les eaux ouest africaines.

Il ne fait aucun doute que le sujet des migrations a besoind'une etude approfondie pour qu'il en soit pleinement appréciéela portée, les formes, les causes l'organisation et les effets.

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LA COTE DU GHANA - DES CENTRES DE PECHE SELECTIONNES,

DES GROUPES ETHNIQUES ET L'ECHELLE CONTINENTALE.

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193

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LES MIGRATIONS EN PECHE MARITIME ARTISANALE PARMILES GA-ADANGBE ET LES FEMMES AU GHANA*

Par Ellen Bortei-Doku(1)

1. Introduction

La péche constitue une activité majeur et un point dereference pour l'organisation économique sociale et politique descommunautés traditionnelles de péche ga-adangbe dans la granderegion d'Accra au Ghana. Elle ne produit pas seulement lasubsistance des gens mais elle influence aussi la structure dedirection et l'organisation culturelle et spirituelle du peuple.

La survie des piroguiers maritimes dans le cadretraditionnel depend beaucoup de leur habilité à exploiter la meravec succès, en tout temps. Dans le contexte de la divisiontraditionnelle du travail, ce sont les femmes et non les hommesqui aprés le débarquement ont une autorité directe sur le poissonpour en assurer le traitement et la commercialisation. Lespécheurs ont donc besoin de garantir leur accès au poisson fraisafin d'assurer leur subsistance. Les pressions pour continuer apécher toute l'année sont combinées avec au manque ou au coupélevé de la technologie moderne qui aurait pu permettre auxpécheurs de congeler le poisson frais pour le vendre durant lesbasses saisons de péche.

Les migrations à la poursuite des stocks de poissonsmigrateurs sont donc une activité essentielle pour la subsistancedes pécheurs. Ce document examine la migration au sein despécheurs et des femmes ga-adangbe en termes de "pattern",d'arrangements socio-économiques et de motivation, depuis lesports de depart jusqu'aux communautés d'accueil. Il vaut peut-étre la peine de mentionner brièvement à ce niveau, le rôlefondamental que la péche piroguière artisanale joue dansl'économie ghanéenne.

11 existe plusieurs rapports qui montrent la contributiondes pécheurs piroguiers au total des débarquements au Ghana. Lesstatistiques disponible indiquent que le sous-secteur a débarquéentre la moitié et les 2/3 de la production nationale entre 1984et 1989. Le tableau 1 ci-dessous donne quelques preuves del'importance des débarquements piroguiers dans la péchenationale.

* Traduit de l'anglais

(I) Le docteur Ellen Bortei-Doku est chercheur à l'institut derecherche statistique sociale et économique, à l'universitéde Ghana. Nous apprécions beaucoup l'assistance dens larecherche de Monsieur Jacob Tetteh et les importantscommentaires de Monsieur Jan Haakonsen dans la preparationde ce document.

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Plusieurs rapports ont déjà été écrits par le départementdes péches au Ghana sur les changements technologiques qui ont eulieu dans la péche piroguière. D'autres documents ont été écritssur les caractères socio économiques du secteur; portant surl'économie de la péche piroguière (Kwei 1961; Lawson et Kwei1974; Azu 1966; Vercruijsse 1984; Seini 1977).

Il y a eu peu de travaux sur la relation entre l'industriemoderne des peches et le secteur artisanal au Ghana, maissemble que les deux se complatent plutet qu'ils ne sont encompetition. Ceci n'exclut pas les conflits survenus dans lepassé a cause de violation de "frontières" et de destruction defilets, spécialement la senne de plage utilisée par les piroguestsaani par les grands chalutiers.

Les pecheurs ga-adanghes comme leur homologue dans d'autresregions cOtières du pays considerent la migration comme une partintégrale de leur travail de routine (Lawson 1983). Compare auxautres, leurs espéditions ont été décrites comme étant plusrestraintes et habituellement limité a la péche dans les portsl'intérieur du Ghana.

Les informations presentees dans ce document font partied'une etude en cours pour le changement des caractéristiques dela péche maritime artisanale, au sein des Ga-Adangbes. Cettephase de l'étude a été financée par le programme de développementintégré des péches artisanales (FAO) bases au Benin. L'auteur aétudié près de 40 concessions de pécheurs à Lama, Jamestown,Nungua, Prampram, ¡(pone et Old Ningo dans la region du grandAccra a l'aide de questionnaires. Bien que la plupart des gensinterrogés soient des hommes, certaines fames ayant accompagnéles migrants dans le passé ont pris part à l'étude.

Les migrations des pécheurs peuvent étre étudiées au seindes theories générales, sur la migration bien qu'il s'agissed'un phénomène largement ignore dens ce domaine d'étude. Lespêcheurs suivent communément des principes dans les etudes demigration et selon lesquels "l'étre humain tend à gravité desendroits ayant moins d'avantages quels qu'ils puissent étre auxendroits qui en ont le plus". (Zelinsky N.D.20). Plusieursapproches théoriques sur les migrations sont pertinentes quantl'étude des migrations des pécheurs, étant donné qu'elles mettenten lumière les facteurs empiriques économiques sociologiques desmouvements .de travail constituent des questions-clés dans lesmigrations.

L'analyse des migrations des pécheurs dans ce document estdominée par des observations empiriques exploratoires au sujetdes migrations des pécheurs piroguiers traditionnels Ga-Adangbes.Les limites dans la portée conceptuelle de ce papier sontdirectement liées à la pauvreté des informations sur le sujet.Par consequent, il ne sera prate que peu d'attention aux

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assomptions des theories de la migration comme la notion de baseselon laquelle les migrations de travail se font essentiellementa la recherche de l'équilibre (Roland 1976:11).

2. La base des migrations

Comme indiqué plus tat les Ga-Adangbe n'ont pas la memereputation en matière de migration, que les Fantes et les Ewe(Lawson 1958), mais certains affirment que les premiers en ontune pratique depuis longtemps. Des pécheurs racontent deshistoires de migrations vieilles de cent cinquante ans danscertaines de ces communautés. En plus, les pécheurs ont leurpropre classification des différents types de migration. Mieuxencore, des années de migrations ont aide à établir des portsréguliers de destination pour les migrations de ga-adangbe. Leschangements intervenus dans la technologie des operationspiroguières en general, ont eu de profonds effets sur la tailledes équipes de migration; les distances parcourues; la durée duséjour dans la communauté-h6te et le coût general des migrations.

Plusieurs, parmi les pécheurs migrants, sont de jeunes gensde 20 à 40 ans. Au deux estremes cependant, il y a de jeunesgargons qui vident l'eau de la pirogue (de 9 à 15 ans) et desgens plus :ages, de 50 ans et plus. Un homme 'age de 67 ans à Kponedit avoir migré jusqu'en 1988. Certaines "compagnies" pensentqu'il est important d'avoir une personne 'Ogee dans l'équipagepour y tenir la position de "Lelenaa tse" (conseiller). Une tellepersonne oriente l'équipage et règle les disputes en son sein.Pour les jeunes, ces voyages servent de terrains d'apprentissagepour leur futur carrière de pécheurs.

Presque tous les pecheurs ont admis que la péche était leurprincipale occupation. En plus certains s'adonnaientl'agriculture comme activité secondaire. Tres peu d'entre avaientfait une scolarité. Des vingts pécheurs interviewés, quatreavaient fini le cours moyen, un avait fini l'école technique etun autre avait fréquenté l'école primaire. Il est fait mentiondes femmes qui ont voyage avec ces compagnies, en section 5.2 dece document.

2.1. Les premières migrations

Dans le passé, les migrations des pécheurs ga-adangbeétaient saisonnières, dominées par les voyages inter-régionauxaussi bien vers l'Est que vers l'Ouest. On dit que les premierspécheurs migrants de Prampram ont installé leur communautépeine de 1 kilometre de la plage principale. A partir de Lanma,des pécheurs ont entente de courts voyages à Teshie, nunga,Prampram et Tema Les migrants de Kpone ont d'abord migrérégulièrement a Accra avant d'étendre leurs voyages à Axim dansla region Ouest. Durant 60 ans environ, les pécheurs Nunga ont

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migré régulièrement à Ada et dans la region de la Volta, avantque les eaux certières à Ada ne soient troublées par la creationdu barrage d'Akosombo. Les pécheurs de Old Ningo suggèrent queleurs migrations ont pu commencer dans la première partie de cesiècle vers des endroits comme Senya Breku. Ceux qui aventuraientloin étaient obliges de rester éloignés pour de longues périodesétablissaient souvent des installations de migrants permanentes,comme se fut le cas de l'établissement Ada sa Lanma. Ces gens, quidisent étre venus du village d'agriculteurs de Matsekope il y a50 h 100 ans, continue à faire des visites dans leur villaged'origine.

Des voyages inter-régionaux plus distant étaient entreprisen direction des endroits comme Axim dans la region Ouest duGhana. Parmi ces voyages, plusieurs ont éventuellement conduit al'établissement de communautés permanentes. Des pécheurs deKpone, de Nunga, étaient parmi les premiers migrants à Axim. Ilscontinuent à opérer dans la region mais maintiennent des liensavec leurs origines maisons à travers de fréquentes visites dansles villages et les villes concernés.

Il est difficile d'établir un schema spécifique relatif a laselection des ports de destination des pécheurs migrants sur labase des données limitées qui sont disponibles. Cependant on peutpenser que les pécheurs sont attires vers les endroits où desmembres de leur communauté ou de leur famille ont déja migré; oùils ont établi des relations d'affaire; et aussi où il y a desrumeurs sur l'existance de bons stocks de poisson.

Les migrations internationales de longues distancesn'étaient cependant pas complètement absentes dans le passé. Despécheurs à Jamestown ont indiqué que leurs grand pères migraientdans des villages de péche de la region de Calabar au Nigeriadans le cadre d'expéditions de péche et en tant que constructeursde pirogues. De telles entreprises étaient probables à cetteépoque étant donnée la familiarité entre les gens de ses regions,qui fut un résultat des transbordements coloniaux africains d' unport a l'autre de l'Afrique de l'Ouest.

Les premières migrations étaient entreprises par petitsgroupes avec une taille d'équipage souvent inférieure à dixpersonnes, ce qui réflète les technologies simples de laperiods. Les voyages étaient durs parce que les pirogues étaientpropulsées à la pagaie durant tout le voyage. On utilisait trèspeu la voile et les moteurs hors bord étaient inexistantsjusqu'en 1960. Les difficultés inhérentes a ces voyages ontcontribué à décourager les migrations vers des endroits aussiéloignés, et ont rendu difficile le retour des pécheurs dansleur pays, sur une base fréquente.

Il est intéressant de noter à ce niveau que, méme si, dansle passé, les pécheurs Ga-adangbe n'étaient pas directement

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engages dans des migrations, des propriétaires de filets venantde ce groupe ethnique ont eu à engager des pécheurs anlo-ewe, surcontrat, pour faire des migrations à leur compte (Lawson, 1958).En reconnaissant l'expertise des Anlo-Ewe et en capitalisant decette manière sur celle-ci, ils se mettaient en position de tirerbenefice de cette source de revenue.

2.2 Les migrations actuelles

Les niveaux actuels de migration le long de la cate Ga-Adangbe sont élevés. Environ 90% des pécheurs des 20 concessionsvisitées ont migré vers d'autres ports de pèche au cours des 10dernières années. Le rapport des femmes/hommes dans le cadre deces voyages est d'environ 1:4.

Il est confirmé que les pécheurs ga-adangbe sontactuellement engages dans des migrations a caté des Fanti et deAnlo-Ewe. Il leur a été attribué certaines migrations, versl'Est, dans la region de la Volta et quelquefois, au Togo; ainsique vers l'Ouest en direction des regions Occidentales etCentrales (Koranteng et Nmeshie 1987). Ces derniers notentégalement un taux élevé de migrations intra-régionales dans laregion du Grand Accra. Haakonsen (1989) mentionne également lapresence des pécheurs ga-adangbe sur une base saisonniere auBenin, au Nigeria, en Cate d'Ivoire et au Togo.

Dans quelques cas, comme en Guinée Equatoriale par exemple,il est difficile de confirmer la réalité des activités despecheurs ga-adangbe dans le pays, comme ceux-ci le prétendent. Apartir des années 1980, d'importants changements, quin'apparaissent pas clairement à la seule lecture du repertoiredes endroits fréquentés, commencent à se produire quant auxtermes mémes fondant les migrations de certains pécheurs. AuGabon, on a constaté que ceux-ci viennent travailler commetravailleurs sous contrat pour le compte de propriétaires defilet béninois et gabonais, et non comme membres d'équipages dansles compagnies traditionnelles. A l'heure actuelle, lespropriétaires de filet gabonais, lorsqu'ils ont un besoinpressant de main d'oeuvre experte vont jusqu'au Ghana pourrecruter des pécheurs. Ils se forme ainsi de nouvelles relationsd'affaire qui pourraient éventuellement conduire à deschangements significatifs des rapports entre les equipages et lespropriétaires autochtones.

Les chiffres ci-dessous résument les données sur les niveauxactuels de migration dans 20 concessions des villes et desvillages étudids.

Nombre de pécheurs dans 20 concessions = 187Nombre total de pécheurs qui ont migré pour aller pécherailleurs = 175 (93%)Nombre total des femmes qui accompagnent l'équipage dans 20

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1.99

concessions = 43.La figure 1 ci-dessous décrit les destinations actuelles des

migrations de 'Dacha au sein des Ga-Adangbes. Plusieurs de cesdestinations ont déja été notées par Haakonsen (1988).

Endroits visités par les pécheurs selon leurcommunauté d'origine

Ville Destination Destinationd'origine locale étrangère

Kpone - Axim - Cate d'Ivoire (Abidjan, San Pedro)

Saltpond - Nigeria (Lagos, Port Harcourt)Apam - Togo (Lome)

Prampram - Senya Breku - Togo (Lomé)Apam

Old Ningo - Winneba - Cate d'Ivoire (Abidjan)Nyanyanu - Benin (Cotonou)Akosombo - Togo (Lome)Yeji - GabonApamTema

Nunga - Tema - Togo (Lome)

2.3 Les types de migration de pécheurs

Les chercheurs en sciences sociales ont eu beaucoup dedifficultés dans leurs tentatives de definition et de classementconcernant des migrations de pêcheurs. Des questions nonrésolues les périodes de mouvement, les distances et d'autresformes de comportement ont frustré les tentatives de formulationd'une typologie universelle de migration et sont reproduitesdans le cas des migrations des pêcheurs. Les débats sur ladistinction entre la circulation du travail (changementtemporaire dans la distribution de la population) et lesmigrations du travail (les changements permanents dans ladistribution de la population) valent la peine d'être pris enconsideration (Goried et Brothers 1935). Dans notre cascependant, le concept de la migration est utilise dans un senslarge non restrictif qui inclus les différents types desmouvements de population qu'ils soient temporaires ou non.

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PARCOURS MIGRATOIRES DES

PECHEURS GA-ADANGBE, 1990.

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201

Les mouvements des pécheurs en dehors de leur lieu d'originepeuvent se faire sur de très courtes durées d'un mois ou moins,ou sur des périodes d'un an ou plus (Azu, 1966).

Les Ga-Adangbes ont développé leur propre système declassification des migrations sur des années; ce qui leur permetde distinguer les courtes périodes de séjour à l'extérieur deslongues périodes passées dans d'autres ports de péche. Les deuxcategories de migrations les plus largement utiliséescomprennent:

Aprodo (Aplodo)Hefoo, Tsorgah.

Ahrodo

Les migrations de péche chez les Ga-Adangbe sontgénéralement appelées Aprodo ou Aplodo. La plupart des pécheursne sont pas capables d'offrir une juste interpretation duconcept. Certains pensent que le mot est derive de deux mots Ga-Adangbe, "apro" qui signifie un morceau de plomb aplati utilisecomme lest pour immerger les filets; et "Dom" qui voudrait direlittéralement "entreprendre un voyage". Aprodo devient donc unedeformation des deux mots et signifié "Le apro se déplace". Cemot pourrait cependant are une simple deformation del'expression fanti "apodu" qui signifie "en mer"

Contrairement à toute attente, l'idée du Aprodo n'entraineaucune structure de temps standard. Les pécheurs appartenantdifférentes communautés font correspondre l'Aprodo à différentespériodes de séjour à l'extérieur. Beaucoup de personnesdéfinissent l'Aprodo comme une période d'éloignement allant de unmois à cinq ans. Dans d'autres localités telles que Lanma,l'aprodo s'étendait sur de nombreuses années natale. Les pecheursici expliquent par exemple quills vivent dans un état permanentd'aprodo. Beaucoup de personnes insistent que des périodes demoins d'un an ne sont pas de "veritable aprodo".

Heffo, Tsorgah, Domino, kepoohe

Les pécheurs semblent faire une distinction entre "l'Aprodovrai" et d'autres types de migrations de durée plus courte.est souvent expliqué que fréquemment, les pécheurs font desdéplacements rapides vers des lieux où d'importants bancs depoissons ont été détectés. On qualifie ces déplacements de"Heffo" (aller-retour rapide en Ga) "kepoohe" (Prampram), "Domino"(Lanma) "Tsorgah" (Nungua).

Les déplacements "Hefoo" peuvent are de très courte durée(environ une semaine). Beaucoup de pécheurs disent qu'ils durentde un à cinq mois, et sont d'habitude limités a une saison depéche dans un pays hate. Plusieurs migrations 'Hefoo' peuventainsi étre effectuées dans une année. A cause de la technologie

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moderne le 'Hefoo' ou le 'vrai aprodo' sont planifiés avec moinsde soins que dans le passé. Ils peuvent étre entrepris à la suited'une décision spontanée prise mame au moment où l'on se trouveen mer. A la suite de cette décision, l'équipage accoste a ladestination choisie avant d'envoyer par voie terrestre un message

leurs familles concernant leur position.

Il importe de noter que les pécheurs semblent plus prétclasser les migrations en "long terme", "moyen term" ou "courtterme" qu'en périodes effectives de séjour des commentairesgénéraux comme "les pécheurs sont capables de se déplacer plusrapidement de nos jours" indiquent aussi que des changementspeuvent s'opérer dans la conception des espaces de tempsprécédemment attribués au "Hefoo" ou au "Aprodo". Lesdéplacements "Hefoo" s'étend sur de longues périodes, loin dulieu d'origine. L'Aprodo peut étre saisonnier ou permanent, commedans le cas de Lanma. Il s'agit d'une communauté Ada qui a émigréde Mantsekope a la cate Nord-Ouest de la Grande Région d'Accra.Les populations continuent de maintenir des liens solides avecleur milieu d'origine. Ceci a été rendus possibles par lesimmenses changements technologiques qui se sont produits dans lespécheries piroguières, particulièrement le moteur hors bord.

Une classification intéressante des migrations qui impliqueun classement aussi bien normatif qué numérique, a été donnéepar les pécheurs à kpone. Ceci est expliqué en-dessous:

Classification des migrations par les pécheurs de kpone

Court terme:L'équipage se déplace vers des centres de péche à proximitélors de courtes périodes de pointe; il péche le poissonrevient. La durée de séjour va de un a quatre semaines. Cesmigrations sont pour la plupart internes.

Moyen terme:Les équipages se déplacent vers de nouvelles zones pourtoute une saison de péche. La durée de séjour, généralement

l'étranger, va de un a trois mois environ.

C) Long terme:Les équipages se déplacent vers de nouvelles zones al'étranger pour toute une année ou plus. Quelques fois, ilss'installent et se marrient sur place.

D'autres classifications des migrations communémentutilisées sont les catégories internes/internationales ouintensives/extensives. Celles-ci ont été utilisées pourdistinguer entre les mouvements migratoires de type "nomad" etplutöt que définitif des pécheurs sénégalais comparés auxp6cheurs Ghanéens (Diaw, 1983).

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3. Les motifs de migration

Des raisons écologiques fondamentales sont sous-jacentes auxmigrations de pécheurs. En principe, les pécheurs suivent lesstocks de poissons dans diverses eaux dans le cadre de ce qui aété décrit comme des "migrations de péche réguliées" (Diaw,Ibid). Il y a également cependant, des forces sociales etéconomiques qui obligent les pécheurs à suivre ces stocks depoissons dans des lieux proches ou distants. Actuellement, lesmotivations économiques relatives aux migrations semblent prendrele pas sur toute autre consideration.

3.1 Les considerations écologiques

Il a été suggéré que le golfe de Guinée est un lieuintermédiaire de productivité de poisson "où des upwellings moinsriches et moins réguliers se produisent entre la Cate d'Ivoire etle Benin" (Diaw, 1983:p.20). Des types de upwellings typiquementsaisonnier dans la region ouest africaine sont une cause desmouvements migratoires du poisson (Ibid). Les upwellings sontcruciaux pour la productivité biologique car ils ramènent a lasurface les eaux froides riches en elements nutritifs ce quipousse favorise la croissance végétale nécessaire a la vie desstocks de poissons. Les upwellings les plus riches et les plusstables de la region ouest africaine se trouve dans les étenduesc6tières entre la Mauritanie et la Guinée au Nord, et entre leGabon et l'Angola au Sud. Au Ghana l'upwelling le plus importantse produit de la fin Juin a la fin du mois d'Octobre, lorsque lestemperatures de surface descendent en-dessous de 25°C. Unupwelling moins important se produit en Janvier ou en Févrierlorsque les temperatures de surface sont moins élevées que 26-27°C (Mensah et Koranteg, 1988).

Jusqu'a un certain point, les schemes migratoires dans lapeche pourraient étre lies au comportement saisonnier de cesupwellings. On est cependant intriguer par le fait que lespécheurs Ga-Adangbe ne se déplacent pas nécessairement a cause deces upwellings mais simplement en direction de villages prochesot la péche est plus lucrative. Ceci renforce l'idée que lesmigrations sont étroitement liées à des besoins de subsistance.Il est donc difficile de séparer les migrations de la nécessitééconomique de "produire" sur une base régulière.

ii) Les Raisons Economiques des Migrations

La possibilité de faire des prises importantes etd'économiser de l'argent sont deux des explications les plusfréquemment données par les pécheurs ga-adangbe concernant lesles migrations. Les pécheurs sont capables d'atteindre de telsobjectifs car ils ont la possibilité de "se concentrer sur leurtravail lorsqu'ils se trouvent loin de leur lieu d'origine".Plus important peut-étre, ils échappent alors aux obligations

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financières quotidiennes vis a vis de leurs familles immediate ouétendue qui les tourmentent chez eux. Ceci est illustré par unpécheur de Nungua qui affirme: "on ne dépense pas beaucoupd'argent sur des choses SWIS importance lorsqu'on est loin dechez soi".

Les pécheurs donnent des explications très intéressantes surla manière dont ils arrivent à s'en tirer convenablementlorsqu'ils sont à l'extérieur. Beaucoup croient avoir plusd'habileté dans la péche que leurs hates, d'autres suggèrent queleurs h6tes posse:lent plus de ressources a exploiter. Quel quesoit le cas, les pécheurs pergoivent une situation d'avantagerelatif dans les communautés hötes. Abidjan par exemple estlargement considéré comme "regorgeant de resssources", etKpone, on dit que "les pöcheurs vont dans des endroits où lepoisson est abondant, mais la péche n'y est pas leur métierprincipal". De tels commentaires se font surtout en référence auGabon, à la Guinée Equatoriale, au Cameroun, au Togo et à la Coted'Ivoire. Le tableau 3 ci-dessous qui montre l'impressionnanteproportion de pirogues ghanéennes dans d'autres pays, supportecertaines de ces affirmations.

Tableau 2: La presence des pirogues ghanéennes dans les paysvoisins

Nombre de % Nombre dePays pirogues ghanéen pirogues ghanéen

motorisées

* *

Togo (1983)Cöte d'IvoireLiberia (1986)Benin (1987)

911 80%400 95290 95170 40

Source : Haakonsen (Ibid):52** Données se référant au port de Cotonou seulement.

Le tableau 2 ne donne aucune indication sur la presence deGa-Adangbes dans les pays avoisinants. Mais la domination despirogues ghanéennes est évidente et il ne fait pas de doute quecertaines d'entre elles appartiennent a des pécheurs Ga-Adangbe.

L'attractions pour le "aprodo" et le "hefoo" a aussi unaspect monétaire, car ils offrent l'opportunité de gagner une"monnaie solide" ou convertible (FCFA) dans les paysfrancophones. De fagon similaire, les pécheurs considèrent lepaiement comptant et des délais minima de paiements par lesmareyeurs autochtones généralement des femmes) comme un mobileimportant. Ceci peut étre mieux compris au regard desarrangements commerciaux qui prevalent entre pécheurs etcommergantes dans le lieux d'origine. Vercruijsse (op.cit) aexpliqué comment les paiements différés (pour le poisson) vontinvariablement h l'encontre des pécheurs, et les placent dans unétat perpétuel d'endettement vis a vis de leurs clients.

409 77%(1983)754 66

828 36213 39

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3.3 Les facteurs sociaux dans les migration des pécheurs

Au dela des intéréts économiques et écologiques, lespécheurs peuvent étre amends à migrer pour des raisons socio-culturels ou politiques. A l'époque des pirogues à rames, lesmigrations avaient une marque de bravoure et de prouesse. A unniveau personnel, les migrations étaient aussi considérées commedes périodes de réflexion ou de meditation, pour se reorganiser.La période d'installation à l'extérieur était considérée commeune "cachette" éloignée, afin d'éviter les "derangements" ou "ladistraction" par la famille et les amis.

Il n'est pas clairement ressorti que les migrations puissentétre lides aux tensions politiques dans la communauté. Maiscertaines indications font dire que des migrations qui dans lepassé se sont transformées en installations permanentes,pourraient avoir été provoguées par des pressions et desconflits entre différentes familles. A Prampram par exemple, tousles habitants d'un quartier de la communauté ont quitté lalocalité proprement dite pour s'installer a un kilometre plusloin sur la cOte. Les nouveaux colons tenaient tenement à vivrehors de vue de leur site d'origine, qu'ils n'allaient rendrevisite a des membres de leurs familles que sous le couvert del'obscurité.

De nos jours, les migrations possèdent un caractère deprestige qui ne peut cependant étre dissocié des gainsmonétaires tire's de l'entreprise. Plusieurs facteurs sociaux quipoussent les pècheurs à émigrer sont en fait secondaires parrapport aux motivations économiques. Les jeunes gens qui ontl'intention de se marier par exemple, trouvent la une trés bonnemanière d'économiser en vue de leur mariage.

4. Les Arrangements Economiques en vue des Migrations

4.1 Les propriétaires de pirogues étaient jadis es de financerles coûts des migrations, mais l'introduction de la pechemotorisée et le triplement des equipages ont sérieusementaugmenté le coût de ces operations. Dans ces conditions, laplupart des propriétaires de pirogues sont devenus incapables defaire face a toutes les dépenses liées aux migrations. Danspresque tous les cas, ils sont capables de "sponsoriser" levoyage de depart et quelques fois étendre les credits offertsaux épouses des membres d'équipage. De plus en plus cependant,les pécheurs doivent trouver des fonds supplémentaires pour payerles coûts d'opération initiaux dans la communauté-h6te. Ils ontsouvent la possibilité d'emprunter de l'argent à leur hOte ouhatesse à leur arrivée. Lorsque la compagnie n'est pas sûred'obtenir une telle assistance, ils peuvent pécher jusqu'a leurdestination éventuelle.

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4.2 Commercialisation et Partage du profit

Il a été très difficile d'obtenir des informations concretessur les quantités et les ventes de poisson dans les communautés-hates. Les pécheurs indiquent cependant que le poisson tend adonner de meilleurs prix dans les pays voisins que chez eux. Laoù ceci n'est pas exact, comme dans le cas de la peche au requinau Nigeria, les prises abondantes compensaient l'abaissement desprix. On dit que le prix du poisson est très bon a Lome. Lorsquel'importance de la prise n'est pas grande, les prix élevés yservent à y stimuler la péche. Le mode de "payement" est unelement critique du processus d'épargne. Généralement le chef dela compagnie ou Bosun garde les gains de la compagnie jusqu'auretour au lieu d'origine. Cet argent est ensuite partagé selon lesystème de parts convenu par l'équipage et celui qui a financerle voyage. De telles economies peuvent étre gardées pendant delongues périodes dans le cas d'un "aprodo" prolongé (jusqu'a 5ans). L'équipage de la compagnie a accès à de petites sommespendant la période de "l'aprodo", soit en vendant de petitesquantités de poissons après chaque marée, ou en obtenant despréts remboursables sur leurs gains auprès du chef de compagnie.

Les systèmes de partage tendent à étre un peu plussophistiqués lors des migrations que les systèmes normalementpratiqués chez eux par les pecheurs ga-adangbe. Typiquement desdeductions sont faites pour les dépenses de nourriture etd'hébergement; pour payer les emprunts faits en vue dufinancement des operations ainsi que les coûts d'operation crééepris en charge par l'équipage. Le reste de l'argent estéquitablement divisé entre le filet, la pirogue, et le moteurd'une part, l'équipage de l'autre. Quelques uns de ces systèmesde partage sont décrits ci-dessous. Le sysstème de parts varieselon les différents types d'engin, mais il n'a pas été possibled'identifier de schémas particuliers au cours de cette breveetude.

ler Type - Deductions:pour l'argent de poche (sise shika)pour la glacefrais pour les caisses (paniers?)taxe c6tière ou droit de portargent donne aux épouses.

Le reste de l'argent est partagé 50:50 pour 1) le filet, lapirogue, le moteur et 2) l'équipage, incluant le propriétaire dela pirogue.

26 Type - Des comptes sont rendus hebdomadairement:Des deductions sont faites pour la nourriture, le carburant,l'argent de poche, l'appat50% reviennent au filet et à la pirogue; l'équipage prendles 50% restants.

* Ceci est frequent dans la peche a la ligne.

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36 Type - Après deductions des dépenses journalières,l'argent est partagé comme suit:

moteur hors herd = 10 partspirogue = 2 partspécheurs = 1 part par tete.

Des deductions pour l'essence, la nourriture et l'argent de pochesont faites après chaque marée.

46 Type - Des deductions sont faites pour la nourriture, lecarburant, le charbon.

l'engin de peche regoit 50%l'équipage regoit 50%, mais le partage est fait selonle droit d'ainesse. Le capitaine pergoit deux fois lesalaire d'un membre ordinaire.

l'équipage est autorisé à vendre de petits requins(chaskele) pour son argent de poche.

5è Type - Des deductions sont faites pour l'entretienjournalier de l'équipage.

la pirogue = 4 partsle filet = 7 partsle moteur = 7 partsles membres d'équipage = 1 part chacun.

Dans tous les cas présentés, la marée est d'autant plusprofitable que l'équipage est petit. La compagnie a son agentcomptable choisi parmi eux, ou dans la communauté-hete. Les nomsde tous les membres de l'équipage sont inscrits dans un cahier,et leurs gains (et dettes) sont marques devant leurs noms.

Il est important de noter que méme lorsque ce n'est pas dit,l'équipage reserve normalement une portion de ses gains auxfemmes membres de la compagnie, en guise de "paiement" pour leursservices de maintien de la maison. Ceci est élaboré plus loindans la section 5-2.

La commercialisation peut occasionnellement poser desproblèmes au pécheurs. Certains poissons qu'ils sont habitués apécher en haute mer peuvent ne pas are populaires dans lescommunautés-hote. Les consommateurs nigérians en particulierposent de pareils problèmes puisque les poissons d'eau douce sontplus appréciés que les poissons maritimes. Certains commentairesont ont porté sur le fait que les autres pays ne vont pas enhaute mer autant que les ghanéens. Le poisson est vendu encaisses, dans des bols ou à la piece lorsqu'il est gros.

4.3 Les Transactions Economiques

Les relations économiques entre les compagnies ga-adangbe etleurs communautés-hötes, surtout lors des migrationsinternationales, se limitent a des questions liées pa la péche.

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Mis a part leurs interactions avec leurs pailleurs et lesmareyeurs, hommes ou femmes, les émigrés n'entretiennent pas derelations d'affaires régulières avec leurs hOtes. En dehors del'opération de péche les membres des compagnies font un nombreconsiderable d'achats de pieces détachées et achètent desarticles personnels avant leur depart pour leurs maisonspermanentes.

Il est rare que les migrants recrutent des pécheurs locauxpour les associer aux expeditions de péche. Occasionnellement,des hommes venant des familles-h6tes sont autorisés à se joindre

la compagnie lorsqu'il y a du travail supplémentaire. Ils nesont pas considérés comme faisant partie de la compagnie, maisplutft comme "main d'oeuvre rémunérée". De tels pécheursregoivent leur part de la prise en espèces ou en nature aprèschaque marée. Ils pergoivent moins en general que les membres del'équipage, mais certaines compagnies donnent à tout le monde lameme part. Autant que possible, les compagnies essaient derecruter des pécheurs ga-adangbe ou ghanéens, plutft que desautochtones. A Old Ningo, on nous a dit que les pécheurs de lacommunauté hftesse essaient quelques fois de joindre l'équipagesimplement pour apprendre l'art des pécheurs ga-adangbe.

Les arrangements économiques dans le cadre des migrationsinternes sont d'habitude moins sophistiqués et moins couteux queceux que nous avons descrit. Ils sont aussi de diverses fagonsmoins rentables, rentables économiquement parce que le cedi estune monnaie faible.

Les pécheurs font remarquer qu'il n'est pas toujoursprofitable d'aller en migration que ce soit aux pays oul'étranger. Il arrive que la compagnie soit incapable de prendreassez de poisson pour couvrir les coûts de l'opération. Unpécheur à tarima expliqua comment sa compagnie était retournéd'Abidjan les mains vides à la suite de sorties de péchesinfructueuses..

5. Arrangements Sociaux et Politiques

L'organisation des migrations est a plusieurs égardssimilaire h la manière dont les compagnies sont organisées dansla commaunauté d'origine. En general, le propriétaire de lapirogue sélectionne les membres de ses ou de sa compagnie sur unebase de parenté et de caractère Les critères de base qu'il (ouelle) decide d'appliquer tiennent compte de la competence en mer,de l'assiduité au travail des connaissances pour le ramendage dufilet et pour d'autres petites reparations et de la bonne santé.Les compagnies sont plus ou moins grandes (6 à 23 personnes)selon l'équipement utilise. Les propriétaires ne se joignent pasl'équipage d'habitude; ils délèguent l'un des "dirigeants" pour

qu'il agisse en leur nom. Bien que les compagnies dependentbeaucoup du travail d'équipe, celui-ci s'appuie sur une

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structure d'autorité stricte. La plupart des compagniescomprennent environ huit positions comme suit:

Le LeLenaa TseLe BosunL'assistant BosunLe machiniste responsable du moteurLe pagayeur (paado morlor)Les membres de l'équipageQuelques fois un agent comptableDes apprentis

Le Bosun a la responsabilité de faire des arrangementsadéquats, au village comme à l'étranger pour le bien étre desmembres de l'équipage et de leurs Spouses en prévision dudéplacement. Quelques fois, a part le Bosun, la compagniecomprend un ainé (wortse) qui veille sur la bonne marche de lacompagnie. Il peut s'il le veut participer aux marées. Le Bosuna tendance à travailler avec le méme homme ou la même femme decontact, d'année en année. Cette personne s'organise pourl'hébergement soit en louant des chambres, soit en obtenant unsite pour dresser un abri temporaire (l'aluminium, le bois, oudes branches de palmier). Il est plus facile de louer une maisonlors des migrations internes que lors des migrationsinternationale.

L'agent de contact doit présenter la compagnie au chef despêcheurs de la communauté-hète. Cette présentation estimportante puisque cette personne est responsable de la sécuritédes migrants et de leur bien-être dans d'autres domaines. Onattend de la compagnie qu'elle fasse preuve de reconnaissance etde gratitude par le biais de dons après chaque marée. Il n'estpas sûr que toutes les compagnies respectent une telleobligation. Ceci est souvent décrit comme taxe cftière payée auchef pêcheur de la communauté-h6te.

Dans certains cas, comme en Cfte d'Ivoire, il existe unegrande communauté ga qui est capable d'apporter l'assistanceinitiale à la compagnie migratrice. Le chef des Ga dans cettesituation agit comme personne de contact. Il choisit un agent ou"loonye" et assigne une parcelle pour l'abri de la compagnie.autorise aussi l'agent à accorder des prêts à la compagnie chaquefois que cela est nécessaire.

Il est important de souligner que toutes les migrations nesont pas aussi soigneusement planifiées que celle qui viennentd'être décrites. La rapidité grandissante des voyages de nosjours, a permis aux pécheurs de prendre des décisions spontanéeset rapides a propos de leurs déplacements. On nous a soulignéJamestown qu'aujourd'hui, "l'aprodo" peut étre entrepris mêmesans information antérieure. La décision d'accoster ailleurs etd'y rester pour quelques temps peut être prise en mer etl'information envoyée a la maison plus tard".

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5.1 Immigration et Migration

Les pécheurs imigrants ont progressivement abandonné leurvieille tradition qui consistait a voyager sans les papiersd'immigration nécessaires. Tous les pécheurs qui ont pris part acette etude dans toutes les villes et villages ont fait remarquerqu'ils remplissent les formalités nécessaires, le plus souventaprès l'arrivée a destination. Les pécheurs quittent trèsrarement le pays en ayant fait les arrangements adéquats pour des

papiers d'immigration. Ils soulignent cependant qu'il estimportant de régulariser sa situation, surtout pour des "aprodos"prolongés.

Les agents ou "contacts" dans la communauté-hate constituentdes canaux cruciaux pour obtenir des papiers. Tres souvent, lasécurité des pécheurs dans le cadre de leurs relations avec lesautorités, depend de "l'efficacité" de leur agent. A moins qu'ilsne veuillent aller en dehors des communautés de péche, les

pécheurs peuvent, en toute sécurité, opérer sans papierd'immigration à l'intérieur de celles-ci avec les communautés depéche. Leur sécurité est cependant rapidement mise en danger lorsdes conflits aussi bien internes qu'inter régionaux qui éclatentdans leur pays hate. Les expulsions, dans le passé, de ghanéensdu Nigeria, Sierra Leone et la récente guerre civile au Liberiaont oblige plusieurs pécheurs a rentrer chez eux après de longuespériodes à l'étranger.

Dans quelques cas, les pécheurs recherchent l'assistance dela haute commission ou de l'ambassade du Ghana pour se fairedélivrer des passeports et des cartes d'identité. Quelques fois,il n'y a qu'un seul document d'entrée pour toute la compagnie.Les papiers d'entrée dont les pécheurs ont besoin comprennent lepasseport, le permis de voyager, la carte de travail, la carte deresidence Les "chefs" des communautés immigrés ghanéennes ouga-adangbe assurent souvent la liaison avec les ambassades pourproteger leurs pécheurs par des moyens officiels.

Vis a vis de la communauté-hate elle-méme, les pécheurssont tenus de remplir certaines conditons pour avoir lapermission de séjourner. Elles comprennent l'acceptation departiciper aux travaux communautaires et le paiement de la taxeau chef local ou au chef pécheur. Les sommes concernées differentconsidérablement et vont de 5.000 FCFA à 20.000 FCFA parcompagnie pour la durée du séjour. Normalement, les pécheurs sonttenus de se plier aux règles communautaires, les plus fréquentesconcernant l'interdiction de se battre de voler, de battre sonépouse. Bien que les femmes ne soient pas considérées comme despartenaires directs dans "l'aprodo", elles contribuent de fagonsignificative a la plupart des expeditions, quelques fois,peut y avoir autant de femmes que d'hommes dans la compagnie.

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5.2 Les Femmes et les Migrations des Pécheurs Ga-Adangbe

L'un des plus importants facteurs de la migration despécheurs, est l'opportunité d'une organisation alternative de lacommercialisation graced au changement de partenairescommerciaux, les épouses et "parentés" étant délaissées au profitdes mareyeuses (loonye) de la communauté d'accueil. Ceci pourraitexpliquer en partieles prix meilleurs que les pécheurs disentobtenir dans les communautés-hates du pays ou de l'étranger. Deplus, l'absence de relations de parenté avec les mareyeuses descommunautés d'accueil permet aux pécheurs de négocier despaiements directs en espèces au lieu de paiements différés. Lesfemmes apparentés aux pacheurs sont confrontées au contrödemonopoliste du marché par les mareyeuses (loonye) de lacommunauté d'accueil. Il est important de souligner qu'avec letemps, celles-ci tendent à appliquer certaines des strategiesresponsables de en faveur des femmes l'inégalité des termes del'échange entre les deux parties.

Les épouses des immigrants et les femmes apparentés ne sontpas cependant, complètement coupées des marches lucratifs del'étranger. Bien que privées du commerce actif, leur röle dedomestique les rend relativement indispensables a la plupart descompagnies.

Les femmes sont donc invitees à participer au voyage commefemmes de ménage avec des termes de remuneration clairementdéfinis. Selon un chef de compagnie a Prampram le poisson estd'habitude partagé entre les épouses accompagnant leurs maris, etla mareyeuse.

La plupart des compagnies se déplacent avec une ou deuxfemmes tandis que d'autres autorisent cheque membre de l'équipage

amener sa femme avec lui. Lorsqu'on ne choisit que quelquesfemmes, elles sont souvent les épouses des responsables. L'épousedu Bosun par exemple, a toujours la priorité. Dans le cas d'unpécheur polygame, la première femme à la priorité. Lorsque lamigration dure une longue période, chaque femme prend son tourjusqu'à ce que l'homme revienne Les femmes voyagent par voieterrestre pour rejoindre leurs compagnies.

Lorsqu'il y a plusieurs femmes on leur octroie généralementune partie de la part de leurs maris. Dans d'autres cas, onpermet à chacune d'entre elles de vendre une caisse, ou touteautre unité de poissons après chaque marée, en accord avec lamareyeuse. Leurs responsabilités au cours de ces voyagesreviennent pour l'essentiel à préparer les repas, à laver lavaisselle et les vétements et à faire d'autres travauxdomestiques pour les hommes. Le tableau ci-dessous indique letaux de participation des femmes aux migrations, dans lesvillages et villes oil nous avons fait notre enquéte.

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Tableau 3. Femmes accompagnant les pécheurs au cours de la migra-tion chez les Ga-Adangbe (20 concessions

Oui NonInternes 16 4

Internationales 20 0

Source: Fieldwork, 1990.

Les propriétaires de pirogues sont presses de recruter desjeunes non :aeries pour les migrations, parce que cela permet deréduire les dépenses h un niveau relativement bas. Mais lescompagnies qui voyagent sans aucune femme pour s'occuper de lamaison sont souvent confrontés à la nécessité "d'épouser" desfemmes autochtones lorsqu'ils restent longtemps, et ont doncsupporter les mémes carts que s'ils avaient été accompagnés pardes femmes de chez eux. Quelques fois les jeunes gens nonmariées emmènent la plus vieille de leurs soeurs en âge detravailler les plus &gees, pour s'occuper d'eux. Les hommes sontmoins disposes à se faire accompagner de leur femmes lors de pluslongs voyages, en direction du Nigeria, du Gabon, de la GuinéeEquatoriale par exemple. A part les allocations qu'ellespergoivent de l'équipage, les femmes qui vont en "aprodo" sontaussi autorisées à vendre de la nourriture preparée durant leurtemps libre pour gagner de l'argent supplémentaire.

Des structures d'autorité basées sur le statut de leur maridans la compagnie se sont naturellement développées chez lesfemmes. Si la femme du propriétaire de la pirogue voyage avecl'équipe, elle devient automatiquement la dirigeante des femmes.Elle essaie de maintenir des relations saines parmi toutes lesfemmes. Elle s'assure aussi que des conflits n'éclatent pas entredifférentes épouses. Occasionnellement une femme peut refuser deretourner au pays pour permettre a sa coépouse de rejoindre sonmari. De telles femmes peuvent etre autorisées à rester a leurspropres frais, en échange de la promesse de ne pas intervenirdans la vie de son mari et de sa coépouse.

6. Technologie et Migration

Les pécheurs ga-adangbe péchaient traditionnellement a laligne, mais ils ont aussi suivi les Fantis dans l'utilisationdes unités motorisées Poli et Ali (Haakonsen, op.cit). Lescompagnies choisissent leur engin en fonction auquel ilss'atendent du type de pécherie dans la communauté-hote. Le choixde la technologie à utiliser est aussi affecte par la locitiqueau voyage. certains propriétaires de pirogue préterent utiliserdes pirogues plus petites que "la pirogue Poli" de 45-48 piedsqui revient tres °here au "sponsor". Néanmoins le Poli est tresutilise dans les migrations.

Une question importante dans les migrations de péche

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concerne la mesure dans laquelle il y a transfert de technologie(dans les deux sens) se fait comme résultante des migrations. Lespécheurs reconnaissent que leurs technologies et leurs méthodesde péche n'ont pas été très pratiques dans les communautésd'accueil. Ceci est plus vrai des migrations internationales quedes migrations internes. Dans cette dernière situation, ils nesont pas sûrs de la mesure dans laquelle leur technologie a étéadoptée par leurs hertes; cependant que certaines personnesreconnaissent que "quelques fois, ils viennent nous observer etnous demandent à l'occasion de leur apprendre notre technique".

La péche se la ligne en haute mer commundment appelée "awamsea" par exemple, semble étre particulière aux imigrants partoutoù ils la pratiquent, notamment à Port Harcourt et Lagos auNigeria ainsi qu'en Cate d'Ivoire.

Dans beaucoup de communautés h6tes, la péche au filet en eaudouce est répandue chez les pécheurs autochtones Au Nigeria, ilsemble que pécheurs autochtones et migrants manifestent peud'intérét à adopter réciproquement la technologie de l'autre.

En C6te d'Ivoire, les pecheurs autochtones ont apparemmentadopté la péche à la ligne, apprise de leurs visiteurs ghanéens.Mais certaines differences se sont développées entre les deuxpratiques. On dit que les ivoiriens passent moins de temps enmer, et ne s'éloignent pas de la cate, une habitude venant de lapériode où le poisson était abondant non loin de la cbte. Lesimmigrants ga-adangbe pour leur part, restent plus longtemps(jusqu'e 6 jours) et pendant cette période, explorent d'autresports comma Cape Palmas, (eaux libériennes), Axim, San Pedro. Letableau 4 décrit les types de technologie qui sont utilises parles immigrants au cours de leur voyage et de leur séjourl'exterieur.

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Le filet maillant dérivant est connu sous le nom de anifa-anifa, en retérence probablement, au passage à la conduiteautomobile à droite (anifa) qui aurait coincide avecl'introduction de ce filet au Ghana, au milieu des années 70. Lapéche à la ligne dans le cadre de mardes de 3 jours ou plus, estappelée "awam sea" ou "lagasse". Dans ce type de péche, lespêcheurs transportent de la glace pour conserver le poisson. On a

Tableau 4. Les technologies liées au Emigrants Ga-Adangbe

Liar< visités 'Itch. des migra-rts DaraScajar Pchat des migraits Vente des migraits

A l'étrabgerFilet darivant Pni-fa Ani.fa, notar,PaLi ligre

7 nnis à 5 as Pirogues(Oatcn:u)

GrinSe hquataciale

,

Matar, Watsa 8 rrcers à n a). Filets (rrur ré-Piroguespa-al:1m)

Nigaria Filet dacivant, Natears a filets(Lagos, Ebrt 2 a-s PircgasHarcourt.) vatsa

Careran Itsteur Wabsa 4 à 7 mais Filets Pirogues

06ia d'Ivaire Ligcs (A34an ssa) , 1 NOELS 6. 4 as Haregcns a lignes Walla pirogues(Ploditan, San Paro) 4 as (a des janens)

11:50 (11-16) ncteur, 3 urns 1/2 a Mas PiroguesWatsa, ligne 6 Innis

Gahm notar, 8 nois a 1 al Fikts PirogisWbtsa

Au ClaraAt Filet dormant 4 mats Went

(toga, taga)voile

NYariam notar 1 mais Went Malt

kdm Watma, lige 1 mais Watt Naent

?Pan 14atma etc. 1 rrcis Nkst Mart

Saisia Breku 1 rrcds Ngent. Went

Wirnsta 14atsa 1 nais Itent Mart

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aussi remarqué que depuis que les bancs de poisson se sontdéplacés vers le large, les pécheurs autochtones ont pratiquementabandonné la 'Ache "Awam sea" en mer,au profit de la péchelagunaire. Les pécheurs ghanéens sont responsables en grandepartie des débarquements de la péche piroguière maritime en C6ted'Ivoire.

7. Les conséquences des migrations.

Comme nous l'avons mentionné plus tik, la migration est unaspect intégral et fondamentalede la péche parce que lespécheurs sont enclin à suivre les migrations des bancs depoisson. Au-dela cependant, les pécheurs en attendent desbénéfices économiques et, indirectement, sociaux. Il faut aussiprendre en compte les difficult6s et les dettes contractéespendant les voyages, et qui causent des épreuves considérablesaux compagnies.

7.1 Les avantages de la migration.

Les migrations internationales, lorsqu'elles sont marquéespar le succès, rapportent beaucoup de bénéfices a la compagnie.Les membres de l'équipage et les femmes ont la possibilitéd'économiser de l'argent pour l'investir chez eux dans desprojets coûteux tels que la construction et l'élevage. Certains,grâce à une avance sur leur salaire achetent des appareilsélectroniques, des vétements et des ustensiles de ménage dans lepays h6te. Du matériel de péche, comprennant des filets et desmoteurs hors-bord est aussi régulièrement achetés pendant cesvoyages. Ce matériel est considéré comme moins chers et plusfacile à trouver dans les pays voisins. Les compagnies vendentquelquefois leurs pirogues et retournent chez eux par voieterrestre. Rien ne porte à penser que des pirogues soientachet6es dans les pays voisins; les économies réalisées pendantces voyages peuvent en tout cas, financer l'achat d'une nouvellepirogue au pays.

On dit que les migrations internes sont moins profitablesbien qu'elles aident les pécheurs à subvenir à leurs besoins.Certains d'entre eux admettent qu'ils réalisent des économiespendant ces voyages, mais moins que dans les migrationsinternationales. A la base de ceci se trouve naturellement laplus faible valeur du cedi par rapport au CFA ou au Naira dansles pays visités par les pécheurs.

Sur le pan social les migrants gagnent de l'importancecompte tenu de leur plus large connaissance du "monde". Ilspeuvent aussi acquérir un nouveau statut en se mariant, grace auxéconomies réalisées à l'étranger Les pécheurs signalent qu'ilsrapportent chez eux de nouvelles chansons, des danses et méme denouvelles manières de s'habiller, ce qui les différencie desautres. Indirectement, ceci indique un certain degréd'interaction sociale entre les immigrants et leur hftes, ce quine transparait pas souvent dans les conversations. Le tableau 5ci-dessous, décrit certains des avantages typiques que tirent lespécheurs et leurs familles des migrations. Le tableau comprenddes réponses multiples.

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Type d'avantage

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Tableau 5 : Les avantages provenant des migrations interneset internationales dont jouissent les pécheursga-adangbe (1990).

Interne

Meilleure organisation du travailRealisation d'économieProfiter des peches abondantesdans les communautés h6tesDe Colis réguliers d'argent, deprovision et autres effets personnelsenvoyés au pays 30%Facilité de credit dans les commu-nautés d'accueil 10%Prix modérés des intrants dans lesregions -h6tesAquisition d'intrants non disponi-ble au paysMeilleures zones ou port de pêchedans les communautés -hates 50%Investissements grace aux economiesenvoyées au pays pour étre biengarde.Devises étrangèresAucun avantage 5%

40%65%

60%

International

55%70%

60%

80%

30%

10%

5%

20%

10%10%10%

Source: Travail de terrain sur les pécheurs Ga-Adangbe 1990.

7.2 Les difficultés des migrations

En depit des avantages apparents dont jouissent lespécheurs dans leurs migrations, il y a aussi des déboires. Cesdéboires pourraient être causes par une mauvaise alimentation etun mauvais logement, des préparatifs d'entrées inconsistants etdes malentendus avec leur "mèren-responsable du poisson.Desdifficultés plus fondamentales telles que les mauvaises saisonsde peche peuvent conduire la compagnie a un quasi-désastre. Letableau 6 décrit certaines des difficultés et des souffrancesmajeures susceptibles d'arriver aux pécheurs migrants dans lesvilles et les villages qui ont été étudiés.

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Tableau 6. Les difficultés vécues au cours des migrationsinternes et internationales parmi les pécheursGa-Adangbe

Source: Travail de terrain sur les pécheurs Ga-Adangbe, 1990.

Le pourcentage relativement élevé de pécheurs citant "unemauvaise saison de péche" comme une difficulté majeure, soulignele caractère précaire de l'activité de péche et le fait que lespécheurs ont tendance à la percevoir come une opération dehasard, aussi bien chez eux qu'a l'extérieur. Dans un exempletypique, une compagnie de Prampram qui était à Lomé en 1983s'était endettée considérablement, ce qui, a Prampram, continuéde décourager les migrations vers Lomé. La compagnie avaitemprunté 120.000 FCFA à sa "mère-mareyeuse" pour acheter unfilet, et a été incapable de la rembourser jusqu'a son retour auvillage, avec la promesse de payer aussi tat que possible. Lamareyeuse les suivi au Ghana où elle a tout raconté à la policequi a ordonné aux pécheurs de payer la somme plus les intéréts,s'élevant à près de 1.180.000 cedis remboursables sur deux ans.Les pécheurs ont été financièrement ruinés par cette dette.

8. Conclusion

Bien que n'étant pas liés a une tradition de migrationextensive, les pécheurs Ga-Adangbe sont cependant depuislongtemps impliqués aussi bien dans des migrations internesqu'externes. Ce document n'est pas arrivé à estimer la composanteGa-Adanghe des communautés migrantes ghanéennes. Les méthodes quiont été utilisées ailleurs pour estimer la taille probable des

Type de difficultés Internes Internationales

1) Mauvaise saison de péche 55% 40%2) Pannes d'équipement 10%3) Conflits avec les autochtones 5%4) Lourdes taxes 10% 5%5) Problèmes de logement 5%6) Escroquerie et tendance à l'ex-

ploitation chez les hates 5% 25%7) Barrières linguistiques 15%8) Absence prolongée loin de la

famille 10%9) Harcellements policiers frequents 25%

10) Difficulté de transport des arti-cles au lieu d'origine 15%

11) Manque de communication 10%12) Manque d'installation portuaire 5%13) Differences de devise 10%14) Cas de maladie ou de mort 5% 25%

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populations migrantes telle que la difference de population avantet après leur arrivée (Diaw, 1983) pourrait ne pas êtreappropriée à cette étude-ci, puisqu'elle ne fait pas dedistinction entre les origines ethniques des migrants. Ce typed'information peut étre obtenu a partir d'un décompte ethniquedes migrants dans certains ports d'accueil.

Il semble que les pécheurs ga-adangbe aient augmenté leurparticipation aux migrations internationales au fil des anspendant que leurs migrations internes, spécialement sur le planinter-régional, pourraient avoir diminué. Par exemple Ada quiétait jadis une communauté accueillante, active, n'attirent plusles pécheurs migrants. Un pécheur de ¡(pone nous a dit qu'il yavait beaucoup moins de migrations internationale pendant sonenfance dans les années 1940, pourtant ¡(pone est aujourd'hui,l'un des ports de depart les plus actifs pour les migrationsinternationales, dans la region de péche ga-adangbe.

La croissance de ce type de migration pose plusieursquestions au sujet des accords sur la libre circulation desnationaux au sein de la region; l'effet des pécheurs migrantssur les activités de péche des pays voisins; et la sécurité desmigrants dans les pays étrangers, en cas de conflits internes ouinternationaux. Le très recent depart des pécheurs ghanéensfuyant la guerre du Liberia est un exemple clair des difficultésqui peuvent survenir lors de tels mouvements, en particulier,dans le cas des migrants permanents.

L'étude montre aussi le rede actif que les femmes jouentdans les migrations en general. Il est intéressant de noter leurcapacité à négocier auprés des membres de l'équipage, laremuneration économique directe du travail attendu d'elles entent que femmes mariées; le ticket de voyage qui permet à lamajorité des femmes de suivre les equipages dans leursmigrations.

La plupart des faits tendent à soutenir le point de vueselon lequel les migrations sont d'abord motivées par des raisonséconomiques, bien que les retombées sociales ne puissent pas étresous-estimiées. Genéralement, les pécheurs voient les migrationscomme une opportunité de se concentrer sur leur travail etd'économiser pour investir leurs capitaux. En cela lepropriétaire de pirogue et les membres d'équipage ont un intérétcommun, de nature A promouvoir l'ardeur au travail pendant que lacompagnie est A l'extérieur.

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LES MIGRATIONS DES PECHEURS ANLO-EPTE*

ParG.K. Nukunya

Les Anlo dont la terre natale est la region entourant leslagunes de Keta de Avu et de Angaw à l'est de l'estuaire de laVolta, sont aujourd'hui les plus nombreux et les mieux connusdes peuples qui parlent le ewe et qui habitent aujourd'hui dansle nord-est du Ghana, le sud du Togo et le sud-ouest de laRepublique du Benin. Des traditions orales, des endroitsreconnaissables et des enregistrements historiques suggérent queles Ewe ont vécu soit à l'intérieur soit aux alentours de Ketuprès de l'actuelle frontière bénino-nigérianne dans le paysYoruba et plus tard à Notsie (Nuatja) au centre du Togo avant des'installer en différents groupes dans leur pays actuel vers lafin du 176 siècle.

Aujourd'hui les Ewe parlent une langue avec de légèresvariations locales et sont tous conscients de former un mémepeuple bien qu'ils n'aient jamais vécu sous la mame autoritépolitique depuis leur arrivée. Bien que formant un large groupeculturel, il existe des differences dans leurs institutionssociales et politique; ce qui rend les generalisationshasardeuses. - (Nukunya 1969: 1-2). Par example, leurs entitéspolitiques vont de petites federations composées de quelquesvillages dont les populations dépassent h peine au total 200habitants à celles ayant, comme Anlo de nombreuses aglomérationsde grande taille. En 1984 par example, les districts constituantAnlo ont consigné une population totale de 337.477 habitants(Bureau Central des Statistiques 1984:68). Les activitéséconomiques varient aussi largement. Pendant que les peupleshabitant les cates et le long des cours d'eau combinent la pécheavec une agriculture limitée, on constate que les continentauxsont des producteurs de cultures commerciales comme le cacao,l'huile de palme et le mails ainsi que des tubercules comprenantle manioc et l'igname.

Il faut aussi mentionner que en raison de la pauvreté deleur sol, les Ewe sont beaucoup plus poussés a la migrationsaisonnière et permanente entrainant de larges colonies demigrants Ewe dans les pays avoisinants et aussi dans des regionsde leurs pays où on ne parle pas le Ewe. Par example, lerecensement de 1948 de la Cate de l'Or (Ghana) a indiquéclairement que les Ewe se déplacent graduellement vers l'ouest;qu'il y a une migration générale de leur region d'origine versdes emplacements a l'ouest. Cette observation a cependant ignorel'importante colonie d'Ewe ayant migré sur les cates de laRepublique du Benin et l'ouest du Nigeria. En effet la migrationdes peuples Ewe s'est faite a une si grande échelle que certains

* Traduit de l'anglais.

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estiment que le nombre a l'extérieur est supérieur à celui del'intérieur. Ceci veut dire que la population des Ewe dépasseraitlargement 4 millions. (Nukunya 1988(a):68).

De toutes les migrations Ewe, les mieux connues et les plusfacilement identifiables sont celles des pécheurs Anlo exerganttravers toute la zone cétière de l'Afrique de l'ouest (du CapVert à la baie de Lobito). D'autres ont été trouvés dans lesnombreux campements continentaux à travers la region jusqu'aMopti au Mali. Ils ont ainsi bien mérité le titre de "pécheurspanafricains" que leur a donne Polly HILL il y a bientea 30ans.(HILL 1963-64:1455).

Il existe une preuve qui suggère que la péche maritime lelong de la ea-be Anlo a commence au milieu du 196 siècle etqu'elle doit son origine à la presence européenne (Nukunya1987:10-11). La senne avec laquelle la péche a commence et quiest toujours pratiquement le principal filet utilise est appeléeYévudor ou "le filet du blanc", bien que la pirogue elle, atoujours été obtenue des zones forestières avoisinantes.

En tout cas la péche est restée une activité sédentairejusqu'a la fin de la lère guerre mondiale. Badagri à l'ouest duNigeria, a été le premier point d'attraction dont les alentoursont accueilli l'exode de masse ayant atteint un point culminanten 1925-26 (Nukunya 1987:20). Les migrations vers Abidjan ontsuivi plusieurs années plus tard. Depuis ce temps plusieurscentres comprenant Tabou en Cate d'Ivoire, Seme à l'Est deCotonou, et Grand-Popo, tous deux en Republique du Benin, ontemerge. Ces regions représentent les principaux points demigration en dehors du Ghana bien qu'on puisse trouver descolonies dispersées plus loin come il a été mentionné plus tét.Il faut aussi noter que, pour avoir été le premier centred'attraction des immigrants, Badagri à l'ouest du Nigeria est laville à laquelle on se réfère d'habitude. En fait, on trouveactuellement entre la frontière bénino-nigériane et Lagos denombreux hameaux de péche florissants. Au Ghana même, encommengant par l'est les centres importaras sont Ringo, Accra(Chorkor), Senya Beraku, Winneba, Mu,ford, Cape coast, Shama etHalf-Assini. A l'intérieur de la region Anlo, il y a aussi unmouvement interne vers le Amutinu et le Agorko au nord-est, leDzita et les Srogbe au sud-ouest, pour ne citer que les plusimportants centres recevant des groupes venant de largesétablissements comme Tegbi, Woe et Keta (Abutiakofe).

Le type de migration concernant les pécheurs marin anlorévèle par consequent trois principales directions. La premièreest celle faite le long de la cate Anlo elle-méme. Puis vient lamigration vers les zones cOtières Ghandenne en dehors de Anlo etenfin les expeditions internationales vers les pays voisins etvers des endroits plus éloignés.

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Dans sa forme générale, la peche maritime des Anlo estorganisée en unites gérées par des individus et des familles.Les importantes exigences pour asseoir une unite de péche sont:l'engin de péche qui est la senne (comprenant le filet, lescordages, les flottans et les poids), la pirogue et l'argentpour réunir l'équipage. Le filet en question va du plus petitmesurant 20 pa 30 pieds de large et a peu près 300 pieds ou plusde long filet géant d'environ 80 pieds de large et plus de 2500pieds de long. Les premiers sont utilises localement tandis queles grands sont ceux qui sont presents dans les migrations.Pourtant, pour pécher localement le mackerel (Caranx hippo) dansle cadre de la péche afafa, les filets, appelés afafador (filetafafa), ont toujours été grands, ressemblant de près au modèlegéant qu'on vient de décrire. On pense méme que les grandsfilets actuels sont modelés à partir de ceux originellementutilises pour la péche afafa.

La seule difference entre l'ancien et le nouveau filet estque le premier était fait en coton tandis que le second est enfil nylon ce qui le rend plus resistant. Il est aussi conseilléque l'unité de péche ait en supplement un ou deux petits filetsqui sont spécialement utilises pendant la saison creuse pourassurer la compagnie de l'autoconsommation. Il y a ensuite lapirogue qui est de type monoxyle, renforcé avec des bordées demadrier scié, mesurant à peu près 30 a 40 pieds de long etjusqu'e 5 pieds et demi de large et suffisamment profonde pourcontenir confortablement le filet et un equipage de 13 personnes.Les principaux responsables d'une unite de 'Ache sont: ledirecteur commercial ou le bosun comme l'appellent les Anlo eux-même; son assistance; le sécrétaire/sécrétaire financier et letrésorier.

Ainsi donc pour avoir l'équipement essentiel pour commencerla 'Ache sur place ou ailleurs on a besoin en gros de ce quisuit:

La pirogue et son transport de la fora - 1.000.000 cedisLe filet et les cordages - 1.500.000 cedis

Il faut aussi ajouter des le depart des instruments deramendage et du fil dont le coût peut s'élever à 100.000 cedis.Au total donc on a besoin de faire à peu près 3.000.000 de cedisde dépenses qui selon le taux actuel de change de 360 cedis pour1 dollar donne un montant juste en dessous de 8.500 dollars US(Nukunya 1989:160). Pour les migrations, les dépenses les plusimportantes portent sur les questions de transport de l'engin depéche, des hommes, de leurs dependants et de leurs familles. Lepropriétaire de la compagnie doit fournir en plus une avance de10.000 à 50.000 cedis pour chacun de ses hommes, soit environ 30personnes. Il faudra aussi tenir compte pour les expeditionsinternationales des frais de douane, des pots de vin a lafrontière et des extorsions d'argent. Il est clair que les coûtsdu transport varient en fonction de la distance et des

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frontier-es a traverser. Pour les déplacements à l'intérieur duGhana, seule la distance compte, mais pour les expeditions plusaudacieuses en Cdte d'Ivoire, au Liberia, en Sierra Leone et plusloin il y a beaucoup plus que les frais de transport à engager.Ainsi mis à part les dépenses initiales sur l'équipement quis'élèvent à 3.000.000 de cedis ou 8.500 dollars US, uneexpedition à Freetown, au Congo ou au Gabon nécessitera en plusun capital d'environ 2.500.000 cedis soit à peu près 7.000dollars US faisant un total de 15.000 dollars US pourl'équipement et le voyage. Les mémes dépenses à l'intérieur duGhana se situent entre 10.000 et 12.000 dollars US (Nukunya1989:160).

On peut imaginer les niveaux de revenu a. partir desquels cesmontants vont étre tires localement quand les ressourcesannuelles des hauts fonctionnaires ne sont que de 2.000 dollarsUS a peu pres. Dans ce contexte, il est trés important de noterque la plupart des propriétaires de pirogue appelés dans lalangue locale dotowo (au singulier doto) sont des ruraux etsouvent des Metre's. Une etude plus poussée a révélé pourtantque ces entrepreneurs sont pour la plupart, des descendantsd'anciens propriétaires alors que d'autres sont des commercantset des fonctionnaires ayant change d'activité pour la pechecause de ses perspectives lucratives (Nukunya 1989:161).

En considérant ce qui precede le propriétaire de l'unité depéche nous parait étre un homme auto-suffissant, mais ce n'estpas toujours le cas. Aussi bien dans la période de preparationde l'expédition qu'en plein contrat, il devient parfoisnécessaire de rechercher un support ou une assistance financiere.Mais à cause de certaines difficultés et des contraintes, lesbanques n'apportent pas souvent beaucoup d'aide. Etant Metre's,les propriétaires de pirogue ne se sentent pas très aisé avecles operations bancaires et leur paperasserie. Etant donne qu'ils°parent loin de chez eux, ils sont également incapables decontacter les institutions financières de leur pays ou de seconfier aux autochtones de leur residence temporaire. Lorsque lespécheurs (propriétaires de pirogues) sont dans le besoind'argent, les bailleurs de fonds locaux, leurs relations et leursamis sont ceux de qui ils dependent dans la perspective d'unprét. Ceci est pourtant inadéquat à cause du taux d'intérétélevé et de la non disponibilité de fonds suffisants pour couvrirles demandes incessantes (Nukunya 1978: 171-74).

Etant donne l'importance de l'engagement financier, lebesoin d'une operation réussie est evident si les pertes sontéviter. Le doto doit faire assez de recettes pour couvrir sesdépenses et en méme temps satisfaire son equipage, non seulementpour garder celui-ci durant tout le voyage mais aussi pourengager des hommes de futures expeditions. Ici lesconsiderations importantes sont ses qualités de chef et celles deses principaux officiers, le système de partage qu'il adopte et

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la manière dont il traite les membres de son equipage et leurfamille. Pour ce qui concerne le système de partage, la proceduregénérale est de diviser les revenus de 'the en trois parts avecdeux parties allant à l'équipage et une partie au doto. Lesprincipaux responsables du groupe comme le bosco, son assistant,le sécrétaire et le trésorier bénéficient d'une majoration.

Dans le but de determiner les raisons qui poussent lespécheurs à migrer, il est important d'avoir quelques ideas ausujet de la géographie de la region Anlo. La c6te Anlo qui estprise en sandwich entre la mer et la lagune est si étroitequ'elle dépasse à peine 1 mile de large en ses plus grandesportions. Elle contient malgré tout plusieurs grandesaglomérations installées sans discontinuité, comme des grains lelong d'un fil; ce qui donne une densité bien au dessus de 1.000habitants au mille carré. Ceci est a comparer à une densité de370 habitants/mile carré pour toute la region Anlo. Les Anlo dela c6te ont donc très peu de place pour travailler. Ils sontobliges d'exploiter au maximum la mer et les lagunes. L'industried'échalute, a Anloga et dans d'autres villes, qui depend d'uneculture intensive est une reaction à cette situation comme l'estaviculture qui a marque la zone pendant des siècles (Winnet 1850Grove 1950. et Johansen 1968:1407). Par consequent la péche est lemoyen de subsistance le plus sûr pour un grand pourcentage deshabitants spécialement en dehors des regions où poussent leséchalutes. Cependant depuis le début du 206 sicècle les c6tesAnlo sont apparemment surexploitées d'où la nécessité auxpécheurs de rechercher le confort ailleurs, dans des eaux plusproductives.

Pour les propriétaires de pirogue aussi bien que pour lesmembres de l'équipage, la decision d'émigrer est prise enconsideration de la situation au village. Il en est ainsi parceque bien que la surexploitation oblige certains habitants aémigrer, ce n'est pas tout le monde qui subit la méme pression.Comme il a été mentionné, tout le monde n'est pas nécessairementpécheur. 11 existe d'autres occupations. Par ailleurs ce ne sontpas tous les pécheurs qui s'adonnent à la péche à plein temps.Méme parmi ces derniers, certains combinent la péche maritimeavec la péche lagunaire étant donne que cette dernière, bien queplus rémuneratrice est une occupation saisonnière, avec despériodes de plusieurs semaines, voire des mois séparant parfoisles principales saisons. Ainsi, ce sont souvent les pécheursmarins à plein temps qui sont impliqués dans l'émigration.D'autres se joignent à l'expédition dans l'unique but de se fairede l'argent pour former leur propre compagnie ou initier d'autresentreprises ou pour d'autres raisons encore, telles queconstruire une maison. Quelqu'un qui rejoint une expedition pourune telle raison ou pour un tel but ne le fera probablement pasplus d'une ou deux fois. Etant donne ces considerations, ilsemble que si le pécheur qui migre est celui qui n'a aucunealternative chez lui, la perspective de rentrer au village avec

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une grosse somme d'argent pour un projet précis est uneconsideration qui influence beaucoup d'autres personnes (cf.Jorion 1988: 152-53).

Les propriétaires de pirogue ont différents facteursconsidérer. Le but vise par tout pêcheur marin ambitieux est deformer une compagnie avec un grand nombre d'hommes et leurfamilles sous sa tutelle. S'il réussi dans son ambition, il a debonne chances de se faire de l'argent, de marier beaucoup defames et de s'établir comme un personnage respectable de lacommunauté. Cependant, posséder un engin et former une unite depêche est une chose, aller en expedition loin de chez soi en esttoute une autre. Plusieurs personnes seraient d'accord pourtantpour dire que c'est seulement le manque d'argent qui peutempêcher un doto de faire au moins quelques déplacements, quandbien même il ne voudrait pas faire des migrations un modusopérandi permanent.

De tous les aspects importants de leurs operations, letransport est peut are le plus étonnant et clairement le plusrisqué. Pour les voyages dans les centres de pêche du Ghana, lesmembres d'équipage et leur famille ainsi que l'engin de pêchesont transportés par voie routière. Il arrive aussi que certainsmembres sélectionnés de l'équipage utilisent les pagaies ou lavoile pour amener la pirogue à destination. De nos jours lesmoteurs hors-bord sont utilises pour cela. Cependant pour lesvoyages internationaux l'engin de pêche et d'autres équipementset articles sont transportés le long de la cOte dans la piroguependant que les hommes et leur famille sont acheminés par laroute. Les traversées de frontier-es sont souvent lentes etpénibles, pas nécessairement à cause des politiquesgouvernementales mais parce que les agents de la sécurité, lesdouaniers et les agents des services d'immigration exploitentl'ignorance et le statut analphabete de ces hommes pour leurestorquer de l'argent et des biens. C'est ce qui arrive enparticulier durant le voyage retour où leurs camions sont chargesde vêtements, de provisions et autres objets de valeur. Toutesles frontières, sans exception, ont été citées à cet égard. Unautre problème très préoccupant provient des fréquentesfermetures de frontières qui bloquent les pêcheurs à des pointsimprévus.

Normalement une expedition dure 18 mois avec un intervallede trois mois à peu près. Cependant, il est frequent actuellementde doubler la période du contrat du fait que les saisons ne sontpas suffisamment fiables pour permettre à une compagnie debeaucoup réaliser pendant la durée normale. A ce sujet un pointi_mportant à noter est que la période d'un contrat ne signifie pasqu'il doit y avoir une pêche continue. Comme toute operation enmer, les activités sont déterminées et réglémentées par lessaisons et des conditions atmosphériques favorables. Ainsi dessemaines ou des mois peuvent s'écouler sans aucune production

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substantielle. C'est le cauchemar du doto parce que quelque soitla situation, l'administration et le support général de lacompagnie doivent continuer. Il doit toujours avoir les fondspour faire face a toutes éventualités.

Pendant qu'ils sont à l'endroit choisi pour mener lesopérations, la compagnie habite dans des campements, construitssa partir des fonds fournis par le propriétaire Les provisions defond pour ces maisons sont nécessaires seulement pour lesnouvelles compagnies ou les nouveaux équipages. La plupart de cescampements sont devenus des résidences permanentes et du faitque ce ne sont pas tous les membres de l'équipage qui reviennent

chaque expédition, il y a toujours des chambres ou des casesdisponibles dans l'ancien établissement; mais il y a égalementtoujours des réparations en cours. On doit souligner que tous cesinvestissements par le propriétaire de pirogue vont dans lechapitre des frais communs qui sont déduits de la vente avant lepartage des bénéfices. Il est aussi à mentionner que des accordsavec les chefs et le propriétaire de terrain sont nécessairesavant l'installation de la compagnie et ces accords comprennentle payement de tributs sous la forme de boisson, de poisson etd'argent. Les montants indiqués varient de campement encampement mais on les trouve généralement élevés bien qu'ils nele soient pas suffisamment pour empécher une compagnie des'établir à un endroit de son choix.

Nourrir la compagnie est aussi comme cela a été mentionnéla responsabilité du doto. Bien que le propriétaire devrait sefaire rembourser cet argent à partir des fonds de la compagnie,ces dépenses constituent une pression sur ses ressources. De leurcerté plusieurs éléments de l'équipage touvent que la ration quileur est attribuée est pluteyt inadéquate et sont obligés del'augmenter de différentes manières y compris par des empruntsauprés du doto. La peur que les emprunts pour augmenter la rationde chaque pécheur atteignent de telles proportions qu'ilsabsorbent complètement le revenu individuel a la fin du contratoblige certains à chercher d'autres moyens de subistance. C'estla raison que beaucoup de pécheurs donnent en amenant leurfamille de manière que les activités commerciales de leur femme ycompris le traitement du poisson puisse les faire vivre et ainsileur éviter ainsi de dépendre encore du doto. Un membred'équipage avec sa famille auprès de lui a aussi l'avantage demanger de la nourriture préparée chez lui plutft que de louerles services ou de dépendre d'un cuisinier qui est souvent unparent ou une femme d'un autre membre de la compagnie.

Il serait extrémement difficile de compter le nombre decompagnies anlo qui °parent en dehors de leurs cftes natalesétant donné qu'il faudrait pour cela visiter tous les campementsde pécheurs à travers l'Afrique de l'ouest. Il est pourtantpossible de faire une estimation à partir de données collectéesdans les lieux de départ. Une étude récente par l'auteur (en

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1989) a révélé que les principales regions de concentration sontmaintenant Shama à l'ouest du Ghana, Abidjan en Cate d'Ivoire etles Cates ouest du Nigeria avec de petits nombres éparpillés dansles autres centres. Woe une des principales origines des emigres

onze compagnies à Abidjan, six à Half Assini et a peu près 20au Nigeria. D'autres points d'origines, comptant jusqu'à 5compagnies dans cheque centre sont des endroits comme Cape Coast,Winneba, Mumford et Accra (Chorkor). Sur la base de calculsapproximatifs, cette ville doit avoir a elle seule, pas moins de30 compagnies exergant en dehors de ses cates. Si on se souvientqu'il y a environ 20 grandes aglomérations le long de la cateAnlo avec de fortes tradition de péche et que pour une dizained'entre elles les chiffres doivent concorder ou dépasser ceux deWoe, on devrait alors approcher le nombre de cinq cents. Cechiffre se raproche incidement du nombre de compagnies quiopéraient localement en 1986, quand 466 pirogues ont été comptéesentre Atiteti et Blekusu (Jorion 1989:135), bien qu'un décompteprecedent ait donne des chiffres plus grands (Grove 1966:405). Ilfaut aussi mentionner que nous comptons ici seulement descompagnies de pèche a la senne de plage et non les grands bateauxde haute mer, les chalutiers ou les petites compagnies commecelles des pécheurs de filets maillants.

Les operations d'une compagnie sont organisées de tellemanière que les prises sont vendues seulement aux femmesassociées au groupes. Celles-ci comprennent les femmes du doto etcelles des membres d'équipage ainsi que les femmes apparentées aupropriétaire et aux principaux membres de la compagnie. lesfemmes qui assistent financièrement la compagnie ou qui serventen tant que cuisinière y ont aussi accès Les ventes se fontcredit et à des prix raisonnables pour assurer une mergebénéficiaire adequate aux femmes. Les payements sont faitsrégulierement après chaque période de quelques jours ou dequelques semaines d'activités quand les comptes de la productiondes dépenses et des recettes sont faits. La méthode courante deconservation est le fumage bien qu'une partie soit quelques foisséchée quand la production dépasse la capacité des fours. Lepoisson est aussi frit. Au Ghana les activités de ces compagniessatisfont grandement les besoins locaux et ceux du pays au senslarge. A part les centres d'opération, les importants marchessont Accra, Kumasi, Takoradi, Tamale et Bolgatanga. En dehors duGhana, particulièrement en Cate d'Ivoire, au Liberia, en SierraLeone et à l'ouest du Nigeria (DU les indigenes s'engagent à peinedans la péche maritime, la pécherie locale est complètementdominée par les pécheurs migrants dont les Anlo, les Fanti etles Ga-Adangbe sont les plus remarquables.

Le succès ou l'échec d'une expedition est mesuré parl'importance des parts individuelles a la fin du contrat.Naturellement les résultats finaux ne sont jamais les mémes entreles différentes compagnies ou entre les saisons ou les périodesde contrat. Cette année par exemple le revenu individuel des

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membres de deux compagnies de retour d'Abidjan s'élevait a unemoyenne de 300.000 cedis, soit à peu prés 850 dollars US. Ceciétait considdré par beaucoup comme étant peu pour un contrat de 3ans. Ca l'est d'autant plus que c'est à partir de ce revenu quecertains emprunts doivent étre remboursés. Dans ce cas préciscertains membres d'équipage ont fini par avoir moins de 100.000cedis. Ce qui est cependant consolant c'est que sa famille et luiont été nourri pendant cette période aux dépens de la compagnie.Il regoit aussi à la fin du contrat sa part de vétement que lacompagnie donne a tous les membres de l'équipage.

Une manière d'évaluer le revenu du pécheur migrant est de lecomparer à celui de son homologue qui est resté au pays. Lesactivités de ce dernier sont clairement exécutées dans desconditions nettement plus confortables qu'il soit pécheur marinou lagunaire ou qu'il soit cultivateur d'échalote. Tout d'abord,ceux qui sont restés vivent au milieu de leur famille ettravaillent dans une atmosphère plus détendue quoique, à ladifférence des migrateurs, ils doivent se débrouiller eux m6me.Cependant la situation du travailleur local serait à considérerpar rapport aux conditions physiques et climatiques précaires quiaffectent défavorablement ces activités d'année en année. Lapéche lagunaire et la culture d'échalote sont extrémementvulnérables aux les caprices du temps qui souvent alternent lesinondations et la sécheresse (Nukunya 1975:60-61, 1978:36-45).Ainsi durant la sécheresse de 1986 et plus récemment celle de1987, la prise de mémoire d'homme, toute la lagune de Kéta ainsique les plus petites lagunes ont été, complètement asséchées.Cette situation a aussi touchée les agriculteurs. Cependant aprèsles grandes pluies de juillet-octobre 1987 et la crue desrivières et des cours d'eau qui ont gonflé les lagunes, celles-ciont débordées et ont envahies les régions environnantes y comprisles champs d'échalote. Alors que les pécheurs lagunairesapplaudit la crue des lagunes, les activités des agriculteursd'échalote elles, ont été paralysés. Le résultat en est quedepuis 1986 ni les pécheurs lagunaires ni les agriculteursd'échalote n'ont été en mesure de travailler dans des conditionsnormales. Ces interruptions dues aux facteurs climatiques sontdes aspects communs et réguliers de la région. La situation despécheurs marins artisans a été cependant, très peu affectées parces fluctuations et il serait utile de commencer nos comparaisonsavec eux. Ceci n'est pas très facile; Les interviews révèlentqu'ils gardent très peu notes de leur revenu parce que comme ledit l'un d'eux "Nous vivons juste de la main à la bouche". Cetteaffirmation provient beaucoup plus de l'incapacité à garder desnotes que d'une vie précaire étant donné que la plupart d' entreeux réussissent à économiser suffisamment d'argent pourconstruire les maisons et acheter des vétements chers. Selon desrévélations des propriétaires de pirogue autochtones, les revenustirés de l'exploitation maritime locale par le doto et leséquipages pour les trois derni6res années n'ont pas été moinsfavorables que ceux des compagnies migrantes a leur retour. Un

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doto local est repute pour avoir réaliser un bénéfice net de5.000.000 de cedis en une année et les declarations selonlesquelles un membre ordinaire aurait pû faire 100.000 cedis aumoins, durant les trois années n'ont pas été sérieusementdisqualifiées. Il a été indiqué que les revenus des agriculteursd'échalote et des pécheurs lagunaire pour les trois années sesituaient entre 250.000 - 1.500.000 cedis et 150.000 - 500.000cedis, respectivement.

En traitant des pécheurs lagunaires locaux et desagriculteurs d'échalotes il est important de noter que leursniveaux d'opération varient considérablement La taille deschamps individuels d'échalote va à peu près de 10 parcelles àautant que 200 parcelles. Il est clair que les conditionsfinancières des plus petits et des plus grands ne peuvent pasare les mames quoique la grande majorité se situe quelque partentre 40 et 80 parcelles. Il faut aussi noter que le besoind'avoir le capital nécessaire pour exploiter un champ met ceuxqui sont concernés par l'industrie dans une catégorie propre.Pour quelqu'un ayant perdu ses graines d'échalote au cours d'uneinondation ou pendant la sécheresse par exemple, leréapprovisionnement du stock pourrait coûté jusqu'à 500.000cedis pour le grand propriétaire et aussi peu que 10.000 cedispour le petit. Ceci n'est pas facile pour beaucoup de gens. Lasituation n'est pas très différente dans les pécheries lagunairesoil un filet maillant, le plus utilise actuellement, et unepirogue exploitée par une ou deux personnes, sont évaluésensemble a 150.000 cedis. Certains pécheurs détiennent jusqu'à 4filets mais la plupart n'en ont qu'un seul. Ce n'est donc passurprenant que seulement 25 pirogues et un total de 70 filetssoient couramment en utilisation a Woe (Pop. :5.200) alors que àAnloGa (19.000) le nombre courant est de 54 pour les pirogues etde 102 pour les filets. Etant donné que la terre (parcellesd'échalote) vient souvent un heritage, l'agriculture fournit uneoption plus facile et moins cher que la péche lagunaire &tentdonne que beaucoup de gens ont accès à la terre. Bien que l'enginde pêche et les équipements associés soient aussi hérités, leurdurée de vie est plus courte diminuant leur valeur en tant quepropriétés transmissible par heritage. Ainsi plusieurs de ceuxqui auraient choisi la péche lagunaire se voient ampecher de lefaire par manque de fonds. La culture des échalotes est aussilimitée à ceux qui ont le terrain et de l'argent. Par consequentc'est parmi ceux qui n'en ont pas que nous avons les pecheursmarins à plein temps. Par exemple a Woe oil la péche maritime etla culture d'échalote sont pratiquées, les proportions de lapopulation qui exercent les deux occupations sont presque lesmemes mais à Anloga, la culture d'échalote est la principaleoccupation associée, dans une certaine mesure à la péchelagunaire.

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En revenant aux compagnies migrantes et a leurs conditions,il est nécessaire d'affirmer que bien la péche soit la raison del'expédition et la principale ressource des membres del'équipage, il y a d'autres personnes, telles que des menuisiers,des tailleurs, des magons, qui accompagnent le groupe dans le butde leur offrir certains services auxilliaires. Certaines femmesfont aussi le commerce de marchandises autres que le poissontandis que d'autres s'engagent indépendamment dans lapreparation de la nourriture à vendre aux membre du groupe. AAbidjan et spécialement à l'ouest du Nigeria, certainescompagnies et certaines familles sont aussi devenues desresidents permanents tout en poursuivant leurs activités de pécheou en se reconvertissant dans d'autres domaines. A Abidjan parexemple, il est reconnu que les hommes et les femmes sont engagesdans le développement de propriétés a grande échelle. Au Nigeriaet dans une certaine mesure en Republique du Benin, plusieurshectares de plantation de cocotiers ont été développés le long dela cöte par certains de ces pécheurs emigrants et par leursdescendants.

L'installation permanente accordée aux immigrants et lesactivités économiques qu'ils sont autorisés à poursuivre encomplement de leur activité de péche est à la mesure de leuracceptation par leurs h6tes et des relations cordiales quiexistent entre eux. Dans cette relation il est important de noterque plusieurs mariages ont eu lieu entre les deux groupes.Pourtant malgré cette apparente cordialité dans leurs relations,il arrive que des problèmes surgissent entrainant parfois desconflits sanglants et des expulsions. Par exemple en 1962 il y aeu de serieux troubles h Abidjan entre les migrants et lesautochtones entrainant de fait, le depart de toute une populationd'immigrants. Dans l'intervalle d'une année, ces derniers ontcommence à retourner à Abidjan en disant avoir été rappelés parceque leur depart avait entrainé une pénurie de poisson sur lemarché. Depuis ce temps il y a eu des troubles sporadiques maispas à une échelle aussi grande que celle qui avait entrainé leurdepart. Souvent certaines femmes commergantes et propriétaires deterre, parmi les plus riches, sont retournés au pays après avoirvendu leurs biens b. cause du harcellement des gens du pays. Auméme moment des compagnies de péche retournées au Ghana ontcommence à revenir en C6te d'Ivoire. La conclusion à tirer detout ceci est que les deux communautés ont besoin l'une del'autre. Cependant des difficultés dans leur relation peuventapparaltre.

A l'opposé des experiences difficiles en C6te d'Ivoire, lesrelations des immigrants avec leurs hates en Republique du Beninet au Nigeria ont un caractère relativement calme. Il faut noterici les affinités culturelles entre les Anlo et leurs voisins del'est. Les dialects parlés entre la volta et Badagriappartiennent tous au groupe de langues appelés différemment ewe,Adjatado ou Gbé pour lesquels les nouveaux noms de Tatoid et Mono

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sont entrain d'être suggérés. La religion, l'organisation socialeet la cosmologie sont d'autres secteurs où l'on peut trouver desconvergences (Nukunya 1988:68). Ainsi, les Anlo s'y sententbeaucoup plus chez eux que dans d'autres centres étrangers. Lesgens du pays aussi, pour les mêmes raisons, ont une affinité plusmarquee avec eux qu'avec les autres migrants. Ceci a conduitl'établissement de relations plus cordiales et plus informelleset explique pourquoi plus d'établissement permanents se sontdéveloppés ici que dans d'autres regions d'opération y compriscelles du Ghana. Il est instructif de noter, dans cette relationentre migrants et autochtones que lors de l'expulsion desétrangers du Nigeria en 1983, les communautés de pache Anlo, lesresidents permanents inclus, n'ont pas été touches.

Un effet majeur de ces migrations reside dansl'établissement de la fagon de voir des pécheurs et de leurconnaissance des pays voisins. Ceci concerne non seulement lespêcheurs, mais aussi tous ceux qui sont rattachés à eux et à lacompagnie. Pour beaucoup de migrants, le depart pour un centreeloigne ou étranger est un adieu aux fréquentes demandes de lagrande famille, aux funérailles et autres problèmes locaux.Cependant, ce depart ne fait que réduire la fréquence des cesdemandes. Les centres a l'intérieur du Ghana et ceux à l'ouest duNigeria et la Cate d'Ivoire, entretiennent un traffic régulieravec leurs lieux d'origine; ce qui permet d'envoyer des messagesaux emigrants, les rappelant à la maison en cas d'urgences. Tressouvent aussi les écoliers en vacances rendent visite à leursparents et amis. Ces voyages ont donne à plusieurs d'entre eux lachance de connaitre un peu ces centres et les pays qu'ilstraversent. La langue Baulé parlée a Abidjan, les langues Yorubaet Fon parlées respectivement au Nigeria et au Benin sontactuellement largement connues au sein des migrants; comme lesont d'ailleurs, les langues AKAN et GA (Ghana) aussi bien que lalangue frangaise. Un autre développement intéressant à étél'importation de la langue Gun (Badagri) et la dance occidentaleYoruba appelée GAHU en milieu Anlo. Ainsi les effets de cesmouvements migratoires vont bien au dela des activités et desrelations purement économigues et des relations.

CONCLUSION

Une densité élevée de la population, la pauvreté des sols,un climat imprévisible et la nature particulière de la cate Anlocomme entouree par la mer et les lagunes ont forcé les pécheursmarins Anlo à rechercher des eaux plus riches en dehors de leurzone d'origine. Les migrations qui sont les résultats directs dece développement ont merle les Anlo à plusieurs endroits prochesou éloignés. Dans ce processus les Anlo en tent que peuple, ontacquis une grande renommée à travers la cate ouest africaine, parle biais de leurs compagnies migrantes qui les ont aussi affirméparmi les principales compagnies de péche en mer. Ainsi aucuneetude de la pêche marine sur le continent ne peut les ignorer.

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Bien que leurs migrations soient liées a un rudeenvironnement physique, peu de gens ont répondu avec autant desuccès et de fagon aussi spectaculaire à d'environnementsimilaires. Des visiteurs qui se sont rendus sur les cates Anloont été souvent émerveillés par leur installation dans laquelleles maisons traditionnellement faites en argile et en chaume ontété complètement remplacé par des maisons en dur avec des toitsen feuille d'amiante d'aluminium ou de fer. Cette transformationest due pour beaucoup au travail de ce peuple qui s'estconcretise dans la culture d'échalote et la 'Ache a la senne quiont tous deux, fait la renommée des Anlo. Ceux-ci se sont en plusfaits remarquer dans l'éducation, le commerce et dans le servicepublique.

Leurs echos, leurs valeurs et les autres considerations quileur ont permi d'atteidre leur niveau actuel devrait constituerun intéressant sujet de recherche future pouvant aider a placerla péche des Anlo-ewe dans sa perspective socio-culturelleadequate.

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ANGAWLAGOON

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690'

5°50'

CARTE I.

LA COTE ANLO ET LES PRINCIPALES COMMUNAUTES DE PECHE.

0°40'

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0°40'

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CARTE II.

PRINCIPALES SITUATIONS DES PECHEURS MIGRATEURS ANLO-EWE.

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Abidjan

235

01-IA NA

LOCATIONOF THE

ANLO AREA

AFRICA

Libre v I

Point Noir 9

obouHOIAssIM

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Note sur quelques spécificités des techniques de 'theartisanales du Ghana et leur faible diffusion

par la voie des pécheurs migrantsE. Charles-Dominiquel

RésuméA partir de sources bibliographiques, on constate que

certaines techniques de péche artisanale du Ghana présententdes particularités non rencontrées ailleurs en Afrique del'Ouest, come les filets maillants dérivants de grandedimension utilises pour la péche des sardinelles et les filetstournants coulissants tres originaux utilises pour la péche del'anchois. Ces derniers engins semblent avoir une distributionlocalisée, et ne connaissent qu'une faible diffusion en dehorsde leur foyer d'émergence, mane par la voie des pécheursmigrants originaires de ces regions.

IntroductionAvant de s'interroger sur l'impact technologique des

pécheurs migrants dans les pays d'accueil, il est nécessairede caractériser les technologies utilisées au sein desdifférentes communautés et des différentes zones de péche.Souvent, dans les etudes sur la péche artisanale en Afrique del'Ouest, les engins sont identifies soit par un nom local(watsa, ali, etc.), soit par un nom issu de la nomenclatureinternationale normalisée pour les techniques de péche (sennestournantes coulissantes, filets maillants, etc.). Dans cetarticle, nous émettons l'hypothese que ces nomenclaturespeuvent dissimuler l'existence de technologies spécifiques,ayant leur propre evolution historique, et different notammentpar leur plan de gréement, la composition de captures, etc.

Au Ghana, selon différentes sources bibliographiques,notamment Anum Doyi (1984), on trouve des filets coulissantsd'un type original, comme les filets dits watsa originaires dela region d'Ada, dans l'Est du pays (fig. 1). Nous tenteronsde relever tout d'abord les spécificités techniques pouvantare considérées come particulièrement significatives. Dansl'hypothèse d'une originalité technologique de ces filets, ilest intéressant de s'interroger sur les conditions de leurdiffusion éventuelle, puisque l'on sait que le Ghana est leprincipal foyer d'origine pour les migrations de pecheurs danscette region.

A une échelle plus large et au deld des spécificités d'unetechnologie, c'est l'organisation de secteurs entiers quisemble propre à certaines regions. Ainsi, le secteur de lapéche pélagique cetière apparait organise très différemment auGhana et au Senegal, qui sont les deux pales principauxd'origine des pécheurs migrants en Afrique de l'Ouest.

Particularités des pécheries pélagiguesLa peche artisanale pélagique cetière est tres développée

au Ghana, avec une production annuelle estimée a 65.000 tentre 1972 et 1979, soit environ la moitié des capturesglobales de la 'the artisanale (Bernacsek 1986). Deuxtechnologies principales sont employees et se partagent

1 Centre ORSTOM de Montpellier. BP 5045, 34032 Montpellier Cedex, France

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l'exploitation des ressources : d'une part, différents filetsmaillants de surface et pélagiques, principalement des filetsdérivants, et d'autre part trois types principaux de "filetscoulissants". Les prises sont dominées par l'anchois européenEngraulis encrasicolus, les sardinelles ronde et plateSardinella aurita et S. maderensis, quelques especes moinsimportantes telles que Brachydeuterus auritus, des petitsscombridae comme Auxis thazard, et d'autres especes (Bernacsek1986).

Si l'on se ref-ere au "Catalogue des engins de pécheartisanale du Ghana" d'Anum Doyi (1984), à la base de cetarticle, certaines techniques rencontrées au Ghana montrentd'intéressantes particularités.

2.1 les filets maillants dérivantsParmi les filets maillants de surface, les filets

dérivants sont de loin les plus développés, avec quatre typesprincipaux, alors que les filets maillants encerclants, sontutilises seulement pour la peche de l'ethmalose (Ethmalosafimbriata).

Dans la plupart des pays d'Afrique de l'Ouest, les filetsmaillants ne se sont pas révélés efficaces pour capturerSardinella aurita. Ce fait a pu are expliqué par lecomportement particulier de cette espèce qui évite ces enginsen plongeant par le dessous (Freon 1988). Au Ghana cependant,un filet maillant specialise, le filet obue ali, est signaléqui capture principalement cette espece (Anum Doyi 1984). Laprincipale caractéristique extérieure qui pourrait expliquercette efficacité est la chute très importante de l'engin (30 a50 m).

Parmi les autres filets maillants dérivants, on peut noterune particularité intéressante : le flikilo-yaa permet decapturer certaines espèces rarement capturées en dehors duGhana, come Hyporhamphus spp. et Cypselurus melanurus. Leplan relevé de cet engin ne fournit pas d'explication à cesujet.

A l'inverse du Senegal et d'autres regions d'Afrique del'Ouest, les filets maillants de surface n'entrent pas encompetition directe avec les filets coulissants pour lacapture des mémes Est:paces. Au Ghana, nous verrons que lesfilets coulissants recherchent principalement les anchois,tandis que les filets maillants recherchent principalement lessardinelles. Ces derniers engins, sans doute en partie pourcette raison, ont pu poursuivre une croissance continue(augmentation de la taille des engins et des pirogues,motorisation), parallèle à celle des filets coulissants.

2.2 les filets de type wastaLes filets tournants coulissants du Ghana présentent au

moins trois particularités dans leur construction (fig. 2)- le filet comprend des mailles de différentes tailles

(entre quatre et cinq différentes dimensions de mailles sur unseul filet)2

2 suivant la nomenclature proposée par Von Brandt (1984), ce type de senne tournante à plusieurs

maillages ne doit pas étre considéré come une senne tournante coulissante (terme anglais purse seine)

mais comme un engin d'une categoric particulière, pour laquelle cet auteur propose le terme plus general

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la poche (filet renforcé où les poissons sontrecueillis) occupe une position centrale. Von Brandt (1984:304) indique clairement que partout ailleurs, les sennestournantes construites avec une poche centrale sontmanoeuvrées à l'aide de deux bateaux. Ce n'est pas le cas pourles filets watsa du Ghana, manoeuvres à partir d'une seuleembarcation, ce qui complique singulièrement l'opération,puisqu'il est nécessaire de remettre à l'eau une moitié dufilet pour le reorganiser entre deux coups.

le plan de montage est très compliqué. La figure 2mantra par exemple un filet watsa compose de 11 alèses.

Selon Anum Doyi (1984), trois engins de ce type peuventétre distingués au Ghana : les filets watsa, poli-sieve etachiki na oye. Ils different par la dimension de maille de lapoche (entre 10 et 18 mm, maille étirde) et la dispositionainsi que la maille des différentes aléses. Les maillagesutilises pour les autres aleses que la poche sont relativementgrandes pour le filet watsa (38 a 50 mm, soit la dimension demaille utilisée pour les filets maillants dérivants),contrairement au filet poli-sieve (petites mailles de 10 a13 mm, sauf sur les ailes), tandis que le filet achiki na oveest monté avec des mailles intermédiaires (25 à 31 mm) bordantla poche.

Les espèces capturées sont légèrement différentes pour cestrois types d'engins : les captures du filet watsa sontdominées pas l'anchois (Engraulis encrasicolus), etéventuellement d'autres especes, comme des especes pélagiquesde tailles moyennes ; le poli-sieve semble specialise pour lapéche de l'anchois, enfin le filet achiki na ove capture enméme temps anchois et petits pélagiques catiers.

Des auteurs ont tenté d'interpréter le r6le de ces enginset leur utilisation

ils permettent tout d'abord de capturer l'anchois, quin'avait auparavant jamais été exploité au Ghana (Rawson 1988).Cette espèce représente actuellement la première ressourcepélagique du pays, avec des captures annuelles de 30,000 6.

40,000 t entre 1971 et 1986 (Bernacsek 1986, Haakonsen 1988).pour Vercruijsse (1984), "il est clair que le montage de

différentes bandes de filets sur un méme engin a véritablementfait du filet ahwea [synonyme de watsa] un engin multi-objectifs". Selon cet auteur, l'engin permet de capturerefficacement non seulement des anchois mais aussi d'autresespeces pélagiques, comme Trachurus spp., et donnerait ainsila possibilité aux pécheurs de poursuivre leur activité toutau long de l'année.

Ce dernier point nous semble plus hypothétique.L'utilisation de grandes mailles sur un filet encerclant peutpresenter divers avantages, comme une vitesse de chute plusgrande, une resistance plus élevée du filet, un prix moinsélevé, une manipulation plus facile, un poids moins élevé,etc. Pour juger de l'adaptation d'une technologie à desstrategies de 'the éventuelles, il est indispensable deconnaitre la composition des captures de méme que lesobjectifs préalables des pécheurs. Les seules donnéesdisponibles sur la composition des captures des filets watsa

"ring-net", que nous traduisons ici par filet coulissant on retrouve d'ailleurs le terme anglaisemployé par les pécheurs ghanéens

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nous sont fournies par Faggianelli et Faggianelli (1984) auTogo. Ces auteurs ont étudié un échantillon de ces engins, ladescription donnée étant proche de celle d'Anum Doyi. Lesprises étaient composées en 1984 de 71,2 % d'anchois, 12,4 %de Sardinella aurita, et 16,4 % d'autres especes, sansvariation saisonniere marquee de la composition des captures.Ces résultats évoquent plutôt une technique spécialisée dansla peche de l'anchois.

Les filets watsa semblent étre originaires de la regiond'Ada (fig. 1) ; aujourd'hui, ce nom correspond a un typelocal connu principalement de cette region et du Togo voisin.Les deux autres types déjà cites ont également desrépartitions bien localisées, qui se recouvrent partiellementdans un cas.

Plusieurs auteurs se sont interrogés sur l'origine de cesfilets. Le nom watsa apparait déjà dans la description deBrown (1947) des pécheries du Ghana, et s'applique alors à unlong filet maillant fabrique avec du fil épais, et utilisepour capturer des especes de tailles moyennes (petits thunidaeprincipalement). A la fin des années 1950, le nom s'appliqueun nouveau filet maillant, fait de différentes bandes defilets (Vercruijsse 1984). Le filet coulissant actuel sembleétre apparu peu apres l'introduction d'une vraie sennetournante coulissante dans la 'Ache industrielle au Ghana en1957. Il pourrait s'agir d'une combinaison de ces deukdernieres innovations.

3. La diffusion de ces techniques en dehors du GhanaA partir des considerations précédentes, on peut définir

un engin d'un type original, un "filet coulissant à maillesmultiples avec une poche centrale", present au Ghana et auTogo, et pour lequel au moins trois variétés locales sontconnues. CeS filets capturent essentiellement des anchois.

Il ne semble pas que l'on retrouve ce type d'engininchangé, meme dans les endroits où se trouvent des pécheursmigrants ghanéens. Le nom watsa lui méme est cependant souventconserve dans les communautés de pécheurs migrants3.

Au CamerOun, la senne tournante coulissante décrite parSeck (1987) est nommée watsa, sans doute parcequ'elle provientdu Ghana. Elle a conserve son maillage multiple mais a perdula position centrale de la poche (fig. 2).

En COte-d'Ivoire, les pécheurs ghandens sont nombreux dansla péche artisanale maritime. A Sassandra (K. Delaunay, comm.pers.), les pecheurs Fanti utilisent deux types de sennestournantes coulissantes, toutes deux avec un maillageuniforme : le filet seef, 6 petites mailles, le plus répandu,est utilise pour la peche de Sardinella aurita, tandis que lewatsa, à ;Dailies plus grandes, capture les especes de plusgrande taille (carangidae, Polynemidae). une trace du typeoriginal existe chez quelques équipes qui utilisent des filets

mailles multiples (appelées egalement watsa).Dans la méme region, un filet maillant dérivant, appelé

adi, était utilise autrefois pour la 'the de S. maderensis.

3 l'utilisation d un méme nom local pour désigner des engins très diffdrents techniquement (pals souvent

d'origine commune) est un phénotodne répandu. Ainsi, le nom sill ddsigne au Ghana des filets maillants

dérivants tandis qu'il désigne des sennes de plage sans poche chez les pdcheurs d'origine ghandenne de

la lagune Abs' (C6te-d'Iyoire)

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Moins utilise aujourd'hui, il reste employe en associationavec les sennes, notamment au début de la saison de pêche, où,selon les pêcheurs, il sert à repérer les concentrations desardinelles b. un moment où les bancs n'apparaissent pas encorebien formes.

Près d'Abidjan, on ne trouve que des "vraies" sennestournantes coulissantes (maillage homogène, poche latérale)chez les pêcheurs Fanti et Anlo (les derniers font partie dugroupe Ewe). Ecoutin et Delahaye ont cependant relevé desdifferences dans le montage et l'utilisation de ces enginsd'une communauté à l'autre (Ecoutin and Delahaye 1989).

On n'a pas signalé de filet maillant specialise dans lacapture de Sardinella aurita au Togo, en Côte-d'Ivoire, auSenegal ni en Guinée (Salles 1989). A l'inverse, l'espece estcaptures au Congo avec des filets maillants de surface defaible chute (moins de 10 m, voir Gobert 1985).

4. DiscussionLes pêcheries artisanales ghandennes ont atteint un haut

niveau de productivité (de l'ordre 260.000 t par an), bien audel& des premières estimations basées sur des estimations depotentiels biologiques globaux. Cette croissance s'expliquelargement par une intensification constante de l'effort depêche (augmentation de la taille des engins, des embarcations,etc.), mais est également sans doute due à des evolutionsqualitatives des technologies.

Certains aspects techniques apparaissent très probablementcomme des produits d'évolutions locales. Ainsi, la positioncentrale de la poche ne représente sans doute pas un choixindifferent, dans la mesure où elle complique sensiblement lamanoeuvre du filet, qui doit étre entièrement reorganise entredeux coups successifs (Batch Koffi, comm. pers.). De même, lesgrandes mailles permettent au filet de chuter plus rapidement,mais favorisent l'échappement. Pour limiter ce dernier, unetechnique a été développée, appelée sissi chez les Fanti, quiconsiste à tendre des cordes fines en travers du filet unefois celui-ci refermé, pour maintenir les poissons dans lapartie supérieure du filet (Batch Koffi, comm. pers.).

Sur la longue période, ces technologies peuvent être vuescomme des options majeures qui peuvent fonder progressivementdifférents "modèles d'exploitation". Ainsi, pour les especespélagiques cftières principales, Sardinella spp. et Engraulisencrasicholus, l'organisation ghanéenne et sénégalaise despêcheries apparait très différente.

Au Ghana, la pêche de l'anchois est bases sur un enginoriginal, qui est en grande partie le produit d'une evolutionlocale, tandis que les sardinelles sont capturéesessentiellement avec des filets maillants dérivants. AuSenegal, la pecherie de sardinelle s'est développée tresrapidement à partir d'un type d'engin introduit d'Europe, lasenne tournante coulissante, qui est resté apparemmentinchangé depuis. Dans l'ensemble, les anchois sont peuexploités dans ce pays.

En conclusion, nous voyons apparattre au sein destechnologies de péche artisanale des evolutions, des modelesdivergents, des savoirs originaux. Ces aspects peuventstructurer fortement les modes d'exploitation, les relationsentre communautés de pecheurs, permettre une exploitation plus

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ou moins intensive. Cependant, nous l'avons vu, ces aspectssont encore mal connus et souvent dissimulés derrière lesnomenclatures usuelles, aussi bien locales"qu'internationales".

Une recherche scientifique sur ces questions sembleaujourd'hui nécessaire. On peut notamment resumer de lamanière suivante quelques unes des questions posées

pourquoi le modèle du filet watsa n'a-t-il pas étédiffuse par les migrants ghandens 74

pourquoi la senne tournante n'a-t-elle pas été adoptéeau Ghana pour la péche des sardinelles, alors que son principeest bien connu ?

pourquoi les filets maillants dérivants sont-ilspréférés au Ghana pour la péche des sardinelles, mais pasailleurs (Cfte-d'Ivoire, Cameroun, Senegal, etc.), méme quanddes pécheurs migrants ghandens sont presents ?

Bibliographie

voir version anglaise

Légende des figures

fig. 1.- Répartition géographique des principales pécheriespélagigues cötières du Ghana (Anum Doyi 1984). Watsa, poli-sieve et achiki na ove sont des filets tournants coulissantsles filets Ali sont des filets maillants dérivants. Fante,Efutu, etc.: ethnonymes.

fig. 2.- Plan de montage de trois types de filets nommes watsaau Ghana (1), Cameroun (2) et en Ceite-d'Ivoire (3)

type original du Ghana (in: Anum Doyi 1984), avecplusieurs mailles et une poche centrale

type du Cameroun (Seck 1987), avec plusieurs mailles etune poche lateral°

type ivoirien (Cantrelle et al. 1983, plan copié sur unesenne Fanti de Vridi, près Abidjan) avec un seul maillage etune poche latérale

4 l'abondance de l'espéce cible probable, l'anchois, n'explique pas simplement ce point. Des evaluations

acoustiques ont détecté des biomasses d'anchois plus &levees entre la Mauritanie et la Sierra-Leone que

dans la région Liberia-Ghana UStremme 1984). Parfois, des facteurs économiques peuvent étre invoqués,

come en Cete-d'Ivoire, où certains pécheurs ghanéens déclarent etre peu interessés par l'anchois en

raison d'une faible demande pour cette espéce (K. Delaunay, comm. pers).

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Traduit de l'anglais

* Note des éditeurs: Il n'existe pas un mot frangais quireprésente le sens complet du mot "carver" comme utilisédans ce contexte. Les "carvers" de pirogues au Ghana ne sontpas de véritables constructeurs car le tronc creusé qu'ilsfont sortir de la fora ne représente que la base de lacoque de la pirogue qui sera complètée par des menuisiersdans les villages des pécheurs.

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FLUX ET MOUVENENTS DANS LE =no...0R ARTISANALDE FABRICATION DES PIROGUES AU GHANA*

Par G. T. Sheves

1. INTRODUCTION

Les flotilles de pèche artisanale fournissent à l'Afrique del'Ouest une importante source de protéines bon marché. Au Ghana,par exemple, cette flotille débarque 70% des 260.000 tonnes de laprise totale annuelle. Ces trentes dernières années, ce secteurs'est développé rapidement avec l'introduction de moteurs hors-bord associés à des innovations dans le domaine de l'équipement,en particulier la senne pour les petits poissons pélagiques.

Le Ghana est le fournisseur principal de pirogues pour lespays compris entre le Lihéria et le Bénin ainsi que d'une partienon négligeable de la flotille du Congo, Cameroun et Gabon. Entout, on estime qu'il y a bien plus de 10.000 pirogues enprovenance du Ghana qui opérent sur la cOte ouest de l'Afrique.

Cette pirogue s'adapte de fagon idéale aux conditionsdifficiles de passage de la barre et de débarquement.L'embarcation est relativement bon marché et est creusée etconstruite par les artisans des villages à partir des troncsentiers des wawa (Triplochiton scléroxylon).

La demande croissante, ces dernières années, de pirogues degrande taille a obligé les "creuseurs" (carvers)** a partir deplus en plus loin à l'intérieur du pays afin de trouver desarbres de dimension adéquate, étant donné que les ressources desrégions précéderturrent exploitées se sont épuisées.

Il est connu qu'au Ghana, les ressources en wawa sontfortement exploitées. A présent, cette espèce, tout en étant laplus abondante, entre pour une part de 32% dans le déboisementannuel total. Le reste de ces arbres sont fortement exploité parailleurs pour des usages autres que celui de la fabrication despirogues et il est fort probable que les arbres de dimensionsuffisante pour la construction de ces grandes pirogues (c'est-a-dire 165 cm de diamètre) se raréfient également.

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Pour éviter une trop grande désorganisation des communautésde pécheurs qui dependent des pirogues, la FAO a analyse lasituation, avec pour perspective, l'introduction d'un nouveaumodèle adequate d'embarcation.

En dehors de la recherche des caractéristiques d'uneembarcation de remplacement, il a été fait une etude destechniques actuelles de fabrication.

Cette communication met l'accent sur la nature et le volumedes flux et les mouvements au sein de ce secteur.

Ouelles sont les circonstances des changements dans l'environne-ment humain?

Les déplacements des populations à long et à court termes, ades degrés variables de volume et d'intensité sontcaractéristiques de l'activité humaine. Les migrations a longterme et de grande envergure sont associées aux guerres,persecutions, et aux déséquilibres dus aux crises économiques.Les mouvements de population à court terme, souvent réversibles,peuvent étre justifiées par les variations saisonnières dans lesdisponibilités de paturage, de récoltes et bien sûr de la mise enoeuvre localisée de centres de formation.

Ceux qui font des navettes quotidiennes mettent aussi enevidence l'existence des mouvements lies à la separation entreles lieux de travail et d'habitation.

Fondamentalement, les migrations dans l'activité hummaine,sont la résultante de pressions negatives et positives - defacteurs de repulsion et d'attraction.

Si les persecutions réligieuses représentent une pressionnegative, facteur de repulsion, un mouvement suscité par demeilleures conditions économiques représente alors une forcepositive ou facteur attractif.

2. Migrations dans les groupes de creuseurs de pirogues ghanéens

En dehors de la demande en pirogues, qui est la raisonfondamentale de l'existence du secteur de creusage des troncsdestines a devenir des pirogues, les deux facteurs - répulsifs etattractifs - expliquent les mouvements et migrations quicaractérisent le commerce, surtout ces dernières années. Cesfacteurs sont:

Possibilité d'approvisionnement en essences appropriées-attraction.Possibilité d'approvisionnement en arbres spécifiques-attraction.Epuisement des ressources antérieures - repulsion.

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Possibilité d'approvisionnement en espèces aporopriées

La distribution spatiale des ressources naturelles dependdes conditions climatiques et écologiques, au niveau local etregional. On trouve partout ce wawa ou Triplochiton scleroxylonau Ghana mais il domine dans la zone de vegetation à feuillessemi-caduques du sud-est et est tit abondant dans la zonehumide nord-ouest à vegetation semi-caduque. Cela donne uneabondance progressive de l'espèce dans la direction nord etouest, s'étalant dans la region est vers la region de Brong-Ahafoen passant par la region Ashanti.

La disponibilité de la matière première pour la fabricationdes pirogues est la base fondamentale pour la localisation decette activité. La répartition du Wawa est indiquée par la carteN° 1.

Possibilité d'approvisionnement en arbres spécifiques

Le wawa n'est pas la seule espèce disponible trèsabondamment dans les regions Ashanti/Brong-Ahafo. Mais lesconditions favorables au développement de l'espèce s'améliorentquand on va vers la zone nord-ouest à vegetation de feuillessemi-caduques, qui favorise l'émergence d'une forte proportion deforts de wawa et accroit la probabilité d'avoir aussi desspecimens à large tronc recherchés actuellement pour le creusagedes pirogues. De plus, cette contrée est soumise à uneexploitation moins intensive comparativement à la region c6tièredont les ressources sont plus accessibles.

Eouisement des ressources antérieures

Les "creuseurs" et les pécheurs ont pu constater qu'il étaitnon seulement nécessaire de parcourir de plus longues distancesvers l'intérieur du pays à partir de la côte pours'approvisionner en bois mais aussi qu'a cheque nouvellerecherche, ces essences se situaient toujours plus en profondeurdans la forét.

Le lieu d'implantation des "creuseurs" est donc déterminéegénéralement par l'abondance de matière première mais plusspécifiquement par la disponibilité locale de specimensindividuels qui puissent convenir a la construction d'unepirogue. Ainsi bien que le potentiel existe pour l'expansion dusecteur artisanal de creusage dans les zones écologiques bienpourvues en wawa, la diminution des ressources dans les zonescatières plus accessibles a induit un déplacement des operationsde creusage vers les regions plus prolifiques et moins fortementexploitées du nord et de l'ouest.

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CARTE 1. REGIONS ADMINISTRATIVES DANS LA ZONE DE FORETS CLASSEES DU GHANA

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La carte N° 2, qui compare les lieux de production despirogues, actuels et ceux de 1975, montre bien ce changement desituation. On peut méme quantifier grossièrement le développementtemporo-spatial par une simple analyse du centre de gravité. En1975, le lieu géométrique des operations de creusage étaitapproximativement à 6°15'/nord 6°45'/ouest. Le village le plusproche était Abomoso dans la region est, tandis qu'en 1990 lelieu géométrique s'est décalé vers 6°40'/nord et 9°15'ouestKukoum dans le Brong-Ahafo. Il y a donc eu un déplacementlinéaire de 200 km du centre des operations de creusage despirogues au cours de ces quinze dernières années.

3. Modèles de migrations dans le secteur des activités de cons-truction des pirogues.

Au total, neuf équipes de "creuseurs" ont participé a desinterviews pendant les enquétes. Ces "creuseurs" peuvent étre, engros divisés en trois categories des paysans-"creuseurs"indigenes sédentaires travaillant a temps partiel; des paysans-"creuseurs" non sédentaires - autrefois migrants travaillanttemps partiel; les "creuseurs" professionnels, trés mobiles,travaillant à plein temps.

Les deux premières categories se limitaient à des operationsde creusage chez eux ou dans le village de leur choix, dans desendroits clos, utilisant le bads d'arbres bien connus déjà maisautrefois délaissés car inutilisables à cause de leur taille oude leur forme.

Dans un cas, le "creuseur" principal était arrive 36 ansplus tat, avec son pere, "creuseur" également. A cette époque la,ils étaient en tout sept groupes dans la proche region (Obogu-sudde Juaso) mais ils n'étaient plus que trois maintenant, tousmenant des activités agricoles. Les quatre derniers groupes&talent déja partis à la recherche d'une zone d'approvisionnementrégulier en arbres. Quant à la qualité des essences utiliséesactuellement par le "creuseur" dans un rayon de 3 a 5 km autourdu village, on nous rapporte que sur six pirogues achevées en1989, quatre ont été rejetées par les pécheurs en raison de lamauvaise qualité du materiel. Ceux-ci et d'autres groupessédentaires contrastaient avec les "creuseurs" itinerantsprofessionnels qui exploitaient une region jusqu'a ce quel'approvisionnement en essences convenables au sculptage soittotalement épuisé et qui envoyaient des "éclaireurs" plus loinpour contacter des concessionnaires et paysans disposant d'airesforestières plus riches en essences approprides.

Les "creuseurs" professionnels parcourent des distancesconsidérables pour la recherche des essences. La plupart d'entreeux étaient originaires de Pram-Pram dans la region de GreaterAccra. Plusieurs de ces groupes de "creuseurs" sont installés

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CARTE 2. SOURCES DES PIROGUES

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Bong-Ahafo. L'un d'entre eux, en particulier, composé de 123personnes dont 3 maitres-"creuseurs", 4 "creuseurs" simples et 6apprentis s'étaient logé temporairement à Akrodi (a 20 km deGauso). Non seulement ils émigrent vers le lieu principal deressources en bois, mais une fois établis, leur travail quotidienles entraine à faire un second déplacement à partir de leur basetemporaire. Ce groupe, par exemple, faisait à pied 16 km dans lafort d'Akrodi jusqu'au hameau de Kusikrom où ils séjournaient 3

4 jours d'affilé, faisant encore quotidiennement troiskilomètres pour aller creuser le tronc en fort.

La carte N° 3 montre les migrations de ces "creuseurs"professionnels. Dans chaque cas, il y a un déplacement généralvers le nord et l'ouest, ce qui confirme très nettement lechangement de lieux de fabrication des pirogues observables surla carte N° 2.

En dehors des distances, le mode des migrations des"creuseurs" sédentaires et professionnels diffère par la forme.On peut le montrer par des schémas.

Dans le cas du "creuseur" sédentaire qui opère à partird'une base permanente mais aussi dans la fora avoisinnante surun rayon de 20 km, les déplacements principaux partent du centreen irradiant en branches vers l'intérieur de la fora oil setrouvent les arbres recherchés. Les mouvements donnent alors unmotif en toile d'arraignée ou filigrane.

En ce qui concerne le "creuseur" professionnel, qui est endéplacement continuel sans base permanente mais plutat avec unesérie d'arréts temporaires dans les zones où se trouvent lesessences recherchées, le mouvement principal est linéaire commel'indique la carte N° 1. A partir des bases temporaires,procède à des sorties dans la forte avoisinnantes exactementcomme le fait le "creuseur" sédentaire. La combinaison de lamigration principale "en tige" et de la migration "en branches"vers les chantiers de creusage faite par le professionnel donneun schéma "arborescent".

4. Source et distribution des pirogues ghanéennes

Pour avoir une idée du nombre des nouvelles pirogues enprovenance de la zone forestière, qui arrivent chaque année surla cete, une enquéte sur l'acheminement des pirogues a été menéedu 28-02-90 au 13-09-90. Au départ, celle-ci devrait porter surla totalité de la cate mais de nombreuses difficultés ayant surgiau niveau de certains points de contràle, ont donné lieu à desinformations utiles mais fragmentaires. L'étude a cependant étébien menée par les officiers de police en fonction permanente auxpostes de Atchimota et Assankare.

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CARTE 3. MODES DE MIGRATIONS DES "CREUSEURS" DE

PIROGUES.

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Les résultats de l'enquête effectuée sont indiqués sur lacarte N° 4. En tout, 251 pirogues individuelles ont étéenregistrées au cours des 197 jours de la période d'enquéte. Lessources villageoises de 38 pirogues enregistrées n'ont pu êtreindiquées sur la carte, les villages ou hameaux n'ayant pu êtrelocalises. On a cependant appris qu'elles étaient passée par leposte de Asankare et c'est pourquoi la valeur a été augmentée de38 à ce point du diagramme.

Sur 251 pirogues marquees sur le diagramme, 224 provenaientde la region Ashanti et de Brong-Ahafo ainsi que du nord de laregion ouest vers Bayerbon.

Les sources les plus éloignées étaient Wamfie et Suntresositués a quelque 400 km d'Accra sur la cate et à seulement 30-40km de la frontière de la Cate d'Ivoire.

Méme quand les eMbarcations sont une fois arrivées sur lacate, elles seront parfois transportées sur les distancesconsidérables. Les deux pirogues livrées à Axim dans la regionouest par exemple provenaient de Goaso dans la region de Brong-Ahafo. Ainsi, la distance parcourue avait été de pres de 600 km.

Un trait significatif du mode de répartition des pirogues lelong de la cate est le nombre élevé de celles-ci pour la regionde Greater Accra. Cette region a regu 76% de la totalité despirogues enregistrées.

Dans une certaine mesure, ceci peut être expliqué parl'enregistrement des eMbarcations jusqu'au 18 Mai 1990 faitseulement au poste d'Atchimota bien qu'on puisse s'attendre à cequ'une proportion non négligeable ait transité également par lesregions du centre et de l'ouest au-dessus d'Atchimota.

Néanmoins, les valeurs relativement basses du nombre despirogues, destinées aux regions du centre et de l'ouest, ayanttransité par la route de Kumasi-Accra indiquent fortement qu'ilexiste d'autres itinéraires pour l'acheminement des pirogues.Ceci est confirmé par les résultats d'une enquête conduite parles agents régionaux des pêches. Les resultats obtenus montrentque 43% des pirogues arrivant à destination dans la region ducentre et de l'ouest, proviennent des zones forestières de cesregions.

Sur le grand nombre des pirogues arrivant dans la region deGreater Accra ce n'est pas la totalité qui devront, à leurarrivée, remplacer des pirogues existantes. A Kpone, Tema etPram-Pram, il y a des groupes de menuisiers qui se spécialisentdans la finition des coques de pirogues venant de la forêt. Unepartie des pirogues arrivant a ces ateliers y seront doncachevées avant d'intégrer la flotte locale ou d'être expediéesvers leur destination finale. Certaines d'entre elles iront vers

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CARTE 4. SOURCE ET MODE DE DISTRIBUTION-DES PIROGUES

MONOXYLES GHANEENNES

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les regions du centre et de l'ouest, bien que réciproquement despirogues de ces regions intègreront également la flotte deGreater Accra. Cependant, la majorité des embarcations arrivant

. dans la region .de Greater Accra, y demeurera pour remplacer lesvieilles pirogues qui seront mises hors-service ou venduesd'occasion selon leur état.

Il y a par exemple, une très forte demande de piroguesd'occasion dans la region de la Volta où la technique de péche,qui se font tout pras de la cate, et n'utilisant pas de hors-bord, n'ont pas besoin d'embarcations qui soient solides etadaptées a la péche en haute mer.

Il existe aussi un commerce substantiel de pirogues de laregion de Greater Accra avec les pays voisins. En 1979 parexemple, on a note que 9 pirogues polies ont été équipées à laplage de Lighthouse pour des acheteurs nigérians à Calabar. Cespirogues operant maintenant avec des pécheurs originairesd'Accra, pour la formation d'équipages nigérians. D'autresvillages comme Anyama, et Mingo où les pirogues sont vendues à laCate d'Ivoire, établissent des relations commerciales avec leurspays voisins et d'autres pays plus loin vers l'est comme leCameroun.

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MIGRATIONS DE PECHEURS AU BENIN ET AU TOGO

Par Cyriaque Atti-Mama

La péche, l'élevage et l'agriculture sont de vieillesactivités de l'homme ; elles semblent d'écouler d'un lent, etpénible apprentissage jusqu'à la maitrise. Si pour le Bénin et leTogo, il est difficile, voire impossible de situer dans le tempsle début de la pratique de la péche dans les eaux intérieures(lac, lagune, fleuve et rivière), la péche maritime elle, a unehistoire qui permet de la situer dans le temps et d'en apprécierl'évolution.

De l'avis des chercheurs béninois, togolais et autres(Pognon, Pliya, Iroko, Séssi, de Surgy), les ethnies togolaiseset béninoises (Plah, Pédah, Evé) impliquées et ayant une plus oumoins longue tradition de péche maritime, n'étaient auparavantque des pécheurs lagunaires et fluviaux. Leurs premiers contactsavec la mer pendant la période coloniale, étaient non en tant quepécheurs, mais comme canotiers dans les rades foraires de Ouidah,Grand-Popo, Agbodrafo, etc. Ces premiers contacts leur auraientpermis de vaincre la peur et d'affronter la mer pour lesactivités de péches. Mais la varient initiation à la péchemaritime, serait apportée par les pécheurs migrants ghanéens audébut du siècle avec un matériel (embarcation, filet) plusapproprié. Après la période d'initiation, plusieurs vagues autresvagues de pécheurs ghanéens sont venus grossir le rang desautochtones.

Le constat aujourd'hui est que l'on compte respectivementla péche maritime artisanale 45 à 50 % de pécheurs ghanéens auBénin et 60 à 70 % au Togo.

1. Typologie des migrations

D'entrée, precisions que pour nous, dans ce texte nousrattachons le terme de migration a son sens étymologique à savoir"déplacement d'une population d'un pays a un autre pour s'yétablir". De ce point de vue et s'agissant des pécheurs, nouspouvons parler de "nomadisme maritime". Ceci dit, quant l'onexamine ce phénomène eu égard a ce qui se passe à la péche, onconstate qu'il existe plusieurs formes de migrations a la péche,tout au moins deux principales.

- les migrations de longues durées : sont ainsi définis lesdéplacements et intallations de pécheurs durant plusieurs années(20 a 40 ans et parfois plus) hors de leur pays d'origine. Entout état de cause, des points de vue statut et intégration(comme nous le verrons plus loin), ces pècheurs se considèrent etsont considérés comme "étrangers".

J. - Cité par Pliya dans son ouvrage: La péche dans le sud-ouestdu Bénin.

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les migrations de courtes durées ou saisonnières, quine dure qu'une ou deux saisons de pêche suivies d'un séjour plus oumoins long dans le pays d'origine.

une autre forme de déplacement de pêcheurs quis'observe ces cinq dernières années au Togo et au Benin, ce sontles déplacements intérieurs des pêcheurs du littoral vers les portsde pêche durant une période de l'année, pour profiter des facilitésd'accès en mer et de l'existence des marches dans les grandesvilles portuaires. Bien que ce mouvement ne satisfasse pasentièrement aux definitions du terme migration, il n'en demeure pasmoins un phénomène qui change considérablement la configuration dela péche et qui à la longue peut conduire d'une pêche dispersée 6une pêche regroupée autour des grands centres.

2. Qui sont les pêcheurs migrants au logo et au Benin?

Les pêcheurs ghanéens operant sur les cates togolaises etbéninoises sont essentiellement les Adan: des localités de "GreatMingo", Pram-pram, Kpone, Tema de "Greater Accra Region", les Ewe,appelés '<eta ou Anlo de Volta Region et les Fanti de CentralRegion. L'importance quantitative de ces différents groupesethniques a pu être appréciée 6 travers les enquêtes cadresréalisées dans les deux pays.

Tableau no. 1: Pêcheurs autochtones et migrants au Togo et au Benin

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A: Autochtones M: Migrants

Sources: Productions animales (Togo) enquetes cadres 80,82, 87; Projet Modèle (Benin) 1987.

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De l'examen de quelques données existantes et desenguates directes réalisées dans le cadre de ce travail, il ressortqu'au moins 60% des pêcheurs qui operent au Togo sont ghanéens;cette proportion est d'environ 45 à 50% au Benin.

Il est à noter que la plupart des pêcheurs même togolais,sont d'origine ghanéenne (Sessi, 1988). Les c8tes béninoises ettogolaises sont exploitées par des pêcheurs originaires de l'un oul'autre pays mais en nombre infime vers les frontier-es et dans lesports.

Les embarcations utilisées à la pêche artisanale au Togoet au Benin, voire dans beaucoup de pays de la côte ouest afri-caine, proviennent du Ghana. Ce sont les pirogues monoxyles dontles tailles varient entre 8 et 18 m.

Les pêcheurs ghanéens pêchant au Togo et au Beninsemblent specialises dans l'utilisation des engins de pêche suivantleur ethnie2. Ainsi:

les Pram-Pram et Ningo pratiquent la ligne

les Adan pratiquent la senne tournante et la ligne

les Fanti, la senne tournante et la ligne

les Ewé (Anlo, Kéta), la senne tournante, le filetsardinelle et la senne de plage.

Les pêcheurs, qu'ils soient ghanéens, togolais oubéninois pratiquent chez eux un systems d'exploitation à caractérefamilial avec une predominance des membres de la famille dupropriétaire d'embarcation et un partage immédiat après une sortie.Mais quand ces derniers émigrent vers d'autres pays ils utilisentle système de "company". Le système de company qu'utilisent laplupart des migrants consiste à recruter un equipage sur la based'un contrat d'une ou de deux saisons de pêche.

Le partage des revenus des migrants se fait habituelle-ment chez eux au Ghana et consiste à déduire toutes les dépensesd'ordre general (frais d'exploitation, de reparation, de restaura-tion de l'équipage, des soins, etc) et à diviser les recettesnettes en deux parts dont une pour l'équipage et l'autre pour lepropriétaire d'embarcation et des engins. De toutes les variantesde système de partage, celle (de moitié/moitié) décrite plus hautsemble le plus communément adopté par les pêcheurs migrants.

2- La specialisation par ethnie dont il est question ici n'estpas formelle; nous voulons seulement faire cas des penchantstelle ou telle ethnie a utiliser plus certains engins qued'autres.

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Notons que le revenu final d'un membre d'équipage dépenddes opérations de prêt ou d'avance effectuées dans la caisse del'équipe ou auprês du chef du company. Au moment du partage, toutesles dettes contractées avant ou en cours d'opérations sontdéduites. C'est 6. ce niveau que s'établit le bilan du migrant pourvoir si ses objectifs en quittant chez lui sont atteints ou non.

3. Les causes de la migration

Les raisons qui poussent les pêcheurs 6 partir de chezeux pour aller pêcher ailleurs sont multiples et multiformes.

D'entrée, soulignons que les pêcheurs ghanéens plus quela plupart des pêcheurs de la c8te ouest africaine ont une longuetradition et une parfaite maitrise de la pêche. La senne de rivageaurait été introduite par les Danois au port de Printzenstein(Ghana) en 1784 puis adoptée par les indigênes Kéta vers 1855-1860(Pliya, 1979).

De l'avis des migrants interrogés au Togo et au Bénin,les raisons fondamentales de leurs essaimage sur la c8te ouestafricaine ne résident pas dans le fait que les eaux ghanéennessoient plus pauvres que les eaux togolaises ou béninoises, mais ledépart de chez eux est

les possibilités plus grandes d'épargne à l'extérieurque dans leur propre milieu: ceci s'accompagne d'un systêmed'exploitation, le "company" ou contrat saisonnier avec partage desrecettes à la fin des opérations. Chez eux, la nécessité desubvenir aux besoins immédiats de leur famille, la présence desparents, des amis, des familles alliées, les diverses cérémonies ouobligations dont on ne peut se soustraire, poussent à un partageimmédiat des recettes aprês chaque sortie en mer; toutes choses quine permettent pas d'économiser.

la poursuite du poisson surtout les sardinelles dontla migration sleffectue d'ouest en est. Le pêcheur ghanéen ou toutpêcheur compétent est comparable 6 un bon chasseur qui poursuit etrecherche le gibier où qu'il se trouve. C'est ce qui motive lesdéplacements des pêcheurs d'un point 6. un autre durant la mêmesaison de pêche. Parfois cette poursuite du poisson s'entend lA oùil se trouve en abondance avec un marché intéressant.

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l'acces aux devises: à cause de la non-convertibilitéde la monnaie ghanéenne (le Hcedi"), les pays de la zone franc onttoujours été les lieux privilégiés où le pêcheur ghanéen va sefaire fortune. Aujourd'hui, bien que le marché des devises au Ghanasoit beaucoup plus ouvert qu'avant, les pays utilisant le franc CFAdemeurent toujours intéressants pour les pêcheurs migrantsd'origine ghanéenne.

les conditions d'équipement et d'exploitation offertespar les mareyeuses des ports de Lome et de Cotonou: ceci satisfait

un besoin de s'équiper en materiel de pêche dont le migrant peutdifficilement venir à bout chez lui. Ce systeme qui consistepréfinancer les équipements de pêche (entierement oupartiellement)et à monopoliser l'achat des prises, est beaucoup plus accentuéLome qu'à Cotonou où certaines mareyeuses investissent d'énormessommes (parfois plus de 10 millions de francs CFA).

la possibilité de s'approvisionner en filets depetites mailles au Togo et au Benin pour la pêche aux anchois auGhana. Il semblerait que depuis un certain temps, les filets ci-dessus nommés font objet d'une severe réglementation au Ghana.Aussi les pêcheurs ghanéens (surtout les saisonniers) viennent-ilss'en procurer au Togo et au Benin après une ou deux saisons depêche.

En tout état de cause, les pêcheurs ghanéens, béninois(Popoh), sénégalais, sont dans le secteur des pêches ce que leurconfreres haoussa, sénégalais, malien, yoruba sont en matière denégoce. Autant les autres sont presents partout où il y a échange,eux sont presents partout où il y a du poisson.

4. Vie des migrants dans les pays d'accueil

La migration des pêcheurs ne semble pas toucher unetranche d'age particulière sinon Page actif (15 à 45 ans). Il fauttoutefois souligner que la tranche de 25 à 35 ans prédominelégèrement et qu'on trouve quelques personnes agées parmi lesmigrants de longue durée qui sont parfois définitivement installésdans le pays d'accueil.

4.1 L'installation dans les pays d'accueil

Au Togo et au Benin, il n'existe pas une dispositionparticulière de la part des gouvernements quant à l'immigration despêcheurs. Dans ces pays, les migrants sont admis et exercentlibrement leurs activités, presque sans contrôle, tant qu'il ne sepose aucun problème.

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La seule foLine de contrele à laquelle sont soumis lespècheurs étrangers au port de Lomé au Togo à leur arrivée est quel'embarcation est fouillée par la douane ou la police, le chefd'embarcation est identifié ainsi que celui qui donne l'hospitalité

l'equipe (souvent une mareyeuse consignatrice). Au Benin et surle littoral togolais, le migrant à son arrivée n'est soumisaucune formalité de ce genre. Même au Togo, les taxes annuelles surl'embarcation au port sont les mémes pour les étrangers et lesautochtones. La seule différenciation est sur l'établissement de lacarte professionnelle où le taux est de 500 F pour les autochtoneset 2.000 F pour les étrangers.

L'installation du pêcheur migrant dans un nouveaucampement de pêche est différente suivant qu'il s'agit du port oudu littoral. Notons que dans l'un ou l'autre endroit le migrant esttoujours introduit par quelqu'un: un ancien migrant, une mareyeuse,un ami, une connaissance, etc.

Au port, surtout de Lomé, c'est la mareyeuse ou l'ami quinegocie la parcelle où devra s'installer l'equipe auprès despropriétaires terriens contre paiement d'une redevance d'un montantde 25 à 30.000 F CFA par saison de pêche de 4 A 6 mois.

Sur le littoral et dans les deux pays, le migrant, chefd'equipe est presenté au propriétaire terrien ou au chef de lalocalité quand il en existe un, qui lui donne un lopin de terrepour s'installer contre un cadeau symbolique d'une bouteille deliqueur et une somme d'argent de 500 F à 2.000 F CFA.

En tout état de cause, le migrant n'a pas le droit deconstruire en matériaux définitifs ou de planter des arbresperennes car l'emplacement où il est instalé est toujours considerécomme une cession provisoire et non définitive. Notons toutefoisque les migrants peuvent acheter des lopins de terre et en devenirpropriétaires.

4.2 Intégration des migrants au milieu d'accueil

Dans les pays d'accueil, deux choses semblent préoccuperessentiellement le migrant: la bonne marche de ses activités et legain. Toute sa vie est organisée en fonction de ces deux objectifset tout ce qui l'éloigne d'eux rencontre difficilement sonagrément.

Il faut toutefois noter que le degré d'intégration estplus ou moins grand selon qu'il s'agit de "sédentaires" ou desaisonniers. Mais les éléments suivants permettent de mesurer leniveau d'intégration des migrants d'une fagon genérale.

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La composition des equipes des migrants

Des etudes socio-économiques menées au Projet ModèleBenin du Programme de Développement Intégré (Atti Mama et Rais,1986), il ressort que dans les equipages privés des villages ciblesdu projet (plus de la moitié ghanéens), seulement 9% proviennentdes villages de l'intérieur donc autochtones.

Les équipes de pêcheurs sont constituées depuis le Ghanasurtout lorsqu'il s'agit de "Companies". Quand les autochtones sontmembres des equipages des migrants, ils ne jouent que des r6lessecondaires pour raison d'incompétence, d'inexpérience, etc.

Les alliances

La communauté de langue dans le sud du Ghana, du Togo etdu Benin à travers l'Anlo-éwé, et le Gen ou Mina facilite énormé-ment les échanges entre les pecheurs des trois pays parce qu'iln'existe pas une barrière linguistique.

De l'avis des autochtones et des migrants, il se nouebeaucoup d'amitiés entre les jeunes gens migrants et jeunes fillesautochtones et vice-versa, mais ces amities aboutissent rarementdes mariages.

D'une facon générale, le choix du conjoint est determinepar la mobilité sociale (on épouse son semblable) la mobilitéprofessionnelle (les gens de la même profession) et géographique.

Si dans le cas des pecheurs (autochtones et migrants),bien qu'ils soient de la même profession et vivent ensemble, ils nese marient pas entre eux (pas en nombre suffisant), il est probableque dans ce milieu, l'endogamie ethnique soit la tendance la plusforte.

Les quelquesmariages qui existent sont entre sédentaireset autochtones, donc entre des gens dont la différenciationethnique est atténuée par le long séjour des uns avec les autres.

Implication aux structures du développement

Tout au long de notre enquete au Togo et au Benin, nousn'avons pas rencontré de pecheurs migrants responsables destructures politico-administratives (maire, délégués de villages).S'il en existe, ils doivent étre très peu nombreux. La responsabi-lité que les plus anciens d'entre eux assument souvent est celle dereprésentant des pecheurs étrangers dans les campements de peche.

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C'est dire que les migrants conservent le statutd'étranger et sont considérés comme tels. Face aux taches dedéveloppement de son milieu d'accueil, le pacheur migrant esttoujours reticent. La preuve a été donnée dans les villages ciblesdu Projet Modèle Benin du Programme de Développement Intégré enAfrique de l'Ouest. Au cours des taches communautaires, lesmigrants se sont montrés peu motives si ce n'est que dans cellesimpliquant leurs intérêts immédiats (par exemple les puits) oucelles auxquelles ils ne peuvent pas se soustraire (la refection dela piste qu'ils fréquentent).

Par contre, tout ce qui a rapport A la 'the (formation,système d'approvisionnement en materiel de pache, etc, lesintéresse A un haut point et appelle leur motivation.

4.3 Relations avec leur milieu d'origine

Deux elements lient essentiellement les migrants (qu'ilssoient saisonniers ou de longue durée) à leur milieu d'origine. Cesont leur famille et les ceremonies propres à leur collectivitéfamiliale. Les migrants étant pour la plupart des adultes, beaucoupd'entre eux sont mariés.

En allant A la recherche du poisson, le pêcheur laisse safemme chez lui dans quel cas il est tenu de temps en tempsd'envoyer de l'argent A la maison pour faire vivre sa famille ouses vieux parents. Jorion estime à 10 ou 20.000 F CFA le montantdes sommes envoyées mensuellement A la famille par les pècheursbéninois au Gabon ou au Congo. Parfois le pacheur se déplace avecsa ou une de ses femmes qui devient immédiatement membre du companypour commercialiser les prises de liéquipage. En dehors de la femmeou des parents laissés au pays et auxquels il faut rendre visite,de temps en temps, ou envoyer de l'argent, certains événementsrappellent les pacheurs au pays. Ce sont: les décès, les maladiesgraves, les ceremonies annuelles ou autres.

Quoi qu'en soit la situation, le migrant est attachéson origine où il retourne de temps en temps.

Soulignons aussi que les liens reliant les pacheurs ditssédentaires A leur milieu d'origine, deviennent de plus en plustenus pour ne se réduire qu'A l'essentiel. En effet cette catégoriede pacheurs commence A investir une partie de leur argent dans lepays d'accueil: achat de terre, construction d'une maison, etc.Aussi faut-il rappeler que certains d'entre eux ont leurs enfantsentièrement scolarisés ou employes dans les pays d'accueil.

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4.4 Les conflits entre migrants et autochtones

D'une fagon générale, les rapports entre migrants etautochtones sont bons ou tout au moins tolérables. Les quelquesfrictions qui existent entre eux sont autour des pècheries et auniveau du système informel de credit.

Sur les pècheries il se pose assez souvent des problèmesautour d'un banc de poissons de savoir, quelle équipe l'a vue lapremière, 6. qui de l'encercler. Les désaccords poussent parfois 6la bagarre. Ces genres de heurts sont réglés 6 terre par lesreprésentants des pêcheurs de part et d'autre.

Les défauts de paiement et la recherche 6 outrance desbenefices mettent parfois sinon souvent aux prises le pècheurmigrant et se sponsor, la mareyeuse. Tout se termine parfois sousl'arbritage de la gendarmerie ou de la police, avec saisie et ventedu materiel pour dédommager la mareyeuse ou l'obligation pourl'équipe de pêcheurs de garder la même mareyeuse jusqu'6 l'échéancede sa dette vis-a-vis d'elle. Il est à souligner égalementl'intervention de la police ou la gendarmerie dans le recouvrementdes taxes de jouissance des infrastructures du port (6 Lome). Cesdescentes de la police que n'apprécient jamais les pêcheurs surtoutmigrants se terminent quelquefois par la confiscation d'une partiedu materiel jusqu'au moment du remboursement.

5. Apports des pécheurs migrants dans les pays hdtes

C'est ici qu'il convient d'examiner en termes de micro-économie ou d'apports, les effets de la migration dans les payshôtes. Il y a lieu de se demander si "ce que l'on gagne vaut mieuxque ce citie l'on perd". Mais nous craignons que l'absence de donnéessur la production et la valeur des captures des migrants ne nouspermettent pas de faire ressortir la part des migrants dans laproduction nationale du poisson au Benin et au Togo.

Toutefois il est 6 noter que l'impact de la migrationdans les pays h8tes est de tous ordres: production du poisson, planéconomique et monétaire, technique, social, etc;

5.1 Production du poisson

Avec la grande proportion de pécheurs ghanéens au Beninet au Togo, il est evident que l'essentiel de la production est auxmains des migrants dans ces deux pays. La maitrise du métier depèche par les pècheurs ghanéens et leur longue tradition de pêchefont qu'ils sont prèts à braver le temps pour faire leur sortie enmer. Leur bon coup d'oeil, leur habileté dans le maniement desengins de pêche placent leurs prise parmi les meilleures par

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rapport aux autochtones. Au Bénin jusqu'a l'introduction par leprojet DIPA en 1985 de la pêche à la ligne à main, cet engin étaitet reste largement le monopole des pêcheurs ghanéens. Les produitsde cette pêche, non seulement sont très appréciés par les popula-tions des villes, mais ils sont très prise's.

Tableau no. 2 production et valeur monétaire de la 'Ache b. laligne au Bénin et au Togo (t)

Sources: Service des Pêches (Lonlé , Projet Modèle/Benin/DIPA

* Valeur monétaire à raison de 500 F/kg.

A défaut d'une statistique de production séparée entreautochtone et migrants de la pêche au filet, cet exemple de lapêche à la ligne montre bien la participation des migrants ghanéensA la production nationale et surtout la valeur monétaire qu'ils entirent.

Cette production des migrants se substitue dans une largepart à l'importation qui malgré tout ne cesse de s'accroitre dansles deux pays.

5.2 Implant économique et monétaire

Par la vente du poisson pêché, les pêcheurs migrantsproduisent une valeur monétaire importante dans les pays hates.Près de la moitié de cet argent est d6pensé sur place pour l'achatdu mat6riel de pêche, la restauration, l'hébergement, les besoinsvestimentaires, etc. Mais aussi une importante partie de cet argentest transférée directement dans les pays d'origine, occasionnantainsi une hémorragie économique pour les pays hates. Le transfer deces fonds est favorisé par un système de partage des recettes quiveut que ce partage se fasse dans le pays d'origine: au Togo pourles pêcheurs togolais au Bénin et au Ghana pour les ghanéenstravaillant au Togo et au Bénin.

PAYS

TOGO

BENIN* 151,2

-

25.600.000 184 92.000.000

134,06

169,4

38.259.648

82.200.000

74,5 28.502.970

ANNEE 1985 1987 1988 1989

Produit Valeur Produit Valeur Produit Valeur Produ t Valeur

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5.3 Impact technologique

A son début, la pêche maritime artisanale était introdui-te au Togo et au Bénin par des pécheurs ghanéens y compris latechnologie qui l'accompagne. Aujourd'hui en attendant de trouverune solution de rechange (ce qui n'est pas facile), la péchemaritime artisanale togolaise et béninoise est, dans une largemesure tributaire de la péche ghanéenne à travers l'embarcation etles différentes techniques de péche utilisées.

Si aujourd'hui un certain nombre de pécheurs togolais etbéninois maitrisent parfaitement la péche maritime artisanale,est encore nécessaire pour un grand nombre de se confirmer sur leplan pratique. Aussi la présence des migrants ghanéens aux cétésdes togolais et béninois leur permet de se former sur le tas ou dese perfectionner.

5.4 L'impact social

269

Sur le plan social, en plus des différents échangesmatrimonieux mentionnés plus haut, il y a lieu de souligner lerenforcement du brassage social et linguistique qu'occasionne lamigration des pêcheurs.

En effet non seulement la base linguistique commune entrele Togo, le Ghana et le Bénin à travers l'anlo-éwé, et le gen oumina, permet une intégration plus facile des migrants ghanéens,mais la migration à son tour renforce la cohésion sociale au sud deces trois pays.

Conclusion

A la fin de cette description sommaire des mouvementsmigratoires des pécheurs au Bénin et au Togo, une interrogationpersiste 6. savoir quelle serait le niveau de productions halieuti-ques dans les différents pays d'Afrique de l'Ouest, s'il n'y avaitpas des mouvements des pêcheurs? A notre avis la méme interrogationpourrait se poser dans d'autres secteurs d'activités de savoir parexemple: quels seraient l'enseignement et autre en Cate d'Ivoires'il n'y avait pas d'importantes colonies de Togolais, de Béninoiset de Burkinabès en Cfte d'Ivoire? Qu'aurait pu étre la productioncacaoyère et cafélère dans les années 60 au Ghana s'il n'y avaitpas d'innombrables Togolais et Dahoméens de l'épogue dans lesplantations au Ghana?

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Les exemples pourraient se multiplier. Sans chercherrépondre 6 ces différentes questions, nous voulons dire que lesmouvements migratoires, qu'ils soient dans le secteur des pêches ouautre, sont des solutions de moments (même si c'est pour un longtemps) pour permettre à des sociétés d'opérer en leur sein desmutations nécessaires.

C'est pourquoi quand on examine les mouvements migratoi-res, la question de ce qu'un pays gagne ou de ce qu'il perd estdifficile 6 trancher. Le mieux à faire à notre avis est de seservir de ce que l'on juge positif pour promouvoir le développementdu secteur. Par exemple que les pècheurs Ghanéens ou Popoh ouSénégalais ou autres, de par leur mattrise des techniques de pêcheet leur capacité d'adaptabilité, servent de vecteurs pour l'expéri-mentation et la vulgarisation de nouvelles techniques de pèche dansla sous-région Ouest-Africaine.

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TXS /UURATIONS DE PECHE MARITIME AU NIGERIA*

Par Annet IJff

Un survol de la pécherie artisanale du Nigeria

Au Nigeria, le secteur de la peche artisanale demeure lacharpente de la production du poisson, contribuant pour unemoyenne annuelle de 96,2 % à la production totale de 1973 à 1987.

Il y a très peu de document sur l'état de l'industrie despeches du Nigeria avant la seconde guerre mondiale. On croitcependant que le secteur artisanal existe depuis plusieursannées.

En 1942 le gouvernement nigérian a été poussé à faire lapremière tentative de développement des péches par le boule-versement des importatiosn de l'Europe h cause de la guerremondiale.

Le plan de développement 1970-1974 avait pour objectifd'augmenter la produciton nationale afin d'assurer l'autonomie enapprovisionnement. Ainsi le plan 1975-1980 qui a suivi a fixél'ambitieux objectif d'atteindre une prduction de 1,2 million detonnes.

La produciton armuelle totale a été moins de 300.000 tonnesdepuis 1985, représentant approximativement 25 % de la demande de1,2 million de tonnes (TOBOR 1990).

Il est très difficile d'estimer le nombre total des piroguesau Nigeria. Il n'existe pas de statistique claire a ce sujet. En1984, POLLNAC avait estimé le nombre à 10.000. Ce nombreréprésene seulement celui des pirogues motorisées étant donne quecelles qui ne le sont pas comporte un grand nombre de petitespirogues utilisées occasionnellement seulement pour la pécheétait en ce moment élevé du fait des généreuses subventionsgouvernementales sur les moteurs hors-bord (POLTNAC 1984).

Il y a au Nigeria 7 Etats cftiers, Lagos, Ogun, Ondo,Bendel, Rivers Akwa Ibom et l'Etat de Cross Rivers. Dans ces Etatde méme que dans les différents groupes ethniques, la péchemaritime s'est différemment développée. En dehors des pécheursautochtones, il y a plusieurs exemples de mgratiosn de pécheursqui ne sont pas toujours d'origine nigériane.

Dans l'Etat de Lagos, les authochtones Egun (Goun) et lesYoruba n'on jamé été familiarises avec la péche maritime.C'étaient les premiers pécheurs Ewe de la region de la Voltaaujourd'hui Ghana et Togo qui se sont installés en 1916 à Yvoganun village près de Badagri, qui ont commence la péche en mer enutilisant les sermes de plage.

* Traduit de l'anglais

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Certaines de ces familels se sont installées de fagonpermanente et ont integré les peuples Egun et Yoruba. Cependantles Ewé sont restes propriétaires des filets et retournent chequeannée au Ghana pour recruter d'autres pecheurs Ewé sur la based'un contrat de 1 a 2 ans.

Aujourd'hui encore il ya a dans presque tous les villagesentre la frontière Bénin/Nigéria et Lagos des pécheurs Ewé quiutilisent principalement les sennes de plage.

Colme l'a deja souligné JONES il y a un demi-siècle, "il y adeux classes de pécheurs a Lagos ; ceux qui péchent un haute meret ceux qui péhent dans le port et les lagunes. Ces deniers sontdes Nigérians (les Jekris (Itsekiris), les Ijaws et autreslacustres) et leur méthodes de peche sont les m'emes que cellesemployées dans le reste de la vallée et la région de la delta dece pays ; les pécheurs qui opérent en haute mer viennet de "laCate de l'Or". Leur principale région d'installation est unvilalge appelé Akpese après le fondateur, et ils ont d'autresrégions où ils se sont installés le long de la cate au loin deForcados.

Il y a peu d'enfants et de femmes, la majorité des pécheursétant de jeunes gens qui esperent se faire suffisamment d'argentpour s'installer à leur compte dans leur propre pays (JONE 1936).

De nos jours, les choses ont change et les pécheurs emmenentleur famille avec eux.

Le long de la cate, de Lagos h l'Etat d'Ondo, il y a despécheurs yoruba qui pratiquent la peche effectivement mais cen'est pas une activité tres étendue.

Dans les villages Magbon Aladé et Orinedu un groupe depécheurs Fante du Ghana s'est installé il y a huit ans. Leshabitants du village ont accepté qu'ils y restent pourvu qu'ilsconsentent à donner une partie de leur production et utiliser unmédiateur local entre eux et le village. Ceci veut dire que lesvilalgeois se sont procurer du poisson de cette maniere ce qui aentramé une réduciton deleurs activités de peche.

Dans l'Etat d'Ondo, les fleje formant un sous-groupe yorubase sont convertis en pécheurs aussi bien marins que continentauxvers les années 1870 quand leur principale source de revenu quiest la produciton et la vente de sel a été étouffée parl'importation du sel européen. Etant donné que le sol marécageuxne favorise pas l'agriculture, les fleje sont complètementdevenus dépendants de la péche.

La péche contienntale ne couvrait pas suffisamment lademande en poisson et ne rapportait pas suffisamment d'argenttous les fleje si bien qu'ils ont été forcés d'aller pécher, ceque quelques uns parmi eux ont fait, ou de migrer le long descours d'eau à Lagos, Badagri et m'eme Porto -Novo au Benin.

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Cate Nigériane

Aujourd'hui les Ilaje sont les principaux pécheurs marins duNigeria. Il y a partant le long de la cate du pays desisntallatiosn des Ilaje et leurs productions sontimpressionnantes par rapport à celles des autres pécheurs locaus.Ces pécheurs Ilaj& migrant effectivement au Cameroun au Congo etau Gabon.

Dans les Etat de Bendel et de Rivers, la péche artisanaleexiste mais elle n'est pas très bien développée Les autochtonesde ces Etats qui sont engagés dans la péche sont les ITSEKIRI etles IJAW. Les deux ont une tradition de péche. Ainsi certainsITSEKIRIS en particulier ont arraché les pirogues "banana" chezles ILAJE et pratiquent la péche. Il y a des installations desILAJE aussi bien h Bendel que dans l'Etat de Rivers.

Dans les Etats de AKWA IBOM et de Cross River la situationest similaire à celle des Etats de Rivers et de Bendel, mais ici

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les autochtones engages dans la p6eche sont les Efik les IBIBIO.En outre il y a la des pécheurs immigrants ILAJE et IJAW etdepuis quelques années aussi des pécheurs ghanéens. Ilstravaillent souvent pour des Nigerians qui ont acheté une piroguemonoxyle ghanéenne, des filets et un moteur hors bord et qui ontrecruté les pécheurs d'ailleurs. Ces pécheurs travaillent pourdes propriétaires de pirogue nigérians pour quelques années etretournent dans leur pays d'origine à la fin du contrat.

Différents types de migration

Comae on le comprend à partir du survol ci-dessus, la péches'est développée de facon différente. 16n des facteurs qui ontinfluence le développement de la péche maritime artisanale auNigeria est la presence des pécheurs migrateurs. Les différentstypes de migration qui ont été observes sont les suivants:

La migration permanente; c'est le cas ou les pécheursmigrateurs s'installent quelque part pour des generations.Ils sont intégrés dans la communauté existante, bien qu'ilspeuvent étre toujours distingués comme un groupe ethniquedifferent parlant leur propre langue par example comme c'estle cas des EWE a l'ouest du Nigeria.

Il y a environ 1600 pécheurs EWE dans l'Etat de Lagos. Ilspratiquent principalement la senne de plage et utilisent 38sennes de plage dans 19 villages et 4 autres à Lagos (AKPESSE).Une partie de ces 1.600 pécheurs EWE est permanente, les autressont des contractants. Ils utilisent tous les pirogues monoxylesghanéennes achetées au Ghana. Les moteurs hors bord sontactuellement rarement utilises étant donne qu'ils deviennentbeaucoup trop chers pour eux depuis la supression des subventionsgouvernementales il y a quelques années.

La migration semi-permanente; c'est le cas où les pécheursmigrateurs restent quelque part pour une période illimitéemais avec l'intention d'aller plus loin ou de retourner auGhana un jour, comme c'est le cas avec les FANTE dans l'Etatde Lagos.

Il y a environ 750 pécheurs fanti qui utilisent 45 piroguesGhanéennes basées seulement dans deux villages, Magbon Alade etORIMEDU. L'équipage de 15 pécheurs sur cheque pirogue utiliseprincipalement la senne coulissante "WATSA" et le filet maillant"ALI".

Les pirogues sont achetées au Ghana. Jusqu'a cette année,les filets et les moteurs hors bord étaient moins chers auNigeria et par consequent achetés la; mais actuellement leschoses changent.

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Migration a base de contrat; c'est le cas où les pécheursacceptent un contrat pour une période limitée de 1 à 4 anssouvent.

Il y a plusieurs pécheurs ayant signé un tel contrat dansles Etats de Cross River, de Akwa Ibom et de Rivers. Il y auraitenviron 400 pirogues ghanéennes basées à Utan-Brama, Ibeno, etBonny. Ces pirogues sont presque toutes les propriétés desNigerians qui se sont rendus compte que les equipages ghanéensutilisant la senne tournante avaient de meilleurs revenus parrapport aux Nigerians utilisant les filets maillants et qui sontdonc aller au Ghana pour recruter un equipage et acheter despirogues et du materiel de péche. Ces propriétaires de piroguesont aussi contraints par les autorités nigérianes d'utiliser enpartie des pecheurs nigérians dans leur equipage. A côté despécheurs fanti, il y a aussi des pécheurs venant des autres Etatsnigérians ou au Cameroun qui sont engages sous contrats. Onestime à 3.000, le nombre de pécheurs impliqués dans ce typed'arrangernent à Cross River.

La migration saisonnière qui est répandue au Nigeria. Lescamps de pecheurs ou les établissements où les pécheurss'installent avec leur famille durant la saison de péchesont très courants. Etant donne que les saisons de péche nesont pas très distinctes, le pécheur peut rester dans cescamps presque toute une année. Mais ils ont leur maisonauelaue part ailleurs.

Dans la region de Calabar seulement, il y aurait 300 de cesinstallations de pécheurs avec au total environ 150.000 personnesy compris les familles.

Les pécheurs Fanti de Magbon Alade et de Orimedu migrentaussi de fagon saisonnière. Ils disent qu'ils vont a Cotonou(Benin) à Lagos, à Elefon et à Port Harcourt. Elefon est unvillage cOtier à 60 km de Magbon Alade dans l'Etat d'Ogun.

Cette migration saisonnière peut durer de 6 semaines a deuxmois. Ils restent avec les pêcheurs des villages locaux etlaissent le plus souvent leur famille à la maison.

Deux raisons ont été évoquées pour cette migration: a) danscertaines limites, ils vont où ils pensent que la péche estmeilleure et b) ils vont où ils peuvent accoster leur piroguesans danger.

Les raisons de la migration

Bien que cheque individu peut avoir sa propre raisond'immigrer d'une place à une autre, il y a des raisons que laplupart des pécheurs habitant le mérne endroit ont en commun.consi-

dérant les différents groupes des Ocheurs migrants au Nigéria, les

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motivations suivantes peuvent are identifiées:

Les Ewe

Les pécheurs ewe sont venus de Seine(Benin) pour s'installer auNigeria en 1916. Ils ont quitté Berne parce qu'ils avaient desdifficultés à vendre leur poisson. Au Nigeria, specialement dansles environs de Lagos on était alors assure de bonnespossibilités de commercialisation.

Actuellement les jeunes pécheurs ewe qui sont recrutés pour descontrats de un ou deux ans viennent au Nigeria pour economiserde l'argent. Comme la vie au Nigeria deviant plus chére et que leprix du poisson ne semble pas monter au rythme de l'inflation,ces pécheurs n'économisent pas autant d'argent que leursprédecesseurs il y a quelques années. De nos jours il paraitqu'il est difficile de trouver des gens pour tel contrat.

Les autres pécheurs qui arrivent sur une base de contratviennent aussi pour economiser de l'argent. Le contrat les obligea vivre au Nigeria avec seulement de l'argent de poche. Au termede leur engagement ils ramassent la somme stipulée dans lecontrat. Il peut s'agir d'un montant fixe ou d'une part de laproduction. Il est evident dans le second cas qu'il estnecessaire aussi bien pour le proprietaire de pirogue que pour lepécheur de prendre plus de notes.

Les Fante

Les pécheurs fante qui utilisent leur propre pirogue et qui sedéplacent suivant leur propre initiative viennent au Nigeria pourdes raisons financiéres. Ils affirment que la production n'ajamais été aussi bonne au Nigeria qu'au Ghana, mais que le prixdu poisson au Nigeria est plus élevé, ce qui fait qu'il est plusinteressant pour eux de rester. En outre, le materiel de péche etle carburant ont toujours été moins cher au Nigeria. Le carburantest toujours très bon marché: 60 kobo le litre. (1 Naira=100kobo, 8 Naira=1 $, sur le marché noir 9,5 Naira=1 $).Cependant le materiel de péche est maintenant plus cher et lavaleur du Naira a considerablement chute durant les cinqdernieres années; il n'est pas sûr qu'il soit toujourséconomiquement interessant pour les pécheurs d'opérer au Nigeria.

e) Les "migrants autochtones"

La migrations saisonnière comme celle observée chez les Ibibiodans l'Etat de Cross Rivers est souvent due aux conditionsnaturelle de la region. Les gens se déplacent de leur village quiparfois est éloigné de la mer, vers de meilleurs endroits ou vers

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des regions où ils peuvent mieux accoster. Dans l'Etat d'AkwaIbom par exemple on peut souvent voir un village et unétablissement de méme noms à une certaine distance l'un del'autre. Il y a par exemple le village de Okoroete dans la valléeet, 5 km plus loin le long de la cae, un campement de pécheursappelé 'Okoroete settlement'. Les pécheurs vivent dans lecampement avec leur famille pendant la saison de péche. Laplupart de ces pécheurs ont une maison permanente dans levillage. Etant donne que les pécheurs doivent, chaque jour,traverser le peril de la barre, il est important pour eux dereduire les risques de perte de leur pirogue, de leur moteur, deleur production ou de tout cet ensemble, a cause des accidentsqui surviennent fréquemment pendant la traversée.

Les villages sont souvent situés en fin de route mais lescampements sont en general difficile à atteindre; cela se faitgénéralement par bateau, aprés une heure ou plus, de temps denavigation à la pagaie a partir du village. Comme on suppose queles établissements des pécheurs sont des bases temporaires, on nefait pas beaucoup d'efforts pour y améliorer les conditions devie, méme si les gens sont appelés a y vivre pendant une bonnepartie de l'année.

Les aspects socio-culturels de la migration

De mime que les conditions de travail des pécheurs migrantschangent lorsqu'ils se déplacent d'un endroit a un autre, leurcondition de vie change. Par exemple, ils se déplacent parfoisavec leur famille et parfois ils ne le font pas. Lorsqu'ondiscute de la migration, il est donc important de considéreraussi son aspect socio-culturel. Ici également des remarquesdifférentes peuvent étre faites sur les differents types demigration.

Les pécheurs ewe qui se sont installés dans la region de Badagrien 1916 se sont integrés aux autochtones. Maintenant, ils seconsidèrent comme des Nigerians bien qu'ils utilisent toujoursleur langue et qu'ils puissent étre distingués en tant que groupeethnique a part. Des exemples comme ceux des pécheurs ewe qui ontété enseignants à l'école locale et ceux des pécheurs qui ont desterres près des villages où ils cultivent le manioc, indiquentque ces pécheurs sont acceptés par les villageois. Ils dominentla péche mais ne sentblent pas entrer en concurrence avec lespécheurs autochtones etant donne qu'aucun autochtone utilise lasenne de plage. L'autre facette de cette integration complete estque ces pécheurs ewe ne se considerent plus comme des Ghanéens.Ils font savoir qu'actuellement la situation au Nigeria est entrain de changer et que la péche n'est plus aussi profitablecomme auparavant; qu'ils pensent retourner au Ghana mais ne

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saventpes où aller la-bas.

La situation est évidemment complètement différente pour lesplus jeunes pécheurs ewe qui ont été recrutés pour un ou deuxans de contrat. Ils vont pour une courte durée et gardent lecontact avec leur families. Les jeunes pécheurs emmènent leurfemmes et enfants avec eux s'ils en ont.

Les pécheurs fante de l'Etat Lagos vivent aussi une situationautre. Lorqu'ils arrivent à Magbon Alade ou à Orimedu ou mémedans les villages où ils migrant de fagon saisonnière, ils sontobliges de rester avec un paarain dans le village qu'ilsappellent leur "'ten. Ce upère" recoit une part de leurproduction et en donne une partie déterminée a la communauté.

Les pécheurs sont en outre obliges de vendre leur poisson auxfemmes du villages. En depit de cette regle ils utilisent quandmama leurs femmes comme intermediaires. C'est seulement quandy a du poisson en abondance que les femmes fante sont autorisésà turner du poisson. Pour les femmes fante, cela signifie qu'ellesperdent leur revenue sur la fumage du poisson, c'est à dire leurprincipal revenu; ce qui signifie également qu'elles dependentdes revenues de leur mari.

Quand les pécheurs migrent de fagon saisonnière pour six semainesou deux mois, ils laissent leur famille à la maison. Dans le casdes femmes fante de Magbon Alade et Orimedu, cela signifiequ'elles restent chez elles lorsque leur mari vont à Cotonou, aLagos, à Port Harcourt ou à Elefon. Ainsi, pour que leur mari aitun meilleur revenu, ces femmes doivent abandonner une partie deleur travail, de leur revenues et de leur liberté d'initierd'autres activités productrices.

Les rapport entre les pécheurs fante et les villageois nigérianssont souvent très délicats, l'arrangement doit are profitableaux deux parties. Dans le cas de Magbon Alade et Orimedu, il n'ya pas de concurrence entre les pécheurs nigérians et fanteconcernant l'exploitation des ressources; les Fante allant pécherplus loin et utilisant des filets différents, comme des sennestournantes, de ceux des Nigerians.

La situation des differents migrants saisonniers comme dansl'Etat de Cross Rivers est elle aussi différente Les pécheursrestent en principe dans leur propre environnement, et sedeplacent juste de quelques kilometres vers la cete maritime.Ils restent dans ces campements avec des gens de leur proprevillage et sont souvent accompagnes de leur famine Les femmesfument le poisson. Dans ce cas les gens vivent dans desconditions tres simple et difficile pendant la bonne saison depéche qui peut occuper la grande partie de l'année, alors qu'ilsont de meilleures conditions de vie dans leur village.Dans ces campements de péche, la situation de l'eau potable est

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tres mauvaise, les maisons sont de cases temporaires en branchesde palmiers ou en bambous, il y a partout des moustiquesporteurs de paludisme tandis que le transport vers et enprovenence de ces campements est un problème. Les gens sontobligés de voyager pendant des heures pour se faire soigner dansun centre medical.

I.es Migrations hors du Nigéria

S'agissant de migrations de pécheurs à partir du Nigeria, uneattention particulière doit étre accordée à Aiyetoro, un villagede pécheurs dans l'Etat de Ondo, qui est un centre d'émigrationde pécheurs nigérians. Dans ce village qui a été fondé le 12janvier 1947 en tant que communauté réligieuse utopique, il y aenviron 8000 Ilaje y habitant presentement, sans compter ceux quiont migré au loin.Aiyetoro a en depuis sa fondation une organisation socialecommunale. Bien que la communauté ait eu certains problèmesinternes et que la pluspart de ses proprietés soient actuellementen ruine ou actuellement dans les mains de privés, certainesactivites communautaires demeurent toujours. Il y a une 4coletechnique et trois petits chalutiers appartenant à lacommunauté. Par ailleurs, il y a un centre communald'alimentation électrique, un sevice de santé et un comité chargédu développement social.

Les villagois et les pécheurs qui migrent de Aiyetoro et qui ontactuellement des revenus personnels doivent payer une taxe aucomité du village. Avant, il n'y avait pas de revenuspersonnel,tout l'argent appartenait à la communauté. Un foiS l'an enjanvier, la fondation de Aiyetoro est célébré et la plupart despécheurs migrants reviennent. A cette occasion, ils payent unecontribution pour le festival at aussi une taxe pour lesactivités communautaires à Aiyetoro.

A l'atelier technique communautaire de mécanique marine, denavigation et de péche, il y a actuellement 150 étudiants dontla moitié est à l'école ell-méme tandis que l'autre est en stagepratique à bord des chalutiers. La durée d'études est de 4 ansl'école. Chaque année au moins 10 femmes doivent intégrerl'école. A la fin de leurs étude ces femmes vont pécher en mer etelles peuvent travailler à bord des chalutiers. Prés de 50% despêcheurs de Aiyetoro sont qualifié pour travailler à bord dechalutiers. La communauté est toujours en possession de troischalutiers à Aiyetoro. Dans le temps on construisait deschalutiers dans le village méme.

Depuis longtemps les pécheurs de Aiyetoro migrent; une vagued'émigration particulièrement importante est survenue il y a six

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ans. Il parait qu'a ce moment, les moteurs hors-bord étaient sibon marché grace aux subventions gouvernementales, que la plupartdes jeunes gens pouraient s'offrir une pirogue, un filet et unmoteur hors-bord.Il y aurait beaucoup de poisson près de Aiyetoro mais il y a unegrande concurrence de la part des chalutiers qui viennent dansles Mines eaux que les pécheurs piroguiers. Ceux qui recherchentd'autres zones de péche, en évitant d'avoir à aller trop loin dela cate.

La migration a partir de Aiyetoro s'est déroulée le long de lavallée en direction de Lagos et vers les campements de peche lelong de la cOte au sud de Aiyetoro. Actuellement on trouve lespécheurs de Aiyetoro dans l'Etat de Bendel, à Sapele, Warri etAgogboro, dans l'Etat de Rivers (La plupart dans la péche auchalut) et a 0pobo (Down Below) et dans l'Etat de Cross Riversdans la region de Oyo.Au fin fond de la region sud les pécheurs migrent de fawnsaisonniere au Cameroun en juillet et en août. Les pécheurs deAiyetoro qui ont commence à aller à l'extérieur dans les années1940 allaient a la pagaie jusqu'au Cameroun et au gabon. Ontrouve toujours au Gabon une importante communauté nigériane deprès de 1.150 pêcheurs venus de la region d'Aiyetoro; avec leurfamille, ils pourraient atteindre le nombre de 5.000.

A part les pêcheurs ilaje venus de Aiyetoro, il y a en outre lespecheurs ijaw venus de Port Harcourt qui ont migré au Cameroun etau Gabon. Ils sont 500 pécheurs ijaw au Gabon, familles noncomprises.

L'impact des migrations

L'effet principal de la presence des pécheurs migrants étrangersdans le pays porte sur l'approvisionnement en poisson. Il estevident que dans l'Etat de Lagos par exemple, la plus grandepartie de la production maritime artisanale est assurée par lesétrangers. Etant donnée que le Nigeria est toujours loin del'autosuffisance en matière d'approvisionnement en poisson, cettemntribution est importante.Selon l'annuaire FAO des péches, le Nigeria a importé à peu près180,000 mt de poisson en 1986. Les importations enregistrées sonten grande partie du poisson frais congelé et de la merluche(morue sechée), mais on accepte generalement que des dizaines demilliers de tonnes de poisson traditionnellement traité(principalement fume et fumé-seché) sont introduitesfrauduleusement au Nigeria à partir des pays avoisinant. Parailleurs on croit que la devaluation draconienne du Naira durantles dernières années a considerablement réduit les importations.Le merlu par exemple est a peine existant actuellement sur le

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marché nigérian.

L'impact technologique de la presence des pêcheurs migrants auNigeria est plus limité. On aurait pu penser que les pêcheursnigérians imiteraient les méthodes de péche utilisées par lesGhanéens pour capturer beaucoup plus de poisson et gagner plusd'argent qu'avec leurs méthodes de pêches traditionnelles. Onobserve rarement de tel cas.Les pirogues 'Banana' nigérianes ne conviennent pas aux lourdsfilets et aux grandes tailles d'équipage qu'utilisent lesGhanéens. Changer les pirogues et les filets en même tempspourrait étre un trop grand changement et sans contacts avec lesGhanéens il serait même difficile aux Nigerians d'acheter despirogues monoxyle ghanéennes. Donnant leur point de vue sur laquestion, les Nigerians disent qu'ils trouvent les piroguesGhanéens trop lourdes et qu'ils n'aiment pas aller loin en mer.Même si les pécheurs Ghanéens ont clairement plus d'expertise quebeaucoup de Nigerians, il ne semble pas qu'ils aient pris leurplace. Il semble plust6t que les Ghandens ont initié de nouveauxtypes de pêches a des endroits ou ceux-ci n'existait pas. C'estpourquoi il est interessant de noter qu'il n'y a pas de Ghanéendans l'Etat de Ondo où les Ilaje ont developpé eux-mêmes lapéche maritime.

Résumé

96,2% de la production de poisson au Nigeria est débarquée parles pêcheurs artisans. Il n' existe pas de donnée sur lepourcentage de cette production representé par l'apport despécheurs marins.Des centaines de milliers de pêcheurs nigérians partentperiodiquement de leur village pour des campements de péche. Cecipeut se faire sur une courte distance comme c'est le cas despécheurs efik et ibibio dans les Etats d'Akwa Ibom et de CrossRivers, ou sur une longue distance comme c'est le cas despécheurs ilaje et ijaw qui quittent les Etats de Ondo et deBendel pour ceux de Rivers, Akwa Ibom et Cross Rivers.A peu prés 1.600 pêcheurs ewe de la region de la Volta (Ghana etTogo actuels) se sont installés dans l'Etat de Lagos à l'ouest dela ville du Lagos depuis le début de ce siècle. Ils utilisentprincipalement la senne de plage. Environ 750 pêcheursfanti sesont installés à l'est de Lagos depuis 1982. Ils utilisent lasenne coulissante 'Watsa' et le filet maillant 'Ali'. 41300 autresGhanéens sont au Nigeria sous contrat, la plupart employes pardes armateurs nigérians.

Les Nigerians qui ont migré au Cameroun et au Gabon sont desIlaje de Aiyetoro et ses alentours ou des Ijaw de Port Harcourtet de ses alentours.

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Les raisons evoguées pour justifier la migration sont: a) demeilleurs revenus, b) des possibilités d'économiser, c) demeilleures conditions de péche en mer comparées à celles despetits cours d'eau ou de meilleurs endroits pour traverser de labarre, d) pas assez de poisson dans leurs eaux pour toute lapopulation de péche.

References

Barrett S.R., Two villages on stilts. New York: Chandler1974

Jones G.I., Lagos sea fishermen. Nigerian field 5 (3): 136-1391936

Pollnac R.B., Sociocultural aspects of small-scale fisheries1984 development in West Africa. Department of Sociology

and Anthropology, University of Rhode Island.

Tobar J.G., The fishing industry in Nigeria- status and potential1990 for self sufficiency in fish production. NIOMR

technical working paper no 54. NIOMR, Lagos.

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RAPPORT SUR LA PECHE MARITIME ARTISANALE AUCAMEROUN ET LES MOUVEMENTS DES PECHEURS*

Par G.V. Everett

La longueur totale de la cOte camerounaise du Nigéria à laGuin6e Equatoriale est de 350 km environ. Il existe de vastesembouchures, des estuaires et des mangroves marécageuses de sorteque la véritable surface exposée h la mer est trèssubstanctielle. Il existe un réseau routier le long de la cOte auSud et au Centre. Mais les communications par la route le longde la cfte vers le Nig6ria ne sont pas aussi bonnes et l'on peutdire que la zone est isolée. La population du pays ddpasse onzemillions. Yaoundd la capitale administrative est enclavée maisDouala qui est la capitale économique se trouve a la &rte.

L'économie est bien diversifiée et l'envestissement dansl'infrastructure a été bien étudié. Chaque année quelque 70.000tonnes de poisson congelé sont importées dans le pays par Douala.

La flotille industrielle des chalutiers produisaitannuellement plus de 20.000 tonnes mais la production a chuté cesderniers temps étant donné que maintenant il est impossible auxchalutiers battant pavillon camerounais de pécher dans les eauxdes pays voisins. Cons6quemment la production armuelle a chuté endessous de 10.000 tonnes de petites crevettes (Paleamon Lastatus)et de poisson. La production continentale pourrait approchée50.000 tonnes (avec beaucoup de Nigérians péchant dans le lacLagdo).

En 1983 et en 1984 (Njock 1985) une étude détaillée desvillages de péche artisanale a été entreprise. On avait estiméqu'il y avait 57 points de débarquement principaux, 6.011pirogues et 18.615 pécheurs. Une etude de ces données et desvérifications ont rdvdlé que ces données pourraient &ere des sousestimations (Samba 1986). Néanmoins ces données (Tableau I)donnent un ordre d'importance de l'activité artisanale dans lescinq zones cOtières.

Il apparait que 90% des pécheurs sont des immigrants duNigéria principalement mais aussi du Ghana et du Bénin. La plusgrande partie de la 'the se pratique à Ndian une région de lacOte du Nigéria ou prédominent les pécheurs Nigérians.

Les pécheurs Nigérians péchent principalement du poisson etdes crevettes pour l'approvisionnement du marché Nigérian. Lespetites crevettes sont sdchées et fumées. On retrouve beaucoupplus les p6cheurs ghanéens et beninois dans les zones cOtières ducentre et du sud produisant pour l'approvisionnement des marcheslocaux.

Traduit de l'anglais.

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A peu près le tiers des pirogues sont motorisées. Ce tauxpourrait paraitre faible, mais la grande partie de la peche sepratique au fait dans les petits cours d'eau proteges et dansles mangroves où les moteurs hors-bord ne sont pasindispensables.

Les filets dormants dérivants et encerclants sont utiliséspour pêcher les poissons dont la grande partie est composéed'Ethmalose. On utilise principalement les pièges pour pêcher lescrevettes dans les zones protégées.

L'agence gouvernementale pour la promotion de la pêcheartisanale s'appelle MIDEPEMA. Mission de Développement de laPêche Artisanale Maritime Camerounaise. Cette agence a une base hDouala et de diverses stations extérieures. L'agence vend desmoteurs hors-bord et du matériel de pêche. Il n'existe pas decrédit. L'organisation assure les prestations de ses servicesdes pêcheurs permanents bien connus quelque soit leur origine etleur nationalité. Le bureau directeur du MIDEPECAM est composé defonctionnaires d'Etat et les frais sont couverts par les revenus.Chaque année la MIDEPECAM vend à peu prés 300 moteurs hors -bord;ce qui est en dessous de la demande. Pour compléter ladifférence, des moteurs sont achetés par le circuit commercialnormal. Ce sont des moteurs de 15 cv et de 25 cv plut6t que ceuxde 40 cv utilisés par les pécheurs sur les cötes non protégées duGhana, du Togo... etc.

La direction des pêches du Ministère du bétail, des pêcheset des industries animales est l'institution gouvernementale

REFERENCES

Njock, J.C., Répertoire des centres de débarquement de la pêche1985 artisanale maritime camerounaise. Limbe. Station de

Recherches Halieutiques. 58 p.

Samba, A., Collecte et traitement des statistiques de pêche arti-1986 sanale au Gabon, au Cameroun et au Togo. Dakar, Projet

COPACE, COPACE/TECH/86/77, 68 p.

responsable du secteur. La stationLimba dépend de l'institut deYaoundé.

Tableau I. Nombre de pirogues

de recherche halieutiquerecherches zootechniques basé

et de pécheurs artisans

Pirogues PêcheursZones

Ndian (près du Nigéria) 4.256 14.254Fako (aux environs de Limbé) 432 1.172Wouri (aux environs de Douala) 888 2.030Sanga Maritime(R. Estuaire Sanaga) 233 825Océan (près de Rio Muni,Guinée Equatoriale) 202 334

Total 6.011 18.615

Source : Njock (1985)

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Rapport sur la Guinée Equatoriale et lesmigrations des pêcheurs artisans

par G. V. Everett

Malabo est la capitale de ce pays et est situé sur l'ile deBioco (2.000 km2). La plus grande pârtie du pays est dans Rio

Muni (26.000 km2) sur le continent africain. Une autre Ileappelée Annobon (17 km2) se trouve a 670 mks au sud de Malabo. Lapopulation totale du pays est d'environ 350.000 habitants.

Au début des années 1970 la production dans le secteurartisanal aurait atteint 200 tonnes Les activités des pêcheursnigérians auraient contribué en grande partie à cette production.

Vers la fin des années 1970, de sérieux troublés civils ontsécoué le pays et beaucoup de pêcheurs étrangers ont quittécelui-ci, probablement vers le Cameroun, le Gabon et le Nigeria.Les pêcheurs autochtones étaient découragés de pratiquer la pêcheet certaines pirogues ont été détruites. Quelques pêcheurs locauxauraient quitté le pays. La production totale du poisson aproblablement chuté au dessous de 1.000 tonnes par an.

Depuis le début des années 1980, le pays est stable et lavie économique se trouve lentement rythmée. En Janvier 1985 laGuinée Equatoriale a rejoint la zone francs, ce qui a donné unecertaine confiance aux investisseurs.

Les statistiques dans le secteur de la pêche sontrudimentaires et ont besoin d'être améliorées. Cependant il estprobable que la production artisanale avoisine 2.000 tonnes paran. Environ 2.000 tonnes de poisson congelé sont importées tandisque les bateaux étrangers sous licence produiraient 2.000 tonnespar an, mais débarquent seulement 200 tonnes annuellement dans lepays. Ainsi la consommation totale serait environ de 4.200 tonnespar an.

En 1985 Villegas a mené une enquête-cadre de la pêchepiroguière. Les résultats sont donnés sur le tableau 1. Il yavait 2.588 pêcheurs et 1.130 pirogues. Il y avait moins dequarante moteurs hors-bord, la plupart utilisés le long de lacate de Rio Muni par des pêcheurs venus au Nigéria et du Ghana.

Il est peu probable qu'il y a eu une grande augmentation dunombre des pirogues et des pêcheurs depuis 1985, à cause del'absence de programme de développement substantiel des pêches.Les activités de péche sur l'ile de Bioco sont certainementmodestes en 1990. Le long de la cOte de Rio Muni il y aprobablement en un influx étranger de pirogue. Il y a encoreprobablement moins de 100 moteurs hors-bord en utilisation.

* Traduit de l'anglais

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Apparemment, il y a quelques douzaines de pécheurs venus deAnnolon qui péchent à partir de Bioco. Près de Bata à Rio Muni,il y aurait douze groupes de pécheurs venus du Nigeria ; ainsi11influence de la péche pratiquée par les étrangers serait assezsubstantielle sur la cöte. Les pécheurs piroguiers étrangers nesont pas empéchées de pratiques leur activité mais il doiventpayer la licence (voir tableau 2).

On se rend compte que le type de 'the le long de la cöte deRio Muni est identique à celui pratique au Cameroun et au Gabon.Le type de péche piroguière aux alentours de Bioco est principa-lement une péche à la ligue et, un peu, au filet maillant. Lapéche à la senne de plage n'est pas fréquente à cause de lanature généralement rocheuse (volcanique) de la cöte (de Bioco).

Reference

Villegas, L/ 1985, Estudio estadistics sobre la pesca maritimaartesana Guinea Equatorial F.A.O. Rome FS : TCP/EQG/4404, 104 P

Source : Villegas (1985)

Talbeau 2 Licence à payer par an pour les pirogues

Tableau 1 Nombre approximatif des pecheurs artisans et despirogues.

Pécheurs Bicoco Rio Muni Annolon TotalOccasionnel 20 14 34De subsistence 129 55 184Commercial 226 1844 2070TOTAL 375 1913 30 2588PiroguesPetites 161 74 235Moyennes 34 659 90 783Grandes 0 102 10 112TOTAL 195 835 100 1130

FCFA

Une personne, simple 7 500Commerciale, grande 12 000Professionnelle, bien organisée 25 000

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Traduit de l'anglais

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LA MIGRATION EN PECHE MARITIME AU GABON*

par Annet M. IJff

Introduction

Avant de parler de la migration des pécheurs au Gabon,certaines informations fondamentales sur le pays seraient utiles.

Le Gabon occupe en Afrique Sub-Sahérienne une position plusou moins spécifique. C'est un pays à population éparse qui estcouvert à 85% de forêt dense avec des surfaces totalementinhabitées.

La masse de la population gabonaise est arrivée relativementrécemment, durant les 600 ou 700 dernières années dans le cadrede migrations séparées constituées essentiellement de groupesparlant Bantou. Il y a quelque 50 groupes ethniques différentsqui, par tradition, ont continué une économie de subsistancebasée sur les produits de chasse et de cueillette en combinaisonavec une agriculture sur brûlis.

Le Gabon a été longtemps connu pour ses ressourcesnaturelles qui comprennent le bois, le manganese, l'uranium etd'autres minéarux non encore exploités comme les grands gisementsde fer. Cependant, ce sont les vastes reserves de pétrole du paysqui ont une influence déterminante sur l'économie et sur lasociété en general. C'est le cas depuis surtout la flambee desprix du pétrole brut en 1973-1974 qui, du jour au lendemain, afait du Gabon l'un des pays les plus riches du continent. L'année1986 a également été un tournant dans l'économie et dans lasociété gabonaise. La chute des prix des produits petroliers abrutalement stoppé la période de prospérité apparemmentillimitées, et depuis lors, des coupes sombres ont due étreopérées dans l'économie. La valeur du PNB a chute de 29% et puisde 14% entre 1986 a 1987; un programme severe entre 1985 et 1986de réajustement économique élaboré en collaboration avec le FMI aété introduit et les dépenses publiques ont été sensiblementréduites.

Le "choc pétrolier" a aussi conduit les autorités gabonaisesmettre l'accent sur la diversification de l'économie et a

encourage la production alimentaire. Renforcer la productionalimentaire ne s'annoncera pas facile cependant, pour plusieursraisons. Premièrement, depuis ses décennies il y a un exode ruralcontinue vers les principales villes : Libreville et Port Gentil.Deuxiemement, les techniques agricoles ont peu change depuis desannées et la culture de céréales se situe largement a un niveaude subsistance, complete par la chasse, la péche et la cueillettede fruits sauvages pour la consommation domestique. La productionde surplus agricole destine a la vente est découragé de surcrott

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par la mauvaise infrastructure routière et l'absence virtuelled'une structure de commercialisation intérieure pour de telsproduits, mame au niveau traditionnel.

Les perspectives d'augmentation de la production halieutiquenationale pourraient axe un peu plus interessantes. Lesressources maritimes que continentales paraissent largement sous-exploitées et la présence des pécheurs artisans très habiles dansle secteur maritime est un apport clairement positif, quoique lefait que la plupart de ces pécheurs soient des étrangers annonceun problème politique épineux. Quand à la péche continentale, lefaible développement des structures commerciales et les méthodesde préservation inadéquates continueront probablement d'empécherune expansion majeure du secteur. En plus les pécheurs artisanssont moins nombreux et moins habiles ici que sur la cöte.

L'exploitation et le volume des prises dans le secteur de lapéche maritime gabonaise continue de se situer au niveau de cesquelques dernières années. La production maritime artisanale estsouvent estimée a 12.000 ou 13.000 tonnes; ce qui est en dessousdes chiffres officiels.

La péche industrielle débarque près de 8.000 tonnes depoisson (plus de 1.600 ou 1.700 tonnes de crevettes). Les patronsde péche qui dirigent aussi la plupart des chambres froidesLibreville, affirment qu'ils tirent plus de bénéfice en importantdu poisson qu'en péchant.

Le poisson congelé est vendu au marché a 500 FCFA/kg alorsque le prix au débarquement du poisson des pécheurs artisans estmoins de 500 FCFA/kg.

L'importation du poisson continue à étre importante grace augoût que les Gabonnais urbanisés semblent avoir développé pourles espéces et les produits de haute qualité. Les importationss'élevaient à près de 15.000 tonnes en 1985 mais étaientattennées en partie par l'exportation de quelque 1.500 tonnes decrevettes et de 5.500 tonnes (FWE) de petits poissons fumés deprise artisanale. Les niveaux de consommation du poisson au Gabonsont très élevés (parmi les plus élevés du monde : environ 30 kgspar téte.

Aper9u historique sur les pécheries maritimes artisanales

Il n'y a presque pas de tradition de péche maritime au gabonet seulement deux des 50 groupes ethniques du pays ont étéimpliqués dans des activités maritimes. Ces groupes sont lesBenga originaires de la zone du Cap Estarias et les Vilioriginaires de la partie la plus méridionale de la cöte et quisont mieux connus pour leurs activités de péche au Congo. Cesdeux groupes ainsi peut étre que quelque Oroungo de la région dePort Gentil se sont impliqués traditionnellement dans une péche

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de subsistance a la ligne dans des eaux peu profondes et semblentavoir peu progressé.

Dans les anides 1950, l'estuaire du Gabon était devenu unpoint de rencontre des intéréts coloniaux frangais, des mission-naires aussi bien protestants que Catholiques romains et descommergants britaniques. A cette époque, la pirogue était l'outille plus important, indispensable à la chasse, la péche, lecommerce, la guerre et la communication entre les villageois.Certaines sources (Linschoten 1934; Hutton 1821 ; Boteler 1835)suggèrent que la pirogue monoxyle M'Pongoué est la premièreavoir été vue le long de la cate. La pirogue monoxyle deWassango/Duke pourrait contenir plus de 200 personnes. Certainespirogues avaient plus de trente pieds de long, avaient unecapacité de huit à dix tonnes de charge et étaient capables detransporter des marchandises le long de la cète, du Cameroun auCape Lopez (Bucher 1936).

Port G t

292

Guinée Equatoriale

Cocobeqoh

boué

ibreville

4 4 4 1. +

d'Omboué

e Lguela

e Ndp6,---

Mayumba

EST:AIRE

OGOUE MARITIME

NYAMGA

Ftt

4.1 COARO

Gabon : les trois provinces maritimes

Dans un rapport de 1906, il est écrit que les habitants desvillages côtiers pratiquaient la péche en mer mais pas réguliè-rement. On ne trouvait des pécheurs professionnels qu'a

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Libreville et e Loango.

Les pécheurs de la region de Libreville étaient lesM'pongonés, les Boulons et les Bongo (Banga). Au sud du CapLopez, jusqu'a Mayumba, les indigenes ne péchaient pas en mercause de la barre dangereuse qu'ils devaient traverser.

Les pirogues de 'the, conduites par quatre pécheursutilisant des pagaies ou une voile carrée étaient très petites.Les pirogues monoxyles étaient faites de plusieurs especes debois différents, mais d'uokoumé" de preference. Des filets et deslignes de fabrication locale étaient utilises, de méme que deséperviers introduits par les Européens. Des mulets étaientordinairement péchés sur les rives (Darboux 1906). Les premierspécheurs migrants venant du Nigeria et du Togo, sont arrives augabon en 1949 et en 1952.

Les pécheurs migrants

Le terme de pécheurs migrants est utilise ici pour designerles pécheurs ayant une nationalité autre que Gabonnaise et quisont impliqués dans la p6che au Gabon pour une période plus oumoins longue. Méme si certains de ces pécheurs sont nés au Gabonet peuvent ainsi avoir la nationalité gabonnaise, on se réfèrera

eux en tant que des pécheurs unigérians" ou béninois selonl'origine de leur père ou de leur grand pers.

ocobeach

Mangona

Emoneenak

'Libi

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Gabon : points de débarquement dans laprovince de l'estuaire

Comme indiqué précédemment, les Gabonnais sont a peineimpliqués dans la péche maritime et lorsqu'ils le sont, ilsdemeurent dans leur lieu d'origine et ne vont pécher que pouravoir du poisson pour leur auto-consommation. Près de 12 % despecheurs marins artisans sont Gabonnais.

Depuis 1950 environ, des pécheurs étrangers ont commencevenir au Gabon particulièrement à Libreville et à Port Gentil oùla plupart sont concentrés. Le tableau 1 donne le nombre depécheurs et leur nationalité pour la province de l'estuaire,c'est à dire la region de Libreville. Il y a 2.613 pécheurs dontles 61,8 % sont Nigerians et 15,3 % Béninois, soit un total de77,1 %.

Tableau 1 : Recensement des établissements de pécheurs maritimesartisans dans la Province de l'estuaire.

sites-villages number of fishermen no fishing nets % capturesN 8 GAB GH D canoes BSN SMG RN Lines DF ETMA

Cocobeach 100 30 12 2 10 95 5

Mangona 80 20 20 5 10 90

EmOne Menak 15 5 1 5 15 85Libi 10 4 5 5 50 50

Kassotte 55 15 5 10 5 15 85

Mlembie 10 10 1 1 10 90 10

Kandge 90 25 35 20 15 50 '50

Ile Mende 40 15 5 5 10 95 5

Moka 35 10 10 5 80 20

klbolokoboue 40 12 15 1 2 95 5

Cap Esteriaa 50 25 20 15 10 100

Aviation 155 25 2 45 35 20 60 40

Bambou de chine 50 10 15 30 10 25 30 70

Foire 30 10 20 40 100

Oloumi 25 125 30 10 30 95 5

Latala 90 25 15 10 2 35 65

Mae / Glass 3 65 15 25 28 2 2 75 25

Pt Bombe 150 160 45 100 53 50 18 25 75

Poubelles 490 10 20 160 15 20 10 90

Osendo 425 110 105 65 95 5

Akouknen 15 5 2 5 5 95 5

Pte Dennis 15 8 2 5 100

Donguite 45 15 M 5 70 30

Kango 16 3

Atokou 15 5 5 5 90 10

Ozonga 12 3

Total 1615 400 328 45 225 760 352 231 32 214

Total fishermen 2613 N:Nigorians; B:Beninese; GAB:Gabonese;

(SH:Ghanaians; D:Divers

partition Z 61,8 15,3 12,6 1,7 8,6 8SN:Bottom setnet; SMG:small mesh giil-

net; RN:Ringnet; DE:Demersal fish;

ETMA:Ethmalosa ("Sardines")

Source : La peche maritime artisanale dans l'estuaire du Gabon.Document de travail (Comité Regional des péches, 1990).

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Dans la region de Port Gentil il y a quatre centres de pécheoù l'on trouve des pécheurs étrangers.

Cap Lopez 160 Pécheurs togolais 60 pirogues

Matemba 350 II béninois 160

Lip 200 II II 100 o

Rini ango 250 " II 80 II

Total 1.060 Pécheurs immigrants 350 pirogues

Les pécheurs nigérians habitant Ouendo et Ile Nende sont desIjaws venant de Port Harcourt et de ses environs. Les autresNigerians sont des Ilaje qui se disent tous originaires de UgboNla, un village a 10 minutes de Aiyétoro dans l'Etat de Ondo.Aiyetoro a été fondé en janvier 1947 en tant que communautéréligieuse utopiste dote d'une organisation socialecommunautaire. Ugbo Nla aurait été fondé par des gens ayantquitté Aiyetoro.

Ces pécheurs utilisent toujours les rites techniques depéche qu'au Nigeria. Les Pécheurs Ijaw utilisent surtout desfilets dormants de fond, les Ilaje utilisent surtout des filetsmaillants à petites mailles pour les sardines en combinaison avecquelque filets dormants. Les Nigerians ont tous des piroguesconstruites au gabon essentiellement des petites piroguesmonoxyles avec des bordées en planche.

Les pecheurs béninois au Gabon sont des Popo (Plah) ou desPedah originaires de Ouidah et de Grand-Popo. Il continuent depratiquer les rites méthodes de péche qu'au Benin. Ils utilisentles pirogues monoxyles ghanéennes toujours achetées au Ghana. lespirogues sont ensuite apportées à Cotonou d'où elles sontembarquées sur un cargo pour le Gabon.

Au Gabon, ils coupent la poupe de ces pirogues afin depouvoir y installer le moteur hors-bord. Ce n'est que dans le casdes pirogues destinées à la senne tournante que la poupe n'estpas coupée.

Les "pécheurs togolais" sont en fait des Ewe de la region dela Volta au Ghana. Il y a quatre chefs qui resident au Cap Lopez(près de Port Gentil) depuis déjé longtemps. Le premier d'entreeux est arrive au Gabon en 1952. Ils utilisent surtout la sennede plage. Quoique l'utilisation des sennes de plage soitinterdite officiellement au Gabon depuis 1983, le groupe despécheurs togolais du cap Lopez est plus ou moins autorisécontinuer a l'utiliser.

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Depuis quelques années, il y a aussi d'autres pécheursghanéens. Ceux-ci sont employés par les pécheurs béninois pour lapéche a la senne tournante.

Ces Ghanéens sont au Gabon en tant que travailleurscontractuels et ils viennent surtout d'Accra.

Les 225 pécheurs du groupe "divers" dans le tableau 1viennent principalement de Sao Tomé et Principe. Il travaillentcomme contractuels pour les propriétaires de bateaux gabonnais.Ils péchent au Gabon depuis environ dix ans déja. Ils ne sont pasintégrés dans les campements de pache nigérians ou béninois et°parent à partir de leur sites séparés. Ils utilisent surtout despirogues en fibre de verre, construites au Gábon et péchent avecdes lignes - glacières pour vendre le poisson frais.

Presque tous les petits pélagiques capturés par lespécheurs artisans (40-50 % de la prise totale) sont achetés parles commergants camerounais et exportés au Cameroun.

Tous les pécheurs rencontrés au Gabon utilisent en généralle moteur hors-bord à kéroséne. Quand on regarde les prix ducarburant, cela se comprend ; 1 litre d'essence coûte 320 FCFAcontre 80 FCFA pour 1 litre de kéroséne. Bien qu'il y ait uneréduction sur le prix du diésel pour les bateaux de pécheindustriel (160 FCFA/litre), les pécheurs artisans ne regoiventaucune réduction similaire pour l'essence.

Pour obtenir des crédits, les pécheurs étrangers dépendentdu secteur privé. Promopéche, une entreprise faisant crédit auxpécheurs accorde jusqu'a concurrence de 100.000 FCFA de pits,qui doivent étre remboursés en 4 mois. Durant la période del'emprunt, les pécheurs doivent vendre une partie de leurs prisesde haute valeur commerciale à la compagnie qui les exporteensuite. Les deux dernières années, plus de 100 millions de FCFAde préts ont été remboursés a 100 %. Le représentant Yamaha aLibreville offre également des possibilités d'emprunt.

Le systéme de partage le plus commun utilisé par lespécheurs nigérians consiste à garder deux parts pour lepropriétaire de pirogue et de diviser la troisième part en partségales pour les pécheurs Les pécheurs béninois utilisant lessennes tournantes pratiquent aussi ce système : Deux parts pourle propriétaire de la pirogue et du filet et la troisième partpour les pécheurs. Les pécheurs béninois utilisant les petitsfilets maillants divisent leurs revenus en deux : Une part pourle propriétaire du bateau et l'autre part partagée équitablemententre les pécheurs.

Tous les pécheurs péchant dans les eaux gabonnaises sontsupposés avoir une autorisation de péche qui coûte 100.000 FCFA/an ou 25.000 FCFA/trimestre. En plus de cette autorisation ils

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doivent payer 20.000 FCFA/an pour enregistrer leur pirogue ainsiqu'une taxe de 200.000 FCFA pour le droit à l'importation d'unepirogue neuve.

Contre 2.000 FCFA, ils peuvent obtenir une carte de pécheurutilisable en guise de passport. En principe, les pécheurs nedevraient pas avoir de problémes a travailler dans les eauxgabonnaises une fois qu'ils ont payé tous les droits requisceci dit, certains propriétaires de bateau ne sont pas en règle.les pécheurs se plaignent que la péche a decline ces quatredernières années. Un patron-pécheur qui avait 12 pirogues enactivités n'en a plus qu'une seule à present. Un autre est passéde 6 pirogues à une seule.

Au "bon vieux temps", une pirogue dit-on, rapportait de 800a 1.000 kgs de poisson ; à present, il est frequent qu'elle n'enrapporte que 20 ; il n'y a cependant pas de preuve confirmant cesallegations.

Les raisons et les motifs de la migration

Quoique les pécheurs aient différentes raisons de venir auGabon, ils sont tous venus avec l'espoir d'y trouver unemeilleure vie ou, plus précisément, d'y obtenir plus d'argent quedans leur pays d'origine.

Certains d'entre eux sont venus pour d'autres travaux. Undes pécheurs rencontrés était venu au Gabon pour travailler dansune entreprise de construction, un autre était venu en tant quecomptable, un autre encore avait fait deux ans d'anglaisl'Université et cherchait du travail. Tous viennent de famillesde pécheurs mais n'avaient pas nécéssairement d'expérience dansla péche avant de venir au Gabon. Après un certain temps augabon, ils ont trouvé qu'ils pouvaient se faire plus d'argentdans la péche que dans d'autres métiers.

En plus du désir d'obtenir plus d'argent, la possibilité defaire des economies a été plusieurs fois mentionnée comme motifde la migration. Ceci peut étre dû au fait qu'ils travaillent surun contrat et ne regoivent leur argent qu'à la fin du contrat,mais il a été aussi mentionné parmi les Béninois, qu'au pays,avec toute la famille autour de soi, il y a trop d'obligations.Lorsque l'on a de l'argent, les membres de la famille se trouvantdans le besoin viennent demander de l'aide et il est alors tropdifficile de refuser.

Certains pécheurs venant de Grand-Popo au Benin, ont faitremarquer qu'il n'y a pas assez de poisson dans les eaux. Unautre facteur donne comme motif de migration par les pécheurs estqu'ils se seraient depletes par curiosité, après avoir entendudes histoires racontrées par des pécheurs de leur villages ausujet du Gabon. Comme le dit un des villageois : "pour se

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promener un peu, quand on reste en place, les idées restent enplace aussi". Dans le méme ordre d'idée, un autre pécheur nous adit qu'il était en vacances au Japon il y a trois ans. Sachantque la plupart du matériel de pêche vient de la-bas, il a voulualler constater de lui-méme.

Types de migration : migrants ou immigrants

Le type de migration au Gabon est presque universel. Il y ade différentes installations de pécheurs; de différentesnationalités et dans toutes ces installations on trouve uncertain nombre de pêcheurs qui se sont installés définítivement,la plupart sont des propriétaires de pirogue qui travaillent avecdes équipages de leur pays d'origine venus au Gabon en tant quecontractuels. A la fin du contrat, ces pécheurs peuvent déciderde retourner dans leurs pays ou de rester et d'essayer d'obtenirune pirogue pour eux-mémes.

Les migrations saisonnières ne semblent pas exister auGabon. Un regard plus approfondi sur les différents centres depéche de ces dernières 40 années montre les schémas de migrationssuivants

Il n'y a qu'un seul établissement où l'on trouve despécheurs togolais. Le chef de cette installation est venu aLibreville, au Gabon en 1952 en tant que comptable. En 1955 il acommencé à pécher avec un équipage gabonais. Il s'est installéCap Lopez en 1971. Dès qu'il obtient l'autorisation de péche en1974, il commenga à recruter des pécheurs du Togo, parce queselon lui, l'équipage gabonnais avait le mal de mer tout letemps".

Les premiers pécheurs béninois se sont installés à Matemba(Port Gentil) et à Cocobeach en 1962. A partir de 1965, Pertainsd'entre eux se sont déplacés a Libreville où ils se sont déplacés

Pont Nomba et à Acae. En 1978, tous les Béninois ont étérapatriés pour des raisons politiques opposant le Gabon et leBénin. Quand les pécheurs ont commencé à revenir à partir de1979, ils se sont installés à caté de leurs anciens sites etaussi à Lalala une ancienne plage de débarquement nigériane aucentre de Libreville.

Les premiers pécheurs Ilaje disent étre venus au Gabon en1952. Un groupe de 5 pécheurs aurait quitté le Nigéria en 1949 etserait venu à la rame au Cameroun d'abord et plus tard, au Gabon.Ils sont d'abord arrivés à Cocobeach et ont été rejoints au fildes ans par des pécheurs Ilaje de plus en plus nombreux. A partirde 1950 ils ont commencé à progresser plus loin, d'abordMangona et plus tard à Libreville où ils se sont installés dansles campements de Bti et de Lalala. Les pécheurs Ijaw de larégion du Port Harcourt sont venus pour la première fois en 1958et se sont installés à Owendo.

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En 1967, la plupart des Nigerians sont retournés au Nigeriacause de la guerre du Biafra. Les pécheurs du groupe qui

étaient resté à Cocobeach sont allés en Guinée Equatoriale commedes réfugiés.

En 1972, ils sont tous revenus au Gabon où ils ont étéacceptés comme réfugiés et ont obtenu de l'aide pour construireleurs campements. A cette époque, ils ont d'abord été tousenvoyés à Aviation. Le pécheur Ilaje qui était arrive au Gabon lepremier, en 1952 est devenu le chef de cet établissement

A partir de l'Aviation, les pêcheurs ont commence aretourner aux endroits où ils résidaient avant de quitter lepays. Ces pêcheurs Ijaw sont allés à Owendo mais un petit groupeparmi eux a quitté ensuite Owendo pour s'installer à Ile Nende.

Les pécheurs Ilaje sont également aller à c5té de leursanciennes installations, pa Grand Pobelle et a Petit Pobelle.

Jusqu'a present, le chef d'Aviation est le chef suprême detous les pêcheurs nigérians au Gabon.

Aspects socio-culturels

Les pêcheurs Immigrants au Gabon habitent les quartierspériphériques de grandes villes. Bien que délabrées a premièrevue, ces établissements offrent des conditions de vie meilleuresou égales a celles des différentes regions de provenance despécheurs.

L'un des problèmes fondamentaux est que les pêcheurs nepeuvent jamais étre sûrs de pouvoir continuer à y rester. Aumoment de nos entrevues par exemple, on disait aux pécheurs de laregion de Pont Nomba de quitter cette region parce qu'un desministres voulait y installer un nouveau complexe industriel.Ceci veut dire que les pêcheurs ont tendance a étre repoussésvers les endroits les plus reculés.

A Owendo, la veille de ma visite, une partie du villageavait été rasée. Bien sûr ici aussi les villageois avaient étéavertis mais n'ayant nulle part où aller, ils ne pouvaient fairegrand chose. A cause de l'érosion, les pêcheurs avaient commence

construire des maisons de plus en plus près du chemin de fer.La compagnie des chemins de fer a commence à avoir peur desaccidents et a averti les villageois de se tenir a distance.

En general, les gens dans les différentes cites vivent selonles règles et les habitudes de leur region d'origine. Leshabitudes alimentaires, les habitudes réligieuses, la fagon dontles femmes fument les poissons ; tout se réfère à leur cultured'origine.

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Les Ilaje par exemple ont amené avec eux leur église deChérUbin et de Séraphin. Des prêtres formés au Nigéria organisentdes prières et des services réguliers. Quoique la base réligieusedes Ilaje au Gabon soit la mame que celle des gens de Aiyetoro,ils ne vivent dans aucune de leurs établissements au Gabon selonl'organisation sociale communautaire établie à Aiyetoro depuislongtemps.

A Aiyetoro au Nigéria, on nous a appris que chaque année enjanvier, la fondation du village est célébrée et que la plupartdes pécheurs reviennent à cette occasion ; ils participent alorsau festival et donnent leurs contribution aux activités de lacommunauté.

Au Gabon, la plupart des pêcheurs Ilaje nous ont dit qu'ilsretournaient en fait en décembre. Même lorsqu'ils ne retournentpas tous, ils envoient un représentant. Ces pêcheurs ne nous ontpas parlé de contribution financière, en contraste avec lesBéninois qui ont plusieurs fois fait remarquer qu'ils avaientl'habitude d'envoyer régulièrement de l'argent à leurs famillesau Bénin. Ceci ne siginifie pas nécessairement qu'il n'y a pas denigérians qui envoient de l'argent au pays. Après tout, seulementun nombre limité de pécheurs a été interviewé.

De fagon générale on doit dire que les pêcheurs immigrés auGabon l'ont fait de fagon permanente. Ils sont contents de leurvie au Gabon et veulent y rester. Quelques rares pêcheurs ont ditqu'ils pourraient peut-être rentré après avoir pris leurretraite, mais dans le cas échéant, ils laisseraient leurs filsderrière eux pour prendre leur place dans la pêche.

Les pêcheurs immigrants et les problèmes qu'ils rencontrent

L'un des problèmes que les pêcheurs immigrants rencontrentest lié au fait qu'ils autorisés à pêcher qu'en mer et dans leseaux gabonnaises. Dès qu'ils viennent dans les estuaires où lespêcheurs gabonnais ont l'habitude de pêcher, ils ont desdifficultés.

Il nous a aussi été mentionné qu'il était dangereux poureux d'aller dans les eaux de la Guinée Equatoriale. Venant dansces eaux, ils sont arrétés par les soldats qui confisquent leurmoteur hors-bord et leur pirogue. Certains pécheurs rapportentqu'ils ont perdu plusieurs moteurs hors-bord de cette fagon. Prèsde Cocobeach il est quelque fois difficile de distinguer ce quiappartient au Gabon de ce qui appartient à la Guinée Equatoriale.

Un autre danger pour les pêcheurs est le vol à main armée enmer. Au cours de l'année passée, plus de 150 moteurs hors-bordont été volés de cette fagon. Il nous a été suggéré qu'ils'agirait de contrebandiers de pétrole nigérian qui seraient desindividus isolés, individus sans relation avec les communautésnigérianes au Gabon. Les nigérians se sentent plutft embarassésd'être impliqués dans cette affaire. Selon le chef nigérian, lespunitions ne sont pas assez sévères au Gabon. "Si ciétait auNigéria on saurait quoi faire de ces criminels". D'autre part lesnigérians ont peur des voleurs eux-mémes et ne veulent pas endire trop.

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Les effets macro économiques

L'effet principal de la présente des pécheurs étrangers auGabon porte sur la fourniture du poisson ; avec 80 % de pécheursartisans étrangers en mer, ceci est evident. Cependant l'impactalimentaire pour le Gabon est moindre puisque presque tous lespélagiques sont exportés sous forme de poisson fume au Cameroun.Il s'agit d'environ 5.500 tonnes (FWE), soit 45 % des prisesannuelles débarquées par les pécheurs artisans au Gabon.

A part le fait que le poisson frais pourrait are préféré aupoisson congelé, le consommateur gabonnais n'a pas beaucoupd'intérét à acheter le poisson local, puisque le poisson congeléimporté est vendu au méme prix ou méme moins cher que le poissonfrais de grande qualité débarqué par les pécheurs artisans.

L'impact technologique des pécheurs immigrants

L'impact technologique de la presence des pécheurs migrantsau Gabon est limité. Les différents groupes de pécheursconservent les techniques de péche avec lesquelles ils sontfamiliers et ne semblent pas les transmettre aux pécheursautochtones. Hems quand ces derniers sont au courant de nouveauxdéveloppements comme dans le cas des sennes tournantes, ilspréfèrent employer les pécheurs ghanéens qui sont habituéscette technique plutôt que de l'essayer eux-mémes. A la longue ilpourrait quand méme y avoir un impact, &tent donne que l'équipageserait compose de pécheurs ghandens et béninois.

Résumé

Les pécheurs marins artisans au Gabon sont composes commesuit : 15 % de Gabonnais, 60 % de Nigerians et 15 % de Béninois.Le reste, soit 10 % sont des pécheurs du Togo, du Ghana, et deSao Tome et Principe. Les pécheurs sao toméens travaillentsurtout pour les propriétaires gabonais.

Les pécheurs nigérians viennent de deux regions différentesdu Nigeria. Environ 30 % d'entre eux sont Ijaw et viennent desregions de Port Harcourt dans l'Etat de Rivers et environ 70 %sont Ilaje et viennent d'Ugbo Nla un village près d'Aiyétoro dansl'Etat d'Ondo.

Les Béninois sont les Popo (Plah) ou des Pédah qui se disenttous originaires de Grand-Popo. Cela siginifie qu'ils sontarrives au Gabon du fait de leurs relations avec les gens deGrand-Popo qui ont immigré dans les années 1960.

Les Ghandens et les béninois utilisent des piroguesmonoxyles ghandennes qu'ils achètent au Ghana. Au Gabon laplupart d'entre eux coupent l'arrière des pirogues pour pouvoir yinstaller le moteur hors-bord.

La plupart des pécheurs du Gabon utilisent les moteurs hors-bord au kerosene a cause de la difference de prix entre l'essenceet le kerosene. Il semblerait que la péche ait déclinée, durantles cinq dernière années.

301

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Les raisons de la migratioon sont : un meilleur revenul'étranger, de meilleures possibilités d'épargne de meilleuresressources et la curiosité ; les pécheurs veulent un changementdans leur vie.

La présence des pécheurs immigrants aujourd'hui remonte al'arrivée d'un Ewé du Togo qui est venu au Gabon en 1952, d'unpécheur Ilaj& d'Aiyétoro qui est aussi arrive au Gabon en 1952,d'un pacheur Ijaw de Port Harcourt qui est arrivé au Gabon en1958 et d'un Popo du Bénin qui est arrivé au Gabon en 1962.Depuis leur installation au Gabon ils ont encouragé des parentset les amis de leur villages à les rejoindre.

Une impulsion supplémentaire a été donnée a cela par lesNigérians, après la guerre de Biafra. Les pécheurs qui étaientpartis du Gabon pour le Nigéria en relation avec la guerre sontrevenus au Gabon en 1972. Pour les Béninois il y eu une situationsemblable en 1978 quand les pécheurs ont dû quitter le Gaboncause des problèmes politiques entre le Benin et le Gabon. Arrasun bref séjour au Bénin les pécheurs ont été autorisésretourner au Gabon.

Les problèmes que rencontrent les pécheurs immigrants sontqu'ils ne peuvent étre sûrs de posséder la terre où ils sontinstallés. Du jour au lendemain, quelqu'un peut venir pour lesannexer.

A côté de ceci les pécheurs ont fait remarquer qu'ils ontquelque fois des conflits avec les pécheurs gabonais ou de laGuinée Equatoriale quand ils péchent dans leurs eaux. Pour tousles pacheurs les vols en mer constituent une menace.

RKFERENCES

Boteler, T.Arabi-1835

302

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LES MIGRATIONS DES PECHEURS AU CONGOLes pécheurs dits "Popo"

J.C. NGUINGUIRI

Centre ORSTOM de Pointe Noire

La question des migrations de *hours au Congo recouvre une connotationparticulière liée à la coexistence de deux categories de pécheurs : les "Vili" et les"Popo". La première doit son nom au groupe linguistique et culturel qui occupe la

façade maritime du Congo, et duquel sont issus plus de 90 % de pécheurs qui lui sont

affiliés ; les autres pécheurs sont originaires du Cabinda et sont donc très proches

des Vili, du point de vue de leur culture. La deuxième catégorie de pécheurs, les"Popo" notamment, viennent du Benin, du Togo et,du Ghana. Ils représentent dans le

contexte de la [Ache artisanale maritime au Congo, les pecheurs migrants surlesquels porte notre exposé.

1. Historique des migrations des pécheurs Popo

. Origine

L'installation à Pointe Noire des pécheurs Popo est liée au contexte globaldes mouvements migratoires des ressortissants de l'Afrique de l'Ouest, qui ont étéobserves au Congo au cours des années 1930. Ces mouvements, si l'on s'en tientla denomination usuelle au Congo, concernent les "Sénégalais" et les "Popo". lespremiers sont originaires du Senegal, du Mali, du Niger et de la Guinée. Ils sontmusulmans en general et tiennent des épiceries dans les quartiers résidentiels,s'occupent de la vente des vétements dans les boutiques situées aux alentours desmarches. Les seconds sont Dahornéens, Ghanéens et Togoleis, regroupés sous legénérique "Popo" en rapport a la region de Grand Popo (située dans le sud-ouest du

Benin), d'où seraient originaires certains d'entre eux, qui se sont présentés ainsi auxpremiers congolais qu'ils avaient abordé. Ils sont chretiens et leurs activités

consistent plus souvent à vendre des articles de quincaillerie, des ustensiles decuisine, des produits de beauté, des beignets de farine de ¡DI& etc... sur les étalages

qu'ils occupent dans les différents marches.

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La Oche n'est pas une préoccupation principale de ces premiers immigrants.II a fallu attendre Koblavi, commergant ghanéen installé à Pointe Noire, qui prit des

initiatives dans ce sens vers la fin des années 1940. ll a introduit la première pirogue

de type ghanéen sur le littoral congolais. Celle-ci ainsi que l'équipement associé (une

senne de plage) ont été amenés du Ghana. L'exploitation de ce matériel avait été

confiée à un proche parent de Koblavi, venu à Pointe Noire, spécialement pour "faire

la péche". L'équipage était complété par les pécheurs vili. L'acceptation de cette unité

de (Ache étrangère par les pécheurs autochtones va promouvoir l'arrivée d'autres

pécheurs Popo.

. L'évolution des migrations

Le nombre de pécheurs Popo est très faible au début. Mais leur activité estdéjà remarquable. En 1950, Charles ROUX apprécie les résultats obtenus par cespécheurs à la senne de plage. Cinq ans après, ROSSIGNOL (1955) souligne lesperformances des trois "pirogues popo" observées à Pointe Noire en ce qui concerne

la ;Ache au filet de surface.

La première croissance des effectifs des *hours popo a été notée au début

des années 1960 (VENNETIER, 1958). Le dénombrement effectué par DHONT(1963), révèle que cette colonie comptait 65 pécheurs en 1962, dont 10 Dahoméens,

21 Togolais et 34 Ghanéens. Cette croissance sera très tôt interrompue en 1962 parles mesures d'expulsion qui furent prises à l'endroit des étrangers en situationirrégulière. Ce n'est qu'à la fin des années 1960 que l'extension de la colonie reprit de

fagon accélérée jusqu'à atteindre un effectif de 470 pécheurs en 1976. Cependant, les

nouvelles mesures d'expulsion prises en 1977 vont une fois de plus affecter lacroissance de la population des pécheurs popo.

Le mouvement migratoire se rétablit en 1979, sans pour autant conduire aux

effectifs de 1977, qui seront atteints à partir de 1982. La population va crottre demanière remarquable avec l'arrivée massive des nouveaux immigrants en 1983 et

1984. Du fait de ces nouvelles recrues, les effectifs des pécheurs popo ont doublé en

trois ans, passant de 500 pécheurs en 1982 (CHABOUD) à 1000 pécheurs environ en

1985 (1). Cette population est en stagnation ces dernières années.

1. Effectif recueilli auprés du Secrétaire General de la colonie et qui est tres proche du nombre depecheurs popo (962) inscrfts la mérne année sur les registres des Services de la Marine Marchande.

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. Les motivations

En dépit des expulsions de 1962 et 1977, les courants migratoires se sont

maintenus. Interrogés sur cette question, certains pécheurs invoquent d'une part les

contraintes auxquelles ils sont confrontés dans leur pays d'origine. II s'agit parexemple pour le cas du Bénin, du grand nombre d'actifs dans le secteur de la Oche,

des faibles rendements et des prix non rémunérateurs ; la Oche ne rapporte doncpas assez d'argent à ceux qui la pratiquent au pays. Ces pécheurs font état d'autre

part de l'information qu'ils regoivent sur les conditions relativement meilleures offertes

par la Oche au Congo et diffusée par les premiers migrants, qui après deux ansd'absence au moins, reviennent au pays avec un à deux millions de francs CFA. Ils

sont séduits par le succès de leurs collègues et cherchent alors à faire autant.

2. Les pécheurs Popo et leur équipement

. Les pécheurs popo

La population actuelle des pécheurs immigrants compte près d'un millierd'individus. Si au début des années 1960, les Ghanéens étaient les plus nombreux dugroupe, ce n'est plus le cas ces dernières années. La *edition par nationalité,montre que les Béninois représentent actuellement près de 95 % de la population. Ils

sont pour la plupart d'ethnies Pla et Pédah, originaires de la péninsule sableusesurpeuplée d'Aoloh-Gbeffa, près de Grand Popo (JORION, 1985).

Les enquétes de CHABOUD (1982) et de MAKAYA (1983) ont montré que

près de 70 % de pécheurs popo ont plus de 35 ans d'8ge ; la moyenne a été estimée

45 ans et les plus jeunes pécheurs ont au moins 25 ans (fig. 2).

L'absence de jeunes pécheurs semble pouvoir s'expliquer par la nécessité de

disposer d'une épargne suffisante avant d'entreprendre une émigration à grandeéchelle. D'ailleurs, ces pécheurs arrivent généralement à Pointe Noire, après avoirpratiqué la 'Ache dans leur pays d'origine et dans d'autres pays de la c6te ouest-africaine (C6te d'Ivoire, Libéria, Gabon, etc...) pour certains d'entre eux.

Les pécheurs popo n'occupent aucun autre sit,e du littoral congolais en

dehors des deux villages des plages de Pointe Noire, qu'ils se partagent avec leurs

collègues congolais. Leurs habitations en planches et couvertes de t6les ondulées,

305

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306

sont séparées les unes des autres par des palissades construites en matériaux derecuperation. Elles délimitent ainsi une cour intérieur qui accueillera un certainnombre de fumoirs. Une fois installes dans le village, bon nombre de pecheurs sontrejoints par leur épouse, et forment des unites domestiques de taille importantelorsqu'on y ajoute les enfants. Ces derniers sont généralement nés b. Pointe Noire ou

sont venus en bas Age avec leur mere. Une forte proportion de célibataires a éténotée également dans la population (MAKAYA, 1983).

. L'équipement

L'équipement des pecheurs popo a considérablement évolué tant sur le plan

qualitatif, que sur le plan quantitatif.

Les embarcations sont représentées par des pirogues de "type Ghanéen"

appelées habituellement "pirogues popo" au Congo. Elles sont construites au Ghana

et transitent par le Benin avant d'arriver à. Pointe Noire par cargo. Les premièrespirogues observées par ROSSIGNOL en 1955 n'étaient pas aussi grandes que cellesqui sont en exploitation actuellement. Aussi GOBERT (1985) a fait remarquer que la

longueur moyenne de la "pirogue popo" est passée successivement de 8 m en 19556 9,30 m en 1973 et 11,35 m en 1981. Si à l'origine, elle était manoeuvrée par 8rameurs, la force fournie par ces derniers a été remplacée au cours des années 1960

par celle d'un moteur hors bord de 25 c.v. Les résultats du dernier recensement font

mention d'un effectif de 158 pirogues popo 6 Pointe Noire en 1989.

Les engins de peche sont diversifies : filets maillant de surface, filets maillant

de fond, sennes de plage et accessoirement lignes à main. La senne de plage a été

l'engin par excellence de la première generation de pécheurs popo. Elle a étéprogressivement abandonnée au profit du filet maillant à sardinelles. Cette

specialisation s'est traduite par un accroissement de la longueur des filetsembaroués : 120 6 150 m en 1955 (ROSSIGNOL), 150 à400 m en 1972 (NIEL), 500 6

700 m, voire 1000 m actuellement. Les nappes constituant ces filets sont d'unelongueur de 100 m environ ; leur chute varie entre 10 6 12 m et la taille des maillesatteint 30 mm de c6te.

La Oche 6 la sardinelle est la seule activité des pecheurs popo en saisonsfroides (mai à septembre et dans une moindre mesure, décembre à janvier). Lesautres engins sont utilises le reste de l'année ; la senne de plage pour la capture des

pélagiques c6tiers (carangues, chinchards) et de poissons divers et le filet dormant

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307

utilisé aussi en grandes longueurs (1000 m de long environ). La figure 3 , présente la

répartition des sorties des pécheurs popo, par type d'engin en 1987.

3. Organisation économique et sociale des pecheurs popo

L'organisation de la Oche popo peut étre appréhendée à partir de deuxtypes d'institutions : la "compagnie" et la "communauté".

. La "compagnie"

C'est une unité de propriété qui peut désigner d'une part, une sorte degroupement où 2 à 7 pécheurs détiennent collectivement les moyens de productionqu'ils exploitent ensemble et regoivent de manière égale le produit généré par cette

exploitation. D'autre part, le terme "compagnie" peut représenter aussi une"entreprise" individuelle où les moyens de production appartiennent à un patron-pécheur, et où l'équipage est rémunéré à la part. La propriété collective estcependant le mode d'appropriation dominant chez les pécheurs popo (37 sur les 41

"compagnies" recensées par GOBERT en 1985).

Les compagnies sont créées généralement dans les pays d'origine despécheurs. Les modes de financement de l'équipement sont variables ; les fonds

peuvent provenir soit des ressources personnelles mise en commun, soit d'unemprunt collectif chez un particulier. Les membres s'associent tit souvent sur labase de la parenté, entendue dans un sens assez large pouvant inclure les relations

"ethniques" ou villageoises. II en est de méme pour le recrutement des pécheursdevant compléter les équipages. Les "chefs" des compagnies les font venir de leur

pays d'origine. L'argent du voyage peut étre avancé par la "compagnie" si les

membres fondateurs le jugent opportun ; dans ie cas contraire le postulant doitdisposer d'économies suffisantes pour couvrir ses frais de voyage. Les principes de

fonctionnement de la compagnie peuvent étre observés à partir du système departage des revenus qui est variable suivant l'engin utilisé.

Au filet de surface, les recettes sont partagées à la fin de la semaine. Lapremière opération consiste 4a déduire du chiffre d'affaires, les frais communs

(essence, huile, "ration", etc...) ; le solde est divisé en deux parts égales : la part de la

compagnie, qui alimente l'épargne collective et qui sert en partie pour les réparations

et le renouvellement de l'équipement, et la part de l'équipage, répartie équitablement

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308

entre les pécheurs embarqués, y compris les mernbres de la compagnie ayant prispart ou non aux différentes sorties. Des primes allant de 1000 à 7000 F. CFA et de

500 à 6000 F CFA sont également prévues pour le chef de l'équipage et le

"motoristeh.

Au filet dormant, le partage ne suit pas les mémes principes puisque les filets

n'appartiennent pas à la compagnie mais aux pécheurs eux-rnérnes. Les règles envigueur recommandent que les pécheurs embarqués, vendent chacun le produit de

ses nappes de filet et remboursent équitablement les frais de la sortie (essence) et les

frais de location de la pirogue et du moteur.

Les implications économiques et sociales de l'organisation en compagnie ont

été énumérées par CHABOUD (1982) et GOBERT (1985). Elles se caractérisent par :

- un co-investissement ;

- une non-disponibilité immédiate pour les propriétaires d'une partie durevenu de leur capital, qui constitue "l'épargne forcée" selon les termes de

CHABOUD ;

- une gestion collective, sous l'autorité du chef de la compagnie, de cette

"épargne forcée"

- une affectation partielle de "[epergne forcée" à des dépensesd'investissement.

L'organisation en compagnie favorise ainsi l'accumulation du capital.

Une autre constatation relative aux principes de fonctionnement de lacompagnie est liée au fait que la rémunération du travail est identique pour tous. Les

membres de la compagnie disposent donc chacun pour leurs dépenses courantes de

chef de ménage des mémes ressources ; ce qui contribue à maintenir Phomogénéité

du groupe. En outre, "l'épargne forcée" et le mode de recrutement base sur laparenté large, ont également un effet sur la cohésion de la compagnie dont lesmembres semblent fortement soudés, le nombre de scissions étant très réduit. De ce

point de vue, la compagnie apparaff pour les pécheurs migrants comme une structure

de protection contre les risques afférents aux conditions d'expatriation, dans

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309

lesquelles ils vivent au Congo. Le souci de se protéger soi-mérne et de protéger son

capital est renforcée par un autre type d'institution qui est la communauté.

. La communauté

avecLe terme "communauté" de pécheurs popo est souvent confondu/ "colonie"

ou encore "population" dans la litterature existante. Toutefois, celui-ci nous parallmieux convenir à notre propos que les autres, parce qu'il fait davantage ressortir leséchanges privilégiés qui unissent des individus d'un méme groupe. Tous les*hours popo font partie de la comMunauté et c'est en son sein que se structure lavie économique et sociale du groupe. Elle se veut avant tout "informelle". L'adhésion

ne ressort pas d'une procedure formelle et contraignante, mais d'une incorporation

spontanée au simple motif qu'ils sont pécheurs popo. Ce caractère informel, découle

nous semble-t-il des affinités d'origine et du destin commun, avant qu'il ne cede face

au rôle institutionnel assigne à la communauté au cours des années 1960.

Un règlement intérieur de 11 articles a été adopté dans cette perspective. Le

chef de la communauté et ses adjoints sont tenus de le faire respecter. L'analyse de

ce règlement montre que deux principaux objectifs sont vises: la protection sociale et

celle des capitaux et le respect mutuel. Le premier objectif se manifeste à l'occasion

de détresse en mer d'un equipage, de maladie, de décès, etc En cas de détresse

en mer d'un equipage, il est prévu la mobilisation d'une dizaine de pirogues pour la

recherche des sinistrés.; la [Ache est interrompue jusqu'à ce que ces derniers soientretrouvés. II est prévu également lors d'un aces, la prise en charge par la "caisse

commune", de tous les frais occasionnés par la veillée mortuaire, l'enterrement ou le

rapatriement deu corps. En cas de maladie grave et si le pécheur affecté souhaite

rentrer au Benin, son voyage ainsi que celui des membres de sa famille (femme etenfants) est supporté par la "caisse commune*.

Le règlement intérieur lutte contre les conflits et encourage la solidarité, l'unité

et la cohesion du groupe. Le chef de la communauté, outre ses prerogatives internes,est le représentant des pécheurs popo devant les autorités congolaises(administration des péches, services de la marine marchande, collectivités locales,etc...).

La communauté favorise également l'intégration verticale des activités flees

la Oche. Elle entretient une certaine articulation entre la production et l'écoulement

par le biais de la participation des femmes. Rappelons à ce sujet que la volonté

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310

manifestée par celles-ci d'émigrer avec leurs époux a sans nul doute favorisé laformation d'une communauté de peuplement permanent de pécheurs migrants àPointe Noire. les femmes popo ont réussi à s'accrocher à un maillon de la "filièrepoisson", la transformation et la commercialisation notamment. Leur capacitémaximale journalière de fumage, estimée à 90 tonnes environ de sardinelles, permet

d'absorber la totalité des débarquements de la flottille popo. Les femmes participent

cet effet et de manière efficace à la réussite de la pécherie étrangère de Pointe Noire,

dans la mesure a) elles font disparattre l'un des goulots d'étranglement de laproduction des denrées périssables. Les pécheurs peuvent donc accroltre dans une

certaine mesure l'effort de [Ache sans trop s'inquiéter des conditions d'écoulement.

La communauté de pécheurs migrants n'est pas une institution renfermée sur

elle-mérne. Elle entretient de bonnes relations avec les compatriotes popo de Pointe

Noire, dont quelques uns assurent en partie l'avitaillement en materiel de peche. Elle

est également une composante du système complexe qu'est le milieu de la Ochecongolaise.

4. Les pécheurs Popo dans le milieu de la Oche congolaise

Les pécheurs popo jouent un tble important dans le cadre de l'économiehalieutique au Congo. Outre leur part stratégique dans les approvisionnements enpoisson de mer, ils emploient et forment de nombreux pecheurs congolais.Cependant aucun effet d'entrarnement remarquable ne semble s'étre produit au profit

de la péche artisanale locale.

. Approvisionnement en poisson

Les captures des pécheurs popo couvrent environ 70 à 80 % de la production

de la Oche artisanale maritime au Congo, ce qui représente une participation de 30

% environ à la production nationale de poisson de mer. Si l'importance relative decette contribution a peu évolue, les débarquements des pirogues ontconsidérablement chute. La production de 1987, estimée à 3497 t, ne représente que

la moitié du niveau des captures atteint en 1983. Les sardinelles sont les espèces les

plus abondantes (60 % environ) dans les prises des *hours popo.

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311

Tableau 1 : Evolution des captures de la "[Ache popo" et sa participation à laproduction nationale de poisson de mer.

La presence des pécheurs popo, représente un enjeu non négligeable pourla couverture de la demande nationale de poisson de mer. Le taux de couverture de

celle-ci, par l'offre nationale a été estimé à 45 % environ. Le Congo importe donc des

quantités importantes de poisson pour satisfaire. la demande. Les apports despécheurs popo contribuent à cet effet à réduire les importations et avec elles, la sortie

des devises.

. Transfert des techniques et du savoir-faire

La longue cohabitation de la "Oche popo" et de la "peche vili" peut nousamener à envisager un éventuel transfert des techniques et du savoir-faire. II semble

cependant que ces échanges soient restés limités.

Les emprunts techniques sont rares. Les explications avancées à ce propos,

s'appuient sur certains documents anciens (DARBOUX, 1906; GRUVEL, 1913;ROSSIGNOL, 1955, etc...) pour montrer que les pecheurs popo n'ont pas introduit

d'engins complètement inconnus à Pointe Noire. ll existe cependant des cas où des

congolais, rachètent des pirogues popo et les équipent comme les autres unites depeche étrangères. Ces initiatives se terminent généralement, apt une plus ou moins

longue période, par des conflits entre le propriétaire et l'équipage.

Année Production

en t.

Participation à la production (en %)

Artisansle Nationale

1981 4.757 78,53 26,25

1982 6.232 79,73 32,46

1983 6.929 82,20 31,93

1984 5.941 73,45 30,87

1985 4.661 76,96 33,39

1986 4.429 69,83 32,49

1987 3.497 69,02 .....--

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312

Si les emprunts techniques sont rares, les pécheurs locaux ne sont pas sans

contact avec le savoir-faire des pecheurs &rangers. En effet, de nombreux pécheurs

Congolais sont employes dans les "compagnies" popo. Ce transfert de savoir-faire

est lié au déficit en pécheurs que connaissent certaines unites de [Ache étrangère. A

défaut de faire venir des *hairs du Benin ou du Togo, le recours aux pécheurslocaux s'est avéré la meilleure solution pour plusieurs "compagnies". L'importance de

ce phénomène est variable suivant les "compagnies" et les saisons de péche. Les

effectifs de pecheurs congolais sont plus faibles dans les "compagnies" à propriété

collective ;à l'inverse les pécheurs locaux sont prépondérants dans les "compagnies"

dont la propriété est individuelle. Le recours aux pécheurs congolais est plusimportant en saison froide, période correspondant à la Oche au filet de surface (a

sardinelles), conformément au fait que les pécheurs Congolais n'apportent que leur

travail.

Les enquétes effectuées par GOBERT (1985), ont montré que ce phénomène

touche plusieurs pécheurs vili de Pointe Noire. Sur 89 pécheurs non propriétairesinterrogés, 48,3 % péchaient au moment de l'enquete avec les Béninois, 59,9 %l'avaient fait au cours de la saison sèche précédente et 15% ont appris le métier dans

une équipe de Oche popo. La population de pécheurs interessés par cephénomène, se caractérise par la predominance d'éléments jeunes (fig. 4).

. Les pécheurs popo dans le discours sur la Oche artisanale

Le discours sur la Oche artisanale, tenu par les pécheurs locaux d'une part,

et par les opérateurs du développement d'autre part, peut nous permettred'apprehender la manière dont sont pergus les pécheurs popo.

Le discours des Décheurs locaux

Les propriétaires et les pecheurs Congolais reconnaissent tous la supériorité

technique des pécheurs allogènes. Mais ils ne partagent pas la mérne opinion en ce

qui concerne l'explication de leur réussite. Certains font surtout état de causesobjectives liées à l'organisation en "compagnie" ; d'autres invoquent des causesmagico-religieuses pour justifier le succès de la Oche popo. Toutefois, cettesupériorité technique est mal accept& dans le milieu de la Oche congolaise. II n'est

pas rare d'entendre un propriétaire vili des plages de Pointe Noire, accuser lespecheurs popo d'étre à l'origine des difficultés qu'il rencontre dans la mise en oeuvre

de son equipement, les bons pécheurs étant souvent consignés dans les unites de

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313

Oche popo en saison froide. ll en est de mérne pour les pécheurs de Matombi quisupportent à peine la présence des popo qui viennent Ocher l'ethmalose en saisonchaude, dans la baie de Loango. II naît ainsi des tensions qui restent latentes et qui

s'expriment généralement par des menaces 6 l'égard des pécheurs étrangers.

Les incidents entre popo et vili sont cependant rares ; il est probable qu'ils

sont étouffés par les diverses formes d'assistances que les étrangers apportent auxpécheurs locaux. Les *hours de Matombi par exemple, n'ont jamais oublié lessecours qu'ils reçoivent des équipages popo en mer en cas de détresse d'un moteur

hors-bord ou d'une capture trop importante pour la capacité de transport d'unepirogue vili. D'autre part, les popo, contrairement aux vili, s'efforcent de rester enrègle vis-à-vis des chefs traditionnels, auprès desquels ifs s'acquittent des

redevances liées à la Oche. Ils reçoivent à cet effet, la protection de ces derniers.

Le discours des développeurs

Les développeurs, entendu dans un sens trés large (experts, administrateurs,

encadreurs, etc...) ont un discours tit significatif de leurs représentations sur lapéche popo. Leur discours s'attarde généralement sur le dynamisme différentiel de la

Oche popo par rapport 6 la péche vili. Si celle-Ià est dynamique, celle-ci ne parattguère par elle-méme capable d'une évolution de nature technique ou

organisationnelle et, au mieux, ne peut que stagner. La Oche popo apparail comme

un étalon pour évaluer la [Ache vili, et d'autre part elle est présentée comme unmodèle que les vili devraient imiter pour prétendre à un développementautodynamique.

Cependant, la Oche étrangère n'est pas pour autant, prise en compte, dumoins jusqu'à une date relativement récente, dans les politiques de développement.L'avenir de la Oche au Congo n'est pas 6 rechercher chez les popo, mais chez les

vili qui sont considérés comme prioritaires dans les actions de développement. Dans

cette perspective, ces politiques encouragent le développement de la ¡Ache locale,

pour éviter toute forme de dépendance à l'égard des pécheurs migrants, qui peuventtoujours aller Ocher ailleurs qu'au Congo. En outre la "Oche popo", ne parait passusceptible d'enclencher un développement véritable de la Oche artisanale auCongo : on reproche aux pécheurs étrangers de thésauriser leurs avoirs, de procéder

6 des transferts illicites de capitaux vers leur pays d'origine, de ne pas investir surplace, de rester dans un état "provisoire", en faisant allusion au type d'habitation qu'ils

occupent, etc...

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314

Ce discours a pris une nouvelle tournure à l'issue des travaux réalisésrécemment dans le cadre du Plan d'Action Economique et Social (Anon., 1989). Les

experts commencent à accorder une place beaucoup pkis importante à la péche

popo dans les politiques de développement de la Oche au Congo. Ils reconnaissent

d'ailleurs que les Popo évoluent dans un environnement social et politique qui n'estpas favorable à des investissements, ce qui expliquerait qu'ils se limitent à assurer

strictement la reproduction de leurs outils (Anon., 1989: 30). A cet égard, il est

apparu prioritaire, d'inscrire la question des pécheurs popo dans les mesuresspécifiques à prendre dans le cadre du second Plan de développement (Anon.,1989 : 38). ll a été proposé de préciser le statut socio-politique des pécheurs popo de

fawn générale et plus particulièrement le statut de leur plage de Oche et de leurhabitat, menacés par le projet d'extension portuaire. Ces mesures ont été envisagées

pour encourager les pécheurs popo à augmenter leur production.

Conclusion

La présence des pécheurs migrants est bénéfique dans le contexte actuel de

l'économie des péches congolaises. Les données sur la production nous ont permis

de mesurer la part stratégique qu'apporte la Oche des migrants dans lesapprovisionnements en poisson de mer. Elle participe à la limitation des importationsalimentaires, qui sont déjà trop importantes. Un départ éventuel de l'ensemble despécheurs popo aboutirait inévitablement à une crise de la production nationale depoisson. Le délai nécessaire pour les remplacer par des pécheurs congolais serait

difficilement supportable pour le pays.

La péche étrangere représente cependant un facteur de blocage indirect du

développement de la production nationale de poisson de mer. Son influence est aussi

bien ressentie par la Oche artisanale que par la péche industrielle. Dans le cas de la

Oche industrielle, il a été signalé que les débarquements importants de sardinelles

en saison froide par les pècheurs immigrants, ont contraint tits souvent les armateurs

à limiter les sorties en mer de leurs sardiniers pour éviter l'engorgement du marché et

l'effondrement des prix. D'autre part, les pécheurs locaux se sont retirés

progressivement de la [Ache à la sardinelle pour éviter la concurrence avec la Oche

des migrants. Ils abandonnent ainsi une technique de péche qui assure les plus hautsrendements en termes quantitatifs.

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315

Au terme de cet exposé, il nous para intéressant d'attirer l'attention despraticiens du développement sur le r6le ambivalent de la Oche des immigrés sur le

développement de la production du poisson de mer au Congo. II s'agit la d'un aspect

important qu'ils ne devront pas perdre de vue dans la conception des politiques de

développement pour prétendre aboutir à un projet qui rentabiliserait au mieux lephénomène de la coexistence de la Oche étrangère et de la Oche locale.

Page 326: EN AFRIQUE DE L'OUEST FAO LIBRARY AN: 317579-623

316

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317

GROUPEMENT DE LA COLONIE BENINOISE (G.R.B.)Section de PointeNoire

REGLEMENT INTERIEUR REGISSANTLes Pêcheurs Béninois vivant à la Plage Mondaine

ARTICLE ler : Tous les pécheurs Béninols résidant à la plage doiventvivre en bonne entente. La solidarité sera leur regle de vie en société.

ARTICLE 2 : En cas de détresse en mar. tout le monde doit étremobIlisé pour porter secours aux vIctImes.

ARTICLE 3 : En cas de maladie grave la collectivité est tenue de fairerapatrier le malade si celuici le demande. Les frais seront supportéspar le groupement.

ARTICLE 4 : La collectivité dolt vivre en bonne entente avec lescamarades pécheurs Congolais. Les injures, les actes de bandltisme sontstrictement défendus et seront punis d'une amende (forte).

ARTICLE 5 : Les pratiques fétichlstes visant à entacher la vie ensociete sont strictement prohibées.

ARTICLE 6 : Tout vol ou recei sont strictement defendus.

ARTICLE 7 Le respect de la femme d'autrul devra étre la premièreregle de la vie en communauté. Toute personne qui aura des relationsavec la femme d'autrul sera écartée du groupement et rapatrlée aussitötpour mesure de sa sécurité afín de prevenir tout incident.

ARTICLE 8 : Les diffamations, les actes de vandalisme ne seront jamaistoleres. les coupables seront sanctionnés avec rlgueur.

ARTICLE 9 Propreté et tenue correcte sont exigées.

ARTICLE 10 : La plage d'accostage sera maintenue dans un état deparfaite propreté

ARTTCLE II : Ce règlement a été lu et approuvé par toute lacollectivité des pecheurs Béninols.

Fait à PointeNoire. le 15/09/1967.

Le chef des pècheurs Béninois.

SEVI KASSA

Page 328: EN AFRIQUE DE L'OUEST FAO LIBRARY AN: 317579-623

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30 20 '10 0

319

Autres

Fig. 3 _ Répartition des sorties par types dengin en 1987

Peche chez les Behinois

70

60-6950-5940-4930 39

20 2910-19

< 10

NON

0 10 20

Fig.4 _ Pyramide des ages des pacheurs congolais interrogés sur leur

participation à la picherie bininoise.

Page 330: EN AFRIQUE DE L'OUEST FAO LIBRARY AN: 317579-623

Nombre de pirogues

160

140

120

100

80

60

40

20

320

1935 40 45 50 55 60 65 70 75 80 85 90 Anne-es

Fig. L. Evolution du nombre de pirogues étrangires basées à Pointe-Noire.

61-65

56-60

51-55

46-50

41-45

36-4031-35

26-30

21-25 j20

5 10 115 200/0

Fig. 2_ Structure crage de la population des pgcheurs Popoh

( d'opris CHABOUD, 1982)

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* Traduit de l'anglais.

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MIGRATION DES FEM/ES GHANEENNES TRAVAILLANTDANS LES ENTREPRISES DE PECHE EN PIROGUE*

par Irene Odotei

INTRODUCTION

Au Ghana, la péche est l'une des activités majeures au seindesquelles les redes des hommes et des femmes sont bien définiset spécifiques. Les hommes vont en mer, et les femmes restentterre pour la transformation du poisson et commercialisent lesproduits de la péche à la fois dans les marches locaux et ceuxplus éloignés. Cela signifie que sans le rede complémentaire desfemmes. Les efforts des hommes ne seraient pas valorisés. Etantdonne que le poisson est une denrhée très périssable, sa distri-bution doit avoir lieu des qu'il est débarqué. C'est ce quiexplique la nécessité d'avoir un autre groupe de personnesn'ayant pas passé de nombreuses heures en mer comme les pécheurs,pour s'occuper du poisson.

Au Ghana, ce sont les femmes qui ont tenu ce rede pendantdes siècles et qui continuant de le tenir. Le reile des femmesdans cette entreprise économique est donc fortement enraciné dansles traditions de ces hommes. Il est impossible d'imaginerl'entreprise de péche au Ghana sans les femmes.

Comme dans d'autres secteurs de l'économie, les activités depéche ont eu leur part d'innovations qui ont eu des repercussionssur les rapports traditionnels de la production et de la distri-bution. Auparavant, les hommes fabriquaient leur propre materielet utilisaient leur énergie physique pour propulser leursembarcations. Comme ils ont commencé à avoir besoin de facteursde production importés, ils se sont mis à avoir recours auxéconomies réalisées sur une période plus ou mains longueauxquelles s'ajoutent celles de parents pour démarrer leursactivités de péche. Avec l'introduction de la mécanisation quinécessite l'acquisition de moteurs hors-bord, de pirogues et defilets plus grands, le capital initial d'investissement adépassé les possibilités d'épargne des pécheurs. Cela s'estaggravé avec les coûts élevés de maintenance et de carburant. Endehors de l'aide initiale faite aux pécheurs au moyen de créditsafin de les encourager à utiliser le moteur hors-bord, lesinstitutions financières n'ont pas pu suivre les besoinsfinanciers des pécheurs qui leur auraient permis de mener à bienleurs affaires. Les pécheurs ont dû alors se rabattre sur leurspartenaires et associés économiques, le seul groupe ayant unintérét matériel dans leur entreprise. Les femmes chargées de ladistribution et de la transformation du poisson.

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Moyennant quoi, les femmes sont passées de l'autre cote dela barrière et elles sont maintenant activement engagées dans lesactivités de péche en tant que financiers et parfois en tant quepropriétaire des moyens de production. Il semble que la partici-pation des femmes à la production precede la mécanisation. Dansla region de Anlo, le centre de la péche à la senne au Ghana,l'achat de la première seine de plage. Yevudor (filet européen)est attribué à une femme Woe, appelée Afedima, riche fille d'uneminent habitant de la region, dénommé Anatsi (Nukunya 1989). Cefait, l'introduction de la seine de plage sur la cöte de Anloentre 1850 et 1860 montre bien l'importance et la dimension de laparticipation de la femme ghanéenne aux entreprises de peche(Nukunya 1989).

MIGRATION

L'une des caractéristiques inhérentes à la péche au Ghanaest le phénomène de migration. En concordance avec le mouvementsaisonnier des poissons, en particulier la "Sainella" de Juillet

Octobre, les pécheurs ont peu à peu eu tendance à suivre lepoisson jusqu'au lieu où on le trouve en abondance, à n'importequelle periods. De tels mouvements ne durent qu'une saison, lespécheurs revenant à leur base en fin de saison. D'autres types demigration s'étalent sur plusieurs saisons de péche conduisantl'établissement de residences permanentes ou semi-permanentesavec la possibilité d'une integration partielle ou totale dans lasociété d'accueil. Ce type de migration est soit interne soitexterne, entrainant les pécheurs à traverser leur frontièrenationale jusqu'a d'autres pays d'Afrique de l'Ouest comme leLiberia, la Gambie, le Sierra Leone, la Cöte d'Ivoire, le Togo,le Benin, le Nigeria, le Cameroun et le Gabon.

Le mode d'organisation de la peche qui entraine les pécheursdépendre de leurs femmes et parentes pour le succès de leurs

affaires posent un problème au pécheur cheque fois qu'il decidede quitter sa propre localité d'origine. Soit il part accompagnéde sa femme en tant que partenaire commerciale ou associée, oubien il trouve quelqu'un d'autre pour au moins jouer le röle departenaire commercial. Autrement, il n'y aurait plus demotivation d'ordre économique pour fairs le voyage. La decisionprise en dernier ressort par le pécheur depend de la destinationfinale, du type de péche qu'il pratique et de la durée du séjourenvisage. Par exemple, les pécheurs Ewe qui voyagent en groupeimportant, du fait de la main d'oeuvre nécessaire pour manipulerla seine de plage, se déplacent toujours avec leurs femmes.acquièrent généralement une bande de terre sur la plage de lacommunauté d'accueil, construisent des habitations provisoires etvivent ensemble avec leurs femmes qui s'occupent des produits dela péche (Nukunya 1989).

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Pour les migrations saisonnières è court terme, les pêcheurss'en remettent à une femme du pays qui jouent le rêle d'associéeéconomique, de garant et de "mère", tous ces redes confondus enun seul.

C'est elle qui veille à l'installation des pécheurs à leurpremière arrivée, qui les introduit auprès du chef des pêcheurset s'occupe du paiement de leur "beachdrink" ou redevance. Elleleur prête de l'argent ou leur garantit de telles avances pourl'achat du carburant ou les réparations du matériel de pêche.Elle est considérée comme la "mère des pêcheurs", Loonye en Ga.En retour, les pécheurs vendent leurs prises à cette "mère"locale qui leur rend compte à la fin de la saison ou périodi-quement suivant ce qu'ils ont convenu d' un commun accord.Lorsque la saison se prolonge pendant des années, les femmes despêcheurs rejoignent leurs maris. Elles prennent en charge lesproduits de la pêche en assurant la transformation et la distri-bution sans prendre place de la "mère des pêcheurs" locale. Lesfemmes ont conscience qu'étant étrangères comme leurs maris.elles ont besoin de l'appui local que "la mère des pêcheurs"représente.

Ce rede joué par la mere des pêcheurs dans les migrationssaisonnières internes ou externes, on peut le trouver égalementdans les migrations dans une région où les femmes autochtones ontun r6le très actif dans la prise en charge des produits de lapêche. Dans certains cas, les femmes font carrément appel auxpêcheurs, leur prêtent de l'argent pour l'achat ou la réparationdu materiel de pêche et travaillent en collaboration avec euxjusqu'à ce que la dette soit payée. On peut trouver de tellessituations au Togo et au Bénin.

D'après ce qu'on vient d'énoncer, il est clair que lepécheur ghanéen migrant est parfois pris entre, d'une part laloyauté envers les intérêts commerciaux de sa femme qui sontétroitement lids à son propre succès économique et à son ri5le demari et d'autre part la sécurité de son entreprise que lui offrel'hertesse locale ou "mere des pêcheurs" par son appui et lafacilité d'accès aux crédits. La condition de la femme despêcheurs migrant ghanéen, qu'elle soit distributrice ou agent detransformation du poisson, n'est en aucune fagon simple ou sansambiguité. Elle est prise dans un réseau de cooperation, decompétition, de conflits et parfois une veritable hostilité dela part des femmes autochtones. Est-ce qu'elle reste chez ellepour éviter tous ces problèmes ou migre-t-elle ?

Cause de la migration

D'après les femmes interrogées en Cate d'Ivoire et enRépublique du Bénin, la principale cause de leur migration est ledésir de rejoindre leurs maris. La réussite de ce déplacement

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conduit a une migration en chaine des filles, jeunes soeurs,nieces et autres parentes qui vont rejoindre la femme afin del'aider dans les travaux de transformation et de manutention dupoisson et autres activités commerciales qui demandent une fortemain -d'eouvre.

Des veuves, de divorcées, et occasionnellement des femmesmariées accompagnent ou rejoignent les hommes de leur famille. Ona constaté que les motivations de certaines femmes pouvaient etred'ordre purement économiques. Comme leurs homologues masculins,ces femmes migrent afin de rassembler un capital pour un projetparticulier comme la construction ou la finition d'une maison etpour acquérir quelques biens de consommation comme des habits,des articles ménagers des produits de toilette et de beautéetc...

Certaines y ont été poussées par des difficultés financièresla maison, aggravées par des problemes conjugaux, la maladie

ou la mort d'un enfant. On a découvert un groupe de femmesmigrantes qui opéraient hors de tout contrale masculin à VridiIII/Abidjan.

La classification ci-dessus n'est pas censée insinuer quepour leur migration, les femmes soient dépourvues de toutesmotivations d'ordre économique. La faiblesse de leur position defemme en ce qui concerne l'héritage traditionnel des biensfamiliaux et leur exclusion virtuelle de la propriété communeconjugale, les oblige impérativement à essayer de rechercher leurpropre sécurité économique mame si elles aident leurs maris. Auxyeux des membres de leur famille élargie et restreinte, ellessont censées devenir propriétaires pour elles-mémes et au profitdes autres membres de la famine ou du lignage.

Cette combinaison de dependence et d'indépendance, à desdégrés divers, dans les raes des femmes, mères et épouses,partenaires économiques et associées, employees et commergantesindépendantes crée une situation fascinante

Epouses et mères

En tant qu'épouses et mares, la première responsabilité desfemmes est celle de leur famille. C'est d'abord parce qu'ellessont les épouses des pécheurs qu'elles ont quitté leur maison.pour la plupart d' entre elles, le changement des conditions deresidence seul suffit à valoriser ce rale. Cela varie cependantsuivant 1' origine ethnique des femmes. Chez les Ga et les Fante,la vie conjugale dans leur ville natale s'effectue dans desmaison séparées. La femme vit avec ses fils et ses filles demoins de 10 ans dans sa propre famille. Toutes ses activités decuisine ou de commerce ont lieu à cet endroit. Elle envoie desplats cuisines sa son mari, passe la nuit avec lui dans sa maisonoù vivent également cousins et neveux.

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Cet arrangement résidentiel donne à la femme une certaineliberté pour organiser ses activités comerciales et de maitressede maison. Chez les Fante, il n'est pas rare pour une femme qui ades filles mariées de faire la cuisine en grande quantité dansune marmite commune et d' en distribuer des parts aux maris de sesfilles. Cette situation permet qu'une seule personne fasse lacuisine tandis que les autres sont susceptibles de s'occuper dela transformation du poisson ou de tout autre activité commer-ciale. Ce mode résidentiel assez fréquent chez les Fante et Gaoffre de bornes conditions pour une coopération familiale avecdes dégrés divers de participation aux bénéfices formels etinformels.

Quand les femmes partent réjoindre leurs maris pécheursmigrants, elles perdent la main-d'oeuvre domestique quereprésentent leurs parents. Elles compensent cette perte engardant leurs filles auprès d'elles et en faisant appeld'autres parentes pour se joindre a elles. Dans les communautésde pécheurs migrants aucun membre féminin de la communauté n'esttrop jeune pour faire partie intégrante de la force de travail.Dès l'âge de 8 ans ou méme plus jeunes, les petites fillesparticipent aux activités de transformation du poisson morigénantou veillant sur leurs plus jeunes frères et soeurs. Cela a étédéfavorable à l'éducation féminine.

Les femmes doivent également s'adapter à la présencecontinuelle de leurs maris à la maison et au risque qu'il ensache plus dans ces conditions quant à leurs sources de revenusou autres questions. Elles ont développé des astuces pouréchanger au contràle de leurs maris. Il semble que les femmes Ewen'ont pas ce problème d'apprendre à vivre avec leurs maris étantdonné qu'elles sont habitudes à ce mode de vie conjugale dansleurs régions natales.

On doit préciser que ce ne sont pas tous les membres dugroupe des pécheurs qui se déplacent avec leurs femmes. Ceux quimigrent toujours avec leurs femmes sont les propriétaires depirogues et les maitres d'équipage. les autres membres, soitprennent leur propre décision, soit sont encouragés, invités parle groupe a partir avec leur femme. En cas de polygamie, l'hommevoyage avec sa première femme ou bien les femmes partent avec luitour de role pour un certain temps.

Dans l'entreprise de péche artisanale, le role conjugal desfemmes est si étroitement lié à leur fonction professionnellequ'il est assez difficile de les distinguer l'un d'e l'autre. Enméme temps qu'épouses, les femmes tiennent les différents rolesd'employées, d'associées et de partenaires économiques, etd'opérateurs indépendants.

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Cheque r6le est determine suivant le type de péche pratiquéepar leur mari, les circonstances qui prevalent dans la localitéoù ils operent et la période de l'année.

Associées et partenaires économiques

Fermi les modes de fonctionnement des activités de pêche,celui où la femme joue le r6le de partenaire économique de sonmari, se rencontre dans les villes FANTE.

Dans cette situation, les femmes vendent indifféremment lepoisson a l'état frais ou transformé et rendent compte à leursmaris qui leur donnent ensuite une partie du produit de lavente. Ce mode de fonctionnement n'est pas frequent. On en atrouvé un exemple typique chez les pêcheurs FANTE TENGA aPlacondji et Akpakpa Dodomé. Des que le pêcheur a débarqué lesproduits de sa péche, il les remet à sa femme. A partir despirogues, celle-ci emmène le poisson, elle le vend sans aucuneinterference ni mame presence du mari.

La femme rend compte à son mari à son retour à la maisonmais continue de garder l'argent. Elle va au marché avec lui pourl'achat d'articles nécessaires fa la reparation des filets. Decette manière, la femme joue le r6le de chef de vente, deresponsable des achats, de comptable, de trésorier et d'épouse,tous rales confondus en un. Lorsqu'on les interroge au sujet dece systems d'organisation, les hommes d'Akpakpa Dodome expliquentqu'ils passent de nombreuses heures en mer laissant leur pail-lotte en feuilles de palmier ouverte a la merci des orages etdes intrus. Il est donc plus sécurisant pour eux que ce soitleurs femmes qui gardent l'argent d'autant plus qu'elles saventcomment le sauvegarder lorsqu'il faut affronter les crises. Leshommes plus jeunes ne sont pas pour ce système d'organisationmais sont incapables de changer la tradition.

Les femmes soutiennent également qu'elles protegent lesintéréts des hommes en gardant l'argent quills pouraientfacilement dépenser dans la boisson.

Avec un tel contr6le financier dans leurs mains, la loyautédes femmes va aussi loin que leurs compétences. Ceci restevalable tent que leurs maris pratiquent le système de poisson.Malheureusement pour elles, les femmes autochtones ne leslaissent pas vendre directement au consommateur et leurs projetsdans d'autres activités commerciales sont entravées de la mémefacon. Voila pourquoi les fames, sont facilement accusées dedétourner l'argent de leurs maris. Pour éviter une dependencetotale vis a vis de cet argent et afin de pouvoir disposer dequelques revenus qu'elles pourront revendiquer comme le leur, lesfemmes ont développé au port de Cotonou une technique decommercialisation visant à se porter mutuellement assistance.

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Dés que la femme d'un pécheur décharge les produits de lapéche de son mari, les autres femmes de pécheurs se précipitentpour en avoir elles aussi. Après marchandage, elles le cèdentaux revendeuses béninoises qui, à leur tour, le vendent auxconsommateurs. Aucune perte n'est tolérée dans ce type detransaction. Si une béninoise offre moins que le prix convenuentre les deux femmes de pécheurs migrants, celle qui vendretourne voir la propriétaire de la prise pour avoir son accordavant de vendre la marchandise. C'est un moyen de s'assurerqu'elle a au moins un petit bénéfice sur la vente. Ce faisant,les femmes justifient le profit qu'elles font personnellement surla péche de leurs maris. Pour éviter toute controverse, ellesessaient de cacher à leurs maris les effets personnels qu'elless'achètent.

Il a été observé que le rdle le plus fréquemment joué parcette catégorie, est celui d'associée. C'est la continuation durdle que les femmes ont l'habitude de jouer à la maison. On aobservé cela chez les femmes FANTE de VRIDI III et Grand-Bassamen Cdte d'Ivoire et les fames Ewe de Port-Bouet et Cotonou. Danscet exemple, les femmes comprenant surtout les épouses et lesparents achétent le poisson aux pécheurs et le vendent frais outransformé. Le profit réalisé par ces femmes leur appartient enpropre. Au Ghana, les pécheurs ne donnent pas à leur femmes del'argent chaque jour, ou chaque semaine ou mois mais leur donneun capital pour le démarrage d'un commerce. Ils leur donnentégalement lorsqu'il reviennent de la péche, le "eating fish" Yeliloo en Ga. Ceci est différent des revenus qui proviennent d'uneactivité commerciale de la femme et qu'elle est censée utiliserpour entretenir son mari et ses enfants (Hagan 1983). Dans unesituation de migration les femmes regoivent régulièrement deleurs maris le "chop money" (argent pour manger) mais celui-ciest généralement insuffisant pour les besoins de la famille Lesfemmes complétent danc ce "chop money" donné par leurs maris avecce qu'elles ont elles-méme gagné. Lorsque les activités de péchetraversent des périodes difficiles, les hommes dépendententièrement du soutien de leurs femmes étant donné que chaquefois que c'est possible, elles sont engagées dans d'autresactivités commerciales comme la transformation de produitsalimentaires et la vente de plats cuisinés, de vivres etd'alcool.

Chaque groupe, dans ce type de relations, est conscient quele succès de sa propre entreprise dépend de l'autre. Le pécheurdoit pourvoir à l'entretien de son équipement de péche afin decontinuer ses activités de pécheur, et aux besoins de sa famine.la femme doit également pourvoir aux besoins de sa famille etoccasionnellement étre une source de crédits pour son mari. Etsurtout, les deux groupes doivent travailler de manière à enrapporter suffisamment au pays afin que tout ce voyage hasardeuxqu'a été la migration ait été une entreprise qui en vaille lapeine. On .observe cela dans la distribution et le marchandage du

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poisson. Lors de la distribution du poisson aux femmes, le motd'ordre est d'après M. Defeamekpor, le chef des pécheurs migrantsEwe a Port-Bouet, De la nourriture pour tous. Après que lemarché a été conclu, si les femmes ont vendu à perte au marché,elles reviennent toujours supplier les pécheurs de réduire leprix. Dans le marchandage du poisson avec les pécheurs, lesfemmes accordent naturellement le rale de leader à la femme dupropriétaire de la pirogue. Celle-ci joue un jeu équilibré entreson propre intérét rejoignant celui des femmes et l'intérét deson mari Lorsqu'il arrive que les femmes de la region sejoignent aux femmes migrantes pour acheter le poisson auxpécheurs, ces dernières obtiennent un rabais en privé chez elles,après la transaction, quand elles le demandent et que lespécheurs estiment cette demande raisonnable.

Les facilités de credits données aux femmes leur permettentd'obtenir des hommes autant de poisson qu'elles sont capables deprendre en charge quand la péche est bonne et que les femmesautochtones ne leur font pas concurrence. Les femmes de la villeEwe de Kedzi ont développé un réseau de relations très lucrativesavec les p6cheurs migrants Ewe de la Republique du Benin et duTogo. Elles ont l'habitude de faire le tour de ces différentsgroupes de pécheurs pour leur acheter du poisson. Soit ellesgardent l'argent pour le groupe des pécheurs, soit elles leconfient à leurs parents selon les instructions reques de cesderniers. Elles jouent aussi le rale de responsable des achatspour les pécheurs, achetant le materiel de reparation des filetssur le chemin de retour Les femmes FANTE ont égalementl'habitude d'exporter le poisson de Grand Bassam pour le vendreau marche Fante de Makessim au Ghana. Dans la relation entre lespécheurs migrants et leur groupe des femmes, l'adaptation est lemot-clé. On a donc constaté que ces femmes jouent déjà d'autresredes dans le commerce du poisson. Elles peuven,t étreconsidérées comme des employees, des agents commerciaux oudistributeurs

Employees, actionnaires et agents

Ces multiples redes sont observes parmi les femmesmigrantes du groupe Ga-Adange. Elles semblent étre les femmespartout présentes dans le réseau de commercialisation du poisson.A Lome et à Cotonou, les femmes autochtones utilisent leurpouvoir financier sur les activités de leurs maris pour sedébarasser d' elles. Les femmes autochtones interviennent en tentque "mere des pécheurs" au niveau des pécheurs migrants Ga-Adangbe. Certains de ce pécheurs migrent sur invitation de ces"mères des pécheurs" locales qui leur font des préts pour acheterune partie de leur materiel. Les pécheurs remboursent ces prétsen vendant les produits de leur péche à ces "meres des pécheurs".En tant qu'étrangers et débiteurs, les pécheurs sont à leurmerci Les femmes des pécheurs n'ont aucun droit sur les produitsde la péche. Pour permettre à leurs femmes de gagner un peu

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d'argent, les pêcheurs les utilisent comme porteurs, transportantle poisson des embarcations jusqu'au point de transaction sur laplage. Elles sont payées en nature avec du poisson à ladiscrétion des pêcheurs. ceci donne aux pêcheurs l'occasiond'être généreux envers leurs femmes quand c'est possible.

A Abidjan, les femmes migrantes Ga-Adangbe ne sont pasexclues du processus de distribution du poisson par les "mèresdes pêcheurs" locales mais pluteit par le mode d'organisationcommerciale et les habitudes locales. Ici, le poisson est vendula criée par les hommes et est acheté principalement par leshommes. Il y a aussi un amrché spécial pour les hommesdétaillants en poisson frais. Les femmes qui vendent du poissonfrais l'achètent généralement aux hommes qui l'ont acquis à lacriée. Seules, celles qui ont accès au marché peuvent acheter dupoisson. Ce sont essentiellement les femmes Nzima qui peuventfacilement se réclamer de nationalité ivoirienne, parce que lafrontière nationale partage leur groupe ethnique en deux faisantde certains des ivoiriens et des autres des ghanéens. Malheureu-sement pour les femmes Ga-Adangbe, les catégories de poissonpêchés par leurs maris, essentiellement les dorades et lesmérous ne sont appréciés des Ivoiriens et d'une grande partie desexpatriés, qu'à l'état frais, ainsi elles ne peuvent même pas enfumer une partie. Heureusement pour ce groupe, le type de pêchepratiqué par les hommes, la pêche à la ligne au large, leur offred'autres opportunités. les hommes sont absents 5 a 10 joursd'affilée et au retour de pêche, ils ne restent que 2 ou 3 jourspa la maison. Ils ont besoin des services d'une femme pour lacuisine et laver leurs vêtements. Deux a quatre femmes,généralement la femme du chef et celles de deux ou trois grostravailleurs de l'équipage sont incorporées dans le groupe pourassurer ces services. Celles-ci, ensemble avec les hommes dugroupe sont considérées comme sociétaires ou bien employées. Aumoment de faire les compte à la fin de la saison, on leur donnela part du bénéfice qui leur revient mais elles ne regoivent pasle même montant que les hommes Les femmes sont réunies en ungroupe et regoivent l'aquivalent du salaire ou de la part d'unseul homme.

Ceci n'est pas leur seule source de revenus. Elles jouent leràle de fournisseurs pour les pêcheurs. Ceci est considéré commeétant leur activité privée et on leur donne des crédits pourcela. Elles achètent les aliments pour les voyages en mer despêcheurs et elles sont payées à leur retour de la pêche. Ellesfont ce travail pa tour de ràle et les pêcheurs leur donnent despourboires au moment de payer les facteurs en signed'appréciation quand les besoins alimentaires ont été biencouverts. Certaines femmes fournissent aussi aux embarcationsl'huile à moteur. A caté de toutes ces activités, les famesutilisent le temps mort que leur laissent leurs maris absentspour s'occuper de leurs affaires principalement la vented'aliments préparés. Il n'est pas surprenant que ces femmes

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s'adonnent a des dépenses ostentatoires en plus des dépensesengagées dans la construction ou la finition de maisons dansleurs villes d'origine.

Les opérateurs indépendants ou free-lance

Ces groupes d'opérateurs indépendants ont été observésVridi III. C'est un groupe de femmes Ga-Adangbé dont la présenceet les activités a Abidjan ne dépendent pas de rapports demariage ou de parente avec aucun homme lié aux activités depêche. Elles sont principalement âgées de 20 à 30 ans, généra-généralement célibataires, séparées ou divorcées. Ellestravaillent par groupe de 3 à 6 personnes comprenant des parentsou amis. Elles ne disp6sent jamais de four ni d'approvisionnementadéquat en poisson ni d'un capital suffisant. Ainsi doivent-elleslouer les fours des hommes Moshie qui fument le poisson et quiont abandonné ce travail pour vendre de l'essence. Ellesaachétent leur poisson soit chez les pêcheurs Fanté quand lesfemmes de ceux-ci ne peuvent pas acheter la totalité des produitsde leur pêche, soit récupèrent les harengs servant d'appats pourles pêcheurs a la ligne ou le poisson des frituriers quand celui-ci est devenu trop fermenté pour l'usage prévu. Elles achètentoccasionnellement le poisson au port mais les dépenses que celaimplique sont élevées pour leur maigre capital rendantl'ensemble de leurs activités non rentable. Quand elles nepeuvent pas se procurer du poisson, elles louent leurs servicesaux Fante qui fument le poisson. le service que les femmesmigrantes ghanéennes rendent aux entreprises de pêche ou à lacommunauté peut aussi prendre d'autres formes qu'on peut décrirecomme des services d'appuis.

Services d'appuis

Il y a un groupe de femmes imgrantes ghanéennes quitravaillent pour apprêter le poisson. Ayant constaté que lesdames ivoiriennes, n'aiment pas apprêter le poisson fraisqu'elles achètent, elles offrent leur service pour le fairecontre paiement d'une somme modique. Les femmes migrantesghanéennes interviennet comme vendeuses d'aliments, colporteuses,couturières et coiffeuses pour la communauté des pêcheurs, lesautres migrants ghanéens et les ivoiriens. Les femmes comer-gantes jouent également le r6le de commissionnaires, transportantdes données alimentaires et effets personnels des migrants dupays h6te vers leur pays d'origine. Elles les aident aussi dansle transfert de devises en utilisant l'argent des pêcheurs pouracheter des biens et marchandises et en les remboursant au paysen cedis. Ce faisant, les commergantes disposent d'une source decrédits et les pêcheurs ont leur argent transféré de telle sortequ'ils n'ont plus à se procurer de ce problème quand ils sontobligés de quitter précipitamment leur pays h6te dans desconditions de troubles. Cette relation est profitable aussi bienaux commergantes qu'aux communautés des pêcheurs migrants. En

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plus du service matériel qu'offrent les femmes aux pécheursmigrants, des femmes féticheurs et des prétresses suivent lesmigrants pour leur apporter leurs services. Elles vendent desherbes et autres ingrédients et pratiquent des cérémoniesrituelles pour apporter des solutions a leurs problèmes de santéet autres préoccupations qui sont invariablement lids au

spirituel.

Les propriétaires des embarcations

Pour en finir avec tous les roles divers mentionnés ci-dessus, il faut citer le role de prorpiétaire de pirogue. Celui-ci peut émerger de l'un ou l'autre de ces groupes. Ce qui estnécessaire est le capital et le capital peut étre mobilisé d'unsecteur à l'autre. les femmes ghanéennes des communautés vivantdans les zones celtières ont la conviction qu'une femme ne devraitpas se limiter à une seule occupation . Elle devrait étre capablede passer d'une activité à l'autre ou mener de front deuxactivités si possible. Les femmes migrantes qui originellement nesont pas engagées dans les activités de péche peuvent parfoisutiliser les bénéfices acquis dans d'autres activités pourinvestir dans la péche. On a constaté que les femmes migrantessont propriétaires de pirogues des seines 'Watsa, Siève), delignes et d'ali avec leurs engins. Ces propriétaires de bateauxont normalement un homme de leur famille qui contrOle etsupervise les opérations en cours.

Les effets de migrations

Les migrations, internes et externes, affectent toutes deuxles femmes ghanéennes dans les activités de péche aussi bienindividuellement que collectivement. Le regroupement des migrantsdans une localité sur une base familiale, ethnique ou en fonctiondes amitiés donne aux femmes la possibilité d'avoir des lienssociaux. Elles forment des associations de bienfaisances et desorganisations locales d'épargne et crédits connues sous le nom deSusu, groupements qui les aident à l'occasion des maladies, décèset des naissances. Ceci est très essentiel pour les femmes quidoivent vivre sans le soutien et la sécurité qu'offre la familleélargie. Les hommes semblent étre sensibles au vide crée parl'absence de la famille et essaient d'y rémédier. Une femmeAbidjan fait la remarque suivante : Ils nous ont amenées ici etils sont responsables de nous. Nos familles ne sont pas ici etils doivent étre nos pères et nos mères. D'un autre cöté, lesmariages et les liaisons contractées à l'extérieur sont traitésla légére et se sont les femmes impliquées qui en sortent commedes perdantes.

Les femmes migrantes agissent aussi comme des agents dediffusion de la culture ghanéenne. Elles introduisent des metsghanéens dans les communautés d'accueil. L'exemple typique estobservée à Abidjan où les plats cuisinés ghanéens sont

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remarquables dans les marchés et les bars, les femmes migrantesaffirment aussi qu'elles ont introduit à Abidjan le colportage etla manière ghandenne de porter les pagnes et les foulards (Kaba).

Les femmes migrantes mettent un point d'honneur à soignerleur apparence lorsqu'elles rentrent au pays. Elles achètent destissus très chers, spécialement les tissus imprimés Waxhollandais et certaines utilisent des crèmes pour se décolorer lapeau. En fait, la différence entre l'homme et la femme n'est pasaussi grande qu'on pourrait le penser quand on considère leursespérances et leurs contributions à leurs propres communautés.Certains construisent ou rénovent des maisons et se partagent laresponsabilité générale d'améliorer leur propre communautéd'origine. A ce point de vue, on peut dire que l'importance de lafemme ghandenne dans la migration des pècheurs ne peut pas étresurestimée.

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